CHAPITRE I Oubli, étourderie, ruse et bricolage
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1. mettra plusieurs si cles assimiler cet h ritage et atteindre le m me niveau Pens e pa enne et dangereuse pour l Occident la pens e abstraite grecque est rejet e au nom de la foi ou plus tard critiqu e au profit d une science orient e vers les d couvertes techniques dont l arme feu en 1337 Au XV si cle toutefois l invention de l imprimerie permet la diffusion des crits des anciens La r volte contre la doctrine catholique s accompagne de nombreuses discussions sur les th ories cosmologiques grecques R volutionnant l astronomie en pla ant le soleil au centre de l Univers et en le d montrant gr ce aux math matiques Copernic et Kepler restent dans la ligne religieuse Dieu doit donner sa pr f rence une th orie math matiquement simple Il faut attendre le XVIII si cle et le mouvement philosophique des Lumi res pour d pouiller la science de son fondement th ologique La qu te de la v rit bas e sur le principe de l universalit de la nature reste au centre des pr occupations et malgr la complexit grandissante des ph nom nes prendre en compte le raisonnement math matique est l ultime instrument pour atteindre la connaissance La m thode d ductive reformul e par Descartes devient le mod le utiliser dans toutes les x Syllogisme attribu g n ralement Aristote mais d en r alit Guillaume d Occam 1349 Lauri re J L Inte2. chouer dans un projet technique La construction sociale de l impact Sciences de la soci t n 61 f vrier 2004 123 138 WEAVER W ET SHANNON C Th orie math matique de la communication Paris CELP 1975 WEICK K E ROBERTS K H Collective mind in organisations Heedful interrelating on flight decks Administrative Science Quarterly Vol 38 n 3 september 1993 357 381 WEICK K E Sensemaking in Organizations Sage Publications Thousand Oaks CA 1995 10
3. cisions se d veloppent d elles m mes au fur et mesure que les actions prennent sens pour les personnes C est le mod le du Garbage Can Les managers ne sont pas des d cideurs tout puissants leur r le est plut t d aider les employ s donner du sens leurs exp riences Ces constats sont coh rents avec les travaux de Suchman qui s est oppos e Simon sur le mod le de la planification et de la programmation de l information o l action est suppos e tre r solue par le plan et ne servirait 17 Ibid p 5 18 March J G D cisions et organisations Paris Les ditions d organisation 1991 1 Feldmann M S March J G L information dans les organisations un signal et un symbole in D cisions et organisations Paris Les ditions d organisation 1991 p 270 20 Cohen M March J Olsen J le mod le du garbage can dans les anarchies organis es in J G March Dir D cisions et organisations 163 203 Paris Les ditions d organisation 1991 ventuellement qu le raffiner Elle montre au contraire que l action est situ e c est dire inscrite dans le contexte de circonstances concr tes et particuli res Pour cela elle s empare de la sociologie interactionniste pour qui l interaction est cette insaisissable valuation d un ensemble d vidences Le plan n est alors qu une ressource pour l action il est un construit socia
4. esse La M tis ou l intelligence rus e est bien connue des philosophes antiques Dans leur analyse de l intelligence pratique Platon et Aristote discernent deux qualit s majeures qui sans tre totalement in dites se combinent pour dessiner le mod le conceptuel le plus apte prouver que la m tis proc de obliquement qu elle va droit au but par le chemin le plus court c est dire par le d tour Les deux qualit s sont la vivacit d esprit et la recherche intellectuelle mais une intelligence aigu ne va pas sans vis e elle implique une aptitude atteindre le but propos La justesse du coup d il est aussi importante que l agilit de l esprit Ruse et raison se combinent alors harmonieusement une lecture apparemment contradictoire avec celle des philosophes des Lumi res puis des conomistes du monde moderne Rapidit et justesse de coup d il en retenant ces deux concepts pour cerner le caract re sp cifique de la m tis Aristote et Platon choisissent d insister sur la nature stochastique de l intelligence pratique et entreprennent ainsi de mettre en vidence l aspect conjectural d un mode de connaissance Pourquoi red couvrir un savoir ce point ancestral C est qu travers cette description de la m tis la fois d esse M tis la premi re femme de Zeus et qualit que l on retrouve chez d autres divinit s ou quelque
5. p 251 Si l interd pendance baisse la vigilance mutuelle l intelligence collective et la performance font de m me L attention est alors focalis e sur les situations locales ou les outils et non pas sur les liens entre les situations Les individus agissent avec attention sur l objet local mais sans respect les uns pour les autres terrain favorable l amplification de petites erreurs qui se combinent pour provoquer des d sastres augmentation de l incompr hension mutuelle sans que les intervenants ne s en rendent compte O l on retrouve l oubli l tourderie Ces trois approches th oriques montrent ainsi que ce qui importe dans les organisations n est pas seulement de filtrer et traiter l information pour d cider c est aussi et surtout de comprendre ce que font les uns et les autres pour donner du sens l action collective Actions non d pourvues de ruses et de bricolages 2 2 Langage dans les organisations comprendre les mani res de faire L analogie avec le langage et maintenant l tude du langage dans les organisations ouvre une autre voie de 2 28 recherche f conde Le langage est un ph nom ne complexe La langue permet d en d coder le composant litt ral qui fait qu un texte garde une litt ralit travers les si cles par exemple Le lecteur apporte pourtant syst matiquement sa pierre l uvre ou au message qui n est jamais exempt d ambigu t il i
