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Texte de la consultation de recherche : Les « SDF », représentations

1. Pour accomplir ce travail et notamment pour r cup rer leur subjectivit d acteur autonome les sans logis b n ficient du soutien de ceux que l on peut appeler les passeurs qui vont aider chacun par une relation interpersonnelle gratuite faite d engagement et de sa d monstration en acte r cup rer le sens de sa propre histoire Le cadre de l action collective des sans logis parce qu il met justement en sc ne cet engagement de b n voles aux c t s des sans domicile nous semble particuli rement propice l tablissement de telles relations et ce d autant plus que les b n voles qui y prennent part pr sentent des caract ristiques sociologi ques particuli res et notamment une forme de participation sociale qui inclut une distance aux r les sociaux Mais le cadre collectif de l action en lui m me parce qu il permet aux individus une cristallisation identitaire dans le r le du militant et une reconstruction quasi exp rimentale d une communaut gr ce la vie en squat va rendre plus facile le travail de sortie de l exclusion En effet celle ci pourra d abord tre pens e en termes collectifs permettant l acteur de s arracher son exp rience pass e avant de pouvoir la reprendre en mains partir d une position ext rieure et positiv e En chemin la possibilit d exprimer la r volte qua suscit e l exp rience subie de l exclusion dans une forme qui sera reconn
2. conduites au moins dans trois directions le ph nom ne de soci t les modes de vie enfin les interventions de la puissance publique Si l on conna t un peu plus concr tement certains des parcours qui conduisent des hommes et des femmes la rue on conna t peu les strat gies de sortie d une situation d exclusion ni les territoires ou les sites choisis par ces personnes en dehors des plus visibles On note le peu de recherches relatives ces modes de vie dans le monde rural ainsi que l absence de recherches comparatives entre le statut de SDF et d autres statuts sociaux voisins qui soit dans l histoire saisonniers soit actuellement artistes ambulants v hiculent des images diff rentes Il est difficile de cerner quantitativement le ph nom ne question sur laquelle se penche actuellement l INSEE du moins sous l angle particulier du logement Les pistes de recherche Le caract re r ducteur de la cat gorisation pose de fa on g n rale la question du regard port sur l cart par rapport la norme et des effets de ce regard sur les personnes ainsi identifi es Trois pistes de recherche ont t retenues qui bien entendu pourront tre abord es simultan ment eLa premi re recouvre les aspects s mantiques et juridiques de la question e La deuxi me concerne la nature et les effets des processus engendrant des trajectoires particuli res de vie pour les personnes carac
3. sympt mes qui paraissent accord s une nosographie d ordre psychiatrique Par leurs comportements de retrait sur soi c est dire de tentative de mise en repos hors d un processus qui les assigne ce travail puisant ils tombent tout naturellement dans le giron de ceux qui semblent les plus aptes les soigner les comprendre Un impossible repos les artifices de la fausse qui tude Ce travail nombreux sont ceux qui tentent d en att nuer la charge fatigue au moyen d exp dients artificiels soit au moyen de substances licites tranquillisants psychotropes soit par l usage de produits illicites Dans les deux cas le r sultat recherch est identique et bien loin de r soudre leur probl me contribue en accentuer la fixation le coaguler Mais cette attitude est parfaitement compr hensible ou logique ou normale Il s agit d une tentative s dative de stopper en quelque sorte et toujours momentan ment la dynamique au sein de laquelle ils sont engag s et o ils ne per oivent aucune issue Par un processus de destruction lente de soi de n antisation chronique le sujet semble se r tracter sur lui m me solitaire S il se clo tre s il devient asservi aux drogues c est que d sormais d pourvu d nergie il n a pas d autre voie possible que la mise distance de soi d un univers qui le contie
4. Ensuite pour chaque r sidant deux entretiens ont t r alis s en parall le d un ou des responsables d ALIAS et de l ducateur r f rent c est dire l ducateurs de rue qui a soumis la candidature l h bergement de son client Ces entretiens offrent en m me temps que des informations compl mentaires une mani re de voir un point de vue particulier sur l histoire sur la personnalit des r sidants Par la suite intervalles r guliers des contacts informels ont permis de suivre la trajectoire des sujets h berg s Enfin des entretiens ont t r alis s avec les responsables des foyers SONACOTRA o sont implant s les deux sites d ALIAS Ils ont permis de pr ciser l historique de l association du bailleur avec la Sauvegarde et de d gager les conditions pratiques de la coexistence des ducateurs et des sujets h berg s ALIAS et des responsables et locataires des r sidences SONACOTRA Au total environ 130 entretiens ont t r alis s bien videmment avec la garantie d anonymat et de confidentialit L int gralit du contenu de chaque interview a t syst matiquement restitu e sous forme crite la personne concern e quel que soit son statut sujet h berg ducateur etc Les principaux r sultats Un travail composite gestion des liens gestion des lieux gestion du corps Les sujets jeunes sont socialement embryonnaires Rien n e
5. Vexliard Alexandre Le clochard tude de psychologie sociale 1957 Descl e de Brouwer 1998 CRESGE Lo c Aubr e Paul Wallez Les jeunes en situation d errance trajectoires et strat gies de sortie L objet de la recherche tait d analyser les processus d entr e et de sortie de l errance chez les jeunes g s entre 18 et 30 ans d examiner l utilisation par ces jeunes des aides et des services offerts et de tenter d identifier l effet du recours ces aides L objectif tait de mieux comprendre les processus l uvre dans les dynamiques des personnes qui se trouvent la rue un moment donn Les postulats taient d une part qu tre sans domicile ne constitue pas une cat gorie sp cifique mais d signe une situation que connaissent un moment donn des personnes exclues d autre part que les processus d exclusion que subissent les personnes sans domicile sont proches de ceux dont sont l objet les jeunes exclus de l emploi ou du logement sans passer par l tape de la rue Toutefois le passage la rue un moment donn s explique par la biographie des int ress s Centr e sur l analyse des trajectoires et des processus d entr e et de sortie la recherche a pris comme r f rence des populations connaissant des situations voisines 21 L accent mis sur l analyse des processus de sortie a impliqu une observation des actions mises en place dans le cadre des dispositifs d urgence et d
6. autres usagers passagers du squat mais travers les engagements r ciproques qui les rapportent en actes les uns aux autres Circuits institutionnels et territoires de l errance Marseille par Marine Vassort Cette recherche qualifie des formes de sans abrisme partir de mobilit s pr caires et de parcours urbains parcours dont la complexit est clair e par un travail sur la territorialisation de l errance L amorce ne se fait pas partir de territoires marseillais o se cristallisent diff rentes formes d errance errance de quartier errances translocale et transnationale Que se passe t il sur un territoire d errance Qu est ce qui s y change ou s y n gocie Pourquoi un groupe d errants se forme t il sur tel ou tel espace pour s parpiller ensuite vers d autres espaces nous laissant voir des mises en s rie de territoires Pourquoi un jeune g de 13 ans revient tous les soirs la gare et dort la nuit aux alentours Parce qu il y fait le porteur de bagages Parce qu il essaie de prendre un train qui le m nera un temps vers d autres villes Parce qu il y retrouve ses pairs L errance se pr sente en tant qu acculturation un mode de survie par l utilisation variable de r seaux qu il soit celui de l assistance celui des pairs rencontr s et celui des sociabilit s avec diff rents mondes sociaux Elle se d crypte dans la multi r sidence et le transit spatial
7. crainte d tre entra n dans une spirale d socialisante et ses sinistres jalons h pital psychiatrique prison etc dont certains ont fait l exp rience Chacun dispose selon des formes et des degr s divers d l ments particuliers apparent s chacune de ces facettes de leur personnalit sociale constitutifs de leurs handicaps ou de leurs ressources En fonction de la perspective qu ils ont de leur histoire de leur position et de leur devenir ils sont conduits ajuster en permanence les rapports entre ces divers l ments Leur histoire est ainsi jalonn e de compromis pr caires sans cesse mis en cause Ces compromis ne se r alisent pas sans effort Une des caract ristiques fondamen tales des sujets de l enqu te est d tre en situation de tension permanente Leur position est instable ils s y trouvent en tat de perp tuel d s quilibre Elle n cessite pour simplement tre maintenue il n est pas ici question d avanc e ou d volution une d pense d nergie Et c est l analyse des diff rents modes de gestion individuels et collectifs des tensions issues de cette incertitude sp cifique qui para t ici un objectif f cond de recherche Ces tensions sont perceptibles des degr s divers selon chaque cas dans et entre la plupart des compartiments de la vie sociale dont les sujets ont fait l exp rience au cours de leur histoire Ces tensions sont appl
8. dans l espace ou le temps La litt rature ou l histoire nous proposent de beaux portraits de nomades des figures sans domicile fixe comme les marins les missionnaires les voyageurs de commerce ou les m tiers qui conduisent loger chez les autres ou hors de chez soi Des travaux relatifs l errance la mendicit ou la vie quotidienne dans la rue ont depuis longtemps ouvert un d bat public aux tats Unis La construction des cat gories et leurs effets sur les publics les politiques et les dispositifs La cat gorisation SDF est un amalgame de situations h t rog nes aussi bien en ce qui concerne les sources de revenus les modalit s de logement les relations familiales et sociales partir de quel moment et quelles fins avou es ou non perd on l approche riche et mouvante de cette r alit pour construire la cat gorie La repr sentation statistique est une tape privil gi e pour la reconnaissance d une question et son ligibilit l attention des pouvoirs publics et des m dias d opinion Aussi bien dans le domaine du logement de la sant de la politique de l emploi qu au regard des questions de s curit la production de chiffres est consid r e comme indispensable Peut on analyser cet impact sur l approche de la question du logement et plus globalement de la question sociale Les pr occupations l gard des plus pauvres oscillent invariablement entre compass
9. es avec les responsables d ALIAS alors que les chercheurs sont intervenus lors de d bats avec les ducateurs et les financeurs D partement et Pr fecture Les ducateurs ont jou le r le d intercesseurs entre les r sidants et les enqu teurs C est gr ce leur entremise que les r sidants ont accept de se confier aux enqu teurs Notre premier contact avec les r sidants consistait expliquer les raisons de notre pr sence et de nos objectifs Nous leur indiquions alors qu ils devraient r pondre un ensemble de questions de mani re anonyme et confidentielle permettant de recueillir le r cit de leur biographie tant pour tenter de comprendre ce qui au sein de leur histoire les avait conduits l o ils se trouvaient que pour recueillir leurs demandes et leurs besoins lls ne devaient pas en attendre un quelconque b n fice imm diat sinon celui de pouvoir conserver les traces de cet change sous forme scripturale Les responsables d ALIAS et plus largement l ensemble du service de pr vention de la Sauvegarde ont t invit s participer eux m mes l enqu te Des entretiens des personnels ducatifs en charge de ce service ont t r alis s centr s sur les mani res de travailler sur l historique de la structure d h bergement 25 sur les m thodes d approche des jeunes sur la mani re dont chacun per oit sa position au sein des itin raires des sujets h berg s
10. la communaut ne forme pas professionnellement ne d livre pas de certificat de travail est surprotectrice Au cours de l histoire les communaut s se sont transform es Le souci actuel des responsables est de mieux prendre en compte la singularit des projets individuels en repensant l articulation lien communautaire lien soci taire Ce travail de recherche r sulte d enqu tes men es par entretiens semi directifs entretiens informels et observations de type ethnographique dans six communaut s Emma s de la r gion parisienne et du grand Ouest de la France e Observatoire R gional de la Sant Midi Pyr n es ORSMIP et CIEU CNRS Responsable scientifique Pr Alain Grand avec Serge Cl ment Fran ois Fierro Jean Mantovani Marc Pons Marcel Drulhe la crois e de lieux et de chroniques les gens de la rue Figures de SDF entre action publique et r le des passeurs Cette recherche a consist tudier ce qui s est construit avec des SDF dans le rapport entre SDF et acteurs divers associatifs professionnels institutionnels voire simples habitants dans des lieux tr s diff rents dans lesquels les SDF pouvait avoir une place plus ou moins participative Elle s est en premier lieu int ress aux figures de m diateurs et aux situations de passeurs afin de d gager ce qu elles permettent de rendre possible en termes de relations r gul es entre des personnes d sign es o
11. les violents ceux qui sont alcoolis s La question de l absence de logement est m me parfois mise entre parenth ses Le mod le caritatif d veloppe l image de lieux de bas seuil accueillant ou tant sens s accueillir tous les publics c est dire ceux les plus loign s de la soci t d un projet ceux qui ont le plus de difficult Mais les deux types d offre apparaissent comme compl men taires les associations caritatives faisant le lien entre sans abri et institutions Toutefois ce continuum peut se r v ler tr s th orique du point de vue des publics concern s Une place part est faite dans cette recherche aux habitats non gouvern s D une part les marginaux du Couserans Ari ge ne promeuvent en rien les cat gories de l errance car les publics qui font ici l objet de la stigmatisation ne s inscrivent pas comme objets d un processus d exclusion en cela individus priv s des ressources du commun logement fixe travail mais comme sujets certes marginaux mais dot s des moyens n cessaires r aliser leur marginalit Le squat toulousain observ pour sa part semble avoir fonctionn comme une preuve de v rit pour un syst me d hospitalit en r v lant ses limites mais aussi pour des squatters qui ont t moign de leurs difficult s se maintenir durablement dans un environnement qui ne leur tait pourtant pas particuli rement hostile cest l
12. ont permis d analyser les capacit s des jeunes et l utilisation qu ils font ou non des aides ou des services auxquels ils peuvent acc der la mani re de les mobiliser dans une strat gie de survie ou comme ressources permettant d avancer dans le projet qu ils laborent de mani re plus ou moins explicite Ces capacit s renvoient aux moyens dont ils sont d tenteurs et que leur rapport avec le syst me social leur laisse la possibilit d utiliser e ENTPE direction de la recherche Form quip Philippe Zittoun avec Elsa Guillalot Laure Malicet Chebbah C cile Robert L institutionnalisation d actions publiques locales destination des SDF Analyse comparative de trois villes Lyon Grenoble et Orl ans La recherche que nous avons men e se donne pour objectif d aborder la question des publics SDF partir des politiques qui leur sont destin es Cette analyse en termes d action publique a donc pour double sp cificit de s int resser moins aux destinataires qu aux acteurs de ces dispositifs et de mobiliser un ensemble de concepts et de questionnements emprunt s aux travaux de politiques publiques Dans cette perspective la probl matique centrale de cette tude consiste interroger les conditions de possibilit et l ventuelle mergence d une politique publique coh rente visant explicitement intervenir corriger apporter des solutions au x probl me s pos s par l existence de populations s
13. res d int gration 2 Une forme d organisation collective l entraide La reconnaissance de la survie s av re le socle de la revendication amorc e par les mouvements collectifs Ce que nous appelons l exp rience commune c est la transformation en ressource mobilisable pour faction collective des acquis de l exp rience entendus eux sur le registre individuel En tout tat de cause sur le registre collectif comme sur le registre individuel on observe dans ce mouvement vers la sortie une revendication forte de l identit SDF au nom de l exp rience v cue renversant en cela le stigmate en atout positif On a pu observer que la revendication d une culture de la rue est au fondement de l action au cours des exp rimentations collectives De la m me mani re lors des rencontres r ussies la reconnaissance des comp tences et des capacit s d velopp es pour survivre se combine toujours la lutte contre l enfermement dans la carri re de survie Au sein des diverses tentatives d organisation collective des SDF par eux m mes l entraide occupe une place part L association que nous avons tudi e a su s appuyer sur des cadres de l action collective initi e auparavant par des mouvements militants organis s comme le Droit Au Logement ou le Mouvement des ch meurs mais aussi sur la pr sence de leaders sur l opportunit d un v nement rassembleur comme la mort de froid d un SDF et sur des soutiens ext
14. 1 LAPSAC Universit Bordeaux 2 3 ter place de la Victoire 33076 Bordeaux cedex LASAR Laboratoire d analyse socio anthropologique du risque Universit de Caen Esplanade de la Paix 14032 Caen cedex ORSMIP Observatoire R gional de la Sant Midi Pyr n es 37 all e Jules Guesde 31073 Toulouse cedex OSC Observatoire Sociologique du changement FNSP CNRS UMR 7049 Adresse postale 27 rue Saint Guillaume 75337 Paris Cedex 07 Universit catholique de Louvain la Neuve Unit d anthropologie et de sociologie 17B 102 Champ Vall e R sidence du Lac 1348 Louvain la Neuve Belgique Universit d Amsterdam Institut de planification Nieuwe Prinsengracht 130 1018 VZ Amsterdam Pays Bas 54 Annuaire r alis par Cit Ghislaine Garin Ferraz cite plus wanadoo fr Responsable du programme de recherche Danielle Ballet danielle ballet equipement gouv fr Communication Josette Marie Jean Robert josette marie jean robert equipement gouv fr Minist re de l quipement des Transports du Logement du Tourisme et de la Mer Direction g n rale de l urbanisme de l habitat et de la construction Plan Urbanisme Construction Architecture Grande Arche Nord 92055 La D fense cedex 55 56
15. Nadja Ringart IDACTE Interstices page 32 C cile Robert CERAPS Universit Lille 2 page 23 Esther Sokolowski CERLIS page 13 Gilles Suzanne LAMES Universit de Provence pages 39 41 Nina Testut CERLIS page 13 Marine Vassort LAMES Universit de Provence page 39 52 Pierre A Vidal Naquet CERPE centre d tude et de recherche sur les pratiques de l espace page 14 Muriel Villeneuve LAPSAC Universit Bordeaux 2 page 42 Paul Wallez CRESGE page 21 Philippe Zittoun CERAT Grenoble page 23 53 Adresses des quipes CERLIS universit Ren Descartes Paris V 45 rue des Saints P res 750270 Paris cedex 6 CERPE centre d tude et de recherche sur les pratiques de l espace 22 rue Ornano 69001 Lyon cedex CIEU CNRS Universit Toulouse Le Mirail 5 all e A Machado 31058 Toulouse cedex CRESAL CNRS Universit de Saint tienne 6 rue Basses des Rives 42100 Saint tienne CRESGE 60 bd Vauban BP 109 59016 Lille cedex ENTPE cole nationale des travaux publics de l tat direction de la recherche Form quip 2 rue Maurice Audin 69518 Vaulx en Velin cedex GRS groupe de recherche sur la socialisation CNRS Universit Lyon 2 5 av Pierre Mend s France 69676 Bron CEDEX 11 IDACTE Interstices 5 rue Cels 75014 Paris INED 27 rue du Commandeur 75675 Paris cedex 14 LAMES Laboratoire m diterran en de sociologie Universit de Provence 29 avenue Robert Schuman 13621 Aix en Provence cedex
16. SDF repr sentations trajectoires et politiques publiques lanc e au printemps 1999 s est adress e l ensemble des chercheurs en sciences humaines et sociales Les approches combinant les apports de plusieurs disciplines taient souhait es linguistique philosophique juridique historique anthropologique ethnologique psychologique sociologique d mographique g ographique conomique urbanistique politique D passer les cloisonnements disciplinaires permet de replacer la question dans ses diverses dimensions Il tait recommand d ancrer les recherches sur un territoire Les quipes de recherche avaient la latitude de proposer leurs modalit s incluant des recherches actions ou des exp rimentations sur des pratiques mettant en uvre des synergies nouvelles Le programme tait ouvert des recherches sur d autres pays afin d apporter au contexte fran ais un clairage diff rent Cet appel d offres a donn lieu trente neuf propositions de recherche dont seize ont t retenues ce jour quinze recherches sont termin es Afin de permettre un change entre les quipes et de tenir les perspectives du programme un s minaire a t organis par le PUCA sous la responsabilit de Danielle Ballet Le 13 juin 2001 les quipes ont pr sent leurs m thodes et les terrains choisis Les rencontres suivantes les 7 mai 2002 3 juillet 2002 et 19 novembre 2002 ont permis de pr senter les travaux de recherche
17. action qu elles soient de type confessionnel et install es de longue date sur la place ou qu elles soient plus r centes et nationales Mais travers la construction d une typologie des acteurs recens s qui privil gie les logiques d intervention mises en oeuvre nous sommes galement parvenus dans un second temps faire appara tre un mod le d organisation singulier fragment qui semble caract ristique de l aide sociale destination des populations SDF Certes l on n est pas en pr sence en effet d un secteur totalement clat sans aucune coh rence ou logique interne On n est pas confront une absence compl te de syst me Cependant la segmentation reste le ma tre mot et seul le partage implicite de l espace public qu implique l aide sociale constitue la base suffisante d un syst me au plein du terme et de sa stabilit d s lors qu un quilibre m me instable peut tre trouv En somme plusieurs logiques se croisent et s alimentent mutuellement autour des repr sentations du public elles aussi multiples Un seconde dimension explor e dans le cadre de cette enqu te concerne les repr sentations des publics et des modes d action construites par les acteurs en charge des populations SDF L h t rog n it des acteurs intervenant dans ce secteur et l clatement des dispositifs se traduisent ici par le fait que la notion de SDF s apparente une constru
18. aux services d accueil d h bergement et d insertion sont issues d un milieu social assez modeste si l on se r f re la profession de leurs parents Mais par rapport la population g n rale elles ont surtout t proportionnellement beaucoup plus souvent marqu es par des difficult s et des ruptures d s l enfance lesquelles ont pu entra ner par la suite des probl mes la fois d adaptation au syst me scolaire et d int gration sociale et professionnelle On peut parler ici d une reproduction tr s forte des in galit s Les r sultats de l enqu te r v lent l intensit des probl mes rencontr s par les personnes de l chantillon lls permettent galement de souligner le caract re multiple des interventions dont elles ont pu faire l objet la justice la prison le social la sant la psychiatrie autant de secteurs qui d finissent l tendue de l environne ment institutionnel de cette prise en charge La d tresse psychologique On peut faire l hypoth se que si le ch mage se traduit par une remise en question de la personnalit et des troubles psychologiques d autres difficult s peuvent avoir des effets similaires Les probl mes de sant psychologique ont t class s en trois grandes cat gories le manque d estime de soi l angoisse et les troubles psychosomatiques et l incapacit faire face Pour chacune de ces cat gories nous avons labor des indicateurs pr cis La fr
