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familles, ecole et quartier - Serveur suisse de documents pour l

1. 3 Dans le dernier sous groupe on compte cinq familles dans lesquelles l un des parents s implique dans l aide aux devoirs Il y a tout d abord un p re qui n a pas vraiment conscience des difficult s de sa fille mais qui s implique beaucoup dans les devoirs de lecture apr s avoir re u des conseils de la ma tresse ce propos Ensuite deux m res de famille disposant de trop peu de temps en raisons d horaires impossibles essaient n anmoins quand elles le peuvent de faire travailler leur enfant Mais c est assez ponctuel cela ne repr sente pas un v ritable suivi et peut tre pour ces enfants l n est ce pas suffisant C est vrai qu la maison elle prend pas vraiment spontan ment quelque chose lire dans les mains pas toute seule en tout cas faut que je me mette c t d elle mais elle a pas tellement envie non plus hein Alors des fois quand j ai le temps je lui fais une feuille des calculs des lettres copier mais elle elle faisait pas toujours alors j ai pas tellement le temps quand je suis la maison elle est l cole quand elle est la maison moi je suis au travail famille n 23 d origine italienne La deuxi me m re est dans le m me cas de plus elle se heurte des difficult s techniques lorsqu elle veut aider sa fille et craint d s lors de l embrouiller 43 SRED Service de la recherche en ducation Il y a que moi qui fai
2. famille n 21 d origine portugaise M re L bas au Portugal la s primaire c tait diff rent m me pour lire et tout hein parce que l bas on apprenait les lettres P re Voil Avec les voyelles les consonnes c est normal non M re Et apr s on avait les mots quatre lettres on apprenait rassembler comme a on passait aux mots de cinq lettres six lettres c tait vraiment pour apprendre lire Juste apr s en Z primaire alors l a devenait de plus en plus difficile famille n 18 d origine portugaise Cela va dans le sens de recherches nord am ricaines et fran aises constatant que les parents en g n ral et ceux de milieu populaire en particulier se sentent souvent d pass s et d sorient s par l volution constante du syst me scolaire le changement de m thodes et d exigences l gard des l ves voir Papillon amp Paquin 1997 et C u Cunha 1998 Dans la famille cit e en dernier lieu le p re estime que les devoirs donn s aux enfants sont trop difficiles Cet argument p dagogique se poursuit par des arguments de type organisationnel en ce sens que ce fait de m me qu une m thode d apprentissage de la lecture inad quate met trop les parents contribution Bref d une certaine mani re l cole n assume pas sa mission argument repris par une autre m re pour des raisons un peu diff rentes Moi je trouve pas logique c es
3. 19 TI s agit le plus souvent de celui qu ils ont connu au moment de leur propre scolarit mais parfois aussi du syst me actuel sur lequel ils ont des informations par le biais de la scolarit des cousins ou neveux qu ils retrouvent r guli rement lors des vacances au pays d origine 23 SRED Service de la recherche en ducation A notre poque il y avait beaucoup d coles catholiques l bas au Congo alors moi j ai t l cole catholique mais maintenant il n y a pas des plans programmes a ne va pas il n y a rien m me pas des cahiers il manque tout tout famille n 12 d origine congolaise Quelques parents ne s expriment pas ce sujet ou estiment que les choses ont peu chang ayant t eux m mes scolaris s en Suisse il n y a pas si longtemps Il est int ressant de noter que ce ne sont pas les diff rences identifi es par les parents qui sont significatives en tant que telles mais bien ce qu ils en font les conclusions qu ils en tirent Ainsi l approche ludique des apprentissages peut tre consid r e comme un progr s et donner une image positive de l cole alors que pour d autres parents il s agit au contraire d un certain laxisme ce qui renforce leur vision n gative de l cole De m me le constat qu en Suisse certains apprentissages se font plus tard que dans d autres pays notamment en France peut relever du simple constat qui ne d pr ci
4. En France l cole o on allait j ai l impression que a allait plus vite Jai l impression que a va trop lentement ici Parce que moi je compare mon fils qui est aujourd hui en 1 primaire et je me dis que moi son ge j en savais beaucoup plus famille n 9 d origine espagnole Je me rappelle quand j avais sept ans je savais lire d j Maintenant ici l cole primaire ils arrivent la fin de l ann e ils savent pas lire famille n 2 d origine portugaise et yougoslave Pour d autres c est l inverse les enfants sont plus avanc s en Suisse L bas au Portugal il y a pas la pr paration d avant l bas on va directement l cole primaire Ici je trouve que c est plus difficile moi je vois par exemple en 1 primaire ici ce qu il est en train de faire c est beaucoup plus avanc que chez nous famille n 1 d origine portugaise Ensuite les diff rences s expriment en termes de pratiques p dagogiques on est plus ou moins s v re il y a des punitions corporelles l bas et pas ici on apprend plus en jouant etc Mais ici c est mieux Moi quand je suis all e l cole maintenant ils vont aussi en enfantine mais avant non on allait directement en f primaire La f et la 2 primaire j ai fait seulement l apr s midi et apr s la 3 et la 4 primaire je suis all e le matin Mais on ne jouait
5. cole r unions de parents associations de parents d l ves etc sont mal adapt es aux familles de milieu populaire D autres formes allant ventuellement dans le sens d un soutien plus personnalis sont inventer 8l In Relance de l ducation prioritaire Actes des Assises nationales des ZEP Rouen juin 1998 Paris Minist re de l ducation nationale de la recherche et de la technologie 2000 111 SRED Service de la recherche en ducation 112 Familles cole et quartier ANNEXE II TRAME D ENTRETIEN AVEC LES PARENTS Remarque pr liminaire sur la technique d entretien utilis e Nous avons organis l entretien avec les parents selon les th mes et dans l ordre d crits ci dessous Il s agissait d entretiens semi directifs Nous abordions chacun des th mes pr vus par une question amorce ci dessous en caract res gras italiques Puis nous laissions le discours se d rouler librement avec quelques relances voir autres questions ci dessous si n cessaire dans le but de perdre le moins possible d informations Dans certains cas il est arriv que nous renoncions explorer un th me plus en profondeur essentiellement propos du rapport l crit quand nous sentions une g ne ou une r ticence Trajectoire familiale et ou projet migratoire Objectif Retracer l histoire et la trajectoire de la famille donc le contexte g n ral dans lequel se d roule la scolarit
6. mieux que nous en tout cas mieux que nous on dira famille n 15 d origine portugaise L cole c est tout l avenir pour moi Aujourd hui dans les temps qu on est si il y a pas l cole si on tudie pas on fait des m nages comme moi c est ce que je lui dis Malgr que j ai tudi tout a a me sert rien parce que j ai pas pu aller assez loin donc a il le sait silence Mais moi je lui fais confiance je pense qu il arrivera famille n 1 d origine portugaise 21 Outre les demandes de d rogation qui ont tendance augmenter notamment dans les milieux sociaux les plus favoris s les strat gies consistent par exemple faire intervenir des tiers au bon moment r p titrice cours d t change linguistique etc ou multiplier dans la vie quotidienne et pendant les vacances des activit s visant explicitement soutenir et ou renforcer certains apprentissages 26 Familles cole et quartier Le fait d avoir un projet pour l avenir de l enfant notamment en termes de r ussite et de mobilit sociales pousse indiscutablement les parents s investir dans l accompagnement de la scolarit de l enfant soutenir ce dernier de multiples fa ons comme nous le verrons M contentement et perplexit Le tableau est assez diff rent dans le groupe des onze familles dont l enfant est en difficult On a grosso modo deux cas de figure Dans six fam
7. Int gration dans le quartier R le favorable des parents dans la relation des enfants avec leurs pairs i Pr sence des deux parents Blanc absence gris pr sence faible noir pr sence forte X non pertinent Dans la suite de l expos les th mes seront pr sent s l un apr s l autre ce qui rendra plus difficile leur mise en correspondance pour une m me famille Il importe de consid rer que ce n est pas tel ou tel facteur isol qui rend possible l appr ciation de la qualit du capital social d une famille donn e mais bien la configuration la Gestalt form e par l ensemble des composantes de ce capital A l aide de ces tableaux r capitulatifs le lecteur pourra s il en prouve le besoin situer les familles qui s expriment en fonction des diff rentes composantes 60 Familles cole et quartier retenues et visualiser globalement leur position cet gard l aide des num ros qui leur ont t attribu s 2 La sociabilit enfantine le r le des parents Le contact avec les copains en dehors du cadre scolaire est l une des occasions de socialisation les plus importantes des enfants d ge scolaire C est travers ses changes ses jeux etc que l enfant acquiert des comportements relatifs la ma trise des relations sociales et plus pr cis ment acc de la culture propre aux enfants de son ge C est au niveau des enfants une forme de socialisati
8. d ouverture sur l ext rieur pourrait galement donner ici un clairage int ressant On pense par exemple au type bastion caract ris par des relations fusionnelles l int rieur de la famille et par un repli une fermeture de cette derni re aux influences externes ou encore aux familles dites parall les toutes aussi ferm es aux apports externes mais avec une faible coh sion interne Des recherches ont en effet mis en vidence le fait que tout autant que l origine sociale le mode de fonctionnement familial y compris pour des familles de milieu social quivalent pouvait avoir un impact fort sur les attitudes et les pratiques ducatives des parents 3 L int gration sociale des familles L int gration sociale des familles peut se voir essentiellement deux niveaux Tout d abord celui plus global de l int gration la soci t en g n ral avec une difficult suppl mentaire pour les familles immigr es dont ce n est pas la culture d origine Ensuite celui de l int gration ai quartier ou la localit que ce soit par des relations informelles avec le voisinage ou plus formelles par le biais d une participation des associations ou des clubs sportifs par exemple Des relations denses avec la famille largie et avec des membres de la communaut d origine immigr e constituent un cas de figure interm diaire qui peut tre soit un pr lude une plus grande ouverture soit une f
9. lire au gamin C est vrai que je trouve qu il y a trop de laisser aller famille n 18 d origine portugaise Dans une famille le p re d plore un manque de s v rit trop de libert laiss e aux enfants on ne les pousse pas assez une approche pas suffisamment scolaire selon lui A l cole ils ont une libert trop grande des fois ils jouent avec la ma tresse C est pour a les profs je trouve ils devraient tre plus durs plus s v res parce que chez nous tu fais un mot de travers ils te tapaient comme a avec un b ton apr s tu r fl chis hein famille n 2 d origine portugaise et yougoslave 27 SRED Service de la recherche en ducation Dans une autre famille la m re ne comprend pas le but poursuivi par la ma tresse en donnant des punitions qu elle estime inadapt es Selon elle il faudrait profiter de l occasion pour effectuer un certain drill scolaire Quand ils font une faute et qu ils font certains trucs interdits on les met dans la salle de couture ou faire ranger les livres moi je trouvais mieux que les choses qu il a pas apprises qu elle les lui faisait faire trente ou quarante fois et a les lui met dans la t te famille n 21 d origine portugaise Pour une autre m re qui a un peu l impression que son fils a perdu sa motivation en raison d une p dagogie inadapt e c est exactement l inverse S il avait pas
10. Avec les deux autres ma tresses c tait ax sur le travail et j avais l impression qu elles connaissaient absolument pas Jean son fils Elles taient pas elles discutaient pas de l enfant famille n 20 d origine suisse Dans ce groupe de familles certaines suite une scolarit mal v cue par les parents n attendent plus grand chose de l cole reproduisant de g n ration en g n ration une sorte de d ception voire de m fiance l gard de l institution D autres au contraire id alisent l cole genevoise par opposition celle de leur pays d origine et en attendent tout sans r aliser qu elles pourraient tre partie prenante et ont un r le jouer dans la scolarit de leur enfant D autres enfin ont vis vis de l cole des attentes un peu comparables celles des parents de l autre groupe mais elles semblent aussit t invalid es par une sorte de pessimisme quant aux possibilit s r elles de s en sortir On ne retrouve pas cette belle confiance en lavenir qui caract rise les parents de l autre groupe comme s ils ne pouvaient pas vraiment y Croire Oh des projets comme a concernant l avenir de sa fille il faudrait mieux pas les faire parce que d j pour moi je les fais pas Non j aimerais qu elle r ussisse dans sa vie c est s r qu elle ait des connaissances mais bon a on peut pas je peux pas pr voir Moi j aimerais qu elle appren
11. Les ressources qu ils mobilisent ne semblent pas suffisamment adapt es aux objectifs plus implicites d ailleurs qu explicites qu ils voudraient atteindre Zehraoui 1998 Zehraoui de m me que Le Breton 1998 estiment par ailleurs que les sacrifices financiers consid rables que ces parents sont pr ts consentir pour l achat de mat riel scolaire et d habillement prouvent quel point ils se sentent concern s par la scolarisation de leurs enfants D munis en capital scolaire pour les accompagner ils mettent l accent sur l aide mat rielle et le soutien moral Mais cet investissement parental reste invisible aux enseignants car il ne s exerce que dans l espace domestique et n engendre donc pas la mobilisation des l ves l cole Ce qui vient tre dit propos des relations entre les familles et l cole nous conduit formuler les hypoth ses suivantes Hypoth ses Les familles de milieu populaire dont les enfants connaissent des difficult s scolaires importantes sont vues par bon nombre d enseignants comme d missionnaires de leur t che ducative et souvent identifi es comme porteuses d un handicap socioculturel Ce regard port sur les parents conduit les enseignants renoncer les rencontrer et les mobiliser autour des apprentissages scolaires de leurs enfants Les formes traditionnelles ou valoris es dans l enseignement primaire genevois de relations entre les familles et l
12. M re Oui je connais tout le monde ici dans la maison Int Vous vous invitez pour boire des caf s pour discuter comme a M re Ouais entre les mamans on se garde les enfants si moi j ai besoin je sonne la voisine en derni re minute et elle me les garde moi je fais la m me chose si elles ont besoin Int Pour l accompagner l cole aussi par exemple M re Ouais Int Des fois c est une qui prend plusieurs enfants des fois c est une autre M re a je l ai fait plut t avec une maman seulement Elle va dans la m me classe que Gina alors une fois c est elle une fois c est moi J ai aussi des copines au travail on sort ensemble avec les enfants Int Parce qu il y a aussi d autres mamans seules M re Oui Int Donc vous tes contentes de vous retrouver M re Oui Int Quand on est plusieurs pour les enfants c est plus facile M re C est plus facile ouais a donne envie de silence Int a donne du courage M re Du courage ouais je vois que je suis pas la seule quoi famille n 23 d origine italienne On le voit la situation des familles monoparentales se pr sente de mani re tr s diff rente de cas en cas Cela ne peut donc constituer un facteur entra nant en soi une r duction du capital social ou alors seulement de mani re tr s indirecte Les contraintes suppl mentaires que la monoparentalit fait pes
13. Maman j arrive pas r soudre ce probl me Et il me regarde comme s il attendait que je l aide et moi je suis impuissante je peux pas l aider Et comme a je retourne l cole et j explique tout ce qui se passe la maison la ma tresse et je lui dis Ecoutez qu est ce qu il faut faire Parce que moi j arrive pas l aider Je me faisais beaucoup beaucoup de souci quand il arrive pas faire comme il faut ses devoirs tout seul et puis la ma tresse elle me rassure elle me dit Mais ne vous en faites pas Madame parce tout ce qu il n arrive pas faire tout seul on le fait ensemble on le reprend en classe famille n 22 albanaise du Kosovo 2 C est nous qui soulignons L expression de ce sentiment d impuissance est ici important Le fait d en prendre conscience et de pouvoir le dire pousse sans doute cette m re se donner les moyens d y rem dier en allant voir 39 SRED Service de la recherche en ducation On voit bien que toutes ces formes d int r t et d accompagnement de la part des parents sont un puissant soutien pour la scolarit de l enfant quand bien m me ils ne peuvent pas l aider directement Dans une famille dont les parents ont pourtant un bagage scolaire assez faible aussi bien les f res a n s d un premier mariage tous universitaires que la petite derni re actuellement en 1 primaire r ussissent bien leur scolarit notamment parce
14. autre chose que ce qui r ussit avec les familles de classe moyenne l gard desquelles on peut parler d une sorte d entente pr tablie et de connivence socioculturelle de la part des enseignants Il y a de Sugg r es dans l article 37 du r glement de l enseignement primaire pour entretenir des relations suivies entre la famille et l cole ces modalit s de rencontre avec les parents sont devenues obligatoires d s la rentr e scolaire 2001 d but de la phase d extension du processus de r novation 2 D o l importance des strat gies visant pr server l estime de soi et l identit des personnes qui ont de la difficult s exprimer en public comme par exemple les questions inscrites sur des billets anonymes On a vu que de telles pratiques sont tr s appr ci es et facilitent les changes 53 ce propos il nous vient l esprit l exemple d enseignantes qui l occasion d une rencontre organis e l intention des parents avaient reproduit dans leurs classes respectives les divers ateliers habituellement propos s aux l ves Mais cette fois ci c tait les parents qui taient invit s passer de l un l autre et y accomplir la t che pr vue sous la responsabilit des l ves qui leur expliquaient ce qui tait attendu ce qu il fallait faire Les parents pouvaient ainsi r aliser tr s concr tement quel tait le travail propos et accompli en classe
15. ge dans l immeuble vous connaissez pas quelqu un P re Dans l immeuble j ai des copains yougoslaves mais eux aussi ils ont les m mes difficult s Int Oui c est la m me difficult que vous P re Oui je connais aussi un Italien un Portugais mais j sais pas eux aussi ils Int Vous avez pas tellement de connaissances qui parlent fran ais ou bien P re Pas qui ont des enfants famille n 5 albanaise du Kosovo Avec cinq enfants et un salaire de pl trier les parents n ont gu re les moyens d avoir recours des solutions payantes pour aider l enfant en difficult scolaire Le capital social vu comme l appartenance des r seaux de relations dans lesquels il est possible de trouver aide et soutien fait particuli rement d faut dans cette situation notamment en raison de l absence de membres de la famille largie A cela s ajoute le d sir de retourner au Kosovo aussi t t que possible Tout cela n est pas fait pour faciliter les changes et l int gration dans la soci t d accueil 3 4 Autres situations de familles d l ves en difficult L int gration probl matique des autres familles du groupe dont l enfant est en difficult ne doit rien leur situation d trangers Plusieurs d entre elles sont d ailleurs suisses Il n en reste pas moins qu elles sont peu ou mal int gr es ne serait ce qu au niveau du voisinage Par mal int gr nous e
16. ils font lecture criture l orthographe tout a a va c est bien mais quand on commence nous prendre la t te avec la g ographie l alg bre ou des conneries pareilles qu est ce qu on en a foutre Parce que qu est ce qu on va faire avec a quoi Franchement moi j ai rien retenu de l cole quoi a m a jamais t utile a m a pas t utile jusqu maintenant et c est pas partir de maintenant que a va m tre utile jusqu mes vieux jours je pense pas Il ya trop de choses apprendre ouais les miens ils arrivent pas suivre non plus famille n 14 d origine suisse Or il est notoire que les parents ayant eux m mes connu des difficult s scolaires se sentent assez d munis d un point de vue cognitif et motionnel pour aider et soutenir leur enfant dans son travail scolaire voir Papillon et Paquin 1997 Cela contribue cr er un sentiment d incomp tence ducative chez certains parents dont nous reparlerons plus loin 22 Familles cole et quartier 2 2 Comparaison avec d autres syst mes scolaires Quand on demande aux parents ce qu il y a de diff rent entre le syst me scolaire de leur pays d origine et ce qu ils per oivent de l cole primaire genevoise ils l expriment sur trois registres Premi rement en termes de rythmes et de programmes Par exemple certains apprentissages commencent et sont acquis plus t t dans leur pays
17. origine suisse Dans la famille suivante la r serve des parents concerne plus sp cifiquement les invitations chez les voisins Il ne s agit certainement pas d un manque d ouverture mais plut t d une incertitude d un manque d assurance sur la mani re d aborder d autres parents notamment pour cette famille qui n habite le quartier que depuis quelques mois Int Justement je voulais vous demander les copains a va bien avec ses copains ici Il a vite fait des copains M re Oui il a vite fait des amis il en a beaucoup Parfois il arrive ici avec quatre ou cinq rires Int Ils les am ne dans l appartement M re Oui Int Et lui il va jouer aussi dans les autres familles 65 SRED Service de la recherche en ducation M re apr s h sitation Pas beaucoup parce que moi je veux pas aller chez les autres j aime pas beaucoup Int Ah Vous aimez mieux que a soit eux qui viennent la maison M re Non c est parce que je connais pas ces parents vous savez famille n 17 d origine portugaise Cette m me pr occupation semble tre l uvre dans cette autre famille Int Et puis autrement est ce qu il y a par exemple des enfants des voisins qui viennent jouer chez vous ou bien lui il va jouer dans d autres familles dans la m me maison M re Oui a arrive ils invitent des copains venir dormir ici la maison
18. partir de leur mani re d tablir des contacts avec l cole et de suivre le travail scolaire de leur enfant Apr s un bref commentaire de chacun des types obtenus nous sugg rerons quelques formes de r ponses que l institution scolaire et ou d autres partenaires pourraient adresser aux diff rentes attitudes parentales identifi es dans la typologie Il ne s agit pas de dicter des solutions toutes faites cl s en mains mais plut t de soulever des questions qui m riteraient un examen plus approfondi aussi bien de la part des chercheurs que des divers partenaires institutionnels et associatifs voqu s Nous tenons cependant pr ciser d embl e que quel que soit le type de rapport l cole d fini par la typologie l institution scolaire en plus de sa mission traditionnelle a trois grandes fonctions assumer aupr s des familles de milieu populaire et ou en situation pr caire vivant dans ces quartiers d favoris s Premi rement leur donner une information claire et accessible tr s concr te sur les pratiques et les attentes de l cole Ensuite tout mettre en uvre pour r duire la distance existant entre certaines familles et l institution scolaire Enfin et cela peut participer la r duction de cette distance se sentir la co responsabilit de cr er du lien social dans le quartier avec d autres partenaires 42 Il est int ressant de noter qu en partant de dimensions un peu diff rentes n
19. voir Chauveau 2000 En revanche les deux groupes de familles se distinguent assez fortement quant leur participation aux r unions organis es l intention des parents ou aux rendez vous individuels avec les institutrices occasions qui pr cis ment ont plus souvent un contenu caract re p dagogique et jouent de ce fait un r le important dans la construction de la r ussite scolaire Une relation active l cole Il est frappant de constater que dans la quasi totalit des familles dont l enfant r ussit bien les parents ou du moins l un d eux ont une relation active l cole Par l nous entendons qu ils s impliquent activement dans les contacts avec les acteurs scolaires Ils assistent syst matiquement aux r unions de parents ou en tout cas chaque fois qu ils le peuvent les rares exceptions tant dues une hospitalisation ou des contraintes professionnelles certains m me demandent cong pour y assister Sans prendre forc ment la parole dans ces r unions ils sont l t moignant ainsi aussi bien l enseignante qu leur enfant qu ils s int ressent ce qui se passe l cole et qu ils se consid rent galement comme acteurs de la scolarit de ce dernier Au del de l information re ue cette occasion sur ce qui se passe en classe certains sont d ailleurs parfaitement conscients de l importance que rev t leur participation aux yeux de leur enfant M re
20. Beaud et F Weber 1998 13 D a EN F Voir plus haut le passage concernant l volution du milieu populaire Nous avons d ailleurs retir une famille du corpus parce qu elle ne correspondait pas ce crit re 14 Familles cole et quartier s agit d une famille de requ rants d asile qui le travail en Suisse est interdit Dans les deux autres cas il s agit de familles monoparentales dont la m re est suisse et qui vivent de l assistance sociale Cela p se galement lourd dans la comparaison que nous pouvons faire entre les deux groupes aussi bien en termes de ressources financi res qu en termes d insertion sociale Enfin pour rendre galement compte de la diversit culturelle de la population en cause nous avons rencontr des familles d origines diverses Congo Espagne Italie Kosovo Portugal Suisse Dans les vingt familles d origine trang re cinq seulement sont immigr es de la seconde g n ration dont quatre avec un enfant qui va bien l cole Les quinze autres notamment celles venant d Afrique et du Kosovo sont d immigration relativement r cente et ont par cons quent moins eu le temps de s int grer 3 Lecture mode d emploi La pr sentation et l analyse des r sultats comprend trois parties La premi re se centre plus particuli rement sur le rapport des familles tudi es avec l cole vue la fois comme institution et comme lieu r el situ g
21. Je comprends peu pr s ce qui se passe en classe Pas tout ce qu ils font l cole mais de temps en temps mon mari participe des r unions que l cole organise et puis il comprend mieux au fond qu est ce qu ils font l cole P re Oui oui oui je vais aux r unions en d but d ann e si j ai un peu le temps j aime bien aussi cause des enfants ils aiment bien aussi que moi j y vais qie je connaisse un peu la ma tresse famille n 16 albanaise du Kosovo D ailleurs certaines enseignantes sont sensibles ce fait et encouragent les parents venir leur parler m me de mani re informelle Elle fait une r union avec tous les parents et elle nous parle comme a du programme qu ils vont faire et ce qui est pr vu en classe et apr s elle nous montre des travaux comme a Ce qui n emp che pas qu elle nous a toujours dit si un matin on am ne Penfant et on a envie de parler avec elle ou de rentrer dans la classe pour voir elle dit Faites le pour l enfant a leur fait aussi du bien tout d un coup que sa maman ou son papa il vient voir l cole famille n 7 d origine espagnole Il semble que des parents soient galement encourag s assister aux r unions par la mani re dont certaines enseignantes les conduisent D une part elles expliquent clairement ce qui est fait en classe et ce qui est attendu des enfants d autre part elles recourent des s
22. Paise avec elle Les appr ciations positives ou n gatives qu ils donnent de l cole en g n ral 24 Familles cole et quartier et de l enseignante en particulier sont fortement li es et se superposent souvent Lorsqu il s agit de dire ce que l on pense de l cole et des enseignants on est frapp de constater quel point les chos diff rent entre les familles dont l enfant va plut t bien l cole et celles dont l enfant est en difficult Alors que les premi res sont globalement positives les secondes ont beaucoup plus souvent une vision critique et n gative de l cole Un satisfecit quasi unanime La quasi totalit des parents de bons l ves a une appr ciation tr s positive de l enseignante de leur enfant Elle est exigeante mais g niale super elle ose tre s v re elle a beaucoup de patience et de gentillesse elle est attentive Bref de mani re g n rale ces parents ont un bon contact avec elle ils la trouvent disponible et d un abord facile elle a une bonne relation avec les enfants Une seule m re d plore cependant qu elle n ait pas t suffisamment attentive aux difficult s relationnelles de sa fille difficult s de contact avec les autres enfants par ailleurs bonne l ve Ces m mes parents sont globalement satisfaits de l cole de ce qu elle apporte leurs enfants des m thodes d apprentissage des ressources dont elle
23. cole Les habitudes de lecture criture dans la famille Objectif Faire merger quel est le rapport l crit dans la famille Est ce qu il vous arrive de raconter ou de lire des histoires votre enfant en fran ais ou dans la langue d origine Est ce que vous regardez des livres avec lui Est ce que vous amenez votre enfant la biblioth que Lui achetez vous parfois des livres Dans votre famille avez vous avez l habitude d crire certaines choses pour vous faciliter la vie quotidienne ou pour communiquer entre vous Par exemple faire une liste de commissions de choses faire noter les rendez vous importants les adresses et les num ros de t l phone laisser un billet sur la table quand vous partez crire des lettres la famille etc Est ce que dans votre famille il y a des gens qui aiment lire journaux BD livres quelle fr quence Int gration de l enfant et de la famille dans le quartier Objectif Rep rer dans quelle mesure l enfant et la famille sont int gr s dans l immeuble la communaut scolaire le quartier etc En ce qui concerne votre enfant Est ce que votre enfant vos enfants vont jouer dans d autres familles Est ce que leurs copains viennent jouer chez vous Est ce que votre enfant est quelques fois invit des anniversaires de camarades de classe Y est il all Comment s entend il avec les enfants de l immeuble ou du quartie
24. e sur la rencontre et l entretien aupr s d un chantillon de vingt trois familles exclusivement de milieu populaire Ces familles pr sentent en effet un profil sp cifique dans leur relation l univers scolaire et suite diverses interpellations de la part de professionnels nous souhaitions en savoir un peu plus quant aux conditions de la scolarit de leurs enfants L analyse des entretiens et des situations livr e ici claire en particulier certains r sultats obtenus lors d une pr c dente enqu te Montandon 1991 ayant permis l laboration d indicateurs concernant les relations des familles l cole La pr sente tude compl te le champ en situant davantage les familles dans leur contexte local et donne une vision plus explicite de leur exp rience de parents au sens o l entend Fran ois Dubet 1994 C est ainsi qu ont t prises en compte les relations des familles au voisinage et au quartier en recourant notamment au concept amp capital social Cela a permis de mettre en relation le rapport l cole de ces familles avec leur mani re d tre au monde attitude plus globale qui colore l ensemble des exp riences familiales Ainsi les diverses recherches r alis es par le SRED au cours des ans dans le champ des relations famulles cole se r v lent compl mentaires et cumulatives Voir bibliographie 2 Voir Montandon 1991 et Alliata Dionnet Jaeggi amp Osiek 2001 SRED Serv
25. j pouvais pas tout faire j pouvais pas bosser j pouvais pas lever le gamin j pouvais pas tre l toujours j pouvais pas aller toujours chercher le gamin chez la nourrice C est vrai que lui apr s il a chang le foot pour les oiseaux que l on entend pousser des cris stridents sur le balcon pendant tout l entretien Des fois c est moi qui dois y dire Va te promener un petit peu allusion au fait qu il ne sort presque plus famille n 21 d origine portugaise Pour r sumer nous constatons plus souvent des difficult s s int grer dans les familles o l enfant a des difficult scolaires m me si la palette de situations est tr s vari e qui conduisent un plus ou moins grand isolement social Dans le groupe de parents dont l enfant va bien l cole le mod le culturel est peut tre un peu plus proche de celui des classes moyennes lequel est plus en phase avec la culture scolaire 4 La vie associative Sur ce th me il n y a pas lieu de pr senter les deux groupes de parents de mani re s par e La vie associative est g n rakment restreinte dans les deux groupes de parents Nous examinerons tout d abord le cas de l associations de parents en raison de son lien plus troit avec la probl matique famille cole ensuite nous verrons ce qu il en est des autres formes de vie associative 4 1 L association de parents L existence de l association de parents
26. le pas un refus d entrer en contact avec le monde ext rieur mais t moigne au contraire d une grande attention aux difficult s rencontr es par des enfants et leur famille en situation pr caire M re Et puis ils se font tous des cadeaux euh plus grands les uns que les autres a a me d range aussi norm ment Parce que moi j ai encore le souvenir de quand j tais p tite c tait le go ter l anniversaire et puis on amenait une p tite babiole c tait tout Et c est vrai que bon l ann e pass e avec ses copines ben c tait un puzzle quinze francs une Barbie douze moi je dis je mets entre dix et quinze mais pas plus Mais c est vrai qu elle elle a re u des cadeaux trente trente cinq francs et a a me d range norm ment Int Bien s r on a l impression qu on juge un peu les enfants d apr s les cadeaux 68 Familles cole et quartier M re Oui alors on avait invit une petite copine albanaise j ai l impression que c est la seule fois qu elle avait t invit e et puis elle lui a offert un p tit bracelet plusieurs p tits anneaux Alors c tait d j le tout p tit paquet et puis euh mais les autres se sont moqu s d elle et j ai trouv a a m a choqu e et j ai dit Nadine C est toi qui l a invit e c est toi de la soutenir Au d but j me disais bon je vais essayer de faire ma fa on mais
27. ne pourront pas s investir m me de loin dans la scolarit de leurs enfants comme le souhaiterait l institution ils n assisteront donc pas non plus aux r unions organis es leur intention D une certaine mani re ces parents sont en situation d exclusion face l cole et l activit scolaire voir Chauveau 2000 mais souvent aussi face leur environnement social Ce que montre en effet notre recherche c est que pour certains parents et tr s clairement pour une majorit de ceux dont l enfant est en difficult l cole ne prend pas place dans leur projet soit qu elle leur soit trop trang re soit qu elle les renvoie leur propre chec Plus globalement ces parents ne semblent pas ins r s dans un tissu social dans lequel l cole prendrait sens et pourrait faire de leur part l objet d un investissement fort Comme on l a soulign ces parents sont seuls coup s des institutions qui font lien Dans leur propre trajectoire l cole ne fait pas sens traumatis s par des probl mes familiaux ou par le d part pr cipit d un pays en guerre obs d s par le sort des proches laiss s derri re eux par le d sir d un prompt retour ou au contraire la demande toujours repouss e de pouvoir s installer en Suisse priv s d une insertion professionnelle par l interdiction de travailler faite aux requ rants d asile par le ch mage ou le statut d invalide ils se sentent exclus
28. nous on peut pas aider famille n 5 albanaise du Kosovo Ces deux derniers groupes de citations montrent que pour certains parents de milieu populaire le travail scolaire la maison peut tre probl matique pour plusieurs raisons Certaines fois pour des questions de langue familles d immigration r cente Pour d autres des horaires professionnels contraignants limitent la disponibilit des parents l gard d un enfant qui aurait pr cis ment besoin d tre davantage soutenu et stimul en raison de ses difficult s Quelques uns enfin semblent avoir une perception erron e de ce que l cole attend d eux et s imaginent tort devoir jouer les professeurs la maison Si l on reprend maintenant la liste des critiques quelques parents regrettent aussi que les effectifs des classes soient trop lev s Ce que je trouve dommage dans les classes c est qu ils sont carr ment trop d l ves 22 23 par classe Avec 22 l ves c est trop compliqu parce que je crois 2 Il est noter que la m re n est pas de cet avis Elle trouve normal d aider son fils faire ses devoirs comme sa propre m re l a d j fait Cela pose alors le probl me du d saccord entre la m re et le p re la premi re tant probablement au courant de ce qui se fait l cole alors que le second tient de grands discours tr s g n raux coup s du r el 29 SRED Service de la recherche en duc
29. ographiquement support d changes possibles avec le corps enseignant mais aussi avec d autres familles parents et enfants Pour analyser ce rapport des familles l cole nous sommes partis de l exp rience des parents dans leur rapport l institution scolaire Cette exp rience d bute avec leur propre scolarit et se poursuit avec celle de chacun de leurs enfants elle se construit galement dans les contacts avec les enseignantes et l cole de l enfant actuellement en 1 primaire Nous avons galement longuement abord avec eux tout ce qui se passe dans la mille autour de l cole aide au travail scolaire implication plus ou moins grande des parents r compenses et punitions etc et plus largement nous nous sommes interrog s sur leur rapport aux savoirs scolaires rapport l crit stimulation de l enfant en vue de ses apprentissages etc Nous avons ainsi mis en vidence des repr sentations relatives l cole au r le des enseignants aux m thodes p dagogiques des pratiques sociales par le biais des diff rentes formes de contacts avec l cole ainsi que des pratiques ducatives plus particuli rement centr es sur accompagnement de l enfant dans ses t ches scolaires La deuxi me partie cherche rendre compte du rapport des familles tudi es leur environnement du niveau le plus global int gration la soci t au plus personnalis contacts avec le voisinage en
30. r seaux multiples dans lesquels ils peuvent trouver des ressources qui font sens dans un domaine consid r se v rifie dans l enrichissement de leur r seau de relations propres Ils y trouveront alors de nouvelles ressources pour faire face aux probl mes auxquels ils sont confront s dans les diff rents domaine de leur vie quotidienne 5 2 Le capital social une relation de r ciprocit Mais peut on envisager ces deux r alit s sous un m me concept Peut on parler en m me temps d un capital social comme attribut d une collectivit et d un capital social comme attribut des individus En d autres termes ce qui est essentiel ou central est ce le r seau de relations dont disposent certains groupes d acteurs de par leur positionnement ou est ce leur capacit li e leur mode de socialisation de mobiliser ces r seaux leur profit Dans la d finition que nous esquissons lorsque nous parlons d ad quation entre ressources disponibles dans la communaut et capacit des acteurs de les mobiliser nous situons ces interactions dans une relation de r ciprocit N est ce pas de cela aussi qu il est question ici le capital social engageant prioritairement la comp tence institutionnelle celle de l cole et celle de la collectivit locale assurer l ad quation des ressources aux comp tences et la situation de l ensemble des acteurs qui elles sont destin es Dans cette perspective
31. rement d licates interpr ter C est pourquoi nous n avons pas d velopp cet aspect de l int gration sociale qui m riterait une recherche en soi 47 Selon J Coleman 1988 l un des indicateurs forts du capital social familial dans ses effets sur la r ussite scolaire est la pr sence des deux parents la maison Il en propose deux autres dans la m me tude le nombre d enfants la maison et l int r t de la m re pour les tudes de l enfant 59 SRED Service de la recherche en ducation note 6 qu il ne s agit pas de sugg rer que c est la s paration des parents qui induirait automatiquement les difficult s scolaires de l enfant Il reste vrai toutefois que dans le milieu populaire la situation des m res seules est plus souvent pr caire et difficile g rer que dans d autres milieux sociaux Le manque de disponibilit qui en r sulte peut limiter leurs possibilit s d ouverture Pr cisons encore que les tableaux c dessous pr sentent les r sultats sous une forme trichotomis e chacune des dimensions retenues est signal e dans les cases correspondantes en fonction de son degr d importance absence pr sence faible pr sence forte dans le discours des parents Dans les familles o l enfant a des difficult s scolaires R le favorable des parents dans la relation des enfants avec leurs pairs Pr sence des deux parents Pr sence de la famille largie
32. rentes formes d action qui viennent d tre sugg r es sont en phase avec les diverses acceptions de la notion de capital social pr sent es ici Elles visent en effet autant favoriser l int gration de familles isol es socialement et les ins rer dans un r seau de parents d l ves et de soutien associatif qu leur donner les moyens de d velopper avec leur enfant et avec l cole le type d changes directement utiles la r ussite scolaire de l enfant notamment en les faisant acc der une meilleure connaissance et compr hension du syst me 5 3 Vers une synth se Il nous semble d s lors qu on pourrait rendre compte de la situation des familles face l cole notamment celles de milieu populaire et des principaux d terminants de la r ussite scolaire de leurs enfants par le sch ma suivant Le r le du capital social dans la carri re scolaire Situation et caract ristiques Ressources individuelles RS ES conomiques capital humain capital social Dynamique sociale ducative positive n gative Type de famille Revenu Culture d origine Collectivit Temps a Familles ie danse disponible pour Scolarit des Personnel de l institution PRET les enfants parents Famille largie ane I r cente sn de Repr sentation de Parents autres l ves Langue parl e en De sta Camarades d cole famille Milieu professionnel Familles Rapport l institution scola
33. ve en difficult est un enfant seul l cole et dans sa famille Rien dans son ducation familiale ne le pr dispose r pondre aux exigences de l cole o il se sent en porte faux de m me sa famille ne peut l aider r soudre les probl mes rencontr s en classe Cependant la relation entre le capital social d une famille et le d veloppement ou la scolarit des enfants ne se limite pas cet aspect et englobe d autres secteurs de la vie sociale Pour Coleman 1990 le capital social de ce point de vue est l ensemble des ressources inh rentes aux relations avec des personnes des institutions des associations que la famille entretient au sein de la communaut o elle vit et qui sont utiles pour le d veloppement cognitif et social de l enfant C est pourquoi nous largissons ici la probl matique en consid rant non plus seulement l isolement de l l ve face l cole mais galement celui de sa famille par rapport son environnement immeuble quartier cit ainsi qu la soci t d accueil lorsqu il s agit d une famille immigr e Autrement dit nous posons la question de l int gration sociale des familles ayant pris part l tude Nous faisons donc l hypoth se que si l enfant en chec est seul c est que souvent sa famille elle m me est isol e c est dire mal int gr e socialement en situation de repli ou d exclusion Non pas que nous assimilions
34. 1 Capital social et r ussite scolaire Ce projet consid re le d ficit de capital social des familles de milieu populaire et ou immigr es comme cause et cons quence de la plus grande fr quence des checs scolaire dans ce milieu e Nous faisons l hypoth se que l ensemble des liens qui se tissent entre enseignants l ves parents associations de parents voisinage services para ou p riscolaires constituent des facteurs cl s de la r ussite ou de l chec scolaire des enfants de milieu populaire et avec B Lahire 1995 nous d finissons les enfants en chec scolaire comme des enfants seuls dans l univers scolaire et dans l univers familial Les apprentissages scolaires ne prennent v ritablement sens pour ces l ves ni dans l un ni dans l autre de ces univers e Cette solitude est la cons quence du relatif isolement de leurs familles de leur d faut d int gration sociale et donc du fait que ces familles ne partagent pas ou peu les valeurs que suppose un investissement fort dans les apprentissages scolaires importance accord e par exemple la culture crite et aux formes de gestion de la vie familiale qu elle implique voir Lahire 1995 e Cet investissement est li au projet migratoire des familles selon qu il est fort et porte ou peut porter sur le long terme la scolarit de l enfant prend davantage de sens pour elles et se trouve davantage investie voir Ogbu 1978 Pour les familles d
35. Ce n est pas par exemple la pr sence ou l absence de liens avec les gens du quartier qui peut d terminer si une famille est int gr e ou poss de un certain capital social mais l ensemble des r seaux auxquelles elle est reli e C est partir de l que nous pourrons tenter une r ponse plus globale sur les liens entre int gration sociale et r ussite scolaire Dans un premier temps deux tableaux contrast s synth tisant l ensemble des r sultats obtenus permettront au lecteur de visualiser l agencement g n ral des composantes du capital social pour chaque famille Dans les tableaux ci dessous compte tenu du nombre de familles monoparentales dans notre chantillon nous avons ajout l indicateur d sormais classique signalant la pr sence des deux parents la maison Cependant nous rappelons ici voir Lorsque des r seaux se caract risent par un certain repli ils peuvent incarner le mauvais c t du capital social En effet des liens trop troits peuvent se r v ler dysfonctionnels exclure de l information et limiter la capacit d innovation Cela se fait alors au d triment des membres du r seau et de l ensemble de la soci t voir Schuller 2001 6 Ta perception du quartier par les parents ainsi que l appr ciation du degr de violence qui pourrait y s vir sont des dimensions plus difficiles appr hender dans leur discours de m me que leurs positions cet gard sont particuli
