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1. copain les deux ultimes en prodiguant deux mais elles m mes en respective progression l une tant moins marqu e puisque faite d l ments semblables en chiasme son cousin et cro ton l autre tant plus marqu e puisque faite d l ments identiques en parall lisme un quidam et un quignon Sixi mement elle semble ajouter une autre mise en ordre celle sous l angle alphab tique des compl ments de cause b tard copain cro ton quignon Septi mement et c est l essentiel peut tre elle para t fournir un dispositif qui permet ce que l on a cru pouvoir nommer la superbe trouvaille perecquienne du b tard de prendre toute sa vigueur sous les esp ces d un complet renversement interpr tatif En effet dans un premier temps ce sont des personnes qui semblent concern es c est que d s lors qu il vient au commencement de la kyrielle le mot b tard moins imm diatement tir vers l alimentaire tend se voir pleinement lu d abord comme enfant ill gitime celui si l on veut qu aurait commis le gamin et cela porte saisir le mot copain ensuite comme un synonyme de camarade Puis dans un second temps ce sont des objets qui s av rent en cause c est que avec le surgissement de cro ton et de quignon toute la s rie ce qui ne laisse pas d accentuer semble t il la sensible
2. Apt e deux a m mement s par s par deux consonnes confirm e par un cho invers du nom un peu plus loin dans ce premier vers cabfrer enfin les rapports compos s que sugg rent au lecteur cons quent de tels dispositifs d s qu il les aper oit si son d but le premier vers exhibe ce que l on pr tend un avatar de Balzac alors le nom final H r dia peut galement par relais en quelque sorte tre associ oppos a l initial Apte cabfrer polarit des extr mes comme d ailleurs peuvent sur l autre diagonale tre associ s cette fois sur le mode articulatoire et disposition plus m diane l avatar anticip du nom de site me dans cab r e r hJue avec le nom du site Balzac J Face des r seaux de cet ordre le texticien et comment l appeler le mim ticien n ont pas exactement la m me attitude Le premier aura tendance construire ces rapports pour en valuer la pertinence relativement aux orientations qui d apr s sa discipline se partagent les crits la repr sentation ou la m tarepr sentation et leurs versions d fectueuses cacorepr sentation ou cacom tarepr sentation Le second moins sensible a ces aspects qu au syst me se borne a les enregistrer comme tous faits structurels capables de d finir le style mod le en vertu de leur r currence DANIEL BILOUS et ou de leur pertinen
3. d criture infiniment plus capricieuses Avec les trois premi res contraintes suivantes 1 quatrain 2 EE r gulier 3 d octosyllabes Mallarm obtient une sorte de nombre d or des proportions virtuellement satisfaisant car il r gle du m me coup l orientation de la figure Il nous faudra cependant creuser le probl me de la r gularit qui trouve chez lui une r solution particuli re 1 3 Des rimes Par commodit l on abordera ensemble leur genre et leur combinaison 1 1 est certaines structures potentielles que Mallarm refuse absolument la rime unique les rimes plates d autres pour lesquelles il montre une pr f rence marqu e comme les rimes crois es des deux genres Or l cart statistique entre les unes et les autres est assez net pour que se d gage une r gle Dans le graphe suivant les configurations th oriquement possibles sont suivies du nombre des items qui leur correspondent leur fr quence distingu e par des chiffres en gras les r f rences au corpus sont indiqu es en note 158 DANIEL BILOUS Nombre genre et combinaison des rimes 1 rime 1 genre plates plates embrass es al al al a2 a2 bl a3 bl b2 a4 b2 a2 Au plan qualitatif la tendance g n rale est l enrichissement maximal la rime est au moins suffisante ou riche et ce minimum s articule volontiers dans l autre couple avec une autre rime riche l onine ou mieux qu
4. supposer que tout texte est le S 7 d un texte ant rieur aujourd hui perdu Mais dans le cas de La Cimaise et la Fraction on entendrait toujours les contraintes prosodiques de La Fontaine pr serv es par la traduction S 7 avec en plus des effets s mantiques qui feraient maintenant partie int grante de l nonc L effet de la contrainte S 7 se serait dissous dans l effet plus large d un sonnet lu comme un texte non parasite Le programme potentiel de l Oulipo serait donc le plus parfaitement atteint pr cis ment dans des circonstances o la conscience de la contrainte serait perdue Tel Ph nix une nouvelle litt rature naitrait des cendres de ce qui l avait engendr De ce point de vue Ren Maril Alb r s aurait t le premier laur at de la lecture post oulipienne En 1969 Alb r s a lu La Disparition de Georges Perec comme un texte et non pas comme un exercice On a tant ri de l ignorance de ce critique qu il est temps de r habiliter sa lecture du roman lipogrammatique D autres le liront de la m me mani re peut tre lorsque 1 Oulipo et la litt rature du XXe si cle ayant t oubli depuis des si cles un arch ologue d couvrira sur une disquette pr historique le texte de La Disparition et arrivera tel un nouveau Champollion le d crypter Or quel effet un lipogramme en e peut il avoir en l absence de toute reconnaissance du proc d qui l aengendr Certains effets et des effets
5. C est vers la fin tradition d s le d but ren ver s e Ce bouleversement g n ral parait d ailleurs se traduire dans une confusion au stade de linstance de narration le narrateur du r cit premier est h t rodi g tique il effectue son r cit au pass et l entrecoupe de commentaires personnels ou g n raux la mani re de certains crivains du XVII et XVIII si cle En revanche le r cit en surimpression est pris en charge par un narrateur homodi g tique collectif et anonyme et il se fait au pr sent En somme donc le texte organise et exige une double lecture Notes R Queneau Pri re d ins rer de Gueule de Pierre cit par Claude Simonnet dans Queneau d chiffr Slatkine Paris 1962 p 13 Le jeu avec des plumes Le Sauvage n 60 d cembre 1978 p 17 Cf aussi Le sens final je ne sais pas ce que c est Mais je sais que ce qui est produit par l accumulation des lettres des mots des phrases c est une fiction C est dire un jeu qui se fait entre deux personnes entre un crivain homme de lettres et un lecteur Le seul propos de celui qui crit finalement c est que quelqu un va le lire et aller jusqu au bout Sinon c est rat G Perec cit par Jean Royer dans Le Devoir 2 juin 1979 Repris dans Ecrivains contemporains Entretiens 1 1976 1979 Editions de l Hexagone Paris 1982 p 137 Dans Qui a peur d Ed Garpo
6. EUVRES Les autres dits libres sont les l ments de discours suppl mentaires que requiert l laboration du quatrain A une exception relative pr s les rimes n affectent jamais en totalit des l ments libres Les motifs de cette r gle n gative sont faciles saisir La contrainte n est pas dans le fait qu un po me de quatre vers s incorpore une adresse quelconque mais bien qu il parvienne en int grer les donn es l endroit sp cial des sections rimantes Ainsi la rime devient elle le lieu d une transmutation sans cesser d tre impos par l adresse d termination discursive l l ment son tour impose son corr l t une r gle la consonance homophonique d termination po tique Combien de ces l ments les rimes frappent elles en moyenne Les possibles vont de un quatre Imaginer que toutes les places al bl a2 b2 puissent tre investies revient supposer des l ments qui riment deux deux On aurait affaire une mani re de ready mode postal dont ce travail de Baudelaire lointain avant coureur des Loisirs de la poste demeure l exemple le plus net Monsieur Auguste Malassis Rue de Merc lis Num ro trente cing bis Dans le faubourg d Jxelles Bruxelles Pareille coincidence est de toutes fa ons rarissime elle ne se rencontre jamais dans le corpus et tout se passe comme si le po te faisait de n cessit vertu ni quatre ni t
7. La r gulante des fils sur la queue de la cape carpe Litt ralement Le battement des mains vers le rapace de la meurtri re blanche Les coups de la paume vers le vol de la mine blanche La ptel del rubio bajo la punta de Rayo Verde raya verde litt ralement la peau du rouget blond sous la pointe du Rayon Vert de la raie verte qui est s mantiquement tr s proche de Ponginal On se reportera notamment aux travaux d Antoine Berman Itamar Even Zohar Gideon Toury et Jos Lambert 12 Raymond Roussel crit mal Son style est terne et neutre Lorsqu il sort de l ordre du constat c est dire de la platitude avou e le domaine du il y a et du se trouve plac une certaine distance c est toujours pour tomber dans l image banale dans la m taphore la plus rebattue sortie elle aussi de quelque arsenal des conventions litt raires une prose qui passe du ronronnement b ta de laborieux enchev trements cacophoniques des vers o il faut compter sur ses doigts HERMES SALCEDA pour s apercevoir que les alexandrins ont douze pieds Nous voici donc en pr sence de l envers parfait de ce qu il est convenu d appeler un bon crivain Raymond Roussel n a rien dire et il le dit mal Alain Robbe Grillet Pour un nouveau Roman Paris Minuit 1961 p 71 Pour une analyse plus d taill e du style de Roussel on se reportera Hermes Salceda Le style Roussel La revue
8. Qu en est il pr sent de tous les 6 un en oui l exquis Libre au lecteur h tif de n y voir que chevilles tant ils paraissent d infimes retouches ad hoc de l initial tat Il saute aux yeux que ces appoints et substituts n ont pas tous la fonction brute de remplir le format ou plut t qu ils n assurent cette fonction qu en am liorant le mallarm isme de l ensemble Ainsi dans Par le tram un coche ou en le bac par exemple ils longuent effectivement un deuxi me octosyllabe trop court mais ce n est pas sans provoquer au moins un autre contrecoup formel Il est clair qu en plus d tirer ce vers l ajout si infime soit il du signe espace compl te une structure globale le croisement puisqu il r pond au point final et fait du m me coup saillir aux vers 1 et 3 une absence de ponctuation Puis sous l angle graphique l air de famille entre ce et le h de Rodenbach deux graph mes qui d passent est de nature parfaire la rime pour l ceil Peut on aller plus loin dans cet enrichissement rimique La retouche en bac compar e l tat initial en apporte un par l association plus troite avec Rodenbach Mais tout l art est de savoir renoncer aux mallarm ismes lorsque ceux ci se payent trop cher du c t sons il faudrait pouvoir consentir au hiatus ou en exc s totalement tranger
9. collectiviste p 26 Le Renga de 1969 prouve aussi comme l ont d j prouv les autres travaux oulipiens sur le sonnet la flexibilit le jeu de la forme sonnet Voici ce qu en dit Roubaud sur le sonnet dans sa th se d tat Il est en fait impossible de trouver un trait ou un ensemble de traits de la forme sonnet dont on puisse dire avec certitude tous les sonnets et seuls les sonnets le pr sentent Et on ne peut m me pas atteindre une telle fixit sans restreindre abusivement le champ du sonnet universel et sans appauvrir dangereusement la d finition de la forme Et ce n est pas seulement le changement d poque ou de langue qui am ne une telle variabilit formelle Le trait de variabilit est un myst re formel de premi re grandeur p 15 209 210 ANALYSES D EUVRES La fixit comme dit Roubaud du sonnet est un exemple par excellence de la transparence de la relation entre culture et individu Si cette forme litt raire que nous croyons tre le meilleur exemple d une forme fixe n en est pas une o en sommes nous Si au lieu de maintenir la fixit de cette forme comme repr sentant nationaliste ou embl me d une telle ou telle culture le po te la met pr cipitamment en jeu il y a risque Le po te court le risque de perdre un symbole et toute sa mythologie dans un sens le po te risque une partie de lui m me ce qui repr sente l aspect lyrique de l em
10. l int rieur du vers chez les symbolistes et d cadents comme l am ricain Stuart Merrill l instrumentiste Ren Ghil etc Le trait de Romain et Chennevi re d crit les rimes selon leur position la rime peut tre en avance dans le vers suivant dont la fin de vers ne rime pas avec la fin de vers pr c dente J ai les oreilles qui me brilent Se me parle pas de Marseille ou dans les deux vers Le temps sommeille au fond de tre Et les instants montent en bulles ou m me tre int rieure un vers Un moustique est pris d app tit Jules Romains donne une po me en rimes internes tr s curieux Petite famille au rez de chauss e en rimes diverses la c sure mais en quelque sorte contre batel es En sus des rimes Romains et Chennevi re distinguent des accords sur le mod le de la composition musicale Les accords simples sont en fait divers types de contre assonance riches ou pauvres et les allit rations sont des accords imparfaits et m me des accords renvers s Aragon reparlera de la rime interne dans un de ses articles th oriques et ira jusqu mimer la rime bris e m di vale Les ouliporimes de Jacques Roubaud ne sont qu un cas de rappel syllabique et de rime incorpor e p nulti me et orient e comme les rimes la mode de Neuf Germain 114 ALAIN CHEVRIER La rime ant rieure La rime ant rieure ou initiale est une forme de rime
11. la chose n est pas si simple Car les rapports entre l histoire et son r cit sont g r s dans le roman classique par des marqueurs des d ictiques temporels qui signalent les anachronies prolepses ou analepses et aident le lecteur se rep rer dans la chronologie des v nements Dans l hypertexte la non lin arit contrarie l usage de ces d ictiques Comment interpr ter un fragment commen ant par Quelques jours plus tard s il est susceptible d tre lu apr s des fragments rapportant des v nements diff rents situ s des moments diff rents Le probl me se pose d ailleurs toutes les chelles au simple niveau des pronoms de reprise par exemple Comment interpr ter la phrase il en restait songeur si l identit du personnage et l v nement voqu s varient en fonction du fragment pr c dent La derni re contrainte voqu e ici sera celle des liens Ce sont eux qui distinguent les hypertextes de la simple combinatoire Ce sont eux qui permettent l auteur de g rer l encha nement des fragments et au lecteur de faire ses choix de lecture 11 existe une certaine typologie des liens unidirectionnels ils correspondent des bifurcations bidirectionnels ils correspondent des digressions s mantiques par d faut conditionnels Il est mutile ici d entrer dans les d tails Il suffira de distinguer deux types de liens probl matiques les liens s mantiques et les lie
12. la largeur du jeu pour d signer l espace libre entre les b tons sur un terrain de croquet Le syntagme en question est en revanche plus difficile comprendre pour r f rer la r gularit de la distance entre les lignes de i form es par un canid dress crire c au fait que certains mots sont pris dans une acception impropre pour leur contexte comme dans les exemples suivants supr matie qui est utilis comme synonyme de r currence d insistance dans la premi re matrice du r cit alors que le terme renvoie normalement l id e de domination et d h g monie Son emploi est en revanche moins choquant dans la seconde matrice o l on peut accepter que par glissement de sens il en vienne d signer l exag ration du caricaturiste sur les clous du fil lectrique ce n est toutefois pas un emploi courant de ce mot repentir surtout employ dans le domaine moral avec un compl ment humain et qui n acquiert que dans le domaine de la cr ation artistique le sens de correction d une action r alis e qu il a dans la seconde matrice du r cit de Roussel d au fait que Roussel propose des r alit s nouvelles que le lecteur ne peut associer rien de connu comme dans les exemples suivants serpent sonnets qui dans le r cit d signe un gros musicien qui joue du serpent et fait des vers les batons du croquet qui d signent les i dessin s
13. les contraintes rassembl es dans la premi re cat gorie distingu e la seconde r unit les contraintes qualifi es plus correctement je crois de transformatrices En effet que dit on en fait lorsqu une contrainte est dite g n ratrice Qu est ce qui est g n r Qu est ce qui est susceptible de l tre par ces contraintes l qui sont souvent des contraintes que l ancienne rh torique nomme d ordre Comment passer de l ordonnancement r gl des types de mises en pages par exemple une vraie bande dessin e Comment remplir une grille tr s litt ralement pr construite toujours par exemple de formes graphiques particuli res ne parlons pas encore de formes assembl es en r cit Si Thierry Groensteen montre bien comment une technique particuli re par exemple celle de l ordonnancement r gl de la mise en page fonctionne dans une oeuvre donn e il ne soul ve pas vraiment la question du passage de la contrainte aux tapes ult rieures de l uvre Or cette question est fondamentale du moins dans la perspective adopt e ici puisqu elle permet de distinguer entre une simple technique utilis e pour renforcer ou tayer un l ment de l uvre et la contrainte proprement dite dont le statut est producteur 133 134 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES CRITURES A CONTRAINTES Pour comprendre la nature exacte de cette transition il est possible de faire a
14. pp 11 12 Voici une description de la polyphonie elle m me de ce po me r cit Mais cette polyphonie de voix de bruits qui n est pas du tout une composition statique devient avant tout un mouvement une composition dynamique o ces voix ces bruits sont la pr sence des personnes des objets des instruments par le moyen d une translation s miotique transformant les sons de la r alit en fragments de discours qui s entrem lent et dont il est le produit 195 ANALYSES D EUVRES final textuel d une organisation structurale qui reconstruit le monde partir de formes nouvelles mobiles le jeu des formes qui pousse le r alisme La seconde structure mobile est l arch type architectural utilis pour ordonner organiser le texte qui mime la cath drale l ordre des chapitres est donc l ordre du monument la fa ade gt le vestibule gt l int rieur gt le baptist re gt les chapelles et d pendances et le livre impose un ordre de lecture qui est l ordre de la visite de l ext rieur vers l int rieur Ce qui produit bien s r une certaine composition de la structure narrative de l uvre Voyons un exemple limite de cette identit texte objet Comment creuser le texte en coupoles Comment r aliser une nappe de texte qui passe d pisode en pisode de d tail architectural en d tail p 46 C est l identit texte cath drale mais la question se pose t elle par hasard Peut
15. roman m galomane boulimique universel paralysant du XTXe si cle devenu apparemment inaccessible et un article du Magazine litt raire consacr a Perec faisait de la contrainte un rem de la m lancolie d une nergie romanesque perdue Roman romanesque Ayant d fini le roman comme un genre j entendrai ici le romanesque comme une cat gorie disjointe de ce genre au sens o le romanesque n est pas n cessairement li au genre du roman un roman peut ne pas tre romanesque un texte dramatique peut l tre pas plus d ailleurs qu la sph re proprement litt raire une vie peut tre romanesque CHRISTELLE REGGIANI Du point de vue lexicologique en effet l ancien fran ais romanz issu du latin populaire romanice adverbe signifiant en langue populaire par opposition au latin d signe partir du XIle si cle la langue parl e dans la partie nord de la France et par m tonymie la m me poque un certain type de textes crits dans cette langue les r cits en vers relevant de la mati re de Rome ou de Bretagne Le sens moderne du mot se d veloppe partir du XVIe si cle En 1669 Huet publie avec la premi re partie de Za de une Lettre M de Segrais sur l origine des romans qui les d finit comme des histoires feintes d aventures amoureuses crites en prose avec art pour le plaisir amp l instruction des lecteurs L adjectif romanesque est quant lui attes
16. saisir le processus d criture d un auteur a trouv avec l hypertexte une solution l gante ce probl me Pour plus d un crivain la n cessit de remettre une version d finitive et lin aire de son texte est une contrainte externe subie plut t que voulue C est ce qu exprimait d j Paul Val ry dans ses cahiers Peut tre serait il int ressant de faire une fois une uvre qui montrerait chacun de ses n uds la diversit qui s y peut pr senter l esprit et parmi laquelle il choisit la suite unique qui sera donn e dans le texte Ce serait l substituer l illusion d une d termination unique et imitatrice du r el celle du possible chaque instant qui me semble plus v ritable Il m est arriv de publier des textes diff rents de m mes 85 THEORIES DES NOUVELLES FORMES D ECRITURE NUM RIQUE po mes il en fin m me de contradictoires et l on n a pas manqu de me critiquer ce sujet Mais personne ne m a dit pourquoi j aurais d m abstenir de ces variations Attentif aux recherches scientifiques de son temps Paul Val ry emprunte ici la notion de n ud que l hypertexte adoptera plus tard au ocabulame des math matiques comparant les trajectoires de la pens e et de la cr anon celle des quations diff rentielles qui en un point donn admettent plusieurs ou m me une infinit de solutions Plus pr s de nous et cette fois dans l ordre du r cit Jacq
17. ventuellement quelque autre ou le m me changeant de style pourrait marquer des uvres du m me genre Notre d finition du style renvoie moins une individualit qu aux particularit s d un travail sur le langage Il y a des styles d imitation qui r introduisent une diff rence si faible soit elle tant avec le mod le qu avec d autres imitations et c est ou bien par d faut d accomplissement et pi tre imitation ou bien par un exc s calcul quand l imitateur cultive les d calages soit vers la caricature soit vers le d passement Mais lorsqu elle est exacte avec l apocryphe par exemple limitation abolit de fait le nexus entre le nom et l uvre et le nom l on ne conserve alors l expression style mallarm en ou autre que par commodit taxinomique en d barrassant enfin l adjectif de ses connotations l gales Ce mod le ou type de configuration dominant seule une s rie de d nombrements exhaustifs est capable d en fournir une id e assez pr cise On les conduira depuis les aspects les plus g n raux de l adresse en vers jusqu aux sp cifications structurales les plus fines I 2 Le format quatrain A quel niveau un mod le typiquement mallarm en commence t il d appara tre comme tel Ou si l on pr f re quel serait le premier trait formel le plus g n ral d une performance postale la mani re de Mallarm R pondre n est gu re
18. volution du syst me m trique fran ais a connu une phase desserrante au XIX si cle puis au XX si cle un moment catastrophique avec le futurisme et le modernisme suivis de Dada et du surr alisme qui a mis de c t la rime Ou plut t qui a prescrit des antirimes la fin des vers Mais ce syst me a connu aussi des phases de resserrement dans la th orie et dans la pratique marqu s par Jules Romains puis par l Aragon post surr aliste et enfin par Raymond Queneau et l Oulipo toutes phases qui ont donn lieu 121 122 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES CRITURES A CONTRAINTES de nouvelles formes de rimes Ces d veloppements localis s se sont poursuivis notamment avec les sonnets de Roubaud les odes de Jacques R da les po mes de Jacques Jouet A l chelle globale si la pr gnance de la rime a consid rablement diminu elle a poursuivi son mouvement de fond en prenant des formes plus laxistes qui courent de la Chanson du mal aim aux recueils de William Cliff par exemple On retrouve la rime floue associ e avec le vers lastique que l on pourrait appeler le valva vers longueur variable sur le mod le de Valva ou alexandrin de longueur variable de Jean Queval chez des po tes qui s accordent ces licences devenues nouvelles normes chez les auteurs de chansons mais aussi chez des versificateurs qui comme Michel Houellebecq se passent parfaitement de conna tre l origine et les lettre
19. 1 7 Raphelmayamechzabialmi On entendra peut tre Que le ciel crie que le tonnerre appelle Ce sont les rudiments de quelque langue Dont je retiens sans g ne le meilleur La grenouille salue les eaux montantes Br k k k x croax coac Et l oiseau commence parler Jo io issi ici venez ici Rou rou rou sitzi litzi tzi tzi tzi 1 8 Rou rou rou sitzi litzi tzi tzi tzi On entend un ramage et des chos humains Des voix qui nouent des liens entre les mots Comme les araign es tissent leurs toiles Grace a la ressemblance et grace aux signes Pourquoi ne pas tout dire l unisson Allez y montrez vous Vous voix mues donnez votre faconde Au mercure inconstant du temps pass Raphel may amech zabi almi 331 332 CREATIONS ORIGINAL BABELIQUE Ao mercurio inconstante do pasado Raphel may amech zabi almi 19 Raphel may amech zabi almi Gese e p lie kawti sami leppol Pallaksch pallaksch Ede o gbohun eleyo Jagat tesusun dari kata I myself am a word with them Sebarang nyanyi kita nyanyikan Zoui zoui zukorobashi Wij praten over zoveel dingen Comincio a gridar la fiera bocca 1 10 Comincio a gridar la fiera bocca Yn ayectli quihtohuaya Nemrod Interrogant animes infemades I dteanga nar ai ri os sa Din care nimeni nimic nu intelege Hou echel lyiyot guibor ba aretz Mu ngay waxtu Y toda la discordia de Babel Alekake nd ongongo l akindo Raphel may amech zabi
20. 244 ANALYSES D EUVRES Aristote La Po tique dition de Roselyne Dupont Roc et Jean Lallot Paris Seuil 1980 pp 231 232 La reconnaissance est le renversement qui fait passer de l ignorance la connaissance r v lant alliance ou hostilit entre ceux qui sont d sign s pour le bonheur ou le malheur La reconnaissance la plus belle est celle qui s accompagne d un coup de th tre comme par exemple celle de X dipe Op ciL p 71 Op cil chapitre 10 p 69 10 La bonne reconnaissance dramatique est pour Aristote comme pour son mod le Sophocle davantage intellectuelle que sensible la reconnaissance par les objets tant en revanche beaucoup plus fr quente chez Euripide Pour Northrop Frye le roman r aliste novel est d abord une parodie du roman romanesque anteneur romance The Secular Scnpture Study of the Structure of Romance Cambridge Londres Harvard University Press 1976 pp 38 39 Yves Hersant Le Roman contre le romanesque in L Atelier du roman n 6 1996 p 147 Voir notamment Paul Val ry Hommage Marcel Proust Vari t uvres tome I Paris Gallimard biblioth que de la Pl iade 1957 Vbir Andr Breton Manifeste du surr alisme 1924 Manifestes du surr alisme Paris Gallimard coll Folk ssais 1988 pp 16 17 15 Sylvie Thorri Cailleteau La Tentation du livre sur rien Naturalisme et d cadence Mont de Marsan Edi
21. 51 THEORIES DE LA CONTRAINTE d rision l uvre bascule dans l ordre boulanger Non seulement le mot b tard entendu maintenant comme une certaine sorte de pain mais encore se r v lant former une r trospective charni re le mot copain entendu maintenant comme celui avec lequel on partage le pain D s lors et si comme il n est pas exclu d y songer cet exemple pouvait s accompagner de quelques autres voici ce qu il faudrait r pondre la seconde interrogation L OuLtPo est il un OuLiPer H las gu re Pour tous renseignements su le s minaire annuel de textique au Centre Culturel international de Cens U Salle CCIC 27 nie de Boulainvilliers F 75016 Paris France internet w xac censvjsso fr Jo Lescure Histoire de POulipo m Oulipo La litt rature potentielle Paris Gallimard onflpfkOB id es 1973 p 31 Claude Beige BOUT UM analyse potentielle de la litt rature combinatoire in Oulipo La Imentare potentielle op CIL pp 49 50 M dael FoocaaftL Les mots et les choses Pans Gallimard collection Tel 1992 p 7 Fran ois Le oeun U lipo Le premier Manifeste op ciL p 20 Fr i nii Le I mnam ihd p 20 Jean Lescare La M thode S 7 m Oulipo La litt rature potentielle op ciL p 143 Anonyme L La Imcmui i d finitionnelle in Oulipo La litt rature potentielle op eh_ p 119 Jean Lescuae La M thode S m 7 i
22. Ici il s agit d Albertine qui prolonge le d sir prouv devant Oriane de Guermantes et l on se rappelle que dans l ombre des jeunes filles en fleurs son principal portrait est essentiellement en couleurs avec par exemple son visage brun et bleu qui voque un uf de chardonneret Pour suivre les effets de cette coloration contagieuse on peut encore comparer les deux citations suivantes Je r vais que Madame de Guermantes m y faisait 227 228 ANALYSES D UVRES venir pnse pour moi d un certain caprice tout le jour elle y p chait la truite avec moi Et le soir me tenant par la main en passant devant les petits jardins de ses vassaux elle me montrait le long des murs bas les fleurs qui y appuient leurs quenouilles violettes et rouges en m apprenant leurs noms Elle me faisait dire le sujet des po mes que j avais l intention de composer I 172 il arrivait que le teint des joues d Albertine atteignit le rose violac du cyclamen et parfois m me quand elle tait congestionn e ou fi vreuse et donnant alors l id e d une complexion maladive qui rabaissait mon d sir quelque chose de plus pervers et de plus malsain la sombre pourpre de certaines roses d un rouge presque noir JF Le noir son tour caract rise Charlus ent sur la tradition h raldique et sa relation avec Morel Maure mort Le texte commente ce processus Parfois cach e au fond de son nom la f e se transforme
23. La sizaine des Cendreux et Un mocassin fourr 3 La revue franco ontarienne Virages a publi Imerletti di Cenerentola 3 Le compositeur Christophe Bertrand a mis en musique romance en mer sereine 2 sous le titre en mer sereine drame miniature pour flitiste chanteur voix et chant CD en cours d impression La collection Fleurs d encre dirig e par Jacques Charpentreau chez Hachette jeunesse a publi Sextine aux six l zards et six souris 3 dans le recueil Jouer avec les po tes 249 ANALYSES D UVRES Hermes Salceda La traduction comme laboratoire d analyse scripturale Sur la traduction espagnole des Textes gen se de Raymond Roussel La th orie et la pratique de la traduction charrient de longue date des d bats et des mythes r currents sur le satut du traducteur son empreinte doit elle tre ou non invisible sur les limites de l op ration traductive o situer la fronti re entre la traduction et l adaptation sur la convenance ou non de traduire la forme doit on traduire la po sie en vers d ment mesur s etrim s Les Textes gen se de Roussel en raison de l troite d pendance de leurs contenus par rapport l quation linguistique qui les engendre forcent le traducteur a interroger ses vieux mythes et a reformuler ses dilemmes les plus courants Comme la plupart des textes contrainte ils obligent choisir entre deux
24. Le Masque n 2241 Librairie des Champs Elys es 1995 figure aussi dans le recueil Le Masque vous donne de ses nouvelles 1989 pp 99 109 Nous conseillons de lire du m me auteur un roman entier b ti sur des principes identiques Nocturne pour assassin Le Masque n 1943 Librairie des Champs Elys es 1989 repris dans le n 1 de l int grale Fred Kassak Editions du Masque Hacbette Livre 1998 p 249 4 Actes du 9 Colloque de litt rature compar e Innsbruck p 126 Cit par A Duchesne Th Leguay dans Lettres en folie Magnard 1990 p 11 G Perec La Vie mode d emploi Hachette P O L 1978 p 695 1 Pour une th orie du Nouveau Roman Collection Tel Quel Seuil 1971 p 123 Chantal Robillard De Verre Vert 39 bulles de souvenirs en spirale 1 Je me souviens que je suis n e sur le soir l heure du bousillage dans une fournaise intense et deux fois subie Une bonne odeur de lilas entrait dans l atelier par toutes les portes ouvertes en grand 2 Je me souviens d avoir t transport e en un clair vers une brave vieille un peu forte pas tr s bien attif e qui portait sa coiffe sur les onze heures sentait le pipi de chat et agitait en tous sens un b ton aux couleurs de l arc en ciel 3 Je me souviens de six souris grises de six l zards verts et d un gros rat ma tresse barbe et aux yeux vairons Puis d un beau carrosse couvert de peinture d or 4 Je me souviens
25. PROSES A CONTRAINTES Cr ations d Alain Andr G rard Assayag Antoine Bello Jacques Bens amp Jacques Jouet Paul BrafFort Alain Chevrier Eric Cl mens R gine Detambel Pascal Durand Patrick Flandrin Michelle Grangaud Pascal Kaeser Guy Lelong Herv Le Tellier Madame de Maintenon lan Monk Didier Nordon Claudette Oriol Boyer Marc Parayre Chantal Robillard Eric Sadin St phane Susana Michel Voiturier Antoine Volodine Ant c dents Marcel B nabou A propos de What a mon Marc Lapprand Trois points sur Oulipo Pierre Le Pillo er Caches de l Arche Jean Ricardou La contrainte corollaire Hermes Salceda La r gle et le genre Etudes d oeuvres contemporaines Etudes sur Renaud Camus par Jan Baetens sur le roman Tom par Alain Chevrier sur Maurice Roche par Sjef Houppermans sur les proses contraintes de Oulipo par Marc Lapprand sur le roman de Jean Lahougue Le domaine d Ana par Guy Lelong sur Lartigue par Dominique Moncond huy sur la litt rature enfantine fran aise contraintes par Chantal Robillard FORMULES N 4 2000 2001 DOSSIER DEFINIR LA CONTRAINTE Dossier th orique Christelle Reggiani Contrainte et litt ralit Bemardo Schiavetta et Jan Baetens D finir la contrainte Milie Von Bariter Une d finition potentielle de la contrainte Jean Marie Schaeffer Qu est ce qu une conduite esth tique Philippe Bootz Fextes contraintes Jeanne Vandepol L acontrainte Benjamin Des
26. autre Par ailleurs la matrice initiale de chacun des r cits appara t hors contexte et il n est ainsi pas vident d interpr ter dans Le repentir de la prise sur les anneaux du gros serpent sonnettes s empara de moi d s les premiers essais que quelqu un se rend compte de Terreur qu il a commise en saisissant un gros reptile enroul autour du corps d un ami pour le lib rer de m me Les coups de la paume dans le jet du trayon blanc se r v laient habiles et r guliers n invite pas dans l imm diat imaginer une fermi re en train de traire une vache le Le haut de la figure avec le bout de la craie du tableau redevenait peu peu tout pareil ne laisse pas non plus imaginer le simple effacement d un tableau Pourtant ces difficult s de lecture qui semblent se pr senter un niveau primaire passent assez souvent inaper ues Cela s expliquerait notre sens ici et pour la phrase de 255 256 ANALYSES D UVRES Roussel en g n ral par le fait que les matrices des Textes gen se situent le lecteur premi re vue dans un cadre apparemment banal inscrit dans le r pertoire de ses repr sentations quotidiennes ou culturellement tr s fr quent es La craie le tableau la figure le serpent sonnettes les coups de la paume le trayon configurent un univers na f dans lequel rien ne permet d attendre ni l av nement de l extraordinaire sur le plan fictionnel ni sur le p
27. autres mots parmi lesquels on trouve notamment extr mit s bizarrement coup e m me trop n en laissant qu une frange consid rablement r tr cie des sortes de longs ciseaux qui bien s r connotent l criture adopt e ici On pourrait videmment ce propos faire r f rence la technique de Georges Perec son go t pour l inclusion et au travail de r criture des citations Cf Ce livre comprend des citations parfois l g rement modifi es de ainsi que le sugg re la phrase du paragraphe 4 alt r de fa on significative les phrases ou l encore Jean Ricardou On peut admettre une citation si transform e par le texte qui l accueille qu elle finisse par intens ment lui ressembler On remarque que les phrases reconstitu es sont recevables phon tiquement mais pr sentent en revanche de nettes distorsions orthographiques sauf pr cis ment celle qui correspond vraisemblablement au moment de la d couverte du proc d par le lecteur dans les phrases reproduites ci dessous le graissage met l accent sur les rectifications op rer Les hommes qui ont d barqu ne sont pas tol rants Ils admettent seulement un sens unique selon un d coupage immuable et rejettent toute nouvelle forme de lecture Pourquoi refuser de faire un effort pour comprendre ce qui pourtant est simple la phrase est un r servoir de mots cependant seul le dernier no
28. d autres tout en tant impur car si lointain Roubaud lui m me voit sur ce souvenir d une d cision videmment capitale des bact ries qui poussent D s le premier paragraphe de l incise on lit Dans la construction autobiographique sans cesse inconsciemment r vis e laquelle nous nous livrons tous l vocation de tels moments dits d cisifs s enrichit d ann e en ann e de nouveaux d tails narratifs jusqu constituer une sorte de conte p 48 Puisque la plupart de cette incise raconte quelques tapes ou des stations sp culatives p 49 de cette d cision dite d cisive elle r v le une sorte d auto th rapie narrative Le processus du r cit autobiographique est syst matique et transformatif ce processus ne change en rien le pass mais il rend le pr sent plus clair S admettre que sa propre vie n est que son propre conte souligne la distance entre la m moire et la v rit Parmi les d tails r v l s dans l incise Roubaud d couvre que la philologie ressemblait tonnamment un calcul et que ce qu il y avait de plus noble dans la discipline linguistique tait son pouvoir de d duction p 51 Ainsi plus loin dans la bifurcation Roubaud admet vouloir atteindre la compr hension du monde par la math matique p 111 tout en questionnant l importance du mot v racit L dessus il s arr te et ouvre grand les parenth ses pour v
29. dont parle Queneau r sume celle de Bergson profite de la mort de l opposition de la raison l me et fait na tre une libert bas e sur la pratique de l criture C est une libert n e dans une nouvelle d finition de l inspiration au profit de la spiritualit Elle manifeste un panouissement de Pesprit et de la m moire La Contrainte et le jeu D abord d finissons le jeu avant tout c est une relation dont les param tres se d signent par des r gles pr d termin es Cette relation comprend l existence de deux quipes ou m me plus ou bien c est une relation entre l individu et autre chose cette autre chose peut tr s bien tre soi m me La relation entre la culture et l individu est elle aussi bas e sur des r gles mais celles ci sont moins sp cifiques que dans un jeu proprement dit Ces r gles en question tournent autour de l appartenance de la repr sentation et de la question de contribution On d cide d appartenir une culture ou non de s y retrouver ou non et d y contribuer ou non Le jeu agr mente la valeur de la vie sociale car il est selon Johan Huizinga auteur de Homo Ludens supra biologique c est dire il satisfait les besoins non corporels Dans le jeu dit il la distinction entre le croyable et l incroyable se dissout et ainsi le jeu donne acc s au sacr p 25 La relation entre le jeu et l individu s int gre et donne forme la conce
30. emploi de contraintes a un caract re productif et exp rimental en m me temps il lui permet une investigation qui concerne le langage et sp cialement le langage po tique la ph nom nologie du monde le temps et leurs relations probl matiques Le domaine de l anagramme compte parmi les plus productifs A part Christian Steinbacher ce sont surtout des crivains femmes qui le pratiquent Sous le titre Man sucht ein Leben lang On cherche pendant toute une vie Magdalena Sadlon a publi un recueil d anagrammes en 1988 Helga Glantschnig a fait des anagrammes partir de titres de films Rose die wiitet Anagramme nach Filmen Rose qui ravage Anagrammes partir de films en 1994 lise Kilic dont je pr senterai plus tard le roman lipogrammatique Oskars Moral pratique l anagramme dans la bande dessin e Sp cialement pour le web elle a con u une petite s quence d un cin ma textuel avec ses bandes dessin es anagrammatiques Dans lerecueil ana 365 gramm publi en 1991 Steinbacher prend une verbalisation des dates de l ann e pour points de d part de ses 365 po mes anagrammatiques le titre nester nester nids nids J est p ex l anagramme du premier janvier en allemand du ersten ersten le livre est divis en onze parties dont les particularit s sont expliqu es par l auteur la fin du livre Avec Heidi Pataki Lies Ujvary et BrigittaFalkner Christian Steinbacher compte parmi l
31. la versification classique dont sur ce point Mallarm ne s affranchit jamais du c t lettres pour obtenir l aplomb il a fallu comprimer l espace entre bac et du corps 12 au corps 4 Deux laxismes outre celui d j avou c est un peu trop ou juste assez pour qu on s en tienne au plus pr s du vers d origine la plus petite m tamorphose utile un coche Le second r crit est donc sup rieur 177 178 ANALYSES D EUVRES Mais il y a davantage et peut tre mieux si l on scrute les deux vers extr mes sous l angle de leurs relations tranversales soit ce dixi me r glage qui est sans aucun doute le moins facilement calculable Je Sur la diagonale sinistro descendante marqu e aux vers m dians d j par le chiasme syllabique coche o Gounod c est une rime graphique avec une suite q u i inscrite gale distance ou peu s en faut de la fin du vers 1 qu importe et du d but du vers 4 De l exquis Sur l autre diagonale dextro descendante c est gr ce l interjection du premier vers le jeu r flexif de deux suites vocaliques en chiasme Va t en 6 Rodenbach plus abouti avec ses trois l ments que dans la version mallarm enne qui n en mobilisait que deux Et il y a plus encore 4 mieux lire Comme on le sait depuis l essor des recherches formelles un texte au sens structural ou
32. mais ce que Barthes appelle un certain effet de compossibilit inf rieure devient un m canisme scriptural un dispositif de distribution et d organisation s miotique o les composants du syst me ont la capacit de se d placer l int rieur du texte la Mobilit veut dire I effet lui m me du mouvement du d placement des signes dans le texte A c t de l id e du voyage et du tour des Etats Unis l poque o MB rend sa premi re visite aux USA avec sa famille d ailleurs il y a aussi l id e du livre naissant lui m me avec toute la strat gie autodescnptive tal e sur la page de toute vidence et qui concerne l effet de composition du texte Ce d voilement litt ral sans ambages et d une transparence absolue a provoqu un certain scandale et en plus une petite r volution litt raire le coup de d s de MB un plaidoyer pour la structure litt raire Avec Mobile MB inaugure un pratique scripturale et bibliologique qui va se continuer avec Transit et Gyroscope c est la pratique d un travail litt raire et artistique pour r inventer le livre et la fa on d crire ou raconter des histoires D 3 La polyphonie mobile Dans Description de San Marco 1963 MB essaie d aborder une nouvelle esth tique bas e sur la d construction de l arch typologie des genres et sa reconstruction comme une structure synth tique et moderne Si l esprit de Johann S bastian Bach est
33. par la contrainte avec multitude d inventions fantastiques Roussel pr tend qu aucun l ment de ses textes ne semble forc ou choquant aux yeux du lecteur Cette aspiration de l auteur 263 ANALYSES D EUVRES est confirm e par Michel Leiris Roussel m avoua que tout ce qu il voulait c tait s exprimer de fa on impeccable du point de vue du vocabulaire et de la grammaire afin d tre aussi clair et concis que possible Roussel se montre ravi des commentaires que Leiris lui adresse propos du langage de La poussi re de Soleils Le langage est comme toujours plus que jamais peut tre d une puret et d une blancheur inou es Nous savons une fois de plus gr ce Michel Leiris l importance que Roussel accordait ces aspects de l criture ainsi quand son jeune ami le f licita pour l extraordinaire concision des anecdotes de Etoile au front Roussel lui aurait r pondu qu il s tait efforc d crire chaque histoire avec le moins de mots possible En 1927 la concision du langage roussellien n a pas chapp certains critiques de La poussi re de Soleils cette uvre con ue sans les exc s qui avaient caract ris l adaptation de Locus Solus aurait peut tre permis aux spectateurs de commencer appr cier les caract ristiques du style roussellien par la rapidit des changements de d cors qui accompagnaient chacune des anecdotes r cit es sur sc ne
34. pour obtenir la texture trangement r p titive de huch Widhalm a d abord crit une histoire ensuite il a pris un de ses po mes et en a num rot les mots selon la suite de ces chiffres il a r p t les phrases de son histoire de d part ensuite il a coup la cha ne longue qui en r sultait et a cherch un nouvel ordre de ses parties sans laisser tomber un de ses l ments ce qui donne ce proc d l aspect de la contrainte dans le but d obtenir un texte lisible 127 128 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES CRITURES A CONTRAINTES La compagne de Fritz Widhalm est lise Kilic ensemble ils ont publi en 1999 le premier volume de leur texte autobiographique commun Dieses Ufer desist rascher als ein Fluss Des Verwicklungsromans erster Teil Cette rive est plus rapide qu une rivi re Premi re partie d un roman n udsf sous le nom de naz pour lui et jana pour elle ils parlent en 77 paragraphes num rot s avec une franchise et une ironie stup fiantes du pr sent du pass de l amour de leur vie sexuelle de leur sant de leur vie d crivains du genre de l autobiographie et aux pages 61 et 62 des contraintes litt raires Dans ce passage intitul la limitation ils en distinguent quatre types la limitation volontaire et ludique la limitation volontaire et pratique la limitation involontaire et ludique et la limitation involontaire et pratique Le mot Beschr nkung limita
35. se devant d tre souple elle n en devenait que plus virtuelle quoi de plus normal La norme n existe donc r ellement pas Elle ne peut exister que sous une forme virtuelle au m me titre que la langue con ue comme syst me Seul le langage est r el partant analysable par rapport la langue et ai vertu de la norme de cette langue Lorsque 1 tenants de la grammaire g n rative se sont vertu s poser le principe de l agrammatical it Chomsky leur a r torqu que le jugement intuitif du sujet parlant pr valait dans l tablissement du sens d un nonc Indirectement il tait en train de nous assurer de la virtualit de la norme MARC LAPPRAND consid r e sous son jour le plus normatif la grammaire On sait et Dada et les Surr alistes n ont pas manqu de nous le rappeler que le sens n a que faire de la grammaire et que le signifi peut tr s bien se laisser remotiver par rapport au signifiant selon le contexte et la situation d nonciation Les id es vertes incolores dorment furieusement Chomsky ma traduction se pr te l analyse aussi bien que le fameux La marquise sortit cinq heures que Breton avait p ror pour honorer Val ry Quel est le lien entre la norme et la contrainte tant donn que la norme est virtuelle et que la contrainte pr c de l criture on peut en d duire a priori que c est la potentialit qui relie norme et contrainte On verra mais n
36. su dois Auteur Katarine Frostenson Texte Po me F rdv g vers n 19 dition Canal Maison de la Po sie Nord Pas de Calais 1998 pages 108 et 109 Excursus Traduction litt rale qui tient compte des conseils de Bente Christensen 1 2 5 Ekhei mpei sto dromo pou axolouthei he anasa mou Traduction a p n tr dans chemin qui suit le souffle mien Langue grec moderne Auteur Olga Votsi Texte Po me Orestes vers n 16 dition Le Dernier Ange et autres po mes Paris Orph e La Diff rence 1993 pages 44 et 45 Excursus Traduction fran aise de Ren e Jacquin a p n tr dans chemin qui suit mon souffle 1 2 6 Stad ciemne miejsca i tekstu zawilosc Traduction de l lieu obscur et du texte complication Langue polonais Auteur Julian Tuwim Texte Po me Erratum vers n 2 dition Pour tous les hommes de la terre Paris Orph e La Diff rence 1993 pages 106 et 107 Excursus Traduction litt rale qui tient compte des conseils de Anne Ber et de L on Robel 1 2 7 Nuqaqcha ninkichis kay qhilqasqayta Traduction moi seul direz vous ceux ci crits Langue quechua Auteur Anonyme Texte Po me Tikayachiyga vers n 1 Edition Inge Sichra d Po sie Quechua Gen ve Patifio 1990 pages 84 et 85 341 CREATIONS 1 2 8 Nao meu nao meu e quanto escrevo Traduction f non mien non mien il est
37. viter le bl me du bricolage sur mesure l on y reviendra certaines autres vocations peut tre inaper ues M me si l humour peut force est d en convenir dispenser une joie c est que les rieurs veuillent bien ici consentir leur pardon la th orie que l on v a se r soudre laquelle induit poser un menu quatuor de concepts une pr caution intercalaire et trois minces th ses In menu quatuor de concepts Oui Premi rement la prescription iou ordre formel et d taill Deuxi me ment la contrainte ou n cessit qui s impose ou qui est impos e Troisi mement la surcontrainte ou contrainte surnum raire Quatri mement Fanticontrainte ou contrainte soustraite L ne pr caution Oui celle au moins provisoire de pr f rer en ces domaines et f t ce implicitement la notion de litt rature qui pr sentement demeure encore un peu trop incertaine le concept d crit entendu ici moindre co t comme tout ensemble issu de traces sur quelque apparent support et dont certaines par exemple autorisent des lettres La premi re th se C est celle de l affectation des contraintes Les contraintes doivent tre r f r es non a l op rateur mais l effet de l crit car c est avant tout dans la mesure o elles s imposent ou sont impos es cet effet qu elles sont intelligibles comme telles JEAN RICARDOU La deuxi me th se C est celle de l effet concern L
38. Il est amer le destin quand on pense au lent d fil du cours tortueux de l existence et quand m me la vie commence sur les sommets les plus hauts dor s et elle a une douce saveur Il est amer le destin malgr tout on esp re voir le ciel color de mauve ou rester devant de blanches falaises et regarder une seine ou un chalut qui descendent dans la mer au chant du coq mais ils sont lointains tout pr s il y a seulement un port artificiel Il est amer le destin pour tre moins malheureux on dit que le destin est bleu plus grand entre les flots de champagne sur le bord d un lit o nous avons fait insouciants l amour Ce po me est un lucchetto un cadenas il pr sente les deux premi res parties r unies en une phrase SEconda condaNNA la seconde condamnation avec le cons cutif total SENNA la Seine Les mots double sens sont nombreux SECONDA CONDANNA Quelquefois il peut sembler que la vie rouvre les bras entrouve les grilles de fer au libre soleil du monde rappel seulement et avec peine Mais le mal revient nouveau Il est triste le destin qui est le mien un jour tout pouvait tre conditionnel aujourd hui il ny a plus d issue Pourquoi faut ilfrapper plus fond en rejetant dans le noir le plus noir les bras sont aussi les ailes de la prison batiment les grilles de fer c est une m taphore qui renvoie aux contraintes d
39. Il s ensuit galement que l application de ces sur contraintes syst matiques n est pas n cessairement g n rale dans un champ litt raire particulier En effet certaines sur contraintes syst matiques peuvent constituer de mani re moins fixe et durable que les normes et par une application toujours particuli re des canons de genre au sens large du terme comme les r gles anciennes de la prosodie ou du th tre d autres peuvent modifier plut t la qualit pragmatique de la communication comme par exemple les r gles de la fiction ou celles de la fatrasie et de l nigme qui modifient respectivement les r gles pragmatiques de v rit de coh rence et de clart etc Enfin l application non n cessairement g n rale des sur contraintes syst matiques comporte une restriction qui r v le tr s clairement leur caract re second elles ne s appliquent quasiment jamais au p ritexte Ainsi par exemple et sauf exception bien entendu les titres sous titres avertissements prologues postfaces notes annexes diverses et mentions l gales de publication des po sies versifi es ne suivent pas les r gles de la prosodie seul le texte proprement dit se soumet aux contraintes du m tre et de la rime 345 346 ANNEXE En r sum les sur contraintes textuelles syst matiques peuvent tre d finies comme des r gles plus ou moins notoires qui s ajoutent dans certains cas particuliers aux n
40. La r ponse est certes affirmative mais je ne la donne pas sans h siter Surtout en prenant en consid ration que je m adresse un public fran ais ou francophone qui est familier des travaux oulipiens qui est selon toute probabilit abonn la revue Formules j h site cr er l impression que se d tache dans le champ de la production litt raire autrichienne un courant comparable ce courant fort que forme l ensemble des textes oulipiens et des travaux autour de la revue Formules Ce n est pas encore le cas Mais le nombre de textes contraintes autrichiens devient de plus en plus important il existe d j une quantit consid rable de textes qui peuvent tre qualifi s comme tels m me d apr s les crit res s v res d finis par Bemardo Schiavetta et Jan Baetens dans num ro 4 de Formules il existe une revue Der Pudel Le caniche sous titr e revue pour une litt rature m thodique qui a plusieurs fois invit des auteurs produire des textes selon des contraintes sp cifiques le num ro 2 de la revue contient 200 po mes deux vers le num ro 3 est une anthologie de textes anagrammatiques de Neda Bei lise Kilic Petra Nachbaur et Barbara Zanotti Le num ro 5 rassemble des textes que l diteur Daniel Wisser appelle vokalharmonische Texte ce sont des textes qui jouent avec des harmonies entre les voyelles sans appliquer de restrictions lipogrammatiques strictes Pour le lecteur ce
41. La structure tripartite de son r cit autobiographique rappelle l action physiologique de la m moire o un v nement est tout d abord encod le r cit ensuite stock les incises et finalement rappel les bifurcations 203 ANALYSES D EUVRES Cette contrainte rappelle t elle l acte de m moire ou l acte de m moire est il la source de la contrainte Poser cette question c est d j souligner leur proxi mit Par exemple suivons dans Math matique r cit la sixi me section du chapitre un d velopp e dans la section dix huit des incises du chapitre et reprise encore une fois dans bifurcation A Le souvenir que poursuit Roubaud dans ces fragments repr sente le moment o il a d cid de devenir math maticien M me si ce moment lui a saut la figure le moment reste toujours noirement m morable car accompagn de ce qu il appelle une extr me distance entre les hauteurs d une intention et un tat de fait Cet tat de fait est qu il n tait pas un math maticien naturel p 23 L id e de devenir math maticien tait sublime p 25 lui m me se sentait comme saisi par une illumination p 24 la d cision n allait pas le d vier de la voie de la po sie mais elle allait lui fournir une orientation de vie susceptible de fie nourrir ult rieurement p 25 D j le lecteur soup onne que ce souvenir mettra le feu
42. Si on croit que les po tes ne maitrisent plus la forme on est dupe de ce que Queneau appelle une inspiration discontinue p 126 qui est la production des po tes esclaves des associations d id es p 127 Dans Qu est ce que l art Queneau d finit une continuit Il dit que le r le de l art est non seulement d exprimer mais aussi de transformer la r alit L expression artistique manifeste l existence et la fait devenir la prolonge et la transmet p 95 Queneau pr f rerait mettre l accent sur la pratique assidue de l criture dans le but de parfaire la technique Le ton indien ou asiatique se fait entendre dans ses crits et surtout dans le titre si yin et yang de l article Le plus et le moins Ici sa conclusion est passionnante et fort convaincante 207 208 ANALYSES D EUVRES Oui rudes et longs les efforts pour devenir et pour tre un po te Vous qui vous pr tendez maintenant po tes humiliez vous devant ce que vous devriez tre Il vous est facile et agr able d utiliser d une inspiration aveugle qui vous m ne Lorsque vous aurez renonc ce laisser aller lorsque vous aurez vaincu vos faiblesses individuelles qui passent tort pour ce talent po tique lorsque vous aurez ma tris cette pr tendue inspiration alors et alors seulement vous serez libres et vous pourrez vous avancer vainqueurs vers les puissances cr atrices p 129 La libert
43. accueillir dans les colonnes de la revue un ventail aussi large que possible de textes de r flexions th oriques et critiques de prises de position de d bats voire de pol miques autour de la contrainte s est galement affermie Le succ s de la revue en termes de diffusion de lecteurs de positionnement symbolique et de manuscrits re us est la preuve du bien fond de ce choix En m me temps il a rendu n cessaire le passage des interventions d un type diff rent dont le colloque de Cerisy est avec le lancement d une collection de livres en marge de la revue la trace la plus directe La rencontre de 2001 a t pens e tout de suite dans l esprit de Formules qui se serait mal accommod d un colloque au sens traditionnel du terme En effet le programme de ces huit jours se voulait ax aussi bien sur la cr ation que sur la r flexion le colloque de Cerisy a combin communications et lectures de textes de cr ation faites par des participants mais galement par des invit s comme Pierre Lartigue et Armel Louis De la 15 16 FORMULES m me fa on nous nous sommes efforc s de mettre en valeur la grande diversit des langues o la notion de contrainte joue un r le producteur nous avons ainsi pu entendre des expos s ou des lectures touchant au gallois au n erlandais l allemand au japonais l anglais l italien l espagnol au latin et enfin plusieurs langues plus ou moin
44. addidses rev ient d f rer comme une n cessit qui s impose un suppl mentaire programme un m taprogramme si l on veut prescrivant de r duire au mieux par un surcro t de structures les menus laxismes et imperfections semble t il rencontr s Ainsi titre d exemple et certes parmi d ventuels autres c est un nouvel crit dit R crit Avis Par la Textique que s effor ant aux moindres m tamorphos s suivant la suppl mentaire contrainte inh rente cet exercice il est loisible de songer On tuait son gamin pour un b tard son frangin pour un copain son cousin pour un cro ton un quidam pour un quignon En effet il se pourrait bien que cette variante s t obtenir les sept r sultats que voici Premi rement elle para t ter l un des trois laxismes celui du d rogatoire segment octosyllabique puisque avec les deux nouveaux premiers vers il y a d sormais un quatuor d heptasyllabes Deuxi mement elle semble substituer au caract re quelconque des deux autres laxismes l un vis a vis de l autre puisque la s rie des compl ments d objets termin s par in frangin cousin voisin subit dans l original avec quidam une infraction terminale et que la s rie des compl ments de cause termin s par lt on e gt saucisson cro ton quignon n subit dans l original avec b tard une infraction sise quant elle en rega
45. ailleurs Ladite colonne tant presque toujours fort mal r gl e align e par la longueur des vers born s par les sections rimantes l effet de bord est plus qu al atoire m me si pour la solidit intime de cet approximatif empilement la mallarm enne alternance des rimes f minines masculines est incontestablement plus apte que nulle autre enforcir la structure plastiquement faible avec le tressage a b a b l empilement se sp cifie en concat nation A gauche au contraire les majuscules initiales de vers produisent un effet de bord tr s remarquable Sur le plan visuel la justification leur impose un rigoureux alignement vertical et l empilement des lettres montre une compacit frappante par les effets conjugu s de la taille maximale des caract res qui remplissent et de l interlignage minimal qui segmente C est au plan linguistique qu on peut regretter un d ficit moins d imaginer une structuration particuli re capable de rivaliser avec les combinaisons rimiques Y acrostiche par exemple qui n attire gu re Mallarm bien que sa difficult soit tr s relative Une gamme de possibles s offrait d ailleurs sur quatre lettres depuis l inscription de mots pourquoi pas V I T E en des suscriptions invariablement marqu es par l urgence jusqu celle d abr viations reconnaissables initiales sigles ou calembours et m me DANIEL BILOU
46. auteurs Il y a enfin le pros lytisme d un diteur Mark Bernstein qui non seulement diffuse le logiciel Storyspace dont il est le co auteur mais publie un copieux catalogue de fictions hypertextuelles et anime une bonne partie des rencontres et des colloques internationaux sur l hypertexte A ces raisons conjoncturelles il faut en ajouter d autres plus profonds le d veloppement de l informatique comme support concurrent du livre l essor des jeux de r le du type Donjons et dragons la remise en cause de la fiction classique nouveau roman Oulipo la diffusion sur les campus am ricains des philosophes et th oriciens fian ais du texte et de la post modernit d s les ann es 70 Deleuze Derrida Foucault Barthes et surtout Lyotard En France le paysage de l hypertexte litt raire est plus disparate Etant intervenu plus tard le ph nom ne est marqu par la diffusion d Internet et la pr pond rance du multim dia Les utilisateurs de Storyspace y sont rares quelques ateliers d criture le plus souvent dans les coles ou l universit et malgr l existence d une litt rature exp rimentale f conde l Oulipo en particulier les auteurs confirm s n y sont venus qu de rares exceptions Renaud Camus avec Vaisseaux br l s Jacques Roubaud avec le Grand incendie de Londres dans lequel l auteur appelle de ses v ux une criture hypertextuelle C est donc une nouvelle g n ratio
47. avec les rimes pas pour l il mais pour l oreille Choiseul cil mouille Tr moille et autres orthographes archa ques mais celle ci ni pour l il ni pour l oreille reste un myst re Northeambrie mouchoir de poche 110 ALAIN CHEVRIER Les rimes normandes n ont plus lieu d tre mais elles ont t encore moqu es dans des po mes de Paul Fort d Aragon Feu de joie 1919 Les Destin es de la Po sie 1925 1926 et Maurice Fombeure Comme rime pour l oreille la rime in un se confirme par exemple le lai monosyllabique de Ren Droin dans Tom 199A Il nous plairait d avoir t le premier identifier la rime canadienne chez R jean Ducharme d part mort mort poignard quart mort et la rime cr ole ne tenant pas compte du r dans la po sie ha tienne Un cas d hypertrophie de la rime Dans les 1413 quatrains de la Ballade du c ur qui a tant battu crite en 1912 puis les Tapisseries et Eve P guy a recouru la rime avec comme aide l criture un dictionnaire de rimes horresco referens celui de Philippe Martinon il emploie la rime banale suffixes de mots de m me cat gorie quoique riche tous les adverbes tout les infinitifs ou participes pass s des verbes du premier groupe la rime s mantique de m me cat gorie grammaticale la rime interne la c sure la monorimie les rimes voisines r p t es ri rit rie etc bref tout
48. chiffrer Spectacles d crypter Anna Maria Tango Spectacle de l criture et criture du spectacle Bouchta Es Sette Noms d artistes dans Pierrot mon ami Christine M ry Spectacle horrible A voir Raymond Queneau spectateur et monteur dans Ch ne et chien Lisa Mamakouka Koukouvinou Les techniques romanesques de Raymond Queneau et leurs rapports avec l art cin matographique l exemple du Chiendent Ad le Zhu Hong Terre coquette Queneau captifspetite cosmogonie portative Huguette de Broqueville Les spectacles du savoir Raymond Queneau et ses monstres J r me Roger Le Th tre et ses repr sentations A propos de certaines repr sentations des Exercices de style et du Vol d Icare en Italie Gianni Poli Viens voir l autobus S devant la gare de Francfort ou Queneau sur la sc ne allemande Gerhard D rr El ments tragiques dramatiques et comiques dans Un rude hiver Michel Dy R ves de th tre th tre de r ve Jean Pierre Longre Le th tre en trompe l ildes Temps m l s Patrick Brunei Cin magies Queneau fait son cin ma dans Loin de Rueil Franck Wilhelm Le cin ma de Pierrot G rard Denis Farcy Le spectacle est dans la salle Jean Pierre Martin Mon associ M Davis Du roman de Jenaro Prieto au sc nario de Raymond Queneau Dani le Gasiglia Laster Comment partager le tr sor Arnaud Laster Spectacles m l s Cent mille milliards de po mes en spectacle Robert Kayser Peter Ibbetson ou le spectacle du r ve d
49. classique Ces deux concepts ont re u un nom sp cifique dans le mod le la repr sentation mentale que se fait un acteur du dispositif porte le nom de profondeur de dispositif de l acteur L ensemble des l ments mat riels qui sont alors consid r s par lui comme constituant le texte portent le nom de texte vorr parce qu il s agit avant tout d un probl me de perception l arch type du dispositif la profondeur de PHILIPPE BOOTZ dispositif induit par des proc d s cognitifs d attente et d attention une perception des l ments du texte voir qui seront trait s par la lecture cognitive au d triment des autres l ments qui ne seront pas per us ou trait s comme du bruit Notons que les profondeurs de dispositif correspondant un arch type sont en nombre limit es pour une uvre donn e Elles sont de plus partag es par une communaut d acteurs m me si initialement cette communaut peut tre r duite quelques auteurs Enfin comme l arch type intervient dans des processus de tr s bas niveau au niveau de l attention port e par l acteur il ne s agit nullement d une utilisation consciente de l uvre au sens o Umberto Eco l oppose l interpr tation On peut m me consid rer qu une fois la profondeur de dispositif active le texte voir est d fini de fa on non univoque et se pr te l interpr tation L ambiguit provient de la multiplicit des profondeurs de
50. da Mais nous en avons trouv quatre occurrences ant rieures Le po te d origine roumaine Claude Semet vraisemblablement inspir pour la m trique iambique de sa po sie d origine s est constitu Etapes 1960 une po sie caract ris e par deux crit res un vers de longueur variable mais iambique et des strophes de vers blancs qui sont tous f minins saufle dernier Pierre Seghers l a employ e notamment dans un recueil entier Fortune Infortune Fort Une 1984 Pierre Oster a inaugur dans Les Dieux 1970 avec le Vingt et uni me po me une forme qu il poursuivra pendant trente ans jusques et y compris le Vingt huiti me po me 2000 o il introduit le rejet alors que ses po mes ant rieurs taient en vers raci niens La m me ann e que Les Ruines de Paris 1977 o R da exp rimentait cette nouvelle contrainte est parue l anthologie Po tes baroques allemands 1977 o Marc Petit suivait cette contrainte pour traduire le sonnet en vas rapport s de Quirinus Kuhlmann et l un des sonnets de Catharina Re gina von Greiffenbeig La rime berrychone Du travail de l Ouvroir c est la seule rime nouvelle qui semble viable et son tour f conde C est une rime non pas deux mais trois l ments orient s Beltramo concubinage maxima Le troisi me vers forme une contre assonance avec le premier et une assonance avec le deuxi me Sur son origine pseudo am ricaine et sa th
51. dans la langue d arriv e d homonymes et de paronymes qui traduisent directement ceux de Roussel dans la situation id ale nous trouverions des homonymes et des paronymes espagnols dot s de significations tr s proches des originaux cela ne s est produit que pour une des matrices de Roussel L enchev trement de la boucle au cordon du portier mortier El enmaranamiento del nudo en el cordon del portero mortero l autre situation commode pour le traducteur est celle o le sens des homonymes co ncide dans les deux langues mais pas celui des paronymes ce serait l exemple analys plus haut dont la fiction pr sentera in vitablement quelques divergences fictionnelles par rapport l original Les matrices de La peau de la prune peuvent nous en fournir un autre exemple La peau verd tre de la p brune un peu m re 7 La piel oscura de la mora moza algo madura HERMES SALCEDA _ la derni re situation relativement confortable pour le traducteur est celle o m me s il manque d quivalents exacts comme dans le premier cas il peut trouver dans sa langue des homonymes et des paronymes appartenant aux m mes champs s mantiques que ceux de l original comme dans l exemple suivant La r gularit des mailles sur l caille du crochet brochet La regularidad de los hilos sobre la cola de la capa carpa Les mailles de l original sont ici remplac s par des fils
52. dans la version une des circonstances sp cifi es dans l original ce qui pourrait donner lieu la traduction suivante 265 266 ANALYSES D EUVRES formando un circule en el suelo una decena de personas almorzaban en lo alto de un acantilado bajo una tromba de agua dans laquelle il n est pas pr cis que les pique niqueurs sont assis on peut difficilement les imaginer couch s pour d jeuner et qui de surcro t dissout le syntagme d jeuner en rond Pour r ussir une version stylistiquement comparable au texte de Roussel il convient donc de s imposer la fois de donner exactement la m me quantit d informations et de distribuer savamment les circonstances qui entourent l action principale una decena de personas sentadas en el suelo en lo alto de un acantilado almorzaban en circulo bajo una tromba de agua Le passage qui suit d crit les volutions de deux jeunes amants funambulistes qui craignent d tre surpris par leurs parents respectifs la moindre alerte ils se remettaient debout et chacun rentrait chez soi les bras tendus pour garder l quilibre Puis le danger pass ils regagnaient leur place en marchant avec pr caution sans jamais laisser d espace entre leurs pieds le talon de l un touchant exactement la pointe de l autre Idylle funambulesque La traduction de la seconde phrase ne poserait probablement aucun probl me si Roussel ne s effor ait
53. dispositif possibles 2 2 3 Les profondeurs de dispositif applicables aux cent mille milliards de po mes sont deux r ponses un m me probl me Les deux lectures des cent mille milliards de po mes paraissent premi re vue antagonistes En r alit on peut les concevoir comme deux perspectives diff rentes d un m me probl me celui de l infini litt raire Les deux lectures g rent en effet diff remment la question du rapport entre l infini et la cl ture Ce probl me est isomorphe au traitement math matique de l infini Une mise en parall le des lectures du livre de Queneau avec une autre forme du paradoxe de Z non nous en fournira une illustration L infini depuis les grecs est toujours d fini partir d une op ration r alis e dans un espace qui peut tre born L infini est une notion fonctionnelle pas un objet Il n appara t que dans une manipulation et sous certaines conditions seulement L exemple du paradoxe de Z non est particuli rement significatif cet gard Ce paradoxe repose sur une op ration purement abstraite la dichotomie et sur une conception continue de l espace Ces deux notions abstraites sont utilis es comme contraintes sup rieures l exp rience sensible et s imposent au philosophe Elles sont de ce fait quivalentes aux contraintes de lecture Le paradoxe affirme que la fl che tir e par Achille ne pourra rejoindre sa cible parce qu elle doit parcourir pour ce
54. e de la litt rature in puisable Enfin il y a le m me style de variation partir d une forme fixe soit la description d une plante s l nite soit un type qui descend d un bus l expression stylistique change chaque texte soit pour imaginer un paradis v g tal de plantes merveilleuses soit pour raconter toujours l histoire banale d un homme urbain un exercice contraignant au double niveau de l criture et de la langue soit pour inventer un monde imaginaire et futuriste soit pour essayer les cat gories du discours IV Conclusions MB est toujours en train d essayer des formules nouvelles d criture et pour ce faire il est devenu une esp ce d horloger scriptural qui construit des machineries complexes dont les m canismes changent chaque ouvrage la forme y joue bien s r un r le fondamental car elle est la protagoniste de ces machineries textuelles En mati re de litt rature en plus de l auteur il est tout fait important de regarder l uvre L uvre d passe bien la vie des auteurs et des lecteurs et m me des biblioth ques car l uvre est m moire par elle m me sans temps et sans espace C est ainsi que pour construire le projet d une certaine th orie g n rale il faudra avant tout tenir compte des uvres parfois en dehors ou en marge des auteurs et des lecteurs d une poque des opinions et des id ologies d un lieu concret de l espace litt raire et th orique La th
55. l caille par la queue le crochet par une cape et le brochet par une carpe mais nous restons dans le domaine de la couture et de la p che dans les situations les plus difficiles il n existe pas en espagnol des homonymes ni des paronymes recouvrant des sens proches de ceux employ s par Roussel Pour ce genre de matrices nous nous sommes efforc s de trouver des homonymes et des paronymes qui demeurent dans le champ s mantique d une des deux matrices de Roussel m me si dans l autre ils s loignent beaucoup de l original Ce fut par exemple le cas pour les phrases polaires de Les ardoises Les coups de la paume dans le jet du trayon crayon blanc Las palmas hacia el vuelo del la mena mina blanca Ici la phrase de cl ture peut tre vue comme une traduction libre de la matrice de Roussel mais il n en est pas moins vrai que les coups de la paume vers le vol de la mine blanche restent s mantiquement assez proches de l original En revanche la phrase d ouverture change compl tement de champ s mantique et nous passons du domaine de la ferme et de la traite des vaches celui de la fauconnerie et des ch teaux forts meurtri res exotiques Ainsi l ampleur des interventions que le traducteur devra r aliser sur l original est en rapport assez direct avec la gradation des difficult s que nous venons d voquer M me si l espagnol et le fran ais sont deux syst mes linguistiques assez proc
56. la question initiale savoir comment l criture contraintes compatit aux math matiques Elles souffrent toutes les deux du m me inconv nient l absence de fondements absolus Elles sont toutes les deux forc es de choisir des bases arbitraires C est ce que les math matiques modernes font en adoptant la UWE SCHLEYPEN m thode axiomatique et l criture en s imposant des contraintes Dans ce sens il existe une parent profonde entre les deux disciplines On peut comparer les axiomes math matiques et les contraintes litt raires en ce qu ils sont la cons quence n cessaire de l absence de bases absolues La litt rature ne peut plus compter sur l inspiration divine ni sur la r alit L criture contraintes a donn un nom et une th orie la n cessit de choisir les bases de l criture Et les math matiques lui ont servi d exemple Une derni re question s impose Si les math matiques peuvent servir d exemple la litt rature la litt rature son tour peut elle influencer les math matiques J ai pos cette question Jacques Roubaud lors d une lecture publique Munich en 2001 et il m a r pondu que non Pourtant Jacques Roubaud lui m me a prouv le contraire apparemment sans le savoir Par un simple proc d oulipien il a r ussi inspirer une uvre au grand math maticien polyc phale Bourbaki une uvre math matique qui pourrait figurer dans les biblioth ques invis
57. le probl me est infiniment plus ardu si l on s impose une chiro ou typographie classique avec des caract res chasse proportionnelle Car alors l galit logo milli m trique des lignes de vers s atteint en consid rant moins le nombre de signes espaces que les largeurs cumul es desdits signes espaces Sans parler des blancs et ponctuations divers qu il n a gu re song r partir quitablement Mallarm ne s est pas davantage souci d quilibrer ligne ligne la r partition de lettres majuscules ou minuscules lettres troites ou larges autant d l ments qu il lui aurait fallu de toutes fa ons classer d abord par cat gories d apr s la portion qu ils occupent sur la ligne Calculer au plus fin ces portions est videmment facile l re informatique 175 176 ANALYSES D EUVRES Par ordre d ampleur d croissante et pour m moire dans ce quatrain qui mobilise en tout dix huit lettres de l alphabet plus un chiffre les cinq majuscules se laissent r partir en trois classes 1 VGD 2 R 3 P et les quelque dix huit minuscules plus le chiffre en six 1 m 2 ngpohubd 3 ec 4 as 5 r 6 til Le m me travail partir d une casse d imprimeur n tait pas on l imagine hors la port e du scripteur qui pour Un coup de d s jamais n abolira le hasard m ditera longuement sur la spatialit et la typographie L on peut gager que dans la suscription Lebr
58. on peut op rer ces d finitions de la fa on la plus m canique En effet alors que les prescriptions surcontraignantes exigent dans la mesure o sous les conditions stipul es il faut inventer des solutions que l effort repr sentatif se fasse partir des contraintes l inverse les prescriptions anti contraignantes suscitent dans la mesure o il suffit avec les substitutions propos es d accepter quels soient ils les r sultats obtenus un m canisme excluant tout effort de repr sentation Et par suite il semble possible de faire saillir en quoi c est bien l absence d une construction th orique suffisamment aboutie qui freine certains oulipiens dans leurs tentatives d lucidation Si Fran ois Le Lionnais ne songe gu re on l a not discriminer en leur statut d une part les contraintes du vocabulaire et de la grammaire et d autre part les contraintes de la versification g n rale c est qu il est d pourvu du bin me conceptuel capable de stipuler qu elles rel vent de cat gories distinctes et corr l es les premi res sont des contraintes 43 THEORIES DE LA CONTRAINTE orthorepr sentatives les deuxi mes des contraintes orthom ta repr sentatives Si Claude Berge ne oit pas de rapports apparents entre la vocation des contraintes et la vocation des transfor mations tandis que la vocation des transpositions lui appara t seulement co
59. orie g n rale ou transversale se nourrit bien s r des apports mat rialis s dans les uvres au del m me des circonstances de leur cri ture lecture ce qui fait une lib ration des tares provoqu es en g n ral par la doxa particuli re des genres des coles des langues des cultures des styles etc Pour MB il ne s agit pas seulement de r p ter les gestes transgressifs d un simple formalisme il n est pas simplement de continuer une certaine vocation des avant gardes n o modernes il ne fait pas seulement l criture des autres l poque du Nouveau Roman Par contre MB a construit un syst me autodynamique capable de faire fonctionner une quantit norme de textes il a invent une lign e textuelle originale il a transgress les pr suppos s esth tiques de quelques marques avant gardistes d ja d pass es a son avis et ila entrepris la t che de construire une nouvelle criture moderne humaniste ouverte universelle 199 ANALYSES D EUVRES Voici pourquoi MB fait partie du mouvement hyperconstructif en tant que r volution qui voudrait transformer le geste postmodeme et inaugurer une nouvelle modernit pour le troisi me mill naire moyennant la pratique d un formalisme constructeur et non plus transgressif qui voudrait construire une uvre nouvelle et moderne loign e des pr suppos s erron s des postmodemes Si la modernit est cet effort de tous les temps pour d passer les lim
60. par la m trique m me si muet Comme la plupart des po tes de la tradition Mallarm s vertue ordinairement mettre les vocables ainsi termin s ou devant voyelle ou la rime Or certains particuli rement rue avenue sont si peu contournables dans une adresse que l on pourra videmment lui pardonner de n avoir que deux fois succomb la licence po tique syncope dans le quatrain Verlaine Ru Didot abr gement dans le quatrain Lamoureux Soixante deux R Saint Lazare VII 1 Mais Banville a raison Le fait est qu un scripteurpeut toujours s viter la contorsion s il le veut Il est loisible de tourner l crit d autre mani re Essayons A toi mieux que mon pied vers l aine Facteur l clat du p ridot Qui nimbe mon ami Verlaine Rue H pital Broussais DidoL sans r signer trop d exigences Dans une logique de texte o la structure prime sur les l ments qu elle d finit comme tels la seule raison valable pour consentir un laxisme relatif du premier type est qu il appartienne aussi au second si son usage a d heureux effets sur la configuration globale laquelle travaillent tous les l ments elle est donc cette raison extrins que la structure que ce laxisme permet localement d obtenir Rien n emp che a prion une licence po tique de conna tre outre son efficace propre des cons quences structurales de plus large env
61. perecquiennes manifestent une intertextualit radicale en ce que l exercice de la m moire des textes para t capable d y d finir dans sa globalit le projet de l criture La Vie mode d emploi en particulier dont l criture est fort proche de celle du centon manifeste en ce sens une intertextualit excessiv e d passant les normes du genre qui ne saurait donc tre r duite 4 la n cessit romanesque que je viens d exposer Je ferai d s lors l hypoth se que cette criture m morielle en exc s peut tre plus pr cis ment comprise comme un effet de la crise du genre et de la cat gorie dont l nergie apparemment perdue ne pourrait que prendre la forme compensatoire d une encyclop die nostalgique Le romanesque serait en somme d autant plus intertextuel que ses ressources seraient moins ais ment accessibles Je citerai ici un passage du chapitre LXTV p 381 qui me para t signifier narrativement cette id e d une perte de l nergie romanesque Pour occuper les longues heures d attente pendant lesquelles la radio restait muette il O Gratiolet lisait un pais roman qu il avait trouv dans une caisse Des pages enti res manquaient et il s effor ait de relier entre eux les pisodes dont il disposait I y tait question entre autres d un Chinois f roce d une fille courageuse aux yeux bruns d un grand type tranquille dont les poings blanchissaient aux jointures quand quelqu un l
62. r s par leur traitement temporel Un exemple significatif en est donn par En r ponse la lampe Ce type de contrainte peut servir mettre en informatique des textes pr alablement con us pour le papier Ces productions utilisent alors le dispositif proc dural pour d velopper la combinatoire implicite d un texte visuel statique ex La toile ou pour d velopper une combinatoire possible mais non r alis e dans le texte initial statique La diversit des canaux multim dia est alors utilis e pour pr senter de concert le texte initial et le texte transform Ainsi dans l espace le canal sonore permet d entendre le texte initial alors que le canal visuel laisse progressivement se construire un texte autre r alis par disparition d un seul mot du texte initial Ce n est qu au moment de la chute que ces deux canaux apparaissent au lecteur comme supports de textes diff rents 3 2 3 Les contraintes li es l adaptabilit Un second type de contraintes repose sur l autonomie du processus Celle ci interdit l auteur de pr voir le rendu exact de l ex cution et nuit un traitement classique de la synchronisation La technique utilis e dans variations sur passage peut tre nomm e synchronisation par intervalles car elle repose sur le caract re signifiant que poss de un l ger d calage entre le visuel et le sonore d s lors qu il semble coh rent La musique cr ant un 75 76
63. r sum s J entends en nos deux souffles Le sens exact et les voix int rieures Mais aussi le tonnerre qui r pond Par le pouvoir de sa bouche sans faille Ba ba ba dalgharaghta L6 Ba ba ba dalgharaghta N de la foudre et de l clair Un cri parvient nos oreilles Da da da c est dire dam d Adam M me celui qui gronde parle Et le tonnerre gronde avec fracas Bababadalgharaghtakamminar ronnkonnbronntonnerronntuonnthunntrovar rhounawnskawntohoohoordenenthumuk raphelmayamechzabialmi 329 CREATIONS ORIGINAL BABELIQUE raphel may amech zabi almi pseudo langue 1 7 Raphel may amech zabi almi pseudo langue Malia paha o lome aku hawa en Nan daru non wey ba V nanitu hut dogon arapaho Zal 2 lugar egaxa langue artificielle La lauoluola dramme pagloni utopien Mononge ahangwela mpela ntomba Brekekekex koax coac onomatop es E bwo cihe a li meni c muhi lo io ito ito tis hode grec ancien Rou rou rou sitzi litzi tzi tzi tzi zaum 1 8 Rou rou rou sitzi litzi tzi tzi tzi zaum Ch u ch u wen t i niao tan wen jen yu hsiang chinois Connectunt componunt vincula verbis latin Abe yiyi siwo loa avo w Ud homanag ud nisanag pehlcvi Mba egui piko nanaimembaitei petei ne eme guarani Zacar ca od zamran nochien Gi ord bevegende stemmer gi ord norv gien 330 BERNARDO SCHIAVETTA UNE VERSION FRAN AISE
64. rent selon un surcroit Or et pour s en tenir ici ces derni res l on montre en textique partir de la matrice minimale d exhaustion que ce surcro t ne peut correspondre qu deux tablissements ou bien celui d un effet d expressivit ou bien celui d un effet d orthom tarepr sentation Ainsi et pour choisir aujourd hui une occurrence apparemment plus labor e il semble que ce soit vers les corollaires additives que dans La disparition au moins lors d un savoureux paragraphe de l Avant Propos Georges Perec se dirige Toutefois comme il proc de semble t il moins par th orisation que par intuition diverses failles montrent qu il ne va peut tre point tout fait au bout de la surcontraignante logique concern e Et c est sous les esp ces d un R crit Avis Par la Textique l accomplissement de tel geste demeur en suspens que maintenant en guise de p roraison l on envisage d offrir 47 THEORIES DE LA CONTRAINTE SI l on souhaite faire saillir davantage les ph nom nes l on peut recourir au lieu de la cons cution originale la mise en page que voici On tuait son frangin pour un saucisson son cousin pour un b tard son oisin pour un cro ton un quidam pour un quignon En effet et plus ais ment avec ce dispositif il suffit d s lors bien sur d un nen d attention pour distinguer d t on ne point entrer ici dans le d tail de
65. style du double 9 le sentiment profond 10 cela devrait tre Florence Delay La Pluralit des proses de J Roubaud Entretien de Florence Delay avec Jacques Roubaud in Quai Voltaire n 10 1994 p 19 25 Art cit p 25 7 Ibid p 25 i Barthes Roland L Effet de r el in Communications n 11 1968 p 84 Un art simple op cit p 123 20 Val ry Paul Rh torique Tel Quel uvres Gallimard Biblioth que de la Pl iade vol II 1960 p 522 3 Chaque vers est con u durant le temps du trajet de la rame puis crit lors de l arr t suivant et ainsi de suite jusqu la fin du parcours selon les indications donn es par le po me liminaire intitul Qu est ce qu un po me de m tro Po mes de m tro Paris P OX 2000 p 7 Un art simple op cit p 23 17 21 22 23 37 38 THEORIES DE LA CONTRAINTE Jean Ricardou Logique de la contrainte Cette contribution mane d une discipline nouvelle la textique ayant pour objectif l laboration d une th orie exhaustive des structures de l crit Toutefois comme certaines et certains se trouvent sans doute plut t inavertis a son gard et comme du moins au prime abord ils entendent peut tre le rester l on c dera ci apr s deux exigences inverses d une part choisir un couple de questions dont l claircissement est semble t il du ressort de la textique d autre part
66. tait d pendante de gros syst mes co teux et domin e par quelques grandes entreprises comme IBM surnomm e Big b lue l appantioo des premiers micro ordinateurs Apple IT et des premiers traitements de textes Altair 8800 J 975 suscite un mouvement d appropria x de informatique par les particuliers et sa banalisation comme outil d criture L hypertexte jusqu alors r serv aux gros syst mes est popularis par les logiciels Storyspace 1985 et HyperCard 1987 Dans l esprit des pionniers am ricains il est un instrument de contre culture JEAN CLEMENT et se trouve par de vertus politiques Le mouvement f ministe s en empare dans les universit s am ricaines Il appara t comme une nouvelle forme de pens e et d criture favorisant une d marche rhizomatique anti hi rarchique plus analogique que cart sienne Un des effets les plus remarquables de l hypertexte est le renversement ou tout le moins la modification des positions respectives de l auteur et du lecteur Socrate se plaignait d j de ce que l criture obligeait le lecteur mettre ses pas dans ceux de l auteur sans pouvoir discuter comme l oral de ses arguments Dans la longue histoire de l criture et du livre l hypertexte peut tre consid r comme l aboutissement d un mouvement g n ral d mancipation du lecteur par rapport l auteur Les critures anciennes comme le boustroph don ou la scriptura ro
67. une nouvelle intelligibilit du monde Tout se passe comme si notre civilisation du liv re av art fait son temps et faisait d sormais obstacle la pens e comme si le livre avait favoris Je d veloppement d une rh torique simplificatrice et trompeuse C est dans Milteplateaux que Deleuze exprime cette id e de la mani r la plus forte Un premier type de livre c est le livre racine L arbre est d j l image du monde ou bien la racine est l image de l arbre monde C est le livre classique comme belle unit organique signifiante et subjective les strates du livre J Le livre imite le monde comme l art la nature par des proc d s qui ha sont propres et qui m nent bien ce que la nature ne JEAN CLEMENT peut pas ou ne peut plus faire La loi du livre c est celle de la r flexion le Un qui devient deux Comment la loi du livre serait elle dans la nature puisqu elle pr side la division m me entre monde et livre nature et art Un devient deux chaque fois que nous rencontrons cette formule fut elle nonc e strat giquement par Mao f t elle comprise le plus dialectiquement du monde nous nous trouvons devant la pens e la plus classique et la plus r fl chie la plus vieille la plus fatigu e p 11 Nous sommes fatigu s de l arbre Nous ne devons plus croire aux arbres aux racines ni aux radicelles nous en avons trop souffert Toute la culture arborescente est fond e sur eux
68. utilisait gu re qu une acception diff rente ou une expansion s mantique du mot Avec l homonymie le discours nigmistique moderne est diff rent surtout quand par homonymes on entend les termes qui sont vraiment tels et dont la d rivation tymologique diff rente nous appara t vidente c est l int rieur du discours nigmistique qu ils trouveront leur pleine valorisation Il est vrai que certains auteurs consid rent la polys mie comme un v ritable l ment d efficacit et d conomie dans le fonctionnement du langage Ces m mes auteurs consid rent toutefois l homonymie comme un fait d simplement au hasard voire comme un m canisme susceptible d engendrer l quivoque et de perturber la communication Il est bien vrai que le th me de la clart expressive demeure particuli rement important pour les techniques de l argumentation Mais la po sie peut s accorder certaines libert s qui peuvent aller jusqu provoquer une v ritable fascination pour l obscurit du langage Ce qui est parfois consid r par les linguistes comme un incident de parcours et une atteinte la clart expressive peut en effet assumer des connotations diff rentes dans d autres contextes Or si cette obscurit ambiguit repr sente une marque de la po sie elle pourra et devra tre plus forte raison une marque de l nigme de l criture nigmes L int r t le plus important
69. 1266 La d termination agit en fait dans l autre sens c est parce qu un crivain s imite d j qu il est possible de l imiter 38 Quatrain pour M ry Laurent dat de Mandres Seine et Oise 22 septembre 1892 croire le cachet de la poste dessin ainsi que le timbre sur une carte conserv e la Biblioth que litt raire Jacques Doucet cote MNR MS 25 82 p 73 2 Exemple due Jean Pellerin cette d dicace A une voyageuse aussi impeccable que fausse qui compl ta longtemps les Vers de circonstance de Mallarm Paris NRF Gallimard 1920 sous len LXV p 135 37 Quand au dining car dine Alice Qu elle penche son front t tu Sur ce petit livre v tu Tout de rouge cardinalice Cit par Monique Lange Cocteau prince sans royaume Paris Latt s 1989 p 91 11 s agit d envois pneumatiques la plupart en alexandrins 4 uvres compl tes Paris Gallimard Biblioth que de la Pl iade 1988 p 33 Breton raille en le redoublant un calembour initial auquel d ailleurs Mallarm avait song sur une enveloppe non post e Ris poste et ne sois pas bourrue AQA 41 2 Enveloppe timbr e de Constantinople le 4 avril 1898 Correspondance Paris NRF Gallimard 1984 LX p 265 In De la reine ala tour D un sibyllin Azur la syllabe abolie ch VII Affaire de styles Paris Fallois 1995 p 111 44 40 In Le g ranium ovipare Paris J
70. Andr Helbo Il faut aller au del des significations intrins ques de l uvre C est la t che de toute une tradition de la th orie de l espace et de ses probl mes dans le monde contemporain qui s est manifest d ailleurs dans maintes tudes A cette tradition topophilique vient de s ajouter tr s r cemment le livre de Georges Didi Huberman il s agit d une tude sur une certaine anthropologie de l ambiance o l homme contemporain devient inquiet trange o il y aurait au moins la possibilit d un enfer de poussi re d un non lieu humain de la post modernit Le livre commence avec ces phrases Les choses de l art commencent souvent au rebours des choses de la vie La vie commence par une naissance une uvre peut commencer sous l empire de la destruction r gne des cendres recours au deuil retour de fant mes n cessaire pari sur l absence yl Sans doute MB est pass par cette exp rience aux Etats Unis lorsqu il y est arriv avec sa famille et sans doute aussi les conditions de la pens e contemporaine au d but des ann es 1960 se rapprochaient beaucoup de cette description symptomatique de Didi Huberman Mais MB a crit Mobile d ja cit Description de San Marco Herbier lunaire et d autres livres pour montrer que la vie de Phomme est une lutte contre tous les adversaires de l existence m me l int rieur de l art et de la litt rature La Mobilit des comp
