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1. Indexation et organisation de la connaissance La r gulation des d cisions sur un forum de discussion Christophe Lejeune Aspirant FNRS Boulevard du Rectorat 7 B timent B31 bo te 47 B4000 Li ge Christophe Lejeune ulg ac be R SUM L article pr sente les probl mes rencontr s par une quipe d indexeurs organis s en r seau et coordonnant ses activit s par forums de discussion L auteur tente de suivre la r solution des probl mes de codage qui se posent cette quipe L indexation en train de se faire soul ve la question de la repr sentation la fois sociale cognitive politique et quantitative et am ne les acteurs composer des r seaux d associations entre sources d information mots cl s bases de donn es et indexeurs La volont de collaborer et de communiquer plusieurs les contraint se coordonner et s accorder les discussions donnant voir des formes diverses et non stabilis es de mont es vers l accord ABSTRACT This article presents the problems lived by a team of indexers organized in network that coordinates its activities by using discussion forum The author aim to follow the coding problem solving that occurs in this project The ongoing achievement of indexation raises up the question of the social cognitive political and quantitative representation and leads actors to compose associations networks between sources of information keywords databases and indexers The willin2. appareillage d cisionnel son incorporation dans des outils ainsi que les processus d ajustement dont le forum est le th tre 1 Moteur ou annuaire La plupart du temps les usagers d Internet les internautes interrogent un annuaire ou un moteur de recherche afin de trouver l information qu ils cherchent La distinction entre annuaire et moteur est analytique car actuellement les deux types d outils se combinent et fusionnent le contenu de leurs bases de donn es Dans les deux cas en effet on a affaire des bases de donn es compos es d adresses de sites Internet Les usagers soumettent leurs requ tes sur un site Internet qui donne acc s ces bases ces requ tes interrogent des archives d j constitu es et ne d clenchent jamais de recherche directe sur la toile Le r sultat de la recherche d information refl te donc la qualit de la base de donn es plus que la pr sence effective de l information sur Internet Cette premi re partie pr sente les diff rences entre les moteurs de recherche et les annuaires leurs raisons d tre et leurs cons quences 1 1 Diff rence de construction Les annuaires comme Yahoo se distinguent tout d abord des moteurs de recherche comme Altavista par la fa on dont ils sont Indexation et organisation de la connaissance 3 construits dans le premier cas l indexation se fait la main dans le second elle est assur e par un automate un robot qui parcourt la toile et qui
3. imm diatet de sa prise en main de sa convivialit et de sa coh rence que seule la coordination de la communaut peut assurer Afin de r guler ces d lib rations plusieurs dispositifs coexistent selon les cas discussions vote r f rence au r glement consultation des pairs et recours l institution 3 1 Laccord et la discussion Lors de la discussion plusieurs points de vue s affrontent Le perspectivisme appr hende cette expression de la divergence comme autant de mani res d envisager la question soulev e il faudrait donc d composer le probl me en autant de solutions que s expriment de points de vue Selon cette conception chacune des visions du monde qui se pr sentent serait irr ductible aux autres Cette incommensurabilit des perspectives ne permet cependant pas de comprendre la dynamique de l accord sauf r duire la discussion un jeu subtil d influences de s ductions ou de persuasions La construction qui m ne l accord passe par des inflexions des conversions des alliances et des consensus que l on peut expliquer par le nombre et le poids des actants align s par les acteurs dans l expos de leur point de vue Ces actants sont de nature multiple adresses de sites avis d indexeurs usages et usagers conventions existantes et mergentes L accord est l enjeu et la vis e de la discussion Mais il lui arrive galement d tre un argument J ai en effet observ plusieur
4. quantitative de l annuaire face aux moteurs par le volontariat qui lui garantit la contribution d un nombre consid rable d acteurs sans tre frein e par le co t des salaires Le nombre d indexeurs garantit la vitalit de l annuaire la croissance et les mutations du r seau sont suivies quotidiennement En outre l exigence d une expertise sp cifique minimale pour entrer dans le projet constitue un filtre passe haut et garantit en principe un travail d indexation pertinent Cette entreprise fragilise l opposition voqu e ci dessus de la qualit des annuaires la quantit des moteurs de recherche puisque le nombre de sites index s est tel que le r pertoire concurrence les moteurs non seulement sur son aspect qualitatif mais galement sur le terrain du quantitatif Le volontariat et l expertise des r f renceurs impliquent presque m caniquement qu ils soient des passionn s du sujet dont ils s occupent Ce fonctionnement exclut une motivation bas e sur l int r t conomique comme l ont montr Boltanski et Chiapello 1999 42 aucun incitant du monde de l emploi ne peut g n rer un tel d vouement la t che Ce volontariat va de pair avec une libert de choix du moment du lieu et de la quantit de travail que l acteur fournit Cette libert n est pas une contrainte pour le projet l quipe travaille distance et de mani re distribu e en anglais on parle de CSCW La vari t des indexeurs
