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1. vrai dire mon informateur ne voit aucune malice dans la gestion de ce projet Et lorsque je l interroge il r torque que ce sont des gens jaloux qui tentent dans la ville de discr diter le nom du koe moonego k uni en disant que son petit fr re bouffe l argent de l association Il est int ressant de noter que les membres de la CFSM ne demandent pas de comptes aux res ponsables Ils voquent tout au plus la jalousie pour expliquer les ranc urs de certains d entre eux Cet pisode montre qu en dehors de contre pou voirs exerc s par des trangers les donateurs eux m mes il n existe pas beaucoup de sanctions inh rentes la sc ne locale concernant ces ma ti res cela plusieurs raisons qui trahissent la pr sence de deux sc nes Premi rement l argent vient d ailleurs si bien que personne ne se sent vraiment redevable de ces deniers publics ou de ces dons deuxi mement ces ressources achemin es par des Blancs demeurent quelque part dans l inconscient collectif toujours en rapport avec l ancien colonisateur vis vis duquel la ruse a souvent t la meilleure attitude En cons quence dans la mesure o personne ne s estime l s qui se plaindrait ici vraiment de la corruption Bien au contraire c est plut t la gloire qui va celui qui suffisamment malin organise un processus de redistribution en faveur de son clan D o l importance en milieu traditionnel de la
2. AGIER M Dir 1997 Anthropologues en danger L engagement sur le terrain Paris d J M Place AFFERGAN F 1987 Exotisme et alt rit Essai sur les fondements d une critique de l anthropologie Paris PUF AFFERGAN F Dir 1999 Construire le savoir anthropologique Paris PUF AUG M 1980 Maladie anthropologie m dicale Encyclop dia Universalis XVII pp 168 170 1994 Pour une anthropologie des mondes contemporains Paris Aubier BALANDIER G 1969 Anthropologie politique Paris PUF 1974 Anthropologiques Paris PUF 1988 Le d sordre loge du mouvement Paris Fayard BIDOU P 1999 Des fant mes et des hommes Une topologie amazonienne de l inconscient Anthropologie psychanalytique L Homme n 149 pp 73 82 BIDOU P GALINIER J JUILLERAT B 1999 Arguments Anthropologie psychanalytique L Homme n 149 pp 7 24 BRETON S 1999 Le spectacle des choses Consid rations m lan siennes sur la personne Anthropologie psychanalytique L Homme n 149 pp 83 112 CARREL 1957 L Homme cet inconnu Paris Plon 1935 COPANS J Dir 1975 Anthropologie et imp rialisme Paris Masp ro ENRIQUEZ E 1983 De la horde l tat Essai de psychanalyse du lien social Paris Gallimard 1980 FRANCK R 1994 Faut il chercher aux causes une raison L explication causale dans les scien ces humaines Lyon Institut interdisciplinaire d tudes pist mologiques Paris Librairi
3. a se passe en profondeur autrement que chez lui La m thode parait donc fondamentale Mais le paradoxe est qu en d pit de son importance reconnue les anthropologues de ma g n ration n y ont jamais t initi s en bonne et due forme ou en long et en large A Oxford au milieu des ann es soixante 1 Institute of Social Anthropology je n ai aucun souvenir d un tutorial avec Evans Pritchard sur le travail de terrain et encore moins de cours m thodologiques ce sujet Comme il arrive souvent l absence de quelque chose parle au moins implicitement mais non moins 2 Dans l imm diat pour qui un anthropologue africain peut il crire s il veut se faire entendre Ce qu on a pu dire de la plupart des crivains africains vaut pour lui actuellement son audience ne peut tre en gros qu occidentale ou occidentalis e 3 Pour reprendre le titre du livre de S Latouche LATOUCHE S 1989 4 Cf l article de OLIVIER DE SARDAN J P 1995 M Singleton 17 haut et fort de la pr sence d autre chose En l occurrence il me semble ex p rience faite que ce manque apparent de formation et d information sur un mode d emploi anthropologique r pond deux vidences massives D abord en fin de compte participer et observer n est pas chinois Assister un mariage et se faire expliquer certaines pratiques nuptiales participer des fu n railles et prendre quelques notes sur les degr s d imp
4. coute du savoir local qui voque les joies et peines quotidiennes Elle aurait tradui re d une culture l autre en prenant le plus grand soin de traduire correc tement les r cits qui traitent de l emprise des humains sur les destins malheu reux Elle pourrait contribuer la circulation de ces savoirs et les mettre en dialogue plut t que de les mettre dans des bo tes tiquet es l usage des seuls disciples Cette anthropologie serait responsable l gard de tous les in formateurs du monde auxquels elle restituerait le savoir global construit partir de l tude comparative des savoirs locaux Elle pourrait int grer les donn es d une anthropologie clinique elle m me en cours de constitution qui se donne comme t che de tirer les enseignements des diverses cliniques du monde Dans notre optique une anthropologie clinique est d office engag e socia lement Elle n a qu un int r t tr s limit si elle n est qu au seul service de la carri re des chercheurs de la renomm e de leurs institutions ou de leurs fac tions disciplinaires Cet engagement tient l attitude prospective voulue d cid e m thodique et critique Une attitude prospective n a de sens que si elle est directement articul e sur les r alit s communes individuelles et collec tives Une anthropologie clinique est destin e inspirer des cliniques anthro pologiques R Steichen 73 R F RENCES BIBLIOGRAPHIQUES
5. gler des dettes ou des querelles de quartier des lobbies sp cialis s font officiellement partie du d cor d mocratique tandis que dans les toutes bo tes les agences de mariage rivalisent avec les marabouts de Maubeuge Ce ph nom ne fascinant mais qui ne para t pas avoir jusqu ici sp cialement pr occup les sciences humaines n est videmment pas l apanage de la seule modernit S il est relativement discret pour ne pas dire vanescent dans les soci t s vraiment primitives on trouve peu de traces et ou de signes avant coureurs chez les Pygm es ou les Bushmen d une institutionnalisation de la m diation le ph nom ne n est pas absent des soci t s archa ques en g n ral et de l Afrique coloniale et pr coloniale en particulier L africaniste se souviendra d un c t des figures ancestrales telles que les leopard skin chiefs ou les proph tes chez les Nuer les pr tres de la terre qu on ren contre un peu partout sur le continent ainsi que les chefs traditionnels oblig s de faire la passerelle entre la nature et la culture jusqu au moment o ne pouvant plus assurer cette m diation on les mettait rituellement mort et de l autre des cat chistes des agents indig nes des commer ants syro libanais et autres go betweens plus ou moins 156 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective bien ou mal plac s de l poque coloniale M me en dehors des circu
6. ou un produit social ou un ph nom ne religieux Une objection finale consiste soutenir qu une sociologie du pass est tout simple ment impossible D s que l on s occupe de faits ou de textes du pass 1 exp rimen tation et l observation participante s av rent impossibles Rodd 1981 cit par Elliott 1993 91 Mais cette diff rence entre l analyse sociologique des ph nom nes contem porains et des faits du pass ne doit pas exclure toute possibilit de tester r trospec tivement une hypoth se explicative En ces cas la v rification de l hypoth se consiste mesurer jusqu quel point l vidence 1 confirme le mod le et 2 s explique partir du mod le Prenons l exemple de la secte la diff rence de la d finition de la secte donn e par Troeltsch dans son uvre un regroupement social qui merge de et s oppose la religion officielle Troeltsch 1960 le mod le conceptuel de la secte peut tre amend Bryan Wilson le fit en relevant l existence de mouvements sociaux dans les soci t s pr industrielles qui mergent et s organisent contre les ensembles et syst mes sociaux dominants et qui adoptent diverses r ponses au monde et pas seulement l gard d une religion en particulier Wilson 1961 En red finissant ainsi la secte elle de vient un mod le plus appropri pour analyser une tape sp cifique du christianisme primitif Selon H fte une tel
7. par Conf rence donn e l occasion du colloque consacr son quatre vingti me anniversaire Louvain la Neuve octobre 2000 BIERSCHENK T CHAUVEAU J P OLIVIER DE SARDAN J P 2000 Courtiers en d veloppement Les Villages africains en qu te de projets Paris Karthala BIERSCHENK T OLIVIER DE SARDAN J P Dir 1998 Les Pouvoirs au village Le B nin rural entre d mocratisation et d centra lisation Paris Karthala BLUNDO G OLIVIER DE SARDAN J P 2000 La corruption comme terrain Pour une approche socio anthropologique in BLUNDO G Dir Monnayer les pouvoirs Espaces m canismes et repr sen tations de la corruption Gen ve Paris IUED PUF pp 21 46 BOURDIEU P 1980 Le sens pratique Paris Minuit CAILL 1994 Don int r t et d sint ressement Bourdieu Mauss Platon et quelques autres Paris La D couverte MAUSS CERTEAU M DE 1990 L invention du quotidien Paris Gallimard Folio CHANGEUX J P RIC UR P 1998 Ce qui nous fait penser La nature et la r gle Paris Odile Jacob CHAUVEAU J P 2000 Question fonci re et construction nationale en C te d Ivoire Politique africaine n 78 pp 94 125 DOUGLAS M 1999 Comment pensent les institutions Paris La D couverte MAUSS DUM ZIL G 1992 Mythes et Dieux des Indo europ ens Paris Flammarion pp 81 116 FRIEDBERG H 1993 Le pouvoir et la r gle Dynamique de l action organis e Paris Seuil GESCHI RE P
8. Esclavage N gritude et Cr olit Les lames de fond de l assomption cr ole Bulletin du centre protestant d tudes Gen ve Vol 48 n 3 pp 1 38 CLASTRES P 1972 Chronique des Indiens Guayakis Paris Plon DEL GE D 2000 L histoire des premi res nations approches et orientations Revue d Histoire de l Am rique fran aise Vol 53 n 4 pp 519 527 DESBARATS C 2000 Essai sur quelques l ments de l criture de l histoire am rindienne Revue d Histoire de l Am rique fran aise Vol 53 n 4 pp 491 520 DESVEAUX E 1996 La mort une affaire collective in DESVEAUX E et al La fin de la mort qui en d cide Paris PUF pp 79 93 DUPUIS R 1997 Tribus Peuples et Nations Les nouveaux enjeux des revendications autoch tones au Canada Qu bec Bor al GEERTZ Cl 1986 Diapositives anthropologiques Communications n 43 pp 71 90 GRUZINSKI S 1999 La pens e m tisse Paris Fayard KLANI M 1994 L invention de l autre Essai sur le discours anthropologique Lausanne Payot LEVI STRAUSS CI 1955 Tristes Tropiques Paris Plon 1958 Anthropologie structurale Paris Plon LOMBARD J 1972 L anthropologie britannique contemporaine Paris PUF 54 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective MESLIN M 1972 Pour une science des religions Paris Seuil MOSSA 1992 Mossa la gitane et son destin T moignage d une jeune gitane sur la condi tion f minin
9. elle s est clat e en une multiplicit de sous disciplines et elle se voit de plus en plus sollicit e par les autorit s h g moniques des ordres institu s et m me par les acteurs subalternes de la soci t civile Paradoxalement ce seraient aux sociologues d entrer d sormais en pleine crise d identit Mais le ph nix anthropologique ne se repr sente pas comme une r incarna tion de l identique Une fois perdue il est difficile de se refaire une innocence virginale L anthropologie nouvelle qui s annonce se cherche encore Et tant que nous en sommes aux constats g n raux en voici un dernier l instar de n importe quelle autre intentionna lit identitaire l anthropologie a t est et sera le fait d anthropologues k k C est dans ce contexte que na t ce num ro de Recherches Sociologiques consacr l Anthropologie Prospective Le moment de sa conception peut tre dat avec pr cision Il y a deux ans lors des discussions portant sur la fusion des unit s de sociologie et d anthro pologie le Professeur J Bonmariage et moi m me responsables respectifs l poque cherchions une appellation capable de camper la quintessence des vis es du Laboratoire d Anthropologie Socio Culturelle Les intentionnalit s associ es aux d signations conven tionnelles telles que la socio anthropologie ou anthropologie culturelle nous sem blaient trop pi g es pas assez porteus
10. l inverse s int resse aux soci t s complexes indus trialis es bref civilis es Son interrogation porte plut t sur les faits de notre sup riorit En second lieu elle se d marque aussi de l histoire histori sante par son ambition vouloir d passer les faits pour tenter l analyse globale d une culture Ici la th orie rev t un statut radicalement diff rent Face l ultra empirisme du fait historique l anthropologie m me si elle se construit partir du particulier vise un d bat th orique g n ral Les faits ici ne prendront sens que par rapport une tentative de conceptualisation De m me le d bat s instaurera moins sur l interpr tation d une culture que sur les enjeux th oriques sous jacents N e dans ce contexte d velopp e dans le courant du XIX si cle l an thropologie s panouit l aurore de notre si cle Constitu e d abord essen tiellement sur base des r cits de voyageurs de missionnaires ou d agents 7 Le terme fait r f rence l histoire toute puissante au XIX si cle une histoire d fendue au d but du XX si cle par l historien Seignobos et dont le sociologue Simiand d nonce les trois idoles une histoire unilat ralement politique individuelle et factuelle cette vision r ductrice de l histoire Simiand entend opposer une conception alternative en qu te d invariants tentant d appr hender l histoire totale et dans cette perspective
11. trois remarques fondamentales touchent la nature m me du travail de l eth nologue Elles peuvent galement concerner le travail du journaliste du re porter Elles traitent de la pratique du m tier du rapport aux faits et du texte produit Citons simplement Geertz e Nous allons sur le terrain puis nous revenons nous racontons ce que nous avons vu entendu et compris e Il existe une sorte de contrat fondamental qui oblige l ethnographe ne rapporter que des r cits authentiques en d autres mots ce qui est cens tre arriv un jour quelque part La construction narrative est une qualit intrins que des crits des anthro pologues Les r cits ordinaires Nous pouvons poursuivre la r flexion et nous interroger avec Marc Aug l ethnologue est il comme l crivain voyageur qui vit au futur ant rieur ce qui l attire dans le voyage c est le r cit qu il pourra en faire plus tard r cit qui s ordonne autour de quelques images embl matiques semblables aux instantan s de nos albums de photos ou de nos bo tes de diapositives Aug 1999 13 Mais le r cit que va construire l crivain voyageur et l ethnologue et le journaliste reporter est aussi nourri du r cit des ac teurs sociaux avec qui sur qui il travaille Ainsi ceux que l ethnologue ren contre et interroge vivent aussi leurs propres r cits leurs propres voyages r els ou m taphoriques L eth
12. 1996 Sorcellerie et politique les pi ges du rapport lite village Politique afri caine n 63 oct 1996 pp 62 96 GLEDHILL J BENDER B LARSEN M T Ed 1995 Stade and Society The Emergence and Development of Social Hierarchy and Political Centralization London Routledge 1988 GODELIER M 1982 La production des grands hommes Paris Fayard Goopy J 1979 La raison graphique la domestication de la pens e sauvage Paris Minuit 1994 Entre l oralit et l criture Paris PUF HABERMAS J 1996 L Espace public Paris Payot JAULIN R 1999 Exercices d ethnologie Paris PUF LATOUR B 1989 La science en action Paris Gallimard P J Laurent 123 LAURENT P J 1995 Les Pouvoirs politiques locaux et la d centralisation au Burkina Faso Lou vain la Neuve Paris Cahiers du CIDEP n 26 Academia L Harmattan 1998 Une association de d veloppement en pays mossi Le Don comme ruse Paris Karthala 2000a S mantique populaire du d tournement dans les associations de d veloppe ment en pays Mossi Burkina Faso in BLUNDO G Dir Monnayer les pouvoirs Espaces m canismes et repr sentations de la corruption Gen ve Paris IUED PUF pp 221 248 2000b Entre ville et campagne le Big man local ou la gestion coup d tat de les pace public Politique Africaine n 80 d cembre 2001 Transnationalization and Local Recombinations the Example of the Church of Assemblies of
13. MANS J P ESTEVES A LAURENT P J 1996 12 utilise le terme de big man dans le sens ethnographique de self made man c est un leader qui s im pose un groupe par son charisme sa propre force ou habilet la fonction n est pas d volue par h ri tage Voir les soci t s big men de M lan sie d crites entre autres par SAHLINS M 1963 Voir aussi GODELIER M 1982 Jean Fran ois M dard avait d j propos ce rapprochement entre le big man an thropologique et le big man de l Afrique contemporaine MEDARD J F 1992 5 Pour de plus amples informations propos des big men de BK voir LAURENT P J 2000b 106 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective La notion d espace public poss de ici un sens relatif en raison des fron ti res diffuses voire inexistantes qui s parent les espaces priv s la sph re des initiatives individuelles et collectifs certaines formes de propri t s cou tumi res et les institutions associatives Des contre pouvoirs existent au sein des collectivit s locales ils ne visent toutefois pas garantir l effica cit du bon fonctionnement de l espace public dont l invention et la jus tification normative se situent essentiellement de l autre c t de la fron ti re des conventions soit sur l autre sc ne du champ de la coop ration A vrai dire il n y a pas de contre pouvoirs l o il ne doit pas y en avoir et ils existent 14 o ils s
14. agit bien d int grer et non pas de fusionner Mais il y a int gra tion et int gration Le point z ro prendrait la forme d un faisceau On aligne rait des en soi et on les relierait apr s coup de fa on purement factice Pour l anthropologue prospectif l int gration v ritable se r alise au niveau Ne remontons pas jusqu aux racines dans l esclavage antique d une division du travail qui para t d sormais comme allant philosophiquement de soi Insistons n anmoins en partie cause des origines troubles de la distinction sur le fait que notre anthropologie prospective ne doit pour rien au monde tre assimil e un quelconque avatar de l anthropologie appliqu e cf SINGLETON M par Le propos de l anthropologie prospective n est pas de se rendre plus imm diatement utile aux agents de terrain 3Y a t il une diff rence fondamentale entre le clerg indig ne la solde du Souverain pontife et les anthropologues africains qui ne percent que gr ce aux pontes de l Hexagone En quoi le remplacement d une R v lation catholique par une Raison cens e tre tout aussi universelle et univoque permet il en fin de compte plus d autonomie projective et d ind pendance identitaire nos interlocuteurs du Sud Ce sont des questions qu un anthropologue prospectif ne saurait esquiver 32 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective d une intentionnalit individuelle Voir l pist mologie
15. donn e d une si tuation unique irr ductible par sa complexit m me tout ce qui pourrait Le fait que le terrain puisse tre la re lecture de terrains effectu s par d autres ou un travail d archives pour ne pas parler du fait que des anthropologues et non les moindres peuvent n avoir jamais fait du terrain au sens habituel du terme nous emp che de f tichiser sa n cessit absolue I reste que d un c t sans cette expatriation rapporteuse d tudes de terrain l anthropologie n aurait pas lieu et de l autre qu en r gle g n rale il est fortement conseill qui voudrait devenir anthropologue d aller se faire initier sur le terrain 12 Pour l impossibilit de faire sens hors point de vue cf GADAMER H G 1960 pp 261 275 Dans le monde francophone c est videmment toute l herm neutique d un Ric ur qu il faudrait avoir recours 5 cet gard l anthropologie perspective fait sienne une partie de la pens e d un Morin surtout cette partie qui plaide pour une complexit organique car l paississement tout empirique et peu explicatif qu il M Singleton 21 tre dit semblable Cette impossible identit intrins que des r alit s individuel les auxquelles l intentionnalit paississante aboutit automatiquement peut tre compens e par ce que nous appelons l ampliation analogique Si j en parle d j c est pour conjurer un des effets pervers de l pa
16. l individuel sans s y perdre Le st r otype courant de la psychanalyse en fait une th orie et une prati que centr es sur l individu isol C est la croyance dans ce st r otype qui a conduit les premiers analystes syst miciens d finir la sp cificit de leur d marche comme antagoniste la psychanalyse C tait m connaitre que le sujet de la psychanalyse n a rien d un individu isol Dans la cure analytique le syst me familial et le syst me social tout comme leur culture commune sont constamment pr sents et actifs dans les repr sentations conscientes et inconscientes de l analysant Il est impossible de concevoir le sujet de la psy chanalyse d gag des complexes familiaux des mythes et normes sociales des id aux et discours culturels D autant plus que le d sir moteur et objet de la cure n existe pas en dehors des r seaux de signifiants constitutifs des dis 72 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective cours qui fondent le lien social Le d sir est l effet du langage qui est un bien commun Le d sir est aussi directement corr l au registre de la Loi op ra teur de toute culture Au fondement du d sir se trouve le principe de la r gulation de la jouissance au b n fice du lien social et de l existence indivi duelle En d montrant que cette r gulation est l effet de la fonction paternelle ou en d autres mots que l ouverture au social est l effet de
17. modeste mais ambitieuse et exigeante dans la mesure o elle sou haite soutenir une observation du changement comme on le faisait Chicago dans les ann es 1920 Dans cette perspective l enqu teur sociologue doit simplement faire un travail de mise au point passant tour a tour de la percep tion lointaine et globale l observation minutieuse des rites et des modes de vie d un milieu ou encore l enregistrement fid le de l histoire de vie d un immigrant l inverse peut tre de Burgess et de McKenzie Park ne descend gu re jusqu l analyse de cette chimie sociale dont parle Halbwachs et s en tient cette double filiation de la sociologie le journalisme et la fiction d une part l histoire naturelle de l autre Grafmeyer Joseph 1984 8 M me si tr s souvent on a reproch l cole de Chicago son naturalis me elle a pris en compte la culture mat rielle et la vie concr te des gens Elle a implant des m thodes et des d marches ethnographiques dans les soci t s industrielles et elle n a jamais eu nous semble t il des ambitions demesur es par rapport son projet et ses modes de travail Chez les ethnologues ou chez les sociologues du pr sent comme le Mo rin de Ploz vet et chez les reporters ce sont l incarnation et la plong e concr te situationnelle qui permettent la description et l interpr tation En fin de compte pour l ethnologue comme pour le reporte
18. noter que le personnage du big man est relativement in dit dans la mesure o la figure de l au torit ancienne le chef coutumier du village ne cumulait pas vraiment les avoirs en r gle g n rale tant sous la tutelle des anciens et de la communaut P J Laurent 111 Ainsi les big men locaux sont li s par de multiples services rendus et rendre qu ils renforcent parfois d alliances matrimoniales opportunes et ils ont chacun pour leur compte des r seaux de d pendants ou d oblig s Ces big men repr sentent les nouveaux pouvoirs locaux Ils constituent le r seau politico conomique qui bien entendu poss de de nombreuses rami fications au niveau national Le second r seau graviter autour du big man est celui de ses coreli gionnaires ils repr sentent le r seau magico religieux Le koe moonego k uni a trouv aupr s de l glise du R veil de l Esprit les protections sym boliques n cessaires ses activit s mais surtout de quoi apaiser ses peurs et angoisses De telles protections servent son ambition car elle lui permettent notamment de se montrer suffisamment fort pour r sister aux sollicitations des entourages sans trop craindre les ranc urs et les jalousies de ceux qui s estiment cart s d un acc s la rente En contrepartie le big man r tribue largement l glise en mettant sa disposition des moyens logistiques et en facilitant l ach vement de lieux d
19. 1996 L invention du journalisme en France Paris Payot GEERTZ C 1996 Ici et l bas L anthropologue comme auteur Paris M taili 1998 L criture de l ethnologie propos recueillis par N Journet Sciences Hu maines n 98 pp 38 40 GRAFMEYER Y JOSEPH I 1984 L cole de Chicago Paris Aubier HUNTER M 1997 Le journalisme d investigation Paris PUF JOURNET N i 1999 L criture de l ethnologie Rencontre avec Clifford Geertz Sciences Humai nes n 98 pp 38 40 LABURTHE TOLRA Ph 1998 Critique de la raison ethnologique Paris PUF LAPLANTINE F 1996 La description ethnographique Paris Nathan LE BOHEC J 2000 Les mythes professionnels des journalistes Paris L Harmattan LONDON J 1999 Le peuple d en bas Paris Ph bus MARTIN LAGARDETTE J L 1994 Le guide de l criture journalistique Paris Syros 100 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective MEHL D 1992 La fen tre et le miroir Paris Payot MORNE 1967 La m tamorphose de Plod met Paris Fayard MORVAN Y 2000 Photojournalisme Paris C F P J MOURIQUAND J 1997 L criture journalistique Paris PUF PEREC G 1989 L infra ordinaire Paris Seuil RUELLAN D 1997 Groupe professionnel et march de travail du journalisme R seaux n 81 pp 135 149 SCHWARTZ O 1993 Postface in ANDERSON N Le hobo Sociologie du sans abri Paris Nathan pp 265 305 1923 SONTAG S 2000 Surla p
20. Comme toute d claration d identit elle ne fait pas l unanimit De l int rieur tout d abord les attaques fusent On la trouve parfois trop r ductrice trop simplificatrice M me si chacun reconna t cet l ment comme fondamental De l ext rieur aussi la critique pointe et chacun de revendiquer sa part d h ritage la sociologie refusant d tre cantonn e l enqu te et l interview l histoire r clamant le statut de terrain ce pass que lui livrent notamment les archives Du Sitz im Leben de l historien au terrain de l ethnologue le premier revendique une proximit de pratique solidement ancr e 5 La r conciliation prospective Les fronti res disciplinaires traditionnelles disparaissent pourtant peu a peu Les objets d tude sont progressivement les m mes L enqu te de longue dur e dans un milieu particulier fait glisser l anthropologue dans l histoire alors que l historien s inqui te davantage du devenir contempo rain des groupes dont il a cern le pass Depuis l av nement de l anthropologie historique au milieu des ann es 1970 ensuite de la micro histoire italienne au tournant des ann es 1980 diachronie et synchronie font meilleur m nage L anthropologie des mondes contemporains utilise autant les sources orales que les documents d archives alors que l histoire a aussi bien recours aux sources crites qu l interview de t moins sur le te
21. De l ampliation analogique En caricaturant autant le th oricien pur que l empiriste monographique on pourrait dire que pour le premier le terrain n est pas le texte pas un simple pr texte l o pour le second le texte s identifie son contexte Le premier ne reviendra pas plus sur les tudes de cas concrets qui l ont mis en orbite th orique qu un astronaute ne se lamentera sur la perte des tages inf rieures de sa fus e Le second cumulera des cas comme autant de pierres pr cieuses chacune ayant son histoire propre et sa valeur inestimable qu il ench ssera tout au plus dans un crin insignifiant Pour nous nos singularit s paisses tout en devant conserver leur clat de perles rares peuvent et m me doivent tre reli es entre elles mais sous forme de petits bracelets jamais de colliers interminables C est de ce maintien d un singulier certain et d une certaine substantialit que notre ampliation analogique nous entretient A supposer qu il puisse y avoir un sens plausible a parler au singulier d un lieu d origine en faisant du terrain en anthropologue je quitte au moins en esprit un certain monde occidental qui est aussi le mien avec son langage et sa logique pour me rendre ailleurs dans un autre lieu que je suppose son tour singulier Si je parle de lieu et non de culture c est que la port e heuristique de ce dernier terme est non seulement quivoque mais vanes c
22. Ey E Degreeff D Lagache et L Szondi Tous ces auteurs contribuent titres divers une anthropologie psychiatrique ou une anthropo psychia trie selon l expression de J Schotte Ce champ de recherches tr s riche comporte des orientations diverses telles que la clinique ph nom nostruc turale la psychiatrie existentielle l analyse du destin et la pathoanalyse Ce pendant ces diversit s sont d pass es dans la constitution d une anthropologie clinique pluridisciplinaire Le champ de l anthropologie psychologique est aussi vari et contrast que celui de la psychologie qui le fonde Impossible de rendre compte de toute la complexit de ce champ dans un texte de synth se comme celui ci Mais il n est pas non plus n cessaire de vouloir en rendre compte largement car notre objectif est limit l orientation de la psychologie clinique Dans cette perspective un courant important est celui de la psychologie et de la psychoth rapie existentielle produite par des cliniciens nord am ricains et eu rop ens immigr s aux USA proposant une clinique des relations interperson nelles sur base d une interpr tation am ricaine de la philosophie existentielle europ enne Nous y trouvons des auteurs tels que K Goldstein E Fromm E Erikson K Horney G Allport R May H Feifel A Maslow et C Ro 64 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective gers Ces auteurs discutent longuement la c
23. M DAM A 1976 Conscience de la ville Paris Anthropos PELLEGRINO P et al 1984 Spatialit des d coupages territoriaux Revue de l Institut de Sociologie 3 4 pp 577 606 M J Gaspar de Mascarenhas 141 PILLET G DONNER F 1984 Avant propos Revue de l Institut de Sociologie 3 4 pp 359 366 RAFFESTIN C 1984 La territorialit miroir des discordances entre tradition et modernit Revue de l Institut de Sociologie 3 4 pp 437 447 REMY J 1985 Mythe de la collectivit dialectique du soi et du social Chaire Quetelet Louvain la Neuve Ciaco REMY J VOYE L 1981 La Ville ordre et violence Paris PUF 1992 La ville Vers une nouvelle d finition Paris L Harmattan SANSOT P 1973 Po tique de la ville Paris Klinksieck 1976 Same pratical and theoretical aspects of the appropriation of space in KOTOSEC SERFATY Ed Appropriation of space Proceedings of the 3 In ternational Architectural Psychology Conference Strasbourg 1980 Imaginaire v cu des pratiques et repr sentations Recherches Sociologi ques XI n 3 pp 333 340 SCHUTZ A 1987 Le chercheur et le quotidien Paris M ridien SIMMEL G 1989 Philosophie de la modernit Paris Payot TARIUS A 1989 Anthropologie du mouvement Cahen Paradigmes T NNIES F 1946 Communaut et soci t Paris PUF WEBER M 1982 La ville Paris Aubier WILLIAME R 1973 Les fondements ph nom nologiq
24. Vivre Douala L imaginaire et l action dans une ville africaine en crise 164 154 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective BALLMER CAO Thanh Huyen MOTTIER V ronique SGIER L a Dir Genre et politique D bats et perspectives Paris Gallimard 2000 542p Genre et politique constitue une belle compilation de textes traitant des rapports en tre l tat le pouvoir la justice et la citoyennet avec la dimension sexu e de la politi que L ouvrage fait justice 4 ce qui a t crit dans la mati re en reprenant des extraits de recherches parmi les plus repr sentatives Comme les auteurs le signalent dans la pr sentation du livre la production fran aise cet gard n a certainement pas t abondante ce qui conf re au livre un caract re quasi unique Ce nonobstant une revue des travaux empiriques fait d faut Il ne suffit pas de produire de la th orie il faut aussi la tester Les d bats th oriques doivent pouvoir tre discut s la lumi re des trouvailles empiriques et vice versa il n y a pas de bon travail empirique qui ne s ins pire d une th orie solide Le livre est structur en trois parties traitant respectivement de la citoyennet de l tat et des rapports public priv Les premi re et deuxi me parties comptent quatre chapitres chacune alors que la derni re n en a que trois L introduction est particu li rement bien r ussie faisant d j le tour
25. dites d tre au monde Si l anthropologie classique tendance exotique se transforme pour devenir une anthropologie g n ralis e elle garde cependant son regard loign soit ses modes d interpr tation La description des contextes ou des conventions locales d s lors qu il s agit de comprendre les nouvelles mani res d tre homme ou les mondes in dits tapis dans le dedans des diffusions culturelles mondialis es devient plus que jamais incontournable avec comme corollaire la limitation des g n ralisations totalitaires L pro pos scientifique des travaux d anthropologie prospective demeure son ca 7 Cf BIERSCHENK T CHAUVEAU J P OLIVIER DE SARDAN J P 2000 et le compte rendu critique de leur ouvrage dans ce num ro 8 Voir ce propos BALANDIER G par 104 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective dre restrictif li la compr hension d taill e d un contexte donn d limit par les fronti res des conventions d un groupe particulier D s lors la description de la coh rence globale des champs particuliers travers s de sens non isomorphe constitue toujours un travail de second niveau de m me que l largissement de l espace de pertinence des conclusions repr sen te une tape ult rieure laquelle peut conduire la comparaison de mono graphies selon des crit res explicites Ce texte constitue la troisi me tape d une recherch
26. espace du quartier C est le concept de trajec toire en tant que mouvement ou parcours ou encore temporalit biographique qui est le plus apte int grer et exprimer le contexte d h t rog n it mais aussi les l ments qui peuvent affecter les appropriations Il y a dans cette perspective de trajectoire sociale l id e d itin raire de vie qui con tribue constituer l individu dans son identit L identit est consid r e comme un stock de connaissances et d exp riences accumul es au long d une vie Schutz 1987 et qui constituent les cadres sociaux de l interpr tation Williame 1973 en fonction desquels l individu labore des r ponses des situations et interpr te les v nements Aucun moment dans la vie pratique d un homme ne s puise dans une situation sp ci fique Tout moment de sa vie est une situation biographiquement d termin e Autre ment dit la situation a son histoire elle est la s dimentation de toutes les exp riences ant rieures organis es selon son stock de connaissances port e de la main et celui ci n appartient qu lui L individu ne peut pas interpr ter ses exp riences et ses obser vations d finir la situation o il se trouve faire des plans m me pour les minutes qui suivent sans consulter son propre stock de connaissances Si la trajectoire a pour effet d introduire la dimension de l histoire tant individuelle que col
27. faire exister la sant publique en ville celui enfin du rapport des habitants leur sant celle des autres et aux institu tions qui uvrent actuellement pour leur sant L observation des discus sions autour de l laboration d un r f rentiel de sant publique fait apparai tre la place infime accord e aux usagers D un c t la faible partici pation des habitants aux projets dits communautaires renvoie aux divers professionnels de douloureuses questions sur la pertinence de leurs diag nostics et usage qu ils font de la notion de besoin D un autre c t on voit appara tre des collectifs d usagers malades et bien portants d cid s donner une voix politique juridique et m diatique leurs revendications en mati re de sant publique refuser les r ductions rapides malade sta tistique chantillon d un groupe cible en s imposant dans le paysage institutionnel comme sujet Les relations entre ville et sant restent igno r es et celles entre institutions acteurs socio politiques et usagers d cal es Ces d calages incitent r envisager l approche anthropologique des arts de faire Certeau 1980 des usagers par rapport leur sant dans des con textes urbains vari s Une recherche en cours avec ric Goovaerts sur les pratiques inno vantes en mati re d accueil des sans abri est indicative d un probl me quant
28. l conomique le politique ou le scientifique l anthropologique inclus qui bien que tout fait a moraux en eux m mes m riteraient ventuellement d tre mis par surcro t une certaine sauce morale bonne ou mauvaise Pour l anthropologie prospective l conomie par exemple est ab ovo une thique Il n y a pas en d pit d une certaine publicit des banques ou des investissements neutres puis d autres qui seraient thiques Distinguer dans l action sp cifiquement humaine des degr s de moralit est une chose mais ne faire commencer la morale qu partir d un certain seuil est tout autre chose et une chose des plus quivoques Ayant cherch int grer l pist mologie au projet d une anthropologie prospective dans les deux parties pr c dentes nous terminerons par ses rap ports avec l thique tout en rappelant que cet talement est purement p da gogique car de facto entendement quivaut engagement Il ne s agit vi demment pas d obliger les anthropologues au nom de leur discipline sous crire toutes les p titions contre ceci l excision ou pour cela la protection des minorit s participer toutes les causes m me bonnes vendues sur le march de la militance Il s agit tout simplement de reconna tre que l paissis sement empirique et l ampliation analogique aboutissent du dedans une in terrogation interpr tative qui s exprime au bas mot
29. les possibilit s virtuelles de rencontres et les modes d occupation Le rapport l Autre appara t sinon comme une question saugrenue du moins comme peu op ratoire aux yeux des techniciens qui ont du mal envisager des al ternatives ce qui rel ve souvent de la simple promenade chez les passants ou les r sidents s interroger sur ce qui est en uvre lorsqu un individu ou un couple d cide de s installer dans un lieu c est l occasion d observer ce que recou vre l investissement d un espace en fonction de sa forme r sidentielle et de la signification subjective que ses occupants construisent pour en r gler les normes de coexistence et le rapport l h t rog n it des pratiques et des modes d appropriation L installation devient d s lors un moment cl pour comprendre le sens que les individus attribuent l espace la mani re dont ils le construisent pour en faire un op rateur de coexistence D autre part l installation rel ve aussi d un processus de choix tant dans le lieu o elle s effectue que dans la forme r sidentielle qu elle prend acc s la propri t vie en couple ou en solo distance ou rapprochement de la famille ou du lieu de travail Dans cette perspective elle ne peut pas tre r duite la seule contrainte d un ensemble de d terminants sociod mographiques ou personnels qui proviendraient des m canismes de s gr gation intervenant sur le mode du qui
30. mieux les civilisations am rindiennes tudi es par les anthropologues am ricains tant en miettes il y avait de la Cultural Anthropology des Cultural Studies il n tait pas encore question et au pire le comparatisme tous azimuts de traits culturels d contextualis s et fich s dans les Human Relations Area Files par P Murdoch amp Cie Il m avoua un jour prouver plus de sympathie pour l herm neutique heuristique d un Ric ur que pour le structuralisme sp culatif d un L vi Strauss Mais ce n est pas uniquement par un esprit de pi t filiale que si je devais mettre l anthropologie prospective sous haut patronage philosophique je le mettrais sous celui de Ric ur Cf la somme dit e par GROSSBERG L NELSON C TREICHLER P 1992 3 Cf par exemple MURDOCH P 1980 2 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective Dans son inconscience id ologique et son innocence pist mologique ce fut une poque b ate Les anthropologues se comptaient sur les doigts des deux mains se connaissaient tous personnellement tant souvent originaires du m me milieu ais en priorit ils pu bliaient sur les visions et les valeurs de leurs chers Primitifs dans deux ou trois revues maison d laissant des questions plus terre terre d cologie et d conomie des jour naux plut t ethnographiques Etre anthropologue et devenir acad mique tait alors quasi ment synonymes Et si l
31. notamment d un point de vue anthropologique sans un fond de compr hension historique L histoire lieu des racines se r v le le socle d cisif d une identit fragile De la sorte dire sa culture son lieu c est aussi raconter ses origines Agir au jourd hui revient in vitablement alors se r f rer un hier pr gnant celui de l appartenance une culture la fois traditionnelle et m tiss e qui pr c de l acteur Ce rapport la fois probl matique au pass et au pr sent transpire dans tous les rapports entre Blancs et Am rindiens Tout d abord au c ur de la relation les Am rindiens sont qualifi s de premi res nations Curieux m tissage entre une r f rence au pass l attribut premi res et un subs tantif minemment occidental la nation Ensuite les revendications sont elles aussi remplies d ambiguit naviguant constamment entre tradi tion et modernit Elles se r f rent la l gitimit d une ant riorit mais re vendiquent des territoires alors que cette derni re notion est dans la cul ture traditionnelle sinon marginale tout au moins p riph rique Par ail leurs ces requ tes se fondent sur le n o concept de droit ancestral lui aussi charg d ambivalence Le droit qualifie de mani re forte un ancrage occidental alors que l ancestralit fait r f rence une l gitimit propre l axiologie autochtone On pourrait mu
32. pouvoir contri buer au del de l inventaire de la logique humaine son invention m me S agissant justement de la modestie des moyens en question une parti cipation observante forc ment r duite dans l espace et dans le temps un observateur non participant pourrait tre pardonn quand il se demande si l approche proprement anthropologique est la hauteur de la d couverte de la logique humaine tout court Quand les anthropologues eux m mes font tat de la complexit incompressible des ph nom nes culturels n y a t il pas quelque chose de paradoxal sinon de contradictoire pr tendre qu une ex p rience de terrain monographique puisse l gitimement d boucher aussi bien sur l claircissement des grands enjeux du moment que sur l activation de notre nergie nous tous Bien que ce ne soit pas une r ponse directe on pourrait faire remarquer que en plus d une probl matisation accrue de l pis t mologie en cause dans la participation observante 4 depuis peu certains an thropologues ont cherch 4 augmenter le rendement et la relevance de leur discipline par le recours inconditionnel 4 toutes sortes d astuces m tho dologiques des r cits de vie au Rapid Rural Appraisal en passant par la mod lisation math matique des proc d s divinatoires Id alement toutefois il reste que pour l essentiel anthropologue se doit d aller voir ailleurs et aussi longtemps que possible comment
33. rapidement sur la perspective de l anthropologie fran aise qui d s ses d buts c toie de pr s la sociologie et fait la part belle la th orisation Les anthropologies anglo saxonnes par exemple sont plus mitig es sur la ques tion Cas extr me l anthropologie nominaliste d un Singleton qui relativise totalement ce r le de la th orie pour lui donner essentiellement une port e heuristique Singleton 1999 En second lieu contre ces affirmations d une histoire antith orique nous rappellerons tout le courant de la revue des Annales largement impliqu dans les d bats anthropologiques sur le synchronique ainsi que tout r cem ment la micro histoire sur la question des chelles d analyse du recours au contexte ou encore des temporalit s Revel 1996 Nous voquerons aussi l histoire des religions qui l instar de Dumezil instaurait le comparatisme comme un des fondements de l tude historique des religions C est d ailleurs dans ce domaine que les premiers plaidoyers pour un d cloison nement disciplinaire virent le jour Meslin 1972 Dans ce contexte la cir culation des informations et avec elle des diff rents codes de langage a contribu grandement d cloisonner les conceptualisations disciplinaires appauvries par un d bat autocentr C est ainsi que l un des derniers bas tions disciplinaires la r f rence un corps de doctrine particulier est de moins en moins pratiqu e L int
34. recours la m moire des pierres la tradition et l identification au quartier d antan identification des espaces secondaires o l on se construit un arri re monde et o l on essaye de faire comme avant ou de faire un monde diff rent cet espace secondaire pouvant tre toute la ville ou encore conversion reli gieuse Ces strat gies d passent rarement l horizon du quartier comme par exemple l investissement dans le camping hors de Lisbonne o on essaye de refaire la commu naut d avant Elles peuvent conjuguer aussi l implication dans le quartier et l utili sation de la ville comme une fuite devant cette implication dans un discours qui refuse les habitudes de quartier je ne suis pas du genre habitudes toujours ce coin tou jours ce caf Je fais ma vie en ville Je ne viens ici que pour dormir Celui qui le dit est cependant un des meneurs de la communaut des catholiques du 2 Mai Ce jeu per met de g rer un probl me d identit et un probl me de trajectoire B G n alogie et ancestralit l ancrage dans le quartier Certains habitants que l on peut qualifier de pr caires structurels font quartier part dans le quartier Ce quartier part c est une petite place au centre de Ajuda la Paix et les rues environnantes L identit de ces sujets qui font groupe passe par un lieu d ha bitation sp cifique la Paix hors duquel ils se sentent perdus Pour ces habitants
35. sordre et au mal produit une id olo gie manich enne militante qui impose le renforcement de l ordre et radique les manifestations du d sordre Par contre une interpr tation dialectique des bin mes entra ne des attitudes nuanc es qui veillent l quilibre entre un or dre provisoire instable et un d sordre in vitable et n cessaire 4 Ces d finitions sont l effet d une r flexion coll giale qui se poursuit depuis quatre ans entre anthropolo gues et chercheurs en sciences humaines cliniques dans un s minaire interdisciplinaire Atelier de recherches en Anthropologie clinique organis dans les cadres de l Unit de recherches anthropologiques et pathoanaly tiques en psychologie clinique et de l Institut d tudes de la famille et de la sexualit la Facult de psy chologie de l Universit catholique de Louvain 60 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective La diversit des m thodes de recherche entra ne la pluridisciplinarit de l anthropologie clinique Y contribuent les diverses sciences humaines clini ques telles que l anthropologie m dicale l ethnopsychiatrie la psychologie transculturelle l anthropologie psychanalytique les recherches d anthropolo gie philosophique et psychologique sur les rapports corps me psych esprit les recherches ethnologiques et d anthropologie sociale et culturelle sur les repr sentations et pratiques de gu rison dans des soci t s tradi
36. sur l pist mologie Leurs domaines d investigation sont la biologie la psy chiatrie et la sociologie Citons M Scheler E Cassirer P Haberlin H Pless ner G Vanderleeuw M Buber W Ehrlich S Strasser F J J Buytendijk V Von Weizs cker L uvre de M Foucault occupe une place originale dans la litt rature qui construit une arch ologie des savoirs et une anthropologie des discours contribuant de mani re d terminante 4 une anthropologie de la clinique occidentale Sa conception d une philosophie du discours appliqu e a l tude des effets des discours cliniques produit une vaste fresque qui englobe les diff rentes pratiques qui traitent des sujets en mal de soci t psychologie m decine psychiatrie droit p nitentiaire et pour cl turer l uvre la sexo logie Sa r flexion relative aux rapports entre les institutions sociales et le d sir inconscient sont tr s proches de celles de la clinique psychanalytique D autres chercheurs de l horizon de l ethnologie et de l anthropologie so ciale et culturelle interrogent les mythes discours et pratiques de gu rison d autres soci t s Leur objet d tude privil gi est constitu des ph nom nes des cures par la magie et par la transe Parmi les textes d sormais classiques citons ceux de M Hubert et M Mauss C L vi Strauss E E Evans Prit chard R Bastide A M traux et M Eliade Actuellement il faut y ajouter les multiples crits s
37. t tourner en rond au dedans de sa propre liminalit En amont cette anthropologie bien disciplin e n envisage que rarement de mani re explicite des questions onto pist mologiques qui pourtant hypoth quent la plau sibilit philosophique de son projet En aval l anthropologie incrimin e 2 tourne court aussi en grande partie cause d un intellectualisme a moral typique de son lieu d origine Il ne s agit en aucune mani re de fustiger le peu d engagement personnel des anthropologues en question dans les grands enjeux du moment Il s agit tout simplement de s tonner en extraterrestre de plusieurs choses tonnantes Que des climatologues ou des entomologistes soient la fois peu conscients de l histoire et des histoires du monde acad mi que responsables de leur identit actuelle et peu critiques du savoir scientifi que en tant que tel est relativement compr hensible Que des anthropologues professionnels de la relativisation critique de toute chose probl matisent si peu l in luctable inf odation de leur discipline une histoire intellectuelle tout fait idiosyncrasique laisse tout aussi r veur que leur peu d int r t manifeste pour ses fondements philosophiques et ses implications soci tales N est il pas tonnant de les voir coller l pith te ethno toute id ologie institutionnali s e ce qui passe par exemple pour La M decine ut sic et en soi n tant en fait qu une
38. tag re particuli re o elle ne s int res serait qu elle m me sans changes organiques avec les disciplines connexes ou m me avec quelque science que ce soit Ici pointe un postulat selon lequel l anthropologie qualifi e d une mani re ou d une autre et m me localis e of ficiellement dans une unit d termin e ne se juxtapose pas simplement aux autres r alit s acad miques et scientifiques Elle est concern e par toutes et elle les concerne toutes dans la mesure o bien au del des cercles universi taires l anthropologie pour n tre qu une d marche parmi quantit d autres s int resse n anmoins a priori toute activit humaine pour ce qu elle en re oit et pour ce qu elle en dit Sans doute ce postulat vaut il en d pit des quadrillages institutionnels et mutatis mutandis pour toutes les sciences hu maines parce que humaines pr cis ment et quitte videmment sp cifier le niveau logique de chaque approche Distinguer et diff rencier oui s parer ou couper pourquoi La complexit postule la fois la diversit des com posantes et leur irrempla able association A Doutreloux 9 Par ailleurs et de toute mani re il y a entre ces sciences du Discours d livrent elles autre chose qu une Parole sur l humain nouvelles ou pas et leur objet l cart qui s pare ceux qui parlent et ceux dont ils parlent L an thropologue et le philosophe peuvent parler avec p
39. tres agissant au nom de collectifs ce sont toujours des collectifs en quelque sorte priv s qui re vendiquent des droits comme les autres collectifs Ceci conduit une id e qu il faut certes relativiser de non communalit Olivier de Sar dan 2000 Cet Etat je fais donc l hypoth se qu il en existe un autre dont la des cription devient l enjeu de ce texte renvoie dans les repr sentations col lectives aux possibilit s de captation de ressources Il repose aux yeux des populations sur un processus normatif largement import Badie 1992 ou du moins loign de leurs pratiques Il est dot d une faible l gitimit car il demeure toujours partiellement identifi une affaire de Blancs et face lui l image de L Etrange destin de Wangrin 21 l attitude jug e la plus digne reste la ruse La mise en vidence d une double sc ne inh rente au champ de la co op ration renvoie la reconnaissance d une fronti re des conventions Et dans ce sens du point de vue de la sc ne locale la notion d espace pu blic appara t plut t comme une intention vertueuse identifi e image officielle qu il convient d afficher l adresse des partenaires occidentaux Les institutions d mocratiques laissent appara tre leur nature h t ronome l espace public ressemble alors un trompe l il et la polys mie du champ de la coop ration a
40. universit de Ouagadougou in LAURENT P J PETIT P PONCELET M Dir L universit africaine comparaison de trois campus universitaires UCL ULB ULG CIUF AGCD M DARD J F 1992 Le big man en Afrique Du politicien entrepreneur L Ann e sociologique n 42 pp 167 192 OLIVIER DE SARDAN J P 1995 Anthropologie et d veloppement Essai en socio anthropologie du change ment social Paris APAD Karthala 1996 L conomie morale de la corruption Revue Tiers Monde XXXVI 141 juin pp 41 65 2000 Dramatique d liquescence des Etats en Afrique Le Monde diplomatique f vrier pp 12 13 OLIVIER DE SARDAN J P BIERSCHENK T 1994 Les courtiers locaux du d veloppement Bulletin APAD n 5 juin pp 71 76 PAULME D 1976 La m re d vorante Essai sur la morphologie des contes africains Paris TEL Gallimard 124 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective PEEMANS J P ESTEVES A LAURENT P J 1996 Stabilit politique ethnicit et dimensions socio conomiques de la gouverne mentalit locale Bruxelles AGCD POLANYI K 1983 La grande transformation Paris Gallimard SAHLINS M 1963 Poor man rich man big man chief Political types Melanesia and Poly nesia Comparative Studies in Society and History 5 pp 285 303 SAWADOGO A 2001 La re fondation de l tat Africain post colonial au moyen de la d centralisa tion Ouagadougou Commission Nationa
41. Bien s r ce point de vue nonc dans le champ de la sociologie nous para t tre tout aussi valable dans le champ de la prospection ethnologique 2 Ethnographie et reportage de vieux amants Pourquoi les gens croient ils plus ce que les anthropologues racontent sur les Trobriandais ou sur les Balinais qu ce qui est crit dans les jour naux Journet 1999 38 Sous une apparence assez na ve C Geertz po se de fa on profonde et radicale la question du statut social du texte et de la parole de deux types de professionnels de la restitution des faits l eth nologue et le journaliste Pour tre plus pr cis nous devrions probablement crire de l ethnologue et du reporter car le reportage mobilise tout ou presque de l arsenal des d marches journalistiques L enqu te l interview la restitution d ambiances l observation de situations l analyse de donn es Le reporter est un t moin un narrateur Antoine et al 1995 91 Pour Ph Laburthe Tolra la solution de Geertz 1996 qui s inspire de Ric ur est de pr senter les cultures elles m mes d j sous forme de m ta phore comme tant un ensemble de textes d chiffrer Il va plus loin il d termine avec un brio non d nu de perversit comment les quatre grands classiques que sont L vi Strauss Evans Pritchard Malinowski et R Benedict deviennent plus que des crivains savoir des auteurs se
42. Elle engage au dialogue entre divers sp cialistes des sciences sociales et des scien ces bibliques traditionnelles Elles favorise le travail d quipes interdisciplinaires 6 Elle met en garde contre une interpr tation qualifi e de fondamentaliste qui offre des interpr tations pieuses mais illusoires au lieu de dire que la Bible ne contient pas n cessairement une r ponse imm diate chacun de nos probl mes Commis sion Biblique Pontificale 1994 64 Elle r alise une des treize m thodes d appro che de la Bible recommand e par la Commission Biblique Pontificale 1994 sa voir la m thode sociologique sans pour autant n gliger les autres 7 Elle combat les anachronismes et l ethnocentrisme Elle relativise notre mode de pens e actuel Elle attire l attention sur les caract ristiques du Tiers Monde et ses probl mes de d veloppement Elle permet de mieux comprendre le ph nom ne d acculturation et d exploitation Concluons avec Gottwald Les communaut s juives et chr tiennes sont instam ment pri es d en venir aux prises avec les origines sociales et conflictuelles et avec le contexte de la Bible Ces communaut s sont appel es r fl chir tout ce que cela si gnifie en fonction de la place qu elles occupent dans le conflit social contemporain Elles auront donc revoir leur mission sociale dans la soci t conflictuelle contempo raine laquelle d ailleurs rien ni personne ne pourro
43. Gilles Vivre Douala L imaginaire et l action dans une ville africaine en crise Paris L Harmattan 2000 302p Le touriste europ en qui passe travers une grande ville africaine en bus climatis ou m me l expatri qui y r side dans un quartier prot g peuvent imaginer qu ils ont affaire en gros l quivalent des cit s de chez eux mais videmment en plus cras seux et en moins fonctionnel Il faut y avoir v cu pour se rendre compte qu on y est sur une autre plan te sur celle des naufrag s comme dirait Serge Latouche qui a dirig cette th se parisienne r duite ici la moiti de sa taille initiale G S raphin a r cemment pass deux ans Douala la capitale conomique du Cameroun observant et participant en anthropologue questionnant et enqu tant en sociologue Le qualitatif de l un et le quantitatif de l autre ne re produisent pas les m mes objets puisqu ils ne r pondent pas aux m mes objectifs D o l int r t de croiser ces deux regards comme le fait admirablement bien l auteur en socio anthropologue Pour ne pas noyer le poisson il fait figurer en annexe les r sultats massifs de ses questionnaires Les don n es statistiques du genre sondage d opinion retenues dans le corps du texte per mettent un d passement certain du niveau des clich s et des impressions De loin on peut croire par exemple que les Africains sont tr s religieux et on les dit trop
44. LUTZ C WHITE G M The Anthropology of Emo tions Annual Review of Anthropology n 15 1986 BLOCH M How we think they think Anthropo logical Appoaches to Cognition Memory and Literacy Westview 1998 D ANRADE R The Develop ment of Cognitive Anthropology Cambridge Univ Press 1995 S FREUD S Totem et tabou 1912 Au del du principe de plaisir 1920 Psychologie collective et ana lyse du Moi 1921 L avenir d une illusion 1927 Le Malaise dans la civilisation 1930 16 LACAN J Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse 1952 Subversion du sujet et dialectique du d sir dans l inconscient freudien 1960 et La science et la v rit 1966 in crits Paris Seuil 1966 les s minaires IV La relation d objet et les structures freudiennes 1956 57 VII L thique de la psychanalyse 1959 60 et XVH L envers de Ja psychanalyse 1969 70 R Steichen 65 la jonction de la clinique et de l ethnologie On y trouve des crits de psychanalystes et de sociologues qui tablissent explicitement des ponts entre les deux disciplines Une contribution tout fait importante l anthropo logie clinique est apport e par l ethnopsychiatrie associ e et confondue avec l ethno psychJanalyse dont les fondateurs sont G Roheim et G De vereux Parmi les cliniciens actuels qui se r clament de ethnopsychiatrie le plus prolifique
45. Power at the ECPR Joint Session of Workshops Gothenburg 1986 Voir aussi Laclau E Mouffe C Hegemony and Socialist Strategy Towards a Radical Democratic Politics London Verso 1985 Mouffe C Dimensions of Radical Democracy Pluralism Citizenship Community London New York Verso 1992 A propos de livres 155 Pour ceux et celles qui cherchent un recueil stimulant et des textes clefs sur la pers pective de genre dans ses rapports avec le politique un vif encouragement a lire ce livre Mercedes Mateo Diaz UCL Unit de Science politique et relations internationales BIERSCHENK Thomas CHAUVEAU Jean Pierre OLIVIER DE SARDAN Jean Pierre Dir Courtiers en d veloppement Les villages africains en qu te de projets Paris APAD Karthala 2000 328p Les middlemen n ont jamais eu bonne presse et ce d s qu a commenc le commen cement L interposition du Serpent Antique entre le premier couple et leur Cr ateur n a pas exactement am lior les rapports directs Felix culpa oblige cette m diation malencontreuse aura au moins eu comme effet impr vu une fois n est pas coutume plut t b n fique que pervers une initiative divine portant sur l incarnation d un inter m diaire supr me Mais l instar de ces rapports en cascade qu on trouve dans le do maine profane le Christ s est trouv associ en r seau toute une s rie d intercesseurs de plus en plus locaux et pointus de Mari
46. Progr s l anthropologie prospective part de la pr misse que l avenir n est pas seulement refaire en fonction des paradigmes prouv s mais doit se faire la lumi re d une imagination cr atrice Toute modestie part c est dans cette direction an thropo logique me semble t il que pointent r solument les contributions ce num ro L anthropologie dans l unit et la diversit de l actuelle contemporan it est non seulement possible mais n cessaire Elle est n cessaire parce que la question du sens social est partout explicitement pos e ou implicitement pr sente Elle est possible pour autant que sa tradition de r flexion autocritique lui permette de s adapter aux changements de l histoire et aux changements d chelle qui lui correspondent Ces changements d chelle affectent tous les aspects de la r alit empirique qu observe l anthropologue S y adapter signifie d abord prendre acte de la fin d finitive du grand partage heure est venue d une anthropologie g n ralis e l ensemble de la plan te S y adapter signifie ensuite prendre en consid ration les modalit s nou velles de symbolisation l uvre dans l ensemble plan taire Ces modalit s font in tervenir les r seaux d information qui sont les instruments par excellence des dispo sitifs rituels largis les laborations particuli res des individus plus ou moins int gr s ces r seaux et tout un ensemb