6. Autre Un contexte turbulent instable pourrait expliquer cette volution des th ories vers l interactionnisme qui pr ne la vigilance mutuelle On retrouve bien travers les th ories contemporaines de l information et de la communication en organisation ces deux principales conceptions e Celle plus proche des th ories normatives pour qui l information doit tre objectiv e et partag e pour assurer l efficacit de l action en toute circonstance e Celle relative aux th ories interactionnistes qui rend compte de la construction plus ou moins conflictuelle de sens en tenant compte des situations La premi re conception bannit le bricolage comme un manque de rationalit alors que la seconde l int gre comme une mani re de mobiliser les ressources disposition Le bricolage informationnel et plus largement organisationnel peut tre d fini en r f rence L vi Strauss comme le fait de combiner des ressources sous la main pour cr er de nouveaux produits ou services Les contraintes de 7 Poch F Une politique de la fragilit thique dignit et luttes sociales Paris d Du Cerf Coll La nuit surveill e 2004 Ricoeur P La m moire l Histoire l Oubli Paris d Du Seuil 2000 T1 L vi Strauss C La pens e sauvage Paris Plon 1962 72 Baker T Nelson R E Creating Something From Nothing Resource Construction through Entrepreneurial Bricolage Administrat
7. conclusions la d duction conduit des r sultats absolument certains si les pr misses sont correctes En consid rant la connaissance comme le probl me d une union de la mati re et de la forme Aristote l ve de Platon et pr cepteur d Alexandre le Grand renforce le lien entre la science et la morale mais par une approche empirique contrairement son ma tre Il tudie de mani re syst matique les ph nom nes naturels dont il cherche extraire les essences universelles le nombre et la forme g om trique Il consid re alors l tre humain dou d intellect lui donnant acc s la v rit comme un acteur de son bonheur Le plus heureux est le Sage qui atteint le Bien dans une activit de l me conform ment la vertu Pour atteindre la v rit et par l le bonheur Aristote d veloppe les r gles n cessaires l dification d un savoir la logique formelle ou syllogisme qui marque d finitivement la distinction entre la parole au sens r cit mythique Muthos et la parole au sens discours bien fait Logos instrument universel de la connaissance rationnelle Celui qui raisonne bien sait conclure logiquement partir de deux pr misses bien pos es la majeure et la mineure qui contiennent un terme commun qu il s agit d liminer Par exemple 1 Tous les hommes 4 Hatzeld J op cit p 105 8 Ibid p 113 Dumont J P La philosophie a
8. gagn avant d engager le combat Si rien n est porteur le Chinois se met sur la touche et attend un facteur favorable pour intervenir ce qui arrivera forc ment puisque tout est transformation La d signation de ce qui est porteur pour l action est centrale en Chine alors qu elle est inexistante en Occident les penseurs en strat gie occidentale Machiavel Clausewitz ne pensent pas l efficacit mais au sujet la gloire au plaisir au prince Conclusion Les doutes de Platon et d Aristote sont moins connus en Occident que l outillage d une certaine forme d intelligence qu ils ont particip forger une qu te de v rit gr ce la puissance du raisonnement d ductif et exclusivement de celui ci Ces deux philosophes n ont pas pos les fondements de la rationalit d j largement r pandue dans la Cit grecque mais ils marquent la rupture d finitive entre une philosophie sujette discussion et un point de vue du monde irr vocable le progr s signifiant qu il existe un d but toute chose et que la connaissance de ce d but donne la ma trise sur les v nements La logique supplante la rh torique et incite concevoir un monde qui ne bougerait pas ou qu il faut immobiliser l inverse P importance que prend aujourd hui le langage dans les organisations et qui permet de penser les mani res de faire r habiliterait la rh torique au profit du dialogue de la reconnaissance de l
9. 1995 p 110 4l Dahan Dalmenico A Peiffer J op cit p 43 dans un esprit de d couverte les cit s s embellissent en m me temps qu augmente le luxe des particuliers savants po tes et artistes manifestent dans leurs uvres outre leur curiosit scientifique ou leur souci de la beaut l ind pendance de leur temp rament individuel cette poque la philosophie synonyme de m taphysique est autant associ e la morale que la science est li e l art alors synonyme de technique La mort de Socrate en 399 et les ravages de la guerre marquent une nouvelle tape probl mes financiers et r surgence de pouvoirs arbitraires font de la raison la suite de Platon et de son acad mie l objet unique de la qu te du Bien La science la physique bas e sur la g om trie est enti rement au service de la morale pour devenir elle m me morale La science encha ne par le discours ces pures id es et surtout s efforce de s difier par un mouvement de progr s ou d ascension qui conduit l esprit jusqu aux degr s sup rieurs de la hi rarchie conna tre est une entreprise morale Cette qu te se rapproche de la religion en m me temps qu elle s loigne compl tement de l exp rience Les platoniciens pr conisent l usage exclusif du raisonnement d ductif 1 contrairement aux raisonnements par analogie ou par induction qui n offrent aucune certitude au niveau des
10. CHAPITRE I Oubli tourderie ruse et bricolage organis s arr t sur th ories B atrice Vacher beatricevacher gmail com 34 985 33 19 81 Chapitre 1 de l ouvrage collectif sous la direction de Sylvie Grosjean et Luc Bonneville Repenser la communication dans les organisations aux ditions l Harmattan 2007 Introduction travers une enqu te approfondie sur la gestion de l information en entreprise nous avons d j illustr la fa on dont les gens s arrangent au quotidien avec des r gles et des machines intelligemment con ues mais pas toujours pratique Prendre au s rieux la manutention de l information r v le une somme de routines de ruses et de bricolages qui structurent les organisations autant sinon plus que les syst mes d information sophistiqu s n gligeant l importance de l intendance Ce d coupage des t ches et des personnes est ancr dans nos pratiques m me s il est source d oubli et d tourderie de nombreux d calages apparaissent rapidement entre une gestion intentionnelle de l information et sa gestion effective Ces d calages sont plus souvent attribu s de mauvaises analyses de mauvais comportements des changements mal anticip s ou encore l al a Si les moyens sont suffisants de nouveaux outils sont d velopp s moins que les personnes soient remplac es comme s il fallait effacer les erreurs pass es Pourtant ces erreurs se ren
