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Un désir averti (de l`analyste) vaut pour deux

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1. Nous savons par le quotidien de nos cures que ceux qui s adressent nous le font le plus souvent dans cette et non pas la logique m dicale Certains d ailleurs persistent nous appeler docteur malgr nos mises au point C est qu ils viennent demander un ou des entretiens m dicaments et ils s tonnent souvent apr s quelques entretiens que a n aille pas mieux ou m me que depuis que je viens vous voir a va plus mal A cette plainte redondante ilne conviendrait pas de r agir par la compassion Mais pas davantage par une sorte de durcissement un je ne veux rien enten dre ce qui serait quand m me le comble pour un analyste Cela nous rendrait sourd aux impasses dans lesquelles s enferre notre pas encore analysant On comprend bien que l enjeu majeur de ces premiers entretiens est de d placer la demande L analyse ne devient effective que lorsque l analysant cesse d tre un patient soutenu par cette demande de gu rison C est tr s exactement ce que Lacan pointait quand il parlait de l acte qui inaugure la cure et qui est de la responsabilit de l analyste Une des vignettes cliniques propos es par Nicole Stryckman dans son article Le transfert sa liquidation et le d sir de l analyste propos d une patiente qui se faisait vomir est tout fait clairante sur ce point A la constatation qu aucun Jacques Lacan T l vision Paris Seuil 19
2. accident ce qui arrive hors toute pr vision a t utilis par Lacan dans le S minaire XI pour parler de la survenance du r el par opposition l automaton qui caract rise la cha ne signifiante 10 On a pu voir dans l actualit r cente combien cette probl matique d passe de loin le champ de la sant et celui de l action sociale L espace politique est lui aussi gagn par cette pid mie de la proc dure Respecter la proc dure semble aujourd hui la seule pr occupation de beaucoup d hommes politiques Cela suffirait leur garantir l innocence sans qu ils se pr occupent de ce qui est apparu alors comme des conflits d int r ts On voit bien combien le recours la proc dure a pour effet de mettre zfs P MARCHAL Ce n est videmment pas dans cet univers technopraxique que la psychanalyse peut prendre place Mais alors comment penser une effectivit de la cure analytique qui ne soit pas de cet ordre XX X Pour instruire cette question il suffit de faire r f rence aux premiers s minaires de Lacan pour saisir comment son enseignement tourne explicitement autour de cette question de l op ration analytique Comment en garantir l efficace et le tranchant contre les pr tendus progr s de la psychanalyse tels qu ils s laboraient au sein de ce qu il nommera ironiquement plus de vingt ans plus tard la SAMCDA la soci t d assistance mutuelle contre le discours analyti
3. Le Bulletin Freudien n 48 Septembre 2006 Un d sir averti de l analyste vaut pour deux Pierre Marchal En ces temps o les politiques s interrogent sur la l gitimit des diff rentes approches psychoth rapeutiques et focalisent leur attention sur l valuation et son corollaire l efficacit en ces temps o en cho les milieux psy s agitent voire se disputent propos de leurs places respectives il est utile que les psychanalystes reviennent sur ces questions et un par un tentent d articuler le plus justement possible ce qui fait la sp cificit de leurs interventions comment penser ce qui est op rant dans les cures qu ils dirigent Ceci suppose videmment qu ils puissent dans un premier temps rendre compte de ce qui constitue une cure analytique Nous recoupons ici une probl matique particuli rement vive et actuelle celle de savoir si la psychanalyse est ou non une psychoth rapie Certains pensent que oui m me s il s agit d une psychoth rapie sp cifique mobilisant des concepts et des techniques qui lui sont propres mais malgr tout une psychoth rapie parmi tant d autres D autres pensent que non et s en tiennent cette diff rence cette opposition D autres enfin s ils affirment que la psychanalyse n est pas une psychoth rapie reconnaissent pourtant qu elle peut avoir qu elle a des effets psychoth rapeutiques Cette derni re position qui pourrait para tre de cons