71. CE ES Rien ne plaira rien ne sera aim Hors la mort par qui y aspire Comme le drogu exige sa seringue Et le satyre un trou De balle au petit matin plant e Dans le corps de l amante car ne D sire t on que meure l irrempla able M re fille bien aim e Maman rien aussi bien Stilla Albertine Juliette soeur ch rie Ou qui fut telle ou qui un jour le sera 297 CREATIONS Membre fant me ou cart de r ve tous nous r vons En couleur ou bien en noir et blanc De trains rat s de chambres sans Portes de trappes qu on ne voit Pas de pieds coll s sur place D une chine glissante d un Gouffre sans fin ab me plein De profondeur o doit mourir Fourbue afflig e de Vide v tue comme ne peut Vivre jamais jamais plus la pute la putain de Babylone Elle la requiem donna donna La elle chienne tra n e enferm e Enchain e fouett e Herse 120 pointes qui Se rapproche interminablement Boule rouge du soleil l horizon Qui engloutit le monde Griffe qui se ferme autour L os doux de la gorge Langue corch e qui r pe la peau 298 SJEF HOUPPERMANS Jusqu a sa cendre grise L vres violettes qui sucent Sans pouvoir se d tacher Dents noires qui se cassent Dans une chair vanouissante Mais encore la rose patisserie sucr e En mille couches Billes d gringolant comme Une pluie de gr lons Ballons de mille formes qui
72. La premi re objection C est que les divers laxismes sont ici bel et bien trait s Trait s Oui paradoxalement suivant leur profusion m me et dont a rendu compte plus haut pr cis ment le loisir d mettre leur gard une formule g n rique celle de s ries homog nes chacune un laxisme pr s En effet l on peut tre tent de pr tendre que tels laxismes font en ce passage l objet d une indiscutable exigence celle tout justement de leur cumul La deuxi me objection C est que en voquant sur ces lieux la notion de b tard l crit semble d signer pr cis ment l ill gitimit de certaines des occurrences dont il est le site Or en regard de ces ventuelles objections il serait possible d inscrire deux br ves contre objections La premi re contre objection C est que s agissant de loisibles infractions telles r gles construites leur simple cumul n est gu re par lui m me puisqu il reste malgr tout un cumul de laxismes une exigence assez forte pour en assurer m me relativement un d cisif rachat La deuxi me contre objection C est que la supposer pour tre large accomplie en l esp ce la simple d signation d une ill gitimit par l crit lui m me si elle se borne cet office la justifie moins qu elle ne la d nonce Et du reste il se trouve que tel paragraphe pr sente en outre quand on persiste le scruter avec
73. Massy galement m me si 1 Histoire du bourrelier de sa soeur et de son beau fr re met surtout en oeuvre un sch ma de conte d ailleurs d sign d embl e graphiquement par le cul de lampe en forme de f e plac au dessus du titre En ce sens la revendication de l infime explicitement pr sente notamment par le biais de la figuration di g tique du projet de l crivain Perec par celui du peintre Val ne est toujours d jou e par l irruption de l extraordinaire romanesque En t moigne clairement un passage du chapitre XXVIII p 169 o l vocation du projet de Val ne ancr dans l insignifiant du quotidien se cl t par une d n gation du romanesque ici criminel et policier il se mettait penser la vie tranquille des choses toute cette somme d v nements minuscules inexistants inracontables tous ces gestes infimes en quoi se r sumera toujours de la mani re la plus fid le la vie d un appartement et que viendront bouleverser de temps autre impr visibles et in luctables tragiques ou b nignes ph m res ou d finitives les brusques cassures d un quotidien sans histoire un jour la petite Marquiseaux s enfuira avec le jeune R ol un jour Madame Orlowska d cidera de repartir sans raisons apparentes sans raisons v ritables un jour Madame Altamont tirera un coup de revolver sur Monsieur Altamont et le sang se mettra gicler sur les tomettes verniss es de leu
74. Ne m nagent plus d ouverture Et quand je les gonfle me Retirent mon souffle m touffent Comme ce fut au tout d but Quand rien ne diff rait de rien CO Et tout se changea en tout d un coup Engendrant cheval au dessus d un tombeau Vomissant vrombissant Se vidant d oeil de nez d oreille Montant d un trou qui va s approfondissant Et qui pourtant se comble et d borde Et m inonde de rouges fourmis Pas plus grave que la derni re voie de fuite Voix vite disparue Ex d criture extinction Dont la cause caustique ne saurait s ignorer Encore cette bouche d chir e Dans une carcasse tordue De voiture sans destin e Des jeunes alors moi Devant un soleil orange Sans progresser stagnant En sol collant Mourant par lignes confondantes Comme dans le maelstr m Claque cloque glouglou et glu Et maladie de Weil Transi d urine de rate Et enterr en carton mouill En mars s affaissent les tombes S en vont les roses en h catombe Se creusant par interstice 299 CREATIONS Tassement tintement L gende de cloches sous terre Ou de b tes encore de nouveau Truies et chiennes cons mauves T te de cheval aveugle couverte d cume Beaucoup de souris parfois sans poils T te de chameau qui demande Que Vuoi Serpents en noeud de glaire Mais pire que tout le h risson Bouillie que je retrouvai Black out sans li
75. THEORIES DES NjoiAT 1J RS FORMES D ECRITURE NUM RIQUE effet d accompagnement expressif du texte crit un cart entre les temps forts sonores et visuels sera per u comme une anticipation ou un cho apr s reajustement et une s nchn gt msation comme un soulignement dramatique La coh rence est assur e par une identit rythmique des deux canaux L algorithme de construction du texte a voir repose pourtant sur un al atoire r el Le v isuel est construit par un g n rateur adaptatif qui adapte la cadence de variation en fonction du r sultat de tests pr liminaires r alis s durant le g n rique de d but Il donc impossible de synchroniser ce visuel avec le son qui lui est constitue de fichiers lus d bit constant Par ailleurs le visuel est en jiarne construit par un g n rateur combinatoire et la musique est constitu e de segments choisis par un tri al atoire selon un algorithme complexe C est finalement l association d un tempo de base assez lent des variations de l ordre d lais selon la machine pour le visuel et d une gestion des dates de lecture des fichiers sons qui assure la coh rence Le tempo reste compatible avec le tempo musical sur une courte dur e et les r gles d autorisation de lecture des fichiers sons permettent de rattraper les d synchroni salions les transitions visuelles sont lentes et aucun fichier son nouveau n est lu huant ces transitions de sorte que le lecteur per oit toujours les temps forts comm
76. allons pas trop vite que c est aussi le lien entre norme et effet de contrainte Le d bat sur la contrainte est ouvert du moins formellement depuis le num ro 4 de la revue Formules et nulle n est mon intention de le fermer La contrainte a t elle m me un sens Une r gle d criture a t elle un sens en soi Comment sortir du formalisme Comment parler d criture sans parler de formalisme Depuis 1960 raison d une r union par mois les Oulipiens travaillent l laboration de nouvelles contraintes Pour eux la contrainte est toujours vue sous son jour productif Toute contrainte improductive est vertement balay e En revanche toute contrainte productive est aussit t mise l uvre de mani re syst matique et de pr f rence exhaustive La tendance oulipienne corollaire de ce qui pr c de veut que ce soit souvent la contrainte qui retienne toute leur attention et non pas le texte qui en est virtuellement le produit La contrainte est une r gle d criture mais en situation et elle peut aussi s assouplir s adapter se modeler pour r pondre aux besoins de l crivain Le recours au clinamen sera parfois possible pouvoir de d clinaison des atomes l g re variante de leur trajectoire d finie par Epicure et reprise par Lucr ce dans le De Rerum Natura le clinamen devient l Oulipo la petite goutte d huile dans l engrenage la l g re distorsion qui permet la contrainte de jouer pleineme
77. au gr de la vie de notre imagination qui la nourrit c est ainsi que l atmosph re o Madame de Guermantes existait en moi apr s n avoir t pendant des ann es que le reflet d un verre de lanterne magique et d un vitrail d glise commen ait tendre ses couleurs quand des r ves tout autres l impr gn rent de l climeuse humidit des torrents IIL 311 Pans Minuit 1997 L aurore comme couleur ne figure qu une seule fois dans La recherche elle permet ici de faire la transition entre jaune et rose et de souligner la fusion des contraires telle que le d sir la fa onne Le Monde du 19 septembre 1997 signal par Marie Miguet Ollagnier dans Le Jardin des Plantes l ombre de Marcel Proust Bulletin d informationsproustiennes no 29 1998 p 131 Peu avant figure un autre exemple de la finesse de cette dame au moment o s envolent les oiseaux Leurs ailes de g ants les emp chent de marcher dit Mme de Cambremer confondant les mouettes avec les albatros 111 209 21 Le chapitre 2 commence par un fragment narrant une visite de la Reine d Angleterre v tue de sa robe hortensia dans un entourage carnavalesque et bariol p 1 57 qui contraste vivement avec rordinatre de la coloration militaire Proust au del de l impressionnisme in Proust et ses peintres r daction Sophie Bertho CRIN 37 Gomngue 2000 p 57 sqq Vota un autre exemple de cet art du d calage glissement d
78. caract ristique de l poque contemporaine il est une force cr atrice c t de l empirisme puisque la r alit remplace le dogme p 217 C est ainsi que d apr s Balandier la recherche de l ordre par le moyen du mouvement essaie de rapporter l efficacit en g n ral associ e au rationnel instrumental de l empirisme qui diversifie d multiplie les r ponses et bannit toute r forme totale p 219 tant donn le d fi de la litt rature concernant l effet de repr sentation pour contre le monde les civilisations et les cultures naissent du d sordre et se d veloppent sous l ordre p 226 d accord mais attention la critique radicale de Balandier Les uvres les plus r centes et d une cat gorie beaucoup plus 86 JESUS CAMARERO inf rieure voquent pour la plupart soit l clatement soit la disparition Les premiers en explorant des chemins nouveaux pour l criture souvent m lang s et risqu s en r habilitant l exp rience de quelques vies crev es en repr sentant les effets d interf rence dans le r cit en utilisant une Mobilit qui rend l abondance d v nements avec aisance ou une humour ravageuse p 228 Mais pour bien comprendre cette id e il faut dire que pour Balandier l ordre n est qu un cas particulier du d sordre la philosophie actuelle doit progresser partir de la g n ralit et le d sordre constitue aujour
79. ce qui contrevient au principe de vari t et que fuit le non rimeur Ces proc d s correspondent a ceux de sa prose et de ses versets r p tition des m mes mots et syntagmes anaphores et cataphores et ont la m me fonction criture hypnotique persuasion cat ch tique litanie religieuse ent tement paysan La monorimie et la birimie Les po mes monorimes sont souvent burlesques Rares exemples chez Aragon J ai travers le pont de C et tel po me en ique d Alain Lance de m me que la birimie Norge Aragon encore et Pierre Lartigue dans les chansons de La Forge subtile d but 2001 On peut enregistrer comme nouvelle vari t de monorimie sous la forme de rime interne parfois incorpor e associ e la terminale dans des textes que nous appellerons enrichis Exemples le monologue cocophonique en vers r guliers de Rostand dans Chantecler le po me en vers libres satur en o de Cendrars sur Cocteau ou les jeux sur la syllabe go dans un passage du Petit trait invitant la d couverte de l art subtil du jeu de go de Pierre Lusson Georges Perec et Jacques Roubaud Bourgois 1969 La birimie en prose peut tre d crite avec le couple de deux syllabes utilis dans la contrainte du baobab de Roubaud 111 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES ECRITURES A CONTRAINTES L assonance Avec le vers libre l assonance devient un succ dan de la rime dans la contrainte desserr e en vers c
80. cessaire car dans la mesure o il s agit pour la version d viter que les contenus de l original contredisent la logique des effets de la contrainte sur la langue d arriv e et ou la vraisemblance des nouveaux l ments fictionnels qu elle tend cr er Dans son aspiration naturelle fournir aux lecteurs de la culture d arriv e un texte pourvu d une valeur po tique aussi proche que possible de celle de l original le traducteur tend aussi dans sa lecture se montrer particuli rement attentif la pression que la contrainte exerce sur la langue aux choix qu elle oblige faire dans la manipulation du syst me C est ce type de surveillance qui m a permis d expliciter pour les textes de Roussel les m canismes de l conomie du langage qui lui est impos e par le proc d et de v rifier qu il s agit l d une donn e majeure de sa m thode d criture La pression que cette r gle exerce sur la configuration narrative des r cits et sur l usage de la langue explique au moins en partie l anecdotisme roussellien la concision d une phrase dont le sens se montre flottant plus souvent qu on ne pouvait l esp rer 267 268 ANALYSES D EUVRES Notes 1 Le mot sera utilis au long des pages qui suivent de mani re tr s g n rale afin de d signer autant les l ments qui composent la syntaxe narrative d un r cit que les r f rents convoqu s par les mots du texte U convient surtou
81. d apr s celle de Passerat poy l kiyussoi l g dland rig ALAIN CHEVRIER La rime coup e Ce si cle a vu son usage erratique mais s rieux chez Jammes notamment dans ses vers courts tu ne vien draspas puisque tu es loin chez Cocteau Queneau syst matique dans Pour un art po tique 1945 ou dans Encore le p ril jaune On la retrouve dans les sonnets de Jacques Roubaud et les sextines de Pierre Lartigue C est a la fin de ce si cle que le ci devant aragonien Rouben Melik fait de la rime coup e cette fois ci toujours sans tiret un usage tr s fr quent sinon pr pond rant partir de Le po me arbitraire 1967 Et que Ren Beletto a fait un recueil de sonnets syst matique Loin de Lyon 1986 dans la lign e des vers coup s et syncop s de l antipo te Denis Roche et du n o aragonien Jean Ristat Enfin c est au sein de la rime berrychone que Jouet pousse tr s loin en jouant avec l lision de la syllabe muette avant consonne r sultant d une rime coup e Driffield Parfois le d Epart of Vanalyse de cette rime contre enjambante ou rime jouetienne de Navet linge oeil de vieux 1998 dans notre ouvrage La Syllabe et l cho 2002 L autorime Raymond Queneau a donn un po me obs dant sur le mot rime mort Il a aussi compos un long po me en mots rimes sym trie horizontale Tant de sueur humaine 1947 qui r alise le maximum d cart et de distance
82. de la biologie la linguistique Au contraire rien n est beau rien n est amoureux rien n est politique sauf les tiges souterraines et les racines a riennes l adventice et le rhizome p 24 Dans ce nouveau contexte pist mologique l hypertexte que ne connaissait pas Deleuze apparait comme la r ponse technologique au d sir d une pens e rhizomatique lib r e des rigidit s et des contraintes du lin aire Le retour de la contrainte Il serait cependant illusoire et par ailleurs hors de propos dans le cadre de ce colloque de croire que l hypertexte favorise une criture lib r e de toutes contraintes L exp rience montre qu il n en est rien L criture hypertextuelle peut certes lever certaines inhibitions chez les apprentis scrip teurs La possibilit d crire en suivant le vagabondage de la pens e ou de l imagination hors des contraintes de la rh torique classique le recours une criture fragmentaire la libert de cr er des liens sans avoir les justifier tout concourt sur ce nouveau support donner ou redonner le go t d crire Mais ceux qui se sont attel s la t che d crire un hypertexte de quelque ampleur savent qu ils ont d r soudre de nombreux probl mes et affronter les contraintes d une criture non lin aire Je me contenterai ici d en voquer trois la variabilit des contextes de lecture d un fragment l absence de rep res temporels dans les
83. de r fl chir sur le rapport de la licence la contrainte pour se d couvrir peut tre des crit res permettant de distinguer en r gime de mim criture mais sans doute plus largement un bon et un mauvais usage de l entorse DANIEL BILOUS I Un syst me de r gles 1 1 Du mod le en g n ral En praticien le po te comptait sur la valeur de l exemple soit le plus long chemin pour qui voudrait s adonner au m me jeu que lui Le plus court est celui de la th orie On ne peut imiter qu un mod le et un mod le est d abord le r sultat d une abstraction construit par une d marche inductive appliqu e un corpus La dimension statistique d coule videmment d une n cessit absolue elle d ordre pragmatique faire reconna tre ce que l imitation est cens e r pliquer et cette ressemblance du mim crit ne frappe que si ce dernier semble d abord conforme au plus grand nombre d uvres authentiques qu un m me style terme dont nous allons borner sans tarder l acception permet de classer ensemble Il faut donc que de la masse des cent trente six quatrains connus se d gagent articul es dans l objet certaines r currences assez fortes pour m riter le titre de constantes G rard Genette les appellerait des mallarm ismes que l on dira stylistiques simplement parce qu un nom Mallarm f d re la collection et pour les opposer d autres sp cificit s r currentes dont
84. degr s o un seuil discriminatoire ne saurait tre fix sans arbitraire Nous en avons tir la conclusion que le terme contrainte dans son usage actuel recouvre plut t un cluster concept et que sa d finition devait rester souple et tenir compte d un faisceau de crit res graduels c est dire de plusieurs facteurs g om trie variable Les contraintes telles que nous les entendons recouvrent donc toutes les sur contraintes textuelles syst matiques qui sont la fois les moins conventionnelles les plus saturantes dans la production mat rielle de tel ou tel trait stylistique et les plus restrictives dans les choix possibles de r criture selon leurs propres r gles Nous pourrions dire plus bri vement encore qu elles sont des r gles textuelles inusuelles productrices de textes stylistiquement sursatur s et peu perfectibles selon ces m mes r gles Trace textuelle et types de contraintes En toute rigueur si une contrainte selon sa d finition lexicographique la plus g n rale est une entrave la libert Action il n y a pas de contraintes proprement dites dans le texte car le texte en soi n est pas une action mais plut t la trace de l action d crire J AN BAETENS amp BERNARDO SCHIAVETTA La notion de contrainte textuelle syst matique r gle a toute sa pertinence lorsqu elle d signe quelque chose qui exerce une coercition sur le devenir du texte la o le texte est une actio
85. des langues qui utilisent d autres types de caract res La multiplicit bab lique des langues qui interviennent dans RAPHEL fait que quasiment n importe quel individu ma trisant l alphabet latin peut comprendre au moins un vers du po me mais aussi que d autre part quasiment personne ne peut comprendre le po me sans passer par une traduction de ensemble 319 320 CREATIONS D autre part il est important de remarquer que le texte bab lique n est pas ponctu et que son style est mixte en raison des tons diff rents de chaque vers citation ces ambiguit s augmenteront les choix de sens et de style dans les traductions Or tant donn qu aucune traduction d un texte n est jamais d finitive l volutivit ind finie de la lecture de RAPHEL est inscrite dans sa forme m me Par ailleurs l volutivit ind finie de son criture est galement inscrite dans sa forme qui est celle d une prolif ration ouverte Notes 1 RAPHEL a connu diverses versions voir pour un r capitulatif Raph l po me bab lique in Document Num rique Vol 5 n 1 2 pp 17 31 et Le Projet Raph l in Formes Po tiques Contemporaines N 1 2003 pp 238 250 Le po me est un hypertexte de structure assez complexe comportant de nombreuses arborescences en vers et en prose qu il serait trop long d expliquer ici Un site Internet www rapheLnet permet de suivre son volution La version du Premier Cycle pr
86. des structures plus laches parfois sans incipit ni cl ture dont les fragments sont suffisamment polys miques ou ind finis pour admettre des contextes variables L exp rience de lecture est alors plu proche de la po sie que de la nouvelle ou du roman Chaque fragment apporte un nouvel l ment d un puzzle qui se recompose selon de nouvelles configurations au fur et a mesure de la lecture Le v ritable d fi de l hypertexte sa contrainte maximale consiste donc a l utiliser comme un structure non arborescente et non combinatoire pour produire du r cit C tait le d fi de Michael Joyce dans son premier hypertexte JEAN CLEMENT de fiction justement intitul Afiemoon a story La difficult peut s analyser en se r f rant aux distinctions propos es par G rard Genette entre r cit histoire et narration Selon l auteur l histoire est constitu e par les v nements tels qu ils se sont d roul s tandis que le r cit les rapporte dans un ordre diff rent La Duchesse de Langeais de Balzac commence ainsi par un pisode qui se situe la fin de son histoire lorsqu elle est enferm e dans son couvent sur une le au large de l Espagne De prime abord on pourrait penser que l hypertexte permet au lecteur de d rouler un r cit dans des ordres diff rents selon son bon plaisir Commencer par exemple l histoire de la Duchesse de Langeais au deuxi me chapitre ou au moment de sa premi re rencontre avec son amant En r alit
87. du po me en limitant au moindre les retouches par un souci d conomie Ainsi seulement esp re t on passer de la contrainte d ex cution une v ritable contrainte d criture On se doute que les solutions abondent En voici deux tr s in gales quant aux laxismes qu elles entrainent DANIEL BILOUS S M D B 1 S M D B 2 Va t en 6 messager qu importe Va t en 6 messager qu importe Par le tram un coche ou en bac Par le tram un coche ou le bac Rue et 2 Gounod oui la porte De Rue et 2 Gounod oui la porte De l exquis Georges Rodenbach l exquis Georges Rodenbach Avant de d partager ces performances avouons un point le travail qu on s est autoris cosigner n est pas tout fait r ussi comme on voulait sur le mode organique Pour l alignement parfait du troisi me vers il a paru ici comme l in vitable d amoindrir l espace entre Gounod et du corps 12 au corps 8 C est la contrainte d ex cution de Mallarm l envers ce qui n excuse rien L on verra certes objecter que le comble de l imitateur est de savoir reproduire quitte a les varier jusqu aux propres d fauts du mod le Or puisqu il fallait prendre un parti l on avait d cid de suivre non l exemple d un mod le mallarm en quelconque mais bien plut t un mod le exemplaire et le plus mallarm en au sens de notre crit re de tendance est alors le meilleur
88. du texte qu elles contiennent et en d masquant d autre de sorte que des textes tortur s tr s loins du sonnet se laissent galement d couvrir en dehors de toute manipulation 65 66 THEORIES DES NOUVELLES FORMES D ECRITURI NUMERIQUE Admettre l existence de plusieurs contraintes de lecture n est pas en sou une attitude de nature mer la conception scolastique On pourrait tr s bien concevoir qu une meta r gle non lin aire puisse produire de multiples r gles de lecture reposant sur des m canismes diff rents condition que ces r gies restent coh rentes en elles Le probl me pos par la lecture iconoclaste ient de ce qu elle entre en contradiction avec la lecture autoris e En effet en niant le caract re paratextuel des languettes elle nie le caract re ontologique des sonnets Les sonnets virtuels disparaissent seul subsiste un ensemble constitue de 140 languettes structur es g om triquement selon des contraintes sculpturales la charni re commune les piles et des contraintes formelles les 10 sonnets de base Les explications donn es par Queneau au d but du livre constituent dans la lecture autoris e un paratexte explicatif de la m ta contrainte On peut partir de celui ci d duire les r gles de lecture et d criture Dans la lecture iconoclaste cette explication n appara t plus comme paratexte mais comme epitexte un commentaire qui d voile la contrainte d criture que s est donn e l
89. effet concern par les contraintes ne saurait dans l univers repr sentatif qu tre l effet de repr sentation car ce sont elles d abord de fa on centrale qui autorisent cet univers lui m me et car c est partir de cet effet que se disposent ensuite de fa on lat rale tant t par le haut tant t par le bas d un c t les surcro ts et de l autre les d ficits La troisi me th se C est celle du suppl mentaire effet ventuellement concern Le suppl mentaire effet ventuelle ment concern par les contraintes est avant tout l effet de m tarepr sentation lequel survient chaque fois que de mani re organique au sein du r gime repr sentatif mais au del de son exercice l crit se voit mettre en lumi re plus ou moins les moyens qu en son ordinaire fonctionnement la repr sentation mobilise et estompe Il se trouve que cette minime panoplie conceptuelle suffit pour tablir fut elle sommaire puisqu il n est gu re question ici d approfondir une arborescence capable d ordonner au dessus et au dessous des contraintes permettant l orthorepr sentation ou repr sentation correcte non seulement l ensemble des travaux oulipiens Illustration 1 mais encore on le verra ensuite Illustration 2 un peu davantage Les contraintes autorisant l orthorepr sentation Oui celles qui permettent que cet effet s accomplisse au mieux et au nombre desquelles il fa
90. en de Rue Valette Laveur t t ik bij de porte De Trop de Rue Divideur insla die overgaat in de Rue La Valeur Dan komen we via de korte steeg met de lange naam Rue du p re Pudeur in de Rue de la m re Maledeur en dan staan we op de Place Calp Hier moet volgens de kaart de Rue Petite Peur zijn Vanaf de Place Calp zien we zes straten de zevende is de Rue de la m re Maledeur waar we net doorheen gekomen zijn en die er terugkijkend nog steeds als de Rue de la m re Maledeur uitziet de Rue Viveur de Rue d Odeur Rue Geur zouden wij zeggen Uit het straatbordje biijkt dat deze straat eigenlijk Rue d Odette d Odeur heet de Rue le Ciseleur de Rue Verlaine G nial R veur heeft iemand met viltstift onder de straatnaam op het bordje geschreven de Rue Taxateur en dan is er waarachtig nog een angstig nauw steegje Zou dat de Rue Petite Peur zijn We kijken vragend rond 285 CREATIONS Op nummer negen zit een mijnheer op de drempeldie zich voorstelt als L on No l Ik denk aan de oude heer Vliegen die zijn zoon Sietze noemde en vraag naar de bekende weg Is dit de Rue Petite Peur Dit is de Rue Petite Peur Er hangt geen naambordje meer want dat werd toch steeds gestolen Ik vertel L on over caf Port d Amsterdam in de Rue Croissant waar binnen de blauvve bordjes Vijzelstraat en Churchilllaan aan de wand prijken En over de splintemieuwe naambordjes van het Sartre De Beauvoirplein dat vorige maand
91. en donnant forme des tent m es d criture non lin aire dont les exemples sont nombreux dans Fumiers du livre de Sterne Raymond Queneau Ensuite parce qu il pose la question de la contrainte de mani re sp cifique La contrainte bypenextueile n est pas ou pas seulement un nouvel avatar de la contrainte litt raire revendiqu e comme matrice cr atrice elle r sulte aussi d un dispositif de lecture et d cnture qui bouleverse les habitudes s culaires de la cul une du Irire Dans une premi re partie je reviendrai sur les origines de ce socabte qui a servi d abord a identifier un courant ou un genre litt raire Puis je montrerai comment Phypertexte a d abord t per u comme une lib ration des contraintes li es a l univers du livre J aborderai enfin la question des contraintes propres l hypertexte pour montrer en quoi elles diff rent des contraintes litt raires classiques 11 restera alors esquisser ce que pourrait tre une contrainte litt raire faypertextuelle L hypertexte litt raire 11 est sam doute utile de rappeler ici la br ve histoire de l hypertexte litt raire en commen ant par celle de Phypertexte tout court Car avant d tre un genre litt raire ITtypertexle est d abord une technique documentaire dont le principe a t nonc des 1945 par un scientifique am ricain nomm Vannesar Bush dans son fameux article As we May Think C est en 1965 que Ted Vison forge le n ologisme hyp
92. en rangeant les couleurs sur l axe principal qui va du rose du d sir au bleu de la v n ration pour se sublimer dans le jaune dor de l art Comme le montre Luc Fraisse dans sa contribution au recueil de Sophie Bertho Proust et ses peintres ce petit pan introduit seulement en 1921 tait comme attendu depuis toujours dans l uvre Le code des couleurs de l uvre s est construit avec les rudiments du texte et l emplacement des teintes ob it ensuite une distribution tr s calcul e Ainsi le pan verm erien r pond au pan illumin de la chambre du coucher o le petit gar on doit rentrer au d but de la Recherche pour attendre le baiser de la m re Et n oublions pas que ce jaune dor est aussi celui des meilleures nourritures de la brioche troitement li e au clocher de Combray du chausson aux pommes ou encore de la madeleine dont on se souvient Et justement au moment de se rappeler celle ci suscite un insaisissable tourbillon de couleurs remu es et les impressions de forme de parfum et de couleur obligent de t cher d apercevoir ce qui se cachait derri re On s aper oit que la couleur figure partout en premier rang et elle sera en effet le principal l ment qui servira de lien entre la mat rialit des choses et des personnes leur essence et l expression artistique La couleur sera en plus la composante qui permet d tablir la m taphore capitale qui encha ne les diff rentes e
93. en se d doublant produit son contraire si je raconte son histoire ce n est pas cette histoire que je peux raconter mais une autre celle qui se d robe sous cette unit nominale son objet 1 histoire mais aussi bien le sujet qui la narre Ainsi cet auteur peut il insister sur ce qu implique le miroir des deux chapitres de fiction autour des points de suspension centraux l alternance entre s rie autobiographique et s rie fictionnelle est perturb e d o le d calage virtuel d une s rie sur l autre de la fiction sous l autobiographie et inversement puisque chacune se trouve l une la place de l autre Blanc coupe nigme p 19 Le sujet ne peut se faire l objet d une narration qu au travers de la fiction mais c est parler d un double Pour conclure cette longue analyse on voit que les structures en miroir ont une pluralit de sens possibles ce qu on peut d ailleurs rattacher la polys mie du mot sens largement exploit e par 53 jours Comme le X du chapitre XV de W ou le Souvenir d enfance p 105 les autobiograph mes peuvent donc se faire les supports de constructions signifiantes multiples Ils peuvent connoter mais de mani re contradictoire il est difficile d arr ter une signification du X qui marque autant la duplicit d un discours voulant arr ter une origine que l inconnaissable au d part de toute trace d une histoir
94. entrevoir n interdit d laborer le bord gauche du quatrain sur un mode non al atoire soit selon l articulation d un acrostiche l instant Georges Fourest soit en tramant des sortes de rimes de lettres de cela on poss de bien dans R cr ations postales un chantillon unique mais approximatif Toute et son rire disparue Gabrielle Wrotnowska fuit Comme dans un souvenir me Tr s loin de la Barouill re huit Accomplir ces virtuelles rimes de capitales embrass es nous oblige a transformer le texte sans pr tendre une quelconque exemplarit on pourrait crire Toute et son rire disparue Gabrielle Wrotnowska fuit Grisant notre souvenir rue Tr s loin de la Barouill re huit 171 ANALYSES D EUVRES Laxisme En termes d imitation s rement si pour fonder m me une tendance rare l on juge insuffisante la garantie d un hapax Mais laxisme extensionnel en tous cas deux fois relatif car non seulement la correction Grisant notre permet d obtenir l embrassement vis mais encore elle installe entre les vers centraux un rapport quasi anagrammatique Grabrielle Wrotnowska notre tr s suffisant dans une zone presque le c ur du po me autour de la 4 syllabe du couple de vers corr l s qui n implique elle pas de corr l t Le second exemple s appuie sur des indices de virtualit qui n exigent pas une interpr tation parce que le parall le entre deux t
95. envisage dans le temps ou dans l espace la libert para t toujours pousser dans la n cessit des racines profondes et s organiser intimement avec elle L esprit emprunte la mati re les perceptions d o il tire sa nourriture et les lui rend sous forme de mouvement o il a imprim sa libert La libert est intimement li e la n cessit ce qui veut dire que 1K actions et les choix ont lieu lorsque le moment propice n cessaire se pr sente L esprit comme la conscience et la m moire imprime sa libert sur la mati re puisque c est d elle qu est venue leur nourriture La forme de cette libert est le mouvement ou bien le dynamisme Quelle serait donc la relation entre l extensivit de l esprit sa libert et la contrainte litt raire Dans un chapitre de L nergie spirituelle Bergson tudie ce qu il appelle l effort intellectuel C est ici o le philosophe distingue entre les souvenirs automatiques et les souvenirs conscients et intelligents p 932 Bergson parlant de la reprise consciente des souvenirs qualifie une telle m moire comme moins un accroissement de retentivit qu une plus grande habilet subdiviser coordonner et enchainer les id es C est un sch ma dynamique p 936 qui forme ce syst me de m moire et qui explique comment l esprit s tend dans des directions vari es un des meilleurs exemples du travail de l e
96. est sou oit confondue avec la f te des morts dat e quant elle du 2 novembre 21 11 La note 12 p 53 de Wou le Souvenir d enfance op cit date le souvenir de 1955 ou 1956 en une formuk qui rappelle les cinq ou six de La Disparition op cit l addition des deux chiffres tant gale onze Bernard Magn La textualisation du biographique dans W ou le Souvenir d enfance in Mireille Ca e Gruber et Arnold Rothe Autobiographie et Biographie Paris Nizet 1989 p 167 Voir aussi L autobiotexte perecquien op cil en particulier Les sym tries bilat rales p 27 32 La narration des deux souvenirs se trouve aux pages 22 24 de W ou le Souvenir d enfance op cit Pour ce livre prochaines r f rences entre parenth ses Op citlj p 28 m Odile Mffltmez Un trompe l il photographique dans W ou le Souvenir d enfance dans II Sewo del nonsenso scrim in memoria di Lynn Salkm Sbiroli Edizioni scientifiche italiane p 540 Christelle Reggiam p 464 465 de sa these de doctorat La Rh torique de l invention de Raymond Roussel al Ouiipo Pans Sciences du langage Pans IV Sorbonne 1998 montre aussi que la lecture I rebours renvoie aux processus anaphoriques de toute lecture Wou le Souvenir d enfance op cit p 141 Bernard Magn a montr que ce trait s observe sur des photographies ant rieures la scolarisation de Perec la vraisemblance semble moins compter que la construct
97. facile parce que la sp cificit est le produit d une configuration de traits articul s en bref une structure et qu une 157 ANALYSES D EUVRES configuration s accommode plut t mal d une description diachronis e Toujours dans la br ve pr face qu on a cit e le po te d signe de plusieurs mani res sa r criture des suscriptions adresses en vers po mes sp ciaux et brefs et en termes plus techniques mentionnant que l id e lui vint cause d un rapport vident entre le format ordinaire des enveloppes et la disposition d un quatrain et qu il fit cela par pur sentiment esth tique quatrain s Un peu arbitrairement peut tre nous tiendrons pour initiale cette d termination qui pr suppose et la versification et la bri vet Ce n est pas ici le lieu de reprendre une analyse faite ailleurs de la d marche qui en rigueur conduit l crivain de la consid ration d un certain format un rectangle de papier la d termination d une forme po tique capable de l investir on y reviendra en fin d article Notons seulement que 1 vidence de ce rapport implique pour la forme choisie la fois des proportions sp ciales plus ou moins homologues celles du support une certaine orientation la base de la figure est sa longueur une mesure gale des vers pour obtenir une physionomie r guli re puisqu il s agit non de traits mais de lignes
98. finition textique propos e par Jean Ricardou la premi re page de La population des contraintes gt t 155 156 ANALYSES D CEUVRES L on appellera contrainte ce qui oblige faire ce que l on ne voulait pas ou ce qui emp che de faire ce que l on voulait Sous cet angle l imitation figure peut tre la pratique la plus coercitive de toutes au moins deux gards D abord par la violence qu elle inflige aax ventuelles bouff es d expression personnelle Ensuite et surtout par la grande complexit des calculs qu exige ne disons pas le moindre po me la moindre phrase la mani re de L on partira de l id e toujours avanc e par Jean Ricardou que s agissant d une contrainte r gle ou norme ce qui fait qu elle s exerce comme telle n est ni la modalit de sa venue qu on la choisisse ou bien qu on la subisse ni la r gularit de son application la totalit d un corpus homog ne ni m me la normativit d une r gle oblig e soit par la nature du mat riau requis soit par le genre du r sultat obtenir Ce qui fait qu une contrainte s exerce est seulement son aptitude contraindre que le texticien nomme sa v ertu astreignante ou bien celle ci existe et cette contrainte existe ou bien celle ci n existe pas ou plus et cette contrainte n existe pas ou plus gt Qui d cide quel niveau Le scripteur En dernier ressort sinon toute libert en
99. h bra que qui avait la forme d un carr ouvert l angle inf rieur gauche dans W et le plan de l immeuble de La Vie mode d emploi dont on ne visitait pas la case situ e a l angle inf rieur gauche A ma grande surprise Perec m a avou qu il n avait jamais fait le rapprochement entre les deux ce qui a commenc m ouvrir des horizons sur les r seaux qui pouvaient exister dans l uvre perecquienne r seaux qui ne sont pas forc ment construits En ce qui concerne l auteur lui m me voici sa perception des premiers travaux de Bernard Magn telle qu il l a restitu e Bernard Pous Vous connaissez Bernard Magn qui est prof Toulouse R ponse n gative Ilfait un cours sur La Vie mode d emploi cette ann e Il a remarqu un truc tout fait extraordinaire c est que la figure 143 ANALYSES D UVRES centrale de La Vie mode d emploi c est Perec cherche dans un exemplaire de W7 cette lettre h bra que dontje dis que je me souviens et qui serait mon premier souvenir c est un carr avec une brisure qui est aussi un peu lafigure inverse de La Disparition du rond pas tout a fait clos Cela correspond une vision pessimiste Non non c est quelque chose qu on me dit Mais le c t syst matique Non Le c t syst matique vient de ce qu un livre con u pour tre en 100 chapitres n en aura que 99 parce qu il faut bien qu il y ait une erreur qu
100. humain semble bien tre tout ce qui n est pas manifestement faux est consid re comme correct C est a dire que le programme est valid par l observation de son ex cution sir U madune de l auteur Mats cette execution utilisant des r gles et des param tres non aroda s par Fauteur ce dernier crit un programme qui implicitement utilise ces r gles implicites pour btmf le r sultat qu l observe Ces r gles peuvent ne pas tre reproduites sur la machine lecteur lors de il lecture Il est m me facile d observ er qu elles ne d pendent pas seulement de la madunc BE egalement de la configuration active lors de l ex cution Ainsi ce qui va compter pour te crire ce ml Ses carts entre les param tres techniques r alis s lors de la programmation et ceux r alises ors de la lecture Ces carts sont regroupes dans le mod le sous le terme g n rique de rnmnv de lecture ET ui a foncDoe g n ration d finie dans la note pr c dente OaaaaM ades incessibilit s Par exemple certains interfaces de g n rateurs automatiques de testescon nsdaas tes n es 80 sont aujourd hui trop rapides pour rester op rationnels Lestextes Er au gt ovd bu fabriqu s par l ex cution de ces programmes ne sont plus du tout quivalents ceux misses dans les ann es 0 Ce pheaame a notamment t observ lors de lectures de mes Sumca H l ne in alire 10 DOC KfS Le salon de lecture lectronique CD ROM 1
101. il pas au moins commenc d y travailler Oui remarque Hugo Brandt Corstius qui nous fait envier son coup d il les vers 1 2 et 4 offrent la troublante singularit de compter vingt trois lettres chacun Quant au vers 3 qui n en totalise que vingt si le num ral 2 en vaut une il en ferait vingt trois si justement l on inscrivait ce dernier en toutes lettres deux D monstration Vatenmessagerilnimporte Parletramlecocheoulebac Rue et deuxGounod laporte DenotreGeorgesRodenbach Or pour ce rectangle parfait l on a us d une typographie chasse non proportionnelle ou gale Courier et omis le plus difficile ma triser la ponctuation les blancs C est de cette mani re qu un des plus brillants adeptes des contraintes lettriques Georges Perec contourne le probl me que cette enveloppe fait surgir en usant pour Alphabets par exemple d une police chasse gale et supprimant espaces et ponctuations de fa on que la r gularit du bloc rectangle mais aussi bien triangle ou losange comme avec les boules de neige des publications oulipiennes soit pure affaire d galit num rique Qu on restaure le texte avec la m me police Va t en messager il n importe Par le tram le coche ou le bac Rue et 2 Gounod la porte De notre Georges Rodenbach et la silhouette devient un pentagone r ussi comme rectangle coin cass Or quoi qu il en aille de ces minuties
102. incontournables divergences fictionnelles entre les originaux et leurs versions Je m attacherai tout d abord d crire sommairement les proc dures mises en uvre pour garder ces quilibres pr caires et sans doute discutables pour aborder dans un deuxi me temps les apports de la traduction l analyse de l criture de Roussel Traduire le proc d Le m canisme du proc d de Roussel est fort bien connu et je ne le rappellerai que tr s sommairement Il s agit de cr er un texte qui commence et finisse par deux phrases presque identiques prises dans deux sens diff rents une fiction tiss e cet effet se chargera de relier et de souder leurs s mantismes divergents Ainsi pour le r cit intitul Les boucles du petit rentier que Roussel compose en disposant Vincipit et Yexplicit du texte deux phrases paronymiques faisant r f rence la premi re aux cheveux boucl s d un homme de petite taille qui vit de ses rentes les boucles du petit rentier et la seconde aux m andres d une route de campagne les boucles du petit sentier 251 252 ANALYSES D ELATES La transposition des phrases polaires s labore d abord en explorant partir de l quivalent espagnol de sentier sendero la possibilit de g n rer des mots presque identiques dans cette langue L on d couvre sans difficult ici tendero ventero rentero dont le dernier
103. inter rimes tout en suivant une forme supraversale d allure palindromique abc cba On retrouvera ce sch ma mais avec des rimes non r p t es dans le Prologue des po sies de Dylan Thomas et dans le po me de Jan Baetens Vanit Sept tableaux flamands Formules n 1 L autorime a t r utilis e dans la sextine par Roubaud et Lartigue qui en a donn tout un recueil en 1982 via la tradition anglo am ricaine par Pound et Zukofsky et dans le contexte du vers non rim Parmi les N ines ou quenines la terme a t illustr e par Jouet qui a aussi invent la redonde forme ternaire et sym trique Deux sonnets sur un m me mot rime de Michelle Grangaud ou de Roubaud dans son dernier recueil raniment la tradition des sonnets sur deux mots ou sur un seul L alternance sans les rimes Au XX si cle cette tradition que nous avions mise jour dans 1 Apostille sur l alternance sans les rimes du Sexe des rimes 1996 et que Roubaud vient d appeler joliment les rimes timides est illustr e dans La Grange de Charles Vildrac 1914 20 le Zadjal de l absence d Aragon 1963 et dans les vers aux terminaisons monoconsonnantiques d une pi ce du Voyage de Hollande 1964 65 mais ces pi ces restent uniques en relation avec leurs nouveaux paradigmes respectifs 119 120 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES ECRITURES A CONTRAINTES Cette contrainte a t illustr e magnifiquement par Jacques R
104. interne plus que de rime externe Albert Marie Schmidt a propos un po me archa sant avec des rimes initiales et terminales et Jacques Bens l a suivi dans un de ses 41 sonnets irrationnels Ant rim Allais les avait plagi es par anticipation dans son po me en n o alexandrins 1901 Et Tristan Der me dans un distique RI mons du mauvais bout RI ra qui l entendra R da donnera un po me de ce type L endormi La course 1999 Jean Cocteau dans un po me clownesque de ses Po sies 1920 Cocardes Petites pi ces plaisantes a retrouv la rime termino initiale en s inspirant des kyrielles enfantines pour faire dada Mais il a appartenu Michelle Grangaud dans Souvenirs de ma vie collective 2000 de renouer avec la rime encha n e m di vale elle m me issue d Ausone et culminant avec les grands rh toriqueurs en liant ainsi les lignes Il en r sulte un long ouvrage de prose avec des rimes contrairement leur proscription proclam e par les Vaugelas et autres Flaubert Rimes cach es Le plus important la rime peut tre cach e dans une prose qui appara t rythm e C est la forme tr s originale des po mes de Paul Fort sur le mod le typographique de la chanson et phonique allure plus coul e d autant plus que les lisions sont facilit es Une chanson de 1906 de Saint Paul Roux est en vers non compt s rim s fondus en prose Plus tard le rabelaisien Roger Rabin
105. interpr tation b Une participation du lecteur dans la structure formelle du texte pour aboutir au sens voulu c Une proposition interpr tative de l acte critique qui organise une vision par le moyen d une structure concernant le texte Les structures formelles de la Mobilit de MB viennent d un projet ludique de la repr sentation du monde dont l criture dit l effort pour accorder l int rieur et l ext rieur de l homme Apr s les distances th oriques par rapport au Nouveau Roman apr s les quatre romans N o Romanesques de 1954 1960 apr s Mobile la date de 1962 est essentielle MB ne renonce pas bien s r aux structures essentielles du roman mais il s attache construire un ordre nouveau bas sur l criture et dont l objectif ambitieux touche de pr s l criture elle m me le lecteur les genres la forme qui devient protagoniste absolue du jeu scriptural ou les ressources que l crivain utilise en les construisant lui m me Puisque jouer est l activit de la 187 188 ANALYSES D EUVRES repr sentation ludique du monde la fa on positive de s approprier d une r alit complexe les structures formelles mobiles de cette repr sentation deviennent toute une philosophie ph nom nologique et ontologique concernant les relations de l homme et du monde Les structures pr d termin es de MB sont un ensemble de dispositifs qui servent a d finir les lois de la relati
106. le sens de ses textes L ennui quand on voit la contrainte c est qu on ne voit plus que la contrainte Je me rends compte que lorsque je publie comme je l ai fait tout r cemment dans La Cl ture des po mes compos s selon des syst mes aussi compliqu s sans donner la cl finalement le lecteur peut les recevoir comme un po me C est du moins ce que je voudrais Quoi qu il en soit le sens oulipien ne se laisse pas atteindre Le lecteur est il incit trouver un sens la contrainte elle m me Est il condamn un m me chec Du sens de la contrainte Nombre de lectures ont tent d interpr ter la contrainte perecquienne r duisant son arbitraire en la rapprochant de l histoire de l crivain histoire marqu e par exemple par des disparitions tragiques Ces lectures relient donc la contrainte un hors texte 140 CECILE DE BARY Je voudrais m arr ter en particulier sur les analyses de Bernard Magn qui d clare crire pour Perec c est finalement motiver l arbitraire non du signe ou du langage encore que la dimension mallarm enne de ce projet ne lui soit pas trang re mais de la contrainte en la reliant son histoire Le propre de ses analyses c est qu elles rapprochent les usages perecquiens de la contrainte avec le signifi d un texte le texte autobiographique de W ou le Souvenir d enfance Nombre de formes r currentes trouvent ainsi un sens Bern
107. lecture s quentielle partir de la contrainte arithm tique du tableau dont la philosophie rappelle beaucoup les r gles perecquiennes Dans La Vie mode d emploi Georges Perec 1978 la machinerie des contraintes b timent puzzle bicarr latin polygraphie du cavalier et pseudoqu nine rapport es troitement les unes des autres fait possible la construction d un ensemble romanesque qui met au d fi l imagination elle m me L espace figuratif narratif en est bien le b timent de la rue Simon Crubellier o les l ments et les fonctions narratives bougent sans cesse 3 Pour une th orie de la Mobilit litt raire Il y a d abord quelques probl mes dont l importance ne saurait tre ignor e dans cette d finition de la Mobilit Primo la surd termination de l criture se produit en g n ral dans ses rapports d autres langages en amalgamant des moyens d expression diff rents en un seul acte cr ateur Cette surd termination s op rerait au gr de quelques machineries textuelles structure polymorphe jeu de formes une certaine combinatoire des formes elles m mes dont le r sultat est une criture formelle et formalisante et fonctionnement pluricode syncr tique interactif La surd termination est li e l intense pratique s miotique de MB dans ses textes la parution de Mobile en 1962 et surtout la pratique d une criture mettant profit certaines ressources empru
108. les Textes gen se le fait en pleine conscience de l impossibilit de rester pleinement fid le au sens premier des matrices d origine Or compte tenu du mode de g n ration narrative du proc d primitif l on sait que toute intervention sur les matrices conduit intervenir sur les contenus fictionnels qui en d veloppent le s mantisme Le traducteur devra en cons quence se montrer particuli rement attentif aux proc dures mobilis es par Roussel pour motiver les phrases polaires non seulement pour le cas ch ant les imiter mais aussi pour viter qu il reste dans le texte d arriv e des l ments fictionnels susceptibles de contredire les changements qu il aura effectu s sur les matrices originales Il s agit l d une op ration d licate et m me pr tentieuse dans la mesure o elle pr suppose d une part la productivit de la contrainte une logique implacable apte contr ler la fiction dans ses moindres replis et d autre part une lecture suffisamment raffin e pour rapporter de mani re s re chaque terme de la fiction une des donn es des matrices Cette ambition d mesur e n est probablement qu une pure illusion mais il n en est pas moins que certaines structures narratives et nombre d l ments de la fiction peuvent tre plac s sans faille sous la responsabilit de certains termes explicites ou de certains m canismes impliqu s par l quation linguistique charg e de g n rer
109. les d bats de la seconde moiti du XVIIe si cle les critiques aussi bien que les satires classiques visent le romanesque du roman On peut d ailleurs faire l hypoth se la suite de Northrop Frye puis d Yves Hersant d une n cessit de cette d nonciation du romanesque par le roman supposant une relation dialectique entre le genre et la cat gorie dont t moignerait d j Don Quichotte Ce d go t des contingences singuli res a trouv une expression exemplaire dans certaines r flexions de Val ry m me si la c l bre marquise val ryenne de Breton proc de moins sp cifiquement d une d nonciation de l insignifiance voire de la vanit du r alisme assimil de mani re on ne peut plus r ductrice une pure et simple reproduction du r el Breton fait en somme jouer pratiquement contre emploi des propos qui invent s ou rapport s sont en tout cas on ne peut mieux appropri s par leur choix de la question de Vincipit une critique de l arbitraire du roman Or le romanesque comme cat gorie ne constitue jamais l objet direct des r flexions de Val ry ce qu on comprend ais ment le fantasme r aliste le plus plat o le roman est par d finition toujours r sumable suffisant apparemment motiver la condamnation du genre nul besoin pour l auteur de faire appel aux prestiges d une imagination qu on suppose d r gl e La crise du roman de la fin du XIXe si cle centr e sur la not
110. licieux entre image et r alit Mais j aurais pu tre bien plus familier encore qu elle n e t t que douceur moelleuse et florissante je pouvais dans la chaleur de cette belle fin d apr s midi butiner mon gr dans le gros g teau de miel que Mme de Cambremer tait si rarement et qui rempla a les petits fours que je n eus pas l id e d offrir RL 206 4 On en trouve un autre exemple convaincant dans Enigma de Claude Ollier Paris Gallimard 1973 o alternent diff rentes strates textuelles d crivant tapes et niveaux de l exp rience d un grand voyageur qui revient dans une ville africaine L approche rotique s y d cline suivant le rythme des couleurs que prennent les nuages dans le ciel Paris Seuil 2000 lt Dont on soup onne la parent avec Maurice Leblanc le p re d Ars ne Lupin aux muliples personnalit s 27 La projection du temps sur l espace donnerait un effet de mim tisme tandis que la projection du temps en espace produit l all gorie A la question Pourquoi la marquise sortit elle cinq heures on r pondra par cons quent Puisqu il fallait qu elle vienne l heure pour l inscription des couloirs proustiennes Pans Minuit 2001 3 En effet Chevillard tout en partant de Beckett se plait dans la compagnie d auteurs tels Val re Nov arma et Antoine Volodine lt La moiti esfdu transept baignait dans un brouillard d ivrogne on e t dit que chacun
111. maints dictionnaires JEAN RJCARDOU usuels l ignorent par exemple le Larousse Universel en 2 volumes Paris 1923 tome 2 p 890 et le Dictionnaire Quillet Flammarion Paris 1973 p 1403 Peu usit e Oui puisque personne dans le subs quent d bat n y fit allusion seule Madeleine Malth te M li s me le fit observer en priv apr s coup ou encore puisque cette ventualit semble n avoir pas t mise enjeu dans la traduction du roman en espagnol lipogrammatique en a Mari O el primo por un chorizo El secuestro par Marisol Arbues Merc Burrel Marc Parayre Hermes Salceda Regina Vega ditions Anagrama Barcelona 1997 p 15 A tort Oui Premi rement en ce que l acception est malgr tout parfaitement attest e notamment avec pain de forme cylindrique moins plat que les autres par le Dictionnaire alphab tique et analogique de la langue fran aise Soci t du Nouveau Littr dit Le petit Robert Paris 1967 p 1609 et m me s tait vue utilis e pr cis ment par Dolores Vivero dans sa contribution La transparition des quivalences id elles en l ann e 2000 au S minaire de textique Deuxi mement en ce que pour lors un examen pr tendu scrupuleux de cet crit ne saurait aucunement n en point avoir souci Trois cardinaux ont fait savoir la population par radio puis par placards qu on risquait la mort par inanition Nous voulons du pai
112. mais encore la m canicit de leur exercice L affaissement repr sentatif Oui car si amusants que puissent tre de loin en loin les r sultats de la M thode S 7 la repr sentation par les offices d un vocabulaire s mantiquement hors contr le videmment explose et si d so pilants que puissent tre peine la deuxi me it ration les r sultats de la Litt rature d finitionnelle la repr sentation par les offices d une expansion sans limite des attributs curieusement se brouille Curieusement Oui parce que avec elle et dans la mesure o chaque mot signifiant gt est remplac par sa d finition la coh rence s mantique est toujours pr serv e D s lors sous cet angle ayons m me sans approfondir cure d en aviser il se pourrait bien que la M thode S 7 instruisit peu car sa le on est d ordre trivial savoir l accomplissement repr sentatif est tributaire de la coh rence s mantique et que la Litt rature d finitionnelle instruisit davantage car sa le on est d ordre paradoxal savoir l accomplissement repr sentatif est tributaire de son auto limitation Leur m canicit Oui ainsi que le soulignent du reste et juste titre leurs respectifs promoteurs Jean Lescure en affirmant l op rateur r duit une pure fonction m canique Raymond Queneau ou du moins l anonyme pr facier qui semble lui tre proche en assurant que l
113. me un clatant d menti Car l histoire d Anton Voyl et d Amaury Conson parle de beaucoup d autres choses que de alphabet et de son raccourcissement tel point qu elle sugg re des principes tout fan divergents Par exemple que toute uvre de Perec parle de Perec ou bien que tout roman parle du roman Est ce que La Disparition parle de la contrainte du lipogramme par le seul fait que c est un roman lipogrammanque Rien ne le prouve Il parle du lipogramme c est s r et cela fait partie de jeu entre texte et lecteur mais Whataman ne parle pas de la contrainte monovocalique qui le constitue et La Vie mode d emploi ne parle pas non plus de la polygraphie du cavalier Le principe de Roubaud ne me semble pas tay par son illustration la plus commun ment invoqu e au contraire La Disparition illustre bien mieux une sorte de contre principe sav ois que toute uvre crite sous forte contrainte parle toujours d autre chose Et dans le cas du roman de Perec l autre chose qui ne peut tre abord de fa on trop directe tourne autour de la mort La contrainte elle m me par contre est plut t facile aborder Perec a d ailleurs consacr un article savant l histoire du lipogramme L existence d un effet contrainte ind pendant de la lecture de la contrainte elle m me est en effet l enjeu du proc d th orique baptis Canada Dry Un texte en Canada Dry produirait ch
114. membres de Bourbaki en sont conscients Consid rons par exemple Particle de Jean Dieudonn sur Les m thodes axiomatiques modernes paru dans la deuxi me dition des Grands courants de la pens e math matique de Fran ois Le Lionnais E n raison de l origine intuitive des math matiques la vraisemblance c est moi qui souligne U S de l absence de contradiction est tr s grande aussi grande par exemple que celle du lever du soleil chaque jour Il ajoute que m me si un jour on montrait que les math matiques taient contradictoires il estpro bable c est moi qui souligne U S qu on saurait quelle r gle il faudrait attribuer le r sultat et en la supprimant ou en la modifiant convenablement on chapperait la contradiction Dieudonn s en remet l exp rience C est cette confiance presque aveugle dans les fondements qui fait que 275 276 ANALYSES D UVRES Bourbaki s est peu occup de la logique math matique et de la th orie des ensembles Si Jacques Roubaud critique vivement Bourbaki dans son livre Math matique c est cause de ce clivage entre la certitude dont Bourbaki semble disposer et le fait que celle ci repose seulement sur une conviction intuitive Toutefois Bourbaki a le m rite d avoir introduit la m thode axiomati que en France m thode qui finalement vite le probl me des fondements tant donne qu elle remplace la recherche d une v rit
115. met a l coute de la po sie en elle m me lib r e de tout bagage s mantique Disons plut t que cet exercice rend perceptible non la contrainte elle m me mais Y effet contrainte dans ses composantes fondamentales de rythme et de r p tition A peu pr s contemporain de la pens e po tique de Eliot l Opoyaz Moscou et ensuite le Cercle linguistique de Prague tentaient de sortir des perspectives traditionnelles sur le r le de la forme en litt rature Le fruit le plus largement consomm du formalisme russe le mod le Jakobson Moles de la communication est tout aussi orient vers la r ception que les interpr tations anthropologiques voqu es ci dessus sur la fonction de la contrainte prosodique La fonction po tique du langage selon Jakobson est celle qui attire l attention sur le mat riau m me du message sur le message en tant que DAVID BELLOS tel Elle prend place c t des cinq autres fonctions expressive conative phatique m talinguistique et r f rentielle toutes con ues pour rendre compte des fonctions globales d un nonc dans un contexte de communication Dans le mod le de Jakobson la fonction po tique du langage ne se situe pas en elle m me du c t de la production m me si dans ses tentatives c l bres pour en montrer la complexit et la profondeur cach e Jaakobson s est pench e m ticuleusement sur la construction interne de textes litt raires d s aux grands ma tres de la po sie
116. mieux faire appara tre ainsi une certaine fausset de la f e qui guette la mauvaise fille et ne lui laisse aucune chance et la responsabilit dans l histoire de la m re mod le auquel la m chante fille essaie de se conformer pour tre la bonne fille dans l esprit de sa m re On peut ainsi dire pourquoi sans en faire une th se de psychologie tout simplement en choisissant son vocabulaire Inutile de pr ciser la richesse du vocabulaire ainsi d ploy plus qu employ On peut rendre Blanche Neige un peu moins oie blanche par un monovocalisme en e qui induit rapidement une Belle Chenenge f ministe et active tandis que son prince pouse les traits passifs du personnage traditionnel Cf l gende de belle Chenenge et les 7 merles Toujours 4 propos de Blanche Neige on peut lui faire rencontrer au lieu des 7 nains des Oulipiens Dans lesquels en for ant le trait on reconnaitra les 7 caract res du dessin anim de Walt Disney lequel on s en souvient a repris le conte en distinguant un grincheux un joyeux un prof etc Cf le blues du mill naire On peut changer les poques tout en les croisant par exemple avec une sextine en prose Sur la R sistance et les maquis en 1944 on aura par exemple la sizaine des Cendreux gt o tiens donc on retrouve discr tement plac s quelques Oulipiens 247 ANALYSES D UVRES On peut aussi travailler sur des pe
117. miotique avec quelques exemples de textes appartenant des p riodes diff rentes de l oeuvre de MB Ce qui permettrait d expliquer la rigueur le passage d une production du Nouveau Roman la Nouvelle criture dans l oeuvre de MB b Essayer de rapporter rapprocher l id e de la Mobilit de l id e de l hyperconstruction qui a inaugur l dition de la revue Formules en 1997 c Essayer d largir donc si possible le champ notionnel de l hyperconstruction avec l introduction d un ensemble de m canismes litt raires dont la Mobilit para t rallier le fonctionnement et qui seraient susceptibles de th orisation partir des coordonn es hyperconstructives IL Th orie de la Mobilit 1 Les th ories de la Mobilit Qu est ce que c est que la Mobilit La Mobilit est une notion parfois li e l Intertextualit et la Critique G n tique car il y a toujours un texte qui vient d autrui et ou qui se transforme tout au long du processus de l criture il est utile de constater ce point de vue dans la monographie L uvre mobile 1 Il faut dire ainsi que la notion de continu discontinu associ la Mobilit a constitu une r flexion sur le travail de MB mat rialis dans R pertoires o le jeu de la continuit et de la discontinuit expli JES S CAMARERO quent bien le processus de construction de ce monument critique et th orique Andr Helbo expliq
118. mis en uvre par le scripteur qui permet le d ploiement le plus enrichissant de cette supposition qui provoque les interpr tations les plus farfelues les plus imaginatives les plus productrices de sens et les plus porteuses de po sie La litt rature potentielle veille ainsi la potentialit du lecteur et lui permet de participer la r criture du texte Au mieux le type de lecture provoqu par l effet contrainte ouvre l horizon sur la d couverte de structures de r glages et de significations dont le scripteur n avait pas conscience mais qui existent par la force m me du principe de cumul esth tique 25 THEORIES DE LA CONTRAINTE Cet effet stimulateur peut tre provoqu par les textes dont les contraintes sont pour ainsi dire impond rables Cigarettes le roman de Harry Mathews serait r gl par l algorithme dit de Mathews appliqu peut tre aux personnages et donc l intrigue du roman mais ce ne sont l qu hvpoth ses que personne n a pu tayer jusqu ici de fa on convaincante La modesne pour ne pas dire le mutisme de Mathews sur la construction de son roman est olontaire et repose sur un parti pris intellectuel et esth tique dont le but est de pr server pr cis ment l effet contrainte C est la troublante conscience qu autre chose conduit la marche du roman qu un ordre abscons r gie les m andres de la vie c est l attention particuli re que cette conscience
119. mod les 1 2 et n 36 des Autres quatrains adresses pop le soulignement graphique de l l ment oblig 1 2 36 Dans sa douillette d astrakan Sans qu un vent coulis le jalouse Monsieur Fran ois Copp e a Caen Auguste Rue or c est des Chanoines Rue Oberkampf soixante deux dauro et un seul pour le choix un patronyme et la place au 3 vers de P l ment soulign typique extension d un trait singulatif devenu matrice ce m me n 36 En principe il faut se garder de confondre ici mim criture et adresse en vers Exhausser graphiquement tout ou partie de l adresse est une licence de l envoipostal promouvant un l ment qui en a peut tre besoin parce que noy s dans la masse crite patronymes et toponymes sont moins lisibles qu en d but ou fin de suscription les italiques facilitent l adressage surtout quand le destinataire habite comme Laclos un petit village o le patronyme Aux Talus fleurit maint arbuste Je voudrais que vint sous l un d eux R ver Monsieur Bouillant DANIEL BILOUS reste le meilleur indice de localisation Dans le quatrain comme imitation ce ne serait pas une licence mais un simple mim tisme puisque Dutourd apparemment se borne r p ter ce que fit Mallarm une ou deux fois Peut on cependant envisager un trait formel quelconque ind pendamment de sa fonction Il n est pas s r que le soulignement de l adresse copp enne serve autre chose qu la
120. n anmoins se dispenser et de la rigueur technique et des approfondissements d taill s qu autorise cette discipline Un couple de questions Oui Premi rement TOuLiPo est il un OuLiCon Deuxi mement l OuLiPo est il un OuLiPer 1 Un OuLiCon L OuLiPo est il un OuLiCon Il est possible que cela fut on va l aperces oir ou m me demeure on peut le concevoir l avis de telle ou tel l int rieur de ce groupe Il est probable que cela fut ou m me demeure on peut le conjecturer 1 ext rieur de ce groupe l avis de telle ou tel Or claircir cette question laquelle ai moins bref se laisse dire l Ouvroir de Litt rature Potentielle est il un Ouvroir de Litt rature Contraintes pourrait bien n tre pas d pourvu d int r t En effet y r pondre per mettrait au moins deux choses D une part et dans une poque depuis trop longtemps libertaire quant a de l crit rendre en lui offrant de l attention un hommage m rit a un groupe de scnpteurs ayant su nettement afficher qu ce propos la contrainte tait loin d tre un pr judice D autre part et quitte lors devoir faire saillir que faute d une th orie suffisamment construite certains d entre eux pourraient bien avoir l g rement m connu la contrainte en sa logique claircir le rapport de l OuLiPo cet univers Ce qui laisse croire que telle ou tel l int rieur du groupe n a pas t loin d envisager l OuLiP
121. nabou J acques Jouet Harry Mathews et Jacques Roubaud Un Art simple et tout d ex cution Strasbourg Circ 2001 p 32 Berge Claude Qui a tu le duc de Densmore in Biblioth que oulipienne n 67 1994 La Belle Hortense Paris Ramsay 1985 L Enl vement d Hortense Paris Ramsay 1987 L Exil d Hortense Paris Seghers 1990 18 Rappelons que la sextine est une forme po tique fixe invent e par le troubadour Amaut Daniel au Moyen Age de six strophes de six vers dont la permutation des mots rimes se fait selon Tordre suivant 123456 6 1 5243 364 125 532614 4 5 1 362 2 4653 1 19 Paris P O L 1999 20 Paris Seuil 1989 Paris Seuil 1993 La Boucle op cit p 267 Un texte crit suivant une contrainte parle de cette contrainte Oulipo Atlas o c p 90 Principe auquel Val rie Susana et Gr gory Corroyer apportent un corollaire fort int ressant un texte contraint propose un questionnement sur le sens de cette r gle en en faisant usage mais sans en faire mention d o le caract re nigmatique question implicite de la r gle Pour une approche textologique de la contrainte Formules n 5 p 287 a 1 choses comme elles sont 2 pour ma triser les d mons 3 vieilles paroles en des temps nouveaux 4 style des r sonances cr pusculaires 5 style du charme th r 6 sentiment des choses 7 rouille solitude 8
122. nom propre venant comme on a vu en second figure avec ses syllabes solidaires le foyer o se r sorbe sa propre diss mination vers laine o Verlaine rouge on o Roujon III 9 Pour obtenir l extension sans perte il suffit peut tre d inverser simplement la forme du rapport comme Fran ois Copp e lorsqu il invente la diss mination l envers du mot commun unitaire un nom propre qui en parpille les phon mes Couvert des plus chauds macfarlanes Porte ceci facteur errant Chez Madame M ry Laurent Aux talus 9 Boulevard Lannes 168 DANIEL BILOUS Le prolongement ici demeure et c est tout son int r t hautement cr dible en tant que mim crit Il nous permet cependant de faire la diff rence avec l imitation sagement fid le entendons ce que montrerait le parfait double du portrait robot qu on a trac dans la premi re partie en r duisant leurs constantes les items du corpus Une imitation de cet ordre sera parfaite ou si l on pr f re conforme mais paradoxalement elle augmentera la collection sans l tendre vers ses potentialit s Par l s claire l aptitude de Vapocryphe vrai se fondre compl tement ind cel ind celable dans la masse des authentiques Nombre de structures toutefois n admettent pas de sym trique Il s agira donc de substituer telle configuration une autre qui sous tel aspect s av re plus abouti
123. nouvelle En tout tat de cause notre perspective est d interroger l uvre de Perec plus que sa vie et ce qui aurait pu le pousser fuguer un moment pr sentant des correspondances avec la date de d portation de sa m re un 11 f vrier ou reconstruire ainsi son souvenir Du point de vue de la lecture l apparition du 11 dans le contenu des Lieux d une fugue apporte un second ancrage autobiographique ce nombre et donc un surcro t de sens Parall lement Michel Sirvent dans son article Blanc coupe nigme auto bio graphies a reli les onze sections de la premi re partie de W ou le Souvenir d enfance de l poque de W entre disons ma onzi me et ma quinzi me ann e On observera encore que la visite de Perec sur la tombe de son p re a eu lieu d apr s W ou le Souvenir d enfance le jour de la Toussaint soit le 1 novembre premier jour du onzi me mois de l ann e De m me Bernard Magn rattache les sym tries bilat rales repr sent es avant tout par le palindrome et le chiasme l orientation sur la page de la langue h bra que qui s crit et se lit de droite gauche et celle de la langue fran aise qui s crit et se lit de gauche droite et donc dans W ou le Souvenir d enfance au double souvenir du d chiffrement de lettres dans des journaux l un fantasm pour une lettre h bra que l autre reconstitu pour des lettre
124. ou en quatri me position dans les vers 2 et 3 Je renvoie la th orie d v elopp e dans Intelligibilit structurale de l crit un document de 700 pages r serv aux participants du s minaire annuel de textique dirig par Jean Ricardou au Centre Culturel International de Censy la Salle Op ai p 68 69 2 L on dev ait seulemaa esquiver la bcence en gardant un maximum des mallarm mes mais il n est pas oiseux de relever commet le nom d une pierre fine le p ridot dite aussi olivine d un vert jaun tre Littr J fait par les jeux cumul s du calembour et de la syllepse surgir deux vocations le po te en gloire le v ts l ivTogne aur ol d absinthe f la verte R ponse au concours lanc par Michel Laclos dans sa rubrique Lettres et l esprit du Figaro t 1986 aimablement transmise par le chroniqueur Pr cisons pour la suite que les italiques sont d origine io et Ri renvoient allusivement aux mots crois s la profession du destinataire Par ailleurs Dutourd brode au vers 2 une variation sur une formule r currente dans les quatrains de Mallarm Willy Ponsot AQA 32 33 et 34 p 270 Lettre CX VIII 1910 in Lettres Reynaldo Hahn N R F Gallimard Pans 1956 p 179 DANIEL BILOUS Une autre lettre au m me de d cembre 1906 n LXX VI comporte la r f rence suivante Marcel Proust Quatrains de 5 vers p 117 O C notes p
125. par la complexit de ce concept mais bien de fonder une th orie qui puisse s en passer Pourquoi et comment Le comment fait l objet des paragraphes qui suivent Il convient d ajouter qu un model ne peut tre admissible d un point de vue scientifique que s il permet de retrouver les th ories av r es dans leur domaine de validit c est dire les s miotiques classiques des textes dit s en livres standard et si sa valeur explicative ou pr dictive surpasse ces th ories dans le champs largis de l mergence litt raire Je ne parle pas non plus des n cessaires conditions de coh rence interne du mod le simple question de formalisme Le mod le dit proc dural que je propose ob it la premi re condition Il me semble galement plus performant que les approches du texte pour comprendre les diverses orientations de la litt rature lectronique Mais cette question reste largement ouverte puisqu il est probable qu il est actuellement la seule th orie englober les diverses formes que sont l hypertexte la g n ration automatique la combinatoire et la po sie multim dia Il ne sera pas question ici de d tailler ces aspects mais de d terminer si l introduction de la notion de contrainte un niveau tr s g n ral et relativement inattendu peut jeter un pont et marquer une continuit entre ces critures et des critures plus classiques d faut de marquer une improbable continuit entre des for
126. par un chien scribe le jet du crayon blanc qui implique l invention d une nouvelle modalit sportive consistant a lancer des craies crayon 257 258 ANALYSES D EUVRES tomb es actuellement hors d usage Signalons par ailleurs que le mot jet n est pas donn normalement comme synonyme de lancement e de mani re g n rale il y a lieu de dire que les matrices des Textes gen se tendent rapprocher des r alit s h t rog nes que le lecteur n est pas habitu combiner pour laborer des repr sentations compactes Voyons les exemples suivants Les lettres du blanc sur les bandes du vieux billard pillard la plus c l bre des phrases de Roussel associe le domaine du billard et celui de l criture alors que le lecteur n est pas habitu composer des repr sentations en les combinant Les tours de la m che autour du b ton du cerceau berceau la premi re des matrices est parfaitement compr hensible m me si hors contexte le lecteur doit faire un Teflfort d imaginer une m che peu importe laquelle enroul e autour d un baton de cerceau La seconde l est un peu moins car le baton la m che et le berceau sont trois objets h t rog nes avec lesquels nous ne sommes pas habitu s construire des repr sentations homog nes chez Roussel il s agit d une lani re de fouet enroul e au manche de celui ci pour le transformer en baguette de che
127. partout dans l uvre enti re de MB ce livre est d dicac Igor Stravinsky pour son quatre vingti me anniversaire c est dire que la dimension musicale polyphonique appara t d s le d but du livre comme la manifestation d une certaine intention esth tique JESUS CAMARERO Si pour l hyperconstruction il s agit de montrer le m canisme des r gles qui permettent le fonctionnement de la machinerie textuelle les structures pr d termin es de l criture butorienne fonctionnent comme des syst mes de construction de l uvre mais aussi comme clinamen ou cart par rapport aux op rations de la r f rence Dans Description de San Marco il s agit en g n ral de faire une autre lecture des images de la cath drale de Saint Marc de Venise et la cons quence en est une esp ce de r criture d une mise en r cit o l on reconstruit la d construction de l uvre originale en tant que r f rence et contrepoint de l criture litt raire C est ainsi que le lecteur peut participer alors au processus de construction du sens Mais ce travail de la r criture du monde des objets des gens de l univers objectai et vital par le moyen de l criture devient ici une op ration s miotique tr s importante car les structures pr d termin es intervenant dans cette op ration montrent bien la philosophie de la Mobilit butorienne C est sans doute un programme hyperconstructif une op
128. pas des paragraphes des parties des sections mais des moments C est l histoire de ses impressions tactiles gustatives visuelles chamelles obsessionnelles quasi maladives le vaste autoportrait en anglomane p 351 tant Pamour de Roubaud pour Londres vire l obsession Dans la seconde branche La Boucle on retrouve le narrateur mang de manies et de tics et son exploitation des effecteurs de m moire comme par exemple ce qu il appelle une piction c est dire une image de lui enfant mais dont il n a aucun souvenir faisant partie de ce qu il appelle son avant vie Dans ce parcours d une grande complexit dont les quatre premiers livres sont parus on se rend compte de deux choses D une part le marquage des deux premi res branches par le nombre 196 carr de 14 d autre part le caract re hypertextuel ou arborescent de la prose o le recours aux variantes typographiques permet des renvois d autres parties qui sont des expansions M me si l auteur se pr vaut de ce qu il appelle ses obligations num rologiques on reste pantois devant leur complexit Mon point de vue est ici avant tout esth tique Les ceuvres en prose de Jacques Roubaud sont un vaste travail de la m moire tant dans la fiction les Hortense que 33 THEORIES DE LA CONTRAINTE dans le biographique le GIL Mais la posture m me de l crivain par rapport ses r gles d ecntur
129. per una causa per un processo evolutivo La sferza degli anni ritorna a pesare sul capo logicamente m ditante ad un desiderio d evasione la Capitale la morte VILLE Quelquefois il peut sembler Que la vie rouvre les bras entrouvre les grilles de fer et pousse au libre soleil du monde rappel seulement et avec peine Mais le mal revient nouveau Il est triste le destin qui est le mien autrefois tout pouvait encore rester conditionnel aujourd hui il n y a plus d issue Pourquoi faut il frapper plus fond en rejetant dans le noir le plus noir C est le destin des hommes justes qui agissent pour une cause pour un processus volutif Le fouet des ann es revient peser sur la t te qui m dite logiquement sur un d sir d vasion la Capitale est la mort 103 104 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES CRITURES A CONTRAINTES E amaro il destino a sapere lo scorrere lento nel tortuoso corso dell esistenza pur se la vita comincia sulle vette pit alte dorate e ha un dolce sapore E amaro il destino nonostante si speri veder di lilla colorato il cielo o stare dinanzi a bianche scogliere e guardare una sagena o una scorticana che calansi in mare al canto del gallo ma sono lontane Mcmo solo un porto ardficiale E amaro il destino j per essere meno infelici si dice ch e azzurro il destino pi grande tra i fiumi di chanpagne sulle sponde di un letto ove si fatto spensierati l amore
130. peut puiser sa guise Une premi re r ponse consiste s en remettre aux vertus de la combinatoire C est la solution propos e par Marc Saporta dans Composition num ro 1 Le lecteur estpri de battre ces pages comme un jeu de cartes Decoupens il le d sire de la main gauche comme chez une cartomancienne L ordre dans lequel les feuillets sortiront du jeu orientera le destin de X Car le temps et l ordre des v nements r glait la vie plus que la nature de ces v nements Une autre r ponse consiste ranger les fragments dans des classes d quivalence a la mani re de Raymond Queneau dans ses Cent mille milliards de po mes La combinatoire ainsi restreinte permet de produire des encha nements coh rents L auteur peut aussi organisa ses fragments en une arborescence structure raJnlineane comme dans Apnl March roman r gressif ramifi imagine par Borges dans sa nouvelle intitul e Examen de l ouvre d Herbert Quam A chaque fragment correspondent deux fragments pr c dents possibles auxquels correspondent a leur tour deux autres fragments pr c dents etc Cette arborescence multilin aire est aussi celle de 20 d amour en plus de Fran ois sloa 0 devient ainsi possible l auteur partir d un incipit ou d une cl ture unique de d veloppa des r cifs parall les On peut enfin comme s y essaient les auteurs am ricains ou dans une moindre mesure Anne C cile Brandenbourger construire
131. pi ce Le r ve commence au d but du premier acte Achille et la tortue se trouvent dans un salon de th anglais ou ils bavardent avec la serveuse Ottoline Au cours de cette conversation ils abordent un certain nombre de sujets qui pr parent le lecteur au paradoxe de Carroll Dans le premier acte plusieurs paradoxes philosophiques sont voqu s tandis que le deuxi me acte tourne autour du paradoxe de Z non Tout au long de la discussion Mr Goodman reste pr sent en tant qu observateur et fait des commentaires Au milieu du deuxi me acte les protagonistes se pr parent la course Ils mettent leurs maillots et s appellent d sormais Tau et Alpha Finalement au d but du troisi me acte la tortue renonce la course condition qu Achille lui prouve de fa on pertinente qu il sera le vainqueur C est ici que se situe la r criture du paradoxe de Carroll A la fin du troisi me acte un canard r veille Mr Goodman et interrompt ainsi le dialogue r v au moment o Achille et la tortue parlent de la proposition D Selon les indications sc niques au d but de la sc ne n 00 c est seulement quelques mois plus tard que Mr Goodman s endort de nouveau et en r ve la suite Entre temps Achille et la tortue sont UWE SCHLEYPEN arriv s la 6799877 tape Le texte pr cise que Mr Goodman se r veille aussit t avec pr cipitation et se rend dans un salon de th Apr s tant de paradoxes le lecteur n est gu
132. pour l criture nigmes moderne en Italie est li des manipulations de signification tr s articul es Si on dit par exemple le plante spoglie on ne sait pas s il faut penser un paysage automnal ou des d pouilles mortelles qui font l objet de nos larmes plante les plantes les arbres pleur es spoglie nues d pouill es les d pouilles mortelles les le piante spoglie les arbres nus les plantes nues d pouilles pleur es 97 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES CRITURES A CONTRAINTES De m me on peut parler de credenza piena sans qu on sache s il s agit d un meuble de cuisine ou d une foi absolue in branlable credenza la cr dence la croyance p na pleine totale absolue credenza puma credence pleine croyance totale absolue La capitale fiancese c est Paris videmment mais c est aussi la guillotine lorsque l on pense la peine capitale et au triste instrument destin la d capitation cap loif la ville capitale la peine capitale Jiancese de la France en France oMHijle irtmcesc la ville capitale de la France la peine capitale en France Quant la guillotine elle m me on peut encore la d finir comme une provocante scollatura pour ses terribles cons quences qui ont peu ou rien a voir avec un excitant d collet pemoanae provocant causant scoliatwra le d collet la d capitation peovocmte scollatura le d collet provocant causant la d capitation Chaque f
133. poursuivent une tradition gauloise tr s ancienne sur les syllabes sales La rime d guis e en une autre se trouve chez Paul Jean Toulet Son accablement le confesse Cette dame a mal la jambe Dans un r cent sonnet de Bemardo Schiavetta Po sie 99 n 77 l l ment rimique des mots la rime a disparu ou est masqu par un blanc ce sont des rimes virtuelles Nouvelles distances entre les rimes Le vers libre compt mais variable et rim issu de Laforgue chez un Verhaeren ou un Tristan Klingsor serait indiscernable des vers libres lafontainiens si la diction du e muet n tait assouplie l int rieur comme la fin du vers La distance entre deux l ments rimiques semblables peut tre variable c est le vers non compt mais rim le vers de mirliton de Jarry dans une de ses traductions et de Franc Nohain On le retrouvera dans le roman en vers quatrains rimes crois es de R jan Ducharme La Fille du capitaine 1971 Cette distance peut tre tr s longue dans les versets rim s de certains po mes de Claudel par ironie ou dans Les Olympiques de Montherlant Les rimes enchev tr es Nous appellerons rimes enchev tr es celles qui pr sentent une ou plusieurs rimes intercalaires ou intriqu es d une couleur diff rente des deux autres abca la diff rence de rimes imbriqu es de m me couleur abbba Nous proposons d appeler cart inter rimes l
134. pp 242 243 Michel Butor Le roman comme recherche in Essais sur le roman Paris Gallimard 1975 pp 10 11 Michel Butor Intervention Royaumont in Essais sur le roman Paris Gallimard 1975 p 19 Michel Butor Recherches sur la technique du roman in Essais sur le roman Paris Gallimard 1975 p 116 Michel Butor Recherches sur la technique du roman p 124 7 Au Colloque Language and Beyond Actuality and Virtuality in the relations between Word Image and Sound HIVT Anvers 1996 j avais d j pr sent une etude de la Mobilit dans L embarquement de la reine de Saba Paris La Diff rence 1989 cho notes de voyage Lausanne Mus e de l lys e 1988 et Transit legenie du lieu 4 Paris Gallimard 1992 de Michel Butor Michel Butor Passage de Milan Paris Minuit 1954 Michel Butor Curriculum vitae Paris Plon 1996 p 65 Jean Ricardou l ments de Textique I in Cons quences 10 1987 p 5 3l Mobile op cit p 13 Roland Barthes Litt rature et discontinu in Essais critiques Paris Seuil 1962 p 180 Barthes op cit p 179 Barthes op cit p 187 Michel Butor Gyroscope le g nie du lieu 5 Paris Gallimard 1996 3 T oeuvre de r f rence imm diate dans ce cas est sans doute Echo notes de voyage 1988 en collaboration avec le photographe G rald Minkoff mais il ne faut pas oublier l oeuvre th orique Les mots dans
135. programme le terme g n r tant ici utilis dans le sens qu il poss de en g n ration automatique Dans ce cas le texte voir de l arch type proc dural se scinde en un texte qui correspond au texte voir de l arch type de l cran et une interface paratextuelle La contrainte utilis e par l auteur conduit g rer dans une production proc durale un leurre non proc dural 38 39 Texte phrases Un tel mouvement a t tr s r guli rement observ propos de diverses uvres Il est toujours d au fait que le fonctionnement du programme ne correspond pas au fonctionnement attendu par le lecteur Et c est souvent le fonctionnement attendu et non r el qui est per u la lecture n est pas une d couverte elle s apparente davantage une v rification fantasmagorique C est pourquoi les arch types prennent autant d importance 81 THEORIES DES NOUVELLES FORMES D ECRITURE NUM RIQUE Jean Cl ment Hypertexte et contrainte Introduction Les litt ratures lectroniques constituent aujourd hui une galaxie o se distinguent quelques grandes familles constitu es autour des concepts et des techniques de g n ration automatique de texte en mouvement ou d hypertexte Du point de ue qui nous int resse ici c est sans doute l hypertexte qui soul ve le plus nettement la question de la contrainte litt raire D une part parce qu il s inscrit dans la continuit d un courant litt raire ancien
136. qu e t pu faire son fr re Elles ont dis je en parlant des mouettes une immobilit et une blancheur de nymph as III 203 Claude Simon qui reprend cette citation dans Le Jardin des Plantes fait remarquer qu en r alit on voit mal la diff rence entre la comparaison du narrateur corolles et celle de l imitateur nymph as Et en effet ajoute d ailleurs le narrateur c tait une observation correcte Une certaine ambigu t entoure ainsi la question esth tique dont on verra qu elle s tendra sur tout le passage La conversation prend appui sur les nymph as pour parler de Monet ce qui am ne ensuite l observation suivante de la part du narrateur Justement le soleil s abaissant les mouettes taient maintenant jaunes comme les nymph as dans une autre toile de cette m me s rie de Monet III 206 Une troisi me tape quelques pages plus loin combine les sons et les couleurs Dans l ensoleillement qui noyait horizon la c te dor e habituellement invisible de Rivebelle nous discern mes peine s par es du lumineux azur sortant des eaux roses argentines imperceptibles les petites cloches de l ang lus qui sonnaient aux environs de F teme III 217 Une nouvelle couleur s est ainsi gliss e dans le tableau qu on retrouve a la page suivante La marquise donna au valet de pied l adresse d un p tissier o elle avait aller avant de repartir sur la
137. que nous avons affaire aux phalanges dessin es la page de l index sur les plis qui y ont t faits et qui se trouve plac e sous un gros bouton qui la maintient ouverte Ainsi la phrase de cl ture n appara t pas toujours comme une conclusionlogique la description dont elle est pr c d e Pour leur part les phra HERMES SALCEDA ses d ouver ture sont en g n ral d une compr hension plus ais e m me si le r cit n claire pas leur sens dans les paragraphes qui les suivent imm diatement Ainsi le premier paragraphe de Parmi les noirs garde un certain myst re Les lettres du blanc sur les bandes du vieux billard formaient un incompr hensible assemblage J en tais d j mon sixi me tour et je voyais avec plaisir les mots baroques que j obtenais avec mon syst me pourtant si simple Parmi les noirs Le d but de Le haut de la figure est une bien tonnante fa on de dire qu on efface un tableau Le haut de la figure avec le bout de la craie du tableau redevenait peu peu tout pareil J avais pass l ponge trop t t et d un seul coup le sommet de la pyramide avait disparu Le haut de la figure La nature m me de l exercice de lecture criture que suppose la traduction permet donc de conclure une certaine irr gularit dans l efficacit des formes de motivation employ es dans les Textes gen se La complication surgit dans la grande majorit de
138. qui me marqua CHANTAL ROBILLARD 6 Je me souviens du moment o nous avons perdu ma s ur au beau milieu de l escalier dans notre h te 1 Je me souviens d une courge g ante explos e en milliers de morceaux Cette coucourde fit une semaine durant l unique repas quotidien d une famille de pauvres qui avaient sept enfants dont un mal pouss 2 Je me souviens d une petite fille farouche aux cheveux couleur de miel qui exigeait de savoir si j tais bien la vraie de vraie et non une copie en plastique et qui tapait du pied pour avoir sa r ponse Son p re la gifla sans un mot On n coute jamais les petites demoiselles 3 Je me souviens de la belle couleur de verveine tendre qui apparut ma sortie de l arche apr s refroidissement Un apprenti fra chement descendu de son Velay natal s en moqua derri re le ma tre en son patois Il se fit tancer vertement par les autres 4 Je me souviens d un compagnon un de Baumugnes qui marquait la craie sur une ardoise un b ton pour chaque pi ce termin e Ma soeur jumelle n e une heure apr s moi fut coch e b ton num ro treize C tait un vendredi 5 Je me souviens d une poche toute sombre et cendreuse dont ma douce demoiselle me sortit une ou deux fois en me faisant des bisous mouill s et m l s de suie 6 Je me souviens d avoir entendu les voix railleuses de ses deux demi soeurs juste avant l essayage et celle toute emplie de m c
139. r cits le choix des liens s mantiques propos s au lecteur La question du contexte est cruciale dans la mesure o l auteur ne peut pas anticiper les parcours de ses lecteurs Chaque fragment de l hypertexte est un carrefour o aboutissent et d o repartent plusieurs chemins Chaque nouveau parcours produit un nouvel ordre de lecture et modifie donc profond ment le sens du texte Pour emprunter une image au cin ma c est comme si chaque lecture produisait un nouveau montage des plans d un film Lire un hypertexte c est comme faire le montage de son propre film partir de rushes tourn s par un autre Pour l auteur la frustration est consid rable car il 87 THEORIES DES NOUVELLES FORMES D ECRITURE NUMERIQUE renonce par av ance la ma trise du sens de son uvre On remarquera que tel est d j le cas dans la litt rature lin aire Aucun texte n est pourvu d un seul sens priori Chaque lecteur contribue par sa lecture produire un sens possible qui d pend largement du contexte au sens large de sa lecture son encyclop die personnelle sa connaissance de l intertexte son exp rience personnelle etc I Mais l id al de la lecture classique reste bien de retrouver le plus justement le sens que l auteur est cens avoir mis dans son texte D s lors qu il d l gu son lecteur l ordonnancement de son texte comment l auteur peut il tre autre chose qu un fournisseur de base de donn es textuelles o chacun
140. rales en l occurrence une assez jolie collection de m tath ses Georges Perec p 89 90 Plus sp cifiquement la lettre 86 est le support d une forte concentration d ncrages manque bilinguisme 11 43 sym tries bilat rales ncrages fortement articul s Je ne puis en fournir la d monstration d taill e dans les limites de cette communication mais l exemple est assez frappant On a donc des formes r currentes que des pratiques de la contrainte ult rieures vont retrouver mettre en valeur On peut d autre part rep rer des ncrages dans des crits perecquiens de statuts extr mement divers Ainsi des avant textes les pages 112 113 de Georges Perec en donnent un exemple tir du Cahier des charges du chapitre XCIV de La Vie mode d emploi CECILE DE BARY Autre remarque Perec avait un discours oral hach tr s perceptible par exemple dans l entretien avec Bernard No l on rejoint l ncrage de la cassure Il faudrait aussi observer quels nombres il citait spontan ment quand il souhaitait le faire au hasard Mireille Ribi re a not dans les entretiens la pr sence fr quente de s ries a priori al atoires comme un deux trois onze l ments Si l on en croit W ou le Souvenir d enfance la structure de la cassure est ant rieure au travail de l criture op rant dans le contenu m me des souvenirs d enfance les organisant de mani re signifiante par le moyen d u