11. De Certeau 1990 page 62 30 Goffman E Les rites d interaction Paris d De Minuit 1974 partagent des connaissances et le sujet de la conversation chappent aux autres Les agencements organisationnels s inspirent de ces r flexions sur le langage combin es la th orie conomique des contrats la cognition distribu e aux th ories de l action organis e et l interactionnisme sociologique et gestionnaire seul un composite de ressources humaines mat rielles et symboliques est capable d atteindre une certaine performance Chaque partie est ressource pour les autres comme un individu l est pour un texte qui lui m me l est pour un ordinateur etc La question de la confiance est au c ur de la relation ind pendamment m me de la part d interpr tation inh rente toute relation M me si le responsable est forc ment une ressource humaine celui qui r pond pour l agencement il est primordial de s int resser la comp tence du composite En effet le responsable est souvent pris dans un r seau de contraintes qui le d charge en partie des probl mes qui peuvent se poser L important alors est de rep rer o se situent les n uds de comp tences et les facteurs de performance c est dire de faire attention non aux ressources prises ind pendamment les unes des autres mais au contraire aux liens entre ces ressources les hommes entre eux la vigilance mutuelle de Weick les t
12. Devillard J Morillon L Evaluating Practices in Public Relations Between Mending and Poaching The 7th Annual EUPRERA Congress Lisbon Portugal 10 13 Nov 2005 7 D Iribarne P La logique de l honneur Gestion des entreprises et traditions nationales Paris Le Seuil 1989 1a D Iribarne P op cit p 22 Ibid p 37 78 Ibid p 102 7 Ibid p 59 terre Quand le devoir de mod ration n est plus l uvre on voit appara tre un gouvernement qualifi de despotique qui a perdu toute sa noblesse pour s avilir Le paradoxe de notre soci t contemporaine n est pas une contradiction pour le fran ais la raison impose ses principes universels travers les normes et aujourd hui grand renfort d lectronique la tradition impose qu on d roge la religion serait ce celle de la raison si celle ci oblige se rabaisser un ordre inf rieur Bibliographie BOJE D M OSWICK C FORD J D Language and Organization the Doing of Discourse Academy of Management Review Vol 29 Issue 4 2004 571 578 BAKER T NELSON R E Creating Something from Nothing Resource Construction through Entrepreneurial Bricolage Administrative Science Quaterly n 50 2005 329 366 BERRY M Une technologie invisible L impact des instruments de gestion sur l volution des syst mes humains Paris Centre de Recherche en Gestion cole polytechnique 1983 B
13. Efforts de rigueur et d lucidation des fondements les math matiques du XIX me constituent une transition entre l encyclop disme du si cle pr c dent et l troite sp cialisation contemporaine Au XX si cle la d marche scientifique s loigne d finitivement des consid rations th ologiques et ne pose plus directement la question de l univers En revanche la croyance en une description math matique et ordonn e du monde persiste m me s il faut rendre le langage de plus en plus complexe pour rendre compte des ph nom nes naturels notamment avec l introduction des probabilit s pour int grer le hasard ou plus r cemment avec la g om trie fractale Les disciplines scientifiques se multiplient chacune sp cialis e dans un domaine du r el qu il faut expliquer et dont il faut pr voir les ventualit s La rationalit n est plus comme pour le citoyen grec du temps des sophistes l outil pour d battre d id es m me les plus folles elle n est plus seulement comme Descartes l entendait le moyen unique pour d crire le monde que Dieu a cr e elle est la r gle qui r git la fois le monde physique et l activit humaine Raison et science sont devenues synonymes ma tresses de la morale et des progr s techniques elles rel guent l art et la philosophie domaines de l peu pr s par excellence des consid rations subalternes ludiques ou subversives s Sau
14. F dir Des savoirs en action Contributions de la recherche en gestion Paris L Harmattan 1995b 233 279 GLEICK J La th orie du Chaos Vers une nouvelle science Champs Flammarion 1991 ditions am ricaine 1987 GOFFMAN E Les rites d interaction Paris d de Minuit 1974 GOFFMAN E L ordre de l interaction in Y WINKIN Les moments et leurs hommes Paris Le Seuil minuit 1988 186 230 GRAMACCIA G Les actes de langage dans les organisations Paris Ed L Harmattan 2001 HATZELD J Histoire de la Gr ce ancienne Paris Petite Biblioth que Payot 1995 HUTCHINS E Comment le cockpit se souvient de ses vitesses Sociologie du travail avril 1994 451 473 IRIBARNE D P La logique de l honneur Gestion des entreprises et traditions nationales Paris Le Seuil 1989 JULLIEN F Trait de l efficacit Grasset Paris 1996 LAURIERE J L Intelligence artificielle r solution de probl mes par l homme et la machine Paris d Eyrolles 1987 LE MOIGNE J L Les syst mes d information dans les organisations Paris PUF 1973 L VI STRAUSS C La pens e sauvage Paris Plon 1962 MANDELBROT B Les objets fractals Nouvelle Biblioth que Scientifique Flammarion Paris 1989 premi re d en 1975 MARCH J G D cisions et organisations Paris Les ditions d organisation 1991 MARCH J G Organisations prosa ques et leaders h ro
15. ORZEIX A FRAENKEL B dir Langage et travail Communication cognition action Paris Ed CNRS 2001 BOUZON A DEVILLARD J MORILLON L Evaluating Practices in Public Relations Between Mending and Poaching The 7th Annual EUPRERA Congress Lisbon Portugal 10 13 nov 2005 BRETON P Histoire de l informatique Paris d la D couverte 1987 CERTEAU DE M L invention du quotidien 1 Arts de faire Paris Ed Gallimard Folio Essais 1990 COHEN M MARCH J OLSEN J Le mod le du garbage can dans les anarchies organis es in J G March dir D cisions et organisations Paris Les ditions d Organisation 1991 163 203 DAHAN DALMEDICO A PEIFFER J Routes et d dales Paris tudes Vivantes 1982 DETIENNE M VERNANT J P Les ruses de l intelligence La m tis des Grecs Paris Champs Flammarion 1974 DUMONT J P La philosophie antique Paris PUF collection Que sais je 8 ed 1962 FELDMANN M S MARCH J G L information dans les organisations un signal et un symbole in D cisions et organisations Paris Les ditions d Organisation 1991 255 275 30 Jbid p 73 GIRIN J L information n existe pas AFCET janvier 1994 GIRIN J Le langage et la comp tence des agencements organisationnels Connexions ditions Er s n 65 1995a 121 141 GIRIN J Les agencements organisationnels in CHARUE DUBOC