47. RIC UR P 1975 pp 251 252 28 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective toute convention d cisive entre une singularit et la suivante si elle emp che qu on puisse jamais d terminer objectivement la vraisemblance de tout re groupement par analogie n emp che pas le surgissement du ph nom ne seuil critique Vient un moment o de singularit primordiale en singularit d cr t e semblante de triangle primitif en triangle diff rent on passe plus ou moins perceptiblement par le fait m me de l paississement empirique ce qui est tout fait diff rent de la d couverte de l existence objective de faits naturels d autres configurations C est ce passage que cherche camper une complexification de notre sch ma initial Sch ma 3 Reprenons notre exemple des mariages Konongo Nous l avons dit il y a d j quelque chose de factice les regrouper que ce regroupement soit un fait local ou le fait d un tranger dans un champ global l ovale en dessous avec son d nominateur commun triangulaire virilocal connotation patriarcale Rappelons aussi qu il serait plus fantaisiste encore de se re pr senter cette cat gorie g n rale comme la Cause des causes concr tes de chaque cas de mariage Konongo Mais force de cheminer travers ces cas les donn es empiriques finissent par ne plus se laisser f actualiser de mani re cr dible sous la forme d
48. Verdoodt 1999 Voici comment J T Sanders r sumait son uvre J sus selon Crossan accomplit des gu risons et puis demandait d tre nourri Il affirmait que le Royaume de Dieu est tait et sera toujours disponible pour celui qui le d sire Habille toi comme moi comme un mendiant mais ne mendie pas R a lise un miracle et demande l acc s une table Ceux que tu gu ris doivent t accepter dans leurs maisons Sanders 1998 2 Ajoutons toutefois que dans ses ouvrages parus depuis 1998 Crossan allie une stratification chronologique des textes fort stricte une interpr tation fort libre des rares passages qui ont trouv gr ce ses yeux d historien En cons quence comme chez beaucoup d ex g tes toute synth se s av re fort difficile surtout en raison d une interpr tation au coup par coup pour les passages retenus o tout mod le g n ral fait d faut Relevons en particulier la sous estimation des facteurs conomiques La courte ci tation du bibliste Ste Croix Ste Croix 1975 26 rapport e par Crossan Crossan 1991 43 permettait cependant d esp rer une pr sentation plus quilibr e Elle faisait allusion au surplus conomique accumul l poque par les poss dants des villes aux d pens des producteurs ruraux Mais cela n est pas d velopp Au contraire on trouve beaucoup de prises de position oppos es notamment dans Crossan Les premiers au diteurs de J sus et ses l
49. a strange but subtle inter course takes place between givers and receivers an exchange sometimes in the form of ruse which does not consecrate shared conventions but contributes to the co existence of different projects Making sense of this situation requires a distancing and a translation which lie at the heart of prospective anthropology Maria Jos Gaspar de Mascarenhas Living together and collective existence the city and the meaning of an actor s quarter Observation of an old and popular quarter in Lisbon lends itself to a problematisation of the link between space and social life in the creation of meaning at the level of the urban quarter Life stories spatial and social trajectories point to the existence of a polysemic urban life Though actors live side by side and construct a territory they do not necessarily live together Albert Verdoodt i Biblical studies according to the sociologically minded exegete J H Elliott The Bible can be approached from many angles J H Elliott is at once a biblical scholar and a sociologist who brings the theories and models of sociology to bear on his exegetical under standing of Revelation Notice l intention des auteurs Nous demandons aux auteurs de se conformer aux usages suivants Les manuscrits d un maximum de 60 000 caract res espaces blancs no tes de bas de page et bibliographie compris seront fournis en trois exem plaires accompagn s de r sum s fran ai
50. affect la m me poque leurs col SCHOT BILLMAN F Possession danse et th rapie Paris Sand 1985 HELL B Possession et cha manisme Les ma tres du d sordre Paris Flammarion 1999 OLIVIER DE SARDAN J P Possession affliction et folie les ruses de la th rapisation L Homme XXXIV 3 1994 pp 7 27 PERRIN M Le chamanisme Paris PUF 1997 LAPASSADE G Essai sur la transe Paris PUF 1990 et Les rites de pos session Paris Anthropos 1997 1976 7 Europe FAVRET SAADA J Les mots la mort les sorts Paris Gallimard 1977 avec CONTRERAS J Corps pour corps Enqu te sur la sorcellerie dans le Bocage Paris Gallimard 1981 Afrique CORIN E Zebola une psychoth rapie communautaire en milieu urbain Psychopathologie africaine XII 1976 pp 349 389 BRODEUR C DEVISCH R Forces et signes regards crois s d un an thropologue et d un psychanalyste sur les Yaka Paris d Arch contemp 1996 NSHIMIRIMANA L Rite culture et clinique De l importance des rituels culturels dans l laboration d une clinique anthropolo gique cas des rituels du Burundi Th se de doctorat Fac Psychologie UCL Louvain la Neuve 1998 Maghreb BOUGHALI M Sociologie des maladies mentales au Maroc Casablanca Afrique Orient 1988 AOUATTAH A Repr sentations et th rapies traditionnelles de la maladie mentale au Maroc une tude d thnopsychiatrie marocaine Paris L Harmattan 1993 1989 CHLYEH
51. ailleurs une pr sence tr s longue et continue du chercheur Autrement dit faire un reportage vis e ethnographique ce n est ni se contenter d une ou deux petites journ es pass es sur le terrain en compagnie de quelques acteurs sociaux ni s obliger s journer plusieurs mois durant sur le terrain Au del de cette n cessit de prendre la dur e en compte comme une exigence constitutive de la d marche et de la probl matisation et de la possibilit de penser l investis sement temporel sur le terrain de fa on pragmatique il faut rappeler qu une des sp cificit s de la description ethnographique c est de renvoyer autre chose qu elle m me c est dire entre autres la confrontation biblio graphique th orique coll giale au contr le syst matique des proc dures et au retour r flexif la diff rence de la description litt raire qui peut sugg rer plus que d signer utiliser les chemins obliques de la m taphore engager le lecteur dans les voies de l implicite et de l allusif ce qui permet difficile ment ensuite un travail comparatif la description ethnographique est la fois directe dans son expression et m diatis e par tout ce qui permet d y ac c der Laplantine 1996 48 Le reportage quant lui peut tr s bien satis faire ces n cessit s de la description ethnographique Ajoutons encore que le reportage comme mode d exploration ethnogr
52. ambigu t la ruse l esquive la tactique l occasion le bricolage des b n ficiaires Autrement dit les offreurs d aide abus s par l vidence de leurs propositions institutionnelles s imaginent collaborer avec des gaux anim s des m mes perspectives D s lors ils n entrevoient pas vraiment l existence de l autre sc ne r gie par ses propres conventions Cette situation conduit les acteurs locaux d faut de ma triser par eux m mes les ressources fi nanci res de ce champ mimer une adh sion aux conventions des of freurs d aide en vue d acc der la rente du d veloppement L omerta la solidarit int ress e transcende les oppositions de l ar ne locale qui s unit d s lors dans une ruse collectivement partag e autour de la trahison des principes des bailleurs Toutefois tant donn que cette union n est pas le fruit d une n gociation et donc reste globalement tran g re aux repr sentations locales les pratiques ne peuvent pas vraiment tre Dans le sens o les dominants ont partie li e l officiel Au contraire les domin s sont vou s l officieux ou au secret instruments de lutte contre officiel qui leur est refus BOURDIEU P 1980 p 384 118 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective v cues comme une trahison ou la rupture d un pacte mais plut t comme une fid lit la logique de son lieu Dans
53. ce sens la CFSM reste avant tout une sorte de trompe l il soit un projet ad hoc compr hensible et ac ceptable par les bailleurs de fonds La CFSM vue ici comme un projet de vient la raison du dialogue entre les donateurs et les b n ficiaires et la chan ce d un financement m me si les coop rateurs savent qu ils devront d tourner ce projet afin de s attribuer les ressources ventuelles selon des proc dures r gissant les hi rarchies des pouvoirs locaux et leurs principes de s curit Et en suivant en cela la s mantique de la sc ne locale il n est en d finitive question que de l argent des Blancs et finalement personne n y trouve grand chose redire Assez logiquement donc la redistribution des actions issues de l aide au d veloppement s instaure en fonction d affinit s parents voisins amis ou coreligionnaires avec le leader ou des moyens de le menacer N anmoins le big man a souvent investi beaucoup de ressources personnelles et d nergie pour obtenir au nom des membres de la coop rative un projet qu il s estime en droit de g rer en priorit Certes une accumulation trop im portante peut d clencher de la jalousie de la haine ou du ressentiment de la part de ceux qui s estiment cart s de la redistribution mais ils ne se con sid rent pas forc ment tromp s par le leader qu ils ne d sapprouvent pas sur le fond La question est plut t pourquoi lui et pas no
54. comportement Paris Aubier 1994 et 1980 1967 NATHAN T La folie des autres Trait d ethnopsychiatrie clinique Paris Dunod 1986 Le sperme du diable l ments d ethnopsychiatrie Paris PUF 1988 L influence qui gu rit Paris Od Jacob 1995 avec STENGERS I M decins et sorciers Paris Synth labo 1995 MORIN E Un animal dou de d raison in Le paradigme perdu la nature humaine Paris Seuil 1973 pp 107 164 66 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective trouve chez G Bataille De son c t l anthropologie philosophique d A De Waelhens propose une relecture de la psychose dans le cadre d un grille de lecture qui articule la ph nom nologie la psychanalyse freudienne et laca nienne et la clinique psychiatrique Dans le prolongement des recherches sur le corps subjectiv dans la dialectique sant maladie D Le Breton se con sacre construire une anthropologie du corps et de la douleur qui ne peut qu interpeller les cliniciens Par ailleurs encore l anthropologie philosophique qualifi e d empirique pour la distinguer d une forme litt raire est un courant de pens e qui a regroup depuis 1920 des chercheurs de disciplines diverses qui ont comme commun d nominateur de s opposer aux r duction nismes Les auteurs de ce courant proposent une perspective synth tique centr e sur l intersubjectivit L aboutissement en est un humanisme fond
55. de les camper sans plus l anthropologie prospective largirait l aire de captage empirique pour int grer dans son paississement l agnosticisme hollandais et le catholi cisme cat chistique afin de prendre plus explicitement position quant au fin fond plausible du ph nom ne en question D un c t vous avez l employ d une grande surface qui ne se sent pas oblig d orienter le choix de ses innombrables clients anonymes De l autre vous tes en pr sence de l picier du coin qui sait qui il a affaire et qui n h site pas pr cher pour sa cha pelle Et puisque nous nous sommes lanc dans les m taphores mercantiles concluons sur notre lanc e Le client n a sans doute pas toujours raison Roi il aurait m me besoin d un anthropologue fou mais pas r gicide Singleton 35 Se pourrait il que les conditions m mes du travail anthropologique soient pour quelque chose dans la bi furcation entre le conventionnel et le prospectif Quand vous ne faites que de la recherche de haut niveau et quand vous publiez surtout pour un petit c nacle de pairs vous sentez sans doute moins le besoin de tirer toutes les le ons de vos travaux que quand vous tes impliqu en permanence dans des enseignements des encadrements et des engagements qui sont loin de s adresser de seuls anthropologues professionnels 36 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective 1996 Mais en l occurrence a t
56. de mod les dans les autres sciences ne se discute pas beaucoup d ex g tes s y opposent En cons quence les conclusions auxquelles ils arrivent par intuition ou par conjectures savantes educated guesses demeurent inaccessibles au contr le et v rification En ayant l esprit un mod le abstrait d une symphonie ou d une fugue l auditeur sera mieux pr par appr cier une composition musicale coh rente et structur e au c ur d une myriade de notes Cela signifie que ce qui compte c est la capacit d un mod le r v ler les relations entre des ph nom nes sociaux A titre d exemple relevons que l tude de beaucoup de documents du Nouveau Testament en tant que produits d une prise de conscience sectaire entra ne le chercheur en partant du mod le de la secte pr ter attention des perspectives inexplor es strat gies utilis es pour promouvoir la conscience de groupe pour augmenter l estime du groupe par lui m me pour renforcer sa coh sion et son engagement comme groupe Plus g n ralement nous avan ons que les mod les socioculturels les plus appropri s l analyse de la Bible et de son environnement sont ceux qui partent de donn es propres la r gion habit e par les communaut s bibliques savoir le monde m di terran en et le Proche Orient ancien Tout comme la th ologie comprend diverses coles de pens e qui se manifestent dans plusieurs e
57. de vue actuels consiste dans la distinction de l anthropologie entre une information mique et tique Les des criptions et explications miques sont celles donn es par les indig nes Elles d crivent le quoi et le comment mais pas le pourquoi de leur fa on de penser Les constructions tiques en consid rant les facteurs qui ne sont pas inclus dans la fagon de rapporter des in dig nes tentent d expliquer pourquoi les indig nes pensent et agissent a leur fa on et pas autrement par exemple en cas de maladie de pauvret etc L utilisation de concepts tiques permet l interpr te moderne de situer les donn es dans une perspective sociale plus vaste et de discerner les connexions qui n taient pas aussi apparentes pour un informant indig ne Elliott 1993 36 38 La situation telle qu elle appara t d un point de vue tique couvre donc une tendue plus large que l tude du milieu de vie Sitz im Leben Elliott 1990 3 C Mod les cadres conceptuels et th ories En fait ce sont des th ories et des mod les qui d terminent quels mat riaux doivent tre examin s et consid r s comme pertinents Ainsi l tude de la communau t chr tienne paulinienne comme un ph nom ne urbain requiert l utilisation d un mo d le conceptuel centr sur la cit antique et en cons quence une s lection
58. des mat riaux propos desquels se d veloppera la recherche Elliott 1993 40 la suite de Jan Barbour Barbour 1974 6 Elliott d finit le mod le comme une repr sentation symbolique d aspects choisis de la conduite d un syst me complexe des fins particu li res Elliott 1983 40 En termes plus compr hensibles Bruce Malina ajoute qu un mod le est une repr sentation abstraite et simplifi e de quelque objet r el d un v nement ou d une interaction dont la construction a pour effet de favoriser la com pr hension le contr le ou la pr diction Malina 1983 231 l L annexe I reprise ci apr s d ELLIOTT J H 1993 p 66 pr sente avec plus de pr cision les facteurs lucider pour un cas particulier A Verdoodt 145 Carney distingue les mod les isomorphes des mod les homomorphes Carney 1975 9 11 Les isomorphes sont construits l chelle comme les globes terrestres et les trains en miniature Les homomorphes reproduisent uniquement les caract ristiques principales d un objet On notera que les mod les conceptuels dont Elliott fait usage constituent une subdivision majeure des mod les homomorphes Les mod les font partie du processus humain de la perception et de la compr hension Il ne nous est pas possible d en r cuser l emploi Notre choix s inscrit dans une d cision de les utiliser consciemment ou sans en avoir conscience Bien que l emploi
59. donner l illusion de la vie et donc de m nager aussi des effets d entropie La r alit de r f rence abonde foisonne exc de s gare Elle est travaill e par le subjectif l irrationnel le contradictoire Dubois 2000 29 30 La r flexion amorc e nous am ne penser galement sur un autre plan que l ethnologie ne se diff rencie pas radicalement du journalisme en ce que son observation permet de confirmer l id e que la comp tence n est pas une question absolue mais un ajustement produit d une n gociation Ruellan 1997 147 98 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective En conclusion m me si le travail th orique est loin d tre termin le tra vail concret ne demande qu se d ployer afin peut tre que le reportage tel qu il est envisag ici puisse contribuer au d veloppement et a la pr sence scientifique et sociale de la prospection ethnographique En reprenant la hi rarchisation et la chronologie classique que proposait Claude L vi Strauss notre projet tend essayer de valoriser davantage le premier p le c est dire l ethnographie Pour rappel il consid rait que l ethnographie s occupe d observation et de description l ethnologie de comparaison et de g n ralisa tion l anthropologie de th orie et d explication En fait notre pr sente r flexion n est peut tre rien d autre qu un plaidoyer pour une petite ethno graphie
60. en aval Il y a aussi une s rie d auteurs qui ont abord le pro bl me de l entre deux et dont les positions pourraient tre revues et corrig es en fonc tion des chapitres de cet ouvrage ci On ne peut pas demander des auteurs qui ont re u pour consigne d tudier un ph nom ne de s attarder sur son absence Mais les cas o les acteurs en lice se passent de courtier m riteraient r flexion aussi Ce qu on peut se demander par contre c est si le mod le trinaire bailleur de fond tranger courtier communaut locale rend compte de la complexit multistratifi e et mouvante de la situation concr te Si l intentionnalit de l interm diaire peut para tre relati vement univoque dans la mesure o elle fait cho un projet individuel les int r ts des autres interlocuteurs peuvent tre nettement plus clat s et quivoques Je me suis demand aussi mais c est une question que je me pose r guli rement propos de ce genre de recueil s il ne serait pas plus judicieux d piloguer sur les tu des de terrain plut t que de les pr facer M me le r dacteur consciencieux d un comp te rendu critique est parfois tent de se contenter de l essentiel camp dans une intro duction qu il reconna t comme aussi s rieuse que solide et de ne parcourir la suite qu en diagonale et rapidement Il faudrait encourager le lecteur lire les cas un par un et en tirer des le ons personnelles qu il appr cier
61. en deux temps Tout d abord il s agit de d gager par observation les cadres de perception et d organisation par lesquels certains ph nom nes naturels et sociaux sont tenus dans un groupe social donn pour des v nements ou des actes de communication Cette description mique doit reconstituer en quelque sorte 1 ethnoscience de la communication du groupe ou de la commu naut en question Lorsque le chercheur tente de montrer les pr suppositions qui fondent cette science pratique et se propose de d gager les relations qui les unissent un ensemble de postulats philosophiques de croyances religieu ses de mythes sur l homme et la nature ayant cours dans ce groupe il passe au second niveau de son travail il utilise alors une m talangue scientifique qui poss de ses propres mod les et principes d organisation Winkin 1996 85 Ici encore nous ne sommes pas tr s loin du reportage si on admet qu il se propose de donner voir entendre sentir percevoir la vie Ce peut tre la vie d un lieu ou d un v nement Le grand reportage est une immersion plus en profondeur dans le lieu ou l v nement que l on veut d crire Il implique plus de temps pass une criture qui se rapproche davantage de la litt rature Contrairement une id e r pandue le grand re portage ne rapporte pas du tout n cessairement sa mati re de l autre bout du monde C est plut t la dens
62. est d arriver g rer sa jouissance c est dire l excitation que lui procure l objet qu il construit dans son travail Ne f t ce que parce qu il y a videment plus qu un air de famille entre l objet que le chercheur s acharne faire appara tre dans la r alit et l objet de son fantasme inconscient Or le sc nario de ce fantasme n est pas social et encore moins philanthropique Bien s r une thique ne garantit pas le bien L attitude mentale est une r solution qui se traduit par des conduites consistantes coh rentes et continues Elle d coule d intentions et de d cisions entra nant Ja responsabilit de la personne impliqu e Elle est une orientation de la conscience vers un contenu un tat fonctionnel pr disposant la personne r agir face une situation C est l tat pr paratoire l action L attitude met en jeu aussi bien une attente qu une antici pation qui sont significativement orient es vers une situation une t che une performance En clinique l attitude d signe des orientations typiques de la conscience vers le monde autrui ou soi m me On parle ainsi d attitudes active ou passive assur e ou anxieuse hyst rique ou obsessionnelle relationnelle ou au tistique autoritaire ou soumise agressive ou conciliante etc Les attitudes se manifestent par des mod les particuliers d espace et de temps v cu d opinions de conduites et d actes d apr s Thin s G et Lempe
63. established limits of meaning Mike Singleton From empirical thickening to interpretative interpellations via ampliative analogy Borne by the same hermeneutical intentionality prospective anthropology unfolds in three steps empirically anchored data typically materialized by the field monography and case studies followed by contextualized comparisons of these sociohistoric singularities and fi nalized in the form of interpretative considerations Alain Reyniers and Olivier Servais Ethnohistory or prospective anthropology A few markers on the way out of the epistemological tunnel Anthropology and history having long taken different paths now converge to the point that their differentiation has become a problem Anthropology is learning to combine diachronics with synchronics and history has not only analysed anthropological issues but has had re course to oral sources The authors examine some of the epistemological questions behind this coming together and foresee the need for a hybrid anthropology elaborated by historians and anthropologists with a view to objective ethical and political concerns Robert Steichen The prospective attitude in anthropology as seen from the angle of a psychoanalytically orientated clinical anthropology Having briefly camped the prospective attitude in socio cultural anthropology the author a practising psychoanalyst defines a possible pluridisciplinary clinical anthropology An in ventor
64. et une source d information Il sera toute curio sit Le reporter c est un ceil un nez et une oreille branch s sur un stylo Martin Lagardette 1994 93 94 Du point de vue de l irr ductibilit empiri que le reportage semble donc par certains aspects assez proche de l ethno logie cette science de la curiosit et du doute qui fait de nous des t moins professionnels dont le regard a t tout expr s form pour voir le monde La chose serait videmment bien simple s il n y avait qu une vision s il n y avait qu un monde et s il n y avait qu un homme Dibie 1998 111 Ce qui int resse pr cis ment l ethnologue ce sont les visions du monde et des faits que les sujets construisent et d fendent socialement Faut il encore rappeler qu en suivant les ethnom thodologues on peut consid rer les faits sociaux comme des accomplissements pratiques le fait social n est pas un objet stable il est le produit de l activit continuelle des hommes qui mettent en uvre des savoir faire des proc dures des r gles de conduite bref une m thodologie profane Coulon 1987 20 Ce point de vue implique que la connaissance scientifique est coextensive la connaissance de sens commun la vision indig ne de la soci t Partant de ce positionnement on peut sou tenir que le travail ethnographique portant entre autres sur des processus de communication doit s accomplir deux niveaux ou
65. ethnom decine parmi d autres celle d une certaine ethnie oc cidentale ou occidentalis e mais de continuer parler comme si leur an thropologie ne faisait pas partie int grante d une occidentalisation certaine du monde Est ce parce que piqu s au vif par les th ses d un Said ou d un Adotevi 2 ils se sont laiss s aller une simple r action antith tique cher chant un impossible Orientalisme objectif ou un Africanisme innocent l o il ne peut pas y avoir de troisi me voie univoque et universelle au del d un ethnocentrisme qui s assume et d un ethnocentrisme qui s ignore L an thropologie prospective sera une ethno anthropologie ou elle ne sera pas Le lecteur assidu d Anthropology Today une revue qui cherche sortir l anthropologie acad mique de sa tour d ivoire saura que mon exorde critique fait cho des crises d identit et de conscience en cours dans le m tier 27 E W Said SAID E 1978 et S Adotevi ADOTEVI S 1972 se sont fait conna tre comme les auteurs de critiques virulentes du caract re in consciemment imp rialiste des tudes orientales et de l ethnologie africaniste des disciplines r put es innocemment savantes Malheureusement la plupart de leurs admirateurs ou d tracteurs ne semblent pas s tre rendu compte cf RIC UR P 1974 pp 328 355 qu il ne peut pas y avoir de savoir qui ne soit pas intrins quement id ologique et que par cons quent on
66. fonds issus directement de projets IL Stratification sociale rapport entre parent et politique Rapports de parent r seaux et d pendance Essentiellement ma tris par le responsable de la coop rative le p le d accumulation lui permet d endosser l habit de big man si geant la t te de r seaux compos s de personnes qui la fois l obligent et demeurent sous sa d pendance Ce principe d accumulation n cessite en aval un r seau qui ne se r duit en aucun cas une addition d individus clients passifs Le clan du big man travers lequel la rente est redistribu e s articule autour de trois r seaux la fois compl mentaires et en comp tition Ces r seaux favorisent l mergence de rapports sociaux o pr valent des rela tions de d pendance des sentiments de jalousie et de crainte mais aussi l conomie symbolique qui valorise le don et la dette des relations de parent et d alliance propres aux soci t s lignag res au sein desquelles agissent les in galit s d ge et de sexe et l mergence de l id ologie d au tochtonie m me si tout ceci se transforme rapidement Chauveau 2000 Laurent Mathieu 1994 Ainsi par exemple l accumulation d clenche un puissant sentiment de jalousie et de rancoeur qui conduit le big man vivre dans la hantise d une ventuelle attaque en sorcellerie En d autres termes l accumulation dans un univers de d pendance f
67. former de purs anthropologues mais de mani re pragmatique la puret implique souvent la st rilit d initier aux approches et aux apports de l anthropo logie quiconque pouvait en profiter Apr s tout l anthropologie n a pas t fond e par des anthropologues et on devient anthropologue en adoptant les mises en perspective en pratiquant les d marches et en assimilant les acquis de la discipline sans que ce processus soit d ailleurs le monopole de l an thropologie Bien entendu depuis les origines des d veloppements impor tants se sont accumul s le contraire serait inqui tant mais ne serait il pas paradoxal que ces succ s isolent la discipline au lieu d augmenter ses changes avec ses environnements scientifiques et ses publics 2 D marches L anthropologie se caract rise volontiers par sa m thode f tiche le terrain et l observation participante Sans doute l ignorance de la langue a t elle pu imposer ces proc d s aux anthropologues Il y a beaucoup plus cependant Si l anthropologie en effet entend saisir ce qui est humain dans la multiplicit des activit s et des organisations humaines elle affronte n cessairement leur in luctable complexit Elle ne peut alors se fier simplement aux paroles et doit cependant se donner un acc s son objet Seule une pr sence attentive et interactive est susceptible d ouvrir la complexit des r alit s concr tes soutenant les dis
68. imbu d un es prit positiviste et paternaliste s rigeait toute une arm e de militants aussi manich ens que masochistes Mon anthropologie se voyait tour tour accus e de collusion au mieux candide au pire complice avec un colonialisme civilisateur et chr tien Lanternari de ma chisme patriarcal Margaret Mead de scientisme impersonnel Okeley d litisme aris tocratico bourgeois Hall et ses mules des Cultural Studies de spiritualisme structuralo symbolique et doux r veur Harris et Godelier d occidentalocentrisme arrogant Said et j en passe Quoi qu il en soit du bien fond de ces insinuations l anthropologie tait entr e dans une crise tellement profonde que m me les sympathisants du dedans d sesp raient de la voir en sortir vivante Le diagnostic des experts appel s son chevet n tait gu re rassurant Au pire on pr disait sa mort imminente Worsley Au mieux on l incitait se refaire une sant en se recyclant en ethnohistoire il n est pas besoin d un gros effort d imagination pour pr voir qu un temps viendra o l ethnologie sera une branche de l arch ologie Brun 1961 227 Faisant cho ce genre de pr vision Testard proposait de consid rer le corpus des textes fondateurs de la discipline comme clos avec l mancipation des pays du Sud dans les ann es soixante Testard 1986 l instar des m di vistes ou des sp cialistes d autres civilisations mor
69. irr ductiblement singuliers quand l pouse au lieu de rejoindre provisoirement son mari reste aupr s de ses fr res ne se faisant en semencer que lors des visites presque furtives de son poux les taux de di vorce diminuent sensiblement en raison de la protection rapproch e de ses propres parents Mais en faisant abstraction de ces diff rences singuli res je pourrai peut tre continuer parler au singulier du mariage africain ou du moins du mariage dans le monde bantou Quand j ai affaire toutefois aux m urs des Pygm es du Congo et surtout des Na de Chine il devient tout fait impossible de continuer parler de mariage du moins si on veut que ce terme poss de encore un quelconque sens discutable entre savants Faute d espace nous devons arr ter ici notre exploration de la nature onto pist mologique et de la fonction m thodologique de l ampliation analogique Concluons n anmoins en signalant une des cons quences notables d une m thode qui ne quitte l paisseur du singulier que pour s arr ter sinon aussi t t du moins bient t faute de pouvoir pousser l analogie plausible tr s loin le sentiment d un pluralisme radicalement insurmontable Ceux qui consid rent tout pluralisme foncier comme une abomination divine le croyant catholique ou musulman pour qui la multiplicit des religions est un fait diabolique ou une aberration humaine l entrepreneur multinational qui croit que la mondi
70. la gestion d un syst me foncier en voie d urba nisation organisation progressive de lotissements du contr le de l acc s l eau potable de la ma trise de certaines ressources li es l aide au d ve loppement Olivier de Sardan Bierschenk 1994 Telle est la situation de BK ville de pr s de 8 000 habitants o un des big men le plus courtis d apr s mes informateurs serait un koe moonego kituni prieur de l Eglise du R veil de l Esprit il est aussi le responsable de la CFSM Il a environ soixante cing ans et n a jamais fr quent l cole De nationalit burkinab par son p re et b ninois par sa m re il r side jusqu l ge d environ vingt huit ans au B nin l issue d un long p riple il d cide de s installer dans le village de migrants mossi d o est originaire son p re village situ quelques kilom tres de BK Il y pratiquera l agriculture pluviale le ma ra chage et la fruiticulture avant de b tir une confortable ma son dans la ville de BK et de s y installer en 1995 LL Institution au Burkina Faso de la Commission nationale de la d centralisation en 1993 organisation des premi res lections communales en 1995 lections dans 33 communes suivies d lections en octo bre 2000 dans 45 communes et adoption du Texte d orientation de la d centralisation le 6 ao t 1998 Sur la d centralisation cf BAKO ARIFARI N LAURENT P J 1998 SAWADOGO A 2001 PEE
71. la mani re dont l tat subventionne un certain nombre d actions D embl e le probl me est moins celui des sans abri que celui des stra t gies diverses mises en avant par les associations qui cherchent toutes se faire reconna tre partir de leur capacit resocialiser un public difficile s dentariser Les observations men es mettent en vidence un point cru cial qui semble n glig celui de la temporalit construite par les SDF qui ne se r sume pas la vie nocturne ni la mani re dont les institutions pra tiquent ou non l coute et l accueil Le probl me majeur tourne tout entier autour d un moment singulier du parcours la recherche d un lieu o se reposer au propre et au figur o il n est pas question d embl e de donner des gages une ventuelle resocialisation mais de se faire recon B Francq X Leloup 83 na tre comme ayant droit un lieu o peut s envisager un rapport l Au tre Ici aussi les institutions sont en d calage par rapport cette pr tention simple Avec Margarita Becerra nous cherchons voir comment se trament les usages d un parc public Ici encore la mani re dont les architectes pay sagistes les jardiniers les gardiens con oivent l occupation de l espace fait appara tre des d calages et une propension au d coupage entre diff rentes cat gories d usagers entre les normes d entretien des espaces
72. la profession journalistique tant aux Etats Unis qu en France par exemple dans la mesure o avec lui le journalisme a re u la fois ses lettres de noblesse et son identit Il est dot d une mission sp ci fique qui le distingue en principe des autres m tiers intellectuels et qui lui as sure une reconnaissance sociale Ferenczi 1996 47 Journalisme v cu choses vues v nements rapport s de visu sont autant d expressions qui avec un rapport fort et sp cifique la litt rature vont caract riser le re portage et ses repr sentants historiques les plus souvent mis en vidence Al bert Londres Joseph Kessel Stanley Gaston Leroux Pierre Giffard Fernand Xau Jules Huret Tout cela sans parler des repr sentations du reporter qui nourrissent l imaginaire social o Tintin c toie Rouletabille Mais c t du grand reportage il y a aussi le petit reportage celui qui se nourrit de faits divers et parfois d v nements sordides celui qui s inscrit d une certaine mani re dans le prolongement des muckraker des remueurs de boue Hunter 1997 14 Reste enfin une troisi me voie celle des reporters de G Der ze 89 l ordinaire que nous privil gions bien videmment Ceux ci sont confron t s aux pratiques et repr sentations ordinaires la vie de tous les jours des gens qu ils vont d couvrir et rencontrer aux mille choses qui font le quoti d
73. les suivantes avec des chances d viter les r p titions paresseuses et perni cieuses 3 Pour conclure Dans une anthropologie prospective ou sans fronti res l anthropologue ne peut plus se d signer comme l homme des Dogons des Yombe ou des Wa konongo ni celui des proph tismes africains ou des syst mes de parent Son identit ne serait plus li e une ethnie ni quelque champ d investigation que ce soit mais tiendrait plut t un projet et une d marche sp cifiques Les objets d investigation par ailleurs chappent toute cat gorisation en bon ou mauvais en pertinent ou n gligeable Il est l gitime et efficace de passer des amateurs de chiens Dakar au m tro Paris des croque morts en Belgique une entreprise japonaise ou des relations interculturelles Montr al aux gu risseurs philippins Les gu risseurs de toutes origines mobilisent leur mani re et leurs fins un univers symbolique que nos m decines techniciennes ignorent ou rejettent La symbolisation du monde constitue t elle un paradigme universel d terminant l ensemble des perceptions et des conduites humaines Si non quel niveau jouerait cette dynamique symbolique culturel ou banal Si oui comment les deux types de m decine traditionnelle ou technicienne utilisent elles ce paradigme dans la construction d une culture qui ensuite mod le et est model e par la multitude des conduites concr tes Pourquoi beaucou
74. me intentionnalit herm neutique trois phases jalonnent la d marche de Anthropologie Prospective paississement empirique se mat riali sant typiquement dans une monographie de terrain ou des tudes de cas suivi d une ampliation analogique ou une contextualisation compar e de ces singulari t s sociohistoriques afin d en proposer des sens plausibles sous la forme d inter pr tations interpellantes Entre la mati re d une discipline et la mentalit qui l informe ou ce quoi elle forme se trouve sa m thode Le domaine de l anthropologie d sormais ne se limite plus aux seules soci t s primitives pr ou para modernes Puisque nous n avons jamais t modernes l anthropologie se doit non seulement d tudier la soci t occidentale o elle est n e mais de l aborder de la m me mani re syst mique qu elle l a fait en s approchant des cultures lointaines grandes ou petites Un anthropologue moderne qui se contenterait de quelques lucubrations excentriques sur des ph nom nes p riph riques de sa propre culture l o ailleurs il a cru pouvoir camper le tout central plane rait en pleine quivoque ethnocentrique L anthropologie serait alors for ex port only pour Eux et pas pour Nous Certes et m me si c est par un accident de l histoire plus que par la force des choses les anthropologues 99 des Occidentaux ont longtemps parl exclusivement d Eux p
75. ne peut pas opposer un point de vue faux parce que subjectif un point de vue vrai parce que objectif mais uniquement peser le pour et le contre des points de vue respectifs en fonction des crit res d une plausibilit la fois ph nom nologique et philosophique mais qui restera toujours en derni re analyse personnelle POLANYI M 1957 M Singleton 31 L anthropologue prospectif sait que son monde universitaire s est model sur les r formes de von Humbolt Berlin que la dichotomie entre la th orie fondamentale et la pratique appliqu e est quivoque que la distinction entre les sciences exactes et les savoirs mous n a rien de bien naturel et que la division au sein des disciplines humaines entre l histoire et l anthropologie est encore plus contre nature ces deux branches ainsi que d autres au raient pu continuer figurer et pourraient ventuellement s y retrouver de nouveau dans un seul et unique savoir ex g tico herm neutique Conscient donc en sociohistorien des contextes dans lesquels l anthropologie a pris et prend place chez lui comment faire preuve d inconscience en sociologue du savoir quand il s agit des conditions sans lesquelles elle ne peut pas avoir lieu ailleurs Il se pose des questions sans pouvoir y donner de r ponses Mais il ne peut pas s emp cher de se demander s il n y a pas quelque chose de d ontologiquement ind cent vouloir susciter des homologues
76. notion de silim dignit ruse qui pourrait se traduire ici par cette id e J ai d tourn de l argent des Blancs et en cons quence je suis digne devant les gens que j ai pu ainsi aider Cette fa on de penser permet d approcher comment la rente du big man s instaure et comment se constitue une sph re d im punit 7 Le th me de la ruse est tr s pr sent dans les contes africains symbolis principalement par Araign e et Li vre Denise Paulme montre que Le dualisme que la morale chr tienne tablit entre le bien et le mal n admettrait pas que le h ros recoure une mensonge La morale africaine est plus ambigu en l absence d autre moyen de d fense elle tient la ruse pour l gitime seul compte le r sultat PAUL ME D 1976 p 49 3 Cf LAURENT P J 2000a P J Laurent 109 Mes enqu tes montrent que le processus d accumulation mis en place par le koe moonego kiuni responsable de la CFSM et big man de BK s labore dans un climat de peur et de m fiance g n ralis es entre les res ponsables de l association en raison selon eux de la gestion d sastreuse des projets et surtout des fonds priv s Selon mes informateurs le koe moonego k uni aurait acquis durant les ann es pass es la t te de l asso ciation les biens suivants une maison BK deux cours en location dans la m me ville une maison dans son village un troupeau de b ufs une voitu re indirectement
77. ou de fr res villageois se sentent investis de la t che de sortir leur entourage de sa condition escomptant en retour reconnaissance hon neur pouvoir et apaisement de l indicible sentiment de pers cution Mais en m me temps la pr carit r elle ou suppos e de leur statut de citadin les fragilise vis vis de ces m mes villageois dans la mesure o ces derniers constituent toujours un recours en cas d chec ne f t ce que par la sauve garde d un acc s potentiel la terre C est dans ce sens que le sentiment de pers cution du dehors est bien r elle Ce sentiment taraude celui qui amasse et le laisse affect par le devenir de ses entourages qui d pendent de lui en m me temps qu il reste partiellement sous leur d pendance Pour sch matiser tout ceci on pourrait dire que la petite ville de BK est travers e par des hi rarchies instables qui pourraient tre symbolis es par les cat gories de lettr s oblig s et de paysans d pendants HI la fronti re des conventions la loi du silence illusion trahison et violence dans le champ de la coop ration A Loi du silence un consensus face aux Blancs La sc ne locale comprend des hi rarchies instables et des relations de comp tition coop ration qui d terminent l acc s la rente du d veloppe 3 Voir OLIVIER DE SARDAN J P 1995 p 175 Incertitudes financi res en relation par exemple avec la dur e limit e d un proje
78. par rem de dans un sens m dicaliste pourrait tre mieux ren du par astuce truc solution Mais force de r fl chir sur cet amoncelle ment de donn es convergentes je me suis rendu compte de deux choses fas cinantes D un c t que le mot articulait un des piliers de leur cosmologie le sentiment parfois un peu trop b atement optimiste mes yeux qu il y avait toujours quelqu un qui savait ce qu il fallait faire pour aider le monde en sortir vivant la boue qu on essayait de transformer en plancher de la mai son communale collait elle aux pilons Quelqu un avait l id e g niale de les tremper dans du sable sec c tait le dawa la pluie manquait Le chef man datait un faiseur de pluie pour y porter rem de c tait le dawa en sacrifiant un poulet sur les mazimbo ou tombeaux royaux De l autre c t le complexe des comportements et des convictions associ au ph nom ne dawa pouvait tre explicativement reli au mode de production et l environnement des Wakonongo cultivant sur br lis dans un milieu forestier relativement b nin et prodigue comment ne pas penser qu on peut toujours aller de l avant sans rencontrer de probl mes insurmontables soit ne laisse pas les choses paissies l tat exsangue ou embryonnaire des rubriques encyclop diques re li es par de seuls renvois extrins ques 22 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective 2
79. par un Et apr s Que de fois ayant invoqu l existence de m urs qui contrastent avec les n tres par exemple les us des Pygm es en mati re de sexualit ou d organisa 3 Ce ne sont pas les seules externalit s qu il faudrait int grer dans l anthropologie gauche on pourrait parler de l esth tique et droite de l motif Il y a du beau et du plaisir dans l anthropologie prospective en d pit du fait que qui tale ses tats d me risque de se retrouver souvent impubli puisqu impubliable du moins dans des revues de haut niveau scientifique M Singleton 33 tion familiale n ai je pas eu affaire 4 des questions qui d cod es constituent en fait une objection de taille Mais Monsieur le Professeur nous ne som mes pas des Pygm es C est ce que formule plus sobrement le moraliste J P Thomas quand il crit la diversit des pratiques et des r gles soulign e par tous les ethnologues peut certes temp rer la crispation sur des normes familiales en volution constante mais elle est d pourvue de valeur prospecti ve et n encourage en d finitive qu un relativisme facile Thomas 1990 225 Et nous voil de retour l ampliation analogique mais cette fois en mati re de morale en quoi et pourquoi le triangle d autrui peut il m interpeller voire m inspirer Si l anthropologue prospectif n a pas proprement parler de le ons donner s i
80. parent Paris Armand Colin 1996 Coll Cursus 174p Enfin un manuel de qualit sur la parent D embl e l A se propose de nous don ner voir globalement la probl matique qui entoure ce champ Il s agit de rem dier au d sint r t pour cette question Ainsi sans ambages R Deli ge se donne t il une ligne non technique et volontairement d pouill e de tout formalisme excessif attri buant ce jargon de sp cialiste le fait d avoir d tourn les tudiants de ce domaine si fondamental de l analyse de la vie sociale et d en avoir inhib les d bats Au terme de la lecture de ce livre ce choix nous semble la fois heureux et pertinent Il permet d aborder diff rentes questions traditionnellement complexes de mani re limpide et simple Le programme que nous propose l A est all chant surtout pour l tudiant des pre mier et second cycles universitaires Apr s avoir pr sent les notions de base et les principales terminologies de la parent il nous fait parcourir les travaux classiques de Morgan L vi Strauss en passant par Evans Pritchard En outre il nous fait v ritable ment revivre les d bats de l poque L A discute galement des approches plus r cen tes telles celles de Godelier H ritier ou encore Leach Enfin quelques tudes de cas comme les Kung les Trobriandais ou les Nuers ponctuent cette introduction aux probl mes de parent Globalement la coh rence
81. projets des offreurs d aide et dans l esquive l ambiguit la trahison et la ruse pour les b n ficiaires L ultime enjeu de ce texte consistera 4 approfondir la d licate question des stratifications sociales labor es partir des recompositions entre rap ports de parent et politique dans une soci t sah lienne en proie a de pro fondes transformations Il sera galement question de la pertinence d une analyse en termes de conflits qui pourraient opposer sur la sc ne locale les acteurs de la ville de BK le sous groupe des lettr s 4 celui des paysans I L invention du Big man A Bonne gouvernance et perception de l tat Dans la d cennie quatre vingt dix la promotion en Afrique par les ins tances des coop rations occidentales de la d centralisation suivie de l orga nisation d lections communales conduit au d placement ou la d mul tiplication de certains enjeux nationaux Ce mouvement qui chemine du central au local fait de la gestion des ressources locales un enjeu majeur a partir duquel se positionnent les pouvoirs locaux nouveaux et anciens Ainsi dans le contexte d une petite ville mergente du Sahel un person nage que je qualifierai de big man acquiert aujourd hui du pouvoir s il accapare des ressources au d part d une rente impliquant des changes en tre les espaces public priv et collectif A titre d exemple les rentes les plus courantes sont issues de
82. prospection du rapport entre l ordre et le d sor dre diff rent dans le champ clinique et dans l anthropologie clinique Deux attitudes prospectives constituent les p les oppos s qui polarisent ce champ Une attitude consiste s parer radicalement l ordre du d sordre et les op poser voir dans le d sordre chaos et destruction liminer radicalement au b n fice d un ordre bien r gl C est l attitude qui promeut l ordre comme bien sup rieur et tat normal des individus et des soci t s Une tout autre atti tude consiste lire l humain et le social comme un rapport dynamique entre ordre et d sordre voir dans le d sordre non seulement du chaos mais aussi du mouvement et du changement non seulement destruction mais aussi in tensit vitale et recr ation Pour les d fenseurs de l ordre tout le mal est du cot du d sordre Pour les tenants de l quilibre le mal est tout autant du cot des exc s de l ordre que des exc s du d sordre Pour les premiers il faut renforcer l ordre pour viter le retour du d sordre pour les autres il faut s attendre au retour cyclique du d sordre n cessaire pour temp rer l ordre et reproduire la mouvance Dans le processus clinique l attitude prospective est indissociable de l atti tude r trospective et du bilan de l actualit La prop deutique m dicale relie ces trois moments l anamn se et l observation ou examen porte sur l ac tuali
83. r v le un v ritable processus de production d un anti paysan Ainsi de puis quelques ann es l association s est relocalis e dans un environnement urbain Elle s est distanci e de la vie villageoise comme si son ambition consistait finalement s extraire de la condition paysanne les membres sont essentiellement convoqu s l occasion d assembl es d animations ou de visites d un ami tranger La composante populaire et rurale de l as sociation devient aujourd hui plus qu hier un alibi voire un poids Le koe moonego kiuni n arbore d ailleurs plus aucun signe qui rappellerait ses pairs ses origines paysannes son habillement a chang mais aussi sa nour riture et ses moyens de d placement Ses enfants sont scolaris s et il a ac c s aux soins de sant comme l lite du pays Il se d place peu en brousse et fr quente assid ment les capitales des pays c tiers ainsi que la ville de Bobo Dioulasso Le big man populaire bien souvent illettr nouveau ri che v ritable consommateur et plut t pi tre entrepreneur vit toutefois dans la crainte d un retour la condition paysanne Ce personnage singu lier n a en d finitive pas d autre issue que de suivre le chemin de l accu mulation Celle ci doit se r aliser dans l urgence d un avenir incertain et la redistribution est cens e apaiser les ranc urs des plus mena ants C Les lettr s oblig s et les paysans d pe
84. reaucratiques d enseignement taient bas es sur l criture pour beau coup de t ches productives surtout en milieu rural elle tait loin d tre es sentielle Les types de savoirs que faisait entrer en jeu le premier groupe d activit s jouissaient d un statut de plus en plus lev par rapport au sa voir pratique Goody 1994 172 En d autres termes l adoption de l criture a permis l mergence d une classe de lettr s les intellec _tuels pour reprendre le terme usit aujourd hui au Burkina Faso Bien entendu cette dichotomie ne doit pas tre prise dans un sens litt ral ainsi il n est pas rare qu un grand commer ant soit illettr et un dipl m de l universit sans ressources Mazzocchetti 1999 2000 Il semble plus judi cieux de parler de l mergence d une anti paysannerie qui s oppose globa lement au mode de vie rural et non aux paysans proprement parler Des crit res de pouvoir de revenus et de prestige permettent de distin guer la strate des lettr s de ceux qui cultivent la terre En effet en raison de sa p nibilit et parce qu ils la c toient journellement la condition pay sanne incarne l insupportable Elle hante les esprits de ceux qui s en car tent sans jamais vraiment parvenir en raison d al as conomiques et politi ques la mettre d finitivement bonne distance Autrement dit dans un contexte de modernit ins curis e la r
85. reconstruits par les sciences occidentales tou jours suspectes d ethnocentrisme mais comme devant pr tendre dans l ave nir au statut d ethnosciences locales originales Scheps 1993 Le d bat est ouvert entre les tenants du regard loign comme tant le seul garant de l objectivit et les d fenseurs d une anthropologie de l avenir qui non seu lement implique les chercheurs mais leur assigne comme nouvel objet privil gi la culture contemporaine laquelle ils appartiennent Aug 1994 Ces quelques consid rations montrent l int r t d une mise en relief des orientations prospectives largement pr sentes et des attitudes prospectives mergentes dans le vaste champ des anthropologies 2 De la clinique l anthropologie clinique Pour sortir des constats g n raux et quelque peu approfondir cette notion d attitude prospective il nous faut pr ciser notre point de vue particulier sur cette question C est le point de vue d un chercheur et praticien en sciences humaines cliniques Notre r flexion prend appui sur une trajectoire clinique dans laquelle se succ dent et s articulent les pratiques m dicale psychiatrique psychoth rapeutique et psychanalytique Cette clinique nourrit une recherche poursuivie et transmise dans un contexte universitaire pluridisciplinaire Elle est doubl e de recherches sur le terrain par la r p tition de rencontres avec divers tradipraticiens gu ris
86. sc ne locale plus encore elle merge de la manipulation de la dualit d un champ Ainsi cette histoire qui me fut relat e en mai 1998 2 Notamment en mati re fonci re ou matrimoniale 21 Roman d Amadou Hampat Ba 108 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective Une ONG finlandaise nous a envoy raconte un animateur de la CFSM un fonds de 18 millions de CFA pour octroyer cr dit une centaine de membres de la CFSM du petit mat riel pour la production de l gumes A le petit fr re du koe moonego kiuni a entendu parler d un financement de l ONG Rapidement il me demande de I accom pagner chez un grand commer ant de Bobo Dioulasso L nous com mandons pour 12 millions de CFA de mat riaux Nous voulions fabri quer nous m mes les outils Il avait avec mon appui l intention de monter un atelier de soudure De retour la maison de son grand fr re avec la facture de 12 millions A va l obliger payer Comme il est connu et qu il ne veut pas prendre le risque de nuire sa r putation il c de la pression de son petit fr re charge pr sent pour celui ci de fabriquer les outils Mais en m me temps comme nous avions conomis 6 millions de CFA sur le prix fix par l ONG finlandaise pour l achat du mat riel pay aupr s d un fabricant de Bobo A pro pose son grand fr re et moi m me de partir au Ghana acheter un tracteur avec son b n fice
87. scientifiques ne recher chent manifestement pas les m mes choses Op cit 20 Mais en toutes cir constances une certitude s impose il existe pour chaque technique des pro tocoles rigoureux et de longs apprentissages La simple observation et des cription suppose d acqu rir un regard une sensibilit certains ph nom nes qui exigent un apprentissage particulier La science exige de la patience et du m tier videmment le recours aux donn es ne saurait tre un gage absolu de rigueur et de v rit Les faits sont toujours multiples souvent complexes parfois ambigus Ils doivent donc tre interpr t s La religion du terrain et le respect des faits ne vaccinent donc pas contre les erreurs et les mauvaises interpr tations ils limitent cependant les g n ralisations h tives et les discours trop brumeux Dortier 1998 20 Le reporter comme l ethnologue qui ob serve par exemple des usages m diatiques ou des pratiques professionnelles de journalistes va tre confront mutatis mutandis ces exigences et ces difficult s 96 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective Par ailleurs la question des rapports de similitude et de diff renciation en tre les pratiques ethnologiques et journalistiques que nous traitons ici n est pas neuve Au d but du XX si cle Robert Park fondateur de l cole de Chicago loin de renier son pass de journaliste affirme que le travail d
88. seul garant de la coh rence des th orisations qui font office de savoir psychanalytique En est il bien ainsi Il n est pas bien difficile d identifier les diverses coles contem poraines de psychanalyse europ ennes Elles publient beaucoup et organisent de multiples manifestations publiques qui assurent leur visibilit En principe l thique psychanalytique qui privil gie le savoir de l incons cient par rapport au savoir de la th orie devrait maintenir la pratique de la cure dans une perspective humaniste nonobstant le d veloppement d un fonctionnalisme dans les coles Cette disposition thique consensuelle pour rait garantir la continuit d une anthropologie psychanalytique par ailleurs proche d une anthropologie postmoderne interpr tative Cette derni re privi l gie en effet les savoirs locaux par rapport au savoir global et s occupe des ph nom nes d interaction entre chercheurs et informateurs Il y a cent ans que la psychanalyse est n e de la prise en compte du transfert et du contre transfert comme condition de l efficacit th rapeutique de l interpr tation Est ce maintenant le tour d une anthropologie qui serait prospective de pren dre en compte l interpr tation dans le transfert Mais alors comment conce voir la solution du paradoxe d une anthropologie qui brasserait largement le social partir d une pratique focalis e sur les individus pris un un Com ment relier le social
89. t n envisagent leur efficacit que par rapport au fonctionnement d en semble de la structure sociale hi rarchis e Aug 1980 168 Par ailleurs l anthropologie clinique diff re de l anthropologie de la sant L anthropologie clinique concerne davantage les relations concr tes entre les acteurs de la situation clinique alors que l anthropologie de la sant s occupe plut t des id ologies sociales et institutionnelles en mati re de sant de pro grammes d hygi ne ou de l organisation des campagnes de pr vention Mais on y trouve galement plus proches des pr occupations cliniques des r flexions sur les notions du normal et du pathologique l identification glo bale des repr sentations et des pratiques cliniques et des comportements col lectifs en Occident et ailleurs Pour simplifier on pourrait dire que l an thropologie de la sant privil gie le regard macrosocial et que l anthropologie clinique privil gie le regard microsocial Privil gier ne veut pas dire exclure et les deux sont articul s dans une relation compl mentaire Une anthropologie clinique doit videment prendre en compte les donn es de l thnom decine qui est la partie la plus anthropologique de l anthro pologie m dicale et aussi celles proches de son objet qu elle trouve dans l anthropologie de la sant Mais sa sp cificit consiste prospecter ce qui est laiss en friche par les tudes des moyens te
90. toute propre peinte ci r e apr s que j avais mis la porte de la rue une serrure Je n ai jamais dormi ici comme ces gens qui sont venus avant Quand on vit dans des b timents comme a avec beaucoup de monde ceux qui sont en dessous re oivent tout ce qui vient du dessus il n y a pas d amour du prochain ne pas porter pr judice son voisin Si les gens taient pr par s les rues seraient toujours propres je suis contre salir les choses dans la rue Parce que ceux qui ont toujours habit une mai son et qui doivent jeter quelque chose ne font pas a Mais puisque dans les baraques ce n est pas comme a ils font la m me chose ici Odeurs fastes et n fastes et quand on y passe a sent mauvais Dans le temps non les gens maintenant sont moins civilis s ce point de vue la et la ville devient laide Nous avons besoin d une ville plus propre parce qu en t ces boites pleines de poisson donnent une tr s mauvaise odeur avec la chaleur Puis il y a toutes ces mouches Sant et Maladie Et maintenant nous avons beaucoup plus de maladies et tout a Et pour quoi A cause des mauvaises odeurs qu on respire Mon jardin potager a c est aimer travailler aimer poss der quelque chose Mais on dirait que ceux qui aiment le plus le faire qui veulent pos s der quelque chose ce sont ceux qui n ont pas la sant Dans le quartier la rue du march et la Place de la P
91. tribal Il est donc plus qu utile de pouvoir mettre des chiffres sur ce genre d a priori On ne peut cheminer avec des acteurs africains du cru sans se rendre compte de l omnipr sence pr gnante d un certain discours et donc d une r alit certaine de sorcellerie Ce n est donc pas pour rien que la premi re rubrique abord e par l A et sur laquelle il revient souvent tourne autour du monde de l invisible Le monde de la nuit et souvent de la nuisance comme l appelle ric de Rosny s j grand sp cia liste des choses camerounaises devenu grand gu risseur lui m me qui a pleinement appuy la d marche de notre auteur Ayant r alis moi m me le m me type d enqu te au Nigeria en 1973 en essayant comme G S raphin de faire cho qualitativement et quantitativement aux pr occupations spontan es des gens je ne peux qu tre frapp par les ressemblances entre nos r sultats respectifs sans doute parce que les m mes milieux donnent lieu sensiblement aux m mes mentalit s le religieux tabli et mergent la famille et la sexualit l interg n rationnel et l interethnique la sant et la scolarisation les r seaux associatifs la violence gratuite et par dessus tout le strug gle for life urgent et quotidien t lescop par des probl mes d argent et se d roulant sur fond d institutions tatiques aussi inop rantes que corrompues Et tout cela mal heureusement sans la conscience
92. tymologique le plus strict du terme et donc d un rassemblement informel pour ne pas dire irr gulier d esprits concern s par une certaine logique humaine On n aurait rien compris cet esprit coll gial si on imaginait qu il ne fait qu articuler l ouverture des anthropologues en bonne et due forme des apports ventuels de disciplines plus ou moins voisines Si des auteurs d horizons divers ont t invit s contribuer ce num ro ce ne fut aucunement avec l intention de voir d un point de vue purement anthropologique ce que des simples sym pathisants du dehors tels qu un psychologue ou un sociologue pouvaient encore dire des professionnels du dedans Ce serait le comble pour des anthropologues l aff t de toute quivoque ethnocentrique de conjuguer l interdisciplinarit d une mani re aussi nombriliste Puisque 1 Anthropologie Prospective est une indiscipline un anthropologue dipl m n a pas plus dire ou contribuer son sujet qu un philosophe ou un historien l instar du Collegium anthropologicum qui simple consortium de pairs peut tr s bien fonctionner sans permanentisation d un primus inter pares ce num ro de Recherches So ciologiques se voit comme trans plus qu inter disciplinaire Loin de nous en lan ant le Laboratoire d Anthropologie Prospective d avoir la moindre pr tention un in dit g nial L anthropologie prospective est tout a
