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1. ou au contraire par l extra vagance Eh bien tel quel avec ce caract re inchoatif des crits personnels cette mnipr sence des crits des autres le livre est pourtant tout fait passionnant car il nous plonge tout moment dans une vie qui se fait et qui est merveilleusement ouverte l aventure une vie la pointe d elle m me et du vent En fin de course nous retrouvons la mer celle de Gasp sie et non plus d Acadie Piouke fille unique de la regrett e Fran oise Bujold 4 unit les deux formules de la r trospective et du livre parcours Le volume contient 13 HAEFFELY Claude a Pointe du vent Montr al l Hexagone coll Parcours 1982 231 p 14 BUJOLD Fran oise Piouke fille unique Montr al Parti pris 1982 223 p 150 VOIX ET IMAGES VOL IX NO 1 les deux principaux recueils de l auteur Au catalogue de solitudes 1955 et la Fille unique 1958 revus et corrig s d autres po mes parus tirage limit des textes radiophoniques des crits sur l art et des in dits On sait que la Piouke est le texte d une chanson interpr t e par Pauline Julien 1959 Le langage des po mes proprement dits dans les meilleurs cas a quelque chose d expressif d nergique et de simple une simplicit qui n exclut pas le myst re Je souhaite lamour L eau savonneuse La jupe de fruit La cueillette fleurie Le reboisement de mon c ur et de mon jour Un peu comme pour2. un certain pouvoir de vibration Un passage m a sembl r v lateur cet gard car selon la lecture qu on en fait on peut le comprendre de de x fa ons diam tilement oppos es tout a pour retrouver mon invisible enfance tapie sous de pleins b ts d erreurs et regarder en face une aube sans fissure ni rouille ni l sion qui p t annihiler les froids secrets des gouffres Grammaticalement le qui de la derni re proposition peut se rapporter aube ou l sion On a donc d une part une aube qui p t annihiler les froids secrets et de l autre une aube sans l sion qui p t annihiler Dans un cas l aube s oppose u froid et au gouffre qu elle peut vaincre dans l autre au contraire elle les comprend Il est vident que le sens voulu est le premier mais le second que la structure grammaticale favorise me semble traduire la v rit affective sous jacente L aube reconduit sans l sion les froids secrets de la nuit Malgr son c t ai antur de ce recueil exerce une r elle fascination due la fois la ma trise formelle et l intelligence qui sous tend le propos Des l ments narratifs proches du conte structurent le po me et indiquent peut tre la vraie direcuon o peut se Fe le talent de Feu Loin de ces l gances Jos e Yvon bien install e dans l enfer de la marginalit sociale d bite de tranquilles horreurs qu on connaiss it d j 3 TH RIAUL
3. Claude Haeffely on a l impression que la po sie n a pas r ussi canaliser l inspiration de l auteur Fran oise Bujold s est d ailleurs tourn e assez t t vers les formes d expression picturales Le livre n en m rite pas moins une lecture r veuse comme au tournant de la route on fait halte pour admirer un coin de nature singulier d o l on d couvre des paysages d air clair Pour finir je signale la parution chez l diteur fran ais Pierre Belfond des Cent plus belles pages d Eudore vanturel vanturel pour ceux qui l ignorent est un po te qu b cois du si cle dernier 1852 1919 auteur de Premi res Po sies qui ont fait scandale et qui furent aussi ses derni res Cette po sie est certainement beaucoup plus int ressante que celle d un Lemay ou d un Fr chette mais on s tonne de la retrouver c t des Cent plus belles pages d un Hugo d un Jean Claude Renard ou d une Emilie Dickinson
