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Pour une catégorisation et une classification critique des majorités

1. Selon les enseignements de A V Dicey la rule of law exclut n cessairement l existence de normes arbitraires instaur es par les gouvernements That rule of law then which forms a fundamental principle of the constitution has three meanings or may be regarded from three different points of view It means in the first place the absolute supremacy or predominance of regular law as opposed to the influence of arbitrary power and excludes the existence of arbitrariness of prerogative or even of wide discretionary authority on the part of the governments Pourtant un haut niveau d arbitraire caract rise les majorit s qualifi es Apr s tout il est difficile voire impossible d imposer un seuil autre que celui de 50 1 sur une base totalement objective Comment expliquer le choix d une majorit n cessaire fix e 60 Pourquoi ne pas plut t privil gier 65 ou m me 53 L imposition du seuil est arbitraire et l est d autant plus dans le cas d une majorit qualifi e taux ind termin et ind terminable l avance comme c est le cas au Canada avec la Loi de clarification L instauration d un nouveau seuil majoritaire ainsi qu une modification des r gles permettant la prise de d cision d pendra de facteurs subjectifs Le professeur Vincent Lemieux partage cette critique de l arbitraire dans l tablissement des majorit s qualifi s De fa on g n rale elles nous semblent conte
2. 122 B JURISPRUDENCE Alberta c Hutterian Brethren of Wilson Colony 2009 2 R C S 567 Andrews c Law Society of British Columbia 1989 1 RCS 143 Babcock c Canada Procureur g n ral 2002 3 R C S 3 Commission scolaire r gionale de Chambly c Bergevin 1994 2 R C S 525 Law c Canada Ministre de l Emploi et de l Immigration 1999 1 R C S 497 Le Procureur g n ral de l Ontario c SEFPO 1987 2 R C S 2 Multani c Commission scolaire Marguerite Bourgeoys 2006 1 R C S 256 Nguyen c Qu bec ducation Loisir et Sport 2009 3 R C S 208 R c Kapp 2008 2 R C S 483 Renvoi Comp tence du Parlement relativement a la Chambre haute 1980 1 R C S 54 Renvoi R solution pour modifier la Constitution 1981 1 R C S 753 Renvoi relatif la r mun ration des juges de la Cour provinciale I P E 1997 3 R C S 3 Renvoi relatif la s cession du Qu bec 1998 2 R C S 217 Saguenay Ville de c Mouvement laique qu b cois 2013 QCCA 936 Saumur c City of Quebec 1953 2 R C S 299 Syndicat Northcrest c Amselem 2004 2 R C S 551 123 C DOCTRINE Ouvrages ACKERMAN Bruce Au nom du peuple les fondements de la d mocratie am ricaine Paris Calmann L vy 1998 ARON Raymond ntroduction la philosophie politique D mocratie et r volution Paris ditions de Fallois 1997 AUCLAIR Nicolas La d mocratie et la Loi sur la clart r flexions sur la r gl
3. l article L126 du Code lectoral f Ainsi pour tre lu au premier tour un candidat doit non seulement obtenir 50 des suffrages exprim s mais ce r sultat doit aussi galer au moins 25 des gens habilit s voter Autrement dit malgr un appui sup rieur 50 le candidat n est pas lu si un minimum de 25 des gens inscrits sur la liste lectorale ne lont pas appuy Un deuxi me tour peut donc tre enclench malgr qu un candidat ait obtenu plus de 50 des suffrages exprim s Lors de ce deuxi me tour aucune condition de participation n est pr vue Le seuil majoritaire est uniquement rehauss pour le premier tour le seuil classique redevenant la norme majoritaire lors du second tour Bi lorussie La Bi lorussie poss de aussi un syst me lectoral deux tours pour l lection de son corps l gislatif Une majorit renforc e conditionnelle une participation taux d termin est tablie pour les deux tours lectoraux Au 161 L article L126 nonce ainsi Nul n est lu au premier tour de scrutin s il n a r uni 1 la majorit absolue des suffrages exprim s 2 un nombre de suffrages gal au quart du nombre des lecteurs inscrits Au deuxi me tour la majorit relative suffit En cas d galit de suffrages le plus g des candidats est lu 78 premier tour la victoire d un candidat est conditionnelle la participation d au moins 50 des gens inscrits sur la
4. Enfin si uniquement 30 personnes participent la consultation il sera impossible de remplir la condition de mobilisation et ce peu importe le r sultat Il est uniquement possible de d terminer hypoth tiquement le plus faible taux math matiquement n cessaire pour que le r sultat puisse tre pris en compte Le pourcentage de participation devant tre atteint est donc ind termin avant le scrutin Seule la perspective d un r sultat unanime permet de d terminer le taux de participation minimal exig Majorit absolue Bien qu il n existe aucune norme aucun standard sur le pourcentage que la majorit devrait mobiliser il est tout de m me possible de r pertorier une variante plus commune La majorit dite absolue ou majorit des personnes ayant le droit de voter est une manifestation plus fr quente de ce genre de proc d Pour tre consid r e comme absolue la majorit doit alors repr senter 50 1 des participants habilit s voter En d autres termes la majorit absolue signifie qu une norme pour tre accept e recueille l approbation de la moiti plus un au moins des membres de l organe 39 comp tent 64 Ainsi lors d une consultation assortie d une obligation de majorit absolue la majorit des voix exprim es doit d s lors repr senter 50 des gens habiles voter ce qui peut tre r sum comme l exigence de mobiliser en faveur de son camp 50 1 de la population ou de
5. Si donc l absence de toute exigence d un certain niveau d appui en faveur d un r f rendum sur l ind pendance nest pas incompatible avec les normes internationalement reconnues a Commission souligne n anmoins qu il y a des raisons d exiger un niveau sup rieur celui d une simple majorit des suffrages exprim s car une telle condition peut tre n cessaire pour assurer la l gitimit du r sultat d un r f rendum nos italiques En effet la Commission affirmait qu afin d assurer la l gitimit du r f rendum du Mont n gro il pourrait tre justifi d tablir un seuil d appuis sup rieur celui 135 Ibid au para 32 138 Ibid au para 32 137 Ibid au para 37 138 Ibid au para 36 67 d une simple majorit Ainsi la Commission op re ici une diff renciation entre la l galit du seuil de 50 1 des voix exprim es et la recherche d une toujours plus grande l gitimit lors d un processus s cessionniste Avec une telle position la Commission quitte le domaine exclusif du droit par un obiter de nature politique insinuant qu une d cision de nature importante comme la s cession pourrait exiger des conditions suppl mentaires afin d assurer la l gitimit des d cisions prises sur la base d un r sultat r f rendaire Dans les conclusions de son avis la Commission invite d ailleurs les acteurs politiques examiner la possibilit de s entendre sur une norme plus lev e et ce tou
6. llustration Cette mani re de rehausser le seuil majoritaire n est pas un m canisme r pandu tant dans le droit positif canadien que dans celui des autres tats Tout d abord aucune norme internationale n existe quant un taux de 36 participation minimal devant tre atteint Tout au plus certains avancent qu une exigence de participation de la moiti du corps lectoral serait conforme au droit international Dans un avis produit l occasion des d bats entourant la s cession du Mont n gro de la Serbie la Commission europ enne pour la d mocratie par le droit affirme Il ressort de ces informations qu il n existe pas de normes contraignantes internationalement reconnues concernant le niveau de participation aux r f rendums en g n ral Toutefois compte tenu d une part de la documentation constitutionnelle comparative et d autre part de la n cessit d assurer la l gitimit des r sultats dans le contexte concret de la Serbie Mont n gro la Commission conclut que l exigence que la majorit du corps lectoral ait particip au scrutin r f rendaire pour qu il soit valide est conforme aux normes internationales Les quorums taux d termin sans tre contraires aux normes internationales ne sont pas reconnus comme n cessaires et contraignants 2 L absence de ce type de quorums au Canada nous oblige nous r f rer aux exemples internationaux En effet il existe en droit constitutionnel comp
7. t impos es apr s 1995 en ayant en t te la faible marge opposant les camps du 41 Colombie Britannique Legislative Assembly Official Report of Debates of the Legislative Assembly vol 29 n 2 31 mars 2008 a la p 10640 J Horgan 23 oui et du non Ensuite l chec du r f rendum de 2005 et l ambigtit des r sultats situ s au del du seuil de 50 1 et au dessous du seuil de majorit qualifi e semblent provoquer dans l esprit du d put une prise de conscience critique Du reste la r ponse du gouvernement aux arguments de l opposition n a pas su convaincre l ensemble de la classe politique permettant ainsi de sp culer sur l opportunit d tablir ce genre de majorit renforc e dans nos syst mes d mocratiques En effet le gouvernement justifia en ces termes la majorit qualifi e impos e The only thing can say again and will resort to the same argument is that its a proposal that really requires fundamental change Because the change contemplated is so fundamental the proposal is to have more than a simple majority 42 La majorit qualifi e tait donc n cessaire pour le gouvernement de la Colombie Britannique de l poque puisque le changement propos tait consid r comme fondamental pour cette province On peut toutefois se demander si le simple fait de tenir un r f rendum plut t que de recourir une simple majorit parlementaire refl tant une majorit toute r
8. L obligation qu a la majorit d agr ger un nombre minimum de voix a pour cons quence directe d augmenter le nombre d appuis n cessaires au del de 50 1 des voix exprim es Diff rence avec quorum d termin Ce quorum de participation est ind termin puisqu il est impossible de savoir avant le scrutin le nombre total de personnes devant participer la consultation pour que cette derni re lie les autorit s politiques Tout au plus il est possible de d terminer l chelon minimum de participation En effet advenant un taux d appui devant repr senter 40 du corps Ibid au para 112 38 lectoral le taux minimal de participation se situe 40 et ce uniquement la suite d un r sultat unanime Par contre si le r sultat n est pas unanime le taux de participation requis sera revu la hausse pour que la majorit repr sente le pourcentage d sign des participants la consultation Prenons l exemple de 100 personnes qui seraient appel es voter sur une question soumise une exigence d agr gation de 40 des personnes habilit es voter Si uniquement 40 personnes participent a la votation elles devront toutes se prononcer en faveur de la mesure pour que l exigence de participation soit respect e Imaginons maintenant que 10 personnes d sirent voter en d faveur du projet 40 autres personnes devront voter en faveur ce qui oblige l atteinte d un taux de participation d au moins 50
9. Loi sur la l gislature modifications importantes 1888 1980 Bulletin de la Biblioth que de l Assembl e nationale vol 11 n 3 4 octobre d cembre 1981 53 la p 56 Loi sur la l gislature L R Q c L 1 Loi sur l Assembl e nationale L R Q c A 23 1 211 212 21 100 sixi me de ses membres y compris le Pr sident2 4 Lorsqu une commission de l Assembl e si ge le quorum est diminu au dixi me de ses membres le Pr sident encore compris2 L utilisation d une fraction pour d terminer le quorum semble plus durable comme m thode de fonctionnement qu un nombre fix dans le temps Un quorum de 20 d put s sur 65 soit pr s du tiers des d put s comme c tait le cas en 1867 n a pas le m me impact et la m me rigidit qu un quorum du sixi me de 125 d put s comme la loi le fixe en 2013 Nomination et destitutions de personnes et officiers de l Assembl e De nombreuses lois ont tabli des majorit s qualifi es s appliquant pour les travaux de l Assembl e nationale afin de rigidifier le processus de nomination de certaines personnes Ainsi la majorit parlementaire n est pas suffisante pour que l Assembl e puisse nommer une personne un poste ou ent riner une d cision du Premier ministre visant une nomination Nous d taillerons maintenant l ensemble des lois o une majorit qualifi e s impose afin de rendre effective une nomination D abord La Loi sur l acc s aux
10. art 47 1 1 Constitution de la R publique italienne art 75 15 Ibid 151 Constitution de la R publique de Lituanie art 148 72 moins 50 du nombre total d lecteurs ayant vot lors de la derni re lection l gislative 52 Cette forme de majorit conditionnelle un niveau de participation est plut t rare puisqu elle fait intervenir comme d nominateur non pas la population inscrite sur la liste lectorale mais bien ceux s tant exprim s lors du dernier scrutin l gislatif Pays Bas Les Pays Bas avaient aussi rehauss de mani re significative leur seuil majoritaire dans une loi r f rendaire temporaire de 2002 2004 Celle ci pr voyait un quorum de participation de 50 1 des inscrits combin une majorit renforc e conditionnelle l agr gation par l option favorable d au moins 30 des gens habilit s voter Cette double mesure en faisait l une des plus rigides en Europe Pologne Quant elle la Pologne pr voit que le r sultat d un r f rendum n est valable que si plus de la moiti des lecteurs inscrits y ont particip 4 Il s agit d une majorit renforc e conditionnelle un taux de participation d termin Portugal De son c t le Portugal pr voit des r f rendums extraordinaires sur certaines mati res consid r es d int r t national Pour tre concluants ces r f rendums doivent obtenir un taux de participation de plus de 50 des personnes
11. cembre 1999 amend e le 16 juin 2004 Loi relative l lection des d put s du Mejlis du Turkm nistan de 1994 amend e en 2004 Loi relative aux lections au Seimas de la R publique de Lituanie du 9 juillet 1992 Ne l 2721 Loi relative aux lections l gislatives l Oliy Majlis de la R publique d Ouzb kistan tel qu amend e en d cembre 2012 Loi sur l union dano islandaise de 1918 Scotland Act 1978 R U 1978 c 51 Scotland Act 1998 R U 1998 c 46 Textes constitutionnels canadiens 120 Charte canadienne des droits et libert s art 4 2 partiel de la Loi constitutionnelle de 1982 constituant l annexe B de la Loi de 1982 sur le Canada R U 1982 c 11 Loi constitutionnelle de 1867 R U 30 amp 31 Vict c 3 reproduit dans L R C 1985 app II n 5 Loi constitutionnelle de 1982 constituant l annexe B de la Loi de 1982 sur le Canada R U 1982 c 11 Textes f d raux canadiens Acte du pl biscite de prohibition S C 1898 c 51 Acte d union de 1840 Loi de 1942 sur le pl biscite f d ral Loi de clarification L C 2000 c 26 Proclamation soumettant un r f rendum relatif la Constitution du Canada 7 octobre 1992 TR 92 180 Textes provinciaux et territoriaux canadiens An Act to Provide Settlement of a certain Labour Management dispute between the government of Saskatchewan and the Saskatchewan Governements Employees Union S S 1984 85 75 c 111
12. la n cessit de conserver une stabilit politique et d un autre c t le fait de vouloir emp cher une majorit parlementaire de se maintenir au pouvoir malgr le d saccord des partis d opposition Apr s tout le syst me politique canadien favorise les gouvernements maijoritaires Dans ce contexte il devenait risqu pour l alternance politique de laisser a une majorit parlementaire le loisir de poursuivre son mandat au del de la limite constitutionnelle de cinq ans Pour emprunter les mots de Raymond Aron pJour que la concurrence soit r ellement pacifique il faut qu une lection ne soit jamais consid r e comme la derni re Autrement dit pour que la concurrence puisse tre la loi de ce genre de soci t politique il faut que les groupes qui ne sont pas au pouvoir aient en principe une 1 Depuis 1980 sur un total de 10 lections f d rales 7 ont men l lection de gouvernements majoritaires 1 Charte canadienne supra note 48 art 4 1 95 chance d y arriver 1 Le fait d augmenter le seuil majoritaire pour prolonger le mandat de la chambre est une fa on de s assurer que l opposition ceux d sirant conqu rir le pouvoir soient en accord avec la prolongation du mandat et que la prolongation du mandat ne constitue pas une forme de coup d tat du gouvernement majoritaire pour viter l ch ancier lectoral Cette majorit qualifi e oblige la participation et la collaborati
13. lib ration du peuple Nous recenserons donc les diff rentes proc dures visant un rehaussement du seuil majoritaire l int rieur des diff rentes chambres l gislatives canadiennes amp D abord nous nous attarderons aux majorit s renforc es applicables la fois a la Chambre des communes ainsi qu aux assembl es l gislatives des provinces canadiennes pr vues par la Constitution canadienne 2 2 1 1 Ensuite nous tudierons le rehaussement du seuil parlementaire l int rieur de la Chambre des communes et du S nat 188 Sous l Acte d union de 1840 le deux tiers des membres de l assembl e et du conseil l gislatif devaient approuver une modification du nombre de d put s des deux sections du Canada Uni article 26 de l Acte d union 91 2 2 1 2 Enfin diverses lois qu b coises imposent des majorit s renforc es lors de prise de d cisions l Assembl e nationale du Qu bec 2 2 1 3 Nous dresserons donc un portrait de l utilisation des maijorit s renforc es dans les contextes f d ral et qu b cois La pr sence d un nombre significatif d exemples et d utilisations de majorit s renforc es en contexte parlementaire nous permet de nous restreindre au droit canadien dans notre analyse Souverainet parlementaire Notons que le fait de r fl chir sur les seuils de majorit s renforc es lors de la prise de d cisions parlementaires revient se questionner sur le r le du pouvoir l gislatif sur la supr
14. matie du Parlement et sur la hi rarchisation de la souverainet parlementaire C est dans cette optique que nous aborderons les majorit s renforc es l int rieur du parlementarisme canadien D une part nous d crirons les occasions o elles sont utilis es et d autre part nous tenterons de comprendre les raisons qui am nent le l gislateur modifier la norme majoritaire classique Ces raisons devront tre mises en relation avec les principes de supr matie et de souverainet parlementaire 2 2 1 1 Les majorit s renforc es applicables la fois la Chambre des communes et aux assembl es l gislatives des provinces canadiennes La prolongation du mandat de la Chambre La Constitution canadienne pr voit un seul endroit l utilisation d une majorit renforc e en contexte parlementaire L article 4 2 de la Charte canadienne impose une majorit renforc e lorsque la Chambre des communes ou une assembl e l gislative provinciale veut prolonger 18 Charte canadienne supra note 48 92 le mandat des assembl es au del de cinq ans Cette proc dure qualifi e de prolongation sp ciale par la Constitution elle m me peut seulement tre utilis e en cas de guerre d invasion ou d insurrections qu elles soient r elles ou appr hend es Ainsi la Constitution prescrit qu une prolongation du mandat d une assembl e ne pourra avoir lieu s il y a une opposition exprim e par les voix de plu