36. Int Il y a des changes autour des enfants M re Bon on conna t pas trop les parents donc heu P re Non mais quand m me M re Mais si on parle toujours du m me gar on du m me gar on je dis on veut quand m me voir les parents Int Ah oui a de temps en temps vous faites connaissances avec les parents M re Voil voil et puis apr s on invite le petit et puis apr s on invite les parents famille n 15 d origine portugaise Pour r sumer ce point il semble que les invitations qu elles aient lieu domicile ou chez d autres enfants soient dans notre petit corpus une pratique un peu plus fr quente chez les parents dont l enfant va bien l cole que dans les autres familles 2 2 Les invitations aux anniversaires Les anniversaires jouent un r le important dans le d veloppement de la socialisation entre pairs car du point de vue des enfants ils permettent de d clarer ses pr f rences de v rifier sa popularit et de d limiter les fronti res de ses groupes d appartenance Il traduisent galement le niveau de relation existant entre les parents concern s voir Delalande 2001 Les anniversaires constituent une pratique particuli re car l encontre de ce qui se passe g n ralement pour les autres invitations elle sont planifi es et organis es et requi rent une mobilisation particuli rement importante de la famille notamment sur le plan mat riel et fi
37. Involvement as Social Capital Differential Effectiveness on Science Achievement Truancy and Dropping Out Social Forces Sept 1999 MONTANDON C L cole dans la vie des familles Cahier du SRS n 32 Gen ve 1991 MONTANDON C L ducation du point de vue des enfants L Harmattan Paris 1997 MONTANDON C amp PERRENOUD P Entre parents et enseignants un dialogue impossible Lang Berne 1987 OSIEK PARISOD F C est bon pour ta sant Repr sentations et pratiques familiales en mati re d ducation la sant Cahier du SRS n 31 Gen ve 1990 PAPILLON S amp PAQUIN M L assistance ducative parentale Programme d intervention en milieu familial aupr s de parents ayant un enfant en difficult scolaire l l mentaire in Les difficult s d apprentissage Education et francophonie revue scientifique virtuelle Vol XXV n 2 automne hiver 1997 PAYET J P amp Van ZANTEN A L cole les enfants de l immigration et des minorit s ethniques une revue de la litt rature fran aise am ricaine et britannique Note de synth se Revue fran aise de p dagogie n 117 oct d c 1996 PERRENOUD Ph Culture scolaire culture litaire in Coordination n 37 mai 1990 PUTNAM R D Bowling alone Simon amp Schuster New York 2000 SCHULLER T Compl mentarit du capital humain et du capital social ISUMA vol 2 n 1 printemps 2001 TEACHMANJ D PAASCH K amp C
38. Rendre l cole intelligible osososoocoscsessosoccosessssososeocessesososocececssssososcosesssossssoscessesssssossee 88 2 1 Des informations compr hensibles concr tes et diversifi es 89 2 2 Le risque des doubles messages 90 2 3 Une aide sp cifique pour ceux qui le d sirent 90 3 Le cas des familles davantage hors jeu ses soso soso soso sososososesosesosososesesesosesesesssessse 91 3 1 Introduire une dynamique sociale dans les r unions de parents 91 3 2 Prendre en compte un certain niveau d exclusion 92 3 3 Un nouveau r le pour les associations de parents d l ves 93 3 4 Une cole fonctionnant en r seau 94 4 Apports possibles de l cole aux familles populaires dont l enfant est en difficult 94 4 1 Caract ristiques des familles populaires avec enfant en difficult scolaire 0000sssseeeeeece 95 4 2 Les r ponses possibles de l cole 96 5 O l on retombe sur la question du capital social sssesssssseeeseseenessesses 97 5 1 Int gration sociale et capital social 97 5 2 Le capital social une relation de r ciprocit eeeeeeeseesseeereessssssrrrreesssseserrreesssseseereeese 98 5 3 Vers une Synth ses ciiir a e E EE EA strate ati ee TE etre a Ross sen Etes dates 99 Familles cole et quartier ANNEXE 1 L INTERFACE SOCIO EDUCATIVE DANS LA COMMUNE
39. assiste aux r unions quand cela est possible Mais soit en raison d une compr hension insuffisante de la langue soit en raison du contenu m me de la r union 1l semble que ces parents n arrivent pas en retirer des informations suffisamment pertinentes leurs yeux pour leur permettre de suivre le travail de leur enfant M re A la r union j ai cout j ai cout parce qu elle nous a parl du programme de ce qu il y avait faire dans l ann e tout a J ai cout ce qu il y avait bon j avais rien dire apr s j ai cout comme a on tait un petit peu au courant de ce que c tait le programme de l ann e Interviewer Pour vous c est suffisant comme information ce que vous avez eu M re Bon l on a eu une petite information que c est normalement le programme qu ils doivent faire dans l ann e Mais bon je sais pas si a suit si a suit pas si c est assez je sais pas Des fois j aimerais bien savoir un peu plus ce qu ils font si c est assez des fois famille n 2 d origine portugaise et yougoslave 35 SRED Service de la recherche en ducation Concernant les contacts avec l enseignante on constate que dans plus des deux tiers de ces familles huit sur onze les parents ne vont pas spontan ment voir l enseignante de leur enfant ils attendent d tre convoqu s Pour certains d entre eux quelque chose ne se passe pas tr s bien dans leu
40. b de six mois qui taient venues le chercher l cole et allaient rester avec lui jusqu ce que la m re revienne de son travail Ensuite les maris des deux jeunes femmes sont venus les chercher et sont rest s un instant Si bien que nous nous sommes retrouv s un moment donn avec la m re qui venait d arriver son fils et cinq personnes du c t des filles du premier mariage Le p re est arriv plus tard quand tout le monde tait en train de partir mais il est clair que revenu plus t t il se serait senti en minorit 37 Il est noter que ces attitudes contradictoires des parents se sont galement traduites l gard des chercheurs Le p re tr s m fiant d s le premier contact s est montr r ticent accepter l entretien nous soup onnant de vouloir contr ler s il levait bien son gamin Il a fini par accepter sur l insistance de la m re mais s est arrang pour arriver la fin de l entrevue La m re elle tr s inqui te pour l avenir scolaire de son fils tait tr s 49 SRED Service de la recherche en ducation On peut sans peine imaginer que dans un climat aussi confus avec des messages contradictoires un enfant n ait que peu de points de rep res et joue ses parents l un contre l autre cherchant notamment sans cesse manipuler sa m re ce dont il ne se prive pas comme nous avons pu le constater au cours de l entretien et comme cela nous a
41. besoin d une aide sp cifique On peut se demander si les associations de parents ne pourraient pas tre en mesure d y r pondre 4 2 Autres associations Mais ce n est pas seulement l association de parents qui est peu suivie par la grande majorit des parents C est la vie associative dans un sens plus large si l on excepte un p re de famille immigr de la 2 g n ration et qui est affili un syndicat Plusieurs parents travaillent le soir par exemple dans la restauration ce qui pose nouveau la question de la garde des enfants D une mani re g n rale le travail offre peu de possibilit s d organiser des loisirs flexibilit et horaires variables sont peu compatibles avec des engagements fixes Int Et vous avez eu la possibilit par exemple de faire partie d un club de foot ou d autres associations ou bien des choses comme a P re Avec le m tier qu on fait je vous ai dit Oui vous savez dans l h tellerie c est comme a quand il y a beaucoup de travail certaines fois il faut rester c est pas comme l usine o vous allez l comme a et samedi dimanche vous faites cong Nous on fait cong quand on peut Int Le samedi et le dimanche vous travaillez souvent P re Bien s r famille n 3 d origine italienne La plupart des parents travaillent galement dans des secteurs o les conditions de travail sont assez dures sur le plan physi
42. cela ne concerne que quelques familles Int Vous connaissez d autres Portugais qui ne sont pas ici dans l immeuble mais que vous revoyez souvent dans la communaut M re C est dire que mon mari il a un petit club lui d amateurs de football entre coll gues hein C est comme a qu on a eu ces coupes hein Int Ah oui ces coupes que l on aper oit sur le buffet P re C est des tournois qu on fait tous les ans en bas M re Ouais des fois ils se r unissent ils mangent ensemble Int a veut dire que vous avez encore pas mal de relations avec des gens P re Ah ouais C est des connaissances portugaises Voil ouais une petite on peut pas appeler association mais une petite On paye une petite cotisation tous les mois pour faire M re Pour organiser un voyage P re Voil Tous les ans par exemple on y va on fait une bouffe entre nous on est une soixantaine par l famille n 15 d origine portugaise Pour conclure sur ce point les familles de notre corpus ne sont pas affili es des associations de parents et tr s peu aussi des associations de loisirs Il y a des exceptions mais elles sont le plus souvent li es la volont de retrouver des personnes de la m me origine Il s agit alors de rencontres individuelles priv es Les conditions et les horaires de travail le besoin de repos favorisent le repli sur des loisirs plus s
43. choix des divers l ments de ce sch ma r sulte d une double approche la fois ph nom nologique et th orique Ph nom nologique travers ce que nous avons pu rep rer dans le discours des parents et dans les observations faites in vivo lors de nos rencontres avec les familles Th orique parce que nous reprenons de mani re synth tique les diff rents facteurs mis en vidence dans la plupart des tudes consacr es ce sujet 70 Nous savons que certains professionnels intervenant Vernier dans les domaines de l ducation dans et hors l cole de la sant et du social sont d j en train de s organiser en r seau 71 L cole publique compl te l action ducative de la famille en relation troite avec elle Elle peut galement solliciter des collaborations diverses de la part des milieux culturels conomiques politiques et sociaux article 5 de la loi sur l instruction publique soulign par nous La Direction g n rale de l enseignement primaire encourage la cr ation d associations repr sentatives de parents favorise et soutient leurs activit s article 37 du r glement de l enseignement primaire 72 L enseignement public a pour but dans le respect de la personnalit de chacun de tendre corriger les in galit s de chance de r ussite scolaire des l ves d s les premiers degr s de l cole article 4 f de la loi sur l instruction publique 94 Familles col
44. cut pour fuir ses probl mes relationnels Les deux autres enfants ont bien v cu leur passage dans les institutions de la petite enfance Pour l un exceptionnellement pr coce dans ses apprentissages cela a t le facteur d clenchant qui a conduit ses parents sur le conseil de l ducatrice de la cr che et de l enseignante de 1 enfantine demander et obtenir une dispense d ge pour sauter la 2 enfantine Pour la seconde plac e en cr che treize mois les deux parents travaillent plein temps l exp rience a t si positive qu elle pleurait au moment de retourner la maison o ne l attendait aucun autre enfant au point que sa m re nous a dit en riant que cela lui faisait honte quand elle allait la rechercher 19 SRED Service de la recherche en ducation 1 3 En bref Bien qu il n y ait pas de lien m canique de cause effet entre pr scolarisation et r ussite scolaire au d but de l cole primaire il est ind niable que dans ce petit groupe de familles de milieu populaire se dessine une tendance qui fait de h fr quentation des institutions de la petite enfance un facteur facilitant cette r ussite Parmi les l ves en difficult on retrouve deux fois plus souvent des enfants qui n ont connu aucune forme de pr scolarisation Parmi les bons l ves qui n ont pas fr quent un jardin d enfants les deux qui ne sont pas d origine albanaise ont en quelque sorte b
45. dans l investissement scolaire des familles et dans leur aptitude accompagner la scolarit de Penfant e de leur capital social comme nous l avons montr plus haut il s agit d un concept dont la d finition pose de nombreux probl mes mais que nous conservons parce qu il claire certains aspects importants de la relation entre les familles et la collectivit et en particulier l institution scolaire Il nous semble en effet que les familles comme le montre le sch ma c dessus s engagent dans la collectivit avec leurs caract ristiques propres leurs ressources conomiques et culturelles sp cifiques qui d terminent pour une part importante leurs repr sentations de l cole et le sens qu elles donnent l institution scolaire Mais ces repr sentations de l cole et ce sens se trouvent in vitablement modifi s lorsque l enfant entre l cole ces familles sont alors impliqu es dans des relations de r ciprocit avec des enseignants d autres parents des camarades de classe de leur enfant le personnel du parascolaire et le cas ch ant avec l infirmi re scolaire une psychologue du SMP etc sans parler des relations qui peuvent s engager avec les services sociaux notamment lorsqu il s agit de familles de r fugi s ou de familles en grande difficult en particulier sur le plan financier Les parents sont invit s des r unions de parents sont convi s des entretiens individuels avec
46. dans le groupe classe Est il un leader ou plut t un suiveur ou encore une sorte de victime souvent exclue des jeux Est il bien int gr a t il beaucoup de petits copains Comment les autres enfants se comportent ils avec lui Comment cet enfant a t il int gr son m tier d l ve Respecte t il par exemple les r gles de la classe Relations avec les parents L enseignante a t elle d j rencontr les parents de cet l ve et si non pourquoi Voir par exemple quel moment de la semaine la r union a t programm e Si oui dans quelles circonstances et comment cela s est il pass Si c tait au cours d une r union comment cela s est il pass Qui de la famille tait l le p re la m re les deux ou un e a n e Ont il pris la parole Ont ils eu des contacts avec d autres parents Si c tait un rendez vous individuel qui en avait pris l initiative la ma tresse ou les parents Quel s parent s tait pr sent Etait ce une entrevue de routine ou l occasion d un probl me particulier et si oui lequel Comment s est d roul e l entrevue Quelle a t l attitude des parents Qu a ressenti l enseignante cette occasion Quel a t l impact de cette entrevue sur la vie scolaire et les apprentissages de l enfant concern A t elle l impression que de mani re g n rale les parents de cet enfant s int ressent sa scola
47. des activit s de lecture dans le contexte familial les moyens mis en uvre par la famille pour soutenir l enfant dans ses apprentissages scolaires quelle forme d autorit et d encadrement on lui offrait Nous avons ainsi repris quelques unes des dimensions tudi es par B Lahire ainsi que par d autres chercheurs sp cialis s dans l tude des relations entre les familles et l cole voir notamment C Montandon 1991 Enfin nous avons recueilli des informations au sujet de l int gration de l enfant et de la famille dans le quartier Pour cet aspect de la probl matique nous nous sommes r f r s au concept de capital social sur lequel nous reviendrons le moment venu Nous avons galement rencontr chacune des enseignantes concern es dans un premier temps pour qu elles nous parlent globalement de leur classe du niveau de leurs l ves des contacts qu elles avaient avec l ensemble des parents et des types de probl mes rencontr s voir Annexe III Par la suite apr s avoir obtenu l accord des parents pour un entretien nous avons demand aux enseignantes de nous parler de chacun des l ves concern s par la recherche sans r v ler quoi que ce soit de ce que nous aurait dit sa famille au cas o la rencontre avec elle aurait d j eu lieu Les ma tresses taient invit es nous d crire l enfant son int gration et son comportement en classe son attitude l gard des apprentissages et du
48. difficult s d apprentissage et ou d int gration la vie scolaire Nous allons donc demander aux enseignantes sollicit es de nous parler tout d abord de leur classe en g n ral puis des six l ves retenus sur les th mes suivants Le groupe classe Nous aimerions que l enseignante nous parle de la classe qu elle a cette ann e Comment a se passe comment d crirait elle le climat g n ral de la classe Comment caract riserait elle les diff rents types d l ves auxquels elle a affaire Quelles sont les principales difficult s qu elle rencontre avec eux Donne t elle du travail faire la maison Si oui qu attend elle des parents ce propos Cette question est poser lors de la premi re entrevue de prise de contact afin d affiner les crit res de s lection des l ves de l chantillon Histoire et contexte Que sait l enseignante de cet l ve Quel a t son parcours scolaire galement l tranger le cas ch ant et ventuellement pr scolaire fr quentation d une institution de la petite enfance avant d arriver dans sa classe Que lui en ont dit d autres coll gues Que sait elle de sa famille du statut des parents de leur situation conomique sociale administrative familiale Que sait elle de la fratrie Comment le sait elle par contact direct ou par l interm diaire d autres professionnels infirmi re scolaire assistante sociale etc Si e
49. du monde o s enracine l institution scolaire D s lors l enfant se trouve seul face l cole sans le soutien de ses parents et sans une insertion forte dans des r seaux de relations pour lesquels l cole fait aussi sens Ce qui est en jeu ce n est donc pas la seule bonne ou mauvaise volont de ces parents leur seule soumission ou insoumission aux demandes de l institution c est que cette institution m me ne fait pas vraiment partie de leur monde 92 Familles cole et quartier La triangulation cole enfant parents s en trouve alors modifi e Dans la plupart des cas en effet l cole et la famille assument conjointement des responsabilit s d enseignement de formation d ducation envers l enfant Lorsque la famille n est pas en mesure provisoirement ou durablement d assumer cette responsabilit il incombe l cole de la reprendre son compte En effet elle ne peut pas d gager sa responsabilit sous pr texte que la famille n assume pas la sienne En d autres termes l institution scolaire doit alors accepter de ne pas compter sur ces parents pour atteindre ses objectifs sans pour autant perdre le contact et donner malgr cela toutes leurs chances aux enfants pris dans de telles situations Mais bien au del encore c est aux instances de la soci t institutionnelle et civile dont l cole n est qu un des maillons de cr er les conditions d une meilleure insert
50. elle se d cline 1 1 Des obstacles culturels et financiers Parmi les onze enfants en difficult scolaire huit soit plus des deux tiers n ont pas fr quent de cr che ou de jardin d enfants avant la 1 ann e enfantine Ces enfants sont tous de langue maternelle allophone et ne savaient donc quasiment pas le fran ais en arrivant en 1 enfantine ce qui a rendu leurs premiers mois dans l cole publique tr s difficiles Les trois autres enfants ont fr quent un jardin d enfants temps partiel durant les deux ans pr c dant l entr e en 1 enfantine L un d entre eux apparemment l a bien v cu au dire de ses parents alors que pour les deux autres le placement l ext rieur de la famille a t mal support pleurs refus de s y rendre fugues etc Dans un cas la m re a m me d retirer son enfant du 16 Voir les ouvrages d j cit s de B Lahire mais galement celui de S Cohen 1995 qui rendent compte de ces recherches 17 SRED Service de la recherche en ducation jardin d enfants pendant quelques mois On notera en outre que dans ces deux derni res familles le placement au jardin d enfants ne visait pas prioritairement un but ducatif et que comme on le verra plus loin le rapport l institution scolaire est lui m me probl matique Certaines des familles qui ont gard leur enfant le plus tard possible la maison l ont fait par tradition et ou raisons conomiques C e
51. est pas des gens qui vous soutiennent M re Non c est pas des voil c est pas des gens avec qui on peut entamer des conversations int ressantes C est du tchatchage du comm rage de quartier et puis on en a rien foutre quoi Int Donc vous tes en fait assez seule M re Moi je suis assez seule ouais famille n 14 d origine suisse Cette m re ne semble pas avoir de v ritable insertion sociale Le fait de s occuper seule de ses enfants n est qu un aspect d un isolement plus g n ral d en partie tout au moins des facteurs psychologiques personnels qu il n est pas dans notre propos d examiner ici Toujours dans ce m me sous groupe le relatif retrait d une m re galement de famille monoparentale de la vie du quartier tient davantage un choix personnel qu une situation subie Cette personne se veut individualiste n aime pas les groupes ni les associations et n a aucune envie de participer des activit s organis es Elle ne fait donc rien pour tisser des relations dans le quarter qu elle appr cie pourtant comme lieu de vie et y vit de mani re assez isol e Cette m re a un mode de vie qui fait plut t penser celui que l on rencontre dans les classes moyennes Elle a une formation secondaire au dessus de la moyenne de la population tudi e et il ne serait pas tonnant qu elle se sente en porte faux avec l univers culturel et le style de ses vo
52. est pas tr s important s rieux s il sait pas ce qu il a appris s il arrive pas traduire dans sa langue maternelle famille n 16 albanaise du Kosovo Dans trois familles deux familles albanaises et une portugaise l aide directe n est gu re possible aux parents qui ma trisent mal le fran ais Cependant ils montrent de plusieurs mani res qu ils s int ressent ce que fait l enfant que l cole est pour eux importante Une petite fille portugaise r alise par exemple que sa m re apprend lire le fran ais en m me temps qu elle et qu elle peut m me la corriger ce qui la rend tr s fi re Une m re albanaise explique qu elle est contente et fi re des loges que la ma tresse a fait de sa fille et cette derni re qui tient beaucoup montrer ses parents tout ce qu elle apprend l cole en retire galement une grande fiert Depuis qu elle va l cole elle a compl tement chang elle sait TOUT puisque c est elle qui va l cole C est elle qui comprend tout et puis elle se sent importante aussi famille n 11 albanaise du Kosovo Cette m me famille qui pourtant avec ses quatre enfants et un statut pr caire de requ rants d asile vit en foyer d accueil et dispose d un revenu mis rable a c ur de bien v tir sa fille pour l envoyer l cole d apr s l enseignante Or comme l ont expliqu des chercheurs fran ais A Z
53. et ce fut une r ussite les parents taient int ress s les l ves taient fiers de leur montrer ce qu ils faisaient et les enseignantes agr ablement surprises de l implication des parents prompts se prendre au jeu 64 Cela va dans le sens de l article 5 de la loi sur l instruction publique portant sur les relations avec la famille L cole publique compl te l action ducative de la famille en relation troite avec elle 65 Voir l tude d j mentionn e Regards de parents sur l cole primaire genevoise Note d information du SRED n 9 d cembre 2001 66 Ce constat va dans le sens d un certain litisme de la culture scolaire rep rable entre autres dans le contenu des programmes et la terminologie utilis e litisme d nonc par certains la suite de Bourdieu voir Perrenoud 1990 89 SRED Service de la recherche en ducation donc de nouvelles pratiques exp rimenter en mati re d information aux parents aussi bien en termes de contenu que de modalit s plus simples plus directes plus concr tes Autrement dit il est peut tre n cessaire de diversifier les formes que peut prendre l information aux parents pour parvenir une v ritable communication avec eux 2 2 Le risque des doubles messages D autres ph nom nes entrent en jeu dans la communication entre l cole et les parents Nous l avons vu certains parents se sentent parfois tort ou raison
54. et de personnes et dans le second cas un rapport des processus lacte d apprendre et ce qui peut sp cifier cet acte et des produits les savoirs comme comp tences acquises et comme objets culturels institutionnels sociaux Charlot et al 1992 Or le rapport que les l ves entretiennent avec le savoir et avec l cole est fortement li certains facteurs familiaux notamment la place et au sens de l crit dans la famille Nous reprenons ici les hypoth ses avanc es par B Lahire dans son ouvrage Tableaux de familles 1993 Derri re la similarit apparente des cat gories socioprofessionnelles se cachent peut tre des diff rences des clivages sociaux dans le rapport l crit des fr quences de recours aux pratiques d criture et de lecture diff rentes des modes de repr sentation des actes de lecture et d criture diff rents des sociabilit s autour de l crit diff rentes La familiarit avec la lecture en particulier peut entra ner des pratiques tourn es vers l enfant tout fait importantes pour la r ussite scolaire Le texte crit le livre fait alors partie pour l enfant des instruments des outils quotidiens travers lesquels il re oit l affection de ses parents B Lahire 1995 A partir de l nous formulons l hypoth se suivante Hypoth se Un nombre important des l ves en difficult scolaire dans les coles de Vernier appartiennent
55. fini ci dessus soutien l enfant contacts avec les enseignants et l institution scolaire Mais d s lors qu il s agit de rep rer le capital social dans un champ de relations plus vaste il devient plus difficilement op rationnalisable Ce travail de rep rage n cessiterait lui seul une recherche en soi Or la majeure partie de notre investigation portait sur l investissement des familles dans accompagnement scolaire de l enfant et leurs relations avec l cole forme particuli re de capital social on l a vu Pour cette seconde partie nous avons centr notre attention sur l int gration sociale des familles consid r e en quelque sorte comme un pr requis la constitution d un capital social au sens plus large Il nous semble que la signification des liens sociaux sous entendue par l usage des deux concepts diff re en ce sens que le capital social met l accent sur les ressources et les profits que peut procurer l appartenance des r seaux ou des groupes alors que l int gration sociale met en avant le sentiment d appartenance l identit et la reconnaissances sociales le partage de normes et de valeurs la participation une m me culture que repr sente un r seau d changes dense Il est donc moins question dans le second cas de co ts et de b n fices et davantage d inclusion ou de rejet d un sujet dans un groupe social Il est noter qu il peut exister un d calage entre le sentimen
56. inqui taient de la difficult des relations entre l cole et certains parents de leur inaccessibilit de leur non r ponse Nous avons cherch comprendre ce qui se jouait dans ces relations familles cole de mani re indirecte en comparant le rapport l cole et la scolarit de deux groupes de familles de milieu populaire l un dont l enfant en 1 primaire suivait bien l cole l autre dont l enfant pr sentait des difficult s La recherche a confirm ce que l on savait par ailleurs savoir que ce qui caract rise les diverses attitudes de ces 85 SRED Service de la recherche en ducation parents ce n est pas seulement leur origine sociale et culturelle mais surtout leur rapport l institution scolaire et la culture qu elle v hicule leur investissement par rapport l cole et le sens qu ils lui donnent Or ce rapport l cole ne varie pas sous l effet isol de telle ou telle des variables prises en compte pr scolarisation de l enfant scolarit des parents leur rapport l crit leur investissement p dagogique etc mais bien davantage sous l effet de l interaction qu elles entretiennent entre elles bien que la prise en compte successive de ces variables ne le rende pas imm diatement visible dans notre pr sentation Ces diff rentes variables constituent en quelque sorte un syst me qui cumule leurs effets rep rables dans le rapport que ces familles
57. int gration dans la communaut est en quelque sorte la condition d acc s aux ressources mises leur disposition par la communaut pour utiliser les ressources collectives efficacement entrer dans les r seaux qui donneraient un sens la scolarit de leur enfant et donc partager les normes et les valeurs qui les am neraient accompagner efficacement cette scolarit il faudrait qu ils soient d j un tant soit peu int gr s L int gration sociale des familles serait alors vue comme un pr requis la constitution de leur capital social Mais on voit alors que le raisonnement devient circulaire pour disposer des ressources que constitue le capital social d une communaut il faudrait tre d j int gr et dans le m me 97 SRED Service de la recherche en ducation temps cette int gration appara t comme un effet de l appartenance aux r seaux et aux significations dont ils sont porteurs notamment dans le domaine scolaire Il nous para t donc pr f rable de privil gier le capital social en tant qu attribut de la collectivit et de dire plus les ressources mises la disposition des acteurs individuels par la communaut sont diversifi es adapt es leur situation particuli re ce qu ils sont en tant qu acteurs sociaux et donc accessibles plus cette communaut ou cette collectivit est riche en capital social Dans le m me temps la cons quence de l appartenance des individus des
58. interlocutrice Je pr f re aller dehors d j pour la p tite comme a elle sort aussi et puis pour moi c est le moment o je m a re Jaime pas rester enferm e a me J suis un peu comme les enfants si je sors pas une journ e le lendemain j ai mal la t te j suis pas bien famille n 4 d origine suisse Une autre famille monoparentale dont la m re ne travaille pas non plus l ext rieur vit galement l troit dans un appartement sous dimensionn Les six enfants sont plac s pour une bonne part de leur temps libre dans les organismes de prise en charge organis s par l Etat activit s para et p riscolaires et il n est fait nulle mention de moments o les enfants peuvent jouer avec des camarades la maison ou chez des voisins D s la sortie de l cole mais galement le mercredi ils sont pris en charge malgr leur forte r ticence par des 50 Lise ji PE PAS Il nous semble cependant important de noter que nous n avons pas d cel de r ticences m me l g res vis vis de certains camarades qui sugg reraient des attitudes x nophobes ou racistes 62 Familles cole et quartier enseignants ou des animateurs L espace de jeux et de sociabilit avec les pairs est donc pour les enfants compl tement ext rieur l univers familial La m re reste en dehors de ces changes et ne peut en structurer le sens M re Voil au jardin Robinson
59. l enfance Collection le sens social Presses Universitaires de Rennes 2001 DONZELOT J La police des familles Minuit Paris 1977 DUBET F Sociologie de l exp rience Seuil Paris 1994 FAVRE B amp MONTANDON C Les parents dans l cole Cahier du SRS n 30 Gen ve 1989 103 SRED Service de la recherche en ducation FORSE M Les relations sociales comme ressources in Sciences Humaines n 104 avril 2000 GRAFMEYER Y Sociologie urbaine Nathan Paris 1994 GRAFMEYER Y La s gr gation spatiale in PAUGAM S d L exclusion l tat des savoirs La D couverte Paris 1996 KELLERHALS J amp MONTANDON C Les strat gies ducatives des familles Delachaux et Niestl Neuch tel et Paris 1991 LAHIRE B Culture crite et in galit s scolaires Sociologie de l chec scolaire l cole primaire Presses universitaires de Lyon 1993 LAHIRE B Tableaux de familles Heurs et malheurs scolaires en milieux populaires Gallimard Le Seuil Paris 1995 LE BRETON J L cole un univers opaque pour les l ves et leurs parents in Les familles et l cole une relation difficile Ville Ecole Int gration n 114 sept 1998 LEVESQUE M Le capital social comme forme sociale de capital reconstruction d un quasi concept et application l analyse de la sortie de l aide sociale Universit de Montr al 2000 Mc NEAL JR R Parental
60. l immigration sont per us par les enseignants comme peu int ress s voire d missionnaires par rapport la scolarit de leurs enfants Plusieurs facteurs expliquent le malentendu entre les enseignants et les parents de milieu populaire aboutissant souvent une forme de cercle vicieux 109 SRED Service de la recherche en ducation 3 1 La disqualification des parents de milieux populaires par les enseignants Un certain nombre de chercheurs fran ais ou anglo saxons semblent s accorder sur un point c est aux familles que les enseignants attribuent principalement la responsabilit de l chec scolaire des enfants de classe populaire et ou des minorit s ethniques Ces chercheurs ont galement mis en vidence les repr sentations n gatives des enseignants propos de ces m mes familles souvent per ues comme d ficitaires trop laxistes ou exc dentaires trop autoritaires Par ailleurs plusieurs auteurs de la revue cit e C u Cunha Chauveau et Rogovas Chauveau Vrignon 1998 mettent l accent sur l attitude contradictoire des enseignants qui d une part consid rent les parents des couches populaires comme porteurs d un handicap culturel et stigmatisent leurs limites et d autre part demandent ces m mes parents de s impliquer dans la scolarit de leur enfant c est dire de jouer le r le d auxiliaires p dagogiques B Vrignon 1998 Cela les conduit enfermer les pare
61. le t l phone En revanche leur d part pr cipit du pays d origine fait qu ils n ont pu emmener aucun livre poss d l bas Dans plusieurs de ces familles il y a des livres dans l appartement et parfois le livre et la lecture sont franchement valoris s comme chez cette m re qui lit chaque soir avec sa fille elle m me abonn e depuis toute petite une revue enfantine ou encore dans cette famille o des grands fr res universitaires ont accumul les livres et leur ont donn une place de choix Mon fils qui a 22 ans il adore lire vous pouvez regarder dans sa chambre il a des livres partout partout et lui c est pas seulement qu il veut lire je dirais qu il les bouffe les livres parce que s il en prend un il est capable de rester toute la nuit jusqu ce qu il ait fini parce qu il adore il adore la lecture il adore depuis tout gamin Dans cette m me famille on le comprendra ais ment les grands fr res ont jou un r le non n gligeable dans le go t de leur petite s ur pour la lecture 45 SRED Service de la recherche en ducation Elle savait lire parce qu il y a ses deux fr res qui l aident beaucoup sans la forcer hein Elle aime bien elle aime bien surtout lire elle demande toujours ses fr res C est bien c est bien Il y a toujours des livres partout ouverts ils les lisent pour elle c est des histoires famille n 19 d origine espagno
62. les a pouss es parce qu elle avait un gamin du m me ge et tous les mercredis elle prenait les deux filles Int Ah elle travaillait avec elles P re Tous les mercredis c tait tr s tr s bien c est elle qui les a pouss es Int Mais vous pensez que vous pourriez par exemple demander la ma tresse lui dire Est ce qu il n y aurait pas des parents chez qui il pourrait aller de temps en temps pour la lecture P re silence Int Vous oseriez pas lui demander P re Non a c est j sais pas si je demande quelqu un apr s il se sentirait oblig te prendre si a vient pas tout seul mais pour les filles c est elle la m re du camarade qui a demand Elle est venue chez moi elle a dit Est ce que je peux venir les chercher mercredi pour les faire travailler Int Mais si la ma tresse vous disait par exemple Chaque mercredi il pourrait aller chez cette dame P re Il n y a pas de probl me Int Vous pensez que a serait bien pour lui P re Beaucoup pour lire pour les devoirs famille n 5 albanaise du Kosovo Pour r sumer les associations de parents sont g n ralement peu connues Si la moiti des parents connaissent leur existence peu savent vraiment ce qui s y passe et l id e qu ils s en font peut tre tr s diff rente d une famille l autre D autre part il y a certainement des parents qui auraient
63. les ann es 60 la commune s est donc engag e dans un mod le de d veloppement conomique social et politique pr sentant une assez grande coh rence autour de la modernisation par la croissance et la redistribution des b n fices de celle ci Cela se traduisait alors par des mesures tr s concr tes en ce qui concerne le logement et l am nagement du territoire favorisant notamment une certaine mixit de l habitat Or sous les effets conjugu s de divers facteurs conomiques cologiques d mographiques culturels la coh rence de ces projections a commenc s affaiblir imperceptiblement d s le milieu des ann es 70 puis de mani re plus tangible d s le d but des ann es 90 En effet avec la loi de 1992 sur le logement et la protection des locataires une redistribution de la population dans les logements subventionn s est intervenue en simultan it avec la crise 4 C est un fait d sormais av r que la culture v hicul e par l institution scolaire est majoritairement celle des classes moyennes notamment en raison du nombre grandissant d enseignants et d enseignantes issus de ce milieu 5 Sur le plan politique on peut relever la progression des partis de gauche au sein du conseil municipal ils occupaient 20 des si ges en 1959 30 en 1963 et plus de 40 partir de 1967 10 Familles cole et quartier et au d but d une croissance forte et durable du ch mage C est sur les milieux sociaux
64. les difficult s sp cifiques rencontr es par certaines des familles de notre tude ainsi que leur isolement peuvent tre interpr t es comme un d ficit en capital social celui des familles en question mais galement celui de la collectivit dans laquelle elles vivent En effet la notion de capital social fait aussi r f rence un syst me de valeurs de r gles et de normes de r ciprocit surtout mais pas seulement partag es au sein d un r seau ou d une collectivit Or dans plusieurs des situations voqu es le dialogue entre l institution cole et l institution famille se heurte une grande m connaissance de part et d autre des valeurs r gles et normes en vigueur chez l interlocuteur Compte tenu de l asym trie qui caract rise souvent la relation entre ces deux types d acteurs il revient nous semble t 1l l institution scolaire de faire un effort d explicitation de son propre syst me de valeurs et de normes mais aussi un effort de compr hension de celui de l autre pour am liorer la communication sociale entre eux Ce n est qu ce prix que l on pourra d velopper entre cole et familles des attitudes communes g n ratrices d une dynamique sociale ducative positive donc de r ussite scolaire au sens o l entend Chauveau De plus une bonne communication cr e de la confiance entre les interlocuteurs et leur permet d atteindre plus efficacement un objectif
65. ma fille L je l ai mise deux fois par semaine la cr che pour qu elle apprenne un petit peu famille n 1 d origine portugaise soulign par nous Parmi les sept bons l ves ayant fr quent un jardin d enfants on remarque que pour trois familles au moins ce placement ne rel ve pas exclusivement d un besoin de garde d enfant pendant le travail des parents d ailleurs la plupart des bambins n ont fr quent ces institutions qu temps tr s partiel mais d une strat gie ducative explicite dans le but de les pr parer l cole Cela montre que pour ces parents la scolarit de l enfant est pr par e investie avant m me qu il ait atteint l ge scolaire Les deux on les a inscrites au Tr fle jardin d enfants parce qu on a trouv que c tait tr s bien de sociabiliser d j les enfants l cole de les pr parer pas les mettre tout d un coup l cole et on a trouv tr s bien parce qu on avait commenc lentement et puis la deuxi me ann e elles allaient tous les apr s midi Et c est vrai que a leur a fait plus de bien qu autre chose famille n 7 d origine espagnole Oui le jardin d enfants l a aid pour l cole parce quand il tait tout petit il tait insupportable vraiment on savait pas quoi en faire hein et puis d tre entour de gamins a lui a fait du bien et surtout apr s d tre all l cole d
66. monde j connais personne Int Il se prom ne beaucoup dans le quartier M re C est cela m me l il prend contact facilement avec les gens Int Ses copains ils viennent des fois jouer ici M re Il y en a pas mal qui viennent ici comme hier mon mari il tait pas content il est arriv ici ils taient deux il dit qu il veut pas qu il ouvre la porte personne quand il est pas l ce moment l il dit Je suis d accord mais c est vrai c est des gens qu on conna t dans le quartier et tout a Int Et lui il va chez d autres familles dans d autres maisons M re Il y en a qu un seulement un petit Italien de la m me cole que lui c est le seul qu il aime bien aller ils s entendent tr s bien tous les deux part a mon mari il veut pas non plus qu il court gauche et droite il pr f re qu il soit au parc en train de jouer plut t avec le v lo plut t qu il soit chez des voisins famille n 21 d origine portugaise Dans certains cas l accueil limit de petits camarades domicile semble faire cho une m fiance plus large exprim e par les parents P re J aime pas beaucoup me faire du contact ni voir des gens que je connais pas lea Int Elle am ne des fois des amis ou des petites copines jouer la maison Ou est ce qu elle va dans d autres familles M re Pas beaucoup pas beaucoup ici la maison moi
67. origine suisse c est leur propre scolarit et son lien avec leur projet de vie qui para t jouer un r le d terminant Toutefois parmi les enfants de milieu populaire tous sont loin d tre en chec Ce qui diff rencie les enfants en difficult scolaire ou en chec et les enfants qui r ussissent c est la mesure dans laquelle les apprentissages scolaires sont valoris s par leur famille et s inscrivent dans un projet d insertion sociale culturelle et professionnelle et constituent pour elle et pour l enfant un moyen d int gration privil gi 2 2 Dispositif de recherche et choix de m thode Compte tenu de ces bases conceptuelles tr s sommairement rappel es ici et la suite des travaux de B Lahire 1993 et 1995 nous nous sommes interrog s sur ce qui faisait la diff rence entre les familles de milieu populaire dans lesquelles l enfant r ussit l cole et celles o cela ne semble pas tre le cas Pour avoir acc s des familles de ce milieu nous avons sollicit la collaboration de cinq enseignantes titulaires d une classe de 1 primaire et travaillant dans deux coles implant es dans des quartiers populaires de la commune tudi e Au printemps 2000 nous leur avons demand de nous signaler un certain nombre d enfants de milieu populaire dont la moiti suivait bien l cole alors que l autre moiti tait en difficult Par leur entremise nous sommes ensuite entr s en contact avec cer
68. ou comme un reproche de la part du parent qui la re oit 8 Cette derni re citation mane d une m re de famille en situation pr caire dont tous les enfants sont en difficult et avec laquelle il est difficile d entrer en contact Elle repr sente sans doute pour les enseignantes le type m me de famille probl matique avec laquelle les professionnels se sentent dans l impuissance et qui les plonge dans le d couragement Ce t moignage est particuli rement int ressant parce qu il montre bien que m me si les enseignantes croient n en rien laisser para tre la repr sentation qu elles ont de certains parents influence inconsciemment leur mani re d tre dans l interaction et que la personne concern e per oit parfaitement ce qu il en est Cela dit on peut galement faire l hypoth se qu il s agit l d un ph nom ne de projection Cette m re de famille attribuerait alors l enseignante l origine de l image n gative qu elle se fait d elle m me Autrement dit elle interpr terait comme un signe de d valorisation de la part de l enseignante ce qui est en fait une forme d auto d valorisation comme elle a une pi tre image d elle m me elle s imagine que tout le monde la voit comme elle se voit Ce n est d ailleurs certainement pas par hasard que cette m re de famille soit la seule personne parmi tous les parents contact s qui ait pr f r nous rencontrer dans nos locaux plut t que de
69. passant par le rapport au milieu associatif et au quartier Nous faisons l hypoth se d un lien fort entre l int gration ou au contraire l isolement des familles et l exp rience scolaire de leur enfant notamment du point de vue de leurs apprentissages l cole Nous passerons ainsi en revue les pratiques d invitations entre enfants l accueil des petits camarades dans le cadre familial les contacts informels avec le voisinage ou la participation la vie associative Dans la partie conclusive nous proposons de resituer la probl matique tudi e dans une lecture sociologique des relations familles cole Nous cherchons galement tirer parti des constats mis en vidence dans les deux premi res parties pour baucher une r flexion sur les 14 Les al as de notre mode de recrutement des familles ont fait que sur cinq familles monoparentales de notre corpus quatre se retrouvent dans le groupe dont l enfant a de la peine suivre l cole Nous tenons avant tout viter la stigmatisation et le dangereux amalgame enfants de parents divorc s enfants en difficult scolaire Cependant il reste vrai que dans le milieu populaire la situation des m res seules est plus souvent pr caire que dans d autres milieux sociaux 15 Pour certaines familles albanaises du Kosovo nous avons recouru aux services d une traductrice albanophone ce qui fait que certaines citations issues de ces entretiens ne refl tent pas exac
70. pr parer au mieux l cole Autrement dit au del de l effet b n fique de l exp rience elle m me du jardin d enfants pour l int ress la strat gie et l investissement ducatifs de ses parents manifest s par ce placement se r v lent tout aussi importants pour son avenir scolaire 2 Le rapport l institution scolaire et ses acteurs Afin de mieux comprendre la diversit des investissements parentaux l gard de la scolarit de leur enfant donc la place occup e par l cole dans la famille nous avons cherch savoir quel rapport les parents entretiennent avec l cole en tant qu institution autrement dit la valeur et le sens qu ils lui accordent ou leur degr d engagement par rapport aux finalit s de l cole Pour cela nous leur avons demand comment ils avaient v cu leur propre scolarit quels souvenirs bons ou mauvais ils en gardent mais aussi leurs sujets de satisfaction ou leurs critiques l gard de l cole suivie par leur enfant ventuellement par comparaison avec ce qu ils avaient connu leur appr ciation de l enseignante et de l information re ue ce qu ils attendent de l cole en g n ral A ceux qui viennent d un autre pays nous avons demand en quoi l cole primaire genevoise actuelle diff re de ce qu ils avaient connu dans leur lieu d origine et de ce qui s y passe encore aujourd hui 2 1 Scolarit des parents Dans la majorit des f
