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1. D nde Cu ndo Qui n y Qu est pour eux une fa on d aborder le texte en s accrochant des rep res qu ils discernent ais ment ce qui d clenche chez eux une participation imm diate et permet une prise de confiance gr ce laquelle ils peuvent ensuite entrer plus profond ment dans le texte 22 De fait j avoue que si l lucidation de ces quelques rep res me semblait au d but relever de la paraphrase dont on pouvait faire l conomie pour entrer au plus vite dans le commentaire j ai pris conscience aujourd hui que c est une tape non superflue et m me indispensable En effet m me s il ne s agit au d part pour les l ves que de reformuler ce qui est dit dans le texte c est d j pour eux une fa on de s en approprier la langue et cela constitue donc une premi re tape de leur apprentissage Ensuite c est pour le professeur le moyen de s assurer que les l ves ont bien saisi le sens global du texte qu ils ne commettent aucun contresens et cette v rification s av re n cessaire avant de pr tendre passer au commentaire Mais le stage effectu en coll ge et l observation de la m me classe sur plusieurs s ances m ont galement permis de me rendre compte que pour assurer l accessibilit d un document qu il aura programm pour un cours ult rieur l enseignant doit se montrer fin strat ge et anticiper d s l heure pr sente sur ce qui pourrait re2. le tout est qu ils se sont pr t s avec un plaisir visible cet exercice Ceci tant il me faut avouer que tout en percevant les vertus de ces s ances ludiques qui ont sembl provoquer un regain d int r t des l ves pour les cours mon enthousiasme tait quelque peu temp r par un soup on de mauvaise conscience qui me faisait me demander si je ne trahissais pas un peu durant ces s ances ma mission premi re consistant faire acqu rir un savoir L une des derni res activit s que j ai propos es mes l ves en module m a cependant sembl tre un compromis assez satisfaisant entre mon d sir de ne pas transformer le cours en pure s ance r cr ative et le plaisir que doivent prouver les l ves pour bien apprendre En effet comme le dernier objectif linguistique des cours en classe enti re avait t le pass simple j ai voulu les amener en module pratiquer ce temps tout en laissant une part de cr ativit l exercice Ainsi chaque l ve tait invit se mettre dans la peau d un apprenti crivain et devait donc crire sur une feuille de papier la premi re phrase de l histoire qu il voulait raconter la seule figure impos e tant l emploi du pass simple Lorsque cela tait fait chacun faisait passer la feuille son voisin de droite qui tait alors charg d crire la deuxi me phrase du d but d histoire qui venait de lui tre remis Cette op ration a t 37
3. r p t e jusqu ce que l on obtienne autant d histoires que d l ves l laboration desquelles chacun avait contribu L exercice s est av r enrichissant plusieurs gards D abord ayant laiss aux l ves le libre choix du sujet dont ils voulaient parler j avoue en avoir appris beaucoup sur les diff rents centres de pr occupation de jeunes lyc ens les uns ayant choisi de rapporter les derni res aventures du h ros de dessin anim Pikachu alors que d autres mettaient profit les vertus cathartiques de l criture en racontant les vicissitudes de jeunes filles abandonn es par leur amour d t Mais surtout cet exercice a eu l int r t d obliger les l ves mettre en pratique le temps r cemment acquis tout en leur laissant le plaisir d exercer leur cr ativit et en favorisant l entraide et l intercorrection puisque chacun pouvait demander son voisin un mot qu il ignorait et devait essayer chaque fois qu un camarade lui remettait un fragment de r cit de d celer les erreurs ventuellement commises par les co auteurs de l histoire C est donc un v ritable travail d alchimiste que doit se livrer lenseignant pour essayer de marier au mieux ses exigences propres et le go t des l ves apprendre et m me s il n existe pas de recette universelle efficace pour toutes les classes j ai conscience aujourd hui que je vais devoir m employer chercher perfec
4. r utiliser les nouvelles acquisitions pour exprimer sa propre pens e en est un deuxi me temps qui marque pour T l ve un pas vers l autonomie Or c est videmment l enseignant de veiller cr er des situations qui vont permettre le r emploi des acquis et ce gr ce la programmation des s quences Programmer une s quence p dagogique expliquent en effet les auteurs de La p dagogie de l espagnol c est envisager l agencement d un certain nombre de documents tudier en fonction des possibilit s de r emploi qu ils permettent C est donc tabler sur une certaine progression Certes comme je l ai d j dit J avais conscience en d butant de la n cessit de f d rer les divers documents d une s quence autour d un m me th me mais cette unit th matique r pondait alors pour moi une exigence de logique plus qu un objectif p dagogique bien pens Cependant d s les premi res s ances je me suis aper u que lorsque je proposais mes l ves un document qui leur donnait l opportunit de r employer le lexique apport par le commentaire du document pr c dent cela favorisait leur participation orale Ainsi lors de la premi re s quence de l ann e l tude de la bande dessin e de Quino et de l article El pecado de ser ni o d j mentionn s avait permis aux l ves d acqu rir un petit bagage lexical sur le th me de la condition des enfants en Am rique du sud A
5. connaissances lexicales acquises pr c demment Si je n ai pas encore fait 34 cette exp rience l heure o j cris c est cependant un conseil que j envisage de mettre en pratique d ici la fin de l ann e Sans renier les vertus p dagogiques d une programmation coh rente ni renoncer miser sur une progression des difficult s et des exigences J ai donc galement pris conscience au cours de cette ann e qu il s av re parfois n cessaire de revenir sur ses pas pour mieux aller de l avant et ne laisser aucun l ve au bord du chemin sur lequel on s efforce de les guider En effet 11 me semble aujourd hui qu il s agit d avancer selon une progression non strictement lin aire mais plut t en spirale en sollicitant chaque tape de l apprentissage les acquis des tapes ant rieures Cette prise de conscience me semble d ailleurs rapprocher la condition de l apprenti enseignant de celle de l l ve car tout comme ce dernier le professeur est fr quemment contraint de faire marche arri re sur son propre chemin celui de la p dagogie pour essayer de comprendre quel moment il s est gar et ainsi mieux repartir de l avant 2 Les vertus de la rupture th matique surprise et plaisir d apprendre Que l on se r f re au pr cepte antique du docere delectando ou plus r cemment aux textes officiels le plaisir est toujours pr sent comme l ingr dient indispensable
6. sea para dar un paso atr s con el prop sito de volver a ense ar lo olvidado y poder seguir avanzando sea tan s lo para sorprender a los alumnos y para que sigan aprendiendo deleit ndose Mots cl s accessibilit apprentissage compl mentarit supports programmation coh rence progression plaisir INTRODUCTION Si le p dagogue est celui qui conduit les enfants sur le chemin de la connaissance je n tais pour ma part la rentr e 2000 qu un guide sans boussole qui allait lui m me devoir explorer plusieurs voies dans l espoir de trouver un cap vers lequel orienter ses pratiques p dagogiques Certes le voyage que j allais entreprendre n tais pas une aventure en solitaire mon tuteur les formateurs de l IUFM et mes coll gues taient l pour me prodiguer des conseils qui ont balis mon parcours tout au long de cette ann e Mais si ces balises m ont permis de ne pas sombrer dans l errance elles n ont cependant pas toujours suffi me pr server des erreurs et loin de vivre cette exp rience comme une croisi re paisible j ai rencontr sur ma route plusieurs cueils qui m ont oblig e essayer de rectifier sans cesse ma trajectoire En effet durant mes premi res semaines d apprentie p dagogue j ai achopp plusieurs reprises dans mes tentatives pour amener mes l ves aux objectifs que je m tais fix s et ce sans doute avant tout parce qu il y avait un important d calage entre d u
7. au probl me de l h t rog n it Cela ma galement permis d amener mes l ves gravir par tapes le chemin conduisant aux objectifs fix s Mais cette exp rience p dagogique m a aussi r v l ses limites en me montrant qu il est parfois n cessaire de sortir de la coh rence de sa programmation soit pour effectuer un travail r gressif de r apprentissage soit simplement pour cr er la surprise et entretenir le plaisir d apprendre des l ves RESUMEN Mediante los documentos seleccionados por el profesor es como los alumnos aprenden la lengua y la cultura espa ola Pero por no conocer al principio las capacidades ni los l mites de mis alumnos yo les propuse a veces unos documentos que no estaban a su alcance Fue la necesidad de corregir estos deslices y de crear situaciones de aprendizaje f rtiles la que me llev a experimentar en mi pr ctica cotidiana las virtudes pedag gicas de un trabajo con documentos complementarios dentro de un programa coherente De hecho esto result un medio eficaz para facilitar tanto la comprensi n como la expresi n la formaci n intelectual y metodol gica de los alumnos a la vez que trafa una posible respuesta al problema de la heterogeneidad Adem s me permiti llevar a mis alumnos paso a paso hacia los objetivos elegidos Pero esta experiencia pedag gica me fue tambi n revelando sus l mites y me ense que resulta a veces necesario faltar a la coherencia del programa