93. un amas de concepts de convictions de comportements associ s un champ d activit s humaines que je d signe par des mots tels que famille ma riage ou sexualit Un Pygm e du Congo ou un Na de Chine par exemple 14 Ce possessif est parfois pris pour du paternalisme condescendant alors qu il fait cho une pist mo logie l mentaire Les Nuer ne peuvent qu tre les Nuer d Evans Pritchard M Singleton 23 ne pourraient faire autrement dans un premier temps que d arriver aupr s de leurs Wakonongo avec leur bagage culturel Le fait qu ils proviennent de milieux qui ignorent tout ou presque de ce que moi j entends par mariage et que je prends ici pour illustrer l in luctable mise en forme sociohistorique ment sp cifique des ph nom nes per us sur le terrain ne devrait il pas nous donner penser Participant in situ non pas la vie des Wakonongo mais celle surtout de mes voisins imm diats je fais dans la cat gorie d activit s que j appelle ma riage et famille un certain nombre d observations indissociables initiale ment des acteurs concrets agissant dans des situations particuli res Mon sieur et Madame X les parents d une adolescente Y sont tr s m contents lui plus encore que sa femme d apprendre que leur fille est enceinte avant d avoir t mari e c est ainsi que je traduis le terme local employ a cette occasion Ils me tiennent m me un d
94. un culte syncr tique Gr ce cet a priori comparatiste le corpus syncr tique du bwiti est per u comme un espace de transformation clairant le travail de quelques sch mes g n rateurs la g n alogie l inversion initiatique le sacrifice la sorcellerie A partir de la description de l mergence des proph tes de la religion d eboga dont une tape importante de l initiation est la manducation d une racine hallucinog ne l eboga l auteur reprend nouveaux frais et magistralement la redoutable question de la transformation culturelle dans les soci t s africaines contemporaines la ma ni re de Luc de Heusch c est dire arm d une parfaite ma trise de la richesse des ressources de l anthropologie structurale l auteur aborde le travail symbolique accom pli par le bwiti fang Toutefois l originalit de l uvre d Andr Mary se trouve ail leurs Elle consiste reconna tre la pertinence des concepts l vistraussiens celui du bricoleur par exemple afin en poussant la logique structurale jusque dans ses der niers retranchements d ouvrir de nouvelles perspectives th oriques Bien que Claude L vi Strauss n ait pas ignor que la mati re symbolique peut entrer dans une s rie de ressemblances qui s loignent du principe saussurien de l cart distinctif Andr Mary qui ne r duit donc pas le syncr tisme une pathologie de la fonction symbolique pro pose une analyse en mesure de c
95. un tracteur des motos et cyclomoteurs une plantation au Ghana et un verger Il serait injustifi de d duire que ces biens sont sim plement le fruit de la corruption La situation est bien plus compliqu e Ain si il a obtenu certains biens en cadeaux ou pour des services rendus Pour chacun d eux il peut expliquer la logique sous jacente l accaparement et il n y voit pas la moindre action r pr hensible Tout se passe dans une con fusion entretenue entre les biens de l association et le bien priv du respon sable le big man est l origine de la coop rative et elle n existe il est vrai que par son propre charisme et ses comp tences Aujourd hui la CFSM est phagocyt e par son fondateur le conseil d administration ne se r unit plus et les animateurs ne rendent plus visite aux groupements villageois Ainsi depuis quelques ann es sous l impulsion du responsable la CFSM a progressivement restreint son champ d action autour de ce que je propose d appeler un p le d accumulation situ en zone semi urbaine proximit de BK m me si l association garde pr s de quarante groupements villageois adh rents Un noyau d activit s procure aux membres du clan du leader des ressources distinctes des biens acquis par le koe moonego k uni Le p le d accumulation s tablit de mani re rester hors d atteinte des sources potentielles des contre pouvoirs Il s ins taure en retrait des proc d
96. une appellation incontr l e l anthropologue lui est un appel L anthropologue comme interpr te Tout appel qu il soit l anthropologue ne fait pas qu enregistrer P Appel La raison pist mologiquement parlant en est d une simplicit toute scolasti que D un c t quidquid recipitur ad modum recipientis recipitur ce qui est re u ne peut l tre qu la mani re du r cipient et de l autre et surtout si le donn donne penser encore faut il que tout penseur se mette activement penser ses propres pens es Certaines femmes poss dent des t tons surnu m raires Cela n est pas un fait mais un simple donn Un sens est toujours un sens fait Nous n interpr tons pas des faits l interpr tation est une factua lisation Mais peut on se contenter de dire que les donn es en question peu vent faire penser la n cessit pour une sorci re d allaiter ses animaux fami liers quand on pense soi m me des relents g n tiques Il est peut tre pos sible de ne faire que cela pr senter les sens r alis s par autrui Mais n y a t il pas une attente l gitime de la part de nos interlocuteurs que nous nous posi tionnions personnellement face des faire sens multiples surtout quand ils paraissent aussi importants qu incompatibles On ne demande pas l an thropologue une d cision dogmatique On aimerait tout simplement le voir en tant qu acteur social s impliquer d une fa
97. 0 au 14 11 00 au Kladaradatsch Palace Bd Anspach Bruxelles G Der ze 97 cience morale Les photographes d immense talent parmi lesquels figuraient Walker Evans Dorothea Lange Ben Shahn Russell Lee qui prirent part la fin des ann es trente l entreprise photographique de la Farm Security Administration faisaient des douzaines de portraits frontaux des m tayers qu ils taient venus photographier avant d tre s rs d en avoir fix sur la pellicule l image exacte cette expression pr cise sur le visage de leur sujet qui confirmait l id e qu ils se faisaient de la pauvret et de la lumi re de la dignit et du grain de l exploitation et de la g om trie Quand ils d cident de l allure d une image quand ils pr f rent un clich un autre les photogra phes ne cessent d imposer des normes leur sujet Sontag 2000 19 M me si elle est incompatible avec l intervention au sens physique du terme l activit photographique demeure une forme de participation Bien que l ap pareil photo soit un poste d observation il y a dans l acte photographique plus que de l observation passive Comme dans le voyeurisme rotique c est une fa on d encourager au moins tacitement tout ce qui se produit conti nuer se produire Prendre une photographie c est s int resser aux choses telles qu elles sont la permanence du statu quo au moins le temps n cessaire pour obten
98. 1 et 1992 Bourdin 1984 Si pour un certain courant intellectuel l approche delocalis e Hannerz 1980 reproduit au mieux ce nouveau contexte social pour d autres les acteurs urbains les structures et les institutions engendrent des processus qui ont des cons quences sur l espace Castells 1984 Pour d autres encore l espace de la ville se d s mantise et la ville est v cue par l habitant dans un rapport de distance Choay 1972 C est travers une formulation qui prend le sens d l ment constitutif du monde so cial M dam 1976 Ledrut 1973 1984 Sansot 1980 que vont tre d pass s ces dif f rents r ductionnismes th oriques op r s par les conceptions de l espace centr es soit sur les formes objet mat riel soit sur les fonctions projection des besoins sur l es pace soit encore sur les forces lieu d affrontement de forces conflictuelles Ici l hy poth se est que le sens surgit de l exp rience v cue que les hommes ont des villes du rapport de l homme la ville et que c est du sens v cu qu il s agit Le sens de l espace est repr sent symbolique imaginaire Ce sont quelques unes de ces questions qui vont tre reprises travers la notion de territorialit un nouveau paradigme dirions nous sur laquelle se concentre depuis les ann es 1980 la r flexion sur le lien entre l espace et la vie sociale Le concept de territorialit ressemble un concept
99. 4p Bonville de Jean L analyse de contenu des m dias Paris Bruxelles De Boeck Larcier 2000 451p Boudon Raymond Bourricaud Fran ois Dictionnaire critique de la sociologie 2 dition Paris PUF Coll Quadrige 2000 714p Caloz Tschopp Marie Claire Les sans tat dans la philosophie d Hannah Arendt Lausanne Payot 2000 480p Cesoni Maria Luisa L incrimination de l usage de stup fiants dans sept l gislations europ ennes Do cuments du groupement de recherche psychotropes politique et soci t n 4 2000 Chazel Francois Aux fondements de la sociologie Paris PUF 2000 235p Chiffelle Fr d ric L arc jurassien romand la fronti re des langues Faut il craindre la ger manisation Lausanne Payot 2000 133p Chopart Jean No l Dir Les mutations du travail social Paris Dunod 2000 299p Cuin Charles Henry Ce que ne font pas les sociologues Paris Droz 2000 210p Dubois Michel Premi res le ons sur la sociologie de Raymond Boudon Paris PUF Bibl Major 2000 140p ducation et Soci t s Sociologie des savoirs 1999 2 216p Gallissot Ren Kilani Mondher Rivera Annamaria L imbroglio ethnique Lausanne Payot 2000 294p G raud Marie Odile Leservoisier Olivier Pottier Richard Les notions cl s de l ethnologie Paris Armand Colin 2 d 2000 332p Grigon Claude Dir Les conditions de vie des tudiants Enqu te OVE Paris PUF 2000 532p Jeffrey C Alexander L
100. A Les Gnaoua du Ma roc Itin raires initiatiques transe et possession Paris La Pens e sauvage 1999 MOHIA NAVET N Les th rapies traditionnelles dans la soci t Kabyle Pour une anthropologie psychanalytique Paris L Har mattan 1993 Am rique du Sud ROSING I Mundo Ankari 8 vol Nordlingen Franz Greni Verlag 1987 et sv DESCOLA P Visions in Les lances du cr puscule Relations Jivaros Haute Amazonie Paris Plon Terre Humaine 1993 pp 329 445 GARCIA PE AFIEL M L alt rit le regard et la r ciprocit Les re pr sentations culturelles de la souffrance dans la culture populaire chilienne approche anthropo psychana lytique Th se de doctorat Fac de Psychologie UCL Louvain la Neuve 1999 CITARELLA L et al Medicinas y cultura en la Araucania Santiago d Sudamericana 2000 1995 Asie ZIMMER H Hindu Medicine Oxford Oxford University Press 1948 LESLIE C Ed Asian Medical Systems London 1976 CLIFFORD T Tibetan Buddhist Medicine and Psychiatry London The Aquarian Press 1984 MEYER F Gso ba Rig pa Le syst me m dical tib tain Paris CNRS 1983 SAMUEL G Civilized Shamans Buddhism in Tibetan Societies Washington and London Smithsonian Institution Press 1993 68 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective l gues de l anthropologie sociale et culturelle Cependant cette lecture ne nous semble pas ad quate pour les textes de l anthropologi
101. BONMARIAGE M MOLITOR J REMY L VOY Directeur scientifique BERNARD FRANCQ Comit de r daction F DASSETTO R DELIEGE DELOBELLE B FRANCO M SINGLETON L VOY C WERY secr taire Comit de lecture L ALBARELLO P DULIEU B FUSULIER H GERARD P LANNOY P J LAURENT J MARQUET F MELARD H RYCKMANS N SCHIFFINO A VERDOODT M VER HOEVEN Edition abonnements r daction Recherches Sociologiques Coll ge J Leclercq 1 10 Place Montesquieu 1348 Louvain la Neuve T l 010 47 42 04 Fax 010 47 42 67 E Mail wery anso ucl ac be CCP n 000 056508 1 56 CGER n 001 1516414 89 Tarif d abonnement 2001 et 2002 1 800 BEF 44 62 3 num ros port 300 BEF Europe 500 BEF hors Europe Lenum ro 700 BEF 17 35 La revue est pr sent e sur le site Web de L UCL http recsoc anso ucl ac be recsoc et sur le site de l association des Revues Scientifiques et Culturelles http www arsc be D pouillement par Francis Sociological Abstracts Science culture Centre Haudricourt CNRS http www vjf cnrs fr journals culture Les auteurs sont pri s de prendre contact avec le comit de r daction et de confor mer leur texte aux normes d dition qui se trouvent la page 3 de la couverture Les articles publi s n engagent que la responsabilit de leurs auteurs La reproduction des articles est interdite sans autorisation du comit de r daction Recherches Sociologiques Pla
102. France de l Ancien R gime pour aboutir une r flexion sur la place tr s contemporaine de cette population parmi les nations europ ennes ASSEO H 1994 et Bernard Leblon sp cialiste de l histoire des Gitans d Espagne s int ressera avec un souci tout ethnographique divers aspects de l existence actuelle de ce groupe MOSSA 1992 52 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective prime sur la pertinence d une nouvelle interpr tation L criture vise donc avant tout rendre intelligible et perceptible l observation v cue En d au tres termes l criture et le processus qui l accompagne vont plus loin que la simple relation Il y a innovation th orique mais partir de l objecti vation d une r alit concr te v cue En d finitive l histoire comme Fan thropologie s affirme comme la construction perp tuelle d une identit an cr e dans une mani re de dire l autre L historien dit donc l histoire en la faisant Dire est toujours un acte minemment singulier interpr ter partir de son lieu de ses pr compr hensions de son ethos et de son rapport au texte ou au terrain Le dire de l historien est donc avant tout un racon ter une narration un r cit Nait ici aussi une myriade d interrogations qui en viennent toutes plus ou moins poser la question du statut de ce mo ment Ric ur 1983 85 Cet affaiblissement des diff rences disciplinaires met en a
103. God of Burkina Faso in CORTEN A MARSHALL R Eds Between Babel and Pentecost Transnational Pentecostalism in Africa and Latin America London Bloomington apar Les croyants gu risseurs des Assembl es de Dieu au Burkina Faso La pri se en charge des affections du vivre ensemble in LAURENT P J MARY A Dir Les nouvelles religions en Afrique d un proph tisme l autre Social Compass Sage London LAURENT P J MATHIEU P 1994 Migrations environnement et projet de d veloppement r cit d un conflit foncier entre Nuni et Mossi au Burkina Faso in LAURENT P J MATHIEU P TOTTE M Migration et acc s la terre au Burkina Faso Cahiers du CIDEP n 20 Academia L Harmattan pp 83 133 LAVIGNE DELVIGNE P 2000 Impasse cognitives et expertise en sciences sociales R flexions propos du d veloppement en Afrique in JACOB J P Dir Sciences sociales et coop ae en Afrique les rendez vous manqu s Nouveaux cahiers de l IUED n 10 LEREBOURS A JOMNI S 1998 Atlas du Burkina Faso Paris Editions Jeune Afrique 3 d MATHIEU M 2000 Mali ignorance r elle contrainte ou d lib r e De l usage labyrinthique de la connaissance dans un projet de d veloppement in JACOB J P Dir Scien ces sociales et coop ration en Afrique les rendez vous manqu s Nouveaux cahiers de l IUED n 10 pp 101 120 MAZZOCCHETTI J 1999 2000 Les tudiants de l
104. Lisbonne Cet article constitue la le on publique donn e par M Mascarenhas pour l obtention du titre de docteur en sociologie septembre 2000 l Ce choix a ob i certains crit res pr dominance de la fonction r sidentielle absence de d velop pement de fonctions vocation de centralit importance num rique des fonctions de quartier consid r es dans la litt rature sur les quartiers populaires comme des piliers du faire quartier piceries bis trots march quotidien petits commerces clubs r cr atifs mobilit quotidienne lev e l int rieur et vers l ext rieur situation socio conomique et d mographique non atypique par rapport aux quartiers populaires de la ville 128 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective Il est n cessaire de reprendre la probl matique du lien entre l espace et la vie socia le telle qu elle a t d velopp e par l cole de Chicago Grafmeyer J oseph 1990 qui influenc e par les probl mes de la croissance urbaine aux tats Unis dans les ann es 1920 prend le paradigme de l cologie animale pour d finir la ville comme un ensem ble d aires naturelles chacune avec sa population sp cifique Une telle approche met en vidence les interd pendances qu implique le partage d un m me territoire le quartier communaut de transition est le lieu d un processus d acculturation ce qui m ne l cole de Chicago surd velopper
105. M BRULHART M C 1980 Mobilit Spatiale Saint Saphorin Ed Georgi BOURDIN A 1984 Le territoire un faux objet un vrai probl me Revue de l Institut de So ciologie 3 4 pp 469 480 CASTELLS M 1984 Problemas de investiga o em sociologia urbana Lisboa Presen a CHALAS Y 1984 L imaginaire habitant Revue de l Institut de Sociologie 3 4 pp 489 506 CHAMBOR DON J C LEMAIRE M 1970 Proximit spatiale et distance sociale Les grands ensembles et leur peu plement Revue Fran aise de Sociologie XI 1 pp 3 33 CHOAY F et al 1972 Le sens de la ville Paris Seuil GELL A 1992 The Anthropology of Time cultural constructions and temporal maps an images Oxford Providence Berg GIARD L MAYOL P 1980 L invention du quotidien 2 Paris 10 18 GRAFMEYER Y JOSEPH I Dir 1990 L cole de Chicago Naissance de l cologie urbaine Paris Aubier HANNERZ Ulf 1980 Exploring the city N Y Columbia University Press HIERNAUX J P 1977 L institution culturelle M thode de description Louvain la Neuve Presses Universitaires de Louvain LALIVE D EPINAY C 1986 Temps espace et identit socio culturelle les thos du prol tariat des petits poss dants et de la paysannerie dans une population g e Revue Interna tionale de Sciences Sociales 107 pp 97 113 LEDRUT R 1973 Les images de la ville Paris Anthropos 1984 La forme et le sens dans la soci t Paris M ridiens
106. Maria Jos GASPAR DE MASCARENHAS Vie ensemble vie collective l urbain et le sens du quartier 127 Albert VERDOODT L tude de la Bible d apr s l ex g te sociologue J H Elliott 143 propos de livres ccccccccccccccccecessesscuscussssescecceeasaeeres 153 Doctorats 1999 2000 6eme dereuren te 167 Livres Teus sis seni vias nel at ess mea ts 169 English Summaries ina sonnerie t tenues 171 Publi avec le concours du minist re de l ducation de la recherche et de la formation de la Communaut fran aise de Belgique et du D partement des sciences politiques et sociales de l Universit catholique de Louvain Recherches Sociologiques 2001 1 Pr sentation 1 6 Pr sentation Si les Mots ne sont pas les Choses il n emp che que en grande partie ils les font naitre et tre La le on est de Foucault Mais pas mal de personnes des producteurs aux philoso phes en passant par les publicistes ne l ont pas attendue pour reconna tre l importance pri mordiale de bien contr ler les appellations d origine identitaire En outre la magie des noms tant un de leurs lieux communs sinon de leurs chasses gard es ce n est pas aux anthropologues qu il faut rappeler tout l int r t qu une d nomination ad quate peut repr senter en vue d une meilleure localisation sur la sc ne disciplinaire En effet aussi bien ad intra au sein de l anthropologie elle m me qu ad extra par rapport
107. OL 10 Recherches RI Sociologiques Anthropologie Prospective Sous la direction de Mike SINGLETON Albert DOUTRELOUX Anthropologie sans fronti res Mike SINGLETON De l paississement empirique l interpellation interpr tative en passant par l ampliation analogique une m thode pour l Anthropologie Prospective Alain REYNIERS et Olivier SERVAIS Ethnohistoire ou anthropologie prospective Quelques balises pour sortir d un tunnel pist mologigue Robert STEICHEN L attitude prospective en anthropologie le point de vue d une anthropologie clinique d inspiration psychanalytique Bernard FRANCQ et Xavier LELOUP Pour une socio anthropologie urbaine prospective G rard DER ZE Un mode de prospection ethnographique le reportage Pierre Joseph LAURENT L espace public dans une ville mergente d Afrique de l ouest Aux fronti res de la th orie des conventions l anthropologie prospective Maria Jos GASPAR DE MASCARENHAS Vie ensemble vie collective l urbain et le sens du quartier Albert VERDOODT L tude de la Bible d apr s l ex g te sociologue J H Elliott propos de livres 2001 Volume XXXII num ro 1 Universit catholique de Louvain Unit d anthropologie et de sociologie Universit catholique de Louvain Unit d anthropologie et de sociologie Recherches sociologiques Revue fond e en 1970 par Pierre de Bie Clio Presvelou et Claire Leplae Comit de gestion J
108. a phique n a aucune pr tention h g monique dans l univers des m thodes eth nographiques Ce n est qu une voie parmi de nombreuses autres Mais nous pensons que cela peut tre une voie et qu elle peut utiliser les moyens techni ques du journalisme tant en ce qui concerne la captation que la diffusion C est aussi dans cette utilisation de moyens techniques audiovisuels que peut se nicher une des caract ristiques une des qualit s du reportage Il reste une question qui concerne de tr s pr s les ethnologues qui souhai tent privil gier la prospection dans la mesure o un engagement dans la voie de ce que nous appellerons pour l instant et faute de mieux le reportage ethnographique a n cessairement une double port e pist mologique et so Dans une logique plus cumulative ou comparative l approche d une probl matique sp cifique peut se fai re sur plusieurs terrains d limit s Dans ce cas nous parlerons d approche dispers e SI y a galement un travail important faire du point de vue m thodologique entre autres propos de l utilisation des moyens techniques captations du son et des images fixes ou anim es G Der ze 93 ciale Cette question importante concerne ce que Norbert Elias appelait l incertitude qui r gne parmi les sociologues propos de l objectif de la recherche scientifique Nous nous en tiendrons assez strictement ce stade de notre r flexion la position d E
109. a r duction Critique de Bourdieu Paris Cerf 2000 141p 1995 La Borderie Ren Sembel Nicolas Pary Jacques Les sciences cognitives en ducation Paris Na than Universit 128p Laflamme Simon Des biens des id es et des personnes au Canada 1981 1995 un mod le macro logique relationnel Sudbury Prise de parole Paris L Harmattan 2000 273p Lanzarini Corinne Survivre dans le monde sous prol taire Paris PUF 2000 280p Lohisse Jean La communication Bruxelles De Boeck 2001 213p Maron Fabienne Le projet politique situation sens strat gie Th se de doctorat Louvain la Neuve Ciaco 1999 21 1p Mendras Henri Oberti Marco Le sociologue et son terrain Trente recherches exemplaires Paris A Colin 2000 294p Namer G rard Halbwachs et la m moire sociale Paris L Harmattan 2000 244p Paquot Thierry Lussault Michel Body Gendrot Sophie Dir La ville et l urbain L tat des sa voirs Paris La D couverte 2000 441p Perrot Martyne Ethnologie de No l Une f te paradoxale Paris Grasset 2000 280p Pichault Fran ois Nizet Jean Les pratiques de gestion des ressources humaines Paris Seuil Coll Essais Points n 410 2000 333p Pyramides Revue du Centre d Etudes et de recherches en administration publique Vers une va luation des politiques publiques en Belgique Num ro 1 Remy Jean La Ville Ph nom ne conomique 2 dition Paris Anthropos conomica 2000 284p Re
110. a r glementation en vigueur au sein de la soci t environnante ils n avaient pourtant pas aban donn le mouvement M me si celui ci ne se saisissait plus travers les d placements quotidiens qui rendaient leurs a eux si caract ristiques aux yeux des Gadje des non Tsiganes il se maintenait dans une incessante circula tion entre parents alli s amis sur les divers points de chute opaques o ceux ci d veloppent aujourd hui encore l essentiel de leur vie domestique De nos jours ces Manouches n apparaissent vraiment plus nomades qu en t notamment lorsqu ils participent aux conventions pentec tistes ou aux p lerinages catholiques grenant alors leurs convois de caravanes sur les routes du soleil Fait plus marquant encore l observation dans la longue dur e des confi gurations temporaires de cette communaut allait galement permettre de mettre au jour des forces qui travaillent cette micro soci t en sens divers passage de l exogamie l endogamie et vice versa affirmation d une iden tit de voyageur malgr la diminution effective de la pratique du voyage maintien d une distinction par rapport aux trangers la communaut L tude de ce groupe dans la diachronie de la R volution fran aise nos jours montrera quant elle que les contradictions d cel es sur le terrain n taient pas nouvelles Sur base d archives et de documents anciens la reconstitution des conf
111. acit se 84 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective d plier et se d doubler c est dire la capacit associer plusieurs enga gements Or cette id e ne peut que troubler l ordre politique qui pr voit une unicit de rapport entre le citoyen et un corps souverain Enfin le lien entre sociabilit et citoyennet ne doit pas se penser au travers du pro bl me de l exclusion d une part l urbain compose toujours avec l h t ro g n it des modes de vie et des espaces on n est jamais exclu de tout et d autre part le couple sociabilit citoyennet est l pour un autre celui de la civilit et du civisme Cette association ne va pas de soi puisque de l es pace public urbain la rue les places les parcs l espace public po litique en passant par l espace de la conversation et des comportements la sociabilit la cons quence et le lien ne sont pas forc ment automatiques Joseph 1992 1998 En un mot toutes les propositions qui pr c dent reviennent une vi dence il est devenu impossible de d finir un principe unique d int gration de la soci t Ce principe se d composerait en une multitude de sph res ou de lieux de sociabilit d interactions de votes de contestation d action sociale Il est alors int ressant de reprendre nouveaux frais la question de la s paration entre le public et le priv dans l usage du logement et la d f
112. actuel On y trou ve une prospection active de nouveaux domaines pathologies et de nou veaux moyens technologies Il s agit plus d inventorier et de comparer des savoirs de pointe que de r fl chir aux attitudes cliniques L orientation g n rale est celle de l am lioration des conditions d hygi ne sant publique de la d tection des end mies et de la pr vention des pid mies programmes de vaccination de gestion hospitali re de la solution de probl mes ponctuels de sant pr dominant un moment donn dans une soci t donn e Mais on y apprend peu du point de vue clinique La d subjectivation des malades est d autant plus marqu e que la m deci ne classe radicalement les maladies somatiques d une part et les maladies psy chologiques et mentales d autre part La m decine psychosomatique et la psychiatrie sont prises dans le m me engrenage La nosologie et le diagnostic psychiatrique ont fort chang en ce dernier quart de si cle La psychiatrie est pass e de la richesse descriptive de la nosographie classique la pauvret 70 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective classificatoire du manuel de diagnostic statistique des maladies mentales ou DSM Pourtant ainsi que nous l avons vu la psychiatrie ph nom nologique la psychiatrie existentielle et la psychiatrie psychodynamique mais aussi les courants de l antipsychiatrie et de la psychiatrie sectorielle avaient largi l
113. africains tout en sachant que sur place ils n auront pas d ici peu pour ne pas dire jamais les moyens mat riels et moraux de rejoindre et encore moins de rivaliser avec l anthropologie occidentale l o elle s est rendue actuellement L his toire des missions lui semble n tre que le cas extr me de tout contact inter culturel et donc par d finition du transfert anthropologique Les ap tres chr tiens ont propos leur foi aux Africains de deux mani res radicalement oppo s es Les uns ont voulu les convertir une de ses formes occidentales ce qui a donn lieu par exemple l Eglise Catholique en Afrique soutenue et con tr l e en permanence par Rome Les autres se sont content s de leur ot frir la Bible leur laissant toute libert de se d brouiller comme bon leur sem blait au point que ce genre de missionnaire ne pouvant plus se reconnaitre dans ses glises devenues ind pendantes se voyait trait de d missionnaire et parfois sentait qu il l tait Et si se demande I anthropologue prospectif on proc dait ainsi avec nos savoirs occidentaux anthropologiques inclus laissant nos interlocuteurs du cru le soin de se d brouiller en fonction des circons tances qu ils connaissent et maitrisent mieux que nous L anthropologue prospectif voit enfin la n cessit d int grer dans la philo sophie et la pratique anthropologiques les dimensions pist mologiques et thiques Il s
114. aire pour fonctionner de m me qu il ne requiert pas le point de vue d un ex g te capable d en d duire la quintessence culturelle Le tra vail syncr tique du bwiti agit dans l ambigu t et repose surtout sur une volont de synth se entre des relations qui se tissent autour d ensembles de croyances auxquels la nature des productions normatives n est pas quivalente En cons quence l essence m me du bwiti chappe sans cesse qui voudrait h ti vement le classer dans la cat gorie du n opaganisme ou dans celle du christianisme africain En revanche la fa on de la Gestaltheorie la pens e bwitiste excelle dans l art de cultiver un discours ambigu Mais loin d en rester sur ce constat on d couvre avec l auteur que l ambivalence des syncr tismes peut donner naissance une certaine cr ativit Ainsi le regard entrecrois des cultures l une sur l autre n est pas sym tri que et cette situation peut engendrer une double entente en un mot une ambivalence cr atrice Pour donner un exemple la figure de J sus est soumise une appropriation temp r e Il est le Fils de l Homme le fils de Nzame le dieu anc tre le fils d Adam Cette digestion de l autre culturel travers les cat gories de la matrice en dog ne passe par son morcellement et d bouche en apparence sur sa banalisation Si nous sommes en pr sence de solutions instables risqu es il n en reste pas moins que ce
115. ait d autant plus qu elles seraient ses propres le ons Ceci dit je ne saurais que trop recommander ce livre non seu lement aux sp cialistes du d veloppement de l Afrique ou d ailleurs mais tous ceux qui de pr s ou de loin s int ressent ce vaste champ en grande partie inexplor A propos de livres 157 et inexploit de la m diation de ses structures et de ses fonctions et surtout de ses multiples sens porteurs ou pas d am nagements authentiques Sans vouloir en faire a l insu de leur plein gr des courtiers pour notre cause les auteurs sans exception nous semblent articuler admirablement bien la forme et le fond de cette Anthropologie Prospective laquelle ce num ro de Recherches Sociologiques est consacr Mike Singleton UCL Laboratoire d anthropologie prospective CHIFFELLE Fr d ric L arc jurassien romand la fronti re des langues Faut il craindre la germanisa tion Lausanne Payot 2000 133p Le principe du plurilinguisme a t reconnu par la r publique helv tique d s 1798 Son application est souvent probl matique Le tribunal f d ral n a pas de doctrine constante Les tribunaux des cantons poss dent en g n ral le droit de r glementer l usage des langues sur leur territoire La loi peut donc varier d un canton l autre voire d une commune l autre Il en r sulte une certaine souplesse C est ainsi que l A est amen v rifier l hypoth se
116. ait peur aussi bien celui qui amasse qu celui qui ne poss de rien le premier anim du d sir d une plus grande autonomie craint les attaques des parents voisins et amis et le second s estime injustement l s au regard des principes ligna gers de s curit bas s sur la d pendance mutuelle auxquels il continue de se r f rer Les r seaux qui constituent les entourages du big man s ins tituent selon des principes m tiss s o s interp n trent les rapports r gis sant les relations coutumi res et les pratiques qui conduisent l accumu lation pour soi Ces r seaux se composent essentiellement de courtisans is sus de multiples horizons ils ont en commun une bonne raison de main tenir des relations un service rendu une affinit religieuse ou un rapport de parent faire valoir Le premier r seau se compose des big men les plus en vue de BK le maire certains entrepreneurs etc Ces personnages maitrisent chacun pour leur part sans se faire r ellement d ombre les uns aux autres une ren te diff rente octroi de parcelles cadastr es lieu par excellence de la sp culation acc s des ressources de la coop ration etc globalement ils occupent une place importante dans le devenir et la politique de BK Une bonne entente existe entre eux Ce r seau permet au big man de se mou voir sans trop d entraves dans les arcanes institutionnelles de la petite ville Il est
117. aix sont les lieux de la maladie remplis composites sales et malodorants A l oppos il y a la Vila I flot o l interview e habitait avant non composite o on tait tous entre gens de province et o on s entendait bien entre voisins c tait une famille La ville aussi est envelopp e par ces qualifications L interview e a recours un syst me d explication qui renvoie a la transformation de la ville l augmentation du nombre de personnes conduit la maladie par l utilisation intensive de l espace Mais ces gens qui ont fait exploser la ville sont aussi des gens non pr par s non civilis s Dans ce 2 Mai o elle habite Elsa nous dit que quoique nous voyions de son environnement r sidentiel il ne faudrait pas la confondre avec celui ci L imputation des m mes caract ristiques d autres endroits que Ajuda et la ville tout enti re ra ch te son inclusion spatiale et l explique c est comme si elle n tait pas victime de sa 134 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective trajectoire mais de la croissance urbaine Le probl me qui tait celui du 2 Mai de vient un probl me de certains lieux de Ajuda et de la ville tout enti re L ill gitimit du 2 Mai devient l gitime si on la replace l int rieur d une logique macrosociale Ceci lui permet aussi de proc der une division temporelle entre une ville d avant laquelle elle s
118. alisation viendra bout du non d veloppement et qui ne peut pas imaginer qu on puisse dire Non au d veloppement ne verront vi demment pas d un bon il ce surgissement incessant de singularit s incom patibles C est ce genre de bifurcation herm neutique qui nous am ne tout naturellement au volet conclusif de notre triptyque m thodologique l inter pellation interpr tative De mani re moins imag e l anthropologue prospectif plaide pour un recours raisonn au principe de parcimonie entia non sunt multiplicanda sine necessitate en pousant d aussi pr s que possible le sens que para t proposer l paisseur ethnographique de ses donn es il cherche viter toute escalade explicative qui s loignerait de fa on excessive de l vidence empirique Si par exemple les cas de possession auxquels il a eu affaire sont susceptibles d une r capitulation satisfaisante ne d passant pas le plafond paradigmatique de la psychosociologie il s arr tera l sans pour autant se sentir oblig de nier explicitement l existence ventuelle des forces du mal en bonne et due forme m taphysique et m di vale 30 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective 3 L interpellation interpr tative L anthropologue est un appel Un extraterreste enqu tant sur les orientations actuelles du projet anthro pologique n chapperait pas l impression qu une certaine anthropologie se compla
119. ance du champ de l aide au d veloppement La ma trise de l criture a conduit ici un syst me de domination qui rapport au champ de la coop ration consacre la supr matie des lettr s en mesure de monopoliser une communication bas e sur l criture celle des offreurs d aide sur les autres les paysans Gledhill Bender Larsen 1995 Ainsi Jack Goody montre comment la diff renciation entre sup rieur mai trisant l criture les intellectuels et l inf rieur essentiellement dans l oralit les paysans n est pas simplement une division portant sur le type d activit culturelle mais aussi une question de division du travail 25 Je montrerai plus loin que le terme de proto classe sociale pourrait galement convenir 26 DUMEZIL G 1992 Voir aussi BALANDIER G 1969 77 LEREBOURS A JOMNI S 1998 p 42 8 ZAGRE P 1994 p 134 LEREBOURS A JOMNI S 1998 p 42 Dans ce sens Philippe Laville Delvigne propos de l analyse de la plaine irrigu e de D au sud ouest du Burkina Faso explique que la neutralit affich e des objectifs de d veloppement ax s sur le bien tre des populations surestime le degr de consensus quant aux actions et couvre le fait que les op rations sont le moyen de politiques men es par des acteurs sp cifiques LAVIGNE DELVIGNE P 2000 p 90 P J Laurent 113 Goody 1979 Goody 1994 323 Certaines t ches administratives bu
120. anisation puisqu elle y puise ses nergies et ses risques 12 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective Le verbe tre s av re fallacieux d s qu il s agit de sujets humains La ques tion alors serait de savoir si les Peuhls doivent tre nomades pour tre Peuhls ou s ils peuvent le rester en se s dentarisant et en pratiquant l agriculture si des Yakas ne sont plus des Yakas en vivant en ville loin des villages de brousse si les syndicats sont les protecteurs des travailleurs mais demeurent des syndicats m me avec des r actions oppos es si la m decine est au service des malades mais aussi du syst me qui l organise etc etc Pas plus qu un individu un ensemble social ne peut se d finir par une de ses activit s f t elle dominante nos yeux Ses contradictions r v lent des fonctionnements r els en de des discours et des repr sentations convenus Aussi bien si une d fi nition s av re opportune doit elle tre valid e par sa r f rence un moment et un lieu d termin s Nos cat gorisations les plus videntes ou les plus routini res sont mettre en suspens par m thode au moins Quand un syst me de parent constitue t il un d veloppement du processus de reproduction humaine ou sert il de mo d le pour un syst me politique Quand peut on parler de religion ou d une forme particuli re du politique ou d une forme particuli re du religieux politique et relig
121. ans effet sur la transformation des disciplines analysant ces collectivit s humaines La mu tation de leur objet entra ne in vitablement une red finition de leurs fron ti res L anthropologie est n e partiellement d une rupture avec l histoire Au jourd hui les volutions en cours nous am nent repenser le rapport entre ces deux disciplines en nous orientant vers d in vitables rapprochements voire vers une fusion Dans cet article nous nous bornerons quelques pistes pour r articuler anthropologie et histoire Nous cantonnerons donc Universit catholique de Louvain Unit d anthropologie et de sociologie 1 1 Place Montesquieu B 1348 Louvain la Neuve 42 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective provisoirement les autres disciplines hors du d bat m me si nous en som mes bien conscients ce regard arbitraire n est qu une approche restreinte des mutations disciplinaires qui touchent l ensemble des sciences de l homme et du social Et il convient d embl e de reconna tre que ces pages ne donnent qu une des versions possibles du d bat actuel en cours et de son extr me complexit 1 Du m tissage canadien Nous partirons d un cas simple qui r v le magistralement l impossible s paration entre histoire et anthropologie les relations entre occiden taux et am rindiens au Canada leur gard on peut sans crainte de se tromper parler de relations stru
122. ans la soci t occidentale contemporaine Paris 1992 1986 LAPLANTINE F RABEYRON P L Les m decines parall les Paris PUF 1987 FASSIN D Pouvoir et maladie en Afrique Anthropologie sociale dans la banlieue de Dakar Paris PUF 1992 Dans le cadre de nos tudes cliniques comparatives nous utilisons un mod le de syst me fonctionnel qui distingue et articule les fonctions suivantes le contexte le cadre les comp tences la relation les conceptions ou mythes et les op rations ou rites Ces fonctions ne sont pas r serv es aux seuls clini ciens mais elles prennent en compte l ensemble des acteurs engag s dans la situation clinique et qui y apportent leurs comp tences particuli res 62 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective les rapports de force entre les savoirs populaires et les savoirs experts et en d noncer les ventuels effets pervers Les recherches en anthropologie clinique visent 4 comprendre le fonction nement de l humain en g n ral au del de Ja maladie consid r e comme r v latrice de processus habituellement discrets mais exacerb s par la crise ou la maladie Les pathologies sont consid r es comme r alisant des exp riences de clivages de conflits et de tensions qui mettent au jour les failles et les arti culations structurales dans l humain Notre hypoth se est que les diverses ex p riences du mal malaises maladies malheurs mal dictions c
123. ansformations dans le syst me des qualifications ou le syndicalisme la socia lisation par la profession est interrog e dans ses formes anciennes et nouvelles et du point de vue de ses effets en termes de culture d entreprise L analyse formaliste et ra tionnelle le mouvement des relations humaines les th ories de la motivation l appro che strat gique et culturelle et une synth se sur les modes plus r cents de direction et de communication concluent le livre dans un ultime chapitre sur les organisations mo dernes Au risque de provoquer de la r actance chez ceux qui liront ce compte rendu on insistera fortement sur la richesse et la lisibilit de ce manuel ainsi que sur l avantage et le plaisir de le consulter m me si l on a d j une certaine id e de l objet qui occupe les sociologues Gageons que l tudiant qui d bute dans ce domaine y trouvera la fois un savoir un vocabulaire et une mani re de penser le social et sa virtualit Jean Marie S ca Universit de Versailles Saint Quentin en Y velines LATOUCHE Serge NOHRA Foued ZAOUAL Hassan Critique de la raison conomique Paris L Harmattan 1999 128p Cette contribution ne se r duit pas une simple critique des fondements de la science conomique du moins dans sa version standard mais se donne pour objectif de dessiner les contenus d un nouveau paradigme du social p 13 en prenant appui sur une th orie des sites symboliques d ap
124. anthropologie a n existe pas 4 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective Mais et quoi qu il en soit du moment de sa conception le projet tait en cours depuis le re lancement de l anthropologie Louvain la Neuve par le regrett professeur A Doutre loux sous forme d un Laboratoire d Anthropologie Sociale et Culturelle Au vu du petit nombre d anthropologues concern s il serait pr tentieux de faire tat d embl e d une cole n o louvaniste Il reste vrai n anmoins que le Laboratoire d Anthropologie Prospective se projette comme la prolongation d un pli pris d s le d part dans les ann es septante vrai dire c est dire dire la v rit historique le projet r pond plus aux hasards de chemine ments convergents et de connivences personnelles qu une action concert e Il n emp che que ce flou cr ateur s est cristallis concr tement autour de la proposition d une Anthro pologie Prospective une proposition laquelle ce num ro voudrait faire cho en balisant les pistes de l avenir via une sorte de charte heuristique Et puisque nous y sommes restons sur le terrain sociohistorique Si pour des raisons surtout d ordre pratique la gestion d un DES en anthropologie a t confi e au LAAP ce dernier se voit et se veut partie int grante parmi d autres et de port e identique d un Colle gium anthropologicum lovaniensis Il s agit bien d un coll ge au sens
125. apports entre les humains en souffrance et les cliniciens qui s en occupent Les auteurs d une anthropologie de la clinique entretiennent un dialogue continu avec les cliniciens en leur offrant un regard ext rieur indispensable pour soutenir une attitude prospective critique l gard de leurs disciplines et pratiques Dans les textes constitutifs d une anthropologie par la clinique nous trou vons outre les donn es de l ethnom decine et de l anthropologie de la sant les contributions de l anthropologie psychiatrique de l anthropologie psy chologique et de l anthropologie psychanalytique L anthropologie psychiatrique interroge l humain partir des maladies mentales Nous y trouvons toutes les tentatives de donner un sens humain la folie La maladie mentale est consid r e par les uns comme une perte des facult s humaines par d autres comme un dissociateur des composantes de la logique humaine et par d autres encore comme une logique originale parti culi re S inspirant de la ph nom nologie de E Husserl et de l existentialisme de M Heidegger se r f rant la psychanalyse et entretenant un dialogue permanent avec des philosophes tels que H Maldiney M Merleau Ponty J P Sartre la psychiatrie existentielle a produit un large ventail d approches de la folie Nous y trouvons les textes de V E Von Gebsattel E Strauss J H Vandenberg V E Frankl L Binswanger E Minkowski R Kuhn H
126. ar de m me que des mots isol s ont peu de sens leur vrai sens se trouvant au del de la phrase m me au niveau de l uvre tout enti re de m me les singularit s surgissent non pas sous forme de monades ou d atomes mais comme des l ments d ensembles la fois situ es dans des champs et parties int grantes de r seaux N anmoins ces champs et r seaux qui font que les singularit s apparaissent d embl e dot es d un air de fa mille et semblent donc d office ressemblantes sont concr tement le r sultat d options et d optiques socio historiquement sp cifiques 40 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective 66 9 gularit suivante se pr tent ce qui est tout autre chose que s imposent d office ou objectivement une op ration m taphorique portant sur une d claration de ressemblance entre les membres d une s rie une d claration ou factualisation dont la plausibilit est surtout fonction des options et des optiques d un sociohistorique sp cifique Sch ma 6 AN LP Ce sont ces donn es potentielles poss d es en commun qui proposent mais n imposent point nos esprits incarn s et incultur s des mises en forme s regroup es sociohistoriquement plausibles Recherches Sociologiques 2001 1 A Reyniers O Servais 41 54 Ethnohistoire ou anthropologie prospective Quelques balises pour sortir d un tunnel pist mologique par Alain Reyniers et Oli
127. association ou dans le cadre d lections lorsqu il s agit de la gestion des affaires publiques L alternative consiste se cramponner son poste ou retrouver sa condition premi re ici pas d indemnit s ni de r int gration dans sa fonction ant rieure ni de retraite Le clan exclu de la rente pendant le mandat du leader ne lui pardonnera pas sa gestion ni son enrichissement il ne dispose donc d aucune porte de sortie Le koe moonego k uni de la CFSM vient d exp rimenter juin 2000 cette situation Les ranc urs de ses entourages r seaux politico co nomique magico religieux mais surtout parents et amis se sont sold es lors d un diff rend autour de l organisation du mariage d un jeune anima teur de son clan par une tentative de coup d tat dont il ressort tr s af faibli En quelques mots pouss par l orgueil le big man voulait utiliser cette c r monie pour faire talage de sa force la puissance de l argent et jouir de son pouvoir dans la petite ville de BK Il est certain que son ascen sion sociale restait exceptionnelle et qu un mariage c l br en grande pom pe avec de nombreux invit s prestigieux devenait pour lui l occasion de se rassurer et en quelque sorte de montrer aux entourages qu il appar tenait d sormais la strate des lettr s Il tentait ainsi de mettre distance par des d penses ostentatoires le spectre de la condition paysanne do
128. ativement l en dehors de la subjectivit observante le jugement descriptif f actualise des donn es senso rielles perceptives imag es et intellectualis es Quand un anthropologue affir me que le chef de village a sacrifi un poulet ou que cette femme est pos s d e par un esprit il fait tout autre chose que d articuler oralement ou par 7 Sans que je le sache et honteusement sans que je n aie encore pris la peine de savoir exactement ce qu il entendait par l C Geertz avait d j parl de la n cessit pour un anthropologue de passer par une thick description 8 Qui plongent d ailleurs leurs racines dans le monde classique Th oriser la mani re de Platon n tait gu re et n est gu re concevable sans un mode de production esclavagiste M Singleton 19 crit pour lui m me ou pour autrui la re pr sentation mentale qu il a pu r aliser de mani re plus ou moins fid le partir des faits r els Je ne parle pas des ambigu t s qui peuvent surgir propos des d finitions sp cifiques de sacrifice ou d esprit Ces difficult s de contenu peuvent tre r solues par voie de clarifications cr dibles en parlant de sacrifice les Wakonongo entendent X quand je parle d tant spirituel j entends tout simple ment un mod le personnel et non pas une entit m taphysique Ce qui m in t resse d entr e de mati re n est pas l aval pratique mais l am
129. ausalit des d sordres indivi duels et sociaux en tentant d ouvrir des voies alternatives l interpr tation freudienne par la pulsion de mort peu compatible avec l id ologie culturelle nord am ricaine pr nant une emprise volontaire sur les destins personnels Par ailleurs renversant radicalement la perspective de la pathogen se indivi duelle de la psychose l analyse syst mique explore l hypoth se d une socio pathogen se du patient d sign dans une famille ou une soci t psycho pathog ne D veloppant les intuitions de G Bateson relatives l appli cation de la cybern tique aux communications humaines les chercheurs de l cole californienne de Palo Alto J Weakland J Haley W Fry D Jackson V Satir P Watzlawick et d ailleurs M Selvini Palazzoli M Andolfi C An gelo et al tudient les familles transactions psychotiques Ils d crivent les processus de la communication paradoxale dans les contextes de contrainte Leurs travaux qui adoptent en partie ceux de l antipsychiatrie R Laing et D Cooper aboutissent au d veloppement d une clinique syst mique qui tout en trouvant un terrain privil gi chez les familles de psychotiques attire l attention sur l existence de processus sociaux qui rendent fou Toujours en rapport avec la question de l emprise du sujet psychologique sur son monde mais dans une tout autre direction des recherches r centes en psychologie exp rime
130. bitais l int rieur de cette Vila je m entendais tr s bien avec tout le monde tous des gens de la province Quand je suis venue ici j ai trouv a tr s diff rent Ce sont des b ti ments avec beaucoup de monde parce qu ils sont tr s grands les voisins on doit avoir du respect les uns envers les autres ils ont des oiseaux des chats des chiens ici il y a tout a Ici on n arrive pas 4 faire un jardin Parce que les enfants sont nom breux lev s dans la rue ils abiment tout Celui ci son batiment n tait pas encore construit au moment de cette in vasion occupation du quartier le 2 Mai 1974 action dirig e ou en cadr e par des tudiants de l Union D mocratique Populaire Enfants lev s dans la rue au contraire des siens voisins qui ne se respectent pas au contraire de ce qu elle vivait avec ses voisins pr c dents dans l lot tous des gens venus de province impossibilit de cultiver un jardin comme elle l aurait fait dans sa maison projet e Tout cela parce qu il y a trop de gens tr s diff rents mis ensemble M me si Elsa se plaint du nombre trop de voisins augmenter ce nombre peut tre une mani re d emp cher le d veloppement de baraques et de chasser les gitans Remarquons qu elle tient r p ter que les gitans ce sont des gens comme nous ils ont le droit de vivre comme nous Pour elle le probl me ce sont les baraque
131. bstantielle ind pendante de Ajoutons pour conjurer toute confusion entre th ologie et ontologie que par Dieu nous n entendons pas l Etre Subsistant qui existe en principe sinon de fait comme la fin ultime de l intentionnalit ontolo gique qui nous constitue mais un des Symboles Supr mes en l occurrence du type monoth iste que les hommes selon les crit res de cr dibilit en cours dans leurs sociohistoriques respectifs ont jug bon de prendre comme figure plausible de l Esse Subsistens De ce dernier on ne sait rien d essentiel puisque supposer qu Il existe effectivement en Lui essence et existence coincident L appellation Dieu par con tre contient toujours un l ment essentiel imag Dieu le P re ou abstrait omniscience divine peu importe et est ce titre essentiellement sym bolique c est dire jet e ensemble avec ou par et donc in trins quement indissociable d une culture particuli re ou relative elle N oublions pas que faire un m taphore signifie litt ralement transf rer une signification qui appar tient en premier et au sens propre une entit ou un v nement autre Et surtout n oublions pas que la m taphore vive loin d tre un parler imag et donc second de ce qui en principe pourrait tre dit d une mani re tout aussi imm diate qu intellectuelle est au contraire le fondement m me de tout discours hu main cf
132. c Ce r seau est essentiellement la base de ce que j appelle la gestion coup d tat et devrait tre temp r par le recours au r seau magico religieux B Hi rarchie d ordre politique la production de l anti paysan Cette premi re analyse en termes de r seaux de d pendance mutuelle des entourages propres une soci t lignag re en transformation ne rend toutefois que partiellement compte des rapports sociaux qui traversent aujourd hui la sc ne locale du champ de la coop ration au d veloppement En effet il convient par del les solidarit s verticales de rendre compte d autres stratifications sociales La difficult r side alors dans la mise en vi dence de nouveaux crit res de stratification et dans la d termination des 112 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective principaux syst mes de valeurs en uvre aujourd hui dans la soci t burki nab Il ne s agit pas d affirmer l existence d une hi rarchie de classes so ciales bas es sur la r partition in gale des moyens de production et donc sur la pr sence de solidarit s horizontales fortes mais plut t de traiter d une sorte de hi rarchie d ordre pour reprendre une notion de Georges Dum zil qui distinguerait dans une premi re approximation ceux qui travaillent la terre les illettr s de ceux qui maitrisent l criture Le rapport l criture et surtout l imaginaire auquel il re
133. cas part enti re l incompressible complexit des situa tions singuli res exige une multiplicit irr ductible d horizons herm neutiques Ce qui n emp che pas la volont des pr faciers et de leurs collaborateurs de d gager aussi bien des tendances convergentes que des questionnements heuristiques Un des traits par exemple de la profession de courtier en question serait son caract re informel non institutionnalis ce n est pas tant un m tier reconnu qu une opportunit saisie Il y aurait peut tre lieu n anmoins de contextualiser le ph nom ne de m diation de mani re plus large la fois dans l histoire et dans l espace car on pourrait ainsi mieux faire ressortir les ressorts et les diff rences du champ ph nom nologique cl tur par les mots d ordre d une recherche consacr e au type du seul courtier s d veloppement Si l paisseur empirique de ces tudes de cas est plus que suffisante elle aurait pu me semble t il profiter d une ampliation analogique plus vaste du c t par exemple des ph nom nes de m diation proph tique ou de la client le en r seau et aboutir des in terpellations interpr tatives plus explicites En amont il y a toute une panoplie de gril les d analyse passerelles telles que les concepts de m tissage et d hybridation ou de pratiques telles que l interdisciplinarit et l interpr tariat qu on pourrait confronter au mat riel africain cumul
134. ce Trop vaste et in puisable d bat qui pos de la sorte ne rev t gu re d int r t si ce n est de permettre l expression et l analyse des nom breuses mobilisations d argumentation et de justification Dans un dossier in t ressant et accessible intitul Les sciences humaines sont elles des scien ces Jean Fran ois Dortier propose de regrouper le corpus h t roclite qui constitue le lot commun des sciences humaines autour de trois grands p les un p le empirique relatif au recueil des donn es un p le th orique recou vrant mod les et th ories et un p le m thodologique li aux d marches et techniques Dortier 1998 Pour lui c est partir de ce triangle que se cons truit le travail scientifique et c est dans ce triangle que chaque chercheur se situe et se positionne plus pr s de l un ou l autre p le Ce n est jamais un mal de re mettre en lumi re tout l int r t et toute la pertinence sociale entre autres du p le empirique m me si nous sommes persuad de la n cessit de son insertion dans le triangle voqu par Jean Fran ois Dortier ce propos on peut faire remarquer que dans d autres champs scientifiques nul ne songerait opposer le regard du physiologiste qui d coupe un insecte au scalpel pour tudier ses organes celui de l tho logiste qui le regarde voluer dans son milieu naturel On admet ici qu une querelle entre les deux serait sans fin parce que les
135. ce Montesquieu 1 10 B 1348 Louvain la Neuve ISBN 2 930207 13 2 D 2001 1795 1 ISSN 0771 677 X Recherches Sociologiques Volume XXX1I num ro 1 2001 Anthropologie Prospective Sommaire CLELLLELIOLEL LEE EE LEE ELITE LE LIL ELLE LEE CCC LLLELEL EC LLC ECCOL COLLE LE CO CELL ECCCLE CELL CIEL COCO ECC CCC CLEOCCCC CCC CE CECILE LOT LE CELL LLT EL CT n Mike SINGLETON Pr S niQhOI vccciscdvsicciscdesiscacieriicdsacesavrcdievesceeviadven ceived 1 Albert DOUTRELOUX Anthropologie sans fronti res 7 Mike SINGLETON De l paississement empirique l interpellation interpr tative en passant par l ampliation analogique une m thode pour l Anthropologie Prospective 15 Alain REYNIERS et Olivier SERVAIS Quelques balises pour sortir d un tunnel pist mologique ai Robert STEICHEN L attitude prospective en anthropologie Le point de vue d une anthropologie clinique d inspiration psychanalytique cccccccsccececencsceeesceecsneaes 55 Bernard FRANCQ et Xavier LELOUP avec la coll de Margarita Becerra F Bodeux E Goovaerts J Pierart Pour une socio anthropologie urbaine prospective 77 G rard DEREZE Un mode de prospection ethnographique le reportage 87 Pierre Joseph LAURENT i L espace public dans une ville mergente d Afrique de l ouest 3 Aux fronti res de la th orie des conventions l anthropologie prospective 2 101
136. ce couple s dentarit mobilit et ceci sous divers aspects tant pratiques que de l ordre des repr sentations pour la premi re la construction du territoire de Ajuda est d termin e par sa propre trajectoire mont e de la campagne d origine au centre ville mariage avec un urbain divorce difficult s conomiques et descente dans les quartiers o elle devient patronne de caf et met en jeu une constante valuation de la mobilit tant sociale que spatiale des autres Le quartier a une nature para urbaine parce que les gens sont tabl s comme des animaux ils n ont de mobilit ni r sidentielle ni sociale Pour Paulina les lieux du quartier sont des lieux mouvement s o l on n est pas expos au regard de l autre qualit du noyau dur urbain ce qui l attire ou des lieux morts ce qui la repousse Pour Flores le trajet des trams est un pilier important dans la construction de son territoire Cette extr me subjectivit peut elle toutefois trouver des r gularit s Ill Les changements et les effets du temps C est au regard de la question du changement que les r gularit s mergent Des tudes montrent que avant c tait mieux est une variable constante dans les discours de l habiter et qu elle signifie une r sistance au changement Cependant nous consta tons qu il n y a pas une constance dans ce th me d s lors que l appel au changement existe et qu on trouve aussi
137. ce est le pur produit d un empirisme na vement extraverti Les points de vue produisant en grande partie ce qui est vu c est leur plausibilit prou v e qui est primordiale Qui se r signerait ne jamais pouvoir tout observer ou qui imaginerait qu un observateur plus pr s de la r alit observerait plus ferait preuve peut tre de grande modestie mais de pi tre m taphysique Ensuite paissir n quivaut pas esquisser l essentiel Si une descrip tion rapide risque d tre superficielle une description plus durable et d taill e n aboutit pas en profondeur des structures sous jacentes substantielles ou des processus permanents On n paissit pas pour trouver la quintessence noum nale notionnelle ou naturelle de quoi que ce soit par exemple de la re ligion ou de l conomique derri re les pi ph nom nes apparents les pures donn es mat rielles ou les accidents superficiels L paississement n est pas extractif mais intensif Il ne renvoie pas un r el de r f rence le r sultat qu il r alise constitue une r alit r f rentielle Sans canoniser la lettre dudit lo cal il ne soup onne pas l existence de causes in dites ou de choses indicibles qui tel l infrastructurel ou l inconscient ne seraient connaissables que par le connaisseur sp cialis La connaissance paisse est une connaissance de la sin gularit incompressible d un champ concret ou chose
138. celle de na tre avec cuan nascere tandis que l tymologie de comprendre vraie cette fois ci est celle de prendre par et pour soi cum prendere 20 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective me trouve sur le terrain Mais puisque d autres ont r pondu ailleurs cette derni re demande proprement m thodologique et mieux que je ne pourrais le faire moi m me je me contenterai de souligner ici quelques points qui me paraissent essentiels dans la philosophie et la pratique de l paissis sement empirique D abord et quoi qu il en soit de la valorisation du regard vierge on n paissit pas sans s tre s rieusement quip au pr alable A part le fait qu il est de toute facon impossible de partir sur le terrain la t te vide mieux vaut la meubler de pr jugements conscients pour viter les interf rences d l t res des pr jug s inavou s 7 L anthropologue prospectif ou pas est forc ment un individu d un ge et sexe certains aux origines socioculturelles particu li res aux orientations politico conomiques pr cises et ayant une formation et des int r ts limit s Cette vidence tout en rendant toute description par tiale ne la rendrait malheureusement partielle que si hors tout point de vue il y avait un Tout r el fait d une s rie structur e de parties aussi objective ment substantielles que significatives Heureusement ce suppos R el de r f ren
