La pollution des sols des champs d`épandage d`eaux usées
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1. une pr sence au monde qui n est pas indiff rente mais qui au contraire se montre vigilante devant les saillances qui lui paraissent intrigantes et attentive la reconduction de pr c dents et l irruption de prototypes De ce point de vue les alertes requi rent une mise en forme du r el qui prend appui sur les cadres de pertinence relatifs aux milieux dans lesquels elles se d ploient En plaine de BHP la dynamique de l alerte la pollution des sols par des El ments Traces M talliques ETM mobilise une s rie d instances avec des ressources des finalit s et des temporalit s vari es Ces instances agissent comme autant de filtres de la r alit des risques qui lui sont associ s et elles donnent voir cette derni re selon des formats de publicit diff renci s C est la dynamique d extension de l horizon du concernement de l alerte que nous souhaitons maintenant retracer Vigilance et pers v rance Si elle n est pas le fait d une surveillance sans faille du dispositif d pandage l alerte la pollution des sols des champs d pandage d eaux us es en plaine de BHP n en est pas moins en premi re instance interne aux circuits institutionnels et autoris s dans la mesure o elle proc de d tudes sur l eau les sols les cultures les volumes et p riodes d pandage command es en 1995 par la Mission Interminist rielle des Servies de l Eau MISE suite l interve2. de l pandage d eaux us es et sur les cons quences territoriales in attendues de cette pratique Il met ainsi en question la durabilit des pratiques animant historiquement la plaine depuis l arriv e des eaux en 1899 et critique l obsolescence d une politique d assainissement investissant les champs d pandage d une double mission assainir les eaux avant leur retour dans les nappes et cours d eau et amender les sols sableux filtrants pouvant alors devenir supports de diverses pratiques agricoles mara ch res notamment9 Puis collaborant avec les m dias locaux et nationaux VOE ouvre le dossier sur la place publique et travaille mettre la plaine au centre de toutes les attentions Dans cette campagne de presse amorc e par le collectif d associations la notori t de la plaine comme lieu d une production abondante et de qualit est largement mise en cause D consid r s les agriculteurs sont montr s comme des profiteurs d un syst me risquant d avoir empoisonn les consommateurs et rendu impropres la culture des terres agricoles leur propre outil de travail Sur le plan local les agriculteurs vivent mal cette rupture de confiance que marquent les articles de presse et les d nonciations de VOE qu ils consid rent ill gitimes diffamatoires Des repr sailles seront d ailleurs men es contre celle par qui le scandale est arriv et ses proph tes de malheur La presse locale traite galement le do
3. rives aboutissant la contamination des terres agricoles et la d valorisation de la plaine toute enti re Depuis lors une s rie d tudes d analyses de recommandations et d avis notamment celui du Conseil Sup rieur d Hygi ne Publique de France dat du 13 avril 1999 de mettre fin aux pandages d eaux us es brutes sur des terres agricoles et d interdire la vente des produits alimentaires conduira la pr fecture du Val d Oise publier le 31 mai 1999 un arr t interdisant temporairement la mise sur le march des cultures l gumi res et des plantes aromatiques issues de parcelles irrigu es par pandage d eaux us es en plaine de Pierrelaye apr s avoir interdit depuis d cembre 1997 la mise sur le march du thym cultiv sur ce secteur Mais consid rant que la tra abilit des produits quand bien m me cultiv s sur la plaine n est de cette fa on pas assur e VOE porte plainte contre X le 25 octobre 1999 pour mise en danger de la vie d autrui Le 31 mars 2000 un nouvel arr t pr fectoral est publi interdisant cette fois la production des fins commerciales de l gumes et de plantes aromatiques sur les terres de la plaine ayant t soumises l pandage d eaux us es brutes L interdiction est toujours en vigueur aujourd hui Ainsi en rouvrant localement la boite noire de l pandage l alerte lanc e par VOE op re conjointement une publicisation des risques associ s l pa
4. 307 ha historiquement soumis l pandage et une partie des 500 ha non irrigu s Certains mara chers ont t relocalis sur les franges de la plaine Des arrangements locaux pour des changes de terres ont eu lieu Mais beaucoup ont cess ou abandonn leur activit agricole compte tenu des circonstances et faute de repreneurs La mono culture du ma s n est pas non plus satisfaisante d un point de vue conomique et environnemental Il n y a qu une r colte par an Le paysage est par cons quent monotone quand il n est pas nu et cette mono culture ne participe pas la promotion de la bio diversit des milieux Aussi malgr les solidarit s mises en oeuvre la pollution des sols des champs d pandage n est donc pas sans cons quences sur le paysage conomique social et environnemental de la plaine C est pourquoi d autres actions locales ont t engag es pour maintenir la vocation agricole de la plaine s curiser les exploitants et valoriser celle ci au sein de la ceinture verte d Ile de France tel que le pr voit le Sch ma Directeur de la R gion Ile de France SDRIF en tant qu espace agro paysager Des transitions paysag res pour un espace sensible Historiquement grandies par l activit agricole de la plaine les communes du secteur se sont au cours du temps peu peu d sint ress es de ce territoire en se tournant pour la plupart vers le d veloppement de zones commerciales
