Catherine Tauveron
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1. un loup go ste et gourmand qui aurait bien voulu la soupe pour lui tout seul Je vais m arr ter dans un village d animaux Mon caillou me fait mal au dos et je vais le faire cuire Tiens Voil une maison Cette poule m a l air tr s gentille Mmmmh Miam Miam Comme cela sent bon J ai h te de go ter cette merveille J en donnerai la poule Oh non Un cochon Une part de moins pour moi Zut et rezut Un ne un canard un chien une ch vre un mouton Mauvaise soir e Je n ai eu qu un bol de soupe Je ne reviendrai plus un loup solitaire qui a besoin de compagnie Je me sens seul et je suis venu au village des animaux pour me faire de la compagnie Je n avais pas du tout l intention de les manger et j ai beaucoup appr ci ce festin J tais content de pr parer ma soupe au caillou avec tous les animaux du village Je ne suis pas revenu car j tais trop fatigu et j tais la fin de ma vie un loup au bout du rouleau fatigu et qui attend la mort Je suis tr s malheureux Je veux juste venir pr parer ma soupe au caillou Alors pouvez vous appeler vos amis pour me faire de la compagnie Je suis vieux donc j aimerais me faire des amis Comme a nous pourrions faire un d ner tous ensemble J ai beaucoup appr ci J tais trop fatigu vieux Je vais mourir Je vous dis au revoir car je vais mourir Le d bat ici sp culatif pilot par la question quelles sont les interpr tations plausibles2. ventuellement n cessaires faire mobiliser la capacit analyser la cha ne sonore et lui trouver des correspondances graphiques pour transcrire un mot tranger au lexique orthographique faire mobiliser la connaissance de la ponctuation des accords etc Si par ailleurs le texte produire est une greffe similaire celle voqu e pr c demment par exemple l ajout d une rencontre suppl mentaire dans Bon app tit Monsieur Lapin de Claude Boujon l activit conduit relire avec attention le texte pour d couvrir que toutes les s quences de rencontre sont construites sur un m me canevas s approprier et reproduire Une occasion unique de s int resser la fabrique du texte Document envoy au PIREF en vue de la conf rence de consensus sur l enseignement de la lecture l cole primaire les 4 et 5 d cembre 2003 http www bienlire education fr De l influence de l criture sur la lecture ou l criture au service de la lecture Dans le cas pr c dent la m me t che vise d velopper simultan ment les deux comp tences de lecture et d criture Il est un dernier cas que je voudrais envisager pour finir celui o l criture est utilis e au cycle 3 pour l essentiel comme moyen transitoire pour acc der au sens comme proc dure d accompagnement de l acquisition d une capacit de lecteur Cette hypoth se de travail est aujourd hui partag e par plusieurs quipes de recherche tr
3. si Yakouba a tu ou pas le lion C dric prend la parole moij ai marqu qu il l a tu ma s je sais pas bien peut tre que je me trompe I lit sa reformulation et ajoute aussit t je sais pas s il tue le lion parce qu apr s il repart et je comprends pas la fin Caroline lui objecte son interpr tation moi je pense qu il tue le lion c est s r parce qu on dit qu il jette un dernier regard a veut dire que le lion est en vie Caroline vient lire sa reformulation Le d bat en l occurrence un d bat d lib ratif pilot par la question quelle est la seule mani re juste de comprendre est engag au terme duquel on conviendra dans le consensus qu il n y avait qu une seule fa on de comprendre l intrigue de ce texte Yakouba n a pas tu le lion et c est pourquoi il est banni pourquoi aussi son troupeau est pargn Exemple 2 Document envoy au PIREF en vue de la conf rence de consensus sur l enseignement de la lecture l cole primaire les 4 et 5 d cembre 2003 http www bienlire education fr Dans la m me classe on lit Une soupe au caillou d Ana s Vaugelade qui met en sc ne un loup tique et nigmatique et que je pense d pressif qui se rend de maison en maison pour qu on lui pr pare une soupe avec le caillou qu il transporte dans son sac Habitu s rep rer les silences des textes les l ves remarquent qu on ne sait pas ce qui se passe dans sa t te et quelles
