La Responsabilité Sociale de l`Entreprise (RSE), voie de
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1. La RSE interpelle divers niveaux de responsabilit s qui peuvent tre internes respecter une certaine thique veiller au bien tre des employ s externes fabriquer des produits sans danger pour les utilisateurs informer le public sur les conditions de production et envers la communaut locale politique de bon voisinage Caroll 1979 La diversit des domaines touch s est susceptible d impliquer une multiplicit de disciplines et de champs professionnels dans l entreprise Godfrey et Hatch 2007 La RSE peut tre rattach e au domaine du marketing Charles et Hill 2004 Pircsh et coll 2007 de la gestion des ressources humaines Saulquin 2004 Coulon 2006 des relations publiques L Etang 1994 Frankenthal 2001 Roberts 2003 ou au management environnemental de la firme Capron et Quairel Lanoizel e 2007 La diversit des fonctions concern es par la mise en place de la RSE renvoie la multiplicit des activit s qu elle implique Ces derni res incluent principalement l incorporation de caract ristiques sociales ou environnementales dans les produits ou dans le processus de fabrication des produits Elles int grent aussi l adoption de pratiques de d veloppement des ressources humaines et des pratiques de gestion environnementale travers le recyclage et la r duction de la pollution ainsi que le d veloppement des relations avec les communaut s de proximit de l entreprise McWilliams et c2. 2003 Les balises thiques en milieu de travail nouvelles contraintes ou n cessit Revue internationale des relations de travail Vol 1 N 2 pp 37 67 SMITH A 1776 De la richesse des nations Edition Flammarion 531p 1999 STEINER G A 1971 Business and society New York Random House STERNBERG E 1996 Stakeholder theory exposed Corporate Governance Quarterly 2 pp 4 18 VERSCHOOR C C 2003 Corporate responsibility High priority for CEOs Strategic Finance 85 4 pp 20 22 VOTAW D 1974 The limits of corporate responsibility Sloan Management Review Vol 15 N 3 pp 102 104 VUONTISJARVI T 2006 Corporate Social Reporting in the European Context and Human Resource Disclosures An Analysis of Finnish Companies Journal of Business Ethics 69 pp 331 354 WELFORD R 2002 Globalization corporate social responsibility and human rights Corporate Social Responsibility and Environmental Management Vol 9 N 1 pp 1 7 WILLIAMSON O 1993 Calculativeness Trust and Economic Organization Journal of Law and Economics Iss 36 pp 453 486 WINDSOR D 2006 Corporate social responsibility three keys approaches Journal of Management Studies Vol 43 N 1 pp 93 115 WOOD D J 1991 Corporate social performance revisited Academy of management Review Iss 16 pp 691 718
3. les dimensions quantifiables tant plus faciles d utilisation les aspects qualitatifs sont mal pris en compte lors de l valuation de l impact de la RSE Roberts 2003 Capron et Quairel Lanoizel e 2006 Selon Igalens et Gond 2003 il existerait cinq familles de m thodes de mesure de la performance sociale l analyse de contenu des rapports annuels les indices de pollution les mesures perceptuelles issues des enqu tes par questionnaires les indicateurs de r putation et les indicateurs produits par des organismes de mesure Pour les auteurs chacune de ces m thodes comporte des limites li es son mode de production et sa construction Les mesures s appuyant sur des donn es issues directement des entreprises peuvent tre fortement biais es D autres mesures comme les indices de pollution ont tendance se focaliser sur une seule dimension alors que les mesures globales comportent un risque d effet de halo Pour Allouche et coll 2004 la diversit des indicateurs mobilis s pour la mesure des retomb es de la RSE rend difficile toute mise en perspective coh rente et toute possibilit de comparabilit entre les tudes men es Il appara t ainsi que les classements et les typologies r alis es ne co ncident gu re d une analyse l autre car les crit res retenus et leur valuation seraient essentiellement normatifs et proc deraient d une vision strictement subjective des auteurs de ces tudes Su
4. Business Ethics Vol 52 N 3 pp 267 281 FERON M 2005 La diversit des politiques et pratiques orient es RSE entre universalit et contingence HI me congr s de l Association pour de D veloppement de l Enseignement et de la Recherche sur la Responsabilit Sociale de l Entreprise 18 et 19 Octobre Lyon FRANKENTAL P 2001 Corporate social responsibility a public relation invention Corporate Communications Vol 6 Iss 1 pp 18 23 FREEMAN ER 1984 Strategic Management A Stakeholder Approach Boston Pitman 276 p Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 102 FRIEDMAN M 1970 The Social Responsibility of Business is to make profit New York Times Magazine 13 Septembre GARRIC N LEGLISE I POINT S 2006 Le rapport RSE outil de l gitimation Le cas Total la lumi re d une analyse de discours Revue de l Organisation Responsable N 2 pp 5 19 GODFREY P C HATCH N W 2007 Researching Corporate Social Responsibility an agenda for the 21 Century Journal of Business Ethics 70 87 98 GOND J P MERCIER S 2004 Les th ories des parties prenantes une synth se critique de la litt rature Acte du 15 me Congr s annuel de l Association Francophone de GRH AGRH Montr al HOLLIDAY C O SCHMIDHEINY S WATTS P 2002 Walking the Talk The Business Case for Sustainable Development Berrett Koehler Public
5. ci faisant partie int grante de la culture am ricaine La RSE est devenue un th me de recherche l origine de l mergence d un nouvel espace acad mique savoir le courant Business and Society s int ressant aux relations entre l entreprise et son environnement soci tal Acquier et Gond 2005 De nombreux chercheurs s identifieront ce courant Mc Guire 1960 Steiner 1971 Caroll 1979 1991 1999 Auperle et al 1985 Wood 1991 Apr s avoir occup les chercheurs am ricains Davis 1973 Caroll 1979 Auperle et col 1985 et suscit quelques controverses manant d acad miciens lib raux Levitt 1958 Friedman 1970 la recherche sur la RSE diminuera d intensit partir du milieu des ann es 1980 et muera vers d autres concepts comme la citoyennet de l entreprise ou l approche par les parties prenantes Caroll 1999 La RSE rest e jusqu alors un ph nom ne quasi exclusivement Expression due D jean et Gond 2004 Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 87 nord am ricain et per ue dans ce contexte comme une entrave la logique lib rale Godfrey et Hatch 2007 Mc Williams et col 2006 Windsor 2006 allait alors plier devant le nouvel ordre conomique mondial tabli consacrant le lib ralisme conomique Par la suite la RSE conna tra un regain d int r t en redevenant un ph nom ne de plus en
6. conomiques Prise en compte sous cet angle la RSE appara t comme une concr tisation de l int gration de rep res thiques dans le domaine de l entreprise Sautr 2003 qui semblait vou tre r gi uniquement par la logique du profit On peut alors penser que ce concept repr sente une voie de conciliation entre l thique et l conomique au sein de la firme Toutefois aussi bien sur le terrain de l entreprise que dans la sph re acad mique la RSE est loin de faire l unanimit Si cette notion trouve depuis quelque temps un cho grandissant elle n en soul ve pas moins plusieurs controverses Selon Allouche et coll 2004 la RSE et les outils auxquels elle a donn lieu voluent dans un cadre conceptuel o r gnent la confusion et l impr cision L ambigu t serait due aux enjeux th oriques manag riaux et id ologiques relatifs au concept Locket et coll 2006 Pour comprendre la port e de ces enjeux 1l conviendrait de revenir sur les positions des uns et des autres concernant la RSE Le but du pr sent papier est de fournir un panorama g n ral des d bats relatifs la RSE Sans pr tendre pouvoir rendre compte de toutes les pol miques et les controverses li es au th me nous tenterons d en restituer les plus sai llantes Avant de passer en revue ces d bats nous commencerons par pr senter l historique du concept de la RSE Dans ce cadre nous verrons que le concept donne lieu une diff rence