71. que des parents entretiennent une relation difficile avec l institution scolaire que leurs enfants sont en difficult ou est ce parce ces derniers vont mal l cole que les parents se mettent la critiquer et en ont une image n gative Les choses ne sont sans doute pas aussi simples que cela La tentation est grande lorsque son enfant ne r ussit pas d en attribuer la faute l cole et aux enseignants fa on classique et combien compr hensible de r soudre une situation de dissonance cognitive On sait que dans ce genre de situation les parents manifestent de l agressivit et de l animosit l gard de l cole leurs critiques se font virulentes Cela peut tre renforc par les messages ambigus et contradictoires de certains enseignants qui les culpabilisent voir C u Cunha 1998 Cependant on peut se demander si dans certaines familles avant m me que l enfant ne soit en situation d tre valu par rapport des objectifs d apprentissage 1l n existe pas un climat de m fiance ou de critique g n ralis es envers l cole L enfant serait alors conditionn ne pas se sentir l aise ni en confiance l cole et parfois m me justifi n y pas r ussir Dans ce cas les difficult s qui surviennent par la suite ne font que renforcer un climat de d fiance d j l Simple supposition qui reste v rifier A l inverse un rapport positif l institution scolaire se tradu
72. que les parents comme nous l explique le p re ont toujours encourag activement leurs enfants aussi sur le plan mat riel et ont conscience du r le qu ils peuvent ainsi jouer dans leur scolarit Moi je pense que si on stimule les enfants si on les stimule bien vis vis de l cole je parle les enfants ils aiment l cole bien ils aiment par contre si on les laisse faire n importe quoi alors partir de ce moment l ils peuvent trouver des mauvaises compagnies et puis on perd les enfants et puis on perd l cole et puis on perd des ann es et puis on perd tout Moi je stimule mes enfants beaucoup je paye les vacances pour eux et m me si je reste sans le sou c est pas grave c est Profitez profitez parce que toute l ann e ils ont boss Ils ont toutes les conditions c est que chacun il a son ordinateur son internet et tout ce qu ils aiment et puis voil famille n 19 d origine espagnole Dans les familles des enfants qui vont bien l cole on en trouve galement une majorit huit sur douze qui offrent leur enfant une stimulation cognitive en plus du suivi proprement scohire notamment en mettant leur disposition des livres des jeux ducatifs dans le d sir de renforcer leurs apprentissages de stimuler leur curiosit Il est curieux de tout dans le fond il est tr s curieux D s qu il y avait quelque chose qui lui plaisait le Petit chaperon ro
73. rapport l institution scolaire et ses acteurs ss essessssssoosssseesesesscosoee 20 2 1 Scolarit d s parents nennir eraiienssanles aO EEE selon a KERETE tte sente 20 2 2 Comparaison avec d autres syst mes scolaires 23 2 3 Appr ciation de l cole et des enseignantes 24 2 4 La question de la poule et de l uf ss 31 3 Investissement scolaire et rapport l crit des familles sssssssssesesssssesses 32 3 1 Les types de contacts avec l cole 32 3 2 Soutien scolaire et investissement p dagogique 37 3 3 La qu sSuon du capital SCO Ar iieaoe nee Genet let fn i naiera en 44 34 Le rapport l crit 455 28 nine em nn en an Anar nine in nt tn ein 45 4 Les styles d ducation et la coh rence ducative l uvre dans les familles 46 4 1 Divers Styles ducatifs ialen sin ansien anosa sa i a a a 47 4 2 La question de la coh rence ducative eeseseeesesesesssssesesesesesrsesesererereresrreresererereseseeee 50 5 Une typologie du rapport l cole des familles de milieu populaire ss 52 S 1 E partenariat ns ten ee enter rte EE nette ENE eaea E Easa 53 5 2 La d l gations menant tt EE Mn tete alone dan Master tel Donne 54 5 93 LA T SIENAUON LEURS Ra ee a Ra en da RE le a ne 55 SAL amb VENCE eae eE Rd EMA MAR nn mener NAS 55 SRED Service de la recherche en ducation
74. retombe sur la question du capital social L une de nos hypoth ses consistait consid rer comme facteur influen ant n gativement la r ussite scolaire non seulement l isolement de l l ve face l cole les activit s scolaires ne faisant pas sens pour lui mais galement celui de sa famille par rapport son environnement immeuble quartier ainsi qu la soci t d accueil lorsqu il s agit d une famille immigr e Comme nous l avons vu l enfant en chec vit une exp rience de solitude sociale aussi bien l cole que dans sa famille dans son rapport l cole De plus en arri re fond c est souvent sa famille elle m me qui se trouve isol e mal int gr e socialement en situation de repli ou d exclusion 5 1 Int gration sociale et capital social Cela nous am ne nous interroger sur les relations entre int gration sociale et capital social Si nous consid rons le capital social comme un attribut des familles ou des individus qui la composent dire qu ils sont seuls ou mal int gr s c est dire qu ils souffrent d un d ficit de capital social Si nous consid rons au contraire le capital social en tant que r alit collective ou attribut de la collectivit commune cole quartier nous dirons qu ils n ont pas acc s aux ressources de la collectivit ou qu ils ne sont pas en mesure de les utiliser et de leur donner sens Nous sous entendrons alors que leur
75. se passe pas entre un sujet et un sujet B entre un individu enseignant et un autre individu parent elle privil gie ce qui rel ve de la bonne ou de la mauvaise volont des personnes ou de difficult s d ordre technique Elle oublie que cette communication ou cette relation s inscrit dans une autre communication ou une autre relation les rapports sociaux entre deux institutions cole famille et entre deux cat gories sociales enseignants ouvriers peu qualifi s On doit aborder ce ph nom ne comme un rapport social en prenant en compte des facteurs sociologiques tels que les positions sociales des acteur individuels ou collectifs en pr sence G Chauveau 2000 L auteur insiste cependant il ne s agit pas de se focaliser sur la distance sociale ou culturelle existant entre le milieu scolaire d une part la culture et le milieu d origine des l ves d autre part mais sans oublier cette distance de voir ce qu en font les personnes concern es Comment communiquent des instances et des personnes tr s loign es ou diff rentes sur le plan social et culturel Selon Chauveau les perturbations de l apprentissage et de la scolarit observ es chez des enfants dits d favoris s doivent tre mises en relation avec les perturbations de la communication sociale entre l cole et les familles soulign par nous C est pourquoi nous insistons sur cet
76. sont plut t per ues comme un peu distantes ou neutres comme des relations de politesse sans plus des relations bonjour bonjour ou faites de petites conversations peu fr quentes sur le temps qu il fait En bref ces parents voquent une sorte de sociabilit minimale mais sereine 12 Familles cole et quartier Le travail le manque de temps sont souvent la source d une relative indisponibilit pour investir dans des relations de voisinage comme l exprime cette m re de famille monoparentale qui est compl tement mobilis e par les exigences de la vie quotidienne Int Vous faites partie d une soci t ou quelque chose M re Non je fais pas partie non non Bon ben y a les autres mamans certaines mamans des copines de la m me classe bon ben on se voit dans le pr au on discute et tout mais a s arr te l Int Elles viennent pas chez vous boire un caf ou M re Non non non j ai pas beaucoup de temps hein J ai recommenc travailler c est la course tout le temps famille n 8 d origine suisse Dans les familles dont l enfant va bien l cole les relations de voisinage sont ainsi d crites de mani re assez diverse mais jamais il n est fait mention de situation de mauvais voisinage ou d un v ritable isolement 3 3 Int gration difficile scolarit difficile Dans certaines familles de ce groupe familles c est l ensemble du
77. sont dans cette situation dans les deux cas la m re a eu elle m me une scolarit laborieuse difficile et jalonn e d checs Il est sans doute difficile de modifier de telles repr sentations ancr es sur au moins deux g n rations d exp riences n gatives avec l institution scolaire Toute occasion qui permet aux parents de mieux conna tre l cole d y vivre des exp riences positives et gratifiantes c est dire qui leur donne un autre r le que celui de parents d enfants en difficult pourrait infl chir leur vision n gative des choses Autrement dit l cole ventuellement avec l aide de l association de parents pourrait cr er des v nements qui donnent une place ces parents et les valorisent Des mesures dans le sens de l assistance ducative voqu e plus haut seraient sans doute souhaitables pour leur redonner confiance en leurs propres capacit s ducatives De plus pour les cas o cette r signation parentale est renforc e par des contacts difficiles voire conflictuels avec l un e ou l autre des enseignant e s il serait peut tre utile d avoir une instance de m diation pour r soudre le malentendu ou le conflit 5 4 L ambivalence Ce type de rapport l cole se d finit par une attitude contradictoire des parents D une part ils pensent que l cole est importante et ils s impliquent dans le suivi de l enfant le font travailler etc et d autre part ils critiq
78. travailleurs que ce p re refuse de participer l association de parents Cette perception ainsi que le tr s petit nombre de parents s int ressant ce type d associations nous conduit poser la question de la distance sociale existant entre les membres actifs des associations de parents et leurs membres potentiels On peut d ailleurs se demander si les parents de milieu populaire n auraient pas davantage besoin d une association qui se donnerait des buts concrets plus sociaux plus directement en prise avec leur r alit quotidienne Dans cet ordre d id e on peut imaginer par exemple que l association organise entre ses membres un r seau d aide aux devoirs qui soulagerait les familles ne poss dant pas le bagage culturel francophone pour accompagner le travail scolaire de leur enfant C est d ailleurs un besoin explicitement formul par certains parents comme ce p re d origine albanaise qui ne sait pas tr s bien comment s y prendre pour soutenir son fils en difficult scolaire et qui n ose pas demander de l aide ni la ma tresse ni ses voisins P re Moi je voulais regarder s il y avait quelqu un pour venir la maison 81 SRED Service de la recherche en ducation Int Pour l aider pour travailler avec lui P re Mais j sais pas bien comment a va C est que jvous dis franchement pour les grandes la Servette c tait une dame c est elle qui
79. une vie sociale plus intense mais ne peut m me pas se rendre aux r unions de parents en raison de son travail Le p re fatigu par le travail de nuit ne r ve que de se reposer pendant son temps libre La fille a n e se retrouve ainsi seule face l cole dont la philosophie et les pratiques p dagogiques s av rent totalement diff rentes de celles des syst mes scolaires fr quent s par ses parents Histoire en bref d une int gration non aboutie sur fond de solitude dans un climat de m fiance et de fatalisme mais illustration aussi d un mode de fonctionnement familial les familles parall les selon Kellerhals 1991 caract ris par une faible coh sion interne et une relative fermeture l ext rieur Diverses r ponses au d racinement Dans certains cas le d racinement brutal de toute une famille est l origine d un grand isolement social dans la soci t d accueil malgr la tentative d y reproduire un environnement rappelant le pays d origine Dans l exemple suivant n 13 la famille largie l oncle paternel et sa famille habitent le m me immeuble est la clef de vo te de l organisation familiale Les deux m nages passent leur temps libre soir es et week ends ensemble les enfants sont toujours les uns chez les autres On a affaire un syst me familial relativement autonome sorte d lot un peu perdu dans la soci t suisse Il est difficile de rendre compte de ce qui s
80. ves une exception pr s malgr quelques critiques mod r es et qui vont plut t dans le sens d une am lioration de l cole consid r e d j comme satisfaisante ont un rapport tr s positif l institution et aux institutrices responsables de leurs enfants Contrairement aux parents de l autre groupe ils adoptent moins facilement une attitude fataliste l gard de l avenir et ont d ailleurs de grandes attentes l gard de l cole que leur propre parcours les conduit souvent consid rer comme un facteur de progr s et de mobilit sociale Aujourd hui sans cole on va nulle part M me pour balayer les rues on demande des dipl mes alors je veux dire c est pas seulement Gen ve en Espagne c est pareil on demande d j l cole primaire partout Parce que ma m re mon p re ils allaient l cole quand il y avait pas de travail la maison quand ils pouvaient y aller Je veux dire aujourd hui c est obligatoire Pour nous c est tr s important on y tient en tout cas on tient les suivre famille n 9 d origine espagnole J aime bien que mes enfants comment il faut dire mon fils qu il devienne je sais pas m decin ou avocat tout a Moi je travaille pour qu il fait des tudes je veux pas que mon fils devient serveur comme moi famille n 22 albanaise du Kosovo I fera ce qu il veut ce que nous on a pas pu faire avant
81. ARVER K Social Capital and the Generation of Human Capital Social Forces juin 1997 THIN D Quartiers populaires l cole et les familles Presses universitaires de Lyon 1998 ZEHRAOUI A Les relations entre familles d origine trang re et institution scolaire attentes et malentendus in Les familles et l cole une relation difficile Ville Ecole Int gration n 114 sept 1998 104 Familles cole et quartier ANNEXE I L INTERFACE SOCIO EDUCATIVE DANS LA COMMUNE DE VERNIER La population de Vernier s est modifi e de fa on importante au cours des derni res ann es cf supra le pr ambule et l introduction Dans certains quartiers de la commune cela a abouti une concentration de familles de classe populaire et ou en situation pr caire dont beaucoup sont issues de l immigration r cente Celle ci est par l origine nationale et la culture des migrants beaucoup plus h t rog ne que l immigration traditionnelle des ann es 60 70 italienne et espagnole Ce nouveau public scolaire pose des probl mes sp cifiques de socialisation et d apprentissage Le groupe Communaut s ducatives prend pour objet d tude l interface socio ducative dans le contexte verniolan Trois th mes feront l objet d une attention particuli re en rapport notamment avec le lien social la coh sion sociale et le capital social 1 Le r le de l cole dans la construction du capital social ce qu
82. DE VERNIER ss 105 1 Capital social et interface socio ducative ses eesseessssosoossessenesssssocssssessene 105 1 1 Le r seau de relations internes aux familles 106 1 2 Projet migratoire insertion sociale des familles et r ussite scolaire 106 1 3 Le r le de l cole dans la construction de capital social 106 2 La question des apprentissages et du rapport AU Savoir essssesssesececesececececssecsesessesesee 108 2 1 Langage rapport au savoir et l crit ss 109 3 Les relations familles cole ris ices ana its i neddui a pattes doi tation its esse 109 3 1 La disqualification des parents de milieux populaires par les enseignants 110 3 2 Participation ou retrait plusieurs mod les culturels de la relation familles cole 110 3 3 Les effets pervers de l opacit du syst me scolaire pour certains parents 110 3 4 L investissement invisible des parents de milieu populaire 111 ANNEXE 2 TRAME D ENTRETIEN AVEC LES PARENTS ssssssssssssoosssoossooencosseosssoonsesescossscoss 113 ANNEXE 3 RECUEIL DE DONNEES AUPRES D ENSEIGNANTES DE 1P A PROPOS DE QUELQUES UNS DE LEURS ELEVES e seesssosssoesssesssosssoossoosssossssesssesssoossoossssssssesssesssoesssosse 17 SRED Service de la recherche en ducation Familles cole et quartier INTRODUCTION LA SCOLARITE ET SES ENJEUX DANS UN QUARTIER POPULAIRE La polarisation sociale de
83. DEUXIEME PARTIE CAPITAL SOCIAL INTEGRATION DE LA FA MILLE ET 1 Quelques pr cisions conceptuelles eesesssssesseeeeesorenesssosoossessessesscscoossssecsesncee 57 2 La sociabilit enfantine le r le des parents ss seeessesseneenseseesesssses 61 2 1 L pineuse question des invitations entre enfants 61 2 2 Les invitations aux anniversaires ire 66 3 L int gration sociale des familles sssssssseesessenseeesesssssoosseseesesessccses 70 3 1 Liens av c la famille largie errre e neono E EEEE ERAR EEEE RERE stades trees 70 3 2 Int gration sociale et r ussite scolaire eeeeeeeeeeeeeeeesesesereeeessssesrrereessssesrrrreesssssserrreese 72 3 3 Int gration difficile scolarit difficile 73 3 4 Autres situations de familles d l ves en difficult 76 4 La Vie ASSOCIATIVE nets st ste ess see eessen eissa ee e EEEo eE eee one eecs Rene es ce do 79 4 1 L association de parents 79 4 2 Autres ASSOCIATIONS 54 nn en tn ten nn tt E ere en nee tenu 82 CONCLUSION LE CONTEXTE SOCIAL DE LA COMMUNICATION FAMILLES ECOLE ET SES IMPLICATIONS CONCRETES sesssesssoesssosssoeessesssesssoossoossossssoeessesssoossooesossessesssesssoesssosssse DO 1 Les enjeux de la communication familles cole esosesosososososososssosososososssssssosssosssssssessso 85 2
84. FAMILLES ECOLE ET QUARTIER De la solitude au sens chec ou r ussite scolaire d enfants de milieu populaire Jean Marc JAEGGI et Fran oise OSIEK avec la collaboration de Bernard FAVRE Avril 2003 Service de la Recherche en Education 12 Quai du Rh ne 1205 Gen ve T 41 022 327 57 11 41 022 327 57 18 SRED Service de la recherche en ducation Compl ments d information Fran oise OSIEK T l 41 022 327 70 49 francoise osiek etat ge ch Bernard FAVRE T l 41 022 327 70 47 bernard favre etat ge ch Jean Marc JAEGGI T l 41 022 327 70 54 jean marc jaeggi etat ge ch Responsable de l dition Narain JAGASIA T l 41 022 327 74 28 parain jagasia etat ge ch Web http www geneve ch sred Diffusion SRED 12 Quai du Rh ne 1205 Gen ve Suisse T l 41 022 327 57 11 Fax 41 022 327 57 18 Familles cole et quartier AVANT PROPOS Les recherches concernant les relations familles cole rel vent d une tradition au Service de la recherche en ducation De 1987 2001 une demi douzaine de travaux ont tent d analyser cette relation la fois incontournable et fragile aussi bien du point de vue des parents que de celui des enseignants A la suite de plusieurs enqu tes r alis es par questionnaire aupr s de populations relativement importantes environ 700 800 r pondants la pr sente tude fait le pari d une d marche qualitative bas
85. a 1998 dans une s rie d articles r unis dans le n 114 de la revue Ville Ecole Int gration sous le titre Les familles et l cole une relation difficile Signalons aussi la contribution de J Y Rochex 1997 Les ZEP un bilan d cevant in La scolarisation de la France ouvrage collectif Voir aussi Zehraoui A 1996 Processus diff rentiels d int gration au sein des familles alg rienne en France Revue fran aise de sociologie vol XXXVII 2 1996 Zeroulou Z 1998 La r ussite scolaire des enfants d immigr s Revue fran aise de sociologie vol XXIX 1988 110 Familles cole et quartier les parents de milieu populaire et peuvent tre interpr t es comme du laxisme un manque d autorit voire du d sint r t pour l l ve Le Breton 1998 Ils ont alors le sentiment que l cole n assume pas ses missions et prennent eux m mes en charge les apprentissages leur mani re de fa on parall le et contradictoire aux efforts des enseignants Vrignon 1998 Ainsi certains de ces parents per us comme d missionnaires par les enseignants se r v lent au contraire des acharn s de la p dagogie mais leurs efforts peuvent se r v ler contre productifs pour la r ussite de leur enfant cela tant confirm par les recherches de Chauveau et Rogovas Chauveau 1998 Les enfants sont alors pris entre deux feux Avec des cadres de r f rence parfois radicale
86. a famille 4 2 Les r ponses possibles de l cole Compte tenu de ce qui pr c de on comprend que si la situation de ces familles est toujours structur e par ces trois m mes l ments elle peut tre v cue subjectivement de multiples mani res Par cons quent il n existe pas une r ponse unique valable pour chacune des familles se trouvant dans cette situation Comment l cole peut elle r pondre cette diversit Nous avons envisag trois grands types de r ponses qui devront tre adapt es en fonction de l exp rience sp cifique des familles concern es Dans notre sch ma elles figurent aux sommets du petit triangle 1 Expliquer les difficult s de l enfant Soit qu ils manquent de points de rep res ou ne les aient pas compris pour savoir o en est leur enfant soit que le d sir de le voir r ussir les incite au d ni de ses difficult s ou parfois pour ces deux raisons la fois souvent les parents ne r alisent pas tout de suite que leur enfant a de la peine suivre Leur expliquer tr s t t la situation scolaire de leur enfant pour les mobiliser et les associer son effort de 96 Familles cole et quartier rattrapage n est que la suite logique d une meilleure information plus accessible et plus concr te sur les attentes de l cole et les objectifs d apprentissage voir le Breton 1998 2 Valoriser les comp tences parentales Prenons l exemple de la lecture Tous les parents sa
87. aboration avec des infirmi res scolaires des psychologues et des assistantes sociales du Service m dico p dagogique ou encore des animateurs des Maisons de quartier pourrait d boucher sur la cr ation de lieux de parole et d change o les parents int ress s pourraient venir discuter de probl mes ducatifs entre eux et avec des professionnels 3 Le cas des familles davantage hors jeu Certains parents sont dans une situation d impuissance et de souffrance qui n a rien voir avec une d mission Charlot 1998 Le contact avec les diff rentes familles de notre tude nous a confirm dans notre intuition qu aucune d entre elles ne se d sint resse totalement de la scolarit de son enfant Elles ne sont pas davantage indiff rentes ce qui se passe l cole quand bien m me elles en ont parfois une image n gative et vitent les contacts avec les agents de l institution Autrement dit il n est pas juste de parler de la d mission de ces parents alors qu il s agit de tout autre chose comme l exprime si justement la citation en exergue Simplement les difficult s mat rielles et sociales ainsi que les al as de la vie font que certaines d entre elles ne peuvent s impliquer autant qu elles le voudraient ou de la mani re souhait e par les enseignants Elles sont en quelque sorte perdues entre d un c t le d sir de voir r ussir leur enfant et de l aider dans ce but et de l autre
88. ages et des attitudes contradictoires entre eux soit que le climat ducatif soit de mani re g n rale plut t confus pas d attentes ni d exigences ni de r gles explicitement rmul es l intention de l enfant Quand il s agit de familles monoparentales on a l impression que les m res sont d pass es par l ampleur de leur t che et n arrivent pas cadrer leur enfant ou alors qu elles affichent des attitudes contradictoires vis vis de l cole et quant aux exigences qu elles peuvent avoir l gard de leur enfant Ce n est pas que ces parents n aient pas d attentes ni de d sirs par rapport leur enfant mais cela n est pas explicite La plupart du temps les choses restent dans l ambigu t ou le non dit et l enfant semble alors avoir moins de points de rep res pour se situer En essayant de rep rer les styles ducatifs l uvre dans les familles nous avons pu constater quel point en plus d un indispensable soutien affectif les enfants tiraient b n fice d un certain cadrage autrement dit quel point il tait structurant pour eux d avoir affaire des exigences clairement formul es ainsi qu certaines r gles de vie Cela leur donne des rep res quant aux comportements atendus et le sentiment que leurs parents s int ressent eux comme nous lont expliqu des l ves de 6 primaire au cours d une autre recherche notamment propos des punitions voir Mont
89. ait que cette m re soit la seule de tout l chantillon n avoir pas souhait nous recevoir chez elle est sans doute significatif d une certaine m fiance d ailleurs exprim e l gard des services sociaux par ailleurs tr s sollicit s ainsi que d une relative fermeture aux regards ext rieurs 63 SRED Service de la recherche en ducation plus avec les autres aussi Et puis m me si elles sont pas vraiment tr s copines elle descend quand m me Elles faisaient un cheni d sordre a m arrange aussi quand elles sont en bas famille n 23 d origine italienne Dans une autre famille l enfant joue quelque fois la maison avec des camarades mais cela reste rare le p re n appr ciant gu re la pr sence d autres enfants et pr f rant nettement que son fils joue dehors dans l enceinte de la cit o d ailleurs il semble jouir d une assez grande libert de mouvement Int Et comment a se passe avec ses copains d cole ou bien de la maison Il a beaucoup de copains M re Oui il s entend tr s bien m me moi des fois je suis tonn e quand j ai mon cong quand je passe au centre commercial tout pr s pour boire le caf avec lui le matin prendre le petit d jeuner vers 10 heures d entendre tout le monde lui dire Salut Alberto Les grands tout a m me les dames des fois Ah vous tes la maman d Alberto Il conna t tout le
90. amilles de notre corpus quelles que soient les performances scolaires des enfants par ailleurs l un des deux parents au moins a un souvenir plut t positif de sa propre scolarit S il est vrai que dans la plupart des cas c est la m re qui garde le meilleur 18 Nous consid rons les familles albanaises comme un cas un peu part du fait que par tradition culturelle semble t il et souvent aussi pour des raisons conomiques elles ne recourent pas aux institutions de la petite enfance 20 Familles cole et quartier souvenir de sa scolarit alors que le p re en a un plus mitig voire peu enthousiaste il existe des familles o les deux parents disent avoir bien aim l cole Deux p res au moins regrettent de n avoir pu faire d tudes l un d eux envisage m me d tudier le droit si c est possible son retour au Kosovo Ce qui fait la diff rence entre les familles de bons et de moins bons l ves ce propos c est la proportion de parents ayant un souvenir n gatif de leur p riode scolaire mais aussi l usage diff rent que les autres font le cas ch ant de leurs bons souvenirs les uns prennent appui sur leur propre exp rience pour valoriser l cole alors que les autres s y r f rent plut t pour critiquer l cole actuelle En fait ce qui est d terminant para t tre le type de rapport que les parents tablissent entre leur propre scolarit et celle de leur enfant et non pas t
91. andon 1997 Les enseignantes avec lesquelles nous avons collabor pour cette tude nous ont dit de leur c t que parfois elles taient appel es sugg rer certaines r gles ducatives notamment propos de la t l vision et du sommeil des enfants des parents qui semblaient d munis devant certains comportements de leurs rejetons Par ailleurs le rep rage de la pr sence ou non d une coh rence ducative au sein des familles peut donner aux enseignantes des l ments suppl mentaires de compr hension du fonctionnement familial Elles en ont d ailleurs souvent une intuition spontan e Au travers des multiples contacts informels elles comprennent en effet assez rapidement avec qui faire alliance dans la famille pour accompagner au mieux la scolarit de l enfant sans pour autant laisser de c t le parent actuellement absent des affaires scolaires A ce propos les enseignantes ont pu constater plusieurs reprises quel point les p res qui par tradition et pour des questions d horaire sont souvent plus loign s de la vie quotidienne de leur s enfant s et notamment de leur v cu scolaire se font une id e erron e de l cole dans laquelle ils mettent rarement les pieds Quand force de pers v rance une enseignante arrive y faire venir les plus r calcitrants cela peut d clencher chez le p re concern une prise de conscience b n fique pour la suite de la scolarit Je lui ai deman
92. ant le fait en soi d avoir t bon ou mauvais l ve ou encore d en garder des souvenirs positifs ou n gatifs Une image positive de l cole Dans la totalit des douze familles dont l enfant va bien l cole l un des deux parents au moins le plus souvent la m re garde un tr s bon souvenir de son passage l cole Une demi douzaine de m res d origine portugaise ou espagnole ont fait quelques ann es d cole secondaire dont deux d entre elles en France et avaient commenc d y apprendre le fran ais et parfois l anglais Elles ont interrompu leur scolarit pour des raisons financi res et ou parce qu il leur tardait de travailler pour s manciper de leur famille mais toutes disent le regretter L une d entre elles qui ne se satisfaisait pas de faire des m nages en arrivant Gen ve et en voulait plus a d ailleurs suivi une formation du soir tout en travaillant la journ e et se retrouve aujourd hui secr taire comptable Voici comment ces m res parlent de leur scolarit et ou de leurs regrets Oui oui l a m a pass mais j ai eu une p riode o je faisais m me des cris j en pleurais a me manquait trop trop de ne pas pouvoir continuer une formation Au Portugal j avais tous les livres depuis le d but de l cole et puis j avais dit mon mari Je vais prendre tous les livres ici et puis je vais faire comme que je suis l cole commencer lir
93. ante Bien que dans les petites classes les contacts informels avec la ma tresse soient fr quents pour les parents qui am nent eux m mes l enfant l cole la grande majorit de ces parents prennent spontan ment l initiative d aller voir l enseignante pour lui parler de la progression de l enfant sans attendre d tre convoqu s Ils t moignent ainsi de leur int r t pour les choses de l cole se montrent parfois soucieux veulent tre s rs que tout va bien a va je suis bien inform e parce que moi je vais souvent aussi la voir l enseignante poser des questions famille n 1 d origine portugaise Cet int r t est galement per u par les enseignantes chez les parents qui s enqui rent spontan ment de la progression de leur enfant Oui le p re vient me voir spontan ment Souvent il me l am ne au retour des vacances ou il vient huit heures et demie et on discute un moment Les deux parents suivent bien Juliana ils s en inqui tent beaucoup Mais comme le papa parle mieux le fran ais je pense que c est lui qui a t d l gu par le couple pour tout ce qui tait scolaire contrairement l habitude enseignante propos de la famille n 6 d origine portugaise Dans certains cas comme pour ces parents d un enfant pr coce qui a une ann e d avance le fait que l institutrice parle de mani re logieuse de leur fils est une source de gratification non
94. antine et tout a on apprend presque rien Apr s en 1 ann e c est d j un peu plus fort et puis apr s quand ils arrivent au Cycle tout coup vroum Les enfants ils arrivent pas ils ont des difficult s il y a des enfants qui n arrivent pas suivre famille n 19 d origine espagnole Cette crainte n est pas tout fait sans fondement Elle refl te l exp rience v cue par de nombreux enfants de milieu populaire Il arrive assez fr quemment en effet qu apr s un d but de scolarit sans difficult s ces derni res surviennent au moment du Cycle d orientation On peut attribuer cette volution deux facteurs D une part avec la diversification et la complexit croissante des apprentissages les parents n arrivent plus ou plus aussi bien suivre la scolarit de leur enfant et l aider pour ses devoirs D autre part et c est sans doute plus d terminant encore les parents de milieu populaire d autant plus s ils sont trangers se retrouvent d munis devant la complexit du syst me scolaire la diversit des fili res et des options En d autres termes ils n ont pas en main contrairement aux parents autochtones et de milieu plus favoris les atouts leur permettant d laborer une 20 Les pr noms d enfants dans les citations sont fictifs 25 SRED Service de la recherche en ducation v ritable strat gie pour maximiser les chances de r ussite de leur enfant e
95. armi eux davantage de familles o l enfant ne r ussit pas l cole pourrait parler en faveur de l hypoth se suivante le degr d int gration sociale des enfants et plus largement de leur famille a sans doute quelque chose voir avec la possibilit de pouvoir r pondre aux exigences scolaires Les enfants vivant dans une famille ferm e sur l ext rieur ont en effet une connaissance du monde plus limit e que d autres ce qui nuit aux apprentissages nous a expliqu une formatrice en didactique du fran ais Un auteur comme Coleman 1990 pourrait y voir un d ficit de capital social mesur en termes de relations utiles au d veloppement cognitif et social de l enfant Or l attitude des parents l gard de l accueil d autres enfants ou de pratiques favorisant ou non la sociabilit enfantine est un indice du degr d ouverture de la famille sur le monde ext rieur quand bien m me certaines r ticences peuvent tre expliqu es par des facteurs conomiques Comme d autres l ont d montr voir Coleman 1988 et 1990 Teachman amp al 1997 Mc Neal 1999 capital social et r ussite scolaire seraient en partie li s et l on sait galement que les parents ayant un enfant en difficult scolaire ont tendance s isoler socialement voir Papillon amp Paquin 1997 Par ailleurs le type de fonctionnement familial d fini la fois en termes de plus ou moins grande coh sion interne et de degr
96. as de probl mes m me si la plupart du temps ils n ont gu re besoin de mobiliser ces ressources ayant la possibilit de s organiser en famille P re Pour ma famille et pour mes enfants en tout cas a a pas t trop mal parce que a fait beaucoup d ann es qu on est l ils se sont bien int gr s la soci t ils font des tudes ici des tudes sup rieures l Universit a ce sont les grands enfants apr s on a la petite elle va super bien l cole y a aucune difficult et dans la vie quotidienne le comportement des amis a va parfait a va parfait on n a pas de probl mes On a beaucoup de contacts ici avec les gens je vous dis la dame qui habite au 5 une dame espagnole si il y a quelque chose on est toujours pr t aider aucun probl me pour a ici il y a deux ou trois couples de Portugais qui ont aussi des enfants dans la m me cole que ma fille on s entend tr s bien aussi on a besoin de quelque chose on va chez les autres et on s arrange comme a vous voyez Il y a aussi un couple tr s sympathique qui habite le tage mais maintenant ils sont partis la retraite en Italie mais on s entend vraiment tr s tr s bien et on a toujours gard le contact ils passent nous voir ou bien manger avec nous parce qu on tait comme en famille avant c tait vraiment extraordinaire une fois ou deux fois par semaine on se voyait ou bien ici ou bien en haut p
97. asse Leur difficult d chiffrer les objectifs les finalit s des activit s est renforc e par cette non visibilit du travail scolaire Le Breton 1998 p 90 et 95 D s lors que l cole genevoise notamment propos du temps de travail la maison d clare que l int r t des parents pour les apprentissages scolaires est un l ment important dans la r ussite de leurs enfants l cole elle a la responsabilit de faire en sorte que ces m mes apprentissages scolaires et les m thodes utilis es pour les transmettre aux l ves soient intelligibles pour les parents c est une question de coh rence 8 On ne soulignera jamais assez combien le vocabulaire de l institution et des enseignants a volu au cours de ces derni res ann es sous l influence des sciences de l ducation le rendant totalement herm tique pour bon nombre de parents comme en t moignent les exemples suivants tir s d un document officiel pr sentant les nouveaux objectifs d apprentissage encha ner des trac s se rep rer dans l espace graphique le respect des contraintes textuelles Ecole primaire Ecole premi re Direction g n rale de l enseignement primaire DIP 2002 5 Circulaire de la Direction de l enseignement primaire rubrique enseignement ao t 2000 60 Dans une enqu te r cente des parents d l ves de 6 primaire interrog s par questionnaire r clament d ailleurs
98. ation qu il y a pas mal d l ves sur le lot sur 22 l ves il doit bien y avoir je sais pas je dis comme a entre 7 et 10 qui ont de la peine Une seule ma tresse avec autant d enfants ben c est pas g rable pour la bonne raison qu elle a pas le temps de s occuper de chaque enfant qui ont des difficult s Et puis de ce fait que les difficult s ne sont pas prises au moment voulu parce qu elles doivent avancer qu elles ont des programmes tenir puis des horaires tenir eh ben les enfants qui ont des difficult s ils pataugent dans la semoule et puis ils se retrouvent recal s de nouveau dans la m me ann e famille n 14 d origine suisse Certains parents avancent des arguments de type communicationnel en ce sens qu ils ne semblent pas retirer grand chose des r unions de parents ou ne pas percevoir leur utilit De mani re g n rale ils semblent manquer de points de rep res pour suivre la progression de leur enfant De leur point de vue ils n ont pas d informations suffisantes ou suffisamment accessibles pour comprendre ce qui se passe l cole notamment concernant les m thodes de travail et d enseignement afin de pouvoir aider leur enfant Le d faut qu il y a c est que on sait pas o ils en sont en tout cas Julie je sais pas o elle en est du programme je sais pas qu est ce qu elle doit savoir Il me semblait qu la fin de l ann e ils devaient savoir en
99. ation de laxisme et de d mission devant leurs t ches ducatives Malgr cela la plupart des parents de milieu populaire et ou issus de l immigration font confiance l cole et estiment ne pas avoir se m ler du travail des enseignants Ce mod le culturel des rapports cole familles est l oppos de celui des enseignants pour lesquels les bons parents d l ves sont ceux qui apportent une aide scolaire leur enfant et qui dialoguent avec les ma tres Chauveau et Rogovas Chauveau 1998 3 3 Les effets pervers de l opacit du syst me scolaire pour certains parents Le Breton 1998 a mis en vidence le fait que le syst me scolaire en g n ral de m me que ce quise passe l cole est ind chiffrable pour la plupart des parents de milieu populaire et davantage encore pour ceux issus de l immigration qui souvent n ont pas t scolaris s ou en tout cas pas dans le m me syst me de m me que pour leurs enfants eux m mes Comme Bernstein 1975 l avait d j pressenti les nouvelles p dagogies qu il qualifie d invisibles ne sont souvent pas comprises par les parents de classe populaire Certaines valeurs des enseignants comme le respect et l panouissement de l enfant l attention aux rythmes de vie et d apprentissage font peu de sens pour 80 Notamment E Debarbieux et C Blya F Lorcerie A Zehraoui J Le Breton G Chauveau et E Rogevas Chauveau M C u Cuhn
100. burbaine de Vernier particuli rement touch e par les transformations socio conomiques des derni res d cennies et incarnant de mani re vidente la tendance la s gr gation spatiale des familles de milieu populaire voir Grafmeyer 1994 et 1996 nous avons rencontr un certain nombre d acteurs locaux Il s agissait principalement d enseignants d inspectrices scolaires ainsi que d autres cat gories de personnels concern s infirmi res scolaires travailleurs sociaux Nous avons t frapp s par l insistance des enseignants sur les difficult s rencontr es dans les relations avec les familles de leurs l ves Beaucoup expriment des avis assez tranch s concernant l absence ou le d sint r t suppos de certains parents pour la scolarit de leurs enfants Qu est ce qui fait que dans ces quartiers les enseignants se sentent moins appuy s dans leur t che par les familles S agit il d un effet d tiquetage li au fait qu ils sont souvent peu familiers avec les nodes de vie et la culture Contrairement au capital humain qui renvoie au niveau d instruction et aux diverses comp tences acquises par les individus le capital social met l accent sur les rapports entre les gens Il r f re la qualit du tissu social la densit des r seaux sociaux la coop ration et la collaboration qui existent dans une communaut Il prend galement en compte le degr de confiance que les personnes d une co
101. c quelles ressources dans son travail scolaire et plus g n ralement comment l duquer de mani re lui donner le maximum de chances possibles Dans cette premi re partie nous aborderons successivement ces diff rents th mes pr scolarisation rapport l cole accompagnement du travail scolaire etc pour voir ce qu il en est dans les familles de milieu populaire de notre tude 1 Les effets possibles de la pr scolarisation ou de son absence Plusieurs recherches notamment en France ont d montr que la pr scolarisation le fait d avoir fr quent une institution de la petite enfance cole maternelle cr che ou jardin d enfants constitue un l ment favorable pour le premier apprentissage de la langue le bon d roulement futur de la scolarit voire un l ment pr dictif de la r ussite scolaire Cela notamment pour les enfants de familles populaires dans lesquelles la stimulation cognitive au sens scolaire du terme est parfois moindre En effet les enfants pr scolaris s socialis s tr s t t la vie en collectivit et stimul s pr cocement sur le plan cognitif entrent plus facilement dans le m tier d l ve et les apprentissages scolaires Nous avons voulu voir dans quelle mesure cela se v rifiait pour les vingt trois familles de notre tude et il semble bien que la variable pr scolarisation joue effectivement un r le dans la question qui nous occupe Voyons un peu comment
102. cole et celles dont l enfant a des difficult s ce qui conduit une pr sentation des th mes sur un mode un peu r p titif peut tre lassant pour certains mais rendu n cessaire pour la clart de l expos Par ailleurs la pr sentation contrast e des r sultats entre ces deux groupes de familles exacerbe peut tre leurs diff rences Il faut donc tre tr s prudent et viter des amalgames ou des g n ralisations abusives afin de ne pas stigmatiser certaines familles en cr ant a contrario les normes de la bonne famille du point de vue de ses relations avec l cole Le but n est pas de pointer des d ficits encore moins de porter un jugement de valeur mais d essayer de comprendre les l ments qui peuvent faire probl me et comment les prendre en compte dans le fonctionnement de l cole et de la collectivit locale dans un r el souci d galisation des chances Cette intention ne doit pas tre perdue de vue la lecture des r sultats qui suivent 16 Familles cole et quartier PREMIERE PARTIE DU PARTENARIAT AU RETRAIT LES RELATIONS A L ECOLE DE QUELQUES FAMILLES DE MILIEU POPULAIRE Tr s t t dans la vie de leur enfant les parents doivent r soudre un certain nombre de questions pour g rer son parcours scolaire comment le pr parer l cole comment se situer par rapport l institution scolaire en g n ral et l cole de leur enfant en particulier comment l accompagner et ave
103. commun ce qui est galement une caract ristique des r seaux g n rateurs de capital social Rappelons que tout effort d int gration d une minorit ou de personnes en voie d exclusion ne contribue pas seulement cr er du capital social pour les personnes en question mais augmente le capital social de la communaut toute enti re 73 x j x r 5 Concernant l importance des relations de confiance dans la constitution de capital social au sein d un r seau ou d une communaut nous renvoyons aux textes de Coleman 1988 B langer 1997 et Schuller 2001 dont la r f rence compl te figure dans la bibliographie 98 Familles cole et quartier La participation des personnes aux diff rentes formes de la vie sociale et pas seulement la participation structur e ou politique accro t le capital social d une communaut avec des effets positifs sur son d veloppement conomique Il est possible de d velopper le capital social d une communaut en lui donnant les moyens notamment par le d veloppement communautaire d accro tre la participation de ses membres Cela vaut pour toutes les communaut s y compris les plus d favoris es Les services publics d centralis s ou d centr s peuvent jouer un grand r le dans cette dynamique condition d avoir la marge de man uvre et la libert n cessaires pour s adapter aux conditions et aux projets locaux B langer 2001 Les diff
104. compr hensible Ce type de messages difficilement accessibles renforce la distance entre certains parents et l institution scolaire ainsi que leur sentiment d incomp tence Le fonctionnement de l cole ne va pas de soi n est pas imm diatement intelligible pour une bonne part des parents Il importe donc de rendre le travail scolaire visible pour les parents qui souvent ont de la peine se rep rer dans les programmes et les objectifs comme nous l avons nous m mes constat En effet le syst me scolaire en g n ral de m me que ce qui se passe l cole est opaque et ind chiffrable pour la plupart des parents de milieu populaire et davantage encore pour ceux issus de l immigration qui souvent ont t peu scolaris s ou l ont t dans un autre syst me scolaire Pour ces parents les exigences de l apprentissage les pratiques scolaires ne sont pas obligatoirement intelligibles les conceptions de l enfant du point de vue de la p dagogie les valeurs scolaires se r v lent d concertantes Le programme des apprentissages de chaque classe le niveau requis pour la r ussite scolaire sont parfois ignor s Dans quelle classe elle doit apprendre lire La r union de rentr e en g n ral une intervention orale de l enseignant e n aide pas les parents construire le sens de ce qui se passe en classe Qu elle fasse devant nous au moins pour voir un peu comment a se p
105. d de venir voir o tait son fils depuis trois ans de venir voir ce qu il avait fait parce qu il dessine extr mement bien il a un fabuleux coup de crayon le sens des proportions Et le p re tait presque tonn de voir tout ce qu il faisait il tait tonn des ateliers de fran ais il tait tonn de tout Il pensait que son fils jouait toute la journ e que c tait du gardiennage Non a s appelle l cole l mentaire ce n est pas le jardin d enfants ce n est pas la garderie c est une cole et ce depuis la 40 Nous avons remarqu que les familles o r gnait une certaine incoh rence ducative taient plut t de type parall le faible coh sion interne et fermeture sur l ext rieur ce qui confirme les constats tablis par J Kellerhals et C Montandon dans la recherche voqu e plus haut quand ils avaient mis en relation fonctionnement familial et pratiques ducatives 4l Le parent absent est le plus souvent le p re mais pas toujours Dans certaines familles immigr es ce dernier fr quemment arriv en Suisse avant le reste de la famille ma trise mieux le fran ais et c est donc lui qui tablit les contacts avec l cole Au del des questions de langue c est galement vrai pour certaines familles albanaises de culture musulmane dans lesquelles le r le de la m re est essentiellement tourn vers la sph re domestique C est alors au p re qu incombent les co