4. je ne suis pas certain que cette appellation soit vraiment heureuse toute cure appara t toujours dans l apr s coup comme chappant toute volont de typification D o d ailleurs la n cessit de toujours en reparler ou dans ce que l on appelle aujourd hui le hors cure Etant entendu que ce hors cure est l uvre aussi bien dans nos cabinets que dans les institutions ou autres lieux o des psychanalystes sont amen s intervenir _10 Un d sir averti de l analyste vaut pour deux l analyse mais selon le mot de Lacan une exp rience psychotechnique Nous savons aussi que cadenass par une id ologie techno scientifique qui ne peut penser l conomie de la preuve que sur le mode de la pr sentation exp rimentale l air du temps a beaucoup de mal penser une pratique alternative quine serait pas une technique machinique r duite un ensemble de proc dures et dont le paradigme le plus clair est le mode d emploi Technique qui a videmment toute sa l gitimit quant il s agit de la cybern tique des artefacts mais qui ne semble plus ad quate quand on a faire des sujets des parl tres Pour autant que l on fasse encore la diff rence et que notre objectif commun ne se r duise pas la gestion des ressources humaines C est sans doute pourquoi beaucoup sinon la plupart de nos contemporains qui ont des responsabilit s dans le vaste champ de l action socia
5. d attirer l attention sur une autre mani re d aborder cette question de la r sistance celle qui fait dire Lacan a lui arrive qu il n y a dans l analyse d autre r sistance que celle de l analyste Pourquoi renvoyer de cette mani re la r sistance du c t de l analyste Pour pointer bien s r cette pratique de la cure dont nous parlions l instant et qui faute de s astreindre aux voies dialectiques o s est labor e l analyse et faute de talent pour retourner l usage pur et simple de la suggestion ne fait que rentrer dans cette dialectique du moi et de l autre qui fait l impasse du n vros Que 21 Le trop fameux stress 22 Jacques Lacan T l vision op cit p 39 23 Jacques Lacan Introduction au commentaire de Jean Hyppolite dans Ecrits Paris Seuil p 377 On notera que ce texte date de 1954 et est extrait du S minaire I 17 P MARCHAL l analysant mette en avant dans la cure toutes ses d fenses toutes ses r sistances cela ne doit pas nous surprendre puisqu il n y a pas de raison pour qu il pr sente dans la cure un autre rapport sa structure que dans la vie ordinaire R p tition au sens le plus habituel du terme S il y a du nouveau esp rer ce n est pas de ce c t qu il faut l attendre mais bien du c t de l analyste qui il est pr cis ment demand d amener quelque chose qui fasse rupture par rapport cette mise en place n vr
6. de l Autre Le d sir de l analyste qui l a pr c d dans cette exp rience est comme la balise qui indique un passage voire une passe possible Ou en d autres termes soutenir que le d sir se trouve caus par un objet a dont le destin est de choir C est dire que notre d sir trouve lieu au bord d un vide d objet Nous ne pouvons sans doute acc der cette exp rience que si un autre accepte dans le transfert d en occuper la place et d en soutenir la fonction de vide C est sans doute cela que voulait anticiper le titre que j ai donn cet article un d sir averti d analyste qui vaut pour deux 27 Ilme semble que ce certain point est toujours nigmatique et qu il serait int ressant de se pencher sur cette question de la fin non id ale de la cure 28 Lacan a avanc tait ce une boutade que devenir analyste n est peut tre pas la meilleure mani re de terminer son analyse De m me dans cette perspective l analyse didactique pourrait bien tre ce travail autour du d sir de devenir d tre analyste 29 Ibidem 90
7. demand c est l le point essentiel de sa formation d avoir lui m me travers l exp rience de l analyse Nous savons que pour dire cette travers e Lacan a propos plusieurs pr sentations dont notamment cette ouverture du sujet la dimension de son d sir Ce qui l am ne se d prendre du moins en partie de l emprise narcissique Ma s finalement la formulation laquelle il en viendra est la suivante ce qui signe pour un sujet la fin de sa cure c est la rencontre de son tre sous la forme de l objet a Cet objet qui venait faire bouchon au vide de son d sir Mais il s agit l encore d une formule imag e faire bouchon au vide de son d sir cela signifie que le sujet ne supportant pas ce vide le comble avec la demande de l Autre L objet a ou plut t les objets a ne sont rien d autre que les diff rentes formes d articulation du sujet cette demande de l Autre en d finitive c tait lui m me comme s il ne trouvait tre consister dans l tre que de se faire l objet a de l Autre venant ainsi r parer la blessure narcissique caus e l Autre par la castration Ainsi ce patient religieux de son tat qui rendait raison de sa vocation en disant qu il voulait tre un saint sein pour maman C est qu au terme du processus de la cure le sujet peut r aliser comment il s tait fait l objet le d chet de l Autre Cela au moins dans son fantasme mais po