7. d acception entre l Europe et les tats Unis contextes dans lesquels la RSE est apparue et a pris de l importance des moments diff rents Par la suite nous nous int resserons aux d bats relatifs aux fondements philosophiques et th oriques en examinant les diff rentes perspectives existant ce niveau Enfin nous accorderons un int r t la pratique en mettant particuli rement l accent d abord sur les confusions quant aux mobiles relatifs la mise en uvre de la RSE et ensuite sur les controverses li es aux r sultats des d marches de RSE Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 86 I APER U HISTORIQUE LA RSE UNE RED COUVERTE CONTEMPORAINE CONTINGENTE On associe souvent la RSE au d veloppement durable ou encore la mondialisation alors que cette a vu le jour bien avant ces ph nom nes En r alit la RSE est apparue d s les ann es 1950 aux tats Unis mais sa diffusion vers d autres contextes s est faite de mani re d cal e dans le temps Nous allons dans ce qui suit nous int resser l historique de ce concept et aux diverses acceptions auxquelles il a donn lieu Les diff rences d acception refl tent la contingence culturelle de la RSE mais se traduisent aussi par des difficult s pour la d finir 1 1 L mergence de la RSE Dans son expression et dans son sens actuel la RSE est essentiellement li e au contex
8. entreprise On peut expliquer Traduction libre p 462 Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 98 l ambigu t du lien entre la RSE et la profitabilit par le fait que la contribution de cette premi re la performance financi re de l entreprise d pend surtout de facteurs qualitatifs tels que la r putation de l entreprise ou l attitude des employ s Branco et Rodrigues 2006 D jean et Gond 2004 constatent pour leur part que l existence d une relation stable entre la RSE et la performance n a jamais t clairement prouv e et que le sens de la relation n est pas encore d finitivement tabli Dans ce contexte les auteurs pensent que les travaux consacr s ce lien risquent de prendre la forme d un processus de validation des croyances id ologiques et manag riales L argument de la convergence entre les dispositifs de RSE et la profitabilit de la firme constituerait un moyen commode pour les acteurs du march de la RSE les agences de notations cabinets de conseil de l gitimer la pertinence de leur d marche De plus cet argument serait un moyen pour les chercheurs du champ Business and Society de l gitimer leur domaine de recherche aupr s des champs d tudes plus classiques en management Pour conclure sur ce point on peut avancer l id e que la seule certitude que l on puisse avoir ce sujet c est que l investissement
9. produire ce dont la soci t a besoin et cr er de la richesse Pour les lib raux la recherche du profit individuel serait la base de la prosp rit g n rale Pour Smith l individu est conduit par une main invisible remplir une fin qui n entre nullement dans ses intentions C est partir de telles croyances que Friedman a qualifi d immoral le fait que l entreprise agisse l encontre de ses int r ts conomiques L Etang 1994 D s lors les actionnaires et les managers devraient uniquement se concentrer sur la r alisation et la maximisation de leurs profits et viter les d penses sociales injustifi es Dans son sillage d autres grands noms de la pens e manag riale se sont rig s contre les vis es sociales de la RSE Williamson 1993 tenant de la th orie des co ts de transaction a critiqu la th orie des parties prenantes th orie souvent mobilis e pour l tude de la RSE en signalant que les probl mes d agence et d asym trie de l information sont aggrav s lorsque les managers agissent dans l int r t d une partie autre que les actionnaires Doh et Guay 2006 Ces propos vont dans le sens de Friedman pour qui l entreprise n a de compte rendre qu ses actionnaires De la Cuesta Gonzales et coll 2006 Il en va de m me pour Jensen 2000 qui consid re qu un dirigeant d entreprise ne peut r aliser qu un objectif la fois Tout objectif autre
10. r f re aux enseignements de Levinas Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 92 1991 il faudrait faire la diff rence entre la responsabilit et le d sir d tre per u comme ayant un comportement thique Roberts 2003 La critique morale de la RSE trouve ses fondements dans des r flexions philosophiques sur l thique et la morale Pour certains courants de la philosophie morale le fait de sauver les apparences peut calmer et mod rer les relations toutefois cela affaiblit la sensibilit thique de l entreprise Roberts 2003 Dans la perspective Kantienne de la morale la bienveillance doit tre intrins que l acte lui m me et non au souhait de l atteinte d une finalit L Etang 1994 Autrement dit l entreprise qui met en place des activit s de RSE ne devrait pas s attendre une contrepartie Par ailleurs elle ne devrait pas estimer le co t de telles activit s puisqu il s agit d activit s d sint ress es Dans cette perspective la plupart des activit s et des d marches de RSE manquent de valeur morale l acte n tant pas d sint ress et r alis pour lui m me et la motivation tant l atteinte d une finalit par le sujet Il en va de m me dans la perspective philosophique de Levinas laquelle se r f re Roberts 2003 Dans cette perspective la responsabilit ne se fait que pour autrui et jamais dans une finalit
11. 06 En effet le reporting se traduit par la divulgation de donn es conomiques sociales et environnementales d une mani re qui reste le plus souvent parcellaire Capron et Quairel Lanoizel e 2006 En effet il n existe toujours pas d outils et d indicateurs dont la fiabilit est reconnue qui sont en mesure de restituer les trois dimensions la fois et d en donner une valuation Capron et Quairel Lanoizel e 2006 La diversit des centres d int r t pour la pratique du reporting mais aussi celle des fonctions mobilis es d coule de la diversit des parties prenantes dont la firme est appel e int grer les int r ts Ceci appuie l id e que la RSE appelle un d ploiement transversal mobilisant de multiples fonctions de l entreprise S 1l est ind niable que la RSE est une notion partag e en entreprise les pr rogatives qui lui sont li es ne semblent pas tre port es de mani re gale entre les diff rentes divisions de l entreprise C est sur ce plan et surtout en ce qui a trait au r le suppos plus important des fonctions li es aux relations publiques dans le d ploiement du dispositif qui soul ve l appr hension de certains En effet plusieurs auteurs mais aussi plusieurs acteurs sociaux Igalens 2004b ne seraient pas convaincus quant la r orientation des comportements de l entreprise gr ce la RSE Dans cette optique la transversalit de celle ci ne serait qu illusoire la mis
12. 2007 Pour Barthel 2005 entre l thique du discours et l thique de l action il y a un long chemin qui sous tend une volont de la part de l entreprise et de ses acteurs Face aux confusions portant sur la nature r elle de la RSE on pourrait penser que l tude acad mique de l impact de ce dispositif permettrait de trancher Or les tudes empiriques et plus g n ralement la mesure des impacts tant sur le plan conomique que celui social semble au contraire rajouter de la confusion au niveau du concept Nous allons nous int resser ces aspects dans les lignes qui suivent 3 2 L impact social de la RSE la mesure controvers e L id e des retomb es de la RSE a donn lieu un vaste d bat th orique autour de la question de la performance sociale de l entreprise PSE Au del de la multiplicit et de la diversit des mod les th oriques de PSE la question de la mesure de cette performance reste tout aussi ambigu Igalens et Gond 2003 Pour Allouche et coll 2004 l appr hension de la Responsabilit Sociale de l Entreprise repose sur une grande diversit d indicateurs issus d indices d agence de notation d enqu tes et de classements extr mement vari s Selon l auteur les syst mes de mesure existants auraient aussi pour d faut d insister plus sur les dimensions soci tales et environnementales en occultant la dimension de la gestion des ressources humaines Plus g n ralement
