Qui a peur de Philip K. Dick?
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1. Compte rendu Qui a peur de Philip K Dick Jean Philippe Gravel Cin Bulles vol 20 n 4 2002 p 40 44 Pour citer ce compte rendu utiliser l adresse suivante http id erudit org iderudit 33334ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 07 15 40 Qui a peur PAR JEAN PHILIPPE GRAVEL de Philip K Dick Reality is that which when you stop believing in it doesn t go away Philip K Dick faudrait que vous me tuiez et m attachiez sur le si ge de ma voiture avec un sourire peint sur mon visage pour m attirer pr s de Hollywood la lumi re de ces paroles qu il pronon ait en 1980 on fr mit quelque peu pense2. La philosophie dans le boudoir on pense ce titre de Sade en contemplant ce Waking Life beaucoup moins subversif que le divin Marquis mais qui r introduit effectivement la philosophie entre les murs de la chambre coucher ou du bar o en jouant la machine boules on devise sur le sens de la vie au lieu de discuter des r sultats du base ball sans appara tre comme une aber ration vivante Richard Linklater conna t ces intellectuels de tous les jours comme le fond de sa poche et mieux il sait faire un usage discret et expressif de la technologie comme les films de la Nouvelle Vague ses films con tiennent en eux leur propre mode d emploi et sont autant de manifestes sur la fa on de faire un film modestement sans c der sur son contenu ou sur l intelligence des personnages sans compter celle du spectateur Projet promis une constante mise en veilleuse ou film qui introduira bient t au cin ma l humanit complexe et la modestie de Philip K Dick La chose demeure confirmer mais ne semble pas d marrer trop mal m tonne MWY Wia Wi m INES H j EC
3. dans la soci t du futur ce qui devait tre normal pour un genre aussi visuel que la sf fr quemment surnomm e eye candy bonbon pour l il dans certaines revues am ricaines Qu en est il alors du regard de Spielberg Apr s avoir expos brillamment les enjeux du syst me Pre crime dans le tout premier tiers du film il n est pas tonnant que le second volet son plus r f rentiel aussi allusions nom breuses Kubrick ou Hitchcock quand ce n est pas Dreyer Samantha Morton nouvelle Falconettii ait pour enjeu la greffe des veux subie par Tom Cruise qui criminel pr sum doit chapper toute identification Spielberg alors s inscrit dans une filiation assez prestigieuse mais il n est sans doute jamais autant lui m me n a jamais autant ses propres veux lui que dans ses fautes de go t Tom Cruise aveugle mange par erreur un sandwich en putr faction bouffer est rarement chose l gante chez Spielberg la chair fraiche c est pour les requins et les dinosaures quant lui l homme est un charognard ou court apr s son il perdu qui d gringole les escaliers Mais ce en quoi Spielberg est fid le lui m me c est aussi dans sa constante volont de ne pas rester trop longtemps dans l ambigu t que soul vent en l occurrence les con cepts dickiens En ce sens Blade Runner ou Total Recall aux finales incertaines s av rent plus ambigus que ce film dont l enjeu doit aboutir sur
4. de faire abstraction de cet l ment tant le roman y puise son ton tragi comique Nous avons vu dans Scanner Darkly l l ment fabuleux d un remarquable film ind pendant au budget relati vement modeste aussi l lection possible de Richard Linklater Dazed and Confused Tape Waking Life pour prendre en mains le film ne nous est point apparue comme une mauvaise nouvelle D t ce ce projet se r aliser il pourrait rel guer entre les mains d une nouvelle g n ration de cin astes am ricains l univers de Philip K Dick pour en r v ler d autres facet tes d j famili res leur uvre On pense aussi Richard Kelly jeune auteur d un premier long m trage qui d crivait la vie d un ado schizophr ne Donnie Darko certaine ment un talent surveiller dans le paysage du cin ma am ricain Quant Richard Linklater il se passe de pr sentation pour bon nombre de cin philes Sa connaissance des freaks la Dick n est plus prouver depuis les d ambulations de Slacker ou ce merveilleux film qu est Waking Life un film d animation semblable nul autre du moment o ses personnages passent leur temps discuter de l existen tialisme de Jean Paul Sartre de la nature de la r alit de la science des r ves et oui de Philip K Dick faisant du film un apologue contemplatif et esth tiquement sublime d une activit sp cialement redout e en Am rique mais qu il rend belle et s duisante penser
