Les Évangéliques en France, entre éparpillement et visibilité
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1. 28 th ologie vang lique vol 2 n 1 2003 c cole de responsabilit individuelle Le raisonnement implicite qui semble avoir jou durant les premi res d cen nies de la Troisi me R publique est le suivant mieux vaut des groupes religieux s par s de l tat qui fonctionnent sur un mode associatif souple parpill minoritaire et hostile une forte autorit institutionnelle qu une glise institution qui concurrence par son autorit celle de L tat La question de la diversit et de la faible lisibilit du pouvoir interne aux groupes minoritaires n appara t pas alors comme un enjeu social ni un motif d inqui tude ou d inter rogation Les lois sur les associations 1901 1905 posent alors un cadre dans lequel s ins rent sans difficult s les glises vang liques et les autres protestants anciennement concordataires ou non et l tat n en demande pas davantage De toute vidence les glises protestantes apparaissent en phase avec le projet d mancipation individuelle qui est celui des R publicains permettre chaque individu de faire des choix personnels sans tre contraint par une tradition autoritaire qui dit ce qu il faut croire et ne pas croire La diversit l parpillement vang lique apparaissent comme signe de la possibilit de ces choix sentiment renforc le mod le professant qui repose en principe sur le choix et non la tradi tion rep2. partir de la mati re qui est la sienne 35 36 th ologie vang lique vol 2 n 1 2003 Fran aise relanc e en 1953 apr s une mise en sommeil l Association d glises de Professants cr e en 1957 la F d ration vang lique de France cr e en 1969 et beaucoup plus r cemment le Conseil National des vang liques de France lanc en 2002 Sur un autre terrain plus sp cifique la visibilit peut aussi se jouer au plan acad mique au travers de lieux de formation communs Institut Biblique de Nogent 1921 Institut Biblique Europ en 1952 2002 Facult Libre de Th ologie vang lique de Vaux sur Seine 1965 Facult Libre de Th ologie R form e d Aix en Provence 1974 On peut citer aussi le domaine de l dition et de la librairie l aussi les protestants vang liques peuvent faire valoir une visibi lisation progressive assez significative le contexte parisien est r v lateur D un c t le cr neau protestant luth ro r form para t s effriter tr s nettement comme en t moignent la chute de la Librairie protestante de Paris puis tout r cemment celle d Oberlin tandis que les librairies protestantes vang liques en particulier la CLC et 7 Ici ont le vent en poupe au point que 7 Ici peut envisager actuellement de polariser la majorit de la demande protestante toutes tendances sur Paris Une librairie protestante orientation vang lique comme principale vitrine parisie
3. 33 Roger FINKE et Rodney STARK The Churching of America 1776 1990 Winners and Losers in Our Religious Eco nom New Brunswick Rutgers University Press 1992 34 En particulier celle de H Paul DOUGLASS et Edmund S BRUNNER The Protestant Church as a Social Institution New York Russel and Russell 1935 Cette enqu te conduite aupr s de 16 355 membres de diverses d nominations protestantes est corr l e par Stark et Finke avec le taux de croissance ou de d croissance On observe qu une d no mination comme celle des Missouri Synod Lutherans dont 89 5 des membres interrog s rejettent l cum nisme conna t une croissance nette de 51 1 entre 1916 et 1926 Quant aux Southern Baptists leur rejet de l cum nisme est de 58 4 et leur croissance nette de 15 l inverse toutes les d nominations en recul d mographique m thodis tes congr gationalistes r form s Friends etc ont exprim en tous cas au travers de leurs membres interrog s une acceptation majoritaire de l cum nisme 35 Voir FINKE et STARK op cit chapitre 6 Why Unification efforts Fail et chapitre 7 Why Mainline Deno minations Decline 36 Dean KELLEY Why Conservative Churches Are Growing Study of Sociology of Religion New York Harper amp Row 1972 Les vang liques en France entre parpillement et visibilit troisi me facteur tient dans le fait que la base des croyants contrairement ce que pr t
4. gitimation de cette assembl e a t publi e S FATH L glise de Pentec te de Besan on le r le des universitaires comme m diateurs in Franck FR GOSI et Jean Paul WILLAIME sous dir Le religieux dans la commune Les r gulations locales du pluralisme religieux en France Gen ve Labor et Fides 2001 p 297 320 31 32 th ologie vang lique vol 2 n 1 2003 religieux sont enjoints de conjurer l parpillement local et de parler d une voix claire faisant la fois uvre d information de m diation et d expression repr sentative 4 Trois enjeux possibles pour les vang liques Comment se situent les vang liques aujourd hui face cette demande sociale Pour tre trait ce sujet m riterait une th se en sociologie On se limitera ici quelques hypoth ses a L explication de la diversit Un premier enjeu fort para t tre pour les vang liques l explication de la diversit Devant les facilit s d un certain discours r ductionniste qui tend homog n iser syst matiquement les points de vue et les identit s les musulmans pensent que les homosexuels revendiquent les Fran ais estiment que les jeunes parlent etc il n est certes pas facile de faire valoir les nuances et les subtilit s de la palette combien vari e de la mosa que vang lique La pression sociale ambiante mais aussi le contexte cum nique nouveau qui s est pa