13. F 2007 La responsabilit sociale d entreprise Paris La D couverte 122 p Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 101 CARROLL A B 1979 A three dimensional model of corporate social performance Academy of Management Review Iss 4 pp 497 505 CARROLL A B 1999 Corporate Social Responsibility evolution of a definitional construct Business and society Vol 38 N 3 268 295 CARROLL A B 1991 The pyramid of corporate social responsibility toward the moral management of organizational stakeholders Business Horizons Vol 34 n 4 pp 39 48 COMMISSION DES COMMUNAUTES EUROPEENNES 2001 Livre vert promouvoir un cadre europ en pour la responsabilit sociale des entreprises Bruxelles 31 p CHARLES G HILL T D 2004 Towards an ISO for corporate social responsibility Quality Congress ASQ s Annual Quality Congress Proceedings 58 pp 135 145 COMBES M 2005 Quel avenir pour la responsabilit sociale des entreprises RSE La RSE l mergence d un nouveau paradigme organisationnel Revue internationale sur le travail et la soci t Vol 3 N 2 pp 436 455 COMMENNE V 2006 Responsabilit sociale et environnementale l engagement des acteurs conomiques Mode d emploi pour plus d thique et de d veloppement durable Paris Editions Charles L opold Mayer 303 p COULON R 2006 Responsabilit sociale de l entrepr
14. Management Journal 21 pp 603 600 MOSKOWITZ M 1972 Choosing socially responsible stocks Business end Society Review 1 pp 71 75 ORLITLZKY M SCHMIDT F L RYNES S L 2003 Corporate Social and Financial Performance A Meta Analysis Organization Studies Vol 24 No 3 403 441 PERRAULT S 2003 Quand la publicit r gule Le compromis thique de la mondialisation Acte de la Conf rence de la chaire Mondialisation Citoyennet et D mocratie Universit du Qu bec Montr al 20 Novembre Montr al PHILLIPS R A 2003 Stakeholder Legitimacy Business Ethics Quarterly Vol 13 N 1 pp 25 41 PIRSCH J GUPTA S GRAU S L 2007 A Framework for Understanding Corporate Social Responsibility Programs as a Continuum An Exploratory Study Journal of Business Ethics Vol 70 N 2 pp 125 140 POUGNET ROZAN S 2006 Entre mirage conceptuel et r alit s manag riales quand des exigences de performance conomique conduisent des pratiques de responsabilit sociale ou vice versa La Revue de l Organisation Responsable N 1 pp 66 81 ROBERTS J 2003 The manufacture of corporate social responsibility Constructing corporate sensibility Organization Vol 10 N 2 pp 249 265 SAULQUIN J Y 2004 GRH et responsabilit sociale bilan des discours et des pratiques des entreprises fran aises 15 Congr s annuel de l Association Francophone de GRH AGRH Montr al SAUTRE G
15. Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 84 La Responsabilit Sociale de l Entreprise RSE voie de conciliation ou terrain d affrontements Moez BEN YEDDER Institut Sup rieur de Gestion de Tunis Tunisie Institut Sup rieur de Comptabilit et d Administration des Entreprises de la Manouba Tunisie F rid ZADDEM Institut Sup rieur de Comptabilit et d Administration des Entreprises de la Manouba Tunisie SOMMAIRE La RSE appara t souvent comme une concr tisation de l int gration de rep res thiques dans le monde de l entreprise qui semblait vou tre r gi uniquement par la logique du profit Bien que cette notion trouve depuis quelque temps un cho grandissant elle n en soul ve pas moins plusieurs controverses Les d bats et les pol miques se multiplient autour de la RSE tant au niveau des fondements que de la pratique Nous cherchons dans ce texte mettre en exergue et discuter les diff rentes pol miques et controverses concernant cette notion Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 85 INTRODUCTION La Responsabilit Sociale de l Entreprise RSE est redevenue ces derni res ann es l un des th mes phares de plusieurs disciplines de la litt rature manag riale Ce concept correspondrait l int gration par l entreprise d objectifs sociaux en plus de ceux
16. a confirmation d un lien positif la mise en avant d un lien n gatif en passant par des tudes soulignant l absence de causalit Allouche et coll 2004 ont effectu une analyse tendancielle de la nature du lien partir de la synth se de quatre travaux recensant les r sultats d tudes empiriques sur l impact financier de la RSE Les auteurs ont trouv que la tendance majoritaire des tudes penchait en faveur de la nature positive du lien mais ils expriment de s rieuses r serves sur ce sujet En effet le d cryptage de m thodologies employ es par les tudes prises en compte r v le certaines incoh rences ce qui conforte surtout l hypoth se de l existence d un lien fragile et contrast entre les deux dimensions Les deux travaux de recherche relativement r cents et les plus cit s sur ce point savoir ceux de McWilliams et Siegel 2000 et ceux d Orlitzky et coll 2003 n ont donn qu un cr dit limit l hypoth se de l influence positive de la responsabilit sociale sur la performance financi re de l entreprise Orlitzky et coll 2003 ont trouv une influence positive sur certains ratios de la performance financi re et dans une moindre mesure une influence positive sur des ratios de performance commerciale Quant McWilliams et Siegel 2000 leurs r sultats montrent que si la RSE encourage l innovation de produit et de processus elle reste neutre quant la profitabilit de l
17. ation IGALENS J GOND J P 2003 La mesure de la performance sociale de l entreprise une analyse critique et empirique des donn es ARESE Revue Fran aise de Gestion des Ressources Humaines Iss 50 pp 111 130 IGALENS J 2004a Comment valuer les rapports de d veloppement durable Revue Fran aise de Gestion vol 30 N 152 pp 151 166 IGALENS J 2004b La mise en uvre de la responsabilit sociale de l entreprise modalit s enjeux et limites du partenartiat firme ONG Les organisations non gouvernementales et le management Auteurs Qu innec et J Igalens Editions Vuibert Paris IVANAJ V MCINTYRE J 2006 Multinational enterprises and sustainable development a review of strategy process research communication pr sent e au colloque international Multinational Enterprise and Sustainable Development Strategic Tool for Competitiveness 19 20 Octobre Georgia Tech Center for International Business Education and Research CIBER Atlanta Georgia USA IYER A A 2006 The Missing Dynamic Corporations Individuals and Contracts Journal of Business Ethics Iss 67 pp 393 406 JENSEN M C 2000 Value maximization and the corporate objective function Breaking the Code of Change Beer M et Nohria N HBS Press Boston pp 37 57 KILPATRICK J A 1985 Corporate Response to Social Pressures A Typology Journal of Business Ethics Vol 4 N 6 pp 493 502 KORHONEN J 2003 Should
