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Les enfants : À l`aube d`une anthropologie

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1. est 1l Voici notre fil conducteur La question est large mais s honore seulement dans la r sonance du comment qui formule comme un pacte singulier entre un il le r el et ses formes Pour introduire l enfant comme tre humain dans les sciences sociales le chercheur doit seulement se donner les moyens de voir et d crire ce comment de l tre sur une surface d activit prise dans l lan temporel et situationnel qu est la vie Son il qui ne peut tre d muni de sensibilit et de compr hension pour saisir les ruptures d un monde naturel c est dire trop connu appartient au processus anthropologique m me Autrement dit la fa on de voir est en elle m me un savoir faire humain qui ne peut tre mis en c sure avec le savoir faire humain recherch des tres int ress s Contrairement ce que sch matise la triade hi rarchis de C Levi Strauss ethnographie ethnologie anthropologie l anthropologie se situe entre deux regards face un monde parcourant le c te c te horizontal de la diff rence et l analogie C est parce que cette 1 A Piette 2008 2 Leslie Juillet est en Doctorat de Sciences Humaines et Sociales l Universit de Picardie Jules Verne Amiens sous la direction d Albert Piette Sa th se porte sur la l thargie de l tre humain dans son cours quotidien lucidation humaine disperse les conventions et les r gles naturelles qu elle s accomplit sur un socle be
2. Il d rive strat giquement des attentes d autrui Mais cet l ve typique n est pas seul Le fait qu un groupe d l ves adh re cette sp cialit lui formule une autre forme de pertinence la situation P Willis reconna t la capacit des enfants de manier les deux niveaux de pertinence puisque la situation n explose pas en conflit ouvert N anmoins ces l ves sont pris dans un mouvement surinvesti de lutte une mise distance acharn e une insubordination contenue Nous exploitons la tournure th orique de l ethnographe avec grande aisance puisqu elle emprunte d j absolument ce qui est des traces empiriques Comment sont les enfants quand ils luttent Comment s articulent leurs attitudes avec celles de l enseignant et l environnement de la classe La focale de P Willis se suspend d embl e sur le niveau interpr tatif de l interaction sans prendre le temps de voir et d crire ce qui est l De plus la citation est l illustration d une culture anti scolaire une sous culture de la culture prol tarienne Ainsi l il de P Willis interactionniste symbolique n est pas de ceux qui basculent d une focale une autre pris dans le tourment du r el comme celui 21 Citation d Encounters Two Studies in the Sociology of Interaction Allen Lane The Pinguin Press p 118 cite par A Piette 1996 100 18 de J Dewey Le passage de la culture l interaction n est qu un j
3. t comme une capacit cognitive et ce qui se passe l int rieur une capacit interactionnelle La citation de J P Sartre B nous semble la fois vraisemblable et illusoire Pour illustrer la mauvaise foi le philosophe montre comment l l ve attentif est un r le strat gique s chappant lui m me Il est un regard qui peut rejoindre les deux premi res focales de J Dewey La posture g n rale de l l ve n incarne pas ce qui parcourt l enfant de l int rieur Cependant le troisi me niveau d appr hension soit la comp tence qui stabilise les deux modalit s d tre est d rang e par le verbe vouloir Est ce que ne fusse qu une poign e de secondes l enfant ressent r ellement la volont d tre attentif Peut il vraiment se faire submerger par un tel travail de l esprit Si les 20 De cette ing niosit polyfocale l il de J Dewey est incontestablement empirique 17 l ves ne pensent qu au r le qu ils sont en train de jouer nous nous demandons quel moment peuvent ils simplement s int resser Les classes seraient peupl es d tres passant d un tat extr me un autre pris dans l enjeu interactif avec l enseignant une attention anxieuse au rel chement cognitif Pourtant l extrait D refl te le propos de J P Sartre Bien heureusement notre souvenir pointe des situations extr mes Notre focalisation acharn e sur nos propres contours est la r ponse aux s
4. un enfant et tout ce que nous voyons et entendons n est un savoir comment car ces rep res sont directement descriptibles dans la situation actuelle d nonciation Manelle devance le fait que nous savons car elle s appr te nous d crire sa maison Mathilde vient de nous noncer le pr nom incompris et tout ce que je peux d crire est port e de tous Il suffit donc de regarder pourquoi donc crire Les yeux des adultes g n ralisent avant de d crire et nous oublions que si nous ne pouvons ph nom nologiquement savoir au gr de nos cat gories toujours trop abstraites nous le pouvons ph nom nographiquement en suivant simplement les fins lin aments du r el l sous nos yeux Peut tre que si nos yeux taient verbaux comme les enfants nous n aurions plus besoin de prendre des notes La fa on de voir des enfants poussent donc l extr me l optimal m thodologique d A Piette la ph nom nographie veut restaurer comme pertinente la correspondance entre texte et r alit et viter de se laisser prendre dans les d bats pist mologiques qui associent la description un travail de fabrication ce qui est n cessairement vrai et de ne pas oublier qu il y a bien des choses qui se passent ce qu il est 13 possible d appeler la vie ou la r alit op cit 99 La m ticuleuse indexicalit du monde par les enfants est en effet l id al de notre m thodologie de l infime Comme le veu
5. Nous restons tout comme les observ s sur la surface d action et d tre situationnelle temporelle et nous abordons l int rieur par des 19 Nous avons largement d velopp cette notion de vitalit dans notre m moire Nous appelons vitalit l nergie qui circule entre l tre de l enfant et les diff rents connecteurs humains mat riels et imaginaires qui l environnent En quelques sortes d crire la vitalit c est saisir l instant qui parcourt les tres 16 ouvertures ext rieures descriptibles Si ce type d approche cognitivo interactionnelle peut embrasser tous les tres humains elle se cueille comme une vidence avec les enfants autour desquels les contours des plus petits fragments de r alit se font des manteaux d existence Une entr e importante est la question de l attention que nous abordons dans un premier temps par une approche critique et th orique Nous pr sentons cinq prises de vue extraites d un contexte semblable la classe incarnant chacune une fa on de saisir l attention Notre observation E peut para tre d cal e c t des autres parce que dans la plus petite classe de maternelle la demande d attention semble moins consid rable que des rang es d enfants assis silencieusement face un ma tre qui parle ce que miroite les autres situations Or quelques soient les classes et l am nagement de l activit l enjeu est grossi rement le m me la position d un enseign
6. agir En nous appuyant sur les r flexions de V Descombes influenc es par L Wittgenstein nous soutenons que l enfant est la plupart du temps autonome c est dire capable de se diriger soi m me Un agent est autonome s il est capable de se diriger tout seul sans tre contraint par quelqu un d autre se conduire comme il le fait V Descombes 2004 443 Non pas que l enfant cr e lui m me les r gles qui le poussent agir mais il a la capacit de s y conformer en les rep rant et les d crivant d une certaine fa on selon les situations Tout comme pour l adulte il y a des s quences d action o la r gle doit tre suivie avec effort et d autres o elle est simplement l et connue en continuit avec les actes du petit Le cadre de l cole est ponctu d appuis avec lesquels l enfant sait qu il y a une relation d autorit Mais il ne pense pas constamment la nature autoritaire de cette dynamique d interaction Elle est simplement normale dans le sens d H Garfinkel c est dire routini re conforme aux us et coutumes table Cl ment reconna t que dans la cour ce n est pas son copain Gabriel qui commande Et c est avec un ton d vidence qu il assure Ben non c est la ma tresse Il croit que c est lui qui peut commander Cl ment s en remet hors situation positionner l tre souverain la ma tresse plus d cisive que Gabriel de la m me fa on que l
7. crayon pour r crire RYAN en bas de la page de notre carnet Lorsque nous crivons le pr nom de Fanta Manelle observe et s crie Pas un point Pour cette derni re encore nous faisons des boucles Elle rit Manon s exclame face notre fa on de tenir notre crayon Faut pas crire comme a Elle nous montre soigneusement le geste accomplir avec les doigts Aussi nous ne devons pas mettre notre crayon dans la bouche Nous ne devons pas dire ouais mais oui Les enfants nous vexent en soulignant des attitudes erron es qu un adulte n expliciterait qu avec fact pour viter de nous offenser E Goffman 1974 Il est sommaire d interpr ter de telles remarques comme un pur reflet des r gles de conduite et des pratiques que les parents et les enseignants inculquent aux enfants Ce qui nous interpelle consid rablement dans ces nonc s c est d abord la finesse du geste indexical des enfants sur nos faits et gestes Nous avons oubli que nous n avons jamais su tenir notre crayon pour tisser des mots en attach qui il est vrai ne sont qu une succession de petites boucles Et lorsque nous prenons des notes nous ne voyons pas ce geste m canique qui ponctue nos pages de microscopiques d fauts Il est comme si les yeux des enfants s prenaient de tout c est dire du rien Comme si ces yeux se cognaient la moindre petite parcelle de r el pour l immortaliser dans la parole Les enfants on