141. rapprochements possibles et de leurs directions Elle est galement suscit e par la composition de Wou le Souvenir d enfance I convient ce propos de citer encore une fois Michel Sirvent qui relit le passage c l bre de la fin du chapitre VUL D un c t l indicible c est ce qui aurait d clench l criture Je ne Sais pas sije n ai rien dire je sais que je ne dis rien je ne sais pas si ce que j aurais dire n est pas dit parce qu il est indicible l indicible n est pas tapi dans l criture il est ce qui l a bien avant d clench MIL 58 9 Toutefois l criture produit le sentiment de inexprimable je sais que je ne dis rien sans qu elle ait pourtant voulu exprimer Je ne sais pas si je n ai rien dire L criture r v le alors ce qui l a d clench e indicible l irr m diable Op cit p 19 Ce qu il s agit d observer d s lors ce n est pas que les textes perecquiens exprimentun manque mais dans quelle mesure ils rendent sensible au lecteur telle impression de manque op cit p 23 Incompatible avec une cl ture du sens cette impression de manque suscite et relance la lecture de l uvre perecquienne A cette perception r pond le maintien d un arbitraire de la contrainte et les interrogations qu il peut susciter Ins r e dans un r seau signifiant la contrainte perecquienne ne trouve jamais sonsens
142. ration formelle qui permet de d finir un domaine nouveau dans le rapport uvre monde en recomposant une nouvelle typologie de la r f rence o l uvre texte r gle ses fonctions signifiantes par le moyen d une esp ce d autod termination constructive La premi re structure mobile est la composition polyphonique telle quelle avec la r union de plusieurs voix qui sont la repr sentation de l univers pluriel des gens qui se r unissent autour du monument ainsi que le grand r seau de cultures de l auteur et la cons quence en est plurielle aussi les niveaux du discours les langues bab liques les registres de voix l alternance typographique Le murmure de tout cela le bruit des pas les heurts des instruments quand ils ne jouent pas le lointain bruit de l eau et les bateaux les tintements des verres les claquements des banni res le froissement des toffes le crissement des chaises et des tables de m tal tra n es sur le dallage Et tous les cris toutes les conversations emport es dans ce mouvement dans cette houle de foule dans ce lent tourbillonnement ces fragments de dialogues que l on saisit qui vont viennent s approchent tournent et disparaissent montent s engloutissent transparaissent les uns dans les autres s interrompent les uns les autres glissent dans toutes les langues clats relent avec des th mes qui mergent s organisent en cascades canons agglom rats cycles
143. re saute aux yeux dans les versions d Antoine Denize il se passe toujours quelque chose d observable soit une animation visuelle soit une animation sonore La page cran disparait et avec elle la notion de p ntexte Les fonctionnalit s de f interface sont int gr es aux mots ou aux l ments signifiants du v isueL et sont elles m mes mouvantes On a pu constater qu un public qui ne connaissait pas l oeuvre avant d en prendre connaissance par cette version pouvait tre incapable de d celer l apport de Denize de celui de Queneau Le lecteur est de plus confront la compr hension de ce que le programme attend de lui et la lisibilit de l interface qui ne se d voile que lentement au sein de ce qui est initialement consid r comme du texte et il ne se d voile que par racticn donc de fa on incompl te Ces versions r unissait les caract res fondamentaux de l arch type proc dural qui gouverne en r alit le dispositif rinconnaissabilh du projet complet de l auteur par la lecture qui ne peut tre que partielle et locale et la n cessit pour le lecteur de se faire une id e du fooctiomementdudispostuf et non seulement de l interface et notamment la n cessit de percevoir sa fonction de lecteur dans ce dispositif PHILIPPE BOOTZ Le dernier exemple souligne le r le jou par la repr sentation de dispositif et l inconnaissabilit du projet de l auteur la lecture Apr s avoir projet des
144. re surpris que Mr Goodman y rencontre la serveuse Ottoline de son r ve et que celle ci soit en mesure de lui rapporter la fin de la discussion entre Achille et la tortue Paradoxalement elle tient cette information du journal du matin tandis que l apr s midi la course philosophique n tait pas encore termin e En incorporant le dialogue carrollien dans le r ve d un personnage d une pi ce de th tre le texte de Jacques Roubaud pose la question de savoir quel est son rapport aux choses r elles quelle est son origine et finalement s il contient une v rit En un mot il pose la question des fondements D j chez Lewis Carroll il est vident que le texte n a pas une fonction purement repr sentative L animal qui parle et les anachronismes sugg rent la pr sence d un narrateur Chez Roubaud les choses sont beaucoup plus compliqu es Le dialogue philosophique entre Achille et la tortue est au centre d un grand nombre de niveaux textuels imbriqu s les uns dans les autres Consid rons cette structure de plus pr s Cf la figure 2 page suivante Le dialogue carrollien pendant lequel les protagonistes sont appel s Alpha et Tau fait partie de la conversation que se tiennent Achille et la tortue au salon de th La conversation elle m me est le sujet d une pi ce dans la pi ce Elle constitue le r ve du narrateur Mr Goodman qui quant lui n est qu un personnage de la pi ce de th tre La pi ce de
145. rifier sa propre narration un l ment obligatoire de tout mn moniste Roubaud se promet d tre vrai mais le lecteur peut ou non lui faire confiance p 111 Plus loin il ouvre encore un autre ensemble de trois parenth ses o il parle d un autre axiome de sa narration apr s celui de la v racit Ce deuxi me axiome de sa narration comprend la fluidit absolue de ses d veloppements ult rieurs l absence de plan le refus d tre li la moindre affirmation sur son futur en vertu de cet axiome je peux me permettre de nombreuses pr dictions qui n ont d autre valeur que d clairer le temps pr sent du r cit p 1 12 204 PETER CONSENSTEIN Tout sa narration et aux contraintes qui la d limitent Roubaud profite de son travail litt raire pour modifier sa r alit imm diate Se pr sente ainsi au lecteur une nouvelle sorte d autobiographie dont la forme du texte est elle m me une mn motechnique Dans The Book of Memory Mary Carruthers commente longuement une mn motechnique l mentaire la grille num rique Le texte m moriser tait divis num rot et plac dans des cases imaginaires ensuite ces cases taient mises en forme de diagramme La premi re lettre de chaque partie m moriser tait tr s orn e et colori e comme dans des textes m di vaux C tait ainsi que la mn motechnique profitait de la synesth sie de la m moire Pour
146. side l laboration de l intngue des aventures et m saventures de la jeune et belle Hortense Le tout est domin par la spirale et l escargot qui est la marque tatou e sur la fesse gauche de chacun des 6 princes pold ves avec des petits points permut s en sextine illustrations l appui Le 6 est absolument partout mais il y a aussi un marquage abondant de plusieurs autres nombres cl s le 13 remplac par le 4 cause de la phobie am ricaine du treizi me tage et parce que 14 est un nombre de pr dilection de Roubaud le 36 6 6 les nombres palindromes 37 et 73 appel s galement nombres de Perec et qui peuvent se d composer dans l op ration 73 36 1 36 et le nombre 366 61 nombre premier constitu de 6 et de 1 6 le premier des nombres parfaits Mais comment tablir une corr lation suivie entre ces marquages de la narration et la structure narrative Il est patent qu on s y perd et que ce qu on croit d m ler au fil du texte appara t plus comme une esth tique du nombre qu un encodage pertinent du texte MARC LAPPRAND Autre exemple d emploi de la sextine dans son roman Fi ins Jacques Jouet s en sert comme l une de ses deux contraintes formelles l autre concerne les fins de chaque unit paragraphe Il explique dans une postface que le nombre de phrases contenu dans chaque unit paragraphe correspond la num ration d une sextine de sextines 6 6 x 6
147. sonore la substance jusque l analogue au gr s sombre et rude de rude de Combray Le c t de Guermantes 219 ANALYSES D UVRES Porter au rose c est partir dans Combray du turban de cachemire violet et rose qui coiffe le p re en figure d Abraham pour retrouver bient t en sa compagnie la dame en rose miss Sacripant la future madame Swann mod le initial d Elstir Swann le roux au nez cramoisi pourra prendre la rel ve du p re pour conjuguer les roses en Eros longtemps apr s sa mort dans l univers p trifi du bal de t tes avec sa palette noir et blanc palette de la mort le rose pourra revenir pour sauver le Temps de cette d gradation des couleurs Rose organisateur se refl tant galement au sens de la lettre dans la Rose comme fleur et vitrail qui se retrouve la fin dans le sillage de Mademoiselle de Saint Loup celle en qui se mat rialise le temps incolore Le Temps retrouv Cet incolore est comme une r ponse au kal idoscope de l Obscurit qui ouvre l uvre une ultime r alisation de la luminosit La premi re fois que le mot de couleur se rencontre dans le texte c est pour mat rialiser les rideaux de la chambre du dormeur et pr parer ainsi la grande mise en place des couleurs au d but de Combray qui va d terminer toute la suite et notamment la coloration des personnages principaux Il s agit de la sc ne de la lanterne magique qui substitua
148. textique du terme est capable d offrir au moins deux sortes de miroitements Nous n avons jusqu ici tudi que les cas o des mots s allument de reflets r ciproques comme une virtuelle tra n e de feux sur des pierreries selon l inusable formule de Mallarm les divers accomplissements propos s n taient jamais que l actualisation de quelques virtualit s L autre miroitement de second degr pour ainsi dire d finit les structures par lesquelles le texte r fl chit mais cette fois au sens intellectuel du mot et sur un mode s mantique plus ou moins direct tel ou tel de ses propres fonctionnements dans une sorte de discours qui le prend pour th me Prime de r criture comme les appellerait ici Jean Ricardou ces appoints structuraux d un retravail minutieux sont toujours impr vus parfois un brin sid rants Ainsi une simple lecture homophonique nous fera t elle apercevoir comment le po me condition d oser en accomplir le virtuel ouvre une lecture neuve consciente de l endroit o se posent des yeux au tout d but du parcours Va t en haut nous dit il exact r pons la toute fin Rode en bas Notes Formules n 5 TEM n 13 Pastiches collages et autres r critures 2001 p 7 je souligne Dans le trait Des tropes dition par F Douay Soublin Paris Flammarion 1988 le chapitre Du sens adapt comprend une partie M De la parodie et des c
149. th tre son tour est le produit d un auteur qui se manifeste travers les indications sc niques et l introduction Or l auteur se r f re un mod le What the TortoisesaidtoAchilles de Lewis Carroll Lewis Carroll lui m me est pr c d par Simplicius qui a crit un commentaire sur Aristote et par Aristote en personne qui parle du paradoxe dans sa Physique La filiation telle que Roubaud la pr sente dans l introduction et dans l acte II de sa pi ce s arr te l N anmoins nous savons que c est de Z non qu Aristote tient ce paradoxe et il n est certainement pas faux de supposer que Z non lui m me a eu des pr d cesseurs La filiation se perd donc dans les brumes de l Antiquit Cette mise en ab me multiple loigne le dialogue d un ultime point de r f rence fixe La recherche des fondements m ne une r gression l infini telle que dans le cas de la logique et des math matiques Nous retrouvons la structure du paradoxe de Z non dans l organisation m tatextuelle de la pi ce Primo il y a un point de d part savoir le dialogue carrollien et un but c est dire la recherche d un point de r f rence ultime Secundo une infinit de couches m tatextuelles s intercalent entre ces deux termes Tertio elles sont ench ss es les unes dans les autres d pendent donc les unes des autres Quarto la cons quence en est vidente on n atteindra jamais le but 279 280
150. ticences C est une strat gie similaire qui est notamment l uvre dans une nouvelle spectaculaire de Fred Kassak Iceberg lue en guise d illustration lors de notre communication La double lecture des textes contraints Cerisy Certes la d couverte du travail scriptural ne s effectue qu au prix de la perspicacit du labeur lectoral mais elle constitue en quelque sorte la prime offerte au lecteur attentif et peut tre l ouverture vers une forme de plaisir du texte 306 MARC PARRAYRE Le personnage Allan Pym dont le patronyme comme on le verra par la suite ne doit pas grand chose au hasard propose de faire subir un certain nombre de transformations aux trois termes mis en relief paragraphe 7 Ces manipulations sont de l ordre de l anagramme lierre remets stimule relier m tres mutil s relire termes ultimes On pousse de la sorte le lecteur refuser le sens imm diat pour en construire un autre On peut en effet comprendre la premi re expression ainsi produite relier les m tres mutil s comme une invitation mettre ensemble des l ments d tach s s par s d un tout ce qui sera d ailleurs plus pr cis ment sugg r par le groupe suivant relire les termes ultimes puis explicitement indiqu dans le texte paragraphe 8 isoler le dernier mot de chaque ligne pour construire une simple lecture verticale Ce proc d correspond une prise de position th or
151. tre pas puisque le texte cherche une certaine identit en lui m me comme d habitude d ailleurs travers les signes de son inscription les formes de son organisation et les strat gies des configurations topologiques au niveau de l criture Mais ces man uvres habituelles ne sont pas suffisantes il faut aller plus loin dans le probl me de la r f rence le texte devient confr re du monde on ne peut pas expliquer le monde sans le texte et pour ce faire il faut des r gles qui permettent le jumelage signe objet texte monde Description de San Marco csih drale de Venise Et la seule solution de ce probl me est de construire une machine s miotique qui permettra l interp n tration mutuelle et osmotique du texte monument monument texte La troisi me structure mobile est le double parcours de lecture c est dire que l alternance typographique se fait sur deux voies a en italique qui reproduit simplement le r seau polyphonique des voix et qui repr sente le lien d une exp rience v cue et b en lettre ronde et alin a du paragraphe comme une glose norme qui reproduit avant tout une description du statu quo des choses ainsi qu un r seau touffu de citations et de documents Le parcours a obtient Une continuit du d but la fin du livre interrompue ex professo par le parcours b avec des paragraphes mesur s Le r sultat lectural en est un palimpseste tr s complexe facile lire o il y a de
152. un vers compt ou bien il permet que s tablisse une structure plus satisfaisante soit par le nombre des l ments qui gr ce lui passent sous contr le soit par la qualit de la contrepartie structurale Si l crire se d finit comme la structuration sp ciale d un mat riau notamment langagier alors le laxisme absolu est au fond une entorse qui aurait perdu le sens de son exercice Les d tracteurs de ce que nous baptisons laxisme relatif sont toujours des adeptes d une logique maximaliste de la langue au texte qui n envisagent m me pas en g n ral la possibilit du second effet quand ils ne la r cusent pas d entr e Banville r sume assez bien leurs griefs 163 ANALYSES D EUVRES 164 LICENCES POETIQUES Il n y en a pas Quoi sous pr texte qu on crit en vers c est dire dans la langue rhythm e et ordonn e par excellence on aurait le droit d tre d sordonn et de violer les lois de la grammaire et celles du bon sens Et cela sous pr texte qu il e t t trop difficile de faire entrer dans un vers ce qu on voulait y mettre et comme on voulait l y mettre Mais c est en cela pr cis ment que consiste l art de la versification et il ne peut consister ne pas faire ce qu il est charg de faire Dont acte L on sait qu en po sie fran aise de toutes les g nes exquises Val ry la pire est cet e devant consonne bizarrement compt
153. une criture autobiographique c est transformer la r alit et s adresser aux questions thiques et sociologiques travers la culture litt raire La contrainte et l inspiration Toute approche la pratique de l criture engendre une relation critique entre la culture en g n rale et la litt rature Quand on tudie l emploi de la contrainte comme critique de la culture on met en question le r le de l inspiration et quand on parle de l inspiration on tombe dans l abysse de la question du progr s en litt rature Un des paradoxes les plus importants de la contrainte est qu elle lib re et cette libert nous permet de nous adresser la dialectique de l me versus la raison une dialectique au c ur de tout d bat litt raire 205 ANALYSES D EUVRES Mettons pour l instant qu crire l me traditionnellement parlant repr sente le droit d crire en toute libert et qu crire la raison c est crire en respectant les poques pr c dentes cet tat de choses est au c ur de la querelle des anciens et des modernes Le probl me et peut tre la source des confusions nombreuses est que l me ne s oppose pas la raison ensemble ils travaillent d chiffrer les perceptions ext rieures Dans les deux derni res phrases de M moire et mati re Bergson touche non seulement l union de la raison d avec l me mais aussi de la libert qui en ressort Ainsi qu on l
154. une contrainte g n re un texte L int r t du corpus de bandes dessin es et surtout du corpus exemplaire r uni dans OuPus 1 c est de montrer plus clairement qu ailleurs que l interaction entre contrainte initiale et gen se textuelle peut emprunter deux voies l une dissoci e l autre int gr e En effet certains exemples de cette anthologie exhibent qu il est possible de dissocier presque enti rement travail sur la contrainte et travail sur les autres param tres de la fiction Un exemple superlatif est donn par les strips acrostiches d Etienne L croarf les 4 x 4 cases se pr tent certes une lecture aussi bien horizontale que verticale mais cette double lecture se limite en r alit la partie verbale de la bande dessin e la partie iconique de l uvre tant pur remplissage noircirait on tous les dessins que les phylact res garderaient tout leur sens quel que soit le sens de la lecture noircirait on les phylact res que les dessms seraient du n importe quoi Inversement la structure minemment complexe de beaucoup d autres exemples cit s par Groensteen prouve merveille que souvent la contrainte loin d tre dissoci e de Poeuvre s y int gre compl tement quitte devoir n gocier sans cesse avec tous les autres param tres et dimensions de la fiction Dans le c l bre graphie novel de David Gibbons et Alan Moore Watchmen le principe de la mise en page r guli re 3
155. vous Non Non ce que j cris n est pas moi Je n ai crit que pour crire Raph l may am ch zabi almi 325 CREATIONS ORIGINAL BABELIQUE 133 Raphel may amech zabi almi Vae q ut e nabe tzih nabe uch an De la kaos de ciuj linguoj homaj Aenigmati praelegendoli s piculi Baz tavanam ki sukhanran shavam Em qisane wireney rasteqinem Abracadabra abracadabien Parau i faahoi hia Jenin djurlurumig ba wuru nalugig wouroundj ris Habla horem egiga goramen 1 4 Habla horem egiga goramen Yarim kalan bir siir belki Nejaka zaklinaci formule Erfullt von leiser Antwort dunkler Fragen Kithlun mumiqchaqcheu una Fumms bo wo taa zaa Uu pogiff tes Manka revania dulche oscorbidulchos E vi ti bounie seimire ni trine 326 pseudo langue maya esp ranto langue hybride persan kurde voces mystic tahitien pseudo langue pseudo langue turc tch que allemand inuit phon tismes pseudo langue martien BERNARDO SCHIAVETTA UNE VERSION FRAN AISE 1 3 Raph l may am ch zabi almi Voici les premiers mots De la confusion de nos langues Enigmes En les lisant maintes fois Je peux relancer ma parole Ce sont les mots d un pur d lire Abracadabracadabien Et cependant leur ritournelle Chante dans ma poitrine et chante sur mes l vres Habla horem giga goramen 1 4 Habla horem giga goramen Peut tre est
156. 01 Lautr amont Rimbaud Presses Universitaires de Valenciennes 13 1990 Le Livre imaginaire Revue des Sciences Humaines 2002 Mallarm ou l obscurit lumineuse Hermann 1999 Mythes et psychanalyse In Press 1997 COLLOQUE DE CERISY Paulhan le clair et l obscur Gallimard 1999 Georges Perec P O L 1985 Pessoa unit diversit obliquit Bourgois 2000 Marcel Proust Nouvelles directions de la recherche proustienne Minard 2000 Raymond Roussel Presses Universitaires de Rennes 1993 Nathalie Sarraute Annales litt raires de l Universit de Besan on 1995 Saussure aujourd hui LINX n sp cial 1995 Lire Claude Simon Les Impressions Nouvelles 1986 Pr sence de Philippe Soupault Presses Universitaires de Caen 1999 x x Le St r otype Presses Universitaires de Caen 1994 Michel Tournier Images et signes Gallimard 1991 Paul Val ry un nouveau regard Minard 1992 Verlaine la loupe Champion 2000 Virginia Woolf Le pur et l impur Presses Universitaires de Rennes 2002 COLLOQUE DE CERISY Table des mati res Pr face de Jan Baetens amp Bemardo Schiavetta Th ories de la contrainte David Bellos L effet contrainte Marc Lapprand Contrainte norme et effet de contrainte Jean Ricardou Logique de la contrainte Th ories des nouvelles formes d criture num rique Philippe Bootz Comme
157. 2 La repr sentation mobile En 1962 l uvre continent de MB prend un tournant spectaculaire avec la publication de Mobile tude pour une repr sentation des Etats Unis en m me temps que l auteur commence son premier voyage aux Etats Unis Avec ce texte r volutionnaire et controvers MB d bute une criture qui va essayer de changer le st r otype de la description litt raire c est d ailleurs un des projets les plus importants du Nouveau Roman Depuis le d but de l criture avec les premiers textes MB a eu le besoin d articuler le r alisme ou l hyperr alisme une construction symbolique des structures pr d termin es ou des dispositifs textuels Dans Passage de MilarP il a d j le besoin de construire un espace immeuble mais tout ce qui se passe dans cet immeuble est r gl par une Mobilit perp tuelle w un mouvement sans cesse qui rattrape aussi le texte lui m me Ce caract re remuant va marquer aussi les autres romans courts circuits r trogradations renversements jeux de miroir chos voix nouvelles par cause de la musique polyphonique 189 190 ANALYSES D EUVRES et de la n cessit de laisser l uvre ouverte MB a l id e claire que l invention formelle en litt rature ne s oppose du tout au r alisme et que pour lui il s agit d une m thode fondamentale pour arriver repr senter la r alit contre l opinion d une certaine critique D autr
158. 216 Comme un paragraphe de six phrases n est pas obligatoirement six fois plus long qu un paragraphe d une seule phrase cet emploi de la sextine s assouplit dans le texte au point de devenir quasi invisible ou non objectivable tout en le r gissant d une mani re parfaitement algorithmique Au contraire de la s rie des Hortense la sextine ne r git aucune permutation au niveau des l ments de la composition du texte 2 La prose de la m moire publi e sous le titre g n rique du Grand Incendie de Londres ci apr s GIL fl ne s agit proprement parler ni d une autobiographie quoique l ouvrage soit fortement autobiographique ni d un roman mais d un r cit ou plus pr cis ment du r cit d un parcours dans les termes de Roubaud Le Grand Incendie de Londres contient la premi re branche 1989 Dans ce non livre intitul Destruction Roubaud fait une pr po tique de son roman potentiel au titre ponyme Au d part il n y avait qu un embryon de r ve fantasme d une jeune femme la chevelure de feu Londres Mais le livre n avance pas II est entrecoup d incidences de coincidences de r surgences Les souvenirs se heurtent aux r ves deviennent projets avort s mais toujours rendus sensibles par l acuit de l crivain Tout est possible mais rien ne se fait Tout n est qu une bauche de ce qui ne se fera jamais mais qui est toujours annonc tel Ce ne sont
159. 3 201 Georges Didi Huberman G nie du non lieu air poussi re empreinte hantise Paris Minuit 2001 D di Haberman opat p 9 Michel Butor Description de San Marco Pans Gallimard 1963 Michel Butor Herbier lunaire Pans La Diff rence 1984 J sus Camarero La pagina de MaBann oelsigno matenal in S gno n 2 1993 pp 13 25 J sus Camarero L approche math matique de l criture litt raire in New Novel Review vol 4 2 1997 pp 33 46 J sus Camarero Escri sa e imeractividad in Jos Romera Francisco Guti rrez et Mario Garcia Page Literatura y multimedia Madrid Visor 1997 pp 217 231 Michel Butor Votre Faust Paris Gallimard 1962 Michel Butor Une chanson pour Don Juan Pans G Puel 1972 avec A Staritsky Georges Balandier El desorden Barcelona Gedisa 1996 p 216 j en cite toujours la version espagnole 200 JES S CAMARERO Edgar Allan Poe Filosofia de la composition in Ensayosy criticas Madrid Alianza 1973 pp 65 79 publi e l origine en 1846 2 Ce projet de recherche de nouvelles formes pour l criture litt raire se construit aussi dans d autres domaines litt raires de l poque modeme contemporaine Pour l Oulipo par exemple il s agit d une vidence et d une urgence comme le dit Jacques Duchateau Communication de Jacques Duchateau sur l Oulipo Cerisy la Salle in Oulipo 1960 1963 Paris Ch Bourgois 1980
160. 51 Ainsi il analyse un passage de La Vie mode d emploi qui reproduit les caract res peints au pochoir sur une caisse de whisky 1978 r d Pans Le livre de poche 1982 p 378 texte qui reprend en op rant les s lections et les modifications n cessaires huit des l ments pr vus par le CECILE DE BARY Cahier des charges pour ce chapitre Or ce texte par le biais de termes comme mixture ou blended d signe m taphoriquement le m lange dont il est constitu Voir Les anneaux du diable in Barca n 1 septembre 1993 p 213 215 7 Bernard Magn a analys cette strat gie auctoriale dans Barca op cit p 210 211 11 en a donn d autres exemples notamment la strat gie de d voilement diff r qui a pr sid propos de la polygraphie du cavalier p 20 de son Georges Perec Paris Nathan 1999 Entretien avec Patrice Fardeau En dialogue avec l poque in France nouvelle n 1744 14 avril 1979 p 49 Sur l objectivabilit des contraintes voir Bemardo Schiavetta avec la collaboration de Jan Baetens D finir la contrainte in Formules n 4 2000 p 20 55 Entretien avec Claudette Oriol Boyer Ce qui stimule ma racontouze avec Harry Mathews in TEM texte en main n 1 Ateliers d criture printemps 1984 p 54 Christelle Reggiani a clair le contexte culturel de cette strat gie montrant comment la structure d n
161. 8 9 AQA 1 4 5 6 10 12 16 17 18 20 22 23 24 26 27 30 32 33 34 36 37 39 41 43 44 45 46 Degr interm diaire entre la rime quivoqu e et l holorime cette cat gorie variante des paragrammes saussunens n est jamais identifi e comme telle par les sp cialistes de la versification elle compl terait utilement le r pertoire des bris e l onine batel e r trograde couronn e double couronn e emperi re annex e frafris e sen e d rivative enjamb e 17 Pour En ville g n ralement not hors suscription sauf une fois AQA 40 p 271 179 180 ANALYSES D EUVRES I s agit d un envoi pour M ry Laurent IV 3 p 252 Madame la propri taire Au 9 Boulevard Lannes coin De verdure ample et solitaire Dont mon espnt n est jamais loin o aucun des mots rimes ne para t impos par l adresse Mais l exception n en est pas une si l on s avise que la propri taire et Madame l ment oblig sont indissociables dans le syntagme qu ils forment Sur la Belgique in uvres completes o c t Il p 978 soulign par l auteur 2 Votre nme sera riche et elle sera vari e implacablement riche et vari e C est dire que vous ferez rimer ensemble autant qu il se pourra des mots tr s semblables entre eux comme son et tr s diff rents entre eux comme sois Th odore de Banville Petit trait de po sie fran aise in uvres Gen ve Slatlane
162. 998 Ou pim gen ralemem les textes auteur constitu s de l ensemble des mat riaux ph nom naux mines par i ataeur et qm sont susceptibles de participer l ex cution de l uvre C es biea ces espace de centrales de lectures limit que nous avons parcouru en d but d article fl e de m ne de nombre de productions des auteurs publi s dans ai ire Phi ippe docte publi en 1990 dans ahre n 3 puis repris sur le CD ROM Le Salon de Lecture Eienmmgme Villeneuve d Asoq d MOTS VOIR 1995 Cretes 1990 mua emea publi dans KAOS n 1 1991 purs repris dans aime n 9 1995 uxucJraeras publie sur le CD ROM Le Salem de Lecture Electronique Villeneuve d Ascq d MOTS VOm 1995 iic f 5 I99L edwe fk Wfl ErsM de Hanenmettuna de maa 2001 jm CD ROM in dit de po sie anim e r alis avec des enfans de JOnat partir delexies a contrait classique compos s par eux sur le mod le du po me de fP tp e Scnpaofe tant de temp Ldnc de Henamusutra de weati Py anr e CD ROM pff ry 2001 publi par F Electronic Poetry C enter de Buffalo USA Le mot icxie fat ta t fensace 4 F ensemble de mots crvts a l cran le texte phrases dans un arch type q Mande la page par la spatial ne de F cran Oemle cas l entend Umberto Beu fI s agi d une strat gie du texte auteur donc du pro gmnme ion la cab rtace ef la mpuOcMum wpuwja mir certaines comp tence et comportements pp
163. ANALYSES D EUVRES pi ce de th tre crite par un auteur Jacques Roubaud Il est illusoire de vouloir donner des fondements ultimes notre texte Nous avons affaire une litt rature qui ne croit ni l inspiration divine ni la possibilit d une criture r aliste Pourtant le texte existe et cela sans qu il y ait un point de r f rence absolu C est gr ce au cinqui me point de notre structure la solution d ordre sup rieur Elle consiste en ce qu une telle litt rature doit se contenter de fondements relatifs Par la force des choses elle est en droit d adopter des bases arbitraires C est ce que la litt rature contraintes fait de mani re syst matique Comment la Tortue combattit Achille est le produit d un choix arbitraire C est l auteur Jacques Roubaud qui a choisi de r crire le dialogue de Carroll qui a choisi d utiliser la forme d une pi ce de th tre et qui enfin a choisi de structurer l organisation externe et m tatextuelle de la m me mani re que le raisonnement logique Il a choisi lui m me les contraintes de son texte U a sans doute choisi le texte de Carroll parce que le paradoxe lui semblait int ressant et peut tre m me parce qu il pensait y trouver une v rit N anmoins ce choix reste arbitraire et rien ne prouve de fa on d finitive que les enseignements du paradoxe soient vrais Maintenant nous sommes en mesure de donner une r ponse
164. And wouldyou mind as a personal favour considering what a lot of instruction this colloquy of ours will provide for the Logicians of the Nineteenth Century would you mind adopting a pun that my cousin the Mock Turtle will then make and allowing yourself to be re named Taught Us As you please replied the weary warrior in the hollow tones of despair as he buried his face in his hands Provided thatyow foryour part will adopt a pun the Mock Turtle never made and allow yourself to be renamed A Kili Ease pp 1229s En quoi est ce que le texte de Carroll reprend il la structure du paradoxe de Z non et que nous apprend il Les cing points que nous avons isol s dans le raisonnement de Z non sont respect s Tout d abord il y a un point de d part et un but le syllogisme d Euclide et la preuve absolue de sa validit Il y a une distance logique a parcourir entre le syllogisme et sa preuve Ensuite comme dans le cas de la course cette distance est divis e en un nombre infini d tapes Chaque tape consiste introduire une nouvelle proposition m talogique qui fait le lien entre les propositions pr c dentes et la conclusion Z Chaque tape d pend donc de celle qui la pr c de Carroll laisse le soin au lecteur d en conclure qu on ne pourra jamais atteindre le but c est dire qu on n arrivera jamais prouver de mani re absolue la validit du syllogisme initial Tandis que dans le paradoxe
165. Et c est ici que Raymond Roussel pourrait bien tre un pr curseur Car pr cis ment cette sorte de tableaux ultra brefs r duits l essentiel n avait pas t employ e avec cette audace tranquille Assur ment on est d concert mais il en est toujours ainsi lorsqu une de nos habitudes est heurt e de front Pourquoi faut il obligatoirement des actes de trois quarts d heure et des tableaux de vingt minutes Raymond Roussel pense qu un d cor qui fixe un instant et dix phrases dans ce d cor suffisent pour marquer une tape dans un r cit Cela dit le principe d conomie atteint son niveau d application le plus d lirant dans les Documents pour serv ir de canevas ces brefs textes capables de concentrer une dizaine d histoires en une seule page et dans Nouvelles Impressions d Afrique o les ressemblances entre les choses les plus disparates sont capt es dans un tel esprit de concision que le lecteur doit faire de v ritables efforts de d cryptage pour les appr hender C est donc au principe d conomie qu il faut attribuer le fameux anecdotisme roussellien et c est sans doute cet esprit de concision qui mena Breton a consid rer Roussel surr aliste dans l anecdote Le lecteur des Textes gen se reconna tra l application du principe d conomie dans l extraordinaire bri vet des paragraphes ils ne d passent pas les trois ou quatre lignes dans Les boucles du petit rentier
166. K 1 7 Raph l ma am ch zabi almi Maybe perhaps they just might hear The heaven s ciy the thunder s call Rudiments of language The best of which I readily accept Frogs rejoice as water deepens Br k k k x croax croax And the birds start to speak With a little bit of bread and no cheese Rou rou rou sitzi litzi tzi tzi tZi 18 Rou rou rou sitzi litzi tzi tzi tzi Bird calls are heard around one human voice Are the links between words As spiders weave their webs Through similarities through signs Why don t we find our common pitch Corne out and show yourselves Give voice trembling words give voice To the past s shilling mercury Raphel ma amech zabi almi 338 BERNARDO SCHIAVETTA UNE TRADUCTION ANGLAISE PAR IAN MONK 1 9 Raph l ma am ch zabi almi Woof and weft h ve woven this cloth And yes and no and no and yes Language knows nothing of its addressee Universes are made of words I myself am a word with them And we will sing any old song Like eeny meeny miny mo We ve so many things to discuss Comminci a gridar la fiera bocca 1 10 The fearsome mouth began to babble thus And the sinner men call Nimrod Quizzed the infernal so ls In a language unknown to me Which none can understand He who was once the greatest king Is talking to himself And ail the discord of Babel Full of sound pours ffom his furious throat R
167. LE GO T DE LA FORME EN LITT RATURE LECTION FORMULES critures et lectures c traint colloque de cerig NOESIS Actes du colloque de Cerisy Ecritures et lectures contraintes 14 21 ao t 2001 FORMULES Actes publi s avec le concours de la revue Formules et du Centre National du Livre F rance Directeurs de publication Bemardo Schiavetta et Jan Baetens Site internet http www fonnules net Adresse mai re xie formules wanadoo fr Collection Fomules Association No sis France Pour les textes Les auteurs ISBN 2 914645 50 3 D p t l gal en France f vrier 2004 COLLOQUE DE CERISY No l Arnaud 1919 2003 avait accept d tre pr sident d honneur de ce colloque Son tat de sant ne lui a pas permis d tre pr sent Cet ouvrage est d di sa m moire FORMULES LES PARTICIPANTS AU COLLOQUE De gauche droite Debout Hugo Brandt Corstius Marc Parayre Christophe Reig Sandra Simmons Bernard Laisnay Peter Consenstein Pierrette Epstein C cile de Bary Jean Jacques Thomas Sjef Houppermans Armel Louis Madeleine Malth te M li s Uwe Schleypen Marc Lapprand Philippe Cantie Astrid Poier Bem hard St phane Susana B atrice Delpech Assis Pascale Voilley Bellos Jean Ricardou Bente Christensen Myriam Labadie Daniel Bilous David Bellos Bemardo Schiavetta Jan Baetens Kimberly Bohman Emilie Scheffer Christelle Reggiani Maurice de Ga
168. Notes Georges Perce dans Notes sur ce que je cherche crit que presque aucun de ses livres ne se fait sans qu il ait recours telle ou telle contrainte ou structure oulipienne ne serait ce qu titre symbolique Le Figaro 8 d cembre 1978 repris dans Penser Classer Paris Hachette 1989 P H gt le lecteur implicite n a aucune existence r elle En effet il incorpore l ensemble des orientations internes du texte de fiction pour que ce dernier soit tout simplement re u Wolfgang Iser L Acte de lecture th orie de l effet esth tique traduction de l allemand par Evelyne Sznycer Bruxelles Mardaga 1985 p 70 Ce concept permet de r fl chir la mani re dont un texte peut d terminer sa lecture alors m me que le lecteur garde une marge de libert face lui S il appara t que tout le texte de La Disparition par exemple a pour sens sa contrainte rien n emp che de le lire comme un roman policier Paris Deno L 1969 319 p Sur cet arbitraire voir Jacques Roubaud Notes sur l Oulipoet les formes po tiques in Claude Burgelin Un art simple et tout d execution cing le ons de lOulipo cing le ons sur l Oulipo s 1 Circ 2001 p 22 et 29 4 Jacques Roubaud Deux principes parfois respect s par les auteurs oulipiens in Oulipo Atlas de litt rature potentielle Pans Gallimard 1981 p 90 Metatextuel et antitexte m Cahiers de narralologie n 1 1989 p 1
169. S lement des combinaisons hors sens comme disposer les lettres deux par deux selon les sch mas de rimes Dans un genre qui donne le premier rang au at riel onymique l on pensera bien plus naturellement l acrostiche clas i ue d un patronyme D couvrons l ultime strophe de certaine Epitre bucolique falote et g ographique D due Georges Fourest Ha ssant la tourbe incongrue Au num ro 9 de la rue Lecourbe Halary dans Paris A fix facteur sa demeure Rapide et l ger va sur l heure Y porter ces vers manuscrits On ignore si le po me a subi l preuve postale Il est mallann en par l octosyllabisme et en partie les rimes r gles 2 3 4 5 6 et 7 Il l est aussi par l affectation des l ments oblig s Paris sur le bord droit Halary sur tout le bord gauche Il l est beaucoup moins avec l entorse massive d une forme qui passe de quatre six vers Mais pareil laxisme sera jug relatif dans la mesure o c est le nom du destinataire qui transforme le quatrain adresse en un sixain et de fa on n cessaire en vertu du mat riau mis en uvre et de la vis e structurante Le sixain du reste ne manque pas de ces pdati np mp nts suppl mentaires entre autres essaimages Ha ssant la tourbe Lecourbe Halary qui sont la griffe de Mallarm IL 4 Accomplissements Le premier exemple s articulera directement celui qui pr c de Rien on vient de l
170. SES D UVRES L autre que l on qualifiera d organique conduit respecter les d coupes de la langue et du vers soit les nonnes langagi res que n gligeait la solution m canique Mais ce respect n est qu une face du travail constitutive mais non suffisante de son organicit En effet pour rectangulaire qu il semble le pav scriptuel de l enveloppe Rodenbach n en est pas moins obtenu par ce qu on appellera un geste a posteriori autrement dit une contrainte d ex cution chirographique en l esp ce post rieure a la conception du quatrain Mallarm joue de plusieurs ruses visuelles dont la plus criante est la s rie des sept espacements entre le signe de ponctuation six virgules un point et le mot qui pr c de totalement laxiques ces blancs sont gaux ceux qui suivent normalement eux le signe et calcul s comme eux sur l paisseur des blancs qui s parent les mots le comble de la ruse graphique tant ici de camoufler une irr gularit par le double jeu de sa multiplication et de son traitement normalis On ne conna t point d avatar format par voie d impression mais l ordinateur nous en fournit un m diocre au prix de l zardes plus ou moins rep rables DANIEL BILOUS Va t en messager il n importe Par le tram le coche ou le bac Rue et 2 Gounod la porte De notre Georges Rodenbach Pouvait on r ussir le formatage autrement Et d abord Mallarm n avait
171. SSIER TRADUIRE LA CONTRAINTE Le laboratoire des traducteurs Umberto Eco Introduction Exercices de style de Raymond Queneau Henry Gil Traduire Sites Sjef Houppermans La traduction en n erlandais des Nouvelles Impressions d Afrique de Raymond Roussel Jacques Lajarrige Les nouveaux habits de P trarque traduction et containte chez Oskar Pastior Marc Parayre La Disparition Ah le livre sans e El Secuestro Euh un livre sans a Ant c dents Dominique Buisset Traduire la contrainte isops phe de L on ides d Alexandrie Heather Williams Taliesin l Alexandre gallois le retour de la cynghanedd Autour de la traduction David Bellos Le D mon de l analogie propos du dernier ouvrage de Douglas R Hofstadter Le Ton beau de Marot Douglas R Hofstadter Extraits de Le Ton beau de Marot Alain Chevrier Du sonnet au haiku les origines de l ha kaisation chez Raymond Queneau Guy Lelong La double entente mallarm enne Pratiques Traductions possibles ou impossibles de grands textes par Philippe Bruhat Gilles Esposito Far se Pascal Kaeser Jean Malaplate L on Robel et Jean Michel Sterdyniak Autotraductions de Battus Annick Duny Paul Claes et John Lee Hors Dossier Textes de Alain Andr Philippe Bruhat et Ren Droin Eric Clemens Bernard Magn Paul Louis Rossi Jeanne Vandepol Alain Anseeuw R gine Detambel Yak Rivais St phane Susana Michel Voiturier Claudette Oriol Boyer FORMULES N 3 1999 2000 DOSSIER
172. Umberto Eco Dans le mod le proc dural le bug est l indice de la condition virtuelle de l uvre et non un simple bruit technique 1 3 Une analogie 1 3 1 Un paradoxe revisit Le passage la virtualit nous l avons signal ne concerne pas que la conception et la compr hension des uvres litt raires informatiques Il est beaucoup plus large et peut se mettre en vidence sur d autres types d uvres ce que nous ferons dans un premier temps afin d introduire les concepts les plus g n raux de la th orie ceux qui ne sont pas li s l existence d un dispositif informatique Mais avant d introduire ces concepts je voudrais montrer sur une analogie le contenu des pr misses de la th orie Cette analogie concerne les math matiques L Oulipo a souvent utilis des lois et transformations math matiques pour cr er des ceuvres potentielles Dans cette utilisation la loi math matique tait isomorphe a une contrainte et les tapes de la transformation taient les quivalents math matiques m taphoriques de textes potentiels La contrainte qu elle soit g om trique ou analytique ne jouait pas alors seulement une fonction de r gle d criture elle assurait le caract re de pr dictibilit qui d finit justement le texte potentiel Par exemple c est parce qu il poss de math matiquement une structure de graphe que le conte des 3 petits pois de Queneau d finit des textes potentiels pr dictible
173. a l ind niable avantage d tre formellement tr s proche du fran ais rentier mais il d signe le loueur et non la personne qui vit sans travailler et de surcro t il comporte deux lettres diff rentes par rapport sendero ce qui constituerait un manquement la r gie d s lors que Roussel ne modifie deux lettres d un mot l autre qu deux reprises sur la totalit des textes proc d primitif Les deux premiers mots respectent en revanche scrupuleusement les r gles de production des matrices rousselliennes et au point de vue des structures textuelles il n y a aucune raison pour pr f rer l un plut t que l autre outre le fait que les piciers sont plus courants de nos jours que les aubergistes Les autres mots de ces matrices admettent une traduction assez litt rale en espagnol et ils recouvrent les m mes champs s mantiques que leurs quivalents fran ais 1 Los bucles del pequefio tendero 2 Los bucles del pequeno sendero Dans la version espagnole le personnage qui accueille les a ronautes chez lui ne sera plus un rentier mais un picier il suffira pour le reste de pr ciser qu il tient la seule picerie du village pour mieux justifier la popularit qui lui est attribu e J ai pr sent ci dessus un exemple assez simple mais en r alit la traduction des matrices rousselliennes en espagnol pr sente des degr s de difficult variable li s l existence ou non
174. a marque et non celui de l crit concern L on d f rera donc ici la n cessit d une quatri me th se Une quatri me th se Oui celle des contraintes corollaires laquelle asserte que soumettre un crit la logique de la surcontrainte c est non point trop durcir telle surcontrainte qu il se trouve subir mais bien plu t t traiter selon des surcontraintes de second degr si l on veut des sur sur contraintes les facilit s et les d fectuosit s li es l exercice des surcontraintes elles m mes Illustration 2 Et sous cet angle l on pourrait m me concevoir ainsi qu il a t loisible de le pr tendre ailleurs que chez un Perec tout comme chez un Mallarm pour ne pas choisir les moindres c est l intuition de tel n cessaire surcro t qui faute de trouver sa cible exacte se d place vers son ombre la contrainte durcie 45 THEORIES DE LA CONTRAINTE JEAN RICARDOU Quoi qu il en soit la plus ou moins vive m connaissance des contraintes corollaires suscite n cessairement une classe d crits hybrides tout la fois surcontraints et rel ch s Surcontraints Oui dans la mesure o ils se trouvent soumis quelque surcontrainte elle m me ventuellement durcie Rel ch s Oui dans la mesure o ils vitent suivant des laxismes de second degr si l on veut des sur anti contraintes de traiter et les facilit s et les d fectuosit s li es l exercice d
175. a photo que l on retrouve comme tic descriptif dans plusieurs pages de fV mais aussi d autres textes de Perec On sait que dans W ou le Souvenir d enfance cette indication surgit essentiellement propos de documents autobiographiques lors des descriptions de photographies une exception pr s le portrait incroyablement nergique d un homme de la Renaissance avec une toute petite cicatrice au dessus de la l vre sup rieure gauche c est dire gauche pour lui droite pour toi Citation d Un homme qui dort p 142 de W ou le Souvenir d enfance op cit Ce portrait se rapproche des photographies en ce que Perec y recherche un signe distinctif et donc une identit Dans les photographies de la m me fa on il traque la l g re inclinaison de la t te vers la gauche dont il parle page 182 183 comme effet de sa gaucherie contrari e ou encore le m me mouvement chez sa m re En tout cas on observe la notation d un changement de sens entre l univers repr sent par les images et sa repr sentation d une inversion en miroir On peut alors rapprocher ce changement de sens de l inversion effectu e par Georges Perec enfant sur le bobsleigh comme de l inversion que le lecteur du palindrome appel lire dans les deux sens devra son tour op rer Cet usage de formes sym triques en miroir double sens de lecture connote donc aussi l
176. absolue par une v rit relative Une th orie axiomatique est bas e sur un certain nombre d axiomes choisis arbitrairement Ces axiomes ne sont ni vrais ni faux on ne peut pas les d montrer Un th or me tir d une telle th orie est dit vrai d s qu on peut le d duire des axiomes en appliquant les seules r gles de la logique Dans sa conf rence sur l Oulipo tenue Cerisy en 1963 Jacques Duchateau approuve ce trait des math matiques modernes et souligne qu une telle th orie est loin d tre inutile Un axiome n est plus une vidence vraie dans toute circonstance mais l une des r gles qui r git un ensemble consid r L on ne s occupe plus de v rit mais de coh rence L avantage de l axiomatique c est qu elle permet toutes sortes de sp culations parfaitement hasardeuses dont il arrive que l exp rience confirme par la suite le bien fond En effet ce que l axiomatique a contribu mettre en vidence c est que l on pouvait avoir tout int r t pour s approcher du r el lui tourner le dos Nous sommes donc en mesure maintenant de donner une r ponse la question de savoir quel est le probl me dont souffrent les math matiques Il leur est impossible d atteindre une ultime certitude dans la recherche des fondements Celle ci d clencherait une r gression l infini de m tath ories Pour viter ce processus infini il faut se contenter de bases arbitraires C es
177. adaptation s mantique comme la parodie cette diff rence pr s que pour une efficience comparable la parodie n exige pas les m mes laborieux calculs de collage laborieux ne signifie pas ici que le centon soit plus contraignant par la nature de ses op rations d tourner un segment en vertu d un contexte neuf et toujours en dernier ressort langagier ce principe est celui l m me de la parodie ce qu avait parfaitement compris Du Marsais Surcontraignant le centon le serait seulement sous l angle quantitatif puisque le proc d informe tout l crit qui doit en principe n tre tiss que de fragments d cou p s coll s A ce compte bien davantage qu a la difficult intrins que du travail la raret du genre en r alit sa d saffection pourrait tre due a la gratuit que la Rh torique a son z nith attachait aux exercices byzantins par bonheur il n est jamais exclu qu une autre vision de l crire parvienne r activer une forme d saffect e Inversement si la mim sis verbale et sp cialement ce que j appelle la mim criture est une pratique effectivement plus courante c est peut tre que du pastiche le plus voyant l apocryphe le moins d celable l exercice articule de fa on troite les formes et leurs enjeux id ologiques Sans doute en va t il ainsi parce que ces enjeux sont presque toujours strictement formels ou li s la forme Imiter ce qu i
178. ainte r unissant des amateurs et des experts qui crivent dans certains magazines sp cialis s organisent des congr s et des r unions consacr s cette activit et publient de nombreux textes sur le genre de l nigme m me L art des nigmes est une partie pr cieuse du patrimoine culturel de chaque pays il constitue parfois le v ritable noyau originel de certaines litt ratures d autres fois il joue un r le de premier plan au sein de la tradition 95 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES ECRITURES A CONTRAINTES populaire Son histoire va de la question pos e dipe par le Sphinx aux nigmes de Turandot des devinettes latines de Symposius la devinette veronaise laquelle repr sente d sormais un point de rep re constant dans l tude des origines de la langue italienne En Italie les premiers exemples denvent de la po tique du trobar dus Entre le quinzi me et le dix huiti me si cle l nigme conna t un grand essor se pr tant a une grande vari t de sujets et de styles Et gr ce ses vertus comiques elle va s enrichir sans cesse de nouvelles significations et de suggestives expansions s mantiques C est ainsi qu au cours de ces si cles avec les pi ces ooraico burlesques les bizzarrenes macaroniques et les textes ex trav agants comme par exemple l uvre de Jean Baptiste Marino naissent les proph ties de L onard de Vinci et les devinettes de Michel Ange Buonamxi le Jeune les nigm
179. ait dire oulipien Or les strat gies perecquiennes ont de ce point de vue vari allant du m tatextuel triomphant de La Disparition aux leurres de La Vie mode d emploi on trouve dans nombre de passages un encryptage d indices lisibles a posteriori seulement lorsqu on conna t certains d tails de la gen se Bernard Magn en a donn plus d un exemple Cette strat gie s accompagne d un usage particulier du clinamen qui perturbe la possible reconstitution de la machine oulipienne Et par ses entretiens Georges Perec r v le certaines contraintes de La Vie mode d emploi en des lieux divers et de mani re toujours incompl te On est donc pass d un texte oulipien qui guide fortement la lecture une strat gie globalement d ceptive pour un texte dont les contraintes sont moins syst matiques Ce jeu entre rester cach et tre d couvert sur lequel les critiques ont souvent insist implique urne objectivabilit probl matique qui s accompagne d une volont d inscrire plusieurs niveaux de lecture on peut le lire La Vie mode d emploi comme l histoire qui est racont e comme un puzzle on peut le recombiner on peut La strat gie de leurres correspond a une volont de relance de la lecture par le moyen de son chec A cette strat gie r pond un discours auctorial qui regrette la r v lation de certaines contraintes ce qui semble impliquer qu elles n puisent pas
180. ait selon lui qu un mirage Notre probl me est inverse Nous n avons pas d couvrir les strat gies d criture qui provoquent l effet de contrainte elles nous sont donn es d avance Ce qui reste d montrer c est l existence de leurs effets nous voudrions savoir si ces strat gies ont un effet commun au niveau de la lecture ou une gamme sp cifique d effets ou des effets tellement vari s qu il n est plus utile de parler de l effet de contrainte Il ne va pas de soi que l effet contrainte existe ni m me que la construction formelle d un texte 19 THEORIES DE LA CONTRAINTE influe peu ou prou sur sa r ception Voil pourquoi il peut tre int ressant de nous pencher sur Laval et non pas sur l amont des litt ratures contrainte Les effets des formes fixes de la po sie ont fait l objet depuis fort longtemps de sch mas d analyse assez stables La prosodie qui poss de par d finition une r alisation orale aurait deux origines et deux effets compl mentaires D une parti elle servirait maintenir un rythme corporel dans les chansons des bateliers de la Volga par exemple ou chez les tisserandes des les cossaises qui tout en tissant sous la bruine chantent des rengaines sous forte contrainte prosodique D autre part la contrainte serait un support de la m moire Dans presque toutes les cultures on trouve la trace de bardes de rhapsodes et de chroniqueurs qui poss dent des millie
181. alcules algorithmiquement sont bien potentiels Le math maticien a parl donnons la parole au physicien Ce dernier constate que le paradoxe de Z non repose tout entier sur l isolement du syst me que constituent Achille et la tortue Cet isolement permet alors au math maticien d attribuer un sens concret palpable l espace g om trique abstrait que constitue l ensemble des positions Ainsi isol cet espace peut tre gouvern par une loi de pr diction C est cette d marche qui est suivie par les auteurs en litt rature potentielle Mais qu adv ient il si on consid re le probl me r el c est a dire si on replace Achille et la tortue dans la prairie o se d roule la course Achille et la tortue forment alors un syst me ouv ert en interaction avec son environnement Un espace o vaquent de ci de l des insectes prompts a la morsure Voici qu Achille pose le pied sur l un d eux Ail Allergie Le pied entre dans la fable et se veut faire aussi gros que le b uf Et voil que la trajectoire d Achille devient erratique impr visible Les chronogrammes s cartent progressivement des positions pr vues et Achille ne rattrapera jamais la tortue 1 32Lescaract ristiques d une approhefond e sur le virtuel Ce nouv eau paradoxe se r sout dans la prise en compte du virtuel Il ne s agit pas ici de d montrer les affirmations qui suivent mais de faire comprendre leur coh rence Elles restent en effet des pr suppos s su
182. algorithme a t parcourue sauf lorsqu on envie de d couvrir quelques agr ables trouvailles fortuites On peut consid rer que l interaction entre le programme et le lecteur dans cette version n est plus une contrainte de lecture une r gle qui s impose par sa coh rence mais une modalit de lecture une caract ristique du dispositif Il v a lieu de se pencher sur la distinction op rer entre modalit de lecture et contrainte de lecture toutes deux tant des r gles qui s imposait au lecteur 2 3 2 La profondeur de dispositif gouverne la possibilit de lecture On peut consid rer que ce d placement de la lecture iconoclaste est l indice du caract re d formant de la mise en informatique Ce caract re est encore plus marqu avec les versions d Antoine Denize Ces versions pr sentent le grand avantage de porter la lecture ce qui me semble constituer le ventable arch type de la litt rature lectronique l arch type proc dural Ces caract ristiques se sont d voil es peu peu travers les productions litt raires lectroniques des ann es 80 Elles sont d taill es ci dessous Le nom donne cet arch type provient de la pr pond rance du fonctionnement sur l tre ph nom nal Ainsi le processus d ex cution est prioritaire sur ralgornhme et le texte voir n est pas un tre ph nom nal mais un tat observable transitoire D est notamment dans tous les cas de nature temporelle Ce caract
183. almi galicien pseudo langue pseudo langue peul n ologisme schizophr nique yoruba indon sien anglais malais mots vides flamand italien italien nahuatl catalan ga lique roumain h breu wolof espagnol mongo pseudo langue BERNARDO SCHIAVETTA UNE VERSION FRAN AISE 1 9 Raph l ma am ch zabi almi Cha ne et trame nou es ont fait l toffe Oui et non oui et non La langue ne sait rien de ceux qui l interpr tent Le monde est fait de mots Je suis moi m me un mot parmi les mots Nous allons en chantant n importe quoi Am stram gram pic et pic et col gram Nous bavardons de tant et tant de choses Comminci a gridar la fiera bocca 1 10 Ainsi cria l pouvantable bouche De ce p cheur que 1 on nomme Nemrod En questionnant les mes de l Enfer Dans une langue jamais entendue Qui reste ind chiffrable pour quiconque Lui le premier h ros le premier roi Parle tout seul Et la discorde enti re de Babel Pleine de bruit passe travers sa gorge Raph l may am ch zabi almi 333 334 CREATIONS UNE TRADUCTION ANGLAISE PAR IAN MONK Divine Comedy Infemo XXXI 67 ff Raph l may am ch zabi almi The fearsome mouth began to babble thus Unsuited as it was to sweeter notes And so my guide addressed him Foolish so l Then to me His speech is his confession For th
184. amentaux de toute fiction narrative le personnage et le r cit notions d clar es p rim es par Robbe GriUet L Oulipo r pondrait autrement dit au sentiment revenu l encore un moment de tr s grande vitalit ditoriale du genre d une crise du roman d une mani re doublement intempestive en retrouvant les termes de la fin du si cle fie romanesque plus que les notions techniques de personnage et ou d intrigue et en proposant un retour aux sources m mes du romanesque occidental la mati re hell nistique Il convient de pr ciser d embl e que ce type de reprise n implique pas n cessairement une lecture effective des romans grecs par Georges Perec on constate en tout cas que l dition procur e par P Grimai dans la biblioth que de la Pl iade qui date de 1958 n est pas mentionn e dans la correspondance avec Jacques Lederer qui s tend sur les ann es 1956 1961 La fortune remar CHRISTELLE REGGIANI quable de ces r cits dans l Europe renaissante et classique leur a de fait assur la f condit p renne de r serves topiques dont les ressources ont t en particulier largement diffus es dans une p riode plus r cente par la litt rature populaire des deux derniers si cles L appropriation d un topos par d finition ne suppose pas de la part de l crivain l rudition r f rentielle qui identifierait la reprise topique une r criture textuelle pr cis ment d fini
185. analyse parce que le d tail est toujours d j s lectionn par une exp rience textuelle ou v cue qui joue le r le de filtre de lecture dans ces conditions l effet de r el en g n ral est typiquement un lieu d investissements affectifs forts Op cit p 422 Roland Barthes L Effet de r el op cit p 180 30 Georges Perec Approches de quoi m L infra ordinaire Paris Seuil 1989 pp 11 12 3 L hypoth se est formul e par Jean Marie Schaeffer dans sa communication au colloque de la Sorbonne Le Romanesque et la Fiction op cit 32 28 Northrop Frye The Secular Scripture op cit p 29 245 ANALYSES D EUVRES Chantal Robillard Conte et contrainte J ai comme bien des gens ador les contes tant enfant On m en a lu d s mon plus jeune ge j en ai d vor je les ai ensuite relus et encore relus pendant des ann es pr f rant certains d testant d autres aimant mieux tel auteur que tel autre pour les textes fix s par crit m amusant relever les variantes locales r gionales nationales voire continentales pour les contes dits traditionnels Et puis un jour Devenue adulte et notamment critique de litt rature jeunesse pour La Joie par les Livres j avais particuli rement appr ci dans la toute nouvelle litt rature enfantine des ann es 70 80 le d tournement de contes par des auteurs contemporains du type du Peti
186. ans Loin de Rueil Madeleine Velguth Raymond Queneau ou le spectacle du futur Daniel Comp re Queneau un spectacle Jean Michel Pochet Situ t imagines Raymond Queneau la Saint Glinglin et le spectaculaire Pierre Vilar HORS DOSSIER Hommage No l Amaud Victor Batignol R cr ation Lectures Spectacles chos Pour recevoir Formules envoyer pour chaque num ro 22 euros port compris 6 euros pour les envois hors de France Ch que l ordre de Reflet de Lettres adress Revue Formules 79 rue Manin 75019 Paris Adresse Internet www formules net Achev d imprimer en f vrier 2004 les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery 58500 Clamecy D p t l gal f vrier 2004 N d impression 312161 Imprim en France
187. ansformer un texte dont la principale qualit stylistique r side dans sa langue pur e en un crit anodin sans autre charme que la na vet de ses fictions Conclusion L tude de la traduction de textes contrainte consiste assez souvent en une valuation des r ussites ou des erreurs du traducteur dans la transposition des structures mat rielles des textes de d part La traduction est pour ainsi dire lue partir d un original qui sert de mod le et de grille d valuation de la dext rit ou de la maladresse du traducteur La d marche inverse tout tant th oriquement possible n est en g n ral pas prise en compte pourtant dans la distance qui le s pare de sa version l original d voile sans doute une partie de ses secrets en effet les d fauts attribu s la traduction sont aussi souvent ceux que le texte source s efforce d occulter La traduction peut ainsi pr tendre au statut d efficace outil critique qui en m me temps qu il trahit et cela in vitablement l original permet de mieux le lire Or ce processus peut se r v ler particuli rement utile pour les textes contraintes surtout en ce qui concerne les rapports de la contrainte avec la fiction qu elle produit En effet le traducteur qui transpose une r gle d criture dans une autre langue est amen valuer avec pr cision les rapports de la contrainte avec les contenus fictionnels qu elle produit Cette surveillance est n
188. ant l vidence de la continuit narrative n cessaire leur plein d veloppement En outre le romanesque r trospectif voire r capitulatif du roman contraint reprend sur un mode ironique les motifs types du romanesque hell nistique Je me contenterai ici d un seul exemple celui du recours la magie et au surnaturel voir notamment la magie noire des Ethiopiques livre VIJ toujours li dans La Vie mode d emploi l id e de repr sentation l exception de 1 appel aux puisantes ressources de l irrationnel p 193 par lequel passe l enqu te de Sven Ericsson num ro de music hall pour Henri Fresnel au chapitre LV ou tromperie comme les apparitions diaboliques mises en sc ne par Blunt Stanley et Ingeborg Skrifter LXV la d gradation ironique des moyens topiques du romanesque tant ici clairement manifest e par la clausule descriptive du chapitre De cette pi ce o la Lorelei faisait appara tre M phisto et o eut lieu ce double meurtre Madame Moreau d cida de faire sa cuisine p 393 La Vie mode d emploi peut donc se lire comme un miroir du romanesque autant que du roman figur par le texte lui m me comme un miroir grotesque via sa transposition picturale dans le projet de Val ne L id e m me de ce tableau qu il projetait de faire l id e m me de cet immeuble ven tr montrant nu les fissures de son pass l croulement de son pr sent cet entas
189. aph l may am ch zabi almi 339 340 CREATIONS Un chantillon des Notes Notes la strophe 1 2 1 2 1 Rarael abra bracha merphergar Traduction Sans traduction Langue voces mystice Auteur anonyme Texte Grand Papyrus magique de Paris 1565 fragment Biblioth que Nationale de Paris Manuscrits Suppl ment grec 574 Edition A Verse d Manuel de magie gyptienne Paris Belles Lettres 1995 page 66 Excursus Texte complet du 1565 copte et voces mystica ai Toi qui est Ou r gonthia r Rarael abra bracha soroormerphergar marbaphriouiringx Ia Saba th Maskelli 1 2 2 Tam nna h edh hodsa way Traduction cette mani re j ai dit je manque m me si Langue afar Auteur Anonyme Texte Ginm li I Abdna vers n 290 Edition Didier Morin d Le Ginnili Paris Louvain Peeters 1991 page 90 Excursus Traduction fran aise de D Morin Ainsi ai je parl m me si je me trompe 12 3 Ematzeko zorian loratzeko zain Traduction germer tre sur le point de pousser tre l affiit de Langue basque Auteur Jos A Artze Aguirre Texte Po me Kantu guztiak isiltzean dantzugun kantua vers n 11 dition Jos A Artze Aguirre Zerua lorez ortzia izarrez 1987 page 108 1 24 Ett spar av en stamma sig lik ovenallt BERNARDO SCHIAVETTA Traduction une trace de une voix soi m me partout Langue
190. ard Magn a rassembl tous ces ph nom nes sous le nom d autobiograph mes puis d ncrages dans son dernier ouvrage Georges Perec J en rappelle la d finition Je propose d appeler autobiotexte le r seau complexe que constituent les divers autobiograph mes Un autobiograph me peut tre d fini comme un trait sp cifique r current en relation avec un ou plusieurs nonc s autobiographiques attest s organisant dans un crit localement et ou globalement la forme du contenu et ou de l expression Hs Dans Georges Perec Bernard Magn d gage quatre grandes cat gories d ncrages qu il relie tous dans Construire l anodin un archi autobiograph me celui de la jud it gt la premi re s apparenterait une th matique et regrouperait le manque et la cassure la deuxi me serait arithm tique quelque chose comme une num rologie de l intime ordonn e autour des couples de nombres 11 e 43 73 et 37 auxquels j ajouterai non sans quelques r serves le 17 la troisi me prolongerait la g om trie fantasmatique laquelle Perec fait allusion dans W elles organiserait autour des figures du carr et des sym tries bilat rales la quatri me enfin rel verait plus directement du linguistique posant la question du bilinguisme et de mani re plus sp cifique celle du nom propre et de son instabilit 1 Pour revenir rapidement sur un des a
191. arfaitement rep rable dans le champ de la litt rature lectronique qui b n ficie d un atout consid rable sur tous les autres dispositifs litt raires le bug C est gr ce lui que s est r alise la prise de conscience de ce passage c est par la fa on dont les diff rentes theenes le prennent ou non en compte qu elles s inscrivent Hans une conception du virtuel ou une conception du potentiel Ainsi la litt rature lectronique a tout d abord t comprise comme T aboutissement d une conception potentielle qui domine dans l esth tique des ann es 60 70 Le livre d Abraham Moles Artetordinateur en fournit une description theonque tr s compl te Mais cette th orie est labor e une poque o l ordinateur n a pas encore p n tr les foyers et o la notion de lecture pnv e n a pas encore t d gag e C est en 1994 que viendront les l ments d cisifs Qu ils soient l uvre d auteurs n est certainement pas un hasard Le premier glissement la th orie de Moles est propos par Pedro Bartosa Cet auteur galement professeur l universit de Porto allie recherche et cr ation depuis les ann es 80 IT est certainement le premier en Europe a avoir propos une th orie litt raire des uvres lectroniques Sa th orie reste tr s influenc e par les conceptions de Moles mais il propose en 1994 de distinguer clairement travers le concept d crit lecteur la vanauMi textue
192. arm Paul BrafFort Philippe de Puy de Clinchamps Claudette Oriol Boyer LAffaire du faux Plagiat Th orie des R critures Pascale Hell gouare h criture mim tique Pascale Hell gouare h A la Mani re de Victor Hugo Anne Claire Gignoux La R criture Michel Butor Fran oise Week Le Pastiche selon Tardieu Daniel Bilous Le Concile des Pasticheurs Jean Lahougue Le Renversement du Style Jean Lahougue 26 Arguments d cisifs contre Imitation Gilles Esposito Far se 26 Arguments en faveur de l Imitation Alain Chevrier Les Centons de Tristan Der me revisit s D bats Jean Bricmont Faux et Pastiches Scientifiques Bernard Magn Le RAPT de Perec Jean Ricardou L mpens de la Contrainte Bibliographies Hors DOSSIER Cr ations Umberto Eco Po mes du SATOR Milorad Pavic L Escargot de Verre Patrice Hamel R plique n 18 St phane Susana Neige palindromes Vincent Tholom Deux Po mes pr ts l Emploi Raymond Federman Eating Books amp A hopeless Story Eric Angelmi Ce Titre correspond Suites au num ro pr c dent Gilles Esposito Far se Un Hologramme de Jean Lahougue Val rie Susana et Gr gory Corroyer Textologie et Contrainte FORMULES N 6 2002 2003 DOSSIER PEREC ET LE RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES Dossier th orique Gilles Esposito Far se Calligrammes Mireille Ribi re Vingt ans d tudes perecquiennes Bernard Magn A propos de W ou le souvenir d enfance Christelle Regianni Contrainte et romanesque Domini
193. atique Cette permutation fait contraste avec la m trique irr guli re des vers des sonnets Il en r sulte un rythme r gulier qui garantit au niveau structural une r gularit l int rieur des s ries ainsi qu un lien entre elles Finalement ces po mes se lisent horizontalement et verticalement le premier po me de chaque s rie se suit de la deuxi me de la m me s rie ou bien du premier po me des s ries suivantes Octavio Paz d crit l exp rience du renga comme un bain de consciences affrontement avec moi m me et non avec les autres je n ai pas livr combat il n y a pas de victoire p 25 et dans une r v lation fort lyrique Paz parle d une sensation de honte quelque chose comme se mettre tout nus dans un caf ou d f quer pleurer devant des trangers p 24 Ce long po me de vingt sept sonnets commence en exprimant la crainte de la perte pour finalement exprimer un sentiment plus joyeux d accomplissement Les premiers po mes lorsqu ils reprennent des mots ou des th mes des autres semblent fl chir et h siter tandis que les po mes du milieu et de la fin du renga prennent plaisir dans la r p tition d un pass non lointain S tant r unis dans le sous sol d un h tel parisien ces po tes recherchent un centre de signification et d utilit Le renga est utile car il donne forme pratique r gles et jeu au r ve d une po sie collective et non comme le sugg re Paz
194. ats morphologiques du m me texte suffit 4 les manifester Soient regue par un ami belge de Mallarm le 2 janvier 1893 une suscription dans la forme priv e manuscrite de l envoi puis la m me dans R cr ations postales sous la forme imprim e des ditions posthumes Va t en Messager il n importe Par le tram le coche ou le bac Rue et 2 Gounod la porte De notre Georges Rodenbach La comparaison est loquente Ici une typographie classique entra ne sur le bord droit la classique silhouette en drapeau les deux variantes majuscule messager pas de virgule apr s Gounod aggravent le cr nelage et c est pourquoi nous ne raisonnerons que sur le texte de l enveloppe dans le d veloppement qui suit L une chirographie promeut dans sa pleine vidence la toute premi re d termination des quatrains adresses le fameux rapport entre le format ordinaire des enveloppes et la disposition d un quatrain Le manuscrit et lui seul montre un travail d galisation des quatre lignes de vers ou plut t des quatre vers comme lignes La disposition d termine la physionomie g n rale du noir sur blanc Avec l enveloppe ordinaire un quatrain r gulier peut partager plus ou moins la forme d un rectangle Les termes de la relation r v lent toutefois une in galit le rectangle de l enveloppe blanc sous noir est un rectangle celui m me sa
195. ature ordinaire MARC PARRAYRE des Europ ens mais une charpente plus musculeuse Leur teint d une couleur b tarde paraissait gris tre mais fait troublant leurs extr mit s sans doute peintes ou n glig es taient d un noir de jais Ils taient v tus de la peau d un animal noir inconnu poils longs et soyeux parfois un peu boucl s mais qu ils avaient bizarrement coup e m me trop n en laissant qu une frange consid rablement r tr cie Le bras d couvert tait ainsi lib r pour faciliter travail et combat Leurs armes consistaient principalement en des sortes de longs ciseaux faute de mieux utilisons ce mot en apparence tr s lourds Quelques jours peine s taient coul s apr s les v nements racont s plus haut si l on s en tient aux lettres retrouv es depuis mais on sait que les t moignages ne sont pas toujours fiables lors donc comme c tait tr s souvent le cas bord les hommes du Totalidad s enivraient pour oublier leur vie difficile et avaient laiss les faits nous prouveront qu ils eurent tort le navire sans la moindre des surveillances lorsque les indig nes le prirent Les objets furent d daign s par eux mais ils sci rent la pointe de tous les m ts ainsi que le gouvernail Ce qui semblait un jeu en revanche tait qu ils eussent coup syst matiquement et obstin ment le bout des lignes destin es la p che Cela interdisait toute fuite rapide
196. au tant les distances inter rimes sont grandes et tant les rimes intercalaires sont nombreuses Mais il est all plus loin le long po me L Ange Heurtebise 1925 aux strophes en vers libres et sans ponctuation faible la fin des vers et des strophes est le produit original des nouveaut s acquises suivantes Primo ce sont des rimes de natures diverses assonances contre assonances rimes allit ratives etc Secundo elles occupent des sites variables le plus souvent internes dont les rimes incorpor es p nulti mes m diales initiales Tertio elles sont cach es au sein de vers libres non compt s Quarto elles sont enchev tr es avec des carts inter rimes rimes intercalaires et des distances souvent tr s grandes parfois rimes trans strophiques Nous appellerons rimes diss min es les rimes de ces po mes nouveaux Une contrainte suppl mentaire s y ajoute la recherche de la saturation puisque le po te tend a donner un maximum de rimes dans un texte donn Cette tendance vers le puzzle donne des strophes qui sont autant de mosa ques de rimes Mais Cocteau n a pas poursuivi cette voie et il n a pas non plus t suivi Seul dans sa Lettre quelques po tes Jacques R da a utilis ces rimes diss min es La rime complexe ou quivoque ou calembour La rime simple quivoque homophone ou homographe tombe ombe est classiquement recevable Mais Alphonse Allais en a fait tout un po me du Chat noir po
197. aut est un jouet pour l hiver ressortit videmment non point une am lioration de quelque ordre soit elle mais bien cette cat gorie d crit surcontraint qu il importe ainsi que l oulipien Marcel B nabou pour sa part l a heureusement not d appeler une transcription homophonique Ce qui laisse croire que l on s est avis d une fa on implicite l int rieur de ce groupe d envisager l OuLiPo comme un Ouvroir de Litt rature Perfectionn e c est s agissant de la contrainte et particuli rement avec Georges Perec les efforts tant t quantitatifs tant t qualitatifs du rench rissement Tant t quantitatifs Oui par exemple avec tout un roman fian ais lipogrammatique en e La disparition et avec l immense crit r versible Trace l in gal palindrome Tant t qualitatifs Oui avec par exemple le durcisse ment des contraintes lipogrammatiq es d j f roces A Alphabets suivant la suppl mentaire distribution d une ligne sur l autre dans certains des blocs matriciels soit verticalement soit en oblique de la m me lettre Cependant si l on observe les exemples retenus il appert que s il y a avec ces rench rissements en quelque sorte un perfectionne ment c est tout au plus celui de la contrainte elle m me laquelle se renforce tant t avec l immensit de son accom plissement tant t avec le surcro t de s v rit qui l
198. autant de comp tences linguistiques mais l une des techniques propres au projet fournit le moyen de surmonter ce probl me techniquement RAPHEL est un centon multilingue Autrement dit hormis les annexes en prose le corps entier du po me est un collage de citations Chaque citation provient donc d un texte compos par un auteur qui maitrisait la langue dont il s est servi Ces fragments ont t pr lev s dans des po mes des chansons des recueils de proverbes ou de contes des Dictionnaires ou des Grammaires comportant des exemples de phrases etc etc Les sources ont t choisies pour la plupart parmi des publications bilingues comportant souvent des traductions interlin aires mot mot Certains textes ont re u de nouvelles traductions r alis es sp cialement par des traducteurs idoines D autres doivent encore tre v rifi es La partie actuellement r alis e comporte une septantaine de citations en langues naturelles dans la tradition biblique le nombre des nations issues de Babel est fix symboliquement 70 ou 72 Le po me inclut galement des chantillons de langues artificielles hybrides forg es ainsi que des onomatop es des phon tismes des polyglossies des glossolalies etc RAPHEL est crit en caract res latins C est un choix de commodit typographique Dans la version finale les lettres latines seront augment es des signes sp ciaux n cessaires la transcription
199. auteur et qui ne constitue plus qu un document sur la lecture souhait e par lui Ce document se trouve discr dit en tant qu nonc d une r gle de lecture car il ne parle pas des fonctionnalit s de l arch type livre objet D n est donc pas suivi par le lecteur Dans cette lecture l ensemble des languettes crites ne constitue qu un seul texte dans lequel les sonnets n apparaissent que comme des moments de lecture parmi d autres et non plus des textes potentiels l arch type du livre objet mis en uvre dans la lecture icoooclaste n est pas de nature combinatoire ni potentielle C est en eda que les deux arch types sont incompatibles et que leur prise en compte conomte dans une th orie du texte nie la pr dominance scolastique ou ontologique sans toutefois peut tre se rabattre sur une conception rh torique 2 2 2 Un aper u d un mod le alternatif du texte Dans le mod le que je d veloppe l arch type convoqu par chaque acteur pour comprendre le dispositif support de l uvre est la cause de la relativit de la notion de texte On ne peut plus parler du texte comme d un tre autonome on ne peut plus parler que de ce qui se pr sente comme le texte dans une compr hension particuli re du dispositif Lorsque cette compr hension fait runanimit le mod le redonne rigoureusement les th ories classiques lt fai texte En revanche il permet de traiter des uvres mergeantes en rupture avec la litt rarit
200. autre de Marcel B nabou ou du po me multilingue avec les performances de Bemardo Schiavetta Contribution au 12 S minaire de textique Cerisy la Salle ao t 2000 plus bas je cite paraphrase j esp re sans trahir outre mesure la pens e ce document de 22 pages d sormais LPQ En droit le pasticheur n est plus personne que l autre m me si l on ne se d barrasse pas si facilement du style comme marque individuelle parmi les probl mes les plus int ressants apr s les pastiches de styles il y a les styles de pastiches Mais une chose est s re alors que le d tournement de sens est le fond m me du centon et fait tout le sel du genre il n est jamais simple d instrumentaliser le mim crit pour faire tenir au mod le un discours tranger son univers parce que le contenu d une uvre rel ve du style au m me titre que d autres aspects ressentis plus formels par ceux qui s parent le fond et la forme Tout d calage id ologique trahit l imitation comme un fait de caricature et pour viter ce marquage dans le pastiche qui satirise les m urs du si cle les auteurs sont d ordinaire choisis du moins peut on le supposer a posteriori en fonction du propos Dans Les 40 valeurs de Manicamp Paris Plon 1999 tel portrait est confi telle plume en raison d une convenance stylistique suppos e ou forc e Lionel Jospin par Philippe Delerm les Tib ri par Jean Racine Val ry Gisca
201. avez trop rapproch s les uns des autres dis je 11 me regarda d un air baubi et je repris plus explicitement Les tours de la m che autour du b ton du berceau L orchestre 261 262 ANALYSES D EUVRES Dans le cas de Une page du Folk lore breton la phrase de cl ture est motiv e par une complexe description dont le d cryptage n est pas de toute commodit nous la citons malgr son extension car elle illustre la perfection la nature des difficult s que nous sommes en train d voquer Sur la gauche d Yvon soutenu la fois par le c t et par le bras de l enfant il avait figur le volume lui m me plac en travers et s ouvrant notre endroit pr f r La derni re page gliss e sous le disque blanc qui la maintenait solidement restait visible gr ce l inclinaison du corps et les mots Table Alphab tique des Gravures s pelaient en raccourci sur deux lignes alors que la nomenclature tait indiqu e en simples traits qui semblaient parall les au rayon visuel de l observateur quant aux cohortes d Yvon elles se trouvaient reproduites avec un art infini surtout sur les deux plis de la page qui soigneusement conserv s se dressaient de chaque c t du disque cette double portion de feuille en se pr sentant verticalement avait permis de fignoler mieux que partout ailleurs les groupes de volontaires avec leurs m les visages et leurs armes vari es le dessin tait vigoureusemen
202. ays Theodor Holm Nelson Literary Machines 93 Sausalito CA Mindfull Press CA 1991 Robert Coover Hyperfiction Novels for the Computer in New York Times Book Review 29 ao t 1993 Jay David Boiter Writing Space the Computer hypertext and the history of writing Hillsdale Lawrence Erlbaum Associates 1991 George P Landow Hypertext The convergence of contemporary critical theory and technology Baltimore Johns Hopkins University Press 1992 3 Renaud Camus Vaisseaux br l s http perso wanadoo fr renaud camus prresentation html 1998 2002 Jacques Roubaud le Grand incendie de Londres Paris Seuil 1989 4 Anne C cile Brandenbourger Apparitions inqui tantes Paris ditions OOhOO 2000 Fran ois Coulon 20 d amour en plus Chfiteauneuf le Rouge Editions Kaona 1996 Frank Dufour Gilles Armanetti Alain ChifTot Sale Temps Paris 1996 Une premi re exp rience d criture en r seau avait t men e d s 1985 par une vingtaine 91 THEORIES DES NOUVELLES FORMES D CRITURE NUMERIQUE d crivants s l occasion de l exposition Les Immat naux au Centre Georges Pompidou Avec 1 aunvee de T internet plusieurs dizaines d exp riences ont t lanc es avec des r sultats mitig s L une des plus int ressantes est celle du Web soap une fiction par mail dans la lign e des jeux de r le taie dizaine d crivants incarnant chacun un personnage Quant au feuilleton il a fait s
203. c est aussi au principe d conomie que nous devons attribuer extraordinaire concision de la phrase roussellienne o la place de chaque mot est calcul e de mani re ce que toute l information n cessaire soit transmise sans qu aucun l ment superflu ne s y glisse Ainsi le texte roussellien d place en quelque sorte le lieu sur lequel le HERMES SALCEDA images os es ni d extraordinaires contorsions syntaxiques il n a affaire qu un langage qui se pr tend claire et pr cis Pourtant tout le risque est l dans cette platitude de surface qui semble se laisser ais ment reformuler par une multitude d autres formules pour qu une seule en derni re instance reste strictement roussellienne Je m en tiendrai ici deux seuls exemples qui demandent d tre un peu d velopp s Consid rons l nonc suivant une dizaine de personnes assises par terre sur le haut d une falaise d jeunaient en rond sous une pluie battante La Halte Pour le traducteur la plus grande difficult est ici de transposer en espagnol les pr cisions circonstancielles tre assis par terre et former un cercle que Roussel ajoute l action principale dix personnes d jeunent sous la pluie sur le haut d une falaise et cela tout vitant la vieille tentation de l amplification qui guette souvent toute t che traductive et qui pourrait donner lieu ici la version suivante una decena de personas sentadas forman
204. caes da tecta La double keterr fan partie de ces comp tence PHILIPPE BOOTZ M Cr l occasion de la manifestation nouveaux langages nouveaux supports r alis e par Alphabetville Marseille juin 2001 In dit DWB n 4 1999 Version 1996 alire gt n 10 1997 37 C est dire les ensembles phrasiques isolables sous forme de textes dans un dispositif classique de recueil Afin d viter d utiliser le terme impr cis de texte le mod le nomme ces ensembles des textes phrases L utilisation du terme texte au lieu de l expression texte phrases fait r f rence une utilisation particuli re de la profondeur de dispositif L arch type dans lequel les projets sont d velopp s estParch type proc dural C est dans celui ci que la double lecture appara t Dans cet arch type les textes phrases ne sont que des l ments du texte voir et aucun l ment paratextuel n est observable Mais selon le point de vue du lecteur que cet arch type suppose parfois comme dans les g n rateurs automatiques le lecteur est cens utiliser un autre arch type celui de l cran qui est dispositif voisin de celui du livre Dans cet arch type le dispositif se r duit l cran et ce qui est per u comme texte ne peut correspondre qu des l ments du texte voir La conception du texte dans cet arch type est classique il s agit d un tre de langage qui est g n r par le
205. cause pr vaut sur les effets Toute la colorim trie moderne en est la cons quence la tentation de ma triser les glissements subjectifs par une classification scientifique allant jusqu aux millions de couleurs que permet de distinguer l ordinateur R introduire la subjectivit les sentiments la force philosophique des couleurs telle se d finit l entreprise de Goethe dans sa Zur Farbenlehre 1810 tout en acceptant la base scientifique dont il retrace l histoire Goethe prend ses distances avec le rationalisme et propose plut t ce que Brusatin op cit nomme un organicisme culturel C est dans l il dans son impressionnabilit que la couleur trouve sa force et son dynamisme Tout un mysticisme romantique et n o romantique na t l et dans l uvre de Runge comptant des repr sentants aussi divers que Steiner ou Kandinsky Les contraintes de la coloration symbolique sont aussi r pandues que celles du fameux disque de Newton La compl mentarit des couleurs qui pour la premi re fois dans l histoire va opposer notamment le rouge et le vert aboutit de savants calculs autant qu des sp culations magiques L poque contemporaine apporte dans une quatri me p riode deux l ments suppl mentaires capitaux pour notre saisie des couleurs d abord la possibilit de fabriquer des couleurs chimiques de fa on s re et syst matique qui permet l artiste et l artisan de partir de principes p
206. ce On obtient le m me r sultat pour d autres vitesses Tant qu Achille est plus rapide que la tortue il la rattrapera et parcourra un nombre infini d intervalles en un temps fini La contradiction n est qu apparente le paradoxe trouve une solution un niveau de raisonnement sup rieur Il nous apprend qu une somme infinie peut tre finie Pourquoi analyser le paradoxe de Z non d une mani re aussi d taill e Disons le d s maintenant la contrainte qui r git la pi ce de Roubaud n est pas d ordre litt ral ni syntaxique mais d ordre intertextuel Non seulement Lewis Carroll mais aussi Roubaud reprennent la structure logique du paradoxe et la transposent dans d autres domaines Lewis Carroll dans le domaine de la logique Roubaud dans celui de l criture C est dans ce sens qu on peut parler d oulipisation 2 Quelle est donc la structure du raisonnement de Z non Primo il y a un point de d part et un but 11 faut parcourir une distance pour parvenir de Pun l autre Secundo cette distance est divis e en un nombre infini d intervalles Tertio chaque intervalle d pend de celui qui le pr c de Dans notre exemple il est divis par deux chaque tape Quarto Z non en conclut que l on ne pourra jamais atteindre le but ce qui provoque quinto une solution d ordre sup rieur savoir qu une somme infinie peut tre finie dans le cas du paradoxe de Z non Lewis Carroll transpose cet
207. ce logique pour lui ce qui compte est la tendancielle typicit des structures De ce point de vue les contraintes que rassemble la famille voqu e en dernier m me si elles semblent s ajouter aux neuf autres sont plus compl mentaires que suppl mentaires elles parach vent ce qui pourrait s appeler le canon mallarm en de l adresse en vers IL Imiter librement II 1 Des laxismes D s lors qu une contrainte est librement choisie toute libert qu il prend au scripteur de s octroyer fait figure de contradiction interne Encore la textique l on prendra parce qu il va de pair avec la d finition de la contrainte qu on lui a d j emprunt e l pre terme de laxisme Mais notre sens la notion peut et doit tre pr cis e au moins en deux degr s Le laxisme absolu est un jeu qui affranchit sans reste la structure laquelle on l inflige de la r gle qui la fonde Il aboutit un pur d ficit de la forme Le laxisme relatif reste pensable dans le cadre de la r gle qu il exc de C est un jeu dans la structure qui selon le cas peut avoir lui deux sortes d effets positifs ou bien il permet celle ci de s accomplir C est notamment cela que les anciens trait s nommaient licence et qualifiaient de po tique comme les entorses l orthographe les avecques encor et autres s facultatifs marge de man uvre que beaucoup se donnent pour faire
208. ce sens le nombre 00 ressemble au premier cardinal transfini aleph z ro L organisation de la pi ce correspond donc parfaitement la structure du paradoxe de Zenon Il est vident que l crivain ne peut pas r aliser un nombre infini d actes mais il peut sugg rer leur existence de mani re symbolique N oublions pas qu en utilisant le chiffre 10 puissance 14 dans sa pi ce Roubaud fait allusion un livre qui contient un nombre quasi infini de po mes c est dire aux Cent mille milliards de po mes de Raymond Queneau Avant d analyser la structure interne de la pi ce il convient d en faire le r sum Dans les deux ditions Comment la Tortue combattit Achille est pr c d d une introduction dans laquelle Roubaud r v le sa source et son intention d am liorer le dialogue La pi ce elle m me commence par la liste des personnages qui comprend outre les deux protagonistes un certain Mr Goodman Ottoline la serveuse du salon de th un li vre et quatre canards Mr Goodman assure la fonction du narrateur Dans le monologue de la sc ne n 0 il situe les v nements Il pr tend s tre endormi sur une pelouse au bord de la Cam Cambridge Dormant il me sembla entendre des voix mon oreille et ouvrant les yeux du moins ce qu il me sembla dormant j aper us Achille et la Tortue gt Les deux protagonistes sont des personnages dans le r ve de Mr Goodman Nous avons donc affaire une pi ce dans la
209. ce un po me inachev Une formule incantatoire Pour r pondre tout bas des questions obscures Comment pourrais tu traduire cela Fiimms b w t z Uu p giff Manka revania dulche oscorbidulchos C est toi de chercher d apprendre et de parler En ce moment o je me dis Raph l ma am ch zabi almi 327 CREATIONS ORIGINAL BABELIQUE Bu ndzeenaa ne naa kelen i i Raphel may amech zabi almi 1 5 Raphel may amech zabi almi mongour pseudo langue pseudo langue Kama umeme kung aa swahili Abigil miraclar tenebras Szavaidat az emberi beszedet hongrois Stug po bkod pahi zhing khams tib tain Trong hoi ta trong hoi nguoi nghe vietnamien Ordanna hljodan og innri raddir islandais I otgovarivaetcja grom russe Em khu re s an uh en metu gyptien ancien Bababadaigharaghta onomatop e 1 6 Bababadaigharaghta onomatop e Mulela wa nkuba ne nzaji wa mulengo luba Sakebi ga kikoete kuru japonais Da da da iti damam danam dayam iti sanskrit N whigimye aba avuze rwandais Kaki ba kpema te kpeke baka Bababadalgharaghtakamminar polyglossie ronnkonnbronntonnerronntuonnthunntrovar rhounawnskawntoohoohoordenenthurunk 328 BERNARDO SCHIAVETTA UNE VERSION FRAN AISE 1 5 Raph l May Am ch Zabi Almi Comme l clair soudain s allume Je vois dans les t n bres Tes propres mots et le parler humain O les germes de tout sont
210. certains Alb r s ne trouva pas la cl du myst re mais ce n tait pas un mauvais lecteur de tous les points de vue 11 fut minemment sensible au vocabulaire recherch la syntaxe parfois grin ante aux tournures contraintes du texte de Perec Ce critique 23 THEORIES DE LA CONTRAINTE d un autre ge tait parfaitement conscient qu il y avait dans La Disparition un effort de style et c est pour cela qu il associa l uvre de Perec au nouveau roman Les effets secondaires d un lipogramme en e sur la syntaxe et le lexique du fran ais sont d une profondeur telle que l effet de la contrainte ne peut manquer de taire partie de tout acte de r ception de La Disparition Ce que je veux souligner ici c est que la conception jakobsonienne de la fonction po tique du langage rend suffisamment bien compte de cet effet la eonstnction du langage dans le roman de Perec attire l attention du lecteur sur le mat riau m me de l nonc et provoque la perception d un effort d une construcnon olontairement esth tique et cela m me dans l ignorance av r e du proc d mis ai uvre La Disparition texte sans doute moins lu qu invoqu sert souvent illustrer le Principe de Roubaud savoir que toute uvre crite sous forte contrainte parle de cette contrainte Mais en relisant le roman de Perec je me suis mis penser que La Disparition fournit un exemple tr s m diocre de ce principe a pourrait en tre m
211. cessaire de clarifier emploi m me du mot hypertexte Pour l cole am ricaine il d finit un genre tout autant qu une technique Georges P Landow 0 c range sous ce terme les hyperm dias qui n en sont pour lui qu une variante En r alit l hypertexte en tant que genre est ranger aux c t s des uvres g n r m es et de la po sie cin tique dans la cat gorie plus generale des cybertextes Il appartient donc ce que nous appellerons la cvberiitt rature Mais la convergence qui caract rise les uvres num riques rend souvent difficile l identification d un hypertexte pur Les liens bvpertextuels sont susceptibles d tre utilis s dans tous les genres de la cvbertm raiure qui est par nature une litt rature hybride De plus l hypertexte partage av ec les autres genres de la cyberlitt rature un bon nombre de caract ristiques communes Par la suite la question de la contrainte sera donc examin e aussi bien du point de vue de l hypertexte au sens strict que du point de vue plus large de la cyberlitt rature dont il constitue un sous ensem bic La lib ration num rique Le contexte dans lequel est n l hypertexte est d abord un contexte de lib ration et de rejet des contraintes En t moigne le premier ouvrage de Ted Nelson Computer s Lib Dream Machines dont le titre annonce une re nou velle de libert et de r ve promise aux utilisateurs de l informatique individuelle Dans les ann es 01 informatique