4. ai cru comprendre ce que je ne comprends pas les questions que je me pose ce qui m tonne ce qui me pla t L Portine H 1994 Lecture criture et reformulations in Yves Reuter dir Les interactions lecture criture Peter Lang 351 368 13 _ Tauveron C dir Lire la litt rature l cole pourquoi et comment conduire cet apprentissage sp cifique de la GS au CM2 Paris Hatier 2002 Voir galement l usage que font Micheline Cellier et Martine Dreyfus de l crit pour soutenir les changes oraux autour des textes L articulation crit oral travers un dispositif Rep res 24 2001 2002 89 11 4 _ voir le n 26 de La Lettre de la DFLM 2000 2001 et son dossier Ecrire pour apprendre 15 _ V rin A Mettre par crit ses id es pour les faire voluer en sciences Rep res 12 Paris INRP 21 36 1995 16 _ Bucheton D Chabanne J C Les crits interm diaires La lettre de la DFLM 26 23 27 2000 2001 Document envoy au PIREF en vue de la conf rence de consensus sur l enseignement de la lecture l cole primaire les 4 et 5 d cembre 2003 http www bienlire education fr L interpr tation d une phrase ou d un court passage particuli rement polys mique s lectionn e par le ma tre suivie d un argumentaire sur chacune des interpr tations formul es dans la classe L valuation argument e de plusieurs reformulations ou r sum s construits par le m
5. contes de Perrault que C tait un conte de Charles Perrault et la proposition d criture qui l accompagne et si on faisait entrer Riquet dans la pi ce La lecture premi re qui a tout naturellement impos une nouvelle lecture celle des uvres de Perrault parce qu elle conduit la perception d un principe narratif et d un vide dans ce principe appelle l criture Mais aussit t lanc e l criture appelle une double relecture diff rente et compl mentaire de la pr c dente en ce qu elle s attarde sur des l ments autres Se glisser dans un espace vacant du texte est en effet un exercice litt raire subtil qui exige de coller au plus pr s la logique interne du texte logique qu il convient donc de d gager chaque partie consacr e un personnage est encadr e par X entre X sort les comportements des personnages sont indiqu s par des didascalies les r pliques des personnages s encha nent de coller au plus pr s la logique de son personnage principal qu est l Auteur logique qu il convient aussi de d gager et qu une premi re lecture m avait pas n cessairement approch e L Auteur coupe souvent la parole il pr voit la suite sans la conna tre termine les phrases la place des personnages il fait allusion des personnages d histoires connues ou d autres auteurs il se moque des noms des personnages de leur aspect physique a horreur du
6. sont ses intentions Le silence est ici potentiellement polys mique plusieurs interpr tations sont possibles Le d bat s engage Pour le nourrir et le canaliser l enseignant l interrompt momentan ment et pose la consigne suivante vous allez crire ce que le loup pense dans sa t te d apr s vous au d but au milieu et la fin de l histoire quelle est sa pens e int rieure vous pouvez dire Le loup il ou si vous pr f rez vous vous mettez carr ment dans la t te du loup et vous dites je comme si vous tiez le loup Les crits de travail font appara tre comme pr vu plusieurs interpr tations de la psychologie du loup y compris des interpr tations auxquelles l enseignant n avait pas pens On rencontre un loup classiquement rus et dont la ruse choue dans une majorit des crits produits Je vais faire croire la poule que je vais pr parer une soupe au caillou ma s en fait comme il me reste de la place dans mon sac je pourrai tuer la poule et la mettre dedans et men aller chez moi et la manger Mais le cochon arrive cela met tout mon projet plat Oh non le cheval et le canard arrivent Il n y a pas assez de place dans mon petit ventre pour tout ce monde Mais la ch vre et le mouton arrivent Oh non Je ne vais pas pouvoir manger la poule et le cochon C est vraiment dommage Je vais devoir m en aller Bon je vais partir Je vais aller tenter ma chance ailleurs
7. texte travaill est susceptible d un tr s grand nombre de variations et d effets inattendus toujours possibles comme c est le cas pour le r cit sur lequel je fixerai mon attention les principes trouvent leur limites chez les enseignants eux m mes qui ont du mal ma triser et faire ma triser les possibles narratifs et leurs possibles effets multiples et changeants Dans ce contexte on est amen faire le constat sur le terrain des pratiques d un certain nombre de d rives des g n ralisations abusives partir de l observation de textes en nombre restreint souvent lPunit quand l interaction suppose la dur e la constance et la multiplicit des exp riences de lecture l usage de crit res trop g n raux de surcro t exprim s de mani re normative il faut d crire les personnages au d but il faut faire parler les personnages qui voulant rendre compte de tous les r cits ne rendent compte d aucun et passent c t de la grande vari t des genres narratifs au risque de fossiliser les productions et d emp cher toute appropriation strat gique singuli re La lecture n est pourvoyeuse d outils efficaces pour crire que si elle d gage des possibles d criture entre lesquels peuvent s op rer des choix en fonction des effets vis s Il est un autre effet pervers qu il convient de souligner quand on focalise son attention sur la lecture Le concept d interaction lecture criture qu
