“L`éducation artistique et la société post
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1. Marcel RIOUX 1919 1992 sociologue Universit de Montr al 1969 L ducation artistique et la soci t post industrielle Un document produit en version num rique par Jean Marie Tremblay b n vole Professeur sociologie au C gep de Chicoutimi Courriel jean marie_tremblay uqac ca Dans le cadre de Les classiques des sciences sociales Site web http classiques uqac ca Une biblioth que fond e et dirig e par Jean Marie Tremblay sociologue Une collection d velopp e en collaboration avec la Biblioth que Paul Emile Boulet de l Universit du Qu bec Chicoutimi Site web http bibliotheque uqgac ca Marcel Rioux L ducation artistique et la soci t post industrielle 1969 2 Cette dition lectronique a t r alis e Jean Marie Tremblay b n vole pro fesseur de soins infirmiers retrait e de l enseignement au C gep de Chicoutimi Courriel jean marie_tremblay uqac ca partir du texte de Marcel Rioux L ducation artistique et la soci t post industrielle Un article publi dans la revue Socialisme 69 Revue du socialisme interna tional et qu b cois no 19 octobre d cembre 1969 pp 93 101 M Marcel Rioux 1919 1992 sociologue enseignait la sociolo gie l Universit de Montr al Polices de caract res utilis e Pour le texte Times New Roman 14 points Pour les citations Times New Roman 12 points Pour les notes de2. veloppement technologique Les buts de la soci t industrielle avanc e son id ologie sont incorpor s dans son syst me de production m me Les diff rents agents d duca tion visent produire un homme normal un homme adapt qui pro duit et qui consomme comme la soci t le lui prescrit Certains sp cia listes comme Brzezenski pr voient d ailleurs qu il en sera davantage ainsi dans la soci t post industrielle le gros de la population pense t il aura une situation mat rielle plut t confortable mais n aura vir tuellement aucun but son existence D une soci t se pr occupant essentiellement de r alisations soci t industrielle on passera une soci t post industrielle de divertissement avec un pl thore de spec tacles pour spectateurs passifs sports de masse t l vision fournis sant l opium des masses qui se verront de fa on croissante d pour vues de tout objectif Devant ces constatations et d autres qu il serait trop long de r su mer la Commission croit que les syst mes d ducation doivent plut t Marcel Rioux L ducation artistique et la soci t post industrielle 1969 8 viser former un homme normatif qu un homme normal c est dire un homme qui pourra cr er et assumer des normes A l homme ext ro dirig de nos soci t s industrielles avanc es devra succ der l homme autonome qui saura fonder sa personnalit et sa conduite sur des valeurs qu il saura
3. bas de page Times New Roman 12 points dition lectronique r alis e avec le traitement de textes Microsoft Word 2004 pour Macintosh Mise en page sur papier format LETTRE US letter 8 5 x 11 dition num rique r alis e le 11 f vrier 2007 Chicoutimi Ville de Sa guenay province de Qu bec Canada Fait avec Macintosh Marcel Rioux L ducation artistique et la soci t post industrielle 1969 3 Marcel Rioux sociologue retrait de l enseignement de l Universit de Montr al L ducation artistique et la soci t post industrielle E CONTRE MARCUSE Gilles Dostaler et Luc Racine REVUE L EDUCATION ARTISTIQUE a M conte ET Quesecor LA TECHNOCRATIE Marcel Rioux Montr al octobre novembre dicembre 1969 no 19 Un article publi dans la revue Socialisme 69 Revue du socialisme interna tional et qu b cois no 19 octobre d cembre 1969 pp 93 101 Marcel Rioux L ducation artistique et la soci t post industrielle 1969 4 Marcel Rioux sociologue retrait de l enseignement de l Universit de Montr al 59 L ducation artistique et la soci t post industrielle Un article publi dans la revue Socialisme 69 Revue du socialisme interna tional et qu b cois no 19 octobre d cembre 1969 pp 93 101 Le 31 mars 1966 le Gouvernement du Qu bec chargeait une commission d enqu te d tudier toutes l s questions