16. as de m me qu aucun philosophe par la suite En revanche pour la philosophie chinoise l efficacit se d finit comme la d tection de ce qui peut tre mobilis savoir le potentiel inscrit dans une situation Il suffit d am nager les conditions en amont pour que les effets d coulent naturellement et indirectement En d autres termes le chinois ne cherche pas forcer les faits il est plus proche du jardinier que du leader h ro que Alors qu en Occident le th me de l action est central la philosophie chinoise pr ne le non agir D un c t il existe toujours quelque chose qui chappe l entendement Dieu le hasard le destin et de l autre c t il suffit que les conditions soient r unies pour que les cons quences d coulent Le sage chinois n agit pas il transforme Il y a disparition de la notion de risque d audace de plaisir car le prince clair se fond dans la situation et se sert de l immanence Il n y a plus de h ros mais un art de g rer discr tement le cours des choses Le plein r gime de l efficacit chinoise est donc de ne pas forcer de savoir faire basculer l ennemi de son c t et non pas le d truire les S Ibid p 105 S Ibid Thid p 148 68 Jullien F Trait de l efficacit Paris Grasset 1996 March J G Organisations prosa ques et leaders h ro ques G rer et Comprendre Juin 2000 p 44 50 7 troupes victorieuses sont celles qui ont
17. des points de vue antagonistes sur le monde et son organisation Les deux premi res dimensions sont g n ralement consid r es avec force d tails notamment pour clarifier les notions de fronti res et d objectif du syst me Ce n est pas le cas de la troisi me dimension En effet en prenant en compte les points de vue divergents les paradoxes des normes institutionnelles ou les situations de travail particuli res l information perd son caract re lubrifiant pour celui d abrasif ou tout au moins probl matique Le pas est alors vite franchi pour affirmer que l information n existe pas au sens o elle n apporte aucune solution aux probl mes organisationnels Ce qui semble remettre en cause tout le travail th orique labor jusque l 12 Le Moigne J L Les syst mes d information dans les organisations Paris PUF 1973 1 Thid p 62 4 Morin E Introduction la pens e complexe Paris ESF diteur 1990 1 Berry M Une technologie invisible L impact des instruments de gestion sur l volution des syst mes humains Paris Centre de Recherche en Gestion cole Polytechnique 1983 16 Girin J L information n existe pas AFCET Janvier 1994 2 2 Ruse et bricolage activit s sociales ayant de plus en plus droit de cit 2 1 L information signal soumis interpr tations situ es et distribu es D autres approches adoptant une d marche ethnographique pour com
18. extes entre eux la question des renvois d autres textes la traduction les objets entre eux l implantation la place des outils dans l espace et bien s r les trois l ments entre eux et les cha nes de relation induites un texte et son lecteur un syst me technique et son mode d emploi et ses utilisateurs Si par exemple le lecteur ou les utilisateurs ne sont que potentiels le r sultat a toutes les chances d tre d faillant ou inutilisable situation largement r pandue Ces travaux marquent la fois l importance contemporaine de l crit au travail poids des normes de la tra abilit jamais parfaite du travail intellectuel et l volution d une probl matique soci tale centr e sur une information id alement neutre et objective vers une probl matique plus ouverte sur la m diation et le sens des actions tenant compte des contextes et des points de vue Perspective quelque peu d stabilisante c est en effet accepter que l ignorance soit un ph nom ne des plus r pandus notamment dans les organisations puisque les points de vue diff rent et les contextes varient n puisant jamais le r el Un d tour historique est essentiel pour comprendre la r volution de tels points de vue 1 Girin J Le langage et la comp tence des agencements organisationnels Connexions ditions Er s n 65 1995a 121 141 32 Girin J 1995b op cit 33 Berry M op cit 3 Une exp
19. ies bas e sur la critique objective argument e de savoirs accumul s et diffus s gr ce la trace crite en prose Cette nouvelle conception du monde l image de la ligne en opposition celle du cercle pose la question de l origine et sym triquement de la fin Comment notre univers a t il pu se former partir du chaos Les sciences se d veloppent partir de cette question les coles se succ dant et profitant des acquis des pr c dentes La pens e abstraite con oit la possibilit d un l ment primitif ind termin ou l existence d un dieu unique et parfait qui n a plus aucun rapport avec les dieux formes et passions humaines du polyth isme d Hom re et d H siode Le dieu de la secte de Pythagore a quant lui un nom B nis nous nombre divin toi qui a engendr les dieux et les hommes De l cole ionienne fond e par Thal s vers 640 l apog e d Ath nes avec l cole des sophistes jusqu la guerre du P lopon se en 431 le principe de libert est associ la pens e abstraite la joute oratoire est de r gle Vernant J P Les origines de la pens e grecque Paris PUF 1962 p 18 35 Jbid p 48 36 Thid p 50 3 Ibid pr face 38 Dahan Dalmenico A Peiffer J Routes et d dales Paris tudes Vivantes 1982 p 39 3 Thid p 42 4 Hatzeld J Histoire de la Gr ce ancienne Paris Petite Biblioth que Payot