5. vang lique vol 2 n 1 2003 n e au milieu du si cle n attendait pas Acteurs politiques journalistes d cideurs de tout poil n ont g n ralement pas les outils pour appr hender la diversit religieuse 4 fortiori lorsqu elle s exprime dans une minorit de minorit en l occurrence la n buleuse vang lique Le registre de la secte d s lors appara t bien commode Il est certes reli une r alit parfois observable qui n cessite de toute vidence la vigilance l gitime du corps social Mais il correspond aussi un sympt me d angoisse tous azimuts face un religieux multiple qui d route et d concerte Alors m me que la religion n a jamais eu de part aussi r duite qu aujourd hui dans la soci t fran aise il est singulier d observer qu une des principales th matiques anxiog nes actuelle est celle de la secte dont les r per cussions sur la perception de la diversit vang lique sont non n gligeables entra nant parfois ces derniers une certaine auto censure dans leur militance 6 b Un tat d sutopis en qu te de grands appuis institutionnels Ce contexte anxiog ne d une pluralit sans pr c dent se double d un recul de la vocation universaliste de l tat r publicain Aujourd hui Jean Pierre Chev ne ment le dernier repr sentant d envergure sur la sc ne nationale revendiquer ouvertement cette vocation repr sente environ 5 ou 6 des lecteurs Dans les
6. Chery comporte n anmoins quelques jugements de valeur dont l auteur plus tard s est explicitement distanci devenant l excellent sp cialiste que l on sait du non conformisme protestant et plus sp cia lement de l anabaptisme Les vang liques en France entre parpillement et visibilit Chery sur l offensive des sectes 1954 semblent donner le ton d un climat d sormais la m fiance devant ce qui appara t tort ou raison comme un parpillement anxiog ne L ouvrage du p re Chery est particuli rement significa tif Il voque dans ses propos liminaires le pullulement sectaire son offensive le mot n est pas trop fort pr tend il est bas e sur un instinct de l agression dont l unique point commun serait une solide hostilit contre les religions tablies le catholicisme notamment gt et en particulier L ouvrage connut trois r ditions dans les ann es 1950 contribuant cr er un climat nouveau 3 L parpillement objet d un nouveau scepticisme tatique 1955 2002 M me si les rapports entre l tat et les vang liques sont globalement assez similaires ceux qui se sont tablis aux d buts de la 111 R publique une libert totale dans le cadre d une soci t pluraliste et la que la Fran aise o toutes les religions ont le m me statut on discerne cependant la marge une certaine volu
7. hovah 27 Jean Paul WILLAIME tat thique et religion Cahiers internationaux de sociologie Vol LXXXVII 1990 p 200 Les vang liques en France entre parpillement et visibilit Dans le rapport parlementaire sur les sectes de Jacques Guyard et d Alain Gest on lit ainsi que les sectes se sont install es en deux vagues principales La premi re remonte au d but du XX si cle qui a vu des mouvements religieux n s pour la plupart dans des pays anglo saxons s enraciner dans la soci t fran aise T moins de J hovah Mormons Pentec tistes Adventistes Baptistes Oscillant entre bonnes intentions amalgames approximations et erreurs historiques l implantation baptiste remonte au d but du XIX si cle ce type de texte tout fait officiel n en a pas moins eu un impact social consi d rable signe d un climat plus crisp c Une demande sociale croissante d instances repr sentatives Diverses strat gies sont mises en uvre par l tat pour juguler le manque d autorit institutionnelle rep rable des groupes hostiles au mod le classique de l glise centralis e L encouragement l adh sion la F d ration Protes tante de France constitue le moyen le plus souvent employ pour accentuer une visibilit institutionnelle des diverses tendances du protestantisme Il a notam ment jou dans le cas de l glise vang lique de Pentec te de Besan on
8. me but essayer de comprendre le mode d emploi de cet parpillement vang li que Cela prend souvent du temps Dans le cas baptiste par exemple on d cou vre que jusqu au milieu du XIX si cle parfois au del on les confond avec les anabaptistes mennonites Beaucoup d vang liques sont alors peine reconnus comme protestants et leurs pasteurs sont l occasion d nigr s dans leurs fonctions on parlera de soi disant pasteur L absence de structure institu tionnelle centralis e d route de toute vidence l autorit publique Par ailleurs cet parpillement d concertant appara t aussi synonyme de faible autorit b Synonyme d une faible autorit Pour les baptistes dans la mesure o les concentrations de pouvoir condui sent la r bellion contre Dieu les glises doivent tre ind pendantes du gouver nement bas es sur une adh sion volontaire et limit es dans le domaine de l autorit 10 Ces convictions ainsi r sum es par le sociologue Paul Harrison sont partag es plus g n ralement par la tr s grande majorit pour ne pas dire par la totalit des protestants vang liques Elles expliquent et fondent le choix d une eccl siologie congr gationaliste c est dire marqu e par l autonomie de l assembl e locale seule souveraine Il n y a pas d glise il y a des glises L autorit vang lique est de sa nature spirituelle crivait ains
9. partie des R publicains c est le mod le de l glise institution tel qu il est d fendu par l glise catholique qui subit d sormais la m fiance de l tat La nouvelle soci t politique qui se construit ne veut plus d une institution catho lique englobant la soci t et englob e par la soci t Un v ritable change symbolique s op re les proscrits ou les rel gu s d hier pour cause de rejet du principe d autorit re oivent soudain la sympathie de l tat tandis que l glise institution honor e hier se couvre soudain d une ombre mena ante c est d sormais elle et non plus les groupes minoritaires qui risque de saper le nouvel ordre politique tel que la R publique le d finit Cette revalorisation du mod le social de groupes de type vang lique n a videmment jou qu l extr me marge du d bat politique fran ais On n en observe pas moins des signes au tournant des XIX et XX si cles 18 Article M thodiste Pierre LAROUSSE Grand Dictionnaire Universel r impression de l dition de Paris 1866 79 Paris Slatkine 1982 t 11 1 partie p 155 19 Article Baptisme Pierre LAROUSSE Grand Dictionnaire Universel op cit t 2 2 partie p 194 20 CF Sixty Fifih Annual Report American Baptist Missionary Union Boston 1879 p 68 2l mile POULAT Le catholicisme sous observation Paris Le Centurion 1983 p 161 27