8. de trop dans cette liaison clairvoyante de l il et du r el Cependant en situation d observation ne prendre en notes rien que ce qui est l est un effort pour notre regard qui ne peut naturellement sortir de sa condition d adulte ordinaire imbib de grossi res et aveuglantes cat gories Ainsi avec les enfants nous sommes loin d agir en ethnographe id ale qui sait les entendre et leur parler C est l acuit de nos notes qui nous montrent comment sont les choses et quel point notre fa on d tre avec les enfants est idiote et banale Ces notes ne formulent pas un savoir sur l enfant comme par enchantement Avant tout elles nous apprennent ce que nous savons d j mais que nous ne voyons plus Le familier d un monde s effrite mais ce monde reste toujours le m me Ce qui appara t est une mani re sp cifique de l treindre Les enfants Et le voir devient revoir 24 Entendons le bien une prise de notes infime ne s prend pas de tout et n importe quoi Les pages de notre carnet de notes se ponctuent d tres humain ou mat riel avec lesquelles la pr sence de l enfant est en lien d une mani re ou d une autre en situation Beaucoup de ces choses nous semblent d abord impertinentes jusqu ce que nous comprenons que pour les enfants comme pour nous il n y a pas de savoir essentiel qui doit pr exister ces diff rents fragments de r alit Tout est une question de savoir d cr
9. n avons pas la bonne grammaire pour crire la m ticuleuse pluralit qui se joue entre deux lin aments enfantins Est ce que les adultes sont plus pr visibles C est qu au quotidien nous les voyons les grands Nous d chiffrons leurs attentes Nous sommes consciencieuses de ne pas les heurter Nous regardons comment nos nonc s les provoquent Nous sommes leur hauteur Nous avons maintenant la certitude de notre aveuglement sur l enfant Affligeante fissure pour un passionnant renouement Il est inutile et partiellement erron d affirmer que les enfants poss dent leur propre savoir Premi rement tout le monde sait que les enfants ont leur monde eux mais ce monde personne ne s puise v ritablement le regarder puisqu il doit voluer Puis de la m me mani re que pour tout humain il est impossible d puiser ce qu est ce savoir dans sa totalit Enfin les enfants vivent dans un monde d enfants mais aussi un monde d adulte Une fois la conscience de familiarit rompue nous rep rons des cat gories sp cifiques aux enfants qui nous frappent d autant plus lorsqu elles nous concernent tel un pincement d tranget au plus proche de nos contours Sommes nous une fille ou une maman nous demande Lison Nous ne sommes pas une maman donc nous sommes encore petite affirme Cl ment Nous retrouvons une forme de pens e par couple qualifi e de syncr tique par H Wallon et propre au stade de pe
10. personne est elle capable de dire ce qu elle sait au del du fait que c est normal ou anormal Comme l lucide J Searle ou L Wittgenstein il n y a pas de savoir que c est a qui r side de fa on pr tablie a L adulte n a donc aucun moyen d apprendre l enfant ce que sont les choses avant de se rapporter ces choses non pas en elles m mes mais dans leur usage en situation parce que comme pour tout humain faire comprendre un langage de quelque mani re que ce soit pr suppose d j un langage Et que dans un certain sens l utilisation du langage n est pas mati re d enseignement c est dire n est pas enseigner par le langage comme on peut par exemple apprendre jouer du piano par le langage Ce qui ne veut rien dire d autres que avec le langage je ne puis sortir du langage L Wittgenstein 1984 55 6 Nous nous trouvons incapable de r pondre Arthur qui nous dit que nous ne pouvons pas noter les arbres parce que les arbres tout le monde les conna t et nous ne pouvons pousser notre r ponse plus loin que a je sais lorsque Billie nous demande T as marqu cole inqui te 7 knowing that J Searle in F Cl ment et L Kaufmann 2005 35 de savoir si je me souviendrai que c est une cole Il ne nous vient pas l esprit de discuter avec Arthur sur le fait qu en effet tout le monde sait reconna tre un arbre ou d expliquer
11. qui a perdu sa chaussure Camille sait que dans la cour nous avons la capacit et les ressources au moins par notre forme de grande de r guler les actes des enfants Cette connaissance est int gr e dans son ordonnance du monde Nous sommes en partie l pour a Autrement dit l autorit est le devoir d agir pour et sur La v rit est simplement un regard index ce qui est Cette derni re d finition prend sa consistance dans un autre type de familiarit rompue Selon l nonc de certains enfants il nous semble d abord qu il nous est attribu un certain savoir omniscient sur leur monde familier qu il nous est ph nom nologiquement A Piette 2007 impossible d acc der Ce constat est contradictoire avec l indication des enfants sur ce qu il est pour nous vident que nous sachions Tu te souviendras que c est une cole Manelle affirme que nous savons o est sa maison Lorsque nous non ons Mathilde que nous crivons tout ce que nous voyons et ce que nous entendons pour tout savoir l enfant est tonn e tu ne sais pas avant de nous lancer On dirait que tu comprends rien quand nous lui demandons de nous r p ter le pr nom d un enfant En fait contrairement la cat gorie cole qui est de l ordre du savoir que aucun rep re humain ou mat riel se traduisant directement dans la cour de r cr ation par l indexicalit cole la maison de Manelle le pr nom d
12. raison papa et maman ils sont m me pas d accord avec toi Il ne se lavera pas les mains Soit deux jours durant nous ne parvenons pas faire agir Cl ment parce qu il sait d j comment agir Nous sommes chez lui dans son intimit et l imposition trang re est une agression Certes se laver les mains avant de se mettre table n est point de notre invention et il est fort possible que Cl ment l ex cute la maison et l cole Le probl me est la mani re dont nous explicitons le devoir qui bouscule le cours d action habituel de Cl ment dans son cadre le plus familier Notre justification tu dois m ob ir c est moi qui d cide est erron e parce qu il n y a rien d vident ce que Cl ment suive ce que nous lui inculquons Il n y a pas de figure d autorit sp cifique qui ne tienne que par la forme de grande ou un r le de nounou Le lendemain notre l g re description sur les microbes est trop loign e de la situation pr sente Nous n avons simplement pas raison parce qu il n y a pas de raison entourant notre pr sence qui signe et normalise le fait qu il faut se laver les mains avant de manger Il est diff rent en ce qui concerne la pr sence des parents qui m me absents constituent des rep res immanents dans la maison de l histoire v cu avec les enfants aux objets les plus discrets Ce sont ces m mes appuis qui instaurent ce que nous nommons l autorit ou le fait de faire
13. Billie pourquoi nous n oublierons pas que l cole est bien une cole N avons nous pas d j toutes les peines l gitimer ces v rit s d un point de vue scientifique En revanche le savoir des adultes peut s expliciter par la voie de comment est a et comment faire a 8 En effet nous aurions pu r pondre Arthur que notre travail de notes n est pas un inventaire de ce qui est mais une 1 description soit comment c est Il est possible que nous notons arbre mais en tant qu arbre pr sent d une certaine fa on un certain endroit avec d autres choses De m me nous aurions pu nuancer Billie et lui dire que nous sommes ici pour conna tre ce qui a cours dans cette cole l pr cis ment et que si nous ne savons pas que l cole XV est une cole notre acte d criture n aurait simplement pas lieu Mais nous ne faisons que sourire ou abandonner la course la clarification langagi re avec ces enfants parce que nous ne sommes pas habitu es bousculer ce point nos arri res cognitifs Nous ne savons pas que nous savons qu un arbre est un arbre ni comment nous percevons le monde autour de cet arbre et comment nous devons agir avec lui parce que le plus g n ralement nous sommes entour es d tres humains qui ne savent pas non plus qu ils savent Alors ce type de raisonnement demeure en arri re plan J Searle H Garfinkel par un processus trange mais vital de l thargie cognitive P V
14. Les enfants l aube d une Anthropologie existentiale par Leslie Juillet R sum L article propose une fa on de voir les enfants pour clairer une fa on sp cifique d tre humain Il s agit d un regard simple ne s accommodant que de ce qui est ici et maintenant Mais l observateur adulte devra se d m ler la fois des principes aveuglants des sciences sociales et des entours de son ordinaire pour acc der aux petites choses des enfants qui font c tes c tes la grandeur de leur monde Il ne s agit pourtant pas d un autre monde mais d un monde surpass et oubli En quelque sortes les enfants nous apporte une le on d existence qui porte l aura des retrouvailles humaines Une anthropologie Mots cl s anthropologie enfant tre voir d crire situation m thodologie de l infime yeux verbaux attention Introduction Les enfants ne sont pas absolument notre th me de recherche Parler des enfants peut mettre en p ril la consistance vivante qui se v t sous le chapeau de cette cat gorie des formes humaines sp cifiques Adultes comme enfants les hommes des sciences sociales sont avant tout des th mes Et les th mes ont ceci d affligeant d aveugler avant de voir Ils crasent l tre humain au nom de l intelligibilit partag e d un collectif A Piette 1996 Nos travaux ne pr tendent pas non plus dresser des limites sur l humanit de l enfant Incontestablement l enfant est un humain Mais comment l
15. allent dans les contours de la figure de participant Anna pose sa t tine Mathilde d noue des gestes de son corps pour les d ployer vers les autres et la table Toutefois si pour les deux fillettes l encha nement d une figure d action une autre de l enfant seul l enfant collectif suit le m me processus leur attention respective sur leur environnement progresse diff remment un certain moment Le temps libre est dispos de fa on ce que les enfants se d placent avec souplesse d objets en objets L activit de lecture c t de la table de Mathilde et Anna est donc un rep re port e physique et naturelle des deux enfants Et l attention de celles ci sur les jeux pourtant intense suit ce cours routinier sans qu elle soit arrach e ou d tourn e Cela explique que le changement d activit des deux fillettes s accomplisse sans modification de leur vitalit Au seuil de la s quence de groupe Anna perdure dans le m me rythme focal et corporel et continue ainsi jusqu au bout de la situation de description Aller poser sa t tine ne constitue pas de v ritable c sure dans l attention qu Anna porte son environnement En revanche l volution de la posture de Mathilde est un indice de d cryptage sur les autres et les choses pr sents dans la situation de lecture Autrement dit Mathilde a d avantage besoin de rep rer les l ments qui l entourent regarder et sourire Jules se mett
