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Dire d`où l`on parle : Une analyse rhétorique des discours médiatisés.
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1. au sein duquel les acteurs ajustent leurs positions respectives et r glent leurs positions r ciproques Ainsi l un des sociologues rencontr s justifie t 1l sa participation au d bat d id es dans les tribunes d opinion qu il est amen signer en tant que sociologue par le fait qu il fait jouer une autre l gitimit de parole qui est celle de l intellectuel L exercice appelle une justification pour se pr munir de la critique votre lucidit scientifique ne vous autorise pas dire ce qu il faut faire dans tel ou tel domaine et pourtant vous utilisez une notori t que vous avez acquise dans le champ scientifique pour en faire une opinion La justification passe donc par la r f rence l institution l gitime relative la tradition intellectuelle fran aise La m me logique semble l uvre lorsque cet autre re cadre le registre de son intervention devant la Commission des lois du S nat en dehors de la l gitimit de parole associ e au label de sociologue Ce faisant il rapporte la justesse de ses propositions dans l ar ne politique au nom d un principe politique et non pas scientifique la distinction est maintenue entre le jugement portant sur les faits auquel autorise le diagnostic scientifique et le jugement portant ici sur les valeurs Durkheim 1967 La justification est bien rendue n cessaire par la pluralit des registres 10 de l gitimit aux
2. CADIS On peut d s lors tablir une topographie des conditions d nonciation auxquelles un discours peut tre fond en autorit des surfaces sur lesquelles peut s exercer cette autorit des registres que cette autorit articule et des possibilit s de circulation et de permanence de cette autorit d s lors que le discours qui s en pr vaut est vers dans des conditions d nonciation des surfaces d intervention et des registres de validit variables Le titre au nom duquel le discours se pose appara t comme l op rateur du r glage de la parole dans ces dimensions fragment es d acquisition de la l gitimit signer une tribune au titre de sociologue et non de professeur c est par exemple pour l un des interlocuteurs rencontr s en entretien une n cessit faite vertu en fonction des repr sentations et des vis es de celui qui engage sa parole dans l espace m diatique Dans leur sociologie des r gimes d action L Boltanski et L Th venot ont propos d explorer la vari t des modes d engagement dans l action que les acteurs ont leur disposition et sont susceptibles de mobiliser notamment sur le terrain des figures de justification activ es dans les espaces publics et les mondes sociaux travers s Ce type d approche permet de r v ler les tensions et les articulations entre d une part la diversit des comp tences dont dispose un individu social et d autre part les
3. auteur la d finit comme l ensemble des connotations qui renvoient finalement l exp rience centrale de cette force sans violence du discours argumentatif qui permet de r aliser l entente et de susciter le consensus Habermas 1987 26 Une lecture socio s miotique des clausules d escorte des paroles rapport es doit alors permettre de prendre en compte tout ce qui tient lieu de cadre pour la d finition de l interaction discursive signes d identit et signes de validation institutionnels professionnels statutaires Fraenkel 1992 int gration des discours ext rieurs dans le dispositif formant ou la matrice du journal rubriques unit de la page genres d articles motifs s mantiques et sc nographiques d accompagnement du discours proc dures de pr sentation de soi Dans l interaction du journaliste et de l intervenant ext rieur le titre parler ainsi actualis embrasse tout un horizon d attentes il circonscrit le r pertoire de l intervention prescrit le registre de validit attendu de celui qui parle d limite la surface de l gitimit intersubjectivement accord e au discours De sorte que le titre au nom duquel le discours se pose r alise le point de passage entre l agir social renvoyant l ordre global d acquisition de la l gitimit et le discours social renvoyant aux proc dures strat giques de l gitimation dans l espace m diatique Il est un motif au double sens d
4. journalistiques de recours aux paroles ext rieures dans Le Monde Lib ration et Le Figaro Journaliste et sociologue la construction d un r f rentiel Sous la direction de Bernard Delforce Universit Lille 3 octobre 2004 La m thode allie d une part une douzaine d entretiens compr hensifs avec des journalistes attach s de presse et sociologues m diatis s et d autre part l analyse d un corpus de plus de 3000 discours rapport s en 1999 dans Le Monde Lib ration et Le Figaro sous forme d interviews droits de r ponse chroniques libres tribunes ou citations et distribu s dans les genres formes et topo de chacun des trois journaux L observation a d abord t men e dans une perspective quantitative partir de l indexation des r gimes de discours pour l ensemble des locuteurs rapport s de janvier avril 1999 puis elle a t approfondie sur une ann e de publication propos de la figure du sociologue dont l int r t est de m ler des principes d autorit multiples L enjeu est d isoler une configuration provisoirement stabilis e afin de d construire les r gles d une pratique sociale et discursive en rapportant les crit res lectifs qui pr sident au choix des titres et qualit s mentionn s en escorte des discours m diatis s au sens que les acteurs leur donnent Au double sens de dispositif formel et de raison ou de justification avanc e par les acteurs journalistes et interve