5. une position thique fond sur une faute originelle le syst me Pre crime doit tre an anti avec son fondateur Reste qu en abordant en p riph rie des th mes chers Philip K Dick les precogs du film soit les m diums qui anticipent les meurtres venir sont les aberrations d une exp rience en psychiatrie la toxicomanie de Tom Cruise traumatis par l enl vement de son jeune fils les r alit s virtuelles Minority Report s impose comme un Minority KRepart 35 mm coul 145 min 2002 Get tats Unis R al Steven Spielberg Sc n Scott Frank ef John Cohen d apr s la nouvelle de Philip K Dick The Minority Report Image Janusz Kaminski Murs lohn Williams Mont Michael Kahn Prod Dreamworks Dist Twenty Century Fox Int Tom Cruise Max Von Sydow Steve Harris Neal MeDonough Patrick Kilpatrick Jessica Capshaw Samantha Morton lom Cruise venant de subir une greffe des veux dans Minority Report film qui confirme le dialogue cr atif et ininterrompu que le cin ma entretient avec Philip K Dick un dialogue qui s il n a pas accouch d un film fid le son univers et ses personnages prouve la p rennit de son uvre l appel incessant et cr atif qu elle fait l imagination des sc naristes Partant d une nouvelle mineure Minority Report demeure un exemple vivant de la mani re dont le cin ma peut ajouter du muscle un squelette litt raire A Scanner Darkly
6. 1985 apr s la compl tion de Dead Zone et avant The Fly que Cronenberg re oit un exemplaire du sc nario de Ronald Schussett et Dan O Bannon c l bre pour avoir crit Alien Selon Cronenberg le sc nario de l poque comportait cette pr misse formidable sur la m moire l identit et la folie Mais en ce qui concernait Ron Schussett c tait vraiment Indiana Jones sur Mars C est devenu notre lutte moi tentant de d ployer ce que le premier tiers avait d implicite et Ron pensant que cela pourrait devenir un hit Selon Cronenberg la nouvelle d origine comme la plupart des nouvelles de Dick tait infilmable n avait pas vraiment de fin mais avait en son centre un concept g nial qu il tentera de sculpter sa main pendant 1 an et 4 CRONENBERG David tabli par Chris RODLEY Cronenberg on Cronenberg Knopf Canada 1992 p 120 extrait traduit par Jean Philippe Gravel Automne 2002 Vol 20 n 4 Automne 2002 Vol 20 n 4 12 r critures J ai invent des trucs qui me satisfaisaient beaucoup mais je n tais jamais vraiment enti rement satisfait puisque m me dans la derni re version je croyais avoir fait un peu trop de concessions vis vis de l action il y en avait plus que j en avais besoin J ai tent tr s fort de rendre le sc nario significatif au niveau de ses th mes plut t que de faire maintenant confiez nous votre esprit et on aura une pou
7. Substance mort Pour finir ce panorama un projet en veilleuse celui d un roman largement autobiographique de Philip K Dick crit la m moire des freaks et autres d chets de la contre culture qui fr quentaient sa maison comme une auberge espagnole au tournant des ann es 1970 Par leur fr quentation tant des personnes que des drogues qu ils consommaient Philip K Dick accoucha en guise de m moire de ce roman plus r aliste que fantaisiste qui gravite autour d un agent double qui pour d manteler le r seau du trafic d une drogue particuli re la substance mort m ne galement la vie d un slacker intoxiqu cette m me drogue qu il tente d radiquer Une drogue qui pour compliquer les choses scinde la