16. ant qui demande tre cout et une figure d l ve qui r pond cette attente L il de J Dewey est th orique parce qu il g n ralise un profil de situation d pourvu d acteurs singuliers lui compris vus dans un ici et maintenant Mais l il de J Dewey a la fibre empirique parce qu il sillonne travers diff rentes modalit s d tre qu il nous d voile simultan ment L criture de l auteur est un lan qui nous am ne dans un premier jet surlign en bleu la parure de l enfant ad quate au c ur de l enjeu de l attente et de la r ponse L enfant apprend sa table de multiplication et la r cite convenablement La position du ma tre est honor e Et en s appropriant le m me temps d action les mots de l auteur basculent vers un autre horizon surlign en vert tel un d fi du visible l int rieur de l enfant les pens es les sentiments Enfin la plume de J Dewey pr cise le lien entre les deux focales surlign en rouge qui organise la survie de chacune c est dire la capacit de l enfant synchroniser un int rieur et un ext rieur de fa on ce que l un ne d borde pas sur la pertinence de l autre L il l oreille et la bouche de l enfant et le tout qu ils articulent sont un pont qui calme la c sure entre l apparence imm diate et la pens e J Dewey nous invite prendre ce pont pour acc der l invisible par le visible20 L interaction appara
17. ants partagent adh rent L impertinente c est nous Il nous manque quelque chose si ce n est qu un lien entre deux inf rences une trame interactionnelle La rupture se prononce lorsque nos actes langagiers face aux enfants tombent en d su tude la surface de leur r ponse gestuelle ou verbale Un sourire non rendu Une posture accueillant un enfant qui vient vers moi mais qui ne vient pas Trop d inqui tude et de suspicion face aux bonnes intentions de Cl ment dans l ascenseur Ben oui comme a tu peux te reposer et comme a tu seras pas fatigu e Et puis il y a ce coupable sentiment que nous ne satisfassions pas leurs attentes Le d senchantement dans les yeux de Youssra et cette remarquable prise de conscience par Elsa dont le comment tu le sais signe le flagrant d lit de notre inertie interactionnelle alors que nous r pondions m caniquement oui Nous on a une maison la campagne On est en train de la vendre Et non nous ne le savons pas Tout comme nous prouvons une grande peine trouver les mots ad quats pour d crire les enfants c est dire les faire passer dans les yeux du lecteur tels que nous les voyons Comment exprimer sur un m me visage l agacement et la lassitude Comment retranscrire qu un enfant fait des allers et retours de petits pas sur une courte distance Il ne fait pas les cent pas comme l adulte ce n est pas la m me nergie la m me mani re Nous
18. aque tre humain mat riel et imaginaire pr sents en situation nous utilisons galement le terme la fois large et restreint de contours qui 3 Nous nommons m thodologie de l infime un il subtil et empirique sur les petites choses Cette fa on de voir est d ploy e au long de l article ponctue d indices spatio temporels le cadre de description Alors que terrain interpelle une plage lisse et homog ne de pratiques contours introduit l il diff rentes mesure de substances sur la m me surface d activit Cependant les contours d ici ou l sont multiples infinis et enchev tr s Qu avons nous appris apr s plusieurs mois pass s dans deux coles maternelles parisiennes et partir de notre exp rience continue de baby sitter Nous ne pr sentons ici que quelques points extraits de notre m moire de Master II et qui se cheminent en deux parties articul es avec nos notes de situations L une d ploie le fil pist mologique qui se rompt et se renoue entre les yeux des enfants et les n tres L autre d gage l lan cognitif et interactionnel des enfants avec des hommes et des choses autour de la question de l attention 1 Grandir Une fatalit L approche des yeux verbaux On le sait 22 janvier 2006 cole XV R cr ation Arthur vient me voir Qu est ce que t cris Ce que je vois Arthur effleure l arbre proximit vivement Par exemple si tu vois un arbre t cris que t
19. d indexer des appuis humains et mat riels la place des enfants inhib s alors de la raison Il faut que les enfants aient le temps de d crire de s accaparer la discontinuit des choses avec des ressources actuelles et pr sentes L institution du monde c est ce monde lui m me Ainsi penser l enfant comme un tre qui agit avec un mode d emploi sous ses yeux est d plac Dans la plupart des cas il sait sans tre en train de vouloir savoir Cl ment ne nous entend pas lorsque nous soutenons le fait que dans notre cole il n y a pas de petites moyennes ou grandes classes Plus nous insistons et plus l enfant s irrite il finit par nous crier que je ne comprends rien Nous voyons le d sarroi sur les traits de Cl ment qui se crispent sa voix qui suffoque Notre position de dire ce qui est est une r elle violence Et cela est beaucoup plus intense encore lorsque nous nous employons le contredire sur son univers intime Cl ment pleure et nous lance des yeux hostiles lorsque nous d mentons le fait qu il va d m nager dans quatre jours Plus que ce que certains nommeraient un caprice Cl ment r agit au trouble qu une tierce personne pose sur ses appuis actuels comme quiconque crierait l injustice L enfant prouve le besoin de nous dire les preuves qu il a raison en prenant soin d expliciter dans la premi re situation les liens entre la connaissance de son exp rience et sa connaissance de la
20. e et vicieux s ils sont d embl e per us comme dissemblables Si c est la seconde nous affirmons qu un adulte n est pas comp tent parce qu il ne cat gorise pas le monde de la m me fa on que les enfants En conclusion il n y a rien d clairant que de se heurter trop t t aux questions d apprentissage ou de comp tence Enfants comme adulte savent comment en situation parce que celle ci est pourvue de rep res qui poussent les tres humains aller au del du savoir que dans la description de leur environnement Ce processus de rep rage et de description se nomme en linguistique ou en ethnom thodologie l indexicalit 12 Cyril Lemieux S minaire 2005 2007 l EHESS Attentes normatives et sociologie de l action la notion de grammaire 13 H Sacks 1972 cit par A Coulon 1987 43 L indexicalit ce sont toutes les d terminations qui s attachent un mot une situation Cela signifie que bien qu un mot ait une situation transsituationnelle il a galement une signification distincte dans toute situation particuli re dans lequel il est utilis Sa compr hension profonde passe par des caract ristiques indicatives et exige des individus qu ils aillent au del de l information qui leur est donn e A Coulon op cit 26 Le rep re indexical peut tre un adulte lui m me avec qui les enfants savent comment agir de telle fa on mais l adulte ne peut avoir ce r le
21. e les effleure elle est avec d o la concentration Des extraits de J Dewey J P Sartre P Willis nos descriptions la question de l attention est abord e sous l angle commun de la pluralit L acteur a la capacit de se d tacher de l enjeu de la situation dans laquelle il est pris Toutefois la figure de l l ve de J P Sartre et de P Willis a ceci d inhumain de s engouffrer dans un exc dent th orique de sens Dans leur propos soit l attention trop vif du monde se rel che soit elle se d tache pour se poser dans un processus d intention de volont et de strat gie parall le L tre socio culturel joue peut tre ainsi sa vie chaque seconde mais il n en est rien de l tre humain Nous ne savons pas quel ge a l l ve de J Dewey mais n est il pas un peu trop adulte L enfant est ici capable de r pondre aux attentes des autres en se lib rant du poids de cette m me obligation Le lien entre l int rieur et l ext rieur qu est l attention s en trouve all g et permet celle ci de vagabonder L Homme est toujours ici et ailleurs en m me temps lui m me et un autre 1996 147 r sume A Piette dont les th ses parcourent largement ce mode de pr sence sp cifique l tre humain le mode mineur qui approfondie la pens e de J Dewey et tablit l quilibre entre celles de J P Sartre et P Willis Entre l indiff rence et le fanatisme la situation se r gule da
22. erein et informatif Tu sais Leslie si un jour tu veux devenir une maman il va falloir que tu grandisses Je ne suis pas une maman mais je suis quand m me grande pourquoi veux tu que je grandisse encore plus T es pas encore une maman alors t es encore petite faut que tu grandisses encore plus faut que tu manges c t d Aur lien la fois s rieux w w La voix de la raison sous tension a Automne 2006 Baby sitting De retour de l cole j ouvre la porte de l immeuble Cl ment me demande les yeux intrigu s Pourquoi c est pas toi qui viens nous chercher le lundi soir Parce que je suis encore l cole Et le lundi j ai cole jusque tr s tard Cl ment me regarde un instant d un il suspicieux et esquisse un petit sourire Tu dois tre dans cole pour les tr s grands alors Oui c est un peu a a fait d j longtemps que je vais l cole Mais certains peuvent arr ter avant si ils veulent Cl ment les yeux pliss s Et tu es en petite en moyenne ou en grande classe Non moi a ne marche pas comme a Je n ai pas de petite ou moyenne classe on a plusieurs classes et on peut choisir Cl ment fronce les sourcils et sa voix s emballe Mais non Regarde moi dans mon cole y a une petite une moyenne et une grande classe Donc toi je te demande si tu es dans une petite moyenne ou grande classe Oui Mais a ne fonctionne pas toujours comme a les coles Dans le
