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1. Vos coordonn es Milos Forman ann es 60 26 EE EEE Mograbi Cin ma 32 Monde en un jardin Le 74 SR a TE a e E a E Monsieur M 1968 64 Bon de commande adresser par courrier mail ou t l copie New York Conversations 15 Alain Sartelet No Comment 38 Centre national du cin ma et de l image anim e Nueve ou les Oubli s de la victoire La 70 Service de la diffusion culturelle NWR 99 11 rue Galil e 75116 Paris Parures pour dames 100 t l 01 44 34 35 05 fax 01 44 34 37 68 Pluie et Le beau temps La 51 alain sartelet cnc fr Ranger les photos 92 Renoir au del de l impressionnisme 94 Les titres de collections sont indiqu s en gras Les nouveaux titres Roses noires Les 102 et ceux du catalogue g n ral cit s sur cette page disposent du droit Scandale impressionniste Le 95 de pr t aux particuliers par l interm diaire des m diath ques Sderot last Exit 35 Tony Conrad DreaMinimalist 10 nouveaux titres page Trois Disparitions de Soad Hosni Les 21 A voir absolument si possible Vaulx en Velin la cit e retrouv e 101 Dix ann es aux Cahiers du Cin ma 1963 1973 38 Vie normale Une Chronique d un jeune sumo 57
2. poque des Trente Glorieuses celle de mes ann es d enfance et de la jeunesse du Havre nouveau l poque cette ville reconstruite c tait du grand modernisme mais aujourd hui elle appartient au pass et tout cela convoie une nostalgie un peu particuli re 78 Les images sont h t roclites cela rappelle parfois une projection de diapositives Au d part je voulais me contenter d images fixes des photos et surtout des cartes postales d poque qui offrent de multiples possibilit s d exploration Et Le Havre est si photog nique Ce proc d s inspire aussi des films qui m ont accompagn e pendant ce projet tr s dat s focalis s sur une poque et sous tendus par une voix off tr s int rioris e ceux de Resnais dont Muriel Ceux de Chris Marker aussi comme Sans Soleil ou encore La Jet e sans aucune image anim e Et puis la responsable des archives au P le Image Haute Normandie m a spontan ment contact e pour me proposer sa banque d images anim es des films de l poque r alis s par des familles Je n en voulais pas Je suis quand m me all e voir IL y avait ces plans d une m re et de ses deux enfants dont une fillette qui devait avoir le m me ge que moi dans les ann es 1960 qui portait des lunettes comme moi et une robe rouge pois blancs Le p re avait beaucoup film sa famille il y avait plein d images a me titillait Alors j en ai utilis une partie Les gens
3. Giacomo est sur la berge en off la voix de Barbara dit le texte intime de son amour le d sir le r cit de ce que fut la premi re fois le besoin de sentir en moi combien je l aimais merveilleux de le sentir l int rieur de moi de sentir son souffle sur mon cou de dos elle entre dans le fleuve long dos nag int rieur monocorde absolument seule dans le courant de sa voix la possibilit visuelle et sonore de la fin de l histoire comme si on tait devenu deux trangers comme si le son et le silence pouvaient les s parer lui qui coute ce qu il sait qu elle n entend pas elle qui entend d j la fin de l t et de l amour A lire A voir D Oscarine Bosquet Chromo d Fourbis 1997 Abstractions fa onn es Processus bleu ditions 2008 Participe pr sent d Le Bleu du ciel 2009 Mum is down d Al Dante 2012 J r me Momcilovic collabore au festival Entrevues de Belfort festival entrevues com 67 l Et de Giacomo 2011 75 couleur documentaire r alisation Alessandro Comodin production Faber Films Les Films Nus Les Films d Ici CBA Wallpaper Productions Tucker Film participation CNC Fonds r gional pour l audiovisuel Friuli Venezia Giulia Centre du cin ma et de l audiovisuel de la communaut fran aise de Belgique P riph rie L t dans la campagne au nord est de l Italie Deux adolescents Giacomo et Stefania vont se baigner dans le fleuve qui traverse la
4. m dium doux et violent qui serre le c ur plus que le cin ma la fois l ger rapide comme un battement de cils et grave Nous sommes les premiers dont la vie est enti rement soumise au regard de la photographie Elle joue pour nous un r le la fois po tique et rituel c l brer l instant retenir ce qui compte La mort au travail dont parlait Cocteau propos du cin ma s observe ici en acc l r Le miroir qu elle nous tend ne nous refl te jamais identiques nous m mes Il d signe un au del o les visages deviennent innocents Cette innocence comme la tendresse qui entoure les petits visages de papier caress s du bout des doigts all gent Le film de son terrible secret pour baucher plan apr s plan un portrait sensible de celle dont on entend la voix S M images de la culture le cahier Ce n est qu un d but Abderrahmane Sissako une fen tre ouverte sur le monde Avec Fran ois Ch telet un voyage diff rentiel Big John Le Cin ma de Boris Vian La Citadelle de Lille Femmes en campagne NWR Renoir au del de l impressionnisme Le Scandale impressionniste Vaulx en Velin la cit retrouv e Y ma ne viendra pas 93 VitraHaus Architectures architecture Architectures La Citadelle de Lille 2011 26 couleur documentaire conception Richard Copans Stan Neumann r alisation Stan Neumann production Les Films d lci Arte Fran
5. propos de Tapage nocturne ou vous avez t la premi re montrer un jean trou troublent au premier abord la cin aste qui pourtant ne se laisse pas d monter et en pro fite pour expliciter tant l aide de son histoire personnelle que d anecdotes de tournage ses choix de mise en sc ne Le film tient beaucoup sur ces carts qui s bau chent dans toute rencontre entre un spectateur et un cr ateur Tandis que Moullet th orise en mettant en relief des figures le cercle par exemple ou des sc nes Breillat d fend une vision plus intuitive Les t moignages de Pascale Chavance et Roxane Mesquida respectivement monteuse et actrice d A ma s ur s accordent sur la mani re tr s motionnelle avec laquelle travaille la r alisatrice Alors que Moullet d crit la sc ne de la lettre dans l escalier du square Caulaincourt de Tapage Nocturne et voque l effet qu y donne l utilisation d un t l objectif Breillat r pond Je n y connais rien en technique je sais si c est beau ou pas beau C est tout Etant lui m me sensible au sujet Moullet la questionne sur le traitement de l espace et des lieux Elle voque la mani re dont elle intervient sur tous les aspects visuels sur Les couleurs dans Une Vraie Jeune Fille le rendu du vomi ou du sang pour cr er un effet r aliste qui provoque le d go t ou la sid ration du spectateur Si la rencontre entre Moullet et Breillat peut sembler surprenante au pr
6. traiter un vrai sujet am ricain tout en tant fid le aux proc d s et la qu te obsessionnelle de ses d buts une qu te de ce qui r siste grince ou essaie de sortir des carcans de la soci t Une dimension huma niste qui comme le montrent ces deux docu mentaires semble faire fi des fronti res P E Il tait une fois Vol au dessus d un nid de coucou 2011 52 couleur documentaire conception Antoine de Gaudemar Serge July Marie Genin r alisation Antoine de Gaudemar production Folamour Arte France TCM participation CNC France T l visions Procirep Angoa Laur at des cinq principaux Oscars en 1976 Vol au dessus d un nid de coucou de Milo Forman n avait pourtant rien d un succ s programm un cin aste encore novice Hollywood un sujet peu aguichant la condition des intern s dans les h pitaux psychiatriques un tournage chaotique Antoine de Gaudemar d cortique l histoire singuli re de ce film en laissant la parole ceux r alisateur acteurs techniciens producteurs qui y ont particip Reprenant le projet de son p re Michael Douglas fait appel au Tch coslovaque Milo Forman pour adapter l uvre culte de Ken Kesey 1962 Le cin aste raconte comment il fut touch par cette histoire d un voyou qui intern dans un h pital psychiatrique la discipline de fer y provoque une v ritable r volution Fid le l esprit libertaire du roman
7. voir la production camerounaise de spectacles et de clips que l on peut percevoir comme autant d images reprises ou r inter pr t es de la culture populaire mondiale Ici le dialogue entre local et global se tisse au sein m me de la contrefa on Epap rend visible des pratiques d images qui d finissent un mode d expression sp cifique et une culture africaine du spectacle Il est l aff t de br ches dans des images que l on a pris l habitude de regarder avec condescendance il est attentif l nonc des d sirs il est l coute des v nements musicaux et rythmiques qui surgis sent de mani re inattendue au d tour d une s quence la coh sion soudaine et joyeuse du groupe hommes femmes au moment du vision nage d un clip dont la production vient juste de s achever Dans l avant derni re s quence lors d un spec tacle qui a lieu pour la Journ e de la femme Est ce qu on est clair aujourd hui J aime la femme je respecte la femme pr vient le chan teur Ida et Poupina en front de sc ne se livrent de vraies improvisations contr l es des morceaux de bravoure dans s qui les font exister autrement que comme automates qui miment la gestuelle de pop stars iconiques et d shumanis es La danse enfin comme d pos session et r appropriation de soi Mais les der niers plans laissent en suspens le destin de Clarence remise de l op ration elle chante en guise de pri re devant un bri
8. Beyrouth pour servir la cause des Palestiniens et r alise avec Masao Adachi Arm e rouge FPLP D claration de guerre mondiale 1971 Il rencontre alors notamment Mieko Toyama une jeune femme qui l aide projeter le film Quelques temps plus tard la jeune femme meurt dans la prise d otages d Asama C est pour elle et ses amis r volutionnaires qu il se penche pr s de 35 ans apr s sur cet v nement qui a marqu tout le Japon en 1972 United Red Army 2009 film qu il se devait de faire avant de mourir retrace l histoire du mouvement et la fin tragique de la branche japonaise l oppos des reportages du point de vue de la police il s int resse ces tudiants qui finirent par presque tous s entretuer avant le final d Asama Wakamatsu dit ne tourner que du point de vue des faibles et cherche transmettre les id es de libert et de r volution mot oubli selon lui M D A voir baudelaire net grandrieux com cnc fr ide La For t des songes d Antoine Barraud 2010 53 et Images de la culture No 26 p 26 28 images de la culture s agissait d un exercice et que les gu rilleros avaient pris le risque pour la cam ra d effec tuer la man uvre pr s des positions ennemies sous les rayons du soleil levant qui vous expo sent dangereusement aux regards ext rieurs Pourtant je navais pas pu appuyer sur le d clencheur de la cam ra Pourquoi Les gu rilleros r partissent le
9. Images de la culture j S L avant gardes new yorkaises histoires de cin ma photographie amp documentaire interstices de ville CNC Centre national du cin ma et de l image anim e d cembre 2012 No 27 Elle est au 3e tage On dort Sns emble on mang ensemble w HEITE HOUvals gu AE EEE a E n pa T directeur de publication Eric Garandeau r dactrice en chef Anne Cochard coordination ditoriale Marc Guiga ont colabor ce num ro Judith Abensour Michel Amarger J r me Baron Am lie Benassayag David Benassayag Fr d rique Berthet Martine Beugnet Myriam Bl d Oscarine Bosquet Eric Briat Anne Brunswic Mathieu Capel Carole Desbarats Martin Drouot Pierre Eug ne Nicole Fernandez Ferrer Arnaud Lambert Malika Maclouf Sylvain Maestraggi Rafa l Magrou J r me Momcilovic Ariane Nouvet Rapha lle Pireyre Nicolas Poupon Ana s Prosa c Eva S gal Maria Spangaro r daction des notices de films Myriam Bl d M B Mathieu Capel M C Martin Drouot M D Pierre Eug ne P E Sylvain Maestraggi S M Eva S gal E S Annick Spay A S Caroline Terr e C T Damien Travade D T Laurence Wavrin L W remerciements Sylvie Astric Mich le Bargues Sylvie Berthon Pascale Cassagnau G rald Collas Alessandro Comodin Eve Couturier Catherine Derosier Pouchous Jacques Deschamps Basile Doganis Ariane Doublet Isabelle Dufour Fer
10. assez difficile parce qu il ne parle ni fran ais ni anglais Mais nous nous sommes vus lorsqu il est venu au festival Cin ma du R el Paris Nous avons fait chacun nos rep rages nous nous sommes montr des images Wen Hai a eu vraiment carte blanche pour le tournage et il ma donn carte blanche pour le montage J ai re u quinze heures de rushes videmment sans traduction Au mon tage la mati re fran aise et la mati re chinoise se sont confront es Maintenant j aimerais que le film puisse tre montr en Chine mais nous n avons pas encore le budget pour pro duire une version chinoise N est ce pas singulier que la France soit dans le commerce du lin exportatrice de mati res premi res Oui mais ce n est pas un cas unique La France exporte aussi vers la Chine du bois de la for t bretonne Ce qui est fou c est la masse de pro duits transport s d un bout l autre de la pla n te Le lin travaill en Chine revient en France sous forme de chemises ou de rouleaux de tissu Ilva aussi au Mexique et en Turquie dans les usines de confection mais le film ne pou vait pas montrer toute cette circulation Je voulais rester sur les agriculteurs fran ais et les ouvriers chinois mais on sent constam ment cet arri re plan mondial Votre film montre avec un certain humour tous les moyens mis en uvre pour communiquer malgr les obstacles C est d abord autour du lin qu ils communiquent de cette mati re q
11. de ce film Images de la culture a interrog Evelyn Mesquida journaliste et crivain auteur notamment de La Nueve 24 ao t 1944 Ces R publicains espagnols qui ont lib r Paris Editions Le Cherche Midi 2011 ouvrage dont s inspire le film documentaire La Nueve ou les Oubli s de la victoire d Alberto Marquardt Comment avez vous r agi en regardant L Ile de Chelo L histoire de cette femme cette histoire si belle et si terrible c est l histoire de l Espagne Ses parents ont t assassin s simplement parce qu ils taient r publicains parce qu ils soute naient cette R publique que le peuple espagnol s tait donn e par les lections Chelo n a connu la libert qu en arrivant en exil en France Mais sa maison de l Ile de R pleine d images et de chansons espagnoles est comme une petite parcelle d Espagne Ces derni res ann es juste avant que les t moins ne disparaissent on a tourn beaucoup de films en Espagne Celui ci me para t un des plus aboutis du point de vue du cin ma tr s juste et tr s mouvant Le film nous fait d couvrir un pan de l histoire peu connu l histoire de la gu rilla qui s est prolong e pendant plus de dix ans apr s la chute de la R publique Cette histoire est elle mieux connue en Espagne Jusqu la fin du franquisme c tait la chape de plomb Franco faisait r gner la terreur Jusqu en 1944 les ex cutions taient quotidiennes les pelotons d ex cution tuaien
12. devant l image si possible Ce contact intime imm diat du spectateur d aujourd hui avec les images fait penser la mission que s taient donn e dans les ann es 1960 les Cahiers du cin ma de parler des films ind pendants de faire vivre dans les colonnes du journal les films peu distribu s voir absolument si possible puis devant le constat de cette impossibilit d organiser la semaine des Cahiers pour projeter ces films soutenus par la r daction et peu montr s Quel cart dans l acc s aux images de ces deux g n rations de critiques L une pour laquelle montrer les films devenait une posture mili tante l autre qui peut toucher du doigt aus culter diss quer des images d j disponibles avant m me la sortie en salle des films Dans No Comment la mise en sc ne de la pens e au travail passe avant tout par une mise en pr sence de l image et de la parole cri tique Face au texte l image n est plus l ou pas encore l Labarthe cherche un dispositif qui les fasse coexister mettant le discours cri tique l preuve des images A force de filmer les ex g tes devant des extraits du film com ment il construit insensiblement une image nouvelle qui ni tout fait celle de Godard ni tout fait la sienne propre est un m lange des deux Yannick Haenel commente le plan de Film Socialisme dans lequel un jeune gar on regarde tout la fois un tableau figurant un paysage et le
13. il porte la marque d un monde en voie de disparition Il faut voir Xiao Wu retrouver un ancien ami voleur qui ne veut pas l inviter son mariage avec la fille d un riche entrepreneur Cet ami se marie pour l argent comme un pacte signant son entr e dans la l galit l galit nettement vue comme une trahison et une forme de prostitution La jeune femme travaillant dans un karaok dont Xiao Wu tombe amoureux trop pauvre est quant elle oblig e de dispara tre la cam pagne Peut on encore aimer dans ce nouveau monde Le final du film sans ambigu t laisse le personnage attach un poteau par la police en pleine rue offert aux yeux de tous tel Le Christ sacrifi d une g n ration perdue D s son film suivant Platform 2000 qui s tire de 1979 1990 Jia Zhang ke fait de ses personnages perdus dans leur poque les t moins d une m moire collective qui s effrite La Chine et le R el 2011 59 couleur documentaire r alisation Alain Mazars production Movie Da Productions participation CNC Cin Cin ma A P kin rencontre avec les cin astes Wang Xiaoshuai n en 1966 Wang Bing 1967 et Jia Zhang ke 1970 qui s inscrivent dans le courant d un cin ma ind pendant n dans les ann es 1990 entre fiction et documentaire marqu par les v nements de Tian Anmen et les bouleversements de la soci t chinoise depuis les ann es 1980 Alain Mazars conclut avec Zhang Yuan n
14. le filmer Berlin o il tait en r sidence d artiste pour six mois et cet cart s est av r tr s f cond Le fait que je ne parle pas h breu et qu il ne parle pas fran ais que nous changions en anglais ajou tait un cart int ressant A un moment du tournage je l ai galement rejoint Bergen Norv ge o il installait ses vid os pour une exposition M me s il n tait pas tr s g n reux en temps et en paroles c tait bien de le ren contrer sur un terrain qui lui tait inconnu Pour le montrer dans son activit d enseignant nous avons organis une rencontre Lussas avec les tudiants en Master documentaire o il explique entre autres comment son travail a d but Il vest sans doute pas facile de mettre en sc ne un artiste qui se met lui m me en sc ne C tait Le vrai probl me En fait je me suis tr s vite effac parce qu il occupe tr s bien la sc ne et qu il ma trise tout Mais je n ai pas eu de mal l installer face des crans car il fait a dans ses propres films par exemple dans Pour un seul de mes deux yeux 2005 lorsqu il converse distance avec son ami palestinien enferm dans les Territoires occup s Il s est si bien pr t cette mise en sc ne qu un moment en revoyant des passages de Z32 il s est remis chanter c t de sa propre image en train de chanter dans le film Ces proc d s tr s simples rendent compte dans mon film de sa fa on de f
15. ment consacr e mettre en valeur l uvre de son fr re apporte beaucoup sur le rapport passionnel que le cin aste entretient avec la Bretagne Dans des extraits du film Jean Epstein Termaji de Mado Le Gall 1997 quand elle voque la pr paration des tournages et le r le de chacun elle nous permet de comprendre l importance des mod les bretons le type de rapport de travail que le cin aste entretenait avec ces travailleurs de la mer qui n taient pas des professionnels du cin ma Par ailleurs Schneider choisit de mettre en valeur les interventions dans lesquelles elle s exprime sur l attitude de son fr re pendant la Deuxi me Guerre mondiale Et ce n est pas rien Epstein n aura pas t un esth te d tach des r alit s du monde et des souffrances de ses contemporains Il a eu la force d afficher des sentiments antinazis marqu s la fois par ses liens avec la CGT et Cin Libert depuis 1936 Il a t spoli de ses biens en 1940 et Mary Epstein rappelle que bien que portant un nom consonance s mite par sentiment de d cence il n avait pas demand de certificat de non appartenance la race juive Ce cou rage rend toute sa force sa recherche du Beau et l loigne d un esth tisme th r ou gocentr Mary insiste juste titre sur la caract ristique essentielle de l uvre de son fr re la compr hension du monde par l intel igence et par le c ur intention que l on peut
16. sable de l endroit o il vit qui estime qu autour de soi on a tout pour tre bien et qui voit dans le printemps de la po sie accroch e aux branches les premi res notes qui s lancent apr s le silence tr s intense de l hiver Cependant c t des habitants du jardin et du jardin lui m me le film de Fr d rique Pressmann a un autre protagoniste majeur c est le temps Parce qu il a t tourn toutes les heures du jour au petit matin et la nuit tomb e pendant une ann e enti re Parce qu il montre patiemment le cycle des saisons et donne entendre autre mesure du temps qui passe les cloches de l glise toute proche Parce qu il prend le temps justement de s arr ter sur un bourgeon le passage des nuages la fonte d une stalactite de glace un oiseau dans un arbre des herbes ploy es par le vent la main qu un petit gar on tend sous la pluie une femme qui chante un couplet le soleil qui joue travers les feuillages un visage une voix une parole ou un escargot qui traverse une all e images de la culture Totalement immerg dans le jardin au point qu on en perde de vue l inscription de celui ci dans la ville Le Monde en un jardin prend parfois du champ de la distance de la hauteur pour restituer cette inscription les blocs d immeu bles qui enserrent le Parc ou dans le lointain la perspective sur Paris Et les quelques excur sions que le film s a
17. une histoire d immigration pas toujours rose Escort s d un contrema tre d un cur et de religieuses une centaine de paysans quittent Bergame et l Italie de Mussolini pleins d espoir La campagne fran aise manque de bras les autorit s leur ont promis monts et merveilles A leur arriv e la d sillusion est immense Mal log s mal outill s ils sont f rocement exploit s par le ch telain qui loue au contrema tre ses terres prix d or Au bout de dix ans de mis re la colonie se d barrasse de son contrema tre Les ouvriers agricoles deviennent m tayers leurs enfants s int grent l cole Adapt du livre de Yolande Magni Une Histoire de promesse d Elytis 2009 Le film s appuie sur le t moignage de plusieurs g n rations d habitants de Blanquefort ceux de la colonie et ceux du ch teau Mais l vocation de cette exp rience collective prend une tonalit tr s personnelle par la narration en voix off de Yolande Magni les photos de sa famille et Les bobines en Super 8 tourn es par son p re E S Y ma ne viendra pas 2009 52 couleur documentaire r alisation Agn s Petit production ADR Productions Cityzen TV participation CNC Acs Images de la diversit CR Haute Normandie Scam Frapp e par le manich isme et la d magogie des m dias au moment des meutes de 2005 Agn s Petit d cide de retourner dans le quartier o elle a grandi Evreux histoire de
18. Abderrahmane Sissako une fen tre ouverte sur le monde 96 Vie r v e des Italiens du Gers La 101 Anabase de May et Fusako Shigenobu Masao Adachi Watteau La Vie cach e des uvres 95 et 27 ann es sans images L 18 Y ma ne viendra pas 101 Avec Fran ois Ch telet un voyage diff rentiel 99 Big John 96 films cit s au catalogue g n ral Bricoleurs de paradis 99 A bient t j esp re 83 Catherine Breillat la premi re fois Cin ma de notre temps 42 AK 83 Ce n est qu un d but 100 Armand Guerra requiem pour un cin aste espagnol 71 Charlemagne Palestine the Golden Sound 9 Assise vers 1300 34 Chine et le R el La 29 Avi Mograbi un cineaste en col re Un Certain Regard du Sud 34 Cin ma de Boris Vian Le 97 Ballad of Genesis and Lady Jaye The 10 Conf rence sur rien 12 Chronique d une banlieue ordinaire 91 Couleurs Folie 88 Cin ma chinois d hier et aujourd hui Le 30 Daniel Schmid le chat qui pense 25 Cin ma sous influence Un 71 Danse aux poings de Mourad Merzouki La 96 Cin mas de traverse 7 Diane Wellington 59 Couleurs de Jour de f te Les 34 Ecoutez May Picqueray 88 Delphine Seyrig portrait d une com te 87 Eglise Notre Dame du Raincy L Citadelle de Lille La Derni re Utopie La La T l vision selon Roberto Rossellini 38 VitraHaus Architectures 77 94 En remontant la rue Vilin 75 Entr e du personnel 62 Enqu te sur Abraham 87 Et de Giacomo L 68 Enqu te sur Paul de Tarse 87 Femmes en
19. Auguste Perret de Matthieu Simon 2007 52 De Rafa l Magrou Habiter un container Un mod ul e au service de l architecture Ed Ouest France 2011 interstices de ville Architectures L Eglise Notre Dame du Raincy 2010 26 couleur documentaire conception Richard Copans Stan Neumann r alisation Juliette Garcias production Les Films d lci Arte Centre Pompidou participation CNC minist re de la Culture et de la Communication DGP Consacr l une des premi res glises en b ton brut de d coffrage Notre Dame du Raincy en Seine Saint Denis ce num ro de la collection Architectures d cortique non sans humour les typologies et les techniques de construction du b timent ainsi que les recettes de fabrication du b ton mat riau l ger conomique incombustible facile mettre en uvre et pourtant mal aim Du gravier du sable du ciment et de l eau et le tour est jou A la fois glise paroissiale et m morial des morts de la bataille de la Marne l Eglise du Raincy merge en 1923 comme un hangar ou un silo sur une parcelle en pente et toute en longueur Ses architectes rois du b ton arm les fr res Auguste et Gustave Perret vont r aliser en treize mois et pour un budget modeste une glise halle au plan basilical L usage exclusif du b ton du gros uvre de l ossature au mobilier modifie radicalement l esth tique traditionnelle des b timents
20. Forman mit en place une m thode de tournage fort loign e des canons hollywoodiens le d cor est un v ritable h pital psychiatrique les malades et l quipe soignante sont associ s tous les stades du tournage les acteurs sont incit s partager la vie de l h pital et Forman leur laisse le champ libre Jack Nicholson en t te pour improviser largement Un cirque complet dans lequel certains perdront pied comme le chef op rateur Haskell Wexler remerci en cours de tournage R sultat un film totalement en phase avec son poque le mouvement hippie bat encore son plein qui conna tra un succ s et un retentissement gigantesques D T 27 rouleaux peints Notes propos de La Chine et le R el d Alain Mazars et de King Hu de Hubert Niogret par Martin Drouot L Histoire est en face de moi comme un journal intime C est sur cette phrase de Wang Bing que s ouvre le film d Alain Mazars La Chine et le R el Judi cieusement le documentaire choisit de remon ter le temps de nos jours jusqu 1989 Car les cin astes de la 6 me g n ration ont beau tre dipl m s de la prestigieuse Acad mie de cin ma de P kin ils naissent au cin ma avec les mas sacres de la place Tiananmen au printemps de cette ann e l Alors que des tudiants intellectuels et ouvriers d noncent la corruption et demandent des r formes d mocratiques le gouvernement envoie l arm e et transforme la manifesta
21. Le cin ma v rit ici c est la v rit de la relation entre le filmeur et le film A B Les Inconnus de la terre 1961 39 noir et blanc documentaire r alisation Mario Ruspoli production Argos Films Tourn e en Loz re l or e des ann es 1960 cette enqu te cin matographique d nonce l ancestrale mis re qui frappe ce d partement isol et d peupl Tandis qu un commentaire lyrique exalte la sublime d solation de ses paysages meurtris par le vent bergers et agriculteurs d crivent avec des mots simples les conditions de leur survie Pour acc der la m canisation et au confort moderne les jeunes r vent d entrer dans des coop ratives agricoles La chronique s ouvre par une manifestation paysanne Mende Les paysans n ont ils pas le droit de vivre disent les pancartes brandies sur les tracteurs Le cur juge ses ouailles inaptes au progr s L instituteur rural itin rant plus optimiste compte sur la jeunesse pour changer l ancestral ordre des choses P n trant chez le berger Contassin qui vit seul avec ses moutons sur le Causse l quipe de Mario Ruspoli constate que le temps s y est arr t il y a bien longtemps Elle fait halte dans d autres fermes ou dans les champs pour des moments de dialogue lci trois fr res condamn s au c libat parce qu aucune jeune femme ne veut partager leur vie sans confort L deux fr res qui rassemblent le foin au r teau et
22. Luc Moullet production Independencia Productions participation CNC Cin Procirep Angoa Je ne peux pas arr ter de parler et d ailleurs c est comme a que je d couvre ce que je pense dit Dominique Laffin dans Tapage nocturne 1979 A l image de ses personnages Catherine Breillat parle et se r v le Luc Moullet analyse des extraits de ses films et raconte ses souvenirs de spectateur Il convoque aussi l actrice Roxane Mesquida et la monteuse Pascale Chavance pour aborder l art et la mani re de la cin aste Les deux premiers films de Catherine Breillat Une Vraie Jeune Fille 1976 et Tapage nocturne per us comme voyeuristes connaissent un accueil ex crable ce qui est sans doute d sa volont de mat rialiser les interdits Celle qui dit tre la fille de Bergman et de Lautr amont donne en effet une vision des rapports entre les sexes non conventionnelle il faut que l homme soit d go tant pour tre d sirable ce qui ne l emp che pas de se projeter dans le regard de Rocco Siffredi faisant d Amira Casar un Christ devenu femme dans Anatomie de l enfer 2003 Au del de cette image tapageuse Breillat est une artiste qui travaille la couleur elle va jusqu d colorer l herbe dans Une Vraie Jeune Fille et poursuit des motifs visuels les escaliers par exemple Luc Moullet analyse les morceaux de bravoure d A ma s ur 2000 qui t moignent du talent de Breill
23. appropri pour d signer l art de Charlemagne Palestine S il est avant tout musicien chanteur carillonneur et pianiste Charlemagne Palestine s est mis en qu te de l uvre d art totale C est au contact de la peinture qu il d couvre sa voie la recherche d un univers sonore englobant fait de vibrations et de nappes l instar des aplats de couleurs de Mark Rothko ou Barnett Newman Sa technique le strumming qui consiste faire r sonner les harmoniques d un piano en martelant deux notes jusqu la transe s accompagne de rituels qui int grent des l ments de l enfance ou de la personnalit fantasque de l artiste Peluches verres de whisky costumes bariol s sont autant de f tiches qui renouent avec lunivers sauvage et exalt des chamans S M deu per man jaram PET NN Tony Conrad DreaMinimalist 2008 27 couleur documentaire r alisation et production Marie Losier participation New York State Council of the Arts Experimental Television Center Finishing Funds FIAF Tony Conrad par lui m me Devant la cam ra de Marie Losier le violoniste am ricain membre fondateur avec La Monte Young et John Cale du Dream Syndicate compagnon de route du minimalisme complice de Charlemagne Palestine expose deux autres facettes de son talent celles du performeur et du cin aste exp rimental Dans une suite de mises en sc ne truculentes il rejoue l histoire de sa vi
24. dite pas compte d auteur car la valeur tient dans la capacit du r alisateur trouver producteur Mais ce qui valait l poque des grands seigneurs les producteurs des ann es 1930 40 50 s tait en fait d j d lit quand le fils d buta sa carri re en 1962 C tait une erreur constate Marcel Oph ls je me suis laiss pi ger moi m me Le projet inachev rode nouveau Oph ls reformule la n cessit de poser par contrat qui fait quoi Pour Godard l vidence est pra tique Je peux avancer mon bras long pour avoir de l argent On fait les choses chacun 40 On se dit on va l Il est pr sent question de se payer un caf Et l on se prend imaginer la poursuite du dialogue au bistrot d c t il est m me possible de croire un temps avoir assist la relance du vieux projet commun Le film en train de se faire au th tre St Gervais aurait il remis en mouvement par la gr ce du cin ma et la puissance de la parole celui qui ne s tait pas fait Mais jusqu la fin le hiatus demeure qui porte en lui de nouvelles s parations Oph ls On peut en reparler alors Godard C est fait F B A lire A voir Antoine de Baecque Le jardinier du cin ma dans le charnier de l histoire pp 681 687 et Sarajevo en champ contrechamp pp 786 797 in Godard Grasset 2010 Marc Ferro De l interview chez Oph ls Harris et S douy pp 162
25. ensuite seulement il tourne Ainsi son texte Bonjour cin ma pr c de d un an un premier film Pasteur 1922 que suivent des films recon nus tir s d adaptations de Balzac Daudet Sand Poe avec par exemple L Auberge rouge en 1923 et Finis Terrae en 1929 La Bretagne d j Au vu de l importance de la mati re bretonne dans l uvre d Epstein et d un vident refus du pittoresque on peut se demander si cette th matique ne lui permettait pas soit de r a liser du documentaire social soit simplement de tourner le dos la fiction traditionnelle en filmant des non professionnels parlant bre ton En fait le projet tait probablement moins th oris plus senti Epstein a aim ces roches ces vagues la puissance des hommes qui les affrontent et dont il a su voir les difficult s Du coup lib r de certaines des contraintes du r cit fictionn il s est alors livr pendant cette p riode des recherches novatrices aussi bien sur le plan visuel que sonore ce qui est plus rare Certes il na pas tout invent Paris pendant le premier quart du XXe si cle Epstein avait t tr s proche de cin astes soucieux de 44 forme et de narration Gance Delluc L Herbier avec qui il avait partag ces exp rimentations N avait il pas choisi Luis Bu uel comme assis tant pour le tournage de C ur fid le Mais probablement la d marche bretonne est elle particuli re et l on comprend que Schneider s y int
26. et la nature taient trait s sur un plan d galit au pamphlet incisif proche de l esth tique du tract d non ant le sort que le monde capitaliste r serve la nature La puissance coloniale des Etats se mesurait autrefois au nombre de baleiniers et l invention du canon harpon a transform la p che en massacre industriel Esth tique du tract aussi parce que le film fait abondamment appel une iconographie tir e de la peinture ou de l image imprim e Un tract po tique toutefois o l on sent la griffe de Chris Marker son empathie pour les animaux son go t borg sien de l imaginaire La douce voix de la baleine nous emm ne aux confins du conte et du programme pour enfants et malgr sa terrible histoire la fascination pour la cr ature merveilleuse finit bien par l emporter S M 83 Marker de hisser la chasse hors d ge des A oriens au rang de sc ne mythologique dis para t au profit d un constat tragique de l hubris humaine et surtout de la limitation des res sources Sans aucun doute l cole du cin ma direct et la p riode militante d apr s 1968 qui parach ve sur un versant politique cet enga gement du cin ma dans la r alit quotidienne ont accompli ce passage de l ardeur litt raire des ann es 1950 aux phrases coups de poing et d senchant es des ann es 1970 Pendant des si cles les hommes et les baleines ont appartenu deux camps ennemis qui s af frontaient su
27. l Arm e rouge japonaise rejoignant d autres fractions arm es s illustra par plusieurs d tournements d avions et en mars 1972 par un sanglant attentat suicide l a roport de Tel Aviv La violence de cette poque comme le rappelle le cin aste Masao Matsuda s exprimait aussi dans une abondante contre culture pink au cin ma au th tre et dans la bande dessin e E S images de la culture r manence d une star gyptienne Evoquer l actrice Soad Hosni c est r veiller l clat du grand cin ma gyptien La carri re de la star s est d ploy e de la fin des ann es 1950 1980 en magnifiant des personnages de femmes exemplaires S ductrice enjou e ou femme heurt e par le destin sa silhouette lanc e ses yeux de braise l imposent comme une ic ne dans le monde arabe Portrait original de l actrice Les Trois Disparitions de Soad Hosni de la Libanaise Rania Stephan prix Renaud Victor au FID Marseille 2011 s appuie uniquement sur des extraits de sa longue filmographie Une incursion plastique empreinte de m lancolie sur la s duction de l image et les ambivalences de la m moire visuelle Analyse et entretien avec la r alisatrice par Michel Amarger Le rayonnement du cin ma gyptien a marqu e premier si cle du cin ma N dans l euphorie des premiers films il unit dans un m me lan e merveilleux et le sens du commerce pour se d velopper comme une industrie florissante Les producteur
28. l avions tourn e dans un abattoir pour le pr c dent film et ce monsieur tant parti la retraite depuis longtemps il ne risquait plus rien Mais le projet du film ne pouvait pas reposer enti rement sur une s rie de petits miracles La parole ouvri re vous a paru po tique De quel point de vue Quand on sait tr s bien o l on en est qu on est tr s centr sur ce qu on veut dire le langage en un sens d passe la pens e Par exemple un homme me dit Non je n ai pas gard de rela tion intime avec la volaille C tait en r ponse ma question Est ce que vous avez gard des amis Cela dit beaucoup sur cette rela tion intime avec la chair J ai trouv que parti culi rement dans le secteur de la volaille cette relation avait quelque fois un c t obs c ne toute cette chair rose avec ces trous b ants cette accumulation de visc res Vos principes de mise en sc ne avec tr s peu de sons synchrones se sont ils tout de suite impos s Oui je voulais que la voix off soit d connect e de la personne qu on voit l image Mais au montage a nous a pos beaucoup de pro bl mes J ai travaill avec un monteur tr s exp riment mais il nous a fallu plusieurs semaines pour emp cher que la parole absorbe le visage pour emp cher que le spectateur attribue automatiquement les mots entendus la personne film e ce qui aurait t une tra hison insupportable Il fallait trouver une
29. la fourche Un couple de d fricheurs s attaque un coteau pentu Les b tes sont plus plaindre que nous commente la femme qui tire les b ufs tandis que son mari enfonce dans le sol pierreux le soc d une charrue d un autre ge E S A voir annebrunswic fr retour sur image arr t sur image au bord du lit Commentaire d une s quence extraite du film Regard sur la folie La F te prisonni re 1961 de Mario Ruspoli par David Benassayag La s quence de presque six minutes se trouve la cinqui me minute du film R trospective ment on s en souvient comme d un long dia logue film en un seul plan fixe entre une patiente alit e et un m decin assis c t d elle En r alit le dialogue a d but avant qu on ne les d couvre par leurs voix entendues sur la fin d un travelling cam ra l paule travers les dortoirs d abord confus ment sous la voix off du commentaire puis distinctement tandis que la cam ra s immobilise et pivote sur quelques lits La s quence s ach ve de la m me mani re le dialogue se poursuivant sur les visages d autres malades avant que la voix off reprenne Cette sc ne exemplaire du cin ma direct par lequel s enregistrent synchrones les voix et les corps s ins re ainsi dans un essai cin matographique plus traditionnel o un texte anonyme se pose sur des images silencieuses Ce faisant elle exprime le double projet du film porter un regard sur
30. mation l animation directe et au collage du found footage au journal film du film abstrait au po me visuel toutes les techniques et toutes les approches tous les cin mas mino ritaires et contestataires ont une chance de trouver ici une terre d asile Le film de Chodorov abonde en t moignages et anecdotes sur la p riode d intense activit qui a vu s laborer les cl s de vo te d un mouvement qui s inter nationalise tr s vite Il contraste notamment en de savoureux champs contre champs la vision d lib r ment optimiste de Mekas avec les r cits plus mesur s de Michael Snow et images de la culture Ken Jacob Par le biais du New American Cinema Group le film exp rimental acquiert en parall le des institutions tablies du monde de l art une pr sence concr te qui rayonne bient t bien au del des fronti res f d rales et nationales Son statut et ses conditions mat rielles de production n en restent pas moins pr caires give chance a chance hans richter En tant que cr ateur j ai t qualifi de pro fessionnel d artiste ou d amateur De ces trois appellations c est la derni re amateur qui me flatte le plus Stan Brakhage Dans le texte duquel est extraite cette citation e cin aste rappelle utilement l tymologie latine du mot amateur aimant Brakhage se r f rera ce sens premier pour contester les connota tions n gatives de ce terme lorsqu il devient synon
31. mois du film documentaire titres sur support B ta SP 15 TTC par semaine bon de commande tarif pr f rentiel des tarifs d gressifs sont appliqu s r guli rement sur des listes de films propos es un ensemble de partenaires sur www cnc fr ide rubrique mises disposition et sur imagesenbibliotheques fr Le catalogue Images de la culture devient progressivement accessible aux personnes sourdes et malentendantes Il est indispensable qu un sous titrage pour personnes sourdes et malentendantes soit riche en indications sonores li es l action et rende compte d une ambiance d une atmosph re qui parle Quel bruit fait r agir les spectateurs Quelle type de musique accompagne l action Dans le respect d un code couleur pr d fini l objectif primordial est de restituer la qualit du texte original sa musicalit sa respiration 150 titres du catalogue sont aujourd hui disponibles Ces DVD peuvent tre regard s au choix avec ou sans le sous titrage destin aux personnes sourdes et malentendantes Bon de commande tarif pr f rentiel sur www cnc fr idc 103 index des films et bon de commande
32. montre la r volution picturale qu op ra lImpressionnisme sous l angle de l aventure collective Commentaire et citations off caricatures tableaux photographies et films d archives tissent les liens qui unirent et oppos rent les ardents praticiens de la touche en plein air Monet Renoir Pissarro Sisley Leurs a n s Corot Boudin stimulent leur go t pour le chevalet portatif certains habitent ensemble ils se repr sentent mutuellement ou peignent les m mes motifs Leur credo La sensation la perception port es aux nues o le culte de la lumi re naturelle prime sur l id al acad mique Leurs couleurs sont si franches qu elles heurtent la sensibilit norm e des critiques Avec le galeriste Durand Ruel ils finissent par cr er leur propre Salon d expositions libres Aux cimaises un hymne aux reflets iris s de l eau la po tique de la ville en pleine transformation o le trivial supplante la peinture d Histoire avec les petits m tiers la gr ce des ballerines ou des femmes de petite vertu des tranches de vie sur Le vif des miroitements furtifs comme un clich avec la touche en plus Une juste part du tribut revient aussi Bazille et Caillebotte pour leur r le de m c nes et leurs uvres aux cadrages insolites et aux th mes tonnants L W le cahier La Vie cach e des uvres L onard de Vinci 2011 43 couleur documentaire r alisation Stan Neumann Juliet
33. qu il a avec les gens qu il filme Dans les s quences que j ai tourn es la parole s installe g n rale ment en situation de travail sauf une fois lorsque j installe une interview avec un agri culteur et une agricultrice C est la seule fois o je pose une question directe d ailleurs assez abrupte Aviez vous pr vu d s le d part cette diff rence dans le traitement de la parole Elle tient aux conditions de travail en Chine Les usines sont tellement bruyantes On voit bien que les ouvriers portent des masques qu ils ne peuvent pas se parler pendant le travail Les dortoirs sont des lieux plus calmes et Wen Hai a aussi jug que la parole y serait plus libre En fait cela faisait longtemps qu il voulait tourner dans une usine mais il a re u l autorisa tion de tournage gr ce la coop rative fran aise qui en a fait la demande Nous avons pr sent le projet comme un film fran ais un film d entre prise en quelque sorte dans lequel Wen Hai intervenait en qualit d op rateur et non de cin aste Gr ce quoi il a pu circuler assez librement dans l usine Ainsi il a pu suivre quelques ouvriers et recueillir une parole pas trop censur e M me s il demeure tout de m me une part d autocensure Ce que le film rend tr s visible c est le r tr cissement des distances et l acc l ration du temps C est un aspect que nous avons particuli rement travaill au montage Nous voulions faire sentir la simul
34. r alis s sur pellicule 8 mm et 16 mm principa lement n auraient pas pu tre r alis s sur d autres supports De mani re plus g n rale l av nement du num rique avec sa logique de convergence des m dias ses nouveaux modes de reproduction et de distribution a cr autour du cin ma dans son ensemble un tat de crise et cet tat de crise engendre au sein du monde des arts qui avait jusqu ici d daign le cin ma exp rimental un int r t soudain Mus es et galeries s attachent d sormais toffer leurs collections d uvres filmiques tandis que la cr ation artistique contempo raine recycle les techniques labor es par les cin astes exp rimentaux Le risque c est la r cup ration de proc d s de cr ation acces sibles tous au profit de pratiques auteu ristes et exclusives et la transformation d un corpus destin au plus grand nombre en objets rar fi s et donc commercialement viables C est horrible commente sans ambages Kubelka en voquant cette possible d rive Un projet comme celui de Chodorov par lequel le cin ma exp rimental dans l esprit de Anthology Film Archives construit sa propre histoire pr serve sa propre m moire est donc essentiel Le travail d historien du cin ma qu il r alise avec ce beau docu journal vite d ailleurs toute tendance la mus ification et cela d autant plus facilement que son sujet s y r v le com pl tement r fractaire ainsi le Fre
35. r ve am ricain se retrouve encore dans Diane Wellington Lorsque Diane dispara t les autres filles de sa classe plut t que de s inqui ter de son absence se mettent r ver de ce dont r ve toute jeune fille de province elles imaginent que Diane s est enfuie avec un homme ou qu elle est devenue actrice Le r ve l emporte sur la r alit qui finira par se r v ler plus terrible plus troite que toute fiction provoquant la longue fugue en train de la fin du film qui est comme un cri qui monte travers les paysages pour clater sur le rivage de l oc an r cits contre fiction Mais si le r ve la fiction sont complices de ces crimes la d sillusion n est elle pas salutaire Pour chacun de ses films Arnaud des Palli res a cherch inventer des formes de r cit qui tout en faisant appel aux ressources du cin ma empruntent largement la litt rature Le recours autour du monde la voix off comme instance narrative et la com position de r cits partir de citations d uvres litt raires lui sont familiers Mais plus pr cis ment qu la litt rature c est l art du conteur que recourent les films de des Palli res un art qui implique la fois l oralit et une forme par ticuli re de r cit Dans un essai intitul Le Narrateur Walter Benjamin en a nonc les traits distinctifs entre autres la transmission d une exp rience la concision et le caract re nigmatique des r cits q
36. re l ventualit m me des images l intensit d une existence que peu dans les cin mas japonais et mondiaux auront su mettre ainsi en relief entendre ce sujet l anecdote racont e par May Shigenobu l obligation qui lui a t faite de jeter r guli rement toutes ses images sinon les plus insignifiantes A ce titre le geste de Baudelaire justifie de la plus grande logique comme de la plus grande g n rosit sa demande il pourvoit aux images qu Adachi lui m me ne peut plus tourner lui c dant presque la paternit des siennes pro pres pour faire le portrait d un homme montrer les images qu il a ou aurait tourn es On y retrouve l option d j adopt e par Nagisa Oshima dans Il est mort apr s la guerre 1970 pilier de la pens e dite du paysage aux c t s d AKA Serial Killer tourn justement par Adachi quelques ann es avant son exil libanais Cette pens e du paysage se donne comme l autre grand fait d arme d Adachi Baudelaire quitte couler ses propres images dans celles qu Adachi r ve partir de ses souvenirs semble vouloir prendre son compte la m thode d AKA Serial Killer o pendant 90 minutes l on ne voit qu une suite de vues paysag res intrigantes et muettes film e dans tout le Japon Les explications qu Adachi en donne ici nous clairent partir fin 1969 sur les traces de Norio Nagayama l une des premi res incarnations du serial killer au Japon devait permettre
37. resse Filmer la mer les amers le ciel cest la fois re pr senter la beaut mais c est aussi creuser un espace de sens particulier sans cesse renouvel e comme le dit la chanson la mer abrite meurtrit et nourrit ces hommes qu Epstein filme et dont Schneider va rechercher les traces Pour cela il retourne sur les lieux des tour nages du si cle dernier et va jusqu reproduire les cadrages du cin aste Il les met en valeur par un format plus large ce qui permet en jouant en plus de la diff rence entre noir et blanc d poque et couleur d aujourd hui d appr cier la fois la pr cision du cadrage d Epstein et la p rennit de la roche bretonne des pay sages bretons Schneider s autorise juste alors de retravailler la bande son par une acc l ration des sons jou e en contrepoint de l image il va lui aussi l instar d Epstein au del du r alisme Pour clairer le projet d Epstein Schneider filme de multiples citations tr s graphiques parce que dactylographi es La premi re mise en exergue nous alerte d embl e sur l ambition cin matographique d Epstein Des lentilles peuvent donc capter des crans reproduire des aspects de l univers non encore compris par l homme Tout un monde nouveau s ouvre cet tonnement cette admiration cette connaissance par amour qui sont acquis par le regard Outre ces r f rences aux crits du r alisateur le t moignage de Mary Epstein qui s est large
38. rit de tr s jeunes gens pour donner un suppl ment d me une production Un petit conte immoral qui laisse un go t amer A P A lire Pens es du corps La Philosophie l preuve des arts gestuels japonais danse th tre arts martiaux de Basile Doganis d Les Belles Lettres 2012 31 avi mograbi la crise des apparences Ard che Images Production poursuit une belle collection de portraits de cin astes documentaristes Apr s Oncle Rithy et Le cin aste est un athl te Conversations avec Vittorio De Seta Mograbi Cin ma explore l uvre et la m thode du cin aste isra lien inventeur de nouvelles formes documentaires Entretien avec Jacques Deschamps qui signe ce portrait Comment est n ce projet d un film sur Avi Mograbi Pour La collection de portraits de cin astes qu il dirige Ard che Images Production Jean Marie Barbe m a demand qui je voudrais consacrer un film Je songeais Andr S Labarthe ou Fre derick Wisemann mais j ai galement propos ograbi parce qu en un sens c est un mons tre en tout cas un cin aste et un homme qui m impressionne norm ment D abord parce qu il r ussit faire douter de ce qu on voit dans e documentaire Une autre chose passion nante est le lien qu il cr e avec les gens qu il filme que ce soit Ariel Sharon dans le premier film qui l a fait conna tre Comment j ai appris surmonter ma peur et aimer Ariel Sharon 1996 o
39. tait la cerise sur le g teau Le plus dr le c est qu il avait pens pour le r le de la boulang re dans Le Havre Dominique Reymond mais qui tait prise par une tourn e de th tre Est ce que le Havre est si jaune que vous le dites en relevant l omnipr sence de cette interstices de ville couleur une teinte qui appellerait au ralliement z nithal de toute la population Oh oui pour moi le jaune domine de fa on norme Les Havrais me disent que c est une id e que je me suis faite mais je ne suis pas d accord avec eux Il y a cet immeuble quip de stores jaunes pr s de l glise Saint Joseph Quand le soleil sort et que tout le monde les d roule c est un vrai spectacle D ailleurs mon impression est confirm e par les crits d Au guste Perret lui m me il disait qu il fallait injecter dans cette nouvelle ville des couleurs vitamin es Et le jaune c est vitamin Quels sont vos projets aujourd hui Je travaille sur un documentaire consacr au jardin tropical du bois de Vincennes Il porte le titre provisoire de En Friche mais je ne suis pas convaincue Ce jardin qui fut un espace de l exposition coloniale de 1907 destin l exhi bition de sp cimens humains a t une cole d agriculture et d agronomie tropicale doubl e d une universit avec des serres aujourd hui d vast es Les b timents ont t d truits par des incendies par la temp te de 1999 envahis par l
40. te Le r cit lui nous est donn lire sous la forme de courtes phrases qui apparaissent l cran ILne s agit ni de cartons la mani re du cin ma muet ni d une voix off mais d une voix silencieuse qui s adresse nous la premi re personne et r sonne dans notre l esprit par l interm diaire de la lecture comme g il nous tait donn de l entendre Une voix qui se singularise par son rythme l alternance plus ou moins rapide du texte et des images Le d coupage des propo sitions leur r percussion sur ce que l on voit co ncidence ou interruption suspension attente relance En donnant ainsi le texte lire Arnaud des Palli res ram ne l exp rience du cin ma celle de partager l coute et la vision d un film avec une salle enti re au sentiment d intimit qui n appartient qu au livre Par cette op ration il met Le cin ma art du collectif au singulier Diane Wellington comme Poussi res d Am rique suscite d s lors une forme d empathie qui s loigne de l identification avec les per sonnages laquelle nous a habitu s le cin ma am ricain Que l on se souvienne du magnifique discours de Tom Joad Henri Fonda la fin des Raisins de la col re justement Avant de dispa ra tre Tom Joad promet qu il sera toujours l o lon se bat contre l injustice qu il n est pas un individu isol mais qu il fait partie d une me collective Ce discours galvanise le spectateur en l invitant se r
41. voix du syst me ducatif et les ann es de service militaire semblent laisser des traces profondes en eux et au moment de la formation l heure du bilan vient aussi Dans un contexte instable leurs films laissent fr quemment appara tre la marque des divisions internes et des contra dictions de la soci t civile isra lienne Prenant appui sur un socle th orique solide l cole ne vise pas le remplacement d une id ologie iden titaire par une autre mais la r activation d une coute et d une parole personnelles L dification de ce projet a trouv un autre abou tissement sa logique travers la cr ation Sderot il y a dix ans du Cinema South Festival Cette manifestation qui se d roule chaque ann e entre la fin du mois de mai et d but juin a pour but d apporter une connaissance des r alit s et uvres cin matographiques interna tionales et plus particuli rement asiatiques africaines ou latino am ricaines Pour Avner Faingulernt et Erez Peri comme pour les autres membres de l quipe qui pour certains sont d anciens tudiants parfois devenus ensei gnants une exp rience des cr ations pass es et pr sentes rep rables dans ces pays permet aussi d inciter le cin ma isra lien mergent regarder dans d autres directions et mod rer l influence historique des cin mas europ ens et nord am ricains Il n est pas exclu de consi d rer que les environnements d o proviennent quelques films signifi
42. 166 in Cin ma et Histoire Gallimard 1998 Henry Rousso Impitoyable Chagrin pp 121 136 in Le Syndrome de Vichy de 1944 nos jours Seuil 1990 De Fr d rique Berthet Humain de l archive Qui trouve t on dans les archives textes r unis par Fr d rique Berthet et Marc Vernet Textuel No 65 Presses de l Universit Paris Diderot 2011 cnc fr idc Marcel Oph ls parole et musique de Bernard Bloch et Fran ois Niney 2005 54 Godard l amour la po sie de Luc Lagier 2007 53 Il tait une fois Le M pris d Antoine de Gaudemar 2009 52 No Comment d Andr S Labarthe p 38 Marcel Oph ls et Jean Luc Godard la rencontre de Saint Gervais 2011 43 couleur documentaire r alisation Vincent Lowy Fr d ric Choffat production Les Films du Tigre Th tre St Gervais Gen ve participation Ville de Gen ve R publique et Etat de Gen ve Fondation St Gervais Le 31 octobre 2009 apr s la projection du Chagrin et la Piti 1971 Jean Luc Godard et Marcel Oph ls se rencontrent en public au th tre Saint Gervais Gen ve Captation de ce moment le film commence par une suite de tirades sur l Histoire la r ception du film et ce qu est tre juif pour devenir peu peu un change charg d ironie et de tendresse o les deux cin astes reviennent sur le projet d un film commun Jean Luc Godard se souvient de son enfance et voque un trou dans sa m moire qui est aussi
43. 1986 d Abraham S gal par Nicole Fern ndez Ferrer Couleurs Folie a t con u au d part comme un prologue au troisi me film de la s rie Hors les murs 1984 1986 Cette s rie documentaire proposait trois mani res de vivre avec la folie trois pratiques alternatives qui se situent la lisi re du champ de la psychiatrie en France1 Le r alisateur Abraham S gal qui a notamment r alis Enqu te sur Abraham 1996 et Le Myst re Paul 2000 qualifie Couleurs Folie de film rencontre En effet son initiative Mary Barnes et Delphine Seyrig se rencontrent Paris pour la premi re fois en 1986 En 1975 Delphine Seyrig tournait dans le film Alo se de Liliane de Kermadec et d couvrait cette occasion l ouvrage Mary Barnes Two Accounts of a Journey Through Madness Mary Barnes un voyage travers la folie Ed du Seuil 1971 co crit avec Joseph Berke Dans le film Delphine Seyrig jouait Le r le d Alo se Corbaz une jeune femme suisse intern e dans un asile d ali n s o elle ne cessa de peindre jusqu sa mort 78 ans Couleurs Folie tourn dans l appartement de Delphine Seyrig Paris entre dans l intimit de la rencontre des deux femmes Cadr es au plus pr s tout en laissant le champ libre la vie de la maison un chat passe elles confron tent leurs points de vue autour de l aventure de la folie Mary Barnes avait pu voir le film Alo se la veille du tournage Delphine Seyrig parle d
44. Deuxi me Epouse 1967 Une Part de souffrances 1969 En 1968 elle encha ne pas moins de sept films parmi lesquels Belle et Coquine de Issa Karama histoires de cin ma La Directrice d cole de Ahmad Dia Eddine En 1971 Youssef Chahine lui offre Le Choix et Said Marzouk La Peur Ali Badrakhan la regarde changer entre Lamour qui fut 1973 La Faim 1986 et Le Berger et les Femmes 1991 A partir de la fin des ann es 1980 le cin ma gyptien se transforme Apr s avoir impuls une production tatique sous l gide de Nasser l Etat s est d sengag La concurrence des cha nes satellites arabes a d port l attention du public vers des t l films standardis s Au cin ma les histoires sont devenues plus cali br es dans le m me temps des auteurs ind pendants ont merg Mais l aura des m los flamboyants demeure L image de leurs stars aussi Celle de Soad Hosni ne d roge pas la r gle avec sa fin myst rieuse L actrice est morte en 2001 Londres o elle se serait suicid e Mais ses fans doutent encore de cette version qui vient brouiller l image d une femme volontaire dyna mique pleine de passions grav es jamais dans la pellicule revisiter un patrimoine N e Beyrouth Rania Stephan est dipl m e en cin ma la Trobe University de Melbourne en 1982 et en 1986 Paris Monteuse elle a aussi collabor en tant qu assistante la r a lisation avec Elia Suleiman Interven
45. Joubert qui sait la valeur des saisons le nom des plantes et partage les secrets de la nature Le parc de Belleville fut construit la fin des ann es 1980 sur les ruines d un quartier ravag par les plans d urbanisme o depuis longtemps d j les tours se dressaient la place des anciennes ruelles Le village d autrefois photographi par Willy Ronis les c l bres escaliers de la rue Vilin dont le trac traverse le parc n existe plus Mais l esprit de ce quartier populaire semble encore animer ses habitants unis par les vicissitudes de la vie m tropolitaine S M 74 ketteurs des joueurs de ping pong des m res qui prom nent leurs enfants parmi lesquels A na et sa maman Sophie une troupe de th tre m lant des adultes et des enfants masqu s ou grim s une femme qui dessine au fusain le d tail d une branche d arbre Il y a des gens solitaires deux en famille ou en groupe des gens l arr t debout assis allong s sur les pelouses des gens qui marchent fument bavardent contemplent le jardin dorment ou se font bronzer Des enfants qui courent ou barbotent dans l un des bassins de la fontaine en cascade des enfants qui jouent sur l une ou l autre des aires de jeu se livrent des batailles de boules de neige ou apprennent planter des impatientes Il y a aussi des musiciens Patrick Scheyder interpr te le pr lude No 8 du Clavecin bien temp r de Bach sur un piano queu
46. Les regards exorbit s la d marche ralentie transforment ce terrain de jeu en valse de fant mes D une certaine mani re tout personnage de Schmid est un spectateur hypnotis Le petit gar on de Hors saison regarde les passages des clientes divas dans l espace clos et th tralis de l h tel de m me que les pensionnaires de la maison de retraite du Baiser de Tosca 1984 d anciennes grandes voix ressuscitent un pass dont ils ne sont plus que les spectateurs La r alit elle m me devient spectacle Ainsi les personnages de Schmid qui existent pleinement sont ceux qui laissent entrer le spectacle en eux ou qui entrent dans le champ du spectacle ravissement Daniel Schmid le chat qui pense montre bien la curiosit d un cin aste spectateur assoiff il voyage sur des territoires vari s aussi bien physiques qu artistiques Entre les Grisons de sa naissance o il revient la fin de sa vie Berlin Munich et Paris Daniel Schmid aura galement t Shanghai o les r alisateurs partent pour retrouver sa trace Mais ce voyage est aussi un voyage entre les arts De la d couverte de l Asie et du kabuki iltire son film Le Visage crit 1995 C est cependant l op ra qui nourrit en profon deur tous ses films comme l inverse ses mises en sc ne d op ras se nourrissent du cin ma Sa mise en sc ne de Guillaume Tell prend ainsi place l int rieur du cadre d une cam ra La Paloma 1974 sur lequel Hofmann
47. Verdi et Schubert Phil Glass de Gorecki Glen Miller ce sont l quelques uns des d fis que s est fix Merzouki pour Boxe Boxe La cr ation de la pi ce Lyon puis ses repr sentations au Th tre national de Chaillot ont t l occasion de r aliser ce portrait et de retracer un parcours exemplaire Car depuis ses d buts en 1994 le fondateur de la compagnie K fig initiateur et directeur du centre P le Pik Bron directeur depuis juin 2009 du Centre chor graphique national de Cr teil et du Val de Marne a sign une quinzaine de spectacles qui ont tourn dans le monde entier contribuant ainsi faire passer la danse hip hop de la rue la sc ne M B 96 histoire du cin ma Abderrahmane Sissako une fen tre ouverte sur le monde 2010 55 couleur documentaire r alisation Charles Castella production Ca mans Productions participation CNC Cin Cin ma TV5 Monde Acs Images de la diversit Procirep Agicoa Mauritanien Abderrahmane Sissako s impose en seulement trois longs m trages comme l un des cin astes africains les plus importants En divers entretiens et extraits de ses films Charles Castella donne voir autant l art po tique du cin aste que son engagement politique Il le suit Nouakchott de la c r monie o lui est remise une d coration pour reconnaissance nationale un salon de coiffure o il demande non sans ironie la coupe d Obama A