10. qui figure dans la liste du rapport parlementaire de 1996 sur les sectes Ce groupe non baptiste mais qui pr sente certains caract res communs a ainsi t interpell votre appartenance la FPF serait bien videmment de nature clairer d fini tivement l opinion publique crit A Guerrier de Dumast alors pr sident de l Observatoire Interminist riel sur les Sectes Daniel Gloeckler l un des respon sables de l glise en question Ce type d attente ne s exprime pas seulement du c t de l tat Dans la sph re m diatique aussi le rattachement ou non la FPF est devenue depuis une quinzaine d ann es un enjeu d image consid rable notamment par rapport l accusation de sectarisme D une mani re g n rale la complexification du jeu social cons cutive l ouverture des fronti res et la pluralisation croissante conduit une demande sociale d instances repr sentati ves Qu il s agisse du bouddhisme de l islam ou du protestantisme vang lique l tat tout autant que l opinion publique demande aujourd hui avec une force inconnue pour la g n ration pr c dente des instances m diatrices Les acteurs 28 Les sectes en France rapport de l Assembl e Nationale n 1468 par Alain GEST pr sident de la commission d enqu te et Jacques GUYARD rapporteur Paris 1996 2 Courrier du 4 septembre 1997 transmis par D GLOEKLER Une tude partielle sur la strat gie de l
11. reste s v re ment restreint les autorit s locales jouent souvent sur l ambigu t s mantique de la formule pour g ner les activit s des non concordataires Dans les r gions marqu es par une certaine diversit confessionnelle les entraves la libert religieuse et d association sont g n ralement restreintes En revanche l o c est l homog n it catholique qui domine comme en Picardie ou plus encore en Bretagne nombreux sont les obstacles L glise catholique entame en effet le XIX si cle dans une perspective de reconqu te tablant sur le sc nario d une mort attendue du protestantisme 8 motions villageoises exceptionnellement proc s verbaux par la gendarmerie amendes voire tr s rarement emprisonnements et fermeture des lieux de culte perturbent alors sporadiquement la vie religieuse des non concordataires L parpille ment des protestants vang liques fut alors r guli rement voqu aussi bien dans les sources minist rielles pr fectorales que dans les journaux Il appara t alors relativement illisible pour le pouvoir en place a lisible par le pouvoir en place Les autorit s peinent s y retrouver devant la grande diversit des protes tants non concordataires Baptistes m thodistes moraves libristes glises vang liques ind pendantes darbystes hinschistes anabaptistes les petits 5 Cf son ouvrage programmati
12. sormais la traditionnelle r ticence des protestants congr gationalistes pour l autorit centralis e pour les institutions lourdes rev t une signification politique nouvelle aux yeux des lites r publicaines Ces derni res en d pit du courant anti cl rical et parfois anti religieux qui p n tre certains de leurs rangs se montrent parfois v ritablement fascin es par le creuset presque libertaire qu elles croient percevoir dans ces glises locales Cette fascination est signifi cative chez Pierre Larousse dont le Grand Dictionnaire universel 6 fait montre d un vif int r t pour les protestants en particulier ceux qui comme les baptistes s affirment dans le cadre de groupes associatifs militants proches du type sectaire au sens sociologique du terme tel qu il est d fini classiquement par Max Weber et Ernst Troeltsch 7 En d pit du fanatisme qu il d plore au sein 16 Gigantesque outil de formation de la bourgeoisie r publicaine le Grand Dictionnaire universel compte quinze volumes et deux suppl ments soit plus de 20 000 pages Il est paru pour l essentiel de 1866 1876 soit la p riode de basculement vers la R publique 17 Soit une association volontaire d individus religieusement qualifi s affichant une opposition assez marqu e l chelle des valeurs ambiantes Les vang liques en France entre parpillement et visibilit de ces congr gations Larousse se montr
13. suivant le fil directeur du contexte on se rend compte que l parpillement protestant a tour tour suscit l hostilit 1 puis une certaine sympathie 2 avant de g n rer aujourd hui un scepticisme nouveau 3 qui d termine des enjeux sp cifiques actuels pour les vang liques 4 1 L parpillement comme repoussoir 1802 1875 Durant les deux premiers tiers du XIX si cle on peut sans h siter dresser le portrait social d une diversit protestante vang lique plut t repoussante On se situe alors au niveau du premier seuil de la cisation d crit par Jean Baub rot Un premier seuil caract ris par la fragmentation institutionnelle qui aboutit un certain pluralisme religieux et se double d une reconnaissance de l gitimit de la sph re religieuse dans le domaine de la socialisation morale Catholiques mais aussi protestants r form s et luth riens en 1802 et juifs en 1808 b n fi cient alors du syst me concordataire qui salarie les repr sentants du culte et procure aux institutions signataires divers avantages dont celui d une visibilit en 4 ou non conformistes ne principe incontest e Les protestants vang liques b n fici rent pas de ce syst me Pourquoi D abord parce que leur surface sociale tait tout fait n gligeable en 1801 1802 quelques centaines voire quelques milliers de protestants tout au plus une poign e de quakers de m thodistes