19. aux mondes de la rue et ses opacit s Une partie est donc consacr e aux territoires de l errance qu ils soient pr trac s par les circuits institu s ou invent s et n goci s chaque jour par les errants eux m mes Cette recherche se termine sur un essai de qualification de deux formes d errance particuli rement observables l errance stationnaire qui rassemble l errance de quartier la d ambulation et la mendicit r guli re et l itin rance qui lie des d placements r gionaux et nationaux des circulations plus larges jouant continuellement entre ici et l bas Les dessous de la ville Inscription territoriale et mobilit s urbaines des squatters marseillais par Florence Bouillon Abord e d un point de vue socio anthropologique la question des squats dans la ville et des pratiques urbaines des squatters implique d embl e de se positionner face deux questionnements r currents en sciences sociales celui ayant trait la question de l exclusion et celui qui prend la ville comme objet d investigation et d interrogation L tude de l implantation d un habitat ill gal Marseille coupl e celle des d placements des pr caires dans la cit am nent en effet proposer d autres formes de lecture du social que celle qui traduit l existence de cette pr carit en une dualit entre in et out Prendre la ville comme objet en adoptant une posture compr hensive et micro sociologi
20. condition toutefois de situer l explication au carrefour de logiques d acteurs et de d terminants structurels Y Grafmeyer 1994 p 67 68 c est nous qui soulignons L intentionnalit au moins r flexive de ce travail de placement des individus sur une chelle de positions ne nous para t pas tre l objet principal de l explication sociologique pour ce qui concerne notre enqu te En ce cas il faudrait convenir que les positions conjugu es de sans travail sans domicile sans protection etc ne remettent pas en cause l ordre social Or l intelligibilit de l ordre social est li une repr sentation commune des normes en mati re de r ussite conomique et d panouissement personnel De fait la marginalit qu elle soit envisag e comme un accomplissement volontaire ou comme un chec entretient toujours un rapport conflictuel avec les normes dominantes La trajectoire implique une lin arit ascendante ou descendante sur fond d chelle de stratification sociale et ne peut rendre compte en toute rigueur des inflexions de lignes biographiques qui introduisent quant elles beaucoup de d sordre dans l ordre suppos du monde social Nous avons donc postul que la sortie de la marginalit chappe aux croisements habituels entre les d terminants structurels et les logiques d acteurs Elle ne peut se comprendre que dans l approche fine de ces logiques d acteurs situ es dans l cart ou
21. des droits ouverts pour tous se pose la question du r le de l tat envisag comme garant du droit et de la coh sion sociale nationale Pris entre la d centralisation et la construction europ enne d inspiration lib rale le contexte a beaucoup chang On doit s interroger d s lors sur la fa on dont sont assur es les missions et les pr rogatives qui restent d volues l tat vis vis des publics marginalis s dans la soci t Processus sociaux et trajectoires v cues Les processus l uvre dans les dynamiques individuelles et collectives On commence conna tre assez bien les tapes de la disqualification sociale et l on dispose d l ments de recherche sur les trajectoires souvent analys es en termes de carri re Dans le cadre de cet appel d offres il est souhait que des chercheurs portent leur attention sur les processus qui permettent des personnes de sortir de l exclusion et de d passer la repr sentation d pr ci e d elles m mes La question renvoie la r alit des fronti res instaur es entre diff rents mondes Il est clair que les deux mouvements entr e et sortie doivent tre regard s ensemble et que les recherches devraient permettre de saisir les dynamiques individuelles et collectives les r seaux informels les r ves et les projets qui au del d une apparente inefficacit au regard des crit res ordinaires de r ussite portent les germes
22. difficult et pas seulement les SDF Serge Paugam note que comparativement aux hommes les femmes sont plus sensibles aux difficult s qu elles ont connues dans leur enfance et leurs probl mes affectifs survenus l ge adulte Cette plus 4 Serge Paugam et Mireille Cl men on D tresse et ruptures sociales Fnars Recueils et documents n 17 avril 2002 grande sensibilit r sulte peut tre en grande partie de la place qu occupent les femmes dans les rapports sociaux de sexe En raison de leur position de d pendance et de subordination d autant plus claire qu elles sont socialement marginalis es les femmes ne vivent pas de la m me mani re que les hommes les ruptures affectives et relationnelles Quand elles ont organis toute leur vie autour d une relation familiale et que se profile la menace de la d liaison alors beaucoup de choses s effondrent aussi bien sur le plan mat riel que sur celui du lien social et affectif L enjeu de la s paration s en trouve consid rablement renforc La d cision de rompre d finitivement de changer de vie de s organiser autrement ne se prend pas si facilement que cela Parfois malgr le climat de violence qui s instaure malgr la restriction des espaces de libert peut tre accept ce qui de l ext rieur para t inacceptable se retrouver sans abri malgr la pr sence d un toit Cette h sitation s actualise aussi dans des allers re
23. est n le CDSL ont probablement jou pour conserver l autonomie de cette organisation vis vis des institutions et organisations tradition nelles intervenant sur la question SDF travers les entretiens men s nous avons pu tablir que les SDF mobilis s n taient pas parmi les plus d pourvus de ressources Surtout les entretiens confirment ce que de nombreuses tudes ont avanc la cat gorie SDF est avant tout une construction sociale qui si elle est agissante au point que des acteurs se regroupent pour agir en son nom rassemble des individus aux trajectoires tr s diverses aussi bien s agissant des parcours d entr e que de sortie du sans logement Malgr les limites intrins ques de toute cat gorisation et notamment sa tendance naturaliser des situations mouvantes et toujours tr s particuli res on a tent de montrer que trois diff rents types d acteurs se mobilisaient Les t moignages recueillis nous ont par ailleurs permis de revenir sur l exp rience d structurante que constitue le passage par la rue pour un temps plus ou moins long La vie dans la rue en elle m me mais aussi le contact avec les services sociaux qu il s agisse de l h bergement d urgence ou du recours aux travailleurs sociaux est en effet la plupart du temps l origine d un traumatisme double physique et psychologique que les individus auront d passer dans le v ritable travail qu est un parcours de sortie
24. et d en d battre Les comptes rendus de ces s minaires ont t r alis s par Martine Duquesne Le r le de discutant a t tenu successivement par Gustave Massiah AITEC Julien Damon CNAF Jacques Saliba Universit Paris 10 Nanterre et Numa Murard Universit Paris 7 Jussieu Enfin un colloque est organis les 15 et 16 d cembre 2003 pour valoriser l ensemble de ces travaux et les confronter aux probl matiques actuelles dans un change avec des praticiens et avec d autres chercheurs fran ais et trangers 1 Texte ci apr s Texte de la consultation de recherche Les SDF repr sentations trajectoires et politiques publiques Les objectifs du programme de recherche Dans le langage courant la d nomination SDF sans domicile fixe vise une condition d hommes et de femmes qui pour diff rentes raisons et circonstances connaissent de grandes difficult s Leur usage des espaces publics soit pour y vivre soit pour solliciter aupr s des passants des ressources les d signe avec force l attention d un large public Cette appellation regroupe de fa on assez ambigu des r alit s diff rentes et souligne le caract re marginal des situations qu on rassemble sous ce vocable La pertinence de la cat gorie n est cependant nullement av r e Notamment les gens du voyage sont des personnes sans domicile fixe et la plupart sans pr carit particuli re Par les questions que soul ve cette cat
25. gorisation et surtout en raison des probl mes que les personnes dites SDF rencontrent poursuivre la recherche s av re tout fait n cessaire la suite de travaux qui ont analys les histoires de vie et les relations qu entretiennent les personnes la rue avec leur environnement il s agit aujourd hui d am liorer la connaissance des repr sentations et la compr hension de ce qui est g n r par ce ph nom ne social pour les int ress s d abord et comme r actions politiques et sociales ensuite La question des SDF sert de r v lateur de certains dysfonctionnements sociaux contemporains qui touchent plus pr cis ment trois domaines des politiques publiques l utilit des services collectifs l acc s un habitat d cent pour tous l am nagement et la gestion des espaces publics Construction sociale produite la fois par ceux qui s occupent des SDF et par ces derniers cette question n est pas un objet Introduction stable Pour comprendre comment la situation des SDF s institutionnalise il faut pr ter attention aux interactions l uvre dans leur vie quotidienne o se m lent le cadre institu et l instituant ordinaire Les hommes mettent continuellement en pratique des savoir faire et des r gles de conduite dont l analyse se con oit partir de l expression du terrain Cette d construction permettrait de situer l objet d tude dans le faisceau d amalgames qui cir
26. imbriqu es sont d une part la r alisation sociale maintien gestion des liens et la r alisation physique de soi maintien gestion du corps Les combinaisons de ces deux formes de travail sont infinies d o la singularit de chaque cas Ces deux t ches n cessitent de l nergie donc des ressources Les liens sont la fois des ressources et des sources de d pense d nergie Pour les nouer les maintenir les g rer ils n cessitent un travail pour les ressources qu ils sont susceptibles de fournir ils constituent un stock d nergie disponible pour accomplir l une ou l autre des t ches r alisation sociale ou physique de soi Dans le cas des sujets interrog s la t che n cessaire la gestion des liens est tellement d pensi re en nergie que bien souvent elle ne permet pas la r alisation du travail n cessaire au maintien physique de soi Tout se passe comme si dans ce travail de r alisation de leur personne les sujets puisaient l essentiel de leurs ressources Les oisifs sont ici absents l inverse ce sont sans doute au sein du monde social ceux qui travaillent le plus C est par l qu ils peuvent tre distingu s en tant qu esp ce sociale c est l le caract re particulier et g n ral des sujets Ils ne peuvent demeurer tranquilles en repos Chacun des sujets interrog s se distingue par des caract res particuliers qui correspondent aux manifest
27. irruption de la rue dans l espace d habitat punks qui viennent faire la f te qui entra ne l expulsion de tous 46 Quels enseignements tirer de ces diff rents terrains d observation Ils portent sur quatre points les figures de SDF la question de l individuel et du collectif le r le des exp rimentations sociales les formes de passage D s que des exp riences dans leur originalit sont analys es le ph nom ne SDF se dissout au profit de figures qui prennent l allure d habitants de r sidents certes parfois diff rents ou rehauss s du qualificatif notoires mais qui se caract risent par des capacit s habiter ind niables partir de valeurs partag es des passeurs et des SDF n gocient des formules d habiter de mani re toute pragmatique en se donnant le temps de l exp rimentation dans des types de relations d o la figure du donneur de le on est exclue En cours de processus de mobilit repr sentatif des valeurs de la modernit ces SDF trouvent une forme de r sidence en rapport avec leur situation de grande pauvret mais dont ils ont choisi certaines des modalit s La dimension collective appara t bien souvent comme dimension marquante dans la plupart des exemples trait s Mais ce qui se joue a g n ralement bien peu voir avec la reproduction d une communaut canonique totalitaire Au contraire la r f rence un id al communautaire
28. l r Ce processus de psychologisation du social se d veloppe en m me temps que se massifient la production et la consommation de substances s datives destin es la tranquillisation des comportements Ces traitements nous Pavons dit les soign s en sont la fois avides car ils att nuent la fatigue issue de leur travail permanent d ajustement de soi la mobilit des structures et en m me temps ils les rejettent lorsqu ils se d couvrent alors de simples objets manipul s Le repos qui permet l att nuation de cette forme particuli re de souffrance ne peut tre que transitoire Si le traitement devient durable il rend probl matique le travail n cessaire pour re devenir acteur du mouvement social global C est sans doute ici que r side la signification sociale de la d pendance toxicologique Le sujet tente de se perp tuer dans un tat de repos sans cesse interrompu par une nouvelle plong e dans un univers o il a de moins en moins sa place Cette mani re d tre au monde correspond l tat d assu tude aux drogues licites ou illicites 5 Pierre Bourdieu Avenir de classe et fatalit du probable Revue Fran aise de Sociologie XV 1974 31 La situation des sujets de l enqu te vis vis d un tel processus est diff renci e et instable Elle s explique en grande partie par les particularit s des itin raires Les sujets sont jeu
29. monde allant de soi le point de vue du narrateur au temps de l nonciation condition sine qua non de l action d lib r e Autrement dit retrouver cette croyance dans un monde dans lequel on peut prendre nouveau le risque d agir On peut d s lors dire en suivant Wiliam James que la croyance dans le monde d finie comme une disposition agir repose sur une confiance une foi afin de restaurer le sens du monde de surmonter le non sens que provoquent les crises morales in Lapoujade 1997 p 92 Chacun des narrateurs ne se situe pas exactement au m me point dans cette d lib ration entre le temps de la reconqu te de soi et le temps pr sent de la confiance retrouv e Selon l tape laquelle ils se trouvent dans le processus de reconversion ils penchent plus d un c t que de l autre montrant en cela la fragilit de leur position actuelle Le choix de l entr e sur le terrain par les travailleurs sociaux a effectu une sorte de tri de la population puisque les personnes rencontr es taient encore toutes situ es proximit du r seau assistantiel et de fait pour la majorit encore inscrites dans le processus de reconversion une distance assez faible de la survie Les entretiens biographiques nous ont ainsi permis d investiguer le processus m me de la reconversion et les preuves de l int gration sociale mais comportaient aussi des limites dans l analyse pour objectiver des crit
30. ph nom ne ou s il y a un renouvellement dans la population touch e et quelles caract ristiques correspondent une plus ou moins longue dur e dans une situation L avantage des fichiers administratifs est leur taille puisqu ils visent l exhaustivit qui permet des estimations pour des sous populations assez petites exemple au sein des sans domicile les femmes de moins de 25 ans les personnes b n ficiant de l AAH dans la limite des donn es recueillies Ils sont souvent consid r s comme moins co teux quoique ce point reste contestable puisqu ils fournissent des donn es sur davantage de personnes mais que ces donn es sont moins approfondies au moins sur certains segments de la population rendant la comparaison difficile L un des avantages de l enqu te longitudinale par rapport l tude partir de fichiers est que la situation d enqu te permet l tablissement d une relation gage la fois d une meilleure connaissance des personnes et d une meilleure compr hension du ph nom ne et le passage d un questionnaire plus long et plus complexe L inconv nient en est le co t surtout s il s agit de retrouver des personnes dans les situations les plus pr caires dormant en h bergement d urgence ou dans l espace public Mais les travaux sur fichiers trouvent galement leurs limites dans les h bergements d urgence et m me si des adaptations en ont t pr vues pour l espace p
31. priv s dans ce but Dans la mise en uvre des politiques publiques visant r int grer les SDF dans l espace commun on pourrait se poser la question des bons niveaux d intervention pour que l action publique soit efficace et galement observer les pratiques d velopp es localement pour harmoniser et coordonner les interventions ainsi qu d gager les diff rentes figures de partenariat l uvre De nombreuses associations se pr occupent de participer dans les processus d insertion la phase d acc s au logement Dans le cas des SDF quelles sont les proc dures utilis es pour favoriser ou concr tiser leur acc s au logement Si le droit au logement est affich pour tous sans distinction devant l absence r elle de logement pour les personnes la rue les interventions sont collectivement pens es en termes d urgence et d h bergement Quelle analyse peut on faire de la dimension symbolique de l habiter et de la question fondamentale de l appropriation de l espace Quelles approches permettent r ellement d enrayer les processus vers l errance Il appara t important d tudier la place qui revient aux communes et leurs interventions dans ce champ Qu est ce qui fonde les diff rences de conception des municipalit s et conseils g n raux diff rences politiques culturelles g ogra phiques en mati re d acc s au logement et aux services collectifs pour les SDF ainsi que
32. question de l habitat avec la relation qui porte sur l habitat l hospitalit II le fait dans la perspective d offrir un clairage permettant de contribuer comprendre le ph nom ne non de le d crire encore moins de l expliquer Cependant il nous a sembl que la distance induite par cette posture donnait incontestablement des pistes pour agir l acteur public pistes qu il lui appartient de concr tiser si l clairage en question lui para t pertinent La m thode que nous avons adopt e est celle de l approche ethnologique classique Nous avons r alis un travail d observation de terrain des SDF caract ris par trois les attitudes suivantes Des guets distance et avec silence prudence et respect munis de carnet et crayon Des relations de sympathie engag es avec des personnes sans domiciles que nous avons suivies au cours des p rip ties de leur existence en particulier dans leur qu te d habitat Des accompagnements de b n voles et de travailleurs sociaux dans la rue et dans les lieux d h bergement Quant la compr hension des politiques publiques nous avons aussi observ en situation la fa on dont celles ci taient mises en uvre Mais nous avons beaucoup rencontr et entrevu des lus responsables ou acteurs des politiques 32 publiques ainsi que acteurs d l gu s de politiques de fait Notre premier objectif a t de comprendre ce qu taient habiter et l habitat Nous avons dis
33. rieurs permettant la gestion de conflits avec des lus Elle s apparente aux mouvements de lutte de SDF emmen s par des anciens SDF qui se sont organis s dans diff rentes villes Strasbourg Saint tienne occupent des squats puis se constituent en associations comme Chamb ry o un squat au milieu des bois deviendra une association Uranos d auto construction d habitations en bois ASH 21 02 1997 Ces actions militantes qui aboutissent la l galisation des squats peuvent entra ner des conflits avec les travailleurs sociaux qui ne sont pas pr ts s engager dans des actions de type lutte revendicatrice En effet la revendication de l exp rience de la rue int gre bien videmment l exp rience 19 de l assistance et c est donc parfois contre l assistance que se situent les SDF m me si c est par son interm diaire qu ils ont r ussi franchir des tapes vers la sortie N anmoins s en sortir en ce cas revient s affranchir du monde de l assistance l oppos de l usager devenu b n vole revendiquer son autonomie par rapport elle tout en lui empruntant parfois des mod les d action en particulier celui fond sur le projet personnalis qui sera ici soutenu collectivement par les pairs et ainsi s inscrire dans une voie alternative dans le champ m me de l intervention sociale Ces associations ne se situent pas sur le registre de la d fense d int r ts sp cifiques mais
34. risque conjur et lui donne sa gravit R sultats de recherche Le contenu des r cits d livr s au sociologue donne signification a sortie en ce qu elle pose probl me aux int ress s eux m mes Dans un premier sens on peut dire que s en sortir c est retrouver 18 l unit biographique et s inscrire dans une perspective d avenir Les projets de tous les individus rencontr s attestent de cela Les conditions de cette sortie reposent sur la stabilit et la s curit retrouv e et s organisent selon deux modalit s essentielles que nous avons mises jour soit la rencontre de personnes clefs permettant d acc der de nouveaux champs d action et ouvrant l espace d une laboration r flexive de la discontinuit biographique l unit biographique int gre bien videmment la discontinuit et n implique pas la lin arit de la vie soit la lutte collective et le soutien des pairs Notons l encore l importance des rencontres dans cette deuxi me forme Une forme typique la rencontre Ce sont les rencontres qui font basculer les carri res et qui amorcent le travail de la reconversion Elles se manifestent comme les l ments clef de la discontinuit biographique Elles ne sont pas d crites comme un accompagnement social qui se traduirait par un faire avec mais elles sont des aiguillons de l action vers d autres horizons possibles parce que rendus accessibles Typifi e la rencontre es
35. s av re relever essentiellement de la r f rence mythique et celle ci tend s estomper fortement avec le temps Dans l ensemble les alternatives qui se pr valent de la communaut semblent participer un processus d individuation dans et par le collectif La r f rence communautaire alimente une activit associative et les luttes de conqu te que m nent les associations pour l acc s l urbain et d abord la l gitimit n cessaire la mise en place de formules alternatives Produire du temps avec de l espace en l occurrence avec des lieux ouverts cet effet produire du collectif avec des individus tenus de se produire eux m mes aussi pauvres soient ils produire de l individuation avec du collectif transitoire que celui ci se r f re ou non l imaginaire communautaire la formule n est pas tr s loin de la fa on dont les th ories de l insertion ont d fini celle ci dans le champ sociopolitique Les exp rimentations sociales d crites r v lent qu un autre usage de l espace on peut s exposer entre soi mais dans l intimit d un espace s par et collectivement s curis permet de casser au moins un moment l atomisation de l errance urbaine en laissant entrevoir la possibilit de formes plus collectives d existence sans avoir se d fendre sans arr t contre les risques de violence urbaine du fait d une exposition sans fin dans l espace public et donc une possibilit d activit s communes dan
36. s ils ont des pratiques impliquant une pr sence dans le centre fr quentation des bars de cercles militants ou associatifs etc ils cherchent aussi construire le squat comme un espace d attraction politique ou artistique en faire un lieu qui a son tour produise de la centralit Les d placements des squatters alors sont li s une volont explicite d exploration de la ville qui passe par la d couverte ou la red finition d espaces urbains Il en va ainsi du march aux puces qui devient un lieu de r cup ration de fruits et l gumes hebdomadaire de rencontre avec d autres mondes sociaux de ressources multiples C est alors la fonction du squat lui m me qui demande tre r interrog e plus qu un logement qu il est pour tous le squat est ici un lieu de vie collectif dans lequel se d veloppent des apprentissages et des comp tences dont celle de circuler et celle de r sister au stigmate dont ces squatters sont comme tous les pauvres de nos soci t s l objet La possession d un camion entendu comme tout v hicule dans lequel il est possible de vivre est dit compl mentaire du squat il permet d aller de lun l autre mais aussi de s affranchir de la fragilit du squat en disposant de sa propre maison sur roues qui elle ne risque pas d tre expuls e tout moment La mobilit et le v hicule qui la permet devient paradoxalement les lieux de s curisation des individus qui
37. sauf dans les institutions et ne d veloppent pas une grande solidarit Au f minin le ph no m ne du sans abrisme est par cons quent relativement peu visible Enfin les femmes sans domicile fixe vivent dans un tat d alerte permanent Comme les hommes elles doivent faire avec l incertitude du lendemain et s interroger sur leur devenir au jour le jour Mais la diff rence des hommes elles doivent aussi affronter la domination masculine qui s exerce sur elles de fa on tr s concr te Non seulement dans la rue ou dans les squats mais aussi lorsqu elles sont chez elles et parfois m me dans les institutions Sans espaces v ritablement priv s elles doivent exercer continuellement une certaine vigilance trouver des subterfuges pour contourner certaines situations d sagr ables et viter certains face face Plusieurs femmes d plorent cette obligation incessante de vigilance qui les force tre sans arr t sur le qui vive Cette forme particuli re que prend l errance f minine n est pas sans questionner les structures d aide et d assistance La faible visibilit du sans abrisme f minin son absence d expression publique rendent relativement d licate la construction des r ponses institutionnelles Dans ces conditions c est bien souvent sur les moments de crises que se focalisent les prises en charges ainsi que l atteste le d veloppement des associations de soutien aux femmes victimes de vio
