WINNICOTT : Jeu et Observation
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1. WINNICOTT Jeu et Observation 1 De la p diatrie la psychanalyse Entre 1928 et 1942 Winnicott publie une vingtaine d articles et son premier livre Clinical Notes on Disorders of Childhood en 1931 On pourrait r partir ces travaux en trois grandes cat gories les articles m dicaux proprement parler les articles psychologiques ou psychiatriques et les articles traitant des rapports entre psych et soma Les premiers articles de psychologie ou de psychiatre de m me que ceux qui rel vent de la probl matique du rapport entre troubles psychiques et affections corporelles mentionnent assez rarement le terme de psychanalyse et la citation du nom de Sigmund Freud ou de ses oeuvres y est tout aussi rare Anna Freud y est voqu e presque aussi souvent que Sigmund Freud et M lanie Klein L image g n rale que l on peut esquisser partir des textes psychologiques et psychosomatiques de cette p riode semble n anmoins nettement kleinienne M lanie Klein elle m me d terminait la question fondamentale de son approche comme tant celle de l angoisse et des destins de l angoisse Et l instar de M lanie Klein Winnicott semble d abord s int resser aux questions de l angoisse dans les troubles psychiques et les affections psychosomatiques des enfants Le fait de gigoter la bougeotte de m me que les d sordres de l app tit de la digestion du sommeil et les difficult s des rapports avec les parents les s2. table ou dans la pi ce 5 Le jeu situation normale variations Les trois tapes du jeu d crites ci dessus correspondent ce que Winnicott d signe de normal Avec une petite limitation suppl mentaire au del de l ge de 13 mois le jeu ne semble plus fonctionner de la m me mani re Apr s 13 mois remarque Winnicott la situation se complique rapidement et t moigne des complexit s d une analyse d enfants En gros ce jeu peut fonctionner suivant les conditions donn es entre 5 et 13 mois Tout ce qui s carte de la variante normale du jeu avec ses trois phases toute prolongation exag r e de l une des phases tout arr t en cours de route ou alors toute catastrophe motionnelle caus e par la situation tablie est significatif selon Winnicott Le jeu sert deux fins d une part il permet d identifier un certain nombre de probl mes psychiques chez l enfant et de l autre il devrait m me permettre un certain travail th rapeutique Winnicott ne semble pas particuli rement insister sur ce point Dans le contexte kleinien persistait la limite approximative de 2 ans et demi voire de 3 ans pour l approche psychanalytique de l enfant L id e d une psychoth rapie psychanalytique d enfants de 5 mois repr senterait alors une avanc e technique consid rable Mais d une part Winnicott ne semble pas particuli rement vouloir consid rer son petit jeu comme une m thode propremen
3. des moments de nutrition la fiabilit peut tre le fait de se pointer sur le corps de la posture en rection du corps etc Ce qui fait qu en fin de compte le p nis lui m me avant d tre p nis proprement parler est per u partir de l exp rience du sein et l exp rience du sein elle m me se compose d une synth se de perceptions de fantasmes eux m mes issus de perceptions et d exp riences sensibles m lang s des pens es inconscientes et de cent autre choses qui rel vent de la m re et qui ne sont pas essentiellement elle m me 3 Sinon la spatule peut repr senter d autres personnes Freud l avait montr avec un gar on de 18 mois identifiant une bobine sa m re le regard permet d int rioriser des personnes enti res Winnicott pense qu il en est ainsi d s l ge de 4 mois soit le d but de la position d pressive selon M lanie Klein Sur ce point une diff rence nette se fait sentir entre l approche freudienne et l approche lacanienne Cette diff rence porte sur la fonction et la place du langage dans le psychisme Pour r sumer cette opposition en une formule concise dans les approches freudiennes Abraham Ferenczi Klein Winnicott Bion etc le langage rel ve toujours des processus secondaires conscients ou pr conscients alors que l inconscient pr c de le langage et y reste tranger Dans les approches lacaniennes le langage est con u comme le mi
4. e kleinienne du surmoi pr coce du surmoi qui pr c de de loin la situation dipienne telle que con ue par Freud Si ce n est pas de l attitude de la m re que na t l angoisse c est de l image de la m re r probatrice s v re etc Le lieu d origine de l angoisse c est dire l attente ou l anticipation angoiss e de la part du b b est l origine d un conflit que l on pourrait certainement appeler conflit de conscience Et si l instar de Winnicott nous adoptons la perspective kleinienne la m re de l angoisse du b b n est pas simplement le d calque de la m re r elle Elle peut tout aussi bien repr senter l exp rience r elle m lang e aux divers fantasmes oraux anaux sadiques Winnicott remarque que l id e du fantasme de l enfant ne plait pas tout le monde mais qu il faut la supposer pour expliquer les ph nom nes psychiques de cet ge Le m lange d exp rience r elle et de fantasme se con oit comme un m lange de repr sentations d objets de personnes r elles et de parties de personnes Le monde int rieur correspond la configuration de ces objets et il existe en relation permanente avec le monde ext rieur Winnicott soutient donc avec M lanie Klein que les enfants m me ceux de 7 mois ont des fantasmes Ce qui distingue ces fantasmes de ceux des adultes c est que les premiers ne sont pas encore attach s des repr sentations de mots 2