5. un processus d intersubjectivit organis autour des perceptions et des attentes r ciproques des acteurs De cette normativit des messages et des positions interlocutives il ressort que la parole rendue publique constitue un enjeu social la parole norm e vaut comme le gage qu une r gle est respect e En cons quence la notion de rh torique sert aussi bien d signer l utilisation journalistique des discours sociaux comme une strat gie de construction de l actualit De la Haye 1985 que l investissement corollaire par les acteurs journaliste et intervenant ext rieur d un r le et d une identit socio discursifs d termin s adapt s aux param tres de la configuration en vigueur les rh toriques journalistiques englobent ainsi non seulement les dispositifs formels d criture mais aussi et de mani re indissociable les repr sentations que les acteurs y projettent quant leur propre travail de m diatisation On peut alors relire le choix des positions de l gitimit mentionn es comme un processus de l gitimation de l espace social des formations discursives La perspective rh torique permet d clairer cette r ciprocit d finie comme le rapport entre soi et autrui ethos et pathos via un discours logos la rh torique recouvre bien une double construction de l gitimit du monde sur lequel porte le discours et de l image de soi stabilis e dans le discours C est donc de validation intersubj
6. une perspective communicationnelle de ritualisation communicative quant la d limitation du r pertoire et de la surface de l gitimit du discours Un retour r flexif sur l op ration m me de codage doit alors permettre d envisager le recours journalistique aux paroles ext rieures comme une strat gie de l gitimation du r el repr sent afin de rendre visibles les effets de la codification et notamment l homog n isation qu elle r alise de propri t s tr s in galement consacr es dans le r el il convient de consid rer le mode d existence des figures textualis es partir de l institutionnalisation des crit res qui valident les acteurs locuteurs dans un statut provisoirement stabilis de mani re d terminer ce qui fonde la comp tence de types de parole dans l espace codifi et hi rarchis de chacune des formations discursives Le journal manifest par son titre nom est ce syst me nonciatif g n ral auquel ob it un groupe de performances verbales il d limite la fonction nonciative le statut des nonciateurs ce qui peut tre dit et ce qui doit tre tu ainsi que l ensemble des conditions de l gitimit des discours en tant qu on peut leur assigner des modalit s d existence particuli res Foucault 1969 151 152 2 L espace positionnel des discours rapport s dans des formations discursives C est vrai que ceux qui ont plus facilement acc s aux m dias
7. Aur lie Tavernier MCF Sciences de l Information et de la communication Lille 3 Paris 8 GERICO aurelie tavernier univ lille3 fr Dire d o l on parle Une analyse rh torique des discours m diatis s Contribution aux ateliers et journ e d tude franco allemands L analyse du discours en France et en Allemagne Tendances actuelles en sciences du langage et sciences sociales Organis s par le C ditec avec le soutien de l Universit franco allemande R sum Le recours journalistique aux discours ext rieurs t moignages de profanes interviews d experts tribunes libres constitue l un des formants du discours d information sous P criture du journaliste il y a d autres discours dont l int gration dans la matrice du journal construit l unit de l archidiscours du Monde de Lib ration du Figaro On propose de montrer les enjeux th oriques et les apports compr hensifs d une analyse rh torique des paroles qui sont rapport es dans ces trois quotidiens pour le r f rentiel qu elles apportent au travail d information les motifs d escorte signes de validit professionnels institutionnels symboliques seront pris comme les indices de l ajustement entre les crit res de l gitimit et les conditions de l gitimation du locuteur dans une formation discursive donn e La perspective rh torique permettra de ne pas dissocier les pratiques d criture des repr s