5. artisanales et industrielles situ es en p riph rie La participation des diff rentes communes divers sch mas directeurs locaux et le laborieux montage d une charte d urbanisme et d environnement pour la plaine traduisent bien la complexit du ressaisissement local du coeur de la plaine Grignot es par l urbanisation les zones d activit s et les grandes infrastructures de transport les surfaces d pandage se sont trouv es r duites au fil du temps La plaine agricole s est retrouv e morcel e et son coeur d laiss par ces habitants L activit conomique s est de plus tourn e vers l ext rieur de la plaine en direction des p les attractifs de la ville nouvelle de bords de l Oise et de la Seine d Herblay de l A15 de la RN14 de Taverny Adopt e comme lieu de transit et ou de r sidence par de nombreux gens du voyage la plaine est aussi un lieu privil gi d exercice d activit s parfois en limite de la l galit casses auto trafics prostitution Zone p ri urbaine d class e la plaine de Pierrelaye sert aussi de lieu de d p ts sauvages d ordures et de d chets m nagers artisanaux ou industriels Aussi c est comme espace mit et d grad que la plaine appara t aux yeux de la plupart des lus du secteur avant 1997 C est dans ce paysage g o social que survient l alerte la pollution des sols des champs d pandage d eaux us es M me si les maires de Bessanc
6. auquel ils participent Ainsi la transformation des sensibilit s accompagnant la reconnaissance des risques associ s la contamination permet un double renversement faisant de la zone d assainissement une zone contamin e et de celle ci un espace sensible qu il convient de prot ger et de valoriser durablement Notes 19 MPeroni J Roux Le chercheur et son terrain la vertu solidarisatrice des sites potentiellement pollu s in Ce qui nous relie Coord A Micoud et M Peroni Editions de l Aube 2000 pp 209 223 Quelques mots propos de Vincent MANDINAUD Vincent Mandinaud est Attach temporaire de l enseignement et de recherche ATER Universit Jean Monnet CRESAL St Etienne vincent mandinaud chello fr Pour citer cet article Vincent Mandinaud La pollution des sols des champs d pandage d eaux us es contrainte et ou ressource pour le d veloppement durable en plaine de Bessancourt Herblay Pierrelaye D veloppement Durable et Territoires Dossier 4 La ville et l enjeu du D veloppement Durable Mis en ligne le 17 novembre 2005 Disponible sur http developpementdurable revues org document1 543 html Revue D veloppement Durable et Territoires 2002 2006 Tous droits r serv s ISSN 1772 9971
7. document ne contraint pas les lus communaux agir contre leurs volont s propres puisqu il revient en d finitive chaque maire d inscrire et de tenir compte des orientations d finies de fa on intercommunale dans les documents d urbanisme ayant trait la municipalit dont il a la charge Aussi ils pr f rent s en tenir l aboutissement d une charte qui leur permette de continuer la collaboration engag e quitte la prolonger sur d autres sujets le cas ch ant par l interm diaire d autres syndicats d actions Toutefois on peut noter que le d veloppement autonome des communes s av re parfois tre une performation ou une contradiction plus ou moins flagrante des engagements pris dans le cadre intercommunal Par exemple on peut s interroger sur les raisons qui motivent la plupart des lus du secteur ne pas prendre le sillage de l quipe municipale de Bessancourt lorsqu elle engage en partenariat avec l Agence R gionale de l Environnement et des nouvelles Energies ARENE une proc dure d agenda 21 local sur la commune dont elle a la charge Serait ce ainsi aller trop vite en besogne pour s atteler au d veloppement durable de la plaine de BHP Le souci collectif de la mise en sc ne des paysages et de la gestion des horizons de cet espace de en transition n implique t il pas que les exp riences soient mises en s rie pour que les solidarit s et les m diations engag es dans la requalifica
8. giques les principes directeurs d une configuration territoriale rationalis e Mettant en cause les constituants m me du territoire la controverse sur la qualit des sols de la plaine op re un r ajustement du r le de cet espace dans le dispositif d co pouvoir27 contemporain Vou e au recyclage des d chets en premi re instance la plaine est engag e depuis lors dans une r vision de sa participation au d veloppement durable de l agglom ration parisienne Passant de l espace rural participant de la re g n ration de la ville de Paris via l assainissement des eaux et la production agricole permettant la r duction des risques sanitaires et sociaux l espace de rel gation propre aux zones p ri urbaines pour tendre aujourd hui vers la production d un espace r cr atif o les lieux paysagers participent l am lioration du cadre de vie parisien en luttant contre le d veloppement de la conurbation le devenir de la plaine de Pierrelaye semble s accommoder de ces changements d objectifs C est en ce sens que les risques associ s la pollution des champs d pandage proc dent la recomposition des collectifs et qu ils agissent comme autant d op rateurs de requalification du bien commun en plaine de Pierrelaye Travaillant au r ajustement de ses attachements la controverse animant la plaine de Pierrelaye rend visible la diversit des collectifs desquels elle proc de et la singularit du territoire
9. large extrait d entretien c est qu il y a une grosse pancarte comme a o il y a marqu toutes les cartes sont fausses c est dire que le point de d part d une carte c est qu il y a un mod le math matique derri re et que globalement le mod le math matique on peut le changer et que globalement une carte n est que l image d une r alit inconnue Et effectivement une carte c est l image d une r alit qu on ne conna t pas Donc comment peut on dire que c est a et puis maintenant dire on est s r que a c est pas pollu C est un message que moi m me j ai appris des cartographes et que j ai voulu redonner aux gens qui on le sent bien sont avides de ce genre de document pour des raisons d am nagement et moi je sentais qu en tant qu INRA de donner quelque chose de beaucoup trop facile en disant voil vous avez une carte l c est pollu l c est pas pollu Je me disais non non Mon travail scientifique a ne peut pas tre a Ainsi la responsable scientifique se refuse distribuer des cartes sans mode d emploi c est dire sans donner d explications quant l interpr tation et l utilisation qui peuvent tre faites de ces documents compte tenu des modalit s de leur production Il importe ses yeux que les productions cartographiques ne soient pas confondues avec la r alit beaucoup moins stabilis e du terrain et que les diff rentes cartes ne soient pas non plus confo