212. cette contrainte tandis qu en d autres tout aussi ind celables l utiliser d ment Dans sa G n alogie d un conte sous contrainte Jacques Roubaud r it re malgr lui le flou qui r gne autour de ses effets de contrainte qui apparaissent comme autant de manipulations du lecteur Les complots ourdis par les rois les uns contre les autres la loi de groupe est une loi interne ont des effets que sont ces effets il est vraisemblable quoique le conte ne le dise pas clairement que ces effets sont li s des disparitions J Certes l effet de contrainte semble concerner surtout la prose A se demander si seule la prose peut tre concern e m me La po sie en effet de part sa disposition sur la page tend a exhiber sa contrainte vers rime m tre rythme ne sont pas que des rep res prosodiques ils ont galement une valeur visuelle que certains po tes ont su bien avant l Oulipo exploiter la limite voir Apollinaire et ses calligrammes ou la po sie lettriste par exemple A l Oulipo le cas de la morale l mentaire forme fixe invent e par Queneau est exemplaire La disposition tr s particuli re des vers forme une composante inamovible du po me en lui conf rant une esth tique formelle qui lui est propre Mais la contrainte ne se d voile pas toujours aussi nettement et les Oulipiens ont labor ou repris de nombreuses contraintes qui se diffusent dans le texte en perdant de leur vi
213. cience de nous m mes En dehors de la litt rature la m moire est enjeu la soci t est anesth si e par l effet Disney Si la litt rature permet de reprendre les chemins et les structures de la m moire sociale elle est utile Si elle propose des voies d approche a cette mine d or elle lib re les secrets de l esprit Notes Peter Consenstein This research was supported in part by a grant from The City University of New York PSC CUNY Research Award Program Change La po tique la m moire n 6 1970 pp 7 21 Saulxures ditions Circ 1993 C est Roubaud qui souligne 3 Le grand incendie de Londres Paris Seuil 1989 4 Cf Mati re et m moire Paris PUF 1985 1939 Paris Seuil 1989 4 Paris Seuil 1993 7 Paris Seuil 2000 Paris Seuil 1997 Paris Seuil 2002 10 New York Cambridge UP 1990 Mes traductions Amsterdam Rodopi 1998 12 Thid p 280 3 uvres Paris PUF 1959 pp 930 959 14 Paris Gallimard 1937 1964 Toutes les citations proviennent du Voyage en Gr ce Paris Gallimard 1973 14 Homo Ludens Boston Beacon Press 1950 1944 17 Mes traductions 11 Paris Gallimard 1961 1 Paris Gallimard 1965 1 Paris Gallimard 1967 3 Paris Gallimard 1970 213 214 ANALYSES D EUVRES E La forme du sonnet fran ais de Marol Malherbe in Cahiers de po tique compar e vo 17 19 1990 BnghiAir Bniliant Fire Ne York Bas
214. comme enrichissement du stock rimique dans le cadre d un retour la versification classique Elle est li e la rime complexe Elle r sulte d une tendance d passer le vers pr sente dans les vers libres du po te oral Aragon initi e dans la rime contre accentuelle Elle est employ e en m me temps que la rime mixte mais la nouvelle alternance est n e ind pendamment d elle Elle n est pas viable phon tiquement et lui m me l a abandonn e en cours de route sauf l tat de traces C est une pr ciosit dont on trouve quelques exemples chez R da perle et perd Le et chez Roubaud leurs d buts La rime n ologique quenellienne C est la rime quenellienne un jeu simple que j invimple dans la nuimple Affreux mur Mais on en trouve avant lui d excellents exemples chez Audiberti M kongle oncle probl me G rusalemme merdeugle beugle barque Jeanne d Arque etc Et apr s lui on peut citer Norge et Boris Vian Deux sous cat gories de rimes n ologiques m ritent d tre autonomis es d une part les re cr ations quasi totales du type J rimadeth qui sont rarissimes Jean Pellerin pastichant Hugo On a pris Untaxi et R jean Ducharme lest gracladarest triomphe e cygne Omphe le mesure d sert Fez L r et d autre part les n ologismes purs de certains po mes let tristes d marquant des po mes rim s c l bres comme la Villanelle l oiseau de Maurice Lemaitre
215. cquien op cit en particulier les pages 14 20 La s quence de Quel petit v lo guidon chrom au fond de la cour 1966 se trouve p 83 84 de l dition Folio Paris Gallimard 1982 15 W ou le Souvenir d enfance Paris Deno l 1990 p 57 L expression texte fondateur se trouve dans L autobiotexte perecquien op cit p 12 16 W ou le Souvenir d enfance op cit p 13 et 52 17 Op cit p 66 R f rences suivantes entre parenth ses A OuLiPo est cit page 213 de VAtlas de litt rature potentielle op cit 18 Jean Ricardou Le Th tre des m tamorphoses mixte Seuil Paris Seuil 1982 p 190 1 Entretien reproduit dans un des CD de Georges Perec choix de Madeleine Sola et Alain Trutat Marseille Andr Dimanche Paris INA 1997 20 Intervention au s minaire Georges Perec le 11 d cembre 1999 Entretiens et conf rences statut et robl mes d dition Un puzzle infini in Passages n 59 d cembre 1993 p 45 Un puzzle infini op cit p 43 Construits signifie sans doute ici construits consciemment L association Perec poss de un enregistrement de cet entretien de 1981 ainsi qu une transcription assez fautive cote Phot 755 Je cite ici une nouvelle transcription qui va paraitre dans un volume rassemblant les entretiens de Perec dit par Mireille Ribi re et Dominique Bertelli 4 Ainsi dans la note 9 des sutures dans W ou
216. crire son r cit autobiographique Roubaud a comme nous avons vu cr une grille num rique En outre au niveau visuel Roubaud se servait des typographies diff rentes pour les v nements diff rents de ses remembrances Les flashes dont il se souvient s crivent dans une typographie fonc e la fonte des incises est plus petite que celle du r cit la section intitul e entre deux branches est mise en relief sur la page Voici un aspect important de la culture mn monique en cr ant un syst me de m moire on se cr e soi m me Une fois qu on voit la ressemblance entre la contrainte et des mn motechniques on peut aborder la discussion de la m moire publique versus la m moire priv e Deux personnes peuvent bien partager un m me syst me de m moire tout en ayant des souvenirs diff rents D ailleurs le concept d une contrainte vue comme un contenant dans laquelle il y a du contenu permet de stipuler qu une contrainte est une sorte de d p t culturel En effet tout auteur qui construit consciemment sa contrainte avant d crire met en place une conceptualisation architecturale d une pens e abstraite ce qui repr sente la renaissance d une ancienne technique d criture A nsi dans Po tique de l Oulipo Marc Lapprand avance que l Oulipo est avant tout une technologie au service de l criture pp 118 19 Ne se peut il pas que changer la technologie de l criture surtout quand il s agit d
217. criture comme la r gle de lecture associ e sont deux strat gies textuelles l une caract ristique de L Auteur Mod le au sens o l entend Eco l autre du Lecteur Mod le et la contrainte dans cette optique scolastique au sens o l entendait Christelle Reggiani dans le n 4 de Formules pourrait se d finir comme la m ta r gle qui les a engendr es et instaure toujours dans une vis e scolastique leur n cessaire coexistence Le paradoxe de l acceptation d un fonctionnement rh torique du texte dans une conception scolastique serait ainsi lev la rh torique est la forme de surface que prend au moyen de deux r gles disjointes l expression d une m ta identit du texte La contrainte serait ainsi l expression scolastique la plus achev e car elle arriverait imposer une identit tellement forte au texte qu elle peut m me passer par des formes de surfaces la variation la permutation qui feignent de la nier L identit textuelle fondamentale impose alors une liaison forte entre contrainte d criture et contrainte de lecture En clair la conception scolastique de la contrainte impose au lecteur une contrainte de lecture d finie par l ontologie du texte ind pendante en surface de la contrainte d criture mais coh rente et compatible avec celle ci Peu importe que la contrainte d criture rende lisible ou non la contrainte de lecture il suffit pour affirmer l identit du texte que cette derni re e
218. ct risent par l emploi de couleurs pour donner quelques exemples d auteurs contemporains Jean Paul Goux utilise toujours le bleu pour remplir de mani re minuscule ses pages de deuil Claude Simon crit en rouge les passages de La Route des Flandres qui se rapportent Reixach la branche 5 du GRIL de Jacques Roubaud propose en manuscrit ses greffes et autres bifurcations sous une forme colori e 215 216 ANALYSES D UVRES Il y a d autre part pour ce qui concerne cette relation entre texte et couleur tous les livres o se combinent plusieurs formes artistiques et plus en particulier ceux o des illustrations accompagnent l crit et ceux o c est plut t l inverse des textes compos s d apr s des images Que le jeu entre ekphrasis et r f rent permette des excursions passionnantes est par exemple illustr dans La G om trie des Sentiments de Patrick Roegiers o chaque chapitre dessine son errance partir d un tableau d poques diff rentes allant de Jan van Eyck David Hockney Pour cette occasion j ai d ailleurs fabriqu mon propre carnet d illustrations Toutes sortes de contraintes r ciproques pourraient tre d termin es pour ces diff rents cas Cette fois ci pourtant je voudrais tout en m ditant sur cet horizon diapr me limiter aux mots qui indiquent les couleurs tels qu ils surgissent dans les livres et ceci pour quelques situations o ces mots de couleur proposent une positi
219. cteur en un beau coup d criture les primitifs g n rateurs du po me Compl tons la liste des r glages 4 rimes des deux genres 5 crois es 6 a f minines b masculines 7 riches quivoqu es ou plus si affinit s m 8 sur deux l ments oblig s 9 en a2 b2 1 4 Contraintes en sus A ce programme d j copieux il faut cependant ajouter une famille de contraintes suppl mentaires sensibles dans les quatrains les plus et souvent les mieux travaill s du corpus Ici l argument statistique ne joue plus puisque l analyse ne concerne qu un nombre premi re vue restreint de performances Le style de Mallarm marque t il davantage les quatrains vite faits ou savamment tiss s Le lecteur qui au jeu de la reconnaissance est la mesure de toute chose aura tendance pr f rer les seconds car ils manifestent une plus grande observance de l esprit de syst me l uvre selon le plus ou le moins dans tous les petits po mes et c est moins une affaire de temps que de maestria En t moigne le qualificatif mallarm en qui connote l id e d un labeur toujours plus exigeant et complexe Voici les contraintes en question 10 relationnements divers hors le m tre et les rimes Issues de l extension autographe du syst me il s agit essentiellement des structures transversales de toutes sortes parall lismes chiasmes et autres architectures
220. ctronique le lecteur ne peut en aucun cas tenir le regard de l auteur sur les mat riaux qui composent l uvre Sa perception est d s lors soumise la gestion de la lecture effectu e par l auteur Cette derni re est r alis e travers une interface qui peut selon le point de vue du lecteur tre per ue comme partie du texte ou comme partie du paratexte Ainsi la dualit de lectures mise en vidence propos du livre ne dispara t pas elle est d plac e Ce d placement est encore li la profondeur de dispositif convoqu e par le lecteur Dans la version de Tibor Papp les sonnets g n r s sont clairement affich s au centre de l cran et les commandes qui permettent de lire chaque sonnet de base de r aliser la permutation d un vers ou une combinaison al atoire sont situ s en dessous Elles apparaissent alors comme des informations paratextuelles en situation p ritextuelle Et pourtant chaque sonnet de base tant rep r par une couleur des lectures ne respectant pas la forme du son 69 70 THEORIES DES NOUVELLES FORMES D ECRITURE NUMERIQUE net restent possibles On peut ainsi lire les ensembles de couleur et les sonnets de base acqui rent un poids pr pond rant l espace d information qui se d voile la lecture n est pas uniforme Cette version informatique n est alors plus per ue comme un ensemble de sonnets mais comme un algonthme La lecture cesse d s que la richesse fonctionnelle de l
221. cture et la pr c dente r side donc dans la signification accord e certains tats textuels et ph nom naux r alis s dans la manipulation tats qui acqui rent un statut d objet ind pendant et autonome donc de texte tout comme les segments r alises dans la dichotomie acqui rent dans le paradoxe une existence d objets ind pendants Le potentiel tant comme le rappelle P L vy semblable au r el il ne lui manque que l existence les sonnets possibles acqui rent dans cette lecture une ontologie textuelle Alors que les tats textuels r alis s dans la lecture iconoclaste n ont rien de potentiels ils sont virtuels toujours au sens de L vy c est dire r sultats d une action cr atrice ils n taient pas contenus au d part dans la structure cnte ils sont d pendants de l action du lecteur On peut concevoir des robots lecteurs dans la lecture pr vue par Queneau ceux ci exister d ailleurs on peut consid rer que tous les programmes PHILIPPE BOOTZ portant les cent mille milliards de po mes sur ordinateur sont des robots lecteurs En revanche on ne peut r aliser un robot lecteur pour la lecture iconoclaste car le parcours de la main r alisant les tats textuels transitoires d pend des r gles inconscientes que le lecteur se donne en cours de manipulation et celles ci sont fonction pour une part des arch types profonds que le lecteur peut convoquer dans sa lecture et qui poss de
222. d criture mais pas contrainte de lecture La dualit d approche qui consid re certains l ments perceptibles comme texte ou comme paratexte voire p ri texte a fait l objet d un d bat dans alire d s 1990 dans alire n 3 La conception qui consid re que la gestion de l interactivit est paratextuelle est d fendue par Tibor Papp Elle n cessite une contrainte particuli re qui consiste rendre visible au lecteur travers l interface la structuration des mat riaux pr vue par l auteur On peut alors consid rer que l ordinateur du lecteur mime le r sultat de l ex cution pr vue par l auteur et observ e par lui sur son propre ordinateur C est pourquoi cette conception porte le nom de point de vue mim tique dans mon mod le Il s agit du point de vue que doit syst matiquement adopter tout concepteur d une interface de CD ROM culturel dont le but est de donner acc s une uvre Dans ce point de vue la profondeur de dispositif est relativement plane assez proche de la conception d un dispositif comme le livre et le texte se r duit au texte voir ventuellement multim dia observable sur l cran son ce texte voir n tant constitu que d une partie des l ments observables g n r s par le programme Dans cette approximation la litt rature est algorithmique 71 THEORIES DES NOIX HJ ES FORMES D CRITURE NUMERIQUE 3 La Notion de contra
223. d hui une donn e imm diate de l exp rience C est dire que l criture en tant que l ordre qui essaie de reconstruire le d sordre devient un facteur correcteur de la r alit un l ment de compensation de la n gativit du r el de l allure malheureuse de l existence voici le grand projet humaniste de MB Le point de d part de cette approche th orique sont les caract ristiques de base qui apparaissent syst matiquement dans l criture butorienne a subversion de l criture en tant que repr sentation de la langue et dispositif scriptural avant gardiste b d couverte d autres virtualit s de la signification port e herm neutique et c faisabilit du jeu de la d construction soit pour l criture soit pour la lecture du texte En tant que structure du sens faisant partie des Structures Formelles Litt raires la Mobilit peut tre consid r e de deux points de vue 1 Tout d abord depuis l criture a Une fonction scripturale signifiante gr ce l articulation mobile de la structure de l uvre b Une inscription d un sens voulu dans le texte par l interm diaire d une organisation intelligente qui construit un certain b timent des id es c Une strat gie des mouvements que les signes transmettent au lecteur par l interm diaire du code linguistique et s miotique Et 2 Depuis la Lecture Critique a Une analyse du texte par le moyen de structures mobiles articulant une
224. dans le point de vue de l auteur sont difficilement perceptibles par le lecteur qui n a acc s qu des fragments de ces textes Il lui est impossible de lire un de ces textes en entier et pour avancer dans sa lecture il est oblig de r aliser un montage s quentiel de fragments Ainsi pour l auteur ces textes sont en situation polyphonique alors qu ils forment pour le lecteur une s quence lin aire Un quatri me texte le nouveau pr pare l ancien ici ou l forme la colonne vert brale du texte voir Il peut tre per u comme une information purement paratextuelle par le lecteur notamment parce que les mots ici ou l constituent les boutons de l interface utilisateur alors qu il est utilis par l auteur comme la voix principale sur laquelle s appuie la structuration des autres l ments perceptibles dans le montage La double lecture ici vis e concerne justement la fonction de monteur du sens du lecteur S il agit en intelligence avec la langue c est dire s il n intervient que lors d articulations syntaxiques il obtiendra un montage coh rent et le texte qu il aura contribu g n r dans le texte voir correspondra un cut up des deux textes sources diff rent d une lecture l autre et surtout d un lecteur l autre S il agit autrement son montage g n rera du bruit s mantique Le texte voir des Stances H l ne est construit comme une manipu
225. de Roubaud correspond cette conception litt raire quelles sont les contraintes qui la r gissent et ce qu elle peut nous apprendre sur l criture contraintes Le deuxi me l ment suppl mentaire la math matique est li l histoire de la litt rature contraintes En fait depuis sa fondation l Oulipo se propose de s interroger en plein milieu de notre petite re s culaire sur les rapports des math matiques et de la cr ation litt raire La question de la compatibilit de la litt rature et des math matiques est donc pos e Au cours de ses quarante ans d existence l Oulipo a cr e de nombreuses contraintes litt raires partir de structures math matiques Il suffit de feuilleter VAtlas de litt rature potentielle pour s en convaincre Quelques unes de ces contraintes ont m me engendr des chefs d uvre comme La vie mode d emploi de Georges Perec L Oulipo a donc bel et bien fait des emprunts aux math matiques et cela avec succ s Cependant le rapport tabli entre les deux disciplines par ce recyclage de structures est plut t superficiel Il convient donc de poser la question de savoir s ils ne sont pas li es par une parent moins contingente Consid rons maintenant le sous titre Comment l criture compatit aux math matiques Il est vrai que le verbe compatir est le r sultat d un proc d purement formel Il s agit d une traduction homophonique du titre de Roubaud Tand
226. de Z non l impossibilit de rattraper la tortue n est qu apparente elle est intrins que dans le cas de Carroll Il s agit bien d un raisonnement qui really consists of an infinit number of distances each one longer than the previous one p 1226 comme le dit la tortue La solution d ordre sup rieur n est donc pas la m me que chez Z non Ici elle touche un probl me pist mologique d s qu on cherche atteindre les fondements ultimes c est dire qu on essaie de prouver de mani re absolue que le raisonnement logique est valable on est pris dans une r gression l infini Pour prouver d finitivement la validit de la logi UwE SCHLEY PEN que il faut faire appel une m talogique qui son tour n cessite une m tam talogique etc Nous avons affaire au trilemme de M nchhausen selon lequel la recherche de fondements ultimes conduit trois alternatives qui sont toutes les trois peu satisfaisantes Ou bien on obtient une r gression l infini ou bien une fondation circulaire formant une p tition de principe ou enfin il faut accepter un arr t arbitraire dans la r gression et choisir une base arbitraire C est cette derni re possibilit qui est la seule applicable Arriv un certain point il faut accepter les r gles de la logique sans pouvoir les prouver C est pourquoi Jacques Roubaud parle de paradoxe de la conviction propos du texte de Lewis Carroll Il fa
227. de l criture c est dire l inspiration 3 Comment la contrainte dans sa ressemblance aux jeux articule t elle une relation entre le sujet et la soci t 4 Comment les tudes scientifiques et philosophiques de la m moire peuvent elles servir mieux d crire le fonctionnement de la contrainte litt raire Personne n a mieux d velopp la th se du rapport essentiel entre langue litt rature et m moire que Jacques Roubaud Depuis plus de 30 ans en commen ant par l article Quelques th ses sur la po tique de 1970 jusqu ses articles et livres du 21 si cle Roubaud ne cesse de souligner comment les structures litt raires forment un r seau c r bral et litt raire un r seau qui stimule et renforce la m moire On dirait que l tat pr sent de la po sie fran aise lui a fait crire L invention du fils de Leoprepes o sa conclusion a autant de r sonance que Crise de vers de Mallarm La po sie dont je parle fait intervenir autant la langue crite que la langue parl e La distinction principale n est pas alors celle qui oppose l oral l crit mais celle qui fait jouer sans les confondre une m moire externe la m moire int rieure Simplement et minimalement j affirme que la po sie ne peut pas se limiter n tre qu une philosophie qu une rh torique qu un r cit qu une satire qu une intervention politique thique Elle doit toujours tre art de m m
228. de la cr ation litt raire dont le but serait la rigueur la production de significations nouvelles construit un r seau textuel o l crivain et le lecteur se retrouvent c la composition des citations d apr s un mod le diff rent de celui de La Bible sugg re une interpr tation du texte sacr attach la visite mondaine avec la possibilit d une transcendance herm neutique et d cette transcendance devient fondamentale car elle transforme la visite touristique en lecture sacr e la Messe ce qui fait une identification du type cath drale dieu Tout cela synth tise bien une autre Mobilit qui s ajoute la Mobilit structurale for melle ou textuelle il s agit d une Mobilit transcendant les signes de l criture la mat rialit du livre ou les strat gies des structures internes car la composition parabiblique montre bien le carrefour culturel spirituel ou anthropologique du projet butorien l aide d une certaine s miotique des formes adapt e au texte litt raire de la modernit 4 Le style mobile Dans Herbier lunaire 1984 MB s attaque un ouvrage paradoxal et par la forme et par le contenu puisque la forme tient compte des formules structurales pr d termin es que l crivain utilise partout dans son uvre et que le contenu rappelle bien une typologie fictionnelle rare et surprenante Il s agit donc de 29 textes po mes r cits dans la page de droite illu
229. de ses piliers tait une jambe de F arc en ciel la m sange bleue sautillante s y changeait en tangara dor ce tangara dor en gu pier carlate ce gu pier carlate en touraco vert ce touraco vert en spatule ros e cette spatule ros e en ara hyacinthe cet ara hyacinthe en vautour fauve ce vautour fauve en SJEF HOUPPERMANS promerops orang ce promerops orang en br ve azurine cette br ve azurine en nette rousse cette nette rousse en soui manga bronz ce soui manga bronz en aracari saphir cet aracan saphir en pic olive ce pic olive en ibis rouge cet ibis rouge en nicobar camail ce nicobar camail en crabier argent ce crabier argent en colibri topaze ce colibri topaze en papegai t te aurore ce papegai t te aurore en glout croupion mordor cette glout croupion mordor en couroucou a chaperon violet ce couroucou chaperon violet en guitguit vert et bleu bec noir ce guitguit vert et bleu bec noir en polichion ventre jaune lequel quittant d un coup d aile la moiti ouest du transept se changea d finitivement en moineau gris poussi re une lumi re bl me rasait le pav froid et dur propice la pri re implorante et au repentir pp 176 177 Beau panache du baroque auquel incite l all gorie 229 ANALYSES D EUVRES Christelle Reggiani Le romanesque de la contrainte La r flexion sur la notion de contrainte d criture para t impliquer en elle m me l adopt
230. de v rit faire un Dieu de mensonges La fable offre a l esprit mille agr ments divers v 231 6 Selon Boileau une approche purement chr tienne l criture engendre la perte de l all gorie ce qui repr sente une autre forme d idol trie une pieuse erreur v 232 Son travail rend clair que les formes po tiques les contraintes ne nuisent pas la pens e ou aux croyances religieuses et spirituelles Boileau a bien compris que l on peut tr s bien tre et croyant et respectueux des anciens Faisons maintenant un saut dans le temps pour voir comment raisonnait Raymond Queneau face aux th ories litt raires des Surr alistes Queneau reconnaissait la fausset de l opposition de la raison l me et c est ainsi qu il a r ussi avancer une d finition de l inspiration qui conjugue les deux N oublions pas le fond de sa d claration dans Odile Queneau fait dire Travy un personnage qui exprime sa propre pens e que le vrai po te reconna t que la technique et l inspiration sont identiques p 159 Sa conception de l inspiration se trame dans les articles comme Qu est ce que art Lyrisme et po sie et Le plus et le moins tous republi s dans Le voyage en Gr ce Dans Qu est ce que l art de 1938 Queneau rejette violemment l id e que l inspiration n est rien d autre que l exploration de la sub conscience dans le but de se lib rer
231. des tapes dans l historicit des couleurs de la vie des couleurs dans le monde occidental dont les effets s accumulent et s enchev trent Dans un premier moment il faut parler de la valorisation culturelle traditionnelle depuis l Antiquit sur un fond bipartite de blanc noir rouge blanc et noir consid r s jadis comme couleurs et le rouge comme couleur par excellence celle qui tranche s impose se valorise en beaut alors que le bleu est la teinte r pudi e le ton barbare va se d velopper d une part l h raldique et d autre part la valorisation chr tienne Cette derni re est l origine de la massive promotion du bleu cf les vitraux tandis que l h raldique va imposer SJEF HOUPPERMANS toute manifestation culturelle un code fort pr cis Vers 1350 on peut admettre que l ensemble de la soci t occidentale en fait usage crit Michel Pastoureau dans son Dictionnaire des couleurs de notre temps Blanc argent jaune or rouges gueules noir sable bleu azur sinople vert et violet pourpre constituent la gamme dont on retrouvera le syst me jusqu au c ur de l uvre proustienne La deuxi me tape commence avec les d couvertes de Newton dans ses Opticks 1675 qui en premier tablit les lois du spectre et du prisme les principes de la r fraction et de la bande des couleurs Newton privil gie r solument l objet l action de la lumi re sur la mati re pour lui la
232. des couleurs chez Proust en crivant Elles s ordonnent selon leur plus ou moins grande aptitude ou complaisance laisser transpara tre en elles la pouss e du flux libidinal et il cite une phrase programmatique de Proust prise dans ombre desjeunes filles en fleurs Mais je sentais qu au contraire cette couleur n tait ni inertie ni caprice mais n cessit et vie Ce n est en effet que sous la n cessit de la contrainte esth tique que pourra surgir l essence de la vie Dans la partie en question de la Recherche cette mise en place des l ments mer plage jeunes filles etc se fera partir de la chambre dans l h tel de Balbec et cette chambre crit Proust avait l air d un prisme o se d composaient les couleurs de la lumi re du dehors Soumettre la contrainte cr er sa prisonni re enfermer les mots dans les anneaux n cessaires d un beau style saisir les couleurs changeantes d Albertine c est un travail r gl avec pr cision qui se propose par exemple comme suit Ona vu une femme simple image dans le d cor de la vie comme Albertine profil e sur la mer et nuis cette image on nent la d tacher la mettre nr s de soi et voir 18 SJEF HOUPPERMANS couleurs comme si on l avait fait passer derri re les verres d un st r oscope Du c t de Guermantes C est Philippe Boyer qui dans Le petit pan de mur jaune a d velopp cette voie
233. des lettres modernes s rie Raymond Roussel Paris Minard 2002 13 Les tudes de lexicom trie faites sur Locus Solus ont mis au jour le fait que Roussel employait tr s peu de subordonnants cf D Bonnaud Lamotte J L Rispail amp W Rojas La lexicologie de Locus Solus ou Roussel pris au x mot s M lusine n 6 1984 Litt ralement La peau fonc e de la m re jeune fille Nous avons l le seul cas de mise en abyme picturale que Roussel ait d crit dans les Textes gen se le fait que la repr sentation se voit ici donc tripl e et non doubl e comme dans les autres cas s explique assez probablement par la distance s mantique existant entre les matrices dont la derni re r unit de surcro t en un seul nonc le monde militaire le monde de l criture et celui de la couture 16 Michel Leiris Gulliver n 4 Cit par Fran ois Caradec Raymond Roussel Paris Pauvert 1997 p 293 17 Jbidem p 315 8 Ch Caradec op cit p 293 1 Ibidem 312 269 270 ANALYSES D EUVRES Uwe Schleypen Achille la Tortue et la litt rature contraintes Comment l criture compatit aux math matiques Le titre de cette contribution s inspire de celui d une petite pi ce de th tre de Jacques Roubaud intitul e Comment la Tortue combattit Achille Il y ajoute dea l ments la litt rature contraintes et les math matiques Il s agira donc d abord de d terminer en quoi la pi ce
234. discriminer aux yeux du facteur non pour elle m me mais comme le sugg re le or un peu trange de l autre adresse du m me Paris qui porte le m me num ro et que d ailleurs elle suit dans le recueil Monsieur Fran ois Copp e un des Quarante rue Oudinot douze I 1 le soulignement serait donc ici moins direct ou na f qu il ne semble Et il est peu pr s certain que dans la suscrip tion Bouillant comme l avance Bertrand Marchai Mallarm joue sans doute les secr taires de M ry l h tesse des Talus seule habilit e lancer l invitation la dame aura bien pu r clamer un marquage pour plus de s ret un premier tat dans la copie G de R cr ations postales en est au reste d pourvu ce soulignement l pourrait bien tre en quelque sorte plus laurentien que proprement mallarm en Les deux mod les possibles ne sont donc pas les contre exemples des 134 restants qui s en privent une lecture non superficielle d montre qu on ne saurait les traiter comme tels mais comme les exceptions qui confirment la r gle Un diagnostic des plus nets devient possible ces r serves admises quel que soit le moyen graphique surnum raire paraphe souscrit taille ou type de caract res diff rents voire autre couleur d encre tout marquage de l adresse constitue on l a dit tout l heure une licence d ordre pragmatique qui s av re non moins on peu
235. do un circulo en el suelo almorzaban en lo alto de un acantilado bajo una tromba de agua L nonc est sans doute acceptable au point de vue informatif puisqu il d crit une sc ne identique mais inacceptable dans la mesure o il d grade le style roussellien en le rendant pratiquement m connaissable L amplification dissout en plus l association peu courante du verbe d jeuner avec le compl ment en rond que Roussel d place de son utilisation habituelle avec le verbe s asseoir Il importe dans la traduction de pr server ce genre d associations d id es plus ou moins disparate si l on veut viter de vulgariser le texte roussellien avec des versions comme celle qui suit en lo alto de un acantilado bajo una tromba de agua una decena de personas almorzaban en el suelo sentadas en circulo Ce serait probablement la version plus standard avec un rythme parfaitement recevable en espagnol et une structure qui semble mieux respecter l ordre logique des id es dans l nonc d s lors qu elle situe au premier plan les circonstances les plus importantes de l action et elle laisse pour la fm celles qui paraissent plus accessoires ce qui ne correspond pas au mode de proc der de Roussel Le changement de structure de la phrase n est donc ici qu une forme de normalisation stylistique avec la d gradation qu elle comporte La tendance oppos e la simplification consisterait laisser implicite
236. du langage 1962 dans Georges Perec L G Une aventure des ann es soixante Paris Seuil 1992 Roger CaiJlois Approches de l imaginaire Paris Gallimard 1974 p 151 Georges Perec Entretien avec Jean Jacques Brochier in Magazine litt raire n 141 octobre 1978 p 35 3 Jean Marie Schaeffer Le Romanesque et la Fiction communication au colloque Le Romanesque universit de Pans IV Sorbonne 21 22 septembre 2000 Sur la topique du roman hell nistique qui repose essentiellement sur la conjonction de l amour et de l aventure voir notamment Northrop Frye The Secular Scripture op cit p 4 et Laurence Plazenet L bahissement et la D lectation R ception compar e et po tiques du roman grec en France et en Angleterre aux XVIe et XVIe si cles Paris Champion 1997 p 20 25 Voir Pierre Grimai dition et traduction Romans grecs et latins Paris Gallimard biblioth que de la Pl iade 1958 J emprunte cette hypoth se a Philippe Hamon Romanesque Nattiraiisme communication au CHRISTELLE REGGIANI colloque Le Romanesque op cit Voir notamment pp 38 39 et p 59 Voir Roland Barthes L Effet de r el 1968 Le Bruissement de la langue Paris Seuil coll Points 1993 Pour une discussion de la notion voir Michel Charles Le Sens du d tail in Po tique n 116 1998 qui en montre 1 impraticabilit 1 effet de r el est irr cup rable pour l
237. du tableau ou de s en loigner pour que la peinture r v le une figure humaine ou un nche assortiment de fleurs et de fruits un portrait ou une nature morte le visage renfrogn d un biblioth caire ou un m lange d objets apparent s au livre C est un masque premi re vue inexistant fait du m me mat riau que celui que l on veut masquer il y a des mots qui masquent des mots Pour compl ter le cadre de l criture nigmes en Italie il convient encore de d crire la technique des nigmes coordonn es Quand il ne s agit pas d une simple nigme mais d un jeu soi disant sch ma une autre contrainte formelle cette fois est surajout e chaque partie de la pi ce est comme une nigme part qui est d velopp e cependant avec le respect de l imique sujet apparent dans la deuxi me signification de l nigme il y a donc une autre contrainte repr sent e par la structure du jeu et chaque partie de U pi ce fan allusion a la partie correspondante du sch ma surajout la premi re nigme Parmi les sch mas les plus classiques celui de la charade par exemple la structure fondamentale est constitu e par deux vocables qui se conjuguent pour en former un troisi me tout fait diff rent C est le cas de cet exemple de Piero Bartezzaghi la premi re partie parle des nubi c est dire les nuages la deuxi me cache le lato le c t et le total fait allusion natt eiiemenL au nubilato c est di
238. e La contrainte comme rel ve du romanesque Je ferai alors l hypoth se que l intervention de contraintes d criture peut tre comprise comme un moyen de faire revenir le romanesque dans le roman Ce retour est replacer dans son contexte historique il se fait et est pens contre l conomie radicale de l criture propos e dans les ann es soixante par les nouveaux romanciers et le groupe de Tel Quel o le choix comparable certains gards d une structuration forte de l criture implique en revanche l viction totale du romanesque comme genre aussi bien que comme cat gorie Roger Caillois parlait chez les nouveaux romanciers d un double renoncement l criture sans contrainte et l imagination sauvage la r ponse oulipienne tout au contraire fait de l criture sous contrainte le moyen d une reconqu te des prestiges de l imagination La contrainte en effet maintient dans la prose un arbitraire celui de ses prescriptions ce faisant elle permet l crivain de conserver la richesse des possibles romanesques en transformant leur contingence en une n cessit de l criture C est autrement dit l arbitraire de la contrainte qui se pr sente par d finition comme une d cision de l crivain ant rieure au travail d criture qui l gitime l acc s la mati re romanesque en la dissociant de toute id e de gratuit Ce romanesque de la contrainte est bien da
239. e La solution de l nigme est le papier carbone et une lecture en clair de l nigme est possible La surface plane du papier carbone plac e entre les feuilles blanches du papier v lin produit par un proc d de mac ration montrait des traces noires et tant destin e tre touch e des mains des dactylos pour faire des copies feuilles pli es pr tes recevoir les frappes des touches plac es en rang Gr ce cette surface on pouvait lire la copie et on prenait connaissance de la source la police de caract re que Calchas lui m me le papier carbone r v lait conforme l original Tout cela se v rifie travers de nombreuses homonymies dont certaines sont report es dans le tableau suivant peste la peste les traces Mani les M nes les mains in copia en abondance en copie battute battus tap es fonte la source le caract re d imprimerie Calcante Calchas calque le papier 100 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES ECRITURES A CONTRAINTES C est comme un jeu en fondu enchain o quand un sens merge d un autre celui ci dispara t C est le m me effet magique qu engendre le dessin d un cube qui appara t d double en montrant alternativement les trois faces conca es et les trois faces convexes L effet rappelle aussi certaines uvres d Arcimboldo o l ambiguit des figures n est pas trop diff rente du double sujet qui caract ris en Italie l nigme moderne il suffit de s approcher
240. e dont les symboles enchev tr s peuvent se multi CECILE DE BARY plier linfini Et si les significations des contraintes sont multiples et contradictoires leur arbitraire reste au moins partiellement apparent Lecture contrainte La lecture des contraintes au travers des ncrages demeure donc ouverte Pour autant elle est fond e par le r seau de l uvre perecquienne Je vais maintenant me demander ce qui autorise et provoque la lecture autobiotextuelle Il s agit bien s r d abord de la pratique d une criture oulipienne partir de 1969 cause de l arbitraire apparent des contraintes surtout si elles ne sont pas traditionnelles De ce point de vue le fonctionnement m tatextuel renforce la visibilit des contraintes et donc le questionnement de celles ci m me si elles sont d j connues si tout dans La Disparition tourne autour du lipogramme pourquoi ce lipogramme Par ailleurs le chapitre Vin de W ou le Souvenir d enfance relie en 1975 l histoire de Perec et son criture en un passage il est vrai ambigu qui se conclut ainsi leur souvenir celui des parents est mort l criture l criture est souvenir de leur mort et l affirmation de ma vie Op cit p 59 Enfin la construction d un r seau de l uvre notamment par les citations des livres ant rieurs explicites ou implicites incite rapprocher les textes les faire signifier les uns par rapport aux autre
241. e pr cis ment contraints par leur place respective dans les listes Couleurs et Accessoires des cahiers deschaiges Ce type d engendrement contraint des d tails descriptifs tend aller de pair avec une d sagr gation du monde romanesque la consistance des d tails di g tiques se d faisant pour adopter la forme de la liste dans le chapitre XXX 1 qui commence par un inventaire de la cave des Altamont la liste des produits alimentaires et des vins qu elle contient occupe deux pages du livre Or cette tendance la s rialit est tout aussi sensible en ce qui concerne le romanesque comme cat gorie j essayerai pr sent de pr ciser ce rapport entre criture contrainte et mise en s rie du romanesque S ries romanesques Je tenterai de montrer que sur ce point la litt rature contrainte ne propose en fait qu une radicalisation que je m efforcerai d expliciter dans ses d terminations de traits d j inh rents la cat gorie de romanesque en tant que telle CHRISTELLE REGGIANI Je partirai nouveau des pistes propos es par Jean Marie Schaeffer Le troisi me des crit res d finitoires qu il mentionne la saturation v nementielle de la di g se peut en effet tre compris dans une perspective g n tique comme engageant une extensibilit tr s grande de cette di g se d o le cas ch ant un aspect s riel pisodique actualis sur le plan ditorial dans la forme populai
242. e sous l effet des contraintes de temps et d espace qui r gissent cet article nous avons d r duire nos observations et analyses au d fil grande vitesse d un panorama ou d un catalogue aux items plus ou moins d taill s Le sous syst me masculin f minin et la nouvelle alternance Les transgressions avec surcontrainte de Banville et de Verlaine concernant l alternance se sont poursuivies avec de nombreux po mes unisexuels f minins de symbolistes comme Albert Samain Fernand Gregh Ren e Vivien etc On trouve des po mes masculins chez Edmond Rostand Le cantique le l Aile Le Vol de la Marseillaise l pitaphe de Cyrano et chez un de ses admirateurs Audiberti dans La Mer Po mes unisexuels le plus souvent masculins mais parfois f minins chez Marie No l Le Po me du lait La surcontrainte en rimes mixtes initi e par Banville et donnant le chass crois de Verlaine n a plus lieu d tre cependant on peut citer les quatrains d un sonnet de Desnos lorsqu il se tourne vers la versification classique un tr s bon sonnet de R da et un essai plus s mantique de Michelle Grangaud sonnet aux rimes en mots masculins terminaisons f minines et vice versa L alternance est abandonn e le plus souvent dernier exemple Alain Bosquet mais demeure parfois l tat vestigial une parit sans ordre chaque quatrain chez le premier Desnos Val ry a abandonn l alternance inte
243. e avec pour ran on un d s quilibre du syst me peut tre in vitable c est dire qu on value alors les m tamorphoses en termes de compensations Ainsi les quatrains adresses sont marqu s par une apparente concision trente deux syllabes c est plus que la moyenne des adresses en prose mais cela semble un minimum pour crire avec un quatrain Et c est un v ritable d fi pour l ventuel rescripteur Aller plus loin c est faire plus court et tenter par exemple le distique adresse La correspondance entre Jean Cocteau et Marcel Proust en offre plusieurs dont un minimal de seize syllabes 102 boulevard Haussmann oust Courez facteur chez Marcel Proust De m me parmi les r glages en sus figurent on l a not les homophonies plus ou moins r gl es spatialement Cette structure tendancielle ne demande qu s panouir davantage Une intention critique peut toujours d figurer le trait en caricature appuy e t moin ce quintil pastiche con u en 1913 par Andr Breton le soulign en gras est notre fait Ris poste et jamais ne riposte C est d j plein d esprit et quel Avec ma lettre qu on se rue D s lors La remettre Onze rue Taylor chez mon ami Fraenkel La saturation et son commentaire entre parenth ses signalent ici la charge un peu lourde Mais quoi qu il en soit du r gime satirique ou s rieux le summum est videmment repr sent par les vers hol
244. e 5 307 CREATIONS un succ s sur toute la ligne paragraphe 9 Le titre offre une possibilit de double lecture sens habituel de l expression fig e sens sp cifique dans le contexte Le type d criture utilis ici et la lecture qui lui correspond est souvent connot en dehors des exemples envisag s plus haut e par les expressions isol es la fin de chaque paragraphe 1 en cet endroit l des man uvres ais es 6 sans bornes 2 emplacement d un tr sor 7 les phrases d coup es 3 d une perfection diabolique 8 une simple lecture verticale 4 en apparence tr s lourds 9 d s le d but renvers e 5 voir tr s nettement e par la description du paysage paragraphe 2 La r gion plate tait parcourue de sillons Ils rayaient uniform ment le paysage mais moins qu on admette les mottes de terre comme collines on d couvrait seulement en guise de relief quelques arbustes perdus au fin fond d un chemin un unique trou d eau d o un jet vertical jaillissait parfois selon une r gularit assez remarquable On voyait bien et l un bout de parcelle cultiv e mais pas de traces de d coupage mais surtout par celle des habitations paragraphe 5 des cases toujours blanches rectangulaires banales mais ce qui peut sembler assez bizarre c est l inscription de deux formules dignes d int r t invariablem
245. e compl te du livre ouvert la somme de deux horizontalit s 193 194 ANALYSES D UVRES qui unit les deux textes des deux feuilles pour construire une page nouvelle grande verticale num rot e une seule fois en bas de page En plus le texte rampant facilite curieusement la lisibilit du texte et fait augmenter ses capacit s d organisation des graphes pendant l inscription Le travail sur la mati re elle m me du livre impose un changement pist mologique au niveau de la lecture consommation du texte c est revenir au temps ant rieur l invention de l imprimerie l poque du rouleau ancien un paradoxe bibliologique grande dimension puisque cette forme de consommation est aussi de nos jours celle de l cran informatique Pour Roland Barthes l ensemble de ces structures mobiles dans Mobile montrent la nature f d rale des USA un pays construit une liste d unit s l addition d toiles l alphabet consacre ici une histoire une pens e mythique un sentiment civique Ce qui n emp che pas le projet butorien de construire aussi une autre chose un langage alternatif pour la description pour le r cit moderne pour la litt rature une autre forme pour la structure qut fait possible la signification du texte et donc ainsi un autre syst me de repr sentation pour le langage litt raire C est vrai qu ici les id es ne sont pas d velopp es mais distribu es
246. e contrariait pour de bon Je comprendrai ces pages arrach es comme marquant mat riellement un puisement du roman qui se trouve ainsi pr cis ment signifi par ses cons quences rh toriques du point de vue de la disposition comme de l invention de l oeuvre les pages manquantes signalent une perte de la continuit textuelle qui passe d s lors la charge du lecteur s efifor ant de relier entre eux les pisodes dont il disposait et d signent en m me temps une r duction du texte du roman une s rie de topoi relatifs ici au personnel narratif Si la contrainte fait revenir le romanesque c est donc au second degr comme un romanesque citationnel ce qui n est pas sans cons quences sur les modes d inscription de ce romanesque retrouv qui se trouve la fois morcel et ironis La Vie mode d emploi t moigne on ne peut plus clairement du morcellement du romanesque contraint les Rep res chronologiques donn s apr s Vindex r organisent temporellement la mati re romanesque et constituent le squelette d un roman lin aire marquant ainsi sans ambigu t que la grande CHRISTELLE REGGIANI forme du roman encyclop dique ne peut apparemment plus aujourd hui s crire qu en morceaux On notera en particulier l absence relative dans le romans de Perec des formes proprement temporelles du romanesque la qu te et le cycle ne sont pr sents que sur un mode mineur manqu
247. e d concerte Dans le GIL par exemple le narrateur pose cinq axiomes qui ressemblent fort au premier principe de Roubaud 1 Oulipo mais la formulation peut tre si ambigu que toutes les possibilit s sont envisageables et que leur nonc frise a l occasion le sophisme GIL NTI Si une contrainte si de la math matique est derri re cette contrainte une cons quence math matique non imm diate joue son tour dans le r cit p 201 Par ailleurs tout au lone du parcours Roubaud aime revenir sur sa programmation num rologique mais en indiquant chaque fois qu il ne nous en r v lera pas les modes de fonctionnement Lorsqu il explique Florence Delay dans un entretien comment il se base sur les dix sty les du po te ermite japonais Kamo no Chomei douzi me si cle il dit le faire avec d sinvolture en se donnant toute la latitude n cessaire d adaptation Bien entendu je ne comprends pas vraiment le sens historiquement coh rent de ces styles dans leur contexte d origine L interpr tation que je m en suis faite est appuy e sur la traduction qu on donne de leur d signation et sur les quelques exemples de po mes manifestant ces styles que j ai pu d couvrir ici ou l Avec ce peu de donn es je me suis construit mon propre spectre de styles Tel est son ifroit cotes et de cela je ne dirai rien Cependant on peut se demander avec quelle latitude sa raison num rologique est e
248. e d rivant en ressac Avenir clos labor d sert N aide vue nette a f d re a trace 318 CREATIONS Bernardo Schiavetta RAPHEL version de Cerisy Le texte que je vous pr senterai ce soir est un fragment d un projet tr s long cours RAPHEL s crit dans un blanc dans un interligne de la Divine Com die et plus pr cis ment entre les vers 67 et 68 du XXXI Chant de Y Enfer Dans ce passage Dante met dans la bouche d un damn le g ant Nemrod une phrase en langue imaginaire Raph l ma am ch zabi almi Commen a crier l atroce bouche Selon une tradition ancienne d j attest e chez Flavius Jos phe Nemrod est le premier roi de Babel celui qui a fait construire la Tour qui devait atteindre le ciel Il est le responsable de la confusion des langues Sa peine ternelle est la mesure de son p ch d sormais aucune langue n aura de sens pour lui et personne ne pourra comprendre celle qu il parle Dans l univers fictionnel dantesque la langue de Nemrod est donc incompr hensible dans l absolu puisque son incompr hensibilit a t tablie pour toujours par un d cret divin Une telle phrase ne devrait susciter que l arr t de toute interpr tation Mais on peut tout de m me tre tent de l interpr ter Le projet de RAPH L n est autre que le d fil forc ment sans fin de cette glose indue Le texte proprement dit de RAPH L commence par une premi re s
249. e droite p 212 concerne le voyage de retour vers Paris et le rep rage des panneaux kilom triques et donc le trajet inverse d un voyage ferroviaire qui a sauv la vie de l enfant en m me temps que le contraire du voyage dont la m re n a pu se sauver le bonheur des uns tait l exact envers du malheur des autres constate le texte de fiction juste apr s un passage o est voqu e cette coutume en principe interdite mais sur laquelle l Administration ferme les yeux car le public des stades y est tr s attach qui consiste a faire accomplir au dernier d une s rie un tour de piste au pas de course avec ses chaussures mises l envers exercice qui peut sembler b nin au premier abord mais qui est en fait extr mement douloureux et dont les cons quences meurtrissures des orteils ampoules exulc rations du coup de pied du talon de la plante interdisent pratiquement a sa victime d esp rer obtenir un classement honorable dans les comp titions des jours suivants chap XXII p 145 On notera l isotopie du regard fermer les yeux et du spectacle on rapprochera ce dernier d une s rie de la parenth se du chapitre VIII l une 147 148 ANALYSES D UVRES des particularit s de mon nom a longtemps t d tre unique dans ma famille personne d autre ne s appelait Perec p 54 On voit comment tout un r seau significatif peut se construire autour de la lat rali
250. e la vie c est la libert de celui qui a purg sa peine peine se rapporte aussi la peine purg e le mal c est Je nouveau d lit destin est aussi destination celle de la prison une condamnation avec sursis il n est pas possible d viter la prison en mettant V ombre C est le destin des hommes justes qui agissent pour une cause pour un processus volutif Le fouet des ann es revient peser sur la t te qui m dite logiquement sur un d sir d vasion la Capitale est la mort SENNA C est amer le destin quand on pense au lent d fil dans le cours tortueux de l existence quand m me la vie commence sur les sommets les plus hauts dor s et a une douce saveur C est amer le destin malgr tout on esp re voir le ciel color de mauve ou rester devant de blanches falaises et regarder une seine ou un chalut qui descendent dans la mer au chant du coq mais elles sont lointaines tout pr s il y a seulement un port artificiel C est amer le destin pour tre moins malheureux on dit que le destin est bleu plus grand entre les flots de champagne sur le bord d un lit oit nous avons fait insouciants amour RAFFAELE ARAGONA destination destin justes juges ce sont les juges qui font le proc s ce sont les ann es de la peine c est le d sir de s vader la peine capitale est la mort la destination de la Seine c est la mer dont l eau es
251. e le moyen la fois le plus simple et le moins ambigu de marquer temporellement la distance de la citation La prose perecquienne mais il resterait tester ces hypoth ses sur un corpus plus vaste a fait de la contrainte un moyen du romanesque un choix qui rel ve de la convergence de d terminations ressortissant des ordres bien diff rents le plaisir de la fiction lorsqu il rencontre la m moire de la litt rature redonne la prose de roman le go t des enchantements hell nistiques Notes Jacques Roubaud Pr paration d un portrait formel de Georges Perec in L Arc n 76 1979 p 59 et Le D mon de la forme in Magazine litt raire n 316 d cembre 1993 p 66 2 P D Huet Trait de origine des romans dition de A Kok Amsterdam Swets amp Zeitlinger 1942 p 114 gt Georges Perec La Vie mode d emploi Paris Le Livre de poche 1990 p 347 Les r f rences La Vie mode d emploi seront dor navant pr cis es entre parenth ses dans le corps du texte 4 La rupture g n rique a autrement dit une valeur m tatextuelle en marquant nettement les contours de l allusion Jarry Ubu constitue effectivement l une des entr es du cahier Allusions et D tails des avant textes de La Vie mode d emploi 5 Georges Perce Notes sur ce que je cherche Penser Classerr Paris Hachette 1985 pp 9 11 6 Voir Charles Sorel De la connaissance des bons livres 1671 Rome Bulzoni 1974 243
252. e param tre qui mesure cette vari t en nombre de rimes intercalaires lequel s ajoute celui de distance inter nmes en nombre de syllabes ou de vers D s L Hiver qui vient de Laforgue le desserrement est syst matique dans les ann es 90 cf notre article sur Verlaine para tre dans la Revue Verlaine n 9 puis Saint Pol Roux l explore dans une mirlitonade en vers non compt s puis Viel Griffin dans un po me L Art po tique de Tristan Klingsor est un po me en vers libres qui illustre m tapo tiquement ce th me et cette forme Chez les n oclassiques comme durcissement le po te belge Ren Pumal 1902 1970 dans son premier recueil Cocktails 1922 a propos des po mes ALAIN CHEVRIER en trois quatrains dont les deux derniers s enchev trent aba cdcda Comme assouplissement les rimes enchev tr es sont monnaie courante dans l uvre de Patrice de la Tour du Pin partir de Les laveuses 1933 strophes en abachdcd Un Andr Blavier a commis des records en la mati re Les rimes diss min es La publication de po mes de guerre in dits de Cocteau nous permet de faire remonter une poque tr s ancienne ses rimes enchev tr es Il les a reprises dans D sespoir du Nord 1918 et dans le Discours du Grand Sommeil dans le recueil Po sies 1920 puis dans Vocabulaire 1922 et dans Op ra 1925 1927 Le syst me passe inaper u dans M saventures d un rosier ou les cachotteries de Watte
253. e part Mobile doit beaucoup aussi Ezra Pound que MB a d couvert lors de son stage Manchester en 1952 53 Toute criture est un acte de repr sentation et l criture litt raire repr sente les passions les id es les personnages les objets etc qui construisent les r cits les po mes etc Cette vidence historique ne saurait emp cher une autre vidence la libert de l crivain pour jouer avec l appareil lui m me de l criture et s introduire dans le syst me de repr sentation L criture de Mobile est l exemple de cette notion de la m tarepr sentation puisque la repr sentation faite par l criture devient la repr sentation elle m me de l objet culturel nomm Etats Unis Le texte de Mobile commence ainsi nuit noire CORDOUE AL AB AMA le profond Sud 1 C est l id e de la nuit noire le vide la solitude comme la page elle m me o il y a seulement cette phrase toute seule unique isol e contrepoint des mots nuit noire et du reste de la page toute blanche qui fait appel au reste du texte qui viendra apr s ce texte Une criture tout fait dans la tradition mallarm enne en rupture avec les param tres traditionnels et de la logique du livre La lecture de Mobile n est pas du tout une lecture lin aire elle est tout fait une lecture tabulaire parce que dans toutes les pages planches se r p te le m me syst me d organisation du contenu partir de
254. e particuli rement original qui est constructif et ordonn sans tre pass iste et transgressif sans tre anti humaniste Mais qu est ce qu une contrainte oulipienne A premi re vue il suffirait de d finir ainsi toute r gle textuelle cr e ou utilis e par les oulipiens Malheureusement cela est impossible cause des plagiats par anticipation c est dire des textes oulipiens avant la lettre reconnus comme tels et annex s par l Oulipo Bien plus encore il existe de nombreux auteurs contemporains ext rieurs au groupe comme par exemple R gine Detambel ou Jean Lahougue qui appellent contraintes leurs choix de composition Dans le domaine de la critique l usage du terme tend se g n raliser servant de plus en plus nommer les programmes formels utilis s par tout type de cr ateur Nous pourrions en multiplier les exemples en fian ais ou en d autres langues dans tous les genres litt raires mais nous pr f rons renvoyer aux num ros parus et para tre de notre revue Formules qui a fait conna tre une grande quantit d auteurs de ce type soit gr ce des comptes rendus ou des tudes d uvres soit en publiant des cr ations in dites ou des r ditions Il faut donc se rendre l vidence ce terme a pris une signification nouvelle qui reste d finir J AN BAETENS amp BERNARDO SCHIAVETTA Une d finition plurifactorielle Notre premi re synth se d finitionnelle sur
255. e r side dans le statut donn aux languettes Dans la lecture autoris e la languette n est qu un l ment paratextuel tranger au texte une composante de l interface Dans la lecture iconoclaste la languette constitue un l ment du texte ou de l uvre elle ne peut plus tre consid r e comme paratextuelle Cette lecture ne nie pas la forme sonnet mais sa pertinence dans le livre de Queneau Personne en fait ne doute de la pr sence potentielle de ces sonnets et tout le monde est pr t les lire de bonne gr ce La languette ne remet pas en cause un arch type culturel de forme textuelle mais de fa on plus subtile l arch type du dispositif convoqu par la lecture Ce que dit la lecture iconoclaste c est que le livre de Queneau n est pas un recueil de sonnets parce qu il n est pas un livre mais un dispositif d une autre nature qui poss de des caract ristiques spatiales et esth tiques toutes aussi pertinentes pour la construction du sens que les propri t s s mantiques des phrases que cet objet contient et la ou les structure s formelle s textuelle s au sens classique qu on peut percevoir entre ces phrases Les phrases languettes ne sont plus des vers elles forment dans le livre objet de Queneau un supersigne au sens o l entend Abraham Moles On peut d ailleurs les lire par superposition la courbure des languettes au repos masquant certains l ments
256. e situ s juste avant ou juste apr s une transition qui le souligne Ces temps forts se d placent d une lecture l autre du fait des modifications sonores li es l algonthme combinatoire et d une machine a l autre du fait de l adaptation du visuel Ce texte cr e ainsi un type de combinatoire sp cifiquement multim dia une combinatoire par d placement des centres d expression dramatique d un texte Le r sultat est comparable des interpr tions differentes du m me texte 324 Les contraintes de gestion de la double lecture La troisi me classe de contraintes d criture utilise la s paration des domaines de l auteur et du lecteur C est certainement celle qui utilise les caract ristiques du dispositif qui impliquent le plus le lecteur Elle n cessite un Lecteur Mod le d v elopp et s appuie sur la double lecture et l esth tique de la frus traoon L n premier type de contraintes utilise le montage multim dia qui est horizontal ver ce sens que le texle a voir r sulte d une superposition de mat riau avec masquage ventuel Ce montage manipule des l ments signifiants pour I ausa qui peuvent s av rer inobservables la lecture La coh rence des textes a voir repose alors sur des crit res diff rents pour l auteur et le lecteur Pour l ameur elle est assur e par des lois de manipulation des caract ristiques des l ments de base c est a dire par le montage lui m me ind pendamment des acti
257. e suivant les sujets son arri re plan culturel de grande tradition se mesure l aune des th ories scientifiques ob it concurremment aux imp ratifs de l imaginaire et aux lois des sentiments Elle est au coeur des d bats et des r ves et permet par excellence l artiste de s en servir pour cr er sa coloration personnelle Suit de son savoir et de sa ma trise technique Ainsi pour Proust qui d sire s approprier la langue pour en constater toujours l exc s jubilatoire Dans les couleurs il va composer sa palette personnelle par un m lange savant de ce que propose la tradition et la modernit s en serv ant ensuite comme formule organisatrice permettant de se soumettre le temps L criture proustienne assume les grandes lignes traditionnelles celle de l h raldique dont r sulte une codification charg e histoire celle de l motivnt qui fera fonctionner la coloration comme barom tre du d sir celle de l exploration syst mique qui conduit en parcourant les deux autres la constitution d un prisme sp cifique Apr s quelques observations g n rales je voudrais essayer de pr ciser sa m thode pour deux cat gories de ph nom nes le en entre les couleurs et les Guermantes d une part et les tapes du couchant d autre part Ce dernier exemple nous permettra d ailleurs de passer ensuite sa reprise par Claude Simon Dans la critique Jean Pierre Richard a formul les principes de l emploi
258. e sur les litt ratures contrainte donne un gage tout fait ad quat de l existence r elle de l accueil de la lecture et de l appr ciation de textes et d ouvrages provenant de la fabrique oulipienne Quel est la nature de cet accueil Il ne s agira pas ici de l histoire de la r ception de la litt rature oulipienne mais d une question mon avis plus essentielle et que je ne suis s rement pas le premier poser y a t il la lecture d un texte construit partir d une contrainte ou d un sch ma formel des effets de lecture sp cifiques aux textes de ce type Et le cas ch ant comment expliquer cet efiFet de contrainte Il y a plus de trente ans Roland Barthes a cherch d montrer que les textes ambition r aliste emploient des stratag mes sp cifiques pour cr er chez le lecteur un effet de r el effet que Barthes voudrait d molir tout en l identifiant Si je semble rendre hommage Barthes en utilisant une expression analogue son effet de r el je ne propose pas du tout une d mystification pol mique de l effet de contrainte Pour Barthes il allait de soi que l effet de r el existait comme un fait sociologique autant qu esth ti que On lit Balzac on se dit c est tr s r aliste et on croit avoir nomm un rapport du texte au monde Le propos de Barthes tait de montrer la nature conventionnelle et artificielle de ce rapport qui ne ser
259. e tout support s miotique pr cis Dans Notes sur ce que je cherche Perec pr sentant les quatre champs auxquels se rattache sa pratique de l criture d finit ainsi la derni re de ces interrogations la quatri me enfin concerne le romanesque le go t des histoires et des p rip ties l envie d crire des livres qui se d vorent plat ventre sur son lit La Vie mode d emploi en est l exemple type Le terme de romanesque ne pose pas ici seulement une question de genre si les livres qui se d vorent plat ventre sur son lit engagent probablement pour des questions justement de vraisemblable g n rique une criture en prose d une certaine ampleur il n en reste pas moins qu en contexte le terme ne peut tre re u comme purement d notatif L analyse de Perec rejoint en fait de mani re happante les orientations de la critique dix septi miste des romans qui associe au genre une forme quasi pathologique de lecture fond e sur le plaisir de la fiction la suite du texte assimile d ailleurs le go t des histoires la cat gorie g n rale de la fiction et des p rip ties Ce dernier terme n est pas le moins int ressant il s agit en effet d un concept aristot licien que l on peut d finir apr s R Dupont Roc et J Lallot comme une forme sp cifique du renversement tragique en ce que la p rip tie ou coup de th tre joint Y
260. ec On peut tenter de cerner au terme de ce parcours la sp cificit romanesque de l criture perecquienne elle tient probablement la conjonction d un extraordinaire topique et d une exploration des lieux de l infime la revendication flaubertienne d une criture endotique manifestement li e la reprise d cal e ironis e parce que prise dans la m moire d une nergie pens e comme perdue de la mati re romanesque europ enne Le motif du puzzle qui fonde l unit di g tique et th matique de La Vie mode d emploi pourrait constituer la r alisation exemplaire de ce romanesque infime minuscule de peu d tendue qui d signe la revendication propre du projet perecquien On voit ici l importance d cisive du mod le flaubertien outre les textes qui en rel vent plus simplement la r f rence Flaubert donne Perec les moyens formels et stylistiques d une reprise ironis e de la mati re romanesque europ enne qui lui permet d inventer la forme propre de son grand oeuvre romanesque Il reste d s lors s interroger sur la volont m me de conserver du romanesque dans l criture Il me semble que de ce point de vue l adoption d une perspective g n rique est ind niablement pertinente l intervention de contraintes dans le roman ne peut se comprendre hors d une prise en compte pr cise de l histoire du genre laquelle implique de mani re centrale via les crises
261. eci en tudiant naturellement les rythmes objectifs sur lesquels repose en fait notre valuation du temps les r sonances qui se produisent l int rieur de cet l ment Et enfin la r f rence directe des structures mobiles par anticipation avec quelques probl mes importants sur la planche part le puzzle gigantesque du roman balzacien sans fin lecture tabulaire et ou multidirectionnelle principes de composition structurale strat gies d criture combinatoire man uvres de la forme l int rieur du texte Lorsqu on accorde tant de soin l ordre dans lequel sont pr sent es les mati res la question se pose in vitablement de savoir si cet ordre est le seul possible si le probl me n admet pas plusieurs solutions si l on ne peut et doit pr voir l int rieur de l difice romanesque diff rents trajets de lecture comme dans une cath drale ou dans une ville L crivain doit alors contr ler l uvre dans toutes ses diff rentes versions les assumer comme le sculpteur responsable de tous les angles sous lesquels on pourra photographier sa statue et du mouvement qui lie toutes ces vues La Com die humaine donne d j l exemple d une uvre con ue en blocs distincts que chaque lecteur en fait aborde dans un ordre diff rent Voyons maintenant trois tudes sur les structures mobiles de l hyperconstruction dans Mobile Description de San Marco et Herbier lunaire
262. econde structure mobile sont les relais ou dispositifs spatiaux qui regroupent les espaces politiques les plus importants les villes les r gions immenses les zones continentales d un pays gigantesque et les compl ments descriptifs qui sont typiques d un voyage Pour ce qui est du parcours alphab tique des tats USA en capitales une pr sence tr s soulign e dans l ensemble du texte sa pr sentation fait appel un certain ordre alphab tique qui r gle l inscription des composants et l ordre des mat riaux concernant l organisation des lieux Co Jice een CLEVELAND GEORGIE BENTON TENNESSEE CLEVELAND BENTON LOUISIANE BENTON CLEVELAND CAROLINEDU BENTON SUD en fee CLEVELAND Ces deux exemples montrent bien l organisation alphab tique utilis e par MB pour se d placer tout le long de ce r cit de voyage aux USA il fallait utiliser quelque r gle et cette r gle tait d j l int rieur du pays lui m me les noms des villes qui se r p tent de l est l ouest la direction de la conqu te du territoire Mais pour le faire parfaitement il fallait marquer au lecteur le moment pr cis o l on change d tat C est la d limitation des fronti res un composant n cessaire pour le voyage r cit et une aide importante pour l articulation narrative car elle permet de passer d un composant l autre Le profond Sud L extr me Nord Far west Pass e la fronti re de l Ouest Pass e la front
263. effet de surprise l encha nement n cessaire ou vraisemblable des actions La notion est importante chez Aristote puisqu elle permet d opposer la trag die simple la trag die complexe qu il pr f re o le renversement se fait avec reconnaissance ou coup de th tre ou les deux Dans tous les cas la p rip tie dans la mesure o elle se d finit par la surprise c est a dire au moins par l apparition d un point de vue nouveau par rapport aux l ments constitutifs de l histoire implique l intervention dans l intrigue d une puissance transcendante n cessit ou hasard prenant le cas ch ant la figure d une Fortune ou d une Providence M me si la p rip tie du roman n est pas celle de la trag die ou de la com die ne serait ce que parce que la reconnaissance romanesque n est pas la reconnaissance dra matique il n en reste pas moins que Perec fonde ici son go t du romanesque sur une notion qui implique indirectement via notamment le concept CHRISTELLE REGGIANI moderne d arbitraire l un des l ments qui rendent compte de la p joration du genre le roman par la cat gorie le romanesque Romanesque et crise du roman De fait si l on peut parler de crise du roman au tournant des XIXe et XXe si cles cette crise s articule pr cis ment autour des notions d arbitraire et de contingence romanesques retrouvant une liaison d j tablie par
264. elait l origine me para t enfin suffisante Muni de cet instrument de cette boussole ou si l on pr f re de cette carte provisoire je commence mon exploration je commence ma r vision car ces sch mas eux m mes dont je me sers et sans lesquels je n aurais pas os me mettre en route ce qu ils me permettent de d couvrir m oblige les faire voluer et ceci peut se produire d s la premi re page et peut continuer jusqu la derni re correction sur preuves cette ossature voluant en m me temps que l organisme entier que tous ces v nements qui font les cellules et le corps du roman chaque changement de d tail pouvant avoir des r percussions sur l ensemble de la structure Sur la discontinuit MB a fait des apports tr s int ressants dans le contexte d une certaine th orie du temps lorsqu il parle de l criture hypertaxonomique de Mobile Comme la vie contemporaine a prodigieusement accentu la brutalit de ce discontinu bien des auteurs se sont mis JES S CAMARERO proc der par blocs juxtapos s voulant nous faire bien sentir les ruptures il y a certes l un progr s mais de m me que le plus souvent les retours en arri re venaient au petit bonheur au fil de la plume au gr de l inspiration du moment sans contr le de m me ces coupures sont souvent op r es sans grande justification Il s agit donc de pr ciser une technique de l interruption et du saut c
265. elle ci n est qu une question secondaire pour le texte dont il va proposer une version car ne pr tendant pas cr er un nouvel original partir d une adaptation de la contrainte sa propre langue mais bien un texte d arriv e qui soit aussi fid le que possible la forme et au contenu du texte source il est pour lui vital d avoir une image claire de ce dernier Or la lecture attentive du plan de la repr sentation dans les textes contraints fait souvent appara tre sous un jour nouveau les rapports de celle ci avec la r gle qui en est l origine et surtout les effets parfois directs parfois collat raux que la contrainte exerce sur l usage de la langue HERMES SALCEDA b Les entorses repr sentatives dans les matrices des Textes gen se L on sait que les pr sentations habituelles veulent que les fictions de Roussel soient banales et ses phrases plates au possible entendons par l qu en surface et la premi re lecture les textes de Roussel n offrent ni dans les contenus qu ils proposent ni dans l usage qu ils font de la langue aucune particularit digne de retenir l attention du lecteur En principe le lecteur est donc en droit d esp rer ne trouver dans son parcours du texte aucune r sistance aucune r sistance la lecture aucune entorse digne d int r t faite l usage de la langue Pourtant tout traducteur qui affronte les textes de Roussel risque de se trouver en lisant ses p
266. elque part Il faut qu il y ait du jeu a c est l argument a posteriori en quelque sorte Je sais que ce qui est tr s important c est qu au milieu de W il y ait ceci le signe de l absence qui est la s paration de mes parents la perte que je retrouve aussi curieusement au milieu du palindrome Effectivement tout le temps il y a ce type de figures qui revient mais a c est une chose qui se trouve dans les livres mais je ne sais pas comment dire c est pour a que j cris L apparition d ncrages au sein d un texte contraint ou par l interm diaire de sa contrainte n est donc pas forc ment le signe d une ma trise signifiante de cette criture mais plut t d une ouverture de celle ci vers un inconnu non maitris Quoi qu il en soit cause de l impossibilit de reconstituer un geste de l crivain l autobiotexte doit rester le r sultat d une lecture Lecture ouverte Et cette lecture constituant un r seau peut se d multiplier dans l ensemble ouvert de l uvre comme Bernard Magn l a souvent fait remarquer A propos de l autobiograph me du bilinguisme il crit par exemple que le bilinguisme est pris dans d autres r seaux par exemple celui de la ruse ou du jeu pour m en tenir aux plus vidents C est seulement par un de ses aspects que le bilinguisme rel ve de l autobiotexte Par ailleurs la fin de son article sur L autobiotex
267. elques arbustes perdus au fin fond d un chemin Point de chants d oiseaux pour transporter les sens point de clairs de lune faire r ver les po tes un unique trou d eau d o un jet vertical jaillissait parfois selon une r gularit assez remarquable On voyait bien et 1a un bout de parcelle cultiv e mais pas de traces de d coupage ni de signe vident de propri t ou de tradition immuable d une pratique agricole L inqui tude gagnait les marins et que dans ces conditions un homme m me courageux rejette 301 302 CREATIONS un ordre se comprendrait ais ment Aussi pour pr venir toute mutinerie le capitaine du navire fit il r pandre la nouvelle de l existence d un plan secret dont on dissimulait la forme pour des raisons l mentaires et fort compr hensibles de prudence et qui r v lait moyennant une habile lecture l emplacement d un tr sor Sans qu on puisse expliquer clairement pourquoi les indig nes entrevus depuis le bateau semblaient refuser toute rencontre et opposaient en quelque sorte une fin de non recevoir Ils fuyaient toujours or croyant bien faire ou voulant jouer au plus fin le capitaine fit pr parer un guet apens Les marins captur rent par surprise sans effort une bonne dizaine de sauvages et voulurent en profiter pour les faire parler h las ce fut impossible de comprendre quoi que ce soit au charabia qu ils utilisaient En fait ce langage se composait d une f
268. emardo Schiavetta D finir la contrainte 250 270 285 290 297 301 311 316 318 334 344 PREFACE COLLOQUE DE CERISY Jan Baetens et Bernardo Schiavetta critures et lectures contraintes Un colloque pourquoi et comment D s le premier num ro de Formules revue des litt ratures contraintes en 1997 l id e d un colloque international plurilingue et transdisciplinaire mariant de plus la th orie et la pratique s tait impos e nous D abord sous la forme d un simple d sir mais rapidement comme un v ritable projet de travail qui nous a occup s pendant pr s de deux ans jusqu sa r alisation en ao t 2001 gr ce l accueil du Centre Culturel International de Cerisy Formules en effet s tait donn d embl e comme gageure de rassembler y compris r trospectivement mais aussi de relancer les recherches de tous ceux qu attirait le domaine des critures et lectures contraintes R solument ouverte l ensemble de la production de mani re couvrir la totalit du champ la revue tait parvenue assez vite f d rer de nombreux auteurs voix et styles qui se r clamaient de la po tique de la contrainte et cette politique d ouverture s est encore pr cis e lors des tentatives d arriver une d finition op rationnelle du champ que nous nous tions choisi Au fur et mesure que la notion de contrainte devenait pour nous plus claire la volont d
269. emi re fois dans le fascicule num ro 41 de la Biblioth que Oulipienne intitul Vers une oulipisation cons quente de la litt rature Ensuite Roubaud l a repris dans son livre autobiographique Math matique r cit On observera que par ces deux publications successives Roubaud place sa pi ce et dans le contexte de l criture contraintes et dans le contexte des math matiques Dans la deuxi me publication il la pr sente comme l illustration d un paradoxe de conviction plus connu en logique comme paradoxe de Lewis Carroll Comment la tortue combattit Achille il est vrai n est pas une pure invention de Roubaud mais repose sur le dialogue What the Tortoise said to Achilles crit par le math maticien logicien et crivain Lewis Carroll Celui ci son tour s inspire d un des quatre paradoxes de Z non d l e sur l impossibilit du mouvement dont Aristote parle dans sa Physique Consid rons de plus pr s ce paradoxe Aristote en fait le r sum Le deuxi me raisonnement de Z non sur le mouvement est celui qu on appelle Achille Le voici le plus lent la course ne sera jamais rattrap par le plus rapide car celui qui poursuit doit toujours commencer par atteindre le point d o est parti le fuyant de sorte que le plus lent a toujours quelque avance Supposons que les protagonistes de cette course hypoth tique soient Achille le champion de la vitesse et la tortue r put e pou
270. en fais je sais que se trouve inscrit et d crit le chemin que j ai parcouru le cheminement de mon histoire et l histoire de mon cheminement Wou le Souvenir d enfance op cit p 14 Cette indication de lecture n est pas simple il est vrai puisque ce r seau n est pas form par les textes du livre ceux ci en sont la trace ANALYSES D UVRES Daniel Bilous Librement imit de Pr senter l imitation comme une contrainte dure devant l quipe de la revue Formules Cela ne va pas de soi et je remercie les organisateurs de ce colloque qui m offrent l occasion ou jamais de redresser peut tre le jugement que les ditorialistes eux m mes en l occurrence risquent la premi re page du dernier num ro Ce sp cial r critures annoncent Bemardo Schiavetta et Jan Baetens est consacr prioritairement deux ripes de r cnture syst matique un assez courant et peu contraignant le pastiche l autre bien plus rare et beaucoup plus contraignant le collage Qu on me permette de traduire plus c est dur plus c est rare En moins lapidaire s il y a plus de pasticheurs que de collagistes ce doit tre que le collage est plus difficile parce que ses contraintes sont ou plus nombreuses ou plus complexes ou les deux la fois Avant de s inscrire en faux reconna tre la part de vrai dans l hypoth se g n rale Pour ne prendre qu un exemple
271. ence et sa lecture ainsi que sa composition dont le produit final est un livre Cela veut dire qu il y a une dimension ajout e la forme de la forme c est a dire la forme des signes des graphes des lettres des lignes des paragraphes de la page du texte du volume etc La premi re dimension de la m ta forme ou quatri me structure mobile est donn e par les relais ou dispositifs typographiques qui peuvent bien stir tre associ s dans le m me paragraphe le texte de MB joue avec les types en utilisant une certaine alternance romain italique minuscule majus cule ainsi que quelques divisions verticales du texte avec parfois des alin as niveau 1 niveau 2 niveau 3 etc Mais il y aussi d autres figures importantes qui ne sont pas habituelles m me dans l criture contemporaine entre autres les vers rompus ou paragraphes chelonn s rappel au classicisme et des tables taxinomiques un effet surajout de verticalit pour un texte d ja vertical La seconde dimension formelle de la forme ou cinqui me structure mobile sont les relais ou dispositifs bibliologiques rapport s de l objet livre dont la page planche double feuille double page et la forme visuelle d un texte rampant constituent les marques principales Pour ce qui est de la page planche elle fait un support renvers comme pour les fiches comme pour Mallarm aussi parce que la page n est plus la feuille o g t le texte mais la planch
272. ent plac es l extr mit droite Dans cette optique la profession d Allan Pym rev t une importance particuli re il exerce les fonctions de bourrelier or ce terme autorise un jeu de mot bouts reli s qui correspond ce que pr conise l pigraphe et la lecture que l on doit op rer C est peut tre pour cela que les indig nes l pargnent de plus il partage leur vision de la langue et il a prouv qu il tait le seul capable de les comprendre A l inverse les marins comme le sugg re sans doute le nom de leur navire Totalidad restent ferm s toute innovation et se montrent peu aptes d couvrir les aspects subtils d un texte Le paragraphe 4 contient une citation en partie modifi e des Aventures d Arthur Gordon Pym d Allan Poe Gallimard Folio p 227 Ils avaient peu de choses pr s la stature ordinaire des Europ ens mais avec une charpente plus musculeuse et plus charnue Leur teint tait d un noir de jais et leurs cheveux longs pais et laineux Ils taient v tus de la peau d un animal noir inconnu poils longs et soyeux et ajust e assez convenablement au corps la fourrure tourn e en dedans except autour du 308 MARC PARRAYRE cou des poignets et des chevilles Leurs armes consistaient principalement en b tons d un bois noir et en apparence tr s lourd Certains termes ceux soulign s par nous ont t supprim s au profit d
273. ent les plaisanteries grossi res des hommes sans qu une solution d finitive n apparaisse Allan Pym qui tait rest silencieux car il aimait plut t qu on l ignore sugg ra une interpr tation peu banale Ce matelot visiblement diff rent des autres mettait en effet souvent profit les moments libres de la vie bord pour crire Ses nombreux r cits chouaient dans sa malle Pym n ayant jamais recours ses cong n res peu aptes d couvrir les aspects subtils d un texte Victime pensait on d un chagrin d amour ou de d sillusion Allan avait fait une fin en s engageant dans la marine C est le travail du cuir plus que celui de la langue que les autres marins du navire appr ciaient chez lui Nous savons que c est un fabricant de harnais que l on consid re actuellement comme son unique inspirateur qui a bizarrement appris le m tier Allan Pym Ce dernier proposa donc comme nous le disions de comprendre LIERRE REMETS et sTimuULE les mots myst rieux comme une invitation pressante ou dernier avertissement RELIER les METRES MUTILES d limiter des itin raires pour reconstituer dans le charabia des sauvages les phrases d coup es Sa proposition ne rencontra que des sarcasmes le grand nombre opta pour la solution qu imposait le bon sens les sauvages composaient avec du lierre un breuvage secret dot de certaines propri t s bienfaisantes permettant de se r tablir promptement ou de r
274. ent mallarm en ce qui para t s inscrire dans une logique dont l exercice est comme pouss bout l attestation se r v l t elle infiniment plus clairsem e ainsi du dixi me r glage ou m me virtualit pure Le premier crit re emporte l adh sion si le mod le r sulte d une d marche inductive la fa on d induire que l on a observ e dans la premi re partie peut tre qualifi e de scientifique puisqu il n est d induction valable que sur les donn es les plus larges possibles Le second crit re semble moins assur et trahit certainement une prise de parti celle qui en dernier ressort fait pr valoir la logique structurale sur tous consid rants statistiques En tout cas la double crit risation du typique pousse concevoir la mim criture l aune du mod le en termes de degr s Retournant aux graphes des potentialit s l on pourra distinguer entre les reprises mim tiques celles qui le sont moins et les autres jusqu essayer une typologie en pr cisant que 1 les unes sont des mim crits mod le rare appliquant une configuration attest e de fa on sporadique r guli rement gauche dans les graphes Il y aura laxisme si la formule adopt e qui chappe au crit re de fr quence n ob it pas davantage au crit re de tendance tel qu on l a plus haut esquiss Mais ce laxisme est relatif dans la mesure m me o le scripteur continue d imiter disons un Mallarm
275. entons pp 216 222 ou Du Marsais oppose l une aux autres Il donne de la premi re une description plut t favorable L id e de cet original et l application qu on en fait un sujet d ordre moins s rieux forment dans l imagination un contraste qui la surprend et c est en cela que consiste la plaisanterie de la parodie mais taxe les seconds de jeux gratuits dont il souligne le caract re contraignant L empereur Valentinien au rapport d Ausone s tait aussi amus cette sorte de jeu mais il vaut mieux s occuper bien penser et bien exprimer ce qu on pense qu perdre le temps un travail o l esprit est toujours dans les entraves o la pens e est subordonn e aux mots au heu que ce sont les mots qu il faut toujours subordonner aux pens es Et il ne tarde gu re les mettre au m me sac que les lipogrammes 1 DANIEL BILOUS autogrammes rimes contrainte s rielle acrostiches et autres anagrammes Or au niveau de l op ration les deux exercices rel vent m mement du sens adapt mais le centon fait passer un seuil raisonnable o le travail adaptatif semble puiser toute l nergie Ainsi les deux genres s opposent ils quant leur rendement discursif 3 Jamais toutefois exactement sous la m me forme ainsi le centon est il revisit dans l ordre du roman Les demoiselles d A de Yak Rivais des citations pass es maximes Un aphorisme peut en cacher un
276. ents parcourus n ont pas d existence physique Seul compte l etat final de la lecture qui correspond la repr sentation mentale que le lecteur s est forg e au cours de sa manipulation Les tats interm diaires r alises lors de cette manipulation n ont pas d existence propre il n y a plus de texte au sens classique seuls subsistent une repr sentation mentale finale et un ensemble d l ments qui ont t per us comme du texte La diff rence fondamentale entre cet ensemble et la notion de texte provient de sa relativit il varie d un lecteur l autre m me si l ensemble des lecteurs r alis bien une structuration du m me mat riau de base pour construire cet ensemble Dans le paradoxe au contraire chaque segment parcouru par la fl che acquiert une existence per ue en fonction d arch types qui s imposent cette perception Et m me si celle ci est purement math matique Hans le paradoxe on peut tablir une analogie entre les arch types de la continuit spatiale et de l op Tanon de dichotomie d une part et le fonctionnement de la perception lors de la lecture autoris e d autre part Dans celle ci l arch type du sonnet s impose a la perception et impose la signification de la manipulation Les manipulations ne sont alors pas quivalentes et fabriquent des tats intermediaires qui taient d finis comme potentiels par la r gie de lecture impos e les sonnets La diff rence fondamentale entre cette le
277. er du monde peine le mal le destin tre conditionnel l ignorance le destin les hommes justes une cause un processus volutif les ans d sir de la ville capitale le destin c est amer de qui est lav de sa faute la peine purg e le d lit nouveau la destination la condamnation avec sursis l obscurit des cellules la destination de la prison les juges un proc s un proc s les ann es de la peine d sir de s vader la peine capitale la destination de la Seine c est la mer qui n est pas douce le cours tortueux de lales boucles du cours de la Seine vie la vie commence la Seine na t les sommets les plusl mont d Or o na t la Seine hauts dor s une douce saveur la couleur mauve l eau douce Lille la ville une seine ou un chalut la Seine le chant du coq la langue gauloise fran ais le port artificiel Le Havre est un port artificiel le destin est bleu le vin champagne le bord d un lit le destin est bon la r gion champenoise les rivages du lit de la Seine Entre beaucoup de contraintes formelles qui peuvent faire na tre l criture po tique celle de l criture nigmes parvient souvent des r sultats saisissants et elle m rite bien s r toute notre attention L nigme est un jeu certes mais cette restriction ne l emp che nullement d tre une figure litt raire part enti re RAFFAELE ARAGONA Notes Pierre Berl
278. er Diss Frankfurt am Main 1999 p 146 Cf Clemens Arts Oulipo et Tel Quel Jeux formels et contraintes g n ratrices Diss Univ Leiden 1999 p 95 CREATIONS PRESENTEES PENDANT LE COLLOQUE Battus Rues de France Battus pseudonyme de Hugo Brandi Corstius est l auteur de Opperlans Taal amp Letterkunde traduction litt rale Langue et litt rature des Pays Hauts Amsterdam d Querido 2002 Cette collection multilingue de contraintes et de jeux litt raires souvent invent s par Battus m me repr sente une somme qui n a pas son quivalent en fran ais Nous remercions l auteur qui a pr sent son travail Cerisy d avoir bien voulu nous autoriser deux fragments de son livre rues de France et traduction par translation o il imagine d abord une nouvelle forme de tourisme palindromique avant de donner quelques exemples du x nogramme Is het echt waar zo vraagt mij in een brief Anita Mettema uit Ede dat er in Parijs een straat is die Straat van de kleine Angst heet Ja Anita in Parijs is ailes Zo is daar een straat van de Slechte Jongens vlakbij de straat van de Witte Jassen De had wel eens van de Angstje straat gehoord maar was er nog nooit geweest Vanochtend ben ik emaar op zoek gegaan Eerst met de m tro richting Li ge Amnesia overstappen bij de halte Marga Wagram en bij de Sacr Coeur rechtsaf de Rue Ocercasel in De loop door de Rue R n V n reur
279. er les lieux de l indiff rence rejoint celui du livre sur rien On ajoutera que le motif du renoncement prend souvent la forme th matique de l chec galement commune Perec et aux naturalistes l chec cl t de mani re r currente les projets des personnages de La ie mode d emploi dont le finale met pr cis ment en avant le double chec des entreprises majeures du livre celles de Bartlebooth et de Val ne Il se trouve que la crise du roman de l avant derni re fin de si cle se rejoue dans les ann es cinquante et soixante du XXe si cle dans une r interpr tation qui pour n tre pas n cessairement farcesque engage videmment un certain nombre de d placements quant aux arguments aux formulations aussi bien qu aux r ponses propos es Les r ponses oulipiennes au sentiment d une crise du roman se pr sentent en effet comme des r ponses proprement romanesques au sens o l criture contraintes peut appara tre comme un moyen de retrouver le romanesque perdu par la prose du tournant du si cle dans une n gociation autour de la question pr cis ment la plus d licate de ce point de vue celle de l arbitraire Or si la crise du roman de la fin du XTXe si cle se cristallise largement autour de la notion d arbitraire son avatar des ann es cinquante et soixante est la fois plus pr cis ment et plus radicalement centr sur des cat gories qui apparaissent comme les composants fond
280. eraient d autres couronnes et ainsi de suite Peut tre que cette id e lui est venue mais comme il n avait pas la vision d une criture transindividuelle il est bien compr hensible qu il a pr f r s arr ter l Pourtant ce ne serait pas tout fait exact de dire qu il s est arr t l puisque apr s avoir rempli ce sch ma il a constat que a ne lui plairait pas de pr senter maintenant une couronne apr s l autre et il a con u un nouvel ordre De l ordre premier il ne reste que la num rotation qui accompagne discr tement la suite d finitive des textes Pour tablir cette suite d finitive il n applique pas une contrainte mais essaye de trouver une sorte de logique interne qui organiserait l ensemble Czemin ne se donne pas seulement des r gles pour la d duction formelle des sonnets mais aussi l gard de leur sujet Les 196 sonnets se basent presque sur un seul champ s mantique et lexical comme l explique Czemin il s agit de plantes surtout d arbres leurs parties de ce qu on leur fait et qu on fait avec eux des outils qui servent les fa onner des choses que l on peut en faire etc part a on y trouvera encore quelques mots qui se r f rent l acte de l criture surtout au fait que ce sont des sonnets qui sont ASTRID POIER BERNHARD crits Czemin a r dig le premier recueil de ces sonnets dans une maisonde garde foresti re quasiment sur