20. ive Science Quaterly n 50 2005 329 366 Penvironnement institutionnel mat riel politique etc ne sont pas per ues par les bricoleurs comme des limites mais comme des cadres favorisant l activit cr atrice Je souhaiterais souligner un dernier point il est tout fait probable que la France soit capable de naviguer au milieu de ces paradoxes En effet sa traditionnelle Logique de l Honneur est bas e sur les droits et les devoirs li s une certaine vertu laquelle il ne faut pas d roger Sous Pancien r gime seule la noblesse tait soumise la logique de l honneur Les vilains la lie paysans esclaves et besogneux ne rentraient pas dans cette cat gorie D ailleurs ils ne pensaient pas La r volution n a pas fait dispara tre cette logique mais en a largi la port e groupements de m tier corporations etc expliqueraient que certaines normes soient d tourn es car elles sont incompatibles avec un honneur d fendre les devoirs associ s la classe dont on fait partie La soci t fran aise est historiquement compos e de groupes jaloux de leurs statuts et de leurs pr rogatives mais aussi capables de fid lit z l e aux devoirs particuliers que lui fixent leurs traditions Un principe de mod ration la r gule ainsi qu une relation hi rarchique profond ment marqu e par les exigences de l honneur Le subordonn fran ais n a pas besoin qu on lui ait fix une respon
21. l J Les b tards de Voltaire La dictature de la raison en Occident Paris ditions Payot amp Rivages 1993 5 Dahan Dalmenico A Peiffer J op cit p 38 5 La g om trie fractale est une extension de la g om trie euclidienne o il n y a que trois dimensions pour mod liser les ph nom nes le point le plan et l espace Ce nouveau langage math matique permet de fractionner le r el comme un millefeuille pour rendre compte du caract re r current de structures l int rieur d un ph nom ne en apparence al atoire et d sordonn Gleick J La th orie du Chaos Vers une nouvelle science Champs Flammarion 1991 Mandelbrot B Les objets fractals Nouvelle Biblioth que Scientifique Flammarion Paris 1989 6 3 2 Ruses de l intelligence et trait de l efficacit une alternative d routante l oppos e la capacit d observer le quotidien et de tirer parti de l l mentaire de diffuser un point de vue par le jeu rus du langage adapt chacun attire autant qu elle fait peur Elle est galement d un ordre presque mythique travers les ges Tout en figeant l quipement de la pens e dans la logique rationnelle Platon et Aristote n en restaient pas moins lucides comme le fut Von Neumann concr tisant le r ve de la machine tout en philosophant sur l utopie de cr er une machine l image de l homme et donc capable de cr er l homme Qualit autant que d
22. l fortement d pendant de l histoire et de l exp rience des individus qui l laborent Le but du plan est de pr parer l action pour mobiliser au mieux son savoir incorpor En revanche le fait d utiliser un plan comme prescription pour l action permet ceux qui l ont labor et modifi de contr ler ou de justifier a posteriori des carts en termes de moyens retards d penses suppl mentaires etc Cela sans relation imm diate aux actions Dans le m me esprit le courant de la cognition distribu e montre que le savoir est inscrit dans un ensemble de supports compl mentaires et non pas seulement dans le cerveau humain C est un dispositif qui rend l action possible et non la volont d un d cideur des personnes qui se parlent des objets que l on manipule des textes lus tout haut etc Hutchins en donne une illustration exemplaire dans son article Comment le cockpit se souvient de ses vitesses pilote copilote outils visuels de navigation bord check list lues tout haut cartes annot es et comment es etc sont autant de supports cognitifs C est leur coordination qui rend compte du savoir en action pour le cockpit Les pilotes sont constamment en train de lire et d crire de reconstituer et de reconstruire le sens et l organisation des repr sentations internes et externes des vitesses Enfin le Sensemaking terme anglo saxon pour d signer la cr ation de sens i
23. lication historique de nos apparents paradoxes contemporains 3 1 Rationalit vs obscurantisme de la cit grecque l organisation scientifique L mergence d une pens e lin aire et rationnelle est li e l institution de la Cit grecque aux alentours du VII si cle av J C Elle s oppose la croyance mythique qui veut que l ordre universel soit cr et maintenu par l exploit d un agent souverain au sommet de l difice cosmique Quatre si cles se sont coul s depuis l effondrement de la puissance myc nienne dont l organisation sociale est centr e autour du palais dont le r le est tout la fois religieux politique militaire administratif conomique Se Tyrannie et colonisation font place petit petit une vie politique bas e sur le langage de la raison et sur l galit des citoyens dans le d bat public gr ce une large diffusion de l criture les lois deviennent bien public r gle g n rale susceptible de s appliquer tous de la m me fa on Norme rationnelle soumise discussion et modifiable par d cret mais qui n en exprime pas moins un ordre con u comme sacr Le r cit mythique sous forme de vers demeure mais perd son caract re secret les dieux deviennent objets d tude v rit s dont les Sages vont d battre la vie bas e sur la r p tition d exp riences dans un horizon d ternel retour fait place une qu te de th or
24. lligence artificielle r solution de probl mes par l homme et la machine Paris d Eyrolles 1987 p 59 5 Hors cette morale les syllogismes ne sont pas exempts de paradoxes il suffit de poser Ce que je dis est faux Ou simplement d introduire la mauvaise foi Le mensonge ne fait pas partie des principes moraux indispensables pour atteindre la v rit associ e la Vertu et au Bien Vernant J P Les origines de la pens e grecque Paris PUF 1962 p 133 4 Dahan Dalmenico A Peiffer J op cit p 21 55 Ibid p 32 disciplines scientifiques commencer par la m canique clart du langage formel gr ce l alg bre m thode analytique d coupage en probl mes l mentaires r ductionnisme ordre proc der du plus simple au plus compliqu et d nombrement pour ne rien oublier sont les quatre points donnant acc s la v rit et marquant le renouveau de la pens e rationnelle qui caract rise la politique scientifique fran aise l heure de l encyclop die Si cle de r volte combat contre l obscurantisme et les infamants caprices de la vie de cour La R volution Fran aise associera libert et raison gr ce aux progr s scientifiques Le XIX si cle ach ve de s parer la science du doute philosophique et de la cr ation artistique Les progr s scientifiques et techniques s acc l rent les math matiques sont la base de l enseignement scientifique