10. te sur la durabilit des attachements en plaine de Pierrelaye L apprentissage collectif a ses limites Pilot e par la DRIAF et financ e plus de six millions de Francs par l INRA la R gion d Ile de France l Etat via le minist re de l Agriculture et le minist re de l Environnement l Agence de l Environnement et de la Ma trise de l Energie ADEME et l Agence de l Eau Seine Normandie AESN une recherche a t engag e en fin d ann e 2000 par une quipe int gr e et pluridisciplinaire associant six laboratoires19 de l INRA L objectif g n ral de cette recherche intitul e Epandagri est de contribuer au bilan environnemental d une fili re d pandage d eaux us es sur des terres agricoles dans le cas d une agriculture p riurbaine et ses perspectives d volution il s agit en particulier d apporter des l ments de r ponse aux questions concernant l volution de la mobilit des m taux dans ces sols et de la biodisponibilit pour les v g taux et les moyens de les limiter ra Disposant d un d lai de trois ans pour acqu rir des connaissances scientifiques sur les comportements des ETM dans les sols vers les eaux souterraines et vis vis des v g taux permettant une valuation des risques ainsi que sur les possibilit s de phytorem diation et pour d finir quelles activit s agricoles sont possibles sur ces terrains vis vis de la s curit sanitaire co
11. triser l urbanisme Ces n gociations aboutissent en f vrier 2001 l adoption d une convention associant le Conseil R gional d Ile de France CRIDF l Agence des Espaces Verts AEV l Etat le SIAAP et le Centre National pour l Am nagement des Structures des Exploitations Agricoles CNASEA en faveur des mara chers du secteur victimes des cons quences de la pollution Le CRIDF fait alors voter un p rim tre d acquisition sur un secteur de 1 348 hal4 de mani re prot ger ces terrains de la pression fonci re et se propose d accompagner les agriculteurs concern s lors de la cessation la transformation la r installation de leur activit hauteur de cinq millions de Francs de consacrer cinq autres millions de Francs la reconversion des terres pollu es et quatre millions de Francs aux acquisitions fonci res permettant la r installation des agriculteurs L ONIFLHOR et le SIAAP consacrent respectivement dans le cadre de cette convention onze millions de Francs l aide la reconversion des agriculteurs et vingt millions de Francs aux mesures compensatoires ayant trait la pollution des sols agricoles La solidarit technique ici se double d une solidarit socio conomique soutenue par une cologie politique d chelle supra territoriale Depuis lors le mara chage a quasiment disparu des 2 000 ha que compte la plaine La culture des ma s r serv s l alimentation animale15 recouvre les 1
12. D veloppement Durable amp Territoires Economie G ographie Politique Droit Sociologie H La pollution des sols des champs d pandage d eaux us es contrainte et ou ressource pour le d veloppement durable en plaine de Bessancourt Herblay Pierrelaye Vincent Mandinaud R sum Historiquement affect s l assainissement des eaux us es brutes et l amendement des sols les champs d pandage de la ville de Paris puis du SIAAP sont au d but de l ann e 1997 en passe d tre publiquement reconnus pollu s par des El ments Traces M talliques ETM Diff rentes op rations participent de ce double processus de reconsid ration des risques associ s l pandage et de requalification des entit s territoriales concern es La pr sentation dynamique des prises et des contraintes d velopp es en plaine de Bessancourt Herblay Pierrelaye singuli rement permet de montrer comment la pollution des sols peut r activer localement une r flexion collective sur un d veloppement territorial durable Texte int gral L objet de cet article est de montrer comment l enjeu de d veloppement durable peut localement se d ployer travers la mise l preuve des attachements constitutifs d un territoire et ce notamment lorsque la reconnaissance d une pollution des sols proc dant de la valorisation agricole de d chets urbains pr cipite la recomposition des collectifs qui lui sont associ s A cet
13. deur d environ 40 cm dans les sols Le danger serait d oublier leur statut de sols pollu s L apport d amendement organique est d ailleurs recommand pour maintenir une certaine stabilit des polluants Le maintient de l irrigation avec des eaux propres est aussi recommand pour alimenter la nappe souterraine de mani re viter un ass chement et des effondrements de sols Une agriculture non alimentaire est pr conis e Reconsid rant le sol comme acteur de la qualit des eaux et des v g taux comme acteur dans le paysage et comme acteur conomique d une r gion particuli re p riurbaine cette recherche se tourne vers le sol lui m me en tant qu tre vivant dans sa singularit historique et dans ses capacit s tenir et d border les r les qu on cherche lui confier En ce sens ces travaux de recherche participent la r flexion sur la compatibilit des collectifs ne pertinents prendre en compte pour se donner les moyens d un d veloppement durable en plaine de Pierrelaye Ce faisant ils ouvrent et ferment provisoirement des perspectives de requalification de l entit territoriale en activant l exp rimentation sur ce qui peut tenir et faire durer la plaine l avenir Aussi pour paraphraser J Zask pr fa ant J Dewey on pourrait dire leur gard que loin de se r signer l adaptation des moyens des fins d j l ils tablissent au contraire que les fins doiven
14. en faire un espace naturel intercommunal de qualit ouvert au public pour la pratique d activit s de loisirs sans pour autant remettre en cause ni son usage traditionnellement agricole ni la place historique de 17 leau S affichant solidaires d un point de vue conomique social et environnemental dans l am nagement du territoire li au p rim tre qu ils ont d fini les repr sentants des communes concern es s accordent pour pr server cet espace important de respiration de la zone agglom r e et de transition naturelle entre le parc naturel r gional du Vexin les massifs forestiers de Montmorency et de Saint Germain Aussi ils s attachent uvrer pour valoriser l image de cette porte d entr e du d partement et pour am liorer la qualit de la plaine pour ses habitants occupants et visiteurs Pour les lus impliqu s cette charte est l occasion de b tir un am nagement et un d veloppement durable aux portes de la Vall e de l Oise de la Ville Nouvelle de Cergy Pontoise en bordure du Parisis reposant sur des crit res valeur ajout e pour chacun en proposant un am nagement qualifiant un axe Seine Oise Nord Sud qui coupe les tangentielles existantes li es aux infrastructures routi res et ferroviaires Idem Alors qu elle devait aboutir fin 2003 sa r daction n est pourtant pas encore termin e Confi e des bureaux d tudes sp cialis s la mise en oeuvre des