281. ergure II 2 Typologie des imitations libres Peut on imiter librement ou le verbe et l adverbe jurent ils ensemble Pour r pondre il convient de revenir sur la m thode DANIEL BILOUS Ce qui caract rise le syst me des quatrains adresses con u par Mallarm est une richesse une complexit et une densit remarquables Le laxisme consistera le plus souvent et conform ment l tymologie desserrer la structure pour rel cher l astreinte des r gles A supposer que le protocole des r glages gren s plus haut d finisse exhaustivement le style mallarm en des quatrains adresses il est clair que le jeu des laxismes relatifs ou absolus peut s introduire chacun des niveaux avec une ou plusieurs formule s altemative s D autre part puisque le travail s envisage comme imitation ce que la textique d finirait un rapport interscriptuel de r plication stylistique l on est conduit requestionner la notion de mod le Deux crit res en relais fondent celle qu on a jusqu ici admise et appel e canon mallarm en de l adresse en vers au premier chef le crit re de fr quence serait mallarm en de droit ou typiquement tel tout ce qui de fait sign Mallarm incite parler des constantes de son faire voir les neuf premiers r glages dominants ensuite non moins capital un crit re de tendance qui prolonge en quelque sorte le pr c dent serait typiquem
282. ertexi pour d signer un ensemble de documents relies en r seau par des liens s mantiques activables la demande par le lecteur En 1985 appara t la premi re fictionhypertextuelle aux JEAN CLEMENT Etats Unis Afiernoon a stoty de Michael Joyce Il inaugure un nouveau genre dont il devient la figure embl matique En 1993 Le terme hyperfiction appara t sous la plume de Robert Coover dans un article du New York Times Book Review qui fait date Le romancier y fait un premier bilan de ce qui appara t comme un courant d criture susceptible d irriguer la litt rature am ricaine contemporaine Dans le m me temps paraissent plusieurs ouvrages th oriques qui contribuent la diffusion de l hypertexte litt raire La vitalit de ce ph nom ne am ricain peut s expliquer par plusieurs facteurs Parmi les raisons conjoncturelles il y a d abord la cohabitation et parfois la collaboration dans les universit s am ricaines entre les universitaires scientifiques et litt raires qui a favoris les premiers essais utilisation de l hypertexte par des litt raires et qui a permis notamment la cr ation d un logiciel d criture Storyspace d riv du logiciel Intermedia d velopp la Brown Uni versity Il y a ensuite la pratique des ateliers d critures au sein m me des universit s qui a favoris la production des premi res tentatives d critures et contribu l mergence d une communaut d
283. es de Georges Perec dans Alphabets 1985 Si comme l a remarqu Bernard Magn Cahiers Georges Perec n 5 des exemples de rimes plates et de rimes crois es dans les onzains matriciels sont al atoires la monorimie initiale 3 fois ou terminale 2 fois est volontaire et appartient 4 la m me famille de surcontraintes litt rales qu il emploie l acrostiche et la diagonale isogrammatique M me remarque pour les sonnets en vers isolettriques de M taux On peut en d duire une nouvelle alternance vocalique et consonanti que litt rale et litt ralement car non plus orale phon tique opposant syllabes ferm es et syllabes ouvertes mais graphique visuelle Celle ci n attend que d tre exp riment e Nous m me avons compos des micro ou des nanopo mes rim s sur la rime litt rale en utilisant des vers monolettriques comme dans ce sonnet inverse intitul La nue Ulnl ellnlule elllll elle r Irl e Nous avons galement propos en mati re de rimes extr mes les rimes ponctuationnelles qui sont des rimes pour l il silencieuses dans une sextine en rimes ponctuationnelles et dans un Sonnet silencieux en vers donc en vers rimes purement ponctuationnels cf Formules n 7 2003 Conclusion et perspectives Paradoxalement le si cle du vers libre aura connu une riche exp rimentation en mati re de rimes m me si leur tude a t n glig e au point de vue universitaire L
284. es fondements des math matiques in Fran ois Le Lionnais Les Grands courants de la pens e math matique Pans Blanchard 1962 pp 543 555 ici p 554 14 Nicolas Bourbaki Th orie des ensembles Fascicule de r sultats Paris Hermann 1939 V Jean Dieudonn Les m thodes axiomatiques loc cit p 553 Cf Maurice Mashaal Bourbaki une soci t secr te de math maticiens Les G nies de la Science 2 f vrier 2000 pp 76 78 iT Communication de Jacques Duchateau sur l Oulipo Censy La Salle in Jacques Bens OuLiPo 1960 1963 Paris Bourgeois 1980 pp 240 247 ici p 243s 8 Cf les introductions de Roubaud dans La Biblioth que Oulipienne loc cit p 87f et dans Math matiques loc citL p 169 Jacques Roubaud Math matiques loc cit p 175 bid p 177 2 Ibid p 170 Cf Paul Braffort Les biblioth ques invisibles in Oulipo La Biblioth que Oulipienne volume 3 Pans Segbers 1990 pp 241 266 Jacques Roubaud La math matique dans la m thode de Raymond Queneau in Oulipo Allas de litt rature potentielle loc ctf_ pp 42 72 La citation s y trouve la page 58s Elle est tir e de N Bourbaki El ments de math matique fascicule XVII Th orie des ensembles Paris Hermann 1966 p 2f 24 Cf Mich le Emmer M La malematica e Raymond Queneau in Nuova corrente n 42 1995 pp 339 348 ici p 344 BE f Ehira Laskowski Caujolle Die Macht der Vi
285. es Roubaud Math matique r cit Paris Seuil 1997 p 169 3 Jacques Roubaud Vers une oulipisation cons quente de la litt rature in Oulipo La Biblioth que oulipienne volume 3 Paris Seghers 1990 pp 85 118 et Jacques Roubaud Math matique toc cit pp 169 178 281 282 ANALYSES D UVRES 6 Cf Lewis Cairoll What the Tortoise said to Achilles in Lewis Carroll The Compl t Works London 1939 pp 1225 1230 Aristote Physique texte tabli et traduit par Henri Carteron tome 2 Paris 1969 p 61 239b Cf Simplicius On Anstotles Physies traduit par David Konstan tome 6 Ithaca Comell UP 1989 pp 114 117 1031 31 1015 26 Cf le titre du fascicule 41 de la Biblioth que Oulipierme Vers une oulipisation cons quente de la litt rature loc dt Les pages entre parenth ses renvoient Lewis Carroll What the Tortoise said to Achilles loc cil On en trouvera une traduction fran aise dans Lewis Carroll Ce que se dirent Achille et la tortue in Lewis Carroll uvres dition publi e sous la direction de Jean Gatt gno Paris Gallimard 1990 pp 1622 1625 Lewis Carroll joue sur les homophonies entre Tortoise et Taught Us et entre Achilles et A Kill Ease Cf Heinz Bachmann Der Weg der mathematischen Grundlagenforschung Bem Frankfurt am Main New York Lang 1983 p 228 13 Cf ibid pp 216 220 et Jean Dieudonn Les m thodes axiomatiques modernes et l
286. es auteurs autrichiens qui ont particip L exp rience 125 126 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES CRITURES A CONTRAINTES Rosenbaertlein de Renate Kiihn pour laquelle onze auteurs ont compos des po mes anagrammatiques partir d un vers de Jean Arp dont Unica Ziim avait d j tir six po mes Le deuxi me livre de Steinbacher publi en 1993 se divise en deux parties la premi re s appelle Zw lfDutzend Douze douzaines la deuxi me Spiel mit 28 Steinen Jeu avec 28 pions les deux ouvrages contiennent diff rents arrangements de cases trouv es dans des mots crois s de la presse anim du m me esprit ludique l auteur joue ici avec des l ments qu il extrait de leur environnement original par une disposition typographique g n reuse il invite le lecteur cr er un lien associatif entre ces unit s et r fl chir sur les termes pr sent s les cases douze douzaines et jeu avec 28 pions d finissent en quelque sorte le proc d douze douzaines de cases constituent la premi re partie mais ce n est pas par douzaines qu elles sont dispos es l auteur semble avoir cherch une r partition typographique r guli re mais dont la r gularit ne saute pas aux yeux La conception de la deuxi me partie du livre jeu avec 28 pions se distingue plusieurs gards de la premi re par le choix d une r partition simple sept fois quatre cases par un agrandissement des cases
287. es de Jules C sar Croce et de Galil e les rimes de Thomas Stighani et les sonnets de Caton d Utique les n uds de Jean Baptiste Taroni et les propositions galantes d Antoine Malatesti Enfin au cours des 19e et 20 si cles l art de proposer et de r soudre des nigmes trouve sa repr sentation sp cifique dans des publications sp cialis es qui sont typiques de cette p riode Le premier de ces magazines L Aguzzaingegno fut publi Milan sous forme de petit livre annuel d s 1821 vrai dire avec plus de cinquante ans de retard par rapport au Magazine nigmatique journal n en France en 1777 et qui doit tre consid r comme le tout premier dans son genre Par la suite sam apparues de nombreuses publications analogues dont certaines ont connu un succ s consid rable il suffit de penser La Gara degli Indovini 1875 19001 La C ne di Salomone 1901 1958 la Diana d Alteno 1891 1944 et surtout Penombra qui existe d j depuis 1920 Outre Penombra i Rome on trouve aujourd hui sur le march M Labirinto Rome et La Sibilla Naples celle ci diffus e exclusivement par abonnement C est au cours du 19e si cle que l criture nigmes a acquis des caract res et des modalit s qui l assimilent l criture contrainte La contrainte de l nigme a toujours t la m me et concerne avant tout le mot mais plus dam ton aspect s mantique que dans sa repr sentation graphique ou dan
288. es du syst me m trique fran ais traditionnel Elle peut tre d crite comme une contrainte de r p tition portant sur un l ment phonique en gros la syllabe En tant que telle elle r agit la modification des autres contraintes m triques auxquelles elle a partie li e le vers la strophe en se modifiant elle m me selon les sous contraintes qui la composent Nous verrons que ces modifications peuvent aller dans les deux sens oppos s du desserrement ou du resserrement La po sie fran aise du si cle dernier est pour la plus grande part en vers libres standard Au troisi me tiers du si cle pr c dent on avait plus que touch au vers et du m me coup la rime Laforgue mettait au point le vers libre par degr s de fa on parall le Marie Kiysinska qui jouait sur la d coupe de la prose et sur le refrain puis Gustave Kahn proposait un vers libre assonanc et allit r au sein d une unit strophique o la rime est parpill e Sortie du boisseau l uvre de d construction de Rimbaud dans ses derniers vers et ses deux po mes en prose pris pour des vers libres devint alors un mod le de transgression pour les d cadents et symbolistes noter que ces rimes floues le m di viste Gaston Paris les avait d ailleurs anticip es plus qu ent rin es dans sa pr face l ouvrage du m tricien allemand Tobler en 1885 de m me que les assonances et allit rations avaient t mises en avant
289. es ne sont que rarement prises au s rieux S il est vrai que certains auteurs arrivent les faire fonctionner de mani re g n ratrice comme une source d inspiration ou une machine imagination beaucoup les ressentent comme des contraintes purement castratrices L activit plus noble qu est la litt rature se d barrasse de ces coupures en les enfermant au ghetto des paralitt ratures o elles fonctionnent comme de vraies contraintes g n ratrices Or une chose est de refouler ce type de contraintes autre chose est d en tre vraiment l abri l exemple de la bande dessin e o ces contraintes castratrices sont probablement dominantes devrait pousser relire sans pr jug s le poids de ces contraintes n gatives en litt rature aussi Or justement ces contraintes n gatives peuvent tre mises en rapport avec ce qui s est dit plus haut au sujet des contraintes int gr es Si l on accepte que l laboration textuelle d une contrainte emp che de faire un d part trop strict entre ce qui rel ve de la contrainte proprement dite et ce qui rel ve du reste de l uvre c est ce qui arrive dans le cas de la dissociation mais cette situation est loin d tre la r gle g n rale ne pourrait on pas accepter aussi que ce qui s ajoute en cours de route doit tre pens non pas comme un reste mais comme une mani re de contrainte n gative Cette fa on de voi
290. es num ros 2 et 3 de Formules celui de Raymond Roussel et celui de Maurice Roche Compact Roussel aurait d sir que les Nouvelles Impressions d Afrique soient structur es en strates colori es plut t qu organis es par le moyen des parenth ses auxquelles les circonstances mat rielles l ont finalement condamn et qu il a savamment exploit es leur tour d ailleurs Dans l dition n erlandaise de ce texte un essai de recoloration fait ressortir je crois le jeu vari entre cette dimension concr te et le d veloppement de la lettre On peut supposer que l obsession de la couleur que Roussel d finit entre autres comme rythrophobie Locus Solus p 193 pour le personnage d Ethelfleda Exley s est propag e partir du nom propre nom la recherche de son roman de son image d Epinal Tel fut le vert pour Duchamp sur les traces de Roussel tel encore le chatoiement rocailleux des riches mots de l auteur de Compact Une touche de couleur sp cifique peut viser galement un effet particulier dans un r cit ainsi la maison syst matiquement imprim e en bleu dans le livre du jeune auteur am ricain Mark Danielewski House of Leaves La maison des cartes o la maison en question est le principal objet de myst re et de d calage Dans l exposition Brouillons d criture que la BNF a organis e au printemps 2001 on a pu voir comment d autre part souvent diff rents stades de la gen se des textes se cara
291. es sont le produit d une lecture Ils ne rel vent pas d une quelconque g n tique m me s il peut arriver que leur pertinence soit confort e par le recours aux manuscrits mais appartiennent sans ambigu t au domaine de la r ception Georges Perec p 115 Je voudrais donc m int resser cette lecture Je souhaiterais montrer en quoi elle ne rel ve pas d une g n tique tenter de comprendre sa coh rence avec le projet perecquien d ouverture de l uvre et enfin essayer de mesurer comment en m me temps l uvre la d termine Biotexte et autobiotexte Premier point Bernard Magn a pris soin de diff rencier Y autobiotexte du biotexte de Jean Ricardou car celui ci se situe sur un plan g n tique il s agit bien pour ce dernier de s astreindre strictement choisir en le courant de telle rie les v nements conformes de rigoureuses contraintes d criture Or on trouve des effets de structuration autobiotextuelle dans les crits de Perec ant rieurs son entr e l Oulipo effets qui ne peuvent tre rapport s l usage explicite d une contrainte On en a un exemple avec l usage des 11 et du chiasme dans Quel petit v lo guidon chrom au fond de la cour Avant les premiers livres publi s et dans des textes appartenant la sph re du priv ainsi de la correspondance avec Jacques Lederer Bernard Magn a pu d couvrir des exemples de sym tries bilat
292. est probablement celui pendant lequel Marcel voit pour la premi re fois Albertine On sait aussi l importance que rev t pour le futur auteur le jeu du soleil baissant avec les clochers de Martinville Et d s le d but de Combray Legrandin peut d ployer son style dithyrambique pour parler du ph nom ne en question C est d ailleurs de cette premi re occurrence qu on retrouve un cho dans la sc ne au c ur de Sodome et Gomorrhe qui nous arr tera plus particuli rement Par un bel apr s midi de mai vers les 5 heures la Marquise Cambremer arrive au Grand H tel de Balbec en compagnie de sa belle fille Madame de Cambremer Legrandin Elles d sirent voir le jeune ami de Robert de Saint Loup qui a apparemment des connexions avec les Guermantes On s ins e sur la terrasse et on discute fermement sur l art et le monde en contemplant la 221 ANALYSES D UVRES mer Nous regardions la mer calme o des mouettes parses flottaient comme des corolles blanches note le narrateur ouvrant le jeu des couleurs sur cette blancheur initiale Dans une sorte d auto commentaire satirique il ajoute A cause du niveau de simple m dium o nous abaisse la conversation mondaine et aussi notre d sir de plaire non l aide de nos qualit s ignor es de nous m mes mais de ce que nous croyons devoir tre pris par ceux qui sont avec nous je me mis instinctivement parler Madame de Cambremer n e Legrandin de la fa on
293. et d une fa on tant t explicite tant t implicite l on s en soit plus ou moins avis Or claircir cette question laquelle en moins bref se laisse dire l Oovroir de Litt rature Potentielle est il un Ouvroir de Litt rature Perfectionn e pourrait bien n tre pas d pourvu d int r t En effet y repondre permettrait au moins deux choses D une part examiner si les incertitudes ouliptermes un peu quant la nature de la contrainte ne se doubleraient pas d une irr flexion un peu quant l extension de sa logique D autre part observer si cette ventuelle irr flexion ne provoquerait pas un l ger trouble dans certains des accomplissements eux m mes Ce qui laisse croire que l on s est avis d une fa on explicite l int rieur de ce groupe d envisager POuLiPo comme un Ouvroir de Litt rature Perfectionn e c est de Fran ois Le Lionnais encore le propos que voici JEAN RICARDOU Qui n a senti en lisant un texte et quelle qu en soit la qualit l int r t qu il y aurait l am liorer par quelques retouches pertinentes Cependant si l on observe les exemples sit t prodigu s l on distingue que parler leur propos d un perfectionnement rel ve sans conteste d une d lectable plaisanterie En effet si savoureuse p t elle para tre la r criture de cette proposition de John Keats A thing of beauty is a joy forever savoir Un singe de be
294. et sir ne Ce qui entra ne de croiser les f es et la petite sir ne d Andersen ce qui n tait pas pr vu au d part par l auteur On peut encore pousser plus avant dans les fractales en faisant se rencontrer des personnages ou objets du conte avec des personnages ou objets d auteurs plus r cents tout en les croisant galement avec des contraintes litt raires C est ce que j ai fait dans i merletti di Cenerentola personnages du conte de Perrault et de l op ra de Ros sini rencontrant Corto Maltese lui m me doubl du Juif errant de Fruttero et Luccentim le tout dans une sextine en prose sur Venise entrelac e de passages en contrainte du prisonnier lesquels sont de moins en moins fr quents au fur et mesure du d veloppement de la spirale Ces quelques exemples sont l pour vous montrer que le champ des possibles des potentialit s donc est vaste partir d un seul conte source ou souche et d un seul auteur travaillant sur ce conte Non seulement on peut travailler morphologie psychologie espace temps par la contrainte litt raire mais on peut s loigner de plus en plus du conte original j entends bien de celui fix par un auteur comme Perrault Grimm Collodi sans que le conte souche ne prenne une ride Bien au contraire plus l on creuse 248 CHANTAL ROBILLARD plus il ressort plus on s en loigne plus il grandit plus on s en absente plus il est pr sent plus on
295. et un vers des plus longs De 98 99 Maints Chouans braillards b fraient chaude andouille et froid b uf De Mallarm voici qui nous para t une tentative sur huit syllabes Avec l aurore glaciale Vite chez dame Lebrun heurte Au 20 de la Primatiale Nancy tout l bas dans la Meurthe Les vers 1 et 3 tendent l conomie logo milli m trique la di r se glaci ale Primati ale offrant ici comme ailleurs le plus haut rendement un son d doubl au moindre co t de lettres Ils contrastent visuellement avec des vers 2 et 4 certes in gaux entre eux mais longs et que semblent longuer encore la f minit de la rime la ponctuation abondante et l apparente cheville tout l bas La r duction de l anisom trie consiste ramener sur au moins un couple de vers le mesures syllabique et plastique l galit c est dire les faire co ncider Ouvrons grand l ventail des possibles Ce dernier graphe image d abord combien la version imprim e l extr me gauche satisfait peu au formatage vis Il oppose ensuite deux attitudes l une que l on taxera de m canique consisterait d couper au ciseau le ruban de l crit total en quatre segments gaux solution brutale premi re vue impraticable notamment si l on veut que co ncident la rime et la fin du vers et qui expose surtout une mani re d illisible scier des lettres 173 174 ANALY
296. ette approche passe par une reformulation des mod les n cessit e par le r le que jouent les arch types et notamment ceux li s a la compr hension du dispositif de communication dans la d finition m me de la notion de texte Le mod le proc dural est construit de fa on redonner ies conceptions classiques d s lors qu on consid re qu auteur et lecteur utilisent des arch types de dispositif proches de celui du livre c est dire descriptibJes par us mod le de Shannon PHILIPPE BOOTZ Notes Pierre L vy Qu est ce que le virtuel Paris La d couverte poche 1998 Abraham Moles Art et ordinateur Tournai Casterman 1971 r ed Paris Blusson 1990 Pedro Barbosa Syntext un g n rateur de textes litt raires in Alain Vuillemin et Michel Lenoblefitt rature et informatique la litt rature g n r e par ordinateur Axas Artois Presses Universit 1995 pp 189 202 Philippe Bootz Un mod le fonctionnel des textes proc duraux in Les cahiers du CIRCA V n 8 1996 pp 191 216 Contrairement aux th ories qui consid rent les uvres informatiques comme potentielles Paradoxe par rapport nos connaissances qui pr disent qu Achille rattrape la tortue Cette derni re affirmation demande bien sur tre tay e par des analyses litt raires ce que nous ferons dans la suite Bcrnardo Schiavetta D finir la contrainte Formules n 4 2000 pp 5 40 Dans cette optique la r gle d
297. eu ni heure D sirant au del de ce qui serait jamais permis Luminal v ronal morphine Ou val riane racine Colchinine digitaline qu en Un seul baiser s amalgament la vie et la mort Actualit et ternit qui toujours Continua tomber et ne rencontra jamais d cho Et encore un giron double vo te O la provenance ne pourrait se fonder Et veut y dormir sans plainte Disparaissant dans un ciel sans toiles 300 Marc Parrayre A toutes fins utiles Joindre les deux bouts non en langage figur de m nag re soucieuse de son budget mais la lettre contraindre deux choses s par es se rejoindre Michel LEIRIS C est vers la fin de l an de gr ce 169 que les marins de l imposant galion Totalidad aper urent des hommes du moins les tres qu ils virent en avaient l apparence qui gesticulaient sur le rivage d une le alors inconnue On en ignore d ailleurs encore le nom Ils voulurent d barquer imm diatement et explorer les limites de ce territoire ne doutant pas un instant qu il regorgeait d or Ce sont toujours les pires vices qui entra nent les humains et pas h las les grands sentiments On accosta la mer tol rant en cet endroit l des man uvres ais es La r gion plate tait parcourue de sillons Ils rayaient uniform ment le paysage mais moins qu on admette les mottes de terre comme collines on d couvrait seulement en guise de relief qu
298. europ enne Les analyses po ticistes de Jakobson ont ceci de particulier et de novateur en ce qu elles ne se limitent pas la r gulation patteming du mat riau phonique Toutes les cat gories grammaticales cas genre temps et mode verbaux nominalisations adverbes contre adjectifs etc sont susceptibles d tre l objet de structuration c est dire de r p titions r gl es voire de contraintes cach es C est cela m me qui lui a valu d acerbes critiques de la part de ceux qui tenaient pour unique objet des tudes litt raires les intentions conscientes du scripteur ou ce qui pouvait y tre rapport C est un d bat qui semble bien d pass aujourd hui pourtant nous le verrons r appara tre dans un langage diff rent propos de nombreux textes contrainte de type oulipien Dans sa Po tique de l Oulipo Marc Lapprand malgr sa volont affich e de rendre compte de la lecture de textes oulipiens avoue que ce n est pas par rapport la lecture la r ception du texte qu il sera probant de classer les diff rents types de statut de la contrainte Il a videmment raison en ce qui concerne une ventuelle mise en ordre des nombreuses contraintes invent es ou appliqu es par les membres du groupe Mais l approche de Lapprand pour vidente qu elle soit nous loignerait d finitivement de notre propos qui est d identifier et de sp cifier l effet contrain
299. ez le lecteur l impression qu il s agit d un texte contrainte sans qu il y ait d autre contrainte que celle du Canada Diy L nonc m me du projet Canada Diy pr suppose chez les Oulipiens la possibilit d un consensus g n ral sur les effets de lecture attendus d un texte vraies contraintes Mais nous sommes ici encore dans le domaine d un Gedankenexperunent IJ n existe pas ma connaissance de Canada Dry av r et voulu Ou bien il en existe des milliers tous DAVID BELLOS les textes qui d une fa on ou d une autre ont pour premier effet de lecture la fonction po tique du langage telle que Jakobson nous la propose Le Canada Dry est tout simplement une fa on provocatrice et d tourn e de parler de la lecture litt raire Pai lu La Vie mode d emploi sans rien savoir de ses contraintes multiples ni m me de la notion de contrainte Mais comme des milliers d autres lecteurs sans doute au bout de quelques chapitres je me suis mis chafauder des hypoth ses S agissait il d une machine permettant l insertions de tous les mots rubriques du Grand Larousse Ou d un proc d volontaire de pasticher toutes les formes historiques du roman pistolaire polici re roman d aventures m taroman etc Les proc d s de production compl tement occult s laissaient quand m me leur trace dans mon exp rience de lecture et provoquaient une r ception de type
300. f d orchestre qu un habile dessinateur place dans les mains d un b b qui mis sur pied dans son berceau dirige une bande d enfants La largeur du jeu entre les b tons multicolores du croquet roquet La difficult l heure de construire une repr sentation claire se pr sente surtout pour la phrase ponyme dans laquelle co ncident un chien scribe et une d nomination abstraite laquelle il n est pas facile d attribuer un r f rent concret Rien ne permet mon sens au lecteur courant de penser que la phrase en question fait r f rence l espace r gulier qu un chien scribe laisse entre les lignes de i qu il vient de tracer Les coups de la paume dans le jet du trayon crayon blanc la difficult de lecture tient ici au fait que la phrase propose une r alit incoh rente d s lors qu au moment de la traite les coups de la paume ne sont pas port s sur le jet de lait mais sur le t ton lui m me cela s ajoute la couleur blanche inhabituelle pour les mamelles des bovid s La peau de la raie sous la pointe du Rayon Vert crayon vert La premi re matrice est s mantiquement homog ne car tous les termes employ s sont pr lev s dans le syst me descriptif d un paysage marin Cependant l utilisation du mot pointe selon une acception peu fr quente langue terre qui s avance dans la mer d stabilise la repr sentation d s lors que le lecteur a tendance malgr le
301. ffectivement programm e dans sa prose contrainte et on se demande franchement dans quelle stncre mesure le marquage num rique participe la trame narrative Florence Delay exprime elle aussi ce vertige provoqu par la lecture du GIL A mon avis c est ce que tu souhaites provoquer le vertige en nous conduisant des trois choses claires du commencement un r ve une d cision et un Projet leur enchev trement impossible puisque de toute fa on il y a opacit quelque chose que tu ne peux pas ou ne veux pas nous dire Appr cions la r plique de Roubaud cela Je ne peux pas dire essayons de montrer Je ne veux pas dire parce que je n y arriverais pas de mani re satisfaisante n Que devient la contrainte dans tout cela Est elle laiss e pour compte rel gu e a une voie de garage Mise entre parenth ses Comment savoir son degr d utilisation dans un texte qui de l aveu de son auteur ne d voilera pas sa structure profonde Ce sont tous ces constats qui me font parler d effet de contrainte que je nus tent de rapprocher de l effet de r el du r cit r aliste si l gamment MARC LAPPRAND d fini par Roland Barthes Cela constitue pour reprendre l expression de Barthes une sorte de luxe de la narration ys auquel l auteur se pr te non sans complaisance Un texte crit sous contrainte pourrait ainsi par endroits ind celables videmment affecter d user de
302. fonction de la gamme du possible tous les moments de l criture qui est choix C est dans ce cadre que l on se propose d aborder la contrainte mimoscnptuelle sous l angle des libert s qu il est loisible de prendre son endroit L affaire suppose que soit tablie pour un objet pr cis mim tique en l esp ce une liste des contraintes la plus exhaustive possible seule fin d examiner par tapes les niveaux auxquels peut s introduire un jeu dans l laboration Le corpus d analyse est double comme il se doit en r gime d inter criture C t mod le il s agira d une forme br ve qui si Mallarm ne l inventa pas plus que La Fontaine le genre des fables ne trouve pas moins en lui son promoteur le plus accompli les quatrains adresses dont quelques uns publi s de son vivant re urent pour nom Les loisirs de la post et dont l ensemble inachev sa mort devait s intituler R cr ations postales Comme l annon ait d ailleurs la pr face envisag e pour ce livre la petite publication tout l honneur de la Poste tait d embl e offerte au geste imitatif Puis elle aidera l initiative de personnes qui pour leur compte voudraient s adonner au m me jeu C t mim crits on traitera d une palette vari e s lection parmi des centaines de performances contemporaines ou non de l invention du genre Le but en passant des Loisirs aux loisibles est
303. fus pris d une immense piti et je commengai trembler C est ainsi que la nouvelle se termine deux pages avant la fin du livre et dans les lignes restantes le je se demande si pour eux un retour leur physique d origine sera possible espoir modeste et insens p 255 Le code des couleurs a pu enchev trer ainsi l extinction de l Holocauste et les extrapolations scientifiques On voit que la couleur prend ici nettement son visage litt ral le plus efficace dans une organisation all gorique La Recherche est une all gorie 225 226 ANALYSES D EUVRES de la travers e du temps la majuscule que prend F ultime mot du texte en porte t moignage dans le fragment de Sodome et Gomorrhe cette all gorie se sp cifie dans une confrontation du temps avec l art et la mondanit o l historicit se mue en intensit Il faut passer par toute la pl nitude des couleurs pour arriver l incolore transparence d une vision extratemporelle L all gorie comme Ta montr Walter Benjamin tout en ob issant des contraintes formelles tr s pr cises ouvre sur une grande libert d criture au del de tout serv ile r alisme C est pourquoi j aimerais terminer par une superbe all gorie sur la couleur J ai trouv cette all gorie dans le dernier roman d Eric Chevillard Les absences du Capitaine Cook o l auteur accumule diff rentes sortes de contraintes pastiches parodies exploitatio
304. ge de droite puis une sur la gauche et une sur la droite puis six sur la gauche et une la droite et ainsi de suite Le tout est introduit par une case unique sur une page de droite qui contient le mot prologue et se termine par une disposition de six cases sur une page de gauche 15 Brigitta Falkner Anagramme Bildtexte Comics Wien Das fr hliche Wohnzimmer 1992 Brigitta Falkner Tobrevierschreiverbot Klagenfurt Wien Ritter 1996 Brigitta Falkner Fabula rasa Klagenfurt Wien Ritter 2001 Fritz Widhalm Warum starb dersch ne Mann Kein Kriminalroman von demganz Wien spricht Wien Ritter 2001 1 Fritz Widhalm Huch Klagenfurt Wien Ritter 1998 2 Fritz Widhalm mr elk amp mr seal Linz Wien blattwerk 1999 Ce texte de Widhalm est un texte proc d dans lequel des inscriptions d un journal intime d une personne proche l auteur deviennent en quelque sorte des g n rateurs pour les diff rentes formes que Widhalm y d veloppe a lise Kilic Fritz Widhalm Dieses Ufer ist rascher als ein Flufi Des Verwicklungsromans erster Tei Wien dition ch 1999 coll pas de qui vol 2 Le pr nom Jana contient en tenant compte de la prononciation autrichienne de Pallemand les mots oui et non les deux syllabes donnent un autre sens dans naja et se pr tent de nombreux jeux de mots lise Kilic Oskars Moral Klagenfurt Ritter 1996 E Tzeram von ANTON bis ZEPPELIN no a tota in l
305. gique du travail dont Mallarm a d un peu moins pr s indiqu la voie l Oulipo dirait synthoulipism Une formule exprimerait bien cet au del et ses origines autrement dit ce d passement tentation ou tentative les loisibles de la poste Si le distinguo entre criture et mim criture se justifie encore on dira que les accomplissements qui consistent restaurer telle performance authentique dans Tordre stylistique qui la r clame sont encore du c t de limitation De l une th se tout la fois banale et troublante quand l crivain pers v re dans son style en retouchant ses propres crits il s imite lui m me Les prolongements eux ne partent du mod le que pour mieux en outrepasser le cadre d finition point trop mauvaise de l acte d crire Avant de conclure sur deux ou trois modestes accomplissements sign s D B on donnera quelques exemples de prolongements sign s par d autres IL 3 Prolongements La t che semble ardue comment ajouter au moins une structure in dite mais on Ta dit permise dont la potentialit est construite par le syst me de r gles en place lorsque ce syst me est d j d une richesse d une complexit et d une densit qui passent la moyenne S il s agit d viter toute d perdition dans la structure la solution consiste explorer disons les possibles sym triques de ceux que r alisa Mallarm Ainsi chez ce dernier le
306. graves La contrainte prose Cr ations Umberto Eco Jean Lahougue R gine Detambel St phane Tuff ry Patrice Hamel Pierre Lartigue Rossano Rosi Jacques Sivan Chantal Robillard Sokris Bardeche Philippe Beck Martha Lavou Claudette Oriol Boyer Daniel Bilous Michelle Grangaud Gilles Esposito Far se Marc Texier Didier Nordon Jerome Peignot Armel Louis Jacques Perry Salkow Jacques Perry Salkow Michel Taurines St phane Susana Alain Chevrier Etudes d oeuvres contemporaines Jef Houppermans Les mots et les couleurs Francis Edeline La spacialit contrainte de la po sie lettriste Michel V oiturier Nuit de ma nuit par Gaston Comp re Pascal Durand Sur la po tique des noms chez Mallarm Michel Gauthier Sur La prescription de Michel Falempin Jean Ricardou Les le ons d une erreur Alain Chevrier Oulipo Compendium Jan Baetens Electronic Book Review Clemens Arts Notes et critiques FORMULES N 5 2001 2002 DOSSIER PASTICHE ET COLLAGES Cr ations Pastiches et collages Albert Kies Les Sardines l instar Michelle Grangaud Sartre po te Marcel B nabou Pastiche et Collage Ian Monk Les Revenantes des Revenentes Herv Le Tellier Pour quelques Jocondes de plus Luca Chili Un Chant inconnu de La Divine Com die Bemardo Schiavetta Un Eclat de ta Voix Yak Rivais La R gle du Jeu des Demoiselles d A Plagiats et Faux Nicolas Graner La Version princeps du Desdichado Daniel Bilous Un In dit de St phane Mall
307. h mes litt rature num rique rapports texte image en est un autre La constitution d un r seau international de lecteurs et auteurs contraintes en est sans doute le principal Nous gageons que le pr sent volume sera une contribution essentielle la dynamique de ce r seau J Baetens et B Sdnavetta D finir la contrainte gt gt m Formules n 4 2000 pp 20 55 Pour ur r sum cm plus km annexe pp 348 350 Peu avant l ouverture du colloque Jacques P wbaud a publi lis Marcel Benabou et alu Un Art simple et tout d ex cution Crrc 20011 one aae au peml de la auuoa de contrainte oulipienne dans von article Soles sur l Oulspo et les formes po tiques U y confirme nos th ses selon lesquelles tome contrainte textuelle plum e ou non explicit e est explicitable et n cessairement visible pourvu qu on dispose de la grille de lecture ad quate THEORIES DE LA CONTRAINTE David Bellos L effet contrainte Dans le programme et la pens e de l Ouvroir de litt rature potentielle comme dans les travaux du groupe de Formules la contrainte se situe du c t de la production Pour cette tr s bonne raison la quasi totalit des crits savants autour de la contrainte en litt rature se penchent sur les op rations d criture et de cr ation non pas sur la r ception des textes qui en r sultent Mais production sans r ception n amasse pas mousse et l existence m me de cette colloqu
308. h ne li ge C tait la derni re nuit avant que d tre transport e vers la bonne dame 2 Je me souviens que je ne savais pas que je pourrais me ramentevoir aussi nettement de mon histoire Je pensais avoir comme les li vres apr s tant de si cles A croire que le feu couvait toujours sous la cendre 3 Mais je ne me souviens pas du pourquoi de mon exil ici embastill e dans cette neuvi me vitrine de la sixi me salle du troisi me tage de ce mus e des chef d uvres d artisans du monde entier 315 CREATIONS St phane Susana Ourobindromes L i r S E S Ne t alerter tre l n i e gc p tendre peser geste elatendrepese lu r s t rc T t s d a O reste en rosace a re ng 5 s orne et se roule et eluoresteenro s gare se perd oe st u t a le rl e e IL e b R vera rv re s e T R v le r v r e r verb re astre atesertsaereb 1 S tale a ro v s r r e e te ler rv v everareversre Cela te sert s a re E ESS Br ve rel ve rare vers e e R ver revers v l lt e a 316 Et rep rage li oeil gar perte cart ac r de facette neuve Diantre se d roba le sol Crine va casser net STEPHANE SUSANA Navire d rivant en ressac Avenir clos labor d sert N ai de vue nette a f d re a trace Et rep rage li oeil gar perte cart ac r de facette neuve Diantre se d roba le sol Cri ne va casser net Navir
309. h re du jeu n a rien de m prisant mais permet de souligner au contraire les possibilit s de cr ation du genre en assimilant ses codes ceux de n importe quelle autre contrainte litt raire quelle que soit la langue qu on utilise J appartiens l Oplepo le groupe italien homologue de l Oulipo qui lui aussi travaille sur la contrainte de plusieurs mani res Cependant je voudrais me concentrer ici sur ph nom ne litt raire qui n est pas opl pien en soi mais qui a connu en Italie un d veloppement remarquable depuis le d but du si cle pass l criture nigmes Celle ci a abandonn la m thode traditionnelle li e la m taphore l all gorie ou d autres figures de rh torique et se fonde maintenant sur l ambiguit sur le double sens de mots syntagmes et propositions Techniquement parlant cette d marche est possible grace a la fr quente pr sence d homonymies dans la langue italienne Le fran ais aussi pr sente de tr s nombreux cas d homonymie auxquels s ajoutent les cas encore plus nombreux d homophonie on sait du reste que ce ph nom ne peut s tendre du mot la phrase comme le montre la tradition fran aise des po mes holorimes En France le recours l homonymie et l homophonie reste g n ralement strictement ludique au sens troit du terme comme dans les contrep teries 1A o en Italie le ph nom ne a donn lieu une v ritable criture contr
310. hanceries et vibrante de haine de sa mar tre 1 Je me souviens du grand singe dans la troisi me salle offert par un empereur africain apr s passage sous une fontaine p trifiante En le restaurant on d couvrit qu il renfermait un po te dissident Empaill vif 2 Je me souviens d un premier s jour si long qu on en e t pu tuer un ne coups de figues dans une grande vitrine qui donnait sur la vieille ville perch e et plus loin sur le Baou 3 Je me souviens que de jolies vendeuses aux mains douces et parfum es l eau de Grasse nous poussetaient souvent pour que nous restions 313 CREATIONS bien belles et que ma tre Arnaut nous laissait volontiers admirer par les clients mais refusait fi rement de nous vendre 4 Je me souviens du joyeux moment des retrouvailles avec ma soeur au sortir d finitif du trou noir de la poche 5 Je me souviens du jour o toutes les cloches carillonn rent gaiement a en faisait un brave train On nous lan a au sortir de la cath drale des milliards de p tales de rose Il en tombait comme de la lune 6 Je me souviens que ma jumelle marcha de l int rieur sur la crinoline de la jeune mari e et que nous f mes deux orteils de tomber dans le grand escalier 1 Je me souviens d une chevri re d Aubagne fille assez coquine qui fleuretait avec un de nos ouvriers celui des B ions Fou d amour il r alisa pour elle un superbe troubadour en opaline b
311. hent aux fragments de l hypertexte Le lecteur est simplement invit cliquer sur n importe quel mot selon sa seule intuition A l autre extr mit Fran ois Coulon dans 20 e Jamour en plus utilise diff rents proc d s dont le rollowr qui permet au passage de la souris soit de modifier la forme du curseur pour indiquer un type de lien soit de faire appara tre dans une fen tre des informations sur le contexte dans lequel le lecteur va se retrouver s il choisit de cliquer sur la souris Les liens conditionnels sont une contrainte d un autre type Ils sont cens s tenir compte des parcours du lecteur et donc adapter l hypertexte au profil de chacun Mais ce qui dans un hypertexte d apprentissage pourrait constituer un bon outil de guidage p dagogique peut devenir dans un texte de fiction un retour du bon plaisir de l auteur tel que Diderot le mettait en sc ne m amp Jacques le Fataliste Davantage encore car le lecteur d hypertexte a la diff rence de celui de Diderot est soumis une contrainte nous elle Face a Y cxm il n a devant lui qu une seule page un seul fragment Il ne peut feuilleter l hypertexte comme un livre pour sauter un passage ou revenir en arri re II est prisonnier d s liens La narration peut alors devenir diabolique Td fragment d j lu peut lors d une deuxi me lecture non seulement prendre un nouveau sens par changement du contexte mais pr senter des liens modifi s qu donnent au lecteur l impressio
312. hes il convient cependant de contourner l id e d un rapport directe entre le degr de complexit des phrases source et leur difficult de traduction En effet d s lors que les matrices de Roussel exploitent le double sens des mots il peut facilement arriver qu une matrice assez complexe en fran ais telle que La peau de la raie sous la pointe du Rayon Vert crayon vert se r v le d une traduction assez commode en Espagnol tandis que des phrases apparemment plus anodines comme Le vol des petits pavillons papillons offrent une forte r sistance au traducteur par l inexistence en espagnol de termes qui recoupent simultan ment le domaine des voleurs et celui des oiseaux Dans ces cas le traducteur doit se satisfaire de solutions plus approximatives qui simplifient les phrases de Roussel en r duisant la dis 253 ANALYSES D UVRES tance s mantique qu elles pr sentent Un pequeno revuelo de pajaritas pajaritos o le mot revuelo est employ dans le double sens d envol et de mouvement d sordonn de personnes Cette simplification aboutit in vitablement dans la version une incoh rence entre la complexit de la fiction et la simplicit des matrices qui l encadrent car si nous avons parfois t amen s les compliquer nous nous sommes en revanche interdit de simplifier les histoires de Roussel Traduire pour lire a La lecture du traducteur Dans le domaine traductologique il exis
313. histori L infinitif v n rer correspond l infinitif batave vereren Mais la forme vereer de ce verbe ne peut pas correspondre une forme de v n rer 11 nous faut un autre verbe r v re qui signifie vereer 288 BATTUS Les mots compos s n erlandais donnent deux mots fran ais r gle d asile d asielregel Etats butin buitstaten Le vestige tangible beloning ignoble dans la cor ruption devient stevige betaling Quoi faire quand un mot fran ais a plus d une signification On prend des anagrammes diff rentes naturellement Ainsi la tarte est un produit du p tissier taert mais c est aussi une gifle tater On emploie en outre le mot tarte p jorativement dans film de tarte de ratte film Quand la r gle ne semble pas marcher il faut regarder de plus pr s Le mot f te quatre lettres est en N erlandais feest cinq lettres Mais une feest hollandaise est beaucoup plus grande qu une f te donc f tes feest Ainsi l on appelle une punaise fran aise une b te pendant qu une beest hollandaise doit tre beaucoup plus grande beest b tes Il y a des cas incompr hensibles Pourquoi altitude latitude Pourquoi organisme orangisme Pourquoi ravage gevaar Il est vrai que intensif est niet Fins pas finlandais mais pourquoi cette quivalence Match manchot m chant sont formes du mot macht pouvoir mais ce ne sont pas les rempla ants les plus naturels Une fois prouv
314. hrases plates conomes l extr me surpris par les embitiches qu elles lui tendent dans l emploi qui est fait des mots parfois la limite de l incorrection par la fa on de distribuer l information qui donne lieu une phrase tr s compacte o pr domine la parataxe et qui multiplie les participiales d tach es Une phrase qui par la densit m me qu elle poursuit laisse parfois le sens baigner dans un certain flottement en m me temps que dans un d sir de clart et de pr cision elle rejette les sens figur et semble chercher la monos mie Pour les Textes gen se ces difficult s apparaissent d abord dans les matrices qui pr sentent des degr s de r sistance a l interpr tation directement proportionnels la complexit structurale du r cit qu elles encadrent Cette r sistance est d abord li e leurs caract ristiques lexicales et syntaxiques Il s agit de phrases compos es de deux syntagmes nominaux tr s polys miques dans tous les cas et souvent homonymiques qui ne fournissent pas d l ments linguistiques permettant d incliner l interpr tation des diff rents mots dans tel ou tel autre sens On pourrait les situer dans la ligne du premier vers de Salut Rien cette cume vierge vers dans lequel l absence de tout mot grammatical qui relie les constituants de la phrase multiplie les lectures possibles sans que rien ne permette d en privil gier l une plut t que l
315. i re des fleuves mais plus au nord Le profond Sud Pass e la fronti re rectiligne du nord Middle west ae RS Ainsi que d autres r f rences topologiques partout dans le texte avec la description des monuments r serves indiennes rivi res montagnes etc d termination du type de ville village administration etc petites descriptions touristiques faune y compris la r f rence aux planches ornithologiques d Audubon flore accidents g ographiques etc 192 JESUS CAMARERO La troisi me structure mobile sont les relais ou dispositifs d ambiance en ronde ou en italique qui constituent un compl ment fondamental de la perception du narrateur et de celle du lecteur parce qu ils sont une combinatoire des l ments temporels et des l ments spatiaux et qu ils y ajoutent la vision intime ou subjective du narrateur par rapport aux autres l ments Bleu nuit Les monts la nuit Le r veil sonne La mer la nuit Il r vait Il r vait qu il tait grand Elle r vait qu elle tait belle Qu elle remportait un prix de beaut La mer la nuit le d sert la nuit Je r vais de San Francisco A Mais la machinerie de Mobile n est pas seulement une organisation structurale et syst matique du contenu pour crire un r cit d une fa on diff rente elle est aussi un dispositif autodescriptif dont la r f rence est le livre lui m me la mat rialit scripturale qui fait possible sa perman
316. i l enthousiasme de ces deux dames l gard des peintres impressionnistes s entoure d une certaine m fiance Le narrateur augmente la confusion en introduisant une lumi re de Poussin dans la conversation pour peindre le couchant de la veille III 206 Poussin est trop vieux jeu selon Madame de Cambremer mais elle ne sait plus quoi dire quand le narrateur remarque que Degas l admire beaucoup Vermeer surgit aussi dans la discussion Ah vous avez t en Hollande vous connaissez les Vermeer demanda imp rieusement Madame de Cambremer du ton dont elle aurait dit Vous connaissez les Guermantes car le snobisme en changeant d objet ne change pas d accent Le nom de Vermeer annonce dans cette discussion sur la peinture le r le que jouera le petit pan jaune et appuie la vision esth tique qu est en train de d velopper le je selon laquelle il n y a pas d volution dans les arts contrairement aux modes qu illustrent ces dames Un grand peintre comme Elstir constituera son propre style en laborant de mani re personnelle ce que lui fournissent aussi bien la tradition que la modernit Claude Simon donne a son tour une extension cette discussion esth tique Dans le chapitre central du Jardin des Plantes entre les pages 159 et 223 224 ANALYSES D UVRES 217 il a ins r 18 fragments qui proviennent de la s quence proustienne en question Il va de soi que dans le vaste c
317. iaux crira un roman L honneur de P donzigue pop e 1951 et sa suite 1978 sur cette technique Les rimes cach es dans des po mes en vers r guliers reformat s en pseudo vers libres non rim s ont eu leur heure P N Roinard Georges Tur pin Antoine Orliac et citons encore un centon de Tristan Der me et un de ses po mes de La Libellule violette 1942 cf notre article dans Formules n 5 2000 Le jeune n o mallarm en Andr Breton a exp riment cette technique des rimes cach es dans de pseudo vers libres pour ses po mes repris en 1919 dans Mont de Pi t Fa on Cogs de bruy re et Andr Derain Il a probablement imit certains pseudo vers libres rimes cach es de Saint Pol Roux cit s par A Antheaume et G Dromard Po sie et folie Etude de psychologie et de critique Octave Doin 1908 plus que ceux de la Dame la faux comme le supposait Marguerite Bonnet 115 116 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES CRITURES A CONTRAINTES La rime terminale qui glisse l int rieur du vers et y demeure cach e encrypt e laissant une rime orpheline occuper son site se retrouve dans les deux romans en vers d Audiberti et de R jean Ducharme comme un clinamen Nous en distinguerons les rimes masqu es comme les mots sexuels dont ne reste que la lettre initiale p c b v m suivi de points de suspension assez fr quents Les rimes obsc nes d un po me de l oulipien Paul Braffort
318. ibles de Paul Braffort Il est vrai que personne n a encore eu ce livre entre les mains Mais il a laiss des traces On trouvera des citations tir es de ce livre dans au moins deux ouvrages de la critique litt raire et quelques phrases en ont m me t traduit en italien Comment est ce possible Dans son article La math matique dans la m thode de Raymond Queneau Roubaud cite quelques lignes de l introduction la Th orie des ensembles de Bourbaki Dans la note qui correspond la citation cependant il donne comme r f rence l Introduction la Po sie des ensembles Cette petite substitution homophonique a suffi cr er une uvre math matique susceptible de r volutionner la th orie des ensembles en l abordant du point de vue po tique On trouvera de plus amples d tails dans un article paru en italien dans laNuova corrente en 1995 et dans une th se allemande sur la Princesse Hoppy On pourra galement se r f rer une th se parue aux Pays Bas en 1999 ou tout simplement l article La math matique dans la m thode de Raymond Queneau de Jacques Roubaud Notes No l Arnaud Pr face in Oulipo La Biblioth que Oulipienne volume 1 Paris Gallimard 1990 pp I V ici p IL i ONU Atlas de litt rature potentielle Paris Gallimard col Folio 1988 Cf Le Nouveau Petit Robert dition enti rement revue et amplifi e du Petit Robert Paris Le Robert 1993 p 420 Jacqu
319. icBooks 1992 Mes traductions No l Arnaud Foreword Prolegomena to a Fourth Oulipo Manifesto or Not Oulipo trans Warren F Motte Jr Primer ix xiii Arnaud cite un article de Schmidt publi le 2 f vrier 1963 dans l hebdomadaire protestant R forme 5 Pans PO L 1991 4 A ma connaissance le meilleur livre sur le ph nom ne de qualia est L opold Stubenberb Consciousness and Qualia Amsterdam John Benjamins Publishing Company 1998 3 24 Unsncwimgthe Warid Knot Berkeley University of California Press 1998 Mes traductions 3 Richard Gregory tn Steven Rose d From Brains to Consciousness Princeton Princeton UP 1998 pp 200 209 Mes traductions bltaire Romans et contes Paris Gallimard 1979 Sjef Houppermans Contraintes et Ses tourdissements augmentaient il attachait son regard comme un enfant un papillon jaune qu il veut saisir au pr cieux petit pan de mur C est ainsi que j aurais d crire disait il Mes derniers livres sont trop secs il aurait fallu passer plusieurs couches de couleur rendre ma phrase en elle m me pr cieuse comme ce petit pan de mur jaune Proust Le dessin donne sensation de la volont et la couleur magie Val ry Cahiers La couleur peut tre tr s concr tement une contrainte pour l auteur litt raire C est notamment le cas quand le texte est imprim en partie en couleurs J ai trait deux exemples majeurs dans l
320. ictives d apr s la nomenclature binomiale genre sous genre introduite par le botaniste suisse Gaspard Bauhin au d but du XVI si cle mais adapt e d ailleurs aux objectifs narratifs de la fiction car le titre dit aussi le compterendu de rhistoire description de chaque texte MB a construit dans ce livre une machinerie narrative pseudobotanique qui produit 29 textes fantastiques repr sentant un herbier lunaire imaginaire La distribution de ces textes dans l uvre se fait gr ce l algorithme 29 du cycle lunaire mais la composition de chaque texte vient d un certain style botanique taxinomique dont le mod le se trouve dans tous les herbiers du monde en m me temps que MB ajoute un composant tr s important d imagination inspir e d une projection mentale qui supposerait cette plante sur la surface de la Lune son utilisation par les astronautes et s l nites et d autres anecdotes presque rabelaisiennes Le style d finit donc ce livre de 29 textes 198 JES S CAMARERO comme les 99 Exercices de styl de Raymond Queneau Il y a donc dans les deux oeuvres une discontinuit narrative bas e sur des chiffres sp ciales le 29 soit 30 1 29 et le 99 soit 100 1 99 Ces chiffres expriment une id e du fragment car 30 et surtout 100 repr sentent une certaine totalit ou fermeture dont la soustraction ou fraction voudrait dire l impossibilit de l absolu et l infini de ces textes qui montrent l id
321. if une perception vaut elle plus qu une autre Dans la composition biologique de la conscience nos sens re oivent de l information dont pour la plus grande majorit du temps on n en est pas conscient La contrainte tout comme les cinq sens transforme la r ception de la r alit en la rendant plus lisible Les po mes de Grangaud le prouvent car parfois ils communiquent des moments importants et d autres fois ils racontent les menus v nements du quotidien Par exemple Les doigts cart s geste de la main sur son front pour remettre en place une m che p 70 En s asseyant sur la banquette il sent la ti deur laiss l par un autre corps p 92 Elle dit tout bas pr cipitamment c est rien a va passer excuse moi c est p 93 Les occurrences perceptives de l existence ont lieu une vitesse norme et on peut dire que le processus pour devenir conscient se passe sans qu on en soit conscient Comment saisir cette multitude d occurrences ph nom nologiques si ce n est en s ouvrant au monde Les po mes de Geste s ouvrent linguistiquement au monde tout temps s y galise gr ce la contrainte et son discours du et au temps pr sent s absorbe dans l instant Elle a cr un tat linguistique qui rend l imperceptible palpable Cet tat passablement neutre un tat absent fait voir que les v nements physiologiques dont on n est pas conscient contribuent m me domine
322. igme correspond un dispositif de compromis pour une criture contrainte prise entre pratique rh torique et id ologie scolastique Contrainte et litt rarit in Formules n 4 Qu est ce que les litt ratures contraintes 2000 p 16 La postulation d une profondeur du sens p 17 est sensible dans l uvre de Perec 10 Bernard Magn Les cahiers des charges de Georges Perec in Le Magazine litt raire n 316 d cembre 1993 p 73 L autobiotexte perecquien in Le Cabinet d amateur n 5 juin 1997 p 5 42 Construire l anodin les Deux cent quarante trois cartes postales en couleurs v ritables in Le Cabinet d amateur n 1 printemps 1993 p 49 13 12 Georges Perec op cit p 31 Bernard Magn tudie chacune de ces grandes cat gories successivement dans les chapitres 3 6 p 32 106 Les autobiograph mes sont reli s entre eux de diff rentes mani res Par exemple le carr est le plus souvent ouvert en g n ral son angle inf rieur gauche on rejoint le manque voir les pages 75 82 de Georges Perec J observerai qu il s agit alors d un carr quatre c t s et trois angles ce qui le rapproche du nombre 43 qui est un autre autobiograph me 14 Pour une analyse pr cise de ces deux interventions du 11 voir Pour une lecture r ticul e in Cahiers Georges Perec n 4 1990 p 151 et 155 163 Voir aussi L autobiotexte pere
323. il peut donc crire voyager dans le texte tablir des sens diff rents mais sans l appui de la machinerie informatique puisque le travail se fait au niveau scriptural textuel pur C est ce niveau que MB a d j fait un apport tr s int ressant avec la publication de Votre Faust op ra interactif dans laquelle le public d cide de l laboration de la seconde partie de l uvre avec une combinatoire de trente solutions diff rentes et Une chanson pour Don Juan composition combinatoire aussi une exp rience d hypertexte o des cartes perfor es moyennant l application de quelques r gles l mentaires permettent de construire plus de mille textes diff rents La Mobilit est donc un caract re inn des composants dans les Structures Formelles Litt raires C est le d placement des l ments ou composants du texte l int rieur de la structure textuelle et ce d placement mobile est un mouvement r gl par une contrainte soit formule quation op ration r gle superstructure qui se greffe une autre structure Ce mouvement se trouve d j dans le jeu interne des graphes pour composer l criture mais il serait bien n cessaire de rapprocher cette d finition d une th orie moderne du mouvement La Mobilit textuelle de MB illustre bien l id e de Georges Balandier l actualit m diatis e va mettre tout sous l influence du mouvement puisque le mouvement est la
324. image en particulier photographique et son r le de trace Ce rapprochement semble bien constituer un ancrage dans le texte autobiographique au m me titre que le rapprochement avec les passages concernant les deux critures d chiffr es dans l enfance La seule diff rence est que mon interpr tation renvoie non un pisode une sc ne mais des documents biographiques tels qu ils sont pr sent s par W ou le Souvenir d enfance Par ailleurs si l on rep re partir du travail de Frank Hoyer les indications d un c t gauche ou droit dans l ensemble du livre on en trouve dans les descriptions de photographies essentiellement mais aussi dans celles de la lettre h bra que un carr ouvert son angle inf rieur gauche p 23 et du blason d Otto Apfelstahl au bas droite un livre ouvert CECILE DE BARY p 15 ce que l on peut rattacher aux analyses de Bernard Magn pr c demment cit es Les autres indications concernant le c t droit ou gauche interviennent propos d accidents fracture piq re d abeille ou des lieux de la chute en bobsleigh au moment de la description de l emplacement des Frimas la ferme des Gardes droite en contrebas est mentionn e tout comme l Igloo un peu plus haut gauche p 104 Il semble donc significatif que Perec ait parl d une gaucherie terme qui a pour synonyme maladresse On peut par ailleurs au
325. inte dans le mod le 3 1 L arch type proc dural Une autre conception que je d fends consid re que le texte voir observe n est qu un objet textuel parmi d autres inaccessibles au lecteur comme le programme ou les donn es induites par le programme crites sur le disque mais non destin es a la lecture et qu il n y a pas lieu de s parer dans le texte voir un texte et un paratexte Cette conception consid re que l execution physique du programme qui est une fonction et non un tre poss d une r alit textuelle au moins aussi importante que le texte voir qu elle g n re C est pourquoi cette conception porte le nom de point de vue fonctionne La profondeur de dispositif associ e cette conception n est autre que l arch type proc dural qui poss de des propri t s remarquables susceptibles d engendrer des d marches et des formes litt raires nouvelles car impossibles dans d autres dispositifs Ces particularit s sont l autonomie du processus l ex cution est une fonction ind pendante non totalement g r e par le programme ni m me par l association du programme et des actions de lecture car elle fait intervenir un acteur distribu sur l ensemble de la cha ne technique machines syst me d exploitation r alisateurs des programmes utilises par fauteur qui intervient comme coauteur des r gles utilis es l ex cution L auteur n est plus le maitre du jeu Cette position aut
326. ion d arbitraire tend en somme appeler des solutions d finies par l exclusion tellement vidente qu elle va sans dire du romanesque comme cat gorie R ponses naturalistes et contraintes Les premi res r ponses au sentiment d une crise du roman moderne s articulent de fait autour du rejet massif du romanesque Ces r ponses naturalistes issues globalement de l oeuvre de Flaubert reprennent leur compte la hantise flaubertienne du lieu commun qui se traduit sur le plan de l invention litt raire par un refus de la topique romanesque Je reprendrai ici la lecture de Sylvie Thorel Cailleteau qui comprend la modernit du roman comme un renoncement un deuil du romanesque Ce renoncement vaut aussi bien d un point de vue g n rique l ind termination g n rique est un trait saillant de la litt rature de la fin du si cle et aboutit tr s vite au sentiment d un flottement dans la d finition m me du 233 234 ANALYSES D UVRES roman que topique l criture naturaliste tend viter l v nement et recherche la platitude du quotidien Le r cit con u comme une pure romanesque et la nouvelle constitueraient alors les traces formelles de cet vanouissement du roman Dans la seconde moiti du XXe si cle l criture de Perec flaubertienne par bien des aspects participera elle aussi de ce renoncement en particulier dans Un homme qui dort dont le projet d explor
327. ion d une position de surplomb la recherche d une d finition notamment ne serait pertinente qu en rapport avec la notion d criture comprise en son sens le plus g n ral Il me para t cependant int ressant d introduire dans ce type de r flexion une perspective g n rique je crois en effet que la formulation d une d finition g n rale de la contrainte supposer que nous en disposions v ritablement n engage pas n cessairement l identit de la mise en oeuvre et ou du statut des contraintes dans des textes relevant de genres litt raires diff rents Je me limiterai ici un seul genre le roman en m effor ant de tester sur Poeuvre de Perec et en particulier sur La Vie mode d emploi l hypoth se d une sp cificit g n riquement d termin e des contraintes d criture M essaierai autrement dit d prouver la pertinence de la notion de contrainte ro manesque 230 Or cette interrogation th orique ne pourra qu tre s agissant du roman de part en part historique je choisirai ici comme point de d part non les d bats des ann es cinquante et soixante du si cle dernier mais la crise du roman du tournant des XIXe et XXe si cles Je m inscrirai en somme dans une perspective ouverte par quelques suggestions de Jacques Roubaud le portrait formel de Georges Perec propos nagu re dans L Arc voyait le recours aux contraintes comme une traduction formelle de la nostalgie du
328. ion du signe particulier Voir Georges Perec op cit p 83 84 3 Mise a l index d un r cu W ou le Souvenir d enfance de Georges Perec ma trise de lettres Toulouse le Mirail 1987 304 f dactylogr La Rh torique de 1 invention de Raymond Roussel l Oulipo op ciL p 574 48 Blanc coupe nigme Autofbiojgraphies W ou le Souvenir d enfance de Georges Perec in Litt rature n 98 mai 1995 p 10 Michel Sirvent analyse les d doublements du livre aux pages 6 12 notamment fi montre ensuite comment le livre est encore tri partite scind et d multipli dans une structure ouverte Op cit p 10 Michel Sirvent montre les r plications qui caract risent ce passage Les r plications lexicale que souligne tdJe unit compos e cache cache syntaxique les deux relatives un enfant qui joueJ et qui ne sait pas puis nouveau la subdivision ce qu il craint ou d sire le double infinitif actif passif antith tique rester cach tre d couvert cr ent une forme d nonc alternatif dont le sujet l objet sont peut tre aussi bien l existence que l criture l on raconte pour mieux cacher ce que l on veut taire ou pour mieux exhiber ce que l on ne peut dire tout en se masquant davantage Ibid R f rences suivantes entre parenth ses CECILE DE BARY 4Z Texte tabli par Harry Mathews et par Jacques Roubaud Paris P O L 1989 336 p 4 Perec exp
329. ippelzinz Wien Das fr hliche Wohnzimmer 2001 Klaus Ferentschik Schwelle und Schwall Z rich haffmanns 2000 16 7 18 24 25 131 132 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES CRITURES A CONTRAINTES Jan Baetens Bande dessin e et contrainte Qu en est il de la contrainte en bande dessin e Question simple en apparence laquelle il para t possible de r pondre d au moins trois fa ons Soit que primo on essaie de r pertorier les uvres concr tes ob issant plus ou moins bien entendu la logique de la contrainte on constatera sans peine que les sp cimens certains tr s prestigieux ne manquent pas Soit que secundo et d un point de vue d j fort diff rent on s efforce de donner une vue d ensemble des commentaires et analyses de la bande dessin e men s partiellement ou int gralement partir de la notion de contrainte ici non plus m me si cela peut tonner le nombre et la valeur des exemples ne sont pas n gligeables Soit que tertio on rappelle l existence d un groupe de recherche l OuBaPo Ouvroir de bande dessin e potentielle dont le but explicite est de faire en bande dessin e ce que l Oulipo r ussit depuis bien des lustres en litt rature depuis son OuPus 1 le collectif a sorti plusieurs recueils dont l analyse pourrait servir de point de d part une petite tude sur les rapports entre bande dessin e et contrainte Dans les trois hypoth ses envisag e
330. ique nagu re nonc e par Jean Ricardou des mots d entre les mots Bref il s agit d une variante de acrostiche ou plus g n ralement ce qu on pourrait nommer le polytexte Un nouveau registre signifiant s change contre certaines lettres qui font surgir des mots nouveaux lesquels perturbant l nonc en proposent un autre Signalons que l on trouve un avatar de cette contrainte c est le premier mot de chaque vers qui est alors sollicit dans un change spirituel de correspondance entre Musset et George Sand Cette r v lation fait l objet d une pr paration plusieurs niveaux tout au long du texte par des indices susceptibles de mettre le lecteur sur la voie On rel ve dix occurrences du mot fin bout est utilis six fois dernier quatre extr mit trois on trouve aussi bornes limites pointe Tous ces mots mettent l accent sur une m me id e et sont cens s attirer l attention du lecteur Plusieurs phrases m taphorisent l criture mise en uvre et la lecture qu elle exige qui r v lait moyennant une habile lecture l emplacement d un tr sor paragraphe 2 la solution se trouve au bout du compte au d tour de la phrase paragraphe 3 ne restait de la corde qui les liait que l extr mit paragraphe 3 coup syst matiquement et obstin ment le bout des lignes paragraph
331. ire qui fonctionne deux niveaux d un c t la contrainte structure le r cit de l autre c t elle permet l auteur de r parer et de pr ciser sa propre m moire Ces cinq tomes participent au projet roubaldien qui ressemble aux branches d un arbre L arborescence du projet sa topologie fait penser aux neurones et aux dendrites La contrainte principale pour trois de ces tomes est la division des livres en a un r cit b des incises et c des bifurcations Chacune de ces trois divisions est encore divis e en section num rot es et chaque partie num rot e est divis e en nombre fixe de paragraphes Par exemple dans Math matique r cit il y a trente six sections divis es entre les quatre chapitres du r cit il y a neuf sections dans les deux premiers chapitres onze dans le troisi me et sept dans le quatri me Chacune des trente six sections se compose de neuf paragraphes Dans La Boucle chaque partie du livre le r cit les incises et les bifurcations contient six chapitres Chacun des six chapitres se compose d un ensemble de sections limit r p titif et num rot s qui fait penser un sch ma m trique assez complexe et encore une fois chaque section se compose d un nombre quasi fixe de paragraphes le tout les 5 tomes pourrait bien repr senter un grand logarithme qui explique la cosmologie mais je ne tomberai pas dans ce pi ge joycien je laisserai cela aux autres plus forts en maths que moi
332. is is Nimwd by whose wrongdoing A single tongue is no more used on earth Let us leave him here and not waste our breath For ail longues are as meaningless to him As his words are to the rest of mankind Raph l may am ch zabi almi Rara l abrabracha merphergar Raph l ma am ch zabi almi Habla horem giga goramen Raphel ma am ch zabi almi Ba ba ba dalgharaghta Raph l may am ch zabi almi Kikikou ritchi tchitchi tzi tzi tzi Raphel may am ch zabi almi The fearsome mouth began to babble thus BERNARDO SCHIAVETTA UNE TRADUCTION ANGLAISE PAR LAN MONK IJ Raph l ma am ch zabi almi As though in a tempest Nimrod Utters these incompr hensible words With the fine thread of new language I shall make verse from just nothing Step by step intermittently A keen brain will grasp its meaning So listen but don t believe me May the words of my mouth ring true Rara l abrabracha merphergar 1 2 Rara l abrabracha merphergar So did I speak though falsely perhaps About to bud to grow I sought The trace of a voice that s true to itself Which followed my breath within me Hence this dark place and complex text So did I write ail this myself No not at ail Nothing I write is mine I write only to write Raph l may am ch zabi almi 335 336 CREATIONS UNE TRADUCTION ANGLAISE PAR LAN MONK 1 3 Raphel ma am ch zabi almi Here are the fi
333. is que la tortue combattit Achille l criture compatit aux math matiques Ce sous titre constitue la contrainte de cette contribution Je me propose donc de prouver qu il y a une relation entre les math matiques et la litt rature qu on pourrait d crire par le verbe compatir D apr s le Petit Robert compatir signifie avoir de la compassion pour une souffrance Pour pouvoir parler de compassion il faut donc qu il y ait souffrance De quel probl me la math matique souffre t elle voil la question laquelle il faudra r pondre Mais ce n est pas tout Dans son explication du verbe compatir le Petit Robert cite une phrase du philosophe Albert Thibaudet On ne compatit qu aux mis res que l on partage Il ne suffit UWE SCHLEYPEN donc pas que les math matiques aient un probl me il faut que l criture soit confront e au m me inconv nient sans quoi d apr s Thibaudet la compassion n est pas possible Quel est donc cet ennui cet embarras partag par deux disciplines on ne peut plus diff rentes Si nous r ussissons d celer ce point commun nous pourrons esp rer d couvrir des correspondances fondamentales C est en analysant la pi ce de Roubaud que nous esp rons trouver une r ponse ces questions Comment la Tortue combattit Achille est pr sent par Jacques Roubaud lui m me comme une petite pi ce de th tre en trois actes Il fut publi pour la pr
334. it l opacit des murs d impalpables irisations de surnaturelles apparitions multicolores Golo en robe rouge menace Genevi ve la ceinture bleue devant une for t verte et nous lisons le ch teau et la lande taient jaunes et je n avais pas attendu de les voir pour conna tre leur couleur car avant les verres du ch ssis la sonorit mordor e du nom de Brabant me l avait montr e avec vidence Du c t de chez Swann D s le d but cette litt rarit de la couleur fait partie int grante de la codification proustienne Ce cratylisme se veut une propri t du texte la croyance na ve du d but passera par une p riode bl me o tout charme se dissipe sous les d couvertes du r el pour se retrouver finalement comme alli e d une conception esth tique qui permet de sauver le paradis perdu les liens d azur la douceur du rose l essence en or La lutte des couleurs commence d s la premi re apparition de la duchesse de Guermantes l glise de Combray une dame au visage rouge portant une cravate mauve lisse neuve et brillante perturbe l attente o le je se la repr sente avec les couleurs d une tapisserie ou d un vitrail Cette personne n tait pas de la m me nature n tait pas colorable volont comme les images qui se laissaient imbiber de la teinte orang e d une syllabe I 170 172 Le narrateur va tout de suite donner un exemple de son art de transformati
335. it en le prenant au pied de la lettre ou en supprimant certaines s lettre s en gardant la ponctuation d origine et les respirations du texte je parle ici du texte d auteur mais en changeant tout le vocabulaire donc tous les personnages et leurs attributs Citons pour exemple Poussi re d toiles ou le Sac charbon qui transforme Cendrillon en utilisant le vocabulaire de l astronomie sans qu une virgule ne soit chang e au texte de Perrault ou Disparition au coin d un bois sur les f es du m me Perrault On peut aller plus loin en croisant les contraintes autour d un conte ex Semelle de perle et semelles defer bi vocalisme en e et u et contrainte s mantique sur du vocabulaire arch ologique Voici d autres exemples On peut crire un tautogramme sur les f es o tous les mots sauf les articles mots de liaison et le verbe tre commencent par la lettre F comme dans fabliau de lafontaine auxf es enfor t de Fourcheresse gt Non contrairement l opinion couramment r pandue il ne suffit pas d avoir un bon dictionnaire Encore faut il avoir une histoire coh rente raconter une r ponse faire au conte par le conte le po me ou la nouvelle Jusqu o ira t on L un des int r ts de la contrainte appliqu e au conte est justement qu on l ignore au d part Peut on d passer le premier paragraphe Qu aura t on dire de nouveau R ponse on peut
336. ites admises du discours MB est donc moderne puisqu il fait toute une recherche l int rieur de la litt rature sur les formes et les structures qui permettent de construire les textes Notes J sus Camarero Recherches formelles Michel Butor et la Mobilit in Paul Joret et Aline Remael ds Language and BeyondLe langage et ses au del Amsterdam Atlanta Rodopi 1998 p 369 382 Jestis Camarero El escnior total Vitona Arteragi n 1996 Jan Baetens et Bemardo Schiavetta Ecrivains encore un effort pour tre absolument modernes m Fonmdes n 1 1997 pp 9 24 Litt rature 99 1995 Repertoue I II 11 Net K Paris Minuit 1960 1964 1968 1974 et 1982 respectivement Andr Helbo Discontinu et Mobilit in Degr s 2 1973 ml mlO Michel Btfior Mobile tude pour une repr sentation des tats Unis Paris Gallimard 1962 Helbo art at p ro6 Hefbo art cn p m6 A laquelle je crois avoir contribu avec quelques apports J sus Camarero Laocoonte de GE Lessing ef espacio y el empo ai la obra de artc in Literatura n 12 1990 pp 159 167 i Escntura espacio arqurtectunu una tipologia del espacio literano in Signa n 3 1994 pp 89 101 La muerte kl autor y la teoria del espacio en la escritura bajo constricci n in Angeles Sment Josefina Bueno et Silvia Caporale Autor y texto fragmentos de una presencia Barcelona PPL 19 pp 19
337. ivoqu e comme dans Je te lance mon pied vers l aine Facteur si tu ne vas o c est Que r ve mon ami Verlaine Ru Didot H pital Broussais On le voit Mallarm ne s en tient pas l quivocit classique issue du calembour terme terme m me partielle Broussais o c est toute transgression des fronti res lexicales sert un inflationnisme de l homologie le phonique parfois soutenu et relay par le graphique pur Ainsi le travail d borde t il souvent la section rimante avec disons la rime essaim e Dans la caresse de Redon Stryge n offre ton hum rus Ainsi qu un fallace dredon Vingt sept rue 6 Nuit de Fleurus c est presque tout le couple de vers que s tend la rimaison des v l et 3 pour Voreille ci apr s en gras ou pour l il en soulign A la caresse de Redon Ainsi qu un fallace dredon Dans ce po me sp cial qu est l adresse en vers toutefois les rimes ne peuvent s envisager quant a leur richesse sans gard pour la cat gorie et le nombre des unit s qu elles affectent car de grands effets s y rattachent Les mots candidats se r partissent en l ments oblig s et libres On entend par oblig s les mat riaux de l adresse savoir les nom et ou pr nom du destinataire num ro nom de site rue boulevard avenue place nom du site rue Gounod nom de la ville sauf mention E V 17 159 ANALYSES D
338. jaune compl violet Les couleurs de base pour les m langes chimiques modernes sont le cyan le magenta et le jaune La compl mentarit a son versant physique la vision des rouges est assur e par les c nes r tiniens celle des verts par les b tonnets 8 A quoi s ajoute la manipulabilit lectronique Cf Hugues Marchai Au vu des cat gories de Vimprim l espace num rique est une chim re o les distinctions g n riques perdent leur sens Sites et ceuvres peuvent faire coexister un film un enregistrement sonore et un texte mais aussi les fondre les uns dans les autres traduisant par exemple une phrase en une suite de couleurs et donnant un nouvel cho au grand r ve romantique des correspondances entre les sens Le texte au risque du virtuel in Magazine Litt raire 392 2000 p 34 Remarks on colour Bemerkungen iiber Farben Oxford Blackwell 1977 1 68 10 Dans La Recherche le premier objet rose est le num ro des D bats roses qui aide constituer le g te du dormeur veill l Proust et le monde sensible Paris Seuil 1974 p 76 12 CRIN vol 37 Groningue 2001 13 On ajoutera les apparitions du paon fonctionnant comme une sorte de prisme ainsi Combray la verri re de l glise qui avait pris l clat changeant d une tra ne de paon et au moment de la s rie de souvenirs affectifs dans Le Temps retrouv la description de la serviette qui d ployait dans ses plis et dan
339. l est convenu d appeler un style et l on ne parlera que du cas extr me o est vis un style d auteur individuel c est toujours avant m me qu il soit question de contenus d abord prouver qu il est possible d imiter un style quel qu il soit Les bons mim crits je nomme ainsi les performances imitatives d montrent avant toute autre chose l inanit d un tr s vieux mythe celui du g nie original jamais garant de son style comme l inventeur de son brevet Cette le on vaut d tre administr e chaque poque pour transhistorique et au fond pauvre qu elle soit de Platon imitant Lysias dans le Ph dre au dernier en date des pastiches le mythe en question a la vie dure oubli un temps il fait retour singuli rement aujourd hui solidaire qu il est de cet instinct de propri t que seules les utopies sont parvenues vaincre Qu on la consid re un instant sans rire et s il est vrai qu tre c est tre soi alors limitation appara t comme l utopie enfin r alis e d une souveraine d possession r ciproque des sujets crivants et la victoire sur le solipsisme litt raire Lorsque j imite l autre n est plus seul tre lui puisque le temps d une page ou d une phrase je le peux aussi et pour la m me raison je ne suis plus condamn tre seulement moi Qu on nous permette de rappeler ici en la synth tisant un peu la d
340. la deuxi me ne contient que des substantifs masculins Et une troisi me partie est projet e uniquement avec des substantifs neutres L histoire racont e est tr s compliqu e surtout dans la deuxi me partie o Ferentschik cr e un jeu de m talepses avec un roman policier dont les protagonistes apparaissent d un coup au niveau di g tique principal Sur le plan du langage la limitation aux substantifs d abord f minins puis masculins n a videmment pas le m me effet qu un lipogramme qui m ne en g n ral un style comprim elliptique le langage de Schwe ie undSchwall se caract rise plut t par une amplification due peut tre galement la facilit d locution de l auteur comme la n cessit de trouver parfois des paraphrases ing nieuses pour des outils de tous les jours ayant le mauvais genre J ai commenc cette intervention en me posant la question de savoir s il est justifi de parler d une litt rature contraintes en Autriche Et j ai h sit A la fin de ce petit panorama en r alisang qu il y a toute une s rie d auteurs qui publient leurs textes contraintes dans des revues et que je n ai m me pas mentionn s ici je me suis en quelque sorte convaincue moi m me un v ritable courant de litt rature contraintes commence se manifester en Autriche aussL Notes Depuis 1999 la revue dispose d un site web http www derpudel at Dans l appendice de ce n
341. la la moiti de la distance s parant Achille de la cible puis encore la moiti de la distance restante et ainsi de suite Or tout segment tant divisible en deux moiti s quelle que soit sa taille le nombre de segments devant tre parcourus par la fl che est infini et les grecs ne connaissant pas la notion de limite d une s rie infinie Z non en d duisait que la fl che ne pouvait atteindre sa cible Le parall le entre ce paradoxe et les lectures de l uvre de Queneau ne r side pas dans cette notion de limite mais dans la fa on dont l infini appara t dans le traitement de l espace parcouru par la fl che Dans la perception phy 67 THEORIES DES NOUVELLES FORMES D ECRITURE NUM RIQUE sique du mou ement de la fl che celle qui constate que la fl che atteint son but il n y a pas d infini La caract ristique spatiale qui s impose la perception est la cl ture de cet espace celui ci est born par Achille une extr mit et la cible l autre La fl che parcourt un trajet dans cet espace Autrement dit le mou ement est per u dans sa continuit comme un temps i inteneur d un espace C est ainsi qu appara t l op ration de lecture dans la lecture iconoclaste de Queneau on peut ais ment tablir une analogie entre la fl che et la main l espace et le livre Dans cette lecture les moments intermediaires autrement dit les textes lus n ont pas de r alit individuelle tout comme les segm
342. la peinture Gen ve Skira 1969 et l norme quantit de texts crits en collaboration avec des artistes plastiques de 1957 nos jours Jes s Camarero Bibliographica butoriana Vitoria Arteragin 1996 Raymond Queneau Exercices de style Paris Gallimard 1947 8 Je reprends quelques notions de Baetens et Schiavetta Ecrivains encore un effort pour tre absolument modernes p 12 concernant le probl me de la modernit vs postmodemit ainsi que la d limitation du type transgressif vs constructif par rapport au formalisme ibidem p 12 13 Baetens et Schiavetta p 9 201 202 ANALYSES D UVRES Peter Consenstein La contrainte et l enjeu de la m moire La m moire est un enjeu capital l heure de la Disneyfication contemporaine o l on est sans histoire sans m moire Un moment o le vocabulaire des l ves am ricains a chut de deux tiers en 50 ans Un moment o l image soit publicitaire soit cybern tique commence remplacer le mot Ma th se la contrainte inscrit consciemment dans le texte une strate de m moire qui enrichit l exp rience de la lecture et de l criture Comment tudier le r le de la m moire dans les textes contrainte Je propose quatre questions qui vont structurer cette tude 1 Comment la contrainte ressem ble t elle un d p t de m moire c est dire une mn motechnique 2 Comment la contrainte fait elle r valuer la source
343. lan linguistique le moindre manquement l usage de la langue quoi bon forcer les mots quand on souhaite rester dans la description du quotidien Pourtant le nombre d homonymes tant r duit plus ou moins un millier dans la langue fran aise on peut imaginer qu il ne devait pas tre tr s facile pour Roussel de composer deux phrases paronymiques parfaitement vraisemblables de plus de trois mots et qui ne forcent l usage de la langue aucun moment Les matrices des Textes gen se et les difficult s que le lecteur prouve avec nombre d entre elles l heure d expliciter les repr sentations qui s y mettent en place t moignent mon sens des difficult s que le scripteur peut avoir eues au moment de leur laboration et des contorsions que le proc d am ne dans l usage de la langue Penchons nous donc sur les matrices des textes les plus labor s Les lettres du blanc sur les bandes du vieux billard pillard Parmi les noirs Les tours de la m che autour du b ton du cerceau berceau L orchestre Lehaut de la figure avec le bout de la craie raie du tableau Le haut de la figure La largeur du jeu entre les batons multicolores du croquet roquet Idylle funambulesque Les coups de la paume dans le jet du trayon crayon blanc Les ardoises La peau de la raie sous la pointe du Rayon Vert crayon vert La peau de la
344. lation de masques appliqu s sur une photo cette manipulation servant de fond au texte Le montage manipule des concepts de d ch ance et d aridit alors que les phrases semblent construites sur le th me de la femme Dans ce montage les actions du lecteur poss dent une valeur symbolique et discursive Elles se pr sentent comme une diversion dont le but est de mettre les phrases distance de la lecture cognitive Cette distanciation repose sur l incompatibilit qui existe entre la lecture cognitive qui n cessite la continuit de l analyse et les activit s ergodiques de l interactivit qui n cessitent une rupture de l analyse par une prise de d cision agir et lire sont des activit s 77 78 THEORIES DES NOUVELLES FORMES D ECRITURE NUMERIQUE en partie incompatibles Or l action doit ici intervenir comme dans les deux autres textes cites en exemple durant l animation Elle n a de plus aucun effet syntaxique ni s mantique elle semble d connect e de l volution inexorable des phrases crites ou entendues Elle est symbolise dans le montage le vain et dramatique remue m nage de l homme devant la mort Le lecteur tant dans Eimpossibilit cause du masquage de percevoir la nature s mantique exacte des l ments qu il manipule aura tendance construire le sens en fonction des caract res s mantiques des phrases Le d roulement des actions associ e une esth tique de collage barbare pourra lui appa
345. le Souvenir d enfance Je rappelle que cette criture 22 23 ou sont multipli s les effets polys miques est 4 son tour d sign e embl matiquement 151 152 ANALYSES D EUVRES par ie blason d Otto Apfelstahl fait de figures en quelque sorte doubles d un dessin la fois pr cis et ambigu qui semblait pouvoir s interpr ter de plusieurs fa ons sans que l on puisse jamais s arr ter sur un choix satisfaisant chap III in Cahiers Georges Perec n 2f Textuel n 21 1988 r d 1998 p 42 L autobiotexte perecquien op cit p 33 Il le r p te dans son Georges Perec op cit p 97 Op cit p 40 Les m tamorphoses du nom in L Art n 76 3e trim 1979 p 11 18 Perec a signal cet article Bernard Pous op cit 3 Texte dat de mai 1965 dit en 1975 dans Pr sence et Regards n 17 18 R d dans Je suis n Paris Settfl 1990 p 23 5 Vbir a ce sujet Paulette Perec Chronologie de la vie de Georges Perec aucun des t moignages dont nous disposons celui de Georges Perec lui m me dans Les lieux d une fugue et dans ses crits personnels et les propos d Ela Bienenfeld et de Bianca Lamblin n est en accord avec les autres ni avec le calendrier m Portrait s de Georges Perec Paris Biblioth que nationale de France 2001 p 30 In Litt rature n 98 mai 1995 p 93 Michel Sirvent cite la page 93 du livre de Perec La Toussaint
346. le double clic pour ex cuter une action la notion d ic ne de bouton Cette repr sentation induit une grammaire des actions qui participe la g n ration du texte voir et peut s av rer diff rente de celle pr vue par l auteur Il doit galement puisque le dispositif n cessite une gestion de sa lecture par l auteur se demander le r le symbolique que l auteur lui a ventuellement d volu Cet aspect peut s av rer tr s important pour la cr ation du sens dans les textes fortement interactifs Il a re u le nom de double lecture le lecteur doit se lire lisant il doit lire sa fonction symbolique d instrument dans le dispositif Il n est plus le destinataire final du texte voir il est une composante de l uvre et en tant que telle le texte voir est galement un stimulus qui vise une r action signifiante de sa part et non une simple interpr tation C est en ce sens qu on peut dire que le lecteur est actif son action de lecture est une fonction interne de l uvre et non une op ration externe r alis e sur un objet Finalement l acte de lecture pourrait tre lu par un observateur passif tout comme dans les installations interactives ou le spectateur est tour tour instrument manager et observateur L ori ginalit de la litt rature lectronique et en g n ral des productions 73 THEORIES DES NOUVELLES FORMES D ECRITURE NUM RIQUE con ues pour une lecture pri
347. le r cit HERNIES SALCEDA s mantiquement assez proches des originaux m re jeune fille entra nent cependant des cons quences auxquelles il convient d tre attentif afin d viter que dans le texte en espagnol la fiction ne contredise les matrices qui l engendrent Or le mot espagnol moza n est pas tr s appropri pour d signer une femme de quarante six ans m me si dans le langage familier il peut tre utilis de mani re g n rique avec ironie Le traducteur se doit alors de modifier en cons quence la description que Roussel donne de sa protagoniste brune afin de transformer une femme m re bien conserv e en une jeune fille pr matur ment vieillie Remplacer dans le r cit en question un fruit par un autre peut sembler un changement minimal qui n entra ne pas d autres cons quences mais la m re tant beaucoup plus fragile que la prune le traducteur est in vitablement amen bien souligner la prudence avec laquelle l amant tromp Mirliton pratique sur sa peau une imperceptible entaille pour y verser quelques gouttes de poison Ainsi la nature de l exercice de lecture criture auquel s astreint le traducteur peut se r v ler comme un excellent outil critique l heure d valuer le rapport des textes publi s aux exigences de la contrainte L obsession de Roussel des r gles de la vraisemblance repr sentative est bien connue l on peut dire que dans ses textes la norme linguistique e
348. leaux LA JUSTICE LES BRIGANDS L AVEUGLE B E R A C E L 0 T A P I N E N C N E E T S B P T A 0 E N T R C E N A N I L c E E E S Var inertes 290 ALAIN CHEVRIER PAYSAGE BRETON 291 CREATIONS LES ARABESQUE TABLEAU PASTORA RE EEu DWH Aw CHATS lt OZHARME A D nm n te OgyHe wom ot Ze ALAIN CHEVRIER Extrait n 2 Sexe LA TENTATION DE SAINT ANTOINE 293 CREATIONS AUX PIEDS PROMENADE D OMPHA EN TRAINEAU LEHERC P T ULE 5 L A L I R E S I c S N H E E E U P R L R I A pa s N PRISONNI RE S s D I E E T NUDIT E VUE DE PR S DOMINATRICES N D G 5 E V A N i T T U E E E S N D U S E X a Vv N E T T E E S 294 ALAIN CHEVRIER H 4 E S aama 295 CREATIONS FANTASME P DOPHILE FELLATEURS SODOMIE M B G I 0 A N U L E G E U R R R E I E S E R G U O L M B A I E R gt 6 E R I E S E 296 Sjef Houppermans La cinqui me colonne ou le rat de cave Dans les quatre chants de ses Nouvelles Impressions d Afrique Raymond Roussel suivant une organisation syntagmatique o l enfoncement dans le labyrinthe des parenth ses pervertit l alexandrin tombe sur ses paradigmes intimes o le concret explose Ici un chant suppl mentaire mimant ces mouvements de circonvolution poursuit le travail de sape et de haute trahison tout en exhibant un perfide sujet postmoderne
349. lecteur inscrite dans le texte lui est d s lors impos e il s y trouve confront Je vais m int resser la mani re dont le texte contraint peut conduire son lecteur en interroger le sens d abord le sens qu on pourrait dire oulipien correspondant au premier principe de Roubaud ensuite le sens de la contrainte elle m me De ces deux points de vue l ouverture de l uvre perecquienne contraint le lecteur Dans cette strat gie l arbitraire de la contrainte joue un r le d terminant 3 D abord dans l inscription d un pacte de lecture ludique qui implique la d couverte de la contrainte Ensuite dans l interrogation qu il suscite sur le sens de celle ci si cet arbitraire est maintenu la lecture se trouve relanc e De la contrainte comme sens D apr s le premier principe de Roubaud un texte crit suivant une contrainte parle de cette contrainte Le sens du texte est alors la contrainte 139 ANALYSES D EUVRES elle m me La recherche de ce sens est inscrite dans l uvre de Georges Perce par le moyen de ce que Bernard Magn nomme le m tatextuel je peux d finir le m tatextuel comme l ensemble des proc dures par lesquelles un texte d signe de l int rieur de lui m me soit par d notation soit par connotation les op rations qui le constituent comme crit et ou comme texte Par le m tatextuel le texte contraint inscrit donc un lecteur implicite qu on pourr
350. les critures et lectures contraintes parue dans le num ro 4 de Formules apr s avoir d fini logiquement la contrainte en g n ral a privil gi une approche inductive qui partait d exemples textuels concrets o les auteurs avaient explicitement utilis le mot contrainte pour qualifier leurs modes d criture Nous rappelions alors que tout texte est n cessairement le r sultat de la mise en uvre de r gles arbitraires et conventionnelles c est dire de contraintes arbitraires syst matiques de production et de r ception textuelles qui sont partag es conventionnellement par ses utilisateurs Parmi ces r gles textuelles certaines sont constitutives des faits de langue les normes langagi res et d autres sont indispensables la communication optimale les r gles pragmatiques du discours Pour ces deux raisons ces normes normes langagi res et r gles du discours sont absolument premi res par rapport toute autre r gle textuelle et leur application est n cessairement g n rale Autrement dit s ajoutant cette donn e ant rieure qui est l existence de contraintes constitutives des faits de langue et de communication optimale toute r gle textuelle autre que les normes est donc n cessairement une sur contrainte Ainsi non seulement tout ajout syst matique mais galement toute suppression ou modification syst matiques de l une ces normes est n cessairement une r gle seconde et suppl mentaire