4. elle est plut t fille de l eau Tout lui vient de la fluidit initiale comme une terre ronde se d gageant des eaux mon coeur mon tre blanc ma nuit s enfon ait au del de l esprit qui me sait et prenait forme un monde que je saurai demain qui maintenant me fuit Ces vers du premier recueil disent Re du moi et du monde mais aussi leur attardement l indiff renciation d origine c est demain que je saurai le monde Et si le c ur est synonyme de l tre blanc c est que le sang et le lait en ce passage comme en tant d autres sont les signes jumeaux de la f minit Beaucoup plus tard dans J cris 1979 il y a ces mots qui r affirment la primaut de l eau Nous avions si longtemps renonc au fluide Sa venue nous effraie N s de cela pourtant nous imaginons de son retour la catastrophe Si l eau fait craindre la cata strophe c est qu elle est enveloppement D abord mince filet elle devient aussit t fleuve d bordant Et le r le de la femme po te c est de s emparer de la parole et de la faire d border de toutes parts en remettant le d sir au centre du discours Le d bordement peut se faire en toute douceur en toute sagesse Couler comme du bon lait que je buvais ou que je donne La lib ration des femmes a veut dire la parole du corps On n a pas besoin de se f cher pour l atteindre Bachelard affirmait que les vrais po tes sont les hommes ou
5. intelligente Elle nous dit la mer et lamour un amour toujours recommentc vaste et fid le comme la mer Pas de folklore m me si les occasions sont l Une parole tr s simple jamais herm tique et pourtant dense prenante cette simplicit n est possible que dans les chants qui donnent voix au primordial soit la mort je pense l admirable Autoportraits de Marie Uguay soit la vie v cue comme ici en pl nitude Un m lange de tendresse et de sensualit compose le climat constant du po me l une enlevant l autre ce qu elle pourrait avoir ou de trouble ou d un peu niais Je regarde dans les yeux l humidit de l air qui nous rougit le visage et de toi m me tu me montres que tu es doux La phrase en g n ral correspond au verset et cette phrase est longue souple quilibr e comme une vague qui d ferle sans rien rencontrer que le sable nu Le masculin et le f minin s changent dans le tendre corps corps de la terre et de l eau Se fondent aussi la po sie et la prose car l image jamais tapageuse se d veloppe l chelle de la phrase plut t que du mot figure de pens e ou m talogisme et non m tas m me disent les rh toriciens Les m taphores ne sont cependant pas absentes et la mer a brill avec des pelotonnements d oiseau dor Et j imagine des narvals massifs plissant leurs yeux de muguet mouill En lisant Brun marine on croirait qu il est
6. toiles ta col re et le petit matin roule dans mon estomac C est que Longchamps est mat rialiste et les mots usine capital faim travail trouvent place dans son discours sans le simplisme qui caract rise certaine po sie communiste ni le dogmatisme courant Puis vient Anticorps 1974 au verbe sobre et nergique qui dit le sexe l effort la sueur d une mouvante humanit Il y a comme des rappels de Miron malgr la forme ramass e dans des vers comme ceux ci tant l homme croule en ses os griche en dedans de nos dents la maxillaire d jou e s enfarge sur la marge ent t e Malheureusement d s Charpente charnelle 1974 la po sie fait place un herm tisme tr s fabriqu qui n a plus rien de suggestif Je choisis au hasard ce quatrain de Sur l aire du lire 1974 d gonflable mais aussi le corps savant agencement des mol cules polym res la t t e pour ces foetus qui bra illent roseaux pans s encore mieux son hydrophilie Les mots sont ici de la chair de sens rien de plus ils posent l isotopie biologique mais sans aucunement l articuler en espace signifiant Si c est cela le mat rialisme c est dommage pour nous et pour lui Je reprocherais l diteur le gaspillage de papier la substance textuelle aurait tenu facilement dans un livre trois fois moins gros les po mes ayant rarement plus de six vers D autre part la Notice bibliogra phique
7. Article De la mer la mer Andr Brochu Voix et Images vol 9 n 1 1983 p 141 150 Pour citer cet article utiliser l information suivante URI http id erudit org iderudit 200426ar DOI 10 7202 200426ar Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al II a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 06 50 PO SIE De la mer la mer par Andr Brochu Universit de Montr al Avec quelque retard nous parvient d Acadie Brun marine d Huguette L gar Vaste recueil un peu plus large que haut sorte d album aux allures de plage balay e des souffles illimit s J aime Po sie rien moins qu intellectuelle mille lieues du Cimeti re marin ou de la Malemer mais profond ment