15. isque se donne avant tout comme une affaire de d finition de d limitation et de trac s Consid rant le cas de la plaine et la demande qui a t formul e la responsable scientifique d finit les risques en terme de disponibilit pour les v g taux de mobilit dans les sols et de toxicit pour les micro organismes Pour autant elle convient que l on pourrait en d finir d autres car si les choses se savaient notre tude n aurait pas lieu d tre si on savait d finir un risque si on savait ce que c tait on ne ferait pas cette tude Il n y a pas de r f rant En terme de m taux c est quand m me pas mal le flou et c est vrai que dans notre esprit un de nos objectifs est de nourrir cette r flexion g n rale que personne ne sait faire C est bien a le probl me De plus consid rant que la contamination de la plaine rel ve d une multi pollution car on sait bien qu il n y a pas que les m taux dans les conduites elle se refuse pourtant d largir le champ de recherche car on deviendrait de moins en moins cr dibles parce qu on demanderait de plus en plus d argent et puis apr s d j a para t compl tement d mesur les gens se rendent pas compte de tout ce que a repr sente et puis en personnel humain a ne suit pas c est affolant Ainsi en mati re de risques cette recherche intervient davantage comme g n ratrice d incertitudes que comme productrice de connaissances di
16. l matiques de ce genre le dossier de la pollution des sols de la plaine embarrasse Aussi la posture classique de l action publique en situation de crise potentielle implique une certaine discipline communicationnelle dans la mesure o la communication sur ce genre de dossier ne doit pas donner prise au trouble public en donnant lieu une cacophonie et ou une bunk risation et ou encore toute une s rie de pi ges qui ne pas simples viter Aussi c est par le biais de l instance participative que repr sente le Comit D partemental d Hygi ne CDH que l alerte va d border les cadres traditionnels de l action publique Partie prenante de ce comit le collectif d associations Val d Oise Environnement VOE agr par le minist re de l environnement rapproche les discussions tenues alors propos d un dossier d autorisation d pandage de boues de STation d E Puration STEP dans le Vexin des interrogations soulev es par certains l gard des champs d pandage d eaux us es de la ville de Paris en plaine de Pierrelaye La controverse sur le monde des boues 7 sert alors de cadre de r f rence d appui cognitif de ressource VOE pour demander des comptes sur l innocuit d une pratique d pandage aussi durable et contraindre les pouvoirs publics en apporter les preuves Les r ponses trop rapides et trop parfaites de la part des services de l Etat firent alors sai
17. llances aux yeux des repr sentants du collectif d associations comme avaient fait saillances les cro tes brunes et vertes aper ues entre les rangs des cultures lors de promenades en plaine Les d marches engag es alors aupr s de l administration pour obtenir les preuves scientifiques et les documents attestant de son innocuit resteront sans succ s Renfor ant le doute cette absence d attestation scientifique et documentaire de la r alit du risque encourage VOE pers v rer dans sa qu te d information Devant le refus des autorit s publiques d livrer les informations qu elles ont ou non leur disposition le collectif d associations se d tourne de ces instances et change d interlocuteur Court circuitant les repr sentants de l autorit publique il s adresse directement l organisme dont les activit s sont tudi es et obtient par ce biais au prix d une forme d acharnement t l phonique des r sultats d analyses qui avaient t financ es par le SIAAP pour un faire un point sur la qualit des champs pandage la veille de la c l bration programme Tout l gout rien dans la Seine c est dire apr s un si cle d utilisation du sol comme filtre naturel Les r sultats de cette tude8 montrent une accumulation des ETM dans les sols davantage pour les jach res que pour les sols cultiv s m me s il est constat une accumulation tr s lev e en Plomb et Cad
18. mium lev e en Cuivre Zinc et Mercure et une accumulation limit e en Nickel Chrome et S l nium sur les sols agricoles au regard des valeurs de la norme NFU 44 041 relative l pandage agricole de boues de STEP Des pr l vements sur les tiges et les grains de ma s cultiv s dans la zone d pandage ont aussi t faits cette occasion Les r sultats concluent une l g re accumulation et invitent se pencher sur les l gumes cultiv s en plaine les l gumes tant r put s plus sensibles la contamination que les ma s La contre publicit d une pratique historique Prenant connaissance de ces r sultats au printemps 1997 VOE sort alors de son devoir de r serve et rend publiques les informations obtenues sur les modes de l alerte de l affaire et de la pol mique Ce faisant il d borde les structures et les agendas institutionnels oblige dans l urgence reconsid rer les pratiques stabilis es localement par des accords sociaux pass s et ouvrir publiquement une r flexion collective sur l avenir du territoire mis en cause VOE communique d abord par le biais de son bulletin de liaison Agora 95 pour informer les lecteurs des dossiers de d gradations environnementales du d partement et alerte singuli rement les consommateurs des l gumes de la plaine de Pierrelaye et ses habitants Invoquant les risques li s aux ETM pour la sant humaine et l environnement VOE s interroge sur l innocuit