139. ces globalis es divise les repr sentations et prati ques de la psychologie Entre les deux extr mes d une prospective focalis e dite fonctionnelle et une prospective largie qui aboutit une perspective humaniste s tend un vaste champ d interpr tations Cette bipolarisation des perspectives en sciences humaines n est pas neuve W Dilthey avait d j d crit en 1894 deux orientations de la psychologie une psychologie nomo th tique privil giant l explication par l exp rimentation de laboratoire et une psychologie idiopathique bas e sur la compr hension par l exp rience hu maine Logiquement une approche clinique associe compr hension et ex plication Cependant en pratique ces deux orientations comportent une vi dente charge id ologique respectivement d sign e sous le nom de fonction nalisme et d humanisme Les tensions entre ces orientations prospectives sont de plus en plus sensibles et s affrontent dans le champ clos des facult s universitaires autour des enjeux de la reconnaissance narcissique du pouvoir et des financements Ces d bats consomment une norme nergie soustraite l investissement dans des concertations pluridisciplinaires productrices de r flexions anthropologiques Malgr son d clin et sa mort annonc e plusieurs reprises depuis un demi si cle la psychanalyse tient le coup et le cap Son d fi est de rester avant tout une pratique clinique au sens
140. ceux pour qui le quartier n a jamais chang Le change ment n a pas la m me signification pour tous pour les uns il s appelle progr s pour d autres d gradation existence ou absence d un changement souhait pour d autres encore il n a jamais exist il n y a que l abandon Ces positions face au changement nous ram nent une repr sentation qui rel ve de la construction de la biographie per sonnelle qui son tour identifie l habitant et identifie son quartier La vision du changement en tant que d gradation va de pair avec une trajectoire descendante blo qu e ou invers e alors que le progr s va de pair avec une trajectoire ascendante et l abandon avec une trajectoire plate Le discours de la perte et de la d gradation peut tre compris dans sa signification en r f rence une autre matrice qui divise l effet du temps dans les vies de nos habi tants La r f rence Gell et sa critique de la fausse question de la perception du temps conduit une autre probl matique Gell 1992 celle du conflit entre une vi sion du monde avec ses classifications et le monde tel qu il se fait Ainsi ce qui dis tingue aussi nos habitants c est l effet du temps dans leurs vies tandis que pour les uns le temps a t destructeur les v nements n tant pas arriv s selon une normati vit pr vue pour d autres le temps a t constructeur leurs croyances ont int gr ou ont ten
141. chnologiques et des organisations institutionnelles Sa t che sp cifique est d tudier les relations concr tes entre les acteurs des rencontres cliniques les cliniciens les clients et les tiers famil le soci t institutions On doit donc consid rer la situation clinique l men taire comme un syst me trois l ments deux adresses et une r f rence deux acteurs ou agents et en position tierce le social avec ses normes cro yances et repr sentations Ce syst me se complique de surajouts Jn fine la clinique est un syst me complexe d attitudes de relations de repr sentations et de moyens qu il s agit d tudier dans leur ensemble pour comprendre ce qu il s y passe Elle a aussi comme objectif l tude de l efficacit des pra tiques th rapeutiques sous l angle de leur efficacit symbolique et imaginaire donnant sens et appui aux traitements physiques et chimiques sous l angle de leur efficacit pragmatique sachant que l efficacit r elle r sulte de cette combinaison d effets Elle a encore explorer les repr sentations populaires vulgaires communes avec leurs impr cisions mouvances et contradictions mais aussi leur sagesse exp rience et efficacit propres Elle a enfin analyser CANGUILHEM G Le normal et le pathologique Paris PUF 1966 LAPLANTINE F Anthropologie de la maladie tude ethnologique des syst mes de repr sentations tio logiques et th rapeutiques d
142. claire et critique que la solution ne peut pas venir du seul Cameroun mais seulement d une mondialisation rendue moins immonde Si la sorcellerie en tant que rejet de la responsabilit personnelle de ses mis res et de la cul pabilisation d un autrui hostile fait cho de mani re r aliste la situation de vie non ma tris e ou ma trisable de la plupart des ensorcel s n est il pas regrettable que les seuls sorciers qu on se sente ventuellement capable de chasser soient des familiers et des voisins plut t que les Bill Gates et les Bill Clinton les vrais responsables et coupa bles du naufrage plan taire Le probl me avec le genre de survey aussi foisonnant que fascinant r alis par S raphin mais le probl me est fonci rement insoluble c est que chaque th me trait pourrait faire le sujet d une th se part enti re En outre la difficult dans ce type de probl matisation inh rente tout travail scientifique c est d escamoter comme aurait dit Gabriel Marcel l pais myst re des existences singuli res et des v nements parti culiers Faute de ne pouvoir tenir compte de ces indicibles la l approche analytique du vivre n importe o et pas au seul Douala risque de tout r duire au statut de probl Latouche S La plan te des naufrag s Essais sur l apr s d veloppement Paris La D couverte 1991 A propos de livres 165 me et par cons quent de n gativer ou de noirci
143. consacr s au relativisme et au chaos restent encore insuffisamment sp cifi s et peuvent susciter quelques r ser ves il n en demeure pas moins que les r flexions et les analyses qui nous sont propo s es m ritent toute notre attention Au total un ouvrage d capant de bonne facture et bien des gards novateur Gilles Ferr ol Universit de Poitiers LARESCO ICOTEM MARY Andr Le D fi du syncr tisme Le travail symbolique de la religion d Eboga Gabon Paris d De l EHESS Col Civilisations et soci t s 1999 513p Quarante ans apr s la parution de son ouvrage Les religions africaines au Br sil par Roger Bastide Andr Mary dans Le d fi du syncr tisme nous offre un livre majeur dont la lecture s av re indispensable quiconque s int resse aux processus de trans formations identitaires en uvre aujourd hui sur le continent africain Soucieux d une grande pr cision empirique tablie la faveur de dix ann es de terrain l ouvrage porte sur le bwiti des Fang du Gabon Loin d une simple monographie ce travail repose sur une approche comparative qui a conduit l auteur s immerger dans les trois sources de la religion d Eboga la diffusion du bwiti des Mitsogho du sud du Gabon une r activation des cultes fang et l influence des figures chr tiennes de la religion des mis sionnaires consid r es dans la litt rature anthropologique comme l exemple type d
144. construction de celles ci N anmoins en rester cette tape de la d construction nous semble une attitude irresponsable car c est faire peu de cas des cons quences de cet acte Cependant nous ne sommes pas sans alternatives Dans un contexte de transactions le discours du savoir sur l homme ne doit il pas plut t m me malgr lui se m tisser En effet la science travers son ambition universelle s est toujours voulue au dessus des cultures alors que comme le montre notamment Latour elle est le lieu de pratiques subjectives et poli tiques donc culturellement situ es D s lors l anthropologie ne doit elle pas au mieux viser tre transculturelle voire interculturelle Ce m tissage en devenir s afficherait en cons quence comme le m lange d anthropologies particuli res Nous sommes une identit complexe et m lang e procla ment les penseurs de la Cr olit Pr figurant l homme du futur ils sont A Reyniers O Servais 45 avant tout un m lange de racines diverses alliant 4 la fois des traditions particuli res am rindiennes ainsi qu europ ennes et ils manifestent le Tout Monde de demain Chanson 1996 et 1997 A leur image l anthropologie du futur ne doit elle pas se construire hors les murs disciplinaires Plus encore au del des monopoles culturels Dans l ensemble de cette pers pective on est alors en droit de se demander si la diff rence disciplinaire entre anthropologie e
145. continuer tre une anthropologie au del des fronti res dans la mesure o sa vocation a t de faire un sens aux fronti res tablies Une anthropologie prospective Prospectif pourrait renvoyer prospecter explorer pour d couvrir des ressources ou organiser un mar ch ou prospective ouvrir des perspectives pour lavenir de l humanit Robert Appliqu l anthropologie ce m me terme d signerait d s lors de nouvelles investigations ou de nouvelles mani res de concevoir et pratiquer les d marches anthropologiques avec toutes les volutions pr visibles ou in attendues Bref il s agit tenant compte des modifications spectaculaires de nos contextes et des contraintes internes et externes qu elles instaurent d ou vrir les fronti res de nos routines de nos pr jug s sur nous m mes et notre discipline des attentes st r otyp es de nos client les dans un monde qui se targue de mondialisation Ceci dit le titre ci dessus ne pr tend nullement substituer sans fronti res prospective d autant plus que l expression a t banalis e sans discr tion Par contre mettre anthropologies au pluriel s av re coh rent avec la qualification de prospective 1 Contextes Autour des ann es 1970 l enseignement de l anthropologie tait introduit dans les programmes de l UCL D s l abord un probl me devait tre r solu Sur quel ensemble fallait il greff
146. cours L anthropologue ne peut donc tre seulement obser vateur ou enqu teur mais se doit de participer effectivement cette humanit concr te qu il cherche comprendre Ainsi a t il une chance de saisir ce 10 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective qu aucune parole la sienne comprise ne peut communiquer sans d tours II y faut comme en toute d marche scientifique patience et humilit en sachant que toute lucidation th orique doit tre falsifiable Patience parce qu il n y a pas de calendrier pr visible pour les relations et les v nements significatifs non plus que pour leur compr hension Falsifiabilit parce que cette compr hension garde in luctablement sa part de subjectivit et que de toute mani re les milieux changent et que les donn es et leurs interpr tations se modi fient en cons quence ce propos il convient d admettre la validit de toute approche en solitai re ou en quipe qui souscrirait ces exigences sous une tiquette ou une au tre ethnographie ethnologie avec toutes les sp cifications ethnohistoire eth noscience anthropologie etc elle m me class e comme sociale culturelle de la parent de la religion etc Ces termes attestent simplement la diversit prospective des int r ts et des sensibilit s des artisans en cause et sans doute du moment de leur recherche En fin de compte une anthropologie prospective reviendrait peut tr
147. ctacle en forme de trompe l ceil des croyances normes et valeurs d autrui D s lors une sorte de complicit de tactique pour ne pas parler d omer ta s instaure faite d une adh sion feinte une convention sup rieure la paix les droits de l homme ou la coop ration par exemple cens e tre partag e ou n goci e entre les parties prenantes Cette attitude maintient le consensus de fa ade du champ en vue d entretenir une relation avec un partenaire externe Ceci s oppose au code d honneur en vigueur entre soi entre gaux savoir entre individus partageant les m mes convictions Ce champ rassemble plusieurs sc nes situ es de part et d autre de la fronti re 3 Cf BLUNDO G OLIVIER DE SARDAN J P 2000 4 Cf le d bat entre Paul Ricoeur et Jean Pierre Changeux autour d une pluralit des convictions conven tions ou de l existence d un universel CHANGEUX J P RIC UR P 1998 p 288 5 Nous ne sommes donc pas dans le cas o les r gles sont le fruit d une n gociation travers la quelle sont chang s les comportements dont les uns et les autres ont besoin pour poursuivre ou r aliser leurs entreprise FRIEDBERG H 1993 p 181 mais plut t dans une situation o tant donn la co existence de groupes les r gles auxquelles on entend ne pas faillir ne comptent que vis vis des gaux C est dans ce sens qu Alain Caill affirme si l on accorde aux joueurs
148. cteur mais sa pr sence loquente En anthropo logie prospective le retour ph nom nologique aux choses Merleau Ponty quivaut laisser les per sonnes re prendre leur parole 34 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective lui fondamentalement ne dois je pas conjuguer mon gologie excentrique avec une allologie primordiale reconna tre l Autre qui est d j l et qui m interpelle Mais il faut prendre garde Il ne s agit pas de transformer le travail de ter rain en th odic e L Autre est et doit rester en principe ph nom nologique absolument anonyme Tu un certain Dieu s est tu Mais peu importe son nom l alt rit ne cesse de nous appeler Certaines disciplines paraissent plus l coute que d autres D un c t une tendance majoritaire exemplifi e par l esprit scientifique qui depuis Bacon au moins interroge la nature humaine incluse de mani re agressive la soumet sa question imp rieuse l explore afin de l exploiter l am nage sans m nagement De l autre une attitude tout fait minoritaire s est maintenue et pourrait se renforcer de nos jours Elle est fonci rement respectueuse et r ceptive de l intentionnalit identitaire de l alt rit m me sinon surtout quand elle ne s y reconna t que peu ou pas Et le deep ecologist de se doubler d un deep ethnologist et tous les deux de se comporter en t moins Si l anthropologie est
149. ctur es par le rapport l histoire D abord il y a les faits C est au nom d une histoire celle de l Occident des Blancs et d un nom celui de civilisation que la relation s est d ve lopp e Et cette histoire l a plus de quatre si cles d existence sur la terre de Champlain et Bourassa C est au nom de cette vision blanche de la destin e humaine que la relation s est structur e Elle s est fond e sur un rapport d fini d avance celui d une asym trie asym trie pr sente partout et manifest e jusqu il y a moins d un si cle par l usage du mot sauvage par opposition aux Blancs Ensuite il y a les lectures historiques du ph nom ne Ici aussi jusqu il y a peine plus de trois d cennies l interpr tation proposait une lecture occi dentale de l histoire Le d bat actuel sur la mani re d int grer l histoire am rindienne et son point de vue l histoire nationale n est d ailleurs pas encore clos Delage 2000 Trudel 2000 Par ailleurs comme le souligne Dupuis jusqu il y a peu les am rindiens relevaient de l histoire d un pass r volu c tait un probl me d pass Dupuis 1997 La mont e en puis sance des mouvements identitaires autochtones ces vingt derni res ann es allait red finir les perspectives de cette histoire Actuellement il n est pas sans signification que l interpr tation historique des relations soit le n ud
150. d es ethnocentriques mais essentialistes telles que l universalit fonci rement univoque des champs conomique domesti que religieux j en suis revenu convaincu du caract re la fois purement conventionnel et limit des cat gories en question Il y a eu des p riodes o parler de religion avait peu de sens et il y a encore des peuples pour qui le mariage n existe pas Cela ne signifie pas qu il n y a aucun sens parler de religion ou de mariage Si l paississement empirique aboutit effectivement la constitution de singularit s irr ductibles les unes aux autres il ne faut pas pour autant en d duire que toute comparaison est nulle et non avenue Cer tes tout comparaison concr te ne peut pas jouir du m me degr de cr dibilit pour tout le monde En outre un certain type de comparaison celle qui r duit des manifestations culturelles particuli res autant de variations plus ou moins fid les sur un th me aussi universellement univoque que substan tiellement significatif devient plus que probl matique pour qui poursuit le parcours primordial au cas par cas Mais et c est pourquoi nous parlons d ampliation analogique le caract re discursif non imm diatement intuitif de 9 68 17 I faudrait non seulement un autre article mais un trait tout entier pour expliquer ce qu expliquer veut dire Ici je le prends au sens le plus global essayer de comprendre une chose en la metta
151. dance int grer les v nements nouveaux Pour les seconds il devient clair que selon eux le monde change constamment le tout c est de pr voir ou je suis quel qu un de pr voyant et qui pense au lendemain ou encore le futur dicte tout Mais il y a aussi ceux pour qui le temps s est fig Le quartier n est pas affect par la chronologie parce que ces habitants sont enferm s dans un monde propre o le changement important est celui qui affecte les corps la mort ou les nouvelles vies Celles ci permettent de renouveler le groupe Le temps n est ni constructeur ni des tructeur il est immobile M J Gaspar de Mascarenhas 137 IV Les formes de l appropriation Ces crit res nous permettent de trouver un ordre dans la diversit des appropria tions de proposer quatre formes au sens de configurations qui sont autant de mod les qui combinent l actualit biographique des sujets leurs positions face au change ment et le rapport au temps Sous le signe de la crise Ce que nous appelons appropriation crisique prend pour r f rence le concept de crise tel que Schutz le con oit dans le contexte des formes de connaissance du mon de le familier et le probl matique Sch tz 1987 L homme dans l attitude natu relle qui le caract rise fait confiance au monde tel qu il lui appara t Il faut une raison quelconque pour lever la suspension du doute et l une des raisons peut tre juste men
152. dans le langage du concept de sant Cahiers des Sciences Familiales et sexologiques n 10 pp 81 123 1997 L identit du sujet sa construction et ses nominations in STEICHEN R SERVAIS P Dir Identification et identit s dans les familles Individu per sonne sujet Louvain la Neuve Academia Bruylant pp 11 46 1998 Figures de l alt rit les autres et l Autre in PRESVELOU C STEICHEN R Dir Le Familier et l tranger dialectiques de l accueil et du rejet Louvain la Neuve Academia Bruylant pp 39 57 VIDERMAN S 1982 La construction de l espace analytique Paris Gallimard Deno l 1970 Recherches Sociologiques 2001 1 B Francq X Leloup 77 85 Pour une socio anthropologie urbaine prospective par Bernard Francq et Xavier Leloup en collaboration avec Margarita Becerra Fran ois Bodeux Eric Goovaerts Julien Pierart A partir des travaux d ja r alis s et en cours les auteurs mettent en vidence les exigences qu implique une d marche socio anthropologique au niveau des ma ni res de vivre en ville la n cessit de repenser l espace le rapport l Autre et la construction d un sujet personnel Un manifeste un programme de travail une intentionnalit un engage ment interpr tatif celui souhait par Mike Singleton dans ce num ro autant de r f rents qui nous placent r solument devant des acquis et des choix La pr sence de I Autre y revie
153. de forme et l exhaustivit du fond rendent l essentiel de ces th mes classiques une vigueur et un int r t pour le lecteur contemporain L impression d ensemble est plus que positive si l on tient compte no tamment des objectifs et des limites que lA s tait fix s La pr sence simultan e des d bats des anthropologies anglo saxonne et fran aise accentue ce constat On est ainsi agr ablement surpris qu un chapitre complet soit consacr au d bat am ricain sur culture et personnalit qui anima dans les ann es 1950 et 60 l anthropologie am ricaine et qui reste trop m connu en Europe continentale Enfin on retiendra la bi bliographie s lective de qualit et les trois index tr s complets qui cl turent l ouvrage Toutes ces qualit s font qu on regrette d autant plus l absence d une ethnographie europ enne et des soci t s contemporaines Certes d s son introduction l A pr vient que faute de place il ne pourra qu effleurer la question des soci t s industrielles Mal heureusement cette absence pourrait laisser croire qu on se situe essentiellement dans une ethnographie exotique et des soci t s traditionnelles Il serait cependant possi ble d aller plus loin sans trop de frais Pour l Europe les tudes comme celle d Em manuel Todd certes contest es mais donnant penser auraient pu tre mentionn es de m me que diff rentes analyses des pratiques contemporaines des syst
154. de la question de fa on claire et concise pp 7 44 Les auteurs font remarquer la non homog n it des travaux qui ont t pro duits sous la d nomination commune de perspective de genre Il n existe point d ac cord unanime sur la fa on de th oriser des concepts comme le genre ou la distinction entre le priv et le public L un des axes principaux qui ont structur le d bat concerne la conception des identit s l existence d identit s homog nes versus l hypoth se al ternative qui pr sente les identit s comme des ensembles fragment s et en interaction A partir d une perspective essentialiste l identit est pr sent e comme un ensemble coh rent et homog ne voir Pateman pp 88 121 On attend des femmes qu elles soient plus positives vis vis des enjeux en rapport avec la production et reproduc tion biosociales comme les politiques sociales et la politique de la famille le troisi me ge les soins de sant l environnement etc Ces enjeux et plus particuli rement ceux qui concernent l galit des chances et la reproduction ont souvent re u l ti quette int r ts des femmes terme qui reconna t et constitue celles ci en tant que ca t gorie sociale Dans une approche essentialiste l identit f minine est pr sent e com me un sentiment d appartenance sup rieur aux autres qui d termine des priorit s des pr f rences et des comportements L identit de genre est a
155. des points de vue cern s sur le terrain Une anthropologie mais galement une histoire qui ne crain drait pas d s lors les implications thiques et politiques de son objectiva tion d un r el complexe C est en tout cas pour nous dont les terrains por tent sur des groupes largement d poss d s ou marginalis s Am rindiens Tsiganes ce quoi invite une anthropologie prospective A Reyniers O Servais 53 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES AFFERGAN F 1987 Exotisme et alt rit Paris PUF AMSELLE J L 1990 Logiques m tisses Anthropologie de l identit en Afrique et ailleurs Paris Payot 2001 Branchements Anthropologie de l universalit des cultures Paris Flamma rion ASSEO H 1994 Les Tsiganes Une destin e europ enne Paris Gallimard BALANDIER G 1957 Sociologie des Brazzavilles noires Paris Armand Colin BEAULIEU A 2000 Les pi ges de la judiciarisation de l histoire autochtone Revue d Histoire de l Am rique fran aise Vol 53 n 4 pp 541 551 BENSA A 1996 De la micro histoire Vers une anthropologie critique in REVEL J Dir Jeux d chelles La micro histoire l exp rience Paris Gallimard Seuil pp 37 70 BONT P IZARD M Dir 2000 Dictionnaire de l ethnologie et de l anthropologie Paris PUF CHANSON P 1997 Identit et diversalit Complexit anthropologique et complicit christologi que L apport cr ole C ligny Institut de Bossey 1996
156. des revendications am rindiennes Selon la cl qu on introduit dans la serrure de l histoire la pi ce laquelle on acc de n est pas la m me Plus encore selon cette m me cl l am rindien ou l oc cidental qui ouvre la porte aujourd hui change sa propre perception de lui m me Changer le pass de cette relation signifie ainsi se forger soi et l autre une nouvelle identit C est pourquoi d sormais il est inimaginable Lorsque nous utilisons le vocable anthropologie nous nous r f rons une d finition qui fait de cette discipline une articulation des trois moments de la d marche anthropologique tels que les d finit Claude L vi Strauss ethnographie ethnologie anthropologie et pas simplement le troisi me temps de cette d marche Voir la synth se de Washbum W E et Trigger B Native Peoples in American Historiography in The Cambridge History of the Native Peoples of the Americas I North America Cambridge Cambridge University Press 1996 voir aussi Trigger B The Historian s Indians Native Americans in Canadian Historical Writing from Charlevoix to the Present The Canadian Historical Review 67 1986 pp 315 342 et Sayre G Les Sauvages am ricains Representations of Native Americans in French and English Colonial Literature University of North Carolina Press Chapel Hill 1997 A Reyniers O Servais 43 de tenter d appr hender la culture am rindienne
157. des sciences pro ches ou lointaines les anthropologues ne peuvent que b n ficier d un positionnement pr cis N anmoins plus port s sur l inspection d autrui que sur l introspection de leur propre soi plus l aise ailleurs que chez eux on ne peut pas dire que les anthropologues du moins jusqu il y a peu se soient pr occup s outre mesure de la d signation d cisive sinon d finitive de leur discipline Quand on m a fait faire un dipl me d anthropologie Oxford en 1965 I Institute of Social Anthropology venait peine d enlever de son programme les volets d anthropologie physique d arch ologie et d ethnographie pour les confier d autres centres ne retenant pour lui m me que la dimension sociale Pour le directeur de l Institut Sir Edward Evans Pritchard dont j allais devenir le p nulti me assistant l anthropologie sociale se r alisait fonci rement au loin gr ce un travail de terrain labor selon la m thode de la participation observante de son mentor Londres Malinowski La monographie qui devait en r sulter pouvait ventuellement tre emball e pour la forme dans le structuralo fonctionnalisme de son pr d cesseur Oxford Radcliffe Brown Sur le continent depuis la disparition de ses ma tres penser de l cole durkheimienne il lui semblait qu on faisait tout au plus de la bonne ethnographie De l autre c t de l Atlantique au mieux mais en partie faute de
158. des villes aux d pens des producteurs ruraux un sp cialiste de l Ancien Ju da sme a trouv son cadre heuristique dans le marxisme Gottwald 1987 Par rapport la sociologie des origines chr tiennes proprement dites on trouve des centaines de r f rences dans la bibliographie de Duhaime Duhaime 1992 Au niveau europ en occidental relevons l existence depuis 1975 du groupe MHRB Mat rialisme historique et recherche biblique Quelques ex g tes de langue fran aise y confrontent r guli rement leurs questionnements Ils recherchent surtout les articulations qui existent entre les documents bibliques et le monde o ils ont t produits Ils sont donc assez proches d Elliott B Quelques pr suppositions La critique sociale scientifique pr suppose que toute connaissance est socialement conditionn e Cela s applique la fois la connais sance de l interpr te et celle des auteurs et des groupes tudi s Il ne faut cependant pas en conclure que cela liminerait la possibilit d une pens e cr atrice chez les auteurs anciens Mais cela inclut que l expression de cette pens e est toujours marqu e par les contraintes de l histoire tant personnelle que sociale La situation sociale comprend tout l environ nement des facteurs qui influencent une personne ou un groupe Un des moyens dont nous disposons pour viter l amalgame entre les concepts bibliques et les points
159. du recul du fran ais dans les 123 communes des districts subdivisions de cantons de Neuch tel La Neuveville Courtelay Moutier D l mont et Porrentruy tous limitrophes de la fronti re linguis tique de l allemand La simple consultation du recensement linguistique de 1860 1990 r v le que la germanisation s est effectivement produite mais la fin du XIX si cle Les raisons r sident principalement dans l immigration massive de germano phones vers les r gions horlog res en voie d industrialisation rapide Depuis la crise de l horlogerie et des industries connexes entra ne un reflux des germanophones Maintenant la place du fran ais peut tre consid r e comme assur e N anmoins une vingtaine d enqu tes dans une trentaine de communes repr sentatives r v lent que ce ph nom ne de refrancisation est rarement per u La premi re cause de cette mau vaise interpr tation de la situation r elle para t bien tre politique la francit exacer b e due aux difficult s qui ont accompagn la cr ation du canton du Jura Il y a aussi d autres causes du recul insensible mais r el de l allemand les m nages al maniques qui sont rest s se sont en majorit francis s L A se demande finalement pourquoi les germanophones en fait les locuteurs de Schwizert tsch s int grent assez facilement alors que les francophones tablis en Suisse al manique passent plus difficilement l allemand Il
160. e quelles que soient les m fiances et les d dains que chaque ensemble nourrit l gard de l autre comme il se doit entre clans apparent s An thropologiquement parlant il nous est difficile quoi que nous puissions pr tendre de penser en rupture totale avec ce qu a d pos dans nos esprits la longue histoire des sciences humaines classiques Comme pour quiconque la culture parle en nous notre insu Nous n atteignons pas ais ment ou jamais ses niveaux les plus profonds et les plus d cisifs Y parviendrait on nous ne ferions en les niant que fournir nos na vet s le support de l ignorance avec tous les dommages qu elle entra ne On ne conna t pas le fleuve en se can tonnant son embouchure D ailleurs est on toujours s r que les d couvertes de nos sciences humaines modernes en bien des cas ajoutent autre chose que les explicitations qui nous conviennent aujourd hui ce qu avaient d j compris les Anciens et m me les primitifs et autres archa ques Ceci n enl ve rien leur int r t car une de nos t ches essentielles ne consiste t elle pas r actualiser sans cesse ce que nous pensons savoir de nous et du monde Nos primitifs dans leurs palabres nous ont appris que c est cette condition qu une tradition demeure vivante et pr cieuse pour le pr sent D autre part l anthropologie pour son enseignement et pour ses recher ches ne pourrait tre confin e une
161. e pa radoxalement et avec les acquis de pr s d un si cle d activit au propos des fondateurs reviendrait nous saisir nous m mes travers les rencontres des autres dans l unit de l esp ce humaine Ces autres s valuaient d abord par leurs niveaux techniques Les cultures mat rielles gardent leur valeur heuristi que quoique comprises moins naivement si on les r f re la totalit de l en semble consid r ou aussi na vement si elles servent de mesure unique du d veloppement par exemple Le souci qu on en a pris et que nous gardons sous d autres formes souligne en tout cas ce postulat qui veut qu on ne par vienne l abstraction et donc au g n ral que par le concret et donc le par ticulier Ainsi en va t il bien entendu tous les niveaux de r alit psychique sociologique politique esth tique id ologique culturel etc L anthropologie n emprunte pas les grandes avenues intellectuelles sans pour autant les igno rer mais de fort modestes sentiers avec cette conviction qu ils m nent aussi ou plus s rement l inlassable d couverte de nous m mes Cette compr hension de nous m mes demeurera toujours probl matique Nos publics restent curieux de ce que vivent les autres certains que leurs d veloppements en tous genres les laissent encore loin de nous et de nos r ali sations M me les engouements pour les bons sauvages leurs vertus et leurs savoirs si possible s
162. e sociales et spatiales diff rentes La trajectoire individuelle serait ainsi l analyseur qui permettrait d chapper d finitivement la probl matique de la communaut et celle des identit s closes Cette diversit de trajectoires de vie d termine diff rentes mani res de s approprier l espace du quartier diff rentes interactions et repr sentations et par l les diff rentes significations que le quartier acquiert pour ses habitants Cette derni re hy poth se nous permet de consid rer que l espace n est pas le contenant d un groupe homog ne ou de groupes homog nes tt U3 M J Gaspar de Mascarenhas 131 L observation directe et indirecte du quartier les conversations naturelles les r cits de vie et d exp riences recueillis lors d entretiens en profondeur avec des habitants comme moyen d acc s leurs trajectoires de vie sociales et spatiales et leurs com portement territoriaux ont t les ressources majeures qui nous ont permis l acc s aux appropriations du quartier II Appropriations et trajectoires Il est de notre propos de d montrer que l appropriation dans le sens que nous avons donn au concept est en rapport avec l actualit biographique des sujets Au d part nous constatons la diff rence entre les versions individuelles de pratiques semblables pratiques qui peuvent avoir des caract ristiques collectives tous les matins on va au march les caf s s
163. e M diatrice aux saints sp cialis s dans les choses Saint Antoine de Padoue ou les causes perdues Sainte Rita de Cascia en passant par les Souverains Pontifes des faiseurs de ponts justement On aurait beau vouloir encourager les face face ou promouvoir des ventes directes sociologi quement parlant le middleman semble devoir tre sinon n cessairement un m le du moins un mal n cessaire Le middleman pouvant tre aussi un middlewoman il serait plus politically correct de parler de middleperson Mais il serait encore exact empiri quement de parler de middlewoman dans la mesure o les femmes se trouvant encore marginalis es sont mieux plac es que les hommes tablis aux centres hi rarchiques pour fonctionner en interface Continuons parler en sociologue priori on aurait tendance imaginer que la logique m diatrice a lieu l o les strates rigidement cloisonn es et centralis es prou vent du mal communiquer directement entre elles Mais paradoxalement m me dans nos soci t s s cularis es qui se voient aussi galitaristes qu individualistes la m diation semble la fois en augmentation constante et en voie de professionnalisa tion permanente La plupart des pays europ ens se sont dot s de l office d ombuds man les formations en co conseil se multiplient les seniors citizens offrent leurs bons offices qui veut bien les entendre des m diateurs apparaissent partout pour r
164. e clinique car ils traduisent plus les attitudes de leurs auteurs que ce n est le cas pour les textes de l anthropologie sociale et culturelle Les auteurs cliniciens sont davantage engag s dans leur discours car impliqu s dans leur objet On ne parle pas avec le m me d tachement de l angoisse de la souffrance et du malheur que de la culture des arts et des techniques Si on peut ais ment tenir des dis cours g n raux sur l ordre on est plut t d muni face au d sordre et davan tage impliqu dans le choix des mots des th mes et du style Ainsi les textes de l anthropologie clinique trahissent ils les options et les pr occupations de leurs auteurs Si l ordre social et individuel ouvre des perspectives pour la prospection le d sordre social et individuel n cessite la fois des solutions d urgence et des r flexions prospectives Dans la clinique l urgence qui impose des pratiques met rude preuve les belles th ories peaufin es dans le calme et la qui tude On pourrait dire que la fonction de l anthropologie pr tention scientifique serait pr cis ment de prendre la dis tance n cessaire pour examiner dans le calme de l ordre ce qui se passe dans le trouble du d sordre Mais une anthropologie ne peut dire quelque chose de valable de la r alit clinique qu en prenant en compte la part du d sordre comme composante de la r alit clinique Les modalit s de prise en compte du d sordre c est dire la
165. e consacr e aux vil les mergentes du Sahel ici BK et plus pr cis ment la gestion de l es pace public et au champ de la coop ration au d veloppement Afin de ne pas tomber dans le travers d un d terminisme culturel Olivier de Sardan 1996 j ai propos dans un premier travail Laurent 2000a propos de l enchassement Polanyi 1983 culturel de la corruption une distinction en tre les notions de d tournement et de corruption pour rendre compte des normes sociales et des logiques de comportement l uvre aujourd hui dans des soci t s rurales d Afrique de l Ouest mises en vidence par les rapports d alliance et de parent Le d tournement renvoie l utilisation de biens collectifs par un groupe compos de parents voisins ou amis d autres fins que celles initia lement convenues entre les parties en pr sence et ce la faveur des pres sions que ce groupe exerce sur un gestionnaire qui ne cesse de d pendre pour l essentiel de cet entourage La dimension collective rev t ici une im portance particuli re et dans un sens le d tournement est moins le fait du manager que de son milieu Dans une seconde tude Laurent 2000b j ai tent de montrer que la corruption renvoie une volont manifeste d enrichissement personnel ba s sur l utilisation de biens collectifs gr ce la position d autorit particu li re qu occupe le big man Cette situation valori
166. e culte Il va sans dire que le fait d accumuler pour soi d clenche un double mouvement li la sorcellerie ou du moins sa crainte par l int riorisation d ventuelles pers cutions Pour les parents voisins et amis s estimant laiss s pour compte l objectif est d enjoindre le dissident d honorer ses obligations lignag res Et pour ce lui qui amasse sa qu te de protections magiques f tiches est cens e le prot ger de l angoisse d tre affect par son entourage Le troisi me r seau est constitu essentiellement de parents et d amis Le big man entretient avec eux un rapport ambigu compos la fois de crain te et de confiance Ce r seau de d pendants lui est le plus proche ce sont eux qui l informent et le d fendent des autres des jaloux et des envieux Ce sont eux aussi qu il doit maintenir bonne distance car ils recourent promptement la menace la suscitant s ils ne re oivent pas les avantages qu ils s estiment en droit d attendre de leur position Jalousie sorcellerie et redistribution ont ici partie li e Le big man est tr s sollicit par ce r seau Groupe incontournable amis et ennemis ils se montrent insatiables et exi gent chaque jour davantage Une partie importante de la rente leur est re distribu e sous diff rentes formes argent en nature surtout voyages mo yens de d placement mais galement prise en charge des frais de fun rail les ou de mariage et
167. e devient territoire pour soi et fait sens pour l habitant Cette appropriation nous l avons saisie ainsi que Pierre Sansot le propose comme un processus d identi fication et de cognition qui fait que la r alit physique se trouve transform e et devient r alit pour quelqu un L appropriation est notre travail quotidien mais elle se distingue du travail la pra tique parce que celui ci implique une transformation de la r alit travaill e alors que la premi re est du domaine de l action et est bas e surtout sur un processus d iden tification sans que pour autant il y ait une transformation de la r alit en question au sens fort du mot I can appropriate a reality only by involving myself by establish ing a relantionship Sansot 1976 64 Si transformation il y a ce n est que par le fait qu elle devient r alit pour un individu et qu elle surgit au sens de gen se S approprier c est donc aussi conna tre A city must be learned Le processus d appropriation implique un processus de connaissance partir duquel il y a des usa ges des pratiques des repr sentations et des images li es l objet en question dans notre cas le quartier Cette approche de l appropriation dans son versant de processus de connaissance reprend pensons nous l id e spinoziste de conatus l id e de la source de toute connaissance comme effort Rien notamment la position de soi n es
168. e et l volution du monde gitan Paris L Harmattan REVEL J Dir 1996 Jeux d chelles La micro histoire l exp rience Paris Gallimard Seuil REYNIERS A 1998 Le souci de soi ou la p rennit d une communaut tsigane tudes Tsiga nes nouvelle s rie VI 1 pp 116 124 RIC UR P 1983 85 Temps et R cits 3 vol Paris Seuil Point Essais n 227 228 229 SERVAIS O 2000 La communaut Ojibwa de la personnalisation spirituelle l identification politique in SERVAIS P Dir Individu et Communaut Louvain la Neuve Academia Bruylant Rencontre Orient Occident n 2 pp 285 322 SINGLETON M 1999 Amateurs de chiens Dakar Plaidoyer pour un interpr tariat anthropologi que Louvain la Neuve Academia Bruylant Paris L Harmattan SIOUI G E 1991 Pour une autohistoire am rindienne Laval Les Presses de l Universit La val SPERBER D 1982 Le savoir des anthropologues Trois essais Paris Hermann TRUDEL P 2000 Histoire neutralit et autochtones une longue histoire Revue d Histoire de l Am rique fran aise Vol 53 n 4 pp 528 540 TURGEON L et al Dir 1996 Transferts culturels et m tissages Am rique Europe XVI XX si cle Paris L Harmattan WILLIAMS P 1993 Nous on n en parle pas Les vivants et les morts chez les manouches Paris Maison des Sciences de l Homme Recherches Sociologiques 2001 1 R Steichen 55 75 L attitude prospect
169. e l ethnologie et de l anthropologie a toutes les peines du monde d limiter les champs Bont Isard 2000 335 Lenclud qui signe l article Histoire et Anthropologie rappelle d embl e la distinction classique d velopp e par L vi Strauss L vi Strauss 1958 Pour ce dernier les aspects m thodologiques importent moins que l orientation des perspectives L histoire privil gie les mat riaux crits tandis que l anthropologie utilise surtout le visuel et l oral Car la premi re continue de diriger ses recherches vers les manifestations les plus conscientes sinon les plus explicites et la seconde vers ses fondements in conscients Mais l auteur rapporte alors imm diatement les mises en doute de Derrida et de Goody l gard de cette position notamment en mon Voir notamment AMSELLE J L 1990 2001 TURGEON L et al 1996 GRUZINSKI S 1999 48 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective trant qu elle se fonde sur une division inad quate des soci t s en orales et crites Lenclud en vient in fine cette seule diff rence le projet de connais sance est diff rent La nature du savoir anthropologique est d tre compa ratif et g n ralisant Ce faisant le statut de la th orie l inverse de l histoire y est central Face cette affirmation nous opposerons deux ty pes d arguments Tout d abord nous pinglerons le fait que cette opinion se fonde un peu
170. e la plus riche du monde capitale de l empire le plus puissant de la plan te avec un tat d esprit d explorateur Pendant quatre vingt six jours il va vivre au quotidien la vie du quartier accumuler et lire une documentation norme des centaines de livres d articles prendre des photos et taper son livre la machine Lon don 1999 14 15 Si on oublie pour la circonstance la question de l anonymat et donc du d guisement de l identit professionnelle on pourrait soutenir que ce travail de reportage rel ve d une logique tr s proche de la d marche ethnographi que Certes le travail th orique et bibliographique n appara t pas et la publi cation finale s adresse bien davantage un large public qu un c nacle de coll gues mais l esprit d exploration nous dirions de prospection est bien l vivant et essentiel la d marche Cet esprit empirique d exploration quasi ethnographique on le retrouve encore aujourd hui dans les crits et perspectives journalistiques Ainsi dans un petit ouvrage r cent Fran oise Vey d finit le reportage comme une tranche de r alit une coupe travers une situation sociale Le journaliste commence par d crire ce qu il a sous les yeux une rue un quartier ou bien des paysages Plus son tableau est pr cis plus il est riche plus le lecteur l auditeur le t l spectateur auront l impres sion d tre sa place La foncti
171. e la tradition et critique de la r daction Sur cette base il lui para t clair qu il s agit d une lettre authentique envoy e au nom de l ap tre Pierre par un cercle d asso ci s de Pierre se trouvant Rome Elle est destin e des compagnons chr tiens d Asie Mineure Son but est de consoler et d exhorter des fr res rester solidement enracin s dans la loyaut et l esp rance nonobstant leurs souffrances provenant de voisins hostiles Nous ne pr senterons ici que la situation dans laquelle la lettre a t compos e 1 qui est elle adress e a endroit g ographique et auditoire vis b l identit et rang social des auditeurs lecteurs 2 Quelles taient les relations de l auteur avec ses auditeurs lecteurs 146 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective 3 La situation sociale telle qu elle ressort de la description et du diagnostic de 1 P 4 La situation telle qu elle apparait d un point de vue tique 5 La strat gie sectaire pr ch e par 1 P 6 Les int r ts en jeu et leur id ologie En conclusion Elliott constate que l analyse de 1 P partir du mod le de la secte messianique procure un outil heuristique qui permet de faire merger les dynamiques sociales implicites et sous jacentes cet crit E Un contre exemple J D Crossan Cet ex g te bien connu m riterait une pr sentation plus d taill e J en fis para tre une r cemment
172. e philosophique J Vrin FREUD S 1953 Rem moration r p tition et laboration 1914 in De la technique psycha nalytique Paris PUF pp 105 115 1971 Le Malaise dans la civilisation Paris PUF 1930 GEERTZ C 1986 Savoir local savoir global Les lieux du savoir Paris PUF 1996 Ici et l bas L anthropologue comme auteur Paris M taili 1988 GEORGIN R 1983 De L vi Strauss Lacan Paris Cistre Nous reprenons ici la liste des ouvrages qui ont servi l argumentation Les ouvrages cit s en illustra tion des courants pr sent s figurent en notes de bas de page 74 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective GILLISON G 1999 L anthropologie psychanalytique Un paradigme marginal Anthropologie psychanalytique L Homme n 149 pp 43 52 GODELIER M 1996 L nigme du don Paris Fayard GODELIER M HASSOUN J Dir 1996 Meurtre du P re Sacrifice de la sexualit Approches anthropo logiques et psychanalytiques Paris Arcanes GREEN A 1999 Le psychisme entre anthropologues et psychanalystes Une diff rence d interpr tation Anthropologie psychanalytique L Homme n 149 pp 25 42 HERSKOVITS M J 1952 Le dynamisme de la culture et La variation culturelle in Les bases de lanthropologie culturelle Paris Payot pp 156 343 JULLERAT B 1952 La mort yafar Les m tamorphoses du sujet dans une culture m lan sienne Anthropologie psychanalytique L h
173. e qu il y a eu au pr alable pro cr ation Dans la plupart des cas on ne saurait jamais mettre un nom propre sur le p re les guillemets parce qu il a pu s agir autant sinon plus d une m re responsable de tel ou tel regroupement en r seau de telle ou telle as sociation dans un m me champ Mais ce qui est s r c est qu au del des con sid rations socicbiologiques la n cessit instinctive par exemple de pouvoir reconna tre les siens quelqu un quelque part a d d cider qu il tait utile et M Singleton 39 plausible de classer des particuliers ensemble Que ce classement cat goriel ait pu aller de soi quand il s agissait de choses num riquement semblables en d pit des savants qui parlent d une individualit intentionnelle au niveau sub atomique m me il n y a rien qui ressemble plus 4 une banane qu une autre m me pour des humains ne modifie en rien le fait primordial de la singularit incompressible de tout particulier existant L identit liden tique tant impossible le probl me fondamental est celui de la conceptualisa tion du passage assimilateur d une singularit de d part et une singularit d arriv e Qu est ce qui a permis et qu est ce qui permet encore de trans f rer le sens d une chose une autre Sch ma 5 Rappelons d abord que par chose singuli re il ne faut pas entendre un simple objet mat riel cette table ci mai
174. e remplissent l heure du go ter o parfois on se rend en groupe des coins de rue ou des places servent de stationnement permanent des individus qui ne font que regarder les passants les collectivit s associations r cr atives sont le lieu o des activit s collectives sont institutionnalis es Ces pratiques peuvent se li miter des rythmes les arr ts d autobus se remplissent certaines heures de la jour n e les m nag res font le tour des boutiques le matin on descend Bel m le diman che apr s midi Les interview s ne parlent pas de cette r alit qui peut tre palpable et visible Ils l interpr tent ils se situent soi et les autres ils se d finissent ils expliquent et cette explication est de nature biographique Elle se donne voir comme un noyau de significations labor dans une temporalit individuelle travers laquelle sont lus et v cus les espaces du quartier et travers laquelle le quartier a un sens Le cas suivant est cet gard exemplaire Elsa 55 ans m nag re habite depuis 17 ans Ajuda au logement dit du 2 Mai El le est originaire d un village de l int rieur et fille d ouvriers agricoles dont l un d eux immigr du Br sil l ge de 13 ans elle rejoint un parrain Porto o elle devient serveuse 27 ans elle descend Lisbonne Ajuda apr s son mariage avec un hom me du m me village qu elle Le mari tait balayeur de rues dans le q
175. echerche de la meilleure s curit so ciale et conomique va de pair avec le maintien des relations de lignage soit des rapports de don et de dette envers l entourage les voisins les amis et les parents con u d s lors comme un recours Toutefois la mise distance insuffisante par le nanti de ceux qui demeurent capables de l obliger par des menaces suppos es ou av r es de sorcellerie engendre un d sir refoul d autonomie compte tenu des repr sentations n gatives li es la condition paysanne ce principe se trouve la base de multiples frustrations Dans des travaux consacr s aux conversions une forme de modernit par le biais de l Eglise des Assembl es de Dieu du Burkina Faso Laurent par j ai pu montrer que la croyance dans le R gne mill naire de J sus soit la promesse de mille ans de bonheur travers l instauration d un royaume terrestre conduit une vision plus optimiste de l eschatologie La conscience de la faute et donc la culpabilit y a une moindre importance que dans la conception du Jugement Dernier o la s lection est inexorable entre les damn s et les lus Dans ce sens et c est ce qui nous int resse ici la croyance au R gne mill naire reste avant tout plus proche d une conception populaire qui aspire au bonheur et cherche ne pas subir la co l re divine ce point de doctrine s opposant toutefois la m tempsycose des croyances ancestral
176. ecteurs actuels seront probablement tous d accord J sus ne manifestait aucun int r t pour une r forme agraire Crossan 1973 56 Ce manque de mod le englobant entra ne Crossan accorder peu d importance aux fr quentes allusions au Jubil que nous rencontrons dans les vangiles plus particu li rement dans l introduction m me de J sus son minist re public Luc 4 16 30 et dans une question manant de Jean Baptiste Mt 11 2 4 Luc 7 18 23 Souvenons nous de Max Weber e a 1924 que l on consid re souvent comme le p re de la sociologie religieuse Il a relev fr quemment et explicitement l influence du facteur conomique sur le facteur religieux et r ciproquement Ce n est certaine ment pas le cas de Crossan F Une valuation de l approche sociccritique En tous cas l approche sociocritique utilise davantage que les autres m thodes un ensemble de donn es qui datent de l poque de la r daction des textes bibliques Jusqu pr sent on avait tendance ignorer ces donn es conomiques sociales politi ques etc qui sont cependant nombreuses et clairantes Certains biblistes estiment que c est r duire la r v lation un ph nom ne social comme les autres alors qu il s agit de mieux d crire le ph nom ne D ailleurs la so ciologie ne se prononce pas propos de l existence d un r f rent transcendental Elle accepte les croyances comme des r alit s dans leurs cons q
177. ense une occupation qu il d crit comme celle de fonctionnaire de l tat 3 Pour l analyse des r cits retenus 40 entretiens d une moyenne de deux heures enregistr s et transcrits nous avons utilis la m thode de l analyse de contenu structurale Hiernaux 1977 4 Unit d habitations ouvri res autour d une cour munie d quipements collectifs 5 R volution des illets 132 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective Tout le discours d Elsa renvoie toujours au m me th me la fin de sa carri re r si dentielle C est le r cit d un chec j ai chou ici jamais je n avais pens que je viendrais habiter ici Et pourquoi pas si elle tait inscrite la Fondation Salazar Son objectif premier tait de s acheter une maison elle Le 2 Mai ne devait tre qu une am lioration passag re La description qu elle fait de la maison qu elle proje tait d acheter quatre pi ces deux salles de bain un jardin ne pr sente aucun rapport avec l endroit o elle habite actuellement La taille de la maison et les quipements y sont pour quelque chose mais les baraques et leurs habitants ses voisins 5 vont tre l image m me de son chec Dans son projet de mobilit au d part d une situation de d poss d e d origine rurale elle essaie de franchir toutes les tapes de l ascension so ciale et urbaine travers le logement dans le but d arriver avoir une mai
178. ente Si je prends la culture comme une dimension parmi d autres du gabarit de l conomique ou du politique par exemple j prouverai toute la peine du monde lui donner une connotation cr dible pourquoi y inclure les traits B Cet D et exclure A et E et une d notation innocente Bach et Le Monde mais pas les Beatles et T l moustique si ce n est comme chantillons de la culture populaire Si je la prends comme un Tout je rencontrerai encore plus de difficult s d limiter ses fronti res de fa on plausible je peux me retrouver dans un intra culturel int gral avec de vieux Africains et planer dans l interculturel total avec de jeunes Belges Si jusqu ici j ai parl de moi m me c est justement parce qu il s agit en amont m me du concept du moi concret de ma personne et de nulle autre En 1969 je ne d barque pas chez mes 4 Wakonongo de la Tanzanie pro fonde pour m embarquer dans un exercice d paississement empirique inno cent de toute pr programmation culturelle Je parle d abord une langue indo europ enne Un ensemble d exp riences personnelles ont laiss des traces conscientes et inconscientes dans mes fa ons de voir et de faire J ai subi des formations sp cifiques Je suis inform sinon conform par des philosophies et pratiques pass es pr sentes et venir propres un certain monde occi dental En particulier j ai dans mon cerveau dans mon c ur dans mon corps
179. er cet enseignement philosophie et lettres ou sciences sociales Ces derni res l emport rent et l anthropologie fut rat tach e la sociologie Une fronti re se confirmait donc celle qui s parait les nouvelles sciences humaines des classiques Elle en recoupait d autres qui cl Professeur d anthropologie A Doutreloux m rite depuis 1989 est d c d le 29 d cembre 2000 Il enseigna l anthropologie l UCL de 1969 1989 Signalons qu il publia son dernier ouvrage en 2000 Continent noir Montr al Francine Breton 8 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective 439 turaient chaque discipline dans une unit On peut de suite penser qu une anthropologie prospective se devrait de d border ou d am nager ces cloi sonnements acad mico administratifs L anthropologie pas plus que les autres sciences humaines modernes n est pas apparue dans un d sert Ces sciences qu on le veuille ou non s inscrivent pour nous dans la foul e des sciences anciennes dont elles reprennent sinon les id ologies ou leurs formalisations et les m thodes du moins les objets d investigation et de r flexion c est dire l homme dans toute sa complexit individuelle et collective Pour tre certaines les diff rences entre Anciens et Modernes ne diminuent en rien l int r t des acquis des uns pour les autres Au contraire m me elles rendent ces changes plus n cessaires en cor
180. erdisciplinarit est la mode Mais plus qu une tendance qu il fait chic d arborer celle ci manifeste l estompement progressif des fronti res rigides que le XX si cle avait progressivement rig es entre les auteurs Elle t moigne aussi de ce m tissage disciplinaire en train de se faire Dernier mur de Berlin identitaire la sp cificit de la m thode En effet qu ils soient d aujourd hui ou d hier les r cits restent avant tout fond s sur l exp rience v cue et ont pour objectif de donner un contexte culturel l objet Face la polyvalence des sociologues ou aux avanc es des histo riens l ethnologue brandit l appui de son autonomie la connaissance d un terrain la mise en uvre d une observation prolong e dans une totalit culturelle particuli re Bref le vocable d j sur m diatis d observation participante est jet dans l ar ne La voil la nouvelle sp cificit des des cendants de Boas et de Malinowski C est un v cu particulier un terrain et la connaissance sp cifique que donnent le temps la recherche et l empathie lisez un terrain l gitime profond v ritable qui fonde cette distinction 10 ces deux auteurs critiques nous pourrions ajouter Evans Pritchard Bourdieu et Balandier qui les pr c dent dans l affirmation du n cessaire retour l histoire lire ce propos BENSA A 1996 A Reyniers O Servais 49 m thodologique Lombard 1972
181. ertinence de la m decine mais seuls les m decins l exercent de nos r alisations techniques mais seuls les ing nieurs et les ouvriers y travaillent de groupes divers mais seuls leurs membres en font et en vivent l histoire Une anthropologie f t elle prospec tive restera donc toujours trang re comme telle ceux dont elle s occupe ou se pr occupe Il est possible de franchir la fronti re non de l abolir Cette fronti re aussi bien instaure et maintient la juste distance n cessaire toute relation quilibr e f t ce ici la relation anthropologique Ceci suscitera peut tre l indignation de bien des coll gues merveilleusement int gr s leur tribu personnelle Mais pr cis ment l anthropologie prospective ne se d finirait plus par l appropriation d une aire culturelle ni celle d une ethnie lue Ceci dit au demeurant sans plus sous estimer les apports de nos pr d cesseurs de nos pairs ou les n tres que ceux des disciplines voisines C est en raison de ces perspectives et aussi paradoxalement avec les incitations de certaines contraintes conjoncturelles que le programme du Laboratoire d anthropologie sociale et culturelle le LASC anc tre du LAAP Laboratoire d anthropologie prospective a t offert tout tudiant ayant une licence en quelque discipline que ce soit Et il a t suivi de fait par des tudiants venus des horizons les plus divers Il ne s agissait pas de
182. es fragilit des rencontres hasardeuses s paration d avec les vieux faiblesses du sujet personnel travers une soci t en r seaux Ce qui est remarquable c est que le rapport entre personnes g es et jeunes adultes fonctionne en miroir pour les premi res ce sont les tran gers qu elles mettent distance alors que pour les seconds ce sont les vieux chaque fois la tol rance se r duit quand on aborde le probl me des relations non plus virtuelles mais r elles travers les rencontres dans l espace La difficult de vivre ensemble passe par la construction tem porelle et spatiale du rapport l autre et la mani re de vivre l isolement Il est aussi remarquable que si le caract re n gatif du lien ressortit sur tout dans ses normes Simmel 1999 1908 472 que ce soit la place qu occupe l ducation dans le groupe des personnes g es ou celle de la d mocratie dans le groupe des jeunes adultes l espace comporte dans cette n gativit un sens fort en rapport avec la mort Du vieux quartier au quartier de vieux la distance et la proximit spatiale se construit travers des d tours qui ont souvent affaire avec l absence ou la disparition de ceux avec qui on avait l habitude de vivre les anciens habitants dis parus ou partis habiter ailleurs ou de ceux avec qui on n a pas envie de vivre les vieux qui ne vivent pas dans le monde des jeunes Il
183. es Ce qui est promis ici c est de ne plus revenir sur terre soit d tre quitte de l pret de la survie en milieu rural le salut de vient d sormais la vie ternelle Au del il s agit du rejet de la condition 3 Strate des lettr s dans le sens de ceux qui ne partagent plus le mode de vie des paysans Et par ex tension en raison de l histoire singuli re de la colonisation l allusion la ma trise de l criture renvoie aussi au mode de vie des Blancs et ensuite l imaginaire li un emploi dans la fonction publique 114 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective paysanne La diabolisation des anciennes coutumes par les Pentec tistes met l accent sur l insupportable de cette condition telle qu elle leur appara t d sormais aujourd hui p nibilit mis re non acc s aux coles et aux soins m dicaux et la figure du diable s articule autour de la peur celle de trop bien se reconna tre dans l image du paysan et de retomber dans la mis re si sa propre conversion une forme de modernit venait chouer Les traditions mossi diabolis es par les glises de Pentec te apparaissent d s lors comme le spectre de soi m me mis reux et paysan Cette grande peur celle de l autre paysan qui sommeille en soi conduit l instauration d une hi rarchie d ordre politique Elle est mise en vidence dans le r cit du koe moonego k uni L analyse de son ascension sociale
184. es Nous ne voulions pas non plus que l anthro pologie n o louvaniste s identifie l une ou l autre des sous cultures anthropologiques que ce soit en se cantonnant dans telle ou telle aire g ographique l Asie l Afrique ou l Europe ou en se consacrant tel ou tel secteur l anthropologie du d veloppement ou l anthropologie de la sant Puisqu une approche qualitative de la compr hension du changement tait au c ur de nos perspectives th oriques et de nos pr occupations pra tiques javais pens une Anthropologie Dynamique Mais plus inspir que moi mon coll gue proposa prospective La proposition me paraissait non seulement plus heureuse et in dite Balandier ayant d j parl d une anthropologie dynamique mais surtout plus prometteuse en termes heuristiques Et c est ainsi qu est n et fut agr par les autorit s acad miques du cru le LAAP le Laboratoire d Anthropologie Prospective 7 Tis renouaient ainsi avec les intentions des fondateurs de l anthropologie au XIX si cle qui avaient eu en t te au del de son simple inventaire l invention m me de la logique humaine 3 M me la finesse ethnographique d Evans Pritchard ferait d sormais figure d un amateurisme de d butant an ecological or economic analysis en co anthropologie ne peut plus se contenter du niveau de description qui suffisait un Evans Pritichard dit G Guille Escuret en ajoutant que les projet
185. es perspectives et ouvert des espoirs nouveaux pour la transformation des pa tients en sujets La standardisation dans un but d efficacit de gestion institu tionnelle a referm ces perspectives On est pass d une attitude prospective centr e sur la compr hension des malades mentaux une attitude prospective centr e sur l efficacit de la gestion des institutions soignantes Actuellement la profession de psychiatre est de moins en moins attirante et l actuelle g n ration des cliniciens ne re oit pas dans les facult s les moyens intellec tuels pour entretenir et construire une anthropologie psychiatrique qui puisse inspirer leurs pratiques Aussi d faut de soutien institutionnel l ouverture clinique humaniste des psychiatres n cessite t elle de leur part des efforts per sonnels de formation continue N est ce pas trop leur demander de consentir un tel effort sans aide institutionnelle alors qu ils sont dans une situation tr s inconfortable tiraill s entre les terreurs de leurs patients les angoisses des familles et les exigences des administrations de la sant L aussi la question de la formation des comp tences pourrait faire l objet d une prospection de la part d une anthropologie clinique engag e dans la r alit sociale Le champ de la psychologie clinique pr sente actuellement les m mes transformations Une coexistence pas toujours harmonieuse entre des tendan ces sp cialis es et des tendan