8. ENKEL B La signature Gen se d un signe Paris Gallimard coll Biblioth que des Histoires 1992 GOFFMAN E La mise en sc ne de la vie quotidienne l La pr sentation de soi Paris Minuit coll Le sens commun 1973 HABERMAS J Th orie de l agir communicationnel 1 Rationalit de l agir et rationalisation de la soci t Paris Fayard 1987 JAMET C JANNET A M La mise en sc ne de l information Tome 2 Les strat gies de l information Paris L Harmattan coll Champs Visuels 1999 LEMIEUX C Mauvaise presse Sociologie compr hensive du travail journalistique et de ses critiques Paris M taili 2000 MAINGUENEAU D S mantique de la pol mique discours religieux et rupture id ologique au XIL si cle Lausanne L ge d or 1983 MAINGUENEAU D L analyse du discours et ses fronti res in Marges Linguistiques n 9 mai 2005 M L M S diteur http www marges linguistiques com MEBEL D La Bonne parole Quand les psys plaident dans les m dias Paris La Martini re 2003 MERRIL J Les quotidiens de r f rence dans le monde in Les Cahiers du journalisme n 7 Lille Centre de Recherche de l Ecole Sup rieure de journalisme de Lille 2000 pp 10 14 M LLER P Les politiques publiques Paris PUF coll Que sais je 1990 PADIOLEAU J G Syst mes d interactions et rh toriques journalistiques in Sociologie du travail n 3 Paris Seuil ao t septembr
9. Padioleau on pourrait ainsi dire que la nature de l agenda m diatique est cognitive La nature de l agenda politique est cognitive crit Jean Gustave Padioleau dans L Etat au concret 1982 p 26 le r le des acteurs sociaux journalistes et intervenants ext rieurs qui co construisent un cadre de repr sentation des v nements convertis en objets de controverse sociale et politique ceux que Padioleau nomme les entrepreneurs politiques consiste ainsi normaliser les contours et traduire les enjeux de probl mes publics m diatis s partir d un r pertoire limit par l diction du r f rentiel En mobilisant l analyse goffmanienne pour rendre compte d une interaction entre les acteurs au sein d une configuration sociale la perspective rh torique fait lien avec l approche communicationnelle d velopp e par Habermas autour du concept de ritualisation communicative pour pr tendre la validit publique c est dire la reconnaissance partag e consensus par les diff rents partenaires engag s dans une situation de communication intersubjectivit de la l gitimit du discours en contexte tout acteur doit donner le gage d indices formels permettant de le r f rer un monde de rationalit La notion de rationalit communicationnelle se trouve au fondement de cette repr sentation de l espace public vu comme le lieu de rencontre entre des discours et des mondes sociaux l
10. dispositifs d criture qui conduisent la m diatisation de paroles l gitimes Ou plus exactement l intronisation de paroles dot es de l gitimit car comme le r v le cette journaliste du journal Lib ration au cours de notre entretien quelquefois l expert c est celui qui est l gitime dire ce que nous on sait mais qu on ne peut pas dire on est l pour faire de l info pas de l dito En s int ressant l institutionnalisation du recours aux paroles ext rieures il s agit de consid rer les discours m diatis s dans leur double composante indissociablement s miotique et sociale nonc s dans un tre l m diatique les discours qui prennent forme et sens dans le dispositif du journal sont aussi fa onn s par leurs inscriptions successives dans un au del m diatique celui des espaces symboliques et formels publics et sociaux o s organisent et s institutionnalisent les grammaires de production et de r ception du sens social de ces discours Charaudeau 1999 Le titre au nom duquel le discours s nonce peut alors servir de motif la Les entretiens dont des extraits sont reproduits dans le cadre de cet article ont t r alis s entre les mois d avril et juillet 2003 dans le cadre d une th se en Sciences de l information et de la communication portant sur les processus de l gitimation des paroles publiques m diatis es Paroles d experts rh toriques
11. droit de parler sur quoi 1 Dire d o l on parle la labellisation comme motif de s miotisation Quelquefois ils disent des choses extr mement s duisantes et puis apr s on se dit mais d o ils parlent comment ils parlent Une journaliste Lib ration service Soci t On propose d tudier les paroles qui sont rapport es dans la presse quotidienne dite de r f rence pour le r f rentiel qu elles sont susceptibles d apporter au travail journalistique d in formation au sens tymologique de mise en forme du r el lorsqu une parole est rapport e un r f rentiel est construit qui garantit ou donne un gage quant au registre de validit auquel le discours d information co construit doit tre r f r Ces mani res de dire ont le caract re d actions dot es de sens compr hensibles dans leur contexte gr ce auxquelles l acteur se rapporte quelque chose dans le monde objectif Habermas 1987 26 Le r f rentiel renvoie a LEUR Kaw ii 2 Ep MS A ainsi un processus cognitif de normativisation du r el m diatis on peut supposer qu il y a 3 On persuade par le caract re quand le discours est de nature rendre l orateur digne de foi car les honn tes gens nous inspirent confiance plus grande et plus prompte Mais il faut que cette confiance soit l effet du discours non d une pr vention sur le caract re de l orateur C est l