4. cr er et assumer Si culture veut dire rela tions avec le monde ext rieur il est de toute n cessit d quiper l homme pour qu il puisse vraiment entrer en relation avec le monde non seulement par l entremise des mots mais travers tous ses sens travers tous les modes de connaissances Comment y parvenir Comment l ducation artistique et l ensei gnement des arts peuvent ils concourir l tablissement d un syst me d ducation dont les fonctions seront de former des hommes qui puis sent retrouver un sens leur vie et contribuer cr er une nouvelle culture un nouveau code de mise en ordre de l exp rience humaine Il s agit de passer de la culture humaniste culture de l lite dans la soci t industrielle pour en arriver une culture ouverte qui sera mieux adapt e la soci t post industrielle Abraham Moles d crit ainsi la culture humaniste issue de la pens e cart sienne pour faire un homme cultiv crit il enseignons lui quelques grands concepts ces concepts carrefours principes de la g om trie l ments du latin et de langues trang res grandes id es philosophiques il disposera d un fil d Ariane d une trajectoire d un mode d emploi qui lui permet tront d appr hender les v nements de les jauger de les mesurer de les coordonner dans son esprit par rapport aux autres de leur trouver une place toute pr par e dans l ameublement de son cerveau Les En cyclop distes firent
5. dira que l oeuvre d art est un symbole prospectif de la synth se personnelle et de l avenir de l homme 5 Ainsi l oeuvre d art ouvre l espace le champ des possibles C est l que et l importance sociale de l art crit Jung il travaille continuelle ment l ducation de l esprit du temps en faisant surgir les formes qui lui font le plus d faut De par sa double nature d s le commencement l art est un fait social Il est facteur d int gration de l homme l homme de l homme la soci t de l homme au monde D s que l oeuvre d art appara t dans son unicit elle polarise l exp rience elle polarise la participation sous laquelle elle ne peut se r v ler telle qu elle est dans son acte uni que d ouverture Si parfois il refl te l ordre de la soci t g n rale ment 1l le conteste et anticipe un nouvel ordre Il surgit profond ment du soi dans l exp rience d un manque qu il ne peut que contester S1 la soci t tend codifier les valeurs dans un syst me qui vise les rendre stables l art par d finition est libert Il est une ouverture sur l imaginaire une r organisation des symboles revivifi s l oeuvre d art dans son action profonde traumatise la soci t et la d fie en l obligeant se remettre en question ou se situer en relation avec de nouvelles valeurs Or cette remise en question est une n cessit vitale pour la soci t sans quoi la codification des valeurs est une mort lente e
6. le Qu bec tait devenu La t che tait norme puisque l ducation tait encore largement entre les mains des glises et d institutions priv es et que la philosophie qui sous tendait l enseignement s inspirait de la th orie et de la pratique des soci t s pr industrielles Au moment o le Rapport Parent tait publi et tait mis ex cution la soci t qu b coise cause des re tomb es technologiques et conomiques que lui apporte son voisin am ricain tait en passe d entrer dans la phase post industrielle de son d veloppement Il fallait donc que notre Commission s interroge non seulement sur la place de l enseignement des arts dans un syst me d ducation adapt aux imp ratifs de la soci t industrielle mais en core sur les fonctions de l ducation dans le type de soci t auquel le Qu bec commence d appartenir La Commission Parent avait surtout d gag de la soci t industrielle les traits suivants rationalit indivi dualisme et sp cialisation fonctionnelle Il nous fallait nous interroger sur ceux de la soci t post industrielle Il nous paraissait vident que chaque type de soci t ayant des traits distinctifs commande un sys t me d ducation dont l une des t ches est de d adapter ces caract res g n raux D autre part comme l ducation est un ph nom ne social Marcel Rioux L ducation artistique et la soci t post industrielle 1969 6 total qui met en cause la soci
