Le droit européen et le procès
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1. ou celle de rouvrir l instruction et de soumettre la pi ce au d bat contradictoire Ces obligations ne d coulent pas directement du principe du contradictoire Le juge le dit lui m me elles d coulent de l int r t d une bonne administration de la justice ou encore ce n est pas un droit la c l rit du proc s qui justifie que le Conseil d tat en cassation mette imm diatement fin au proc s en statuant au fond mais encore l int r t d une bonne administration de la justice On pourrait dire il est vrai que ce n est l qu une approche diff rente mais que le juge administratif et le juge europ en parlent bien l un et l autre de la m me chose Que l on voie dans les exigences du proc s quitable des garanties pour le justiciable ou des garanties pour la justice peu 17 R Schwartz AJDA 1992 p 203 chronique consacr e au d cret du 22 janvier 1992 n 92 77 portant diverses dispositions relatives la proc dure administrative contentieuse 18 Ce sont les propos du pr sident Kahn dans ses conclusions sur CE ass 12 d c 1969 Sieur Heli de Talleyrand P rigord Rec p 574 Ils taient soutenus pour convaincre les juges de toujours choisir entre deux moyens susceptibles de fonder la d cision du juge celui qui a fait l objet d une discussion contradictoire entre le requ rant et l administration Le juge y gagne au moins un sentiment de s curit I R Odent Cours de con2. commissaires du gouvernement qui expliquent tr s bien le processus La Cour europ enne des droits de l homme intervient en bout de cha ne apr s puisement des voies de droit interne et appr cie au cas par cas le respect du proc s quitable Le juge lui intervient en amont Et s il ne veut pas tre condamn au cas par cas il lui faut selon M Guyomar d velopper une approche syst matique d une question que la Cour peut se contenter de traiter dans le cadre de la d marche casuistique qui lui 7 CE 12 juill 2002 Leniau RFDA 2003 p 307 concl Piveteau V galement D n 2005 158 du 19 d cembre 2005 Code de justice administrative art R 731 3 R 741 2 8 D n 2005 158 du 19 d cembre 2005 D n 2006 964 du 1 ao t 2006 Code de justice administrative art R 732 2 R 733 3 Le d port est destin faire en sorte qu un membre du Conseil d tat qui a particip l examen d un texte au titre de la fonction consultative du Conseil d tat ne statue pas en tant que juge sur la l galit de ce m me texte 10 C est ce qui est annonc dans La Lettre de la justice administrative janv 2007 n 14 4 est famili re Le droit europ en impose n cessairement dans la pratique de pr voir des solutions d application g n rale Et c est en cela que en r alit fout change Dans ce processus de syst matisation il y a parfois des accrocs Mais si l on met de c
3. France AJDA 2006 p 986 note F Rolin 27 Sur ce point V CEDH 9 nov 2006 Sacilor Lormines c France req n 65411 01 auto limitation tranchait singuli rement avec les pouvoirs qu il s accordait dans le d roulement du proc s Il y a un l ment qui illustre parfaitement cette situation assez paradoxale c est le pouvoir d injonction du juge en cours d instruction le juge n a jamais h sit adresser des injonctions l administration pour obtenir qu elle lui transmette telle information tel document en revanche il se refusait le faire dans le jugement lui m me au motif que cela tait contraire au principe de s paration des autorit s administratives et judiciaires On voyait bien l qu il y avait dans l esprit du juge une sorte de fronti re entre l instruction et le jugement qui marquait le moment o le juge ne percevait plus de la m me fa on ses pouvoirs Or depuis une dizaine d ann es les choses ont radicalement chang Le juge reprend pleine possession de cet imperium dont il s tait volontairement dessaisi Ces pouvoirs de commandement se sont d velopp s en amont de l instance au fond sur le terrain du r f r qui a fait l objet il y a quelques ann es d une profonde r forme On voit ainsi le juge suspendre des d cisions ou enjoindre l administration de prendre des mesures qui n ont rien de provisoire On voit galement le juge dans le jugement au f