8. Pourquoi et comment articuler l apprentissage de la lecture avec celui de la production d crit aux diff rentes tapes de la scolarit primaire Catherine Tauveron De l influence de la lecture sur l criture ou la lecture au service de l criture En l tat actuel du savoir il faut sans doute convenir que le transfert de comp tences de la lecture l criture est un postulat c est dire un pos ind montr sinon ind montrable mais dont la validit se v rifie empiriquement pour peu que certaines conditions soient r unies En d pit du fait que lecture et criture r clament des op rations cognitives et langagi res diff rentes que dans les pratiques sociales on lit rarement les types d crits qu on a besoin d crire et on crit rarement les types d crits qu on lit habituellement c est depuis toujours sur ce postulat de base que l cole affirme l unit de la discipline et au del la solidarit des diff rents apprentissages men s en son sein un postulat galement partag par les crivains On n en citera qu un seul Pascal Quignard On ne peut imaginer un crivain qui m aurait jamais lu Ecrire c est traduire sous forme de livre tout ce qui a t crit du moins tout ce qu on a lu Qui crit a lu Lire dans ce sens c est mettre nu la m tamorphose pr alable de la langue en nous et de nous en elle Ecrire dans ce sens c est lire sans discontinuer et lire
9. a tre La r ponse un questionnement faussement innocent du ma tre qui peut intervenir imm diatement apr s la d couverte du texte ou en cours de d bat pour mettre les l ves face une but e avec possibilit de r viser sa r ponse au fur et mesure de l avanc e du d bat Le remplissage d un blanc du texte pr alablement rep r par ex dire ce qui se passe dans la t te d un personnage faire son portrait quand le texte n en dit rien La r daction de suites imm diates dans le cas d une livraison fractionn e du texte particuli rement judicieuse quand le texte pi g programme des anticipations erron es La r daction en fin de parcours de plusieurs r sum s d une histoire rendant compte des diverses interpr tations plausibles mises dans la classe La narration de lecture ma premi re impression de lecture comment et pourquoi elle s est modifi e mon trajet ce qui a attir mon attention ce quoi j ai pr t attention ce que j ai n glig les passages que j ai saut s all grement ceux sur lesquels je suis revenu faire une escale et pourquoi Les crits m moire de lecture les fragments mots images personnages impressions ou le ons qui restent en moi apr s que le texte a fait son chemin et pourquoi Ces crits consid r s globalement assurent comme une observation fine men e sur trois ans dans une cinquantaine de classes a pu nous le montrer une quintuple fonctio
10. a introduit la recherche EVA est pos comme central dans sa d marche Qui dit interaction dit mouvement r troactif et alimentation r ciproque Cependant dans la d marche d valuation formative c est d abord la lecture qui est au service de l criture Certes Joachim Dolz a pu d montrer que le travail effectu en production sur largumentation contribue indiscutablement au d veloppement des capacit s d interpr tation d autres textes relevant du m me type singuli rement la saisie de la situation de communication et des strat gies discursives qui constituent habituellement un obstacle la compr hension et l on peut penser dans le domaine narratif que la pratique d un point de vue insolite d crire une famille au travers des yeux d un chat par exemple est une voie pour aider mieux faire saisir ce point de vue en lecture Cependant il est des cas o il est plus facile d crire que de lire et o l criture n aide pas la lecture c est tout particuli rement vrai dans le cas de l ironie que les l ves de cycle 3 ma trisent parfois avec brio en criture mais d codent tr s difficilement en lecture tout simplement parce qu elle n a pas de marques Par ailleurs en mettant la lecture au service de l criture le danger n est pas mince de voir la logique du lire pour crire occulter la logique du lire pour lire de ne plus faire lire que des textes qui r pondent aux probl mes d