5. une cat gorie de niveau sup rieur peut tre v cue par le r f renceur comme une intrusion dans son travail ou comme l exercice d un abus de pouvoir qui rend son sentiment de frustration plus fort Enfin la communication permet d viter le d veloppement de deux rubriques au m me contenu dans deux branches du r pertoire et offrent ainsi la possibilit certains r f renceurs de conjuguer leurs efforts L expos du probl me sur le forum la demande d explication l appel l aide ou constat permettent ainsi d enrayer des logiques destructrices en mat riel en temps en travail et en personnes Outre ces exigences n gatives la n cessit de communication et de d bat public est rendue patente par ses vertus d singularisantes qui permettent d affirmer un sentiment communautaire et de contribuer ainsi l implication des membres De mani re similaire les forums aident l quipe s approcher de son objectif de conception d un outil pratique l usage Lors des processus de d cisions l usager est toujours sc naris le principal crit re d valuation des propositions de cr ation de Indexation et organisation de la connaissance 11 bapt me d organisation de d placement ou de hi rarchisation des rubriques est le rapprochement leur apport intuitif pour l usager Les nombreuses discussions sur ce th me appuient et instrumentent donc l importance de la d particularisation de l outil de l
6. d information contrairement au forum 3 Vinck 1991 Jenny 1997 4 Il s agit du programme de sociologie pragmatique exp rimentale et r flexive sur ordinateur Prosp ro Pour une pr sentation voir Chateauraynaud et Torny 1999 429 451 5 Latour 1994 605 6 Les cahiers du num rique qui est un m dia de communication active Les points suivants d taillent les sp cificit s de ce format qui s est impos aux acteurs comme le plus adapt 2 1 Nombre d intervenants Le forum est un lieu de communication plusieurs La singularit des interactions qui s y d roulent tient la fois la circulation de l information et au nombre des participants A la diff rence d un site Internet d un document ou d une liste de diffusion qui propage de l information dans un seul sens la communication s y d roule de mani re plurilat rale l information est partag e chang e et propag e par tous En outre ces interactions ne sont pas dyadiques elles engagent des participants dont le nombre est ind termin et virtuellement infini puisque les archives du forum restent disponibles et qu tout moment de nouveaux intervenants jusque l rest s silencieux peuvent intervenir et donner leur avis Cette publicit des d bats garantit pr cis ment l efficacit de la coordination 2 2 Temps Les changes ne s accomplissent jamais dans un espace temps commun aux participants m me lorsqu il ne s cou
7. de cet hiatus spatial est la non co pr sence des intervenants comme beaucoup d analystes l ont soulev l absence de corps souligne encore la sp cificit de leurs changes Dans les interactions face face ou au t l phone les acteurs communiquent non seulement via le contenu de leurs dires mais galement gr ce des indicateurs que je qualifierais par commodit d extra linguistiques Ces indicateurs sont constitutifs de la conversation Ils regroupent les intonations insistances rythmes pauses volumes sonores postures regards fixes ou fuyants tensions corporelles respirations h sitations expressions plissements des l vres froncements de sourcils soupirs clins d il et prosodie La diff rence ne correspond pas simplement un passage de l oral l crit En effet si l on transcrivait simplement par crit le contenu d un change en pr sence similaire ceux qui s accomplissent sur les forums supposer qu un tel change puisse exister ailleurs que sur un forum cela vacuerait ces indicateurs extra linguistiques Or les acteurs ne passent pas par de telles r ductions on peut faire confiance leur ing niosit la r duction propre au canal qui ne laisse de place qu l crit modifie plus qu elle ne r duit les possibilit s et modes de communication Le ton le volume le rythme et la prosodie trouvent leur quivalent dans des rempla ants de mises en forme alors que les dif