23. es pr sents Ainsi les tres perdurent au del d une pure action ou d un processus Et nous pouvons parler d existence Et la fleur de celle ci commence d j par le regard qui fr le sans encombrer Nous n approuvons pas le terme terrain qui vulgarise la recherche par un type d espace temps et qui risque de capturer les ballades d une atmosph re tendue de l esprit d un enfant la trace convulsive qu est cet crit Nous n avons pas d autres appuis empiriques que la surface d activit descriptible sur laquelle se situent les acteurs et leur environnement ici et maintenant Notre premi re d marche est donc de prendre la situation comme unit spatio temporelle Les situations asseyant notre texte sont avant tout des s lections de bribes de r alit par les observ s et nous m me Eux et nous partageons un instant et au moins en partie la m me ordonnance du monde Nous n avons pas le pouvoir de poser des limites strictes de d but et de fin aux situations Par exemple dans la cour de r cr ation les enfants disparaissent de notre champ de vision en un clin d il et comme un contrat d apparence nous ne pouvons suivre en courant la ligne situationnel de chacun L unit de situation se scande encore en s quences d actions dont la focale plus resserr e laisse place de fa on plus confortable la visibilit des ph nom nes d encha nements Afin de ne pas nuire au prestige de ch
24. est la maman de Cl ment par rapport nous Pourtant dans la situation de jeu d crite par Cl ment la ma tresse n intervient pas et ne dicte pas de conduite suivre Elle est pr sente dans le dispositif m me de l cole et ce simple indice limite la capacit de 11 Gabriel faire agir Cl ment dans la cour de r cr ation Dans son acte de raconter au moins Cl ment se rapporte la ma tresse parce que les faits et gestes de Gabriel rendent probl matique ses actes de jeux Outre cela et notamment dans la cour de r cr ation les enfants ne conscientisent pas la ma tresse au dessus de chacune de leurs actions Elle est assur ment l mais plus ou moins visible selon le cours d action Le savoir comment des enfants ne s nonce pas uniquement dans des moments de justification de derni re instance Dans de nombreuses situations nous sommes frapp es de voir comment les enfants nous corrigent en nous montrant la ligne droitel4 suivre c est dire ce que nous devrions faire selon leur propre capacit d crire les choses Dans la cour de r cr ation les enfants valuent notre acte de prise de notes Notre criture est suspicieuse Nana ne reconna t pas son pr nom qu elle nous a demand d crire Elle dessine la lettre N avec son doigt et nous dit c est comme a Apr s nous avoir galement demand d crire son pr nom Ryan s tonne de notre criture en attach e et prend notre
25. et s ternise une seconde pour d j se porter ailleurs Ainsi la chose est toujours la fois infime et infini pour l enfant Il n y a point de d tail ou d chelle de grandeurs Cela montre quel point les actes visibles et descriptibles de l enfant c est dire ext rieurs communiquent avec un int rieur proximal Ainsi floraisons int rieures expriment bien le d ploiement d une atmosph re vers une autre sans pour autant l an antir ou l encombrer Conclusion 23 L anthropologie est une simple affaire entre soi et le monde L autre n est jamais autre qu partir de nous Et nous sommes comme les autres quelque part Pour la compr hension humaine il faut savoir se d tacher de l harmonie aveuglante d un soi trop peu suivi et d un monde trop vu Cette rupture ne peut se d cider dans l lan pr cautionneux de la science Elle se vit et se suit La fibre pist mologique ne peut se d coudre de nos lignes parce qu elle seule les formule Nous pouvons toujours voir des enfants Nous n apprendrons rien si nous ne nous voyons pas en train de les voir Si C L vi Strauss pr sente l anthropologie comme un triangle ethnographie ethnologie anthropologie nous la d clarons en cercle vertueux que tracent galement trois tapes Nous partons de nous adulte ordinaire pour voir des enfants qui nous ram nent nous tre humain Alors nous pouvons suivre cette terminaison de fa on claire et o
26. eu de reflet th orique 22 Notre description E parcourt deux temps diff rents dans la classe de Mlle L mais qui s encha nent quelques minutes d intervalle Suivons principalement Anna et Mathilde Pendant le temps libre les deux fillettes agissent premi re vue de fa on similaire Toutes deux quittent brusquement une activit pourtant concentr e pour se d placer ais ment vers une autre sans qu un stimulus particulier ne soit visible En effet cela fait d j quelques minutes que la stagiaire lit son livre et il n y a pas d objet pour les interpeller exactement au moment o chacune se d place Anna pose sur la stagiaire et le livre une attention aussi intense que celle qui pr dominait son visage face au puzzle quelques secondes auparavant Subitement et de fa on tr s fluide encore Anna va poser sa t tine dans la bo te pour revenir se concentrer sur l activit de lecture Quant Mathilde sa posture se fait plus h sitante et tendue une fois qu elle rejoint le groupe d enfant autour de l histoire Elle touche ses v tements sourit Jules Lorsque ses l vres bougent et prononcent trois elle s ins re dans l enjeu collectif de participer et de r p ter tout en rapprochant son corps des autres et ses mains de la table Il est frappant de constater comment en rejoignant l activit de groupe Anna et Mathilde op rent au d tachement du plus intime L Th venot 2006 et s inst
27. eyne A Piette Et que l homme y tient cette tranquillit insensible Par des exercices de provocation des arri res plans dans le cours de sc nes quotidiennes H Garfinkel 2007 chap2 d voile comment l acteur attend que son partenaire d interaction le comprenne sans avoir besoin d expliciter le sens de ses expressions langagi res Le d faut de compr hension commune de l un irrite l autre qui ne tarde pas s interroger sur la sant mentale du premier Si cet autre est un enfant on lui pardonne volontiers ses maladresses normalis es par son statut d tre en apprentissage Nous ne pouvons nous satisfaire de cette assertion aveuglante L enfant chatouille au quotidien les perceptions du monde de l adulte et trop peu s appr tent le voir ou l entendre comme un message s rieux et actuel Commen ons donc par reconna tre que les situations ci avant ont pour point commun d tre travers es par une asym trie anguleuse entre deux paons d humanit Autrement dit la mise plat par l criture de ces changes langagiers laisse appara tre une large fissure entre les enfants et notre regard affut mais g n ralement insouciant en situation La familiarit rompue E Chauvier 2006 12 Comment se fait il que les enfants mettent exactement le doigt sur le sommeil de notre intelligibilit Quel regard ont ils pour voir ce point le tacite de l adulte Il nous semble que 8 knowing h
28. fant Et la fa on d tre de Mathilde par exemple qui laisse appara tre l esquisse d un processus de rep rage et de d cryptage ne fait pas d Anna une exception L attention des enfants se balancerait entre un minimal de savoir comment et la focale d une description vive Autrement dit les choses sont la fois connues et reconnues Est ce que ces m mes choses d tiennent une hi rarchie de choses qui ferait de la plupart des petites choses impertinentes aux yeux des enfants Souvenons nous ces yeux s prennent de tout c est dire du rien Nos descriptions r interrogent aussi l existence du d tail dans l environnement des enfants Au cours de nos situations d observations les enfants ne font qu veiller ce qui est pour nous d tail D les nuances de notre collier une griffe sur notre doigt jusqu pr sent inconnue ces petites absurdit s qui nous appr tent formuler tonn e un ce n est pas grave ou on s en moque de a Dans le parc l il de Cl ment pouse un un les l ments qui l entourent pour en faire un centre d attention vigoureux Vigoureux mais fragile car le voici d j ailleurs Non pas dans l ailleurs de la distraction loin d ici de ce qu il se passe L ailleurs de la chose c t Le g n ral et le particulier s galisent Aux yeux des enfants le d tail n est pas Est ce que cela signifie que les enfants se laissent submerger par leur environneme
29. ignes de col re et d exigence de l enseignante Nous sommes d ores et d j dans un processus de sanction et nous craignons son volution L interaction d s quilibr e a un go t de trag die Les autres jours avec cette m me enseignante nous pouvons avoir peur couter apprendre ex cuter et nous distraire Ainsi nous pensons que l l ve de J P Sartre est install dans la m me torpeur que celui qui pense qu il pense c est dire un investissement surhumain et anachronique Le d tachement du centre de l action n est pas la cons quence d un exc s d attention mais simplement une modalit de pr sence c t d une autre qui appartient la capacit d tre l l ve enfant et humain qui entrave le moins possible les attentes d un environnement inscrites dans des r gles et habitudes qui ne sont plus susceptibles d tre d finies au quotidien Alors tre un l ve attentif n est pas un r le trompeur de r alit ni une repr sentation frauduleuse E Goffman 1973 a 61 mais simplement la continuit d une comp tence interactionnelle et cognitive La description de P Willis C peut faire chos la distance au r le d E Goffman c est dire sur le fait que les r les situ s permettent des expressions non pertinentes E Goffman 1961 21 la diff rence des extraits pr c dents l l ve ne se maintient plus dans une figure ad quate au cadre normatif de la classe
30. ion de comment sont les choses ne d finissent pas une red couverte de cette chose Ils repr sentent un savoir partag par les enfants Le suivi de la vitalit entre l enfant et son monde laisse appara tre sa capacit s appuyer sur des tres pr sents qui non pas r duits une simple pr sence physique sont des rep res signifiants que l enfant n a nul de besoin de d chiffrer une nouvelle fois L existence de ce savoir et de ce processus de rep rage te le doute sur un ventuel int rieur de l enfant De m me les tres imaginaires et leur consistance r elle partageable signe une laboration cognitive sp cifique chez l enfant Le paradoxe est que l enfant n installe pas sa connaissance stable du monde dans un rapport d habitudes ou de familiarit z ro A Piette qui loignerait ou distancierait probablement d avantage l enfant de son environnement Le petit tre se concentre intens ment sur les diff rentes formes qui l entourent alors m me qu il les conna t et qu il se d place facilement de l une l autre Toutefois cette vitalit la fois intense et ais e se donne voir si l on sait mesurer et voir le rythme entre les diff rents mouvements de l enfant En effet notre clignement d il est susceptible d ignorer la liaison intense ou le geste fluide Autrement dit l attention que l enfant porte son monde se qualifie comme la fois vigoureuse et fragile Elle vit