5. la d couverte d autres objets dans la salle Elle s int resse surtout une petite cuelle d couverte sur la table joue avec puis la laisse tomber son tour Apr s cela elle manifeste son souhait d tre d pos e par terre ce qui est fait Le docteur lui met galement la spatule et l cuelle par terre Margaret a l air d tre content de vivre Elle regarde sa maman elle regarde le docteur joue avec ses orteils avec la spatule avec l cuelle mais jamais avec plusieurs objets la fois un moment donn elle se saisit de l cuelle et de la spatule en m me temps mais seulement pour jeter la spatule Quand comme auparavant le docteur la lui ram ne elle commence par la prendre en main et pour finir l utiliser en tapant dessus en faisant le plus de bruit possible la prochaine consultation deux semaines plus tard Margaret n a plus fait de crises d asthme Et bien qu elle reste toujours susceptible d en refaire m me 21 mois plus tard elle semble en avoir t pargn e Note int ressante la m re remarque que pendant cette p riode son asthme elle s est d clar de nouveau Interpr tation La variation la plus fr quente par rapport la situation normale se situe au moment de l h sitation C est ici que les avis des b b s semblent diff rer de la mani re la plus importante Ce n est pas le cas de Margaret Une premi re observation de Winnicott somme toute assez
6. vidente est que les spasmes bronchiaux qui vont de pair avec les moments d h sitation ont un rapport intime avec l angoisse L angoisse quant elle na t des v nements du monde int rieur Ce qui fournirait une orientation de base pour une approche psychanalytique de la composante psychique de l asthme Le rapport entre angoisse et asthme n est n anmoins qu une hypoth se de travail Il se pourrait selon Winnicott qu en l occurrence il ne s agisse que d un simple hasard L observation des enfants ne permet n anmoins jamais de d passer les hypoth ses explicatives Ces hypoth ses peuvent tre mises avec plus ou moins de probabilit mais ne correspondent jamais au degr plus grand de certitude qui peut tre acquis par le biais du travail analytique avec les enfants La limite des deux ou trois ans reste On remarque en effet que ce stade pose souvent des probl mes jusqu l ge adulte Qui ne conna t ces personnes ou pourquoi pas ces moments chez nous m mes o le na t le sentiment de ne plus supporter le groupe de ne plus supporter d tre avec plusieurs personnes la fois Un d ner en t te t te semble parfaitement agr able mais d s qu on est plusieurs rien ne va plus Selon Winnicott cette tape du d veloppement se d cide avant la fin de la premi re ann e En d pend la capacit pour l enfant de participer la vie familiale et plus tard la vie sociale L articulati
7. des plus importants malentendus consisterait certainement penser que ce laisser aller implique chez Winnicott une sorte de passivit ou m me de d sint r t Rien que sur ces deux points il faudrait d embl e penser le contraire le laisser aller repr sente une position plut t active et un int r t que l on s imaginera aussi fort que possible Le laisser aller que met en avant Winnicott s av rerait bien mieux d crit par l id e de l accompagnement Cet accompagnement quelle que soit l activit qu il c toie est assez diff rent voire oppos ce que l on d signe couramment de prise en charge Y a t il pire en termes de libert ou de dignit humaines ou m me en termes d intelligence ou d existence autonome que d tre pris en charge Car la prise en charge correspond la plupart du temps non seulement sur le plan s mantique mais galement dans les actes un type de direction ou d orientation L analysant le patient aurait il vraiment besoin d un psychanalyste pour le prendre par la main et lui montrer comment il faut penser comment il faut agir ou ce qu il faut faire Le concept du traitement a parfois un sens similaire Nous allons chez le m decin nous lui faisons part de nos douleurs et probl mes nous r pondons ses questions et en contrepartie de la somme que nous lui versons il nous fournit des explications des conseils et une prescri
8. e fantasmatique que l on retrouve tout autant chez les adultes Je ne puis pas go ter au bonheur parfait alors que parfois je le ressens entend on dire parfois Si je vis ce bonheur il m arrive toujours toutes sortes de malheurs C est notamment la personne aim e qui ne pourra plus me supporter Donc il ne faut pas montrer son bonheur car ma copine mon pouse ou mon copain ou mon poux ne supportent pas Qui sait L id e de la castration transfigur e en morale est peut tre n e de fantasmes de ce type Je ne dois pas transgresser c est dire laisser libre cours mon avidit mon envie ma jalousie ou ma haine parce que sinon j attaque les autres et il m arrivera toutes sortes de malheurs en retour Il faut donc que je me retienne que je me bride que je ne fasse pas autrui ce que ne n aimerais pas ce qu ils me fassent Ainsi la Loi de la castration rejoint en effet les principes de la charit chr tienne 6 Consid rations th oriques g n rales Spatule et fantasmes Le moment de l h sitation accompagn e d angoisse ne r pond en r gle g n rale pas une crainte de la r action de la m re L angoisse est bien une angoisse de conscience elle est endog ne Dans le cas normal c est dire quand la m re n intervient pas Et Winnicott de remarquer que dans ce cas c est une angoisse issue du surmoi Ce qui signifie aussi que Winnicott reprend l id
9. ou l tat veill ainsi que des attaques au cours desquelles elle devenait bleue Pendant son enfance elle souffrait de constipations qui occasionnaient de nombreuses injections de m dicaments Aussi est elle syst matiquement sujette des effondrements que les m decins attribuent l exhaustion caus e par sa nervosit Dans ces cas elle reste allong e dans son lit sans se lever g e de deux ans Rosina commen ait vivre des terreurs nocturnes Elle commen ait l cole 5 ans et s y d brouille plut t bien l ge de 8 ans elle est envoy e en consultation chez le docteur Winnicott pour la premi re fois en vue d un traitement contre la chor e Winnicott reconna t un faux diagnostic et se rend compte que l agitation la nervosit de Rosina est due son inqui tude et son anxi t int rieure Son probl me avait attir l attention parce qu l cole elle ne cessait de renverser son encre et la maison elle ne cessait de laisser tomber ses assiettes Rosina est galement sujette des spasmes occasionnels De 8 13 ans elle souffrait de toute une s rie de sympt mes dont la plupart s exprimaient par la simulation de maladies physiques Le p re un homme que Winnicott d crit comme atteint d une s v re hyst rie d angoisse accompagn e d une psychose sous jacente il avait t hospitalis trois fois pour cette raison exige que sa fille soit exclusivement trait e par v