12. e 1976 p 256 282 PADIOLEAU J G L Etat au concret Paris PUF 1982 13 QUERE L Des miroirs quivoques Aux origines de la communication moderne Paris Aubier Montaigne 1982 SOULEZ G La Rh torique comme lien entre les th ories L exemple de la cr dibilit des journalistes de radio et t l vision Emergences et continuit dans les recherches en information et communication Actes du 12 Congr s National de la Soci t Fran aise des Sciences de l Information et de la Communication Unesco Paris 10 13 janvier 2001 Editions de la SFSIC 2001 pp 173 180 VERON E La Semiosis sociale Fragments d une th orie de la discursivit Versailles PUV 1988 WEBER M Economie et Soci t 1 Les cat gories de la sociologie Paris Plon 1971 14 Publications Paroles d experts rh toriques journalistiques de recours aux paroles ext rieures dans Le Monae Lib ration Le Figaro Journaliste et sociologue la construction d un r f rentiel Th se de doctorat en Sciences de l information et de la communication sous la direction de Bernard Delforce Lille Universit Lille 3 Charles de Gaulle octobre 2004 Le pouvoir de nommer rh toriques journalistiques du recours la parole l gitime in Martine Schuwer dir Parole et Pouvoir Enjeux politiques et identitaires Presses Universitaires de Rennes coll Interf rences avril 2005 pp 17 33 Actes du colloque Parole et Po
13. e caract re qui peut on dire constitue presque la plus efficace des preuves Aristote 2003 pp 22 23 4 Selon les taxinomies respectivement tablies par Jamet C Jannet A M 1999 p 28 et Merril J 2000 pp 10 14 Elaborer une politique publique revient construire une repr sentation une image de la r alit sur laquelle on veut intervenir C est en r f rence cette image cognitive que les acteurs vont organiser leur une image de soi dans le discours qui invite le tenir non pas comme une simple trace de d terminations professionnelles mais aussi comme une pratique sociale non pas comme un simple marqueur s miotique mais aussi comme un op rateur de s miotisation Il s agit de consid rer le discours comme une forme d action r gie par des normes orient e dans l interaction et prise dans un interdiscours qui l ancre dans la situation d nonciation Le discours est int gr dans ce r seau interdiscursif d fini comme le syst me de distances variables de d calages en transformations entre conditions de production et conditions de reconnaissance s embo tant les uns dans les autres tout au long du processus de la production discursive Veron 1988 31 Ainsi chaque journal constitue en tant que formation discursive mettant en place un ensemble de r gles et de dispositifs un lieu d nonciation qui entre en relation avec le point d origine de formation des discours socia
14. e d un processus d appr ciation le recours la parole ext rieure proc de du choix du bon expert par r f rence des ordres de grandeurs collectifs on voit des gens 11 qui travaillent bien donc on les contacte on les appelle et a devient des r f rences Le principe de justification montre donc que la r gle d accord s effectue par la r f rence une forme universelle d passant les particularit s des personnes ibidem Conclusion Si la m diatisation d un discours engage la reconnaissance par autrui d une l gitimit dire le r el et se dire l gitime le faire partir d un certain nombre de titres et de pr tentions on peut donc consid rer que le discours parce qu il est au fondement de ce jeu de r ciprocit est un enjeu de pouvoir qui engage bien plus qu une structure langagi re une structuration symbolique des r les et des identit s Le titre parler peut ainsi faire lien entre les approches discursives et sociologiques de cette structuration symbolique de ses m canismes et de ses processus en passant par l approche rh torique des paroles rapport es en presse crite on peut trouver un moyen pour ne pas s parer d un c t les positions d autorit et de l autre les constructions symboliques de validit les acteurs strat ges et les figures textualis es les vis es des journalistes et celles des intervenants ext rieurs Le sociol
15. e dispositif formel et de raison ou de justification avanc e par les acteurs journalistes et intervenants ext rieurs quant ce qui fonde la l gitimit De sorte que le choix n goci du titre parler constitue la fois l enjeu de l interaction la mise en jeu d une l gitimit et l entr e dans le jeu de la m diatisation d finie comme la co construction d une repr sentation l gitime du r el _Ilest d abord l enjeu de l interaction parce que ce le titre au nom duquel on parle est ce qui pr cis ment vise ne pas tre discut ce qui permet de naturaliser le travail de construction des repr sentations sur lequel permet d embrayer la production du discours ainsi plac sous un label d autorit Il est aussi la mise en jeu d une l gitimit parce que le discours pos dans l espace m diatique engage bien plus que l individu une repr sentation collective quant ce qui fonde cette autorit et une validation de l individu par r f rence un principe sup rieur commun la l gitimit de l intervenant ext rieur mais aussi celle du journaliste mobiliser la parole de r f rence Ilest enfin l entr e dans le jeu de la m diatisation parce que le travail journalistique qui consiste construire un discours d information sur la base d autres discours repose sur l interaction fondamentale autour du titre parler on peut alors parler de consensus temporaire ou dans