8. plus de trente ans plus tard mesurer encore l exacte port e C est qu on ne saurait mieux le situer l analyste objectivement que de ce l thique hors jeu Ou comme certains post modernes le disent d une mani re euph mique autonomiser l thique Ce qui renvoie pour eux la s paration de l thique et de la politique 11 Ce n ologisme vise une pratique praxis r duite la seule dimension technique 12 Jacques Lacan op cit p 27 13 Ibidem p 10 12 Un d sir averti de l analyste vaut pour deux qui dans le pass s est appel tre un saint Un saint pour me faire comprendre ne fait pas la charit Plut t se met il faire le d chet il d charite Ce pour r aliser ce que la structure impose savoir permettre au sujet au sujet de l inconscient de le prendre pour cause de son d sir C est de l abjection de cette cause en effet que le sujet en question a chance de se rep rer au moins dans la structure Nous reviendrons cette position objective de l analyste pour tenter de dire le rapport qu elle a avec le d sir de l analyste Mais attardons nous encore aux premiers temps de l enseignement de Lacan enseignement qu il a lui m me caract ris comme un retour Freud Retourner Freud c est dire le lire Non pas comme un philosophe ou un historien des id es Non pas comme un disciple commentateur qui se d lecterait d ajouter a
9. 73 p 17 2 Lacan continue son propos propos de la gu rison L tonnant est qu il y ait une r ponse et que de tout temps la m decine a fait mouche par des mots Et non pas par des m dicaments 3 Voir le S minaire XV L acte psychanalytique 1967 1968 Editions de l Association Lacanienne Internationale hors commerce 4 Cf article de N Stryckman dans ce num ro 8 Un d sir averti de l analyste vaut pour deux m decin n a pu la d livrer de ce sympt me et sa ponctuation C est incroya ble l analyste encha ne avec beaucoup d propos Il semble que pour vous il soit incroyable que vous puissiez produire cet arr t A quoi la patiente lui r pond du tac au tac Vous ne pensez tout de m me pas que vous allez y arriver Comment entendre cette derni re r ponse de la patiente On peut bien videmment la prendre du c t de la r action th rapeutique n gative qui porte la marque du transfert comme r sistance Ce qu elle est certainement D o la r action habituelle de l analyste le silence qui traduit son refus d entrer dans cette dispute d amour Mais il n est pas s r que ce silence permette la patiente un quelconque d placement par rapport sa probl matique Nous pourrions peut tre tenter de l entendre en plus autrement Au del de l affect contre tranf rentiel dans lequel la patiente tente peut tre de pi ger l analyste Au ras du signi f
10. analysant analyste Vous tes hostiles parce que vous pensez que je suis irrit contre vous Comment en sortir En rappelant la relation symbolique l Autre qui nous constitue On aura compris que je ne fais que commenter ici le fameux sch ma L o l on peut clairement lire que la relation imaginaire a a vient faire obstacle au rapport symbolique A S Exit donc la th orie de la repr sentation du moins en ceci qu elle viendrait caract riser le rapport des signes linguistiques aux choses de la r alit Non pas que le r f rent soit une cat gorie linguistique d sormais d pass e Bien videmment le langage nous sert aussi parler des choses mais ce rapport du langage aux choses est d sormais marqu par la dimension d un arbitraire sociologique qui caract rise la langue Si on voulait tre pr cis il faudrait avancer qu effectivement c est la langue qui nous permet de baptiser le monde et de 16 Jacques Lacan Propos sur la causalit psychique dans Ecrits Paris Seuil 1966 p 166 17 Il faudrait videmment s attarder longuement sur cette id e Je emprunte Jean Gagnepain et sa th orie de la m diation qui a le m rite de distinguer radicalement le langage et la langue Pour lui le langage est un syst me des signifiants th se structuraliste au sein duquel est g n r le sens par l op ration de la synonymie alors que la langue est une reprise sociale du langag
11. cient dans la structure Etce qui s ensuit pour peu que cette l chet d tre rejet de l inconscient aille la psychose c est le retour dans le r el de ce qui est rejet du langage c est l excitation maniaque par quoi ce retour se fait mortel X XX Revenons une derni re fois ce s minaire I pour remarquer que le concept freudien qui occupe Lacan d s les premi res le ons est celui de r sistance savoir tout ce qui fait obstacle la cure Ce n est videmment pas sans raison que sa premi re approche des textes techniques de Freud se focalise ainsi sur cette question de la r sistance C est que la vulgate psychanalytique de cette poque et peut tre celle d aujourd hui je veux parler des orni res o malgr Lacan nous nous enferrons encore si facilement pensait la cure essentiellement comme une analyse des r sistances R sistances qui ne permettaient pas l analysant d acquiescer aux interpr tations de l analyste Un tel traitement emp che de produire ce retournement dont nous avons dit qu il tait la condition m me de l analyse Pr tendre trouver dans le renforcement du moi de l analysant par identification celui de l analyste le moyen de lever les r sistances est une illusion L analyste post freudien parce qu enferm dans une relation imaginaire et mo que n en a pas v ritablement les moyens C est pourquoi il est int ressant pour notre propos