7. le bilan de cette culture humaniste Cette culture est p rim e pour deux raisons elle se fonde sur une fonction quanti tative de la connaissance elle se r f re une culture philologique o les objets conna tre sont donn s par les mots Le milieu technique de l homme a consid rablement volu depuis Descartes et la culture humaniste n est plus adapt e ce milieu L homme coup de son pas s inquiet de son avenir soumis la pression des d sirs que l on sus cite en lui cet homme p n tre dans le champ total des r gimes d ima ges et de signes mais c est un champ s mantique qui se d place vers le p le du signal Le syst me binaire des ordinateurs est de plus en plus appliqu l homme lui m me On assiste une op rationalisation pouss e de l homme et de sa culture On assiste la mort des symbo les Les signes eux m mes sont remplac s de plus en plus par des si Marcel Rioux L ducation artistique et la soci t post industrielle 1969 9 gnaux Comment r ins rer des significations et des symboles dans une culture qui est devenue un sous produit du syst me technique Com ment parvenir res mantiser notre univers Comment arriver faire participer le plus grand nombre cette t che Il a sembl la Com mission que l ducation artistique d tient l une des clefs principales de la solution Les arts doivent devenir dans la soci t post industrielle l une des disciplines d
8. rel ve plus que des r gles abstraites de la logique et de l quilibre et auquel les individus sont rattach s par des liens divers mais toujours distance L organisation fournit elle m me des symboles qui lui servent de justifications et de valorisations C est elle m me que l organisation tente de provoquer l identification de ses employ s Cette culture que secr te l organisation ces valeurs et ces symboles apparaissent de plus en plus comme des sous produits de la production des biens de consommation Elle aide au bon fonc tionnement de l organisation On sait d ailleurs que l organisation fa brique des besoins qui varient p riodiquement selon les al as du mar ch Daniel Bell crit Bien que ces changements influencent au premier chef le style de vie les mani res les moeurs l habillement le go t les habitudes alimentaires et les fa ons de se divertir t t ou tard ils affectent des aspects fondamentaux la structure de l autorit dans la famille le r le des enfants et des jeunes adultes et finalement les diff rents buts atteindre dans la soci t globale Le d veloppement toujours plus pouss rod les traditions les cultures premi res qui d finissaient les diff rents buts atteindre dans la soci t glo bale Dans les soci t s industrielles avanc es ces buts sont de plus en plus d termin s par la finalit m me des processus cumulatifs de la soci t croissance conomique et d
9. relatives l en seignement des arts l t 1968 la Commission remettait son rap port en avril 1969 il devenait public 2 Le premier volume 298 pa ges porte sur des consid rations g n rales sur la soci t la culture l art et l ducation ainsi que sur les structures d ensemble recomman d es pour la mise en place des enseignements artistiques le deuxi me volume 382 pages d taille les recommandations concernant le fonc tionnement du syst me le dernier 200 pages rassemble certaines des tudes techniques qui ont t faites pour le compte de la Commis sion L objet de ces remarques est de donner un bref r sum de la premi re partie du premier volume 113 pages qui traite des principes et consid rations qui sous tendent les recommandations du rapport La cr ation par le gouvernement de la Commission d enqu te sur l enseignement des arts suit de pr s la publication d un vaste rapport sur l enseignement g n ral du Qu bec Les cinq volumes de ce Rap port dit Rapport Parent se sont chelonn s de 1962 1965 C est sur lui que s appuie la r forme de l enseignement qui est maintenant en Cet article para t simultan ment dans La Revue d Esth tique de Paris 1 Pr sident Marcel Rioux Vice Pr sident Jean Ouellet membres Jean De slauriers R al Gauthier Fernand Ouellette et Andr e Paradis 2 Rapport de la Commission d enqu te sur l enseignement des arts 3 volumes L diteur officiel d
10. t elle m me et cela tous ses paliers de m me que dans des volont s d exister les plus latentes comme les plus manifestes 3 notre Commission s est aussi interrog e sur la so ci t globale du Qu bec qui en plus de pr senter des traits qui sont communs plusieurs soci t s est aussi une entit bien individu e Les syst mes d ducation qui ont t mis sur pied dans les soci t s industrielles taient eux m mes ax s sur les imp ratifs de ces soci t s D s les d buts de ce type de soci t on assiste la conjonction de trois grands ph nom nes accumulation des capitaux acc l ration des inventions techniques et main d oeuvre rendue disponible par les pres sions qu exercent