15. qualified majorities and distinguish between the different contexts in which these procedures are used Why does a political community in some instances refuse to accept the notion that one extra vote suffices to constitute a collective decision What types of decisions and which contexts warrant these super majorities What are the conditions or requirements associated to them These are some of the questions raised in this study which portrays the diversity of mechanisms related to super majorities vi Table des mati res R SUM a ane a a One en beat III ABSTRACT aa ae a a da non an di V REMERCIEMENTS sta ea os eee tement IX TROIS a ere mana 1 DES TENSIONS INHERENTES ENTRE CONSTITUTIONNALISME ET D MOCRATIE MAJORITAIRE 7 UN EME MU DE 22222222 de mn ose sense ee ee ee dat 2e EE EEEE ect die 13 PARTIE 1 LES DIFF RENTS TYPES DE MAJORIT S RENFORC ES UN CONCEPT PLUSIEURS APPLICATIONS 18 1 1 LES MAJORIT S QUALIFI ES ccccccceceeseeneceeeeetseesstenseesstesteeeasesteeensectenenteseetenseseetenes 19 1 1 1 Les majorit s qualifi es taux d termin nnen 19 1 1 2 Les majorit s qualifi es taux ind termin et ind terminable 0 000 28 1 1 3 Discussion critique L arbitraire dans le choix du seuil de majorit s qualifi es 32 1 2 LES MAJORITES CONDITIONNELLES c ccceccccecccceeceeeuceeuueseseueesuuuseueueeeueaseuseeeeuueeeuneeess 34 1 2 1 Les majorit s associ es
16. r partition spatio temporelle du vote Tel que nous l avons conclu pr c demment les majorit s conditionnelles un niveau de participation sont difficilement conciliables avec un droit l abstention et avec le caract re neutre qui sous tend ce geste dans un contexte d mocratique Les majorit s conditionnelles une r partition spatio temporelle du vote doivent concilier d un cot la disparit dans le poids relatif des lecteurs sur l ensemble du territoire et de l autre c t diff rentes conceptions de l unicit du territoire qu entraine par exemple le f d ralisme Comprendre l impact des majorit s renforc es commandait galement de distinguer les diff rents contextes o elles sont appliqu es En effet il devient pratiquement impossible d tudier les effets des maijorit s renforc es leur fr quence d utilisation et les raisons qui am nent le pouvoir public les mettre en place sans diff rencier au pr alable les forums o elles s appliquent En d autres termes une critique des majorit s renforc es pourrait difficilement tre uniforme dans tous les contextes o elles peuvent tre mises en place Ainsi tel que d montr ci dessus le premier contexte d application des majorit s renforc es se retrouve dans les scrutins soit l int rieur de r f rendums ou lors d lections Les exemples canadiens de majorit s renforc es dans ce contexte sont rares l chelle internationale
17. s renforc es Pour ce faire nous distinguerons les diff rents types et les diff rents contextes de red finition du seuil majoritaire et formulerons l hypoth se selon laquelle les difficult s probl me de l gitimit d acceptabilit et d efficacit soulev es par le recours aux majorit s renforc es sont appel es varier consid rablement selon le type de majorit renforc e et surtout selon le contexte dans lequel cette majorit renforc e est impos e D une part en cette mati re le droit consiste en un agr gat de m canismes vari s et diversifi s qui t moignent de multiples mani res de rehausser le seuil majoritaire au del du 50 1 des voix exprim es II importe de bien distinguer ces modalit s et de les cat goriser Augmentation du pourcentage d appuis exig s imposition d un seuil minimum de participation ou r partition temporelle et g ographique des appuis il existe en pratique une grande vari t de majorit s renforc es Ainsi en observant de quelles fa ons la majorit peut tre rehauss e il sera possible de d gager une importante vari t de majorit s renforc es qui n ont parfois que tr s peu de liens entre elles 14 D autre part les majorit s renforc es sont aussi appliqu es dans des contextes bien sp cifiques et tr s particuliers qu il faut l aussi distinguer Les circonstances de mise en uvre des maijorit s renforc es sont diverses et n ont pratiquement aucune
18. senter 40 des lecteurs Malgr un taux de 51 6 d appui exprim le projet ne se concr tisa pas puisque ce pourcentage ne repr sentait Massicotte supra note 65 la p 135 Ibid 75 Ibid Loi sur l union dano islandaise de 1918 art 18 77 Scotland Act 1978 R U 1978 c 51 art 85 2 If it appears to the Secretary of State that less than 40 of the persons entitled to vote in the referendum have voted Yes in reply to the question posed in the Appendix to Schedule 17 of this Act or that a majority of the answers given in the referendum have been No he shall lay before Parliament the draft of an Order in Council for the repeal of this Act 43 que 32 85 des lecteurs inscrits 8 Pr s de vingt ans plus tard un deuxi me r f rendum sur la d volution des pouvoirs est organis cette fois sans la pr sence de condition de participation le oui recueilli 74 d appui Aux tats Unis la pratique de la majorit conditionnelle un taux de participation ind termin existe mais n est pas pratique courante Le professeur Louis Massicotte relativisait d ailleurs la pr sence de ce type de majorit s renforc es Seulement trois des 17 tats am ricains qui pr voient la tenue d un r f rendum sur les initiatives en mati re constitutionnelle exigent que les oui repr sentent un certain pourcentage des votants l lection tenue simultan ment Comme il est possible de le co
19. t pluraliste 6 L tude des majorit s ne peut ainsi faire l conomie de leur traitement sous une base juridique Le seuil de majorit qui s impose traditionnellement c est dire le seuil de 50 1 des voix exprim es appara t pour beaucoup de chercheurs comme une vidence ne n cessitant pas de justification scientifique Cette derni re est souvent consid r e comme consubstantielle l id al d mocratique d gale libert politique des citoyens dans l exercice de la souverainet collective D sormais remis en 12 Loi de clarification L C 2000 c 26 art 2 Voir notamment Renvoi relatif la s cession du Qu bec supra note 3 Saumur c City of Quebec 1953 2 R C S 299 Le Procureur g n ral de l Ontario c SEFPO 1987 2 R C S 2 Renvoi relatif la r mun ration des juges de la Cour provinciale P E 1997 3 R C S 3 Babcock c Canada Procureur g n ral 2002 3 R C S 3 Brun Tremblay et Brouillet supra note 7 Tout aussi fondamentales sont les conventions qui r gissent les rapports entre le gouvernement et l opposition parce qu elles visent perp tuer le caract re d mocratique du r gime la p 42 Voir notamment Andrews c Law Society of British Columbia 1989 1 RCS 143 Law c Canada Ministre de l Emploi et de l Immigration 1999 1 R C S 497 R c Kapp 2008 2 R C S 483 Commission scolaire r gionale de Chambly c Bergevin 1994 2 R C S 525 Voir notammen
20. tre consid r e comme une source de pr c dents pouvant justifier l tablissement de majorit s renforc es en contexte de scrutins Recours au droit compar Le peu d exemples canadiens nous oblige recourir ici au droit compar et puiser dans les pr c dents internationaux afin de mieux comprendre comment s tablissent les majorit s renforc es en contexte de scrutins r f rendaires Nous analyserons de fa on d taill e le cas du Mont n gro et des pays formant l Union europ enne ll est aussi int ressant de noter que la f d ration de Saint Kitts et Nevis petit archipel des Antilles d environ 40 000 habitants pr voit dans sa constitution une majorit qualifi e aux deux tiers advenant un r f rendum d ind pendance entre les les de Saint Christophe et de Nevis 22 En effet si la population de Nevis veut cesser de faire partie de la f d ration elle doit approuver par r f rendum aux deux tiers des votes valides la s cession Un r f rendum a d ailleurs eu lien en 1998 recueillant 58 des votes valides en faveur de l ind pendance de l le de Nevis123 Mont n gro L exemple international le plus connu en r gime d mocratique demeure ce jour celui du Mont n gro En effet celui ci est souvent cit comme 121 122 123 Loi de 2007 sur le r f rendum supra note 4 Constitution de Saint Kitts et Nevis article 113 2 b http www electionguide org elections id 97 63 exemple jus
21. une l gitimation accrue du 4 David Poulin Litvak La d b cle r f rendaire en Ontario 20 octobre 2007 en ligne Vigile net lt http www vigile net La debacle referendaire en Ontario gt Ontario Assembl e l gislative de l Ontario Journal des d bats Hansard n 122A 20 novembre 2006 la p 6243 R Marchese Ibid la p 6244 B Delaney 45 25 m canisme sans qu un d bat approfondi et d taill sur la question n aie lieu La r ponse du d put Delaney particuli rement illustre quel point la question du Qu bec bien que n ayant rien voir avec celle de la r forme du mode de scrutin en Ontario joue un r le dans l inconscient collectif canadien lorsqu il est question de majorit renforc e Saskatchewan La Saskatchewan sans avoir tenu de scrutins appliquant des majorit s qualifi es a tout de m me pr vu dans une loi r f rendaire l tablissement ce genre de m canismes En effet l article 4 1 du Referendum and Plebiscite Act pr voit ce qui suit Some referendums binding 4 1 Subject to subsection 2 if more that 60 of the ballots validly cast in a referendum vote the same way on a question stated the result is binding within the meaning of section 5 on the government that initiated the referendum Cet article de loi adopt peu de temps apr s l chec de l accord du Lac Meech et peu de temps avant le r f rendum qu b cois de 1995 est un a
22. 163 Ibid art 83 164 Loi relative aux lections au Seimas de la R publique de Lituanie du 9 juillet 1992 N 1 2721 Pour une version anglaise voir OSCE Office for Democratic Institutions and Human Rights Republic of Lithuania Law on Elections to the Seimas en ligne Legislationline org lt http www legislationline org documents action popup id 9068 gt 16 Ibid art 88 2 candidate shall be considered elected in a single member constituency if the not less than 40 percent of the voters from the electoral roll of that constituency have participated in the elections and the said candidate has received more than half of votes cast by the voters who have participated in the elections If less than 40 percent of the voters from the electoral roll of that constituency have participated in the elections the candidate who have received the majority but not less than one fifth of the votes of all the voters from the electoral roll of that constituency shall be considered to have been elected 79 Ouzb kistan L Ouzb kistan a instaur une majorit renforc e conditionnelle un taux de participation l article 44 de sa loi lectorale Pour qu un d put de la chambre l gislative soit lu 33 des gens habilit s voter dans la circonscription doivent avoir particip au processus lectoral et il doit avoir obtenu 50 1 des suffrages exprim s 67 Advenant qu une des deux conditions ne soit pas
23. Brookings Institution 1987 125 CHAMPAGNE Maurice Loi sur la l gislature modifications importantes 1888 1980 Bulletin de la Biblioth que de l Assembl e nationale vol 11 n s 3 4 octobre d cembre 1981 53 DERRIENNIC Jean Pierre Majorit claire mode d emploi 1998 26 Cit Libre 34 LEMIEUX Vincent Le r f rendum et la d mocratie au Canada dans AUCOIN Peter dir Le gouvernement repr sentatif et la r forme des institutions tude n 38 Ottawa Commission royale sur l union conomique et les perspectives de d veloppement du Canada 1985 MASSICOTTE Louis La r forme de la proc dure r f rendaire qu b coise r flexion sur quelques enjeux dans COTE Pierre F dir D mocratie et r f rendum la proc dure r f rendaire Actes du colloque du d partement de science politique de l Universit de Montr al Montr al Qu bec Am rique D partement de science politique Universit de Montr al 1992 117 PILON Dennis The 2005 and 2009 Referenda on Voting System Change in British Columbia 2010 4 Canadian Political Science Review 73 REVENGA SANCHEZ Miguel et SANCHEZ MANZANO Paz R f rendum et r gionalisme en Espagne dans ROUSSILLON Henry dir R f rendum et d mocratie Secondes assises de l Association des auditeurs de l Acad mie internationale de droit constitutionnel Toulouse Presses de l Universit des sciences sociales de Toulouse 199
24. C est le cas d un vote pouvant conduire a la n gociation d une s cession Il ne faudrait jamais entreprendre de telles n gociations sur la base d une majorit incertaine qui pourrait fondre face aux difficult s que pose immanquablement la scission d un pays Les mots choisis ne laissent aucun doute quant la volont de faire de la Loi sur la clarification un m canisme de rehaussement du seuil majoritaire Bien qu il soit difficile d affirmer que le terme clair utilis dans la d cision de la Cour supr me fasse r f rence un r el rehaussement du seuil majoritaire au niveau quantitatif il faut certainement souligner que la r ponse l gislative du Parlement f d ral ce jugement est quant elle d nu e d ambigu t il s agit d une r elle modification de la norme majoritaire Du reste cette loi qui a fait couler beaucoup d encre est Canada Chambre des communes D bats de la Chambre des communes 39 14 d cembre 1999 la p 1145 S Dion 31 consid r e par certains dont Nicolas Auclair comme la gen se de l apparition de tous ces proc d s red finissant le seuil majoritaire au Canada Il semble en effet y avoir un lien entre cette tendance recourir aux majorit s renforc es dans le Rest of Canada et le d bat sur l unit canadienne consistant apr s 1995 changer les r gles du jeu ayant pr valu lors des pr c dents r f rendums En somme les maijorit s qualifi es
25. Dans ce contexte nous parlons de majorit claire au sens qualitatif Pour tre consid r s comme l expression de la volont d mocratique les r sultats d un r f rendum doivent tre d nu s de toute ambigu t en ce qui concerne tant la question pos e que l appui re u 52 Vue ainsi une majorit claire semble exclure une majorit lectorale comportant des distorsions caus es par les r gles relatives aux modes de scrutins Cela dit rien n emp che de consid rer comme tant claire une majorit de 50 1 des votes exprim s une question d nu e de toute ambig it Souhaitant pr ciser le sens de cette notion de majorit claire le gouvernement f d ral a ensuite d pos un projet de loi ordinaire visant d finir Loi de clarification supra note 12 art 2 Renvoi relatif la s cession du Qu bec supra note 3 La Cour utilise plus d une dizaine de reprises l expression majorit claire dans sa d cision Renvoi relatif la s cession du Qu bec supra note 3 29 les conditions auxquelles le f d ral acceptera de se soumettre son obligation constitutionnelle de n gocier obligation formellement nonc e dans la d cision de la Cour supr me Cette d cision a donc entra n l adoption d une loi f d rale institutionnalisant au nom de la clart r f rendaire une majorit qualifi e taux ind termin et ind terminable s La loi indique qu la suite d
26. Report pdf gt COMMISSION EUROP ENNE POUR LA D MOCRATIE PAR LE DROIT COMMISSION DE VENISE sur la base des observations de Anthony Bradley Carlos Closa Montero et Kaarlo Tuori Avis sur la compatibilit avec les normes internationales applicables de la l gislation en vigueur au Mont n gro concernant l organisation de r f rendums avis n 343 2005 adopt par la Commission de Venise lors de la 65 session pl ni re Venise 16 17 d cembre 2005 en ligne Commission de Venise lt http www venice coe int webforms documents CDL AD 2005 041 f aspx gt COMMISSION EUROP ENNE POUR LA D MOCRATIE PAR LE DROIT COMMISSION DE VENISE Draft Law on Introduction of Amendments and Supplements to the Legal Acts of the Republic of Uzbekistan On Election of the Oliy Majlis of the Republic of Uzbekistan and On Elections to the Regional District and City Councils Kengash of People s Deputies en ligne Commission de Venise lt http www venice coe int webforms documents pdf CDL REF 2012 044 e gt 127 COMMISSION EUROP ENNE POUR LA D MOCRATIE PAR LE DROIT COMMISSION DE VENISE Le r f rendum en Europe analyse des r gles juridiques des tats europ ens rapport n 287 2004 adopt par le Conseil des lections d mocratiques lors de sa 14 r union Venise 20 octobre 2005 et la Commission de Venise lors de sa 64 session pl ni re Venise 21 22 octobre 2005 en ligne Commission de Venise lt http www
27. a taux d termin comme ind termin ne laissent aucun doute quant leur finalit Ces m canismes par l augmentation du pourcentage de la majorit requise visent rehausser le nombre d appuis n cessaires rendant la prise de d cision plus difficile du moins pour l un des deux camps concern s par le d bat politique Or contrairement d autres types de majorit s renforc es les majorit s qualifi es ne laissent aucun doute sur l objectif vis par ceux qui les mettent en place puisque leur nature intrins que est de rehausser le nombre d appuis n cessaires et de rendre plus difficiles certains changements 1 1 3 Discussion critique L arbitraire dans le choix du seuil de majorit s qualifi es Primaut du droif L utilisation des majorit s qualifi es soul ve une question d terminante quant au choix du pourcentage rempla ant le 50 1 des voix Les majorit s qualifi es obligent a d finir un nouveau seuil d cisionnel il s agit de l essence m me de ce m canisme Or la d termination de ce seuil soul ve des questions quant la pr visibilit et la rationalit du droit deux principes intimement li s la primaut du droit En effet le choix du pourcentage laisse place un haut Nicolas Auclair La d mocratie et la Loi sur la clart r flexions sur la r gle de la majorit m moire de ma trise Universit de Montr al 2002 non publi la p 115 32 niveau d arbitraire
28. any other challenger 1 Ainsi ce n est pas la recherche d une majorit de votes qui caract rise la majorit simple mais simplement le fait d avoir davantage d appuis que ses concurrents D ailleurs la litt rature de langue anglaise distingue les syst mes de plurality majorit simple des syst mes de majority runoff o 199 Voir Andr Blais et Louis Massicotte Electoral Systems dans Lawrence LeDuc Richard G Niemi et Pippa Norris dir Comparing Democracies 3 d Sage Publications 2010 la p 4 76 le candidat doit r ellement franchir le cap de 50 des suffrages exprim s pour tre lu160 Pluralit des voix et syst me majoritaire D s lors ce type de mode de scrutin ne peut tre consid r comme l instauration de majorit s renforc es puisqu il n augmente ni ne diminue le seuil majoritaire Bien que le terme majorit soit utilis ce type de mode de scrutin n a donc rien de majoritaire sauf la terminologie ce qui nous le conc dons peut porter confusion Du reste l lection la majorit simple first past the post assure tout au plus qu un candidat ayant obtenu 50 des suffrages exprim s sera lu puisqu il sera math matiquement impossible pour un autre candidat d obtenir plus de voix 2 1 2 1 Les majorit s renforc es dans le cadre de scrutins l gislatifs Scrutins l gislatifs Les majorit s renforc es implant es dans scrutins l gislati
29. bulletins blancs et nuls sont r pertori s mais n entrent pas dans le calcul les citoyens ayant le droit de ne pas s exprimer il para t logique de n attacher aucune pr somption leur A Fran oise Subileau et Marie France Toinet Les chemins de l abstention Paris La D couverte 1993 la p 141 Commission europ enne pour la d mocratie par le droit Avis sur le Mont n gro supra note 61 au para 25 45 abstention 83 Faire autrement revient en d finitive instrumentaliser l abstention au profit d une option en particulier Le fait d accorder une valeur normative abstention par une pr somption d opposition diminue l int r t civique de la participation lectorale En effet si le camp des opposants peut l emporter de deux fa ons soit en obtenant une majorit des suffrages ou soit en consid rant que le taux de participation n est pas assez lev il pourrait devenir strat gique pour un lecteur de tout simplement s abstenir contre le projet en l esp ce Le niveau de participation ne pourra que diminuer puisque les adversaires d un projet auront tout avantage s abstenir bloquant ainsi toute chance de succ s au camp favorable Du reste notre position sur l abstention pourrait se r sumer par cette simple phrase du professeur m rite Walter Dean Burnham de l Universit du Texas Austin The old saw remains profoundly true if you don t vote you don t count 85 1 2 2 Majo