personnalit de celui qui la consomme le vouant court terme des d doublements d identit avant de sombrer carr ment dans la d bilit mentale Les films pr c demment abord s tentent tous d tablir un quilibre entre spectacle et contenu mais abandonnent souvent en cours de route un aspect essentiel l criture de Dick son approche chaleureuse des personnages la 134 fiim vivacit quasi improvis e de ses dialogues bref une approche humaine davantage voisine des films de John Cassavetes du mouvement Dogma ou de la Nouvelle Vague fran aise que des films de sf grand d ploie ment Avec une uvre de sf psychologique comme A Scanner Darkly par contre il para t impossible
8. e tout film o Schwartzie dernier monstre o dernier clown c est selon du cin ma de l re Reagan occuperait la vedette Il est bien au contraire fid le une variante possible sur les th mes de Dick sans doute bien loign e de ce que l crivain lui m me en aurait fait mais pertinente n anmoins pour un film qui demeure le tout premier s imposer comme un film probablement enti rement r v par son personnage En effet Verhoeven ne perd jamais de vue la question qui consiste savoir si l univers grotesque de Total Recall est le r cit d une exp rience r elle ou au contraire le d ploiement de la m moire artificielles implant e dans l esprit de Quaid dont les images cl s nous sont livr es d s la sc ne capitale o celui ci cobaye consentant de la firme Rekall pr pare une aventure de r ves taill e sur mesure son go t lui repr sent tel qu il voudrait se voir un agent secret bodybuild et laissant libre cours ses fantasmes avec la fille de ses r ves qu il a choisi athl tique langoureuse et modeste athletic sleazy and demure Or si Total Recall a donn des maux de t te bien du monde sans doute en a t il donn particuli rement David Cronenberg qui a vu le projet lui chapper des mains Effectivement le film de Verhoeven n est que la toute derni re variante d un projet qui circulait depuis 10 ans comme une patate chaude et c est autour de
9. e des perceptions fid les d une zone de r alit que le reste d entre nous est incapable Dieu merci d atteindre Atteindre cette autre zone de r alit les personnages dickiens ne cesseront jamais de le faire leur corps d ten dant d ailleurs Lorsqu elle ne se r v le pas tre un pur d cor de cin ma comme dans Time Out of Joint inspi ration presque plagi e pour The Truman Show un cau chemar collectif qui est sans doute la concoction mentale d un esprit malin Ubik auquel Open Your Eyes et son remake am ricain Vanilla Sky doivent beaucoup ou bien le simple fruit de souvenirs fictifs s implant s dans le cerveau du protagoniste la nouvelle We Can Remember It for You Wholesale inspiration de Total Recall elle se d roule dans un pr sent parall le une variante de la grande histoire aussi The King in the High Castle prend place dans une Am rique conquise par le front nippo allemand apr s la Seconde Guerre mondiale Avec pour r sultat une r alit dont les structures peuvent basculer l Drogues hallucinations et qu te de la r alit s s Drugs Hallucinations and the Quest for Reality paru dans Lighthouse n 11 novembre 1964 Automne 2002 Vol 20 n 4 Automne 2002 Vol 20 n 4 tout moment dans le cauchemar et l mission d un doute permanent sur la sant mentale des personnages car dans un univers pareil comment peut on mesurer avec certitude son pro