8. e elle ne pr tend pas leur finesse mais plut t une sommation leur faisant d faut Cette posture prolonge donc le projet d int gration des niveaux micro et macrosociaux de l analyse sociologique Je m attarde tout d abord sur le choix du moyen de coordination de la communaut Ce choix n est pas fortuit La dispersion g ographique impose la voie informatique Mais plusieurs moyens de communication y coexistent La coordination aurait pu s effectuer par liste de discussion ou courrier lectronique S il est utilis par les membres de la communaut le courrier lectronique n est pas le format principal car il ne correspond pas l exigence de publicit des d bats La liste regroupe des membres recevant r guli rement les questions de leurs pairs via leur messagerie ils participent alors la discussion donnent leur avis r pondent ces messages ou gardent le silence La situation qui nous int resse est organis e diff remment puisque les indexeurs participent un forum de discussion qui consiste en un site Internet sur lequel chaque membre peut poster sa contribution La diff rence r side dans le fait que l acteur se rend sur le forum pour voir ce qui s y d roule et ventuellement participer contrairement au cas de la liste o les v nements viennent frapper sa porte ce qui co d finit bien le format du forum et la participation volontaire de ses membres La liste est un m dia de diffusion et
9. es seules critiques des r gles portent sur cette incompl tude Cette non cristallisation des questions qui ne font pas l unanimit absolue laisse ouverte la possibilit d une discussion sans cesse recommenc e Elle remplit par cons quent elle aussi une fonction de r gulation sociale en vitant le blocage de la dynamique de n gociation pr sidant l organisation de l quipe 3 4 R gulation par les pairs Un dernier moyen de r gulation s illustre dans la fa on dont sont appliqu es les conventions d indexation de la communaut Les 16 Boltanski et Th venot 1991 169 275 Indexation et organisation de la connaissance 15 indexeurs au statut particulier voqu dans les lignes pr c dentes sont tr s peu nombreux et n interviennent donc qu en dernier recours Au quotidien il n existe pas de policiers de la cat gorisation Chacun surveille son voisin sur un mode proche de la r gulation Cette r gulation est particuli rement saillante dans notre mat riel d enqu te puisqu un forum de discussion est typiquement un lieu de consultation et d change d avis De nombreuses expressions figures ou formules voquent le mode de la consultation demande et expression d avis de propositions de suggestions et d opinions Cela se manifeste galement par le recours aux verbes d opinion ou d attitude ou encore par les modalisations Nombreuses sont les formules comme peut tre pourrions nous essayer
10. f rentes formes d expression sont traduites par d ing nieuses combinaisons typographiques comme les smileys 8 Le lecteur int ress consultera une application de l analyse conversationnelle au courrier lectronique Mondada 1999 7 la liste de discussion Mondada 1999 9 et au chat Hutchby 2001 183 9 Flichy 2001 184 et 199 rapporte l usage de cet argument chez plusieurs futurologues am ricains 10 Pour Auray 2001 182 l effacement de ces signaux mimogestuels participe la d sinhibition des interactions 11 Dans son tude de l Internet Relay Chat IRC Werry 1996 57 61 rend compte du m me type de combinaisons typographiques 8 Les cahiers du num rique 2 4 Pr cautions Ces strat gies graphiques pallient comme je l ai mentionn le risque de perte d information li e l absence de perception directe de l autre La diff rence avec une interaction verbale va n anmoins plus loin Dans un change verbal les caract res extra linguistiques sont continuellement observables et la r action chaque mot de la phrase en temps r el renseigne sur l humeur la compr hension et l implication du vis vis dans l interaction Cette disponibilit permet l adaptation et l ajustement continu de chacun l autre au cours de l change Sur les forums l interaction est toujours diff r e Cette impossibilit d emprise directe sur la r ception de leur contribution am ne plusieur
11. ff rence de qualit D autres diff rences d coulent de ces premi res caract ristiques Bourdoncle 1997 36 pingle par exemple que les bases de donn es construites par les moteurs sont plus compl tes au sens o elles contiennent plus d adresses alors que les annuaires sont structur s et organis s de mani re intuitive Cet avantage qualitatif des annuaires tient au fait que les indexeurs partagent leur humanit ainsi que dans une certaine mesure une certaine 1 Les concepteurs de ces r pertoires sont conscients des limitations qu ils imposent au parcours de l usager partant de rubriques tr s g n rales le sens commun se base en effet de pr f rence sur un niveau d abstraction interm diaire comme le confirment les recherches en psychologie cognitive Rosch 1978 31 4 Les cahiers du num rique culture avec les internautes qui consultent le r pertoire En outre les rubriques sont confi es des r f renceurs sp cialis s dans cette mati re Cette configuration garantit galement la qualit de l information et de sa mise jour Le cas de l annuaire dont l enti ret du processus d encodage est soumise l intervention humaine a particuli rement retenu mon attention Cet article se focalise pr cis ment sur le travail de construction d un annuaire par une quipe d indexeurs Les lignes suivantes en pr sentent le mode de fonctionnement Tout d abord cette quipe contre la faiblesse