14. voire des m dias il est clair que la visibilit institutionnelle si possible relativement centralis e et pourquoi pas parisienne s av re privil gi e Mais du point de vue des protestants vang liques dont la culture de la diversit et de l autonomie locale des assembl es se pr te traditionnellement mal l institution nalisation centralis e une telle option para t d licate n gocier car elle met en jeu une partie de leur identit En revanche d autres terrains de visibilit semblent en principe plus conciliables avec leurs sp cificit s Les c urs de r seau permettant rencontres concertations donnent l occasion par exemple de rassembler de m dia tiser et aussi de mieux organiser l activit vang lique en France Plusieurs structu res souples de ce type se sont cr es ou recr es avec en particulier le Centre vang lique d Information et d Action cr en 1948 Alliance vang lique 37 En d pit d une certaine crise actuelle de l cum nisme institutionnel qui n est peut tre pas sans lien avec le cons tat exprim par Finke et Stark Certains effets d sagr ables de la dilution des entit s confessionnelles d saffection des fid les semblent tre moins sous estim s aujourd hui conduisant une r investissement plus assum des identi t s respectives 38 Le th ologien peut avoir et c est fort l gitime une opinion tr s diff rente sur ce point
15. ThEv vol 2 n 1 2003 p 21 37 S bastien Fath Les vang liques en France entre parpillement et visibilit Le th me des variations protestantes constitue un des eitmotive les plus fr quents de la controverse chr tienne Il faut dire que le kal idoscope des glises de la R forme se pr te bien ce type de discours Aux yeux de la soci t dans son ensemble mais aussi plus sp cifiquement du point de vue de l tat ce sujet a lui aussi attir l attention Lorsqu un groupe social revendique une identit en l occurrence l identit protestante on attend toujours de lui tort ou raison qu il r ponde une sorte de portrait robot d image conforme Or avec le protestantisme et ses innombrables glises et sectes l observateur est ais ment d sar onn On restait sur le clich du protestant aust re et voil que dans telle assembl e charismatique on d couvre une exub rance parfois digne d une rave party On avait en t te l asc se hugue note et voici que tel pr dicateur d cline temps et contre temps une th ologie de la prosp rit o les signes ext rieurs sont essentiels On jugeait les protestants comme des chr tiens modernes en phase avec le dit progr s des m urs et on d couvre que de nombreuses glises protestantes vang liques sont tr s hostiles l IVG alors que d autres l approuvent sous conditions On pourrait multiplier les exem
16. ann es 1950 le g n ral de Gaulle sur des th mes similaires rassemblait une large majorit de Fran ais En un demi si cle l tat a graduellement volu dans un sens de plus en plus gestionnaire D sutopis plus pragmatique l tat chercherait plus suivre les volutions de la soci t civile qu les pr c der encore moins la provoquer 7 La dimension ventuellement libertaire voire r volution naire des groupes minoritaires professants fascine d s lors beaucoup moins qu la fin du xIX si cle La priorit passe d sormais l apaisement et la coh sion en s appuyant sur les forces symboliques majeures du pays dont le catholicisme constitue toujours un l ment clef en d pit de sa perte d influence r guli re La faible visibilit et centralisation des protestants vang liques se voit ainsi observ e avec un scepticisme beaucoup plus vif qu au d but du XX si cle Le faible degr d institutionnalisation des glises locales parpill es sur le territoire suscite une perplexit nouvelle dans un contexte de vigilance anti secte o certains groupes protestants peuvent l occasion tre mentionn s 26 Il est symptomatique par exemple que les protestants vang liques aient tendance limiter de plus en plus leur pratique de l vang lisation par porte porte souvent au nom du motif explicite d tre assimil s la secte des T moins de J
17. ateurs vang liques qui viennent bousculer les quilibres confessionnels s culaires des villages du Limousin les pasteurs soup onn s de r publicanisme les missionnaires insaisissables soutenus de l tranger Tous ces acteurs du pros lytisme protestant au XIX si cle ne furent pas seulement regard s comme des perturbateurs du statu quo religieux Ils furent aussi soup onn s politiquement et on aurait tort d imaginer que l accusation politique ne fut qu un paravent l intol rance religieuse Aux yeux d une majorit de repr sentants de l autorit publique les protestants vang liques apparaissaient avant 1875 comme des personnes surveiller dans la mesure o elles pouvaient repr senter un danger politique Ils furent rarement accus s de s dition en tous cas par les autorit s politiques elles m mes mais potentiellement c est bien cette menace qui plane 13 Lettre du Ministre de la Justice au Ministre de l Instruction Publique et des Cultes 28 avril 1857 Archives Nationales cote F1 10926 14 Lettre du recteur de l acad mie de Haute Vienne au Minist re de l Instruction Publique et des Cultes 13 f vrier 1851 Archives Nationales cote F1 10 926 15 Voir Jean BAUB ROT L vang lisation protestante non concordataire en France et les probl mes de la libert reli gieuse au XIX si cle la Soci t vang lique de 1833 1883 th se de troisi me cycle Paris 1966 25 26 th o