8. Po mes de Babylone Leur auteur Jean Paul Daoust a d j publi plusieurs titres seul ou en collaboration J aurais pu choisir Hugues Corriveau Marcel Labine Jean Marc Desgent et beaucoup d autres l occasion de leur prochaine publication il me sera peut tre loisible de rendre justice ceux que je passe aujourd hui sous silence Dans le genre mineur il faut bien le dire avec pour principaux topo le d sespoir la nuit la ville et l am ricanit Daoust crit une po sie assez r ussie parfois mouvante Une allusion au vers c l bre de Racine Dans l Orient d sert quel devint mon ennui fournit l astuce de cet exceptionnel alexandrin Le brouillon du printemps dans f vrier d sert Proc d assez rare dans une criture g n ralement sans appr t parfois ans P P d une plate vulgarit Avez vous vu James Bond enculer Her 6 DAOUST Jean Paul Po mes de Babylone Trois Rivi res crits des Forges 1982 51 p 7 CORRIVEAU Hugues les Taches de naissance Montr al les Herbes rouges n 101 mars 1982 30 p LABINE Marcel les Proses graduelles Montr al les Herbes rouges n 96 octobre 1981 23 p DESGENT Jean Marc Faillite sauvage Montr al les Herbes rouges n 94 ao t 1981 39 p et Transfigurations Montr al les Herbes rouges n 106 octobre 1982 35 p CHRONIQUES 145 Majesty d s lors semblable cette criture am ricaine Aussi instan
9. T Marie Jos Invariance suivi de C l bration du prince Saint Lambert Noro t 1982 83 p CHRONIQUES 143 en partie Danseuses mamelouk reprend en seconde version Filles commandos band es 1976 et la Chienne de l H tel Tropicana 1977 et leur adjoint Arndrogynes noires qui forme la section m diane du recueil On ne peut rester indiff rent devant cet talage d existences vou es la d tresse et l obsc nit o le vice est un gagne pain t parfois la seule gr ce possible Entre la r probation vertueuse et la complicit profiteuse y a t il place pour une juste compr hension Pour ma part j admire Jos e Yvon de me donner conna tre cette humanit radicale nous sommes absolues vulgaires obsc nes mal habill es hous vivons sous des n ons intransigeants dans une ville de malades nous ne savons jamais lequel quel moment va pogner sa d pression nerveuse dans notre pleine face Dans un monde o la drogue la prostitution le crime sous toutes ses formes font reculer chaque jour davantage l ancienne paix sociale et son ordre de valeurs fond sur l arbitraire d sormais condamn les destins que nous peint Yvon ont autant de v rit que ceux de la bonne soci t et la langue qui les dit v h mente indigente vaut bien les idiomes acad miques Les saintes Carmens de la Main en 1983 nous repr sentent aussi bien que voil un si cle les Ang lines
10. aurait pu tre plus labor e et indiquer la date de parution originale de chacun des recueils ce qui est bien un minimum Pour obtenir ces renseignements il m a fallu consulter a Po sie qu b coise de Mailhot et Nepveu 2 12 LONGCHAMPS n en 1952 est l un des plus jeunes auteurs qu accueille l anthologie On y reproduit tous les po mes d Anticorps qui forment la premi re section Deboutdehors mais sans les s parer les uns des autres comme s il s agissait d un seul po me Ici l diteur a t trop conome de son papier La notice bibliographique comporte aussi une coquille Didactique pour Ditactique une s miologie de l erreur MAILHOT Laurent et NEPVEU Pierre a Po sie qu b coise Montr al P U Q P Hexagone 1980 714 p CHRONIQUES 149 La collection Parcours que dirige Roland Gigu re l Hexagone accueille des livres d un caract re un peu particulier Alors que les recueils r trospectives r unissent l uvre ou une partie substantielle de l uvre d un po te les livres parcours doivent plut t regrouper les textes qui n ont pas trouv place dans les recueils diverses formes de t moignages les c t s de la cr ation et rien du reste n interdit la formule tant tr s souple que des textes d j publi s ou que d importants in dits y figurent L essentiel c est que itin raire de l crivain son cheminement apparaisse nu et pou