12. g to collaborate and to communicate constraints them to coordinate and find agreement discussions show the diverse and unstable forms of agreement processes MOTS CL S indexation annuaire moteur de recherche travail collaboratif processus de d cision KEYWORDS indexation directory search engine CSCW decision process 2 Les cahiers du num rique Nombre d acteurs insistent aujourd hui sur l importance d Internet comme vecteur de communication d information ou de formation Cependant comme toutes les techniques la force de la toile d pend des usages qui en sont faits L acc s ces ressources est g n ralement m diatis par des outils de recherche et d organisation de l information Ces outils sont donc des interm diaires non n gligeables Ce constat a motiv la r alisation de cette tude qui concerne le c ur de l laboration de la mise en place et de la maintenance collective d un de ces outils d indexation et de cartographie du r seau des r seaux L laboration de ces interm diaires suppose en effet une s rie de d cisions qui conditionnent terme leur produit final c est dire la base de donn es que consulte l usager La premi re partie de ce texte pr sente et compare les moteurs de recherche et les annuaires Elle est suivie d une description du mode de coordination collective s lectionn par l quipe tudi e savoir le forum de discussion La troisi me partie pr sente enfin l
13. indexe toutes les adresses rencontr es de mani re automatique Le travail d laboration des premiers est donc fastidieux et prend du temps La base d un annuaire est un r pertoire d adresses de sites accompagn es d un commentaire d crivant le contenu Cette base est organis e de mani re th matique Dans le cas du moteur les sites sont associ s une s rie de mots cl s g n r s par un algorithme 1 2 Diff rence d utilisation Une seconde distinction se situe au niveau de l utilisation Dans le cas des annuaires les usagers recherchent l information dont ils ont besoin dans une arborescence de cat gories de la m me mani re que l on recherche un num ro de t l phone dans un r pertoire comme Les Pages Jaunes une s rie de rubriques est propos e qui permet d acc der facilement l information dans une logique hi rarchique selon laquelle des rubriques g n rales chapeautent et regroupent des rubriques plus sp cifiques Dans le cas des moteurs de recherche les utilisateurs soumettent des mots cl s ou leurs questions en langage naturel gr ce une fen tre de saisie Contrairement aux annuaires dont le contenu se pr sente sous une forme arborescente les moteurs de recherche ne pr sentent aucune organisation pr alable puisque leur contenu est stock dans une base qui n est accessible qu indirectement selon ses besoins et les r sultats qu il obtient l usager sp cifie ou largit sa requ te 1 3 Di
14. ion calomnie En droit il est toujours possible m me si c est rare et difficile que les normes soient remises en cause et parfois m me r vis es Elles ont n anmoins un statut de lois que la communaut veille faire suivre Ces r gles contraignantes constituent d s lors un moyen de r gulation de la discussion sur les forums Plus qu une r gulation elles se constituent en point d arr t Les r f renceurs ne contestent en effet pratiquement jamais le point fixe pos par cette constitution Cette position est notable dans un environnement o tout est labile et volatile et o la contestation est une activit non seulement partag e mais encourag e Le n cessaire passage par un bouton d acceptation l entr e dans le groupe constitue sans doute un moment important qui engage l individu conjointement dans son adh sion au r glement dans son statut de membre du groupe et dans sa t che de r f renceur Ceci explique que le d bat soit impossible ou tr s difficile lorsqu il s attaque au r glement ce qui limite les modalit s de la discussion la dispute ne pouvant porter sur les r gles elles m mes mais uniquement sur leurs applications elle autorise le litige mais proscrit le diff rend N anmoins la port e de cet interdit est fonction de l envergure des normes Or pr cis ment de nombreuses r gles conventionnelles sont jurisprudentielles et n appartiennent d s lors pas au r glement officiel L