48. abrutissant En voix off s entendent les t moignages d ouvri res et d ouvriers qui racontent ce que a fait la chair et l me de passer sa vie l c toyer les b tes que l on tue que l on d bite la hache ou au couteau et que l on emballe pour les vendre en promotion dans les supermarch s A l exception des syndicalistes qui ont pris le risque d tre l image les t moignages anonymes forment un ch ur de toutes ces vies broy es Posant l ext rieur de leur usine certains ouvriers miment dans une sorte de chor graphie ces gestes qu ils effectuent des milliers de fois par jour et auxquels ils refusent que leurs vies se r duisent E S 62 Ces textes se situent entre l oral et l crit On n entend pas de b gaiement pas l h sitation d une pens e qui se cherche C est une des premi res choses qui m avait frapp e dans les paroles entendues leur net tet l absence d h sitation Les personnes taient la plupart du temps des syndicalistes ou des syndiqu s Leur pens e ne se cherchait pas elle s tait trouv e Comment vous est venue l id e de pousser la th tralisation jusqu mettre en sc ne ce moment de mime collectif devant lusine A partir des ann es 2000 entrer dans les usines est devenu beaucoup plus difficile Il nous a fallu une ann e enti re pour obtenir la derni re autorisation qui nous manquait Comme on ne savait pas si on l obtiendrait
49. adolescente et r ves de gloire studio d enregistrement high tech et petits boulots alimentaires minables Les rencontres sont comme des miracles se souvient l un des v t rans du groupe RGM lorsqu ils apprennent qu un r alisateur fran ais Jean Pierre Limosin souhaite leur faire signer la bande son de son film Young Yakusa qu il va pr senter au festival de Cannes Devenu premier assistant du film Basile Doganis a d j commenc tourner son documentaire sur le groupe Apr s avoir visionn quelques rushes Limosin choisit de commander RGM la musique de son film Les paillettes de Cannes cette illusion d cr pite dont on s tonne qu elle fascine encore les jeunes g n rations n es dans la r volution num rique ne changeront rien leur destin juste un quart d heure de c l brit warho lienne avant le retour la case d part et l obscurit L un renonce la musique l autre revient travailler dans l tablissement de bains de ses parents et cr e sa petite entreprise de distribution d eau min rale le troisi me conduit des engins de chantiers de d molition M me s ils ne sont pas dupes des espoirs qu ils ont plac s dans cette rencontre miraculeuse avec le cin ma on sent leur d ception cach e avec humour et fiert et le courage d affronter la jungle urbaine sans piti qu ils d noncent dans leurs textes Ily a quelque chose d inconsciem ment cruel utiliser la na vet la sinc
50. appelle Blanche Sa voix se serre Les larmes qui montent l emp chent de poursuivre Puis elle s adresse lui devenu peut tre son mari ou son fils Je t en prie Jean j aime mieux partir que de rester ici Gentis a alors ce geste de lui caresser les che veux pench comme sur le berceau d une enfant et il essuie ses larmes avec un bout de drap Vous ne voulez pas qu on parle de cela vous avez bien raison Cet accord silencieux permet de relancer le dialogue Et de quoi vous voulez parler alors A voir David Benassayag est codirecteur du centre d art Le Point du Jour Cherbourg lepointdujour eu images de la culture Troisi me moment un plan de coupe le seul de la s quence dans lequel le cadre s est largi On voit deux autres lits devant celui o sont Gentis et Blanche Les voix apparemment synchrones sont en fait mont es off sur l image silencieuse tandis qu on aper oit sur le bord droit du cadre au niveau des personnages le micro fix au bout de la perche Ce plan dissocie l g rement le son de l image Mais on peut penser qu il d signe aussi en m me temps que le micro la place r elle de la cam ra depuis laquelle en zoom est r alis le plan serr sur Blanche et Gentis On entend Gentis demander Blanche ce que veulent dire Les mots incom pr hensibles qu elle vient de prononcer elle r pond Des choses qui sont vraies Enfin le plan fixe s interrompt
51. campagne 100 Face aux fant mes 38 Free Radicals Une Histoire du cin ma exp rimental 6 For t des songes La 18 Homme des Roubines L Les Hauts Lieux de Luc Moullet 41 Godard l amour la po sie 40 Hommes de la baleine Les Regard sur la folie La F te Jean Epstein Termaji 45 prisonni re Inconnus de la terre Les Vive la baleine 83 86 John Cage Je n ai rien dire et je le dis 13 Il tait une fois Lacombe Lucien 97 John Waters Family 15 Il tait une fois Le Petit Monde de Don Camillo 98 Jonathan Caouette as a Film Maker 15 Il tait une fois Orange m canique 97 Journ e d Andrei Arsenevitch Une Cin ma de notre temps 83 Il tait une fois Vol au dessus d un nid de coucou 27 Larry Clark Great American Rebel 15 Il se peut que la beaut ait renforc notre r solution Luc Moullet la ru e vers l art 42 Masao Adachi 18 Marcel Oph ls parole et musique 40 Ile de Chelo L 70 Paris 1824 34 Japon les ann es rouges 20 Paul Morrissey Autumn in Montauk 15 Je vous cris du Havre 77 Portrait incomplet de Gertrude Stein Un Si cle d crivains 59 Jean Epstein Young Oceans of Cinema 45 Poste la Courneuve Une 91 Kami Hito E On the Edge 31 Regard sur le cin ma musical arabe 3 x 52 23 King Hu 28 R ponse de architecte La Les Int rieurs chez Auguste Perret 77 Kurdish Lover 48 R publique des r ves La 53 L onard de Vinci La Vie cach e des uvres 95 Rester l bas 91
52. ces en 1960 le service d actualit s cin matographiques ont crit une page pique de l histoire du cin ma Cinquante ans plus tard La Havane les survivants de cette quipe pionni re font revivre ces ann es h ro ques o les noms de Guevara et de Castro faisaient lever l esp rance dans toute l Am rique latine ann es o Cuba tout tait inventer commencer par le cin ma Tourn es et mont es dans la semaine les actualit s taient projet es dans les salles de cin ma Le r alisateur Santiago Alvarez me de cette entreprise est mort en 1998 mais ses compagnons d armes aujourd hui retrait s se retrouvent pour t moigner de ces ann es enthousiastes l quipe a su tout surmonter la faiblesse de l quipement et le danger inh rent aux v nements film s attaque de la Baie des Cochons guerre du Vietnam Gr ce des cin astes trangers qui l ont aid e se professionnaliser elle sest lanc e dans la production de documentaires et de clips d agit prop qui ont fait date R cemment class par l Unesco cet extraordinaire fonds d archives t moigne de la fraternit des Cubains avec les Vietnamiens les Angolais les Chiliens en lutte Il r v le aussi comment l quipe inventa s mancipa et m me la fin des ann es 1970 osa critiquer les dysfonctionnements bureaucratiques d une r volution qui s essoufflait E S Film retenu par la commission
53. ceux qui animent le pays L id al d Avner Faingulernt est n d une volont de cr er un dialogue entre Isra liens et Palestiniens L cole Sapir se concentre donc d abord sur la th orie afin de faire r fl chir les l ves Une tudiante f ministe palestinienne et la peau fonc e d plore le racisme qu elle y subit et s interroge sur la place de la cam ra pour ne pas trahir les siens Une tudiante juive met en cause l id ologie sioniste qu elle consid re comme une agression pour les Arabes Un musulman et un juif deviennent amis Apr s une projection de Nuit et Brouillard quand Erez Peri compare les victimes juives d alors aux Palestiniens d aujourd hui certains l ves ne le supportent pas Les professeurs sont utopistes autant qu amers les films des l ves sont trop nombrilistes et l cole est d cri e parce qu elle promeut le dialogue et a engag un professeur palestinien Osvalde Lewat revient sur le plan obs dant d un champ vide fronti re invisible comme un mirage o tout reste construire M D 35 B Film retenu par la commission Images en biblioth ques Trois drapeaux isra liens flottent au vent Dans un poste de garde un homme en uniforme contr le le contenu des sacs et v rifie les cartes d identit Des jeunes gens entrent dans une cour close de hauts grillages et parsem e de constructions cubiques en b ton des abris anti roquettes
54. chances via la commission CNC Images de la diversit Le CNC compl te ce catalogue par ses propres acquisitions en particulier par le biais du dispositif Regards sur Le cin ma Cette r union d experts contribue aux choix des documentaires acquis sur l histoire du cin ma tarifs vente DVD location BETA SP l unit 15 25 titre semaine forfait 10 titres 20 titre semaine forfait 20 titres 240 forfait 50 titres 500 Les tarifs sont en euros T T C port inclus Les forfaits sont utilisables dans un d lai de un an dater de la premi re commande Les DVD restent votre propri t dans le cadre d une utilisation non commerciale projection publique gratuite consultation sur place pr t aux particuliers par l interm diaire des m diath ques Tous les titres sont aussi disponibles sur les nouveaux formats et supports cl USB disques durs envoi FTP MPEG 4 avi Blu Ray etc devis sur demande d lai de commande Quinze jours minimum entre la date de commande et la date de r ception Bon de commande standard disponible sur le site Toute commande est adresser alain sartelet cnc fr ou par t l copie au 01 44 34 37 68 Les bons de commande en ligne temporaires et tarif pr f rentiel tel que les 150 titres sous titr s pour personnes sourdes et malentendantes sont envoyer directement Cin Vid ocim 14 rue du Docteur Roux 75015 Paris ou luisa cinecim fr cas particuliers
55. cole la cam ra accompagne cette exp rience Les premi res s ances laissent Pascaline quelque peu d munie sans doute au moins autant que les enfants Peu habitu s par l cole ou leur environnement familial au travail de questionnement et de r flexion que la philosophie suppose ceux ci perdent rapidement pied et rel chent leur attention Mais au fil des cours les choses voluent sensiblement les l ves deviennent sur des th mes parfois difficiles l amour la diff rence de sexes la richesse et la pauvret capables de rester dans le sujet de rebondir d argumenter Pascaline En parall le la figure de l institutrice tr s pr sente au d but du film tend s effacer progressivement l cran remplac e petit petit par les enfants mesure que ceux ci s approprient la nouvelle discipline et parviennent mener presque seuls une discussion entre eux Bien v cue par les l ves et d fendue par leurs parents l exp rience semble concluante La question est maintenant de savoir si elle conna tra une suite D T 100 Femmes en campagne 2009 52 couleur documentaire conception Daniel Vigne Michel Debats Pascal Dibie r alisation Daniel Vigne production La Gapti re Production France T l visions participation CNC Public S nat CR Midi Pyr n es Procirep minist re de l Agriculture de l Alimentation et de la P che minist re de la Culture e
56. construit partir d images d archives des ann es 1980 1940 peut tre un peu plus anciennes pour certaines tourn es essentiellement dans les rues d une petite ville des Etats Unis L action se d roule dans le Dakota du Sud dans un environnement rural Les hivers y sont rudes Si l on ne peut s emp cher de penser aux Raisins de la col re de John Ford ces images anonymes voquent plus directe ment les photographies prises par Walker Evans ou Ben Shahn dans le cadre de la FSA Farm Security Administration organisation consti tu e par Roosevelt pour rem dier aux d sastres de la Grande D pression Loin de la pl nitude et de la lisibilit des images d Hollywood ces A voir cnc fr idc Portrait incomplet de Gertrude Stein coll Un Si cle d crivains d Arnaud des Palli res 1999 46 sylvainmaestraggi com Diane Wellington 2010 16 couleur fiction r alisation Arnaud des Palli res production Les Films Hatari Arte France Cin Cin ma Le Fresnoy Studio national des arts contemporains participation CNC minist re de la Culture et de la Communication Cnap A travers l adaptation d un court r cit soumis Paul Auster par Nancy Peavy South Dakota c est une ode au cin ma muet qu Arnaud des Palli res semble ici nous convier Montage d archives comme sorties de l Am rique de Roosevelt un piano bient t remplac par le bourdon d une musique lectronique et charg s de d roul
57. crise de ces discours Propos recueillis par Eva S gal ao t 2012 cnc fr idc De Jacques Deschamps Les Couleurs de Jour de f te 1995 26 R gine Crespin coll Les Ma tres de musique 1997 56 Assise vers 1300 2002 55 Paris 1824 2008 56 Voir aussi Avi Mograbi un cin aste en col re coll Un Certain Regard du Sud de Laurent Billard 2006 26 images de la culture une cole de cin ma entre alternative et utopie Notes propos du film Sderot last Exit d Osvalde Lewat par J r me Baron Depuis 2001 Le Sapir College de Sderot en Isra l accueille en son sein un important d par tement de cin ma et de t l vision Sapir College and Television School qui fait sa renomm e internationale L enseignement qui y est dis pens est l origine guid par des motivations distinctes de celles qui peuvent pr valoir dans d autres formations isra liennes au cin ma plus proches elles de ce que l on trouve en Europe comme son a n e de dix ans The Sam Spiegel Film amp Television school of Jerusalem ou le d partement doyen de Cin ma et T l vision de l Universit de Tel Aviv cr en 1972 Notons au passage qu il existe aujourd hui pr s d une vingtaine de formations au cin ma en Isra l Si l cole de Sderot est r put e et critiqu e pour la libert d expression et de cr ation qu elle offre ses tudiants il convient de pr ciser qu elle est probablement Le dernier endr
58. criture qui fasse sentir que la voix n appartient pas cette personne qu on voit mais une personne qui lui ressemble Notre travail avec les com diens a aussi t tr s difficile car je ne voulais pas non plus qu on sente que cette voix avait t r crite 61 Entr e du personnel 2011 59 couleur documentaire conception Manuela Fr sil Rania Meziani Fran ois Christophe Edie Laconie r alisation Manuela Fr sil production Ad Libitum Mil Sabords T l nantes Yumi Productions participation CNC CR Haute Normandie CR Pays de la Loire CG C tes d Armor minist re de la Culture et de la Communication DGP Procirep Angoa Film s sur leur lieu de travail dans la r p tition des gestes quotidiens les travailleurs des abattoirs industriels parlent de leur souffrance A l usure acc l r e des corps due des cadences presque insoutenables s ajoutent les cauchemars le stress la peur des accidents l angoisse d un horizon bouch Heureusement nous sommes entre Normandie et Bretagne et Le bord de mer est l pour les moments de d tente pour la retraite tant esp r e L image est saisissante sous l clairage au n on d une usine qui jour et nuit transforme les b tes vivantes en barquettes de viande la chair des animaux rencontre brutalement celle des hommes Largement m canis le travail d abattage et de boucherie n en est pas moins dangereux bruyant traumatisant
59. d une femme qui doit prendre un bus ou la parole de Fengming sans coupe histoires de cin ma Moins radical mais tout autant inscrit dans le r el Wang Xiaoshuai puise son inspiration dans les faits divers Il r alise Frozen 1996 partir de l histoire vraie d un artiste qui fait de sa mort sa derni re performance Une Famille chinoise 2007 s inscrit dans l volution des meurs et de la m decine en se nourrissant d une intrigue tir e d un article de presse une femme demande son ex mari de lui faire un enfant pour sauver leur petite fille qui a besoin d une greffe Chongqing Blues 2010 s inspire du blog d un policier o il a racont une prise d otages dans un supermarch Tous ces films dressent des portraits au pr sent Le cin aste ajoute d ailleurs qu il ne referait pas les films l identique aujourd hui le v lo encore embl me en 2000 de la soci t chinoise dans Beijing Bicycle serait remplac en 2012 par les nou veaux modes de communication virtuels Sympt me de cette recherche de modernit le nouveau cin ma fuit la campagne pour s int resser au monde urbain la jeunesse au monde du travail et en particulier du travail ill gal Xiao Wu artisan pickpocket 1997 premier film de Jia Zhang ke et titre hommage Bresson est une m taphore de l volution conomique du pays Le personnage est en quelque sorte le dernier artisan face l apparition de nouveaux m tiers d shumanis s
60. d en comprendre les motivations Mais chemin faisant Adachi et son quipe prirent conscience que le Japon pr sen tait d sormais un visage uniforme transformant le territoire dans son entier en une projection de Tokyo Mieux ce visage uniforme touffant de banalit tait dans le Japon modernis de la soci t de masse le nouveau visage du pouvoir tel qu il sinfuse dans toutes les infrastruc tures Quand chez Baudelaire ce discours se superpose aux images du Tokyo d aujourd hui l h ritage semble affirmer son vidence Pourtant pareil soup on est ill gitime car quelle qu ait t la volont de Baudelaire son Anabase r entretient que tr s peu de rapports avec AKA Serial Killer Trois diff rences essentielles Primo L Anabase est volubile fond e sur les discours et r collections d Adachi et May Shi genobu quand AKA s obstine garder le silence sinon pour de maigres indications topolo giques ou v nementielles Secundo cette d pendance la parole ne cesse de d caler les temps de L Anabase dont les images selon qu elles sont surmont es d un souvenir datant des ann es 1960 ou du pr sent g n ral de la th orie semblent ainsi ressortir des temporalit s diff rentes Tertio cette illusion commune de nombreux films fond s sur une disjonction son image d montre en creux l assujettissement des images au discours partir de ce constat la pens e du paysage veut au contrair
61. de cr er et de remplir l espace L enfance r affleure en eux et ils se forgent un monde en marge de leur condition sociale Certains le font pour se prot ger d autrui d autres par nostalgie d un pass r volu d autres encore en qu te d une harmonie joviale Le manque de moyens et le d sir de po tiser le quotidien les poussent souvent glaner des mat riaux dans la nature cailloux coquillages tessons bois voire rochers sculpt s in situ tels ceux de l abb Four Roth neuf autour de 1900 Certains pr f rent le recyclage d objets h t roclites Kitsch ing nieuses archa santes ou simplement na ves leurs cr atures anthropomorphes ou animali res peuplent des mises en sc ne ludiques oniriques ou inqui tantes qui englobent parfois tout un paysage L W 99 Parures pour dames Ms m Ce n est qu un d but 2010 98 couleur documentaire r alisation Jean Pierre Pozzi Pierre Barougier production Ciel de Paris Productions participation CNC CR Ile de France Images de la diversit A Le M e sur Seine une cole maternelle inaugure une activit d un genre nouveau la philosophie Tout au long de l ann e autour de Pascaline leur ma tresse les jeunes l ves vont d couvrir des sujets aussi vastes que la libert l amiti ou la mort et apprendre penser argumenter et d battre Discr tement introduite dans la salle de classe et parfois hors de l
62. de l eau 2008 Vincent Lowy qui se trouvait le 31 octobre avec Francis Kandel assis exactement entre les deux cin astes on les voit ainsi tournant t te et micro tant t vers Godard tant t vers Ophuls tels les arbitres d un jeu bient t d un match o la parole fait rebonds Alors qu est ce qui s duit dans la version film e dans ces morceaux choisis qui composent La Rencontre de St Gervais La continuit de deux existences singuli res la voix d sormais essouffl e les chapp es libres d artistes sillonnant les terres de l enfance l inconscient politique de la France occup e et les souve nirs tiraill s d une promenade au potager le chagrin et la piti enfance et censure Pour Jean Luc Godard le travail de Marcel Oph ls examine avec justesse l inconscient de la France occup e la mani re d un grand historien dans la lign e d un Fernand Braudel H tel Terminus Klaus Barbie sa vie et son temps 1989 et bien s r Le Chagrin et la Piti 1969 Ce film repr sentait assez bien mon enfance explique t il celle d un petit gar on de 10 ans Godard est n le 3 d cembre 1930 qui fit l exode dans la Peugeot d un tr s riche oncle ne garda pas souvenir des Allemands Paris mais a encore en t te ces grands gail lards blonds se baignant dans le Finist re Dans une famille franco suisse o les grands parents maternels taient collaborateurs le seul acte de r sis
63. des hommes aux l ments la mer et aux b tes fabuleuses les cachalots qui permettait au commentaire de A voir A lire cinemadureel org D Arnaud Lambert Also Known as Chris Marker Le Point du Jour Editeur 2008 cnc fr idc L Art au monde des t n bres de Mario Ruspoli 1983 4 x 52 De Chris Marker A bient t j esp re 1967 44 Le Fond de l air est rouge 1977 180 AK 1985 71 Le Tombeau d Alexandre 1993 120 Une Journ e d Andrei Arsenevitch Cin ma de notre temps 1999 56 retour sur image Les Hommes de la baleine 1958 24 couleur documentaire r alisation Mario Ruspoli production Argos Films Les Films Armorial Au milieu des ann es 1950 Mario Ruspoli s embarque avec les p cheurs de cachalot des A ores les derniers pratiquer la p che au harpon lanc la main depuis de fr les chaloupes La corrida des mers qui se d roule sous nos yeux est un morceau de bravoure inoubliable Sa cruaut que rien n efface est mod r e par la description du mode de vie qui l entoure gestes et coutumes vou s la disparition Le film de Mario Ruspoli appartient un autre temps Temps h ro que du documentaire comme du rapport de l homme la nature Vieil art du conte o la voix qui commente les images rivalise avec le chant des marins Comment ne pas se laisser prendre par une telle aventure Certes nous avons appris aimer les baleines Moby Dick ne nous e
64. des pas sur un sol enneig le p piement d un oiseau une m sange peut tre moins qu il ne s agisse d une fauvette t te noire auquel r pond un autre oiseau le croassement de quelques corbeaux qui tournoient la cime d un arbre il para t qu ils portent malheur un geai identifi et puis le battement d ailes d un envol de pigeons Dans le lointain on entend le tintement des cloches de Notre Dame de la Croix et tout pr s de nous faisant clater la couronne de silence qui entoure et annonce tout vrai jardin en fait un espace de libert les p tarades d invisibles deux roues moteur Mais pour revenir au jardin on y voit des chats celui l s tire paresseusement tout en fai sant ses griffes sur le tronc d un arbre mais sa langueur n est peut tre qu apparente les oiseaux ne sont pas loin Des chiens aussi mais assez peu des insectes en libert etun jour de pluie sur une musique de pluie un escargot qui traverse une all e On voit forc ment des v g taux en grand nombre des v g taux de toutes sortes et dans tous leurs tats des herbes et des feuilles des buissons des arbustes et des arbres ch nes h tres et tilleuls marronniers et noyers arbres de Jud e fr nes d Am rique orangers du Mexique pom miers catalpas cypr s chauves et ginkgos si toutes ces essences parmi celles qu num rait Robert Bober en 1992 dans En remontant la rue
65. dessin de chaque plan de la construction des d cors au jeu devant ses acteurs chacun de ses projets de film commence par une importante recherche his torique Pour Dragon Inn 1967 et Touch of Zen 1969 il s est pr cis ment document sur le pouvoir des eunuques sous la dynastie Ming Dans le premier film l auberge du Dragon r unit les exil s la fronti re tandis que dans Touch of Zen apr s l assassinat de son p re la jeune Yang lutte contre les hommes du grand Eunuque avec deux hommes rencontr s dans sa fuite un moine bouddhiste et un intellectuel aux m thodes de combat pouss es Il s agit alors de cr er un contre pouvoir King Hu 2011 48 couleur documentaire r alisation Hubert Niogret production Les Films du Tamarin Filmoblic participation CNC Cin King Hu 1932 1997 n P kin install Hong Kong puis Taiwan fut acteur avant de r aliser L Hirondelle d or en 1966 En quelques films il a renouvel le genre wuxia films de sabre influen ant durablement le cin ma chinois Pour composer son portrait Hubert Niogret recueille entre autres les t moignages de Poon Yiu Ming directeur de la revue Ming Pao et Peggy Chiao historienne et productrice les illustrant d extraits de films L Hirondelle d or est l embl me du nouveau souffle que veut donner Hong Kong au wuxia en s inspirant de l ge d or du cin ma japonais King Hu travaille en rudit sur les d
66. difficile mais la vie console de ce que la repr sentation n est qu une ombre Comment est venue l id e de faire un film sur elle C est un d sir ancien et d sirer c est regretter l absence de selon le Petit Robert Ce mat riau a longtemps exerc sur moi une grande fascination Lorsque j tais tudiante en cin ma en Australie aux antipodes du monde arabe je suis tomb e un jour par hasard sur des films populaires gyptiens avec Soad Hosni Le syst me acad mique occidental n enseignait pas le cin ma arabe et ces films taient d cri s par les critiques qui d fendaient un cin ma arabe engag contre les films populaires qui endorment les masses J tais subjugu e par la beaut la gr ce et Le talent de Soad Hosni Elle avait l appeal des stars hollywoodiennes et le talent des vraies actrices Ses films procuraient du plaisir au spectateur et un int r t pour les pr occupations d une jeunesse arabe qui se cherchait Le choc prouv la vision de ces films m a conduit faire mon travail de m moire universitaire sur elle Cette fascination ne m a jamais l ch e Comment ont t choisis les films utilis s dans votre portrait Je suis quelqu un d obstin e J ai donc essay de retrouver la filmographie compl te de Soad Hosni Sur les quatre vingt deux films qu elle a tourn s j en ai trouv soixante dix sept en VHS Je voulais montrer les diff rentes facettes de son personnage cin matograp
67. elles tendent cacher leurs formes viter les garcons et copier leur agressivit machiste Mais mesure qu elles m rissent sans contester l ordre patriarcal elles affirment d autres valeurs libert d tre soi m me douceur et m me quoique le sujet reste tabou amour E S images de la culture images de la culture mode d emploi Monsieur M 1968 d Isabelle Berteletti et Laurent Cibien cf p 64 Le fonds Images de la culture est un catalogue de films documentaires g r par le CNC Il s adresse aux organismes culturels sociaux ou ducatifs structures tr s vari es comme des lieux de spectacle des tablissements scolaires des biblioth ques publiques des mus es des lieux de formation des coles d art des festivals tous ceux qui m nent une action culturelle en contact direct avec le public Les films sont disponibles en format DVD et en location pour le B ta SP ils sont destin s des diffusions publiques et gratuites sur le territoire fran ais DOM TOM inclus et leur consultation sur place pr t aux particuliers par l interm diaire des m diath ques Le fonds Images de la culture repr sente une grande partie du patrimoine audiovisuel de ces vingt derni res ann es en rassemblant les uvres aid es ou acquises par les diff rentes Directions du minist re de la Culture et de la Communication et de l Acs Agence nationale pour la coh sion sociale et l galit des
68. elles travaillent con oi vent leur gestuelle les r alisateurs de clips pr voient leurs d placements en fonction des angles de prise de vue Patrick Epap sait n anmoins trouver sa place et faire contre point En superposant son propre cadrage celui qui se fabrique sous ses yeux il compose trois portraits Il con oit pour ces trois femmes un espace filmique dans lequel elles vont pou voir appara tre pleinement et d ployer leurs paroles Le groupe des filles styl es r p te elles interpr tent des r les choisissent leurs costumes discutent organisent leurs emplois du temps Leur amour du spectacle dirige leur vie gouverne leur mani re d voluer et de se situer dans la soci t camerounaise D ic nes f minines sexy qui savent exciter le d sir mas culin et remuer fr n tiquement leurs corps elles deviennent des travailleuses qui entre r ve et d sillusion cherchent ma triser leur image des femmes ind pendantes qui savent qu elles ne peuvent compter que sur elles m mes et qui luttent pour survivre dans un quotidien et des situations personnelles difficiles un miroir de notre monde et l envers de nos images Des situations d entretien aussi br ves qu in tenses le r alisateur a su prendre le temps n cessaire pour instaurer une relation de complicit avec les femmes qu il interroge Dans une parfaite conomie de moyens et sans sentimentalisme aucun des corps sont film s des corps en
69. en 1963 qui a ouvert le feu avec Mama 1992 et Beijing Bastards 1993 Montrer les mutations de la soci t depuis la R volution culturelle jusqu la spectaculaire lib ralisation conomique tel est Le but avou de cette g n ration de cin astes Le r el est une force vitale pour le cin ma dit Wang Bing dont les films scrutent le pass communiste Fengming chronique d une femme chinoise 2007 Le Foss 2010 ou la transition vers une conomie de march A l ouest des rails 2001 Jia Zhang ke s attache plus la g ographie des territoires modifi s le barrage des Trois Gorges Still Life 2006 le monde miniaturis en un parc d attractions The World 2004 ou encore 24 City 2008 une ancienne usine qui dispara t au profit d un complexe immobilier Wang Xiaoshuai quant lui se penche sur des tudes de m urs une prise d otage d sesp r e Chongqing Blues 2010 l clatement d Une Famille chinoise 2007 l exode vers les grandes villes Shanghai Dreams 2005 qui font tat pour lui du chaos de la soci t chinoise PE 29 paysages Le style de Jia Zhang ke est remarquable aussi par sa saisie de l espace A l arri re plan de Xiao Wu artisan pickpocket c est toute une ville qui est en train de s effacer les affiches d coll es d chir es devenues illisibles sont autant de signes d une mort annonc e Dans Still Life 2006 ilentrelace des histoires simple
70. et d oppression Quand ils regardent l objectif ils sont dans un rapport de lutte avec le photographe qui est du c t de la police En enlevant le commentaire en retouchant la photographie et en l agrandissant je leur rends leur image je les rends victorieux Dans Prisons une femme que l on remet en cellule crie au militaire qui est derri re la cam ra Filme b tard montre a au peuple si tu filmes pas je t explose la cervelle Elle ne veut pas tre la victime de l image elle veut reprendre le pouvoir Los Desnudos ce sont des Indiens qui d filent nus Il y a tout un ima ginaire ethnographique autour de a mais eux renversent le voyeurisme de l homme blanc autour du monde Oktay Sengul nous a rejoints ce moment de l entretien J ai demand Clarisse pourquoi Les femmes taient si pr sentes dans Kurdish Lover et quelle tait La place des hommes et des femmes dans le village de votre grand m re Oktay Sengul Ma famille est un cas particulier parce que ma grand m re et ma tante qui vit avec elle n ont plus leurs maris Tous les hommes qui taient la maison sont partis Au Kurdis tan et en Orient en g n ral les femmes se chargent de la sph re priv e de la maison c est pour cela aussi qu elles s occupent du b tail du lait et des relations entre voisins la sph re familiale s tend au del de la maison l chelle du village Par rapport ce que l on conna t en Fra
71. fait ce film extrapole l acteur Warren Clarke Il crivit seul le sc nario partir d un roman d Anthony Burgess dont il tait tomb amoureux son producteur Jan Harlan n h sita pas r p ter les prises ad nauseam aux d pens parfois de la sant de ses acteurs multiplia les exp rimentations visuelles consacra un soin inou aux d cors futuristes devenus tellement mythiques que des bars encore aujourd hui ont copi leur d coration sur le Korova Milk Bar du film A travers l histoire d Alex jeune d linquant adepte de l ultra violence remis sur le droit chemin par un inqui tant programme th rapeutique gouvernemental Kubrick a avant tout r alis un grand film politique incisif et d rangeant en totale r sonance avec son poque DIT 97 M moire cubaine W i BE X h Il tait une fois Le Petit Monde de Don Camillo 2010 52 couleur documentaire conception Hubert Niogret Serge July Marie Genin r alisation Hubert Niogret production Folamour TCM participation CNC France T l visions Procirep Angoa Le prodigieux succ s de la saga des Don Camillo des millions d entr es en salles des dizaines de diffusions t l visuelles ferait presque oublier que son premier pisode Le Petit Monde de Don Camillo de Julien Duvivier 1952 fut avant tout un film politique profond ment ancr dans son poque celle de l Italie d apr s guerre Hu
72. fix Malgr la duret terrible de son exp rience ces ann es de gu rilla et d amour restent pour elle les plus belles de sa vie E S communiste a impos son r cit en liminant de l histoire les autres composantes des forces r publicaines et cette domination persiste jusqu aujourd hui Chelo s engage apr s que ses parents ont t fusill s Son parcours est il typique Absolument Les franquistes recherchent ses fr res qui ont d sert Comme ils ne les trou vent pas ils assassinent les parents Leur seul crime est de soutenir le r gime l gal de la R publique qui a remport les lections de 1931 c est tout La r pression frappe syst matiquement les familles des suspects Si l on cherche le mari on arr te sa femme On a le t moignage dans la province de Grenade d une femme promen e nue dans les rues de son village puis abattue au vu et au su de tous C est un r gime de terreur et d humiliation col lective Dans chaque village on compte des dizaines de cadavres jet s au bord des che mins balanc s dans des trous Apr s la mort de ses parents Chelo assume l ducation de ses jeunes fr res et s urs et devient tr s vite agent de liaison Lorsqu elle rejoint la gu rilla elle prend les armes pour elle c est une vi dence ses parents ont t froidement tu s elle d fend sa vie Quel est le r le des femmes dans la gu rilla Comme Chelo elles sont souvent au d part agents de li
73. for t Giacomo est sourd Charmeur et excessif il gesticule exulte taquine sa camarade Elle ne dit rien le guide parmi les arbres partage ses jeux Ils s amusent de peu bataille de boue f te foraine promenades Le temps suspendu des vacances s enfuit d j L Et de Giacomo est une sorte d Eden cin matographique le temps du film le temps des vacances le temps de l adolescence entrent en parfaite composition Une fille et un gar on d ambulent travers la nature La cam ra qui les suit au plus pr s nous apprend les conna tre Elle nous invite entrer dans l intimit de leurs jeux Sans jamais se faire indiscr te bien au contraire Plus on s approche plus le myst re devient grand Jusqu au moment o comme dans tout Eden s immisce un soup on Le climat s adoucit le z nith estival d cline en cr puscule une m lancolie vague envahit l horizon Si Giacomo s agite sans cesse pousse des cris de joie ou de m contentement chante tue t te et s acharne sur sa batterie la tristesse de Stefi plus discr te perce lentement la surface de son silence D o vient elle cette tristesse Perte de l innocence D sir ou diff rence qui s affirme entre elle et Giacomo Fuite du temps L enfance ne sera bient t plus qu un souvenir S M 68 Film retenu par la commission Images en biblioth ques On se laisse paisiblement emmener par les deux adolescents de L Et de Giacomo On
74. grandi parce que je me reconnaissais en Giacomo j tais moi m me un peu inhib son ge Le fleuve tait pour moi le lieu le plus riche peut tre en partie parce que j y ai beaucoup de souvenirs Pour autant le d cor 65 du film nous l avons bel et bien d couvert tous ensemble au tournage A partir du th me de la surdit le film d rive vers une forme qui est proche de celle du conte Giacomo c est un peu Pinocchio c est un enfant qui fait l exp rience du monde dans un m lange d merveillement et d effroi C est a Pour autant je n avais pas l id e d en faire un conte m me si c est une forme que j adore Ce qui importait pour moi c tait de travailler partir du r el Qu il s agisse de documentaire ou de fiction j aime les films qui s emparent du r el comme d une mati re brute dans laquelle tailler trouver une forme La dimension de conte a surgi d elle m me partir de ce travail l et de la charge incons ciente qui tait dans les images Ce sont les images et rien d autre qui nous ont guid s au montage j y ai d couvert une histoire que je voulais raconter mais que je n avais pas crite Il sagissait de d gager des choses qui taient l et qu on n tait pas forc ment all chercher Cette importance de la mati re est essentielle dans le film qui semble guid par la question du toucher au moins autant que par celle de l ou e Il se d ploie comme une longue exp
75. id al domestique est accentu e dans Poussi res d Am rique images de la culture par le contraste entre l impression de bonheur transmise par les films de famille et les souf frances ou les d sirs confess s par les per sonnages Les grands discours civilisateurs les loges de la comp tition et du progr s dont l embl me dans le film sont l abattage des arbres leur d coupage en rondins pr cipit s dans des torrents puis d bit s en planches pr tes pour l dification du Nouveau Monde ces discours qui justifient toutes les conqu tes de celle de l Ouest celle de la lune ne trouvent pas seulement leur contradiction dans les rires ou les lamentations de l Indien mais dans les bizarreries maladives qui se trament l int rieur de chaque foyer am ricain Les enfants sont nombreux dans Poussi res d Am rique et il est au moins une histoire de meurtre d enfants par un p re qui ne peut plus subvenir leurs besoins Dans une soci t qui leur r serve une place privil gi e les enfants sont l objet d un m lange ambigu d espoir et d envie Ils sont le pivot de cet id al qui se r v le ici sous un jour inqui tant Dans Disneyland mon vieux pays natal Arnaud des Palli res comparait Disneyland au joueur de fl te de Hamelin qui fait dispara tre tous les enfants de la ville sous un rocher On ne sait pas si les enfants sont morts ou s ils m nent une vie heureuse dans un autre monde Cette ambi guit du
76. je ne pouvais pas retrouver avec la vid o En outre les contraintes impos es par la pellicule sou lignent constamment l acte de filmer elles obligent rester attentif et rendent les moments d autant plus pr cieux En se pla ant sous le signe de l exp rience sensible le film prend place dans une lign e qui remonte aux origines du cin ma moderne C tait une id e ch re Rossellini le cin ma doit communiquer une exp rience du monde en passant par le relais des personnages Et ce qui fait ce relais c est le motif de la marche qui est central dans l Et de Giacomo Vous reconnaissez vous dans la d finition que donnait Rossellini du n or alisme qui consistait selon lui suivre un tre avec amour dans toutes ses d couvertes toutes ses impressions Compl tement Rossellini a boulevers mon rapport au cin ma au m me titre que Jean Rouch De l un l autre il y a cette id e que le cin ma est essentiellement documentaire et qu il est l pour documenter la pr sence de celui qui est film dans une r alit en passant par le lien qui se cr e entre le film et le fil meur Peu importe qu il s agisse de fiction ou de documentaire le but reste d attraper quelque chose des tres humains Et de m me que chez Rossellini ou Rouch pour restituer la v rit des personnages vous passez en fait par une laboration complexe un travail tr s pr cis de mise en sc ne C est la l
77. l ce sont des patriarches des chefs de famille Mais je pense que Clarisse a une aisance par rapport ce genre de situa tion parce que comme on le voit dans Les Pro testants elle vient d une famille nombreuse Propos recueillis par Sylvain Maestraggi juillet 2012 images de la culture la route du lin Vertes plaines l horizon sans fin versus usines g antes clair es aux n ons La Pluie et le beau temps s attache la culture du lin en Normandie et son exportation puis transformation en Chine Entretien avec sa r alisatrice Ariane Doublet qui documente une fois de plus sa r gion natale cette fois sous l angle de la globalisation Comment se situe La Pluie et le beau temps par rapport vos films pr c dents tourn s dans la m me r gion ILy a videmment des croisements entre mes films normands Certains personnages revien nent dans plusieurs films comme Philippe Olivier personnage des Terriens qui devient le personnage principal de La Maison neuve La personne qui vient lui acheter son tracteur quand il prend sa retraite est l un des Sucriers de Colleville La Pluie et le beau temps a pris sa place dans un coffret DVD intitul Suite normande Ed Montparnasse 2012 qui com prend Les Terriens 1999 Les B tes 2001 Les Sucriers de Colleville 2003 La Maison neuve 2005 et plusieurs petits films Entre autres Rencontres un in dit de 26 minutes que j ai r a lis parall lement La Pluie e
78. l uvre de Georges Perec un portrait de la rue Vilin et fournit par anticipa tion une sorte d amorce et de compl ment l arch ologie du lieu qu esquisse Fr d rique Pressmann dans Le Monde en un jardin M B 1 Georges Perec Tentative d puisement d un lieu parisien 1975 Paris Christian Bourgois 1982 2 Tentative de description des choses vues au Carrefour Mabillon Atelier de cr ation radiophonique France Culture 1 re diffusion le 25 f vrier 1979 3 Georges Perec Tentative d puisement d un lieu parisien op cit p 12 4 Cf Georges Perec Esp ces d espaces 1973 74 Galil e 1985 p 77 o l auteur expose ce projet qui crit il nest pas sans rappeler dans son principe les bombes du temps A voir A entendre A lire cnc fr idc En remontant la rue Vilin de Robert Bober 1992 48 arteradio com auteur 17452 frederique_pressmann De Myriam Bl d Les Tombeaux de Josef Nadj Ed L il d or 2006 75 regards pluriels sur l uvre d auguste perret Auguste Perret 1874 1954 m rite plus qu un hommage Cet architecte urbaniste l un des plus grands du XXe si cle a incarn au tournant du si cle la profonde r volution architecturale en France et accompagn la naissance du Mouvement moderne Tandis que Le Corbusier marquait les esprits par ses r alisations et ses crits avant lui Perret pr nant le banal avait magnifiquement et plus discr tement intr
79. l importance de la contribution de Ruspoli dans les d bats sur le cin ma direct voir Mario Ruspoli et le cin ma direct S verine Graff dir D cadrages No 18 2011 p 8 99 6 Pour preuve l article r dig par Jean Louis Tallenay dans Radio Cin ma cons cutif la s ance organis e par Argos pour lancer conjointement Lettre de Sib rie de Chris Marker et Les Hommes de la baleine devant le film de Ruspoli il a le sentiment d tre face un vrai documentaire Radio Cin ma No 461 novembre 1958 p 45 Dans le m me article Tallenay emploie l expression in dite de cin ma de r alit distinguer videmment de cin ma de fiction 84 arr t sur image cin ma v rit et v rit du cin ma Commentaire d un photogramme extrait du film Les Inconnus de la terre 1961 de Mario Ruspoli par Anne Brunswic Sur un champ pentu deux fr res travaillent grands coups de r teau et de fourche amasser des bottes de foin R pondant aux questions du psychiatre catalan Fran ois Tosquelles l un des p res de la psychoth rapie institution nelle et directeur de l h pital de Saint Alban film dans Regard sur la folie de Mario Ruspoli 1961 ils interrompent un instant la fenaison pour parler de ce qui devrait changer dans la vie des agriculteurs L un d plore la r sistance des vieux tout changement du mode d exploi tation l autre insiste sur la n cessit de coo p rer pou
80. la folie comme une dimension de l humain et donner voir un h pital psychiatrique dont la d fini tion minimale pourrait tre qu il est peupl de malades et de m decins Quand l image rejoint le son c est ce qu on voit d embl e lui assis portant des lunettes et s exprimant de mani re pos e est de fa on vidente le docteur Par la suite on appren dra qu il s appelle Gentis Elle couch e les cheveux en bataille roulant plus vite les mots avec un accent rocailleux l h pital de Saint Alban se trouve en Loz re est la vieille folle des hospices A un moment elle se nommera elle m me Blanche Il faut mesurer l cart qui s pare cette rencontre de la traditionnelle visite du m decin chef ses malades Ici un homme seul et sans blouse est assis tout pr s du visage d une vieille femme La mont e progressive du dialogue off sur le travelling pr c dant le plan fixe sugg re que la sc ne se d roule dans un espace intime comme cach dans un recoin de ces grands dortoirs La premi re phrase que l on comprend avant que les personnages n apparaissent l image est dite par Gentis Il s en est pass des choses dans votre vie C est une remarque suivie de points de suspension une reconnaissance de ce que sans doute Blanche a pr c demment dit pour que le dialogue se poursuive Elle situe d s l entr e le dialogue non par rapport la maladie ou au soin mais sur le plan de la
81. laissant le dia logue se poursuivre sur une vue de la cour travers une fen tre barreaux o sont d au tres malades De l int rieur nous les voyons enferm s Tandis que Blanche est nouveau submerg e apparaissent les visages d autres malades Je m emporte sur l aile des vents Je suis sur les limites N ayez pas peur On va vous aider tenir bon Bon a va alors On pourrait penser que cela finit bien si n taient les corps tourment s des fous l image et les paroles incompr hensibles non synchrones de l un d eux qui se superposent au dialogue et s amplifient quand il s ach ve Dans cette s quence presque toute de mots la parole n explique rien ne r sout rien On s y tient comme dans le seul espace possible de confusion et d claircie il n y est pas seulement question de maladie et de gu rison Ainsi peut on comprendre qu elle n ait ni d but ni fin La cam ra montre le travail quotidien de l institution au contact de la folie qui se r p te Elle pose un cadre o des v nements aussi infimes soient ils peuvent avoir lieu entre les personnages l image et pour les cin astes face eux Le cin ma direct inaugur ici par l quipe de Ruspoli se situe sur le m me plan d exp rience que la psychoth rapie institution nelle qui s invente alors Saint Alban D B retour sur image mary barnes delphine seyrig Notes propos du film Couleurs Folie
82. le lin Les recherches portent aujourd hui sur des mat riaux compo sites pour fabriquer des coques de bateau des carrosseries de voiture ou des isolants Leur autre crainte est que les Chinois ach tent les usines de teillage Les ouvriers qui y travaillent sont nettement plus g s que les images de la culture ouvri res chinoises qui r alisent l tape sui vante le peignage Le lin doit tre teill sur le lieu de la production car le lin non teill est tr s inflammable et prendrait beaucoup plus de place dans les containers En achetant une usine de teillage les Chinois auraient le contr le de la fili re encore plus en amont L tape ultime serait pour les Chinois de cultiver eux m mes le lin en Normandie Cela fait tr s longtemps qu il est cultiv en Chine mais le climat et la terre ne permettent pas de pro duire de la qualit Le contraste est tr s fort entre les images tourn es par Wen Hai en Chine et Les v tres J ai tourn en ext rieur en plaine Les parcelles de lin c est tr s beau Je filme des agriculteurs qui sont seuls au milieu de trois hectares dans un paysage qui s tend perte de vue Wen Hai lui filme dans la promiscuit des usines dans des dortoirs pour huit personnes souvent sombres De plus il se met davantage dans une situation d entretien Mais j ai trouv une autour du monde certaine harmonie dans ces allers retours entre la Chine et la France gr ce la proximit
83. le son diff r la transformation du son par amplification IL faut rappeler que la radio en France via Pierre Schaeffer est une cole d exp rimentation Cage a peu travaill pour la radio en revanche J J P Il a peu travaill directement pour la radio mais il avait une attitude exp rimentale qui tait proche de celle de Pierre Schaeffer dont l Atelier de cr ation radiophonique de France Culture a h rit L apprentissage de l coute ouvre plus facilement la curiosit je crois que l apprentissage du regard Le monde du sonore a une force narrative qui est beau coup plus puissante que celle du visuel C est cette curiosit l qui nous emm ne sur des terrains exp rimentaux Ce qui explique que nous ayons une d marche parfois volatile en tout cas pluridisciplinaire E C J adore la d finition de Cage qui dit que la m lodie ce sont des sons les uns apr s les autres et l harmonie tous les sons ensemble Cela m a lib r e Tout ce qui est de l ordre de la chanson du roman la narration qui a un d but et une fin ne m int resse pas En cin ma c est pareil je n aime que les auteurs qui vous laissent chercher dans l image et dans le son une trace du labyrinthe De ce point de vue Cage ouvre toutes les voies En tat d harmonie quand on s expose au non intentionnel il y a des choses qui vous traversent on peut entendre des voix avoir des visions Cela m int resse plus que les berceuses Comme
84. les accompagne travers les bois sur le chemin qui m ne au fleuve pour les baignades ou un pique nique Le spectateur est sous le charme de l insouciance de leurs jeux amoureux presque troubl par ce rapport charnel triomphant de la surdit Tout est sensation que ce soit la f te foraine au bal ou aux feux d artifice Alessandro Comodin parvient saisir l insaisissable ces petites choses caract ristiques d un t particulier marqu par une histoire d amour Un beau r cit impressionniste magnifiquement film tr s color inond de soleil la limpidit des images reste longtemps en m moire Sylvie Berthon Biblioth que municipale Vincennes Stefania joue un r le essentiel dans la mise en sc ne On sent qu elle op re une sorte de relais entre vous et Giacomo qu elle est l pour le cadrer en tant que personnage Oui c est un peu comme si elle faisait elle aussi partie du d cor m me si c est un peu ingrat de le dire comme a Stefania est ma s ur et je connais bien la relation qu ils ont nou e avec Giacomo l poque o je fr quentais le fr re de Giacomo Giacomo tait attir par elle et je tenais ce qu elle soit l d un bout l autre parce que m me si je savais qu il ne se passerait rien entre eux je sentais qu il n y en aurait pas moins une forte tension Je voulais que Stefania m ne le jeu avec Giacomo qu elle soit l en quelque sorte pour le faire sortir de sa
85. les conditions de travail en Normandie avec celles des usines chinoises pour mieux souligner le rapport de force Le point de vue du consommateur occidental fait oublier quel point les Chinois d pendent de mati res premi res dont ils manquent souvent cruellement Dans cette interrelation le lin peut sembler anecdotique au regard des enjeux du p trole ou de l acier pour l conomie chinoise Mais les exploitants normands sont en position de force et n gocient prement sans pour autant se d partir de la passion qui les anime Si La Pluie et le beau temps progresse de mani re assez rel ch e le film expose avec justesse la situation en vitant tous les travers didactiques du film dossier Sans jamais assommer le spectateur Ariane Doublet laisse plut t aux int ress s le soin de nous faire comprendre toutes les facettes de cette dr le d histoire franco chinoise soumise aux al as finalement rassurants des variations saisonni res Julien Farenc BnF Paris 52 notamment avec les ouvriers comme je cherche le faire dans tous mes films Et il n tait pas question de se contenter de la parole du direc teur de l usine De l est venue l id e de travailler avec Wen Hai Vous sentez vous une proximit avec la mani re de filmer de Wen Hai J aime le rapport fort qu il noue avec les gens qu il filme et surtout sa fa on de les inscrire dans un espace et dans une situation La communi cation entre nous a t
86. les conversa 14 tions ont toutes une dur e identique mais finalement l interruption de la cam ra nous chappait Et puis certaines images ont dis paru au d veloppement la lumi re voire au tournage lui m me Nous avons pleinement int gr au film cette notion d art by accident lors du montage on tait d ailleurs tellement emball s par ces accidents qu il a fallu se mod rer un peu Autre contrainte int gr e au film le stock de pellicules de jour ou d int rieur de couleur ou de noir et blanc tait fixe Cela nous a impos des choix en fonction de ce qu il nous restait pas toujours de ce qu il nous fallait Cela ajoute aux mouvements de cam ra une alternance entre le noir et blanc puis la couleur Et que dire du mouvement perp tuel de la cam ra jamais fixe Cela donne un peu le mal de mer mais conf re un rythme par lequel on se laisse finalement bercer J avais en t te Blank Generation d Amos Poe 1976 sur les groupes punks New York le boug de cam ra y est tr s pr sent le son et l image ne sont pas forc ment synchronis s Cela me rappelle qu il y a trois ans lors d une intervention P kin aupr s d tudiants j ai t constamment interrompu par une l ve qui tentait de comprendre l int r t de ce mou vement incessant En vain elle tait totale ment imperm able l id e qu il s agisse d une d marche artistique Et puis cet effet retrans crit le sentiment d urg
87. mettre en relation avec son d sir de conserver importance et du sens et de la forme Bien s r on peut regretter que quelques unes des images de la Bretagne touristique d au jourd hui film es par Schneider viennent par eur manque d enjeu cin matographique dimi nuer la force de son documentaire mais l es sentiel n est pas l mieux vaut s int resser son travail sonore qu il inscrit dans les pas d Epstein Young Oceans of Cinema m rite d tre cout avec attention On y retrouve une mati re acoustique que le cin ma nous donne trop rarement appr cier Il faut rappeler que James Schneider sous le nom de Matterlink depuis 2002 donne des concerts de vampling performance de sampling de vid os avec leur son et qu il partage certainement avec Epstein des pr occupations graphiques nourries par le sens des uvres Le r alisateur de Finis terrae images de la culture ne disait il pas que l image cin matographique est un calligramme o le sens est attach la forme On regrettera seulement que James Schneider n ait pas davantage creus l aspect fictionnel de certaines des uvres bretonnes d Epstein Finis Terrae Le Tempestaire sont des films qui tout en tant fond s sur une approche docu mentaire comportent tout de m me une forte densit fictionnelle Et ne pourrait on pas dire que pr cis ment ce m lange intime entre fiction et documentaire est l un des aspects qui cont
88. mois plus t t Takuya fra chement dipl m est d barqu Tokyo un peu perdu dans cette grande pi ce o cohabitent les lut teurs On dort ensemble on parle on mange sans cesse l exc s Takuya lui ne parle pas mais observe La cam ra suit son regard et images de la culture Une Vie normale Chronique d un jeune sumo 2009 84 couleur documentaire r alisation Jill Coulon production Quark Productions Margot Films NHK participation Plan te Takuya Ogushi dipl me de fin de lyc e en poche a d j onze ans de judo derri re lui Mais son p re le destine au sumo et le fait engager dans la fameuse curie Oshima Tokyo o il va tre form R gime alimentaire entra nement premi res comp titions et surtout vie 24 heures sur 24 avec ses co quipiers sumotori Jill Coulon suit patiemment Le jeune Takuya dans cette p riode d apprentissage cens e le mener la gloire et la c l brit Le film est travers par la voix off du jeune homme qui sur le mode du journal de bord ou par le biais de conversations t l phoniques avec sa s ur livre ses sentiments nostalgie de sa ville natale et de ses amis peur de d cevoir son p re en cas d chec envie de progresser Mais au fil des mois apparaissent le d couragement et une certaine incompr hension de la discipline mentale et physique qu implique le sumo Car d s lors que Takuya a int gr l curie Oshima son exis
89. monde est auteur du film jusqu l ing nieur du son qui est pris dans la m me exp rience que nous Cette mise en sc ne qui s invente en quelque sorte en direct s articule autour d un enjeu permanent qui est celui de la distance Comment trouver chaque fois la bonne distance avec ceux que l on filme S agit il d un processus purement intuitif ou un programme se met il en place au fur et mesure On a commenc en t tonnant et un syst me s est mis en place petit petit mesure que Giacomo et Stefania ont trouv leur place Il y a une adaptation r ciproque dans l improvisa tion a fonctionne un peu comme une danse Tout est improvis tout est l pour la premi re et la derni re fois et pourtant c est comme si j avais tout anticip parce qu il y avait un cadre pour recueillir tout a C est un travail qui rel ve au fond de la direction d acteur Quelles consignes avez vous donn es Giacomo et Stefania Par exemple taient ils autoris s s adresser vous la cam ra casser l illusion Je leur avais demand de ne pas le faire Mais c est arriv bien s r par exemple quand Gia como s inqui tait de savoir si je filmais Et il demandait parfois tre guid quand il ne savait plus o aller La marche vers le fleuve a t tourn e en deux jours Le premier jour nous avons d nous arr ter parce que nous suivions un chemin qui ne menait vraiment nulle part Tout l
90. on gifle qu on brutalise qu on viole la coupable rejet e au milieu de la foule La solitude surgit d images assombries la cadrant enferm e dans une voiture comme si sa beaut ne pouvait tre accept e plus longtemps Des images de pendules de temps scand se succ dent Des vues d h pital de femme accident e de morgue annoncent la fin de l ic ne la fin du film Dans l pilogue un lecteur de cassettes VHS et un vieux poste de t l vision laissent d filer au ralenti la star dansant toute de rouge v tue En off la voix de Soad comme sortie d un autre film Nous sommes tous les enfants de Na ma la danseuse les enfants d pass s par le monde en marche Chaque fois qu on essaie de se relever on retombe cras s par notre fardeau ne sachant pas s il faut se ha r ou ha r le monde La solution alors C est de bien se conna tre ne pas regarder derri re ni sombrer dans le pr sent mais regarder devant toujours devant Puis le rouge sursatur enva hit tout l cran et se d lite jusqu au noir final incrustations d une ic ne Les effets visuels qui soulignent l usure des images semblent rendre hommage aux VHS qui ont r volutionn la diffusion des films domicile tout en sonnant le glas d une cer taine supr matie du cin ma gyptien Mais les alt rations des bandes utilis es renvoient aussi l alt ration de l image de la star peu peu effac e et aujourd hui lointaine aux yeux des spectat
91. on y reviendra de s riger en v ritable alternative au cin ma commercial ais avant tout cin ma exp rimental et cin ma amateur se retrouvent autour de la possibilit images de la culture Dr D regarda cles firma mairan des fime avant gardes new yorkaises 5 Free Radicals Une Histoire du cin ma exp rimental 2011 82 couleur documentaire r alisation Pip Chodorov production Sacrebleu Productions participation CNC CR Ile de France minist re des Affaires trang res et europ ennes Cin Cin ma Scam Parce qu il baigne dans le monde des images depuis son enfance les ann es 1960 New York Pip Chodorov cin aste et musicien livre une histoire du cin ma exp rimental toute personnelle amoureuse et passionn e Films de famille films d artistes dont les siens courts entretiens avec des cin astes certains tourn s par son p re pour la t l vision dans les ann es 1970 Chodorov compose une vaste fresque et nous pr sente ses amis Brakhage Breer Jacobs Kubelka Mekas Richter Snow et d autres composent la s rie de portraits d une famille qui constitue depuis les ann es 1950 le premier art am ricain reconnu Dans les archives du p re de Chodorov les t moins voquent librement leur mani re d inventer la fois artistiquement et presque scientifiquement ce cin ma exp rimental Innovations joyeuses et irr v rencieuses des formes autant qu
92. ou les journaux intimes leur assemblage sous la forme d albums l gend s ou non ob it une structure et des modes narratifs qui r v lent les intentions de leur auteur et font l objet d analyses psychologiques sociologiques ou historiques La photographie priv e est donc plus qu un simple ensemble de photos c est aussi une pratique culturelle visuelle une pratique fr quente qui permet de s approprier le monde visible une mani re individuelle en m me temps que collective 1 La photographie est pr sente dans la vie quoti dienne du plus grand nombre depuis la seconde moiti du XIXe si cle L tude des albums photos accumul s depuis lors permet d analyser la fois les m thodes de prise de vue et leur vo lution les conditions d exposition des clich s et de leur transmission Les photos priv es sont tant t pos es tant t prises en instantan elles retracent des exp riences vari es depuis la vie familiale ou amicale jusqu au tourisme Leur but n est pas de faire de belles images mais de fixer des souvenirs des moments par ticuliers 1 Au final la photographie priv e peut tre analys e sous trois aspects la fa on de pr senter les albums l image de ce qu elle montre et la pratique de photographier et de poser 1 Ainsi Pierre Bourdieu a t il interview au milieu des ann es 1960 des photographes amateurs sur leurs pratiques et mis en vidence que le choix des v nements et de
93. paradis NWR 2011 65 couleur documentaire r alisation Laurent Duroche production Morgane Groupe Section 5 participation CNC Cin Laurent Duroche suit le Danois Nicolas Winding Refn au moment de la cons cration de Drive Cannes en 2011 et de la pr paration de son prochain film Only God forgives Bangkok NWR loquace retrace sa jeune carri re s arr tant aussi bien sur l inspiration de son enfance que sur sa m thode de travail Sa parole est compl t e par celle de sa famille et de ses collaborateurs commencer par ses acteurs Mads Mikkelsen et Ryan Gosling NWR r alise son premier film Pusher 1996 23 ans Il documente avec un r alisme cru l univers des trafiquants de drogue tr s loign de sa propre vie Il avoue pourtant que chacun de ses films est son portrait cach ses personnages sont des perdants et des orgueilleux Bleeder 1999 met en sc ne un fan de cin ma d exploitation des ann es 1970 perturb l id e d tre p re Bronson 2009 dresse le portrait d un prisonnier ultraviolent qui veut tre connu tout prix Mal aim de la critique danoise NWR poursuit son chemin au Canada mais se remet en question apr s le fiasco financier de Fear X 2003 Il retrouve le go t de tourner avec Pusher 2 2004 crit en deux semaines et Pusher 3 2005 La recherche esth tique aboutie de Valhalla Rising 2009 et la rencontre avec Ryan Gosling qui lui p
