Des textes en « je » à lire et à écrire au collège et au lycée
Contents
1. lire et crire au coll ge et au lyc e reprises et avanc es Hatier 2005 quand l enqu te reste ouverte sous la forme Des m moires aux formes modernes de l autobiographie Hachette 2005 elle concerne les auteurs consacr s Alain Robbe Grillet Michel Butor Patrick Modiano Georges Perec Les lyc ens y verront le souci de d passer les savoirs construits au coll ge pour les faire acc der des uvres contemporaines qui se jouent des st r oty pes analys s en classe de 3 et de leurs attentes de lecteurs un peu moins na fs Toutefois ils devront souvent compter sur la curiosit des enseignants leur audace car les manuels restent prudents dans leur exploration de la litt rature contemporaine 1 2 3 Convergences et carts entre coll ge et lyc e Du coll ge au lyc e on trouve un souci identique de traiter les textes fron ti res sur un m me pied d galit que les textes du patrimoine m me type de questions questions ferm es qui induisent trop souvent la r ponse m me souci de faire avancer la r flexion sans se soucier de la l gitimit de la compa raison entre Perec et Grenadou Par exemple dans le manuel Delagrave 2001 pour l extrait de W ou le souvenir d enfance Relevez les d tails qui r v lent la nervosit du narrateur Pour le texte suivant extrait de Grenadou vie d un pay san fran ais Rep rez les marques de la pr sence du narrateur et du2. sentations de leurs l ves quant ce qui leur est demand leurs r ticences leurs manques Ils l valuent en tant que premier jet y reviennent en fin de s quence Ils notent les avanc es le passage d une posture privil giant le r f rent une autre qui s en est en partie lib r e Ils d veloppent ainsi chez leurs l ves des comp tences r flexives o le sujet crivant observe les proc d s dont il use s en affranchit pour en explorer d autres qui l loignent de la simple transcription de la r alit Une posture esth tique se construit ainsi que l on pourrait d finir comme une confiance dans l criture pour dire le vrai approcher par les mots une v rit int rieure qui sans cesse se d robe 3 1 2 Autobiographie fictive Entre v rit et fiction certains manuels donnent le choix Vous allez crire une page de votre autobiographie Vous utiliserez le pronom personnel Je Attention votre travail est destin tre lu par le professeur et vos cama rades Si vous ne voulez pas parler de vous vous pouvez vous inventer une autobiographie Hatier 2003 La premi re partie de la consigne appelle un r cit autobiographique la seconde une fiction de soi Les deux proposi tions ne sont pas identiques Rien n indique l l ve que son choix l oblige une reconfiguration du souvenir plus grande dans le second cas que dans le premier D autres manuels ne donnent pas le choix Sous
3. dition Hachette ducation 2001 Fran ais 1 Daniel Stissi Jean Bernard Allardi Marc Arnaud Josiane Bidault Daniel Chatelin Brigitte Rebmeister Fabienne Serin Moyal Dominique Serre Floersheim Delagrave 2001 Fran ais 1 sous la direction de Maryse Avi rinos Denis Labouret Marie H l ne Prat avec Marie Chantal Bardet Marie H l ne Brunet Caroline Eades Marcelle Mac Florence Naugrette Pierre Servet Lionel Verdier Bordas 2001 Textes analyse litt raire et expression sous la direction de Dominique Rinc avec Pierre Aur gan Christiane Cadet Daniel Lagoutte Michel Maillard Guy Palayret Sylvie Perceau Nathan 2001 Fran ais Litt rature Christophe Desaintghislain Christian Morisset Patrick Wald Lasowski Nathan 2003 Fran ais 1 sous la direction de Jean Claude Larrat et Marie Claude Zeisler avec Fran ois Olivier Choquet Jean Fran ois Cocquet Claude H cham Charline Janvier Suzanne Nicolino Marie Christine Sinfel Martine Sauzay Hachette ducation 2003 Lettres Langue collection Soleil d encre sous la direction de Line Carpentier avec Marie Th r se Blondeau Anne Marie Bonnabel Marie Lucile Milhaud Sylvie Nourry Namur Hachette ducation 2005 Des textes aux s quences sous la direction d H l ne Sabbah avec Jacqueline Dag s B n dicte Milcent Catherine Weil Hatier 2005 Litt rature 1 sous la direction de Jean Marie Bigeard avec Isabelle Parnot Estelle
4. narrateur personnage Delagrave sur la relation avec le lecteur Br al Ce sont les m mes questions qu au coll ge Cependant en 3 on insiste sur l ana lyse des temps les valeurs du pr sent les informations apport es au lecteur Hatier 1999 22 Au lyc e on interroge sur les modalit s qui montrent que M Yourcenar minimise l existence de l individu sur le cr dit qu elle accorde aux souve nirs d enfance sur la cr dibilit accord e une d marche d historien qui consisterait collecter des documents officiels Delagrave 2001 Les ques tions sont ferm es les recherches valident un sens d j l la t che de l l ve est r duite de simples rep rages Il n en est pas toujours ainsi cependant Les concepteurs du manuel Br al partent de relev s grammaticaux et syntaxi ques la forme des interrogations la construction d une phrase avant de questionner la conception du temps et de l individu d velopp e par le texte Plus ambitieuses ces questions renouvellent et enrichissent l analyse du texte en invitant l l ve se placer dans la perspective d une histoire des repr sentations dans une approche quasi philosophique 2 2 3 Convergences dans l tude du Pr ambule aux Confessions Il n est pas tonnant que les convergences soient plus nombreuses que les apports nouveaux On observe la m me insistance sur les donn es fondamen tales les destinataires
5. l image de soi la nature du projet la port e du mot confession Au coll ge comme au lyc e le rep rage des pronoms sert d appui l analyse des destinataires de leur pr sence de leur r le Quel est le prin cipal destinataire du texte Qui sont les autres destinataires Hachette 3 Qu exige Rousseau du lecteur dans les derni res phrases Pourquoi Belin 3 Quel est le r le attribu par Rousseau au lecteur de son autobio graphie Nathan 1 22 Ces points font l objet dans les manuels de lyc e de pages intitul es rep res ou bilans plac es en d but ou en fin de s quence sur fond color elles r capitulent les notions sans rappeler qu elles ont t construites au coll ge les complexifient parfois tel point que le bilan court sur cinq pages Br al 2001 mettent en place des l ments d histoire litt raire 23 95 des l ves qui lisent un texte ne comprennent pas ce qu ils lisent affirme Patrick S raudie formateur com dien metteur en sc ne fondateur de la compagnie Folavril Toulouse Ils ne s approprient pas le texte car ils n en approchent ni la n cessit ni l urgence ni la situation qui a provoqu la prise de parole C est dire l tendue du travail mener dans les classes 52 Rep res 34 2006 Des textes en je lire et crire au coll ge et au lyc e reprises et avanc es Pour analyser la mise en
6. Alain Fournier la lecture d un article de journal voquant une personne connue du narrateur dans le pass et perdue de vue depuis a fait ressurgir des souvenirs 33 Marie Anne Zagarri professeur associ l IUFM de Midi Pyr n es professeur de lettres au coll ge de R quista 12 34 Cf Marie Claude Penloup De l incidence de l criture d invention sur le statut de l criture des l ves Pratiques n 127 128 d cembre 2005 p 139 Rep res 34 2006 57 Marie H l ne Roques escient Delagrave 2001 Vos parents vous ont sans doute racont ce qui a motiv le choix de votre pr nom Dans un texte autobiographique o vous laisserez entendre si ce choix vous satisfait ou non vous voquerez votre tour l histoire de ce pr nom qui vous est chu Delagrave 2001 Comme en 3 des aides m thodologiques sont donn es sous forme de lanceurs d criture Ainsi apr s un corpus d une ou plusieurs premi res phra ses tir es d autobiographies votre tour crivez l incipit de votre autobio graphie Hachette ducation 2005 Sans le savoir je voyais se r v ler moi l une des lois les plus effrayantes de l univers crit Am lie Nothomb dans M taphysique des tubes crivez un texte autobiographique qui pourrait commencer par cette phrase Delagrave 2001 p 415 L album photo joue ce m me r le Modiano s en est servi Philippe Lejeune dans Les brouillon