10. Ils n en sont pas moins riches de contenu et d motions et peuvent constituer le fondement sur lequel toute la vie fantasmatique subs quente est construite Que repr sente la spatule dans ce jeu La premi re r ponse serait que la spatule peut repr senter le sein Le fait que l enfant la porte sa bouche la suce la mordille pointe dans cette direction Qu en est il alors demande Winnicott de l id e qu il s agirait d un symbole du p nis La r ponse para t d sarmante dans sa simplicit et en dit long sur l impact que peuvent avoir les belles th ories sur la mani re d peler les ph nom nes Pour l enfant il ne peut s agir d un p nis ou d un phallus parce qu ce stade l enfant ne sait rien ou pas grand chose du p nis de sa fonction et de sa signification Qu est ce que le p nis pour un b b de sept mois Peut tre tout au plus quelque chose qui a plus voir avec papa qu avec maman Si donc l on voulait absolument maintenir le symbole du p nis on pourrait dire voil quelque chose comme un sein le seul objet que l enfant connaisse vraiment mais qui est peut tre plus du c t de papa que de maman On aurait sauv la th orie mais pas gagn grand chose dans l explication du ph nom ne Par ailleurs remarque Winnicott ce que le gar on apprendra conna tre plus tard comme p nis il l attribue d abord la m re et au sein le fait d tre vivant la ponctualit
11. ait le point de vue de M lanie Klein qui dans cette agitation hyperactive voyait un sympt me plut t hyst rique on pourrait galement penser que la caract ristique psychologique est celle d une d fense de type plut t schizo de L enfant la personne r pond l angoisse insupportable en distribuant sur attention sur de multiples objets id es et sentiments la fois c est dire par un parpillement non schizophr nique de l attention du moi Il semble important n anmoins d insister sur la distinction relev e par Winnicott il est des agitations qui sont dues l angoisse dont la causalit est psychique et des agitations qui sont dues des affections proprement neurologiques Winnicott y insiste un bon diagnostic est de la plus haute importance En 1931 Winnicott crit qu il faut savoir distinguer entre trois choses l agitation angoiss e les tics et la chor e La chor e se manifeste par des acc s qui d butent entre cinq et quinze ans qui se caract risent par des mouvements musculaires involontaires grimaces soudaines soul vement de l paule flexions extensions de avant bras brusques d placements des doigts flexions subites des membres inf rieurs qui rendent la marche dansante et difficile 2 3 L app tit le fantasme et le monde int rieur Manger n est pas un acte aussi simple qu il para t Manger se d cline selon trois axes gt La reconnaissance de la pulsion je veux
12. e pas ne rien manger pendant presque toute une semaine Elle devient irritable et n arrive pas supporter l absence de sa m re sans tre sujette de graves crises d angoisse Elle pince et mord le b b et se montre effray e par les animaux Il ne faut pas parler de son fr re en sa pr sence et quand elle se trouve dans une pi ce avec des gar ons elle s excite jusqu au vomissement Quand on lui donne du chocolat elle le met dans sa bouche l emm ne ainsi jusqu la maison et l y recrache Joan est une fille parfaitement saine note Winnicott et qui a des parents d une gentillesse exceptionnelle Une autre sc ne d h pital une m re entre au cabinet avec dans ses bras un b b de deux mois Les deux se font devancer par une petite fille de trois ans La maman est l pour le b b mais la petite fille se montre de plus en plus angoiss e Jusqu au moment o elle s crie Il ne va pas lui couper la gorge n est ce pas Son petit fr re souffre d un ulc re du palais en raison d un usage intensif de sa sucette Winnicott avait demand la m re de la lui interdire jusqu la disparition de l ulc re La petite fille elle m me avait manifest un attachement tr s fort sa sucette et l y d shabituer n avait pas t une mince affaire Ainsi il arrivait la m re ext nu e de lui dire si tu reprends ta sucette on te coupera la gorge Et la petite fille d en tirer la concl
13. elation to the Psyche Soma Collected Papers 245 London Karnac Books 1958 Tavistock Publications 1984 Certains d entre vous ont cr e des uvres d art Vous avez fait des dessins et des peintures ou vous avez model partir d argile ou vous avez tricot des pull overs ou fait des habits Quand vous faisiez ces choses ce qui en r sultait tait fait par vous Les b b s sont diff rents et vous tes la m re qui fournit un environnement adapt Quelques personnes semblent concevoir l enfant comme de l argile dans les mains d un potier Ils commencent par modeler l enfant et par se sentir responsables du r sultat Cela est plut t faux Winnicott The child the Family and the Outside World Penguin 1957 1991 p 28 Tout est bien sortant des mains de l Auteur des choses tout d g n re entre les mains de l homme Il force une terre nourrir les productions d une autre un arbre porter les fruits d un autre il m le et confond les climats les l ments les saisons il mutile son chien son cheval son esclave il bouleverse tout il d figure tout il aime la difformit les monstres il ne veut rien tel que l a fait la nature pas m me l homme il le faut dresser pour lui comme un cheval de man ge 1l le faut contourner sa mode comme un arbre de son jardin Rousseau Emile Livre Premier Winnicott reviendra sur certains de ces remarques par la suite notamment sur ce qu elles p