94. prix renaud victor au fid marseille Les Trois Disparitions de Soad Hosni de Rania Stephan a t s lectionn au FID Marseille 2011 en comp tition internationale o il a obtenu le prix Renaud Victor Ce prix a t attribu par quarante d tenus du centre p nitentiaire des Baumettes qui ont suivi la s lection d une dizaine de films issus des comp titions du festival Soutenu par le minist re de la Justice et des Libert s Lieux Fictifs le Master Documentaire d Aix le FID et le CNC ce prix a t mis en place pour la premi re fois en juillet 2011 Chaque film a t accompagn par Lieux Fictifs des tudiants du Master d Aix et dans la mesure du possible par son r alisateur Pr alablement Lieux Fictifs a mis en place l Atelier du regard dans le cadre des Ateliers de formation et d expression audiovisuelle dont l objectif est de familiariser ce public avec des films diff rents et avec l exercice du jugement Le prix Renaud Victor est dot par le CNC d un montant de 5000 quivalent l acquisition des droits pour sa diffusion au catalogue Images de la culture Le prix Renaud Victor 2012 a t attribu au film P n lope de Claire Doyon Ce film sera pr sent dans le prochain num ro d Images de la culture cnc fr ide Regard sur le cin ma musical arabe Hollywood sur Nil Samia forever Hello Mister Barakat de Sa ida Boukhemal 2004 3 x 52 23 divorce La femme est devenue celle qu
95. production d Universal visant la cr ation de films exp rimentaux faibles budgets Mais le film est mal re u par les studios et les spectateurs qui n appr cient ni le style libre et improvis du cin aste ni son c t politiquement incorrect Malgr un v ritable souci de toucher son public jusque l Forman semble toujours avoir t c t des attentes L Am rique comme terre d accueil avec son utopie du melting pot a eu le m rite d int grer des cin astes trangers permettant d inscrire d autres consciences au sein de son propre syst me Le trajet erratique du cin aste d Est en Ouest avec sa conscience libertaire en porte faux va finalement trouver son aboutissement dans cette pi ce ma tresse qu est Vol au dessus d un nid de coucou 1975 qui cl t le film de Lagier et dont le documen taire d Antoine de Gaudemar retrace la gen se Siles anecdotes autour du film sont communes aux deux documentaires la mani re de traiter l environnement et la conception du film diff rent Si Lagier donne tout cr dit Forman faisant un portrait de l homme et de son histoire au sein d un espace assez utopique dans un lieu comme retir du monde de Gaudemar fait le portrait d un film en cristal dont chaque intervention document ou extrait de film offre une facette de compr hension permettant de saisir en retour ses multiples r percussions Le premier insiste sur l motion et la vitalit en le r
96. qui s efforce de penser voix haute quatre C est dans cette perspective de mise en sc ne et de mise en fiction de la critique que la forme du pastiche s int gre au film Le style godardien est imit par le m lange des diff rentes pistes sonores quand le film n est pas ponctu par les apparitions d un faux cnc fr idc Parmi Les nombreux films de la collection Cin ma de notre temps voir en particulier Rome is burning Portrait of Shirley Clarke de No l Burch et Andr S Labarthe 1968 1996 557 De Jean Louis Comolli sur l histoire du cin ma notamment voir Toto Antonio de Curtis 1978 115 Georges Delerue coll Musiques de films 1994 59 La Derni re Utopie La T l vision selon Roberto Rossellini 2006 90 et entretien in Images de la culture No 22 p 33 Face aux fant mes cor alisation Sylvie Lindeperg 2009 99 Conversation avec Claudio Pazienza in Images de la culture No 23 p 49 images de la culture Godard son avatar de King Lear interpr t par Jacques Bonnaff qui hurle des aphorismes devant un cran Le film s efforce de parler le Godard pour parler de Godard et m lange ainsi ce qui rel ve du film et de son interpr ta tion du cin ma et du monde r el le cin ma et le monde Envisager des voies ouvertes entre le cin ma et la vie ne fut il pas le grand enjeu des Cahiers ann es 1960 Sylvie Pierre exprime bien le ien qui se tissait entre l esprit libertair
97. re changent a d coration du salon Nous en sommes tous de notre rapport aux v nements Comment appr hende t on un v nement Comment vivre un v nement Serait il autre chose que des images qui viennent se frotter notre vie dans tout ce qu elle a de plus banal et de plus ordinaire Les employ s de l IGN sont film s en train de travailler Des images en noir et blanc retra cent les techniques d hier partir de photos a riennes le cartographe s lectionne certains l ments Un stylet rattach m caniquement 63 Monsieur M 1968 2011 55 couleur documentaire r alisation Isabelle Berteletti Laurent Cibien production Lardux Films Ina participation CNC Procirep Angoa Que s est il pass en 1968 La r ponse se trouve dans l agenda de monsieur M retrouv apr s sa mort par les voisins r alisateurs Honorable citoyen de Montreuil dessinateur de cartes pour l Institut g ographique national c libataire discret monsieur M y a consign d une criture appliqu e tous les faits remarquables de son quotidien itin raires missions t l vis es achats toilette un monde o la r volte ne grondera pas Dans Monsieur M 1968 tout est affaire d chelle les vastes horizons du monde sont r duits aux dimensions d une table dessiner puis stock s dans le d dale des archives de l IGN les grands bouleversements de l histoire sont vus par la lorgnette d un ind
98. religieux La structure d termine ici La forme architecturale 28 colonnes fines comme des jambes de girafe et sans ornement supportent une vo te imposante mais seulement constitu e de minces voiles de b ton de 3 centim tres d paisseur Dans un souci d conomie de la mise en uvre les architectes r utilisent les m mes coffrages pour l ensemble des vo tes et des colonnes Pour les murs enti rement ajour s 5 s ries de claustras pr fabriqu s permettent de tamiser la lumi re color e inondant l glise A S Je vous cris du Havre 2010 52 couleur documentaire r alisation Fran oise Poulin Jacob production Lardux Films Cin plume TVM participation CNC minist re de la Culture et de la Communication DAPA P le Image Haute Normandie Ville du Havre Lents travellings dans les rues ou panoramiques surplombant l horizon maritime de la ville cadrages in dits sur l architecture des b timents d Auguste Perret esquisses et dessins du projet de l architecte photographies anciennes cartes postales et films Super 8 Francoise Poulin Jacob nous invite une d ambulation intime dans la ville du Havre sur un texte compos partir de ses propres souvenirs Jamais elle n avait v cu au Havre et pourtant c est l qu elle retrouve la saveur de l enfance r sonne en off la voix suave de Dominique Reymond qui accompagne cette c l bration de l uvre visionnaire d Auguste Perret
99. ses collections de cassettes et d instruments cordes repas dans la cuisine en d sordre et sortie des poubelles Plut t que de s garer dans la chronologie complexe d une uvre foisonnante et d un acc s souvent difficile pour qui n est pas ama teur passionn ou rudit sp cialis elle effleure quelques aspects de sa biographie souvenirs de jeunesse entre une m re marionnettiste et des cours de violon laborieux rencontre avec le compositeur La Monte Young et le r alisateur de films exp rimentaux Jack Smith Comme son habitude elle fabrique des s quences bri col es fa on cin ma primitif des petites mises en sc ne burlesques postsynchronis es cha huts enfantins d guisements et travestisse ments divers objets en mouvement danses saugrenues accompagn es de musiques de dessins anim s guitare hawa enne pop ins trumentale thiopienne Au cours de l une d entre elles Tony Conrad est film en ombre chinoise devant un rideau sur un tr s beau morceau pour violon et percussions Dans le sous titrage drone music est traduit impro prement par musique r p titive alors qu il s agit plut t de musique de sons continus dream music devenue drone music dont Tony Conrad compositeur fut l un des pionniers dans les ann es 1960 aux c t s de La Monte Young et de Theatre of Eternal Music Mais ni l improvisation en intonation juste ni l exploration des s ries harmoniques qui sont au c ur de son
100. son c ur sa respiration Ilen a conclu que le silence n tait pas une absence de son mais l ensemble des sons non intentionnels La rumeur que l on entend dans votre film par cons quent c est du silence E C Oui mais un silence organis J J P C est la rumeur de la ville de Paris Ily a un seul petit rajout musical dans le film une pi ce pour guitare lectrique compos e l ann e d avant lors de la s quence de l endormisse ment Elle g n re une sorte de fr quence l g rement hypnotique puis remonte au moment des avions avant de s interrompre Mais autre ment ce sont des bruits de la ville on entend des chansons au loin de l activit J ai choisi 12 de les placer certains moments plut t qu d autres J aime que les sons restent la limite du perceptible Parfois c est quand ils s arr tent que l on s aper oit qu il y avait quelque chose Le fait de venir du son a t il une influence sur votre mani re de concevoir l image J J P La mani re dont je travaille Le flux des images vient directement de mes exp riences de composition Dans ce cas pr cis quatre l ments se superposent la voix d Eve le sens du texte le son et les images Si l une des quatre couches donne l impulsion ce n est pas n ces saire de la surligner sur les trois autres En revanche s il y a une baisse de tension il faut qu une des quatre couches relance l attention Comme dans un quatuor o les violon
101. tails la coh rence historique le folklore chinois Affichiste et d corateur de formation il est Le premier r aliser des story boards il calligraphie les g n riques de ses films et il int gre dans ses images les espaces blancs ouverts des techniques picturales anciennes ses mouvements de cam ra voquent les peintures sur rouleau Epris d op ra chinois King Hu en utilise les techniques de jeu et de combat des visages peints et un jeu tr s chor graphi rendant les combats a riens et abstraits En v ritable auteur il travaillait son rythme trop lentement pour ses producteurs et ses tournages taient souvent longs et discontinus R v l internationalement par Touch of Zen prim Cannes en 1975 il reste aujourd hui l influence majeure des cin astes d action tels Ang Lee ou Tsui Hark PE images de la culture Inventif et po tique son cin ma est une remar quable passerelle dans le temps Tigre et Dragon d Ang Lee 2000 et Le Secret des poignards volants de Zhang Yimou 2003 lui rendent hommage remettant au go t du jour le wu xia pian tandis que Tsai Ming Liang dans Goodbye Dragon Inn 2003 montre une salle de cin ma qui ferme passant une derni re fois un film de King Hu Son personnage erre dans le cin ma et y croise les acteurs pr sent g s de Dragon Inn venus voir le film trente sept ans apr s sa sortie Goodbye Dragon Inn comme le titre l indique est un
102. transposition de ce que Cage dit propos du son dans le domaine des images Mais il faut se souvenir que la conf rence a t donn e devant des peintres de l expressionnisme abstrait l Artist s Club de New York et que certaines des positions que Cage a prises vis vis de la musique sont influenc es par ce qu il pouvait observer dans les arts visuels l cole de design de Chicago h riti re du Bauhaus chez Duchamp Richard Lippold ou Robert Rauschenberg E C C est l aussi selon moi la dimension politique de Cage Sa pens e et son uvre sont toujours contextualis es elles naissent d une perception extr mement sensible de ce qui l entoure Les sp cialistes dont j ai parl ont tendance ne consid rer ni l criture ni les autres formes d expression parmi lesquelles l uvre de Cage trouve sa place Alors que la contextualisation chez lui est constante M me l int rieur de la conf rence il ne cesse d ajuster de juxtaposer des images de faire des rapprochements entre les connaissances dont il h rite et ce qui se passe autour de lui au pr sent Je trouve a magnifique Comment avez vous concu les images du film quand il y a d j tant d images dans le texte et qu il est question avant tout de vide de silence J J P Ily a longtemps que je voulais faire un film sur le blanc et c tait vident pour moi que c tait ce qui correspondait le mieux l id e du silence Je voy
103. une situation qui n a rien d vident ni d imm diat On ne peut pas pr tendre montrer le monde tel qu il est Je suis oblig de me demander quelle repr sentation je fabrique du monde partir du moment o je filme Mograbi pose cette question au point le plus dense le plus risqu La question du cin ma militant se pose moi dans d autres termes parce que je ne vis pas dans une soci t comme la sienne J ai une certaine distance vis vis du cin ma militant parce que la bonne conscience produit rarement des films pas sionnants Je ne pr tends pas montrer les choses telles qu elles sont je questionne cette position d affirmation Mograbi travaille mettre en crise les apparences Pensez vous que le cin ma ait ce pouvoir Le cin ma a tout le pouvoir de montrer comment les apparences sont fabriqu es Si le cin ma a une vocation c est celle combattre la t l vi sion dominante Plus exactement ce qu il faut combattre c est la prise du pouvoir par la t l vision et la prise de la t l vision par le pouvoir Le cin ma peut le faire Je crois qu il appar tient au cin ma de combattre la manipulation des gens et des esprits avec les effets d imm diatet de direct qui ne laissent jamais le temps de penser les choses Cela peut s appeler vid o installation ou s incarner dans de nouvelles formes sur le net Mais il reste encore combat tre les images par les images et les discours par des mises en
104. v rifier que tous ses habitants amis d enfance pour certains ne sont pas de dangereux islamistes Elle y rencontre Y ma m re courage alg rienne et musulmane install e en France depuis 1965 dont les neuf enfants sont aujourd hui m decin ing nieur ou homme politique Agn s Petit donne ainsi la parole une famille dont l histoire gratigne tous les st r otypes sur les quartiers difficiles l immigration et l int gration Tous les ingr dients taient pourtant r unis l arriv e en Normandie sans conna tre un mot de fran ais un mari qui abandonne le foyer l obligation pour Y ma d lever seule neuf enfants en faisant des m nages Et malgr tout une joie de vivre permanente m me dans les moments difficiles et des enfants qui r ussiront brillamment leurs tudes puis leur carri re Aujourd hui Y ma n est en rien devenue un mod le d int gration son fran ais reste approximatif elle effectue avec ferveur des p lerinages La Mecque et va jusqu refuser de se rendre aux mariages la fran aise de ses enfants Ceux ci bien que tr s proches de leur m re ont pourtant parfaitement pris pied dans la soci t fran aise paradoxe apparent bien loign des images chocs et des phrases courtes des m dias que le film se fait fort de constater D T 101 saisir la complexit d une parole Nouveau titre au catalogue Images de la culture soutenu par L
105. v ritable loge fun bre le cin ma aim n est plus un nouveau r alisme Les cin astes de la 6 me g n ration utilisent les nouveaux moyens de tournage la vid o des cam ras plus petites pour fabriquer des films vol s du cin ma direct en phase avec le pr sent Tourn au sortir de l cole dans un tat d innocence Mama de Zhang Yuan 1992 est consid r comme le premier film ind pen dant chinois A mi chemin entre la fiction et le documentaire il ouvre la voie d un nouveau r alisme Il est peu tonnant d s lors que ces cin astes passent d un genre l autre avec une grande facilit Le documentaire In Public 2001 de Jia Zhang ke annonce sur bien des points sa fiction Plaisirs inconnus 2002 tandis que l interview fleuve de Fengming chronique d une femme chinoise 2007 et la fiction Le Foss 2010 de Wang Bing sortent en m me temps en France comme li s par leur sujet les camps de r ducation pendant la R volu tion culturelle Dans les deux films de Wang Bing une femme est au c ur d une recherche historique Feng ming t moigne des pisodes tragiques de son pass alors que la femme du Foss cherche le cadavre de son mari dans un d sert charnier In Public et Fengming s ils sont des terrains d exp rimentation ne sont en aucun cas des brouillons de fictions venir ce sont des pro positions esth tiques radicales en premier lieu l utilisation du temps r el l attente
106. va jusqu la transe ne peut laisser indiff rent Propos recueillis par Sylvain Maestraggi octobre 2012 A voir johncage org eve couturier free fr jjpalix free fr beyond the coda blogspot fr cnc fr idc John Cage Je n ai rien dire et je le dis d Allan Miller 1990 54 Deux films parmi d autres dont la bande son est sign e Jean Jacques Palix Ode pavillonnaire de Fr d ric Ramade 2006 48 Images de la culture No 24 p 14 et Avec Fran ois Ch telet un voyage diff rentiel d lvan Chaumeille cf p 99 13 conversation parisienne Volontiers tourn vers la cr ation cin matographique am ricaine Pierre Paul Puljiz a produit les documentaires disponibles au catalogue Images de la culture sur John Waters Larry Clark Paul Morrissey ou encore Jonathan Caouette En 2010 il a r alis New York Conversations qui saisit en Super 8 des moments de la vie de jeunes artistes autant dans le domaine du cin ma que des arts plastiques ou de la musique Premier d une trilogie ce film pr c de des conversations Mexico et Buenos Aires Entretien autour d un plat de spaghetti l encre de seiche Comment vous est venue l id e de ces conversations entre artistes de la sc ne new yorkaise J tais plong depuis trois ans dans un univers de documentaires Andy Warhol Back to China 2009 apr s deux autres documentaires produits en 2005 et 2006 sur Warhol gale ment Basquiat une vie 2010 M
107. vie commune et de ce qu elle a de sp cifique pour chacun Malheureusement trop de choses r pond elle r sumant en quelques mots tout son malheur ce trop de choses pr sentes son esprit dans lesquelles le pass p se et s ternise des choses en trop qui l accaparent 85 Regard sur la folie La F te prisonni re 1961 47 noir et blanc documentaire r alisation Mario Ruspoli production Argos Films L h pital psychiatrique de Saint Alban Loz re fut d abord un monast re puis une prison En l ouvrant pour la premi re fois une quipe de cin ma les psychiatres et les infirmiers entendent montrer que l h pital est avant tout une communaut humaine organis e pour la gu rison de personnes plus fragiles que les autres L originalit du film qui pr sente quelques aspects des th rapies est surtout de donner g n reusement la parole des malades Apr s un carton liminaire qui invite suspendre son jugement sur les fous une longue citation d Antonin Artaud met le spectateur de plain pied avec cet effondrement central de l me dont le malade souffre A titre d exemple des th rapies le film montre un entretien conduit par le psychiatre Roger Gentis des ateliers ouvriers vannerie cordonnerie imprimerie et la grande r union hebdomadaire o s labore le journal Mais au vu des images tourn es par l quipe de Mario Ruspoli le collectif des psychiatres se
108. vivre sa passion pour le cin ma Paris Il r alise plusieurs films pour Path avant de fonder sa propre soci t La mer lui voque la fois la peur et la libert Il s inspire des liens bretons pour Finis Terrae 1929 qui ouvre une s rie de films sur le sujet Dans son importante uvre crite il d crit la machine comme bien plus qu un robot elle est un personnage hant un il qui change notre vision du monde L Intelligence d une machine 1946 Son go t des sciences et du cin ma en tant que technique se double d une sensibilit de po te ouvrant au fantastique et au mythologique Apr s la guerre une parenth se tr s difficile pour lui il retourne filmer Belle Ile Le Tempestaire 1947 et varie la vitesse du son pour travailler Le bruit des vagues Le cin ma met du dieu partout crit il car le cin ma est seul capable de varier le temps Jean Epstein est disparu en mer en 1953 M D 45 autour du monde 46 belle famille S lectionn dans de nombreux festivals prim Belfort et Belo Horizonte Br sil sorti en salle en septembre 2012 Kurdish Lover nous plonge dans l intimit d une famille kurde dans un village au pied des montagnes du Kurdistan En compagnie d Oktay Sengul le kurdish lover qui lui a ouvert les portes de cet univers Clarisse Hahn observe les coutumes et les m urs les relations passionn es qui animent cette petite communaut Entretien croi
109. 24 m tres invent e par Perret pour cr er rues places lots et immeubles un v u pieu dans une ville que l on sait balay e par les vents et les ond es maritimes Du macro au micro cette invitation au voyage dans l uvre magistrale de Perret explore autant la ville que la cellule d habitation remarquable d ing niosit tant spatiale que technique La visite de l appartement t moin avec tout le confort moderne et ses surfaces optimales mieux que les logements sociaux actuels permet de prendre la mesure du luxe offert par son concepteur cette poque en disposant eau chaude et chauffage tous les tages Appar tement t moin que l on retrouve l ment incontournable pour une visite du Havre dans le film de Matthieu Simon et Marie Gaimard La R ponse de l architecte Les Int rieurs chez Auguste Perret Augment des visites d autres habitations con ues par Perret ce film nous ouvre les portes de plusieurs op rations du ma tre comment es par les t moignages d ha bitants crois s avec ceux d historiens et de m diateurs locaux consacr s au patrimoine Perret V ritable passe muraille la cam ra glisse dans les pi ces des logements du Havre comme dans ceux de la tour d Amiens ou encore dans des r alisations ant rieures Paris o elle souligne la flexibilit de ces abris o il fait bon vivre Les pleins et d li s de l architecture de Perret sont ici explor s S immis ant dans c
110. 4 ao t 1944 mais l histoire officielle telle que de Gaulle la proclame d s le lendemain les ignore Le film retrace l itin raire de ces soldats oubli s engag s contre Hitler dans l espoir de revenir en Espagne faire tomber Franco En s appuyant sur les deux derniers t moins vivants les cahiers du commandant de la Nueve et de nombreuses archives film es Alberto Marquardt d roule l pop e des Espagnols qui ont rejoint la France Libre Inspir e du livre d Evelyn Mesquida La Nueve 24 ao t 1944 Ces R publicains espagnols qui ont lib r Paris 2011 l enqu te retrace partir de la d faite r publicaine de 1939 les p rip ties de leur engagement d abord dans la L gion trang re batailles de France en 1940 et de Tunisie en 1943 D s que la division Leclerc se forma ces antifascistes de la premi re heure la rejoignirent en masse Au prix de pertes terribles ils d barqueront en Normandie lib reront Paris et poursuivront jusqu en Allemagne Sur le mur de sa chambre dans la maison de retraite en Bretagne o Manuel Fernandez finit ses jours le portrait de Leclerc est en bonne place La France elle a beaucoup tard avant d exprimer sa gratitude ces Rouges espagnols qu on avait effac s de la photo de la Victoire E S 70 L Ile de Chelo 2008 57 couleur documentaire r alisation Odette Martinez Maler Isma l Cobo Laetitia Puertas production Play Film IB Cinema participa
111. 79 le film s appuie sur une interview o la vieille militante qui aime toujours rire et chanter voque avec verve ses multiples combats Son engagement pacifiste commence avec la guerre de 1914 dont l absurdit la r volte Militante au syndicat de la presse elle est envoy e en d l gation Moscou en 1922 o elle d nonce publiquement les privil ges mat riels que s octroient les Bolch viks et r clame la lib ration de camarades anarchistes emprisonn s Pour sauver de la chaise lectrique les militants anarchistes Sacco et Vanzetti elle n h site pas envoyer l ambassadeur des USA Paris un colis pi g qui heureusement ne fera pas de victimes Elle se consacre ensuite au secours des victimes du fascisme en Espagne puis en France sous l Occupation Engag e contre les guerres coloniales elle m ne son dernier grand combat pour arracher De Gaulle un statut aux objecteurs de conscience E S images de la culture arr t sur image may picqueray coutez la chanter Commentaire d un photogramme extrait du film Ecoutez May Picqueray 1984 de Bernard Baissat par Anne Brunswic l faut voir comme elle chante Elle frappe de a paume sur la table rayonnante d une r volte intacte bouillonnante comme au premier jour Autour de la table ses jeunes camarades objec teurs et insoumis qu importent les deux ou trois g n rations qui les s parent sont au diapason de sa joyeuse vi
112. 8 en passant par Comment j ai appris surmonter ma peur et aimer Ariel Sharon 1996 Ao t 2002 et Pour un seul de mes deux yeux 2005 Mograbi puise dans toutes les ressources du cin ma humour com die musicale pour tirer le public isra lien de son aveuglement vis vis des Palestiniens Mais en m me temps cet artiste int gre ne cesse d interroger la v rit du cin ma E S images de la culture teur il fait l idiot le clown il joue presque un personnage comique la W C Fields en pous sant tr s loin l absurde Dans Ao t avant l ex plosion 2001 il va encore plus loin il joue trois r les la fois son personnage celui de sa femme et celui de son producteur dans des crises d hyst rie sur jou es de style cabaret Dans Z32 il cr e un op ra de chambre dans son salon il r ussit une com die musicale documentaire inouie comme on n en a jamais vue En fait ce qui m a donn envie de faire le film c est le d sir de comprendre comment il invente ces formes d en parler avec lui Com ment trouve t il de nouvelles critures et pos tures de film en film Pourquoi apr s avoir t omnipr sent l image devient il si discret dans Pour un seul de mes deux yeux Il explique qu il avait pouss la logique de l absurde trop loin IL r appara t autrement dans Z32 sous une cagoule qu il d coupe puis retire de fa on comique et ironique au d but mais il retrouve ensuite beaucoup
113. A partir des souvenirs d une petite fille des ann es 1960 d couvrant une ville id ale la r alisatrice retrace l histoire de la reconstruction du Havre bombard e en 1944 et questionne l actualit de son projet de modernit Perret ap tre d un classicisme structurel et du b ton arm adopta un plan quadrill sur le mod le de la grille am ricaine pour faciliter le remembrement Pour organiser ce damier o prime langle droit il choisit une base carr e de 6 24 m tres qui d finit la trame des rues lots et b timents A la voix de la narratrice se juxtaposent celles d habitants des bruits de la rue l Art de la fugue de Bach ou encore des sir nes de paquebots une riche partition pour cette promenade havraise o le projet progressiste est peut tre pr sent r volu A S 77 dans la ville jaune Ses activit s de r alisatrice free lance pour la t l vision sont de l histoire ancienne aujourd hui en plus des cours d criture de cin ma documentaire dispens s dans une cole priv e Fran oise Poulin Jacob s attelle des travaux personnels Longtemps apr s Le Ruban court m trage po tique sur le monde de la cloche s lectionn Cannes en 1985 elle a r alis en 2011 Je vous cris du Havre Pourquoi cet int r t pour Le Havre J ai toujours aim cette ville J ai grandi Paris autour de la Place de Clichy et j avais six ans quand je me suis rendue au Havre pour la pre
114. Acs Les Roses noires d H l ne Milano pourrait tre regard comme une le on de sociolinguistique Ac Riche par les th mes abord s langue maternelle langue des cit s f minit f minisme construction de l identit le documentaire fait l objet de la publication d un livret co dit par la D l gation la langue fran aise et aux langues de France du minist re de la Culture et de la Communication le Sc ren CNDP Paroles partag es programme de r appropriation de la parole port par les f d rations d ducation populaire et le CNC Apr s ce travail de pr paration et gr ce aux acteurs sociaux pr sents sur le terrain tr s investis aupr s de ces jeunes j ai pu rencontrer des jeunes filles Ces acteurs m ont beaucoup clair e et accompagn e Les entretiens avec ces jeunes filles m ont aid e r fl chir la construction du projet C est une relation per sonnelle qui s est install e car le film n tait pas encore financ Au fur et mesure des rencontres mes ques tions s incarnaient J ai enregistr de nombreux entretiens sans cam ra entre 2008 et 2010 La rencontre avec certaines des jeunes filles du film remonte ce moment l Quelquefois nous nous retrouvions juste pour prendre un caf se voir J tais dans le quartier cette per sonne un peu bizarre qui arrivait l qui pas sait du temps avec elles avec ce projet un peu singulier j ai t je crois un
115. Cage avec Merce Cunningham vous avez travaill avec des chor graphes Cet aspect du travail de Cage a t il eu une influence sur votre propre d marche J J P C est une influence indirecte Les pre miers chor graphes avec lesquels nous avons collabor s taient des post cunninghamiens dans le sens o la musique qu ils souhaitaient ne devait pas tre en relation imm diate avec ce qui se passait sur la sc ne Je n ai pas fait d tudes musicales et m me si j ai une passion pour certaines musiques organis es comme le blues l exp rimentation radiophonique m a plut t port vers les musiques improvis es En danse comme en musique l improvisation r clame d tre attentif ce que l on ressent et ce qui se passe autour de soi E C La danse nous a donn norm ment d acuit C est bouleversant de se retrouver face des gens qui ne partent de rien qui ont leur corps leur pr sence comme seul instru ment Cage ne pouvait qu tre enchant de cette tabula rasa Dans la danse contempo raine il ny a pas de partition on part d un vague argument qui va se d former se transformer se d velopper se retirer C est passionnant d observer ce qui se passe dans un studio de danse J imagine sa joie d installer des tran sistors de tripoter les boutons en sentant ce type d nergie autour de lui ce vivant lui qui parle toujours du vivant Pour les gens sensi bles ce type de rituel qui dans d autres cultures
116. Images en biblioth ques Le gouvernement r volutionnaire cubain avait cr l Institut cubain de l art et de l industrie cin matographiques ICAIC avec pour mission entre autres de r aliser des noticieros ces courts documentaires hebdomadaires sur l actualit cubaine et mondiale A partir d images d archives la r alisatrice montre la port e et la beaut de ces images qui constituent aujourd hui la m moire d un regard cubain sur l histoire du si cle dernier Le film dresse galement le portrait de Santiago Alvarez figure majeure de l Institut gr ce aux t moignages de ses anciens collaborateurs Alice de Andrade r alise un beau film la gloire de ces noticieros et de leurs r alisateurs Les nombreuses images d archives et les interviews men es au pr sent en font un film tr s rythm Ce rythme tient aussi la passion et la complicit de ces apprentis documentaristes qui filmaient avec bien peu de moyens mais beaucoup d enthousiasme Ici l histoire du cin ma se m le l Histoire et la qualit des films ne cache pas leur r le propagandiste Le gouvernement voulant montrer que l instar des Cubains d autres peuples se soulevaient les quipes de l Institut ont donc couvert tous les conflits et insurrections Ce documentaire met en avant le pouvoir des images St phane Miette M diath que d partementale de Seine et Marne images de la culture Bricoleurs de
117. L Anabase de May et Fusako Shigenobu Masao Adachi et 27 ann es sans images d Eric Baudelaire En accompagnement de ces deux films singuliers chacun leur mani re Les Maisons de feu d Antoine Barraud et Japon les ann es rouges de Micha l Prazan viennent clairer l engagement de cin astes aux c t s de l Arm e rouge japonaise et cette part de l histoire r cente du Japon Analyse de Mathieu Capel C est Francfort qu il m a t donn de voir pour la premi re fois un film de Masao Adachi Terrorist son dernier film en date C tait au printemps 2007 lors du festival Nippon Connection le festival europ en le plus au fait de la cr ation cin matographique japo naise contemporaine Je me souviens encore de cette salle inconfortable salle de cours d un campus tudiant transform e pour trois jours en salle de cin ma Non seulement le nom d Adachi m tait alors connu mais il tait m me recouvert d un l ger vernis de mythologie au cours de mes recherches sur le cin ma japonais j avais pu mettre la main sur l impressionnant volume de ses entretiens avec G Hirasawa Eiga Kakumei Cin ma R volution 1 ou l his toire du Japon d apr s guerre racont e par un cin aste insaisissable surr aliste et marxiste h raut du cin ma exp rimental au sein du mythique groupe VAN compagnon d armes et de cam ra de l Arm e rouge japonaise ARJ une histoire de l underground japonais et ses pratiques altern
118. Le plan suivant nous montre des salles de cours o des professeurs font l appel Bienvenue l cole de cin ma Sapir Sderot une port e de roquette de la bande de Gaza Cette cole est un microcosme o tudiants isra liens et palestiniens se c toient l image de ce que devrait tre la soci t isra lienne Le projet d Avner Faingulernt et de son adjoint Erez Peri est clairement politique le cin ma est une arme pour veiller les consciences Erez s interroge Faire du cin ma dans ce contexte pose une question morale Que dois je faire Soulager la douleur des gens ou bien leur faire ressentir cette douleur afin qu travers la repr sentation de cette douleur ils r fl chissent Il choisit la deuxi me option Les tudiants sont ainsi encourag s r aliser des documentaires remettre en cause la pens e officielle Cependant quand on entend les propos provocateurs ouvertement anti palestiniens tenus par certains tudiants au cours d une soir e arros e et qu on apprend les menaces de licenciement pesant sur les professeurs accus s de sympathies pro palestiniennes on se dit que le combat est loin d tre gagn Christian Magnien Biblioth que d partementale de pr t de la Ni vre 36 repr sentations dominantes m diatiques et politiques et celles qu ils pourraient aujourd hui consid rer comme m diatrices d eux m mes de leurs perceptions et de leurs aspirations La
119. Life 54 Roman Karmen un cin aste au service de la r volution 71 Maisons de feu Les 18 Sois belle et tais toi 87 Marcel Oph ls et Jean Luc Godard la rencontre de Saint Gervais 40 Tombeau d Alexandre Le 83 M moire cubaine 98 Wolfram La Montagne noire 71 104 images de la culture images cle Lu culture Images de la culture No 17 d CNC novembre 2003 104 p des images en prison Images de la culture No 21 d CNC mai 2006 108 p image mouvement images de la culture Images de la culture No 25 d CNC d cembre 2010 100 p image mouvement g cle ba eline Images de la culture No 18 d CNC juin 2004 124 p vi t nam les images occult es Images de la culture No 22 d CNC juillet 2007 116 p la ville vue par de la culture Images de la culture No 26 d CNC d cembre 2011 120 p histoires de cin ma Images de la culture No 19 d CNC janvier 2005 96 p vivre ensemble de liu rahime Images de la culture No 23 d CNC ao t 2008 128 p famille je vous aime Images de la culture No 20 d CNC ao t 2005 88 p urbanisme non lieux images de La culture Images de la culture No 24 d CNC d cembre 2009 92 p image mouvement ed ed Centre national du cin ma et de limage anim e Images de la culture Service de la diffusion culturelle 11 rue Galil e 75116 Paris idc cnc fr wwww cnc fr idc CNC Direc
120. NC Cin Cin ma Procirep Angoa Boris Vian meurt en 1959 d un arr t cardiaque pendant la projection priv e de l adaptation de J irai cracher sur vos tombes Le romancier tait tr s r ticent cette adaptation pourtant la seule de ses romans de son vivant et aucun de ses sc narios n avait abouti Alexandre Hilaire et Yacine Badday puisent dans les archives et rassemblent les interviews de journalistes r alisateurs et amis pour analyser ce rendez vous manqu avec le cin ma 1946 Boris Vian crit J irai cracher sur vos tombes sous le pseudonyme de Vernon Sullivan et y rend un v ritable hommage l Am rique mythologique du film noir et du western Les r alisateurs donnent voir cette fascination en reconstituant un film r v qui n aura pas exist lecture de textes ou de lettres de Vian dessins mettant en sc ne ses sc narios non tourn s petits r les dans Notre Dame de Paris Delannoy 1956 ou Les Liaisons dangereuses Vadim 1959 et m me t l film adapt de sa vie V comme Vian de Philippe Le Guay 2009 Nicole Bertolt la responsable de la Coh rie Boris Vian le romancier Laurent Chalumeau l diteur Marc Lapprand commentent les nombreux r cits qui entourent la relation de Vian au cin ma y donnant l allure d un mythe Le critique Alain Riou analyse un de ses sc narios notant que loin de la psychologie en vogue dans le cin ma fran ais Boris Vian n aura pas connu la Nouvel
121. Roses noires 2010 53 couleur documentaire r alisation H l ne Milano production Comic Strip Productions France T l visions participation CNC L Acs Images de la diversit CR Provence Alpes C te d Azur Procirep Angoa Scam Ville de Marseille A l instar des garcons les jeunes filles des cit s usent d un langage tr s cod volontiers agressif et vulgaire Signe d appartenance et de connivence il est aussi un moyen de tenir les autres en respect commencer par les garcons Mais en abordant l ge adulte et la vie professionnelle elles aspirent en changer assumer leur f minit De la chrysalide des gar ons manqu s sortent des jeunes femmes dynamiques et ambitieuses Interrog es par H l ne Milano les adolescentes de Seine Saint Denis et des quartiers Nord de Marseille t moignent d un rapport difficile au fran ais qu on parle en classe Il n est ni la langue parl e dans leurs familles ni celle de la rue Naviguant entre ces diff rents codes beaucoup ressentent de la difficult s exprimer Certaines trouvent dans le th tre ou le journal intime des moyens de surmonter ce handicap Si dans la rue elles parlent et parfois cognent comme les garcons c est que dans ce monde brutal il vaut mieux expliquent elles inspirer la peur Etre une fille sans cesse expos e au risque d tre agress e calomni e et d shonor e est une mal diction A la pubert
122. Sud notamment les Roubines li s sa propre his toire et d cors de nombre de ses films la liste Suivant l trange humour du cin aste Courant met en place un dispositif de mise en sc ne la fois simple dr le et surprenant les vingt et un lieux montagneux visit s sont class s par ordre de hauteur croissant introduits par Jean Abeill fid le acteur du cin ma de Moullet mais aussi de Mocky et dans chacun se d roule histoires de cin ma une petite sc ne o intervient Moullet accom pagn parfois d un extrait de film tourn cet endroit il se comporte comme un guide tou ristique dans son domaine pour raconter une anecdote d crire le lieu et ses transformations dans le temps pr ciser ses m thodes de tour nage ou sortir une formule dont il a le secret Cette mani re la fois m thodique et dr le en faisant la liste ou Le compte des hauts lieux de Moullet et en y superposant biographie et fil mographie est passionnante pour plusieurs raisons La premi re est que la liste comme le disait Serge Daney est l attribut par excel lence du cin phile et que l on retrouve ce dis positif dans toute l uvre de Moullet on peut penser tant ses personnages des Si ges de l Alcazar 1989 qu des films construits de mani re m thodique et obsessionnelle tels Essai d ouverture 1988 qui d taille les diff rentes fa ons d ouvrir une bouteille de Coca Cola ou Barres 1984 qui s atta
123. Vilin n ont pas t depuis remplac es par d autres Il y a galement des choisyas qui sentent l eucalyptus et m me quelques pieds de vigne dont on fait du vin peut tre en souvenir de la piquette de Belleville Et puis il y a des fleurs bien s r que seul G rard peut nommer toutes y compris de leur nom latin G rard c est G rard Joubert le jardinier Ilest le ma tre de c ans l h te de cette oasis c est ainsi qu il l appelle il en est l me le veilleur bienveillant Il dirige et conseille l quipe des jardiniers saisonniers et apprentis Aur lien Blaise Camille Herv Jonathan S bastien Thomas William et Yves qui longueur d ann e balayent ratissent taillent tondent plantent arrosent Il accueille renseigne et guide par fois les visiteurs il ne manque jamais de saluer ses connaissances forc ment depuis e temps il en a beaucoup Et inlassablement il arpente son territoire attentif au moindre mouvement la moindre variation La nuit le jardin est le domaine exclusif d une faune animale plus ou moins r pertori e Mais e jour il ouvre ses portes aux promeneurs On entend alors des voix des musiques et des rires Selon les heures du jour et le temps qu il fait le jardin est calme ou tr s anim Mais de mani re g n rale sans compter les jardiniers il y a beaucoup de gens dans ce jardin pas sants visiteurs occasionnels habitu s et beaucoup d activ
124. a cit ouvri re et Rails suit le chemin de fer en voie d aban don En suivant ce trajet le cin aste filme des moments de vie la douche des ouvriers la remise des salaires comme autant de som mets visibles d un iceberg qui s effondre Le paysage industriel est donc le r cit m me fondement d une narration qui a quelque chose du rouleau peint la fois par sa dur e 9 heures et son fonctionnement par say n tes saisies en chemin C est l peut tre que le cin ma contemporain chinois rejoint la tradition d un King Hu Comme le fait remarquer Peggy Chao ses longs pano ramiques accompagnent les personnages dans les for ts d roulant galement le paysage comme un rouleau peint La grande attention de King Hu aux d cors n est pas anodine un lieu perdu d truit une for t ou une ruine pour s abriter une auberge d exil s Dans ces espaces hostiles ou refuges les personnages n ont de cesse de changer les lois de la gravit s envolant pour se battre d fiant par leur vitesse la vision invitant le spectateur d couvrir la p rennit nouvelle de ces paysages Comme dans Still Life ceux ci s inscrivent dans la tradition d une Chine ancestrale d un art qui au temps de King Hu n est plus autoris la peinture se doit d tre r aliste compr hensible par tous En s inspirant de tableaux de montagne et d eau depuis Hong Kong et Taiwan King Hu place son cin ma sous le signe d une esth tique inte
125. a v g tation et l espace est pourtant ouvert au public contre toute logique L cole et l universit sont encore un peu exploit es mais le jardin ressemble un terrain vague peine entretenu pour permettre aux visiteurs de d ambuler dans les all es La pi ce d eau est depuis longtemps colonis e par la faune locale canards poissons etc Cet endroit n est promis aucun avenir Propos recueillis par Malika Maclouf ao t 2012 Film retenu par la commission Images en biblioth ques En quatre chapitres Fran oise Poulin Jabob nous fait voyager dans le temps et dans sa fascination pour l architecture Le Havre cette ville qu elle na pas habit e juste travers e lors d un voyage en famille pour voir Le France dans les ann es 1960 l a subjugu e Le Havre une ville an antie par les bombardements en 1944 Sur les amas de gravats de terre et d ossements Auguste Perret et son quipe se sont attel s ce projet ambitieux de faire de ce champ de ruines une ville compl tement repens e id ale r solument moderne en osant utiliser e b ton comme mat riau peu cher Ce mat riau est donc l honneur qu il soit isse granuleux color en graviers en agr gats ilrythme les horizontalit s les verticalit s es perspectives irr prochables Les prises de vues soign es d aujourd hui alternent avec des images des ann es 1960 out d abord puis avec des archives de 1944 Elles s encastren
126. ages et les corps ou l inverse du haut d une tour de verre le d dale fourmillant de la ville Immersion dans l esprit d un homme Masao Adachi avec le m me sentiment de d sorientation Le cin aste japonais appara t comme un personnage hant par sa conscience cette voix qui Le suit dans ses errances travers Tokyo qui d voile sous le visage placide un homme tourment par le d sir D sir de comprendre le monde de s y inscrire et de le transformer par le cin ma D sir de r soudre ce destin qui l a conduit abandonner l art pour la lutte arm e D sir d un retour l art apr s ces ann es d exil d un art qui ne trahisse rien de ses engagements S M Four maz le deux repriiwninns une taule t m ma chou Les Maisons de feu 2010 16 noir et blanc documentaire r alisation Antoine Barraud production House on Fire Au moment du mixage de son film Le Soldat Dieu 2010 en gros plan et en un court entretien Antoine Barraud filme au plus pr s la parole d un cin aste toujours r volt Koji Wakamatsu 73 ans donne quelques clefs essentielles sur ses engagements Pour lui le cin ma est une occasion de repr senter les victimes Il avoue non sans humour qu il a t yakuza avant de r aliser des films pour pouvoir tuer des policiers sans aller en prison Dans le sillage de l Arm e rouge branche radicale de l extr me gauche japonaise Wakamatsu part en 1970
127. aire Comment comprenez vous sa mani re de se mettre en sc ne dans ses films Dans son premier film sur Sharon son vrai premier film les pr c dents n tant pas des films qui portaient vraiment sa marque d au Mograbi Cin ma 2012 86 couleur documentaire r alisation Jacques Deschamps production Ard che Images Production INA participation CNC Cin CR Rh ne Alpes CG Ard che Procirep Angoa Depuis son film sur Ariel Sharon le cin aste Avi Mograbi n Tel Aviv en 1956 cr e un cin ma aussi radical dans son message politique qu inventif dans sa forme artistique R pondant aux questions de Jacques Deschamps ou des tudiants du Master d criture documentaire de Lussas il explique les fondements thiques de sa d marche et raconte pour chacun de ses films comment se sont labor s les dispositifs de mise en sc ne En se filmant en train de laisser un message sur le r pondeur d Avi Mograbi Jacques Deschamps reprend avec humour un dispositif cher celui dont il dresse le portrait Tourn Bergen o Mograbi installe des vid os pour une exposition Lussas face aux tudiants et Berlin o le cin aste accepte enfin de parler en d tail de ses films le documentaire retrace le cheminement d un esprit en perp tuel mouvement Depuis The Reconstruction 1994 r alis dans une conception classique que Mograbi juge en d finitive mensong re jusqu Z32 200
128. ais galement dans le ciel un quivalent organique au monde de Cage au m me titre qu il a t obs d par les champi gnons ou des choses comme a Cage compare aussi le processus artistique la m t o au temps atmosph rique en perp tuel changement sans d but ni fin J J P C est vrai Filmer le blanc filmer le ciel correspond tout fait sa philosophie Mais encore une fois cela s est fait de mani re tr s spontan e sans trop y r fl chir Ilme semblait que ce minimalisme l qui est minimalisme cool assez lent pouvait vraiment accompagner le texte dans son entendement il met le spec tateur dans un tat de douceur de confort cela lui permet de se livrer enti rement l coute En voyant dans le film ces murs blancs et ces avions on ne peut s emp cher de penser la phrase de Cage sur les White 11 Paintings de Robert Rauschenberg Elles taient des a roports pour les lumi res les ombres les particules Ce que Cage est all puiser entre autre chez Duchamp Laszlo Moholy Nagy ou Rauschenberg c est l id e que le tableau est en interaction avec l espace qui l environne Le blanc ce n est pas une absence d image mais une surface sur laquelle passe la lumi re comme dans sa pi ce c l bre 4 33 o un interpr te s assoit devant un piano durant 4 3 sans rien jouer le silence est un moyen de faire entendre les bruits qui circulent dans la salle J J P Ou
129. aison Elles habitent dans les vil lages et montent de la nourriture des armes des messages Certaines rejoignent le maquis pour suivre un homme qu elles aiment comme Chelo Ou parce qu elles sont d s le d part des femmes engag es des militantes r volution naires Elles assument toutes les t ches quo tidiennes et participent aussi aux op rations militaires Evidemment elles paient d un prix plus lourd leur engagement La plupart comme Chelo doivent assumer en m me temps le soutien de leur famille de leur foyer et tous les risques de la r sistance Il faut lire les livres d Antonina Rodrigo qui crit essentiellement sur les femmes des femmes exemplaires d un courage extraordinaire Mais la plupart de ces femmes formidables n ont pas cherch faire parler d elles cnc fr idc Wolfram La Montagne noire de Chema Sarmiento 1994 55 Armand Guerra requiem pour un cin aste espagnol d Ez quiel Fernandez 1998 50 Un Cin ma sous influence de Richard Prost 2001 52 Roman Karmen un cin aste au service de la r volution de Patrick Barb ris et Dominique Chapuis 2001 90 images de la culture La Nueve ou les Oubli s de la victoire Dans le film on voit Chelo retourner au village pour participer deux c r monies au cours des ann es 2000 La premi re fois il s agit de donner une s pulture ses parents Un peu partout en Espagne on a vu depuis vingt ans des familles rechercher les cor
130. ait un usur pateur s est mis lui m me en sc ne pour mon trer qu il avait de v ritables pouvoirs surnaturels A le voir l cher les braises j ai cru qu il allait s vanouir mais il a tenu bon ce qui en rajoute au mythe de ces hommes l A voir clarissehahn com jousse entreprise com clarisse hahn 49 Le personnage du guide spirituel qui rend visite votre tante semble soup onn de profiter de sa fonction pour tre parmi les femmes et r colter de largent O S C est difficile de r pondre Ce sont des femmes qui vivent seules elles ont besoin de lui Il vient les soutenir spirituellement et psy chologiquement leur donner des conseils Peut tre en profite t il lui aussi pour fuir sa propre r alit ne pas rentrer chez lui C H C est aussi le rapport l argent qui s il lustre dans ces sc nes le rapport de don et de contre don L argent doit circuler On est sans cesse en train de donner de l argent aux autres et de r clamer l argent que l on a donn ou le retour sur un service que l on a rendu 0 S Dans l volution de la soci t le don et le contre don se sont transform s Autrefois on changeait des biens mat riels mais aujourd hui c est de l argent qui est plus difficile trouver qu un quartier de viande ou un verre de lait J ai t surpris de voir que les rituels se pratiquent avec des mat riaux pauvres v tements cuill res photos d identit laiss s dans une grot
131. ant tout un film de fant mes ce qui est une belle mani re de rendre hommage l uvre d un r alisateur qui n a cess d osciller entre souvenirs r els et images r v es faisant du cin ma une c r monie de la r surrection Par Martin Drouot Les photos en noir et blanc et les images d ar chives ray es inscrites dans leur poque se multiplient comme autant de visages d une vie pass e intime et collective la fois Rainer Werner Fassbinder Ingrid Caven Renato Berta Werner Schroeter Bulle Ogier Douglas Sirk et tant d autres dont Pascal Hofmann et Benny Jaberg pourraient bien tre les derniers jalons Ces rencontres nourrissent l uvre de Schmid jusqu en devenir la mati re m me C est le cas par exemple de ses amies et actrices Bulle Ogier et Ingrid Caven un cran blanc sur lequel il peut peindre dit de cette derni re Renato Berta C est le cas aussi des autres r alisateurs qui l influencent dans des uvres f condes et quasi bic phales avec L Ombre des anges 1976 Schmid adapte la pi ce de Fassbinder L Ordure la ville et la mort et lui confie Le r le principal En pr s de quinze films pour le cin ma et la t l vision et une demi douzaine de mises en sc ne d op ra Schmid d ploie une uvre de la m moire dont le lieu matriciel pourrait bien tre le hall d un h tel Hofmann etJaberg citent les extraits des films de Schmid comme Agn s Varda utilisait les films de Jacques D
132. appui diff rent Ma pr sence tait rep r e et bien accept e dans le quartier les gens se passaient le mot et petit petit on me connaissait Il a fallu un peu de temps pour d passer une m fiance spontan e vis vis de la cam ra Ce temps long tait n cessaire pour poser les fondations du film pour construire la drama turgie pour saisir la complexit d une parole et d une r flexion en marche Mon d sir tait de faire entrer dans le monde de l image la puissance et parfois le d sarroi de notre histoire avec la langue avec les mots de retrouver l nergie d un ch ur antique Au commence ment tait le Verbe n est ce pas Les Roses noires sont des Antigone Les jeunes filles ne s y sont pas tromp es elles ont compris que nous allions construire ensemble une parole qu elles taient par la r flexion dans une situation d tre actant et a elles ont vrai ment aim Les t moignages que j ai recueillis ce moment l taient d j tr s proches de ce qui fait la mati re du film J ai crit Le film en 102 veillant tr s pr cis ment l encha nement et l organisation des questions que je voulais aborder Il me paraissait important d ouvrir le film sur le rapport la langue maternelle et petit petit des th mes se sont affirm s comme des piliers de la narration Je partais de La construc tion de l identit dans un groupe pour arriver la question de l identit intime et l c
133. aquant ainsi l image donn e par le pouvoir gaulliste d une France unie contre l Occupant Pierre Blaise alors jeune paysan dont la simplicit but e fascinait Malle incarne le r le titre aux c t s d Aurore Cl ment alors jeune mannequin aux origines populaires Cette analyse revient aussi sur la pol mique suscit e par le film sa sortie trop identifi la mode r tro par ses d tracteurs PE Il tait une fois Orange m canique 2011 52 couleur documentaire conception Antoine de Gaudemar Serge July Marie Genin Michel Ciment r alisation Antoine de Gaudemar production Folamour Arte France TCM participation CNC RTS Canal Pologne Ceska Televize YLE Lorsque Kubrick lui m me face au scandale provoqu par la sortie d Orange m canique demanda la Warner de le retirer des crans britanniques se doutait il que son 9 me long m trage allait devenir l un des grands films cultes de la fin du XXe si cle Antoine de Gaudemar et Michel Ciment vont la rencontre de nombreux t moins Malcolm McDowell Christiane Kubrick Gaspard No pour retracer l histoire de cette uvre sulfureuse et proph tique Si Orange m canique a laiss une telle trace dans l histoire du cin ma c est d abord parce que ce film comme les pr c dents de son auteur t moigne d une inventivit et d une ma trise sans gales Kubrick contr lait m me Dieu quand il a
134. ar se prom ne en tenues affriolantes d multipli e dans le cadre comme un embl me de la femme r v e Elle attire avec ces jambes de marbre cette poitrine cette taille comme le d clament ceux qu elle fait fantasmer Elle emballe les pr tendants en auto au rythme du jerk Ce sont les ann es de la pop et de la vitesse Elle court en maillot enfile toutes sortes de tenues sans cesse transform e toujours elle m me Tu ne seras jamais un souvenir estime un amant d laiss qui la conserve jamais dans sa m moire Le mythe op re sa pr sence colle d j la r tine La cam ra d taille sa longue taille les ralentis d cuplent ses treintes Elle pose disserte de l amour La femme est une rose dit elle elle a besoin du jardinier qui l arrose d amour et de tendresse Par un effet de montage on la voit dialoguer adulte avec un personnage de femme enfant jou quelques ann es plus t t Comme si elle se regardait distance abolissant le temps Des fins se succ dent avec des happy end qui annoncent les engagements le mariage L Acte 3 est celui des souffrances des tour ments de l pouse Elle est encercl e par les ennuis de la vie la trahison Elle tr buche dans des escaliers Les sc nes sont plus som bres Elle figure une bourgeoise perdue hors de ses quartiers Des adieux des amours impossibles se succ dent Les couleurs d la v es s accentuent La mort r de On parle de le
135. art et d autre du cadre Premier moment dans le cadre appara t en amorce le visage d une bonne s ur masquant un temps Gentis et Blanche qui continuent parler On peut y lire un effet de r el la cam ra enregistre sans interf rer on passe devant comme si elle n tait pas l Pourtant un sourire semble bri vement s esquisser sur le visage de la bonne s ur un peu g n e d entrer dans le champ m me si on le lui a peut tre permis elle sait qu on la verra En faisant obstacle notre regard la bonne s ur r v le la pr sence de la cam ra Quand elle ressort du champ Gentis est parvenu tablir avec Blanche qu elle cherche quelque chose de solide parce qu elle ne sait pas bien o elle en est Deuxi me moment ces choses contradic toires voqu es par Gentis la retournent dit Blanche tandis qu elle se tourne effective ment vers la cam ra pour d signer des dames Alors Gentis lui aussi l ve pour la premi re fois les yeux dans cette direction Ni l un ni l autre ne regardent directement l objectif mais surgit alors le hors champ de la sc ne o se trouve aussi l quipe de tournage Quand Gentis lui demande si elle conna t tous ces gens elle lui r pond qu elle le conna t lui qu ilest Pralon Il sourit d abord de ce retournement de situation avant de pr ciser qu elle ne l a pas appel de ce nom tout l heure C est le moment o Blanche se nomme Et moi je m
136. artistes On voit ses lieux de vie Montmartre les vignobles d Essoyes dans l Aube sa ferme Cagnes sur Mer On y rencontre Berthe Morisot C zanne Matisse Travellings de paysages familiers du peintre extraits de films du fils Jean bruits d eau cigales tout sugg re l accord dionysiaque de Renoir avec la nature et les tres les femmes en particulier Les Baigneuses en sont la quintessence avec leurs questions obsessionnelles comment saisir la nacre sur la peau la rousseur d une chevelure Comment rendre le soleil et ses reflets dans l eau Renoir aurait voulu peindre toujours le m me sujet pour ne se consacrer qu l invention picturale Ainsi ses nus couch s ses odalisques ses campagnardes sont elles l cho des baigneuses Elles r pondent aux V nus du Titien aux plantureuses de Rubens aux coquines de Boucher et aux orientales d Ingres et de Delacroix L W images de la culture Watteau La Vie cach e des uvres Le Scandale impressionniste 2010 52 couleur documentaire conception Francois L vy Kuentz St phan L vy Kuentz r alisation Fran ois L vy Kuentz production Scotto Productions Arte France RMN mus e d Orsay Sloo participation CNC Procirep Association Normandie impressionniste Du scandale du D jeuner sur l herbe de Manet Salon des refus s 1863 aux Nymph as de Monet dans les ann es 1920 qui ont conquis le public Francois L vy Kuentz
137. asse de l attente et de l ennui des veill es et des veilleurs perch s sur la colline guetter le souffle des b tes se d tachant sur l horizon marin Coup de ma tre du commentaire d crire sur ces images triviales des hommes la vie simultan e et tout aussi quotidienne des candides baleines La troisi me partie la plus enlev e est consa cr e l attaque proprement dite Documents exceptionnels sur l une des ultimes chasses au harpon main pris depuis la fr le cha loupe Le montage un peu confus nergique en tout cas tente de rendre l extr me danger de la chasse et culmine dans le mouvement brusque d un cachalot bless qui manque de renverser l esquif d un retour de queue Le motif de la corrida de la mer qui irrigue la voix off emprunt l ouvrage de Ruspoli A la recherche du cachalot prend alors tout son sens Ruspoli n a peut tre pas reconnu son d sir initial dans le travail de Chris Marker et d Henri Colpi r alisateur et monteur attitr des jeunes cin astes de la Rive gauche de Varda et Resnais notamment mais ind niablement l habilet de la construction du film et l extr me vivacit du commentaire caract ristique du premier cin ma de Marker celui des films de voyage de Dimanche P kin 1956 Description d un combat 1960 produisent un documentaire typique de ce qu on a appel l Age d or du court m trage fran ais Ces courts ou moyens m trages se singularisent pa
138. at pour trouver la juste dur e des plans et pour amener les acteurs des motions sinc res M D 42 burlesque Ce burlesque se retrouve dans L Homme des Roubines notamment dans une sc ne Ribier 560 m tres o Moullet met ex cution ligne ligne le protocole d ouverture d crit par son fr re pour entrer dans la maison en mauvais tat qu ils poss dent Le comique r side enti rement dans la mani re dont Moullet effectue la lettre une succession d actions brinque balantes la limite de l absurde qui n ont pas tant pour but de nous faire visiter que de nous montrer ses propres mouvements la mani re dont il se d p tre avec des objets sans qu il soit possible de distinguer la part de jeu de la part documentaire r elle La fiction est l int rieur le documentaire l ext rieur disait Luc Moullet Annie Vacelet dans La Ru e vers l art et le film de G rard Courant para t justement osciller entre les deux genres il fait du cin aste une sorte de showman qui nous reste toujours opaque La mani re dont il s exprime exclut effectivement toute empathie ou motion alors m me que sont abord s des th mes intimes par exemple celui de la folie la fois familiale la grand m re et g ographique le dernier long m trage en date du cin aste La Terre de la folie 2010 traite justement de cet trange triangle de la folie circonscrit aux Alpes du Sud On voit aussi re
139. atives crois e avec celles des cin mas pink rotique et militant Toutefois impossible encore l poque de voir ses films sinon ceux qu il avait crits aux c t s de K ji Wakamatsu et quelques autres De fait le souvenir que je garde de cette s ance tient moins au film lui m me qu une courte vid o diffus e en ouverture Quand les couloirs de l universit de Francfort permet taient de croiser une bonne dizaine de jeunes cin astes japonais Adachi y parlait face cam ra pour justifier son absence Son implication pass e dans le combat pro palestinien aux c t s de l ARJ et du Front populaire de lib ration de la Palestine FPLP lui valait lui vaut encore l interdiction de quitter le territoire japonais Dans sa vid o toutefois au comble de mon indignation il incriminait le gouvernement fran ais pour son refus obstin de lui laisser passer les fronti res de l Union europ enne De fait la premi re vertu des films concomitants de Philippe Grandrieux et d Eric Baudelaire r side ainsi dans leur fa on de r veiller ce souvenir et cette indignation trop vite enfouis Ou plut t d apporter les l ments n cessaires la d finition du malaise alors ressenti Adachi est en Europe condamn n tre qu une image iln y sera jamais plus sauf extraordinaire non seulement pr sent mais encore pr sent son image la violence de cette interdiction qui le condamne ne jamais pouvoir justement balayer d
140. aux de la photographie Paris Ed de Minuit coll Le sens commun 1965 3 Howard S Becker Sociologie visuelle photographie documentaire et photojournalisme tout ou presque est affaire de contexte in Communications 71 2001 pp 333 351 4 Une r gle douze plans avec fondu l ouverture et fondu la fermeture Le film sera la bande tourn e ce jour l Sans s arr ter Sans revenir en arri re 5 Mario Vargas Llosa Le Pays aux mille visages in De sabres et d utopies Gallimard Paris 2011 p 46 cnc fr idc De Dominique Cabrera Chronique d une banlieue ordinaire 1992 58 Rester l bas 1992 47 Une Poste la Courneuve 1994 54 Ranger les photos 2009 14 couleur documentaire r alisation Dominique Cabrera Laurent Roth production In the mood Un film exhum quelque dix ans apr s tournage l instar des photos qu il expose En une s rie de douze plans s par s par des fondus au noir la r alisatrice Dominique Cabrera commente ses albums de photographies sortis des cartons apr s un d m nagement S quences tourn es mont es par Laurent Roth en 1998 la fin d un bon repas comme une mise en abyme des instants suspendus saisis sur le papier glac Dominique Cabrera tourne les pages des albums f tes de famille montage du premier film objets favoris portraits d amis et de parents Elle m dite sur la puissance d vocation propre la photographie