30. comprendre l application d un type de majorit renforc e o son contexte de mise en place nous largirons tout d abord le champ d tudes aux Loi sur les compagnies L R Q c C 38 section III 15 exemples europ ens Advenant que les exemples europ ens soient insuffisants nous tenterons de trouver des pr c dents travers le droit de l ensemble des pays Ainsi nous ne pr tendons pas faire une analyse exhaustive de toutes les majorit s renforc es pr sentes dans l ensemble des pays mais bien de recourir au doit compar afin d illustrer comment fonctionne un type de majorit renforc e ou dans quel contexte elle est utilis e En d autres termes l objectif nest pas de recenser tous les exemples de majorit s renforc es existants il s agit plut t de bien cerner les types et contextes d utilisation des majorit s renforc es en se servant d exemple canadien mais aussi l occasion de droit compar Afin de valider notre hypoth se nous analyserons dans une premi re partie de mani re d taill e en quoi consistent les diff rents types de majorit s renforc es afin de bien distinguer les diff rents seuils de majorit et la mani re dont elles s exercent 1 Ensuite dans une seconde partie nous nous attarderons aux diff rents contextes ou sont employ es ces majorit s renforc es 2 Nous visons ici a d velopper une classification et une cat gorisation des majorit s renforc es qui perm
31. d une analyse qualitative de la majorit en fonction de tous facteurs ou circonstances qu elle peut estimer pertinents Ce nouveau seuil sera tabli en fonction de l importance des voix exprim es en faveur de la Loi de clarification supra note 12 art 2 5 Ibid 30 proposition de s cession rompant ainsi avec la traditionnelle r gle du 50 1 des votes exprim s r gle qui s tait appliqu e jusqu ici non seulement lors des r f rendums qu b cois de 1980 et 1995 mais aussi lors du r f rendum pancanadien sur la prohibition de l alcool en 1898 du pl biscite sur la conscription de 1942 et du r f rendum sur l Accord de Charlottetown en 1992 Bien qu il soit normal en d mocratie de s assurer que le processus menant un r sultat r f rendaire soit exempt de toute fraude cela n quivaut d aucune fa on juger si le nouveau seuil exprim est une majorit suffisante Il existe en effet une nuance entre d une part l tude de la conformit d un scrutin avec les r gles lectorales et d autre part l analyse des r sultats quant a une r elle atteinte du seuil majoritaire St phane Dion ministre des Affaires intergouvernementales lors de adoption de la Loi de Clarification pr sentait d ailleurs le projet de loi en ces termes Il est courant en d mocratie d exiger une majorit r f rendaire claire avant de proc der un changement radical aux cons quences virtuellement irr versibles
32. de l lection de 1993 le gouvernement conservateur pouvait compter sur une majorit de 151 si ges Au lendemain du scrutin le caucus conservateur ne comptait plus que deux d put s Ce type de renversement rapide et radical a fait dire ce qui suit Elaine Spitz Since a first obligation of ever state is to protect itself both of external and internal attack a limitation of majority power that would prohibit political suicide seems warranted 18 En pr voyant la supr matie de certaines lois le constitutionnalisme s assure que la volont populaire ne puisse modifier les normes constitutionnelles par un processus ordinaire En effet le constitutionnalisme accorde un rang hi rarchique sup rieur des lois que l on qualifiera de supr mes Pour rendre applicable et effective cette hi rarchisation les lois supr mes doivent non seulement entra ner lincompatibilit de toute loi contraire mais elles doivent aussi rendre leur processus de modification plus rigide que pour les lois ordinaires Pour paraphraser Bruce Ackerman le processus l gislatif menant leur modification doit tre parsem d une s rie d obstacles emp chant les acteurs politiques de les remanier en suivant les proc dures habituelles Cons quemment les majorit s renforc es repr sentent un des outils les plus efficaces pour complexifier et 18 Elaine Spitz Majority Rule Chatham Chatham House Publishers 1984 a la p 113 Spitz Majority R
33. de la Loi constitutionnelle de 18672 pr voit qu un minimum de 15 s nateurs comprenant l orateur doivent tre pr sents pour constituer une assembl e du S nat dans l exercice de ses fonctions Bilan Bref peu de majorit s renforc es sont utilis es lors des travaux de la Chambre des communes et du S nat canadien Aucune majorit qualifi e n est impos e et le seul rehaussement du seuil majoritaire op r est par la voie d une majorit conditionnelle a un taux de participation soit l imposition de quorums Contrairement d autres assembl es l gislatives207 les postes d officiers de la chambre ne sont pas nomm s par le gouvernement avec approbation d une majorit qualifi e de la chambre mais par consensus des diff rents partis politiques 2 2 1 1 Majorit s renforc es applicables a l Assembl e nationale du Qu bec Quorum a l Assembl e nationale du Qu bec En ce qui a trait a l Assembl e nationale du Qu bec une majorit conditionnelle a un niveau de participation est 205 Ibid 7 Loi constitutionnelle de 1867 supra note 199 art 35 207 Par exemple l Assembl e nationale du Qu bec 99 pr vue pour d buter une s ance L article 87 de Loi constitutionnelle de 1867208 pr voit que les r gles sur le quorum des assembl es l gislatives de l Ontario et du Qu bec seront les m mes que celles pr vues la Chambre des communes Comme nous l avons pr cis ci dessus le quorum
34. de majorit qualifi e est extr mement rare Elle se d marque de la pr c dente en n tablissant pas avant le scrutin le pourcentage n cessaire pour rendre les r sultats d cisifs aux yeux des autorit s politiques En ne d signant pas le taux n cessaire il devient impossible de d terminer math matiquement le seuil ou le pourcentage requis En somme une majorit 28 qualifi e taux ind termin et ind terminable implique ou suppose que la r gle du 50 1 des voix exprim es ne sera pas suffisante sans toutefois indiquer le seuil requis L unique exemple de ce genre de majorit qualifi e se trouve au Canada l int rieur de la Loi de clarification adopt e par le Parlement f d ral en 2000 Gen se au Canada Le Renvoi relatif la s cession du Qu bec et les nombreuses r actions suscit es par ce dernier ont ouvert la porte une red finition de la majorit requise par les autorit s f d rales Comme nous le mentionnions en introduction dans cette d cision r side le concept de majorit claire concept d fini de mani re qualitative et abstraite Ici le seuil requis aux yeux de la Cour supr me afin d enclencher un processus de n gociation constitutionnelle est assign d une tiquette ind finie soit celle de majorit claire qui pourrait avoir pour cons quence de rehausser le seuil majoritaire Pourtant jamais la Cour n voquera directement un rehaussement du seuil majoritaire
35. des conditions de participation 1 c1ceeeeee 34 1 2 1 1 Les quorums taux d termin sie 36 1 2 1 2 Les quorums taux ind termin e 38 1 2 1 3 Discussion critique le droit abstention 2 0 00 eect eee ee eece eee eeeee ates eeeeneaeeeeeeseeeeeeeeeeeeeeaees 44 1 2 2 Majorit s associ es d autres formes de conditions scccccceccsecseneeneseseceeeess 46 1 2 2 1 L obligation de r partition temporelle 46 1 2 2 2 L obligation de r partition g ographique 48 PARTIE 2 LA VARI T DES CONTEXTES O S IMPOSE UNE RED FINITION DU SEUIL MAJORITAIRE POUR UNE APPROCHE DIFF RENCI E DE L TABLISSEMENT DE MAJORIT S RENFORC ES56 2 1 LES MAJORITES RENFORCEES DANS LE CADRE DE SCRUTINS 0cccccceeseeeeeseeeeeeeeees 56 2 1 1 Les majorit s renforc es dans le cadre de scrutins r f rendaires 0 58 2 1 2 Les majorit s renforc es dans le cadre de scrutins lectoraux a0eaa 75 2 1 2 1 Les majorit s renforc es dans le cadre de scrutins l gislatifs 77 2 1 2 2 Les majorit s renforc es dans le cadre de scrutins ex cutifs 81 2 1 3 Les majorit s renforc es en contexte de scrutins une atteinte au principe d galit 5552 ie a Pen ta Tasset ocode nad etnete te nbe Load aad hase Sets pole tra tenu 84 2 2 LES MAJORITES RENFORCEES A L EXTERIEUR DU CADRE DE SCRUTINS 89 2 2 1 Les majorit s ren
36. des politiques correspondent bien la repr sentation r elle de la majorit de la population Enfin le contexte d application des majorit s renforc es dans les diverses organisations de la soci t civile est par nature diff rent de celui des majorit s renforc es pr valant dans les scrutins Il devient donc inappropri de les comparer et de se servir des arguments expliquant leur implantation dans la soci t civile pour justifier leur instaurant pour toute autre situation Alexis de Tocqueville crivait ce qui suit dans le premier tome De la d mocratie en Am rique L esprit humain invente plus facilement les choses que les mots de l vient lusage de tant de termes impropres et d expressions 115 incompl tes 250 Voil l objectif qui a guid la r daction de ce m moire utiliser des termes propres et des expressions compl tes afin de d crire avec pr cision les diff rents proc d s et diff rentes situations de rehaussement du seuil majoritaire De nombreux m canismes pr textant conduire un renforcement de la d mocratie ont en r alit pour cons quence une augmentation du seuil majoritaire ll nous apparaissait n cessaire de le d montrer Le rehaussement du seuil majoritaire a des impacts consid rables et tout rehaussement doit tre interpr t la lumi re du contexte dans lequel il est op r Ce m moire se veut donc une base permettant de traiter les majorit s renforc es avec les nuances
37. documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels2 pr voit l tablissement d une Commission d acc s l information dont les membres sont nomm s sur proposition du Premier ministre par r solution de l Assembl e nationale approuv e par au moins les deux tiers de ses membres217 214 Ibid 215 Ibid art 8 2 216 Loi sur l acc s aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels L R Q c A 2 1 217 Ibid art 104 101 La Charte des droits et libert s de la personne 8 pr voit aussi l tablissement d une Commission des droits de la personne dont les membres sont nomm s par l Assembl e nationale sur proposition du Premier ministre Ces nominations doivent tre approuv es par les deux tiers des membres de l Assembl e21 La Loi lectorale22 tablit une majorit qualifi e dans le processus de nomination des diff rents officiers lectoraux Ainsi sur proposition du Premier ministre l Assembl e nationale nomme par r solution approuv e par les deux tiers de ses membres le Directeur g n ral des lections choisi parmi les lecteurs et elle fixe sa r mun ration ainsi que ses autres conditions de travail22t Sur proposition du Premier ministre l Assembl e nationale nomme les commissaires par r solution approuv e par les deux tiers de ses membres222 La Loi sur la fonction publique pr voit aussi l tablissement d une Com
38. et politiques ci apr s Pacte pr voit d ailleurs que tous ont doit de voter dans des lections p riodiques honn tes au suffrage universel et gal 18 Or il devient difficile de concilier majorit renforc e et suffrage gal La participation gale de tous au processus d mocratique commande une gale force des voix de chacun Il est important d analyser ici le libell exact de cet article du Pacte En effet le terme gal est ins r apr s les mots p riodiques honn tes et universel il occupe le m me rang que ces derniers L importance du concept gal est ainsi rehauss e par sa combinaison avec les autres qualificatifs consid r s comme n cessaires pour qu un processus de consultation soit juridiquement et politiquement acceptable Les majorit s renforc es tablies lors de suffrages font en sorte que l galit d mocratique perd son caract re sacr en cr ant une gradation et une diff renciation selon les convictions politiques des lecteurs Les majorit s qualifi es entra nent une appr ciation des voix sur une base id ologique L approche purement quantitative est ainsi vacu e ce qui s oppose comme le souligne Bockenforde l galit de suffrage Le droit de suffrage dans ces conditions ne doit pas seulement tre universel Il faut en outre que les suffrages p sent sans distinction de poids 184 L implantation d une majorit renfor
39. express ment augment au del du seuil de 50 1 Parmi les majorit s qualifi es deux types de proc d s sont distinguer tout d abord les majorit s qualifi es taux d termin probablement le proc d le plus commun 1 1 1 et ensuite les majorit s qualifi es taux ind termin et ind terminable 1 1 2 l aide d exemples canadiens et au besoin de quelques exemples internationaux nous expliquerons en quoi ces proc d s s inscrivent dans une d marche visant rehausser la norme majoritaire Sans aller jusqu une comparaison syst matique et exhaustive les rares exemples en droit interne nous obligent se r f rer des exemples internationaux 1 1 1 Les majorit s qualifi es taux d termin D finition Un des proc d s les plus embl matiques des majorit s renforc es est la majorit qualifi e taux d termin Ce processus consiste hausser le taux d appui n cessaire au del de 50 1 Autrement dit l entit appel e prendre une d cision doit s exprimer au del du seuil classique de 50 1 des voix exprim es pour l emporter et ce en fonction d un taux sup rieur d fini pr cis ment avant le scrutin titre d exemple on pourrait imaginer un cas o pour qu une option soit gagnante elle ne devrait pas obtenir 50 des voix exprim es mais bien 75 La majorit est ainsi qualifi e par un taux d termin l avance les diff rents camps connaissent l vidence
40. f rendum doit voter contre le projet et cette majorit doit tre sup rieure la moiti des suffrages exprim s lors des lections au Parlement su dois le Riksdag Bilan Bref nous pouvons constater que les quelques exemples r pertori s ci dessus demeurent somme toute dans le domaine de l exception Seize des 28 pays formant l Union europ enne ne pr voient aucun rehaussement du seuil majoritaire appliquant la r gle classique du 50 1 des voix exprim es Du 156 Be Constitution de la R publique slovaque art 98 Constitution de la R publique de Slov nie art 170 En 1990 lors du r f rendum d ind pendance de la Slov nie le camp pro ind pendance devait recueillir 50 1 des inscrits http www ukom gov si en media_relations background_information history_national_events 26_d ecember_independence day_and_anniversary_of_ the plebiscite 58 Constitution de la Su de c 8 art 15 Notons que le vote se d roule en m me temps que l lection puisque la demande de r f rendum entra ne la dissolution du Riksdag 74 reste les pays tablissant un rehaussement de la norme majoritaire circonscrivent habituellement ce rehaussement aux r f rendums visant l abrogation de mesures l gislatives Aussi les processus utilis s sont pour la presque totalit des majorit s renforc es conditionnelles un niveau de participation Seul le cas de la Lituanie fait intervenir une majorit qualifi e et ce dans le ca
41. fait d ailleurs allusion cette protection du statu quo qu entrainent inexorablement les supermajorit s lorsque ces derni res servent rigidifier des lois de nature constitutionnelles Elle crit But other democratic theorists dispute the necessity more than bare majorities Veto Power like minority rule they claim gives unequal weight to votes The few can prevent the many from taking action and can stall reforms Qualified majorities by blocking change protect the status quo and prevent society from adjusting to new condition perhaps a greater cause of instability than the abridgement of minority rights 20 20 Spitz Majority Rule supra note 18 la p 173 10 Les majorit s renforc es en diminuant ou en bloquant les possibilit s de changement accorderaient donc un avantage syst mique aux acteurs politiques favorisant le sfatu quo En ce sens les chances de conqu rir le pouvoir politique ou de faire progresser certaines id es ne seraient plus les m mes selon que l on favorise l un ou l autre camp La neutralit de l tat commande plut t une absence de prise de position selon cette th orie aucune option ne devrait d embl e tre favoris e au d triment de l autre Toujours est il que le constitutionnalisme se pose en rempart contre les majorit s ponctuelles et passag res de mani re ce que le peuple ne puisse exprimer sa souverainet de mani re totale tout moment Le pouvoi
42. fr quente au Canada dans le cadre de scrutins r f rendaires En effet seuls trois scrutins en Colombie Britannique deux reprises et en Ontario ont tabli des majorit s qualifi es et un r f rendum infra tatique au Qu bec a tabli une majorit conditionnelle Les autres scrutins r f rendaires ont suivi la r gle classique du 50 1 Il est aussi int ressant de noter que toutes les consultations populaires comportant une majorit renforc e ont eu lieu apr s le dernier r f rendum sur l ind pendance du Qu bec en 1995 apr s lequel un d bat sur le seuil majoritaire avait t soulev Enfin les quelques lois ayant tabli des majorit s renforc es lors de scrutins n ont pas t couronn es de succ s En effet soit la loi ma jamais t mise en application Saskatchewan soit son application n a pas conclu le d bat et a plut t entra n une nouvelle consultation Colombie Britannique 2 ou soit la majorit renforc e 8 L article 39 de la Loi constitutionnelle de 1982 supra note 2 nonce simplement que les provinces doivent adopter ou rejeter par r solution les modifications a la Constitution 119 The Referendum and Plebiscite Act Supra note 5 12 Electoral Reform Referendum Act supra note 6 62 s est r v l e inutile puisque le pourcentage de voix recueillies tait de loin inf rieur au seuil de 50 1 Ontario 21 Ainsi il semble que la pratique r f rendaire canadienne ne peut
43. gale la voix de l lecteur zurichois pour la d termination du vote de son canton compte donc 31 fois moins que la voix d un citoyen glaronnais 101 Du reste l obligation de r partition g ographique favorise les divisions territoriales faible population en accordant ces derni res une possibilit de blocage qui serait inexistante sans l tablissement de ce type de majorit renforc e Tout bien consid r les majorit s renforc es peuvent prendre plusieurs visages Que ce soit sous la forme de maijorit s qualifi es ou conditionnelles elles entra nent toutes le m me r sultat une augmentation du nombre d appuis requis au del de 50 1 des voix exprim es Si les majorit s qualifi es sont a leur face m me un rehaussement du seuil majoritaire les majorit s assorties des conditions de participation ou de r partition spatio temporelle du vote offrent de leur c t des modalit s beaucoup plus subtiles Dans tous les cas la conclusion demeure tout de m me identique elles op rent toutes une modification de la norme majoritaire en rehaussant cette derni re au del du seuil classique de 50 1 des voix exprim es La pr sente section se consacrant a la d monstration de l existence m me de plusieurs types de majorit s renforc es il nous a t possible de classifier et de diff rencier les diff rentes applications du rehaussement de la norme majoritaire afin de mieux saisir leurs subtilit