14. er tout de m me etc On pourrait se demander n anmoins dans quelle mesure les r sultats d une telle observation sont significatifs du comportement de la m re la maison Winnicott Collected Papers p 53 Car si l enfant est en quelque sorte pris dans un cadre particulier la m re l est galement Plus que son enfant elle se trouve dans une situation de transfert l h pital face un m decin dont elle risque de conna tre la r putation etc l poque Winnicott avait d j acquis une solide r putation de p diatre Dans les ann es trente il b n ficiait galement d une certaine c l brit du fait de ses discours aux m res la radio Stade 2 Le stade de l h sitation Le b b peut se tourner vers sa m re puis vers ce Monsieur en face de lui avec un regard interrogateur Il peut s immobiliser compl tement ou alors cacher sa t te dans les bras ou la chemise de sa m re Puis lentement le b b commence d velopper une certaine confiance dans son d sir dans son souhait de se saisir de la spatule Au moment o il accepte son d sir l image change Son comportement devient plus assur il s en faut de peu et il commence mettre la spatule dans sa bouche la mordiller avec des sons de satisfaction ou imiter le p re fumant sa pipe etc Le b b prend alors lentement possession de la spatule et la lui enlever ce moment crit Winnicott est difficile sans l applicat
15. es mains se montre facilement excit e et s insurge contre tout Ses angoisses sont toujours aussi importantes et comme elle voit des insectes partout elle ne veut plus sortir dans le jardin Un mercredi elle avait d vomir et depuis elle craint les mercredis parce qu ils lui rappellent sa r gurgitation L examen ne r v le toujours aucune maladie physique L angoisse peut se manifester avec tout un ventail de sympt mes physiques la maigreur ou l app tit d mesur l occasion le mauvais sommeil la p leur la propension la transpiration l vanouissement aux maux de t te aux migraines et aux douleurs physiques diffuses 2 2 L excitation Le verbe fidget signifie selon le Oxford Dictionary faire de petits mouvements par nervosit ou impatience Le nom fidget repr sente la personne caract ris e par ces mouvements une personne agit e qui ne cesse de bouger Cette hyperactivit ne s exprime pas exclusivement par l agitation physique mais galement par une agitation psychique ou id ationnelle La concentration suppose la r union l unicit la focalisation en un point unique et par se situe par cons quent aux antipodes de la dispersion de la diffusion de la dilution de la dissolution de l parpillement C est ce qui permet d affirmer rien que sur le plan s mantique et logique le rapport intime entre l agitation et les probl mes de concentration Si l on adopt
16. ho Analysis London Tavistock Publications 1958 New York Basic Books 1958 London Hogarth Press and the Inst of Psa 1975 London Inst of Psa and Karnac Books 1992 Brunner Mazel 1992 D W Winnicott The Child the Family and the Outside World 1964 Harmondsorth Penguin Reading Mass Addison Wesley 1987 D W Winnicott Psychoanalytic Explorations London Karnac Books Cambridge Mass Harvard University Press 19891944 1 D W Winnicott Appetite and Emotional Disorder dans Collected Papers p 34 2 D W Winnicott Collected Papers 1958 London Karnac Books 1975 2002 p 61 The idea that infants have fantasies is not acceptable to everyone but probably all of us who have analysed children at two years have found it necessary to postulate that an infant even an infant of seven months has fantasies These are not yet attached to word presentations but they are full of content and rich in emotion and it can be said that they provide the foundation on which all later fantasy life is built 3 Collected papers p 64
17. ion d une force brutale brutal strengh Une fois qu il a compl tement pris possession de la spatule il commence jouer avec La spatule devient alors pour lui un moyen d expression Il l utilise pour frapper sur la table ou tout autre objet qu il y trouve afin d en faire autant de bruit que possible Ou alors il la tient la bouche de sa m re ou du Monsieur et se r jouit si ceux ci fond semblant de la sucer Ce faire semblant est important car si jamais quiconque s y met vraiment semble g cher le plaisir du b b Il faudrait penser que le b b dans son jeu attend qu on fasse semblant Et Winnicott de remarquer qu il n a jamais vu d enfant ce moment du jeu se montrer insatisfait ou d u du fait que la spatule n tait pas vraiment comestible ou ne contenait pas vraiment de la nourriture Stade 3 Enfin le b b laisse tomber la spatule comme par erreur Si on la lui rend il en joue un peu nouveau puis la jette nouveau mais de mani re plus d lib r e Si l on continue la lui restituer le jeu consistera pour lui s en d barrasser de mani re de plus en plus agressive Et il se r jouit particuli rement si en tombant la spatule fait plein de bruit La fin de cette exp rience est atteinte quand le b b manifeste son souhait d tre d pos par terre pour commencer d autres jeux avec la spatule ou au moment o il commence s int resser d autres objets sur la
18. lieu essentiel du psychisme en g n ral Du point de vue freudien cet absolu du langage ne parvient jamais saisir l inconscient mais se voit contraint de rester en surface Du point de vue lacanien Freud se serait tromp dans sa conception de l inconscient en raison de ses partis pris scientistes et parce qu il n aurait pas eu acc s aux bonnes ou vraies conceptions du langage Dans cette mesure Winnicott semble donc r solument freudien Remarques sur les effets th rapeutiques du jeu Le jeu des enfants de Winnicott semble d abord assez simple Il permet n anmoins une observation assez fine de l enfant D un certain point de vue on pourrait m me y voir comme une avanc e dans l abord psychanalytique des enfants peut tre un mod le que l on pourrait varier d velopper etc Quoi qu il en soit le jeu s av re surtout utile pour l observation de l enfant Ce qui reste bien plus obscur c est l id e de l effet th rapeutique du jeu Pourquoi le fait de laisser jouer un b b avec une spatule serait il th rapeutique Winnicott n exag re t 1l pas en affirmant que cette observation est en m me temps th rapeutique Comment s op re la th rapie La r ponse de Winnicott est la suivante L exp rience de l enfant qui consiste souhaiter prendre la spatule oser la prendre la prendre et puis la rejeter m me l utiliser pour en faire un brui