141. avec lui Houston la ville o il a grandi Je l ai trouv captivant attachant Un jour il m a pro pos de regarder des vid os qu il avait tour n es ily a longtemps mais pas int gr es Tar nation C tait la nuit les rideaux taient tir s et on a regard des images assez insoutena bles de son enfance de son adolescence Sur Le t l phone de Pierre Paul Puljiz clignote un nouveau message C est Jonathan Caouette justement dont les oreilles tintaient s rement et qui presse le r alisateur Can we talk now have a new thought Pierre Paul sourit et reprend son r cit grenant les grands noms qui ont jalonn son parcours et lui ont donn autant d occasions de produire ou de r aliser des films somme toute assez vari s que ce soit sur le stade Maracana de Rio de Janeiro 2009 ou sur le chef Daniel Boulud 2008 Comment expliquez vous cet clectisme Pour Boulud je l observais tous les soirs s ex traire de sa BMW coiff de sa toque pour aller avant gardes new yorkaises superviser les op rations du restaurant qu il tenait New York Il m a donn envie de s int res ser lui Il me fascinait D une mani re g n rale j aime les documentaires sur l art et la culture La mode en fait partie j ai produit dix films pour les dix ans de la marque Chlo et un travail sur les pr paratifs des dix ans du Vogue italien Une chance inou e qui ma permis de travailler avec Helmut Newton Bruc
142. battants y ont par ticip C est difficile dire mais en tout cas plusieurs milliers Certains foyers de gu rilla vont tenir tr s longtemps aussi longtemps qu ils recevront de l aide ext rieure Lorsqu en 1950 51 Staline donne l ordre de mettre fin la lutte arm e certains veulent encore se battre mais ils seront isol s et abandonn s Ces gu rilleros taient ils en majorit communistes ly avait des communistes bien s r mais aussi des anarchistes et des r publicains sans parti La gu rilla laquelle Chelo participe est dirig e par un communiste Quico le p re d Odette artinez Maler l auteure du film Lamoureux de Chelo Arcadio lui aussi est communiste ais leurs c t s se battent des anarchistes La plupart des anarchistes ont tenu moins ongtemps dans la gu rilla certains ont t d nonc s ou tu s Apr s la mort de Franco pendant la p riode de la transition le parti 69 L Ile de Chelo J sg a ritas pig IH 3 La Nueve ou les Oubli s de la victoire 2009 52 couleur documentaire r alisation Alberto Marquardt production Point du Jour France T l visions ECPAD participation CNC Acs Images de la diversit Procirep Angoa Ville de Paris Luis Royo et Manuel Fernandez sont les seuls survivants de la Nueve cette compagnie de la division Leclerc form e presque enti rement de R publicains espagnols Ils ont t les premiers entrer dans Paris le 2
143. bert Niogret nous le rappelle en convoquant archives et t moins acteurs et techniciens du film historiens Tir d un roman de Giovanni Guareschi Le Petit Monde de Don Camillo met en sc ne une vision miniature de l Italie post fasciste affrontement rocambolesque entre Don Camillo et Peponne respectivement cur et maire communiste d un petit village renvoie en effet au duel violent parfois aux limites de la guerre civile Marc Lazar historien auquel se livrent alors Les deux grandes forces politiques du pays la D mocratie chr tienne et le Parti communiste Ce contexte explique d ailleurs pourquoi le film fut r alis par un fran ais de peur de froisser le puissant PCI de nombreux cin astes italiens refus rent le projet dont Vittorio De Sica auquel le producteur Angelo Rizzoli proposait pourtant un pont d or Tatti Sanguinetti historien Mais si le film a eu autant de succ s c est avant tout par ses interpr tes principaux Fernandel et Gino Cervi Choisis eux aussi en dernier recours ils donnent leur lutte acharn e une dimension fraternelle et hautement comique D T 98 M moire cubaine 2010 68 couleur documentaire r alisation Alice de Andrade production M canos Productions Filmes do Serro ICAIC participation CNC Cin Cin ma Canal Brasil EICTV FIAF CG Val de Marne Procirep Angoa Les r volutionnaires cubains qui ont cr de toutes pi
144. bi l association Briser le silence o d anciens appel s t moignent ano nymement des actes qu ils ont commis en ser vant leur pays en toute bonne foi au moment o ils Les ont commis Mograbi a accompagn pendant plusieurs ann es le travail de cette association dans le cadre de son activit mili tante jusqu au jour o il s est dit que le t moi gnage de celui qui se fait appeler Z32 devait entrer dans un film Il n a pas recul devant la difficult de faire un film avec quelqu un dont on ne verrait pas le visage Comment a t il travaill partir de la contrainte de ne pas montrer le visage de Z32 Evidemment il ne s agit pas pour Mograbi de se substituer la police ou de d noncer la justice internationale le jeune homme en d voilant ses traits Ni de trahir l anonymat de sa petite amie qui il se confie IL commence par flouter compl tement le visage de Z32 puis il laisse appara tre les yeux la bouche Lorsqu on pourrait croire avoir affaire son vrai visage Mograbi r v le l artifice num rique chaque fois que les jeunes gens mettent la main la bouche pour fumer on voit qu il y a un masque Mograbi cr e chez le spectateur un trouble que je trouve passionnant Il ne cesse de nous dire que ce qu on voit n est pas ce qu on voit que c est du cin ma du trucage une illusion Ce trouble essentiel est l dans tous ses films Est ce que le masque ne transforme pas ce jeune homme particulie
145. bulle pour le d niaiser A la fin du film on a le sentiment que Giacomo a d couvert quelque chose qu il a grandi Et le hasard a voulu qu entretemps Giacomo ait une aventure avec cette autre fille Barbara que l on d couvre la toute fin C est toute la question de l adolescence qui se r v le avec ces deux relations Le d sir de Giacomo est maladroit pas tr s s r adulte et enfantin la fois M me si son handicap lui vaut sa personnalit un peu singuli re Giacomo est l image des adolescents de son ge Je crois qu il est pos sible pour tout le monde de se reconna tre en lui dans sa maladresse Je tenais en tout cas ce que ce soit possible Cet enjeu l tait a priori tr s loin de ce que les cha nes de t l vi sion attendent d un film sur la surdit il aurait fallu montrer que Giacomo tait mignon attachant Alors que non Giacomo est aussi tr s chiant Dans cette f brilit constante dans le c t turbulent de Giacomo on reconna t la lutte typique de l adolescence entre l enfance et l ge adulte Cette zone ind cise et toujours pleine de maladresse c est ce qu ont toujours auscult les grandes fictions sur l adolescence Oui il a un corps d adulte et se comporte comme un enfant Quand on retrouve Giacomo avec une autre fille la fin on a vraiment l impression images de la culture que son corps lui m me a chang qu il a grandi Pourtant ce sont des sc nes qu
146. c ne new yorkaise Il fait intervenir des anonymes pour les introduire et les entrecoupe de courtes s quences documentaires sur la ville en captant l ambiance et l nergie Pierre Paul Puljiz filme ces br ves rencontres en pr levant des d tails visages corps ou en s int ressant leur environnement appartement rue la ville est ainsi vue comme un creuset artistique et un espace de rencontres fortuites Les conversations l g res et dr les d amis couples ou inconnus se rencontrant pour la premi re fois permettent d aborder la cr ation avec une grande vari t de points de vue Les jeunes auteurs entre vie de famille ou cercle d amis parlent de leurs influences et de la fa on dont ils montent leurs projets La rencontre entre Jonas Mekas pape du cin ma underground ou Glenn O Brien journaliste proche de Warhol et acteur avec de jeunes cin astes concilie le pr sent de la jeune cr ation et les t moignages historiques des a n s Il s agit aussi pour Puljiz de filmer un esprit commun aux diff rentes pratiques artistiques dans le contexte new yorkais et de proposer une vis e prospective sur les conditions contemporaines de cr ation des uvres PE 15 histoires de cin ma 16 adachi image s Deux films sur le cin aste japonais Masao Adachi se sont trangement crois s dans les festivals en 2011 Il se peut que la beaut ait renforc notre r solution de Philippe Grandrieux et
147. c ur v ritable de Kurdish Lover C est un pays en guerre Un pays perdu entre l Iran l Irak la Turquie la Syrie Un pays o les montagnes sont magiques C est le Kurdistan J ai choisi de vivre avec l un d entre eux Si les cartons de l incipit d signent Clarisse Hahn un programme clair leur marge d application reste large Sans doute la force de Kurdish Lover est elle en effet de se donner a priori comme ce qu il n est pas le portrait d un homme l identit culturelle d autant plus affirm e qu elle est discrimin e une histoire d amour ou la d couverte du Kurdistan Car ce qu en soi Oktay Sengul amant kurde fournit Clarisse Hahn est moins le mat riau brut d un film son individu sa personnalit dont Hahn livrerait le portrait namour qu un regard adjuvant et le s same d un territoire culturel et familial cl des champs gr ce laquelle Hahn exorcise sa curiosit contre tout fant me orientaliste gr ce laquelle encore elle a sans doute pu trouver la force et l audace de filmer M C 48 DE PE veux filmer c est cet aller retour entre le d sir de l individu et la situation dans laquelle il vit r ellement Mes films se situent dans des espaces de grande tension Que ce soit le ser vice g riatrique d H pital 1999 371 le milieu du porno dans Ovidie 2000 103 ou encore la famille bourgeoise des Protestants 2005 85 dont les codes h rit s du XIXe so
148. catifs ont sur bien des points un rapport de plus grande proximit ou de r sonance avec certaines r alit s isra iennes tant d un point de vue g ographique que culturel ou social Surtout il est vident eurs yeux que le cin ma des autres constitue dans un contexte o les fronti res mentales et identitaires p sent lourdement un pr alable toute exp rience viable de l alt rit alors que e cosmopolitisme de leur soci t est une donn e incontournable du pr sent comme de avenir du pays Somme toute une condition existentielle Le documentaire Sderot last Exit d Osvalde Lewat donne voix et corps aux r alit s de l cole retour sur les origines du projet situations de cours paroles d enseignants et aussi d tu diants Ses images comme celles des films de l cole que le documentaire int gre permettent aussi une efficace mise en contexte territoriale qu appuie avec pertinence une incursion dis cr te dans la sph re intime familiale de certains intervenants Sans id aliser ni simplifier les enjeux nombreux qui entourent la p rennit de cette formation elle nen prend pas moins la d fense d une singularit celle d une autre voie possible aussi fragile et humble soit elle Elle n en para tra que plus pr cieuse J B A voir Le Festival des 8 Continents Nantes J r me Baron directeur artistique a programm en 2010 les films issus du Sapir College and Television School 8contin
149. ce mus e du Louvre participation CNC minist re de la D fense et des Anciens Combattants Comment rendre vivante et ludique l analyse des principes d fensifs de l architecture militaire du XVIIe si cle A l aide de maquettes anim es Stan Neumann d construit l embo tement des dispositifs invent s par Vauban pour son premier grand ouvrage fortifi la Citadelle de Lille Intercalant d tails de gravures et vues surplombantes du site il claire les choix strat giques de d fense op r s par un ing nieur galement soldat C est avec une exp rience solide de preneur de place forte que Vauban est d sign par Louis XIV pour construire la fortification de Lille partir de 1667 Prot g e par une zone mar cageuse c t campagne la Citadelle est s par e de la ville par une esplanade nue de v g tation qui laisse l assaillant d couvert Vauban opte pour une d fense chelonn e facilement inondable compos e de foss s de tenailles et de demi lunes qui s embo tent Il reprend le plan polygonal cinq bastions des mod les rationnels de la Renaissance italienne en l adaptant aux progr s de l artillerie de son temps La succession des angles saillants et rentrants du mur d enceinte permet de se d rober aux tirs de l ennemi La ma onnerie complexe de briques et de granits qui donne une paisseur consid rable aux murs et les canons dissimul s sur la plateforme des bastions par le f
150. che la fraude dans le m tro La seconde raison est que ce dispositif modifie radicalement le genre docu mentaire Courant d place la narration clas sique pr sente aussi bien dans le documentaire que dans la fiction d une ligne temporelle un plan g ographique Ce qui permet d viter tout enfermement de la figure du cin aste dans une histoire lin aire et de donner voir un portrait en facettes o percent a et l des traits du cin aste non synth tisables Ily a une sorte de cl ture du sens circonscrit l espace montr qui vite toute g n ralisation en m me temps qu elle appelle la modestie Avec sa narration topographique Courant rapproche aussi sa mani re de faire de celle d un Moullet cin aste de l espace pour qui l environnement mat riel aussi bien des corps que des d cors influe grandement sur la narration d o l im portante dimension burlesque de ses films Un burlesque de petite taille moins acrobatique et impressionnant que celui de Keaton plus grin ant que gracieux en un sens domestique et amateur L Homme des Roubines Les Hauts Lieux de Luc Moullet 2000 55 couleur documentaire r alisation G rard Courant production Jakaranda Aqui TV participation CNC minist re de la Culture et de la Communication A la mani re d un film de Luc Moullet G rard Courant filme le cin aste dans les lieux de sa vie qui sont aussi ceux qu il a souvent film s Les e
151. che g n reu sement par le verbe et par l exemple mais quand les circonstances ses yeux l exigent elle passe l action directe Car la non violence lui para t une dangereuse l chet laquelle un pacifiste digne de ce nom ne devrait jamais c der Il faut l entendre voquer avec jubilation le temps o face aux charges de la police mon t e elle jetait sous les sabots des chevaux les billes g n reusement fournies par les cama rades m tallos Elle prend des airs de m nag re consciencieuse pour raconter comment elle a fabriqu dans sa cuisine une bombinette des tin e tuer l ambassadeur des Etats Unis Paris Il fallait bien a pour sauver de la chaise lectrique les camarades Nicola Sacco et Bar tolomeo Vanzetti Here s to you Nicola and Bart chantait Joan Baez A Plogoff en 1980 aux c t s des femmes de marin et des grands m res elle jouait encore du lance pierres contre la mar chauss e Cette femme patante semble d tenir le secret de l ardeur ternelle Les ann es ont pass sur sa t te sans d poser ni aigreur ni r signation L anarchie j y crois j y crois fermement et je s me ma graine Je voudrais vivre cent cin quante ans pour la voir pousser Derni res paroles d un film qui pourrait s appeler Ecoutez chanter May Picqueray et donne irr sistible ment envie de chanter avec elle A B 89 photographie amp documentaire Photographie amp Documentaire tente d ex
152. choses nous dire Ou plut t nous faire entendre nous faire percevoir Comme celle d autres artistes du XXe si cle Rilke Artaud sa r flexion a une port e thique voire politique de quoi avons nous besoin O trouver la joie Comment aimer le monde qui nous entoure Par le retrait qu il op re la suspension du sens au profit de l coute Cage ouvre un champ nouveau d exp rimentation Eve Couturier et Jean Jacques Palix tous deux gens de radio performeurs bidouilleurs de sons et de mots se sont engouffr s dans la br che et d un ciel de nuages d un pan de mur blanc ont su faire un espace o le rien d voile ses infinies possibilit s S M images de la culture cause du sens Cage a tabli sa partition partir d une vieille machine crire qui pouvait se tabuler Il a utilis les outils de l poque IL y a donc un artifice En tant que lecteur on doit pouvoir encha ner de fa on ce que les mots ne restent pas en suspens J J P Cage demande que le texte soit dit avec le rubato que l on utilise dans le langage quotidien L un comme l autre vous avez fait de la radio des sonorisations de la musique des performances des films comment faire la synth se de ces activit s E C On va dire qu on est transgenre Ce n est pas innocent ce que je dis l Nous avons tou jours discut de la question des cat gories Les choses inclassables font se rejoindre un n
153. de Baudelaire Adachi rapporte le dialogue suivant avec Wakamatsu alors que celui ci lui rend sa visite annuelle au Liban Tu as arr t de faire des films pour faire des choses impossibles au cin ma Non ce serait possible aussi au cin ma mais la r alit est plus int ressante Adachi se r v le ainsi un homme d quations Chez Grandrieux d autres viennent complexifier encore l cheveau de ces relations faire un film faire la r volution ou r volution je ne comprends pas Faudrait il donc dire film je ne comprends pas Sans doute mais pareil syllogisme n est jamais vident avec Adachi car chez lui le signe ne semble jamais tre le signe d une copr sence sereine la sensibili sation plut t d une relation la mise en rapport de deux entit s dont chacune se donne comme le risque ou l inqui tude de l autre Aussi crirait on Adachi image s pens e du paysage Les films de Grandrieux et Baudelaire aux quels il convient d ajouter entre autres celui histoires de cin ma L Anabase de May et Fusako Shigenobu Masao Adachi et 27 ann es sans images qu Antoine Barraud consacre K ji Wakamatsu Les Maisons de feu reviennent volontiers sur l exp rience libanaise d Adachi et ses trente ann es pass es dans l ombre des fedayins 27 ann es sans images comme le souligne Baudelaire mais cette absence l au gr des bombardements et des rushes d truits conf
154. de gravit avec les paroles de la chanson qu il interpr te Cette qu te de nouvelles formes ne r pond elle pas sa propre qu te vis vis de la soci t isra lienne dont il cherche constamment ouvrir Les yeux sur la question palestinienne sans y parvenir Sa position politique est tr s claire maisilne la met jamais en avant et n adopte jamais la posture du h ros Par exemple dans son film sur Sharon il ne raconte pas qu il a fait un peu de prison parce qu il a refus de faire son service militaire au Liban Dans Z32 il ne dit pas que ses fils ont refus de porter l uniforme Ce qui m int resse en effet c est comment sa fa on de s engager d termine des formes cin mato graphiques Il se pose des questions sur la place du spectateur et ne lui laisse jamais la place confortable de l indignation facile contre les crimes de Sharon ou du soldat Z32 Il nous place au plus pr s des contradictions de tous ces gens qui vivent dans ce pays invivable cet enfer dont t moigne Ao t avant l explosion ograbi nous montre m me comment il peut avoir de la d mocratie dans un pays qui la i tine Il peut se permettre de filmer des soldats t m me de les insulter chose impossible ici TS o histoires de cin ma C est d une grande honn tet Oui il rend compte de ce privil ge qu il a du seul fait qu ilest Isra lien et juif de pouvoir t moi gner et de d noncer Et il a m me l honn tet incroyab
155. de la philosophie du cin ma Les membres de ce r seau alternatif cherchent mettre en pra tique des rapports nouveaux entre soci t folie et culture Texte d Abraham S gal pour le catalogue de Films et Folies 1986 1987 N F F avec le concours d Abraham S gal 1 La s rie Hors les murs 1 Passage critique 2 Projet ou aventure 3 Paroles vif ne sera pas diffus e sur Antenne 2 comme pr vu car la productrice souhaitait que la diff rence entre fous et non fous soit plus visible que l on reconnaisse imm diatement le malade et le bien portant 88 Couleurs Folie 1986 13 couleur documentaire r alisation Abraham S gal production ACET A S gal participation Fonds d intervention culturelle En 1986 devant la cam ra d Abraham S gal l artiste britannique Mary Barnes 1923 2001 recoit chez elle l actrice Delphine Seyrig 1932 1990 Les deux femmes s entretiennent en anglais sur le th me de la folie l une car elle a v cu cette exp rience extr me qui a pouss e peindre et crire l autre sa lectrice qui a interpr t le r le titre du film Alo se artiste schizophr ne suisse 1886 1964 dans le film de Liliane de Kermadec 1975 Folie et cr ation font se croiser les destins de ces trois femmes pour qui l exploration int rieure rev t une importante vitale Comment survivre la folie et l h pital psychiatrique perp tuit au d but du XX
156. de sable Les Kurdes ont ils un go t particulier pour la terre O S La terre est consid r e comme b n fique pour beaucoup de choses que ce soit de l ordre du sacr ou du profane et notamment pour le corps On voit souvent des gens qui s enterrent jusqu au cou Ils ont toujours fait a surtout avec le sable des rivi res a fait transpirer a chasse tous Les maux Pour vous Clarisse ne pas lucider toutes les situations c tait important Avez vous cherch pr server une certaine tranget C H Oui il y a un c t burlesque dans cer taines pratiques Mais j ai aussi cherch les rapprocher de nous Quand on entend les femmes prof rer des insultes et des grossi ret s cela casse le st r otype de la femme voil e que l on peut avoir en Occident Karima et Les Protestants comportaient beaucoup d entretiens travers lesquels vous marquiez votre pr sence dans le film Par rapport la question de la langue comment s est pass le tournage et comment avez vous construit Kurdish Lover C H J ai d exercer mon sens de l observation Parfois Oktay me donnait des indications On a fait toute la traduction notre retour j ai donc d couvert certaines choses a posteriori Mais au bout d un moment j arrivais comprendre les situations Ce qui m int resse ce sont les attitudes les gestes les rapports l environ nement la mani re dont les gens se position nent les uns par rapport au
157. derri re d une jeune femme L crivain met alors en avant la succession des regards qui est l uvre dans ces images en sugg rant qu un autre regard invisible est pr sent celui du cin aste Int grant au plan de Godard le reflet du visage de Yannick Haenel dans l cran d ordinateur Labarthe ajoute l embo tement des regards celui du spectateur Figurer les propos voil quelle doit tre la fonction du dispositif de tournage que Labarthe d finissait ainsi propos de Cin astes de notre temps s rie documentaire cr e en 1964 avec Janine Bazin pour l ORTF devenue depuis Cin ma de notre temps Le dispositif est moins une machine mettre de l ordre qu un pi ge attraper le hasard fixer ces petits d tails qu on pourrait trouver anodins ou far felus ou anecdotiques ou simplement idiots mais qui sont en fait le tissu m me du film qui est en train de se faire 1 en construction Labarthe d passe d un degr le projet de sa s rie documentaire qu il d finissait comme une image qui parle d une autre image Avec No Comment il enregistre la parole sur le cin ma en passant par l tape de la construction de la pens e des images qui selon Haenel s avance parfois brouillonne parfois fulgu rante La visibilit de l enregistrement de cette parole les interviewers qui demandent Jean Douchet comment il souhaite mener l entretien le preneur de son et sa perche int
158. dustriel emp che d tre vraiment des le veurs J tais alors entr e dans les abattoirs pour filmer l aboutissement du processus Vous avez donc commenc filmer dans les abattoirs il y a plus de dix ans Oui nous tions en 1999 en plein dans le scan dale du poulet la dioxine qui succ dait celui de la vache folle La fili re du porc tait fragilis e par une affaire de peste porcine en Espagne et au Danemark L union europ enne mettait en place des directives sur le bien tre des animaux et la tra abilit Les industriels notamment les Bretons taient encore tr s fiers de nourrir la plan te le grand enjeu depuis les ann es 1960 et tr s fiers de la modernit de leurs dis positifs En rencontrant les ouvriers des abat toirs je leur ai pos la m me question qu aux leveurs Qu est ce que a vous fait de faire a aux b tes Mes interlocuteurs qui taient des syndicalistes ont r pondu que ce n tait pas leur probl me Eux ils travaillaient l embal lage la d coupe ou dans le secteur frigorifique Sur une usine de 2 500 salari s seulement 35 sont la tuerie les autres travaillent la viande Mais tous se plaignaient de douleurs aux paules aux muscles Moi j ai t frapp e du fait qu ils souffraient l endroit m me o ils d coupaient les b tes Les plaintes de ces travailleurs des abattoirs ont elles t l origine de ce nouveau projet de film Ou
159. e Le secret des artistes am ricains ceux qui ont particip au mouvement d mancipation des ann es 1960 serait il de rester de grands enfants Tony Conrad 68 ans au moment du tournage s amuse comme un fou et comme il l annonce d s le d but du film gare ceux qui voudraient l en emp cher Tout en racontant son parcours les p nibles le ons de violon de l enfance les spectacles de marionnettes avec sa m re l migration New York o l underground bouillonne sa collocation avec Jack Smith le r alisateur de Flaming Creatures 1963 chef d uvre du cin ma queer cette figure bedonnante et grisonnante se livre des danses excentriques se d guise en rappeur capuche saute pieds joints sur un lit habill en nourrisson et cuisine des conserves partir de pellicules de cin ma Pantomime clowneries d rision la performance ne s arr te jamais La joie est imp rative La bande son est enti rement sign e par l artiste quand elle ne provient pas de sa collection de disques S M 10 transe enfantine A l autre extr me dans DreaMinimalist la r alisatrice Marie Losier auteure du boule versant The Ballad of Genesis and Lady Jaye livre une approche la fois poignante et d ran geante de cette disposition la transe enfantine la folie douce qui semble tre l tat permanent de Tony Conrad Elle aussi saisit son personnage dans des moments de vie quotidienne entre
160. e sommaire 3 avant gardes new yorkaises la famille chodorov ou l image dans tous ses tats Free Radicals Une Histoire du cin ma exp rimental de Pip Chodorov se pr sente la fois comme une r flexion sur la cr ation exp rimentale une histoire personnelle de l art de l image en mouvement et un portrait de l avant garde cin matographique am ricaine en famille alternative et largie Le New American Cinema Group parfois d sign sous le terme de cinema underground a fleuri dans le New York des ann es 1960 1970 T moin privil gi Pip Chodorov fils d un r alisateur d missions de t l vision sur le cin ma exp rimental a grandi au sein de cette communaut d artistes fous de cin ma comme le dit Jonas Mekas Analyse de Martine Beugnet Tout art du cin ma doit initialement venir de l amateur du m dia qu est le home movie Stan Brakhage 1 Un tout petit enfant la d marche mal assur e s approche de la cam ra en souriant jusqu ce que son visage d sormais trop proche de l objectif se transforme en une tache floue qui remplit l cran Dans le plan suivant il s loigne dos la cam ra s approche d un arbre en explore le tronc rugueux Au bord du cadre on aper oit la silhouette de la m re On devine l angle de prise de vue en plong e qu un autre adulte le p re sans doute est la cam ra Ces images tourn es en 8 mm sont aussi tou chantes que fami
161. e Isra l comme sa propre position par rapport la r f rence collective C est cet endroit que prend forme le n ud de l utopie port e par les ensei gnants du Sapir College and Television School S affirmer devant les films puis vouloir faire uvre c est n cessairement d velopper une pens e autonome concernant un m dium quise gonfle lui m me au pouls du monde prendre position dans et devant le r el Il n est pas anodin de noter que la voie documentaire sans tre exclusive on tourne aussi des fictions des films d animation ou exp rimentaux est ici souvent suivie avec de belles r ussites Nombreux sont d ailleurs les tudiants qui sans y tre imper m ables rel vent une incompatibilit entre les Sderot last Exit 2011 79 couleur documentaire r alisation Osvalde Lewat production AMIP Rue Charlot Productions WAZA Images N on Rouge Production participation CNC Cin Procirep Angoa Centre du cin ma et de l audiovisuel de la communaut fran aise de Belgique Programme M dia Scam A Sderot en Isra l quelques kilom tres de la bande de Gaza Avner Faingulernt et Erez Peri ont fond une cole de cin ma qui accepte aussi bien les Isra liens que les Palestiniens Osvalde Lewat dresse le portrait de ces professeurs Don Quichotte modernes et de quelques tudiants de diverses origines Elle Les suit dans la rue en classe assistant des d bats houleux reflets de
162. e des conditions de projection Lema tre et le mouvement lettriste Vanderbeek et les ordinateurs Kulbelka exposant ses pellicules comme de la sculpture Snow rappelle les diff rences sociales entre les artistes le milieu exp rimental vivant plut t dans les quartiers populaires Les cin astes ont d trouver des moyens de se f d rer les fr res Mekas pourtant sans un sou ont aid de nombreux cin astes dont Nam Jun Paik ses d buts ils ont fond en 1970 l Anthology Film Archives lieu de distribution projection et documentation de ce cin ma diff rent P E qui s incarne si bien dans la figure du tout petit enfant d couvrant le monde d un r en chantement de la vision du cin ma d avant garde au new american cinema group Rien d arbitraire donc dans l laboration du prologue de ce film Combinant archives per sonnelles et publiques t moignages et extraits d uvres cl s Free Radicals adopte une forme hybride didactique et ludique Faisant office de rep res chronologiques des commentaires en voix off et de brefs extraits de films amateur r alis s par Chodorov lui m me ponctuent la trame de fond du documentaire Les t moi gnages de grandes figures de l avant garde cin matographique des ann es 1960 dont certains tourn s par Stephen Chodorov p re de Pip pour la t l vision am ricaine forment lossature du film et sont illustr s par des films et extraits de films exp rim
163. e on de Moi un noir ou de Jaguar et je m y retrouve tout fait J ai t tr s surpris d entendre dire plusieurs reprises que l Et de Giacomo pouvait voquer Rohmer Ce motif de la marche conna t par ailleurs une certaine fortune dans le cin ma contemporain On a vu des gens marcher dans la nature chez Gus Van Sant Lisandro Alonso Apichatpong Weerasethakul ou dans un autre grand documentaire lui m me inspir de Jean Rouch Let each one go where he may de Ben Russell Je ne l ai pas vu Mais j adore les films de Wee rasethakul pr cis ment parce que c est quelqu un qui part d une r alit tr s palpable pour l emmener vers le conte de f e Pour en revenir la marche filmer dans leur dos des gens qui marchent produit quelque chose de tr s fort D abord parce que filmeur et film partagent une exp rience commune qui les met en quelque sorte sur un pied d galit Quand je filme Giacomo et Stefania en train de marcher nous sommes dans la m me situa tion d exploration il y a un effort partag qui est une souffrance en m me temps qu un plaisir Par ailleurs cela suppose une grande confiance de part et d autre Celui qui accepte de se laisser filmer de dos s en remet compl tement vous et dans le m me temps c est lui qui m ne le jeu rien ne lui est impos C est un partage un dialogue constant Je n interviens que pour trouver une coh rence agencer les choses Mais la limite tout le
164. e si cle La boulimie dessinatrice sauve Alo se de son enfermement Sur un album que feuill tent Delphine Seyrig et Mary Barnes se pressent ses couples f eriques longues robes rouges et grandes capes portant des t tes d enfants dans leur giron A quelques d cennies de l comment comprendre la folie d un jeune fr re En y plongeant soi m me jusqu au d bordement et la r gression comme Mary Barnes qui surmonte cette preuve en la vivant et en la relatant Voyage travers la folie d du Seuil 1971 Comment incarner une folie qu on n a jamais connue En pensant la v rit de l enfance r prim e comme Delphine Seyrig incarnant Alo se et lisant Mary Barnes Avec empathie l actrice regarde l artiste fa onner de ses doigts la mati re color e sur l une de ses toiles L W Ecoutez May Picqueray 1984 69 couleur documentaire r alisation et production Bernard Baissat A 80 ans pass s May Picqueray 1898 1983 correctrice au Canard Encha n dite encore seule ou presque Le R fractaire journal anarchiste en soutien aux objecteurs insoumis et d serteurs Du Larzac Plogoff du Quartier latin Creys Malville elle continue de militer comme elle l a fait sans rel che depuis 1920 contre l arm e et pour l anarchie telle que la concevaient Louise Michel Kropotkine S bastien Faure ou Louis Lecoin Tourn peu apr s la parution de ses souvenirs May la r fractaire 19
165. e ville du Havre R alisation souvent d cri e car trop min rale ouverte aux quatre vents Il a fallu attendre l inscription au Patrimoine mondial par l UNESCO pour reconna tre le g nie de cette composition de sa trame urbaine jusqu aux int rieurs de ses appartements Plusieurs films uvrent de diverses mani res afin de restaurer la m moire de ce concepteur hors pair petit homme qui marchait comme un monument monument qu il est d ailleurs dans l histoire de l architecture moderne R a lis par Fran oise Poulin Jacob Je vous cris du Havre propose un parcours des compo santes havraises narration qui puise au c ur de la m moire des lieux La structure alterne plans actuels et cartes postales d poque C est 76 une immersion dans la fabrication de la ville incluant l activit de son port son ouverture vers le large et sa reconstruction Les vestiges du trac de la ville ancienne sont exprim s fouilles arch ologiques contemporaines qui superpo sent ancien et moderne La patte de Perret est bien entendu soulign e avec l attention atten due vis vis des habitants d boussol s par cette refonte de leur ville apr s le bombarde ment ainsi en conservant les noms des rues par exemple Il fallait bien leur laisser quelques rep res aux Havrais commente la r alisatrice Chacun y aura sa place au soleil dit elle encore par la voix de sa narratrice propos de la base carr e de 6
166. e Radicals de Len Lye r alis en 1958 et inclus dans le film de Chodorov n a pas pris une ride M B 1 Stan Brakhage extrait de Scrapbook Collected Writings 1964 1980 New York Documentext 1982 reproduit dans Le Je film sous la direction de Yann Beauvais et Jean Michel Bouhours Paris Scratch et Centre Pompidou 1995 2 1999 47 Circuit Court Production 3 Roger Odin Du film de famille au journal film in Le Je film op cit 4 Le Je la cam ra in Le Je film op cit 5 Peter B rger Theorie der Avantgarde Frankfurt am Main Suhrkamp 1974 traduit par Michael Shaw Theory of the Avant Garde Theory and History of Literature vol 4 Minneapolis University of Minnesota Press 1981 1998 alchimies sonores Pour retracer l itin raire artistique de Charlemagne Palestine la fois compositeur performeur plasticien et figure majeure de la sc ne minimaliste new yorkaise depuis les ann es 1960 Anne Maregiano choisit les gestes du quotidien l entretien en voix off la lenteur ponctu e de silences Un traitement aust re qui contraste avec la personnalit haute en couleurs du compositeur comme en t moignent les archives photographiques et les extraits de films exp rimentaux qui illustrent les diverses phases de son travail Sous une toute autre forme Marie Losier consacre un court au violoniste Tony Conrad les deux musiciens sont complices de longue date Par Ana s Prosa c La premi
167. e Weber etc Avez vous quelques projets inaboutis Oui il reste des films que je regrette de n avoir pu tourner l un sur Dash Snow mais sa dispa rition est encore trop fra che trop cruelle pour son entourage un autre sur Ivo Pitanguy pape de la chirurgie esth tique moderne qui estime que la beaut ne peut tre parfaite et puis par dessus tout un portrait d Heidi Slimane Mais peut tre trouverais je le moyen d y parvenir Propos recueillis par Malika Maclouf avril 2012 cnc fr ide Paul Morrissey Autumn in Montauk d Eric Dahan 2002 50 et Images de la culture No 17 p 46 Larry Clark Great American Rebel d Eric Dahan 2003 56 et Images de la culture No 23 p 88 John Waters Family d Eric Dahan 2004 52 Jonathan Caouette as a Film Maker de Pierre Paul Puljiz et Jonathan Caouette 2006 62 Le film Jonas Mekas lm not a Film Maker de J r me Sans et Pierre Paul Puljiz 2012 52 sera pr sent dans le prochain num ro d Images de la culture New York Conversations 2010 75 couleur documentaire r alisation Pierre Paul Puljiz production Morgane Groupe Polyester participation CNC Cin Cin ma Tourn en Super 8 couleur et noir et blanc rythm par une musique rock et une cam ra tr s mobile New York Conversations donne voir quinze rencontres prises sur le vif morceaux de conversations entre des artistes cin astes acteurs plasticiens musiciens de la s
168. e d cisive de cet apport radical qui va r volutionner la sc ne artistique am ricaine Les liens perdurent par ailleurs au fil des g n rations et Chodorov s attache retracer le d veloppement d une multiplicit de pratiques exp rimentales qui entre le vieux continent et les Etats Unis se r pondent et se croisent La seconde partie new yorkaise s appuie notamment sur de magnifiques extraits de films tourn s par Ken Jacobs avec sa Bell and Howell dans les rues de l East Side notam ment Orchard Street 1955 et du journal film de Mekas C est autour de la figure f d ratrice de ce dernier dont la rubrique dans le journal The Village Voice fut un premier outil d analyse et de diffusion de la cr ation exp rimentale que le mouvement va peu peu se cristalliser r diger son manifesto et cr er en 1961 la Film Makers Coop Quelque dix ans plus tard un groupe d artistes de cette coop rative Jerome Hill P Adams Sitney Peter Kubelka Stan Bra khage et Jonas Mekas fonde l Anthology Film Archives qui s installera en 1979 dans un ancien palais de justice new yorkais qu elle occupe toujours Tandis que la Film Makers Coop avait pour objectif de cr er un fonds de cr ation et un r seau de distribution permettant aux films exp rimentaux d tre accessibles un large public Anthology Film Archives la fois mus e et cin math que permettra de conserver et de continuer diffuser ces films De lani
169. e d fense la pr sence m me des Palestiniens Il montre comment cette id ologie se transmet aux jeunes g n rations coliers jeunes soldats par la visite sur le site arch ologique de Massada Les anciens combattants sont l pour leur inculquer l id e du sacrifice pour la patrie l id e qu il faut tre pr t donner sa vie tre presque un kamikaze Mograbi r ussit mon trer comment fonctionne cet endoctrinement sans nous ass ner qu ils sont des monstres des criminels Et dans le film suivant Z32 il montre comment s op re le passage l acte Sans ass ner de condamnations il vite pas toujours la col re Dans Ao t avant l explosion il y a une sc ne troublante o il se met en col re contre des soldats isra liens qui retiennent des enfants palestiniens derri re une barri re et les emp chent de rentrer chez eux apr s l cole Cette col re il s en est expliqu M me si elle est r elle ilne perd pas conscience qu il fait un film et quand il insulte les soldats il est conscient d tre un personnage de son film et de cr er une sc ne Ce qui est int ressant c est qu un des jeunes soldats sid r de voir un adulte isra lien en col re lui dit J esp re que tes enfants verront dans quel tat tu te mets Les deux fils d Avi bien entendu ont vu cette sc ne Et son dernier film Z32 justement met en sc ne la jeune g n ration Le film est parti de la parti cipation de Mogra
170. e d prendre l image des grilles langagi res qui conditionnent son appr hension dans la mesure o le lan gage lui m me dans sa dimension normative n est pas sans rapport avec la diss mination du pouvoir par tout le paysage image paysage langage Question d quation une fois encore Image Langage telle est celle que pose Masao Mat suda th oricien sc nariste d AKA Serial Killer lire Image Langage o encore Image Paysage Langage o le signe commande rait donc la r duction dans le paysage de l cart entre image et langage parent en quelque mani re de l cart entre signifiant et signifi entre le signe et son r f rent 3 Parve nir ainsi une image intransitive ne renvoyant rien d autre qu elle m me une image pay sage langage effondr e sur elle m me toute d nergie contenue Le film de Baudelaire ne cesse au contraire de produire des carts entre May et Adachi entre leurs r cits le temps de chaque plan la nature des images archives personnelles ou t l vi suelles etc Une dynamique prolif rante aux antipodes de la volont entropique de r duc tion l uvre dans la pens e du paysage Eric Baudelaire sans doute a raison de d multi plier les images pour dresser le portrait de qui 19 justement en fut priv 27 ann es durant l absence de son visage restitue cette b ance qui est justement celle d une vie de cin aste men e au r
171. e des lutteurs de sumo Il s broue reprend sa place au sein du cercle de paille Et se laisse d s quilibrer Jeter dehors Catapulter contre le mur D concert s par l impuissance du jeune homme les autres l ves baissent pudiquement les yeux Le coach Oshima quant lui sirote son th sans piper mot en obser vant les combats depuis son estrade parquet e Dans quelques instants la hargne de Takuya laissera place aux larmes Des sanglots muets redoubl s par le d sarroi que retient le jeune sumotori depuis qu il a rejoint Tokyo huit mois plus t t cette prestigieuse curie si loign e de sa ville natale d Asahikawa On voudrait le consoler mieux que ne le peuvent ces grands gaillards d v tus g n s par l motion de ce compagnon d ordinaire si taciturne C est que l on sait pour avoir entendu Takuya psalmodier son h sitation que l univers qui les comble reste pour lui imp n trable Fuis Takuya Ose enfin couter l intuition qui te taraude Mais le jeune homme est pris dans la nasse Son p re lui a ass n juste avant le d part Tu sais qu i n y aura plus de place pour toi si tu reviens Que s est il pass entre le p re et le fils si emprunt s l un envers l autre Takuya avait pr venu Depuis que ma m re est morte d un cancer il y a trois ans nous avons du ma nous parler lui et moi Le choix qu il se convainc d avoir pris librement appara t s rieusement contraint Quelques
172. e du cin ma exp rimental de Pip Chodorov 8 Alchimies sonores par Ana s Prosa c Charlemagne Palestine The Golden Sound d Anne Maregiano et Tony Conrad DreaMinimalist de Marie Losier 11 Bleu ciel bruits blancs entretien avec Jean Jacques Palix et Eve Couturier par Sylvain Maestraggi Conf rence sur rien 14 Conversation parisienne entretien avec Pierre Paul Puljiz par Malika Maclouf New York Conversations histoires de cin ma 16 Adachi Image s par Mathieu Capel L Anabase de May et Fusako Shigenobu Masao Adachi et 27 ann es sans images d Eric Baudelaire Il se peut que la beaut ait renforc notre r solution Masao Adachi de Philippe Grandrieux 21 R manence d une star gyptienne par Michel Amarger Les Trois Disparitions de Soad Hosni de Rania Stephan 24 D entre les morts par Martin Drouot Daniel Schmid le chat qui pense de Pascal Hofmann et Benny Jaberg 26 Milo Forman des Soviets aux hippies par Pierre Eug ne Milos Forman ann es 60 de Luc Lagier et Il tait une fois Vol au dessus d un nid de coucou d Antoine de Gaudemar 28 Rouleaux peints par Martin Drouot La Chine et Le R el d Alain Mazars et King Hu d Hubert Niogret 31 Arr t sur image Musique de film conte cruel sur la jeunesse par Ana s Prosa c Kami Hito E On the Edge de Basile Doganis 32 Avi Mograbi la crise des apparences entretien avec Jacques Deschamps par Eva Segal Mograbi Cin ma 35 Une cole de cin ma entre alternati
173. e et commercialisable Les difficult s engendr es par ce statut incertain sont parfois v cues comme des entraves insurmontables en t moigne le cas du g nial Len Lye qui malgr sa renomm e s est finalement tourn vers la sculpture une activit reconnue par le monde de l art et qui lui permet de vivre Pour d autres ces obstacles font partie de la pratique m me du cin ma Doit yourselfest le credo du cin aste ind pendant nous rappelle Chodorov Ainsi les id es naissent aussi des outils des mat riaux de leur potentiel et de leur limitation du processus de fabrication du film se des sine alors en filigrane une d fense implicite du film pellicule menac par l outil num rique Les id es naissent aussi des circonstances mat rielles de la cr ation de chaque film comme ce fut le cas pour Adebar 1957 chef d uvre de montage m trique de Peter Kubelka l absence de sources de lumi re suf fisantes l a pouss explorer les effets de silhouette Ici encore les circonstances mat rielles et la forme du film en ont d termin la mutation d uvre cin matographique et musicale initialement destin e la projection elle est d sormais expos e sous une forme sculpturale A l vidence si l instabilit cono mique est un obstacle majeur l ind pendance vis vis des imp ratifs commerciaux permet n anmoins au cin aste exp rimental d laborer une vision personnelle et critique Comme le r s
174. e fois D s le lende main cela lui a inspir une forme de tristesse de d ception Quand ils ont fait l amour c tait d j la fin de leur histoire C est ce moment l qu elle lui crit la lettre qu elle lit dans le film Ils se sont quitt s tout de suite apr s Cette nostalgie qui accompagne toujours les moments de gr ce comme s ils ne pouvaient aller sans la conscience aig e de leur perte c est la question de l adolescence autant que la question de l t C est peut tre pour a que les grands r cits d adolescence se passent souvent l t Et qu on a pu voquer Rohmer au sujet de L Et de Giacomo Oui c est exactement a on n arrive jamais en profiter sans avoir le sentiment m lanco lique que c est sur le point de finir L t est par excellence la saison de la jeunesse la fois parce que c est une saison tr s sensuelle tr s physique et parce que c est en quelque sorte l expression m me de l ph m re Propos recueillis par J r me Momcilovic octobre 2012 autour du monde humble combattante de la libert L Ile de Chelo d Odette Martinez Maler apporte un t moignage pr cieux sur la gu rilla antifranquiste qui d buta en Espagne d s 1936 A travers l histoire de Chelo la r alisatrice elle m me fille de combattants de la gu rilla de Le n Galice rend hommage aux vies minuscules et invisibles de ces R sistantes aux mains nues Pour clairer le contexte
175. e monde tait fatigu et j ai fini par chercher le chemin du fleuve tout seul Nous avons repris le lendemain en recom men ant l o nous nous tions arr t s images de la culture arr t sur image le bruit du vent dans l eau Po me d Oscarine Bosquet d apr s un photogramme du film L Et de Giacomo d Alessandro Comodin Un t est pass Giacomo ne piaille plus dans les aigus sa voix s est pos e sur les choses et le corps de la jeune fille ce n est pas la m me que le plan ou l t d avant quand il r apprivoisait les sons Hors champ Giacomo module ses sensations amoureuses le plan est serr sur le visage de Barbara la main de Giacomo traverse l cran choisit dans les cheveux qui bougent au vent une m che pour recouvrir le sonotone Barbara sourit silencieuse dans l air il vibre Le plan est sur le vent qui balaie le visage de Barbara ils sont au bord du fleuve on entend le fleuve le vent et les oiseaux Giacomo entend le vent et le bruit de l eau il ne les distingue pas je ne le reconnais pas encore ce bruit C est Le vent ou c est l eau Maintenant c est le vent Ou l eau peut tre Le vent fait le bruit de l eau qui fait Le bruit du vent Je ne distingue pas les chants des oiseaux tout le long du film ils chantent seulement le vent sur le visage de Barbara qui regarde Giacomo couter ce qu elle n entend pas autour du monde l amp s souvenirs de ses baisers de ses caresses
176. e plant sur une pelouse assise sur un banc Natalya N Rouv joue une m lodie de sa composition l accord on et malgr la pluie battante les trois rappeurs de Conscience Eb ne rassemblent un public nombreux sur les gradins de l auditorium mesures du temps qui passe Parmi tous ces gens certains ne font que passer devant la cam ra de Fr d rique Pressmann ou c est elle qui les capte et les suit longuement parfois D autres s arr tent et conversent avec elle le jardinier sourd qui adore son m tier il est tomb dedans quand il tait petit et regrette simplement de n avoir jamais pu entendre le bruit de la mer la femme africaine qui vit en France depuis six ans qui y vit malet aimerait tant s int grer le jeune Chinois qui son arriv e n aimait pas Belleville en redoutait la violence puis a fini par appr cier le m lange les rencontres entre personnes et cultures diff rentes la veuve au manteau rouge qui voudrait changer d appartement le rappeur Noledge qui rappelle que ce quartier est his toriquement un lieu de r volte et pense que faire danser les gens c est bien les faire r fl chir c est mieux l Espagnol nostalgique qui de retour pour la premi re fois depuis quarante ans ne retrouve rien de la cit des Envierges o il a v cu autrefois et puis G rard le jardinier philosophe qui essaie d entrer en communica tion avec le bois de la vigne qui se sent respon
177. e qui habitait les films soutenus par la r daction et e d sir de mettre en pratique cette libert dans sa propre vie Elle insiste n anmoins sur es limites du regard politique port par la cri tique de cin ma qui pouvait aboutir selon elle des trucs un peu couillons Jacques Aumont paraphrasant Sartre et Beauvoir tem p re l engagement des Cahiers du cin ma en le qualifiant de tr s politis et parfaitement d sengag Dans la fin de cette p riode 1963 1973 l id e de groupe d rive selon les t moi gnages au groupuscule o r gne la terreur o le mot juste devient mot d ordre o le groupe signifie parler d une seule voix au point que pour Sylvie Pierre les Cahiers perdaient leur sentiment du monde Cependant chez tous les r dacteurs des Cahiers pr sents dans le film de Narboni Comolli Lavigne on sent le d sir de ne pas en rester a critique D une g n ration l autre se per p tue l id e vivace que l existence du film n est totale que face ses spectateurs Pour Yannick Haenel ou Cyril Neyrat le film de Godard trouve son ach vement dans la perception linter pr tation l motion de celui qui le regarde En terminant son film par une adresse directe des deux critiques Jean Luc Godard Labarthe finit de boucler son dispositif de dialogue avec e film Pour Yannick Haenel Ce qu on fait participe du film n est pas l ext rieur du film Pour moi la critique e
178. e sa pr sence l image qui le re pr sente Mais de fait Adachi n a t il pas de lui m me investi depuis longtemps cette place l o le r el et ses images ne sauraient justifier de leur co pr sence sans lever des probl mes fondamentaux quations Apr s avoir d ploy leur formation pour atta quer mitraillant au hasard la Kalachnikov et jetant des grenades mes compagnons se remirent ramper Ils encercl rent un point arbor et sur un ton calme et solennel le capitaine adressa un discours en direction de ces fourr s De nouveau des tirs tous azimuts la Kalachnikov Les six gu rilleros s lanc rent Ils captur rent les camarades d guis s en soldats isra liens bless s et commenc rent les d sarmer Je serrai ma cam ra un peu stup fait Tu vois a c est une belle op ration me dirent ils fi rement commencer par le capitaine Nous les soldats du Front Populaire de Lib ration de la Palestine nous exposons nos th ories l ennemi quel qu il soit pour tenter de le convaincre Si malgr tout il sou haite combattre nous le capturons ou le tuons Ils m expliqu rent ainsi comment cette simu lation de combat s tait d roul e avec pr cision dans les r gles de lart Je savais tr s bien qu il images de la culture L Anabase de May et Fusako Shigenobu Masao Adachi et 27 ann es sans images NA LCA ne CONDE histoires de cin ma 17 Il se peut que la beaut ait r
179. e son exp rience d actrice et Mary Barnes raconte des pisodes de sa vie Des photos du tournage d Alo se et des pein tures d Aloise Corbaz d filent Delphine Seyrig voque en voix off le parcours de Mary Barnes Kingsley Hall On d couvre plusieurs de ses peintures l cran Elle r v le son attirance pour le monde int rieur tout en s enthousias mant pour les premiers pas de l homme sur la lune et l exploration spatiale l change entre les deux femmes se poursuit autour du rapport entre cr ation et folie Mary Barnes souligne le fait qu Alo se a trouv une voie d expression dans la peinture et les couleurs dont elle revendique elle m me l im portance Le rouge c est beau vous savez pour les schizophr nes Delphine Seyrig a fait le choix de ne pas jouer la folie elle revendique la recherche en soi dans son enfance et insiste sur l importance d vacuer l expression pas normal Mary Barnes voit en Alo se psychotique une femme qui craque comme elle m me C est sorti de moi comme un volcan Puis accroupie au sol elle prend les tubes de peinture les presse en fait sortir des couleurs vives travaille directement avec ses mains ses doigts sur une toile La cam ra accompagne ses gestes On per oit l amour pour la mati re et le contact avec la consistance de la peinture Delphine Seyrig regarde contemple cette fr n sie cr ative et avoue son trouble devant la vraie Mary Barnes
180. ean Epstein rompt avec l industrie du cin ma parisienne et choisit de filmer en Bretagne Avec une libert esth tique qui nous meut encore aujourd hui ily r alise certains de ses films les plus intenses tourn s vers la beaut des l ments oc aniques et la force l intensit des hommes qui travaillent avec la mer James Schneider est musicien et cin aste am ricain Install en France depuis 1998 il a poursuivi des tudes de philosophie sous la direction de Jacques Ranci re et Ren Sch rer il n est pas tonnant qu il se soit int ress l uvre d un cin aste aussi novateur qu Epstein dans le documentaire qu il lui consacre Young Oceans of Cinema Par Carole Desbarats Jean Epstein est un cin aste trop peu ou mal connu Quand on appr cie ses longs m trages de fiction C ur fid le 1923 celui de ses films qu il disait pr f rer La Chute de la maison Usher 1928 adapt d Edgar Poe entre autres on ignore souvent sa p riode bretonne ou ses importants textes th oriques par exemple celui qu il a consacr au cin ma L intelligence d une machine et qui date de 1946 Pourtant l uvre de ce fran ais n en Pologne en 1897 et mort Paris en 1953 a de quoi mar quer Tout d abord parce qu Epstein adopte la d marche d un pr curseur comme le feront des dizaines d ann es plus tard les jeunes Turcs de la Nouvelle Vague dans un premier temps il pratique la cin philie et l criture th orique
181. econna tre dans cette me collective La grande fiction pour Le meilleur ou pour le pire est toujours int gratrice Mickey nous tend les bras l entr e de Disneyland et sur d immenses pelouses des maisons uniformes s appr tent accueillir l Am ricain moyen Chez des Palli res au contraire singularit intimit solitude de la lecture renvoient la solitude des personnages solitude de Diane Wellington r v l e par le r cit solitude du narrateur qui coute l histoire qui lui est rap port e par sa m re Au discours cathartique de la fiction la promesse de r demption col lective le cin aste oppose une multitude de micro r cits discordants de contes cruels nigmatiques irr solus Si Walter Benjamin cit dans Drancy Avenir film r alis par Arnaud des Palli res en 1997 invitait l historien se d gager de la vision des vainqueurs pour prendre l histoire rebrousse poil le cin aste lui par ces op rations et ces choix narratifs applique ce pr cepte la fiction Histoire et fiction d ailleurs c est tout un si la distance entre les deux n est pas maintenue par les grains de poussi re d existences insolites qui font grincer la grande machine du r cit S M 60 ceux qui vont l abattoir En Normandie et en Bretagne des usines g antes transforment 24 heures sur 24 les b tes vivantes vaches porcs ou poulets en barquettes de viande sous film plastique destin es a
182. elle qui fut la fausse Alo se Couleurs Folie faisait partie de la programma tion des rencontres Films et Folies cr es en 1986 par Delphine Seyrig et Abraham S gal le collectif Traverse et le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir Riche programmation de 65 films d bats et tables rondes dans plus de dix huit villes en Ile de France et une vingtaine en r gion Les ann es 1970 80 sont une p riode d effervescence autour des questions de la psychiatrie asilaire des exp riences italiennes de Franco Basaglia anglaises de David Cooper Ronald Laing et Joseph Berke et des crits de F lix Guattari A l origine du projet des rencontres Films et Folies se trouvent deux associations le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir o des femmes A voir centre simone de beauvoir com cnc fr idc Delphine Seyrig portrait d une com te de Jacqueline Veuve 2000 52 Sois belle et tais toi de Delphine Seyrig 17 6 E D Abraham S gal Van Gogh la revanche ambigu 1989 57 Toutes les couleurs G rard Fromanger 1990153 Enqu te sur Abraham 1996 102 Enqu te sur Paul de Tarse 1999 2 x 52 87 Couleurs Folie archivent produisent et diffusent de la vid o lieu de r flexion et d changes sur les rapports sociaux l action des femmes la cr ativit et l exclusion et le Collectif Traverse form par des patients des psychanalystes et autres psy et aussi des gens venus du th tre
183. emier abord on s aper oit vite qu ils ont en commun cette mani re particuli re de provoquer trouble et interrogations chez leurs spectateurs A un moment je disais que le cin ma c tait de mat rialiser les interdits et laisser les gens interdits dit elle De fait ce que pourraient partager les deux cin astes est une certaine dimension anarchiste un refus des conventions aussi bien stylistiques que morales ou narra tives Breillat s attacherait ext rioriser l intime jusqu l obsc ne et au malaise tandis que Moullet jouerait plus gr ce l humour et l ab surde sur les limites de nos perceptions Breillat Moullet et Courant sont donc logiquement en guerre contre le naturalisme et sa vraisem blance qui n est en r alit qu une sorte de bien s ance Ils restent cin astes de l exp rience composant avec toutes les parts de notre r alit qui chappent habituellement la repr sen tation En lisant des sujets et des objets bas sexualit pour Breillat absurde ou b tise chez Moullet habituellement vit s ou m pris s par le cin ma dominant ils construisent une nouvelle politique des hauteurs modifiant radi calement la perception de notre espace r el PE A voir gerardcourant com cnc fr idc Luc Moullet la ru e vers l art d Annie Vacelet 2005 54 et Images de la culture No 22 p 13 la collection Cin ma de notre temps 43 epstein sampl Au sommet de sa carri re J
184. emy dans Jacquot de Nantes 1990 Ici nulle s paration entre la vie et l art les deux ne font qu un sou venirs et r veries se m lent les films sont une m moire qui a trait l enfance Une fois le lieu secret de son imaginaire d sign Schmid a fait de cet h tel de montagne suisse o il a grandi dans le carcan matriarcal le sujet de Hors saison 1992 Hofmann et Jabert ne cessent d y revenir comme la recherche d une apparition Il y a quelque chose de musical dans cette id e la scansion d un leitmotiv qui n est pas que le lieu de la m moire c est aussi le lieu de la repr sentation hypnose Son premier film pour le cin ma Cette nuit ou jamais 1972 est l histoire d une double repr sentation Tourn dans l h tel familial il voque une tradition en Boh me o une fois l an ma tres et serviteurs inversent les r les Une troupe d acteurs vient jouer des sayn tes aux serviteurs devenus ma tres Ce qui frappe dans ce spectacle en miroir c est la transfor mation du spectacle en hypnose Le premier plan du film est un cadre fixe o entrent un un des serviteurs la d marche fantomatique d acteurs du cin ma expressionniste Cet effet de ralentissement se poursuit dans une sc ne clef les serviteurs viennent s asseoir face cam ra guid s par la ma tresse des lieux qui tend les mains telle une pr tresse Ils restent ainsi align s comme des fantoches qui atten draient que la vie se pose sur
185. ence d agitation propre New York propre aussi la situation dans laquelle nous tions pour ce tournage quipe temps et moyens r duits Vous venez de produire Walk away Ren e de Jonathan Caouette et en 2006 vous aviez produit et r alis un documentaire sur Caouette lui m me Jonathan Caouette as a Film Maker Pourquoi cet engouement pour lui Ah oui il faut que je vous explique comment on en est arriv s l c est assez comique En 2003 je travaillais avec Paul Morrissey etJohn Waters Tous deux me conseill rent de rencontrer Caouette qui venait de sortir Tarnation Je savais peine de qui il s agissait et je navais pas retenu son nom Au festival de Cannes en 2004 je le rencontre in extremis le dernier jour On s entend bien on poursuit les changes dis tance puis Caouette dispara t de la circulation englouti par ses probl mes familiaux J avais convaincu Cin Cin ma de me confier la r ali sation d un projet sur lui et j ai retrouv sa race Il tait d accord on a lanc l affaire en moins d une semaine pour partir tourner deux jours New York Avec une quipe si r duite qu on avait oubli de chercher un r alisateur Alors j ai pris les commandes On arrive chez ui on sonne pas de r ponse Il avait totale ment oubli notre venue et il dormait On a finalement pass une semaine enti re avec lui images de la culture eton est revenu le mois suivant pour retourner
186. enforc notre r solution Masao Adachi se sont demand s reumenani L Anabase de May et Fusako Shigenobu Masao Adachi et 27 ann es sans images 2011 66 couleur documentaire r alisation et production Eric Baudelaire participation minist re de la Culture et de La Communication Cnap Synagogue de Delme Centre d art contemporain Villa Kujoyama En 1971 l Arm e rouge japonaise groupe arm d extr me gauche engag dans des actions terroristes s exile au Liban et s engage aux c t s du Front populaire de lib ration de la Palestine Sur des images Super 8 de Beyrouth et de Tokyo tourn es de nos jours par Eric Baudelaire le cin aste Masao Adachi membre du groupe et May Shigenobu fille de Fusako la dirigeante de ARJ t moignent de ces ann es de lutte et de vie clandestine Le film emprunte son titre L Anabase de X nophon qui raconte la retraite de l arm e des Dix Mille partie guerroyer en M sopotamie Retraite retour mais aussi remont e anabasis signifie mont e en grec remont e du souvenir la surface des images des signes la surface du visible En 1969 AKA Serial Killer documentaire de Masao Adachi retra ant le parcours d un tueur en s rie de sa naissance jusqu aux lieux des crimes suivait l hypoth se selon laquelle il est possible de lire dans le paysage urbain les signes du pouvoir et de l ali nation Cette th orie du paysage Eric Baudelaire la me