les deux premiers facteurs L objectif principal de la soci t industrielle celui qui va influencer profond ment toutes les pratiques c est la production de biens et de richesses Toute l duca tion familiale et scolaire tait ordonn e vers l entr e des individus dans ce syst me de production Le gros des populations tait instruit dans les techniques et les connaissances que requ rait ce syst me de production Seule une petite lite recevait un enseignement moins uti litaire enseignement que le Rapport Parent qualifie d humaniste et qui avait pour fonction de couler dans un moule intellectuel et moral unique ceux qui allaient former la classe sup rieure de la nation Dans ce type de soci t soci t s classes soc
11. tre et sa fin Piaget dira que la source m me de la pens e est chercher dans la fonction symbolique Cette constatation de Piaget correspond parfai tement la nature de la pens e totalisante de l objet ouvert qui est ap paru vers 29 000 comme l a montr Leroi Gourhan L oeuvre d art a d abord une dimension symbolique et n est pas puis e par la percep tion Or elle chappe la perception qui proc de par d coupages par puisement des d tails et qui ne permet jamais un saisissement glo bal pr cis ment parce que le symbolique veut exprimer avant toute chose la non imm diatet de notre appr hension de la r alit Vou Marcel Rioux L ducation artistique et la soci t post industrielle 1969 10 loir dire autre chose que ce que l on dit voil la fonction symboli que De plus il n y a pas de symbole sans d but d interpr tation l interpr tation appartient organiquement la pens e symbolique et son double sens en soi l oeuvre d art appelle l exp rience de l autre qui en quelque sorte la fondera dans l tre On pourrait presque dire en radicalisant qu il y a deux tendances dans toute oeu vre d art une tension profonde entre ce qui est tour tour et la fois polaris par le social et par l individuel Ce mouvement provient de la double nature de l art L art correspond au d sir freudien il est au coeur de la cr ativit il est projet du possible Ricoeur
12. a Commission qu b coise sur l enseignement des arts distingue trois modalit s d insertion des arts l cole l ducation artistique l enseignement des arts et l utilisation des techniques dans l enseigne ment de mati res autres qu artistiques L ducation artistique est une ducation de base prioritaire toute sp cialisation au m me titre que les math matiques et la langue ma ternelle Elle commence la maternelle et se poursuit tout au long des tudes Il s agit de l ducation de la spontan it cr atrice au sens de Piaget l ducation de cette spontan it et de cette capacit de cr a tion dont le jeune enfant manifeste d j la pr sence et elle ne peut moins encore que toute autre forme d ducation se Contenter de la transmission et de l acceptation passive d une v rit ou d un id al tout labor s la beaut comme la v rit ne vaut que recr e par le sujet qui la conquiert 6 6 In L ducation artistique et la Psychologie de l enfant Art et ducation Unesco Paris 1954 p 23 Marcel Rioux L ducation artistique et la soci t post industrielle 1969 15 S1 l ducation artistique ne peut avoir qu un objectif irr ductible sp cifique l exp rience esth tique elle a de multiples effets dont les plus importants sont le d veloppement de la cr ativit de l affec tivit de la perception et du sens social La Commission a surtout in sist sur le d veloppem
13. ce intellectuelle en pose les fondements L imagination est un moment de l ouverture autrui double ouverture sur le plan de la connaissance et sur le plan de l action De plus comme Gilbert Durand le remarque l imagination semble vierge de toute pr d termination cat gorielle De son c t Gaston Bachelard crit l imagination dynamique est un amplificateur psy chique l imagination est dans le psychisme humain l exp rience m me de l ouverture L infini est sa r gion l imagination n est vraiment ducatrice que lorsqu elle op re dans la pens e ou dans le faire d une nouvelle oeuvre concr te Si nous comprenons le processus de l ducation nous nous rendrons compte qu il ne peut y avoir d ducation de l tre humain un proces sus tabilisant sans que l imagination ne soit int gr e comme ach vement essentiel m me du processus Sans quoi il n y aura pas d tre humain total capable d affronter notre culture ouverte et les exigences d un monde Mobile Sans l apprentissage de cette puissance qui est l ouverture m me il ne peut y avoir d apprentissage du dynamisme m me de la vie Or l art est pr cis ment l activit humaine qui corres pond le plus parfaitement le plus enti rement au psychisme totalisant s ouvrant sur les possibles et transformant le monde Si bien que pra tiquer un art vivre l exp rience artistique c est faire l exp rience la plus profonde dans sa conscience et dans son