44. id 7649 gt OSCE OFFICE FOR DEMOCRATIC INSTITUTIONS AND HUMAN RIGHTS On Elections to the Majlisi Oli of the Republic of Tajikistan en ligne Legislationline org lt http legislationline org documents action popup id 6930 gt 128 OSCE OFFICE FOR DEMOCRATIC INSTITUTIONS AND HUMAN RIGHTS On Elections of Deputies of the Mejlis of Turkmenistan en ligne Legislationline org lt http www legislationline org documents action popup id 4337 gt OSCE OFFICE FOR DEMOCRATIC INSTITUTIONS AND HUMAN RIGHTS Republic of Lithuania Law on Elections to the Seimas en ligne Legislationline org lt http www legislationline org documents action popup id 9068 gt OSCE OFFICE FOR DEMOCRATIC INSTITUTIONS AND HUMAN RIGHTS Republic of Montenegro Referendum on State status Varsovie 2006 a la p 23 en ligne Organisation for Security and Co operation in Europe lt http www osce org odihr elections montenegro 20099 gt POULIN LITVAK David La d b cle r f rendaire en Ontario 20 octobre 2007 en ligne Vigile net lt http www vigile net La debacle referendaire en Ontario gt UNITED NATIONS DEVELOPMENT PROGRAMME IN MONGOLIA Law on the Election of the State Great Hural of Mongolia en ligne Undp mn lt http www undp mn publications Law 200n 20Election 20and 20Procedure 20for 200bservation pdf gt VIGILE NET Revue de presse par le site Vigile net sur la question du seuil majoritaire au Mont n gr
45. le Premier ministre et adopt e par au moins les deux tiers des membres de l Assembl e nationale2 L Assembl e nationale peut apr s avoir pris avis de la Commission de l Assembl e nationale destituer le V rificateur g n ral sur motion pr sent e par le Premier ministre et adopt e par au moins les deux tiers de ses membres231 La Loi sur la transparence et l thique en mati re de lobbyisme 2 est bas e sur le m me fonctionnement que les lois pr c dentes Sur proposition du Premier ministre et avec l approbation des deux tiers de ses membres l Assembl e nationale nomme un Commissaire au lobbyisme charg de la surveillance et du contr le des activit s de lobbyisme exerc es aupr s des titulaires de charges 7 Loi sur le Protecteur du citoyen L R Q c P 32 227 Ibid art 1 228 Ibid art 3 7 Loi sur le V rificateur g n ral L R Q c V 5 01 230 Jbid art 7 231 Ibid art 13 2 Loi sur la transparence et l thique en mati re de lobbyisme L R Q c T 11 011 103 publiques23 Le Commissaire peut en tout temps d missionner en donnant un avis crit au Pr sident de l Assembl e nationale Il ne peut tre destitu que par une r solution de l Assembl e approuv e par les deux tiers de ses membres2 4 Avec le Code d thique et de d ontologie des membres de l Assembl e nationale un Commissaire l thique et la d ontologie charg de l application dudit code est nomm av
46. liste lectorale 62 Pour le deuxi me tour cette condition de participation est diminu e a 25 168 Lituanie La Lituanie pr voit dans sa loi lectorale 4 une majorit conditionnelle pour les lections son Parlement le Seimas Fait plut t inusit cette majorit est uniquement instaur e si le taux de participation est inf rieur 40 des gens habiles voter Ainsi si 40 des gens inscrits sur la liste lectorale participent au scrutin le candidat doit obtenir plus 50 des suffrages exprim s pour tre lu Advenant que ce seuil de 40 ne soit pas atteint le candidat qui obtient le plus de votes est lu condition que ce r sultat repr sente au moins 20 des gens inscrits Autrement dit lorsque le taux de participation est sup rieur 40 le seuil majoritaire classique est pr serv Lorsque le taux de participation est inf rieur 40 une majorit renforc e conditionnelle une participation taux ind termin est tablie soit que le nombre de votes recueillis soit gal au moins 20 des citoyens inscrits sur la liste lectorale 162 Code lectoral de la R publique de Bi lorussie 11 f vrier 2000 N 370 3 art 82 Pour une version anglaise voir National Center of Legal Information of the Republic of Belarus Electoral Code of the Republic of Belarus en ligne Legal Internet Portal of the Republic of Belarus lt http law by main aspx guid 3871 amp p0 Hk0000370ee gt
47. majoritaire une condition exceptionnelle de survie dans le temps llustration au Canada Au Canada un des meilleurs exemples de ce type de proc d se trouve au sein de la Charte canadienne des droits et libert s la clause d rogatoire pr vue par l article 33 En effet derri re une clause d rogatoire l apparence neutre se cache un proc d de majorit associ une condition de r partition temporelle De fait l article 33 pr voit qu une disposition peut d roger la Charte canadienne Cependant pour ce faire la l gislature qui d sire cette d rogation doit l exprimer express ment et devra apr s cinq ans renouveler la clause en question Dans le cas contraire cette derni re cesse d tre op rante et effective 33 3 la d claration vis e au paragraphe 1 cesse d avoir effet la date qui y est pr cis e ou au plus tard cinq ans apr s son entr e en vigueur Ainsi l alin a 3 de l article 33 entra ne une cessation d effet a toute clause d rogatoire au del de cinq ans apr s son entr e en vigueur Cela oblige par le fait 86 i Charte canadienne supra note 48 art 33 La clause d rogatoire a t utilis e seize reprises dans les diff rentes provinces canadiennes et sur ces seize utilisations treize sont originaires de l Assembl e nationale du Qu bec et ce sans compter le bill omnibus de 1982 En fait seuls le Yukon Land Planning and Development
48. n cessaire pour constituer une assembl e de la Chambre des communes est de 20 d put s2 Cette disposition s appliquera donc l Assembl e nationale du Qu bec jusqu ce que l Assembl e dicte de nouvelles r gles En effet cette majorit renforc e pr vue dans la Loi constitutionnelle de 1867 fait partie de la constitution interne du Qu bec et peut tre modifi e unilat ralement par le Qu bec Modification constitutionnelle du quorum D s 1888 le quorum pour l Assembl e nationale du Qu bec est modifi par la sanction de lois concernant la l gislature210 Le quorum passe ainsi de 20 15 d put s La Loi constitutionnelle de 1867 est ainsi modifi e unilat ralement par le Qu bec eu gard aux r gles encadrant l Assembl e nationale du Qu bec r gles consid r es comme faisant partie de la constitution interne du Qu bec Le quorum passera par la suite entre 1888 et 1980 de 15 30 d put s 11 Quorum applicable en 2013 En 1982 l Assembl e nationale a modifi la Loi sur la l gislature2 2 pour adopter la Loi sur l Assembl e nationale2 3 L article 8 de cette loi pr voit que le quorum de l assembl e ou de son assembl e pl ni re est du 7 Loi constitutionnelle de 1867 supra note 199 20 Ibid art 48 710 Assembl e nationale du Qu bec Chronologie parlementaire depuis 1791 en ligne assnat qc ca lt http www assnat qc ca fr patrimoine chrono46 html 1888 gt Maurice Champagne
49. notre description d taill e montre que dans ce contexte les majorit s renforc es sont majoritairement celles conditionnelles a un niveau de participation L tablissement de majorit s renforc es dans cette situation soul ve des doutes eu gard leur compatibilit avec le principe d galit tant r elle que formelle Tel que notre analyse le d montre l galit de suffrage et 114 les exigences de non discrimination sont difficilement conciliables avec le rehaussement du seuil majoritaire dans un contexte de scrutins Les autres contextes l ext rieur de scrutins forment le deuxi me moment d application des majorit s renforc es Il est possible de trouver au Canada un nombre significatif de majorit s renforc es dans ce contexte tabli par des lois ordinaires ou constitutionnelles Leur utilisation fr quente nous a conduit restreindre notre analyse au droit canadien sans recourir une perspective comparative Les majorit s renforc es implant es dans lieux d expression indirects de la souverainet populaire que sont les Parlements permettent tel qu expliqu ant rieurement de diminuer les cons quences de la distorsion qui existe entre le choix des lecteurs dans les urnes et la repr sentation politique l int rieur des assembl es Autrement dit les majorit s renforc es ne viseraient pas dans ce contexte s assurer que plus de 50 1 de la population est en accord mais plut t que les choix
50. pertorier certains exemples de ce genre de majorit s conditionnelles un taux de participation ind termin au niveau international Tout d abord au Danemark pour modifier la Constitution la majorit devait repr senter 45 des gens habilit s voter Ainsi malgr un appui exprim 91 9 une proposition fut rejet e puisque cette derni re ne repr sentait que 44 46 des inscrits l instar de la Colombie Britannique les Danois ont eux aussi organis une deuxi me consultation la suite du r sultat serr Cette fois ci le taux majoritaire conditionnel fut atteint Les Danois profit rent de l occasion pour abaisser leur exigence de participation tablie de 45 40 74 Pour le professeur Massicotte ces conditions de participation ne faisaient que ralentir un processus in vitable On a parfois l impression que ceux qui s abritent derri re de telles barri res ne font que retarder des changements qui viendront de toute fa on gt Enfin pour proclamer la R publique d Islande la fin du trait liait ce pays au Danemark 75 des inscrits devaient participer au scrutin et 75 des votes enregistr s devaient tre en faveur de la fin de l accord 76 L exemple du projet de d volution des pouvoirs du Royaume Uni avec l cosse illustre tr s bien ce propos du professeur Massicotte Un premier r f rendum assorti d une condition de participation est organis en 1979 Le oui cossais devait repr
51. politique ou sur un projet port personnellement par un homme d tat L initiative quant elle permet une fraction de l lectorat d enclencher un processus de consultation visant l adoption ou l abrogation d une norme L initiative populaire se situe donc en amont du processus d cisionnel alors que le r f rendum se situe en aval 109 106 Fr d ric Esposito Vers un nouveau pouvoir citoyen Des r f rendums nationaux au r f rendum europ en Louvain la Neuve Academia Bruylant 2007 la p 93 10 Voir Jean Marie Denquin R f rendum et pl biscite essai de th orie g n rale coll Biblioth que constitutionnelle et de science politique Paris Librairie g n rale de droit et de jurisprudence 1976 108 Ibid 10 Esposito supra note 106 59 Ces diff rents m canismes permettent de consulter l ensemble des lecteurs sur une question pr cise sans diviser le territoire en circonscriptions lectorales En effet contrairement aux lections qui permettent au peuple de trancher plusieurs litiges les r f rendums pl biscites et initiatives visent trancher une question bien pr cise Ainsi en nous r f rant des exemples canadiens et internationaux la pr sente section visera d abord tudier pr cis ment quel type de majorit s renforc es sont instaur es dans le contexte de scrutins r f rendaires manifestations par excellence de la souverainet populaire S agit il par exemp
52. question suivante dans quelle mesure la souverainet populaire doit elle tre limit e au nom de la protection de droits fondamentaux individuels Le constitutionnalisme en ench ssant des droits et libert s limite le pouvoir majoritaire du peuple 3 La souverainet populaire doit alors s exercer l int rieur de balises pr voyant comme supr me la protection des minorit s et les droits individuels Suivant cette 22 Ibid Voir Karim Benyekhlef D mocratie et libert s quelques propos sur le contr le de constitutionnalit et l h t ronomie du droit 1993 38 McGill L J 91 12 conception la d mocratie ne peut plus uniquement tre comprise comme tant le pouvoir au peuple mais elle acqui re un fondement lib ral accordant une primaut aux droits et libert s de l individu en le prot geant des abus que pourrait lui faire subir la majorit Cette repr sentation de la d mocratie peut compter sur certains penseurs pr conisant une vision litiste et m fiante l gard de la volont du plus grand nombre En fait il faut d masquer le caract re captieux de la proposition selon laquelle l essence d mocratique se ram ne a une simple formule math matique 50 1 Elle suppose notamment que les libert s constituent un point d ancrage fondamental auquel doit s amarrer la d mocratie si cette derni re veut r pondre aux id aux qui la fondent et par l la distinguent des autres voies de gouve
53. ressemblance institutionnelle entre elles Par exemple les majorit s renforc es peuvent tre appliqu es lors de consultations populaires directes lors de votes dans des assembl es repr sentatives ou encore dans le fonctionnement institutionnel de regroupements d Etats unis conomiquement et politiquement telles les f d rations et les unions conf d rales Du reste bien des organisations syndicales tudiantes et patronales sans parler de conseils d administration et des assembl es d actionnaires des entreprises pr voient pour modifier leurs r glements g n raux des majorit s renforc es Il devient d s lors difficile mais n anmoins n cessaire de distinguer ces multiples situations Ce qui peut convenir dans un contexte bien pr cis peut soulever des difficult s majeures lorsque transpos d autres circonstances Ces diff rents types de majorit s renforc es et les contextes o elles sont utilis es largissent de mani re substantielle le sujet de recherche en dirigeant l analyse non pas uniquement sur les proc d s de modification du seuil majoritaire mais aussi sur les occasions et circonstances o le rehaussement du seuil majoritaire est op r Cette tude qui est essentiellement inscrite dans une perspective canadienne se doit toutefois de recourir au droit compar lorsque les exemples canadiens ne permettent pas d illustrer le propos exprim Lorsque le droit interne est insuffisant pour bien faire
54. s agit d obtenir davantage que 50 des voix exprim es que ce soit en pourcentage d appuis ou que cela concerne la r alisation de conditions afin qu une d cision soit consid r e comme majoritaire Autrement dit tous les proc d s tudi s ont en commun le fait de ne pas uniquement s en tenir a constater si le r sultat reflete 50 1 des voix exprim es mais bien d augmenter les exigences par un nouveau pourcentage par des contraintes de participation ou par une r partition spatio temporelle du vote Dans la typologie que nous avons propos e l ensemble de ces proc d s a pris le nom de majorit s renforc es et nous nous sommes par la suite pench sur les diff rents m canismes en cause Tel que nous l avons expos dans la premi re partie de ce m moire le processus le plus vident lorsqu il est question de majorit s renforc es est la majorit qualifi e Il s agit de faire passer le pourcentage tabli 50 vers un autre seuil qui sera d fini avant le scrutin taux d termin ou laiss l appr ciation des forces politiques une fois le scrutin pass taux ind termin Une des critiques les plus fortes de ce mod le concerne le niveau d arbitraire qui caract rise le choix d un nouveau seuil sup rieur 50 113 L autre grande famille de majorit s renforc es mise en relief dans ce m moire est la majorit conditionnelle soit un niveau de participation quorum soit une
55. scrutin uninominal un tour vers le single transfert vote STV a obtenu 57 d appuis Toutes les circonscriptions de la province l exception de deux ont vot en faveur de la modification propos e une hauteur de plus de 50 De ce fait une seule des deux conditions impos es avait t respect e Le r sultat n atteignait pas l vidence les conditions fix es par la loi mais le seuil traditionnel du 50 1 des voix exprim es avait tout de m me t franchi Cette conjoncture pour le moins particuli re a amen le gouvernement d clencher un nouveau r f rendum en 2009 Voici le libell de l article 5 de l Electoral Reform Referendum 2009 Act supra note 6 5 Duty if referendum is binding 1 The result of the referendum is binding on the government only if a at least 60 of the validly cast ballots vote the same way on the question that is stated for the referendum and b in at least 60 of the electoral districts more than 50 of the validly cast ballots vote that same way on the question Voir la section 1 2 2 2 ci dessous Voir les r sultats du r f rendum du 17 mai 2005 Colombie Britannique Elections BC Report of the Chief Electoral Officer on the 38 Provincial General Election and 2005 Referendum on Electoral Reform 2005 en ligne Elections bc ca lt http www elections bc ca docs rpt 2005 CEOreportRefOnElectoralReform pdf gt 35 36 21 Pour certains parlemen
56. to En effet malgr l obtention de plus de 50 des voix exprim es sur l ensemble du territoire un r sultat pourrait tre consid r comme non concluant puisque certaines r gions ou sections du territoire n auraient pas vot en faveur du projet emp chant par le fait m me la r alisation de la condition de r partition du vote sur l ensemble du territoire Dans cette logique de majorit conditionnelle une r partition g ographique des voix ce n est plus tant le r sultat global qui importe mais bien celui de l ensemble des divisions du territoire Malgr une forte majorit en faveur d un projet rien ne sera l gitime si les votes enregistr s sont uniquement concentr s dans des r gions forte densit de population Canada Ce type de majorit s conditionnelles une r partition g ographique du vote sont pr sentes au Canada Tout d abord au plan constitutionnel l article 38 2 pr voit que malgr un appui 50 1 des Canadiens sur un projet de modification constitutionnelle le projet ne pourra tre conclu si ce pourcentage d appui n est pas r parti dans au moins sept provinces Le r sultat n est donc pas uniquement analys eu gard l ensemble du demos canadien mais aussi l int rieur des divisions territoriales que sont les provinces Le caract re f d ral du 8 Loi constitutionnelle de 1982 supra note 2 art 38 2 49 Canada est certainement une explication l t
57. venice coe int webforms documents CDL AD 2005 034 aspx gt FEDERATION DES TRAVAILLEURS ET TRAVAILLEUSES DU QUEBEC Les Statuts de la F d ration des travailleurs et travailleuses du Qu bec FTQ tels qu amend s son 28 Congr s tenu a Qu bec du 26 novembre au 30 novembre 2007 en ligne ftq qc ca lt http ftq qc ca librairies sfv telecharger php fichier 5195 gt FEDERATION INTERNATIONALE DES LIGUES DES DROITS DE L HOMME Statuts en ligne fidh org lt http www fidh org Les statuts de la FIDH gt NATIONAL CENTER OF LEGAL INFORMATION OF THE REPUBLIC OF BELARUS Electoral Code of the Republic of Belarus en ligne Legal Internet Portal of the Republic of Belarus lt http law by main aspx guid 387 1 amp p0 Hk0000370ee gt ONTARIO ELECTIONS ONTARIO R sultats statistiques du r f rendum 2007 en ligne Elections on ca lt http www elections on ca NR rdonlyres CF4790D7 C9B1 45DA 8FFB A8FE8265EFF9 0 R sultatsstatistiques pdf gt OSCE OFFICE FOR DEMOCRATIC INSTITUTIONS AND HUMAN RIGHTS Concerning the New Version of the Code of the Kyrgyz Republic on Elections in the Kyrgyz Republic en ligne Legislationline org lt http legislationline org documents action popup id 15276 gt OSCE OFFICE FOR DEMOCRATIC INSTITUTIONS AND HUMAN RIGHTS Elections of the Oliy Majlis of the Republic of Uzbekistan en ligne Legislationline org lt http www legislationline org documents action popup
58. 06 L objectif tait de rallier des positions diam tralement oppos es afin d assurer que le r sultat r f rendaire soit accept par tous et ce dans un contexte g opolitique des plus tendus De plus l avis rendu par la Commission europ enne de la d mocratie par le Droit sur la question du Mont n gro n a jamais consid r ni la majorit qualifi e ni la majorit conditionnelle comme n cessaires la l galit du processus Tout au 69 plus comme nous l avons expliqu la Commission consid re qu une majorit conditionnelle un taux de participation favorise la l gitimit de la d cision Une fois ces pr cisions apport es sur le cas du Mont n gro cas le plus fr quemment cit dans les d bats entourant l utilisation de majorit s renforc es lors de scrutins nous poursuivrons notre analyse en droit compar sur un plus vaste ensemble soit l Union europ enne Nous verrons que les majorit s renforc es dans un contexte de suffrage r f rendaire ne sont non seulement pas une norme mais que leur application se retrouve tre cibl e aux majorit s conditionnelles un taux de participation plut t qu des majorit s qualifi es En effet sur les 28 pays formant l Union europ enne seulement douze pr voient des maijorit s renforc es lors de scrutins r f rendaires Nous d taillerons ici ces douze cas de figure en soulignant qu un seul d entre eux tablit une majorit qualifi e dans