12. e en vue de la constitution d une r alit d un monde On voit comment sens et r f rent sont par l totalement disjoints Par contre ce que Jean Gagnepain ne th orise pas explicitement c est le manque dans l Autre ni d ailleurs le rapport du syst me des signifiants l Autre Pas davantage la question du d sir comme origin au manque Pour lui le d sir se r f re une autre m diation et n a pas faire directement avec le langage mais avec ce qu il nomme l thico moral Quoiqu il en soit ce qui est bien mis en vidence chez Gagnepain c est que le rapport des mots aux choses reste hypoth tique arbitraire disait Saussure et rel ve d une op ration non pas conceptuelle mais sociologique Peut tre faudrait il AL Un d sir averti de l analyste vaut pour deux parler des choses le langage se trouvant d charg de cette t che pour tre le lieu o s labore le syst me incomplet des signifiants c est dire la pens e Ce que Lacan a nomm le lieu de l Autre Le tr sor dessignifiants marqu par le manque l incompl tude et organis pr cis ment par le signifiant du manque Il importe de prendre l exacte mesure de cette incompl tude de l Autre Un mot sans doute faudrait il dire un nom donn une chose n est en rien sa d fi nition Il est une hypoth se c est dire une fiction un bord trac autour d un non savoir mais qui donne la possibilit d ar
13. e r alit dysfonctionnement comme on aime dire aujourd hui de la r alit biologique du corps ou encore trauma rep rable dans l histoire du sujet mais au r seau de signifiants qui pour tre insu n en est pas moins op rant Je veux dire le savoir inconscient Prenons l exemple de la d pression dont nous savons combien la m decine et la pharmacie voudraient isoler les facteurs biologiques d terminants pour soigner les d prim s avec des antid presseurs Au point que n gligeant toute tiologie ces praticiens en viennent d finir strictement pragmatiquement la d pression comme ce qui se soigne par les antid presseurs La d pression est devenue la maladie d un si cle qui ne peut plus accepter que des sujets soient tristes ni qu ils c dent l ennui 19 Jacques Lacan T l vision op cit p 33 20 M d Partie de la m decine qui tudie les signes des maladies selon le diction naire Petit Robert 1977 16 Un d sir averti de l analyste vaut pour deux La tristesse par exemple on la qualifie de d pression lui donner l me pour support ou la tension psychologique du philosophe Pierre Janet Mais ce n est pas un tat d me c est simplement une faute morale comme s exprimait Dante voire Spinoza un p ch ce qui veut dire une l chet morale qui ne se situe en dernier ressort que de la pens e soit du devoir de bien dire ou de s y retrouver dans l incons
14. emande que nous supposons l Autre et ce que nous pouvons attendre de la cure c est que cette d pendance soit elle aussi avertie C est pourtant ceux qui ont men leur cure jusqu un certain point que nous pensons en mesure d assumer leur tour la fonction d analyste C est dire nous l avons assez dit d occuper cette place d objet a pour l analysant C est l un paradoxe Peut tre un sympt me Comment peut on d sirer s installer cette place demande alors Lacan et surtout comment le d sir de celui qui s installe cette place pourra t il op rer dans la cure de ceux qu il aura entendre Osons une r ponse Le d sir de celui qui s installe cette place d avoir lui m me travers une cure analytique est ouvert d sencombr de la demande de l Autre C est dire aussi que ce d sir est capable de se reconna tre pour ce qu il est ou plus justement pour ce qu il n est pas Entendez que le d sir n est pas il n a pas d tre il existe seulement comme le sujet Supporter ce non tre du d sir c est aussi supporter ce que Freud avait appel l Hilflosigkeit le sans recours Il n y a pas d abonn au num ro du grand Autre que vous avez appel Tel est sans doute le point de non retour l o l Autre ne r pond plus Non pas qu il aurait r pondu auparavant Mais en ce point o il affronte le sans recours le sujet ouvre enfin les yeux sur l incompl tude