186. es professionnels admettaient que des amateurs tels que des admi nistrateurs coloniaux ou ap tres chr tiens puissent appliquer leurs th ories ce n tait pas proprement parler leur affaire l poque du moins en Angleterre l anthropologie v ritable tait non seulement fondamentale mais fondamentalement identique Elle tait aussi par un accident de l histoire coloniale largement africaniste En dehors du triangle Oxford Cambridge et Londres il y avait bien quelques anthropologues perdus en province dont certains avaient r ussi cr er des coles tel un Gluckman Manchester autour de la ges tion juridico rituelle des conflits mais il n y avait pas encore de hauts lieux consacr s l anthropologie de ceci la sant ou de cela le d veloppement Le Soi le leur allant de soi c tait Autrui et sa culture qui faisaient probl me pour les anthropologues il est vrai qu on venait d accepter 1 Institute une th se sur un housing estate d Oxford sans doute parce qu il faisait figure d une r serve indig ne Le manuel d alors r dig par J Beattie un coll gue d Evans Pritchard ne s intitulait il pas tout sim plement Other Cultures Mais I Autre s avisant soudainement partir des ann es sep tante de prendre non seulement la parole mais sa parole le Soi occidental s est r v l brus quement n tre qu un autre parmi d autres En face du gentleman scholar
187. essions et cat gories socioprofession nelles Parmi diverses questions la notion de causalit en sciences sociales ou les caract ristiques de l approche compr hensive sont abord es Les six chapitres suivants sont centr s sur des champs th matiques fondamentaux dont le traitement th orique et l investigation empirique permettent de pr senter la so ciologie dans sa diversit et sa coh rence Stratifications et hi rarchies Institution fa miliale et processus de socialisation ducation et in galit s Culture et styles de vie Travail et emploi Organisation et pouvoir Apr s un pr ambule philosophique et no tionnel les in galit s et les hi rarchies sont par exemple d crites travers leurs for mes pures castes ordres sont ensuite mis en exergue les grilles marxistes tocque villiennes ou w b riennes les perspectives plus contemporaines sur l volution socio conomique ou la domination symbolique Baudelot Bourdieu Establet les nou veaux mouvements sociaux Touraine ou dans une vision plus nuanc e mettant en avant la pluralit des biographies l importance de l individualisme et l emprise de la complexit par l entrecroisement des types de stratification Boudon Mendras Bour ricaud De nombreux tableaux graphiques encadr s et r f rences statistiques illustrent avec pertinence l ensemble de l ouvrage et plus particuli rement le texte sur la famil le et la socialisati
188. et dynamiques des formations altern es entre cole et entreprise en Communaut fran aise de Belgique Une analyse des n gocia tions constituantes Gaspar de Mascarenhas Maria Jos La signification du quartier dans les trajectoi res de vie et dans les trajectoires spatiales de ses habitants Ajuda un quartier Lisbonne Scieur Philippe Polynomie et d sarroi Contribution une sociologie des petites et moyennes entreprises familiales Biblioth que ESPO Piace Montesquieu 1 1348 Louvain La Neuve l Ces th ses publi es sont d pos es dans les biblioth ques des universit s respectives Les adresses o peuvent tre consult s les ouvrages figurent la suite des publications Livres re us Nous remercions les maisons d dition de nous avoir fait parvenir Albarello Luc Apprendre chercher L acteur social et la recherche scientifique Paris Bruxelles De Boeck Larcier 1999 193p Ateliers Points de vue sur la th rapie religieuse 1999 95p Bajoit Guy Digneffe Fran oise Jaspard Jean Marie Nollet de Brauwere Quentin Dir Jeunesse et soci t La socialisation des jeunes dans un monde en mutation Bruxelles De Boeck 2000 424p Beck Fran ois Peretti Watel Patrick Eropp 99 Enqu te sur les repr sentations opinions et per ceptions relatives aux psychotropes Paris OFDT 2000 202p Berthelot Jean Michel Dir La sociologie fran aise contemporaine Paris PUF Coll Fondamental 2000 27
189. et l thique comme en cadrant l anthropologie du dehors en amont et en aval ne peut tre qu une vision seconde d ordre abstrait valable peut tre pour une anthropo logie artificielle mais tout fait externe l exp rience existentielle de l an thropologue acteur concret L action proprement humaine est un tout qui in forme int gralement ses parties C est seulement par une astuce analytique mais qui ne doit pas tourner l illusion d optique qu on peut distinguer des volets purement m taphysiques ou proprement moraux Dans le v cu typi quement humain d un c t il n y a pas d abord des id es pures qui seraient instrumentalis es ensuite de mani re plus ou moins quivoque et de l autre des actions innocentes qui re oivent apr s coup un cachet bon ou mau vais selon des circonstances accidentelles ou des intentions adventices So yons concrets Imaginer par exemple qu il y a une id e en soi de Dieu qui est tant t mise au service des int r ts d un groupe h g monique tant t em ploy e de mani re subversive par des subalternes serait mettre une charrue obtenue par abstraction devant des b ufs qui concr tement tirent dans des sens oppos s L id e de Dieu sert toujours d embl e et d office quelqu un Et il y a quelque chose de tout aussi quivoque mais cette fois d un point de vue thique imaginer qu il y a des domaines d activit humaine tels que
190. ette fusion dans une vision commune qui permettrait une certaine convergence entre int r ts individuels et int r ts collectifs elle ne poursuit pas cette pis te et bifurque vers des consid rations li es l laboration possible de con ventions r glant la globalit du champ de la coop ration au d veloppe ment La coop ration autour de la r solution de probl mes exige la cons truction de r gles du jeu communfe s Crozier Friedberg 1977 pour g n rer des zones de n gociation possibles Friedberg 1992 Ma thieu 2000 L anthropologie prospective conjugue donc la description la monogra phie et la reconnaissance de la singularit Dans ce sens elle autorise une g n ralisation relative et raisonn e de ses r sultats car la mondialisation ne m ne pas ipso facto vers une mise en sc ne unique du social Son objet avant toutes comparaisons consiste dans l exploration de la diversit con ue aujourd hui comme une r ponse la mondialisation des groupes de populations r agissent par des productions identitaires in dites soit les repr sentations qu ils se donnent d eux m mes autant de sous cultures singuli res ou locales qui affrontent la banalisation l uniformisation la stan dardisation Sous cet angle la r alit effective d un univers global est tou jours locale et renvoie la capacit que poss dent les groupes de popula tion de s inventer des modalit s in
191. ettre consacr la collecte des donn es Ce ramassage tait peu sys t mique attentiste et allait dans tous les sens dans la mesure o j avais peu d hypoth ses de travail tester o j observais tout et n importe quoi et o j attendais de pouvoir participer des choses qui pourraient se produire plut t que de harceler mes informateurs avec les questions qui venaient mon esprit moderniste Ensuite un retour r flexif sur ce mat riel empirique appuy non seulement par des grilles proprement anthropologiques mais aussi par les acquis de ma culture g n rale et les intentionnalit s successives qui l avaient anim e ou sollicit e un moment ou l autre Enfin la finalisation des r sultats en fonction fine finaliter de ce que je pensais avoir t tre ou devoir tre des enjeux clefs de la condition humaine D o cette pr sentation en triptyque de ma m thode pour une anthropologie prospective 1 l paississement empirique 2 l ampliation analogique et 3 l interpellation interpr tative 5 Et abstraction faite des efforts pour clarifier les enjeux onto pist mologiques en cause dont toute mo destie part les miens cf SINGLETON M 1999 6 Impressionniste sinon surr aliste ajouteraient des esprits pour qui les sciences humaines se doivent d tre tout aussi subjectivement innocentes et objectivement r alistes que les sciences naturelles en faisant cho un emp
192. eutralit active ne va videmment pas de soi et n attire pas n cessairement commandes et subsides Elle semble n anmoins indispensable au rep rage et au traitement des con tradictions et des ombres inh rentes toute r alit humaine C est la condi tion d une efficacit moyen et long terme Chacun est libre de s orienter vers la probl matique qui l int resse Cepen dant avant de formuler une hypoth se et de pr parer un questionnaire il convient que le chercheur s ouvre l imagination et pr pare ses intuitions par la culture la plus large possible celle de la discipline et celle de son milieu Ici sans doute l anthropologie s articule t elle aux sciences humaines classi A Doutreloux 13 ques Mais quoi qu il en soit l anthropologue aura pour premi re t che d couter les suggestions tacites ou non du milieu m me de sa recherche Alors seulement et si n cessaire il pourra formuler une hypoth se et poser ses questions Pourtant l cole confondant avec ses abstractions les moments et les niveaux de r alit exige des d butants qui n ont encore rien vu ces fa meuses hypoth ses que la recherche est cens e v rifier Comme si toutes les hypoth ses ne se v rifiaient pas partir des projections qui les ont produites tant qu elles ne ressortent pas de l observation pr alable d un ph nom ne lo calis dans le temps et l espace En ce dernier cas chaque recherche nourrit
193. exions entre l ethnologie et le journalisme Il s agit aussi de tenter d imaginer les conditions actuelles et pragmatiques de la pratique d une ethnographie qui rel ve davantage de la prospection pas au sens du d marchage commercial bien sir que de la Professeur au D partement de communication Universit catholique de Louvain Ruelle de la Lanterne Magique 14 B 1348 Louvain la Neuve Plod met reprendra son v ritable nom de Ploz vet dans l dition de poche 88 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective prospective Cette ethnographie vise davantage la d couverte et la mise au jour des r alit s et des changements qui affectent et ou traversent nos fa ons de vivre de penser et donc de faire le monde que la pr vision ou la conjecture Pour clarifier notre intention nous pouvons simplement d finir notre projet comme une tentative de re donner une place un certain type de reportage dans 1 arsenal m thodologique par ailleurs tr s peu norm de l ethnologie En d autres termes nous posons la question de fa on th orique et pratique de la possibilit de concevoir le reportage comme un mode de prospection ethnographique Le pr sent texte qui n a pas d autre ambition que d impulser une r flexion sur une fa on de pratiquer une ethnographie aujourd hui souhaite se donner lire comme une invitation l action et la mise en uvre car c est dans l e
194. exp riences de l tre humain sous ses aspects dialectiques du bien tre et de mal tre 3 Les rep res de l anthropologie clinique La construction de l anthropologie clinique se fait par bribes et morceaux par la rencontre entre des textes h t rog nes au premier abord mais qui se rassemblent autour d un objectif commun rendre compte de la r alit clini que partir des repr sentations individuelles et sociales de cette r alit Nous citons ici titre de rep res quelques contributions qui nous semblent signifi catives de la constitution d une anthropologie clinique Notre s lection n est nullement exhaustive et est limit e par le cadre de cet article D une part nous disposons de textes port e anthropologique crits par des cliniciens qui s interrogent sur leur exp rience clinique Ils construisent une th orie de l humain sur base de ses attitudes en p riode de crise ou de maladie et confrontent leur exp rience celle de cliniciens de la m me ou d autres cultures et aux donn es de la sociologie et de l anthropologie cultu relle Il s agit l non seulement d une clinique mais d une anthropologie par la clinique R Steichen 63 D autre part nous trouvons dans le relev de la litt rature un tr s grand nombre de textes d ethnologie d anthropologie sociale culturelle et philoso phique qui tudient les repr sentations et les pratiques cliniques ainsi que les r
195. extensif elle livre acc s la recherche de richesses nouvelles l tude de r gions inconnues pour y d couvrir des ob jets d int r t la recherche de clients ventuels ou en g n ral de nouvelles possibilit s Elle sort des sentiers battus et des orni res des habitudes La prospective concerne l avenir L orientation prospective marque l ensemble des recherches sur le futur des collectivit s et des individus dans le but d la Psychiatre Psychanalyste Professeur l Institut d tudes de la famille et de la sexualit et chercheur l Unit de recherches anthropologiques et pathoanalytiques en psychologie clinique Universit catholique de Louvain Facult de Psychologie 10 Place C Mercier B 1348 Louvain la Neuve 56 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective borer des mod les pr visionnels pr dictifs anticipatifs Elle est contraire dans son mouvement a la r trospective mais elle ne lui est pas oppos e en effet la prospection s taye sur la r trospection qui lui fournit ses fondements Son aboutissement est louverture de nouvelles perspectives ou du moins l lar gissement des perspectives existantes Compl tons en cons quence notre d fi nition de attitude prospective c est l ensemble des actes r fl chis qui orien tent les tudes d un objet de mani re largir et ouvrir des perspectives dans l espace des domaines du savoir et dans le temps des bilans e
196. gence de deux figures particuli res le courtier et le big man le seul abord dans ce texte qui pr cis ment s instituent la faveur de l entretien d une polys mie de sens et de normes La description de ces personnages conduit le chercheur rendre compte d une dualit et d une alt rit intrins ques au champ de la coop ration entre des groupes qui ne partagent pas r ellement les m mes analogies na turelles En rendre compte n cessite donc toujours un voyage un loigne ment une traduction et une interpr tation qui constituent une des t ches de l anthropologie prospective Dans le cadre de l tude de champs polys mi ques au Nord comme au Sud caract ris s par des ruptures convention nelles l anthropologie prospective a pour objectif de d crire la coh rence propre la fois locale et globale de sous groupes bien d finis qu ils soient ou non aux prises avec les effets de la globalisation 122 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ARENDT H 1953 La Condition de l homme moderne Paris Calmann L vy BADE B 1992 L tat import L Occidentalisation de l ordre politique Paris Fayard BAKO ARIFARI N LAURENT P J Dir 1998 Les dimensions sociales et conomiques du d veloppement local et la d cen tralisation en Afrique au sud du Sahara Bulletin APAD n 15 BALANDIER G 1969 Anthropologie politique Paris PUF
197. hode historique Car comme le souligne ironiquement mais juste titre Des veaux dans un article propos des Ojibwas septentrionaux ces Indiens passent aujourd hui le plus clair de leur temps regarder la t l vision en buvant du Coca Cola et il devient difficile de savoir ce qu ils pensent vrai ment Desveaux 1996 L ethnohistoire fait de la sorte une avanc e re marqu e sur la sc ne scientifique contemporaine Par ailleurs l anthropologue du pr sent est revenu de plus en plus massi vement de son exotisme du bout du monde pour s immerger dans le quoti dien de toute r alit humaine L anthropologie des mondes contemporains pour reprendre l expression d Aug propose ainsi un recentrage sur toute diversit culturelle quelle qu elle soit Depuis le d but des ann es 1980 un virage semble amorc et les anthropologues des soci t s traditionnelles sont progressivement red finis sous le label d historiens par leurs pairs ces der niers se rapprochant des perspectives des sociologues tout en gardant leurs pratiques propres N est on ainsi en train d riger une nouvelle fronti re pist mologique ou th matique les uns tant d finitivement renvoy s a l histoire les autres orient s vers le pr sent 4 Singularit s disciplinaires Le rattachement de l anthropologie dans nombre d universit s soit l arch ologie soit la sociologie est significatif de cette nouvelle s
198. hotographie Paris Christain Bourgois 1973 VEY F 2000 Les m tiers du journalisme Paris Flammarion WINKIN Y 1981 La nouvelle communication Paris Seuil 1996 Anthropologie de la communication Paris Bruxelles De Boeck Recherches Sociologiques 2001 1 P J Laurent 101 124 L espace public dans une ville mergente d Afrique de l Ouest Aux fronti res de la th orie des conventions l anthropologie prospective par Pierre Joseph Laurent L auteur veut montrer que l anthropologie prospective a essentiellement pour objet l tude de champs polys miques Ainsi par exemple la distinction de deux sc nes majeures inh rentes au champ de l aide du d veloppement conduit la reconnaissance d une fronti re des conventions Elle instaure entre les parties prenantes une communication trange in gale certains sont donateurs et d autres b n ficiaires rus e parfois qui n implique pas la reconnaissance de conventions mutuellement partag es mais la coexistence de projets diff rents faire valoir En rendre compte n cessite donc toujours un voyage un loigne ment une traduction et une interpr tation qui constituent une des t ches de l an thropologie prospective Pr ambule Ce texte voudrait souligner la nature intrins quement prospective de l anthropologie des mondes contemporains la lumi re de l tude d un groupe d individu ici la CFSM de la petite ville de BK situ e au
199. ht MALINA B 1983 The Social sciences and Biblical Interpretation in GOTTWALD B N Ed The Bible and Liberation Maryknoll Orbis Books pp 230 240 OAKMAN D E 986 Jesus and the Economic Questions of His Day Lewiston The Edwin Mel lon Press RODDC 1981 On Applying a Sociological Theory to Biblical Studies Journal for the Study of the Old Testament 19 pp 95 106 SANDERS J T 1998 The Criterion of Coherence and the Randomness of Charisma Poring Through some Aporias in the Jesus Tradition New Testament Studies 4 4 p 1 25 STE CROIX G E M DE 1975 Karl Marx and the History of Classical Antiquity Arethusa 8 pp 7 41 THEISSEN G 1978 Le christianisme de J sus Ses origines sociales en Palestine Paris Des cl e TROELTSCH E 1960 The Social Teaching of the Christian Churches 2 vol New York Harper and Brothers tr angl VERDOODT A 1999 Critique de l approche de J D Crossan partir de la sociologie et de l his toire Social Compass 4 pp 471 479 WEBER M 1924 Agrarverh ltisse im Altertum in Gesammelte Aufs tze zur Sozial und Wirtschaftsgeschichte T bingen Mohr WILSON B 1961 Sects and Society A Sociological Study of the Elim Tabernacle Christian Science and Christ Adelphians Berkeley University of California Press Annexe 1 GROUP PROPERTIES A Socioeconomic factors 1 Group constituency size 2 Geographic location 3 Economic base and
200. identifie et un maintenant pour lequel il lui faut chercher d autres lieux et d autres ressources d identification Avec ces l ments nous pouvons dire que l objet que cherche le sujet est la sant le pur l odeur faste et que la garantie de cette sant r side dans la possibilit de vivre dans un espace pur et s par Sant physique et donc recomposition du corps Mais aussi recomposition sociale dans la mesure o l interview e disciplin e pr par e civilis e mari e l glise membre de la communaut des catholiques et qui n a ja mais v cu dans des baraques souffre de ce m lange avec ceux qui sont diff rents tous en tr s grand nombre et dans un espace sale et impur Ce qui se joue au niveau de la sant et de la maladie est la mort et la vie de l identit de l interview e Sa trajectoire de la d possession rurale la petite possession urbaine a t rompue Tout ce qu elle peut poss der maintenant c est la chapelle qu elle anime le chemin de la Procession dont elle est une des organisatrices une fois par an et le jardin potager en r gime pr caire Ces trois espaces purs sont donc li s des identit s qu elle peut l gi timer celle de catholique et celle d originaire de la province qui en outre sait culti ver Les deux identit s sont li es parce que d apr s l interview e dans les deux cas les traditions sont maintenues Cette recomposition sociale qui est
201. ien sans qu on s en rende vraiment compte Dans la mesure o le travail du reporter doit prendre en consid ration les v nements et irruptions qui vien nent perturber cet ordinaire ou lui donner du relief il acquiert une certaine ressemblance avec celui de l ethnologue qui tente de montrer ce qu on a sous le nez et qu apparemment on ne voit pas Mehl 1992 28 L ordinai re c est ce qui remplit l existence des individus c est du pr visible et de l im pr visible de la routine et de l v nement En adoptant cette position on consid re videmment que le quotidien peut tre consid r comme le lieu de la production du sens social c est dire partag par des acteurs sociaux Nous rejoignons ainsi les interrogations de Georges Perec Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour le banal le quotidien l vident le commun l ordinaire l infra ordinaire le bruit de fond l habituel comment en rendre compte comment l interroger comment le d crire Com ment parler de ces choses communes comment les traquer plut t com ment les d busquer les arracher la gangue dans laquelle elles restent en glu es comment leur donner un sens une langue qu elles parlent enfin de ce qui est de ce que nous sommes Peut tre s agit il de fonder enfin notre propre anthropologie celle qui parlera de nous Perec 1989 11 12 Enfin et avant d entrer dans le vif de
202. ieux repr sentant les deux faces ins parables d un ordre so cial Quand une pratique conomique r alise t elle plut t une relation et vice versa Une tiquette simple et univoque ne peut convenir parfaitement pour d signer un ph nom ne complexe ce propos encore une premi re question ne devrait pas porter sur les syst mes religieux politiques conomiques de pens e de telle population ou de tel groupe dans un ensemble donn les adolescents ou les marginaux dans nos soci t s par exemple mais sur ce qui dans cette collectivit remplirait les fonctions ainsi r pertori es chez nous et pour nous ou en dis penserait En effet on peut penser que les possibilit s ouvertes par le chaos humain initial sont ind finies et non n cessaires Une anthropologie prospec tive en explorerait la vari t sans a priori Pour demeurer prospective une anthropologie on l a sugg r plus haut se doit de garder une position neutre par rapport aux parties en cause dans une situation donn e Cette neutralit revient prendre en compte la complexit des ph nom nes et leurs parts non ma trisables surtout de l ext rieur Par contre elle ne signifie pas un renoncement st rilisant aux jugements de valeur ni aux analyses lucides portant galement sur tous les protagonistes d une confrontation quelconque colonisation d veloppement conflit de tra vail tensions diverses internes ou entre groupes Cette n
203. ifi e aux lettr s Ceci conduit rendre compte de relations la fois conflictuelles et consensuelles Il con vient toutefois de replacer ce constat dans un environnement o la capacit normative des diff rents pouvoirs locaux coutumiers big man religieux autorit s communales et tatiques d concentr es demeure relative pour certaines mati res le foncier les alliances matrimoniales la paix sociale par exemple en raison d un effet d empilement de ces instances qui au del des principes officiels ne parviennent jamais vraiment s imposer comme unique r f rence elles se d qualifient et induisent des rapports hi rar chiques imparfaits soit toujours re n gociables selon la r f rence utilis e Nous sommes en pr sence d un syncr tisme culturel partiellement aliment par la nature duale du champ de la coop ration o sur la sc ne locale personne n est jamais vraiment quitte de l autre Ainsi le big man a besoin de r seaux pour s instituer en tant que tel de m me que le lettr confront aux incertitudes de ses ressources financi res ne peut jamais vraiment s abstenir d entretenir des relations avec le lignage en l absence de ce qui en Occident permet l individu via l tat de s en sortir Ani m s d un sentiment contradictoire ancr s dans les repr sentations collecti ves les lettr s ou les citadins pour le moins moralement endett s aupr s de parents
204. igurations pass es de la communaut fera effective ment appara tre une alternance de p riodes casani res de mouvements migratoires et de d placements locaux ou r gionaux mais aussi des proces sus permanents de regroupement et d clatement des tendances r it r es l homog n it ou l h t rog n it de ses membres l ext riorisation de l ethnicit ou au contraire son camouflage Toutes caract ristiques analo gues ce qui avait pu tre maintes fois observ sur le terrain mais qu une visite furtive n aurait pu permettre de d celer dans toute leur ampleur Dans cet exemple l ethnologue affronte les documents d archives et le pass afin de cerner le groupe avec lequel il travaille concr tement Et l on comprendra bien qu une approche historique vienne clairer des questions auxquelles le terrain ethnographique n apporte gu re de r ponses en l oc currence on ne parle pas en tout cas pas inconsid r ment de ses morts A Reyniers OServais 51 chez les Manouches et cela ne facilite pas les recherches g n alogiques De leur c t des historiens travaillant sur le sort d une minorit ethnique se montrent eux m mes tr s sensibles sa situation contemporaine Le tra vail de recherche au sein des soci t s complexes rend particuli rement f conde l interp n tration des approches historiques et ethnographiques Reste pourtant une vidence partag e par nombre de chercheu
205. il tort de formuler clairement une demande qui d passe l offre de l anthropologie bien disciplin e Il se pourrait que d clarer explicitement comment l autre vous a interpell et en quoi il pourrait tre une source d inspiration pour tout le monde ne soit pas inclus dans le prix de l anthropologie bien temp r e C est possible Mais il est permis de r ver d une anthropologie anthropo logique pour tout dire d une anthro pologie prospective R F RENCES BIBLIOGRAPHIQUES ADOTEVIS 1972 N gritudes et n grologues Paris UGE CLARK S R L 1994 Is humanity a natural kind in INGOLD T Ed What is an animal Lon don Routledge CROZIER M FRIEDBERG E 1977 L acteur et le syst me Paris Seuil GADAMER H G 1960 Vorurteile als Bedingungen des Verstehens Les pr jug s condition de la compr hension in GADAMER H G Wahrheit und Methode T bingen J C B Mohr Vierte Auflage II B a GODELIER M 1973 Le concept de tribu Crise d un concept ou crise des fondements empiriques de l anthropologie in GODELIER M Horizons trajets marxistes en anthro pologie Paris Maspero Vol 1 pp 188 235 JUCQUOIS G 1998 Les origines du comparatisme contemporain Recherches Sociologiques XXIX 3 pp 3 21 LATOUCHE S 1989 L occidentalisation du monde Paris La D couverte LATOUR B 1991 Nous n avons jamais t modernes Paris La D couverte LONERGAN B 1957 In
206. inition des espaces r sidentiels Il est aussi essentiel de comprendre lap partenance au quartier comme une appartenance parmi d autres qui peu vent se chevaucher ou non Les questions soulev es et la posture socio anthropologique qu elles im pliquent montrent combien au del du constat r p titif des d calages entre les institutions et les modes de vie l espace et le rapport l Autre traver sent la construction de ce qui est plus singulier qu un rapport individualiste au monde et que nous appelons sujet personnel la suite d Alain Tou raine C est sans aucun doute dans cette combinaison que se jouera en tout cas pour nous le challenge d une anthropologie prospective R F RENCES BIBLIOGRAPHIQUES AGIER M 1999 L invention de la ville Banlieues townships invasions et favelas Amsterdam ditions des archives contemporaines CLARK K B 1966 Ghetto noir Paris Robert Laffont 1965 CERTEAU M DE 1980 L invention du quotidien I Arts de faire Paris Gallimard DUBET F 1994 Sociologie de l exp rience Paris Seuil FRANCO B 2001 Ville et g n rations une image invers e des rapports proximit distance in TAHON M B G n rations Presses de l Universit d Ottawa par JOSEPH I 1992 Du bon usage de l cole de Chicago in ROMAIN J Dir Ville exclusion et citoyennet Entretiens de la ville II Paris Esprit B Francq X Leloup 85 1998 La ville sans qua
207. insi plac e chez les fem mes au dessus de toutes les autres l oppos de cette perspective se trouve l anti es sentialisme qui envisage les identit s comme des ensembles plut t fragment s et dy namiques voir Dietz pp 122 166 Mouffe pp 167 199 Okin pp 345 396 Voir aussi Chodorow N The Reproduction of Mothering Psychoanalysis and the Sociology of Gender Berkeley University of California 1978 Elshtain J B Public Man Private Women Prin ceton Princeton University Press 1981 Gilligan C In a Different Voice Psychological Theory and Women s Development Cambridge Harvard University Press 1982 Pateman C The Sexual Contract Standford Standford University Press 1988 Patema C The Disorder of Women Cambridge Polity Press 1989 Voir Edsall Th B The New Politics of Inequality New York London W W Norton 1984 Holm berg S and Kent A Kampen om k rnkraften En bok om v ljare massmedier och folkomr stningen 1980 Stockholm Liber 1984 Jonasdottir A G Love Power and Political Interests Towards a Theory of Patriarchy in Contemporary Western Societies University of rebro rebro Studies 1991 Jonasson B sikter i tre j mst lldshetsfr gor Kvinnovetenskaplig Tidskrift 6 n 2 1985 Togeby L Politik ogs en kvindesag Aarhus Politica 1984 Walker N J Are Women More Peaceminded than Men Paper Presented at the Workshop Political Theories on Gender and
208. ir une bonne photo c est tre complice de tout ce qui rend un sujet int ressant digne d tre photographi y compris quand c est la que r side l int r t de la souffrance ou du malheur d un autre Sontag 2000 26 La simple lecture de ces quelques lignes montre nous semble t il tout l int r t qu il peut y avoir amplifier et syst matiser ce d tour Un second d tour possible parmi d autres est celui des romanciers du r el L aussi un court extrait montre tout le potentiel de ce croisement Le romancier va s employer y voir clair c est dire mettre au jour et mettre en ordre d voiler d m ler classer seront ses mots d ordre Mais si chaque niveau il veut cerner l ensemble des d terminations il lui faut main tenir une complexit reproduire un enchev trement Dans son premier mouvement le r alisme produit un ordre qui est suppos tre celui du mon de Il engage donc des proc dures vari es d organisation et d objectivation l int rieur du repr sentable qui vont de l inventaire descriptif la mise dis tance ironique Il s agit toujours de rationaliser d une mani re brute ou de donner l impression qu on le fait Avec le risque en effet de produire un dis cours fortement contraint Mais un second mouvement vient souvent corriger le premier ou le contrarier Il revient au r alisme plus qu tout autre projet esth tique de
209. irisme extraverti qui non seulement se discute mais qui est plus que discut par les histo riens et les pist mologues des savoirs scientifiques 18 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective 1 De l paississement empirique Puisque l auteur de ces lignes est d origine anglo saxonne celui qui les lit pourrait tre tent de croire que l paississement empirique n est qu un plaidoyer peine d guis pour sa propre chapelle pragmatique et inductive contre une anthropologie purement acad mique sinon continentale qui se servirait abusivement des conclusions monographiques durement gagn es sur le terrain pour illustrer des a priori abstraits et des partis pris aberrants Godelier 1973 Mais il n en est rien Le niveau onto pist mologique de notre propos le situe en principe bien au del des querelles d coles Notre paississement doit tre per u con u et v cu modo phenomenologico c est dire par del Jenseits comme aurait dit Nietzsche des dichotomies clas siques du subjectif et de l objectif de l inductif et du d ductif de la th orie et de la pratique du fondamental et de l appliqu Sans attribuer Evans Pritchard notre propre m taphysique il exemplifie merveille ce que nous entendons par l paississement empirique Evans Pritchard dans ses grands livres sur les Zande et les Nuer a sans doute t le premier rest in gal dan
210. iscours g n ral sur le fait qu autre fois les filles restaient vierges jusqu leur mariage m me le sens ordinaire sait parler des choses autrement qu en les d signant par des noms propres toute pens e et pas seulement la pens e scientifique tant bien oblig e de pas ser par le g n ral Pendant ma premi re saison s che il m arrive d assister six mariages Dans un sens non seulement num rique ou mat riel mais surtout en ter mes d individus effectifs et de leurs v cus ces mariages ne repr sentent rien d identique tout au plus quelque chose qui d un point de vue abstrait peut tre dit similaire Chaque mariage concret du point de vue des plus int res s s ne peut tre qu un cas part enti re Cependant des rythmes et des rites r currents par certains c t s font que ces moments se ressemblent Bien qu il soit clair m me a priori que chaque fille vit sa fa on l arrachement au foyer parental Maria ayant un p re ignoble ne r vait que de mariage de puis belle lurette Sinfrosa trop attach e sa m re resta longtemps traumatis e par son exp rience il n emp che que toutes les jeunes pouses Konongo devaient tre livr es imp rativement non pas tant la case de leur mari qu la concession de leur beau p re C est ce qui me permet de con clure en faisant abstraction de ces dimensions existentielles uniques incom pressibles irr versibles puisque repr senta
211. ississement empi rique qui est d induire l impression d isolats monadiques l o toute r alit n est qu en relation ou en r seau avec d autres Enfin l paississement empirique me semble Synonyme d une autre ex pression qui campe assez bien la premi re phase d une anthropologie pros _pective l inventaire du lieu Faire du terrain fond qu est ce sinon se lancer dans une topographie en long et en large des institutions et des id o logies qui influencent les m urs et les mentalit s des individus du milieu o on a choisi de s implanter en anthropologue prospectif Un locataire qui ne fait pas un inventaire exhaustif de l appartement qu il compte louer risque fort quand vient le moment de r silier son bail de devoir payer pour des d g ts qu il est loin d tre s r d avoir caus s fortiori rien ne doit il chapper un anthropologue au travail sur son terrain Un de mes premiers et plus gros articles publi s Singleton 1979 r sulte d un paississement ethnogra phique r alis l insu de mon plein gr pour reprendre une expression la mode De retour de la Tanzanie en faisant un index des mots clefs de mes carnets de terrain j ai d couvert apr s coup puisque in situ je n avais fait qu aligner des annotations disparates que les Wakonongo se servaient dans une pl thore de contextes d un m me terme dawa Ce dernier habituelle ment traduit
212. istes L abandon ou tout au moins la mise mal du concept d acculturation qui sous tendait implicitement la dichotomie quasi ontologique entre puret des cultures traditionnelles et impuret culturelle des soci t s m tiss es est manifeste de cette avanc e Une telle perspective red finit toute culture comme d embl e plus ou moins m tiss e et parle de transferts culturels plut t que d acculturation La mondialisation constitue alors simplement une p riode historique d acc l ration des changes culturels Qui plus est cette conception volutionniste d nonc e contraste aussi avec l incapacit contemporaine d finir une fronti re pertinente et claire entre histoire et anthropologie M me des fortins habituellement acquis comme le rapport l Alt rit ne sont plus la propri t exclusive des an thropologues Certes l autre n est plus seulement cet tranger du dehors dont la distance g ographique nous m mes avait engendr la diff rence culturelle bien plus il est celui de l int rieur cet autre du dedans Pour tant par bien des aspects le pass de l histoire manifeste galement cette nature trang re La distance que cr e le temps est in vitablement aussi distance culturelle L alt rit spatiale ou sociale s adjoignent aussi la dis tance temporelle Sympt me de ces difficult s territoriales entre anthropologie et histoire la derni re dition du Dictionnaire d
213. it la fois du contact avec une ambiance et la forme plus achev e de l criture qui le diff rencie Mouriquand 1997 59 60 Plus qu un jeu assez formel de collage et d association de citations le croisement de perspectives r v le des proximit s assez saisissantes Un des int r ts majeurs d aborder la description prospection ethnographique sous 92 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective l angle du reportage r side dans une possibilit inh rente ce genre journalis tique favoriser des approches focalis es localis es qui se pr occupent au d part d une pratique ou d un v nement ou d une activit sociale en en poursuivant l tude sur un terrain d limit Aborder la description par le re portage c est se donner la possibilit de privil gier un ou des angles un ou des axes d observation et d analyse Cependant l ethnologue n est pas jour naliste et le reportage est moins pour l ethnologue une finalit en soi qu une d marche une proc dure une forme sp cifique d engagement empirique En fait pratiquer le reportage comme mode de prospection ethnographique peut permettre une implication de moyenne port e sur un ou des terrain s c est dire que le temps de l engagement empirique n est ni tr s court ni tr s long Si la m thode ethnographique du reportage ne peut se contenter d une plong e rapide et unique elle n exige pas par
214. its coloniaux ces acteurs sociaux pouvaient jouir d une cons cration collective Je pense en particulier aux meneurs des mouvements r guliers de nettoyage sorcier que le monde bantou a connus L intervention de ces sp cialistes professionnels permettait aux communaut s villageoises de se purifier de leur bois mort et de red marrer sur les chapeaux de roue Bien que les essais de cet ouvrage ci traitent de Afrique leur aire de captage est nettement plus restreinte que celle qu entrouvrait notre exorde Les trois pr faciers et les auteurs de ces onze tudes de cas dont une petite moiti analys e par des cher cheurs africains ciblent surtout l entremetteur officieux des projets de d veloppement en milieu rural particuli rement au S n gal et au B nin Ce faisant ils mettent le doigt sur un v ritable ph nom ne de soci t globale et non seulement africaine C est pourquoi la bonne quarantaine de pages d introduction devrait interpeller d autres ana lystes et acteurs que les seuls anthropologues et africanistes Comme aurait dit Ric ur c est en approfondissant un certain particulier qu on peut aboutir un universel cer tain Non pas que les auteurs cherchent d gager de leur mat riel des arch types transculturels Le r seau APAD auxquels ils appartiennent n est rien si ce n est terre terre Prudence philosophique et pragmatisme ph nom nologique seraient ses mots d ordre Chaque cas tant un
215. ive en anthropologie Le point de vue d une anthropologie clinique d inspiration psychanalytique par Robert Steichen Apr s un rep rage succinct de l attitude prospective en anthropologie sociale et culturelle et adoptant le point de vue du clinicien l auteur d finit ce que pourrait tre une anthropologie clinique pluridisciplinaire Il dresse un inventaire des textes qui y contribuent dans les anthropologies qualifi es de m dicale psychiatrique psychologique psychanalytique philosophique sociale et culturelle Ensuite il explore l attitude prospective en clinique et en anthropologie clinique L article se termine sur une tude des apports de la psychanalyse l anthropologie clinique 1 Orientation et attitude prospective La pr sente r flexion tentera de r pondre la question quelles sont les attentes des chercheurs en sciences humaines l gard d une anthropologie qui serait prospective De quoi s agit il D une nouvelle discipline ou sous discipline qui viendrait s ajouter aux multiples autres qui surpeuplent d j le vaste et h t roclite capharna m de l anthropologie Ou une r orienta tion plus ou moins coh rente vis e f d ratrice des recherches sur le d ve loppement Le qualificatif prospectif ive appelle au moins deux connotations celle de la prospection et celle de la prospective La prospection concerne l ex ploration d un domaine dans un but
216. l expert sur le savoir du patient qui culmine dans le paradigme de la relation entre le m decin et son patient Mais ce n est pas le seul mod le clinique Dans d autres cliniques le malade n est pas r duit au statut du pa tient qui subit mais est invit au contraire occuper la place du sujet qui agit activement sur son mal en connaissance de cause La clinique n est pas non plus r ductible la seule figure m dicale du colloque singulier du clinicien et de son malade D autres figures existent d un colloque largi au couple la famille le groupe ou m me la soci t dans son enti ret impliquant la par ticipation au m me sc nario th rapeutique de plusieurs praticiens aux comp tences diversifi es Le but de toute clinique moderne traditionnelle ou en mutation est de comprendre les processus qui empoisonnent la vie des humains quel que soit le nom appliqu leur souffrance maladie pathologie handicap dysfonction marginalit d viance n vrose psychose possession ensorcellement souil lure perte de l me etc afin d induire des processus th rapeutiques de gu rison de soulagement de r adaptation de salvation de r cup ration de puri fication etc De mani re tr s synth tique la clinique a comme but d avoir une prise sur le malheur cet effet elle construit des repr sentations des causes et effets dudit malheur l usage imm diat des sujets qui le subis
217. l anthropologie faisant partie int grante du monde occidental en d pit de ses r ticences participer l occidentalisation du monde Latouche son regard est en grande partie in galable Le Pichon Une anthropologie parfaitement sym trique rel verait de l utopie Pr sentation 5 Face ce qui leur para t n tre qu une fuite en avant adjectivale les d sabus s seront tent s de r torquer avec Shakespeare What s in a name ou de sentir avec l Eccl sias te que il n y jamais rien de bien neuf sous le soleil plus a change plus c est la m me chose Ayant souvent eu condamner les tentatives de sauver le d veloppement par l ad jonction exponentielle d pith tes de l endog ne au durable en passant par le participatif je ne suis pas bien plac pour plaider la cause du prospectif Et en effet cet adjectif n vo que pas que des promesses d ordre univoque Disons donc au moins ce que prospectif ne signifie pas pour nous Si l anthropologue prospectif fait figure d un prospecteur dans la mesure o il parcourt le pr sent au vu de l avenir sa prospection n a rien d une pr vision proph tique et encore moins d un prospectus pratique Au bas mot tymologique pros pecter c est tout simplement pro spicere regarder devant soi Jusqu nos jours la logique humaine persuad e que le pass tait parfait a t surtout r trospective Sans tom ber dans le pi ge du
218. l n en re tire aucune de son travail c est vraiment un travail sinon ingrat du moins gratuit Sur sa propre lanc e intentionnelle donc une anthropologie prospective se doit selon nous de faire cho une interpellation interpr tative Dans un pre mier temps l interpellation r pond une exp rience que j imagine fr quente en anthropologie On aura beau partir la t te pleine d interrogations il arrive souvent in situ qu on doive changer de sujet parfois totalement cause de la force des choses aussi impr vues qu in dites du terrain Je suis parti tudier l impact de la maladie du sommeil sur les Wakonongo je suis revenu avec des carnets pleins de notes sur la possession par les esprits Mais ces change ments de cap concret impos s par une simple coute empirique pourraient r pondre une r alit autrement plus radicale Le r cit de vie comme m tho de peut tre appuy m taphysiquement sur l id e de Ric ur de la vie comme r cit De m me avec Levinas il y aurait lieu de voir dans cette r ponse aux ph nom nes rencontr s sur place dans cette responsabilit pour les r a lit s donn es par le terrain une v ritable vocation anthropologique Certes m me si je ne pose gu re de questions me contentant de vivre avec mes in terlocuteurs je ne suis pas sans mes pr occupations et ma pr sence m me in terroge ceux qui me croisent Pourtant puisque je pars la recherche d aut
219. la Paix est un concentr de Ajuda Quand ils disent Ajuda ma ch re Ajuda mon pays minha terra cela veut dire la Paix autour de laquelle toute leur vie tourne les ami ti s la famille l occupation de vendeuses et vendeurs ambulants descendants de ven deurs toujours la Paix dans leur m moire depuis des g n rations L occupation de la place de la Paix est priv e celle ci est l extension des maisons et a plusieurs fonc tions depuis les t ches m nag res jusqu la d tente les f tes annuelles et le garage 138 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective pour les tricycles de la vente ambulante Par rapport aux autres lieux du quartier le commentaire est toujours le m me a n a rien voir avec nous on ne conna t pas ou c est peut tre comme nous mais on n y va pas C est le monde de l intimi t du m me le monde du familier et le familier y est troit et limit Le seul lieu par rapport auquel il y a une r action substantive c est le 2 Mai je ne connais pas mais je n aime pas ne m en parlez pas La Paix c est leur patrimoine non seulement par le type d occupation qui en est fait mais parce que le nous sommes d ici est revendiqu avec une force qu on ne trouve pas ailleurs dans le quartier C est un tre l qui est un droit conf r par l an cestralit m me de leur s jour et par leur g n alogie Ce n est pas u
220. la m taphore paternelle interpell e dans la cure J Lacan indique que la psychanalyse a comme objet l analyse du lien social Des chercheurs d autres horizons ont compris que la notion de responsabilit juridique est li e A la question de la fonction du p re tout comme celle du don dans l change social est li e la question du meurtre du p re Ces rapports entre l individuel et le social ne cessent d alimenter les changes entre la psychanalyse et le droit Legendre 1989 et l anthropologie En ce qui concerne cette derni re rappelons que l objet central de l anthropologie le syst me de liens de r ciprocit dans le social fond sur les dons et contre dons est articul autour des sacrifices fon dateurs de la culture sacrifice de la sexualit sacrifice de la jouissance et sa crifice du sacrifice Godelier Hassoun 1996 Godelier 1996 5 Pour ne pas conclure L attitude prospective dont il a t question ici n a rien voir ni avec une science fiction qui r ve du meilleur des mondes ni avec l hallucination futu riste d une ma trise sur le destin On peut la souhaiter r aliste dans la mesure o elle tire des conclusions des exp riences pass es et aussi des exp riences alternatives effectu es dans les diverses cultures mondiales Une anthropolo gie prospective serait amen e quitter les cieux acad miques du savoir global pour descendre sur la terre de l existence commune et se mettre l
221. la qu te du sujet est surtout une recomposition de soi de l identit La chapelle le chemin de la Procession et le potager les espaces purs La chapelle du 2 Mai est l un des lieux du pur ici c est notre chapelle Notre Dame de I Aide L bas l glise parois siale c est l glise de Notre Dame de la Bonne Heure Ils sont aussi Notre Dame de l Aide Ils ont une image de Notre Dame de la Bonne Heure mais ils l ont gard e Cette digression sur les noms et les images que l interview e attribue l glise de la paroisse de Notre Dame de l Aide qui en fait se situe l endroit de Boa Hora fait ressortir l aspect non composite et pur de la chapelle du 2 Mai qui porte le nom de la patronne du quartier L glise paroissiale porte ill gitimement le nom du quartier de Ajuda puisque la vraie image celle qui est gard e est celle de Notre Dame de La Bonne Heure C est une accusation d usurpation et d ind finition La chapelle du 2 Mai porte le nom l gitime de Notre Dame de Ajuda puisque qu elle n a que cette seule image Le nom de la chapelle fait que non seulement le 2 Mai est Ajuda sur cela il n y a aucun doute pour l interview e mais aussi qu elle est le lieu o sa l gitimit d habitante du quartier peut trouver une assise L interview e poss de aussi la chapelle qu elle s occupe de pr server contre l agression des jeunes du 2 Mai la chapelle est fort d t
222. la r flexion il faut noter que si dans notre proposition c est l ethnologie qui para t emprunter au journalisme une de ses m thodes de travail la d marche inverse n est pas inexistante 1 L irr ductibilit empirique En s inspirant des ethnologues travaillant dans leur propre soci t c est dire pour nous la n tre et de ces rustres sociologues d outre Atlantique qui ne cessent de tra ner leurs sabots sur de boueux terrains Winkin 1981 104 on peut consid rer avec Olivier Schwartz que la qualit ethnographi que peut s appliquer tout type d enqu te qui repose sur une insertion per sonnelle et de longue dur e du sociologue dans le groupe qu il tudie Schwartz 1993 267 C est bien dans la mise en pr sence de l ethnologue et d un groupe particulier que l on voit l acte fondateur non seulement d une exp rience personnelle de l alt rit sociale et culturelle mais bien de la disci pline elle m me Fabre 1986 5 Manifestement pour l ethnologue l obser vation au c ur et au creux du quotidien ainsi que la rencontre avec les sujets ne sont pas uniquement des moyens mis en place pour collecter et construire des donn es mais plus fondamentalement les l ments centraux d un para digme m thodologique qui seul permet d acc der certains aspects et cer taines dimensions particuli res du social Cette expression a t reprise par des chercheurs e
223. le analyse permet d chapper au th ologisme o la th ologie prend la place de l analyse sociocritique H fte 1990 268 Cela est telle ment habituel que l on se contente le plus souvent dans les glises de faire appel une perception dite proph tique de l injustice sans se donner la peine d analyser les struc tures et les m canismes qui engendrent jour apr s jour les injustices sociales HI Conclusion les acquis principaux de la sociocritique Elliott en rep re plusieurs Elliott 1993 101 107 1 Elle donne r ellement vie la Bible Partant du v cu conflictuel des communaut s de l poque elle pousse l action dans le monde actuel travers lui aussi de ten sions Elle repousse la tentation du doc tisme des premiers si cles de l glise du gnosticisme en g n ral et d un faux spiritualisme 2 Elle claire mieux le r le contestataire du peuple juif et du christianisme primitif 3 Elle d gage de tout nouveaux sc narios de lecture 4 Elle met au jour une s rie de mod les explicatifs profond ment incarn s dans les r alit s de l poque On en trouve une s rie dans l annexe 4 du manuel d Elliott Elliott 1993 124 126 Relevons le pr capitalisme asiatique le patronage le client lisme l antis mitisme primitif le manque de consid ration pour les femmes le colonialisme la sorcellerie etc 148 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective 5
224. le d institutions officielles et officieuses qui s efforcent chacune pour leur part de construire des significations de compromis entre les r seaux et les individus De ce point de vue un proph te gu risseur africain un groupe d architectes travaillant un projet d am nagement ou une quipe m di cale s interrogeant sur la forme de son intervention dans tel milieu constituent des r alit s de m me nature S adapter au changement d chelle ce n est pas cesser de privil gier l observation de petites unit s mais prendre en consid ration les mondes qui les traversent les d bordent et ce faisant ne cessent de les constituer et de les reconstituer M Aug Pour une anthropologie des mondes contemporains Paris Flammarion 1994 p 177 6 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES BRUN J 1961 Les conqu tes de l homme et la s paration ontologique Paris PUF GROSSBERG L C NELSON C TREICHLER P 1992 Cultural Studies London Routledge GUILLE ESCURET G 1999 Need Anthropology Resign Anthropology Today 15 5 October 1999 p 1 HARRIS M 1977 Cows Pigs Wars and Witches the Riddles of Culture Glasgow Fontana JAULINR 1999 Exercices d ethnologie Paris PUF LANTERNARI V 1974 Antropologie e imperialismo Torino Einaudi LATOUCHE S 1989 L occidentalisation du monde Paris La D couverte LATOUR B 1997 Nous n avons ja
225. le de la D centralisation SINGLETON M 1991 Le souci d autrui Entre la charit cannibale et l altruisme anthropophage Cahiers du CIDEP n 10 Academia L Harmattan a Vive la diff rence Cahiers du CIDEP n 16 Academia L Harmattan ZAGRE P 1994 Les politiques conomiques du Burkina Faso Une tradition d ajustement structurel Paris Karthala Recherches sociologiques 2001 1 M J Gaspar de Mascarenhas 127 141 Vie ensemble vie collective l urbain et le sens du quartier par Maria Jos Gaspar de Mascarenhas partir de l observation d un quartier ancien et populaire Lisbonne l A reprend la probl matique du lien entre l espace et la vie sociale en cherchant voir comment se constitue la signification du quartier Elle mobilise des r cits de vie o trajectoires biographiques et trajectoires spatiales combinent des signi fications multiples de l habiter Si les individus se construisent un territoire s ils vivent ensemble ils ne vivent pas pour autant collectivement Est il pertinent d observer sociologiquement un quartier dans la ville d finie depuis Weber et Simmel comme le lieu de l clatement spatial et social Weber 1982 Simmel 1989 Ce quartier se laisse t il appr hender comme une unit de vie et dans ce cas quel niveau De quelle r alit s agit il Ces questions ont servi la fois de pr texte et de contexte en 1992 pour l observation d un quartier ancien e
226. lective dans les ph nom nes tudi s et de cerner les aspects du pass pertinents pour la situation pr sente des individus et des groupes dans la perspective biographique de la trajectoire nous sommes amen e consid rer tout v nement de l histoire sociale collective et individuelle comme autant de facteurs qui dans la mesure o ils ont un impact et mo difient quelque chose de la vie des individus situent les appropriations Nous pouvons aussi envisager que les individus peuvent tre pris dans des d placements de position sociale et inclure cet axe comme un facteur De la m me mani re nous pouvons con sid rer les ant riorit s spatiales des individus les projets r sidentiels intention de changer de quartier ou impossibilit de le faire comme autant de situations et d ex p riences la lumi re desquelles ils interpr tent leur habiter actuel C est dire traiter cet ordre de ph nom nes les trajectoires spatiales comme un l ment des trajectoires de vie Quelques hypoth ses se d gagent de ces probl matisations L h t rog n it d un quartier peut se lire en termes d identit s diff rentes L iden tit qui pourrait advenir de l appartenance un groupe d ge et un groupe profes sionnel ou culturel n aura d importance que si elle aide constituer I individu dans son rapport au quartier 2 Ces diff rentes identit s peuvent tre lues en termes de trajectoires de vi
227. les les traits qui les rapprochent de ceux de Tombouctou Ainsi une anthropologie prospective n aurait elle pas gratter ces couches de peinture qui d guisent le bois r el des vieux meubles La longue histoire des groupes humains des plus simples aux plus compliqu s les a enferm s dans leurs propres discours sur eux m mes et sur les autres leurs inventions leurs manipulations de la r alit autant d accidents qui se substituent finale ment l essentiel Il a toujours t risqu et m me franchement dangereux inutile aussi en g n ral de s en prendre aux r ves des individus comme ceux des collectivit s En un premier temps tout au moins l anthropologue ne peut donc attendre de son public ou m me de ses commanditaires qu une attention polie et plus ou moins distante S il obtient davantage et devient un intervenant cout c est qu il a pris parti et joue le jeu de ses commettants mais non celui d une anthropologie prospective Bien entendu il lui faut bien vivre et surtout peut tre se lib rer de ses propres mirages Que celui qui n a jamais p ch jette la premi re pierre Sans doute convient il plus simplement de ne pas confondre dans l action le niveau des applications de comp tences objectives ventuelles et celui des approches anthropologiques sans trop de schizophr nie Et apr s tout le but n est pas de briser des r ves nos moteurs aussi trompeurs qu indispensables mai
228. les m canismes sociaux permettant ou non l acculturation L espace dans sa mat rialit est un l ment relativement inerte Ainsi se trouvent tablis un type de rapport entre l espace et la vie sociale qui est de l ordre du rapport contenu contenant et une conception du territoire li e la visibilit et la mat rialit Cette conception a t d velopp e par une sociologie de la s gr ga tion des territoires et de la polarisation des villes qui m lange cologie sociale et approche marxiste ainsi que par un courant volontariste traitant la ville comme une forme rues b timents qui doit remplir certaines fonctions circuler travailler se lo ger se divertir Ce dernier courant pr tend ma triser l espace et la vie des individus travers l imagination de formes qui sont l ancrage mat riel des fonctions Parall le ment une conception de l urbanisme qui s assume comme un moyen de corriger le so cial par l interm diaire de l espace renforce cette id e de contenant contenu D s lors la question peut se poser de savoir comment faire coexister d un c t une conception du territoire li e l espace visible et mat riel sur lequel se d roule un cer tain type de vie sociale et d un autre c t les cons quences de l urbanisation les d placements g n ralis s la vie sociale invisible la d localisation qui favorise les indi viduations dans un nouveau contexte social Remy Voy 198
229. les plus faibles le droit moral de recourir la ruse d viter au maximum les affrontements trop discrets et sans malice dans lesquels ils perdraient coup s r il est illusoire de s imaginer qu on pourrait sauvegarder un id al de fair play simple et traditionnel un id al du beau jeu classique dans les cas o les concurrents sont galit de moyens CAILLE A 1994 p 46 6 Loi du silence cf la mafia italienne P J Laurent 103 des conventions les sc nes se composent de groupes qui se r f rent avant tout leurs propres conventions autant de socio logiques parti culi res dont il faut rendre compte Latour 1989 496 Et la coh rence globale du champ se maintient la faveur du no man s land dans lequel s invente une communication trange facilit e par des aiguilleurs les cour tiers situ s entre deux mondes elle s instaure entre les groupes d ac teurs qui interagissent au sein des diff rentes sc nes la faveur de pra tiques rus es entre partenaires in gaux qui n ont pas une vision commune du monde mais des institutions et des intentionnalit s diff rentes faire valoir Cette proposition se diff rencie des analyses de Marilou Mathieu consa cr es un projet de coop ration au d veloppement au Mali Si l auteur met le doigt sur la question de la dualit s mantique lorsqu elle montre que dans le cadre du projet observ les acteurs ne r ussissent pas c
230. lias en la mati re Selon moi crit il cet objectif est commun toutes les sciences faire conna tre aux tres humains quelque chose qu ils ignoraient faire progresser le savoir humain le rendre plus exact ou mieux adapt en termes un peu plus techniques il s agit d tendre l ensemble des symboles humains des domaines non encore tu di s Or l objectif des sciences la d couverte a t fortement obscurci par des discussions formalistes sur la m thode de la recherche scientifique Ce d placement de la discussion de l objectif et de la fonction de la re cherche scientifique la m thode est en termes sociologiques symptoma tique d une lutte de pouvoir Des sp cialistes des sciences de la nature ainsi que des philosophes des sciences convaincus de la primaut des sciences de la nature ont us de leur pouvoir aussi bien intellectuel que social pour per suader les autres que la m thode employ e dans les sciences naturelles en particulier en physique classique est la seule l gitime pour aboutir une d couverte scientifique I faut pr ciser sans quivoque que l on peut fai re avancer la connaissance et r aliser des d couvertes dans le champ de la so ciologie par des m thodes tr s diff rentes de celles que l on utilise dans les sciences de la nature C est la d couverte et non la m thode qui l gitime la recherche comme science Elias 1994 26 27
231. lication des acteurs cela ne devrait pas poser ni cr er en r gle g n rale trop de probl mes m me pas pour les observ s Ensuite ou a passe ou a casse sans qu il n y ait en derni re analyse autre chose en jeu qu un talent cong nital pour l exp rience sym pathique et l expression convaincante Durant une longue carri re et qui touche sa fin j ai eu former des anthropologues tant expatri s qu indig nes et les accompagner de pr s ou de loin lors de leurs cheminements sur des terrains sensiblement les m mes Certains me semblent avoir t ou tre devenus de vrais anthropologues d autres beau coup moins On peut parler de la bosse math matique ou de l intuition m ta physique Pour l anthropologue je me demande si Evans Pritchard n avait pas plus raison qu il ne l imaginait en disant qu il tait un artiste 6 C est dire que si je propose ici une m thode pour l anthropologie prospec tive il ne s agit ni d un chemin infaillible the one and only best Crozier Friedberg 1977 ni de quelque chose de radicalement in dit ou de tr s poin tu Pai tout simplement l impression aujourd hui en fin de parcours de m tre pris dans mon m tier d anthropologue selon trois temps forts D a bord et faisant suite une pr paration plus ou moins cibl e et cons quente un s jour in situ aussi long que les circonstances pouvaient raisonnablement le perm