25. nformer est surtout utilis pour signifier instruire une affaire au sens juridique la fin de la seconde guerre mondiale et en liaison avec les techniques de communication distance Claude Shannon pose les fondements de la th orie math matique de l information Il d finit l information comme le degr d incertitude contenu dans un message transmis d un metteur un r cepteur Il s agit d une remise en ordre des 0 et des 1 qui constituent le message cod pour la transmission Lorsque plusieurs messages sont mis l information mesure galement la quantit de nouveaut introduite par l metteur Weaver g n ralisera l usage du terme information en faisant r f rence la notion thermodynamique d entropie degr de d sordre d un gaz L information est alors la mesure de l entropie d un message ou de son contraire n guentropie Il assimile rapidement la mesure de d sordre avec la signification des messages et propose que l information soit autant forme que sens A la m me poque Von Neumann combine les travaux de Turing sur les algorithmes et les fonctions logiques de l alg bre de Boole pour construire les premi res machines de calcul utilis es par l arm e am ricaine La puissance des machines construites sur ce mod le de Von Neumann est telle que l on croit avoir trouv le langage id al La logique est une valeur universelle un outil de compr hension du monde au
26. nsiste sur le r le de la vigilance mutuelle sur les actions des uns et des autres Il s agit d un courant interactionniste en sciences des organisations dont un des auteurs les plus connus est Weick Cette vigilance partir de laquelle les individus ajustent leurs comportements provient d un chevauchement de savoirs partage d exp riences d histoires plut t que de la sp cialisation des t ches Elle est le principal facteur d intelligence collective et par l de performance gr ce une sorte d illusion cr atrice le collectif se met exister parce que les individus croient qu il existe Suchman L Response to Vera and Simon s situated action a symbolic interpretation Cognitive Science Vol 17 Numer 1 Jan March 1993 71 75 Vera A H Simon H A Situated action reply to interviewers Cognitive Science Vol 17 Number 1 Jan March 1993 77 86 2 Goffman E L ordre de l interaction in Les moments et leurs hommes Winkin Y Dir Paris Le Seuil Minuit 1988 p 207 3 Suchman L Plans and situated actions Cambridge UK Cambridge University Press 1987 24 Hutchins E Comment le cockpit se souvient de ses vitesses Sociologie du travail Avril 1994 451 473 2 Thid p 469 26 Girin J les agencements organisationnels in Des savoirs en action Contributions de la recherche en gestion par Charue Duboc F Dir Paris L Harmattan 1995b
27. ntelligence collective source de performance organisationnelle Il est bon de remarquer que ce n est pas le bricolage qui est facteur de vigilance et par l d efficacit mais sa prise en compte au plus haut niveau Cette attitude se d veloppe souvent dans des contextes marqu s par le manque de ressources ou ressenti comme tel Pourtant malgr son int r t la vigilance n a rien d id al car plus ou moins long terme elle puise les protagonistes Nous proposons de nous arr ter ici sur quelques th ories mises en perspective historique pour mieux comprendre et tirer parti de cette double tendance a priori contradictoire pr coniser d un c t des outillages parfaits tout en n gligeant leurs effets parfois d sastreux et int grer de l autre les mani res de faire quotidiennes souvent fastidieuses parfois douteuses Les th ories de la premi re partie ont trouv dans l information la solution aux maux des organisations Encore largement enseign es elles incitent d velopper m thodes et syst mes id aux ind pendamment des pratiques Les th ories de la seconde partie s int ressent en revanche la personne la situation et au sens que prennent les actions dans les organisations Bien connues des sp cialistes elles sont pourtant encore assez peu diffus es hors du cercle restreint des chercheurs en sciences humaines et sociales La troisi me et derni re partie cherche en comprendre le
28. nterpr te et se sert pour cela de connaissances d arri re plan li es son exp rience son histoire ou simplement aux soucis du moment Un document et encore plus une parole sont li s la situation d nonciation ce que les linguistes et les ethnom thodologues nomment l indexicalit le mot change de sens selon la situation comme ici ou demain ou l instanciation r f rentielle m me ph nom ne de sens mouvant selon celui qui dit par exemple je ou tu La pragmatique linguistique Austin Greimas s int resse aux actes de parole et montre que le langage sert faire et non seulement dire Les actes de parole par lesquels un interlocuteur r alise et s approprie un message dans une situation particuli re d change ou de contrat ne sont pas d tachables des circonstances Tout comme les mani res de faire les actes de parole ne se traitent pas ne se transforment pas Un essentiel se joue dans l historicit quotidienne indissociable de sujets Le cadre de l interaction permet de se comprendre alors m me que le message semble nigmatique pour un observateur ext rieur les protagonistes 21 Weick K E Roberts K H Collective mind in organizations Heedful interrelating on flight decks Administrative Science Quaterly Vol 38 n 3 Sept 1993 357 381 Voir notamment Boje et al 2004 Borzeix amp Fraenkel 2001 Girin 1995a Gramaccia 2001
29. ntique Paris PUF Coll Que Sais je 1962 p 66 Dahan Dalmenico A Peiffer J op cit p 49 a8 Dumont J P op cit p 75 7 Dahan Dalmenico A Peiffer J op cit p 49 i Dumont J P op cit p 98 Ibid p 99 50 Dahan Dalmenico A Peiffer J op cit p 50 sont mortels 2 Socrate est un homme donc Socrate est mortel C est un principe d ordre et de classification port e m taphysique et morale les pr misses sont correctes dans le cadre d une croyance en une v rit absolue Les principes de la rationalit sont ainsi tablis Ce qui voluera depuis est l objet dont il est question l homme alors la nature maintenant les sciences contemporaines positivistes cherchent transformer la nature alors que La raison grecque c est celle qui de fa on positive r fl chie m thodique permet d agir sur les hommes non de transformer la nature D clin d Ath nes au profit d Alexandrie en gypte mont e de la puissance romaine la civilisation grecque recule d s le II si cle apr s J C partir du VII si cle dans le bassin m diterran en la civilisation arabe reprend le syst me d Aristote avec une port e pragmatique faisant voler en clat la s paration des disciplines et l ind pendance de la th orie par rapport ses applications Une science v ritablement op ratoire est en germe dans leur civilisation L Occident m di val chr tien