351. les marins virent qu ils taient bloqu s que le combat tait amorc et que rien ne pourrait y mettre fin On devait s organiser et supprimer le dernier de ces sauvages Comme les lecteurs le comprendront il tait ardu d exterminer un peuple qu on ne pouvait jamais voir tr s nettement Percer certains secrets de l ennemi semblait le meilleur plan pour en finir Le d chiffrage de leur langage paraissait notamment indispensable quoique difficile C est ainsi qu on d cida d envoyer plusieurs espions charg s d un rep rage m ticuleux du camp adverse pour porter s rement des coups si possible violents puisque visiblement ces sujets n avaient que faire des accords Les tr s rares marins qui virent le bout de cette d licate mission d clar rent nous avons d utiliser des ruses tout bout de champ la chance a fait le reste Ces sauvages vivent dans des cases toujours blanches rectangulaires banales mais ce qui peut sembler assez bizarre c est l inscription de deux formules dignes 303 304 CREATIONS d int r t invariablement plac es l extr mit droite de la fa ade et qui paraissent chaque fois soulign es par la pr sence d une frange de lierre REMETS et STIMULE Plus que tout cette plante et ces termes trilogie constante semblent d ailleurs faire chez eux l objet d une v n ration sans bornes On formula les hypoth ses les plus farfelues et ces mots d cha n r
352. leut e Et puis soudain elle lui fit la figue et lui alla pr f rer un tor ro espagnol surnomm Garlaban qui l enleva 2 Je me souviens que dans un regain d espoir de la reconqu rir l conduit tenta de faire une grosse botte de sept lieues Il y passa la nuit s y enragea puis se mit lui m me cuire apr s son chec On n en retrouva que des cendres Pauvre grillon 3 Je me souviens en frissonnant du regard de ma princesse quand le roi ordonna devant elle froidement de sauver d abord l h ritier du tr ne 4 Je me souviens que le prince sanglotait c tait sa jeune dame qu il voulait garder en vie Des h ritiers elle leur en ferait d autres criait il Quand on vint lui dire que l enfant une fille tait mort aussi ses yeux flamb rent Lorsqu il s effondra au pied du lit sur ma jumelle l ensanglantant et la brisant jamais je ne compris pas sur le champ 5 Je me souviens d une triple pompe fun bre du pays en deuil et en d solation Et du vieux palais incendi ruin par les ronces rong vendu pour une poign e de figues 6 Je me souviens que la vieille dame passait parfois me voir dans ma salle avec de pauvres airs Elle manqua d tre arr t e pour vol au cours d une ronde de nuit et ne revint plus jamais Ah coquin de sort CHANTAL ROBILLARD Tornada 1 Je me souviens des grondements du Baou sous une tornade noire un de ces trons de l air vous d raciner un c
353. lique ainsi cet aspect de son criture Jean Marie Le Sidaner il s agit de relier entre eux mes diff rents livres de fabriquer un r seau o chaque livre incorpore un ou plusieurs l ments venus d un livre ant rieur ou m me post rieur d un livre encore en projet ou en chantier Il pr cise que ces autor f rences commencent avec La Disparition et sont beaucoup plus manifestes dans La Vie mode d emploi qui utilise des l ments venus de presque tous mes autres textes Entretien in L Arc n 76 op cit p 5 L entretien avec Bernard No l peut faire penser que dans le cas de W ou le Souvenir d enfance les contraintes sont subordonn es une n cessit d expression mais il faut sans doute comprendre que c est la composition m me du livre qui est la contrainte Voir ce propos l article cit de Michel Sirvent Dans les cas extr mes quand a devient dangereux ce moment l les contraintes se dissimulent par exemple dans W qui pour moi est un livre crucial o je maniais une mati re un dire qui tait moi la contrainte devient le livre m me devient la n cessit de la parole intacte Op cit plaquette accompagnant les CD Georges Perec BemardNo l p 32 4 Paris Julliard 1972 127 p 46 W ne ressemble pas plus mon fantasme olympique que ce fantasme olympique ne ressemblait mon enfance Mais dans le r seau qu ils tissent comme dans la lecture que j
354. lle qui a effectivement t lue de celles qui resteront jamais dans les hmbes Le lecteur est ici plac au centre de l analyse la place du texte la th orie dutexte s oriente vers une th orie centr e sur la lecture PHILIPPE BOOTZ Le second glissement est r alis par la reprogrammation en 1994 de l ensemble des uvres publi es sur PC dans les 7 premiers num ros d alire l aide d un g n rateur adaptatif Il s agit de la premi re prise de conscience du basculement effectif dans le virtuel Cette reprogrammation marque un point limite mais non d arr t aux litt ratures potentielles par cette simple constatation la pr dictibilit algorithmique ne peut que faillir dans le comportement diachronique des uvres Une uvre lectronique ne peut donc pas tre consid r e comme une uvre purement algorithmique Il reste prendre cette d couverte en compte au niveau th orique C est l objet du mod le proc dural dont les grandes lignes sont publi es pour la premi re fois en 1996 Entre autres caract ristiques cette th orie pr sente le bug non comme un dysfonctionnement technique qu il faudrait circonscrire mais comme une des conditions de la litt rature lectronique li e l action d une intelligence humaine r elle mais orient e malheureusement hors de l intelligence de l uvre ce qui carte les uvres litt raires informatique de la classe des uvres ouvertes d finie par
355. llier On trouve une illustration particuli rement tranch e de cette situation dans le roman Quatre voyageurs d Alain Fleischer Quatre h ros Marcel Blanc Gary Green Zoltan Schwarz et Branquinho da Rosa font un change complet de leurs personnalit s lors d une tourn e le long de quatre hauts lieux de la technique moderne les corps appartiennent successivement aux trois cerveaux autres La pr cision technique de Fleischer est fascinante dans la meilleure tradition de la science fiction Ce m canisme souple et amusant s invagine pourtant sur une autre sc ne o les couleurs conductrices perdent leur boussole Il s agit d un livre dans le livre une nouvelle traduite du tch que dont le d but et la fin du roman nous donnent des extraits L il s agit d une autre exp dition sous la conduite d un nomm Krank le mot allemand pour malade Les quatre membres de ce groupe s appellent Aron Simko Ermil Mol Kolo Bohar et Titus Tantra mais ils doivent prendre des pseudonymes successivement Dunkelblau bleu nuit Grunstein pierre verte Goldgelb jaune d or et Feuerrot rouge feu Leur quip e se perd de plus en plus dans la nuit et les t n bres Ne subsiste finalement que le je Dunkerblau couleur de nuit en compagnie de Krank qui ne peut plus qu aboyer Et comme ses aboiements reprenaient redoublaient indiff rents ma question moins qu ils n en fussent la r ponse je
356. machinerie de la structure formelle devient un ph nom ne qui s ajoute la signification Le d nominateur commun des structures formelles qui r gissent surtout les textes modernes est que les composants de la structure changent de place l int rieur du texte et qu ils produisent donc des formes diff rentes Ce travail textuel concernant la dimension formelle la langue et l criture surtout produit du sens partir d une signifiance pr vue et calcul e Voici quelques exemples de structures critiques de la Mobilit qui peuvent tre rep r es au XIX si cle et surtout au XX si cle Dans Le P re Goriot Honor de Balzac 1834 il y aurait une certaine machinerie dans le jeu personnage histoire puisque Goriot monte d tage en tage au fur et mesure qu il s appauvrit et qu il fait augmenter sa maladie mentale De m me il faudrait tenir compte de la Mobilit litt rale des personnages l int rieur de La Com die humaine avec quelques r gles combinatoires qui permettent les changements de position fonction actantielle ce qui constitue une modernit de Balzac sans doute Dans Pot bouille Emile Zola 1882 il est vident qu au XIX si cle l architecture est un mod le pour construire des structures mobiles l int rieur d un roman de m me que chez Balzac C est ainsi que Pot bouille nous pr sente un classement des couches sociales et des actions romanesques plac es et structu
357. mana tait calqu es sur l oral Leur manque de rep res visuels obligeait le lecteur lire voix haute pour comprendre le texte L apparition de la ponctuation et des paragraphes et la naissance du codex ont permis au lecteur de se rep rer dans la page et favoris une lecture visuelle tabulaire moins assujettie la lin arit des caract res La mise en place progressive de l outillage typo dispositionnel du livre titres chapitres pagination table des mati res index r f rences crois es etc a poursuivi cette volution en permettant au lecteur de parcourir un livre selon ses humeurs ses centres d int r t ou son r gime de lecture D une certaine mani re l hypertexte ne fait qu instrumenter ce mode de lecture gr ce la technique des liens activables En rendant plus commode la circulation dans le texte le support informatique introduit un nouveau degr dans la libert du lecteur Du point de vue de l auteur l criture hypertextuelle peut galement appara tre comme une mancipation des contraintes li es la lin arit L tude des brouillons d crivains montre que pour nombre d entre eux l obligation d crire un texte lin aire ne va pas sans remords ni sans regrets Les ditions savantes d auteurs classiques qui multiplient les renvois des variantes en fin de volume sont confront es aux limites du papier et oblig es de faire des choix La g n tique textuelle qui cherche
358. ments types di g tiques ou sc nographiques dont La Vie mode d emploi offre un large chantillon Je citerai ici l intrigue exemplaire de ce point de vue du Comte de Gleichen de Yorick chapitre X p 60 qui reprend en une synth se frappante l essentiel des sources du romanesque occidental par sa sc nographie le cadre oriental aussi bien que par sa di g se la capture l esclavage l vasion amoureuse l intrigue r crit la mati re hell nistique puis m di vale dans le finale courtois o Ton retrouve le d nouement v g tal que le Tristan en prose imagine l histoire de Tristan et Yseut Je mentionnerai galement l histoire de Carel Van Loorens LXXVII qui reprend de mani re similaire des l ments centraux du romanesque hell nistique les corsaires barbaresques le changement d identit venu de VOdyss e dont l importance est cruciale en particulier dans Les Ethiopiques m tamorphos en un prosp re marchand du golfe Persique r pondant au nom respect de Haj Abdulaziz Abu Bakr Carel Van Loorens fit son entr e dans Alger p 462 l amour pour une femme la beaut extraordinaire p 464 enlev e par les pirates Ursula von Littau l vasion les supplices superlatifs voir notamment le livre VIII des Ethiopiques Je terminerai par une occurrence ponctuelle de ces emprunts tr s visibles aux matrices hell nistiques l histoire d Anne Breidel chapit
359. mes se peut il qu un texte crit sous contrainte affecte d utiliser cette contrainte c est dire que cette contrainte ne serait pas exploit e syst matiquement mais seulement partiellement Cette question parce qu elle est troitement li e la visibilit touche surtout les longs textes en prose car les po sies sont toujours plus ou moins le fruit d une contrainte ne serait ce que celle d crire des vers libres ou r gl s Ce que Bemardo Schiavetta et Jan Baetens appellent la r gle explicite fausse rejoint la notion d effet de contrainte beaucoup mieux que la r gle implicite fausse qui est mon sens illogique en soi comme l avancent d ailleurs prudemment les deux signataires de l article D finir la contrainte La r gle explicite fausse d signe la non actualisation de la r gle annonc e alors que la r gle implicite fausse rejoindrait la notion de contrainte canada dry Ils parlent alors d effet de contexte et d effet de style et plus loin de contrainte implicite incalculable art cit p 47 en invoquant certaines uvres de Jacques Roubaud mais sans dire lesquelles M me s il appara t un certain flottement entre les termes contrainte et r gle il n y a pas pour autant ambigu t la contrainte est bien une r gle d criture On peut en effet examiner titre d exemple parmi les uvres en prose de Jacques Roubaud celles qui sont sa
360. mes con ues pour le livre et des formes interactives 59 60 THEORIES DES NOIAT IJ ES FORMES D ECRITURE NUMERIQUE 12 Un passage de l actuel au virtuel Il semble qu un courant profond en po sie consiste d placer peu peu le texte de l actuel vers le virtuel Un tel mouvement peut se retrou er au ni eau theonque et correspond certainement un mouvement culturel profond en occident dont cm trouve la trace dans les sciences de la nature Rappelons que selon la terminologie de Pierre L vy emprunt e Deleuze le potennel s oppose au r el alors que le virtuel s oppose l actuel Est potentiel ce qui est totalement d termin et d fini et dont il ne manque que l existence En rev anche le virtuel n est pas pr dictible il est de l ordre du probl me r soudre et n cessite un acte cr ateur pour advenir Ainsi l arbre est virtuel et non potentiel dans la graine car sa physionomie exacte r sulte d interactions avec son environnement et n est pas totalement pr dictible Cette dynamique est pass e en litt rature par les uvres potentielles qui jouissent aujourd hui encore juste titre d une aura forte notamment parce qu elles mettent en lumi re la n cessit de m canismes contraints dans la d march d criture comme dans la lecture Mais cet int r t ne doit pas masquer 1 evohmon en cours la litt rature potentielle n est qu une tape Ce passage du potentiel au virtuel est p
361. mes entra n s peu peu nous revoyons appara tre juxtapos es mais enti rement distinctes les unes des autres les teintes qu au cours de notre existence nous pr senta successivement un m me nom II 312 Et le narrateur commence ordonner ses l ments de composition ses revenantes ces filles du spectre tel qu il hante le r ve et l imagination Ce sont successivement le donjon orang les fleurs violettes la tour jaunissante les armoiries de sinople argent azur les tapisseries bleues le tout couronn par le nom amarante et l gendaire Et dans La Fugitive apr s un dernier bilan d sabus on peut lire Mais je me consolai en me disant qu elle Madame de Guermantes tait malgr tout pour moi le v ritable point d intersection entre la r alit et le r ve IV 153 Le donjon orang se refl te dans la teinte orang e d une syllabe I 173 c est que les Guermantes baignent comme dans un coucher de soleil dans la lumi re orang e qui mane de cette syllabe antes 1 169 Cette notion de coucher de soleil peut nous aider pr ciser notre r flexion sur les couleurs En effet c t de l charpe d iris l arc en ciel qu on rencontre par exemple pour d finir l coute de Vinteuil par Swann et avec son double le lever de soleil le coucher mime l orgamsation des tons dans le texte Le couchant de soleil le plus important de toute a Recherche
362. mes physiologiques et assurent ainsi la survie de l esp ce p 90 Ce sont les codes g n tiques une forme biologique de la m moire qui imposent ce qu Edelman appelle un ensemble de contraintes sur l activit c r brale p 82 Ces dites contraintes g n tiques inhibent le fonctionnement du cerveau en le dirigeant satisfaire ses valeurs Une fois inhib es ces actions situ es dans le ganglion basal permettent au cerveau de se concentrer sur un objet ext rieur et de cr er une conscience intentionnelle p 143 Cet tat de conscience permet au cerveau de perfectionner les mouvements du corps et de les ex cuter automatiquement La relation entre les valeurs et les contraintes est symbiotique soit que les contraintes du code g n tique imposent une valeur soit que la n cessit de survivre impose une contrainte Edelman d clare que les valeurs sont les contraintes n cessaires aux m canismes adoptifs d une esp ce p 163 C est dire que les PETER CONSENSTEIN contraintes en donnant naissance aux valeurs garantissent la survie Ne pourrait on pas dire la m me chose en ce qui concerne l esp ce litt raire En 1963 Albert Marie Schmidt un des membres fondateurs du groupe Oulipo a d clar que le groupe pr f re penser qu il pr pare un futur pour la litt rature fran aise L emploi des contraintes litt raires n est il pas la base de ce futur de cette sur
363. mme celle qui nous int resse peut tre le plus c est qu il est d muni du bin me conceptuel capable de distinguer qu elles ressortissent des cat gories distinctes et com lees la ocation des c lt contraintes et la vocation des transpositions rel vent chacune de fa on sp cifique des surcontraintes orthom tarepr sentativ es la vocation des transformations rel ve des anticontraintes eaeo repr sentatives Si Jean Lescure en inscrivant l OuLiPo l exclusive enseigne de la contrainte ne semble point tout fait saisir que la sienne M thode S 7 appartient au contraire l esp ce des laxismes c est qu il lui manque la distinction th orique entre prescription et contrainte insuffisance qui le voue inexorablement confondre les deux La prescription en tant qu ordre formel et d taill peut s appliquer l op rateur La contrainte en tant que n cessit qui s impose ou qui est impos e doit s appliquer l effet Ainsi la M thode S 7 est une prescription certes car l op rateur est oblig de se soumettre la r gle qu on lui inflige mais cette prescription est anticontraignante certes car l effet concern celui de repr sentation se trouve subir une flagrante d t rioration sous les esp ces d un laxisme Bref OuLiPo est il un OuLiCon H las non 2 Ln OnLiPer 7 L OuLiPo est il un OuLiPer fl semble que l int rieur de ce groupe
364. munes de Cerisy ainsi que la Direction R gionale d Action Culturelle apportent leur soutien au fonctionnement du centre Ne se limitant pas son audience internationale Association peut ainsi accueillir un public local nombreux dans le cadre de sa coop ration avec l Universit de Caen qui organise et publie au moins deux rencontres annuelles Paris T l 01 45 20 42 03 le vendredi a m Cerisy T l 02 33 46 91 66 Fax 02 33 46 11 39 Renseignements CCIC 27 rue de Boulainvilliers F 75016 PARIS Internet www ccic cerisy asso fr E mail info cerisy ccic cerisy asso fr FORMULES A Publications de Cerisy Linguistique et Litt rature Ateliers d criture L Atelier du texte 1992 Pr texte Roland Barthes Christian Bourgois 2003 Emile Benveniste vingt ans apr s LINX n sp cial 1997 Chateaubriand le tremblement du temps Presses Universitaires du Mirail 1994 H l ne Cixous Crois e d une uvre Galil e 2000 Communiquer transmettre autour de R gis Debray Gallimard 2001 Contes et psychanalyse In Press 2001 Desnos pour l an 2000 Gallimard 2000 Marguerite Duras Editions Ecriture 1994 Umberto Eco Au nom du Sens Grasset 2000 L Ecriture d Andr Gide Minard 1996 Le G nie du lecteur L Ecole des Lettres 1998 Julien Gracq Un crivain moderne Lettres Modernes 1994 Huysmans a c t et au del Editions Peeters 20
365. musants pour jouir pleinement de quelques notations surprenantes il est n cessaire d avoir certaines connaissances de la prononciation dialectale de l allemand ainsi le sous titre du recueil no a tota in Lippelzinz veut dire noch ein toter in lippelzinz encore un mort Lippelzinz Ou dans le beau pr sent pour Dora o le premier vers est Da Dod drod on doit comprendre Der Tod droht La mort menace En exploitant ainsi les possibilit s de la prononciation dialectale ou famili re Edith Tzeram arrive m me tirer des textes tr s convaincants d un alphabet extr mement restreint Ce petit panorama sur la litt rature contraintes n offre qu un premier survol de cette sc ne litt raire d autres auteurs pourraient ou devraient tre pr sent s dans ce contexte comme Gsaller Lukas Cejpek Lisa Spalt Gerhard Jaschke Junki Wehrmann ou Margret Kreidl ou encore d autres que je ne connais m me pas encore Mais je ne voudrais pas conclure sans avoir voqu le roman Schwelle und Schwall de Klaus Ferentschik N en Aile 129 130 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES ECRITURES A CONTRAINTES magne l auteur qui est membre du Coll ge de Pataphysique vit Viennedepuis longtemps Le roman de Ferentschik le seul muni de l pith te oulipien dans la presse germanophone a deux parties dans la premi re l auteur se borne employer des substantifs f minins
366. n criait la population op cit p 11 24 Plus tard on s attaqua aux Nord Africains aux Noirs aux juifs On fit un pogrom Drancy Liviy Gargan Saint Paul Villacoublay Clignancourt Puis on massacra d obscurs trouffions par plaisir On cracha sur un sacristain qui sur un trottoir donnait l absolution un commandant C R S qu un loustic avait raccourci d un adroit coup d yatagan op cit p 11 12 5 Compagnon qui mange son pain avec V Copain Paul Robert Dictionnaire alphab tique et analytique de la langue fran aise Soci t du Nouveau Littr dit Le petit Robert Paris 1967 p 312 53 ont t pendant par Scheffer 55 THEORIES DES NOUVELLES FORMES D CRITURE NUMERIQUE Philippe Bootz Comment c est comme a I Introduction 1 1 Une approche par la complexit Le sens de certaines phrases ne peut tre approch que par un dialogue r cursif entre les divers termes qui la composent C est le cas de ce titre qui juxtapose deux contradictoires une question et une r ponse C est plus encore le cas des expressions dont Morin discute dans sa m thode qui constitue une analyse en extension du concept de complexit La linguistique dans ce cas nous est d un bien pi tre secours II semble bien en tre de m me pour certains autres concepts usuels en litt rature Et parmi eux celui de texte Il ne s agit pas de proposer une approche
367. n Les contraintes r gles pourront alors ou bien restreindre certains choix de la production textuelle l criture ou de la r ception textuelle la lecture ou bien restreindre certains choix concernant ces deux activit s Il existe toutefois des contraintes de production textuelle non corr l es une contrainte de r ception textuelle comme c est le cas de tous les proc d s qui effacent leurs traces dans la version d finitive du texte produit par exemple ce que Roussel dans Comment j ai crit certains de mes livres nomme son proc d volu Le r sultat de ce type de contrainte r gle sera alors une criture contraintes et non pas un texte contraintes Il existe enfin des contraintes de r ception textuelle isol es comme par exemple l interpr tation all gorique d un texte qui n a pas t crit explicitement comme une all gorie Le r sultat de ce type de contrainte r gle sera alors une lecture contraintes et ncm pas un texte contraintes Il est clair donc qu une r gle textuelle ne sera pleinement telle que lorsqu elle prescrira des contraintes syst matiques corr l es de r ception et de production textuelle Dans ce cas la contrainte r gle restreint la fois un proc d d criture qui permet de produire des traces textuelles sp cifiques et un proc d de lecture qui permet de reconna tre ces traces lesquelles sont n cessairement objectives et explicitables Le r sultat de ce t
368. n Oulipo Atlas de litt rature potentielle Pans Gallimard 1981 coll Id es p 90 m Voir le 5e chapitre de Souveaux probl mes du roman Paris Seuil coll Po tique 1978 CfOupus I 0 0 p 8 et plusieurs exemples dans Oupus 3 ANALYSES D UVRES C cile De Bary L arbitraire de la contrainte Du sens chez Perec A la suite de plusieurs intervenants de ce colloque je voudrais r fl chir aux relations de l criture contrainte et de la lecture Pour cette r flexion l uvre de Perec est int ressante dans la mesure o s y trouvent conjointes une pratique oulipienne au moins partir de la fin des ann es soixante et une revendication d ouverture je pense en particulier aux entretiens qui accompagnent la sortie de La Vie mode d emploi Cependant ces premi res remarques ne doivent pas faire adopter une probl matique canada dry qui opposerait les r gimes de l criture et de la lecture Marc Lapprand nous l a rappel pour Raymond Queneau la contrainte permet d atteindre une libert d criture Parall lement toute lecture est libre libre m me d un contresens Ce qu on peut d terminer c est dans quelle mesure une uvre oriente cette libert et dans quelle mesure telle ou telle lecture la m connait dans les termes d Iser on peut en d terminer le lecteur implicite La sp cificit d une uvre ouverte c est l gale pertinence de plusieurs interpr tations la libert du
369. n Oulipo La litt rature potentielle op ch p 143 Aaoeyroe La Im rarure definmonneile in Oulipo La litx ratine potentielle op ch_ p 119 Francois Le Lyonnais Le second manifeste in Oulipo La litt rature potentielle op ciL p 26 27 Johe keats Eads iric m Oulipo La litt rature potentielle op ciL p303 Marod Beoahou La tradition homophomque in Oulipo La litt rature potentielle op ciL p US Georges Pere gt _ La disparition Pans Deno L 1969 Georges Perec Trace l in gal palindrome xn Oulipo La litt rature potentielle op ci _ p 101 106 Georges Perec Alphabets ditions Galil e Paris 1985 par exemple p 78 et p 106 Jean Pjcardou La contrante corollaire in Formules 3 Pans 1999 p 189 197 Gonrgta Perec Lm roman iipograamauque La btt rature potentielle op ciL p 94 96 Jem Rjcardan La eanizaai corollaire art cil Raymond Qamerre Lrpogrmnme en E m Oulipo La litt rature potentielle op ciL p 97 Ce lipograsaae est ma r selon une vemon mei Heure dans La disparition Paris Deno l 1969 p 269 270 31 Georges Perce La dnpnnhoa op ci p 12 Dans une vosns precedente qui servit l expose au col loque critures et lectures contraintes I an n a point ien ctnpe a tort de F acception semble t il rare et en tout cas aujourd hui peu rod e de nrorom comme ne certaine sorte de pain Rare Oui puisque
370. n cadre prestigieux loign des agitations urbaines pendant une p riode assez longue des personnes qu anime un m me attrait pour les changes afin que se nouent dans la r flexion commune des liens durables Ainsi la caract ristique de Censy comme de Pontigny autrefois hors l int r t certes des th mes choisis c est la qualit de l accueil ainsi que la convivialit des rencontres le g nie du lieu en somme o tout est fait pour l agr ment de chacun COLLOQUE DE CERISY Les propri taires qui assurent aussi la direction du Centre mettent gracieusement les lieux la disposition de l Association des Amis de Pontigny Cerisy sans but lucratif et reconnue d utilit publique dont le Conseil d Administration est pr sid par Jacques Vistel conseiller d Etat Une r guli re action soutenue Le Centre Culturel a organis pr s de 400 colloques abordant aussi bien les uvres et la pens e d autrefois que les mouvements intellectuels et les pratiques artistiques d aujourd hui avec le concours de personnalit s minentes Ces colloques ont donn lieu chez divers diteurs plus de 200 ouvrages dont certains en collection de poche accessibles un large public Le Centre National du Livre assure une aide continue pour l organisation et l dition des colloques Les collectivit s territoriales Conseil R gional de Basse Normandie Conseil G n ral de la Manche Communaut de Com
371. n d crivains qui s est empar de ce nouveau support d criture Depuis quelques ann es une jeune maison d dition les ditions OOhOO soutient la cr ation d uvres lectroniques au format PDF t l chargeables sur Internet dans sa collection 2003 Parmi les nouveaux auteurs au catalogue Anne C cile Brandenbourger est certainement celle qui a explor le plus loin dans Apparitions inqui tante les potentialit s de l hypertexte Par ailleurs quelques auteurs isol s ont r ussi 83 THEORIES DES NOUVELLES FORMES D ECRITURE NUMERIQUE publier sur c d rom des uvres hypertextuelles multim dia qui ont t diffus es en librairie Fran ois Coulon est l auteur d une fiction hvpermediatique textes sons images intitul e 20 d amour enplus Frank Dufour Gilles rmanetti et Alain Chiffot ont publi un tr s beau travail inspir du th me de Faust et intitul Sale Temps Sur Internet la production est in gale mais copieuse Le r seau tend d sormais a devenir un support universel pour les litt ratures qu elles soient classiques ou h gt perte roel es Sa particularit est de favoriser certains genres comme les connues collaboratives ou les feuilletons Mais on y trouve egalement des uvres hybndes comme Trajectoires du groupe Agraph anim par Jean Pierre BaJpe qui comporte des textes g n ratifs Pour conclure cette pr sentation et avant d aborder la question de la contrainte il est n
372. n d tre dans un labyrinthe dont la configuration serait sans cesse changeante 0 appara t ainsi que la question du lien est au centre de contraintes d criture et de lecture de l hypertexte C est de l usage des liens que d pend en grande partie le sty le bypertextuel d un auteur L ensemble des proc d s qu il utilise constitue potentiellement une m ta rh torique dont les contours cooHDencem a se dessiner aujourd hui mais qui reste encore largement construire Conclusion L histoire de la litt rature en tant qu elle peut se lire comme une trajectoire est Largement d pendante de l volution de ses moyens techniques et de ses support A chaque tape les uvres ont d abord continu reproduire les mod les de l tape pr c dente avant de d couvrir les nouvelles possibilit s qui i offraient 11 en ira sans doute de m me avec l hypertexte et la cyberlitterat e Pour le moment nul n est en mesure de pr voir s ils deviendront un art majeur s ils continueront d appartenir a la litt rature exp rimen JEAN CLEMENT taie ou s ils seront fondus dans l ensemble des arts num riques Ce que l on sait seulement c est que dans notre culture du livre une partie de la litt rature et non la moins originale s est construite sur le rejet des contraintes du papier et du livre et sur la perversion des genres qui en d pendaient De Sterne Mallarm des surr alistes au nouveau roman le livre a
373. n des ressources du signifiant jeu de formes narratives Ainsi s difie un mus e cimeti re une kermesse bazar se combinent les pas d une danse macabre les gambades d une errance fantastique les voix d une op rette imaginaire les tapes d un voyage postexotique Le chapitre ving quatri me raconte l histoire d un concours Un empereur d sire pour la cath drale qu il a fait construire les plus beaux vitraux du monde Pour les deux grandes rosaces deux artistes concurrents se mettent au travail s par s par un rideau le vieil Albius et son l ve Jan Troll Celui qui emporte pourra r aliser aussi l autre vitrail le perdant trouvera la mort Le jour du verdict le vitrail de Troll appara t d abord Ce fut un blouissement La nuit sans doute s tait faite au dehors car toute la lumi re du monde inonda la cath drale l aube enlumin e de la Perse rouge et or les ombres rose p le de l Abyssinie la lueur tremblante de midi dans un bougeoir Thul le cr puscule balinais les aurores bor ales le reflet de tous les m taux et de toutes les pierres limpides le vert oxyg ne des for ts vierges l clat bleu inoxydable des mers du Sud p 162 L enthousiasme est norme ce n est qu peine qu on d sire encore voir l autre Le voile est cart et D n y avait rien C est du moins ce que Pon crut d abord puis quelqu un remarqua la vitre une vitre de verre transparen
374. n rempla ant dans l hypoth tique D les lettres A B C et Om ga par les propositions respectives il obtient un syntagme inintelligible D S il est vrai que s il est vrai que Si Achille est le champion de la vitesse et la Tortue de la lenteur Achille sera le vainqueur de la course s il est vrai qu Achille est le champion de la vitesse s il est vrai que s il est vrai que Si Achille est le champion de la vitesse et la Tortue de la lenteur Achille sera le vainqueur de la course et s il est vrai qu Achille est le champion de la vitesse alors Achille sera le vainqueur de la course alors Achille sera le vainqueur de la course M me si Ton pouvait parcourir toutes les tapes de la r gression l infini on n aurait rien obtenu de plus parce que le cerveau humain est incapable de comprendre des nonc s d une telle complexit D ailleurs en analysant la proposition D on observe qu il y a un s il est vrai que de trop J ignore s il s agit d une erreur voulue en tout cas elle est significative En ce qui concerne le raisonnement logique Comment la Tortue combattit Achille n apporte rien de fondamentalement nouveau Roubaud garde la structure logique de Z non et de Carroll Ses changements concernent seulement la pr sentation du paradoxe Il la rend plus coh rente et plus spectaculaire le dialogue s arr te seulement apr s 10 puissance 14 et une tapes non sans conser
375. ndillac Devant Edith Heurgon Nathalie Kuperman Hermes Salceda Catherine Parayre Shuichiro Shiosuka Talli Konas Catherine de Gandillac Photo Archives Pontigny Cerisy N Centre Culturel International de Cerisy la Salle Le Centre Culturel International de Cerisy organise chaque ann e de juin septembre dans le cadre accueillant d un ch teau du XVII me monument historique des colloques r unissant artistes chercheurs enseignants tudiants mais aussi un vaste public int ress par les changes culturels l ne longue tradition culturelle Entre 1910 et 1939 Paul Desjardins organise l abbaye de Pontigny les c l bres d cades qui r unissent d minentes personnalit s de l poque pour d battre de th mes artistiques litt raires sociaux politiques Entre autres Bachelard Curtius Gide Groethuysen Koyr Malraux Martin du Gard Oppenheimer Sartre Schlumberger Val ry Wells En 1952 Anne Heurgon Desjardins remettant le ch teau en tat cr e le Centre Culturel de Cerisy et gr ce au soutien des Amis de Pontigny Cerisy poursuit en lui donnant sa marque personnelle l uvre de son p re Depuis 1977 ses filles Edith Heurgon et Catherine Peyrou ont repris le flambeau et donnent une nouvelle ampleur aux activit s du Centre Les sujets se sont dis ersifi s les formules de travail perfectionn es et les installations modernis es Un m me projet original Accueillir dans u
376. ne W illan d Ifahem yezra t Isma menni w la tsadde ni Ka ta dug ga gu ge en silim ma ab Rarael abra bracha meiphergar 1 2 Rarael abra bracha merphergar Tama nna h edhe hodsa way Ematzeko zorian loratzeko zain Ett spar av en stamma sig lik overrallt Ekhei mpei sto dromo pou axolouthei he anasa mou Stad ciemne miejsca i tekstu zawilosc Nuqaqcha ninkichis kay qhilqasqayta Nao meu nao meu e quanto escrevo Kiijoitin kiijoitukselle Raphel may amech zabi almi pseudo langue fiangais mongol jarut slov ne provengal p li berb re arabe sum rien voces mystic voces mystic afar basque su dois grec polonais quechua portugais finnois pseudo langue BERNARDO SCHIAVETTA UNE VERSION FRAN AISE 1 1 Raph l ma am ch zabi almi Nemrod comme s il tait sous la temp te Prononce quelques mots confus Avec ce fil t nu de langue neuve Je ferai un po me de pur rien Peu peu parfois oui et parfois non L esprit sagace y trouvera du sens Ecoute moi donc mais ne me crois pas Rends opportun ce que ma bouche nonce Rarael abrabracha merphergar 1 2 Rara l abrabracha merphergar Ainsi ai je parl en me trompant peut tre Sur le point de germer pr te grandir La trace d une voix fid le elle m me A emprunt le chemin de mon souffle D o ce passage obscur ce texte absurde Ce sont l mes crits me direz
377. ne m taphore C est ce que montre le passage suivant qui est moins le support d une structuration que le lieu o cette structure est d sign e et critiqu e je vois bien ce que pouvaient remplacer ces fractures minemment rep rables qu une immobilisation temporaire suffisait r duire m me si la m taphore aujourd hui me semble inop rante pour d crire ce qui pr cis ment avait t cass et qu il tait sans doute vain d esp rer enfermer dans le simulacre d un membre fant me Op cit p 109 110 La suite du texte op re une correspondance avec la structure du livre en nommant ces th rapeutiques imaginaires points de suspension on est l dans une dynamique textuelle qui s appuie sur des mots et qui conduit le lecteur interroger la forme du livre ses points de suspension centraux interroger le sens de cette forme Cette dynamique textuelle qui induit une attitude de lecture n est certes pas r ductible l expression d un pass A l inverse l involontaire le lapsus peut signifier Il arrive que Bernard Magn donne des exemples de telle ou telle structure dont il ne pense pas qu elle soit volontaire mais qui pour lui fait sens m J ai rencontr Georges Perec pour la premi re fois en 1980 J avais toute une batterie de questions lui poser dont la plus vidente pour moi concernait la parent que j avais trouv e entre le caract re
378. nents de la nuit avec la solitude git la fleur jamais cueillie Et toi homme o es tu Uorto en italien est le jardin potager mais aussi le soleil qui se l ve entre les fleurs du jardin potager C est l ombre des nuages l ombre de notre tristesse Derri re des paravents de lumi re nous nous noyons seuls dans les des cumuls de larmes et d j notre fin va tomber lato Chacun pour soi dans ce cadre aride et qui est seul ne sait m me pas comprendre la vanit d un chant De chaque terminus part la course de l un et de l autre pour un rendez vous l angle nubilato mais la place est d serte Ainsi en a t il t qui sont tristes Le nuages cachent le soleil soli en italien signifie seuls et les soleils aussi En italien cumuli sont les cumuls et les cumulus nuages C est la pluie fine qui tombe le double sens defin en frangais est le m me qu en italien En italien le cadre est le tableau mais le carr aussi la surface d un carr se calcule en multipliant le c t par lui m me Un seul c t ne peut pas comprendre l espace d un angle De l origine des c t s Les deux c t s partent pour se rencontrer au sommet C est aussi la place du lit C est l tat civil de c libataire stato en italien c est dire t et aussi l tat 101 102 pour la blanche colombe sans nid qui encore poursuit la do
379. net germanophone contemporain montre que c est surtout le type du sonnet exp rimental ludique permutatif qui gagne du terrain pendant ces derni res d cennies Les recueils que je voudrais vous pr senter ici portent le titre ambitieux die kunst des sonetts l art du sonnet et sont publi s en deux volumes dont le premier en 1985 le second qui contient la deuxi me et la troisi me partie en 1993 par Franz Josef Czemin ils forment un ensemble particuli rement int ressant qu on pourrait je pense consid rer comme le pendant germanophone du premier ouvrage oulipien de Jacques Roubaud son recueil de sonnets e appartient Czemin explique dans l appendice du premier volume et dans l avant propos du second ses proc d s compliqu s et montre au lecteur les diff rents parcours de lecture possibles travers le livre on pourrait aussi dire travers cette for t dense de sonnets plus ou moins exp rimentaux Le premier volume contient 196 sonnets Ce chiffre est le r sultat d une couronne de sonnets amplifi e qui a un sonnet de base qu il appelle le tronc de 14 sonnets qui sont eux m mes la racine d une nouvelle couronne de sonnets le sonnet de base n tant publi que dans l appendice Si Czemin avait eu la m me aspiration l infinit que Bemardo Schiavetta il aurait pu lui venir l id e de ne pas s arr ter l et de consid rer ces sonnets de nouveau comme Sonnets ma tre qui engendr
380. nge le monde des livres index corne le monde de la couture bouton patte La motivation fictionnelle de cette matrice est donn e par une description extr mement complexe dans laquelle il est question d un ouvrage dont la table des gravures comprend des dessins de groupements humains r alis s sur une feuille laquelle il a t fait des plis qui leur tour co ncident avec le dessin d un enfant dont le v tement tient par un bouton sur lequel se rabattent cinq bandes d toffe L claircissement du sens premier que prennent les mots dans le contexte o ils sont employ s est pour le traducteur d un texte contrainte un exercice essentiel qui lui permet de fixer de mani re plus s re le champ s mantique que couvre chacune des matrices Or la recherche de matrices quivalentes dans la langue d arriv e s oriente en bonne mesure partir des champs s mantiques des mots source Ainsi le traducteur quand il n existe pas d quivalents homonymiques susceptibles de traduire les originaux fera porter son choix sur des mots qui recouvrent des r alit s proches et qui lui permettent de garder autant qu il le pourra l quilibre n cessaire entre l incontournable adaptation de la contrainte dans la langue d arriv e et l exigence de rester aussi pr s que possible des contenus fictionnels du texte source Par ailleurs la lecture qui pr c de permet de conclure que contrairemen
381. nitiaux sans le dernier vers qui commence avec un article ind fini trois protagonistes dont les noms riment sans le dernier v vers qui sous cet angle s en dispense trois l ments terminaux qui riment sans le second qui sous cet angle s en dispense D autre part deui s ries d gressives l une dans l ordre de la proximit de l initial frangin au quidam terminal et l autre plus ou moins dans l ordre alimentaire de l entier saucisson initial au partiel quignon terminal Enfin un ensemble plus ou moins sym trique le vers initial offrant une similitude lex mique entre sa premi re syllabe et sa demiere lt von frangin saucisson les centraux de fa on crois e et chiasmatique une consonance entre les deux premi res syllabes de l un et les deux ultimes de l autre son cousin un cro ton le terminal une JEAN RICARDOU similitude entre la deuxi me syllabe et la p nulti me un quidam un quignon Bref sur les sept agencements notables il appert la suite d un examen plut t scrupuleux et sans faire saillir en toute rigueur certaines de leurs intimes difficult s structurales que trois d entre eux sont grev es d un laxisme ce qui pour tel si court fragment d un crit r put contrainte ne laisse pas d interroger Cependant ayons souci de le pr voir il se pourrait bien que ce jugement rencontr t deux objections
382. nnovations plus ou moins oulipiennes de cet ordrei ou de surcontraintes math matiques c est dire laborant un mod le abstrait comme certains graphes tels carr s bi latms et autres innovations plus ou moins oulipiennes de cet ordre Au dessous des contraintes permettant i orthorepr sentation Oui les anticontraintes pro oquant la cacorepr sentation ou repr senta non d fectueuse c est dire certaines prescriptions qui abolissent chacune et l on pourrait donc les nommer aussi bien des laxismes certaine contrainte permettant l orthorepr sentation Ainsi la M thode S 7 de Jean Lescure laquelle consiste n est ce pas remplacer tous les substantifs d un texte par le septi me qui le suit dans un lexique donn fait sauter la contrainte de coh rence s mantique Ainsi la Litt rature d finitionnelle de Raymond Queneau laquelle consiste n est ce pas tant donn un texte Mahood S 7 Litt d imtonndle c z 5 JUustaton i 42 JEAN RICARDOU substituer 4 chaque mot signifiant sa d finition dans le dictionnaire puis it rer l op ration fait sauter la contrainte d conomie lexicale Plus pr cis ment ce qui distingue les prescriptions anticontraignantes du groupe des prescriptions contraignantes et surcontraignantes c est non seulement l affaissement repr sentatif dont p tit leur r sultat
383. notre th or me nous pouvons appliquer la d duction Que les mots brise fibre et filtre se traduisent en bries fiber et filter c est une chose que chaque dictionnaire pouvait d j nous dire Mais il est surprenant d apprendre que les noms P rigord et Dordogne sont tels qu ils sont en raison de Porridge et Onder god Sous dieu Le cimeti re du P re Eischaal coquille d oeuf l enigma d une gamine le lach traan rire larme d un charlatan tout a nous surprend Et saviez vous qu un Parisien avec aspirine devient un Piranesi Aux coins des rues parisiennes on trouve souvent un escalier avec une plaquette qui porte l inscription RATP On ne trouve pas le mot ratp dans les dictionnaires Qu est ce que c est un ratp L anagramme n erlandaise donne la solution ratp trap escalier Ou prenez le champignon que l on appelle chanterelle qui ne chante pas mais qui a un monopole dans une for t n erlandais aileenrecht anagramme de chanterelle Vous ne me croyez plus Parfait Mais il est vrai quand m me qu un serpent montre des strepen stries que Cl op tre avait une maladie pectorale que Carnot tait contra Cantor et que les pistaches sont aussi ridicules que les pastiches Extrait de Opperlans Taal amp Letterkunde litt ralement Langue et litt rature des Hauts Pays Amsterdam d Querido 2002 289 CREATIONS Alain Chevrier pigrammes anagrammatiques Extrait n 1 Tab
384. nous oblige de pr ter au texte lui m me qui ne nous livre jamais une cl tout fait satisfaisante Un roman de ce type et Cigarettes en tout premier lieu fonctionne tr s bien comme un cran de projection des motions et des pr juges du lecteur Paul Foumel a souv ent affirm que la litt rature valeur ou tiquette sociale et donc arbitraire n est pas l enjeu du travail de Oulipo qui ne vise que l criture Cet argument qui situe tout l int r t de la contrainte du c t de la production poss de une vidente utilit strat gique mais il n est plus vraiment recevable en dehors du cercle des cr ateurs eux m mes D s qu un texte provoque chez le lecteur un engagement de type productif portant sur la forme il entretient un rapport avec la litt rature Ce rapport qui n a pas besoin de se fonder sur une connaissance v ritable des proc d s de cr ation correspond tout aussi clairement la fonction po tique du langage dans le mod le jakobsomen qu la d finition de la litt rature donn e par Hans Robert Jauss et l cole de la Rezeptions sthetik un dialogue entre texte et lecteur FI me semble donc que malgr les d fenses rig es en partie par les Oulipiens eux m mes et encore plus par leurs exeg tes il existe bel et bien un effet contrainte Bien plus important du c t de la r ception que le principe de Roubaud le principe du cumul des contraintes a pour effet de prov oquer chez le lec
385. ns conditionnels Les premiers sont des liens dont l appel ou l ancrage est constitu d un mot ou d une partie du texte les seconds sont g r s par des scripts qui ne donnent acc s un fragment donn que si certaines conditions sont remplies il s agit en g n ral de v rifier que tel fragment a d j t lu ou non Le lien s mantique est l outil par lequel l auteur guide son lecteur dans le labyrinthe de l hypertexte Ce type de lien le seul disponible sur Internet ne pose gu re de probl me dans des textes caract re informatif Une table des mati res l approfondissement d une notion ou un d veloppement annexe supportent tr s bien ces liens qui se trouvent suffisamment explicit s par leur contexte imm diat Dans le cas d un hypertexte litt raire le choix de l ancrage d un lien est beaucoup plus d licat Car si l on excepte les cas o le lien appartient au paratexte Si vous d sirez savoir ce qui se passe sur le th tre 89 90 THEORIES DES NOUVELLES FORMES D ECRTTURE NUMERIQUE de leurs ablu ons passez par 16 si vous ne le d sirez pas vous passez 21 il est bien difficile l auteur de pr voir la r action de son lecteur et ce dernier de sav oir o tel lien v a le conduire Cette contrainte d criture et de lecture peut tre trait e de fa on tr s variable Michael Joyce dans 4fiemoon a s tory a choisi de ne pas mettre en vidence les liens qui s attac
386. ns que Jacques R da consid re de fa on sp cifique les rimes ai ent comme f minin singulier Rimes pour l il et rimes pour l oreille Les rimes pour l il type venus V nus prolif rantes chez Hugo disparaissent puisque ce sont des assonances et un phon ticien comme Gram mont les condamne comme l avait d j fait Banville De m me ne se pose plus la question du sous syst me CV dans les rimes pour l il avec d autres consonnes muettes que celles du pluriel m trique comme l exemple de Verlaine seringa Mistingudt Un cas limite peu connu l arbitraire orthographique d un auteur du Manifeste du N o Pamasse 1930 Rubin Khouvine dans Strophes 1931 qui pr nait des rimes parfaites c est dire la fois pour l il pour l oreille en mots de m me esp ce et avec la consonne d appui le r sultat est consternant Il avait t pr c d par Mallarm dans la Prose pour des Esseintesj Des th oriciens humoristes s taient moqu s des paradoxes de cette rime Alphonse Allais Courteline et Apollinaire avec exemples l appui cf notre article dans Que Vlo ve n 19 juillet septembre 2002 Du c t de l Oulipo les rimes l il de Harry Mathews et d Ian Monk dans leurs po mes anglais nous paraissent imjjorter la fois l exemple de la Prose de Mallarm et celui des rimes d Alphonse Allais et de Courteline Dans ses Copies Toulet a jou
387. nsuffisants pour diriger ou contr ler un nouveau comportement intelligent p 205 Les qualia l instantan des moments de perception repr sentent le point de d part des concepts subjectifs ils peuvent exister m me au niveau cellulaire et contribuent rendre l individu unique Geste de Grangaud sous titr narrations se compose de mille po mes tous des tercets en 5 5 11 Ces po mes racontent des v nements disloqu s et non lin aires qui tous tournent autour de plus qu une seule histoire Chaque geste comme l indique le sous titre pourrait bien participer une ou plusieurs histoires narrations Dans chaque narration il y a un homme et ou une femme et ou un enfant et eux tous passent par des accidents de route de chute ou de sant Aussi ces po mes sont presque tous crits au temps pr sent Il en r sulte que chaque po me geste para t plant dans l instant pr sent perp tuel cet instant o l on cherche se rappeler un v nement particulier Donc chaque po me exprime le spontan l impr dictible le quantum de la subjectivit 211 212 ANALYSES D EUVRES Je soumets F argument que chaque po me ressemble un quale singulier de qualia La contrainte formelle des po mes fait que chaque po me occupe un temps gal vingt et un syllabes Dans Geste un moment en vaut un autre Extrapolons un peu Chaque instant de perception ne vaut il pas un autre Au niveau qualitat
388. nt es sa propre substance pour se faire elle m me mat rialit permanence ductilit hybridation combinatoire r versibilit symbolisme transcendance historique formalisation transition Mobilit multidirection palimpseste repr sentation d placement Secundo pour ce qui est de l interactivit il s agit de la capacit du sujet de l usager pour transformer manipuler les images les textes les sons et les donn es informatiques C est vrai que cette d finition concerne le domaine 185 ANALYSES D EUVRES informatique mais elle concerne aussi les textes en general l criture Ce quoi il faut ajouter l id e suivante l criture traditionnelle tait relativement statique mais elle devient d sormais mobile permutable r ticulaire compatible partageable et interactive par le moyen de la technologie moderne Enfin comme les textes modernes sont parfois construits comme les hypertextes et ou avec des dispositifs hypertextuels il est vident alors que nous pouvons parler d interaction peut tre pas d interactivit d un ph nom ne qui se produit plus couramment que nous le croyons dans les textes de la modernit De ce point de vue la Mobilit deviendrait ainsi une man uvre ou dispositif interactif puisque a les composants du texte peuvent tre transform s manipul s b le lecteur peut agir comme un crivain fonction heuristique de la lecture et
389. nt les processus de la conscience Une fois reconnu cet tat sait se transformer en une source d invention Conclusion fa 29 Dans L aventure de la m moire de Voltaire les hommes ont commis la faute de blasph mer la m moire Comme punition les Muses la leur ont t e Survient la sc ne suivante Chacun ayant oubli leur idiome articulait des sons informes C tait bien pis qu Babel o chacun inventait sur le champ une langue nouvelle Le sentiment inn dans le sens des jeunes valets pour les jolies femmes agit si puissamment que ces insolents se jet rent tourdiment sur les premi res femmes ou filles qu ils trouv rent soit cabareti res soit pr sidentes et PETER CONSENSTEIN celles ci ne se souvenant plus des le ons de pudeur les laiss rent faire en toute libert 565 Cette sc ne comique met en vidence un monde l inverse car sans m moire Mn mosyne renverse la punition en disant ceci Imb ciles je vous pardonne mais ressouvenez vous que sans les sens il n y a point de m moire et que sans la m moire il n y a point d esprit 566 L emploi conscient des contraintes litt raires cr e une litt rature qui se souvient une litt rature se souvenant Globalement la contrainte fonctionne comme mn motechnique Elle engage les lecteurs par son c t jeu elle met en question l inspiration et m me aux niveaux scientifiques et philosophiques elle rehausse notre cons
390. nt ou dans les mots de Jacques Roubaud une violation intentionnelle de la contrainte des fins esth tiques On le voit le clinamen est une r gle de peu de vertu J avais nagu re pos que du point de vue de la r ception la contrainte tait plus ou moins visible et plus ou moins explicite et l inverse plus ou moins invisible et plus moins ou moins implicite selon le type de texte Ainsi plus la contrainte est formelle plus elle tend tre explicite visible le cas est flagrant avec la po sie h t rogrammatique de Georges Perec qui nous en a laiss un corpus impressionnant elle tend au contraire l implicite invisible lorsqu elle se dissout dans la trame de la prose tel est le cas notamment de plusieurs textes de Jacques Roubaud dont je parlerai bient t 29 30 THEORIES DE LA CONTRAINTE MARC LAPPRAND Cela tant pos voyons la question plus d licate de l effet de contrainte On sait que les Oulipiens ont d fini la contrainte Canada dry comme tant un simulacre de contrainte Un texte en contrainte canada dry a l air d tre crit suivant une contrainte il ressemble un texte sous contrainte il en a le go t et la couleur Mais il n y a pas de contrainte On peut effectivement avancer qu en l occurrence il y a effet de contrainte Mais l effet de contrainte peut il jouer ind pendamment de la contrainte qui est l uvre En d autres ter
391. nt c est comme a Jean Cl ment Hypertexte et contrainte Vers une encyclop die des critures contraintes Raffaele Aragona L nigme en Italie Alain Chevrier La rime au XXe si cle Astrid Poier Bemhard Litt rature contraintes en Autriche Jan Baetens Contrainte et bande dessin e Analyse d uvres C cile de Bary L arbitraire de la contrainte Daniel Bilous Librement imit de J sus Camarero Hyperconstruction et Mobilit Peter Consenstein La contrainte et l enjeu de la m moire Sjef Houppermans Contraintes et couleurs Christelle Reggiani Le romanesque de la contrainte Chantal Robillard Conte et contrainte 15 19 28 38 59 82 95 108 123 132 139 154 182 202 215 230 246 11 FORMULES Hennes Salceda La traduction comme laboratoire d analyse Uwe Schleypen Achille la Tortue et les contraintes Cr ations pr sent es pendant le Colloque Battus Rues de France Traduction par translation Alain Chevrier Epigrammes anagrammatiques Sjef Houppermans La cinqui me colonne et le rat de cave Marc ParajTe A toutes fins utiles Chantal Robillard De verre vert St phane Susana Ourobindromes Bemardo Schiavetta Raph l version de Cerisy lan Monk Une traduction anglaise de Raph l Annexe Jan Baetens amp B
392. nt des l ments profonds de sa personnalit et d autre part de la signification d j construite dans la manipulation Ces deux l ments ne sont pas de nature algorithmique et ne constituent pas des r gles simulables par le fonctionnement d un programme 2 3 Queneau pas Queneau 2 3 1 Un d placement de la lecture iconoclaste Les cent mille milliards de po mes ont fait l objet de nombreuses mises sur ordinateur et ce d s 1975 par les auteurs de l Oulipo Nous utiliserons la version r alis e en 1988 par Tibor Papp et les versions officielles et patent es programm es par Antoine Denize dans Machines crire J y ajouterai une variante in dite et exp rimentale de l uvre de Georges Perec un peu plus de 4000po mes en prose pour Fabricio Clerisy que j ai programm e pour les besoins d un cours en master multim dia l ENSCI Ces productions pr sentent des caract ristiques communes les r gles d criture pr vues par l auteur sont utilis es comme r gles de programmation et la lecture s effectue l cran et non partir de sorties imprimantes Ces caract ristiques induisent des relations entre l uvre et le lecteur tr s diff rentes de celles induites par le livre Le lecteur se retrouve en situation de lecture locale dans le mat riau phrasique con u par l auteur sans visibilit du contenu total Cette situation de lecture est une caract ristique de la litt rature le
393. ntraintes Dans un texte lipogrammatique qui se limite l emploi des voyelles a et u la contrainte constitue donc aussi le sujet La maison d dition Ritter annonce la parution prochaine d un roman de Fritz Widhalm Warum starb der sch ne Mann Kein Kriminalroman von dem ganz Wien spricht Pourquoi est il mort le bel homme Pas un roman policier dont parle tout Vienne Le sous titre en quelque sorte proph tique contient un indice de la contrainte appliqu e la n gation l antonyme le contraire Le proc d de Widhalm avait deux stades pendant le premier il a lu un grand nombre de rompols il a regard des films policiers de troisi me ordre et en a fait un montage le r sultat interm diaire tait ainsi coup et mont toujours un roman policier pour obtenir pas un roman policier Widhalm a d inverser tous les l ments qui constituent le genre un h ros positif qui se pr te l identification un d sir h t rosexuel un commissariat de police qui travaille avec concentration des hommes vraiment m chants des cadavres etc Quel sera le r sultat d une telle inversion Vu que la plume de Widhalm est toujours pleine d id es et de jeux de langage j attends ce roman avec impatience et j en parle en France avant que tout Vienne n en parle pas Les livres que Fritz Widhalm a d j publi s sont huch chou et mr elk amp mr seaP Les deux se basent sur des proc d s complexes
394. o comme un exclusif Ouvroir de Litt rature Contraintes c est notamment de Jean Lescure le propos que voici JEAN RJCARDOU Mais enfin l essentiel de notre objet demeurait bien la litt rature et Fran ois Le Lionnais crivait Toute uvre litt raire se construit partir d une inspiration qui est tenue de s accommoder tant bien que mal d une s rie de contraintes ou de proc d s etc Ce que l Oulipo entendait ainsi montrer c est que ces contraintes sont heureuses g n reuses et la litt rature m me Ce qu il se proposait c tait d en d couvrir de nouvelles sous le nom de structures Ce qui laisse penser que cet avis l int rieur du groupe n a point toujours t unanime c est de Claude Berge le propos suivant Si l on diss que les tendances oulipiennes avec un scalpel suffisamment ac r on voit appara tre trois courants la premi re vocation oulipienne est sans doute la recherche de structures nouvelles qui pourront tre utilis es par les crivains de la fa on qui leur plaira ce qui signifie que l on d sire substituer aux contraintes classiques du type sonnet d autres contraintes linguistiques La seconde vocation oulipienne sans rapports apparents avec la premi re est la recherche de m thodes de transformations automatiques de textes par exemple la m thode S 7 de Jean Lescure Enfin la troisi me vocation celle qui nous in
395. oire dans la langue sous peine de perdre sa raison d tre 144 5 6 PETER CONSENSTEIN Au lieu de mettre l accent sur la distinction traditionnelle entre l il et l oreille Roubaud souligne leur travail en tandem Le r le de la po sie n est pas de connecter ou de relier mais de faire jouer une m moire externe la m moire int rieure Cette m moire externe surtout pour ce soi disant homo lisens 142 c est la culture de l criture la m moire int rieure n est rien d autre que celle du scriptor de l crivant Il s en sort un mouvement tr s bergsonien de la m moire qui n est rien d autre que l art de la m moire Cet art tout comme celui des cartographes d limite les param tres du trajet entre les m moires ext rieures et int rieures L art de la m moire consiste dans la volont de cr er une topologie int rieure o on cache tout ce dont on voudrait se souvenir La m re des Muses Mn mosyne dirige les chemins de la m moire Ceux ci m nent la connaissance par le biais du mouvement int rieur ext rieur la contrainte litt raire ne r ussit faire rien de moins La contrainte et les mn motechniques Maintenant long de cinq tomes Le grand incendie de Londres La Boucle Po sie r cit Math matique r cit et La Biblioth que de Warburg vision mixte le r cit autobiographique de Jacques Roubaud pr sente au lecteur une contrainte litt ra
396. ois que j ai parier de cette technique il m est tr s utile de recourir a une petite nigme d sormais devenue tr s c l bre son auteur est Cesare Farma D s agit de deux vers hend casyllabes qui semblent d crire une tendre et laborieuse petite dame comme le titre semble malicieusement vouloir le sugg rer au lecteur La devinette pourrait se traduire ainsi LA WA NOM MA GRAND M RE Lavora dago fias amezanoac Elle travaille jusque minuit per aggmsiore le mutande r tie pour arranger les culottes cass es Le jeu mgmisrique est condens dans ces quelques mots qui part les pr positions et les articles peuv ent tous se transformer pour se rapporter non pas a la grand mere mais la boussole le tout travers un jeu d homonymies et d expansions s mantiques plus ou moins accentu es En italien le verbe lavorare signifie travailler mais il indique aussi une action continu e une activit Yago comme Y aiguille n est pas seulement l aiguille coudre mais aussi aiguille de plusieurs instruments de pr cision la balance et justement la boussole mezzanorte veut dire minuit mais ce mot indique aussi le nord aggiustare signifie arranger mais aussi ajuster les muiande ce soru les culottes mais Je m me mot est aussi le g rondif italien du verbe muiare c est a dire dans le cas que je viens d illustrer les culottes qu il faut changer le mot r tie est un substantif pluriel qui indique les r
397. ollage que constitue le texte simonien l hommage sert aussi cr er des liens avec d autres l ments du roman Ainsi Poussin est parmi les r f rents majeurs de Simon en peinture et le tableau La Peste Ashrod joue un r le primordial dans le texte Marie Miguet Ollagnier art cit p 134 en dit Les insertions de r f rences proustien nes me semblent tre utilis es comme l est la couleur dans la composition d un tableau elles constituent un rappel et sont en harmonie avec d autres touches celles l proprement simoniennes Le rose par exemple sert directement comme propulseur du r cit si le chapitre 2 se termine par la citation proustienne maintenant elles taient roses le chapitre 3 commence ainsi Dans le noir on commence peu peu distinguer vers l est une mince ligne rose s parant le ciel de la mer de nuages A l int rieur du chapitre 2 les citations tir es de Proust alternent notamment avec des passages concernant la fameuse chevauch e de mai 40 une visite de la Reine d Angleterre des d tails sur la vie de Churchill une description des vitraux du coll ge ot le narrateur tait interne autrefois le journal de Rommel et des pages rapportant la visite d un journaliste qui vient interviewer Simon Le caract re h t roclite de ce collage r pond l exergue que Simon a choisi chez Montaigne et qui dit entre autres Nous sommes tous de lopins et d une contexture
398. olontiers en impressionniste et si dans cette s quence toutes les louanges sont donn es Monet et Degas il int gre ici tout impressionnisme dans son syst me de contraintes personnel qui m ne vers le rose comme couleur du d sir Si le principal but de l auteur de La Recherche est de vaincre le temps de le capter dans son style de saisir dans une suite de bandes color es le glissement des heures le code pour imposer cette quatri me dimension se dessine dans la gamme dans couleurs Et que le rose qui baigne le blanc des rideaux et de la page y r p te son obsessive n cessit est encore prouv par le retour du nom d Odette dans les r flexions que la sc ne suscite dans l esprit du je pour exprimer un d ni de toute ressemblance que force pourtant assumer le rose La discussion qui avait eu lieu avec les dames Cambremer s tait signal e par un haut degr de burlesque La vieille marquise est cruellement d peinte dans ses tics physiques Ainsi Chaque fois qu elle parlait esth tique ses glandes salivaires comme celles de certains animaux au moment du rut entraient dans une phase d hypers cr tion telle que la bouche dent e de la vieille dame laissait passer au coin des l vres l g rement moustachues quelques gouttes dont ce n tait pas la place IIL 203 La jeune Madame Cambremer Legrandin se caract rise par son snobisme h r ditaire et une profonde ignorance au sujet des arts C est pourquo
399. ompt s ou plus ou moins libres Mais chez un Charles Gu rin qui crit en vers compt s l assouplissement se fait selon des crit res stricts qu on peut reconstituer touchant le nombre de syllabes en cause D autre part l assonance est utilis e de fa on syst matique dans certains po mes comme un sonnet avec donc le resserrement de la contrainte proscription de toute rime compl te Il en va de m me chez Remy de Gourmont dans une terza rima par exemple th oricien et praticien de l lision du e muet L oubli Jean de Beaulieu illustre m tapo tiquement cette forme de rime dans son po me L assonance dans Les Libres Po mes Pr c d s d une tude sur le vers libre 1911 Francis Jammes recourra pour son long po me Jean de Noarrieu 1901 des sizains en d cassyllabes aux rimes isovocaliques rimes assonances et rimes augment es qui voquent les laisses assonanc es de la po sie m di vale C est un durcissement sur la voie de son retour l orthodoxie rime stricte et alternance qu il s agisse de son livre tout en distiques d alexandrins Les G orgiques Chr tiennes 1912 ou des livres des Quatrains La non rime Dans leur critique de la rime Charles Vildrac et Georges Duhamel Notes sur la Technique po tique 1910 veulent la faire rentrer dans le rang et que m me l assonance soit la plus discr te possible en m me temps qu ils pr nent la notion de con
400. on ceuvre monde ainsi que la structure interne de l uvre elle m me m Hyperconstruction et Mobilit 1 L Hyperconstruction rapproch e de la Mobilit Voici donc une lecture mobile de la th orie de l Hyperconstruction Pour commencer le m me esprit moderne et formaliste d Edgar Allan Poe dans son tude Philosophie de la composition 2 nous pouvons le retrouver un si cle apr s dans l uvre critique de MB Sur un certain plaidoyer pour les nouvelles formes MB met l accent sur une certaine po tique du roman moderne et les param tres du r alisme l heure actuelle sous condition d un certain formalisme constructeur La recherche de nouvelles formes romanesques dont le pouvoir d int gration soit plus grand joue donc un triple r le par rapport la conscience que nous avons du r el de d nonciation d exploration et d adaptation L invention formelle dans le roman bien loin de s opposer au r alisme comme l imagine trop souvent une critique courte vue est la condition sine qua non d un r alisme plus pouss w Sur la th orie des sch mas de MB le souvenir de Poe vient tout le temps l esprit du lecteur Je ne puis commencer r diger un roman qu apr s en avoir tudi pendant des mois l agencement qu partir du moment o je me trouve en possession de sch mas dont l efficacit expressive par rapport cette r gion qui m app
401. on apparition sur le reseau a ec les uvres de Jacques Jouet de Stephen Kmg de Jean Pierre BaJpe ou de Raymond Bamster hop u ancaieeicires com Terme propos par Espen Aarseth dans son ouvrage Cybertext Perspectives on Ergodic Lueratwr Bifemore John Hoplans l versitY Press 1997 Le pr fixe cyber tend ainsi remplacer le prefixe hyper qui tait pourtant un bon candidat la d signation de l ensemble de ce que Ton ant pu appeler Iltvperiiaerafure Vc notamment farade de Jean Louis Lebrave Hypertextes M moires criture Genesis 5 1994 Paul Viky Fragments des m moires dunpoeme Paris Grasset 1938 Repris dans Paul Val ry iwo Pa amp GiBsanL 1957 1960 Jacques Roubad o c p 34 Cayurui num L Pans Seuil 1965 m Pans GaEkmsrd 1961 Jorge Lue Borges Fictions nouvelle dition augment e Pans Gallimard 1983 Xm amp Cee t BrandenbcHffgec Apparitions inqui tantes ditions OObOO Paris 2000 Sato Beuve De la litt rature mdustnelle cit par Lise Dumasy La querelle du noman inBUtam Grenoble g_ 1999 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES CRITURES A CONTRAINTES Raffaele Aragona L nigme en Italie critures et lectures contraintes En Italie l nigme reste un genre fort important que l on pratique avec grande assiduit parmi d autres formes d criture ludique Autant le dire d embl e le fait de rattacher l invention d nigmes la sp
402. on et de syncr tisme esth tique P 175 Ses yeux bleuissaient comme une pervenche impossible cueillir et que pourtant elle m e t d di e et le soleil menac par un nuage mais dardant encore de toute sa force surla place et dans la sacristie donnait une carnation de g ranium aux tapis rouges qu on avait tendus par terre pour la solennit et sur lesquels s avan ait en souriant Madame de Guermantes et ajoutait leur lainage un velout rose un piderme de lumi re cette sorte de tendresse de s rieuse SJEF HOUPPERMANS douceur dans la pompe et dans la joie qui caract risent certaines pages de Lohengrin certaines peintures de Carpaccio et qui font comprendre que Baudelaire ait pu appliquer au son de la trompette l pith te de d licieux Dans Le C t de Guermantes cette r flexion est reprise pour dessiner les lignes d une formalisation qui de l exp rience v cue la litt rature imposera son ordre proposant de suivre la voie lact e du d sir pour deviner l attrait des n buleuses Habitant la m me demeure que la duchesse Marcel tente de lui faire retrouver ses couleurs Si dans le tourbillon vertigineux de la vie courante les noms ont perdu toute couleur comme une toupie prismatique qui tourne trop vite et qui semble grise en revanche quand dans la r verie nous r fl chissons nous cherchons pour revenir sur le pass ralentir suspendre le mouvement perp tuel o nous som
403. on sp cifique t moignant symptomatiquement de l enjeu de l auteur qui par diff rentes sortes de contraintes tente de composer sa propre litt rarit En un sens c est aussi une laboration de mon tude publi e dans Formules 4 o j essaie de proposer quelques grandes lignes de recherche notamment sur la base de l ouvrage fondamental de Jacques le Rider Les couleurs et les mots Comme le pr cise Manlio Brusatin Couleur et dessin ont jou alternativement des r les oppos s dans l histoire des arts visuels tant t celui de la libert et du d sir libertas tant t celui de la n cessit et de la contrainte obsequium p 31 Les partisans de la nettet du trait consid raient la couleur comme la folle du logis fille du r ve et de l inconscient Celle ci revendique sa libert comme expression des sentiments et de l me Mais c est pour la m me raison que la couleur peut appara tre en tant que lourde r alit mat rielle incontournable marque des cha nes physiques tandis que la ligne permet une formalisation spirituelle On aura reconnu les coles florentine et v nitienne la lign e de Poussin et celle de Rubens Il va de soi que cette discussion en peinture se refl te dans l emploi litt raire de la couleur Contrainte et contre treinte lin ament et clinamen la couleur se montre versatile et plurielle minemment subjective et historique On distinguera avec fruit quatre gran
404. ona 1994 Una vocepoco fa Repertorio di vocaboli omonimi d lia lingua italiana Bologna Zanichelli 1994 gt John Lyons Semantics 2 Cambridge Cambridge U P 1977 John Lyons Language and Linguistics Cambridge Cambridge U P 1981 Gilles Deleuze Gilles Logique du sens Paris Minuit 1969 A J Greimas Du sens Paris Seuil 1970 Edoardo Sanguineti Poesia ed enigma in Raffaele Aragona Le vertigini del labirinto Napoli Edizioni Scientifiche Italiane 2000 7 Mario Cosmai Corpus di crittografie mnemoniche in VS Versus Quademi di studi semiotici n 7 Milano Bompiani 1974 Umberto Eco Materiali per una ricerca sulle crittografie mnemoniche in VS Versus Quademi di studi semiotici n 7 Milano Bompiani 1974 Giovanni Manetti et Patrizia Violi La grammatica dell arguzia in VS Versus Quademi di studi semiotici n 18 Milano Bompiani 1978 Piero Bartezzaghi Quello che volevo Milano Graficarta 1999 p 144 Raffaele Aragona Citt in Raffaele Aragona Antologia d Enimmi Napoli Premio Capri dell Enigma 1988 pp 122 123 10 Raffaele Aragona Enigmi una scrittura contrainte in Raffaele Aragona Le vertigini del labirinto Napoli Edizioni Scientif che Italiane 2000 pp 223 238 9 107 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES CRITURES A CONTRAINTES Alain Chevrier La rime au XX si cle l ments de rimologie La rime est une des contraintes structurell
405. ons du lecteur Pour le lecteur elle est r alis e au niveau de ses propres manipulations il attend un r sultat pr visible m me si cette pr vision n cessite de sa pan me phase d apprentissage qui apparente l uvre un jeu C est cettedifference de perception de h fonction du programme autorise l utilisation PHILIPPE BOOTZ de la double lecture d s le projet d criture L algorithme du programme est con u de sorte que les manipulations du lecteur ne g n rent jamais d attente On peut dire que l animation prime sur l interactivit le programme fournit en permanence un texte voir coh rent avec ce qui vient d tre vu ou r alis La philosophie du fonctionnement est donc rigoureusement inverse de celle de l hypertexte il n y a pas pour le lecteur de notion de navigation possible m me si la structuration hypertextuelle reste pr sente pour l auteur au niveau du montage Ces projets se situent typiquement dans une perspective non mim tique Parmi mes uvres r centes trois utilisent cette technique Le nouveau pr pare l ancien Stances H l ne et passage Pour l auteur les l ments manipul s par le montage dans le nouveau pr pare l ancien sont des variantes d un l ment de base vid o son et image travaill es par dilatation temporelle Les textes au nombre de trois sont en relation hypertextuelle au sens de Genette entre eux Ces relations importantes pour la coh rence
406. oquin 100 jeux alphab tiques Paris Librairie g n rale fran aise 1990 Marcel Bemasconi Histoire des nigmes Collection Que sais je n 1087 Paris Presses Universitaires de France 1964 Michel Laclos 1977 Jeux de lettres jeux d esprit Paris Jean Claude Simo n 1977 P Guiraud Le jeux de mots Collection Que sais je n 1656 Paris Presses Universitaires de France 1979 Annamaria Lecoq et Jacques Roubaud L educazione enigmistica Milano FMR n 61 1988 Raffaele Aragona Poesia per enigmi in Branella Eruli Attenzione al potenziale Il gioco d lia letteratura Firenze Marco Nardi editore 1994 pp 145 158 Raffaele Aragona Enigmatica Per una poietica ludica Napoli Edizioni Scientifiche Italiane 1996 Giuseppe Aldo Rossi Enigmistica Milano Hoepli 2001 Marius Serra Verbalia Barcelona Empuries 2001 3 Raffaele Aragona La parola giocata un utile restrizione per il testo in La Sibilla n 1 1996 Raffaele Aragona Enigmistica struttura e gioco in Alessandro Perissinotto Il gioco segni e strategia Torino Paravia Scriptorium 1997 Stefano Bartezzaghi Le regole del gioco Torino in L Indice n 8 settembre 1992 Stefano Bartezzaghi Sistematica dell ambiguita Appunti di semiotica dell enigmistica in VS Versus Quademi di studi semiotici n 64 Milano Bompiani 1993 Stefano Bartezzaghi Lezioni di enigmistica Einaudi Torino 2001 4 Raffaele Arag
407. orie nous renvoyons au Sexe des rimes Elle a donn lieu a une oeuvre tr s importante de Jacques Jouet le recueil de doubles sixains de 107 mes 1991 puis les passages en terra rima de S avet linge oeil de vieux 1998 C est une forme la fois desserr e int grant assonance et contre assonance et resserr e et associ e la nouvelle alternance Mais l auteur semble pour l instant le seul s tre implant ce logiciel m trique dans le cerveau La rime litt rale On trouve des exemples erratiques de rime anagrammatique chez Cocteau Un usage syst matique en est fait dans un po me chez Der me neige g nie et dans un po me de Vah Godel c ur crou Dans sa sextine anagrammatique Jouet utilise des mots rimes anagrammatiques diff rents chaque couplet par ex ancre carnes cr nes crans nacres rances ALAIN CHEVRIER Remarque comparative dans leur correspondance Nabokov a pris les rimes amphisb niques d Edmund Wilson pour des rimes anagrammatiques ou anagrimes T S Eliot toilets et pour des rimes palindromiques stupor Proust Nous appellerons rime litt rale ou lettrique les rimes portant sur une seule lettre finale le vers peut tre monolettrique ou sur plusieurs d o les paradoxes des rimes pour l il Celles ci apparaissent dans le cadre de vers litt raux Set non plus syllabiques comme dans les po mes h t rogrammatiqu
408. orimes Une tendance du sixain passablement laborieux que le docteur Mardrus posta un jour de Turquie l inventeur du genre 170 ANALYSES D EUVRES Au dieu St phane Mallarm Rose th fane ma larme Et Porte lui brise rue de Rome Quatre vingt neuf coeur de PARIS Mon salut Nez gorg de rhum Du facteur ne pleure pas ris Le comble s obtient en ajoutant la contrainte de bri vet avec le virtuose distique holorime o peu se risquent sans doute parce qu il faut aussi inventer l adresse elle m me Dans une certaine mesure un laxisme superlatif la fois par l invention et parce que la surcontrainte holorimique force coupler des l ments oblig s au rebours de ce que faisait le po te Daniel Marmi a nagu re ourdi la suivante Adresse pour condol ances l ami com dien Cinquante Impasse Thiers situ le veuf acteur Saint Quentin passe tiers si tu le veux Facteur La contresignant St phane Mallarm l auteur en quelque fa on reconna t au syst me son label d origine mais c est videmment le crit re de tendance qui fait supposer un mod le dans l uvre Enfin il est logique de prolonger le travail de Mallarm en structurant des places laiss es par lui en friches Comme figure le quatrain a deux c t s verticaux dont seul le droit est lieu d un travail On appelle cette zone la colonne des rimes assez improprement d
409. orise la conception d une nouvelle forme de g n rateur le g n rateur adaptatif qui vise g rer tant bien que mal l impossibilit de r aliser un projet l ex cution Par ce biais l auteur n est plus un b tisseur mais un gestionnaire de brisures Cet aspect constitue le versant auteur d une nouvelle esth tique d nomm e esth tique de la frustration la s paration des domaines le processus d ex cution cr e une barri re infranchissable entre le lecteur et l auteur Le lecteur ne peut tre qu en situation de lecture locale le texte voir est fondamentalement inscrit dans le temps et il n est pas un objet mais l tat instantan observable d un processus la page cran est un tat stationnaire Le lecteur n a donc pas toutes les informations en mains qui lui permettent de reconstituer le projet r el de l auteur Il ne peut le faire que dans la mesure ou cet auteur adopte un point de vue mim tique pour g rer son parcours de lecture et dans la mesure o le processus l ex cution reste compatible avec cette gestion R ciproquement l auteur ne peut pas pr voir la fa on dont le lecteur interagira avec ses programmes et pourtant une partie importante de sa cr ation consiste g rer cette interaction Par ailleurs pour lui les objets textuels ne se r duisent pas au texte voir Ils comportent des parties structurelles invisibles au lec PHILIPPE BOOTZ teur tels que des mod le
410. ormes langagi res ou pragmatiques Il est donc possible pour d finir ce qui est et ce qui n est pas propre aux normes dans un texte donn de pr ciser de mani re objective et falsifiable des crit res et partant des traits dont la pr sence peut tre ou affirm e ou ni e en bloc Ces d finitions sont donc objectives car les crit res utilis s ne peuvent tre que pr sents ou absents H las nous avons ensuite chou dans la qu te d une diff rence sp cifique unique pouvant d finir de mani re objective et falsifiable les contraintes de type oulipien et para oulipien Celles ci restaient confondues l int rieur de la classe plus tendue des sur contraintes textuelles syst matiques classe dont font partie galement les canons litt raires historiques Il nous a sembl alors que la pr sence des divers crit res d finitionnels que nous avions adopt s et cart s tour tour ne pouvait tre tablie que de mani re floue c est dire par plus ou par moins En effet il nous est apparu que toute question sur le caract re tr s contraignant restriction des r critures possibles ou bien tr s saturant en traits stylistiques mat riels ou bien peu conventionnel nouveaut ou raret d une sur contrainte textuelle syst matique ne pouvait se poser qu propos de son degr de restriction de saturation ou de raret De tels crit res impliquent en r alit une s rie ind finie de
411. os Corti 1953 p 70 Le texte de l dition originale aligne L acrostiche en faisant pivoter les lettres d un quart de tour vers la droite X S Fac simil in Daniel Grojnowski Aux commencements du rire moderne L esprit fumiste Paris Jos Corti 1997 p 158 Cit au chapitre Mesures in Oulipo Atlas de litt rature potentielle Paris Gallimard p 228 L on essaie plus bas d y rem dier dans l ordre de l accomplissement Multiplier ou dilater les blancs est ici un moindre mal car il dispense d laigir ou comprimer les lettres la calligraphie mallarm enne est hautement r guli re Le trucage culmine avec le point final dont la distance au dernier mot du vers tend visiblement rectifier pour l il l obliquit persistante de la colonne des rimes Les proc d s qui visent seulement remplir la forme rectangle de l int rieur travaillent en synergie avec ceux qui assurent le trac des contours toujours approximatif on l a dit s agissant de lignes d criture Au plan visuel Mallarm t che de compenser les d faillances du bord droit en achevant de la m me boucle presque un accroche c ur ses l ments constitutifs Intervention qui suivit la pr sente communication gt J emprunte Jean Ricardou cette expression qui rend compte de ce qu un travail un peu exigeant rapporte souvent plus qu escompt outre la rime sur di r se qui n gligerait ces
412. osants textuels dans les uvres de MB vient aussi de l influence que la peinture de Jackson Pollock a exerc sur la litt rature butorienne L id e de l action painting de Pollock s est mat rialis e dans quelques pratiques 183 184 ANALYSES D EUVRES comme le dripping ou d gouttement une technique picturale qui se fait goutte a goutte sur la toile comme un parpillement de la peinture sur le support une action de dispersion ou diss mination des mat riaux qui voudrait recomposer d une certaine fa on l id e du monde et l attitude de l artiste face une r alit d termin e Une autre source importante est celle qui vient d Alexander Calder un ing nieur m canique am ricain devenu sculpteur Au d but de son activit artistique Calder a r alis les Stabiles en fil de fer tr s l g res puis en grand format et poids lourd La seconde tape de son activit est marqu e par les Mobiles faites aussi en fil de fer mais avec des couleurs plumes p tales et d autres l ments tr s l gers qui bougeaient dans l air et pour lesquelles il s tait inspir de l art japonais 2 Historique des structures mobiles litt raires Le processus d hyper formalisation est un v nement qui se produit dans la litt rature moderne et tout au d but il tait li l esprit des avant gardes historiques Lorsque le texte moderne commence d celer l organisation interne de ses signes le jeu de la
413. oule de mots connus communs qui normalement n auraient d poser aucun probl me et pourtant l anarchie du message le rendait aussi herm tique que l est une fatrasie consciencieusement fabriqu e Rien de simple en apparence avec cependant l irr sistible impression que la solution se trouve au bout du compte au d tour de la phrase et Le second n acheva jamais la sienne puisque c est ce moment l que l un des gardiens des captifs poussa un juron Les salauds Ils ont mis les bouts Pr s du r servoir d eau potable o les prisonniers taient attach s ne restait de la corde quiles liait que l extr mit Vite en peu de mots le capitaine distribua ses ordres avec fermet cependant sa voix trahissait la monstrueuse angoisse de l homme seul Il se sentait dans une grande mesure responsable de tout le drame qui se nouait Ce voyage risquait d tre le dernier pour beaucoup par sa faute Mais pensa t il Dieu nous juge et il est inconcevable que de tels tres l int ressent autant que nous d ailleurs ces cr atures semblent vraiment d une perfection diabolique On ignore par quel miracle leur description par un certain Allan Pym un membre de l quipage l emploi obscur nous est parvenue mais il n est certes pas abusif de penser que quelques menues modifications au cours des si cles n aient alt r de fa on significative les phrases Us avaient peu de choses pr s la st
414. outes de mer mais c est aussi le participe pass du verbe rompere et signifie cass es RAFFAELE ARAGONA mezzanotte minuit nord mutande les culottes g rondif italien pluriel f minin du verte mutare c est dire changer mite les routes de mer cass es U est facile maintenant d imaginer comment un ensemble plus articul de vers peut atteindre un niveau de composition formellement plus ambitieux et s mantiquement plus riche La pi ce acquiert alors un souffle majeur et aux r gles ordinaires d un travail en vers va s ajouter une nouvelle r gle l quivoque syst matique L nigme suivante son auteur est L o Nannipieri parle de l pisode de la peste dans Viliade d Hom re est possible de faire une traduction plut t litt rale de ces vers ILIADE LA PESTE ILIADE LA PESTE La plaine entre La piana tra i veli di candida alba les voiles de l aube blanche d j di gi macerala mac r e porlava i colori del lutto portait les couleurs du deuil tach e par macchiata di peste la peste camarade au destin temel compagna al destino supemo des M nes dardants et foison elle di Marti saeltanli pliait les visages dans les rangs battus e in copia piegava le facce D elle on a pris conscience et on a aile file battute connu la source que tout fait Di lei si prese coscienza e si conform ment au vrai Calchas nous seppe la fonte che tutto r v lait conforme del vem ci rivelava Calcant
415. par languette travers la manipulation la notion de sonnet a tout bonnement t occult e Il est apparu dans la discussion que la plupart de ces lecteurs ne connaissaient pas la structure du sonnet ou en taient tr s peu familiers PHILIPPE BOOTZ Ils n avaient donc pas l impression de lire un recueil de sonnets mais de parcourir un volume textuel 11 faut dire qu ils taient pour la plupart de culture plasticienne Le concept de livre objet a d ailleurs le plus naturellement du monde t introduit dans la discussion Certains se donnaient m me des contraintes de lecture particuli res les languettes au bout de quelques temps n tant presque jamais manipul es au hasard mais selon des r gles forg es en fonction de l habitude de lecture prise au cours de la manipulation Ainsi je n tais pas seul consid rer qu il n y avait pas cent mille milliards de po mes mais beaucoup plus ou beaucoup moins en fait un seul selon l id e que l on se faisait du dispositif support de l uvre 2 2 La contrainte soumise aux arch types 2 2 1 L arch type du dispositif joue un r le pr pond rant On pourrait d un revers de la main luder ces anti lectures Je ne m y risquerai pas consid rant que le sens pour le lecteur ne na t que du r sultat de sa r ception qu il est un construit jamais un donn Il est donc plus utile de chercher le fondement de chaque lecture La principale diff renc
416. par le th oricien Becq de Fouqui res dans son trait de versification 1879 Il n emp che que le syst me m trique de la po sie n oclassique n oromantique r sistera et perdurera tel quel au XX si cle La rime qui en est le fleuron le plus visible se perp tuera scolairement chez les rimailleurs et po tereaux mais donnera lieu aussi des uvres d importance prolongation et culmination avec Val ry formes de transition avec Apollinaire usages ironiques des po tes fantaisistes Deuxi me coup de boutoir au XX si cle la suite du futurisme du modernisme et de Dada le surr alisme d Andr Breton a jou un r le d acc l rateur dans l histoire de la disparition de la rime et du vers compt par un de ses interdits tout ce qui est musique est condamn au nom de la spontan it impos e et du culte de l image surprenante 108 ALAIN CHEVRIER Cependant comme en mati re de versification la tradition n tait plus poursuivre ou modifier graduellement la rime est devenue affaire de choix individuel et elle prendra de nouvelles formes chez certains cr ateurs Nous ferons ici une recension des avatars de cette contrainte d un point de vue logique plut t que chronologique Nous suspendrons le point de vue axiologique ou esth tique tendances principales et grands auteurs seront mis sur le m me plan que des singularit s minimes et des auteurs oubli s ou n glig s La mati re est immens
417. pas de pr ciser la position des pieds quand on marche avec pr caution sur une corde tendue entre deux balcons Le traducteur aura probablement tendance ajouter dans un premier essai quelques mots qui lui permettent de transmettre la m me information que Roussel tout en faisant une phrase correcte dans la langue d arriv e sin dejar nunca espacio entre los pies procurando que el talon del delante tocase siempre la punta del de detr s La r criture suivante qui n ajoute qu une pr position serait sans doute mieux r ussie la minima alerta se ponian de pie y cada uno regresaba a su casa con los brazos extendidos para guardar el equilibrio Luego pasado el peligro volvian al mismo sitio caminando con precauci n sin dejar nunca espacio entre los pies con el talon de uno tocando siempre justo en la punta del otro Quoique si on change de place le participe pr sent et on supprime la pr position cm obtiendra une solution plus proche de l l gance roussellienne Luego pasado el peligro volvian al mismo sitio caminando con precauci n sin dejar nunca espacio entre los pies tocando el talon de uno siempre justo en la punta del otro HERMES SALCEDA Face une criture comme celle de Roussel conome l extr me de ses moyens pr cise dans l information qu elle offre et stricte dans le respect de la norme le traducteur s il ne se montre pas assez exigeant coure le risque de tr
418. place parmi les arbres Ce d tail pourrait faire croire que c est un souci de nature qui le motive mais ce qui l int resse en fait c est le langage et le potentiel s mantique et po tique qu il contient Une id e qu il exploite syst matiquement travers la production des sonnets c est qu on pourrait consid rer l arbre et tout le champ lexical qui l entoure comme m taphore du langage les relations entre les racines le tronc les branches les feuilles etc tant comparables des structures grammaticales ou lexicales La proposition de Jacques Roubaud selon laquelle un texte contrainte devrait aussi parler de sa contrainte est donc doublement r alis e par Czemin les sonnets parlent de leur contraintes et de fond et de forme et ces deux l ments sont en plus troitement li es Dans la deuxi me partie Czemin introduit quelques autres champs s mantiques comme le corps la nourriture etc les sonnets qui ont pour sujet les processus germer pousser mirir et faner forment la transition avec la troisi me partie o Czemin fait une abstraction de ces notions et n emploie que des termes qui peuvent d signer des processus temporels comme passer ou rester tre ou devenir Ces sonnets secs qui intensifient le caract re philosophique marquant d j une grande partie des po mes de la premi re et la deuxi me partie suivent une logique m canique et implacable qui donne parfois le vertige Pour Czemin l
419. ploi des contraintes Le risque de contribuer et de participer la culture est dangereux surtout quand le risque est calcul La Contrainte et les questions dites scientifiques de la m moire Quand on parle du ph nom ne de la m moire on a tendance croire ou croire acquise toute d couverte scientifique Par exemple on pourrait tr s facilement dire que le sch ma beigsonien de l inventivit n est rien d autre que la construction et reconstruction des voies neuronales Mais Bergson n en dirait pas autant ax plut t sur l entrecroisement de la mati re et la m moire sur l lan vital sur une m taphysique dynamique C est dire qu il ne faut pas confondre l tude purement scientifique avec l tude m taphysique De m me il ne faut pas confondre l tude purement scientifique avec l tude philosophique et cette d claration fait poser une question importante comment soutenir de nos jours la distinction entre l esprit et le corps Du m me coup on ne peut pas diminuer l effet des d couvertes scientifiques sur la culture ce qui nous fait poser une autre question la contrainte n a t elle pas elle aussi des origines biologiques Comment qualifierait on les contraintes biologiques du cerveau Pour l volutionniste Gerald Edelman les valeurs du cerveau se pr cisent gr ce la s lection volutionnaire Ces valeurs pr con ues par l volution satisfont les syst
420. po tique ou esth tique c est dire qu ils me rendaient attentif la fabrication la construction du texte lui m me Je sais que mon exp rience est partag e par beaucoup d autres fascin s tout autant par la forme que par les r cits de La Vie mode d emploi A la limite il importe peu de savoir si le chef d uvre de Perec est un vrai roman oulipien ou un Canada Dry Il offre l exemple incontournable d un ph nom ne fondamental tant dans les analyses jakobsoniennes que dans la pratique de l Oulipo et qu on peut d signer comme le principe du cumul esth tique Tous ceux qui tentent de composer un texte sous contrainte dure rapprennent au bout d un certain temps une contrainte en appelle toujours une autre et on fait toujours quelque chose au del de l exigence stricte de la contrainte L exemple le plus spectaculaire de ce principe de cumul se trouve dans les sonnets h t rogrammatiques d Alphabets d cor s d acrostiches suppl mentaires Ce principe de cumul a sa contrepartie du c t de la r ception Il me semble que ce principe de production renvers en effet de lecture nous permet enfin de nous rapprocher de notre but qui est de sp cifier l effet contrainte en tant que tel L effet contrainte est une supposition provoqu e chez le lecteur non averti qu il y a un niveau quelconque du texte un enjeu de type esth tique ou formel C est l ignorance des proc d s effectivement