10. le r alit pr sente les contours de l hallu cination une mine d or pour un art qui excelle galement dans la construction d univers fictifs Seulement le cin ma ne suit plus Dick lorsqu il s agit de d velopper des per sonnages g n ralement ordinaires tendance maniaco d pressive pour les engager dans des dialogues qui ont parfois le ton de libert du cin ma direct Dans un genre la sf qui se gave d effets sp ciaux la chose para t sim plement impossible Mondes parall les Aussi n est il pas tonnant qu on voie le cin ma pr f rer largement les r cits et les romans que Dick crit avant 1970 Dans ces r cits alors la r alit est constamment remise en question par ses apparences faillibles Le monde n est qu une image mentale parmi tant d autres et Dick d j abonn aux traitements psychiatriques en sait quelque chose lorsqu il crit dans un essai r v lateur mais obscur publi en 1964 Nous sommes aujourd hui cons cients qu une bonne partie de ce que nous nommons r a lit ext rieure consiste en un cadrage subjectif effectu par le syst me perceptif lui m me et qu il y a proba blement autant de visions du monde diff rentes que d indi vidus Et il ajoute Nous sommes donc confront s la possibilit claire et vidente que au moins dans le cas de certains parano des les hallucinations ne sont pas des hallucinations du tout mais sont au contrair
11. pre degr de lucidit La cl de l avenir n est elle pas dans les babillages des d biles mentaux la v rit dans les d lires des ali n s Ici commencent les innovations de la sf de Dick o l tranget se trouve moins dans la conqu te de l univers que dans la conscience individuelle des personnages qui comme l observe Steve Mizrach dans un essai parfois brillant contrairement aux philosophes postmodernes qui tentent souvent de conf rer la v rit aux images de surface ne se contentent pas d avancer simplement dans leur hallucination consensuelle mais se cherchent des portes de sortie et tentent d claircir les mondes virtuels dans lesquels ils se trouvent Pourtant des pr misses esquiss es dans ses nombreuses nouvelles l criture th rapeutique d un roman mystique comme Valis le cin ma a entam un cheminement vers la lumi re qui tente de pousser plus loin son exploration des constructions parano aques de Dick Les quatre exemples d adaptations cin matographiques qui s esquisseront ici servent autant t moigner du chemin parcouru comme de celui qui reste faire 1 Blade Runner Ridley Scott 1982 tout seigneur tout honneur si le nom de Philip K Dick jouit aujourd hui d une telle valeur marchande au cin ma sans doute est ce un peu gr ce l estime que s est pro gressivement gagn e cette premi re adaptation officielle d un roman de Philip K Dick Blade Runne
12. r ce que le nom de Philip K Dick signifie maintenant au cin ma tout sp cialement am ricain En effet parmi les nombreux mariages qui unissent le roman au cin ma aucun n est sans doute aussi tumultueux que celui qui l associe l uvre de Philip K Dick Instigatrice de bon nombre de films qui s en inspirent sans l adapter ou bien d adap tations construites comme des variantes autour de ses id es son uvre est d sormais une pierre de touche la fois synonyme de s ries B quelconques Screamers comme de films qui comptent parmi les plus importants de la sf contemporaine commencer par Blade Runner Reste que la fascination du cin ma pour l univers il faudrait dire les univers de Philip K Dick est sans doute aussi obsessive qu ambivalente S il n h site pas se servir abondamment dans la fourmili re de concepts que constituent ses quelque 45 romans et 120 nouvelles le cin ma ne compte pas encore ce qu on pourrait appeler une adaptation qui lui soit totalement fid le Au lieu de quoi ce rapport entre le cin ma et la litt rature tient d une relation tout de m me cr ative et vivante qui est davantage celle d un dialogue parfois b tons rompus avec l uvre qu une r elle illustration Qu est ce qui chez Dick s duit le cin ma et qu est ce qui l effraie La premi re r ponse tient de l vidence Philip K Dick n a cess d laborer des r cits o cette convention que l on appel