59. 15276 gt Constitution de la R publique de Lituanie art 81 Constitution de la Mac doine art 81 5 modifi par l amendement XXXI Constitution de la Sierra Leone art 42 2 e 179 Ibid art 42 2 f 176 177 178 83 possible de le constater la quasi totalit des rares exemples de majorit s renforc es taient des majorit s conditionnelles a un taux de participation Cela peut s expliquer par un d sir d augmenter le seuil majoritaire lorsque le taux de participation est faible ou consid r comme tel et ce probablement dans le but d augmenter la l gitimit populaire des lus Ainsi malgr cette possible explication les majorit s renforc es ne sont pas r ellement pr sentes lors de scrutins lectoraux Pour conclure bien qu il existe plusieurs types de majorit s renforc es tel que d montr dans la premi re partie le contexte o est tablie une majorit renforc e semble influencer son utilisation En effet en contexte de scrutins tant r f rendaires qu lectoraux nous assistons a une tr s faible pr sence des majorit s renforc es Celles ci se cantonnent presque uniquement des majorit s conditionnelles un taux de participation laissant de c t les majorit s conditionnelles spatio temporelles et les majorit s qualifi es 2 1 3 Les majorit s renforc es en contexte de scrutins une atteinte au principe d galit La pr c dente tude des majorit s renforc es en conte
60. 2012 044 e gt Candidate for deputy in receipt of more than half of the votes of the voters participating in the elections shall be considered elected Elections shall be considered valid provided no less than thirty three percent of the voters included in the voters register participated Art 44 ibid Cet article n a pas t modifi par les amendements de 2012 In case more than two candidates for deputy run in a electoral district and none of them was elected district electoral commission shall decide to hold second election of two candidates for deputy in receipt of the most number of votes and inform Central Electoral Commission and district voters Second voting shall be held in two week period in conformity with the provisions of this Law Candidate for deputy in receipt of most number of votes in the second election compared to another candidate shall be considered elected provided the number of votes cast for this candidate exceed the number of votes cast against him Art 45 ibid Cet article n a pas t modifi par les amendements de 2012 Loi relative l lection du Majlisi Oli de la R publique du Tajikistan du 10 d cembre 1999 amend e le 16 juin 2004 Pour une version anglaise voir OSCE Office for Democratic Institutions and Human Rights On Elections to the Majlisi Oli of the Republic of Tajikistan en ligne Legislationline org lt http legislationline org documents action popup id 6930 g
61. 3 66 del de 50 des suffrages exprim s Il n est donc pas anormal que la loi du Mont n gro sur le r f rendum ne pr voie aucune condition sp ciale de majorit 135 Elle ajoutait cependant qu il ne fallait pas perdre de vue que le r f rendum propos porte sur la question majeure de l ind pendance du pays 156 Majorit conditionnelle versus majorit qualifi e Deuxi mement dans son avis la Commission semble pr f rer une majorit conditionnelle un taux de participation plut t qu une majorit qualifi e puisque cette derni re pourrait entra ner des cons quences importantes pour le Mont n gro et ce malgr une faible participation citoyenne Quant choisir entre une r gle exigeant l appui d une proportion d termin e de l ensemble du corps lectoral national B paragraphe 29 ci dessus et une r gle exigeant une majorit qualifi e des suffrages exprim s A paragraphe 29 ci dessus la Commission ne recommanderait pas cette seconde formule qui pourrait conduire l approbation d une modification fondamentale moyennant une participation tr s faible 137 L gitimit et l galit Toutefois bien que la Commission ait clairement exprim dans son avis qu une majorit de 50 des gens habilit s voter suffisait au plan de la l galit elle ouvre galement une porte l augmentation du seuil majoritaire ouverture qui ne restera pas lettre morte Elle l non ait ainsi
62. 8 149 SPITZ Elaine Majority Rule Chatham Chatham House Publishers 1984 SUBILEAU Fran oise et TOINET Marie France Les chemins de l abstention Paris La D couverte 1993 TAILLON Patrick Le r f rendum expression directe de la souverainet du peuple Essai critique sur la rationalisation de l expression r f rendaire en droit compar coll Biblioth que parlementaire et constitutionnelle Paris Dalloz 2012 126 WARREN Mark E et PEARSE Hilary Designing Deliberative Democracy The British Columbia Citizens Assembly Cambridge New York Cambridge University Press 2008 Sites Internet ASSEMBLEE NATIONALE DU QUEBEC Chronologie parlementaire depuis 1791 en ligne assnat qc ca lt http www assnat qc ca fr patrimoine chrono46 html 1888 gt ASSOCIATION CANADIENNE DE SOCCER Statuts en ligne canadasoccer com lt http www canadasoccer com files 2012StatusACS 20120505 FR pdf gt COLOMBIE BRITANNIQUE Elections BC Report of the Chief Electoral Officer on the 38 Provincial General Election and 2005 Referendum on Electoral Reform 2005 en ligne Elections bc ca lt http www elections bc ca docs rpt 2005 CEOreportRefOnElectoralReform pdf gt COLOMBIE BRITANNIQUE Elections BC Report of the Chief Electoral Officer on the 39th Provincial General Election and Referendum on Electoral Reform Victoria 2009 en ligne Elections bc ca lt http www elections bc ca docs rpt 2009 GE Ref
63. Act S Y 1982 c 22 s 39 1 la Saskatchewan An Act to Provide Settlement of a certain Labour Management dispute between the government of Saskatchewan and the Saskatchewan Governements Employees Union S S 1984 85 75 c 111 s 9 et l Alberta Mariage Act R S A c M 6 s 1 1 ont aussi utilis l article 33 de la Charte canadienne La disposition de d rogation sans avoir t utilis e profusion a donc tout de m me fait l objet de certaines applications 47 m me les autorit s politiques d battre de la question nouveau et l gif rer une seconde fois sur la m me mati re II s agit d une majorit renforc e puisque malgr un appui la hauteur de 50 1 la norme en question est invalid e automatiquement apr s un d lai de cinq ans obligeant l obtention d une autre majorit pour rendre la norme valide a nouveau Contrairement a toutes les autres lois ordinaires l coulement du temps entra ne une pr somption de perte de l gitimit Il s agit d une forme de double majorit non pas appliqu e sur diff rents territoires ou diff rents pourcentages de majorit mais lors de diff rents moments En effet il s agit d une double majorit temporelle puisqu a l int rieur d un intervalle donn la norme en question doit tre reconduite pour pr server sa validit Le seul fait d adopter la norme ne suffit pas pr server son op rabilit dans le temps Ainsi les appuis la c
64. ablissement de ce type de majorit renforc e Colombie Britannique Au niveau l gislatif la Colombie Britannique et l Ontario ont aussi tabli des majorit s conditionnelles a une r partition g ographique du vote lors des r f rendums visant la modification de leur mode de scrutin En effet lors des consultations r f rendaires a ce sujet en Colombie Britannique 60 des circonscriptions lectorales devaient appuyer le projet de loi a une hauteur de 50 1 Tel que nous l avons pr c demment mentionn cette obligation de r partition g ographique en Colombie Britannique tait galement assortie d une majorit qualifi e a taux d termin de 60 Ainsi m me si une majorit de 60 de tous les lecteurs avait appuy le projet rien n aurait t concluant si cette majorit n avait pas t r partie dans l ensemble du territoire Dans le cas pr sent le poids relatif des lecteurs des circonscriptions faible population tait sup rieur ceux r sidant dans des circonscriptions populeuses L tablissement de cette condition de r partition g ographique accordait aux opposants de la r forme lectorale une deuxi me fa on de l emporter En effet non seulement le seuil majoritaire tait qualifi 60 mais comme ce r sultat devait tre r parti dans l ensemble du territoire il tait possible de l emporter en misant sur un certain nombre de circonscriptions sans avoir se pr occuper d
65. ait ultimement une simple loi britannique modifiable par une majorit de parlementaires anglais Avec la Loi constitutionnelle de 1982 l tat du droit est Henri Brun Guy Tremblay et Eug nie Brouillet Droit constitutionnel 5 d Cowansville Qc ditions Yvon Blais 2008 la p 617 Loi constitutionnelle de 1982 supra note 2 Renvoi R solution pour modifier la Constitution 1981 1 R C S 753 transform alors que le pouvoir l gislatif est soumis un pouvoir constituant canadien et non plus au pouvoir l gislatif britannique Le Parlement doit maintenant agir l int rieur des balises de cette Constitution et ne peut modifier le texte de la Constitution que par une proc dure complexe qui comporte en soi diff rentes formes de majorit s renforc es Cette diminution du pouvoir du Parlement ouvre donc la porte aux majorit s renforc es ces derni res tant utilis es comme processus de complexification des lois constitutionnelles De plus le Parlement peut d sormais tre assujetti plus facilement aux contraintes d coulant des majorit s renforc es le caract re absolu de sa souverainet ne pouvant plus tre invoqu pour justifier l utilisation du seuil de 50 1 comme seul et unique seuil valable La Charte canadienne contribue aussi miner la l gitimit majoritaire qui est soudainement relativis e par la primaut des droits individuels d une part et par la valorisation des appartenances minoritai
66. ajoritaire a t lu avec 76 d put s sur 125 mais a r colt un appui populaire moindre 42 87 que celui du parti ayant form l Opposition officielle 43 55 248 24 110 000 habitants a moins de commettants qu un autre d une circonscription de 100 000 habitants Toutefois lors du vote en chambre cette diff rence n est pas prise en compte Exemple Prenons par exemple le vote des d put s de quatre circonscriptions comprenant respectivement 70 000 80 000 90 000 et 100 000 citoyens Advenant que les repr sentants des deux premi res circonscriptions votent en chambre contre un projet de loi et que les repr sentants des deux derni res votent en faveur le vote sera gal malgr que les deux derniers d put s repr sentent 40 000 personnes de plus Bien videmment les citoyens dans les circonscriptions les moins populeuses se retrouvent avec un poids politique sup rieur puisqu tant moins nombreux lire des repr sentants dont la voix dans la chambre d assembl e sera tout de m me gale celle des autres repr sentants En plus dans l exemple ci dessus ces lus pourraient bloquer un projet de loi recevant l appui de parlementaires ayant plus de commettants En tablissant des maijorit s renforc es lors des processus de d mocratie indirecte les distorsions entre le suffrage populaire et la repr sentation en chambre pr c demment d crites ne sont pas annul es Par contre les probabilit s
67. ar quelques exemples d tablissement de quorums taux d termin Notamment en Europe un quorum de participation de 50 des lecteurs est pr vu pour les consultations r f rendaires en Bulgarie Croatie Italie et Malte r f rendum abrogatif Lituanie Russie Mac doine r f rendum d cisionnel et Lettonie En Azerba djan il est de 25 et en Pologne et au Portugal faute d une participation de plus de 50 le 1 Commission europ enne pour la d mocratie par le droit Commission de Venise sur la base des observations de Anthony Bradley Carlos Closa Montero et Kaarlo Tuori Avis sur la compatibilit avec les normes internationales applicables de la l gislation en vigueur au Mont n gro concernant l organisation de r f rendums avis n 343 2005 adopt par la Commission de Venise lors de la 65 session pl ni re Venise 16 17 d cembre 2005 en ligne Commission de Venise lt http www venice coe int webforms documents CDL AD 2005 041 f aspx gt au para 22 Commission europ enne pour la d mocratie par le droit Avis sur le Mont n gro Tel que le mentionne la Commission europ enne pour la d mocratie par le droit la plupart des Etats ne pr voient pas de quorum pour valider le r sultat d un r f rendum Voir Commission europ enne pour la d mocratie par le droit Commission de Venise Le r f rendum en Europe analyse des r gles juridiques des tats europ ens rapport n 287 2004 adopt par l
68. ation de se prononcer sur le mode de scrutin propos par cette assembl e citoyenne Afin que la modification du mode de 26 27 28 29 30 31 32 33 Loi de 2007 sur le r f rendum supra note 4 The Referendum and Plebiscite Act supra note 5 Electoral Reform Referendum Act et Electoral Reform Referendum 2009 Act supra note 6 Loi de 2007 sur le r f rendum supra note 4 art 4 Electoral Reform Referendum 2009 Act supra note 6 art 5 Electoral Reform Referendum Act supra note 6 Electoral Reform Referendum 2009 Act supra note 6 Mark E Warren et Hilary Pearse Designing Deliberative Democracy The British Columbia Citizens Assembly Cambridge New York Cambridge University Press 2008 20 scrutin aille de lavant il avait cependant impos comme condition sine qua non l atteinte d un appui populaire qualifi tabli 60 et qui devait tre r parti g ographiquement dans l ensemble de la province 4 Aux fins de l tude et par souci de coh rence nous proc derons l analyse de l obligation de r partition g ographique la section 1 2 2 2 de la pr sente partie gt Dans le cas qui nous int resse tel que mentionn au moins 60 des votes exprim s a chelle provinciale devaient tre enregistr s dans le camp en faveur de la modification du mode de scrutin pour que le gouvernement soit li par les r sultats r f rendaires Lors du r f rendum de 2005 le camp pour la modification du mode de
69. c e cr e 182 Ibid 183 Pacte international relatif aux droits civils et politiques 19 d cembre 1966 999 R T N U 171 art 9 14 R T Can 1976 n 47 184 B ckenf rde supra note 180 a la p 288 86 cette distinction entre diff rents individus ne partageant pas les m mes convictions politiques Non seulement les majorit s renforc es lors de scrutins directs op rent une diff rence de traitement entre les individus mais elles cr ent galement une diff rence de traitement entre les diverses options favorisant ainsi les groupes soutenant certaines convictions politiques La proc dure r f rendaire perd son caract re neutre un l ment essentiel la d marche consultative Par exemple en imposant un seuil de 60 un camp le l gislateur ne peut faire autrement que d aider l autre groupe qui n a alors besoin que de 40 pour l emporter Ce biais structurel favorise un groupe de personnes partageant des convictions politiques communes Les membres du groupe d favoris par la r gle de la majorit qualifi e ont ainsi un fardeau plus important pour r ussir l emporter un fardeau qui leur est impos eu gard leurs convictions politiques L imposition d un seuil diff rent du traditionnel 50 1 change radicalement la donne r f rendaire en ali nant son caract re quitable l ment la base de toute consultation directe de la population D ailleurs dans un ouvrage consacr au r f
70. condition de r partition g ographique et ce surtout dans des tats f d raux La Suisse par exemple pr voit une exigence de double majorit pour toute modification constitutionnelle soit celle de l ensemble de la population et celle des cantons Le pouvoir des petits cantons se manifeste d une mani re suppl mentaire dans le syst me politique suisse par le fait d exiger pour toute modification constitutionnelle et aussi pour la signature de certains accords internationaux la fois la majorit du peuple et des cantons en vote r f rendaire 97 Australie L Australie autre Etat f d ral a aussi une exigence de r partition g ographique du vote en ce qui a trait ses modifications constitutionnelles En effet en plus d obtenir une majorit des voix l chelle du pays quatre Etats sur six doivent aussi enregistrer un vote favorable pour rendre toute modification constitutionnelle valide Le libell de la Constitution australienne se lit comme suit And if in a majority of the States a majority of the electors voting approve the proposed law and if a majority of all the electors voting also approve the proposed law it shall be presented to the Governor General for the Queen s assent 9 Pour les r sultats d taill s voir Ontario Elections Ontario R sultats Statistiques du r f rendum supra note 43 Yannis Papadopoulos Silvia Kobi et Isabelle Moroni Les processus de d cision f d raux en Su
71. ct 7 Colombie Britannique Legislative Assembly Official Report of Debates of the Legislative Assembly vol 29 n 2 31 mars 2008 la p 10640 Voir notamment Dennis Pilon The 2005 and 2009 Referenda on Voting System Change in British Columbia 2010 4 Canadian Political Science Review 73 p 80 ets Colombie Britannique Legislative Assembly Official Report of Debates of the Legislative Assembly vol 29 n 2 31 mars 2008 la p 10640 J Horgan Voir les r sultats officiels du scrutin de 2009 Colombie Britannique Elections BC Report of the Chief Electoral Officer on the 39th Provincial General Election and Referendum on Electoral Reform Victoria 2009 en ligne Elections bc ca lt http www elections bc ca docs rpt 2009 GE Ref Report pdf gt 38 39 40 22 les conditions pr alables a tout changement soit l atteinte d un seuil qualifi d appui tabli 60 Le choix d une majorit qualifi e pour modifier le mode de scrutin en Colombie Britannique avait entra n de vifs d bats chez les parlementaires le seuil de 60 n tant visiblement pas naturel pour l ensemble de la classe politique Les discussions avaient port non seulement sur l opportunit d utiliser une majorit qualifi e pour le deuxi me r f rendum compte tenu des r sultats serr s et quivoques du r f rendum de 2005 mais aussi sur les raisons apparaissant comme fondamentales qui justifiaient le rehausse
72. d un parlement a comme cons quence directe de diminuer l impact de la distorsion qui existe entre la volont populaire et la repr sentation en chambre de ce suffrage populaire Ce m canisme conduit en effet des consensus transpartisans qui ont plus de chance d tre repr sentatifs de l tat de l opinion publique En second lieu un rehaussement du seuil majoritaire l int rieur des assembl es au Canada emp che une confiscation du pouvoir l gislatif par le pouvoir ex cutif dans certains domaines Les pages qui suivent permettront d laborer ces deux justifications des majorit s renforc es dans des assembl es repr sentatives au Canada Distorsion par le mode de scrutin entre la volont populaire et la repr sentation politique importe de noter que le mode de scrutin au Canada tant au f d ral que dans les provinces entra ne une distorsion importante entre le choix des lecteurs 109 et la composition de la Chambre des communes ou de l assembl e l gislative248 En d autres termes la volont populaire exprim e lors des scrutins n est pas justement refl t e l int rieur des diff rentes assembl es Le syst me n tant pas proportionnel le pourcentage des si ges r colt par un parti n est pas quivalent au pourcentage obtenu par ce parti lors de l lection Le mode de scrutin uninominal un tour ne favorise pas une repr sentation exacte du choix des lecteurs Exemple Ainsi dans n