421. posent des transformations ou des traductions r gl es de textes pr existants Citons ici pour le plaisir aussi bien que pour l argument un chef d uvre de r criture d Nicolas Graner LABRUME G rard Lundi 12 f vrier 1816 10e B Sujet un po te d sesp r se souvient des moments heureux de sa jeunesse Racontez Le Malheureux Je suis tout noir et triste sans ma femme ador e M me que mon ch teau de prince est d molli J ai plus d toile J essaye la musique d en jouer Mais comme il fait tout noire elle est tr s triste aussi Je suis presque mouru Je voudrait retourner A Naples parce que la ville et la mer sont jolies Et puis ceuillir des fleurs pour faire un beau bouquet Et voir des beaux raisin avec des roses aussi Je me rappelle plus bien du nom de ma grand m re Mais je me souviens bien d un bisou qu elle m a fait Et d une grotte avec une sir ne qui nageais Et puis je m ai baign deux fois dans la rivi re En chantant des chansons qu un copain m a apris Pour faire plaisir mes deux meilleure amies Comme dans le cas des S 7 ou des traductions lipogrammatiques de po mes connus dans La Disparition de Georges Perec la r ception de ce Desdichado scolaire d pend troitement de la connaissance pr alable du texte de d part Sans une double lecture du texte contrainte avec sa matrice implicite la r ception serait sans doute tr s pauvre La double lectu
422. pour traduire un mot fran ais en un mot n erlandais il suffit de prendre les lettres de ce mot et de les mettre dans un autre ordre Traduire a veut dire prendre une anagramme Vous ne me croyez pas Tant mieux La bonne nouvelle que je vous apporte n est donc pas seulement bonne mais aussi nouvelle Je vais vous prouver la v rit du th or me Traduction Franco Hollandaise anagramme La preuve sera faite par induction Je vous donnerai exemple apr s exemple jusqu vous me criez Arr tez je vous crois Apr s un bain de soleil on est bruni au Pays Bas bruin En Hollande un artiste triste est un triest artiest Vous voyez que l ordre des mots est inverse Cela explique les cas anagrammatiques O tan Onu Sida que l on appelle en N erlandais Nato Uno Aids Tapager gepraat Demi monde meidendom Je me d merde redde me Perverti verpiert M lange mangele Languette lange teut Espi gle spiegele Mendiant tiendman Je m ne je neme Rein nier Des milliers de mots frangais deviennent n erlandais en mettant leur lettre finale e vers la gauche lugubre et macabre m andre et ol andre p tre et m tr semestre et ministre simple et temple asile et hile prime et r gime syst me et suff te luguber macaber meander oleander peter meter semester minister simpel tempel asiel hiel priem regiem systeem suf feet La gloire de la m moire c est Y histoire glorie memorie
423. ppel au moins deux conceptions th oriques de la contrainte La premi re est celle de Jacques Roubaud qui a formul le premier le principe suivant Un texte crit suivant une contrainte parle de cette contrainte Exigence forte et comme le signale lui m me Roubaud parfois respect mais qui permet sinon de mieux s parer les vrais textes contraintes des textes o en apparence les m mes techniques sont l uvre au moins de distinguer des degr s un texte qui th matise sa contrainte aura un taux d criture contrainte plus lev e que le texte qui s en abstient La seconde est celle de Jean Ricardou dont l analyse laborationnelle essaie de donner une id e plus pr cise de la mani re dont na t une fiction cf cinqui me partie des Nouveaux probl mes du roman Seuil 1978 Analyse complexe et soulevant plus d une difficult mais qui permet sinon de reconstruire vraiment la gen se d un texte au moins de comprendre quel point le travail de l laboration textuelle affecte et transforme la contrainte initiale qui g n re un mat riau transformer non une fiction toute faite sortie tout arm e et toute pr te de quelque contrainte que ce soit Qu on suive plut t l axiome de Roubaud ou qu on se laisse s duire essentiellement par l analyse laborationnelle de Ricardou dans tous les cas on est appel se faire tr s attentif la fa on fr s diverse dont
424. pratique apparent e au futurisme criture de la rapidit qu on pense aux sorties en automobile ou l entr e en sc ne de Saint Loup tel jour et par une technique proche du cubisme Le collage cher Simon est pour ainsi dire une invention du cubisme SJEF HOUPPERMANS et il se retrouve galement chez cet auteur entre deux s cles qu est Marcel Proust Dans le passage en question de Sodome et Gomorrhe un savoureux mixage de propos et de satire mondains d une histoire de d sir fulgurant qui couve de r flexions esth tiques qui interrogent plut t que de fournir des r ponses toutes pr tes prises comme elles sont diff rents moments de P volution du narrateur invite le lecteur changer de lunettes par intermittence L art de collage se combine avec une esth tique de d calage provoquant mouvance et instabilit dans un jeu entre lignes et couleurs tel qu il sera d velopp en peinture par les Mondriaan les Kandinsky et les Klee L uvre d veloppe ses propres contraintes pour avoir prise sur le temps et ce que Simon montre ensuite dans son r cit c est que Proust lui aussi pratique surtout cet art de collage g n ralis C est l que le maniement des couleurs permet au d sir de se dire Que la couleur tout en marquant une rigoureuse organisation du texte permette en m me temps d en signifier le clinamen et le glissement outre est vident pour chaque lecteur attentif de Proust de Simon d O
425. premier inventaire des contraintes susceptibles d agencer une bande dessin e virtuelle ou contraintes Sans pour autant n gliger la question des techniques et proc dures concr tes les remarques suivantes souhaitent pourtant privil gier ici des questions un rien diff rentes qui engageront en tout premier lieu une r flexion sur l apport des contraintes en bande dessin e la th orie naissante de la contrainte en g n ral Soit donc dans l article cit de Thierry Groensteen ce commentaire Une classification sous forme de tableau synth tique et raisonn la mani re de la table de Queneu ef dont disposa TOuLiPo d s 1973 ne para t pour le moment du moins pas envisageable J e d riverai donc assez librement d une famille contraintes l autre Je partirai toutefois d une distinction l mentaire entre la cr ation et la re cr ation pour examiner successivement les contraintes g n ratrices qui font surgir des bandes dessin es originales et les contraintes transformatrices qui consistent en interventions sur des bandes dessin es d j existantes p 17 Sans pour autant m attacher ici l opposition entre cr ation et re cr ation couple qui pourtant pr te le flanc bien des critiques j aimerais me pencher ici sur l emploi non probl matique des termes de cr ation production ou d engendrement Groensteen nomme en effet g n ratrices
426. prix d un autre jeu de mots rapprocher ces accidents d un refus du droit si l on consid re que le droit est dans W ou le Souvenir d enfance rattach au sort de la m re Il existait effectivement un certain nombre de d crets fran ais cens s prot ger certaines cat gories de personnes veuves de guerre vieillards etc J ai eu beaucoup de mal comprendre comment ma m re et tant d autres avec elle ont pu un seul instant y croire Un d cret ult rieur du 17 novembre 1959 pr cisa que si elle avait t de nationalit fran aise elle aurait eu droit la mention Mort pour la France op cit p 57 58 Les autres mentions du mot droit sauf la page 18 concernent l inflexible haine de Mordaunt demandant Cromwell le droit de remplacer le bourreau enlev par les Mousquetaires p 193 et les droits des athl tes commencer par le droit aux douches De fait soit Perec se penche ou tourne gauche quand il faudrait aller vers la droite soit il s invente un accident qui oblige dire bonjour en tendant la main gauche soit il conteste implicitement la justice divine a la fin du chapitre XXVII Il est alors int ressant d observer avec Christelle Reggiani que Perec relie sa gaucherie contrari e son go t pour les proc d s mn motechniques et donc sa volont de se souvenir Une autre indication sur le bord ext rieur de la voie d
427. procha de nous avec les yeux du Ravi de la cr che 4 Je me souviens qu un pr sident de la R publique tait venu inaugurer le b timent flambant neut et que les gens esquich s comme des anchois m ont failli escarbouiller ce soir l en se pr cipitant vers les petits fours 5 Je me souviens du gamin qui s pongeait le front parce qu il avait les trois sueurs Sans cesser de rouler sa canne de la main gauche contre le marbre Et du moment o il souffla 6 Je me souviens des bulles en train de se former dans la poste sous le carbonate de chaux a p tillait a picotait comme de l ail ou de la clairette 1 Je me souviens que son peton tremblotait un peu quand le prince nous mena danser la premi re valse 2 Je me souviens des douze coups de minuit au campanile Ding dong dong Ding dong dong Ding dong dong Ding dong dong Et de notre fuite perdue courir courir courir vite vite vite courir vite courir vite vite courir 3 Je me souviens d un jouet en bois d b ne dans la deuxi me vitrine sur ma droite qui d clamait des vers en tournant sur son socle sous il admiratif d une berg re des C vennes C tait un petit savoyard je crois ou m me un charbonnier 4 Je me souviens qu au bout du pontil une langue de feu en miel incandescent se vint ajuster par le dessous et ainsi devint mon talon 5 Je me souviens des fers qui me donn rent vie des ciseaux qui me coup rent du poin on
428. ption subjective du monde et dans le cas des groupes cette conception a une force socialisante La fa on dont les membres du groupe Oulipo jouent avec la forme sonnet a une force socialisante qui engage et les participants et la forme litt raire Il s agit de livres comme Cent mille milliards de po mes de Queneau de 41 sonnets irrationnels de Jacques Bens A Appartenance de Jacques Roubaud et finalement du Renga de Charles Tomlinson Octavio Paz Jacques Roubaud et Edoardo Sanguinetti m me si ce dernier livre n est pas une ceuvre absolument oulipienne PETER CONSENSTEIN Le renga est aussi un jeu po tique comme ceux de la cour de Charles d Orl ans mais d origine japonaise Les r gles de ce jeu sont strictes un maitre du jeu en guidait l criture et le po me qui en r sulte est collectif Le renga europ en de 1969 n adh re pas aux r gles japonaises il met aussi en jeu quatre langues la tradition europ enne du sonnet la renaissance des jeux po tiques et l aspiration une seule voix po tique La premi re difficult qu ont rencontr e ces quatre po tes tait de ne pas se sentir en comp tition Ce renga en quatre langues se compose de quatre s ries de sonnets dont les trois premi res comprennent sept sonnets et la quatri me six Le dernier sonnet de chaque s rie est unilingue crit dans la langue du po te qui a commenc la s rie De plus l ordre des langues suit une permutation math m
429. qu elle tait magnifique ma douce demoiselle dans sa robe chamarr e de pierreries et rebrod e de poussi res d or et d argent On aurait dit une petite toile 5 Je me souviens d avoir s journ longtemps dans une r serve sombre sale encombr e qui puait le vin aigre le rance et le garri crev J y c toyais une gallinette rose en gr s des Vosges et une cigale en pierre de lune radioactive dans une caisse pleine de copeaux Je dois en tre toute irradi e 6 Je me souviens qu il avait plu des cap lans et des belles m res ce soir la et que le ma tre fort heureux d avoir trouv si belle ouvrage chantait plein gosier une sombre chanson d ongle et d oncle Il se tut aux premiers coups du tambour des escargots et des crapauds 311 312 CREATIONS 1 Je me souviens d un escalier d honneur en marbre glissant clair par de hauts cand labres en vermeil et gard toutes les six marches par deux hallebardiers en tenue d apparat qui roulaient des airs terribles 2 Je me souviens d une immense piste de danse en parquet Versailles cir e au miel des abeilles de la garrigue brillante comme un Baou couronn de neige Un silence impressionnant y salua notre apparition M me les violons s taient tus et nos pas crissants firent un vrai tonnerre 3 Je me souviens du beau jeune homme en uniforme de hussard rehauss de boutons d or et chauss de bottes noires en cuir de Russie qui s ap
430. que Bertelli Hors programme Angelo Schiavetta Perec et la contrainte comme signe C cile de Bary Contre une litt rature r aliste David Bellos Winckler fait tache d huile Roland Brasseur Suites Je me souviens de Je me souviens Alain Chevrier Bemard Magn Echange de lettres L Abb Louis de Court Vari t s ing nieuses Jean Fran ois Marmontel l mens de litt rature Alain Zalmanski Les voyages divers Shuichiro Shiotsuka Perec au Japon Gilles Esposito Far se Pentomino Cr ations R gine Detambel Barbara Suckfull Jan Baetens Alain Chevrier Michel Clavel Marie Etienne Michel Grangaud Marcel B nabou lan Monk Alin Anseeuw Jean Michel Espitallier Anne James Chaton Gilles Tronchet Jacques Sivan Alain Zalmanski Guy Lelong Jacques Perry Salkow Patrice Hamel Jean No l Orengo L Observatoires des litt ratures contraintes L Echo des Colloques Jeux Formutes n 7 2003 DOSSIER TEXTE IMAGZ gt gt 349 350 Th orie De la r gle la contrainte Ziya Aydin Sur Brassa Jan Baetens Sur les dessins de Desnos Alain Chevrier Perec Photographe Christelle Regianni Sur les sonnets de Franz Josef Czemin Astrid Poier Bemhard Les chiquiers po tiques Alain Chevrier Sur la po sie visuelle Francis Edeline Textes Images et manipulations Marcel Benabou La contrainte du passe partout Regine Detambel Interview d Etienne Lecroart Sur les dessins d humour P Fresnault Deruelle Sur la gen se des sonnet
431. quelques r gles formelles Cela veut dire que chaque page le lecteur trouve une combinatoire plus ou moins automatis e des l ments qui composent ce r cit de voyage A La forme du contenu 1 Les r f rences temporelles a Le temps du voyage b Les histoires du pass 2 Les r f rences spatiales a Parcours alphab tique des tats USA b D limitation des fronti res c D autres r f rences topologiques 3 Les r f rences d ambiance Ce quoi il faut ajouter quelques formules de composition du texte B La forme de la forme 4 Les dispositifs typographiques 5 Les dispositifs bibliologiques JES S CAMARERO Et tout l ensemble dispos sur la page en m me temps donne la sensation d une simultan it ou instantan it qui veulent dire le voyage lui m me tout le long des Etats Unis et l criture elle m me du texte En ce qui concerne la forme du contenu ou la disposition des mat riaux de d tail qui composent la r f rence directe du voyage en construisant une structure gigantesque pour la forme et pour la quantit de pages du volume il faut parler des r f rences temporelles qui construisent une histoire rapproch e d un certain r cit descriptif des r f rences spatiales qui devient la repr sentation du parcours du voyage tout au long d une g ographie politique conomique culturelle etc et des r f rences d ambiance qui sont un compl ment subjectif de l action du narrate
432. qui scandent p riodiquement l auto justification permanente des auteurs et des oeuvres une r flexion sur la cat gorie du romanesque La question est donc celle g n riquement sp cifi e de la place du romanesque dans la prose narrative contraintes On peut consid rer que l importance de la narration romanesque repr sente d abord pour Perec le choix du plaisir de la fiction un plaisir d ailleurs partag par l auteur et le lecteur l envie d crire des livres qui se d vorent plat ventre sur son lit De ce point de vue la compr hension du romanesque comme d signant les moments privil gi s de la di g se en ce qui concerne les v nements racont s comme les affects des personnages et du lecteur para t cruciale Le romanesque propose en effet la lecture un exc s de la narration qui r alise dans un cadre mim tique global une transfiguration du r el On comprend par l la fois le plaisir cognitif de la fiction romanesque li aussi bien sur le plan thique la ma trise du r el rendue possible par la mod lisation qu elle constitue qu au d collement de ce m me r el permis par l exc s du r cit et les r ticences attach es la cat gorie du romanesque le romanesque en somme ressemblerait beaucoup trop du point de vue cognitif au r ve veill CHRISTELLE REGGIANI Je crois cependant que formuler une r ponse en termes de plaisir fictionnel ne suffit pas ne se
433. r es dans un b timent parisien la maison ordonne le roman le roman fait une structure d apr s la maison ou maison et roman sont une seule chose Dans Un Coup de D s jamais n abolira le Hasard St phane Mallarm 1897 la Mobilit du texte affiche mallarm en et sa plasticit textuelle permettent la construction JESUS CAMARERO de structures textuelles o les signes traversent les pages la double page de l espace visuel les 20 pages soit les 10 planches de la page affiche Dans Impressions d Afrique Raymond Roussel 1910 il y a toute une machinerie verbale o les mots se transforment pour construire des contes des po mes des romans d apr s une formule phrastique dont il faut remplir le trou justificatif c est dire l criture elle m me de l uvre d un bout l autre du livre Dans Exercices de style Raymond Queneau 1961 il y a 99 fa ons de raconter la m me histoire soit 99 formes textuelles qui contiennent 99 textes et 99 messages diff rents L esprit de cette contrainte est le style la dimension formelle que le texte construit pour tre compris un niveau sp cifique ce qui transforme la signification premi re et permet la possibilit des 98 significations suivantes Dans Rayuela Julio Cort zar 1963 le dispositif combinatoire a t pr sent en t te du roman avec un tableau de direction proposant a deux parcours tout fait diff rents pour la lecture et b une
434. r ponse de Jacques Jouet la derni re question de notre entretien paru dans le S agagre isncraxre de ma 2001 Pour finir aux d tracteurs du formalisme de tout crin qu ester que rom daes J essaie de leur dire beaucoup de choses mais qui ne sont pas entendues Le mot formalisme est me formule quasiment sacr e Beaucoup de gens ont l impression de dire quelque chose quand ds lancent i accusation de formalisme L id e profonde des anti formalistes consiste croire que Ujonre n a pas de fias Alors comme moi je suis convaincu qu il n y a que la forme qui mdm sens videmment le dialogue est difficile p 65 Po sieescetero mm nag Parts Stock 1995 p 218 Le WW de b contrajoie in Marc Lapprand Po tiquede Oulipo pp 48 55 OmU Ducrot A Tzvetan Todorov op cit p 349 jacquet Rouband Po sie etecetera m nage ox p 218 Il parait qu l Oulipo Fran ois Caradec est marne amp Ossm t Le cw ski po me en prose est particulier Nos versifi il n en demeure pas moins g n ralement court ce qui l exclut de fado de b cas gune des longs textes en prose auxquels nous faisons allu easaici formules w 4 2060 pp 40 4 J 2 Pans Hatier 1990 les technique d criture de Raymond Roussel qu il explique dans Commentjai cntcer de mes hures Pans Jean Jacques Pau vert 1963 Otriipo Atiasde lit raurepotentielle Pans Gallimard 1981 p 90 MARC LAPPRAND S Marcel B
435. r aurait l immense avantage de bien faire comprendre quel point la contrainte est non seulement chang e par l uvre qu elle g n re mais aussi qu elle transforme elle m me le statut de ce reste qu elle engendre de fa on souvent impr vue Gr ce l activit de la contrainte g n ratrice le reste de l uvre se transforme en contrainte n gative et participe donc au travail global de la contrainte au lieu d en tre exclu 135 136 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES CRITURES A CONTRAINTES Lire la contrainte d s lors devient aussi quelque chose de tr s diff rent au lieu de cherchera isoler la contrainte on peut ainsi se concentrer davantage sur la confrontation d une r gle et de ce qu elle permet mais aussi de ce qu elle emp che de r aliser en m me temps Notes Pans l Association 1997 D autres volumes ont vu le jour depuis dont VOupus 3 Paris l Association 2000 pr publi en feuilleton de l t dans le journal Lib ration est sans doute le plus connu En mats 2003 est pam VOupus 2 d L Association qui se distingue des volumes pr c dents de la s n par la diversit comme par l ambition des contraintes mises enjeu Voir mon compte rendu Une d claration d ind pendance in 9eArt 1998 pp 124 125 qui insiste sur les diff rences entre l Oubapo et l Oulipo Oupus I ox pp 13 59 Deux principes parfois respect s par les travaux oulipiens i
436. r elle est une donn e de fait La notion d effet de contrainte nous force par ailleurs a privil gier le texte dans sa r ception Quelques textes oulipiens fourniront la fois un appui et une illustration au sch ma homoth tique labore plus loin Celui ci malgr son c t tout provisoire pr sente le m rite d inclure la notion de potentialit trangement laiss e pour compte dans un colloque air les litt ratures contraintes mon avis on ne saurait envisager la contrainte sans tenir compte de la potentialit mais reprenons les choses dans l ordre afin de mieux cerner les enjeux de la contrainte dans tous ses effets Rien n est aussi ind finissable que la norme et pourtant rien n est plus commode que de s appuyer sur elle Si l on doit beaucoup aux travaux du Cercle linguistique de Prague fond en 1926 par Jakobson et son quipe dont on retiendra ici les noms de Mukarovsky Hjelmslev et Coseriu il n en reste pas moins une vaste zone floue concernant l insaisissable qu ils essayaient de saisir dans ses diff rentes cat gories primo la norme linguistique tait con ue par eux dans une perspective synchronique et appliqu e Dans les faits elle s av re virtuelle et inapplicable mais c est ce qui fait sa force m thodologique Secundo la norme culturelle tait fonction d un groupe social principe de base de la sociolinguistique Tertio quant la norme litt raire qui rejoint la notion de litt rarit
437. r lesquels la th orie va se construire pr suppos s qu une autre th orie pourrait tout aussi bien rejeter Dans la th orie potentielle qui consid re qu Achille et la tortue forment un syst me isol le comportement d Achille est potentiel dans la conditionmitiale et la loi de pr diction Il est ICI consid r comme virtuel PHILIPPE BOOTZ L algorithme de calcul reste bien utile mais d une fa on d tourn e il met vidence l mergence d une situation nouvelle qui caract rise justement la virtualit Cette mergence se mesure en effet par l cart entre les r sultats pr vus et ceux obtenus une th orie fond e sur le virtuel est une th orie diff rentielle qui ne nie pas les algorithmes de pr dictibilit mais les r value Il reste videmment un l ment clef d une strat gie d criture Le virtuel ne peut tre pris en compte que par une th orie ouverte La th orie syst mique offre une m thodologie celle du syst me ouvert adapt e cette approche une th orie litt raire fond e sur le virtuel pourra tre une th orie syst mique On aura reconnu la cause de l mergence dans le paradoxe l insecte Rappelons nous qu en informatique le premier bug n a pas t caract ris par son la notion de dysfonctionnement mais par son origine un insecte faisant intrusion dans la machine Le dysfonctionnement caract rise l cart technique entre le r sultat pr dit et celui observ La no
438. r sa lenteur comme le propose Simplicius dans son commentaire sur Aristote Supposons encore pour des raisons de simplicit qu Achille soit deux fois plus rapide que la tortue Et accordons une avance de dix m tres la tortue Z non affirme qu Achille ne pourra jamais rattraper la tortue Car dit il quand Achille aura atteint le point de d part de la tortue celle ci aura avanc son tour Il est vrai que la distance parcourue par la tortue est plus petite cinq m tres dans notre exemple mais l animal aura toutefois conserv une avance Achille devra rattraper cette nouvelle avance et ainsi de suite Z non a divis l action qui consiste rattraper la tortue en une infinit d tapes Il en conclut qu Achille n aura rejoint la tortue qu apr s cette infinit d tapes c est dire jamais 271 ANALYSES D EUVRES Ge ha Tortue LL gt A AS wl _ s asme Pourtant l exp rience prouve que ce n est pas le cas et la figure 1 montre pourquoi Bien qu Achille doive parcourir un nombre infini de distances avant de rattraper la tortue il y parviendra La raison en est aussi simple que stup fiante La somme des intervalles est finie Dans notre exemple elle gale 10m 5m 2 5m 1 25m 20m un r sultat qu on d montre facilement avec les moyens des math matiques modernes Et un calcul analogue nous apprend qu il lui faudra un temps fini pour couvrir cette distan
439. r salle manger octogonale un jour la police viendra arr ter Joseph Nieto et trouvera dans sa chambre dissimul dans une des boules de cuivre du grand lit Empire le c l bre diamant d rob jadis au prince Luigi Voudzo C est bien la mati re romanesque emprunt e notamment au Pierrot mon ami de Queneau qui permet de relancer la narration contre 1 inacontable et le sans histoire propres l infime quotidien Intervient en ce sens dans le texte perecquien ce qu on peut appeler un romanesque du puzzle le projet de Bartlebooth qui organise l ossature de La Vie mode d emploi conjoignant de mani re apparemment imm diate 1 infime ludique et la tension extraordinaire des affects aussi bien que des actions d ailleurs dans la v ritable guerre p 528 qui oppose Bartlebooth au critique Beyssandre Chaque puzzle repr sente en effet pour Bartlebooth une aventure p 413 l ensemble du programme tant d sign comme une aventure implacable p 482 caract ris e par l exp rience d tats psychologiques extr mes 1 anxi t I exasp ration 1 ivresse 1 abattement I exaltation le d sespoir pp 419 421 236 CHRISTELLE REGGIANI Le romanesque notion essentiellement intertextuelle puisqu elle est d finie en r f rence un vraisemblable g n rique implique en outre le recours un certain nombre d l
440. ra tre inop rante et occasionner un mouvement de rejet Ce mouvement dans la double lecture peut tre interpr t comme symbolisant le mouvement de rejet devant la mort L chec de lecture est utilis par l auteur comme composante symbolique de l uvre Le lecteur n est donc pas l ultime r cepteur de l uvre et le texte dans cette optique ne saurait se r duire au seul texte voir qui constitue dans l uvre la partie destin e au lecteur L ultime r cepteur est un lecteur social collectif et la notion de lectorat n est pas d truite en litt rature lectronique elle est simplement scind e en un lectorat prive correspondant aux lecteurs individuels qui chacun vit une exp rience perceptive et non plus seulement cognitive diff rente et un lectorat collectif au niveau duquel se manifeste l unit de lecture un peu comme l unit d un ensemble se manifeste au niveau des classes d quivalence et non au niveau des l ments individuels x Passage qui constitue l uvre mergeante a partir de laquelle se sont d velopp es les uvres pr c dentes contient imbriqu es de fa on complexe les caract ristiques pr c dentes Plusieurs articles lui ayant d j t consacr jc me contente de la citer 4 Conclusion Finalement il appara t que la notion de litt rature contrainte est un bon moyen pour aborder ces litt ratures mergeantes partir de concepts litt raires prouv s m me si c
441. raie La supr matie des clous sur le fil des sornettes sonnettes La supr matie des clous lt Le repentir de la prise sur les anneaux du gros serpent sonnettes sonnets Nanon Les phalanges de l index sur les cornes du mouton bouton cinq pattes Une page du Folk lore breton Les r sistances que ces phrases offrent la lecture peuvent tre mon sens attribu es pour l essentiel aux facteurs suivants HERMES SALCEDA a au fait que dans l une ou l autre des matrices Roussel emploie les mots dans une acception peu fr quente voire rare de nos jours un mot inconnu dans une phrase courte saisie hors contexte peut suffire la rendre opaque pour le lecteur c est le cas des mots suivants dans les matrices qui pr c dent pointe employ dans le sens de langue de terre qui s avance dans la mer alors que le contexte semble inviter y voir l extr mit d un rai de lumi re phalange utilis dans l acception de groupement humain dans la seconde matrice de Une page du Folk lore breton patte qui prend l acception de bande d toffe dans la m me matrice prise qui comme pinc e de tabac seconde matrice de Nanon n est gu re usit actuellement b au fait que Roussel d signe des r f rents tr s simples et concrets de mani re abstraite et ou ambigu comme dans le cas suivant
442. rainte fonctionne relativement ind pendamment de l effet de contrainte On sait d j qu on peut subir un effet de contrainte sans qu il y ait contrainte c est le Canada dry mats tn ersement on peut lire un texte contraint sans percevoir d effet de contrainte La norme quant elle est potentielle dans sa port e m thodologique Elle sert d aune laquelle on mesurera les effets de la contrainte Pmvre Elle peut certes se voir modifi e par la contrainte mais n en garde pas moins toute sa virtualit A l Oulipo lieu par excellence o se d ploie le potentiel la contrainte peut en partie s effacer derri re un effet de contrainte sans que cela affecte notre perception du texte Il semble que ce soit dans la prose de Jacques Roubaud que ce ph nom ne est le plus pr sent La seule pr occupation qui semble devenue caduque est celle de la productivit car les fins esth tiques ont pris le pas sur les fins fonctionnelles les Oulipiens commencent enfin prendre au s rieux le produit fini de leurs travaux potentiels Notes L exempte donn est il faire beau nonc agrammatical par rapport il fait beau H Dycnx OswakL Tzvetan Todorov Dictionnaire encyclop dique des sciences du langage Paris SCUBI coti Ponts 1972 p 166 Alan Chevner ma propos comme interpr tation le cauchemar d un cologiste Andr Breton S onfestesdusurr alisme Paris Gallimard coll Id es 1963 Xpcxeckxis b
443. rait ce que parce que la cat gorie en cause la fiction est beaucoup trop g n rale pour tre pr cis ment pertinente Je me fonderai alors sur une hypoth se propos e par Northrop Frye qui lie le recours au romanesque ce qu il appelle les phases de transition de l histoire litt raire o s labore le passage d un paradigme un autre le romanesque ferait autrement dit retour chaque remise en cause de l autorit des mod les narratifs Le romanesque contraint pourrait ainsi tre d fini comme l une des modalit s du retour romanesque li la crise des ann es cinquante et soixante du XXe si cle l histoire litt raire viendrait en somme surd terminer le choix du plaisir narratif de la fiction J invoquerai enfin une troisi me d termination plus pr cise encore fond e sur un trait essentiel de la po tique perecquienne et oulipienne l importance qu elle accorde la m moire Seule la cat gorie de la m moire ou litt rairement parlant de la citation permet en effet de rendre compte d un caract re remarquable du romanesque perecquien il est de mani re affich e un romanesque des origines qui ne m prise pas les ressources antiques des enl vements des pirates et des naufrages m me si celles ci ne furent vraisemblablement connues que par ou dire Je comprendrai ce recours l arch type qui en tant que tel ne pr juge justement d aucun acc s textuel pr cis comm
444. rc Lapprand Po tique de VOulipo Amsterdam Rodopi 1998 p 48 Georges Perec Whataman in Atlas de litt rature potentielle Paris Gallimard 1981 pp 214 216 Camille Abaclar Avatars de Nerval Quintette http graner net nicolas desdi textes scol php3 Bernard Magn 53 jours Pour lecteurs chevronn s Etudes litt raires t automne 1990 pp 185 201 Ren Maril Alb r s Dr les de drames in Les Nouvelles litt raires 22 mai 1969 0 G Perec Histoire du lipogramme in La Litt raturepotentielle Cr ation r cr ations r cr ation Paris Gallimard 1973 pp 77 93 11 Sauf peut tre pour un petit texte encore in dit de Perec les parap teries Ce sont des nonc s ayant tout l air d tre des contrep teries mais sans l tre 12 Harry Mathews Cigarettes New York Weidenfeld 1987 trad fran aise de Marie Chaix Paris P O L 1988 Sur l algorithme de Mathews voir Warren Motte Permutational Mathews in Review oj Contemporary Fiction vol 7 3 1987 pp 91 99 aw 7 8 THEORIES DE LA CONTRAINTE Marc Lapprand Contrainte norme et effet de contrainte Ce titre est bien sec qu on me le pardonne il veut annoncer d une mani re aussi univoque que possible les positions centrifuges de la contrainte et de l effet de contrainte par rapport la norme Si j opte pour une approche linguistique c est fort du constat qu on ne th orise gu re sur la norme ca
445. rd ni au d but ni la fin en deux laxismes cette fois sym tri JEAN RICARDOU quement agenc s puisque la nouvelle s rie des compl ments de cause inaugur s cette fois par le son k copain cro ton quignon subit d sormais avec b tard en diagonale si l on veut une infraction initiale Troisi mement elle para t enlever la b gayante perturbatrice redite saucisson son cousin puisque avec la nouvelle position du mot b tard le mot saucisson doublement probl matique a disparu Quatri mement elle semble pr server les deux s ries d gressives d une part dans l ordre de la proximit puisque l on va de son gamin un quidam et d autre part dans l ordre alimentaire puisque l on commence par un objet entier un b tard que l on continue sur l vocation de celui avec lequel suivant l acception initiale on le consomme un copain et que l on termine avec les fragments qui en r sultent un cro ton un quignon Cinqui mement elle para t compenser l ensemble plus ou moins sym trique son frangin et saucisson son cousin et cro ton un quidam et un quignon dont la disparition avec le retrait de saucisson est in vi table par une progression des ressemblances vers par vers le premier en tant d pourvu le second en offrant une frangin
446. rd d Estaing par Jean d Ormesson Philippe S guin par Marie Darieussecq etc La textique les appelle respectivement nonne g n rale et norme g n rique LPC p 3 7 Ibidem 8 Ces 27 quatrains du Chap Book Chicago 15 d cembre 1894 seront repris par Mallarm dans le corpus plus vaste de R cr ations postales soient 89 auxquels il faut ajouter 47 Autres quatrains adresses d sormais AQA tous rassembl s dans l dition des uvres compl tes de Mallarm par Bertrand Marchai pour Gallimard Paris N R F Biblioth que de la Pl iade 1998 pp 246 273 Sauf indication particuli re les r f rences de ce propos vont cette dition des cent trente six quatrains r pertori s ce jour Pour une premi re approche de ces contraintes voir Daniel Bilous Aux origines du mail art Les Loisirs de la Poste in Formules n 1 1997 pp 105 122 Cf Palimpsestes Paris Seuil 1982 10 Dans R critures Loisirs au B TM S minaire de textique Cerisy la Salle ao t 2001 U 8 M 7 V 2 VI 2 VIIL 5 1X 7 14 171 1 2 5 IL 2 5 9 MI 4 8 IV 1 2 4 6 7 8 V 3 5 VI 8 VII 1 3 8 VII 1 3 4 9 IX 1 5 X 6 AQA 2 3 7 8 9 11 13 15 19 21 25 28 29 31 35 38 40 42 47 BIN 2 VIL 2 IX 9 1 3 VIL 9 151 4 6 7 8 II 1 3 4 6 7 sIIL 1 3 5 6 9 1V 3 5 9 V 1 4 6 8 VL 1 3 4 5 6 7 9 VILA 5 6 7 VII 2 6 7 8 IX 2 3 4 6 8 X 1 2 3 4 5 7
447. re DAVID BELLOS offre par contre une riche gamme d effets de reconnaissance d abord et donc de connivence effet d humour effet d agression effet d hommage et aussi bien s r le plaisir parfois pervers d appartenir un cercle ferm de lecteurs chevronn s pour reprendre une expression de Bernard Magn Pourtant aucun l ment de cette gamme de valeurs ne constitue proprement parler la r ception de la contrainte en elle m me Des textes de types bien divers et pas toujours int ressants feuilletons bandes dessin es comptes rendus allusifs etc peuvent aussi offrir la plupart de ces effets reconnaissance humour connivence hommage Comme pour le premier groupe nous identifions facilement des effets secondaires ou parasites peut tre voulues et calcul es mais il semble que nous restons toujours c t de la chose en elle m me Imaginons maintenant un avenir o La Fontaine et l Oulipo ayant sombr dans l oubli le plus total on accorde une version S 7 de La Cigale et la fourmi une valeur litt raire et esth tique propre ce texte en dehors de toute consid ration de son mod le et de son mode de production Il n y aurait alors aucun effet contrainte du c t de la r ception rien ne permettrait de reconna tre le jeu sp cifique du proc d partout r pandu Nous serions alors au milieu de la Gedankenexperiment propos par les Oulipiens eux m me celui qui consiste
448. re XL inscrit en son centre le naufrage du Silver Glen ofAlva m me s il est vident que dans l univers perecquien le naufrage l ment type de la di g se hell nistique voir en particulier Les Aventures de Leucipp et Clitophon livre II ne se rapporte a la mati re grecque que via la m diation roussellienne les naufrages d impressions d Afrique Parmi ces constituants types du romanesque l un jouit d un statut particulier parce que m tatextuel l absorption du personnage dans la contemplation d objets s miotiques discursifs ou plastiques qui peut tre comprise comme figurant autant d all gories de la lecture Les exemples du ph nom ne sont extr mement nombreux dans La Vie mode d emploi et se relient la question plus g n rale de l importance des objets dans le roman ils y sont souvent embrayeurs du r cit ce mode d engendrement narratif tant d ailleurs d sign par le texte lui m me Madame Moreau n a jamais dit Fleury ce qu elle pensait de son installation Elle reconna t seulement qu elle est efficace et lui sait gr du choix de ces objets dont chacun est susceptible d alimenter sans peine une agr able conversation d avant diner p 137 237 238 ANALYSES D EUVRES La fonction complexe des ekphraseis hell nistiques en particulier dans Daphnis et Chlo et Leucipp et Clitophon o elles ouvrent dans les deux cas le texte du roman se trouve aut
449. re du roman feuilleton que La Vie mode d emploi transposerait sur un plan intertextuel Le romanesque contraint radicaliserait autrement dit la s rialit inh rente la cat gorie et j expliciterai le fait m me de cette radicalisation par la convergence de trois d terminations relevant de plans diff rents l histoire litt raire con ue de la mani re la plus g n rale celle du genre romanesque et dans la perspective restreinte que j ai choisie certains traits propres l oeuvre de Perec Je commencerai par formuler une hypoth se historique large o le genre du roman prime sur la cat gorie du romanesque La mise en s rie du romanesque dans l oeuvre de Perec me para t en effet d termin e au moins en partie par une mise en s rie du des roman s relevant elle m me du choix de l criture contrainte comprise comme une criture post romantique au sens o la contrainte radicalise le renoncement l image organique ou architecturale de l oeuvre romantique faisant le choix d un aplatissement du sens qui tend produire des romans en forme d num ration ouverte apr s les juxtapositions non hi rarchiques de Bouvard et P cuchet qui aboutissent aux romans collages des naturalistes l immeuble de La Vie mode d emploi intervient dans la gen se du roman sous la forme de son plan L oeuvre entier de Perec t moigne par ailleurs d une tentation de l exhaustivit tout fait assum e qui para t rele
450. re la nubilit Mais la pi ce enti re porte le titre Entre les hommes malgr les hommes et il peut se traduire ainsi I JI EUE TUA GU i OMISE VIVRE ENTRE LES HOMMES SOSOSTASTE GU LOMISJ MALGRE LES HOMMES Andtamo mlcammmo d lia sera Nous allons sur le chemin de la nuit en iasaando l chant iraifiori elono entre les fleurs du jardin potager l ombre de t ambra d ianoteratoteza notre tristesse Dietrrt paravent ncamati di lace Derri re des parav ents de lumi re nous ifftightamo Sol nous noyons seuls dans des cumuls de m cumul di lacrtme larmes et d ja notre fin va tomber epapr cipita la matrafine Chacun pour soi Ceatamo per t stetMo dans ce cadre aride Priptette ando quadro et qu est seul ne saul m me pas e dm e solo non sa neppure cumpnendere la comprendre la vanit d un chant vannadi smcanto Da ogni capolinea parte la corsa dell uno e dell altro per un appuntamento ail angolo ma la piazza deserta Cosi stato per la bianca colomba senza nido che ancora insegue la dolce luna Tra i continenti d lia notte giace con la solitudine il flore non c lto E tu dove sei uomo nubi Nous allons sur le chemin de la nuit en l chant RAFFAELE ARAGONA De chaque terminus part la course de l un et de l autre pour un rendez vous l angle mais la place est d serte Ainsi en a t il t pour la blanche colombe sans nid qui encore poursuit la douce lune Parmi les conti
451. re phrase glose l adjectif en de roman Toutefois la suite du paragraphe op re une double distorsion du statut accord au romanesque qui se trouve d abord dissoci du roman puis de la sph re textuelle Si la caract risation du h ros dont r ve Gratiolet prend appui sur les pr mices du genre les mod les du paladin du preux reconduisant manifestement l univers m di val des romans de chevalerie elle commence en effet par cr er une rupture g n rique les Polonais ob ses ne r vant que d andouille et d extermination que le projet exclut fermement provenant tout aussi videmment d Ubu c est dire d un texte de th tre Or ce passage du roman au th tre est tr s vite suivi par un abandon de la sph re textuelle elle m me la tentative de cerner les contours du 231 232 ANALYSES D EUVRES h ros id al un vrai h ros rel ve d une approche purement visuelle qui pose en fait une question d imaginaire Cette imagerie h ro que qui prend la forme textuelle d une thop e physique et morale chouera d ailleurs pr cis ment d s qu un l ment linguistique entrera en jeu la nomination du h ros imagin Le romanesque se trouve en somme d tach non seulement du roman l allusion Ubu mettant en place une r f rence th trale mais aussi du texte la cat gorie renvoie ici la construction imageante d une figure id ale du h ros en de d
452. relationnements divers parall lismes graphiques et ou phoniques apparents Avec l aurore glaciale Au 20 de la Primatiale ou crypt s Avec Au vingt 52 46 49 Je remercie Marc Lapprand d avoir attir mon attention sur cet aspect visuel qui m avait totalement chapp Je remercie Jean Luc Steinmetz pour m avoir avec sa remarque lumineuse pouss vers une meilleure solution 34 amp Crise de vers in uvres completes 0 c p 366 181 182 ANALYSES D EUVRES J sus Camarero Hyperconstruction et Mobilit In memoriam Paul Joret I Introduction Ce travail constitue la suite de mes recherches sur les pratiques s miotiques de Michel Butor MB concernant la notion de Mobilit Dans ce cadre j avais d j tudi un domaine de l criture butorienne le rapport de l criture et d autres langages toujours dans le contexte plus g n ral des structures formelles litt raires dont mon tude sur Georges Perec Maintenant je vais continuer donc a d celer le fonctionnement d autres structures formelles et mobiles de l uvre de MB mais ici je vais aussi essayer de rapprocher la Mobilit d une th orie plus large des Structures Formelles Litt raires dont 1 hyperconstruction repr sente un apport fondamental mon avis Cet expos poursuit trois objectifs a Op rer une mise en th orie g n rale de la Mobilit en tant que dispositif textuel et s
453. rement dit dissoci e dans le roman de Perec selon un partage qui met en jeu deux types de supports livres et images prennent en charge l aspect m tatextuel des ekphraseis les descriptions d objets relayant leur fonction proprement di g tique La contrainte permet alors comme par surcro t de r gler la question de la gratuit galement du point de vue du genre du roman et non plus du romanesque en ce qui concerne plus pr cis ment les l ments descriptifs qui donnent consistance l univers di g tique Dans le roman contraint en effet la gratuit du d tail romanesque effet de r el barth sien dispara t au profit d une d termination par les contraintes ventuellement modul e par l intervention d un clinamen A nsi au chapitre LI de La Vie mode d emploi p 291 le motif de l autoportrait du peintre int gr son tableau se d veloppe en un ensemble de notations descriptives dont celle ci il serait pr cis ment en train de se peindre lui m me esquissant du bout de son pinceau la silhouette minuscule d un peintre en longue blouse grise avec une charpe violette sa palette la main en train de peindre la figurine infime d un peintre en train de peindre L charpe violette apparemment lisible comme un exemple clair de notation insignifiante dans la perspective barth sienne r unit en fait deux l ments r f rentiels le violet et l charp
454. reprints 1972 p 80 4 En po sie toute similarit apparente dans le son est valu e en termes de similarit et ou de dissimilarit dans le sens crit Roman Jakobson au chapitre Linguistique et po tique des Essais de linguistique g n rale Seuil coll Points Paris 1970 p 240 De ces effets cratyliens on s autorise pour supposer parfois des significations plus ou moins voil es dans le travail du po te ainsi Daniel Grojnowski d chiffre t il en vers laine une allusion au go t de l int ress pour les reins beaux cf De Mallarm l Art postal in Po tique n 100 1994 pp 427 433 2 HL 5 IV 3 supra n 18 4 V 8 VIL8 VII 1 7 AQA 1 CHAIVL V 5 DC AQA 6 11 12 11 UL 4 variante convenable IV 5 V 4 6 VU 4 7 IX 3 AQA 9 24 27 32 33 34 37 47 1 9 U 6 7 1IV 9 Vi5 VU 9 VIU 6 X 7 AQA 13 15 20 21 35 L 4 6 U 8 9 l 1 IV 2 8 V 1 3 VU 5 VUI 5 9 IX 7 X 4 8 AQA 5 39 42 43 44 45 46 AV 7 V1 4 1X 2 X 3 AQA 2 18 19 23 25 30 12 3 5 7 8 n 1 2 3 5 UL 2 3 4 6 7 8 9 IV 6 V 2 VI 1 2 3 6 7 8 9 VIL 1 2 3 6 VIH 2 3 4 8 IX 4 5 6 8 9 X L 2 5 6 9 AQA 1 4 7 8 10 14 16 17 22 26 28 29 31 36 38 40 41 Et I on ne dit ries des relations sporadiques mais spatialement exactes entre syllabes ou voyelles identiques verticalement te en cinqui me position dans les vers 1 et 2
455. rimes li es par anadiplose ant antan 1 r anbl tramplin int vintan ente entour De m me chez Georges Chennevi re dans La L gende du roi d un jour Th r se Pamir Plus tard Aragon dans L Aube Le Fou d Eisa Amu sette Qulipienne les rimes h t rosexuelles de No l Arnaud et de Jean Queval sont une forme de rime augment e Sous le m me nom de rime augment e Jean Molino cite calculs d calque d un po me de Cocteau qui a aussi danger ange et la dit fr quente chez ce po te Il s agit d une rime incorpor e i e intramot et p nulti me qu on retrouve au sein de ses po mes en mosa ques de rimes Elle peut se rapprocher des calembours de Max Jacob qui l emploie petites doses La contre assonance C est un assouplissement en apparence lorsqu elle est m lang e aux autres rimes compl tes et incompl tes assonances comme chez Jammes ou nombre de po tes symbolistes Mais elle donne lieu un durcissement en fait puisqu elle exclut les rimes dans les pi ces de Der me o elle remplace la rime il en a fait son instrument lectif dans son recueil La Verdure dor e Remarque comparative Richard Owen exp rimente en France la pararhyme pendant la guerre de 1914 1918 pararhyme CVC et consonance CVC En 1931 le critique du Mercure Andr Fontainas de la vieille garde symboliste appr ciait de voir la tradition maintenue et projetait dans ces contre assonances La m
456. rois et en r gle g n rale lorsque d aventure m me une paire d l ments oblig s se trouve affect e par l homophonie terminale Mallarm refuse cet heureux hasard de rimes pr tes l emploi pr f rant les disposer ailleurs qu en bout de vers Corollaire de cette contrainte n gative le syst me auquel Mallarm astreint l crasante majorit de ses performances consiste r partir deux l ments oblig s ni plus ni moins sur les places a et h De la sorte le quatrain fait une part gale au donn de l adresse et au construit du po me Mais surtout il ob it au principe entre autres banvillien du maximum sonores pour le minimum s mantique un cart qui atteint son paroxysme d s lors qu est impliqu un nom propre as mantique par d finition Ajoutons que suivant un autre principe jakobsonien celui l le nom propre se retrouve plus ou moins s mantis par le miroitement qui l associe la formule qu il g n re Que maintenant l on d ploie l ventail des structures liant la place l l ment oblig 160 DANIEL BILOUS l ment 2 l ments 1 bl a2 b2 al a a ma a1 b2 a2 bl b1 b2 a2 b2 8 26 il 60 et la dimension spectaculaire des quatrains aH da j SS 161 adresses clat Reserver pour fin des deux vers ultimes 1 inscription du mtrTM __ J I patronyme ou de toponyme ou meme les mots rue avenue c est r v ler au le
457. route rose de la poussi re du soir o bleuissaient en forme de croupes les falaises chelonn es III 218 Ce rose va aussi colorer l ultime regard sur la mer et les mouettes quand le narrateur est mont dans sa chambre avec Albertine La brouille entre les deux amants se termine cause note t il de sa piti d elle qui ferait oublier la mine veill e et rougissante d une chatte mutine et perverse au petit nez rose et lev III 225 C est la ruse du d sir qui ainsi pr pare toute la suite de leur relation mouvement e Ce qui se dit par voie de n gation colore plus fortement que jamais la sc ne Et c est dans ce contexte donc qu on trouve la description suivante Ma porte en s ouvrant fit refluer la lumi re rose qui remplissait la chambre et changeait la mousseline blanche des rideaux tendus sur le soir en lampas aurore J allai jusqu la fen tre les mouettes taient pos es de nouveau sur les flots mais maintenant elles taient roses Je le fis remarquer Albertine Ne d tournez pas la conversation me dit elle soyez franc comme moi III 222 222 SJEF HOUPPERMANS Claude Simon lors d un entretien a exprim son admiration pour cette suite c est une des choses les plus extraordinaires qu on ait faites en litt rature cette sensation du temps qui passe marqu par les changements de couleurs des mouettes nymph as c est prodigieux Si Proust proc de v
458. rrait les faire d pendre d un commun principe organisateur la seconde observons le est seulement dite sans 39 40 THEORIES DE LA CONTRAINTE rapports apparents avec la premi re la troisi me remarquons le est seulement dite celle qui nous int resse peut tre le plus Or face telle aimable bizarrerie ce qu il semble loisible d entrevoir ce sont deux postures distinctes celle de l humour celle de la th orie Celle de l humour Oui et qui se plairait un peu comme on le fait avec la cocasse classification des animaux offerte selon Borges par une certaine encyclop die chinoise et cit e par Michel Foucault dans la pr face d un de ses livres Les animaux se divisent en a appartenant 1 Empereur b embaumes c apprivoises d cochons de lait e sir nes f fabuleux g chiens en libert h inclus dans la pr sente classification i qui s agitent comme des fous i i innombrables k dessin s avec un pinceau tr s fin en poils de chameau I et caetera m qui viennent de casser la cruche n qui de loin semblent des mouches a trouver dans l oulipienne disparate ainsi offerte l heureuse chance d un agr ment Celle de la th orie Oui et qui se vouerait formuler la minime batterie de concepts permettant d obtenir plut t une classification coh rente sachant organiser non seulement certes les trois susdites vocations mais encore aux fins d
459. rs de vers qui sans contrainte seraient beaucoup plus difficiles retenir Outil mn monique ou m tronome collectif les contraintes effet aurai seraient donc toutes d origine utilitaire et non esth tique Mais l un n exclut pas l autre on peut joindre l utile l agr able Sous cette optique le plaisir esth tique traditionnellement accord aux textes contrainte prosodique surtout lorsque ces textes ne correspondent plus du tout des fins utilitaires chez Baudelaire par exemple serait un sympt me de plus du conservatisme de nos dispositions culturelles La vaste majorit des formes pr oulipiennes de la contrainte ont une r alisation phonique et s appuient exclusivement sur la r currence plus ou moins r gl e Ballade pantoum alexandrin pentam tre iambique et ainsi de suite sont les noms de formes diff rentes de la r currence r gl e sur le plan phonique Le vers rythm ou rim est une forme particuli re de la r p tition Pour tout texte ob issant une contrainte qui r gle le mat riau phonique il y a donc un effet contrainte m me lorsque cet effet n est entendu que par I oreille int rieure du lecteur Cet effet de forme de r p tition est en principe tout fait ind pendant de la dimension s mantique du texte T S Eliot recommandait vivement l coute de la po sie dans des langues que l couteur ne conna t pas Selon le po te de M Pruffock cet exercice d oreille vous
460. rsonnages secondaires Faire pouser par exemple aux deux s urs de cendrillon les sieurs Grimm et Perrault Le conte peut tout se permettre Je vous laisse imaginer ce que cela peut donner ma solution dans les deux s urs n est pas forc ment la v tre On peut cr er des contraintes sur les lieux du conte Pour ma part j ai toujours mis dans chaque recueil au moins une histoire qui se passe en Auvergne o je suis n e cf le couvige allait bon train les v ux du coux ige un mocassin fourr ou la sizaine des Cendreux cit e plus haut De m me ai je sem dans chaque recueil de discr tes allusions l Alsace o je vis actuellement On peut faire du pastiche qui est d j en soi une contrainte litt raire forte sur le style en le m lant avec d autres contraintes Ainsi de verre vert est il un faux je me souviens mais un vrai hommage Amaut Daniel et aux troubadours une sextine d construite reconstituer par le lecteur et un travail s mantique sur des expressions proven ales red couvrir On peut galement supprimer le nom d un personnage important du conte Comment par exemple raconter une histoire de f es sans le mot f e R ponses possibles disparition au coin d un bois est un liprogramme en e o la f e devient une fatma marabout Et romance en mer sereine est une contrainte du prisonnier o les f es deviennent sorci re
461. rst true words In the confusion of our tangues Something to be puzzled over once more I thus make my voice chime again In purely verbal ecstasy Abracadabracadabien The chorus has corne round Singing within my breast and on my lips Habla horem giga goramen 1 4 Habla horem giga goramen Here is perhaps a scrap of a poem Formulaic incantations The whispered answers to awkward questions But how to translate this Fiimms b w t z Uu posijf Manka revania dulche oscorbidulchos It s up to you to try to grasp it to speak When I say of myself Raph l may am ch zabi almi BERNARDO SCHIAVETTA UNE TRADUCTION ANGLAISE PAR IAN MONK Raphel May Am ch Zabi Almi As the lightning boit sparks I awake in the miraculous night Of our words and of human speech In the dense mass where ail things are rooted On your breath and mine I can hear Our word for word thought our inner voices With the thunder s answer Perfectly framed in its powerful mouth Ba ba ba dalgharaghta 16 Ba ba ba dalgharaghta Bom of the storm of lightning and thunder Distant cries can be heard Da da da or control give sympathise Even rumbling is speech Thus the r sonant thunder booms Bababadalgharaghtakamminar ronnkonnbronntonnerronntuonnthunntrovar rhounawnskawntohoohoordenenthumuk raphelmayamechzabialmi 337 CREATIONS UNE TRADUCTION ANGLAISE PAR IAN MON
462. rstrophique dans les strophes sch ma variable relanc es par Sully Prud homme du Cantique des colonnes et Ebauche d un serpent Sur la base des rimes mixtes d Apollinaire Aragon met au point apr s le th oricien Maurice Grammont une nouvelle alternance en passant de mas culin f minin en consonne voyelle c est donc un redurcissement Lui m me donne des chefs d ceuvre Le Fou d Eisa mais personne ne le suivra M me ses parodistes l ignorent et n en tiennent pas compte C est que le durcissement n a pas d int r t au sein de l assouplissement 109 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES CRITURES A CONTRAINTES Le sous syst me singulier pluriel Le vers libre et la rime floue rendaient insupportable cette contrainte superf tatoire Alphonse Boschot face Sully Prudhomme a propos son abandon avec quelques autres assouplissements c sure hiatus au d but de ce si cle et nombre de po tes accepteront cette r forme d pass e Anna de Noailles Rosemonde G rard qui sera enregistr e dans le pr cis de versification de Desfeuilles 1925 Val ry l admettra exceptionnellement N oclassique quant la forme Audiberti dans Par voie de souffrance dans Toujours 1943 joue tendre les licences classiques comme Afh ne ou je croi et en crivant trois jour pour rimer avec retour Puis les cin s s allume pour rimer avec cume etc Comme exemple de rel chement tr s localis remarquo
463. rtout quelques disputes et des sc nes amoureuses entre un groupe d amis le lecteur est surpris d apprendre au d but du quinzi me paragraphe qu il y a un mort oho oskar fand mord am montag dann peter war es den oskar t t fand je traduis mais sans lipogramme oho oscar trouva le meurtre le lundi ce fut peter que oskar trouva mort Mais peine Oskar t l phone t il Susi et Susi appelle t elle la police et peine le fameux commissaire de t l vision Kottan arrive t il pour demander s il s agit d un meurtre que l auteur prend directement la parole pour tirer au clair ich bins ich ich dichterin bins ich kindische dichterin schriebs hin c est moi moi c est moi la po tesse moi l enfantine po tesse qui Pai crit Kilic semble vouloir brouiller le caract re de r alit qu une fiction adopte facilement dans la conscience du lecteur la fin tout ce meurtre est d construit m me au niveau de l histoire racont e il n y a finalement pas de mort dans la fiction de Kilic ce qui a t racont le meurtre et toute la suite se sont seulement d roul s dans la t te d Oscar qui a fait un mauvais r ve Dans le domaine de la po sie lipogrammatique je voudrais mentionner le petit recueil de Edith Tzeram publi r cemment avec le titre von ANTON bis ZEPPELIN o l alphabet d pellation est le point de d part de beaux pr sents particuli rement a
464. s Cependant cette lecture proc de essentiellement de la composition du livre W ou le Souvenir d enfance Ce livre est d dicac E c est dire la lettre qui dispara t dans La Disparition et reparait dans Les Revenentes Cette d dicace op re donc un rapprochement entre W ou le Souvenir d enfance et l criture contrainte Plus encore W ou le Souvenir d enfance int gre lui m me plusieurs textes et se trouve ainsi clat toute identification usuelle entre un volume et un texte ainsi que leur respective fonction unificatrice se voient directement mises en cause Michel Sirvent op cit p 21 Or pour cet ensemble h t rog ne le chapitre II indique une piste de lecture le rep rage du tissage d un r seau rep rage dont l extension l ensemble h t rog ne de l uvre perecquienne est logique du fait de l int gration d un ensemble dans l autre W ou le Souvenir d enfance inscrit donc la possibilit d un mouvement de lecture allant des textes autobiographiques vers les formes contraintes mais aussi des formes contraintes vers des textes non contraints et encore d un texte l autre d o le rapprochement de la forme du palindrome avec tel segment du texte autobiographique mais aussi le rapprochement de la fiction W avec la fiction des Revenentes etc 149 150 ANALYSES D CEUVRES L ouverture globale de l uvre est ainsi permise par la multiplicit des
465. s Inspir e par La disparition de Perec Kilic voulait crire un roman lipogrammatique en m me temps elle voulait nouer la restriction qui comme chez Perec joue aussi sur les voyelles aux noms des personnages qui sont chacun leur fa on limit s Ainsi Kilic n emploie que les voyelles O et A quand elle parle de Oskar ou quand elle lui pr te sa voix elle n emploie que le I en parlant de Lis ou en la faisant parler mais dans un paragraphe o Oskar et Lisl se rencontrent ou se parlent elle a d j les trois voyelles sa disposition Et comme le nombre de protagonistes est assez grand et l histoire de leurs rencontres et s parations tr s complexe les 94 paragraphes du livre produisent des effets phoniques tr s vari s La conception est bien r fl chie les personnages demandent cause de leurs limitations individuelles des r gles individuelles Le contact ASTRID POIER BERNHARD avec un autre individu m ne un laigissement du langage et cet largissementdu langage peut tre compris comme amplification de l horizon comme enrichissement de la perspective et la perception individuelles Dans le dernier paragraphe Kilic parle explicitement dans son r le d auteur Le titre Ich als Autorin lui permet l emploi de toutes les voyelles sauf le e serait ce un hommage Perec Quant l histoire racont e Kilic joue avec la structure du roman policier Apr s un d but qui raconte su
466. s ses cassures le plumage d un oc an vert et bleu comme la queue d un paon 14 Cf Michel Pastoureau Couleurs images symboles ditions du L opard d or 1989 p 68 les deux axes essentiels de la sensibilit occidentale aux couleurs sont celui de la luminosit et celui de la saturation D 15 Occurrences des couleurs pnncipales dans la Recherche inventaire tabli l aide du CD ROM Champion pourvu du logiciel Hyperbase d Etienne Brunet blanc 301 bleu 239 blond 81 brun 44 dor 76 gris 80 jaune 53 mauve 43 noir 244 rose 253 adj 96 subst rouge 192 roux 25 vert 66 violet 66 d clin incluses On peut noter d ailleurs que Proust ne cherche pas la raret la plupart des adjectifs de couleur que donne le Grand Robert ne sont pas pr sents Le bleu le rose le dor et le blond sont en surnombre comme couleurs pilotes de la Recherche Pour ce dernier on remarque que le jeune homme blond indique entre autres le narrateur Les lois de la r p tition ram nent cette combinaison du rose et du g ranium au c ur de Sodome et Gomorrhe C est que je venais de l entendre rire Et ce rire voquait aussi les roses carnations les parois parfum es contre lesquelles il semblait qu il vint de se frotter et dont cre sensuel et r v lateur comme une odeur de g ranium il semblait transporter avec lui quelques particules presque pond rables irritantes et secr tes
467. s abstraits de cr ation Balpe parle ce sujet de m ta criture qui englobent la totalit du projet et non le seul texte voir ou des donn es induites par la lecture crite sur le disque dur et non l cran Cette s paration des domaines autorise la pr sence au sein m me de l uvre d un domaine priv de l auteur qui peut tre per u mais non perc par le lecteur et qui constitue le versant lecteur de l esth tique de la frustration Une importance accrue de la profondeur de dispositif Du fait des caract ristiques pr c dentes l auteur ne peut concevoir son uvre sans se donner une vision pr cise du fonctionnement du programme et de la situation du lecteur devant cette ex cution Il doit aller jusqu l id e que le lecteur peut se faire de sa position de lecteur et du fonctionnement suppos du dispositif La profondeur de dispositif de l auteur est ainsi complexe Elle doit comporter un point de vue de l auteur et un point de vue du lecteur Toute la gestion de l interactivit consiste en une expression de surface du traitement du point de vue du lecteur dans ce qui appara t comme texte voir dans l arch type proc dural Le lecteur est galement tenu de se faire une id e du fonctionnement technique du dispositif pour agir il doit se forger une repr sentation de son r le dans le dispositif Celle ci met en uvre les arch types de savoir faire tels que
468. s cas avec les matrices qui juxtaposent trop d l ments disparates et que Roussel s efforce cependant de motiver avec une grande conomie de moyens Et c est de l extraordinaire concision de l criture roussellienne que viennent les plus grandes difficult s pour le traducteur plut t que de la recherche de paronymes d Le principe d conomie Le principe d conomie est une donn e du proc d formul e par Roussel avec une telle discr tion qu elle tend passer inaper ue aux analystes Pourtant l int r t du proc d tient en grande partie la bri vet avec laquelle le scripteur r sout les quations linguistiques qu il pose En effet ouvrir et clore un roman de trois cents pages avec des phrases paronymiques n est pas en soi une extraordinaire prouesse le faire en deux ou trois pages une dizaine au maximum demande une certaine habilet dans la manipulation de la langue et des ressorts de la fiction Le m rite de Roussel n est donc pas dans les inventions plus ou moins surprenantes qu il cr e mais dans le fait de les crire en mobilisant le moins de mots possible et dans le plus strict respect tout au moins apparemment des r gles qui g rent la productions d effets de repr sentations dans la langue L esth tique de Roussel est en ce sens diam tralement oppos e celle de ses admirateurs surr alistes En effet l o un adepte de l criture automatique r soudrait le probl me pos
469. s cent mille milliards de po mes me semblent constituer une uvre fondatrice y compris de sa propre n gation privil ge des chefs d uvre Je me suis longtemps demand pourquoi la lecture que je faisais de ce livre tait tellement diff rente de celle de Queneau J ai alors souhait savoir si cette d lecture tait une h r sie singuli re ou tait partag e par d autres J ai alors observ des lecteurs dans diverses situations Curieusement la lecture est une activit enti re incompatible avec l observation et il convient d observer des lecteurs pour tayer une analyse sur la lecture Observ ation donc Le livre mis entre les mains d un public scolaire a donn une lecture studieuse commen ant par la premi re page donc le mode d emploi pr conis par Queneau puis se continuant par la d couverte de sonnets selon la m thode pr vue par Queneau contrainte transform e donc la r gle d criture au sens ou l entend B Schiavetta s tant transmu e dans la r gle de lecture pr vue d finissant entre les deux une unit texte sur laquelle elles s appliquent A la question de savoir si les languettes jouaient un r le dans la lecture de la page r alis e apr s manipulation la r ponse a t non on lit des pages et des po mes comme l cole Le livre mis entre les mains d adultes a produit un autre type de comportement Tr s vile la lecture s est effectu e languette
470. s de noblesse de ces formes souples Tout r cemment le rap forme musicale import e des Etats Unis et transpos e dans la langue fran aise a mis l accent sur la rime tant phon tiquement que s mantiquement rimes calembours avec notamment des s quences de rimes r p t es comme dans les discours en rimes m l es et les amphigouris du XVIII si cle cette hypertrophie de la rime se double d une accentuation rythmique des m tres les plus classiques A l usage tant des po tes que des auteurs de chansons le tr s complet et stimulant Dictionnaire des rimes et assonances d Armel Louis 1997 a pris acte de la nouvelle alternance et int gre l assonance et la contre assonance Les dictionnaires de rimes peuvent d ailleurs tre employ s pour d autres contraintes La rime ne peut que continuer se transformer avec les secteurs r cemment apparus de la po sie syllabique et de la po sie litt rale ainsi que par son extension des domaines autres que phonique s mantique ou syntaxique L informatique introduite la fin du XX si cle est un m dium qui a des chances d influer sur ce message qu il s agisse de l outil ou du paradigme nouveau qu il instaure Pour avoir confirmation de ces transformations rendez vous au d but du prochain si cle Astrid Poier Bernhard Litt rature contraintes en Autriche partir de 1980 Existe t il en Autriche une litt rature contraintes en Autriche
471. s effets obtenus d une part les facilit s entra n es par la surcontrainte du lipogramme en e d autre part fut elle non exempte d imperfections l esquisse de leur traitement selon un surcro t Les facilit s Oui une fois encore le cumul de certains des groupes sonores tendanciellement favoris s d s lors que le e est proscrit S agissant de la voyelle i la triade des in frangin cousin voisin s agissant de la voyelle o deux triades de on les trois adjectifs possessifs ainsi que saucisson crotiton quignon et une sexade de on les quatre pour ainsi que cousin et cro ton s agissant de la voyelle a et s ajoutant l hexade des ou une pentade de un B les cinq articles ind finis Et non moins la r p tition des mots l adjectif possessif lt son et des tournures pour un capables de s exempter de e gt laquelle permet d tendre le lipogramme moindres fiais L esquisse de leur traitement selon un surcro t Oui En effet tels cumuls de sons et telles redites dans l ordre du lexique ou de la construction se trouvent int gr s cette fois une sorte de quatrain pourvu de pr cises caract ristiques D une part quatre s ries homog nes chacune un laxisme pr s trois segments disons trois vers de sept syllabes sans le premier qui en compte huit trois possessifs i
472. s fran aises Bernard Magn dans L autobiotexte perecquien rapproche ce double souvenir du passage invoquant l apprentissage scolaire de l criture pour expliquer des troubles de lat ralit o droite et gauche deviennent interchangeables et indiff renci es passage qui commence ainsi C est peut tre cet hiver l que j aurais fait pour la premi re et derni re fois de ma vie une descente en bobsleigh le long de la grande route en pente qui va des Frimas au centre de Villard Nous n arrivames pas au bout peu pr s mi course la hauteur de la ferme des Gardes alors que l quipe tout enti re nous devions tre sept ou huit sur le bob il tait bossel et plut t rouill mais quand m me impressionnant par sa taille se penchait droite pour prendre son virage je 145 ANALYSES D EUVRES me penchai gauche et nous nous retrouv mes au fond du ravin qui borde a cet endroit la route apr s une chute de quelques m tres heureusement amortie par l paisseur de la neige Je ne sais pas si j ai r ellement v cu cet accident ou si comme on l a d j vu d autres occasions je l ai invent ou emprunt mais en tout cas il est rest comme un de mes exemples favoris de ma gaucherie contrari e W ou le Souvenir d enfance op cit p 182 Or ce passage autorise la construction d un autre r seau si l on se souvient de l indication gauche droite sur l
473. s imaginaires Dans tous ces cas nulle distinction n tait faite entre productions anciennes ou contemporaines c est une des caract ristiques les plus frappantes des litt ratures contraintes que d avoir une tradition r ellement vivante Le colloque a appris que les lectures et critures contraintes constituent un champ pluriel mais homog ne et qu il tait possible et n cessaire d en faire une approche d ensemble Le colloque a d montr aussi qu il existe bel et bien une communaut de lecteurs et de chercheurs de textes contraintes que les diff rences de langues et de sensibilit s litt raires ne g naient aucunement qu on travaille ou non en fran ais qu on voie dans la contrainte un simple jeu ou au contraire l essence m me de l criture qu on soit lecteur d butant ou praticien averti qu on s appuie sur des textes peu connus ou sur La lie mode d emploi de Georges Perce dans chacun de ces cas les participants au colloque ont fortement ressenti l impression de partager un objet et une passion similaires Plus qu un lieu de colloque Cerisy fut pendant ces huit jours un phalanst re que nous avons quitt avec de nombreux projets individuels ou collectifs Les actes de ce colloque que nous avons souhait s aussi proches que possible de l esprit de la rencontre sont un de ces projets Le renouvellement de la revue qui continue avec une quipe rajeunie avec de nouvelles rubriques et de nouveaux t
474. s l honn tet intellectuelle oblige du reste accorder une place d honneur au travail de Thierry Groensteen archiviste infatigable des productions anciennes et moins anciennes du potentiel en bande dessin e et cheville ouvri re des pratiques et r flexions actuelles en la mati re Son article dans OuPus I Un premier bouquet de contraintes est une r f rence incontournable que l on retrouvera galement au c ur des pr sentes pages Cependant l analyse des rapports entre contrainte et bande dessin e peut emprunter une autre voie encore plus strictement th orique peut tre et sans doute plus ax e sur la notion de contrainte que sur celle de bande dessin e elle m me En effet autant il se r v le heureux de transf rer ou d largir la notion de contrainte au champ moins attendu de la bande dessin e abandonn trop souvent aux ukases du march ou l tau non moins p nible de l expression de soi autant il s av re utile de replier les pratiques d une certaine bande dessin e sur le concept m me de contrainte dont la J AN BAETENS d finition les modalit s et surtout les enjeux m ritent de se voir interrog s de mani re permanente C est langle de vue choisi dans ces pages qui se distinguent par la de l approche plus descriptive de Groensteen Celui ci travaille essentiellement dans une perspective taxinomique son ambition largement et exemplairement r alis e tant de proposer un
475. s majuscules et le trait d union lire dans la lexie ravon vert une r f rence un nh HERMES SALCEDA nom ne m t orologique plut t que le nom propre d un accident g ographique Il s agirait l d une erreur de lecture dont la suite de la phrase confirme la validit par le recours aux mots miroiter et rayon qui rel vent du syst me descriptif du mot soleil En revanche la lecture correcte suivant laquelle le soleil atteindrait un poisson se trouvant sous une bande de terre qui s avance dans la mer pose un probl me de focalisation car supposer que ce soit possible le narrateur qui tient la canne au bout de la presqu le ne pourrait pas le percevoir Or c est bien le point de vue du p cheur qui est donn dans le r cit Dans son acception finale la matrice ne pose aucun probl me de repr sentation car rien n emp che d imaginer un dessinateur parachevant au crayon vert soit le dessin d un poisson soit celui du cuir chevelu d un humain Les phalanges de l index sur les cornes du mouton bouton cinq pattes La phrase d ouverture n offre aucune difficult si on accepte d interpr ter la locution mouton cinq pattes dans le sens litt ral m me si ce n est pas habituel La phrase ponyme pour sa part d stabilise fortement la repr sentation par le lien qui est cr entre des mots relevant de domaines s mantiques tr s h t rog nes le monde militaire phala
476. s monolettriques A Chevrier Illustrations De la Typo sie J r me Peignot Les M tamorphoses de Zagghi Bemardo Schiavetta R plique n 29 Patrice Hamel Sur le Ch teau de Kafka Olivier Deprez Prose br ve M Kasper Twin Tower Ian Monk Deux po mes Gilles Esposito Far se Ambibliographie Gilles Esposito Far se Tristan Isolde Jacques Perry Salkow Les mots ont des visages Jo l Guenoun Sur les Rhinogrades Jean Wirtz Anagrammes images lise Kilic crire un mot lise Kilic Grife d un chiffre Ba f Une image fil e et expliqu e Dr Sacombe La cloche de La Roquebrussanne Alain Zalmanski Hors Dossier La fable inachevable Eric Clemens La nuit syntone Jacques Perry Dos pens e po me revenant Jacques Jouet Le diviseur de soi comme rabaisseur de soi Franz Josef Czemin L Observatoire des Litt ratures Contraintes L Echo des colloques Jeux ForMuLes n 8 2003 2004 amp AVB n 28 31 Raymonp QUENEAU ET LES SPECTACLES Avant propos Daniel Delbreil Le corps en spectacle Petit trait de voyeurisme av dantique Jacques Bimberg Attractions exhibitions et man ges de cochons Marie No lle Campana Les spactacles acouatique dans l uvre de Raymond Queneau Muriel Girard La crise d ontalgie comme pantominme de la mort dans Loin de Rueil Hela Ouardi Vitrines sanguinaires la mort mise en sc ne dans les po mes de Raymond Queneau Astrid Bouygues Deuil et f te dans les romans de Raymond Queneau Anne Clancier Spectacles d
477. s par des sch mas un peu plus incastro insertion intarsio marqueterie sciarada alterna charade alternative complexes on en a aussi des exemples en francais CANEfnicio CAmicioNE d ment FRICHE d FRJCHEment PANSA Nadra PalaNdraNA GARE badin GAbaRdinE CANE pira CapiNEra COMMENT plier COMpliMENTer RAFFAELE ARAGONA anagramma SIGARETTA STRATEGIA anagramme nacre came lucchetto FAvola volaNTINO FANTINO cadenas CONte teNUE CONNUE bifronte ENOTECA ACETONE bifrons trace cart cemiera RICAmo scaRICA mosca charni re MOUSsu reMOUS sure scarto sclarpa scarpa lipossible emplois empois bisce setA ballA set bail lipossible double sourcE lE sourcil zeppa cicca ciOcca flipot courge courage Avec toutes les variantes possibles puisque une ou plusieurs parties du sch ma peuvent tre constitu es par des phrases ou des syntagmes C est le cas d un de mes po mes qui parle de la ville de la tristesse de la ville moderne Le po me peut tre traduit ainsi CITTA Pu par re talvolta che la vita riapra le braccia dischiuda i cancelli di ferro e sospinga al libero sole del mondo ricordato soltanto e a mala pena Ma il male ritorna di nuovo E triste il destino che incombe un giomo tutto poteva anche essere condizionato ora non v scampo Perch colpire pi a fondo rigettando nel buio pi pesto E il destino degli uomini giusti che operano
478. s par un parcours dans le graphe Partant de cette analogie une petite discussion sur un paradoxe math matique galement exploit par les auteurs oulipiens un des paradoxes de 61 THEORIES DES NOUVELLES FORMES D ECRITURE NUM RIQUE Z non montrera comment s introduit une faille potentielle dans cette lilitt rat rature potentielle Examinons le paradoxe o Achille court apr s une tortue Utilisant de fa on r cursive une relation de dichotomie Z non attribue une existence chaque etape de cette relation dans l nonc de son paradoxe Le paradoxe lui m me ne nous int ress pas ici La seule chose qui importe pour notre discussion est que la dichotomie joue le r le d une loi de pr diction On peut associer une r gle d criture cette loi et obtenir des textes potentiels m taphores des tats obtenus chaque tape de l application de la dichotomie 11 v a ainsi isomorphisme entre une mati re des textes litt raires au sens o l entendrait Hjelmslev et l espace g om trique du segment sur lequel se d placent Achille et la tortue Cette isomorphisme se retrouve entre les forme de textes potentiels toujours au sens de Hjelmslev et les valeurs de la position pr dites par la dichotomie Ainsi donc tout texte potentiel est enti rement contenu dans un ensemble de conditions initiales et la donn e d une r gle de transformation qui n est rien d autre qu une loi de pr diction les textes c
479. s qui peuvent tre suppos es dans le point de vue du lecteur de la profondeur de dispositif de l auteur c est dire dans l id e que l auteur se fait de la lecture qu il g re et ne pas tre r alis e dans une lecture r elle Mais parce qu elle est li e a un arch type qui sont des classes la contrainte n est pas une caract ristique al atoire une uvre donn e une poque donn e ne peut tre sujette qu un nombre limit de contraintes de lectures qui sont partag es par des collectivit s de lecteurs Le caract re al atoire ne se manifeste qu au niveau d une lecture individuelle un lecteur donn entrera dans une classe ou une autre la contrainte nulle tant une classe particuli re En tant qu auteur je peux consid rer que la plupart de mes productions sont construites sur une ou plusieurs contraintes d criture mettant l accent sur une caract ristique ou une autre de l arch type proc dural 3 2 2 Les contraintes combinatoires non algorithmiques La premi re caract ristique a avoir t utilis e et d couverte par l animation est la temporalit du texte voir Elle engendre une certaine labilit n syntaxique qui ouvre le champ 4 une combinatoire dynamiqueriche Les oeuvres anim es de la premi re g n ration d alire comme L ir ont explor cette voie PHILIPPE BOOTZ Le texte voir n est qu un tat observable du processus de g n ration Il n est pas to
480. s sa traduction phon tique La contrainte de l auteur d nigmes consiste crire un seul texte sur deux sujets tout fait diff rents dont un sens apparent mais faux et un sens second moins apparent mais vrai Le texte de l nigme exige donc deux lectures disjointes et simultan es Au cours des si cles la structure m taphorique de l nigme ancienne s est vue transform e au moment o elle s est trouv e ins r e l int rieur d un texte RAFFAELE ARAGONA l poque pr modeme il s agissait tout au plus de discours nigmatiques visant tromper l interlocuteur mais sans v ritable structure en forme d nigme Aujourd hui par contre une v ritable structure nigmistique se manifeste lorsque le texte pr sente une double isotopie coh rente et d termin e relevant d un code plus ou moins d fini Cette structure permet de construire un texte po tique particulier qui ne pr sente pas seulement l ambigu t naturelle de la po sie mais en offre une deuxi me lecture bien d finie L ambiguit du texte est r alis e gr ce plusieurs articulations du langage Elle se forme selon diff rentes modalit s et travers plusieurs moyens structuraux essentiellement l homonymie Gr ce l homonymie en effet l nigme a pu se distinguer clairement de l ambigu it vague et discursive de l nigme ancienne qui en dehors de l all gorie et de la m taphore n
481. s tare et non parliamo a voto Che cosi a lui ciascun linguaggio Comme 7 suo ad altrui ch anullo noto Raphel may am ch zabi almi Rara l abra bracha merpheigar Raph l may am ch zabi almi Habla horem giga goramen Raph l may am ch zabi almi Bababadalgharaghta Raph l may am ch zabi almi Kikikou ritchi tchitchi tzi tzi tzi Raph l may am ch zabi almi Cominci a gridar la fiera bocca 322 BERNARDO SCHIAVETTA UNE VERSION FRAN AISE Divine Com die Enfer XXXI 67 ss Raph l may am ch zabi almi Ainsi cria l pouvantable bouche A qui ne conviendrait rien de plus doux Et mon guide lui dit Ame stupide Et puis moi Ils accuse lui m me Car c est Nemrod cause de sa faute Sur terre onn use plus d un seul langage Mais laissons le ne parlons pas vide Puisqu il ne peut comprendre aucune langue Et que nul ne comprend ce qu il nous dit Raph l may am ch zabi almi Rara l abrabracha merphergar Raph l may am ch zabi almi Habla horem giga goramen Raph l may am ch zabi almi Ba ba ba dalgharaghta Raph lma am chzabialmi Rou rou rou sitzi litzi tzi tzi tzi Raph l may am ch zabi almi Ainsi cria l pouvantable bouche 323 CREATIONS ORIGINAL BABELIQUE 1 1 Raphel may amech zabi almi Nemrod comme sous la tempete Orirgue ugig heledeh Z nevidno nitjo nove govorice Farai un vers de dreyt nien Thokathoka khane kha
482. s textes ressemblent donc des textes produits selon la contrainte du Canada Dry on a tout de suite l impression qu il s agit de textes contraintes mais on n arrive pas d couvrir une syst maticit quelconque Il y a aussi de nombreux auteurs qui ont red couvert surtout partir des aim es quatre vingts le charme productif et ludique des formes fixes comme le sonnet ou le haiku Quant l anagramme les ann es quatre vingts taient caract ris es en Allemagne et en Autriche par un v ritable boom d anagrammes d clench par une nouvelle dition de l uvre de Unica Z m Sans penser qu il est sp cialement fructueux de faire dans ce contexte une distinction entre la production litt raire en Autriche et en Allemagne au lieu de parler de la litt rature germanophone dans son int gralit je profite de la proposition faite par M Schiavetta pour pouvoir laisser de c t tranquil 123 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES CRITURES A CONTRAINTES lement toute une s rie d auteurs que je ne connais pas assez bien et surtout l uvre riche et profond ment marqu e par la contrainte de Oskar Pastior Et je ferai pour viter une simple num ration de noms une restriction de plus je me bornerai ici parler des auteurs qui ont publi tout un recueil de textes contraintes et non pas seulement quelques textes isol s dans des revues Je commencerai par le sonnet Une tude de Andr as B hn sur le son
483. sement sans suite d histoires grandioses ou d risoires frivoles ou pitoyables lui faisait l effet d un mausol e grotesque dress la m moire de comparses p trifi s dans des postures ultimes tout aussi insignifiantes dans leur solennit ou dans leur banalit p 168 La copie ne saurait retrouver l nergie de la forme premi re m me si la d marche encyclop dique mobilise une dynamique propre celle du collectionneur le miroir du romanesque que propose La Vie mode d emploi est grotesque parce qu il est le miroir d un romanesque l nergie perdue O l on retrouve d ailleurs la r f rence Flaubert au del des r critures ponctuelles ou de l impr gnation stylistique globale revendiqu e dans Les Choses La Vie mode d emploi propose en somme une actualisation romanesque entre autres du projet de copie de Bouvard et P cuchet La question du rapport au temps para t ici centrale la r ponse de l criture perecquienne au sentiment d une crise du roman prend la forme intempestive d une revendication du romanesque qui engage elle m me le recours une criture conservant toute la m moire de l histoire du genre On peut aussi pr f rer une formulation inverse qui relie l intempestivit du 241 242 ANALYSES D EUVRES romanesque contraint la posture m morielle qui caract rise de mani re centrale l criture contraintes en particulier chez Georges Per
484. sent e Cerisy n est plus celle qui devrait para tre sous forme de livre et galement sur divers supports num riques Elle a une valeur documentaire 2 Chaque vers de RAPHEL est strictement une citation pourvue d une note qui indique au minimum le nom de son auteur le titre de l ouvrage d o elle est tir e les donn es bibliographiques de l dition consult e etc La note comporte galement une traduction litt rale mot mot de chaque fragment voire des claircissements divers pouvant renvoyer alors des notes la note celles ci pouvant atteindre la taille d un essai Dans la version num rique de RAPHEL les notes et les notes aux notes sont accessibles gr ce des liens hypertextuels Un chantillon de ces notes figure dans les pages 336 338 BERNARDO SCHIAVETTA RAPHEL connut Cerisy sa premi re performance publique Les strophes de la version originale bab lique et de la version francaise pr sent es en regard l une de l autre furent projet es sur cran pendant la lecture Sandra Kay Simmons lut la version anglaise KKK 321 CREATIONS ORIGINAL BABELIQUE Divina Commedia Infemo XXXI 67 ss Raph l may am ch zabi almi Cominci a gridar la fiera bocca Cui non si convenia pi dolci salmi E il duca mio ver lui Anima sciocca Poi disse a me Elli stesso s accusa Questi Nembrotto per lo cui mal cotto Pur un linguaggio nel mondo non si usa Lasciamlo
485. si de forme fixe comme une autre le sonnet a pu devenir un quasi genre po tique infiniment plus productif que le rondeau ou la sextine il le doit s rement la moindre force contraignante qu il exerce sur le scripteur Mais ne faudrait il pas voir un peu plus loin A traiter de la sorte fr quence et force de coercition comme des inverses proportionnels l on en reste de fait une vision trivialement statistique des choses La raret d une forme a souvent de tout autres explications Il se peut simplement que la forme en question exerce un attrait moindre le plus souvent li la perte d enjeux puissants Comme discours et d tournement de discours le Cento Virgilianus de Proba Falconia dont cette m me page de Formules fait rappel tait tributaire d un but id ologique religieux pr cis et dat christianiser Virgile donner au christianisme en retour ses lettres latines de noblesse Dans un monde rh torique qui aura toujours eu de grandes difficult s s parer une forme ou un genre quelconques des fonctions que ceux ci remplissaient l origine le triomphe de la doctrine chr tienne rendra par la suite moins urgente et partant d su te la pratique du centon ainsi orient 154 DANIEL BILOUS Une autre cause de raret est la concurrence d autres formes ou genres qui paraissent plus imm diatement efficaces en vertu de leur moins forte ambigu t Un centon est la fois discours et exercice d
486. si informe et diverse que chaque pi ce chaque momant faict son jeu Les ruines de la guerre qui occupe une place si importante chez Simon se trouvent avant tout Berlin et c est l que Simon situe tel fragment central du chapitre la station Stadtmitte o une jeune femme sort du m tro La longue muraille de fa ades qui ont sans doute br l elles aussi est d un brun sombre La silhouette de la fille en rose qui en longe la base diminue peu peu sa jupe se balan ant au rythme gracieux de ses pas C est exactement ce rythme gracieux que Simon admire dans l emploi des couleurs par Proust Pourtant il y a encore autre chose La premi re citation de Proust par Simon dans ce chapitre a une place part et quoiqu elle soit prise dans le m me passage elle en a t extraite et se fait remarquer par sa position isol e On disait qu une poque de h te convenait un art rapide absolument comme on aurait dit que la guerre future ne pourrait pas durer plus de quinze jours p 159 Ce lien direct entre l art et la vie sociale est rejet par Proust ainsi que par Simon Par cette entr e en mati re Simon attire l attention non seulement sur son jugement explicite au sujet de l art proustien il pousse galement le lecteur lire dans sa pratique du collage une fen tre sur la conception esth tique de Proust Luzius Relier montre dans un article tr s riche comment Proust d passe l impressionnisme par une
487. sibilit On pourrait ici voquer la notion forg e par Val ry belle et pr gnante d horloge ext rieure La rime constitue une loi ind pendante du sujet et est comparable une horloge ext rieure C est ce principe d horloge ext rieure qui a fait na tre chez Jacques Jouet les po mes de m tro C est un rythme r gulier mais ext rieur l criture qui impose la scansion du po me son souffle sa r gularit Ce nouveau type de po sie n est scand ni par une m trique fixe ni par un vers libre mais une forme de m trologie science des mesures totalement ext rieure au langage la lecture voix haute de ces po mes on retrouve effectivement ce rythme du langage qui permet de parler de po sie La contrainte n agit pas directement sur le po me elle en r gle seulement la prosodie et en l occurrence ne modifie aucunement le signifiant Terminons par la notion de potentialit Si j tais au d but tent de la placer en rapport de sym trie avec la norme c est parce que la contrainte est potentielle par d finition et que c est l acte de langage qui la r alisera Ce que ne d ment pas l affirmation pourtant apparemment divergente de Roubaud Toute contrainte a en elle une tendance la potentialit gt 35 36 THEORIES DE LA CONTRAINTE J avancerai qu il en va de m me pour l effet de contrainte pour la simple raison que dans une perspective potentielle la cont
488. simples ou compos es en tous cas perceptibles qui peuvent affecter tous les niveaux et param tres d un crit les sons les graphies les arrangements syntaxiques ou spatiaux jusqu aux vocables employ s Ainsi le quatrain suivant qui d ailleurs v rifie exactement le protocole des neuf premiers 161 ANALYSES D EUVRES 1 2 3 4 5 6 Apte a ne point te cabrer hue Poste et j ajouterai dia Si tu ne cours onze bis rue Balzac chez cet H r dia ofire t il nombre de ces structures transversales l inscription de deux patronymes d crivains en places polaires du vers 4 Balzac H r dia avec les savoureux effests contradictoires qu un tel vis vis entra ne sous le parall le de noms d artistes en langage et le probable appariement du parnassien et du r aliste se jouent les oppositions chrono s mantiques entre un romancier d hier et le po te d aujourd hui le parall lisme vocalique toujours en places polaires au v 3 Si tu bis rue compliqu d un micro chiasme syllabique Si bis le parall lisme des parall lismes polaires observ s dans ces m mes deux vers au del de leurs diff rences ici des noms l des sons et graphies la diss mination du premier mot presque en b gaiement au premier vers Apte ne point te la diss mination phonique anticip e d un l ment Balzac par un autre en aplomb
489. soin deux imperfections d autre sorte La premi re imperfection C est avec la suite saucisson son cousin et sous les esp ces en somme d un b gaiement l imm diat retour du m me son lequel ne laisse gu re d induire deux crises La sym trie du premier vers son frangin pour un saucisson est perturb e par la subs quente occurrence son cousin qui en trouble la polarit La redite en son des 49 50 THEORIES DE LA CONTRAINTE trois premiers vers est perturb e par la pr c dente occurrence saucisson qui en trouble le parall lisme La deuxi me imperfection C est l affaiblissement dont p tit la superbe occurrence lt b tard La superbe occurrence Oui puisqu il semble qu avec elle soit programm e une h sitation un instant entre disons le sens familial et le sens boulanger et que ce n est point tout fait une m me chose que tuer son cousin pour un enfant ill gitime dont on peut le supposer l auteur ou pour un modeste pain dont on se borne sp cifier la sorte L affaiblissement Oui parce que du fait de sa place apr s d j un aliment gt lt saucisson i c est la le on alimentaire certes programm e auparavant avec le premier paragraphe du livre mais estomp e avec l intercalaire d rive du paragraphe suivant qui se trouve malheureusement trop t t favoris e D s lors se soumettre r solument en l esp ce aux contraintes corollaires
490. sprit est selon Bergson l criture Le sch ma dynamique participe l invention et cristallise les images encod es tout comme une contrainte litt raire L effort intellectuel une activit vitale repr sente la libert laquelle Bergson s est adress la fin de M moire et mati re L effort intellectuel est vital car il participe dans la mat rialisation croissante de l immat riel il donne vie p 959 Plus l effort intellectuel est grand plus la contrainte est consciemment construite et appliqu e et plus il y a libert Les id es de Bergson font voir que l me et la raison sont plus unies qu oppos es Un aspect capital de la querelle des anciens et des modernes tait que les modernes jugeaient la litt rature des anciens paienne et voulaient que leurs contemporains parlent surtout du christianisme Dans l Art po tique Boileau r pond cette accusation et s adresse l acharnement des modernes 206 PETER CONSENSTEIN Comme eux Boileau est contre le paganisme et l idol trie mais il sait appr cier la rh torique des fables et des portraits En ce qui concerne l all gorie il crit dans le troisi me chant Et partout des discours comme une idol trie Dans leur faux z le iront chasser l all gorie Laissons les s applaudir de leur pieuse erreur Mais pour nous bannissons une vaine terreur Et fabuleux chr tiens n allons point dans nos songes Du Dieu