8. d amener sa classe aux objectifs fix s il choue en partie dans son projet quand il ne parvient y associer qu une partie de ses l ves En effet lors d un commentaire de texte notamment si je suis souvent ravie par les interventions pertinentes de l un ou de l autre j prouve n anmoins parfois un sentiment d insatisfaction en constatant que plusieurs semblent rester totalement en retrait de la vie du cours D sint ressement par rapport au th me trait ou manque de confiance et rejet du support textuel qui leur para t inabordable parce qu il suppose l affrontement direct avec la langue trang re Quoi qu il en soit il s agit bien pour moi d int resser et d amener s exprimer la totalit de ma classe C est donc aussi peut tre par la diversit des supports retenus que l on peut essayer de r pondre au probl me de l h t rog n it des l ves En effet en leur proposant des documents de nature diff rente textes narratifs ou po mes mais aussi bandes dessin es dessins publicit s tableaux s quences filmiques ou chansons on peut esp rer d une part chapper la monotonie et d autre part parvenir susciter tour tour l int r t des uns et des autres Ainsi j ai d j voqu les vertus de l image sur un l ve tel que Pierre qui semble totalement r fractaire au support textuel De la m me fa on j ai derni rement eu l heureuse surprise lors d une s anc
9. du Caudillo avec l Allemagne nazie ainsi que le soutien qu il avait re u de l Arm e la bourgeoisie et l Eglise Outre son int r t culturel cette affiche a galement permis aux l ves d tre attentifs aux codes dont se sert le dessinateur pour orienter notre regard sur une r alit qu il veut d noncer Par l tude du conte El h roe y el drag n d j mentionn nous nous sommes ensuite int ress s la repr sentation donn e du m me personnage mais cette fois du c t franquiste Mettant profit les apports culturels et m thodologiques du commentaire pr c dent les deux classes ont plut t bien su mettre en vidence les proc d s de la mythification de Franco et de la caricature des r publicains au service de la propagande et de l endoctrinement 26 La compl mentarit des supports retenus m appara t donc aussi comme un moyen de contribuer l apprentissage la fois culturel et intellectuel des l ves puisqu en multipliant les angles de vue port s sur une m me r alit elle leur donne l opportunit d chapper aux visions par trop simplificatrices La compl mentarit des supports une r ponse possible au probl me de l HETEROGENEITE Si J ai progressivement t amen e comprendre la n cessit de programmer mes s quences j ai cependant pu me rendre compte que m me lorsque l enseignant a pris le soin de construire la d marche gr ce laquelle il se propose
10. e jusqu la fin de ma carri re par le spectre de mes malheureux l ves qui n en finiraient pas de me reprocher de m avoir t qu un pi tre architecte qui leur aurait donn des bases branlantes sur lesquelles il leur aurait ensuite t impossible d difier une connaissance solide de l espagnol Par contre avec les lyc ens qui m taient confi s je me sentais plus en mesure d chapper ce sc nario cauchemardesque Certes je n en restais pas moins une apprentie enseignante charg e de poursuivre sans plan ni mode d emploi la construction d un savoir mais il me semblait plus facile d aider mes l ves consolider et toffer leur connaissance de la langue partir de bases que j imaginais solides plut t que d avoir difier ces bases partir de rien Or c tait sans compter d abord sur les effets d vastateurs de deux mois de vacances j ai pu constater d s les premi res heures de cours en entendant plusieurs reprises des interventions telles No sabo ou Yo no est de acuerdo que ces bases sur lesquelles j imaginais pouvoir m appuyer taient de fait profond ment enfouies sous le sable des plages estivales Par ailleurs c tait aussi sans compter la tr s grande diversit des acquis d un l ve l autre En effet jai pu observer lors de la premi re s ance consacr e un commentaire de document une bande dessin e de Quino pour l UNICEF que si quelqu
11. habits d tudiante pour entrer enfin dans le r le d apprentie professeur Bien s r 1l ne s agissait pas d une m tamorphose brutale sans remonter jusqu la fillette qui disait qui voulait l entendre Quand je serai grande je serai ma tresse je dirai tout de m me que le r veil de l enseignante qui dormait en moi s est fait par tapes En effet gr ce mon exp rience d animatrice en centres de loisirs de surveillante en lyc e ainsi qu travers mes premiers pas de p dagogue en donnant quelques cours particuliers j ai pu go ter la fois les joies et les difficult s qu il y a encadrer un groupe et essayer de transmettre un savoir Ceci ant m me si ces exp riences m ont pr par e passer du statut d tudiante celui d enseignante il n en demeure pas moins que lorsqu la fin du mois d ao t j ai eu en mains les deux listes des adolescents qui allaient tre mes l ves lPangoisse a pris le pas sur l enthousiasme J avais durant ma propre scolarit c toy un grand nombre d enseignants et si certains avaient suscit en moi respect et admiration d autres s taient vus rel gu s au rang de mauvais profs par un jugement d ailleurs aussi h tif qu implacable Or en passant de l autre c t du bureau j avais videmment coar de faire en sorte d appartenir la premi re cat gorie Mais quelques jours de la rentr e je me rendais bien compte que me
12. la r ussite de tout apprentissage Or m me si lon consid re que c est une dimension peut tre plus facile introduire dans l enseignement d une langue que dans celui des math matiques ou de la physique il faut voir dans cette hypoth se moins une tentative de pr cher pour ma paroisse qu une prise en compte de la curiosit des adolescents pour les cultures trang res et de l aspect ludique que peut avoir le fait de s exprimer dans une autre langue il demeure que c est l enseignant lui m me de veiller r aliser cette alchimie entre la rigueur qu exige la transmission d un savoir et le plaisir qu il est tout aussi souhaitable de prendre apprendre et enseigner 5 voir B O n 9 9 octobre 1997 Hors s rie L enseignement de l espagnol doit susciter le plaisir de d couvrir et de pratiquer une autre langue 35 Cela me semble d autant plus important que m me si l on suppose un int r t spontan des l ves pour les langues trang res on peut aussi craindre que cet int r t soit quelque peu mouss par le fait que les heures consacr es l apprentissage des langues vient s ajouter pour des l ves de Seconde une trentaine d heures de cours au contenu aussi vari qu exigeant Ayant en m moire ma propre exp rience d l ve et me rappelant la bouff e d oxyg ne que repr sentaient pour moi les cours de langue entre une heure de math matiques et deux heures de p
13. maturit Comme aime le dire mon tuteur les l ves de Seconde ne sont en effet en d but d ann e que de grands Troisi mes et sans renoncer sa volont de les grandir enseignant doit savoir s adapter eux et leur proposer des documents dans lesquels ils seront m me de s impliquer Ainsi si J avais malgr tout eu cor de sensibiliser mes l ves la notion de libert sans doute aurais je d remettre ce travail la fin de l ann e afin que plus m rs d j de quelques mois ils soient plus en mesure de r fl chir sur ce th me J ai donc pris conscience qu il ne suffisait pas de m nager une gradation des difficult s linguistiques l int rieur d une s quence la notion de coh rence de la programmation tait aussi envisager sur toute l ann e et le choix des th mes de chaque s quence devait lui aussi s inscrire dans une progression prenant en compte le degr de maturit des l ves 4 Autre cueil dans l apprentissage d une m thodologie d calage entre mes ambitions et leur savoir faire Apr s les cueils rencontr s dans mon r le de vecteur d un savoir linguistique et d ducation la citoyennet et au savoir tre c est dans ma volont de transmettre un savoir faire que j ai aussi t amen e me reposer le probl me de la progression et de l ad quation de mes ambitions avec ce que l on est en droit d attendre d l ves de Se
14. qu ils pensent de l intervention de Pun ou l autre de leurs camarades De plus s ils font preuve d un int r t spontan pour ce qui est inconnu leur curiosit d apprendre des choses nouvelles rend parfois difficile le travail sur un m me th me durant plusieurs s ances de sorte que je me suis souvent trouv e tiraill e entre d une part mon d sir de les amener largir leur vision en leur proposant plusieurs documents compl mentaires portant un regard distinct sur une m me r alit et d autre part la n cessit de ne pas mousser leur int r t Et c est en partie pour essayer de r pondre ce dilemme que j ai tent durant l ann e et travers l criture de ce m moire de r fl chir aux vertus et aux limites de la compl mentarit des supports retenus dans une programmation coh rente 11 2 Premier cueil l inad quation linguistique Lorsque j ai appris avant la rentr e scolaire que j tais nomm e en lyc e et non en coll ge je me suis sentie plut t rassur e car il me semblait plus facile pour quelqu un qui ne conna t pas encore les ficelles de la p dagogie de d buter avec des l ves ayant d j une certaine connaissance de espagnol En effet si j avais d faire mes d buts avec des coll giens j aurais eu pour r le d entreprendre sur terrain vierge la construction d un savoir et outre le fait que je ne savais ni comment ni par o commencer je m imaginais d j hant