106. davantage d informations concernant les objectifs et les m thodes ainsi que sur la mani re dont ils pourraient aider leur enfant Voir Regards de parents sur l cole primaire genevoise Note d information du SRED n 9 d cembre 2001 88 Familles cole et quartier 2 1 Des informations compr hensibles concr tes et diversifi es Pour informer les parents dans cette perspective de transparence et d intelligibilit la tenue d une r union de parents est une condition n cessaire mais pas suffisante encore faut il au del de la conformit un r glement que l organisation de la r union la nature de ce qui y est transmis et la mani re de le faire cr ent les conditions d un v ritable dialogue contenu didactique Chauveau 2000 entre parents et enseignants Car m me si les relations entre les parents et l cole se construisent dans la dur e l avenir de ces relations se joue souvent d s la toute premi re r union selon qu elle aura t v cue comme une exp rience positive ou n gative les parents rencontreront plus ou moins volontiers les enseignants par la suite Que ce soit en r union ou en entrevue individuelle plus l information donn e rend compte de ce qui se passe dans la classe au quotidien plus il y a d exemples concrets des exercices qu on y fait de comment on les fait et de comment les parents peuvent appuyer tel ou tel apprentissage plus ces derniers peu
107. de familles l autre mais sans que l on puisse en tirer des conclusions tr s nettes Quand les livres sont valoris s Dans la totalit des familles de bons l ves on a racont ou on raconte encore des histoires aux enfants quand ce n est pas la m re c est une grande s ur ou encore on leur en lit souvent dans la langue maternelle Une seule exception l enfant pr coce qui a saut une ann e la m re n a jamais eu l habitude de lire ni de raconter quoi que ce soit quand il tait petit et maintenant qu il sait lire il lit ses livres tout seul Dans deux tiers des familles huit sur douze la m re dit adorer lire des livres on en voit d ailleurs sur les tag res m me si elle regrette souvent de ne plus en avoir tellement le temps Rappelons ce propos le cas d j voqu de cette maman portugaise qui a pleur lorsqu elle a d couvert que l on avait d truit ses livres d cole Dans ces m mes familles le p re lit plus volontiers mais pas forc ment r guli rement des journaux souvent du pays d origine Dans h moiti de ces familles six sur douze on d clare des pratiques d criture listes de commissions faire la liste avec l enfant des camarades inviter pour son anniversaire lettres la famille aussi crites avec l enfant au moment des F tes ou pendant les vacances Dans une famille albanaise du Kosovo les parents communiquent entre eux par petits billets pos s sur
108. de l enfant Est ce que vous avez toujours v cu Gen ve Depuis quand tes vous Gen ve Comment tes vous arriv s Gen ve Qu est ce qui vous a amen s y vivre Comment a se passe maintenant pour vous en Suisse Combien d enfants y at il dans votre famille Combien vont l cole Faire situer l enfant en pe primaire dans la fratrie Pensez vous rester longtemps en Suisse ou retoumer d s que possible dans votre pays d origine Rapport des parents leur propre scolarit Objectif Reconstituer l histoire de la scolarit des deux parents Mettre en vidence les exp riences positives et ou n gatives qu ils en ont retir es et la mani re dont cela peut influencer leur attitude l gard de la scolarit de leur s enfant s Quels souvenirs gardez vous de l cole Comment cela s est il pass pour vous Relations avec les enseignants disciplines aim es ou d test es attitude des parents envers l cole niveau atteint envie de poursuivre ou non les tudes etc 113 SRED Service de la recherche en ducation L enfant l cole Objectif Reconstituer le parcours scolaire de l enfant y compris la pr scolarisation ainsi que son v cu scolaire tel que per u par les parents Depuis quand votre enfant est il dans cette cole Est ce qu avant d aller l cole votre enfant a fr quent une cr che une garderie un jardin d e
109. dentaires 56 Ce ph nom ne ayant trait une diminution de capital social est particuli rement bien d crit en ce qui concerne les Etats Unis dans l ouvrage de R Putman Bowling alone 2000 83 SRED Service de la recherche en ducation 84 Familles cole et quartier CONCLUSION LE CONTEXTE SOCIAL DE LA COMMUNICATION FAMILLES ECOLE ET SES IMPLICATIONS CONCRETES La r flexion sociologique des trente derni res ann es a insist sur le fait que les institutions ne sont pas des choses c est dire un ensemble de r gles et de normes ext rieures aux individus mais qu elles devaient leur force et leur efficacit au degr d adh sion des personnes au sens que celles ci leur donnent la mesure dans laquelle elles se r approprient ces r gles et ces normes Notre recherche confirme clairement cette analyse en montrant que la r ussite ou l chec des l ves de milieu populaire tient pour une part essentielle au sens que leurs familles donnent ou peuvent donner l institution scolaire et la scolarit de leurs enfants Nous soulignerons ici que ce sens n est pas donn d embl e qu il se construit et se reconstruit dans la communication qui s tablit entre la famille l l ve et l cole non pas au seul niveau interpersonnel mais au niveau proprement institutionnel D une part cette construction passe par l insertion des familles et de l l ve dans des r seaux de parent de vo
110. des devoirs ou encore ils n osent pas vraiment aider de peur de faire faux et d embrouiller l enfant Nous allons 41 SRED Service de la recherche en ducation rapidement passer en revue les diverses situations et voir s il se d gage quelque chose de cette diversit En gros on peut distinguer trois cas de figure 1 Dans le premier sous groupe constitu de trois familles l enfant ne re oit aucune aide la maison et peu de signes pour ne pas dire aucun d un quelconque int r t pour ce qui se passe pour lui l cole Dans la premi re famille la m re seule avec quatre enfants est compl tement d bord e par de multiples probl mes parmi lesquels les graves difficult s scolaires d un a n Il en r sulte qu elle ne s occupe quasiment pas de la fillette en 1 primaire pour la scolarit de laquelle elle ne voit pas encore d enjeux semble t il Dans la seconde famille r fugi e d Afrique la d l gation l cole est totale Les parents qui parlent pourtant le fran ais n ont pas de contact avec l cole ils ne vont plus aux r unions ne rencontrent la ma tresse que sur convocation n accompagnent pas l enfant l cole alors qu ils en auraient la possibilit leur statut ne leur autorise aucune activit professionnelle Dans la troisi me famille albanaise du Kosovo il n y a galement aucune aide ni de la part des parents pour des questions de langue ni ce qui e
111. des familles dont le projet migratoire est faible soit qu ils ne soient pas assur s de pouvoir rester en Suisse soit qu ils occupent des emplois relativement pr caires notamment du fait de la crise des ann es 90 rendant difficile tout projet de mobilit sociale Dans les coles accueillant en majorit des l ves de milieu populaire une p dagogie fortement centr e sur les apprentissages et les connaissances de base appara t comme plus efficace pour la r ussite scolaire et l int gration sociale qu une p dagogie trop exclusivement ax e sur les valeurs d autonomie de cr ativit ou d panouissement personnel Les projets d cole centr s sur le d passement des difficult s sp cifiques rencontr es par les enfants de milieu populaire souvent issus de l immigration n cessitent des ressources suppl mentaires L attribution de ces derni res repr sente pour les autorit s locales l opportunit de contribuer cr er maintenir ou restaurer du lien social dans la commune et d affirmer la synergie d int r ts existant entre action communale et politique ducative 2 La question des apprentissages et du rapport au savoir D s l apr s guerre la sociologie aussi bien anglo saxonne que francophone s interroge sur les in galit s face l cole et sur la scolarisation des enfants de milieu populaire issus de l immigration ou appartenant des minorit s ethniques Que l on mette l accent
112. des familles dans lesquelles l crit ne constitue pas un mode de relation privil gi entre les membres de la famille avec l environnement et dans l univers professionnel des parents Ces familles appartiennent surtout la cat gorie des immigr s r cents et de culture non latine nombreux dans la commune 3 Les relations familles cole On sait que les relations que les familles entretiennent avec l institution scolaire contacts avec les enseignants participation aux r unions d information et aux rencontres informelles dans l cole adh sion une association de parents d l ves ainsi que leur implication dans la scolarit de leurs enfants int r t manifest pour l cole discussion avec l enfant ce propos aide aux devoirs contr le exerc sur les activit s de l enfant etc jouent un grand r le dans le d roulement de la scolarit des enfants car les parents peuvent ainsi contribuer construire chez leurs enfants un rapport positif au savoir en valorisant ce qu ils apprennent l cole notamment en leur proposant des activit s qui renforcent au moins indirectement leurs apprentissages scolaires Cependant on le sait aussi ces relations entre les familles et l cole ne vont pas de soi Elles rev tent une intensit une fr quence et des formes diff rentes selon le statut socioprofessionnel des parents dans de nombreux cas les parents de milieu populaire notamment ceux issus de
113. dispose appui pour les enfants en difficult cours de langue maternelle activit s parascolaires bilans de sant Ils n expriment pas de critiques franchement n gatives mais mettent parfois certains b mols leur satisfaction Ainsi dans les trois familles consid rant que l cole genevoise progresse plus lentement dans les apprentissages que d autres coles connues d eux on exprime une certaine inqui tude quant ce rythme Bien qu ils soient persuad s que finalement cet cart sera combl par la suite les parents craignent que ce ne soit au prix d une soudaine acc l ration du rythme des apprentissages la fin de l cole primaire ou au d but du Cycle d orientation ce qui serait dommageable pour les l ves C tait au moment de la premi re r union qu on a eue o on tait tous les parents et il y avait une dame elle avait un enfant qui est grand et elle en avait un autre dans la classe de Xavier fils de l interview e et elle disait qu en 4 a acc l rait beaucoup trop vite et que l c tait le bourrage de cr ne et pis les devoirs en quantit que a d marrait trop d un coup en Bon nous on a pas encore v cu a on sait pas mais c est vrai que si a se passe vraiment comme a a aurait t un peu plus logique d aller un peu plus vite au commencement famille n 9 d origine espagnole Ici c est tr s tr s peu les premi res ann es en enf
114. du moins formellement les conditions favorables un partenariat De plus le fonctionnement en r seau on le sait contribue cr er et entretenir du capital social D velopper une offre dans deux directions savoir diff rentes formes d aide aux devoirs propos es aux enfants et des possibilit s d assistance ducative l intention des parents qui le d sirent a l avantage de laisser un maximum de libert aux familles Il ne s agit pas en effet de contraindre les parents devenir des assistants p dagogiques domicile La norme implicite des bons parents d l ve voqu e plus haut est d j bien assez pr gnante sans qu il faille la renforcer Cependant on sait que la source d in galit s entre l ves que l cole est cens e devoir corriger selon les termes de la loi r side principalement dans la diversit de l action ducative des familles Tous les parents doivent pouvoir compter sur l cole pour compl ter leur action ducative comme le dit galement la loi 4 Apports possibles de l cole aux familles populaires dont l enfant est en difficult Pour r sumer notre analyse nous proposons un sch ma qui met en rapport d une part les l ments objectifs et subjectifs caract risant la situation des familles populaires dont l enfant est en difficult scolaire grand triangle et d autre part les r ponses possibles de l cole petit triangle invers La
115. du quartier En effet on ne peut pas compter sur la seule organisation d un moment convivial l issue des r unions de parents ap ritif verr e pour que ceux ci entrent spontan ment en contact avec ceux qu ils ne connaissent pas et se proposent d changer des services de ce genre comme nous lont confirm les parents interrog s ce sujet Cette id e de cr er du lien social partir de l cole ne rel ve pas d un v u pieux Des chercheurs ont constat que les parents de milieu populaire participent d autant plus volontiers une association de parents d l ves lorsqu il s agit d un milieu local restreint proximit et interconnaissance des gens milieu int grateur Pour eux la participation au sens que l on donne g n ralement ce terme n est pas prioritaire A leurs yeux la rencontre avec des gens qui sont comme eux et partagent les m mes pr occupations qu eux est plus importante que le besoin de changer des choses dans l cole voir Debarbieux amp Blaya 1998 3 2 Prendre en compte un certain niveau d exclusion Comme on l a dit l cole se doit de tout mettre en oeuvre pour se rendre intelligible l gard de tous les parents Cependant malgr tous les efforts que l on pourra faire dans ce sens certains parents pour des raisons sociales conomiques et culturelles mais souvent aussi en raison d une histoire personnelle et ou familiale probl matique et douloureuse
116. e Pendant les vacances c est pas toujours vident on les envoie toutes les ann es ils partent chez les grands parents pis ils sont heureux l bas Pour nous la famille c est tr s important Alors on essaie que les enfants aient des liens avec les grands parents toute la famille a on y tient beaucoup Parce que chez nous la famille c est pas comme ici On vit ensemble parce que c est pas comme en Suisse o apr s 18 ans vous avez un appartement la vid o tout a L bas la famille c est ensemble famille n 9 d origine espagnole On a vu que la disponibilit des parents pour s impliquer dans le suivi scolaire de leur enfant d pend la fois de leur pr sence objective et de leur attitude ducative lorsqu ils sont pr sents ses c t s Des parents qui travaillent tous les deux l ext rieur qui rentrent tard le soir et dont des horaires sont incompatibles avec ceux de l cole doivent trouver des solutions pour la prise en charge des enfants pendant leur absence Souvent lorsque cela est possible il s agit membres de la parent La pr sence d une famille largie et le r le qu elle est amen e jouer cette occasion peuvent donc aussi constituer un indicateur de capital social familial en ce sens que la parent repr sente une ressource potentielle sur laquelle on peut compter en cas de besoin On rencontre plusieurs cas de figure Certaines fois comme nous l avons v
117. e d acqu rir les bases d une aide ad quate la maison Les parents qui souhaiteraient s investir aupr s de leur enfant en difficult ne se sentent pas suffisamment paul s pour s acquitter correctement de cette t che L cole et les institutions d aide sociale et non pas exclusivement les enseignants d j fort sollicit s ainsi que certaines associations et les autorit s locales pourraient voir quelles mesures mettre en place pour offrir aux parents qui le souhaitent une forme d assistance ducative visant leur permettre d aider leur enfant en difficult Tout l art de ce genre de d marche consiste ne 90 Familles cole et quartier pas stigmatiser les b n ficiaires d une telle aide en leur sugg rant qu ils seraient inaptes duquer leur enfant ce qui renforcerait un sentiment d incomp tence d j trop souvent pr sent le but est au contraire de valoriser ce qu ils font ou savent d j tout en leur donnant les moyens d tre plus l aise et plus efficaces dans l accompagnement scolaire de leur enfant ou dans la r solution de probl mes ducatifs plus larges Des exp riences et des recherches fort int ressantes ce propos ont t conduites au Qu bec voir Papillon amp Paquin 1997 et en France voir Chauveau amp Rogovas Chauveau 1998 Chauveau 2000 Sans vouloir demander l cole de se transformer en police des familles Donzelot 1977 la coll
118. e d crit dans le chapitre pr c dent celui qui s inscrit la fois dans des relations interpersonnelles et dans des rapports sociaux Ces donn es ont t d une certaine mani re contr l es par celles recueillies aupr s des enseignantes auxquelles nous avions galement demand de nous parler de leurs contacts avec les parents des enfants concern s 24 On pourrait faire le m me raisonnement pour les l ves qui r ussissent c est parce que leur enfant r ussit bien que certains parents sont logieux l gard de l cole Peut tre en serait il tout autrement si le m me enfant avait de s rieuses difficult s 25 y 7 ess Voir B Lahire ouvrage d j cit 32 Familles cole et quartier par l tude leur participation ou non aux r unions la modalit des rencontres individuelles sur convocation ou l initiative des parents La quasi totalit des familles rencontr es participe une fois ou l autre des f tes Escalade No l promotions ou d autres manifestations nn par l cole telles que Journ es portes ouvertes ou Expositions de travaux d l ves On sait cependant que le seul acte de pr sence une f te ou une exposition s il n est pas pr texte de v ritables changes au sujet des apprentissages avec les enseignants ne suffit pas entra ner les parents dans une dynamique positive l gard de la scolarit de leur enfant comme nous le verrons plus loin
119. e dernier une coh rence ducative clairement rep rable en ce sens que les valeurs et les exigences affich es sont tr s explicites donnant l enfant des points de rep res sans ambigu t Si dans bon nombre de familles c est la m re quelquefois aussi le p re qui en raison de sa meilleure connaissance du fran ais et ou d une scolarit plus longue prend en charge tout ce qui concerne l cole et parfois l ducation de mani re plus globale alors que l autre parent est plus en retrait dans ce domaine les choses n en sont pas moins claires pour l enfant confront cette situation Son ducation est explicitement structur e par cette forme de division du travail entre ses parents il sait quoi s en tenir Dans quelques rares cas les parents s impliquent de mani re plus gale dans l ducation de l enfant La seule famille propos de laquelle on peut avoir des doutes quant l identification d une coh rence ducative est celle d une petite fille dont les parents sont divorc s depuis son entr e l cole enfantine Si l on ne consid re que la prise en charge ducative et scolaire c est clairement la m re qui s en est occup e d s le d but second e par ses parents donc les grands parents de la fillette depuis le d part du p re Cependant les choses ne sont pas claires les parents s par s sont perp tuellement en conflit et s invalident r ciproquement aux yeux des enfant
120. e et quartier 4 1 Caract ristiques des familles populaires avec enfant en difficult scolaire La situation des familles populaires ayant un enfant en difficult scolaire est caract ris e par trois l ments figurant dans notre sch ma de la page suivante aux sommets du grand triangle 1 Un d sir de r ussite pour l enfant Toutes les familles rencontr es dans le cadre de cette tude et dont l enfant a des difficult s scolaires n en souhaitent pas moins d s le d but de sa scolarit qu il r ussisse l cole et que son avenir soit ainsi assur M me d courags ces parents n ont pas forc ment baiss les bras Cependant ils n ont pas tous le m me rapport la r ussite scolaire de l enfant Quand bien m me tous l appellent de leurs v ux pour certains on doit pouvoir y arriver force de volont et de travail alors que pour d autres rendus plus fatalistes par les al as de la vie cela reste une r alit quasi inaccessible qui n est pas pour des gens comme eux et donc pas pour leurs enfants Les difficult s de l enfant Ces parents qui souhaitent voir leur enfant r ussir sont dans une situation douloureuse dans la mesure o ce d sir est remis en question ou contredit par les difficult s r elles de l enfant De plus leur perception des difficult s de l enfant varie galement Pour les uns elles sont potentiellement r versibles alors que pour d autres elles sont une fatal
121. e fois par mois dans le but de chercher les moyens d aider son pays d origine part cela et quelques contacts tr s fugitifs avec les habitants du foyer pour r fugi s qui les abrite les parents ne voient personne n tant pas autoris s travailler ils n accompagnent pas non plus leurs enfants l cole C est donc un tat de v ritable isolement social que vit cette famille Dans ce contexte l cole est le seul lieu d insertion pour les enfants mais c est en m me temps un lieu tranger non relay par la famille malgr l image id ale qu en ont les parents Une exp rience douloureuse La difficult que rencontrent les travailleurs immigr s les conditions qui leur sont faites peuvent aussi dans certains cas contribuer rendre leur int gration conflictuelle Ainsi ce p re qui ayant tr s mal v cu sa situation de travailleur immigr notamment son statut de saisonnier continue de r ver au retour au pays alors qu il a pass quinze ans de sa vie en Suisse 73 SRED Service de la recherche en ducation P re C est pour a que bon aujourd hui avec ces nouvelles lois a va mieux mais c est vrai qu il y a eu beaucoup de probl mes au niveau des familles s parer le p re de la m re s parer le p re des gamins il y a eu des s parations il y a eu des divorces il y a eu des probl mes comme a dus aux lois suisses voil parce qu un saisonnier ne pouvait pas fair
122. e joue dans ce type de famille partir du seul discours des parents C est toute une atmosph re qui est ici en cause Ainsi lors de l entretien une part importante de la famille largie est pr sente oncle tante et cousins en plus de la famille interview e soit huit personnes en tout alors m me que certains grands fr res manquent l appel Lors d un premier contact il avait t impossible de prendre rendez vous par t l phone un petit groupe de femmes discute sur le balcon mais seul le p re nous accueille Ces femmes r pondent gentiment notre salutation mais on sent que ce n est pas leur habitude de s adresser des inconnus c est l affaire du mari Toutes sortes de d tails aussi dans l ameublement compos de tentures sur les murs et d une quantit impressionnante de fauteuils signent une forme de sociabilit un peu tribale On imagine facilement les deux famille r unies le soir sorte de reconstruction de l atmosph re villageoise d une culture tr s diff rente de celle que nous connaissons ici Cette famille vit ainsi dans une sorte de petit monde part et a au dire des parents peu de contacts avec l ext rieur si l on excepte le monde professionnel du p re Forme de sociabilit qui est sans doute d ailleurs tr s agr able vivre chaleureuse et s curisante pour les enfants mais qui les coupe peut tre du monde de l cole Il n en reste pas moins que malgr la dista
123. e lire il y a les deux autres chambres qui font du brouhaha Le probl me c est que quand je vais dans la chambre des petites comme parfois des moyens et des grands quand je lis la premi re page ils commencent se chipoter alors je dis Alors non c est fini Vu que c est comme a vous coutez quand m me pas moi je pars famille n 14 d origine suisse S1 dans la quasi totalit de ces familles on lit une fois ou l autre un journal ou des magazines il n y en a que quatre o la m re dit aimer lire des livres Autant que l on ait pu en juger les pratiques d criture sont rares une jeune femme dit aimer crire des lettres et y associer sa fille Dans ce dernier cas comme pour trois des m res lectrices on a pr cis ment affaire aux mamans qui essaient de s investir un peu dans l aide aux devoirs 4 Les styles d ducation et la coh rence ducative l uvre dans les familles Afin de rep rer ou d identifier les pratiques et le climat ducatifs l uvre dans les familles rencontr es nous avons pos syst matiquement quelques questions pour savoir si les parents essayaient de r guler un certain nombre d activit s de la vie quotidienne par exemple le temps pass regarder la t l vision l heure du coucher le travail scolaire la fr quentation 32 Il est noter le r le important jou par les biblioth ques de classe et d cole Dans bien des familles no
124. e pas l cole par ailleurs alors que dans d autres cas cela contribue semer le doute sur la qualit m me de l cole Une cole appr ci e avec quelques r serves Parmi les douze familles dont l enfant va bien l cole une seule ne met pas en avant de diff rences particuli res Une autre m re de famille d plore que l on n y soit pas assez s v re Six familles trouvent que l cole est meilleure en Suisse elle dispose de davantage de moyens commence plus t t on y avance plus vite les enseignants sont attentifs aux enfants exigeants au niveau de la discipline sans pour autant recourir aux ch timents corporels on y pratique une p dagogie adapt e aux petits qui apprennent en jouant Dans les quatre familles restantes les parents constatent que les apprentissages notamment la lecture s acqui rent un peu plus tard Gen ve que dans leur pays d origine ou en France mais ce constat ne d bouche pas sur une attitude critique Ils pensent en effet que l cart se r duira avec le temps et qu la fin de leur scolarit leurs enfants seront aussi bien form s que ceux des autres syst mes Ils en con oivent malgr tout quelques inqui tudes que nous analyserons dans leur appr ciation plus globale de l cole Une cole mal connue d nigr e ou sur valoris e Parmi les onze familles dont les enfants sont en difficult plusieurs quatre ne voient pas de changement ou ne font aucune compa
125. e retrouver les m mes enfants a a t une aide norme pour lui pour nous aussi d ailleurs a a t tr s positif J ai une coll gue qui a une petite fille et chaque fois je lui dis Va la mettre tout de suite au jardin d enfants j ai trouv vraiment que c tait bien pour lui famille n 15 d origine portugaise Avant l cole on les a mis au jardin d enfants Ils y sont all s tous les deux les deux ans avant l cole enfantine ils y allaient deux fois par semaine Parce que bon on s est dit que a les aiderait un petit peu d marrer l cole c tait un plus quoi Moi je pense que a les a aid s justement une continuation Pour eux le jardin d enfants c tait l cole quoi Ils disaient on va l cole m me si c tait le jardin d enfants Pour nous pour nos enfants on a ressenti a comme un bien On a toujours pens que a les aiderait bon ben je pense qu on s est pas tromp famille n 9 d origine espagnole Une autre petite fille qui a su parler tr s t t a t mise au jardin d enfants deux ans et demi galement dans un but de socialisation mais elle s est mise d s lors b gayer car la proximit des autres enfants a r v l des probl mes de contact non encore r solus ce jour La fillette tr s stimul e la maison est bonne l ve et semble se r fugier dans un travail scolaire scrupuleusement ex
126. e tout a Et puis j tais arriv e l bas et puis j avais plus les livres ils avaient disparu Alors l j en ai pleur j ai eu de la peine m en remettre presque une semaine j arrivais plus manger je cherchais partout mes livres mais je pense que ma m re elle les a jet s famille n 1 d origine portugaise Oui moi j aimais bien aller l cole J ai fait la derni re ann e de bac en France pour tre infirmi re et j ai arr t pour venir ici J ai pas continu mais j aimais bien Il me manquait une ann e et je l ai pas faite et maintenant je regrette beaucoup famille n 15 d origine portugaise Bon j tais un peu paresseuse mais j avais aussi de bons r sultats Je me souviens ma s ur elle elle d testait l cole mais moi oui j aimais bien l cole Si j avais pu continuer je pense que j aurais continu mais bon avec la vie comme a mes parents ils ont fait ce qu ils ont pu mais famille n 10 d origine portugaise et albanaise Les trois m res albanaises du Kosovo n ont que l cole obligatoire leur actif car comme elles le d plorent il n tait pas de tradition de faire tudier les filles J ai beaucoup aim l cole mais j ai pas aim tellement la fa on de continuer c tait pas comme j aimerais moi Les parents donnent pas tellement le droit aux filles de continuer l cole famille n 22 d origi
127. e venir ses gamins et sa femme alors bon pour moi c est contre les droits de l Homme moi je vous dis franchement c est contre les droits de l Homme si aujourd hui on me demandait de le refaire de venir Gen ve tout seul sans la famille non je ne viendrais pas hein je ne viendrais pas Int Et pourtant m me comme a maintenant que vous n tes plus saisonnier maintenant que vous avez le permis C vous voulez repartir en fait P re Je veux repartir je vous dis franchement famille n 18 d origine portugaise Cet homme est donc pr t renoncer aux droits qu il a acquis apr s des ann es d attente On peut se demander quels effets cette exp rience douloureuse et ce projet de retour peuvent avoir sur l int gration scolaire de l enfant m me si dans les faits le retour est sans cesse repouss Notons que dans ce cas pr cis cela ne semble pas affecter l int gration des membres de la famille y compris du p re sur le plan des relations de voisinage dont tous se d clarent tr s satisfaits m me si la vie d immigr comme le signale ce p re ne permet pas d envisager une grande ouverture vers l ext rieur P re La vie d immigr elle est faite comme a coutez moi je sors de chez moi six heures du matin je rentre six heures du soir fatigu je vais chercher sept heures ma femme au travail elle arrive elle fait manger on mange apr s bo
128. ehraoui et J le Breton 1998 les sacrifices financiers consentis par certains parents de milieux d favoris s pour l achat de mat riel scolaire et d habillement prouvent quel point ils se sentent concern s par la scolarisation de leurs enfants Comme ils sont d munis en capital scolaire pour les accompagner ils mettent l accent sur l aide mat rielle et le soutien moral C est exactement ce qui se d gage lorsque l on rencontre cette famille Dans l autre famille albanaise la m re qui ne peut pas aider ses enfants faute de ma triser suffisamment le fran ais montre cependant ces derniers qu elle attache de l importance l cole en ayant un niveau d exigence lev pour les r sultats pour l a n e Je suis habitu e de regarder toujours des bonnes notes dans le carnet de ma fille et m me quand elle a des 5 je la gronde un peu Je lui dis Non c est pas bien le 5 Il faut faire des efforts pour avoir toujours le maximum il faut vraiment faire des efforts l Elle va galement voir la ma tresse d s qu elle per oit un probl me dans le travail de son fils lui manifestant ainsi son souci de l aider et de l accompagner dans son travail J attends pas que la ma tresse m appelle mais d s que moi je sens qu il y a un probl me qui va pas la maison je vais la rencontrer Quand il arrive faire tout seul ses devoirs tout va bien Mais il y a des moments o il dit
129. elle peut pas faire un anniversaire diff rent de ceux des autres pis j peux pas t l phoner aux parents de dire Faites des cadeaux plus raisonnables c est pas possible famille n 8 d origine suisse Une autre r ticence clairement exprim e dans une famille s appuie sur le fait que les enfants invitent un peu n importe qui sans avoir de v ritables amis qui se d tachent du groupe des camarades Cependant malgr l allusion au co t financier il semble s agir ici davantage d un principe il ne faut investir que dans des relations durables que de v ritables difficult s mat rielles cette famille tant relativement plus ais e que d autres et n h sitant pas par ailleurs mettre le prix pour des quipements sportifs ou informatiques M re Oui a arrive qu ils soient invit s mais bof l j suis pas trop pour parce que moi je me dis quand ils seront plus grands qu ils sauront vraiment qui est leurs amis mais l pour l instant euh c est pas le cas C est peut tre la fa on dont on a t lev s je pense que vraiment quand ils savent qui est leurs amis qui est leurs vrais copains mais l aujourd hui c est celui l parce qu il m a donn une bille et puis demain ben il va pas donner une bille alors c est l autre qui C est dire que pour l instant il a pas encore vraiment d amis il en a peut tre deux trois J aime pas tr
130. elles d l ves en situation d chec et cela en premi re primaire au moment de lapprentissage de la lecture Nous expliquerons plus loin ces choix et nous montrerons comment ils contribuent mieux mettre en vidence certains traits communs des familles de milieu populaire et d autres traits qui les diff rencient les unes des autres 1 Caract ristiques de la commune tudi e Vernier est la commune la plus peupl e et la plus urbanis e du canton apr s la Ville de Gen ve Son urbanisation a t rapide puisqu en vingt ans la population r sidante a sextupl passant de 4000 habitants en 1953 plus de 24 000 en 1974 Elle en compte aujourd hui plus de 29 000 Cette croissance a t notablement influenc e par la construction de deux grands ensembles permettant eux seuls d h berger pr s de 13 000 habitants Parall lement cet accroissement de la population on assiste aussi durant cette p riode un d veloppement industriel de la commune D s le d but des ann es 60 d importants changements d affectation de zones ont t souhait s par les autorit s communales afin de promouvoir le d veloppement industriel et l essor du peuplement de la localit Du c t de l habitat des options claires en faveur du logement social ont t prises et les grands ensembles construits d s la fin des ann es 60 incluaient une proportion importante de logements sociaux l une des plus lev es du canton Dans
131. entretiennent avec l institution scolaire Ainsi dans une famille dont l un des parents au moins garde un bon souvenir de l cole et regrette de n avoir pu continuer sa formation on a de plus grandes probabilit s la fois que la lecture soit valoris e que l on s int resse au travail de l enfant que l on cherche le stimuler et que l cole soit fortement investie comme un facteur de mobilit sociale du m me coup ces parents placent souvent leur enfant dans une cr che ou un jardin d enfants avec l intention affich e de le pr parer mieux suivre l cole Au contraire dans une famille o les parents ont eu une exp rience scolaire lacunaire et ou malheureuse les difficult s de l enfant sont plus souvent ressenties comme une fatalit incontournable rendant d avance l investissement des parents quasi inutile leurs yeux les interactions avec l enfant autour de livres ou d histoires racont es sont peu ou pas valoris es l cole ne fait pas sens dans ces familles il est plus rare que les enfants fr quentent une institution de la petite enfance et lorsque c est le cas c est essentiellement dans une perspective de gardiennage et non de pr paration l cole On a ainsi l impression d avoir affaire dans un cas une sorte de spirale positive et dans l autre une spirale n gative Le chercheur G Chauveau qui s est pench sur la question de la r ussite scolaire dans le
132. er sur la construction des relations sociales ou les limites de temps qu elle impose dans le d roulement de la vie quotidienne notamment dans les milieux populaires requiert un surplus d organisation et d nergie et donc moins de disponibilit s pour l change avec autrui Un repli de circonstance Un autre cas de figure d bouchant sur une forme de repli conditionn par les v nements encore et toujours des horaires astreignants et la venue d un enfant qui oblige le p re rester la maison le soir alors que la m re travaille 55 Nous laissons de c t dans cette recherche d autres aspects plus psychologiques de la question avec les effets relationnels que cela peut entra ner pour l enfant 78 Familles cole et quartier Int Et puis vous vous ne connaissez pas beaucoup de monde M re Non je me l ve cinq heures du matin vous savez j ai pas beaucoup de temps je ne suis pas non plus une femme d aller chez les autres Je pr f re voir des gens ici que chez les autres surtout des amis de mon mari Bon des fois il vient aussi une coll gue moi qui est aussi aide infirmi re qui a la petite qui est l cole avec Alberto A part a bon je connais personne Int Donc votre mari il faisait partie d un club de foot M re Oui puis apr s il tait entra neur L il a quitt tout c est vrai parce que quand le gamin est arriv moi toute seule avec le boulot
133. ert toute information fournie par les interview s qui chapperait au cadre de d part Il reste pr t dans l entretien lui m me et dans son analyse formuler de nouvelles hypoth ses ou remodeler le cadre de d part Il accorde une attention particuli re tout ce qui rel ve de l inattendu et du non familier de telle sorte qu l arriv e il soit en mesure le cas ch ant de formuler de nouvelles hypoth ses ou de pr senter un cadre conceptuel fortement remani C est ce qui explique qu en conclusion de notre travail nous fassions retour sur ce cadre pour mettre en valeur la suite de G Chauveau 2000 la dynamique sociale ducative positive ou n gative qui mod le les relations entre l cole et les familles de milieu populaire le sens que lui donnent les acteurs enseignants et parents notamment et la fa on dont ils sont en mesure d agir sur elle en recourant aux ressources du milieu 2 4 Profil des familles rencontr es Notre chantillon tait constitu de deux fois douze familles suppos es a priori repr senter un groupe assez homog ne puisque toutes les familles de cette tude exploratoire appartiennent au milieu populaire par cons quent elles taient cens es b n ficier d un niveau de ressources mat rielles et symboliques relativement quivalent Cependant force nous a t de constater apr s les avoir rencontr es qu il existe entre certaines d entre elles des diff re
134. es d velopper le r seau des relations qui devrait soutenir la scolarit des enfants et renforcer ainsi l action des enseignants au sein de la communaut ducative 76 L explicitation des m thodes d apprentissage de la lecture aux parents par l institutrice l occasion de classes ouvertes et par les chercheurs lors de s ances individuelles avec les familles mais aussi la prise en compte de celles plus anciennes des parents dans le travail en classe recours et retour partiel l alphabet au d chiffrage et aux manuels scolaires a consid rablement modifi les rapports entre l enseignante et les parents et leurs repr sentations respectives des uns et des autres Mais surtout cela a contribu am liorer les r sultats des enfants 77 Voir cet gard M Tozzi 1998 78 Il est vrai qu Gen ve les t ches d enseignement sont du ressort de l autorit cantonale On constate toutefois m me dans les syst mes centralis s comme en France une tendance forte des collectivit s locales s engager dans la politique scolaire pour r pondre des besoins locaux sp cifiques avec notamment la mise en synergie de l ensemble des instances qui sur un territoire donn interviennent aupr s des familles et des jeunes Voir notamment L cole et le territoire nouveaux espaces nouveaux enjeux Ouvrage coordonn par B CHARLOT Paris A Colin 1994 Voir aussi A Van Zanten Les pol
135. es enfants 1 3 Le r le de l cole dans la construction de capital social S il est vrai comme on l a vu que la r ussite scolaire de l enfant est fortement li e au capital social de la famille il n en demeure pas moins que l cole joue un r le consid rable dans la construction et l accroissement de ce capital et ceci plusieurs niveaux Construction d un r seau de relations dense entre l cole la famille et le quartier L entr e d un enfant l cole signifie en effet pour sa famille l acc s un nouveau r seau de relations entre les parents et les enseignants ainsi que les responsables des structures para et p riscolaires entre les familles dont les enfants fr quentent la m me cole L enfant lu m me entre dans un nouveau syst me de relations avec ses camarades avec le ma tre et d autres adultes qui sont de 15 Nous n avons pas ce genre de minorit s ethniques Gen ve mais on peut consid rer que les r fugi s de pays en guerre ou les requ rants d asile fuyant un environnement dangereux pour kur s curit sont des immigr s involontaires malgr eux 106 Familles cole et quartier nature soutenir ses apprentissages condition toutefois que l cole elle m me parvienne s imposer et se d finir aux yeux de l enfant comme le lieu o l on apprend des choses qui font sens pour lui On a vu l importance de la mobilisation des parents a
136. es jours m me en fin de semaine m me en hiver De plus elle ne leur permet l acc s qu au pr au des petits jug plus prot g C est donc partir d un espace tr s limit que ces enfants peuvent appr hender le monde ext rieur M re En principe j suis dehors quand ils sortent de l cole j suis l quatre heures dehors Oui disons que moi je les attends dans le pr au et ils viennent me rejoindre ils go tent et puis apr s ils vont jouer Int Pour s amuser ils restent ici ou bien ils vont dans le pr au M re Ils restent dans le pr au On a le grand pr au disons que moi je leur pose des limites hein J suis plut t quelqu un qui est angoiss e de peur qu on me prenne mes enfants ou qu il leur arrive quelque chose Donc ils ont leurs limites ils savent qu ils ont pas le droit de sortir de tel pr au mais par exempk s ils veulent jouer au foot C est toute la semaine que ce soit cole ou pas cole on est dans le pr au Alors quand ils sortent de l cole m me le mercredi s il fait beau on est dans le pr au le samedi le dimanche s il fait beau on est dans le pr au Il est possible que cette mani re d organiser le cadre de jeux des enfants d pende en partie des conditions de vie que conna t la famille Vivre six dans un appartement exigu n incite certes pas accueillir d autres enfants mais plut t sortir comme le pr cise notre
137. est connue par la moiti des parents mais seule une famille y participe ou dans un cas y a particip en assistant une s ance Notons que la situation n est pas tout fait la m me dans les deux quartiers L association des Avanchets fonctionne alors qu elle est en voie de reconstitution aux Libellules Le manque de temps est la principale raison voqu e pour expliquer la non participation ceci dans les deux groupes de parents M re Le probl me c est le temps ouais Silence ouais mais j aimerais participer pourquoi pas Moi en ce moment je compte mon temps famille n 1 d origine portugaise enfant en r ussite scolaire Dans une autre famille c est galement le m me refrain Int Vous connaissez l association de parents des Avanchets M re Ah oui on conna t on est m me membre Int Mais vous participez M re Non parce que c est tr s difficile c est toujours le soir il le mari travaille 79 SRED Service de la recherche en ducation Int Et il n y a pas de voisine que vous connaissez assez bien pour faire garder la petite M re Non parce que de nouveau je pense que nous sommes un peu timides avec les autres personnes famille n 6 d origine portugaise enfant en r ussite scolaire Encore et toujours Int C est une chose qui vous int resserait de participer M re C est dire que moi si je pourrais a me d ra
138. ette derni re s est beaucoup mobilis e pour comprendre ce qui n allait pas chez sa fille a vraiment individualis la prise en charge de la fillette ce qui a eu des effets positifs par la suite am lioration visible m me s il reste des probl mes r soudre Il est int ressant maintenant de voir de plus pr s ce que les parents d l ves en difficult reprochent l cole et aux enseignantes En gros les arguments avanc s pour expliciter les motifs d insatisfaction rel vent de quatre registres p dagogique relationnel communicationnel et organisationnel Dans tous les cas de figure la d marche consiste attribuer les causes de l chec des l ments ext rieurs la famille et l enfant en l occurrence l organisation de l cole et l attitude ou aux pratiques des enseignantes Les arguments de type p dagogique sont les plus fr quents Ils vont de consid rations g n rales sur l cole qui ne respecte pas le rythme de d veloppement des enfants tue leur imagination leur bourre inutilement le cr ne aux critiques sur les m thodes d apprentissage de la lecture la trop grande place laiss e aux jeux ou sur le type de devoirs donn s Je trouve qu ils font pas vraiment le n cessaire l cole pour apprendre aux gamins Ils sont capables de prendre les gamins et d aller faire un tour en car et aller voir la montagne et c est les parents la maison qui doivent apprendre
139. fini dans les temps il pouvait pas jouer avec ses camarades de classe Alors d j en 1 enfantine hein on le punissait s il ne pouvait pas finir son travail a c est une chose qui d j je trouvais c est pas tr s bien Parce que je crois qu un enfant de 1 enfantine a le droit de jouer et il doit apprendre s int grer dans un groupe donc apprendre jouer aussi avec les autres a fait partie de son int gration dans la soci t aussi famille n 20 d origine suisse Plusieurs parents critiquent les m thodes utilis es pour l apprentissage de la lecture et regrettent notamment l abandon de la m thode syllabique qu ils ont eux m mes connue comme aussi certains de leurs enfants plus g s Pour la mani re d apprendre je ne comprends pas pourquoi elles les enseignantes font comme a Franchement de notre temps c tait pas comme a dans le temps des filles plus g es d un premier mariage pas non plus et maintenant on fait un petit commencement de dessin et apr s les enfants ils doivent savoir le reste et je me dis Bon c est quand m me bizarre Je pense qu ils ont pas beaucoup de temps pour expliquer et faire lettre par lettre et les m langer un petit peu La logop diste elle elle apprend lettre par lettre et elle sait carr ment lui mettre dans la t te un D un B tout a et je lui dis Pourquoi a se passe pas comme a l cole
140. i renvoie aux liens entre l cole les institutions de prise en charge de la jeunesse et des familles et la collectivit locale A l gard du type particulier de population d l ves voqu plus haut on pourrait r sumer ce r le par la double injonction devoir d int gration et devoir d quit 2 La question de la socialisation et des apprentissages les enfants de milieu populaire souvent issus de l immigration rencontrent des difficult s d apprentissage sp cifiques et se retrouvent en situation d chec scolaire dans une proportion plus importante que les autres l ves Cette probl matique qui en est galement une pour les enseignants sera approch e par l tude de l laboration des projets d cole dans les tablissements de Vernier dans quelle mesure ces projets vont ils prendre en compte les difficult s sp cifiques de cette population d l ves Quel type de ressources cela n cessite t il 3 La question des relations entre les familles et l cole qui renvoie fr quemment l loignement des familles et des l ves par rapport aux valeurs v hicul es par l cole On retrouve cette distance propos ds comp tences que l institution scolaire pr suppose chez les familles et chez les enfants et qu elle se donne pour t che de d velopper Il importe d s lors de se demander quelles sont les difficult s et les ressources sp cifiques de ces familles ainsi que leurs attentes l ga