14. e au tant pour l l ve que pour la formation du ma tre dans la mesure o il est un certain mode de connaissance un type de conscience au sens o l entend Jean Paul Sartre c est dire une structure psychique particu li re Sartre montre bien en effet qu il y a trois types de conscience pour lequel un m me objet est donn la perception la conception l imagination dans l imagination l objet se donne tout entier pour ce qu il est d s son apparition l image est spontan e et cr atrice bref elle est un mode de connaissance L imagination est la capacit d une repr sentation anticipante im pliquant non seulement un objet mais le sujet imaginant enfin l ima Marcel Rioux L ducation artistique et la soci t post industrielle 1969 13 gination est la totalit psychique qui nous diff rencie peut tre le plus de m me qu elle nous individualise Pour le psychologue Philippe Marlieu l imagination est gale ment un processus de connaissance Elle est le moment de la d cou verte des possibles moment fondamental pour l atteinte de la v rit Diff rent de la connaissance conceptuelle tant par son caract re de transfert concret que par l imm diatet du transfert symbolique C est une connaissance qui m me au terme d une recherche comme dans l art s offre certains gards comme une r v lation La connaissance imaginative loin d appara tre comme trang re la connaissan
15. e base du syst me d ducation Pourquoi et comment Pour saisir le sens de la fonction artistique chez l homme il faut retourner au commencement D s le commencement l art est indissociable du langage et de la technique L homme du commencement poss de d une certaine fa on la pens e ouverte par excellence pens e qui se r tr cira graduelle ment par la mort des symboles pour aboutir l esprit exp rimental de la science d aujourd hui La question n est pas de faire dispara tre les signes et les signaux mais la question est de permettre aux symboles d appara tre et de vivre Pr cis ment parce que par d finition le sym bole est une ouverture il nous semble que l ensemble des fonctions artistiques ont pour t che de maintenir le symbole la surface d s le commencement naissant du langage et de la technique l art se pro pose galement comme une nouvelle fa on de conna tre comment l indice d une nouvelle appropriation du monde un indice de plus de la profonde tendance la distanciation Au commencement il n y a pas d autre art qu utilitaire et de plus il nous semble impossible de soutenir les anciennes cat gories d art pur et d art appliqu L oeuvre d art est un espace ouvert un objet ouvert qui se d finit d abord par la mati re on peut parler d une dialectique entre l objet physique et le ph nom ne l oeuvre d art se caract rise par la pluralit de ses signi fications et il est lui m me son
16. emier degr Deuxi me ment il montre que les po tiques contemporaines se proposent de revenir sur ces m canismes et placent le plaisir esth tique moins dans la reconnaissance finale d une forme que dans la saisie du processus continuellement ouvert qui permet de d couvrir en une forme tou jours de nouveaux profits et de nouvelles possibilit s Cette oeuvre d art ouverte nous met directement dans une situation o nous devons faire l apprentissage de l impr visible l oeuvre d art moderne a fait le saut hors de la stabilit comme d ailleurs tout l univers de la culture L acquis doit certes demeurer structur mais il n en doit pas moins se r organiser c est dire se modifier Comme nous l avons vu 1l s agit dans le processus m me de l adaptation l impr visible d une loi de l organisme et de l intelligence toute oeuvre d art dans le pass a plus au moins transgress son syst me Aujourd hui ce sont les sys t mes m mes qui ont clat Umberto Eco nous dit que l accent est mis sur le processus sur la possibilit de saisir plusieurs ordres Dans la r ception d un message structur de fa on ouverte l attente implique mains une pr vision de l attendu qu une attente de l impr vu Umberto Eco affirme On peut d s lors se demander si l art Marcel Rioux L ducation artistique et la soci t post industrielle 1969 12 contemporain en nous habituant une continuelle rupture de mod les et de