15. le que quelques secondes entre les tours les acteurs sont en situation de duplex ce qui suppose un hiatus temporel et spatial Sur les forums l interaction est toujours diff r e car les acteurs n interviennent jamais en m me temps et ce comme je l ai d j mentionn m me s ils r pondent dans la minute Contrairement aux conversations face face ou t l phoniques les acteurs n interagissent pas dans une synchronie stricte Ceci n exclut n anmoins pas la possibilit de chevauchements comme l envoi simultan d une m me r ponse par deux personnes par exemple m me si les contraintes techniques du forum tendent en diminuer le nombre En outre la succession temporelle des messages s articule leur organisation s quentielle non seulement plusieurs messages r pondent parfois la m me question mais ces r ponses 6 Le concept interactionnel de co d finition est notamment d velopp par Hester 1994 234 7 Goffman 1991 212 fait une observation similaire concernant le t l phone Indexation et organisation de la connaissance 7 apparaissent selon des temporalit s diff rentes Il arrive en outre qu un intervenant rappelle cite ou r interpr te le contenu d un message ventuellement tr s ancien et en r active l actualit 2 3 Espace La communication des forums se caract rise galement par le fait que ses protagonistes ne prennent pas place dans un espace commun Le corollaire
16. linguistique g n rale 1 Paris Gallimard Boltanski Luc Chiapello Eve 1999 Le nouvel esprit du capitalisme Paris Gallimard Boltanski Luc Th venot Laurent 1991 De la justification Les conomies de la grandeur Paris Gallimard Boullier Dominique 1999 L urbanit num rique Essai sur la troisi me ville en 2100 Paris L Harmattan 24 Foucault 1975 249 Indexation et organisation de la connaissance 17 Bourdoncle Fran ois 1997 LiveTopics Recherche Visuelle d Information sur l Internet La documentation fran aise Dossiers de l audiovisuel 74 p 36 38 Cervoni Jean 1987 L nonciation Paris PUF Champailler Stefan 2002 Jeux vid o et joueurs Anthropologie de la soci t digitale 2 para tre Chateauraynaud Francis et Torny Didier 1999 Les sombres pr curseurs Une sociologie pragmatique de l alerte et du risque Paris EHESS Dendale Patrick 2001 Les probl mes linguistiques du conditionnel en fran ais Recherches linguistiques 25 p 7 18 Doise Willem 1993 Logiques sociales dans le raisonnement Paris Delachaux et Niestl Dubois Jean Giacomo Math e Guespin Louis Marcellesi Christiane Marcellesi Jean Baptiste et M vel Jean Pierre 1994 Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage Paris Larousse Ducrot Oswald 1972 Dire et ne pas dire Principes de s mantique linguistique Paris Herman Flichy Patrice 2001 L imaginaire d Inte
17. lle le vote serait incompatible avec l esprit d Internet Ma description montre le caract re abusif de telles conclusions Indexation et organisation de la connaissance 13 n gligeant la description de sp cificit s du type de celles d peintes ci dessus 3 3 Le r glement L entr e dans la communaut est soumise l adh sion un r glement d ordre interne suite sa candidature l indexeur en re oit une copie par mail Son inscription n est effective que lorsqu il l accepte en actionnant un bouton Ce bouton constitue en quelque sorte la signature lectronique qui marque son accord Il est loin d tre s r que le r f renceur prenne connaissance de ce document assez long lors de ce premier contact Ses interactions avec les autres membres l y confrontent cependant tr s vite car ces derniers y font r guli rement r f rence Cette r glementation r git l indexation et l organisation du r pertoire comme de l quipe n cessit des d bats conventions d inscriptions des adresses de sites Internet droits et devoirs du r f renceur et de la communaut l un envers l autre Des normes de natures diverses s y entrem lent l image du quotidien des indexeurs combinant vie communautaire partage de savoir faire consultation surveillance et standardisation des inscriptions Comme toutes les conventions le r glement provient d une incorporation de pratiques il r sulte donc autant d une hi
18. mbre de participants 3 Les modes de r gulation Dans la partie pr c dente j ai d crit combien les sp cificit s des interactions sur un forum de discussion plurilat rales publiques asynchrones et non co pr sentes d finissent ce format sp cifique comme irr ductible un autre moyen de communication Cette troisi me partie tudie les dispositifs dont cet espace est le th tre dispositifs qui r gulent le fonctionnement et les d cisions propres l organisation du projet pr sent dans la premi re partie de cet article Si comme on l a vu ci dessus les indexeurs ne sont pas co pr sents ils n en sont pas pour autant isol s Il existe en effet une exigence de coop ration afin que les op rations d indexations soient co ordonn es Notifi e aux membres d s leur arriv e dans le projet cette exigence de coop ration tire sa raison d tre de pr occupations de protection de l ouvrage collectif de coh sion du groupe et d efficacit du travail Il faut pour commencer pr venir les risques de destruction de la base de donn es li s aux probl mes de communication entre indexeurs Ces derniers se pr sentent dans diff rents cas Tout d abord la prise en charge par plusieurs r f renceurs d une m me rubrique fr quente et m me n cessaire vu la taille de certaines d entre elles peut tre le cadre de pratiques 13 Werry 1996 52 d crit un usage similaire sur le chat 10 Les cahiers d