11. de Montbrun Le sacr simplement s est d plac donnant naissance un nouveau pathos Son clitoris lourd pesant sur les m choires de la mort Empruntant Chamberland la formule du gros livre calligraphi et illustr Lucien Franco eur dans les Rockeurs sanctifi s met l criture en spectacle Le motif du serpent affich avant m me le projet de pr face sous une forme photographique va planer sur la totalit des 350 pages Un nombre impressionnant de citations tir es d auteurs de toute sorte de Minou Drouet Aim C saire et Sully Prudhomme sans compter une avalanche d Anglo Saxons constituent une sorte de floril ge consacr la divinit ophidienne Paul Morin dans son Paon d mail avait d j us du proc d Mais le serpent n est pas le seul objet du culte de Francoeur Son fr re le l zard re oit sa juste part d hommages Puis par connotation simple le phallus c l br exhib tripot compl te la Trinit adorable Des r f rences l gypte Bergson Deleuze composent la panoplie m taphysique La pr sent textualit est essentiellement lubrique et sanctifiante lire t t stone le matin nu et je n sic Le mode d emploi devrait figurer sur la couverture c est plus honn te pour le consommateur 4 YVON Jos e Danseuses mamelouk Montr al VLB diteur 1982 149 p 5 FRANCOEUR Lucien les Rockeurs sanctifi s Montr al l He
12. des coins de pays pr serv s que l amour y grandit sauvage et tendre qu il y m rit en restant toujours 1 L GAR Huguette Brun marine Moncton Les ditions d Acadie 1981 75 p 2 Cf compte rendu dans Voix et Images vol VIII n 3 printemps 1983 pp 506 507 142 VOIX ET IMAGES VOL IX NO 1 neuf et que la nature y renouvelle inlassablement le pacte de la vie et du langage Voil pour une fois l Acadie universelle De la lecture d Invariance de Marie Jos Th riault je sors merveill et pourtant insatisfait Cette criture rac e nerveuse savante elle est capable de tout sauf d abandon Elle peut feindre la simplicit j cris des paroles simples et tant nues et la d mentir comme on le voit d une coquetterie syntaxique elle peut sugg rer la passion la douleur la violence surtout quand l auteur se le permet tant de clameurs salies barbouillaient mon cerveau ce glacier carlate difforme stri par des insectes durs creusant leurs galeries tous les mots du vocabulaire mu s en givre et vrombissants frelons cassants rageurs leur redoutable escadre m arrachait des clisses d me L l mentaire est atteint par la voie du cri et du sang et Marie Jos Th riault a de qui tenir dans cette veine o s est illustr l auteur d Agaguk Ma s pour dire l motion la tendresse la chaleur des tres et des choses les mots manquent d
13. e Gagnon crit Elle s crit puisque la s rie des r trospec tives qui regrouperont ses fictions ses essais th oriques et ses lectures critiques porte le titre d Autographie Mais le pr fixe r flexif est trompeur L criture de Madeleine Gagnon n est gu re narcissique et son aventure strictement individuelle occupe peu de place dans les po mes et r cits qui composent les Fictions D s le d but Autre Bord de l hiver 1970 du reste l nonciation la premi re personne est souvent d l gu e l autre l homme qui porte en lui le feu de la violence individuelle et collective Feu au Suicid Dans Pour les femmes et tous les aufres la parole est donn e plusieurs femmes du peuple qui disent leur malheur dans un langage rigoureusement priv de gr ce po tique Le po te est alors hors de lui m me il s est donn totalement la cause de la r volution et il est perdu pour la litt rature 10 9 GAGNON Mid Autographie 1 Fictions Montr al VLB diteur 1982 301 p 10 cet gard je signale un fait r v lateur du caract re inessentiel de la forme po tique Mon corps dans l criture reprend plusieurs passages assez consid rables d uvres ant rieures Or certains passages de Pour les femmes et tous les autres en vers libres sont repris sous forme suivie en prose CHRONIQUES 147 Mais Madeleine Gagnon se retrouve La r volution c est le feu et elle