19. ncements et de savoir faire appropri s la situation faible dose population cible ind termin e alors m me que les mara chers du secteur demand rent faire l objet d analyses afin que l on puisse d montrer scientifiquement que nous ne sommes pas intoxiqu s par notre production dont nous sommes les premiers consommateurs Les mesures prises par les pouvoirs publics ont en effet ass n un rude coup l activit mara ch re La pression sociale locale port e par les professionnels de l agriculture et relay e par les lus du secteur s est alors faite sentir Les interdictions de mise sur le march et les interdictions de mise en culture des l gumes et des plantes aromatiques ont conduit d pres n gociations entre les repr sentants de la Chambre Interd partementale d Agriculture d Ile de France CIAIDF ceux de l Office National Interprofessionnel des Fruits des L gumes et de l Horticulture ONIFLHOR les lus locaux et r gionaux les pouvoirs publics et le SIAAP Les repr sentants de la profession agricole pointent alors la n cessit de l irrigation avec des eaux conformes aux prescriptions r glementaires13 pour le maintien de l agriculture in situ le SIAAP fait lui valoir son r le historique dans la constitution de la plaine les lus locaux et r gionaux confirment quant eux l importance pass e et venir de l eau et donc du SIAAP pour assurer la gestion des espaces verts et ma
20. ndage et une probl matisation de cette entit territoriale d savou e Inscrivant son inqui tude pour le devenir de la plaine dans la critique de ses constituants VOE interroge la durabilit des champs d pandage en leur qualit de bien commun territorial Aussi la contre publicit qui proc de de ses actions appelle au changement de r gime pour la plaine elle ouvre la voie d une requalification territoriale dans la mesure o elle s inscrit dans un processus identitaire qui engage le r engendrement de rep res collectifs En ce sens l alerte publique la pollution des sols des champs d pandage amorce une r flexion collective sur le devenir de la plaine et sur la durabilit de l agriculture en ces lieux Comment faire valoir la durabilit des attachements pour s curiser les activit s qui trament l avenir de la plaine En tant qu elle active une dynamique de reconnaissance des cons quences in attendues de l pandage d eaux us es l alerte la pollution des sols lanc e publiquement tresse some how any how des solidarit s pour faire front la d prise agricole de la plaine et la d valorisation potentielle du territoire qu elle peut entra ner12 C est la d clinaison de ces solidarit s laquelle nous proc dons maintenant en pr sentant dans un premier point les ressources impliqu es dans la s curisation d un espace soumis des pressions m diatiques judiciaires sociales p
21. ndues entre elles Ainsi la carte des dangers repr sente la r partition en teneurs totales Cette carte des concentrations se rapproche des analyses produites par les bureaux d tudes pour tablir la r alit de la contamination des sols de la plaine Elle s en distingue n anmoins par le fait que les analyses ne sont pas produites en fonction d horizons p dologiques th oriques comme le pr voie la norme NFU 44 041 mais qu elles suivent le plus possible la singularit des horizons de ces sols charg s d histoire de mani re ne pas homog n iser les valeurs Quant l id e majeure qui sous tend la confection d une carte des risques elle renvoie au principe selon lequel une concentration m me excessive de polluants ne suffit pas d terminer l existence d un risque Pour ce faire il convient de tenir compte de la r partition des polluants en diff rentes formes physico chimiques plus ou moins m me de les neutraliser en les fixant ou m me de les rendre disponible pour l environnement L tablissement d une telle carte est tr s pr cis ment ce quoi ont travaill les quipes de recherche impliqu es dans le projet en essayant de mod liser le comportement des sols par la compr hension notamment du r le de la mati re organique des argiles dans la fixation et la mobilisation des m taux et de l impact des modes d occupation des sols Pour cette recherche la probl matique du r
22. nguli re entit territoriale de cet objet institution Selon cette hypoth se la plaine n est pas tant concevoir comme une entit clairement diff renci e et achev e mais plut t en tant que puissance en devenir et les v nements rapport s et analys s dans ce texte ne sont alors pas tant consid rer comme ce qui lui arrive en tant qu elle est d j d finitivement constitu e mais comme ce sans quoi elle ne saurait continuer s individuer travers l institution de nouveaux collectifs qui la recouvrent et qui l attachent A cet gard l une des t ches de la sociologie peut tre de rendre compte de ces activit s instituantes tant dans leurs actualit s que dans ce qu elles ont d historique de mani re d celer des relations et identifier des formes d organisation spatiale relatives aux valeurs sociales qu elles d placent et aux dispositifs dans lesquels elles s inscrivent et qu elles contribuent tendre d border En ce sens la plaine de Bessancourt Herblay Pierrelaye semble tre un traceur de la prise en consid ration contemporaines des effets territoriaux de la bio politique institu e la fin du XIX me si cle et consistant en l ensemble des entreprises d optimisation du fonctionnement des populations humaines de l poque moderne Ainsi elle semble montrer comment se prolongent de fa on inattendue sur un territoire en prise avec les fonctions strat
23. ntion du Syndicat Interd partemental d Assainissement de l Agglom ration Parisienne SIAAP visant b n ficier de l ant riorit de son activit au titre du d cret d application du 29 mars 1993 de la loi sur l eau de 1992 Les premiers r sultats circulent d but 1997 par les canaux traditionnels et remontent des services d concentr s de l Etat aux repr sentants locaux des pouvoirs publics La gestion de l information se veut alors conforme une proc dure de gestion de crise classique l information est v rifi e scrupuleusement prot g e pr cieusement Compte tenu du contexte d ins curit alimentaire de l poque les pouvoirs publics locaux adossent leur action un principe de scientificit expertiser valuer pour agir en connaissance de cause Cette d marche de l action publique implique en outre un temps de latence entre la prise d information du message d alerte sa traduction en terme de compl ments et d affinements d tudes sur la r alit de la contamination de ses causes de ses ventuelles cons quences et sa communication publique Cette temporisation n est pas toujours bien per ue par les publics des institutions Per u comme sensible par les pouvoirs publics dans la mesure o les agents de l Etat ne sont pas simplement comptables des informations qu ils d livrent mais aussi comptables des actions qu ils mettent en uvre pour r pondre aux situations prob