15. ensus ne cl t pas le d bat La question rebondit qu est ce donc que ces effets psychoth rapeu tiques S agit il d une lev e des sympt mes d un retour une normalit psychique sans que l on sache trop bien ce qu est cette normalit Est ce quel que chose qui nous d porte nous pousse du c t de la gu rison Lacan dans cette interview accord e en 1973 l ORTF et publi e sous le tire de T l vi Sy P MARCHAL sion d clarait La gu rison c est une demande qui part de la voix d un souffrant d un qui souffre de son corps ou de sa pens e Cela peut nous para tre vident et pourtant cela constitue un cart voire un renversement par rapport l opinion commune qui pense la gu rison non pas comme une demande mais comme l offre que la m decine propose en r ponse la plainte d un patient Ce que Lacan nous fait remarquer c est que le patient n est pas r duit la plainte Il demande et il demande d tre gu ri supposant au m decin non seulement le savoir qui op re cette gu rison mais encore la bienveil lance son gard sa volont de gu rir R pondre cette demande dans le trans fert c est la vocation de la m decine Et comment r pond elle Ici encore gagn s par la fi vre technique nous serions tenter de r pondre par un traitement un programme th rapeutique qui se traduit le plus souvent par une prescription de m dicaments de pharmacon
16. er la responsabilit de for mer des psychanalystes elles ne peuvent de ce fait faire l impasse sur cette ques tion de l op ration analytique Laquelle question est au c ur m me de leur travail J ai mis ce terme institutions entre guillemets pour souligner la difficult qu il y a parler d institutions analytiques Nous n aborderons pas directement cette question ici mais je tiens souligner le fait que d introduire la suite de Lacan cette dimension du d sir de l analyste ne peut qu avoir des _9 P MARCHAL r percussions importantes sur les institutions qui regroupent des analystes en vue de leur formation Charles Melman soutenait r cemment qu une association d analystes devrait se garder de jouer le jeu institutionnel il ne devrait s agir dans une association d analystes que d un groupe de coll gues et d l ves concern s par la mise l preuve d une confrontation collective des textes et des pratiques Sans doute Mais les choses me paraissent effectivement plus complexes dans la r alit et pas toujours conformes cet id al A se priver aussi radicalement de tout support institutionnel il est possible que l on se retrouve sans d fense contre ce qu il faut bien appeler la pulsion narcissique C est que nous avons naviguer entre narcissisme et d sir et c est sans doute pour cela que Lacan a promu le d sir de l analyste comme op rateur dans les cures Mais a
17. iant Comme ce qui viendrait confirmer ce que l analyste venait de lui dire en reprenant le signifiant incroyable et en lui faisant entendre que c est elle qu il revient de mettre fin ses vomissements Ou encore autre version que c est elle quitient ces vomissements pour cause de jouissance d plac e Ce qui reviendrait lui signifier que ce qu elle dit c est exactement de cela dont il s agit il l analys te ne va tout de m me pas se mettre en cette place d o il penserait qu il va y arri ver Avec toute l ambigu t s mantique qui plane sur le y Non vous ne parviendrez me subtiliser ce qui fait support ma jouissance Bien s r que non Il ne s agit pas de lui substituer sa jouissance mais plut t de l amener en ce point o elle pourra laisser tomber cet objet qu elle ne cesse pourtant de rendre Nous aurons sans doute l occasion de revenir sur cette question qui tourne autour de la jouissance du sujet et de la place de l analyste Lacan dans la derni re partie de son enseignement insistera sur la place de l analyste dans la cure en la caract risant comme tant celle de l objet a pour son analysant C est ainsi me semble t il qu il reformule ce qu il avait auparavant avanc quant au d sir du psychanalyste xxx Ce qui est vrai pour chaque analyste l est aussi pour les institutions analy tiques qui n ont pas d autre raison d tre que d assum
18. le sont la recherche de tels outils et pour cette raison fr quentent assid ment toutes sortes de formations qui leur assureraient un pr t faire dont l efficacit n est pas loin s en faut garantie La succession ininterrompue des r formes dans l enseignement est de ce point de vue clairante quant l efficacit de la psychop dagogie Laquelle fonctionne le plus souvent conform ment ce paradigme technoscientifique Ce qui fait l int r t et le succ s de tels transferts de technologie c est qu ils procurent ceux qui les adoptent le confort d une position d ext riorit par rapport aux situations dans lesquelles ils sont pourtant engag s Ces situations sont ici param tris es aucune tuch n est redouter et la r ponse aux suppos s besoins est quasiment automatis e Cela dispense le travailleur qui est davantage un serveur de machines m me si elles sont virtuelles et complexes qu un v ritable travailleur d inventer et par l d engager sa responsabilit Son unique travail consistant appliquer les proc dures 8 Jacques Lacan Intervention sur le transfert texte de 1951 dans Ecrits Paris Seuil 1966 p 215 Pour revenir la psychoth rapie voil sans doute une bonne mani re de l aborder en essayant de r pondre cette question la psychoth rapie est elle ou non une psychotechnique 9 Ceterme grec qui pourrait se traduire en fran ais par