14. les femmes d un l ment feu eau air ou terre J insiste sur la pr gnance de l eau dans l uvre de Madeleine Gagnon pour montrer l inscription en elle de l imaginaire qui fait contrepoids aux sollicitations intellectuelles Car il est peu d exemples de po sie plus engag e et engag e dans une voie diff rente de celle romantique qui tait la mode au cours des ann es soixante La po sie de Madeleine Gagnon n est pas nationaliste mais r volutionnaire marxiste et f ministe radicale bien que sans hyst rie Elle ne valorise donc pas l int riorit et pourrait sombrer dans le plat didactisme Ce danger en fait elle ne l vite pas toujours Mais le plus souvent malgr la s v rit du propos une r elle beaut est atteinte dans l quilibre du mot de limage et de l id e ensemble convi s la prof ration de cette invention rare la v rit Anticorps titre d un recueil de 1974 est aussi celui de la r trospective que Renaud Longchamps publie chez VLB On y trouve d abord quelques po mes un peu gr les mais beaux Paroles d ici 1972 et Homme 11 LONGCHAMPS Renaud Anticorps po mes 1972 1978 Montr al VLB diteur 1982 377 p 148 VO X ET IMAGES VOL iX NO 1 imminent 1973 Ils d gageraient cette aura japonaise qui pla t tant certains esth tes locaux si une note hyperr aliste n en venait point nomm saboter la magie la pente des
15. r cela inspire la dynamique du livre Une dynamique tourdissante c est bien cela qui nous sollicite d s les premi res pages de la Pointe du vent de Claude Haeffely 13 Au d but on s y retrouve mal Les lettres les dessins des amis y occupent autant de place que les crits de l auteur Et ces crits communiquent une impression de dispersion En effet les titres des principaux recueils de Haeffely sont repris comme pour une r trospective mais dans le d sordre et les po mes pr sentent des modifications consid rables par rapport leur premi re publication Ce n est nullement au vrai une r trospective mais plut t une joyeuse mise en pi ces de l uvre d j publi e et partir des membra disjecta la recomposition d autre chose De quoi D une existence minem ment chaleureuse amicale et d un d vouement exemplaire la cause de la beaut sous la double forme de la po sie et de l art Haeffely est avant tout un animateur il a eu la fameuse id e de la Nuit de la po sie 1970 il a dirig une galerie etc Ses po mes manifestent sans doute des qualit s d criture mais de l un l autre on ne per oit pas ce suivi qui fait les grandes uvres Chaque texte est un recommencement z ro et les variantes consid rables entre les diff rentes versions semblent indiquer moins les progr s d un travail que l impossibilit de vaincre l arbitraire de inspiration que ce soit par la banalit
16. stifications religieuses et autres Ici l criture est vraiment un travail la fois conscient et d nu de complaisance Tout est mots dans cette vaste machine de 1475 vers ils sont num rot s et l auteur s emploie faire jouer un certain nombre de faits d expression vocables passante meanwhile steady cul me r el mou travail ou syntagmes plus tendus dit il dis pas a le gars i arrive pis i dit en les faisant revenir dans des contextes o leurs effets sont soigneusement calcul s Du moins donnent ils cette impression On assiste ainsi la fabrication du sens qui n a plus rien de numineux m me si le mot atteint sa pleine paisseur de signe donc une r f rentialit Le sens est priv de myst re il est la lettre sans l esprit et pourtant le langage est plus opaque que jamais s accordant par l au r el ind chiffrable mais c est quoi le maudit r el L illisibilit formaliste n a rien voir avec l herm tisme symboliste ou symbolard 8 DES ROCHES Roger l Imagination la que Montr al les Herbes rouges coll Lecture en v locip de 1982 78 p 146 VOIX ET IMAGES VOL IX NO 1 dirait Denis Roche qui suppose une conception onto th ologique du monde Le probl me d une telle po sie qui d construit mesure ce qu elle difie qui ne b tit que pour mettre en pi ces c est qu elle tombe sous le coup de l arbitraire qu elle instit