19. n bulbe dans votre jardini re vous savez parfaitement bien que vous n avez pas besoin de faire pousser le bulbe en une jonquille Vous fournissez le bon type de terre ou fibre et vous maintenez le bulbe suffisamment arros et le reste vient tout naturellement parce que le bulbe a de la vie en lui Le soin des enfants est beaucoup plus compliqu que le soin d un bulbe de jonquille mais l illustration suffit ma vis e car avec le bulbe et l enfant il se passe quelque chose qui n est pas de votre responsabilit Winnicott op cit p 28 C est toi que je m adresse tendre et pr voyante m re qui sus t carter de la grande route et garantir l arbrisseau naissant du choc des opinions humaines Cultive arrose la jeune plante avant qu elle meure ses fruits feront un jour tes d lices Forme de bonne heure une enceinte autour de l me de ton enfant un autre en peut marquer le circuit mais toi seule y dois poser la barri re Rousseau Emile Livre Premier Dans le cours normal des v nements la m re essaye de ne pas introduire des complications au del de celles que l enfant peut comprendre et admettre en particulier elle essaye d isoler son b b d accidents et d autres ph nom nes qui doivent se situer au del de la facult de compr hension de l enfant D une mani re g n rale elle essaye de maintenir le monde de l enfant aussi simple que possible Winnicott Mind and its R
20. oie m dicamenteuse C est ce qui explique selon Winnicott la persistance de l tat de Rosina pendant ces 5 ans Suite un alitement forc l ge de 10 ans les choses semblent s empirer Rosina devient de plus en plus nerveuse ses crises de terreur augmentent en nombre et il suffit que quelqu un frappe la porte de sa chambre ou froisse un papier pour les d clencher Par ailleurs d s cette poque elle est rigoureusement incapable de rester seule la maison Elle d veloppe soudainement un app tit pantagru lique et partir de 11 ans elle est sujette des pertes de conscience Elle souffre d importantes douleurs au niveau du c ur qui auraient pu laisser penser une angine de poitrine La nuit elle se r veille souvent avec tous les sympt mes d une maladie somatique fi vre froid tremblements mais en r gle g n rale suite des cauchemars Quand elle vient voir Winnicott 12 ans elle souffre de maux de t te et d une nervosit continuelle Elle a contract une habitude de mordre et de tousser L cole lui est devenu trop difficile insupportable Elle fait des crises nerveuses et reste allong e dans son lit pendant des jours La nuit elle se r veille r guli rement terrifi e voyant des serpents partout Quand elle revient voir Winnicott 13 ans elle souffre de douleurs aigu s qui se r pandent sur l ensemble de son corps et d une hyperesth sie g n ralis e Elle a des crampes dans l
21. on de deux ou plusieurs personnes ajoute une complication suppl mentaire aux r alisations de la position d pressive Si la perlaboration de la position d pressive donne lieu la synth se de l amour et de la haine en un seul objet de l ambivalence l gard d une personne qui n a plus d s lors besoin d tre cliv e en une partie absolument bonne et une partie tout aussi m chante l articulation de plusieurs personnes multiplie le ph nom ne et l effort psychique pour le mettre en uvre L envie l avidit la jalousie la haine l angoisse pers cutrice et l angoisse de la culpabilit se distribuent alors selon l articulation des personnes Est il possible de prendre la spatule de laisser libre cours son avidit sans que l une des personnes ne s en offense ou devienne pers cutrice Est ce que ce sera maman qui se f chera ou le docteur Ce qui est en question par exemple est le partage du sein maternel Si l avidit est assum e avec trop de plaisir il ne restera rien du sein pour papa ou la s ur ou le fr re Ce serait les priver et dans une certaine mesure les d truire Nous retrouvons l une variante du retour des mauvais objets Fairbairn dans une situation devenue plus complexe Ma satisfaction compl te comporte en m me temps l attaque fantasmatique d autres personnes Quand je suis vraiment bien avec maman je tue mes fr res et s urs et mon p re Il s agit d une pens
22. ourraient laisser sous entendre de indiff rence de l environnement dans le d veloppement de l enfant C est dans le contexte de cette orientation que na t la premi re pratique du jeu Ce jeu ne pourra d s lors tre con u comme l application d une m thode de traitement comme une activit th rapeutique de la part du p diatre mais plut t comme la mise en place d un lieu o des processus peuvent se mettre en place sans l intervention des adultes 4 Le jeu de la spatule R gle du jeu Lors d un entretien avec la m re il est convenu de laisser le b b compl tement libre de ses actes de ni lemp cher ni l encourager Au milieu de la table se trouvent des spatules m talliques brillantes Stade 1 Le b b qui a vu le petit objet brillant apr s un certain temps essaye d y mettre sa main Une fois que la main y est il s arr te Qu est ce qu il va faire d sormais Va t il se saisir de la spatule va t il la laisser Peut tre qu il la laissera dans un premier temps Aucun encouragement ou interdit ne doit intervenir ce moment Winnicott remarque astucieusement que ce mode d emploi permet en m me temps d avoir quelques informations sur la m re Est elle pr te laisser son enfant bouger librement le laisser saisir l objet de son int r t et le laisser balancer par terre ou alors le lui interdit elle ou se trouve t elle mal l aise ou encore tente t elle de l y encourag