15. un lexique qui pourrait tre r employ d un document l autre mais sans penser que ce n tait peut tre pas l une passerelle suffisante Ainsi apr s avoir tudi la bande dessin e j ai propos mes l ves Particle de presse El pecado de ser ni o crit au pass simple et qui s est de ce fait av r tr s peu accessible une grande partie de mes l ves En effet pensant que ce temps avait t appris par tous au coll ge et qu il s agissait en Seconde de le r activer j ai exig de mes l ves lorsque nous avons commenc commenter le texte qu ils formulent leurs phrases au pass simple J ai alors pu constater que seuls quelques rares t m raires se risquaient lever la main pour essayer de r pondre mon attente et avec un r sultat pas toujours la hauteur de leur courage el ni o fui tandis qu une grande majorit semblaient peu pr s aussi d concert s que si je leur avais demand de s exprimer en russe Comme je leur faisais part de mon tonnement face leur soudain mutisme Kelly finit par lever un doigt timide pour me dire Mais madame on l a jamais vu nous le pass simple Les signes d acquiescement de ses camarades m ont alors fait comprendre que ce n tait pas l une tentative pour se d rober mes exigences Prise au d pourvu j ai donc d cid d interrompre le commentaire du texte pour me lancer dans un cours de co
16. LU F M VERDEIL Sandra Acad mie de Montpellier Site de Perpignan COMPLEMENTARITE DES SUPPORTS RETENUS DANS UNE PROGRAMMATION COHERENTE Contexte du m moire Discipline concern e espagnol Classes concern es secondes Etablissement Lyc e Jean Lur at Perpignan Tutrice du m moire Madeleine ALFOCEA Assesseur V ronique MERCEY Les dieux avaient condamn Sisyphe rouler sans cesse un rocher jusqu au sommet d une montagne d o la pierre retombait par son propre poids On a compris d j que Sisyphe est le h ros absurde Il l est autant par ses passions que par son tourment Son m pris des dieux sa haine de la mort et sa passion pour la vie lui ont valu ce supplice indicible o tout l tre s emploie ne rien achever C est le prix qu il faut payer pour les passions sur cette terre Mais Sisyphe enseigne la fid lit sup rieure qui nie les dieux et soul ve les rochers La lutte elle m me vers les sommets suffit remplir un coeur d homme Il faut imaginer Sisyphe heureux Le mythe de Sisyphe Albert CAMUS SOMMAIRE Sommaire Cadre r serv au jury R sum s mots cl s INTRODUCTION I DE MES REPRESENTATIONS A LA REALITE PREMIERS ECUEILS Mes repr sentations Premier cueil l inad quation linguistique Deuxi me cueil le probl me de la maturit Autre cueil l apprentissage m thodologique des ambitions inadapt es I TE
17. NTATIVES DE REMEDIATION Pour une meilleure COMPREHENSION Comment favoriser l EXPRESSION La compl mentarit au service de l apprentissage INTELLECTUEL Une r ponse au probl me de l HETEROGENEITE Une programmation sur l ann e crescendo des difficult s et des exigences HMI LIMITES DE LA PROGRAMMATION COHERENTE rigueur n gale pas rigidit Une progression non lin aire n cessit du travail r gressif Les vertus de la rupture th matique surprise et plaisir d apprendre CONCLUSION Bibliographie Annexes 12 15 17 21 21 24 26 27 28 32 32 35 39 41 42 Cadre r serv au jury RESUME Les supports retenus par l enseignant sont le vecteur de la langue et de la culture dont les l ves font l apprentissage Mais ne connaissant pas mes d buts les comp tences n1 les limites de mes l ves je leur ai parfois propos des documents auxquels ils ne pouvaient acc der C est la n cessit d viter ces premiers cueils pour parvenir cr er des situations d apprentissage f condes qui m a amen e tester dans ma pratique quotidienne les vertus p dagogiques d un travail partir de supports compl mentaires s inscrivant dans une programmation coh rente De fait cela ma sembl un moyen efficace de favoriser la fois la compr hension l expression et la formation intellectuelle et m thodologique des l ves tout en constituant une r ponse possible
18. agnol n tant pas seulement de transmettre des connaissances mais aussi de participer la formation intellectuelle de ses l ves afin qu ils apprennent porter un regard critique sur le monde tout en sachant nuancer leurs jugements il me semble important lorsque je recherche les supports qui vont composer une s quence de retenir des documents qui tout en traitant le m me th me l envisagent sous des angles tant t compl mentaires tant t diam tralement oppos s Ainsi pour aborder la Guerre Civile nous avons d abord tudi un extrait des Cr nicas de Alejo Carpentier voquant les cons quences d sastreuses du bombardement franquiste sur Madrid tout en exaltant le courage des Madril nes durant le si ge de la capitale puis un extrait de No pongas tus sucias manos sobre Mozart de Manuel Vicent qui sans tre une d fense du soul vement franquiste loin s en faut montre que le contexte d alors a aussi g n r des actes de violence du c t r publicain A travers ces deux textes qui offrent une vision compl mentaire mon objectif tait d amener mes l ves ne pas porter sur cette p riode de l histoire espagnole un regard trop manich en et simplificateur Quant au personnage de Franco c est travers deux documents pr sentant une vision totalement oppos e que nous l avons abord Le premier el generalisimo de Pedrero de source r publicaine mettait en avant par la caricature les relations
19. ation de l esprit critique et ce tout en apportant une r ponse possible la question de l h t rog n it Par ailleurs j ai galement pris conscience de l int r t de hi rarchiser lPagencement des diff rents documents tudi s l int rieur de chaque s quence ainsi que de la n cessit de programmer une gradation sur l ann e des difficult s et des exigences afin d amener mes l ves franchir par tapes le chemin que je voulais leur faire parcourir Ceci tant aussi bien pour les l ves que pour l enseignant lui m me il me semble aujourd hui que tout apprentissage est une progression moins lin aire qu en spirale qui exige donc de ce dernier suffisamment de souplesse pour d roger parfois la coh rence de sa programmation lorsqu il s av re n cessaire de revenir en arri re pour r activer les acquis voire pour 39 r apprendre ce qui n a pas t bien assimil afin de ne laisser personne au bord du chemin et de mieux repartir de lavant De plus la passion qui anime l enseignant ne justifie pas qu il transforme l aventure dans laquelle il entra ne ses l ves en chemin de croix et pour faire de ce mot un synonyme davantage de ferveur que de souffrance j ai galement compris que tout en programmant avec rigueur les tapes du parcours je pouvais travers la rupture th matique et des activit s plus ludiques essayer de cr er la surprise et entretenir le plaisir deux ingr dient
20. conde Dans une s quence dont l unit th matique tait la ville mon projet tait en effet de sensibiliser mes l ves au commentaire de po sie travers un 3 voir rapport de premi re visite 26 novembre 2000 17 po me de Joan Ferres Mi ciudad Nous avions au pr alable tudi un article de Carmen Rico Godoy Somos los primeros qui voquait les inconv nients de la vie citadine et avait donc familiaris les l ves avec un lexique et une probl matique qui leur serait utile pour acc der au po me ainsi qu une affiche publicitaire de la municipalit de Madrid Madrid capital del ocio qui l oppos pr sentait travers le dessin une image id alis e de la capitale L tude du po me la fois texte par sa forme et image par ce qu il voque se pr sentait donc comme l aboutissement de cette s quence Sa bri vet 18 vers ainsi que sa simplicit linguistique le rendaient en outre tout fait accessible et c est d ailleurs ce qui m avait incit e le retenir plut t que le texte d une chanson de Joaquin Sabina Pongamos que hablo de Madrid lui aussi tr s po tique mais beaucoup plus complexe sur le plan lexical et grammatical En effet mon objectif premier tant plus d ordre m thodologique que linguistique je devais faire en sorte de choisir un document pour lequel la compr hension litt rale ne serait pas un obstacle la sensibilisation aux proc d s po
21. e consacr e au commentaire d une s quence de jAy Carmela de Carlos Saura de voir Vincent prendre une part active au cours Or outre ses importantes lacunes 27 en espagnol que j ai pu constater lors des devoirs crits c est un l ve d une grande timidit qui assis au fond de la classe semble g n ralement attendre que l heure passe sans jamais se risquer intervenir y compris lorsque nous travaillons sur des supports plus m me de d lier les langues du plus grand nombre tels que la bande dessin e ou la publicit Mais le jour o nous avons comment la s quence filmique loin de baisser le regard comme il le fait souvent quand je pose une question il n a cess de demander la parole prenant un plaisir visible identifier les plans et les mouvements de cam ra et proposer des interpr tations certes formul es avec difficult s mais n anmoins pertinentes Aussi surprise qu enchant e je Pai retenu la fin de l heure pour le f liciter et l inviter essayer d tre aussi actif chaque cours Il m a alors confi que s il avait autant particip c tait parce qu il tait passionn de cin ma et qu il tait d ailleurs lui m me en train de r aliser un cours m trage Certes j ai conscience que son int r t pour le cours d espagnol aura t aussi soudain qu ph m re car d s l heure suivante il est retourn sa r serve Mais m me si l on ne peut pas parler de m ta