16. e recherches au CNRS Ah directeur de recherches au CNRS Il y a l un label qui permet d assurer la fonction de l gitimit qui est extr mement importante C est souvent une simple ressource de l gitimit le journaliste a d j son papier il a un certain nombre d id es mais il ne peut pas tre seul les dire Il faut qu il mette deux ou trois noms qui montrent qu il s est appuy sur un certain nombre de savoirs scientifiques c est un r le de l gitimation Un sociologue Universit de Paris 5 CERSOF Telles que d finies par J G Padioleau les rh toriques journalistiques d signent les strat gies d action d velopp es travers des modes norm s d criture et des proc dures norm es d interaction entre acteurs sociaux intervenants ext rieurs lectorat et journalistes Des mani res r currentes de traiter l actualit sont ainsi associ es des routines professionnelles qui renvoient la fois l int riorisation la mise en forme et la reconnaissance de modes norm s de repr sentation du r el Ces r gles d criture visent attester de la validit du discours journalistique pour des auditoires poss dant des comp tences de l gitimation et des ressources de sanctions Padioleau 1976 269 Elles ne se limitent donc pas un syst me de figures d criture mais sont bien le produit de pratiques inscrites dans des contextes d interaction dans
17. ective et de consensus r alis autour de ce qui naturalise l autorit du discours qu il est question dans le titre au nom duquel le discours se pose Ainsi lorsque l on questionne des journalistes propos de leurs pratiques de s lection des interlocuteurs les plus l gitimes intervenir sur un probl me m diatis donn mais aussi des dispositifs d criture journalistique qui escortent les paroles rapport es on per oit bien ce qui se joue travers la naturalisation des proc dures discriminatoires L ordre que l on respecte uniquement pour des motifs rationnels est beaucoup plus instable que si l orientation se fait purement et simplement en vertu de la coutume Weber 1971 321 Non discut s la comp tence et le titre qui en atteste font autorit C est normal de dire au lecteur d o les gens parlent ce qu ils font ce qu ils sont C est une information parmi d autres Parce que si vous faites un micro trottoir comme Le Parisien avec des gens dans la rue et si vous interrogez quelqu un qui travaille dans une structure scientifique ce n est pas la m me chose Je vais vous dire une chose pour moi il n y a pas de parole magique Si on les interroge c est qu on pense qu ils sont comp tents Ce qui l gitime leur intervention c est qu on pense qu il est l gitime de leur donner la parole ou de solliciter leur clairage pour le lecteur Une journaliste Le Monde se
18. entations que les acteurs y projettent et de les consid rer non comme les traces mais comme les actualisations de ces ajustements Mots cl s Rh torique journalistique parole rapport e r f rentiel l gitimation Ce texte reprend l essentiel de la communication propos e pour le XVII Congr s de l Association Internationale des Sociologues de Langue Fran aise L individu social autres r alit s autre sociologie Universit Fran ois Rabelais Tours 5 9 juillet 2004 Rh toriques journalistiques de recours aux paroles ext rieures pour une approche sociale et discursive des ph nom nes de m diatisation disponible en ligne http www univ tlse2 fr aislf qtsc index htm Dire d o l on parle Une analyse rh torique des discours m diatis s Qui parle au nom du journal Sous l criture du journaliste il y a d autres discours derri re le titre sommital des locuteurs pluriels dont l int gration dans la matrice du journal construit l unit de l archi discours du Monde de Lib ration ou du Figaro au point que les concessions faites aux discours qui y sont rapport s sous forme de citations d interviews de tribunes libres constituent bien l un des formants du travail d information On propose de s interroger sur les rh toriques journalistiques de recours aux paroles ext rieures dans ces trois quotidiens c est dire sur les proc dures professionnelles et les
19. logie propos e par Michel Foucault on peut dire que l o le discours d signe l ensemble des nonc s en tant qu ils appartiennent une m me formation discursive la parole permet d insister sur la dimension interactionnelle et pragmatique en prenant en compte les intentions et les strat gies de pr sentation de soi dans la ritualisation communicative Foucault 1969 150 Prendre la parole dans l espace normatif de la sc ne m diatique implique donc la prescription l actualisation et la reconnaissance de r les et d identit s socio discursifs norm s le recours journalistique la parole rapport e peut tre consid r comme une strat gie nonciative de r f renciation du discours l gitime sur le r el acteurs et les repr sentations que chacun journaliste et intervenant ext rieur y engage Les grammaires d signent l ensemble des contraintes pragmatiques et s mantiques Lemieux 2000 9 10 que les acteurs doivent respecter pour satisfaire aux r gles de l interaction qu ils investissent au titre de sociologue psychanalyste etc les modalit s d enr lement renvoient aux conditions pratiques auxquelles ces r gles peuvent fonctionner comme sch mes op ratoires pour l ajustement des r les aux situations Bourdieu 1987 77 les repr sentations insistent sur la dimension symbolique de la prise de r le et du respect des r gles en fonction des vis es que chaque acteur y projette quant son pro