23. ption Et pour la plupart si nous suivons les conseils et les prescriptions nos douleurs disparaissent et nos probl mes se r solvent la mani re et dans les d lais qu il nous a indiqu s C est extr mement rassurant et souvent on s en sent presque gu ri en sortant du cabinet du fait de savoir o en sont les choses et comment elles volueront On ne s tonnera pas d s lors que la psychanalyse soit parfois abord e de la m me mani re Cela se remarque surtout d ailleurs chez les personnes qui sans trop savoir quoi s attendre viennent chercher de laide en suivant le conseil de leur m decin Souvent ces personnes se retrouvent dans le cabinet de l analyste lui pr sentent leurs probl mes leurs questions leur souffrance et peut tre m me un peu de leur histoire personnelle Elles reviennent deux fois ou trois elles ont l impression qu il se passe quelque chose bien que ce psy leur paraisse un peu par trop taciturne et quelque part le traitement se fait attendre Il n y a ni prescription ni conseil ni m me en r gle g n rale de grandes explications du type si vous tes si malheureux aujourd hui ce parce que quand vous tiez petit vous vouliez pouser maman et cuire papa sur le feu jusqu ce qu il explose cf les enfants de M lanie Klein et que vous n avez toujours pas admis le fait que maman soit rest e avec papa Les grandes r ponses les solutions efficaces les r solu
24. qui s av rera fondamentale pour son approche de la psychanalyse La psychanalyse remarque Winnicott en passant ressemble au jeu de la spatule L analyste laisse le patient imposer sa vitesse son rythme le laisse m me autant que faire se peut d cider de ses all es et venues et s en tient aux horaires qui ont t fix s partir de l il lui fournit un environnement O des processus d laboration et de maturation peuvent se mettre en place au prix parfois de profondes r gressions La diff rence est que contrairement au jeu de la spatule l analyste tente de saisir dans le mat riel que lui fournit le patient ce qui se passe sur le plan de l inconscient Dans cette mesure m me si c est parfois difficile croire le psychanalyste est plus actif que le p diatre du jeu de la spatule qui peut se satisfaire de fournir un environnement pour des exp riences compl tes Et parfois quand l analyste parvient voir derri re tous les d tails du mat riel il fournit une interpr tation qui ressemble au petit objet tincelant et qui stimule avidit du patient Rien ne nous emp che d ailleurs d inverser la perspective L id e qu acquiert l analyse au fil d une s ance peut tout aussi bien repr senter un bel objet tincelant pour lui m me un objet devant lequel il peut h siter qu il peut faire sien et jeter etc Bibliographies D W Winnicott Collected Papers Through Paediatrics to Psyc
25. s s occuper ou jouer longtemps sans se fatiguer Physiquement elle n a aucun signe de maladie et s av re tre en parfaite sant apr s l examen physique La t che du p diatre est donc extr mement difficile pr cise Winnicott D un c t il doit faire de son mieux pour ne pas intervenir en cas de troubles li s l angoisse et de l autre c t il ne doit jamais perdre de vue que quelque part il pourrait tout de m me y avoir une cause physique Le fait que dans le cas de l angoisse la distinction entre troubles psychiques et troubles physiques n est pas toujours aussi claire et nette que la distinction conceptuelle entre corps et me complique la situation davantage Car l angoisse peut tr s bien se manifester par des sympt mes physiques Voici un cas int ressant qui au d part aurait pu para tre du m me ordre que les autres mais qui conna t une suite moins optimiste Rosina a treize ans Elle est une fille mince grande et porte de longs cheveux boucl s Elle est n e un mois en avance Sa m re raconte que les douleurs de l accouchement ont dur trois jours et ont commenc le jour du bombardement de Londres en 1917 Elle pense que le probl me de Rosina est d son accouchement angoiss Rosina s est mise pleurer une demi heure apr s sa naissance et elle n a pas vraiment cess depuis Toute jeune elle connaissait de premi res complications des convulsions pendant le sommeil
26. sucer mordre manger J ai du plaisir sucer mordre manger Et enfin je suis satisfait d avoir suc mordu mang gt Le fantasme quand j ai faim je pense ce que j aimerais manger ce que j aimerais prendre en moi dans mon corps et ce que j aimerais laisser ou rejeter l ext rieur gt Le rapport du fantasme au monde int rieur le monde int rieur est ce qui se passe en moi ce sont tous les objets et personnages les situations et tats en moi Chez l enfant s y rajoute le monde int rieur imagin de la m re 1 Pas de coliques de vomissements de diarrh e de constipation d anorexie chez l enfant sans r f rence au monde int rieur Il suffit pour cela de s en remettre aux dires des enfants Chez certains il y a une guerre dans le ventre o des soldats se battent aux p es Chez d autres de petites personnes assises autour d une table dans le ventre attendent que vienne la nourriture D o les bruits d assiettes qu on entend parfois dans le ventre 3 Remarques g n rales sur la philosophie de Winnicott S 1l l on voulait trouver une marque distinctive de l approche Winnicottienne ce serait d abord cette attitude de laisser aller particuli re dans les premiers articles des ann es trente et quarante En m me temps un terme tel que laisser aller para t excessivement ambigu et pourrait surtout pr ter tous les malentendus imaginables L un
