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1. coute pas Elle reprend Puisque je te dis qu il n est pas venu Puis elle trangle un sanglot Elle est la Elle n est pas la Cela fait pas mal de temps maintenant qu elle me joue et re joue cette sc ne quoi bon expliquer la contrarier la f cher Dans quelques minutes quelques secondes elle aura repris de plus belle Elle aura tout oubli Inutile de vouloir rappeler Paule au r el Mettre sa parole en doute c est Pagiter Pindisposer sans doute aussi lui faire mal Je capitule pour calmer l orage Elle reprend ind boulonnable Pourquoi ton fr re n est il pas venu me voir Faut il r pondre Se taire Mais si il est venu hier maman 11 LES AILES DU DELIRE Exasp r e et pour que la ritournelle enfin cesse j ai envie de lui balancer T as raison maman c est un salaud Je ne peux d cid ment pas Il va falloir apprendre a dire Oui Oui Paule tu as raison oui maman Paule n est d j plus que l ombre d elle m me Dans son d lire elle voit des monstres partout invente des histoires dormir debout hallucine Son cerveau est en vrac On dirait qu elle est en train de pas ser de Pautre c t du miroir C est peut tre sa seule planche de salut 12 Le temps s est paradoxalement affol et fig en m me temps Les journ es de Paule se sont peu peu vid es ses ges tes se sont d sordonn s sa m moire s est d glingu2. e La temp te gronde Ses neurones en cavale donnent le ver tige Tout en elle est devenu d concertant impr vu nigmatique Sous ce cr ne immobile devraient fourmiller des milliards de neurones combien en reste t il en ordre de marche Que peut il bien se tramer dans cette cervelle en friche dont personne ne peut donner le mode d emploi Les pertes de m moire de Paule nous avaient alert s depuis longtemps d j Nous nous disions que c tait le vieillissement On y passe tous Faire Pautruche tait tellement confortable Qui n a jamais eu de panne Qui ne perd jamais ses cl s Il m est bien arriv moi de casser des ufs c t de la po le Paule ne sait plus o elle a gar sa voiture Lequel d entre nous n a pas un jour paniqu en battant le trottoir d contenanc ou en errant dans un parking souterrain Pour ma part je dirais m me que c est ma sp cialit Les d crochages de Paule se multipliant de jour en jour il devint de plus en plus difficile de se voiler la face Sa conduite automobile tait de plus en plus fantaisiste ses d placements un p ril permanent Paule sortait r guli rement Pour aller o Le savait elle seulement 13 LES AILES DU DELIRE Une casserole sur le feu elle avait oubli qu elle allait pr pa rer son repas Tandis que le r cipient cramait sur le gaz elle tait ailleurs et ne sentait rien Elle tait d ja pass e a autre chose a l au
3. Daniele Vaudrey LES AILES DU DELIRE Mon Petit Editeur Retrouvez notre catalogue sur le site de Mon Petit Editeur http www monpetitediteur com Ce texte publi par Mon Petit Editeur est prot g par les lois et trait s internationaux relatifs aux droits d auteur Son impression sur papier est strictement r serv e Pacqu reur et limit e son usage personnel Toute autre reproduction ou copie par quelque proc d que ce soit constituerait une contrefa on et serait passible des sanctions pr vues par les textes susvis s et notamment le Code fran ais de la propri t intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d auteur Mon Petit Editeur 14 rue des Volontaires 75015 PARIS France IDDN FR 010 0118546 000 R P 2013 030 31500 Cet ouvrage a fait l objet d une premi re publication par Mon Petit Editeur en 2013 Retrouvez l auteur sur son site Internet http www dessine moi un mot fr A 101 A nous tous l ches dans 1 Impossible broy s par le d p rir Je suis le tombeau vivant de ma m re Charles Baudelaire Jentends tes cendres rouler sous loc an d cha n Une larme silencieuse balaie ma joue Pleures pas ma fille ten verras d autres Ton fr re n est pas venu me voir Il ne vient pas me voir Il ne vient jamais Ne dis pas cela maman Il est venu hier Puisque je te dis qu il n est pas venu Paule n
4. d ajouter pour essayer de nous rassurer que ses pertes de m moire n taient 16