11. availlant aussi bien en didactique du fran ais c est le cas par exemple de l quipe que j ai dirig e sur la lecture litt raire qu en didactique des sciences Anne V rin justifie ainsi le recours de petits crits comme soutien la d marche exp rimentale en biologie Les crits de travail accompagnant les d marches d investigation peuvent jouer un r le important pour mobiliser la pens e des l ves et engager une dynamique de changement conceptuel Il s agit de faire produire aux l ves des crits par lesquels ils donnent une forme crite l tat de leur pens e M me si la forme ce stade n est pas canonique ce sont bien des crits propres la formation scientifique car il s agit d interpr tations de la r alit physique qui sont questionn es et modifi es pour avancer id es pr visions organisation et r sultats de mises l preuve argumentations Ces crits ne garderont cependant leur caract re fonctionnel que s ils demeurent au service du d bat scientifique et de la progression des id es dans la classe et si l investissement dans l activit m me d criture reste assez l ger pour ne pas saturer compl tement la mobilisation cognitive Dans l approche des textes litt raires posant naturellement des probl mes de compr hension et d interpr tation suscitant naturellement le d bat d lib ratif ou sp culatif les crits de travail peuvent prendre d
12. criture rencontr s c est dire des textes conformes au prototype suppos du texte produire ou de ne faire lire dans les textes que ce qui est susceptible de servir l criture Une lecture technicienne en somme attentive aux e Mas M dir Comment les l ves valuent ils leurs crits Paris INRP 1993 7 Dolz J 1994 Produire des textes pour mieux comprendre L enseignement du discours argumentatif in Yves Reuter dir Les interactions lecture criture Peter Lang 219 238 Document envoy au PIREF en vue de la conf rence de consensus sur l enseignement de la lecture l cole primaire les 4 et 5 d cembre 2003 http www bienlire education fr seuls aspects formels quand il y a de grandes chances pour que l important au regard du d sir se trouve distribu dans des donn es qui s affichent accessoires une lecture qui fait perdre de vue la dimension symbolique esth tique et affective des textes des contes tout particuli rement Ce n est pas le moindre des int r ts du chapitre Litt rature des nouveaux programmes pour l cole que de rappeler l importance de cette dimension L interaction lecture criture un r glage articul pour un gain mutuel Il n est pas impossible pourtant dans le cadre conserv de l valuation formative et dans la perspective ouverte en lecture par les programmes de penser une interaction lecture criture o dans la pa
13. de ce texte peut reprendre au cours duquel l interpr tation des uns va enrichir voire modifier l interpr tation des autres Comme le dit un l ve pour conclure l il y a beaucoup de choix et plus il y a d l ves plus il y a de choix Dans cette perspective l crit de travail n est efficace que s il est la fa on la plus appropri e de parvenir la mise au jour ou la r solution d un probl me de lecture Il faut donc que ce probl me de lecture ait t pr cis ment rep r par le ma tre dans le texte d tude par anticipation ou sur le vif au cours des amp hanges que la forme de l crit et donc la consigne qui va avec tout autant que le moment de l introduire aient t pr cis ment pens s Les crits de travail sont enfin pour le ma tre et je r ponds ici une question qui ne mest pas pos e directement un moyen de suivre de fa on conome en temps le cheminement de la compr hension d un l ve plus exactement de suivre sur la dur e l volution de son comportement de lecteur Ils s inscrivent dans un ensemble plus vaste de moyens parmi lesquels figure aussi l observation du comportement dans les changes autour des textes qui ont pour fonction d valuer non seulement le produit de la lecture mais aussi le processus en amont Je me r f rerai ici la recherche que je m ne l IUFM de Rennes intitul e La lecture litt raire une voie possible de r concilia
14. es formes vari es Ils ont parfois l allure d crits r flexifs pour reprendre la terminologie de Dominique Bucheton parfois l allure de ce que dans un autre contexte et avec d autres objectifs on appellerait consigne en vue de l expression crite c est le cas quand ils r clament une intervention sur la mati re du texte suite imm diate anticip e ou remplissage d un blanc Mais ils ne sont pas au sens scolaire de l expression crite ils doivent tre pr sent s aux l ves pour ce qu ils sont des crits ph m res rapidement con us et toujours laiss s bruts au service d une autre fin la lecture L observation sur deux ans d une vingtaine d l ves en difficult de lecture dans le cadre d une recherche que j voquerai plus loin montre une augmentation sensible du volume des crits de travail qui ne semblent pas v cus comme un probl me ajout un autre mais au contraire comme un stimulant Parmi ces crits on citera La reformulation de l histoire lue qui peut passer par le dessin au cycle 2 apr s une premi re lecture en cours de lecture ou apr s le d bat collectif La formulation par les l ves des questions qu ils se posent sur le texte ou que le texte leur pose et dont la r ponse n est pas dans le texte les questions soulev es servent ensuite de guide pour la relecture collective La r daction de journaux de bord au d but d une lecture longue e que j