30. ouvellent m me si elles prennent des formes diff rentes ce qui permet de trouver de nouvelles excuses et ainsi de suite jusqu puisement des solutions c est dire au mieux condamnation d ambitions trop lev es au pire faillite Un constat similaire a t fait r cemment au sujet des progiciels de gestion int gr s Laboratoire LVIC GERSIC Universit Aix Marseille HI Paul C zanne Vacher B La gestion de l information en entreprise Enqu te sur l oubli l tourderie la ruse et le bricolage organis s ditions de l A D B S 1997 Vacher B Du bricolage informationnel la litote organisationnelle Ou comment consid rer le bricolage au niveau strat gique Sciences de la Soci t n 63 Octobre 2004 133 150 4 Vinck D Rivera IL Penz B De bonnes raisons d chouer dans un projet technique La construction sociale de l impact Sciences de la soci t n 61 F vrier 2004 123 138 Il arrive toutefois que les bricolages de syst mes trop rigides ou inadapt s voire les ruses pour d tourner ces machineries ne soient ni bannies ni m me ignor es Certains managers savent tirer parti de ce quotidien peu recommandable pour stimuler une vigilance mutuelle particuli rement efficace Reconnaissant les t ches d intendance ils restent attentifs ce qui se construit dans l interaction Cette attention sur les activit s mutuelles quotidiennes favorise une i
31. prendre le fonctionnement des organisations ne s int ressent pas directement l information mais au sens des relations dans les collectifs de travail L information n est alors qu un ensemble de signaux soumis interpr tations qui renvoient des connaissances pr existantes 7 Plus largement et contrairement aux postulats de Simon les observations montrent que On collecte toujours plus d informations qu on n en utilise Les informations sont utiles pour s affirmer pour persuader les autres mais pas toujours pour diminuer une incertitude collective L information est aussi un symbole de comp tence une marque d efficacit sociale ainsi qu un signal de l gitimit Le contr le de l information et de ses sources rehausse la comp tence per ue et inspire confiance Quand il n y a pas d autre moyen fiable d valuer les connaissances d un d cideur ce sont les aspects visibles de la collecte et du stockage de l information qui sont employ s comme mesure de la qualit des informations qu il poss de et utilise Les buts de l entreprise ne sont jamais clairs car les pr f rences des uns et des autres sont vagues contradictoires et volutives L information mobilis e permet parfois plus de construire des histoires coh rentes a posteriori que de d cider Les probl mes les solutions et les actions ne se pr sentent que rarement de fa on s quentielle les d
32. ques G rer et comprendre traduction de T Weil juin 2000 44 50 MORIN E Introduction la pens e complexe Paris ESF Editeur 1990 POCHE F Une politique de la fragilit thique dignit et luttes sociales Paris Ed du Cerf col La nuit surveill e 2004 RICOEUR P La M moire l Histoire l Oubli Paris dition du seuil 2000 SAUL J Les b tards de Voltaire La dictature de la raison en Occident Paris ditions Payot amp Rivages 1993 SIMON H A Le nouveau management La d cision par les ordinateurs Paris d conomica 1980 SUCHMAN L Plans and situated actions Cambridge UK Cambridge University Press 1987 SUCHMAN L Response to Vera and Simon s situated action a symbolic interpretation Cognitive Science Vol 17 Number 1 Jan March 1993 71 75 VACHER B La gestion de l information en entreprise Enqu te sur l oubli l tourderie la ruse et le bricolage organis s Paris ADBS Editions 1997 VACHER B Du bricolage informationnel la litote organisationnelle Ou comment consid rer le bricolage au niveau strat gique Revue Sciences de la Soci t n 63 octobre 2004 133 150 VERA A H SIMON H A Situated action reply to reviewers Cognitive Science Vol 17 Number 1 Jan March 1993 77 86 VERNANT J P Les origines de la pens e grecque Paris PUF 1962 VINCK D RIVERA I PENZ B De bonnes raisons d
33. re puissance divinatoire Th mis qui prit la succession de M tis aux c t s de Zeus est plus proche de la conception du monde que nous pr sente le plus souvent la science L omniscience de Th mis a rapport en effet un ordre con u comme d j instaur d finitivement fix et tabli celui que l on chercherait ma triser et que Th mis conna t Son r le est de marquer les interdits les fronti res ne pas franchir les pr s ances respecter pour que chacun soit jamais maintenu dans les limites de son domaine et de son rang Sp cialisations cloisonnements etc qui comme les Argonautes s effor aient de conjecturer les passes pour sortir des basses eaux mar cageuses o ils s taient fourvoy s faute d une m tis appropri e se trouvaient contraints d errer tout le jour l aveuglette 7 tourderie oubli ignorance En comparant les partis pris occidentaux et chinois travers les crits philosophiques des uns et des autres Fran ois Jullien explique le malaise occidental face la m tis Aristote nous rappelle t 1l pense la praxis au sens de la conduite dans le d calage entre la pratique et la th orie L efficacit se d finit alors en deux tapes concevoir et planifier puis effectuer un effort de volont pour faire rentrer la r alit dans le mod le Aristote n oublie pas la prudence phronesis et l intelligence pratique m tis mais ne les th orise p