31. ire propre chaque situation Ainsi nous appara t les yeux verbaux des enfants c est dire une capacit s prendre et dire les choses de leur environnement comme elles sont et comme elles viennent selon les situations De fa on inattendue la capacit indexicale des enfants pousse au plus loin l infime du monde Les enfants font revivre nos choses cristallis es dans les lieux sourds et aveugles de notre savoir commun adulte Une telle prise du monde s installe dans un rythme sp cifique de mouvement et de d placements entre les diff rents tres sur la surface d activit Sous l gide d une seule seconde l enfant accumule des petits actes qui laissent para tre des liens tr s intenses et nergiques entre chaque particule de leur environnement D ailleurs notre prise de note traduit bien quelques vides entre deux actes d un m me enfant et prend la tournure d une course folle apr s le temps qui s coule De l nous nommons notre description la tempographie plus la hauteur des enfants que le rapport des contours structuro culturels qu est l ethnographie Les brins de temps que laisse passer la fa on d tre des enfants ne se soucient gu re de l ordre des choses Ils passent en masse entre les objets et les hommes petits ou grands Il faut tre face aux enfants pour penser cette transcendance du temps qui passe et continue et qui n est rien d autre que la vie Cette d livrance nous la nommo
32. l 4 n 2 pp 131 138 Sartre J P 1943 L tre et le n ant Paris Gallimard 1976 Th venot L L action au pluriel Sociologie des r gimes d engagement Paris La D couverte 2006 Veyne P Les Grecs ont ils cru leurs mythes Paris Editions du Seuil 1992 Wallon H 1945 Les origines de la pens e chez l enfant Paris PUF 1963 Watson D R Cat gories s quentialit et ordre social Un nouveau regard sur l uvre de Sacks in Raisons pratiques n 5 L enqu te sur les cat gories De Durkheim Sacks 1994 Wittgenstein L Remarques philosophiques Paris Gallimard 1984 26 2T
33. l et bien social Entendons le bien notre critique de l acteur socio culturel n est en rien une r pudiation du social Nous reprochons aux diff rentes focales des sciences sociales de construire d embl e leurs objets sur des acquis conceptuels que sont les relations entre des cat gories d tre avant de voir l tre en lui m me L ethnologie avant l heure est donc inutile L tre n est jamais seul et toujours d j en lien avec d autres que sont la r gle autrui l objet l imaginaire Mais il nous importe de le voir comme particule avant de le voir comme lien Le lien relie il n est pas Ce lien est simplement notre d finition du social d muni de pr figures conceptuelles compl tement irr elles sur la surface d activit L tre humain le social et le r el ont ceci de commun de s accomplir en relation ici et maintenant dans un m me lan temporel Il appartient notre m thodologie de l infime de ne pas les superposer ni de les confondre Si chaque particule de r el se d crit dans la mesure du possible dans son tant de chose ou d humanit il d coule un ordre compr hensif de relations sociales En reconnaissant que notre il sur les tres observ s est d j une relation anthropologique par le partage d une m me surface d activit la fa on d tre humain peut se d finir dans la sp cificit qui se d gage un moment ou un autre d une description fine et d taill e des tr
34. ne fatalit 2 L effleurement int rieur ordinaire ou l attention parodaxale A Extrait de J Dewey 2004 25 Un enfant peut para tre enti rement occup apprendre par c ur une table de multiplication et tre en mesure de la r p ter quand l enseignant le lui demande L enseignant peut se f liciter de ce que l enfant ait si bien exerc sa volont qu il se forme de bonnes habitudes intellectuelles et morales Cela est faux moins d identifier habitude morale et capacit de produire certains r sultats sur commande Nous n aurons pas abord la question de l ducation morale tant que nous ignorerons quoi l enfant a t occup int rieurement sur quoi il dirigeait essentiellement son attention ses sentiments et ses dispositions pendant qu il tait engag dans son travail Si le travail ne lui est apparu que comme une corv e il est aussi certain psychologiquement qu est certaine physiquement la loi de l action et de la r action que l enfant est en train d acqu rir l habitude de diviser son attention qu il est en train d acqu rir la capacit de diriger son il et son oreille ses l vres et sa bouche vers ce qui est devant lui de fa on graver les choses dans sa m moire tout en laissant ses images mentales libres de se porter vers ce qui est d un int r t r el pour lui B Extrait de J P Sartre 194316 l l ve attentif qui veut tre attentif l il riv sur le ma
35. notre Regarde moi dans mon cole y a une petite moyenne ou grande classe donc toi je te demande si tu es dans une petite moyenne ou grande classe Et quand Cl ment nous dit Si c est maman qui l a dit a exprime l impossibilit que je nous nous placions comme sachant mieux que ce qui se vit entre sa maman et lui Il nous vient ainsi deux hypoth ses L enfant sait comment sont les choses parce qu elles sont pr sentes et reconnaissables dans son environnement familier Savoir comment sont les choses pour l enfant n est pas directement influenc par l autorit d un adulte Ces postulats troitement li s se pr cisent lorsqu il se pose plus clairement la question du savoir comment faire en situation Lors de nos premi res venues chez Cl ment nous demandons l enfant de se laver les mains avant de passer table Il nous r pond non Nous insistons en vain et nous recourons en derni re instance une formalit qui nous semble dans l instant vident Si tu dois m ob ir c est moi qui d cide mais que Cl ment reformule aussit t Non parce que c est chez moi c est moi qui d cide Il ne se lavera pas les mains Le lendemain face au m me probl me des r gles d hygi ne avant le repas nous sommes moins radicale Nous expliquons Cl ment qu il faut 10 chasser les impuret s sur les mains avant de toucher la nourriture L enfant se d fend d embl e T as m me pas
36. ns e pr cat gorielle des enfants de l ge de Lison et Cl ment 5 ans 10 cette pens e par couple si tautologique qu elle paraisse permet l enfant une certaine diff renciation sur un tableau confus d impressions sensorielles H Wallon 1963 115 1945 Le flou et l incoh rence sont effectivement nos premiers sentiments mais ceux ci ne sont vrais que dans notre regard interpr tatif en premi re instance Notre geste descriptif nous dit que je nous sommes simplement dans une situation de face face avec Lison et une autre avec Cl ment Les deux enfants d finissent comment nous sommes en nous reliant avec des rep res directement perceptibles sur nous ou pr sents dans la situation d interaction Sur ce point nous rejoignons l approche proc durale et contextuelle d H Sacks pour qui les cat gories correspondent des ressources culturelles utilisables par tous les membres d une soci t ces ressources sont publiques partag es et transparentes constituent une sorte de bo te outils utilisable pour donner un sens culturellement standardis aux situations 11 Le d faut de partage entre les deux enfants et nous m mes ne vient pas de fille petite ou grande en elles m mes mais de la fa on dont elles convergent entre elles pour d crire la m me personne en situation Autrement dit nous utilisons la m me bo te mais pas les m mes outils Dans la cour de r cr ation Lison no
37. ns la vitalit qui exprime l nergie entre les enfants et ce qui les entoure Les enfants ne font pas que dire comment sont les choses ils vivent intens ment avec qu elles soient homme objet ou imaginaire L imaginaire a sa forme de r alit parce qu il a sa place part enti re dans l action des enfants qui savent le rendre partageable L tre imaginaire n est pas une texture floue dans les m andres de l esprit des enfants il est juste l entre les yeux verbaux des enfants qui le voient qui le disent et le font vivre Ainsi la fa on des enfants de voir d crire et s articuler avec le r el nous appara t comme un effleurement continu et mouvant de la surface ontologique du monde Les actions des enfants se pr sentent moins comme des formes lisses r pondant un enjeu g n ral que comme une articulation horizontale de petits c t s pris successivement et intens ment avec leurs tres Action est trop lourde et int grale pour des tres proches des lin aments des choses et du temps Il est plus ad quat de parler d existence qui traduit bien une pr sence tenace changeante infime et enti re qui ne laisse pas passer ni s effondrer les particules de pr sence sans les pouser au moins un instant L est le sens de notre anthropologie existentiale naissante la mani re d tre des enfants et notre effleurement m thodologique Le recueil de l infime sur une tendue humaine 25 Bibliogra
38. ns un dosage 21 humain d attention et de souplesse int rieure C est le mode mineur de la r alit 2006 52 En quelque sorte J Dewey met le doigt sur le mode mineur en train de s acqu rir chez l enfant mais qu en est il de la capacit sp cifiquement enfantine C est en suivant l ouverture que permet le mode mineur sur les liens interactionnels et cognitifs de l homme avec le monde que nous voyons appara tre le paradoxe de l attention d Anna La surface du mode mineur accessible l il par la voie des d tails non pertinents dans l action des hommes v t cette m me action d un lan nouveau dans les sciences sociales24 qu A Piette nomme la reposit de l action 2007 Au quotidien l homme se repose sur diff rents types d appuis d j l ancr s sur la toile implicite du savoir d arri re plan et des habitudes la r gle les diff rents rep res de situation l organisation du temps le poids de l histoire biographique et des situations pass es Ainsi l homme conomise les m canismes rationnels de la conscience Il peut dissoudre son attention se distraire et se d ployer docilement de situation en situation dans un rythme fluide L agencement facile d Anna d une s quence d action une autre accompagn d une proximit cognitive avec les diff rents appuis de la situation remet en cause l existence d un mode de pr sence mineur chez l en