7. al 2001 de Nathalie Sarraute Bordas 2001 de Michel Leiris et d Albert Cohen Magnard 2005 la mani re de l un des textes du corpus vous raconterez un souvenir d enfance authentique ou fictif en respectant les contraintes de l criture autobiographique Hachette ducation 2005 Faites le r cit d une journ e de voyage ou de vacances sous la forme du jour nal de voyage stendhalien importance du pittoresque force des impressions intransigeance des jugements Bordas 2001 En vous inspirant du texte de Rousseau ou de celui de Saint Augustin racontez une faute enfantine vol 35 Belin 1999 est particuli rement inventif de ce point de vue portrait par lettre mode d emploi de soi m me autoportrait photographique questionnaire de Proust par exemple 36 D autres journaux sont propos s un journal de promenades Br al 2001 le journal de bord d un cin aste rep rant les lieux pour adapter les R veries d un promeneur solitaire Br al 2001 une page qui ferait suite au Journal d un fou de Gogol La m re du monstre raconte la soir e dans son propre journal crivez sa version de l incident d apr s les l ments fournis par le texte Bordas 2001 58 Rep res 34 2006 Des textes en je lire et crire au coll ge et au lyc e reprises et avanc es d sob issance sur le mode de la justification ou de l accusation Bordas 2001 3 2 2 Pro
8. d finir le genre Ainsi peut on observer que les manuels de coll ge dans leur grande majorit proposent l l ve une posture r flexive une interrogation sur les donn es du genre avec ses topo ses enjeux En est il de m me au lyc e 2 2 2 Au lyc e Les m ta textes sont pr sents dans les manuels Ce sont les m mes qu au coll ge pour Rousseau le Pr ambule du manuscrit de Neufch tel ou celui des Confessions est propos quatre fois Delagrave 2001 pour le premier 20 Sur ce point cf Georges Gusdorf Les critures du moi Paris Odile Jacob 1991 L auteur analyse les Essais comme un discours adress un cercle de lecteurs choisis aim s 21 Il s agit des Carnets 1978 Rep res 34 2006 51 Marie H l ne Roques Nathan 2003 Hatier 2005 Hachette ducation 2005 pour le second Pour Montaigne deux occurrences de l avertissement Au lecteur Bordas 2001 Hatier 2005 auquel on peut ajouter la justification de l entreprise autobio graphique Delagrave 2001 Le d but de Histoire de ma vie de George Sand Hatier 2005 ou des Souvenirs pieux de Marguerite Yourcenar Delagrave et Br al 2001 Les questions pos es sont elles semblables au coll ge et au lyc e Observe t on une complexification des savoirs Nous retiendrons deux exem ples celui des Souvenirs pieux et du pr ambule des Confessions Le d but des Souvenirs pieux fait l objet d une question sur l identit auteur
9. es lisez les m mes proc d s d criture pour voquer votre propre enfance dans un texte d une quinzaine de lignes Belin 2003 La plupart des praticiens exp riment s proc dent de m me Racontez un souvenir p nible et dites la mani re de M Leiris ce qu il a chang dans votre vision du monde et de la vie Racontez un souvenir heureux et faites ressentir comme N Sarraute le plaisir que vous voquez en l voquant 1 la mani re d Alain Fournier voque deux ou trois souvenirs que font ressurgir la lecture d un article de presse 2 Sur le mod le de l autoportrait d Alberto Garcia Alix vous utilise rez le principe de la m tonymie partie repr sentative d un tout pour r aliser votre portrait Pour cela vous apporterez un objet qui vous caract rise vous choisirez une partie de votre corps que vous souhaitez montrer vous d termi nerez un endroit qui servira de cadre votre portrait 3 Les professeurs exp riment s ont le souci des aller retour entre v rit et mensonge de soi textes r f rentiels et litt raires ils souhaitent modifier le re gard de leurs l ves sur eux m mes et les mots qui les disent Si les l ves sont susceptibles d investir l criture de soi parce qu ils ont le sentiment d un pr t dire la t che de l enseignant sera de les amener exp rimenter et verbaliser le fait qu en crivant leur vie ils la construisent Le
10. fa on un peu plus diff renci e mais on peut trouver ou retrouver les deux questions en pourquoi et comment Pourquoi et comment commencer Se justifier aupr s du lecteur Regretter ou prendre de la distance Adopter un point de vue critique Belin 3 2003 Tout dire Comment exprimer ce qu on a v cu Hachette ducation 3 1999 Le pacte du Je Pour quel destinataire Un contrat de v rit Remonter l origine Dresser un bilan de sa vie T moigner Delagrave 1 2001 La r alit et la v rit Le temps la m moire et l criture Nathan 1 2001 Ici encore il est un peu dommage que les trois termes sinc rit r alit et v rit se rencontrent dans un seul manuel la censure int rieure la subjecti vit auraient pu tre contextualis es dans l histoire des id es de la litt rature et ouvrir des perspectives neuves Les formes de l autobiographie sont pr sent es au coll ge et au lyc e Parler de soi en disant Je Parler de soi en disant Tu Parler de soi en disant I ou Elle Delagrave 3e 1999 et 2003 Le genre autobiographique Le jour nal intime Les m moires Autobiographie et po sie Belin 3 1999 chapi tre I critures autobiographiques Les m moires L autobiographie Le r cit de voyage Le journal intime Autour de l autofiction et chapitre II La fiction la premi re personne Le roman autobiog
11. l in verse sur un projet autobiographique Hatier 2005 interview de Sartre ou de C line Magnard 2005 se multiplient dans lequel le Je ne d signe plus l l ve mais un personnage de fiction Imaginez un passage de l autobiographie du p re de Simone de Beauvoir propos de sa fille Hachette ducation 2005 Les exercices de r critures souvent li s au changement de point de vue Bordas 2001 Hatier 2005 Magnard 2005 sont une autre fa on d user d un Je non impliqu R crivez cette page un extrait de L Amant comme un r cit la premi re personne Pourquoi d apr s vous Marguerite Duras a telle choisi d crire ce texte la troisi me personne Bordas 2001 Ainsi du coll ge au lyc e les propositions d criture impliqu e ne varient gu re Les variations concernent la distance soi un jeu avec le Je un peu for mel dans lequel le texte tudi sert d appui 3 2 3 Autres perspectives On aurait pu ouvrir d autres perspectives en s appuyant sur les romanciers de l autofiction et demander aux l ves de construire par exemple des pa ges autobiographiques affranchies de la temporalit comme celles de Roland Barthes des structures plus larges qui d passeraient l ampleur d un souvenir On demanderait de reprendre les textes produits quinze ans de les commen 37 Une parodie des m moires de Chateaubriand M moires d outre cuidance de Musset est propos e a
12. lien entre laboration du r cit et construction identitaire se noue dans cette r flexion sur l criture comme extraction hors du temps reconfiguration du souvenir volontaire ou inconsciente passages am nag s apr s coup qui clairent ce qui au pr sent restait dans l ombre 3 2 Les propositions d criture au lyc e Nous n avons retenu que les sujets li s l criture d invention afin de facili ter le rapprochement avec les propositions d criture formul es au coll ge 3 2 1 Convergences avec le coll ge autobiographies v ritables et autoportraits crits la mani re de On retrouve les m mes propositions qu en 3 r daction d un premier sou venir d enfance Delagrave 2001 ou d un souvenir de la premi re lecture qui ait vraiment compt Delagrave 2001 Comme au coll ge le topos du premier souvenir est mobilis l enqu te sur le pr nom En vous appuyant sur ce qu on a pu vous raconter de vos premi res ann es racontez vos d buts dans la vie Insistez sur quelques pisodes que vous vous attacherez rendre de fa on vivante et en travaillant le registre humoristique tragique etc Vous pour rez varier l emploi de la personne d signant le personnage principal bon 31 Nicole Fouilloux conseill re p dagogique de lettres au coll ge des C dres Castres 81 32 Jacques Lacroix conseiller p dagogique de lettres au coll ge de Jolimont Toulouse 31 Dans une nouvelle d