232. linique m dicale Actuellement les personnes malades ont toutes les peines du monde trouver un m decin qui ait la disponibilit temporelle et la comp tence pour fonctionner comme clinicien au sens o nous l entendons ici Le plus difficile est de trouver un m decin qui puisse dans le cas de pathologies chroniques r cidivantes et atypiques de l ordre de celles qui empoisonnent l existence quotidienne prendre le temps que n cessite l acte intellectuel et responsable de l interpr tation clinique Celle ci comporte une s rie de composantes l coute patiente du r cit du client qui d crit sa repr sentation personnelle la synth se intellectuelle des donn es techniques la construction d une repr sentation savante la prise de conscience du caract re hypoth tique de cet te repr sentation et de la part subjective du clinicien dans la construction de celle ci la traduction de cette repr sentation et sa restitution au client et enfin la construction avec le client d une repr sentation consensuelle r sultant de l articulation entre la repr sentation personnelle et la repr sentation savante Au terme de cette r flexion il faut constater que l attitude prospective dans les pratiques m dicales d serte la clinique pour se concentrer sur les questions de techniques et de gestion L attitude clinique prospective n est pas interrog e dans les textes constitutifs du savoir m dical
233. lit s Paris L Aube LA PRADELLE M DE 2000 La ville des anthropologues in PAQUOT T LUSSAULT M BODY GEN DROT S Dir La ville et l urbain L tat des savoirs Paris La D couverte LELOUP X 1999 La s gr gation r sidentielle Le cas d une commune bruxelloise Paris L Harmattan 2000 Isolement r sidentiel et normativit sociale dans les quartiers urbains Le jeune isol comme figure de la modernit Recherches Sociologiques XXXI 1 pp 135 145 MARTUCELLI D 1999 Sociologies de la modernit L itin raire du XX si cle Paris Gallimard 2001 Dominations ordinaires Explorations de la condition moderne Paris Balland SIMMEL G 1999 Sociologie Etudes sur les formes de la socialisation Paris PUF 1908 TODOROV T 1995 La vie commune Essai d anthropologie g n rale Paris Seuil TOURAINE 1978 La voix et le regard Paris Seuil 1997 Pourrons nous vivre ensemble Egaux et diff rents Paris Fayard WIEVIORKA M 1991 L espace du racisme Paris Seuil 2001 La diff rence Paris Balland Recherches Sociologiques 2001 1 G Der ze 87 100 Un mode de prospection ethnographique le reportage par G rard Der ze S appuyant sur la possibilit et la validit d une connexion historiquement ins crite entre les pratiques journalistiques et anthropologiques l article essaie de montrer la productivit potentielle et la pertinence ethnographique du reportage comme mode d a
234. lles chamanismes ritualismes magico religieux exorcismes phytoth rapies Ces repr sentations et pratiques cliniques sont identifi es par des observations pathographiques pathologiques tudes de cas et par des observations ethnographiques ethnologiques tudes de terrain K De notre point de vue de clinicien l objectif de l anthropologie clinique serait d clairer et d inspirer la pragmatique des repr sentations et des prati ques cliniques L anthropologie aurait fournir aux cliniciens un regard pers pectif sur l ensemble du champ clinique qu ils perdent de vue par leur enga gement dans une position particuli re dans ce champ L anthropologie aurait ainsi rep rer les id ologies qui commandent les attitudes cliniques concr tes dans le champ clinique et plus particuli rement celles relatives la normalit qui entra nent les appr ciations d anormalit de d viance et de pathologie L anthropologie clinique aurait soutenir une r flexion fondamentale sur les bin mes conceptuels ordre d sordre sant maladie et bien mal en probl mati sant les rapports entre les termes Ces bin mes ne constituent pas des qui valents a priori mais leur traitement comme tels entra ne des jugements de valeurs et des id ologies qui orientent les discours et les pratiques cliniques Une interpr tation antagoniste des rapports entre la sant assimil e l ordre et au bien et la maladie assimil e au d
235. lon la terminologie Cette r flexion a d j t abord e pr c demment dans D crire le terrain M diatiques 1999 n 17 pp 49 50 94 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective de Barthes des cr ateurs et non de simples informateurs grace au style m me de leurs textes o ils r ussissent leur insu peut tre transfigurer leur sentiment intime en assertions scientifiques Laburthe Tolra 1998 69 Le travail d analyse des cultures que l anthropologue livre alors ses lecteurs se rait d s lors un texte sur des textes Sans entrer dans les discussions qui portent sur la perspective de Geertz il faut noter que des reproches lui sont parfois faits de trop privil gier les ca pacit s de compr hension naturelles et imm diates de l anthropologue p n trant une culture trang re et d vacuer la vigilance vis vis des processus par lesquels les significations surgissent Op cit 87 Il semble clair que la position de C Geertz est plus proche de l immersion concr te demand e par Malinowski que de l exigence structurale de L vi Strauss En effet pour lui l anthropologie est un travail de plein air et l anthropologue doit aban donner sa confortable position dans une chaise longue sur la v randa d une mission d un poste gouvernemental ou du bungalow d un planteur Dans l interview de C Geertz publi e dans Sciences Humaines Journet 1999
236. ltiplier les exemples et dans la majo rit des cas retrouver une situation similaire Dupuis 1997 Comprendre la culture am rindienne contemporaine son identit c est imp rativement faire le d tour par l histoire Dans cette optique on comprend mieux pour quoi au d but de la d cennie pass e Georges Sioui innu ou monta gnas selon qu on adopte le point de vue am rindien ou celui de l occi dental allait plaider Pour une autohistoire am rindienne Sioui 1991 L enjeu est gigantesque et bien videmment il est autant scientifique que politique L histoire ici est une histoire situ e une histoire dont le r dacteur s affiche m me involontairement comme acteur des d bats actuels voire comme t moin appel la barre dans les proc s Beaulieu 2000 Dupuis 1997 Cette histoire autochtone pose ainsi question maints gards probl mes d anachronisme car on y projette les interrogations du pr sent probl mes d ethnocentrisme aussi par la tendance nier ou diminuer l existence de l autre qu il soit blanc ou am rindien selon le camp auquel on appartient probl mes d ambiguit enfin li e aux abus de la m moire L histoire de vient alors la pi ce ma tresse d un jeu de don et de contre don fauss Elle est l outil qui cr e une dette symbolique des colonisateurs l gard des 3 Au sens de M de Certeau c est dire son contexte personnel et son milieu sociocu
237. lturel le lieu de puis lequel on s exprime qui nous forge partiellement et nous pr c de en nous attribuant un r le dans la relation aux autres Ici il s agit clairement d une prise de position dans le d bat ethnohistorique sur cette question voir ce propos SERVAIS O 2000 5 Nom que cette population se donne elle m me et qui signifie litt ralement les Hommes v ritables 6 Nom donn par les premiers explorateurs fran ais ces am rindiens de la rive gauche du Bas St Laurent 44 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective autochtones pour une faute commise dans le pass et ce faisant permet a ces derniers de revendiquer des droits dans le pr sent Plus grande a t lV offense plus grands seront les droits r clam s Trudel 2000 2 aux m tissages disciplinaires L histoire des populations am rindiennes du Canada est donc pre mi re vue de facto l expression d un positionnement dans le d bat politi que Mais elle est aussi et peut tre avant tout un discours sur l identit d un peuple Dans cette perspective faire de l histoire c est tre anthropo logue au sens de produire un discours sur une identit culturelle particuli re c est faire uvre d interpr te du pr sent laune du pass dire et in terpr ter une sp cificit travers le prisme de ses transformations Car pen ser le pr sent ne peut se faire ne f t ce que logiquement san
238. lustration de la position de Simmel pour qui la fronti re n est pas un fait spatial avec des cons quences sociologiques mais un fait sociologique qui prend une forme spatiale Simmel Op cit 607 Il reste que la ville si elle est tra vers e par des tensions entre g n rations l est aussi par un mouvement r v lateur de la construction du sujet moderne pris entre la poursuite d une alt rit et des mouvements de mise distance ambivalents C est ce que X Leloup a cherch appr hender travers la figure du jeune isol Leloup 2000 gt Pour un expos des principes de la m thode voir TOURAINE A 1978 et DUBET F 1994 en par ticulier le chapitre 6 Entre les sociologues et les acteurs pp 223 252 80 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective Pour synth tiser l apport de ces travaux nous avons d velopp un ensemble de propositions partir d une id e centrale la ville peut tre consid r e comme un lieu de composition elle est travers e par des cons tructions et des tensions entre groupes d ges entre g n rations entre isolement social et rapport l alt rit entre temporalit s diff rentes qui sont mettre en perspective avec les transformations du rapport au travail mais aussi avec la cr ation culturelle Les notions de g n ration de sujet personnel de temporalit sont autant d entr es pour saisir les enjeux que recou
239. mais t modernes Essai d une anthropologie sym trique Paris La D couverte 1991 LE PICHON A 1991 Le regard in gal Paris J C Latt s MERCIER P 1966 Histoire de l Anthropologie Paris PUF MURDOCH P 1980 Theories of Iliness A World Survey Pittsburgh Pittsburgh Univ Press OKELEY J CALLAWAY H 1992 Anthropology and Autobiography London Routledge PALSSON G RABINOW P 1999 Iceland the Case of a National Human Genome Project Anthropology Today 15 5 October SAD E 1978 Orientalism New York Pantheon SINGLETON M 1984 Ethnologie et Eco d veloppement Environnement Africain V pp 129 150 A par Expansionnisme eccl siastique et expertise ethnologique le Cardinal Lavig rie et les P res Blancs en Tanzanie Neu Zeitschrift fiir Missionswissenschaf a par 2001 1 TESTARD A 1986 L Objet de l anthropologie sociale L Homme n 97 98 pp 139 142 paru aussi in Anthropologie tat des Lieux Paris Hachette Livre de Poche n 4046 pp 147 150 WORSLEY P 1966 The End of Anthropology Paper given at the 6 World Congress of Sociology May Recherches Sociologiques 2001 1 A Doutreloux 7 14 Anthropologies sans fronti res par Albert Doutreloux Fondateur du Laboratoire d Anthropologie sociale et culturelle l UCL dont le La boratoire d Anthropologie Prospective prend la rel ve l auteur r fl chit sur ce qu a t et pourrait
240. mais aussi le plus contest est T Nathan Les interro gations que soul ve sa pratique int ressent au premier abord les praticiens d une clinique transculturelle des populations immigr es en soci t s euro p ennes Ces recherches cliniques alimentent les r flexions anthropologiques autour des th mes de l identit ethnique de la population immigr e dans son rapport la normalit culturelle de la soci t d accueil Il existe une anthropologie philosophique centr e sur les rapports entre le corps et les fonctions qui l humanisent d sign es par les termes de l me la psyche Vesprit le langage On pourrait ici faire tat de toute la philosophie qui se pose la question de ce qu est l homme partir de l exp rience des ra tages de l humain dans la folie la d raison et l inhumain Pour ne citer que les r flexions majeures en la mati re qui inspirent les sciences cliniques rete nons les travaux sur la psychopathologie de K Jaspers les recherches de J P Sartre sur l imaginaire et sa proposition d une analyse existentielle dis tincte de celle de L Binswanger appliqu e l analyse bio graphique et enfin la ph nom nologie clinique de M Merleau Ponty de H Maldiney et de P Ric ur Dans l optique d une anthropologie pluridisciplinaire les travaux du Centre international d tudes bio anthropologiques et d anthropologie fondamentale plus pr cis ment l occasion du Colloq
241. mariage virilocal forte connotation patriarcale En aucune mani re ce modeste triangle ne doit tre rapport un arch type absolu une substance sous jacente aussi essentiellement solide que naturellement significative un principe primor dial une cause constante Car les effets pervers de ce pi ge onto pist mo logique qui serait repr senter par un triangle sous jacent totalement noir ci sont pratiquement aussi insupportables que non plausibles Les maria ges de Jean et de Jeanne de Paul et de Paule etc ne sont ils que des avatars accidentels des effets piph nom naux Le mariage de Jean et de Jeanne le premier triangle l encontre de celui de Pierre et de Pierrette le troisi me doit il tre d cr t plus authentiquement Konongo puisque plus conforme au mod le primordial 2 Entre les p les d un triangle vanescent et celui d un triangle essentialiste il y aurait lieu d am nager dans un texte plus cons quent que celui ci un vaste entre deux fait de triangles plus ou moins gris s repr sentant par exemple la norme accept e voire l id al souhait le syst me global ou la simple fr quence moyenne La pratique sociale n est pas toujours en mesure d int grer dans ses normes l paisseur des sin gularit s et leurs volutions en cours Dans la plupart de nos soci t s occidentales modernes par exemple la parent normale se conjugue non seulement deux mais de mani re bise
242. ment dans la plupart des grandes villes africaines voire ce que survivre dans un monde en crise peut bien repr senter Je ne peux que trop recommander Vivre Douala aux professionnels de l urbani sation qui affecte aussi bien le Nord que le Sud Mais c est aussi le genre d ouvrage qui pourrait bien servir aux amateurs de Afrique qu ils comptent y re partir ou pas o qu ils en reviennent et veuillent voir plus clair dans ce qu ils ont vu et v cu C est surtout le type m me de l tude de cas urbain sans lequel puisque l humanit risque de se retrouver d ici peu majoritairement en ville il ne peut pas y avoir d An thropologie Prospective Mike Singleton UCL Laboratoire d anthropologie prospective Th ses de doctorat en sociologie et anthropologie des universit s de Bruxelles Li ge et Louvain Ann e 1999 2000 UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES Greindl Delphine Vivres en ville du jardin au March sur l archipel du Vanuatu M lan sie Michaux Jacqueline Sant de la femme et interculturalit Rea Andrea Immigration tat et citoyennet La formation de la politique d int gra tion des immigr s de la Belgique Bibl des Sciences humaines de l U L B avenue F Roosevelt 50 1050 Bruxelles UNIVERSITE DE LIEGE N ant UNIVERSITE CATHOLIQUE DE LOUVAIN Delchambre Jean Pierre Jeu libre et jeu emp ch lib ralisation et nouvelles for mes de domination Fusulier Bernard Morphologie
243. mes de pa rent en pleine mutation sociale Sur un autre plan la question du m tissage ou de la cr olisation dans les pratiques de parent aurait pu tre galement abord e Il en va de m me de la parent symbolique ou des relations de parent avec le monde animal ou v g tal ou encore de l anthropologie psychologique et de la question de l impact des relations de parent sur les comportements sociaux notamment Hallowell et dans le m me ordre d id e de certaines questions connexes comme celle de la structure binaire de l organisation sociale des Winnebago en lien imm diat avec les questions de parent A propos de livres 159 De telles questions auraient peut tre permis d accentuer encore le statut incontour nable de ce champ de l anthropologie et montr son perp tuel renouvellement Mais ces limites sont sans doute inh rentes au genre litt raire qu est le manuel et constituent certainement une des conditions de la qualit p dagogique de cet ouvrage marqu no tamment par la clart qu il jette sur un d bat touffu et souvent abusivement technique Elles en appellent simplement un second ouvrage approfondi sur la parent et la pa rent complexe tentant d articuler les questions classiques avec les nouvelles appro ches contemporaines En bref un manuel de qualit dont on ne peut que recommander la lecture et dont le moindre m rite n est pas de susciter le d sir d aller plus loin Olivie
244. munication Ph nom nologie des probl mes sociaux L actualit de Durkheim Sociologie de la litt rature Louis Dumont R gles groupes et individus en soci t Philosophie sociologie droit Stratifications et mobilit s sociales Face Etat Mode mineur de la r alit et discours sociologiques Structures et pratiques de l conomie informelle en Europe Cha nes de t l vision et usagers familiaux L enseignement technique et professionnel L conomique devant la sociologie Coh sion sociale ou clatement Niklas Luhmann en perspective Jeunes sociologues O va la Belgique Int gration et citoyennet La transmission en religion Le corps Entre motion et rationalit Religion et sant Comparatisme et sciences humaines Ecole et socialisation Sociologie de la ville Souffrance sociale et attentes de reconnaissance Rapports sociaux de sexe Belgique 2000 entre r gulations globales et exigence r flexive Les nouvelles politiques sociales Le bouddhisme en Occident Approches anthropologique et sociologique Editeur Recherches Sociologiques Place Montesquieu 1 10 B 1348 Louvain la Neuve
245. n Le lecteur se reportera au num ro 1 1999 de la revue Recherches Sociologiques consacr la sociologie de la ville qui atteste des travaux d j r alis s B Francq X Leloup 79 tervention sociologique Francq 2001 a permis de percevoir ce va et vient instable mais continu entre la plus grande compr hension et la mise distance imm diate qui confine l intol rance ou plus encore la n gation de l existence de l autre dans son monde Comme un jeu de miroirs d formants Ainsi au niveau g n rationnel une premi re image du changement oppose les cat gories de distance de m connaissance et de s paration et permet de saisir la nature transitoire qui r git les relations entre g n rations il y a ceux qui sont partis ceux qui sont oblig s de res ter ceux qui sont de passage Ces trois modes fa onnent fortement les con duites des acteurs sociaux et la mani re dont ils individualisent l espace Les personnes g es d veloppent une forte nostalgie de l homog n it et les autres sont per us de trois mani res la distance avec ceux qui sont de passage la pr sence pesante des trangers le rejet Les jeunes adultes tudiants jeunes m nages artistes exaltent l h t rog n it travers un rapport au temps fait de hasard mitig de l g ret de rencontres vir tuelles et r elles sous le signe du m lange o les autres sont vus de trois mani r
246. n nous qui r si dons comme groupe d appartenance mais un nous qui sommes n s et avons v cu ici filles et fils de nos anc tres qui sont n s et ont v cu ici Et depuis ce temps l on ne fait que r p ter les m mes gestes la m me occupation et les maisons sont les m mes Tout ce qui change appartient au cycle de vie des gens Sinon il ne se passe rien C est un type d appropriation qui articule une vision du monde le temps immobile une position face au changement l abandon on n a jamais rien fait pour nous et une trajectoire plate en m me temps qu une actualit biographique ces g n rations ne sont que la reproduction des g n rations ant rieures a a toujours t comme a ou d j ma grand m re racontait C Le quartier refuge et rempart Pour ce groupe le quartier permet d tre l abri de la ville caract ris e par la densification et le m lange ou par la mobilit Nous voulons ici parler d habitants qui bien que ne fr quentant que peu le quartier l une pouvant dire qu elle est plut t du genre maison travail et l autre qu il va partout le consid rent comme un rempart contre la ville Ana par exemple veut que le quartier reste r sidentiel avec nos m decins casaniers bien qu elle ne les fr quente pas avec tout port e de la main pour les r sidents qu elle ne fr quente d ailleurs pas non plus Le quartier doit voluer bien qu il ai
247. nante distinction entre l extase visionnaire et la transe de possession L analyse d une s rie d oppositions conduit la distinction de la vision et de la pos session comme deux voies diff renci es de la communication avec les esprits L au teur montre que globalement la tradition bwitiste dominante masculine a privil gi la vision l exclusion de la possession tandis de la tradition ombwiriste dominante f minine a choisi le compromis Dans une analyse tr s int ressante du principe de mi xit adopt par le bwiti fang on aurait pu s attendre ce que l influence des femmes favorise les cultes de possession L auteur montre que ce serait oublier que la prise du pouvoir religieux passe souvent par l appropriation des symboles dominants En r sum un livre passionnant qui allie la qualit empirique et des d ve loppements th oriques pr cis et originaux Le bwiti des Fang pr sent par Andr Mary d passe de loin l attrait pour une aire g ographique particuli re il donne penser la logique humaine L auteur travers ses analyses stimulantes revisite en profondeur la vision que proposent aujourd hui la sociologie et l anthropologie des transformations rapides que connaissent les soci t s africaines aux prises avec des mouvements de globalisation Pierre Jo Laurent UCL Laboratoire d anthropologie prospective 164 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective SERAPHIN
248. nc tres d sirant le secret de l eboga en viennent demander un sacrifice et exiger celui de la femme de l un d entre eux et de celle du Christ montrant la distance qui s pare la logique de la dette et celle du rachat des p ch s La figure de Benzoghe n est ni une victime expiatrice ni une vic time r demptrice En revanche la figure biblique de la mal diction des Noirs est mani feste chez les bwitistes Dans ce sens l id e m me de p ch originel propos e par les missionnaires subit dans la mythologie du bwiti une mutation radicale La trans gression de la loi divine n a pas seulement pour cons quence une souillure dont on pourrait se purifier elle plonge l humanit dans un tat d ali nation apparemment irr versible par rapport au principe unique du mal la sorcellerie Autrement dit le sacri fice de Benzoghe renvoie la contrepartie d un don divin il permet de s approprier des biens de salut l eboga etc qui sont au fondement de la communication avec les esprits saints le sacrifice reste toutefois tranger la lev e de la mal diction et la g n rosit du pardon Ceci implique que d sormais c est l humanit noire tout enti re qui est con ue comme pervertie dans son essence La troisi me partie porte sur la conversion initiatique Elle traite d abord de la m taphore de l inversion pour aborder ensuite travers une approche par traits succes sifs une passion
249. ndants Il est pr sent possible d tablir une synth se des rapports entre parent et politique Ces rapports conduisent l laboration d un ordre hi rarchi que qui traverse la soci t locale soit ici la ville de BK On conviendra qu il serait difficilement soutenable d opposer une stratification sociale qui ca ract riserait des groupes d individus en fonction de crit res de revenus de prestige et de pouvoir capables d tablir des solidarit s horizontales solides une analyse en termes n o patrimonialistes qui insisterait sur l absence de s paration claire entre les sph res publique priv e et collective coutumi re en mesure d articuler des r seaux de solidarit verticale Mon but consiste rendre compte d un complexe o se tissent des rapports hi rarchiques en mesure de combiner des relations de d pendance manipul es par celui qui est en mesure de faire peur et d obligation le big 32 Diable du grec diabolos ce qui d sunit renvoie en vieux fran ais aux termes d ennemi d adver saire P J Laurent 115 man dispose d un acc s privil gi 4 la rente principalement issues d une transformation des principes lignagers dans une soci t dont le mode de fonctionnement produit aujourd hui l anti paysan Le clivage est non n gligeable mais temp r entre le mode de vie populaire paysan et celui occidentalis d une lite globalement ident
250. nologue est peut tre plus m me de les enten dre et de les comprendre partir du moment o il prend conscience des siens Car ce qui le rapproche alors de ses interlocuteurs c est pr cis ment ce qu il partage avec eux mais qui dans le m me temps l en distingue la paro le la capacit narrative l imagination et le souvenir Aug 1999 19 MALINOWSKI B Trois essais sur le don Lausanne Payot 1968 cit dans Anthropologie Nouveaux terrains Nouveaux objets Hors s rie n 23 1998 p 15 G Der ze 95 En adoptant ce point de vue on renforce d une certaine mani re et par une voie d tourn e l id e que la culture est un texte r cit qui prend une existence sociale et qui s actualise dans les r cits ordinaires et partag s qui disent organisent et balisent les vies concr tes et collectives de tout un cha cun Pour l ethnologue comme pour le reporter ces r cits ordinaires consti tuent le lot voire l objet professionnel quotidien m me si leurs finalit s leurs m thodes leurs proc dures et leurs modes de restitution se distinguent et renvoient des paradigmes diff rents Les textes propos s par les jour nalistes et les ethnologues sont peut tre pour une bonne part le r cit des r cits que construisent les gens des faits et des v nements Ethnologues et journalistes Bien s r cela am ne une question essentielle en quoi l ethnologie est elle une scien
251. nsembles de convictions philoso phiques d all geances religieuses et confessionnelles de traditions et de pass s his toriques il en est de m me dans les sciences sociales Chaque orientation socio logique fonctionnalisme structurel th orie conflictuelle interaction symbolique eth nom thodologie etc poss de son histoire et ses fa ons de faire sp cifiques ses forces et ses limites En cons quence l approche critique sociale scientifique requiert plus qu une connaissance superficielle de ce que repr sente la recherche sociale scientifi que Elliott 1993 42 48 D Un exemple positif Premi re p tre de saint Pierre 1 P Elliott 1990 avait retenu avant d crire son ouvrage th orique 1 P comme terrain d tude Il y avait cela trois raisons Cette lettre contient plus d informations relati ves la situation que les vangiles o il faut le plus souvent partir de d tails implici tes Deuxi mement 1 P pr sente un tat des lieux relatif aux relations de la commu naut des croyants avec leur environnement social des plus explicites dans le Nouveau Testament Enfin un motif final se trouve dans la volont de familiariser les lecteurs avec les ressources contenues dans ce document le plus souvent n glig Elliott pr sume que les op rations ex g tiques habituelles ont t r alis es savoir critique du texte critique litt raire critique historique critique des sources de la forme d
252. nt de mani re r currente alors m me que la n cessit de cr ation d un bin me interpr tatif associant travail so ciologique et investigation ethno anthropologique qualifie une posture intel lectuelle qui cherche se d gager d une approche de la ville encore et tou jours per ue comme totalit C est en quelques pages ce que nous vou drions attester travers un ensemble de recherches 1 De l Autre ville la ville de l Autre En 1996 un nouveau programme de recherche intitul L autre ville les transformations du lien social urbain a t mis en place partir de la probl matique de la dynamique des espaces urbains Le projet consistait Universit catholique de Louvain Unit d anthropologie et de sociologie 1 1 Place Montesquieu B 1348 Louvain la Neuve et CADIS cole des Hautes tudes en Sciences Sociales Paris Universit catholique de Louvain Institut des sciences du travail 1 Place des Doyens B 1348 Louvain la Neuve Chercheurs membres du Laboratoire de Recherches sociologiques Universit catholique de Louvain Unit d anthropologie et de sociologie 1 1 Place Montesquieu B 1348 Louvain la Neuve Ce programme a t financ par le FNRS FRFC 78 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective prendre en compte la convergence de ph nom nes multiples qui modi fiaient tant la morphologie sociospatiale que les modes de vie et les types de liens socia
253. nt donc tenus de faire parvenir un texte d finitif N B Nous demandons aux auteurs lorsque leur texte est accept de nous envoyer la disquette sur laquelle il est enregistr Macintosh ou PC logiciel word Le non respect de ces r gles entra ne le refus de l article Les articles doivent tre in dits Ils ne peuvent tre soumis une autre revue en m me temps qu la n tre Les manuscrits non ins r s ne sont pas renvoy s leurs auteurs Recherches sociologiques Num ros disponibles 1982 3 1984 1 1984 2 3 1985 2 1985 3 1986 1 1986 3 1987 1 1987 2 1987 3 1988 1 1988 2 3 1989 2 1989 3 1990 1 1990 2 1990 3 1991 1 2 1991 3 1992 1 1992 2 1992 3 1993 1 2 1993 3 1994 1 1994 2 1994 3 1995 1 1995 2 1995 3 1996 1 1996 2 1996 3 1997 1 1997 2 1997 3 1998 1 1998 2 1998 3 1999 1 1999 2 1999 3 2000 1 2000 2 2000 3 Vers une nouvelle d finition du travail social Sociologie de l ducation Identit ethnique et culturelle Les m thodes en sociologie La Belgique et ses dieux Sociologie de la vie quotidienne Les formes de la socialisation scolaire De la recherche locale la d cision politique Les religions populaires La m thodologie en sociologie Sociologie politique des pouvoirs au pouvoir Sociologie de l art Sociologie de l exp rience esth tique Sociologie rurale sociologie du rural De l utopie Acteurs et strat gies dans le champ de la formation Vers un nouveau mod le de com
254. nt en rapport d autres d terminer si ce rapport est efficient final etc rel ve de l ordre des causes sp cifiques 18 NEEDHAM R 1977 affirme plusieurs reprises que le mariage et m me la parent a n existe pas M Singleton 25 notre entendement nous oblige 4 comprendre le particulier en ayant recours a du globalisable 4 des traits que nous estimons communs Il est possible de camper cet enjeu onto pist mologique par un sch ma simpliste si les r alit s que je saisis successivement taient absolument parti culi res alors la seule repr sentation qui conviendrait 4 ma compr hension de cette s rie de choses irr ductiblement singuli res serait ce que montre notre sch ma 1 le triangle campe un premier v nement que je pourrais ventuel lement appeler mariage mais en prenant ce terme comme un hapax au m me titre qu un nom propre unique un second v nement le carr tout aussi particulier devant s appeler par un autre mot radicalement distinct du premier et ainsi de suite ADO Mais tout en maintenant son niveau primordial l incompressible singula rit de ma premi re exp rience le mariage de Jean et de Jeanne l irr ductible particularit du mariage de Paul et de Paule le carr ainsi que le caract re compl tement concret du mariage de Pierre et de Pierrette le cercle et ainsi de suite je puis les voir comme regroup s en autant de triangles
255. nt il venait peine de s extraire Pour des raisons dont la relation d passe le ca dre de ce travail le type d organisation qu il entendait mettre sur pied pour le mariage fut d savou la fois par son clan et la famille de la fianc e Ne supportant ni la contradiction ni la contestation il refuse alors de par ticiper au mariage Bien qu il ait consacr des sommes importantes aux noces d un orphelin qu il avait recueilli son clan va lui reprocher son in diff rence vis vis de sa famille Le futur mari entreprend une longue s rie de consultations secr tes et nocturnes afin d tablir un rapport de force contre le big man Ce qu il va finalement parvenir faire compte tenu que le refus du koe moonego kiuni de financer le mariage est per u comme une atteinte personnelle contre chaque membre des r seaux Il s estime in justement l ch par le big man qui finalement semble oublier qu il ne peut 120 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective pas esp rer se maintenir seul cette fonction travers la construction de nouvelles alliances nombreux sont ceux qui se cotisent afin de prouver leur capacit organiser un mariage fastueux sans le recours au big man La cagnotte sera renforc e par l utilisation de ressources du p le d accu mulation normalement maitris es par le big man mais d tourn es son in su par ses adversaires La c r monie se d roule sans sa participati
256. nt l exp rience personnelle et l paisseur v nementielle que pour l essentiel le mariage chez les Wako nongo tait mon poque virilocal et patriarcal 5 De nouveau il s agit de L ABC de l pist mologie p renne rien en t te qui ne soit pas pass par le Corps ni in intellectu quod non prius fuit in sensibus et rien de re u si ce n est en fonction de sa propre pr programmation r ceptive quidquid recipitur ad modum recipientis recipitur 18 La mati re tant d finie comme de l tendue particulaire une particule concr te ne peut pas tre abso lument identique une autre ne serait ce que d un point de vue num rique ou spatio temporel Ce qui fait qu en l absence de mati re une chose est bien oblig e d incamer elle seule une esp ce part enti re et donc de constituer une singularit litt ralement sui generis intrins quement non identifiable une autre Comme cas limite cette conception scolastique de l esprit pur claire aussi l enjeu identitaire au c ur de notre ampliation analogique un enjeu que nous ne pouvons qu effleurer superficiellement ici Qui voudrait l approfondir devrait commencer par la sixi me tude Le travail de la ressemblance de La m taphore vive de P Ric ur RIC UR P 1975 Pour le comparatisme classique cf JUCQUOIS G 1998 24 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective Fort de ce genre de g n ralisation en grande
257. nt les faire chapper Gottwald 1987 608 R F RENCES BIBLIOGRAPHIQUES BARBOUR J 1976 Myths Models and Paradigms New York Harper and Row CARNEY T 1975 The Shape of the Past Models and Antiquity Lawrence Kans Coronado Press COMMISSION BIBLIQUE PONTIFICALE 1994 L interpr tation de la Bible dans l glise Paris ditions du Cerf CROSSAN J D 1973 In Parables The Challenge of the Historical Jesus New York Harper and Row 1991 The Historical Jesus The Life of a Mediterranean Jewish Peasant San Francisco Harper San Francisco DUHAIME J 1992 Early Christianity and the Social Sciences a Bibliography Social Com pass 39 pp 275 290 ELLIOT J H 1990 A Home for the Homeless A Social Scientific Criticism of 1 Peter Its Situa tion and Strategy Minneapolis Fortress Press 1993 What is Social Scientific Criticism Minneapolis Fortress Press FREYNE S 1995 Herodian Economics in Galilee in ESLER P Ed Modelling Early Chris tianity London New York Routledge GOTTWALD N K 1987 The Hebrew Bible A Socio Literary Introduction Philadelphia Fortress Press A Verdoodt 149 HOFTE B 1990 Bekering en bevrijding De betekenis van de Latijns amerikaanse theologie van de bevrijding voor een praktisch theologische basistheorie Conversion et lib ration Que signifie la th ologie latino am ricaine de la lib ration pour une th ologie pratique de base Hilversum Gooi en Stic
258. ntale explorent les variations culturelles des approches cognitives et motionnelles de la r alit Ces auteurs proposent une anthropologie com parative sur base de recherches susceptibles d clairer la clinique sur les mo difications de la perception de la r alit sous l influence des messages cul turels Dans une autre direction les textes pionniers de l anthropologie psycha nalytique sont les classiques crits m tapsychologiques de S Freud qui font le lien entre les th mes rencontr s dans la clinique et leurs correspondances dans le social J Lacan a propos une relecture de Freud on trouve dans les crits et dans les S minaires les tapes de la construction d un mod le de r alit de sujet et de l inconscient ouverture anthropologique Le concept d anthropologie psychanalytique a t introduit par des chercheurs travaillant 1 ALLPORT G FEIFEL H MASLOW A MAY R ROGERS C Existential Psychology New York Random House 1965 tr fr Psychologie existentielle Paris pi 1971 MAY R Existential Psychothe rapy New York CBC Publ 1967 tr fr Le d sir d tre psychoth rapie existentielle Paris Epi 1972 BATESON G Steps to an Ecology of Mind 1972 tr fr Vers une cologie de l esprit Seuil Paris Vol 1 1977 Vol 2 1980 OATLEY K JENKINS M Cultural Understandings of Emotions in Understanding Emotions Cam bridge USA Blackwell Publ 1996 pp 37 60
259. nts sont bien ins parables de l organisation de la rente par le big man de sorte 38 J ai pu montrer dans d autres circonstances que la ruse la trahison ne sont pas incompatibles avec une certaine dignit Cf LAURENT P J 1998 pp 179 202 Cf LATOUR B 1989 CAILLE A 1994 DOUGLAS M 1999 Voir aussi SINGLETON M 1991 P J Laurent 119 qu ils ne constituent pas seulement le faire valoir du leader mais repr sen tent une partie n cessaire d un tout Le big man n est donc que l aiguilleur de la rente sujet et otage de celle ci il ne serait rien sans les r seaux et vi ce versa L appauvrissement conclut g n ralement cette logique lorsque les sour ces de la rente tarissent ce moment la trahison des entourages qui vivaient dans l illusion de la bonne entente avec le big man sont fr quentes les solidarit s se d litent en m me temps que les ranc urs la peur et la violence sont exacerb es le big man personnage puissant mais sans autorit vraiment l gitime d couvre sa solitude et la v rit de la sen tence populaire qui affirme que l argent ne fait pas le bonheur Dans la me sure o quiconque n est pas avec lui est contre lui cette situation conduit l id e de la gestion coup d Etat Un big man ne peut entrevoir d issue positive s il en vient quitter ses fonctions que ce soit la suite du renouvellement d un conseil d adminis tration dans une
260. nvoie constitue une donn e importante de la soci t burkinab il se trouve la base d une hi rarchie qui situe plut t l illettr en marge du champ de la coop ration et donc de l acc s des ressources dans un paysage institutionnel o l aide ext rieure assure en 19977 88 des financements contre 86 en 1986 Au Burkina Faso 86 de la population en 1996 90 en 1975 tirent leurs ressources d une activit paysanne et r sident en milieu rural alors que 14 habitent en zone urbaine L urbanisation reste un ph no m ne tr s r cent qui s enclenche v ritablement durant la d cennie quatre vingt pour conna tre aujourd hui un taux lev estim 17 2 contre 6 4 en 1975 La combinaison des variables tend montrer qu une mino rit de la population plut t lettr e et urbaine acc de plus ais ment aux res sources de la coop ration gr ce des emplois qui lui sont directement et indirectement li s L opposition lettr paysan exacerb e aujourd hui par un contexte de tensions politiques et de crise conomique provient de l acc s diff rentiel des biens de consommation qui d pend pour partie de la po sition des acteurs dans le champ de la coop ration Une singularit de ce pays reste donc pour quelque temps encore le poids de sa composante paysanne et rurale et plus largement des modes d organisation et de pen s e qui lui sont associ s coupl s l import
261. occupations 4 Class status 5 Organization 6 Rules institutions B Politic factors 1 Position and role in Roman and Jewish government 2 Basis and exercise of power authority 3 Domestic relations 4 Foreign relations C Culture belief system 1 Pivotal values 2 Accentuated beliefs their symbolization 3 Norms and sanctions 4 Socialization and personality structure D Strategy and ideology 1 Group interests goals 2 Tactics and foci of attention 3 Oppositions 4 Alliances affinities 5 Ideology REBEL QUMRAN ae GROUPS ESSENES John B HERODIAN ROMAN PHARISEES SADDUCEES RULE aanoodsolg alSojodomquy 1 1007 sanbisojo1z0g S249424924 OST Recherches sociologiques 2001 1 A propos de livres 153 165 A propos de livres Ballmer Cao Thanh Huyen Mottier V ronique Sgier L a Dir Genre et politique D bats et perspectives ss 154 Bierschenk Thomas Chauveau Jean Pierre Olivier de Sardan Jean Pierre Dir Courtiers en d veloppement Les villages africains en qu te de projets 155 Chiffelle Fr d ric L arc jurassien romand la fronti re des langues c seccsssccsesrereccereceserens 157 Deli ge Robert Anthropologie de la parent sr 158 Ferr ol Gilles Noreck Jean Pierre Introduction la sociologie rss 159 Latouche Serge Nohra Foued Zaoual Hassan Critique de la raison conomique nr 160 Mary Andr Le D fi du SVACTOU SINE sc rennes Naere este 161 S raphin Gilles
262. oche morphologique a servi de cadre une interrogation pr cise sur la s gr gation r sidentielle et son vo lution historique elle a permis de mener bien une premi re analyse de la ville en tant que ph nom ne de composition En m me temps l analyse des rapports entre temporalit s et action urbaine dans un quartier ayant connu depuis une d cennie d importants bouleversements tant architectu raux que sociaux a permis de d gager les diff renciations sociales l u vre et les enjeux collectifs li s au red ploiement du sens de la ville En r pertoriant les usages d une rue la recherche a en troisi me lieu port sur la mani re dont les habitants anciens et nouveaux tissent ou non des rapports sociaux travers l usage priv et public qu ils font de la rue partir d une intervention sociologique men e avec un groupe de personnes g es et un groupe de jeunes adultes nous avons envisag les rapports interg n rationnels comme autant d images invers es des rapports proximit distance Ce que ces recherches mettaient au jour au del de l intention initiale d inventorier des usages de la ville qui ne se limitent pas la simple con sommation d espaces c est que le rapport l autre est constamment tra vers par des formes d ambivalence o alternent reconnaissance positive et production de la n gativit d un groupe vis vis de l autre Le travail d i
263. ociale de ce fait les v nements qui n appartiennent pas au champ du travail seraient exclus Ensuite en consid rant que si la ville moderne accro t les possibilit s de mobilit il faut inclure cette dimension dans les trajectoires Il ne s agit pas seulement ici de car ri res r sidentielles Chamboredon Lemaire 1970 mais de la mobilit en tant que syst me d interd pendance entre les diff rents types de mobilit spatiale quotidien 2 Nous reprenons ici l lucidation du concept d appropriation de Sansot lt is usual to relate it to all kinds of practices through which something or someone bears my mark and become mine We propose to show that appropriation is achieved through various processes of identification which may or may not be linked to a practice Et plus loin the object that was foreign to me becames a element of my own sphere Sansot 1976 p 70 130 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective nes r sidentielles et migrations et la mobilit sociale et professionnelle Bassand Brulhart 1980 de l interd pendance entre mobilit territorialit et identit Tarius 1989 et de la dimension de repr sentation de la mobilit et non seulement des prati ques Remy Voy 1981 On ne peut consid rer que la mobilit est l une des dimen sions par lesquelles les soci t s contemporaines changent et fonctionnent et en m me temps liminer cette m me mobilit de l
264. offrent aux fid les un cadre normatif alternatif face l arbitraire et l apparition de nouvelles formes de violence Ainsi travers un regard port sur le champ de la coop ration ce tra vail insiste plus particuli rement sur les pratiques de la sc ne locale et laisse volontairement en suspens la sc ne des offreurs d aide qui bien entendu m riterait si nous en avions la place un traitement similaire Il fut question de deux aspects premi rement la mise en vidence des pratiques li es aux groupes impliqu s dans l mergence d une ville moyenne BK la sc ne lo cale en relation avec le champ de la coop ration au d veloppement lequel assure dans cette r gion plus de quatre vingts pour cent des finance ments deuxi mement les rapports entre la sc ne locale et celle des of freurs d aide au sein du champ de la coop ration La distinction de deux sc nes majeures inh rentes au champ de la coop ration nous a conduit la reconnaissance d une fronti re des conventions Elle instaure entre les parties prenantes une communication trange in gale certains sont dona teurs et d autres b n ficiaires rus e parfois qui n implique pas la recon naissance de conventions mutuellement partag es mais la coexistence de projets diff rents faire valoir La mise en vidence d une dualit de sens non isomorphe comme une des caract ristiques du champ de la coop ra tion favorise l mer
265. ois m moris celui ci n est d j plus Ainsi les entretiens tout comme les notes de terrain sont toujours de fac to un pass pour celui qui interpr te et qui crit Un rapport la m moire est donc fondamental dans le travail du chercheur en sciences de l homme Le mot report n est donc pas non plus sans quivoque pist mologique En effet il r f re aussi l id e de traduction de transcription adapt e L exercice ethnographique ou historique consiste ainsi traduire un terrain de l ordre du v cu ou du sublim dans une criture Ici encore histoire et anthropologie se rejoignent La description universalise d une certaine ma ni re cette exp rience en permettant de la communiquer c est dire de la partager pour l objectiver Desbarats 2000 Kilani 1994 Affergan 1987 Geertz 1986 L histoire est ultimement narrative affirme Ricoeur Geertz dit la m me chose pour l anthropologie De fait son explication sa tisfait dans la mesure o elle rend intelligible ce qui ne l tait pas aupara vant Elle est donc tout autant re narration dans le sens o elle r crit le r cit d une mani re nouvelle Ici le style narratif et sa port e performative Sur cette question des relations entre morts et vivants chez les Manouches lire WILLIAMS P 1993 Ainsi propos des Tsiganes voyons nous Henriette Ass o partir d une inqui tude quant au sort administratif des Boh miens dans la
266. oliques de leurs d sirs sexuels r prim s Pour le v n rable cur tanzanien qui m avait h berg en route pour Mapili les feux m me de l enfer y brilaient Car les femmes poss d es faisaient sciemment partie d une v ritable secte satanique Si personnellement je pre nais la fum e plus au s rieux que le P re Blanc c est que les donn es plai daient en faveur non pas des flammes de l enfer de l abb noir mais des tor chons qui br laient entre des acteurs humains Les esprits en effet deman daient des Malboro entre autres les miennes quand leurs victimes ne pou vaient pas fumer d cemment en public ils exigeaient des robes faute de quoi leurs victimes seraient tu es quand des maris imp cunieux h sitaient payer les pagnes dus annuellement leurs pouses ils mena aient d liminer au nom des secondes les premi res pouses des foyers polygames si elles ne se montraient pas plus conciliantes ils faisaient pression sur des jeunes filles pour qu elles pousent des vieux fianc s pour ne citer que quelques ins tances de l enracinement empirique du ph nom ne de la possession dans les interstices fragilis s tels que l interg n rationnel les rapports conjugaux ou le reconditionnement f minin de ces communaut s en pleine mutation socio culturelle Quand une certaine anthropologie classique ciblerait les seules donn es de la possession manant des acteurs principaux et se contenterait
267. omme pp 63 72 KILANI M 1994 L invention de l autre Essais sur le discours anthropologique Lausanne Payot 1995 Les anthropologues et leur savoir du terrain au texte in ADAM J M et al Le discours anthropologique description narration savoir Lausanne Payot pp 65 100 1966 La science et la v rit in crits Paris Seuil pp 855 877 LAURENT P J 1998 Une association de d veloppement en pays mossi Le don comme ruse Paris Karthala LEGENDRE P 1989 Le ons VIII Le crime du caporal Lortie Trait sur le P re Paris Fayard LEVI STRAUSS C 1966 Introduction l uvre de Marcel Mauss in MAUSS M Sociologie et an thropologie Paris PUF pp X LI 1950 NSHIMIRIMANA L 1998 Science et st r otypes in PRESVELOU CL STEICHEN R Le Familier et l Etranger dialectiques de l accueil et du rejet Louvain la Neuve Academia Bruylant pp 197 209 OLIVIER DE SARDAN J P 1995 Anthropologie et d veloppement Paris Karthala RUANO BORBOLAN J C Dir 1998 9 Anthropologie nouveaux terrains nouveaux objets Sciences Humaines n 23 SCHEPS R 1993 La science sauvage Des savoirs populaires aux ethnosciences Paris Seuil SINGLETON M 1991 M decines traditionnelles Connais pas in SINGLETON M Dir Soins de sant primaires en Afrique cause perdue Cahiers du Cidep Acade mia L Harmattan n 12 pp 101 142 R Steichen 75 STEICHEN R 1986 Effets
268. on Il pas se la journ e seul et une assistance importante mais ingrate son gard peu de gens consentent le saluer et donc lui rendre honneur semble lui rappeler qu il ne peut pas esp rer accumuler sans se pr occuper des r seaux de d pendance D sormais aujourd hui plus qu hier la crainte de la jalousie la peur et la maladie sont ses principales pr occupations Il s irrite de la visite de paysans qu il doit sans cesse r tribuer Il se sent pers cut par eux La condition paysanne dont il est issu lui para t plus qu insupportable elle le renvoie au spectre de l chec Progressivement donc le leader paysan devenu big man s loigne de la paysannerie pour finalement tablir des solidarit s in dites avec les fonctionnaires et plus largement les lettr s Il est un fait que lexil du village de celui qui parvient accumuler est r el Les plus en treprenants dans un village doivent toujours t t ou tard le quitter et s ta blir dans une petite ville voisine afin entre autres de moins subir la pres sion des parents voisins et amis La ranc ur et la jalousie deviennent pour eux insoutenables au point qu ils souhaitent la mort de qui les entoure et envie leurs richesses En d autres termes le big man rencontre une impossibilit structurelle concevoir un avenir en dehors de la place qu il occupe c est cela ou rien ici le pouvoir doit obligatoirement se manger et se ga
269. on divis en deux parties l une tant ax e sur l articulation famil le soci t et ses implications sociod mographiques et l autre d veloppant une ana 160 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective lyse sur les modifications de l institution matrimoniale articul e celle des m urs et de la sociabilit dans la parent Les chapitres sur le syst me ducatif ou sur la culture sont tout aussi dignes d in t r t Les analyses statistiques sur l enseignement de masse et ses liens avec la mo bilit interg n rationnelle ou encore l origine familiale les grilles d explication des rapports entre structure sociale et syst me ducatif la production d une culture ins titutionnelle par les acteurs du champ scolaire sont autant de dimensions r sum es et sond es dans leurs correspondances parfois conflictuelles L approfondissement du domaine culturel et des modes de vie prolonge les questionnements sur la relation p dagogique dans un sixi me chapitre portant sur d autres formes de la production des savoirs pratiques et sur les grandes mutations quotidiennes dans les croyances les arts et les m urs La sociologie du travail et des organisations structure la r daction des deux derniers chapitres et oriente la lecture vers l analyse de la dimension socio conomique De la critique du taylorisme l organisation de nouvelles conceptions du travail en passant par les tr
270. on du reporter c est d tre les yeux les oreil les le nez d un individu qui serait priv de tous ses sens lui de faire appa ra tre des personnages int ressants de les faire parler de nous raconter leur histoire Travail d observation m ticuleux intelligence d une situation empathie avec ses protagonistes le reporter doit tre capable de comprendre et de faire comprendre rapidement C est un fabricant d instantan s Photos images sons tout est bon pour traduire la r alit une r alit en prenant bien soin de pr ciser de quel point de vue on se place Vey 2000 23 24 Cette fa on d envisager le travail du reporter ne semble gu re loi gn e de ce qu on pourrait attendre d un ethnologue en tout cas en ce qui concerne la relation la r alit des choses et aux gens Dans le champ journalistique on peut retrouver cette vision galement en termes de pres cription Par exemple un guide pratique affirme Le reportage c est le con tact avec les v nements et les hommes Le journaliste se laissera impression G Der ze 91 ner comme une plaque photographique Les cinq sens en alerte il observera le spectacle qui est devant lui en s y int grant au maximum posant des ques tions coutant les conversations lisant tout ce qui peut tre lu affiches docu ments livres journaux etc pr tant main forte ventuellement bon moyen pour s ouvrir une sympathie
271. on ou d une autre dans une discussion du type habermasienne sur la plausibilit pratique des interpr tations en lice Bien que la plupart des th ologiens finissent par emprunter la voie n gative et donc se taire sur la phy sionomie divine nul ph nom nologue n a expliqu mieux que J L Marion l anonymat intrins quement indissociable de 1 appellant qu il soit relatif ou Absolu ph nom nologiquement l appel doit rester ano nyme car il n a pour premi re et seule fonction que de convoquer un t moin de qui apr s coup il pourrait ventuellement recevoir un nom une d nomination MARION J L 1997 p 411 M Singleton 35 En fin de compte notre d finition de l acte proprement humain nous con damne 4 interpr ter et ce faisant 4 nous impliquer Pour que le cercle her m neutique de notre d finition soit moins vicieux qu il n en a l air une petite illustration s impose T ai pu participer de pr s une bonne vingtaine de cas de possession Ma pili mon village tanzanien et de loin une centaine d autres Pour le vieux missionnaire qui m avait appris la langue locale il n y avait l que de la fu m e sans feu Car le jour viendrait bient t o ces grands enfants arri r s que repr sentaient ses yeux les poss d es conscientis es par le P re Freud plu t t que converties au Seigneur J sus se rendraient compte que leurs esprits n taient que des sublimations symb
272. onjuguer une logique des carts distinctifs avec une logique du flou de l entre deux de l ambigu Autrement dit il s agit moins de mettre en vidence que le travail syncr tique op re la mani re de l analyse structurale com parant des ensembles culturels en s effor ant de trouver les transformations qui per mettraient de passer d un l autre que de consid rer une certaine myopie structurale comme une ressource du bricolage syncr tique 162 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective Pour tayer cette proposition le livre rec le de passionnantes discussions avec des auteurs comme entre autres E Ortigues M Sahlins P Bourdieu et surtout R Bas tide Fid le 4 une grande rigueur dans sa mani re d exposer un probl me th orique apr s avoir reconnu l apport majeur des analyses bastidiennes o le syncr tisme con tourne le principe structural de la discontinuit des formes en am nageant un recou vrement lat ral entre des figures inform es Andr Mary fait magistralement le deuil de pouvoir un jour crire comme le pensait Bastide un trait des lois du syncr tis me et par ce fait m me nous en livre la caract ristique essentielle Ici tout nous loi gne de la figure d un Ogotemm li o le sage dogon se r v lait en mesure d tablir un discours philosophique coh rent sur le peuple de la falaise Le bwiti se joue des co h rences lourdes dont il n a que f
273. onstituent des preuves identitaires qui r v lent les composantes et lignes de clivages de l identit Au terme d un si cle de recherches en sciences humaines cliniques il est possible de d finir l identit humaine comme une construction mentale qui articule en un ensemble des repr sentations individuelles et collectives L identit est la fois individuelle et sociale personnelle et interpersonnelle subjective et sexuelle parce qu elle est un effet de sens produit par un r seau de signifiants consensuels Dans la construction de l identit la fonction de la r f rence est capitale pour l individu c est le social pour la personne c est le semblable pour le sujet c est l Autre de l inconscient L identit n est de ce fait que concevable par rapport l alt rit et ses diverses figures Steichen 1997 1998 Dans cette perspective la sant et la maladie sont non seulement des exp riences ou des repr sentations mais encore des tats d identit Les divers discours sociaux relatifs l ordre sant et au d sordre maladie servent de r f rence pour faire exister socialement les exp riences individuelles en qualit de repr sentations fonction identitaire Une illustration parlante en est l tiquetage social et la formation de st r otypes Les discours sociaux donnent le statut de r alit sociale aux exp riences individuelles qui corres pondent aux syst mes de repr sentation des
274. onstituons nos interpr tations propos de la ville la question du rapport l autre implique un d pas sement de la d finition d une urbanit comme totalit signifiante celle des agr gats des fronti res de la diff renciation C est ce d passement que nous invitent des anthropologues comme Michel Agier ou Mich le de La Pradelle Chez le premier il s agit de prendre en compte l invention de la ville Agier 1999 en d veloppant loin des cadres institutionnels une at tention l mergence de nouveaux types de relations de parcours d oc cupation de l espace de valeurs morales l o se constituent des socia bilit s circulantes faites de moments partag s rep rables partir des si tuations l mentaires de la vie quotidienne Chez la seconde la mise en gar de est clairement nonc e il convient de d passer un travail anthropologi que qui se limiterait l imp ratif de totalisation culturelle de ce que serait la ville le travail anthropologique doit r solument op rer une substitution aux entit s qu elles soient ou non urbaines il s agit de substituer les processus sociaux qui les engendrent qui en font leur enjeu symboli que qui privil gie ce qui est produit comme tel par les diff rents ac teurs pour lesquels des titres divers la ville est en question La Pradelle 2000 50 Pour de plus amples d veloppements sur le lien entre rap
275. ont pist mo logique de l paississement empirique Qu on souscrive ou non mon pist mologie est une chose qu on ne veuille souscrire aucune pist mologie est non seulement tout autre chose mais une chose tout fait impossible Donc mieux vaut s efforcer d claircir l assise pist mologique de l paississement empirique que d imaginer que d crire fond ne pose pas de probl me philosophique Si un moi et je parle avec Blondel d un moi concret aussi incorpor qu incultur finit par conna tre c est qu il a d abord compris Pour un sujet existant et donc so ciohistoriquement situ comprendre c est accueillir en site propre des donn es individuelles singuli res gr ce ses facult s d appr hension senso rielle et perceptive les imaginer et surtout s en faire une id e via un proces sus de d sindividualisation abstractive En voyant par exemple le chef du vil lage mettre un poulet mort sur les tombeaux de ses anc tres la veille de la saison des pluies j essaie de com prendre de quoi il s agit et je conclus un sacrifice pour la pluie puisqu en partie l acteur s est expliqu en ces termes Mais jusqu ce point si je me suis fait une id e partir des data en question je n ai proprement parler pas encore fait na tre ou tre grand chose En termes pist mologiques l essentiel reste faire je me dois d at
276. ont le temps a affect leurs vies il a d truit quelque chose ou construit ou encore il ne les a pas affect es C est une homog n it qui d coule seulement de l actualit biographique des sujets ce qui est aussi vrai dans le cas des habitants de la Paix L espace du quartier n est pas un contenant de groupes qu un quelconque crit re objectif et ext rieur rendrait homog ne mais il contribue former ces groupes dans la mesure o ce qui les distingue c est la mani re dont ils s approprient cet espace Le quartier v cu et appropri est une construction qui rel ve de la trajectoire individuelle ce qui ne signifie pas que le quartier n existe pas en tant qu entit et qu il n a pas de sens Il a un sens mais en tant que conjoncture de trajectoires individuelles h t rog nes qui n ont pour objectif ni d tre concordantes ni d tre une entit organique Les habi tants vivent ensemble mais il ne vivent pas collectivement La rencontre de ces trajec toires dans le m me espace et cause du m me espace produit un effet un jeu inter actif et un jeu de repr sentations dans le travail d appropriation qui nous permet de parler d entit sociale d une totalit non au sens de totalit objective ou de structure stable dans le sens holiste mais dans le sens de totalisation en cours ce qui signifie une perspective dynamique en constante laboration La trajectoire individuelle constitue l anal
277. ont n cessaires Je ne discuterai pas ici des contre pouvoirs dans la soci t traditionnelle mossi bien qu ils soient toujours pr sents et efficaces en certaines ma ti res Il importe surtout de placer l analyse des contre pouvoirs BK dans le cadre de soci t s en transformation o coexistent comme par empile ment diff rentes sources de pouvoirs et donc de contre pouvoirs sans que les nouveaux ne viennent jamais vraiment remplacer les plus anciens Sans en tre l unique cause l existence d une double sc ne au sein du champ de la coop ration o des ressources financi res importantes transi tent sans qu il ne soit vraiment travers par des pouvoirs et des contre pou voirs qui se font face favorise la corruption Ce champ g n re une sph re d impunit la faveur d un d ficit de conventions mutuellement partag es qui traduit le non isomorphisme des repr sentations v hicul es o les ima ginaires et les objectifs diff rent suivant les groupes d acteurs en pr sence Singleton 1993 Une approche de la perception de l tat par la population permet de mettre en vidence cette double sc ne du champ de la coop ration Sans entrer ici dans de longs d veloppements l id e d tat renvoie surtout une r alit tangible entendue essentiellement comme pourvoyeuse de mo yens financiers dont une part notoire provient de l aide internationale les logiques et les strat gie