39. nt Est ce qu leur yeux le monde ne cesse de s apprivoiser instable et sans pr c dent Le paradoxe de l attention d Anna emp che de nous conforter cette th se Les enfants connaissent d j les choses Mais ils viennent elles 24 Par rapport l homme socio culturel A Piette 22 intens ment Ce n est donc pas qu une question de connaissance mais de reconnaissance au sens propre Le lien entre les tres n est pas un processus de reconnaissance implicite mais une reconnaissance v cue vue et dite ici et maintenant Il est comme si les m canismes de la conscience de l enfant seraient l la surface de l action appr t s pour embrasser le monde Les rouages int rieurs du petit tre nous apparaissent ainsi comme floraison aux interstices de leurs actes Ni totalement dispos s dans des arri res Ni inventer L enfant vif avec un monde de choses Mais ne nous prenons pas trop vite de cette nergie quasi mol culaire Il n est pas un monde o l enfant s installe ind finiment mais un monde sur lequel il s appuie infiniment Le petit ne se charge pas de chaque tre humain objet ou imaginaire dans une angoisse permanente instantan e et utilitaire comme le font certains animaux De m me il ne vit pas en harmonie avec ses choses telle une exp rience imm diate sans anicroche qui se passe de r flexion G H Mead L Qu r op cit 34 35 Les yeux verbaux ou l explicitat
40. osons un certain nombre d l ments pour lire et non plus seulement d crire l atmosph re ontologique et social de la forme de petit Ces pr cisions tournent autour de deux noyaux principaux les yeux verbaux et la vitalit Autrement dit nous appr hendons une forme de savoir des enfants comme processus extr mement fin et explicite de rep rage et de description sur les tres humains mat riels et imaginaires qui les entourent et nous avons un fil suivre pour mesurer l intensit avec laquelle ils s appuient dessus Il nous tarde pr sent d clairer le lien entre les diff rentes formes ontologiques avant de comprendre son agencement Qu est ce qui rattache les diff rents tres entre eux pour qu ils agissent de telle fa on en situation O sont les lisi res entre le savoir comment des enfants et leurs corps en mouvement avec les autres corps L all gorie des yeux verbaux est ad quate pour mesurer les comp tences indexicales des enfants et leur asym trie avec les adultes Or ce n est point de ces yeux que commence le monde des enfants Et nous en sommes bien conscients partir du moment o nous parlons de savoir Il est un savoir qui communique de fa on tr s troite avec l ext rieur mais sa source est belle et bien derri re l cran du regard De l nous osons parler d int rieur Non des fins mentalistes Nous ne sommes pas en qu te du sens logique d une fl che int rieur ext rieur
41. ow idem 9 P Veyne parle plus pr cis ment indiff rence l thargique de l tre humain par rapport aux croyances P Veyne 1992 nous n aurions peut tre jamais eu cette prise de conscience sans la voie de la comparaison Voyons dans la r ponse des enfants asym trique au monde implicite des adultes une ouverture sur leur savoir comment sont les choses et leur savoir comment faire en situation Parall lement nous retra ons l histoire de notre impression de familiarit rompue qui perdure d une n buleuse de sentiments en pr sence des enfants jusqu au format des retranscriptions La premi re corchure na t d un jugement d impertinence sur quelques mots d enfants qui viennent brusquement nos oreilles et sur les pages de notre carnet telle une mauvaise note Que r pondre Tu vas dans un restaurant au milieu d une r cr ation Et tous ces enfants qui nous interpellent silencieusement en nous montrant leurs habits Pourquoi Louis nous dit tout coup qu il a mang des petits pois Ce ne sont pas ces nonc s m mes qui nous troublent mais la mani re dont ils se produisent isol s de tout contexte sous le seul office d un instant ph m re sans avant ni apr s juste faire ou dire cela Nous sommes dans la confusion Les autres enfants non Mieux que a ils savent r pondre confirmer relancer Nous sommes bien seule dans notre d sarroi et notre incompr hension Et ces enf
42. passe petit petit au rire et il va de plus en plus vite Il me regarde et dit Tu sais faire a Oui Alors montre moi Je ne peux pas Je n ai pas le droit d aller sur les jouets Ce n est pas pour les grands Cl ment ne me regarde plus Il se concentre sur son acte de jeux Poign e de secondes Son regard se dirige vers des enfants qui jouent quelques m tres sur un muret en pierre Ces enfants s exclament assez fort et circulent debout sur le mur Cl ment les regarde de plus en plus Un sourire appara t Il se l ve rapidement du jeu et se dirige vers le groupe d enfant Son regard est totalement focalis en leur direction Il sourit Je trouve un bout de papier pour crire Cl ment pose d embl e ses yeux sur ce dernier Il se dirige rapidement vers moi et tente d attraper mon crayon Tu fais quoi Il s assoit c t de moi et tr s appliqu me dicte des paroles de chanson qu il invente Notre ambition n est pas de faire le compte rendu d un int rieur et d un monde ordinaire chez l enfant Nous n en avons ni la pr tention ni les moyens I s agit ici de saisir le lien entre ce qu il se passe dans l esprit des enfants et ce qu ils sont en situation Formuler ainsi c est un dessein qui ne para t pas moins ambitieux voir scandaleux mais nous ne faisons qu avancer dans notre raisonnement sur les fa ons d tre enfant En effet de fil en aiguille de notre compr hension nous disp
43. phie Berthier P 1996 L ethnographie de l cole Eloge critique Paris Economica Chauvier E Anthropologie Paris Editions Allia 2006 Cl ment F Kaufman L Le monde selon John Searle Paris Editions du Cerf 2005 Coulon A L ethnom thodologie Paris PUF 1987 Descombes V Le compl ment de sujet Paris Gallimard 2004 Dewey J 1913 L cole et l enfant Paris Editions Fabert 2004 Garfinkel H 1967 Recherches en ethnom thodologie M Barth l my et L Qu r Traduction coordonn e par Paris PUF 2007 Goffman E La mise en sc ne de la vie quotidienne 1 La pr sentation de soi Paris Les Editions de Minuit 1973a Goffman E La mise en sc ne de la vie quotidienne 2 Les relations en public Paris Les Editions de Minuit 1973b Goffman E Les rites d interaction Paris Les Editions de Minuit 1974 Levi Strauss C Anthropologie structurale Paris Plon 1958 Mead G H 1934 L esprit le soi et la soci t Cefa D Qu r L Pr sent par Paris PUF 2006 Piette A Ethnographie de l action L observation des d tails Paris M taili 1996 Piette A Petit trait d anthropologie Marchienne au Pont Socrate Editions Promarex 2006 Piette A L tre humain Une question de d tails Charleroi Socrate Editions Promarex 2007 Piette A L anthropologie existentiale Pr sence copr sence et leurs d tails Androcom en ligne 2008 vo
44. qui consiste d finir la raison comme ext rieure et disponible C Lemieux Lison et Cl ment ont des raisons de le faire parce que nous avons une forme de grande nous sommes une fille et nous pouvons tre une maman la surface brute du descriptible nous prenons au s rieux cette maxime de L Wittgenstein Je sens que les lettres sont la raison Grund pourquoi je lis de telle ou telle fa on Car si quelqu un me demande Pourquoi lis tu ainsi Alors je justifie par les lettres qui sont l op cit 169 Actuellement ce n est donc pas un d fi d apprentissage ou de comp tence C est simplement comment sont les choses H Sacks lie troitement la d finition de cat gorisation avec celle de comp tence C est ainsi qu il faut entendre l expression cat gorisation moteur de l apprentissage de notre vie en soci t un membre comp tent cat gorise le monde de la m me fa on que ses semblables 13 Par rapport aux enfants devons nous comprendre de cette d finition que les adultes ne sont pas les semblables des enfants Ou bien est ce que les enfants ne sont pas comp tents sur un seuil d apprentissage et que c est pour cela qu ils ne cat gorisent pas le monde de la m me fa on que les adultes Si la v rit d H Sacks est dans la premi re question nous r pondons que les enfants et les adultes sont amen s se comprendre au quotidien et qu il est donc probl matiqu
45. r la ma tresse fronce des sourcils autoritaires et dit d une voix l g re On a dit que a ne correspondait pas la couleur des habits La ma tresse commence la comptine des jours et des couleurs et directement les enfants la suivent J entends une voix enfantine d une vingtaine d l ves EN Un gar on se retourne tr s furtivement Je saisis le regard qu il me lance et un sourire coquin Dounia me sourit franchement en tendant son doigt vers moi Encore elle est assise moiti par terre puis se rassoit sur le banc Elle tire ses bras en arri re l aide du dossier du banc 18 Nous scandons l encha nement des situations dans la classe en diff rents temps Le temps libre est un moment d accueil chelonn des enfant Ici les enfants d ambulent leur guise travers la classe et son dispositif d objets Nous nommons temps du banc le regroupement des l ves par la ma tresse sur trois bancs dispos s en U Il est propos aux enfants de s exprimer avant d accomplir de petits exercices 15 F Printemps 2006 Baby sitting Je suis assise sur un banc dans un parc am nag avec des jeux pour enfants Cl ment joue seul quelques pas de moi Il se balance sur un jeu ressort Actif sur son jouet il regarde ce qu il fait ses mains qui tiennent le jouet Il sourit Puis il enl ve ses mains et se balance en prenant appui uniquement sur ses pieds et se met l g rement debout Le sourire