38. sont des pays forte tradition sociale dont les syst mes d tat providence peuvent tre tous deux class s dans le type corporatiste ou mod le bismarckien c est dire qu il s agit de syst me contributif s appuyant sur les salaires et donc l emploi Dans chacun d eux la crise conomique avec son ch mage de masse a conduit les gouvernements depuis la fin des ann es 70 r examiner les politiques sociales et le financement des d penses sociales D une part les tats ont rogn sur la protection sociale pour tenter de limiter le d ficit budg taire alors que le nombre de titulaires de l allocation ch mage atteignait des records historiques pour les ann es d apr s guerre dans chacun des pays D autre part chacun des tats a innov en mettant en place de nouvelles mesures sociales qui se veulent plus adapt es ce nouveau contexte programmes TRACE en France par exemple et le Comprehensive Approach Program aux Pays Bas C est dans ce contexte que s est d velopp e et est apparue dans les d bats publics la question des personnes sans domicile daklozen thuislozen sans abri et sans logis aux Pays Bas SDF sans domicile fixe en France Si l on parle davantage des jeunes sans domicile en France plut t que de drogu s et malades mentaux comme aux Pays Bas c est que leur manque de territorialit ne fait pas en soi obstacle la prise en charge les populations de sans domicile rel ve
39. universit Paris 5 Responsables scientifiques Sophie Tapenier et Dominique Desjeux avec Isabelle Garabuau Moussaoui C cile Pavageau Isabelle Ras Esther Sokolowski Nina Testut Modes et tapes de la r insertion sociale des sans abri l anthropologie de la consommation comme analyseur des trajectoires de vie des SDF Th mes et probl matiques fortes de la recherche Nous avons choisi d utiliser l anthropologie de la consommation pour comprendre les formes les moyens et les tapes de la r insertion sociale des sans abri En effet des analyseurs tels que le rapport aux objets aux espaces l argent et les relations sociales qui en d coulent peuvent apporter un regard sur les trajectoires de vie d anciens SDF ou de SDF en cours de relogement Notre objectif a t de reconstruire les tapes les ruptures et les passages entre diff rentes situations de vie et en nous centrant sur la sortie de la rue d expliquer les m canismes sociaux qui structurent les formes de r insertion sociale La consommation est en effet un indicateur de r volution des comportements des pratiques et des perceptions de la gal re et de la rue Ainsi l usage des objets des services et la relation largent voluent selon les p riodes de vie et peuvent r v ler comment se cr e une situation de r insertion sociale ainsi que ses conditions mat rielles et sociales de r alisation Site de la recherche Paris et la ba
40. A De ui D SEC isimi SES n MCD trajectoires repr sentations s SDF TP politiques publiques Sommaire Introduction 2 2284ie2su a eme ere PMonn fer sante eur annob ete Ed uus dRoi ce na ae edes 5 Texte de la consultation de recherche Les SDF repr sentations trajectoires et politiques publiques nnmnnn 7 Les recherches retenues dans le cadre de la consultation de recherche 13 e CERLIS universit Paris 5 Responsables scientifiques Sophie Tapenier et Dominique Desjeux avec Isabelle Garabuau Moussaoui C cile Pavageau Isabelle Ras Esther Sokolowski Nina Testut Modes et tapes de la r insertion sociale des sans abri l anthropologie de la consommation comme analyseur des trajectoires de vie des SDF 13 CERPE Pierre A Vidal Naquet L rrance auif minin 5isess rs rl en ner a dur TRE 14 CRESAL CNRS Universit de Saint tienne Pascale Pichon Sortir de la rue discontinuit s biographiques et mobilisation des ressources 16 CRESGE Loic Aubr e Paul Wallez Les jeunes en situation d errance trajectoires et strat gies de sortie 21 e ENTPE direction de la recherche Form quip Philippe Zittoun avec Elsa Guillalot Laure Malicet Chebbah C cile Robert L institutionnalisation d actions publiques locales destination des SDF Analyse comparative de trois villes Lyon Grenoble e
41. a religion etc de son pays Ce qui signifie que chacun de ces lieux ne peut que difficilement tre consid r propre soi m me ou appropri c est dire en capacit de contenir de mani re significativement harmonieuse la personne du sujet Quelques formes distinctes de r alisation du travail selon l intensit du besoin satisfaire selon la p nibilit de la t che selon le profit retir Le travail des liens et des lieux n cessaire la satisfaction d un besoin pressant est le caract re sp cifique primordial de la population de l enqu te Il se r v le fort diff rent par sa dur e par son intensit par la mani re de le r aliser par le profit qui en est retir Une analyse statistique sommaire a permis de d gager sch matiquement une classification composite des sujets selon quatre cat gories La premi re est constitu e des sujets d tenteurs dun volume de liens notamment familial cons quent Ses conditions de production sont vari es dans le temps et dans l espace Le plus souvent ces conditions sont trans nationales Ces liens sont peu conflictuels les sujets en ont r ussi une gestion optimale Cette gestion est rendue 29 probl matique l occasion d un v nement particulier qui n cessite une mise distance momentan e hors des lieux o ces liens taient jusque l nou s Les sujets parviennent non sans mal optimiser la gestion
42. ace l absence de logement et d espace priv stables l insuffisance de ressources l inactivit professionnelle au d ficit de lien social et familial Mais pour elles l ensemble de ces difficult s s inscrit aussi dans des rapports sociaux de sexes L galit entre les hommes et les femmes est encore loin d tre acquise aujourd hui et c est la raison pour laquelle les femmes ont plus de difficult s d acc s diff rents types de biens Leur appartenance au genre f minin est un obstacle suppl mentaire qui se dresse devant elles pour s ins rer dans la soci t Quand l attribution d un logement leur est refus e c est souvent parce qu elles sont des femmes C est aussi parce qu elles n ont pas d emploi que leurs revenus sont trop faibles ou bien parce 3 Marpsat Maryse Un avantage sous contrainte Le risque moindre pour les femmes de se trouver sans abri in Population n 6 1999 INED 14 qu elles sont accompagn es d enfants Ce qui revient plus ou moins au m me Car c est souvent la discrimination entre les sexes qui explique leur situation de p nurie Cette in galit les conduit alors se replier sur l espace domestique dans lequel elles sont aussi soumises des rapports de domination et dans certains cas des rapports de type patriarcaux Lorsque les relations l int rieur de l espace domestique se d gradent et que les situations deviennent invivables les femmes se
43. agilit et la rupture du lien familial Parmi les difficult s durant la jeunesse et l ge adulte plusieurs rel vent de l environnement familial qui peut avoir t ou tre encore perturb Le lien familial a t analys dans cette tude partir d indicateurs comme la qualit des relations parentales et les probl mes de couple instabilit violence L isolement social Pour tudier l isolement social plusieurs indicateurs ont t utilis s l impossibilit de se confier dans l entourage qui concerne 24 2 des personnes de l chantillon l impossibilit d tre aid par l entourage en cas de besoin qui touche 38 3 de l chantillon le sentiment d tre souvent seul e qui est prouv par 18 des enqu t s Ces trois indicateurs renvoient l absence de sociabilit mais aussi la faiblesse des liens sociaux Ne pas pouvoir se confier ou tre aid dans son entourage signifie non seulement tre pauvre en termes de relations sociales mais implique aussi le plus souvent une rupture dans le cycle d changes qui caract rise la vie sociale Les personnes qui sont dans cette situation sont priv es de toute possibilit de s allier ou de s opposer et ne peuvent donc pas parvenir construire leur r seau d appartenance et d attachement autrui L engrenage des ruptures Parmi les difficult s les plus souvent rencontr es on trouve par ordre d croissant la chute des res
44. aison de craintes concernant la divulgation des donn es ou du recul devant le temps pass remplir le premier formulaire le proc d de recueil syst matique des donn es surtout s il est informatis peut nuire la relation qui s instaure entre le travailleur social et la personne sans domicile la qualit des assur e donn es n est pas les moyens n cessit s pour un bon fonctionnement du syst me quipement personnel qualifi sont importants et s ils ne sont pas assur s la charge qui p se sur les travailleurs sociaux est lourde du c t des avantages l information de base est recueillie une fois pour toutes et simplement actualis e par la suite les donn es recueillies permettent de mieux conna tre les trajectoires des personnes concern es et ainsi de mieux adapter les solutions propos es la n cessit de s accorder sur les donn es recueillir et l change des r sultats permet d entretenir la coop ration et l change entre gestionnaires des services et autres partenaires participants l op ration Remarquons toutefois que l int r t qu il y a mettre les donn es en commun du point de vue de la connaissance des trajectoires n est pas toujours per u par les diff rents gestionnaires qui ont tendance d velopper des syst mes parall les mieux adapt s leurs besoins Il est sans doute pr f rable d envisager un syst me o chaque centre puisse recueil
45. alit leur d niant jusqu au droit d habiter et les rejetant finalement aux confins de leur condition d hommes Comme si les gens normaux de la ville s imposaient afin de conserver le prisme du regard tragique sur le monde la pr sence douloureuse au point d en tre insupportable des SDF e INED et Universit d Amsterdam Jean Marie Firdion avec la collaboration de Henk de Feijter Les personnes sans domicile et leur repr sentation statistiques et cat gories de l action sociale une comparaison Paris Amsterdam Cette tude comparative entre la France et les Pays Bas pr sente les deux syst mes d tat providence mis en place et d taille les cat gories utilis es par les diff rents agents associations caritatives ou militantes producteurs de statistiques nationale et locale gestionnaires de services d aide pour d finir et parler des personnes sans domicile Elle cherche d gager les effets crois s de ces classements avec les pratiques sociales les dispositifs et la situation des 33 populations sans domicile Nous tudierons particuli rement la situation des jeunes sans domicile qui constituent des cat gories de l action sociale d finies de mani re diff rente en France jeunes sans abri jeunes errants et aux Pays Bas jeunes vuln rables jeunes probl mes multiples Nous verrons en quoi ces appellations diff rentes peuvent traduire des approches diff rentes Les Pays Bas et la France
46. alit des donn es Le but de ce type d outil est double faciliter le travail des acteurs de terrain et des travailleurs sociaux dans leur valuation de la situation de la personne et son orientation procurer de nombreuses donn es pour la recherche ainsi que pour la planification et l valuation des politiques sociales Ce recueil de donn es de base sur toutes les personnes passant par les services d aide permet aux responsables de ces services et aux d cideurs de conna tre l volution de la population d un jour l autre d un mois l autre ou d une ann e l autre C est un outil de gestion qui suit les changements de la population concern e si une approche de type recensement ou enqu te une date donn e est une photographie de la population la m thode d crite ici est selon les termes de Dennis Culhane plus proche du film documentaire Le rapport 36 examine deux exemples celui du syst me am ricain ANCHOR et celui du fichier tabli sur le m me principe par l Observatoire r gional de la Sant et des Affaires Sociales de Lorraine En r sum ce type de syst me d information pr sente des avantages et des inconv nients les probl mes de confidentialit doivent tre tudi s soigneusement et dans le cas fran ais la fusion des fichiers respecter les r gles de la CNIL les personnes sans domicile peuvent tre dissuad es de s adresser aux services d aide en r
47. ances et des fr quentations d institutions diverses est essentielle dans les deux cas Enfin il est tout aussi important de veiller ne pas perturber la vie des personnes consid r es ni le fonctionnement des services d aide et de toujours laisser chacun la possibilit de ne pas r pondre enqu teur L utilisation des fichiers de gestion La m thode consiste sur une aire g ographique donn e pour l ensemble des services d aide aux sans domicile participant l op ration remplir un questionnaire en g n ral d une vingtaine de minutes lors du premier contact avec la personne sans domicile puis noter les dates d entr e et de sortie du syst me chaque fois que la personne y a recours et les modifications de sa situation Les enregistrements sont rendus anonymes et un identifiant unique pour chaque individu leur est affect Lors de la mise en commun des enregistrements faits dans les diff rents services d aide cet identifiant permet de mettre ensemble tous les enregistrements appartenant la m me personne et de travailler ainsi sur des individus et non plus seulement sur des prestations Ainsi la trajectoire des individus travers les services d aide est elle mieux rep r e Cela revient tablir partir des fichiers de gestion des services une sorte de panel sans avoir r aliser p riodiquement une enqu te statistique Diverses mesures pr servent la confidenti
48. ans domicile En effet l existence d une telle action publique est loin d tre une vidence bien des gards celle ci se pr sente comme un assemblage souvent h t roclite d acteurs appartenant diff rents univers associatifs et institutionnels mobilisant des instruments et des expertises profession nelles emprunt s des secteurs divers et dont les formes et degr s de coordination varient fortement d un terrain un autre Pour autant il est possible d identifier un ensemble de processus qui contribuent aujourd hui favoriser dans certaines circonstances et sur certains terrains la constitution d une politique publique destination des SDF l harmonisation d un certain nombre de dispositifs locaux sous l effet d un ensemble de lois sociales adopt es au cours de la derni re d cennie l mergence d une profession nalisation de ce secteur travers la construction et la revendication par les producteurs d une expertise sp cifique et de savoir faire propres ces actions la mise en place progressive de coop rations troites entre les acteurs publics et associatifs reposant sur la mise en commun de ressources de personnels et de publics et l organisation de leur circulation dans les structures Entre fragmentation et institutionnalisation conflits de valeur et apprentissage collectif concurrence et coop ration se d battent s exp rimentent et se r inventent au sein des
49. apport la famille jusqu en certains cas construire un autre rapport l assistance rapport d opposition en premier lieu ou critique virulente qui les conduisent s engager dans le champ formant ainsi un nouveau maillon une alternative la relation d aide traditionnelle L engagement militant et solidaire devient une nouvelle raison de vivre au sein de l association d entraide Bibliographie des auteurs cit s Becker Howard S Outsiders tudes de sociologie de la d viance 1963 M taili Paris 1985 Castel Robert Les m tamorphoses de la question sociale Fayard 1995 Erikson ric Adolescence et crise la qu te d identit 1968 Paris Flammarion 1972 Grafmeyer Yves Sociologie urbaine d Nathan Paris 1994 Halbwachs Maurice Les cadres sociaux de la m moire Paris Albin Michel 1994 1925 Lapoujade David Wiliam James Empirisme et pragmatisme PUF 1997 Lejeune Philippe Le pacte autobiogra phique Paris Le Seuil Po tique 1975 Pollack Mika l L exp rience concentra tionnaire Paris M tailli 1990 Proust Jo lle Identit personnelle et pathologie de l action Raisons Pratiques EHESS n 7 1996 Ricoeur Paul Temps et r cit 3 Le temps racont d du Seuil 1985 Sch tz Alfred Le chercheur et le quotidien M ridiens Klinksieck 1987 Strauss Anselm Miroirs et masques Une introduction l interactionnisme d M taili 1992
50. arit s de chaque itin raire Nous avons soulign les conjonctions et les disjonctions les convergences et les divergences Analyser la dynamique des groupes permet de d gager les modes collectifs de r alisation du travail d ajustement aux liens et aux lieux qui se poursuit g n ralement tout au long de l h bergement et se prolonge bien apr s la sortie En termes de ressources les sujets inclus dans le collectif font un usage diff rentiel des appuis qu ils y d couvrent en se liant diff remment aux ducateurs et leurs voisins Ces ressources sont de deux ordres et correspondant aux deux formes de travail constitutives de la dynamique de la personnalit des sujets ressources mat rielles appuis dans la qu te du travail salari ressources intellectuelles par r flexions _ interindividuelles sur les conditions de production du travail de chacun et change des produits de ce travail En terme d objectif les ducateurs contribuent focaliser certaines directions privil gi es en d gager les moyens de r alisation En retour les r sidants int riorisent une forme de morale collective concordante ou discordante avec les pr ceptes des ducateurs L ambiance de la collectivit est tributaire de la constitution de cette morale toujours pr caire du fait de l instabilit des sujets qui la produisent et tentent de la perp tuer Cette thique d insertion que nous avo
51. ations des effets sur sa personnalit de l intensit de ce travail Certains paraissent s user la t che et vieillir pr cocement D autres s endurcissent s indurent Dans certaines circonstances extr mes qui tiennent aux particularit s de l histoire de chacun ils s y puisent toute leur nergie est destin e la r alisation de ce travail ils deviennent incapables de la consacrer autre chose la scolarit au travail salari Dans cet tat d puisement certains sont amen s l id e de la n antisation physique de soi qui atteste une prise de conscience que d sormais ils imaginent ne plus pouvoir d penser davantage d nergie que celle ci est totalement dissip e que ce travail les a puis s sans donner apparemment aucun r sultat Si notre population comporte une si forte proportion de sujets ayant tent un ou des moment s de leur histoire de mettre fin leur jour ceci signifie que c est ces moments et dans ces circonstances que cette gestion des tensions entre les liens et les lieux leur a sembl au dessus de leurs forces ou selon une autre formulation qu ils se trouvaient alors d nu s des ressources suffisantes pour pouvoir en assumer la charge Les mani res de se comporter que certains acqui rent au fur et mesure que leur 27 travail d ajustement s intensifie apparaissent d s lors comme des sympt mes d une maladie singuli re
52. ccueillir et d aider mais peu d hospitalit Nous avons vu des politiques d sempar s et seuls peu outill s pour mettre en uvre des dispositifs pertinents Des traces cependant de cette hospitalit vivantes et rigoureuses mais parses et livr es des personnes plus qu des d cideurs Comment comprendre d s lors la contradiction cinglante entre les valeurs tr s affirm es portant sur l hospitalit et des mani res de faire qui ne savent pas ou m me refusent de la mettre en actes C est le sens du tragique qui nous a guid s Qualifiant la r alit de la pr sence des SDF dans la ville de tragique nous avons tent de creuser les r les de la trag die Nous avons alors rapproch les personnages de trag die que sont le Vladimir de Beckett le SDF des marches de la gare Montparnasse et le grand Hamlet Nous y avons trouv la m me distance le m me refus de l action le m me renoncement cela m me qui selon Nietzsche leur permet de voir ce que les gens normaux ne voient pas Nous y avons du coup trouv la m me interpellation la fois br ve et fondamentale sur l existence adress e sans pudeur ni r serve aux habitants normaux Et nous en avons conclu que la pr sence des SDF dans nos villes tenait lieu d un discours rappelant avec insistance la dimension tragique de l existence C est l que nous avons trouv un clairage la transgression de valeur qui consiste refuser aux SDF l hospit
53. ction sociale encore inachev e sur les contours et crit res de laquelle les 24 protagonistes ne s accordent pas Cette absence de d finition partag e s accom pagne d une incertitude forte sur les pratiques Import s de diff rents secteurs de politique publique logement social sant etc et emprunt s divers r f rents professionnels les instruments et solutions mobilis s sont le plus souvent le r sultat de bricolages et forment un dispositif d ensemble qui s av re particuli rement clat et segment Des processus d apprentissage collectifs sont toutefois l uvre au niveau local qui permettent aux acteurs dans ce domaine d laborer progressivement des savoirs et savoir faire sp cifiques et ainsi de se construire notamment par la professionnalisation une identit commune Cette construction collective de savoirs est facilit e autant qu elle facilite le d velop pement d actions et de pratiques partenariales qui constitue une troisi me dimension analys e dans cette tude Parmi les volutions qu a connues ce domaine au cours de ces dix derni res ann es figure en effet la multiplication des changes entre acteurs Qu il s agisse d actions nouvelles men es plusieurs de coordination entre actions existantes de dispositifs fond s sur la mutualisation des ressources des publics ou encore des savoirs il appara t que les acteurs intervenant aupr s des populations sans domicile se c
54. culent son propos Un des enjeux des recherches serait de comprendre le lien existant entre les r alit s concr tes les cat gories et les repr sentations en partant des acteurs de leurs pratiques et des rapports entre individus et institutions Cette d marche rendrait lisible la vie de gens qui ne sont aujourd hui per us que dans leur non existence ou rencontr s qu au travers de leurs manques Les d marches de recherche pourraient servir mettre en perspective les politiques publiques face la dimension collective du ph nom ne en s interrogeant sur les interventions et les dispositifs de prise en charge Elles devraient en tout cas favoriser un d passement de la fragmentation des perspectives de r flexion et d action L tat des recherches La recherche d j r alis e dans ce domaine comporte des points d appui des livres de r f rence des travaux journalistiques int ressants des analyses et enseignements issus des travaux de recherche empirique qui commencent tre r unis dans des revues Plus particuli rement depuis le d but des ann es 90 les SDF ont fait l objet de recherches entreprises ou command es 2 Une bibliographie tait annex e au texte de la consultation par des services de recherche dont le Plan urbain l INED et le CNIS ainsi que des tudes suscit es par les d partements minist riels les plus concern s et par des associations Ces recherches ont t
55. d une autre position sociale concr te et symbolique Des tudes longitudinales et des tudes sur cohortes certes difficiles r aliser permettraient de prendre en compte la diversit des populations notamment sur le registre des mouvements dans le temps et dans l espace Autour des questions li es au jeu des interactions aux processus intervenant dans les trajectoires merge la probl matique de la d pendance Pour appr cier il peut tre opportun de s appuyer sur des travaux r alis s sur la d pendance dans d autres contextes Parfois supports th rapeutiques les espaces publics et la rue doivent aussi tre consid r s comme lieux naturels de ressourcement travers leurs fonctions d change de rencontres et de communication Les deux versants de cette r alit devraient tre appr hend s dans le m me mouvement Les interactions entre les habitants domicili s et les SDF Les SDF utilisent la rue autrement que les gens consid r s comme ordinaires notamment dans une d marche d appropriation de certaines parties des espaces collectifs Malgr l existence d un logement les lieux de passage peuvent constituer pour certaines personnes l occasion de ne pas se confronter la solitude Il serait utile de comprendre les processus de fragilisation qui peuvent expliquer la d gradation progressive des situations personnelles et familiales Ceux ci tiennent l ensemble des conditi