27. t d enfer a des effets si elle peut s effectuer dans un environnement stable Un environnement qui tient le coup quoi qu il en soit de l avidit qui puisse s y d velopper C est ce que Bion d signera plus tard de contenant Or la r p tition de cette exp rience est la base de l effet th rapeutique du jeu de la spatule La r p tition permet l enfant de gagner confiance en soi dans l environnement c est dire dans les personnes adultes En r sulte un sentiment g n ral de s curit Ce qui plus est gr ce cet environnement stable et amical les personnages du monde int rieur trouvent galement la paix et la conviction qu l int rieur les choses peuvent tre aussi stables qu l ext rieur S il faut en croire Winnicott Les r percussions de cette exp rience ne sont pas seulement psychiques mais apportent galement quelques am liorations sur le plan de la sant physique La s curit int rieure et l assurance la possibilit de vivre et d laborer les pulsions agressives transforme le jeu en une exp rience active et stabilisante L effet th rapeutique vient donc de la possibilit de l exp rience compl te d une exp rience faite de bout en bout et non pas interrompue par une quelconque n cessit de castration ou d imposition des limites Sur ce point Winnicott sait toutefois nuancer Il ne s agit pas pour lui de soutenir qu il ne faut jamais et n
28. t psychanalytique Ce qui plus est Winnicott semble se limiter d en esquisser la possibilit et en fait s il dit cette possibilit confirm e par son exp rience nous n avons que deux cas qui viennent l illustrer Voyons la description d une variante du jeu Margaret une petite fille de sept mois souffre d asthme La m re elle m me souffrait d asthme quand alors qu elle tait enceinte de sa fille et elle a reconnu le probl me de sa fille cause de sa respiration sifflante pendant le sommeil Margaret a de bons rapports avec sa m re et m me avec sa s ur plus g e de 16 mois bien que cette derni re ait t jalouse sa naissance Mais c est son papa que Margaret pr f re C est vers lui qu elle se tourne quand elle a des probl mes et c est lui qui arrive la faire dormir Margaret sait d j l appeler par son nom mais pas sa maman L asthme de Margaret s est annonc progressivement D abord elle avait le sommeil agit elle ne dormait que de courts moments pour se r veiller crier pleurer et trembler Ensuite elle a commenc introduire son poing dans la bouche de mani re de plus en plus compulsive Puis la suite d un rhume le sifflement s est manifest Au jeu de la spatule Margaret se montre imm diatement saisie par le plus vif int r t face au petit objet brillant qu elle d couvre port e main Elle se tourne vers le docteur le regarde longuement avec de grands
29. tions d finitives se font attendre Quand est ce qu il elle va me gu rir Qu est ce qu il elle attend Est 1l elle un peu obtus e de l esprit ou simplement sourd e Un charlatan peut tre L on trouve chez Winnicott une sorte de philosophie voire d thique sous jacente la perspective clinique l uvre dans les diff rentes descriptions de cas Ce que l on pourrait alors d signer avec toute la prudence qui s impose d orientation philosophique de Winnicott porte quelques traits de ressemblance tonnants avec les d veloppements de l mile de Rousseau Sans doute Winnicott n avait il aucune connaissance particuli re de l mile et il n est pas question de relever les quelques similarit s dans l intention de d celer une quelconque influence m me cach e La juxtaposition des citations ci dessous a comme seule fin de mieux marquer ce qui chez Winnicott pourrait s articuler comme orientation immanente la pratique d crite dans les premiers textes Votre b b ne d pend pas de vous pour la croissance et le d veloppement Chaque b b est une tincelle vitale et cette impulsion urge la vie et la croissance fait partie du b b quelque chose avec quoi le b b est n et qui est d velopp d une fa on que nous n avons pas besoin de comprendre Winnicott The child the Family and the Outside World Penguin 1957 1991 p 27 Par exemple si vous venez de mettre u
30. ui lui seront d une aide indispensable plus tard quand il s agira de vivre tout seul par ses propres moyens Une intervention th rapeutique intempestive ou d plac e aurait comme effet de masquer l importance de ces exp riences ou alors de les apparenter elles m mes une sorte de maladie La notion de normalit que sous tendent les r flexions de Winnicott n est pas celle du fonctionnement infaillible du bonheur parfait ou de la beaut sans t ches La normalit laquelle s int resse Winnicott semble bien plus tenir de la capacit ou la facult qu a l enfant de vivre et d laborer des exp riences les bonnes aussi bien que les mauvaises L angoisse la frustration la d ception la tristesse ou m me la maladie font partie de la normalit pour peu qu elles puissent faire l objet d une exp rience et donc d un processus de maturation ce moment il ne s agit pas d intervenir mais d accompagner en cas de besoin Quelques descriptions cliniques permettent de mieux voir que ce qu avec Winnicott on pourrait d signer de troubles de la normalit ne se limite pas de subtiles g nes Joan a un an et cinq mois quand sa maman l emm ne voir le docteur Winnicott Elle tait parfaitement saine jusqu l ge de 13 mois jusqu au moment de la naissance de son fr re la suite de cet v nement elle perd son app tit mange moins devient maigre et p le et sait si on ne la forc
31. ulle part mettre des limites Dans certaines situations notamment dans le cas de tendances asociales et criminelles ou m me schizophr niques l adulte qui impose des limites peut lib rer l enfant d une excitation positive ou n gative d pourvue de tout frein et qui menace provoquer les angoisses les plus importantes Ici la limite sert de protection contre un d cha nement ou une d compensation fantasmatique L astuce du jeu consiste dans cette id e fournir l enfant un environnement o il peut s adonner une exp rience compl te C est ce qui distingue fondamentalement la notion de l environnement de celle du cadre proprement parler Car le cadre se caract rise justement d imposer des limites des lignes ne pas franchir L environnement rassurant de Winnicott au contraire se caract rise par la suppression de ces lignes On pourrait penser que le cadre importe ses limites depuis un ext rieur des convictions morales religieuses philosophiques ou simplement n vrotiques alors que l environnement doit permettre l enfant de cr er ou de d couvrir et de suivre ses propres lignes La diff rence entre le faux soi et le vrai soi s annonce d j Le faux soi r sulte de la soumission passive aux injonctions ext rieures Il est aux antipodes de la cr ativit La psychanalyse comme jeu de spatules Sur ce point il vient une id e Winnicott 1941