15. issent pas les questionnaires classiques de lecture inaptes souvent anticiper les obstacles effectifs rencontr s par tel ou tel l ve de d couvrir des errements surprenants qu il n avait pas pr vus et de les traiter En mettant au jour un ensemble d hypoth ses de lecture plausibles ils lui permettent d organiser le d bat Document envoy au PIREF en vue de la conf rence de consensus sur l enseignement de la lecture l cole primaire les 4 et 5 d cembre 2003 http www bienlire education fr Deux exemples Exemple 1 Des l ves de CE2 CM1 lisent Yakouba de Thierry Dedieu un conte initiatique lacunaire qui gomme toutes les relations de cause effet et laisse en blanc une s quence d terminante pour la compr hension la d cision de Yakouba de tuer ou de ne pas tuer le lion Un crit de travail il s agit d une reformulation paraphrastique est demand apr s la premi re lecture Redites avec vos mots le texte tel que vous l avez compris en vous attachant particuli rement l pisode du lion Attention vous n avez plus le texte sous les yeux Sa fonction est bien de provoquer la manifestation de l erreur pour pouvoir la traiter L enseignant rep re dans les crits produits trois types de lecture plus ou moins abouties plus ou moins fautives il n y a qu une mani re de comprendre le texte en l occurrence Claudette fait partie de ceux qui accomplissent une lecture litt rale parfa
16. istoire va pouvoir d plaire l Auteur sa houppe les f es par exemple Comme le disent deux l ves en fin de parcours M on est all loin dans le conte E c est dur de reprendre l histoire et d aller aussi loin M et que a tienne debout Sous des apparences de simplicit il ne s agit que d crire un court passage de quelques lignes de surcro t semble t il sur le mod le d autres passages existants similaires l exercice loin d tre simple imitation continuation est en effet tr s dur Il reprend des pratiques litt raires attest es Il rel ve de la greffe et pour qu une greffe prenne il convient d assurer au mieux la compatibilit des tissus Il rel ve du pastiche et pour qu un pastiche soit r ussi il faut consentir se fondre dans le style de l auteur en pouser tous les contours dans une sorte de d sappropriation de soi r appropriation de l autre Il rel ve enfin du m lange puisque la greffe pos e sur un texte d auteur est faite d un tissu emprunt un autre texte d auteur l criture est ici m diatrice intertextuelle Dans une telle consigne ce sont trois paroles d auteurs qui doivent n cessairement se connecter et se structurer celle de Piquemal et Montcomble celle de Perrault et celle de l l ve qui se donne pour mission d assurer leur rencontre et celle de leurs textes La lecture n y est pas au service de l criture elle est pou
17. ite mais seulement litt rale en ce qu ils ne remplissent aucun blanc ce qui laisse entendre qu ils n ont probablement pas fait d inf rences et que leur compr hension est plus que lacunaire Partout aux alentours on entend le tam tam Au c ur de l Afrique dans un village on pr pare un grand festin Aujourd hui c est un jour sacr Pour Yakouba c est le grand jour il doit montrer qu il est le plus courageux Sous un soleil de plomb il doit franchir les ravins et contourner les collines Il scrute l horizon quand soudain il voit le lion Il s arme prend sa lance et voit le lion qui semble lui dire Tue moi si tu veux ou laisse moi la vie sauve si tu me laisses en vie tu seras banni tu as toute la nuit pour r fl chir Au petit matin Yakouba prend sa lance et part Ces fr res devinrent guerriers et Yakouba lui devint berger l cart du village C dric fait partie de ceux qui explicitent des donn es manquantes mais pensent que Yakouba a tu le lion et commet ce faisant une erreur de compr hension On entend le tam tam En Afrique dans un petit village c est un jour sacr On choisit les enfants qui peuvent devenir guerriers Pour cela une preuve affronter le lion Sous un soleil de plomb se sentir nature Attendre des heures Se parer pour combattre C est l heure pour Yakouba mais dans les yeux du lion on lit Soit tu mes tues et tu repars les paules hautes Soit tu me lai