56. demeurent plut t sur le registre de la contestation des formes de prises en charge traditionnelles La dimension cr ative ou innovante de leurs actions s inscrit en alternative ces derni res la mani re des associations de patients qui revendiquent la gestion de leur maladie la gestion de la sortie est revendiqu e par les SDF eux m mes qui seuls peuvent en d cider et trouver gr ce la confiance des autres les soutiens n cessaires et les moyens pour se mobiliser et construire leur projet d avenir Quelles sont les caract ristiques de l entraide dans cette forme de mobilisation du point de vue des ressources mobilis es et de l action entreprise Il faut noter au pr alable que l entraide se manifeste de mani re sp cifique la vie quotidienne v cue collectivement la diff rence des autres groupes de self help connus associations de malades ou de toxicomanes par exemple le point commun de ces groupes est pr cis ment le fait que les individus qui les composent l origine n ont pas de domicile Comme pour les alcooliques anonymes ou certains groupes de toxicomanes il y a au point de d part de l entraide la volont de se soutenir face aux vicissitudes de la sortie Au premier niveau de compr hension des liens interpersonnels qui se sont nou s au sein de l association l entraide rel ve de Pentre soi d une solidarit de type primaire pourrait on dire qui malgr les carts de comportem
57. des liens et des lieux L nergie qu ils consacrent ce travail est productive Dans tous les cas la situation d incertitude r sidentielle est br ve Les sujets parviennent conserver le contr le de leurs liens et les reconnecter dans un lieu appropri Dans le second cas les liens sont durablement conflictuels La gestion en est fort difficile et exige un long travail La r ussite de ce travail est improbable Les opportunit s sont rares qui permettent de le rendre productif Le profit retir est toujours incertain La p riode d incertitude r sidentielle est parfois durable Les sujets constitutifs de la troisi me cat gorie se distinguent par la pr cocit du travail n cessaire la gestion des liens et des lieux notamment familiaux du fait de la dissociation de la famille et de leur placement en dehors de l espace d volu aux liens Ils sont d s lors contraints de travailler leurs liens parfois d s l enfance C est une t che laquelle ils consacrent la majeure partie de leur nergie ils sont fr quemment incapables de la consacrer une autre activit Ce travail n est cependant pas improductif les sujets de ce type deviennent parfois de v ritables experts en liens ils apprennent utiliser opportun ment certains l ments constitutifs de leur itin raire parviennent en ma triser la dynamique handicapante et les m tamorphoser ainsi en res
58. e sortie Qu il faille se sortir d un mauvais pas dans une situation sp cifique ou que l on veuille comme ici sen sortir et qui englobe toutes les dimensions de la vie sociale dans les deux cas ces expressions rel vent d un jugement port sur le cours d une ou de plusieurs actions Il ne peut chapper en outre que dans ces nonc s la dimension r flexive marque la part que prend l individu pour agir sur le cours de sa vie L analyse de la position sociale des personnes sans domicile montre un va et vient constant entre des moments d int gration et des moments de marginali sation occuper un emploi int rimaire faire les vendanges percevoir le RMI tre hospitalis tre h berg quelque temps chez un copain trouver un foyer etc toutes ces situations rel vent de diff rents attachements sociaux et d une diversit de liens soci taux C est ensemble qu elles se trouvent domin es par la pr carit conomique et relationnelle et c est ce va et vient contraignant qui devient r v lateur d une forme anomique du lien social D o le choix th orique de la notion de carri re Becker 1985 pour expliciter cette position Nous l entendons pour notre part et sur ce terrain d enqu te comme un ensemble coh rent d initiations d imitations d apprentissages et d preuves qui conduisent les individus une d gradation des besoins Vexliard 1998 accompagnant des formes multiples de main
59. e de la dite nouvelle pauvret Il semble qu en de et au del de ces seuils la population vivant l exclusion ne vient pas ou ne reste pas dans les communaut s Emma s 44 Apr s nous tre interrog s sur le parcours familial r sidentiel professionnel etc des communautaires dans l amont de leurs trajectoires nous avons tent de saisir la logique de leurs parcours au sein de la communaut Si pour certains la communaut appara t d embl e comme un havre salvateur pour d autres accepter de vivre dans cet espace s par socialement disqualifi et de surcro t compos d hommes seuls ne va pas de soi C est particuli rement vrai des plus jeunes L acceptation d un destin communautaire ne se fait pas sans r sistances et remaniements identitaires plus ou moins douloureux selon les situations C est selon le mod le weberien de l id al type que nous avons tent de restituer la logique des parcours La communaut dans son organisation pr serve de la logique de la recherche du profit individuel et de la comp tition interindividuelle De plus et cela est essentiel elle ne fait pas peser sur ses membres l injonction surmo que d avoir se repositionner dans l espace concurrentiel de la soci t Cette dimension est profitable nombre de communautaires Par contre pour quelques autres rester trop longtemps Emma s devient un obstacle pour une r int gration dans la soci t conventionnelle
60. e fixe Paris Hachette 1993 gt Trapier Patrice Mort d un SDF Paris Calmann L vy 1996 gt Vexliard Alexandre Le clochard tude de psychologie sociale Paris Descl e de Brouwer 1998 premi re version 1957 La deuxi me partie comprenait un important recensement bibliographique d ouvrages et d articles class s sous les rubriques suivantes gt Ouvrages et articles classiques gt Ouvrages et articles de synth se gt Les SDF t moignages observations participantes reportages gt Les SDF histoire descriptions nombres analyses gt Les SDF vie quotidienne ressources activit s gt Les SDF sous populations probl mes particuliers jeunes femmes gt Sant troubles mentaux gt La question du logement gt Militantisme mobilisation collective gt Vagabondage mendicit gt Ins curit incivilit s r gulations de l espace public gt Protection assistance et politiques sociales gt Pauvret exclusion constats processus r ponses gt Probl matiques et politiques urbaines gt Comparaisons internationales gt Divers pr cisions ouvertures compl ments 12 Les recherches retenues dans le cadre de la consultation de recherche Les travaux de recherche sont pr sent s par ordre alphab tique du nom de l quipe Il manque ci dessous une des recherches non termin e et pour laquelle nous n avons pas obtenu de r sum e CERLIS
61. e sujet aux structures constituent l individu en tant que sujet socialement d termin et acteur des structures Sans cesse il doit g rer ajuster sa position au sein du monde social Dans le cas de notre population cette gestion est probl matique et n cessite une permanente d pense d nergie un travail o le sujet s puise dans la tentative de r alisation de soi en tant que personne c est dire acteur des structures C est pourquoi cette instabilit des liens est r v latrice de bouleversements d une tout autre chelle Ce ph nom ne microsco pique est l indice d un processus de d composition plus vaste de l ensemble des compartiments du monde social au sein duquel le sujet est en lien Cette d stabilisation individuelle repr sente l intimit du travail macro social des structures Les comportements constituent les postures du travail que le sujet accomplit pour tenter de s adapter et de r agir En termes de structure le sujet para t arrach ses liens Une force d terminismes semble conduire une projection dans un nulle part de lien et de lieu il tente de r sister comportement ce processus et r agit ainsi rationnelle ment compte tenu des ressources particuli res dont il dispose Il est contraint de travailler ses liens car il est en situation de perdre le sens de son existence au sein de l univers social L essentiel de son nergie est m
62. egistre d une offre plus normative Phistoire de l association Espoir montre comment une grande diversification de l accueil de publics toujours plus cibl s a pu passer par Centre Interdisciplinaire d tudes Urbaines CNRS Toulouse 7 Pour la Recherche en Information Sociale et M dicale Toulouse 8 Observatoire R gional de la Sant Midi Pyr n es Toulouse In Situ Consultant Toulouse 10 Centre d tudes des Rationalit s et des Savoirs Universit du Mirail Toulouse 45 des alliances de r seaux originales par de nouveaux profils professionnels par l enr lement de partenaires institution nels qui n avaient pas l habitude de travailler ensemble Dans le d partement de l Ari ge l inventaire de l offre montre la limitation 3 villes de l offre institutionnelle mais des interventions tr s dispers es du milieu associatif Le mod le de l int gration est tr s pr gnant dans les discours port s par les structures institutionnelles Les interventions sont r alis es par des intervenants appartenant au travail social ducateur assistante sociale conseill re en conomie sociale et familiale animateur Dans ce cadre le public errant mest pas d fini autrement que par son loignement l int gration et aux dispositifs I ny a pas de caract ristiques propres associ es aux SDF car sont mobilis es diff rentes figures de l int gration les femmes seules avec enfants les jeunes
63. en opposition aux d terminants structurels et non pas en suivant les explications induites par les r solutions politiques et sociales du probl me qu elles soient socio sanitaires ou judiciaires Une d marche compr hensive Notre analyse se fonde sur la d marche compr hensive Sch tz 1987 Consid rant l exp rience de ceux qui avait v cu la vie la rue et qui de leur point de vue s en taient sortis nous avons voulu retrouver avec eux les tapes individuelles de la construction du processus de sortie et mettre ainsi jour la connaissance qu ils avaient d une sorte de mode d emploi de la sortie Malgr l emploi du singulier le processus de sortie ne pouvait n anmoins tre univoque L analyse sociologique a int gr la part des diff rences d interpr tations mais elle a tout autant recherch les convergences et rassembl de mani re typique la diversit des points de vue Pour approcher empiriquement la question de la sortie nous sommes partie de la cat gorisation telle qu elle a accompagn la construction du probl me social des SDF en France depuis ces quinze derni res ann es en postulant que le travail social de la d signation a non seulement d limit les cadres sociaux du probl me social consid r mais a particip pour ceux qui sont ainsi d sign s l int riorisation d une nouvelle identit sociale Ne plus tre SDF voil un nonc qui d embl e posait prioritairemen
64. engag s t moins actifs et certains d entre eux plus que d autres du fait de leur personnalit de leurs convictions de leur activit militante et de leur surface sociale sont pr sents dans la vie associative Un nous se mat rialise lorsque les membres du Conseil d Administration sont lus parit gale entre r sidents et non r sidents L entraide mest donc pas seulement un entre soi Elle implique une ouverture sur l ext rieur comme une famille qui s agrandirait sans cesse La m taphore de la famille on se serre les coudes largement utilis e par les protagonistes rappelle que l appartenance ne peut tre ti de Elle est de facto fortement charg e d affects et les membres ext rieurs doivent partager la cause associative en refusant la s paration entre les SDF et les ins r s et en d non ant la dite fracture sociale par un engagement actif La sortie de la carri re se d cline souvent dans un rapport avec l assistance rapport transform il est vrai mais qui nous fait dire selon la formule consacr e que certains s en sortent sans en sortir c est dire sans sortir du milieu de l assistance N anmoins et c est l essentiel pour eux ils sont sortis de la rue stricto sensu ou plut t de ce mouvement entre rue et assistance Leur rapport l assistance a permis de structurer d autres rapports sociaux au sein ou en dehors de l assistance rapport au travail r
65. ents ne retient que ce qui fonde le ciment de l exp rience commune En font partie les addictions l alcool surtout mais aussi d autres comportements individuels de type asocial qui sont autant d obstacles la vie collective harmonieuse et qui devront tre transform s en ressource pour l action C est tout l enjeu de cette solidarit d anciens coll gues de gal re Dans l association tudi e par exemple l pisode de la mise en place 20 d un bar associatif au c ur m me de la maison commune est significatif de ce renversement de perspectives Le nous qui est nonc dans tous les t moignages recueillis exprime tout d abord l exp rience commune de la rue le v cu d une ruine conomique d une d tresse sociale et affective N anmoins dans les propos de tous les protagonistes ce nous oppose deux r alit s bien diff rentes de l exp rience de la rue Avec d un c t ceux qui ont conserv tous leurs rep res de sociabilit qui ont le plus souvent fait la route et les autres ceux qui ont t entra n s dans le processus de clochardisation et qui sont dits cass s par les premiers D o terme un accueil plut t r serv aux premiers La solidarit interpersonnelle prend une autre signification Les locaux occup s ou octroy s la suite des luttes vont devenir le lieu retrouv de la maison dans le sens de la maisonn e de la communaut unie par des lie
66. erche Des regards tag s et un ordre de lecture Le pr sent rapport rassemble trois contributions diff rentes trois regards sur un m me monde celui de l errance Marseille Ces regards embrassent leur objet de mani re diff rente comme on le lira mais cela ne les emp che pas d tre r sonants La diff rence concerne tout d abord la port e du regard Elle est maximale pour la premi re de ces contributions celle de Marine Vassort laquelle embrasse les mondes des sans et leurs dispositifs l chelle de l ensemble de la ville Elle est interm diaire pour la seconde contribution celle due Florence Bouillon Elle cible sur une forme d h bergement particuli re des sans abri fixes celle du squat Elle en fait ressortir la vari t mais elle se soucie aussi d ancrer ces formes dans leur contexte urbain La vari t des lieux d ancrage de ces squats permet alors d clairer la vari t des publics qui y transitent Et r ciproquement cette diversit des sans permet de d ployer la palette des propri t s urbaines qui comptent dans l ventail des trajectoires des errants La focale du regard se resserre enfin dans la derni re contribution et y atteint son point minimal micro sociologique Les sc nes et parcours que restitue Gilles Suzanne sont en effet pr lev s et pour l essentiel au sein du monde des squatters En substance les squatters y sont rapport s aux autres squatters aux
67. es communaut s Emma s trajectoires et insertion communautaire seeeesseeeseeeesseertstttrnsstrrssrirnsssttrnsstenne 44 e Observatoire R gional de la Sant Midi Pyr n es ORSMIP et CIEU CNRS Responsable scientifique Pr Alain Grand avec Serge Cl ment Fran ois Fierro Jean Mantovani Marc Pons Marcel Drulhe la crois e de lieux et de chroniques les gens de la rue Figures de SDF entre action publique et r le des passeurs 45 e Observatoire Sociologique du changement FNSP CNRS UMR 7049 Serge Paugam et Mireille Cl men on D tresse et ruptures sociales Enqu te aupr s des populations s adressant aux services d accueil d h bergement et d insertion 47 e Universit catholique de Louvain la Neuve Unit d anthropologie et de sociologie Bernard Francq Les sans abri entre galit et diff rence action collective e t exp riences innovantes 50 Index des noms des chercheur e s ssssssusuunnesnrnnnnnnnnernnnnnnnunnnnnnnnnnnnnnnn nnen nn nnn 52 Adresses des quipes sirine or a inner nn De dot eine ta area ann g nee 54 Les quipes de recherche ont t sollicit es pour r diger un r sum de leur travail C est g n ralement ce r sum qui est repris ci dessous Lorsque le r sum tait trop long ou inexistant il a t r duit ou r dig par Cit Toutes remarques ou corrections sont bienvenues Introduction La consultation Les
68. es personnes pr sentant des cas marginaux par rapport l nonc des r gles on le constate par exemple au sein des comit s locaux et d partementaux d insertion de la loi sur le RMI Cela permet aussi d innover ou de montrer la voie pour des am liorations de l aide ou de l action sociale Comment donc sauvegarder l galit des chances base de l tat Providence n erlandais et l galit des situations base de l tat Providence fran ais tout en pr servant des possibilit s d am nagement qui seront toujours n cessaires pour les situations hors normes et changeantes des populations les plus pr caires comme les sans domicile Il nous semble que l valuation peut ici jouer un r le important car si elle est int gr e la mesure sociale elle peut concilier efficacit et galit en posant des gardes fous contre toute d rive portant pr judice une cat gorie de citoyens tout en favorisant les ajustements n cessaires les innovations et en permettant peut tre davantage la mise en place de mesures pr ventives que r paratrices e INED Maryse Marpsat responsable Pascal Arduin Isabelle Fr chon r dacteurs Aspects dynamiques de la situation des personnes sans domicile Etre sans domicile n est pas une caract ristique attach e aux personnes c est une situation qui peut n tre que transitoire Or les facteurs qui favorisent les entr es dans et les sorties de cette situation sont encore insuff
69. gatifs de ce type de recherche semble donc tre qu elle est le moins fiable et le plus difficilement r alisable dans les endroits o elle serait le plus utile Les enqu tes r trospectives aupr s des m nages log s Des questions r trospectives sp cifiques concernant d ventuelles p riodes de vie sans domicile ou de pr carit dans le logement peuvent tre ins r es dans les questionnaires d enqu tes aupr s de m nages disposant d un logement ordinaire que ces enqu tes soient ou non principalement consacr es au th me du logement Les auteurs en tirent des taux de pr valence sur la vie ou sur des p riodes de dur e diverse Plusieurs difficult s sont prendre en compte lors de la r alisation de ce type d enqu tes la n cessit d avoir une formulation claire qui ne fasse pas entrer dans les cas de perte de domicile toute nuit que l on a pu passer dehors dans le cadre de festivit s de train manqu ou autre Il faut que les enqu teurs soient sp cialement form s et puissent faire suffisamment pr ciser les circonstances la personne interrog e pour savoir s il s agit dune des situations que l on consid rera comme concernant l enqu te cela risque donc d alourdir la fois la formation et la passation du questionnaire toutes les enqu tes cit es dans le rapport ont t r alis es par t l phone on y retrouve les difficult s actuelles des enqu tes t l phoniques li e
70. insertion et de leurs effets sur les trajectoires des personnes la rue Le mat riau de recherche est constitu de r cits de vie labor s partir d entretiens effectu s aupr s de jeunes d une part d un travailleur social au contact de cette personne r f rent d autre part Ont ainsi t interrog s 53 jeunes 33 personnes la rue ou ayant connu la rue 20 personnes log es en foyer de jeunes travailleurs ou fr quentant la mission locale pour l emploi de Lille Alors que ces derniers ont t soumis un entretien ponctuel les personnes ayant connu la rue ont fait l objet lorsque cela a t possible d une collecte d informations plusieurs dates tal es sur quinze mois Pour des raisons que l on peut facilement imaginer tous les jeunes n ont pas pu tre retrouv s ou n ont pas accept un nouvel entretien six mois ou un an apr s le premier dans 9 cas les jeunes ont t rencontr s deux voire trois fois dans 15 cas des informations ont t recueillies aupr s des r f rents six mois et un an apr s le premier entretien dans les 9 derniers cas nous ne disposons d aucune information au del du premier entretien avec le jeune l exception de ces derniers cas nous avons pu saisir les volutions des situations des jeunes la rue au fur et mesure o elles se sont produites Une de nos hypoth ses tait d affirmer le passage la rue non comme un tat mais comme une tape
71. ion et r pression La coupure entre les bons et les mauvais SDF constitue une ligne de clivage certes fluctuante en fonction des lieux et des poques qui provoque des r actions de rejet ou de solidarit de la part de la population Peut on rendre compte de la dualit de ces repr sentations Sur ce registre une s rie de questions importantes m ritent d tre appr ci es l introduction et l volution de la coupure entre mal log s et sans domicile et entre les diff rentes modalit s d tre sans domicile fixe ou sans adresse fixe le regard port sur ces derniers par ceux qui ont domicile et adresse fixes les repr sentations qu ont d eux m mes et des autres les SDF En quoi la question des SDF peut elle renvoyer aux fondements du droit et au r le de la puissance publique Le domicile est en g n ral d fini comme un logement permanent et stable Il permet l exercice de multiples droits civils et civiques L analyse des conditions d exercice de ces droits donnerait voir comment l acc s au droit est rendu impossible par l absence de domicile Il conviendrait d tudier les am nagements con us ou pr vus permettant un exercice normal de tous les droits pr vus par la Constitution Or on observe la mise en place de droits sp cifiques quels arguments sont pr sent s pour justifier cette discrimination et comment alors est garanti le principe d galit Au del de la reconnaissance
72. ionnelle de l innovation c t des r ponses apport es de longue date notamment par des structures et des acteurs plus traditionnels du secteur de l aide aux personnes sans abri CPAS Maisons d accueil logement d insertion etc il s agit d acteurs institutionnalis s publics et associatifs ou organis s de mani re informelle qui mettent en uvre soutiennent ou sollicitent des d marches des actions des projets originaux r pondant des besoins peu ou pas encore rencontr s associant des personnes sans abri dans une dynamique participative s appuyant sur des comp tences particuli res de ces derni res privil giant une approche collective Ces quatre crit res renvoient tous la place centrale prise et ou accord e aux personnes sans abri en ce qui concerne les m thodes de travail la p dagogie et les modes d action des diff rents acteurs Ils peuvent s appliquer des op rateurs des pratiques des projets qui voient le jour soit dans le cadre de structures publiques soit dans un contexte associatif plus ou moins institutionnalis soit partir d initiatives informelles 50 mergentes qui viennent des personnes elles m mes qui sont plus ou moins organis es soutenues accompagn es soit encore dans une dynamique de partenariat associant au moins deux types d acteurs parmi les trois cit s Cette recherche n ayant pas de pr tention l exhaustivit ou la repr sentativit i
73. ions se produit selon un mode g n ralement conflictuel Elle constitue un moment dans l histoire de vie pr par par des pr dispositions acquises durant la socialisation et confort par le capital social Cette irruption de l tranget le choix d une situation impr vue peut s effectuer dune mani re singuli re mais aussi peut se reproduire Cette reproduction s inscrit dans un apprentissage social Elle est l origine de la d rive la rupture des liens entra nant une d sorganisation des r les sociaux et l adoption de conduites risques Dans d autres cas la rupture peut tre fondatrice l isolement et l preuve entra nent un changement d attitude en profondeur qui rel ve de la conversion 4 La socialisation et le capital social sont deux concepts qui fonctionnent comme deux p les qui clairent l histoire de vie Ils construisent des pr dispositions l errance dont on ne d couvre l existence qu au moment de la rupture r v latrice ou du sympt me qui cristallise ces pr dispo sitions On tente de d gager des figures de l errance pour revenir sur la constitution d un habitus qui permet d en rendre compte La socialisation ne peut se comprendre qu partir de la personnalit sociale qu elle tend d velopper La question des ressources sociales mobilis es et mobilisables ou le capital social mis en uvre constitue l aboutissement logique de notre d marche Ces deux cl s d entr e
74. iqu es aux diff rents liens sociaux Ces liens qui constituent la charpente sociale de tout individu sont ici perp tuellement sur le point de se fracturer Rarement rompus leur maintien contraint des efforts consid rables Dans pratiquement tous les cas cette gestion n cessite une mise distance Les liens tendus ne peuvent tre maintenus par contact direct La coexistence en un m me lieu des sujets avec les diff rents acteurs du monde social para t impraticable Chacune des tensions appliqu es aux diff rents liens avec les membres de la famille la parent le les proches le personnel scolaire les camarades de classe les diff rents personnels administratifs les employeurs etc se manifeste par des antagonismes des conflits d espace Ces conflits doivent leur tour tre g r s Cette double gestion de la tension des liens et des conflits de leur pratique spatiale suppose de consid rables ressources C est en effet l un travail permanent que doivent r aliser des sujets fragilis s par leur absence de ressources mat rielles C est pourquoi son r sultat est improbable Pourtant et l exp rience l atteste certains parviennent s en sortir c est dire r aliser une t che apparemment au dessus de leurs forces Mais au cours de ce travail ils sont en permanence confront s ce que l on pourrait d signer comme une perte du sens du lien