24. ourt Fr pillon M ry sur Oise et Pierrelaye avaient effectivement engag depuis 1994 une r flexion sur le devenir urbanistique et environnemental de la plaine il appara t que la pollution des sols et l interdiction totale de culture mara ch res pr cipite le mouvement de prise en charge intercommunal du dossier de requalification de la plaine Encourag s en 1999 par le Pr fet de d partement de l poque se regrouper les lus des communes du secteur auxquels il faut rajouter ceux de Saint Ouen l Aum ne et d Herblay ont donc mis sur pied un syndicat intercommunal dont l objectif initial est l laboration d une charte d finissant le devenir de la plaine sur un p rim tre de 1 318 ha Depuis le printemps 2002 ce syndicat s est dot d un comit de pilotage largi16 de nouveaux statuts et des objectifs d action Il a entre autre la charge d tudes techniques et financi res permettant l laboration d avant projet et d finissant la consistance et le co t des travaux la charge du suivi de l ex cution des travaux d am nagements et d entretien dont la r sorption des d p ts sauvages le r tablissement et l entretien des chemins ruraux la protection du paysage et de l environnement la surveillance de la plaine etc L objectif commun des actions men es directement ou indirectement par le SIECUEP est la r apropriation de la gestion de la plaine de Bessancourt Herblay Pierrelaye afin d
25. rectement op rationnelles En tant que formes manipul es de savoirs les cartes produites ne sauraient en effet se soustraire aux contextes dans lesquels elles s inscrivent car elles rec lent une ressource d autorit qui ne passe pas inaper ue aux yeux des acteurs Pour cette raison la contribution de cette recherche l aide la d cision ne in se cantonne pas l apport de donn es relatives l volution d un savoir en cours de constitution mais intervient pour mettre en perspective les poids des orientations th oriques m thodologiques mais aussi conomiques et politiques sur les connaissances scientifiques produites Au terme de l tude les certitudes et les solutions miracles des experts en phytorem diation convoqu s par le bureau d tudes en charge de la r daction de la charte d urbanisme et d environnement sur la plaine sont mises en cause d s lors qu il appara t aux responsables de la recherche l extr me complexit de la compr hension des m canismes de sols tout fait singuliers compte tenu de leur histoire longue et des changements de r gimes qu ils subissent ou qu ils s appr tent encore vivre dans un d lai aussi court que trois ans Les projets politiques d ouverture de la plaine au public dans le cadre d activit s r cr atives sont galement mis en cause compte tenu de l instabilit du tampon qui semble pour l instant stabiliser les m taux une profon
26. rofessionnelles et urbaines et en d taillant dans un second point les actions engag es par le Syndicat Intercommunal pour l Etude d une Charte d Urbanisme et d Environnement pour la Plaine de Pierrelaye Herblay Bessancourt SIECUEP notamment pour la revalorisation de l image et de l espace de la plaine Solidarit s pragmatiques et m diations publiques Depuis la publicisation de l alerte et la mise en affaire de la pollution des sols des champs d pandage les acteurs animant la plaine sont soumis de fortes pressions Pour autant les relations entre les principaux protagonistes savoir le SIAAP les services de l Etat et les lus politiques r gionaux d partementaux et locaux ont t tr s peu conflictuelles Au contraire c est une forme de solidarit qui a t privil gi e pour r guler la situation et viter d en venir malgr les plaintes d pos es par VOE pointer les responsabilit s des uns et des autres La raison est pratique Refusant d tre consid r comme le responsable de la pollution compte tenu du caract re indispensable et civique de son activit le SIAAP se reconna t n anmoins une forme de dette l gard d un territoire avec lequel l assainissement de la capitale entretient des relations privil gi es depuis de nombreuses ann es A ce titre il participe largement aux financements d tudes sur la qualit des sols et des produits agricoles de la plaine Les service
27. s de l Etat se retrouvent quant eux tributaires du SIAAP pour obtenir des informations fiables sur les secteurs et les pratiques d pandage travers le temps La temporalit judiciaire s accorde mal avec l urgence de l action Le pragmatisme est donc de rigueur pour obtenir des ressources cognitives servant d appui pour l action Sous la contrainte c est d abord une solidarit technique qui se met en place d autant que de leur c t les pouvoirs publics connaissent certaines difficult s produire eux m mes des connaissances sur la dangerosit potentielle de la consommation des produits contamin s par l pandage La recommandation du CSHPF en date du 9 juin 1998 apr s instruction de la Direction G n rale de la Sant DGS de mettre en uvre une tude pid miologique sur la population consommatrice des l gumes issus des champs d pandage de la plaine a largement embarrass l action publique tant d un point de vue pist mologique que d un point de vue d ontologique dans la mesure o les pouvoirs publics se sont trouv s confront s aux limites de leurs comp tences et de leur savoir faire en mati re d examen de la sant publique et au sens o la recommandation pointe les limites de leur volont de savoir et de faire savoir la r alit de la contamination elle fragilise ainsi la justesse des mesures prises jusqu alors Cette recommandation est jusqu ici rest e lettre morte fautes de fina
