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1. an unconscious part which knows and a conscious part which does not absolument E TEXTES TEXTS absolument H TEXTES TEXTS Tous les l ments du secret de famille se retrouvent en effet dans l exp rience psychique de Sara commencer par le clivage La plupart du temps les secrets de famille ne sont pas ignor s des g n rations suivantes Ils se situent dans un espace de connaissance interm diaire la fois sus et non sus comme si l appareil psychique se scindait entre une partie consciente qui ignore et une partie incons ciente qui sait Le clivage est troitement li au d ni une grande partie de l activit consciente du sujet visant ne pas voir la r alit en face Ce savoir inconscient est d autant plus inform que suivant l expression du psychanalyste Serge Tisseron le secret suinte Le mot de suintement voque des circonstances o un liquide th orique ment contenu se met filtrer sous forme d humi dit ou goutte goutte Transpos dans le contexte psychique il signifie que le secret aussi bien cach soit il se laisse deviner par un certain nombre de signes discrets que capte l inconscient Il est ainsi peu probable que Sara n ait pas remar qu certains comportements tranges de sa m re en particulier la mani re dont elle supportait diffici lement la pr sence physique des hommes On peut penser aussi que le suintement s est produit au fil des ann es dans la mani re dont la2. TEXTES TEXTS posTm moire eT SECTET COLLECTIF en BOSNIE POSTMEMOTY AND THE COLLECTIVE SECLET in BOSN1Id PAR PIERRE BAYARD BY PIERRE BAYARD Pierre Bayard montre partir du film Grbavica de Jasmila Zbanic comment la g n ration d apr s en Bosnie est marqu e par un secret collectif portant sur les enfants n s de viols Pierre Bayard uses the film Grbavica by Jasmila Zbanic to illustrate how the generation after in Bosnia is affected bya collective secret concerning the children born of rape Le film Grbavica de la cin aste bosnienne Jasmila Zbanic n e en 1974 n a pas t r alis par une artiste de la seconde g n ration puisqu elle m me a connu la guerre Cette uvre est pourtant double ment li e la question de la postm moire la fois par l histoire qu elle raconte et par l effet important qu elle a eu en Bosnie L histoire se d roule Sarajevo une quinzaine d an n es apr s la guerre L h roine Esma une femme d une quarantaine d ann es vit seule avec sa fille adolescente Sara L un des professeurs du lyc e de la jeune fille a d cid d organiser une excursion en bus Les frais que les parents doivent acquitter sont assez lev s surtout dans une soci t marqu e par le ch mage et Esma prouve de grandes difficult s r unir la somme Mais Sara apprend que paieront des droits tr s r duits les enfants des h ros c est dire des soldats bos niens morts da
3. an entire community they are also shared secrets in the sense N ui wn Lud gt lt bad C E O D Q oO pb E fo 2 fa D re i a ao Louis Jammes Sarajevo 1994 tirage argentique 165 x 125 cm courtesy Galerie RX Paris Louis Jammes Sarajevo 1994 black and white photograph 165 x 125 cm courtesy of Galerie RX Paris Pierre Bayard est professeur de litt rature fran caise l Universit Paris 8 et membre de l Institut Universitaire de France Il est l auteur de nombreux essais sur la litt rature dont Qui a tu Roger Ackroyd Minuit 1998 Comment parler des livres que l on n a pas lus Minuit 2007 et L Affaire du chien des Baskerville Minuit 2008 traduits en une trentaine de langues et a dirig plusieurs volumes collectifs sur les meurtres de masse Dernier ouvrage publi Aurais je t r sistant ou bourreau Minuit 2013 communs toute une communaut mais galement des secrets partag s au sens o leur pr sence simultan e chez un grand nombre de sujets cr e un espace psychique collectif distinct de chaque espace psychique individuel avec ses r gles de fonctionne ment et ses modalit s d change propres Dans cet espace psychique collectif on retrouve tous les l ments signal s pour le secret individuel commencer par le couple du d ni et du clivage ainsi que le suintement Mais cet espace collectif o se joue un cr
4. ave occurred over the years through the way Esma spoke or did not speak to Sara about her father through her discomfit when replying to questions about him and perhaps even more so through what the camera shows throughout the film as it pans around the apartment namely the total absence of photographs However theories on the family secret alone cannot explain what the film demonstrates What distinguishes the situation described is the overlapping between an individual secret and a collective one The individual secret concerns both the violence suffered by Esma and the truth of Sara s origins the collective secret that of the rape of thousands of Bosnian women and the fact Louis Jammes Sarajevo 1994 tirage argentique 165 x 125 cm courtesy Galerie RX Paris Louis Jammes de femmes bosniennes et sur le fait que des milliers d enfants sont le produit de ces viols Les secrets ici en cause ne rel vent pas seulement de la sph re individuelle comme de nombreux secrets de famille mais galement et en m me temps de la sph re collective Ce sont non seulement des secrets Sarajevo 1994 black and white photograph 165 x 125cm courtesy of Galerie RX Paris that thousands of children resulted from these rapes The secrets in question here do not belong solely to the individual sphere as is the case with many family secrets but also and simultaneously to the collective sphere Not only are these secrets peculiar to
5. es v nements qui ne lui sont pas personnellement arriv s et dont elle ne cesse de subir les cons quences psychiques Mais les choses se compliquent dans la mesure o la probl matique de la postm moire croise ici celle du secret puisque ce sont de faux souvenirs qu Esma transmet Sara is consistent with the Freudian theory on trauma The traumatic event is so violent that it can find no place in the psyche and thus cannot be worked through or to borrow Lacan s wonderful expression it never stops not being written n the case of Esma it therefore resurfaces in any situation that reminds her of the rape Things are different for the subsequent generation because Sara did not live through the war suffered no trauma herself and in principle is unaware of what happened to her mother And yet she clearly has been marked hence there is postmemory by events she did not personally experience and whose psychological consequences she continues to suffer However mat ters are further complicated in this case since the issue of postmemory overlaps here with that of secrecy for the memories Esma has passed on to Sara are false Indeed all the elements of the family secret can be found in Sara s psychological experience starting with splitting In most cases family secrets are not unknown to subsequent generations They reside in an area of intermediate knowledge both known and unknown as if the psychic apparatus was divided into