22. e qui est du comportement c est une classe dans laquelle il est tr s agr able d enseigner dans la mesure o les l ves sont tr s bon enfant mais si j emploie cette expression c est pour souligner que tout en tant fort sympathiques les l ves de cette classe ont encore un esprit coll gien et le d calage entre cette r alit et le degr de maturit que je supposais rencontrer chez de jeunes lyc ens n a pas t sans me poser probl me lors de mes premiers cours comme j aurai l occasion de lexpliquer plus avant Le profil de la Seconde 512 est tout autre C est en effet une classe plus homog ne dans laquelle m me s il n a pas t inutile de r activer les acquis du coll ge aucun l ve ne semble conna tre de difficult s insurmontables Leur facilit comprendre ce que l on attend d eux et l int r t qu ils manifestent g n ralement face un th me ou un document nouveau permettent de progresser un rythme beaucoup plus soutenu qu avec les 508 En outre ils font preuve l oral d une spontan it et d un dynamisme qui rendent les cours particuli rement vivants et permettent souvent lorsque nous commentons un document d aller au del m me de ce que j attendais Mais cette vitalit a son revers car elle s av re parfois quelque peu difficile canaliser les l ves ayant tendance vouloir exprimer voix haute sans attendre qu on leur donne la parole ce
23. ence Guernika de Picasso les l ves poss daient d j un certain savoir faire qu ils ont pu r utiliser pour aborder une vre par ailleurs quelque peu d routante au premier regard En effet sachant que leur attention devait se porter la fois sur la composition les formes et les couleurs ils sont peu peu parvenus d chiffrer un langage pictural apparemment herm tique et d gager du sens dans une vre qui leur serait peut tre rest e inaccessible sans un travail pr alable sur l image Par ailleurs le commentaire de Guernika a t l occasion pour eux non seulement de r utiliser le savoir faire acquis mais aussi de laffiner 29 puisqu ils ont t amen s ajouter leur bagage m thodologique les notions d clairage et de contraste Choisir des supports en prenant soin d en programmer l tude selon une gradation des difficult s et des exigences me semble donc un moyen de conduire pas pas mes l ves vers des objectifs qui s ils semblaient au d part par trop ambitieux s av rent finalement accessibles D autre part afin d amener mes l ves une meilleure compr hension de l espagnol parl j ai galement choisi de tester sur des documents de nature auditive les vertus p dagogiques d une progression sur l ann e des difficult s et des exigences Ainsi au cours d une des toutes premi res s ances de module nous avons proc d l coute d une chanson de Manu Cha
24. enir cr er des situations d apprentissage f condes permettant de concilier la fois mes exigences d enseignante et les capacit s des principaux acteurs de cet apprentissage C est la n cessit de r pondre cette question qui m a amen e opter pour ce sujet de m moire et c est pour tenter d y r pondre que j ai essay dans ma pratique quotidienne de tester les vertus p dagogiques du choix de supports compl mentaires et inscrits dans une programmation coh rente En effet travailler par s quences mettant en relation des documents traitant d un m me th me afin que les l ves puissent tablir des passerelles de l un l autre ne serait il pas un moyen fructueux de faciliter ces deux aspects de l apprentissage linguistique que sont la compr hension et lexpression De plus la compl mentarit lexicale ne pouvait il pas s ajouter une compl mentarit des angles de vue offerts par chaque document sur un m me sujet afin d apprendre aux l ves largir leur regard et participer ainsi la formation de leur esprit critique Par ailleurs chaque classe tant compos e de personnes la sensibilit et aux centres d int r ts distincts ne serait il pas profitable de s lectionner dans chaque s quence des supports de nature diff rente susceptibles d veiller tour tour l int r t de chacun la compl mentarit se pr sentant alors aussi comme une r ponse possible au probl me de
25. es l ves minoritaires il faut d ailleurs l avouer taient en mesure de s exprimer en construisant des phrases non seulement correctes mais aussi complexes une grande partie 12 d entre eux prouvaient des difficult s formuler une phrase enti re Enfin quelques uns qui restaient r solument en retrait de ce qui se passait en cours semblaient avoir beaucoup de mal non seulement s exprimer mais aussi comprendre la fois le texte et les questions que je leur posais dans espoir de les arracher leur mutisme Ansi Vincent que j avais retenu la fin du cours car il avait pass l heure s agiter sur sa chaise et solliciter ses voisins pour obtenir une gomme ou un stylo sans jamais prendre part au cours me confia d un ton aussi sinc re que d sempar Mais madame vous parlez trop vite et puis je comprends rien au texte Un peu branl e je tentai alors de le convaincre qu il n tait probablement pas le seul dans cette situation et que puisqu il tait loin d tre timide il ne devait pas h siter me demander lorsque le besoin se pr sentait de r p ter mes questions ou de traduire un mot non compris Il me r pondit alors Mais les autres ils ont lair de comprendre puisqu ils participent On va pas tout arr ter pour moi Cette conversation ma amen e mes premi res remises en question et d s le cours suivant je me suis efforc e de formuler mes questions plus le
26. eut tre pr parer Pacc s un document nouveau en n en donnant d abord que le titre et en demandant aux l ves avant m me qu ils prennent connaissance du contenu du texte d exprimer ce qu il leur sugg re Ainsi lors d une s quence consacr e la Guerre Civile j avais d cid de proposer mes l ves un extrait de manuel scolaire des ann es 1940 qui pr sentait les r publicains comme un monstre sanguinaire anim par le d sir de ruiner l Espagne tandis que Franco apparaissait sous les traits d un valeureux chevalier qui les habitants devaient leur salut Mais avant de leur distribuer ce conte je me suis limit e en crire le titre au tableau El h roe y el dragon de las siete cabezas en leur demandant Qu os evoca Ils sont alors parvenus mettre l hypoth se qu un texte ainsi intitul deb a de ser un cuento 21 dirigido a los ni os dans lequel el drag n deb a de ser un monstruo peligroso al que hab a que matar mientras que el h roe deb a de ser un personaje con todas las cualidades al que hab a que admirar Avant d aborder le texte je leur ai galement demand Qu visi n del mundo suelen proponer los cuentos para ni os et ils sont convenus hormis quelques nostalgiques de leur enfance encore toute proche que los cuentos suelen proponer una visi n simplificadora del mundo ya que en la realidad no hay por una parte los buenos y por
27. hysique on me pardonnera de citer nouveau ces mati res mais sans doute l criture de ce m moire a t elle aussi une fonction cathartique j avais cor en d but d ann e d essayer de faire du cours d espagnol une parenth se la plus agr able possible au milieu de toutes les autres heures de cours impos es aux l ves Ceci tant apr s mes premi res semaines d enseignement et les premiers cueils que j ai d j voqu s je me suis tellement persuad e de la n cessit de construire mes s quences selon une progression rigoureuse en veillant ce que chaque document s inscrive au mieux dans une programmation coh rente que j en suis peut tre arriv e confondre rigueur et rigidit C est gr ce la remarque d une l ve Fanny que j ai pu me rendre compte que j tais en train de sacrifier la dimension de plaisir mes exigences En effet cela faisait d j trois semaines que nous travaillions sur le th me de la Guerre Civile et j ai remarqu lors d une des derni res s ances de cette s quence que Fanny d ordinaire plut t enjou e et active l oral avait pass l heure pousser de profonds soupirs L ayant retenue la fin du cours pour essayer de comprendre les raisons de cette apathie inhabituelle chez elle elle ma dit D accord c est int ressant de savoir ce qui s est pass pendant la Guerre Civile mais c est triste Qu est ce qu on fera apr s On va par
28. i re de l enseignant est de faire acqu rir des connaissances et des savoir faire c est aussi son r le de contribuer la formation intellectuelle et l ducation la citoyennet de ses l ves Il se pr occupe de faire comprendre aux l ves le sens et la port e des valeurs qui sont la base de nos institutions et de les pr parer au plein exercice de la citoyennet J avais donc cour d essayer de faire du cours d espagnol non seulement un lieu d apprentissage d une langue trang re mais aussi aussi modestement soit il un moment de r flexion sur une notion qui a des r sonances bien au del du seul cours de langue J ai ainsi choisi de mettre en pratique ce projet avec mes l ves de Seconde La premi re tape consistait inviter chaque l ve essayer de formuler sa propre d finition de la libert en leur sugg rant par une amorce se est libre cuando l emploi de se puisque l objectif linguistique de la s quence tait l tude des diff rentes traductions de on Les propositions des l ves allant de Se est libre cuando se vve en una democracia Se est libre cuando se puede salir por la noche ont certes permis de souligner que la notion de libert est complexe et recouvre de multiples d finitions et c est d ailleurs gr ce la proposition consensuelle de Djamel Se est libre cuando se puede hacer todo lo que se quiere que nous avon