13. r est aussi l uni que adaptation d une de ses uvres que l crivain aura pu voir avant son d c s mais l auteur se disant somme toute satisfait du r sultat n aura pas non plus oubli les conflits qui ont contribu faire de Blade Runner le film phare qu il est devenu Aussi en repensant l aventure tumultueuse de son tour nage on est en droit de se demander si l quipe de Ridley Scott l poque savait vraiment ce qu elle faisait Harrison Ford pour commencer aurait fermement r sist l id e d interpr ter un possible andro de et les rema niements ajout d un commentaire en voix off et d un final tir des chutes de The Shining effectu s apr s le premier visionnement test d sastreux du film va dans son sens ce n est qu en 1992 la sortie de sa director s cut que le public verra l image mentale d une licorne traverser l esprit de Rick Deckard Ford confirmant donc que ce chasseur de primes l instar des andro des qu il doit traquer a aussi une m moire artificielle 2 Philip K Dick the First Cyberpunk Ufologist s in Journal of Possible Paradigms na 1996 hewa elis netelioldt e4pkdevh html du livre au film Sleven Spielberg et Tom Cruise sur le tournage d Minority Report Il aura donc fallu du temps pour que ce film noir futuriste soit reconnu comme uvre visionnaire et le terme n est pas trop fort Partant d un sc nario sign Hampton Fancher que Philip K Dick d te
14. rsuite en voitures Entre poursuites en bagnoles et concepts audacieux le cynisme de Paul Verhoeven aura finalement trouv un alliage agressif avec pour r sultat un film schizophr ne et mutant entre le r ve d un personnage sans grande subtilit et une r alit qui en croire le film demeure assez grand guignolesque L action ici n obstrue pas la question des glissements d identit du personnage au demeurant elle l accentue par son emploi hyperbolique Et Cronenberg qui verra le projet lui chapper pour devenir tout ce qu il craignait prendra quand m me sa revanche car Naked Lunch para t tout autant s inspirer de l exp rience Total Recall que de William Burroughs le Douglas Quaid du film de Verhoeven pourra r cup rer ses traits d homme ordinaire en l personne de Bill Lee Peter Weller l exterminateur de cafards qui lanc dans la stupeur prolong e des paradis artificiels autre maratte de Dick s imaginera agent secret d Interzone en mission Tanger pour se permettre d accoucher du roman hallucin qu il porte en lui 3 Minority Report Steven Spielberg 2002 Steven Spielberg d cid ment fait du chemin Ses films s rieux prennent de l ampleur aurait on pu l imaginer en visionnant Always mais pas tout seul de cin aste qui en 1970 1980 avait quand m me sa propre signature et n tait pas sp cialement r put pour pomper dans la cour des autres contrairemen
15. stait il aura fallu plusieurs protes tations de l crivain pour que le sc nario du film remani par David Peoples labore un univers qui s av re tr s proche des visions de Philip K Dick Visions d ailleurs largement rattrap es par la r alit parce que le film s installe notamment dans un climat compl tement d r gl par la pollution qu il anticipe la pr sence du Japon comme un redoutable ambassadeur culturel en t moi gnent les d cors satur s de logos de firmes japonaises et Blade Runner 35 mm coul 120 min 1982 fict tats Unis R al Ridley Sci Sc n Hampton Fancher et David Webb Peoples d apr s le roman de Philip K Dick Do Androids Dream of Electric Sheep Image Hampton Cranenwveth Aus Vangelis Mont Terry Rawlings int Harrison Ford Rutger Hauer Sean Young Edward lames Olmos Al Emmet Walsh Daryl Hannah gi 42 l imagerie publicitaire v hicul e par ses crans g ants empruntant la symbolique de la geisha et la musique du th tre n et qu il aborde d j des questions relatives au g nie g n tique Un travail d habillage effectivement fid le aux obsessions de Dick tant sur la nomenclature politique de l Am rique du futur que sur les d rapages de sa technologie Ce que cependant le film n a pas trop retenu du roman original rel ve de questions de fond le r le capital des animaux dans le roman tous en voie d extinction leur d tention devien