13. quinze ans d acc der une posture lettr e qui r fl chit aux proc d s sp cifiques d un texte la premi re personne d interroger les effets du mentir vrai de dis cuter de ses attentes de ses plaisirs de ses d ceptions sans faire l conomie d aucune de ces tapes 1 2 2 Au lyc e La litt rature de jeunesse a disparu des manuels comme souvent des pra tiques de ces grands adolescents qui se tournent d sormais vers la litt rature adulte les t moignages les biographies de c l brit s Ainsi voit on apparai tre des autobiographies de personnalit s Diego et moi de Frida Khalo Br al 2001 Si c est un homme de Primo Levi Delagrave 2001 L criture ou la vie de Jorge Semprun Nathan 2001 Plac s sur le m me plan que les auteurs consacr s ces extraits font l objet des m mes questions et permettent l l ve soit de s interroger Je est il un autre Br al 2001 soit de mieux s assu rer T moigner Delagrave 2001 Faire revivre et t moigner Nathan 2001 On retrouve ici le m me traitement que celui r serv au coll ge la litt rature de jeunesse une fois qu ils se sont plac s hors des sentiers battus les concepteurs de manuels donnent lire un texte sans arri re pens es Lorsqu ils travaillent les limites g n riques leur choix est tout autre l exem ple le plus significatif en est donn par Delagrave 2001 sous l intitul la limite du ge
14. r cepteur dans le texte Cependant au lyc e les questions portent sur les bornes g n riques quand la diff rence entre texte fronti re et m ta texte est incertaine Pourquoi Michel Butor a t il toujours refus l autobiographie traditionnelle En quoi l autobiographie de Patrick Modiano sacrifie t elle la tradition En quoi s en loigne t elle Hachette ducation 2005 2 Les objectifs Pas une s quence construite par un enseignant qui n ob isse des objectifs explicites pr sents dans les cahiers de textes rappel s sans cesse aux l ves afin de r guler l analyse et parer les d bordements Les manuels aussi men tionnent les objectifs de leurs s quences ils clairent ainsi les lignes de force autant que les limites qu ils se sont fix es 2 1 Les objectifs pr sent s par les sommaires La comparaison des objectifs s av re difficile entre les deux cycles l o les manuels de coll ge consacrent une seul chapitre l autobiographie ceux du lyc e d clinent un objet d tude plus vaste en deux ou trois chapitres sous chapitres groupements ou s quences N anmoins nous avons dessin trois grandes lignes de convergences qui concernent le projet autobiographique avec les questions qui se posent l autobiographe les formes et limites du 17 On observera que Le miroir qui revient d Alain Robbe Grillet appartient au domaine de l autofiction tandis que Curriculum vitae de Miche
15. texte autobiographique sans desti nataire ce qui va l encontre de ce qu on lui a enseign sur l autobiographie comme discours adress Racontez un moment qui a eu pour vous une gran de importance un cadeau inattendu un moment d amiti une premi re fois Hachette ducation 2003 R digez la premi re page de votre autobiographie Hachette ducation 2003 R digez une page de journal intime d un coll gien ce peut tre vous Le r cit des v nements sera accom pagn de commentaires et de jugements personnels Hatier 1999 Si le destinataire est d sign et la narration impos e la vis e argumentative est implicite le degr d explication plus satisfaisant Devenu adulte tu ra contes tes enfants un pisode de ta propre enfance qui t a r v l un aspect de 29 Cf Pierre Clanch cit par Yves Reuter Enseigner et apprendre crire Issy les Moulineaux ESF 1996 note 41 p 134 Rep res 34 2006 55 Marie H l ne Roques toi m me positif ou n gatif que tu ignorais Delagrave 1999 Quand les pro fesseurs exp riment s proposent ce type de sujets ils limitent sa port e l voca tion d un souvenir d cole d un souvenir li un objet insistent sur l utilisation des textes lus au pr alable formulent des invitations crire la mani re de Ils font de ce premier sujet d criture un avant texte ils y recueillent les repr
16. Des textes en je lire et crire au coll ge et au lyc e reprises et avanc es Marie H l ne Roques IUFM de Midi Pyr n es L analyse porte sur les propositions didactiques en mati re d autobiographie l l ve est il amen mobiliser des connaissances acquises en classe de 3 pour les faire voluer en classe de 1 Pour r pondre l auteur compare les extraits des textes patrimoniaux des textes fronti res et des m ta textes dans dix neuf manuels de 3 et de 1 de 1999 2005 Le corpus tient compte des s quences construites par des praticiens exp riment s de coll ge Les objectifs les propositions d criture sont galement mis en parall le L article montre que l objet d tude s appuie sur un corpus commun et s interroge sur le r le de la litt rature de jeunesse au coll ge marchepied de moins en moins valoris sur la place tr s margi nale de l autofiction au lyc e Les recouvrements sur les limites du genre sont nombreux les no tions n cessaires en lecture sont peu complexifi es la r flexivit n est pas plus grande en chapitre Il qu en 3 dans les sujets d invention En conclusion on avancera que les acquis du coll ge sont peu mobilis s au lyc e la diff rence d ge qui influe sur l image de soi et de son pass semble absente des pr occupations Introduction L expression de soi a fait l objet de documents institutionnels le premier datant de 1999 concerne la
17. Provost Christelle Cuinet Anne Pierre Elisabeth Thiriet Isabelle Lelu St phanie Bigeard ric Hozier Magnard 2005 62 Rep res 34 2006 Des textes en je lire et crire au coll ge et au lyc e reprises et avanc es Annexe Recension des sommaires des chapitres consacr s l autobiogra phie dans les manuels de coll ge et lyc e Au coll ge Hachette ducation 3 2003 Comprendre le projet autobiographique Hatier 3 2003 Le projet autobiographique et ses enjeux Les principaux motifs Belin 3 2003 Pourquoi et comment commencer Se justifier aupr s du lecteur Regretter ou prendre de la distance Adopter un point de vue critique tre t moin et acteur de l Histoire Se confier un journal Se raconter la 2 personne Delagrave 3 1999 et 2003 Parler de soi en disant Je Parler de soi en disant Tu Parler de soi en disant Il ou Elle Didier 3 2003 2 chapitres 2 GT pour ouvrir d autres lectures Hatier 3 1999 D buts d autobiographies Regards sur les adultes la famille Regards sur les adultes l cole Regards sur la vocation litt raire lire Belin 3 1999 Le genre autobiographique Temps et nonciation Le journal intime Les m moires Autobiographie et po sie Hachette ducation 3 1999 Pr ciser les objectifs du chapitre voquer l enfance Observer le fonctionnement de la m moire Tout dire Comment ex
18. ck Jeunon H l ne Potelet Hatier 1999 Litt rature et expression Anne Marie Achard Jean Jacques Besson Catherine Caron Hachette ducation 1999 Lectures et expression Agn s Renard Monique Beylier Dominique Conte Jansen Dominique Renard Daniel Salles Belin 1999 Textes et s quences Daniel Stissi Jean Bernard Allardi Josiane Bidault Fabienne Serin Moyal Marcel Arnaud Brigitte Rebmeister Dominique Serre Floershiem Delagrave 2003 Fran ais 3 Livre unique H l ne Potelet Dominique Fouquet Patrick Jeunon Fran oise Guillaumin Hatier 2003 Texto coll ge Jean Jacques Besson Sylvie Gallet Sylviane Grivel Marie Th r se Raymond Hachette ducation 2003 Fran ais 3 Livre unique Patricia Fize Deneu Claude Gapaillard Yves Maubant Didier 2003 S quences et expression Nathalie Fix Combe Ga l Le Chevalier Catherine de La Houssaye Val rie Presselin Marie Fran oise Santoni Belin 2003 Manuels analys s pour la classe de 1 Fran ais 1 sous la direction de Genevi ve Winter avec Paule Andrau Colette Becker Pascal Caglar Catherine Cazaban Annick Maille Decorte Jean Luc Vincent Br al 2001 Rep res 34 2006 61 Marie H l ne Roques Des textes l uvre sous la direction de Romain Lancrey Javal avec Marie Berthelier Elisabeth Charbonnier Violaine Houdart M rot Catherine Robert Laz s Marc Robert Fr d ric Turiel Maryse Vassevi re Jacques Vassevi re
