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Mary Parker Follett

1. Lesourne 1976 45 Si l on veut que la r flexion soit juste il est donc indispensable de d couper l univers avec le plus grand soin Ce n est pas non plus un tout indistinct Il faut noter que lorsque nous parlons de l environnement global ce n est videmment pas tout l environnement global mais ce qui est en relation si imm diate avec l individu que l on y trouve des l ments qui seront des causes et des effets de l activit de cet individu Follett 1924 109 Il faut donc construire la situation sur laquelle on veut agir C est ce que mettront en lumi re les th oriciens du constructivisme et que les praticiens de l approche syst mique appellent la d finition du syst me consid rer Pour ce faire on rep rera l ensemble des l ments pertinents par rapport un objectif pr cis B riot 1992 Cette d limitation est capitale pour qui veut agir sur le syst me Ne pas le faire c est prendre le risque de s puiser sur des leviers inop rants C est souvent le cas lorsque dans une entreprise on se fie l organigramme officiel alors que le pouvoir est r parti d une fa on bien diff rente 4 Observer une situation L observation de la situation n cessite donc beaucoup de rigueur Frank Gilbreth qui fut dans la mouvance de Frederick Taylor le grand sp cialiste de l observation des mouvements avait remarqu que chaque ma on posait des br
2. 14 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 l av nement d une puissance mondiale pour Y H Nouailhat Noua ilhat 1973 1919 1929 le temps de la prosp rit pour A Kaspi Kaspi 1980 1896 1931 L ge des r formes pour Richard Hofstadter Hofstadter 1955 On pourrait continuer longtemps mais au del de la recherche d une formule accrocheuse il y a une r alit que nous pr senterons rapidement en ne retenant que les v nements et les mouvements auxquels Mary Parker Follett a particip ou qui ont eu une influence directe sur sa pens e et ses activit s 1 Le bouleversement d mographique De 1900 1920 la population des Etats Unis passe de 75 995 000 105 711 000 soit un accroissement de 40 en vingt ans d pour une part importante l immigration 14 500 000 arriv es entre 1900 et 1915 soit plus en quinze ans que pendant les 40 ann es pr c dentes 14 000 000 de 1860 1900 L homog n it de la soci t am ricaine anglo saxonne et calviniste est bouscul e par ces vagues d immigration de la derni re d cennie du XIXe si cle et de la premi re du XXe Les Italiens les Slaves les Magyars et les Juifs d Europe centrale repr sentent 52 des immigrants entre 1891 et 1900 et 72 entre 1901 et 1910 contre 18 dans la d cennie 1881 1890 Les nouveaux arrivants sont difficilement assimil s par la soci t am ricaine Le processus d assimilation sociale qui a
3. ducation civique pour les cours du soir la cr ation de la cit scolaire syst me de participation des tudiants la direction des coles la formation de Conseillers municipaux des jeunes dans les quartiers de Boston En 1909 elle devient membre de la Women s Municipal League of Boston une association r formiste r unissant des repr sentantes de la meilleure soci t de la ville et pr sid e par Katherine Bowlker s ur du Pr sident de l Universit de Harvard Un autre de ses terrains d action qui donnera une nouvelle direction ses travaux est l orientation professionnelle Trouvant que l organisation pour la formation des conseillers d orientation ne s int resse pas assez au placement des jeunes et n assure pas leur suivi elle obtient de l Inspecteur des coles de Boston l autorisation de mettre en place sur fonds priv s le Boston Placement Bureau qu elle animera de 1913 1917 Elle fait tablir des fiches d information sur les diff rents m tiers et c est cette occasion qu elle commence Publi en 1885 Mary Parker Follett 21 avoir des contacts r guliers avec le monde des entreprises notamment avec l industriel Henry S Dennison et le commer ant Lincoln Filene Tous deux sont des businessmen exceptionnels tr s int ress s par les questions de management Les autorit s de Boston sont impressionn es par son travail et en 1917 ce bureau est int gr au syst
4. t d velopp e quelques ann es plus tard par les chercheurs de l cole de Palo Alto sous le nom de causalit circulaire C est un jeu complexe d implications mutuelles d actions et de r troactions d coulant directement de la notion d interaction mise en vidence par G H Mead en 1934 Pour mener correctement des n gociations 1l est important de l avoir comprise Elle conduit en effet adopter une attitude ouverte puisqu on sait que les changes seront complexes et donc peu pr visibles Le n gociateur familier de cette r action circulaire constituera un dossier technique tr s solide pour appuyer son point de vue sans perdre son temps supputer les arguments qui seront chang s Arrivant plus disponible plus ouvert la table de n gociations il aura plus de chance de r ussir 7 Les principaux obstacles l int gration Consciente de la difficult de l exercice Mary Parker Follett a dress la liste de quelques obstacles au succ s d une int gration la paresse intellectuelle il est plus facile de contester de combattre ce que font les autres que de proposer des solutions et que de prendre des responsabilit s le go t de la domination de la victoire sur l adversaire Combien de gens consid rent que dans un conflit sans vaincu il n y a pas non plus de vainqueur l id ologie l impossibilit de mettre de c t ses pr jug s th oriques les symbol
5. Nous ne pouvons jamais comprendre la situation globale sans prendre en compte la fa on dont elle volue Et quand une situation change nous ne nous trouvons pas confront s une nouvelle configuration des faits pr c dents mais une nouvelle situation Follett 1924 69 Elle donne un exemple puis dans son activit sociale celui d un jeune dont on veut faciliter l adaptation ou rem dier l inadaptation Pour ce faire on ne peut pas se contenter d agir sur la personne par de la formation des conseils un suivi psychologique sans prendre continuellement en consid ration son environnement sur lequel on aura forc ment intervenir Il faut tre vigilant tout ce qui constitue sa vie travail sant loisirs Et l adaptation sera un processus complexe o les comportements du jeune vont voluer dans un environnement qui lui m me variera soit sous l effet de circonstances ext rieures sur lesquelles le travailleur social et le sujet lui m me n ont pas de prise soit sous l effet de leurs propres actions Cette notion de tout que nous appellerons plus volontiers ensemble ou syst me selon le cas sur laquelle s appuie Mary Parker Follett est celle de la Gestalt tr s en vogue l poque Cf supra point III 7 Je m appuie ici sur la doctrine de la Gestalt parce que la v rification exp rimentale qu elle apporte la doctrine de l unit int grative des ensembles f
6. conditions de travail machines mat riaux etc soient bonnes de s assurer que les instructions sont bien comprises que les gens sont form s les ex cuter et entra n s utiliser les m thodes choisies comme tant les meilleures Follett 1941 274 McGregor d veloppera trente ans plus tard les m mes id es dans sa th orie Y la t che essentielle du management est d organiser le travail et de donner les m thodes pla ant les gens dans des conditions leur permettant d atteindre au mieux leurs propres objectifs en appliquant leurs efforts atteindre les objectifs de l organisation McGregor 1966 15 Cela dit on ne peut vacuer les probl mes de commandement Mais avec cette conception du r le du dirigeant ils se posent de fa on fort diff rente Donner des ordres est une pratique d autant plus importante qu elle se r p te peu pr s quotidiennement sous une forme ou une autre instructions crites ou verbales ordre ne demandant qu un r sultat et laissant au collaborateur le choix des moyens ou demande pr cise d ex cuter imm diatement une t che voire un geste Derri re cette manifestation de l autorit il peut y avoir une entente pr alable entre celui qui donne l ordre et celui qui le re oit Dans ce cas la forme de l ordre lui m me importe assez peu puisque chacun sait ce qu il faut faire de quelle fa on et dans quelles conditions et que lacte de commandem
7. gration des diff rences du groupe Le pouvoir du leader est un pouvoir d int gration Follett 1918 229 Et quand se sera form e une authentique id e du groupe c est lui qui la fera mettre en uvre et la d fendra l ext rieur Le leader exp riment ne se repose pas sur sa force personnelle il dirige son groupe non en le dominant mais en tant son porte parole Un demi si cle plus tard tre le porte parole du groupe sera identifi par Henry Mintzberg 1984 comme un des dix r les du manager 9 Le leader et les experts Toute ma vie j ai su qu il ne fallait pas d pendre des experts Comment ai je pu tre assez stupide pour leur donner le feu vert J F Kennedy apr s le d sastre de la baie des Cochons Cuba Kerdellant 2000 215 Nous avons parl de leaders et de managers Ce sont par d finition des r les de g n ralistes Dans l entreprise il faut galement compter avec les experts qui prenaient au d but du si cle une place de plus en plus importante avec la mise en place du management scientifique Dans le syst me de Taylor les experts ont un r le clef Mary Parker Follett le reconna t et recommande aux dirigeants de leur permettre de le jouer pleinement mais sans les laisser empi ter sur celui du manager Aucun dirigeant ne devrait renoncer r fl chir sur quelque sujet que ce soit cause de l avis des experts Follett 1941 258 Chacun a sa com
8. n a pas t traduit En 1987 on r dite New York Freedom amp Co ordination Lectures in Business Organisation Cette m me ann e Pauline Graham une praticienne du management qui apr s avoir eu son propre cabinet d expert comptable a dirig un grand magasin publie Londres Dynamic Management The Follett Way C est le d but d un regain d int r t pour l uvre de Mary Parker Follett Dans les ann es qui suivent des travaux universitaires et des publications lui sont totalement ou partiellement consacr es en Grande Bretagne aux tats Unis en Italie au Canada Une tape dans la red couverte de la grande dame du management sera franchie en 1995 avec le livre de Pauline Graham Mary P Follett Prophet of Management A celebration of Writings from the 1920s Depuis 1996 les Am ricains ont donc red couvert Mary Parker Follett De nombreux travaux lui sont consacr s et The New State est r dit en 1998 24 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 DEUXIEME PARTIE LES ENSEIGNEMENTS DE MARY PARKER FOLLETT I Faisons une exp rience Toujours l atelier et ses exp riences directes eurent pour l Am ricain le pas sur le bureau de dessin ou le laboratoire dans lesquels l imagination cr atrice est sans cesse menac e de s garer dans l abstrait et l impraticable Hyacinthe Dubreuil 1929 Avant d aborder plus en d tail les id es de Mary Parker Follett il nous faut dire quelque
9. types de r ponses les r ponses simples inconditionn es et non apprises mouvements des doigts des bras des yeux etc les r ponses apprises form es partir des pr c dentes par un processus de conditionnement en faisant pr senter des stimuli appropri s par un agent ext rieur Les r ponses simples se groupent alors en r ponses conditionn es complexes ou habitudes telles que le tennis l escrime la fabrication des chaussures les r actions maternelles religieuses etc Ces r ponses complexes sont des int grations Watson 1919 40 Un autre apport est celui de Freud l homme est le lieu de conflits internes entre des d sirs des besoins des pulsions contradictoires Il lui faut donc fr quemment parvenir une int gration interne pour agir et s exprimer de fa on coh rente La psychologie a autre chose d important apporter sur ce th me de l mission d ordres ou de directives avant que celui qui donne les ordres et celui qui les re oit parviennent une int gration il est souvent n cessaire que l un des deux voire chacun d eux fasse en lui m me une int gration L individu est souvent tent par deux voies contradictoires celui qui est assez lucide pour s en rendre compte peut pr venir un conflit de tendances a Freudian conflict et r ussir les int grer avant que ce conflit ne parvienne un stade aigu MPF avait lu H J Watt Sherrington John B Watson et Freud Dans
10. 1941 147 Et dans ce sch ma le r le du leader est de nous faire prendre nos responsabilit s non de nous en d barrasser 3 D l guer Je ne pense pas que le pouvoir puisse tre d l gu car je crois que le v ritable pouvoir est la comp tence Mary Parker Follett Des d finitions que nous venons de donner du pouvoir et de l autorit on d duit facilement que le pouvoir qui est la comp tence ne peut se d l guer On peut conf rer l autorit mais le pouvoir ou la capacit personne ne peut le donner ou le prendre Le directeur ne peut pas partager son pouvoir avec le chef de division le contrema tre ou les ouvriers mais il peut leur donner des occasions de d velopper leur propre pouvoir Follett 1941 112 Ce qu on peut d l guer c est donc l autorit notamment dans ses aspects formels et symboliques la signature de certains documents l engagement de d penses d un certain montant la repr sentation de l institution aupr s d une autre institution le droit de prendre des engagements fermes au nom de son organisation lors de n gociations etc Mais il faut tre coh rent donner l autorit quelqu un qui n a pas la comp tence est fatal aux gouvernements comme aux entreprises Follett 1941 111 Quand le dirigeant investi de l autorit comprend le pouvoir de cette fa on il a une autre vision de son organisation et de son organigramme En 1932 Ma
11. Creative Experience elle discute les apports de la th orie de la Gestalt et des b havioristes Mais dans ses conf rences aux managers ce sont les applications pratiques qui int ressent ses auditeurs Elle leur explique donc concr tement simplement exemples l appui les services que peut leur rendre cette notion et comment la mettre en uvre Dans son adaptation de la th orie aux relations quotidiennes elle montre qu on ne parvient l int gration que par l action Ce n est pas un processus intellectuel Nous ne pouvons pas parvenir un v ritable accord simplement en discutant autour d une table Une authentique int gration se produit dans la sph re des activit s pas dans celle des id es ou des souhaits Follett 1924 150 Et ce qu on int gre ce sont toujours des activit s On ne peut int grer des hommes On ne peut parler d int gration de personnes Un individu abstrait ne rencontre pas un autre individu abstrait c est toujours une activit qui se trouve en face d une autre activit 37 ST H J Watt Some Problems of Sensory Integration in British Journal of Psychology 1910 3 323 et suiv cit dans Follett 1924 114 Watson chef de file des b havioristes pense qu il y a peu de diff rences entre la formation des habitudes et le conditionnement des stimuli et des r ponses Mary Parker Follett utilisera cette th orie de la formation des habi
12. D ARANT AT Ailes Apr Ps 25 3 Le contexte de l exp rimentation organisation et culture 25 DURE PES Lai EU TD PR ER ET RE ES SE ETES OT TE PR 26 ls HiCet UNE se TA He PRO AR SR M Re nt PART RAS TM een 26 2a Une VISIONSYS MIQUE 1 57 han de More ten Andes te dr ne ee une de ON ea neutre d 26 3 D finir l syst me consid rer ss ei irnrimennnenerienneeetirerreeterternan nes iie EEE Sei 27 ObDServer Une SHUALION RER en re en dE ane E A EESE eee a 28 IT Les groupes nennnsnsenensensensensesnnesnseseesneennesne esse snce nsc seessnessnessesne eme eneenneense essence sncnscee 28 1e Le e TE OKON Lai in A MERETE E RM M A nr an Ne en nn E lettre end geste 28 2 Le groupe base de la vie sociale et civique ss 29 3 L s Sgroup s dans l entreprise sessions TR en nantes E nt end Pr nn men ET Ac 30 Mary Parker Follett 3 IV Le conflit constr ctife s essssscsessrsssceososssesssrscsocsesesoorsssoseo rsss se acoso sossun ss seboros huesos r osses s esiri So Seseo s retis 31 1 loge de la Re TO NE stitt stekt stekt s n bS PAAS PANAS ESS SN TRS I 31 2s Leconflit eestla Vienio en nt Te A E E VEREER aa 31 3 Mettre le conflit au travail ss 32 4 gt Les limit s de l int gration aese ei EEE E E E E A E a 33 5 Comment mener bien une int gration ses 34 6 La relation circulaire vous moi vous moi issues 35 7 Les principaux obstacles l int gration ss 36 V Po voiretleaders hipnin sisses oseese niss
13. Fayol pour prendre une comparaison fran aise crit si Mary Parker Follett tait n e au 12 si cle elle aurait t une sainte et peut tre une martyre et pose la question comment peut on dire qu une vie si tranquille avec si peu de choses en dire est d une telle importance que le mot g nie peut bon droit lui tre appliqu L Urwick in Follett 1949 xv et xvi quand Frances A Cooper dans sa th se sur Follett affirme que Mary Parker Follett tait r ellement une femme de la Renaissance exp rimentant assimilant et utilisant tous les courants intellectuels politiques et esth tiques de son temps Cooper 1980 89 quand le professeur Tokihiko Enomoto cr e une Association Mary Parker Follett au Japon en 1986 quand Peter Drucker consid re qu elle a t l toile la plus brillante au firmament du management ou quand Henry Mintzberg Formateur dirigeant de PME prospectiviste dirigeant commercial directeur des ressources humaines puis enseignant au CNAM et chercheur associ au LIPSOR Marc Mousli a publi la premi re dition fran aise des textes de Mary Parker Follett sur le management Follett Mary Diriger au del du conflit Village mondial Paris 2002 192 pages index bibliographie Mary Parker Follett 3 s crie Imaginez si nous avions pass la plus grande partie du si cle suivre les enseignements de Mary Parker Follett au lieu de ceux de Fayol
14. Graham 1995 203 on peut dire que le personnage auquel on s int resse est r ellement hors du commun Tomb e dans un relatif oubli apr s sa mort elle r appara t en force sur la sc ne am ricaine avec une r dition de quelques uns de ses textes en 1995 par Pauline Graham Graham 1995 Le pr sent travail a l ambition de la faire conna tre un public fran ais Pour ce faire j ai choisi de camper le d cor puis de pr senter le personnage et ses id es en m appuyant le plus possible sur des extraits de son uvre Choisir des textes les extraire de leur contexte les pr senter dans un certain ordre n est pas neutre Mais dans le cas pr sent je ne pense pas que le biais soit consid rable parce que l uvre est extr mement robuste Mary P Follett tait d une coh rence et d une pers v rance exceptionnelles Elle base ses d monstrations et ses conseils sur quelques id es force et elle ne varie pas d un iota sur ces fondations d une solidit toute preuve Comme tous les auteurs am ricains elle a souvent un mode de pr sentation l g rement d routant pour le cart sien qui sommeille en nous Mais jamais on ne la prend en flagrant d lit de contradiction m me dans des textes crits vingt cinq ans d intervalle Bien entendu sa pens e volue se nourrit des apports des divers arts et sciences auxquels elle s int ressait mais toujours en coh rence avec les quelques valeurs et principe
15. Il est d ailleurs int ressant de noter que c est Seebohm Rowntree qui tait l h ritier d une famille Quaker qui a invit Mary Parker Follett pr senter ses id es en Angleterre dans le cycle des Rowntree Lecture Conferences Balliol College Oxford Les m thodes de management de son entreprise la Rowntree Cocoa Works York que Mary Parker Follett tudia sur le terrain taient tonnamment progressistes comme le montre Anne Vernon dans sa biographie du p re de Seebohm o elle raconte la visite de Mary Parker Follett dans l usine Vernon 1958 186 2 Le groupe base de la vie sociale et civique Mary Parker Follett constate que les groupes ont une importance capitale dans toute activit humaine C est la base de la vie civique tous les niveaux le quartier neighborhood groups la municipalit l tat et de la vie professionnelle avec les quipes de travail les grands d partements ou divisions les syndicats et associations diverses Elle prendra donc comme th mes majeurs de sa r flexion leur fonctionnement leur psychologie leur apport la vie d mocratique du pays comme l efficacit du fonctionnement des entreprises Son deuxi me livre The New State paru en 1918 New York est totalement consacr ces th mes comme l indique clairement son sous titre l organisation des groupes la solution pour un gouvernement populaire Quand elle le publie elle a plus de vingt a
16. P 2003 Vernon A A Quaker Businessman The Life of Joseph Rowntree 1836 1925 George Allen amp Unwin Ltd London 1958 Watlawick P amp alii Une logique de la communication Seuil Paris 1972 Watlawick P amp alii L invention de la r alit Contributions au constructivisme Seuil Paris 1988 Watson J Psychology from the Standpoint of a Behaviorist 1919 Yukl G Leadership in Organizations Prentice Hall Inc Englewood Cliffs NJ 1994 Zunz O L Am rique en col blanc L invention du tertiaire 1870 1920 Belin Paris 1990
17. Pourquoi est elle donc tomb e dans l oubli pratiquement au lendemain de sa mort Disparition d autant plus surprenante que de son vivant elle tait tr s connue et avait eu du succ s et de l influence comme conf renci re auteur et consultante aupr s des dirigeants d entreprise et des gouvernants des deux c t s de l Atlantique A gaunt Boston spinster lady La premi re explication de cette travers e du d sert est parce qu elle tait une femme On se souvient de Lilian Gilbreth qui victime de ce pr jug eut beaucoup de mal poursuivre son activit de consultante apr s la mort de son mari Frank en 1924 Elle poss dait pourtant des dipl mes qu il n avait pas ils travaillaient ensemble sur un pied d galit depuis des ann es et Lilian avait un caract re et une volont remarquables Elle fut m me d sign e en 1938 comme l une des douze femmes capables de remplir les fonctions de Pr sident des Etats Unis Crainer 2000 36 Rosabeth Moss Kanter d fend cette th se estimant que Boston avait du mal consid rer Mary Parker Follett comme one of the boys l un de nos gars Graham 1995 14 Peter F Drucker raconte avec humour qu en 1951 travaillant sur un projet pour 1 American Management Association et croyant avoir innov il montra son brouillon Lyndall Urwick Ce dernier qui avait bien connu Follett lui dit A propos des diff rences d opi