20. n et de la Communication ERSICO Universit Lyon 3 28 f vrier 1 mars 2003 L Harmattan coll Communication et civilisation Paris avril 2004 pp 197 207 Le pouvoir de nommer la construction de l information journalistique par le recours la parole rapport e dans trois quotidiens d information g n rale Le Monde Lib ration Le Figaro Actes du 13m Congr s International de la Soci t fran aise des Sciences de lInformation et de la Communication Les recherches en Information et en Communication et leurs perspectives Histoire objet pouvoir m thode Palais du Pharo Marseille 7 9 octobre 2002 Editions de la SESIC Paris 2002 pp 307 314 15
21. nants ext rieurs quant ce qui fonde la l gitimit d construction de ces grammaires il est la fois le r ceptacle et le moteur des interactions qui d terminent dans une configuration donn e les conditions de validit des discours m diatis s L analyse des rh toriques journalistiques de recours aux paroles ext rieures permet d adopter un regard interdisciplinaire sur les pratiques proc dures et dispositifs de l criture de presse pour une approche int gr e des dimensions sociales et s miotiques de la construction de l information Les paroles qui sont rapport es dans une formation discursive et une configuration v nementielle donn es au titre de sociologue ou de psychanalyste professeur en Sorbonne ou chercheur au CNRS auteur d un rapport d tude ou expert aupr s des tribunaux cristallisent la fois des mani res l gitimes de dire le r el et des vis es engag es par les acteurs journalistes et intervenants ext rieurs dans leur travail commun de rationalisation du monde Partir des op rations de labellisation des discours qui acc dent la sc ne m diatique c est alors interroger davantage que des positions de l gitimit les processus de l gitimation qui autorisent dire le r el dire d o l on parle renvoie moins la n cessit de se mettre d accord sur ce qui fait l objet d une expertise que sur le caract re au sens rh torique qui d termine qui est en
22. nuit coll Le sens commun 1987 pp 75 93 CEFA D La construction des probl mes publics D finitions de situations dans des ar nes publiques in R seaux n 75 Le Temps de l v nement I Paris CNET Herm s Sciences Publications janvier f vrier 1996 pp 45 66 CHARAUDEAU P La m diatisation de l espace public comme ph nom ne de fragmentation in Etudes de Communication n 22 La m diatisation des probl mes publics Lille Universit Charles de Gaulle Lille 3 1999 pp 73 92 CHEVALIER Y L expert la t l vision Traditions lectives et l gitimit m diatique Paris CNRS Ed coll CNRS Communication 1999 DE LA HAYE Y Journalisme mode d emploi Grenoble Ellug La Pens e sauvage 1985 DURKHEIM E Les R gles de la m thode sociologique Paris Presses Universitaires de France coll Quadrige 1981 1 d 1937 DURKHEIM E Jugements de valeur et jugements de r alit Communication faite au Congr s International de Philosophie de Bologne le 6 avril 1911 in Sociologie et philosophie Paris PUF coll Le sociologue 1967 pp 90 109 ELIAS N La Soci t des individus Paris Librairie Arth me Fayard 1991 FOUCAULT M L arch ologie du savoir Paris Nrf Gallimard coll Biblioth que des Sciences humaines 1969 FOUCAULT M L ordre du discours Le on inaugurale au Coll ge de France prononc e le 2 d cembre 1970 Paris Gallimard 1971 FRA
23. ogue Jean Claude Kaufmann auteur de La Femme seule et le Prince charmant analyse pour Le Figaro les contradictions de cette fin de si cle en mati re de relations hommes femmes le libell du discours d expert qui va se d ployer n est pas de l ordre du ph nom ne observ ou d not 1l est l vidence l embrayeur d un syst me de connotations complexe qui lui seul embrasse et r sume tout un discours de repr sentation d une part de la comp tence intronis e et d autre part des enjeux sp cifiques que rec le l occurrence Nous voici donc dans la rh torique la prise de parole publique engage une dimension th tralis e l investissement intersubjectif d un r le et d une identit socio discursifs et leur actualisation par l attribution de marqueurs discursifs typifiants Femmes une image brouill e l aube d un si cle neuf Article paru dans Le Figaro du 23 avril 1999 la rubrique Notre vie 12 Bibliographie ARISTOTE Rh torique Livre I 2 1356a Paris Gallimard coll Tel 2003 BOLTANSKI L L espace positionnel Multiplicit des positions institutionnelles et habitus de classe in Revue fran aise de Sociologie XIV Paris 1973 pp 3 26 BOLTANSKI L THEVENOT L 1991 De la Justification Les Economies de la grandeur Paris Nrf Gallimard coll Essais BOURDIEU P De la r gle aux strat gies in Choses dites Paris Mi