19. classe de 3 le second de 2001 les classes de 1 Ce dernier remani en 2006 applicable aux seules s ries L d s la rentr e 2007 dessine autrement les contours de l objet d tude biographique La lecture d une uvre autobiographique permettra d tudier les rapports entre r alit v cue et fiction litt raire et de faire apparaitre les probl mes li s l expression de soi Le l gislateur abandonne la biographie en tant que genre au profit de l autobio graphie pr sent e sous ses aspects r f rentiels et fictionnels la lumi re de ces nouvelles orientations on pourra lire l tude qui suit comme un clairage sur les positions adopt es par les concepteurs des manuels de fran ais de coll ge et lyc e quand ils proposent des textes lire et crire des l ves de niveaux diff rents On pourrait penser en effet qu entre les Rep res 34 2006 41 Marie H l ne Roques classes de 3 et de 1 l enseignement de l objet d tude se complexifie et que l l ve est amen mobiliser des connaissances acquises dans un cycle pour les approfondir dans un autre L analyse porte sur la comparaison d extraits propos s en lecture aux col l giens et aux lyc ens dans dix neuf manuels de 3 et de 1 parus en 1999 2001 2003 2005 neuf pour le coll ge dix pour le lyc e Ces manuels ont t envoy s par les diff rents diteurs l IUFM de Midi Pyr n es Ce corpus est re pr sentat
20. de sur le grand mail aux c t s de Lucile III 7 les premiers mois aupr s d une belle trang re pour Chateaubriand IL 9 et 10 trois Pr ambule aux Confessions deux souvenirs de Russie diff rents pour Sarraute pour Vall s une vocation de la maison et quatre extraits qui permettent d avoir une vision assez globale de l uvre le m me extrait de Lambeaux et deux autres textes de ce m me recueil pour Charles Juliet On retient la volont d largir l offre aux grands textes et le souci de m ler m ta textes porteurs d l ments d analyse sur le projet autobiographique et textes narratifs On peut n anmoins s tonner d autres choix comme ceux de Montaigne Sartre Leiris C line auteurs qu on rencontre g n ralement au lyc e 1 1 2 Le choix des praticiens exp riment s Qu ils soient conseillers p dagogiques ou professeurs associ s les praticiens exp riment s composant eux m mes leur s quence optent majoritairement pour les auteurs consacr s du patrimoine Chateaubriand Rousseau Proust Vall s Sarraute de Beauvoir Leiris Yourcenar Perec Leur choix est plus large que celui des manuels ils anticipent davantage sur le domaine r serv au ly c e Concepteurs de manuels et praticiens exp riment s donnent d couvrir aux l ves le patrimoine litt raire pour deux raisons d une part les instruc tions officielles de 3 les y encouragent proposant d analyser des ext
21. e 2 2 5 Autres perspectives On aurait pu esp rer que des l ments d histoire litt raire soient mieux construits et qu on inscrive le succ s des Confessions de Rousseau dans un contexte plus large dimension europ enne il serait erron de consid rer les Confessions comme un jaillissement soudain dans le champ culturel en dehors de tout signe pr curseur Les crits intimes sont pr sents depuis le d but du si cle comme l a soulign G Gusdorf il est dommage que cela ne soit pas pr cis 26 On peut regretter aussi que la question des topo ne soit pas reprise et appro fondie au lyc e pour montrer les jeux et les variations que proposent les cri vains contemporains On pense la r gle de l inscription de l autobiographie dans un temps compt racont r gle dont Roland Barthes s est s affranchi mais aussi Pierre Michon ou Christian Bobin qui pr f rent inscrire leur qu te identitaire dans l espace plut t que dans le temps De m me l analyse de l autoportrait est souvent rel gu e en fin de s quen ce au coll ge comme au lyc e dans les pages d di es la lecture de l image on 25 Les Confessions ne sont nullement un ph nom ne isol elles figurent au sein d une production europ enne proc dant d un lointain pass et qui continuera sur sa lanc e sans changer brusquement de nature L apport majeur du citoyen de Gen ve se trouve sans doute dans sa contribution au
22. ettre en place gr ce aux textes issus de la litt rature de jeunesse ils sont accessibles font l objet de propositions didactiques dans les manuels permettent d interroger le pacte de lecture du roman autobiographique ses enjeux en liaison avec l tude de l argumentation de l nonciation du lexique Au coll ge et au lyc e serait d volue la phase d acquisition de la notion cen tr e sur le roman autobiographique au coll ge plus pr sent dans la litt rature de jeunesse sur les autobiographies du patrimoine au lyc e elle inviterait une r flexion sur les r gularit s du roman autobiographique puis du genre autobiographie ainsi au lieu de consid rations sur genre et sous genre on pr f rerait l id e d espace autobiographique dans lequel l implication de l auteur et du lecteur n est pas identique On sortirait ainsi de la pr sentation en forme de doxa du pacte autobiographique de Philippe Lejeune qui r duit l analyse la question le texte propos est il vraiment une autobiographie ou seulement une fiction La notion d espace autobiographique permettrait au lyc e en phase de complexification d aborder plus sereinement l autofiction dans laquelle excellent bien des auteurs contemporains les l ves sont susceptibles de les rencontrer de les interroger sur leurs pratiques d criture leurs ouvrages si lencieux ou scandaleux font l objet de critiques dans les ma
23. exion il invite le lecteur partager son ques tionnement sur l entreprise autobiographique ses difficult s ses finalit s Il s agit aussi d un texte argumentatif d un discours d adresse qui recherche la connivence du lecteur 2 2 2 1 Au coll ge Le pr ambule aux Confessions est pr sent dans trois manuels nous com parerons leur approche avec celle men e au lyc e au paragraphe suivant On trouve aussi la pr face aux Souvenirs et r cits de Tolsto r dig e par sa traduc trice Sylvie Luneau un extrait de ces m mes Souvenirs ainsi que la pr senta tion par Roald Dahl de son autobiographie L escadrille 80 Delagrave 1999 et 2003 Ce corpus plac en d but de s quence permet de distinguer auteur et narrateur d analyser la sp cificit d un projet autobiographique Le d but des M moires d une jeune fille rang e des Souvenirs pieux et d Une fois sept de Claude Michelet Hatier 1999 engage un questionnement de m me nature mais s ouvre aussi sur le motif de la naissance pr sent comme un biograph me et sur les enjeux du genre Plus audacieux car m lant litt rature pour les jeu nes et les adultes les d buts des autobiographies de Roald Dahl Helen Keller Albert Cohen et Philippe Delerm Belin 2003 cherchent r pondre la question Pourquoi et comment commencer La comparaison de discours pr faciels dus Montaigne Rousseau Chateaubriand Giono Semprun Belin 1999 permet de