28. ssier de la pollution de la plaine sous le double registre de l ins curit alimentaire et de la crise des institutions cens es y prendre garde Ce faisant elle s attache rendre compte des cons quences locales de l historicit institutionnelle et organisationnelle des risques associ s aux eaux us es et pr sente alors la pollution des sols comme une forme de patrimoine n gatif 10 qu il convient d assumer collectivement Au cours du mois de juin 1997 le collectif d associations porte plainte contre X pour atteinte grave l environnement Par cette qualification c est la fois la contamination et le syst me qui l a rendu possible qui sont d nonc s un syst me qui arrangeait tout le monde nous dira t on M me s il n est pas explicitement vis c est l exercice de contr le de la part des autorit s publiques sur la qualit du dispositif comme il tait pourtant r glementairement pr vu de le fairell qui est mis en cause et notamment c est l absence de suivi r gulier des activit s d pandage par les pouvoirs publics depuis la scission du d partement de la Seine et Oise en 1967 qui est relev d autant que des responsables du SIAAP reconnaissent publiquement avoir r inject des boues alors non encadr es juridiquement dans le r seau d pandage durant les ann es 70 En somme c est le laisser faire de l Etat qui est stigmatis dans la mesure o il conduit des d
29. t alors de s interroger sur les limites et les prolongements de l apprentissage collectif port par une recherche de l INRA au sujet de la confection de cartes de risques pour l aide la d cision des usages de l espace En guise de conclusion nous proposons une courte r flexion sur le passif de l histoire environnementale locale comme op rateur d un d veloppement territorial durable Mais avant d entrer dans l histoire singuli re de ce territoire situ en bout de l missaire g n ral du r seau d gouts de l agglom ration parisienne une vingtaine de kilom tres de Paris en direction de Cergy Pontoise pr cisons un peu le cadre th orico m thodologique de la recherche l origine de ce texte Sensible aux approches microsociologiques pragmatiques et socio techniques nous avons fait le choix de travailler par enqu te de terrain sur un irregular de la politique nationale en mati re de pollution des sols de mani re nous attacher l analyse des cat gories en actes et contexte et des usages situ s et historicis s plus ou moins conventionnels qui organisent les attentes et donnent sens aux exp riences des acteurs Cette fa on de faire conduit se saisir des modalit s par lesquelles les acteurs s entred finissent se reconnaissent se disputent et s accordent sur la r alit de leur co existence et sur la durabilit de leur co pr sence avec diff rentes formes de passifs environnemen
30. t toujours tre retravaill es en fonction des moyens r ellement existants qui permettent de les prouver Dewey 2003 p 16 Les prolongements de l exp rience Prenant acte de ces recommandations la direction de l environnement et du cadre de vie du Conseil R gional d Ile de France a lanc en f vrier 2004 un appel d offre pour une tude visant analyser les possibilit s de cultures non alimentaires sur la plaine de BHP Consid rant l urgence de rechercher des alternatives aux productions agricoles actuelles les objectifs de l tude sont d tablir la pertinence du d veloppement de fili res finalit s nerg tiques ornementales de production de bio mat riaux et d aboutir aux conditions techniques et conomiques de leur mise en uvre in situ Il s agit dans un premier temps de proc der l inventaire des possibilit s de cultures alternatives pour aboutir dans un second temps des propositions de reconversion agricole de la plaine en concertation avec les agriculteurs et les acteurs clefs de chacune des fili res retenues Pr vue pour une dur e de 8 mois maximum la nomination du bureau d tudes en charge de ce dossier doit avoir lieu dans le courant du mois d avril 2004 Un comit de pilotage rassemblant les diff rents acteurs sollicit s jusqu ici pour participer aux comit s de pilotage des tudes pr c dentes assurera le suivi de l tude Esp rant initialement s appuyer s
31. taux Les situations d alertes de controverses de pol miques d affaires constituent cet gard des situations propices l investigation et l analyse puisqu elles activent une pluralit de r gimes d action mettent en sc ne diverses preuves pratiques et cognitives ren gocient des modes d existences vari s recomposent des collectifs h t rog nes reconfigurent des territoires etc Cette forme d enqu te exige de se glisser chemin faisant dans les plis du terrain pour infiltrer les r seaux socio techniques qui font tenir ensemble de mani re singuli re une foule d actants dans un mouvement discontinu et dans un climat de tension parfois palpable Elle oblige en outre suivre les traces des acteurs reconstituer leurs d placements et expliciter la dynamique de leurs parcours et la circulation des r f rences Tel est nos yeux le prix d entr e pour un d but de compr hension des histoires que trament nos contemporains lorsqu ils s engagent dans un faire avec la pollution des sols pour la requalification d un territoire Alerte aux cons quences territoriales in attendues de l pandage d eaux us es Les processus d alerte rel vent d activit s pratiques et cognitives qui sont orient es la fois dans le temps et vers des acteurs ou des instances jug es aptes recevoir comprendre relayer traiter prendre en charge le message Un lancement d alerte proc de en g n ral d
32. te fin nous entrerons dans l analyse d une controverse sur les cons quences in attendues de l pandage historique des eaux us es de la ville de Paris en plaine de Bessancourt Herblay Pierrelaye BHP singuli rement Nous proposons de montrer dans un premier point comment le processus d alerte la pollution des sols ouvre publiquement une r flexion collective sur la durabilit des pratiques conf rant la plaine son identit travers le temps Dans un deuxi me point nous tachons de rendre compte de certaines actions engag es pour faire front au potentiel de d valorisation que constitue la pollution d une partie des sols agricoles de la plaine Il s agira plus particuli rement de revenir sur les modalit s pratiques par lesquelles des solidarit s permettent la s curisation relative d espaces rendus vuln rables par la pollution des sols qu il s agisse du soutien aux mara chers du secteur de l usage du droit de pr emption des sols par l Agence des Espaces Verts d Ile de France en vue du maintient de la ceinture verte de la laborieuse r daction d une charte d urbanisme et d environnement par un syndicat intercommunal ad hoc Enfin dans un troisi me point nous portons notre attention sur la durabilit de l exp rimentation collective de reconnaissance des perspectives agricoles de tels sols compte tenu de la biodisponibilit des m taux lourds qu ils contiennent Il s agi