18. ci es la RSE Dans le paragraphe qui va suivre et malgr les pr suppos s admis par certains notamment les partisans du Business Case nous verrons que l impact conomique de la RSE est tout aussi probl matique que son impact social 3 3 La profitabilit de l entreprise et la RSE une question jamais irr solue Auperle et coll qui en 1985 n avaient pas trouv un lien significatif ni positif ni n gatif entre la profitabilit de l entreprise et l adoption de la RSE ont soulign dans la conclusion de leur recherche que les b n fices intangibles de la RSE tendent tre incernables par les investigations scientifiques Il se peut que la question de l existence ou de l inexistence d une relation entre la profitabilit et la RSE ne sera jamais r solue Ce constat ne s est pas d menti pr s de cinquante ans apr s l mergence de la RSE et plus de trente ann es apr s les premi res tudes sur le lien entre la responsabilit sociale et la profitabilit Moskowitz 1972 Bragdon et Marlin 1972 La question de l impact financier de la responsabilit sociale correspond aujourd hui encore l un des th mes les plus trait s dans la litt rature sur la RSE Ainsi Wu a recens en 2006 pr s de 121 articles et publications acad miques examinant empiriquement le lien entre la performance financi re et la performance sociale Les r sultats de ces tudes varient norm ment et vont de l
19. dans la RSE n engendre pas syst matiquement un retour sur investissement imm diat Cette ambigu t laisse la porte ouverte la sp culation quant l argumentation conomique en faveur de la RSE Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 99 CONCLUSION Votaw d clara d j en 1974 le mouvement de responsabilit sociale des entreprises aurait besoin de retomber sur terre car d apr s l auteur aucune cause sociale durant l histoire r cente n a t sujette tellement de diff rentes approches d finitions r visions conceptions et de dogmes autant que celle ci p102 103 Plus de trente ans plus tard le th me de la RSE semble susciter plus de controverses et de d bats sans parvenir un consensus au sujet des questions qui l entourent Le but du pr sent papier tait de donner un aper u sur ces d bats en montrant la diversit des positions et des opinions l gard de la RSE Il convient de rappeler ici que la mise en exergue de l ambigui t relative ce concept n a en aucun cas pour but le d nigrement de ce dernier Le fait d apporter des clarifications son propos est d autant plus indispensable que la RSE est dans les faits une notion de plus en plus rencontr e dans l entreprise et dans la litt rature acad mique aff rente Au terme de ce travail il appara t opportun de noter que la rh torique sur la RSE est une que
20. de modernisation sociale de 1977 pr nant la r alisation d un bilan social pour les entreprises dont l effectif est d au moins 300 salari s Igalens 2004a Ainsi nous pouvons dire que la RSE pourrait tre approch e sous deux angles le courant orthodoxe anglo saxon et le courant plut t social europ en La conception am ricaine de la RSE aux origines thiques et religieuses diff re de celle europ enne qui de par sa r f rence au d veloppement durable acquiert une posture plus tourn e vers la politique et est de ce fait plus institutionnalis e 1 3 L absence d une d finition consensuelle C est depuis les ann es 1960 et 1970 qu on assite la multiplication des d finitions de la RSE Wood 1991 Carroll 1999 L une des explications cette prolif ration est que le domaine de la RSE n est pas influenc simplement par les volutions th oriques mais l est aussi par des agendas politiques sociaux et manag riaux Locket et al 2006 II semble ainsi difficile de trouver une formulation qui satisfasse l ensemble des parties en question Windsor 2006 Selon Allouche et al 2004 les tentatives de d finition de la RSE par les acteurs concern s entreprises agences de notations et chercheurs ont g n r une confusion dans la conceptualisation de cette notion Pour Persais 2007 la RSE devrait tre consid r e comme une convention entre acteurs Revue multidisciplinaire sur
21. de capitalisme social contrairement un courant am ricain plut t moraliste p 445 Bien que le concept de d veloppement durable ait une influence particuli re sur la RSE telle qu elle est pratiqu e en Europe l acception am ricaine de cette notion n y est pas totalement herm tique Pour Capron 2003 les pratiques des entreprises tant europ ennes qu am ricaines mettent en vidence l int r t croissant accord cette question afin de s aligner sur les objectifs du d veloppement durable L auteur signale cependant des diff rences entre l approche anglo saxonne qui vise plut t la correction des effets des Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 88 activit s conomiques et l approche europ enne qui est g n ralement plus sensible l anticipation et la pr vention des risques Sur un autre plan et comme le soulignent Capron et Quairel Lanoizel e 2007 dans la conception tats unienne du concept de RSE l individu est au centre de tout Il y a lieu de rappeler que l ouvrage fondateur crit par H Bowen 1953 tait intitul La responsabilit sociale des hommes d affaires renvoyant ainsi au sens du devoir et la morale individuelle des hommes d affaires et non celle des entreprises Carroll 1999 Acquier et Gond 2005 Une explication d ordre culturel pourrait tre avanc e ici puisque la logique individuelle es
22. de l ensemble des parties prenantes Ces derniers opposent la critique lib rale plusieurs arguments Ainsi Windsor 2006 met en vidence le fait que les scandales et les faillites des grands groupes ont illustr les limites de l application de cette id ologie lorsqu elle n est pas accompagn e d une r flexion morale Ce point de vue est partag par de De Woot 2004 qui rappelle que dans la vision Weberienne des activit s conomiques l agir concret doit tre guid par des convictions et des valeurs pour ne pas perdre tout caract re thique et entra ner des cons quences n fastes Par ailleurs les deux auteurs rappellent que ce sont les actionnaires que cette perspective entendait d fendre qui en ont t les plus l s s Pour Branco et Rodrigues 2006 les employ s y compris les managers sont une partie prenante particuli rement saillante et ont un int r t incontestable dans la survie et la viabilit de l entreprise puisque cette derni re repr sente leur emploi et souvent la source unique de leurs gains conomiques Ces derniers ne seraient donc pas moins int ress s par la survie de l organisation Pour Godfrey et Hatch 2007 des politiques sociales qui exalteraient les droits de propri t n auraient comme r sultante que l oppression continue de certains groupes sociaux Par ailleurs les partisans du mod le interm diaire de la RSE se d fendent contre la critique morale Dans ce positionnement Win
23. des actions sociales si celles ci lui permettent d viter une action gouvernementale pouvant tre co teuse paiement d une amende ou afin d viter une ventuelle r action hostile du public Autrement dit l approche lib rale peut s accommoder de la RSE si celle ci contribue la profitabilit de la firme Plus r cemment on a voqu le Business Case pour parler de la RSE Le business case renvoie au changement de la politique de l entreprise en vue d y int grer les vis es de la RSE tout en ayant pour objectif premier la profitabilit de la firme Dyllick et Hockerts 2002 Holliday et coll 2002 Les partisans de l approche du business case mettent en avant les retomb es qu elle pourrait avoir pour les actionnaires Les arguments avanc s sont le fait que la RSE permettrait de limiter les risques de mauvaise gouvernance pouvant nuire aux actionnaires et qu elle am liorerait l image de marque de la firme la fid lit du consommateur ainsi que les relations de travail Elle favoriserait aussi l closion de relations de partenariat ainsi que l investissement Le volet environnemental contribuerait l efficience conomique en permettant de diminuer la consommation des ressources et en r alisant des conomies d nergie Enfin la RSE rendrait plus comp titive et dynamique l entreprise en favorisant la cr ativit stimul e par la mise en place de nouvelles orientations pour l entrepris