19. n intervient pas Si le comportement sur forum ne s adapte pas cette possibilit cela peut tre source d incompr hension ou de manipulation Les usages de smileys et de pond rations r p t es t moignent cependant de leur prise en compte effective 12 Turkle 1997 183 d crit un ph nom ne comparable dans son tude des jeux multi joueurs MUD que Champailler 2002 rapproche des chats et des forums de discussion Indexation et organisation de la connaissance 9 Les qualifications des forums de discussion expos es ci dessus doivent tre comprises de mani re relative Tout d abord un format ne peut tre qualifi de mani re absolue et d finitive ind pendamment des usages La dimension plurilat rale dont j ai dit qu elle caract rise les forums est rendue probl matique lorsqu un intervenant commence son message par le pseudonyme d un membre de la communaut manifestant qu il s adresse une personne en particulier cet usage n est pas typique du forum il n en est pas moins courant Les diff rences entre les formats sont galement relatives en ce qu elles ne se traduisent videmment pas en tout ou rien mais se distribuent sur un continuum Les forums sont plus asynchrones que la conversation mais le sont moins que le courrier lectronique C est de cette logique que proc de la description de Yates 2001 97 de ces diff rents formats r partis sur deux axes orthogonaux la synchronie et le no
20. nversationnelle de l interaction sur Internet Apprentissage des langues et syst mes d information et de communication Vol 2 n 1 p 3 25 Rosch Eleanor 1978 Principles of Categorization Rosch Lloyd 1978 p 27 48 Rosch Eleanor Lloyd B 1978 Cognition and Categorization New York Erlbaum Turkle Sherry 1997 Life on the screen Identity in the Age of the Internet New York Phoenix Vinck Dominique sous la coordination de 1991 Gestion de la recherche Nouveaux probl mes nouveaux outils Paris Armand Colin Werry Christopher 1996 Linguistic and interactionnal features of Internet Relay Chat Herring 1996 p 47 63 Wetherell Margaret Taylor Stephanie Yates Simeon 2001 Discourse as Data Guide for Analysis London The Open University Yates Simeon 1996 Oral and Written Linguistic Aspects of Computer Conferencing A Corpus Based Study Herring 1996 p 29 46 Yates Simeon 2001 Researching Internet Interaction Sociolinguistics and Corpus Analysis Wetherell Taylor Yates 2001 p 93 146
21. pr sente n anmoins un risque d parpillement et d incoh rence du r pertoire L quipe s est donc dot e d un espace de coordination qui consiste en un lieu privil gi de rencontre et de communication de ces personnes qui malgr leur activit commune d indexation s ignoreraient sinon La contrainte permettant de pr munir l annuaire contre l miettement r side donc dans l obligation de d bat pr paratoire toute modification 2 C est ce que montrent Beauvois et Joule 1987 83 et Doise 1993 Indexation et organisation de la connaissance 5 2 Communaut et forums de discussion La pr sentation dans la premi re partie de l organisation de l quipe tudi e m am ne discuter les sp cificit s de son espace de coordination savoir les forums de discussion Il importe d expliciter les r gles propres ce mode de communication ses originalit s et ses reprises Cette deuxi me partie rend compte de l observation de ces sp cificit s en les rapprochant d autres formats de communication tant traditionnels que num riques Ces r sultats proviennent notamment d une analyse quali quantitative des discussions qui en compl te l observation participante La m thode employ e s inscrit dans un postulat de prise sur l empirique t N anmoins bien qu elle s inspire partiellement d approches micrologiques comme les d veloppements de l analyse conversationnelle ou de la pragmatique linguistiqu
22. qui cumulent les valeurs modales d un adverbe d un auxiliaire de mode du conditionnel et de la question Si le recours ces formulations est fonction de l anciennet des intervenants et du degr d avancement de la discussion j ai n anmoins remarqu que leur nombre global ainsi que leur accumulation dans un m me nonc est notablement plus lev dans les forums que dans les autres moyens de communications Ces marques de l implication de l intervenant dans ses propositions indiquent que l expression se pr sente donc comme personnelle et subjective comme une possibilit mais rarement comme une affirmation d finitive Outre ces expressions manifestes de la consultation les r f renceurs pratiquent une veille continue sur leurs coll gues Les activit s de chacun sont en effet consign es dans un fichier consultable par tout membre de la communaut S il est difficile de diagnostiquer la fr quence du recours ces informations leur simple existence d termine le comportement de chacun puisque 17 Houba 2002 d crit ce ph nom ne de surveillance des pairs P2P travers une d territorialisation de McKinlay et Starkey 1997 18 Benveniste 1966 264 19 Cervoni 1987 75 76 20 Dendale 2001 14 et plus particuli rement Abouda 2001 286 21 Yates 1996 43 identifie galement le nombre d auxiliaires de mode comme une sp cificit lexicom trique de la vari t linguistique employ e