73. de d gager une r ponse r f rendaire consid r e comme favorable Formule d amendement de la Loi constitutionnelle de 1982 Dans un tout autre contexte mais toujours au Canada la Loi constitutionnelle de 19827 exige pour rendre certaines modifications constitutionnelles valides non pas la majorit des votes enregistr s dans chacune des l gislatures mais bien une majorit des membres de la l gislature Cela constitue un rehaussement du seuil majoritaire dans la mesure o malgr un vote favorable enregistr plus de 50 la modification sera refus e si la majorit des votes enregistr s dans une chambre ne repr sente pas 50 des parlementaires habilit s voter La majorit devant ainsi repr senter au moins 50 des gens habilit s voter il s agit l vidence d une forme de majorit conditionnelle exigeant un certain niveau de participation Cet article constitutionnalise en fait l tablissement d une majorit absolue La Loi constitutionnelle de 1982 vient ainsi modifier certaines pratiques faisant ainsi une plus grande place aux majorit s renforc es l int rieur de la proc dure parlementaire 2 70 71 72 Loi sur la consultation populaire L R Q c C 64 1 Loi constitutionnelle 1982 supra note 2 Voir la section 2 2 1 ci dessous pour une description des majorit s renforc es l int rieur des chambres l gislatives canadiennes 42 Droit compar est possible de r
74. de comparer les contextes r f rendaires et lectoraux avec les diff rentes majorit s renforc es auxquelles s assujettissent les organisations de la soci t civile Par exemple dans le d bat entourant la l adoption de la Loi de clarification2 3 un d put de la Saskatchewan se demandait comment il tait possible de s parer le 20 Voir par exemple l article 86 sur la modification des statuts des r glements g n raux de la F d ration des travailleurs et travailleuses du Qu bec FTQ F d ration des travailleurs et travailleuses du Qu bec Les Statuts de la F d ration des travailleurs et travailleuses du Qu bec FTQ tels qu amend s son 28 Congr s tenu Qu bec du 26 novembre au 30 novembre 2007 en ligne ftq qc ca lt http ftq qc ca librairies sfv telecharger php fichier 5195 gt 241 Art 356 C c Q 242 Voir par exemple l article 23 des statuts de la F d ration internationale des ligues des droits de l homme FIDH F d ration internationale des ligues des droits de l homme Statuts en ligne fidh org lt http Avww fidh org Les statuts de la FIDH gt 3 Supra note 12 106 Qu bec du Canada par une seule voix lorsque comme pr sident de diverses associations il se devait lui m me de composer avec des manuels de proc dures exigeant plus de 50 1 des voix244 Diff renciation des contextes Nous croyons que ce genre de comparaison fait abstraction de toutes les nuances
75. dre particulier d une modification constitutionnelle impliquant son caract re ind pendant et d mocratique Ainsi les cas canadiens des provinces de la Colombie Britannique et de l Ontario et du Mont n gro qui ont rehauss leur seuil majoritaire par une majorit qualifi e apparaissent a fortiori comme tant l exception En effet les pays europ ens qui rehaussent leur norme majoritaire semblent privil gier l tablissement de majorit s renforc es conditionnelles une participation soit par des quorums taux d termin s ou ind termin s En somme le contexte des scrutins r f rendaires n est donc pas propice a l tablissement de majorit s renforc es en g n ral et l tablissement de majorit s qualifi es en particulier Cette timidit par rapport l utilisation de majorit s renforc es qui plus est de majorit s qualifi es nous appara t coh rente avec l id e selon laquelle le scrutin r f rendaire consiste en la manifestation supr me de la volont populaire Il est en effet logique de tenter d interf rer le moins possible dans les situations o le peuple est consult directement sur une question pr cise 2 1 2 Les majorit s renforc es dans le cadre de scrutins lectoraux 75 Plan Comme nous l avons d j montr l expression directe de la souverainet populaire ne passe pas uniquement par les r f rendums mais aussi par le processus lectoral Nous tud
76. e les forums d expression directe de la souverainet populaire que sont les scrutins r f rendaires et lectoraux sont des lieux o sont parfois utilis es les majorit s renforc es Cette pr sence est toutefois limit e autant par le type de majorit s renforc es que par le nombre de pays en faisant l utilisation Outre quelques exemples expliqu s et mentionn s ici rares sont les majorit s qualifi es dans les lieux d expression directe de la souverainet A l exception du Mont n gro les exemples sont surtout concentr s au Canada et plus pr cis ment dans les provinces de la Colombie Britannique de l Ontario et de la Saskatchewan Le type de majorit renforc e le plus pr sent lors de scrutins est sans contredit les majorit s conditionnelles un niveau de participation qu il soit d termin ou ind termin pr alablement la tenue du vote Le quorum de participation sans tre une norme internationalement reconnue demeure pr sent autant dans les r f rendums que lors des scrutins l gislatifs et ex cutifs Du reste les majorit s renforc es en contexte de scrutins se heurtent avec l galit de suffrage et l galit r elle qui prot ge les citoyens d actes discriminatoires pouvant maner du pouvoir l gislatif ou ex cutif 2 2 Les majorit s renforc es l ext rieur du cadre de scrutins 89 Bien que les scrutins expriment de mani re plus authentique et supr me 187 la volont du peuple le
77. e Conseil des lections d mocratiques lors de sa 14 r union Venise 20 octobre 2005 et la Commission de Venise lors de sa 64 session pl ni re Venise 21 22 octobre 2005 en ligne Commission de Venise lt http www venice coe int webforms documents CDL AD 2005 034 aspx gt au para 109 62 37 r f rendum est de facto consultatif et non d cisionnel Au Portugal le quorum se calcule par rapport aux citoyens inscrits au recensement Il est ainsi possible de constater que certains tats europ ens ont recours ce genre de proc d qui nous le rappelons n a pas encore t utilis au Canada Enfin aucune r gle pr cise ou standard international n existe quant un taux de participation minimal n cessaire pour rendre un scrutin l gitime applicable et liant pour les lites politiques 1 2 1 2 Les quorums taux ind termin D finition Cette deuxi me forme de quorum requiert que l atteinte du seuil de 50 1 des votes exprim s mobilise un certain pourcentage dans le groupe habilit voter Autrement dit le r sultat ne sera consid r comme valable que si la majorit en faveur de la mesure soumise repr sente minimalement un certain pourcentage de ceux qui composent le corps lectoral Cette forme de quorum augmente inexorablement le nombre d appuis au del du 50 des voix exprim es puisque l atteinte du seuil majoritaire classique n est plus suffisante alors pour rendre la consultation effective
78. e avec une seule voix d cart consid rant par le fait m me qu un r sultat se rapprochant de l unanimit est pr f rable voire n cessaire dans certaines circonstances Pour le philosophe le g nie se trouvait dans la meilleure combinaison possible entre galit et unanimit Or depuis les premi res th ories modernes sur l tat les institutions politiques ont t transform es de fa on consid rable et ont fait na tre une quantit importante de m canismes permettant a pluralit de se prononcer De tels m canismes permettant de s loigner d une conception de la majorit tablie 50 1 des voix prennent aujourd hui des formes diverses et s appliquent dans des contextes fort vari s Nous sommes bien loin de la dualit que proposait Rousseau entre ce qui est d une part convenable aux lois et d autre part convenable aux affaires Cette dualit se veut tout de m me une premi re approche distinctive des diff rents contextes o devrait s appliquer un rehaussement du seuil majoritaire En effet en nuan ant ce qui s applique aux lois et aux affaires Rousseau op re une diff renciation des moments o une seule voix ne devrait suffire pour trancher un d bat Il sugg re ainsi que certains contextes ne seraient pas propices une telle proc dure Dans cette optique ce m moire se veut une cartographie et une typologie des m canismes exigeant plus de 50 1 des voix exprim es pour rendre une d cisio
79. e de la majorit m moire de ma trise Universit de Montr al 2002 non publi AUER Andreas MALINVERNI Giorgio et HOTTELIER Michel Droit constitutionnel suisse vol 1 Berne Staempfli 2000 B CKENF RDE Ernst Wolfgang Le droit l tat et la constitution d mocratique Bruxelles Paris Bruylant L G D J 2000 BRUN Henri TREMBLAY Guy et BROUILLET Eug nie Henri Brun Guy Tremblay et Eug nie Brouillet Droit constitutionnel 5 d Cowansville Qc Editions Yvon Blais 2008 DE TOCQUEVILLE Alexis De la d mocratie en Am rique vol 1 coll Folio Histoire Paris Gallimard 1986 DENQUIN Jean Marie R f rendum et pl biscite essai de th orie g n rale coll Bibliotheque constitutionnelle et de science politique Paris Librairie g n rale de droit et de jurisprudence 1976 DIAMANTOPOULOS Thanassis Les syst mes lectoraux aux pr sidentielles et aux l gislatives Bruxelles ditions de l Universit de Bruxelles 2004 DICEY Albert Venn The Introduction to the Study of the Law of the Constitution Londres MacMillan and Co 1889 DIRECTEUR G N RAL DES LECTIONS DU QU BEC La consultation populaire au Canada et au Qu bec 3 d Sainte Foy Qc Directeur g n ral des lections du Qu bec 2000 124 DRUCKER Henry M et DRUCKER Nancy L dir The Scottish Government Yearbook 1980 Edinbourg P Harris 1979 DUVERGER Maurice nstitutions politiques et droit consti
80. e des travaux d une assembl e repr sentative la prolongation du mandat de la Chambre des communes ou d une assembl e l gislative provinciale au del de cinq ans en cas de guerre d invasion ou d insurrection qu elles soient r elles ou appr hend es requiert l approbation du deux tiers des d put s de la chambre en question puisque l opposition du tiers des d put s bloque le processus de prolongation du mandat La Constitution pr voit donc une majorit qualifi e l int rieur du Parlement limitant l action majoritaire de ce dernier Il s agit l d une pratique qui du reste pourrait tre consid r e comme un pr c dent au soutien de ceux qui pr conisent la mise en place d autres majorit s renforc es dans le cadre de la proc dure parlementaire l ment que nous analyserons ult rieurement La majorit est rehauss e par une forme qualifi e puisque ce ne sont pas 50 des votes exprim s qui doivent tre en faveur de la prolongation mais bien 66 8 Charte canadienne des droits et libert s art 4 2 partie de la Loi constitutionnelle de 1982 constituant l annexe B de la Loi de 1982 sur le Canada R U 1982 c 11 Charte canadienne Cette disposition reprend essentiellement celle qui tait pr vue l article 91 1 de l Acte de l Am rique du Nord britannique une disposition applicable uniquement au Parlement f d ral 21 Conclusion L ensemble de ces exemples permet de constate
81. ec pratiquement les m mes modalit s que les lois pr c dentes l exception d une consultation suppl mentaire par le Premier ministre des chefs des autres partis autoris s repr sent s l Assembl e nationale L approbation des deux tiers des membres de l Assembl e nationale est requise23 6 Le Commissaire peut en tout temps d missionner en donnant un avis crit au Pr sident de l Assembl e nationale Il ne peut tre destitu que par une r solution de l Assembl e approuv e par les deux tiers de ses membres22 Enfin une sanction l encontre d un d put dans un rapport du commissaire s applique seulement si l Assembl e nationale adopte ce rapport au deux tiers de ses membres2 8 Analyse Ces divers exemples constituent des majorit s qualifi es puisque le seuil de majorit au sein de l Assembl e nationale est rehauss au deux tiers pour les nominations que nous avons d crites Le libell de l ensemble de ces dispositions voque la n cessit d obtenir l approbation des deux tiers des membres de l Assembl e et non pas des deux tiers des voix enregistr s afin de rendre valide la nomination La pr sidence de l Assembl e nationale a eu se 233 Ibid art 33 254 Ibid art 34 7 Code d thique et de d ontologie des membres de l Assembl e nationale L R Q c C 23 1 236 lbid art 62 237 Ibid art 66 238 Ibid art 104 104 positionner sur les cons quences d un t
82. el libell Elle devait d terminer si le d compte des voix devait se faire sur le total des voix enregistr es lors du vote ou sur le nombre total des membres de l Assembl e Dans une d cision de 1987239 la pr sidence interpr te le libell comme obligeant l obtention du vote des deux tiers des d put s sur le total des d put s membres de l Assembl e Cela fait aussi de cette majorit qualifi e une majorit conditionnelle un niveau de participation Lorsqu aucun si ge n est vacant il est donc impossible pour l Assembl e nationale d ent riner une nomination si moins de 83 d put s sont pr sents en chambre et ce la condition que tous les d put s soient en accord avec la nomination 89 Recueil de d cisions concernant la proc dure parlementaire n 220 1 79 JD 18 d cembre 1987 p 11027 et 11028 Pierre Lorrain A titre d exemple le deuxi me alin a de l article 1 de la Loi sur le Protecteur du citoyen exige que la nomination de ce dernier soit approuv e par les deux tiers des membres de l Assembl e nationale Ce libell indique deux tiers des membres et non deux tiers des voix exprim es Par ailleurs l expression deux tiers des membres se r f re la composition de l Assembl e au jour du vote concernant la motion et ne doit donc pas tre confondue avec deux tiers des si ges Si un des 125 si ges de d put s est vacant la motion doit tre approuv e par
83. elaney M Marchese I think that raising the threshold in the way that your government is doing makes it very difficult to arrive at the kind of conclusion or at least to arrive at changes that so many think are looking for If that is true why have you opted for this double super majority threshold where there aren t that many precedents for such a high threshold in provincial or federal referendums or plebiscites If a simple majority was applied in referendums and the Charlottetown accord and Newfoundland joining Confederation including the separation of Quebec why wouldn t it be okay in this case You might want to comment on that M Delaney In commenting on the degree to which it should be passed by 50 plus one or a super majority again point out to you that the first Quebec referendum was won by the no side with that super majority of 60 40 Would you like to lose your democratic traditions or your country on the basis of less than 1 of the popular vote think not Enfin les parlementaires ont invoqu le pr c dent de la Colombie Britannique pour justifier l utilisation d une majorit qualifi e Cet argument banal en apparence permet n anmoins d entrevoir une multiplication des cas d utilisation de majorit s qualifi es En effet plus les pr c dents s accumulent plus l tablissement et l utilisation de majorit s qualifi es apparaissent comme naturels ouvrant par le fait m me une porte
84. elative au sein de la population n tait pas en soi suffisant pour traduire le caract re fondamental des changements au mode de scrutin R f rendum ontarien En 2007 l Ontario a soumis son projet de r forme lectorale aux m mes conditions que la Colombie Britannique Les r sultats furent par contre diff rents alors qu uniquement 36 9 des votes exprim s ont t en faveur d un changement de mode de scrutin Le camp du changement n a donc ni rencontr le nouveau seuil fix 60 ni la norme classique tablie 50 1 42 Ibid la p 10641 H W Oppal 43 Voir les r sultats officiels du scrutin de 2007 Ontario lections Ontario R sultats statistiques du r f rendum 2007 en ligne Elections on ca lt http www elections on ca NR rdonlyres CF4790D7 C9B1 45DA 8FFB A8FE8265EFF9 0 R sultatsstatistiques pdf gt 24 Par cons quent et contrairement la Colombie Britannique aucun autre r f rendum n a t organis Les d bats l Assembl e l gislative ontarienne ont l aussi port sur l opportunit d tablir une majorit qualifi e R p tant essentiellement les m mes arguments que ceux invoqu s en Colombie Britannique les parlementaires ont finalement d cid d assujettir leur loi r f rendaire sp ciale une majorit qualifi e tablie 60 Les arguments de chaque camp se trouvent bien r sum s dans cet change entre les d put s M Marchese et M D
85. ettra la construction d un cadre ou d une grille d analyse des majorit s renforc es En effet la litt rature juridique et politique cr e par le peu d importance qu elle accorde aux distinctions fondamentales entre les diff rents types de majorit s renforc es et leur mise en contexte une confusion quant a leur l gitimit leur applicabilit et leur efficacit Les arguments en faveur et en d faveur des proc d s d augmentation du nombre d appuis requis la prise d une d cision sont trop souvent d natur s et utilis s hors contexte puisque ces proc d s sont consid r s comme identiques et applicables dans les m mes circonstances Malgr la vocation commune des maijorit s renforc es il devient ardu de les analyser sous un angle normatif sans les distinguer puisque les fondements des uns sont fort diff rents des autres 16 Partie 1 les diff rents types de maijorit s renforc es un concept plusieurs applications Rehaussement du seuil L augmentation du nombre d appuis requis au del du seuil traditionnel de 50 1 des voix exprim es peut prendre plusieurs formes En effet les majorit s renforc es peuvent tre subdivis es en plusieurs types selon la mani re dont le seuil classique est rehauss Le seuil classique tant d fini avec pr cision il existe un nombre infini de mani res de s en carter Autrement dit comme la majorit classique est d finie de mani re sp cifique toute a
86. forc es a l int rieur des chambres l gislatives canadiennes 91 vii 2 2 1 1 Les majorit s renforc es applicables la fois la Chambre des communes et aux assembl es l gislatives des provinces canadiennes 92 2 2 1 2 Majorit s renforc es applicables la Chambre des communes et au S nat 97 2 2 1 1 Majorit s renforc es applicables l Assembl e nationale du Qu bec eeeeeeeeeeeeeeees 99 2 2 2 Les majorit s renforc es au sein des organisations de la soci t civile 106 2 2 3 Les majorit s renforc es au sein des assembl es parlementaires vers une repr sentativit majoritaire eee 109 CONCLUSION Rss inner en ui nee 113 BIBLIOGRAPHIE ennemi tia ei 119 viii Remerciements ma m re pour ses questions son int r t mon p re pour son insistance sa confiance ma s ur pour son support sa force J C Julie Marie P O Xavier pour ce qu ils repr sentent pour moi la Facult de droit de l Universit Laval et tout son personnel d vou et compr hensif Yves Tanguay pour ses r flexions F lix Deslauriers pour son attention Louis Massicotte pour sa rigueur Eug nie Brouillet qui a toujours t une source d inspiration Patrick Taillon pour avoir cru en ce projet pour le temps investi pour la qualit de ses conseils Merci d avoir accept de diriger mes pens es et mon criture avec autant d attention Surtout merci pour cette comp
87. fs restent tr s rares Encore une fois l absence d exemples canadiens nous oblige nous r f rer au droit compar En effet la totalit des lections l gislatives provinciales et f d rales au Canada tant sous l gide de la pluralit des voix majorit simple ils ne peuvent nous servir de r f rence Bien que les majorit s renforc es soient peu pr sentes lors d lections l gislatives a travers le monde leur utilisation soul ve les m mes questions que dans le cas de r f rendums et autres proc dures de consultation directe de la population Encore une fois nous valuerons s il s agit principalement de majorit s qualifi es ou de majorit s conditionnelles et si celles ci sont utilis es de mani re syst matique ou ponctuelle Notons que leur raret n enl ve rien leur int r t Au contraire elles 160 Jbid la p 44 af font m me ressortir les paradoxes associ s aux majorit s renforc es et contribueront notre critique g n rale des majorit s renforc es en contexte de scrutins section 2 1 3 Nous tudierons donc ici les cas de la France de la Bi lorussie de la Lituanie de l Ouzb kistan du Tadjikistan et du Turkm nistan qui pr sentent des maijorit s renforc es dans de scrutins l gislatifs France La France pr voit une majorit renforc e lors de ses lections l gislatives En effet une majorit conditionnelle un taux de participation non d termin est pr vue