29. ions soulev es durant mes premi res semaines d apprentie enseignante 20 IL TENTATIVES DE REMEDIATION 1 Pour une meilleure COMPREHENSION La premi re phase de apprentissage d une langue consiste COMPRENDRE le sens litt ral du support tudi Or si trop de mots inconnus font obstacle cette compr hension tr s vite les l ves ont le sentiment de ne pouvoir acc der au cument propos ils se d couragent et se d sint ressent d un objectif qui n est pas leur port e Aussi les textes retenus dans les manuels sont ils toujours accompagn s de notes qui en donnant aux l ves la traduction des mots suppos s ignor s leur ouvrent un nouvel espace d apprentissage Mais malgr cela j ai constat avec mes classes que si commen ais directement lire un texte nouveau en leur laissant le soin de consulter les notes au fur et mesure non seulement la lecture perdait toute fluidit mais en outre j garais plusieurs de mes l ves dans ce va et vient du texte aux notes Aussi a r je d cid sur les conseils de mon tuteur d inviter mes l ves prendre connaissance des notes avant m me de commencer lire le texte ce qui me permet ensuite de r aliser une lecture qui en respecte le rythme et que les l ves peuvent suivre avec toute leur attention Par ailleurs outre ces cl s videntes pour l lucidation du sens que sont les notes ainsi que l intonation de la lecture on peut aussi p
30. it en ad quation avec la sp cificit de chaque classe Mais m me si c est davantage au professeur de b tir ses cours en s adaptant aux besoins de ses l ves plut t qu aux l ves d entrer tant bien que mal dans un moule fix au pr alable par lui sans doute est il plus coh rent et efficace de les pr parer progressivement atteindre un objectif quelque peu ambitieux en veillant m nager des tapes aux objectifs plus modestes Ainsi sachant en d but d ann e que j allais devoir initier mes l ves au commentaire de tableau tout en soup onnant que la fr quentation des mus es n tait pas forc ment leur loisir favori il m a sembl pr f rable de commencer leur initiation l analyse picturale par une image publicitaire moins dense au niveau du fond que ne peut l tre un tableau et donc mieux m me de d buter cet apprentissage m thodologique De fait l tude de la publicit Madrid capital del ocio a t lPoccasion de leur apprendre ordonner leur description notamment par l introduction des notions de primer t rmino y segundo t rmino ainsi que de les sensibiliser aux couleurs utilis es et leur effet sur le spectateur Par la suite l tude de l affiche de propagande de Pedrero El generalfsimo les a amen s prendre en compte les volumes et les lignes de construction de sorte que lorsque nous sommes pass s tout r cemment l tude de tableau en l occurr
31. l h t rog n it Ceci tant n est il pas galement n cessaire d organiser cette compl mentarit en veillant hi rarchiser l agencement des documents tudi s afin de m nager une progression des difficult s et des exigences non seulement l int rieur d une s quence donn e mais aussi tout au long de l ann e C est partir de ces questions que j ai tent durant ces derniers mois d orienter au mieux ma pratique p dagogique Mais si j ai pu v rifier les vertus de la compl mentarit des supports et de la coh rence de la programmation j en ai galement rencontr les limites En effet s il est profitable de miser sur une progression n est il pas cependant parfois indispensable de revenir sur ses pas afin de ne laisser personne au bord du chemin et de mieux repartir de l avant Par ailleurs s il convient de planifier rigoureusement les tapes du parcours que l on veut faire effectuer ses l ves ne peut on pas aussi leur offrir et s offrir soi m me quelques escales surprises qui pr cis ment parce qu elles n taient pas pr vues au programme entretiennent le charme et le plaisir du voyage I DE MES REPRESENTATIONS A LA REALITE 1 Mes repr sentations e De l tudiante l enseignante Une fois dissip e l effervescence estivale cons cutive l obtention du CAPES ce n est pas sans une pointe d appr hension que j ai renonc mes vieux
32. ler de choses gaies Des f tes L Espagne c est le pays de la fiesta sic non Le message tait clair D abord la s quence consacr e ce th me avait certainement t trop longue m me s ils prouvaient de la curiosit pour cette p riode j avais mouss leur int r t en m y attardant trop longtemps Ensuite m me si mon r le n est videmment pas de ne leur proposer que s documents pr sentant une vision dulcor e de la r alit je 36 commen ais comprendre que j allais n anmoins devoir faire en sorte de m nager des s ances de respiration mentale au coar des s quences Les cours de module m ont alors sembl parfaitement indiqu s pour r aliser ces ruptures th matiques et donner une dimension plus ludique l apprentissage de l espagnol Parmi les diff rentes exp riences que j ai donc tent es depuis lors pour diversifier les activit s et les fa ons d apprendre j ai d j voqu le travail partir de la chanson de Manu Chao Clandestino j ai galement essay de privil gier l expression orale en leur demandant partir d un menu de restaurant d imaginer par groupes de deux un petit dialogue entre serveur et client qu ils ont ensuite mis en sc ne tour de r le devant la classe Etait ce parce qu ils se retrouvaient en situation d acteurs ou bien parce qu ils s imaginaient en train de commander chorizo tortilla boquerones y otras tapas variadas
33. morphose il aura je pense prouv la satisfaction d avoir pris au moins une fois une part active son apprentissage de la langue et par cette exp rience il se sera probablement senti revaloris non seulement mes yeux mais aussi aux siens et ceux de ses camarades Une programmation sur l ann e crescendo des difficult s et des exigences Outre l int r t pour l efficacit de l apprentissage que pr sente le choix de supports compl mentaires et inscrits dans une gradation des difficult s l int rieur de la s quence il me semble aussi n cessaire de miser sur une progression des exigences plus long terme tout au long de l ann e Je ne pr tends videmment pas surtout en d butant dans l enseignement qu il soit possible d s avant la rentr e d tablir un projet p dagogique pour l ann e enti re avec un programme pr cis de ce que l on proposera aux l ves de septembre juin Ce serait sans doute s enfermer dans une rigidit 28 qui ne prendrait nullement en compte les principaux acteurs de l apprentissage les l ves De fait m me les coll gues les plus exp riment s avec qui J ai discut m ont confi qu ils construisaient leurs s quences petit petit au fur et mesure qu ils apprenaient conna tre les difficult s et les aptitudes propres leurs l ves pr sents et quelquefois diff rentes d une ann e l autre afin que le projet p dagogique so
34. ne part la repr sentation que j avais d eux et mes exigences et d autre part ce qu ils taient r ellement en mesure d accomplir du haut de leurs quinze ans et au terme de seulement deux ann es d apprentissage de l espagnol Ainsi lors des premi res heures de cours j avais coeur de proposer mes l ves des documents dont J avais certes envisag les diff rents int r ts linguistique culturel m thodologique et formatif mais sans en avoir valu avec justesse les difficult s et sans avoir suffisamment r fl chi leur ad quation avec les aptitudes r elles des l ves eux m mes de sorte que j ai souvent mis ces derniers face des obstacles qu ils n taient pas en mesure de franchir soit parce que l acc s au document tudi supposait des connaissances linguistiques qu ils ne poss daient pas soit parce que le th me trait demandait plus de maturit que n en a un tout jeune lyc en soit encore parce que l exploitation du document exigeait un savoir faire qu ils ne ma trisaient pas encore en ce d but d ann e Au fur et mesure que j apprenais mieux conna tre les aptitudes et les limites de mes l ves il ma donc fallu penser aux moyens possibles de rem dier aux checs rencontr s lors de mes premiers t tonnements p dagogiques Comment en effet me mettre la port e de mes l ves pour les amener atteindre les objectifs fix s En d autres termes comment parv
35. njugaison aussi magistral qu improvis Mon tuteur qui tait pr sent durant cette heure m a aid e comprendre par la suite que la familiarisation avec le lexique ne suffisait pas rendre un document accessible aux l ves et qu en interrompant le commentaire pour entreprendre un cours de conjugaison j avais non seulement cass le rythme de la s ance mais aussi frustr mes l ves et mouss sinon perdu leur int r t en les d tournant du texte auquel ils avaient commenc go ter j aurais d au pr alable faire un tat des lieux de leurs acquis en conjugaison pour pouvoir les pr parer recevoir ce texte L obstacle qu a constitu leur ignorance de ce temps m a donc fait prendre conscience de la 14 n cessit d une programmation coh rente des documents tudi s dans une s quence Il faut anticiper sur les probl mes que pourront rencontrer les l ves afin de m nager une progression graduelle des difficult s de fa on ne proposer un document qu apr s en avoir pr par l accessibilit Mais ce d calage entre les repr sentations du professeur d butant et les connaissances linguistiques r elles d l ves de Seconde n est pas le seul cueil que j ai rencontr en faisant mes premiers pas sur le terrain de la p dagogie En effet 1l ne suffit pas d assurer une progression des difficult s de langue pour rendre un document accessible et pour cr er une situation d a