24. gazines hebdoma daires ou litt raires La question de la censure pourrait tre pos e tant les r ponses diff rent de Patrick Modiano Herv Guibert de Charles Juliet Annie Ernaux de Christian Bobin Camille Laurens ou Christine Angot Enfin le travail de l criture pourrait tre mis en valeur permettant aux lyc ens de sortir de la question de la r f rentialit de l autobiographie pour appr cier les proc d s litt raires de l autofiction et la recherche souvent active et donc rep rable de l intertextualit 2 1 2 Les textes fronti res On appellera ainsi les textes qui n appartiennent pas au patrimoine litt raire ou qui se trouvent aux limites du genre autobiographique 9 Belin 1999 propose en lecture cursive L ami retrouv de Fred Ulhman et son adaptation l cran Hachette ducation 2003 analyse en uvre int grale Voyage Pitchipo de Jean Claude Moscovici 10 C est la voie qu explorent certains manuels du moins dans les titres L autobiographie contemporaine entre v rit et fiction Hachette ducation 2001 La fiction la premi re personne Bordas 2001 11 On pense notamment au Nouvel Observateur du 4 10 novembre 2004 Sciences humaines n 102 au Magazine litt raire n 409 aux Cahiers p dagogiques n 363 TDC n 884 12 On pourrait citer Le cri du sablier de Chlo Delaume qui emprunte l une de ses pages l pisode du coutea
25. iconque de concevoir un manuel que les corps d inspection n ont pas vocation de les d clarer conformes aux instructions officielles Les manuels ob issent aux lois de l change ils sont des produits vendre Rep res 34 2006 53 Marie H l ne Roques En prolongement au Pr ambule Hachette ducation propose un texte de Starobinski extrait de La transparence et l obstacle accompagn de deux ques tions Quelle diff rence tablissez vous entre v rit et authenticit Pourquoi Jean Starobinski oppose t il histoire v ridique et discours authentique Ces m ta textes permettent d clairer les enjeux de l autobiographie Du coll ge au lyc e ils invitent l l ve adopter une d marche r flexive elle concerne les fondements du genre en 3 un ancrage historique des notions en 1 Cette posture est indispensable si l on veut comprendre que le genre autobiographique ob it des r gularit s observables attendues par le lecteur quand elles lui deviennent famili res Cette connivence participe du plaisir de la lecture lettr e Quand au lyc e on insiste sur l histoire du genre on rap pelle les lois g n riques habituelles et l on montre que inscrites dans l histoire litt raire elles ne sont pas intangibles Ainsi les l ves savoureront ils dans l autofiction la dette envers le mod le et la transgression Double plaisir de la reconnaissance et de la surpris
26. if des sp cimens disponibles dans les salles des professeurs durant les six ans qu a dur la collecte Nous avons exclu les anthologies et les manuels con us sur le mode chronologique dans lequel la mention de l objet d tude n apparaissait pas explicitement L tude prend aussi en compte des s quences construites par des ensei gnants exp riment s de coll ge professeurs associ s l IUFM de Midi Pyr n es et conseillers p dagogiques de l acad mie de Toulouse Comme la plupart des concepteurs de manuels ils ont une expertise reconnue une pratique r flexive n cessaire l exercice de leurs fonctions Cependant leur nombre s est r v l trop faible pour assurer une comparaison point par point entre leurs proposi tions et celles des manuels c est pourquoi nous n avons retenu que les conver gences ou divergences les plus manifestes Trois points seront examin s successivement les propositions de lecture les objectifs que se fixent les concepteurs des s quences consacr es l autobio graphie les propositions d criture 1 Le choix des textes Afin de faciliter la comparaison nous avons distingu deux types de textes les textes du patrimoine et les textes fronti res cette expression d signant les textes non patrimoniaux et ceux qui se trouvent aux limites du genre autobio graphique 1 1 Les textes du patrimoine On appellera ainsi les textes que les instructions officielles incitent tudier e
27. issement des instructions officielles Sans doute peut on invo quer une moindre familiarit des enseignants de fran ais avec la litt rature de jeunesse De plus les pratiques de lecture cursive encourag es par l institution renvoient la litt rature de jeunesse la lecture plaisir rapide autonome Il est vrai qu un certain nombre d uvres ne r sistent pas une lecture analytique mais d autres ont une structure si ouvrag e une langue si travaill e qu on les 13 Une faim d galit est la suite de Black boy un classique pour les jeunes lecteurs 46 Rep res 34 2006 Des textes en je lire et crire au coll ge et au lyc e reprises et avanc es met sans h siter au rang des uvres fortes En 2003 les diteurs ont peut tre tenu compte des r sistances venues du terrain Rep res 34 2006 47 Marie H l ne Roques Les praticiens exp riment s quant eux n h sitent pas si l uvre est r ticente Le gone du Cha ba La maison vide a t apprendra vivre Voyage Pitchipo La barque pour ne citer que les titres les plus souvent retenus ils en tudient des extraits en lecture analytique ou l envisagent comme une u vre int grale Il s agit pour eux de rassurer l l ve en lui offrant des lectures de son ge tout en construisant des s quences aux objectifs nettement centr s sur le pacte de lecture les enjeux la r ception Cela permet au lecteur de
28. l Butor est un ouvrage d entretien que l on pourrait consid rer comme un m ta texte Rep res 34 2006 49 Marie H l ne Roques genre Nous nous en tiendrons aux annonces formul es dans les sommaires sans aller plus avant dans la v rification des promesses des titres et sous titres l espace de cet article ne nous permet pas de comparer aussi finement les dix neuf manuels analys s Nous avons pr f r interroger les m ta textes d am pleur plus mesur e Le projet autobiographique est annonc sous des formulations diff rentes dans les deux cycles Comprendre le projet autobiographique Hachette ducation 3 2003 Le projet autobiographique et ses enjeux Hatier 3 2003 Intentions et projets faire revivre et t moigner S expliquer et se jus tifier Juger Comprendre et m diter Nathan 1 2001 Le projet autobio graphique Hachette ducation 1 2005 Il n est pas tonnant que l essentiel du projet fasse l objet d un question nement mais on pouvait s attendre ce qu il soit un objectif principal au col l ge secondaire au lyc e dans la mesure o il fait partie des acquis des l ves On voit l l un des premiers effets du recouvrement entre les deux cycles qui p se quelque peu sur l apprentissage d un objet d tude complexe et mal des sin Les questions qui se posent l autobiographe dans la r alisation de son projet s noncent de
29. le souvenir d en fance M moires d une jeune fille rang e Vie de Henry Brulard respectivement trois fois Viennent ensuite repr sent s deux fois Saint Augustin M Proust A Gide A Camus A Malraux A Cohen et M Yourcenar Cette valorisation du patrimoine est conforme aux instructions officielles du lyc e concernant l objet d tude Le biographique 1 1 4 Textes communs avec le coll ge Entre le coll ge et le lyc e peu de diff rences apparaissent dans les proposi tions patrimoniales le Pr ambule des Confessions appara t trois fois au coll ge et quatre fois au lyc e De telles redondances manifestent la difficult r pondre la question quel niveau doit tre construite la notion Les instructions officielles de 2001 pour la classe de 1 apportent une r ponse qui laisse per plexe Le biographique constitue un objet d tude obligatoire pour toutes les s ries Les lectures prescrites au coll ge et celles de la classe de seconde ne comportent pas d uvres dans ce domaine Une telle assertion accr dite l id e que les groupes de travail qui ont r fl chi de nouveaux contenus sont p tris de la m me culture mal inform s de l amont et de l aval Comment pourraient ils construire ces progressions verticales 6 dont le grand int r t est d viter les redites Selon ces auteures elles sont soucieuses de s appuyer sur des pr requis rigoureusement d finis phase de pr paration p