16. t un De Palma par rapport Hitchcock Spielberg est plus enclin se barder de r f rences se hisser sur les paules de quelques v n ra bles morts pour aborder des sujets d licats Tout sp ciale ment en qualit d illustrateur des films ou bien des sc nes dont d autres ma tres avaient d se contenter de r ver Il y a A l le film que Kubrick n a pas fait il y a aussi certains moments dans Minority Report et qui sait si Spielberg sur les traces de Fellini ne fera pas un jour son Voyage Astoria Hitchcock r vait d une bagnole qui construite dans une cha ne d assemblage devant les veux du spectateur laisse rait chuter un cadavre une fois sa porte ouverte Spielberg en offre une variante lorsque Tom Cruise dans le volet central de Minority Report dont la pr misse est assez digne de North By Northwest se fait construire autour de lui la voiture qui lui permettra de ravir ses poursuivants 4 Ibid p 120 121 du livre as film Aussi on n est sans doute pas tonn que l une des inventions du film relativement la nouvelle dont il s inspire concerne le regard et concr tement l organe de l il Dans un monde o l identification s op re par un scannage lectronique de la pupille humaine dans un monde o aussi les crimes en voie d tre commis se lisent comme des hi roglyphes Minority Report insiste comme Blade Runner avant lui sur la fonction capitale de l il
17. t un signe de prestige social aupr s de leurs propri taires et le parall lisme troublant que Dick effectue face des androides qui s humanisent alors que les tres humains deviennent semblables des robots capables par exemple de programmer sur un clavier le code de leurs humeurs de la journ e sorte de m taphore des antid presseurs qui aujourd hui font bonne fortune comme le Prozac et qui laissent derri re eux une tra n e d individus la fois amorphes et contents Mais cette perte se traduit aussi par un gain jamais dans le roman de Dick la lutte des r pliquants pour leur survie sp cialement celle de l enfant prodige Roy Batty Rutger Hauer qui devient en fait moins une lutte pour la survie qu une course pour vivre de fa on sublime les quelques heures qui lui restent demeure incontestablement l un des plus beaux moments l une des plus mouvantes morts film es que la sf contemporaine ou tout le cin ma nous ait offerte 2 Total Recall Paul Verhoeven 1990 En 1990 Total Recall atteint les cin mas dans l intention de s imposer comme le plus gros succ s du box office estival R trospectivement le ph nom ne tonne car avec son budget estim entre 60 et 70 millions de dollars le film tale un carnaval grotesque de mutants d figur s affiche un taux de mortalit d mentiel approximativement 70 personnes et grouille de gros plans insistant sur des aberra tions physiq
18. ues l un m morable montre Scharzennegger s extirpant un implants gros comme une prune hors de son nez Con u comme une orgie de bruit de fureur et de silicone Total Recall comme grosse machine estivale appartient d j une autre poque Total Recall 70 men coul 113 min 19907 fict tats Unis R al Paul Verhoeven Sc n Dan O Bannon Ronald Shusett Gary Goldmann et John Povill d apr s la nouvelle de Philip K Dick We Can Remember Ii for You Wholesale Image jost Vacano Son 16 personnes Alus Jerry Goldsmith Aioni Frank Lrioste Prod Carolco Pictures ini Arnold Schwarzenegger Rachel Ticotin Sharon Stone Ronny Cox Michael lronsice css livre ass falm Reste qu il fallait sans doute le culot et la pr cision d un Paul Verhoeven pour tenir bout de bras et d une mani re qui si elle ne pla t pas tout le monde demeure tr s dynamique ce croisement hybride entre l univers de Philip K Dick et le v hicule schwarzenneg rien Certes l cri vain aurait tout de suite trouv l erreur derri re le choix d Arnold Schwarzennegger pour incarner un homme ordinaire Douglas Quaid modeste travailleur des mines comme si avec Arnold c tait possible Reste qu apr s m re r flexion l aspect crade de Total Recall sa violence cartoonesque son langage ordurier ses one liners gros siers paraissent moins comme des d rapages des conces sions l imb cillit imp rativ
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