4. ann es un point de discorde tr s fort entre le Conseil d tat et les juges strasbourgeois Le commissaire du gouvernement est un membre de la juridiction administrative qui comme le rapporteur le fait d s la premi re s ance d instruction propose aux juges un projet de d cision en l tayant des raisons de droit et d opportunit qui le conduisent penser qu il convient de juger en ce sens Seulement il prononce ses conclusions en public l audience et cela dans un souci de transparence de la justice pour permettre aux parties d en savoir plus sur les consid rations susceptibles de retenir le juge qui en g n ral ont t d battues entre les juges en phase d instruction Puisqu il se prononce en public et dans la mesure donc o l on conna t sa position sur le dossier il ne prend pas part au vote du d lib r lors de la phase de jugement cela en raison du principe du secret du d lib r Il est pourtant pr sent au d lib r et cela parce qu il est sans doute avec le rapporteur celui qui conna t le mieux le dossier Sa pr sence constitue donc pour la formation de jugement un appoint technique qui justifie sa pr sence au d lib r Elle permet galement au commissaire du gouvernement de conna tre pr cis ment les arguments qui ont pu influencer la formation de jugement les raisons pour lesquelles elle s carte de la solution propos e ou au contraire se laisse convaincre En assistant au
5. compris c est la pr sence du commissaire que d lib r qui est contraire l article 6 de la convention et pas seulement sa participation C est alors qu un nouveau d cret fut pris sous l impulsion encore du Conseil d tat D ler ao t 2006 S agissant des tribunaux administratifs et des Cours administratives d appel le commissaire du gouvernement n assiste plus au d lib r En revanche au Conseil d tat le principe selon lequel il y assiste sans y prendre part est maintenu mais il est ajout que l une des parties peut galement si elle le d sire demander l exclusion du commissaire du d lib r Bien s r et on ne peut pas le nier il y a derri re cette affaire un enjeu institutionnel et la volont d une cour supr me h riti re d une longue tradition et qui n a pas l habitude de s entendre dire ce qu elle doit faire de sauvegarder son identit Mais ce n est pas que cela et ce n est pas un hasard si le conflit se cristallise sur cette question particuli re alors que le juge administratif a d j accept tant de bouleversements dans ses m thodes de travail Cet pisode montre bien ce qui pour le juge interne est en jeu Est ce que les droits de proc dure tir s de ce qu on pense que sont les sentiments d un justiciable x doivent l emporter sur ce que le Conseil d tat consid re comme relevant de la qualit de la justice pr sence du commissaire du gouverne
6. jamais pos e la Cour Il lui faut alors anticiper imaginer ce que serait la position de la Cour et fabriquer des r gles susceptibles de la convaincre que le proc s a bien t quitable Il n est pas rare du reste qu il y parvienne par exemple propos de la participation du rapporteur au d lib r Les exigences du droit au proc s quitable sont ainsi cr es concomitamment par le juge national et le juge europ en et le juge peut ainsi l gitimement avoir le sentiment que les volutions viennent aussi de lui Il reste que dans ce processus d appropriation le juge apporte aussi sa touche personnelle Il lui arrive notamment de transformer le fondement des r gles du proc s quitable La Cour europ enne des droits de l homme elle se place avant tout du c t du justiciable tout ce qui d coule de l article 6 est au service du justiciable c est le principe du contradictoire qui justifie l obligation pour le juge de transmettre les moyens d ordre public ou le droit pour les parties l M Guyomar concl sur CE sect 27 oct 2006 Parent V notamment sur la question du champ d application de l article 6 1 de la Convention CE sect 27 oct 1978 Debout Rec p 395 concl Labetoulle CE ass 11 juill 1984 Subrini Rec p 259 3 V notamment CE ass 3 d c 1999 Didier Rec p 399 4 Il faut toutefois pr ciser qu il est habituel de la part du juge de pr ciser qu un
7. notamment Ainsi par exemple au sujet des moyens d ordre public soulev s d office par le juge S ils doivent tre communiqu s aux parties c est pour une meilleure information du 18 On peut citer aussi R Odent Dans son cours juge le juge y gagnerait un sentiment de s curit de contentieux il voque une d cision dans laquelle le Conseil d tat avait d cid qu un membre d un tribunal administratif commissaire du gouvernement lors du jugement avant dire droit dans une affaire ne pouvait par la suite statuer au fond sur cette m me affaire R Odent explique alors la solution Si le Conseil d tat a jug en ce sens c est parce qu il voulait pr server le secret des d lib rations il cartait du d lib r un magistrat dont l impartialit n tait pas en cause mais qui nl auparavant avait publiquement fait conna tre son sentiment Ce ne sont pas les droits du requ rant qui sont envisag s mais une r gle secret du d lib r qui selon le juge contribue qualit de la justice Il est vrai qu aujourd hui certainement les choses ne seraient plus pr sent es de cette fa on et les propos de R Odent sont certainement ce titre un peu dat s Mais l id e malgr tout reste et on la retrouve dans certaines d cisions du Conseil d tat Par exemple l obligation dans certains cas pour le juge de tenir compte d un m moire produit apr s la cl ture de l instruction