46. rdonn e Le verbe voir ou regarder est r current dans l article parce que nous n avons rien d autre faire L emprunte critique sur nos lignes montre la fois comment le savoir des sciences humaines et sociales sur l enfant est une question de focale et comment la r ponse est en d saccord avec la r alit Aurions nous donc la pr tention d avancer une m thodologie du r el Il n y a pas de faux ni de vrai regard face la profusion in puisable de formes humaines et mat rielles Mais peut tre pouvons nous commencer par reconna tre l tant de ces formes sur une surface visible et descriptible dans la mesure du possible Nous reprochons aux observateurs de parsemer de concepts la r alit de leur objet avant de voir l objet lui m me simplement l pris dans le mouvement situationnel et temporel avec d autres objets Autrement dit lorsqu il s ouvre sur le monde l il n a aucune raison de voir d embl e des processus des m canismes des codes des valeurs des strat gies de la rationalit ou de la volont Notre m thodologie de l infime a pour principe premier de ne s prendre que des tres l ici et maintenant au fil des contours toujours plus fins et plus absurdes Le regard anthropologique commence donc par la reconnaissance et la description de multiples formes de pr sence dont il fait lui m me partie parce que simplement tout aussi Le terme m me de m thodologie est
47. re en place encore au moment de participer au lieu de s appuyer d embl e dessus la fa on d Anna La forme d attention d Anna demeure toutefois 22 Face au deux auteurs nous pouvons confirmer qu il ne suffit pas d accoler un terrain son propos pour se faire porte parole du r el Toutefois l extrait C nous conforte dans l id e qu il est primordial pour l observateur et au moins pour saluer ses ambitions philosophiques d tre l avec voir sentir et ne pas comprendre 23 Nous pr cisons nouveau notre sens de naturel inspir d H Garfinkel conforme aux habitudes 19 paradoxale Comment se fait il que l enfant est prise dans l lan paisible des habitudes ou la reconnaissance imm diate des rep res de situation en soutenant une concentration in branlable Continuons de suivre Anna jusqu au temps du banc ce moment de regroupement collectif dirig ouvertement par Mlle L L encha nement des mani res d tre de l enfant ne nous laisse pas sans r ponse L il et le bras de la ma tresse articul s avec Anna et la porte ou la bo te objets rappelle la r gle institu e de se d barrasser de ses objets personnels avant le temps du banc et Anna bascule tr s facilement du banc la bo te et de la bo te au banc sans alarmer personne En effet pendant que le bras de la ma tresse se d ploie vers Anna il s ensuivent des mots et des gestes envers les autres enfant
48. resse aurait interrompu le cours de son change avec la vingtaine d enfant pour se focaliser plus intens ment sur l attitude d Anna et lui rappeler la r gle suivre La ligne d action d Anna est donc prise dans un lien fragile avec l enjeu de la situation de groupe parce qu elle s articule directement avec la celle de la ma tresse En revanche le coup d il du gar on demeure p riph rique la situation parce que sa pr sence n est pas imm diatement sollicit e pour l interaction collective Cependant il se doit d tre l assis avec les autres et le fait qu il se retourne tr s furtivement pointe sa capacit ne pas s vader physiquement de la pertinence de la situation Mais en d finitive le cours de l change entre Mile L et Anna se fait sans heurt parce que l enfant r pond convenablement l attente de la ma tresse Et qu en est il de la pr sence malencontreuse de la t tine avec Anna en ce seuil du temps du banc Nous aurions probablement fait l hypoth se de l oubli ou de la distraction si nous n avions pas vu que l enfant 20 avait d j d pos l objet dans la bo te pendant le temps libre Nous ne pouvons inventer l intrigue du parcours de la t tine au del de ces trois faits Anna se dessaisit de l objet personnel pendant le temps libre Anna d tient le m me objet dans les mains quelques minutes plus tard dans un temps de classe o les choses per
49. s D un point de vue g n ral ces derniers continuent d tre assis le regard et le corps tourn s vers la ma tresse Le cours du temps ne s arr te pas parce qu Anna se l ve Cet acte fait peut tre l objet de petits regards en coin mais n est aucunement le centre d attention g n ral De m me le gar on qui se retourne furtivement vers nous et qui nous sourit d un air coquin n a aucun int r t pour ce qu il se passe au c ur de la situation Et qui a v ritablement vu ce regard coquin pr cis ment M me nos notes n en esquissent que les contours Nous en avons oubli et l clat et le visage Pr cisons cependant que l acte de ce petit gar on et celui d Anna n ont pas le m me degr de non importance En fait l acte d Anna est une particule consid rable de l interaction de la ma tresse avec l ensemble de la classe Se d placer pour mettre sa t tine dans la bo te objets est une r ponse au geste du bras de la ma tresse aussi fugace soit il La petite ne r fl chit pas sur la signification du geste Instantan ment elle comprend ce qu elle doit faire parce qu elle sait que la bo te est l pour que les enfants d posent leurs objets personnels avant le temps du banc Nous ne doutons pas que l acte d Anna n est pas totalement exclu de l il d j ailleurs de Mile L Si suite au geste de cette derni re la petite fille tait rest e immobile nous pouvons imaginer que la ma t
50. s grandes classes a change Le visage de Cl ment se crispe et rougit Ses yeux se font humides Il crie Mais non Tu ne comprends rien Ce que je dois faire Janvier 2006 cole XV R cr ation Je demande le pr nom d une fillette qui me r pond Fanta Tu peux l crire J cris Fanta Manelle observe la parcelle de page en train de se remplir pointe un tout petit point que j ai fait par inadvertance apr s la derni re lettre A et s crie Pas un point Les yeux pos s sur la page de mon carnet encore Manelle rit l g rement T as fait des boucles Manon se joint nous des brins d herbe dans les mains Elle m observe en train d crire Faut pas crire comme a Manon fait un geste minutieux avec deux doigts C est comme a Je ris Depuis que je sais crire je n ai jamais su tenir mon crayon comme les autres Il en sera toujours ainsi maintenant Manon me regarde tonn e Elle sourit Et renouvelle son geste Moi je le tiens comme a Nous devrions le savoir F vrier 2006 Ecole XV R cr ation Manelle sur un ton vif et affirmatif Tu sais o est ma maison Non Manelle s crie en pointant son doigt vers la cabane en bois ma gauche Si tu sais elle est juste par l juste c t de la maison Les remises en ordre de la ma tresse Janvier 2006 Ecole XV Classe de Mlle L Temps du banc Les enfants racontent leur week end Ale
51. sonnelles sont interdites Anna a donc r cup r sa t tine entre la fin du temps libre et le d but du temps du banc La cause de ce retour reste suspendue Anna prouvait elle un intense besoin ou manque de l objet L enfant habile et strat gique veut elle d fier la r gle tablie par Mile L Ces questions sont hors r el donc hors propos En revanche nous pouvons esquisser le comment de l acte d Anna m me si nous ne l avons pas vu parce que nous connaissons en partie ce qui l environne un moment circonscrit et dispos la bo te objets la t tine la r gle de mettre l objet dans la bo te et sa reconnaissance par Anna Ainsi reprendre la t tine d j mise dans la bo te c est ne plus se contenter de savoir la r gle et donc de la suivre sans effort mais de la d crire ou de la conscientiser une nouvelle fois De l nous pouvons avancer qu Anna est proximit de la r gle mettre ses objets dans la bo te pendant le temps libre Cette mani re d tre avec de Penfant claire consid rablement le paradoxe fluidit concentration du temps libre Ici aussi Anna conna t et rep re les diff rentes formes humaines et formes objet de la situation Elle a donc la capacit de ne pas s inqui ter de la pr sence de ces choses sur son cours d action d o le d placement ais d une s quence d action une autre Cependant Anna ne banalise pas ces rep res de situation Elle les voit ell
52. t des mots apr s la stagiaire et Mathilde prononce trois Elle fait un petit mouvement de la bouche Elle tient le dossier d une chaise son c t droit o un enfant est assis Et elle son autre main sur le bord de la table Tr s vite alors que la stagiaire change d histoire Mathilde fait un demi cercle autour de la table jusqu la stagiaire et se place gauche de cette derni re Puis droite Elle retourne gauche les mains sur deux dossiers de chaises ses c t s Elle bouge une jambe qui sautille l g rement Go La ma tresse tape dans les mains Allez On s assoit sur les bancs Chut Silence Le silence s installe Tr s vite les trois bancs install s en U se remplissent La ma tresse est assise sur une chaise qui fait du U un carr Son regard glisse sur la vingtaine de visages autour de sa personne et elle nonce doucement Comment a va aujourd hui mes petits enfants L il de la ma tresse se pose sur Anna et la premi re fait d embl e un geste avec le bras tr s furtif mais prononc vers la porte D embl e Anna se l ve et va d un pas rapide vers une bo te l entr e de la classe et y d pose sa t tine La ma tresse annonce nergiquement On est mardi aujourd hui jour de la biblioth que De quel couleur est le mardi Anna se rassoit le visage serein Gris entonne une voix enfantine g n rale l enfant qui s est exclam une autre couleu