17. tan e que son caf qu voque le m me texte Le recueil comprend trois sections Po me de nuit Po mes de ville et Po mes de voyage Le genre po me s de on le voit est marqu jusque dans le titre g n ral qui reprend au pluriel un titre de la derni re section Po me de Babylone Cet affichage du genre de la forme litt raire ne proc de pas d une intention de parodie ou de contestation Elle indique au contraire la fid lit une certaine tradition celle du po me confidence o le moi exprime sa souffrance son d go t du monde son errance Dans Black Dream il imagine son suicide en images curieusement sophisti qu es Mais ce soir j ai le go t De prendre un bain chaud D ouvrir des veines Et de m enfoncer dans ce champagne rose La nuit d j tait m taphoris e en black magic black champagne plus loin amour s noncera ainsi Allons boire du champagne au Ritz Ce motif joint aux piscines de luxe aux voyages co teux qui composent sans doute l isotopie babylonienne ajoute une touche de dandysme au d sespoir Bien fait mais un peu mince Parmi tant de recueils r cents qui avec une sinc rit fort variable renouent avec le sacr le plus souvent celui des religions anciennes ou exotiques la kabbale ou l alchimie je salue avec plaisir Imagination la que de Roger des Roches 8 Cette po sie est merveilleusement imperm able aux my
18. ue elle m me Pourquoi 1475 vers plut t que 50 ou 5000 En quoi le jeu apr s 500 vers marque t il un progr s par rapport au d but du texte Un texte qui refuse de capitaliser le sens ne saurait justifier son d veloppement il proc de par d cisions ext rieures sa logique propre Aussi le plaisir de lecture s puise t il rapidement n tant soutenu par aucun projet d ensemble du texte Le d tail continue certes d accrocher l attention gr ce aux s vices souvent savoureux que l auteur inflige au langage voyez c est m mouvroir seul c l brataire mangeant le lyrisme par le bout auras tu le go t d me voir demain je pense en un mot j en appelle mon go t du chien dans mon style but meanwhile la nuit s carte sur le corps simple comme qui dirait il y a l du style en effet un sens profond de l criture On aimerait seulement que toute cette imagina tion la que soit soustraite l autisme et investie dans le circuit de la communication Fid le la consigne de l illisibilit Roger des Roches se tient loin de la facilit dans laquelle a sombr un Fran ois Charron On souhaiterait que ces deux po tes extraordinairement dou s trouvent quelque miraculeux quilibre entre le formalisme rigoureux mais st rile et la transitivit qui cultiv e pour elle m me voue la parole au prosa sme Au c ur des mythologies intellectuelles de notre poque depuis quinze ans Madelein
19. xagone 1982 350 p 14 VOIX ET IMAGES VOL IX NO 1 Le pauvre n a pas fini de s empiffrer de flashes discontinus en est il d autres lesquels composent le livre de bord de ma trajectoire g n sique et de mon errance gnosique Gnose et gonade font bon m nage chez Francoeur le sacr r ck ur car toute ma d marche d tre comme e t dit Guy de Larigaudie a toujours t ax e sur la transgression la r bellion la religion la sanctification Que voil de jolis synonymes En plus de Deleuze Francoeur aurait il lu les nouveaux philosophes Bref j ai t d u Derri re les citations les photos pornographiques l emprunt norme du proc d calligraphique fort aptes signaler les obsessions de l auteur mais non les dire que trouvons nous De pauvres phrases d nu es de lyrisme comme de pens e je ne pense plus j cris lit on justement tra ftresses elles m mes Dans la dialectique de l criture et du d sir il faut laisser ce dernier la chance de se taire x Contrairement quelques coll gues j estime que les recueils franchement mauvais sont plut t rares du moins chez nos principaux diteurs de po sie Malheureusement il m est impossible de rendre compte de tout ce qui pr sente quelque m rite Parmi un certain nombre de plaquettes dit es par les Herbes rouges les crits des Forges et le Noro t en 1982 je choisis un peu au hasard
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