75. iquement toujours c libataires d munis des ressources n cessaires assurer la charge d un loyer Cet organisme est g r par le service de pr vention sp cialis e du Rh ne Association D partementale du Rh ne pour la Sauvegarde de l Enfance et de l Adolescence Cr en 1996 en association avec la SONACOTRA ALIAS est un organisme hybride constitu de l assemblage d un bailleur social et du service des ducateurs de rue de la Sauvegarde financ conjointement par le d partement et par l tat C est le prolongement d une activit ancienne du service de pr vention les chambres de d pannage ont en effet accueilli des jeunes d s 1972 Le choix du site de l enqu te a t en grande partie d termin par les liens anciennement nou s entre le service de pr vention et l quipe de chercheurs Depuis plus de 15 ans au cours de plusieurs recherches sur les jeunes de banlieue la relation de confiance et d estime r ciproque est devenue au fil du temps rapport d amiti Le projet a t discut la conduite de l enqu te organis e en collaboration troite avec la Sauvegarde Par la suite les responsables d ALIAS ont t associ s au d roulement de la recherche et les chercheurs ont t impliqu s dans la dynamique de la structure d h bergement Car lassociation ne concerne pas seulement les conditions pratiques du d roulement de l enqu te Les hypoth ses ont galement t discut
76. ire d tudes urbaines Toulouse le Mirail page 45 Dominique Desjeux CERLIS page 13 Marcel Drulhe CERS Centre d tudes des rationalit s et des savoirs Universit du Toulouse Le Mirail page 45 Henk de Feijter Universit d Amsterdam page 33 Fran ois Fierro PRISM Pour la recherche en information sociale et m dicale Toulouse page 45 Jean Marie Firdion INED page 33 Bernard Francq Universit catholique de Louvain la Neuve Unit d anthropologie et de sociologie page 50 Isabelle Fr chon INED page 35 Isabelle Garabuau Moussaoui CERLIS page 13 Michel Giraud GRS CNRS Universit Lyon 2 page 25 Elsa Guillalot CERAT Grenoble page 23 H l ne Hatzfeld IDACTE Interstices page 32 Marc Hatzfeld IDACTE Interstices page 32 Didier Lapeyronnie LAPSAC Universit Bordeaux 2 page 42 Fabrice Li gard LASAR labo d analyse socio anthropologique du risque Universit de Caen page 43 Laure Malicet Chebbah ENTPE direction de la recherche Form quip page 23 Jean Mantovani CNRS CIEU Centre interdisciplinaire d tudes urbaines Toulouse 2 page 45 Maryse Marpsat INED pages 12 14 35 Serge Paugam LASMAS FNSP CNRS pages 12 14 47 C cile Pavageau CERLIS page 13 C cile P chu LAPSAC Universit Bordeaux 2 page 42 Pascale Pichon CRESAL CNRS Universit de Saint tienne page 16 Marc Pons In Situ Consultants Toulouse page 45 Isabelle Ras CERLIS page 13
77. isamment connus notamment des statisticiens en raison des probl mes m thodologiques que pose le suivi de personnes sans logement propre D un point de vue statistique ce n est que depuis peu qu on dispose en France d enqu tes repr sentatives au niveau local aupr s des personnes se trouvant sans domicile un moment donn La premi re enqu te nationale de ce type a t r alis e par l INSEE en 2001 partir de la m thode d enqu te utilis e pour la premi re fois en France par l INED en 1995 sur Paris intra muros Mais le nombre de personnes s tant trouv es sans domicile au moins une fois au cours d une ann e donn e est sans doute beaucoup plus lev que celui des personnes sans domicile une date pr cise De plus la composition de la population est diff rente dans les deux cas En effet l estimation une date donn e attribue plus de poids aux personnes sans domicile pour de longues p riodes qui n ont pas les m mes caract ristiques que les sans domicile occasionnels On retrouve les probl mes traditionnels de diff rences entre stocks et flux qui ne peuvent tre vraiment r gl s que par l usage de donn es longitudinales soit des donn es reposant sur la m moire des personnes interrog es dont on conna t la fragilit soit des donn es de type administratif recueillie dans le cadre de la gestion de centres d h bergement ou d autres services qui ne couvrent pas l ensemble de la
78. it d s lors le projet d agir conform ment des fins propres lbid p 163 Ressaisie ce point du basculement chaque nouvelle action deviendra d s lors une s quence des r cits de la reconqu te de soi C est ainsi que nous pouvons qualifier ces r cits qui parfois r interpr tent la carri re comme une formation initiatique mais qui toujours obligent une conversion Dans ce mouvement entre pass et pr sent la vie la rue n est pas oubli e Elle est reconstruite au regard de lheu reuse fin on en d couvre sous un nouveau jour les potentialit s exp rien tielles les prises identitaires les adaptations et les comp tences d velopp es face aux preuves et aux violences de la survie et l omnipr sence de la mort celles des autres et la sienne propre qui s est affich e en ce temps d horizon bouch L agencement de ces s quences qui assurent la coh rence des r cits conduit chaque narrateur adopter au regard de ce que nous nommons les acquis de l exp rience l attitude du converti En effet la carri re a bien souvent ferm l expression du choix Il faut donc retrouver cette situation de doute cr e par la s lection de lacteur dans sa situation biographiquement d termin e dans un monde pris pour allant de soi et qui est ce qui seul rend possible la d lib ration et le choix Sch tz 1987 p 66 Non seulement donc se retrouver soi r cit de la reconqu te de soi mais encore le
79. ive l h t rog n it des situations doit tre compl t e par l tude des diverses formes d adaptation d utilisation ou de rejet par les personnes qui sont la cible des dispositifs mis en place par les pouvoirs publics et les associations Face cette irruption des SDF dans le champ de visibilit les acteurs ont recherch d autres pratiques profession nelles Il est souhaitable d en conna tre les r sultats Certaines de ces pratiques visent faciliter l expression des personnes elles m mes s appuient sur la reconnaissance de savoirs d autres exp rimentent des actions de partage et de solidarit entre populations des niveaux g ographiques de petite taille qu il s agisse de logement de formation d emploi ou de sant M thodes et modalit s de candidature Le texte de la consultation et le dossier bibliographique taient aussi disponibles sur le site Internet du minist re de l quipement Des indications concernant les m thodes et les modalit s de candidature et de pr sentation des projets de recherche compl taient ce texte La remise des dossiers tait fix e au 28 mai 1999 Le mode de pr sentation des dossiers de candidature tait pr cis en fin de texte de la consultation Annexe bibliographique En annexe figurait un document bibliographique sur les SDF labor par Julien Damon Il se pr sentait en deux parties La premi re partie comportait une s rie de fiches pr sentant quat
80. l s agit bien plus d analyser des exemples particuli rement significatifs susceptibles d apporter un clairage neuf sur les conceptions et les actions destination d un public sans abri Il est noter galement qu c t de ce travail de prospection aupr s des op rateurs une partie importante de notre d marche a consist tre en prise avec l v nement Un suivi particulier a t r alis aupr s de diff rentes actions collectives et d v nements significatifs Trois configurations La premi re partie est construite sur le rep rage des configurations l uvre au niveau de l tat comme au niveau des conduites des sans abri Quelle place ceux ci occupent ils dans une soci t o les conflits linguistiques ont pendant longtemps occup le devant de la sc ne et ordonn l agenda politique Comment les institutions se sont elles cr es autour d un tat social d mocrate Quelle place le fait associatif y a t il occup et avec quelle singularit Qu est ce qui a fait qu un moment donn la pauvret est apparue comme un probl me national et urbain Quelles formes la citoyennet a t elle prise dans ce contexte En quoi la question du logement a t elle ou non jou un r le dans l appr hension de certains conviendront de nommer probl matique du sans abrisme Autant de questions qui permettent de d gager une triple configuration La mani re dont l tat en Belgique a fait mou
81. l comme celui qu il est coutume d appeler en Belgique accompagnement social Que ce soit dans les centres d accueil ou dans les diff rentes exp riences d abri de jour de nuit la question de la compl mentarit des actions est de mise Elle prend des figures singuli res l une non transf rable mais fraternelle l autre plus professionnalis e et centr e sur la reconnaissance de l usager comme sujet personnel une troisi me qui s inspirant de l exp rience parisienne du Samu social a chou alors qu une quatri me se mettait en place autour d un projet de relais social Un glissement qui s est effectu va de l alternative la compl mentarit des services et questionne l enjeu que constitue la coordination des associations et des institutions publiques Celle ci para t aujourd hui indispensable une action de qualit tant au plan de l accueil qu celui des efforts qui sont d velopp s par les associations et les institutions publiques pour r pondre la massification de la pr carit dont les sans abri restent la figure embl matique 51 Index des noms des chercheur e s Pascal Arduin INED page 35 Loic Aubr e CRESGE page 21 Jean Samuel Bordreuil LAMES Universit de Provence page 39 Florence Bouillon EHESS Marseille SHADYC pages 39 40 Mireille Cl men on Observatoire Sociologique du changement FNSP pages 14 47 Serge Cl ment CNRS CIEU Centre interdisciplina
82. le un moment donn par quelle proportion a t touch e par ce ph nom ne au cours de sa vie dans les n derni res ann es En travaillant soigneusement les questions pos es l introduction d une telle pr occupation dans une enqu te g n rale est envisageable et serait int ressante Il est toutefois difficile par ce type de m thode d aller beaucoup plus loin en particulier d analyser les entr es et sorties de la situation tudi e En effet outre les probl mes se rem morer exactement une situation loign e dans le temps il faudrait lorsqu on s int resse des pratiques ou des situations rares comme le fait d avoir t sans domicile interroger un nombre tr s important de personnes pour en trouver suffisamment qui puissent d crire un parcours dans cette situation Par ailleurs les tentatives faites en France semblent montrer que peu de personnes 37 se soient trouv es la rue au sens Strict et qu on peut donc tre amen arbitrer en faveur de questions en concernant un plus grand nombre y compris portant sur certaines mauvaises conditions de logement qui sont encore mal connues comme l h bergement par d autres personnes introduit depuis peu dans les enqu tes Logement de l INSEE Les enqu tes longitudinales comme les travaux sur fichiers administratifs d crits ci dessus permettent de savoir si ce sont toujours les m mes personnes qui sont touch es par un
83. lences Une telle orientation s impose d autant plus que les difficult s qu affrontent les femmes s inscrivent largement sur le registre de la vie priv e et de l intime domaine qui ne rel ve pas directement du champ d inter vention des travailleurs sociaux sauf peut tre lorsque des enfants ont en cause Il reste que les structures qui accueillent les femmes sans domicile fixe ne peuvent pas ignorer le contexte relationnel dans lequel celles ci se situent quand bien m me ces relations paraissent relever du domaine priv Les institutions sont alors prises dans une certaine contradiction rep rable dans la fa on dont elles g rent la question des rapports sociaux de sexe D un c t en effet elles tentent de laisser aux femmes le soin de g rer librement leurs rapports interpersonnels et notamment ceux qu elles entretiennent avec l autre sexe D un autre c t elles prennent aussi les mesures qui s av rent n cessaires pour limiter les effets concrets de la domination masculine quitte organiser et contr ler parfois la demande des femmes elles m mes le mode d effectuation des changes D une mani re g n rale c est de fa on tr s pragmatique que les institutions abordent cette question du rapport entre les sexes 15 e CRESAL CNRS Universit de Saint tienne Pascale Pichon Sortir de la rue discontinuit s biographiques et mobilisation des ressources Axes de recherche Nous avons re
84. lir outre les donn es communes tous et mises en commun ult rieurement des donn es qui lui soient propres lui permettant ainsi de remplir son rapport d activit et vitant une double charge de travail Pour tre utilis avec une chance de succ s ce type d outil doit tre utile la fois aux organismes d aide aux personnes sans domicile et la collectivit Les r sultats doivent faire l objet d un retour Par ailleurs de nombreux gestionnaires de centres font remarquer qu il est beaucoup plus facile techniquement de remplir ce type de formule lorsqu on est dans un centre de longue dur e en raison de la stabilit des personnes et de la connaissance de leur dossier qui permet de confirmer les donn es recueillies que dans un centre d accueil d urgence o les personnes peuvent entrer pour deux nuits sortir entrer de nouveau etc et o l affluence au moment de l entr e permet difficilement la saisie de donn es sur un entretien de vingt minutes De plus dans les centres d urgence se pr sentent certaines personnes en situation irr guli re qui peuvent r pugner remplir une fiche de renseignement d taill e Pourtant c est dans les centres d urgence que l apport de ce type de m thode serait le plus int ressant permettant de voir qui sont celles qui demeurent longtemps dans de telles situations de grandes pr carit et peut tre d envisager pour elles des solutions diff rentes L un des aspects n
85. lors m me qu ils semblent se trouver dans l incapacit de d couvrir un lieu o le nouer durablement sans conflit En mal de liens ils sont simultan ment en mal de lieux La non fixit du domicile n est pas un probl me d ordre uniquement mat riel Au cours du processus de leur socialisation il semble que l espace au sein duquel est susceptible de se d ployer harmonieu sement leur personne se soit progressi vement resserr comme peau de chagrin Sans cesse ils sont jet s sans cesse ils sont en qu te d un lieu improbable o enfin se poser Perdre le sens de ses liens c est ainsi simultan ment perdre le sens de sa place l cole en famille au travail etc Tout se passe comme si ces espaces ne pouvaient plus l gitimement contenir le sujet Ce qui revient dire que les divers espaces constitutifs de sa vie sociale paraissent perdre leur signification en tant que r ceptacles l gitimes de sa personne sociale En retour le sujet est affaibli amput en tout o en partie des lieux constitutifs de sa charpente sociale o sa pr sence semble d sormais ses propres yeux incongrue La plus grande part de son nergie est consacr e au comblement de ces lacunes Le besoin qu il tente de satisfaire para t parfois plus pressant que le travail n cessaire la satisfaction de ses besoins mat riels Les deux t ches essentielles troitement
86. ndre les m canismes sociaux et les strat gies des individus du point de vue de la sortie de ces situations Pour employer une m taphore nous envisageons le SDF non pas comme un homme qui tombe mais comme un homme qui se rel ve On a ainsi cherch appr hender ce qui peut constituer pour certains un l ment de sortie de l exclusion et pour le moins un l ment emp chant la clochardisation Comment passe t on d une exp rience d finie essentiellement par la privation l action collective qui suppose l existence de ressources sociales et personnelles Quels sont les modes d interventions qui permettent de valoriser ces ressources quand elles existent ou qui permettent d en apporter quand elles font d faut Nous cherchons ici comprendre le passage de l exp rience l action et par la compr hension de ce passage mieux analyser l exp rience elle m me En tudiant les actions collectives de revendication men es par et au nom des sans logis nous prenons en compte deux des acquis principaux des tudes existantes sur les SDF d une part le fait que la situation de sans logement doit tre appr hend e comme tape d un processus et non pas comme un tat et d autre part l h t rog n it de la cat gorie d sign e sous l appellation SDF 42 En d cidant de travailler sur les parcours de personnes sorties de l exclusion ou tout de moins ayant solutionn leur probl me de sans logement n
87. nes ils sont en cours de formation Si la plupart ne sont pas de v ritables SDF l analyse de leurs r cits d voile la dynamique qui est susceptible de les conduire un tel tat Nous pensons avoir d gag quelques l ments fondamentaux de cette dynamique de laquelle d coulent les ressources essentielles de ces sans ressources S ils sont relativement rares avoir su ou pu les exploiter avec profit certains devenus au fil du temps et de leurs exp riences de v ritables experts semblent progresser par leur qu te IDACTE Interstices Marc Hatzfeld ma tris e de nouveaux liens de nouveaux lieux de vie lls sont d s lors en capacit d enrichir leur capital de ressources et parviennent ainsi r aliser avec succ s la double t che de r alisation sociale travail des liens et mat rielle travail salari de soi ALIAS constitue un microcosme qui pr figure une mani re d h berger favorable la r alisation de cette forme composite et complexe de travail Compte tenu de la croissance de la demande d h bergement cette association entre un bailleur et les sp cialistes comp tents en mati re de travail social que repr sentent les ducateurs de pr vention est susceptible dans un futur proche d un vaste d veloppement avec H l ne Hatzfeld et Nadja Ringart Habitat des SDF et hospitalit urbaine Le travail de recherche de l quipe de l IDACTE confronte la
88. nlieue parisienne pour les lieux d implantation des institutions et les lieux d habitation ou d implantation des anciens sans abri Les m thodes retenues Nous avons r alis huit histoires de vie centr es quinze entretiens et une animation de groupe avec des personnes en r insertion sociale d finie de mani re large en tenant compte des cat gori sations des interview s potentiels comme une p riode de d marche et d actions pour ne pas rester la rue ou dans la gal re pour comprendre leur parcours autour des th mes de la consommation et des relations sociales Nous avons rencontr des personnes de profils divers en termes d ge de sexe de parcours d origine sociale de situation actuelle de dur e et d poque de la gal re etc mais ayant en commun d avoir connu une grande pr carit et une instabilit d h bergement rue ou foyers d urgence h tels squats etc un moment donn de leur vie Nous avons galement r alis des entretiens et des observations dans une quinzaine de structures d accueil des personnes en gal re ou en r insertion administrations permanences sociales associations r sidences foyers entre prises de r insertion afin de tenter de cerner le syst me d action de la r insertion ou de l aide sociale et les repr sentations que se font ces structures des sans abri et de leur r insertion 13 e CERPE centre d tude et de recherche sur les pratiques de l es
89. ns affectifs forts On le sait ce qui marque plus que tout l exp rience commune des personnes sans domicile c est la perte v cue de l habitat La survie est marqu e par labri pr caire et l h bergement social La hi rarchisation des abris s appuie pour les int ress s sur le degr de protection et le sentiment de s curit et de confort qu ils procurent L abri pr caire regroupe tous ces territoires qui vont de l abri ouvert ou couvert jusqu l espace quasi priv du squat Dans ces mouvements le squat investi appara t comme une tape essentielle dans la recherche d un lieu o habiter et non plus o tre abrit ou h berg Quand la vie dans la maison s organise il est remarquable d observer combien son am nagement est essentiel pour ses habitants Les d cisions sont prises ensemble pour le choix des espaces de vie communautaire pour les lieux de l intimit les chambres pour l organisation des moments de rassemblements les repas les jours de f te No l Nouvel An mais aussi les anniversaires de chacun qui scandent le calendrier de l histoire commune L entraide int gre enfin la dimension associative Le soutien de nombre d individus concern s adh rents cette cause mais souvent aussi membres d autres associations association th trale Terre des Hommes M decin du Monde etc n est pas seulement une aide venue de l ext rieur mais une composante interne des mouvements Ces membres
90. ns assimil e aux principes de vie des Th l mites est utopique et uchronique Si elle fonctionne nous avons consid r que c tait parce que c tait l une utopie intelligemment contingente r alis e gr ce la double expertise r alis e par change des exp riences des h bergeants et des h berg s Au sein de la communaut se r alise un travail individuel et collectif dont la port e est selon nous universelle le temps et l espace s y condensent temps des itin raires individuels espaces nationaux et transnationaux ALIAS est un minuscule microcosme mais c est un laboratoire o l ensemble des l ments constitutifs de notre probl matique se r v lent avec une particuli re acuit Et c est un petit monde qui s accro t sans cesse Les demandes d h bergement sont consid rables et d passent largement les capacit s d accueil La proximit des enfants d ALIAS avec une grande partie de la population des r sidences SONACOTRA attest e par l osmose constante entre ces deux populations r v le cette progression d une population jeune en mal de liens et en mal de biens Structures sociales et comportements individuels Les liens repr sentent les attaches du sujet aux l ments constitutifs des diff rentes structures sociales auxquelles il est nou famille cole travail salari etc L ensemble des interconnexions des multiples liens qui relient l
91. ns ce questionnaire ont t retenues des questions se rapportant aux trois types ruptures de liens sociaux pr sent s ci dessus en insistant sur les difficult s dans l enfance pour appr hender les ventuelles ruptures du lien de filiation et leurs effets sur l ensemble de la trajectoire et des autres ruptures des individus interrog s Le rapport se chapitres compose de quatre Le premier analyse de fa on descriptive et exploratoire qui sont les personnes aid es par les services d accueil d h bergement et d insertion 48 Le second porte sur les cumuls des difficult s dans la jeunesse et l ge adulte Le troisi me explore les trajectoires et les exp riences v cues de l engrenage des difficult s Enfin le quatri me aborde la question du recours des institutions et des formes de ruptures du lien de citoyennet Qui sont les personnes aid es par les services d accueil d h bergement et d insertion La comparaison des caract ristiques des personnes qui s adressent aux services d accueil d h bergement et d insertion avec celles de la population g n rale apporte en elle m me des l ments d appr ciation sur les risques de conna tre des difficult s conomiques et sociales Ces premiers l ments permettent de mesurer l cart de notre chantillon par rapport la population g n rale d ge comparable et de constater que celui ci est souvent norme Les personnes qui s adressent
92. nt depuis leur petite enfance ils ont t contraints eux m mes de g rer difficilement leur propre et incertain patrimoine de liens Ce capital n est pas n gligeable Mais il demande sans cesse un travail constant et puisant d ajustement difficile Il y a fr quemment transmission interg n rationnelle de ce travail parfois sur plusieurs g n ra tions de m me qu il y a transmission de la pauvret conomique ces deux l ments tant troitement imbriqu s Cette forme de transmission du capital de liens est simultan ment transmission d un patrimoine de lieux galement fort difficile g rer En valeur absolue cette forme de capital est galement cons quente dans la plupart des cas les lieux sont multiples et bien souvent transfrontaliers L encore cette multiplicit des lieux est difficile g rer parce que les liens qui peuvent y tre nou s sont conflictuels antagonistes Les lieux font surgir les liens aux coutumes aux traditions la religion aux ascendants loign s la parent le etc L exp rimentation de ces liens depuis parfois la petite enfance donne sens ces diff rents lieux Tous sont interconnect s et l exp rimentation de ces interconnexions est constitutive de la personnalit spatiale La gestion de la place de chacun est probl matique parce qu elle engage le sujet vis vis de ses ascendants des coutumes de l