18. allais traiter du commandement comme simple illustration d une m thode la m thode pour adopter une attitude consciente et responsable envers notre exp rience sujet qui me tient c ur Nous chercheurs en science sociale et en organisation sommes souvent d plorablement confus Parfois nous ne savons m me pas ce que nous connaissons et ce que nous ne connaissons pas Nous pouvons viter cette confusion 1 en prenant conscience de ce dont nous sommes convaincus 2 de ce en quoi nous ne croyons pas du tout et 3 en reconnaissant le large espace de d bat entre ces deux champs et en y faisant nos exp rimentations Follett 1941 Pour Mary Parker Follett exp rimentation est un processus de cr ation plus que de v rification Follett 1941 133 car la cr ation est toujours le fruit d une activit concr te jamais sauf tr s partiellement d une activit intellectuelle Follett 1941 143 2 Observateurs et acteurs Nous aurons l occasion de revenir sur la m thode pr conis e par Mary P Follett que l on peut rapprocher de celle d crite par Jean Fourasti dans Les conditions de l esprit scientifique et par Claude Bernard dans son Introduction l tude de la m decine exp rimentale mais il nous faut citer ses remarques sur la place de l observateur et sur celle des acteurs Elles sont caract ristiques de sa conception du management En 1924 Mary Parker Follett d criv
19. compatriotes mais aussi ceux des Allemands Fran ais Autrichiens et Anglais Elle se r f re fr quemment plusieurs courants de pens e le Gestaltisme d velopp la suite de Von Ehrenfels par l cole de Francfort Kurt Koffka Wolfgang K hler et Max Wertheimer et prolong par les travaux de Kurt Lewin ces quatre chercheurs viendront s installer aux Etats Unis gr ce Robert Morris Ogden professeur Cornell University Pour eux les faits psychologiques sont des unit s organis es des formes Gestalten complexes Lorsque notre cerveau per oit un ph nom ne ce n est pas par l addition de sensations multiples mais par l appr hension d une Gestalt L unit de cette Gestalt l interd pendance de ses l ments fait qu un changement quelconque dans la situation entra ne une modification compl te On se trouve devant une nouvelle situation que le cerveau percevra nouveau globalement le b haviorisme dont le chef de file tait John Broadus Watson 1878 1958 qui publie Psychology as the Behaviorist Views It en 1912 et Behavior en 1914 cette th orie est au d part un prolongement de la r flexologie de Pavlov Elle se base sur les r ponses de l homme aux stimuli de son environnement Edwin Bissel Holt 1873 1946 la fera voluer et Mary Parker Follett s appuie sur les crits de ce dernier au moins autant que sur ceux de Watson la psychanalyse En philosophie les Et
20. dans les enseignements que l on peut en tirer pour la conduite des affaires notamment pour les relations sociales au sens le plus large n gociation et r solution des conflits organisation du travail et management des hommes au quotidien 2 Parce que son uvre devrait tenir une place de premier plan dans l histoire des id es Le deuxi me int r t est historique Le management est un art nouveau dans les ann es 1920 Ou plut t cet art vieux comme les organisations prend un tour nouveau sous l impulsion des Frederick W Taylor Henri Fayol James D Mooney et Allan C Reiley Oliver Sheldon Praticiens consultants chercheurs ils cherchent d gager des principes g n raux aussi scientifiques que possible pour l organisation des entreprises et leur administration Tous apportent leur pierre l difice commencer bien entendu par Taylor qui fait faire un v ritable bond la productivit industrielle Mooney et Reiley s int resseront plus aux structures l organisation Fayol jettera les bases d un v ritable management moderne ses cinq fonctions et ses quatorze principes traverseront le si cle Sheldon s int ressera aux relations de l entreprise avec son environnement son thique A la m me poque en 1924 commencent les exp riences men es dans l usine de la Western Electric Hawthorne elles se poursuivront jusqu en 1932 et fourniront la mati re de nombreux ou
21. de payer dans 10 ans dans 20 ans Probl me difficile mais o l on s enfonce afin d oublier l autre probl me Quelle sera notre puissance nous faire payer dans 10 ans dans 20 ans Il est pourtant clair qu mesure que la premi re puissance augmente la seconde diminue Et quand la force obtiendrait maintenant des promesses c est toujours la force qui en r glera l ex cution Il n y a nul respect d la force et toute promesse impos e est nulle Et le philosophe fran ais g n ralise lorsque je prends quelque objet je puis le conserver c est un probl me de force j en serai le possesseur mais je n en serai pas le propri taire Je n en puis avoir la propri t qui est de droit que par une convention librement accept e Je paie le prix convenu et l autre me donne l objet convenu nous voil tous les deux contents Mais si l autre est forc de vendre personne ne reconna tra le prix que j ai pay comme un exemple de juste prix Mary Parker Follett ne s attarde pas sur la domination consid rant comme Alain que cette m thode de r gler les conflits n a en fait jamais rien r gl Le compromis m rite plus d attention Dans les entreprises c est la m thode la plus courante et la mieux admise de r gler un conflit Les deux parties c dent un peu abandonnent une partie de leurs app tits de leurs ambitions de leurs d sirs afin d en sortir Mais en fait chacun
22. des trajets en bus la liste des adresses des ouvri res le co t des logements proximit de l usine et dans les banlieues etc Lorsque toutes les donn es les m mes donn es sont entre les mains des deux parties la discussion continue mais sur des bases incontestablement plus saines Mary Parker Follett 35 tre d accord sur la r alit de ce qui oppose les deux parties Un homme des cavernes tient son ennemi sa merci Ce dernier pourrait dire Cet ours est tr s largement suffisant pour deux Nous pourrions partager sans que tu sois priv Mais le vainqueur consid re que le fait important n est pas la quantit de viande dont il a besoin mais la possibilit de se d barrasser d finitivement de son adversaire dans la seconde qui suit Follett 1924 14 b Trouver les aspects significatifs plut t que les aspects dramatiques d un conflit et pour cela engager deux d marches l une cart sienne dissocier les ensembles d couper en l ments simples une situation compliqu e en dissociant ce qui est artificiellement amalgam et analyser classer trier lautre plut t syst mique trouver la demande globale la demande r elle qui est masqu e par des revendications secondaires ou par une pr sentation inefficace ce qui peut se faire de diverses fa ons par exemple en reformulant des revendications en cherchant les fins qui motivent une demande de moyens il s
23. disparu Une longue fr quentation de bon nombre d entreprises me permet d en douter Pour Taylor le manager traditionnel c est dire celui qui n a pas encore mis en place le management scientifique a pour t che d inciter chaque ouvrier faire de son mieux travailler dur utiliser toutes les connaissances qu il a accumul es avec l exp rience son habilet son ing niosit et sa bonne volont en un mot son initiative afin de procurer le 9 Pour une d finition d un comportement proactif Cf Godet 1997 t 1 9 67 Voir sur ce point Beaud 1999 141 et 166 Mary Parker Follett 43 rendement maximum son employeur Taylor 1911 chap II En retour le travailleur recevra des stimulations qui pourront prendre diverses formes augmentation de salaires primes horaires de travail r duits environnement et conditions de travail meilleurs que la moyenne et consid ration personnelle C est ce que Taylor appelle le management par initiative et stimulation initiative amp incentive Il pense qu il est difficile de r ussir de cette fa on Il consid re en effet que les ouvriers appartiennent tr s majoritairement la cat gorie d crite trente ans plus tard par McGregor dans sa th orie X McGregor 1966 ils cherchent en faire le moins possible et peu de dirigeants sont assez habiles pour en tirer le maximum Par cons quent la seule solution pour obtenir
24. diverses chacun ayant le plus souvent une finalit pr cise voient le jour cette poque Des gens d un extr me d vouement travaillaient d j dans les quartiers les plus pauvres Les premiers centres sociaux de quartier existaient New York depuis 1886 Lower East Side Le plus c l bre Hull House Chicago avait t fond par Jane Addams en 1889 Apr s la crise de 1893 The panic de nombreux travailleurs sociaux des pr tres des pasteurs vont renforcer ce mouvement sur le terrain la fin des ann es 1890 et au d but des Le 4 mai 1886 une manifestation organis e par les anarchistes de Chicago Haymarket Square d g n re lorsque la police veut la disperser Une bombe tue huit policiers On arr ta huit anarchistes dont quatre furent pendus sans preuve de leur culpabilit En 1901 U S Steel regroupait 60 des producteurs d acier et de fer des Etats Unis Elle tait contr l e par J P Morgan dont la holding d tenait au 1 janvier 1913 341 postes de direction dans 112 banques compagnies de chemins de fer compagnies industrielles et commerciales 27 Les settlement houses o vivaient et travaillaient des b n voles d un grand d vouement fournissaient aux habitants de quartiers d favoris s en majorit des immigr s r cents un lieu de r union autre que le saloon des conseils des informations des cours du soir des distractions etc Le but tait la foi
25. est g nant en France o une partie importante des cadres n a pas de mission de management d quipe Mary Parker Follett 41 relation des parties au tout pas un tout statique mais un tout en train de se faire Quel est le sens de cela dans l entreprise Le d partement des ventes par exemple devrait avoir un moyen de v rifier le lien de la politique de ventes avec la politique g n rale On trouve parfois dans les livres sur le management que le directeur de la production doit aligner sa politique sur celle de l entreprise Je ne suis pas d accord Dans le Bulletin de f vrier 1924 de la Taylor Society on dit que chaque chef de d partement doit reconna tre que les r gles d organisation sont plus vitales que les siennes propres Pourquoi seraient elles plus vitales J ai galement lu que la politique g n rale est plus importante que la politique du d partement Non ce n est pas vrai pas plus que les Etats Unis sont plus importants que New York et je ne suis pas partisane de la supr matie des tats Coordonner les ventes et la fabrication Certainement mais r gler galement les relations entre la fabrication et la politique g n rale et entre cette derni re et les ventes en ayant toujours pr sent l esprit que la politique g n rale n est pas ou ne devrait pas tre un produit de g n ration spontan e que les politiques des ventes et de production y contribuent en permanence Le direc
26. frapp et s duit par le charisme de Mary Parker Follett Elle sera invit e parler devant le National Institute of Industrial Psychology et aux Rowntree Lecture Conf rences Balliol College Oxford En 1926 1927 et 1928 elle donne plusieurs conf rences sur le management New York et en Grande Bretagne Mary Parker Follett vivra en Angleterre de 1929 1933 tudiant l industrie rencontrant de nombreux industriels et hommes d affaires participant des d bats et poussant tr s loin comme son habitude l analyse des probl mes qu elle d couvre En 1932 elle intervient New York devant le Bureau of Personnel Administration sur le th me Individualism in a Planned Societ En 1933 Londres elle fait une derni re s rie de conf rences consacr e aux probl mes d organisation et de coordination dans l entreprise dans le tout nouveau Department of Business Administration de la London School of Economics A l automne malade elle se rend aux tats Unis pour examiner les effets de la crise sur ses affaires et se faire soigner Elle meurt au Deaconess Hospital de Boston le 18 d cembre 1933 6 La vie posthume de Mary Parker Follett Apr s sa mort ses conf rences sur l organisation et le management seront publi es dans divers ouvrages en 1937 Papers on the Science of Administration dit par L Gulick amp L Urwick en 1941 Dynamic Administration the collected papers of Mary Parker Folle
27. il souhaitait cr er un Institut virtuel Mary Parker Follett sur Internet Ce qui frappe en tout premier lieu chez ce personnage hors du commun c est la coh rence et la clart de sa pens e sa capacit enrichir sa pratique sociale des id es et des th ories de ses contemporains politologues juristes sociologues psychologues philosophes ou praticiens et dialectiquement sa capacit enrichir ces id es et ces th ories par sa pratique sociale Mary Parker Follett depuis ses premiers travaux sur le r le du Speaker of the House of Representatives Follett 1896 que l on qualifierait aujourd hui de l audit le plus s rieux qui ait jamais t men sur le fonctionnement de la Chambre des Repr sentants jusqu sa derni re conf rence devant la London School of Economics sur l organisation de l entreprise s est toujours appuy e sur la r alit du terrain qu elle connaissait particuli rement bien pour l avoir non seulement observ e mais v cue Appliquant ses observations les grilles de lecture fournies par les penseurs de l poque elle en tirait des enseignements remarquablement robustes pour l action et en retour tait capable de critiquer sereinement ces grilles de lecture si elles ne lui paraissaient pas parfaitement pertinentes Mais auquel les Japonais s int ressent beaucoup depuis longtemps Par exemple dans Management Challenges for the 21 Century Pub HarperBusiness New York 199
28. in Pi ron 1994 201 Mary Parker Follett 49 qu ils ne perdront une id e p rim e en permettant aux autres firmes d avoir une connaissance fine de leurs m thodes Follett 1941 127 A la m me poque elle met le doigt sur l un des probl mes qui provoquent aujourd hui encore de fantastiques pertes de temps et de productivit dans nos entreprises l incapacit dans laquelle nous sommes d organiser correctement voire d organiser tout court la m moire de l entreprise Elle d plore qu il n y ait ni de suivi syst matique des d cisions des nouvelles m thodes des exp riences de management ni de syst me labor pour les garder en m moire Follett 1941 126 et se r jouit qu une premi re tentative soit faite dans ce sens quoique en dehors de l entreprise puisque ce sont la Graduate School of Business Administration et le Bureau of Business Research de l Universit de Harvard qui sont en train de recueillir des cas de strat gie d entreprise ce qui permettra de les classer et de les indexer Follett 1941 127 On tente depuis peu d ann es de r pondre ce besoin dans les entreprises avec le knowledge management Mais la partie est loin d tre gagn e m me si l informatique permet de faire des progr s consid rables VI L intelligence partag e Mary Parker Follett avait dans son travail social c toy et aid pendant vingt cinq ans les plus d mu
29. lavait emport devant une Cour Supr me pourtant domin e par des conservateurs en s appuyant principalement sur des arguments sociologiques Cette utilisation de la sociological jurisprudence dont le th oricien tait Pound qui fut doyen de la Harvard Law School marquera les esprits Holmes ami de William James et Juge la Cour supr me comme Brandeis d fendait les droits nouveaux du syndicalisme et du monde du travail et remettait en cause certains passages de la Constitution qu il jugeait d pass s et inadapt s la soci t du d but du XXe si cle Mary Parker Follett s int ressait beaucoup au Droit Dans Creative experience elle y consacrera trois chapitres o l on voit que ses id es sont assez proches de celles de Roscoe Pound avec qui elle a entretenu une correspondance r guli re 6 Une activit intellectuelle importante Cette p riode est aussi celle d un bouillonnement intellectuel intense dans de nombreux domaines philosophie psychologie politique On ne compte pas les mouvements les journaux les livres baptis s Nouveau New Theology New Nationalism de T Roosevelt 1910 New Diplomacy de W Wilson 1915 New Freedom New Federalism New Idealism 18 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 New Deal de F D Roosevelt 1932 New Republic New Realism 1912 New Democracy 1912 New History 1912 En psychologie Mary Parker Follett s int ressait aux travaux de ses
30. mais qu il est peu probable qu elle ait eu connaissance de celle du Fran ais 10 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 auteurs qui se sont succ d s de 1930 aujourd hui Cela explique la fascination exerc e par le personnage sur tous ceux qui entrent en contact avec son uvre et qui leur fait dire sous une forme ou sous une autre ce que r sume si bien Pauline Graham Chaque fois que je lis quelque chose de sens sur l organisation de l entreprise ou sur le management je me surprends invariablement dire Mais Follett disait cela il y a 70 ans et elle le disait mieux Graham 1995 3 Parce qu il est stup fiant qu on l ait oubli e pendant soixante dix ans Le troisi me int r t est de curiosit intellectuelle Pourquoi une uvre aussi riche en enseignements aussi innovante exprim e de plus dans une langue claire vivante imag e est elle tomb e dans l oubli pendant si longtemps Apr s les Japonais la Grande Bretagne o elle avait continu tre lue plus longtemps que dans son propre pays l a red couverte il y a une dizaine d ann es gr ce Pauline Graham Les tats Unis l Italie le Br sil ont suivi et les chercheurs ont du mal comprendre cette clipse d une uvre si riche n ayant rien perdu de son actualit et qui aurait pu rendre tant de services si l on avait continu s en inspirer et l int grer dans les travaux sur le management
31. que leur fournissent leurs experts ils ont une vision du futur Pour tre utilisables les pr visions de l entreprise sont toujours ou devraient toujours tre bas es sur un futur probable La politique de vente par exemple n est pas guid e seulement par l historique des ventes mais par ce que l on pense pouvoir vendre dans l avenir Follett 1941 53 tre proactif 8 Anticiper ce n est pas seulement pr voir c est beaucoup plus que pr dire ce que sera le prochain v nement C est plus que faire face au prochain v nement c est cr er le prochain v nement Follett 1949 14 Cette vision cette capacit d anticiper est indispensable au leader moderne dont Mary Parker Follett avait bien vu que l une des qualit s les plus constantes tait d tre capable d initier le changement dans son organisation Dans l entreprise on est toujours en train de passer d un moment significatif un autre moment significatif et le travail du dirigeant est avant tout de comprendre quel moment on bascule de l un l autre Follett 1941 263 8 Le leader et son groupe Le dirigeant d entreprise qui r ussit aujourd hui est celui qui sait f d rer les intelligences Mary Parker Follett 1918 13 C est l un des points sur lesquels Mary Parker Follett est le plus en rupture avec les conceptions traditionnelles du commandement Henri Fayol consid rait que L
32. r le d entra nement de son groupe dont il est le porte parole naturel vers l ext rieur 5 Coordonner Etre capable de saisir une situation dans sa globalit c est la marque du leader Et plus les responsabilit s sont importantes plus il faut voir large Cela vaut pour tous les managers depuis le chef d quipe qui doit consid rer un ensemble de faits de donn es relativement limit et ne concernant que quelques hommes jusqu au Directeur g n ral dont l une des principales fonctions est d organiser toutes les forces dispers es de l entreprise Follett 1949 52 L organisation et la coordination sont le c ur m me du m tier de dirigeant En aidant r soudre les probl mes d organisation le leader aide r soudre les probl mes de relations humaines et c est sans doute le t che la plus important qu un homme puisse avoir sur cette plan te Follett 1941 269 Ayant tudi comment la fonction de coordination tait assur e dans les entreprises Mary Parker Follett fait un constat de carence Je voudrais dire que l efficacit de nombreuses entreprises est diminu e par un syst me de coordination des services insuffisamment labor Dans certains cas la qualit de la coordination d pend principalement de la capacit s entendre entre eux de certains chefs leur empressement se consulter les uns les autres repose trop souvent sur des qualit s ou des circonst
33. repart m content d avoir d en rabattre Et le diff rend resurgira plus tard sur les m mes th mes avec les m mes motifs On a gagn ou perdu c est selon du temps mais on n a pas avanc pas progress Le compromis est temporaire et vain Il signifie habituellement qu on reporte le probl me La v rit ne se situe pas entre les deux positions Follett 1924 56 Tout en y tant peu favorable Follett reconna t qu il est difficile de proc der autrement lors du bargaining cette n gociation rituelle sur l volution des salaires Mais ce n est qu un cas particulier 50 Dix ans apr s Alain in La Revue Europ enne n 18 ditions du Sagittaire Paris 1 ao t 1924 pp 1 7 Mary Parker Follett 33 L approche qui a la faveur de Mary Parker Follett c est l int gration C est aussi la plus difficile des trois il faut faire preuve d imagination l int gration suppose de l invention C est la grande diff rence avec le compromis Le compromis ne cr e rien il s arrange avec ce qui existe d j l int gration cr e quelque chose de nouveau Follett 1941 35 Avec l int gration on a l ambition de sortir par le haut en cherchant ce qui peut satisfaire les int r ts l gitimes des deux parties ce sur quoi l on va pouvoir se mettre d accord sans arri re pens e Il ne s agit pas de renoncer provisoirement le plus souvent ou en fa ade une part de ses d sirs