23. ract ristiques fondatrices le secret Pour r aliser ce type de sondage les participants d battent tout d abord du probl me et des diff rentes options possibles une fois leur formulation et leur nombre arr t s le sondage peut tre lanc Ce mode de r gulation ne se substitue donc pas au d bat mais le compl te la discussion pr alable lui est n cessaire Lorsque les participants tombent d accord sur les modalit s de l enqu te elle est impl ment e gr ce une interface pr existante simple La question est suivie d une s rie de r ponses exclusives pr c d es d une case cocher Les r f renceurs cochent la case gauche de l option laquelle ils adh rent et confirment leur vote par un bouton Les contraintes de cette seconde fa on d organiser le vote sont l anonymat l unicit du vote et l impossibilit pour un participant de changer d avis La r ussite de ce mode de d cision bas e sur une r gle strictement quantitative d pend cependant de la correspondance d une personne et d un seul pseudonyme Dans le cas contraire l preuve serait fauss e par la possibilit de voter plusieurs fois La r gulation est donc ici largement tributaire du co t qu affecte l obtention d un pseudonyme puisque l entr e dans la communaut n cessite de faire ses preuves Il faut donc relativiser la conclusion g n rale de certains analystes d Internet rapport e par Flichy 2001 202 selon laque
24. rnet Paris La D couverte Foucault Michel 1975 Surveiller et punir Naissance de la prison Paris Gallimard Goffman Erving 1991 Les cadres de l exp rience Paris Minuit Gousseva Julia 1998 An experience in cyberspace communication listserv interaction in a freshman composition class Linguistik online 1 1 Herring Susan Edited by 1996 Computer Mediated Communication Linguistic Social and Cross Cultural Perspectives Amsterdam John Benjamins Hester Stephen 1994 Les cat gories en contexte Raisons Pratiques 5 p 219 242 Houba Pascal 2002 La communaut man uvr e Multitudes soumis pour publication Hutchby Ian 2001 Conversation and technology From the Telephone to the Internet Cambridge Polity Jenny Jacques 1997 lt M thodes et pratiques formalis es d analyse de contenu et de discours dans la recherche sociologique fran aise contemporaine Etat des lieux et essai de classification gt Bulletin de M thodologie Sociologique 54 p 64 112 Latour Bruno 1994 Une sociologie sans objet Remarques sur l interobjectivit Sociologie du Travail 4 p 587 608 18 Les cahiers du num rique McKinlay Alan Starkey Ken editors 1997 Foucault management and organization theory from panopticon to technologies of self London Sage Publications Mondada Lorenza 1999 Formes de s quentialit dans les courriels et les forums de discussion Une approche co
25. s acteurs mettre en oeuvre des pr cautions r p t es visant anticiper et parfois contrer les inf rences que les destinataires pourraient faire partir du message diffus sur le forum Il faudrait dire plut t comme l affirme Ducrot 1972 15 propos des man uvres stylistiques que le locuteur au moment o il envisage la possibilit d une certaine parole se repr sente en m me temps vu son exp rience linguistique les conclusions que l auditeur en tirera Ces pond rations sont donc motiv es la fois par deux aspects voqu s ci dessus d une part la publicit de la discussion par rapport laquelle elles tentent de ne heurter personne et de pr venir tout malentendu ou disputes et d autre part son organisation s quentielle parfois complexe qu elles tentent de baliser Le corollaire de cette adaptation discr te est l impossibilit de r actions spontan es incontr l es comme le rire l tonnement ou la col re Cela signifie que les r actions de l intervenant ne sont jamais disponibles son insu et qu il peut d cider de les communiquer ou non dans un message De la m diation par le clavier d ordinateur r sultent une d sincarnation et un anonymat partiel offrant d une part une rupture rassurante qui facilite les rencontres et d autre part une possibilit de modifier pond rer ou effacer ses r actions selon que l acteur exprime une fausse joie minimise son tonnement ou