93. nt de la solidarit de l tat et elles disposent dans la loi de la possibilit de se faire domicilier dans une association tandis qu aux Pays Bas o les municipalit s ont des responsabilit s plus importantes leur sort rel ve des seules municipalit s Dans ce cas leur manque d attachement un territoire pose difficult 34 pour les d finir comme population cible de la politique sociale municipale au contraire d autres cat gories fond es sur des caract ristiques li es des d ficiences individuelles jeunes probl mes multiples ou la faillite de l galit des chances jeunes vuln rables qui l gitiment une action en leur faveur Au del de ces divergences il semble que les responsables locaux de l action sociale utilisent au mieux les ressources pr vues par la loi pour faire face la souffrance des populations en difficult et qu ils font de mani re concert e localement une n gociation autour de la r gle de fa on l adapter aux cas humains concrets auxquels ils sont confront s plus souvent au niveau d partemental en France et municipal aux Pays Bas compte tenu d un type de d centralisation diff rent La n gociation autour de la r gle pose difficult elle bafoue le principe d galit la m me r gle partout pour tous mais c est aussi en faisant jouer cette marge de man uvre que l on peut ajuster les dispositifs pour les rendre plus efficaces ou pour y faire acc der d
94. nt sans le comprendre Il semble devenir un contenu vide d enveloppe liens autrui et l espace qui ne peut r sister une forme de dissolution de soi de dispersement que par la tentative improbable dans l instantan impossible dans la dur e de se mettre l cart de l espace des autres et du temps C est pourquoi la m dicalisation s da tive de ce processus est une tentation permanente Ses effets sont pernicieux et la plupart des sujets lont appris ils rejettent cette forme de r solution de leur mal en m me temps qu ils aspirent cet ensommeillement artificiel Il s agit d un processus non d un tat M dicaliser revient cristalliser l tat et extraire artificiellement du processus En outre lon peut consid rer que ces soins par auto ou h t ro m dication sont susceptibles d un effet iatrog ne en contribuant affaiblir le pr suppos 28 malade par effacement du capital de connaissances accumul es au cours du temps Enfin la souffrance qui r sulte de l puisement dans lequel ils se trouvent apr s avoir accompli tout au long de leur histoire ce permanent travail d ajustement est accentu e par le fait que les origines de celle ci demeurent m connues Les mani res m dico psychiatriques de les comprendre qu ils ont tr s souvent exp riment es leur paraissent tr s fr quemment inad quates Ils souffrent alor
95. obilis en vue de r aliser cet objectif r sister la dissipation de la conscience de soi en tant qu entit signifiante du monde social Le mouvement des structures para t ici en grande partie constitutif des d sordres des individus qui en subissent le plus fortement et le plus durablement les effets Les sujets de l chantillon apparaissent d s lors en pointe au sein de cette dynamique des structures sociales ce sont eux qui subissent et r agissent avec le plus de nettet ces mouvements Le sujet travaille comportement parce qu il est travaill structure Au cours de ce travail il apprend la s mantique de l espace et du temps social Il est dans l incapacit de s ignorer en tant qu l ment du mouvement des structures car il n est jamais en condition d tre la structure faite homme C est l la caract ristique sans doute la plus distinctive de la plupart des sujets de l enqu te constitutive de leur appartenance une esp ce sociale Le repos artificiel individuel correspond la qui tude du mouvement des structures Tout se passe comme si le comportement tait endormi pour laisser le libre jeu de la dynamique des structures pour que celle ci se poursuive avec le moins de heurts possibles C est sans doute pourquoi les traitements et ses sp cialistes se sont d velopp s avec une telle rapidit depuis que ce mouvement des structures s est acc
96. onc toujours envisag e au regard de la carri re des preuves qui ont t surmont es et au regard de la r interpr tation du sens donn la vie afin d en lucider les nouvelles orientations qui pr sident au maintien de l avenir Envisag ainsi le travail de la reconversion ne peut tre approch que par le r cit biographique Nous savons que la reconstruction du pass s effectue partir du pr sent par l vocation et le secours des autres ou de leurs uvres Halbwachs 1994 C est ainsi que la reconstruction biographique s appuie essentiellement sur la situation d nonciation qui la fait na tre Lejeune 1975 C est ainsi que les individus ont mis en rapport d une part les p riodes de vuln rabilit comme de marginalisation extr me auxquelles ils ont t confront s et d autre part les temps dont celui du pr sent mais non exclusivement de stabilit re conquise S il ne participe pas directement la sortie le r cit d livr au sociologue en est une mise en forme une nouvelle traduction qui s inscrit dans une histoire de vie qui se racontant rattache l exp rience de la survie la totalit de la vie Et c est en tant qu unit avec sa propre densit et ses propres limites temporelles que la carri re de survie est rattach e apr s coup au cours de la vie restituant ainsi l unit de soi du narrateur En ce sens l aventure de la survie fait fr mir la vie de l exp rience du
97. onnaissent tous se rencontrent souvent et sont engag s dans de multiples transactions D s lors on peut dire que se constitue progressivement un r seau d acteurs ce r seau se caract risant par la r gularit et la fr quence lev e des changes et par son autonomisation progressive par rapport d autres secteurs d intervention Les r seaux ainsi constitu s prennent des formes diff rentes selon les territoires tudi s qui sont notamment fonction du contexte politique des relations entre les secteurs institutionnels et associatifs et des caract ristiques b n vole salari confessionnel la que secteur caritatif secteur de l insertion des acteurs intervenant aupr s des publics SDF De natures diff rentes et encore non stabilis s ces r seaux semblent n anmoins attester de la mise en uvre des degr s divers selon les terrains d un processus d institutionnalisation des actions en direction des SDF favorisant une professionnalisation de ce domaine et plus g n ralement sa constitution en secteur d intervention publique part enti re e GRS CNRS Universit Lyon 2 Michel Giraud Le jeune SDF et son double ou les ressources des sans ressources Biographies de jeunes en situation de d pannage r sidentiel Cette recherche consiste analyser un mode particulier d entr e dans la vie adulte en situation d incertitude r sidentielle Dans un premier temps nous nous sommes inter
98. ons de vie modes d habitat liens sociaux surendettement donn es psychologiques et culturelles Il est essentiel ici d tudier le rapport entre l identit l habitat et l espace urbain et rural en termes d appropriation La nature des rapports entre processus individuels et r ponses collectives celles des institutions IER EERE I Les histoires de vie comme les r ponses collectives aux besoins fondamentaux ne peuvent tre analys es en dehors de leur environnement sociopolitique et conomique Quel est l impact des modalit s de l offre en mati re d emploi de logement de ressources de soutien et de soins dans les processus l origine des d crochages et dans l am lioration des situations Les attentes des personnes en difficult sont elles entendues pour formuler des propositions Quelle place et quel r le les acteurs impliqu s laissent aux personnes directement concern es On pourra s interroger sur les raisons de la mobilisation de certains SDF dans des actions collectives et dans des exp riences dont ils t moignent L analyse d initiatives semblant mobiliser de fa on dynamique les acteurs serait susceptible de mettre en vidence les d calages par rapport aux habitudes qui sont intervenus dans les regards et les pratiques Politiques publiques et probl matiques SDF L espace des probl matiques SDF dans les politiques de r duction de la pr carit des in galit s et de
99. ons et correspondent des moments de tension entre mobilit et s dentarit Ces moments sont ceux du t lescopage entre des mondes sociaux contrast s Cette alt rit propre la ville et aux espaces ressources 41 dans lesquels elle se met en sc ne donne un cadre toujours renouvel l errance travers des comptes rendus d observa tions et par la restitution de bribes de conversations nous abordons ici la question des formes de circulation de personnes en situation de pr carit au moins mat rielle sinon morale Nous tentons dy r pondre en comprenant comment ces personnes installent des activit s entre lici et l ailleurs en circulant travers des mondes sociaux vari s Nous terminons en interrogeant ces nouvelles formes d activit s et ces nouveaux types de rapports aux territoires et autrui qu entretiennent ceux pour qui la pr carit est le quotidien e LAPSAC Universit Bordeaux 2 Responsable scientifique Didier Lapeyronnie avec C cile P chu et Muriel Villeneuve Les SDF entre l exp rience et l action action collective et r insertion sociale Cette recherche porte sur les dynamiques collectives de revendication parmi la population sans logis Il s agit au lieu de consid rer les trajectoires du point de vue des dysfonctionnements sociaux qui conduisent des personnes des situations de grande exclusion d envisager ces situations du point de vue inverse c est dire de compre
100. orze ouvrages sur la question cit s ci dessous gt Avramov Dragana Les sans abri dans l Union europ enne Contexte social et juridique de l exclusion du logement dans les ann es 90 Bruxelles FEANTSA 1995 gt Avramov Dragana dir Coping with Homelessness Issues to be Tackled ans Best Practices in Europe Adershot Asghate Publicing 1998 gt Baumohl Jim dir Homelessness in America Ph nix Oryx 1996 gt Burrows Roger et alii dir Homelessness and Social Policy Londres Routledge 1997 gt Calame Pierre dir Pour une meilleure connaissance des sans abri et de l exclusion du logement Rapport final du groupe de travail sur les sans abri du CNIS Dossier du CNIS n 229 mars 1996 gt Chobeaux Fran ois Les Nomades du vide Arles Actes Sud 1996 gt Damon Julien Firdion Jean Marie Vivre dans la rue la question SDF in Paugam Serge L exclusion l tat des savoirs Paris La D couverte 1996 pp 347 386 gt Gaboriau Patrick Clochard L univers d un groupe de sans abri parisiens Paris Julliard 1993 gt Jencks Christopher The Homeless Cambridge Harvard University Press 1994 gt Marpsat Maryse dir Les sans domicile tats Unis France Soci t s contemporaines n 30 avril 1998 gt O Flaherty Brendan Making Room The Economics of Homelessness Cambridge Harvard University Press 1996 gt Prolongeau Hubert Sans domicil
101. ou de connaissance scientifique et les inconv nients en termes de confidentialit de lourdeur de gestion pour les services et de facilit d acc s pour les personnes en difficult qui risquent d tre dissuad es de faire appel un service parce qu elles ne souhaitent pas r pondre des questions L approche par enqu te longitudinale n a notre connaissance pas t tent e sur un chantillon repr sentatif En s inspirant des travaux r alis s l tranger il serait possible dans un premier temps d envisager des tudes de faisabilit petite chelle et sur divers cas Par exemple on pourrait tester cette m thode aupr s d une cohorte d entrants ou de pr sents une date donn e en CHRS o une certaine stabilit devrait favoriser le recueil des donn es sans pour autant supprimer toutes les difficult s et aupr s de quelques personnes dormant dans la rue ou en centre d urgence afin d explorer les limites de cette approche Parmi les questions pourraient figurer certaines portant sur les changements attendus ce qui permettrait de les comparer avec les changements r ellement rep r s par les phases suivantes de l enqu te LAMES Universit de Provence Responsable scientifique Jean Samuel Bordreuil avec Florence Bouillon Gilles Suzanne et Marine Vassort Les formes urbaines de l errance lieux circuits et parcours Extrait du pr ambule de Jean Samuel Bordreuil au rapport de rech
102. ous nous donnons les moyens de lever un certain nombre des obstacles m thodologiques propres une enqu te sur les sans domicile Moins pris dans une logique de survie que lorsqu ils taient la rue les enqu t s prouvent moins de difficult s entrer dans le cadre formel d entretiens semi directifs N anmoins des probl mes se posent lenqu teur dont d abord celui de la m thode de constitution des chantillons qui conditionne le type de donn es recueillies Notre enqu te a port sur deux sites le Comit des Sans Logis CDSL Paris et la Coordination SDF CSDF Bordeaux Ces deux associations ont toutes deux vu le jour au d but des ann es quatre vingt dix Cette concomitance temporelle n est pas compl tement due au hasard et nous avons cherch montrer comment au del des causes structurelles du sans logement la traduction de la question sociale sous la forme de l exclusion ce moment l avait pu favoriser l mergence des mobilisations Une observation participante nous a par ailleurs permis d tablir les monographies de ces deux organisations et d observer le ph nom ne d institutionnalisation qu elles connaissent institutionnalisation compl te effectu e par le haut s agissant de Bordeaux institutionnalisation relative et par le bas Paris Les ressources dont b n ficiait l association parisienne gr ce l existence de l association Droit Au Logement dont
103. ovagues de circulations l int rieur des m mes mondes de marginalit Que l on puisse circuler dans des situations d hyper marginalit et dans des mondes sociaux qui sont justement les mondes de la marginalit ne fait aucun doute En revanche et pour peu que l on prenne soin de repeupler les mondes de l errance on s aper oit bien vite que cette errance proc de comme dispositif de circulation migratoire Ces dispositifs bien loin de fonctionner l identique trament des lieux et r glent des copr sences en situation Ces circulations carburent l h t rog n it des mondes sociaux qu elles parcourent Ce qui nous pr occupe ici est d aborder la question de l errance en tant que circulation c est dire comme une situation sans cesse n goci e Ces dispositifs de mobilit proc dent par appuis successifs et les circulants les plus pr caires arrivent plus ou moins conduire leur circulation Cette errance est peupl e de rencontres de compagnons de route et de cheminements qui se font entre squats asiles de nuit ou guichets diurnes de l assistance Ces activit s de l errance prennent sens dans des projets migratoires index s sur les circuits de la fringue du logement ou de l alimentaire Pour mieux cerner les logiques de points de chute qui animent ces projets migratoires nous proposons une entr e dans l errance par les squats Ces squats sont pris dans de vastes circulati
104. p rience Ces ruptures dont certaines remontent l enfance peuvent se cumuler au point de constituer pour les individus un obstacle r el leur int gration sociale Parce qu elles sont interd pendantes elles risquent d appara tre successivement dans les trajectoires individuelles sous la forme d un processus de disqualification sociale Enfin ces ruptures se traduisent par des attentes et des comportements sp cifiques l gard des institutions La population concern e Il s agit des personnes que l on nomme les sans domicile mais aussi les personnes en grande difficult que l on peut estimer proches de cette cat gorie en particulier celles qui ont un logement mais dont la situation reste pr caire population mal log e ou en logement temporaire L enqu te par questionnaires s est d roul e au cours de l t 2000 et de l hiver 2000 2001 de fa on prendre en compte l effet saisonnier de la fr quentation des services d accueil d h bergement et d insertion 1160 personnes tir es au hasard ont accept de r pondre enti rement au questionnaire sur la base du volontariat et de l anonymat Les enqu teurs n ont limin personne psychotiques alcooliques drogu s actifs ou en substitution auteurs de violences personnes s exprimant mal en fran ais ont t interrog es d s lors qu ils acceptaient de participer l enqu te Le questionnaire comprend environ 300 questions Da
105. pace Pierre Vidal Naquet L errance au f minin Les femmes sont moins expos es que les hommes au risque de se trouver un jour sans abri Mais il n est pas certain qu une telle situation soit pour elles un r el privil ge Cet avantage sous contrainte masque en fait des formes d errance sp cifiquement f minines qui sont d autant plus tragiques qu elles ne b n ficient que d une tr s faible visibilit sociale En s appuyant sur des t moignages 25 entretiens et sur une enqu te r alis es dans des foyers d urgence des CHRS des centres maternels le rapport tente de rendre compte de la sp cificit de l errance f minine qui ne s exprime pas forc ment sur l espace public Pour une femme ne pas avoir de domicile fixe c est peut tre conna tre l exp rience de la rue mais c est surtout se bricoler diverses solutions de fortune pour viter la rue cest d ployer des tr sors d imagination pour ne pas dormir et vivre dehors c est enfin consentir beaucoup de renoncements et parfois accepter de s exposer beaucoup de risques pour b n ficier d un semblant de toit C est plus largement la d possession r elle et symbolique de son espace priv D possession qui peut se produire quand bien m me elle dispose de son propre logement Mais au f minin l errance ne se d cline pas sur le seul registre du manque Certes comme les hommes les femmes sans domicile fixe doivent faire f
106. paces commerciaux en lieux de sociabilit et manifestent la capacit des individus fortement paup ris s cr er des espaces de ressources de loisirs et de vie Les squats ont ici la fois la fonction de logement d entrep t de marchandise et de point de passage pour certaines de ces familles qui font du squat un lieu de transit au sein d une trajectoire migratoire Les mineurs clandestins vivent dans un environnement plus d grad encore squattant des appartements insalubres nombreux dans le centre ancien proximit de leurs lieux d activit s lls en sont souvent tr s rapidement expuls s Leur situation administrative et socioculturelle pose l encore des limites leur mobilit m me s ils font preuve de comp tences tonnantes dans leur capacit voyager seuls et franchir des territoires Souvent d linquants et administrativement en situation irr guli re les mineurs clandestins n ont que peu acc s aux structures d aide sociale et seule l association Jeunes errants est en mesure den aider mat riellement quelques uns Les mineurs d finissent alors des territoires dans la ville partir des fonctions qu ils assignent ses diff rents quartiers ou rues lls font de micro espaces dont font partie les squats des lieux de rencontre de sociabilit et de protection m me fragiles Les squatters des squats collectifs enfin s implantent eux aussi en centre ville mais pour d autres raisons
107. par cette libert revendiqu e d aller et venir r duisent l incertitude qu ils ont subir quotidiennement Deux figures de lerrant sont ainsi mises distance travers l tude des squats urbains celle d une errance d sorient e et gar e comme si les d placements des individus n taient pas toujours inform s et d cid s m me a minima celle galement d une errance assist e comme si l institution seule pouvait d cider des parcours La mobilit des pr caires dans la ville prend des formes multiples conna t d autres registres d indexation que ceux pr c demment cit es La ville est non seulement habit e par eux mais aussi nomm e et explor e Ses fronti res sont en permanence r invent es fruits des exp riences individuelles et collectives Les cheminements urbains de l errance s dentarit s et mobilit s pr caires EREITEA ERETT EG Nous travaillons ici autour de ce que lon appelle l errance Si nous essayons de la d finir de fa on claire nous pouvons dire que nous travaillons propos des temps des espaces urbains et des figures contrast es de la s dentarit et de la mobilit de personnes en situation de pr carit r sidentielle conomique ou autre Ces moments et ces personnes de l errance sont la trame de mobilit s pr caires certes mais quoi qu il en soit concert es et ancr es La plupart du temps l errance est appr hend e comme un ensemble de formes gyr
108. permanent Ses formes et ses figures concr tes apparaissent et disparaissent dans la ville travers ce jeu crois entre occupations transitoires de territoires et r gulations urbaines Mais plus on est s dentaire dans la rue autrement dit immobile dans son errance plus on va tre stigmatis et d sign comme d socialis Inversement savoir jouer des mobilit s dans la pr carit est une ressource qui permet de traverser des territoires mais aussi des mondes sociaux et ainsi d ajuster les r les partir de l tat des lieux du dispositif d assistance marseillais les modes sociaux et territoriaux de r gulation de l errance sont clair s la lumi re de certains paradoxes la s dentarisation le turnover le maintien dans l urgence le circuit ferm Puis est propos e une critique des cat gories du sans abrisme actives dans le milieu de l assistance locale Mais cette typologie institutionnelle va de pair avec une territorialisation des 39 publics pour ne pas dire une sectorisation g ographique Marseille les publics errants sont identifi s selon leurs territoires de pr dilection suppos s gens de l Est vieux maghr bins toxico manes jeunes errants zonards cas psy sont des d signations qui rappellent toutes la figure de l errant ext rieur la ville au pays aux normes soci tales Sans tre des publics labellis s ils sont n anmoins rapport s
109. population vis e soit encore des enqu tes sp cifiques de type panel o on imagine bien la difficult qu il y a retrouver des personnes sans domicile Le rapport r sum ici envisage ces diff rents types de m thodes leurs difficult s propres et leurs apports Les enqu tes longitudinales ou panels La m thode qui n est pas propre aux tudes sur les personnes sans domicile consiste r aliser une premi re enqu te qui fournit des renseignements de type socio d mographique sur les personnes interrog es ainsi que des l ments sur leur trajectoire jusqu la date de l enqu te puis essayer de retrouver plusieurs reprises chaque fois dans une fen tre de temps pr cise les personnes interrog es la premi re fois ou du moins celles qui ont accept de participer au panel On leur demande alors des pr cisions sur leur nouvelle situation et leur trajectoire depuis le dernier passage de enqu teur Ces enqu tes sont difficiles mais pas impossibles si l on multiplie les strat gies visant retrouver les personnes Il semble que parmi les personnes que l on a le plus de mal rencontrer de nouveau figurent non seulement celles dont la situation a empir au point qu elles aient rompu tout lien permettant un contact ou qui sont gravement malades ou d c d es mais aussi celles dont la situation s est am lior e et qui ne souhaitent pas qu on leur rappelle un pass difficile Une relect
110. pour les modes d organisation et de gestion des espaces publics Le domicile sert de rep re et de base pour les individus dans leurs relations entre autres avec les institutions Cela passe par le courrier et l adressage Qu en est il de la situation cr e par l absence de domicile ou de domicile fixe Qu en est il du droit l information et la communication de ce qui les concerne travers la distribution du courrier Les institutions et les entreprises la Poste les municipalit s innovantes les transporteurs peuvent elles en prenant en compte ces situations imaginer des solutions nouvelles correspondant aux modes de vie des personnes sans domicile fixe R le et effets des outils de l urgence l gard de l acc s habituel au logement l emploi RIC Depuis une dizaine d ann es se sont multipli s les dispositifs d urgence et des dispositifs l intention des personnes SDF Les r ponses en termes d h bergements de repas d accueils de jour et de SAMU sociaux se sont consolid es en d pit des d bats sur le droit commun Elles constituent d sormais un syst me compliqu d offres de services d ploy es par les associations et les services publics Peut on rep rer une coh rence dans cette mosa que Que produisent ces services sur la vie des SDF Le temps de l urgence et le temps des r ponses structurelles se d clinent diff remment L approche relat