24. parce qu on les conna t mieux souvent deviennent profs ou directeurs d tudes je ne sais pas comment on appelle a Quelquefois quand c est des propos un peu marginaux sur un truc un peu compliqu a fait bien entre guillemets de montrer que ce n est pas monsieur Tartempion qu on n est pas all le chercher au bistrot d en face mais qu il est prof En France c est toujours un peu comme a Une journaliste Lib ration service Soci t En cela la parole rapport e constitue un mode discursif particulier de repr sentation de l ordre symbolique et social par le journal Consid rer le journal comme une formation discursive c est postuler l existence de normes de conventions accept es par l ensemble des participants la situation langagi re institu e mais aussi leur reconnaissance mutuelle de r les de rapports de places et de positions interlocutives l int rieur de cet espace norm Ce qu il faut d terminer ce sont donc les grammaires de ces r gles les modalit s de l enr lement des 7 La r ticence manifest e par les journalistes comme par les sociologues lors de nos entretiens l vocation d une n gociation dit assez que l enjeu sous jacent est la naturalisation du titre non discut le titre fait force de loi 8 C est pourquoi nous pr f rons le terme de parole celui de discours rapport en s inspirant de la typo
25. port e la grandeur collective que constitue l adoubement par le monde des pairs Par renversement l appel la notori t peut jouer comme une justification contradictoire je suis provincial je ne vis pas Paris personne ne me reconna t je suis relativement pr sent dans le monde des m dias mais le monde dans lequel je vis n est pas ce monde l De sorte que les prises de parole publique sont renvoy es la seule notori t acquise en vertu de l ordre de grandeur qui pr vaut dans le monde des pairs Moi je suis prof de socio j cris des livres C est a ma v ritable identit Le choix des labels journalistiques de pr sentation du discours peut relever de la m me conomie Ainsi l affiliation de la parole l institution du CNRS r f re la parole un ordre de grandeur commun ce qui t moigne d une justification de la proc dure journalistique comme tant d singularis e dans la mesure o l acteur pour tre acceptable est envisag sous le rapport qui le rattache un collectif les paroles rapport es se d pouillent de leur nom et de leurs corps propres pour rev tir les qualificatifs qui marquent leur appartenance des institutions ou des groupes Boltanski amp Th venot 1991 22 Ou encore la discussion lors des conf rences de r daction voqu e par les journalistes rencontr s quant au choix de l expert le plus l gitime t moign
26. pre investissement dans le jeu structur par ces r gles vues comme horizons de pratiques et de croyances Chevalier 1999 13 En partant du titre parler comme point d ancrage l enjeu est de ne pas dissocier ces trois niveaux de sens et de montrer comment chacun participe la construction d un discours l gitime dans une formation discursive donn e Ainsi Comment expliquer le choix de la position mentionn e au d triment de toutes les autres et comment d terminer les principes de s lection utilis s par l institution elle m me On ne peut fournir une r ponse m me provisoire ces questions qu la condition de dissocier par une d cision de m thode les individus concrets personnes biologiques et l gales des titres dont ils sont les porteurs en tant que ces titres constituent les signes ou les embl mes par lesquels s expriment publiquement et officiellement l occupation de positions d termin es dans des champs d termin s En exprimant ainsi quel titre elle recrute ses agents l institution fournit un des indicateurs les plus puissants de l image qu elle a et cherche donner d elle m me Boltanski 1973 5 Ces trois niveaux peuvent tre appr hend s par une approche rh torique des paroles rapport es dans l espace m diatique 3 La perspective rh torique de l tat de l gitimit au processus de l gitimation Je dis que je suis sociologue directeur d
27. quels peut se r f rer la parole publique du sociologue Je vois bien que c est complexe et que a peut sembler contradictoire dit il lors de notre entretien pr cisant que le fait d tre sociologue n emp chait pas d intervenir dans l ar ne politique C est aussi cette forme de g n ralit qui est peut tre en jeu lorsque la participation au jeu m diatique est vue comme un enjeu de notori t pour se pr munir contre la suspicion de d voiement de l autorit scientifique les justifications avanc es consistent subordonner l action individuelle un ordre de grandeur collectif Il peut s agir de la satisfaction la demande de savoir de l arche publique pour laquelle ce sociologue accepte de jouer le r le de passeur Ce faisant il dit endosser au regard de ses pairs le r le de celui qui fait le travail de vulgarisation qui est n cessaire ce qui par r f rence au monde des pairs appelle le principe sup rieur de diffusion et d utilit sociale de la sociologie Dans la m me perspective un autre dit limiter ses prises de parole m diatique aux domaines dans lesquels la communaut scientifique lui a reconnu une capacit ce faisant la notori t personnelle quand les journalistes m interrogeaient sur les meutes des banlieues j avais pass quatre ans de ma vie tudier a je trouve que ce n tait pas ill gitime qu ils m interrogent est rap