491. st constitue une donn e de la contrainte non moins capitale que le jeu des diverses vari t s de la paronymie A l exigence arbitraire d crire un r cit qui amalgame deux phrases paronymiques en utilisant le moins de mots possibles il surajoute celle d viter que le lecteur per oive la moindre anomalie dans les histoires ainsi labor es Cependant la lecture des proc dures de motivation utilis es fait appara tre que celle ci n est pas toujours d une qualit homog ne Le rapport entre le r cit et certaines des matrices n appara t pas clairement dans tous les cas Ainsi dans la description finale qui est donn e dans La loge de la caricature faite par Dabussol le lecteur met un certain temps comprendre que le seul rapport existant entre le cordon et le mortier est celui de la proximit physique Il en va de m me par exemple pour la derni re matrice de L orchestre o le lecteur met aussi un certain temps saisir que le seul rapport existant entre le b ton et le cerceau est celui de la proximit cet endroit Dabussol semblait avoir pouss les d tails plus loin que partout ailleurs pour obtenir l unit d une baguette de chef d orchestre il avait enroul la lani re autour du manche avec une perfection par trop absolue la spirale tait trop r guli re et en m me temps trop tass e ce qui faisait supposer une grande disproportion entre sa longueur r elle et celle du manche Vous les
492. stante rythmique Duhamel po te de la fadeur Vildrac et Jules Romains ont laiss des po mes en vers blancs dont se souviendront Eluard et Pierre Emmanuel Le vers blanc d fini par cette absence terminale est un des ant c dents de la po sie syllabique qui suit de nouvelles contraintes Roubaud Michelle Grangaud etc Inversement on peut d crire les pseudo rimes dans les vers blancs ou les pseudo assonances qui sont un artefact fr quent des critiques en mal de rappels sonores comme propos d Eluard un Dictionnaire de Po tique et un Que sais je sur Les figures de style La rime augment e Pr sente la fin du XIX si cle chez Francis Jammes comme une de ses rimes naives touffu confuses vers verte th oris e par Jules Romains en 1924 sous le nom de rime par augmentation ou par diminution c est une rime mixte homophone ou une assonance mixte ALAIN CHEVRIER Elle a donn lieu a des po mes syst matiques chez Jules Romains le premier po me de La Vie unanime 1908 en rimes diminu es En haut du boulevard le cr puscule humain est une progression en rimes par augmentation un fragment de Ode g noise 1923 24 Je ne puis pas oublier la mis re de ce temps Jules Romains a d crit tremble tremplin et un de ses po mes Villustre Le moteur vit d explosions ob issantes o l on d c le une loi de composition cach e suppl mentaire les
493. str s par 29 dessins de Gochka Charewicz dans la page de gauche les textes et les illustrations racontent une petite histoire qui est la description fictive de 29 plantes lunaires imaginaires d o le titre original inattendu du livre La premi re structure mobile utilis e pour composer ce livre merveilleux de MB est la s quence narrative bas e sur l algorithme 29 c est dire le mod le du cycle lunaire qui se compose de 29 nuits Cette p riode d un cycle temporel et cosmique comme les r gles f minines les mois du calendrier plus ou moins et d autres s quences qui respectent ce chiffre se correspond une structure du texte en 29 chapitres diff rents 29 devient donc un algorithme qui r gle l organisation et la composition de l uvre de fiction ce qui fait aussi la transformation d une taxonomie botanique fictive en r cit descriptif d une for t lunaire imaginaire o il y a quand m me des histoires d licieuses qui nous font voyager dans l espace et dans le temps 197 ANALYSES D EUVRES La seconde structure mobile est la contrainte scripto visuelle de l uvre la combinatoire des textes et des images qui provoque parfois l assimilation int grale de l criture au dessin et aux couleurs Les illustrations habitant partout l uvre butorienne sont en g n ral des composants plastiques qui s interp n trent avec l criture elle m me mais dans Herbier lunaire sont des illustra
494. t la platitude qu on lui attribue trop fr quemment sans 259 ANALYSES D EUVRES aux r gles qui g rent la production d effets de repr sentation dans la langue Il se pourrait m me que la na vet de ses histoires et de sa palette lexicale ob issent chez l auteur une intention d occulter les tensions qui se manifestent dans l usage de la langue entre la logique mat rialiste du proc d et les r gles de la vraisemblance repr sentative Enfin l analyse des effets de repr sentation produits par les matrices met au jour le caract re h t rog ne des r alit s qu elles rassemblent et que la fiction finira par amalgamer Il appara t donc que la juxtaposition d l ments disparates propre au proc d volu se trouvait d j latente comme mode de production fictionnelle dans la premi re tape de la m thode c La motivation des matrices Comme il a t signal plus haut la traduction des Textes gen se exige une adaptation de la contrainte la langue d arriv e si toutefois la version pr tend transposer en espagnol la valeur po tique de sa source Or m me si l espagnol et le fian ais sont deux langues proches il est plut t rare que leur bagage lexical recouvre exactement le m me champ s mantique et par cons quent qu au millier d homonymes fian ais corresponde en espagnol un ensemble de formes dot es d un s mantisme quivalent ou proche Ainsi le traducteur qui aborde
495. t de mani re suivie partir de la fin des ann es 1620 et qualifie d abord en parlant des textes aussi bien que de la vie ce qui ressemble aux romans la m me poque mais de mani re plus dispers e apparaissent les premi res occurrences du sens moderne du terme notamment dans Le Berger extravagant de Sorel 1627 ce qui est propre au roman comme genre litt raire Le sens axiologiquement marqu est autrement dit plus t t d velopp que le sens neutre didactique Cette notion de romanesque intervient de mani re centrale dans au moins deux textes de Perec l un fictionnel l autre r flexif Le chapitre LVII de La Vie mode d emploi se cl t sur les deux projets grandioses et illusoires d Olivier Gratiolet le premier tant de nature romanesque Gratiolet voudrait cr er un h ros de roman un vrai h ros non pas un de ces Polonais ob ses ne r vant que d andouille et d extermination mais un vrai paladin un preux un d fenseur de la veuve et de l orphelin un redresseur de torts un gentilhomme un grand seigneur un fin strat ge l gant brave riche et spirituel des dizaines de fois il a imagin son visage des dizaines de fois il l a rev tu de costumes impeccablement coup s mais il n a toujours pas r ussi lui trouver un nom et un pr nom qui le satisfassent Le texte emploie d abord romanesque dans une acception clairement relationnelle la premi
496. t et de son inversion spectacle de la souffrance et traces photographiques inversion de l image et double sens des traces crites gaucherie et droit douloureux d sir d inverser le cours des choses Mais les formes en miroir et l image renvoient aussi l id e de double et de redoublement aux deux Gaspard Winckler au double V et a la structure d un livre dont le titre l pigraphe la typographie sont d doubl s inscrivant deux s ries avec deux incipits s ries elles m mes partag es en deux par le signe Je r sume ici h tivement les analyses de Michel Sirvent dans l article Blanc coupe nigme il remarque notamment les lignes de partage multiples dans la chronologie de l enfance telle qu elle est narr e par le r cit autobiographique et les nombreuses reprises du titre en particulier Il analyse ainsi le d but du chapitre IL avec sa c l bre formule l Histoire avec sa grande hache C est sous le d mon de la division et de la r p tition que prendrait forme une criture de plut t que sur la disparition A la disparition des deux Gaspard Winckler pourrait correspondre l impossible formulation de son histoire pour qui ne sait ce qu il craint ou d sire le plus rester cach tre d couvert W ou le Souvenir d enfance p 14 Michel Sirvent commente ainsi ce passage Le m me en se divisant rencontre l autre ou l un
497. t resse peut tre le plus est la transposition dans le domaine des mots de concepts existants dans les diff rentes branches des math matiques L avantage de ces derni res remarques tient ce que au lieu de restreindre l activit oulipienne comme le faisait Jean Lescure un exclusif effort sur la contrainte elles y distinguent quant elles trois vocations En outre il est piquant ou mieux sans doute instructif l on y reviendra d observer que la divergence entre les deux notables oulipiens acc de ici au plus pointu En effet alors que Jean Lescure inscrit l OuLiPo sous l exclusive enseigne de la contrainte Claude Berge non sans peut tre une malice choisit pour illustrer la seconde vocation dite sans rapports apparents avec celle qui est ouvertement li e une recherche de contraintes pr cis ment et curieusement de Jean Lescure lui m me la m thode S 7 L inconv nient de ces derni res remarques tient ce que la vari t des vocations qu elles manifestent rel ve davantage du constat que de la construction Du constat Oui En effet ce 4 quoi sous les respectifs noms de contraintes de transformation de transposition elles se bornent c est simplement 4 num rer certaines activit s stipul es diff rentes Que de la construction Oui En effet ce dont elles se dispensent c est d tablir entre celles ci quelque lien qui pou
498. t am re non pas douce c est le cours de la Seine travers les boucles de son cours quand la Seine na t sur les monts d Or quand son eau est douce la destination c est la mer l eau am re de la mer on pense voir le ciel de Lille en italien lilla signifie mauve et Lille les blanches falaises de Douvres la Seine qui descend vers la mer en fran ais est le nom aussi d un filet de p che comme le chalut en italien le mot gallo signifie coq et aussi gaulois les blanches falaises de Douvres sont lointaines tout pr s il y a seulement Le Havre un port artificiel o se jette la Seine la destination est l eau am re de la mer la couleur bleue de la mer le plus grand entre les fleuves de la Champagne sur les rivages du lit de la Seine Paris la ville de l amour insouciant 106 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES CRITURES A CONTRAINTES SECONDA CONDANNA le braccia i cancelli di ferro del mondo a ma la pena il male ritoma il destino essere condizionato il buio pitt pesto destino uomini giusti una causa processo evolutivo aani evasione Capitale SENNA amaro il destino tortuoso Corso la vita commcia le vette piu alte dorate dolce sapore Ma sagena scorticaria canto del gallo porto artificiale azzurro il destino champagne le sponde di un letto les bras les ailes du batiment de la prison les contraintes de la vie les grilles de f
499. t ce que les math matiques modernes font en adoptant la m thode axiomatique une m thode constructive qui en m me temps ouvre de nouvelles voies la recherche en ce qu elle dispense le math maticien de confronter sa th orie au r el Ceci dit il n est pas exclu qu une telle th orie ne trouve pas une application r elle apr s coup Comment est ce que l criture compatit ce probl me et sa solution axiomatique Consid rons la pi ce de Roubaud Comment la Tortue combattit Achille Son troisi me acte constitue une r criture du dialogue de Lewis CarToll Roubaud le traduit en fran ais et y apporte un certain nombre de changements La modification la plus importante concerne le sujet du syllogisme Roubaud lui m me y voit l int r t principal de sa r criture Au lieu de discuter une proposition d Euclide ses protagonistes traitent un syllogisme autor f rentiel c est dire les pr misses et la conclusion suivantes UwE SCHLEY PEN A Si Achille est le champion de la vitesse et la Tortue de la lenteur Achille sera le vainqueur de la course B Achille est le champion de la vitesse Om ga Achille sera le vainqueur de la course Chez Roubaud la discussion n a pas lieu apr s la course mais elle la remplace Elle se d roule l identique de ce qui se produit que chez Carroll Plus que Carroll cependant Roubaud fait sentir ses lecteurs l absurdit de la r gression l infini E
500. t chaperon bleu marine de Philippe Dumas par exemple Un vrai r gal Sans plus comme un tr s bon repas Je croyais en avoir fini avec le conte depuis belle lurette Jusqu a ce que je rencontre au d but des ann es 90 Jacques Jouet et lise son Bestiaire inconstant chez Ramsay d couvrant ainsi le travail d capant des Ouhpiens sur les textes anciens Un conte repris par J Jouet m a tout de suite frapp e dans ce livre les v ux de l ne repris ensuite au th tre dans Trois fois trois v ux Trouver une sortie une issue une voie non encore explor e dans un conte a priori satur boucl fini c tait nouveau et je sentis imm diatement que cette piste l tait la mienne Que revisiter le conte par la contrainte litt raire pour le creuser l approfondir mais aussi m en chapper tait la motivation de mon retour l criture J ignorais que cela m entra nerait dans un univers tr s proche de celui des fractales moi qui n ai aucun go t pour les math matiques On peut en effet travailler de quantit de fa ons potentielles sur un m me conte soit sur l histoire m me du conte et ses variantes ce qui a d j largement t fait voir plus haut Soit sur les personnages en prenant leurs caract ristiques leurs d fauts ou qualit s leur profil psychologique pour le fouiller ou le remplacer par son contraire CHANTAL ROBILLARD Mieux encore sur le texte cr
501. t de ne pas assimiler cette notion au sens du texte la construction duquel contribuent autant ses contenus que ses aspects formels et ou mat riels Il n est donc pas question pour nous d opposer une traduction qui tiendrait compte de la forme davantage que du sens de l original une traduction qui restituerait mieux le sens tout en ignorant la forme L opposition doit s tablir nous semble t il entre une traduction qui tient compte du jeu des divers ingr dients qui interviennent dans la construction du sens et celle qui se contente de transposer Hans la langue d arriv e seulement un de ses aspects A quelques nuances pr s ce fut pour les textes de Roussel la position de Pere Gimferrer un de ses premiers traducteurs l Espagnol qui proposa une version de la premi re partie de Comment j ai cru certains de mes Inres Pans Pauvert 1962 mais sans traduire aucun jeu de mots ni aucun aucune nouvelle cf R Roussel Como escribi algunos libres mios Barcelone Tusquets 1972 5 Ce fut pour Roussel la position d Alexandro Jodorovski qui Hans sa version du m me texte que Gimferrer proposa des traductions possibles pour les jeux de mots de Roussel cf Alexandra Jodorowski Como escnbi algunos de mis libros in ndice voL 21 n 205 1966 1 Raymond Roussel a regroup dans Comment j ai crit certains de mes livres Paris Pauvert 1963 sous le titre Textes de grande gen se ou Textes gen se dix sept des ving
502. t maintenant le dire un laxisme dans l ordre stylistique et c est pourquoi nous n avons pas cru malgr les faits devoir le compter au nombre des mallarm ismes recommandables En regard des contraintes mim tiques il s agit d un laxisme absolu Tout se passe comme si le scripteur s avisait soudain de r parer ce qu il juge tort une sous d termination du mod le Remarquons le la multiplicit des structures rend tout examen complexe et interdit de qualifier uniment les performances tudi es Le m me quatrain peut sous deux aspects requ rir deux jugements contradictoires Ainsi la suscription Laclos infid le pour le marquage surnum raire est malgr tout conforme d autres gards peut tre plus d cisifs Entre les deux qu on vient de d finir il y a place pour une tierce cat gorie 3 les performances mod le virtuel ou si Ton pr f re celles que d termine le crit re de tendance et lui seul Ce type rassemble proprement dites les extensions du travail mallarm en Il comprend au moins deux vari t s 167 ANALYSES D EUVRES les reprises pensables comme un accomplissement Ce terme signifie que sous un certain aspect impliqu par la structure l laboration du quatrain tel qu en lui m me enfin n ayant pas compl tement abouti ce dernier peut encore tre perfectionn les avatars pensables comme un prolongement leur id e se trouve permise par la lo
503. t pas toujours facile de garder son sang froid quand comme lui nous trouvons notre certitude fond e sur une louable tradition dans un espace d s le d but renvers e 305 CREATTONS Marc Parrayre Ajouts un brin futiles Car pourquoi ne demanderait on pas un certain effort au lecteur On lui explique toujours tout au lecteur Il finit par tre vex de se voir si m prisamment trait le lecteur Raymond QUENEA U L affirmation formul e par Perec Ecrire est un jeu qui se joue deux entre V crivain et le lecteur maintes fois reprise lors du colloque Ecritures et lectures contraintes sugg re une exigence de qualit en mati re de r ception au moins quivalente celle qui a t requise par la mise en uvre de la contrainte au stade de la production Si la nouvelle qui pr c de r pond ce crit re alors ces lignes pourraient s intituler post face superflue ou commentaires inutiles ou bien encore post scriptum redondant Le texte Atoutes fins utiles a en effet l norme pr tention de se suffire lui m me La lecture devrait donc normalement disposer c est en tous cas ce que l criture s est efforc e de pr parer de tous les moyens pour percevoir les diff rents effets textuels et ce bien qu une strat gie du leurre syst matiquement mise en place tende masquer ces montages par le d veloppement au premier degr d une histoire recevable sans trop de r
504. t pouss et le r sultat demeurait surprenant de d licatesse et d animation L absence de Buret se prolongeant Rodolphe par espi glerie avait enrichi le curieux tableau en le parsemant d autres exemplaires vus dans la m me position toujours avec le double pli charg d imperceptibles soldats on en d couvrait dans tous les coins mais nulle part les poign es d hommes n atteignaient la miraculeuse perfection de la premi re preuve devant laquelle j tais en extase Elles sont tonnantes de relief et de finesse sur cet espace si restreint dis je en me parlant moi m me Qui elles demanda Rodolphe sur quel espace Je r pondis d signant entr tous le double pli qui attenait au disque blanc Les phalanges de l index sur les cornes du bouton cinq pattes Une page du Folk Lore breton Il est question effectivement du dessin d un enfant Yvon habill de haillons dont le v tement comporte un norme bouton sur lequel se rabattent cinq pans d toffe c t du corps dudit enfant figure le dessin d un ouvrage ouvert la page de l index des gravures qui est gliss e sous le gros bouton qui la maintient ouverte De chaque c t de ce bouton disque ressortent les plis ant rieurement faits la page en question or c est sur ces plis que le dessinateur s est efforc de peindre avec une extraordinaire minutie les foules qui suivent Yvon Aucun doute par cons quent
505. t pr sent es pour tre cass es Or m me si de l aveu de l auteur le d codage en est simple comme bonjour lumineuse et quasi transparente est la derni re indication p 129 il ne s av re pas si ais pour le non math maticien Ce premier exemple sert pourtant d arch type Jacques Roubaud pour son deuxi me principe du travail oulipien Un texte crit suiv ant une contrainte math matisable contient les cons quences de la th orie math matique qu elle illustre Or ce principe est battu en br che par la fac tieuse remarque suivante du m me Roubaud Une contrainte oulipienne non lisible est d cryptable en principe Autre exemple de contrainte math matique dans sa nouvelle Qui a tue le duc de Densmore Claude Beige construit l intrigue selon le graphe d intervalles du math maticien hongrois Haj s 1957 qui met en vidence trois contradictions pointant du doigt la seule coupable possible parmi les huit femmes qui ont rendu visite au vieux duc Ann Layboum p le A du graphe I et qui sera effectivement bient t arr t e et avouera son crime La r solution de l intrigue se v rifie donc par une raison math matique rigoureuse dont la logique implacable suppl e tout l appareil classique de construction par hypoth ses et d ductions la Sherlock Holmes Mais dans ce cas type Berge explicite d ment la contrainte en pilogue 2 La s n des trois Hortense La sextine pr
506. t r cits compos s avec le proc d primitif la premi re formulation de sa fameuse m thode d criture La version espagnole qui para tra vers le mois d avril de l ann e en cours et aura pour titre Texios embrionarios Embriooes textuaies in Raymond Roussel Teoria y pr ctica de la escritura Servicio de pubbcaciones de la U AB Barcelona 2002 est sign e par Hermes Salceda avec la collaboration de G Andujar Pour l tude d taill e du proc d primitif on se reportera Ghislain Bourque Les r pliques de l pissure in Raymond Roussel perversion classique ou invention moderne Pierre Bazantay amp Patrick Besmer eds Rouen PUR 1993 Jean Ricardou L activit roussellienne in Pour une th orie ch nouveau roman Paris Seuil 1971 Hermes Salceda Le proc d primitif ini m thode de Raymond Roussel Lille Presses Universitaires du Septentrion 2000 et El hombre minucioso in Raymond Roussel Teoria y pr ctica de la escritura op ciL 0 s agit du couple sonnets sonnettes utilis pour les matrices de Nanon et de Les anneaux du Gros Serpent a Sonnettes dont le second terme ajoute au premier un t et un e ce qui constitue une d rogation minimale la r gle Les matrices de Chiquenaude constituent un cas sp cial qu il n y a pas lieu d analyser ici 7 1 Litt ralement La peau fonc e de la m re jeune fille un peu m re Litt ralement
507. talement assimilable un objet ce qui lui retire son existence d tre Notamment les notions d Incipit et de cl ture tendent dispara tre m me lorsque les phrases observables ne r sultent pas d un proc d algorithmique g n ratif Les diverses versions de A bribes abattues illustrent cette ouverture Le texte y semble en perp tuelle m tamorphose syntaxique de sorte que la structuration de la phrase dispara t Ce type de contrainte induit des textes voir qui comportent des caract res de litt rature orale alors qu il s agit de litt rature crite On peut ainsi les lire avec une contrainte particuli re qui consiste basculer entre le mode de construction syntaxique temporelle et le mode spatial Ce basculement cr e en une image dans le tapis une combinatoire non algorithmique uniquement li e aux modalit s de lecture En effet dans une structure GN GV GN le GN sujet sera le premier apparu dans le mode de lecture temporel alors qu il sera celui situ en haut ou droite du GV dans le mode spatial Un exemple p dagogique en est donn par proposition qui laisse lire un texte voir optimiste dans un mode et pessimiste dans l autre La lecture r elle ne peut tre pr vue par l auteur mais celui ci peut construire une structure textuelle constitu e de modules s mantiques construits en peu de mots et li s par de multiples r sonances permettant des parcours combinatoires multiples sugg
508. tamment dans le traitement th orique de l image Les pr suppos s ainsi nonc s ne sont rien d autre que l expression du tiers inclus de la th orie syst mique Selon ce principe de base la connaissance et l approche th oriques d pendent enti rement du mod lisateur qui est ainsi lui m me inclus dans le syst me tudi 11 est alors utile de donner le plus clairement possible les attentes qui vont orienter son interpr 63 THEORIES DES NOUVELLES FORMES D ECRITURE NUMERIQUE tation Il faut bien comprendre que celles ci ne sont pas des a priori l observation et la theorisation mais qu elles se sont peu peu d gag es d un faisceau d observations de lectures et de r flexions de fa on former aujourd hui un ensemble coh rent Ces quelques remarques prendront corps dans les analyses qui suivent Partant des manifestations de la lecture illustr es par l observation des lectures d une uvre de Queneau nous pr senterons les concepts fondamentaux m ta th onques qui ne sont rien d autre que l expression mod lis e des remarques de cette introduction Nous donnerons ensuite une courte description des r sultats obtenus dans l tude des litt ratures informatiques puis nous analv serons les strat gies d criture mises en place dans ce champ comme des formes litt raires contrainte 2 Les cent mille milliards plus quelques po mes de Queneau 2 1 La contrainte n est plus ce qu elle tait Le
509. te qui rel ve par d finition du domaine de la lecture Les contraintes oulipiennes qui r glent les occurrences de signes alphab tiques et donc les r currences y compris les r currences z ro peuvent avoir des effets audibles tant donn que les lettres ont un rapport irr gulier mais r el avec la r alisation phonique d un texte Monovocalismes tauto grammes les textes utilisant des mots nombre de syllabes fixe ont pour effet secondaire ou parasite une incidence sur le mat riau phonique La contrainte du monovocalisme de Georges Perec Whataman s entend tout de suite et le plus souvent fait rire en m me temps Smart falzar d alpaga frac la Franz Hais s offre l oreille tout autant qu une chanson en couplets On peut m me le citer en exemple pour illustrer la fonction po tique du langage dans le sch ma jakobsonien car le monovocalisme en a attire l attention du lecteur sur le message en tant que tel dont le codage est immanquable Mais pourquoi nous fait il rire Question difficile et sur laquelle nous reviendrons 21 22 THEORIES DE LA CONTRAINTE Entre temps posons comme un principe que les effets audibles secondaires ou parasites de textes contraintes lettriques ne constituent pas l objet de notre recherche qui est l effet de contrainte en lui m me Un effet de nie est egalement associ un autre groupe de contraintes oulipiennes celles qui pro
510. te presque invisible Le vitrail versicolore blouissant de Jan Troll insultait la Cr ation tandis que chez Albius l oeuvre de Dieu tait offerte notre seule admiration L histoire se termine comme suit apr s une folle d bandade des couleurs Au centre se tenait l assembl e des nobles et des pr tres toutes les t tes s taient renvers es en arri re et les regards se portaient alternativement sur le vitrail color tincelant de mille feux et sur la vitre nue claire comme l eau puis ob issant un signe discret de l Empereur les deux gardes assur rent leur prise gravirent l escalier du clocher et pr cipit rent dans le vide le v n rable Albius qui s crasa au sol sous les hu es de la foule car l Empereur n appr cia gu re qu on se moquat de lui ni la foule alors qu on se moquat du monde p 177 Ainsi cette ultime all gorie se replie ironiquement sur l irr sistible contrainte des couleurs SJEF HOUPPERMANS Notes Je cite l dition Pauvert 1965 avec sa belle couverture rouge La Biblioth que de Warburg vision mixte Paris Seuil 2002 3 Paris Seuil 1997 Paris PUF 1997 Histoire des couleurs Paris Flammarion 1996 coll Champs Paris Bonneton 1999 7 Ce qui donne comme spectre violet indigo bleu vert jaune orang et rouge les couleurs primaires sont le rouge couleur compl mentaire le vert le bleu compl orang et le
511. te perecquien il rappelle existence d autres r seaux d l ments r currents dans l uvre de Georges Perec les constructions en trompe l ceil et les figures m tatextuelles par exemple Pour illustrer cette id e d ouverture je partirai d un article de Bernard Olivier Lancelot paru dans L Arc en 1979 article connu et appr ci de Perec Ce critique semble avoir d j per u le r le du 11 ce chiffre chez Perec v ritable signe cabalistique renvoie un entrecroisement multiple de faits autobiographiques et de proc d s d criture Dire ce que c est sans pr 144 CECILE DE BARY cautions c est d truire tout imaginaire Mais puisque ce chiffre revient tr s souvent dans des formes et des contextes fort divers je me sens autoris dire ici qu il proc de de l art de la fugue Op cit p 18 La discr tion de ces affirmations nous emp che d affirmer quels contextes leur auteur avait rep r s mais si l on suit sa suggestion on retrouvera dans la nouvelle autobiographique Les lieux d une fugue quelques apparitions du 11 C tait le onze mai mil neuf cent quarante sept Il avait onze ans et deux mois Si l on veut reconstituer la gen se de cette apparition du 11 on peut observer que cette date est erron e Demeure une part d ind cidable on ne sait toujours pas si cette correspondance s est construite l occasion de l criture de la
512. te structure dans le domaine de la logique Chez lui Achille et la tortue sont les protagonistes d une controverse philosophique sur la fiabilit du raisonnement logique R sumons le texte de Carroll Le d but suppose que les deux protagonistes aient r ellement couru et qu ils aient termin leur course avec le r sultat auquel on s attendait 272 UWE SCHLEYPEN Achilles had overtaken the Tortoise and had seated himself comfortably on its back p 1225 Dans cette position plus ou moins confortable les protagonistes se demandent comment la victoire d Achille avait t possible contrairement l argumentation de Z non Ils observent que les distances were constantly diminishing p 1225 C est alors que la tortue propose une autre course mentale cette fois ci dont elle esp re sortir vainqueur Well now would you like to hear of a race course that most people fancy they can get to the end of in two or three steps while it really consists of an infinit number of distances each one longer than the previous one p 1226 Achille accepte tire un norme cahier et un crayon de son casque et le voil engag dans un dialogue socratique domin par la tortue Il s agit de prouver une bonne fois pour toutes la v rit d un raisonnement d Euclide savoir la d duction suivante A Things that are equal to the same are equal to each other B The two sides of this Triangle are things
513. te tout un courant th orique qui s efforce de montrer combien les traductions enrichissent les cultures qui les accueillent par l introduction d exp riences neuves peut tre in dites pour celles ci Le cheminement inverse est en revanche moins habituel 4 ma connaissance aucune th orie ne s est pour le moment propos d analyser l utilit qu une traduction peut avoir pour renouveler les lectures des uvres dans la culture o elles sont n es Pourtant le traducteur condition de n tre pas trop press par les urgences ditoriales est peut tre le seul lecteur forc de lire tous les mots du texte dont il se dispose proposer une version il est le seul lecteur forc de s interroger sur le sens de chacune des phrases qu il va r crire dans une autre langue Or cet exercice banal quand il s agit de textes qui respectent scrupuleusement les r gles du syst me linguistique pour g n rer des repr sentations peut se r v ler d une grande efficacit critique si l on a affaire des textes qui se doivent davantage au respect d une r gle d criture qu celui des normes de la langue et ou du discours et qui parfois s efforcent comme ceux de Roussel de dissimuler leurs origines arbitraires en occultant autant qu ils le peuvent les effets de la contrainte sur l usage de la langue Le traducteur pour sa part ne peut faire autrement qu interroger la repr sentation un niveau primaire m me quand c
514. teur une lecture de type productif dont la richesse est souvent agrandie par l absence de connaissances pr cises des contraintes de production On peut se permettre de penser que c est la formidable potentialit communicative de cet effet qui a contribu la croissance spectaculaire du nombre d ecnvains tant dans le domaine anglophone que dans le domaine francophone qui ont recours des contraintes de type oulipien para oulipien ou formulaire Si les vertus de la contrainte sont plus faciles d montrer du c t de la production elles n en sont pas moins productives du c te de la r ception et l effet contrainte est pr cis ment ce qui permet une fois de plus une renaissance de la lecture litt raire DAVID BELLOS Notes 1 2 Roland Barthes L effet de r el in Communications n 11 1968 On trouvera un reflet inhabituel de cette explication dans le roman d Ismael Kadare Le Dossier H Paris Fayard 1989 Albert B Lord The Singer of Taies Cambridge Mass Harvard UP 1960 fait autorit sur les rapports entre m morisation et formes fixes dans la po sie orale 3 Voir par exemple ses analyses des Chats de Charles Baudelaire avec C L vi Strauss et du Sonnet 22 de Shakespeare avec Lawrence Jones in Questions de po tique Paris Seuil 1973 Voir Jonathan Culler Structuralist Poetics London Routledge 1975 pp 55 74 pour un survol l gant de ce d bat des ann es 60 Ma
515. that are equal to the same Z The two sides of this Triangle are equal to each other p 1226 Il s agit d un syllogisme classique du type Tous les hommes sont mortels or je suis un homme donc je suis mortel A et B repr sentent les deux pr misses tandis que Z en est la conclusion La proposition Z semble donc d couler logiquement de A et B Mais les choses ne sont pas si simples que cela La tortue imagine un lecteur d Euclide qui admet la v rit des propositions A et B mais non pas que Z en est la cons quence logique Un lecteur qui en d autres termes accepte les propositions g om triques mais non pas les r gles logiques du syllogisme n cessaires 4 la d duction Un lecteur qui finalement met en doute la validit de la logique La tortue demande a Achille de convaincre un tel lecteur Quand bien m me Achille lui conseillerait plut t d abandonner la logique et de jouer au rugby il entre dans le jeu de la tortue Il faudrait conclut il qu un tel lecteur accepte la r gle C IfA and Bare true Z must be true p 1227 Cette nouvelle proposition C repr sente donc la validit du raisonnement logique La tortue est pr te accepter la v rit de C et apr s avoir not les quatre propositions dans son grand cahier Achille pense avoir d montr d finitivement Z If you accept A and Band C you must accept Z conclut il La tortue quant elle se fait l avocat du diable et demande And
516. tion d action para textuel le vis vis de l algorithme g n ratif mais en situation d action minemment textuelle dans le processus global r ellement con u par l auteur et dans lequel la g n ration automatique n est qu une tape C est donc la double lecture du lecteur lisant sa lecture comme 79 80 THEORIES DES NOUVELLES FORMES D ECRITURE NUM RIQUE composante du dispositif qui d voile rarcbetv pe proc dural cl va au del de la simulation affich e dans les propos de J P B tpe Ce n esi qu en lisant comme texte ce qui ne lui est pas donn comme texte et es ne lisant pas comme texte oc qui lui est pr sent comme tel que le lecteur acc de aux caract ristiques proc durales des g n rateurs automatiques de textes L expeneooe montre que la r alit es plus complexe et qu une telle approximation ne rend pas compte du comportement diachronique des textes a voir Dans le mod le le processus en question est en r alit constitu de l association entre l ex cution sur la machee de 1 auteur et sur celle du lecteur Ce processus est nomm g n ration car il g n r le texte gt o r En aucun cas il ne se confond avec la g n ration automatique de texte qui nesfie une conception algorithmique L execution sur la machine de l auteur engendre des non dits dans le programme des mprectsKws voue des erreurs volontaires de programmation car le r flexe de hase du fonenoeremem
517. tion que Widhalm et Kilic emploient ici contient un double sens Beschr nkung peut aussi tre compris dans le sens de Beschranktheit ce qui veut dire manque d intelligence ou encore plus g n ralement manque de quelque chose d finir Cet autre sens leur permet dans la suite de cr er un lien direct entre l emploi d une contrainte litt raire et le ph nom ne psychologique qu un manque sp cifique s accompagne en g n ral d une certaine compensation qu une restriction va souvent de pair avec un largissement quelconque Mis part la qualit incontestable du livre on se pose pourtant une question Y a t il une contrainte bien cach e derri re ces quatre types de contraintes qui sont videmment trop g n rales pour constituer un v ritable texte contraintes J ai t assez curieuse pour poser la question aux auteurs et j ai appris qu ils avaient tabli pour la r daction de ce livre autobiographique deux plumes les r gles suivantes crire en alternance des paragraphes dont la longueur maximale tait fix e et ne pas effacer un seul mot du texte de l autre ils avaient pourtant le droit d ajouter quelque chose Contrairement cette autobiographie le roman Oskars Moral La morale d Oscarf que Use Kilic apubli en 1996 ne l ve pas de doute l gard de la contrainte syst matique qui le d termine Il s agit d une contrainte syst matique et dynamique en m me temp
518. tion de bug prend le probl me sous un autre angle elle caract rise l intrusion d une vie dans le syst me intrusion dont la propri t principale est d tre sans intelligence aucune avec les lois de pr diction du syst me qui se pr sente alors comme un syst me ouvert Dans un tel syst me l attention premi re ne doit plus se porter sur la caract ristique perturb e puisqu elle chappe au contr le mais sur l interaction Cette caract ristique perturb e est dans le cadre du paradoxe la position d Achille et dans une th orie litt raire le texte On aboutit alors une th orie qui consid re le texte comme li au comportement d un syst me Puisqu elle se centre sur les interactions la th orie pr sente un caract re fonctionnel marqu Un syst me pr sente trois classes de caract ristiques une architecture un fonctionnement et une organisation La th orie privil gie le fonctionnement Enfin en litt rature les interactions sont l uvre de l activit humaine en g n ral puisque les dispositifs litt raires sont totalement culturels Une th orie litt raire de cette nature ne sera plus essentiellement une th orie s miotique mais une th orie qui commence par prendre en compte le fonctionnement du cerveau La psychologie cognitive fournit des outils et une connaissance pour une telle approche outils d j mis en perspective par les s miotiques percepto cognitives impliqu es no
519. tions InterUmversitaires 1994 p 521 et 171 Dans un passage de sa Lettre Maurice Nadeau Perec met en avant de la mani re suivante la notion de lieu rh torique cette notion de lieux rh toriques qui me vient de Barthes est au centre de la repr sentation que je me fais de mon criture Les Choses comme Lieux de la fascination mercantile Un homme qui dort comme Lieux de l indiff rence Georges Perec Lettre 4 Maunce Nadeau 1969 in Je suis n Paris Seuil 1990 p 56 De ce point de vue on peut lire galement le projet de Tentative d puisement d un lieu parisien comme une reprise concert e par l crivain du passage de L Education sentimentale o Fr d ric d ambule rue Tronchet en attendant Madame Amoux Gustave Flaubert L Education sentimentale deuxi me p me chap 6 Pans Le Livre de poche 1983 pp 323 325 e Alain Robbe Grillet Sur quelques notions p rim es 1957 in Pour un nouveau roman Pans Minuit 1961 Ce type de litt rature n est certes pas tranger Perec en t moigne notamment P enthousiasme revendiqu pour le roman feuilleton qui d finit la forme initiale du projet W Lettre Maunce Nadeau 1969 op cit p 64 3 Sur P opposition du jeune Perec au Nouveau Roman et Tel Quel voir C Buigelin et Georges Perec Le Nouveau Roman et le Refus du r el 1962 et Georges Perec Engagement ou Crise
520. tions pures qui collaborent l appare l imaginaire c est dire qu il y a une correspondance directe texte image et que tous les deux construisent l histoire ensemble Et la troisi me structure mobile est le code taxinomique en t te des chapitres Les 29 plantes s l nites du livre ont toutes un nom latin qui se construit d une fa on sp ciale et originale tant donn le caract re lunaire de l herbier ces noms sont construits comme les noms des plantes terrestres mais en introduisant quelques l ments ajout s La premi re partie du nom fait allusion au type de plante viola chelidonium hypericum malva g ranium etc comme pour les plantes terrestres Mais la seconde partie du nom fait r f rence un endroit lunaire qui se cache l int rieur de la cat gorie taxonomique en concret un lieu lunaire de la g ographie lunaire r elle Wepenthes sinus iridum c est la plante du Sinus Iridium le Golphe de l Arc en ciel Acnnida nectaris c est la plante de la Mare Nectaris la Mer du Nectar Tropaeolus somnii c est la plante du Palus Somni le Mar cage des R ves C est ainsi que la nomenclature fictive de cet herbier lunaire imaginaire se compose d un genre ou r f rence la r alit botanique terrestre comme mod le du dispositif scriptural et narratif et d un sous genre r f rant une topologie r elle et lunaire Une m thode de classement des plantes f
521. tique Ce recueil est publi dans une petite maison d dition sp cialement favorable aux travaux contraintes qui s appelle Das fr hliche fVohnzimmer ce n est d ailleurs pas un hasard puisque ce sont lise Kilic et Fritz Widhalm donc deux auteurs contraintes qui en g rent l dition ASTRID POIER BERNHARD Dans son deuxi me livre Tobievrerschreiverbot publi en 1996 cette fois chez Ritter maison d dition plus renomm e Brigitte Falkner cr e des palindromes le titre est lui m me une trouvaille qui profite de la possibilit de la langue allemande de cr er des substantifs compos s le r sultat de ce mot 4 valises est le terme aussi int ressant que paradoxal Schreiverbot serait l interdiction de crier et a justement dans un Tobrevier c est dire dans un lieu o l on aurait explicitement le droit de hurler En septembre 2001 a paru galement chez Ritter un troisi me livre de Brigitta Falkner intitul Fabula rasa qui documente diff rents travaux de l auteur dont deux sont minemment oulipiens Le sc nario de film Prinzip I Principe I se base sur la contrainte du monovocalisme c est bien s r le titre le trahit tout de suite le i qui d cidera la marche d une histoire qui se joue sur trois sc nes Linz Grinzing et Rimini La pi ce Au Die methodische Schraube A e La vis m thodique est un texte sur les restrictions les r gles les co
522. tisfaisant du quatrain noir sur blanc n en sera jamais que l image approch e puisque les contours d un crit ne sauraient tre continus ni rectilignes quelle qu en soit la manifestation graphique Aussi doit on ramener le probl me la seule bonne question celle de la longueur des segments d crit laquelle se mesure de deux fa ons rit mesure mesure syllabique de l nonc comme vers millim trique du vers comme ligne ou m tre DANIEL BILOUS Les mesures syllabique et millim trique ou plastique si l on veut en principe s ignorent mutuellement Ce divorce est une des donn es primitives de la langue et une nouvelle preuve vers e au compte de l arbitraire de l imd pendance entre les aspects d un crit ici tous deux formels D s lors alternative est simple en prendre son parti la plupart des po tes ont depuis toujours choisi cette voie la plus facile ou traiter la contradiction et Mallarm est des rares qui s y aventurent Le traitement peut lui m me se donner deux buts soit la r duire soit la faire fructifier l une et l autre trouveront s exemplifier en un quatrain adresse La fructification revient jouer sur la non co ncidence entre les deux mesures ou anisom trie mais d une fa on r gl e L Oulipo nous a rappel comment Alphonse Allais creusait l cart maximum sur des alexandrins entre un vers des plus courts
523. tisse une toile large plus il est attractif au milieu de cette toile J oubliais de vous pr ciser que deux de mes arri re grand m res taient dentelli res dans le Velay et que cr er un texte litt raire contrainte s est pour moi une fa on de faire de la dentelle avec les mots Conclusion l infinit des potentialit s de cr ation litt raire partir du conte est j esp re ici prouv e A partir de n importe quel conte n importe quel auteur peut recr er en plusieurs A partir de chacun de ces nouveaux textes contes po mes nouvelles d autres peuvent leur tour en r crire et ainsi de suite Chaque interligne chaque interstice chaque personnage ou objet symbolique du conte souche peut donner lieu interpr tations recr ations d veloppements gr ce la contrainte litt raire C est bien l une application du principe des fractales en litt rature non Le Livre des livres dont parle Bemardo Schiavetta dans le num ro 1 de Formules passerait il aussi par le conte Notes bibliographiques 1 in Les 7 fins de Blanche Neige Le Verger diteur 1996 2 in La fontaine aux f es Le Verger diteur 1999 3 In La petite Braise Le Verger diteur 2002 La revue Formules a publi Semelle de perle et semelles de fer 3 ainsi que romance en mer sereine 2 La Revue alsacienne de litt rature a publi Poussi re d toiles ou le Sac charbon
524. tout ce que j cris Langue portugais Auteur Fernando Pessoa Texte Po me N o meu n o meu quanto escrevo vers n 1 Du livre Cancioneiro Edition Poemas Rio de Janeiro Nova Fronteira 1985 page 35 1 2 9 _ Kirjoitin kirjoitukselle Traduction J ai crit pour l criture Langue finnois Auteur Eeva Liisa Manner Texte Po me Kromaattiset tasot vers n 30 Edition Le R ve l ombre et la vision Paris Orph e La Diff rence 1994 pages 106 et 107 Excursus Traduction de Jean Jacques Lamiche 1 2 10 Raphel may amech zabi almi Traduction Sans traduction Langue pseudo langue Auteur Dante Alighieri Texte Divine Com die Infemo XXXI 67 342 ANNEXE D FINIR DE LA CONTRAINTE 344 ANNEXE Jan Baetens amp Bernardo Schiavetta D finir la contrainte R sum et remise jour de notre article D finir la contrainte Formules n 4 pp 20 54 Le terme et son usage Contrainte Les auteurs de l Oulipo ont repris ce terme au vocabulaire de l ancienne prosodie celle qui demandait aux po tes de se soumettre aux contraintes du m tre et de la rime Au del de cette remise en circulation d un terme ancien le succ s de quelques grands auteurs du groupe comme Queneau Perec ou Calvino pour ne nommer que ceux dont l uvre est close a introduit dans la litt rature des quarante derni res ann es un go t de la form
525. trophe de dix vers la strophe z ro Celle ci amplifie l interligne de son pigraphe huit vers s intercalent entre les deux vers de Dante qui deviennent ainsi le premier et le dernier vers de la strophe z ro Ces huit vers intercal s sont des citations anciennes et modernes de textes d pourvus de sens voces mysticae gr co gyptiennes pseudo phrases dadaiste et futuriste onomatop e joycienne Ils amplifient le discours incompr hensible de Nemrod Ensuite selon le m me processus d amplification huit nouveaux vers viennent s intercaler au niveau des dix interlignes de la strophe z ro celle ci BERNARDO SCHIAVETTA est cyclique boucl e sur elle m me Ainsi prend naissance un Premier Cycle de dix strophes d cimales 10 x 10 100 vers Chacun des nouveaux vers intercal s est crit dans une langue diff rente dans une multiplication bab lique qui tente de donner sens au discours de Nemrod A leur tour toutes les strophes du premier cycle peuvent donner naissance dix nouveaux cycles de dix strophes 10 cycles de 10 strophes de 10 vers et ainsi de suite ind finiment Ce processus videmment ne peut tre accompli que tr s partiellement Il faut bien pr ciser maintenant que le texte original de RAPHEL est multilingue En effet chaque vers a t crit d embl e en sa propre langue fran ais mongol arapaho p li ga lique wolof etc Certes on peut douter qu un seul auteur puisse disposer d
526. tur es de nombres et de cryptogrammes et dont les narrations sont de v ritables labyrinthes apparemment construits selon des raisons num rologiques pr cises et volontaires Mais comment fonctionne r ellement la contrainte dans ces textes Je prendrai des cas types en r sumant les points n cessaires la compr hension de la contrainte l uvre 1 La princesse Hoppy ou le conte du Labrador Le r cit se pr sente comme un conte m di val tout en multipliant les r f rences actuelles Il contient neuf chapitres tous divis s en dix parties qui font jouer des permutations entre quatre l ments selon le groupe commutatif de Klein Dans les quatre premiers chapitres ils sont repr sent s par les lettres ABEI initiales des quatre rois oncles de la princesse Aligot Babylas Eleonor et Imog ne Impossible de ne pas remarquer quel point le nombre quatre est omnipr sent chaque page Mais le conte regorge aussi d nigmes de probl mes d arithm tique de messages cryptographiques notamment de la part du chien math maticien Roubaud propose une lecture jeu une lecture active 31 THEORIES DE LA CONTRAINTE qui s av re parfois fort compliqu e Certes il nous livre des indices pour le d cryptage des permutations Le groupe ab lien est d fini l op ration est pos e X complote avec Y contre Z qui devient plus loin X fait de la compote avec Y pour l envoyer Z et les nigmes du chien son
527. typicit faible marginal Entre mille exemple extr me un quatrain de Jean Dutourd 165 166 ANALYSES D EUVRES Tandis qu en vache Io s incarne Ra bronze de face et de dos Le bon Monsieur Michel Laclos A Rebais dans la Seine et Mame Cette performance n a en tout que deux mod les les quatrains I 3 et VU 9 pour la configuration des rimes embrass es ftnmf 2 les secondes sont des performances hors mod le qui m ritent grand peine le nom de mim crits Empruntant une voie exclue du corpus elles cessent d imiter pour faire autre chose en quoi si l on identifie une adresse en vers l on ne saurait cause de certains traits r dhibitoires y reconna tre le Mallarm des R cr ations postales Facteur si tu n es pas un sot Dans la me oui dirait Beaunier Monceau Je ne doute pas que tu treuves En train de lire Sainte Beuve Ou Nietche au 31 la Veuve Irr gulier et en cinq vers ce quatrain pour Guniguls alias Reynaldo Hahn de Marcel Proust rel ve bien il faut l avouer du laxisme absolu d rive fantaisiste ou d faut que ne semble r mun rer pour parler comme Mallarm aucune contrepartie formelle Mais le diagnostic n est pas toujours ais si toutefois il l tait en cette occurrence et le quatrain Laclos qu on lisait l instant illustre subtilement ce genre d cart avec un laxisme en apparence tout relatif En effet Dutourd suit deux autres
528. u surcontraint A titre d exemple et pour ne pas revenir ici au d but de Un roman lipogrammatique de Georges Perec d j examin ailleurs l on peut relire ces lumi res le d but du Lipogramme en e de Raymond Queneau Au son d un ocarina qui jouait Or du Rhin Ali Baba un pacha nain plus lourd qu un ours un gros patapouf baffrait riz pois macaroni gisant dans un jus suri un jus qui aurait trop bouilli un jus qui aurait acquis un go t ranci ou moisi Les facilit s Oui l accroissement en trompe l il avec non point par eux m mes certes les mots un jus ou les tournures qui aurait capables de s exempter de e mais bien avec leur redite puisque celle ci permet d tendre le lipogramme moindre frais Les d fectuosit s Oui la proche r p tition des autres m mes voyelles videmment pressante d s lors que le e est proscrit Notamment Ali Baba un pacha plus lourd qu un ours patapouf suri bouilli acquis ranci moisi Face de telles difficult s les contraintes corollaires c est dire l on s en souvient la n cessit qui s impose de soustraire les facilit s et les d fectuosit s subs quentes l exercice des surcontraintes ne laissent point de se cliver d une part les corollaires soustractives qui op rent selon un retrait d autre part les corollaires additives qui op
529. uce lune Parmi les continents de la nuit la fleur jamais cueillie en solitude git Et toi homme ot es tu NUBI orto lombra d lia nostra affoghiamo soli cumuli di lagrime pr cipita la nostra fine LATO ciascuno per s stesso quadro solo vanit canto appuntamento angolo piazza NUBILATO stato b lan a colomba mdo la dolce luna continenti con la solitudine giace il flore non c lto dove sei tu VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES CRITURES A CONTRAINTES C est la femme sans son nid d amour qui encore poursuit la lune de miel Continent veut dire aussi chaste elle est encore vierge peut tre elle g t sans mari videmment il n y a pas l d homme le jardin potager seuls cumuls de larmes notre fin pr cipite chacun pour soi le tableau seul la vanit le chant le rendez vous l angle de la rue la place a t la colombe blanche le nid la lune douce les continents en solitude g t la fleur jamais cueillie o es tu le soleil qui se l ve l ombre des nuages tristes les soleils cumulus nuages la pluie fine qui tombe la surface du carr le carr unique l espace l angle l angle le lit l tat de nubilit la jeune fille vierge le nid d amour la lune de miel les chastes elle git seule sans mari la femme encore vieige il y manque un homme D autres structures sont repr sent e
530. ue la notion de rupture l aide des id es de discontinu et de Mobilit dans un article m morable o il tablit une diff rence l int rieur du discontinu la fragmentation comme programme et comme th me d une uvre Par rapport la fragmentation du projet th orique et critique de R pertoire qui est un ensemble d tudes tout au long d une vie de professeur et de chercheur la fragmentation des composants scripturaux de Mobile devient un ph nom ne capital pour l criture butorienne Comme le dit bien Helbo loin de d nigrer la litt rature a pour effet d insister sur la nature visuelle du Jogos de souligner la dimension sp cifique de l criture qui est la mat rialisation graphique du discours ou comme le dit aussi Helbo Moins qu un scandale vis vis de la typographie c est une exploitation syst matique de ses ressources que se livre Michel Butor suivant par l l exemple de Mallarm la disposition mat rielle d un livre qui se situerait dans la tradition m taphysique occidentale n offre gu re de points communs avec les jeux de marge l alternance de caract res la distribution des justifications les variations de lignes de cellules textuelles de pages de chapitres impliqu s par l exp rience butorienne Mais l analyse des composants formels du texte litt raire ne s arr te pas bien s r cette tude s mio litt raire d
531. uences risqueraient d aboutir des versions qui ne garderaient plus qu un mince lien avec leurs sources la premi re en produirait une sorte de paraphrase explicative qui effacerait toute trace de l criture qui l inspire la seconde en transposant dans la langue d arriv e le moule formel de l original engendrerait un nouveau texte qui aurait compl tement gomm les contenus de la source Il semble d s lors que le plus sage soit en ce cas d empreinter une voie interm diaire et de chercher des compromis qu il n est pas toujours facile de respecter Telle a t l option des traducteurs espagnols des Textes gen se en essayant de fournir au public hispanophone des crits dans lesquels il puisse reconna tre la po tique de Roussel dans tous ses aspects Cette d cision cartait autant la possibilit de ne pas transposer en espagnol les matrices du proc d primitif que celle de s inspirer de ses m canismes productifs pour aboutir un nouvel original Il s agissait en somme de chercher un quilibre souvent instable entre l exigence de respecter la fois la contrainte et les contenus qu elle g n re cela tout en sachant que les effets d une m me contrainte dans deux langues diff rentes ne sont jamais sym triques et qu il est rare qu une contrainte conduise dans une autre langue des d veloppements similaires de la fiction Cela dit nous nous sommes efforc s de limiter au minimum les
532. ues Roubaud pr f re IUL la m taphore de la carte pour exprimer la multitude des chemins possibles Le re u peut devoir s interrompre momentan ment pour une tout autre raison peut tre plus fondamentale encore sur le chemin forestier de la prose Car on en vient comme un chevalier du roi Arthur une clairi re Et deux nouveaux chemins s ouvrent dans les arbres ou trois ou plusieurs II faut choisir Mais comment choisir La nature m me de ce que je raconte autant que sa v ridicit ant rieure toute intention de racooter cela a t cela est je vous l ai dit ce fut ainsi a i et plus encore peut tre la nature m me de l op ration de r cit rendent in vitables en fait de tels carrefours de tels embranchements multiples sur la carte ces endroits de l h sitation o il n est peut tre aucune droite voie Ce texte de Roubaud appara t comme un plaidoyer en faveur de l hypertexte Chemins voie carrefours embranchements cane sont des termes qui renvoient au champ lexical de hypertexte comme y renvoyaient les n uds de Paul Val ry On pourrait multiplier les exemples citer Sterne Diderot Stendhal Wittgenstein Deleuze Schuvetta etc Toute l histoire de la litt rature est parcourue par le d sir de s manciper des contraintes de la lin arit du livre Mais c est sans doute aujourd hui que cette contrainte est per ue comme un obstacle
533. um ro on trouve une bibliographie d taill e et une liste de liens concernant la po sie anagrammatique 3 Andr as Bohn Dos zeitgendssische deutschsprachige Sonett Vielfalt und Aktualit t einer literanschen Form Stuttgart Weimar Metzler 1990 Franz Josef Czernin die kunst des sonetts Linz dition neue texte 1985 die kunsl des sonetts Z teil die kunsi des sonetts 3 te il Lmz dition neue texte 1993 Franz Josef Czernin diekunstdes sonetts o c Vorbemerkung p 5 Magdalena Sadlon Man sucht ein Leben long Sydney Graz Vienne Gangan 1988 traduction A P BJ 7 Helga Glantschmg Rose die w tet Anagramme nach Filmen Graz Droschl 1994 Voir le cin ma textuel dans le site mentionn de la revue derpudel Christian Stembacher ana 356 gramm Linz Wien dition neue texte 1991 Tous les titres du recueil sort pr c d s par ime parenth se et suivis d un point d interrogation ASTRID POIER BERNHARD l Renate K hn Das Rosenbaertlein Experiment Studien zum Anagramm Bielefeld Aisthesis 1994 Unica Ziim avait ajout un e au vers und scheert ihr Rosenbaertlein ab ce qui ne correspond pas aux r gles de l orthographe allemande mais la longeur de la voyelle et facilite l anagramme videmment 13 Christian Steinbacher Zw6fDurzend Spiel mit 28 Steinen Wien dition ch 1993 Elles sont r parties en une suite de une case sur la page de gauche et six sur la pa
534. un dont nous n avons plus haut relev que le contraste entre les couples brefs et longs la r ussite tient notamment au fait que les vers 1 et 3 se r v lent non seulement tous deux brefs mais aussi quasiment gaux comme leur superposition le fait voir Avec l aurore glaciale Au 20 de la Primatiale Hasard calcul ou prime de labeur La graphie du num ro en chiffres serait cette fois un argument pour la pr m ditation Mais le travail n est qu amorc puisqu a pr sent ce sont les deux octosyllabes longs qui p chent par aniso logo milli m trisme Il faudrait par exemple modeler le 2 vers sur le dernier pour r gulariser le contraste Avec l aurore glaciale Bon train chez dame Lebrun heurte Au 20 de la Primatiale Nancy tout l bas dans la Meurthe Dans le quatrain mis sous la loupe en revanche si tentation de calcul il y eut et les chances de ce c t sont grandes force est de dire que Mallarm n est gu re all au bout des mesures prendre celles des signes espaces se bornant un juger intuitif sinon rapide du moins peu s r Un comput de lettres jamais n abolira le hasard L accomplissement consistera donc r crire l enveloppe Rodenbach comme on vient de faire le quatrain Lebrun cette fois pour obtenir le format rectangulaire dans le sens de Yiso logo milli m trie des vers sur un mode organique c est dire par une r laboration sp ciale
535. un carr d environ 3 5 centim tres et surtout par le fait que les cases ont maintenant un arri re fond color Celui ci semble tre trouv aussi dans la presse Il est vident qu il est choisi consciemment et parfois avec humour la case avec le texte roter Farbstoff couleur rouge contient pour donner un exemple deux cercles bleus Par ce proc d cette partie du livre s approche du genre de la po sie visuelle Brigitta Falkner a d but en 1992 avec un livre qui a pour titre les genres qu il contient Anagramme Bildtexte Comics Anagramme textes images bandes dessin es 3 Les textes anagrammatiques de Falkner sont en g n ral des textes assez longs et se caract risent par une dimension pique ses sujets pr f r s expliquent son ton dur et l emploi fr quent de mots tabous Sous le titre stemhageh oll ivre mort elle voque bien concr tement une sc ne brutale o un p re et un fils se so lent et violent helga probablement femme et m re la phrase helga nervi l tal insinue en trois mots que cette femme est m me morte la suite de ce viol cruel et que cette mort non intentionnelle est bien nerv ante pour les deux hommes qui ne veulent que regarder la tv une fois leurs pantalons remis Une phrase comprim e comme celle ci montre un effet possible du proc d anagrammatique parfois on arrive obtenir par un minimum de mots des effets vraiment surprenants sur le plan s man
536. ur La premi re structure mobile sont les relais ou dispositifs temporels qui marquent le temps de l histoire de cette aventure am ricaine moyennant trois types de r f rence temporelle Pour ce qui est du temps du voyage le type utilis est toujours la lettre romaine et il repr sente l instant pr cis de l action narrative avec une certaine machinerie ajout e l ensemble du tissu textuel comme une s quence narrative qui organise le temps du r cit Nuit noire a Nuit d ja moins noire a Quand le jour se l ve a Je suis arriv la nuit a Quand il est cinq heures du matin Il fait d j jour depuis longtemps Noir Noire Noirs Noires Des noirs Neuf heures remarquer la dichotomie banale mais r elle de l alternance jour nuit ce qui fait un r alisme int ressant pour un journal de voyage si peu habituel Pour ce qui est des histoires du pass il s agit d une ressource de compensation par rapport au voyage puisqu il y a tout un tas de r f rences en italique aux premiers explorateurs les tribus indiennes l indien cherokee Sequoyah et son syst me d criture etc Comme le premier composant est le temps actuel du r cit et que le second composant est le temps pass de l histoire des USA il est vident que MB a voulu repr senter l id e et l objet temporel sous la forme d une certaine totalit cosmique 191 ANALYSES D EUVRES La s
537. ur en in Noyon de Rue Cr pe perceur U kunt in G neve even de Rue Carte Traceur en de Rue Slave Valseur bekijken en in Brussel de Rue Le Babeleur Straks gaat u me nog vertellen dat men op de Grebelleberg een Rue Bram Marbeur vindt Nee hoor ik loop naar huis via de Champs Elys es die mijn vader altijd schamper de Rue Zegegezeur rue Radotage de Victoire en n erlandais noemde 286 BATTUS Heeft u een viltstift bij u Elke dag Schrijft u dan als u zo direct door de Rue Dior of de Rue d Ail loopt er even de kenschetsen froideur en laideur achter En bij de Rue le Vin en de Rue d Ulm kunt u achter hun namen niveleur en ludeur schrijven U bedoelt de Reeweg rue de biche geweer fusil en n erlandais in Epe waar men vroeger met een geweer op het wild zat te wachten Of bedoelt u in het vriendelijke veluwedorp Ede de Taartstraat waar A Mettema woont die mij op zoektocht naar uw Rue Petite Peur heeft gestuurd Ik nam mij voor niet meer op de straatnamen te letten en stapte in de Rue toch Coteur op de Martinitram t6t de hoek Etna Dame waar je de Nero toren ziet oprijzen Vandaar liep ik naar huis over de Rue Zegegezeur kortweg de Rue Zeur Het was een indrukwekkende wandeling geweest Ik vergat nog te vermelden dat men de Rue Petite Peur hoe benauwd eng die ook is van beide kanten in mag rijden 287 CREATIONS Battus Traduction par translation C est un fait peu connu que
538. ur se moquer de Richepin talons talons Le dernier Desnos se souviendra de 1 amant des homonymes pour reprendre cette forme de rime antanaclasique sens sens La rime calembour fleurit en d sordre chez Max Jacob et chez un po te ironique comme Jean Pellerin La Romance du retour Tr s curieusement Aragon la reprendra en d but de sa r forme n oclassique avec des pr tentions modernistes sous l effet non d clar de Maiakovski futuriste russe mais virtuose en mati re de rimes 117 118 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES CRITURES A CONTRAINTES Par opposition accentuelle nous appellerons rime contre accentuelle la rime sur un mot grammatical non accentu Aragon l emploie volontiers dans ses rimes complexes Petite suite sans fil I radio lundi au car elle va dans le sens de l enjambement R da l a utilis e aussi au d but m gapole et on rime avec Napol on Saint Cloud avec d b cle ou connaissance avec je sens ce gr sil avec apr s il Hors les murs 1982 Enfin l quivoque peut tre g n ralis e l ensemble du vers on doit citer apr s Allais et Goudeski et le retour ai gr ce des grands rh toriqueurs les cents po mes holorimes de Daniel Manni De la Reine la Tour 1995 La rime enjambante aragonienne Estampill e tr s vite aragonienne la rime qu Aragon a baptis e enjamb e nous pr f rons dire enjambante comme pour la c sure a t propos e
539. ura t l objet de toutes les tentatives de d rision ou de d passement Ne voir dans l hypertexte et la cyberlitt rature qu une lev e des contraintes du livre une nouvelle facilit d criture l acc s pour tous la litt rature ce serait donner raison Sainte Beuve qui crivait dans La litt rature industrielle Ce sera de moins en moins un trait distinctif que d crire et faire imprimer tout le monde une fois au moins dans sa vie aura eu sa page son discours son prospectus son toast sera auteur De l faire un feuilleton il n y a qu un pas Pourquoi pas moi aussi se dit chacun Aujourd hui la contrainte de l hypertexte tient essentiellement au bouleversement de nos habitudes d criture h rit es de cinq si cles de domination du livre C est donc plus une contrainte subie qu une contrainte recherch e et il nous faut d abord inventer un nouveau genre avec ses r gles et sa rh torique Mais dans le m me temps il serait dommage que l hypertexte ne suscite pas le d sir de se retourner contre ces nouvelles r gles et que la litt rature ne s en empare pas pour le d tourner de ses origines documentaires Notes By hypertext I mean non sequential writing text that branches and allows choices to the reader best read at an interactive screen As popularly conceived this is a s ri s of text chunks connected by links which ofFer the reader different pathw
540. urement formels et qui rend le monde moderne vraiment color la grisaille est supprim e comme le sont les miasmes Cette ma trise s accompagne d un doute fondamental quant la mani re de le dire Ainsi Wittgenstein dans ses Remarques sur les couleurs crit A la question que signifient les mots rouge bleu noir blanc nous pouvons bien s r montrer du doigt les choses qui ont t peintes de cette fa on Mais notre comp tence d explication au sujet de la signification de ces mots ne va pas au del de cette constatations La couleur reste la belle inconnue qui s duit et gare incarnant le caract re irr vocable d un message fort et en m me temps un destin ph m re Eros na t d iris Brusatin op cit p 24 Et Brusatin r sume son propos en crivant Contrairement la grande majorit des mammif res l homme voit en couleurs de m me que les poissons les reptiles les oiseaux et 217 ANALYSES D EUVRES quelques insectes laborieux et ph m res comme l abeille et la libellule Cette incertitude des sens a conditionn toutes les th ories scientifiques sur l essence des couleurs tant donn l inconstance de leur apparition et de leur perception et de leur inutilit si calcul e op cit p 29 N est ce pas ce qui d finit galement l art et ses formules combattant l arbitraire du r el La couleur dans le texte a sa dimension anthropologique mill naire comport
541. us int resse vraiment Un emploi abusif des phrases ordinaires leur fait n gliger le travail des mots Les lettres sont souvent pour nous des objets de jeu et cela ils ne le comprendront jamais Le langage est un des sujets qui nous a toujours sembl digne de la plus constante v n ration Ces hommes qui ignorent visiblement les nombreux recours subtils de la langue nous consid rent bizarrement comme les derniers des sauvages Le sens secret se cache aussi doit on le construire Toute entente semble impossible aussi leur heure a t elle finalement sonn Il nous faut les rayer de notre espace Il semble que Ton puisse d couvrir une explication implicite adress e au lecteur sous la forme une fois de plus d une expression double sens 309 310 CREATIONS visiblement ces sujets n avaient que faire des accords paragraphe 6 On pourrait de m me relever certaines erreurs dans l application stricte de ce qu on appelle commun ment la concordance des temps Elles s expliquent par l exigence d un pr sent pour la coh sion du texte en surimpression Au d but du texte sorte de paradoxe on remarque le mot fin la fin on trouve le mot d but Il s agit donc d une certaine mani re d une logique boulevers e ce que semblent souligner les derniers termes du r cit ainsi que l inversion possible des syllabes d but du texte fin du texte
542. usicalit d saccord e un peu la mode du jour Der me ne fut pas suivi m me par ses amis fantaisistes On signalera cependant le tr s beau petit po me d Audiberti Si je meurs qu aille ma veuve et des passages en contre assonances masculines dans La Mer La rime allit rative Au XX si cle elles sont pr sentes dans la th orie de Jules Romains mais seul Audiberti semble en avoir fait un po me syst matique intitul d ailleurs Vers libres 113 VERS UNE ENCYCLOPEDIE DES CRITURES A CONTRAINTES La rime renvers e La rime renvers e d crite par Jules Romains julep archipel machine p niche n est phon tiquement qu une assonance Ce d but de palindrome phon tique est une construction de l esprit Elle aura peu de suite part un po me d Andr Salmon qui a aussi jou des rimes mixtes et de la contre assonance Logos dans Les toiles dans l encrier 1952 Autre remarque comparative les rimes amphisb niques des po mes d Edmund Wilson stupor repiites ou rope Utes paraissent tre des rimes inverses reverse rhyme au sens non de Geofirey N Leech mais de C S Frazer bark crab Rimes internes Les rimes internes sont classiquement proscrites Mais au cours du XIX si cle apparaissent des occurrences depuis Baudelaire suivant Poe que suivra galement Mallarm chez le premier Verlaine puis un usage corr l a celui des assonances et allit rations
543. ut compter les contraintes du vocabulaire et de la grammaire dont parle heureusement et malheureusement dans un propos cit fragmentairement on Pa vu ci dessus par Jean Lescure Fran ois Le Lionnais Toute uvre litt raire se construit partir d une inspiration c est du moins ce que son auteur laisse entendre qui est tenue de s accommoder tant bien que mal d une s rie de contraintes et de proc dures qui rentrent les unes dans les autres comme des poup es russes Contraintes de vocabulaire et de grammaire contraintes des r gles du roman division en chapitres etc contraintes de la versification g n rale contraintes des formes fixes comme dans le cas du rondeau ou du sonnet etc Heureusement Oui car il s agit bien avec le vocabulaire et la grammaire de contraintes autorisant orthore pr sentation Malheureusement Oui car le notoire oulipien ne les distingue point des contraintes qu il num re tout uniment la suite comme les contraintes de la versification g n rale lesquelles du moins prime niveau 1 on y reviendra sont un peu autre chose Au dessus des contraintes permettant l orthorepr sentation Oui les surcontraintes permettant l orthom tarepr sentation qu il 41 THEORIES DE LA CONTRAINTE s agisse de surcontraintes empiriques c est dire affectant un objet concret comme les rimes les acrostiches et en outre les i
544. ut croire la v rit des r gles logiques On peut en tre convaincu mais on ne pourra jamais les prouver avec certitude Ce paradoxe de conviction est troitement li au probl me commun des math matiques et de la litt rature Tout comme en logique un fondement ultime fait d faut aux math matiques Ayant abandonn la notion de v rit les math matiques modernes exigent qu une th orie soit au moins non contradictoire Mais les math matiques elles aussi sont prises dans le trilemme de M nchhausen D une part le projet de David Hilbert qui consiste prouver la non contradiction l aide d une m tamath matique m ne une r gression l infini D autre part une th orie d une certaine complexit ne peut pas d montrer sa non contradiction par ses propres moyens Kurt G del Ta d montr en 1931 dans son second th or me d incompl titude En fin de compte il faut accepter de partir de bases arbitraires qui bien que commun ment admises ne disposent pas d une certitude absolue C est cette troisi me possibilit qu a choisi Bourbaki ce groupe de jeunes math maticiens qui a r volutionn les math matiques en France partir des ann es 30 Contrairement ce que fait croire leur trait le premier fascicule commence par la phrase Le trait prend les math matiques leur d but et donne des d monstrations compl tes gt Bourbaki ne dispose pas de bases absolues Les
545. utobiograph mes le nombre 11 intervient constamment dans l uvre perecquienne souvent en co occurrence avec le 43 que ce soit titre de principe de composition dans Alphabets par exemple ou de th me comme dans la s quence des psycholonels de Quel petit v lo guidon chrom au fond de la cour Or le 11 est un l ment de la date fictive de la mort de la m re telle que le texte fondateur de W ou le Souvenir d enfance la cite un d cret la d clara officiellement d c d e le 11 f vrier 43 Parall lement Bernard Magn a d fini un ncrage du manque dont les ancrages sont Je n ai pas de souvenir d enfance j ai perdu mon p re quatre ans ma m re six Ma m re n a pas de tombe Cet autobiograph me permet donc de mieux comprendre des structures fr quentes dans l uvre perecquienne ainsi des interruptions des fins d ceptives 141 142 ANALYSES D EUVRES Plus g n ralement Bernard Magn a pu faire merger des effets de sens multiples en relation avec l apparition d autobiograph mes Pour donner un exemple entre mille dans son Georges Perec l analyse de la belle absente A l OuLiPo permet de donner la formule g n rique de belle absente une signification aussi personnelle qu inattendue dans un texte explicitement d di un groupe litt raire Bernard Magn a fait clairement remarquer que les ncrag
546. uvres informatiques combinatoires et des uvres g n r es j ai propos une version programm e des po mes en prose pour Fabricio Clerici de Perec sans citer le nom de l auteur ni celui de l uvre Le texte voir pr sentait les caract ristiques visuelles d un g n rateur automatique une fen tre contenait les phrases obtenues par combinaison sans aucun indice de reconnaissance contrairement donc la version des cent mille millards de po mes programm e par Tibor Papp et une autre fen tre contenait l interface utilisateur en situation tr s p ritextuelle donc la mani re des players de fichiers multim dias Cette derni re fen tre ne contenait que deux boutons comme dans les g n rateurs des ann es 80 autre texte et quitter Par ailleurs l algorithme combinatoire impl ment cr ait une distance maximale entre les po mes r alis s Chaque strophe choisie ne pouvait appara tre de nouveau que lorsque toutes les autres possibilit s taient puis es Le lecteur ne pouvait ainsi retrouver un l ment phrasique donn qu au bout d un nombre d ex cutions g n ralement sup rieur celui n cessaire pour qu il se fasse une id e fausse du fonctionnement du programme La quasitotalit des lecteurs a consid r qu il s agissait d un g n rateur automatique La g n ration automatique de textes comme la g n ration combinatoire programm e est une production contrainte
547. ux critures diff rentes et compl mentaires l criture des voix entrem l es d une visite et l criture du discours descriptif d un narrateur hyperomniscent Et la quatri me structure mobile est le r seau de citations latines qui est la visite elle m me de la cath drale et ses images L oiganisation ekphrastique du discours glose de la description citations images d montre la possibilit elle m me de la glose de la r criture que MB r alise partir des inscriptions de la cath drale et de ses images Ce qui fait une tude sur la signification des cath drales l poque m di vale lorsqu elles fonctionnaient comme des entit s s miotiques qui produisaient des spectacles visuels et sonores Cette r criture n est pas une transposition scripturale quelconque 196 JES S CAMARERO mais une r criture de La Bible R crire est re pr senter un texte nouveau pour lui donner un sens diff rent de l original mais cette man uvre textuelle et s miotique ne saurait tre si simple une simple copie parce qu il s agit bien s r d une op ration litt raire transcendantale a la re pro duction du texte original se fait dans le contexte mat riel litt raire culturel et s miotique d un autre texte appartenant un temps et un espace diff rents ce qui provoque une v ritable r volution du sens b l it ration des signes au del m me des coordonn es strictes topiques
548. v e est de ne pas s parer ces fonctions et de mettre ainsi le lecteur en ab me 3 2 Les contraintes lectroniques 3 2 1 Une d finition de la contrainte On peut dans la conception qui interrelationne la d finition du texte la profondeur de dispositif d finir une notion de contrainte qui poss de des caract ristiques similaires celles des d finitions classiques celles de r gle par exc s lt contraignante mais librement choisie ou consentie et constitutif e du projet d cnture ou de lecture une r gle donc profond ment li e au sens global de ce projet Ce sont les arch types qui dans le mod le relient r gl s et construction du sens C est donc partir d eux et non en termes fonctionnels que je proposerai une d finition de la contrainte La contrainte peut tre d finie comme la pond ration par exc s d un caract re de la profondeur de dispositif Cette d finition pr sente bien les l ments de la d finition traditionnelle par cet exc s elle va influer tout le projet d criture ou de lecture de fa on favoriser un aspect particulier De nature arch typale elle va se traduire dans des modalit s de fonctionnement En revanche elle est relative chaque sujet lecteur et auteur et n est pas li e un tre textuel Il est donc n cessaire de distinguer les contraintes d criture qui sont des donn es objectiv es dans le programme cr des contraintes de lecture ventuelle
549. v ler une nergie qui se cache Le bourrelier n insista pas pourtant rien ne semblait aussi vident selon lui La trilogie LIERRE REMETS sTIMULE doit offrir un message plus pr cis encore pensa t il ne peut on y voir un conseil RELIRE les TERMES uLrimEs autorisant le fait d isoler le dernier mot de chaque ligne pour construire une simple lecture verticale MARC PARRAYRE Le jour touchait sa fin lorsque contre toute attente les indig nes pass rent l offensive Une entente parfaite et des tirs de grande pr cision suffirent semble t il leur donner un succ s sur toute la ligne Impossible ou vain le repli vers le navire ne fut pas m me tent Aussi les marins restants tomb rent ils en masse aux mains de leurs vainqueurs On conomisera au lecteur le r cit des heures de supplice que subirent les malheureux captifs attach s des piloris ou ligot s de sinistres potences en forme de T Apparemment sans raison objective comment pourrait elle l tre les sauvages pargn rent le bourrelier finalement N osant croire sa chance Pym prit la mer un peu sonn Apr s un long mois de navigation sur un radeau de fortune il regagna une terre moins hostile m ritant amplement que nous l admirions car il a eu et la force et le courage qu il faut en pareils cas Il put donc voquer pour ses semblables les rebondissements de cette aventure o il vit peu peu rayer ses espoirs Nous savons qu il n es
550. vantage fond sur l intrigue que sur le h ros le discr dit des psychologies de papier reposant sur une na vet ontologique flagrante qui le rend apparemment beaucoup moins ais ment r cup rable Les intrigues de certains romans perecquiens en particulier t moignent hors du mod le flaubertien du go t que leur auteur avoue pour le romanesque Outre les romans lipogrammatiques qui se pr sentent comme des collages de diff rents genres narratifs je m int resserai aux intrigues collectionn es dans la machine raconter des histoires qu est La Vie mode d emploi le romans tant pr sent par Perec lui m me dans Notes sur ce que je cherche comme l exemple type de l interrogation romanesque qui d finit tout un pan de son criture Je partirai d analyses de Jean Marie Schaeffer qui propose de d finir le romanesque par la conjonction de trois l ments l importance des affects dans les cha nes causales la situation des personnages des extr mes 235 ANALYSES D EUVRES typologiques sur le plan physique aussi bien que moral et la saturation v nementielle de la di g se On notera de ce point de vue la r currence des assassinats dans les intrigues du roman des Breidel chapitre XX XI ou d Antoine Brodin XXI par exemple et surtout de la vengeance de Winckler au premier chef de Rorschash XIII de Sven Ericsson XXXT d H l ne Brodin LXXXTV de
551. ver du d sir plus global d une abondance copia de l criture La mise en s rie du roman aussi bien que du romanesque aboutit alors la somme ou l encyclop die Cependant si la posture anti romantique tendant produire des textes num ratifs adopt e de mani re g n rale par l criture contraintes jointe la passion de l exhaustivit qui anime l oeuvre de Perec permet de rendre compte de la structure s rielle du romanesque perecquien elle ne peut suffire expliciter la nature proprement anthologique c est dire citationnelle de cette s rialit Pour ce faire je ferai appel l histoire du genre via la cat gorie de la m moire Contrainte et m moire On dira au premier abord que le romanesque con u comme une cat gorie d intelligibilit du monde et des livres se d finit pr cis ment comme une cat gorie textuelle n cessairement prise dans une cha ne de r critures En d autres termes tout recours au romanesque supposerait une criture m morielle 239 240 ANALYSES D EUVRES L ambition totalisante des romans perecquiens propose de fait un inventaire des textes plus que du monde qui t moigne avec clart de cette n cessit intertextuelle La Me mode d emploi aussi bien que les romans lipogrammatiques proposent au lecteur une collection d instances du romanesque g n riquement distinctes constituant autant d encyclop dies textuelles Or ces anthologies
552. ver un bon nombre de d tails croustillants comme les anachronismes d lectables de Carroll la tortue hell nique qui joue au rugby ou la r f rence la High School anglaise La pi ce de Roubaud ne serait donc rien d autre qu une r criture divertissante du dialogue carrollien si elle s arr tait l Cependant Roubaud ne pr sente pas le dialogue comme tel Il le fait pr c der de deux actes suppl mentaires et l incorpore ainsi dans un cadre plus vaste Par ce biais il arrive int grer la structure que nous avons d gag e chez Z non non seulement au niveau du raisonnement logique mais aussi au niveau de l organisation du texte Consid rons la structure externe de la pi ce Elle commence par une sorte de prologue intitul Sc ne n 0 Ensuite il y a les trois actes Acte I Acte II et Acte III et pour terminer une Sc ne n 00 L espace 277 278 ANALYSES D EUVRES qui s pare les sc nes n 0 et 00 est divis en plusieurs intervalles Il est vrai que les intervalles r alis s dans la pi ce ne sont qu au nombre de trois savoir les trois actes mais l indication temporelle au d but de la sc ne n 00 Quelques mois plus tard sugg re qu il y en a beaucoup d autres De m me la num rotation laisse entendre qu on ne parviendra jamais la derni re sc ne tant donn que si on compte partir de z ro on n arrivera jamais au nombre 0 Dans
553. versions possibles incompatibles entre elles selon si le traducteur d cide de reproduire int gralement la fiction de l original ou s il pr f re adapter sa langue la m thode de production textuelle utilis e par Roussel La premi re des options renvoit au profil d un traducteur qui cherche occulter sa pr sence afin de pr server intacte chez le r cepteur de son travail l illusion de lire un original et non une r criture par ailleurs la distinction entre l adaptation et la traduction est chez lui claire l heure d exiger essentiellement pour la derni re la fid lit ce que l on entend habituellement par contenu ce traducteur afirme enfin son refus de traduire la forme si cela entra ne des divergences s mantiques par rapport l original S il prend la deuxi me voie le traducteur choisit de ne pas dissimuler son empreinte sur le texte d arriv e il per oit comme quelque chose d assez diffus la fronti re entre la traduction et l adaptation et il affirme le caract re artificiel de la dichotomie foime contenu 250 HERMES SALCEDA Ces deux optiques paraissent irr conciliables dans la pr sentation qui pr c de mais la pratique est souvent bien plus nuanc e que la th orie et les traducteurs qui ignorent compl tement les aspects mat riels des textes originaux sont presque aussi rares que ceux qui en ignorent les contenus En r alit ces deux attitudes pouss es leurs ultimes cons q
554. vie Se peut il que les contraintes biologiques repr sentent un pr c dent l application consciente des contraintes litt raires Le simple fait que nous ne sommes pas conscients de l activit c r brale de notre neurobiologie ne veut pas dire qu elles ne repr sentent pas l origine de l emploi des contraintes litt raires Il ne faut pas toujours croire en l intuition Mais comment transforme t on ces recherches sur la conscience en analyse litt raire On voit dans la forme po tique que met l uvre Michelle Grangaud dans Geste un exemple d un ph nom ne biologique non intuitif J tudierai son recueil vis vis de ce qu on appelle en recherche neurobiologique les qualia 26 Les qualia constituent selon Edelman l ensemble des exp riences personnelles ou subjectives des sentiments et des sensations qui accompagnent la conscience awareness en anglais p 114 David Ray Griffin sugg re que m me des cellules du corps doivent englober des qualia quelconques p 145 Edelman d clare que les qualia r categorisent les relations perceptuelles de chaque modalit sensoriale afin de former des combinaisons conceptuelles entre elles p 136 Richard Gregory dans un article intitul Flagging the Pr sent with Qualia c est dire Signaler le moment pr sent avec des qualia d clare que les qualia marquent le moment pr sent m me s ils sont i
555. werd geopend voor het Caf de Twee Peuken die al in de nacht na de omhulling verdwenen waren L on In de bioscoop La Lucemaire in de Onze Vrouvve Vandervelde straat hangt een net echt straatnaambordje van Boris Vian de straat die in het achttiende arrondissement loopt tussen de Rue Suez en de Rue Uzes Een Rue Zeus hebben we niet Ik dank de heer No l hartelijk voor zijn ondubbelzinnige informaties En nu gaat u zeker nog naar de Rue Gageur de Rue Pipeur de Rue Connoceur de Rue St Ytseur de Rue Nobel le Bonheur de Rue Bellebeur en de Rue Faveur Nee daar hoef ik niet heen noch Rue Vavin ni Vaveur Maar ik ben verrast door uw kreeften opsomming U gaat mij toch niet vertellen dat men in deze stad ook vindt een Rue de Elp porte de toilette en n erlandais of een Rue de Garag porte de garage id een Rue Derres porte de serre id een Rue Drekrek rue de cachot id of zelfs een Rue d Part Redlek frue de la porte d escalier id L on keek mij niet begrijpend aan 0 zoekt misschien de Rue Ir Ttieur of de Rue Osilli Soeur Of de Rue s Opposeur of Rue t Amateur Hier vlak achter de Rue Petite Peur bevindt zich trouwens de niet minder beroemde Rue Grand Nargeur maar ook daar zult u geen straatnaambordje meer vinden Als u de moeite zoudt nemen om naar andere steden in Frankrijk te g aan dan kan u daar nog bewonderen de Rue Taxi fixateur de Rue Sum Amuseur de Rue Grof Forgeur de Rue Moche cb me
556. why must I Achille r pond intuitivement Because it follows logically from them If A and B and C are true Z must be true p 1228 En v rit cette derni re affirmation d Achille ne prouve rien mais n est rien d autre qu un nouvel nonc hypoth tique ce que la tortue lui fait aussit t remarquer Achille n a pas le choix Il doit ajouter la proposition D son raisonnement savoir D If A andB and C are true Z must be true p 1228 273 274 ANALYSES D EUVRES Il s agit d une r gle m talogique qui d termine comment les r gles de la logique agissent sur les propositions et qui est donc n cessaire pour prouver d finitivement la validit du raisonnement logique Achille note cette nouvelle r gle dans son cahier entre C et Z Achille et la Tortue ont entam une r gression l infini Une autre r gle m ta m talogique E sera n cessaire pour tre s r de la v rit de Z et ainsi de suite Les 26 lettres de l alphabet ne suffiront pas pour les d signer toutes L Achille de Carroll pourtant est particuli rement born et ne flaire pas la combine Il croit toujours pouvoir terminer le raisonnement de mani re d finitive C est seulement apr s la mille et uni me tape le cahier d Achille est presque rempli que la tortue y met fin Le dialogue se termine par un jeu de mots et la proposition d Euclide reste sans preuve absolue The Tortoise was saying
557. x 3 cases se traduit dans l uvre finale par un jeu incroyablement complexe de th mes et variations et de renvois proximit ou distance dont la J AN BAETENS lisibilit est rendue possible par la grille omnipr sente tremplin de l imagination et caution de la lisibilit des r sultats Toutefois la bande dessin e n int resse pas seulement la th orie de la contrainte en raison de la clart avec laquelle elle expose la diff rence entre contraintes autonomes ou dissoci es qu on pourrait nommer aussi m caniques et contraintes int gr es que leur dialogue avec le reste de l uvre emp che de se figer m caniquement Elle s impose non moins l attention par l ubiquit d un type de contraintes trop souvent cart es comme insignifiantes ou fausses celles justement qui sont pr sent es souvent voire v cues comme telles comme des entraves des obstacles des handicaps A titre indicatif donnons en quelques exemples la censure ou l autocensure contraintes id ologiques videntes l obligation de faire tenir un album en 62 pages c est dire de gonfler ou de raboter en fonction d une contrainte mat rielle sans rapport avec l conomie interne de la fiction la lutte contre la montre qu imposent souvent les exigences du calendrier ditorial surtout dans le cas des publications en feuilleton et ainsi de suite Pour tre tout fait r elles 6 combien cruellement ce genre de contraint
558. xiste et ne puisse tre quelconque puisque impos e par cette identit 10 1 3 6 J ai presque envie d crire authoris e cet anglicisme correspondant exactement au sens que j utilise ici pr vu par l auteur 11 Ce terme est ici comprendre dans sa dimension plastique et non plus seulement comme une structure phrasique 1 2 Ainsi les languettes font partie dans l arch type du livre objet du texte voir qui n est plus alors de nature purement intra linguistique alors qu elles n en font pas partie dans l arch type du recueil 2 Raymond Queneau Cent mille milliards de po mes programm par Tibor Papp alire n 1 1989 14 15 16 Antoine Denize Machines crire Paris Gallimard 1999 La profondeur de dispositif devient une repr sentation active incontournable dans la lecture Un grand nombre d uvres po tiques lectroniques reposent sur un leurre le leurre n tant pas utilis dans une perspective machiav lique mais comme contrainte d criture au sens o la notion de contrainte sera d finie ci dessous Le leurre mis en place par le g n rateur automatique balpien consiste utiliser l arch type proc dural dans lequel texte et paratexte ne sont pas s parables pour simuler un dispositif de livre command par le lecteur Dans ce dispositif le lecteur est l activateur de l algorithme de g n ration automatique et sa lecture est plac e en situa
559. xpressions artistiques l embl me du Gesamtkunstwerk Bergotte en contemplant Vermeer comprendra qu il aurait fallu mettre plus de couleurs dans ses textes le on qu assume le narrateur les couleurs d Elstir d plient toute la gamme impressionniste et il en r sulte que comme le spectre ext riorise pour nous la composition de la lumi re l harmonie d un Wagner la couleur d un Elstir nous permettent de conna tre cette essence qualitative des sensations d un autre o l amour pour un autre tre ne nous fait pas p n trer la Prisonni re phrase qui dit tr s clairement que toute psychologie devra reposer sur un syst me un code Pour le compositeur Vinteuil le m me vocabulaire souligne cette loi il ext riorise dans les couleurs du spectre la composition intime de ces mondes que nous appelons les individus idem 200 pages plus haut Si La Recherche comme l glise de Combray est un espace quatre dimensions dont le temps est la quatri me la couleur mat rialise la contrainte qui permet de ma triser cette dimension l Spatialiser le temps dans le texte se fera par le mot de couleur qui se diffracte spectralement qui s ouvre sur une profondeur de pl nitude Si j avais voulu dans un ouvrage imiter la mati re dans laquelle m apparaissaient cisel s mes plus insignifiants souvenirs de Rivebelle il m e t fallu veiner de rose rendre tout d un coup translucide compacte fraichissante et
560. ype de contrainte r gle sera alors d un texte r gi par des contraintes Or tout texte n cessairement produit selon ces contraintes constitutives de la langue que sont les normes est d j son niveau le plus l mentaire un texte contraintes Souvent utilis e telle quelle par commodit cette expression imag e aurait donc besoin d tre compl t e par un adjectif texte contraintes prosodiques dramaturgiques oulipiennes etc 347 348 Formules Sommaires des diff rents num ros FORMULES N 1 1997 1998 CRIVAINS ENCORE UN EFFORT POUR TRE ABSOLUMENT MODERNES R flexions Jacques Denis Bertharion Morph sis Mim sis Jes s Camarero La nouvelle critique des ann es 90 Didier Coste Le retour d Alexandre Sur les vers m triques contemporains Pol miques Jacques Jouet Ma m re grand que vous avez de grands dogmes Jean Lahougue Jean Marie Laclavetine Correspondance extrait Ant c dents Daniel Bilous Aux origines du mail art Les Loisirs de la Poste de Mallarm Giovanni Pozzi La tradition de la po sie visuelle Compositions textes de cr ation de Jan Baetens Marcel B nabou Michelle Grangaud Herv Lagor Pierre Lartigue Daniel Marmi Gilles Tronchet Mixtes Jacques Roubaud Pr paration d unefamille de contraintes Patrice Hamel Emergence de lettres Guy Lelong Ecrit par son support Bemardo Schiavetta Comment je me suis mis crire le LIVRE Notes de lectures FORMULES N 2 1998 1999 DO

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