18. de moraves quelques centaines d anabaptistes ne pouvaient pas constituer pour Bonaparte un interlocuteur cr dible Mais il existe une autre raison qui tient leur eccl siologie Celle ci privil gie l assembl e locale ind pendante de fid les militants mod le de l glise de professants par rapport l glise de masse 2 Jean BAUB ROT La La cit quel h ritage De 1789 nos jours Gen ve Labor et Fides 1990 p 30 3 Ibid p 31 4 On d finira ici le protestantisme vang lique comme un protestantisme de conversion bibliciste et militant d fendant tr s majoritairement le mod le de l glise de professants Les vang liques en France entre parpillement et visibilit Aux yeux de ces protestants la s paration des glises et de l tat telle qu elle est souhait e par le th ologien revivaliste Alexandre Vinet 1797 1847 correspond beaucoup mieux au mod le local et ind pendant qu ils d fendent D o une vie religieuse aux marges des cultes officiels et des difficult s r elles se r unir et vang liser du moins jusqu aux derni res ann es du r gne de Napol on HI excep tion faite de l interm de de la Seconde R publique Le label de cultes non reconnus n quivaut pourtant pas en principe celui de culte ill gal Cependant dans un contexte o la culture pluraliste et d mocratique est encore peu ancr e et o le droit d association
19. e fascin par le principe actif de civilisation qu elles portent en germe 8 l image des moraves si solidaires ou des m thodistes et des baptistes chez qui m me les femmes peuvent voterl L parpillement vang lique fond sur la culture congr gationaliste appara t alors comme un terreau possible de pluralisme face aux menaces d un moloch religieux centralis et r actionnaire b Facteur de d mocratisation Pluralisme se conjugue aussi avec d mocratie La dimension d autogestion de valorisation de l individu de participation f minine de solidarit associative attire aussi l attention Plusieurs maires r publicains n h sitent pas inviter certains vang listes pour des conf rences publiques sur les liens entre religion protestante et R publique ou les liens entre protestantisme et la cit Eug ne R veillaud Ruben Saillens L on Pilatte et beaucoup d autres ne se firent pas prier la charni re des XIX et XX si cles pour mettre en valeur dans l espace public les affinit s entre un protestantisme d centralis pr sent comme une religion la que riche en diversit en d bat en initiative individuelle et le mod le r publicain et d mocratique Landricourt Aisne en 1878 un maire se joint m me au pasteur baptiste pour distribuer des tracts d vang lisation lors d un enterrement 1 Dans un contexte o le cl ricalisme devient l ennemi pour une large
20. endent parfois les repr sentants cum niques officiels pr f re tr s g n ralement une assembl e bien typ e l identit forte plut t qu une commu naut forum o les signes de ralliement s estompent Enfin dans un monde de plus en plus globalis o une forme de culture s culi re uniformisatrice exerce une attraction croissante sur les populations les enceintes de sens int gralistes et militantes b n ficient d sormais d un plus en terme d esp rance de vie par rapport des ensembles cum niquement corrects plus perm ables la culture environnante Cette r alit socio historique d une combinaison assez discutable entre Pr Fe 11 ia A A 11 unit et vang lisation pose videmment probl me pour les vang liques En effet le c ur de leur identit est l vang lisation Mais plac s dans une situation qui reste tr s cum nog ne o les appels l unit fusent de toute part Li E A V a gt O comment concilier maintien d une forte vang lisation avec unit accrue On se limitera dire ici que la r ponse spiritualisante qui consiste faire de l unit une condition sine qua non de l vang lisation ne para t pas franchement convaincante du strict point de vue sociologique c Quel terrain privil gier pour la visibilit Enfin se pose l enjeu du terrain privil gier pour la visibilit Du point de vue des autorit s publiques
21. i L opold Monod dans Le probl me de l autorit En refusant 4 priori toute autorit supra locale contraignante ils constituent un type associatif et non un type institutionnel les protestants vang li ques ont donc limit le plus possible autorit institutionnelle laquelle repose sur des r gles crites connues de tous Mais on ne peut faire l conomie d une r gulation supra locale Du coup la place de l autorit c est le pouvoir qui s est d velopp 2 Or le pouvoir selon Paul Harrison repose sur des r gles non crites ce qu il appelle un syst me informel informal system Le pouvoir au 9 Cf S bastien FATH Une autre mani re d tre chr tien en France Socio histoire de l implantation baptiste en France 1810 1950 Gen ve Labor et Fides 2001 p 1043 1061 10 Because concentrations of power lead to rebellion against God the churches must be independent of govern ment voluntary in membership and limited in authority Paul M HARRISON Authority and Power in the Free Church Tradition Social Case Study of the American Baptist Convention Carbondale Illinois 1971 2 d p 53 11 Cit par Claude BATY in Les glises vang liques libres 1849 1999 Valence d LLB 1999 p 135 12 Cette distinction constitue la th se principale de l ouvrage de Paul M HARRISON Les vang liques en France entre parpillement et visibilit contraire de l auto
22. is sont elles la cause essentielle de cette diversit b L articulation unit l vang lisation Sur la sc ne publique fran aise il est devenu de bon ton contre diverses vidences historiques de lier n cessairement unit ir nique vang lisation Pourtant m me si le bon sens m me sugg re d tablir une corr lation au moins partielle entre une ambiance interconfessionnelle pacifi e et le succ s de l vang lisation ad extra de nombreuses tudes en sciences sociales d mon trent que dans bien des cas c est quand l offre religieuse est tr s diversifi e et concurrente comme aux tats Unis que la vitalit religieuse et les conversions sont les plus fortes Si l on observe les pays scandinaves confessionnellement monocolores on d couvre qu ils affichent parmi les taux de pratique les plus bas du monde Les tats Unis en revanche marqu s par une myriade de d nomi nations ont un taux de pratique religieuse qui reste tr s lev C est galement le cas d un pays comme le Br sil par exemple ou sur un autre plan de la plupart des pays islamiques qui contrairement ce que l on croit sont marqu s par une tr s grande diversit interne en mati re de courants d islam Roger Finke et Rodney Stark dans The Churching of America ouvrage essentiel de sociologie historique am ricaine soulignent que les glises les plus cum ni 31 L exemple de l histoire baptiste fran aise