28. rvice Soci t C est un choix vident C est un travail collectif Chaque journaliste pense quelqu un et certains finissent par s imposer comme une r f rence Ce qui explique que ce sont toujours les m mes finalement Une journaliste Le Monde service Politique Le choix du titre c est pour pr senter la personne parce que de facto on ne nomme jamais personne sans dire qui il est Une journaliste Le Figaro service Soci t Analyser les formes d institutionnalisation du recours aux paroles ext rieures revient donc observer des processus de l gitimation si le concept de l gitimit renvoie un principe ordonnateur c est dire un syst me de valeurs qui organisent les repr sentations d une communaut la notion de l gitimation d signe les processus travers lesquels on cherche nourrir la croyance en la l gitimit Red finie comme lecture et comme pr sentation de gages la Rh torique est ainsi le projet d une parole efficace plut t qu une technique pour rendre le discours efficace Soulez 2001 176 4 De la justification le titre comme gage d un pouvoir dire Je signe sociologue mais jamais professeur de sociologie Sociologue c est une profession Professeur c est une esp ce de titre L argument d autorit fonctionne assez il ne faut pas en faire des tonnes Un sociologue Universit de Bordeaux 2
29. situations auxquelles il est confront dans des mondes d objets agenc s dans les institutions Le travail quotidien de justification des acteurs proc de ainsi de la rencontre entre d une part des formes int rioris es c est dire des comp tences utiliser des arguments et se mouvoir dans des mondes d objets connus et d autre part des dispositifs ext rioris s c est dire des pr agencements de situations institutionnelles peupl es d objets Ce mod le peut tre appliqu aux repr sentations livr es par les sociologues et les journalistes rencontr s dans le cadre d entretiens compr hensifs dans la mesure o les discours recueillis consistent en des op rations de mise en ordre a posteriori de leurs logiques d action par r f rence un horizon g n ral de sens servant de rep re aux acteurs dans le cours de leurs actions En effet la pluralit des r les et des r pertoires que le sociologue en particulier est susceptible d investir dans des ar nes de discours publics implique qu il fasse le lien entre la permanence de son activit scientifique et les formes vari es de son investissement par la parole Le titre est donc plus que le v hicule d une position de l gitimit le moteur d un processus de l gitimation entre objectivit et engagement critique ou entre engagement et distanciation les vis es crois es des journalistes et des sociologues apparaissent comme les p les d un continuum
30. uvoir Enjeux politiques et identitaires UFR Langues de l Universit Rennes 2 27 28 mars 2003 Mais d o ils parlent L enjeu du titre parler dans la presse crite comme lien entre le social et le discursif in Etudes de Communication Langages information m diations n 27 Analyse communicationnelle et pist mologie des sciences sociales Lille CEGES Universit Charles de Gaulle 1 semestre 2005 pp 159 176 De la parit de genre l galit des sexes La construction d un r f rentiel m diatique MEI M diation et Information Revue internationale de Communication n 20 Sexe et Communication Paris L Harmattan novembre 2004 pp 149 158 Rh toriques journalistiques de recours aux paroles ext rieures pour une approche sociale et discursive des ph nom nes de m diatisation in Actes des travaux du groupe de travail Sociologie de la Communication XNIX ve Congr s de PAISLF Association Internationale des Sociologues de Langue Fran aise L individu social autres r alit s autre sociologie Universit Fran ois Rabelais Tours 5 9 juillet 2004 http www univ tlse2 fr aislf qtsc index htm Dispositifs de construction du r f rentiel journalistique le recours la parole de lexpert dans la presse quotidienne in Jean Pierre Metzger dir M diation et repr sentation des savoirs 2 volume des Actes du colloque Partage des Savoirs Recherches en Sciences de l Informatio
31. ux en amont de leur m diatisation Le titre au nom duquel le discours se pose peut alors tre consid r comme l indice de cet ajustement t moin des configurations qui en amont de la m diatisation structurent les discours et les vis es des acteurs qui s en r clament il est ce autour de quoi se r alise provisoirement un consensus quant aux crit res lectifs qui autorisent prendre la parole dans des ar nes de probl mes publics m diatis s Cefa 1996 On a alors une sorte de modus vivendi interactionnel Tous les participants contribuent ensemble une m me d finition globale de la situation l tablissement de cette d finition n implique pas tant que l on s accorde sur le r el que sur la question de savoir qui est en droit de parler sur quoi J appelle consensus temporaire ce niveau d accord Il va de soi que chaque type d termin de situation d interaction engendre un type d termin de consensus temporaire Goffman 1973 18 19 perception du syst me confronter leurs solutions et d finir leurs propositions d actions on appellera cet ensemble d images le r f rentiel d une politique M ller 1990 p 42 43 Sur les sc nes m diatiques caract ris es par l interdiscursivit et la polyphonie le m me processus de normativisation du r el est l uvre par l diction des normes prescriptives garanties par la parole de r f rence Pour paraphraser Jean Gustave
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