141. ice de la recherche en ducation Familles cole et quartier TABLE DES MATIERES AN ANT PROPOSsnnnennnenndtnnnneniniinnntnnte nn tenant 3 INTRODUCTION LA SCOLARITE ET SES ENJEUX DANS UN QUARTIER POPULAIRE ssssssess 9 1 Caract ristiques de la commune tudi e ssssssseeeseonesnesssosoossescessesccccoosesseessncee 10 2 Cadre conceptuel et m thodologie sosooesesesssosoosossesesososccssesesssoseosessssssosooseesesesssoseosse 12 2 1 Capital social et r ussite scolaire eeeeeeeeeeeseeeeeeseeeeeessssesrrerrtsssseseereesssseserereessssesesreee 12 2 2 Dispositif de recherche et choix de m thode 12 2 3 Dimension exploratoire et qualitative de l approche adopt e 14 2 4 Profil des familles rencontr es 14 3 Lecture mode d emploi lisses creer setiensessenssessseesesnteresenssetssetessestses 15 PREMIERE PARTIE DU PARTENARIAT AU RETRAIT LES RELATIONS A L ECOLE DE QUELQUES FAMILLES DE MILIEU POPULAIRE eseseceesesesescocesococcececescocososoceccoseseseososososeseoso 17 1 Les effets possibles de la pr scolarisation ou de son absence ss 17 1 1 Des obstacles culturels et financiers 17 1 2 Un investissement pour l avenir ss 18 LE brefs sms best tete E tr ei EE E eba titres 20 2 Le
142. il y a des jeux dehors il y a des balan oires une araign e qu ils peuvent grimper dessus il y a une rampe pour faire du roller les filles elles ont sept ou huit ans elles font du roller donc il y a assez pour s amuser pour les plus grands il y a des tables de ping pong il y a des baby foot chacun peut faire ce qu il veut il y a une grande table tu peux demander des feuilles des crayons tu peux dessiner si t as envie de dessiner tu veux un livre tu lis t as envie de faire un bricolage bon ils ont leurs heures pour faire du bricolage Int Et pourquoi ils ne veulent plus y aller eux M re Ah je sais pas ils disent que a devient emmerdant ils me le disent quoi et puis moi je dis que je ne suis pas d accord avec eux Et puis pour moi le Robinson c est tous les mardis tous les mercredis je veux pas le savoir je maintiens tous les mardis soirs ils mangent l bas tous les mercredis midi ils mangent l bas ils partagent ce moment de repas avec d autres enfants que je ne connais pas qui viennent d autres maisons pas forc ment de la rue famille n 14 d origine suisse Dans une autre famille requ rants d asile o ne p n tre aucun enfant tranger la famille les parents vivent de mani re compl tement isol e dans des conditions tr s pr caires L espace vital de l appartement est galement tr s r duit mais cela ne saurait suffire expliquer le repli et la fermet
143. ille n 14 d origine suisse Cette difficult d ordre relationnel au moment des devoirs est connue il y a des enjeux affectifs voire passionnels autour de la r ussite scolaire des enfants d sir de mobilit sociale espoir qu ils vont s en sortir ce qui d clenche des nervements et des blocages quand les choses se passent mal voir C u Cunha 1998 Dans la troisi me famille l enfant a tellement d autres activit s art martial hobbies placement dans une famille d accueil les jours o sa m re travaille que sa m re n a gu re de temps de faire les devoirs avec lui De plus c est souvent aussi un moment difficile On sent que la m re n est pas convaincue du bien fond des devoirs et lui transmet sans doute son ambivalence Il se sent norm ment d bord quand il a fini une page de devoirs il sent que tout de suite il y en a une deuxi me qui vient il sent que a s arr te jamais il en a jamais fini Il est puis Je crois qu il en peut plus il en a marre parce que a s arr te pas Alors je fais les devoirs avec lui qu il doit faire mais je pense qu il doit aussi pouvoir jouer la maison et puis je veux pas qu il passe toute sa vie l cole Il fait volontiers ses devoirs pour me faire plaisir mais c est un effort norme Puis des fois a va pas du tout alors je suis oblig e de le pousser le pousser et puis a finit mal famille n 20 d origine suisse
144. illes plus d une sur deux les parents sont plut t voire franchement n gatifs l gard de l cole et de l enseignante Dans quatre autres familles dont les parents estiment que l cole genevoise est meilleure que celle de leur pays d origine on est globalement satisfait de l cole et une fois m me tr s logieux l encontre de l enseignante Mais il s agit soit de parents qui n ont pas v ritablement conscience des difficult s de leur enfant et ou de parents qui comme on l a dit plus haut sont si profond ment persuad s qu une telle cole est capable de r soudre tous les probl mes qu ils lui d l guent enti rement la prise en charge de l avenir scolaire de leur enfant Ce sont aussi des parents qui sont si loign s du syst me scolaire souvent d ailleurs ils ont peine rencontr la ma tresse qu ils n en comprennent pas vraiment le fonctionnement ni les exigences et lui font une confiance aveugle Un couple de parents africains est par exemple extr mement reconnaissant que leurs filles soient tout simplement scolaris es et aient l occasion d apprendre le fran ais d s lors ils ne cherchent pas davantage comprendre comment cela fonctionne ni savoir si leurs enfants satisfont aux normes scolaires il faut dire qu en tant que requ rants d asile ils ont d autres soucis Enfin une m re de famille est satisfaite de l cole et particuli rement de l enseignante car c
145. ion de ces familles d racin es ou en voie d exclusion notamment par le biais d une communication facilit e avec elles 3 3 Un nouveau r le pour les associations de parents d l ves Dans des quartiers avec une forte concentration de familles de milieu populaire et ou en situation pr caire l association de parents d l ves quand elle existe aurait semble t il un r le sp cifique jouer au del de la traditionnelle d fense des int r ts de ses usagers qui souvent pr vaut ailleurs On sait que les associations de parents sont la plupart du temps anim es et investies par des parents qui ont un certain nombre de ressources leur actif notamment en termes de capital social qu ils pourraient mettre au service d autres familles moins favoris es L cole pourrait ainsi s appuyer sur ce r servoir de ressources humaines et sociales pour cr er du lien social entre les familles d l ves L association pourrait par exemple tre sollicit e pour organiser le moment consacr au d veloppement de l interconnaissance dans le cadre des r unions de parents Une autre fonction de l association de parents d l ves pourrait tre la mise sur pied et l organisation d un dispositif d aide aux devoirs en partenariat avec l cole On a vu que certaines familles avaient des difficult s pour assister leur enfant dans son travail scolaire soit pour des questions de langue soit parce que l
146. ion professionnelle souvent un apprentissage certifi e son actif Dans trois quarts de ces familles neuf sur douze un 37 SRED Service de la recherche en ducation membre de la famille au moins s implique fortement dans le suivi scolaire des enfants Le plus souvent il s agit de la m re qui parfois sait mieux le fran ais et a b n fici d une scolarit un peu plus longue que le p re Mais il peut s agir galement de grands parents qui gardent l enfant la sortie de l cole d une grande s ur qui a quelques ann es scolaires de plus son actif ou encore de grands fr res ou de cousines universitaires Bon il est aussi souvent chez une cousine mon mari qui habite tout pr s et donc les petites enfin les petites elles ont vingt ans elles tudient une tudie la m decine Le soir quand elles rentrent elles tudient le petit il est c t il regarde ce qu elles font Ouais m me les calculs elles l aident tout le temps famille n 15 d origine portugaise Par implication forte nous entendons des personnes qui restent c t de l enfant pendant qu il fait ses devoirs ou en tout cas sont sa disposition qui le laissent se d brouiller mais l aident aussi et r pondent ses questions si n cessaire qui v rifient qu il lise correctement etc Pour le moment Lucien n a pas de devoirs la maison il fait tout en classe Mais de temp
147. ire y 7 et ses valeurs R ussite Sens attribu la chec scolarit de l enfant de l l ve Ce qui para t d terminant pour la r ussite ou l chec scolaire de l l ve c est comme nous avons vu plus haut la dynamique sociale ducative qui parvient s enclencher entre cole et famille autour des apprentissages de l enfant droite du sch ma 74 Ce sch ma s inspire pour l essentiel de celui pr sent par Maurice L vesque dans sa th se sur le r le du capital social dans la sortie de l aide sociale 2000 p 108 99 SRED Service de la recherche en ducation Cette dynamique d pend d abord de la situation et des caract ristiques sp cifiques de chaque famille de quel type de famille s agit il Famille suisse ou immigr e immigration r cente ou plus ancienne nombre d enfants dans la amp mille famille monoparentale ou non langue parl e en famille int gration dans le quartier etc Elle d pend ensuite des diff rentes ressources de la famille e de ses ressources conomiques en ce qui concerne la scolarit des enfants ce qui para t avoir le plus d effet ce sont les cons quences de ressources conomiques limit es sur le temps dont disposent les familles pour s occuper de l enfant temps de travail irr gulier et ou nocturne surcharge des horaires notamment pour les emplois les moins qualifi s et les moins prot g s par des conventions collectives dans n
148. isant dans l attitude des parents avant m me l entr e de l enfant l cole on l a vu propos de la pr scolarisation cr erait un climat plus favorable aux apprentissages 3 Investissement scolaire et rapport l crit des familles Pour comprendre les diverses positions des familles de notre corpus l gard de la scolarit de leur enfant nous avons repris certaines des dimensions tudi es par B Lahire le rapport l crit l investissement p dagogique ou des dimensions proches nous avons ainsi parl de la coh rence et du style ducatifs de la famille plut t que des formes de l autorit familiale Lahire en y ajoutant les types de contact avec l cole Nous avons en effet constat que les familles se distinguaient subtilement sur ces diff rentes dimensions ce qui nous a permis de comprendre un peu mieux les enjeux familiaux autour de la scolarit de l enfant Nous allons voir point apr s point comment se d clinent ces diff rences 3 1 Les types de contacts avec l cole Lors des entretiens nous avons syst matiquement demand aux parents s ils avaient assist aux r unions de parents organis es par l enseignante comment et quel rythme et surtout l initiative de qui ils rencontraient cette derni re Il s agit l de comportements effectifs participation prise de contact entr e en relation qui repr sentent le p le concret du rapport l institution scolair
149. isinage et de travail ainsi que dans des r seaux associatifs et d entraide dans lesquels l institution scolaire a une intelligibilit et une l gitimit fortes Mais d autre part cette construction implique surtout de la part de l cole une volont de communiquer de se rendre intelligible pour les familles de milieu populaire et d abandonner une position de repli ou de d sengagement leur gard sous le fallacieux pr texte qu elles seraient d missionnaires ou refuseraient toute implication dans la scolarit de leurs enfants Dans un premier temps nous montrerons comment les concepts de communication sociale et de dynamique sociale ducative permettent de prendre en compte l ensemble des facteurs de r ussite ou d chec mis en lumi re dans les analyses pr c dentes et comment ils aident concevoir ce travail de construction et de reconstruction du sens de l exp rience scolaire pour les familles concern es Nous rappellerons ensuite les principes de base qui d coulent de cette analyse et devraient guider les acteurs de l cole dans leurs relations avec les familles notamment avec celles qui sont le plus d munies et paraissent se retirer du jeu scolaire 1 Les enjeux de la communication familles cole Rappelons que la recherche pr sent e ici avait pris corps la suite de diverses rencontres avec des enseignants des inspecteurs et des travailleurs sociaux de la commune de Vernier qui s
150. isins Elle se pla t toutefois suffisamment dans le quartier pour vouloir y rester De plus elle ne veut pas bousculer son fils qui dit elle a besoin de s enraciner quelque part M re Non non les associations je vous dis c est pas mon truc elle rit Tout l heure l j ai t la piscine donc mais a a rien voir avec le quartier c est de l aqua training donc c est de la gymnastique dans l eau c est dans la piscine d ici mais a n a rien voir avec le quartier Et au point de vue du sport ils font de la gymnastique mais moi jaime pas la gymnastique donc je sais pas mais je crois pas qu ils font grand chose d autre Y a la p tanque j aime pas la p tanque non plus elle rit famille n 20 d origine suisse 77 SRED Service de la recherche en ducation Il n y a pas de fatalit Dans la derni re famille monoparentale de ce sous groupe malgr une timidit v cue comme handicapante et un rythme de vie m tro boulot dodo qui ne lui laisse gu re de temps la m re parvient cependant cr er des relations d entraide avec ses voisines et quelques coll gues De plus elle peut compter sur sa m re pour aller chercher ses filles l cole De ce fait malgr des loisirs tr s restreints elle semble moins isol e que les personnes l on vient d voquer Int Vous connaissez des gens Vous vous sentez bien int gr e maintenant
151. it quasi incontournable Le sentiment d incomp tence des parents Dans le m me temps ces parents se sentent d munis voire subjectivement incomp tents pour aider leur enfant voir Osiek Parisod 1990 et Le Breton 1998 Ce sentiment d incomp tence peut tre plus ou moins fortement ancr selon les cas et les exp riences ant rieures Par exemple le fait qu ils n aient souvent pas t eux m mes suffisamment scolaris s et ou en raison de certains messages transmis inconsciemment par l institution les plonge dans un sentiment d impuissance voir Zehraoui 1998 et Chauveau amp Rogovas Chauveau 1998 Ces trois l ments sont en interaction et modifient chacun leur mani re le rapport des parents l cole Cette situation n cessite que l cole prenne en compte les difficult s sp cifiques de ces familles 95 SRED Service de la recherche en ducation Les r ponses de l cole aux familles populaires avec enfant en difficult D sir de r ussite pour l enfant Expliquer comment ils peuvent aider Valoriser les comp tences parentales Expliquer clairement etpr cocement les difficult s de l enfant Sentiment Difficult s emeompetengs Soutien scolaire aide aux de l enfant des parents 7 P devoirs offerts par l cole assistance ducative aux parents L gende situation g n rale de la famille lt 7 apport de l cole et des enseignants pour aider concr tement l
152. itiques municipales d ducation Communication au Colloque de l ADMFEE Dijon 1999 107 SRED Service de la recherche en ducation La r novation de l enseignement primaire s appuyant notamment sur le constat du relatif chec des politiques de lutte contre l chec scolaire men es jusqu ici attend des coles qu elles d veloppent un projet d tablissement au niveau local Cela constitue pour la commune une raison suppl mentaire non pas d intervenir mais de soutenir les projets d coles verniolanes qui iraient dans le sens du d veloppement du capital social des familles de la commune notamment par les politiques de lutte contre l chec scolaire mises en place Enfin dans sa politique de maintien sur le territoire communal de familles de classe moyenne et sup rieure il n est nullement indiff rent que les coles de Vernier restent attrayantes pour ces familles Il s agit d viter que sous pr texte d un nombre trop lev d l ves de milieu populaire et de langue maternelle non francophone dans les classes ces familles quittent la commune ou le quartier et renforcent de ce fait les difficult s rencontr es par ces coles On peut penser qu ce niveau aussi une politique scolaire active et novatrice repr sente et repr sentera de plus en plus pour la commune un enjeu mafur Hypoth ses Les l ves en difficult scolaire dans les coles de Vernier appartiennent en priorit
153. l acc s cette sociabilit enfantine semblait plus probl matique et o l on pouvait parfois se poser la question d un relatif isolement de l enfant ou du moins d une certaine fermeture des parents aux changes entre pairs 2 1 L pineuse question des invitations entre enfants Dans certaines familles les camarades ne sont pas invit s la maison et les enfants ne vont en g n ral pas non plus chez les voisins Soit que la famille s organise de telle mani re que cela laisse peu de loisirs l enfant soit que dernier ait l autorisation de jouer avec d autres enfants au bas de l immeuble ou dans ses all es mais pas dans l appartement Ces pratiques se font l ext rieur de la famille laquelle d s lors n est pas impliqu e activement dans l change et reste ferm e au contact avec d autres enfants C est le cas pour trois des enfants en difficult scolaire 4 12 14 alors que nous n avons pas rencontr cette situation dans les autres familles 48 I faut dire que le cas de la famille n 18 est un peu particulier L enfant nous avait t signal par l enseignante comme tant en difficult Elle avait galement averti la m re qui a pris s rieusement son fils en main exercices la maison etc si bien qu au moment de l interview ce dernier avait totalement rattrap son retard 49 Ces num ros identifient les familles afin que le lecteur puisse le cas ch ant se r f re
154. l enseignant rencontrent d autres parents etc Toutefois la r ciprocit est loin d tre parfaite et certains parents restent malgr tout loign s de l cole ils ne r pondent pas aux convocations ne participent pas aux r unions ou n y trouvent pas de r ponses leurs questions s y sentent mal l aise ou tout simplement ont l impression d avoir faire un monde auquel ils sont trangers En d autres termes ces relations ne font pas sens pour eux Relevons que la m me chose vaut pour des familles d autres milieux qui peuvent consid rer que les r unions de parents ou les rencontres avec les 100 Familles cole et quartier enseignants ne constituent qu un rituel sans contenu v ritable sans qu elles y puisent des ressources pour l accompagnement scolaire de leur enfant On dira donc que le capital social dont disposent les familles dans leurs relations avec l cole est d autant plus grand que se d veloppent des relations de r ciprocit dans ce va et vient entre les familles et l institution scolaire et la collectivit en g n ral Il en r sulte alors un niveau plus lev de confiance davantage de significations et de valeurs partag es mais galement la mise en place de r seaux de dispositifs de rencontre et de dialogue mieux adapt s la diversit des familles En ce qui concerne les familles de milieu populaire et souvent d origine trang re dont il a t ques
155. l int gration sociale au capital social mais parce qu il nous semble ind niable que la r ussite de la premi re 57 SRED Service de la recherche en ducation est favorable voire n cessaire la constitution du second et que par la suite ces deux l ments interagissent constamment entre eux Le capital social met l accent sur les rapports entre les gens Il r f re la qualit du tissu social la densit des r seaux sociaux la coop ration et la collaboration qui existent dans une communaut Il prend galement en compte le degr de confiance que les personnes d une communaut ont les unes dans les autres ainsi que dans les institutions ce qui facilite grandement l tablissement de liens sociaux et de collaboration voir B langer 1997 et Schuller 2001 D un certain point de vue le capital social est repr sent par l ensemble des r seaux dans lesquels un individu ou un groupe est int gr et qu il peut mobiliser pour avoir acc s diverses formes de biens mat riels ou symboliques en fonction des normes de r ciprocit l uvre dans le r seau Ces ressources directement mobilisables repr sentent alors une forme de capital qualifi de social parce qu il s inscrit dans un r seau de relations voir Fors 2000 Dans la premi re partie nous avons d une certaine fa on examin le capital social des familles directement en lien avec la scolarit de l enfant tel que d
156. le Un rapport ambivalent l crit Dans la majorit des familles d enfant en difficult galement on a racont des histoires aux enfants ou on continue le faire Cependant dans quatre d entre elles cela ne se fait quasiment pas ou n a jamais t le cas parfois c est parce que les parents n ont eux m mes aucun mod le qui les incite cette pratique J ai jamais j ai pas t lev e comme a Moi ma maman elle me racontait pas d histoires quand j tais petite moi a m est pas venu naturellement Bon des fois ils me demandent quand ils ram nent un livre de la biblioth que scolaire a oui ils viennent c t de moi et puis ils me demandent Tu me lis mon livre jusqu ce que donc je le fasse Mais a me viendrait pas l id e de prendre un livre et puis de leur lire une histoire spontan ment famille n 4 d origine suisse Une m re seule responsable d une famille nombreuse essaie de maintenir ce rituel du soir dans une vie familiale par ailleurs un peu chaotique mais cela lui pose des probl mes pratiques et d autorit si bien qu elle renonce souvent d courag e C est un peu compliqu parce que moi mon principe de base c est de faire une chambre apr s l autre m me s ils veulent la m me histoire c est pas un probl me je la relis trois fois si il faut mais le probl me c est que quand je suis dans une chambre en train d
157. les moins favoris s que cette crise a certainement eu les cons quences les plus n gatives On peut remarquer que l application de la nouvelle loi a parfois contribu la constitution de regroupements de populations cumulant des caract ristiques socialement fragilisantes ch mage faibles revenus probl mes familiaux difficult s d int gration li es l origine sociale ou nationale l ducation etc ce que l on peut consid rer comme des lieux de condensation de la pr carit sociale Il ne s agit certes pas de banlieues la fran aise encore moins de ghettos l am ricaine mais certains quilibres sont devenus fragiles On en a r cemment pris conscience tant du c t des autorit s communales que de celui des professionnels les plus directement concern s par cette volution particuli rement dans les milieux de l enseignement et de l action sociale culturelle ou sanitaire Ces professionnels se trouvent d sempar s face des situations particuli rement difficiles et des attentes auxquelles ils ne se sentent ni pr par s ni soutenus pour r pondre de mani re satisfaisante faute de moyens suffisants pour intervenir alors que les demandes n ont cess de cro tre quantitativement et qualitativement Dans certains quartiers de Vernier o malgr une pr dominance de m nages de milieu populaire on avait encore affaire un certain nombre de familles de classe moyenne on a vu
158. leur difficult savoir comment s y prendre et ou leur crainte de mal faire 3 1 Introduire une dynamique sociale dans les r unions de parents Pour certaines familles leur loignement de l cole tient essentiellement aux contraintes fortes qui p sent sur elles notamment en termes mat riels et conomiques mais aussi en termes de temps disposition compte tenu des horaires tr s lourds et ou irr guliers qui sont souvent les leurs Plusieurs de ces familles doivent cumuler deux salaires et parfois m me deux emplois pour une seule personne afin de s en sortir Cet tat de fait emp che bien des parents de participer aux r unions organis es leur intention et il suffirait peut tre dans certains cas d en modifier l organisation pour les leur rendre plus accessibles Par ailleurs le constat de l isolement de certaines familles parle en faveur d un effort faire pour essayer de les int grer ou de les r int grer dans un tissu de relations dans lequel l cole prendrait sens nouveau En d autres termes il s agirait de mettre en place des situations cr atrices de liens avec d autres familles Dans ce sens une des fonctions que pourrait 67 Dans la plupart des cas il ne s agit pas d un libre choix de la part de parents qui n gligeraient leur t che ducative au profit d une am lioration de leur confort mat riel comme on l entend dire ici ou l Il s agit au contraire d une n cessi
159. lle en sait objectivement peu de choses qu imagine t elle comment se repr sente t elle cette famille Dimension du d veloppement et des apprentissages O en est cet l ve de ses apprentissages fondamentaux expression orale lecture criture maths Apprend il facilement fait il facilement des liens Ou au contraire a t il des difficult s d apprentissage et si oui de quelle nature Se montre t il int ress curieux d sireux d apprendre ou au contraire semble t il subir les activit s d apprentissage sans avoir l air de comprendre ce qui se passe ce que l on attend de lui etc Qu en est il des autres apprentissages par exemple comment se comporte t il dans les activit s dites d veil 117 SRED Service de la recherche en ducation O en est il de son d veloppement psycho moteur Comment est il dans son corps Autour de l apprentissage de la lecture Quels livres donne t on lire aux enfants Y a t il une tentative de diversification de diff renciation Dimension socio affective Comment cet l ve se comporte t il dans la classe Est il actif participant ou au contraire souvent r veur plut t dans le retrait Est il agit bagarreur Quelles sont ses relations affectueuses timides agressives coop rantes etc avec les autres enfants avec l enseignante ou d autres adultes refus de l autorit demande d attention d pendance etc Quel est son statut
160. lors l atteinte d objectifs individuels ou collectifs 44 A l exception de quelques allusions spontan es des changes avec des coll gues et ce sont en g n ral les m res de famille qui parlent entre elles de questions scolaires et ducatives sur leur lieu de travail nous disposons de peu d informations sur ce qui se passe dans le cadre professionnel Voir ce sujet le rep rage synth tique des professions exerc es par les parents interrog s dans l introduction 58 Familles cole et quartier potentiels tels que consid r s dans la cr ation d un capital social Il ne s agit pas forc ment de r seaux formels mais le plus souvent de r seaux informels fluctuants qui se constituent sur des r alit s elles m mes changeantes l appartenance une association de parents par exemple Cela implique galement la participation des soci t s de loisirs ou de sports ou plus simplement la pratique de ces m mes activit s avec d autres personnes Il peut s agir aussi de situations de communication et d change avec des voisins d autres parents d l ves etc Pour les familles immigr es cela peut s incarner dans des liens forts avec des membres de leur propre communaut nationale tablis Gen ve Dans ce cas la famille n est pas v ritablement isol e puisqu elle b n ficie du soutien de compatriotes qui peut repr senter certains gards un capital social important Mais il est alors circon
161. lors qu on n en rencontre aucun dans l autre groupe De m me certains parents de ce groupe familles n 2 12 laissent l enfant assister des anniversaires sans en organiser en retour ou encore jouent le jeu tout en marquant une forte r ticence famille n 20 Dans l autre groupe on trouve chaque fois une famille dans ces deux derniers cas de figure respectivement n 9 et n 8 Une pratique qui pose probl me Dans la moiti des familles dont l enfant est en difficult les anniversaires mblent poser probl me notamment pour des raisons financi res D autres parents t moignent d une attitude un peu m fiante face une pratique qui les met en contact direct avec d autres enfants ou d autres familles Dans plusieurs cas les deux facteurs s interp n trent et il est impossible de les d m ler Il est probable d ailleurs que les difficult s mat rielles sont d autant plus facilement ressenties comme obstacle lorsque existent par ailleurs des r ticences ou des attitudes de fermeture vis vis de l ext rieur Un exemple en est donn dans l extrait d entretien suivant il s agit d une famille monoparentale o vivent six enfants dans un quatre pi ces Int Mais elle est invit e des fois aux anniversaires M re Ouais mais en g n ral je les laisse pas y aller Int Parce que a co te cher d j hein M re Ben disons que moi j ai pas les tunes pour payer des cadea
162. lus haut double solitude la fois dans la classe et dans la famille 2 Dans un second sous groupe galement constitu de trois familles il y a tentative d aide pour les devoirs mais cela ne se passe pas tr s bien et ou la m re abandonne souvent la t che 42 Familles cole et quartier pour diverses raisons On a en tout cas l impression que le moment des devoirs est un moment difficile plein de tensions A la place qu il regarde la t l ou qu il joue ou qu il aille dehors je pr f re qu il fasse son devoir mais il fait pas ce que je veux et des fois il m nerve Je le fais carr ment refaire les choses et il me dit Mais non j ai pas envie et je lui dis Non continue Apr s quand je vois que a sert rien je laisse parce que avec mon mari a Va pas comme a Parce que mon mari avec lui il faut qu il dise les choses correctes sinon des fois il le punit c est normal famille n 21 d origine portugaise Ah si si je fais les devoirs mais quand je vois le stade o elle en est les devoirs la limite c est moi qui dois les faire Elle arrive pas crire elle arrive pas comprendre c est trop difficile pour elle J essaie de lui expliquer je fais avec elle et tout et puis je la force un peu je lui dis Maintenant tu m cris a l tac c est faux bon allez hop On efface tu recommences jusqu ce qu elle crive juste fam
163. mal consid r s par les enseignants ou pas autoris s par eux travailler avec leur enfant qui risquerait de tout m langer Le sentiment d incomp tence ducative fr quemment prouv par les parents de ce milieu voir F Osiek Parisod 1990 s en trouve renforc les dissuadant de suivre E travail scolaire de leur enfant De plus ce sentiment d incomp tence bas sur une m connaissance de la langue et du syst me ducatif genevois et ou sur un pass de mauvais l ve se double souvent d un sentiment d in galit et de disqualification sociale et culturelle objectivement fond et fortement ressenti au plan subjectif devant les enseignants que les parents craignent plus ou moins confus ment de rencontrer voir Zehraoui 1998 de l leur tendance l auto d valorisation Par ailleurs les attentes parfois ambigu s et contradictoires de certains enseignants leur endroit les font se sentir incomp tents dans leur action ducative quand bien m me ils souhaiteraient aider leur enfant dans son travail scolaire Les enseignants savent eux m mes ne savent pas voir Le Breton 1998 On retrouve ici le double message souvent transmis aux parents de milieu populaire par l institution scolaire et mis en vidence par certains chercheurs Les parents savent que l cole leur demande de participer et d aider leurs enfants mais en m me temps ils sentent qu elle leur dit de ne
164. ment divergents ils sont tiraill s entre l espace familial et l espace scolaire Pour beaucoup d l ves il est parfois difficile voire impossible de prendre appui sur un sentiment de continuit Le Breton 1998 Souvent ils ne comprennent pas plus que leurs parents le sens et l utilit des activit s propos es en classe Pour ces l ves le monde scolaire est fait d incoh rence les processus d apprentissage restent opaques ils ne rep rent pas ce qu ils font pourquoi ils le font Le Breton 1998 On rencontre ici la solitude de certains enfants de classe populaire voqu e par Lahire cf infra 3 4 L investissement invisible des parents de milieu populaire Ce n est pas parce que l on voit peu ou pas certains parents l cole qu ils ont pour autant d missionn Au contraire certains parents sont dans une situation d impuissance et de souffrance qui n a rien voir avec une d mission Charlot 1998 Plusieurs chercheurs ont montr que contrairement ce que pensent beaucoup d enseignants les parents de milieu populaire sont souvent tr s soucieux de la r ussite scolaire de leurs enfants mais leur investissement ce propos n est pas toujours visible ou compr hensible vu de l cole car il n a pas toujours les effets attendus Moins les parents en savent sur les rouages de l institution scolaire moins les moyens qu ils mettent en uvre sont rationnels
165. mmunaut ont les unes dans les autres ainsi que dans les institutions ce qui facilite grandement l tablissement de liens sociaux et de collaboration voir B langer 1997 et Schuller 2001 SRED Service de la recherche en ducation des milieux populaires Qu est ce qui se joue dans cet loignement des familles et dans la difficult de les rencontrer qu voquent fr quemment les enseignants de ces quartiers La recherche dont nous proposons les r sultats dans ce texte est partie de notre volont de comprendre un peu mieux ces familles de milieu populaire notamment en ce qui concerne leurs relations avec l cole d une part et avec le quartier d autre part Il y a videmment ce qu en disent les enseignants mais ces parents eux m mes que disent ils de leur insertion dans le quartier et de leur rapport l cole Comment la per oivent ils qu en attendent ils En quoi ne sont ils pas conformes l image du bon parent d l ve dont r ve tout enseignant Sont ils si d sinvoltes ou si peu int ress s l cole que certains semblent le dire Comme on le verra notre recherche est loin d explorer toute la r alit des familles de milieu populaire Elle introduit notamment un biais important du fait que les familles interrog es ne constituent pas un chantillon repr sentatif et qu en particulier elles ont t choisies part gale parmi celles d l ves en situation de r ussite et c
166. motive compl tement 80 Familles cole et quartier M re Ouais mais franchement si je suis la seule qui dit des choses comme a et que a change seulement dans dix quinze ans quand mes gamins sont plus l cole qu est ce que j en ai faire Je veux pas que a change que pour les enfants des autres je veux que a change pour les miens quand les miens ils y sont famille n 14 d origine suisse Certains commentaires nous interrogent sur l image qu une association de parents donne aux parents immigr s qui n ont peut tre pas connu ce genre d organisation dans leur pays d origine Certains semblent choqu s comme ce p re qui bien que tr s critique par rapport l cole ne veut pas tre m l aux actions de l APE de crainte de faire du tort l enseignante de son enfant en envoyant des lettres aux cadres du d partement et aux responsables de l cole Il voit donc l APE comme une organisation qui agirait essentiellement contre les enseignants ce quoi il ne veut pas s associer m me si pendant l entretien il se montre tr s f ch vis vis de l enseignante P re Quand la m re de X est venue me trouver pour crire une lettre pour Mme Y comme quoi c tait pas une bonne ma tresse et tout elle parlait qu ils taient en train de monter une association des parents et moi je lui ai dit Ecoutez faites ce que vous voulez mais moi je rentre pas dans ce
167. n aise de p dagogie n 117 oct d c 1996 pp 87 149 Les enfants de migrants l cole 1987 Paris OCDE CERI 108 Familles cole et quartier 2 1 Langage rapport au savoir et l crit D s le d but des ann es 70 Basil Bernstein a d velopp une th orie sociologique de l apprentissage dans laquelle il d montre que la moindre r ussite des enfants de milieu populaire n a rien voir avec leurs aptitudes personnelles mais renvoie au fait que ces enfants sont confront s l cole d s leur plus jeune ge des mod les d apprentissage et une culture diff rents selon l usage de la langue qui pr vaut dans leur milieu d origine Selon lui les formes de langage du milieu d origine d terminent la possibilit ou au contraire l impossibilit d acqu rir des comp tences la fois intellectuelles et sociales dont la possession conditionne la r ussite scolaire et professionnelle Bernstein 1975 Dans une perspective sociologique mais en tentant de d passer le d terminisme des codes socio linguistiques pour comprendre galement les histoires atypiques qui s loignent plus ou moins des normes statistiques B Charlot et ses collaborateurs ont abord la question du rapport l cole et du rapport au savoir compris comme une relation de sens et de valeur entre dans le premier cas un individu ou un groupe et l cole comme lieu ensemble de situations
168. n fici de compensations indirectes L un a suivi l cole enfantine dans un tablissement aux exigences lev es ce qui l a particuli rement bien pr par l entr e en primaire dans une cole o l on ne peut placer la barre aussi haut Les difficult s de l autre son entr e en F enfantine ont renforc l investissement de la m re par rapport la scolarit de ses enfants Par ailleurs le fait que plusieurs parents des enfants qui r ussissent aient fait de la fr quentation du jardin d enfants une strat gie explicite de pr paration la vie scolaire est un bon indicateur de leur int r t pour la scolarit de leur s enfant s et de leur investissement cet gard Cela montre galement que si la fr quentation d une institution de la petite enfance ne peut tre invoqu e comme facteur unique et syst matique de r ussite scolaire elle reste un l ment favorable de poids prendre en compte parmi d autres qui contribuent cr er les conditions de cette r ussite Il semble d ailleurs que ce ne soit pas la seule fr quentation de ces institutions qui agisse en tant que telle Ce qui para t significatif c est bien le sens d un tel placement pour les parents Ceux ci n auront en effet pas la m me attitude face la scolarisation de leur enfant s ils ont choisi ce type de placement comme une solution parmi d autres un probl me de garde d enfant ou au contraire dans un but explicite de le
169. n gligeable qui les motive galement changer avec elle P re Nous on parle beaucoup avec la ma tresse M re Pis je monte l haut le matin pour l amener je discute toujours un petit peu avec la ma tresse Moi j aime bien d aller parler avec la ma tresse quand elle nous parle de Julien Elle rit famille n 10 d origine portugaise et albanaise Les seules exceptions ces rencontres d lib r es avec l enseignante sont le fait de la famille albanaise voqu e plus haut ainsi que de deux familles d origine espagnole Dans ces derniers cas les parents avaient assist la r union le carnet scolaire annon ait de bons r sultats et comme ils savaient par ailleurs que la ma tresse voyait syst matiquement les parents en cas de difficult s ils n ont pas jug utile de solliciter un rendez vous n tant pas inquiets pour leur enfant et sachant l enseignante fort occup e D ailleurs dans ces deux m mes familles la m re a trouv d autres occasions de manifester son int r t pour l cole la premi re en participant l association de parents d l ves la seconde en accompagnant la classe la piscine ce que font aussi quelques autres m re de famille 34 Familles cole et quartier A notre avis cette attitude active des parents dans leurs contacts avec l institution scolaire est un indicateur fort de leur investissement dans la scolarit de leur enfant Cumul avec d a
170. n lui c est crire colorier lire des livres il a un tableau avec des feutres il crit Bon j cris ensemble avec lui Alors on crit sur le tableau des fois c est lui qui crit des fois c est moi Il vient toujours me chercher pour faire des choses comme a famille n 10 d origine portugaise et albanaise Un accompagnement in gal et souvent conflictuel Dans les familles dont l enfant est en difficult le capital scolaire des parents s est r v l moins lev que dans l autre groupe Dans quatre d entre elles sur onze seulement l un des parents a une scolarit qui d passe l cole obligatoire et ou une formation professionnelle certifi e Les autres ont appris leur m tier sur le tas et ont suivi une scolarit minimale dont certains dans le cadre de l enseignement sp cialis Cependant l investissement p dagogique des parents dont l enfant est en difficult n est pas facile comprendre et analyser car il ne se d gage pas de tendance g n rale qui puisse clairer la situation A quelques exceptions pr s en effet il serait inexact de dire que dans ces familles on ne s int resse pas l cole ni que l on n essaie pas d aider l enfant en difficult Mais l impression qui se d gage c est que souvent soit les choses ne se passent pas tr s bien nervement abandon de la t che etc soit les parents sont ambivalents l gard m me de la pertinence
171. n moi je lave la vaisselle ou c est mon fils a n on nettoie la cuisine un peu de t l vision on va se coucher Le week end c est les courses faire les courses toujours le stress droite gauche apr s c est la famille j ai mes fr res bon c est la r union de famille on va manger chez eux ils viennent chez nous et avec les voisins on a tr s peu de convivialit tr s rarement famille n 18 d origine portugaise Il est important de pr ciser que d une mani re g n rale le projet migratoire en tant que tel ne permet pas de diff rencier les deux groupes de parents On trouve dans l un et l autre parts presque gales des parents qui veulent soit rentrer au pays soit rester en Suisse ou encore et ils sont les plus nombreux des parents qui sont dans l ambivalence et l ind cision quand ils ne sont pas divis s ce sujet d s lors la d cision d un ventuel retour est sans cesse remise plus tard et ces familles s installent dans un provisoire qui dure La diff rence entre les deux groupes semble porter davantage sur la mani re de vivre ce processus que sur le projet rester ou partir en lui m me Un ancrage difficile Une famille n 2 appara t comme prisonni re d une dynamique particuli re li e sans doute des diff rences culturelles mais pas seulement Elle donne un peu l impression d tre ici par d faut Les parents l un d origine port
172. nancier Les parents organisent souvent ces invitations au Mac Donald s Mc Do Il arrive aussi que cela se passe dans l appartement de l enfant concern et plus rarement dans un local de l cole Dans certains cas le fait d aller au Mc Do est en partie li l exiguit des appartements occup s par la plupart des familles Cela permet d inviter davantage d enfants Le manque de temps d l activit professionnelle renforce souvent ce choix qui est tr s r pandu Int La plupart des gens font comme a aller au Mc Do M re Oui maintenant c est c est norme Ou bien alors ils louent des locaux mais c est pas vraiment courant Les anniversaires a se passe rarement dans un appartement Des fois ils invitent norm ment d enfants Et puis le fait de faire au Mac Donald s par exemple on peut inviter plus d enfants aussi et puis mon avis c est une solution de facilit on remet toute l organisation des animatrices et puis pendant ce temps on va faire ses courses famille n 20 d origine suisse 66 Familles cole et quartier L invitation au Mc Do semble la norme bien que cela ne soit pas toujours du go t des parents et parfois des enfants eux m mes Car il faut le dire aussi cela tient assez souvent une question de prestige m me si la d pense est lev e la pression normative est forte dans le quartier et peu de parents prennent le ris
173. nce entre culture scolaire et culture familiale l cole constitue le seul lien entre la famille et le quartier P re Oui c est par le biais de l cole qu on participe aussi des activit s du quartier parce que l cole quand elle organise des activit s avec les l ves soit elle les emm ne Vernier soit elle les emm ne ici dans le quartier on suit un peu des activit s de l cole famille n 13 albanaise du Kosovo Dans une autre famille galement d racin e le p re travaille dans le b timent alors que la m re est au foyer Contrairement au cas pr c dent les autres membres de la famille sont Portugal pendant les vacances mais a pu aller une fois visiter sa famille paternelle au Kosovo quand il tait petit avant la guerre 75 SRED Service de la recherche en ducation rest s au pays ce qui place les parents dans une situation tr s diff rente Ils ressentent beaucoup plus directement la distance entre leur culture et celle de l cole et expriment explicitement leur d sarroi face aux exigences scolaires en regrettant de ne pas pouvoir tre aid s par des gens qui parleraient le fran ais Ils connaissent quelques voisins mais soit que les liens soient assez superficiels soit que ces personnes connaissent les m mes difficult s qu eux ils ne peuvent gu re attendre un soutien de leur part Int Mais vous avez pas par exemple des voisins qui ont aussi des enfants de cet
174. nces en termes de niveau d instruction d insertion sociale et professionnelle ainsi que de ressources mat rielles que nous passons rapidement en revue La plupart des p res travaillent dans les secteurs du b timent et de la restauration Certaines m res travaillent galement dans ce dernier domaine d activit et souvent aussi dans des services d entretien ou dans la vente la plupart du temps sans qualifications Quelques unes ont une formation professionnelle du niveau de l apprentissage Comme nous le verrons on rencontre plus souvent un des parents en g n ral la m re ayant quelques ann es d cole secondaire ou professionnelle son actif dans le groupe des familles dont l enfant va bien l cole que dans celles de l autre groupe Il semble galement qu il y ait davantage de familles disposant de deux salaires dans le groupe de celles dont l enfant r ussit l cole sept contre quatre dans l autre groupe m me s il ne s agit dans certains cas que du salaire d appoint de m res travaillant temps partiel Au niveau des salaires pratiqu s dans ce type de professions cependant faire vivre une famille avec un ou deux salaires peut repr senter une diff rence non n gligeable Sur les onze familles dont l enfant a des difficult s scolaires trois contre une famille de r fugi s dans l autre groupe n ont aucune insertion professionnelle Dans l un des cas il 12 Voir S
175. ne albanaise Oui j avais norm ment de plaisir d aller l cole Seulement je regrette que chez nous c tait l habitude la tradition en tant que fille je pouvais pas continuer l cole 21 SRED Service de la recherche en ducation Parce que vraiment j ai envisag quand j tais petite de terminer une formation professionnelle ou autre chose Oui j ai de tr s bons souvenirs de l cole et en plus j tais vraiment une bonne l ve d s le d but jusqu la F classe famille n 11 d origine albanaise Manifestement ces deux personnes partagent la conception de la soci t d accueil pour ce qui est du statut de la femme et donc de la formation des filles Parmi les trois m res restantes de ce groupe de bons l ves deux ont suivi une scolarit tr s minimale mais leur mari est davantage scolaris et prend en charge le suivi scolaire de l enfant La derni re suissesse a fr quent le Cycle d orientation Gen ve en section g n rale et a fait un apprentissage de commerce Un rapport ambivalent l cole Dans six des onze familles dont l enfant est en difficult on trouve au moins un parent qui a plut t des bons souvenirs de sa propre scolarit Mais comme on le verra ces derniers s y r f rent davantage pour critiquer l cole de leur enfant que pour y puiser des ressources leur permettant d accompagner leur enfant Ou alors l cole qu ils ont conn