88. gation Du reste si moins du tiers des d put s sont pr sents lors du vote il sera impossible de bloquer le processus de prolongation et ce m me avec une quasi unanimit des voix 192 Ibid 1 is not opposed by the votes of more than one third of the members of the House of Commons or the legislative assembly as the case may be ibid 1 Voir la section 1 2 1 ci dessus sur les majorit s associ es a des conditions de participation 94 Cette pr sence d une majorit renforc e dans la Constitution canadienne est plut t unique D un c t elle emp che les partisans de la prolongation du mandat de l assembl e de gagner avec une majorit de parlementaires puisque le tiers des membres peut emp cher la prolongation D un autre c t elle ne comptabilise pas le tiers de voix exig sur les votes enregistr s mais sur le total des membres de la chambre ce qui d savantage les lus en d faveur de la prolongation en cas de faible participation aux d bats Il s agit d une majorit qualifi e et conditionnelle qui a pour effet d pendamment du nombre de participants de d savantager soit ceux en faveur soit en d faveur de la prolongation Justification de la majorit qualifi e La pr sence dans la Constitution d une majorit qualifi e et conditionnelle pour prolonger le mandat de la chambre en temps de guerre ou d insurrection peut s expliquer par le d sir de concilier d un c t
89. iations ce sujet 19 Ibid au para 40 68 D un c t les partisans du statu quo constitutionnel soit le camp en d faveur de l ind pendance voulaient tablir une majorit conditionnelle par laquelle un vote en faveur de l ind pendance devait recueillir un appui de 50 des gens habilit s voter De l autre cot les partisans de la s cession militaient afin de pr server la norme du 50 1 des bulletins valides tout en diminuant la condition de participation 40 de l lectorat Les n gociations se sont donc entam es avec des protagonistes d fendant des positions diam tralement oppos es et sont conclues sur les bases ce que nous voquions ci haut soit une condition de participation de 50 des lecteurs et un seuil majoritaire devant atteindre 55 des votes valides Bilan Bref tout comme au Canada il nous appara t que le processus entourant la s cession du Mont n gro ne peut tre consid r comme un pr c dent justifiant en soi les majorit s renforc es lors de scrutins r f rendaires Tel que nous l avons pr c demment d montr l utilisation de majorit s renforc es dans le contexte mont n grin semble avoir t ponctuelle et motiv e par le d sir d obtenir un compromis politique Il faut ce titre se rappeler que ce sont les forces politiques elles m mes qui ont choisi de s imposer un seuil renforc lors de leurs d lib rations ayant men l adoption de la loi du 1 mai 20
90. ierons donc ici les majorit s renforc es implant es dans les scrutins l gislatifs 2 1 2 1 pour ensuite nous concentrer sur les scrutins ex cutifs soit celles pour le chef de l tat 2 1 2 2 lection la pluralit des voix Nous ne consid rons pas les syst mes pr voyant l lection la majorit simple comme des majorit s renforc es puisque ce type d lection nest pas fond sur l atteinte d un seuil majoritaire mais plut t sur une pluralit de voix En d autres termes la pluralit des voix soit l atteinte du plus grand nombre de votes se distingue des lections majoritaires en ne rendant pas la victoire d un lu conditionnelle l atteinte d un nombre de votes pr cis Ainsi la victoire n est pas accord e celui qui franchit le seuil majoritaire ou un seuil d termin l avance mais au candidat le plus populaire obtenant le plus souvent une majorit relative La majorit simple peut donc tre r sum e comme tant l atteinte d une pluralit des voix peu importe si cette pluralit correspond 50 des suffrages exprim s ou non La terminologie anglaise associ e la majorit simple nous parait plus repr sentative de ce syst me lectoral puisqu elle utilise le terme pluralit plut t que majorit Plurality also known as first past the post FPTP outperforms all other options in terms of its pristine simplicity To be elected a candidate needs simply to have more votes than
91. in il sera n cessaire de d velopper une perspective critique l gard des majorit s renforc es en contexte de scrutins En de telles circonstances le recours des majorit s renforc es soul ve d importants questionnements quant au principe d galit en d mocratie Nous tenterons de jeter un clairage sur ces enjeux au terme de ce premier segment de notre analyse des diff rents contextes dans lesquels sont employ s des m canismes visant rehausser le seuil majoritaire 2 1 3 2 1 1 Les majorit s renforc es dans le cadre de scrutins r f rendaires Le r f rendum est consid r comme l expression supr me de la volont populaire Comme l expliquait le professeur Patrick Taillon dans son ouvrage sur la rationalisation des processus r f rendaires parce qu associ e au principe de souverainet l expression r f rendaire est souvent vue au niveau national comme la manifestation d un pouvoir supr me situ au sommet de la hi rarchie des pouvoirs normatifs 1 Le r f rendum comme moyen d expression de la souverainet peut tre consid r une manifestation plus authentique parce que plus directe de la volont du peuple 1 5 C est donc dans cette perspective que 1 Patrick Taillon Le r f rendum expression directe de la souverainet du peuple Essai critique sur la rationalisation de l expression r f rendaire en droit compar coll Biblioth que te parlementaire et constitution
92. inscrites sur la liste lectorale 152 i Constitution de la R publique de Lettonie art 68 et 79 et 72 et 74 Voir la Loi des Pays Bas du 16 juillet 2001 portant dispositions provisoires en mati re de r f rendum Wet van 16 juli 2001 houdende tijdelijke regelsinzake het raadgevend correctief referendum Tijdelijke referendumwet Constitution de la R publique de Pologne art 125 3 Constitution de la R publique portugaise art 115 154 155 73 Slovaquie En Slovaquie les r f rendums de souverainet c est dire concernant l adh sion ou le retrait un trait une alliance ainsi que les r f rendums constitutionnels sont soumis une majorit renforc e imposant une condition de participation soit que 50 des gens inscrits sur les listes lectorales aient exerc leur droit de vote15 Slov nie En Slov nie tout comme en Slovaquie plus de 50 des lecteurs doivent participer aux r f rendums ou aux initiatives constitutionnelles pour lier les autorit s politiques 57 Toutefois les initiatives et r f rendums l gislatifs purement consultatifs ou portant sur des questions d int r t g n ral ne sont pas soumis a une majorit renforc e Su de Enfin depuis 1998 la Su de a constitutionnalis les proc dures encadrant la tenue d un r f rendum facultatif rejectif 158 Pour obtenir le rejet d un projet de loi de nature fondamentale la majorite des participants au r
93. ion soit l tablissement de quorums Ces majorit s conditionnelles trouvent leurs sources la fois dans les textes constitutionnels et dans des textes l gislatifs ordinaires Ainsi la Loi constitutionnelle de 18671 la Loi sur le Parlement du Canada et le 198 Charte canadienne supra note 48 19 Loi constitutionnelle de 1867 R U 30 amp 31 Vict c 3 reproduit dans L R C 1985 app II n 5 20 Loi sur le Parlement du Canada L R C 1985 c P 1 97 R glement de la Chambre des communes mettent en place diverses majorit s conditionnelles au Parlement du Canada Quorum la Chambre des communes D abord pour d buter une s ance de la Chambre des communes il doit y avoir un minimum de 20 d put s pr sents en chambre22 Le Pr sident de la Chambre est comptabilis dans les d put s pr sents Le quorum se doit d tre pr serv tout au long de la s ance afin que la Chambre puisse continuer si ger tout moment un d put peut demander au Pr sident de la Chambre de v rifier si le quorum est toujours atteint En cas de doute le Pr sident proc de un d compte des d put s Advenant que le quorum ne soit pas atteint la s ance est suspendue pendant quinze minutes afin d appeler les d put s se pr senter en chambre Apr s la suspension de quinze minutes un deuxi me d compte est effectu Si le quorum de 20 d put s n est toujours pas atteint le pr sident ajourne les travaux de
94. ir consulter les autres formations politiques Les nominations pour certains postes qui commandent une ind pendance envers le pouvoir ex cutif sont ainsi assujetties a des maijorit s renforc es qui rendent n cessaire l obtention d un certain consensus l int rieur des parlements Les majorit s renforc es impos es la nomination de ces postes enl vent au pouvoir ex cutif son monopole de nomination et l oblige obtenir l assentiment des autres partis Les diff rents postes n cessitant l appui d une majorit renforc e de d put s dont nous avons fait la liste ci dessus sont tous en lien avec des fonctions commandant une ind pendance du pouvoir politique et pour lesquelles la reddition de compte doit se faire au parlement et non au gouvernement La destitution des individus nomm s ces postes ne pouvant tre l uvre du seul pouvoir ex cutif ils peuvent ainsi accomplir leur mandat sans crainte d tre destitu s par le pouvoir politique advenant que les r sultats de leur travail ne plaisent pas au pouvoir ex cutif en place 112 Conclusion La vari t des proc d s permettant d augmenter le seuil de majorit au del de 50 1 des voies exprim es et les contextes forts diff rents o ces proc d s sont mis en place imposaient une classification et une typologie M me s il existe de nombreuses fa ons de concevoir les majorit s renforc es leur effet sur le seuil majoritaire est semblable Il
95. ise d exemple l Association canadienne de soccer pr voit l article 12 de ses statuts les membres la composant c est dire des associations provinciales des ligues et des clubs qui qui ont eux aussi des r glements g n raux Association canadienne de soccer Statuts en 107 24 consultation des membres par un pallier inf rieur et la prise de d cision par les paliers sup rieurs il y a souvent une multitude d intervenants d assembl es et de prises de d cisions diff rentes Les majorit s renforc es obligent les paliers sup rieurs de ces diverses organisations parvenir un plus grand consensus L objectif de rendre la prise de d cisions de ces paliers sup rieurs conforme avec la volont de leur base est renforc par de tels m canismes Les membres d un syndicat les actionnaires minoritaires d une compagnie ou les membres d une association ne peuvent compter sur des outils de protection des minorit s comme le sont par exemple les diff rentes chartes des droits et libert s Par exemple il pourrait tre justifi de dire que les majorit s renforc es sont utilis es pour prot ger l actionnariat minoritaire de d cisions pratiquement irr versibles comme la dissolution d une personne morale246 Les actionnaires d une compagnie ayant d j un poids relatif in gal tant donn que chaque actionnaire a autant de votes que d actions les majorit s renforc es implant es dans de telles conditions ap
96. isse Paris L Harmattan 1997 la p 160 L article 128 de la Constitution australienne pr voit que les amendements constitutionnels doivent tre approuv s par r f rendum Pour qu un amendement soit approuv il faut une majorit absolue des voix des deux chambres du Parlement f d ral et l approbation par r f rendum de la proposition d amendement par la majorit des lecteurs au niveau national et une majorit dans la majorit des tats 97 98 52 Espagne De son c t l Espagne qui n est pas un Etat f d ral mais poss de tout de m me une forte inclinaison la d centralisation pr voit l tablissement de majorit s conditionnelles une r partition g ographique du vote pour modifier la Constitution L article 8 4 de la loi organique espagnole 2 1980 pr voit que pour tre approuv e l initiative devait obtenir le vote positif de la majorit absolue des lecteurs dans chacune des provinces Dans la ligne de ce qui tait tabli ce propos dans l article 151 de la Constitution les conditions d approbation taient aggrav es par la division de la circonscription r gionale en plusieurs circonscriptions provinciales et par l exigence d un vote affirmatif non seulement majoritaire mais d passant aussi la moiti des inscrits dans le cadre de chaque circonscription Enfin l Union europ enne la Nouvelle Z lande et les tats Unis pr voient dans leurs lois fondamentales un processus de do
97. joritaire plus 111 112 Voir ci dessus la description d taill e du cas de la Saskatchewan la section 1 1 1 Voir ci dessus la description du cas du r f rendum sur les d fusions municipales au Qu bec la section 1 1 1 Directeur g n ral des lections du Qu bec La consultation populaire au Canada et au Qu bec 3 d Sainte Foy Qc Directeur g n ral des lections du Qu bec 2000 la p 27 Supra note 68 art 4 115 Acte du pl biscite de prohibition S C 1898 c 51 T6 Loi de 1942 sur le pl biscite f d ral 117 Proclamation soumettant un r f rendum relatif la Constitution du Canada 7 octobre 1992 TR 92 180 11 114 61 lev lors de scrutins r f rendaires Elle ne fait que d finir un nombre minimum de provinces devant appuyer un projet de modification constitutionnelle sans toutefois d finir le seuil majoritaire devant tre atteint dans ces provinces Elle semble ainsi pr f rer pr server le seuil majoritaire classique En d autres termes bien que le deux tiers des provinces doivent approuver une modification constitutionnelle ces derni res ne sont pas constitutionnellement oblig es de tenir une consultation populaire directe Advenant qu elles le fassent elles ne seraient pas assujetties par la Constitution du Canada un seuil majoritaire rehauss Bilan Nous pouvons ainsi constater que les majorit s renforc es ne semblent pas tre utilis es de mani re
98. jours dans le but d augmenter la l gitimit politique de la d cision r f rendaire Cependant de lavis de la Commission pour que le r sultat d un r f rendum p se d un plus grand poids les forces politiques du Mont n gro pourraient d cider de modifier dun commun accord les r gles actuellement applicables au r f rendum propos soit en adoptant un taux de pourcentage plus lev pour la participation soit en exigeant que la d cision re oive l appui d un pourcentage d finir du corps lectoral Une modification de cette nature serait assur ment conforme aux normes internationales et contribuerait conf rer une plus grande l gitimit au r sultat13 Enjeux politiques Si la l galit de la norme de 50 1 n est pas attaqu e par la Commission celle ci insiste cependant de mani re importante sur une question d ordre politique en souhaitant une entente entre les forces politiques du Mont n gro cet gard Cette position de la Commission deviendra le fondement du choix de l tablissement de la majorit qualifi e par les acteurs politiques du Mont n gro En effet les forces en pr sence auraient pu d cider de tenir un r f rendum avec comme seule augmentation du seuil majoritaire une condition de participation et respecter ainsi leur obligation l gale tant au plan national qu au plan international Or ils en ont d cid autrement et les forces politiques du Mont n gro ont entam des n goc
99. la Chambre au jour de s ance suivant et les noms des d put s pr sents sont consign s dans le journal des d bats2 Quorum dans les comit s Les comit s de la Chambre des communes et les comit s mixtes S nat et Chambre des communes qui repr sentent l quivalent des commissions parlementaires de l Assembl e nationale du Qu bec sont aussi assujettis des quorums de participation afin de rendre effectives leurs d cisions Pour qu un comit puisse tre d cisionnel la majorit des membres du comit doit tre pr sente204 Le pr sident des comit s l gislatifs nomm s par le Pr sident de 201 a Canada Chambre des communes R glement de la Chambre des communes juin 2011 Loi constitutionnelle de 1867 supra note 199 art 48 La pr sence d au moins vingt membres de la Chambre des communes sera n cessaire pour constituer une assembl e de la chambre dans l exercice de ses pouvoirs cette fin l orateur sera compt comme un membre R glement de la Chambre des communes supra note 201 art 29 1 et 29 4 204 Ibid art 118 203 98 la Chambre n est pas comptabilis dans le quorum Enfin et contrairement a la Chambre des communes les comit s peuvent se r unir et tenir une s ance en l absence du quorum Toutefois lors de ces r unions il est impossible de proposer des motions ou de voter Seule l audition de t moins est possible Quorum pour une session du S naf L article 35
100. lative des voix n est plus gale certains votes rev tant une plus grande importance Il s agit dune gradation difficilement conciliable avec l galit de suffrage Elle l galit d mocratique ne conna t aucune autres gradation ou diff renciation selon la dignit le m rite l exp rience la formation ou les capacit s Il s agit d une galit sch matique qui poss de un caract re formel L r side le caract re galitaire de la d mocratie elle peut et veut pour autant qu il s agisse de d cisions obligatoires non pas appr cier les citoyens et les voix mais seulement les compter181 En augmentant le seuil majoritaire n cessaire le poids politique d un lecteur peut se voir diminu puisque l importance de son vote est ainsi soupes e eu gard a option qu il privil gie De fait l instauration de la majorit renforc e favorise une option Ce favoritisme diminue le poids d un lecteur allant l encontre du choix 19g Ernst Wolfgang B ckenf rde Le droit l tat et la constitution d mocratique Bruxelles Paris Bruylant L G D J 2000 la p 292 181 Ibid la p 289 85 implicitement privil gi S il suffisait d un nombre plus r duit les adversaires de la d cision seraient d favoris s s il fallait un nombre plus lev ce seraient cette fois les partisans de la d cision qui seraient d favoris s 182 L article 25 b du Pacte international relatif aux droits civils
101. lause de d rogation doivent tre r partis sur une p riode de temps obligeant les d cideurs politiques d montrer de mani re cyclique tous les cinq ans dans le cas pr sent que la clause conserve son caract re l gitime parce que toujours soutenue par une majorit 1 2 2 2 L obligation de r partition g ographique D finition Une autre forme de majorit conditionnelle consiste en l tablissement de conditions de r partition g ographique du vote Ici pour qu une d cision soit consid r e comme valide par les autorit s politiques la majorit doit tre r partie sur l ensemble d un territoire donn Le territoire se voit ainsi divis en diff rentes sections r gions circonscriptions etc qui doivent toutes recueillir un certain pourcentage du suffrage pour rendre le seuil majoritaire r ellement repr sentatif D s lors pour tablir quelle option l emporte on cesse d uniquement compter les voix exprim es Il devient plut t question de pond rer le vote pour une 48 analyse qualitative de la r partition territoriale du scrutin visant s assurer qu un nombre minimal de sous divisions du territoire soient en accord avec le vote majoritaire exprim dans la globalit du corps lectoral Ce type de majorit conditionnelle entra ne inexorablement une diff renciation du poids relatif des voix entre les sections du territoire lectoral accordant ainsi certaines r gions une sorte de v