30. le titre crire une autobiographie fictive le sujet est ainsi libell Racontez pour vous justi fier Vous avez cent ans Vous racontez vos petits enfants une b tise ou une bonne action que vous avez faite il y a tr s longtemps quand vous tiez au coll ge Hachette ducation 2003 Parfois ils investissent le terrain du lyc e tel ce sujet d invention donn la suite de l observation du tableau de Renoir Bal au moulin de la Galette Montmartre Un des personnages entreprend son autobiographie R digez deux pages de cet ouvrage Hachette ducation 2003 3 1 3 la mani re de D autres enfin mettent l accent sur une posture esth tique c est dire une attention plus grande accord e l criture qu au r f rent au mod le imiter qu la mati re autobiographique Cette posture prot ge le moi intime car elle lui offre un masque qui d robe l intimit au regard offre des chemins de traverse distingue l crit litt raire de la confession Voici deux extraits de r cits autobiographiques qui voquent les petits bonheurs de l enfance les souvenirs d une poque r volue Choisissez l un d eux comme mod le et uti 30 On trouvera leurs propositions et leurs s quences in M H Roques dir Les critures du Je Paris Bertrand Lacoste 2006 56 Rep res 34 2006 Des textes en je lire et crire au coll ge et au lyc e reprises et avanc
31. ments d un cycle sur l autre Les notions sont peu complexifi es la r flexivit n est pas plus grande en 1re qu en 3e dans les sujets d invention Les acquis du coll ge sont peu mobilis s au lyc e la diff rence d ge qui fait de la crise d adolescence un moment douloureux en 3e d pass par la majorit des l ves en 1re n est pas prise en compte alors qu elle oriente diff remment la s lection des souvenirs Sans doute cet objet d tude mieux circonscrit par les instructions officielles de 2007 fera t il l objet de nouvelles propositions par les concepteurs de manuels qui lui assureront un regain d int r t Bibliographie BISHOP M F amp LABAS P 2004 crire lire parler d autobiographies l cole primaire Le Fran ais aujourd hui AFEF n 147 GUSDORE G 1991 Les critures du moi Paris Odile Jacob LEJEUNE P 2004 Le journal au bac Le Fran ais aujourd hui AFEF n 147 38 Marie Claude Penloup fait tat de travaux men s Rouen qui concluent un investissement tr s net des l ves Cf De l incidence de l criture d invention sur le statut de l criture des l ves Pratiques n 127 128 d cembre 2005 p 136 39 Le sujet de l agr gation interne de Lettres 2006 invite construire une s quence didactique autour d extraits de quatre journaux intimes Jules Renard Andr Gide Gustave Roud et Albert Camus avec en annexes un e
32. n classe La question de la validit du choix du l gislateur ne sera pas pos e ici nous adopterons le point de vue d un enseignant de terrain qui r gle sa pratique sur les textes officiels 1 1 1 Les manuels de coll ge L offre est foisonnante l espace autobiographique largement balay Une premi re observation fait apparaitre la richesse de la litt rature patrimoniale 1 Ces dix neuf manuels sont pr sent s en bibliographie avec leurs titres le nom des auteurs celui de l diteur l ann e de publication 42 Rep res 34 2006 Des textes en je lire et crire au coll ge et au lyc e reprises et avanc es la faiblesse de la litt rature de jeunesse la pr sence de m moires journaux intimes et biographies qui n appartiennent pas tous la litt rature reconnue Quelques noms quelques uvres remportent tous les suffrages Jean Jacques Rousseau cinq fois Nathalie Sarraute cinq fois Fran ois Ren de Chateaubriand trois fois Jules Vall s trois fois Albert Cohen trois fois Raymond Queneau trois fois Charles Juliet deux fois Anne Frank deux fois Pour le l gislateur comme pour les concepteurs de ces manuels il s agit d uvres l gitim es qui doivent faire partie de la culture des l ves Cependant les extraits sont diff rents le souvenir de la cloche de Combourg I 3 l enfance oisive Saint Malo en deux pisodes distincts I 1 et HI 16 la promena
33. nre il propose des extraits des Essais de Montaigne des M moires de Saint Simon du Journal de jeunesse 1893 1906 de Catherine Pozzi de W ou le souvenir d enfance de Georges Perec de Grenadou vie d un paysan fran ais d Alain Pr vost et Ephra m Grenadou On voit l une difficult cerner l espace autobiographique la volont d offrir des textes de difficult s diff rentes de rapprocher les uvres tudi es en classe de celles lues la maison comme les r cits de vie En 2005 ces textes fronti res disparaissent Ne reste plus que la parti tion m moires journaux intimes Magnard 2005 biographies r cits de vie 14 Nous empruntons la typologie de Catherine Tauveron qui distingue les uvres r ticentes des uvres prolif rantes cf Rep res n 19 Comprendre et interpr ter le litt raire l cole du texte r ticent au texte prolif rant INRP 1999 p 9 38 15 Le Gone du Cha ba d Azouz Begag Le Seuil Point Virgule 1986 La maison vide de Claude Gutman Folio Junior 1993 a t apprendra vivre de Jeanne Benameur Le Seuil 1998 Voyage Pitchipo de Jean Claude Moscovici L cole des Loisirs M dium 2000 La Barque de Tran Quoc Trung L cole des Loisirs M dium 2001 16 Sauf La Promesse de l aube de Romain Gary pr sente dans les instructions officielles de 3 propos e en extrait pour une lecture analytique par Magnard 2005 48 Rep res 34 2006 Des textes en je
34. our ensuite faire acqu rir l essentiel de la comp tence phase d acquisition Elles s attachent ensuite proposer une complexification progressive amenant l l ve d couvrir toujours des l ments nouveaux qui s ajoutant les uns les autres se combinent et construisent de v ritables savoir faire phase de complexi fication En l absence d invitation du l gislateur une complexification des savoirs les enseignants comme les manuels ne peuvent qu h siter avec leurs textes et m ta textes trop souvent identiques 8 Cependant d autres perspectives auraient pu tre dessin es 5 On note le souci de l diteur Delagrave de surmonter cet obstacle en confiant la m me quipe le soin de r diger les manuels de 3 et de 1 6 Katherine Weinland amp Janine Puygrenier Renault L enseignement du fran ais au coll ge Paris Bertrand Lacoste 1998 7 Ibid p 212 8 Le site du Caf p dagogique pr sente le travail de l acad mie de Strasbourg sur l autobiographie qui pose ainsi l objet d tude Comment aborder l autobiographie avec des l ves de 3 ou de 1 II ne fait aucune distinction entre les deux niveaux ni dans les entr es les objectifs le corpus de textes les activit s d criture 44 Rep res 34 2006 Des textes en je lire et crire au coll ge et au lyc e reprises et avanc es 1 1 5 Autres perspectives Au coll ge une phase de pr paration pourrait se m
35. positions nouvelles au lyc e parodies lettre et interviewes imaginaires r critures L appui sur le texte tudi est nettement formalis les contraintes stylis tiques sont plus fortes les notions de pastiche ou de parodie apparaissent R digez un pastiche de ce texte extrait de Sido votre tour voquez un souvenir d enfance Vous utiliserez les m mes proc d s de style et conserverez l attaque la premi re phrase de chaque paragraphe Hachette ducation 2003 En vous inspirant de cette parodie de Chateaubriand r digez une parodie du Pr ambule des Confessions Le registre sera burlesque et la derni re phrase inversera de la fa on suivante le d fi de Rousseau en affirmant Je fus pire que cet homme l Br al 2001 Pour d crire l exp rience douloureuse d un jeune homme qui se sent condamn tre crivain Sartre est pass par le miroir d une norme biographie inachev e de Flaubert L Idiot de la famille 1971 1972 Apr s avoir lu quelques extraits r digez en quinze lignes l incipit d une autobiographie fictive d crivain rat cette fois ci en adoptant le registre d identification l giaque un malheur originel Br al 2001 Peu peu disparait l implication du sujet dans son criture l autobiogra phie est un genre dont on a appris les codes on peut les int grer sans domma ges Autobiographie d un personnage lettres d un diteur un auteur ou