24. dsor 2006 rappelle qu il y a une diff rence entre une r gle et un principe et que la dimension thique de la RSE n appara t ambigu que si elle est appliqu e d une mani re trop rigide DeWoot 2004 quant lui se r f re aux arguments du philosophe Hans Jonas qui r clamait une thique de la pr vision et de la responsabilit qui volue et s adapte en fonction des volutions humaines et sociales DeWoot 2004 rappelle que Jonas reprochait l thique traditionnelle le fait de se baser sur des notions telles que la proximit et la simultan it alors que le contexte conomique et technologique actuel a remis en cause ces derni res L approche par les parties prenantes th oris e par Freeman 1984 a donn lieu plusieurs niveaux d interpr tation aussi bien dans la sph re acad mique que celle manag riale Gond et Mercier 2004 Ivanaj et Mc Intyre 2006 Pour Bounaffous Boucher et Pesqueux 2006 il est la discr tion des entreprises d tendre ou restreindre leur champ de responsabilit selon qu elles prennent en consid ration une large gamme de parties prenantes ou non N anmoins les partisans de l approche des parties prenantes s accordent sur deux points essentiels qui orientent leur vision de la RSE D un c t les actionnaires ne constituent pas le seul groupe pour le b n fice duquel l entreprise uvre la maximisation du profit ne doit pas constituer l objectif unique de l entre
25. e Ces arguments sont avanc s mais il convient de signaler comme nous le verrons plus loin dans le texte que les retomb es lucratives de la RSE restent essentiellement hypoth tiques Nonobstant ce point de vue instrumental pr chant la justification de la RSE ou du moins son acceptation du fait de ses ventuelles cons quences se trouve en opposition totale avec le point de vue inspir par la philosophie morale que nous pr sentons dans les lignes qui suivent 2 2 La critique morale et les partisans de l thique des affaires D un point de vue strictement moral le principal reproche la RSE est que les justifications thiques n ont de sens que dans la perspective de l argumentation selon laquelle l thique est profitable Roberts 2003 Les efforts d ploy s pour d velopper une relation plus transparente et coh rente entre les entreprises et les communaut s n ont rien voir avec la charit et l int r t particulier long terme Mc Intosh et al 1998 L thique instrumentale laquelle les partisans du business case se r f rent Ivanaj et McIntyre 2006 d fend l id e que l altruisme doit tre banni et n est justifi que si au final il permet de servir l agent L Etang 1994 La logique instrumentale qui tend faire du profit une fin en soi n offre pas par elle m me les valeurs et les finalit s qui permettraient de r sister aux tentations de largent De Woot 2004 Si l on se
26. e en place et le d ploiement du dispositif revenant plut t aux professionnels de la communication et des relations publiques Perrault 2003 par exemple critique le Pacte Mondial initiative onusienne de promotion de la RSE en affirmant que les entreprises sont libres de publiciser leur adh sion et d arborer fi rement le logo de PONU p 6 alors qu il n y a aucun m canisme permettant de v rifier leur adh sion r elle aux valeurs promues par le pacte L auteur souligne le r le que joue galement la communication dans le cas d autres initiatives de promotion de la RSE bas es sur la certification et l audit r gulier telle que la norme SA 8000 Dans ce cas c est la publicit n gative de l absence de certification ou d une mauvaise notation qui est consid r e comme une sanction Dans ce cadre le r le des d partements de Relations Publiques serait celui de s assurer de la reconnaissance des actions soci tales men es par l entreprise Frankental 2001 Allouche et coll 2004 signalent sur ce point que l effort de pr sentation par les entreprises de leur performance sociale est incontestable Les rapports sur la RSE auraient ainsi pour objectif de donner une l gitimit aux d marches mises en uvre Garric et coll 2006 L laboration des rapports sociaux consacrerait la logique du faire savoir aux d pens d une r flexion sur les mani res de faire Allouche et coll 2004 Dans un a
27. f rence de l Association internationale de management strat gique AIMS 6 7 8 Juin Angers ACQUIER A GOND J P J IGALENS 2005 Des fondements religieux de la responsabilit sociale de l entreprise la responsabilit sociale de l entreprise comme religion Centre de Recherche en Gestion Toulouse Cahier de recherche N 2005 166 Mai ALLOUCHE J HUAULT I SCHMIDT G 2004 Responsabilit sociale des entreprises la mesure d tourn e 15 Congr s annuel de l Association Francophone de GRH AGRH Montr al ATTAR A M JACQUOT T 2005 La repr sentation de la responsabilit sociale des entreprises une confrontation entre les approches th oriques et les visions manag riales Actes de la Journ e D veloppement Durable de l Association Internationale de Management Strat gique AIMS Aix en Provence 11 mai AUPPERLE K E CARROLL A B HATFIELD J D 1985 An empirical examination of the relationship between corporate social responsibility and profitability Academy of Management Journal Vol 28 N 2 pp 446 464 BANSAL P KANDOLA S 2004 Corporate Social Responsibility Why good people behave badly in organisations Ivey Business Journal online BARTHEL P 2005 L thique port e par le courant du d veloppement durable une comp tence clef au service du client citoyen Actes de la Journ e D veloppement Durable de l Association Internationale de Management St
28. int ress e L exercice de la responsabilit s effectue malgr soi et ne s inscrit ni dans la recherche de satisfaction ni dans la perspective de l atteinte d un succ s La responsabilit ne se situe pas dans le cadre d obligations mutuelles mais devrait tre une obligation sens unique Roberts 2003 En fait il convient de signaler que les auteurs de telles critiques ne souhaitent pas l abolition de la RSE mais voudraient donner une inflexion plus morale cette derni re Ils sugg rent une approche normative du concept qui passerait par la responsabilisation et la moralisation de la conduite des entreprises et des hommes qui uvrent en son sein Bansal et Kandola 2004 plaident pour la moralisation des individus afin d aboutir des comportements responsables chez les organisations Pour les auteurs une organisation n est irresponsable que si les personnes qui la composent agissent de la sorte Les personnes peuvent se rendre compte qu un individu agit d une mani re irresponsable mais pr f rent ne pas intervenir car au fur et mesure que le temps passe ce comportement devient la norme Cette attitude de passivit et d apathie est favoris e par l ambigu t inh rente aux agissements irresponsables L ambigu t est due selon ces auteurs la difficult d une part d affirmer clairement qu une action est irresponsable et d autre part d identifier clairement celui qui en est le re
29. ion DeWoot 2004 est que les entreprises ne doivent pas se substituer l tat pour ce qui est de sa fonction sociale et doivent se concentrer uniquement sur la production et la vente de biens et de services McWilliams et coll 2006 En 1970 Friedman lui embo tait le pas en notant dans un article l intitul vocateur La responsabilit sociale de l entreprise c est d accro tre ses profits gt ses critiques l gard de la RSE Depuis lors les arguments de Friedman p re de la th orie conomique n o lib rale sont omnipr sents m me dans les textes les plus r cents sur la RSE Les arguments signal s sont ceux relatifs la mauvaise allocation des ressources que constitue la d pense dans les actions sociales aux d pens de la productivit L Etang 1994 Elias 2004 la doctrine fondamentalement subversive sous jacente la RSE K ilpatrick 1985 L Etang 1995 Windsor 2006 le fait que les entreprises contrairement aux individus soient d pourvues d obligations morales et de sentiments de responsabilit Kilpatrick 1985 Iyer 2006 et enfin au fait qu elle constitue un vol aux d pens des actionnaires Godfrey et Hatch 2007 McWilliams et coll 2006 La critique lib rale trouve ses fondements dans la pens e Smithienne pr chant que les actions des individus sont coordonn es et rendues compl mentaires par le march qui par la voie de la concurrence am ne les individus