187. ent d un lieu parisien en l occurrence le parc de Belleville dans le 20 me arrondissement que s est livr e Fr d rique Pressmann Cependant la d marche de l crivain son approche en apparence factuelle quantitative exp rimen tale si l on veut fond e sur l accumulation d informations l effort de classement et la volont de tout recenser surtout le banal l ordi naire jusqu rendre indiscernable toute vision interstices de ville d ensemble n est pas celle qu a choisie la cin aste Ainsi place Saint Sulpice du 18 au 20 octobre 1974 et nouveau le 19 mai 1978 au carrefour Mabillon pour la description orale cette fois d un autre lieu parisien 2 Perec s tait limit une courte dur e quelques heures peine tandis que Fr d rique Pressmann en passant un an dans son jardin a privil gi le long cours A la froideur la pseudo objectivit des faits et des chiffres elle a pr f r la d li catesse des impressions la conjugaison de multiples points de vue subjectifs De plus m me s il mentionne parfois la fatigue et le froid faisant ainsi entrer dans le champ sa propre subjectivit Perec s est r solument plac l ext rieur de son objet d observation adoptant un ou une s rie de positions fixes les trois caf s de la place Saint Sulpice dans un cas le camion studio de France Culture dans l autre quand Fr d rique Pressmann s est immerg e dans le Parc s en est imp
188. ent tr s fort et pr cieux Voir l histoire tragique de cette actrice cette femme belle et talentueuse se d ployer devant les d tenus dans ce milieu clos contraint tait incroyable Ils taient tr s mus et sensibles son destin Ils ont pos des questions l infini sur sa vie son histoire sur l Egypte et le cin ma sur moi en tant que r alisatrice arabe sur le documentaire la fiction sur la beaut et la mort Je crois que la discussion a dur deux heures C tait passionnant Que vous a appris cette exp rience Elle m a appris qu mouvoir le spectateur d une mani re intelligente et non pas marchande tait difficile mais n cessaire pour faire passer des choses importantes dans un film J ai compris surtout que la beaut sauve l me images de la culture Le charisme de la star gyptienne et son destin tragique l ont interpel e En vacuant toute approche biographique la r alisatrice s est concentr e sur la figure de l actrice dans ses r les Les Trois Disparitions de Soad Hosni voque en effet la vie de la star uniquement travers des extraits de ses films charpent s comme une exploration de son v cu et de ses diff rentes images Par son premier long m trage Rania Stephan prolonge ainsi des voies famili res aux cin astes libanais sensibles la m moire tout en se d marquant des sujets impr gn s des traumatismes de la guerre Son approche transgresse les fronti res pour questio
189. entaines de guitares lectriques Si ses premi res uvres sont des composi tions pour carillon et drones lectroniques puis pour piano Palestine a jou et enregistr des pi ces pour orgue Schlingen Bl ngen gamelan clavecin harmonium Le film se heurte la difficult de mettre en image des musiques abstraites dont on ne d couvrira les titres qu au g n rique de fin Vocaliste dont les per formances sc niques d gagent une nergie ritualis e quasi chamanique Charlemagne Palestine est entr dans la l gende des grands excentriques avec son jeu de piano extr mement physique l instrument recouvert d animaux en peluche tandis que l artiste boit de nombreux verres de cognac tout en fumant la cha ne des cigarettes indon siennes parfum es au clou de girofle Dans les ann es 1980 le march de l art tue l improvisation sc nique spontan e ilseretire de la sc ne musicale et se consacre aux arts plastiques Il reprend le fil de sa carri re musi cale dans les ann es 1990 Devant un public qui ne cesse de s largir sa musique et ses installations sont pr sent es dans le monde entier Les meilleures ann es de sa vie dit il avec un rire canaille et des tirements de grand f lin matois c est maintenant Plus libre que jamais gr ce sa notori t il peut cultiver en toute qui tude l art sacr de l idiotie le rejet des responsabilit s de la bonne tenue du s rieux adulte Conseils de sp cialis
190. entaux La liste des intervenants est impressionnante les entretiens avec Robert Breer Ken Jacobs Peter Kubelka Maurice Lema tre Jonas Mekas et Michael Snow alternent avec des extraits de films d archive o figurent entre autres Stan Brakhage Len Lye Nam June Paik Hans Richter et Stan Vanderbeek La premi re partie du film revient sur les d buts du cin ma exp rimental d s la naissance du m dium de l image en mouvement en soulignant l importance des croisements avec l avant garde picturale des artistes tels que Hans Richter avec Rhythm 21 1921 Viking Eggeling avec Diagonal Symphony 1924 et plus tard Len Lye avec Free Radicals 1958 auquel le titre du film de Chodorov rend hommage se tournent vers le film parce que ce medium leur offre la dimension temporelle qui manque au support pictural statique La recherche d un nouveau langage artistique correspond aussi un rejet du rationalisme belliqueux qui a rendu possible une premi re guerre mondiale et quelques ann es plus tard la mont e de nazisme Les racines du mouvement under ground am ricain plongent au c ur de cette poque puisque ce sont dans une large mesure des immigrants europ ens fuyant Hitler qui en deviendront les figures majeures contri buant ainsi diffuser aux Etats Unis l esprit des avant gardes europ ennes Les films de Maya Deren et Alexander Hammid de Hans Richter et des fr res Mekas entre autres sou lignent l importanc
191. ents com college sapir ac il sapir dept cinema press sapir college sderot pdf images de la culture la maison cin ma et le monde No Comment Comment la pens e sur le cin ma est elle aussi une pens e sur le monde au point de devenir pour certains une forme d action Comment la critique se constitue t elle en groupe en famille en foyer de pens e Est ce que surtout une r versibilit est possible entre le film et son ex g se qui permettrait de produire une image de la critique de rendre visible le cheminement collectif ou individuel de la pens e de rendre tangible le rapport de la critique aux images et au monde Mettant en sc ne des critiques d hier ou d aujourd hui A voir absolument si possible Dix ann es aux Cahiers du cin ma 1963 1973 de Jean Louis Comolli Ginette Lavigne et Jean Narboni et No Comment d Andr S Labarthe s interrogent sur ce que cr e la critique Analyse de Rapha lle Pireyre Un travelling parcourt une salle de cin ma d voilant les membres de la r daction des Cahiers du cin ma des ann es 1960 A partir de cette image d archive qui est aussi image originelle il s agit pour Jean Louis Comolli et Jean Narboni deux des r alisateurs de A voir absolument si possible de recomposer la photo de famille dont ils ont fait partie Consti tu d interviews des anciens r dacteurs Sylvie Pierre Jacques Bontemps Jacques Aumont Pascal Bonitzer etc le film s appuie
192. epr sentation sp cifique ou incarn e du personnage Ce qui prime ce sont les surfaces comme autant de projections de la perception l uvre le mur la page du car net sur laquelle vient s inscrire une criture fine et r guli re le papier peint terni au motif papillon les anfractuosit s de la peau vue de pr s au moment o elle attend l intrusion d une aiguille salvatrice Autant de tr s gros plans qui traduisent une perception triqu e et myope du r el comme si le repli sur les d tails du monde pouvait constituer une atti tude protectrice face aux grands bouleverse ments et soubresauts qui l assaillent Nous avons tous prouv le moment o l obsession se fait rassurante la carte de g ographie une autre surface un autre temps l anonymat de Monsieur M permet chacun d entre nous de se retrouver en lui Nous vivons ous les grands v nements historiques de notre temps par le petit bout de la lorgnette me l heure de la m diatisation et de la cir culation vitesse grand v des informations nous n avons des v nements qu une vue partielle individuelle et particuli re ai 1968 ce sont les actualit s que Monsieur regarde la t l vision le soir images deve nues apr s coup images d archives Mai 1968 c est la crise de la v sicule qui se d clenche en ui Mai 1968 c est la gr ve de l IGN vot e jusqu au 5 juin L invasion de la Tch coslovaquie c est le jour o Monsieur M et m
193. er durablement sur la mani re m me dont nous percevons le r el apr s les avoir vus Tati de mani re similaire provoque ce type de perceptions saisissantes quand nous nous trouvons dans des lieux de foules a ro ports f tes grands magasins qui ressemblent s y m prendre aux d cors de ses ballets absurdes et maladroits Chez Luc Moullet ce sont plut t des petites choses carts ou bizarre ries des individus avec leurs d sirs leurs peurs et les lieux qu ils traversent avec une pr di lection particuli re pour les hauts sommets Mais Moullet est lui m me un dr le d oiseau l humour pince sans rire que nous ne sommes jamais s r de comprendre vraiment Se confron ter lui est un peu comme rencontrer un de ses doubles filmiques et il semble avoir en cela autant de pouvoir sur ceux qui le filment que sur ses propres spectateurs Les cin astes qui se risquent le filmer sont oblig s de composer avec cette personnalit insaisissable qui m le d calage et clart d clarations abruptes et comiques maladresse et pragmatisme idiotie en m me temps que savoir cin philique impres sionnant et intelligence d une rare finesse Ant rieur Luc Moullet la ru e vers l art d Annie Vacelet 2005 qui mettait d j le cin aste au sein d une mise en sc ne d r gl e clo tr e dans un petit espace clos L Homme des Roubines de G rard Courant voyage avec Moullet dans diff rents lieux montagneux des Alpes du
194. er l histoire de Diane Wellington des cartons aussi r guliers que concis Diane Wellington semble d abord user d une m thode d sormais convenue fond e sur un usage disjonctif du montage entre une narration crite cartons des images commeillustratives sans lien direct avec ce que le film para t vouloir nous raconter et les enjolivures d un piano La permanence de leur clatement ouvre entre eux une b ance o s inscrivent par imaginaire les personnages invisibles de cette histoire L habilet du film de des Palli res consiste n anmoins d multiplier cette b ance surmonter cette absence figurative d une absence seconde celle de Diane Wellington disparue un beau jour sans laisser d adresse Mieux d crire par le biais de ce redoublement la mutation qualitative de cette absence quand on apprend que cette d sertion cache une histoire sordide De l sans doute que les portraits d archives fassent place bient t des routes qui d filent sans fin comme si l indiff rence se changeait en l affirmation continu e effar e d une douleur M C 59 images documentaires renvoient quelque chose d invisible Parmi les visages souriants qui lui sont pr sent s elles laissent au spectateur le soin de deviner o sont les innocents et o sont les coupables Nous n avons plus affaire au corps glorieux de l acteur mais de fugaces fragments de vie dont la v rit reste secr
195. es enfants il y a une notion de p ch Des mariages entre cou sins en Europe ou des gens qui retournent se marier au village dans ma g n ration il y en a encore beaucoup Ily a une s quence o des fils demandent leur m re de vendre ses b tes D sirent ils que leur m re adopte un autre mode de vie plus proche du leur l tranger O S A l origine c est un peuple semi nomade Certaines familles passent l hiver au village mais retournent dans la montagne en t avec leurs b tes Ily a les quartiers d hiver et les quar tiers d t Mes parents ont connu a avant de s installer en Europe Ma grand m re a v cu comme a avec une yourte dans les p turages d t Ils restaient quatre ou cinq mois a finis sait par une grande f te puis ils redescendaient Mais ce monde l est en train de dispara tre Le village c est d j la fin du monde paysan qui commence en fait au dessus dans la montagne C est ce que disent les fils la m re maintenant c est fini tu dois te s dentariser d barrasse toi de ton troupeau nous sommes l pour subvenir tes besoins Mais elle a du mal l accepter La part la plus insolite du film concerne les rituels religieux ces rituels li s la terre l invocation des saints De quelle forme d islam s agit il O S En Turquie on appelle cela l al visme C est consid r comme une branche du chiisme donc de l islam avec une v n ration pour
196. es espaces intimes les travellings que l on souhaiterait encore plus lents r v lent des syst mes ing nieux les dispositifs mobiles qui proposent une r elle flexibilit des usages Les commentaires des occupants les corrobo rent et les sp cialistes apportent une dimension suppl mentaire l analyse savante de ces architectures d j centenaires pour certaines Un regret cependant les r alisateurs passent d un projet l autre en rebondissant sur les moignages et ils auraient pu donner voir de ensemble au d tail des cadrages plus serr s sur la mati re sur la lumi re sur les articulations spatiales et les subtils assemblages de struc ure et de parement de ce b tisseur puisque int rieur et ext rieur dialoguent sans rupture pour Perret Lequel disait Le d pouillement e refus du superflu la clart d expression sont les l ments essentiels de la grandeur Cette articulation entre int rieur et ext rieur c est le parti pris par le documentaire de Juliette Garcias sur Notre Dame de la R conciliation au Raincy La r alisatrice articule son propos visuel sur les composantes essentielles de l architec ture de Perret et s adresse aussi bien au n o phyte qu au sp cialiste gr ce la consultation des sp cialistes que sont Olivier Cinqualbre conservateur es Architecture au Centre Pom pidou et Joseph Abram coauteur de l Encyclo p die Perret une somme qui fait r f rence sur lhom
197. est alors que l utilisation des gros plans prend tout son sens comme si paradoxalement elle permet tait de trouver la bonne distance et le relativisme suffisant pour que le cin ma puisse ouvrir tout syst me clos de pens e d analyse politique ou de perception J A autour du monde une partie de campagne Premier long m trage d Alessandro Comodin L Et de Giacomo a t prim en 2011 au festival de Locarno L opard d Or dans la cat gorie Cin aste du Pr sent et au festival Entrevues de Belfort Grand Prix du Jury Entretien avec le cin aste trentenaire italien En r v lant d embl e l implant cochl aire qui ceint l oreille de Giacomo L Et de Giacomo fait une promesse que subtilement il ne tiendra pas Le film n est pas ou si peu le portrait d un adolescent sourd Ou plut t la surdit n est pas le sujet Plut t que cette voie l Alessandro Comodin choisit de suivre avec Giacomo un autre chemin chemin sensuel et pineux d une par tie de campagne sous le soleil ardent de l t Giacomo ne s y aventure pas seul une fille l accompagne puis une autre C est que le che min tortueux qu il entreprend n est pas seule ment celui d nique de cette campagne du Frioul o Comodin a choisi de filmer C est aussi celui de l adolescence de ses d sirs pressants et maladroits terrain sans cesse changeant comme se d place chaque t le lit du fleuve meraude qui au bout de leur trajet a
198. est aussi un peu tuer la contemplation n offre rien de moins qu un portrait du temps qui passe une forme de doux meurtre qui attend la r surrection par le souvenir ou par le spectacle enfin rejou L amoureux contemple la cr ature aim e le r alisateur l acteur le spectateur le film Hofmann et Jaberg r alisent le portrait de Schmid spectateur devenu r alisateur et en creux le leur spectateurs des films de Schmid devenus r alisateurs d un film bel et bien avec lui l acteur d un ultime film qui serait celui de sa m moire reconstitu e M D A voir daniel schmid com 25 milo forman des soviets aux hippies Milos Forman ann es 60 Focus sur Milo Forman travers deux films Milo Forman ann es 60 de Luc Lagier et Il tait une fois Vol au dessus d un nid de coucou d Antoine de Gaudemar D Est en Ouest l itin raire de vie et de cr ation peu commun du cin aste claire la singularit de ses films et leur dimension libertaire Par Pierre Eug ne Interrog dans sa maison du Connecticut par Luc Lagier Milo Forman se d fend de faire des films politiques qu il craint ennuyeux Le r ali sateur n a pourtant cess d assumer une pos ture subversive dans les sujets de ses films comme dans leur conception autant sous l re du communisme tch que qu aux Etats Unis C est cet itin raire loin des ruisseaux tran quilles qui bordent sa maison am ricaine que Luc Lagier entend restitue
199. estituant avec histoires de cin ma empathie dans un trajet humain le second appuie la construction et la subversion du film au sein d une histoire de l Am rique celle des seventies Film de l exil en m me temps que br lot contre toutes les soci t s disciplinaires Vol au dessus d un nid de coucou est l adaptation du livre succ s de Ken Kesey 1962 jeune hippie d non ant les m thodes psychiatriques base d lec trochocs et de lobotomies et privil giant la th se d une origine sociale des maladies mentales Dean Brooks directeur innovant accepte le tournage dans sa clinique psychia trique demandant en contrepartie que ses patients interviennent dans le film non comme figurants mais dans l quipe technique Forman entre donc dans un tournage la fois tr s pro fessionnel et tr s exp rimental galement au sens th rapeutique impliquant intern s et acteurs un mode peu conventionnel pour le syst me am ricain qui va forc ment provoquer complications et tensions Le film offre aussi Jack Nicholson jeune acteur en vue un autre registre de jeu sombre et effrayant que Kubrick utilisera par la suite dans Shining 1980 Le succ s inesp r du film grand gagnant des Oscars cinq prix lancera v ritablement la carri re de Milo Forman provoquant de grands remous dans le monde psychiatrique et influen ant durablement ses contemporains Au final l homme de l exil aura r ussi
200. etJaberg s attardent pourtant peu est le film qui rend sans doute le plus la dimension po tique de toute l uvre de Schmid Jouant sur la chan son populaire titre le r cit est tr s simple le Comte Isidor semble s ennuyer au spectacle jusqu ce qu apparaisse Viola Ingrid Caven dite la Paloma qu il va venir voir chanter tous les soirs Une fois de plus l action passe par le regard et l namoration se cr e entre salle et sc ne le Comte est un spectateur ravi au sens tymologique par le spectacle Viola parce qu elle est malade accepte de s enfermer sur une nouvelle sc ne celle du ch teau du Comte et de ses somptueux paysages Elle y rencontre le meilleur ami d Isidor Raoul lui m me acteur sa mani re puisqu il prend le masque de l amoureux fougueux mais l oublie aussit t Viola en meurt Suivant sa volont le Comte doit demander tous ceux r unis autour de la tombe de d couper sa d pouille contre de l argent Ils refusent et reculent un un le Comte seul en sc ne devient lui m me acteur du destin C est ce prix seulement qu il peut retourner dans la salle o tout avait commenc comme un retour dans le temps o un prestidigitateur psalmodie un souvenir souvenir qui laisse place toutes les interpr tations L image du chat qui pense choisie pour titre n est pas anodine le chat observe la sc ne avec un regard qui en dit long Mais si bien regarder est d j agir c
201. euillage enveloppant des ormes sont autant de solutions adopt es par cet homme de terrain qui a appris l art de la guerre au combat A S 94 VitraHaus 2011 26 couleur documentaire conception Richard Copans Stan Neumann r alisation Richard Copans production Les Films d lci Arte France Centre Pompidou participation CNC minist re de la Culture et de la Communication DGP Empilement pyramidal de douze maisons de longueurs diff rentes aux orientations vari es La VitraHaus showroom pour la soci t de mobilier design Vitra a t construite en 2010 par l agence Herzog amp de Meuron dans la banlieue de B le Vues surplombantes des cinq tages de maisons au toit pointu et maquettes anim es reconstituent ce projet in dit o le geste architectural d une grande simplicit contredit la complexit des solutions structurelles Sur le site de la firme VitraHaus dialogue distance avec des b timents d j ic niques d me g od sique de Fuller station service de Prouv mus e Guggenheim de Gehry mais elle les domine avec ses 21 m tres de haut Jacques Herzog compare ce geste banal d empilement comme un jeu de mikado la construction naturelle et innocente des enfants a para t al atoire mais en fait c est tr s calcul La construction en quilibre faussement instable est une combinaison originale de blocs monolithes en b ton anthracite toits compris
202. eurs En s appropriant ses sc nes jou es pour les revisiter les remodeler Rania Stephan con oit un montage signifiant qui fait corps avec son personnage pour esquisser des lignes de r cit Pourtant les mouvements d images sont moins mont s en fonction d une histoire lire que dans l optique de jeux for mels constructifs D ailleurs Rania Stephan cite volontiers Jean Luc Godard comme r f rence mais aussi des photographes des artistes attach s aux dispositifs Les Trois Disparitions de Soad Hosni s apparente ainsi un travail de r alisatrice plasticienne atta ch e creuser la persistance des images pour en fixer l coulement Elle termine son mon tage le 26 janvier 2011 le jour de l anniversaire de Soad Hosni mais aussi le deuxi me jour de la r volution gyptienne en marche Ce geste induit comme une incrustation suppl men taire de la star dans les mouvements actuels de son pays Une ultime impression de l me d une artiste au corps disparu mais encore visible M A 24 d entre les morts Quand Pascal Hofmann et Benny Jaberg d butent la r alisation de leur documentaire sur Daniel Schmid ils annoncent l intention de faire un film non pas sur lui mais avec lui Cette profession de foi est aussit t contredite par la mort du cin aste le 6 ao t 2006 De cette impossibilit les r alisateurs tirent une force et peut tre le sujet m me de leur film Car Daniel Schmid le chat qui pense est av
203. eux Les com diens jouent alors des sayn tes connues la mort de Mme Bovary et l un d entre eux finit par les pous ser la r volte leur expliquant que les classes sont une invention du syst me Seul un rire grotesque vient r pondre l appel Car les ser viteurs sont incapables d agir d imaginer m me donc de mettre en sc ne l acte de la r volte Mais ils semblent aussi incapables de regarder car contrairement aux ma tres ils restent de glace devant le spectacle Le montage multiplie les plans des regards obliques qui s appellent l un l autre un regard suit une direction qui m ne un autre personnage qui m ne lui m me un autre Les regards bien vivants des acteurs qui jouent s opposent aux regards mortif res des serviteurs exsangues Derri re l all gorie politique Schmid dit aussi que le cin ma est une forme d hypnose collective L hypnose est en effet moins un tat proche du sommeil qu une focalisation extr me de l atten tion La direction d acteurs de Schmid n est en images de la culture Daniel Schmid le chat qui pense 2010 83 couleur documentaire r alisation Pascal Hofmann Benny Jaberg production T amp C Film Z rich Z rcher Hochschule der Kunste Schweiger Fernsehen SF SRG SSR id e suisse Portrait sensible et po tique r alis apr s la mort de Daniel Schmid 1941 2006 Le chat qui pense retrace la vie du cin aste suisse gr ce aux t moignages de cinq proc
204. ffraie plus comme autrefois Mais ici le corps immense du c tac que l on d p ce sur un quai et qui sans laisser de reste sera chang en huile en poudre en engrais en nourriture en cosm tique a des allures de cochon de ferme Toute vie d pend de cette unique ressource Tout destin s accomplit autour de ce sacrifice La hardiesse et l ing niosit de l homme cet insecte f roce accroch au dos de la nature capable de toutes les conqu tes laissent songeur Quatorze ans plus tard en compagnie de Chris Marker Ruspoli r alisera Vive la baleine 1972 ode la b te l gendaire virulent pamphlet contre le massacre dont elle est victime S M Vive la baleine 1972 16 couleur documentaire r alisation Mario Ruspoli production Argos Films Quatorze ans apr s Les Hommes de la baleine remarquable documentaire sur la p che au cachalot aux A ores Mario Ruspoli r alise avec Chris Marker accr dit au g n rique la mention vivats Vive la baleine une ode l animal l gendaire C est ici la baleine qui raconte son histoire d non ant travers plusieurs si cles d illustrations l acharnement dont elle est victime condamnation sans appel de la cruaut de l homme Entre Les Hommes de la baleine et Vive la baleine Les mentalit s ont volu L cologie a fait son apparition l esprit de lutte de 1968 galement Nous passons ainsi du film ethnographique o l homme
205. fille prend sa guitare et chante revient comme un gimmick et intervient en voix off pour raconter le contexte historique La part importante de m thodes non conven 26 tionnelles de tournage qui suivra Forman tout au long de sa carri re associ e son ton irr v rencieux rend difficile ses rapports toute autorit y compris avec les productions L pi sode d Au feu les pompiers 1967 dernier film qu il r alisera en Tch coslovaquie est ce titre exemplaire Intrigu par le succ s des Amours d une blonde 1965 Carlo Ponti d cide de produire le prochain film de Forman Ce der nier saute alors sur l occasion pour r aliser le film qu il d sirait lequel pouvait outrepasser la censure puisqu il serait distribu l tranger De fait cette com die burlesque et satirique sur une f te de village tournant au d sastre et m taphore transparente du r gime eut l heur de ne pas simplement d plaire aux censeurs qui l interdirent pour toujours mais gale ment Carlo Ponti lui m me maugr ant apr s la projection ce film est contre les petites gens et les petites gens ne paieront pas pour aller voir ce film et exigeant remboursement Heu reusement Fran ois Truffaut et Claude Berri rach teront le film Ponti et Le distribueront avec succ s dans le monde entier sauf l Est des errances l exil le libertaire contrari L ouverture vers l Ouest est entam e mais les pro
206. gale ment sur des photos et films de l poque pour retracer ce qui fut l esprit de la revue entre 1963 et 1973 et donne une large place des extraits d articles Durant cette p riode char ni re la r daction en chef est confi e Jacques Rivette et conna t des bouleversements struc turels comme son rachat par l homme de presse Filipacchi ou son rapprochement du groupe Cin thique Ce n est ni le pass ni l crit qui int resse Andr s S Labarthe dans son projet de filmer la critique mais au contraire le pr sent de la pens e Construit comme un work in progress No Comment se propose de faire la critique collective et en mouvement de Film Socialisme de Godard Mais comment montrer le chemi nement de la pens e Comment cr er une image partir de mots Le dispositif choisi alterne les interviews de critiques la table Marc O Jean Douchet Cyril Neyrat Yannick Haenel entre autres commentant le film sous un axe qu ils ont choisi Le processus est le m me pour tous les cri tiques convoqu s la pens e se manifeste d abord et immanquablement apr s un exa men attentif des images Le nez coll l cran d ordinateur ou confortablement assis face un cran de t l vision Labarthe filme comme histoires de cin ma un rituel l attitude de chacun face au film La r p tition de ce moment de solitude en compa gnie des images en fait la matrice essentielle tout d marrage de la pens e
207. gens fou La gr ve devait alerter l opinion publique L arm e est intervenue et attir sur les prisonniers les a br l s vifs La t l vision turque a pr tendu que les militants s immolaient par le feu que leur parti les pous saient se suicider que l arm e tait interve nue pour les sauver J ai retir le commentaire de ces images et je n ai laiss que les cris des prisonniers qui insultent les militaires Le sens de la situation devient alors assez clair Quelle place tient la question politique dans votre travail C H Ce qui m int resse c est la probl matique du vivre ensemble Je ne suis pas une cin aste militante je filme des militants En Europe on parle de la fin des id ologies mais il y a dans le monde des gens qui continuent lutter et qui luttent avec leur corps dans Prisons ces deux femmes se sont d truites physiquement et mentalement par la gr ve de la faim Quand on se d place dans des pays o les gens sont dans des situations difficiles des pays en guerre le politique devient plus visible Qu avez vous film au Mexique C H Los Desnudos ce sont des paysans mexicains dont les terres ont t spoli es par l Etat et qui luttaient depuis vingt ans sans qu on les remarque Il est tr s courant que les Indiens soient expropri s et qu ils deviennent men diants ou vendeurs ambulants dans les grandes villes Eux ont voulu rester en communaut Ils images de la culture ont fa
208. gr s dans le cadre Labarthe et Fran ois Ede visibles dans la profondeur du champ permet de rendre sensible le temps de l laboration de la pens e en le renvoyant dos dos avec les coulisses du tournage Prendre conscience que le cin ma est quelque chose qui est fait comme le dit Sylvie Pierre dans A voir absolument si possible tait d j au c ur des pr occupations de la r dac tion des Cahiers dans les ann es 1960 et il n est pas tonnant que cette id e de construc tion soit d j tr s pr sente dans la s rie Cin astes de notre temps dont la gen se prend sa source dans la politique des auteurs et dans la tradition des longs entretiens au magn tophone de cin astes qu ont en com mun Labarthe et Bazin Dans la collection par exemple Rome is burning Portrait of Shirley Clarke de No l Burch et Andr S Labarthe 37 A voir absolument si possible A voir absolument si possible Dix ann es aux Cahiers du cin ma 1963 1973 2011 75 couleur documentaire r alisation Jean Louis Comolli Ginette Lavigne Jean Narboni production INA participation CNC Cin Afin de retracer une p riode mouvement e des Cahiers du cin ma 1963 1973 Jean Narboni et Jean Louis Comolli r dacteurs en chef entre 1965 et 1973 interrogent anciens collaborateurs et amis Jacques Aumont Pascal Bonitzer Jacques Bontemps Bernard Eisenschitz Pascal Kan et Sylvie Pierre Aux t moignages s ajoute
209. gueur Autrefois c tait une grande chose que de chan ter ensemble Pas un banquet pas une r union publique pas un piquet de gr ve pas m me un cort ge fun bre sans quelque chanson anc e par les anciens et reprise par les jeunes pleins poumons Ainsi se transmettait la flamme de la m moire ainsi les r voltes du pass nourrissaient elles celles du moment O peut on entendre de nos jours ces chants r volutionnaires qui faisaient en un instant d une foule d sordonn e un peuple soud pr t en d coudre Au reste plus personne ne conna t les paroles de quoi que ce soit au del du refrain et du premier couplet Le karaok y suppl e Et beaucoup paralys s par un sentiment d in congruit se bornent remuer les l vres sans mettre aucun son May Picqueray elle chante d une voix forte et joyeuse comme une flamb e en hiver Son chant est nu sans fioriture et par contraste avec celui de sa fille Sonia Malkine assez pauvre musicalement Mais lorsque celle ci chanteuse folk professionnelle qui s accompagne la gui tare fait entendre toute la richesse de la m lodie sa m re fait entendre la profondeur du sens May Picqueray est une femme de paroles retour sur image Sonia confirme qu la maison sa m re chantait tout le temps Les premi res chansons je les ai apprises sous la table repasser Des chan sons d amour des chansons de marin des chan sons bretonnes mais surtout des cha
210. hes et collaborateurs Ingrid Caven Renato Berta Werner Schroeter Bulle Ogier et Shiguehiko Hasumi Voyage parmi les images le film entrem le extraits de films et de tournages photographies et entretiens plongeant dans les visions oniriques du cin aste De son enfance dans un h tel retir dans les Grisons jusqu Tokyo en passant par Paris Berlin et Munich la vie de Daniel Schmid aura t faite de constants allers retours Des premiers films d but des ann es 1970 au L opard d honneur qui lui fut attribu Locarno en 1999 Hofmann et Jaberg voquent la carri re d un cin aste qui n a jamais s par son travail de ses rencontres Celles avec R W Fassbinder avec qui il crira et cor alisera des films et Ingrid Caven sa muse seront d terminantes lui permettant de d passer les id ologies politiques pour trouver son langage propre Style unique onirique et baroque jusqu au kitsch inspir par le glamour d actrices comme Marl ne Dietrich par l op ra par Murnau Sternberg ou Sirk style camp selon Schroeter citant Susan Sontag Son chef op rateur Renato Berta t moigne de tournages conflictuels compens s par le grand talent de conteur du cin aste pour qui le visible chez les gens est plus myst rieux que l invisible P E histoires de cin ma ce sens pas tr s loign e de l id e de Werner Herzog de faire jouer ses acteurs sous hyp nose dans C ur de verre 1976
211. hique tout en insufflant des l ments de sa vie personnelle et en d montrant les changements qui se sont op r s dans le cin ma gyptien sur ces trente ans Le film est travaill par plusieurs niveaux de lecture Quel a t votre fil conducteur pour entreprendre le montage et construire le film en prologue actes et pilogue Le film s est construit comme une trag die en trois actes o une actrice morte essaye de se souvenir de sa vie et de sa carri re Sa m moire revient par fragments par soubresauts Le souvenir le r ve ou le cauchemar sont utilis s comme des ressorts narratifs avec leurs l ments constitutifs tels que les r p titions les r currences les condensations les omissions les h sitations des flashback et fastforward Le film parle de Soad Hosni l actrice de sa persona 22 comme on dit et non pas de la vraie personne que je nai pas connue Elle a eu une fin tragique il fallait th traliser son histoire pour mettre en vidence cette diff rence entre le personnage cin matographique et la vraie personne Quel sens pourrait avoir ce jeu insistant avec la texture des VHS En travaillant la mati re au montage le VHS est entr dans la narration m me du film La trame noire du VHS avec sa texture particuli re et sa neige gr sillante est devenue la trame m me de la m moire de l actrice qui essaye de se souvenir Dans les premi res images les souvenirs surgissent de ce noir sc
212. hotographie est de prime abord d ordre technique l image produite et propos e au regard porte l empreinte des sou venirs enfouis des visages familiers et des exp riences v cues qui reviennent la surface Elle est galement marqu e par la prise de conscience du temps qui passe La vision d un clich d clenche alors un processus de rem moration et d vocation des circonstances de la prise de vue L c tait l anniversaire de Victor dans la maison o je n habitais plus l c est une photo qui me fend le c ur encore aujourd hui l c est mon p re j aime bien cette photo J aime comme sur les photos les visages deviennent innocents souvent m me s il arrive que l on ait tout oubli du moment en question L je me demande quoi je pen sais La photographie permet de saisir les tres et les choses comme pour mieux les retenir elle est une fabrique de souvenirs et un antidote l rosion du temps L c est des bobines de film que j avais retrouv es dans la cave et que j avais laiss es pourrir des films que mon p re avait ramen s d Alg rie alors j ai fait une photo pour me souvenir qu ils avaient exist mais on ne pouvait plus rien voir sur la pellicule Regarder une photographie c est retrouver la trace d une exp rience pass e reconstituer mentalement les images qui lui sont associ es remettre en marche une histoire v cue Ce que j aime dans la phot
213. i Rauschenberg Robert Ryman les correspondances avec les peintres de l poque sont apparues apr s tournage Cer taines images comme celles des avions ont t tourn es bien avant le projet de film Si je me suis empress de filmer ces murs blancs c est qu ils avaient une granulation une mati re qui m int ressaient Le film a t projet dans des conditions tr s variables parfois m me sur des murs ce qui ajoute encore de la mati re Les plus belles projections ont toujours eu lieu dans des endroits qui n taient pas pr vus cet effet Sous une tente d un cirque par exemple l emplacement du jardin d Eole Paris 19 me arr sur une toile plus ou moins tendue On entendait tous les sons de la ville Les trains qui passaient juste c t La bande son s en trouvait enrichie comme il le fallait vis vis de Cage qui a pu d clarer qu il a plus de plaisir couter le bruit de la circulation en bas de son immeuble qu couter Mozart ou Beethoven C est l cole d o nous venons celle du sonore des sons concrets des sons de la ville Dans l interview dont vous parlez que l on trouve sur Youtube John Cage about silence Cage dit qu aujourd hui le silence c est le bruit de la circulation Cela renvoie l exp rience qu il a faite dans un caisson insonoris au d but des ann es 1950 Dans ce caisson Cage qui croyait trouver le silence pouvait encore entendre les battements de
214. i jai t boulevers e de les entendre raconter ce qu ils vivaient sur la cha ne je nimaginais pas que c tait aussi dur On pr tend qu il ny a plus d ouvriers en France En fait il y en a encore beaucoup mais pas forc ment l o l on pense ls sont concentr s dans les zones rurales ou a grande p riph rie des zones urbaines Les cadences n ont pas cess de s acc l rer et le ravail la cha ne en tout cas dans ce secteur est bien pire qu il na jamais t Une femme m a parl en pleurant d une calcification paule qui l emp chait de bouger A son aspect je La croyais pr s de la retraite elle n avait que 40 ans En agro alimentaire la France est le deuxi me exportateur de viande de l Union euro p enne le troisi me du monde La recherche de comp titivit sur le march international pousse en permanence l acc l ration des cadences jusqu l extr me limite D s les premiers entretiens avec les ouvriers j ai t touch e par la puissance de r sistance de leur parole Certes ils sont enferm s physiquement et socialement dans cette usine qu ils ne veulent pas quitter car ch mer serait pire que tout Mais ils ne sont pas dans une ali nation qui ferait d eux les complices de leurs bourreaux Ils sont tr s conscients de leur situation Aussi d truits qu ils soient Ils savent bien o ils en images de la culture sont et ils Le disent d une mani re tr s belle Mais pour moi il ta
215. i ont eu lieu en m me temps A ce sujet vous faites un choix assez audacieux au montage Vous inventez une fausse chronologie en donnant l impression que du temps a pass entre les deux relations celle avec lamie Stefania et celle avec la petite amie Barbara Comment avez vous fait ce choix En regardant les images avec mon monteur Jo o Nicolau nous avons tout de suite eu cette intuition Jo o a d abord eu une r action de rejet envers les images tourn es avec Barbara comme si elles trahissaient celles avec Stefa nia On a donc jou avec ce sentiment l et on a compris tr s vite que le petit bloc Barbara devait se trouver la fin C est une structure tr s d ceptive d autant plus que ce petit bloc intervient apr s une sorte de cl ture un moment o l on ne s attend plus du tout ce qu une autre histoire embraye Cet ultime segment donne l impression d une r capitulation des donn es du film brutalement intensifi es l rotisme d une part qui est ici finalement consomm et le sentiment de perte d autre part qui est l aussi rendu vident par la lettre que lit Barbara Ce sont des variations sur le m me th me uni versel qui est celui du d sir comment il na t comment il d bouche toujours sur une forme de m lancolie quand il finit par trouver s ex primer Giacomo tait plein de d sir quand il tait avec Stefania et avec Barbara il a fait l amour pour la premi r
216. ices de ville 72 sur les pav s au dessus des gravats et des ruines un monde un jardin Notes propos de Le Monde en un jardin de Fr d rique Pressmann avec un d tour par Georges Perec et la rue Vilin par Myriam Bl d Enclave de nature cultiv e dans un quartier populaire de Paris la population m tiss e et au b ti tr s dense le parc de Belleville forme une sorte de c ur qui s tend flanc de colline sur 45 hectares entre la rue Piat et la rue du Transvaal au nord est la rue des Couronnes au sud et la rue Julien Lacroix l ouest Rue Piat la terrasse qui longe le haut du jardin offre sur la ville un panorama magnifique ILy a beaucoup voir dans ce jardin par exem ple en aplomb la lune pleine et plut t froide Ou bien en cho formant une ligne sinueuse les globes lumineux d une s rie de lampa daires Les pentes certains parapets et des grilles les bordures d all es et les all es elles m mes dessinent d autres courbes d autres r seaux de lignes sinueuses que viennent interrompre les lignes droites et perpendicu laires d escaliers plus ou moins abrupts M me jeu de contrastes entre des courbes des verti cales et des horizontales pour la Maison de l air b tie en contrebas du belv d re Ily a aussi beaucoup de sons dans ce jardin on entend notamment le vent dans les arbres le ruissellement de l eau de la fontaine en cas cade le cr pitement de la pluie le crissement
217. ifs Phil Glass et Steve Reich a t reconnue par les milieux acad miques et adopt e par la culture dj dans les ann es 1990 une nouvelle source de lan gages musicaux pour une perception radica lement diff rente de l coulement du temps Aujourd hui toute une g n ration de composi teurs consid r s comme les classiques de l avant garde suscite l enthousiasme d un public qui a maintenant l ge de leurs petits enfants Phill Niblock Tony Conrad La Monte Young Julius Eastman Eliane Radigue Char lemagne Palestine images de la culture C est par le chant qu il a soign son b gaie ment dit Palestine au d but du film Apr s sa formation de chanteur de synagogue il a tu di New York University Columbia University annes College of Music et au California Ins titute of the Arts Dans les ann es 1960 il ren contre Tony Conrad et sa suite l underground multi azimut de l poque Valerie Solanas f ministe radicale auteur de SCUM Manifesto qui tenta d assassiner Andy Warhol en 1968 acteur Taylor Mead les compositeurs La onte Young Morton Subotnick Ingram Mar shall Philip Glass le chanteur indien Pandit Pran Nath la chor graphe Simone Forti ascotte de cette sc ne exp rimentale bouillonnante le jeune carillonneur cultive son aura de Quasimodo pour glise protestante Les peintres de l expressionnisme abstrait Barnett Newman Josef Albers Mark Rothko ou Clyford Still
218. il fallait trouver des solutions L usine tant une forteresse je voulais aller au pied de ses murs filmer l im possibilit d y entrer Comment mettre en sc ne Film retenu par la commission Images en biblioth ques Entr e du personnel montre des mains au travail des mains qui font inlassablement les gestes de d pecer de scier de d sosser Des gestes r p titifs qui doivent s encha ner au rythme toujours plus rapide exig par les contrema tres de ces grands abattoirs industriels Puis d cal intervient le passage la voix off Ces r cits qui disent la fatigue le d go t l usure et La souffrance au travail sont crits travaill s construits et dits par des com diens Aux images terribles du travail la cha ne se superposent donc les r cits distanci s et souvent cauchemardesques des ouvriers Cette distance permet la r alisatrice de renforcer son point de vue militant et donne au spectateur une place pour la r flexion Sylvie Astric BPI Paris cette id e un peu abstraite En discutant avec les syndicalistes l id e s est pr cis e de les photographier l ext rieur au plus pr s de la limite autoris e tels qu ils sont non dans l usine mais dans la vie Certains sont venus habill s en sportifs en syndicalistes mais a s est vite puis Et c est ce moment qu est venue l id e de leur faire faire le geste du travail vide Car le travail m me s il n occupe que 35 heure
219. il ne faut pas renoncer raconter les choses qu on ne peut pas capter en direct Qu il s agisse de la transmission de la f minit chez les femmes africaines ou du tribunal administratif l important ne se donne pas voir Propos recueillis par Eva S gal avril 2012 images de la culture arr t sur image gros plans Commentaire d un photogramme extrait du film Monsieur M 1968 d Isabelle Berteletti et Laurent Cibien par Judith Abensour murs Film e en gros plan la porte d un pavillon de banlieue en brique Num ro 31 La cam ra s attarde le long des murs un mur en brique un mur peint en bleu un mur ab m trou fis sur en pierre blanche un mur recouvert de mauvaises herbes Des surfaces des mati res des crevasses En tr s gros plan les rep res se perdent entre verticalit et horizontalit le mur est une surface sur laquelle viennent s inscrire les lignes qui pourraient cartographier es diff rents trajets effectu s par Monsieur M trajets scrupuleusement d crits jour apr s jour dans son agenda de la marque Consul En date du 4 janvier 1968 Vers14h30 m re et moi sortons malgr un temps gris et froid Romainville et Bagnolet pour voir les travaux de l autoroute A3 En passant la mairie de Bagnolet nous entrons au Prisunic Forza o m re ach te 2 paquets de galettes coco 1 franc 40 le paquet et un paquet de levure 1 franc Itin raire d taill A Montreuil rue Rochebru
220. ille ou aider tuer les poulets A l adoles cence ce go t m est pass compl tement Mais l occasion d un concours organis pour le centenaire du cin ma j ai pr sent un sc nario qui se passait dans cette ferme Ensuite l clipse de 1999 m a fourni un fil quasi fictionnel qui m a permis de concevoir Les Terriens Avez vous d embl e pens la coh rence de votre travail de cin aste autour du monde rural Non avec mon premier film sur les Terre Neuvas je suis all e vers la mer Mais la p che Terre Neuve tait aussi une sp cialit de F camp Dans ce petit coin r sonnent finalement les tumultes du monde Je pense souvent Fer nando Pessoa qui dit dans mon village il y a le monde entier C est d autant plus vident dans La Pluie et le beau temps Dans Les Terriens on saisissait le rapport entre la ville et la campagne entre les citadins qui viennent voir l clipse et Les ruraux chez qui ils font irruption A l poque la globalisation n tait pas aussi avanc e Aujourd hui la Chine se m le la vie du village Ce qui m a int res s e c est de voir comment les Chinois et les Normands travaillent ensemble Les coop ra tives de lin normandes vendent directement aux filatures chinoises sans interm diaire Comme le lin n est qu une petite niche qui ne repr sente que 1 du textile mondial les pro ducteurs et les filateurs sont oblig s de tra vailler ensemble J ai eu envie de faire
221. illeurs l aune de ces terres ointaines et des changements d chelle les parcours et trajets du quotidien voqu s dans e film sont per us diff remment Ils se mani festent selon un principe de d rive ludique et po tique d bouchant sur une nouvelle psy cho g ographie L exp rience de perception est certes affaire de temps et d espace mais elle est aussi indissociable des techniques d images et des machines de vision Les r alisateurs sur un mode qui peut faire penser au cin ma d Harun Farocki ont plaisir filmer les diff rents m canismes et les diff rents types d images La fin du film fait voluer le propos des trajets virtuels sont repr sent s selon une esth ique in dite inspir e des nouvelles images et de Google Earth Des techniques des images a technique en g n ral le film revient sur lopti A voir lardux com Sur Isabelle Berteletti lequanninh net helios Sous la direction de Judith Abensour R activations du geste coll Ecrits Le Gac Press 2011 images de la culture misme des Trente Glorieuses et son id ologie du progr s la passoire th M ditation po tique sur notre modernit le film est avant tout un exercice de montage con u comme une composition musicale Le texte des carnets v ritable ready made po tique a un rythme et une musicalit qui ser vent de mod les tant pour le montage que pour la bande son l alternance entre r p ti tion et inventi
222. iolence pour se r soudre quelques si cles plus tard dans le conformisme d bilitant de l American way of life id al vaniteux sous lequel se rassemblent le petit propri taire creu sant sa piscine et l astronaute qui s envole vers la lune Dans Diane Wellington il s agit d un fait divers dont l origine est chercher dans les m urs et la mentalit d une petite ville la mort d une jeune fille dans la solitude oubli e par ses camarades de classe qui ne voyaient en elle qu une repr sentante de la bourgeoisie et de leurs r ves d ascension sociale Mais ces crimes apr s tout qu ont ils d excep tionnel Qui y a t il l de proprement am ri cain Massacrer un peuple sacrifier une jeune fille Quelle soci t ne peut se reprocher de telles injustices La sp cificit de ces crimes c est qu ils ont le r ve pour complice qu ils sont le revers d un r ve ou d une fiction de la grande fiction am ricaine du grand r cit pique le r ve am ricain dont le cin ma lusine r ve s est fait le promoteur Certes travers lui l Am rique a toujours pris en charge sa propre critique mais pour renouveler chaque fois d un v u pieux le pacte avec sa conscience en rappelant les valeurs qui la fondent libert galit succ s bonheur Droits fondamentaux qui quand ils sont bafou s autorisent le h ros de cin ma se faire justice lui m me recourir la sauvagerie pour res taurer l ord
223. ire de la ville en quelque sorte des mor ceaux de brique et de ciment des d bris de vais images de la culture Je vous cris du Havre selle et de meubles le tout m l des osse ments humains 150 ha du c ur historique de la ville d vast s en quelques jours 5000 morts et 80 000 personnes sans abri Sous les pav s du Havre il n y a pas la plage mais une mati re m l e de tout ce qui fait une ville de tout ce qui fait des vies une mati re qui n a pas de nom Il faut se m fier de l apparence des choses gr ne la voix de Dominique Reymond Quelle surprise de voir soudain surgir entre deux cartes postales d poque et les travellings dans la ville le r alisateur finlandais Aki Kaurism ki venu tourner Le Havre Etait ce un hasard Ce n est que quelques semaines avant mon tournage que j ai appris qu il r aliserait son film en m me temps J ai demand pouvoir filmer un peu mais refus cat gorique Par chance on tait log s dans le m me h tel que Kati Outinen l actrice phare de Kaurism ki qui a fait tout ce qu elle pouvait pour le d cider mais sans plus de succ s Et puis un jour Kaurism ki a chang d avis On a eu droit deux heures il ne fallait surtout pas le d ranger IL a voulu voir les images m a autoris e en monter quelques unes Il a vu le film termin et quand je l ai revu dans un festival il m a dit qu il tait content que a lui plaisait beaucoup C
224. is Tr vise Le film Il se peut que la beaut ait renforc notre r solution de Philippe Grandrieux a aussi t s lectionn par la commission Images en biblioth ques Japon les ann es rouges 2001 53 couleur documentaire r alisation Micha l Prazan production Kuiv Productions Arte France participation CNC Procirep En 1968 le Japon conna t un mouvement tudiant de grande ampleur contre la guerre du Vietnam et pour des r formes de l universit Faute de d bouch s politiques une minorit r volutionnaire se radicalise dans la lutte arm e Alors que la branche int rieure de l Arm e rouge rong e par la violence sectaire sombre d s 1972 la branche internationale dirig e par Fusako Shigenobu pouse la cause palestinienne et poursuit des attentats jusqu en 1988 Tourn en 2001 au lendemain de l arrestation de Fusako Shigenobu la derni re dirigeante en cavale le film retrace la tragique d rive des tudiants r volutionnaires en s appuyant sur les t moignages d anciens militants La plupart portent un regard critique sur un mouvement qui parti d une base large et d mocratique s est fourvoy dans la violence minoritaire Le point de non retour fut atteint au Japon lorsque la police d couvrit en f vrier 1972 pr s du chalet d Asama o le dernier carr de l organisation s tait r fugi les corps de 14 militants tortur s et assassin s par leurs pairs A l tranger
225. isation de la femme par le pouvoir patriar cal Le film s int resse plut t aux rapports d emprise des individus les uns sur les autres au sein d une communaut comme ceux de la grand m re avec sa bru situation qui s est depuis invers e Ce sont des rapports de force qui existent dans toutes les familles Le sujet de Kurdish Lover c est la difficult sortir du milieu dont on est issu chapper aux contraintes que nous impose notre communaut Certains syst mes nous sont la fois n cessaires et nous enferment dans un cercle vicieux m me s ils nous mettent r guli rement en tat de crise nous restons dans le cercle parce qu ils nous constituent en tant qu individu Ce que je images de la culture Guest e i autour du monde Kurdish Lover 2010 98 couleur documentaire r alisation Clarisse Hahn production Les Films du Pr sent Avanton Productions 24 Images YLE participation CNC minist re de la Culture et de la Communication Cnap CR Ile de France CR Pays de la Loire Programme M dia Scam Clarisse Hahn visite sa belle famille cam ra au poing Famille kurde toutefois l occasion donc d explorer un territoire d autant moins connu qu il reste proprement sans lieu De l peut tre l pret de son film non pas le d pecage quotidien des animaux mais cette violence sourde loin d tre muette qui elle seule semble faire tenir ces vieilles femmes qui sont Le
226. isque des films et des images m me Je devais avoir peu pr s 200 heures de film nous dit Adachi Tout ce qui me restait je l ai perdu en 1982 alors que tout Beyrouth tait bombard Je regrette beaucoup d avoir perdu ces images Les gens de l Arm e Rouge Japonaise ont vu une partie de ce que j avais film et m ont dit que je ne filmais que des choses bizarres ils blaguaient et disaient j ai compris la fin tu dirais voil ce qu est le cin ma et tu termineras sur un gros plan d une plante de pied Je me souviens juste de cette blague et pour le reste je ne peux que penser que a n a pas exist L o Baudelaire semble trop loin pour filmer ceux qui parlent Grandrieux voudrait au contraire aller si pr s d Adachi qu il puisse l entendre penser comme le sugg re l ouver ture de son film son monologue chuchot et rhapsodique permet d entendre un Adachi inconnu loin du militant ou du th oricien que ses textes r v lent volontiers Resurgit le sur r aliste qu il a toujours voulu tre depuis sa d couverte d Andr Breton au tournant des ann es 1950 1960 Bien s r on retournera au Liban au moins en paroles mais la m thode de Grandrieux est tout autre que celle de Bau delaire En ce sens leurs films parfaitement ind pendants l un de l autre sont tout aussi parfaitement compl mentaires Ici encore l image fait probl me Ou plut t entend elle d passer son r gime commun d apparition pou
227. it Par exemple une joggeuse une jeune fille qui lit assise califourchon sur un banc un nourrisseur de chats et des dames qui donnent manger aux pigeons des prati quants de tai chi ou de gymnastique chinoise des danseurs de tango de tous ges des bas images de la culture Le Monde en un jardin 2011 91 couleur documentaire r alisation Fr d rique Pressmann production Entre2prises T lessonne T l Bocal Label Vid o participation CNC CR Ile de France Images de la diversit minist re de la Culture et de la Communication DGP Architecture Procirep Angoa Sur les hauteurs de Belleville au nord est de Paris il est un parc d o l on domine toute la ville A flanc de coteau les all es sillonnent entre les massifs fleuris les escaliers s engouffrent sous les arbres des rigoles s lancent pour finir en cascade Portrait d une oasis urbaine de son ma tre jardinier le sage G rard Joubert et de ses habitu s originaires des quatre coins du monde Il fut un temps o Jean Jacques Rousseau allait parmi les vignes non loin de Belleville Mais c est au XIXe si cle mesure que les campagnes autour de Paris se changent en faubourgs que les parcs entrent dans l am nagement urbain Les citadins d racin s de tous horizons peuvent alors venir s y ressourcer On vient y chercher l harmonie perdue celle qui vibre dans les paroles du jardinier philosophe G rard
228. it lin aire ce sont au contraire des fragments des strates de m moire de souvenirs qui remontent d sordonn s Et son travail formel s en impr gne Comme pour tout clandestin l apparence n est ici que pour mieux dissimuler Les sc nes les d cors sont souvent flous tremblotants s vanouissent l improviste comme une m moire d faillante incapable de se fixer ou de se situer on a parfois du mal diff rencier si ce sont des images de Tokyo ou de Beyrouth que l on parcourt sans boussole De temps en temps les extraits de films tourn s par Adachi ou des archives t l vis es nous rappellent brusquement que tout cela fut bien r el Derri re ce rideau d images se tiennent les deux personnages principaux de cette histoire leurs r cits sont parall les et semblent ne jamais se joindre et l on met du temps comprendre que Masao a fait office de p re pour May Comme si la r gle du silence avait t tellement int gr e que leurs ann es pass es ensemble s taient leur tour dissoutes Les images sur lesquelles se posent leurs voix sont comme le d cor de leur m moire d faillante et t moignent de la difficult de d nouer le pass a fortiori un pass clandestin Le cin aste nous convie de fort belle mani re cette qu te tragique de renouer avec une identit morcel e celle d une g n ration condamn e l isolement et la solitude Jean Marc Lhommeau Biblioth que municipale Le Pless
229. it homme de passions Form l Ecole du Louvre il fut successivement ou tout la fois entomologiste conf rencier auteur et cin aste autodidacte joueur et collectionneur de guim bardes polyglotte pataphysicien sp cialiste du magdal nien et de Lascaux conteur fabuleux et curieux de tout reconnu pour l ampleur de sa culture Ce qui fera dire Chris Marker qui s y conna t qu il tait notre Pic de la Mirandole 1 La baleine et le cachalot qu on ne saurait confondre l une a des fanons l autre des dents furent l une de ses passions Il leur consacra un premier ouvrage en 1955 A la recherche du cachalot Ed de Paris Curieusement le livre est d dicac Aristote Onassis armateur mais aussi baleinier dont une partie de la flotte s employait l extermination des popu lations baleini res des mers du Sud Ruspoli racontait comment au moment de financer son premier essai documentaire consacr aux chasseurs au harpon des A ores il sut titiller le sentiment de culpabilit du millionnaire grec pour obtenir les deux millions d anciens francs n cessaires sa r alisation 2 Voil comment il se trouva embarqu sur une cha loupe pour la chasse au cachalot et le tour nage des Hommes de la baleine Ruspoli revint aux c tac s quinze ans plus tard pour la r alisation de Vive la baleine hymne tragique militant pour la sauvegarde de ces b tes en voie d extermination l ann e m me 1972 o son ouv
230. it hors de question de faire du cin ma direct Rejetez vous le principe m me du cin ma direct Non en fait j aime beaucoup le regarder mais je n aime pas le faire La responsabilit que l on prend vis vis des gens qu on filme me met tr s mal l aise M me si j avais r ussi convaincre quelques travailleurs de prendre le risque de t moigner face la cam ra je n aurais pas voulu travailler en cin ma direct C est un dispositif qui risque de nous conduire les uns et les autres dans un endroit o nous n avons pas d cid d aller De plus je crains de ne pas parvenir capter quelque chose d int ressant d tre dans une forme de portrait hagiogra phique un peu ben t Il faut admettre que le cin ma fonctionne quoiqu on dise dans une mise en sc ne de la cruaut Est ce le r alisateur qui est cruel ou la r alit qu il filme Ce qui fait un film c est la cruaut du monde Le cin ma est un art du r cit et le r cit se b tit sur des obstacles et des d passements En fiction a ne pose pas de probl me mais en documentaire a me fait peur Je n aime pas prendre un engagement vis vis des gens si je ne suis pas s re d tre en mesure deletenir J ai tr s peur pour les gens que je filme Dans ce film il ne s agissait pas de raconter l his toire d une personne mais celle de tous car ils racontaient tous la m me histoire Ils taient tous pris dans un destin qui leur paraissait sans chappa
231. it la gr ve de la faim envoy des lettres au gouvernement sans r ponse Puis ils ont eu l id e de squatter un parking et de d filer nus deux fois par jour dans la rue Il s agit de corps de paysans d hommes et de femmes de cin quante ans pas de jeunes tudiants des Beaux Arts qui font un happening Alors qu ils avaient t spoli s de 10 000 ha ils ont obtenu de quoi racheter 300 ha de terre dans l Etat de Veracruz Votre s rie Boyzone photographies et vid os d but e en 1998 est galement li e au Mexique C H C est une s rie que j ai commenc e ily a plusieurs ann es en Picardie en collectant des portraits de jeunes d linquants dans la presse locale Ces images m int ressaient parce qu elles trahissaient une certaine fascination pour les m faits commis par les adolescents un m lange de peur et de fantasme comme avec les jeunes des cit s Apr s j ai collect des journaux tha landais et mexicains La repr sentation des d linquants y est encore plus arch typale Au Mexique on voit des jeunes gens les mains attach es derri re le dos le visage tum fi torse nu Parfois un policier leur redresse la t te pour les obliger regarder l objectif Les d linquants essaient de rester dignes parce qu ils savent qu ils seront dans le journal Ces jeunes vivent dans un milieu d une extr me violence ils sont instrumentalis s par les cartels de drogue ils sont victimes d un syst me de s gr gation
232. ividu qui s applique maintenir dans sa vie la plus stricte r p tition sur une trajectoire qui va de la maison au bureau et du bureau la maison l avenir est d cortiqu par des proph tes de t l vision archives de INA l appui qui semblent d j retarder d une saison Avec beaucoup d humour le film interroge nos repr sentations de l espace et du temps dont les distorsions trahissent une volont la fois vaniteuse et redoutable de tout voir de tout pr voir de tout contr ler En filigrane sous cette approche fantasque et sarcastique un documentaire fascinant sur l volution des techniques cartographiques des ann es 1950 nos jours de la carte soigneusement d taill e la main jusqu aux univers parall les de la 3D S M 64 gt ik Film retenu par la commission Images en biblioth ques Que reste t il d une vie ordinaire Le film tente de rendre compte de ce qu a t la vie quotidienne et r p titive d un homme Monsieur M une vie en retrait dans un moment symbolique de l Histoire mai 68 embl me de la modernit venir Comme si la grande Histoire n interf rait nullement sur l histoire d anonymes qui traversent les v nements sans laisser de traces telles des ombres oubli es Le film superpose diff rentes strates d images archives de l ann e 1968 prises de vue actuelles des lieux d crits dans les carnets de Monsieur M images de vid osurveillance Les c