8. t les points de r sistance il y a plut t de la part du juge une appropriation des exigences du proc s quitable Une appropriation tout d abord par un rapatriement des principes europ ens Plut t que de fonder telle solution sur la convention europ enne le juge la rattache un principe de droit interne C est l expression fameuse du principe d impartialit rappel par l article 6 1 de la convention 5 Alors bien s r ces formules sont celles d un juge un peu offens europ enne des droits de l homme que l on vienne ainsi remettre en cause une proc dure contentieuse qu il a enti rement fa onn e Mais quels qu en soient les motifs cet ancrage a bien pour effet d incorporer en droit interne une culture du proc s quitable de l incorporer et par cons quent aussi d aller plus loin que ce qu imposerait le droit europ en par exemple d imposer le principe d impartialit des proc dures qui chappent au champ d application de l article 6 de la convention En droit interne le droit europ en a un effet d entra nement il provoque une sorte de surench re du proc s quitable Le juge interne n a donc pas une attitude passive par rapport au droit europ en Et il ne pourrait pas d ailleurs avoir une telle attitude et cela pour la raison d j mentionn e Le juge national intervient avant le juge europ en Or parfois il se trouve confront une question qui ne s est
9. Le droit europ en et le proc s Quand on voque le droit europ en et le proc s le droit europ en auquel on songe imm diatement c est le droit europ en des droits de l homme et les exigences du proc s quitable La question de l influence de ce droit sur le proc s administratif est une question assez sensible d autant plus sensible qu il s agit du proc s administratif C est presque tout l enjeu de la justice administrative que d offrir aux justiciables un proc s quitable Parce que les choses se pr sentaient relativement mal dans ce proc s o l une des parties l administration b n ficie de privil ges de r gles de fond exorbitantes cr es et appliqu es par un juge lui m me issu de l administration En g n ral pourtant on est assez fiers en France de constater que la justice administrative est parvenu relever le d fi et l on peut alors se demander ce que peut apporter au syst me fran ais un droit au proc s quitable D un autre c t il y a les faits Il suffit d ouvrir les manuels et de comparer les diff rentes ditions pour constater que le droit de la CEDH a envahi tous les chapitres du contentieux administratif Cela ne contredit pas n cessairement le discours du Rien n a vraiment chang mais cela invite au minimum y regarder de plus pr s Que s est il donc pass Quelle tait la situation lorsque le droit fran ais tait encore l abri de l infl
10. ctions administratives se fonde sur le caract re secret de l action administrative Elle fait pr valoir dans la notion de juridiction administrative l l ment administratif sur l l ment juridictionnel V galement dans le m me arr t et dans le m me sens s agissant des moyens d ordre public On peut ainsi consid rer que le droit administratif n est pas un droit de proc dure mais un droit de fond J C Bonichot concl sur CE sect 5 avr 1996 Synd des avocats de France RFDA 1996 p 1195 communiqu s ils n ont pas un droit ce que le juge ordonne une mesure d expertise ils n ont pas un droit communication des conclusions du commissaire du gouvernement ils n ont pas droit la publicit de l audience ils n ont pas droit ce que le juge prenne en compte les productions qu ils lui transmettent apr s instruction etc Toutes ces caract ristiques sont largement estomp es presque gomm es sous l effet de la convention europ enne des droits de l homme Le droit europ en vient retirer au juge administratif la latitude qu il avait dans la direction du proc s Il lui dicte ce qu il doit faire lorsqu il soul ve un moyen d ordre public comment il doit traiter la note en d lib r qui doit tre pr sent la s ance de jugement les d lais dans lesquels il doit statuer etc etc Dans le proc s le juge administratif n est donc plus libre Les exigences europ enne