176. ne attitude r serv e face cette pratique contrairement aux familles pr c dentes Dans l exemple qui suit la m re s inqui te m me du manque de relations amicales de sa fille qui a des probl mes de contact avec les autres enfants Int Vous dites qu avec ses copains c est difficile en groupe elle a de la peine prendre sa place elle est vite effray e par les autres enfants mais elle a quand m me r ussi se cr er d autres amiti s chez ses copains copines de classe ou de la maison M re Oui mais c est deux trois y a trois copines sur toute la classe il y a la voisine elles sont toutes les deux dans la m me classe Int Puis elle accepte bien la petite copine ou bien M re Oui elle accepte bien et c est vrai que j ai un bon contact avec ma voisine des fois Laura elle vient manger ou quatre heures elle vient elles jouent les deux dans la chambre on sort je l ai beaucoup aussi Int Oui donc il y a un change elle vient beaucoup chez vous votre petite fille est beaucoup chez elle M re Oui puis autrement elle a ouais elle a deux autres copines de temps en temps j lui dis Si tu veux amener quelqu un Mais c est toujours les m mes qui viennent il y a p t tre trois Int Puis elles viennent ici et puis elle va aussi chez elles M re silence Euh oui Mais bon c est une fois tous les deux mois famille n 8 d
177. ne de relatif isolement de ces familles dans la mesure o cette absence se double souvent d autres absences famille monoparentale int gration dans le quartier quasi inexistante pas de r seaux d amis etc comme le montre le tableau r capitulatif en introduction de ce chapitre Dans plusieurs cas c est d tout simplement au fait que la famille est rest e au pays ou n habite pas proximit Si nous en faisons tat ce n est pas que la pr sence de la famille largie soit en elle m me une garantie de r ussite scolaire ce serait faire un amalgame erron et abusif mais qu elle peut tre parfois un l ment important dans le r seau de soutien sur lequel peut compter la famille notamment pour les familles immigr es Or nous avons vu que le capital social familial avait sans doute une incidence sur le d roulement de la scolarit des enfants 71 SRED Service de la recherche en ducation 3 2 Int gration sociale et r ussite scolaire Dans le groupe des enfants qui vont bien l cole les familles immigr es sont g n ralement assez bien int gr es la soci t d accueil m me si le projet migratoire n est pas toujours tr s clair Pour plus de la moiti des parents de ce groupe 1 8 9 11 16 19 22 cela se traduit par un bon ancrage dans le quartier notamment par des relations satisfaisantes avec leurs voisins Ils les connaissent bien et peuvent compter sur quelques uns d entre eux en c
178. ne le plus possible a c est vrai Parce que dans la vie c est vrai qu avec les ann es on voit que si on a pas une bonne culture si on a pas une bonne connaissance de la vie ben on est un petit peu handicap alors j aimerais qu elle apprenne le plus possible l cole parce que la maison je sais que je pourrai pas lui donner silence Alors j esp re qu l cole elle pourra d j apprendre un petit peu et puis apr s soupir famille n 2 d origine portugaise et yougoslave 2 4 La question de la poule et de l uf Il est ind niable que dans notre petit corpus le rapport l institution scolaire des parents dont l enfant est en difficult est plus souvent n gatif ou en tout cas plus ambivalent que celui des parents dont l enfant va bien l cole D une mani re ou d une autre il est probl matique Premi rement on a affaire dans certains cas des parents qui tiennent des propos positifs sur l cole mais qui sont tellement trangers au syst me scolaire d ici et m me parfois celui de leur propre pays qu ils y envoient leur s enfant s comme sur une autre plan te qu eux m mes ne visitent jamais et dont ils ne s enqui rent pas davantage ce qui met les enfants en situation de grande solitude comme l a si bien montr B Lahire On peut dire que les cas d chec scolaire sont des cas de solitude des l ves dans l univers scolaire Da
179. nervement et le d couragement de part et d autre font tr s rapidement d g n rer le climat entre parents et enfant ce qui aboutit un abandon de la t che Quelques unes des situations rencontr es sugg rent que des parents de l association dans la mesure de leurs disponibilit s pourraient de temps autre offrir d accueillir chez eux un e petit e camarade de classe que ses parents n arrivent pas aider quelle qu en soit la raison et le ou la faire travailler avec leur propre enfant Contrairement ce que l on pourrait opposer un tel projet cela ne fait pas double emploi avec les devoirs surveill s En effet cette activit n est organis e qu partir du niveau scolaire o les l ves re oivent officiellement des devoirs faire mais les enfants plus jeunes sont souvent d j incit s travailler un peu la maison notamment pour la lecture Par ailleurs on sait que pour le suivi et l aide aux devoirs une relation quasi individuelle avec un adulte est plus favorable qu une activit surveill e en groupe On pourrait galement envisager par exemple que les autorit s communales acceptent de financer un poste de permanent pas forc ment un plein temps d ailleurs dans certaines associations de parents d l ves qui auraient c ur de mettre en place un dispositif d entraide pour les devoirs ou pour tout autre probl me ayant trait la scolarit des enfants Nous ne pensons pas
180. nfants Ici dans votre pays Comment a va pour votre enfant l cole Est ce qu il apprend facilement ou est ce que c est difficile pour lui Est ce qu il a des difficult s comprendre le fran ais Qu est ce vous pensez de l cole de votre enfant Est ce que c est tr s diff rent de l cole de votre pays Y a t il des choses qui vous tonnent ici en ce qui concerne l cole Selon vous qu est ce qui va bien dans cette cole qu est ce qui va moins bien Est ce que votre enfant a chang depuis qu il est entr l cole depuis qu il est l cole en Suisse Comment a se passe avec ses camarades de classe Si vous pensez votre enfant qu est ce l cole doit lui apporter Comment voyez vous le futur de votre enfant quels sont vos projets pour son avenir Les enseignants et l accueil dans l cole Objectif Les contacts avec les enseignants Perception de la qualit de l accueil dans l cole Est ce que votre enfant est content de sa ma tresse celle de cette ann e et celles des ann es pr c dentes Et vous Cette ann e avez vous d j rencontr la ma tresse Comment cela s est il pass Est ce vous qui avez d cid d aller la voir ou elle qui vous a convoqu s Qui dans la famille va voir la ma tresse Etes vous all s une r union de parents Si oui comment cela s est il pass pour vous Est ce
181. ngerait pas je serais m me d accord mais y faut pas me demander d assister des r unions moi c est a En fait j aimerais bien mais sans que a soit une contrainte Parce que moi bon de temps en temps je peux m absenter du travail mais pas toujours non plus quoi famille n 9 d origine espagnole enfant en r ussite scolaire Dans bien des cas le manque de temps est donc li deux types de contraintes la garde des enfants et le type de travail effectu de nombreux parents travaillant le soir tandis que leur conjoint e garde les enfants Participer de telles r unions demande donc un effort particulier d organisation et ou de financement que seule une motivation forte peut faire accepter De plus dans les milieux populaires la garde d enfant r tribu e ne peut sauf cas particulier tre une solution facilement envisageable comme nous l explique cette m re de famille monoparentale Int Aux Avanchets il y a une association de parents d l ves est ce que vous en avez entendu parler M re Oui mais j en fais pas partie Int C est aussi une question de temps ou vous pensez que a sert pas grand chose M re Non Non a j pense que c est utile c est vrai que euh j ai pas tellement le temps de m investir et puis j ai aussi le probl me d s qu il faut sortir le soir de garder les gamins Du moment que mes parents ma s ur ils m aident la jo
182. nous recevoir chez elle 36 Familles cole et quartier parents pose plusieurs questions concernant le rapport de l institution scolaire avec les familles de milieu populaire th me que nous reprendrons plus loin Cela dit dans trois familles dont l enfant est en difficult les parents vont voir spontan ment la ma tresse et s impliquent autant qu ils le peuvent dans sa scolarit Il s agit d un p re qui essaie de soutenir au maximum sa fille unique hyper prot g e tout en tant dans une sorte de d ni de ses difficult s en lecture Ensuite il y a la m re tr s inqui te d un gar on ayant eu des graves troubles du langage suite un traumatisme cr nien et qui le couve un peu Enfin le p re d un petit Albanais du Kosovo sait un peu le fran ais alors que ce n est pas le cas de la m re et se montre tr s soucieux de la r ussite scolaire de ses enfants L enseignante le d crit comme tr s collaborant 1l r pond rapidement ses demandes assiste aux r unions propose de traduire des informations pour les autres parents albanais Mais il est compl tement inhib et d sesp r par le fait qu il ne sait pas assez bien le fran ais pour aider son fils la maison et de ce fait n ose pas s int resser de trop pr s son travail scolaire 3 2 Soutien scolaire et investissement p dagogique L institution scolaire actuelle place les parents dans une situation ambigu D une part en supprima
183. ns Int Elle va pas facilement non plus dans d autres familles M re Non non famille n 2 d origine yougoslave et portugaise Dans une autre famille l accueil est limit une seule petite copine dans le cadre prot g du cocon familial Int Elle s est fait des amis comme a dans la maison ou l cole 52 Cette famille semble adopter le mode de contr le que signale D Thin 1998 lorsqu il note que souvent dans les familles populaires il y a la fois une grande libert quant aux possibilit s de sortie des gar ons dans le quartier mais en m me temps un contr le tr s strict sur l heure de rentr e par exemple 64 Familles cole et quartier M re Oui il y a une fille qu elle habite en face elle vient ici le week end elles jouent sur le balcon le mercredi elle joue avec une copine elle vient la chercher Int Etelle va aussi jouer dans d autres familles comme a P re Oui h sitant M re Moi j aime pas tellement l envoyer non non Int Vous aimez mieux qu elle reste l M re C est chez nous rires Et puis sa copine elle habite l il faut traverser la route famille n 3 d origine italienne R serve ou timidit Dans les familles dont l enfant va bien l cole on trouve aussi bien entendu des enfants qui invitent peu ou sont peu invit s chez des camarades mais sans qu on puisse d celer chez ces parents u
184. ns leur famille ils n ont pas vraiment acquis les dispositions les d marches cognitives et comportementales leur permettant de r pondre ad quatement aux exigences et injonctions scolaires et ils sont donc seuls et comme trangers face aux demandes scolaires Rentr s chez eux ils rapportent un probl me scolaire que la constellation des personnes qui les entoure ne peut les aider r soudre ils portent seuls des probl mes insolubles Lahire 1995 p 18 Ensuite certains parents ont un mauvais souvenir de leur propre scolarit et ont de ce fait une mauvaise image de l cole qu ils transmettent plus ou moins consciemment leurs enfants Les difficult s de ceux ci r pondent alors une sorte de proph tie auto r alisatrice de leurs parents comme si les choses ne pouvaient que mal se passer Par ailleurs le fait que dans une m me famille les deux parents tiennent des propos contradictoires sur l cole va 31 SRED Service de la recherche en ducation sans doute galement avoir des effets n gatifs sur l implication d un enfant et sur son propre rapport l cole Enfin les difficult s relationnelles avec une enseignante que cela soit entre enseignant et enseign entre parent s et enseignante ou les deux la fois semblent hypoth quer assez lourdement le rapport des enfants ainsi que de leurs parents l cole Cela dit reste la question de la poule et de l uf Est ce parce
185. nt ce travail d accompagnement de mani re tout fait r flexive Ils s interrogent sur leur mani re de faire travailler l enfant et changent de m thode quand ils n arrivent pas un bon r sultat comme nous l explique ce p re qui suit les devoirs de lecture de sa fille Alors c est marrant parce que je me suis dit Tu t nerves on va changer un peu de m thode laisse la lire et puis apr s je choisis quelques lignes comme a Et puis depuis l a a t tr s bien C est un manque de concentration qu elle avait qu elle avait avec moi a m nervait un petit peu a me renversait parce que elle le lisait juste dans sa t te et puis apr s elle me disait faux Et depuis j ai chang de m thode eh bien a va tr s bien moi je vous dis elle lit elle a fait des progr s mais normes famille n 7 d origine espagnole Cet autre p re albanais v rifie que l enfant n ingurgite pas la mati re par c ur mais qu il comprenne r ellement ce qu il apprend en le lui faisant traduire dans sa langue maternelle Cet accent mis sur la compr hension est tout fait en phase avec les exigences scolaires 38 Familles cole et quartier Et moi je veux par exemple ici s il a appris quelque chose aujourd hui je veux qu il traduise aussi c est dire en langue albanaise Parce que s il apprend les langues comme a juste enregistrer dans la t te pour moi c
186. nt de milieu populaire n ont pas le sentiment d avoir en main les l ments dont ils auraient besoin pour bien faire leur m tier de parents L information ne suffit pas il s agit de la communiquer de mani re ad quate pour qu elle soit assimilable et utilisable par ses destinataires en tenant compte de leurs sp cificit s et en y adaptant les modalit s du message 87 SRED Service de la recherche en ducation 2 Rendre l cole intelligible On l a vu de nombreux parents de notre tude malgr une situation souvent difficile font des efforts consid rables pour accompagner leur enfant dans son parcours scolaire ou du moins s y int resser activement et se montrent tout dispos s en faire encore davantage Encore faut 1l qu ils comprennent ce que l cole attend d eux que ce qui s y passe leur soit compr hensible et accessible Nous avons t interpell s par le fait que plusieurs des parents rencontr s semblent ne pas r aliser que leur enfant est en difficult avant d tre convoqu s par l enseignante Comme si tant qu ils n en avaient pas parl explicitement avec la ma tresse ils pouvaient encore se leurrer sur le degr r el des difficult s de leur enfant Cependant il appara t galement qu ils manquent de points de rep res pour valuer la progression r elle des apprentissages de leur enfant notamment en relation avec les objectifs attendus souvent exprim s dans un langage peu
187. nt les devoirs dans les petites classes ou en les organisant de fa on ce que les enfants puissent les faire de mani re autonome elle d clare vouloir r tablir une forme d galit entre les enfants qui ne devraient d s lors pas solliciter leurs parents D autre part elle a un discours sur la n cessaire participation des parents qu elle rige au rang de partenaires Et de fait il semble de plus en plus qu quelques exceptions pr s les enfants n arrivent gu re s en sortir sans aide ou en tout cas sans un minimum de soutien de la part de leurs parents Or c est ce niveau l que beaucoup de parents de milieu populaire se sentent tort ou raison le plus d munis bagage scolaire insuffisant et ou probl mes de langue peur de mal faire sentiment souvent injustifi d incomp tence souvent aliment par le discours de l cole Or dans une tude d j cit e B Lahire 1995 a fort bien montr que des parents de milieu populaire tout en parlant peine le fran ais et parfois m me analphab tes pouvaient soutenir leurs enfants dans leur parcours scolaire de mani re tr s pr sente et avec des effets tout fait positifs en posant des questions sur l cole en v rifiant qu ils fassent leurs devoirs m me s ils ne peuvent les aider par un syst me de sanctions r compenses associ s aux r sultats scolaires bref en montrant de multiples fa ons qu ils valorisent l cole Nous avons vo
188. ntacts avec l ext rieur et avec les institutions 51 SRED Service de la recherche en ducation 1 enfantine Une r v lation Chez ce p re je mets beaucoup d espoir pour la 2 primaire enseignante propos de la famille n 21 d origine portugaise enfant en difficult scolaire 5 Une typologie du rapport l cole des familles de milieu populaire Suite l ensemble des donn es recueillies et analys es dans le cadre de cette recherche nous avons tent de synth tiser certains r sultats et surtout de mieux les visualiser par le biais d une typologie du rapport l cole des familles concern es Les types d finis ci dessous ont t obtenus en combinant d une part la dimension image de l cole que se font les parents et d autre part la dimension position des familles par rapport l cole et au travail scolaire Dans le sch ma qui suit laxe vertical repr sente l image positive n gative que les parents ont de l cole image construite partir des souvenirs de leur propre scolarit de la comparaison qu ils en font avec le syst me scolaire qu ils ont connu enfants ainsi que d exp riences ant rieures avec l cole genevoise par le biais de la scolarit d ventuels a n s l axe horizontal repr sente le positionnement implication retrait des parents par rapport l cole et la scolarit de leur enfant identifi
189. ntendons une situation o les liens sociaux sont soit chaotiques voire conflictuels soit distendus et tr s superficiels Une certaine solitude Dans un premier sous groupe la nor int gration de la famille dans son environnement tient davantage aux difficult s qu ont certaines m res de famille monoparentale de notre corpus cr er g rer et maintenir des relations satisfaisantes avec leur entourage C est chez certaines d entre elles une tendance assez vidente ce qui sugg re l enchev trement complexe de raisons personnelles et sociales dont il ne nous appartient pas ici de d m ler l cheveau Dans l une de ces familles la m re n a pas d activit professionnelle Elle b n ficie de l assistance sociale et s occupe de ses quatre enfants Il s agit de la famille d j voqu e plus haut pour laquelle la cour d cole fait office d expansion du logement Malgr sa pr sence constante dans un p rim tre restreint o elle rencontre des voisines cette m re ne parvient pas lier de r els contacts Int a vous arrive de vous inviter entre vous M re Non pas avec ces copines l Je le faisais avec une personne qui est devenue amie on est devenues amies mais elle a d m nag on allait l une chez l autre mais avec les copines que je vois en bas dehors non c est pas comme a Il y en a deux qui sont amies c est autre chose mais c est pas Viens boire un caf chez moi E
190. nts dans un double message injonction paradoxale qui ne peut que conduire ces derniers la passivit et une apparente d mission Les parents savent que l cole leur demande de participer et d aider leur enfant mais en m me temps ils sentent qu elle leur dit de ne pas le faire car ils s y prennent mal Chauveau et Rogovas Chauveau 1998 3 2 Participation ou retrait plusieurs mod les culturels de la relation familles cole L ambigu t de la demande de participation adress e aux familles peut engendrer un surcro t de stigmatisation les parents de milieu populaire sentent qu ils ne correspondent pas au bon mod le de parents celui des classes moyennes valoris par l cole Ils se censurent alors eux m mes surtout si les r sultats de l enfant sont mauvais et qu ils sont eux m mes peu ou pas scolaris s ou maftrisent mal le fran ais et s auto excluent de l cole confortant ainsi l opinion des enseignants leur gard En portant implicitement si ce n est explicitement un jugement sur la famille le ma tre accentue les sentiments d impuissance des parents qui risquent d s lors ne plus vouloir revenir l cole Montandon 1991 Les parents vitent alors le contact avec les enseignants pour chapper l humiliation et pr server leur dignit Chauveau et Rogovas Chauveau 1998 Ce sont donc des parents qu on ne voit pas l cole d o l accus
191. nvit s pour des anniversaires P re Oui toujours toujours M re Par exemple pour son anniversaire j ai invit ici Int Mais lui il est invit chez les autres aussi M re Ouais ouais P re Oui C est comme a les enfants il faut tout faire pour eux Parce qu on vit maintenant dans un si cle pas comme avant famille n 16 d origine albanaise M me constat dans cette autre famille Int Et votre fille elle est invit e de temps en temps des anniversaires ou P re Oui presque toutes les semaines Int a se fait beaucoup ici P re En r gle g n rale les enfants ils font tous leur anniversaire hein Ils font au Mc Donald ils font la maison ils s invitent pratiquement toujours hein ils s invitent toujours Tous les mois y a j vous dis pas Il y a deux semaines on en a eu trois ou quatre invitations en l espace de deux semaines famille n 7 d origine espagnole La g ne exprim e propos d une certaine surench re des cadeaux cette occasion rel ve parfois de raisons thiques bien que ce type d argumentation soit souvent fortement associ des r ticences d ordre financier Quoi qu il en soit ces parents ont quelquefois l impression d tre pris dans un engrenage et de se voir imposer un usage qu ils n appr cient gu re Cependant contrairement d autres formes de r serves exprim es ce type de r action ne r v
192. ois par la n gligence et deux par le contr le Une famille enfin donne l impression d un d saccord ducatif entre les parents qui d s lors affichent des styles ducatifs diff rents Chaleur et rigidit voire contradictoires Cela signifie que dans huit familles sur onze caract ris es par la chaleur ou par la n gligence l enfant n est pas vraiment cadr Dans les cinq familles caract ris es par la chaleur le soutien affectif voire l int r t sont forts mais il n y a aucune r gle pour organiser et ou limiter certaines activit s de l enfant certaines fois on sent les parents un peu d pass s Dans les trois autres familles caract ris es par la n gligence il semble y avoir un relatif manque d exigence et de r gles ainsi que de soutien l gard de l enfant Il est int ressant de constater que dans ces derni res familles lorsque les parents essaient malgr tout d obtenir un effort de la part de l enfant suite un mauvais carnet ou une remarque de l enseignante par exemple ils ne cherchent pas les faire travailler davantage ou limiter la t l vision ou encore les faire se coucher plus t t Ils recourent une forme de moralisation voir Kellerhals et Montandon 1991 invoquant la duret de la vie ce qui se fait et ne se fait pas etc J essaie de prot ger mes enfants tout en leur disant Ben voil la vie elle est comme a Si vous travaillez pas l cole que
193. oiti ont fr quent une institution de la petite enfance Toutefois parmi les cinq enfants non pr scolaris s trois viennent de familles albanaises dont nous avons vu qu il n est pas dans leurs habitudes de placer leurs enfants en cr che ou au jardin d enfants avant l entr e l cole la m re est g n ralement au foyer ou dans un cas s arrange pour n aller faire des m nages l ext rieur que lorsque le p re est pr sent la maison Il s agit cependant de familles qui investissent norm ment l cole obligatoire et ont de grandes attentes son gard Le quatri me enfant a v cu chez ses grands parents au Portugal jusqu au moment de son entr e l cole enfantine dont il a suivi les deux ann es dans une commune r sidentielle ais e avant son arriv e dans le quartier populaire dont il est question ici Nous faisons l hypoth se qu il a sans doute b n fici l bas d un drill au niveau des apprentissages comme c est souvent le cas dans les coles dont le public appartient au haut de l chelle sociale et qui doivent de ce fait r pondre aux attentes lev es de parents exigeants et souvent influents L enseignante dira d ailleurs de lui qu il a de tr s bonnes bases et qu il savait d j lire des mots la fin de la 2 enfantine Bien qu arriv directement du Portugal dans une cole enfantine genevoise il tait bien pr par pour affronter le passage en 1 primai
194. on souvent un syst me de sanctions gratifications pour renforcer les comportements souhait s L enfant a donc des points de rep res lui permettant de savoir ce qui est important et ce qui l est moins ce qui est attendu de lui Quatre enfants semblent donc moins cadr s que les autres C est au dire de leurs parents parce qu ils sont assez autonomes faciles et raisonnables relativement peu int ress s par la t l vision et que l on n a d s lors pas besoin de leur imposer des r gles tr s strictes C est pas un enfant tre toujours dehors Il s occupe facilement On peut faire la sieste tous les deux et puis lui il s occupe tout seul Il reste plus volontiers concentr sur une activit o il doit r fl chir pour des calculs pour crire que faire des bricolages avec les mains famille n 15 d origine portugaise Elle regarde ses petits dessins anim s mais non non non elle c est plut t jouer sur le balcon avec ses petites poup es et faire des dessins dans sa chambre Elle se met dans sa chambre et passe des heures et des heures en train de faire des dessins c est plus comme a que la t l h t l a l int resse pas beaucoup famille n 19 d origine espagnole Des enfants aim s mais peu encadr s Les styles ducatifs l uvre dans les onze familles d enfants en difficult sont moins homog nes Ainsi cinq familles sont caract ris es par la chaleur tr
195. on qui les pr pare la constitution de leur propre capital social dans le futur Encore faut il que cette ouverture aux autres soit autoris e voire favoris e par les parents Autrement dit on peut rep rer dans le discours des parents la mesure dans laquelle ils encouragent les interactions entre enfants l accueil des petits copains ou la permission de se rendre chez ces derniers Tout autant qu un d sir de contr ler la sociabilit enfantine 1l s agit d une sorte d analyseur de l ouverture de la famille aux contacts ext rieurs qui nous dit quelque chose de son int gration sociale Nous avons donc cherch rep rer dans le discours des deux groupes de parents des diff rences quant leur l attitude en la mati re Dans quelle mesure favorisent 1ls ou limitent ils les relations de leur enfant avec ses camarades Quelles positions adoptent ils par rapport au fait de recevoir d autres enfants chez eux ou d accepter que leur enfant se rende des f tes d anniversaire Pour le tiers des familles interrog es les invitations entre enfants ne semblent pas poser de probl mes Les parents t moignent d une assez grande ouverture cet gard et semblent satisfaits de voir leur enfant invit chez d autres gens C est le cas pour trois enfants en difficult scolaire 5 13 18 et pour cing enfants qui vont bien l cole 1 6 11 15 22 Nous nous sommes pench s davantage sur les situations o
196. op participer ces d bandades de d pense d argent Parce que je veux dire on invite dix enfants et peut tre apr s de toute l ann e scolaire il joue pas avec j sais pas moi j suis pas tr s pour famille n 9 d origine espagnole Comme d j dit les enfants qui ne peuvent assister aux f tes d anniversaires le vivent certainement comme une forme d exclusion douloureuse La plupart des parents le comprennent bien d o les sacrifices qu ils sont pr ts pour la plupart consentir pour que leur enfant puisse y participer Mais la demande de ce dernier est sans doute tr s forte et certains parents ne peuvent pas toujours y r pondre Or la gestion des anniversaires par les enfants qui est invit qui ne l est pas est fortement li e aux amiti s enfantines nou es en classe C est pourquoi certains parents posent clairement la question de la responsabilit de l cole dans l explicitation des valeurs mises en jeu dans le rituel des anniversaires M re Pourtant par rapport aux anniversaires la ma tresse note au tableau qui a eu son anniversaire je crois que le jour m me ils chantent une p tite chanson Elle pourrait il me semble ah mais j sais pas sur quel support leur dire Il y a diff rentes mani res de f ter son anniversaire il y en a qui font au Mc Do y en a qui font la maison y en a qui font pas y en a qui ont des gros cadeaux d autres des petits c est le ges
197. orme de repli par rapport la soci t d accueil 3 1 Liens avec la famille largie La famille largie tient une place un peu particuli re dans le sens qu elle repr sente encore pour l enfant le cadre s curisant de la famille tout en constituant d j une ouverture vers le monde ext rieur Les contacts avec les grands parents oncles tantes et cousins constituent souvent hormis l cole une premi re exp rience de relations hors de la famille nucl aire Dans certains cas la famille largie peut tre totalement absente comme elle peut dans d autres cas repr senter aux yeux de l enfant la part essentielle des relations qu entretient la 53 Le type de fonctionnement familial est un concept labor dans le cadre de la sociologie de la famille Il a t particuli rement bien explicit notamment propos de son influence dans l ducation familiale dans l ouvrage de J Kellerhals amp C Montandon 1991 70 Familles cole et quartier famille avec l ext rieur Par ailleurs les diff rences culturelles exercent ici un effet majeur Dans certains pays d immigration comme par exemple ceux de l ex Yougoslavie ou de l Europe latine la famille largie joue un r le dominant qu elle a depuis longtemps perdu dans le contexte urbain genevois Que cela soit avec des membres de la parent galement venus en Suisse ou ceux rest s au pays on cultive alors soigneusement les relations M r
198. orsque les uns et les autres s entendent pour adopter les m mes conduites d faitistes on n y peut rien enfant peu motiv peu dou etc L important n est pas la communication ou les relations entre enseignants et familles populaires mais leur contenu didactique c est dire leur rapport avec l activit d enseignement apprentissage et avec la r ussite scolaire et leur contenu social c est dire leurs effets sur la mobilisation et la promotion des protagonistes de la situation ducative G Chauveau 2000 ST Voir G Chauveau Comment r ussir en ZEP 2000 86 Familles cole et quartier A la lumi re de ce concept de dynamique socio ducative on comprend meux pourquoi quelques uns des parents rencontr s dont l enfant est en difficult n arrivent pas am liorer la situation malgr une vidente bonne volont et de bonnes relations avec l enseignante Tant que celles ci restent extra p dagogiques ils n ont en effet pas de prise sur la scolarit et les acquisitions scolaires de leur enfant Par ailleurs ajoute Chauveau il importe de d passer l analyse de la communication familles cole uniquement en termes de relations interpersonnelles entre parents et enseignants c est dire dans une seule perspective psychologique La conception relationnelle se limite analyser psychologiquement ce qui se passe ou ce qui ne
199. otre recherche nous avions affaire des familles qui presque toutes disposaient de ressources conomiques limit es et se heurtaient pratiquement toutes des probl mes de disponibilit de temps pour les enfants Mais ce qui fait la diff rence entre les familles c est plut t la fa on dont elles s arrangent pour assurer malgr tout un encadrement fort leurs enfants de telle sorte que ceux ci ne souffrent pas de leur absence C est g n ralement le cas lorsque l enfant est en situation de r ussite Si nous avions compar des familles de milieux diff rents il est vident que le facteur conomique serait apparu beaucoup fortement notamment pour tout ce qui concerne les activit s p riscolaires cours de langue de musique de danse etc et les activit s culturelles propos es aux enfants e du capital humain des familles nous entendons par l le niveau de scolarit atteint par les parents et notamment les m res de famille leur exp rience scolaire positive ou n gative et par cons quent l importance qu ils accordent la formation scolaire de leurs enfants et leur r ussite en fonction de leur propre investissement dans cette formation regret par exemple de n avoir pas pu poursuivre des tudes formation interrompue trop t t par n cessit conomique absence des infrastructures de formation dans le pays o ils ont t scolaris s etc Ce capital humain joue videmment un r le tr s important
200. our manger ou boire un petit verre famille n 19 d origine espagnole Et dans une autre famille Int Par exemple vous pouvez demander quelqu un de venir garder les enfants pour d panner M re Si si sans probl me Int a vous arrive des fois de vous inviter M re Si m me chez la voisine d en haut des fois elle va quelque part mais moi je reste la maison je reste avec les petits et elle c est pareil tout le temps Si t as besoin tu me dis Chez la voisine de l autre c t mais pas cette all e elle ma demand Des fois il y a des trucs en action au lieu que les deux y va moi je prends pour toi Bon avec ma voisine du haut on fait plus une fois c est moi une fois c est elle qui vient mais peut tre qu on est plus proches Elle descend juste elle est au 9 donc des fois elle a envie de parler parler un petit peu donc elle descend et puis moi c est pareil famille n 1 d origine portugaise Ces t moignages parlent en faveur d une assez bonne connaissance des voisins d une relative intimit avec eux de la constitution d un r seau d changes plusieurs niveaux On se parle on se rend service on se rend visite m me si ce n est pas fr quent On ne rencontre pas le m me climat de familiarit dans les cinq autres familles de ce groupe mais les relations avec le voisinage n en sont pas pour autant froides ou hostiles Elles
201. ous avons abouti une typologie des rapports l cole assez proche de celle labor e par l une de nos coll gues lors d une enqu te quantitative r alis e aupr s d un chantillon repr sentatif de 872 familles sur les rapports familles cole voir Montandon 1991 52 Familles cole et quartier Types de rapports l cole Image positive de l cole D l gation Retrait Suivi scolaire par les parents BR Implication Image n gative de l cole Li e la propre scolarit des parents leurs exp riences ant rieures avec l cole de leur s enfant s et au projet parental Lj au niveau d instruction et au sentiment de comp tence incomp tence des parents 5 1 Le partenariat Il se caract rise par un rapport actif l cole les parents assistent en g n ral aux r unions et ou tablissent r guli rement des contacts avec l institutrice pour s assurer que l enfant suit bien lui faire part d ventuelles pr occupations ou lui demander conseil De la m me mani re ils s impliquent autant qu ils peuvent dans le suivi scolaire de l enfant malgr parfois des difficult s de langue et le stimulent ou tout au moins l encouragent dans ses apprentissages Autrement dit ils s int ressent ce qu il fait et lui montrent de multiples mani res l importance qu ils accordent l cole Onze familles sont dans ce type de rapport l institution scolaire Toute
202. ousiaste aux r ticences plus ou moins larv es des personnes pr sentes lors de l entretien et du mode d interaction entre 10 Dans le canton de Gen ve l cole enfantine bien que fr quent e de fait par plus de 90 des enfants ne fait pas partie de l cole obligatoire 11 Nous expliciterons plus en d tail le type de questions pos es lorsque nous aborderons sp cifiquement chacune des dimensions explor es dans l tude 13 SRED Service de la recherche en ducation elles du climat familial du ressenti des chercheurs etc Cette forme de journal de bord fait classiquement partie des outils de recherche ethnographique sur le terrain et constitue une pr cieuse source d information qui permet de situer les autres donn es dans leur contexte 2 3 Dimension exploratoire et qualitative de l approche adopt e Rappelons pour compl ter ces indications d ordre m thodologique que la dimension exploratoire et l approche de type qualitatif adopt es dans ce travail d terminent une d marche tr s diff rente de celle de la recherche exp rimentale classique ou de l approche par questionnaire Le cadre conceptuel n est pas utilis pour formuler des hypoth ses rigoureuses que les entretiens devraient v rifier ou infirmer Il d finit plut t des champs explorer au cours des entretiens et fournit un tissu interpr tatif aux mailles relativement l ches Tout au long des entretiens le chercheur reste ouv
203. out le monde fait la m me chose ou si j en ai donn d autres Donc elle s int resse tout ce qui se passe sauf son travail Bon l elle passe en 2 primaire par d rogation parce que la lecture elle n a pas d croch parce qu en fait elle a toujours cach qu elle avait des devoirs de lecture Elle n a pas encore compris quoi a sert J ai bon espoir que a se d cante en 2 primaire mais tous les jours je la prends part pour lui demander si elle sait pourquoi elle est l cole Je lui explique qu il y a la r cr ation qui sert jouer mais qu il y a aussi les le ons pour apprendre enseignante propos de la famille n 13 albanaise du Kosovo D s qu elle rentre en classe et qu on lui demande de l apprentissage elle est compl tement effac e et je n obtiens rien au niveau du travail scolaire au niveau du fran ais et des math matiques La plupart du temps elle ne semble pas comprendre ce qu on attend d elle en classe en fait La question que je me pose c est si elle sait pourquoi elle vient l cole J ai parfois cette impression qu elle ne sait pas pourquoi elle vient qu elle n en voit pas l utilit Et parfois je me pose la question est ce qu elle a une limite au niveau de l apprentissage enseignante propos de la famille n 12 originaire du Congo Ces deux t moignages d montrent bien la solitude de certains enfants voqu e p
204. pas n est ce pas Ils apprennent ici en train de jouer Ah non de mon temps c tait plus s v re y avait m me la r gle pour taper famille n 6 d origine portugaise Pour moi c est diff rent aussi l cole l bas et ici je trouve c est pas la m me chose A l poque o j allais l cole les profs c tait dur hein fait le geste d un coup de r gle sur les doigts Ici je trouve c est pas assez dur je pense je sais pas moi Quand je vois les gamins ils jouent des fois avec la ma tresse et tout a Nous l poque on faisait pas a avec la ma tresse c tait marcher tout droit hein famille n 2 d origine portugaise et yougoslave Enfin les diff rences portent sur les ressources humaines et mat rielles locaux infrastructures mat riel p dagogique nombre d enseignants la comparaison s effectue alors en d faveur du pays d origine Kosovo Congo Italie Portugal Ici les enfants ils sont moins nombreux dans la classe que moi j tais ici il y a TOUT pour apprendre Chez moi il y avait que le professeur les tables le tableau noir pis c taient nos parents qui achetaient les livres et tout a Des fois je dis ma femme Je sais pas comment un jeune il peut pas faire r ussir l cole ici il y a tout Si j tais venu ici en Suisse je faisais beaucoup d cole savais tout famille n 22 albanaise du Kosovo
205. pas le faire car ils s y prennent mal Ou bien ils se disent la fois qu ils doivent aider leur enfant et qu ils ne doivent pas le faire Dans les deux cas ils risquent gros j ai lair de me d sint resser d abandonner mon enfant ou je vais tout embrouiller Chauveau et Rogovas Chauveau 1998 p 125 Cette situation paradoxale comme tout ce qui entretient chez les parents un sentiment d incomp tence peut conduire certains d entre eux la passivit et une apparente d mission comme nous l avons nous m mes constat Un point crucial toutefois certaines attitudes censurantes ou disqualifiantes qui ont pour effet de d courager les parents ne sort la plupart du temps ni d lib r es ni m me conscientes chez les enseignants et s inscrivent directement dans une logique de rapport social entre deux groupes d acteurs telle que nous l avons voqu e plus haut Un travail collectif d analyse de la pratique et ou de supervision pourrait dans certains cas aider claircir et d passer ce genre de situation 2 3 Une aide sp cifique pour ceux qui le d sirent Si l cole tente d impliquer davantage les parents dans le cheminement scolaire de leurs enfants elle n offre pas d activit s sp cifiques pour les pr parer mieux jouer ce r le Les r unions annuelles organis es leur intention ne suffisent sans doute pas tablir une communication efficace ni leur permettr
206. port ou soutien lev affectif et ou scolaire de la part de l un de ses parents au moins Cela signifie galement que dans les deux tiers huit sur duze de ces familles 33 En 1 primaire les l ves n ont pas de r sultats chiffr s mais des appr ciations de l enseignante ainsi que ses commentaires sur le comportement global de l enfant inscrits dans le carnet scolaire et ou exprim s au cours d un entretien avec les parents 34 A d faut d en trouver un meilleur et pour respecter le mod le emprunt nous avons repris tel quel le terme de n gligence tout en tant bien conscients de sa connotation n gative Nous tenons d s lors pr ciser que lorsque nous pensons identifier un relatif d ficit en support ou soutien parental cela ne signifie en rien qu il y ait totale absence d affection ou une quelconque forme de maltraitance l gard de l enfant concern mais seulement qu il semble passablement livr lui m me En d autres termes contrairement d autres il n est pas activement soutenu dans la plupart de ses activit s quotidiennes et rarement valoris 35 Nous avons pr f r dans ce cas remplacer par rigidit le terme originel d hostilit qui nous paraissait trop fort et trop n gativement connot 47 SRED Service de la recherche en ducation l enfant est assez cadr on lui pose des limites il y a des r gles pour l heure du coucher ou pour regarder la t l visi
207. processus migratoire qui semble v cu comme probl matique ce qui affecte peu ou prou la mani re de vivre dans tous les secteurs de l existence Ces familles se heurtent des difficult s ext rieures qui les emp chent d entamer ou de poursuivre leur int gration dans la soci t suisse On rencontre plusieurs cas de figure Une int gration impossible C est le cas notamment pour une famille n 12 de r fugi s politiques trois ans et demi Gen ve en quasi tat de choc depuis l annonce qu ils ne pourront peut tre pas rester en Suisse Ils sont sans ressources et sans connaissances sans ressort ni motivation non plus pour sortir de leur isolement Pendant l entretien ils se contentent souvent de r pondre par quelques mots Ouais non pas tellement etc non pas qu ils ne sachent pas le fran ais mais ils semblent comme anesth si s par leurs difficult s Peut tre aussi leur r serve s explique t elle par une certaine incompr hension de notre r le de chercheurs Quoi qu il en soit la seule pr occupation qu ils cherchent v ritablement nous communiquer vu l tat d urgence et la menace de renvoi qui p se sur eux est celle de pouvoir rester en Suisse alors m me qu ils n y ont aucune attache Ils insistent sur le fait que cela permettrait leurs enfants d avoir une bonne ducation Le p re fait partie d une association de ressortissants de son pays qu il rencontre un
208. pu le mettre en vidence propos de l aide scolaire sur laquelle l enfant peut compter ou non dans sa famille 1 Quelques pr cisions conceptuelles Coleman 1988 1990 et d autres auteurs sa suite Teachman amp al 1997 Mc Neal 1999 d crivent les interactions familiales pour tout ce qui concerne la scolarit des enfants en termes de capital social Pour eux en effet la part du capital social d une famille qui est pertinente pour influencer favorablement la trajectoire scolaire d un enfant est repr sent e par l ensemble des relations orient es ducation et scolarit existant entre les parents et leur enfant d une part entre les parents et les professionnels de l cole et ou d autres parents d l ves d autre part Plus ces relations sont riches et empreintes de coh rence plus l enfant a de chances d aller loin dans son cursus scolaire Autrement dit l investissement des parents dans l accompagnement scolaire de leur enfant mesurable en termes de soutien et d changes parents enfant propos de l cole de contacts des parents avec les enseignants d appartenance une association de parents d l ves constitue une forme sp cifique de capital social directement utile la r ussite scolaire de l enfant Or cette forme de capital fait d faut certaines familles ce qui rend la situation de l enfant colier particuli rement difficile Nous avons vu que souvent l l
209. que Certains d entre eux n ont d s lors qu une envie lorsqu ils rentrent chez eux se reposer 82 Familles cole et quartier Il ne faut pas oublier cependant que le moindre engagement dans la vie associative est un ph nom ne plus g n ral qui touche plus ou moins l ensemble de la population La pratique des sports ou des activit s de loisirs se fait de plus en plus de mani re informelle sans passer par une inscription un club ou une association Il n est donc pas tonnant que cette tendance soit encore plus marqu e dans des familles qui vivent dans des conditions plus difficiles que la moyenne et ont moins de moyens financiers et de temps disponible pour s engager au del de la simple pratique de l activit choisie Enfin n tant pas autoris es participer au d bat politique il est possible que les familles immigr es surtout celles qui viennent de cultures plus lointaines associent certaines formes de la vie associative par exemple les associations de parents l engagement civique dont ils sont par ailleurs exclus Ils peuvent alors avoir tendance laisser cela aux Suisses Mais nous n avons pas confirmation de ces hypoth ses n ayant pas directement interrog les parents sur cet aspect de la question La seule exception ce d sint r t pour la vie associative concerne la participation active un club sportif ou des associations regroupant des gens de m me nationalit Mais
210. que de montrer qu ils ne peuvent pas faire aussi bien que les autres familles de la classe ou de l immeubk Certains le d plorent comme d ailleurs la surench re de cadeaux on reux voir plus loin mais sacrifient malgr tout cet usage devenu quasi incontournable comme le reconna t cette m me m re de famille M re Oui il y va mais en fait les anniversaires a se passe plus tellement dans les appartements a se passe au Mc Do elle rit donc ouais bon il aime pas du tout mais c est comme a famille n 20 d origine suisse Il n en reste pas moins que le fait d tre invit rev t d autant plus d importance qu il s agit d une forme de s lection entre pairs Pour l enfant cela constitue une preuve d int gration tre invit c est se sentir admis jouir d une certaine popularit dans la classe Ne pas l tre est probablement ressenti comme une forme d exclusion ou en tous cas de mise l cart lorsque cette situation se r p te de mani re syst matique Toutefois pour tre invit il faut respecter une norme de r ciprocit Je t invite mon anniversaire et tu m invites au tien Cette pratique ne va pas sans susciter des r serves de la part de plusieurs parents surtout chez ceux dont l enfant a des difficult s scolaires Dans ce groupe on rencontre quelques parents qui ne laissent pas leur enfant participer ces f tes familles n 4 14 a