23. issent ouverts sur ce plan et les vang liques fran ais n ont pas attendu 2002 pour commencer les emprunter comme en t moigne l impressionnante densification de leurs r seaux depuis un demi si cle Qu ils apparaissent peu lisibles sur la sc ne publique ne signifie pas qu ils soient inefficaces ou de peu d int r t En revanche leur faible prise en compte m diatique et politique sugg re qu il reste aux vang liques un immense travail d explication fournir pour faire comprendre que les r serves affich es devant les perspectives d une centralit institutionnelle ne signi fient pas renoncer la visibilit mais simplement un souci de la traduire autre ment En d autres termes le d fi qui se pose pour eux est le suivant montrer que ren cler devant les figures impos es de l unit n exprime pas une religion en 4 miettes socialement suspecte mais le choix raisonn de d fendre une autre mani re d tre visible dans la France du XXIE si cle S bastien FATH Chercheur au Groupe de Sociologie des Religions et de la La cit CNRS EPHE 4l Cf Dani le HERVIEU L GER La religion en miette ou la question des sectes Paris Calmann L vy 2001 37
24. logie vang lique vol 2 n 1 2003 Fragment s structur s en r seau trans national sans organisation centralis e avec laquelle on peut traiter d institution institution les vang liques apparaissaient peu ma trisables et du coup mena ants Plusieurs pasteurs vang liques furent surveill s interrog s pour sympathies r publicaines C est largement pour des motifs de d sordre public que certaines assembl es furent ferm es manu militari lors des phases autoritaires de la Monarchie de Juillet ou du Second Empire 2 L parpillement rassurant 1875 1955 Ces multiples motifs de m fiance publique devant l parpillement vang lique ne se dissip rent pas du jour au lendemain avec l installation de la Troisi me R publique Mais on peut consid rer qu un tournant est alors franchi Les discriminations religieuses dont les protestants vang liques avaient jusque l t victimes disparaissent totalement en quelques ann es et une phase de libert sans pr c dent s ouvre pour eux La diversit vang lique d sormais n voque plus obligatoirement une menace une sorte de repoussoir Elle est appr hend e sous un jour beaucoup plus bienveillant c est qu elle rassure face l armature institutionnelle un temps mena ante du catholicisme qui mit plusieurs d cennies pour se rallier totalement la R publique apr s un combat frontal longtemps ind cis et douloureux a Synonyme de pluralisme D
25. mble l AEF et la FEF longtemps sur des lignes assez distinctes 40 Le seul p riodique actuel qui pourrait exprimer une certaine visibilit f d ratrice est Le Christianisme au XXF si cle Mais son manque structurel de moyens les incertitudes pass es concernant sa ligne et un int r t insuffisant de la part du public vang lique qui constitue la majorit de son lectorat emp chent pour l instant de jouer v ri tablement ce r le En 2003 il a cess de para tre NDLR Les vang liques en France entre parpillement et visibilit Conclusion Pour conclure on peut rappeler ces mots de Pierre Chaunu conformes la culture protestante qui a d sacralis et relativis l institution au profit de la Parole de Dieu il y a deux types d institutions celles qui marchent mal et celles qui ne marchent pas Cette boutade fait peut tre cho entre autres au th me barthien de la fuite dans la visibilit qui peut menacer les glises quand elles se confient dans une unit institutionnelle jug e rentable plut t que dans la pr di cation de la Folie de la Croix Elle signifie fonci rement que dans loptique protestante et ajoutera t on 4 fortiori si celle ci se situe dans l axe vang lique Pinstitutionnalisation la visibilit structurelle centralis e ne peut gu re tre une fin en soi D autres terrains peut tre moins valoris s m diatiquement para
26. nne sp cifiquement consacr e l dition sur le protestantisme voil qui n est pas rien en terme de visibilit D autres domaines encore pourraient tre cit s o les protestants vang li ques ne paraissent pas toujours aussi Paise que sur celui des r seaux ou de la librairie Celui de l action thique et sociale par exemple marqu e par un grand clatement en d pit des efforts r cents de l ASEV Action Sociale vang lique ou du CPDH Comit Protestant vang lique pour la Dignit Humaine ou plus encore celui des m dias avec une extraordinaire diversit de micro journaux et p riodiques vang liques sans un seul qui puisse rivaliser et d assez loin avec R forme public luth ro r form surtout M dina public musulman Samsara public bouddhiste ou L Arche et Tribune Juive public juif Tous ces terrains de visibilit n ont pas d enjeux institutionnels et sont m diatiquement moins valori s s Il n est pas s r pourtant qu ils soient les moins adapt s aux sp cificit s propres des vang liques 39 Ce Conseil National des vang liques de France CNEF n a pas encore t officiellement cr dater de juin 2002 n d l r Mais le texte labor Nogent sur Marne le 7 janvier 2002 qui d finit son futur profil peut tre consi d r comme la premi re tape du lancement de cette plate forme Ce CNEF en devenir le signe n est pas d fi nitif rasse