34. s leur plus jeune ge Sans nier que quelques aptitudes inn es sont n cessaires Follett consid re que le m tier de dirigeant d entreprise peut en partie s apprendre Follett 1941 119 que c est un m tier comme les autres Il ne faut pas plus de pr dispositions pour tre chef que pour tre b niste ou anthropologue elles seront simplement diff rentes Et elle conseille aux futurs managers qui seraient un peu trop persuad s de leur aptitude inn e commander N exploitez pas votre personnalit apprenez votre m tier Follett 1941 272 La formation doit tre s rieuse On ne peut pas donner un coup de vernis manag rial sur le cadre il faut aller plus profond que cela Follett 1941 130 et se baser sur les techniques d exp rimentation examin es plus haut il faut pour former des managers leur donner une information d taill e sur la m thode qu on veut leur enseigner les inciter l utiliser leur donner l occasion de pratiquer de telle fa on qu elle devienne une habitude Ce dernier point est le plus difficile aux yeux de Mary Parker Follett ce qui ne surprendra pas les professionnels de la formation la premi re action l information peut tre confi e des formateurs professeurs en cole ou experts fonctionnels sur le terrain la deuxi me la mise en route est ponctuelle et g n ralement correctement faite par le hi rarchique charg
35. septembre 1868 Quincy Massachusetts proche banlieue de Boston Sa famille Quaker est d origine anglaise cossaise et galloise Son p re s est essay plusieurs m tiers Sa m re Elizabeth Curtis Follett vient d une vieille famille anglaise vivant Quincy depuis 1625 C est la fille d un banquier prosp re grand propri taire foncier Daniel Baxter Les Follett auront deux enfants Mary Parker l a n e et George Dexter En France Henri Bergson s int ressera l uvre de James dont il pr facera une dition fran aise des textes sur le pragmatisme James 1968 La profession du p re de Mary Parker Follett n est pas connue de fa on s re m canicien technicien lusine de chaussures French de Quincy homme d affaires voire pasteur Mary Parker Follett 19 1 Une tudiante brillante La jeune Mary a du caract re Elle est vive intr pide brillante Elle obtient son dipl me d tudes secondaires en 1884 l ge de 15 ans puis entre la Thayer Academy cole pour jeunes filles de Braintree localit voisine de Quincy Son professeur d histoire Miss Anna Boynton Thompson aura une forte influence sur elle En 1888 elle int gre la Society for the Collegiate Instruction of Women by Professors and Others Instructors of Harvard College Cambridge Massachusetts Cette institution sera par la suite incorpor e Radcliffe College Annexe d H
36. son quipe ont en commun de vouloir r soudre un probl me de fabrication dans les r gles de l art mais le premier insistera plus sur les aspects conomiques les ST Publi en fran ais sous le titre Comment r ussir une n gociation Fisher amp Ury 1982 71 34 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 seconds sur les m thodes et sur la qualit telle qu ils la con oivent Un directeur de production et un directeur commercial ont int r t la prosp rit de l entreprise par la ma trise de ses co ts et par le d veloppement de ses ventes le producteur insistera sur le premier terme le commercial sur le second mais ils chercheront ensemble la solution permettant chacun d atteindre les objectifs qui lui ont t fix s par la Direction g n rale 5 Comment mener bien une int gration Pour parvenir une int gration il faut En pr alable tre capable de prendre suffisamment de hauteur de ma triser suffisamment ses passions pour accepter le principe fondamental que nous avons rappel ci dessus la diversit c est la vie m me et la diff rence est un levier formidable pour faire fonctionner et progresser groupes et organisations Dans la n gociation a Jouer cartes sur table en s attaquant au probl me r el en exposant clairement le conflit et en mettant toutes les donn es au grand jour Exposer le diff rend ce qui implique d affirmer sa diff rence et de re
37. 9 Traduit sous le titre L avenir du management d Village mondial Paris 1999 p 13 Mary Parker Follett 7 Nous avons donc trois raisons au moins de red couvrir Mary Parker Follett la premi re est pratique ses enseignements sont plus que jamais d actualit et directement utilisables par les managers la deuxi me est historique son int r t est ind niable pour l histoire des id es et elle n entre pas dans les typologies ordinaires de l histoire du management et de l organisation des entreprises la troisi me est peut tre sociologique et en tout cas de curiosit intellectuelle le fait qu on l ait oubli e ou du moins qu on l ait souvent cit e beaucoup moins cout e pendant soixante dix ans est une v ritable nigme Des auteurs qui ne lui arrivaient pas la cheville se sont taill d normes succ s universitaires ou publics des th mes qu elle avait trait s de fa on approfondie ont t red couverts par d autres et ont donn lieu un foisonnement de travaux largement popularis s en particulier la f conde pens e syst mique Et les travaux de Mary Parker Follett sont rest s dans l ombre cit s r guli rement par quelques rares fid les dont Michel Godet Godet 1997 31 et par quelques historiens des id es mais inconnus du public de praticiens intelligents auquel ils s adressaient pourtant l origine Il y a l un myst re com
38. CAHIER DU LIPSOR MARY PARKER FOLLETT Pionni re du Management Par MARC MOUSLI S rie recherche n 2 Octobre 2000 Diffusion Librairie des Arts et M tiers 33 rue R aumur 75003 Paris T l 1 42 72 12 43 fax 1 42 72 48 56 2 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 Prix 8 Euros 3 81 Euros de frais de port en sus de 1 3 cahiers et 5 03 Euros de 4 10 cahiers Mary Parker Follet Pionni re du Management WYA 111 KOPETA RAAE EA EAA A A E A E E E E T Introductions indiennes IR tn e raae OE Eear ressens S Eases o eee iasa tite des 4 PREMIERE PARTIE MARY QUI REDECOUVRIR UN AUTEUR MAJEUR DU MANAGEMENT aar ar ra r a a aaa aa paaa da raara a ASEE aranan SELE orani 6 I Pourquoi lire Mary Parker Follett e eesssseseseseseeeeeseeoeseeseesoeseeeoesereesoeeoesoesereorseeoesereorseroereeeoesoreseeoesoeeeesoeseses 6 1 Parce que ses enseignements sont plus que jamais d actualit sssossssesenseesesseseesesersrsseeressesressesrseeseeses 7 2 Parce que son uvre devrait tenir une place de premier plan dans l histoire des id es 9 3 Parce qu il est stup fiant qu on l ait oubli e pendant soixante dix ans seeseseeeseeeseeereeeersesrrerereerrrererens 10 IT Les trois volets de l uvre de Mary Parker Follett 12 l Letravail social 7 55 RARE ARR M A Anne Pt Hi TR a i iE 12 2a Ea science DOlitiqu 28588 ares rte Hate ARE RA de de E tree A dr lee ee de tie do 13 3 Le manag
39. NSEP ditions Paris 1992 Godet M Manuel de prospective strat gique tome 1 Une indiscipline intellectuelle tome 2 l art et la m thode Dunod Paris 1997 Graham P Dynamic Management The Follett Way Professional Publishing amp British Institute of Management London 1987 Graham P Mary P Follett Prophet of Management A celebration of Writings from the 1920s dit par Pauline Graham Harvard Business School Press Boston Mass 1995 Gulick L amp Urwick L Papers on the Science of Administration dit par L Gulick amp L Urwick Institute of Public Administration New York 1937 Hofstadter R The Age of Reform From Bryan to F D R Alfred A Knopf New York 1955 James W 4 New Name for Some Old Ways of Thinking The Library of America 1904 James W Le pragmatisme Flammarion Paris 1968 Kaspi La vie quotidienne aux Etats Unis au temps de la prosp rit 1919 1929 Hachette Paris 1980 Kerdellant C Le prix de l incomp tence histoire des grandes erreurs de management Deno l impacts Paris 2000 Lesourne J Les syst mes du destin Dalloz Paris 1976 Link A amp Catton W American Epoch A History of the United States since 1900 vol I 1900 1920 Alfred A Knopf New York 4 d 1973 McGregor D Leadership amp Motivation Essays of Douglas McGregor edited by Warren G Bennis amp Edgar H Schein The M IT Press Cambridge Mass 1966 Metcalf H Scientific Foundation
40. Parker Follett consid re donc que la personne qui a le plus d influence sur moi n est pas celle qui fait de grandes choses mais celle qui me rend capable de faire de grandes choses Follett 1918 230 et que le meilleur leader n a pas de subordonn s mais des hommes et des femmes travaillant avec lui Follett 1941 263 On mesure la distance qui la s pare sur ce plan de ses pr curseurs Taylor et Fayol et m me de l cole des relations humaines 2 Pouvoir autorit et responsabilit Partant de cette notion de Pouvoir avec on ne confondra donc pas pouvoir et autorit Le pouvoir implique une comp tence la ma trise de son m tier par celui qui l exerce quelque niveau que ce soit puisque c est la capacit de faire que les choses arrivent d tre l origine de mettre en route le changement alors que l autorit c est tre investi du droit de diriger Follett 1941 99 Sans se faire trop d illusions on peut esp rer que le plus souvent la capacit ira de pair avec le droit Il n y a pas de pouvoir authentique dans une organisation sans responsabilit L quilibre du triptyque autorit comp tence responsabilit est une condition clef de l efficacit Un homme doit avoir des responsabilit s correspondant sa fonction ou sa t che ni plus ni moins et il doit avoir l autorit correspondant ses responsabilit s ni plus ni moins Follett
41. agricoles etc Parall lement la soci t am ricaine bascule l industrie devient la premi re source de richesse d passant l agriculture En 1900 la valeur de la production industrielle sera le double de celle des produits agricoles Il ne s agit pas seulement d une volution conomique c est un mode de vie et un syst me de valeurs qui chancellent sur leurs bases Les tats Unis taient l origine une soci t rurale o le mythe du yeoman ce propri taire exploitant son petit domaine avec sa famille tait extr mement fort Les valeurs des trois quarts du pays le Sud esclavagiste et la Nouvelle Angleterre o les paysans taient plus proches des citadins chappaient au mythe taient fond es sur la foi religieuse la famille et les vertus du grand air de l autosuffisance conomique de l absence de contact avec les antres du vice qu taient cens es tre les grandes cit s Ce mythe bascule Le fermier est de plus en plus affairiste et de moins en moins bucolique Il emprunte de l argent pour m caniser son exploitation et pour acheter autant de terres qu il le peut Il les revend pour la plus value et recommence l op ration plus loin L autosuffisance originelle est remplac e par la monoculture Et la fin du XIXe si cle c est dans les villes que se construisent les carri res et les fortunes C est l que se trouvent les grands magasins les journaux les th tres les univer
42. ait ce qu elle avait baptis l illusion de l observateur The onlooker fallacy Nous ne pouvons pas regarder une exp rience sans en faire partie La vie n est pas un film pour nous nous ne pouvons jamais tre spectateurs de la vie parce que nous sommes toujours dans la vie Follett 1924 134 Elle en d duit qu il faut associer les acteurs l observation car observer de l ext rieur ne suffit pas prendre un m tre et mesurer est une chose mais c en est une autre que de vivre une exp rience avec l effort et la tension que cela implique pour d couvrir en peinant beaucoup parfois comment se pr sente cette situation Follett 1924 135 Et si le regard de l observateur modifie la situation la conduite de l exp rience change les acteurs On ne peut changer les habitudes et les attitudes que par l exp rience en les construisant on ne les acquiert pas simplement parce qu on le veut Follett 1941 284 On peut voir dans cette approche l influence du pragmatisme de William James on cherche am liorer la marche de l usine pas dresser un protocole d observation m ticuleux Si la m thode de l exp rimentation participative est la meilleure fa on d y parvenir c est celle qui sera choisie Ce qui n exclut videmment pas la rigueur dans l application 3 Le contexte de l exp rimentation organisation et culture Un l ment est fondamental si l on
43. ances accidentelles peut tre le fait qu ils prennent le m me train de banlieue pour aller travailler et en revenir A ma connaissance on n a pas encore trouv un syst me ad quat de coordination du management Follett 1941 91 Elle pose donc le probl me sous la forme syst mique les relations des d partements entre eux et avec la direction g n rale et de ces sous syst mes avec l ensemble qu ils constituent Il est vrai qu il n est gu re possible d uvrer avec une efficacit maximale la coordination tant que vous n avez pas d termin quelle est votre position philosophique sur la relation du tout et des parties Nous avons parl de la relation des d partements ventes et production publicit et finances entre eux mais ce que la philosophie nous a appris de plus profond ment vrai ne s applique pas seulement aux relations entre les parties mais aussi la 65 Dans la traduction des textes am ricains ou anglais j ai respect la diff rence entre leader et manager lorsque l auteur l a lui m me respect e Le mot fran ais dirigeant est parfois utilis en fonction du terme anglais utilis et du contexte Mais d un texte l autre a fortiori d un auteur l autre un m me terme n est pas toujours employ dans le m me sens sans parler des traductions Par exemple les manager s work roles de Mintzberg sont traduits par les r les du cadre ce qui
44. arvard l Universit est alors r serv e aux gar ons Le College deviendra partie int grante de l Universit dans les ann es suivantes Elle y tudie l conomie politique la litt rature et l histoire notamment avec le Professeur Albert Bushnell Hart historien renomm Son p re qu elle adore meurt en 1885 Elle perd la m me ann e son grand p re qui lui laisse un h ritage lui permettant d tre financi rement ind pendante Sa m re pour qui elle a peu d affection est malade des nerfs Mary doit donc g rer tr s jeune les affaires familiales En 1890 91 elle passe un an Newnham College Cambridge University England o elle tudie l histoire le droit la science politique et la philosophie avec Henry Sidgwick L un des travaux qu elle y effectue Henry Clay as Speaker of the US House of Representatives sera publi aux USA dans le Annual Report of the American Historical Association en 1891 Mary Parker Follett rentre Quincy l tat de sa m re ayant empir et reprend ses tudes Radcliffe en 1891 92 Elle les interrompt la mort de sa m re pour les reprendre toujours Radcliffe de 1894 1897 Elle obtient son dipl me summa cum laude en sciences conomiques science politique droit et philosophie en 1898 Elle travaille pendant quelques ann es comme institutrice l cole priv e de Mrs Quincy Shaw Boston Mrs Shaw tait la s ur de Louis Agassiz La directrice de l
45. ats Unis du d but du si cle sont domin s par la pens e de William James 1842 1910 qui publie entre autres Principles of Psychology 1890 What is Pragmatism 1904 et Pluralistic Universe 1909 Ayant tudi la m decine puis s tant tourn vers la psychologie il s int ressera ensuite la philosophie qu il enseignera Harvard de 1885 1907 James d veloppe le pluralisme et le pragmatisme m thode s duisante pour les hommes d action qui a marqu la g n ration des penseurs et auteurs progressistes Il consid re par exemple que pour voir si une id e m rite d tre d battue il faut examiner quelles en seront les cons quences pratiques Quelle diff rence cela fait il pratiquement que ce soit telle notion qui soit vraie plut t que telle autre S il n y a pas de diff rence en pratique les deux notions ont la m me signification et la controverse est vaine James 1904 H Croly et W Weyl ont suivi ses cours Harvard o James a connu galement Walter Lippmann qui restera tr s proche du ma tre jusqu la mort de ce dernier Mary Parker Follett se r f re beaucoup W James qu elle connaissait bien c tait un ami proche de Louis Agassiz un professeur de sciences naturelles Harvard dont la s ur avait fond l cole o Follett enseignera quelques ann es IV La personnalit et le parcours personnel de Mary Parker Follett Mary Parker Follett na t le 3
46. au quotidien tait complexe et qu ils devaient prendre en compte cette complexit pour remplir correctement leurs missions 5 Sir Peter Parker Chairman de la London School of Economics in Graham 1995 282 6 Frederick W Taylor a commenc publier en 1895 A piece rate system et a d velopp ses id es dans Shop management 1903 et The Principles of Scientific Management 1911 Quant Henri Fayol son Administration industrielle et g n rale a t publi e en 1916 dans le Bulletin de la Soci t de l industrie min rale et en 1925 en volume Les Am ricains ont t int ress s par ses id es d s le milieu des ann es 1930 m me si la premi re traduction anglaise de son livre n est parue qu en 1949 chez Pitman Londres Quant Mary Parker Follett elle a publi Creative Experience en 1924 Ses deux livres pr c dents The Speaker of the House of Representatives 1896 et The New State 1918 taient plus ax s sur la science politique que sur le management des organisations m me si le second contient de nombreux d veloppements directement utilisables en management sur le pouvoir le leadership et le fonctionnement des groupes 7 En 1929 Hyacinte Dubreuil crivait d j les ouvrages crits par Taylor marquent seulement pour ainsi dire une date et les travaux qu ils exposent n ont t en r alit qu un point de d part En les prenant pour base d une discussion c est comme s
47. circulaire le simple fait que j agisse d clenche une action en retour qui va elle m me m amener modifier ma position initiale que je vais exprimer en tenant compte des changes qui viennent d avoir lieu C est un ph nom ne d ajustement qu il est habituellement difficile de faire prendre en compte par les gens voulant toute force pr voir comment se d roulera une n gociation et qui s puisent dans les hypoth ses s il me dit ceci je r pondrai cela s il r agit de telle fa on je ferai valoir tel argument alors qu il est parfaitement inutile de vouloir crire les dialogues d une n gociation Il vaut mieux s occuper du d cor et de la sc nographie Et Follett fait remarquer que nous aurons une id e tr s diff rente de la fa on de traiter le conflit si ce n est jamais vous avec qui je d bats mais toujours avec vous plus moi c est 5 Le conflit destructif est caract ris par une tendance l extension et l escalade Ces conflits deviennent souvent ind pendants de leurs causes initiales et se poursuivent alors que celles ci ont disparu ou ont t oubli es Deutsch 1973 351 36 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 dire avec cet ensemble que l interrelation entre vous et moi a cr e est en train de cr er Follett 1924 129 Cette notion la r troaction appliqu e aux syst mes complexes et en particulier aux relations entre tres humains a
48. cole est Miss Isobel L Briggs une Anglaise faisant partie de la meilleure soci t intellectuelle de Boston et Cambridge Ce sera pour Mary une amie d une fid lit et d un d vouement toute preuve Elles vivront ensemble de 1896 1926 date de la mort d Isobel qui toute sa vie aidera norm ment sa jeune amie prenant d autant plus soin d elle que Mary est de sant fragile 2 Une analyse puissante The Speaker of the House of Representatives En 1896 elle publie New York The Speaker of the House of Representatives travail effectu sous la direction du Professeur Hart au Radcliffe College Seminary of American History and Institutions C est la premi re analyse jamais faite du r le et du pouvoir du deuxi me personnage des Etats Unis apr s le Pr sident Aux yeux de Theodore Roosevelt futur Pr sident des USA qui rend compte de l ouvrage dans le num ro d octobre 1896 de l American Historical Review c est une lecture indispensable pour quiconque tudie le fonctionnement du Congr s il consid re que c est un 30 Anna B Thompson est une sp cialiste de Fichte et auteur d un livre The Unity of Fichte s Doctrine of Knowledge Boston Ginn amp Co 1895 On trouve trace des id es de ce philosophe dans certains concepts de Mary Parker Follett 3l Philosophe n o id aliste anglais 1838 1900 auteur de The Methods of Ethics 1874 3 Chez Longmans Green avec une introduction d Alber
49. d sastreuses Qu arrive t il un homme que ressent il quand un ordre lui est donn de fa on d sagr able par un contrema tre ou par un chef de service son sup rieur imm diat dans le magasin la banque ou l usine Il ressent cela comme une atteinte sa dignit comme une attaque au plus profond de lui m me Il perd son sang froid ou se renferme ou se met sur la d fensive il commence penser ses droits une attitude d sastreuse pour n importe lequel d entre nous Dans le langage que nous utilisons le mauvais mod le de comportement est stimul le mauvais ressort ce qui fait qu il est alors m pour agir dans un sens qui n est pas favorable l action dans laquelle il est impliqu Plus vous tes men la baguette plus votre fa on de penser se mod le sur cette m thode de commandement et votre r le dans ce sch ma est ordinairement de vous opposer cet autoritarisme Follett 1941 57 4 La solution d personnaliser les ordres ob ir la loi de la situation Pour concilier l efficacit le respect de l individu de sa capacit d initiative et de son aptitude r agir aux modifications de la situation Follett propose la loi de la situation Quel est notre probl me Comment viter les deux extr mes un trop grand autoritarisme et une absence de commandement Ma solution est de d personnaliser l ordre de r unir tous les gens concern s afi
50. d installer le jeune manager Mais la troisi me demande un effort dans la dur e et une capacit d organisation hors de port e de nombreux dirigeants D o de nos jours les formules d accompagnement externalis qui peuvent consister en un suivi t l phonique compl t ou non par des regroupements p riodiques des cadres en formation ou en des entretiens individuels r guliers avec le formateur professionnel ou encore en une p riode de coaching Ce suivi reste avec l valuation des r sultats de la formation l un des probl mes les plus d licats du d veloppement des comp tences manag riales Se former c est aussi regarder comment font les autres en particulier les plus performants Mary Parker Follett avait compris l int r t du benchmarking Elle et signale ses auditeurs en 1925 la mise en place d un comit interentreprises ayant pour objet la comparaison des exp riences dans lequel les participants esp rent gagner plus en travaillant ensemble TT CF Premi re partie III 7 7 Habitude habit terme compris dans son acception psychologique disposition inf r e du syst me nerveux qui rend compte des liaisons entre stimuli et r ponse L habitude est susceptible de varier en grandeur en fonction de la quantit de renforcement Le renforcement tant un v nement suscit ou fortuit qui rend plus forte la capacit pour un stimulus de susciter une r action F Bresson