36. nsabilit d effectuer eux m mes ce travail r gressif selon qu ils en prouvaient ou pas le besoin en leur promettant cependant un petit contr le pour le cours suivant afin de stimuler un peu leur prise d autonomie Au del de cet exemple qui a clairement mis en vidence mes yeux ainsi qu aux yeux des l ves la n cessit de parfois revenir en arri re pour pouvoir continuer avancer je m interroge galement souvent sur leffectivit de la progression de leurs connaissances en ce qui concerne apprentissage du vocabulaire En effet organisant mes s quences autour d une unit th matique je fais en sorte comme il a d j t dit de proposer aux l ves des documents qui vont leur permettre de r employer et donc de m moriser un lexique d termin si bien qu en fin de s quence ils poss dent normalement un bagage lexical leur permettant de s exprimer sur le th me qui vient d tre trait N anmoins une fois pass le contr le qui cl ture la s quence je me demande s ils seront toujours capables dans les semaines ou les mois venir de mobiliser ce qui a t acquis si le besoin se pr sente Ma conseill re p dagogique de coll ge qui je faisais part de mes doutes ma sugg r un moyen d valuer ces acquis peut tre serait il int ressant d effectuer un retour diff r un th me trait en proposant ponctuellement mes l ves une sorte de document bilan qui solliciterait les
37. ntement et de solliciter fr quemment Vincent et quelques autres l ves qui restaient en retrait pour m assurer que le vocabulaire ne faisait pas obstacle leur acc s au document tudi Mais j avoue que je pensais alors que le probl me soulev par Vincent restait un fait exceptionnel d des difficult s propres cet l ve Or c est peu de temps apr s que j ai pu prendre conscience de toute la dimension p dagogique du probl me entr aper u travers le cas de Vincent la question de l h t rog n it et de lPaccessibilit du document propos aux l ves allait alors se pr senter moi comme un cueil possible l apprentissage de l espagnol si je ne me la posais pas comme un v ritable probl me de p dagogie auquel il allait falloir que je trouve des r ponses En effet j avais choisi pour la premi re s quence de cours de l ann e de traiter le th me de l enfance en Am rique du sud Or si l unit th matique des diff rents documents qui allaient composer cette s quence m apparaissait d s lors comme le facteur essentiel de sa coh sion je ne m tais pas vraiment pos le probl me de sa coh rence interne J avais 13 s lectionn trois documents traitant ce th me une bande dessin e de Quino pour l UNICEF un article paru dans Cambio 16 et une affiche de association Manos Unidas contre l exploitation sexuelle des enfants dans le souci certes de permettre une familiarisation avec
38. o Clandestino l objectif tant d en retrouver les paroles Lors de la premi re coute les l ves ne disposaient d aucun support crit et si la m lodie tait famili re tous ils ont n anmoins avou ne pas avoir saisi grand chose du sens Aussi lorsque je leur ai distribu le texte trous que j avais pr par en leur expliquant qu ils allaient devoir le compl ter ils ont sembl trouver que la s ance prenait un tour moins ludique qu elle n tait apparue m implorant par des Mais madame il parle trop vite il n articule pas sans oublier Mais Manu Chao c est pas un chanteur italien sic Malgr tout au terme de trois coutes successives la majorit tait parvenue reconstituer le texte dans son int gralit et ils ont quitt le cours en fredonnant Solo voy con mi pena sola va mi condena sur un ton qui n en d plaise Manu Chao n avait rien de d sesp r Au del de mon d sir de tester leur compr hension auditive mon objectif non avou tait galement par le biais d un support susceptible d emporter leur adh sion de les amener prendre confiance en leur capacit comprendre un espagnol authentique Mais apr s les avoir mis en confiance la deuxi me tape consistait exercer leur compr hension partir d un document auditif seul sans plus aucun support crit Ainsi le texte Por tierras de Extremadura de Manuel Vicent at il t abord
39. otra parte los malos Il va de soi que si ces remarques sont bien l manation des l ves je ne rapporte ici que la formulation laquelle nous sommes parvenus au terme de plusieurs interventions h sitantes et auxquelles j ai d apporter des corrections Ceci tant cette approche par le titre seul s est av r e fructueuse plusieurs gards d abord il me semble qu elle a favoris la participation orale des l ves notamment de ceux chez qui la confrontation directe avec le texte a un effet paralysant ensuite mon invitation orient e s interroger sur la vision du monde que proposent les contes pour enfants a constitu une sorte de pr ambule au commentaire du texte lui m me gr ce auquel les l ves ont ensuite parfaitement saisi que ce dernier relevait de la propagande franquiste et d une volont d endoctrinement d s le plus jeune ge Mais outre ce travail d approche destin favoriser la compr hension d un document il semble que la nature m me du texte retenu soit prendre en compte Ainsi comme je faisais part mon tuteur des difficult s que j avais s lectionner les documents que j allais exploiter en classe il m a conseill particuli rement en d but d ann e et avec des Secondes de privil gier les textes de type narratif dans lesquels on pouvait identifier temps espace personnages et action En effet le fait pour les l ves de commencer par r pondre aux questions
40. par l coute de la cassette qui accompagne le manuel Tengo En raison de sa bri vet et de sa partie dialogu e ce texte me semblait convenir cette exp rience Apr s une premi re coute sans directive qui les a laiss s peu pr s aussi d rout s 30 que si je leur avais propos un enregistrement en russe je leur ai demand avant de le leur faire r entendre d essayer de rep rer le lieu de la sc ne la date et les personnages en pr sence De fait la deuxi me coute ainsi orient e s est av r e bien plus fructueuse et certains l ves d un niveau par ailleurs plut t faibles se sont montr s particuli rement performants dans cet exercice l exemple d Anne Lise g n ralement tr s en retrait et qui a t la seule de la classe de 508 saisir le nombre exact de personnages entrant en sc ne En outre le cours s est av r d autant plus vivant que m me si aucun des l ves n tait parvenu une compr hension parfaite du document chacun avait n anmoins saisi au moins l un des l ments que j avais demand s de rep rer de sorte que chacun avait son r le jouer lors de la mise en commun orale destin e la reconstitution du sens global du texte Cette exp rience ma d ailleurs fait prendre conscience qu au del de l int r t de la compl mentarit des supports au sein d une s quence la r ussite de l apprentissage de la langue est galement favoris e par la compl menta
41. pprentissage f conde 3 Deuxi me cueil linad quation entre le sujet trait et la maturit des l ves Suite cette premi re exp rience J avais d cid d tre plus rigoureuse dans le choix des supports tudi s et dans l laboration des s quences L unit th matique m apparaissait certes toujours comme un axe directeur essentiel mais je mesurais d sormais la n cessit de penser la coh rence interne de chaque s quence il s agissait d en valuer les difficult s linguistiques afin de les hi rarchiser et de les articuler l un l autre Bref il fallait inscrire les cours dans un v ritable projet p dagogique Mais cette prise de conscience ne faisait pas pour autant de moi une architecte de la p dagogie Aussi suivant les conseils d une formatrice je suis all e consulter l ouvrage d un ma tre d vre en la mati re Un projet p dagogique en espagnol de Maurelet L auteur y expose toutes les tapes qui jalonnent l laboration d une s quence de travail et explique comment mettre en coh rence en vue de l efficacit les diff rents supports qui la composent Par ailleurs ce projet a aussi retenu mon attention parce qu travers les trois documents qu il r unit il pouvait donner lieu pour les l ves une prise de conscience et une r flexion sur la notion de libert Or si la l ob cit L laboration du projet chapitre I p 13 23 15 mission prem
42. pr senter un obstacle l heure suivante notamment au niveau lexical et grammatical Cela suppose videmment pour lui une estimation r aliste des difficult s ventuelles ainsi qu une programmation hi rarchis e de l ordre dans lequel il va les pr senter ses l ves Ainsi avant de proposer mes l ves une publicit Di que no dont l objectif linguistique tait la r activation de l imp ratif j avais retenu pour les s ances pr c dentes des documents dans lesquels apparaissait de fa on r currente le subjonctif pr sent Ce n est donc qu apr s avoir revu et assimil la formation de ce temps que j ai amen mes l ves franchir un chelon sup rieur puisque l emploi de l imp ratif en espagnol exige que l on soit en mesure de manier le subjonctif Proc der lPinverse aurait t tout aussi incoh rent et p rilleux pour la r ussite de leur apprentissage que de leur demander de gravir le deuxi me barreau d une chelle sans qu ils aient d abord pu s appuyer solidement sur le premier Par ailleurs en inscrivant l tude d un document dans une progression gr ce laquelle le travail fait en amont permet une meilleure compr hension on fournit galement aux l ves le mat riel linguistique qui favorisera en aval l EXPRESSION 23 2 Comment favoriser l expression Si la compr hension est la premi re phase de l apprentissage la capacit s approprier la langue et