17. ent de la cr ativit Toute notre probl mati que tend mettre en vidence la n cessit d une certaine mutation qui permettrait l homme de passer de l tat d individu dans la masse au pouvoir de la personne se cr ant et cr ant le monde Dans la soci t post industrielle il semble que l apprentissage de la cr ativit devra tre une des plus importantes fonctions de l cole S il est vrai qu elle n est pas l objectif sp cifique de l ducation artistique puisque nous la retrouvons en science et dans toute recherche il semble vident pour nous que la cr ativit artistique d veloppe toutes les formes de cr ati vit en ce sens que nous croyons qu elle est la forme de cr ativit la plus englobante celle qui engage le plus totalement l homme comme l art d ailleurs est pour nous l activit la plus totale La Commission a fait plus de trois cent cinquante recommanda tions au gouvernement du Qu bec propos de l ducation artistique de l enseignement des arts et de l utilisation des techniques artistiques Pour la Commission l ducation artistique et son corollaire la cr ati vit sont la base de toute r forme de l ducation Le type de soci t dans lequel nous entrons nous incline croire que les arts devront prendre une place de plus en plus grande dans nos syst mes d duca tion si nous voulons faire chec l univers unidimensionnel d nonc par Marcuse Marcel Rioux
18. iales c est donc la classe dominante la bourgeoisie qui contribue le plus d terminer les fonctions des syst mes d ducation et imposer l ensemble de la soci t certaines de ses valeurs Pendant longtemps chaque classe so ciale a conserv une bonne partie de sa culture premi re c est dire selon la d finition de Canguilhem son propre code de mise en ordre de l exp rience humaine La soci t globale bien que domin e par la bourgeoisie n en conservait pas moins des sous cultures importantes particuli rement celles de la classe ouvri re et de la paysannerie Que s est il produit depuis les nombreuses d cennies que dure la soci t industrielle Les processus cumulatifs conomie science technique sur lesquels taient fond es la vis e et la pratique de la soci t indus trielle ont pris tellement d importance qu ils ont rod la culture pre mi re des classes sociales et renvoy la vie priv e tous les processus non cumulatifs sensorialit sensibilit sensualit spontan it art 3 A moins d indications contraires les phrases entre guillemets renvoient au texte du Rapport de la Commission d enqu te sur l enseignement des arts Marcel Rioux L ducation artistique et la soci t post industrielle 1969 7 moralit Il en merge un id al de la fonctionnalit qui p n tre les relations et les esprits et selon lequel la soci t devient un organisme dont le fonctionnement ne
19. t certaine La soci t comme l organisme ne peut survivre qu en s ouvrant aux modifications du devenir Mais l art n a pas d autre 4 Ricoeur Paul De l interpr tation pp 20 21 5 Ibid Marcel Rioux L ducation artistique et la soci t post industrielle 1969 11 qualit que la sienne propre Et comme le dit Mikel Dufresne la t che du public est d accomplir cet tre D autre part il ny a pas d activit cr atrice sans imagination L imagination est le pouvoir d une repr sentation anticipante Elle est un mode de connaissance une double ouverture sur la connaissance et sur l action C est pr cis ment parce que l activit artistique a l imagi nation comme force dynamique interne qu elle a ce pouvoir d antici pation l exp rience artistique se pr sente donc comme totalisante en s enracinant dans la totalit de l artiste et de la soci t qui le porte Gaston Bachelard disait Nous ne nous reconnaissons pas le droit d imposer le continu quand nous constatons partout le discontinu Le continu correspond parfaitement la conception des univers clos et s curisants qui le sont le propre de la plupart des oeuvres et des doc trines fond es comme on l a vu sur les certitudes arm es par la logi que et le rationnel Pour Umberte Eco le plaisir que procure n importe quelle oeuvre d art repose sur ces m canismes d int gration que fonde la connais sance C est ce qu il appelle l ouverture au pr