30. ise et pratiques de gestion des ressources humaines La Revue de l Organisation Responsable N 1 pp 48 64 DAVIS K 1973 The case for and against business assumption of social responsibilities Academy of Management Journal Vol 6 N 2 p 312 323 DE LA CUESTA GONZALEZ M MUNOZ TORRES M J FERNANDEZ IZQUIERDO M A 2006 Analysis of Social Performance in the Spanish Financial Industry Through Public Data A Proposal Journal of Business Ethics Vol 69 N 3 pp 289 304 DEJEAN F GOND J P 2004 Responsabilit soci tale de l entreprise enjeux strat giques et m thodologies de recherche Finance Contr le Strat gie 57 6 741 764 DE WOOT P 2004 Responsabilit sociale de l Entreprise Faut il encha ner Prom th e Paris Editions Economica 208 p DOH J P GUAY T R 2006 Corporate Social Responsibility Public Policy and NGO Activism in Europe and the United States An Institutional Stakeholder Perspective Journal of Management Studies Vol 43 n 1 pp 47 73 DUPUIS J C 2007 G rer la contestabilit socio conomique La lettre du management responsable N 7 Janvier pp 2 9 DYLLICK T HOCKERTS K 2002 Beyond the business case for corporate sustainability Business Strategy and the Environment Vol 11 N 2 pp 130 141 ELIAS R Z 2004 An Examination of Business Students Perception of Corporate Social Responsibilities Before and After Bankruptcies Journal of
31. l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 89 Selon l auteur cette notion est par nature subjective puisqu elle renvoie l id e que chacun se fait du r le de l entreprise dans la soci t Les d finitions qui en ont t donn es sont donc le reflet d ententes entre les parties int ress es par sa mise en uvre D jean et Gond 2004 font la diff rence entre les d finitions institutionnelles et celles acad miques de la RSE La plupart des d finitions labor es dans la sph re institutionnelle accordent une place centrale l engagement de l entreprise en sp cifiant que cet engagement doit aller au del des obligations et des attentes l gales Cependant ces d finitions sont assez h t rog nes Les organisations et institutions d finissent la RSE en fonction des parties prenantes les plus pertinentes pour elles selon leur nature et leur secteur d activit ou leur degr d internationalisation ce titre on peut citer la d finition de la Commission Europ enne selon laquelle l int gration volontaire par les entreprises de pr occupations sociales et environnementales leurs activit s commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes 2001 p3 Cette d finition se distingue par exemple de la d finition du minist re fran ais de l cologie pour qui La responsabilit soci tale des entreprises RSE est la d clinaison des principes du d veloppement d
32. ne part l thique utilitariste issue de la vision strictement conomique de la firme et qui est orient e vers la maximisation du r sultat financier et d autre part l thique normative insistant sur l arbitrage dans les activit s de l entreprise entre les int r ts des diverses parties impliqu es par les activit s de l entreprise Branco et Rodrigues 2006 mettent aussi en avant l existence de deux approches dans l tude de la RSE l approche issue du courant de l thique des affaires qui insiste sur la bienveillance sociale et l approche business case qui met l accent sur la r alisation clair e des int r ts de l entreprise Dans les lignes qui suivent nous commencerons par pr senter successivement ces deux perspectives et leurs fondements Par la suite nous pr senterons le point de vue interm diaire entre ces deux positions une posture m diane tant de plus en plus reconnue dans litt rature sur la RSE Allouche et coll 2004 Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 90 2 1 La critique lib rale et les partisans du Business Case En 1958 alors que la litt rature sur la RSE faisait ses premiers pas Levitt lan ait le d bat sur la RSE dans un article intitul Les dangers de la responsabilit sociale La principale id e d fendue par celui qui sera par la suite connu comme un des th oriciens de la mondialisat
33. oll 2006 Korhonen 2003 Godfrey et Hatch 2007 affirment ainsi que la RSE n est pas une activit mais constitue une d nomination g n rale pour un ensemble d activit s Plus concr tement la RSE correspondrait l adoption par la firme de chartes de normes et de labels et par la r alisation d audits et de reporting mettant en avant son volontarisme social Commenne 2006 Plus particuli rement la pratique du reporting devient de plus en plus un trait signal tique de l adoption de telles d marches Un nombre croissant d entreprises recourt en effet au reporting environnemental et social Igalens 2004a Veschoor 2003 Korohonen 2003 Cette activit consiste divulguer les donn es relatives aux activit s sociales et environnementales effectu es par l entreprise La publication de ces donn es permettrait de rendre plus v rifiable et par cons quent plus cr dible l engagement de l entreprise sur la voie de la responsabilit sociale Igalens 2004a Cependant cet effort de publicisation n en demeure pas moins un terrain Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 95 d expression de la diversit des fonctions mobilis es par les d marches de RSE Ainsi on constate que les entreprises n ont g n ralement pas recours un seul type de reporting mais plusieurs en r f rence la logique du tripple bottom line Vuontisjarvi 20
34. plus pr sent sur la sc ne politique et conomique en ce d but de si cle mais cette fois ci bien au del du seul continent nord am ricain Doh et Guay 2006 En Europe on a commenc s int resser la RSE d s le milieu des ann es 1990 suite aux actions des organismes de la soci t civile l encontre des entreprises ayant caus un tort environnemental Shell Total social Danone Renault ou soci taire Parmalat Vivendi D un autre c t le regain d int r t pour la question s est accentu partir du d but des ann es 2000 aux tats Unis avec les faillites touchant de grands groupes am ricains Enron Arthur Andersen Worldcom Xerox Il y a donc deux l ments qui expliquent le regain d int r t pour la RSE la mont e de la soci t civile d un c t et les scandales financiers des grandes entreprises de l autre Doh et Guay 2006 Pour Allouche et coll 2004 l analyse de l historique de la RSE r v le une contingence culturelle du concept Ce constat est partag par Veschoor 2003 pour qui la d finition de ce qui constitue la RSE varie d une r gion une autre et d un contexte un autre Sur ce plan la plupart des chercheurs font pr valoir une dualit entre l approche am ricaine et celle europ enne de la RSE Acquier et coll 2005 Doh et Guay 2006 Capron Quairel Lanoizel e 2007 1 2 Les diff rences d acception entre l Europe et le
35. prise De l autre les parties prenantes devraient tre trait es en fonction d un ordre de priorit s selon leur pouvoir leur l gitimit et l urgence de leurs demandes Freeman 1984 ce qui situe l approche des parties prenantes au niveau d une vision strat gique Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 94 La divergence des points de vue au niveau des fondements de la RSE a donn lieu une diff rence au niveau des mobiles poussant sa mise en place Nous verrons dans la section qui va suivre qu au niveau de la pratique les controverses sont pr sentes Elles sont li es aussi bien la mise en place du dispositif qu aux r sultats qui en d coulent II LE D PLOIEMENT DE LA RSE LES CONTROVERSES LI ES AU DISPOSITIF ET AUX R SULTATS Le d ploiement op rationnel de la RSE soul ve plusieurs suspicions tant donn la multiplicit des parties prenantes dont elle vise la satisfaction la RSE est cens e mobiliser plusieurs fonctions de l entreprise Or le r le particulier d volu la fonction relations publiques fait na tre la m fiance autour du concept Sur un autre plan l impact tant conomique que social des d marches de RSE laisse dubitatifs certains chercheurs qui s y sont int ress s Nous traiterons de ces questions dans les paragraphes qui vont suivre 3 1 La RSE en pratique un dispositif transversal ou un gadget publicitaire