19. omplicit et de r ciprocit entre deux semblables tout deux pris dans une qu te d amour Rien ici ne peut faire bascule du d sir Cela implique du c t de l analyste une v ritable conversion dialectique encore faut il qu elle s entretienne chez le sujet d un exercice continuel C est quoi se ram ne v ritablement toutes les conditions de la formation du psychanalyste C est pour penser cette conversion que Lacan a parl du d sir de l analyste Il convient d y entendre cette exigence adress e l analyste d avoir pr c d son analysant dans ce passage par quoi il a d sali n son d sir de la demande de l Autre C est ce d sir averti ce d sir rep r qui lui permet dans ses interventions d ouvrir ce m me passage son analysant XX X Cf Jacques Lacan S minaire I op cit 25 Ibibem _18 Un d sir averti de l analyste vaut pour deux Je voudrais conclure sans pour autant cl turer en revenant sur l hypoth se que j ai avanc e propos du rapport qu entretient ce d sir d analyste l objet a Ou plus pr cis ment encore pourquoi comme on peut le constater Lacan dans la derni re partie de son enseignement n a plus utiliser cette formule du d sir de l analyste pour insister sur le fait que l analyste avait occuper pour son analysant cette place de l objet a Il y a un paradoxe dans la position de l analyste D une part il lui est
20. otique de sa demande Que quelque chose de cette complicit imaginaire soit d plac e pour que puisse se manifester la v rit du rapport du sujet l Autre au symbolique dans les r seaux duquel il se trouve pris C est la condition essentielle la mise en place d une analyse C est l acte analytique qui ouvre la cure et dont l effet porte sur la demande de qui s adresse nous Demande qui se d place qui se modifie Laquelle modification dans le meilleur des cas met le sujet en position d analysant A le dire encore autrement la demande ne vient plus faire cran au d sir L analyse peut donc se caract riser comme le lieu d mergence de la dimension du d sir chez un sujet chez qui le d sir estemp tr dans l amour englu dans un rapport d amour l Autre Ce qui signifie bien s r qu il ne peut y avoir d analyse sans une radicale modification du rapport que nous entretenons l Autre Ce n est pas pour rien qu un s minaire de Lacan s intitule pr cis ment D un Autre l autre Modification faut il le redire qui ne peut s op rer si l analyste se fait le complice de son analysant cl turant le rapport duel dans l expulsion de l Autre Il est videmment possible que l analyste r siste une pareille man uvre dans la mesure o il reste lui m me otage de sa propre n vrose o son d sir continue se confondre la demande de l Autre Tout est alors en place pour une v ritable sc ne de c
21. place la r alit C est d une certaine mani re prendre l exacte mesure de ce que la linguistique structurale de Saussure nous a appris Aucun linguiste ni aucun philosophe ne saurait plus soutenir en effet une th orie du langage comme d un syst me de signes qui doublerait celui des 14 Ibidem p 28 15 Moustapha Safouan Lacaniana Les s minaires de Jacques Lacan Tome I Paris Fayard 2001 p 8 gt 13 P MARCHAL r alit s 6 Mais il ne faudrait pas penser certains le pensent bien s r que cette r f rence de Lacan la linguistique structurale ne soit que le fait d un effet de mode La mode structuraliste qui s vissait en ces temps l Si Lacan est ainsi vers au rang des structuralistes et lui m me a reconnu que cette compagnie n tait pas pour lui d plaire c est qu il y trouve les concepts lui permettant de formaliser l exp rience analytique et de d passer les apories de la clinique telle qu elle avait pris forme chez les post freudiens Pourquoi ces apories Pourquoi ces impasses dans la cure Le diagnostic de Lacan est on ne peut plus clair C est que la pratique psychanalytique post freudienne est englu e dans la relation imaginaire et produit des interpr tations que Lacan nomme des interpr tation d ego ego ou d gal gal interpr tations qui font jouer la r ciprocit des sentiments et qui s articulent dans le champ d une relation duelle imaginaire