233. l aller retour entre ces deux mondes Mais comme je ne parle pas chinois je ne me sentais pas capable d entrer en relation avec les gens La Pluie et le beau temps 2011 75 couleur documentaire r alisation Ariane Doublet production Quark Productions participation CNC minist re de la Culture et de la Communication DGP Procirep Angoa Programme M dia Des producteurs normands qui en ont fait leur sp cialit aux filatures chinoises o il est trait le lin passe entre de nombreuses mains Celles des agriculteurs qui le cultivent et des ouvriers qui le teillent celle des commerciaux qui disputent de ses qualit s et prix enfin celles des ouvri res qui le transforment en fil et en toffe En chroniquant ces diff rentes tapes Ariane Doublet propose un aper u au ras du sol de la mondialisation Le film se partage entre des s quences paisibles tourn es par Ariane Doublet dans l espace ouvert de la campagne normande et d autres f briles tourn es par le documentariste chinois Wen Hai dans l espace confin et satur d activit s des filatures chinoises D un c t le temps immuable des saisons la parole rare de ces paysans qu Ariane Doublet conna t si bien de l autre le rythme acc l r d une Chine en pleine croissance avec ses millions de jeunes ouvriers accourus de toutes les provinces Le contraste semble total entre ces deux mondes La jonction n anmoins s op re par
234. l imam Ali comme chez les lraniens Mais selon moi c est juste un vernis d islam sur des croyances animistes ancestrales tourn es vers la v n ration des l ments l eau la terre et qui ont incorpor par la suite des apparitions de saints IL y a souvent des mausol es dans les lieux saints mais quand on pose des questions on ne sait pas tr s bien qui ils sont C est juste pour tre moins emb t s par les sunnites qui consid rent que ces gens ne sont pas li s l islam Expliquer d o viennent tous ces rites ce serait long et compliqu Pour ce qui est d invoquer les saints ou de se rendre sur les lieux saints cela fait partie de la vie quotidienne Ily aussi une sc ne de transe o un homme tourne sur lui m me tandis qu un autre se br le la langue avec un buche ardente O S Ily a une hi rarchie dans cette soci t et ceux qui sont au sommet ce sont les hommes pieux Ce sont eux qui ont les pouvoirs reli gieux les pouvoirs magiques qui sont transmis par les liens du sang Dans cette s quence on assiste une lutte entre quelqu un qui pr tend avoir un pouvoir religieux et un autre qui le poss de par sa naissance Comme Clarisse tait en train de filmer le second s est mis tourner sur lui m me et entrer en transe Les gens vont l bas r guli rement prier sacrifier demander des conseils aux guides il y en a qui en profite pour se faire de l argent Un guide qui a vu que Clarisse film
235. la seconde de la g n ration qui suit et leur change ne sera pas non plus un dialogue entre cr ateurs mais bien celui d un specta teur critique avec une cin aste dont il admire le travail dans l esprit d ailleurs de la collec tion Cin ma de notre temps o l uvre d un cin aste est analys e par ses pairs Plus qu un film entre un film sur donc qui s at histoires de cin ma tache aux trois premiers films de la r alisatrice Une Vraie Jeune Fille 1976 Tapage nocturne 1979 36 fillette 1988 ainsi qu A ma s ur 2001 et Anatomie de l enfer 2004 Moullet filme Catherine Breillat en un seul plan fixe l excep tion d un plan en ext rieur tr s bien construit la masse sombre d un piano barre en oblique l arri re plan sur lequel la cin aste en plan taille se d tache aur ol e de blanc La largeur du cadre lui permet d accompagner sa parole avec des gestes amples de la main offrant au plan fixe un beau mouvement int rieur Moullet s attache au th me de la premi re fois et voque face cam ra sa premi re vision d Une Vraie Jeune Fille et de Tapage nocturne dans ce qui ressemble une critique de film parl e Tout au long de l entretien Moullet oscillera entre de pures questions de mise en sc ne parfois assez techniques et son inter pr tation tr s personnelle des films Cer taines questions ou d clarations incongrues c est la premi re intrusion de la bulle au cin ma
236. la culture occidentale pour qu apr s des ann es de lecture des textes grecs et latins ils se prom nent dans les paysages de Virgile d Ovide ou de l histoire romaine au XXIe si cle c est aux Etats Unis qu il faudrait envoyer tout jeune Europ en accomplir le Grand Tour Quitte provoquer une d sillusion Car il y a avec l Am rique comme l annonc ait Disneyland mon vieux pays natal un compte r gler Dans ce film dat de 2000 Arnaud des Palli res partait explorer le parc d attrac tions de Marne la Vall e la recherche d une enfance suppos e celle qui s adresse l univers de Disney pour y rencontrer une tout autre r alit et de tout autres r cits que ceux des studios am ricains Que l Am rique soit notre vieux pays natal signifie que nous avons grandi avec elle impr gn s de sa mythologie port e et export e par le cin ma la bande dessin e la musique l Am rique a berc notre enfance Pour la jeunesse europ enne depuis la Seconde Guerre mondiale elle repr sente le pays du r ve Mais arriv s l ge adulte soit que la vie nous ait conduits cesser de r ver soit que l on ait appris conna tre l histoire des Etats Unis on ne peut plus r ver inno cemment de l Am rique comme on en a r v enfant on ne peut plus ignorer la part d injustice de trahison d int r t qui se cache derri re ce r ve comme derri re toute existence C est autour de ce moment de d sillusion de ce
237. le Saint Jean Baptiste Repentirs du ma tre et retouches dues aux restaurations devenues perceptibles r v lent l histoire d une uvre L W La Vie cach e des uvres Watteau 2010 43 couleur documentaire r alisation Stan Neumann Juliette Garcias production Camera Lucida Productions mus e du Louvre Arte France participation CNC En juin 2007 les journ es d tudes du mus e du Louvre ont permis des experts du monde entier d examiner en pleine lumi re et dans une intimit exceptionnelle la collection des tableaux de Watteau que le mus e poss de modeste en nombre mais riche en qualit Ce film rend compte des questionnements sur les th mes et les m thodes de ce peintre succ s du r gne de Louis XIV et sur la mani re dont les uvres ont travers le temps L ambigu t marque les cr ations d Antoine Watteau non sign es non dat es et dont les titres ont t donn s par des graveurs apr s sa mort Ce sont les t moignages des visiteurs de son atelier et son style caract ristique qui fondent la paternit du ma tre La question de l attribution peut donc concerner jusqu au joyau de la collection parisienne le fameux Gilles au format monumental et unique chez le peintre et peut diviser les sp cialistes De m me celle du d centrement g nial de ce personnage de foire relativis par le constat de la toile retaill e Les donn es techniques interrogent les exper
238. le Vague dans laquelle il se serait peut tre davantage retrouv M D le cahier Il tait une fois Lacombe Lucien 2011 52 couleur documentaire conception Antoine de Gaudemar Serge July Marie Genin Daniel Ablin r alisation Daniel Ablin production Folamour TCM participation CNC France T l visions En 1974 Louis Malle r alise Lacombe Lucien qui en juin 1944 pendant l Occupation d crit l attitude ambigu d un jeune homme refus dans la R sistance et passant aux services de la Gestapo Daniel Ablin en retrace la gen se et le retentissement accompagn s de nombreuses archives du cin aste entretiens t l vis s rushs de tournage et des interventions du cosc nariste Patrick Modiano de l actrice Aurore Cl ment d historiens et de proches A 20 ans j ai trouv une phrase de Malraux qui disait un homme actif et pessimiste la fois c est ou ce sera un fasciste sauf s il a une fid lit derri re lui Pour Louis Malle la fid lit sera celle d une sc ne de son enfance pendant la guerre quand des camarades ont t arr t s en plein cours pour tre d port s Ce souvenir d velopp dans Au revoir les enfants 1987 ajout sa rencontre pendant la guerre d Alg rie avec un jeune militaire pratiquant la torture de mani re d tach e poussera Malle aid de Modiano d velopper l histoire d un jeune repr sentant de la banalit du mal s att
239. le biais des n gociants fran ais et chinois qui s efforcent de surmonter l cart de la distance g ographique des langues et des cultures En d pit de maints obstacles que le film montre souvent avec humour l ajustement du prix se fait et gr ce au lin Normandie et Chine apprennent coop rer et m me s estimer Une vision somme toute positive de la globalisation E S 51 B Film retenu par la commission Images en biblioth ques La pluie et le beau temps vient apr s d autres documentaires sur les mati res premi res nous expliquer le commerce mondial et son cort ge de d s quilibres Pour la fili re lin les rapports entre la politique et l conomie semblent cette fois ci invers s Nous savions l agriculture fran aise en prise directe avec les fluctuations des cours mondiaux mais nous avons oubli quel point l conomie chinoise est pilot e depuis P kin Ce face face entre les deux syst mes se d couvre progressivement gr ce aux t moignages des exploitants fran ais Leurs explications r v lent que les industriels chinois d pendent des cours mondiaux du lin libell s en dollar et donc de l conomie am ricaine Le syst me int gr et paternaliste la chinoise se fendille sous l effet des hausses de salaire qui rendent la main d uvre plus volatile et les menaces de d localisation en Inde toujours plus pr cises En somme la d marche d Ariane Doublet consiste mettre en regard
240. le de dire qu il guette avec sa cam ra le moment o des faits tr s violents vont se produire Lorsque nous parlons de Pour un seul de mes deux yeux il explique que le cin aste qu il est s il veut d noncer ne peut que souhaiter que la situation d rape Ila un rire un peu d mo niaque quand il raconte a Il ne craint pas de r v ler sa propre part de monstruosit Il n est pas du c t des bien pensants contre les m chants Dans Z32 par exemple il explore le m canisme d un meurtre commis en toute impunit Le point de vue de Mograbi n est jamais ext rieur ni en surplomb Non jamais Sa cam ra par exemple est tou jours l avec son trembl ses flous Dans son montage il coupe de fa on d lib r ment brutale De cette fa on il nous rappelle qu il est devant une r alit qui est en train d tre film e qui est manipul e par lui dans laquelle il devient m me provocateur pour que des situations se produisent Le spectateur ne se trouve pas devant la r alit mais une r alit vue par lui qui a ses propres d terminations C est partir de ce point de vue qu il nous montre les risques quotidiens que courent les Palestiniens dans la situation o ils sont et qu il montre comment le consensus id ologique se fabrique Il montre par exemple partir du mythe de Massada dans Pour un seul de mes deux yeux comment se fabrique le sentiment d tre agress qui conduit rejeter dans un r flexe de l gitim
241. le trou de l Histoire celui l m me que vient combler Le Chagrin et la Piti Marcel Oph ls rappelle que le film a t censur par Simone Veil qui ne voulait pas que le film passe la t l vision jugeant qu il ridiculisait la France et la R sistance Ils se souviennent alors d une dispute propos d un film qu ils devaient peut tre faire ensemble sur ce qu est tre juif pour Oph ls c est avant tout un destin une d cision des autres Mais cette double signature de film poserait la question de l auteur et Godard encha ne fid le lui m me sur le sens des mots droits d auteur et politique des auteurs Selon lui aujourd hui il n y a plus d auteur pour preuve la t l vision permet de changer de format sans tenir compte du cadre donc du regard du cin aste Les deux r alisateurs s entendent pour mettre en cause les modes de production actuels M D images de la culture rencontres au sommet Deux documentaires convoquent l insaisissable Luc Moullet sujet du premier Homme des Roubines 2000 de G rard Courant il est r alisateur du second Catherine Breillat la premi re fois dans la collection Cin ma de notre temps Double occasion de revenir sur l uvre et la personnalit d un des cin astes fran ais les plus singuliers par Pierre Eug ne Luc Moullet a ce talent des grands cin astes une vision si singuli re qu elle semble d passer ses films et influ
242. li res On en trouve une ver sion dans bien des films de famille ou home movies N anmoins on est ici frapp par l aspect d grad de la pellicule qui donne aux images leur belle texture insolite L effet du temps ne peut seul expliquer cette transformation Le commentaire en voix off nous r v le qu en fait c est la chance qu on la doit a c tait nos films de famille jusqu ce qu un jour mon chien fasse pipi dessus J ai trouv le r sultat tr s chouette D o les admirables m tamorphoses de la pel licule soumise cette cin tique chimique impr vue les couleurs qui fusent ou se d litent sur le mode de l aquarelle dans un d grad de bleus et de mauves la surface craquel e qui ressemble l corce d un arbre celle de l arbre qu on voit dans ce film de famille par exemple ou bien encore l corce de l arbre qui figurera un peu plus loin dans l un des films de Pip Chodorov ce petit enfant des premi res images devenu lui m me cin aste Ne pas se m prendre donc sur l incongruit charmante du prologue de Free Radicals le choix des images proc de ici d une r flexion fascinante sur la praxis sin guli re et n cessaire qui dans le paysage chan geant de la cr ation contemporaine reste propre au cin ma exp rimental Dans New York Memories de Claude Bossion 2 Jonas Mekas voquant la diversit qui a tou jours fait la richesse du septi me art compare le cin ma un arbre a
243. lite d immigrants venus du Maghreb d Ethiopie d Am rique latine et d ailleurs les populations b douines alentours de plus en plus isol es et des tudiants pales tiniens pour qui chaque nouvelle explosion de violence est v cue dans la difficult L utopie de l cole r side d abord dans la ten tation de neutraliser plut t que de gommer les relations d appartenance telle ou telle com munaut ethnique ou religieuse au profit d un objet que chacun interroge au contact de ceux qui l entourent Venir tudier au Sapir College and Television School consiste essentiellement accorder cette valeur vertu pourrait on dire particuli re au fait cin matographique Si les hi rarchies et les d terminations culturelles etidentitaires demeurent raviv es parfois par l actualit le r flexe critique comme la pens e s attachent d abord au cin ma pour y discerner les rapports pluriels aux r alit s humaines dont il se rend capable par del le clivage fiction documentaire changer d angle ou de focale s parer les choses les unes des autres a contrario provoquer des rapprochements in dits reveniren arri re ou anticiper forger des mondes Pour les tudiants descendants de juifs d Afrique du Nord d Europe de Russie d Ethiopie du Y men ou palestiniens interroger son rapport au cin ma doit amener clarifier pour soi m me sa situation sur la carte d une g ographie imaginaire celle des films et concr t
244. lm allait se concentrer sur l t de Giacomo Avant m me de commencer tourner j avais tabli un dispositif qui consistait filmer d une part le processus m dical avec une cam ra num rique d autre part le dernier t de Gia como avant l op ration cette fois sur pellicule Ce premier tournage a finalement servi de r p tition en quelque sorte ce qu allait tre le film qui a t tourn l t suivant Il ma permis d affiner la d marche la m thode d improvi sation le choix des lieux Comment avez vous choisi ces d cors qui jouent un r le essentiel dans le film Il sagissait de plonger Giacomo dans un milieu a priori hostile pour lui afin de voir ce qui allait se passer Giacomo a toujours t excessive ment prot g par sa famille il sortait tr s peu et avait d velopp un certain nombre d obses sions notamment une phobie de la salet et de la nature Son veil au monde apr s l op ration d passe donc de beaucoup la seule d couverte du son Oui et la plong e dans ce milieu hostile tait un moyen d prouver tous ses sens J ai choisi des lieux qui repr sentaient quelque chose de typique de cette dimension d veil propre l adolescence Ce sont des endroits que fr quentent les jeunes de la r gion le fleuve ses plages la discoth que la f te foraine les mai sons abandonn es D autant que je voulais faire aussi un peu un portrait de cette r gion o j ai
245. lms l exclusion semble t il de toute autre source archives ou images d actualit s dont la trame entend se superposer la vie de l actrice Quoique enfance et relation ses parents d couverte de l amour tristesse et d ceptions les grandes cat gories retenues par Stephan sont trop g n rales pour rien dire Elle investit ainsi un terrain d ambigu t structur par la r p tition et la variation sans guider le spectateur ainsi laiss son vertige aussi d faut d l ments biographiques pr cis peut on go ter nouveau l extraordinaire fascination suscit e par Soad Hosni dans l Egypte de Nasser son rotisme ravageur et minemment moderne M C 21 une trag die en trois actes entretien avec Rania Stephan Propos recueillis par Michel Amarger f vrier 2012 Que repr sente pour vous Soad Hosni C est la vie l amour la mort la violence les images la repr sentation C est tout un monde une constellation c est le cin ma Ce film est un travail tr s personnel et universel la fois car faire un film sur une actrice morte sur le cin ma c est d une certaine mani re faire revivre quelqu un en images et cela touche quelque chose de tr s profond et souterrain en moi en m me temps qu il restaure une part de notre m moire collective Pendant tout le temps du travail j avais en t te cette phrase tr s juste de Jean Luc Godard La repr sentation console de ce que la vie est
246. mateur de westerns spaghettis Sissako d couvre le cin ma en tant que langue visuelle en partant l tudier Moscou en 1980 T moignage de son exp rience d tranger son moyen m trage Octobre 1992 le fait conna tre C est sans sc nario qu il r alise La Vie sur terre 1998 Le cin aste fonde en effet son art sur la rencontre et le hasard Il se nourrit du r el d un village mais aussi de ses souvenirs pour r aliser En attendant le bonheur 2002 Il en commente une sc ne qu il lie sa vocation un jeune homme contemple le monde travers la fen tre au ras du sol de sa chambre ne voyant que des d tails Dans Bamako 2006 o le dispositif central est un tribunal faisant le proc s du FMI Sissako d clare avoir voulu apporter quelque chose son pays C est ce qu il fait aussi en donnant des conseils aux jeunes r alisateurs de la Maison des cin astes ou en faisant partie de l Association des cin mas pour l Afrique Son cin ma humaniste et son engagement ne font qu un M D Big John 2005 76 couleur documentaire r alisation Julien Dunand production Morgane Production Section 5 participation CNC Cin Cin ma Cheveux blancs et tenue d contract e John Carpenter cin aste sc nariste producteur compositeur n en 1948 dans l Etat de New York nous prom ne en voiture dans Los Angeles sur les lieux iconiques de ses tournages Cet entretien est agr ment d archives d e
247. me b tisseur 1 Pour ce faire l il caresse images de la culture L Eglise Notre Dame du Raincy le b ton min ral palpe sa rugosit ou sa dou ceur selon le traitement Les images nous d voilent l inaccessible par des travellings verticaux et acc dent au toit comme la fl che de cet ouvrage remarquable La structure nar rative illustr e de plans s quences d allers retours entre l difice et sa reproduction chelle r duite livre les tenants et les abou tissants de l ouvrage Elle rend cristalline la conception de Perret ainsi que ses intentions sans perdre de vue les autres acteurs de cette construction ma tre d ouvrage artiste etc Le film rend pr hensible le volume la mati re la dimension la fois lumineuse et sonore des lieux investis Plus largement il permet de saisir la teneur du geste de l auteur et la profondeur de sa pens e Celle d un architecte pour qui une bonne architecture est une architecture qui fait de belles ruines Pour Perret la verticale incar nait l action la posture en r flexion En t moigne son buste r alis par Bourdelle dont la posture droite et fi re comme ses difices repr sente bien l tat d esprit de ce b tisseur R M 1 Encyclop die Perret dirig e par Jean Louis Cohen Guy Lambert et Joseph Abram co dition Monum Ed du Patrimoine IFA Le Moniteur 2002 A voir A lire cnc fr idc La R ponse de l architecte Les Int rieurs chez
248. me demandent souvent si c est moi la petite fille et un jour l issue d une projection au Havre un homme d un certain ge est venu me trouver Ce n est pas vous la petite fille J ai r pondu que non Bien s r a ne peut pas tre vous s est il amus puisque c est ma s ur Sa m re tait l aussi on a discut et j ai appris que la s ur en question s appelait Catherine qu elle vivait loin du Havre d sormais La bande son elle aussi tr s vari e accompagne le rythme des images Comment avez vous choisi les illustrations sonores la voix off si douce qu elle donne envie de fermer Les yeux pour se laisser bercer J ai choisi la voix off parce que je souhaitais un film litt raire crit C est l actrice suisse Domi nique Reymond qui dit le texte je l appr cie beaucoup j aime sa voix sa diction Quant la musique je me suis concentr e sur L Art de la fugue de Bach un ouvrage fondamental au piano Pour moi cet exercice rappelait le travail des architectes qui font leurs gammes de la m me mani re que les pianistes en laissant m rir leur r flexion en pr sentant leurs travaux pr paratoires une tape apr s l autre Il y a dans Je vous cris du Havre quatre interpr tations diff rentes du Contrepoint No 9 une au clavecin une au piano une troisi me jou e par l organiste de l glise Saint Joseph et une derni re interpr tation vocale donn e par les Swingle Singers un gro
249. messes de libert ne seront pas pour autant de tout repos C est le sc nariste Jean Claude Carri re dans un autre havre de paix rempli de photographies et de livres qui prend le relais l cran pour raconter le voyage aux Etats Unis En f vrier 1968 en pleine lib ration du Prin temps de Prague Forman part avec Carri re New York crire le sc nario de ce qui deviendra Taking Off 1971 Il raconte leur d couverte de la contre culture hippie le mythique Chelsea Hotel un ensemble d anecdotes tranges et dr les qui nourriront l criture du sc nario ais cette criture va tre bien malmen e Fin mars le quartier de Watts s enflamme apr s l assassinat de Martin Luther King poussant les deux comp res revenir Paris pour tra vailler plus tranquillement L Mai 68 clate gime image une Si Milo Forman ann es 60 2010 51 couleur documentaire r alisation Luc Lagier production Camera Lucida Productions participation CNC Cin Cin ma Procirep Angoa Chef de file de la nouvelle vague tch que Milo Forman n en 1932 r alise trois longs m trages avant de s exiler en 1968 pendant la r pression du Printemps de Prague En un long entretien dans sa maison du Connecticut aux Etats Unis le cin aste raconte la premi re partie de son uvre indissociable de l volution du communisme en Tch coslovaquie dans les ann es 1960 Commentaires off de Luc Lagier et archives compl
250. mi re fois C tait dans les ann es 1960 et depuis je fantasme sur l endroit J aime son architecture la lumi re magnifique qui s en d gage Les sons aussi ceux de la mer des oiseaux la rumeur citadine la r sonnance particuli re du b ton dans les cours et entre les difices Cest une musique permanente quelque chose de tr s calme et serein IL y r gne une grande douceur de vivre Cela n a pas emp ch quelques cassures dans le rap port des Havrais leur ville reconstruite les anciens ont eu du mal la r int grer car ils avaient perdu tout rep re Et tandis que les jeunes n s dans les ann es 1960 s y sont tr s vite adapt s la g n ration suivante a rejet sans appel cette architecture b tonn e On la trouvait laide En 2005 Le Havre a t class au patrimoine mondial de l Unesco l issue d un long processus de r habilitation qui a r concili la ville avec ses habitants Ceux ci enfin ont pris conscience de sa valeur Vous avez voulu viter la nostalgie or la voix off qui d cline cette lettre semble y inviter L cueil tait pour moi le regret du Havre d avant les destructions Je ne crois pas qu on e per oive dans mon film En revanche on m a souvent dit qu il y r gne un autre type de nos talgie celle d un pass d une enfance r v e heureuse C est qu en v rit cette lettre la troisi me personne cache un r cit la pre mi re personne Elle livre mon sentiment sur
251. n ment C tait en lien avec le fait qu on avait une chambre d amis au dernier tage d un immeuble avec la pr sence per manente du ciel et galement la pr sence du blanc puisqu on venait de faire des travaux Tout d un coup c est devenu une vidence pourquoi pas un film Il n y avait aucune com mande aucun financement nous l avons r a lis par pur plaisir personnel et pour le plaisir de quelques amis E C Il n y avait aucun volontarisme de notre part ce qui s accorde d ailleurs avec la pens e de Cage Le film vient d une suite de co nci dences la discussion autour de la traduction ce que dit le texte le fait qu on avait vue sur le ciel Aux yeux des sp cialistes de Cage ceux qui ont une responsabilit quant la diffusion de sa pens e nous sommes apparus comme des lectrons libres ce qui na pas manqu de les perturber Si j ai traduit le texte c est pour l adresser aux Fran ais m me s il me parais sait aussi extr mement significatif par rap port aux Etats Unis C tait juste apr s 2001 IL y avait eu choc le mot choc est dans le texte on commen ait percevoir la vie autrement Cette lecture tait pour moi une source pro fonde de r flexion Quelle r action a pu susciter votre traduction aupr s des sp cialistes de Cage E C C tait l id e du film qui les d rangeait pas la traduction l id e de figer le texte dans une image Ce film soul ve en effet la question de la
252. n ui immi dea papru pn Notes propos du film Life de Patrick Epap par Judith Abensour Une jeune femme v tue d une robe rose vif et d un bustier paillettes enfile des cuissardes lacets de cuir noir C est Ida Les murs de sa chambre sont tapiss s de papier peint fleuri Regard captiv par une image neigeuse de t l viseur mal r gl son off d un personnage de soap opera Je propose qu on l ve un toast pour tous les h ros oubli s de ce monde Le doublage en version fran aise est caricatural la musique sirupeuse Dans la bouche du bel l tre qui prononce cette phrase d cal e se dit n anmoins une des intentions du film Un sac main en plastique rose des talons hauts et brillants les trottoirs d une grande ville en Afrique il fait nuit Ida et Clarence franchis sent le seuil d un club le Verdon Elles dispa raissent dans le corridor bleut de l entr e G n rique en lettres blanches sur fond noir Ida et Poupina en parfaites professionnelles de club ex cutent une danse sexy sur le tube de Jennifer Lopez Love don t cost a thing Des hommes viennent les fr ler et les arrosent de billets de banque Noir C est le lendemain matin Ida et Poupina se r veillent p niblement elles ont des petits yeux Elles vont dissiper nos malentendus de la veille Il nous arrive toujours d tre confon dues avec les prostitu es a ne peut pas manquer Parce que d j notre habillement de la nuit n est pa
253. naise et les relations fortes qui les unissent Fil rouge du film le combat acharn d Ida pour r unir les fonds n cessaires l op ration que doit subir Clarence t moigne de leur solidarit D T A lire De Nicolas Poupon Noir Fonc Ed M me pas mal 2011 Le Fond du bocal tome 1 6 coll Drugstore Ed Gl nat 2009 2011 A la crois e Ed Scutella 2012 images de la culture Nos ROUTES AN 2ONT BLOQUEES RAA ON FOINT ANTRAT Commentaire en dessins Cmduin ma daigner y mo thiak mm boult AUTRES france des corps en dialogue le visage d une femme allong e un corps qui parle dans un clair obscur apais Sans illusion avec la plus parfaite pudeur elles racontent leurs vies les probl mes d argent la difficult d tre m re la menace de la prostitution l avortement Ida devient la m re symbolique de Clarence le corps de Clarence cache un mal dont on entend parler mais qu on ne voit pas Qu est ce qu un corps qu est ce que l image d un corps com ment donner voir ce qu il prouve Comment le corps parle t il et comment en parle t on L op ration gyn cologique que doit subir Cla rence est l l ment concret qui r v le la teneur des diff rents rapports de force la violence d une situation conomique avec laquelle per sonne ne peut transiger Trois femmes et travers elles le portrait de la soci t camerou naise nous est propos comme un miroir Life donne
254. nce c est tr s largi Cela vient de la vie dans les montagnes o tout le monde s occupait du troupeau o les gens avaient besoin d tre solidaires pour survivre Comme les hommes s occupent de la sph re publique on les voit moins ils vont vendre la laine le lait les b tes M me si ma tante va parfois vendre du fromage c est une des rares femmes de ce village l le faire Mais les hommes sont moins pr sents aussi parce qu ils ont du mal se laisser filmer par une femme On sent une tension entre un milieu rural qui a lair de vouloir conserver ses traditions et l ailleurs que repr sente le monde occidental Tension qui semble se cristalliser autour de la question du mariage faut il pouser une Europ enne ou une fille du village O S Quand je vais chez mes parents ici en France d s que je passe le portail je suis au Kurdistan Ils tiennent pr server leurs valeurs ls observent ce qui se passe autour mais ils pr f rent rester entre eux avec leurs amis kurdes en qui ils ont confiance M me s ils se font avoir par des Kurdes c est toujours mieux que par des trangers C est un enfermement dont il est tr s difficile de se d tacher la famille et La soci t font pression pour que tu restes au sein de la communaut Bien s r il commence y avoir des couples mixtes mais cela pose des probl mes de conscience aux vieux M me s ils acceptent la personne dans la famille s ils s occupent d
255. ncontestablement plus modeste le cin ma exp rimental n en reste pas moins un moteur essentiel de la cr ation et r pondant ainsi au souhait des grands th oriciens du cin ma de la pens e contem poraine Ce faisant il est d autant plus en prise avec la vie qu il reste mat riellement et th matiquement un cin ma de proximit comme son cousin le cin ma amateur Le cin ma conclut Chodorov c est la vie La vie continue le cin ma continue In vitablement son point de vue est biais tout le monde n a pas la chance de grandir avec Hans Richter pour voi sin mais la famille du cin ma exp rimental qu il nous d crit n est pas exclusive son film en t moigne dans sa forme m me la mani re dont il accueille sans pr jug son spectateur entra nant dans son fascinant r cit le specta teur clair comme le novice en mati re de film exp rimental D ailleurs si la g n ration des ann es 1960 a fait fructifier les acquis des premi res avant gardes elle est elle m me relay e par de nou velles g n rations le film de Chodorov rejoint ici celui de Fr d rique Devaux et Michel Amarger qui semble commencer l o s arr te Free Radicals Dans le vaste panorama du cin ma exp rimental contemporain qu offre Cin mas de traverse Cf Infra on mesure le chemin parcouru dans la diffusion aussi bien que dans la diversification des approches et des techniques ainsi que dans l accroissement conti
256. ne Baudin des Epernons des Chan tereines du Ruisseau B Romainville avenue Berlioz boulevard Edouard Branly changeur rue Arago joignant rue Racine C Montreuil Premi re sortie de l ann e 1968 Nous sommes de retour vers 17h15 Ces premiers gros plans du film en appellent d autres ils se r pondent un syst me se met en place autour du monde la page du carnet la peau le papier peint La voix de Monsieur M est monocorde C est l histoire d un homme sans visage sans amis et sans histoires qui d c de et qui laisse der ri re lui des dizaines de petits carnets dans lesquels il a rigoureusement not et consign les faits et gestes de sa vie ordinaire Les deux r alisateurs Isabelle Berteletti et Laurent Cibien choisissent pour reconstituer la routine obsessionnelle de ce vieux gar on carto graphe l Institut G ographique National de mettre en sc ne l ann e 1968 l ann e para doxalement de tous les bouleversements Choqu par les v nements gr ves et mani festations qui d sorganisent l ordre social Monsieur M tombe malade Il est sur le point d en faire une jaunisse Tout repose sur la confluence et le d calage entre ordre et d s ordre entre image et son entre pass de l image d archive et pr sent de la reconstitution La pathologie obsessionnelle de Monsieur M rasant les murs et habitant avec ses parents nous est famili re Le film travaille la faire exister sans r
257. ne l Italie la Tch quie la Suisse sans compter quelques r gions fran aises encore une fois les nouveaux films du catalogue Images de la culture nous donnent des nouvelles du monde non pas celles d une actualit br lante qui alimentent les reportages t l visuels mais plut t des prises de temp ratures locales fruits d enqu tes parfois longues que les documentaristes m nent sur le terrain Une cole au fil des jours une visite la belle famille une usine un conte d t sur les rives d un fleuve des portraits de personnalit s des musiciens des cin astes des architectes des psychiatres ou d inconnus des combattants pour la libert d anciens chasseurs de baleines des agriculteurs des danseuses de cabaret les cin astes prennent le pouls de la plan te Terre en s attachant l humain en scrutant les micro histoires celle qui feront demain la grande avec un grand H Des points de vue contemplatifs ouverts sur d immenses paysages des gros plans qui rel vent le d tail anodin des images d archives qui redonnent vie au pass et toujours des paroles de pr cieux t moignages l aune desquels on mesurera sa propre condition Nous vous souhaitons un agr able voyage Eric Garandeau sommaire Petine ne FAT de quoi Em faig le avant gardes new yorkaises 4 La famille Chodorov ou l image dans tous ses tats par Martine Beugnet Free Radicals Une Histoir
258. nelle Par la suite il rejette totalement ce cin ma qui repose sur le postulat de la v rit de l image et du com mentaire Il le fait imm diatement exploser dans Sharon en se mettant en face de la cam ra et en racontant que sa femme l a quitt alors que c est faux Lorsque dans Z32 il proc de nouveau l autopsie d un meurtre comme dans The Reconstruction il fait lui m me les interrogatoires au lieu d utiliser ceux de la police Mograbi est il tout le temps en train de faire l autopsie d un meurtre D une certaine mani re oui Isra l est la soci t laquelle il appartient dans laquelle ila grandi laquelle il reconna t aussi une qualit et un droit En tant que cin aste isra lien il uvre pour que son pays sorte de cette chose sinis tre qu il ne supporte pas Il ne souhaite pas la destruction de ce pays mais veut que la soci t prenne conscience de ce qu elle com met De film en film il reconstitue ce crime qui travaille la soci t isra lienne et qu il veut comprendre sans jamais se mettre lui m me dans la position d un justicier mais au contraire de quelqu un qui est profond ment boulevers et remis en question par sa propre d marche Est ce que ces questions qui habitent Mograbi travaillent aussi votre cin ma Il est vident que lorsqu on filme un visage lorsqu on demande quelqu un de se raconter c est un acte de mise en sc ne Je mets en danger cette personne dans
259. nner justement celles du cin ma Les Trois Disparitions de Soad Hosni remet en lumi re la figure embl matique d une actrice en ressuscitant les pans d un cin ma qu elle a fait vivre partir de plus de soixante dix films disponibles en VHS dans des rayons de vid o clubs au Caire Rania Stephan a consti tu une base pr cieuse pour d velopper son projet Elle propose ainsi une alternative la d saffection des vues du pass qui marque le cin ma contemporain gyptien peu soucieux de conserver efficacement son patrimoine L image de Soad Hosni revit travers extraits et dialogues soigneusement mont s pour composer une m ditation en trois actes sur sa vie flamboyante l cran Et c est une approche sensible plastique qui guide ce portrait reposant sur le montage L actrice y est vue comme par elle m me travers elle m me Soad Hosni devient le vecteur charnel entre r alit et imaginaire Son corps semble un r v lateur qui embrasse les volu tions d une femme de son poque et les sublime Sa chair expos e emplit majestueu sement l cran malgr la texture alt r e des supports beaut et d gradation se rejoignant symboliquement en un destin commun aux corps et aux images remonter les temps Les Trois Disparitions de Soad Hosni para t ainsi clairer trois zones d histoire en muta tion La premi re est celle du cin ma gyptien des m los en noir et blanc aux histoires r a listes en pa
260. nsons anarchistes Le r pertoire de May puise dans la fin du XIXe si cle Dansons la Ravachole Vive le son d lexplosion sur l air de la Carmagnole ou Il semble encore loin le temps d l anarchie Mais nous le pressentons sur l air du Temps des cerises A cela s ajoutent des chansons antimilitaristes plus modernes Tant qu y aura des militaires Soit ton fils soit le mien ILn y aura sur la terre Pas grand chose de bien On tuera pour te faire taire Par derri re comme un chien Et tout a pour rien Et des airs anciens de ce temps o la guerre tait le passe temps favori des princes et la mal diction des manants J avions re u commandement de partir pour la guerre Pourtant je n avions point souci d abandonner not m re May Picqueray est de toutes les poques Sa bio graphie indique qu elle est morte en 1983 l ge de 85 ans le tournage du film date de l ann e pr c dente Mais est elle contemporaine de Louise Michel de la bande Bonnot des pi ciers de Tarnac ou des Indign s d aujourd hui Elle se d finit avec fiert comme une militante avec ce que ce mot implique de discipline et m me de raideur Correctrice de presse elle milite dans le puissant syndicat du Livre bas tion parisien de l anarcho syndicalisme En politique elle d nonce sans rel che l arm e m re de tous les vices et Les oripeaux patrio tiques dont elle se drape Elle pr
261. nsour Monsieur M 1968 d Isabelle Berteletti et Laurent Cibien Une partie de campagne entretien avec Alessandro Comodin par J r me Momcilovic et Arr t sur image par Oscarine Bosquet l Et de Giacomo Humble combattante de la libert entretien avec Evelyne Mesquida par Eva S gal L Ile de Chelo d Odette Martinez Maler Isama l Cobo et Laetitia Puertas interstices de ville Sur les pav s au dessus des gravats et des ruines un monde un jardin par Myriam Bl d Le Monde en un jardin de Fr d rique Pressmann Regards pluriels sur l uvre d Auguste Perret par Rafa l Magrou Dans la ville jaune entretien avec Fran oise Poulin Jacob par Malika Maclouf Je vous cris du Havre retour sur image Baleines et cachalots par Arnaud Lambert Les Hommes de la baleine et Vive la baleine de Mario Ruspoli Arr t sur image Cin ma v rit et v rit du cin ma par Anne Brunswic Les Inconnus de la terre de Mario Ruspoli Arr t sur image Au bord du lit par David Benassayag Regard sur la folie La F te prisonni re de Mario Ruspoli Mary Barnes Delphine Seyrig par Nicole Fernandez Ferrer Couleurs Folie d Abraham S gal Arr t sur image Ecoutez la chanter par Anne Brunswic Ecoutez May Picqueray de Bernard Baissat photographie amp documentaire Album photos par Eric Briat Ranger Les photos de Laurent Roth et Dominique Cabrera le cahier images de la culture mode d emploi index et bon de command
262. nt les journalistes interrogent la cin aste essentiellement sur des consid rations techniques et donnent l entretien la forme d une discussion b tons rompus point de fronti re entre auteur et cri tiques qui partagent un territoire commun celui du cin ma jeu collectif La pens e sur le cin ma est elle une uvre collective L histoire des Cahiers du cin ma s est constitu e autour de l id e de faire groupe pour r fl chir On sent dans les entretiens men s des d cennies apr s l importance de la part affective de cette aventure intellec tuelle Jacques Aumont n h site pas confier Comolli et Narboni que les discussions dans le bureau de la r daction ont repr sent sa v ritable formation en cin ma Bernard Eisenschitz qui revient sur ses enthousiasmes cin philiques de l poque ne peut s emp cher d employer le nous en s adressant ses anciens coll gues et le film voque plusieurs reprises la tradition des textes collectifs dont celui sur Young Mr Lincoln ou Morocco Constituer une r daction serait ce retrouver autour d un go t du cin ma forg en commun Plus qu un sentiment commun pour Film Socialisme Labarthe cherche produire un discours polyphonique Les duos ou trios peu vent tre de l ordre de la dissonance lorsque Eugenio Renzi fait une entr e fracassante pour opposer ses d saccords au discours consen suel ou au contraire de l harmonie pour Yannick Haenel
263. nt des lectures d articles et des images d archives rendant compte d une poque o politique et th orie bouillonnaient Jacques Bontemps rappelle les itin raires politiques des Cahiers plut t droite avant 1963 la revue se politise suite l interdiction de La Religieuse de Rivette en 1966 et de la c l bre affaire Langlois peu avant mai 1968 cette implication dans un double combat cin phile et politique pr c de une alliance avec le PC puis un virage mao ste D s 1966 la revue promeut un cin ma novateur dont les formes se devaient d tre ins parables d un progressisme politique Elle s ouvre ensuite aux pens es ext rieures Tel Quel La Nouvelle Critique Lacan Barthes et Althusser devient plus th orique Jean Pierre Oudart y invente le concept de suture qui fera flor s traque l id ologie Jacques Aumont regrette l absence de suivi de ces th orisations tandis que Sylvie Pierre y voit une forme de terreur et Les pr mices d un clatement de la revue Tous les intervenants reconnaissent malgr les tensions d alors la richesse et l inventivit d une cin philie radicale PE 38 No Comment 2011 50 couleur documentaire r alisation Andr S Labarthe production Independencia Productions participation Cin Cin ma Procirep Angoa Comment aborder Film Socialisme de Jean Luc Godard sorti en 2011 Par sa face maritime ou continentale son versant historiq
264. nt se refuser obstin ment Monter la capitale ici comme ailleurs tel semble tre le passage oblig pour tout artiste dou d un tant soit peu d ambition NOFEAR rappeur originaire du d partement de Yamanashi au centre du Japon nous d voile son parcours dans un Tokyo inhospitalier qui a t t fait de condamner toute tentative Peu tonnant d s lors que ses lyrics ou ceux de son crew prennent pour cible cette ville d shumanis e A ceci pr s qu elle offre encore de faire des rencontres inesp r es sans lesquelles NOFEAR aurait depuis longtemps repris son nom d origine C est cette r alit quotidienne que Basile Doganis nous invite travers entretiens et anecdotes entre chambres jonch es de samplers et bains publics Ins r es au beau milieu de cette pre r alit les images de leur vir e cannoise en 2008 semblent r trospectivement d autant plus cruelles Le film distille d s lors des sentiments doux amers vis vis d un m dium aux promesses illusoires et la position parfois malais e M C histoires de cin ma Ce tapis rouge clatant HEURES arr t sur image musique de film conte cruel sur la jeunesse Commentaire d un photogramme extrait du film Kami Hito E On The Edge de Basile Doganis par Ana s Prosa c Cette balade dans les clubs hip hop de Tokyo jette un clairage touchant sur l itin raire de jeunes rappeurs au quotidien difficile entre r volte
265. nt sur le d clin Vous avez r alis trois films sur le Kurdistan Kurdish Lover Gerilla et Prisons La question politique n appara t qu en marge de Kurdish Lover comment est elle trait e dans les deux autres films C H Gerilla et Prisons li s la Turquie et la question kurde avec Los Desnudos tourn au Mexique sont une s rie de trois films intitul e Notre corps est une arme 2012 sur les gens qui utilisent leur corps comme moyen de r sistance Dans Gerilla j ai utilis des images film es par le PKK parti des travailleurs du Kurdistan qui a tout un service de propagande qui diffuse ses images sur Internet Je les ai mont es avec des images de la communaut kurde que j ai film es Paris Les vid os de la gu rilla kurde diffus es par le PKK sont la limite du kitsch elles sont tr s fabriqu es avec de la musique des combattantes qui chantent assises dans la montagne pour donner envie aux jeunes de s engager Mais Oktay et moi avons trouv des images plus brutes sans effets sp ciaux A partir de diff rentes sources j ai reconstitu une op ration militaire de l entra nement des guer riers en Irak jusqu la prise d une caserne turque Dans Prisons j ai interview deux jeunes femmes kurdes qui ont particip une gr ve de la faim en 2000 dans les prisons en Turquie L Etat voulait mettre les prisonniers politiques en isolement carc ral ce qui est une torture blanche qui rend les
266. ntribue la construction d un r cit personnel qui peut d boucher sur un r cit film J ai photographi des tas de jacinthes jusqu arriver les mettre dans un film Pratique photographique et pra tique cin matographique peuvent se rejoindre pas seulement parce que la premi re serait le moyen de pr parer la seconde lors d un pro cessus d exp rimentation ou de rep rage par exemple mais aussi parce que la pratique photographique impr gnerait et fertiliserait en quelque sorte la pratique cin matographique Un spectateur m a dit votre film ilressemble plus de la photographie qu du cin ma et a m a fait plut t plaisir Finalement il faudrait retrouver a du cin ma qui soit comme de la photographie comme un jeu La notion de jeu renvoie sans doute l encore la l g ret laquelle est associ e toute acti vit ludique mais aussi d autres attributs l existence de r gles que l on se fixe fussent elles simples l image de celles qui pr sident la r alisation de Ranger les photos l assem blage de divers l ments qui permet d atteindre la finalit du jeu l image des lettres d un jeu de scrabble qui composent le g n rique de fin la m diation de la parole enfin par laquelle le jeu devient r cit La parole en effet irrigue le film dans ses diff rentes manifestations entre commentaires de l album photos feuillet rem morations des v nements dont le
267. nu de cette communaut de femmes et d hommes passionn s de cin ma une histoire du cin ma exp rimental Nul besoin d insister sur l importance du film de Chodorov On soulignera simplement un contexte historique qui donne au projet son caract re indispensable Depuis la fin des ann es 1990 le num rique a contribu faire A voir A lire cnc fr idc Cin mas de traverse de Fr d rique Devaux et Michel Amarger 2009 166 et Images de la culture No 26 p 20 25 re voir com lightcone org anthologyfilmarchives org De Martine Beugnet Sexualit Marginalit sexualit contr le dans le cin ma fran ais contemporain L Harmattan 2001 Claire Denis Manchester University Press 2004 et 2012 Proust at the Movies avec Marion Schmid Ashgate 2005 Cinema and Sensation French Film and the Art of Transgression Edinburgh University Press 2008 et 2012 conna tre le cin ma exp rimental en en facili tant la diffusion Dans de bonnes conditions la num risation peut aussi dans une certaine mesure contribuer la conservation d uvres dont il n existe qu un faible nombre de copies Par contre envisag comme remplacement du film pellicule le num rique sape l esprit m me d un cin ma ultra versatile o tous les supports et tous les proc d s ont une valeur en tant que tels parce qu ils d terminent des pratiques et donc des uvres sp cifiques les films pr sent s dans Free Radicals films
268. o 90 des femmes taient analphab tes institu le mariage civil le vote des femmes autoris le divorce l avortement La r forme agraire tait en route Ce sont ces valeurs de libert d galit de la cit que d fendent les r publi cains Lorsque la R publique a emport la vic toire en 1931 notre po te Antonio Machado a couru la mairie de son village accrocher au balcon un drapeau fran ais le drapeau de la r volution des Lumi res Un film comme L Ile de Chelo peut il aujourd hui tre montr partout en Espagne Oui mais certains n iront pas le voir On trou vera m me des phalangistes ou leurs descen dants qui viendront apporter la contestation Aujourd hui avec le retour de la droite au pou voir certaines rues qui avaient re u le nom de gu rilleros ont t d baptis es Certaines municipalit s refusent de regarder ce pass A Alicante par exemple o des milliers de R publicains ont connu l horreur et la mort en mars 1939 lorsqu ils cherchaient fuir par les derniers navires le maire a refus l apposition d une plaque comm morative dans le port Le sujet est encore tr s sensible Propos recueillis par Eva Segal mars 2012 1 Las 13 rosas Les Treize Roses d Emilio Martinez L zaro 2007 prix Goya Madrid 2008 d apr s le livre de Carlos Fonseca Treize Roses rouges 2004 2 De Antonina Rodrigo Mujeres para la historia 1996 Mujer y exilio 1939 1999 71 interst
269. oduit le b ton en France Hommage donc en trois films dont deux nouveaux au catalogue Images de la culture Je vous cris du Havre de Fran oise Poulin Jacob et L Eglise Notre Dame du Raincy de Juliette Garcias dans la collection Architectures Pr sentation de Rafa l Magrou et entretien avec Fran oise Poulin Jacob Auguste Perret a su hisser le b ton au rang de noblesse en le laissant apparent jouant de ses diverses textures et mod natures Des fa ades compos es de panneaux ajustables sans d cor aux terrasses qui recouvrent syst matiquement ses immeubles Il a su cr er des ensembles qui chappent la monotonie par le jeu diversifi de volumes les ruptures d alignement les tages en retrait les balcons les variations de texture et de couleur du b ton Brut recouvert de feuilles de bronze ou encore b ton pierre sans cesse il exprime la granulom trie de ce mat riau alors nouveau et joue des min raux inclus pour lui donner une tonalit colorim trique Du premier immeuble art d co de la rue Franklin Paris 1903 exhibant structure et parement en florescence emm l s la recons truction du Havre 1951 1956 dont il ne verra pas l ach vement en passant par le th tre des Champs Elys es 1913 et Notre Dame du Raincy 1922 1923 Perret a fait de cette pierre coul e une ode la nature et l architecture Aupr s du grand public son uvre la plus connue demeure la reconstruction du centr
270. ographie c est que c est doux et puis c est violent Et puis c est quelque chose qui reste a serre peut tre plus le c ur que le cin ma la photographie Le clich est grave et poignant parce qu il fixe un moment avec intensit Son puissant pouvoir d vocation na t de son immuabilit En appa rence la photographie semble s opposer en cela au d filement de l image anim e m ta phore par la nature de son proc d m me du d filement du temps du cin ma comme de la photographie Pourtant le lien entre photographie et cin ma ne se r sume pas cette simple opposition car la production des clich s ou le feuilletage 91 de l album photos qui les relie entreouvre la voie la fabrication d un r cit Dominique Cabrera s arr te ainsi sur une s rie de photographies prise alors qu elle tentait de surmonter une rupture J tais toute perdue et en m me temps j tais toute contente de recommencer faire des photos Je faisais des sortes de suites je photographiais ce qu il y avait autour de moi ce qui comptait pour moi Une autre s rie de clich s a t prise alors qu elle montait son premier film J essayais de photographier ce qui comptait une chose apr s l autre j tais en train de faire mon premier film c est le montage qui est toujours difficile pour moi La photographie s offre alors comme un moyen de se r approprier le r el environnant des fins de r assurance En cela elle co
271. oit du pays o l on s attend trouver un enseigne ment ambitieux du cin ma Situ e l entr e ouest du d sert du N guev terre de tensions permanentes voisine de Gaza qui est cono miquement et socialement la plus d favoris e d Isra l l enseignement y est l origine orient par la n cessit d tablir une connexion entre sa localisation et un objet d tude entre un territoire et le cin ma Dans le programme vo lutif tabli par Avner Faingulernt r alisateur et directeur du d partement le cin ma est appr hend la fois comme vecteur et finalit Revenu il y a onze ans s installer dans le kib boutz br silien de Bror Hayil o il est n il revendique au point de d part le caract re intuitif de cette d marche Parler et r fl chir sur le cin ma s essayer en faire aussi mais autrement pas de n importe o d un endroit qui lui est propre et pour d autres la marge de la soci t isra lienne autant qu au centre de l attention internationale A Sderot il est aussi difficile de se d tourner d une r alit confuse et complexe que de se cacher derri re Erez Peri enseignant et directeur du Cinema South Festival de Sderot souligne combien d cider de faire du cin ma ici conduit se poser des questions s interroger sur sa propre situation et son exp rience la proximit de histoires de cin ma Gaza qui n a pas toujours t coup e de la ville une population cosmopo
272. om bre d individus qu on aime beaucoup qui consti tuent presque un r seau ou une famille des gens qui peuvent tre amoureux comme dirait Cage de l criture de la musique de la danse de la trace de l tre Apr s appartenir une cha pelle D s qu un genre commence se d finir on s chappe pour aller s aventurer ailleurs Robert Wilson qui donne ces jours ci des repr sentations de Conf rence sur rien pr sente ce texte comme une lecture fondamentale qui a d termin sa carri re Est ce le cas pour vous Qu entendez vous dans ce texte qui r sonne avec vos pratiques E C C est un texte fondateur Cage n est pas briseur de pass Il a re u un enseignement acad mique pour lequelil a toujours eu beau coup de respect mais il s est mis lui m me en tat d ouvrir des champs d aller plus loin Il a t un ma tre pour les histoires de radio dans le sens de notre cole qui est celle de Pierre Schaeffer celle de la musique concr te Apr s la Lib ration Schaeffer a commenc jouer avec l enregistrement Il a essay de d finir une grammaire partir des bruits pour se posi tionner par rapport la notation musicale Y a t il une influence directe de Cage sur Schaeffer E C Non ce sont deux mondes diff rents mais qui se rejoignent pour des raisons histo avant gardes new yorkaises riques et techniques Tous les deux ont tra vaill au m me moment avec la bande magn tique
273. on de motifs est la structure r currente pour l agencement des plans et pour la musique jeu de r sonance entre cordes pinc es gratt es ou frapp es 9 juin soir e Je d bouche avec une aiguille la passoire th une activit qui force de vouloir recr er un ordre am ne le d sordre de la folie Sur ces images un discours du g n ral de Gaulle qui tente de r tablir l ordre politique dans le pays tout en exaltant le progr s tech nique et en regrettant l ventuelle ali nation de l homme par la machine Mais qu il s agisse de politique de montage ou de musique l ordre et le d sordre sont des notions r versibles en constante circulation La passoire th devient e syst me grillag partir duquel se mesure e d sordre la port e musicale partir de aquelle se d tachent des v nements musi caux la norme qui permet d valuer les carts et les retournements Le d sordre est aussi une notion scientifique i e l entropie un physicien intervient avec un haut parleur place de la Sorbonne pour expliquer l tat de d sordre d un syst me en thermodynamique C est alors que Monsieur M 1968 renoue avec une forme de philosophie antique l coute des correspondances entre harmonie physique politique et musicale Ainsi l invention d une figure po tique qui fait se confronter les v nements de mai 1968 et es feuilles de th dans une passoire acquiert une forme d vidence inattendue C
274. ondoient splendides Les claquements des sandalettes de bois r sonnent dans les couloirs tandis que les tambours ambulants annoncent l preuve dans les ruelles du quartier Le gyoji rev t son habit et sa coiffe pour la c r monie qu il pr si dera et le dohyo prend forme c est sur cette plateforme d argile tass e difi e quelques dizaines de centim tres de hauteur et symbo lisant la Terre que s affronteront les lutteurs Les lumi res de la salle s allument puis s tei gnent Et voici Takuya si fr le face son adversaire le rikishi moyen p se 130 kilos quand la jeune recrue est encore dans la moyenne des mortels D embl e d courag par la tournure des combats il confie l issue du tournoi Je n arrivais rien et avant de comprendre j avais d j perdu Eux ont tous fait du sumo l cole Moi je ne comprends rien au sumo La liste des dol ances s allonge et les doutes taraudent Takuya Nous sommes tout le temps ensemble comme en colocation ou en pension La vie de lutteur memmerde Je suis tout le temps fatigu Au d but j arrivais manger maintenant je ny arrive m me plus Je ne grossis plus Je mai plus confiance je me dis qu il y a de meilleures fa ons de vivre Si je m arr tais je pourrais faire autre chose Et puis C est moi le plus jeune je dois aider la cuisine et faire les corv es des a n s se plaint Takuya qui pr pare des marmites enti res les ser
275. onsieur Hubert de Givenchy 2011 Je nen pouvais plus des morts des vieux New York Conversations fut une mani re de me raccrocher la cr ation contemporaine Je r vais de r aliser quelque chose sur le photographe Dash Snow et l ar tiste Dan Colen Mais Dash est mort en 2009 et Colen tait trop mal en point Apr s sa d sin toxication il a tout de m me accept l id e d un entretien avec le journaliste Glenn O Brien et la machine s est enclench e leur conversa tion fait partie du film Par ailleurs j avais en t te une s rie de portraits de jeunes stars du cin ma am ricain comme Chlo Sevigny ou icha l Pitt Cin Cin ma avec laquelle je tra vaille beaucoup m a plut t sugg r un docu mentaire patchwork sur tous ces acteurs Cela ne me disait rien mais m a donn l id e de ras sembler une sc ne artistique dans un film et de mettre en uvre la r flexion men e depuis longtemps sur la mani re d y ins rer les conver sations Tout cela a donn New York Conversa tions qui introduit la jeune g n ration des r alisateurs des cr ateurs new yorkais sous forme d entretiens Pourquoi avoir choisi ces images assez pr caires ces plans hach s ces sautes brusques d une sc ne l autre qui distancient tant le spectateur IL fallait viter la monotonie Le Super 8 a pro duit dans les ann es 1970 et 80 les plus belles images de New York Comme les pellicules ne durent pas plus de 3 minutes 20
276. ont une influence d terminante sur sa fa on de percevoir le son En Californie ilrencontre Allan Kaprow inventeur du happe ning Nam June Paik pionnier de l installation vid o Stan Brakhage et Stan Vandebeek cin astes exp rimentaux Il reconna t avec gratitude la chance d avoir re u le meilleur de l universit tout en ayant v cu au c ur d un mouvement artistique prot iforme qui a bou levers sa jeunesse et marqu son poque minimalist maximalist Tout au long des ann es 1970 il est l un des compositeurs performeurs les plus actifs de a sc ne minimaliste am ricaine Il r fute ce qualificatif appliqu sa musique qui selon ui est plut t maximaliste une forme de mas turbation agressive comme si l instrument atteignait l orgasme Le seul rapport avec le minimalisme c est qu il se sert d un nombre imit de notes pour cr er le Charleworld un univers en expansion gouvern par The Golden Research la recherche du son d or qui donne son titre au film a commence avec deux doigts sur un clavier et a s amplifie progressi vement en faisceaux d harmoniques de plus en plus denses Le strumming est la bande son par excellence du cin tisme new yorkais cette vibration m tallique g ante qui influencera les classiques de la post avant garde et la avant gardes new yorkaises g n ration suivante comme le compositeur Rhys Chatham et ses pi ces ascensionnelles pour c
277. or dans le potager J avais envie de faire un film sur ce que c est d tre juif pour moi et pour Marcel et je suis all le voir dans sa petite maison pr s du chemin de fer Est ce que tu m as dit a que c tait a la question fondamentale quand on faisait Le tour du potager interroge Oph ls 39 Non reconna t Godard Le dialogue se muscle les rh teurs s amusent Tu ne voulais pas parler trop clairement poursuit Oph ls et l adresse des spectateurs Chez Godard la m moire est s lective et consciemment s lective rires S ensuit le tressage de deux fils aussi merveil leux qu improbables Comment tourner un film en Palestine et en Isra l quand on n a pas envie de se faire kidnapper Et comment s y prendre pour tre r alisateur lorsque l on ne veut pas passer son temps mendier aupr s des pro ducteurs l vocation du projet inabouti et des 200 000 fax que Godard re ut d Oph ls ce sujet fait ressortir Les failles d une ancienne f cherie et plus encore la dissym trie de deux parcours in galement lotis Jean Luc Godard insiste sur des choix qui font socle pour lui de sa jeunesse aupr s de Fran ois Truffaut aujourd hui tre producteur pour tre ind pendant se foutre des contrats mais cr er dans le cadre de commandes On a aucun droit d auteur mais des devoirs Marcel Oph ls voque lui les enseignements de son p re On n
278. orale C est en jouant lui m me le r le de quelqu un qui succombe la fascina tion qu il accuse le trait monstrueux de Sharon Lorsqu il utilise une vid o d actualit s tourn e par des journalistes au lendemain du massacre de Chatila la m me que celle qu Ari Folman utilise la fin de Valse avec Bachir 2008 ilen fait un usage tout fait diff rent Alors que Folman donne pour r elles ces images en fort contraste avec le reste qui est un film d anima tion Mograbi les pr sente comme un cauche mar qu il aurait fait a change tout Mograbi ne cesse jamais de nous dire qu il est cin aste qu il est en train de manipuler des mat riaux dangereux car ils peuvent nous impressionner sans nous donner acc s la conscience de ce qu est l v nement lui m me Sans cesse il me donne penser ce qu est une image Vous parlez peu de Happy Birthday Mister Mograbi 1998 Est ce que ce film vous a moins int ress J y fais plusieurs fois allusion dans mon film mais je ne pouvais pas tre exhaustif Une des vid os de l installation qu on voit Bergen est l origine une s quence de ce film Je le cite aussi directement lorsqu on voit Mograbi dans son lit d rang par l appel t l phonique de son producteur Je ne montre pas beaucoup non plus The Reconstruction 1994 son premier documentaire Dans ce film il installe une nar ration en voix off et se sert des archives d une mani re tout fait tradition