43. rentissage est le devoir qui vient cl turer une s quence C est en effet l occasion pour les l ves d abord de r employer les connaissances r cemment acquises et le cas ch ant de prendre conscience de ce qui a t mal ou pas appris cette prise de conscience pouvant de fait constituer pour eux un premier pas vers Pautonomie Mais cela peut galement s av rer pour le professeur un moment de remise en question de son efficacit d s lors qu il se rend compte que ce qu il a essay de transmettre n a laiss chez certains que des traces impr cises Ainsi la fin d une s quence dont l objectif linguistique principal tait l expression de l obligation personnelle et impersonnelle j ai eu la d sillusion de constater que beaucoup d l ves ne faisaient pas bien la distinction entre l une et l autre Si ce constat d chec s tait limit deux ou trois copies j aurais pu tre tent e d en imputer la responsabilit aux 32 l ves eux m mes ils n ont pas t suffisamment attentifs ils n ont pas bien tudi Mais dans ma classe de 508 c est pr s de la moiti de la classe qui m avait visiblement pas acquis ce que j avais essay de leur transmettre de sorte que tout en remettant en question mes propres comp tences d apprentie p dagogue j ai d essayer de rem dier cette situation Aussi apr s correction du devoir avec les l ves et r explication de ce fai
44. rier des termes aussi techniques que an foras metonimias rimas consonantadas y asonantadas En effet la pr cision voire le pointillisme que l on peut attendre d un tudiant en espagnol n tait pas de rigueur avec des l ves de Seconde pour qui l espagnol n est en outre que la langue vivante 2 et pour cette premi re exp rience l important tait finalement qu ils parviennent go ter la po sie m me si c tait davantage par les sensations que par l intellect De plus les l ves arrivant du coll ge n ayant pour la plupart pas encore t initi s aux figures de style sans doute aurais je d pour plus d efficacit miser sur l interdisciplinarit avec le professeur de fran ais et attendre que lui m me ait commenc leur donner les outils pour 19 commenter un po me dans leur propre langue afin qu ils puissent exploiter leurs acquis en parall le durant le cours d espagnol Si je voulais viter les diff rents cueils ici expos s je devais donc non seulement veiller adapter mes ambitions ce que l on est en droit d attendre d l ves de Seconde mais aussi faire en sorte de cr er des situations d apprentissage f condes Or le fait de construire les s quences de travail en m nageant une progression des difficult s et des exigences tout en prenant soin de s lectionner des documents compl mentaires m est peu peu apparu comme une r ponse possible aux quest
45. rit des l ves eux m mes au sein du groupe classe l h t rog n it pouvant alors s av rer un atout pour la dynamique du cours 31 I I LIMITES__DE LA PROGRAMMATION __COHERENTE RIGUEUR N EGALE PAS RIGIDITE Ayant pris conscience de lint r t voire de la n cessit d inscrire apprentissage linguistique m thodologique et intellectuel dans un v ritable projet p dagogique et en ayant v rifi l efficacit aupr s de mes l ves jai un moment pens avoir enfin trouv une des cl s permettant de faire acc der les l ves la r ussite Aussi arje eu conr de penser soigneusement le choix de chaque document et lorganisation de chaque s quence afin de mettre rigoureusement en pratique la m thode que je pensais avoir trouv e Mais j ai bient t pu me rendre compte que m me lorsqu on a pris soin de baliser le chemin sur lequel on conduit ses l ves il est parfois n cessaire de revenir sur ses pas pour r cup rer ceux qui se sont malgr tout gar s d autre part jai galement pris conscience qu vouloir planifier chaque tape du voyage je risquais de transformer ma rigueur en une rigidit susceptible d mousser l int r t de mes l ves et qui s av rerait donc contre productive 1 Une progression moins lin aire qu en spirale Le moyen le plus imm diat non seulement pour les l ves mais aussi pour lenseignant d valuer la r ussite de l app
46. s auraient acquis des bases solides qu il faudrait certes consolider mais qui constitueraient n anmoins un appui stable partir duquel j allais les aider poursuivre la construction de leur connaissance de la langue tout en leur faisant d couvrir diff rents aspects de la culture hispanique Or il me faut reconna tre l heure o J cris que la pr sentation que je suis aujourd hui en mesure de faire de mes classes est bien loign e des repr sentations que j avais il y a quelques mois encore De fait les deux classes qui m ont t confi es se composent chacune de 35 l ves pour qui l espagnol est la deuxi me langue vivante et qui ayant choisi l option SES projettent pour une grande majorit de passer un baccalaur at section S ou SES Mais les similitudes s arr tent l En effet ce qui caract rise la Seconde 508 c est d abord la tr s grande h t rog n it des l ves hormis l une d entre eux quasiment bilingue en raison de ses origines espagnoles seuls cinq l ves ont des bases v ritablement solides deux autres en revanche semblent avoir bien du mal d passer le niveau de grands d butants la majorit enfin s est av r e poss der davantage des notions d espagnol que des bases stables et mon propre apprentissage a pr cis ment consist comprendre qu il tait n cessaire de revenir sur ce que je croyais acquis avant de pr tendre aller de 10 Pavant Pour c
47. s bonnes intentions ne suffiraient pas ahora ja m me tocaba et j avais tout apprendre du COMMENT tre ou devenir un bon enseignant Je ne savais pas vraiment sur quels crit res s lectionner les documents qui allaient permettre mes l ves de fortifier leur connaissance de l espagnol tout en les int ressant j ignorais comment pr parer un cours et surtout comment cr er en classe une situation f conde qui ferait des l ves les acteurs de leur apprentissage je ne savais pas non plus quel rythme ni quelle progression il fallait m nager pour tre efficace enfin l ment tout aussi essentiel je ne connaissais pas encore mes l ves avec leurs diff rences d int r ts et de comportements et leur tr s grande h t rog n it de niveau de sorte que j avais du mal d finir ce que j tais en droit d attendre d eux De l El ve mes l ves pr sentation des classes Avant d apprendre conna tre mes l ves dans leur diversit j avais une repr sentation de l El ve assez uniforme labor e la fois partir de P l ve que j avais mo m me t mais aussi sans doute partir de ce qu en tant que toute nouvelle enseignante j attendais qu ils soient Ainsi sans tre suffisamment na ve pour imaginer que j aurais bient t face moi 70 adolescents passionn s par l espagnol je pensais toutefois qu ayant derri re eux deux ans d apprentissage de cette langue il
48. s indispensables un voyage r ussi Cependant l heure de conclure ce livre de bord qu est le m moire j ai conscience que mon p riple n est quant lui pas achev et si ces quelques mois d exp rience m ont permis de mieux orienter ma course je sais aussi qu il me reste encore de nombreuses voies explorer et que l on n atteint peut tre jamais tout fait le port Mais finalement l int r t d un voyage n est il pas pr cis ment dans les obstacles qu il nous oblige d passer et dans les surprises qu il nous r serve l enrichissement tant peut tre davantage dans la qu te que dans la conqu te 40 BIBLIOGRAPHIE Un regard sur LA PEDAGOGIE DE L ESPAGNOL Jean Marc Bedel Caroline Bermejo Andr s Blanco Marie Bernard Martineau Nantes CRDP des Pays de la Loire 1996 Un projet p dagogique en espagnol Jean Luc Maurelet CRDP du Limousin 1999 Pourvu qu ils m coutent Discipline et autorit dans la classe pr sente et coordonn par Annick Davisse et Jean Yves Rochex CRDP de l Acad mie de Cr teil 1997 41 ANNEXES 42
49. s ramen un peu de s r nit dans ce cours o la participation des l ves mena ait de prendre la forme d une joute oratoire Mais si ce sujet semble les avoir int ress s au point de d brider m me les plus r serv s leur implication et la pertinence de leurs remarques n ont pas vraiment t la mesure de ce que j attendais lorsqu en fin de s quence nous sommes pass s l tude de l extrait de Primavera con una esquina rota de Mario Benedetti Ce texte qui met en avant la n cessit d imposer des restrictions la libert de chacun tout en d non ant la privation de la libert de penser et de s exprimer tait en effet tr s riche en nuances et bien qu il ait t propos aux l ves au terme d une progression qui en avait pr par l acc s une grande partie de la classe a eu du mal en saisir la port e si bien que la participation au commentaire s est limit e aux l ves 2 voir Circulaire n 97 123 BO n 22 du 29 mai 1997 sur la mission du professeur 16 les plus m rs Comme me l a expliqu la formatrice IUFM qu tait pr sente ce cours mon choix t moignait d une grande ambition mais ne semblait pas vraiment correspondre au degr de maturit et de r flexion de la majorit des l ves L encore j avais p ch par une inad quation entre mes exigences et les capacit s de mes l ves non plus sur la question de leur niveau linguistique mais sur celle de leur