53. t la plupart du temps15 des yeux verbaux o les mots et leurs choses fleurissent l ext rieur quitte froisser l adulte sur ses mauvaises conduites ce que nous jugerons comme un d faut de fact Mais le tact est une coop ration tacite E Goffman op cit 28 et contrairement aux adultes les yeux des enfants ne sont pas d paisses chrysalides d un monde silencieux Nos actes de mettre notre crayon la bouche et dire ouais am nent directement les enfants l antinomie de leur savoir comment et la r gle qu il ne faut pas faire Chose vue Chose 14 Pour reprendre l image de la ligne droite par L Wittgenstein cit par V Descombes op cit 15 Au moins dans les situations ou l acte de parole est peu r gul 12 dite Les enfants n ont pas de volont ou d inqui tude sur la r gle exercer Ils la savent Et ce sont nos attitudes pourtant discr tes qui rendent pr sent et consistant ce qui devrait tre La perception des enfants ne miroite pas la transparence Elle est fleur de ce qui est l la pr sence Travers e par la contradiction et l aveuglement la forme de grande est donc loin de signifier le monopole de la v rit dans toutes situations Les enfants savent donc diff rencier la v rit avec une certaine forme d autorit C est bien nous que Camille indique par un ton ferme un visage la fois tonn et d concert que nous devons intervenir aupr s de l enfant
54. t notre il scientifique les enfants s attachent des pr sences mat rielles et humaines et non aux gros traits du monde Mais en ce qui nous concerne voir comme les enfants restera une utopie car la premi re trag die veut que nous sommes adulte et que nous ne pouvons pas faire violence en permanence notre savoir commun Nous pouvons cependant retenir comme mod le cette le on des enfants voir et savoir ni plus ni moins La seconde trag die est qu au quotidien des adultes disent aux enfants Qu est ce que tu racontes un arbre a ne mange pas les enfants c est un cauchemar Un r ve Et pendant qu Alexis hoche la t te il y a comme un reste quelque chose de retenue son il vasif qui dit que c est pourtant vrai un certain moment que les arbres mangent les enfants Ainsi va la fronti re entre le petit et le grand Un monde en fleur vers un monde flou contradictoire et r serv Les petits vivent ce qu ils voient pendant que les grands suivent la vie et oublient qu ils le font Dans la foul e la seconde forme demeure aveugle et sourd aux fa ons d tre de la premi re Leur premi re forme Petits et grands vivent dans un m me univers de formes humaines et mat rielles La diff rence est dans l intensit avec laquelle ils s appuient dessus L effleurement pour les uns la mod ration pour les autres Et c est la seconde qui doit s apprendre dans notre coin de monde occidental Grandir u
55. tre les oreilles grandes ouvertes s puise ce point jouer l attentif qu il finit par plus rien couter C Extrait de P Willis 197717 16 Extrait de L tre et le n ant 1943 cit par E Goffman 1973a 38 et 76 17 Extrait de Learning to Labour How Working Class Kids Get Working Class Jobs Farnborough Saxon House pp12 13 cit par P Berthier op cit 52 14 pendant les cours ces l ves manifestent leur r sistance dans une lutte pour effectuer le moins de travail possible t chant de se tenir distance des activit s et des comportements normaux de l cole Il y a parmi les potes une atmosph re d insubordination ils se font une sp cialit d un ressentiment contenu qui sans aller jusqu au conflit d clar s panche en une continuelle gu rilla D Souvenir de ma classe de CM2 1994 L enseignante qui tait aussi la directrice donne mes souvenirs une tournure affolante Il y avait ce m morable moment o elle exigeait que nous restions immobiles un doigt devant la bouche Elle s criait carlate Je ne veux plus rien entendre plus rien voir bouger J tais terrifi e je savais qu un faux pas aurait d impitoyables cons quences Et chaque fois venait se m ler la peur une profonde fascination lorsqu elle rajoutait le visage effroyable Je le vois vos cheveux Je v rifie En m interrogeant sur la possibilit d
56. u vois un arbre Mais tu peux pas car les arbres tout le monde les conna t Louis nous rejoint et pointe du doigt mon carnet T cris quoi l Tout je que je vois Arthur s exclame en s agrippant d avantage l arbre Et ce que t entends Et plus s rieux mais en souriant Tu vois le dessin sur le mur Enfin c est surtout vous qui m int ressent Arthur m observe perplexe Ou on ne le sait pas 10 janvier 2006 Ecole XV R cr ation Billie s approche de moi le visage inquiet T as marqu cole o Non a je sais Oui mais tu te souviendras que c est une cole De impertinence cole XII 10 avril R cr ation Un gar on proximit l ve la t te et me regarde le visage la fois serein et interrogatif Tu vas o Tu vas dans un restaurant e Louis est assis c t de moi et parle les deux mains sur ses cuisses et regarde face lui la t te droite Il poursuit Moi j ai mang des petits pois Ah c est bien t aimes bien a Et j ai mang une cr pe avec du chocolat Esteban ma gauche A ma maison j ai une guitare lectrique Tout coup Louis se l ve et s loigne dans la cour en courant Il s active avec une fille Les deux enfants courent chacun leur tour sur une ligne blanche trac e au sol C Mes maladresses interactionnelles Mars 2006 Ecole XV R cr ation Je prends des notes contre le mur Billie s approche Pourquoi tu
57. une telle qualit je me concentrais sur la fixit totale de mon corps Et mes cheveux un monument d attention in dit sur l chelle de vingt trois ann es E Observations l cole XV Janvier 2006 Classe de Mlle L 3 4 ans Temps libre et Temps du banc Les enfants une ASEM une stagiaire et moi Assise une table Mathilde place attentivement des petites lettres sur un support de jeu c t Jean tient ce support Il est maintenant debout face elle Mathilde et Jean enl vent les lettres Anna est assise face Mathilde les yeux fix s sur un puzzle Je les fixe et leur regard ne se pose pas sur moi Tout coup Anna quitte cette table et son puzzle et se dirige vers la table c t o la stagiaire lit un livre pos au milieu de la table Anna va poser sa t tine dans la bo te objets personnels non loin de la porte d entr e Anna se replace c t de la stagiaire entour e alors de neuf enfants Mathilde fait un autre jeu Elle s est d plac e d une chaise vers la gauche Elle se l ve sans modifier son allure son rythme Son visage conserve la m me concentration Elle se dirige vers la table c t l o est la stagiaire la main sur sa robe Elle se situe l arri re Mathilde croise le regard de Jules et sourit Elle se rapproche de plus en plus de la table Ses l vres esquissent un petit sourire Ses yeux sont pos s sur le livre au centre de la table Les enfants r p ten
58. us voit pour la premi re fois et nous place entre une fille et une maman Elle dispose peu d information sur nous l au milieu de la cour mis part notre forme de grande et notre aspect f minin Cl ment nous conna t depuis plus d un an Nous sommes chez lui table et il me dit qu il faut que nous grandissions si nous voulons devenir une maman Face notre r ponse je ne suis pas une maman mais je suis quand m me grande il soutient T es pas une maman alors t es encore petite Pour Cl ment qui dispose des ressources sur notre histoire 10 Ce stade va de 5 6 ans 9 ans 11 D R Watson Cat gories s quentialit et ordre social Un nouveau regard sur l uvre de Sacks in Raisons pratiques n 5 L enqu te sur les cat gories De Durkheim Sacks 1994 153 nous sommes plus qu une forme de grande Il sait en plus que nous ne sommes pas une maman Nous sommes donc susceptible de changer Nous ne sommes pas la plus grande soit nous sommes petite Et il faut que tu manges rajoute t il Voyez comment nos poncifs adultes nous sont rendus Nous n avons rien corriger aux nonc s de Lison et Cl ment parce qu il n y a pas d erreur Les indices qu ils rel vent sur notre personne son exacts L asym trie de partage se situe dans la mani re de d crire le monde Nous ne nous pr sentons pas ici et maintenant en tant que forme de grande fille ou maman Mais dans notre approche
59. viens toujours ici z C est mon travail Nous on a une maison dans la campagne on est en train de la vendre 4 Nous nommons ces coles cole XII et cole XV Sur l tendue de deux ann es 6 fleur d existence les enfants M moire soutenu l Ecole des Hautes tudes en Sciences Sociales Paris sous la direction d Albert Piette en 2008 Un Oui Comment tu le sais Heu non je sais pas D cembre 2006 Baby sitting Apr s l cole on ne reste que dix minutes la maison pour repartir aussit t car les enfants ont rendez vous chez le p diatre o nous allons rejoindre la maman Dans l ascenseur Cl ment me lance un regard clair Aujourd hui on fait pas pareil que les autres jours Oui ce n est pas comme d habitude a fait du bien quand m me quand c est pas toi qui nous fait manger Directement je me sens vex e Pourquoi Ben oui comme a tu peux te reposer et comme a tu seras pas fatigu e Je me sens tr s petite Etre en volution 02 avril 2007 C est la premi re fois que j apparais dans la cour de l cole XII La d marche h sitante mais la voix assur e Lison T es encore une fille T es pas une maman Oui je suis encore une fille Ben alors pourquoi t es pas encore une maman 25 janvier 2007 Baby Sitting A table je suis assise en face de Cl ment Cl ment mange mais semble r fl chir puis il me regarde et me dit sur un ton s
60. xis parle Je ne parviens pas entendre ses mots Je n entends qu arbre et pantalon Mlle L le regarde en profondeur hausse l g rement les sourcils et nonce sur un ton quasiment affirmatif Qu est ce que tu me racontes Alexis un arbre a mange pas les enfants a mange pas les pantalons c est un cauchemar un r ve z Oui Le visage de Mlle L s apaise Ah Et Bien faut le dire on se demande Alexis le corps droit est tourn vers Mlle L mais son regard est vasif Aux premiers abords ces quelques nonc s sont parfaitement quilibr s l cole la maison dans la rue des mots d enfants comme ceci et des r ponses d adultes comme cela soufflent tel un vent ordinaire Et il se peut que Mr Tout le Monde en sourit Ah les enfants Et s il est ce grand t ch de dire ou r pliquer un petit il ne sera pas surpris de se r duire au silence d un hum ah oui c est comme a ou c est normal Plus impliqu l enseignant se doit d indiquer ce qui n est pas et de r tablir ce qui est Qu est ce que tu racontes Alexis un arbre a ne mange pas les enfants Jusqu un certain point il est trivial que les adultes n entendent pas vraiment ce que disent les enfants parce que ces derniers eux m mes ne savent pas vraiment La grande personne est l gitim e dire ce qu elle sait parce que c est a qu il faut savoir Mais la grande

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