111. quable Par la sp cificit de leur position de leur point de vue sur eux m mes et sur le monde social ils sont conduits voir ce que personne n est en capacit de percevoir spontan ment C est par l qu ils deviennent des sujets rationnels ils prennent conscience du sens de leurs propres pens es et de leurs actes parfois apparemment insens s C est par la prise de conscience oblig e des tensions entre production objective et effectuation subjective de soi que les sujets sont conduits ainsi r fl chir en permanence sur eux m mes sur leur pass sur leur tat sur leur devenir Cette r flexion n est pas pure sp culation gratuite Elle constitue l l ment premier du besoin auquel ils sont contraints de consacrer leur temps et leur nergie C est ici que prend sa source le travail qui est effort d ajustement de soi en tant qu entit objective d termin e soi m me en tant que personne entit subjective d terminante Ils sont en situation de d sajustement ou de d calage constant et sans cesse tentent de se r ajuster de se recaler vis vis de leurs liens vis vis des lieux o ces liens sont susceptibles d tre nou s Ce travail nest pas improductif m me si sa rentabilit para t bien souvent improbable C est au cours de sa r alisation que l individu est en capacit de s enrichir Ces sujets apparemment d n
112. que c est alors voir la mani re dont les squatters sont en capacit d inventer la ville c est dire de lui donner de nouvelles formes d y trouver d autres ressources et de lui attribuer un autre sens que ceux qui dominent les discours l gitimes L tude ici pr sent e prend pour terrains d enqu te trois types de squats habit s par des populations sensiblement diff rentes les squats de familles bosno tsiganes dans la cit F lix Pyat cit d grad e du 3 arrondissement de Marseille les squats de mineurs clandestins situ s dans le centre ville extr mement pr caires et ins curisants les squats collectifs enfin habit s en majorit par des jeunes en situation conomique pr caire mais porteurs d une volont d organisation du squat comme p le d activit s Les squats des familles bosno tsiganes sont implant s dans une cit organis e en copropri t et en p riph rie du centre ville ce qui permet d tre moins victimes de la Surveillance qui a cours dans le parc social 40 et d viter celle qui polici re cette fois intervient en centre ville Les circuits des Bosno tsiganes dans la ville et ceux des femmes en particulier nous donnent voir des fronti res physiques et sociales mais aussi des moyens discursifs notamment de les franchir Les parcours loin d tre uniquement dessin s par les contraintes de la survie et la fr quentation des dispositifs d assistance rigent des es
113. r ensuite nous attacher aux figures de l engagement qui de l exp rience mystique diff rentes formes de sorties de la condition de SDF traversent les actions La question de savoir s il y a du mouvement social dans les conduites des acteurs est primordiale dans cette partie Ainsi la bataille autour du minimex de rue ou de l adresse de r f rence a t caract ris e par l expression d une d nonciation morale du traitement in galitaire dont les sans abri taient plus l objet que les sujets Les r pertoires d action de l occupation la gr ve de la faim ont permis aux sans abri et leurs porte parole de faire reconna tre leur existence leur condition ou encore leur identit Mais au fur et mesure que l action s est d roul e puis puis e la c t identitaire a pris le dessus avec l affirmation d une diff rence irr ductible et inassimilable qui a emp ch ces luttes se d ployer vers d autres cat gories campeurs squatteurs culturels sans papiers Aucun de ces autres groupes ne sont vraiment venus rejoindre une lutte qui a fini par s parpiller dans des actions sporadiques et que les pouvoirs publics r solvaient rapidement en mettant un logement la disposition de groupes de squatteurs SDF Ceux ci sont rest s enferm s dans le dilemme galit diff rence Pratiques La troisi me partie passe en revue les diff rentes pratiques rep rables au niveau de l accuei
114. retrouvent dans une position particuli rement d licate D pourvues de ressources elles ont peu de possibilit s de reconversion en dehors de leur tissu relationnel dont l usage est forc ment limit dans le temps Leur r ticence opter pour des solutions de fortune est aussi en partie justifi e par leur crainte d affronter seules et sans protection la domination masculine Cette situation explique en partie trois type de comportements L ind cision la discr tion et la position d alerte sont semble t il trois attitudes des femmes qui sont confront es l errance urbaine Ces trois attitudes semblent tre l une des sp cificit s de l errance f minine La difficult de prendre une d cision malgr la d t rioration des relations familiales ou conjugales est un premier constat que l on peut faire en examinant les quelques t moignages qui ont t recueillis dans ce travail Cette ind cision est tr s li e la faiblesse des ressources dont disposent les femmes en difficult Beaucoup de portes leur sont en effet ferm es suite aux diff rents renoncements qu elles ont consentis dans leur trajectoire de vie La pr sence d enfants dont elles sont presque toujours la charge ajoute cette ind cision Mais elles sont aussi ind cises parce que les probl mes relationnels et affectifs occupent dans leur vie une place tr s importante Dans une tude r cente concernant la d tresse des personnes en
115. risqu e et dangereuse pleine d incertitudes un moment crucial dans l volution personnelle Les histoires de vie nous ont permis de cerner les processus et les syst mes de valeurs qui les sous tendent la fois sp cifiques et personnelles elles contiennent des l ments qui traduisent la condition des jeunes en train de se construire La comparaison des deux groupes les jeunes qui ont connu la rue et ceux qui lont vit e donne de la profondeur aux observations Dans l approche des personnes rencontr es et dans l analyse des trajectoires et des strat gies de sortie nous nous sommes int ress s aux manques aux d ficiences mais galement au potentiel et aux capacit s de ces jeunes consid r s comme des acteurs sociaux vivant l exp rience de l errance Les principaux r sultats de la recherche sont organis s autour de quatre points 1 La pr carit constitue une premi re caract ristique de l errance elle est plus 22 structurelle que personnelle ou microsociologique Elle ne s affirme pas comme un donn qui s impose avec n cessit l individu Au contraire elle se r v le au cours de la socialisation et la distinction entre socialisation primaire et secondaire permet de mieux comprendre le processus lui m me et ses effets sur la personnalit sociale de l individu Elle concerne dans certains cas l apprentissage des savoirs de base caract ristiques de la socialisation primaire et retentit ain
116. rog s sur la signification de la notion connotation n gative manque de fixit sur sa forme substantive tat esp ce sur sa pertinence vis vis des caract ristiques particuli res des sujets de l enqu te La plupart d entre eux ne sont pas proprement parler des SDF selon lacception commune du terme Si presque tous ont dormi quelques nuits sans abri la p riode v cue la rue est g n ralement courte Par contre la dur e de leur vie de gal re vagabondage existence rythm e par la fr quence des changements de logements pr caires d infortune est g n ralement notable L investigation microsociologique mise en uvre dans une structure d h bergement affect e une cat gorie d ge sp cifique a permis de d gager quelques unes des conditions de production de l tat SDF d entrevoir la dynamique ayant conduit ces jeunes filles et jeunes hommes une telle situation probl matique de comprendre en partie les mani res de vivre en situation de pr carit de logement et dans une certaine mesure d valuer les chances de sortie d une dynamique in galement r sistible selon la qualit et la quantit des ressources disponibles Une bauche de m thode exp rimentale un lieu d h bergement d urgence laboratoire social en grandeur r elle Le lieu d enqu te est constitu de trois unit s d h bergement temporaire gratuit de jeunes adultes 18 25 ans prat
117. s l utilisation croissante des portables et la grande difficult d chantillonner sur ceux ci pour lesquels il n existe pas de base de sondage par ailleurs les personnes ayant t sans domicile et disposant actuellement d un logement celles qui sont rest es sans logement ne sont bien s r pas touch es par ces enqu tes sont davantage susceptibles d tre dans une situation difficile et de ne pas disposer d un t l phone en tat de marche le contexte national intervient certaine ment plus ou moins grande mobilit des travailleurs par exemple enfin beaucoup des enqu tes r alis es aux tats unis ou en Europe par les m mes quipes l ont t sur des chantillons tr s faibles ne permettant pas une bonne pr cision des r sultats Moyennant ces r serves il ne para t pas impossible d ajouter de telles questions une enqu te aupr s des m nages disposant d un logement il semblerait toutefois que dans le cas fran ais peu de personnes soient concern es du moins par la situation la plus extr me tre la rue Remarques en guise de conclusion g n rale Les interrogations r trospectives telles qu elles sont d crites dans la derni re partie de ce rapport ont un int r t pour montrer l impact d un ph nom ne dans l ensemble de la population tout en tenant compte de la dur e c est dire en rempla ant la question quelle proportion de personnes est sans domici
118. s de cette m connaissance de soi Leur souffrance provient aussi de la frustration d tre incompris D s lors ce malaise devient une composante de leurs difficult s qui se surajoute aux difficult s propres d ajustement de soi au monde social La productivit du travail les conditions de production des ressources Les comportements des sujets dans la r alisation de ce travail des liens et des lieux paraissent antagonistes avec le besoin qui semble l vidence le plus urgent de satisfaire aux yeux de la plupart de ceux qui interviennent au cours de leur itin raire pour tenter de les aider s ins rer l obtention de ressources mat rielles durables destin es garantir leur survie physique et assurer leur stabilisation spatiale par acc s un logement autonome Il ne s agit pas ici du conflit tr s fr quent relatif aux mani res de r aliser cet objectif travail licite versus travail illicite C est pourquoi les compor tements des sujets sont fr quemment consid r s comme irrationnels il y a ici un conflit d interpr tation de l urgence de la priorit du besoin satisfaire L analyse des r cits a permis entre autres choses de d gager la coh rence des compor tements Les sujets r fl chissent beaucoup sur eux m mes Cette r flexion contribue une prise de conscience de la priorit de leurs besoins Dans bien des cas leur lucidit est remar
119. s de liens mais aussi le d couragement l apathie et la d gradation de la sant psychologique de ceux qui en font l exp rience 49 e Universit catholique de Louvain la Neuve Unit d anthropologie et de sociologie Bernard Francq Les sans abri entre galit et diff rence action collective et exp riences innovantes Qu est ce qui a chang depuis 1995 et la honte des pauvres C est la question laquelle nous avons essay de r pondre travers une recherche dont l objectif tait partir de la rencontre de diff rents projets novateurs d velopp s sur le terrain d valuer les conditions de la participation des personnes concern es de l impact effectif des processus de concertation et de l existence ou non d espaces temps d exp rimentation pour le d veloppement de pratiques innovantes Il est aussi de rep rer les difficult s et les tensions qui traversent ces processus Pour ce faire une attention particuli re est port e aux actions collectives qui se sont d velopp es depuis 1990 dans la foul e des mobilisations du Ch teau de la Solitude et de la Croisade des sans abri pour l obtention du minimex de rue La m thodologie Le choix des op rateurs ou des initiatives a t dict par le caract re relativement innovant de la d marche initi e des projets d velopp s de la p dagogie ou des modes d action mis en uvre permettant de donner une d finition op rat
120. s exclusions D s lors qu une partie importante de la population n a plus un acc s gal aux autres devant le droit commun quelles r gulations sont instaur es au nom de l int r t g n ral Les probl matiques SDF sont l occasion de s interroger plus fondamentalement sur les bases de l intervention de la puissance 10 publique tat et collectivit s territoriales et sur l volution des politiques publiques Comment l action publique peut elle construire une vision commune de la soci t Est elle en mesure comme le pr conise le Centre National des Nations Unies pour les tablissements Humains de changer le regard des institutions sur les pauvres et les exclus les consid rant comme des acteurs part enti re et pouvant d velopper des pratiques et des savoirs particuliers En quoi l existence de SDF manifeste des dysfonctionnements dans les r ponses collectives aux besoins de l ensemble de la population et ses attentes vis vis des services publics L inflation normative et r glementaire et l accumulation des proc dures et des dispositifs ne viennent pas bout des situations d exclusion Une des priorit s de l intervention publique peut tre d inviter les acteurs construire des d marches en partant de l exp rience des savoir faire et des attentes des personnes On pourrait d s lors s interroger sur la fa on dont l tat mobilise l ensemble des acteurs publics et
121. s formes constitutives de l hospitalit Nous avons eu recours dans cette tentative exploratoire deux textes qui nous ont paru riches de rep res et d indications Ce sont un texte de la Gen se qui raconte partir d un mythe bien connu celui de Jacob et d sa la relation des nomades et des s dentaires Et un des Trois contes de Flaubert la l gende de Saint Julien l hospitalier Dans ces deux textes la fois convergents et compl mentaires nous avons trouv les rites et les r gles qui d finissent l hospitalit Deux cat gories de populations vivant selon des r gles diff rentes et s accordant sur une modalit relationnelle comme le s dentaire poss de et h rite tandis que le nomade r clame l hospitalit comme un d et passe son chemin Si nous n avons pas cherch calquer ce mod le sur nos observations des SDF ces derni res nous ont confort sur le constat que cette figure tait bien illustrative de la relation des SDF aux habitants ordinaires de la ville Tournant alors notre regard vers les ma tres de la ville et de l habitat nous avons cherch retrouver dans leurs choix leurs gestes et leur fa on d agir l gard des SDF quelque chose qui ressemble de l hospitalit Nous avons trouv alors un foisonnement d initiatives souvent g n reuse parfois efficaces mais aussi brouillonnes pleines d approxi mations et de contradictions initiatives o nous remarquions des fa ons d a
122. s la coop ration Elles permettent aussi gr ce leur succ s de faire reconna tre des populations inaper ues ou occult es ou stigmatis es au point d tre uniquement visibles par leur stigmate et de l gitimer des formes d espace et d action que les institutions trouvent inacceptables faute d tre pr vues dans l univers juridique Elles montrent galement la n cessit d une reconnaissance valorisante aussi bien par les autorit s que par la soci t civile La fonction de passeur ne s puise pas dans l exercice individuel d une fonction d accueil Elle se construit dans des dynamiques collectives inscrites dans la dur e et marqu es par des cycles qui donnent corps aux politiques publiques s adressant aux personnes sans domicile Leur action ne vise pas l animal laborans tre d di la reproduction de ses conditions d existence biologique mais s adresse plut t des tres auxquels elles reconnaissent une capacit agir prendre la parole et participer non pas au d but de quelque chose mais de quelqu un qui est lui m me un novateur Arendt La red finition des relations entre individu et collectif ne se limite pas aux relations qui se nouent sur les lieux de squat d activit cr ative ou d habitat La fonction de passeur comporte une seconde dimension qui lie ces acteurs professionnels ou b n voles aux r seaux locaux ainsi qu aux institutions publiques dans un proces
123. si sur la perception et la d couverte du monde Mais elle peut concerner la socialisation secondaire par la prise de conscience de l individu sur l influence sociale subie durant l enfance Cette pr carit peut g n rer deux attitudes chez les jeunes une attitude de retrait de leur propre histoire se manifestant par un certain fatalisme ou au contraire une grande r activit dans la gestion de la survie changements de lieux recherche de ressources 2 Dans le champ produit par le fonctionne ment social l errance se caract rise par des positions diff rentes selon le capital social l histoire de vie est une m thode d approche qui permet d aborder les modalit s de la socialisation partir de la construction de la personnalit sociale Le capital social se constitue dans des circonstances particuli res qui d finissent les potentialit s les moyens et les opportunit s qui s offrent l individu Il ne fonctionne pas seulement comme un donn mais comme un produit social ce titre le retrait comme la r activit qui sont les deux attitudes types de l errance provoquent des situations d affaiblissement ou de remise en cause de ce capital relationnel Les exp riences ne se transforment pas en savoir capitalisable ou en processus mobilisable pour l action Socialisation et capital social interviennent dans l entr e comme dans la sortie de l errance 3 La rupture avec la famille et avec les institut
124. sources Ils vont alors poursuivre leur vie en consacrant une grande part de leurs efforts g rer ce nouveau capital de ressources de mani re en retirer le meilleur profit Mais dans la plupart des cas la p riode d incertitude ou de pr carit r sidentielle est longue La quatri me et dernier type regroupe les sujets dont le tr s long travail de gestion des lieux et des liens est le plus handicapant et le moins porteur de fruits apparents Leurs liens durablement marqu s par la violence l exploitation ils ne parviennent pas ou tr s difficilement les ma triser Cependant comme dans le cas pr c dent certains apprennent utiliser opportun ment certains l ments constitutifs de leur itin raire parviennent en ma triser la dynamique handicapante Mais la plupart sont dans l incapacit de r aliser les t ches concr tes indispensables leur entr e 30 dans la vie adulte D nu s des ressources institutionnelles qui leur permettent de subsister les plus affaiblis sont en passe de devenir de vrais SDF Un nouveau lieu de nouveaux liens la dynamique de la vie collective La collectivit du foyer d h bergement est une source de liens nouveaux La seconde partie du rapport repr sente l analyse les diff rentes formes de la vie communautaire fluctuant selon les diverses mani res individuelles d exploitation de ce nouveau capital de liens selon les particul
125. sources 62 de l chantillon la perte du logement 54 8 la perte de l emploi 52 6 et la rupture du couple 52 5 L ordre est diff rent selon les hommes et les femmes Si la chute des ressources est pour les deux sexes la difficult la plus rencontr e les femmes sont plus nombreuses citer la rupture du couple que les hommes 58 7 contre 48 3 Les hommes en revanche sont plus nombreux citer la perte de l emploi 59 6 contre 42 2 Le rapport aux institutions Les diff rents services qui interviennent dans le domaine de l action sociale s adressent en r alit des publics vari s On peut parler ainsi d un partage institutionnel de la pauvret M me dans le secteur de l h bergement les services offerts dans une ville se distinguent souvent les uns des autres par le type de prise en charge et par cons quent le type de client le Nos r sultats indiquent que trois services en particulier en l occurrence celui de l accueil de jour celui de l aide en mati re de justice et celui de l acc s aux droits sociaux prennent proportionnellement davantage en charge des personnes qui cumulent un nombre lev de difficult s aussi bien dans la jeunesse qu l ge adulte La confiance dans les institutions Dans notre chantillon 66 5 font confiance aux associations d aide aux personnes en difficult 64 la famille et 63 aux travailleurs sociaux Le score pour l ANPE e
126. st d finitive ment fix leurs capacit s d volution sont consid rables Si certains ont v cu de nombreuses ann es les exp riences de la gal re s y sont socialis s en se constituant une personnalit caract ris tique duret comportementale face la loi de la jungle au sein d un univers h riss d obstacles constitution d un r seau de solidarit de pairs jalonn d embrouilles et de trafics la plupart se trouvent en situation d incertitude sp cifique si l on peut oser une telle mani re de d crire cette situation instable lls ont une perspective du monde social bien particuli re Ce qu ils en voient ils sont les seuls le discerner clairement du fait de leur position sp cifique et du point de vue qu elle permet Ce point de vue constitue une partie de leur richesse propre Ils y acqui rent ainsi par 26 exp rience empirique de leur propre vie un capital constitu de l int riorisation progressive des acquis des exp riences qui jalonnent leurs itin raires Et c est ainsi qu ils peuvent tre en mesure de r aliser des compromis toujours fragiles et selon chacun des domaines de la vie mat rielle affective et sociale dans l objectif d accorder au mieux les deux facettes de leur personnalit l une tant tir e en direction de l esp ce dont ils sont tout proches l autre tant tir e par des forces antagonistes et par la
127. st plus faible puisque moins de 40 des personnes interrog es lui font confiance Enfin on notera que 29 seulement font confiance aux syndicats et 15 3 aux hommes politiques On peut donc conclure que globalement la population enqu t e semble avoir tr s faiblement convaincue de la possibilit d am liorer leur situation par l interm diaire des acteurs traditionnels syndicaux et politiques des luttes sociales On peut parler d un processus de d sillusion politique La confiance dans les institutions d cro t fortement et de fa on significative en fonction du nombre de difficult s rencontr es dans la jeunesse Ce constat vaut pour toutes institutions sauf pour les journaux de rue Il faut en conclure que les attitudes l gard des institutions d pendent non seulement des probl mes auxquels les populations sont confront es lorsqu elles s adressent ces institutions mais aussi des modes de socialisation depuis la jeunesse et des ruptures intervenues dans les apprentissages sociaux Lorsque le lien de filiation et le lien d int gration sont rompus ou fragilis s depuis l enfance il existe donc une forte probabilit que le lien de citoyennet fond sur la participation au moins l mentaire aux institutions qui refl tent la vie collective d une nation soit galement rompu ou la limite de l tre Ainsi le processus de disqualification sociale caract rise la rupture progressive de ces trois grands type
128. sus complexe dont r sulte une partie des r ponses publiques en direction des gens de la rue dans ce sens on peut parler de coproduction des r ponses publiques e Observatoire Sociologique du changement FNSP CNRS UMR 7049 Serge Paugam et Mireille Cl men on D tresse et ruptures sociales Enqu te aupr s des populations s adressant aux services d accueil d h bergement et d insertion L enqu te OSC Fnars aupr s des personnes s adressant aux services d accueil d h bergement et d insertion sur laquelle se fonde ce rapport est intitul e Personnes en d tresse Nous entendons par cette expression les personnes qui ont rompu ou qui sont susceptibles de rompre les liens qui les rattachent aux autres et la soci t dans son ensemble Si la d tresse renvoie toujours une souffrance individuelle autant physiologique que psychologique nous avons fait l hypoth se qu elle a des causes sociales qu il faut tudier en tant que telles Les personnes aid es par les nombreuses structures notamment associatives qui interviennent dans le domaine de l urgence et de l insertion sont nombreuses avoir connu des ruptures soit au cours de l enfance soit l ge adulte Les acteurs qui uvrent dans ces structures le soulignent couramment et se sentent souvent d sarm s face ces probl mes tant ils semblent complexes voire parfois irr m diables Parler de ruptures implique de conna tre les liens fondamenta
129. syst mes d acteurs locaux observ s le sens et les modalit s d une action publique destination des populations SDF Pour rendre compte de la sp cificit de cette politique et des transformations qui l affectent cette tude s appuie sur l analyse comparative de trois configura tions locales distinctes Grenoble Lyon et Orl ans Il s agit plus pr cis ment d identifier les acteurs privil gi s de cette politique positions statuts origines professionnelles etc les repr sentations 23 dominantes de la probl matique SDF et des r ponses lui apporter qui sous tendent les interventions associatives et institutionnelles et enfin les modalit s selon lesquelles les acteurs organisent leur co existence et parfois leur coordination Nous avons dans un premier temps pu mettre en lumi re un trait essentiel savoir que la gestion publique des populations les plus d favoris es se construit encore essentiellement pour des raisons historiques et institutionnelles au niveau local et plus sp cifiquement au niveau communal et intercommunal De sorte que de fortes disparit s sont rep rables sur le territoire fran ais et que le seul point commun nos trois terrains qui s impose imm diatement l observateur s av re tre l implication massive du secteur associatif sur cette question Lyon comme Orl ans et comme Grenoble les associations constituent en effet le fer de lance de l