50. si satisfaisant dans mon autre classe de Seconde En effet le niveau global des l ves de cette classe est beaucoup plus faible et la compr hension litt rale et l expression m me dans ses formes les plus simples constituent d j pour eux une difficult d importance si bien que ma tentative pour les sensibiliser aux proc d s po tiques s est av r e peu fructueuse Ils se sont le plus souvent limit s paraphraser le po me et le commentaire auquel nous avons p niblement abouti tait finalement davantage le fruit de mes propres interventions que l manation de leur participation Cette exp rience a donc t avec eux un demi chec car m me s ils ont gard quelques traces de cette initiation m thodologique ce que je pourrai v rifier lorsque je leur proposerai nouveau un po me commenter ils n ont pas v ritablement t les acteurs de leur apprentissage Par ailleurs et ce y compris avec les 512 il me faut confesser qu il y a eu un important d calage entre d une part le commentaire que j avais r alis en pr parant le cours et tout ce que j envisageais de leur faire remarquer et d autre part le r sultat auquel nous sommes effectivement parvenus Mais l encore c est sans doute que mes ambitions taient trop grandes pour un premier contact avec la po sie La d mesure de mes exigences mest d ailleurs apparue durant le cours lui m me si bien que j ai alors renonc leur faire s approp
51. t de langue j ai donn ceux qui avaient achopp sur ce point un exercice suppl mentaire afin d valuer les effets de ce r apprentissage De fait ce travail a t bien mieux r ussi que le premier et j ai choisi non pas seulement pour effacer mon sentiment de culpabilit mais aussi pour redonner confiance mes l ves d augmenter leur note initiale d un petit bonus Cette exp rience quoique d rangeante parce qu elle m a contrainte m interroger sur mon efficacit transmettre a n anmoins eu le m rite de m obliger reconna tre l chec et essayer d y rem dier par un travail r gressif Ceci tant si le r apprentissage s av rait n cessaire il ne concernait qu une partie de la classe ce qui ma galement fait prendre conscience de la n cessit de mettre en place une p dagogie diff renci e par le biais d un travail suppl mentaire en l occurrence J avoue n anmoins que tout en tant convaincue de l int r t d une p dagogie diff renci e celle ci me semble aujourd hui encore bien difficile mettre en pratique En effet comment dans une classe de 35 l ves parvenir r pondre vraiment aux besoins et aux attentes de chacun C est pour moi une question toujours en suspens laquelle je n ai pour l heure pas trouv de r ponse enti rement satisfaisante Mais si la n cessit d un travail r gressif sur ce qui vient d tre appris ne se pr sente heure
52. tionner sans cesse dans ce laboratoire que sont les cours le subtil dosage qui entre rigueur et plaisir permettra un apprentissage r ussi 38 CONCLUSION Loin d tre une croisi re paisible le voyage que j ai entrepris cette ann e s est av r tre une aventure qui m a oblig e explorer plusieurs voies et rectifier sans cesse ma trajectoire pour essayer d orienter au mieux ma pratique p dagogique Et pour viter de sombrer et d entra ner dans mon naufrage ceux qui m accompagnaient dans ce voyage les l ves il ma d abord fallu me d faire de mes repr sentations et apprendre conna tre leurs capacit s et leurs limites afin d adapter au mieux mes ambitions car enseigner c est aussi apprendre de l autre Lorsque j ai mieux su ce que je pouvais attendre d eux j ai donc d faire en sorte de trouver comment les amener atteindre les objectifs fix s en vitant les cueils rencontr s en d but d ann e Ainsi le choix de supports compl mentaires la fois par le lexique par les comp tences auxquelles ils font appel par les diff rents angles de vue depuis lesquels ils abordent un m me th me ainsi que par leur nature texte image enregistrements audio et vid o ma sembl un moyen de cr er des situations d apprentissage f condes m me de favoriser la r ussite de ces divers volets de lPapprentissage que sont la compr hension l expression la m thodologie et la form
53. tiques Mais les r sultats de cette exp rience se sont av r s in gaux dans mes deux classes Les l ves de 512 sont de fait parvenus faire des remarques tout fait pertinentes sur le rapport entre forme et fond ils ont par exemple su percevoir que la succession de verbes dans la premi re strophe donnait au po me un rythme rapide qui traduisait la vitesse avec laquelle une ville s accro t au d triment de la Nature ils ont galement t sensibles aux consonances flores faroles et aux rimes calles valles gr ce auxquelles le po te soulignait l opposition entre ville et nature si bien que Laurent qui lorsque je l avais sollicit durant le cours m avait r pondu d un ton implorant Mais c est dur madame s est lui m me port volontaire pour tre interrog lors de la reprise au cours suivant J avais certes conscience en me fixant cet objectif linguistique que la po sie n tait probablement pas la lecture quotidienne d l ves de Seconde et que face un texte ils avaient tendance s int resser plus au fond qu la forme mais c tait pr cis ment mon r le que de les sensibiliser la relation entre l un et l autre et la r action de Laurent tait la preuve que m me si mes exigences 18 leur avaient demand un effort important 1l pouvait n anmoins y avoir une r elle satisfaction avoir affront la difficult Ceci tant le r sultat n a pas t aus
54. ui a t r ellement acquis et il faut avouer que les r sultats sont parfois surprenants En effet si les l ves sont dot s d une m moire s lective on s interroge quelquefois sur les crit res qui op rent cette s lection Ainsi toujours lors du commentaire de l affiche I love Sushila aucun des l ves de 508 n a t capable de se rappeler comment l on disait orphelin que nous avions pourtant r p t plusieurs reprises lors du cours pr c dent En revanche une expression telle al buen tunt n que j ai t amen e prononcer lors de la toute premi re heure de cours et pour un motif que j ai oubli semble jamais grav e dans leur m moire et resurgit r guli rement en classe De Durante la Guerra Civil las bombas ca an al buen tunt n sobre Madrid Madame la derni re question du devoir jai un peu r pondu al buen tunt n sic Bref il semble que la m morisation ob isse des lois qui chappent en partie la compl mentarit et la coh rence de la programmation que lenseignant aura pris soin de m nager et le plaisir seul des l ves apprendre des expressions imag es ou aux sonorit s amusantes s av re quelquefois plus efficace que les strat gies p dagogiques les plus pens es 25 3 La compl mentarit au service de l APPRENTISSAGE INTELLECTUEL multiplier les angles de vue La mission de l enseignant y compris du professeur d esp
55. usement pas la fin de chaque s quence elle peut n anmoins appara tre plus tard dans l ann e lorsque le professeur s aper oit qu un point qu il croyait acquis a t oubli et ne permet donc pas la progression des l ves C est ce que j ai pu v rifier avec mes classes travers l apprentissage du futur et du conditionnel De fait la formation du conditionnel des verbes irr guliers se faisant partir du m me radical que pour le futur j avais par souci de coh rence et d efficacit choisi de 33 commencer par la r activation de ce dernier programmant l apprentissage du second pour une s quence ult rieure Or lorsque tout r cemment nous en sommes arriv s la formation du conditionnel je me suis aper ue que les fondations que j avais cru poser et sur lesquelles je pensais pouvoir m appuyer pour continuer construire taient pour le moins instables En effet bien que je leur aie fait remarquer travers les exemples pr sents dans le texte tudi cette occasion pondr a dir a qu ils devraient utiliser les m mes radicaux irr guliers que pour le futur plusieurs l ves n en ont pas moins propos en toute bonne foi des phrases telles que el hombre tenerfa yo venir a Il semblait donc s av rer n cessaire de revenir sur ce qui avait t appris mais oubli N anmoins consid rant qu il s agissait de r apprendre et non d apprendre j ai laiss aux l ves la respo
56. ussi lorsque je leur ai ensuite propos l affiche de l association Manos Unidas contre l exploitation sexuelle des enfants I love Sushila ils ont spontan ment su r employer les outils lexicaux ganarse la vida prostituirse et linguistiques tener que r cemment acquis et le cours s est av r de ce fait particuli rement vivant Pierre notamment dont l expression en espagnol s tait limit e un no s sans appel lors du commentaire de texte pr c dent s est montr tonnamment actif durant ce cours et contrairement ce que je redoutais tout fait capable de s exprimer correctement et de r utiliser le vocabulaire du texte auquel il tait me semblait 1l tort rest ferm 4 ob cit Programmation et r emploi chapitre II p 27 32 24 Il me semble donc fructueux de proposer un document iconographique en compl ment d un texte et ce plusieurs gards C est d abord l occasion pour les l ves de s exprimer avec un sentiment de s curit puisqu ils se sont au pr alable familiaris s avec les connaissances lexicales qu il s agit alors simplement de r employer sentant qu ils se trouvent en terrain connu ils se risquent plus volontiers la prise de parole De plus le r emploi est pour eux un moyen de s approprier la langue et de m moriser activement les connaissances nouvelles Par ailleurs c est aussi un moyen pour l enseignant d valuer ce q
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