Petite chronique d`une famille d`accueil
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1. s profond Ces petits riens du quotidien un enfant fait une dent un autre une fugue un troisi me pique sa crise un quatri me joue la poup e un cinqui me pleure en pensant sa maman disparue les O ont ils encore fourr la cl de la cave Et Beno t il est o etc sont autant d instants ducatifs o se d ploient toute la force et la subtilit de ce m tier mal connu Mal connu parce que ses acteurs ont du mal dire ce qu ils font Mais Jean Cartry nous a habitu s ses prises de risque Il assume de s exposer en nous ouvrant sa maison qui est aussi un havre de paix et une source pour grandir pour une dizaine d enfants que Myriam Davie r unit dans sa pr face sous l appellation de carenc s Jean Cartry nous montre comme dans une pure ce qu il y a d essentiel dans l acte ducatif L acte ducatif ne consiste pas comme on le croit souvent faire des choses ce qui plonge certains dans une agitation et un activisme d bordants mais accompagner tre au plus pr s d un tre en grande d r liction qui appelle l aide parfois d une fa on tellement trange qu on ne l entend pas Un tre qui cherche parmi les hommes son chemin d humanit L acte ducatif consiste partager l espace du quotidien pour un temps dans les institutions 24 heures sur 24 pour les Cartry C est dans cet espace que des petits d homme font leur nid c est dans cet habitacle mat riel et psychique d emprunt qu ils se logen2. Petite chronique d une famille d accueil Extrait du Site officiel des Cem a Mouvement national d ducation nouvelle http www cemea asso fr Petite chronique d une famille d accueil P dagogie et Ressources R pertoire de ressources Archives Date de mise en ligne janvier 1997 Site officiel des Cem a Mouvement national d ducation nouvelle Copyright Site officiel des Cem a Mouvement national d ducation nouvelle Page 1 2 Petite chronique d une famille d accueil La vie quotidienne quoi de plus banal Qu en dire Des gestes pris dans le reflux des r p titions parfois maill s d une surprise ou d un impr vu Pas de quoi en faire un plat et encore moins un livre moins de s appeler Georges Perec pour nous ouvrir comme dans La vie mode d emploi les caves greniers et arri re cuisines du quotidien Il faut beaucoup d art pour dire ce qui ne se voit pas Mais lorsque la vie de tous les jours est exhauss e la dimension d une m diation ducative a devient de la haute voltige Dans un beau recueil de ses textes parus dans Lien Social Jean Cartry nous r gale de ces petits riens de la vie v cue dans une famille d accueil qu il anime avec sa femme en Normandie depuis plus de vingt ans Construit comme ces pages que les amoureux du baroque connaissent bien et auxquelles il emprunte son titre La petite chronique d Anna Magdalena Bach le livre de l ami Jean est la fois tr s simple et tr
3. t au nom du savoir vivre qu il pr te un ducateur se prend l aimer et parfois le ha r pour ce qu il repr sente ses yeux il faut l ducateur tenir la position et permettre dans un mouvement d esquive d licat op rer que cette force de vie qui fraie son chemin dans le sujet trouve se d placer vers des objets d investissement C est ce mouvement qui permet l insertion du sujet dans la communaut des humains Jean fait ici la preuve qu un savoir construit peut tre extrait des actes du quotidien et de plus il s engage pour que ce savoir soit transmissible Entre le n en vouloir rien dire des uns et le trop de baratin des autres pris dans le d ferlement de savoirs pr t penser que v hicule le discours des sociologues il y a place pour une formalisation juste du travail ducatif Jean Cartry est un de ceux qui aujourd hui ouvrent la voie Copyright Site officiel des Cem a Mouvement national d ducation nouvelle Page 2 2
4. t pour un temps C est dans ce lieu de rencontre intersubjective qu ils projettent ce qui est en germe d tre en eux et n a pas pu trouver son lieu de vie dans le monde faute de lien faute d accrochage vital Cette difficult s accrocher dans l espace humain ces enfants le manifestent par toute une batterie de sympt mes qu il faut bien entendre comme les chos lointains et d riv s de cette souffrance intime il n ont pas appris faire avec la s paration de leur point d origine En s ancrant dans le quotidien de l autre de l ducateur en lui empruntant sa personne son corps sa maison ses meubles sa famille son environnement ils arrivent parfois greffer en eux m mes assez d invention de vie pour que ce qui n a pas eu lieu vienne au monde Bien entendu dans un tel travail de partage du quotidien l ducateur est aux avant postes il prend la souffrance de vivre en pleine face D o la pr cieuse mise au point de Jean Cartry en postface Ce travail n est possible sue si l ducateur sait en permanence d sencombrer l espace de la rencontre qui est aussi son espace vital de ses propres projections de ses angoisses de ses id es de ses manques vivre de ses failles Cette position exige de l ducateur qu il fasse le m nage en soi comme dans sa maison en permanence Un tel travail qui repr sente l acte ducatif dans tout son tranchant ne se con oit pas sans un solide arrimage dans un travail sur le transfert Si un enfan
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