36. que celui de la cr ation de profit doit selon l auteur y tre align dans un ordre de priorit hi rarchiquement inf rieur Levitt T 1958 The dangers of social responsibility Harvard Business Review Septembre Octobre Friedman M 1970 The Social Responsibility of Business is to make profit New York Times Magazine 13 Septembre De la richesse des nations VI 2 Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 91 Sternberg 1997 et Jensen 2000 promoteurs de la th orie des droits de propri t ont galement critiqu la th orie des parties prenantes en proclamant que cette derni re est intrins quement incompatible avec tous les objectifs l gitimes de l entreprise et qu elle sape les fondements basiques des droits de propri t s Doh et Guay 2006 Jensen 2000 qui est aussi le fondateur de la th orie de l agence a proclam son hostilit envers la RSE et l approche par les parties prenantes en consid rant que cette derni re n a aucun fondement en comparaison avec la logique lib rale qui quant elle trouve sa l gitimit dans plus de deux si cles de cr ation de la richesse Sous le poids de telles critiques qui c t de leur virulence trouvent de l cho gr ce la notori t acad mique de leurs auteurs une vision utilitariste de la RSE a merg Ainsi pour Friedman 1970 l entreprise peut s engager dans
37. r ce plan le recours aux organismes externes sp cialis s dans la mesure de la RSE est consid r comme la m thode la plus susceptible d asseoir la cr dibilit des d marches de l entreprise Igalens 2004a Pourtant ce type de mesure a lui m me fait l objet de plusieurs critiques Les m thodes utilis es dans ce cadre ne seraient pas neutres en raison des enjeux politiques qui accompagnent la mise en place du dispositif Martinet et Reynaud 2001 rappellent que dans ses relations avec ses parties prenantes l entreprise Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 97 n est pas qu un syst me de production mais qu elle est aussi une organisation sociale et un syst me politique La recherche de l gitimit aupr s de ces derni res par le biais de la publicisation des r alisations en mati re de RSE a affect les m thodes de mesure associ es celle ci Allouche et coll 2004 estiment ainsi qu il y a une influence pr judiciable de la part des entreprises sur les acteurs charg s de la mesure Les auteurs reprochent aussi ce type de mesure le fait que c est la conformit des rapports aux normes de publication et de communication des indicateurs qui compte bien plus que la qualit intrins que des r sultats la lumi re des l ments qui viennent d tre pr sent s il appara t difficile de se prononcer sur la nature des retomb es des d marches asso
38. rat gique AIMS Aix en Provence 11 mai BOLLINGER D HOFSTEDE G 1987 Les diff rences culturelles dans le management Paris Les Editions d organisation BONNAFOUS BOUCHER M PESQUEUX Y 2006 D cider avec les parties prenantes approches d une nouvelle th orie de la soci t civile La D couverte Paris 268 p BOWEN HR 1953 Social Responsibilities of the Businessman Harper New York BOWEN HR 1978 Social Responsibility of the Businessman Twenty Years Later Rationality Legitimacy Responsibility The search for new directions in Business and Society E M Epstein and D Votaw Santa Monica CA Goodyear Publishing Co pp 116 130 BRAGDON J H MARLIN J T 1972 Is pollution profitable Risk Management Vol 19 N 4 pp 9 18 BRANCO L C RODRIGUES L L 2006 Corporate Social Responsibility and Resource Based Perspectives Journal of Business Ethics Iss 69 pp 111 132 BRUMMER J J 1991 Corporate Responsibility and Legitimacy An Interdisciplinary Analysis New York Greenwood Press CAPRON M 2003 L conomie thique priv e La responsabilit des entreprises l preuve de l humanisation de la mondialisation Economie Ethique N 7 pp 1 72 CAPRON M QUAIREL LANOIZELEE F 2006 Evaluer les strat gies de d veloppement durable des entreprises l utopie mobilisatrice de la performance globale La Revue de l Organisation Responsable N 1 pp 5 17 CAPRON M QUAIREL LANOIZELEE
39. rticle intitul La RSE est elle une invention de la fonction Relations Publiques Frankental 2001 affirme qu au niveau organisationnel les attributions li es la RSE taient le plus souvent rattach es au d partement relations publiques Du fait de ce rattachement aux affaires externes l auteur d duit que la RSE a une fonction p riph rique et n est pas per ue par les entreprises comme devant tre encastr e et partag e tous les niveaux de l organisation Pour L Etang 1994 les activit s li es la RSE et celles des relations publiques sont tellement interconnect es qu il devient vident que la RSE est un outil des relations publiques Ce caract re publicitaire et instrumental soul ve des controverses au sujet du concept Ainsi Roberts 2003 appelle faire la diff rence entre ce qui constitue l essence de la RSE et ce qui renvoie l image Dans les faits plusieurs ONGs restent r ticentes l adh sion des initiatives manant d entreprises se pr valant de Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 96 la RSE Igalens 2004b Pour Pougnet Rozan 2006 l aspect mythique du concept entache sa r alit et nuit la confiance du public son gard Le public d noncerait des pratiques p jorativement qualifi es de Greenwashing et qui n auraient pour seule finalit que de maquiller l image de l entreprise Dupuis
40. s tats Unis En Europe et contrairement aux tats Unis o la notion est plus ancienne et puise ses racines dans des pr ceptes religieux et thiques la RSE fait souvent r f rence au concept de d veloppement durable avec lequel elle est parfois confondue Ivanaj et Mc Intyre 2006 On pourrait penser que les pays europ ens de tradition chr tienne tels que la France auraient pu poser une empreinte catholique dans leur acception de la RSE et ce par analogie l acception am ricaine Dans les faits on constate le contraire puisque le processus de diffusion du concept semble tre pass par une d mystification de la notion marquant l mergence d une conception plus la que de la RSE Acquier et col 2005 p 18 Ainsi dans les pays europ ens il existe une longue tradition selon laquelle l entreprise a des obligations envers la soci t qui d passent la profitabilit des actionnaires Doh et Guay 2006 Lors de la r volution industrielle cela s est manifest travers le paternalisme corporatif qui avait pour objectif de consolider la relation de la compagnie avec certains groupes dont notamment les travailleurs Frankenthal 2001 Les entreprises de l poque s occupaient par exemple de prescriptions d hygi ne et de s curit envers les salari s ou de l application de la notion de juste salaire Acquier et coll 2005 Pour Combes 2005 la RSE s inscrit en Europe dans une longue tradition