11. d lib r le commissaire du gouvernement acquiert une meilleure compr hension de la jurisprudence r r r 24 C est cette pr sence qu a condamn e la Cour europ enne et cela au nom des apparences Si en effet le commissaire statue de fa on d favorable aux pr tentions de l une des parties celle ci peut le percevoir comme un adversaire et craindre alors qu il influence les juges La solution a t plusieurs fois affirm e Il y eut alors des instructions au sein du Conseil d tat prescrivant au commissaire du gouvernement de ne pas prendre la parole puis sous l inspiration du Conseil d tat un premier 3 L Cadiet Contradictoire in Dictionnaire de la culture juridique Puf 24 CEDH 7 juin 2001 Kress c France AJDA 2001 p 675 note F Rolin 25 Instructions du 23 novembre 2001 et du 13 novembre 2002 d cret est intervenu D 19 d c 2005 qui pr cise que le commissaire du gouvernement assiste au d lib r sans y prendre part De cette fa on se trouvait formalis ce qui jusqu pr sent ne r sultait que de la pratique parce que cette participation sans vote du commissaire au d lib r n tait pr vue par aucun texte Mais c tait galement pour le Conseil d tat une fa on de maintenir cette pratique l encontre de la Cour la suite de ce d cret une condamnation de la France fut prononc e par la convention europ enne qui pr cise ce que le Conseil d tat avait bien
12. encore par son r le de demandeur il est particuli rement bienvenu de ne pas faire reposer sur ce faible tout le poids de la d monstration Les pouvoirs dont dispose le juge administratif dans la direction du proc s sont donc justifi s par une exigence d quit de r quilibrage de la proc dure Mais pas seulement On retrouve en contentieux les m mes convictions que celles qui ont pr sid l laboration du droit administratif le juge administratif est tr s libre dans le proc s parce que tout simplement on consid re qu il faut lui laisser les mains libres pour juger l administration C est un expert un juge immerg dans l administration et il sait mieux que quiconque comment juger l administration Tout a ainsi t fait pour permettre au juge de disposer de la plus large autonomie On l a laiss carter les r gles du code de proc dure civile et choisir les r gles de proc dure qu il voudrait s appliquer Certaines de ces r gles ont ainsi pris la forme d actes r glementaires pr par s par le Conseil d tat d autres beaucoup sont purement jurisprudentielles Dans cette entreprise de cr ation du droit du contentieux on constate que le juge reprend certains grands principes du proc s comme le principe du contradictoire mais pas tous en raison de cette id e selon laquelle ce qui est bon pour le juge judiciaire par exemple le principe de la publicit des audiences n est
13. ment au d lib r Je crois que c est en ces termes qualit de la justice droits de proc dure que le Conseil d tat envisage assez sinc rement la question C est en ces termes galement que se pose la question de la dualit fonctionnelle du Conseil d tat et celle des liens singuliers que ses membres nouent tout au long de leur carri re avec l administration La question qu on peut se poser est alors de savoir si au del de la question du commissaire du gouvernement il n est pas vain d argumenter ainsi et de mettre en balance les droits processuels d un c t la qualit de la justice de l autre Peut tre pas Pour la cour europ enne des droits de l homme l argument de la qualit de la justice est un vrai argument qui justifie des d rogations une application orthodoxe de certains principes du proc s quitable cela justifie la proc dure d admission des pourvois en cassation l obligation du minist re d avocat etc Le droit de la convention europ enne a donc r duit la libert du juge dans la direction du proc s mais il n est pas impossible que le juge conserve une marge de man uvre s il montre que la qualit de la justice le justifie Pour conclure quelques mots sur une autre volution du contentieux qui ne concerne plus l organisation du proc s mais le jugement lui m me Le juge s est toujours brid ce stade et cette 26 CEDH 12 avr 2006 Martinie c
14. munautaire est un l ment favorable ce mouvement g n ral Mais aucune des volutions r centes du droit interne n est proprement parler dict e par le droit europ en Ce droit joue plut t comme horizon il est mobilis 8 E Moderne trang re au pouvoir du juge l injonction pourquoi le serait elle RFDA 1990 p 798 Y Gaudemet R flexions sur l injonction dans le contentieux administratif M langes G Burdeau 1977 p 805 J Chevallier L interdiction pour le juge de faire acte d administrateur AJDA 1972 p 6 Loi n 2000 597 du 30 juin 2000 relative au r f r devant les juridictions administratives 30 CE ass 11 mai 2004 Assoc AC RFDA 2004 p 454 concl Devys 31 CE sect 6 f vr 2004 Hallal AJDA 2004 p 436 chron F Donnat et D Casas 32 CE ass 16 juill 2007 St Tropic travaux signalisation AJDA 2007 p 1577 chron F Lenica et J Boucher comme un mod le de justice efficace qui justifierait les pouvoirs de commandement du juge Les motifs de l volution pourtant viennent de l int rieur de la n cessit de traiter des contentieux de plus en plus nombreux de d sengorger les tribunaux de satisfaire v ritablement les int r ts du requ rant et ceux de l administration aussi de toutes ces consid rations que l on peut regrouper elles aussi autour de la notion de l int r t d une bonne administration de la justice Et cette volution le fai