18. lution de l activit langagi re suscit e par le texte et au del l volution des strat gies et comportements de lecture plus encore au del l volution du rapport la lecture qu elle r v le en creux Pour cerner sur ce point le parcours des l ves nous proposons la grille d observation suivante Evolution de l activit langagi re sur le texte r cit de fiction dans la phase d change collectif et dans les crits de travail qui la nourrissent 1 Comportement de l l ve saisi isol ment Lecture manifest e par un crit de plus en plus abondant e Mise en relation ou non du texte lu avec des exp riences personnelles un v cu affectif e Si manifestation d un questionnement questionnement qui porte sur le dit du texte les lacunes et ambigu t s du texte sa port e symbolique e Si investissement des b ances ou ambigu t s du texte sur le mode affirmatif sur le mode probl matique e Construction ou non d hypoth ses interpr tatives e Si hypoth ses interpr tatives tay es ou non par des preuves cherch es et trouv es dans le texte fond es ou non sur un rapprochement d indices disjoints e Mise en relation ou non avec d autres textes lus e Manifestation ou non d une attention esth tique et d un enr lement dans un projet d auteur e Capacit ou non mettre un jugement de valeur 2 Comportement de l l ve dans la communaut interpr tative e Ne discute pa
19. merveilleux et du sang se livre sans cesse des jeux de mots 8 _ Bellemin No l J Les contes et leurs fantasmes Paris PUF 1983 La formule est de Guislain Bourque Elle est reprise par Yves Reuter dans son article Les relations lecture criture dans le champ didactique Pratiques 86 1995 10 _ in 77 Pi ces humoristiques pour l cole Biblioth que Richaudeau Albin Michel 1996 1l _ C Tauveron dir Lire la litt rature l cole pourquoi et comment conduire cet apprentissage sp cifique de la GS au CM2 Paris Hatier 2002 Document envoy au PIREF en vue de la conf rence de consensus sur l enseignement de la lecture l cole primaire les 4 et 5 d cembre 2003 http www bienlire education fr de conna tre en profondeur le personnage qu on veut ins rer dans l espace vacant ce qui suppose galement la relecture attentive de Riquet la Houppe orient e par les contraintes de l criture Comme le dit Marjorie il faut bien tout conna tre sur Riquet la Houppe pour que a aille bien quand on crira notre texte ou comme le dit Jean il faut que les lecteurs voient qu on a bien lu le texte de Riquet que a leur rappelle Phistoire Pour ce faire il faut conserver le caract re de Riquet personnage laid mais intelligent qui dit mille belles choses comme dans les contes et s exprime au pass simple et se demander ce qui dans sa personne et dans son h
20. n Ils offrent P l ve l occasion de dialoguer solitairement avec le texte d exprimer sa r ception singuli re de faire entendre le texte tel qu il est filtr par sa voix de dire ses motions affectives ou esth tiques tout comme la singularit de son voyage Ils obligent prendre le risque de sa lecture et dans le m me temps affirment la libert du lecteur en ce sens ils assurent une s curit lecturale Et parce que l criture aide penser sa lecture au del de investissement qu ils provoquent ils ont une fonction d explicitation et de clarification pour soi Ils ont aussi une fonction d explication pour les autres Parce qu ils laissent une trace tangible des diff rentes lectures op r es par chacun dans la classe ils sont changeables socialisables et constituent un support id al pour lancer et nourrir le d bat Ils permettent la confrontation ou la mise en r sonance des lectures individuelles et leur ventuelle reformulation Ils ont une double fonction de m moire ils permettent in fine de garder trace du d bat collectif et du cheminement collectif du sens ils permettent aussi un lecteur singulier d observer et de conserver son parcours personnel de lecteur Ils ont une fonction de r gulation pour l enseignant En exhibant des erreurs locales de lecture des contresens des interpr tations abusives ils lui permettent d acc der la bo te noire des l ves mission que ne rempl
21. n projet d criture qui assure la condition d une v ritable appropriation des crit res Elles se positionnent donc contre une conception na ve du transfert Comme le souligne Jean Pierre Astolfi le transfert n est pas une sorte de disposition dont devraient spontan ment faire preuve les l ves tout simplement 1 P Quignard Petits trait s 1 Folio Gallimard 1990 Comme le note Bernard Delforce De l exp rience de lecteur la comp tence de scripteur d crits professionnels obstacles et exigences in Yves Reuter dir Les interactions lecture criture Peter Lang 319 349 le postulat des relations naturelles entre lecture et criture justifie soi seul la simple coexistence des deux activit s De ce fait l chec est renvoy la responsabilit de l apprenant qui ne lit pas assez ou qui ne fait pas attention ce qu il lit 3 _ Groupe EVA Evaluer les crits l cole primaire Hachette Education 1991 239 p Groupe EVA De l valuation la r criture R crire au cycle 3 Hachette Education 1996 263 p 4_ Voir par exemple Dolz J Rosat M C Schneuwly B 1991 Elaboration et valuation de deux s quences didactiques relatives trois types de textes Le fran ais aujourd hui 92 37 47 ou Et pourtant ils r visent Effets de deux s quences didactiques sur la r criture des textes Rep res 4 153 170 5 Actualit du transfert Cahier