22. que laquelle manifeste au niveau des institutions la m me d fense la m me m connaissance que celle que nous voyons se d ployer dans les cures savoir une d fense contre la castration Nous pouvons avancer que tout l effort de Lacan au long de son enseigne ment aura t de penser cette unique question m me si de nouvelles formulations sont avanc es et que d autres ne seront plus explicitement reprises C est pr cis ment le cas de la formule le d sir de l analyste qui appara t dans le s minaire sur l Ethique de la Psychanalyse 1960 et qui marque un moment cl de son laboration Elle ne sera plus reprise du moins en ces termes dans les s minaires quisuivent Les probl mes cruciaux pour la psychanalyse 1965 La formule est d sormais absente mais ce qu elle tentait d articuler quant la place et l efficace de l analyste reste d actualit reformul dans les termes du discours psychanalytique o l op rateur de ce discours analytique n est autre que l objet a objet cause du d sir Toujours dans ce m me texte T l vision Lacan annonce d embl e que c est cette place qu il convient que se tienne l analyste Ces analystes qui ne le sont que d tre l objet objet de l analysant Avec cette audace dont il a toujours fait preuve n y allons pas par quatre chemins il caract risait la place de l analyste en ces termes dont je ne suis pas s r que nous puissions aujourd hui
23. re Et Lacan de r pondre du tac au tac Vous imitez l les gestes avec lesquels on feint un air de parent dans la SAMCDA Plus s rieusement il argumente que ce qui r siste au dire ce qui fait point de but e dans la suite infinie des signifiants s articulant les uns aux autres ce n est rien de ce qui rel verait de la r alit mais bien le R el savoir l impossible dire ou encore plus pr cis ment ce que le symbolique dans son effort dire les choses a expuls de la r alit Telle est la but e du symbolique non pas les choses dans leur positivit positivit qu elles acqui rent d ailleurs du sens effet d un nouage du symbolique et de l imaginaire ce que je tentais de dire plus haut en parlant de la langue mais le manque interne au syst me des signifiants l Autre Autrement dit sa castration C est partir de cela que s organise la structure comme mani re de faire avec la castration A entendre car il s agit davantage d entendre que de comprendre d o ce que Freud d j appelait l attention flottante flottante de ne pas tre focalis e sur un sens comprendre mais sur des signifiants rep rer entendre le discours de l analysant de la sorte la clinique s en trouve radicalement subvertie Le sympt me dont le patient se plaint et dont il souffre n a plus s inscrire dans le cadre d une s miologie il n est pas r f rer un substrat d
24. ticuler ce signifiant d autres cr ant ainsi un r seau de signifiants qui fait savoir Savoir toujours hypoth tique parce que suspendu ce point irr ductible de non savoir d origine Ce point de non savoir nous pouvons dire qu il est bord par le signifiant Phallus signifiant du manque dans l Autre non pas tant parce qu il viendrait pointer le manque mais plut t en indiquer la f condit du c t de l action du c t du savoir Vous voyez que je tente d indiquer ici une diff rence entre le Phallus symbolique et le signifiant du manque dans l Autre S A Cela devrait nous permettre d avancer que tout savoir rel ve n cessairement de l ordre phallique La repr sentation ne r f re donc plus le signifiant une r alit externe au langage elle joue au contraire d une mani re interne savoir par le renvoi d un signifiant un autre signifiant avec pour enjeu la production d un sujet selon la formule bien connue Le signifiant repr sente le sujet pour un autre signifiant C est tr s exactement cela la structure que Lacan voquait dans le texte de T l vision et o le sujet a se rep rer A se rep rer dans cette d pendance radicale l Autre incomplet via lequel il est le sujet marqu son tour par la castration Si nous pratiquons la lecture de Lacan nous sommes quelque peu familiers de cette mise en forme Cela ne doit pourtant pas nous faire oublier l extr me nouveaut
25. u texte freudien sa petite note sa propre glose Il s agit plut t d une reprise au sens de Kierkegaard dont l op rateur d cisif celui qui d cide de ce qu il y a l lire ou entendre c est la clinique Mais pas n importe quelle clinique Il s agit de la clinique telle qu elle se d ploie dans l exp rience psychanalytique d finie comme exp rience de discours Mais ici encore il ne suffit pas de se contenter de r f rer la psychanalyse cette r alit du discours pour que tout le tranchant de cette clinique soit rappel Il faut encore expliciter les conditions d une telle exp rience Le point crucial de l affaire en de m me du rep rage de l immersion des vivants parlants dans le discours dans la parlotte c est la th se structurale concernant la nature m me du langage savoir que la d finition du signe linguistique s op re intra syst mi quement par une op ration de pure opposition des signifiants entre eux etnon par r f rence une quelconque r alit extra linguitique Cette structure il faut bien le dire se trouve refoul e dans l usage ordinaire du langage et du rapport social entre nous et nos semblables Pour retrouver ce point de fondation de la structure langagi re il importe donc qu on en revienne au signifiant en de de ce rapport imaginaire d un sujet son semblable tel qu il fonctionne dans n importe quelle conversation banale dans n importe quel discours qui met en