130. t ris es comme SDF et sp cialement les l ments concourant la sortie de l exclusion e La troisi me rel ve de l valuation des interventions de prise en charge ainsi que de la mise en perspective des politiques publiques au regard des attentes des gens et des principes fondamentaux du droit repris dans la Constitution Notions et cat gories aspects s mantiques et juridiques Les situations et les repr sentations auxquelles renvoient les notions en usage Sur la base de leurs observations et des descriptions existantes sur la diversit des situations les chercheurs sont invit s s interroger sur le fondement des termes utilis s et leur usage dans les diff rents milieux celui de la rue celui des m dias celui des institutions comment les cat gories sont sous tendues par des repr sentations int rioris es par les gens eux m mes exprim es par diff rents acteurs proches ou lointains Les termes et les repr sentations voluent au fil de l histoire et selon les contextes Quelle est la part normative dans la repr sentation du SDF et quels rapprochements peut on faire entre cette derni re et celles qu voquent d autres modes de vie comme les colporteurs les gens du voyage les forains les tziganes les mariniers mais aussi d autres appellations comme pauvres exclus vagabonds ou clochards La r flexion pourra s appuyer sur d autres contextes europ ens ou plus lointains
131. t Orl ans sseeeseeeeeeeen 23 e GRS CNRS Universit Lyon 2 Michel Giraud Le jeune SDF et son double ou les ressources des sans ressources Biographies de jeunes en situation de d pannage r sidentiel 25 IDACTE Interstices Marc Hatzfeld avec H l ne Hatzfeld et Nadja Ringart Habitat des SDF et hospitalit urbaine nsssessnneneneeeeeerrrnenrnneetennnnnsterrtrnrrn nenen 32 INED et Universit d Amsterdam Jean Marie Firdion avec la collaboration de Henk de Feijter Les personnes sans domicile et leur repr sentation statistiques et cat gories de l action sociale une comparaison Paris Amsterdam 33 e INED Maryse Marpsat responsable Pascal Arduin Isabelle Fr chon r dacteurs Aspects dynamiques de la situation des personnes sans domicile 35 e LAMES Universit de Provence Responsable scientifique Jean Samuel Bordreuil avec Florence Bouillon Gilles Suzanne et Marine Vassort Les formes urbaines de l errance lieux circuits et parcours 39 e LAPSAC Universit Bordeaux 2 Responsable scientifique Didier Lapeyronnie avec C cile P chu et Muriel Villeneuve Les SDF entre l exp rience et l action action collective et r insertion sociale 42 LASAR laboratoire d analyse socio anthropologique du risque D partement de sociologie Universit de Caen Fabrice Li gard La population d
132. t la question de l identit comme un probl me la double n gation grammaticale pouvait elle en tout tat de cause op rer une positivit retrouv e En quoi l identit ainsi formul e s inscrivait elle au point d articulation de cette double n gation autrement dit dans la reconnaissance dune premi re qualification v cue le plus souvent sous le registre de la disqualification avoir t SDF et d une deuxi me r sultant de la premi re ne plus l tre Interroger la signification d une position sociale au regard d une position ant rieurement occup e c est ainsi que la perspective choisie offrait une premi re d finition de la population tudier partir d une identit d finie par un pass biographique d terminant l identit occup e aujourd hui Sur fond de discontinuit s biographiques le changement avait donc op r un nouvel agencement des r les et des engagements dans des cadres sociaux jusque l inexplor s Ainsi et eu gard ces red finitions identitaires comment les individus avaient ils recompos le monde social Voil comment tout en cadrant la population concern e par l enqu te cette question initiale a servi de guide la compr hension sociologique La probl matisation de la sortie carri re et reconversion Du fait m me de l usage ordinaire de l expression s en sortir par les int ress s eux m mes il s agissait de prendre au s rieux le terme m me d
133. t obstacle opposition puisqu elle ouvre la n gociation des points de vue et la prise de position que n cessite toute action Elle ne fait pas unit mais construit l alt rit par le travail de la reconnaissance Si les vell it s d action pour s en sortir sont accept es c est parce que l se tient le dialogue Sans doute faut il qu elle arrive au moment propice o les vicissitudes de la rue augmentent le risque de voir s loigner les chances ou les raisons de s en sortir L o les SDF parlent du d clic pour expliquer le basculement d une vell it une volont nous l avons analys comme un ensemble de faits parfois t nus qui lient l entr e dans la carri re la sortie de la carri re autant dire que la rencontre est un travail o se nouent et se d nouent des attaches biographiques qui invitent la personne SDF r interpr ter son pass Les v nements du pass qui avaient t jusqu alors cart s du souvenir sont reconsid r s partir d un changement de position o le SDF narrateur se dit aussi auteur et responsable Travail ou processus de la reprise en main des actions du pass Ne se fait pas seulement jour ici une identit narrative Ricoeur 1985 constitutive de l identit sociale mais se dessine une trame du projet o le soi se construit par des actes ayant entre eux une continuit intentionnelle et motivationnelle Proust 1996 p 162 La conqu te de soi ce sera
134. tabilisation sociale pour analyser les caract ristiques des modalit s de socialisation n cessaires au maintien de lavenir et pr sents en d autres circonstances de la vie et dans la carri re m me Le terme de sortie doit ainsi tre pens au c ur du processus c est dire non seulement comme la fin d une carri re mais dans le vis vis entre moments critiques et tapes significatives de recomposition biographique c est ce que nous appelons le travail de la reconversion Le terme de reconversion nous para t ad quat pour sp cifier cette r organisation biographique Il tient ensemble la permanence de soi et les discontinuit s 17 biographiques Poursuivant l emprunt la sociologie du travail la reconversion advient lorsqu un nombre de conditions suffisantes mat rielles relationnelles affectives et symboliques sont r unies et ouvrent la voie la sortie Non sans risque et crainte de ne pas y parvenir Le sentiment subjectif de la fragilit du point d arriv e en tre sorti met en vidence la tension le retour une vie normale et l investissement des normes sociales reconsid r es l horizon d un avenir qui se dessine et les voies possibles permettant de r organiser sa vie ce que nous avons nomm des articulateurs qui permettent de transformer des contraintes en ressources pour l action par exemple les dispositifs d aide Dans tous les r cits recueillis la reconversion est d
135. tenu la deuxi me piste de recherche de l appel d offre Les SDF repr sentations trajectoires et politiques publiques tout en nous cartant d une investigation en termes de sortie du processus d exclusion En effet cette approche aurait demand mettre au c ur de l analyse l lucidation de crit res objectifs ou d l ments structurels mesurant une r int gration dans la zone de stabilit Castel 1995 De notre point de vue la sortie tout en indiquant le passage d une situation une autre exprime plus radicalement le changement de monde et conduit rompre avec la vision verticale et lin aire du processus d exclusion traduite dans les repr sentations communes par la chute et l l vation Par ailleurs nous avons infl chi l investigation propos e en termes de trajectoires v cues nous loignant ainsi d une th orisation de l organisation du monde social saisie du point de vue de la mobilit sociale Le terme de trajectoire sugg re qu une s rie donn e de positions successives mest pas le simple fait du hasard mais s encha ne au contraire selon un ordre intelligible Parler de trajectoires ne pr juge donc pas du degr de ma trise que les personnes exercent sur leur propre mobilit C est plus largement faire l hypoth se que les mobilit s ont n anmoins un sens autrement dit qu on peut non seulement les d crire mais en rendre raison
136. tien de soi et qui ouvrent le proc s de l adaptation la survie Comprendre la sortie d une carri re de survie revient donc reconsid rer cette derni re eu gard aux valeurs et comp tences qu elle a permis de d velopper Nous avons plac au c ur de notre analyse la sp cificit d une p riode de la vie o de nouvelles formes de socialisation se sont d velopp es au sein de deux milieux principaux la rue et l assistance consacrant la pr carisation des liens sociaux ordinaires C est pourquoi nous insistons sur l id e du mouvement de l instabilit du changement non pas pour expliquer le passage d un dedans un dehors mais pour examiner le processus de socialisation d socialisation qui a pr sid l entr e dans une carri re de survie et qui conduira sa sortie En nous attachant ce processus nous l indexons aux v nements marquants et d stabilisant de la vie le placement familial la s paration conjugale le licenciement l incarc ration etc qui sont convoqu s par les int ress s pour justifier de leur parcours Pour notre part nous avons pr t attention la synchronie des deux temps du processus Pour expliciter celui ci et de la m me mani re que la crise identitaire permet de saisir les l ments psychiques et sociaux qui composent l identit de tout un chacun Erikson 1972 Pollack 1990 nous avons rep r les moments critiques Strauss 1992 qui engendrent la d s
137. tingu le concept de ses voisins que sont le domicile et le logement et nous avons saisi la dimension la plus exigeante de l habiter Sur cette dimension haute du concept nous avons confront la th orie et l observation La th orie nous est venue d un court texte de Heidegger intitul B tir habiter penser qui situe habiter dans une dimension ontologique et en explore m me la dimension m taphysique Les observations du terrain nous ont confort dans l id e qu habiter est pour les hommes une n cessit forte Le terrain nous a renvoy en effet de la part de personnes sans domicile des gestes des attitudes des discours qui portaient en eux non pas seulement l urgence de trouver un toit pour le soir ou un logement stable mais l imp rieuse n cessit d habiter et d tre reconnus dans cette urgence Dans la d termination des SDF habiter la ville enti re et ses lieux les plus marqu s d humanit nous avons reconnu une recherche de partage et d appropriation de la dimension symbolique de la ville Dans certaines mani res de faire et de dire nous avons per u l intention souterraine d habiter m me jusqu la conscience des habitants ordinaires Cherchant caract riser la relation sp cifique qui portant sur l habitat confronte ceux qui disposent de l habitat et ceux qui en sont priv s nous avons d couvert l hospitalit II nous est alors apparu n cessaire d explorer plus profond ment le sens et le
138. tours permanents des recherches de niches provisoires chez des amis dans les institutions dans les squats qui ne sont pas vraiment des ruptures d finitives Les institutions parlent alors de l ambivalence des femmes qui n arrivent toujours pas malgr la prise de distance qui est d j un premier arbitrage trancher d finitivement et finalement s installer quelque part D une certaine mani re la flottaison relationnelle soutient l existence de sans domicile fixe La discr tion est une autre caract ristique de l errance f minine Cette occultation de l errance est principalement justifi e par la crainte du discr dit qu une telle r v lation pourrait entra ner L affi chage public de l chec c est d voiler son incapacit tenir le seul r le par lequel on peut tre encore reconnu celui d pouse de m re ou de fille C est la peur d une dis qualification suppl mentaire qui emp che plusieurs des femmes rencontr es dans le cadre de ce travail de parler ou d exhiber leur d nuement aussi bien devant des proches que devant des inconnus C est donc dans le silence que s enferment les femmes afin de ne pas avoir franchir un pas suppl mentaire dans la d ch ance et perdre alors leur identit de femme Cette discr tion s impose d autant plus que dans l errance le milieu est tr s majoritairement masculin et que les femmes ne se rassemblent pas entre elles
139. u s de ressources sont ici dot s d un capital cons quent Les enqu teurs ont souvent t frapp s de l intelligence de leurs interlocuteurs en m me temps que du peu de profit apparent que la plupart avaient jusque l tir de leur intense travail intellectuel Pourtant dans la plupart des cas les connaissances transmises par voie interg n rationnelle ou par acquisition scolaire sont fort r duites Ce ne sont pas des h ritiers ou plut t leur h ritage non seulement ils ne peuvent vivre en repos sur des rentes qu il est incapable de fournir mais ils sont contraints de le travailler c est dire de d penser leur nergie le g rer pour en tirer ventuellement un profit incertain et lointain Des h ritiers d un singulier capital n cessitant un travail permanent Les sujets de l enqu te ne sont pas diss min s de mani re al atoire Sauf quelques exceptions rarissimes ils se situent dans les cat gories les strates les plus basses du monde social Presque tous sont d origine ouvri re une norme majorit sont des Fran ais dont l origine trang re est toute proche Et pas n importe quelle origine ce sont avant tout des sujets d origine nord africaine Dans l immense majorit des cas les sujets leur naissance re oivent en h ritage un capital de liens probl ma tiques Car les parents sont g n ralement dans des situations telles que souve
140. u auto d sign es comme SDF Il s agissait par l de d finir en quoi ces ensembles ou groupes sociaux sont ou non constitu s ou amen s se constituer en tant que publics d un lieu d une structure d une action Nous avons particuli rement cherch pr ciser ainsi les conditions d mergence de figures publiques de SDF les conditions par lesquelles peuvent s tablir des passerelles permettant aux SDF ou au fait SDF de s inscrire dans le domaine public Sur le plan m thodologique trois volets nous ont paru int ressants d velopper Le premier a cherch explorer les r seaux constitu s en interrogeant les interactions v cues entre acteurs pr ciser les topographies des syst mes de relations Sur la base d entretiens enregistr s et retranscrits doubl s dans certains cas d un recueil d information de type observation participante parfois aussi d une documentation crite nous nous sommes attach s pr ciser les postures et mod les d intervention des diff rents acteurs Un deuxi me volet a cherch susciter des discours contenu biographique et ou historique portant sur les interventions actions et formes diverses de mises en proc dures aupr s des divers intervenants Enfin pendant les deux ann es sur lesquelles la recherche s est d roul e nous nous sommes appliqu s suivre les interventions en cours en questionner les avanc es et les faits marquants a
141. u moment de leur mergence Un premier ensemble de lieu a concern la ville de Toulouse L histoire de la naissance d un lieu d accueil d urgence bas seuil d exigence jusqu sa transformation en Centre d H bergement et de R insertion Sociale a r v l la construction d une cat gorie nouvelle celle de r sidents notoires qui reconna t comme habitant de la ville des sans domicile s dentaires L implication des sans abri est plus vidente dans la formule Habitat Diff rent pour laquelle les pouvoirs publics acceptent de soutenir des militants SDF dans leur projet de maisonn e semi communautaire qui articule habitat et activit s de loisirs et culture Les squarts squats d artistes ont t tudi s dans leur h t rog n it de la r ussite de Myrys Mix Art accomplissant un long travail de l gitimation aupr s des pouvoirs publics en s parant habitat et ateliers des squarts plus ph m res ou la question de la mobilit garde un r le important La sp cificit de ces lieux c est qu ils se situent dans un univers du travail dans lequel l artiste ne peut tre d fini sur le mode n gatif La communaut d Emma s pr sente un mod le qui associe l habiter et le travail dans une entreprise communautaire qui volue entre ouverture et protection en gardant aussi un fort investissement dans l action militante et solidaire aupr s de l ensemble du ph nom ne SDF Dans le r
142. ublic fiches tablies par les quipes de maraudes par exemple atteindre les sans domicile les plus l cart des services par ce type de m thode para t galement difficile Dans les deux cas des personnes peuvent sortir de l enqu te sans qu on sache trop pour quelle raison 38 am lioration de la situation qui fait viter l enqu teur ou conduit ne pas se repr senter dans un centre d h bergement passage en prison d c s changement de r gion qui peuvent rendre la personne difficile retrouver dans le cas d une enqu te et la font sortir du champ observ dans le cas de l examen de fichiers r gionaux ce qui ne veut pas dire que la personne n est pas sans domicile ailleurs Enfin il semble que dans plusieurs cas le d lai entre le moment o l enqu te a eu lieu et la publication des premiers r sultats soit tr s long ce qui laisse penser que certaines difficult s se rencontrent dans l utilisation des donn es Dans l tat actuel des travaux en France l utilisation des fichiers a t test e en Lorraine en y consacrant des moyens plus consistants et en tenant compte des limites d j observ es ce type d approche pourrait tre r pliqu ailleurs du moins sur des agglom rations ou r gions o le ph nom ne reste de faible ampleur Toutefois il s agit de g rer un fichier assez lourd et il convient den peser soigneusement les avantages en termes de pilotage de l action
143. ue encadr e et prise en compte et la prise de conscience par le SDF mobilis de sa propre utilit sociale vis vis des autres sans logis vont lui permettre de renouer les fils de l appartenance sociale que l exp rience du sans logement avait pu briser N anmoins l aspect resocialisant de l action collective pr sente un certain nombre de limites Qu il s agisse de r apprendre se r approprier un espace ou de reconstruire un rapport au travail les s quelles d un long passage par l extr me pr carit sont parfois tenaces Le projet collectif n vitera pas toujours l abandon d un projet individuel de sortie et le retour la rue m me si celui ci ne se fait jamais dans les conditions de d part l exp rience de la solidarit un moment donn permet de toute fa on aux acteurs de retrouver une certaine confiance en leurs semblables Ce n est pas toujours le cas s agissant des institutions surtout lorsque comme Bordeaux celles ci se r approprient un projet qui se voulait autonome 43 e LASAR laboratoire d analyse socio anthropologique du risque D partement de sociologie Universit de Caen Fabrice Li gard La population des communaut s Emma s trajectoires et insertion communautaire Les communaut s Emma s sont la fois des lieux d accueil des lieux de vie et de travail et enfin des lieux o se d ploie une exigence de solidarit Cette solidarit est inscrite de di
144. ure m thodologique de travaux r alis s l INED Deux des recherches r cemment entreprises l INED ont abord la difficult de retrouver des personnes ayant connu ant rieurement une situation de logement pr caire Dans le premier cas o il s agissait de revoir dans un d lai relativement bref des personnes sans domicile vivant en foyer d urgence ou dans la rue la difficult provenait de la tr s grande pr carit de la situation des personnes Dans le deuxi me cas c tait le d lai coul entre le moment de l entr e de jeunes filles dans un foyer socio ducatif et celui o on cherchait les interroger parfois plusieurs ann es qui tait la source des difficult s Les moyens mis en uvre dans chaque cas sont un exemple de souplesse et d adaptation face au probl me pos et la population rencontr e On trouvera dans le rapport une relecture m thodologique de ces deux exp riences mettant en vidence les difficult s les m thodes employ es les hypoth ses que l on peut faire sur les personnes les plus difficiles retrouver En r sum de nombreuses strat gies ont t employ es pour retrouver les personnes concern es Si l observation de la fr quentation quotidienne des lieux n a pas de sens dans le cas de jeunes filles 35 sorties depuis longtemps d un foyer alors que c est un outil essentiel lorsqu il s agit de personnes vivant la rue l utilisation du r seau de connaiss
145. ux qui rattachent l individu la soci t et de pouvoir les classer Ces liens renvoient aux m canismes de la socialisation c est dire aux m canismes par lesquels l individu apprend se d finir lui m me en fonction des normes de la vie sociale et des attentes respectives de tous ceux avec il se trouve en relation On peut distinguer trois grands types de liens en r f rence auxquels il est possible de d finir des types pr cis de ruptures le lien de filiation le lien d int gration et le lien de citoyennet Le lien de filiation correspond au lien de l individu avec ce que les sociologues appellent la famille d orientation c est dire la famille qui contribue l ducation de l enfant celle qui lui permet de faire ses premiers apprentissages sociaux Le lien d int gration rel ve de la socialisation secondaire au cours de laquelle l individu entre en contact avec d autres individus qu il apprend conna tre dans le cadre de groupes divers et d institutions Le lien de citoyennet repose sur le principe de l appartenance une nation 47 Par cette appartenance la nation reconna t ses membres des droits et des devoirs et en fait des citoyens part enti re Nous avons tent de v rifier plusieurs hypoth ses dans cette recherche Les trois types de ruptures correspondent des preuves qui affectent profond ment l quilibre psychologique des hommes et des femmes qui en font l ex
146. vement passant d un tat social d mocratique un tat social actif permet de rep rer une premi re configuration o l orientation l action est domin e par l urgence sociale Ensuite nous nous interrogeons sur la r duction qui a associ la ville au ph nom ne de la pauvret Une deuxi me configuration y est rep rable travers un questionnement sur les liens entre citoyennet et conception de l espace Les sans abri y occupent une place tout fait singuli re ambivalente travers la notion d habitant de la rue en rapport avec le dilemme galit diff rence Enfin il s agit de rendre compte de la place qu occupe le logement et sa gestion entre les pouvoirs locaux r gionaux et le pouvoir f d ral Une troisi me configuration y est d celable dans les tensions entre efficacit et quit travers la massification de la pr carit et dans un couple qui associe accueil et vitement en mati re de prise en charge sociale et territoriale de ceux qui sont avec ou sans domicile Luttes La deuxi me partie du rapport est consacr e aux luttes partir d un relev exhaustif des actions qui ont marqu s la d cennie des ann es 90 croisade des sans abri pratiques diversifi es de squat d veloppement d un habitat pr caire dans les campings actions de lutte contre les expulsions nous avons cherch d gager la grammaire de l action collective qui s tait d velopp e pou
147. verses mani res dans un fonctionnement que nous nous sommes efforc s d analyser Gr ce leur exigence d autonomie financi re elles marquent une volont de rupture avec la logique de l assistanat La solidarit dont les communautaires sont capables est une contestation en acte du primat donn l int r t conomique sur le lien social et l accueil de l autre Si les communaut s apparaissent comme une solution pour ceux qui se sont retrouv s exclus de tous liens sociaux conventionnels leur analyse ne peut manquer de nourrir la r flexion de ceux qui ont en charge les politiques publiques concernant l aide aux personnes sans domicile fixe Au c ur de la vie communautaire le travail rendu possible pour tous ou presque rev t de multiples fonctions s articulant les unes aux autres fonction conomique fonction identitaire particuli rement L hypoth se qui a guid notre regard est celle de l existence d une correspondance troite entre l ethos des communaut s et les habitus du public accueilli issu essentiellement des milieux populaires sous prol taris s ou inscrits dans une trajectoire sociale d clinante La diversit des trajectoires individuelles observ es n annule donc pas une relative homog n it de l ensemble de la population r sidante population situ e entre l inadaptation sociale en raison de handicaps divers sociaux physiques psychologiques cognitifs et le seuil de la population issu

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