51. dant plus de vingt ans elle aura une activit tr s soutenue dans divers mouvements sociaux et civiques En 1902 elle cr e la Highland Union club social ducatif et sportif pour jeunes hommes puis la Roxbury League Elle pr sidera jusqu en 1920 le Committee on the Extended Use of School Buildings qui milite pour l utilisation des b timents scolaires pour des activit s sociales apr s les heures de classe Elle fait ouvrir titre exp rimental pour l hiver le East Boston High School Social Center qui abritera entre autres la Roxbury League Cet essai sera concluant et rapidement tendu quatre puis une demi douzaine d coles Elle participe aux activit s de la BESAGG Boston Equal Suffrage Association for Good Government qui milite en faveur du droit de vote pour les femmes et elle pr side le Comit pour les Alternatives au Saloon l alcoolisme faisait alors des ravages parmi les populations pauvres et surtout le saloon dont l exigu t des logements faisait le seul endroit possible de sociabilit tait r ellement un lieu de perdition La cause tait bonne et l enjeu important m me si le rem de la prohibition fut pire que le mal et eut pour les Etats Unis des cons quences n fastes Pendant cette p riode elle travaille sur de nombreux autres th mes une analyse des lois en suspens dans l Etat du Massachusetts une enqu te sur l ducation civique Boston l laboration d un manuel d
52. de la coordination Cette fonction est d ailleurs souvent assur e par un tat major r duit et des 46 Taylor F 1911 chap IL Recent economic changes in the United States rapport du Comit sur les changements conomiques r cents pr sid par Herbert Hoover vol 2 chap 7 Publi chez McGraw Hill New York 1929 Mary Parker Follett 31 comit s plus ou moins permanents compl t s par des structures de projet Les relations entre les hommes l int rieur des groupes des groupes entre eux et avec la direction g n rale de l entreprise ou de la holding sont alors primordiales Les analyses de Mary Parker Follett sont totalement pertinentes pour ces types d organisation IV Le conflit constructif Nous ne pouvons conna tre la nature de la paix qu en comprenant la vraie nature du conflit Follett 1924 262 1 loge de la diversit L homme ne peut vivre et s panouir qu en soci t Il passe sa vie concevoir des projets chercher les r aliser participer diverses activit s avec d autres hommes Mais chacun est unique et r agit sa fa on son environnement Cette diversit est pr cieuse puisque tout individu a des aptitudes un pass une accumulation d exp riences une vision du monde qui lui sont propres Pour faire progresser la soci t ou plus modestement pour faire fonctionner au mieux un groupe une organisation ou une entreprise il faut p
53. diff rents niveaux cours du soir dans les Centres de quartier enseignement en cole r daction de manuels d ducation civique r flexion sur les relations entre les tudiants et le corps enseignant Mary Parker Follett L int gration les sources de Mary Parker Follett La notion d int gration d rive des d couvertes de la fin du 19 si cle et du d but du 20 en neurologie et en psychologie Les diff rences entre individus dans une organisation sont galement l uvre dans l individu lui m me qui sur le plan moteur doit int grer le fonctionnement de diff rents organes pour faire le moindre mouvement Au sens neurologique du terme l int gration est le processus par lequel l action du syst me nerveux unifie les expressions de l activit de l individu Cette notion a t d velopp e entre autres par Charles S Sherrington dans son livre The integrative Action of the Nervous System et par H J Watt qui montre que la mise en relation entre eux des influx nerveux ne peut se r sumer une simple coordination que quelque chose de diff rent en r sulte appel pour le diff rencier de la simple coordination une int gration Sur le plan psychologique cette notion a t d velopp e par les b havioristes pour qui l activit humaine est conditionn e par l environnement qui envoie des stimuli auxquels l individu r pond Ils distinguent deux
54. e chef id al serait celui qui poss dant toutes les connaissances n cessaires pour r soudre les probl mes administratifs techniques commerciaux financiers et autres qui lui sont soumis Jouirait encore d une vigueur intellectuelle et d une puissance de travail suffisantes pour faire face toutes les charges de relation de commandement et de contr le qui p sent sur la direction Fayol 1999 81 Le chef sait tout est capable de tout voir de tout faire Ses forces physiques et le temps dont il dispose tant ce qu ils sont il suppl e ses limites en s entourant d un tat major qui est une aide un renfort une sorte d extension de la personnalit du chef Fayol 1999 73 On reconna t l le prototype de la discutable conception du cabinet minist riel la fran aise dont on conna t les effets pervers Quant l initiative pour faire ressortir la modernit de l approche de Mary Parker Follett citons encore Fayol Il faut beaucoup de tact pour exciter et soutenir l initiative de tous dans les limites impos es par le respect de l autorit et de la discipline Il faut que le chef sache faire quelques sacrifices d amour propre pour donner des satisfactions de cette nature ses subordonn s Fayol 1999 44 Cette conception du chef tout puissant qui condescend ce que ses subordonn s fassent preuve d initiative dans le but de satisfaire leur amour propre a t elle compl tement
55. ec des commentaires de personnalit s telles que Peter Drucker Rosabeth Moss Kanter ou Henry Mintzberg a relanc l int r t pour son uvre C est Peter Drucker qui consid re qu elle a t l toile la plus brillante au firmament du management qui a sugg r le titre du recueil Mary P Follett Prophet of Management Graham 1995 En lisant ces textes et quelques autres on comprend pourquoi le pape du management place si haut un auteur qui tait tomb dans l oubli dans son propre pays Depuis la sortie de ce livre The Pennsylviana State University Press a r dit un ouvrage important de Follett The New State Group Organization the solution of Popular Government en 1998 Il est galement question de r diter Creative Experience son troisi me livre et le nom de cette pionni re la pens e particuli rement forte et originale est r apparu en bonne place dans les livres de management titre d exemple Stuart Crainer dans son livre The Management Century Crainer 2000 lui consacre autant de place qu Frederick W Taylor ou Elton Mayo Et Peter Drucker lui rend hommage dans tous ses crits r cents Les universitaires d Am rique du Nord Etats Unis et Canada multiplient les travaux sur son uvre aussi bien dans les d partements de Travail social que dans ceux de management ou de science politique Enfin Matthew Shapiro Pr sident de l daho Systems Institute a annonc qu
56. el de gestion peut parfois se faire sans pr paration autre que technique Remplacer un syst me informatique qui est le principal outil du personnel et qu il utilise longueur de journ e m rite en revanche des tudes pr alables une information et des formations d une toute autre ampleur La mise en route pr matur e par la SNCF de Socrate syst me de r servation performant et qui constituait un bond technologique consid rable a eu des cons quences incalculables pour la Soci t nationale Outre une perte de client le non n gligeable l image de l entreprise a t profond ment et durablement alt r e Sa cote de popularit est tomb e de 58 49 entre 1988 et 1993 et aujourd hui encore la cicatrice est sensible Kerdellant 2000 chap 10 Un autre exemple beaucoup plus r pandu est le lancement d un projet d entreprise Avant d envisager une telle op ration il faut analyser le style de management les circuits et les performances de la communication interne la nature des conflits en cours ou latents les perspectives conomiques moyen terme et les pr visions de rotation des cadres Une r flexion prospective est utile Pour ne pas avoir respect ces pr cautions pr alables on ne compte pas le nombre de projets qui dans le meilleur des cas ont sombr dans la plus parfaite indiff rence ou pire ont d t rior le climat dans l entreprise II La situation Il y a deux probl mes fondam
57. ement iessaetiminnemaninin nine RERE di TEN NNE rie rie et ete te 13 HI Le contexte politique social et intellectuel 13 1 Le bouleversement d mographique ss 14 2 Un boom conomique E E 14 3 La r volution de l organisation et du management des entreprises de Taylor Mayo 15 4 D une Am rique rurale l Am rique urbaine et industrielle ssessesesseeseseeeeesssseereserestsererereesssrsrerrerse 15 5 Du populisme au progressisme suisses 15 6 Une activit intellectuelle importante sise 17 IV La personnalit et le parcours personnel de Mary Parker Follett 18 l Un tudiarite brillante nt sereine nee mine a EE GETA E E OR a 19 2 Une analyse puissante The Speaker of the House of Representatives ssesseesrsseesesesrstsrrerererrsrsrsrerresse 19 3 Une forte implication dans le social et le civique s ssssesseesssesessseserssseeressteressesetsestesessreresseseesseseeseeseene 20 4 The New State un livre remarquable et remarqu 21 5 tre l o les choses importantes se passent Mary Parker Follett et le management des entreprises 22 6 La vie posthume de Mary Parker Follett ss 22 DEUXIEME PARTIE LES ENSEIGNEMENTS DE MARY PARKER FOLLETT 24 JL Faisons ne exp rience I uer wetens o mope eri ooreo oea euron eesosa ee uote rates aoaie onse tetes ele tr net de 24 1 L exp rimentation un processus de cr ation 24 2 ODSerVAtEUTS EL TAAA E mA TN Amtuive
58. endre du Pr sident ou du Directeur de l usine et l effet est affaibli On peut dire que l empressement ob ir un ordre est inversement proportionnel la distance qu il parcourt L efficacit de la production risque d tre compromise chaque fois que l on substitue l ordre venu de loin aux instructions donn es face face Follett 1941 53 2 Ce qui importe ce n est pas de donner un ordre c est qu il soit ex cut Il ne suffit pas qu une lettre soit crite encore faut il s assurer qu elle a t exp di e et contr ler qu elle est bien arriv e Jean Monnet 1976 122 Pour certains il est tr s simple de commander ils s attendent ce qu on ob isse sans poser de question aux ordres qu ils donnent En revanche le bon sens de plus d un cadre lui a montr que donner des ordres pr sente de nombreuses difficult s et qu exiger une ob issance aveugle des ordres qui ne sont pas approuv s peut tre m me pas compris est du mauvais management Plus encore la psychologie aussi bien que nos propres observations nous montre que la fa on la plus satisfaisante d obtenir des gens qu ils fassent ce qu on leur demande n est pas de leur en donner l ordre ou de les exhorter le faire et qu il n est m me pas toujours suffisant de leur expliquer voire de les convaincre intellectuellement Obtenir un accord simplement intellectuel n am liorera que peu les choses tant que vous n avez pas modifi leur
59. enri Fayol range m me les gr ves et tous les obstacles d ordre social parmi les accidents et catastrophes naturelles ne relevant pas de la fonction administrative mais de la fonction de s curit au m me titre que le vol l incendie l inondation Fayol 1999 7 Mary Parker Follett est beaucoup plus r aliste Pour elle le conflit n est ni bon ni mauvais mais c est la manifestation d une diff rence diff rence entre des opinions des int r ts Follett 1941 30 Et la diff rence c est l expression naturelle de la diversit indispensable la vie C est aussi ce qui permet le progr s Il faut donc simplement voir comment tirer le meilleur parti du conflit en consid rant qu il est possible de concevoir le conflit non pas 48 Conflit constructif Un conflit a des cons quences productives si tous les participants sont satisfaits des r sultats qu ils ont obtenus et consid rent qu ils y ont gagn Deutsch 1973 17 Le mot anglais difference exprime aussi bien la diff rence que le diff rend Dans ce paragraphe Mary Parker Follett emploie ce terme dans le premier sens 32 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 comme la f cheuse manifestation d incompatibilit s mais comme un processus normal par lequel des diff rences socialement utiles se d clarent pour l enrichissement de tous ceux qui sont impliqu s Follett 1924 300 3 Mettre le confli
60. ent ne sert que de d clencheur Il peut aussi y avoir une injonction de faire sans que celui qui re oit l ordre ait aucunement particip la d finition du travail r aliser et sans que l on se pr occupe de savoir s il est ou non d accord avec ce qui lui est ordonn Dans chacun de ces cas la relation entre celui qui donne et celui qui re oit l ordre sera diff rente les r actions et la fa on d ex cuter le travail s en ressentiront obligatoirement Tout cela de plus se placera dans un contexte et l ad quation ce contexte est primordiale On ne proc de pas de la m me fa on sur un navire de guerre en op rations et dans une start up de la Silicon Valley Les m mes paroles provoquent souvent des r actions tout fait diff rentes selon les lieux et les circonstances dans lesquels on les entend Un enfant r agira diff remment une proposition selon qu elle est faite par son professeur ou par son camarade de classe Il peut m me r agir diff remment la m me proposition faite par son professeur en classe ou pendant une promenade En appliquant cette remarque au commandement on On traduira parfois par ce mot un peu faible l expression anglaise the giving of orders plus dynamique et plus pr cise Mary Parker Follett 45 voit que le lieu o l on donne l ordre les circonstances dans lesquelles on le donne peuvent provoquer des r actions diam tralement oppos es Faites le desc
61. entaux pour un dirigeant primo d finir correctement la situation dans sa globalit secundo trouver comment passer d une situation une autre Follett 1941 209 1 Hic et nunc Mary Parker Follett est tr s sensible dans sa philosophie de l action la contingence Nous ne pouvons habituellement pas appliquer ce que nous apprenons d une exp rience la suivante parce que la suivante sera diff rente Follett 1924 71 La vie l homme la soci t signifient peu de choses pour nous Ce qui nous int resse c est votre vie ma vie Ce n est pas l homme mais les hommes qui nous entourent Pas la soci t mais les nombreuses soci t s dans lesquelles nous passons notre vie Follett 1918 279 2 Une vision syst mique Lorsqu on cherche r gler un probl me la n cessit de prendre en compte la situation dans son int gralit est rappel e constamment dans les travaux de Mary Parker Follett C est une de ses grilles de lecture permanentes nous ne pouvons pas tudier la psychologie de l ouvrier puis la psychologie de l employeur et enfin les faits de la situation comme on le fait si souvent Nous devons tudier l ouvrier l employeur et leur relation aux faits et alors les faits eux m mes deviennent aussi actifs que n importe quelle autre partie de la situation dans sa globalit Follett 1924 69 43 Sur ce th me on pourra lire avec
62. era peut tre plus facile de se mettre d accord sur d autres moyens pour les m mes fins etc c Faire preuve d imagination On veut d passer un conflit sans que l un ou l autre ait c der quoi que ce soit d important Apr s avoir cherch r valuer les positions c est dire permis chaque partie de d barrasser sa revendication d l ments secondaires non essentiels mais souvent irritants ou bloquants il va donc falloir r ussir laborer ensemble une proposition in dite et cr er quelque chose de nouveau d Anticiper Il ne faut pas attendre qu un conflit clate pour tudier ce qui ne va pas en discuter et surtout on ne doit jamais laisser un diff rend se d velopper et atteindre un stade o les positions sont tellement tranch es qu il sera tr s co teux de sortir de la crise Mary Parker Follett cite un Directeur du personnel Mr Howard essaie de pr venir un diff rend avant qu il n atteigne le stade de l alternative car un accord est difficile trouver lorsque deux positions tranch es s affrontent Follett 1924 250 Ce point ne n cessite aucune explication suppl mentaire Nous avons tous en m moire d cembre 1995 et dix autres conflits destructifs du m me type 6 La relation circulaire vous moi vous moi L un des l ments de complexit que Mary Parker Follett demande ses auditeurs de ne jamais sous estimer est la r action
63. es les mots et les expressions utilis s la mauvaise influence des leaders Mary Parker Follett pointe la mauvaise foi le manque de scrupules de certains leaders et la mall abilit de la foule Dans les Etats Unis de l poque dont la vie publique tait 7 e II AFE Yes i x gangren e par le bossism cet obstacle n tait pas n gligeable dans certains domaines f i 7 56 une formation insuffisante et inad quate L int gration mise au point par Mary Parker Follett trouvera son heure de gloire soixante ans plus tard avec la n gociation raisonn e de Fisher amp Ury 1982 la n gociation cr ative de Gordon F Shea 1983 et toutes les m thodes gagnant gagnant qui ont fleuri depuis Le lecteur curieux de conna tre les sources utilis es par Mary Parker Follett pour b tir son concept d int gration pourra se reporter l encadr L int gration les sources de Mary Parker Follett 53 Cf von Bertalanffy 1993 42 43 s4 Cf entre autres Watlawick amp alii 1972 41 et Mucchielli 1998 30 31 Cf Hofstadter 1955 Chap VI III The Citizen and the Machine 56 En recensant les trois principaux domaines d activit de Mary Parker Follett nous n avons pas mentionn explicitement l enseignement et la formation personnelle professionnelle et civique consid rant que cela faisait partie de son travail social Elle a t tr s active dans ce domaine
64. eux qui sont pleinement des observateurs participants Follett 1924 xi Elle consid re m me que dans cette tude en commun la voix des acteurs de terrain l ouvrier qui travaille sur la machine si le travail porte sur une machine doit avoir plus de poids que celle du contrema tre ou de l expert II Les groupes 1 Le fonds culturel La famille de Mary Parker Follett tait d origine Quaker Il est probable que la formation et la personnalit de la Bostonienne ont t marqu es par cette influence La Soci t des Amis est organis e en groupes de croyants dans lesquels r gne la libert de l inspiration et de la pri re Tous les participants ces groupes sont gaux y compris les femmes Aux Etats Unis ils militent cette poque pour la justice sociale contre l esclavage pour l humanisation du syst me p nitentiaire Ils sont pacifistes Fait important ils placent l instruction des filles sur Cf Introduction un constructivisme radical d Ernst von Glasersfeld in Watzlawick P amp alii 1988 i Ou b havioristes Mary Parker Follett 29 le m me plan que celle des gar ons On consid re que la conception quaker du groupe d mocratique ferment des valeurs morales et spirituelles agent du changement individuel et de l volution sociale est l origine de l id ologie qui accompagne aux tats Unis la naissance de la dynamique des groupes Anzieu amp Martin 1986 64
65. ht amp Practice Jossey Bass Pub San Francisco 2000 Deutsch M The resolution of Conflict Constructive and Destructive Process Yale University Press New Haven amp London 1973 Dubreuil H Standards Le travail am ricain vu par un ouvrier fran ais Bernard Grasset Paris 1929 Fayol H Administration industrielle et g n rale Bulletin de la Soci t de l industrie min rale 1916 Edition utilis e Dunod Paris 1999 Fisher R amp Ury W Comment r ussir une n gociation Seuil Paris 1982 Follett M P The Speaker of the House of Representatives Longmans Green New York 1896 Follett M P The New State Longmans Green New York 1918 Edition utilis e The Pennsylvania University Press 1998 52 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 Follett M P Creative Experience Longmans Green New York 1924 Follett M P Dynamic Administration The collected papers of Mary Parker Follett dit par Henry C Metcalf amp L Urwick avec une pr face de B S Rowntree Harpers amp Bros Publishers New York amp London 1941 Follett M P Freedom and coordination Lectures in Business Organisation by Mary Parker Follett dit par L F Urwick Management Publications Trust Ltd London 1949 Forcey C The Crossroads of Liberalism Oxford University Press New York 1961 Fourasti J Les conditions de l esprit scientifique Gallimard Paris 1966 G nelot D Manager dans la complexit I
66. i il suffirait de le communiquer au groupe Chacun est l pour cr er une id e de groupe avec les autres Il ne s agit pas de partager une id e pour que ce soit celle du groupe il faut qu elle ait t labor e produite en commun C est le m canisme d int gration capital dans la pens e de Follett et que nous d velopperons au point IV Le conflit constructif Nous ne d velopperons pas ici les id es de Mary Parker Follett sur le groupe dans la cit et dans l tat C est l objet m me de The New Sfate et elle y traite plus de politique que de management m me s il est vident qu il y a des points communs entre les deux champs 30 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 On peut quand m me remarquer que pr s d un si cle apr s la parution de The New State les choses n avancent pas vite De nombreuses recherches ont r pondu l attente de Mary Parker Follett commencer par celles traitant de la psychologie des groupes Mais nous sommes loin dans le fonctionnement de nos organisations de parvenir ce qu elle souhaitait permettre chaque individu de garder sa propre personnalit tout en laborant et en faisant na tre par le d bat par l effort de cr ativit d imagination une id e qui sera celle du groupe et qui peut tre diff rente de toutes celles avec lesquelles chacun des individus tait arriv Et pourtant quelques techniques simples permettraient aux animateurs e