211. que vous avez pu dire quelque chose Sinon pourquoi L organisation de la famille autour de la scolarit de l enfant Objectif Faire d crire la prise en charge de l enfant pour tout ce qui concerne l cole partir l heure ou l accompagner travail scolaire affaires de gym etc Qu est ce qui se passe quand votre enfant rentre de l cole Qui s occupe de votre enfant pour tout ce qui a voir avec l cole qui l accompagne l cole Est ce que votre enfant vous montre ou vous raconte ce qu il fait l cole Si non le lui demandez vous _ Qu est ce que vous faites quand il a de bons mauvais r sultats Qu est ce que vous faites quand la ma tresse dit qu il n a pas bien travaill ou qu il n a pas t sage l cole Qui se charge le cas ch ant de le gronder de le punir de le r compenser et de quelle mani re Sil a du travail faire la maison qui s en occupe O fait il ses devoirs s il en a A t il un coin pour lui Est ce que quelqu un ventuellement aussi fr re ou s ur peut l aider dans son travail pour l cole 114 Familles cole et quartier _ S iln a pas de devoirs est ce que vous faites malgr tout des exercices avec lui Est ce que votre enfant va aux tudes surveill es Est ce qu il reste l cole apr s la fin des classes Quelles sont ses occupations en dehors de l
212. r Liens avec la communaut scolaire Est ce que vous connaissez l association de parents de l cole de votre enfant En faites vous partie Allez vous aux r unions Qu en attendez vous Si non pourquoi Est ce que vous avez particip des f tes de quartier ou l cole escalade promotions etc Comment a s est pass pour vous Avez vous particip l organisation amen un plat cuis in ou eu l occasion de pr senter quelque chose de votre pays Est ce que vous avez des contacts avec infirmi re scolaire une assistante sociale etc Voisinage et autres associations Est ce que vous avez des contacts avec les gens de l immeuble du quartier Si oui quel type de contacts change de services invitations etc Faites vous partie d autres associations par ex sportives Si oui lesquelles Avez vous des liens avec des gens de votre communaut d origine avec votre pays d origine 115 SRED Service de la recherche en ducation 116 Familles cole et quartier ANNEXE III RECUEIL DE DONNEES AUPRES D ENSEIGNANTES DE 1P A PROPOS DE QUELQUES UNS DE LEURS ELEVES Nous rappelons que notre dispositif pr voit d approfondir la compr hension de la situation de six l ves de milieu populaire immigr s ou non pour chacune des classes concern es par la recherche trois enfants dont la scolarit se d roule sans probl me et trois qui pr sentent des
213. r d autres citations ou les situer dans les tableaux pr sent s plus haut 61 SRED Service de la recherche en ducation Dans d autres familles l accueil chez soi d enfants ext rieurs la famille reste limit un e seul e camarade toujours le la m me qui vient de temps en temps Ou alors on a le sentiment que ces invitations constituent l exception plut t que la r gle C est le cas pour cinq enfants sur onze en difficult scolaire 5 13 18 20 23 et pour quatre autres sur les douze qui vont bien l cole 7 8 9 17 Pour ces parents ce n est pas tant le fait que leur enfant joue avec des camarades qui pose probl me mais bien d avoir accueillir d autres enfants chez eux C est d ailleurs souvent dans ces m mes familles comme nous le verrons plus loin que l on refuse de laisser participer l enfant aux anniversaires de ses camarades et que l on n organise rien non plus cette occasion Des obstacles mat riels et psychologiques On l a vu plusieurs familles dont l enfant est en difficult excluent l appartement comme espace de jeux avec des camarades Dans l une d elles n 4 les activit s ludiques sont exclusivement circonscrites au pr au de l cole Les enfants d pendent alors de la pr sence al atoire d autres camarades dans la cour pour avoir des compagnons de jeu La m re s installe dans la cour d cole et surveille ses enfants tous l
214. raison explicite Dans deux autres cas la comparaison est clairement en d faveur de l cole genevoise on n y est pas assez s v re les m thodes ne favorisent pas l apprentissage de la lecture trop de jeux pas assez d exercices scolaires abandon critiqu de la m thode syllabique Pour une autre m re de famille l cole est depuis toujours inadapt e aux besoins des enfants et cela ne s est pas am lior depuis la scolarit de la g n ration pr c dente Enfin quatre familles dont les enfants sont en difficult trouvent que l cole d ici est mieux organis e et surtout qu elle dispose de davantage de ressources que dans leur pays d origine Ces parents sont ainsi tellement persuad s que dans une telle cole les l ves ont tout pour r ussir qu ils attendent tout de l institution et ne voient pas quel pourrait tre leur r le dans l accompagnement de la scolarit de leur enfant Ils n interviennent donc pas dans ce sens et d l guent enti rement cette responsabilit aux enseignants ce qui n est peut tre pas sans lien avec les difficult s de leur enfant 2 3 Appr ciation de l cole et des enseignantes Nous avons demand aux parents en quoi ils taient satisfaits ou insatisfaits de l cole quelles demandes et ou critiques ils avaient formuler Nous leur avons galement demand quels contacts ils avaient avec l enseignante comment ils la percevaient si leur enfant se sentait
215. rd de l cole 1 Capital social et interface socio ducative L ensemble des liens qui se tissent entre enseignants l ves parents associations de parents voisinage services para ou p riscolaires etc constituent pour ces diff rents acteurs une forme de capital social qui est la base des apprentissages scolaires Comme B Lahire l a mis en vidence l enfant en chec est un enfant seul d pourvu de cette forme particuli re de capital social li la scolarit On peut dire que les cas d chec scolaire sont des cas de solitude des l ves dans l univers scolaire Dans leur famille ils n ont pas vraiment acquis les dispositions les d marches cognitives et comportementales leur permettant de r pondre ad quatement aux exigences et injonctions scolaires et ils sont donc seuls et comme trangers face aux demandes scolaires Rentr s chez eux ils rapportent un probl me scolaire que la constellation des personnes qui les entoure ne peut les aider r soudre ils portent seuls des probl mes insolubles Lahire 1995 p 18 105 SRED Service de la recherche en ducation Cette double solitude et cette forme de d saffiliation est la fois la cause et la cons quence de l chec scolaire 1 1 Le r seau de relations internes aux familles Selon Coleman 1994 en effet des relations denses chaleureuses et suivies entre parents et enfants notamment propos de tout ce qui
216. re Enfin le dernier enfant de ce sous groupe a v cu tellement difficilement son arriv e en classe enfantine sans savoir le fran ais que cela a d clench une prise de conscience chez sa m re concernant l utilit d une pr scolarisation D une part elle a investi encore davantage le suivi scolaire de son fils afin de l encourager d autre part elle a d cid de ne pas reproduire avec sa fille cadette ce qu elle a per u elle m me comme une erreur Bon pour moi pour lui aussi a a t difficile parce que comme lui il a pas fait des coles ni cr che ni rien avant de commencer l cole enfantine il savait pas dire un 17 Cette prise de conscience nous para t remarquable et t moigne d une m me attitude envers l cole que celle des parents ayant plac explicitement leur enfant au jardin d enfants pour les pr parer la vie scolaire voir plus loin Cela est d autant plus frappant qu aucun des parents des enfants en chec dans cette m me situation n a tir ce genre de conclusion m me en apprenant les difficult s de ce dernier 18 Familles cole et quartier mot en fran ais il disait Bonjour s il vous pla t merci rien d autre Alors le d but a a t tr s difficile A plusieurs reprises il est parti de l cole on a d m appeler au travail il pleurait C tait tr s tr s difficile il voulait pas rester Bon j ai pas fait la m me erreur avec
217. res parents qu avec moi alors celle l je veux plus la voir famille n 14 d origine suisse D autres parents ne vont pas accompagner eux m mes leur enfant l cole ou alors restent l ext rieur ne profitant pas de l occasion pour parler avec la ma tresse C est en cela que nous parlons d une relative passivit Cela donne le sentiment que ces parents n arrivent pas se persuader ou n ont pas les moyens de le faire qu ils ont un r le jouer dans la scolarit de leur enfant soit qu ils estiment tre incomp tents pour le faire soit qu ils se reposent enti rement sur l cole pour tout ce qui concerne l instruction de leur enfant En amont des parents qui disent manquer de points de rep res au sujet des apprentissages et du cas de figure de la m re qui ne veut plus aller voir les enseignantes suite une mauvaise exp rience avec l une d entre elles cette apparente et ou pr tendue d mission de certains 27 Cette m re fait allusion ce que lui aurait dit une fois l une des enseignantes d un fils plus g actuellement en 4P Cela montre quel point pour certains parents ayant une faible estime d euxm mes il suffit d une seule exp rience n gative avec un agent scolaire pour contaminer tout leur rapport l institution Une remarque consid r e comme justifi e mais sans intention de jugement de la part de l enseignante peut tre ressentie comme d valorisante
218. ris 1998 BELANGER J P Capital social et d veloppement social une br ve r flexion document on line Conseil de la sant et du bien tre du Qu bec 1997 BOURDIEU P amp PASSERON J P Les h ritiers les tudiants et la culture Editions de Minuit Paris 1965 BOURDIEU P La distinction Editions de Minuit Paris 1979 CHARLOT B Quelle relance pour les ZEP Actes des Assises nationales des ZEP Rouen 1998 CHAUVEAU G amp ROGOVAS CHAUVEAU E La r ussite au cours pr paratoire et les interactions cole familles populaires in Les familles et l cole une relation difficile Ville Ecole Int gration n 114 sept 1998 CHAUVEAU G Comment r ussir en ZEP Vers des zones d excellence p dagogique Retz Paris 2000 COHEN S De la cr che l cole Nathan p dagogie Paris 1995 COLEMAN J Social Capital in the Creation of Human Capital American Journal of Sociology Vol 94 1988 COLEMAN J Foundations of Social Theory 1990 C U CUNHA M Les parents et l accompagnement scolaire quelle approche in Les familles et l cole une relation difficile Ville Ecole Int gration n 114 sept 1998 DEBARBIEUX E amp BLAYA C Les parents la violence l cole un d tour europ en in Les familles et l cole une relation difficile Ville Ecole Int gration n 114 sept 1998 DELALANDE J La cour de r cr ation pour une anthropologie de
219. rit qu ils suivent ou du moins encouragent l enfant pour son travail scolaire En toile de fond L id e de l extension de la r novation Que signifierait pour les enseignantes rencontr es de m me que pour leurs coll gues lors d une s ance de restitution des premiers r sultats par ex de faire un projet d cole Comment dans un tel projet envisageraient ils de tenir compte de la sp cificit de la population d l ves auxquels ils s adressent 118
220. rmation professionnelle certifi e 44 Familles cole et quartier tait une variable d terminante dans le choix des attitudes ducatives des familles plus importante m me que la cat gorie socioprofessionnelle voir Kellerhals et Montandon 1991 De m me un niveau d instruction minimal sans formation professionnelle pr dispose davantage les parents prouver un relatif sentiment d incomp tence l gard de certains domaines de l ducation les incitant d s lors les d l guer l cole voir F Osiek Parisod 1990 3 4 Le rapport l crit Pour aller un peu dans le sens de B Lahire ouvrage cit nous avons pos quelques questions sur les pratiques de lecture et d criture dans la famille sans pourtant affiner autant le questionnement ni toujours aussi syst matiquement Nous avons cherch savoir si les parents lisaient pour eux m mes et ce qu ils lisaient Nous leur avons galement demand chaque fois que c tait possible s ils avaient l habitude d crire certaines choses pour faciliter leur vie quotidienne rendez vous listes de commissions petits billets pour communiquer en famille lettres etc Enfin nous avons demand sys t matiquement si les parents lisaient ou racontaient des histoires leurs enfants regardaient des livres ou des magazines avec eux Comme on va le voir on peut dire que ces pratiques varient l g rement en intensit et en qualit d un groupe
221. rof r es l encontre de l enseignante appartiennent essentiellement au registre relationnel On lui reproche d tre trop froide d avoir de mauvais contacts avec les parents voir chapitre suivant ou avec l enfant Certains l ves sont effray s ou leur m re a l impression qu ils ne sont pas consid r s dans leur dimension personnelle La ma tresse qu elle a maintenant a se passe pas tr s bien c est plut t difficile Jai l impression qu elle se referme sur elle avec Mme X Sa ma tresse est quelqu un qui crie elle crie beaucoup donc elle a peur elle a peur de faire des fautes donc en fin de compte elle avance pas Je suis pas psychologue ni ma tresse d cole mais je pense que la relation entre une ma tresse et puis un l ve est tr s importante Quand le 3 Au dire des enseignantes concern es par les deux derni res m res cit es il s agit de personnes pleines de bonne volont mais manifestement d bord es par des probl mes familiaux ou d organisation du temps Par ailleurs malgr le souci qu elles manifestent propos de leur enfant elles ne viennent pas spontan ment voir la ma tresse ce sujet mais attendent d tre convoqu es Elles ne recherchent donc pas activement l information qui semble leur manquer 30 Familles cole et quartier contact il passe pas ou il passe tr s mal l enfant il peut tre en chec famille n 4 d origine suisse
222. rs rapports avec l enseignante A tort ou raison ils se sentent alors invalid s dans leurs efforts d aider leur enfant Moi quand je vois qu un de mes enfants a une difficult dans quelque chose je demande comment je peux l aider parce que c est vrai que nous les parents on aura une mani re d apprendre les profs une autre mani re et des fois je trouve que les enfants y comprennent mieux avec nous que la fa on que les profs ils expliquent Mais les profs ils aiment pas ils veulent pas qu on leur explique Oui oui on m a d j dit Non non il faut pas l aider parce que nous on leur apprend d une fa on et apr s ils vont tout m langer famille n 4 d origine suisse D autres se sentent d valoris s quand ils rencontrent l enseignante Moi j aime pas trop aller l cole discuter avec les ma tresses parce qu elles sont du style d s qu elles voient une autre m re de famille alors qu elles discutent avec vous elles coupent et elles discutent avec les autres et vous vous avez qu vous faire foutre Avec celle l a va un tout petit peu mieux mais avec la pr c dente c tait infernal Elle coute pas vraiment elle coute un bout puis elle en a rien foutre puis elle attache de l importance aux autres gens et puis nous on est un petit peu comme si on tait un peu de la vermine Elle attache plus d importance discuter plus longtemps avec les aut
223. rsonnes en situation tr s pr caire et chappant toute forme de cat gorisation en termes professionnels Ainsi red fini le milieu populaire se caract rise par une tr s grande h t rog n it du point de vue de la langue de la culture et de l exp rience scolaire pour ne citer que cela se traduisant par des pratiques fort diverses notamment au plan des rapports hommes femmes adultes enfants et des pratiques ducatives De leur c t les enseignants sont davantage que par le pass issus en majorit de la classe moyenne ce qui leur donne une plus grande connivence socioculturelle avec les parents de ce m me milieu mais accro t du m me coup leur distance l gard des parents de milieu populaire A ce sujet il convient de signaler que dans cette commune on a enregistr entre 1993 et 1998 des taux de ch mage toujours sup rieurs la moyenne cantonale genevoise 7 Nous rappelons ici que les personnes ayant un statut de requ rant d asile n ont pas le droit de travailler en Suisse 11 SRED Service de la recherche en ducation 2 Cadre conceptuel et m thodologie Comme nous l avons indiqu plus haut le travail dont nous pr sentons les r sultats ici s inscrit dans un projet plus large d analyse de l interface socio ducative dans une commune fortement polaris e sur le plan social Nous ne pr sentons pas ici ce projet dans son ensemble mais nous en r sumons les principaux l ments 2
224. s 3 la n gligence support et s v rit faibles 4 la rigidit support faible et s v rit lev e Nous avons estim qu il y avait pr sence de support lev quand l enfant obtenait un soutien vident concernant sa scolarit mais galement dans sa vie quotidienne l un des parents au moins ayant c ur d tre le plus souvent possible avec lui de l encourager de l couter et de lui t moigner de l int r t dans les divers secteurs de son existence De m me nous avons estim qu il y avait s v rit lev e lorsque les parents avaient un certain niveau d exigence l gard de l enfant qu ils cherchaient r guler ses activit s lui poser des limites et qu ils sanctionnaient positivement petits cadeaux argent de poche ou n gativement privation de t l vision ou autres punitions certains de ses comportements et ou de ses r sultats scolaires Nous estimons videmment que ces deux indicateurs sont faibles lorsque ces marques d int r t et d autorit de la part des parents sont rares ncoh rentes voire quasi absentes Des enfants soutenus et encadr s Les styles ducatifs l uvre dans les familles dont l enfant va bien l cole sont assez homog nes Quatre familles sont caract ris es par le style chaleur et les huit autres par le style contr le ce qui signifie que dans la totalit des familles de ce groupe l enfant b n ficie d un sup
225. s coles de quartiers d favoris s aboutit au m me constat et sugg re que ces dynamiques positive ou n gative caract risent avant tout la communication entre l institution scolaire et les familles Pour lui les difficult s scolaires de l enfant sont souvent li es ce qu il appelle une dynamique sociale ducative n gative entre l cole et les familles dites d favoris es peur m fiance incompr hension contradiction rupture rejet d valorisation attentes pessimistes marginalisation Les notions de dynamique n gative et de communication sociale n cessitent quelques pr cisions Il ne faut pas confondre la premi re avec celle de mauvaises relations ou d absence de relations physiques contacts rencontres r unions On peut parler de dynamique sociale ducative positive g n ratrice de r ussite scolaire m me si enseignants et parents ne se voient presque jamais on note dans ce cas par exemple qu ils partagent plusieurs attitudes communes respect et valorisation de l autre partenaire volont de faire r ussir l enfant l ve attentes et ambitions lev es son gard Inversement cette dynamique est n gative g n ratrice d insucc s scolaire lorsque les bonnes relations entre ma tres et parents sont exclusivement extra p dagogiques et que les familles n ont pas de prise sur la scolarit et les acquisitions scolaires de leur enfant ou l
226. s sauf une ont un enfant qui r ussit bien dans ses apprentissages Face ces parents qui jouent le jeu les enseignant e s ont int r t ne pas se reposer sur l illusion que cette situation serait d finitivement acquise En effet le syst me de contraintes voqu plus haut et qui p se sur les familles de milieu populaire pourrait la longue avoir raison de leur investissement si l cole n avait pas c ur de les reconna tre dans leur effort de leur montrer quel point leur attitude est d terminante dans la r ussite de leur enfant Autrement dit il s agit d entretenir la motivation et l implication de ces parents et de veiller ce qu elles se maintiennent au del des premi res ann es d cole lorsque les apprentissages comme l organisation des tudes et les diff rentes fili res propos es deviennent de plus en plus complexes 53 SRED Service de la recherche en ducation 5 2 La d l gation Dans ce cas les parents comptent enti rement et exclusivement sur l cole pour assurer les apprentissages et la motivation de leur enfant en un mot pour garantir sa r ussite sans qu ils aient eux m mes un r le jouer Ils ont souvent une vision extr mement positive de l cole genevoise par rapport celle qu ils ont connue et pensent par cons quent qu ils n ont pas intervenir l institution ayant tous les moyens sa disposition pour faire r ussir les l ves De plus souven
227. s tout en continuant faire des activit s ensemble avec eux Cela s me l ins curit et la confusion dans l esprit de la petite fille qui se montre d ailleurs assez perturb e dans ses relations avec les autres enfants malgr de bons r sultats scolaires d sireuse de nous parler d une part pour exprimer des choses qu elle n ose gu re partager avec son mari et d autre part parce qu elle attendait indirectement peut tre conseils et approbation de notre part comme si elle cherchait en nous des alli s contre son mari 38 Cela explique pourquoi cette section ne comporte aucune citation Le constat de pr sence ou d absence d une coh rence ducative au sein de la famille ne d coule pas en effet de la r ponse une question pr cise mais se d gage de l ensemble de l entretien et des attitudes des parents interview s 3 Arriver rep rer dans quelle dynamique est pris le chercheur ainsi que la place qui lui est accord e dans la constellation familiale le temps de l entretien aide d ailleurs grandement comprendre comment fonctionne la famille 50 Familles cole et quartier Dans les familles dont l enfant est en difficult en revanche on a moins souvent affaire une v ritable coh rence ducative C est le cas dans trois familles seulement sur onze Dans les huit autres il n y a pas vraiment de coh rence ducative imm diatement rep rable Soit que les parents aient des mess
228. s en temps je le mets moi au travail Je lui dis Ecoute tu vas lire maintenant Comme a il est devant moi en train de lire haute voix quelque chose et puis quand je vois qu il n arrive pas tout dire je lui explique mais pas d un seul coup petit petit Je lui explique quelque chose aujourd hui puis une autre fois famille n 16 albanaise du Kosovo Parfois les parents voquent le plaisir qu ils ont travailler avec l enfant qui doit forc ment y tre sensible Cela contraste fortement avec le climat de tension qui r gne au moment des devoirs voqu plus loin par les parents d enfants en difficult Par exemple demain apr s midi je vais avoir cong je vais profiter pour m en occuper aussi Donc j essaie toujours aux moments o je suis la maison des fois le matin avant qu il parte je m en occupe un petit peu je le fais lire Moi je pense que c est mieux que je le laisse faire pour lui pour qu il ait pas l impression J ai r ussi mais il y avait Maman Mais moi on dirait que je recommence l cole je vous assure quand je suis en train de travailler faire quelque chose avec lui je suis nouveau un enfant je suis l cole avec lui c est un plaisir c est trop quoi elle rit J adore Mais lui il aime aussi beaucoup faire seul se d brouiller mais apr s je fais avec lui famille n 1 d origine portugase Certains parents fo
229. s quartiers et des communes est un fait Gen ve comme dans la plupart des agglom rations urbaines Alors que certaines coles primaires accueillent pour l essentiel des enfants de familles suisses ou trang res de milieu ais ou de classe moyenne sup rieure d autres accueillent une majorit d enfants de langue maternelle non fran aise et de milieu populaire Qu elle soit consid r e comme l effet d une fatalit ou comme le r sultat de micro arrangements en mati re de politiques de l am nagement du territoire et du logement conduisant de fait une m me forme d exclusion cette sp cialisation territoriale met en question l galit formelle des enfants et des familles face l cole Alors que certains peuvent compter sur le capital scolaire et le capital social de leur famille et sur de multiples ressources au plan culturel d autres ne peuvent m me pas jouir l cole d un milieu qui facilite leur int gration ne serait ce qu au plan linguistique se trouver dans une classe dans laquelle le 90 des l ves sont de langue maternelle fran aise ou dans une classe o plus du 60 des l ves sont de langue maternelle trang re et pour lesquels la distance la culture scolaire est parfois consid rable constitue une situation contraire l quit ducative Au cours des travaux pr paratoires une tude consacr e aux divers aspects de la politique de la jeunesse de la commune su
230. s quelque chose avec elle peut tre que c est pas assez Oui parce que moi je suis peu souvent le soir la maison je travaille le soir et c est quand elle arrive de l cole que je dois aller travailler Des fois je lui dis Ecris moi ce petit mot et elle me dit Ma ma tresse elle fait pas comme a tu me fais pas comme a l Alors moi jusqu il y a pas tr s longtemps je me disais Je lui dis rien je lui apprends pas parce que voil j avais peur de faire d une fa on et que l cole fasse d une autre famille n 2 d origine yougoslave et portugaise Ce d sarroi devant les nouvelles m thodes d enseignement induit un sentiment d incomp tence Cela peut tre pour les parents une source d humiliation et pour l enfant une source d tonnement douloureux devant le constat d impuissance ou d incomp tence de ses parents qui ne font pas juste voir C u Cunha 1998 Les deux derni res familles de ce groupe sont un peu atypiques en ce sens qu la fin de la recherche leur enfant avait consid rablement rattrap son retard Dans la premi re le gar on nous avait t signal comme en difficult par la ma tresse qui a galement alert les parents la suite de mauvaises performances de leur fils Alors bien que le p re trouve que cela ne devrait pas se passer ainsi la m re a pris les choses en main a fait r guli rement travailler son fils en retournant
231. sages comme celui de la lecture pr supposent que l enfant dispose d j d un bagage de connaissances sur le monde sans lequel les mots sont ind chiffrables puisqu ils ne renvoient pas des r alit s famili res Ce constat est la base de d marches didactiques sp cifiques mises en uvre par certains enseignants des coles de milieu populaire Gr ce ses apprentissages et l largissement de ses connaissances et de ses aptitudes communiquer l enfant s approprie progressivement les outils de son int gration sociale et professionnelle largir son champ de connaissances c est augmenter son potentiel d acc s divers champs professionnels mais c est aussi largir son r seau de relations L int gration de l cole dans le quartier et dans la commune Ce qui a t dit jusqu ici montre que la qualit des institutions scolaires para et p riscolaires constitue un enjeu majeur pour les collectivit s locales notamment pour celles qui comme la commune de Vernier s inqui tent de la d gradation du lien social et du d part de familles de classes moyennes disposant le plus souvent d un capital social important La prise de conscience de cet enjeu pourrait se manifester de diff rentes fa ons Une commune regroupant un pourcentage lev de familles de milieu populaire au capital social relativement peu d velopp peut consid rer qu il est de son devoir de contribuer par ses moyens propr
232. scrit l int rieur de la communaut d origine et cela ne garantit pas forc ment une bonne int gration la soci t d accueil cette communaut pouvant favoriser une position de retrait par rapport la soci t genevoise Toutefois dans de nombreux cas la communaut d origine sert de m diation pour les relations avec la soci t d accueil Afin d valuer le degr de l int gration sociale des familles rencontr es nous avons eu recours une s rie d indicateurs L ensemble de notre travail tant plus particuli rement centr sur les rapports de la famille l cole nous avons attach davantage d importance aux r seaux qui touchent plus directement la vie de l enfant la famille largie les camarades d cole et le quartier Comme indicateurs de l int gration sociale des familles nous avons retenu les dimensions suivantes e le r le des parents dans la sociabilit enfantine e les liens avec la famille largie e int gration de la famille dans le quartier les relations avec le voisinage e la participation la vie associative Dans notre d marche l int gration sociale vue comme pr requis la constitution d un capital social r sulte de l agr gation des diff rentes composantes prises en compte Cela n aurait en effet pas beaucoup de sens de comparer les deux groupes de familles sur la base exclusive de l une de ces composantes en ignorant les autres
233. seulement aux moyens mat riels mais galement au niveau d instruction la connaissance et la compr hension du syst me scolaire et des institutions en g n ral au temps disposition 93 SRED Service de la recherche en ducation 3 4 Une cole fonctionnant en r seau Le syst me de contraintes dans lequel voluent ces familles cr e des difficult s sp cifiques par rapport au parcours scolaire des enfants que l cole et la collectivit en g n ral se doivent de prendre en compte Il est bien vident en effet que tous les probl mes voqu s plus haut n ont pas leur r ponse exclusivement dans l cole C est en amont du syst me scolaire dans le contexte conomique et social qu ils prennent racine et c est donc un niveau plus global celui de la politique sociale des collectivit s qu il convient d y r pondre actions sur les conditions de travail et de salaire droit du travail soutien social d veloppement de la formation permanente des adultes et d abord de ceux qui ne poss dent aucune qualification professionnelle Cela pourrait sugg rer comme entrevu ctdessus que l cole travaille en r seau avec d autres acteurs notamment les autorit s communales les associations de parents d l ves les maisons de quartier et les centres de loisirs selon les cas Rappelons que la loi sur l instruction publique appelle explicitement l cole de telles collaborations ce qui cr e
234. spontan ment demander conseil l enseignante si bien qu l heure actuelle le retard est quasiment rattrap Cette m me m re de famille fait d ailleurs partie de l association de parents d l ves ce qui montre son implication Dans la derni re famille albanaise du Kosovo le p re qui parle un peu le fran ais mais estime ne pas le savoir suffisamment pour aider son fils veille n anmoins ce que les devoirs soient faits donne des conseils la s ur a n e sur la mani re de faire travailler son petit fr re Mais il estime pr f rable que ce dernier travaille avec une personne adulte et il cherche une r p titrice Cet int r t pour la scolarit de l enfant le p re assiste galement aux r unions quand c est possible semble avoir port ses fruits car l enseignante trouve que l enfant a fait d normes progr s depuis le d but de l ann e En ce qui concerne la stimulation cognitive les pratiques des familles des enfants en difficult sont un peu plus homog nes que pour l aide aux devoirs en ce sens que dans la grande majorit des cas il y en a apparemment tr s peu quelques exceptions pr s ce sont la plupart du temps des familles o il n y a pas de livres ou de jeux ducatifs pour les enfants encore moins de cahiers d exercices Certains de ces parents investissent d j consid rablement d nergie au moment des devoirs avec parfois nous l avons vu des r sultats peu gra
235. st le cas tout d abord des familles albanaises dont aucune de notre chantillon n a envoy l un ou l autre de ses enfants dans une institution de la petite enfance il semble que cette mani re de faire ne soit pas dans les habitudes de ces familles peut tre parce que le pays d origine n offre pas ce genre de possibilit Il y a ensuite une famille africaine en proc dure de demande d asile Dans ce cas les parents qui n ont pas le droit de travailler sont tr s limit s financi rement et plus ou moins condamn s rester chez eux du moins la m re De plus le placement des tout jeunes enfants l ext rieur du groupe familial ne se fait sans doute pas non plus dans cette culture Enfin dans les autres familles de ce groupe il s agissait presque toujours d un premier enfant et la m re avait souhait arr ter momentan ment toute activit professionnelle pour rester avec l enfant et profiter de ce moment b ni de la petite enfance comme nous l a confi une maman On remarque ainsi qu une majorit des enfants en difficult n ont b n fici d aucune forme de pr scolarisation et que pour deux fillettes sur les trois ayant fr quent un jardin d enfants l exp rience a t mal v cue pour des raisons que nous ignorons 1 2 Un investissement pour l avenir Pour la douzaine d enfants qui vont bien l cole les chiffres en eux m mes sont moins parlants Sept peine plus de la m
236. st plus tonnant de la part de grands fr res dont deux ont t au moins partiellement scolaris s Gen ve Pour ces trois fillettes on peut vraiment parler d une grande solitude dans l univers scolaire telle qu on l a voqu e dans le chapitre pr c dent Bien que leurs parents expriment de mani re indirecte le souhait qu elles r ussissent et attendent sans doute beaucoup de l cole il n y a aucun accompagnement de leur part Ils se sentent tellement peu qualifi s pour aider leur fille qu ils ne songent m me pas lui demander si elle a quelque chose faire pour l cole De plus faute de rep res de contacts avec l institutrice et ne voyant jamais leur enfant travailler ils ne sont pas conscients de ses difficult s D s lors il n est gu re tonnant que ces fillettes ne parlent pas de l cole la maison ne demandent jamais rien leurs parents A l cole elles sont en grande difficult et leurs enseignantes ont l impression qu elles ne comprennent pas ce que l on attend d elles ni quoi l cole peut bien servir Alicia est arriv e en 1 enfantine chez ma coll gue comme un petit oiseau perdu tout fr le elle arrivait du Kosovo Elle tait tr s irr guli re jamais l heure le matin parfois elle ne venait pas sans excuse toujours en retrait de tout ne prenant part rien Quand vous lui donnez une consigne elle ne peut pas aller sa place sans regarder si t
237. sur les ph nom nes de reproduction sociale au d triment des enfants d ouvriers ou sur les probl mes d int gration et de socialisation pos s par les l ves issus de l immigration ou des minorit s ethniques toutes les recherches aboutissent un constat commun les l ves appartenant ces milieux ou ces groupes minoritaires connaissent un plus grand taux d chec se retrouvent plus souvent que les autres dans l enseignement sp cialis ou sont presque syst matiquement orient s au niveau secondaire vers des fili res courtes o la formation est moins exigeante et qui ne donnent pas acc s aux carri res de haut niveau Plusieurs types d explication ont t avanc s du handicap socioculturel et de la distance culturelle la mauvaise estime de soi ou la conduite r sistante des enfants des minorit s en passant par le manque d implication des familles dans la scolarit des enfants la d nonciation du racisme larv de certains enseignants et de leur faible niveau d attentes vis vis de ces enfants ou encore les ph nom nes de s gr gation scolare On s int ressera plus directement ici aux arguments li s aux apprentissages 7 On se base principalement sur les textes suivants Payet Jean Paul amp Van Zanten Agn s 1996 L cole les enfants de l immigration et des minorit s ethniques une revue de la litt rature fran aise am ricaine et britannique Note de synth se Revue fra
238. t compte tenu des tr s bas salaires qui ont cours dans les secteurs de la vente de la restauration et du b timent pour les postes non qualifi s 68 I y a peut tre des formules inventer en termes d horaires et ou de syst me de garde collective d enfants pour favoriser une plus grande participation des parents ce genre de manifestation Faut il par exemple renoncer toute r union le samedi matin 91 SRED Service de la recherche en ducation assumer la r union de parents dans ces quartiers serait celle de provoquer et ou de d velopper l interconnaissance entre des parents qui d apr s ce qu ils nous ont dit ne vont pas s adresser spontan ment la parole dans la cour ou autour du chaudron de l Escalade Autrement dit les r unions de parents pourraient contribuer cr er du lien social entre les familles d l ves Il y a peut tre l aussi des strat gies inventer comme par exemple de demander aux parents de se pr senter mutuellement partir de la photographie de leur enfant qui figure souvent au dessus du crochet du vestiaire Je suis la maman le papa de Claudia j habite tel immeuble dans telle rue j aime le football ou la couture Je suis la maman de Paul j ai un b b et pour l instant j l ve mes enfants la maison je veux bien accueillir de temps en temps un autre enfant pour faire ses devoirs avec Paul Ce serait une mani re de cr er du lien social partir de l cole
239. t confirm apr s coup par l enseignante 4 2 La question de la coh rence ducative Ce que nous appelons crapr s la coh rence ducative est une dimension qu on ne peut saisir au moyens de questions directes mais reste n anmoins en arri re plan lorsque l on r fl chit aux pratiques ducatives des parents Elle s est quasiment impos e nous force de lire et relire la retranscription des interviews venant ainsi confirmer certaines impressions ressenties lors de notre bref passage dans les familles Il nous est apparu en effet que dans certaines familles on pouvait percevoir d embl e tr s clairement qui des parents faisait quoi en mati re d ducation de l enfant et s il se d gageait une impression de stabilit et de coh rence dans le climat ducatif de la famille Dans d autres situations au contraire on avait une impression d incoh rence voire de messages contradictoires ou tout au moins de manques de rep res et de signaux forts de la part des parents en direction de l enfant notamment pour tout ce qui concerne l cole mais pas exclusivement D s le moment o nous avons tudi notre corpus galement de ce point de vue nous avons t frapp s de constater quel point cette dimension tait une cl de lecture pertinente pour rendre compte de certaines diff rences entre les deux groupes de familles Dans les douze familles dont l enfant va bien l cole onze offrent c
240. t ventuellement infl chir son parcours scolaire Pour en revenir notre propos d autres parents de ce groupe souhaiteraient encore davantage d information concernant les programmes et la progression de leur enfant Deux mamans albanaises du Kosovo sensibilis es la question de l int gration des enfants trangers estiment que l cole devrait faire davantage encore pour venir en aide aux enfants non francophones tout en pr cisant que ce n est pas n cessaire pour leur enfant qui r ussit bien Par ailleurs la m re reprochant l enseignante de sa fille de n tre pas assez attentive aux probl mes de contact de cette derni re d plore plus g n ralement que l cole n apporte de l aide qu aux l ves ayant des difficult s strictement scolaires et n ait pas une vision plus globale des enfants incluant les troubles du comportement qui pourraient terme nuire aux apprentissages Cette prise de position atteste par ailleurs d une conception des choses de type classe moyenne Enfin quelques parents sur un fond de satisfaction l gard de la mission d enseignement de l cole expriment quelques critiques concernant des aspects moins directement scolaires les enfants apprennent des gros mots la r cr ation et n y sont pas assez surveill s bagarres fugues il n y a pas de patrouilleuses scolaires pour faire traverser la route aux enfants Ainsi les parents des bons l
241. t des probl mes de langue leur rendent quasi impossible toute forme d aide au travail scolaire de m me qu il leur est difficile de comprendre ce qui se passe dans les r unions auxquelles d s lors ils n assistent plus Ajoutons cela que fr quemment les parents de ce milieu forts d une exp rience r cente o la collaboration avec les parents n tait pas l ordre du jour ont conserv l id e que les enseignants pr f rent qu ils ne se m lent pas des choses scolaires contrairement aux parents de milieux plus ais s qui revendiquent de plus en plus un droit de regard sur l cole Certaines familles notamment issues de l immigration sacralisent l cole et la mission des enseignants dans lesquelles ils placent tous leurs espoirs de r ussite sociale pour leurs enfants voir Zehraoui 1998 Elles consid rent alors qu elles ne doivent surtout pas se m ler du travail des enseignants Se rendre l cole ou participer la vie scolaire serait consid r comme une ing rence voir Le Breton 1998 et certains parents tombent des nues quand les enseignants leur font comprendre qu ils attendent davantage de participation de leur part Autrement dit souvent les parents de milieu populaire m me si leur enfant est en difficult ne participent pas la vie scolaire en fonction d une r gle simple La maison c est la maison l cole c est l cole les parents doivent faire confiance a
242. t gar on ne sont pas du m me p re Il s inscrit ainsi clairement contre le type d ducation dispens e par son pouse On entre autres sa femme les g te pour finir beaucoup trop et a mon avis a arrange rien du tout parce qu on arrive un moment qu on peut m me pas donner une claque notre fils parce qu il y a tellement des associations des machins tout tout tout a autour que c est m me pas nous qu on donne l ducation aux gamins c est c est les autres autour de nous Aujourd hui je dois gronder mon gamin ou donner une baffe ben il va se plaindre je sais pas o j aurai des probl mes a c est quoi Parce que si je pourrais donner l ducation mon gamin comme j tais d ailleurs mot m me lev avec mes id es je crois qu il y aurait jamais jamais jamais de probl me Seulement ma femme elle a eu trois filles et puis elle essaie d lever mon fils en pensant que c est encore une gamine que c est encore une fille Des fois je suis un peu s v re c est vrai mais j estime que je suis pas encore assez s v re je laisse encore trop de choses justement de ma femme et de ses filles famille n 21 d origine portugaise 36 La r partition de la famille en deux clans distincts tait tr s visible au moment de l entretien Lorsque nous sommes arriv s l enfant tait en compagnie de deux de ses demi s urs dont l une avec son b
243. t notamment pour lui donner envie d apprendre et d aller l cole cela pour viter que ce dernier ne se sente compl tement isol dans son exp rience scolaire Mais pour cela l cole doit mettre en uvre des moyens tels que ces parents se sentent accueillis valoris s et qu ils soient en situation de comprendre ce qui se passe afin de pouvoir soutenir leur enfant Simultan ment elle doit mettre en place des dispositifs d aide directe ces enfants sachant qu elle ne pourra pas attendre une aide efficace de la part de ces parents concernant les apprentissages proprement dits 54 Familles cole et quartier 5 3 La r signation C est le fait de parents ayant eux m mes connu des difficult s ou un chec scolaires et qui constatent que la m me situation se reproduit pour la plupart de leurs enfants Ils sont d autant plus d courag s qu ils se sentent incapables de les aider ils ont le sentiment que comme pour eux l cole est trop difficile et que leurs enfants ne s en sortiront pas Ils en viennent invoquer une sorte de fatalit transg n rationnelle qui fait que l cole ne s adresse pas des gens comme eux et que l chec scolaire est forc ment leur lot Du coup ils ne s investissent pas dans des relations avec l cole d une part cause d un sentiment d incomp tence et d autre part parce qu ils pensent que c est inutile que rien ne changera jamais Deux familles seulement
244. t ce qu ils font mais que quand m me ils y arrivent pas et qu il n y a quand m me pas des trucs qui changent l cole quoi a sert famille n 14 d origine suisse Cette personne fait sans doute allusion certains discours plus g n raux sur le programme et les options p dagogiques qui lui passent au dessus de la t te alors qu elle souhaiterait peut tre des informations plus concr tes concernant directement ses enfants dont aucun ne r ussit l cole A quoi sert de parler de r novation et de changements se demande t elle alors que rien ne change pour ses enfants qui sont en train de reproduire sa propre situation scolaire Cela dit elle m me ne fait rien pour obtenir des informations plus personnalis es puisqu elle a renonc rencontrer les enseignantes de ses enfants voir plus loin On constate ainsi une sorte de crise de confiance envers l cole qui d une g n ration l autre finit par caract riser l attitude de cette famille dans ses rapports l institution scolaire ainsi qu d autres institutions de prise en charge sociale Nous avons ainsi eu l impression que chez certains parents le manque de participation aux r unions organis es par l cole traduisait une sorte de d couragement m me s il n tait pas toujours formul de mani re aussi explicite A quoi bon qu est ce que cela changera pour nous et nos enfants Dans cinq autres familles on
245. t ou pr cis ment peut tre parce qu il n est pas conscient ni nomm comme tel 30 C est nous qui soulignons L expression r p t e de ce sentiment de perte est assez remarquable parce qu il t moigne de la valeur accord e l cole consid r e comme une forme d investissement pour l avenir C est mettre en relation avec la suite du discours qui minimise le fait de rester sans le sou Comme si l investissement dans un capital symbolique compensait largement et justifiait un relatif appauvrissement sur le plan mat riel 40 Familles cole et quartier On voit donc que bon nombre de ces parents ont c ur de stimuler leurs enfants Outre l achat de mat riel ducatif cela peut tre en leur faisant suivre des cours ce qui va dans le sens des habitudes des classes moyennes Mon mari il a tr s envie de retourner au Portugal moi pas parce que je me dis que l bas je ne pourrai pas donner mes enfants ce que l on peut donner ici des cours de danse acrobatique et de natation L bas c est impossible de donner des le ons d autre chose c est impossible il y a rien il faut d j se d placer tr s loin pour le faire et o on le fait c est tr s tr s tr s cher on peut pas c est impossible famille n 1 d origine portugaise Juste pour leur donner une id e je leur dis Ecoutez est ce que quelqu un parmi vous voudrait bien suivre des cours de musiq