36. primer ce qu on a v cu Au lyc e Delagrave 2001 Dossier Le biographique en deux parties Biographie et Autobiographie Dans la seconde partie Autobiographie Le pacte du Je Pour quel destinataire Un contrat de v rit Remonter l origine Dresser un bilan de sa vie T moigner la limite du genre Br al 2001 Deux chapitres Chapitre I L criture de soi Je est il un autre Un pacte une criture un lecteur Les R veries du promeneur solitaire Chapitre II Les formes de l criture biographique Bordas 2001 R cits de vie et criture de soi en deux chapitres Chapitre I Raconter une vie raconter sa vie La biographie critures autobiographiques Les m moires L autobiographie Le r cit de voyage Le journal intime Autour de l autofiction Chapitre II La fiction la premi re personne Le roman autobiographique Le roman m moires Le journal fictif Les surprises du Je Rep res 34 2006 63
37. raits des Confessions de La R gle du jeu d Enfance et des M moires d outre tombe Par ailleurs les professeurs font passer dans leurs classes les valeurs litt raires aux quelles ils sont eux m mes attach s Manesse 1992 4 L enqu te de Dani le 2 Nous avons recueilli les propositions de s quences de six d entre eux enseignant en coll ge dans l acad mie de Toulouse 3 Ainsi une conseill re p dagogique propose l tude des M moires d outre tombe en uvre int grale Hatier coll uvres et th mes une autre la comparaison des incipit de J J Rousseau S de Beauvoir M Yourcenar et C Michelet ou encore un corpus comportant Si c est un homme de P Levi les Antim moires d A Malraux la pr face des M moires de Casanova conform ment aux propositions de L cole des lettres souligne t elle 4 Dani le Manesse Quels textes enseigne t on au coll ge aujourd hui Le fran ais aujourd hui n 100 1992 p 51 Rep res 34 2006 43 Marie H l ne Roques Manesse a toujours valeur d actualit dans un corps professoral qui ne s est pas encore renouvel 1 1 3 Les manuels de lyc e L analyse de dix manuels de 1 parus en 2001 2003 et 2005 montre des convergences dans les propositions patrimoniales des extraits des Confessions apparaissent dix fois les M moires d outre tombe sept fois Les Mots six fois Enfance et L ge d homme cinq fois les Essais quatre fois W ou
38. raphique Le roman m moires Le journal fictif Les surprises du Je Bordas 1 2001 L autobiographie des 18 L ensemble des titres et sous titres de ces sommaires a t rassembl dans un document plac en annexe 19 Il faut noter que la question de la sinc rit fait l objet d un questionnement d s l cole primaire Voir sur ce point les travaux de M F Bishop et en particulier crire lire parler d autobiographies l cole primaire Le Fran ais aujourd hui n 147 2004 p 67 Le n 10 de la revue du CRDP de Grenoble Lire crire l cole 2000 consacre galement un dossier La premi re personne 50 Rep res 34 2006 Des textes en je lire et crire au coll ge et au lyc e reprises et avanc es m moires aux formes modernes de l autobiographie Hachette ducation 1 2005 Dans ce domaine enfin on observe que certains manuels de coll ge s avan cent sur des terres r serv es au lyc e les m moires le journal intime que les manuels de lyc e n explorent pas la voie ouverte par Delagrave sur l noncia tion en deuxi me et troisi me personnes qui ouvre des voies prometteuses l autofiction 2 2 Les objectifs des m ta textes et leur r alisation Les m ta textes prennent la forme de d buts d autobiographies de romans autobiographiques ou de m moires L auteur narrateur quitte le terrain de la narration pour celui de la r fl
39. re classique avec des extraits de Fran ois Ren de Chateaubriand Albert Cohen Raymond Queneau Charles Juliet Nathalie Sarraute Jean Paul Sartre En 2003 les concepteurs de manuels changent d orientation on ne trouve plus que quelques extraits appartenant explicitement la litt rature de jeu nesse Moi Boy Didier et Belin Le Petit chose Didier Escadrille 80 Belin et Delagrave Sourde muette et aveugle Histoire de ma vie d Helen Keller Belin Petite fille rouge avec un couteau de Myrielle Marc Didier ou L ami retrouv de Fred Uhlman Didier Deux extraits d uvres lues par les adolescents Vip re au poing Belin et Une faim d galit de Richard Wright Hachette ducation Quelques journaux intimes c t du Journal de Jules Renard Belin le Journal d Anne Frank Belin et Didier Des cornichons au chocolat de St phanie Belin Viennent aussi des r cits d enfance La Fille du capitaine de Pouchkine Hachette ducation ou Tanguy de Michel del Castillo Didier des r cits de vie Voyage d une femme au Spitzberg de L onie d Aunet et Seule dans le vent des glaces de Laurence de la Ferri re Hachette ducation Cependant les textes patrimoniaux l emportent les uvres r serv es au lyc e apparaissent Le Lys dans la vall e Didier L Amant Le Premier homme Delagrave M moires de guerre Belin On peut se demander les raisons d un tel changement de cap en l absence de tout infl ch
40. s de soi que l on cite en rapporte l usage venu d Am rique la suite de Livret de famille de Modiano d crivant une photo partir d une photo de vos parents ou grands parents ant rieure votre naissance reconstituez en une vingtaine de lignes le moment auquel elle pourrait correspondre Inspirez vous de la composition de ce texte et de ses choix narratifs Nathan 2001 et Delagrave 2001 Racontez votre vie en images en vous abstenant d crire quoi que ce soit Vous pourrez proc der par collages d l ments d coup s journaux magazines cartes reproductions de tableaux etc ou par montage de photos Delagrave 2001 Comme au coll ge o ils apparaissent dans des pages d exercices ou de variations on propose de r aliser son autoportrait avec ou sans appui sur les textes R tif de la Bretonne ou Montaigne avec ou sans mention de contraintes stylistiques Composez votre propre autoportrait en mettant en lumi re les principaux traits de votre personnalit Nathan 2001 Faites votre autoportrait Vous utiliserez le proc d d accumulation des adjectifs ainsi que les tournures syntaxiques de l ambivalence Br al 2001 votre tour tentez d crire de bonne foi votre physique et votre caract re en deux ou trois paragraphes r dig s au pr sent Bordas 2001 Comme au coll ge aussi on crit partir d un mod le la mani re de Perec Br
41. sc ne de soi le rep rage et l interpr tation des ad jectifs sont soumis examen dans les deux cycles Combien d adjectifs uti lise t il pour qualifier ses d fauts ses qualit s Qu en d duisez vous Belin 3 Quelle image volontaire ou involontaire Rousseau nous transmet il de lui Vous tudierez en particulier le choix le nombre et la place des adjectifs qualificatifs dans la phrase Je me suis montr tel que je fus tel que tu l as vu toi m me Hachette ducation 1 Pour appr hender la nature du projet on trouve aussi la m me insistance sur la personnalit et le projet de l auteur Relevez les expressions montrant que Rousseau se consid re comme un tre unique et exceptionnel et qu il qua lifie de la m me fa on son ouvrage Belin 3 De quelle mani re Rousseau montre t il qu il est unique Hachette ducation 1 Au coll ge comme au lyc e les questions ferm es indiquent le peu de cr dit accord aux comp tences des l ves en mati re de lecture analytique Le sens est construit en amont de la question le manuel est seul d tenteur du savoir le r le de l l ve est r duit la portion congrue v rifier que la manuel dit vrai Dans le domaine du biographique comme ailleurs certains manuels sont tr s en retrait par rapport aux textes officiels leur mod le didactique sous jacent semble h rit d un autre ge 4 La port e du mot confession es