278. ot riques ne les habilitent pas dans leurs caricatu res se joindre nous et encore moins nous faire modifier nos modes de vie Aussi bien les anthropologues sont ils charg s de fournir les cl s des tr sors exotiques mais condition de ne pas nous amener changer nos pro pres serrures Il est malvenu en g n ral de douter de l unit de notre esp ce mais cela ne supprime pas une diversit solidement hi rarchis e notre avantage De nouveau r agir en proclamant l galit pure et simple de toutes les organisations et de toutes les cultures sonne aussi faux Une anthropologie prospective devrait viter les cueils de g n ralisations peut tre brillantes mais finalement paresseuses en pr cisant en quoi se marquent pour chacun et chaque moment inf riorit s et sup riorit s de toute mani re ind niables A Doutreloux 11 Quand nous d ployons tant d efforts avec nos dispositifs culturels pour nous diff rencier individus et collectivit s comment l anthropologue pour rait il attester pour lui m me d abord et pour les autres ensuite les multiples analogies qui par del toutes les fronti res r unissent les religions les politi ques les triomphes et les checs les vices et les vertus de nos semblables Il serait d plac de r v ler au pr sident des tats Unis ses ressemblances avec n importe quel chef de tribu au pape sa parent avec le Dala Lama aux ci toyens de Bruxel
279. our Nous Mais pr sent en attendant de pouvoir Professeur au D partement des sciences de la population et du d veloppement de l Universit catholique de Louvain et directeur du LAAP Laboratoire d anthropologie prospective Place Montesquieu 1 B 1348 Louvain la Neuve LATOUR B 1991 lire aussi ce sujet les changes fascinants entre l auteur et M Serres SERRES M 1992 pp 210 221 et 234 16 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective parler entre eux Eux se sont mis parler d eux m mes Nous N an moins l anthropologie tout occidentale qu elle f t a toujours vis plus que la description distanciante de la diff rence d finitive C est vrai que l anthropo logie a accompagn la naissance d un Homo occidentalis qui s tait identifi pour l essentiel l apog e et au sens m me de l anthropogen se Civiliser c tait occidentaliser tout le monde et la mondialisation en cours de ressem bler encore une occidentalisation du monde Mais aujourd hui se fait jour la conviction m me si elle est encore confidentielle que la civilisation oc cidentale n est qu une culture parmi d autres et qu ce titre elle pourrait se voir d pass e voire remplac e par une autre Si l anthropologie a t pour quelque chose dans l mergence de ce soup on c est qu elle a toujours pr tendu en d pit de ses modestes moyens m thodologiques
280. p de gu risseurs soufflent ils sur leurs patients alors que nos chirurgiens portent un masque pour ne pas contaminer les leurs par leur souffle D tail futile et donc innocent dans ce qu il peut nous sugg rer sous b n fice d inventaire Claude L vi Strauss ne disait il pas que l anthropologie allait chercher dans la poubelle des autres sciences les objets de ses investigations Toute cloison tanche supprim e surtout celle qui nous s parait des Autres comme si eux et nous appartenions des humanit s diff rentes le projet pourrait tre de saisir les dynamismes de notre commune humanit et de nous confronter physiquement au plus concret de l objet d investigation Res terait comprendre comment les cultures interpr tent et formalisent les dy namismes rep r s et comment ces processus d bouchent sur la multiplicit des organisations et des conduites humaines La pratique du terrain fait partie 1 SINGLETON M Amateurs de chiens Dakar Paris L Harmattan 1998 14 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective de ces derni res pour atteindre les niveaux sup rieurs comme remarqu d j Les moments de ce cheminement ne sont pas planifiables ni les d marches r p titives ni davantage les rythmes les sensibilit s et les int r ts des anthro pologues D ailleurs un anthropologue ne fait pas plus l anthropologie qu une hirondelle le printemps Ces remarques et ces r flexions se
281. para tion Mais cette dissociation nous semble devoir tre d nonc e bien des gards En effet avec la mont e en puissance au cours de ces derni res d cennies des anthropologies dynamique et du changement social diachro nie et synchronie sont invit es une collaboration harmonieuse et une 8 Cf L VI STRAUSS Cl 1955 BALANDIER G 1957 et CLASTRES P 1972 A Reyniers O Servais 47 fusion de leurs apports au b n fice d une discipline enfin ouverte aux pro cessus historiques Cependant avec les d veloppements r cents qui concernent principale ment la globalisation c est comme si cette br che id ologique entre l hier et l aujourd hui avait t rouverte C est comme si la pr gnance d une di vision ontologique entre soci t s cloisonn es pass es donc mortes et soci t s en voie de mondialisation contemporaines c est dire vivantes tait r activ e les ethnohistoriens tant limit s l tude des premi res les anthropologues quant eux s attribuant les secondes Cette dichotomie d objets ne serait elle pas le dernier avatar d un volutionnisme larv Nous ne sommes pas loin de le supposer Del ge 2000 Ce fait est d au tant plus tonnant qu il va tout l oppos des d veloppements th oriques actuels sur le m tissage En effet l anthropologie contemporaine du chan gement social a fait pleinement son deuil des derniers avatars essential
282. partenance D s l instant o elle met l ac cent sur le r le des repr sentations des valeurs et des croyances dans la structuration des activit s et la dynamique des changes une telle perspective n cessite une appro che la fois transdisciplinaire et compr hensive privil giant coute sur les co ts Il ne s agit cependant pas pr cise Serge Latouche d adapter de cor riger ou de culturaliser le d veloppement et le type de rationalit qui lui est associ par des m tissages ou des hybridations avec des logiques non occidentales mais de d construire ces cat gories et de les d noncer comme mythes p 60 Une critique de cet ouvrage sign e Mike Singleton a d j t publi e dans Recherches Sociologiques Vol XXXI n 2 2000 pp 186 188 A propos de livres 161 Les r f rences aux conventions aux institutions ainsi qu aux mod les de la complexit et de l auto organisation sont ici essentielles de m me que la prise en compte de cit s et de grandeurs ch res Luc Boltanski et Laurent Th venot Mieux vaut d s lors raisonner en termes non plus de cr neaux mais de niches concept cologique beaucoup plus proche de l antique prudence de l thique chi noise de l efficacit et des traditions africaines d entraide et de solidarit p 77 M me si certains passages ceux notamment qui sont
283. partie d sindividualis e mais non pas enti rement d contextualis e je peux comparer le mariage Konon go avec ce que j estime tre des quivalents en essayant d expliquer 7 des divergences plus ou moins manifestes Chez les Wafipa leurs voisins l Ouest le mariage tout en tant virilocal semble moins patriarcal peut tre cause de leur habitat plus regroup De l autre c t du lac Tanganyika dans ce qu on appelle la ceinture matrilin aire il arrive que le mariage soit uxorilocal la femme r sidant aupr s de ses fr res et le mari ne venant l ense mencer que de nuit le divorce est nettement moins fr quent que l o m me en syst me matrilin aire elle est oblig e de vivre dans le village de son poux loin du regard protecteur des siens Mais cheminant ainsi comparati vement de culture en culture vient un moment o par la force des donn es de terrain je suis bien oblig de me rendre compte que la g n ralisation qui a permis mon parcours de garder un semblant de continuit cr dible ne tient plus la route Car il y a des peuples comme les Pygm es et les Na aupr s des quels seule une attitude doctrinaire me ferait encore vouloir localiser un r si du tenace ou une bauche embryonnaire de ce que j aurais eu tendance avant de les rencontrer nommer LE mariage Parti sur le terrain le mien d abord mais ensuite ceux des autres ayant en t te non seulement des i
284. pingle dont la syst matisation est difficile il recouvre en m me temps des usages pratiques et images avec une par ticuli re accentuation de ces derni res mais aussi une connivence entre les images et le syst me d action repr sentations identification d une communaut d appartenance _ travers un territoire Pellegrino et al 1984 appropriation modes d habiter modes d occupation c est enfin une vari t de comportements li s au territoire qui ont ce pendant la sp cificit de rappeler que seul l espace v cu est r el pour l habitant De son c t le concept d appropriation para t plus cibl il rappelle d abord la diversit des espaces v cus chaque habitant ayant des pratiques et usages diff rents de l espa ce en deuxi me lieu il voque l existence d un processus qui s introduit entre l es pace et l habitant Avant qu une rue un quartier ne deviennent le territoire d un indi vidu il faut que celui ci se l approprie Ce concept est donc le plus apte cerner ce M J Gaspar de Mascarenhas 129 mouvement par lequel cette rue et ce quartier deviennent pour l habitant un territoire pour soi Si l espace du quartier permet des rencontres entre les individus ou entre des grou pes nous avons privil gi le concept d appropriation qui lie l espace et les gens en tendu comme processus d identification li ou non des pratiques partir duquel un territoir
285. plein du terme ce qui n est possible qu condi 28 DILTHEY W Ideen ber eine beschreibende und zergliederende Psychologie Gesammelte Schriften 1895 Vol 5 R Steichen 71 tion de rester priv e ind pendante et artisanale Mais son d fi est aussi de subsister comme une collectivit th orisante de chercheurs La psychanalyse a apport une importante contribution l anthropologie clinique La diversit des tendances et coles psychanalytiques devrait offrir une garantie de criti ques mutuelles de fa on r duire les risques de d rapage de la psychanalyse vers une fonction d expertise l instar de ce qui s est pass pour la m de cine et est en train de se passer pour la psychiatrie et la psychologie L thi que de la psychanalyse est une promotion du d sir du sujet l encontre de la passivit du patient ce qui est consid r comme th rapeutique est le savoir de l analysant et non celui de l analyste Et l acte d interpr tation de l ana lyste n a de sens que dans la mesure o il produit et soutient lacte d inter pr tation de l analysant Le savoir th orique constitu dans les diverses coles des tendances freudienne jungienne kleinienne bionienne et lacanienne est destin globalement aux analystes et tous leurs interlocuteurs des divers champs des sciences humaines int ress s Mais en aucun cas ce savoir th o rique n est destin d tr ner le savoir des analysants
286. plus ou moins similaires puisque non seulement il me pla t de le faire ainsi mais parce qu il me parait ph nom nologiquement plausible de le faire Bien que ces choses ne soient pas r ellement ressemblantes avant que je ne d cide de les faire s assembler elles poss dent des donn es qui me permettent de les traiter ensemble sans un arbitraire absolu On sait qu un certain moment des philosophes ont r v d une langage o chaque chose aurait son nom exclusif Pour une justification de ce seeing as et une exposition de ses implications onto pist mologiques cf RIC UR P 1975 21 Pour ne pas trop encombrer le texte de sch ma j ai camp dans une annexe le passage sch matique de la singularit certaine une certaine substantialit 26 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective Sch ma 2 A Le triangle sous jacent est repr sent par des traits fins pour souligner que son poids philosophique est m taphysiquement moindre que les singularit s ontologiques du flux vital Il existe bel et bien n anmoins la fois dans le chef des Wakonongo et dans celui de leur anthropologue mais diversement Sans qu il soit pour autant moins effectif pour les plus int ress s pour moi il fait figure d une certaine philosophie et pratique Konongo dans le champ abstrait du management de la reproduction humaine que je peux r duire 4 un d nominateur commun mais de fa on technique le
287. port soi et l autre et la probl matique la s gr gation r sidentielle le lecteur int ress peut se reporter la conclusion de l ouvrage de LELOUP X 1999 82 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective Nous dirions quant nous qu au dela de ces attentions il s agit de repenser nouveaux frais les rapports entre espace relation l autre et sujet personnel autour de la probl matique de la condition de l homme moderne Martuccelli 1999 2001 Ces rapports impliquent un travail de confrontation et de regards crois s entre une sociologie de la diff rence et une anthropologie des lieux Donnons en quelques exemples qui rendent compte des travaux actuellement entam s la suite d un travail comparatif sur les associations d veloppant une action sur la sant J Pierart cherche se situer au croisement des travaux sur l espace urbain les politiques de sant et le v cu des personnes La r cente inscription territoriale urbaine des pratiques et objets de la sant pu blique impose de mani re vidente l chelon local comme r v lateur de nouveaux processus un triple niveau celui du fonctionnement des institu tions de sant publique dont la structure organisationnelle la culture profes sionnelle et les interactions avec le public sont actuellement modifi es celui de la dynamique des r seaux d acteurs institutionnels administratifs et politiques qui visent
288. pproche d exploration et de traitement de fragments toujours construits de la r alit sociale Ancr dans une perspective de prospection et de d couverte le reportage est dans cette vision des choses une des voies empiriques qui s offre la confrontation directe aux mouvemerits et aux al as de la vie ordi naire Dans l introduction de La m tamorphose de Plod met Edgar Morin d finissait cette ample recherche de sociologie du pr sent comme un tra vail d investigation minutieux un mode de traitement de la r alit qui s efforce de rendre compte d un ph nom ne de le faire merger par tous les moyens ad quats possibles d en d couvrir les articulations internes et externes et finalement d noncer un discours intelligible qui au lieu de dissoudre et de noyer le singulier concret puisse le r v ler Plus loin dans le texte il ajoutait que la r flexion et la prospection ne peuvent tre disjointes en temps s par s Morin 1967 278 C est d une certaine fa on cette perspective d Edgar Morin qui fut l origine de la r flexion que nous allons tenter d amorcer ici dans le sens o notre implantation dans le champ de l ethnologie de la communication et no tre implication dans la recherche portant sur le journalisme ne pouvaient res ter disjointes tout jamais En d autres mots il s agit d essayer de penser et de concr tiser dans le travail de recherche des conn
289. r en consid rant la sp cificit des exigences des approches des contraintes et des objectifs qui particularisent leurs pratiques respectives une part de la l gi timit et de la pertinence sociale de leur m tier ne va t elle pas r sider dans la rigueur et la mani re dont ils vont d crire le terrain G Der ze 99 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ANTOINE F DUMONT J F GREVISSE B MARION PH RINGLET G 1995 crire au quotidien Bruxelles EVO AUGE M 1989 L autre proche in SEGALEN M Dir L autre et le semblable Paris Presses du CNRS pp 19 33 1999 Voyage et ethnographie L Homme n 151 pp 11 19 COULON A 1987 L ethnom thodologie Paris PUF DEREZE G 1994 Une ethnosociologie de la Wallonie contemporaine De Malmedy et d ailleurs Tradition Wallonne T XI pp 85 105 1995 A propos de l empirisme irr ductible Recherches en communication n 3 pp 209 224 DBE P 1998 La passion du regard Paris M taili DORTIER J F 1998 La production des sciences humaines Sciences humaines n 80 pp 16 33 DUBOIS J 2000 Les romanciers du r el Paris Seuil ELIAS N 1994 Introduction in ELIAS N DUNNING E Sport et civilisation Paris Fayard pp 25 82 EYMANN B JOLIET B 1997 Les reporters de l ordinaire L ethnographie Tome XCD n 1 2 pp 159 167 FABRE D 1986 L ethnologue et ses sources Terrain n 7 pp 3 12 FERENCZI T
290. r circonscrire r duire liminer ou pr venir le mal Remarquons que dans cette conception le traitement au sens de l application des rem des et des techniques n est qu une composante de l ensemble des conduites th rapeutiques Ainsi d crit le clinicien est en premier lieu celui qui s interroge sur son propre mal et investigue les moyens de s en prot ger de s en accommoder ou de s en sortir Ensuite plus tard entre ventuellement en sc ne un clini cien en titre convoqu au chevet du premier ou consult dans son cabinet ou ailleurs Si cette rencontre se r alise la clinique d signe la concertation entre les deux cliniciens celui qui est impliqu et celui qui est titularis asso ci s dans la triple t che du questionnement de la mod lisation et du traite ment Cette d finition remet en question l ampleur qu ont prise dans la con ception occidentale de la clinique la place du traitement par rapport au ques tionnement et la repr sentation ainsi que le r le du clinicien attitr par rap port au patient Au plus le porteur du titre devient un savant au plus son savoir devient une science au plus sa comp tence devient une expertise au plus le porteur du mal est expuls de sa comp tence clinique et est confin dans le r le passif du malade qui subit La relation clinicien malade devient une relation asym trique une relation de pouvoir fond sur la sup riorit du savoir de
291. r Servais UCL Unit d anthropologie et de sociologie FERREOL Gilles NORECK Jean Pierre Introduction la sociologie Paris Armand Colin Coll Cursus Sociologie 2000 192p Cinqui me dition revue et mise jour 1989 L ouvrage de Gilles Ferr ol et de Jean Pierre Noreck dont la cinqui me dition constitue une sorte de pl biscite du lectorat est d sormais pass au rang des textes de base Pour parvenir un tel but et nourrir le lecteur d une fa on aussi inform e il a fallu une criture qui soit la fois quilibr e dans ses r f rences aux grands mouve ments de pens e et suffisamment approfondie dans le d veloppement des probl ma tiques constitutives de la sociologie D s l avant propos on entre de plain pied dans le raisonnement sociologique et on parcourt le livre du m me pas pr cis structur et alerte jusqu la fin Le premier chapitre sur Les p res fondateurs illustre un tel rythme par son appro che historique d taill e toujours fertile pour qui veut m diter sur les paradigmes struc turants de la discipline de Comte Durkheim Marx Tocqueville Weber Simmel et leurs h ritages divers Le chapitre 2 La connaissance du social consacr la m thode et la dynamique de la recherche met en relation les dimensions pist mo logiques et techniques travers les exemples heuristiques du chiffre noir du crime ou de la construction de la nomenclature des prof
292. r outre mesure des vies qui pour finir ne doivent pas seulement tre v cues mais qui restent vivables aux yeux des vivants en question A force par exemple d expliquer le ph nom ne du don en termes de cal culs craintifs ou cyniques on peut non seulement passer c t du ph nom ne fon damental de la g n rosit gratuite mais aussi oublier l accueil chaleureux et sans ar ri re pens e m me pas latente ou inavou e que peuvent t moigner des amis afri cains Notre auteur n a rien d un afro pessimiste Mais on aurait aim l entendre parler un peu plus du positif que ses exp riences lui ont inspir faire davantage tat de la d brouille sinon de l espoir qui permet aux gens de Douala d activer leurs nergies Ce qu ajoute le travail de S raphin par rapport au mien et c est toujours a de ga gn c est le recours des grilles d analyse th oriques nouvelles qui permettent de donner des sens la fois in dits et plus plausibles des donn es qui d elles m mes se ressemblent Car en plus d une impressionnante information sur Douala le Came roun et les enjeux empiriques qui les engagent l auteur s est dot d une solide culture analytique sur l imaginaire partir entre autres de ses r lectures de Castoriadis et Foucault Par contre mais nul n est parfait et personne ne peut tout faire il aurait t possible d approfondir davantage tout ce qui philosophiquement e
293. rder Cette situation conduit inexorablement une ambiance de crainte de suspicion et donc une gestion anim e par la menace de sa destitution Il se retrouve en fin de compte dans une situation toujours d licate voire paradoxale qui fait le lit des proph tes et f ticheurs Geschi re 1996 Ceux ci capitalisent son angoisse incessante concr tis e par la n cessit permanente de savoir ce que les autres pensent de lui et par la recherche de protections toujours plus efficaces Laurent 2001 contre ceux qui sont cens s lui en vouloir Conclusion L observation de villes mergentes du Sahel permet de mettre en vi dence certaines d ficiences de l tat nation qui limitent l instauration d un espace public D s lors que l influence de la globalisation conduit les popu lations laborer des modes de vie in dits il devient crucial de comprendre la mani re dont le principe d accumulation financi re des fins person nelles s organise en l absence d un cadre de r f rence tatique s r L ana lyse montre que le d ficit d tat favorise l tablissement d une gestion sorci re des rapports aux autres Autrement dit le personnage du big Solidarit s in dites dans le sens de l mergence possible d une proto classe sociale P J Laurent 121 man g n re une sorte d tat sorcier En outre cette situation fait le lit des multiples mouvements religieux dans la mesure o ils
294. re chose que de moi m me ou de ce que je poss de d j en commun avec les miens puisque je suis cens refl ter autrui et non me contempler en Ce qui n a pas emp ch certains anthropologue d assumer ce qu ils estiment tre la quintessence pure ment esth tique de leur m tier ars gratia artis gt Tl se peut m me que le terme aventure employ par Gadamer soit encore plus loquent que celui de r cit l anthropologue s aventure sur le terrain il y vit des aventures mais pour finir l existence m me pourrait tre une aventure jedes Erlebnis etwas vom Abenteuer hat so l sst dass Abenteuer das Leben im Ganzen in seiner Weite und in seiner St rke f lhbar werden GADAMER H G 1960 p 65 Le positionnement autobiographique qui est dit d sormais devoir accompagner toute pr sentation an thropologique OKELEY J CALLAWAY H 1992 est arriv point nomm pour corriger la pr tention na ve d antan que seule l impartialit impersonnelle de l auteur garantissait la repr sentation objective de l identit indig ne Mais il ne faudrait pas que cette d claration d identit et donc d intention s arr te la seule expression charismatique de ses propres exp riences mystiques une tendance d nonc e juste titre par Olivier de Sardan OLIVIER DE SARDAN J P 1989 D o la n cessit de r tablir non pas l existence ef fective des dires de l interlocuteur ou de ses faire en tant qu a
295. rel ve d abord des causes psycholinguistiques Le locuteur romand est ins curis vis a vis du Schwizert tsch dont il n a pas l occasion d apprendre une forme crite Cela ne vaut pas pour le Suisse allemand qui s tablit en Romandie II lui suffit de par faire ses connaissances scolaires du fran ais Les causes g ographiques de l assurance inconsciente mais r elle de la francisa tion sont li es au r le de centres urbains francophones dans l arc jurassien L influence germanisante de Bienne Biel est r duite en raison de son caract re bilingue On y compte un tiers de francophones Enfin il y a les causes personnelles l immigrant qui a d cid de s installer d finiti vement dans l autre aire linguistique fera un grand effort d int gration L attitude de l immigrant pour qui sa nouvelle r sidence est une maison de campagne secondaire ou une commune dortoir ne fera g n ralement pas cet effort de francisation Aussi certai nes communes r duisent elles 10 les maisons affect es des r sidences secondai res 158 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective Il est rafraichissant de prendre connaissance d une tude aussi pr cise car le contact entre les langues dans le monde est trop souvent la proie d id es pr con ues qui manquent de tout fondement scientifique Albert Verdoodt UCL Unit d anthropologie et de sociologie DELIEGE Robert Anthropologie de la
296. reur A Dictionnaire g n ral des sciences humaines Paris d Universitaires 1975 pp 104 107 Ce concept psychologique est articul aux concepts psychanalytiques du d sir le processus inconscient qui oriente les intentions conscientes du fantasme le sc nario ou programme de r alisation du d sir inconscient et de la jouissance les effets excitants et d l t res sur le sujet et les autres caus s par la r alisation du fantasme R Steichen 57 La prise de conscience des effets du discours corr l e l mergence de l attitude prospective en anthropologie a jou un r le nullement n gligeable dans la gen se d une mauvaise conscience et d une culpabilit dans ce champ Il en r sulte les actuelles recommandations relatives une plus grande attention aux acteurs concrets du terrain Il s agit des directives au sujet des relations de r ciprocit entre chercheurs et informateurs la prise en consi d ration des informateurs comme co auteurs et aux propositions de retour des textes au terrain pour leur critique par les informateurs En r sultent aussi les questions relatives l engagement des anthropologues dans l histoire so ciale et politique des soci t s tudi es et l appel lanc leurs responsabilit et thique Olivier de Sardan 1995 Agier 1997 Dans le m me ordre d id es entre la prise en consid ration des savoirs sauvages non en qualit d ob jets des savoirs ethnologiques
297. rior e et son emplacement au centre du secteur est contest Elsa est encore membre d un comit qui organise les f tes annuelles de comm moration de la fondation du 2 Mai sous le patronage de No tre Dame de I Aide De ces f tes fait partie une procession avec l image de Notre Da me de 1 Aide qui parcourt tout le 2 Mai la nuit La procession se d roule dans une am biance de conflit ouvert plaisanteries et rixes de la part des assistants habitants ap pels au calme et la pri re de la part des pratiquants pr sence massive de la S curit Publique et de la Police Militaire qui transportent l image Toutes ces pratiques sont une affirmation de nature identitaire de la part du groupe des catholiques du 2 Mai De la d fense tenace de la chapelle au parcours annuel de la procession et l appro priation de l image de Notre Dame de Aide copie de l image de l glise paroissiale M J Gaspar de Mascarenhas 135 l existence de ce groupe divise ceux qui sont pour et ceux qui sont contre L enjeu c est l identit Pour ce qui est du potager l interview e tout comme beaucoup d habitants du 2 Mai en cultive un dans un terrain vague Elle y passe beaucoup de temps travailler changer des nouvelles avec d autres voisins se promener et enqu ter sur l tat des cultures Or le discours sur le jardin potager participe de la m me symbolique les produits purs qu on peut en retirer po
298. roup Comme son nom l indique ce groupe tudie non seulement le texte en lui m me mais aussi le cadre social dans lequel il est n IL L approche sociale scientifique ou sociocritique A Quelques pr c dents Elliott 1993 9 signale que Luc 1 3 situe J sus dans son cadre local Jean Bap tiste et son mouvement de justice sociale H rode ce profiteur et mondial C sar Auguste L vang liste qui crit en grec c est dire pour une lite met l accent sur la domination politique Mais il nous faut remarquer que si les conditions cono miques et sociales taient alors plus int gr es dans le syst me politique cela ne doit pas tre exag r Comme l crit Freyne Il y a assez d vidences partir de la situa tion d Ath nes au V si cle avant le Christ jusqu l gypte du IV si cle apr s le Christ qu il existait une prise de conscience assez large des questions li es la maxi malisation du profit la n cessit de maintenir le plus bas possible les co ts de pro Universit catholique de Louvain Unit d anthropologie et de sociologie 1 1 Place Montesquieu B 1348 Louvain la Neuve 144 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective duction et la possibilit de manipuler la demande du march de fa on obtenir des prix plus lev s Freyne 1995 25 En consid rant son tour le surplus conomique accumul notamment par les pos s dants
299. rrain La barri re auparavant presque tanche entre informations susci t es pour les successeurs de Malinowski et informations disponibles pour ceux de Bloch et Febvre a tendance s effriter De m me les t moins manquants ou le non dit d un discours sont le lot partag de l historien et de l anthropologue Certes le rapprochement entre l anthropologie et l histoire sera d autant plus facilit qu il se fera propos de groupes ins r s dans la soci t occidentale et qui cultivent un ensemble de particularit s sociales et culturelles Prenons l exemple d une recherche sur la soci t tsigane Reyniers 1998 Il aura fallu des ann es pour comprendre que le nomadisme et la s dentarisation que ses membres pouvaient vivre n taient pas opposables comme l affirmaient nombre d observateurs mais devaient plut t tre per us comme deux facettes d une m me r alit C est en tout cas ce qui allait peu peu appara tre au fil d une longue immersion dans un groupe de f milles manouches travers la reconstitution de leur pass Voici une ving taine d ann es quelques uns de leurs membres furent abord s en hiver au premier tage d un vieil immeuble dans un quartier populaire de Bruxelles A cette poque plusieurs foyers de la communaut vivaient plut t en cara vanes et stationnaient la p riph rie de la ville sur la voie publique Le printemps revenu tout le monde reprenait la rou
300. rs m me si tout anthropologue comme tout historien se nourrit de terreaux m thodo logiques divers le terrain v cu travers un ensemble complexe d interrela tions reste ce qui donne l ethnologue son identit propre ce qui le ratta che un territoire du savoir particulier ce qu il privil gie dans l laboration de son raisonnement Sur la ligne du temps l ethnologue est proche du pr sent et dans le champ social il examine une culture particuli re en ce qu elle s ancre dans des faits d exp riences singuli res qu il reporte dans une criture C est donc avant tout la capacit d exp rimentation qui distin gue l observateur du pr sent Par cet empirisme totalisant l anthropolo gue forge son expertise propre Force est de constater que l historien ne peut vivre son terrain que par procuration Il n est pas au c ur de l action en train de se faire Et seule une attitude proche de la sublimation pourrait lui permettre d approcher de mani re vanescente cette pratique L his torien vit certes son terrain mais par des interm diaires les sources et les t moins qui le lui racontent avec leur perspective propre Toutefois dans l interpr tation post rieure qu il fait des donn es du ter rain tout comme dans le report crit de celle ci le travail de l anthro pologue s apparente nouveau celui de l historien M me si l homme de terrain observe un maintenant une f
301. rsuivre et approfondir la r flexion sur la connexion ethnographie reportage d autres d tours au sens de Balandier sont envi sageables et probablement productifs D abord il serait int ressant d op rer des croisements r flexifs avec la photographie et le photojournalisme cette pratique professionnelle o il faut bouffer du terrain Morvan 2000 171 En s inspirant des positions de certains photographes et en les rapatriant mutatis mutandis dans le champ de notre projet nous ouvrons davantage notre horizon r flexif Citons titre d exemple deux brefs extraits de Sur la photographie de S Sontag Etroi tement s lectives les unes comme les autres une peinture ou une description ne peuvent jamais tre autre chose qu une interpr tation tandis qu une pho tographie peut tre trait e comme une version de la chose elle m me Mais malgr la pr somption de v racit qui conf re 4 toutes les photographies au torit int r t et s duction le travail des photographes n chappe pas par na ture au trouble et l ambigu t qui caract risent normalement les rapports de l art et de la v rit M me quand ils ont avant tout le souci d tre le miroir de la r alit ils restent hant s par des imp ratifs tacites de go t et de cons 2 ce propos il est amusant et int ressant de noter que Fieldwork tait le titre de l exposition M decins Sans Fronti res vu par Magnum du 16 09 0
302. s 10 15 lignes Le texte r dig dans un fran ais correct et clair sera structur comme suit I pour les grands points pour les subdivisions des grands points 1 pour les nouvelles subdivisions a pour les sous subdivisions Dans le manuscrit Les renvois la bibliographie se font dans le texte et non dans les notes de bas de page r serv es aux commentaires La r f rence sera pr sent e comme suit Dumon 1977 10 La bibliographie par ordre alphab tique d auteurs devra se pr senter comme dans les exemples suivants Pour les ouvrages Bateson G 1977 Vers une cologie de l esprit Paris Seuil Pour les articles Ferguson C 1959 Diglossia Word n 15 pp 325 340 Pour les parties d ouvrage De MunckJ 1992 les minorit s en Europe in Dewandre N Lenoble J Eds L Europe au soir du si cle Paris Ed Esprit pp 137 161 Les crits d un m me auteur parus la m me ann e seront distingu s par des lettres minuscules 1977a 1977b Les noms des auteurs seront crits en lettres minuscules Toute bibliographie incompl te sera renvoy e l auteur La pagination sera mentionn e pour les citations textuelles L emploi de l italique est r serv aux mots trangers anglais latin ainsi qu aux ouvrages Il ne sera pas tenu compte des autres italiques Les preuves ne sont pas envoy es aux auteurs pour corrections Ceux ci so
303. s Mais 6 Un vaste mouvement d occupation des logements eut lieu en 1974 Les logements du 2 Mai ont ce moment t r quisitionn s pour l installation de nomades et de gitans M J Gaspar de Mascarenhas 133 le propre le pur et le non pollu avec ses contre d finitions sont des axes importants autant que les odeurs fastes et n fastes la sant et la maladie Le pur et Pimpur avant quand Lisbonne avait des crieurs c tait tout sur la t te avec des paniers du porte porte et les gens achetaient c tait plus propre maintenant tout le monde est en voiturette en voiture les vendeurs en tricycle vont dans tous les quartiers et viennent m me ici avec leurs tricy cles pleins de bananes S ils avaient un endroit pour vendre un march les choses deviendraient plus propres On ne verrait plus ces poubelles qui donnent mauvais aspect la ville Parce que dans le temps Lisbonne tait propre et maintenant pour ceux qui lont connu dans le temps Lisbonne est tr s sale Les vendeurs ambulants et les gens jettent tout par terre et dans le temps on ne jetait pas Si on ach te un chou au march il vient de la main de celui qui l a cultiv il vient en voiture vient le vendeur le revendeur il tra ne par terre Ceux qu on a cultiv s nous m mes ne passent que par nos mains Rien que de la fra cheur a vaut de l argent Je ne suis venue ici que quand la maison tait
304. s cet art 4 d crire les faits minutieu sement observ s de telle sorte que d eux m mes ils se fassent compren dre un niveau d abstraction ad quate d bouchant sans effort apparent sur des progr s d cisifs dans la th orie anthropologique de l poque Chez lui les trois niveaux d laboration se recouvrent dans un m me jet o le talent litt raire ne laisse pas ressentir au lecteur toute l rudition le comparatisme implicite et la profondeur d une analyse men e simul tan ment sur plusieurs paliers requis et disposant le d tail concret de fa on r v ler le principe g n ral qui explique son occurrence dans le contexte voqu Smith 1986 327 Cette mani re de faire n est peut tre plus imitable N anmoins elle per met de se demander titre utopique si une description ethnographique vrai ment judicieuse dans sa pr sentation id ale ne pourrait pas tre en m me temps le fruit et la manifestation d une anthropologie accomplie bid Ex ception faite du recours quivoque au terme fait je ne peux que souscrire ce p an magnifique dans la mesure o non seulement il plaide pour la pri mordialit d une description cons quente mais postule que cette derni re ne saurait se faire sans une d finition de ce que d crire lui m me est d un point de vue pist mologique Loin d tre l enregistrement exact entier et in nocent d un r el d j d finitivement et signific
305. s d en saisir des ressorts cach s pour mieux nous en servir et rem dier peut tre leurs in vitables d viations Bref on en vient au dernier degr des grandes initiations o l initi apprend que tout le montage mythique dans lequel il a cru est illusoire et n anmoins n cessaire Allons dire maintenant aux anthropologues prospec tifs ou prospecteurs qu au mieux ils se rapprochent des grands initiateurs Une recherche doit atteindre les contradictions et les dysfonctionnements inh rents tout syst me collectif du plus modeste au plus compliqu Il ne s agirait pas de trouver les explications cens es les normaliser le syst me s en charge mais de maintenir leur incongruit pour saisir ce qu aurait nous apprendre cette association ordre non ordre dans le syst me en cause Que nous dit cette association de ou plut t propos de la solidarit africaine de la d mocratie occidentale des entreprises de d veloppement des actions syndicales et ainsi de suite perte de vue Cette mise en perspective nous met en situation meta pour surprendre le social comme tel dans et au del des dispositifs qui lui servent de masques et d instruments n cessaires Si on admet que ce que quoi nous donnons l tiquette de social constitue l ef fort inlassable et toujours probl matique de s arranger du chaos humain on doit s attendre discerner des marques de ce chaos dans n importe quelle or g
306. s de th se d un Radcliffe Brown ou d un Boas ne passeraient plus le cap des commissions doctorales GUILLE ESCURET G 1999 Unexpectedly ethnography and anthropology have been thriving during the last quarter of a century in many places while some social sciences especially sociology have experienced a long disciplinary crisis it may be the case that anthropology has been allowed to slip into the intellectual vacuum left by sociology because of the latter s loss of prestige PALSSON G RABINOW P 1999 p 16 Publi e dans une revue de haute vulgarisation anthropologique cette opinion n est peut tre pas tout a fait innocente Si nous en faisons tat c est surtout pour signaler l implication anthropologique dans I tude d un projet d encodage g n tique de toute la population islandaise qui illustre bien notre anthropologie prospective et son engagement critique dans l inventaire analytique des paysages moraux de la post modernit 1 L identit est un des th mes actuels de l anthropologie mais les anthropologues devraient appliquer eux m mes les analyses qu ils mettent en uvre son propos Cf mon texte dans ce num ro et mes m taphores favorites On ne peut plus se fier des identit s essentielles qu on monnaie accidentellement conjoncturellement apr s coup le patrimoine le pass est un tremplin des atouts jouer Comme les romans d enfants dont vous tes les h ros L
307. s des personnes s orientent donc en cons quence Jean Fran ois M dard parlait ce propos de patrimonialisation de l tat Jean Pierre Olivier de Sardan voque m me l absence assez g n rale d une tradition de la chose publique Ainsi explique t il les terroirs ont Collectivit s locales prises ici dans le sens de sc ne locale ou d ar ne locale cf infra pour une d fi nition des notions Ainsi l quilibre subtil entretenu entre les tengnaaba et les tengsoaba ou les rapports entre les acteurs de sonya un type de sorcellerie et la figure du baga devin plac e au dessus de la m l e villageoise en vertu de l impossibilit de l atteindre en sorcellerie Fort de son statut d entit invincible ce personnage pourra toujours r tablir wum taaba la concorde villageoise Pour de plus amples informations voir LAURENT P J 1995 16 Cf BIERSCHENK T OLIVIER DE SARDAN J P 1998 17 Dans ce sens la sc ne locale renvoie au concept d ar ne voir note 36 18 Cf LAURENT P J 1995 L enjeu r el de la politique dans l ar ne nationale n a jamais t le d veloppement mais plut t l ac c s diff rentiel l tat et aux ressources qu il permet d extraire et d accumuler Cet Etat a t v ritable ment patrimonialis et il est demeur la fois pr dateur de la soci t et pr dat par elle M DARD J F 1992 p 167 P J Laurent 107 souvent des propri taires ou des ma
308. s int ressant aux divers groupes sociaux et aux diff rents aspects de la vie sociale 46 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective coloniaux cette science de l homme entre progressivement dans le giron des disciplines acad miques avec Morgan Frazer Boas et autres Mauss L anthropologie est d s ces pr misses une chercheuse de diff rence Au d part il s agira de l tude des soci t s sans criture Exotisme d abord passion par la suite puis d sillusion L Occident ce grand anthro pophage avait d s le XIX entrepris son effort de simplification de la r alit humaine sa r duction au mod le dominant d une conomie rationnelle celui qu il incarnait D j la mondialisation r v lait son ombre Sous le cou vert d une triple v rit chr tienne rationnelle et conomique lOccident assimilait et r duisait le plus possible lui m me les diff rences qui se pr sentaient Si bien qu aujourd hui comme le pensaient d j L vi Strauss Balandier ou Clastres la fin des soci t s traditionnelles semble inexorable ment s acheminer vers une r alit Drame pour les uns r alit pour les autres le constat fait aujourd hui l unanimit Globalement du sauvage d hier il ne nous reste de plus en plus que des traces Et d aucuns de qualifier d j l ethnologie de ces soci t s comme l apanage des historiens ou du moins d une certaine m t
309. s publications de recherches de terrain con sacr es au vaste ventail des pratiques de gu rison traditionnelle et en trans formation produites par des ethnologues et des cliniciens qui contribuent une anthropologie clinique entra ne la n cessit de les regrouper ici d apr s le terrain de r f rence principal Il reste en tirer les le ons en confrontant ces repr sentations et pratiques entre elles et avec les repr sentations et pratiques dites modernes Ces travaux mettent avec insistance l accent sur la prise en charge de la dimension identitaire et existentielle par les pratiques tradi tionnelles ce qui rend ces derni res irr ductibles des techniques cliniques fonctionnelles 4 L attitude prospective en clinique et en anthropologie clinique Il semble logique d appliquer cet inventaire de textes composant une an thropologie clinique la grille d interpr tation appliqu e par Herskovits l anthropologie sociale et culturelle Herskovits 1952 On obtiendrait de la sorte des regroupements successifs dans le temps historique en fonction des orientations prospectives On y retrouverait donc des volutionnistes diffu sionnistes fonctionnalistes culturalistes et plus tard des structuralistes cons tructivistes etc Cette st r otypie est d autant plus facile que ces tiquettes sont manipulables et que les auteurs de l anthropologie clinique ne sont pas l abri des influences id ologiques qui ont
310. s r interpr tations partielles non syst matiquement coordonn es qui fragmentent la figure du Christ parviennent mieux l assimiler Ce d fi de l analyse de la nature syncr tique du bwiti des Fang r sulte d une oscil lation constante entre deux visions du monde antagonistes dont d sormais l une ne se ra plus jamais quitte de l autre la religion des anc tres est d nonc e comme une re ligion des reliques et des f tiches aux yeux d un r formisme inspir du discours missionnaire et la religion du Saint Sacrifice comme une religion impuissante radi quer la mal diction sorcellaire sans le super f tiche de l eboga Comme le montre l auteur travers une d monstration qui se trouve au c ur de l ouvrage il convient de remplacer cette double contrainte dans les rapports plus englobants des relations Blancs Noirs Le Noir a en quelque sorte renonc lui m me mais il n a pas obtenu en change le pouvoir du Blanc La premi re partie du livre traite en d tails des proph tes d eboga Anim s par une logique segmentaire qui limite sans cesse leurs ambitions universalistes les proph tes poursuivrent une entreprise de r habilitation du Noir Elle s alimente la fois de la trahison des Blancs et de la mal diction des Noirs Dans une tr s int ressante analyse de la relecture bwitiste des circonstances de la mise mort de J sus on voit comment les Blancs refusent de s inscrire dans la logiq
311. s une dur e de l ordre de trois cinq ans et mise la fois sur la bri vet des affectations du personnel expatri sur la n cessit pour les nouveaux venus de faire 35 Qui n est pas sans rappeler celui des jeunes oppos s aux vieux ou encore des prisonniers oppos s aux Lorsque l une des sc nes du champ de la coop ration se rapporte la sc ne locale je ne fais aucune distinction entre la notion de sc ne et d ar ne qui rend compte de l enchev trement des pouvoirs Cf OLI VIER DE SARDAN J P 1995 p 174 La notion de sc ne me permet de distinguer au sein du champ de la coop ration la sc ne locale de la sc ne des offreurs d aide P J Laurent 117 preuve d originalit dans des d lais assez courts sur le manque de commu nication et les rivalit s entre les instances d aide A l occasion de cette rencontre malgr une atmosph re lourde de re proches chacun finalement tient son r le officiel les repr sentants natio naux des bailleurs rappellent les crit res d octroi des subventions de leurs employeurs les animateurs de la CFCM cens s repr senter les fruiticul teurs attestent certes sans grand enthousiasme le bien fond des ac tions et les experts des bureaux d tudes de la place manifestent leur int r t r diger la demande de financement pour le compte de la coop rative et prodiguer leurs conseils pour la dur e du nouveau programme Cette ren contre tonnante con
312. s une intelligibilit individuelle con nue non pas par une intuition imm diate mais par un raisonnement discursif Le r aliste radicalisant postulera que si B peut tre dit semblable A c est gr ce des l ments de ressemblance qui existent effectivement a parte rei dans les choses qu on compare Le nominaliste absolutisant d cr tera que la ressemblance n a absolument aucune justification ni dans le terminus a quo ni dans le terminus ad quem et que si on d clare les deux singularit s simi laires ce ne peut tre qu en fonction d une pure convention tout au plus cette derni re peut elle jouir ventuellement d une certaine cr dibilit contex tuelle au vu d une cause culturelle concr te Ma position est plus sub tile des donn es de la singularit initiale vues partir des data de la sin 3 L allant de soi c est dire le sens obvie les convictions acquises l infra paradigmatique etc quivaut comme aurait dit Ric ur une m taphore morte une association d id es de mots et de choses qui d in solite et in dite devient banale 7 La maladie de la vache folle dans la mesure o elle fait fi des barri res d esp ce tendrait donner raison aux scientifiques qui refusent de voir dans les esp ces autre chose que des casiers conventionnels cf CLARK S R L 1994 38 En parlant isol ment d une singularit nous raisonnons de mani re analytique et abstraite c
313. s une r f rence ce qui le pr c de De fait la division entre pass et pr sent est le fruit d une conception lin aire de l histoire ethnocentrique celle de la cul ture jud o chr tienne S parer anthropologie et histoire c est donc par cet te c sure artificielle entre ici maintenant et l hier renforcer l an crage particulier de ces savoirs l heure de la mondialisation des m tissages et bricolages de tout gen re peut on encore l gitimement se revendiquer de ce type de sciences trop culturellement positionn alors que l objet m me de ce savoir est la com pr hension de l Autre Ne risque t on pas ne pas sortir de cette orni re autocentr e d imposer une conception particuli re du discours sur l hom me comme conception universelle Et d s lors ne conforte t on pas une anthropologie outil de domination et de r duction de l Autre D aucuns diront qu on ne voit in vitablement que d un point de vue et que toute pr tention sortir ou construire un socle commun partag d centr cul turellement est une utopie Mais a contrario garder cette position sans en rien changer n adopte t on pas une ni me strat gie pour laisser l anthro pologie occidentale s imposer aux anthropologies multiples C est pour quoi il nous para t l gitime de revendiquer au minimum une auto analyse de ces conceptions disciplinaires ethnocentriques voire une d
314. se le ralliement et l ab sorption au sein des r seaux de toutes les vell it s contestatrices de l au torit du big man et de son pouvoir Dans un contexte o la d centralisa tion conduit au d placement ou la d multiplication de certains enjeux na tionaux les institutions d mocratiques laissent ici appara tre leur nature h t ronome import e l espace public ressemble alors un trompe l il au sein duquel coexiste un double discours Le proc s de coop ration au d veloppement se trouve au c ur de cette analyse Il renvoie un champ qui le plus souvent fonctionne sans avoir pr cis ment s accorder sur le sens du mot d veloppement et dans le cas qui nous retient sur les concepts de bonne gouvernance de d centralisation et de d mocratisation Ceux ci deviennent de v ritables op rateurs symboliques gr ce auxquels une communication trange s tablit la fronti re des conventions dans des zones de rupture de la confiance Pour des raisons de discr tion videntes nous taisons le vrai nom de la ville Biens collectifs dans le sens d quipement mis disposition d un groupe une coop rative par exem ple par un financement de la coop ration au d veloppement Ne faisant pas explicitement r f rence l tat c est dessein que je n utilise pas la distinction biens publics biens priv s P J Laurent 105 l insu des vidences des strat gies et des
315. se ressemble s assemble le choix d une vie en so lo par exemple v cue telle une qu te de soi ou une transition m me douloureuse vers un ailleurs de la personnalit se diffuse tous les chelons de la stratification sociale ce qui infirme les hypoth ses qui ont tendance r server cette forme r sidentielle aux cat gories sup rieures Une telle con ception de l installation emp cherait de penser et d envisager la mobilit des individus ou des m nages telle une mobilit sociospatiale c est dire o les rapports sociaux autant que les rapports l espace sont mis en jeu Autre cons quence des travaux qui pr c dent c est qu ils nous con duisent n oublier aucune forme d exclusion ou d appartenance les quelles sont toujours multiples dans un contexte urbain Il s agit de com prendre en allant de l enclave urbaine le ghetto l espace du che vauchement et de la dispersion comment il est possible que l enclave eth nique ou sociale arrive n anmoins se conjuguer avec un processus de socialisation plus large qui renvoie une adaptation au mode de vie ur bain Autrement dit il s agit de chercher nouer les fils th oriques et em piriques de la sociabilit et de la citoyennet en supposant que la premi re n est pas la cause naturelle de la seconde En effet le lien social nous rap pelle I Joseph Joseph 1992 1998 a une extraordinaire cap
316. sensuelle quoique personne ne semble croire la sin c rit de l autre renvoie l id e de la mise en sc ne d faut de mieux faut il le dire du projet du donateur consensus de fa ade v cu comme une n cessit qui ne r sistera cependant pas aux modalit s de distribution des ressources une fois les financements obtenus La mise en vidence de ce consensus de fa ade renvoie l id e d une fronti re des conventions La sc ne locale ici la petite ville de BK se distingue de celle des offreurs d aide Si le champ de la coop ration tire sa consistance d int r ts tr s divers regroupant la fois des individus et des groupes il n est cependant pas anim d une m ta convention partag e et n goci e entre les parties prenantes Autrement dit l uvre commune de la coop ration n existe pas proprement parler la fronti re des conven tions institue une loi du silence convention respect e par les acteurs de Ja sc ne de BK dans leurs relations avec les offreurs d aide Bien plus dans le no man s land que constitue la confrontation d institu tions qui ne partagent pas les m mes analogies naturelles la communication entre bailleurs de fonds et b n ficiaires na t d une in galit Elle s tablit l insu des vidences des strat gies et des projets des offreurs d aide et la faveur de la perception de l inad quation de l offre dans Pinvisibilit l
317. sent et aussi pour communiquer entre coll gues d ob diences diverses cet effet aussi la clinique mobilise tous les moyens possibles chimioth rapies phyto R Steichen 59 th rapies pharmacologie physioth rapie psychoth rapies socioth rapies ritologies exorcismes magies transes etc dans le but d activer l efficacit symbolique et imaginaire en m me temps que l efficacit pragmatique de fa on produire une efficacit r sultante qui soit r elle ou effective Nous proposons de d finir l anthropologie clinique comme l tude pluri disciplinaire des repr sentations et des pratiques cliniques Par repr sen tations cliniques nous entendons l ensemble des attitudes mentales con cepts mod les et th ories communes et savantes en mati re de fonctionne ment des humains dans des situations d ordre sant et de d sordre maladie relevant de la causalit du mal maladie malheur mal tre mal diction Par pratiques cliniques nous entendons les attitudes intersubjectives cons truction maintien et r solution de relations cadr es et les conduites d aide compl t es ou non de pratiques exploratoires diagnostics et divinations et curatives programmes de traitements et techniques de restauration de l ordre et ou de gu rison tant modernes m decines allopathiques hom opa thiques et alternatives chimio et pharmacoth rapies psychoth rapies psy chanalyses que traditionne
318. ser ces lieux seraient le pont entre un avant et un maintenant en m me temps qu un sym bole de continuit pour une habitante qui conna t des probl mes d identit et est en rupture de trajectoire Remarquons que l interview e avant de venir dans le quartier n avait jamais cultiv de potager Lisbonne et que son projet de maison ne compre nait pas un potager mais un jardin Aussi ses all es et venues dans le potager o je l ai accompagn e d montrent elles qu il y a une sociabilit qui ne passe que par cet espace elle s arr te chaque rencontre pour demander des nouvelles et pour enqu ter sur l tat des cultures Elle appelle ces rencontres des voisins Nous ne trouvons pas l les signes d une ruralit retrouv e mais la manipulation d un savoir rural port e de la main pour exprimer une urbanit et un certain r gime de distance et de proxi mit qu elle aimerait entretenir avec ses voisins moi je ne me m le de la vie de per sonne La civilit urbaine est transport e vers une activit rurale Elsa est devenue une citadine ex rurale en voulant tre simplement citadine Quant l glise et la procession elles servent d finir une position un statut et le r le d Elsa dans un segment du syst me social le quartier ainsi que sa position de sup riorit morale et id ologique l int rieur de celui ci De m me son pro bl me personnel d e
319. seurs et chamans dans leurs collectivit s d origine L ensemble contribue la construction coll giale d une anthropo logie clinique Si cette d marche se sp cifie par son objet qui est la clinique comme point de d part et comme aboutissement il s agit de d finir celle ci L tymo logie grecque sugg re que le terme d signe ce qui a un rapport avec le fait de s incliner et ou de se coucher d tre couch sur un lit En cons quence par la clinique nous entendons l ensemble des attitudes inqui tes attenti Tir es d un long manuscrit malheureusement r duit ici sa portion ditorialement congrue mais que l auteur tient la disposition d ventuels int ress s N anmoins toutes les r f rences ont t retenues dans la bibliographie 3 Voir en note 1 les d finitions psychologiques et psychanalytiques de l attitude 58 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective ves et interrogatives de ceux qui se couchent et de ceux qui se penchent sur eux parce que les premiers sont tomb s bless s malades ou faibles abattus ou d courag s Les attitudes cliniques comportent d abord le questionnement inquiet soucieux et attentif Ensuite la clinique comporte l ensemble des tentatives de produire des repr sentations explicatives et compr hensives du mal ventuel et de sa cause Enfin la clinique comporte l ensemble des con duites th rapeutiques qui visent soulage
320. sight London Longmans MARION J L 1997 tant donn Essai d une ph nom nologie de la donation Paris PUF NEEDHAM R 1977 La parent en question Paris Seuil OKELEY J CALLAWAY H 1992 Anthropology and Autobiography London Routledge OLIVIER DE SARDAN J P 1989 Le r el des autres Cahier d tudes Africaines 113 XXIX 1 1995 La politique du terrain Enqu te 1 pp 71 109 POLANYI M 1957 Personal Knowledge London Routledge RIC UR P 1974 Science et id ologie Revue Philosophique de Louvain 72 pp 328 355 1975 La m taphore vive Paris Seuil SADE 1978 Orientalism New York Pantheon M Singleton 37 SERRES M 1992 Eclaircissements entretiens avec Bruno Latour Paris Fran ois Bourin SINGLETON M 1979 Dawa beyond science and superstition Anthropos 74 pp 817 863 1996 L anthropologue fou du roi mais pas r gicide Recherches Sociologiques 1 pp 109 120 1999 Les sens et les non sens d un nominalisme d mographique in TABUTIN ef al Dir Th ories paradigmes et courants explicatifs en d mographie Chaire A Quetelet 1997 Paris Louvain la Neuve L Harmattan Academia Bruylant A par Experts expertisez vous SMITH P 1986 Le souci anthropologique in Anthropologie tat des Lieux Paris Hachette Livre de Poche n 4046 THOMAS J P 1990 Mis re de la bio thique Paris Albin Michel 38 Recherches Sociologiques 2001 1 An
321. son et de venir une poss dante urbaine Toute ma vie j ai pens avoir une maison moi Son projet a t fauch dans son accomplissement Sa trajectoire tait au moment de l en tretien en rupture depuis 17 ans Mon probl me c est d tre venue habiter ici L ici o elle habite elle le raconte Les tudiants sont all s chercher des gens aux baraques et les ont mis ici Moi en passant je n ai jamais v cu dans des baraques Je ne sais pas ce que c est a J ai toujours eu de l eau et de l lectricit Aussi on a en plus ajout des baraques au 2 Mai Sa construction du territoire de Ajuda va tre valoris e au moment o est signifi le jugement de sa diff rence avec ses voisins la plupart venus de baraques et n tant pas pass s par la caution morale et sociale qu exigeait la Fondation Salazar Ce faisant Elsa d cline son identit Elle n a rien voir avec ses nouveaux voisins presque tous venus de baraques Elle le manifeste par un refus de contact Je suis toujours ici je ne me m le de la vie de personne La stratification sociale passe dans son discours par son probl me principal la maison Il y a des gens qui n ont jamais eu l exp rience d une vie en maison et ceux comme elle qui l ont toujours eue Quand on vit dans des b timents comme a avec beaucoup de monde ceux qui sont en dessous re oivent tout ce qui vient du dessus Avant comme j ha
322. t mais aussi sur l volution du ou des sympt mes ou du syndrome et de son contexte Elle prend en consid ration tant les sympt mes subjectifs que les sympt mes objectifs travers les dires du patient et sur base des pi ces m dicales ventuelles ou d un dossier elle explore les ant c dents person nels et familiaux Le diagnostic est tabli au d part des ant c dents et de l ac tualit Le pronostic d coule du diagnostic et de la projection dans lavenir des effets suppos s d un mod le th rapeutique d duit du diagnostic Le R Steichen 69 pronostic inspire le traitement Dans le pronostic interviennent tant les l ments objectifs du diagnostic que les l ments subjectifs du praticien C est son exp rience clinique et son optimisme ou pessimisme personnels qui vont largement d terminer sa prudence ou son audace et d terminer l avenir du traitement Du moins en tait il ainsi dans la prop deutique m dicale occidentale telle qu elle tait enseign e il y a un demi si cle Actuellement la part subjective du client est r duite la portion congrue et m me disqualifi e au profit de l exploration objective grand renfort de techniques Le diagnostic d coule plus des donn es de laboratoire des radiographies scintigraphies chogra phies lectroenc phalographies lectrocardiographie lectromyographie et autres examens sp cialis s et preuves fonctionnelles que de l interpr tation c
323. t l irruption d une exp rience trange que l on ne peut subsumer sous la r serve de connaissance disponible ou qui est inconsistante avec elle Schutz 1987 271 Il faut donc que quelque chose se pr sente comme un probl me Ce probl me qui a trait au changement et l effet du temps dans la vie des individus les choses ne sont pas arriv es selon une normativit pr vue et le temps a t destructeur place ces habi tants dans une situation de crise qui doit tre lue comme un probl me de trajectoire trajectoire bloqu e trajectoire descendante ou trajectoire invers e et de d structura tion des identit s collectives ou individuelles et qui les lance dans des strat gies di versifi es mais dont toutes ont pour objectif la distinction par rapport au quartier Ce type d appropriation articule la fois une vision du changement la d gradation vision invers e du progr s un rapport au temps le temps destructeur les types de trajectoires cit s et une position celle de d forc menac ou victime face au change ment non souhait ou au d sir du changement Ce qui caract rise ce mode d appropria tion c est une articulation entre implication et marginalit de gr ou de force les ha bitants sont impliqu s dans le quartier mais ils veulent se distinguer du quartier tel qu ils le voient maintenant et qui est source d insatisfaction Ces strat gies de distinc tion sont diverses