67. i l on se reportait des exp riences datant de cinquante ans pour juger de l tat actuel du progr s des sciences en mati re de physique ou de chimie Dubreuil 1929 8 En 1992 paraissait Manager dans la complexit de Dominique G nelot G nelot 1992 Plusieurs chercheurs universitaires et consultants travaillaient sur le th me de la complexit depuis des ann es mais ce livre a marqu un tournant dans la prise de conscience du ph nom ne par un nombre significatif m me s il 8 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 Cette complexit laquelle les cadres de tout niveau n ont pas t correctement pr par s fait la fortune des cabinets de consultants et de formateurs qui proposent de faire acqu rir en quelques jours des m thodes magiques de management de n gociation ou de d veloppement du leadership Ces professionnels r pondent un vrai besoin avec des solutions souvent astucieusement con ues mais dans de nombreux cas standardis es passe partout vitant aux cadres de r fl chir et dont l efficacit moyen terme est tr s limit e Le public du Bureau of Personnel Administration auquel s adressait Mary Parker Follett avait les m mes besoins que nos dirigeants et nos cadres Elle connaissait les interrogations de ces administrateurs directeurs chefs du personnel les difficult s auxquelles ils taient confront s au quotidien Elle ne cherchait pas les renvoyer dans leurs bureaux
68. i que par le film qui en a t tir Mary Parker Follett 11 Peter F Drucker n est pas de cet avis Il cite quelques femmes ayant jou un r le ou tenu des postes minents dans les Etats Unis des ann es 1930 Il y eut en politique Eleanor Roosevelt et Frances Perkins premi re femme dans un gouvernement am ricain et extr mement puissante sous l administration de F D Roosevelt Dans les media Cissy Patterson fut diteur du Washington Times Herald et Iphigenie Ochs Sulzberger dirigea le New York Times Dorothy Thompson tait la plus influente ditorialiste de son poque Virginia Gildersleeve Aurelia Reinhardt et Constance Warren furent toutes trois pr sidentes d universit s importantes Dans le monde des affaires et de l administration Anna Rosenberg a t la premi re femme Directeur du personnel d une grande entreprise et par la suite pendant la guerre de Cor e elle devint secr taire adjointe la d fense charg e des personnels On ne cherchera pas trancher Le d bat reste aujourd hui d une br lante actualit dans la plupart des pays du monde et m me si Drucker a des arguments il est probable que le fait d tre A gaunt Boston spinster lady ne facilitait pas la t che dans des milieux exclusivement masculins Mais il est aussi vrai que si Lilian Gilbreth eut quelques difficult s ce fut pour se faire reconna tre lors de son veuvage Elle fit ensuite une carri re remarquable comme c
69. icien lorsqu il met la courroie sur la poulie Il y aura tout autant de place pour les d saccords et m me probablement plus dans la m thode que je d fends La situation sera souvent appr ci e diff remment interpr t e diff remment Mais nous saurons comment proc der nous aurons trouv une m thode pour traiter le probl me Follett 1941 59 Cette d personnalisation des ordres est en fait b n fique aux relations humaines car elle permet au dirigeant d viter de passer son temps donner des ordres des gens qui les Mary Parker Follett 47 comprennent plus ou moins bien et les ressentent parfois d sagr ablement Par l tude pr alable par la pr paration du travail et des gens qui auront le faire il peut s pargner des dizaines d ordres de routine et utiliser son temps faire autre chose de plus intelligent J ai appel cette m thode la d personnalisation des ordres mais je pense que c est en fait une fa on de repersonnaliser en tant qu individus nous avons des relations entre nous que nous devons situer dans le contexte global Nous ne pouvons avoir de relations solides entre nous aussi longtemps que nous les pla ons hors du cadre qui leur donne leur sens et leur valeur Ce divorce entre les individus et la situation fait beaucoup de mal Je viens de dire que le management scientifique d personnalise En approfondissant sa philosophie on s aper oit qu il nous montre des
70. ique cet int r t pour l entreprise par le fait que contrairement aux gens avec qui elle avait travaill jusque l les hommes politiques les conomistes les universitaires les hommes d affaires taient des r alisateurs doers Graham 1987 10 22 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 5 tre l o les choses importantes se passent Mary Parker Follett et le management des entreprises En 1924 elle publie New York Creative Experience H A Overstreet rendant compte de l ouvrage crit Miss Follett n est pas h g lienne Mais elle crit comme Hegel aurait pu crire si vivant de nos jours il avait eu la chance d tre appel arbitrer une gr ve ou mettre au point des grilles de salaire minimum En 1925 elle intervient devant la Conference annuelle du Bureau of Personnel Administration Elle y donnera une s rie de conf rences remarqu es sur le pouvoir le conflit l autorit le m tier de dirigeant C est le d but d une nouvelle activit centr e sur le management des entreprises En 1926 lors d un voyage en Angleterre elle rencontre York Lyndall Urwick dirigeant de haut niveau dans une chocolaterie la Rowntree Cocoa Works propri t d une vieille famille Quaker de la ville Le patron de cette firme Seebohm Rowntree a h rit de son p re des conceptions et des pratiques tr s progressistes en mati re de management Urwick d abord r ticent est
71. iques de trois fa ons diff rentes selon qu il devait faire vite qu il pouvait prendre son temps ou qu il avait enseigner les gestes un apprenti L observateur press risque donc de se tromper lourdement sur les temps l mentaires et sur l ergonomie du poste de travail s il ne chronom tre et filme puisque Gilbreth fut le premier utiliser le cin ma pour l tude des mouvements des ouvriers qu un seul ma on et dans une seule situation Consciente de cette difficult Mary Parker Follett recommande de toujours tudier les faits en situation la valeur de chaque fait observ d pend de sa place dans l ensemble du processus et est fonction de ses multiples relations Un fait isol coup des relations qu il a avec le reste du syst me n est pas un fait Follett 1924 12 de ne pas s arr ter de simples explications ou une observation trop superficielle Quand les comportementalistes disent que pour savoir ce que l homme est en train de faire r ellement il faut l observer j ajouterai n oubliez surtout pas que son comportement comprend 1 ce qu il est en train de faire 2 ce qu il pense faire 3 ce qu il dit tre en train de faire Follett 1924 97 associer les acteurs l observation car il est rarement possible d observer une situation sociale la pr sence de l observateur modifie habituellement la situation On a besoin de c
72. ir pourquoi elle ne marche pas Dubreuil 1929 148 149 M me dans le domaine social o l exp rimentation est moins facile on retrouve cette tendance Peut tre l Am ricain est il le premier qui introduise une m thode positive dans la sociologie Si une proposition lui est formul e en termes clairs et en des limites assez pr cises pour la faire appara tre comme pouvant tre tent e il d clarera sans plus Faisons une exp rience Dubreuil 1929 348 1 L exp rimentation un processus de cr ation Mary Parker Follett qui a maintes fois reconnu les apports du scientific management et qui a particip aux travaux de la Taylor Society est int ress e par tout ce qui apporte de la rigueur au management et la politique Elle confirme donc les remarques de Dubreuil en crivant Les m thodes des sciences physiques l observation et l exp rimentation doivent tre aussi celles des sciences sociales Follett 1924 xii Elle b tit toute une conf rence sur le th me de l exp rimentation The giving of orders donn e en janvier 1925 devant le Bureau of Personnel Administration de New York Elle poursuit alors deux buts traiter le th me du jour l art et la mani re de donner des ordres et la d monstration de sa m thode exp rimentale Elle donne les raisons de cette pratique inhabituelle ses auditeurs Mary Parker Follett 25 J ai commenc cette causerie en disant que j
73. l poque le benchmarking tait pratiqu avec m thode au niveau de l entreprise et non titre individuel par quelques grandes firmes comme le groupe chimique Du Pont Zunz 1990 113 1l On aura rep r dans ces quelques lignes tout ce qui ne se fait que trop rarement lorsqu on lance un projet voire un projet d entreprise ou de service Les checs par inadaptation la culture et aux pratiques de l entreprise sont aussi fr quents que ceux dus au manque de pers v rance dans l effort et aux changements de cap au milieu de la travers e Mary Parker Follett 9 humaines et sociales et fait constamment appel l intelligence et au pragmatisme Elle dit et r p te que toute action est men e avec des hommes d o l importance de la psychologie et dans un certain contexte d o l importance de l interaction entre acteurs mais aussi entre les acteurs et le contexte Elle fait remarquer ce qu on oublie trop souvent qu il faut imp rativement tenir compte du fait que le contexte change sous des influences ext rieures mais aussi tout simplement parce que les hommes en agissant modifient eux m mes les situations auxquelles ils s taient pr par s r agir Follett leur explique donc avec des mots simples et de nombreux exemples ce qu est la complexit dans l entreprise et comment s armer pour y faire face Le premier int r t de lire aujourd hui ses uvres r side donc tout simplement
74. l me ou d cid s faire voluer une pratique ils se d terminent pour une ligne d action l exp rimentent et observent soigneusement son d roulement et ses r sultats Mary Parker Follett leur conseillait de commencer par examiner avec soin comment cette exp rimentation pouvait en pratique s int grer au fonctionnement global du d partement ou de l usine puis de mener l exp rience en gardant trace de leurs observations pour eux m mes et pour en discuter avec leurs pairs elle encourageait le benchmarking Enfin last but not least elle leur demandait instamment de ne faire qu une exp rience la fois et de la mener son terme avant d en commencer une autre La coh rence et la continuit sont des vertus du manager Ceux qui suivaient ses conseils taient arm s pour faire face toutes les situations En effet l enseignement de Mary Parker Follett porte sur la compr hension profonde des relations tait tr s minoritaire de dirigeants et de cadres Avant cette date la bibliographie est assez abondante mais l impact limit Parmi les pionniers citons Jacques M l se qui publia la 1 dition de La gestion par les syst mes en 1968 Ed Hommes et Techniques Paris La Conference annuelle du Bureau of Personnel Administration New York lors de laquelle elle intervenait r guli rement tait le forum le plus important du pays pour la discussion des questions de management 10 A
75. la question du pouvoir Ce que nous avons faire n est pas d apprendre o placer le pouvoir c est comment le d velopper Follett 1924 12 Les Fran ais prennent perdent partagent le pouvoir Mary Parker Follett cherche constamment donner ses auditeurs ou ses lecteurs les moyens de l accro tre Parce que le pouvoir tel qu elle l entend ne s exerce pas sur les hommes mais avec les hommes pour r aliser des choses C est la fois une question d efficacit et une question de psychologie respecter les hommes leur dignit leur libert Le sentiment d tre sous quelqu un de subordination de servilit d tre soumis la volont d autrui revient de fa on r currente chez les d l gu s du personnel et dans la d position devant la Commission mini re Un homme disait devant cette Commission D accord pour travailler avec quelqu un ce qui est d sagr able est de sentir trop nettement que vous travaillez sous quelqu un Avec est une bonne pr position non parce qu elle a une connotation d mocratique mais parce qu elle renvoie une unit fonctionnelle ce qui est une conception de la d mocratie qui va plus loin que celle qu on en a habituellement L tude de la situation implique la pr position avec Follett 1941 62 Elle souligne que le droit am ricain distingue d ailleurs les droits sur rights over et les dr
76. lent le renforcement de l attitude d velopper Mais nous constatons que ce n est pas apr s une seule r alisation que l attitude devient une habitude il faut pour cela qu elle soit mise en uvre un bon nombre de fois Follett 1941 53 3 Commander en respectant l autre Ce qui d pla t aux gens c est souvent plus l ordre lui m me que ce qu on leur ordonne de faire Les gens n aiment pas qu on leur donne un ordre m me si c est celui de prendre des 19 Renforcement en psychologie v nement suscit ou fortuit qui rend plus forte la capacit pour un stimulus de susciter une r action NDT 46 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 vacances J ai souvent vu des exemples de ce ph nom ne On raconte qu un Am ricain c l bre lorsqu il tait enfant et que sa m re lui disait Va chercher de l eau r pondait toujours non avant de prendre le seau et d aller tirer l eau C est significatif il n aimait pas tre command recevoir un ordre de quelqu un mais il allait chercher de l eau non pas parce qu il tait oblig de le faire mais parce qu il voyait bien que c tait n cessaire A cette n cessit 1l savait qu il lui fallait ob ir et il l acceptait Follett 1941 62 Sans aller jusqu au refus de tout ordre m me quand on en reconna t le bien fond les cas d autoritarisme ou de maladresse sont fr quents et ils ont des cons quences
77. mais de voir comment les satisfaire d un commun accord Bien entendu le succ s de la d marche ne supprime pas d finitivement tout conflit Mais lorsqu un nouveau d saccord se fera jour ce sera sur un autre point Ce conflit l est r gl et le prochain se produira un niveau plus lev A l aide de quelques exemples simples Mary Parker Follett explique sa conception de l int gration L histoire de la fen tre de la biblioth que est la plus c l bre elle a t reprise dans l un des livres sur la n gociation ayant eu le plus de succ s ces vingt derni res ann es Getting to Yes de Roger Fisher et William Ury Un jour dans une des petites salles de la biblioth que de Harvard quelqu un voulait ouvrir la fen tre et je souhaitais qu elle reste ferm e Nous avons ouvert la fen tre de la salle voisine o il n y avait personne Ce n tait pas un compromis puisque aucun de nous deux n a renonc son souhait nous avons eu chacun ce que nous voulions en r alit Car je ne tenais pas particuli rement rester dans une pi ce ferm e Simplement je ne voulais pas que le vent du nord me tombe directement dessus De la m me fa on l autre occupant ne tenait pas ce qu on ouvre une fen tre particuli re il souhaitait simplement que la salle soit plus a r e Follett 1941 32 4 Les limites de l int gration Formule de tr s loin la meilleure l int gration n est pas applicable dans tou
78. me scolaire de la ville Mary Parker Follett devient alors membre du conseil de perfectionnement du Department of Vocational Guidance bureau d orientation professionnelle Tout en tant chaque jour sur le terrain dans des conditions parfois difficiles Mary continue tudier Elle prend le recul n cessaire pour analyser ce qu elle vit r fl chir son action et elle s int resse la vie politique de son pays la premi re guerre mondiale et aux v nements diplomatiques qui s ensuivent Jusqu en 1917 elle donnera quelques conf rences portant sur ses activit s civiques et sociales en janvier 1913 Evening Recreation Centers en octobre de la m me ann e The aims of Adult Recreation conf rences publi e dans The Playground En d cembre elle donne une conf rence au Ford Hall sur The Social Centre and the Democratic Ideal 4 The New State un livre remarquable et remarqu En 1918 ses travaux changent de dimension Elle publie New York chez Longmans amp Green The new State Group Organisation the solution of Popular Government livre dans lequel elle discute et d fend l id e de favoriser face aux institutions bureaucratiques la constitution de r seaux de groupes dans lesquels les participants peuvent eux m mes analyser leurs probl mes laborer et mettre en uvre leurs propres solutions Le philosophe anglais Bernard Bosanquet d finissait ce livre comme le plus sain et le plus brillant de
79. ment a t on pu occulter si longtemps un auteur de cette dimension et qui plus est c l bre de son vivant 1 Parce que ses enseignements sont plus que jamais d actualit Parions que plagier les id es de madame Follett ferait passer l auteur du m fait pour un esprit avant gardiste m me en cette fin de si cle Jean Boisvert Boisvert 1994 Frederick W Taylor est incontestablement le p re inventif et obstin du management scientifique Henri Fayol a eu l immense m rite d tre le premier construire une th orie de l organisation pour les dirigeants Leurs id es ont t diffus es plusieurs ann es avant que la Bostonienne ne publie les siennes Bien adapt es aux r alit s industrielles d mographiques et sociologiques de l poque elles ont rencontr un succ s m rit Mais elles taient dat es laissaient de c t des aspects importants du management et sont aujourd hui largement d pass es m me si l on peut encore y trouver des principes forts et p rennes et des analyses int ressantes alors que les enseignements de Mary Parker Follett sont toujours d actualit Il est m me inexact d crire qu ils sont toujours actuels Il serait plus juste de dire qu ils sont plus que jamais d actualit Il y a moins de dix ans que les meilleurs praticiens et conseillers en management ont commenc expliquer aux dirigeants d entreprise et aux cadres que le monde dans lequel ils voluaient
80. n d tudier le probl me de trouver la loi de la situation et de lui ob ir Tant que nous n y parviendrons pas je pense que nous n aurons pas un management optimal Follett 1941 58 Une personne ne devrait pas donner des ordres une autre personne mais toutes deux devraient accepter de prendre leurs ordres de la situation Si ce qui doit tre fait d coule simplement de la situation on n a plus quelqu un qui donne des ordres et quelqu un qui les re oit Tous deux font ce qu exige la situation Ce qui n en point douter change l g rement l ensemble du management de l entreprise C est mon avis l une des plus importantes contributions de l organisation scientifique du travail elle tend d personnaliser les ordres On peut m me dire que l essence du management scientifique est la recherche de la loi de la situation Follett 1941 59 Si tous ceux qui sont en position de commander pouvaient d personnaliser les ordres il n y aurait plus d une part des comportements autoritaires et de l autre ce dangereux laisser aller induit par la peur d exercer son autorit Il est bien s r n cessaire d exercer l autorit mais toujours celle de la situation Je ne dis pas que nous avons trouv le secret d une existence sans friction loin de l mais nous comprenons maintenant ce que nous devons faire de la friction chercher la faire travailler pour nous comme le fait le m can
81. n d uvre nombreuse et bon march fournie par l immigration des capitaux notamment europ ens en abondance et un norme march l chelle d un continent prot g par des tarifs douaniers efficaces constituent pour les capitaines d industrie les commer ants et les entrepreneurs de tout poil et de toute taille un champ d action formidable La proportion d illettr s parmi les immigrants juifs tait nettement moins lev e Mary Parker Follett 15 3 La r volution de l organisation et du management des entreprises de Taylor Mayo Jusqu la deuxi me guerre mondiale le management scientifique sera l alpha et l om ga des organisateurs et des consultants en entreprise On ne cherchera d passer les m thodes de Taylor et de ses disciples et remettre en cause dans le discours plus souvent que dans les faits les principes du ma tre de l organisation scientifique du travail que dans les ann es 1940 lorsque les apports de l cole des relations humaines viendront enrichir les pratiques des consultants et des entreprises 4 D une Am rique rurale l Am rique urbaine et industrielle La soci t am ricaine conna t pendant la d cennie 1890 1900 des bouleversements de premi re grandeur La puissance conomique du pays explose il devient le premier producteur mondial de charbon de fonte d acier de mat riel de chemins de fer de machines outils de machines
82. nformation la comp titivit des entreprises se joue sur l intelligence des salari s leur initiative leur sens de la responsabilit et de l anticipation Riboud 1987 34 Ce que Mary Parker Follett far ahead of her time avait compris soixante dix ans plus t t Mary Parker Follett 5I Bibliographie re Anzieu D amp Martin J Y La dynamique des groupes restreints PUF Paris 1986 dition 1968 Bazerman H et Lewicki R Negotiating in Organizations SAGE publications Beverly Hills London New Delhi 1983 Beaud O Le sang contamin PUF Paris 1999 B riot D Du microscope au macroscope l approche syst mique du changement dans l entreprise ESF diteur Paris 1992 Bertalanffy von L Th orie g n rale des syst mes ouvrage publi pour la premi re fois en anglais en 1968 mais dont certaines parties avaient t crites dans les ann es 1930 Dunod Paris 1993 Boisvert J Les grands esprits du management Presses de l Universit du Qu bec 1994 Cavallari G Istituzione e Individuo nel neoidealismo anglosassone Bernard Bosanquet Mary Parker Follett Ed Angeli Milano 1996 Carlzon J Renversons la pyramide Intereditions Paris 1986 Cooper F A Mary Parker Follett The Power of Power With PhD dissertation non publi e University of Southern California Los Angeles 1980 Crainer S The Management Century Critical Review of 20 Century Thoug