26. s reprises combien certains acteurs tiennent fermement pour indiscutable qu ils sont d accord et ce ind pendamment du contenu des arguments qu ils avancent C est que l accord est un actant puissant un op rateur de traduction qui d s lors qu il est nonc a le triple pouvoir d aligner deux r seaux d arguments de r aliser bien plus que sa propri t linguistique d acte de langage performatif et par cons quent de rendre possible une nouvelle alliance profitant ses protagonistes 14 Beauvois et Joule 1987 203 12 Les cahiers du num rique 3 2 Vote Un deuxi me mode de coordination appara t particuli rement lorsque se fait ressentir le besoin de clore une discussion ce besoin est constitutif de ces forums puisque les intervenants poursuivent des fins minemment pratiques La prise de d cision se fait r guli rement selon la forme du vote Le vote se manifeste de deux fa ons On le voit par exemple appara tre dans le corps de certaines discussions Chacun met d s lors son avis dans un message et le point est fait apr s une p riode d termin e l avance Dans le cas des d cisions portant sur des modifications importantes un r f renceur envoie un courrier lectronique l ensemble de la communaut pour notifier aux autres l existence du d bat en cours et les inviter donner leur avis On trouve galement une impl mentation plus technique du vote qui en conserve l une de ses ca
27. stoire qu il participe la forger Si comme toutes les mati res qui concernent la communaut ces r gles de conduite sont labor es et r dig es collectivement elles ne peuvent s imposer qu apr s l arr t du d bat Ce dernier est assur par leur cristallisation dans la fixation du r glement qui s impose d s lors tous Ce document vacue les circonstances pour ne laisser que les r gles Sa version officielle est r dig e par des r f renceurs qui d tiennent un pouvoir et un statut que n ont pas les autres ceux ci s occupent des cat gories de plus haut niveau ils d cident de l acceptation des candidatures des nouveaux indexeurs r digent les documents officiels et arr tent certaines controverses par la fixation du r glement ou l arbitrage de cas litigieux Ce faisant ils garantissent la stabilit du projet Leur intervention est rare et concerne la m diation entre r f renceurs dont le d saccord d grade la discussion au point de 15 Akrich et Boullier 1991 115 14 Les cahiers du num rique la rendre si conflictuelle que la communication y est difficile sinon impossible La sanction ultime proc de du renvoi d un membre de la communaut Ces renvois sont rares et concernent uniquement le refus de communiquer doubl d une violation caract ris e du r glement soit le sabotage pur et simple de la rubrique dont il a la charge soit l agression d un autre r f renceur injure diffamat
28. sur les forums 22 Dubois et al 1994 305 23 Boullier 1999 96 observe galement que les technologies num riques ont donn un lan consid rable cette tendance culturelle du savoir total 16 Les cahiers du num rique dans cette mati re c est la possibilit plus que le contr le effectif qui importe Remerciements Je tiens remercier Pascal Houba et Jacques Lejeune pour leurs commentaires et critiques Je suis galement redevable pour les aspects m thodologiques l ensemble de la communaut des utilisateurs du logiciel Prosp ro d velopp par l association Doxa et plus particuli rement ses auteurs Francis Chateauraynaud et Jean Pierre Charriau 4 Bibliographie Abouda Lotfi 2001 Les emplois journalistique pol mique et att nuatif du conditionnel Un traitement unitaire Recherches linguistiques 25 p 277 294 Akrich Madeleine Boullier Dominique 1991 Le mode d emploi gen se forme et usage Chevalier sous la direction de 1991 Auray Nicolas 2001 Figures politiques des Hackers Chim res n 44 p 179 186 Beauvois Jean L on Joule Robert Vincent 1987 Petit Trait de manipulation l usage des honn tes gens Grenoble Presses Universitaires de Grenoble Beauvois Jean L on Joule Robert Vincent 1987 Petit Trait de manipulation l usage des honn tes gens Grenoble Presses Universitaires de Grenoble Benveniste Emile 1966 Probl mes de
29. u num rique divergentes L expos de ces alternatives l ensemble de l quipe permet un d bat ouvert dont l issue publique est explicite et reste ensuite disponible toute contestation Le forum permet d s lors d viter l absence de communication du travail des indexeurs s occupant de la m me rubrique j ai observ la m diation d une spirale dans laquelle une logique de correction syst matique et de d gradation mutuelle du travail d autrui s tait install e engendrant une situation non seulement peu productive mais destructrice du point de vue de l annuaire comme du v cu des membres du projet l issue de ce cas un des membres fut d ailleurs cong di non pour son mauvais travail mais pour son refus d adh rer aux r gles de communication sur les forums de discussion Ce type de probl me se pose galement pour des r f renceurs de la m me branche du r pertoire qui ne s occupent pas du m me niveau ce cas est comparable au pr c dent dans son d roulement mais peut tre v cu plus difficilement par l indexeur ayant en charge une cat gorie de plus bas niveau En effet si chacun peut proposer l inscription de l adresse d un site sous une rubrique du r pertoire seul l indexeur en charge de la rubrique concern e ou d une rubrique qui lui est sup rieure a le droit d valuer donc d accepter ou non cette proposition Cette possibilit d une intervention de l valuateur s occupant d
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