32. urs et fr res et les autres enfants repr sentent aux yeux de Winnicott autant de ph nom nes dus l angoisse consciente ou inconsciente Dans leur ensemble ces textes t moignent donc d une d marche qui sur le plan th orique pourrait ais ment tre attribu e l orientation kleinienne Toutefois sur le plan clinique une diff rence manifeste se fait d j ressentir La pratique de Winnicott se caract rise d embl e par une sorte d abstentionnisme Bien que dans la plupart de ces textes Winnicott esquisse des vignettes cliniques l intervention th rapeutique semble presque h sitante aussi bien sur le plan m dical que sur le plan psychologique La raison en est que Winnicott voit dans la plupart des sympt mes d crits des caract ristiques de processus qui n ont rien de pathologique en eux m mes Ainsi aux yeux de Winnicott il n y a rien de particuli rement anormal ce que les enfants se montrent angoiss s ne parviennent pas dormir perdent leur app tit ou se mettent gigoter Selon Winnicott il s agit l de ph nom nes simplement transitoires qui accompagnent tout d veloppement naturel et par rapport auxquels il vaut mieux s abstenir de toute forme d intervention Inversement un traitement h tif pourrait dans ces cas contribuer fixer d velopper ou installer des probl mes qui se r solvent mieux et plus rapidement en n y touchant point On cherchera en vain de telles r flexions che
33. usion logique crit Winnicott que le docteur d sire ardemment to long for couper la gorge du petit fr re Le docteur l assure que rien de tel ne lui arriverait mais l angoisse refait jour rapidement avec les questions insistantes il ne va pas lui couper la gorge n est ce pas il ne va pas lui couper la gorge Jusqu ce que la m re enrag e lui lance non il ne va pas lui couper la gorge mais si tu ne t arr tes pas c est toi qu il va couper la gorge La petite fille n en semble pas particuli rement affect e sur le moment mais quelques instants plus tard elle est saisie par un violent d sir de faire pipi et doit tre amen e aux toilettes d urgence Un autre exemple d angoisse bien plus myst rieux Un beau matin Lilian g e de deux ans et six mois se r veille en criant il n y a pas de bicyclette dans la chambre Elle reste saisie depuis lors d une anxi t et d une nervosit dont elle ne parvient plus se lib rer Jusqu ce jour l Lilian tait une fille parfaitement saine qui adorait ses parents et qui avait un sommeil parfait ce dont les parents n taient pas peu fiers Mais depuis ce matin elle dort tr s mal doit souvent passer ses nuits dans le lit de ses parents et ne supporte plus que sa m re la quitte m me l int rieur de la maison Pendant quelque temps elle avait perdu son app tit et elle semble avoir perdu tout int r t en g n ral Elle n arrive plu
34. yeux en mettant de petits soupirs Cette h sitation s tend sur 5 minutes et Margaret ne semble pas m me de se d cider Elle finit tout de m me par s emparer du petit objet mais seulement pour recommencer h siter Le mettra t elle dans sa bouche Ce n est pas l envie qui semble lui manquer mais nouveau elle ne parvient pas vraiment se d cider Quoi qu il en soit de la longueur de ces h sitations Winnicott n y voit rien qui se distingue de la situation normale Plus significatif est le fait que pendant ces deux moments d h sitation Margaret manifeste tous les signes d une petite crise d asthme L asthme cesse pour de bon le moment o elle r ussit mettre la spatule dans sa bouche au moment o selon la description de Winnicott l observation a pris fin et o elle se r jouit de son activit ludique Winnicott ne fait que relever la simultan it des deux ph nom nes la deuxi me consultation m me h sitation chez Margaret Puis apr s plusieurs visites c est la confiance qui l emporte Margaret se saisit de la spatule avec assurance la met dans sa bouche et la mordille avec plaisir en faisant des bruits Elle commence par laisser tomber la spatule pour la jeter ensuite et pour recommencer en jouer avec le plus grand plaisir et en faisant plein de bruits tout en regardant sa maman et le docteur avec des yeux remplis de joie Lentement elle se d sint resse de la spatule pour aller
35. z M lanie Klein qui contrairement Winnicott semble pencher vers une activit interpr tative plus importante plus ais ment interventionniste 2 La clinique des enfants La profonde inspiration kleinienne de Winnicott est patente Et c est moins dans les consid rations th oriques que dans son travail clinique o se manifestent les premi res diff rences entre Winnicott et M lanie Klein Quelques exemples tir s des textes de Winnicott permettront de mesurer cette proximit et cette diff rence 2 1 L angoisse Il est normal remarque Winnicott dans son article de 1931 sur la normalit et l angoisse qu un enfant de deux ou trois ans soit tr s mu ou agit la naissance d une petite s ur ou d un petit fr re Ainsi il arrive fr quemment qu un enfant tout fait sain et robuste jusqu ce moment tombe malade se sente malheureux pique des crises de col re et r agisse par de l nur sie de la constipation de la congestion nasale Si une maladie physique s y rajoute coqueluche pneumonie gastro ent rite cette derni re mettra un temps beaucoup plus long gu rir Il est important pour le m decin crit alors Winnicott de se rendre compte de ces causes psychiques ces moments l enfant vit des exp riences tr s importantes des frustrations des d ceptions des pertes de l amour la r alisation de la propre faiblesse du propre manque d importance et q
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