22. plus fondamentalement que donner lire Le transfert suppos de la lecture l criture est pens jusqu au d but des ann es 80 ar le mode de l innutrition ou impr gnation et de limitation de belles tournures c est dire pour l essentiel sur le mode de la coexistence f conde Les deux principales recherches didactiques sur l criture men es partir des ann es 80 celle du Groupe EVA l INRP celle de l quipe genevoise sous la direction de Bernard Schneuwly ont fait voluer la conception du transfert en insistant sur la n cessit de construire didactiquement la relation pour l activer et produire l effet attendu et en soulignant la dimension m talinguistique forte de l op ration Les principes de l valuation formative qu elles d fendent avec des hypoth ses de travail voisines supposent que l l ve a t amen d gager lui m me les dimensions pertinentes de la t che r aliser C est dans la lecture d crits authentiques s apparentant l crit produire au terme d un travail d observation et d analyse que sont explicit es des caract ristiques textuelles constantes et variables qui deviennent autant d indicateurs de r ussite favorisant le guidage de l l ve dans l criture et la relecture de sa production L une et l autre des recherches voqu es insistent sur l importance d inscrire la qu te de crit res de r ussite dans le cadre d u
23. rrait on dire l objet m me de l criture Les deux activit s sont en totale symbiose Plus modestement mais dans le m me esprit en maternelle et au CP il en va de m me dans la situation de dict e l adulte Du moins si la dict e l adulte ne vise pas seulement le produit et vite deux cueils fr quemment rencontr s l acceptation sans examen de toutes les propositions brutes des l ves ou la r criture plus ou moins profonde par l adulte du texte dict oralement Une dict e l adulte efficace ne sollicite pas la seule facult d imagination des l ves elle se pr sente comme une occasion d clar e d apprentissages et sollicite en permanence l activit r flexive Les objectifs d apprentissage sont doubles du c t de l criture faire d couvrir les contraintes et les r gles de la langue crite singuli rement son cart lexical et syntaxique avec la langue orale les contraintes de la communication diff r e ou de l nonc hors situation de communication le mode sp cifique de d roulement du discours crit et certaines caract ristiques g n riques du c t de la lecture renforcer les acquis pr alables en les transportant dans un autre contexte faire mobiliser le stock lexical disponible et pour ce faire renvoyer pour relecture aux textes tudi s ant rieurement faire transporter les mots retrouv s du texte ant rieur au texte en cours d criture avec les adaptations morphologiques
24. rtie le gain est galement partag entre les deux partenaires de l interaction Je ne prendrai qu un seul exemple o se dessine nettement une dynamique Une classe de CM1 a lu L Annonce de G rard Moncomble et Michel Piquemal Il s agit d une pi ce de th tre qui met en sc ne un Auteur mal embouch en panne d criture Second par un secr taire pr nomm Charles dont on apprendra tr s tard qu il n est autre que Perrault apr s avoir pass une petite annonce il auditionne divers personnages de contes qui sont pr cis ment ceux de Charles Perrault Cendrillon le Chat Bott Barbe Bleue le Petit Poucet le Petit Chaperon Rouge la Belle au Bois Dormant Peau d Ane pour tenter de trouver l inspiration Agac d u par les histoires des uns et des autres l Auteur renonce crire et cong die son secr taire qui s empresse de prendre des notes son tour Je ne rendrai pas compte ici des s ances de lecture fine men es autour de ce texte difficile pour lavoir fait ailleurs Je dirai simplement que l attention s est port e sur la r solution du probl me de compr hension d licat que pose la mise en sc ne d un auteur fictif et la fictinnnalisation d un vrai auteur Et je retiendrai une remarque d l ve au terme suppos du travail de lecture pourquoi les auteurs n ont ils pas mis en sc ne Riquet la Houppe On a bien vu pourtant en consultant le recueil des