246. t par rapport l ducation des enfants mais sans tre en opposition avec la m re Bien qu il s agisse du seul cas aussi explicite dans notre corpus nous nous y attardons un peu car il illustre bien une forme de dynamique familiale qui nous semble t il doit tre plus fr quente que ce que l on imagine et pourrait bien aider comprendre en partie la difficult de certains enfants Dans cette famille la m re agit en r action sa propre ducation qu elle juge trop s v re et contre productive elle recherche la transparence ainsi qu une certaine complicit avec ses enfants Parce que moi l quand j tais petite a chez moi c tait carr ment cach tout tout tout On pouvait pas parler la table on pouvait pas ouvrir la bouche on pouvait pas dire un mot on pouvait pas bouger de table et je trouve que a a m a rien appris Apr s a a m a fait carr ment envie de vivre diff remment Maintenant pour les filles comme pour mon fils aussi je veux pas ce non dit et cacher tout au gamin Je veux pas d j avec les filles j ai rien cach c tait m re et filles copines tout le temps Le p re au contraire se r f re sa propre ducation comme un mod le Il revendique le droit la s v rit et certains ch timents corporels ainsi qu une ducation diff rente pour les filles et les gar ons probl me encore exacerb par le fait que dans cette famille filles e
247. t puis 76 Familles cole et quartier elles ont une activit professionnelle aussi maintenant famille n 4 d origine suisse Dans une autre famille galement voqu e plus haut la m re semble submerg e par une t che qui la d passe malgr l aide financi re des services sociaux et le fait qu elle place ses enfants quasi en permanence dans les institutions para ou p riscolaires Bien que le temps ainsi d gag lui laisse davantage de temps qu d autres pour organiser sa vie elle prouve de grandes difficult s tisser des relations qui ne soient pas d une certaine mani re conflictuelles avec les voisins avec les ma tresses de l cole et m me avec ses propres enfants Elle se retrouve de ce fait seule et sans ressource sur le plan relationnel Int Vous connaissez pas beaucoup de mamans vous M re Non moi je connais pratiquement personne moi Int Parce que c est pas un quartier sympa cause de ce que vous me disiez tout l heure M re C est tout le temps de ces bonnes femmes et puis qui sont toujours tchatcher T es encore enceinte et puis t en refais encore un et puis ten as combien et puis t es mari e t es divorc e et puis ci et puis a C est toutes des gonzesses qui ont elles m mes des probl mes de divorce et des probl mes de maris qui les frappent quoi Int Donc a vous change pas beaucoup c est pas une aide c
248. t que les parents comme moi je bosse neuf heures ma femme pareillement on arrive la maison on est les deux vraiment plat et on doit encore nous faire faire des le ons leur apprendre lire et crire Dans ma 28 Familles cole et quartier famille on tait quatre gamins et puis on a appris tout l cole pas avec ma m re c est pour a que je trouve pas normal qu ils leur donnent des feuilles pas possibles faire la maison C est les parents qui doivent encore perdre leur temps et apprendre lire aux gamins Supposons que c est un compatriote moi qui sait pas lire ou un Yougoslave ou un Albanais qui vient d arriver depuis son pays un r fugi comment il va expliquer son gamin si lu m me il sait pas lire Moi je vous dis que ce jour l j tais enrag je voulais aller trouver la ma tresse et lui demander pour finir Qui est la ma tresse si c est elle ou si c est moi famille n 18 d origine portugaise Alors je fais les devoirs avec lui mais je pense qu il doit aussi pouvoir jouer la maison et puis je veux pas qu il passe toute sa vie l cole Je trouve qu en 1 primaire faut pas trop axer l dessus non moi je pense que c est le r le de l cole d apprendre lire et calculer un enfant c est pas aux parents famille n 20 d origine suisse Dans ce m me registre organisationnel des parents d plorent q
249. t subjectif d int gration et sa r alit objective Dans la perspective qui est la n tre et surtout du fait de la m thode utilis e nous nous situons davantage du c t de l exp rience de l acteur que de celui de la d termination objective de son degr d int gration On distingue diff rents niveaux ou degr s d int gration sociale Au niveau le plus g n ral on peut consid rer l int gration la soci t dans son ensemble Cette question est particuli rement pertinente pour les familles immigr es s agissant de la soci t d accueil mais pas seulement on a vu que des familles autochtones en situation pr caire peuvent tout aussi bien se situer la marge de la vie sociale Mais on peut galement penser l int gration comme tant circonscrite des espaces sociaux plus sp cifiques plus locaux notamment le contexte professionnel Peut on d ailleurs s imaginer que l int gration une soci t d accueil puisse se faire dans l abstrait sans reposer sur des affiliations ou des participations locales r elles et v cues comme telles Nous avons l une premi re approche de r seaux 43 Ces ressources auxquelles l int gration dans un r seau donne plus facilement acc s peuvent tre de plusieurs natures aides diverses informations utiles appui ou r f rence lors de d marches administratives ou de recherche d emploi introduction aupr s de personnes influentes etc et permettent d s
250. taines familles On trouvera dans l Annexe I le cadre conceptuel labor pour l un des axes de l analyse de la commune de Vernier concernant l interface socio ducative c est dire les relations entre caract ristiques de la population scolaire et institutions de prise en charge de l ducation et de la formation des enfants et des jeunes Pour constituer ces deux groupes d l ves nous nous sommes bas s exclusivement sur les indications des enseignantes car ce niveau de la scolarit il n existe Gen ve ni de notes ni d preuves communes chiffr es qui auraient pu constituer un crit re objectif pour d partager les l ves 12 Familles cole et quartier de leurs l ves Nous avons souhait avoir affaire des parents d enfants en 1 primaire car c est une ann e importante pour l apprentissage de la lecture et qui marque pour bon nombre de familles l entr e dans l cole s rieuse apr s les deux ann es d cole enfantine Nous avons pris contact avec chacune de ces familles pour un entretien approfondi avec les deux parents chaque fois que c tait possible Au cours de ces rencontres nous avons abord les th mes suivants voir Annexe IT le parcours et la vie scolaire de l enfant actuellement en 1 primaire le rapport des parents avec l cole et les savoirs scolaires y compris avec leur propre scolarit la place de l crit et
251. te dimension des relations familles cole En effet force de voir les pr tendus manques des parents en termes de scolarit de ressources culturelles de soutien etc on a tendance oublier ceux de l institution Que fait elle ou comment fait elle pour informer ou au contraire ne pas informer suffisamment clairement des parents qui ont pr cis ment ce genre de difficult Plus exactement comment communique t elle avec eux Dans quelle mesure ne suppose t elle pas de leur part une connaissance et une compr hension du syst me qu en r alit ils ne peuvent avoir Par la nature de ses messages quelle image l institution scolaire transmet elle d elle m me concernant ses finalit s son fonc tionnement et de la comp tence de ses interlocuteurs En y regardant de plus pr s il nous semble que l institution scolaire fait une sorte de confusion entre l action d informer et celle de communiquer En effet tout se passe comme si l metteur du message l cole pensait qu il suffisait de diffuser une abondante information aux parents les r cepteurs pour que le message soit clair et bien compris On aboutit ainsi une forme de paradoxe Alors que de son c t l institution scolaire pense dispenser toutes les informations n cessaires aux familles en multipliant les documents explicatifs notamment propos de la r novation et des nouveaux objectifs d apprentissage de leur c t bien des parents notamme
252. te qui compte pas forc ment l argent qui est derri re Mais bon c est peut tre trop compliqu j sais pas Mais l par exemple ma fille j essaie moi de lui transmettre les valeurs que j ai jy tiens c est le domaine priv familial mais c est vrai que de la part de ce qu elle peut voir l cole il y a aucun cho famille n 8 d origine suisse Les invitations aux anniversaires constituent l une des premi res formes de rituel social auquel les enfants de cet ge participent en tant qu acteurs part enti re C est cette occasion qu ils font l exp rience de l attitude de leur famille dans un cadre qui d passe la sph re du jeu pour englober des aspects conomiques travers les cadeaux et identitaires travers les usages diff rents propres chaque culture Les parents qu ils le veuillent ou non sont partie prenante et selon la mani re dont ils envisagent leur participation ils contribuent l int gration ou au contraire la mise l cart de leur enfant Il en va de m me pour tout ce qui favorise les changes entre pairs Or nous l avons vu certains d entre eux sont trop 69 SRED Service de la recherche en ducation d munis sur le plan mat riel ou trop trangers aux usages li s la socialisation des petits en vigueur dans le monde genevois pour y faire participer leur enfant Le fait que comme pour les invitations informelles on trouve p
253. tement k style de langage des personnes en question mais davantage celui de la traductrice 15 SRED Service de la recherche en ducation r ponses que pourraient apporter l institution scolaire d une part la collectivit locale et le milieu associatif d autre part aux difficult s sp cifiques rencontr es par ces familles dans l accompagne ment scolaire de leur enfant dans une perspective de partenariat Notre but n est pas de d noncer ou de critiquer un tat de fait nous souhaitons au contraire d passer le simple constat pour d boucher sur de possibles nouvelles pratiques ayant un impact sur la r alit des diff rents acteurs impliqu s Bien que la plupart des familles de notre corpus aient plusieurs enfants nous avons pris le parti de parler de l enfant au singulier c est dire de celui qui fr quente la 1 primaire le seul pris en compte par la recherche Par ailleurs compte tenu de la taille relativement restreinte de notre corpus nous ne pouvons pr tendre une quelconque repr sentativit n1 faire tat d une approche statistique Aussi avons nous galement pris le parti de restituer la totalit des cas de figure rencontr s pour chacune des dimensions tudi es en illustrant notre propos de citations extraites des entretiens Un dernier mot Notre d marche visait mettre en vidence ce qui pouvait faire la diff rence entre des familles de milieu populaire dont l enfant va bien l
254. tifiants D s lors ils ne sont sans doute gu re encourag s stimuler leur enfant dans des activit s annexes Pour d autres il semble que l cole et la famille aient des r les distincts les apprentissages se font l cole dont c est la mission les parents n ont pas s en m ler D s lors ces enfants sont moins stimul s la maison sur le plan des apprentissages et leurs loisirs sont souvent domin s par la t l vision 3 3 La question du capital scolaire On constate que sur l ensemble des familles tudi es qui avaient pourtant t choisies en raison de leur apparente similitude sociologique il existe une relative in galit en termes de capital scolaire des parents En effet une exception pr s dans les familles o l enfant va bien l cole ce dernier b n ficie de l appui d un parent au moins le plus souvent la m re ayant d pass le niveau de la seule cole primaire obligatoire alors que dans l autre groupe seul un enfant sur trois est dans ce cas Cela n est pas n gligeable quand on sait que plusieurs recherches ont montr que le niveau d instruction des parents en particulier celui de la m re 31 Cela signifie que ces parents ont leur actif quelques ann es d cole secondaire parfois aussi d une cole professionnelle et ou une formation professionnelle du niveau de l apprentissage Ceux qui n ont suivi que l cole obligatoire n ont souvent aucune fo
255. tion dans cette tude elles sont g n ralement moins inform es du fonctionnement l institution scolaire des strat gies et des objectifs qu elle privil gie moins en phase avec l cole que fr quente leur enfant Il nous semble donc que dans ce cas ce sont les acteurs de l institution scolaire qui portent davantage que les familles la responsabilit de d velopper des relations de r ciprocit source de confiance et de significations partag es Sans doute est ce l la principale conclusion de ce travail exploratoire ou du moins l hypoth se de travail la plus forte qui s en d gag et qui devrait faire l objet d approfondissements ult rieurs 101 SRED Service de la recherche en ducation 102 Familles cole et quartier BIBLIOGRAPHIE ALLIATA R DIONNET S JAEGGI JM amp OSIEK F Regards de parents sur l cole primaire genevoise Note d information du SRED n 9 d c 2001 ALLES JARDEL M Des comp tences parentales aux comp tences sociales chez le jeune enfant in Education familiale image de soi et comp tences sociales PRETEUR Y amp DE LEONARDIS M ds Bruxelles 1995 BARTHELEMY M Associations de parents et familles populaires les raisons d une rencontre manqu e in Les familles et l cole une relation difficile Ville Ecole Int gration n 114 sept 1998 BEAUD S amp WEBER F Guide de l enqu te de terrain d La D couverte Pa
256. touche la scolarit constitue une forme de capital social intra familial qui contribue grandement la motivation et la r ussite scolaires des enfants Ce type de relations peut tre le fait d autres membres de la famille fr res et s urs oncles ou tantes cousins grands parents ou encore amis de la famille voisins proches etc Vue ainsi cette forme de capital social peut contribuer d velopper un rapport positif aux apprentissages et au savoir chez les enfants qui en b n ficient Un autre chercheur am ricain Ralph Mc Neil 1999 a tent de traduire l implication parentale en termes de capital social identifiable dans les dimensions suivantes les discussions parents enfants au sujet de l cole et des activit s d apprentissage l engagement des parents dans une association parents enseignants parent teacher organization le contr le monitoring exerc par les parents sur les activit s de l enfant par exemple le temps pass regarder la t l vision et l aide au travail scolaire educationnel support practices Les r sultats de la recherche sont in galement probants selon les variables concern es r sultats en sciences absent isme scolaire et abandon des tudes et le type de famille consid r en termes de cat gorie socioprofessionnelle d origine culturelle et de structure familiale familles compl tes ou monoparentales L auteur estime n anmoins que l implication parentale en
257. tout cas lire crire il y avait quelque chose en tout cas qu ils devaient savoir faire Et puis l je sais pas j ai l impression que j ai pas de points de rep re jai du mal me rep rer C est difficile de prendre rendez vous avec la ma tresse du moment o on sait pas o ils en sont Moi ses lacunes par exemple en lecture je sais pas si c est normal ou pas normal Donc si je me dis Bon c est pas normal je vais voir la ma tresse pour savoir pourquoi il y a du retard ou quelque chose je le ferais moi Mais du moment o je sais pas famille n 4 d origine suisse C est difficile de savoir ce qui se passe en classe Des fois je veux lui apprendre mais les m thodes c est pas pareil alors des fois on a peur de pas faire pareil de les encombrer si vous voulez parce que moi je lui apprends dune fa on et puis les ma tresses lui apprennent d une autre et puis finalement je sais pas si a les arrange un peu plus ou si a les d range Alors des fois on a peur de faire faux famille n 2 d origine portugaise et yougoslave J aimerais bien conna tre un petit peu par exemple pendant qu on a notre r union nous faire un programme Enfin je sais pas peut tre que c est un peu trop demander mais dire quel moment de l ann e elle va aborder tel sujet et de quelle mani re avec quelle m thode famille n 20 d origine suisse Enfin les rares critiques p
258. trat gies 26 Cela va dans le sens des r sultats d une enqu te r alis e aupr s de parents d l ves genevois il y a une dizaine d ann es 92 des parents interrog s disaient participer ce genre de manifestations organis es par l cole voir C Montandon 1991 33 SRED Service de la recherche en ducation pour mettre les parents laise de fa on ce qu ils n aient pas s exposer devant tout un groupe Aux r unions je pose des questions tout a De toute fa on d abord elle parle Voil on fait a et puis a et puis on attend a Et puis apr s ils nous la issent nous le temps de poser des questions m me des fois on fait comme si c tait un jeu on prend un papier on pose une ou deux questions par crit apr s ils prennent les papiers C est chouette comme a si on ose pas prendre la parole c est plus facile ouais moi je trouve que c est bien famille n 1 d origine portugaise Dans une seule famille les parents n ont pas assist la r union Il s agit d une famille de r fugi s albanais avec quatre enfants dont les parents ne maf trisent pas assez le fran ais pour oser assister une r union publique crainte d exposer leur m connaissance du fran ais et de ne pas comprendre et ont de plus des probl mes de garde d enfants en bas ge On retrouve cette m me attitude active en ce qui concerne les contacts avec l enseign
259. travail scolaires ses points forts et ses points faibles Elles nous parlaient galement des contacts qu elles avaient eus ou non avec sa famille de leur perception de la r alit quotidienne de cette derni re La prise en compte du regard crois de l enseignante et de la famille sur le v cu et la situation scolaires d un m me enfant a t tr s importante pour nous permettre de comprendre ce qui tait en jeu dans les relations entre l cole et la famille de chacun des enfants impliqu s dans cette recherche exploratoire Nous tenons relever ici que malgr les difficult s bien r elles rencontr es dans l exercice de leur m tier les enseignantes impliqu es dans la recherche ont un discours beaucoup plus positif et plus nuanc lorsqu elles nous parlent concr tement des l ves de leur classe et de leurs contacts avec certains parents que lorsque le corps enseignant de la commune fait tat de mani re g n rale des nouveaux probl mes rencontr s l cole et dans le quartier Tous les entretiens ont t int gralement retranscrits et c est sur ce corpus que nous avons travaill analyse de contenu Par ailleurs ce corpus tait enrichi de notes d observation consign es chaud tout de suite apr s l entretien ou les contacts t l phoniques avec les familles Ces observations rendaient compte du cadre de vie de l accueil r serv aux chercheurs et leur d marche allant de la coop ration enth
260. tte histoire moi je suis eutre Une association des parents au niveau de l cole pour voir si les gamins vont bien pour voir si la ma tresse elle apprend bien si elle explique bien peut tre que je serais int ress je vous dis pas Mais autrement faire une association de parents je sais pas pour aller discuter de celurci de celle l c est pas int ressant Je suis capable d aller trouver la ma tresse et de lui dire franchement dans sa figure ce que j ai dire mais a reste entre nous Mais aller plus loin non oh non j oserais pas Int Qu est ce que vous entendez par j oserais pas P re Aller plus loin c est par exemple faire un groupe de cinq dix parents d l ves et aller directement trouver les grands les sup rieurs pour dire Cette ma tresse elle vaut rien pour la foutre loin je serais pas capable c est a que je veux dire Tout le monde a besoin de vivre tout le monde a le droit de Moi j ai des ouvriers qui travaillent avec moi qui sont nuls mais je suis pas capable d aller trouver mon patron et lui dire Ecoute ce gars il vaut rien il faut le foutre dehors parce que il a une famille nourrir je suis un peu social si on veut Et moi je dis c est pas avec le malheur des autres que je vais vivre je serais pas capable vraiment de protester en haut lieu famille n 18 d origine portugaise C est donc au nom d une solidarit entre
261. u les grands parents ou encore des cousins et cousines jouent un r le actif dans le suivi scolaire de l enfant D autres fois les services rendus rel vent de la garde plus ou moins r guli re des enfants ou alors de d pannages ponctuels Nous on n a pas l habitude de sortir le soir et comme je vous l ai dit tout l heure c est la cons quence aussi de notre travail et si un jour cela arrivait on a la famille On se met toujours en contact avec la famille et puis on dit Voil tu viens ou on t am ne Lucila parce qu ils ont des enfants aussi du c t de ma femme qui a deux s urs et un fr re des petits enfants comme la n tre alors des fois si on a quelque chose on s arrange avec la famille famille n 19 d origine espagnole Enfin la famille largie peut repr senter la source premi re voire exclusive de personnes avec qui partager le temps libre il se recr e alors une sociabilit de type communautaire semblable celle qui a cours dans le village d origine comme nous le verrons plus loin Si l on compare les deux groupes de familles sur ce point on constate que deux tiers des familles dont l enfant va bien l cole ont des membres de leur famille dans la ville ou le canton avec lesquels se d clinent toute la gamme des relations d crites plus haut Moins d une famille sur deux des enfants en difficult scolaire sont dans cette situation On peut y voir un sig
262. ue C tait juste pour leur donner une id e pour se lancer dans autre chose vraiment pour leur donner une possibilit qu ils se d veloppent qu ils s panouissent comme il faut Mais il faut tre r aliste j aime bien que mes enfants fassent quelque chose mais on doit faire attention aussi parce qu on gagne pas tellement pour se permettre de payer des cours Mais j aimerais bien qu ils fassent quelque chose au del de l cole famille n 22 albanaise du Kosovo D autres stimulent leurs enfants en leur proposant de petits exercices suppl mentaires leur faire crire des mots ex cuter de petits calculs etc Quand je sens qu ils commencent s exciter qu ils commencent se bagarrer qu ils commencent un petit peu d passer les limites alors on les met je leur ai achet un cahier chacun on les met devant leur cahier chacun et on fait des lettres des num ros on fait a voyez elle montre les cahiers des bricolages Alors c est vrai que a les calme et puis bon a les instruit un petit peu famille n 9 d origine espagnole C est clair que ces mots l le pr nom du p re le nom du chien elle les a appris avec nous Quand elle sait pas elle demande et puis moi je lui cris un mot puis elle l crit elle le copie comme a famille n 7 d origine espagnole A la maison il joue pas beaucoup avec des petites voitures et tout a no
263. ue est tellement loign e de celle d ici qu ils ne peuvent s appuyer sur leur exp rience pour aider leur enfant C est ce qui semble tre galement le cas dans deux autres familles albanaise et africaine dont les parents n ont que des souvenirs tr s vagues de l cole qui ne para t pas avoir constitu une exp rience marquante pour eux Enfin dans trois familles monoparentales la m re qui ne peut absolument pas compter sur le p re absent pour accompagner la scolarit des enfants ni pour quoi que ce soit d autre d ailleurs a v cu une scolarit difficile enseignement sp cialis classe pr professionnelle ou n aimait pas apprendre L une d elles qui a d changer plusieurs fois de syst me scolaire a franchement d test l cole dont elle ne comprenait pas et ne voit toujours pas l utilit au point que les difficult s actuelles de ses enfants la confortent dans l image n gative qu elle en a Disons que l cole je trouve quand m me pas mal qu on apprenne lire c est bien mais je trouve que c est trop du bourrage de cr ne moi je trouve de l cole j ai pas retenu grand chose Il y a des trucs qui taient tellement durs que je les ai m me pas du tout on peut pas assimiler a y a trop de choses apprendre c est trop dur par rapport l ge qu on a voil c est trop t t il faut laisser les enfants un peu s int grer a d pend de ce qu
264. ue l cole n offre pas d aide aux devoirs d s le commencement de l cole primaire Alors je sais qu il y a des classes apr s quatre heures pour les devoirs ma s l je sais pas si elle pourra y aller elle a pas de devoirs encore Et l ce serait peut tre bien Comme je suis pas l apr s il y aurait quelqu un pour s occuper d elle Peut tre elle pourra aller une heure l bas je vais voir avec la ma tresse Si elle avait une heure ou deux de plus avec quelqu un qui s occupe peut tre avec elle un peu plus parce que comme elle a dit la ma tresse si elle est dans un petit groupe elle arrive suivre un peu plus peut tre si on est l avec elle un peu plus souvent individuellement qu elle arrivera avoir de meilleurs r sultats famille n 2 d origine portugaise et yougoslave Interviewer En fait pour vous a serait bien s il y avait quelque chose qui tait organis par l cole pour les devoirs P re Oui surtout pour les petits parce qu il y a toujours des difficult s pour les devoirs parce que nous on peut pas aider pour quelque chose c est a le probl me C est sa s ur qui est en 4 primaire qui l aide mais c est un peu dur c est un peu dur Quand ils font leurs devoirs c est tout en fran ais et puis sa maman elle va pas parler fran ais Peut tre ceux pour qui les parents ils savent le fran ais peut tre c est pas difficile mais lui
265. uent ouvertement l cole qui sollicite trop les parents l enseignante qui est trop laxiste ou injuste ou encore les m thodes d enseignement D s lors l enfant est pris dans une certaine contradiction l cole tant la fois importante et mauvaise ce qui ne peut que le perturber et l emp cher de s investir de mani re positive dans ses apprentissages Cinq familles sont dans ce cas chez elles la plupart du temps cette ambivalence rel ve plus largement de ce que nous avons appel une incoh rence ducative Davantage encore que dans d autres situations il est important ici que l institution scolaire explicite clairement ses orientations ses objectifs et ses m thodes de travail qu elle valorise le travail d accompagnement effectu par ces parents et qu elle leur donne eux aussi des occasions de vivre des exp riences positives dans le cadre de l cole L encore il serait utile de se donner les moyens de r gler tout malentendu ou conflit lesquels contribuent souvent entretenir cette ambivalence en recourant ventuellement une m diation externe 55 SRED Service de la recherche en ducation 56 Familles cole et quartier DEUXIEME PARTIE CAPITAL SOCIAL INTEGRATION DE LA FAMILLE ET REUSSITE DES ENFANTS 4 Pour aborder ce th me nous partons de l hypoth se suivante l chec scolaire est en partie li la solitude de l enfant devant l cole comme nous avons d j
266. ugaise et l autre yougoslave se sont rencontr s en Suisse o chacun est arriv un peu par hasard sans intention d y rester longtemps ce provisoire dure depuis vingt ans Le couple a de la peine construire un v ritable projet commun tant sont grandes les divergences de conceptions touchant des aspects importants de leur vie conception de l ducation mani re d envisager les loisirs l avenir un ventuel retour etc 4 Au moment des vacances chacun retourne dans son lieu d origine les enfants 54 Il est noter qu une autre famille du groupe des enfants qui vont bien l cole conna t au d part certaines conditions objectives analogues la m re est portugaise le p re albanais du Kosovo Cependant ils souhaitent tous deux rester un certain nombre d ann es en Suisse avec un projet migratoire plus solide enti rement focalis sur l avenir scolaire de leur fils qui est particuli rement pr coce dans ses apprentissages L enfant va au 74 Familles cole et quartier accompagnent leur m re au Portugal mais ne connaissent pas le pays de leur p re La m re travaille comme serveuse de 17 heures jusqu la fermeture le p re est portier de nuit Leur vie de famille est tr s perturb e par ces horaires qui ne favorisent pas les changes Chaque membre de la famille reste ainsi isol avec ses probl mes les contacts avec l environnement sont tr s limit s La m re par exemple aimerait avoir
267. uge en cassette on devait aussi acheter le livre pour lire l histoire En d cembre avant qu on parte pour No l il avait des difficult s d criture alors je lui achet des cahiers d criture pour qu il puisse faire tout seul famille n 15 d origine portugaise Alors je leur ai achet je sais pas si vous connaissez suit un nom incompr hensible de jeu ducatif lectronique qui a un peu tout y a des num ros y a des chiffres y a des lettres des jeux qui veille nt je trouve assez bien Bon maintenant il commence tre un tout petit peu d mod parce qu on l avait achet il y a deux ans ils savent d j tout faire bon il faudrait que j ach te le nouveau en plus ils aiment bien l ordinateur famille n 9 d origine espagnole Elle en a la maison des livres je lui en ach te de temps en temps j essaie de faire une petite collection pis elle aime bien dans sa chambre elle a une petite biblioth que pis a fait un petit bout de s rie Et puis elle a d autres livres une collection la Migros sur les plantes sur les arbres sur la mer sur la Terre c est d j un petit peu plus compliqu Et pis bon je regarde aussi un petit peu le prix famille n 8 d origine suisse l institutrice Mais dans d autres cas ce m me sentiment d impuissance peut entra ner au contraire la passivit ou la r signation sans que cela soit dit ou m me conscien
268. ulu voir ce qu il en tait dans notre corpus de vingt trois familles Pour ce faire nous avons demand aux parents de nous d crire ce qui se passait pour l enfant son retour de l cole faisait 1l ses devoirs seul sinon qui s en occupait et de quelle mani re Que faisait 1l sit t rentr la maison quels taient ses jeux et ses distractions pr f r es etc Nous avons pu ainsi mettre en vidence plusieurs niveaux d implication parentale de l absence de manifestation d int r t l accompagnement actif en passant par l aide la demande pour un enfant relativement autonome En marge du travail strictement exig par l cole en g n ral des devoirs de lecture nous avons pu remarquer dans un certain nombre de familles une stimulation cognitive d orientation tr s nettement scolaire achat spontan de livres de cahiers d exercices de logiciels et de jeux ducatifs faire du travail en plus avec l enfant alors que cela n est pas exig explicitement par l cole Dans d autres familles les enfants semblent au contraire beaucoup moins stimul s souvent livr s eux m mes devant la t l vision Une forte implication de l entourage Dans la quasi totalit onze sur douze des familles dont l enfant va bien l cole l un des deux parents a b n fici d une scolarit plus longue que la seule cole obligatoire il a ainsi quelques ann es d cole secondaire et ou une format
269. une soudaine concentration encore jamais atteinte jusque l de familles de milieu populaire et ou en situation de pr carit La plupart d entre elles sont issues de l immigration souvent de pays en guerre Balkans ou en difficult conomique Afrique certaines r gions du Portugal etc Leur int gration notamment par le biais de la scolarisation des enfants pose parfois des probl mes complexes ce qui a pu avoir des effets d stabilisants pour les coles et les enseignants habitu s un milieu populaire plus homog ne Suite cette conjonction d v nements on peut dire que le milieu populaire n est plus ce qu il tait Pendant bngtemps on pouvait l assimiler au seul milieu ouvrier et les travailleurs immigr s presque tous originaires de l Europe latine pr sentaient un profil culturel relativement proche Or suite aux crises conomiques et politiques travers es par de nombreux pays ainsi qu la crise conomique ayant galement frapp la Suisse dans les ann es 90 le milieu populaire a fortement volu dans sa composition On y trouve toujours des ouvriers notamment des couches ouvri res inf rieures voir G Chauveau 2000 mais galement des bergers des Balkans des naufrag s conomiques des bidonvilles africains ou des r fugi s politiques de divers pays en guerre des autochtones au ch mage parfois sur le chemin de la d sinsertion sociale On a ainsi affaire un certain nombre de pe
270. ure des parents La hantise de devoir quitter la Suisse et d tre renvoy s dans leur pays semble envahir toute leur existence ce qui inhibe toute ouverture de leur part dans l attente d tre fix sur leur sort Int Il y a des fois des petits camarades de l cole qui viennent jouer ici avec elle dans la maison P re Non en bas Int En bas mais ils n entrent pas dans la maison Elle elle va dans d autres familles ou bien elle reste dehors P re Elle reste dehors avec des enfants qui habitent ici tout le monde joue en bas famille n 12 d origine congolaise Dans l exemple suivant la timidit de la fille explique aux yeux de la m re le fait qu elle n invite pas plus souvent des copines la maison mais elle ajoute aussi que a l arrange et ne va donc pas appuyer ni soutenir cette pratique Int Il y en a souvent qui viennent jouer chez vous M re Non plus vraiment elles se retrouvent dans l all e en bas Int Ah ouais mais en hiver M re Aussi Elles sont l int rieur et elles se rencontrent tout le monde en bas Oui des fois il y des copines des fois elle va chez sa copine a arrive aussi Int Elles sont plut t toutes ensemble dans le couloir M re Oui parce qu elle est tr s timide alors avant c est vrai qu elles venaient plus souvent la maison maintenant je crois qu elle s est ouverte un petit peu et elle va 5l Le f
271. urn e j peux pas leur demander le soir Int Mais par exemple en dehors de votre s ur vous avez aucune voisine avec qui vous tes assez proche pour oser demander ce genre de service ou bien M re J ai qu une voisine vraiment avec qui je m entends bien C est vrai que quand il y avait que Nadine j aurais pu euh la limite la laisser dormir une fois chez elle Maintenant qu il y a le petit bon c est pas elle qui va faire la navette entre les deux appartements Bon je pourrais faire venir quelqu un d autre mais quelque part euh j ai assez de soucis financiers famille n 8 d origine suisse enfant en r ussite scolaire Le manque de temps peut aussi dans certains cas tre une r ponse masquant un manque de motivation moins avouable dans une soci t o les obligations scolaires ont pris une telle place Notons que les parents des enfants en difficult sont plus nombreux motiver leur d cision par leur d saccord avec ce qui se passe pr tendument dans les associations de parents d l ves APE alors que ceux des enfants qui vont bien l cole se contentent g n ralement d voquer le manque de temps Dans certains cas isol s les parents ne prennent pas de gants pour admettre franchement leur d sint r t adh rer une association dont l efficacit ne peut se mesurer que dans le long terme L id e que cela ne changera rien pour leurs propres enfants les d
272. us avons pu constater que c est la seule voie d entr e dans la maison de ce bien culturel que sont les livres 46 Familles cole et quartier des copains etc Nous avons galement demand si les parents avaient une pratique de r compenses sanctions notamment en relation avec les r sultats scolaires de l enfant 4 1 Divers styles ducatifs Nous avons pu ainsi constater que certains parents avaient relativement peu d exigences dans ces diff rents domaines Ils se caract risent plut t par une sorte de laisser faire ou par un manque flagrant d autorit alors que d autres exercent un contr le plus ou moins fort dans ces m mes domaines ainsi que pour d autres t ches plus domestiques ranger sa chambre faire son lit etc A l aide de ces divers indicateurs d autorit parentale de la prise en compte de l implication plus ou moins forte des parents dans la scolarit de l enfant ainsi que du climat g n ral qui se d gageait de l entretien nous avons tent de reconstruire des styles ducatifs en nous servant des cat gories propos es par Vandenplas Holper 1987 cit par M All s Jardel 1995 En combinant deux indicateurs g n raux que sont le support ou le soutien et la s v rit cet auteur obtient les quatre cat gories de style ducatif suivantes caract ris es par 1 la chaleur support lev s v rit faible 2 le contr le support et s v rit lev
273. utour de la scolarit de l enfant et la t che des enseignants en ce domaine n est pas mince convaincre les parents que l cole a besoin de leur appui en les valorisant plut t qu en les disqualifiant et en leur donnant des moyens de le faire Chauveau et Rogovas Chauveau 1998 ont d montr que les parents avaient souvent des comp tences p dagogiques latentes qui pouvaient tre mobilis es Selon ces chercheurs le changement des rapports cole familles populaires est l une des conditions ou des composantes d une cole de la r ussite pour tous L induction du changement d pend de la volont et des comp tences des quipes ducatives En enrayant et en inversant les interactions n gatives entre les familles et l cole il est possible de briser les d terminismes sociaux de l chec scolaire Alors que avec kls enfants de classe moyenne et sup rieure les enseignants peuvent compter sur le capital social dont disposent les familles leur t che est donc bien souvent dans les milieux populaires de le mobiliser de le valoriser et de participer sa construction Les apprentissages comme facteur de construction du capital social Les apprentissages eux m mes sont un moyen d acc s un univers culturel plus large qui apporte l enfant les outils de l change avec les autres et l ensemble des r f rences communes n cessaires la vie collective On sait toutefois que certains apprentis
274. utres indices des comportements ducatifs et familiaux il t moigne de l int r t des parents pour l cole et de leur implication dans tout ce qui touche la vie scolaire de leur enfant Une relation passive voire d fensive l cole Dans les familles d l ves en difficult caract ris es pour la plupart nous l avons vu par un rapport plut t n gatif ou ambivalent l institution scolaire les relations aux agents scolaires semblent galement plus difficiles Dans pr s de la moiti de ces familles les parents n assistent pas ou plus aux r unions organis es l intention des parents Outre les traditionnels obstacles d horaires de travail et ou de probl mes de garde d enfants mais qui touchent galement les parents de l autre groupe c est le plus souvent parce qu ils ne s y sentent pas laise notamment pour des questions de langue Parfois aussi parce qu ils estiment que les informations donn es lors des r unions de parents ne leur servent pas grand chose Non je vais pas aux r unions c est plus ou moins tout le temps la m me chose c est toujours des histoires globales a m int resse pas y a trop de tchatche pour rien dire et puis on en a rien foutre nous les parents parce que on coute on coute leurs conneries et les gamins ils bossent quand m me pas l cole quoi Et puis de savoir ce que les enfants font l cole c est bien mais si on sai
275. ux tous les gamins d j une chose deuzio ben je peux pas aller chez quelqu un un anniversaire d un gamin et puis pas lui donner quelque chose parce que c est malhonn te d j d une part et puis trio ben qu est ce que j en ai faire la bonne femme je la connais m me pas parce que a m int resse pas quoi famille n 14 d origine suisse Apr s avoir voqu ses conditions mat rielles difficiles la m re change de registre et exprime sans ambigu t son d sint r t personnel pour les autres familles que pourrait rencontrer son enfant 67 SRED Service de la recherche en ducation Dans une famille de culture plus communautaire le probl me est r solu d une mani re toute diff rente malgr de r elles difficult s financi res qui pourraient constituer un frein ce type d changes Int Est ce qu elle est invit e des anniversaires chez des camarades de classe P re Elle va des fois des anniversaires de ses copains chez Mac Donald s Ou sinon pour son anniversaire nous avons pr par beaucoup de choses et on les a apport es dans la classe Elle a f t son anniversaire avec ses copains mais l cole famille n 13 d origine albanaise Un rituel honor mais avec quelques r ticences La majorit des parents de bons l ves acceptent sans trop de peine de sacrifier au rituel des invitations d anniversaire Int Ils sont i
276. ux enseignants et ne pas se m ler de leur travail Ce mod le culturel des rapports cole famille largement r pandu dans certaines couches populaires notamment chez les immigr s est l oppos de celui des enseignants pour lesquels les bons parents d l ves sont ceux qui apportent une aide scolaire leur enfant et qui dialoguent avec les ma tres Chauveau amp Rogovas Chauveau 1998 p 116 Cinq familles sont dans ce cas dont quatre sont soit requ rantes d asile soit r fugi es d un pays en guerre Parmi elles se trouve la seule famille d enfants en r ussite qui n est pas d finie par un rapport de partenariat l cole On comprend ais ment que dans des situations aussi difficiles les parents aient d autres soucis que celui de s impliquer prioritairement dans la scolarit des enfants Dans les situations de d l gation la r ponse de l cole consiste principalement essayer de r duire la distance entre ces parents et l institution Sans chercher les stigmatiser n1 les culpabiliser l cole aurait avantage leur faire comprendre que malgr tout elle a besoin d eux pour d clencher ou soutenir l int r t de l enfant pour ses apprentissages C est montrer que la famille m me si elle ne peut pas s investir dans l aide au travail scokhire n est pas quantit n gligeable et que sa mani re elle a un r le important jouer dans la scolarit de l enfan
277. vent des choses lire ou raconter des histoires dans leur langue d origine ou apprendre leur enfant lire comme eux m mes l ont fait Mais souvent ils ne sont pas conscients de leurs propres comp tences ou n osent pas les mettre en pratique par crainte de nuire la progression de l enfant en l embrouillant En valorisant ces comp tences ventuellement en reprenant des l ments de la m thode syllabique la seule qu ils connaissent on contribue grandement faire dispara tre ce sentiment d incomp tence et mobiliser ces parents pour accompagner leur enfant voir Chauveau amp Rogovas Chauveau 1998 Le fait de leur indiquer comment ils peuvent concr tement aider leur enfant notamment en leur explicitant certaines m thodes de travail utilis es en classe va dans le m me sens 3 Aide aux devoirs assistance ducative Aux enfants qui vivent la double solitude voqu e plus haut solitude dans sa famille et solitude l cole il serait important d offrir une aide aux devoirs ou toute autre forme de soutien scolaire ventuellement avec d autres partenaires comme les APE les maisons de quartier etc voir Barth l my 1998 et C u Cunha 1998 De plus certains parents d sireux de s investir dans l accompagne ment scolaire de leur enfant mais ne se sentant pas l aise pour le faire appr cieraient peut tre une forme d assistance ducative voir Papillon amp Paquin 1997 5 O l on
278. vent se l approprier et s en servir pour comprendre et suivre le travail scolaire de leur enfant Elle la ma tresse a parl aux parents c est pour nous montrer son apprentissage ce qu on doit faire la maison L autre jour elle a mis un petit mot pour que je passe parce que Juliana elle savait les livres par c ur Et apr s elle la ma tresse m a expliqu comment on apprend lire pour qu elle dise t i ti Oui elle a tout expliqu ce qu ils ont fait ce qu ils doivent faire encore On joue avec a pour apprendre a la math matique tout a elle nous a tout montr famille n 6 d origine portugaise enfant qui r ussit l cole Ce genre de pratiques voir galement l exemple cit en note traduit un mode de communication plus accessible aux parents plus impliquant et plus exp rientiel qui leur rend l cole plus proche la leur fait voir de l int rieur en quelque sorte Ces initiatives sont d autant plus souhaitables lorsqu on sait par ailleurs que pr s d un cinqui me des parents de milieu ouvrier ayant r pondu un questionnaire trouvent les informations donn es par l cole notamment concernant les modes d valuation difficiles comprendre cela pose la question de la qualit de la communication de l institution scolaire en direction d une partie de la population Les familles de milieu populaire ont peut tre besoin d
279. visag e en termes de capital social au b n fice de l enfant scolaris reste une piste de recherche int ressante dans la mesure o l avenir on accorde davantage d attention aux ressources accessibles par les familles dans le cadre des r seaux sociaux dans lesquels elles sont ins r es 1 2 Projet migratoire insertion sociale des familles et r ussite scolaire L investissement des parents dans la scolarit de l enfant et leur insertion dans des r seaux sociaux plus larges paraissent troitement li s au projt migratoire des familles L aspiration de mobilit sociale souvent associ e la d cision d migrer s incarne en quelque sorte dans la r ussite scolaire des enfants Leur chec est alors v cu de fa on dramatique Zehraoui 1998 Aux USA Ogbu 1978 a tabli une distinction entre les minorit s compos es majoritairement d individus ayant volontairement choisi de quitter leur pays d origine donc ayant un projet migratoire et les minorit s qu il appelle involontaires notamment les Noirs et les Am rindiens parce qu elles ont t incorpor es contre leur gr dans la soci t am ricaine donc sans projet migratoire Or il s av re que les enfants issus de cette derni re cat gorie d immigr s r ussissent moins bien l cole que celle des immigr s volontaires ce qui tendrait prouver que dans ce cas les familles investissent moins dans le projet de r ussite scolaire d
280. vous faites que des checs si vous travaillez mal vous risquez de pas trouver de travail ou du travail tr s mal pay avoir une tr s mauvaise vie Je dis c est tr s dur alors la vie famille n 4 d origine suisse Jy dis Bon ben voil l cole c est pas fait pour s amuser famille n 14 d origine suisse J ai dit que Non si tu pars l cole tu dois pas dormir famille n 12 d origine congolaise Deux familles rel vent du style ducatif contr le soutien s v rit L une est celle de l enfant pris en mains par sa m re d s l apparition de ses difficult s et qui semble s en sortir l heure actuelle Dans l autre la m re soutient l enfant essaie de la faire travailler malgr un 48 Familles cole et quartier manque de temps et la crainte de l embrouiller la prive de t l vision la suite d un mauvais carnet Le p re lui est tr s en retrait sur tout ce qui touche l cole et se manifeste surtout dans le registre de la s v rit Reste la famille o l enfant est pris dans les attitudes ducatives contradictoires de ses parents ce qui tait perceptible tout au long de l entretien et m me d s le premier passage dans la famille pour prendre rendezvous les parents n tant pas faciles joindre par t l phone Cette situation est diff rente de celles de plusieurs autres familles o le p re est en retrai

familles, ecole et quartier - Serveur suisse de documents pour l

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