27. noui depuis le d but du XX si cle peut tendre une forme de lecture presque doloriste de la diversit Dans cette perspective on mettra en avant les divisions pour s en flageller plut t que sur la vari t ou l parpillement La d claration commune rendue publique il y a quelques mois regrettant les divisions et appelant l unit inter vang lique ne para t pas totalement exempte de cette perspective Avec comme corollaire une tendance spiritualiser les solutions au d triment de la r flexion Si en effet divergences et les d saccords apparaissent principalement comme des divisions n fastes contraires la volont de Dieu on se place du coup ostensiblement dans une perspective de repentance de pri re donc une perspective spirituelle avant tout Les terrains de la spiritualit et ceux de la rationalit ne s opposent certes pas ils se superposent parfois et se compl tent souvent Mais il s agit n anmoins de terrains relativement diff rents En orientant le d bat sur la diversit autour des divisions au lieu de celui de l parpillement on s engage clairement dans une perspective plus pi tiste et spiri 30 Cette d claration est le produit de la rencontre vang liser la France ensemble 2001 Elle a t publi e dans le Christianisme au XXE si cle n 781 du 13 au 19 octobre 2001 page 5 Tout en appelant se r jouir de notre diver sit en la con
28. perte d influence alors que les glises vang li ques pentec tistes et leurs ailes fondamentalistes se portent merveille les moins cum niques d entre elles tant souvent celles qui se d veloppent le plus Dean Kelley en 1972 laborait d j des conclusions tr s similaires Voil une d couverte pour le moins perturbante qui n est sans doute pas tr s ais e int grer dans certains milieux cum niques o l identification unit vang lisation rev t presque la solidit du Dogme Un coup d il sur la sc ne para t pourtant confirmer cette analyse L glise R form e de France parle beaucoup d cum nisme et d unit depuis quarante ans mais son vang lisa tion s est tr s fortement ralentie suscitant l inqui tude d un Jean Baub rot assez critique depuis le d but des ann es 1980 sur une certaine vulgate cum nique l inverse les pentec tistes qui se divisent et s parpillent ont connu le plus fort taux de conversions dans la France du XX si cle Ces ph nom nes s expli quent pour de multiples raisons On peut mentionner le co t conomique et intellectuel consid rable d un cum nisme d appareil avec ses bureaux ses permanents ses infrastructures Investissement qui du coup ne pourra tre affect l vang lisation directe Une autre raison tient dans l rosion des convic tions militantes du groupe au fil des ann es de dialogue inter confessionnel Un
29. peut faire r fl chir les glises connaissent une expansion significative dans le dernier tiers du XIX si cle dans un contexte confessionnel assez homog ne En revanche le premier quart du XX si cle marqu par des tensions interconfessionnelles vives et parfois puisantes pour certains se caract rise par la stagnation voire m me un petit recul d mographique mais d autres causes que les divisions entrent aussi en jeu 32 Seulement 11 des Danois 9 des Islandais 10 des Norv giens et 10 des Su dois fr quentent une glise au moins une fois par mois en 1990 Source Grace DAVIE Dani le HERVIEU L GER Identit s religieuses en Europe Paris La D couverte 1996 p 54 33 34 th ologie vang lique vol 2 n 1 2003 ques sont celles qui ont perdu de loin le plus de membres au XX si cle aux tats Unis tandis que celles qui n ont pas jou la carte cum nique ont presque toujours progress parfois tr s significativement Ils n h sitent pas tablir une corr lation entre cum nisme actif et perte d influence et entre anti cum nisme et vang lisation fructueuse Ils s appuient pour cela sur leurs propres constatations mais aussi sur des tudes men es au cours du XX si cle dont une tr s significative conduite dans les ann es 1920 3034 Le mainline cartel le cartel des glises tablies ou en consonance forte avec la culture globale a connu une tr s forte
30. ples illustrant la diversit du monde protestant En focalisant plus sp cifiquement sur la composante vang lique du protestantisme cette vari t frappe encore davantage Entre un baptiste fonda mentaliste favorable un culte d pouill une motion tr s canalis e un accent pouss sur la saine doctrine et un charismatique nouvelle vague qui valorise 1 Une version abr g e de ce texte pr sent lors de l assembl e g n rale de l Alliance vang lique 13 avril 2002 a t publi e dans IDEA HISTOIRE DU CHRISTIANISME CONTEMPORAIN 21 22 th ologie vang lique vol 2 n 1 2003 un culte effervescent une motion d monstrative et la validation par l exp rience quel cart Ces contrastes rendent d autant plus int ressante et peut tre p rilleuse aussi la question de la visibilit Pour un ensemble homog ne tr s insti tutionnalis cette question se pose en termes assez simples En revanche pour un ensemble plus vari peu institutionnalis la visibilit se con oit plus comme un probl me que comme une vidence cette observation g n rale s ajoute le poids essentiel du contexte D une p riode l autre l parpillement des protestants a t per u fort diff remment par les acteurs sociaux et notamment l tat Entre l aurore du XIX si cle et le d but du XXI si cle l enjeu de la visibilit ne se pose pas du tout dans les m mes termes En
31. que Alexandre VINET Essai sur la manifestation des convictions religieuses et sur la s paration de l glise et de l tat envisag e comme cons quence n cessaire et comme garantie de principe 1842 6 Pour un aper u de ces difficult s voir dans le cas baptiste S bastien FATH La politique religieuse de la Monar chie de Juillet et du Second Empire l exemple des baptistes de l Aisne BSHPE t 147 2001 3 p 475 501 7 Andr ENCREV in Dominique BARJOT Jean Pierre CHALINE et Andr ENCREV La France au XIX si cle 1814 1914 Paris PUF 1997 2 d p 235 8 Mich le SACQUIN Entre Bossuet et Maurras L antiprotestantisme en France de 1814 1870 th se de doctorat d his toire Universit de Caen 1997 3 vol volume 1 p 128 Un tel diagnostic pour le d but du XIX si cle pourrait tre invers les protestants esp raient aussi bien qu beaucoup plus long terme et sans l aide du bras s culier la mort du catholicisme La s v rit de ce clivage deux si cles de distance donne la mesure de l immense parcours de rapprochement et de compr hension mutuelle effectu depuis 23 24 th ologie vang lique vol 2 n 1 2003 groupes il est vrai ne manquent pas suscitant la perplexit des diles locaux Les archives du Minist re des Cultes abondent en circulaires d information en demandes d claircissements et notes de synth ses qui visent toutes au m