324. t donn d finitivement mais tout est t che nergie Cette formulation nous am ne notre objet de recherche les formes de l appropriation de l espace d un quartier I Diversit et significations multiples de l habiter trajectoires sociales et spatiales Si d un c t le paradigme de la territorialit nous permet de lier espaces et habi tants au travers du concept d appropriation la notion de trajectoire nous introduit l h t rog n it qui est aussi le contexte des villes modernes et par l la diversit des appropriations qui ne se r duit pas aux fonctions sociales groupes socioprofes sionnels culturels ou nationaux ni encore la composition de la structure sociale d un quartier L h t rog n it du quartier traditionnel Giard Mayol 1980 et du grand ensemble Chamboredon Lemaire 1970 des formes de l appropriation de l espace selon les mi lieux socioprofessionnels Lalive d Epinay 1986 a d j t lue en termes de stra t gies trajectoires ou itin raires de vie Probl matiques cependant parpill es qui nous obligent mieux pr ciser l usage du concept par rapport un ensemble dans la ville et la population y habitant et ce de deux fa ons d abord en nous loignant d une pers pective d terministe qui inscrit l histoire de l individu dans l histoire de sa classe pour qui les seules trajectoires possibles se r duisent des strat gies de mobilit s
325. t populaire Ajuda Notre Dame de l Aide situ dans la partie occidentale de Lisbonne Si l id e de d pendance d un groupe envers un espace consid r e depuis T nnies comme l un des piliers de la communaut T nnies 1946 entre en contra diction avec la notion de ville moderne la question se pose de savoir en quoi un quar tier peut tre ou non consid r comme une communaut territorialis e La plupart des tudes de quartier partent de deux probl matiques celle des modes de vie et celle des contraintes mat rielles et objectives surface morphologie de l habitat distribution de fonctions transcription administrative qui le d finiraient Si la premi re ne s int resse pas l espace la deuxi me le traite comme une mati re inerte sur laquelle viennent s inscrire les habitants Cependant la r alit quartier met ensemble des espaces et des personnes qui ont en commun de partager le m me espace Ainsi est on conduit effectuer un d tour par la probl matique du lien entre l espace et la vie sociale et re fuser a priori le lien automatique entre les deux c est dire que le fait de partager le m me espace produise un effet automatique de communaut Ce d tour permet d exclure toute approche de l espace qui ferait abstraction des gens ou toute approche des modes de vie qui dans un premier temps ferait abstraction de l espace Professeur l Universit technique de
326. t beaucoup volu le futur dicte tout Il faut cependant qu il reste r si dentiel afin de pouvoir y trouver refuge contre les nuisances du centre o elle travaille Un quartier empli de bureaux et de services tourn s vers l ext rieur ressemblerait au centre ville Des habitants qui habitent et travaillent dans le quartier peuvent avoir le m me type d appropriation Le barbier Janu rio qui se d fend d tre du genre se m ler de la vie des autres dit nous qui r sidons mais ajoute aussit t qui avons l habitude d avoir une ambiance tranquille Il rejette compl tement le centre ville et la densification et pense qu on est encore bien Ajuda justement l abri de la ville Manuel professionnel mobile le confirme Il y a des moments o je reviens Aju da ma ch re Ajuda Les premiers jours a va On fuit le stress quotidien qu on a ici mais apr s je me sens d plac A Ajuda Manuel peut ainsi tre l abri d une id e de ville caract ris e par la mobilit Ce qui rapproche ces habitants c est le fait qu ils ont en commun une trajectoire as cendante une vision du monde qui int gre ce qui arrive un temps constructeur une vision du changement en tant que progr s ainsi qu une position assur e face celui ci D L indiff rence Comme nous l avons tabli pr c demment pour ces habitants le quartier est neu tre Ils signifient par 14 leur ind pendance et leur individ
327. t ce qu il faisait selon l ex pression d A Touraine Au contraire il semble en permanence menac par deux d rives possibles d une part il peut se replier sur une identit traditionnelle et rejeter les autres appartenances pour en faire de simples ap parences sur lesquelles reposent les processus alimentant le relativisme ab solu l Autre n est per u que comme porteur de vices ou d incivilit s d autre part port par le mouvement h doniste et narcissique qui carac t rise nos soci t s il peut vouloir se constituer en tre de d sir rompant avec tout principe de r alit et imposer sa force et sa puissance dans ses re lations aux autres Autre devenant alors un pur objet de d sir Todorov 1995 Touraine 1997 Mais cette constitution du rapport Soi et l Au tre ne se r alise ni sans lien avec les conditions sociales dans lesquelles sont plac s les individus ni d connect e des trajectoires professionnelles familia les ou r sidentielles qui marquent les r cits de vie Ainsi les situations de profonde exclusion ou de s gr gation r sidentielle peuvent produire la hon te la frustration et l impuissance chez le sujet qui les vit ce qui se traduit On s inscrit ici dans la lign e des travaux d velopp s par Yves Grafmeyer et Jean Yves Authier au sein du Groupe de Recherche sur la Socialisation GRS Universit de Lyon Lumi re 2 B Francq X Leloup 81 souvent par des compor
328. t de coop ration 116 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective ment Toutefois face aux offreurs d aide il s y d gage une attitude consen suelle Ce consensus provient de la reconnaissance par les acteurs de la sc ne locale d un int r t sup rieur qui dans la pr sentation officielle d el le m me parvient transcender leurs dissensions soit l opposition lettr s paysans et les multiples rapports de d pendance afin de pr senter une ad h sion de fa ade aux propositions de d veloppement des donateurs Une r union de la CFSM organis e en juillet 2000 m a donn l oppor tunit d observer la complexit des rapports sociaux du champ de la co op ration et plus particuli rement ceux de la sc ne locale Le koe moonego k uni venait d prouver un puissant sentiment de honte l issue d une ten tative de coup d tat dirig contre lui par un jeune animateur de lasso ciation pourtant membre de sa famille la suite d un diff rend propos de l organisation de son mariage le jeune intr pide tait parvenu cristalli ser les rancoeurs des entourages et les retourner contre le big man Ce dernier seul et d savou de tous se faisait porter malade depuis des mois il ne sortait plus de chez lui mais continuait ma triser les principa les cl s d acc s aux bailleurs de fonds Dans un sursaut d nergie afin de tenter de reprendre l initiati
329. t des projets L objectif en est d clairer l organisation du pr sent en se fondant sur l tude scientifique des diverses tendances et leur projection dans l avenir Ce raccourci suffit pour indiquer la complexit des tenants et aboutissants des orientations discursives et des attitudes subjectives qui se r clament de l optique prospective De plus les attitudes particuli res ne sont pas n cessai rement explicites et op rent sous le couvert des orientations g n rales Les effets escompt s ou attendus ne sont pas annonc s soit que les intentions qui y pr sident sont m connues soit qu elles sont inavouables L attitude prospective prise au sens psychologique du terme en tant qu at titude mentale des scientifiques impliquerait une prise de position conscien te volontaire clair e et d clar e par rapport aux processus et effets de leur entreprise de construction d un objet scientifique Mais elle n en reste pas moins sujette aux effets de l inconscient et donc aux logiques du d sir incons cient Cette participation de l inconscient l attitude ne r duit d aucune ma ni re la responsabilit du sujet Le sujet est d autant plus responsable de son inconscient qu il lui est possible d en saisir les effets r p titifs et de se cons truire un savoir suffisant de ses fantasmes pour y mettre des limites L attitu de prospective implique une thique du chercheur dont la moindre des t ches
330. t histoire reste pertinente aujourd hui 3 Retour aux origines Pour r pondre cette question un retour aux sources de la constitution de l anthropologie en un champ sp cifique s impose M me si comme nous le rappelle Lenclud la s paration entre les deux disciplines est un hasard de l histoire Lenclud in Bont Izard 2000 334 elle s inscrit dans un contexte singulier qui explique en partie cette sp cificit Mise au go t du jour par les Lumi res du Bon Sauvage aux Lettres Persanes l anthropologie ses d buts r pond en partie cette avidit scientifique pour l exotisme primitif de tribus tranges Le Romantisme accentue encore cette confrontation de l Europ en et des peuples sau vages Que l on songe ici par exemple au G nie du Christianisme de Chateaubriand et son impact au c ur de la Chr tient toute pr moder niste qu elle soit L expansion europ enne dont celle des missions joue un r le fondamental dans cette ouverture conqu rante et tous sens de l Occi dent aux autres cultures son commencement la discipline r pond un double enjeu Premi rement influenc e par l histoire naturelle elle veut re censer cataloguer et classifier les peuples primitifs pour les comprendre La probl matique d alors pourrait se r sumer par la question suivante pour quoi restent ils primitifs En cela l anthropologie naissante se d marque de la sociologie qui
331. t objet consiste surtout mais pas exclusivement en l tu de de champs ici celui de l aide au d veloppement travers s d une dualit de sens Cette particularit renvoie l existence d une sorte de fronti re des conventions qui fait reposer les relations entre les parties prenantes moins sur la confiance que sur la trahison et qui diff rent dans des cir constances pr cises que je d finirai des pratiques de comp tition coop ra tion mises en lumi re par la sociologie des organisations Je rendrai compte du fonctionnement d un champ o coexistent des institutions de types dif f rents qui ne partageant pas les m mes analogies naturelles pour repren dre une notion de Mary Douglas Douglas 1999 140 collaborent sans qu une instance r ellement partag e par l une et l autre sc ne n ait force imp rative Ainsi la reconnaissance d une fronti re des conventions inh rente un champ travers d une dualit de sens conduit le chercheur un voyage un d paysement une traduction une interpr tation et donc toujours une ethnologie capable d appr hender une alt rit intrins que ce champ soit encore un ailleurs dans le dedans Certeau 1990 344 Il n existe pas ici un r el partage des r gles d un jeu commun entre des acteurs mutuelle ment d pendants soit concurrents et partenaires la fois mais la place le plus souvent nous rencontrons la mise en spe
332. t ou paississement empirique seul Dieu est Dieu seul le pre mier triangle l est c est dire est enti rement et exclusivement triangle Si je dis d un pianiste qu il joue divinement cela ne peut tre que par une am pliation analogique qui de pr s vient du fait que je me trouve dans une cul ture monoth iste cette analogie ne serait jamais venue l esprit d un ani miste et de loin r pond une impossible identification l identique C est dire que d un c t la cr dibilit concr te d une m taphore est culturelle ment conditionn e et de l autre mais plus profond ment que la cr ation d une association m taphorique d pend non pas d une quelconque identit intrins que entre individus ainsi mis en rapport mais d une d cision conven tionnelle Si Jean transf re Jeanne le nom d humain qu il aurait pu en prin cipe r server exclusivement en nom propre lui m me c est parce qu il veut bien c est parce cette ampliation analogique lui para t plausible mais pas du tout parce qu en Jeanne il aurait per u identiquement la m me chose qu il a en lui m me L inclusion et l exclusion qui sont inclus dans le prix du processus d am pliation analogique r sultent donc des consid rations de cr dibilit contextuel le et non de la d couverte de similarit s immanentes pour ne pas dire d iden tit s intrins ques L absence d une continuit su
333. t ph nom nologi quement tourne autour de l action humaine l autre volet not dans le titre de son livre En soulignant les convergences qu on peut trouver entre Douala et d autres situa tions urbaines de I Afrique contemporaine loin de moi la volont de gommer les diff rences non seulement subtiles mais substantielles qu il peut d j y avoir entre Douala et Yaound Certes et bien que La Ville a n existe pas on peut un certain niveau d abstraction se faire une id e de la ville africaine qui se diff rencie significativement de ses quivalents d ailleurs et d autrefois Mais Douala n est pas une variation acci dentelle sur un th me unique et universel C est ce qui pourrait justifier qu ce stade ci de ses recherches et de ses r flexions l auteur n ait pas jug utile de se lancer tous azimuts dans des contextualisations compar es C est une fois de plus le paradoxe permanent du particulier et de l universel Mais si l auteur r ussit r soudre l aporie du local versus le global c est sans doute parce qu en approfondissant un lieu sui generis m me du gabarit d un Douala on d bouche sur la d couverte de perspectives transversales et sur la compr hension de probl matiques f d ratrices En apprenant avec l A ce que c est concr tement de vivre Douala aujourd hui le lecteur comprendra aussi par le fait m me ce que ce peut tre de vivre actuelle
334. t photographes pour caract riser leur travail EYMANN B JOLIET B 1997 Pour seul petit exemple le num ro de d cembre 2000 du magazine Grands Reportages proposait un Sp cial ethno et un entretien avec Nigel Barley titr Pour une anthropologie d poussi r e 90 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective N est ce pas pr cis ment ce que fit l crivain journaliste Jack London quand il partit en 1902 en reportage au c ur des quartiers pauvres de Lon dres En fait comme l crit No l Mauberret dans l introduction de la nou velle dition fran aise du Peuple d en bas Jack London a une id e simple aller explorer l East End de Londres non comme un journaliste voyeur ni comme un orateur pr parant discours ou conf rences mais comme un marin en rupture de ban Il ira vivre la vie des ch meurs et des sans abri Il habitera avec eux et les suivra dans leur vie quotidienne Puis il racontera ce qu il voit ce qu il vit C est simplement le livre d un correspondant uvrant sur le terrain d une guerre industrielle Vous remarquerez que s il est impito yablement critique l gard d un tat de choses existant il ne fait pas de pla ce la th orie C est un r cit des faits tels qu ils sont Voil ce qu il propose George Brett le directeur de Macmillan son nouvel diteur qui accepte Il va donc descendre au c ur des t n bres de la vill
335. tait permis de poursuivre ce dernier discours nous dirions que le fait de partager le m me espace ne veut pas dire que l on en partage la vie C est dans indif f rence avec laquelle se nie la repr sentation du quartier qu on trouve la formulation la plus abrupte de ce qui cependant reste pr sent dans la diversit des appropriations dans un quartier les gens vivent ensemble mais ne vivent pas collectivement Le quar tier appropri dans un processus d identification montre 4 chaque fois une conniven ce logique avec l actualit biographique de l habitant Les trajectoires sociales et spatiales qui d finissent l identit du sujet constituent le filtre au travers duquel Pes pace du quartier acquiert un sens pour l habitant Les quatre formes de l appropriation rencontr es ne pr sentent pas une homog n it d ge socioprofessionnelle ou culturelle sauf dans le cas des habitants de la Paix Dans les autres groupes on peut trouver des tranches d ge des temps de s jour et des origines diff rents m me si cette population est en majorit d origine rurale ce n est pas ce crit re qui d partage les appropriations Le crit re d homog n it des quatre groupes est encore une fois la typification des trajectoires sociales et spatiales et l actualit biographique qui fait qu une question qui se pose tous le change ment re oit des significations diff rentes selon la mani re d
336. te jusqu l automne sui vant Mais quelques ann es plus tard ceux qui avaient t per us comme 1 Pensons par exemple Dan Sperber qui stigmatise l union monogamique entre l ethnographie plus int ress e par la vari t de l exp rience humaine et l anthropologie qui aurait pour t che d en expliquer la variabilit SPERBER D 1982 p 16 50 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective semi s dentaris s allaient vivre en caravane toute l ann e durant alors que d autres recherchaient un bout de terrain afin d chapper aux tracasseries multiples qu ils rencontraient sur le voyage soit au cours de leurs p r grinations Quinze ans plus tard tous les membres de la communaut s taient cas s du moins pour la mauvaise saison Ils se souciaient des am liorations apporter leurs maisons des quipements qu ils envisa geaient d installer dans leurs chalets de l am nagement de leurs cours afin d y accueillir des parents ou des amis toujours itin rants Fallait il tre troubl par ce qui apparaissait alors comme un repli sur soi un abandon du mode de vie des a eux L impression d une coupure avec le pass s att nua lorsqu il fut constat combien ces Tsiganes se d ployaient tous les jours plus vite et plus loin qu ils ne le faisaient auparavant S tant adapt s aux exigences de leurs activit s conomiques et aux difficult s engendr es par l
337. tements destructeurs et potentiellement auto destructeurs ou au contraire compensatoires fond s sur le r ve ou le d lire de grandeur Clark 1966 De m me la chute sociale peut produi re un sentiment de revanche ou de m pris l gard de ceux que l on tient pour responsables de la d gradation de la situation socio conomique le ra cisme petit blanc et la violence physique ne sont parfois plus tr s loi gn s Wieviorka 1991 gt Il semble que nous nous dirigions alors vers la question suivante en quoi la ville ou le quartier contribuent ils 4 la construction du rapport a l Autre par le sujet personnel Ou dit autrement y a t il du sujet personnel dans l laboration du rapport l Autre en ville Plus concr tement quelles exp riences et trajectoires personnelles orientent les conduites l gard des diff rences dans un contexte urbain diversifi La mani re de d cliner cet te question nous engage alors prendre en compte trois dimensions l es pace la relation l Autre et le sujet personnel 2 Un choix socio anthropologique Mike Singleton affirme dans la proposition de m thode qui ouvre ce nu m ro que l anthropologie prospective sera une ethno anthropologie ou elle ne sera pas nous engageant prendre en consid ration une alt rit qui ne cesse de nous appeler Cette proposition onto pist mologique nous incite repenser la mani re dont nous c
338. tes les anthropologues recycl s en ethnohistoriens n avaient rien craindre pour leur avenir acad mique Mais d autres ont saisi l occasion re pr sent e par ces volutions interpellantes pour dire que la mati re de l anthropologie qui de fait avait Tly a quarante ans il tait encore possible pour un auteur de camper les acteurs et acquis principaux de l anthropologie en 200 pages cf MERCIER P 1966 Aujourd hui il en faudrait autant pour chacune des anthropologies sp cifiques telles que l anthropologie du d veloppement du genre ou de la sant 5 Pi g s par la dichotomie entre th orie et pratique ni Evans Pritchard ni L vi Strauss ne pouvaient appr cier sa juste valeur une anthropologie appliqu e Pour des r f rences cf notre Ethnologie et Ve loppement SINGLETON M 1984 et pour une tude de cas des rapports entre l anthropologie et lapos tolat SINGLETON M par 6 Peu philosophe l auteur ignorait sans doute quel point son titre convenait une discipline fonci re ment allologique Pr sentation 3 t primitive ne l tait pas fonci rement et que l anthropologie s appuyant sur sa m thode la participation observante visait le sens le meaning de l anthropogen se tout court Mais ces pr visions pessimistes ces propositions r sign es se sont r v l es pr matu r es L anthropologie a affin ses m thodes et renouvel ses grilles d analyse
339. thropologie Prospective Annexe La configuration spontan e et premi re des choses du monde op r e par l attitude naturelle pourrait tre repr sent e par un alignement de triangles semblables sous tendus par un triangle r capitulatif des traits caract ristiques de la s rie Mais si ce triangle peut tre dit au bas mot tymologique sub stantiel sub stare et figure in luctablement dans tout jeu de langage de l ordinaire au scientifique en passant par le po tique son ultime statut onto pist mologique oscille entre celui d une pure convention le triangle en poin till et celui d une v ritable substance le triangle noir se trouvant bien au del d une r alit simplement pr dicative dans un r el aussi universel qu univoque voire dans un arch type en bonne et due forme platonicienne Sch ma 4 A Mais nous savons avec les sociologues du savoir qu il n y a rien de moins spontan sociohistoriquement parlant que le spontan et avec les ph nom nologues qu il n y a rien de plus culturel que l attitude naturelle et enfin avec les existentialistes qu il y a autant de mondes et donc de choses ou ob jets mondains qu il y a de projets personnels voire d acteurs vivants puis que le ver de terre produit son propre monde en permanence Si les choses se pr sentent aux acteurs de tel ou tel sociohistorique comme ayant un air de famille c est en grande partie parc
340. tionnelles et des soci t s en transformation L anthropologie clinique ne se confond pas avec l anthropologie m dicale D abord parce que la m decine n a pas le monopole de la clinique Ensuite parce que l volution de la m decine de moins en moins science humaine et de plus en plus arsenal technologique ne contribue actuellement que faible ment une r flexion anthropologique Enfin parce qu en m decine la clini que a tendance se r duire aux techniques de traitement et aux pratiques hospitali res De ce fait la clinique m dicale s appauvrit en perdant sa dimen sion relationnelle humaine En d autres mots elle se d shumanise Cette vo lution est voqu e dans les crits de M Balint de L Israel et de J Clavreuil entre autres Cette perte d humanisme m dical s accompagne d un appau vrissement sur le plan de l anthropologie m dicale Si on se r f re au bilan de l anthropologie m dicale dress en 1974 par A C Colson et K E Selby les domaines de cette anthropologie comporteraient l pid miologie tude des corr lations entre l environnement social et naturel et les maladies end mi ques et pid miques l organisation des soins en institution health care delivery systems l tude des probl mes de sant de populations particuli res enfants vieillards handicap s toxicomanes alcooliques d ficiences immuni taires et l ethnom decine Cette derni re tudie les rappor
341. tribuer un degr d tre ce que j ai compris J ai pris acte des donn es par mes facult s sensorielles et perceptives je les ai com prises en les in formant avec une for me intelligible ma notion de sacrifice mais n ayant encore rien factualis je ne con nais encore strictement rien Le factum le fait r sulte d une affir mation J ai compris que j avais affaire un sacrificateur mais tant que je ne lai pas affirm par un jugement existentiel ontologique ou v ritatif je ne peux pas dire que je le connais La con naissance n arrive que quand je me positionne et positionne l autre dans l tre en affirmant ce chef est en train de sacrifier Si d crire c est entendre entendre c est s engager Puisque les perspectives philosophiques de l anthropologie prospective d passent le purement disciplinaire il nous semblait crucial de poser la ques tion que puis je bien faire quand je d cris avant d aborder les probl mes du comment dois je m y prendre en anthropologue pour paissir quand je Ma position est surtout celle que d veloppe B Lonergan dans les 800 pages de son Insight LONERGAN B 1957 Largement et trangement ignor par le monde francophone l importance et le rayonnement de ce j suite et philosophe canadien lui a valu le rare privil ge d une notice n crologique dans Time L tymologie fausse mais qu il me pla t trouver dans conna tre est
342. ts entre les mala dies leur apparition leur volution et leur traitement et l organisation sociale et culturelle des populations concern es Elle tudie les pratiques de gu ri son des autres lesquelles sont irr ductibles des m decines alternatives les comportements relatifs la maladie et les rapports entre la m decine scientifique import e et les pratiques de gu rison populaires locales Com mentant ces domaines de l anthropologie m dicale Aug constate que toute l ambiguit du propos de l anthropologie m dicale est l certains font de la question de l efficacit th rapeutique la question premi re et n envisagent ventuellement la relation au social que sous cet aspect d autres et d apr s Aug ceux l seuls font proprement parler de l anthropologie s int ressent d abord la place des repr sentations de la maladie et des institutions qui leur sont associ es dans l ensemble des repr sentations et des institutions de la so BALINT M Le m decin son malade et la maladie Paris Payot 1970 ISRAEL L L hyst rique le sexe et le m decin Paris Masson 1977 CLAVREUIL J L ordre m dical Paris Seuil 1978 COLSON A C SELBY K E M dical anthropology Annual Review of Anthropology Vol III Palo Alto Californie 1974 7 GENEST S Introduction I ethnom decine Anthropologie et Soci t Vol 2 n 3 Qu bec 1978 R Steichen 61 ci
343. u sociologue aupr s des indig nes des grandes villes qui habitent Little Italy ou Greenwich Village est n cessaire ne serait ce que pour comprendre ce que nous lisons dans le journal Plus tard il rappellera que le sociologue a toujours t ses yeux une esp ce de super reporter qui devrait faire de mani re un peu plus pr cise et avec un peu plus de recul que la moyenne ce que mon ami Ford appelait de la Grande Information La Grande Information est celle qui rend compte des teridances long terme c est dire de ce qui se passe r ellement plut t que de ce qui semble simplement se passer la surface des choses Grafmeyer Joseph 1984 6 7 En fait ceux qui taient pr ts se mouiller sur le terrain en s embarquant dans des recherches de ce type devaient faire preuve de trois comp tences essentielles l art de voir l observation l art d tre la relation aux acteurs sociaux et l art d crire la transmission Trois qualit s vers lesquelles tant les reporters que les eth nologues doivent tendre 3 Poursuivre Ce qui para t galement essentiel pour tenter de mettre en uvre ce mode de prospection ethnographique c est d essayer de cr er une atmosph re d atelier qui est la seule propice la transmission du savoir faire ethnographi que Winkin 1996 101 et l analyse critique et collective d une d marche qui s bauche et se met en place Par ailleurs pour pou
344. ualisme Habiter ici ou ha biter dans un autre endroit ce sera t la m me chose je pense qu on ne doit pas rester longtemps au m me endroit c est comme si on restait clou Cet interview dit ne rien conna tre du quartier et de la rue principale Cal ada da Ajuda je ne sais m me pas o a se trouve L ici dont il parle c est le territoire form par la maison et le caf antichambre de la maison Mais l autre ici est un macroterritoire sans fron ti res une certaine distance de chez lui o il se prom ne Ce qui balise et ponctue ce M J Gaspar de Mascarenhas 139 territoire ce sont les lieux notables qu ils se situent indiff remment dans ou hors d Ajuda Mais l exemple le plus frappant qui nous conduira une conclusion vient d un ha bitant lorsqu il dit Je n ai pas une grande perspective sur ce qui passe ici ou l Je ne suis pas en train d analyser ceci ou cela par rapport au quartier C est donc une vie qui ne regarde que moi et ma famille je fais ma vie d habitant d un quartier dans son quartier Au milieu d un ensemble d habitants il est un habitant parmi d autres que rien ne relie aux autres Le quartier n est plus ici qu un pr suppos fait de trajets par o l on passe des immeubles qu on regarde et des habitants qu on croise Il est fina lement le cadre habitationnel que l on partage sans plus Conclusion S il nous
345. uartier et ils s ins tallent dans une chambre o elle donne naissance son premier enfant Au moment de la naissance du deuxi me enfant elle change de r sidence et va habiter un deux pi ces dans un lot Vila non loin de Ajuda Atteinte d une maladie respiratoire elle s inscrit la Fondation Salazar promotrice des logements du 2 Mai L acceptation des candidatures y est soumise des crit res conomiques bas revenus mais aussi des crit res moraux et politiques Entre temps elle essaie d acheter une maison par le biais d une coop rative d habitation dans un autre quartier Apr s le 25 Avril 1974 5 les g rants de la coop rative s en fuient avec l argent L argent est parti on est rest sans rien On luttait pour avoir une mai son et voil on a perdu l espoir d avoir une maison Comme on tait d j inscrit ici Mon mari m a dit on est rest sans rien Maintenant on va prendre une maison Mais j tais d j inscrite la fondation Salazar C tait d une grande exigence Il fallait tre mari l glise et tout a Moi je n avais pas ce probl me parce que j tais mari e l glise J ai chou ici D ici je ne sortirai que pour aller au cimeti re Elsa a encore trois fr res qui sont rest s au village et ses deux fils sont l un ouvrier et l autre animateur culturel Son mari est maintenant commis au minist re de la D f
346. ue africaine de l change r ciproque et du partage communautaire et donc comment ils pervertissent les r gles de la redistri bution entre les peuples C est le souci d exclure les Noirs de la nouvelle alliance avec Dieu qui aurait conduit les Blancs mi lus de Dieu mi sorciers qui refusent de par tager leur secret au meurtre de J sus Ce projet de r habilitation s enracine dans le soup on du secret bien gard par les Blancs La seconde partie est consacr e au bricolage des h ros divins travers le don de la racine d eboga la vision de Dieu prend le pas sur le bien tre procur par la vision plus traditionnelle des anc tres La vision provoqu e par la manducation de la racine A propos de livres 163 hallucinog ne vient g n ralement compenser les effets de l absence divine provoqu e par la conduite des hommes Le rituel conduit r instaurer un pont entre Dieu et les hommes La teneur de cette alliance est cependant singuli re et se distancie de l ortho doxie chr tienne Ainsi nous montre l auteur entre la notion d une victime expiatoire de substitution et la cat gorie chr tienne de victime r demptrice il y a un cart signifi catif que le bwiti tend brouiller Un exemple du double langage l uvre dans le syncr tisme de la religion d eboga est propos de mani re convaincante dans le recouvrement partiel de la figure de Ben zoghe figure f minine noire du crucifi o les a
347. ue de Royaumont de 1971 72 ont trouv leur porte parole chez E Morin Ses r flexions sur Punit homo sapiens demens sont tout fait capitales les arguments qu il apporte concernant l indissociabilit entre les versants du d sordre et de l or dre dans l organisation bio psycho sociale de l humain modifient radicalement la signification de la folie de la d raison et des d bordements humains par rapport aux mots d ordre des discours sociaux dominants 7 Une r flexion tout aussi puissante sur l incontournable part maudite dans l humanit se KARDINER A L individu dans la soci t Essai d anthropologie psychanalytique Paris Gallimard 1969 1939 BONAPARTE M Psychanalyse et anthropologie Paris PUF 1952 BASTIDE R Sociolo gie et psychanalyse Paris PUF 1995 1950 et Sociologie des maladies mentales Paris Flammarion 1965 ORTIGUES M C et E dipe africain Paris Plon 1960 VALABREGA J P L anthropologie psychanalytique in La psychanalyse NI 1957 pp 221 245 18 LAPLANTINE F L ethnopsychiatrie Coll Psychoth que Paris d Universitaires 1973 ROHEIM G Psychanalyse et anthropologie Paris Gallimard 1953 1950 DEVEREUX G Essais d ethnopsychiatrie g n rale Paris Gallimard 1977 1970 Ethnopsychanalyse compl mentariste Paris Flammarion 1985 1972 Ethnopsychiatrie des Indiens Mohaves Paris Synth labo 1996 De l an goisse la m thode dans les sciences du
348. uences sociales D autres biblistes sont effray s parce que certains critiques sociaux innovent en tudiant la Bible l aide du marxisme avec ou sans l ath isme cela Elliott r pond 2 Tous les 50 ans la Loi juive prescrivait des pratiques caract re social remise des dettes affran chissement des esclaves nouvelle r partition des terres vendues depuis le Jubil pr c dent etc A Verdoodt 147 en citant Theissen Tout chercheur qui s inspire du marxisme n est pas n cessaire ment un marxiste et tout chercheur qui s tend sur le radicalisme du christianisme primitif n est pas automatiquement un radical Theissen 1978 125 Elliott continue en remarquant Il est important de distinguer entre la r duction comme concentra tion et la r duction comme identification Toute m thode d analyse concentre r duit lattention des ph nom nes sp cifiques ainsi qu leurs relations La critique histori que se concentre sur les v nements La critique litt raire se concentre sur des docu ments crits La critique sociale se concentre sur les structures sociales les processus et leurs interactions La critique th ologique se concentre sur la croyance et la pratique religieuse et la dogmatique La r duction comme identification en revanche n est pas une convergence mais une identification de tous les ph nom nes comme tant exclusi vement de l histoire ou de la litt rature
349. ues de la sociologie compr hensive Alfred Schutz et Max Weber La Haye Martinus Nijhoff Recherches sociologiques 2001 1 A Verdoodt 143 150 L tude de la Bible d apr s l ex g te sociologue J H Elliott par Albert Verdoodt La litt rature biblique peut tre approch e de multiples mani res Nous pr sentons ici un bibliste qui est aussi sociologue Il int gre en effet dans sa recherche des th ories et des mod les repris aux sciences sociales I Introduction Elliott pratique comme les autres ex g tes les approches devenues classiques criti que du texte critique litt raire critique historique critique des sources critique de la r daction etc mais y ajoute une approche qu il appelle sociale scientifique A cet effet il fait appel aux sciences sociales principalement l anthropologie sociale et culturelle la sociologie la psychologie sociale et l histoire L conomie occupe aussi une position centrale dans son approche mais en fait elle est un peu n glig e Nous pr senterons surtout son essai What is Social Scientific Criticism Minneapolis Fort ress Press 1993 et titre d illustration son ouvrage A Home for the Homeless A Social Scientific Criticism of 1 Peter Its Situation and Strategy Minneapolis Fortress Press 1990 J H Elliott est professeur de th ologie l Universit de San Francisco Il participe activement aux rencontres d experts en sociocritique le Context G
350. un syst me de mariage viri et patrilocal Le moment o le dernier triangle s tire et s amenuise jusqu s veiller ou se r v ler comme un rectangle presqu unilin aire ne co ncide pas avec la d couverte d une fronti re ou lieu de passage naturel Il r sulte aussi d une d cision appuy e sur un soup sement herm neutique de la port e des ph nom nes quant la plausibilit de prolonger ou d arr ter le processus d ampliation analogique L arr t peut avoir lieu au dedans du monde Konongo en marche l implosion de l autorit ancestrale sous l impact de la mont e en puissance des jeunes g n rations peut rendre le recours la qualification patriarcale peu cr dible Mais c est souvent dans une direction horizontale M Singleton 29 ou synchronique qu on va sentir le surgissement d un seuil critique d a la pression ph nom nologique D j en me d pla ant au sud ouest de mes Wa konongo en direction des Wafipa je serai oblig de nuancer la forte colora tion patriarcale du mariage dans cette r gion de l Afrique peut tre cause de l habitat regroup des Wafipa qui diminue la n cessit d une direction for te du groupe familial En poursuivant mon chemin vers ce qu on a d sign comme la ceinture matrilin aire de l Afrique je ne pourrai m me plus parler de mariage virilocal et devrai m me envisager dans la cat gorie g n rale uxorilocal des cas
351. ur l alimentation Si on ach te un chou au march il vient de la main de celui qui l a cultiv il vient en voiture vient le vendeur le revendeur il tra ne par terre Ceux qu on a cultiv s nous m mes ne passent que par nos mains Rien que de la fra cheur a vaut de l argent La r gion des potagers est le pendant pur de l espace habit construit et les espaces purs comme l glise et le chemin de la procession une fois par an sont comme l analyse le montre des alli s qui peuvent aider le sujet r soudre son probl me d identit et donner un sens sa trajectoire individuelle Les interpr tations couran tes reprennent trois types d explication des potagers urbains h ritage culturel strat gie conomique et lieux de sociabilit Il est vident que les produits du jardin sont un compl ment m me minime du revenu familial et que bon nombre de ceux qui les cul tivent sont d origine rurale Mais la coh rence entre le rapport l espace d Elsa le ty pe d espaces qu elle s approprie et la symbolique qui y est attach e nous m nent un autre type d explication celle qui passe par l actualit biographique du sujet dans ce cas la rupture de trajectoire et le besoin d affirmation identitaire Il ne s agit pas d une reproduction d actes mais d une production de sens en l ab sence d une continuit de vie qui s exprimerait par un projet r alis ou r ali
352. ur le chamanisme et la possession qui mettent en discus sion les observations ant rieures en les confrontant avec de nouvelles donn es 2 BATAILLE G La Part maudite Paris Minuit 1949 B DE WAELHENS A La psychose Essai d interpr tation analytique et existentiale Leuven Nauwelaerts 1971 FOUCAULT M Maladie mentale et psychologie Paris PUF 1967 1954 Naissance de la clinique une arch ologie du savoir m dical Paris PUF 1983 1963 Histoire de la folie l ge classique Paris Gallimard 1972 Surveiller et punir Naissance de la prison Paris Gallimard 1975 Histoire de la sexualit 1 La volont de savoir 2 L usage des plaisirs 3 Le souci de soi Paris Gallimard 1976 et 1980 HUBERT M MAUSS M Esquisse d une th orie g n rale de la magie 1903 in MAUSS M Socio logie et anthropologie Paris PUF 1950 pp 1 141 EVANS PRITCHARD E E Sorcellerie oracles et magie chez les Azand Paris Gallimard 1972 1937 LEVI STRAUSS C Le sorcier et sa magie 1949 et L efficacit symbolique 1949 in Anthropologie structurale Paris Plon 1958 et 1974 pp 183 203 et 205 203 M TRAUX A Religions et magies indiennes d Am rique du Sud Paris Gallimard 1967 ELIADE M Le chamanisme et les techniques archa ques de l extase Paris Payot 1968 BASTIDE R Le R ve la Transe et la Folie Paris Flammarion 1972 R Steichen 67 de terrain La multiplication de
353. ures de contr le et des contre pouvoirs exerc s au sein du champ de la coop ration Plus pr cis ment il conduit la pro duction d une sph re d impunit o ni la sc ne officielle celle des attendus de la coop ration ni la sc ne locale ne se trouvent en mesure d exercer un r el contr le Dans le cas qui nous retient le p le d accumulation est constitu essen tiellement de vergers de trois tracteurs d un camion et de plaines irrigu es Il fonctionne donc aujourd hui en dehors d une composante paysanne les groupements villageois qui demeure cependant la raison sociale de la CFSM Il s est progressivement tabli sur la base des fonds priv s de l asso ciation gr ce des recettes tir es de la mise en uvre de projets de d ve loppement cotisations conomies r alis es sur les sommes pr vues par les budgets remboursement par les membres de mat riel octroy cr dit etc Les recettes financi res transitent alors des fonds publics octroy s sur la base de projets de coop ration au d veloppement soumis des imp ratifs de gestion et de contr le vers des fonds propres g r s cette fois selon les r gles en vigueur au sein de la coop rative Il va sans dire que la constitution de la rente repose essentiellement sur les recettes obtenues 110 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective par le biais du p le d accumulation et non proprement parler de
354. us B La gestion coup de force de l espace public Le big man populaire r alise une accumulation dans l urgence lave nir est incertain et la solution ses yeux devient la constitution d une ren te et sa redistribution en fonction d une logique de d pendance mutuelle D s lors des limites le big man ne peut en imposer a qui que ce soit Les membres du clan esp rent toujours retirer quelques b n fices en m me temps que les exclus ne trouvent rien redire la situation dans la mesure o ces pratiques concernent des ressources li es de pr s ou de loin une autre sc ne soit celle des donateurs ou m me de l tat qui par certains as pects dans sa composante import e peut y tre inclus Ainsi se construit une sph re d impunit immunit Les r seaux de d pendants poss dent en commun pour diverses raisons la capacit d obliger le leader tout en se soumettant lui corruption et d pendance vont donc de pair un constat auquel il convient d ajouter la faiblesse du d veloppement conomique de cette r gion et l ins curit inh rente la bri vet qui entra ne apparition de logiques d anticipation des projets de coop ration au d veloppement La rente repose sur un processus qui inclut l individu dans le r seau du big man en transformant son statut d obligeant en statut d oblig le processus tant n anmoins r versible dans le temps Les r seaux de d penda
355. ussi dans l air de notre temps que ne le fut la th orie de l volution l poque de Darwin R Jaulin parlait depuis quelques ann es d une Ethnologie prospective Jaulin 1999 B Latour voudrait que l anthropologie soit sym trique c est dire qu elle s attaque aux soci t s modernes de la m me fa on globale qu elle avait abord les cultures traditionnelles 12 Un autre coll gue et membre du collegium le Professeur J Cl Willame attira notre attention sur l pilogue d un livre de M Aug et qui correspond ce point notre Anthropologie Prospective que nous le reproduisons ci dessous ll L interdisciplinarit ne peut avoir lieu qu entre deux blocs bien disciplin s d o son ambigu t profonde et sa facticit fonci re dans la mesure o les disciplines du monde universitaire occidental ne r pondent pas une pr tendue r alit de champs objectivement distincts mais refl tent tout simplement une conjoncture sociohistorique noter que l interculturel n est pas par certains c t s essentiels moins arbitraire que l interdisciplinaire Le francophone qui se sent dans l interculturel face un n erlandophone en Belgique et qui s imagine qu il y est encore davantage quand en tant qu Europ en il a affaire un Africain a t il des motifs objectifs de se d clarer dans l intraculturel chez lui Li ge 2 Cf LATOUR B 1997 1991 pp 16 124 136 144 176 N anmoins
356. utorise des discours non isomorphes dont l ambigu t pr serv e devient la raison du dialogue entre l tat les pouvoirs locaux et les bailleurs trangers Dans ce sens l espace public voire la d mocratie se r duisent parfois une sorte de projet adress alors des partenaires oc cidentaux ceci renvoie des pratiques qu il n y a pas lieu de juger sur un plan moral mais de d crire B Sph re d impunit et p le d accumulation Si la polys mie et partant l ambigu t conduisent la co op ration l uvre commune et donc une communication trange qui ne repose pas sur le recours pr alable un sens en partage Laurent 1998 il n en demeure pas moins vrai que ce processus peut produire une sph re d im punit la faveur d une pluralit normative o les diff rentes sources de pouvoirs et de contre pouvoirs se d qualifient mutuellement en augmentant l ins curit Dans ce no man s land aux fronti res des conventions s enra cinent des pratiques de corruption Si la sph re d impunit peut se rencon trer dans le champ de l aide au d veloppement elle n est pas de mise dans la sc ne locale ou du moins pas encore car la rapide mise mal des qui libres sociaux et conomiques des soci t s traditionnelles pourrait y condui re En ce sens la rente sur laquelle le big man construit sa r putation pos s de toujours une composante ext rieure la
357. ux qui fagonnaient ces espaces urbains en d veloppant un travail empirique important sur un site et un travail d expertise sur les relations entre territoires et gestion urbaine des services et publics et priv s Les objectifs de ce programme envisageaient aussi bien les relations entre l es pace et la structure socio conomique que la situation urbaine de diff rents groupes sociaux partir des m canismes de distribution de ces groupes entre les diff rents types d espaces r sidentiels Il s agissait aussi d aborder les strat gies propres des habitants par rapport aux transformations cono miques et aux espaces r sidentiels le projet tant de privil gier une appro che interg n rationnelle des itin raires et des statuts r sidentiels et profes sionnels ainsi que la nature des relations que les habitants ont avec les ser vices sociaux et culturels relations de service d aide coproduction avec les usagers Le choix d un site Ixelles une commune de l agglom ration bruxel loise a permis de mettre l preuve diff rentes th matiques cons titutives de notre laboratoire de recherche Un ensemble de travaux ont t men s de mani re cumulative Nous sommes partis d un travail socio logique classique l ombre de Halbwachs en r alisant l analyse de la s gr gation r sidentielle et de la coexistence l int rieur d un quartier d un ensemble diversifi de populations l appr
358. vant le point de jonction qu est la connaissance de l homme vis e par l une et l autre Dans cette optique ne devrait on pas aujourd hui parler des Sciences de l Hom me en g n ral et de ce fait liminer les barri res p rim es que demeurent les disciplines traditionnelles Ne reposant plus sur les pratiques actuelles de ceux qui font l anthropologie ou l histoire ne devrait elle pas laisser la place un nouveau territoire de savoir sur l homme En d autres termes ne serait il pas temps d enterrer d finitivement ces cloisonnements pass is tes quitte laisser merger de nouvelles barri res plus pertinentes et sur tout plus ancr es dans la r alit des pratiques La peur du vide ne doit donc pas de fait nous emp cher d aller de l avant Et c est ici souvent que chaque seigneur entre en sc ne pour prot ger son fief Dans ce cadre les d marches critiques certes positives d un Bensa vou lant renforcer l anthropologie la lumi re des avanc es pist mologiques de la micro histoire ou d un Revel soutenant la d marche inverse ne sont elles pas encore trop timides N est il est pas grand temps d difier une anthropologie mais galement une histoire v ritablement m tiss e qui fasse place non seulement au croisement et la f condation mutuelle des disciplines comme m thodes dans la r flexion du chercheur mais gale ment une co construction du savoir l aune
359. ve il convoque une rencontre entre repr sen tants locaux des bailleurs de fonds experts nationaux et principaux respon sables et animateurs de la CFSM La table des invit s pr sid e par le koe moonego k uni fait face une cinquantaine de responsables de la coop rative fruiticole L ambiance est tr s lourde La sc ne locale est rassembl e pour la premi re fois depuis les attaques subies par le big man aucun membre de l autre sc ne soit celle des donateurs n est pr sent La rencontre d bute par un long monologue du big man qui s adresse l assembl e Celle ci alors que je pensais assis ter une destitution en r gle du responsable par les membres contestataires de la coop rative manifeste sa d sapprobation en s endormant profond ment C tait oublier que tous ont besoin des uns et des autres et que le m contentement reste mesur L ordre du jour consiste dans l tablisse ment d un plan pluriannuel d actions l adresse d une ONG Ils en sont leur troisi me programme les deux premiers loin de conduire comme n goci de commun accord l autofinancement de la coop rative se sont heurt s la logique du p le d accumulation Le terme des premiers projets chus il devient imp ratif de r alimenter le processus par la r daction de nouvelles demandes de financement Le cycle d un projet repose de ce point de vue sur un cycle de l oubli des checs Il s inscrit dan
360. vier Servais Anthropologie et histoire ont longtemps parcouru des chemins diff rents Pour tant ces deux disciplines se sont progressivement rapproch es au point s interroger sur ce qui les diff rencie encore aujourd hui N e d une tension forte avec l histoire l anthropologie a peu peu r appris penser dans la diachronie alors m me que l histoire s est progressivement attach e des th mes anthropo logiques et l analyse de sources orales Dans cet article les auteurs voquent quelques unes des questions pist mologiques qui ont contribu ce rapproche ment et tirent de celui ci la n cessit de d velopper une anthropologie m tiss e ou co construite objective mais in vitablement thique et politique La mondialisation est la mode dans les c nacles acad miques Globali sation Localisation D localisation et m me Glocalisation au tant de termes qui renvoient ce ph nom ne et manifestent une tension entre le global et le local au sein des soci t s de par le monde Au niveau des individus cela s inscrit au c ur m me de tensions parfois extr mes en tre modernit et tradition entre identit ancestrale et identit prospective On ne peut penser prospectif sans d un m me lan penser r gressif Cette id ologie nouvelle du devenir des soci t s et l interpr tation sous jacente qu elle tire avec elle quant l volution du social n est pas s
361. voudraient modestes et ouvertes tou tes les critiques et les mises au point conscientes de ne pouvoir elles seules d cider de la nature et des d marches d une anthropologie prospective mais si au fond Telles quelles cependant elles tentent de rendre compte sinon d une pratique acquise et constante du moins d une orientation con tr ler et r ajuster constamment Le r ve est aussi n cessaire l anthro pologue et ses projections aussi in vitables que chez ceux qu il approche et pour lui comme pour eux en prendre conscience ne les supprime pas mais est susceptible de les am liorer pour des applications plus pertinentes Y a t il une autre forme d objectivit pour ces sciences du discours que sont les sciences humaines anciennes et modernes La science s enracine dans autre chose qu elle m me et d bouche ensuite sur autre chose encore L anthro pologie est n e d une soci t et d une culture particuli res des moments pr cis Elle ne peut ignorer ce vers quoi elle m ne ses risques et p rils et qu on le veuille ou non soit une repr sentation al atoire de nous m mes avec des cons quences aussi probl matiques Recherches Sociologiques 2001 1 M Singleton 15 40 De l paississement empirique l interpellation interpr tative en passant par l ampliation analogique une m thode pour l Anthropologie Prospective par Mike Singleton Unifi es par la m
362. vre la question du comment vivre ensemble L essentiel de nos interrogations aujourd hui repose sur les rapports entre g n rations au ni veau du logement et de l ancrage territorial et sur les situations d isolement que nous avions massivement constat es sur un terrain bruxellois et d bouche ainsi sur un approfondissement du programme de recherche Le questionnement s est d plac l Autre ville secr te ou invisible opaque diff renci e consistante devenant le lieu d une interrogation sur l Au tre ses engagements et ses vitements en liaison avec un vouloir vivre en semble Une hypoth se que nous formulions au d part de notre programme de recherche tait que la question de la coexistence dans les contextes urbains relevait peut tre de nouvelles luttes et probl matiques centr es sur le d ga gement de l acteur par rapport aux institutions Ces luttes sont port es par le Sujet personnel dans sa tentative incessante de rallier les aspects instru mentalis s de la modernit et les identit s d compos es ou radicalis es des communaut s primaires Touraine 1997 Il est alors un principe non social la base de la constitution du social savoir que le rapport Soi oriente le rapport l Autre Or ce rapport Soi n est plus un donn des r cits fondateurs de la modernit et des actes que l individu pouvait po ser dans la soci t industrielle l acteur tai
363. vue de l Institut de sociologie Les politiques d ducation et de formation en Europe la question de l expertise 1997 1 4 232p Ricoeur Paul La m moire l histoire et l oubli Paris Seuil 2000 676p 170 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective Rouzel Joseph La pratique des crits professionnels en ducation sp cialis e Paris Dunod 2000 184p Sainteny Guillaume L introuvable cologisme fran ais Paris PUF 2000 552p Saouter Anne tre rugby Jeux du masculin et du f minin Paris Maison des sciences de l homme 2000 202p Simmel Georg Sociologie tudes sur les formes de la socialisation Paris PUF Coll Sociologies 1999 756p Tarabay Maroun Les stigmates de la maladie Repr sentations sociales de l pid mie du sida Lau sanne Payot 2000 217p Thanh Huyen Ballmer Cao Mottier V ronique Sgier L a Dir Genre et politique Gallimard folio 2000 528p Xiberras Martine Les th ories de l exclusion Paris A Colin 2 d 232p Zwang G rard Les comportements humains thologie humaine Paris Masson 2000 289p English Summaries Albert Doutreloux Anthropologies beyond the bounds Founder of Louvain University s Laboratory of Social and Cultural anthropology now called the Laboratory of Prospective Anthropology the author reflects upon what was and could continue to be an anthropology beyond the bounds in that it sought and seeks to make sense at the
364. x confins du Burkina Faso et du Ghana Il repose avant tout sur la description d une coh rence propre la fois locale et globale que le groupe se trouve en tat de recomposition universaliste de dispersion d clatement face aux effets de la globalisation n y change rien Jaulin 1999 99 Mon but est de rendre compte de l espace public travers la descrip tion des m canismes sociaux de corruption Gr ce une observation parti Professeur au D partement des sciences politiques et sociales Unit d anthropologie et de sociologie Place Montesquieu 1 1 B 1348 Louvain la Neuve Coop rative fruiticole du sud du Moogo La notion d espace public a t th oris e par H Arendt il y est notamment question de la mise en avant de choses en partage ARENDT H 1953 p 92 et passim J Habermas parle ce propos d un uni versel fait de r gles de discours constituant ensemble une thique de la discussion HABERMAS J 1996 102 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective cipative men e lors de missions de deux trois semaines tal es sur quatre ans de 1997 2000 l accent sera mis sur les propos des acteurs concer n s Je montrerai que la singularit de cette recherche met en valeur l ob jet privil gi de l anthropologie prospective Ainsi dans le cadre d un uni vers o la sur modernit mondialis e se renforce et donc les formes d ho mog n isation ce
365. xistence dans le quartier est r solu collectivement travers une liturgie de l existence du quartier Elsa se construit un territoire entre la maison la chapelle le potager le chemin de la procession une fois par an et le quartier d antan qu elle n a pas connu C est tout un travail d appropriation qui est ici en jeu comment elle per oit le quartier quel sens il a et pourquoi Ce pourquoi et ce comment ne peuvent tre compris qu en lien avec son actualit biographique chaque entretien l valuation du quartier la description des pratiques nous ra m ne la construction du territoire en rapport avec des valeurs travers lesquelles on peut reconstruire en filigrane toute la vie de l habitant ses origines sociales et spa tiales son parcours ses buts et projets sa d finition de soi et des autres 136 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective Ainsi les trajectoires de vie sociales et spatiales nous ont permis d avoir acc s 4 la diversit des appropriations du quartier et la signification de ce dernier Le quar tier est une construction qui rel ve de la biographie personnelle Nous avons constat aussi que cette valuation du territoire met en jeu des aspects qui sont en rapport avec les dimensions de la mobilit tant spatiale que sociale et que de ce fait il faut approcher l habiter du point de vue du couple s dentarit mobilit Paulina et Flores par exemple mettent en jeu
366. xp rimentation concr te que l analyse critique et le calibrage th o rique et m thodologique trouvent leur pleine dimension D une fa on g n rale nous sommes tr s loin d tre arriv au terme de notre r flexion et de sa mise en chantier Nous sommes donc aussi tr s loin d aborder et de traiter toutes les questions qui devraient tre envisag es pour mieux saisir et nourrir la pertinence et l efficacit de la connexion que nous proposons Mais ce tra vail de mise en relation et d exp rimentation demande du temps comme Pethnologie et le reportage D autre part il faut pr ciser d embl e que la notion m me de reportage et donc de reporter est ambigu et que pour construire notre proposi tion nous op rons des choix quant sa d finition et ses implications En pre mier lieu nous savons que le reporter est d une certaine fa on un my the professionnel au sens o seulement une infime partie des journalistes vi vent ce r ve au quotidien Cette image du travail des journalistes est donc er ron e ce que nombre de journalistes admettent bien volontiers Le Bohec 2000 164 Nous travaillons donc partir d une pratique et d un genre jour nalistiques le reportage qui malgr leurs dimensions mythiques occupent aujourd hui dans l ensemble des m dias une place non dominante Mais le grand reportage a une histoire qui a marqu significativement et de fa on diff rente
367. xuelle ce qui la rend parfois un peu d cal e par rapport aux familles monoparentales ou homoparentales qui l occasion peuvent offrir plus de garanties de socialisation r ussie des enfants que des familles l galement normales mais hu mainement probl matiques M Singleton 27 L paississement n exclut pas la s riation Mais on atteint plus vite qu on ne l imagine d habitude les limites d alignement soutenables Le poids m me des ph nom nes particuliers induit d in vitables seuils de discontinuit signifi cative Revenons notre triangle de d part Nous avons insinu que l exp rience paisse du mariage de Jean et de Jeanne m rite elle seule le nom propre de mariage Ce qui ferait du transfert l endroit de Paul et de Paule du m me terme mariage une proc dure sinon totalement arbitraire du moins relativement artificielle C est cette d cision bien r fl chie de d cr ter une chose toute singuli re qu elle soit similaire un particulier primitif ou originel que nous visons par la locution ampliation analogique Technique ment le point de d part s appelle l analogatum princeps le particulier pri mordial l origine de l extension analogique Prenons un cas extr me celui de Dieu Il peut sembler hors limite mais ne l est pas dans la mesure o tout singulier est ce qu il est et nul autre id quod est est id quod est Par d fi nition d cisive e
368. y is made of key texts in the field of medical psychiatric psychological psychoanalyti cal philosophical and socio cultural anthropology The prospective attitude of a clinical an thropologist is then explored and the contribution of psychoanalysis to a clinical anthropology examined Bernard Francq and Xavier Leloup with Margarita Becerra Fran ois Bodeux Eric Goovaerts and Julien Pierart Towards a prospective urban socioanthropology In the light of research realized or underway an anthropological approach to urban ways of living is outlined especially the need to rethink space the relations with the Other and the construction of an individual actor G rard Der ze Reporting one way of doing prospective ethnography The historic and organic link between journalistic and anthropological practices would seem to point to reporting as an ethnographic way of exploring and elaborating the fabricated frag ments of social reality Anchored in a perspective of prospection and discovery reporting appears as one of the empirical ways of facing up to everyday occurrences 172 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective Pierre Joseph Laurent Public space in a West African village a prospective anthropology on the frontiers of the theory of conventions The fundamental object of prospective anthropology is the polysemic nature of reality Two aspects of development aid point to a frontier of conventions where
369. yseur le plus ad quat pour approcher le quartier dans le contexte des villes modernes et de ses th orisations La communaut reste toujours d couvrir Nous la trouvons la Paix avec son mode d appropriation l ancrage Ce groupe r unit les caract ristiques qui depuis T nnies constituent les piliers de la communaut le partage du lieu du sang et de l esprit le partage de la vie Mais la n gation du principe de l espace comme contenant d un groupe ou de 140 Recherches Sociologiques 2001 1 Anthropologie Prospective groupes homog nes en tant que d finition fondatrice a permis de le distinguer alors que son acceptation aurait voil les autres formes d appropriation Au regard du couple s dentarit mobilit nous voyons quel point la mobilit pra tique ou de repr sentation est un l ment fondamental dans l appropriation On ne parle pas ici de figures comme l errant ou le promeneur mais de la mobilit dans tout ses tats mobilit qui peut ne se manifester dans la pratique qu certaines p riodes r guli res comme c est le cas des processions valuation de la mobilit des au tres comme un facteur d attraction ou de r pulsion dans l identification un lieu co des spatiaux tels que je vais partout ou je suis toujours dans mon coin qui signi fient qu on se d robe au partage de sa vie avec les autres habitants R F RENCES BIBLIOGRAPHIQUES BASSAND

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