34. s raisons en revenant sur les contextes historiques et politiques dans lesquels s est forg petit petit l ensemble de ces th ories On comprend ainsi mieux pourquoi les premi res sont beaucoup plus visibles et faciles int grer pour notre esprit occidental que les secondes m me si ces derni res rendent mieux compte de nos pratiques notamment en organisation et en mati re d information Le bricolage est parfois assimil l improvisation Il est toutefois n cessaire de marquer la nuance le bricolage peut tre pr m dit m me s il incite l improvisation et vice et versa Baker T Nelson R E Creating Something from Nothing Resource Construction through Entrepreneurial Bricolage Administrative Science Quaterly n 50 2005 329 366 Activit que l on peut nommer braconnage Certeau de L invention du quotidien 1 Arts de faire Paris d Gallimard Folio Essais 1990 par analogie avec la chasse que pratique le manant sur la terre du noble 7 Weick K E Sensemaking in Organizations Sage Publications Thousand Oaks CA 1995 229 p 8 Vacher B 2004 op cit 1 Oubli tourderie effets paradoxaux des sciences de l information 1 1 La technologie red finit l information en l assimilant la connaissance L origine tymologique du mot information est informatio qui d signe en latin l action de fa onner mettre en forme Jusqu la seconde guerre mondiale i
35. s rares hommes l gendaires en particulier Ulysse associ Ath na fille de M tis et de Zeus on per oit une troisi me qualit l habilet manuelle cette connivence avec le r el qui assure son efficacit l art de la construction comme celui de la navigation qui n cessite une forme de bricolage On per oit alors dans ces contextes turbulents mouvants l importance de la mobilit du d guisement de la ruse de l art de se transformer la polymorphie et surtout l art de la combinaison Quand deux hommes marchent ensemble si ce n est l un c est l autre sa place qui voit l avantage saisir Seul on peut voir aussi mais la vue est plus courte et la m tis plus l g re Les auteurs qualifient M tis ou sa fille Ath na par une intelligence rus e pratique ou prudente une puissance qui lie encercle et jamais ne va Detienne M Vernant J P Les ruses de l intelligence La m tis des Grecs Paris Champs Flammarion 1974 Thid p 295 l Ibid Ibid p 298 o Detienne M Vernant J P op cit p 29 amp Ibid p 24 droit ne conna t de fronti re C est une puissance qui fait peur Sa parole a valeur hypoth tique ou probl matique elle dit le futur non comme ce qui est d j fix mais comme malheur ou heurts possibles en livrant son astucieux savoir pour le faire tourner au mieux plut t qu au pire l oppos e une aut
36. sabilit pour se sentir responsable tre responsable ce n est pas rendre des comptes quelqu un d autre mais veiller ce qui doit l tre Les r gles ne sont donc pas respect es si elles contredisent les devoirs que la coutume fixe l tat auquel on appartient En revanche on se sent tenu de bien faire au del des comptes que l on a rendre Les rapports hi rarchiques mettent ainsi en relation des hommes marqu s par leur tat ses traditions ses droits et ses devoirs les ajustements informels permettent une coop ration entre strates pour rendre service sans tre servile l information sur les cons quences de ses actes les rend visibles et vite les abus pouvoir arbitraire ou action trop individuelle Ces particularit s ont leur histoire que la r volution n a pas fait dispara tre L honneur est un pr jug de chaque personne et de chaque condition fix par la tradition Il ne d pend ni de la raison ni de la loi ni du Prince Il est moins ce que l on doit aux autres que ce que l on doit soi m me il n est pas tant ce qui nous appelle vers nos concitoyens que ce qui nous en distingue il est intimement li la fiert que l on a de son rang et la crainte d en d choir La mod ration vite de d choir son rang combattre noblement exige que l on respecte une esth tique de la joute qui interdit de frapper un homme 7 Bouzon A
37. tant qu un moyen de le transformer Un peu plus tard Simon d finit les sciences de l information comme l tude des propri t s et des caract ristiques de l information facteurs de flux moyens de traitement et repr sentations Il pr sente l informatique comme la proth se indispensable de l homme pour d cider savoir filtrer et traiter l information surabondante puis simuler et planifier l action qui doit suivre Il dicte les principes toujours d actualit de conception correspondante Il faut 1 comprendre la mani re dont les d cisions sont prises dans l organisation 2 soulever les Weaver W Shannon C Th orie math matique de la communication Paris CELP 1975 10 Breton P Histoire de l informatique Paris d La D couverte 1987 p 143 Alors que la logique aristot licienne dont s inspirent ces travaux n a pas pour objet de transformer la nature voir la partie 3 1 1 galement prix Nobel d conomie en 1978 pour sa th orie de la rationalit limit e Simon H A Le nouveau management La d cision par les ordinateurs Paris d Economica 1980 questions auxquelles l information va r pondre et 3 adopter une approche arborescente et modulaire des probl mes Ces principes ont pourtant des limites maintenant bien connues aucune diff rence par exemple n est faite entre l homme et l ordinateur concernant les capacit s de traitement de l informa
38. tion Ensuite bien conna tre l organisation sa gestion l informatique et ses utilisateurs sont des qualit s rarement r unies De m me assimiler le d cideur au dirigeant laisse croire que tout autre individu ne d cide pas et se conforme aux choix hi rarchiques Enfin un tel mod le de l organisation et de l information repose sur un processus s quentiel si long d rouler qu il n est envisageable que s il est possible d anticiper l action avec une faible marge d erreur poser correctement le probl me chercher et s lectionner l information planifier agir corriger l nonc des probl mes si n cessaire puis recommencer la boucle n est possible qu en environnement tr s stable 1 2 Une nuance encore incompl te la syst mique La syst mique critique un d coupage trop rigide dans les organisations et propose de penser ces derni res en termes de syst me un ensemble d l ments en interrelation born par des fronti res qui d pendent des objectifs assign s au syst me L information est ici consid r e comme un lubrifiant du syst me c est dire susceptible de contr ler les relations entre les l ments Les syst miciens insistent sur la complexit inh rente aux syst mes et qui poss de trois dimensions 1 la r cursivit les effets peuvent cr er leurs propres causes 2 l hologramme le tout est dans la partie et vice et versa 3 la dialogie il existe
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