83. ngag e dans une autre voie celle si importante pour les Am ricains de l poque surtout lev s dans des milieux Quakers du service Ses travaux touchent trois domaines principaux le travail social la science politique et le management l Le travail social Ce sont vingt cinq ann es de sa vie pass es en grande partie sur le terrain Roxbury l un des pires quartiers de Boston Soulignons que dans le m me temps elle fr quentait l lite intellectuelle de Cambridge et de Boston et participait plusieurs associations civiques 19 Sur ce th me voir par exemple Relationship in Organisation de V A Graicunas in Gulick amp Urwick 1937 2 P Drucker in Graham 1995 Mary Parker Follett 13 M me si elle ne cessait jamais de r fl chir d observer d tudier et probablement d crire nous ne disposons comme t moignages directs de cette activit intense que de quelques articles parus dans des p riodiques locaux The Playground ou The Women s Municipal League Bulletin Cette p riode est n anmoins capitale elle a permis la tr s brillante tudiante en sciences politiques de Harvard d accumuler une exp rience unique sur l individu les groupes les relations humaines et sociales le fonctionnement de la d mocratie tous les niveaux Il est ind niable que la qualit exceptionnelle de ses travaux sur l individu et le groupe le conflit et le management des entreprises
84. nion et du conflit vous dites exactement la m me chose que Mary Parker Follett Mary qui interrogea Drucker qui n avait cette date jamais entendu parler de la Bostonienne alors qu il tait consultant depuis dix ans et professeur de management 15 Ce n est pas un hasard Daniel Cohen pense que ce sont les Japonais dans les ann es 60 qui comprennent en premier la crise du vieux syst me fordiste Les nouvelles m thodes de management moderne qui insistent d sormais sur l autonomie la responsabilit des acteurs viennent en fait de l alors que le Japon incarne pourtant l poque parmi les pays industrialis s l une des soci t s les plus autoritaires in R pliques mission d Alain Finkielkraut France Culture 5 f vrier 2000 Repris dans Le Monde des D bats d avril 2000 16 Une dame de Boston aust re et simple 17 Lilian et Frank Gilbreth disciples de Taylor dont ils se sont assez vite cart s ont travaill sur le management scientifique et en particulier sur la d termination du one best way en utilisant diff rentes m thodes dont le cin ma Ils sont tr s connus en France par le livre de souvenirs de leurs enfants Frank et Ernestine Cheaper By the Dozen Treize la douzaine Gallimard Jeunesse Paris 1983 racontant l application des m thodes d organisation scientifique du travail la vie familiale de leur tribu de douze enfants ains
85. nis les immigr s r cents souvent en grande difficult dans la jungle qu taient les quartiers pauvres de Boston Cette longue exp rience lui avait permis de comprendre comment r agissent les hommes ce qu on peut attendre d eux Et ses conclusions taient fort loign es de la noire vision de l ouvrier paresseux cherchant en faire le moins possible y compris en sabotant les machines d crit par Taylor dans ses Principles of scientific management Elle avait compris ce qu crira plus tard McGregor Ce n est pas par nature que les gens sont passifs ou qu ils r sistent aux sollicitations de l organisation C est leur exp rience dans les organisations qui les fait devenir ce qu ils sont McGregor 1966 15 Et quoi qu en disent ceux qui m prisent ou pour le moins sous estiment les ouvriers et les employ s de base un groupe de mineurs taillant et chargeant du charbon font un travail physiquement dur mais on extrairait bien peu de charbon s ils ne faisaient pas preuve de quelques unes de ces qualit s de connaissance scientifique de pr vision et d initiative habituellement associ es au terme management Ce qui vaut pour les mineurs vaut galement des degr s diff rents pour les m tiers du b timent ou du transport Les ouvriers doivent faire preuve de beaucoup d initiative car sinon le travail ne se fait pas Aucune multiplication des contr les ne peut compenser l absence d initia
86. ns d exp rience de travail social de militantisme civique et de participation la vie publique exp rience compl t e par des contacts r guliers avec les entreprises notamment travers le Boston placement bureau l organisme d orientation professionnelle qu elle a cr et qu elle anime Dans ce livre elle d montre qu on pourrait parvenir une r elle d mocratie qu elle d finit pr cis ment dans les chapitres 16 19 en s appuyant sur les groupes dont elle estime que la psychologie n a pas t suffisamment tudi e Pour elle l unit de base de la vie sociale et politique n est toutefois pas le groupe c est l individu Mais l homme ne se d finit que par les relations multiples et toujours changeantes qu il entretient avec les autres hommes L individu n existe socialement qu travers les groupes auxquels il participe Et de la m me fa on que nous avons vu qu il n y a pas de hi rarchie entre l ensemble et les l ments qui le composent mais un syst me de relations il ny a pas de hi rarchie entre l individu et le groupe L individu n est pas subordonn au groupe il est un l ment du groupe un sous syst me au c ur de multiples interrelations On ne participe pas un groupe pour couter les id es des autres il suffirait dans ce cas que ceux qui ont des id es les envoient aux autres par courrier On ne s y rend pas non plus uniquement pour donner son propre point de vue l auss
87. nt imm diatement compr hensibles et utilisables par un public fran ais notamment ses conf rences de 1933 devant la London School of Economics qui s adressaient des Anglais et ne comportent que peu d allusions aux v nements et aux d bats qui avaient agit l Am rique des ann es 1910 et 1920 contrairement celles faites en 1925 devant le Bureau of Personnel Administration de New York Il me semble malgr tout utile de rappeler rapidement dans quel contexte Mary Parker Follett a v cu s est form e a travaill et milit HI Le contexte politique social et intellectuel Mary Parker Follett est n e trois ans apr s la fin de la guerre de S cession Elle est morte un an apr s l lection de Franklin D Roosevelt la pr sidence des Etats Unis Sous de multiples aspects en fait sous tous les aspects de la vie d un grand pays cette p riode fut extr mement riche en changements Les historiens ont rivalis d imagination pour d signer la derni re d cennie du XIXe si cle et les trois premi res du XXe 1898 1933 c est 1 Dans ce livre avec un vocabulaire diff rent Mary Parker Follett tudie toutes les cat gories de groupes r pertori es plus tard par Kurt Lewin la foule elle avait lu Gustave Le Bon et la bande les groupes primaires et secondaires les groupements Elle introduit galement une typologie par mode de recrutement groupes de voisinage et groupes professionnels essentiellement
88. nt invoqu s quotidiennement dans les discours des dirigeants Quant la certitude du secteur public d tre diff rent du priv de ne pouvoir en appliquer les r gles et l incompr hension des particularit s de ce secteur par le priv elles se passent de commentaires Enfin tous ceux qui vivent dans une entreprise connaissent le go t immod r des cadres pour les outils les m thodes et leur intense jubilation chaque fois qu on peut les formaliser M me si la question pourquoi l oubli m rite d tre trait e sp cifiquement elle nous ram ne donc bien vite la premi re de nos trois raisons d tudier Mary Parker Follett parce que ses enseignements sont plus que jamais d actualit II Les trois volets de l uvre de Mary Parker Follett Il est vident que pour rester dans les m moires il faut laisser suffisamment de traces de son passage Ces traces pour les grands universitaires se multiplient automatiquement au minimum pendant une ou deux d cennies ils ont imprim leur marque dans les esprits de centaines voire de milliers d tudiants Entre les citations de l uvre du ma tre exercice oblig de tout crit acad mique les m moires et les th ses le nom et les id es de l minent professeur ont toutes leurs chances la loterie de la post rit Mary Parker Follett n a pas fait de carri re universitaire pour de multiples raisons Entre autres parce qu elle tait e
89. o reovee seen nr nn pentes seen se net ondes diverse 38 1 Le Pouvoir Pouvoir avec versus Pouvoir sur use 38 2 Pouvoir autorit et responsabilit ss 39 J D l oueR ETEA perte Men ne E E Re er E E een cut 39 4 Leaderet leadership s ssrsrinnr snitenss mu henri EEE R EE tnt en tie mas einen D 40 SE Cod dONNersse se tre St Potter a mnt ane Ra ones Rodin han Anti ee Ha une 40 6 D finir l s finalit s 258 stand ia Ei ed Se D RAR M a D ol 41 7 E i screens den fermes ete rete ee ter etre arrete te de ee dede eee ele mete E 41 8 Le leader t Son group E A MAN Tr AN SE Re E 42 9 Ee leader et ley experts ini erpanhe du ntnn den delete eh nie hide Rene nt che 43 VL Diriser au quotidiens rs E SEa S EEES EESE ti doser en cest 44 1 Organiser plut t que commander seen 44 2 Ce qui importe ce n est pas de donner un ordre c est qu il soit ex cut 45 3 Commander e respectant L autre ntm aa ee ARR RE ET RS RE 45 4 La solution d personnaliser les ordres ob ir la loi de la situation sssesesesssesssesessstsserersersssrsreessee 46 Se SANCHONNET eaen ire re tendon dr DV Ur a ne den de dos a Flat nn tt Ne ons 48 6 La formation des managers see 48 VI L intelligenc partag es nine diseenennrseddisne cotes nes est ends d ones entends 49 Bibliographie nr sssesessenssnsesessessessnessnssssssnessnessneenesnsesnse nsc nsc nsc sneneseneenneenseensencesscsseee 51 4 Cahiers d
90. objectifs B riot 1992 110 12 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 Sa conception m me du management diff rait radicalement de celle des auteurs de son poque Pour eux c tait une bo te outils des proc dures des techniques des m thodes des pratiques Ils ne s int ressaient pour la plupart qu aux questions d organisation d organigrammes de fonctionnalisation de d partementalisation de d centralisation d quilibre entre le staff et la line dans les organisations matricielles de span of control nombre de personnes qu un cadre ou un dirigeant peut manager en direct Aucun ne se demandait ce qu il faisait encore moins pourquoi il le faisait La seule question tait comment le faire Ces probl mes ne sont pas n gligeables et alimentent encore aujourd hui d innombrables tudes dans toutes les entreprises atteignant une certaine taille Mais en y r pondant on n a l vidence pas fait le tour des probl mes les plus importants du management J ai volontairement employ une expression vague de l poque pour situer ces r actions et ces incompr hensions En effet m me si des progr s consid rables ont t faits par les th oriciens les universitaires quelques consultants on peut voir quotidiennement aujourd hui encore que le go t du combat et l instinct de mort heureusement m taphorique le plus souvent so
91. ographi s pench s sur une charrue en escarpins vernis avec l arri re plan le garde du corps qui tient le haut de forme et la jaquette de son patron Hofstadter 1955 16 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 agricoles en baisse et des co ts aggrav s par des tarifs de transport maintenus un niveau lev par les ententes entre grandes compagnies de chemins de fer Le m contentement des campagnes donne naissance au parti populiste qui conna tra sa popularit maximale en 1896 avec la candidature la pr sidence de William Jennings Bryan d mocrate ayant repris son compte toutes les revendications des populistes Bryan l emporte dans l Ouest et le Sud mais est battu par le r publicain McKinley avec les voix du Nord est Ce n tait pas la premi re fois que les agriculteurs essayaient de s organiser malgr leur caract re extr mement individualiste le mouvement des Granges vers 1874 les Alliances des fermiers du Sud et de l Ouest avaient pr c d les populistes Par la suite les groupements prendront un tour moins directement politique plus centr sur les questions professionnelles avec le mouvement coop ratif qui se d veloppera apr s la premi re guerre mondiale En 1915 il y avait 5 424 coop ratives regroupant 651 186 membres Il y en aura 10 803 en 1925 avec 2 700 000 adh rents et 12 000 en 1930 pour un total de 3 100 000 membres Kaspi 1980 Sp cialis es elles regroupen
92. oits par rapport rights with La premi re expression s applique aux objets la seconde aux sujets de droit La distinction entre le pouvoir sur et le pouvoir avec n est pas une distinction personnelle ou fantaisiste ces deux pr positions sont utilis es pour marquer une distinction en droit vous avez des droits sur un esclave vous avez des droits par rapport un serviteur Follett 1941 101 z Apr s la premi re guerre mondiale l industrie mini re britannique a travers une p riode extr mement troubl e En f vrier 1919 le gouvernement a mis en place une commission royale d enqu te pr sid e par Sir John Sankey Juge la Cour supr me Cette Coal commission a si g pendant quatre mois et la presse publiait chaque jour de longs comptes rendus des s ances 53 Le 2 ao t 1925 soit six mois apr s cette conf rence de Mary Parker Follett B M Jewell Pr sident de la F d ration am ricaine des Ouvriers des Chemins de fer d clarait dans un discours prononc Brookwood devant le Railroad Labor Institute les syndicats ont lutt depuis leur naissance en regardant vers l poque o ils pourraient travailler avec les employeurs et non pour eux ou sous leur domination When they could work with not under or for employers Cit par Dubreuil 1929 Si on la comprend comme indiquant une interaction pas seulement une juxtaposition note de Follett Mary Parker Follett 39 Mary
93. onctionnels est certainement d une grande valeur Follett 1924 91 Mais elle va plus loin que les th oriciens de la Gestalt qui elle reproche de consid rer le tout comme un produit plut t que comme un processus Nous voyons que c est sur le processus plus que sur le produit qu il faut mettre l accent et que constituer des ensembles et les dissocier sont deux op rations d gale importance Follett 1924 103 Elle prend donc toujours en compte la dynamique des syst mes qu elle tudie et pour elle la situation est un processus en constant changement constitu par les acteurs le contexte le temps et les relations multiples entre ces trois sous syst mes 3 D finir le syst me consid rer L environnement n est pas un ensemble de donn es objectives qu il suffit d appr hender globalement Le d finir est une op ration d licate Nous d cidons ce qui rel ve de l individu et ensuite tout le reste est environnement C est vident souvent n glig et important Follett 1924 126 Jacques Lesourne explicitera ce point cinquante ans plus tard un syst me est d fini et souvent arbitrairement comme une partie d coup e dans l univers et en choisissant le d coupage on d finit la fois le syst me et le reste de l univers cet environnement dont les interactions avec le syst me seront l un des sujets de la 28 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 r flexion
94. onsultante et devint la premi re femme professeur de management dans une cole d ing nieurs Purdue School of Engineering La logique veut en effet que ce type de pr jug rende plus difficile l acc s une position n cessite de se battre plus qu un homme pour se faire entendre et respecter en tant que professionnel mais ne joue plus une fois qu on s est fait une place au soleil Et cette place Mary Parker Follett l avait incontestablement acquise Far ahead of her time Il est donc possible que Drucker ait raison et que l explication ou plut t les explications soit chercher ailleurs Mary Parker Follett ne pouvait pas tre comprise simplement parce qu elle tait trop en avance sur son temps L expression far ahead of her time revient sous la plume de tous ceux qui se sont int ress s elle qu ils lui aient consacr plusieurs dizaines de pages ou quelques lignes Il y avait effectivement chez Follett bon nombre d id es que les chercheurs auteurs consultants de l poque ne comprenaient pas ou plus vraisemblablement qu ils comprenaient mais n int graient pas dans leur univers mental Par exemple se servir des conflits pour comprendre en partant du principe que les deux parties ont raison et en cherchant sortir par le haut par une d marche de recherche d un objectif commun d int gration des int r ts antagonistes Dans les ann e
95. ou leurs usines lest s d une formule magique Elle s adressait leur intelligence leur donnait des clefs des bases th oriques des exemples pratiques puis s dans le monde industriel agricole ainsi que dans sa propre exp rience de gestion et d animation de services sociaux de participation des instances d arbitrage entre employeurs et employ s des commissions tripartites sur la fixation des salaires minima et aussi avec une merveilleuse simplicit dans la vie quotidienne relations dans le couple avec les enfants avec les domestiques comportements d amis ou de connaissances Ses pr conisations ne ressemblaient gu re celles d un gourou moderne inlassablement elle conseillait d exp rimenter d observer d tre attentif de ne craindre ni la nouveaut ni l chec Quant aux outils elle ne les livrait pas pr ts l emploi Il lui arrivait de donner des check lists d attirer l attention sur l ordre dans lequel on avait int r t engager certains travaux certaines phases d une n gociation Mais c tait aux auditeurs de se forger les outils proprement dits sur le terrain par une exp rimentation men e de fa on rigoureuse Elle leur demandait d ailleurs express ment de r fl chir aux principes qui sous tendaient leur action mais de ne pas n cessairement adopter ses propres principes Sa formule adopter une attitude exp rimentale envers leur propre exp rience supposait que confront s un prob
96. ouvriers ne sont pas autant sollicit es ils ont l occasion d en faire preuve L o le travailleur utilise son jugement dans la programmation du travail c est d une certaine fa on du management Si on lui confie une t che en lui permettant de d cider comment il l ex cutera c est aussi du management On ne pourrait pas faire tourner une entreprise si les travailleurs ne faisaient pas de management Il y a deux fa ons de consid rer cette capacit manager chez les ouvriers Un cadre m a d clar Nous avons voulu que tous ceux qui avaient une aptitude le faire puissent devenir des managers o qu ils soient au comptoir dans les r serves la livraison ou ailleurs Nous l avons voulu dans notre int r t aussi bien que pour aider les gens progresser Voil sans aucun doute une conception saine de l entreprise mais je pense qu on peut en plus avoir une autre attitude en reconnaissant chez peu pr s tous les hommes une certaine aptitude manager m me minime et en donnant chacun l occasion de l utiliser dans son travail courant Si tous les managers ont et c est bien s r le cas de l initiative de l imagination cr atrice une capacit organiser et r aliser de nombreux ouvriers ne manquent pas totalement de ces qualit s Nous voulons qu ils s en servent Follett 1941 85 86 De m me que nous avons toujours su qu on ne pouvait pas tracer une fronti
97. p tence et son r le et pour que l entreprise fonctionne bien il doit le jouer sans jamais s effacer Si le responsable des achats et le directeur de la production viennent J Taylor F 1911 chap II 44 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 voir le directeur g n ral avec des conclusions diff rentes son travail n est pas de d cider entre les deux positions mais de chercher unifier les trois types d exp rience impliqu es celle de l acheteur celle du producteur et la sienne propre Follett 1941 261 Sous le terme unifier on reconna t l int gration ch re Follett VI Diriger au quotidien 1 Organiser plut t que commander Si le manager r ussit organiser son entit de telle sorte que chacun de ses hommes sache ce qu il a faire de quoi il est responsable et quelles sont ses marges d initiative son travail au quotidien le leader role du manager observ par Mintzberg 1984 est simple Il ne passe pas ses journ es donner des ordres On reconna t un bon contrema tre non pas sa fa on de commander mais ce qu il n a gu re besoin de commander gr ce la bonne formation de ses hommes et l organisation de leur travail Il doit principalement veiller la coordination des op rations la globalit de la situation Le travail d un chef d entit qu il soit contrema tre ou chef de d partement est de faire en sorte que les
98. profit le livre de Claude Le B uf et Alex Mucchielli Le projet d entreprise comment le pr parer le r aliser et motiver votre personnel ESF 1987 ou le Que sais je qu ils en ont tir Le projet d entreprise PUF 1989 Mary Parker Follett 27 C est un syst me qu elle d crit non pas comme une simple addition de ses diff rentes parties l ensemble peut tre diff rent des parties sans leur tre sup rieur Follett 1924 99 mais bien comme un ensemble dynamique constitu par ses l ments les relations entre eux et les relations entre chaque l ment et la totalit de l ensemble le tout est lui m me un l ment du processus complet il se combine lui m me avec les l ments dans le m me temps o les l ments se combinent pour faire le tout Et il est n cessaire d tudier les ensembles parce que la nature de l ensemble est diff rente de celle de ses l ments et ne peut en tre d duite Follett 1924 94 Les questions abord es sont des questions humaines et le plus souvent sociales Il s agit donc d un syst me ouvert complexe ce qui impose de prendre en compte les interactions avec son environnement L une des caract ristiques de ce syst me est qu il volue constamment parce que le contexte peut changer mais surtout parce que ses l ments sont des individus seuls ou en groupe et qu partir du moment o ils agissent les relations entre eux se modifient
99. re nette entre la programmation et l ex cution un groupe de gens ne fait pas toute la programmation et un autre toute l ex cution les meilleurs ex cutants sont ceux qui sont capables de participer la programmation et ils sont mieux pay s pour cette raison de m me nous avons toujours su qu on ne peut pas tracer une fronti re nette entre les ouvriers et l encadrement que la division entre ceux qui travaillent et ceux qui managent est en partie artificielle Follett 1941 88 Ces quelques extraits sont parlants On y voit la fois le regard lucide que portait Mary Parker Follett sur les pratiques manag riales de son temps on aura reconnu dans la fronti re nette entre la programmation et l ex cution l un des principes les plus forts et les plus contestables la fois du taylorisme et le temps qu il a fallu pour que nous red couvrions son message que l on retrouve dans les ann es 1980 dans les principes et m thodes du Total Quality Management En France c est en 1984 que G Archier et H S rieyx publient leur best seller L entreprise du troisi me type Deux ans plus t t Herv S rieyx avait connu un succ s plus modeste avec Mobiliser l intelligence de l entreprise Et c est en 1987 que l on peut lire cette phrase dans le rapport qu Antoine Riboud r alise la demande du Premier ministre A l re de l automatisation de la robotisation et de la soci t d i