26. ur l homme c est le fantasme qui organise la r alit Et la psychanalyse pourrait l aider se d prendre de cette position La fin de l analyse serait une travers e du fantasme Pour le dire encore autrement on pourrait se repr senter la cure comme le passage pour un sujet de l tre l ex istence Topologiquement cela pourrait s illustrer par le passage d un ensemble complet non trou et fini un ensemble incomplet donc trou marqu localement par le manque et infini Et cela par l op ration suivante qui fait de la fronti re qui contient et d finit tous les l ments de cet ensemble complet et fini un bord brod autour du vide partir duquel se g n re un ensemble infini mais incomplet Vide parce que vid de tous les l ments qui cessent d tre pour exister 26 Dictionnaire de la Psychanalyse op cit entr e cure _19 P MARCHAL Une fois qu une telle transformation s est op r e on pourrait penser que le sujet est d finitivement quitte non pas de sa dette symbolique par rapport l Au tre mais de la demande de ce dernier celle qui informe l objet a Ce qui permet d ailleurs l objet a de choir d finitivement Mais sans doute comme l exp rience la n tre et celle de nos analysants nous l apprend une telle issue la cure est id ale Dans la r alit nous restons sans doute toujours dans une certaine d pendance l gard de la d
27. ussi oserais je ajouter dans les institutions analytiques D ailleurs Charles Melman constatait dans ce m me texte La maladie habituelle des Soci t s psychanalytiques est de reproduire en microcosme l organisation commune toutes les soci t s humaines r gies par le f tiche du Moi Il va tre passionnant de voir si l enseignement de Lacan puis il faut bien le dire pendant 20 ans le mien sont susceptibles d autoriser une relation sociale du moins dans notre groupe soulag e de la f te du Ich Ce n est pas gagn et il y a encore et toujours du travail celui de pousser au d sir par le transfert de travail Telle est sans doute la seule l gitimit d une autorit dans une association d analystes xxx Nous savons la suite de Freud et Lacan que nous ne pouvons pas sous peine d une d rive qui nous priverait pr cis ment de toute efficace r pondre cette question difficile de l efficacit dans nos interventions en nous r clamant d outils performants dont nous pourrions par avance et avec pr cision mesurer les effets Une telle option nous rejetterait hors de l espace de l exp rience analyti que pour nous donner l illusion d assurer la ma trise de ce qui ne serait plus de 5 Charles Melman La f te du Ich sur le site de l Association Lacanienne Internatio nale Freud Lacan com 20 05 2004 Ibidem 7 Qu elles aient lieu dans des cures dites types
28. voire la dimension d inou d une telle approche Ni non plus nous rendre aveugles la permanence aujourd hui plus que jamais de l pist mologie r aliste qui tait celle des post freudiens et par rapport auxquels Lacan s est d marqu Revenons une fois encore T l vision sp cialement la quatri me partie de cette conversation qui d bute par une question objection laquelle tourne autour de l approche lacanienne de l inconscient structur comme un langage A quoi voir dans cette r f rence sociologique la pr sence de l Autre Ce qui nous ouvrirait cette hypoth se int ressante que la psychanalyse serait penser comme une sociologie structurale Je n en dis pas plus mais j y verrais une mani re radicale de d marquer l analyse de toute r cup ration psychologique 18 On trouvera de pr cieuses indications ce propos avec ce que Roland Chemama rappelle de la double valence du signifiant phallique Cfr Roland Chemama D pression la grande n vrose contemporaine Raimoville St Agne Er s 2006 15 P MARCHAL On vous oppose sous des formes diverses ce ne sont l que des mots des mots des mots Et de ce qui ne s embarrasse pas de mots que faites vous Quid de l nergie psychique ou de l affect ou de la pulsion Vous entendez bien l objection de quoi parlez vous o est le r f rent de votre discours Quelle r alit vient lester la l g ret de votre di

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