6. essays on lite rature including Who Killed Roger Ackroyd New Press 2000 How to Talk About Books You Haven t Read Bloomsbury Publishing 2007 and Sherlock Holmes was Wrong Bloomsbury Publishing 2010 translated into over thirty languages and the editor of several contributed volumes on mass murders His most recently published work is Aurais je t r sistant ou bourreau Minuit 2013
7. lies of the war dead At first Esma claims that she cannot find the document then when pressed is forced to admit to Sara that she is not the daughter of a war hero but rather the product of a rape committed during the war in the prison camp where she was being held Jasmila Zbanic s film clearly illustrates how the pas sage of suffering takes place from one generation to the next Traumatised by her experience Esma cannot bear to be in close proximity to a male body which sends her into a panic What is described here Le film de Jasmila Zbanic montre bien comment s effectue le passage de souffrance d une g n ration l autre Traumatis e par ce qui lui est arriv Esma ne peut supporter la pr sence trop proche d un corps masculin qui la plonge dans la panique Ce qui est ici d crit est conforme la th orie freudienne du trauma tisme Trop violent l v nement traumatique ne peut trouver place dans le psychisme Il ne peut donc tre l objet d une laboration psychique ou selon la belle expression de Lacan ne cesse pas de ne pas s crire Il fait alors retour chez Esma dans toutes les circons tances de la vie qui peuvent lui rappeler le viol Les choses se passent de maniere diff rente a la g n ration suivante puisque Sara n a pas v cu la guerre n a pas connu de traumatisme direct et ignore a priori ce qui est arriv sa m re Elle est pourtant bien marqu e et c est en cela qu il ya postm moire par d
8. m re parlait ou ne parlait pas sa fille de son p re dans la g ne qui est la sienne chaque fois qu elle r pond des questions et plus encore peut tre par ce que montre la circulation de la cam ra dans l apparte ment tout au long du film savoir l absence totale de photographie Mais les th ories du secret de famille ne suffisent pas rendre compte de ce que montre le film L une des particularit s de la situation d crite est en effet que se croisent un secret individuel et un secret collectif Le secret individuel porte la fois sur la violence dont a t victime Esma et sur les origines de Sara le secret collectif sur les viols de dizaines OURS D OR BERLIN Splitting is closely linked to denial with a large part of the subject s conscious activity aimed at not facing reality This unconscious knowledge is all the better informed because to use the psychoanalyst Serge Tisseron s expression secrets seep out The term seepage evokes circumstances in which a theoretically contai ned liquid begins to filter out as humidity or drop by drop The meaning when transposed to a psychological context is that secrets however well concealed are given away by a certain number of discreet signs that are picked up by the unconscious It is thus unlikely that Sara has not noticed some of her mother s strange behaviour particularly her distress in the presence of a male body We may also consider seepage to h
9. ns les combats Ayant t lev e par sa m re dans l id e que son p re tait d c d au front elle lui demande le certificat dont b n ficient les familles des combattants morts Esma affirme dans un premier temps qu elle ne parvient pas retrouver Le document mais sa fille se faisant de plus en plus pressante elle est finalement contrainte de lui avouer qu elle n est pas la fille d un h ros mais le fruit d un viol commis pendant la guerre dans le camp de pri sonni res o elle m me tait d tenue The film Grbavica by Bosnian filmmaker Jasmila Zbanic born in 1974 is not the work of a second gene ration artist since the director herself lived through the war Yet the film is linked to the issue of postmemory both through the story it tells and the impact it had in Bosnia with its exploration of a taboo subject The story is set in Sarajevo approximately fifteen years after the war The main character Esma a woman in her early forties lives alone with her teenage daughter Sara One of the young girl s teachers has decided to organise a school coach trip The cost for parents is quite steep particularly in a society marked by unem ployment and Esma struggles to find the money However Sara learns that the children of war heroes in other words Bosnian soldiers killed in action are entitled to a discount Having been raised to believe her father died in combat she asks her mother for the certificate given to fami
10. oisement des postm moires met en jeu une dynamique beaucoup plus importante que le cercle familial puisque de nombreux modes de rela tion entre les tres non seulement se d roulent sur fond de ce secret et en portent donc les traces mais ont m me pour fonction de g rer collectivement ce secret en trouvant Les moyens de vivre avec 1 Serge Tisseron Secrets de famille mode d emploi Marabout 2006 p 35 et sq that their simultaneous presence in a large number of subjects creates a collective psychic space separate from each individual psychic space with its own opera ting rules and forms of exchange This collective psychic space contains all the ele ments relative to individual secrets beginning with the denial splitting pair and seepage However this collective space in which there is a meeting of post memories brings into play a much more important dynamic than the family circle since many types of interpersonal relationships are not only underpinned by this secret and bear the traces but even function to collectively manage the secret by providing the means for an entire community unable to accept the secret being revealed to live with it 1 Serge Tisseron Secrets de famille mode d emploi Family Secrets A User Manual Marabout 2006 p 35 et seq Pierre Bayard is Professor of French Literature at Paris 8 University and member of the Institut Universitaire de France He is the author of numerous
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