41. sponsable partir de l l existence de balises thiques dans l organisation semble souhaitable Pour Barthel 2005 de telles balises devraient exister dans les relations avec les parties prenantes tant en interne qu en externe Les rapports avec ces derni res seraient ins parables de la probl matique thique qui renvoie l aspect relationnel et au souci du respect de l autre Philips 2003 pense que dans ses relations avec ses partenaires l entreprise devrait int grer des principes issus de la th orie rawlsienne de la justice tels que le b n fice mutuel la coop ration et le sacrifice Brummer 1991 ainsi que Weldford 2002 plaident pour l id e que la RSE devrait amener la firme s engager dans des actions port e sociale m me aux d pens de la maximisation du profit Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 93 2 3 Le point de vue interm diaire l approche par les parties prenantes Pour Allouche et coll 2004 l enfermement du d bat sur la RSE dans une logique binaire ne refl te pas la complexit et l abondance des discours sur ce th me Au niveau des fondements 1l existerait entre les deux positions extr mes de l orthodoxie lib rale et du volontarisme social un continuum manag rial d inspiration politique Au milieu de ce continuum se trouvent les partisans d une logique interm diaire souhaitant que la RSE s exerce au b n fice
42. stion d licate qui n est pas id ologiquement neutre notre sens les praticiens et les chercheurs qui mobilisent ce concept devraient prendre conscience de la nature des prises de position et des enjeux qui lui sont relatifs Le pr sent article comporte deux limites l une renvoyant au contenu et l autre la m thode Au niveau du contenu nous ne pouvons pas estimer avoir t exhaustif en ce qui concerne les d bats sur la RSE L argumentaire d velopp la fois pour et contre la RSE dans ses dimensions th oriques et pratiques est tellement dense et volutif qu il appara t difficile cerner dans son ensemble l existence de d bats et de controverses autour du th me abord peut tre tay e en mobilisant d autres perspectives et d autres auteurs La deuxi me limite du pr sent papier r side dans le fait de se baser uniquement sur une revue de la litt rature sans recourir une investigation empirique Une enqu te sur les perceptions de la RSE chez les acteurs qu elle int resse Managers ONG Salari s pourrait utilement compl ter la pr sente investigation Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 100 R F RENCES BIBLIOGRAPHIQUES ACQUIER A GOND J P 2005 Aux sources de la Responsabilit Sociale de l Entreprise relecture et analyse d un ouvrage s minal Social Responsibilities of the Businessman d Howard Bowen 1953 XIV me Con
43. t beaucoup plus pr gnante aux tats Unis que dans les pays europ ens Bollinger et Hofstede 1987 Dans ce contexte les rapports entre l entreprise et son environnement renvoient l thique des managers et la volont des acteurs La r gulation se passe sans les autorit s publiques dont l intervention est per ue comme limitant les libert s individuelles Capron et Quairel Lanoi izel e 2007 p7 Cette logique suppose qu il est difficilement envisageable d imposer aux entreprises un comportement responsable par des lois ou une quelconque r glementation Eu Europe par contre la RSE est beaucoup plus permissive l influence de l tat et des autorit s publiques Le livre vert de l Union Europ enne sur la RSE en est l illustration la plus significative Ainsi c est la d finition donn e la RSE dans ce document qui est la plus commun ment reprise par de nombreux auteurs europ ens Capron 2003 Feron 2005 Igalens 2004a Attar a et Jacquot 2005 Branco et Rodrigues 2006 Le livre vert de l Union Europ enne est cens constituer un outil permettant d inciter les entreprises adh rer la RSE et d orienter leurs d marches CCE 2001 Le document accorde une place de choix aux relations avec les employ s et leurs conditions de travail On peut galement donner l exemple de la loi NRE en France 2002 qui encadre la publication des rapports de RSE Cette loi va dans la continuit de la loi
44. te nord am ricain de l apr s Deuxi me Guerre mondiale Charles et Hill 2004 C est l ouvrage de Bowen en 1953 qui marque l av nement du concept et le d but de la recherche autour de lui Carroll 1999 Acquier et Gond 2005 Locket et coll 2006 Windsor 2006 L ouvrage intitul The social responsibilities of the businessman posa les fondements de la RSE Pour Acquier et Gond 2005 cet ouvrage qui sera critiqu par la suite par son propre auteur Bowen 1978 pour son caract re id aliste et normatif fait pr valoir deux principes Le premier renvoie au fait que les hommes d affaires ne doivent prendre que des d cisions qui vont dans le sens des orientations et des valeurs souhait es par la soci t Le deuxi me stipule que la prise en compte de pr occupations sociales par la firme doit se faire d une mani re volontaire Si Bowen est reconnu dans la litt rature comme tant le p re de la RSE Caroll 1999 signale que les id es qu il a exprim es dans son ouvrage ne sont pas n es ex nihilo et qu on en trouve la trace dans certains essais de la litt rature manag riale notamment dans les ann es 1930 et 1940 Acquier et Gond 2005 pour leur part signalent que l auteur avait formalis dans son livre des id es qui taient la mode cette poque dans le contexte nord am ricain Ils trouvent dans l ouvrage de Bowen les traces de l thique protestante telle que d crite par Weber celle
45. urable l chelle de l entreprise Elle signifie essentiellement que les entreprises de leur propre initiative contribuent am liorer la soci t et prot ger l environnement en liaison avec les parties prenantes La deuxi me d finition met l accent sur la protection de l environnement allant de pair avec la mission de l institution qui est la base de sa formulation Les d finitions acad miques du concept se distinguent par la volont de fournir un cadre d analyse g n ral ind pendant des objectifs propres une organisation donn e D jean et Gond 2004 C est le cas par exemple de la d finition de McWilliams et Siegel 2001 selon laquelle la RSE est l ensemble des actions visant le bien social au del des int r ts de la firme et de ce qui est demand par la loi Bansal et Kandola 2004 ironisent sur l absence d une d finition consensuelle en avan ant l id e qu il est plus facile d identifier une firme irresponsable qu une firme responsable Les divergences li es la d finition de la RSE renvoient aux fondements et aux mobiles qui ont pouss l int gration de la responsabilit sociale Dans la section suivante nous allons nous int resser aux d bats li s aux fondements de la RSE II LES FONDEMENTS DE LA RSE ENTRE UTILITARISME ET MORALE Ivanaj et McIntyre 2006 font pr valoir l existence de deux perspectives thiques concurrentes sur le sujet de la RSE Il y a d u
46. we measure corporate social responsibility Corporate Social Responsibility and Environmental Management Vol 10 N 1 pp 25 40 L ETANG J 1994 Public relations and corporate social responsibility Some issues arising Journal of Business Ethics Vol 13 N 2 pp 111 124 LEVINAS E 1991 Otherwise than Being or Beyond the Essence Dordecht Kluwer Academic Publisher LEVITT T 1958 The dangers of social responsibility Harvard Business Review Septembre Octobre LOCKETT A MOON J VISSER W 2006 Corporate social responsibility in management research focus nature salience and sources of influence Journal of Management Studies Vol 43 N 1 pp 115 35 MARTINET A C REYNAUD E 2001 Shareholders stakeholders et strat gie Revue Fran aise de Gestion n 136 pp 12 25 Mc GUIRE J W 1963 Business and society New York Mc Graw Hill MCINTOSH M LEIPZIGER D JONES K et COLEMAN G 1998 Corporate Citizenship Successful Strategies for responsible companies Financial Times Pitman publishing Revue multidisciplinaire sur l emploi le syndicalisme et le travail REMEST 2009 vol 4 N 1 103 McWILLIAMS A SIEGEL D WRIGHT P M 2006 Corporate social responsibility strategic implications Journal of Management Studies Iss 43 pp 1 18 MCWILLIAMS A SIEGEL D 2000 Corporate social responsibility and financial performance correlation or misspecification Strategic
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