279. ossible pour avoir les deux per sonnages part gale dans le champ Mais du fait de leur position Blanche allong e de profil devant Gentis assis de trois quarts l espace qui les s pare occupe le centre de l image dans sa profondeur A plusieurs reprises il figure une distance infranchissable o les paroles confuses de Blanche comme celles trop articul es de Gentis se perdent Pour voir l autre chacun doit baisser ou lever les yeux souvent leurs regards s absentent Pourtant ce vide est aussi un espace laiss libre o les paroles comme les regards peuvent se croiser Le cadre comme s il r sultait d un zoom pr alable sur les personnages produit la m me impression contradictoire de proximit et d loignement Dans cette sc ne il est question de distance de place trouver Blanche ne cesse de parler de sa peur de tomber de sa recherche d un point d appui Gentis mal assis au bord du lit recourt aux m mes images pour lui r pondre A trois reprises au moins une communication s tablit entre eux par ce biais Ce sont aussi les moments o dans l image se r v le qu une cam ra est en train de filmer Plus loin dans le film on verra l quipe de tournage lors d une r union entre m decins et malades puis le magn tophone sur lequel les premiers coutent les paroles des seconds enregistr es par les cin astes Mais seule cette premi re sc ne met v ritablement en cho ce qui se passe de p
280. ourneur pour Connaissance du monde Henri Colpi montait le court m trage tir du film conf rence et Marker en crivait le commen taire A son retour Mario trouva un film achev dont l inspiration ne lui semblait pas enti re ment correspondre la sienne Il est vrai que Colpi et Marker avaient quelque peu ajout l uvre premi re Mais Mario bon prince s en montra par la suite satisfait la critique ayant applaudi cette collaboration 3 Les Hommes de la baleine se divise en trois parties La premi re compos e d images du d pe age des cachalots assez pres est une mise en perspective historique et conomique de cette p che men e un train d enfer et images de la culture Les Hommes de la baleine avec brio par le commentaire mark rien On a pu dire sans exag ration qu une femme l gante se mettait du cachalot partout Sous forme de cr me pour le visage de d maquil lant de rouge l vre de savon de shampoing de brillantine un fant me de cachalot s at tache la journ e d une jolie femme pour rehausser sa beaut et par ce biais en provo quant la perdition de l homme prendre sa revanche sur lui La seconde est une sorte de stase et l amorce de la chasse proprement dite y est d crit l exil long de plusieurs mois vers l extr mit Nord Ouest de l le de Faial pour y attendre le pas sage des mammif res Images de la vie quoti dienne des pr paratifs de la ch
281. ouvelle soci t Maurice Charrier maire de 1985 2009 succ dent rapidement d senchantement et sensation d isolement qui aboutiront en 1990 cinq jours d une violence urbaine inou e Mais la force de Vaulx en Velin est d avoir su se servir de ces v nements comme d un aiguillon Un gigantesque chantier d bute impliquant tous les acteurs sociaux qui conduira repenser le centre ville r tablir le lien entre police et habitants construire des logements plus humains impliquer la cit dans tous les grands projets urbains Vingt ans apr s la ville semble enfin apais e et attire m me de nouveaux habitants Serait elle maintenant devenue un mod le suivre pour les autres banlieues et quartiers en difficult D T le cahier La Vie r v e des Italiens du Gers 2009 52 couleur documentaire conception Yolande Magni r alisation Jean Pierre Vedel production M canos Productions France T l visions participation CNC Acs Images de la diversit CR Midi Pyr n es A son entr e au coll ge d Auch Yolande Magni peine remplir sa fiche de renseignements Elle appartient une famille de paysans italiens qui compte neuf enfants Sa fiche est pleine de trous et de ratures Comme l histoire de la colonie italienne arriv e en 1924 au village de Blanquefort Gers Cinq des enfants Magni sont n anmoins devenus enseignants La narratrice tente de d m ler ici les fils d
282. plorer les rapports ambigus et compl mentaires de la photographie et du film documentaire de l image fixe ins r e dans l image en mouvement Photographie d archive qui vient point nomm pallier l absence de l archive film e dans le documentaire d histoire ou le portrait de personnalit sujet central dans le portrait de photographe photographies de famille entrem l es au film Super 8 dans les qu tes familiales d identit s photographie z ro point de d part d une r flexion sur l image originelle films enti rement compos s de banc titres photographiques contrepoint en noir et blanc au film couleur arr t sur image focus sur le d tail r v lateur ou plans fixes qui jouent l esth tique photographique planches contact albums photographies savamment extraites de vrac en bo tes ou jeu de cartes postales manipulation vue regards et jeux de mains son imagin de la photographie donn e voir commentaire ou non en voix off A l appui des films du catalogue Images de la culture quelques pistes de r flexion sur ce th me qui traverse tout le cin ma documentaire Cf Images de la culture No 17 1221828206 90 album photos Notes propos du film Ranger les photos de Laurent Roth et Dominique Cabrera par Eric Briat Les albums photos peuvent s analyser comme des biographies visuelles Les photographies en elles m mes constituent des documents personnels au m me titre que les lettres
283. ps de leurs parents Il y avait des cada vres enfouis partout toute l Espagne tait un cimeti re Je comprends cette qu te des familles mais personnellement je suis oppos e cette privatisation de la m moire Il faut consid rer toutes les victimes celles qu on a pu identifier et les anonymes comme nos parents C est toute l Espagne qui doit porter leur deuil et leur rendre hommage et pas chaque famille en particulier De ce point de vue il reste encore beaucoup faire au niveau politique nationale pour que la nation dans son entier prenne en charge cette m moire Les crimes de Franco n ont jamais t jug s Il ny a pas eu de Nuremberg chez nous Ila eu l impunit totale Il faut donc que la r paration aujourd hui se fasse autrement Lors de la seconde c r monie laquelle Chelo assiste on inaugure une plaque en hommage aux combattants de la libert N est ce pas une r habilitation enti re des gu rilleros Oui ils taient effectivement des combattants de la libert de notre libert tous Dans la guerre civile ce sont eux qui portaient les valeurs de l Europe d mocratique pas les phalangistes Franco s appuyait sur les trois piliers traditionnels de l Espagne l arm e l Eglise et les grands propri taires terriens La autour du monde R publique en cinq ans de 1931 1936 a r ussi branler ces piliers Elle a multipli les coles propag l instruction dans un pays
284. que filmer est une exp rience partag e avec les gens qu on filme Mais moi m me pour embrasser ce sujet j ai d mettre entre parenth ses un certain nombre de normes th oriques et morales que j enseigne Cela me met dans une situation tr s d sagr able Si vous annoncez au directeur d une usine un sujet sur la souf france vous n y entrerez jamais Il ne s agit pas non plus de mettre en danger dans son emploi le cadre qui nous accompagne La solution est de rendre les images tout fait anonymes Aucun indice ne permet de savoir o tel plan a t tourn Comment ont t labor s les textes qu on entend en off D embl e en coutant les ouvriers parler de leur vie j ai t saisie par la beaut de leur lan gage j ai per u une parole po tique sur le r el Il suffisait de la mettre par crit pour que cela devienne de la litt rature J ai commenc dans diverses usines par enregistrer en son seul quatre vingts entretiens que j ai tout de suite retranscrits A partir de l j ai fait un travail de montage et de r criture La deuxi me tape consistait monter condenser comme dans un alambic d canter mais en m interdisant d inventer Par ma formation je suis monteuse C est peut tre ce qui explique mon malaise vis vis du cin ma direct car le montage est la r criture du r el Il y a tout de m me dans le film quelques moments de cin ma direct comme l interview du tueur de porcs Nous
285. quelque chose dans un sens o un autre c est votre vie elle m me vous vivez un petit peu sans joie sans possibilit de vivre ce qu on appelle vivre parce qu il y a quelque chose de plus que travailler Cette longue intervention fait un flop Le fr re le plus loquace finit par r pondre On travaille pour avoir un niveau de vie plus lev Si on se cr ve toute l ann e pour vivre dans un taudis parce que le dire comme c est ily a des taudis en Loz re il y en a beaucoup encore Quand une question n entra ne aucune r ponse quand elle est mal comprise ou qu elle donne une r ponse trop loign e de ce qu on atten dait en g n ral elle est coup e au montage images de la culture Ruspoli fait le contraire Il garde toute la ques tion malgr sa longueur et son fran ais assez fautif on disait de Tosquelles r publicain espagnol r fugi en France qu il parlait le tos quellan un m lange de fran ais de catalan et de castillan Et Ruspoli conserve la r ponse bien qu elle tombe c t ou justement parce qu elle tombe c t Le malentendu est grand entre Tosquelles qui imagine en dehors du tra vail une qu te possible du bonheur et ce jeune agriculteur pour qui le bonheur c est d abord d chapper la mis re et au taudis Sa r ponse renvoie Tosquelles ce qu il est un intellectuel affranchi depuis sa naissance des contingences mat rielles Le film a l honn tet totale de le dire
286. qui s enchev trent en porte faux jusqu 15 m tres de d bord sans effort structurel apparent Le calcul est en effet complexe puisque toutes les faces de chaque maison jouent un r le structurel les volumes sont encastr s les uns dans les autres travers les dalles de plancher qui entaillent les toits des niveaux inf rieurs Ces points de jonction permettent d ins rer escaliers et ascenseur Enfin les murs pignons en verre offrent une vue imprenable sur la campagne A S Ces deux num ros de la collection Architectures sont diffus s sur un DVD avec L Eglise Notre Dame du Raincy cf p 77 beaux arts Renoir au del de l impressionnisme 2009 51 couleur documentaire r alisation Cathie Levy production Les Films du Tambour de soie mus e d Orsay RMN participation CNC France T l visions Procirep Angoa Les souvenirs de Jean Renoir propos de son p re les mots du peintre lui m me et un commentaire chronologique se m lent en voix off Ils montrent que la recherche permanente de la beaut s est exprim e de mani re multiple chez Renoir loin de se limiter au seul impressionnisme Gr ce une riche illustration d uvres Cathie Levy met en vidence les fr quentations artistiques du peintre parmi ses contemporains et les grands ma tres du pass Films et photographies d archives font revivre Renoir en famille dans son atelier avec ses amis marchands d art ou
287. r gn e s y est investie modifiant constamment sa position sa distance et d une certaine mani re interf rant avec lui aucun moment dans son film Fr d rique Pressmann ne fait ouvertement r f rence Georges Perec Pourtant au del de ce qui appara t clairement comme une vis e com mune d crire ce qui se passe quand il ne se passe rien sinon du temps des gens et des nuages 3 s int resser aux trajectoires et aux attitudes des passants dans l espace s attacher aux d tails scruter les effets du temps qu il fait et qui passe sur les lieux Fr d rique Pressmann a choisi pour cadre pr cis le territoire d enfance de Georges Perec En effet l crivain a pass rue Vilin Les six pre mi res ann es de sa vie et elle est l un des douze lieux parisiens qu il avait retenus en 1969 pour laborer et entreprendre Les Lieux un projet interrompu en 1975 qui devait l origine s tendre sur douze ann es Longtemps apr s en 1992 c est dire quatre ans apr s l inauguration du parc de Belleville le r alisateur Robert Bober en un hommage l crivain est revenu sur ses pas renouvelant ainsi pour ce qui concerne cette rue particu li re l entreprise inachev e des Lieux Avec En remontant la rue Vilin Bober remonte le temps l aide de nombreuses photographies comme autant de d fis la disparition il compose sur plus d un demi si cle autour de la figure et de
288. r gr ce l ind niable talent de conteur du cin aste et une foule de documents d archives Forman visiblement rod l exercice et avec un humour d tach contras tant avec les situations ubuesques et doulou reuses qui ont jalonn son parcours d plie l ambiance de la Tch coslovaquie d alors une censure omnipr sente tant sur les uvres que les mentalit s face une jeunesse tr s vivante partag e entre l cho des modes de l Ouest notamment en musique et en danse et une id ologie de plomb Seul chappatoire possible essayer de rallier l Ouest Avec ses camarades de la nouvelle vague tch que dont il deviendra apr s son premier film LAs de pique 1963 le chef de file il s agit d tre simplement fid le la r alit de la jeu nesse contre l utopie stupide des id ologues montrer les aspirations les errances les diver tissements et les dragues des jeunes Tch ques Pour les suivre la cam ra se fait l g re et vive le rythme rapide le sc nario laisse une place l improvisation assum e par quelques acteurs professionnels entour s d amateurs dont le m lange comme le raconte Forman sert composer un certain mouvement de jeu les pre miers donnant le rythme tandis que les seconds apportent leur franchise documentaire En parall le Lagier rythme son film l aide de grandes plages musicales insistant particu li rement sur cet aspect m lodique des films de Forman Une jeune
289. r Mme Guelon une petite production de beurre de cr me qui a son succ s en marge de l levage C T Parures pour dames 2010 56 couleur documentaire r alisation Nathalie Joyeux production Les Films d lci TV Tours participation CNC Centre Images CG Seine St Denis Acs Images de la diversit Scam P riph rie Pendant plusieurs mois la styliste Sakina M Sa a r uni une fois par semaine douze femmes sans emploi pour la r alisation d une collection de robes d sob issantes A l horizon de cette exp rience une exposition au Petit Palais Paris et pour celles qui le d sirent la possibilit de participer comme mannequins au d fil de la styliste Nathalie Joyeux suit pas pas cette aventure cr atrice en mettant en relief enjeux et r percussions On est l pour d sob ir rappelle r guli rement Sakina M Sa pour qui le v tement est avant toute chose un moyen d expression D origines et de milieux diff rents les douze couturi res improvis es sont incit es exprimer leurs racines leur histoire tout en se lib rant des sch mas vestimentaires pr con us Pour cela il faut suivre la m thode imagin e par Sakina visite au mus e tout d abord pour analyser avec une conf renci re les tenues de femmes repr sent es dans la peinture La Femme aux gants de Giron Les Demoiselles du bord de la Seine de Courbet puis utiliser des v tements pr existan
290. r d une vingtaine d ouvrages individuels et collectifs La R volution sans mod le 1974 Histoire de la Philosophie 1972 d un roman autobiographique Les Ann es de d molition 1975 de pr faces et de nombreux articles notamment pour la revue Arguments Philosophe il fut historien Historien il fut un g ographe trange Hell niste discret convaincu que la philosophie parle grec et que l homme parle philosophie il pratiqua une philosophie populaire M B Bricoleurs de paradis 2011 53 couleur documentaire conception R my Ricordeau Bruno Montpied r alisation R my Ricordeau production Temps noir France T l visions participation CNC Plan te minist re de la Culture et de la Communication DGP Procirep Angoa Voyage au pays des inspir s du bord des routes du Nord et de l Ouest de la France R my Ricordeau y accompagne Bruno Montpied qui depuis plus de vingt ans trace une cartographie empathique des sculptures spontan es et prolifiques cr es par des po tes qui enchantent leur jardin Les visites successives construisent une galerie de portraits attachants nourrie par des tournages plus anciens et un commentaire sensible Si Leurs uvres sont d une vari t tonnante ces autodidactes de l art ont en commun leur modestie et souvent leur pudeur mettre des mots sur leur motivation ou le choix de leurs sujets Tous sont anim s d un besoin compulsif
291. r de l un est reli un syst me de p dales Impressionnante pr sence de cet objet d aspect surr aliste dont le sombre verni et la riche vibration occupent tout l espace Aux commandes de ce vaisseau sonore Char lemagne mart le avec gr ce et une extr me concentration les diff rents mouvements de From Etudes to Cataclysms La s quence musicale fait l objet d un enregistrement le compositeur et les techniciens valuent les propri t s acoustiques de l glise tandis que Charlemagne r coute une prise en ex cutant une petite danse sur place Enfin face un auditoire tr s jeune il partage la sc ne avec son complice de longue date le violoniste Tony Conrad autre l gende du minimalisme pion nier du drone des syst mes d accordage math matiques et du cin ma exp rimental Tous deux chapeaut s fa on boh me urbaine Charlemagne Palestine vocalise un verre la main Tony Conrad virevolte tandis que son violon harmonise Surgissant des fant mes de la jeunesse le chaman le clown le Quasi modo des ann es 1970 ses rituels sa folie parfois sa violence ces vieux messieurs aussi d bonnaires qu excentriques cachent sous leurs clowneries kitch une esth tique et une pens de la radicalit dont l influence hante les milieux artistiques depuis plus de vingt ans sc ne prot iforme La musique des minimalistes des ann es 1960 70 oubli e dans les ann es 1980 mis part celle des r p tit
292. r en une g n ralit Il deviendrait le visage de toute la jeunesse en tout cas de tous les jeunes soldats Mograbi a cr le visage du jeune homme partir des traits d un ami de son fils Beaucoup de gens lui ont dit qu ils pensaient le reconna tre il a le visage de beaucoup de jeunes qui apr s leur service militaire cessent de se raser partent en Am rique latine ou en Inde et 33 fument beaucoup de cannabis Ils int grent une mani re de vivre cool Il y a quelque chose d assez ind cent les voir faire du home cinema avachis en train de fumer leurs joints Ils sont tr s cool alors qu ils ont commis le pire C est tr s fort de mettre en vidence l cart entre ces jeunes gens sympas qui font leur vid o de couple dans leur salon et le tragique de ce qui se dit entre eux le meurtre l impossibilit du pardon Et par contraste avec l extr me banalit de ces images Mograbi se met en sc ne lui m me avec un dispositif tr s labor l inverse de ses premiers films On est dans la pi ce de son appartement o il s est film dans les films pr c dents mais l en contrepoint des t moi gnages des jeunes gens il incarne une sorte de ch ur antique avec une parole chant e D o lui vient selon vous cette inventivit si singuli re Je ne le connais pas assez pour le dire Il a d abord travaill dans le cin ma commercial dans la publicit comme directeur de production et premier as
293. r l omnipr sence du texte litt raire la restitution de la r alit passe essentiellement par la qualit didac tique ou sensible du commentaire et l habilet du narrateur On imagine d s lors pourquoi Mario Ruspoli qui a partag longuement la vie des liens et les risques de la chasse la baleine se soit d abord trouv r serv sur le film produit par Argos La distance ironique parfois lyrique par le souci de r inscrire anachronisme de cette chasse dans la tradition de la lutte ancestrale de l homme avec les l ments qu instaure le commentaire avec les images est sans doute trop grande et on est plus d une fois tent de revoir les images de Ruspoli seules pour 82 constater leur force documentaire et leur qua lit d exp rience rare cin ma direct ILfaut reconna tre que depuis le cin ma direct a profond ment modifi nos sensibilit s Et sans doute l inspiration de Ruspoli aux A ores tendait d j vers cette vidence documentaire dont il sera bient t l un des chantres De fait Ruspoli n est rien moins que l inventeur de l ex pression de cin ma direct qui avec le temps se substituera celle de cin ma v rit Il n a pas fait que trouver la formule il a particip acti vement cette poque en r alisant quelques mois apr s Chronique d un t de Rouch et Morin deux films relevant pleinement du genre Les Inconnus de la terre et Regards sur la folie A chaque fois sur la
294. r le d sir de redonner Cage la place qui lui revient celle d un musi cien Je vous donne un exemple j ai traduit si quelqu un s endort laissez le s endormir j in siste donc sur la r p tition du son dor dans la traduction pr c dente on aurait pu lire si quelqu un s endort laissez le sommeiller Cette traduction ne cherchait pas faire sonner l criture elle ne permettait pas de s appuyer sur le mat riau mot Cela a fait l objet d un d bat avec quelques amis anglophones les questions de traduction ne nous ont jamais paru innocentes Mais le choix de ce texte bien s r vient de l int r t que nous portons en tant que musiciens l uvre de Cage Jean Jacques Palix La traduction dont il s agit est celle des ditions Deno l qui tait comprise dans la premi re dition du livre Silence de Cage en langue fran aise Un peu apr s le film les ditions H ros Limites Gen ve ont publi une nouvelle traduction trad Vincent Barras 2003 sans doute parce qu ils taient eux aussi insatisfaits J ai lu sur votre site que la lecture et l enregistrement la performance ont pr c d l id e de faire un film J J P L id e de d part c tait le sonore la lecture du texte par Eve pour le donner enten dre et comprendre L id e du film est venue juste apr s pendant qu Eve r p tait qu elle finissait de corriger le texte Cela m est apparu avant gardes new yorkaises tr s sponta
295. r s quiper en mat riel moderne Sans entraide de la plus spontan e la plus orga nis e on s en sortira pas Si on veut arriver quelque chose il faut que tout le monde prenne conscience de cette volution aussi Le docteur Fran ois Tosquelles est deux m tres et sa droite se tient Mario Ruspoli qui tend le micro Tous les deux sont assis film s de dos ou de trois quarts La mise en sc ne s il yen a une souligne l opposition entre ceux qui sont debout en plein effort physique et ceux qui sont assis occup s capter l image le son et surtout le sens Les manuels et les intellectuels Ceux qui ont en charge la terre et ceux qui ont charge d me Le dispositif du cin ma documentaire est exhib assum avec l intervieweur qui pose les ques tions le cin aste qui tend la perche Ce qui nous para t naturel aujourd hui mais tait d une grande nouveaut en 1960 c est une cam ra l g re la fameuse Coutant qui se manie en ext rieur et s adapte au terrain Le point faible qu on ne voit pas mais qu on devine c est l ab sence de son synchrone qui rend l exercice de l interview en plein air tr s d licat Chose notable c est l ami psychiatre qui m ne l entretien Il voudrait amener Les deux fr res parler de la vie du bonheur Fran ois Tosquelles Vous voyez franchement je ne m int ressais pas tant ce point de vue politique de votre travail sinon au fait que si vous ne faites pas
296. r se faire relev d intensit s courbes iso thermes diagrammes des souffles et du d pla cement des masses d air tout ce qu un corps modifie dans son environnement imm diat ces pi ces confin es o il recueille la parole d Adachi ces espaces ouverts parfois satur s par la foule au milieu de laquelle il enregistre lanomalie de sa pr sence mais aussi cet espace qu un corps flout r v le au plus pr s de soi cette zone infime et indistincte o ses limites son piderme se font poreux Gran drieux la recherche d un en dec de l image qui r v le davantage que l image m me Non pas son envers mais son paisseur l o elle se fait vibrations l o elle appara t justement au risque d elle m me Adachi image s M C 1 Adachi Masao Eiga Kakumei Kawade shob shinsha T ky 2003 2 Masao Adachi Le Bus de la r volution passera bient t pr s de chez toi Ecrits sur le cin ma la gu rilla et l avant garde 1963 2010 Ed Rouge profond coll Raccords 2012 Tous mes remerciements Nicole Brenez pour m avoir communiqu la traduction de cette citation 3 Matsuda Masao Eiz F kei Gengo Image Paysage Langage F kei no shimetsu L Extinction du paysage Tabata shoten T ky 1971 p 107 sq 20 Les Maisons de feu Films retenus par la commission Images en biblioth ques Dans L Anabase de May et Fusako Shigenobu Eric Baudelaire ne cherche pas tracer un r c
297. r un terrain neutre la nature Aujourd hui la fronti re s est d plac e Cette fois les hommes et les baleines sont dans le m me camp Et chaque baleine qui meurt nous l gue comme une proph tie l image de notre propre mort Alors que la voix f minine prononce cette derni re sentence les cris des baleines l agonie grincent sur la bande son Les images montrent la violence de la p che coup de canon lance harpon Un bout de chair fra chement d coup glisse sur le pont d un immense bateau japonais et dis para t dans l orifice des soutes Trou noir Silence Le d pe age industriel en faisant cho la premi re s quence des Hommes de la baleine cl t le cycle des baleines de Ruspoli Marker A L 1 Anatole Dauman avec Jacques Gerber Argos Films Souvenir Ecran Paris Centre Georges Pompidou 1989 p 71 2 Entretien au Masque et La Plume 1964 ina fr 3 Argos Films Souvenir Ecran Op cit p 74 4 Eric Rohmer in Arts novembre 1958 C est une tr s heureuse id e d avoir commenc le film par le d pe age du cachalot afin de bien clairer le spectateur sur l enjeu de la lutte celle ci nous appara t ainsi non seulement comme un sport une corrida mais un travail 5 Ruspoli r dige notamment le fascicule Pour un nouveau cin ma dans les pays en voie de d veloppement le groupe synchrone cin matographique l ger Paris Unesco 1963 en ligne sur decadrages ch Sur
298. r vraiment L His toire semble derri re King Hu comme un livre noir 28 le wu xia pian entre pass et pr sent Acteur c l bre Hong Kong Chin Chang Hu r alise des films en sam ricanisant sous le nom de King Hu et conna t son premier succ s avec L Hirondelle d or 1966 Hubert Niogret interroge ceux qui l ont connu acteurs pro ducteurs assistants et offre une image de l homme bien loin du clown qu il savait tre l cran Homme cultiv il donne au cin ma ses lettres de noblesse le consid rant comme un art et non comme un pur divertissement contrai rement ses contemporains La productrice et critique Peggy Chao insiste sur son sens plastique L apparition et la disparition des personnages dans la nature les visages peints qui d finissent le personnage en lui donnant un ge une appartenance sociale un caract re ou encore les combats chor graphi s comme des danses sont autant de survivances de l op ra traditionnel de P kin La violence y devient m me une forme d abstraction pour preuve la tr s faible repr sentation du sang dans ses films L autre aspect de la personnalit de King Hu bien mis en valeur dans le documentaire est sa capacit de travail titanesque Son perfec tionnisme ne va pas sans une certaine lenteur ce qui d pla t la Shaw Brothers qu il quitte pour r aliser des films Taiwan d s 1967 S il se pr te tous les r les de la calligraphie pour le g n rique au
299. rage Les Hommes de la baleine paraissait chez Offidoc texte qui pr sente notamment l int r t d voquer les conditions de tournage du premier film Baleine et cachalot deux livres deux films il s agit ici d histoires de paires Celle compos e par les deux films est un bon t moignage de ce qui s est jou entre les ann es 1950 et 70 dans le cin ma documentaire d auteur les chos mais surtout les diff rences entre ces deux films disent assez bien l volution des menta lit s en g n ral et de la pratique cin matogra phique en particulier La comparaison est d autant plus marquante pr cieuse que derri re ces deux films ily a un r f rentiel commun un m me couple d auteurs Mario Ruspoli donc et Chris Marker les a ores Il faut revenir sur l histoire des Hommes de la baleine Conf rencier pour Connaissance du monde Ruspoli avait tir des rushes tourn s aux A ores un montage d une heure et demie qu il accompagnait de ses propres commen taires et d enregistrements sonores capt s lors de son s jour chez les A oriens C est alors qu intervint Anatole Dauman ancien condisciple de Ruspoli l internat de Montjoie Le producteur raconte s tre d abord gentiment endormi lors de la conf rence de Ruspoli puis comment la demande de ce dernier il prit en charge la production de ce qui allait devenir un court m trage Tandis que Mario se trouvait l tranger dans l exercice de ses fonctions de t
300. rans ordinateurs postes de contr le et les mots se multiplient se chevauchent se brouillent dans un incessant aller retour entre pass et pr sent Cet essai po tique brouille les pistes bouscule notre perception lin aire de la vie et des v nements notre rapport au quotidien et au temps Le film semble nous plonger dans une sorte de torpeur tranquille et banale mais bruisse de questionnements Jean Marc Lhommeau Biblioth que municipale Le Plessis Tr vise l outil qui permet de visionner la photo va faire le trac Attention microscopique du regard concentration et rigueur du geste sont exig es Les m mes lieux que ceux d autrefois sont fil m s en couleur et au pr sent Les r alisateurs font revenir l IGN les employ s d hier et leur font refaire sur place les gestes de leur carri re pass e Ceux d aujourd hui comparent leurs m thodes avec celles d antan le passage a eu ieu d un dessin manuel ou m canis une echnique num rique Ces effets de d calage entre pass et pr sent font dialoguer les poques et rejouent les carts entre un ici et un ailleurs carts manifestes dans la carte g ographique ou dans la carte postale Mon sieur M a beau tre attach un ici r p titif et routinier il cartographie au 1 50e la lointaine le Mal koula en Oc anieetillit attentivement es cartes postales envoy es par ses coll gues sensible la pr sence vanescente de ces voix venues d a
301. ratch du VHS Etes vous nostalgique de ces anciens supports Nostalgique non Mais j aime le cin ma L image sur pellicule est unique irrempla able Elle est ancr e dans ma m moire J aime cette image elle m meut beaucoup Avec le VHS ce qui a commenc comme un travail d archive et de recherche est devenu le mat riau m me du film et une passion en soi J ai ador cette image imparfaite baveuse floue impr cise impr visible myst rieuse et libre Elle a trait un peu avec la peinture Mais c est une image d j oubli e remplac e par l image DVD Le num rique essaye d sesp r ment d imiter le 35 mm sans vraiment y arriver Je trouve qu il faut utiliser chaque support pour ce qu il est et ne pas essayer de camoufler un support par un autre A qui est destin ce portrait de star gyptienne Je ne l ai pas fait pour un public particulier arabe ou occidental Je crois que l histoire et le destin de Soad Hosni transcendent le contexte culturel d origine Le film montre le destin tragique d une actrice d une femme dans sa jeunesse sa gloire et sa maturit l norme travail qu elle a fait dans sa vie et tout ce que son corps a subi ses amours ses joies et ses peines sa douleur et le temps qui passe C est une histoire qui d passe sa r f rence culturelle d origine Quel souvenir avez vous de la projection du film pour le prix Renaud Victor la prison des Baumettes Marseille pendant le FID C tait un mom
302. rdite par la R publique Populaire C est comme si travers l action du wu xia dhang Yuan LEURS Iig CE OUR pian il voulait garder une trace une m moire vive de ces paysages Ce geste le rend tran gement contemporain d un Wang Bing ou d un Jia Zhang ke qui cherchent rendre visibles dans le trop plein du pr sent assassin les ruines d une histoire en marche M D 1 L acte de naissance de la 5 me g n ration est La projection au festival de Hong Kong en 1985 de Terre jaune de Chen Kaige Ce succ s retentissant est suivi par La Loi du terrain de chasse de Tian Zhuang zhuang 1985 et Le Sorgho rouge de Zhang Yimou 1987 Ces films sont ancr s dans le monde rural et participent d un retour aux racines chinoises notamment en magnifiant une tradition picturale et musicale orientale cnc fr idc Le Cin ma chinois d hier et aujourd hui d Hubert Niogret 2007 59 images de la culture Kami Hito E On the Edge 2008 28 couleur documentaire r alisation et production Basile Doganis Dans les marges de Young Yakuza 2008 de Jean Pierre Limosin dont il tait l assistant r alisateur Basile Doganis a film le crew de hip hop japonais qui signe la bande son RGM NOFEAR Ky Chi ou Yotchan jusque sur les marches du Festival de Cannes Success story ou br ve incursion dans le star system japonais Ni l une ni l autre plut t la gal re de rappeurs qui chance et notori t semble
303. re partie de Charlemagne Palestine the Golden Sound voque sa jeunesse Broo klyn o il est n en 1945 o 1947 selon les sources Charles Martin ou Chaim Moshe Tzadik Palestine son apprentissage du chant dans une chorale de synagogue avant de devenir 16 ans carillonneur de l glise piscopale St Thomas sur la 5 me avenue Manhattan Dans l instrumentarium de Charlemagne Pales tine le carillon occupe une place embl matique aux c t s du synth tiseur analogique Buchla du grand piano B sendorfer Imperial et main tenant du piano deux claviers le doppio bor gato construit sur mesure par le facteur d instruments italien Luigi Borgato Les moments forts du film sont ceux o Char lemagne est saisi en train de jouer sa musique dans un vaste loft immacul tr ne la machinerie complexe du carillon magnifique cube de m tal m canique de pr cision t n breuse c bles p dales et cloches l origine de la technique du strumming litt ralement acte de faire sonner des cordes de piano de guitare qui structure toute sa musique pour piano depuis les ann es 1960 R gal d une petite pi ce cris talline chor graphie du jeu de mains et de pieds choral de cloches dont les r sonances fluctuantes enveloppent l auditeur dans un nuage d harmoniques c lestes Plus tard dans une petite glise italienne on assiste au d ploiement du borgato deux grands pianos superpos s dont le clavie
304. re social C est la dimension cathar tique du cin ma am ricain faite de violence destructrice et de r conciliation Mais l horizon de la r conciliation l ternel happy ending qui viendrait couronner la poursuite du bonheur appartient il la r alit ou la fiction Et cette fiction qui voudrait purger la soci t de sa violence n est elle pas suspecte au contraire de l exciter que l on pense au r cent massacre d Aurora dans une salle de cin ma surtout si le r ve promis par la fiction ne se r alise pas s il se r v le tre un cauchemar ou un mensonge souvenirs d enfance Poussi res d Am rique s ouvre sur le r cit d un mensonge Christophe Colomb qui avait promis une r compense au premier de ses marins qui verrait la terre refuse de l accorder au vainqueur sous pr texte qu il l a aper ue avant lui Ce mensonge inaugural le film le d cline sous une multitude de petits r cits qui sont autant d histoires de r signations de d ceptions de promesses non tenues qui tapis sent Le revers du r ve am ricain l homme qui construit sa piscine ne veut plus de sa vie de famille une fois Les travaux termin s la femme qui son mari demande ce qu elle veut pour son anniversaire r pond qu elle souhaite le divorce la m re qui sur son lit de mort d sire se maquiller une derni re fois y renonce en contemplant son visage vieilli dans le miroir et ainsi de suite La dimension infernale de l
305. recommandation de Dauman il collabore avec l op rateur qu b cois de Chronique d un t Michel Brault qui utilise des prototypes des cam ras syn chrones cr es par Coutant On retrouve Rus poli en compagnie des Leacock Brault Rouch et consorts lors des d bats internationaux consacr s cette r volution du documentaires Tourn e avec des cam ras Bell amp Howell 16 millim tres l image des Hommes de la baleine pr figurait d j l esprit de ce cin ma l ger proche des sujets film s Dans le d tail on s tonnera mais c est videmment plus facile de notre point de vue que Colpi n ait pas pressenti qu il devait respecter l int gralit de la chasse depuis la chaloupe En alternant vue embarqu e et vue ext rieure d une barque une autre en restant fid le un d coupage somme toute emprunt la fiction narrative il rompt l unit d action et le pacte documen taire toutes choses que le cin ma direct va red finir comme des enjeux centraux lci comme dans beaucoup de documentaires de l poque c est au commentaire qu il revient d attester la v racit de l exp rience On pressent que le tournage de Ruspoli est alors en avance sur son temps et ind niablement la suite de son parcours milite pour cette hypoth se l o Colpi Marker poursuivent les ann es 1950 et ne semblent pas avoir encore pleinement pris conscience de ce qui s annonce encore indis tinctement6 L image mais pas
306. remet lui m me en question Le directeur Fran ois Tosquelles un des p res de la psychoth rapie institutionnelle s interroge sur la vocation de ce film qui ne doit pas tre une propagande pour l h pital La s quence finale intitul e La F te prisonni re fonctionne de mani re assez autonome Elle a t tourn e l occasion de la kermesse annuelle du village f te triste o tous les habitants se m lent malades ou non dans une belle galit E S 86 et l emp chent de vivre parce qu elle n arrive pas se les expliquer Gentis ne laisse pas le silence s installer et changeant de registre poursuit aussit t Comment vous expliquez toutes ces pers cutions Cela pourrait sem bler une fausse question faite pour que la malade exprime ce dont elle n a pas conscience mais dont lui le m decin saura se servir Pourtant en posant le fait d une souffrance et la tentative de l expliquer sous la forme d une question Gentis s adresse bien Blanche pour dire conjointement deux ordres de r alit en se mettant sa place il reconna t cette souffrance sans explication qui la rend n cessairement victime depuis sa propre place de m decin il suscite une premi re distinction entre cette souffrance et ce qui pourrait l expliquer Le plan fixe traduit l vidence mais aussi la dif ficult de cet change de paroles La cam ra est install e perpendiculairement au lit la seule place p
307. repos des corps en souf Life 2011 73 couleur documentaire r alisation Patrick Epap production N on Rouge Production participation Ard che Images Production A Douala au Cameroun Patrick Epap filme le quotidien d un groupe de jeunes femmes danseuses professionnelles engag es pour le tournage de clips musicaux ou pour des shows en bo tes de nuit Ida Poupina et Clarence s efforcent courageusement de joindre les deux bouts malgr les probl mes de sant de l une les relations conflictuelles avec les hommes et une soci t qui associe trop naturellement danse et prostitution Auxiliaires indispensables des stars de la chanson camerounaise comme Prince Eyango qu elles accompagnent dans leurs concerts et leurs clips les danseuses incarnent pour le public glamour et sex appeal Mais tenues affriolantes et d hanch s sexy cachent une r alit moins clinquante et peut tre plus attachante Clarence raconte ainsi comment le manque d argent l a contrainte se prostituer et avorter d une grossesse non d sir e Toujours taraud e par les remords elle l che Je me dis que Dieu est peut tre f ch avec moi Ida elle se sentant l troit au Cameroun voque son r ve de devenir une grande star qu elle voudrait r aliser l tranger en France pourquoi pas Mais en regard Life met aussi l accent sur le courage de ces jeunes femmes devant la duret de la vie camerou
308. rg tonyconrad net vimeo com annemaregiano marielosier net cnc fr idc The Ballad of Genesis and Lady Jaye de Marie Losier 2011 68 et Images de la culture No 26 p 4 7 Patti Smith l oc an des possibles d Ana s Prosaic 1997 51 Eliane Radigue l coute virtuose d Ana s Prosaic 2011 61 sera pr sent dans le prochain num ro d Images de la culture images de la culture bleu ciel bruits blancs Nous f tons cette ann e les 100 ans de la naissance de John Cage Pour Eve Couturier et Jean Jacques Palix ce sont les 10 ans de Conf rence sur rien film qui donne entendre en fran ais la conf rence Lecture on Nothing prononc e par Cage en 1949 l Artist s Club de New York Ce discours compos la mani re des Sonates et interludes pour piano pr par 1946 1948 a valeur de manifeste et d exp rience po tique et sonore Palix et Couturier musiciens gens de radio bricoleurs de sons nous emm nent sur un nuage au pays des merveilles de John Cage Entretiens crois s Comment vous est venue l id e de ce film Pourquoi avoir choisi ce texte Eve Couturier C est d abord une histoire de traduction En 2002 il y avait peu de traduc tions de ce texte en fran ais Celle qui tait disponible commettait un contresens vident selon moi en abordant ce texte de mani re lit t raire et non pas musicale Il s agissait de petits d tails certes mais suffisamment r v lateurs pour suscite
309. ribuent rendre l uvre d Epstein contemporaine Apr s tout dans cette pre mi re d cennie du XXIe si cle une des princi pales modifications du travail cin matogra phique sur le r el n est elle pas l effacement de la fronti re jusqu alors sentie comme intan gible entre documentaire et fiction C D histoires de cin ma A voir james june info cnc fr idc Jean Epstein Termaji de Mado Le Gall 1997 52 Jean Epstein ou le Cin ma pour lui m me coll Encyclop die audiovisuelle du cin ma de Claude Jean Philippe 1977 26 Jean Epstein Young Oceans of Cinema 2011 68 couleur documentaire r alisation James June Schneider production Bathysph re Productions TV Rennes 35 Cin math que fran aise Cin math que de Bretagne La Huit Production participation CNC minist re de la Culture et de La Communication Cnap CR Bretagne Procirep Angoa Pour aborder la large part maritime de l uvre d Epstein James Schneider retrouve les lieux qui ont inspir le cin aste et reconstitue visuellement certains plans Extraits de films citations de ses crits archives interviews de sa s ur et collaboratrice Marie Epstein de Jean Rouch grand admirateur et t moignages de descendants de marins qui l ont aid compl tent ce portrait hant par des images de mer en col re et le grondement du vent N en Pologne en 1897 Jean Epstein tudie la m decine Lyon avant d aller
310. rience sensible le moindre contact avec l environnement est d une grande intensit au point que la jouissance menace toujours de basculer en douleur La nature ravit mais elle pique elle blesse elle peut rendre aveugle Cette dimension l d coule t elle seulement de la personnalit de Giacomo ou avez vous particuli rement travaill dans ce sens Je pense que c est d la fa on dont nous avons tourn qui consistait en un travail com mun entre Giacomo Stefania et moi Le film vient beaucoup d eux et l enjeu pour moi tait de r ussir attraper des choses susceptibles de me transporter de me toucher Ne pas savoir a priori ce que l on veut filmer permet de rester attentif au moindre v nement avec une dis ponibilit qui est tr s physique 66 Le choix de la pellicule est tr s coh rent de ce point de vue il s agissait de capter l empreinte laiss e par les v nements ce dont le num rique est par nature incapable Oui il y a quelque chose de tr s sensible phy sique dans le filmage en pellicule et cela change beaucoup de choses au tournage C est tr s fragile tr s d licat il y a un enjeu des contraintes Avec la pellicule on a le sen timent de faire les choses la fois pour la pre mi re et la derni re fois C est un peu le sujet du film Ces premi res fois qui sont aussi les derni res ce pourrait tre une d finition de l adolescence Absolument Et c est une intensit que
311. riture me permettait de tisser toutes les interactions possibles autour de ces sujets Le c ur du film est la langue elle est centrale c est elle qui est donn e lire dans une mise en sc ne de la pens e et de la parole qui ne doit jamais maquiller le r el ou faire diversion Ce sont les jeunes filles qui tirent un fil drama tique d une grande complexit car elles analy sent leurs pratiques elles les disent ou les parlent et dans ce mouvement elles les mettent en question Au bout du compte le film est assez proche de cette toute premi re criture m me si entre temps je suis pass e par plein de chemins divers et vari s qui ont fait voluer le projet La rencontre humaine a fait voluer ma pens e et le projet aussi bien s r Mes id es ont volu et se sont affin es et complexifi es parfois A l image je voulais retrouver le reflet du regard que je porte sur ces jeunes filles quand je dis qu elles sont des princesses Les choix de cadrage se sont faits pendant le long temps des entretiens ils t moignent de la relation de confiance qui s tablissait et de notre recherche d un lien vident entre la forme et le fond Extrait du livret entretien avec H l ne Milano conduit par Florence Gendrier Co dition DGLFLF du minist re de la Culture et de la Communication Sc ren CNDP L Acs Paroles partag es CNC 48 p 2012 Livret ins r dans le bo tier du DVD RRAET Er Les
312. ropose de r aliser Drive finissent de le consacrer Alejandro Jodorowsky le d signe comme le sauveur d un cancer d uniformisation qui s appellerait Hollywood M D le cahier i walis rT an i l soci t Avec Fran ois Ch telet un voyage diff rentiel 2010 60 couleur documentaire r alisation Ivan Chaumeille production Groupe Galactica Mosa que Films Canal 15 participation CNC TLSP Acs Images de la diversit Procirep Angoa Comment parler d un homme parler pour un homme trop t t disparu sinon en convoquant ses proches pour leur faire tenir le r le de l absent C est le pari tenu par Ivan Chaumeille pour restituer dans toute sa richesse et sa complexit la figure du philosophe Fran ois Ch telet 1925 1985 professeur et penseur politique tre curieux de tout et intellectuel engag dans les combats de son temps Diff rentiel dans la mesure o il fait jouer entre eux des l ments fragmentaires et disparates ce voyage avec Fran ois Ch telet en compagnie de sa femme son fils et certains de ses pairs et amis accomplit une plong e dans ses archives T moignages manuscrits photos gravure in process et documents audiovisuels contribuent faire surgir la personnalit de celui qui dirigea le d partement de philosophie de l Universit de Vincennes participa la fondation du Coll ge international de philosophie fut l auteu
313. ry Julien Farenc Manuela Fr sil Emmanuelle Fredin Clarisse Hahn Antoine Leclercq Jean Marc Lhommeau Christian Magnien Martine Markovits Evelyn Mesquida St phane Miette Marc Nigita Marianne Palesse Jean Jacques Palix Nicolas Plateau Fran oise Poulin Jacob Pierre Paul Puljiz Jean Pierre Rehm Abraham S gal Oktay Sengul Rania Stephan Images de la culture est dit par le Centre national du cin ma et de l image anim e pr sident Eric Garandeau directrice g n rale d l gu e Audrey Azoulay directrice de la communication Milvia Pandiani Lacombe directrice de la cr ation des territoires et des publics Anne Cochard chef du service de la diffusion culturelle H l ne Raymondaud responsable du d partement du d veloppement des publics Isabelle G rard Pigeaud maquette Etienne Robial avec Dupont amp Barbier impression IME Imprimerie Moderne de l Est La photographie de couverture est extraite du film L Et de Giacomo d Alessandro Comodin Cf p 65 et les photographies ci contre sont extraites du film Une Vie normale Chronique d un jeune sumo de Jill Coulon Cf p 56 La reproduction totale ou partielle des articles et des notices de films doit porter imp rativement la mention de leur auteur suivie de la r f rence CNC Images de la culture ISSN 1262 3415 CNC 2012 translation Les Etats Unis le Japon la Chine Isra l l Egypte la Turquie le Cameroun et aussi l Espag
314. s avec Clarisse Hahn et Oktay Sengul Le titre Kurdish Lover laisserait attendre un portrait ou une histoire d amour pourtant votre compagnon Oktay Sengul reste en marge du film Clarisse Hahn C est vrai que le titre peut sembler d routant C est un titre l ger un peu comme celui d une chanson quelque part entre latin lover et turkish delight Le kurdish lover c est avant tout un passeur Notre rela tion appara t en filigrane ce n est pas le sujet principal du film Le sujet ce sont les gens qui entourent Oktay sa famille les habitants du village Mais il est souvent question d amour ou de mariage Dans le film ce sont Les femmes qui occupent le premier plan Comment ont elles pris une telle importance Pourquoi les hommes sont ils en retrait C H Au Kurdistan il tait plus facile pour moi de filmer des femmes C est vrai qu il n ya dans le film que des m res et des fils IL n y a pas d hommes dominants Face la cam ra les hommes se croyaient oblig s de tenir une fonc tion sociale de donner des ordres de me diriger De mani re g n rale les femmes s expriment plus que les hommes Filmer l int rieur du foyer o les femmes sont fortes tait beaucoup plus simple Cela m a rappel Karima Karima 2003 98 pour qui le r le de dominatrice tait une prolongation de la figure de la m re dans la soci t maghr bine Cela a aussi permit Oktay de passer du temps avec les femmes Ce qui e
315. s dans un site naturel grandiose boulevers jamais par l homme dans une ville qui sera submerg e par le barrage des Trois Gorges quelques mois plus tard en parall le un mineur cherche sa femme qu il n a pas vue depuis des ann es et une femme cherche son mari pour en divorcer L histoire intime est un pr texte pour saisir un espace collectif sur le point de dispara tre Jia Zhang ke donne voir la dis parition tragique de ce paysage jusque l consid r comme ternel l origine de tout un art pictural comme l effacement m me de l art du temps et de la m moire Son projet se pr cise encore avec le diptyque 24 City 2008 et I wish knew 2010 le pre mier montre des t moignages film s dans une cit ouvri re en train d tre d truite au profit d un complexe immobilier de luxe le second propose sur le m me principe un portrait de Shanghai des ann es 1930 nos jours Les interviews alternent fiction et documentaire sans distinction apparente Cette attention au lieu en tant que r v lateur d une Histoire qui le d passe est g n rale dans le cin ma chinois Le gigantesque complexe industriel de She nyang son agonie et le corps de l homme assujetti cette agonie est le sujet du docu mentaire majeur de Wang Bing A l Ouest des 30 La Chine et Le R el rails 2003 Le film est partag en trois chapi tres Rouille entre dans les usines Vestiges s aventure dans les ruelles de l
316. s le vio loncelle et l alto ont chacun une partition ils se suivent se croisent s unissent se s parent Conf rence sur rien est une apologie de la structure Cage expose la structure du texte au fur et mesure qu il progresse Il dit aussi avoir emprunt la structure de ses compositions de l poque Sonates et interludes pour piano pr par La conf rence est une pi ce musicale confi e l interpr tation du lecteur Comment avez vous pr par votre interpr tation E C J ai fait un d coupage au niveau du souffle pour pouvoir traverser physiquement le texte Je m tais mis des annotations comme un pianiste peut en crire sur une partition en plus de celles du compositeur Non seulement pour la respiration mais pour pr venir les changements d tat Pour la s quence d hypnose il fallait entrer dans un tat particulier pour transmettre la sensation l autre Cela demande une grande attention au mot pr s toutes les petites nuances tous les glissandos de cette partie l Si Cage associe parfois des id es de mani re assez brutale ce moment l de la pi ce on plonge dans un bain C est une histoire de dur e Il arrive tirer ce passage jusqu au point o lon peut atteindre le vertige Avez vous suivi les indications de Cage La transcription typographique des silences par exemple E C J ai essay de faire entendre le texte entendre au sens de l entendement que cela to
317. s clich s constituent la trace et narration fragmentaire d un parcours la fois intime et professionnel 92 dans lequel la pratique cin matographique aspire rejoindre la pratique photographique M ditant sur son m tier d crivain qui le conduit nourrir ses fictions de ses propres exp riences v cues Mario Vargas Llosa s interroge Qu y a t il derri re cette incessante transmutation de la r alit en r cit Est ce la volont de sauver du temps d vorant certaines exp riences qui me sont ch res 5 Fabriquer un album photo graphique est une autre mani re de b tir un r cit contre l oubli Toutefois il n est pas rare qu une fois achev on l oublie sur une tag re ou dans un carton et qu on le red couvre plus tard Ranger les photos a t tourn en 1998 l occasion de la red couverte par Dominique Cabrera d un de ses albums photos pour tre oubli son tour par ses auteurs et refaire surface onze ans plus tard tout se passe d cid ment comme si ce film tait parvenu rejoindre la photographie E B 1 Nora Mathys La Photographie priv e une source pour l histoire de la culture visuelle intervention pr sent e dans le cadre du s minaire Les images entre histoire et m moire EHESS INHA 31 janvier 2008 2 Pierre Bourdieu dir Robert Castel dir Luc Boltanski et Jean Claude Chamboredon pr f Philippe de Vendeuvre Un Art moyen Essai sur les usages soci
318. s de miroir dans lequel elle se regarde Je veux mon miracle aujourd hui Un orage clate la pluie tombe sur Douala et rend trouble la transparence de la vitre et de l objectif qui tente de saisir une situation africaine complexe et incertaine Le reflet et la vue se brouillent J A 56 arr t sur image un doute s installe Commentaire d un photogramme extrait du film Une Vie Normale Chronique d un jeune sumo de Jill Coulon par Malika Maclouf La sueur ruisselle sur sa peau cuivr e Les mains sont ouvertes les muscles band s Takuya Ogushi guette le premier contact plon geant ses yeux dans ceux de son adversaire L autre sumo lui est sereinement accroupi de l autre c t du cercle de combat S r de lui il attend que s lance le benjamin de l curie Et Takuya se jette enfin sur la montagne humaine qui lui fait face Les corps d nud s sont brunis par la fine poussi re que diffuse le sol d argile et de sable m l s et que colle la transpiration Ils livrent en s entrechoquant un bruit mat absorb par les parois de bois tapissant les murs de la petite salle d entra nement Mais Takuya est la peine Malgr la rage qu il jette dans l affrontement foulant aux pieds l habituelle monotonie des entra nements laissant exploser toute la frustration accumu l e il perd Perd et perd encore Se fait hisser hors du cercle sacr port comme un enfant par son mawashi l paisse ceinture de soie noir
319. s diff rent de l habillement des filles de rues Le spectateur s est laiss pren dre au pi ge des signes du spectacle Les femmes que nous regardons ne sont pas des prostitu es mais des danseuses profession nelles qui tentent tout prix de vivre de leur passion pour la danse Les premi res s quences du film cumulent tous les clich s d une culture iconique de la femme objet pour nous faire reconsid rer nos r flexes de spectateur nos images et leurs constructions Il s agit une fois pass e cette introduction pi g e de r v ler l envers du d cor et de rendre le d cor lui m me plus complexe qu il n y para t Qui sont ces femmes Des danseuses de bo tes de nuit Des stars pingl es dans les clips de chanteurs camerounais Elles sont les aspi rantes vedettes d une industrie africaine mon 54 diale dont on verra que la fonction d passe le simple statut d imitation des produits culturels mondialis s Patrick Epap jeune r alisateur camerounais form l cole du documentaire de Lussas incarne comme les danseuses qu il filme la complexit de notre monde qui va au del des rapports d opposition tranch e entre culture globale et culture locale entre une esth tique de cin ma du r el et le clinquant d une image t l visuelle Patrick Epap filme Ida Clarence et Poupina il doit s ins rer dans des dispositifs de tour nage bien cal s Elles sont d j dirig es les musiciens pour qui
320. s mani res de pho tographier n tait pas purement individuel IL s explique par l habitus les clich s ayant une fonction sociale notamment pour affirmer l identit et l appartenance familiale 2 Depuis lors de nombreuses tudes ont t men es pour analyser les photographies et Les albums qui les regroupent Conduites partir de l exploi tation des archives ou sur la base d interviews elles s int ressent au sens donn par les per sonnes elles m mes leurs clich s et leurs pratiques photographiques de la prise de vue la mise en forme des albums cette derni re tant consid r e comme un v ritable travail ditorial La pr sentation des photos sous la forme d albums en effet tisse des liens entre les photos et leur donne par la s rie compos e un sens nouveau Ainsi dans un album cest la coexistence de plusieurs images sur une m me page sur une double page ou dans l en semble de l album qui a cet effet pour la photo l atmosph re cr e par les diff rentes pr sentations est donc un l ment d terminant pour la r ception des photographies 1 En l esp ce se v rifie l assertion d Howard Becker selon laquelle le sens de la photogra phie n est pas donn par le clich lui m me mais par son contexte de pr sentations Enfin lalbum en tant que livre produit deux effets il donne acc s la biographie visuelle du propri taire si celui ci le permet il susci
321. s misent sur les sentiments spectaculaires le pouvoir du r ve et surtout es vedettes Ce sont elles qui entra nent les spectateurs dans les salles pour se d lecter des romances des m lodies envo tantes des ascensions irr sistibles ou des destins contra ri s L une des plus fameuses est assur ment Soad Hosni N e au Caire en 1943 elle s immerge voluptueusement dans les images durant trois d cennies fastes Entre 19 et 49 ans elle joue dans quatre vingt deux films tourn s par trente sept r alisateurs Elle est tour tour la fille la s ur la fianc e l pouse s imposant comme un symbole de la femme arabe moderne Enjou e et expressive capable de danser et de chanter elle illumine l cran Les r alisateurs r put s la redemandent Henri Barakat la dirige dans Hassan et Na ma 1959 La Nuit de noces 1966 L Amour perdu 1970 Hosameddin Moustapha l emploie dans Les Trois Espi gles 1962 Le Secret de la fugitive 1963 La Route 1964 Trois Aventuriers 1965 Espi glerie d hommes 1966 Elle tourne pour iazi Moustapha Le mari arrive demain et Jeu d amour et de mariage 1963 Trop jeune pour aimer 1966 Des Jeunes tr s fous et Eve et le Singe 1967 Papa le veut ainsi 1968 Elle est aussi dirig e par Atef Salem Pas d attente Les Sept Filles 1961 Hassan Al Saifi His toire d un mariage 1964 La Derni re Rencon tre 1967 comme par le fameux Salah Abou Seif Le Caire ann es 30 1966 La
322. s par semaine envahit toute leur vie S ils n avaient pas t prot g s par leur man dat syndical ils auraient pris de gros risques Par rapport vos films pr c dents votre d marche s est elle radicalis e Oui A l exception de mon film de fin d tudes a F mis Terre Neuvas 1993 c est le seul film o j ai fait exactement ce que j ai voulu Dans tous les autres films que j ai r alis s pour a t l vision j ai fait des concessions L je suis all e o je voulais aller Nous avons re u du CNC une aide au court m trage mais malgr e prix au FID aucune t l vision ne l a retenu Vos prochains projets on cycle paysans et travail est achev Je ravaille en ce moment sur la sexualit des femmes africaines immigr es plus pr cis ment sur la transmission de la f minit dans immigration Ce sujet qui me tient depuis ongtemps c ur m a conduit me rapprocher d associations de femmes africaines Faire comprendre qu il ya de l amour de la s duction du d sir dans des situations qu on imagine tr s ali n es a me passionne Je r fl chis un autre sujet tout fait diff rent le tribunal administratif Je voudrais gr ce au cin ma rendre concr te l id e tr s abstraite de la s pa ration des pouvoirs Le tribunal administratif est un v ritable contre pouvoir et c est tr s important les contre pouvoirs Ce qui m est devenu vident apr s Entr e du personnel c est qu
323. seulement le son gale ment Aux A ores Ruspoli s est accompagn de Gilbert Rouget ethnomusicologue au mus e de l Homme Paris pour enregistrer les chants des marins lors des veill es et les ambiances de la chasse Ces enregistrements tiennent une place capitale et pr cieuse dans le film et ont m me fourni la mati re d un disque Les Derniers Baleiniers Chants des harponneurs des A ores Ed Vogue coll mus e de l Homme Gilbert Rouget au cours de mon exp dition Faial a pu enregistrer les merveilleuses et nostalgiques chansons des Jrancadors ainsi nomme t on les harponneurs et ce disque est le seul au monde voquer la longue attente dans les nuits solitaires la pointe Nord Ouest L attente de la fus e matinale signal que les souffles ont t aper us par les guetteurs en haut des falaises et que la grande corrida va commencer Texte de la pochette sign Mario Ruspoli militantisme Vive la baleine n a pas grand chose voir avec cette histoire de cin ma direct qu il enjambe en quelque sorte Compos d apr s la tr s riche documentation recueillie par Ruspoli gravures japonaises peintures hollandaises log book fran ais photographies am ricaines etc film es au banc titre le film ne comporte qu un petit nombre de prises de vues docu mentaires dont celles consacr es aux chas seurs au harpon emprunt es aux Hommes de la baleine Le commentaire cri
324. sistant sur de grosses produc tions il a bien gagn sa vie dans l industrie du film Il vient tard la r alisation et quand il y vient il tourne le dos tout ce qu il sait d j faire il cherche Il utilise de petites cam ras et fabrique des images d lib r ment sales bou g es mais gr ce aux dispositifs qu il invente il cr e une grande force et mon sens une vraie beaut D embl e il se situe loin du cin ma direct du cin ma militant du documentaire d immersion car aussit t il se met en sc ne lui m me Ce qui l int resse c est de mettre en crise le syst me de repr sentation Y compris par exemple la fa on d tre speaker Ce n est pas parce qu on s adresse la cam ra droit dans les yeux qu on dit la v rit Au contraire lui ilutilise le proc d de l aveu pour faire de la fiction faire du faux La relation qu il instaure avec Sharon n est pas avec l homme public mais avec ce gros bonhomme jovial qui bouffe et raconte des blagues avec sa femme Le monstre politique est en m me temps un monstre d humanit Mograbi d s ce premier film casse absolument tous les st r otypes de l homme politique tel qu on a pu le voir y compris dans le cin ma documentaire 34 Toute son uvre pourrait s intituler A la recherche du monstre IlL ne perd jamais de vue que cette personne sympathique qu il a en face de lui est capable de mentir de fa on hont e quand elle est en campagne lect
325. son nier de la publicit donn e dans sa ville natale sa conversion forc e ose enfin jeter Kyoku taisei son double au rebut Quel soulagement J ai fait ma valise et sans le dire personne je suis parti Petit petit je me suis rendu compte que ce n tait pas pour moi que je faisais du sumo m me si c est moi qui ai d cid d y aller finalement Je me suis dit que je pouvais faire autre chose de ma vie J ai envie de faire un autre travail un travail normal de manger normalement d avoir une vie normale Un sain retour vers la vie M M A voir jillcoulon com 57 le deuil de l am rique Notes propos du film Diane Wellington d Arnaud des Palli res par Sylvain Maestraggi Lorsque je me suis rendu New York pour la premi re fois j ai t d u La ville me paraissait terriblement concr te d glingu e Comme une grosse machine rouill e Elle n avait pas la magnificence la grandeur que j avais esp r es Ce n est qu en rentrant en France en allant au cin ma voir un film de Scorsese tourn en fait Boston et non New York et apr s lui d autres films am ricains que j ai r alis que ce pays ce d cor travers lequel j avais voyag au cin ma toute mon enfance n tait pas un r ve mais existait r ellement C est alors que s est produit le v ritable choc Si au XVIIIe si cle on envoyait les jeunes aris tocrates anglais en Italie pour leur faire d cou vrir Le berceau de