100. relations personnelles replac es dans un ensemble plus large dont elles font partie int grante Jai dit plus haut qu il fallait substituer l instruction donn e directement l ordre venu de loin Nous voyons maintenant qu il y a cela une raison plus convaincante encore que celle que j ai d j donn e Ce qu on cherche vraiment ce n est pas tant le face face que l tude en commun du probl me et les mieux plac s pour faire ce travail sont l employ et son sup rieur direct ou l employ et un expert de la question En effet la meilleure pr paration une int gration est une tude en commun de la situation Ne cherchons pas cr er l attitude que nous voulons m me si c est l expression habituellement utilis e mais l attitude qu exige une tude et une d cision en commun Follett 1941 60 Cette fa on de proc der pr sente un avantage consid rable dans les situations plus ou moins complexes auxquelles l ouvrier ou l employ sera confront avoir une bonne connaissance des raisons et des buts de son travail lui permet de r agir en temps r el sans avoir se retourner vers un chef qui n est pas toujours disponible pour donner un nouvel ordre mieux adapt la situation J essaie de montrer qu un ordre doit faire partie int grante de la situation et tre reconnu comme tel Mais nous avons vu que la situation ne cesse d voluer Si elle n est jamais fix e
101. repose sur cette longue exp rience et sur la capacit de Mary Parker Follett de l analyser de prendre du recul de conjuguer les observations faites dans des milieux et des organismes fort vari s 2 La science politique Ce sont deux ouvrages remarquables chacun dans son genre The Speaker of the House of Representatives publi en 1896 et The New State publi en 1918 L analyse institutionnelle impeccable du Speaker appuy e sur une m thode de travail originale pour une tudiante de l poque des interviews directs des acteurs et des t moins en plus d une recherche documentaire quasi exhaustive et d bouchant sur des remarques sans concession sur le syst me en place avait t salu e par les plus grands sp cialistes de l poque Quant The New State crit vingt ans plus tard il marque une date dans la r flexion sur le fonctionnement des groupes et de la d mocratie 3 Le management C est son livre Creative Experience et surtout ses conf rences devant le Bureau of Personnel Administration de New York la Taylor Society la London School of Economics et les Rowntree Conferences Oxford Ces ouvrages s appuient sur une activit de conseil des tudes en entreprise d innombrables contacts avec des dirigeants des syndicalistes des managers de tous niveaux ainsi que sur la lecture de tout ce qui paraissait en sociologie psychologie et sciences politiques Ses travaux sur le management so
102. rofiter au maximum de l intelligence de l habilet et de l exp rience de chacun Et profiter au maximum des comp tences de chacun c est avant tout n en rien perdre Si donc lors d une confrontation d id es d int r ts ou d aspirations entre deux hommes ou deux groupes l un des deux renonce trop rapidement ceux qu il d fend sous l effet par exemple de la contrainte ou du rapport des forces c est l ensemble des deux hommes ou des deux groupes qui aura perdu Mais ce n est pas simple chaque jour dans toutes les situations des conflits vont clater Comment faire pour ne pas sacrifier la pr cieuse diversit les diff rences qui font la richesse d une soci t tout en parvenant un accord entre des points de vue loign s voire oppos s 2 Le conflit c est la vie La premi re condition est d accepter l existence du conflit Ce n est pas vident aujourd hui ce l tait encore moins l poque de Mary Parker Follett Les th ories du management traitaient des moyens de parvenir des organisations harmonieuses suppos es tre synonymes d efficacit Avant les ann es 1960 les th ories du management et de l organisation avaient tendance ignorer le conflit dans leur fr n sie trouver les meilleures fa ons de concevoir et de structurer les organisations pour en maximiser l efficacit Bazerman et Lewicki 1983 Le conflit tait un dysfonctionnement H
103. ry Parker Follett cite un directeur g n ral qui dit qu il ne sait pas s il est au sommet ou la base et qui souhaite que l on puisse dessiner un organigramme qui ne mette pas le pr sident tout en haut Follett 1949 2 Cinquante quatre ans plus tard un autre directeur g n ral Jan Carlzon r pondra Renversons la pyramide Carlzon 1986 40 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 4 Leader et leadership On a crit des tonnes de litt rature sur le leadership et le leader Un universitaire am ricain a fait voici quelques ann es une compilation des principales th ories du leadership dans les organisations Yukl 1994 On y trouve d int ressantes discussions pour savoir si l on doit confondre ou distinguer le leader et le manager Pour Mary Parker Follett un manager doit avoir l toffe et la capacit d un eader Mais dans un groupe on peut voir l occasion d une action particuli re merger un leader qui ne soit pas le manager en titre C est l application directe de la diff rence que nous venons de voir entre pouvoir et autorit et nous sommes aujourd hui habitu s cette distinction notamment dans les structures de projet Les fonctions essentielles du leader tiennent en peu de mots Coordination d finition des finalit s et anticipation ce sont trois fonctions du leader Follett 1941 266 Il a de plus un r le formateur aupr s de ses collaborateurs et un
104. s mots d un aspect important de sa m thode Dans ses conf rences il est fr quent qu elle encourage ses auditeurs exp rimenter C est un trait qu avait relev Hyacinthe Dubreuil cet ouvrier fran ais qui en 1928 pour comprendre comment travaillaient les Am ricains est parti aux tats Unis s est fait embaucher dans plusieurs usines et en a rapport Standards un livre bourr d observations de premi re main L Am ricain a transform les proc d s de travail par mille ing nieux d tails par des centaines d outils nouveaux qui chaque jour sont remplac s par d autres toujours mieux adapt s l office qu on leur demande Leur ind niable valeur provient de ce qu ils ne proc dent jamais d une id e abstraite mais toujours d une exp rience pratique Disciple enthousiaste du scientific management mais critique des exc s du taylorisme Dubreuil rapporte cette anecdote Taylor raconte que dans sa jeunesse il eut travailler sous les ordres d un ing nieur nomm John Fritz lequel eut une grande part dans le d veloppement des exp riences qui aboutirent au proc d Bessemer pour la fabrication de l acier Ce John Fritz avait pour habitude de faire seulement quelques dessins rudimentaires pour v rifier sommairement et expliquer ses id es puis une machine tant ex cut e il avait coutume de lancer sa plaisanterie favorite Maintenant les gars la voil finie Mettons la en route pour vo
105. s qu elle a d couverts et auxquels elle croit Un autre biais est in vitable comment rendre en fran ais la langue le style si particulier de Mary P Follett La majorit de ses textes sur le management n ont pas t crits pour la publication ce sont des conf rences dont les t moins nous disent qu elles taient vivantes et anim es Le style est donc proche de l oral Et m me s il est moins large qu en fran ais le foss entre la langue parl e et la langue crite existe aussi en anglais J ai cherch traduire honn tement c est dire sans m loigner trop de l original tout en tant aussi clair et compr hensible que possible Le lecteur jugera Les extraits d ouvrages am ricains anglais et italiens sont des traductions originales de l auteur du pr sent cahier 6 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 PREMIERE PARTIE MARY QUI REDECOUVRIR UN AUTEUR MAJEUR DU MANAGEMENT I Pourquoi lire Mary Parker Follett Mais Follett disait cela il y a 70 ans et elle le disait mieux Pauline Graham Graham 1995 Depuis cinq ans on assiste une v ritable red couverte des enseignements de Mary Parker Follett Alors que de nombreux auteurs des ann es 60 ou 70 pouvaient parler de la psychologie des groupes du conflit ou plus g n ralement du management sans m me la citer l dition en 1995 par Pauline Graham de quelques uns de ses principaux textes sur le management av
106. s 1930 40 le conflit n avait qu une issue possible la victoire la conqu te Chercher comprendre l adversaire tait de la haute trahison affirmation que le management ne se pratiquait pas exclusivement dans l entreprise mais que c tait une fonction g n rique de toutes les organisations y compris des administrations Pour beaucoup le secteur public tait compl tement incompatible avec le monde des affaires et de l industrie Alors que pour Mary Parker Follett il tait vident que l entreprise tait une institution sociale tout autant qu conomique un vrai respect de l homme sans consid ration de sa place dans la hi rarchie et la conviction que chaque professionnel de l ouvrier au directeur g n ral a des comp tences qui lui sont propres par la connaissance de son poste le savoir faire qu il a d velopp en travaillant jour apr s jour ann e apr s ann e Dans l entreprise moderne la connaissance n est pas r serv e aux experts et l initiative les marges de libert les possibilit s de leadership dans les groupes ne sont pas l apanage des chefs IS En approche syst mique appliqu e au changement dans l entreprise l objectif commun est une zone commune qui sans d naturer les objectifs de l entreprise lib re les motivations de chaque acteur et facilite la mobilisation des ressources humaines car chacun trouve une zone de libert pour atteindre certains de ses
107. s de venir en aide mat riellement et moralement ces populations et de les aider devenir des citoyens actifs et responsables Sociales et morales ces activit s s opposaient explicitement au bossism pratique quasi maffieuse qui gangrenait la vie politique du pays Mary Parker Follett 17 ann es 1900 un grand mouvement progressiste prendra forme avec des traductions politiques diverses allant de Theodore Roosevelt Woodrow Wilson Ce mouvement n est pas r volutionnaire La grande majorit des dirigeants progressistes taient membres de l lite am ricaine et les classes moyennes les suivaient quand elles ne les pr c daient pas Forcey 1961 xvii Il s attaque la toute puissance des grands groupes industriels et financiers leur reprochant de dicter leur loi dans tout le pays et de d truire les fondements m me de la soci t am ricaine en ruinant artisans fermiers et petits entrepreneurs Il d nonce la corruption des politiciens dans les municipalit s et les gouvernements des tats la destruction massive des ressources naturelles le travail des enfants Il cherche limiter les horaires des femmes et leur assurer des salaires d cents mettre en place des syst mes d indemnisation des ouvriers en cas d accident du travail prot ger les consommateurs Le droit de vote des femmes la situation des Noirs l lection directe des s nateurs par les citoyens seront aussi de grands chan
108. s of Business Administration Edit par Henry C Metcalf Williams amp Wilkins Baltimore 1925 Mary Parker Follett 53 Metcalf H Business Management as a Profession Edit par Henry C Metcalf A W Shaw amp Co now Mc Graw Hill New York 1927a Metcalf H Psychological Foundations of Business Administration Edit par Henry C Metcalf A W Shaw amp Co now Mc Graw Hill New York 1927b Metcalf H Business Leadership Edit par Henry C Metcalf Isaac Pitman amp Sons 1930 Mintzberg H Le manager au quotidien Les dix r les du cadre Les ditions d organisation Paris 1984 Traduction de The Nature of Managerial Work publi en 1973 Monnet J M moires A Fayard Paris 1976 Mucchielli A Approche syst mique et communicationnelle des organisations Armand Colin Paris 1998 Nouailhat Y H Les Etats Unis 1898 1933 l av nement d une puissance mondiale ditions Richelieu Paris 1973 Pi ron H Vocabulaire de la psychologie PUF Paris 1994 Riboud A Modernisation mode d emploi UGE Paris 1987 Shea G Creative Negotiating CBI publishing Company Boston Mass 1983 Taylor F W The Principles of Scientific Management Harpers amp Brothers New York 1911 texte utilis original plac sur Internet ce qui ne permet pas de pr ciser la pagination des r f rences Tonn Joan C Mary P Follett Creating Democracy Transforming Management 623 p index biblio New Haven Yale U
109. s r cents travaux de th orie politique Cavallari 1996 144 The new State sera r imprim trois fois en deux ans L dition anglaise comporte une longue introduction de Lord Haldane Mary Parker Follett est tr s sollicit e Elle est nomm e cette m me ann e Public representative au Massachusetts Minimum Wage Board Elle commence s int resser beaucoup au monde de l entreprise et participe aux travaux d Henry Metcalf fondateur du Bureau of Personnel Administration New York forum le plus important du pays pour la discussion des th ories du management D apr s Avrum I Cohen auteur d une th se sur Mary Parker Follett les bureaux d orientation et de placement ainsi que les centres de quartiers fonctionnaient encore Boston en 1971 3 Dans sa th se Mary Parker Follett The Power of Power With University of Southern California PhD dissertation non publi e Frances Ann Cooper souligne que Follett est probablement la seule personne qui ait publi la fois dans The Playground Le terrain de jeux organe de l Executive Committee of the Playground Association et The Philosophical Review Richard Burton Haldane 1856 1928 philosophe universitaire homme politique britannique Il a t Grand Chancelier d Angleterre de 1912 1915 puis en 1924 7 La loi sur le salaire minimum des femmes avait t vot e en 1912 dans l tat du Massachusetts 38 Pauline Graham expl
110. s sch mas d attitude vous n avez pas r ellement chang vos subordonn s Le management l organisation du travail peuvent fa onner certains sch mas d attitude certaines attitudes mentales Follett 1941 51 Comment traduire en termes de management la notion psychologique d attitudes mentales Si nous allons un peu plus loin dans l analyse nous voyons que nous avons trois choses faire en utilisant le langage de la psychologie 1 cr er certaines attitudes 2 favoriser leur r alisation 3 les renforcer au fur et mesure qu elles se d veloppent Comment peut on traduire cela en termes de management Follett 1941 52 Quand le dirigeant s appr te donner un ordre il doit en m me temps penser la fa on de pr parer les esprits pour tre certain que son ordre sera ex cut On peut d abord amener le vendeur de chaussures ou le guichetier de la banque se rendre compte de l attrait d une nouvelle m thode Puis modifier les r gles de fonctionnement du magasin ou de la banque afin que les vendeurs ou les caissiers puissent effectivement adopter la nouvelle m thode En troisi me lieu les pr parer utiliser cette m thode en convainquant d abord l un d eux qui donnera l exemple aux autres Il est habituellement possible de convaincre deux ou trois employ s parmi les plus ouverts au changement Vous connaissez tous par exp rience cette derni re tape c est ce que les psychologues appel
111. sit s prestigieuses les leaders politiques qui comptent La vie simple et vertueuse du yeoman n est plus que ce qu elle a en fait toujours t un mythe un conte dont se servent les politiciens pour toucher les mes nostalgiques Et en vingt ans la population urbaine augmente de 80 En 1920 la majorit des Am ricains 51 4 vit dans des villes de plus de 2500 habitants En 1900 60 des habitants des tats Unis vivaient dans les campagnes 5 Du populisme au progressisme Tout cela ne va pas sans soubresauts Le dernier quart du XIXe si cle a t tr s difficile pour les fermiers et l agriculture a connu une crise grave au d but des ann es 1890 avec des prix Ces apports ont eu leur origine dans les tr s fameuses exp riences men es entre 1924 et 1931 dans l usine d Hawthorne de la Western Electric mais ils ne commenceront toucher le monde des entreprises qu partir des ann es 1940 et surtout apr s la deuxi me guerre mondiale A propos de la persistance de ce mythe Richard Hofstadter cite le cas du Pr sident Coolidge qui manifesta une indiff rence monumentale aux vrais probl mes des fermiers dans les ann es 1920 et n en d clarait pas moins L exp rience a montr que l agriculture tend se d courager et d cliner chaque fois que les int r ts pr dominants du pays se tournent vers les manufactures et le commerce Il donne d autres exemples d hommes politiques phot
112. specter celle de l autre permet de savoir de quoi on d bat afin que les deux parties soient au moins d accord sur la r alit de ce qui les oppose de comprendre les positions de chacune des parties de dissiper d ventuels malentendus l une des raisons les plus importantes pour que chaque partie expose en toute clart ses d sirs afin qu ils soient examin s et valu s est que l valuation conduit souvent la r valuation Follett 1941 36 Cette phase d observation de la situation n cessite beaucoup de rigueur et surtout de bien associer la recherche et l tude tous ceux qui ont une part de la connaissance les deux parties s efforcent de r unir les faits ensemble au lieu de venir chacun avec ses propres l ments la meilleure pr paration une int gration est une tude en commun de la situation Follett 1941 61 Cela n emp che pas chacun d avoir sa propre interpr tation des faits ainsi r unis Mais si l on parvient aller jusqu au bout c est dire r unir les l ments les plus factuels les moins discutables on aura fait avancer grandement la possibilit de s entendre apr s d bat bien entendu Follett donne l exemple d un litige sur des indemnit s de transport dans lequel elle est intervenue Pour int grer les points de vue des patrons et des ouvri res en conflit elle a pr conis de commencer par r unir tous les faits bruts le co t
113. surer Aussi elle conclut sa conf rence sur le pouvoir en soulignant qu elle a bien comme eux le respect de l autorit Je n ai peut tre pas dit explicitement que les employ s devraient participer l laboration des ordres avant qu ils soient donn s pas apr s Quand l ordre est donn le subordonn doit ob ir Je crois certainement en l autorit de la bonne sorte Follett 1941 69 48 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 5 Sanctionner Dans le management au quotidien le dirigeant se pose fr quemment la question de la sanction Sur ce point Mary Parker Follett applique les principes du pragmatisme il est inutile de r primander ou de sanctionner quand cela n a pas de cons quences Quand et comment doit on relever les erreurs et les maladresses Un principe peut nous guider ne pas r primander pour le plaisir de r primander faire en sorte que ce que nous avons dire serve quelque chose et le dire sous une forme un moment et dans des circonstances tels que cela fasse r ellement progresser le subordonn Follett 1941 67 6 La formation des managers Mary Parker Follett a contribu lancer le d bat sur le choix et la formation des managers L id e dominante de son poque et de la n tre tait que l on naissait chef Que certains avaient un temp rament une force de caract re une capacit naturelle prendre le leadership dans les groupes d
114. t Bushnell Hart 20 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 livre plus important que Congressional Gouvernment de Woodrow Wilson Aujourd hui encore The Speaker of the House of Representatives est consid r comme l un des meilleurs livres jamais crits sur le fonctionnement du Congr s On y trouve d j toutes les qualit s d analyse et de rigueur du raisonnement de Mary Parker Follett appuy es sur une recherche documentaire consid rable En outre elle a appliqu une m thode peu courante l poque et laquelle elle sera fid le toute sa vie Chaque fois qu elle a besoin de faits d avis d opinions de r f rences elle prend contact avec la personne la plus qualifi e pour la renseigner et l interroge m thodiquement Cette fa on d op rer est bien entendu facilit e par sa position sociale et celle d Isobel Briggs qui conna t toute la soci t intellectuelle de Boston et de Cambridge et qui a acc s directement ou indirectement des r seaux d une qualit exceptionnelle 3 Une forte implication dans le social et le civique A partir de 1900 sous l influence de Mrs Shaw et de Miss Briggs Mary s implique dans des uvres sociales et civiques Elle fonde le Roxbury Debating Club for Boys participe l organisation d activit s pour les jeunes gens de ce quartier d favoris o les policiers rapporte t on ne s aventuraient jamais seuls et s int resse au vote des femmes Pen
115. t au travail Elle prend l exemple de la friction en m canique C est une cause de d perdition d nergie que le m canicien combat mais qu il sait aussi utiliser c est la friction de la courroie sur la poulie qui fait fonctionner le syst me et dans les chemins de fer c est le frottement de la roue de la locomotive sur le rail qui fait avancer le train Suivant l exemple de l ing nieur m canicien comment faire travailler le conflit pour nous Pour traiter un conflit il y a trois m thodes la domination le compromis et l int gration La fa on la plus facile d en finir quand on le peut c est la domination le plus fort impose son point de vue l autre ou le plus faible s incline de lui m me devant la volont du plus fort Cette solution est rapide et fort satisfaisante du point de vue du vainqueur Mais elle est dangereuse terme Dans sa conf rence sur le conflit constructif pr sent e pour la premi re fois en 1925 Mary Parker Follett donne l exemple des suites de la premi re guerre mondiale Les Alli s ont impos leurs conditions l Allemagne quel sera l avenir de cette victoire obtenue sur le tapis vert mais troitement d pendante de celle des armes Follett fait partie des gens lucides qui voient que le germe d un conflit futur a t plant De ce c t de l Atlantique Alain partageait les craintes de la Bostonienne Il crivait en 1924 Que sera pour l Allemagne la force