25. s discute la validit des hypoth ses de lecture des autres appel justification justification opposition rectification r futation e N op re pas op re des reformulations r capitulatives ou des synth ses e N int gre pas int gre les apports convergents ou divergents de chacun admet une objection et change de point de vue ou int gre l objection son point de vue ou modifie sa lecture initiale On a l esp re t on un outil qui aide les ma tres identifier et comprendre les difficult s des l ves puis accompagner leur cheminement vers le sens C est en tout cas notre modeste contribution la l gitime demande institutionnelle de crit res d valuation de la compr hension Document envoy au PIREF en vue de la conf rence de consensus sur l enseignement de la lecture l cole primaire les 4 et 5 d cembre 2003 http www bienlire education fr
26. s p dagogiques 408 Savoir c est pouvoir transf rer novembre 2002 9 10 Document envoy au PIREF en vue de la conf rence de consensus sur l enseignement de la lecture l cole primaire les 4 et 5 d cembre 2003 http www bienlire education fr parce que transf rer c est encore apprendre parce qu il faut d signer aux l ves ce qu il y a transf rer pour qu ils puissent le faire le transfert n est pas quelque chose mettre en route en fin d apprentissage mais une perspective mettre en t te aux l ves d s le d but d une s quence de travail En d autres termes ce n est pas le r sultat d un apprentissage puisque c en est plut t une condition La recherche EVA a proc d scientifiquement sur une large population d l ves une valuation des effets des pratiques innovantes mises en place Si elle n a pas mesur l effet de ces pratiques sur les performances crites des l ves elle a pu en d montrer l impact sur leurs comp tences valuatives et leurs repr sentations de la r criture Empiriquement il est possible de dire que la d marche a introduit dans les classes une rationalit et une transparence didactique qui a favoris la s curit scripturale des l ves et dans le cas de types d crits peu soumis la variation comme la recette de cuisine ou le mode d emploi singuli rement am lior les performances Pour autant d s lors que le type de
27. sses en vie et tu repars les grands ouverts mais banni Yakouba tue le lion et repart Au village o on l attendait il est accueilli en h ros Depuis ce jour il garde le b tail et les lions ne viennent plus le batailler C dric commet trois contresens il ne saisit pas le sens de l alternative propos e par le lion il m sinterpr te le geste de Yakouba et par la force des choses est contraint d tablir une relation de cause effet impossible entre avoir tu le lion et se retrouver garder le b tail Caroline quant elle repr sente ceux qui comprennent justement que Yakouba a pargn le lion et qui soulignent le lien entre sa conduite et son bannissement Au c ur de l Afrique dans un petit village c est un jour sacr un jour de f te Les adultes d sigent les jeunes qui pourraient devenir chasseurs Yakouba doit affronter tout seul un lion Il cherche toute la nuit le jour quand soudain il le voit et il lit dans ses yeux J ai t bless par un homme alors soit tu me tues sans effort et tu seras r compens pour un travail que tu auras fait sans danger soit tu me laisses vivre et tu as un grand c ur mais tu seras banni par tes fr res Alors Yakouba repart il n a pas tu le lion Tous les autres sont devenus guerriers Lui on l a fait gardien du b tail La lecture haute voix de la premi re reformulation d clenche de vives r actions onne sait pas dans ce r sum
28. tion des l ves en difficult avec la lecture Il s agit d une tude clinique portant sur une vingtaine d l ves suivi deux ans pour certains Pour mesurer les progr s des l ves objets d tude nous avons construit Document envoy au PIREF en vue de la conf rence de consensus sur l enseignement de la lecture l cole primaire les 4 et 5 d cembre 2003 http www bienlire education fr des outils d observation longitudinaux Nous nous attachons bien entendu au produit de la lecture c est dire par exemple la qualit de la reformulation qui r v le aussi bien une difficult particuli re sur un texte particulier qu une difficult r currente par exemple la difficult identifier les buts ou les relations des personnages la propension ne prendre en compte que le d but de l intrigue Nous nous int ressons aussi l volution du positionnement dans le double dialogue autour du texte dialogue solitaire avec le texte et dialogue entre pairs autour du texte partir des cat gories suivantes position de celui qui n a ni questions ni r ponses position de celui qui ne cesse de poser des questions sur E texte mais ne leur trouve pas de r ponse position de celui qui ne se pose pas de questions sur le texte mais qui sous l impulsion des questions du pair trouve des r ponses qu il n avait pas forc ment au pr alable double positionnement Nous nous int ressons enfin et surtout l vo
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