326. ssant par la vogue hollywoodienne histoires de cin ma jusqu aux drames contemporains Une autre effleure l volution de la soci t gyptienne depuis la r volution de Nasser qui transpara t travers les th mes des films montr s La troisi me sugg re les transformations du statut de la femme au diapason des mouvements de la soci t gyptienne En explorant les appari tions puis les effacements de Soad Hosni Rania Stephan organise son portrait comme une fic tion aux accents biographiques estomp s Les premiers plans campent la figure de l artiste en m ditation sur des toits Le prologue valorise son r le de Nahed une femme pouss e se souvenir Mais le pass d avant le cin ma reste flou pour une actrice qui a l identit de toutes les femmes Elle est Fatma Nawal Chaira Laila Zeinab comme le disent les sous titres qui d filent Et elle court vers l hori zon comme pour s chapper ou se trouver Acte 1 campe la com dienne en fille de bonne famille dans le contexte joyeux des ann es 1960 Les images s encha nent sur ses mouve ments Des sc nes se r pondent Les baisers fougueux s talent plein cran Tu sais que l image te ressemble beaucoup demande un partenaire tandis que Soad joue la com die d un tournage affichant ses minijupes et ses shorts C est l poque des musicals inspir s d Hollywood revus en mode oriental Dans l Acte 2 il s agit de saisir la vie comme a La st
327. ssortir un trange rapport l argent des probl mes de production aux imp ts en passant par de l argent tomb du ciel gr ce une erreur informatique ou la proposition de vente directement adress e au spectateur d un champ appartenant au cin aste Ce n est pas pour rien que Moullet mentionnera comme il le fait dans La Ru e vers l art le stade anal psychanalytique qu un critique avait not dans son uvre voquant par l les pratiques copro phages de sa grand m re enfant L Homme des Roubines joue donc perp tuel lement sur des points limites en m me temps qu il s vertue donner le plus de points de vue possibles Placer Moullet perp tuellement en situation lui permet de montrer la mani re dont l art et le savoir du cin aste sont toujours issus de l exp rience Moullet autant que Cou rant jouent et cr ent avec les l ments mat riels leur port e d cor naturel histoire locale situation sociale ou m me films des autres le spectateur critique Car Luc Moullet n est pas seulement cin aste mais aussi comme ses contemporains de la Nouvelle Vague un excellent critique de cin ma Et c est dans la position du critique plus que celle du cin aste que s bauche le dialogue avec Catherine Breillat dans Catherine Breillat la premi re fois Jamais ne sera abord e la images de la culture diff rence de g n ration entre les deux cin astes le premier issu de la Nouvelle Vague
328. st inhabituel C H 0ktay est amen fr quenter les hommes mais il refuse l image machiste que lui impose cette soci t Comme il ne joue pas ce r le l les femmes le consid rent comme un enfant Les hommes du fait de l exil ont lair d tre tourn s vers le mode de vie occidental tandis que les femmes semblent appartenir un monde rural et traditionnel Les hommes ont l air partag s entre le fantasme de cet ailleurs notamment de la femme europ enne et le d sir de se marier avec une fille du village C H Dans les ann es 1970 de nombreux Kurdes sont partis travailler en Europe La grand m re d Oktay a dix enfants qui sont tous partis vivre l tranger qui lui envoient de l argent et qui reviennent chaque t au vil lage Si ceux qui vivent au Kurdistan r vent de partir l tranger pour fuir la mis re et la guerre ceux qui travaillent en Europe veulent se marier avec quelqu un du village pour gar der le lien avec leurs origines Cela est encore accentu par la n gation de la culture kurde La langue les chants les costumes tradition nels kurdes taient encore interdits il y a peu de temps se marier au village c est pr server cette culture et avec elle une structure com munautaire rassurante Est ce que l exil modifie les rapports traditionnels entre les hommes et les femmes C H Oui c est probable Oktay pourrait r pondre a Mais Kurdish Lover ne traite pas de la victim
329. st souvent une ques ion de budget En revanche bien que je sois monteuse de formation je ne monte pas mes films moi m me La collaboration avec un mon eur ou une monteuse est pour moi essentielle La possibilit de collaborer d pend elle du sujet du film Certains sujets ne sont ils pas plus personnels que d autres En fait mes films n ont pas vraiment de sujet et quand ils en ont un je le tire toujours dans un sens tr s personnel Au d part d un projet je commence me documenter sur l ensemble d une probl matique mais au fur et mesure je me concentre sur un point de plus en plus circonscrit Dans le projet actuel sur la terre agricole j ai commenc par m int resser un organisme qui aide les jeunes ayant des pro jets mais pas de terre o s installer Il les met en relation avec de vieux agriculteurs qui ne veulent pas que toute leur terre disparaisse en errain constructible De cette mani re les jeunes arrivent r cup rer des terres bon march et le vieil agriculteur peut m me ven uellement rester dans sa ferme Il y a l un vrai contrat de g n ration Si je trouve les per sonnages de cette histoire je ferai peut tre out le film sur eux Propos recueillis par Eva S gal avril 2012 1 Etape de transformation du lin o l on enl ve l corce cnc fr idc La R publique des r ves d Ariane Doublet et Michel Bertrou 2005 49 53 un miracle aujourd hui DOME DOETIEr o
330. st toujours amicale R P 1 Entretien avec Andr S Labarthe r alis par Luc Lagier Paris 29 janvier 2005 in livret d accompa gnement de l dition MK2 de la collection Cin ma de notre temps histoires de cin ma souvenirs du potager Une petite estrade noire avec deux cin astes invit s s asseoir pour toute mise en sc ne Et commence ce qui forme le c ur du film la rencontre dialogu e de deux g ants au soir de leur vie Notes propos du film Marcel Oph ls et Jean Luc Godard La Rencontre de St Gervais de Fr d ric Choffat et Vincent Lowy par Fr d rique Berthet Un exercice des styles Une le on d histoire et de cin ma Ou comment restituer en 44 minutes de montage l tonnement d un auditoire parmi lequel les intervieweurs semblent tr s vite se ranger suivant les tournures et d rives d un long change entre Jean Luc Godard et Marcel Oph ls La rencontre avait t organis e le samedi 31 octobre 2009 au Th tre St Gervais de Gen ve l initiative d Andr Gazut concepteur de la r trospective Marcel Oph ls un th tre de la m moire Elle semble avoir eu pour point de d part l admiration de Jean Luc Godard pour le travail d Oph ls elle se prolongea ensuite sous forme imprim e par un Dialogues de cin ma de 97 pages Ces Dialogues contiennent la transcription int grale des propos chang s l automne 2009 Ils ont t crits par l auteur de Marcel Oph ls Ed Bord
331. t l preuve des r cits de Masao et de May Entre Japon et Liban il dessine une g ographie incertaine o r sonnent les souvenirs de chacun Adachi pour qui la r alit est plus int ressante que l imagination a abandonn le cin ma pour la lutte arm e May n e au Liban et lev e dans le secret a d s inventer d autres identit s jusqu l ge de 20 ans S M 18 Il se peut que la beaut ait renforc notre r solution Masao Adachi 2011 74 couleur documentaire r alisation Philippe Grandrieux production Epileptic Film participation minist re de la Culture et de la Communication Cnap CR Ile de France Dans un parc au couch du soleil un homme s interroge sur les d sirs et les regrets qui ont jalonn sa vie Cet homme tourment c est Masao Adachi cin aste d avant garde engag au d but des ann es 1970 dans la gu rilla palestinienne au sein de l Arm e rouge japonaise Revenu au Japon apr s 27 ann es d exil sans tourner un seul film il voque sa difficult surmonter les conflits entre l art et la r volution C est une v ritable immersion que nous convie Philippe Grandrieux Immersion dans un Japon cr pusculaire parmi la foule des grands magasins ou la p nombre d un restaurant aspir par les lacets d interminables autoroutes urbaines ou les d tours d une troite ruelle filmant au plus pr s main lev e comme en apesanteur les vis
332. t ses cothurnes avant de desservir la table Et comme Cendrillon de dresser les lits sous les quolibets des a n s qui Le trouvent lent et distrait Je lave aussi leur linge et leurs ceintures Je mai plus de temps pour moi confie t il sa s ur a n e depuis son t l phone qui clignote dans la nuit tokyoite Le printemps fait bri vement refleurir l espoir au moment du tournoi d Osaka quand Takuya se hisse enfin dans le classement avec ses cheveux plus longs qui lui donnent l allure d un professionnel Mais l optimisme est vite dou ch par la r alit Je n arr te pas de perdre de me blesser enrage Takuya Les entra nements sont devenus plus difficiles Parfois je pense partir Mais si je partais maintenant j aurais l impression d avoir tout g ch Je veux gagner mais je n arrive rien Il s applique cherche des conseils strat giques aupr s d un coach dont il n obtient que de vagues indications Idiot l apostrophe pour finir Oshima ancien lutteur autrefois aur ol de son heure de gloire Ne pleure pas tu ne sues pas assez Tu crois qu ils font quoi les autres Entra ne toi L ombre du p re plane comme un aigle Le veuf n appelle jamais le fils esp re qu il pense lui qu il se soucie de son sort Ce n est gu re le poids des adversaires qui crase Takuya mais celui des espoirs paternels pesant sur ses paules Apr s que les larmes ont ouvert les vannes le jeune homme longtemps pri
333. t Le beau temps sur une jeune fille chinoise qui n tait jamais all e la campagne ni en Chine ni en France et qui rencontre des agriculteurs normands Outre leur ancrage g ographique ces films ne sont ils pas li s par un certain rapport au temps et l espace Oui mais il est aujourd hui fragile et tr s menac Depuis mon enfance j ai vu beau coup de changements dans ce petit p rim tre de 50 km autour de F camp que j ai choisi d observer Il m est si familier que je les remarque tout de suite Quand j ai vu des containers chi nois je me suis tout de suite pos des questions Les agriculteurs ne m avaient pas dit qu ils vendaient leur lin en Chine depuis plusieurs ann es Ce qui est devenu tr s fragile c est le rapport la temporalit Dans le monde agricole on imagine que le temps est incompressible mais aujourd hui il s acc l re tandis que l espace se restreint Les terres agricoles c dent la place des lotissements ou des ronds points aux entr es et sorties des villes En ce moment je travaille l dessus comment peut on vouloir une agriculture plus raisonn e si dans le m me temps on r duit les superficies cultiv es autour du monde D o vient votre proximit avec le monde agricole Cela remonte l enfance Petite j allais tout le temps dans la ferme d c t je conduisais le tracteur je m occupais des cochons D s que je pouvais j allais chez nos voisins ramasser la pa
334. t de la Communication mission l ethnologie Dans un monde rural en crise les femmes ont acquis aujourd hui une place qui leur est propre quasi l gal de l homme De femmes d agriculteurs non reconnues elles sont devenues exploitantes ont fait valoir leurs droits et leurs id es tout en gardant la passion de leur m tier Qu elles soient d butantes en activit ou retrait es elles t moignent ici de leur parcours souvent militant et de leur r volution dans ce monde masculin Quel est le r le des femmes dans la France rurale de ce d but de XXIe si cle Trente ans apr s une enqu te sur les paysans en Haute Loire les r alisateurs dressent le bilan du combat men par les femmes pour s affirmer dans une soci t ancr e dans la tradition o les mentalit s sont longues voluer Elles sont leveuses femmes de paysans c r ali res viticultrices ou futures professionnelles en lyc e agricole chacune raconte son parcours et son amour du m tier Militante de la premi re heure Mme Lacombe revient sur sa lutte syndicale Nous tions autrefois consid r es sans profession il a fallu cinquante ans de combat Qu elles soient mari es un agriculteur ou qu elles en aient fait leur choix professionnel elles sont aujourd hui fi res de leur r le et des id es qu elles ont apport es leurs activit s propret des abords des fermes culture biologique ou comme pou
335. t par Marker est la fois ample et tragique Il propose un parcours chronologique de l histoire de la chasse la baleine des esquimaux aux navires usines du harpon au canon grenades Ce texte repose sur un petit effet introductif un enchev trement de voix il d bute avec une voix d homme pro fessorale et savante la voix du documentaire objectif sans doute cr dit e voix magistrale au g n rique Voix supplant e par instants par une pr sence f minine vive et dubitative La jubarte la jubarte Qui ressemble Roland Barthes Cette voix int rieure est la voix des baleines le point de vue animal qui conf re sans doute au film sa gravit Bien vite on abandonne la voix magistrale pour ne suivre plus que cette voix de la baleine qui au fond s adresse aux baleines et travers elles la part animale de l homme pour leur raconter leur histoire Vive la baleine t moigne de l mergence de la conscience cologique dans ces ann es 1970 naissantes La lutte militante trouve dans la sauvegarde de la nature un nouveau terrain d expression et d exigences Alors que la p che industrielle a d j provoqu la disparition de certaines esp ces de baleines et en menace d autres le film milite pour l application des trait s internationaux La voix int rieure aux images de la culture Vive la baleine baleines Vous tes devenues une industrie comme le cin ma et vous non pl
336. t parfaitement comme si e temps n avait rien chang Le cadrage insistant sur la g om trie des lignes nous fait ourner un peu la t te et c est bien Le texte dit en voix off est pr cis po tique avec une belle syntaxe Des sons de la ville enrichissent l ensemble Tout est pertinent et c est un vrai plaisir La musique de Bach est en parfaite ad quation avec cette architecture J avoue ce film m a donn tr s envie d aller au Havre afin de d couvrir cette richesse urbaine C est un coup de c ur Emmanuelle Fredin Biblioth que municipale vocation r gionale Toulouse A voir A lire francoise poulin jacob com 79 retour sur image 80 baleines amp cachalots Pionnier du cin ma direct pour lequel il signe un manifeste en 1962 et homme aux multiples passions Mario Ruspoli a r alis de nombreux films de 1956 1984 que le Cin ma du R el Paris a pr sent en r trospective en 2012 Outre les quatre volets de L Art au monde des t n bres 1983 qui figurent d j au catalogue Images de la culture quatre autres de ses films sont pr sent disponibles sur un DVD Analyse des Hommes de la baleine 1958 et Vive la baleine 1972 par Arnaud Lambert et Arr ts sur images pour Les Inconnus de la terre 1961 et Regard sur la folie La F te prisonni re 1961 par Anne Brunswic et David Benassayag N en 1925 Mario Ruspoli prince romain et descendant de La Fayette d c d en 1986 ta
337. t sans discontinuer du lundi au samedi Beaucoup de gens en ont t t moins beaucoup y ont particip souvent contre leur volont Mais personne n en parlait La propagande pr sentait tous les opposants comme des terroristes des assassins des communistes des Rouges La m moire de la guerre de l exil et de gu rilla a commenc ressurgir seulement la fin des ann es 1990 Cela a d abord t l affaire de sp cialistes d rudits Mais depuis 2000 on a vu sortir des livres des films des missions de t l vision pour le grand public Certains films de grande qualit comme Les Treize Roses1 A partir de 2004 le gouvernement socialiste de Zapatero a fait beaucoup pour le r tablissement de la m moire des vaincus de la guerre civile pour r parer cette grande douleur Chelo s est engag e dans la gu rilla en Galice pr s de son village Faut il se repr senter cette gu rilla comme les maquis de la R sistance en France Oui c est tr s comparable Dans les zones contr l es par Franco d s 1936 le r gime de terreur est tel que des gens fuient les villages et se retranchent dans la montagne avec des armes Apr s 1939 pour monter des op rations contre les autorit s franquistes ils b n ficient de l appui des paysans sans qui ils ne pourraient pas survivre Les gu rilleros se sont maintenus dans toutes les montagnes d Espagne en Andalousie Teruel dans les monts Canta briques Combien de com
338. tan it entre ce qui se passe en Nor mandie et ce qui se passe en Chine Le temps en Normandie est soumis la chronologie de la culture de la pousse du lin jusqu sa r colte et sa transformation En Chine le temps de l usine est beaucoup plus monotone Toutes les journ es de travail se ressemblent On sent la r p tition des gestes pendant les douze heures de travail quotidiennes Ce qui scande l ann e ce sont seulement les f tes le nouvel anet le 1er mai Pendant la r alisation du film n avez vous pas vous m me fait l preuve de la simultan it et du r tr cissement des distances Oui nous avons fait comme les gens film s nous avons chang des mails et communiqu par Skype une tape du projet je pensais m me que nos changes avec Wen Hai entre raient aussi dans le film A l origine j avais imagin que nous allions nous envoyer des s quences constituer une sorte de cadavre exquis changer sous forme de lettres film es Mais ce projet tait irr alisable On a eu d j assez de mal s envoyer les rushes sans parler des difficult s de communication et de lan gage Nous avons d renoncer l id e de ce film qui aurait t v ritablement deux voix Sur vos films vous faites toujours vous m me les images Depuis un certain temps oui J ai re u une for mation initiale au cadre Sur certains films j aimerais bien avoir quelqu un d autre l image mais malheureusement c e
339. tance fut d tre autoris par une tante l cher sa sucette toute langue dehors en passant devant la Kommandantur un souvenir mim ici avec dr lerie Enfance et histoire diff rent radicalement pour Marcel Oph ls n le 1er novembre 1927 qui quitta la France pour les Etats Unis par la peau des fesses en 1941 et partagea avec son p re Max deux exils successifs Pourtant il n associe pas ici son inconscient de fils de juif allemand de la Mittleuropa la r alisation du Chagrin et la Piti comptait pour lui dit il le d sir de raconter l histoire de fa on concr te pragma tique l anglo saxonne en quelque sorte Et de dire sa surprise face l interdiction d antenne du film autoris uniquement en salle jusqu l arriv e de la gauche au pouvoir en 1981 et plus encore face ceux qui se dirent fiers telle Simone Veil selon lui d avoir contribuer la censure au motif que le film ridiculisait la R sistance et cra chait sur la France Et pourtant au m me moment paraissait La France de Vichy 1940 1944 du professeur Robert O Paxton Vichy France Old Guard and New Order traduit de l am ricain en 1973 au Ed du Seuil qui ne g na pas Et les deux cin astes de se rejoindre sur la difficult faire reconna tre la valeur historique du travail des cin astes Ruttmann Oph ls Wiseman c est dire de ceux qui ne sont pas des acad miques et ont pour outil l image le projet lab
340. te sacs plastique et papier journal pour emballer les pierres 0 S Dans la religion de mes grands parents tout est tr s d monstratif les pri res les sacrifices laisser sa photo un v tement ou un bout de laine de ficelle ce n est pas grave sion n a pas beaucoup cela participe d un mouve ment ostentatoire ce n est pas li la richesse C H Les pierres sacr es chez ta grand m re sont dans de vieux sacs plastique car ce sont des rituels qui se font dans le priv ce n est pas comme l glise o le rituel est public et o les objets sont l pour la repr sentation L les pierres c est quelque chose de secret qu il faut mettre en hauteur et cacher tu les fais voir aux gens de ta famille mais toujours de mani re secr te C est un rituel intime on n attend pas que le guide soit l pour accomplir D o le mat riau pauvre ce sont des rituels que l on peut faire au quotidien O S Les Kurdes ont tout le temps t pers cut s ils n ont jamais eu l occasion de repr senter quoi que ce soit ou d difier ne serait ce qu un temple Maintenant a commence se 50 moderniser ils ne font plus des b timents en pis mais en brique on commence construire des structures en b ton pour les lieux saints C H Ils ont t nomades ces pierres ce sont des morceaux de lieux saints qu on emm ne avec soi Toujours dans le registre min ral il y a une s quence o un homme prend un bain
341. te une attente de narration structur e par une chronologie ou par des th mes Photogra phier et collectionner les photos devient comme l a dit Walter Benjamin eine prakti zierte Erinnerung une m moire pratiqu e 1 l g ret de la photographie A la faveur d un d m nagement la r alisatrice Dominique Cabrera red couvre ses albums de photos personnelles et les feuillette devant la cam ra du r alisateur Laurent Roth Quatorze petites minutes douze plans courts pour cerner les rapports qui se nouent entre cin ma docu mentaire et photographie Ranger les photos peut se regarder comme un de ces exercices d analyse de m moire pratiqu e Cependant qu il soit l uvre de deux cin astes lun filmant l autre film e a pour effet de ne pas le r duire cette seule acception Par sa bri vet par la simplicit de son dispositif revendiqu e explicitement d s ses panneaux introductifs4 Ranger les photos aspire d embl e atteindre la l g ret de la photographie Faire des films comme on respire Faire des films comme on prend une photo proclame Laurent Roth qui fait cho aux propos tenus par Domi nique Cabrera quelques plans plus tard Ce que j aime dans la photo c est que c est l ger images de la culture photographie amp documentaire Aussit t dit aussit t fait c est presque un battement de cils et puis en m me temps c est grave c est l Si la l g ret de la p
342. te Garcias production Camera Lucida Productions mus e du Louvre Arte France participation CNC Selon le principe de cette collection ce film rend compte de journ es d tudes au mus e du Louvre celles ci organis es en juin 2009 autour des sept uvres de L onard de Vinci qui y sont conserv es Les interventions des experts internationaux invit s alternent avec les commentaires de deux conservateurs du Louvre et de la National Gallery de Londres Des dessins anim s ponctuent les s quences pour clarifier certaines donn es techniques La moiti des rares tableaux de L onard de Vinci est au Louvre D lest s de leur cadre ils sont exceptionnellement plac s sur chevalet sous l il scrutateur des invit s L un des probl mes en suspens est celui de l attribution Les d bats mettent en vidence la notion d atelier le peintre de la Renaissance n est pas un solitaire mais un chef d entreprise qui d l gue aux apprentis l ves et assistants Lui m me s est form ainsi L onard jeune a peut tre peint lange dans La Petite Annonciation qui provient de l atelier de son ma tre Verrocchio Plus tard ses propres l ves ont peut tre termin sa Belle Ferronni re en la simplifiant Gr ce aux instruments disponibles aujourd hui les sp cialistes comprennent mieux le raffinement technique du sfumato typique du peintre avec ses innombrables couches de glacis superpos es comme dans
343. te pour garder son me d enfant R ve veill diva gation fous rires actes de beaut et damour produits par hasard temps pass dans la compagnie des enfants et de ceux qui le sont rest s S abandonner tout ce qui stimule la cr ativit L approche intimid e voire com pass e choisie pour la r alisation de ce film la mise en images conventionnelle peinent restituer le contexte explosif des ann es 1960 et dressent un portrait en d calage avec l nergie int rieure et la fantaisie pince sans rire du personnage Charlemagne Palestine the Golden Sound 2011 70 couleur documentaire r alisation Anne Maregiano production Atopic Petite Pousse Production Normandie TV participation CNC Sacem Procirep Angoa Dans les ann es 1970 Charlemagne Palestine carillonneur de l glise Saint Thomas sur la 5 me Avenue New York fr quente l avant garde artistique et d veloppe sa propre expression musicale le strumming Chez lui entour de ses instruments et de ses peluches images d archives l appui portrait de cette personnalit excentrique chercheur d or sonore performeur et vid aste devenu l une des figures de l underground new yorkais Il ny a sans doute que le New York des ann es 1970 pour offrir un tel personnage une figure d artiste pour qui l art est la fois performance et expression de soi La performance est d ailleurs le terme le plus
344. tence va d sormais r pondre une m canique aussi contraignante qu invariable document e ici avec pr cision entra nements longs et puisants repas gargantuesques qu il ing re pour se fabriquer litt ralement un corps corv es qu en tant que plus jeune membre de l curie il doit effectuer pour ses co quipiers Cette vie planifi e pour les ann es venir est elle bien celle que d sirait r ellement Takuya N a t il pas simplement fait plaisir son p re D T autour du monde communique son effroi la vue des dimen sions de l un des plus imposants rikishi litt ralement professionnel de la force chou par terre v tu d un simple cale on fleurs et qui laisse couler au sol son norme bedaine L espoir affleure lorsque Takuya recevant son nom de sumo caresse l id e de d tenir enfin par ce truchement la clef de cet univers abs cons Kyokutaisei signifie grande toile du matin pour me prot ger des blessures et m aider monter dans le classement se berce le jeune homme a a plusieurs utilit s Je l aime bien Mais jamais plus depuis qu il a quitt Asahi kawa Takuya Kyokutaisei ne sourit Il essaie de croire ses a n s qui lui disent la chance qu il a d avoir rejoint cette prestigieuse curie Que ce n est pas dur Qu il va devenir fort Comme lui nous voil happ s par la magnifi cence des pr paratifs du premier tournoi celui des d butants Les kimonos de soie
345. tent ce portrait La censure marque Forman d s son enfance interdisant le cin ma qu il aime Il entre l cole de cin ma de Prague la FAMU et ach te une cam ra 16 mm Dans L Audition 1963 la cam ra l paule tremble et invente un style Alors que le cin ma officiel repr sente la vie telle qu elle sera dans la soci t communiste il suit un vigile de supermarch qui s amuse plut t que de travailler As de pique 1963 ou raconte les d senchantements d une jeune femme Les Amours d une blonde 1965 Le tournage d Au feu les pompiers 1967 transforme le sc nario original en satire politique la censure interdit le film Apr s un passage Paris Forman s installe alors l h tel Chelsea New York et dresse le portrait d hippies dans Taking off 1971 miroir invers de la situation tch que o l URSS r prime par la force l lan de libert Vol au dessus d un nid de coucou 1975 film tout autant m taphorique sur la Tch coslovaquie lui apporte une reconnaissance internationale M D A voir milosforman com images de la culture Il tait une fois Vol au dessus d un nid de coucou les poussant vers Prague o peine arriv s ils assistent la r pression du Printemps de Prague L errance devient exil et Forman se s pare de sa famille pour vivre aux Etats Unis Taking off est refus par la Paramount Forman le r alise gr ce un dispositif de
346. tion Centre Images BDIC Centre audiovisuel Simone de Beauvoir Traces Films Dans sa maison de l le de R une vieille dame gr ne en espagnol des souvenirs de guerre et d amour C est le roman vrai de Consuelo dite Chelo Au d but de la guerre civile incorpor s de force dans la milice franquiste ses fr res a n s d sert rent en repr sailles leurs parents furent assassin s Pour ses fr res combattants Chelo devint agent de liaison puis elle rejoignit le maquis r publicain et connut le bonheur avec le bel Arcadio Gr ce au t moignage pudique de Chelo ce film fait revivre une histoire m connue celle des maquisards r publicains qui r sist rent dans les zones contr l es par les Franquistes et continu rent le combat jusqu au d but des ann es 1950 Le sort des femmes qui partag rent leur lutte et comme Chelo port rent les armes est encore moins connu Consid r s comme des terroristes et leurs compagnes comme des putains rouges ils n ont t r habilit s en tant que combattants de la libert qu au cours des ann es 2000 Accompagn e de la r alisatrice elle m me fille de maquisards Chelo se rend deux reprises dans son village de Galice pour des c r monies d hommage o la m moire des maquisards est enfin honor e Film es en Super 8 des images en noir et blanc laissent imaginer ce village tel qu il tait en 1939 ou tel que la m moire de Chelo l a
347. tion de la cr ation des territoires et des publics Service de la diffusion culturelle 11 rue Gallil e 75116 Paris NE t l 01 44 34 35 05 fax 01 44 34 37 68 p CU idc cnc fr www cnc fr idc R PUBLIQUE FRAN AISE 2 T o 2 3 E E A
348. tion divine 2002 et Simone Bitton Le Mur 2004 Rachel 2009 Elle m me s est lanc e dans la r alisa tion de documentaires bruts des vid os de cr ation parmi lesquels Tribu 1993 Baal et La Mort 1997 Arrestations Manara 2003 Terrains vagues 2005 Liban Guerre 2006 Dans ses films elle investit peu peu les traces de l identit orientale qui surgissent ou s effacent Les Trois Disparitions de Soad Hosni 2011 68 couleur documentaire r alisation Rania Stephan production RS Joun Films Fondation arabe pour l art et la culture AFAC The Postoffice Forward Productions participation CNC FidLab Marseille Serpentine Gallery UK Immense star du cin ma gyptien Soad Hosni a tourn dans plus de quatre vingts films depuis sa rencontre avec Henri Barakat la fin des ann es 1950 Son suicide en 2001 Londres demeure inexpliqu Te souviens tu lui demande la r alisatrice Rania Stephan par le biais de Nahed l un de ses personnages comme pour recueillir d outre tombe la parole de la Cendrillon du cin ma arabe ou son Aphrodite Qu est ce qu une filmographie dit de son actrice Quelles correspondances tisser entre une vie et une uvre sans verser dans la critique historique ou le sainte beuvisme Le pari de Rania Stephan est os divis en trois actes et un pilogue Les Trois Disparitions de Soad Hosni est un formidable patchwork d extraits de fi
349. tion en bain de sang Contrairement au cin ma de la 5 me g n ration 1 ce nouveau cin ma na t de la n cessit de montrer le pr sent sans voile llest fini le temps de se pencher sur le pass le temps des all gories pour d jouer la censure et du 35 mm soign Si Epouses et Concubines de Zhang Yimou 1991 ou Adieu ma concubine de Chen Kaige 1993 sont l apog e de la reconnaissance internationale du cin ma chinois Wang Bing Jia Zhangke WangXiaoshuai ou encore Zhang Yuan longuement interview s dans La Chine et le R el dressent au m me moment un portrait du pays en un tout autre style le r alisme loin d tre une exception dans le cin ma chinois puisque le r alisme socialiste fortement inspir par le cin ma d URSS a d j domin apr s la proclamation de la R publique Populaire en 1949 Le cin ma chinois a en r alit toujours oscill entre ces deux p les un r alisme toujours plus tranchant et un imaginaire toujours plus merveilleux dont le cin ma hongkongais de stu dio est le z nith allant jusqu cr er un genre de cape et d p e inscrit dans la culture nationale le wu xia pian Hubert Niogret consacre un docu mentaire au ma tre incontest du genre King Hu P kin 1931 Taipei 1997 ann e de la r troces sion de Hong Kong la Chine Derri re l appa rence de divertissement de ce cin ma de genre ses films tournent autour du territoire de la Chine Populaire sans jamais y entre
350. toire Est ce ainsi que vous en tes venue une criture chorale Oui l histoire que je voulais raconter tait celle de tous ces travailleurs pris dans une multi tude d usines la fois D s le d part je savais que je ne pourrais pas tourner dans une seule usine car je n aurais jamais pu convaincre un directeur d abattoir de me laisser tourner en totale libert avec ses ouvriers pendant quinze jours dans ses locaux Au total nous avons tourn l int rieur de huit usines auxquelles autour du monde s ajoutent six ou sept autres usines pour les ext rieurs Les tournages taient toujours tr s brefs Nous allions la p che sans rep rage au d but sans savoir du tout ce que nous trou verions Apr s avec le temps comme toutes ces usines sont organis es sur le m me mod le nous parvenions anticiper Certaines sc nes de travail la cha ne sont dignes des Temps modernes Comment se passent les tournages l int rieur des usines Pendant les tournages nous sommes tou jours accompagn s par un cadre de l usine qui contr le nos images Je suis oblig e de jouer un jeu qui brouille un peu les cartes afin que l op rateur puisse tourner avec plus de libert Mon chef op rateur qui est aussi mon compa gnon a le talent de se rendre invisible Mais nous travaillons n cessairement en pirates Lorsque j enseigne le documentaire que ce soit la fac Lussas au GREC j insiste sur le fait
351. ts Le bois d un m me tronc utilis pour deux petits tableaux L Indiff rent et La Finette fait il d eux de probables pendants Watteau a t il peint les figures de Assembl e dans un parc sur le paysage parce que ce paysage n est pas de lui Les repentirs du P lerinage Cyth re du Louvre absents de la version berlinoise prouvent ils l ant riorit de la toile parisienne LW 95 La Danse aux poings de Mourad Merzouki danse La Danse aux poings de Mourad Merzouki 2011 52 couleur documentaire r alisation Mohamed Athamna production YN Productions TRACE NOOVIZ ERP participation CNC Acs Images de la diversit De 5 18 ans en parall le aux arts martiaux au cirque puis au hip hop le chor graphe Mourad Merzouki a pratiqu la boxe une cole de rigueur et de discipline qui dit il m a beaucoup aid en tant que danseur Quelque 20 ans plus tard il se souvient et pour mettre en valeur la po sie du noble art ses multiples similitudes avec l art chor graphique il cr e Boxe Boxe en septembre 2010 la Maison de la danse Lyon Se confronter nouveau physiquement la boxe l amener sur sc ne avec l aide exclusive de danseurs c est dire partir de leur vocabulaire hip hop et contemporain porter sur elle un regard l ger d cal et faire appel pour cela au Quatuor Debussy galement pr sent sur sc ne avec des musiques allant de
352. ts les d couper les raccorder les superposer pour en d gager des formes nouvelles Chacune des femmes va r agir de mani re singuli re parfois m me n gativement mais pour toutes qui retrouveront ensuite le quotidien et ses difficult s l exp rience aura t l occasion de s exprimer de se savoir capable de cr er et finalement de reprendre confiance en elles D T images de la culture La Vie r v e des Italiens du Gers Vaulx en Velin la cit e retrouv e 2011 52 couleur documentaire r alisation Olivier Bertrand production Cocottesminute Productions France T l visions participation CNC LCP Assembl e nationale Procirep Angoa Acs Images de la diversit Vaulx en Velin pr s de Lyon fait figure de pionni re parmi les banlieues francaises Th tre d une meute qui lavait enflamm e bien avant l explosion de 2005 elle a su mettre en uvre des politiques sociales et urbaines pour sortir de cette crise et proposer sa population des pistes vers un avenir possible En interrogeant habitants lus ou urbanistes Olivier Bertrand dresse le portrait de cette cit retrouv e L histoire de Vaulx en Velin ressemble celle de nombreuses autres banlieues fran aises une commune class e ZUP en 1963 des HLM lev s toute vitesse une population qui quadruple en quelques ann es l impression initiale de participer la construction d une n
353. tte perte de l innocence que semblent tourner 58 Diane Wellington 2010 et Poussi res d Am rique 2011 d Arnaud des Palli res comme avant eux son film sur Disneyland le r ve am ricain Diane Wellington et Poussi res d Am rique forment un diptyque Les deux films ont t con us selon la m me m thode de brefs r cits la premi re personne compos s de phrases donn es lire sur fond noir et d images d ar chives provenant des Etats Unis images entre autres de la chasse la baleine de l abattage des for ts d interminables banlieues r siden tielles et de la conqu te spatiale dans Pous si res d Am rique images d une petite ville de province dans Diane Wellington R cits muets mais accompagn s d une bande originale de Martin Wheeler de citations musicales et d ambiances sonores Si Poussi res d Am rique dure pr s d une heure quarante Diane Welling ton ne dure que seize minutes et n est constitu que d un seul r cit Quoique ant rieur il pour rait tre un fragment d tach de Poussi res d Am rique une s quence qui ny aurait pas trouv sa place parce que poss dant son unit propre Les deux films relatent l histoire d un crime crimes apparent s mais d envergure diff rente Dans Poussi res d Am rique c est du crime de l histoire dont il est question l exploi tation de la nature et le massacre des Indiens l h ro sme de la conqu te qui prend sa source dans la v
354. ttend Giacomo et les filles comme un tr sor Il ne reste dans L Et de Giacomo qu une part infime de ce qui tait votre projet quand vous avez d cid de filmer Giacomo Quel tait ce projet de d part Giacomo que je connais bien puisqu il est le petit fr re d un ami d enfance est devenu sourd l ge de six mois la suite d une m ningite A 18 ans il a d cid de se faire op rer pour retrouver louie Mon id e tait de filmer tout ce processus la pose de l implant et la m ta morphose de Giacomo l arriv e du son Cette op ration qui prenait place pour lui un ge tr s symbolique il en parlait comme d une sorte de miracle Je m tais donc lanc le d fi de faire un documentaire sur ce miracle J ai film Giacomo avant l op ration puis l op ra tion elle m me et j ai compris ce moment l que ce miracle qui n en tait pas vraiment un il me serait impossible de le filmer Et qu il me fallait plut t qu axer le film sur la surdit m int resser un autre miracle plus intime le fait que Giacomo grandissait qu il devenait adulte l op ration alors n tait plus fonda mentale dans le film L important tait de filmer Giacomo en tant que gar on de son ge plut t qu en tant que sourd Au final il ne reste dans le film aucune des images que j avais tourn es avant l op ration hormis celles qui ouvrent le film et qui le voient jouer de la batterie Commet avez vous d cid que le fi
355. u ils touchent qu ils va luent Les Normands au d but ont pens que les Chinois s y connaissaient mieux en coton qu en lin Ils pensaient pouvoir leur vendre facilement n importe quoi Mais tr s vite les Chinois ont appris reconna tre la qualit Au toucher on mesure la solidit la finesse du lin Mais la qualit se voit aussi l il Dans le film on voit sans cesse Fran ais et Chinois occu p s toucher le lin qui passe de main en main Dans les changes il est aussi beaucoup question d argent Au d but je me suis dit que les producteurs Normands allaient se faire d vorer par les Chinois qu ils n taient pas du tout de taille pour imposer leurs prix En fait ils se d brouillent assez bien parce que la plupart se sont regrou p s en coop ratives de teillage 1 Celle o j ai tourn regroupe six cents agriculteurs Ces agriculteurs pratiquent tous une forme de polyculture les exploitations ne reposent donc pas enti rement sur le commerce du lin Ily a de tr s bonnes ann es et de moins bonnes Quand j ai tourn le cours tait 1 50 le kilo en ce moment il est 2 50 car la r colte 2011 a t faible Comme les Chinois ach tent 90 de la production et les Italiens les 10 restants ils seraient en position d imposer leurs prix Dans les n gociations que j ai fil m es les Normands s en sortent assez bien mais ils sont conscients qu il faut d velopper d autres d bouch s pour
356. u le jeune soldat de Z32 2008 son dernier film en date Je suis aussi tr s intrigu par sa fa on de jouer avec sa propre pr sence face nous spectateurs cela t moigne d un vrai culot d un sens du comique et m me du bur lesque que je trouve incroyable et tr s myst rieux J avais envie de le rencontrer pour com prendre comment il invente cette mise en sc ne de lui m me Jean Marie Barbe m a dit vas y fonce et c est l que les ennuis ont commenc A quels obstacles vous tes vous heurt Mograbi n est pas simple Il a refus cat gori quement que je vienne en Isra l Le filmer dans son travail de r alisateur Il m a dit Quand je fais un film j ai d j l impression d tre un espion alors si j ai un espion derri re moi c est impos sible Il a galement refus lui qui enseigne dans trois lieux diff rents universit s ou coles de cin ma que je le filme dans sa pratique d enseignant Mais tous ses refus m ont fina lement rendu service parce qu il me mettait moi m me vis vis de lui dans la position o il tait vis vis de Sharon Cela m a conduit un titre en cours de travail qui tait Mograbi ou la Qu te du monstre Mograbi poursuit ce qu il y a de monstrueux en Isra l et s y confronte 32 Mon film a failli s appeler aussi Comment j ai appris surmonter mon admiration et d tester Avi Mograbi parce qu il s est montr vraiment difficile Pour finir je suis all
357. uche aussi l esprit L indication la plus forte de Cage c est qu une fois que l on a dit les trois premiers mots je suis ici il faut conserver le m me tempo Les silences le vide font partie du processus d entendement C est un espace qui sert se recharger le rien tant comme un moteur Les espaces typographiques doivent tre respect s dans la mesure o ils ouvrent des possibilit s de projection pour l auditeur Je les ai donc pris en compte Sachant que dans l oralit il y a des choses que j ai li es Conf rence sur rien 2002 52 couleur documentaire r alisation et production Jean Jacques Palix texte John Cage traduction et interpr tation Eve Couturier En 1949 John Cage donne une conf rence l Artist s Club de New York Son texte Lecture on Nothing adopte la structure de ses r centes compositions musicales C est la fois un manifeste artistique et une exp rience d coute proche de l hypnose De la traduction et de l interpr tation d Eve Couturier Jean Jacques Palix a tir un film qui donne entendre ce message toujours vibrant Je n ai rien dire et je Le dis Ces paroles de John Cage l ouverture de son discours dissimulent peine l incroyable richesse de cette Conf rence sur rien Philosophie musicologie po sie autobiographie r cit m ditation utopie John Cage cet artiste clectique qui ne fut pas seulement musicien a norm ment de
358. ue ou politique Sous la houlette d Andr S Labarthe et du collectif Independencia plusieurs critiques images l appui changent autour du film et t chent de relever le d fi que semble nous adresser Godard faire le cin ma de demain crire l histoire de demain Deviser seul face l cran Philippe Emmanuel Sorlin tre interview Jean Douchet dialoguer Yannick Haenel Jean Narboni Marc O et Cyril Neyrat ou interpeler Eugenio Renzi privil gier l arr t sur image ou s efforcer au contraire de retrouver rythme et musicalit du film No comment nous dit Labarthe apr s Godard mais c est pour mieux d multiplier au contraire la forme du commentaire comme pour tre s r de ne rien perdre d un Film Socialisme la signifiance in puisable Sans doute s agit il ici de rompre galement avec la forme de nombreux portraits de films trop univoques de recr er donc ce qui appartient la l gende de la cin philie fran aise au m me titre que les Narboni Douchet et Labarthe sans oublier Godard lui m me la conversation l change de vues comme premier moment o s crit la critique qu elle soit fr lante comme le dit Haenel ou moins bien intentionn e et o pour Godard s est toujours con u le film M C 1968 1996 commence par la mise au point du cadre et laisse des l ments de tournage figurer dans le montage final Assis par terre buvant grignotant et fuma
359. ui restent ouverts l interpr tation Le conte de f es le premier conseiller de l enfance n est qu une des facettes de cet art qui invite le petit auditeur trouver son chemin dans la for t de l existence Dans Disneyland mon vieux pays natal Arnaud des Palli res avait d j construit une s quence autour d un de ces r cits dont Walter Benjamin s est fait le narrateur Le Mouchoir extrait de son recueil de nouvelles Rastelli raconte Si certaines de ces caract ristiques du conte se retrouvent dans les r cits de Poussi res d Am rique et de Diane Wellington la valeur initiatique du conte de f es semble laisser enti rement la place une sombre perversit Ces r cits sont des contes cruels trop ancr s dans la banalit du quotidien pour acc der la dimension de tra g dies Plut t que d acheminer les personnages vers la maturit ils les confrontent de terribles impasses Mais peut tre est ce la nature des contes modernes ceux d un monde d sert par les f es et les dangers qu ils exposent ne sont pas moins riches d enseignements D un point de vue cin matographique l intrusion de cette forme de narration dans le montage du film donne libre cours la puissance m ta phorique de la parole la facult de la voix de projeter un r cit parmi des images qui ne le repr sentent pas Avec la seule r serve que la parole est ici donn e lire et non entendre Diane Wellington est
360. ume succinctement Kubelka Je ne fais pas de compromis Et cela fait longtemps que je ne me soucie plus de savoir si le public aime ou pas un art de la vie On se souvient avec quel pessimisme l poque m me o sur le mod le de la Film Makers Coop les coop ratives et laboratoires de cin ma exp rimental commencent fleurir la fois aux Etats Unis et en Europe les th oriciens de l art ont clos le chapitre de l avant garde rel guant la notion elle m me au statut de cat gorie historique Pour Peter B rger en particulier le projet avant gardiste est vou l chec non seulement cause de la capacit monstrueuse du syst me capitaliste int grer les discours et les pratiques les plus contes tataires mais aussi parce que dans son projet de recherche formelle radicale son d sir d au tonomie et de distance critique l avant garde choue s tablir comme une v ritable praxis r int grer l art dans la vie 5 Est il possible que le cas du cin ma exp ri mental qui reste largement absent des dis cours th oriques classiques sur l avant garde permette sinon de d mentir du moins de nuancer cette vision dystopique C est bien ce que sugg re le film de Chodorov Les cin astes interrog s ne se voilent certes pas la face ce sujet Mon ambition admet Ken Jacobs en souriant c tait de r volutionner les Etats Unis d Am rique Si l impact du New American Cinema Group fut i
361. upe form dans les ann es 1960 et qui chante aujourd hui dans l esprit de cette poque La musique s arr te brusquement a veille l oreille du spectateur pour le mettre en alerte Saint Joseph l imposante glise du Havre dans laquelle joue l organiste semble exercer sur vous une grande fascination Vous lui consacrez d ailleurs une partie importante du film Oh oui C est une prouesse de construction Les vitraux y sont magnifiques ils captent la lumi re quel que soit le temps qu il fait quel que soit le moment de la journ e Cette glise ressemble un phare C est un rep re que l on ne peut manquer en arrivant au Havre C est sans doute l un des lieux o j ai pass le plus de emps dans la ville d autant que l architecte havrais qui m a guid e dans mes recherches et me l a fait visiter ma aussi confi les enregis rements passionnants des visites qu il a effec u es en compagnie de Jacques Tournant bras droit d Auguste Perret Jacques Tournant dirigeait l quipe en charge de la reconstruc ion il tait l urbaniste en chef charg du remembrement de la ville On confond souvent Saint Joseph avec la cath drale qui elle n a pas t d truite Depuis la reconstruction il faut d ailleurs descendre quelques marches pour y p n trer elle est rest e son niveau initial alors que la ville a t sur lev e d un m tre Sous les nouveaux b timents on trouve enfouie dans Le b ton la m mo
362. urs r les au combat Mais cette fois ils avaient en plus le r le d acteurs de cin ma pour la propagande en vue de la lib ration de la Palestine C est ce qu ils ont montr clairement la cam ra en se badigeonnant de jus de m re Car ils ne font pas de diff rence entre leur r alit quoti dienne et le combat irr el qu ils avaient men pour ma cam ra 2 Cette distinction d licate entre le r el et ce qui ne l est pas s nonce plus loin dans le m me texte en l quation suivante film d informa tion propagande lutte arm e En effet si comme l affirme l un des combattants qu Adachi et Wakamatsu interviewent en 1971 dans leur documentaire Arm e rouge FPLP d claration de guerre mondiale l unique propagande du FPLP face au d versement quotidien des m dias dominants en l occurrence am ricains ne saurait tre que la lutte arm e la question se pose de la place accorder d s lors au cin ma ou ces films d informations Les comptes rendus au r el la pr minence du fait m me ont toujours t l exigence premi re de la pro pagande de quelque bord qu elle soit fasciste ou progressiste Mais le trouble d Adachi alors incapable de lancer l enregistrement ne t moigne t il pas d une position malais e Quel genre de redoublement le cin ma peut il s autoriser en effet si l action m me est propa gande en d autres termes si l acte vaut pour tout discours ou m tadiscours Dans le film
363. us a n a pas r ussi Le commentaire encha ne d autres phrases chocs En 1972 la Commission baleini re internationale propose un arr t de la chasse pendant dix ans Adopt avec enthou siasme par la Suisse ou le Liban cette r solu tion est videmment ignor e par les pays qui monopolisent la p che industrielle le Japon et l URSS Leur argument Notre industrie en a besoin Mais lorsqu il n y aura plus de baleines du tout il faudra bien qu elle trouve d autres solutions leur industrie Alors le probl me est clair avancer de cinq ans une reconversion in vitable ou prolonger inutilement l h ca tombe d une esp ce animale utile la plan te Dans ces cas l les hommes n h sitent pas Ils choisissent l h catombe Cette conscience tragique ne parcourait pas le premier film et dans cet cart se mesure le changement de paradigme qui s est op r en une quinzaine d ann e L anthropocentrisme fondamental des ann es 1950 caract ris tique de l humanisme optimiste des ann es d apr s guerre dont Le Monde du silence de Malle et Cousteau parfaitement contempo rain est inconsciemment l expression la plus stup fiante nos yeux la nature comme in puisable terrain de jeu pour l homme dispo sition des humains a c d la place l cologie un renversement profond des valeurs ce n est plus l homme qui est au centre du monde mais l cosyst me lui m me Le lyrisme de l affrontement
364. utorise ses rares chapp es l ext rieur de son p rim tre ont toutes voir avec le temps puisqu elles proposent par petites touches gren es une sorte d arch ologie du jardin t moignant de ce qu il y avait avant de ce qui repose en dessous Ainsi depuis son balcon qui surplombe le parc de Belleville face la vue sur la capitale Fran oise M ller qui a toujours v cu ici raconte la r novation du quartier partir du milieu des ann es 1950 la d molition des maisons des ateliers des courettes et des passages ces ruines et ces gravats qui constituaient pour les enfants un super terrain de jeu mais qui pour certains adultes qui s taient tablis l et y avaient fait leur vie taient une v ritable trag die Les photos noir et blanc de Fran ois Li nard documentent elles aussi la destruc tion progressive du quartier Enfin tir es d un pass plus lointain quelques images d un film amateur en Super 8 montrent une famille deux hommes une femme et deux petites filles un jour de f te sans doute qui posent dans le haut de la rue Vilin et sur les escaliers menant la rue Piat au d tour de la rue vilin IL y a beaucoup voir faire et entendre dans ce jardin De m me il y a beaucoup de choses place Saint Sulpice notait Georges Perec en ouverture de Tentative d puisement d un lieu parisien 1 Avec Le Monde en un jardin c est galement la tentative d puisem
365. uvre musicale ni son uvre cin matographique ne constituent le sujet du film Les m thodes de travail et la r flexion du r alisateur de Flicker 1965 film strobosco pique l gendaire constitu d une succession rapide de cadres alternativement noirs et blancs dont le spectacle peut provoquer une crise d pilepsie chez les sujets fragiles se r sument une sc ne d anthologie coiff d une perruque et rev tu d un pyjama rose Tony Conrad applique une recette d oignons en conserve la fabrication d un film exp ri mental D doubl sur un m me plan il fait cuire la pellicule puis la plonge dans l eau savonneuse et enferme le r sultat improbable dans des bocaux Ces partis pris d auteure accumulations de m taphores ludiques et clowneries parfois la limite du mauvais go t ont de quoi d router le m lomane s rieux ou quiconque attendrait un portrait structur de l un des artistes am ricains les plus importants du mouvement minimaliste Marie Losier filme ses rapports d intimit artistique sans aucune pr tention intellectuelle ou esth tique Elle ne trans forme pas les sujets de ses films en monu ments de la culture universelle A sa fa on ico noclaste pu rile et d sordonn e elle cerne peut tre au plus pr s une forme authentique de cr ativit qui chappe des productions plus ambitieuses mais maladroites et d pour vues d invention A P A voir charlemagnepalestine o
366. ux multiples branches L all gorie vaut galement pour le film de Cho dorov qui nous rappelle d embl e que le film exp rimental et le film amateur avec sa ramification le film de famille se sont d ve lopp s comme les branches d un m me arbre Certes dans leur forme et leurs objets ces pratiques du cin ma diff rent comme l indique Roger Odin la fonction premi re du home movie avec ses protocoles de mise en sc ne et sa narrativisation s lective de la vie de famille est celle d un instrument de perp tuation de la famille et de l ordre social qu elle incarne 3 Cette fonction de reproduction sociale et cul turelle et les conventions de repr sentation qui la sous tendent le cin aste exp rimental aura naturellement tendance les aborder de mani re critique voire les battre en br che C est pr cis ment cette approche r flexive s accompagnant ou naissant d une recherche formelle qui conf re au cin ma exp rimental son statut d activit artistique Notons que comme le cin ma amateur le cin ma exp ri mental se pratique g n ralement avec tr s peu de moyens dans un contexte de production fragile o le bricolage le hasard et la d brouil ardise font partie int grale du processus de cr ation Il partage ainsi avec le cin ma ama eur certaines conditions de cr ation et un statut conomique et institutionnel particu ier qui tendent le marginaliser mais lui per mettent aussi
367. ux supermarch s Dans ces sites industriels ultramodernes se concentre une extr me violence celle faite aux b tes tu es la cha ne et celle faite aux ouvriers qui y travaillent dans des conditions insoutenables C est ces centaines d hommes et de femmes issus des vertes campagnes environnantes que la r alisatrice Manuela Fr sil donne la parole de mani re chorale et par moment m me chor graphique Aboutissement d un long travail cin matographique sur le rapport l animal dans notre soci t domin e par l agro industrie Entr e du personnel a recu le grand prix de la comp tition fran aise au FID Marseille 2011 Quand avez vous commenc travailler sur le projet de Entr e du personnel J ai mis sept ans faire le film Pour moi les films sont comme des poup es russes et un projet en engendre souvent un autre J ai r alis un film sur un levage industriel Si loin des b tes 2008 Arturo Mio Arte suite un autre film sur le mythe de la vie la campagne Notre campagne 1999 Amip Arte Cela m avait amen e en Bretagne rencontrer des gens qui taient pris dans le syst me agro industriel de production Un leveur de porcs boulevers d tre accus de maltraiter les b tes m avait fait venir dans son exploitation Les conditions de vie des b tes que nous avons observ es taient pouvantables mais il ne le voyait pas Mon premier film portait sur le malaise de ces leveurs que le syst me in
368. ve et utopie par J r me Baron Sderot last Exit d Osvalde Lewat 37 La maison cin ma et le monde par Rapha lle Pireyre No Comment d Andr S Labarthe et A voir absolument si possible de Jean Louis Comolli Ginette Lavigne et Jean Narboni 39 Souvenirs du potager par Fr d rique Berthet Marcel Oph ls et Jean Luc Godard la rencontre de Saint Gervais de Fr d ric Choffat et Vincent Lowy 41 Rencontres au sommet par Pierre Eug ne L Homme des Roubines de G rard Courant et Catherine Breillat la premi re fois de Luc Moullet 44 Epstein sampl par Carole Desbarats Jean Epstein Young Oceans of Cinema de James June Schneider 2 images de la culture 46 51 54 56 58 60 63 65 69 72 76 78 80 84 85 87 89 90 93 103 104 100 80 autour du monde Belle famille entretien avec Clarisse Hahn et Oktay Sengul par Sylvain Maestraggi Kurdish Lover La route du lin entretien avec Ariane Doublet par Eva S gal La Pluie et Le beau temps Un miracle aujourd hui par Judith Abensour et Arr t sur image par Nicolas Poupon Life de Patrick Epap Arr t sur image Un doute s installe par Malika Maclouf Une Vie normale Chronique d un jeune sumo de Jill Coulon Le deuil de l Am rique par Sylvain Maestraggi Diane Wellington d Arnaud des Palli res Ceux qui vont l abattoir entretien avec Manuela Fr sil par Eva S gal Entr e du personnel Arr t sur image Gros plans de Judith Abe
369. x autres Le fait de ne pas comprendre la langue je crois aussi que cela m a prot g e parce qu ils sont toujours en train de se quereller de dire des choses sur les uns ou les autres Si j avais parl la langue j aurais t compl tement impliqu e dans leurs histoires Cela m a permis de garder une distance ce qui est tr s difficile dans cette famille o il y a tr s peu d intimit Venir avec une femme trang re qu est ce que cela repr sentait pour vous Oktay O S Par rapport ma grand m re je savais que a allait bien se passer par rapport aux autres je ne savais pas si a serait vident J ai amen Clarisse dans un milieu o il y a une id e de la femme qui ne correspond pas du tout ce qu elle vit ici J ai essay de faire en sorte que cela se passe bien qu elle soit accept e comme elle est Le guide qui est la personne qui indique l attitude adopter a dit que m me si c tait une fille de J sus elle avait sa place dans notre communaut Apr s ily a des r gles et des codes des t ches dont la femme doit se charger J ai d expliquer mes cousins qu ils pouvaient faire certaines choses eux m mes ce qui a t l occasion de leur donner mon point de vue sur la position de la femme et celle de l homme Ce qui tait plus compliqu pour moi c est que mes oncles et mon p re refusent de se laisser filmer J aurais aim qu ils participent C tait assez tendu quand ils taient
370. xtraits de films ainsi que de nombreuses interventions d acteurs producteurs techniciens et critiques analysant une uvre ancr e dans le cin ma de genre hollywoodienne mais singuli re John Carpenter est un movie man il ne veut pas faire des films messages mais cr er des sensations Tout au long du documentaire les intervenants et Carpenter lui m me les Am ricains ne sont pas des intellos ce sont des voyous ne cessent de revenir sur la facture motionnelle de son uvre qui doit surprendre mais satisfaire son public Carpenter s installe Los Angeles en 1968 Il voque Ford et Hawks ses premi res passions cin philes d s son plus jeune ge dans le Th tre de Los Angeles d cor de Los Angeles 2013 1996 Chaleureux lors des tournages il insuffle un certain second degr des films qui essaient pourtant de montrer le mal l tat pur Pour Nicolas Saada l habilet de Carpenter vient de son conomie de moyens esth tiques parvenir faire peur avec rien Dimension invisible qui se retrouve dans la musique tapis qu il compose pour ses films ce fils de musiciens avoue alors son admiration pour Bernard Herrmann et les m lodies minimales PE images de la culture Il tait une fois Orange m canique Le Cin ma de Boris Vian 2010 51 couleur documentaire r alisation Alexandre Hilaire Yacine Badday production Carlito participation C
371. xtraits des films alternent avec des anecdotes de tournage ou des r cits li s aux villages et montagnes comme autant d histoires possibles mi l gendaires mi absurdes l Homme des Roubines est une visite guid e dans les paysages arides des Alpes du sud et plus encore dans l imaginaire de Moullet Au d part il y a la montagne Ce lieu mythologique Luc Moullet veut le filmer comme dans un western de Hawks Les nombreux extraits d Une Aventure de Billy le Kid 1971 permettent de faire clore quelques souvenirs de tournage et des d finitions pour le moins ludiques Par exemple Moullet explique qu on reconna t un r alisateur de fiction un documentariste en les pesant le premier perd du poids sur un tournage tandis que le second en gagne Construit sous forme de sayn tes dans ces lieux des Alpes de Haute Provence qui comptent pour lui le film montre bien la facon dont Moullet transforme le r el en conte absurde d un contr le fiscal sa traque par des gendarmes en passant par des histoires de famille marqu es par la folie il a laiss sa grand m re dans un h pital psychiatrique pour tourner plus longtemps dans sa maison En creux c est aussi sa m thode que l on per oit un art fond sur l espace et des moyens financiers faibles pour inventer durant le tournage M D 41 Cin ma de notre temps Catherine Breillat la premi re fois 2012 55 couleur documentaire r alisation
372. yme de non professionnel maladroit inexp riment ennuyeux hasardeux En fait e cin ma exp rimental justement revendique amateurisme se nourrissant de l exp rimen tation et des effets de chance l o le cin ma commercial tend reproduire et renforcer des conventions th matiques et formelles Comme le soulignent Yann Beauvais et Jean Michel Bouhours le cin ma exp rimental adopte la mani re et la maladresse comme rupture avec l acad misme et prend ainsi en charge tous ces territoires occult s autant par le cin ma d amateur que par le cin ma industriel 4 S il se d marque du cin ma ama teur par son projet esth tique radical et son appartenance la sph re publique il partage n anmoins avec lui par d faut son statut marginal mal aim de la t l vision o para doxalement on craint toujours comme le dit Stephen Chodorov qui fut confront ce pro bl me qu il ne choque le public familial IL est la fois boud par les r seaux de distribu tion commerciaux o le caract re impr visible de sa libert formelle et th matique fait peur et par le monde de l art destin un public de masse d pendant d un support mat riel qui est soit vuln rable dans le cas des films r alis s par intervention directe soit m caniquement et num riquement reproductible le film se plie en effet mal la logique commerciale de l objet avant gardes new yorkaises uniqu

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