116. t aux managers de progresser vers cet id al 3 Les groupes dans l entreprise Dans la vie quotidienne d une grande firme d aujourd hui syst me compos de sous syst mes d partements divisions services centres de profits conseils comit s groupes de projets etc eux m mes constitu s de groupes divers la connaissance du fonctionnement des groupes de leur psychologie des fa ons de les articuler de les coordonner est indispensable pour un manager Les dirigeants du d but du si cle ne ressentaient pas encore ce besoin Henri Fayol n voque m me pas le fonctionnement des groupes dans son livre Administration industrielle et g n rale Fayol 1999 Il ne traite que de la conf rence de direction qui est aujourd hui encore une v ritable mine d or pour les consultants souvent appel s la rescousse pour rem dier aux dysfonctionnements de ce qui devrait tre la principale instance de coordination de l entreprise Quant Taylor il consid re que le travail en quipe donne des r sultats d sastreux quand les hommes travaillent en quipe l efficacit individuelle tombe peu pr s toujours au niveau du plus mauvais de l quipe voire en dessous Taylor 1911 chap Il Et il raconte que dans son usine de Bethlehem Steel des instructions avaient t donn es interdisant de constituer une quipe de travail de plus de quatre hommes sans une autorisation sp ciale de la direction
117. t les producteurs d un m me produit Les fermiers mettent en commun leur r seau de distribution Mary Parker Follett s int ressera beaucoup ce mouvement suivant de pr s pendant deux ans le travail effectu par son ami le Professeur Eduard C Lindeman sur le fonctionnement des coop ratives agricoles de commercialisation Dans le monde ouvrier ces ann es sont marqu es par la bombe de Hay Market en 1886 les gr ves dures dans les chemins de fer en 1877 aux aci ries Carnegie en 1892 o les gr vistes affrontent les d tectives de l agence Pinkerton et chez Pullman Chicago en 1894 Toutefois entre 1894 et 1902 le pays conna t un calme social relatif m me si des mouvements se d clenchent dans les mines de charbon en 1897 et 1902 notamment L conomie se redresse sensiblement tant pour les agriculteurs que pour les ouvriers et employ s partir de 1896 Mais si la situation du pays est bonne puis excellente ce n est pas le cas de celle des ouvriers comme nous l avons vu La pauvret les taudis l alcoolisme l exploitation des femmes et des enfants dans les usines et les ateliers coexistent avec une prosp rit clatante des dirigeants qui se livrent une course au gigantisme constituant d abord des trusts entre 1879 et 1890 puis des holdings normes contr lant des pans entiers de l conomie entre 1897 et 1904 En r action de nombreux mouvements progressistes d origines
118. tes les situations Mary Parker Follett donne des exemples de cas dans lesquels elle est impossible ou tr s difficile deux hommes amoureux de la m me femme deux fils voulant chacun la maison familiale apr s la mort de leurs parents Dans les deux cas le conflit est totalement dans le premier ou partiellement dans le second passionnel ou pour le moins sentimental L int gration est une approche de gens raisonnables ayant des int r ts en commun et ne souhaitant pas que le conflit se termine par une catastrophe la guerre pour des pays la faillite pour des associ s de graves difficult s sociales ou financi res pour un employeur et ses employ s C est habituellement le cas dans les entreprises les organisations en g n ral o les acteurs ont des relations ambivalentes puisqu ils sont s par s par des int r ts conflictuels et li s par des int r ts communs la satisfaction de ces derniers pouvant tre efficacement recherch e en d veloppant le potentiel qui existe dans l organisation en mati re de r solution de probl mes ou de n gociation int grative Bazerman amp Lewicki 1983 17 18 Dans ces cas l int gration est donc une m thode particuli rement appropri e Un employeur et ses salari s ont en commun leur souhait de voir l entreprise prosp rer ou pour le moins survivre ils sont en d saccord sur le partage de la valeur ajout e ou sur les conditions de travail Un contrema tre et
119. teur de la production n a pas laborer sa politique de d partement en la subordonnant la politique g n rale mais en cherchant y contribuer Et il devrait tre jug sa capacit b tir une politique contributive Follett 1941 91 Pour parvenir ce r sultat elle propose la m thode de l int gration Dans une r union de responsables de d partement chacun devrait consid rer non seulement ce qui est bon pour son d partement mais le bien de l entreprise du point de vue de son d partement Notez bien ceci je ne dis pas comme on l entend souvent qu il devrait consid rer ce qui est bon pour l ensemble de l entreprise point final Je dis ce qui est bon pour l entreprise comme il le voit de son d partement Follett 1941 73 On retrouve le souci de pr server le plus possible la diversit des approches des comp tences des points de vue consid r e comme une richesse Et Follett pr conise d utiliser la seule m thode qui permette cette pr servation l int gration 6 D finir les finalit s Le dirigeant doit tre capable de d finir la finalit de son entit tout instant ou plut t l ensemble complexe de ses finalit s Il doit voir la relation de l objectif imm diat aux objectifs plus larges Il doit voir la relation de chaque suggestion de chaque plan sp cifique la finalit g n rale de l entreprise Follett 1941 261 En quelques mots Mar
120. tiers progressistes Mary Parker Follett sera impliqu e dans plusieurs de ces luttes depuis les maisons de quartier jusqu au vote des femmes en passant par la lutte contre l alcoolisme et la participation des instances d arbitrage entre patrons et repr sentants ouvriers sur les salaires minima ou lors de conflits De nombreux intellectuels participeront au mouvement progressiste Les plus influents sont probablement Herbert Croly 1869 1930 directeur du journal New Republic de 1914 1930 Walter Weyl 1873 1919 et Walter Lippmann 1889 1974 Mary Parker Follett avait lu les deux livres de Croly The Promise of American Life 1909 et Progressive Democracy 1914 Elle les appr ciait suffisamment pour les citer dans les remerciements de Creative Experience 1924 dans le corps duquel elle cite galement Public Opinion publi par Lippmann en 1922 Dans le domaine juridique des juges comme Louis Dembitz Brandeis 1856 1941 ou Olivier Wendell Holmes 1841 1935 et des universitaires comme Roscoe Pound joueront un r le important dans l volution des lois et de la jurisprudence Surnomm l avocat du peuple Brandeis sera l inspirateur du programme de Woodrow Wilson lors de l lection pr sidentielle de 1912 New Freedom Lors d un proc s intent en 1908 par un employeur contre l Etat de l Oregon propos d une l gislation limitant la dur e du travail des femmes Muller v Oregon il
121. tive Tout le management n est pas fait par l encadrement les ouvriers en font une part Follett 1941 85 Elle donne comme exemple une fameuse exp rience de management participatif men e partir de 1924 dans les ateliers d entretien du mat riel roulant de la compagnie de chemins de fer Baltimore amp Ohio Glenwood pr s de Pittsburg On dit que l organisation la Baltimore amp Ohio de r unions bihebdomadaires entre l encadrement et les ouvriers dans les ateliers a donn les r sultats suivants une r duction de l instabilit de la main d uvre des 73 Cette exp rience a t d crite en d tail par Hyacinthe Dubreuil dans son livre Standards Cf Dubreuil 1929 Chap VIII Une exp rience historique et notamment pp 363 388 50 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 man uvres de mise en place du mat riel plus rapides et plus faciles un travail plus complet et plus r gulier une r duction des retards moyens par rapport au programme hebdomadaire une conomie sur les mat riaux utilis s mensuellement par chaque salari et des op rations de r paration facilit es ainsi qu une meilleure qualit du travail le probl me d avoir un flux r gulier de mat riel appropri a t r gl et certaines difficult s de l atelier d outillage ont t surmont es Tout cela fait partie de ce qu on attend du management M me lorsque les capacit s manag riales des
122. tt dit par H C Metcalf et L Urwick avec une pr face de B S Rowntree C est le principal recueil de ses textes sur le management Les derni res conf rences donn es la London School of Economics seront dit es par L F Urwick et publi es Londres en 1949 dans Freedom and coordination Lectures in Business Organisation by Mary Parker Follett 3 In Journal of Philosophy p 498 501 1925 a9 Lyndall Urwick qui deviendra un des tr s grands sp cialistes du management sera un ardent propagandiste des id es de Mary Parker Follett dont il ditera tous les textes qu il pourra sauver apr s la mort de cette derni re 4 publi e dans Follett 1941 Mary Parker Follett 23 M me si Mary Parker Follett est souvent cit e dans des ouvrages traitant du travail social du conflit de la d mocratie de la psychologie des groupes elle fait l objet de peu de publications de 1950 1985 Nous avons relev trois th ses de doctorat aux tats Unis quelques articles de revues ou d encyclop die la r dition de The New State en 1965 et 1982 de Dynamic Administration en 1973 et en 1982 et de The Speaker of the House of Representatives en 1974 C est en 1986 qu est cr e par Tokihito Enomoto professeur de Business Administration l Universit de Tokai et Tadashi Mito la Mary Parker Follett Association of Japan Ils publient une tude sur la vie et l uvre de Mary Parker Follett le livre est en japonais et il
123. tudes 9 Metcalf H et Urwick L 1941 p 55 60 cf chap V de Creative Experience Follett 1924 91 et suiv 61 dito p 177 38 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 V Pouvoir et leadership l Le Pouvoir Pouvoir avec versus Pouvoir sur Il y a des nuances qui passent difficilement d une langue l autre comme nous l avons d j vu avec le mot anglais difference Olivier Zunz cite une lettre de Pierre Du Pont sur les retraites des employ s Ce qui ne signifie pas qu il n y ait pas des malheureux qui par manque de poudre c r brale sic ne r ussissent pas se constituer une cagnotte Zunz 1990 122 L activit principale de la Cie Du Pont de Nemours au tournant du si cle tait de fabriquer et de vendre des explosifs Emport s par l habitude des courriers commerciaux les dirigeants et les cadres de l entreprise commettaient parfois ce lapsus calami ils crivaient powder la place de power Et voil comment l intelligence brain power se transforme en cette improbable poudre c r brale brain powder Dans l utilisation par Mary Parker Follett du mot power il y a un peu de cela C est certes le pouvoir Mais en anglais c est aussi l nergie au sens physique du terme On comprend plus facilement la conception qu elle a du pouvoir si l on a en t te cet autre sens du mot lorsqu elle crit Le probl me central des relations sociales est
124. u Lipsor S rie Recherche n 2 MARY PARKER FOLLETT PIONNIERE DU MANAGEMENT Marc MousLi La principale fonction le vrai service de l entreprise c est donner l occasion aux individus de se d velopper gr ce une meilleure organisation des relations humaines J ai souvent lu que l entreprise se d finissait par sa production la production d articles utiles Mais chaque activit de l homme devrait ajouter aux valeurs intangibles de la vie tout autant qu aux richesses tangibles devrait viser d autres productions que celles que l on peut voir et toucher Et que signifie utile Nous pourrions vivre en nous passant de nombreux objets manufactur s La plus grande utilit de ces objets est que leur fabrication rend possible ces activit s multiples et ces relations entre les hommes par lesquelles on cr e des valeurs spirituelles Dans ce domaine il n y a jamais de surproduction Mary Parker Follett Conf rence du 5 novembre 1925 devant le Bureau of Personnel Administration New York Introduction Tous ceux qui ont eu la chance de conna tre Mary Parker Follett ou d faut de lire son uvre sont devenus des fans de cette femme exceptionnelle Le terme est inhabituel dans le domaine du management mais il exprime une r alit tout aussi inhabituelle Quand son premier diteur anglais Lyndall Urwick le ma tre de l cole classique du management dans les pays anglo saxons leur Henri
125. un ordre ne devrait jamais tre fix pour ainsi dire comment viter qu il le soit c est le probl me Pendant qu on ex cute des ordres parce qu on les ex cute et travers ces actions la situation est modifi e Comment les ordres peuvent ils rester en phase avec elle C est impossible s ils viennent de l ext rieur Il faut qu ils soient dict s sans d lai par la situation elle m me Follett 1941 65 Nous nous sommes un peu attard s sur cette question du commandement de l art et la mani re de donner des ordres parce qu elle est importante au quotidien et qu elle est peu trait e dans la litt rature r cente de management Nous terminerons par un r capitulation faite par Mary Parker Follett Si vous acceptez mes trois principales propositions sur ce sujet 1 que l ordre devrait tre celui de la loi de la situation 2 que la situation bouge tout le temps 3 que les ordres devraient impliquer un comportement circulaire et non lin aire nous voyons alors que notre ancienne conception du commandement a quelque peu chang et que cela entra ne des modifications sensibles du management Follett 1941 66 Dans les ann es 1920 30 ces id es taient novatrices et m me quelque peu r volutionnaires M me si elle parlait devant les dirigeants d entreprise les plus progressistes ou du moins les plus ouverts de son temps Mary Parker Follett prouvait malgr tout le besoin de les ras
126. un travail de qualit et une productivit lev e est le management scientifique Mary Parker Follett a une conception du chef fort loign e de celle de Fayol et tout en partageant certaines des vues de Taylor elle est plus optimiste que lui sur le comportement des hommes Ses ouvriers ressemblent plut t ceux d crits par la th orie Y de McGregor ils ont un potentiel de d veloppement et la capacit d assumer des responsabilit s chacun en fonction de ses comp tences et de son r le dans l organisation Ce r le ils le jouent naturellement dans des groupes Et le leader qui nagu re tait l homme qui savait persuader les autres d adh rer est maintenant celui qui sait dynamiser le groupe encourager l initiative tirer de chacun tout ce qu il peut donner Le leader moderne encourage ses coll gues ou collaborateurs tre imaginatifs prendre des initiatives Il sait qu il ne sait pas tout et il coute beaucoup De plus nous devons moins mettre l accent qu avant sur la question de l influence que le leader a sur le groupe car nous savons que le leader est aussi influenc par son groupe Le leader guide le groupe et est en m me temps guid par le groupe il est toujours un l ment du groupe On ne peut r ellement diriger que de l int rieur Follett 1941 247 Le dirigeant va s efforcer par la m thode pr conis e pour le traitement des conflits de parvenir l int
127. vait dans l ensemble admirablement fonctionn avec les Allemands les Irlandais et les Scandinaves cessa pratiquement d tre op rant avec les nouveaux immigrants Link amp Catton 1973 Une partie importante 25 50 d entre eux taient illettr s Ils fournirent donc la main d uvre non qualifi e dont avaient besoin les industries de base o ils taient surexploit s En 1915 les deux tiers d entre eux avaient un niveau de vie gal ou inf rieur au niveau de subsistance d apr s un rapport de la Commission des relations sociales dans l industrie Dans les villes les conditions de vie sont tr s difficiles Les ouvriers pauvres s entassent dans des taudis avec tous les probl mes qui en d coulent alcoolisme criminalit besoin d aide qu ils trouvent aupr s de leaders politiques les Bosses qui assurent leur pouvoir ou plus souvent celui de leurs hommes de paille par le client lisme et r gnent sur les villes et les tats par la corruption C est dans ce contexte et au b n fice de ces populations d favoris es que se d velopperont des mouvements sociaux b n voles actifs dans lesquels Mary Parker Follett s impliquera fortement pendant vingt cinq ans 2 Un boom conomique Apr s la grave crise de 1893 1896 la fin des ann es 1890 marque le d but d une p riode de prosp rit sans pr c dent qui durera jusqu en 1929 Des ressources mini res consid rables une mai
128. valable une semaine seulement Taylor 1911 chap Il Pourtant cette poque les Etats Unis vivaient la naissance des grandes entreprises avec leur organisation par fonctions et les premi res r flexions sur la meilleure fa on de coordonner d une part les entit s de terrain line et les d partements fonctionnels staff et d autre part les diff rents d partements fonctionnels entre eux Pour ce faire on mettait en place des comit s dont les attributions et le nombre variaient beaucoup selon la taille des entreprises Henry Sturgis Dennison un industriel progressiste l un des patrons avec qui Mary Parker Follett avait des contacts r guliers a r dig le chapitre management d un rapport d crivant les changements dans l conomie am ricaine depuis la fin de la premi re guerre mondiale jusqu en 1929 Il y dresse entre autres la liste des committees mis le plus fr quemment en place dans les entreprises Leur nombre varie de quatre dans les firmes de moins de 500 salari s plusieurs dizaines dans celles de 10 000 employ s Il tait vital pour les firmes que ces comit s fonctionnent correctement Le bon fonctionnement des groupes est au moins aussi important dans les entreprises de la fin du XXe si cle o la volont d all ger les structures hi rarchiques l autonomisation des filiales tablissements centres de profit de toutes sortes n cessite une grande ma trise
129. veut qu une exp rience r ussisse v rifier avant de l engager que l exp rimentation est compatible avec la culture et l organisation de l entreprise de l usine ou du service L une des principales causes d chec d op rations novatrices est l incompatibilit culturelle Mary Parker Follett en est parfaitement consciente et met en garde ses auditeurs Tout en proc dant de la sorte il faut observer avec attention quelle latitude nous laisse l organisation de nos entreprises respectives pour donner des ordres selon la m thode que nous consid rons provisoirement comme la meilleure On pourra tirer de cette observation des enseignements sur l amplitude et le sens des changements n cessaires pour pouvoir appliquer nos principes Nous aurons ainsi une id e plus claire du probl me 42 Claude Bernard comme Mary Parker Follett distingue l observateur et l exp rimentateur distinction que Jean Fourasti conteste Cf Fourasti 1966 131 26 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 Follett 1941 51 Si donc des incompatibilit s apparaissent il ne faut pas lancer l exp rience mais travailler modifier le terrain jusqu ce que les conditions soient remplies Cette mise en garde est d une extr me importance lorsqu on touche aux aspects les plus sensibles de la vie des hommes leurs m thodes de travail au quotidien les relations interpersonnelles le style de management Modifier un logici
130. vrages le plus c l bre tant celui d Elton Mayo The Human Problem of an Industrial Civilization McMillan New York 1933 Consid r es comme le fait fondateur de la sociologie industrielle elles seront l origine du mouvement dit des relations humaines qui se d veloppera partir des ann es 1940 et surtout apr s la deuxi me guerre mondiale Par l int r t qu elle porte aux relations sociales dans l organisation Mary Parker Follett avait largement anticip les apports de ce dernier mouvement ajoutant un volet qui manquait aux travaux des Taylor Fayol et autres auteurs l ayant pr c d e Et ce l poque m me les ann es 1920 et le d but des ann es 1930 o les m thodes du management scientifique se r pandaient rapidement dans la plupart des entreprises am ricaines Quelle que soit la typologie retenue pour pr senter les coles et mouvements Mary Parker Follett est inclassable En mati re de management d organisation des entreprises et de relations humaines et sociales elle avait d couvert tout ce qu ont trouv d important les 1 Employ ici au sens trivial du terme Nous verrons que Mary Parker Follett a t comme tous les intellectuels am ricains de sa g n ration influenc e par le Pragmatisme doctrine philosophique d velopp e par Peirce Dewey et surtout par William James 5 Pr cisons que Mary Parker Follett connaissait bien l uvre de Taylor
131. y Parker Follett nous fournit l un des crit res les plus discriminants pour distinguer un vrai dirigeant sa capacit fixer le cap le tenir sans jamais laisser les objectifs partiels les actions conjoncturelles ou les plans court terme toutes choses qui ont videmment leur utilit obscurcir durablement la vision 7 Anticiper Regarder l avenir pour clairer le pr sent Michel Godet 1997 L anticipation tient une place importante dans la mission du leader La marque d un bon dirigeant c est de ne jamais se laisser d passer par les v nements Les millions de cadres travaillant toujours dans l urgence savent que Dans la gestion courante d une organisation le besoin fr quent de prendre une d cision rapidement est le signe d un manque d anticipation Follett 1941 252 autrement dit un signe d incomp tence du dirigeant ou de mauvaise organisation de l entreprise 42 Cahiers du Lipsor S rie Recherche n 2 Pour Mary Parker Follett l anticipation c est une authentique d marche prospective d abord la vision du dirigeant La vision de l avenir et la foi dans cet avenir c est ce qu on appelle habituellement dans l entreprise anticipation Follett 1941 263 mais aussi agir aujourd hui en fonction d un futur probable Les meilleurs dirigeants ne se contentent pas de tirer des conclusions logiques de la masse de donn es sur le pass

Mary Parker Follett

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