42. t interrog e dans les deux cycles l aide de recherches lexicales plus abouties au lyc e qu au coll ge Quel est le sens religieux du mot confession Quel en est l autre sens Aidez vous du diction naire En quoi Rousseau joue t il sur les deux sens du mot Quelles valeurs morales met il en jeu Appuyez vous sur le lexique de la morale Hatier 3 Comment partir de ce texte peut on rattacher l uvre annonc e la no tion de confession Hatier 1 2 2 4 Apports nouveaux L o tous les manuels de coll ge insistent sur la situation d nonciation et le projet autobiographique ceux du lyc e innovent par l attention accord e d autres mots Ainsi chez Hatier 1 Donnez le champ s mantique du mot nature puis cherchez dans ce manuel quelques textes faisant r f rence la na ture dans des sens diff rents Expliquez chaque fois le sens envisag 2 Quel est le sens de l expression Jugement dernier Cherchez ce qui correspond cette notion chr tienne dans la mythologie gr co latine Le mot entreprise fait l ob jet de la question suivante Retrouvez les formulations qui d finissent l en treprise et ses caract ristiques Cette entr e dans l analyse par le lexique et ses contextes d utilisation offre l avantage de construire des comp tences dans l histoire des concepts et d viter les faux sens 24 Rappelons que les diteurs ont toute libert pour demander qu
43. t l occasion de d battre en classe de l incidence des st r otypes sur le plaisir de lire quels l ves acceptent de jouer quels sont ceux qui s y refusent Les enseignants pourraient ainsi montrer qu on aime d autant moins jouer que les r gles dont se jouent les crivains ne sont pas disponibles ou activ es par m connaissance ou oubli des matrices g n riques On d passera it ainsi les j aime j aime pas et l on proposerait des modules de r appropriation des structures de base Pour go ter aux joies du hors piste ne faut il pas conna tre les rudiments de la piste 3 Les propositions d criture Des textes lire aux textes crire quelles conceptions de l autobiographie sont mobilis es Observe t on une volution du coll ge au lyc e 3 1 Au coll ge Les repr sentations des adolescents quant l expression de soi sont connues dans cette classe d ge mensonge moral et mensonge esth tique sont confon dus l autobiographie renvoie la chair de la vie et non sa figuration voire sa transfiguration par l criture Inventer du vraisemblable quivaut pour eux mentir De l autobiographie v ritable la fiction en passant par l criture la mani re de les propositions d criture se r partissent en trois domaines qu explorent aussi bien les manuels que les professeurs exp riment s 3 1 1 Une v ritable autobiographie Il s agit trop souvent de produire un
44. transfert de plein droit des critures du moi sur le march litt raire Bon nombre d autobiographies avaient t publi es auparavant et m me des journaux intimes mais ces publications avaient un caract re marginal L uvre de Rousseau est exemplaire parce qu elle s adresse au public des romans crivains et diteurs savent d sormais que les critures du moi peuvent tre des succ s de librairie Georges Gusdorf Les critures du moi Paris Odile Jacob 1990 p 236 26 Bien des manuels affirment au contraire qu il est l inventeur de l autobiographie 27 Pierre Michon Vies minuscules Paris Gallimard 1984 Christian Bobin Prisonnier au berceau Paris Mercure de France 2005 28 Cf sur ce point Michel Beaujour Miroirs d encre Paris Le Seuil 1980 L analyse de la rh torique de l autoportrait est in galable 54 Rep res 34 2006 Des textes en je lire et crire au coll ge et au lyc e reprises et avanc es pourrait montrer son volution dans l histoire de la litt rature son miette ment progressif dans le corps du texte en liaison avec l esth tique du fragment analyser ses pouvoirs d vocation sur les lecteurs d hier et d aujourd hui qui ne b n ficient pas de la m me culture visuelle Enfin les jeux avec le Je sont devenus monnaie courante dans l autofiction on pourrait mettre en d bat leurs effets sur les lyc ens lecteurs ce qui donne rai
45. u dans L Enfant de Jules Vall s ou bien encore Du H risson d Eric Chevallard construit malgr de savants m andres sur des biograph mes identifiables Rep res 34 2006 45 Marie H l ne Roques 1 2 1 Au coll ge La litt rature de jeunesse est souvent pr sente davantage dans les manuels de 1999 que dans ceux publi s en 2003 A nsi en 1999 on trouve Les Cendres d Angela de Franck McCourt Hachette ducation aux c t s de Sido et des M moires d outre tombe Chez Hatier m me place accord e la litt rature de jeunesse Jeanne Benameur a t apprendra vivre figure entre L on Tolsto et Michel Leiris Chez Delagrave l entr e en mati re se fait par des Conseils de lecture o sont r unis des auteurs qui nous parlent de leur vie de Jean Jacques Rousseau Marcel Pagnol en passant par Azouz Begag R gine Detambel Camara Laye et Daniel Picouly Une liste d auteurs qui racon tent un pisode marquant de leur vie est ensuite propos e r unissant des crivains consacr s par les jeunes lecteurs Esther Hautzig La steppe infinie Jacqueline Held La part du vent Lucien Guy Touati Et je suis parti d Oran Des albums et des bandes dessin es sont enfin cit s Maus d Art Spiegelman et Ce changement l de Philippe Dumas Les textes propos s l analyse juxtaposent les Souvenirs de Tolsto et Escadrille 80 de Roald Dahl ainsi que Moi boy du m me auteur puis vient la litt ratu
46. vec le sujet Rep res 34 2006 59 Marie H l ne Roques ter avec ses yeux de dix sept ans de les r crire Ils pourraient tre archiv s d une part pour tre retrouv s d autre part pour constituer un fonds commun qui permettrait une classe d ge de d couvrir ce qui la constitue dans ses souvenirs ses valeurs ses d sirs ses regrets Cela inscrirait dans le long terme un crit auquel les l ves accordent du cr dit et permettrait d offrir en sou tien m thodologique des extraits de journaux intimes ainsi que le sugg re Philippe Lejeune Ou pourrait aussi proposer un dialogue avec les textes sources qui ne passe pas n cessairement par la parodie mais pr f re l emprunt d un proc d d un vocabulaire et la citation consid r e comme un premier pas vers l criture intertextuelle tout en mobilisant plus explicitement des proc d s stylistiques appris au coll ge nomm s r investis au lyc e Cette posture r flexive et esth tique constituerait une avanc e absente des propositions des manuels dispo nibles aujourd hui Conclusion Du coll ge au lyc e l objet d tude est constitu du m me corpus l acc s que constitue la litt rature de jeunesse n est pas valoris au coll ge les textes appartenant l autofiction sont peu nombreux au lyc e Les fronti res du gen re mal d finies au plan th orique mal dessin es par le l gislateur entrainent des recouvre
47. xtrait du texte de Roland Barthes Le bruissement de la langue 40 Philippe Lejeune Le journal au bac Le Fran ais aujourd hui n 147 octobre 2004 p 19 60 Rep res 34 2006 Des textes en je lire et crire au coll ge et au lyc e reprises et avanc es MANESSE D 1992 Quels textes enseigne t on au coll ge aujourd hui Le Fran ais aujourd hui AFEF n 100 PENLOUP M C 2005 De l incidence de l criture d invention sur le statut de l criture des l ves Pratiques CRESEF n 127 128 REUTER Y 1998 Enseigner et apprendre crire Issy les Moulineaux ESF ROQUES M H 2006 dir Les critures du je Paris Bertrand Lacoste ROQUES M H 2001 dir L autobiographie en classe Paris Toulouse Delagrave CRDP Midi Pyr n es TAUVERON C 1999 Comprendre et interpr ter les textes l cole des textes r ticents aux textes prolif rants Rep res INRP n 19 WEINLAND K amp PUYGRENIER RENAULT J 1997 L enseignement du fran ais au coll ge Paris Bertrand Lacoste Manuels analys s pour la classe de 3 Lettres vives Catherine Bor Line Carpentier Paule Collet Emmanuelle Thiberge Hachette 1999 Textes et s quences Daniel Stissi Jean Bernard Allardi Josiane Bidault Marcel Arnaud Brigitte Rebmeister Fabienne Serin Moyal Delagrave 1999 Fran ais 3 Anne Champion Claude Coignet Dominique Fouquet Patri
Download Pdf Manuals
Related Search