33. tion du territoire battent plein au c ur de la plaine L aboutissement de la transformation de cet espace agro paysager ne passe t il pas par la reconfiguration du paysage institutionnel en une exp rience de participation continu e la valorisation de la plaine Si elles ne sont pas explicitement formul es comme telles ces questions restent n anmoins en suspens sur le terrain Une exp rimentation collective toujours en train de se faire Mais on peut aussi faire l hypoth se que le contexte d incertitude scientifique qui p se sur la qualit de la plaine depuis l alerte la pollution des sols contribue l ind cision des lus qui restent dans l attente d une d termination plus fine et plus op rationnelle des usages potentiels des espaces affect s C est pourquoi pour permettre une meilleure connaissance des sols pollu s qui in fine doit conduire une gestion raisonn e du territoire une recherche de l INRA a t r alis e sur la plaine de 2000 2003 Cette tude vise l valuation des risques chimiques associ s aux m taux lourds pr sents dans les sols de la plaine de Pierrelaye et la production d outils d aide la d cision sur les activit s acceptables sur de tels terrains Indiquons d abord quelques l ments sur la dynamique d apprentissage collectif fray par cette recherche avant d en pointer les limites et de pr ciser dans un second temps comment se prolonge l enqu
34. tudes a pris du retard par rapport au calendrier initialement pr vu Elle vise n anmoins lutter contre le d soeuvrement environnemental social conomique et agricole de la plaine par le biais d une tude paysag re floristique et faunistique visant laborer des scenarii d volution selon les projets envisag s d une tude conomique visant la recherche de porteurs de projets agricoles sp cifiques conomiquement faisables d une tude urbanistique visant optimiser l occupation et la mutation des espaces au profit d un am nagement durable Mais outre les probl mes rencontr s avec les bureaux d tudes on peut faire l hypoth se que le non respect du d lai annonc pour l laboration de la charte tient principalement la difficile mat rialisation d une volont politique intercommunale unifi e autour d un projet pr cis compte tenu des divergences d orientations conomiques et politiques des diff rences d quipements collectifs et de ressources entre les communes membres du syndicat Certains lus proposent de structurer davantage la gestion intercommunale en constituant une communaut de communes pour ne pas se priver des ressources de la mutualisation en vue de la requalification du territoire D autres refusent cette perspective et pr f rent conserver une autonomie de d veloppement en dehors du p rim tre concern par la charte m me si en tant que texte faible 18 ce
35. ur les travaux de l INRA pour clore la question des risques sur la plaine par le biais d une cartographie pr cise de la pollution et des avanc es en mati re de phytorem diation et am nager durablement la zone les lus du SIECUEP semblent en tre quitte pour reprendre leurs perspectives d am nagement en fonction des limites des r sultats de la recherche l apprentissage des incertitudes scientifiques concernant les outils d aide la d cision est notamment v cu 11 comme une forme de d convenue l gard des espoirs investis dans les perspectives de recherche Loin d avoir tir tous les enseignements des exp riences de recherche pr c dentes ces lus et leurs partenaires semblent redoubler leur esp rance dans l tude technico conomique sur le point d tre lanc e Ce nouvel quipement cognitif constitue leurs yeux le moyen de faire le pont entre les attentes sociales les possibilit s conomiques et les contraintes environnementales Ouvrant une nouvelle phase d individuation Dewey 2003 p 21 la mise en uvre de cette tude devrait permettre au SIECUEP d affiner et de mettre fin la r daction de la charte d urbanisme et d environnement En ce sens cette nouvelle op ration politique et cognitive peut se comprendre comme un point de relance d un processus consistant en la reconnaissance des relations animant les milieux incertains qui participent de la reconstitution de cette si
36. urt et long terme cette tude vient de parvenir son terme Faute de financements permettant la poursuite de la recherche le dernier comit de pilotage a eu lieu au d but de cette ann e 2004 Proposant une perspective plut t originale dans la mesure o elle repose sur l hypoth se d une production agricole sur des terrains pollu s les acteurs de la gestion du territoire se montr rent souvent impatients de conna tre les avanc s et les r sultats des travaux Des comit s de pilotage ont d ailleurs t organis s de fa on quasi semestrielle de mani re ce que les financeurs les pouvoirs publics et les lus concern s par le territoire d tude apprennent changer et participer au processus de recherche Dans ce cadre la responsable scientifique de la recherche s attache tenir un discours p dagogique sur la mani re avec laquelle il convient d appr hender les r sultats partiels qu elle propose et prendre acte des orientations normatives retenues en fonction des perspectives d am nagement les financeurs cherchent quant eux acqu rir des l ments de compr hension des proc d s scientifiques m me de les informer sur les processus bio chimiques avec lesquels ils doivent d sormais compter pour la revalorisation de la plaine A ce propos l tablissement de cartes de risques a fait l objet de discussions sur leur qualit de fictions complexes et contr l es 21 comme le montre ce
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