15. ond lui m me anticiper les effets de sa d cision et prendre une d cision de plus en plus cibl e et de plus en plus directive Il se demande ainsi si sa d cision ne risque pas d avoir des cons quences conomiques d vastatrices et disproportionn es Si c est le cas il d roge au principe selon lequel ses d cisions d annulation ont un effet r troactif Le juge se demande aussi s il est vraiment utile d annuler telle d cision administrative alors que l administration pourra par la suite reprendre exactement la m me Si tel est le cas le juge ne prononce pas d annulation La d cision sera t elle bien comprise ne faut il pas livrer l administration un mode d emploi pour qu un autre contentieux ne se noue pas Telle nouvelle r gle jurisprudentielle ne risque t elle pas de perturber la s curit juridique Si c est le cas le Conseil d tat d roge l effet r troactif de la r gle jurisprudentielle etc Dans ces volutions le droit europ en n exerce qu une influence indirecte Certes il incite le juge s emparer pleinement du litige On songe notamment la jurisprudence selon laquelle le juge interne doit exercer une pleine juridiction Le droit l ex cution d une d cision de justice invite galement le juge prendre une d cision compr hensible qui dans la pratique pourra tre ex cut e Plus g n ralement le droit un recours effectif reconnu aussi par le droit com
16. pas n cessairement bon pour le juge administratif La proc dure est r gie par quelques textes r glementaires par des r gles jurisprudentielles mais surtout et sur beaucoup de points c est l usage la pratique qui r git le d roulement du proc s La communication des conclusions du commissaire du gouvernement le fait qu il ne prenne pas part au jugement la note en d lib r toutes ces questions n ont t pendant longtemps encadr es par aucune r gle Longtemps le contentieux administratif est rest peu formalis et un droit proc dural peu formalis c est un droit proc dural peu d velopp Dans ces conditions les requ rants disposaient de peu de droits de proc dure opposer au juge Ils n ont pas un droit ce que les moyens d ordre public soulev s par le juge leur soient R Odent Contentieux administratif t 1 p 944 Le pouvoir du juge administratif durant l instruction n est limit que par la r gle qu il s est tjs impos e lui m me de ne pas empi ter sur les attributions de l administration active CE 15 oct 1929 Thoreau Rec p 932 4 CE ass 12 oct 1979 Rassemblement des nouveaux avocats de France Rec p 370 V avant CE ass 13 d c 1968 Assoc syndicale des propri taires de Champigny sur Marne Rec p 645 5 CE sect 4 oct 1967 Wattebled concl Braibant Selon G Braibant l absence de principe de publicit des audiences devant les juridi
17. principe jurisprudentiel n est que rappel par une disposition de droit crit Sur ce point R Chapus Droit du contentieux administratif Montchrestien 12 d 2006 p 185 s C est ce qui s est produit par exemple propos de la Cour des comptes et du contentieux de la gestion de fait CE ass 23 f vr 2000 Labor M tal AJDA 2000 p 404 chron M Guyomar et P Collin Apr s avoir soulign que le contentieux chappait l article 6 1 de la convention europ enne les commentateurs soulignent que la solution d gag e n en pr sente que plus d int r t d s lors qu elle d montre que les principes g n raux du droit public fran ais permettent tout autant que les stipulations de la convention de garantir les droits des justiciables 16 CEDH 27 ao t 2002 RDP 2003 p 697 note Gonzalez de r pondre aux conclusions du commissaire du gouvernement c est la certitude que le requ rant doit avoir quant l impartialit du juge qui justifie l exclusion du commissaire du gouvernement du d lib r etc Or ce n est pas n cessairement l angle d analyse que retient le juge administratif Un certain nombre de garanties qui pour la Cour europ enne sont destin es au justiciable sont per ues par le juge comme tant avant tout des garanties pour la qualit de la justice elle m me L id e est ancienne On la trouve exprim e dans la litt rature juridique chez les commissaires du gouvernement