20. tout sch ma et la n cessit de leur alternance non seulement d une oeuvre l autre mais l int rieur de chaque oeuvre m me ne remplirait pas une fonction p dagogique pr cise s il n aurait pas une fonction lib ratrice S il en tait ainsi l art contemporain viserait au del du go t et des structures esth tiques et s ins rerait dans un dis cours plus vaste 1l repr senterait pour l homme moderne une possibi lit de salut la voie vers une reconqu te de l autonomie au double niveau de la perception et de l intelligence A la diff rence de l oeu vre d art traditionnelle dans l oeuvre contemporaine il n y a pas de structure mod le l oeuvre implique un consentement l absence de pr visibilit un consentement l ins curit que suppose l attente de l impr vu La soci t industrielle a en quelque sorte s cr t son pro pre anticorps L oeuvre d art moderne trace une voie vers l apprentis sage de notre culture et de notre monde mobile Autant le d termi nisme newtonien et le transformisme ont suscit de nouvelles p dago gies celle de Herbart par exemple autant l art aujourd hui pr c dant la th orie de l information nous appara t comme le fondement par ex cellence d une p dagogie ouverte c est dire une p dagogie qui devrait am liorer l l ve avec le devenir qui implique l inattendu et le discontinu Art et ducation L art peut devenir un sujet d ducation une mati re de bas
21. tre du mouvement m me de l imaginaire ouvrant le monde L art est la voie royale de l apprentissage de l imagination c est dire une voie de la connais sance Marcel Rioux L ducation artistique et la soci t post industrielle 1969 14 Selon un p dagogue qu b cois Arthur Tremblay l ducation est un syst me d changes r ciproques qui s tablissent entre le ma tre et l l ve en vue du d veloppement ou de la formation de l l ve Comment cette d finition s applique t elle dans un univers comme le n tre qui conna t une acc l ration technique aussi importante Il est probable d une part que les l ves d aujourd hui exerceront des fonc tions tr s sp cialis es et tr s parcellaires Le r le de l ducation consistera leur faire acqu rir deux degr s de mobilit celui qui concerne les sp cialit s et celui de la personnalit globale De plus il est devenu illusoire de croire que l cole dispensera l tudiant toutes les connaissances et toute la formation dont ils auront besoin pendant leur vie Il faut consid rer l apprentissage scolaire comme un moyen privil gi o l on apprend devenir La fonction la plus importante de l cole est d offrir aux tudiants les conditions les meilleures pour qu ils deviennent capables de cr ation L cole de vient un apprentissage la mobilit et l ouverture De l l importance de l ducation artistique dans la formation scolaire L
22. u Qu bec Qu bec 1969 Marcel Rioux L ducation artistique et la soci t post industrielle 1969 5 cours de r alisation D s les d buts notre Commission a accept les grandes lignes du Rapport Parent et a formul des recommandations adapt es aux nouvelles structures que le Minist re de l ducation a mises sur pied apr s la publication de ce Rapport Notre Commission relevait du Minist re de l ducation qui tait d j responsable de la plupart des enseignements artistiques dispens s au Qu bec elle d pendait aussi du Minist re des Affaires culturelles qui administre les Conservatoires de Musiques et d Art dramatique Par certains c t s l administration de l enseignement des arts au Qu bec s est inspir e de la France o l aussi deux Minist res les m mes qu au Qu bec sont responsables des enseignements artistiques Notre Commission a re command que tous les enseignements artistiques publics rel vent du Minist re de l ducation et soient int gr s aux structures de ce Minis t re et l enseignement g n ral Au Minist re des Affaires culturelles seraient d volues des responsabilit s dans le domaine de la promotion et la diffusion culturelles La Commission Parent s tait donn e pour t che de moderniser l enseignement au Qu bec et a recommand la mise sur pied de struc tures et de programmes ainsi que l emploi de p dagogies qui fussent adapt s la soci t industrielle que
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