5. ffrance et surtout Pali nation des auttes Affol s par les agissements de Paule m me ses plus fideles amis n osaient plus Papprocher Ne sachant vraiment pas com ment s y prendre ils pr f raient prendre leur distance les uns apr s les autres Visiblement Paule en souffrait mais elle n en disait rien Elle n aimait gu re se plaindre J essayais bien de rassurer ses amis en plaidant indulgence face un vieillissement brutal sans pouvoir en dire beaucoup plus tout simplement parce que je n en savais gu re plus Mon seul souci tait de prot ger Paule d un abandon mena ant qui risquait d aggraver son tat Le mal n avait pas encore de nom que d j ses cong n res aux quatre cents coups pr sageaient le pire craignant m me la contagion Il faut dire leur d charge que Paule avait le talent de les embarquer dans des babillages o il y avait de quoi perdre pied Ils voulaient tous savoir comment c tait arriv surtout l vidence pour se prot ger eux m mes contre un tarissement de l irrigation du cerveau Il allait bien falloir lever le voile mais le m decin traitant ne nous y aidait pas Il ne bronchait pas se calfeutrant derri re Pusuelle et bien pratique formule s nilit pr coce En somme il nous laissait lachement patauger dans l ignorance la plus totale Les oublis de Paule disait il des d tails sans importance Ses d rapages Rien de tr s grave son ge Et
6. on je me suis subitement mise a traquer reli gieusement la moindre secousse de cette descente en enfer entam e notre insu Il tait grand temps d riger des garde fous pour tenter d endiguer la vague Jai commenc par acheter Paule un petit carnet de notes un grand agenda et une invraisemblable quantit de Post It pour Pinviter tout y consigner ce qu elle craignait d oublier ce qu elle venait de faire ce qu elle avait peur de manquer et je Pesp rais tout ce qu elle pouvait encore exprimer C etait pure utopie sans doute trop lui demander En l ve studieuse Paule s ex cuta pourtant au del de mes esp rances mais dans un d sordre incommensurable Son appartement s est subitement transform en panneau d affichage de bouts de papiers de toutes sortes de messages sans queue ni t te Certes il y avait bien des choses faites d autres faire ou ne pas faire mais il y avait galement toute une foule de patro nymes et d adresses sorties parfois d on ne sait o avec des num ros de t l phone six ou huit chiffres rarement dix Paule vomissait sans retenue une gabegie de messages indi gestes peu efficaces en r alit combler ses absences J en eus froid dans le dos 15 LES AILES DU DELIRE Dans le m me temps un d sert social s installait peu a peu autour d elle qui avait toujours t tellement entour e Les gens n aiment gu re approcher la sou
7. tre bout de Pappartement Elle tait d j dans un autre monde Les vieux font tous un peu n importe quoi ils oublient s etouffent font r p ter dorment mal la nuit ou trop le jour r pondent a des questions qu on ne leur a pas pos es oublient d eteindre la lumi re ou la t l vision s emmerdent et n en finis sent plus de s emmerder Paule n chappait pas la r gle Les signaux se sont acc l r s notre inqui tude aussi Paule multipliait les sautes d humeur Tombait brutalement dans la depression sans raison naviguait constamment du rose au noir et du noir au rose Les mots et les souvenirs semblaient se detricoter maille apres maille Les syllabes filaient dans le desordre Les sons se separaient des sens Les conversations devenaient de plus en plus acrobatiques Pour Pex chef d entreprise qu elle tait il n y a pas si long temps encore comptable de formation rigoureuse a l envi remplir un formulaire administratif ou tenir ses comptes taient devenus de v ritables exploits Qu est ce qui avait bien pu d clencher ce s isme Depuis quand ce va et vient entre espoir et d sespoir avait il d but Nous n en savions rien car nous ne vivions pas ses c t s Il allait falloir tre plus attentifs nous employer d chiffrer son comportement nigmatique d jouer ce mal rampant avant que Paule ne plonge d finitivement nous abandonnant au noir absolu 14 Avec applicati
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