18. s ne sont pas pour autant trang res au juge La communication des conclusions du commissaire du gouvernement la possibilit d y r pondre la r ouverture du d bat contradictoire tout cela tait connu depuis longtemps du juge administratif En cela oui le discours selon lequel rien n aurait v ritablement chang depuis la convention europ enne des droits de l homme contient une part de v rit Mais toutes ces r gles qui font aujourd hui partie du proc s quitable ne relevaient alors pour le juge que de la pratique Il s agissait d usages qui n taient pas suivis dans toutes les circonstances et qui le plus souvent ne liaient pas le juge C est ce niveau que la convention europ enne exerce une influence d terminante Le droit europ en contraint le juge officialiser ces pratiques et les syst matiser Et c est ainsi qu en droit interne le statut de la note en d lib r a t labor c est ainsi que le r le du commissaire du gouvernement dans le d lib r a t pr cis c est ainsi galement que la pratique du d port va tre codifi e le Conseil d tat l a r r 10 r cemment annonc etc Formalisation syst matisation donc mais ce ne sont l que des cons quences normales paradoxales aussi du syst me europ en et de l intervention subsidiaire de la Cour europ enne des droits de l homme On trouve sur ce point des d veloppements dans les conclusions de certains
19. t que le juge administratif s empare pleinement de ses pouvoirs de commandement tous les juges la connaissent le juge judiciaire mais aussi les juges europ ens que l on songe l annulation effet diff r pratiqu e par la Cour de justice des Communaut s europ ennes la technique des arr ts pilotes et aux mjonctions de la Cour europ enne des droits de l homme etc Et cela parce que les juges tous les juges sont d sormais administrateurs administrateurs de la justice Parall lement aux exigences europ ennes qui fa onnent le proc s se construit peu peu un mod le europ en de proc s et c est peut tre ce niveau que se situent les changements les plus profonds Camille Broyelle Universit Paris X1 Sud Sceaux
20. tentieux administratif t 1 p 56 20 CE sect 27 f vr 2004 Pr fet des Pyr n es Orientales AJDA 2004 p 651 chron Donnat et Casas 1 CE 12 juill 2002 Leniau RFDA 2003 p 307 concl Piveteau 22 Sur tous ces points expliquant la pr valence de la notion de bonne administration de la justice sur les principes du contradictoire ou des droits de la d fense O Gabarda L int r t d une bonne administration de la justice Etude de droit du contentieux administratif RDP 2006 p 13 importe D ailleurs le principe du contradictoire lui m me peut tre pr sent sous cette double approche on lit souvent son propos qu il n est pas seulement destin prot ger les personnes dont les int r ts peuvent tre affect s par un proc s Le contradictoire est galement indissociable du proc s car il est l instrument de l laboration du jugement une technique d approche de la v rit Certes Mais il y a parfois des hiatus Ce qui appara t en droit europ en comme une garantie pour les requ rants peut tr s bien tre consid r par le juge interne comme une r gle qui non seulement ne co ncide pas avec l int r t d une bonne administration de la justice mais s oppose m me la qualit de la justice Et c est alors que les r ticences apparaissent C est le cas s agissant du commissaire du gouvernement Il faut pr ciser que la question du commissaire du gouvernement est depuis quelques
21. uence de la convention europ enne des droits de l homme Si l on se place du point de vue des pouvoirs du juge deux traits principaux caract risaient le contentieux administratif le juge et singuli rement le Conseil d tat disposait d une grande libert et de beaucoup de pouvoirs dans le d roulement du proc s l inverse dans le jugement dans ce qu il pouvait d cider il tait particuli rement brid Depuis quinze vingt ans la situation a compl tement chang On peut m me dire que les choses se sont totalement invers es Aujourd hui le juge est de plus en plus brid dans l organisation du proc s mais dans le jugement lui m me il retrouve ses pleins pouvoirs de commandement C est sur la premi re volution que l influence du droit europ en est directe C est sur le d roulement du proc s que l impact est le plus vident Cf L Dubouis pr face la th se de L Sermet Convention europ enne des droits de l homme et contentieux administratif fran ais Economica 1996 2 Traditionnellement le juge administratif a toujours eu la pleine ma trise de la direction du proc s Cette pleine ma trise se trouvait justifi e tout d abord par le caract re inquisitorial du proc s lui m me justifi par les particularit s du proc s administratif Dans un litige o les deux parties ne sont pas situ es sur un pied d galit o il y a un faible et un fort un faible plus affaibli
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