32. rit est peu lisible particuli rement par des r gimes politiques qui valorisent beaucoup l autorit ce qui tait le cas de la France des deux premiers tiers du XIX si cle D o une inqui tude permanente qui transpire jusqu aux lendemains du Second Empire comment faire confiance des vang liques qui n aiment pas l autorit institutionnelle Dans un courrier de 1854 voquant les diverses affaires d vang lisation protestante r prim es par l tat Haute Vienne Sarthe Rh ne baptistes de l Aisne le Ministre de la Justice r sume cette inqui tude Je saisis la nouvelle occasion qui se pr sente Monsieur et cher coll gue de vous signaler les dangers de ce pros lytisme sans garanties qui ob issant une impulsion trang re venue de Gen ve peut cacher dans des dehors religieux des associations d magogiques ou qui ne reconnaissant pas en religion le principe d autorit ne doit certainement pas tre dispos es le respecter dans l ordre politique Ce courrier particuli rement significatif tablit le lien avec un troisi me registre de pr occupation tatique l parpillement vang lique en assembl es locales est non seulement illisible r tif l autorit institu e mais en plus et on peut le voir comme une cons quence il est facteur de s dition c Facteur de s dition potentielle Les instituteurs cosmopolites 4 qui vang lisent la Haute Vienne les pr dic
33. roduite Nul ne s tonnera si cette convergence autour de la valorisation de la responsabilit individuelle se traduit alors par plusieurs mandats lectifs de protestants vang liques Edmond de Pressens bien s r s nateur de 1883 1891 mais aussi Jean Phil ma Lemaire d put juste avant 1914 et plusieurs maires de villages ou petites villes comme les baptistes Silas Goulet Li vin Pas de Calais ou Jules Collobert en Bretagne premier maire protestant de sa province 2 Mais apr s quelques d cennies de fonctionnement r publicain et le rallie ment massif et d finitif des catholiques la R publique la perception tatique de la diversit vang lique s est nouveau modifi e Le basculement s est op r peu pr s au milieu du XX si cle La publication du premier ouvrage de Jean S guy sur les sectes protestantes 1956 pr c d e de deux ans par l ouvrage du p re 22 Il n est pas s r que proportionnellement la France du d but du XXI si cle compte autant de maires protestants vang liques qu au d but du Xx si cle Si la proportion restait la m me ratio maire vang lique population vang lique totale on devrait compter aujourd hui une quarantaine de maires dans les rangs vang liques Est ce le cas 23 Jean S GUY Les sectes protestantes dans la France contemporaine Paris Beauchesne 1956 Cet ouvrage beaucoup moins pol mique que celui de
34. sid rant comme une marque de la richesse de la gr ce de Dieu la d claration insiste sur les divisions criantes demandant pardon pour les m sententes et pour le fait de s tre satisfait d une unit th orique invi sible alors que le Seigneur a dit Qu ils soient un pour que le monde croie que tu m as envoy Les vang liques en France entre parpillement et visibilit tuelle qu une perspective de r flexion sur les enjeux organisationnels et p dagogi ques de l parpillement vang lique Apr s tout cette ligne pi tiste est classiquement importante au sein du monde vang lique si bien qu il n y a pas s tonner que ce soit sous sa banni re que se d cline le th me diversit division On peut cependant s interroger sur l impact d une telle d marche ad extra Il n est pas s r que la soci t globale comprenne dans un tel discours les sp cificit s r elles de la diversit vang lique Du point de vue socio historique la diversit s explique la fois par la culture protestante mais aussi par l impact du congr ga tionalisme autonomie des assembl es locales et par une culture de l entreprena riat et de l innovation particuli rement aigu chez les vang liques qui ont g n r pour le meilleur et le pire un formidable parpillement protestant struc tur par de multiples r seaux Les divisions jouent elles aussi leur r le de toute vidence ma
35. tion dans la mani re dont l tat per oit l parpillement vang lique Apr s 1950 le combat des deux France est depuis longtemps gagn par le mouvement r publicain L glise institution ne constitue plus une menace potentielle et appara t m me au contraire comme un g n rateur de lien social l heure o la modernit d senchant e le ch mage croissant l clatement des familles para t fragiliser quelque peu la coh sion nationale L autorit centralis e de l glise catholique mais aussi celle des glises minoritaires mais institutionnelles comme l glise R form e de France par exemple se trouvent du coup fortement revaloris es a Le contexte anxiog ne d une pluralisation sans pr c dent Ce glissement se double d une pluralisation croissante du paysage religieux fran ais qui laisse maints observateurs en panne d analyse On avait cru durant les ann es 1950 1970 que le religieux tait vou un d clin d finitif dans les soci t s s cularis es et voil qu il semble se maintenir voire revenir en force Le ph nom ne des dites sectes tr s m diatis participe largement de ce d sarroi d une partie du corps social face une pluralisation religieuse que la g n ration 24 Henri Charles CHERY Loffensive des sectes Paris Cerf 1954 25 Henri Charles CHERY L offensive des sectes Paris Cerf 1959 3e d p 25 et 27 29 30 th ologie
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