102. le principalement de majorit s qualifi es ou de majorit s conditionnelles Sont elles utilis es de mani re syst matique ou ponctuelle De fait cette cartographie nous permettra d examiner si le contexte r f rendaire est propice tablissement de majorit s renforc es L tude de l ensemble des ces l ments jettera par ailleurs les fondements une critique g n rale de l utilisation de majorit s renforc es en contexte de scrutins qui sera tay e la section 2 1 3 du pr sent m moire Exemples canadiens Tout d abord au Canada les r f rendums visant la modification du mode de scrutin de la Colombie Britannique et de l Ontario ont t assujettis tel qu voqu dans la premi re section des majorit s renforc es 110 Bien que nous ayons d j expliqu en d tail les tenants et aboutissants de ces consultations il est pertinent de rappeler que dans les deux cas le camp du oui devait recueillir 60 d appuis l chelle de la province pour l emporter En outre 60 des circonscriptions lectorales devaient appuyer le projet une hauteur de 50 La Saskatchewan dispose aussi d une loi cadre sur l organisation 110 Voir ci dessus la description d taill e du cas de la Colombie Britannique et celle du cas de l Ontario la section 1 1 1 60 des r f rendums pr voyant l tablissement de maijorit s renforc es lors de r f rendums 1 Cette loi n a cependant encore jamai
103. le seuil n cessaire pour sortir Vainqueur Cette forme de majorit renforc e op re un changement souvent 19 significatif sur le pourcentage d appuis n cessaires pour l emporter Les autorit s qui arbitrent le scrutin doivent alors substituer au seuil classique le nouveau pourcentage d termin afin de d signer l option gagnante Les majorit s qualifi es taux d termin modifient le seuil classique puisque malgr l obtention d un pourcentage d appui exprim sup rieur 50 1 des voix recueillies le r sultat ne sera pas consid r comme concluant si le nouveau seuil qualifi n est pas atteint Canada Au Canada trois provinces ont tabli par voie l gislative des majorit s qualifi es taux d termin L Ontario2 la Saskatchewan et la Colombie Britannique28 ont pr vu dans des lois sp cifiques l tablissement de maijorit s qualifi es l occasion de r f rendums L Ontario2 et la Colombie Britanniques0 ont d ailleurs d j organis des r f rendums sous l gide de ces lois pr cisant que ces consultations ne seraient contraignantes que si le seuil majoritaire nouvellement qualifi tait atteint Colombie Britannique La Colombie Britannique a tenu deux r f rendums en 200531 et 200922 concernant la modification de son mode de scrutin En effet la suite de l tablissement d un jury citoyen le gouvernement lib ral de la Colombie Britannique avait demand la popul
104. les deux tiers de 124 membres De plus la motion doit recevoir l approbation d au moins les deux tiers des membres ce qui veut dire que si le chiffre obtenu se termine par une d cimale il faut arrondir a la hausse Par exemple si l Assembl e compte 125 d put s le calcul des deux tiers de 125 donne 83 33 cela signifie que 84 d put s doivent se prononcer en faveur de la motion pour qu elle soit adopt e 105 2 2 2 Les majorit s renforc es au sein des organisations de la soci t civile L tude des contextes ou s tablissent des majorit s renforc es nous oblige a quitter la sph re publique pour nous int resser aussi aux rehaussements du seuil majoritaire pr sents au sein de plusieurs organisations de la soci t civile En effet les r glements g n raux de bon nombre de ces organisations syndicats240 compagnies24 associations242 pr voient une multitude de majorit s renforc es que ce soit pour modifier leurs statuts pour encadrer la prise de position politique ou pour accepter de nouveaux membres Questionnemenf importe ainsi de se demander si les majorit s renforc es s appliquant ces organismes pourraient aussi s appliquer dans les diff rents scrutins Ces majorit s renforc es qui semblent l gitimes pour une multitude d organisations ne pourrait elles pas s appliquer aux d cisions r f rendaires ou lectorales En effet dans les d bats sur le seuil majoritaire il est commun
105. licit qui fut pour moi une chose rare Merci d avoir permis ce m moire de voir le jour Marie Andr e parce qu il y a beaucoup de toi dans mes mots parce que nous sommes une quipe Introduction En montrant ci devant comme on substituait des volont s particuli res la volont g n rale dans les d lib rations publiques j ai suffisamment indiqu les moyens praticables de pr venir cet abus j en parlerai encore ci apr s l gard du nombre proportionnel des suffrages pour d clarer cette volont j ai aussi donn les principes sur lesquels on peut le d terminer La diff rence d une seule voix rompt l galit un seul opposant rompt l unanimit mais entre l unanimit et l galit il y a plusieurs partages in gaux chacun desquels on peut fixer ce nombre selon l tat et les besoins du corps politique Deux maximes g n rales peuvent servir r gler ces rapports l une que plus les d lib rations sont importantes et graves plus l avis qui l emporte doit approcher de l unanimit l autre que plus l affaire agit e exige de c l rit plus on doit resserrer la diff rence prescrite dans le partage des avis dans les d lib rations qu il faut terminer sur le champ l exc dant d une seule voix doit suffire La premi re de ces maximes para t plus convenable aux lois et la seconde aux affaires Quoi qu il en soit c est sur leur combinaison que s tablissent les meilleurs rapports qu on peut d
106. me en d autres termes les lois de natures constitutionnelles Ces deux types d actes l gislatifs doivent selon cette approche ob ir un processus de l gitimation diff rent Il existerait deux types de lois n ayant pas le m me niveau hi rarchique Il devrait donc exister deux types de m canismes pour les modifier C est encore ce que nous dit Spitz dans ce qui suit Si ces hommes entendent conf rer une l gitimit d mocratique ordinaire une de leurs initiatives ils doivent parcourir la voie normale de la proc dure Mais s ils veulent acqu rir le droit de l gif rer au niveau supr me ils doivent parcourir les chemins d une proc dure l gislative particuli rement h riss e d obstacles Ce n est qu la condition de relever avec succ s les d fis sp cifiques de ce syst me d laboration de la loi supr me qu un mouvement politique peut l gitimement proclamer que son initiative repr sente le jugement constitutionnel du peuple22 En ce sens l tablissement de majorit s renforc es permet la cr ation d une proc dure plus complexe de modification des lois accordant une valeur constitutionnelle ces derni res Les acteurs politiques perdent d s lors une partie de leur souverainet puisque les lois ordinaires doivent respecter la lettre des lois supr mes leur action tant limit e par d autres textes et d autres proc dures Le recours aux majorit s renforc es pose en d finitive la
107. ment du seuil majoritaire classique Un d put non ait d ailleurs lors des d bats parlementaires qui ont pr c d l adoption de l Electoral Reform Referendum 2009 Act sa position Well look back to the Charlottetown referendum look at other referenda that have been held in the province of Quebec where those supporting sovereignty and those opposing sovereignty have been battling for generations Each time the question is put to the public the support for the question appears to be rising For those democrats in Canada you only have to look back at the last referendum held in Quebec where it was a matter of fractions of percentage points that was the difference between success and failure With that and being democrats who have modelled ourselves as a 50 percent plus one society why is it that the government continues to support a supermajority in this instance Is it a result of the initial legislation Is it specifically for this question If there were other referenda proposed by government would you also have a supermajority41 Comme en t moigne cet extrait l utilisation d une majorit qualifi e soul ve des d bats importants relatifs la conception de la d mocratie laquelle se r f rent bien des acteurs politiques D abord il ressort des propos du d put que l exp rience qu b coise semble effectivement marquer les esprits des parlementaires Ces supermajorit s ne sont pas le fruit du hasard elles ont
108. mission de la fonction publique Les membres sont nomm s sur proposition du Premier ministre par r solution de l Assembl e nationale approuv e par au moins les deux tiers de ses membres224 Un membre de la Commission peut en tout temps d missionner en donnant un avis crit au Pr sident de l Assembl e nationale Il ne peut tre destitu que par une r solution de l Assembl e approuv e par au moins les deux tiers de ses membres22 78 Charte des droits et libert s de la personne L R Q c C 12 219 Ibid art 58 2 Loi lectorale L R Q c E 3 3 221 Ibid art 478 222 Ibid art 526 7 Loi sur la fonction publique L R Q c F 3 1 1 224 Ibid art 106 28 Ibid art 108 102 La Loi sur le Protecteur du citoyen 26 encadre la nomination d une personne appel e le Protecteur du citoyen par l Assembl e nationale sur proposition du Premier ministre Pour tre valide une telle nomination doit avoir t approuv e par les deux tiers des membres de l Assembl e nationale227 Le Protecteur du citoyen peut en tout temps d missionner en donnant un avis par crit au Pr sident de l Assembl e nationale II ne peut tre destitu que par une r solution de l Assembl e nationale approuv e par les deux tiers de ses membres 228 La Loi sur le V rificateur g n raP2 encadre la nomination du V rificateur g n ral Ainsi une personne est nomm e comme V rificateur g n ral sur motion pr sent e par
109. n g ographique du vote Or comme nous l avons pr cis ant rieurement le r sultat devait aussi recueillir 60 des voix l chelle de la Colombie Britannique une condition qui ne fut pas rencontr e Enfin lors de la deuxi me consultation r f rendaire seulement huit circonscriptions lectorales ont vot plus de 50 en faveur de la r forme lectorale ne rencontrant l vidence aucune des conditions requises pour modifier le mode de scrutin Ontario L Ontario a soumis sa consultation populaire a la m me condition de r partition g ographique du vote que la Colombie Britannique 64 circonscriptions lectorales sur 107 devaient voter en faveur du nouveau mode de scrutin pour rendre ce dernier effectif Or les r sultats ont t sans ambigu t Uniquement Colombie Britannique Legislative Assembly Official Report of Debates of the Legislative Assembly vol 25 n 15 18 mai 2004 a la p 11187 Hon G Plant Pour les r sultats d taill s du r f rendum du 17 mai 2005 voir supra note 36 et texte correspondant Pour les r sultats d taill s du r f rendum du 12 mai 2009 voir supra note 40 et texte correspondant Loi de 2007 sur le r f rendum supra note 4 art 4 93 94 95 51 cinq circonscriptions ont appuy le changement lectoral plus de 50 des voix exprim es Suisse Enfin il est possible de trouver l chelle internationale des majorit s associ es une
110. n effective Nous tenterons ainsi de trier et d claircir ce que certains appellent majorit qualifi e super majorit majorit renforc e ou majorit exceptionnelle et surtout de distinguer les contextes dans lesquels l usage de ces proc d s s op re Pourquoi une communaut politique refuse t elle de l id e selon laquelle exc dant d une seule voix peut suffire afin de prendre une d cision collective Dans quels contextes ou pour quels types de d cisions ces majorit s renforc es sont elles utilis es Comment d finir les conditions ou exigences associ es ces majorit s renforc es Ce sont quelques unes des questions qui traversent cette tude visant dresser un portrait de la diversit des m canismes lorsqu il est question de majorit renforc e Le Canada s est rarement risqu l utilisation des majorit s renforc es et ce peu importe le contexte Fort d une tradition britannique qui ne semblait gu re reconna tre ce genre de proc d s le Canada pr conisait plut t une certaine retenue relativement toute augmentation du nombre d appuis requis la suite d une consultation ou d un vote ayant permis de d gager plus de la moiti des voix exprim es En effet que ce soit au nom de la souverainet parlementaire o du caract re consultatif des r f rendums les autorit s repr sentatives ne se sentaient pas l vidence tenues d avoir recours ce type de proc d s Historiquemen
111. n europ enne de la d mocratie par le Droit dans son avis une majorit traditionnelle suffisait pour que la d cision soit effective au regard des r gles applicables au Mont n gro avant le 1 mai 2006 La constitution du Mont n gro ne contient aucune disposition ce sujet Outre la condition de participation de 50 d j examin e la loi sur les r f rendums pr voit que la d cision est prise la majorit des voix des citoyens qui participent au vote article 37 1 La Commission consid rait d ailleurs que cette situation n tait pas anormale et qu il n existait pas de seuil minimum reconnu internationalement au b dans les circonstances pr sentes une modification de la condition actuellement pr vue exigeant la participation de la majorit de l lectorat ne devrait avoir lieu qu avec l accord des principales forces politiques au Mont n gro c l limination ou l assouplissement de la condition actuellement pr vue m me avec l accord des principales forces politiques affaiblirait probablement la valeur du r sultat du r f rendum OSCE Office for Democratic Institutions and Human Rights supra note 124 la p 2 Revue de presse par le site Vigile net sur la question du seuil majoritaire au Mont n gro et du Qu bec en ligne Vigile net lt http archivesvigile net 06 3 17 html gt 134 Commission europ enne pour la d mocratie par le droit Avis sur le Mont n gro supra note 61 au para 30 132 13
112. nd no one was elected the constituency commission takes a decision to hold the repeated voting for two candidates who have gained the majority of votes The constituency commission informs the Central Commission for Elections and Referenda and the electors of the constituency about this resolution The repeated voting is held in the constituency in the period no later than two weeks within the territory of those polling stations and according to those lists of electors and in accordance with the requirements of this law Art 49 ibid Loi relative lection des d put s du Mejlis du Turkm nistan de 1994 amend e en 2004 Pour une version anglaise voir OSCE Office for Democratic Institutions and Human Rights On Elections of Deputies of the Mejlis of Turkmenistan en ligne Legislationline org lt http www legislationline org documents action popup id 4337 gt 17 81 lections au poste de chef d Etat Des majorit s renforc es existent aussi pour l lection du chef de l tat Encore ici nous concentrerons notre tude sur les suffrages directs en nous cartant des processus lectifs indirects le but tant de d terminer la fr quence d utilisation des majorit s renforc es implant es lors d un type pr cis de processus lectoraux soit les lections visant la nomination du chef d un tat Une fois de plus nous devons faire usage du droit compar puisque le chef d tat canadien n est pas lu au
113. ndition objective devant tre atteinte pour consid rer le scrutin comme valable Or les taux de participation minimum ou les quorums ont pour effet non seulement d tablir des r gles objectives de validation d une consultation mais ils font aussi en sorte que malgr un appui 50 1 des voix exprim es une consultation ne sera pas consid r e comme l gitime si elle ne compte pas un nombre suffisant de participants Le raisonnement qui sous tend un taux minimum de participation est intimement li la question de l gitimation Une faible participation est ainsi consid r e comme moins l gitime moins de gens ayant particip la prise de d cision Par exemple une majorit conditionnelle exigeant un taux de participation minimum fait en sorte que le r sultat d une consultation ayant enregistr un taux d appui exprim de 100 pour l une des options ne liera pas les autorit s politiques si la consultation n atteint pas le taux de participation consid r comme n cessaire Les appuis exprim s doivent des lors respecter une condition formelle hi rarchiquement sup rieure la norme du 50 1 des voix exprim es soit l atteinte d un quorum de participation Cette forme de majorit conditionnelle peut tre consid r e Andreas Auer Giorgio Malinverni et Michel Hottelier Droit constitutionnel suisse vol 1 Berne Steempfli 2000 la p 205 35 comme une majorit renforc e puisque malgr l at
114. nelle Paris Dalloz 2012 a la p 570 Ibid 58 nous d buterons notre analyse de l tablissement des majorit s renforc es lors de scrutins en nous penchant sur les manifestations authentiques et supr mes que peuvent repr senter les processus r f rendaires Distinction entre r f rendum pl biscite et initiative L expression directe de la souverainet du peuple peut se mat rialiser par l intervention de diff rents proc d s tels que le r f rendum proprement dit le pl biscite ou l initiative Le but ici n est pas de d finir exhaustivement l ensemble des formes qu ils peuvent prendre mais plut t d en tracer les contours afin de mieux comprendre les conditions et cons quences d un rehaussement du seuil majoritaire dans le contexte de scrutins r f rendaires Ainsi le r f rendum permet au peuple de se prononcer sur un acte adopt par une autorit tatique ll peut tre constitutionnel l gislatif conventionnel ou administratif en ce sens le r f rendum intervient la fin du processus d cisionnel 1 En ce qui a trait au pl biscite il importe de noter qu il existe une certaine controverse th orique savoir s il existe une r elle diff rence entre celui ci et le r f rendum 7 Il est g n ralement reconnu que le pl biscite est de nature personnelle comme le contenu mat riel de ce dernier vise conna tre l appr ciation du peuple sur une personnalit
115. nn ni LL UNIVERSIT nu Pour une cat gorisation et une classification critique des majorit s renforc es au Canada M moire F lix Antoine Dumais Michaud Ma trise en droit Ma tre en droit LL M Qu bec Canada F lix Antoine Dumais Michaud 2014 R sum Ce m moire se veut une cartographie et une typologie des m canismes exigeant plus de 50 1 des voix exprim es pour rendre une d cision effective Nous tenterons ainsi de trier et d claircir ce que certains appellent majorit qualifi e super majorit majorit renforc e ou majorit exceptionnelle et surtout de distinguer les contextes dans lesquels l usage de ces proc d s s op re Pourquoi une communaut politique refuse t elle de l id e selon laquelle l exc dant d une seule voix peut suffire afin de prendre une d cision collective Dans quels contextes ou pour quels types de d cisions ces majorit s renforc es sont elles utilis es Comment d finir les conditions ou exigences associ es ces majorit s renforc es Ce sont quelques unes des questions qui traversent cette tude visant dresser un portrait de la diversit des m canismes lorsqu il est question de majorit renforc e Abstract This dissertation is intended to map and classify the mechanisms that require more than 50 1 of the votes cast to make a decision effective This study seeks to clarify what some have called super majorities or
116. nstater ce genre de majorit s conditionnelles une participation lectorale est sans tre largement r pandu tout de m me pr sent dans les r gles de fonctionnement de certains tats d mocratiques occidentaux 1 2 1 3 Discussion critique le droit l abstention Droit l abstention et vote blanc L ensemble des majorit s conditionnelles a un niveau de participation pose probl me eu gard l abstentionnisme En effet refuser de prendre en compte un r sultat majoritaire advenant un taux de participation trop faible ou n agr geant pas un nombre suffisant d lecteurs quivaut a compter les abstentionnismes dans le camp des opposants De fait en refusant de se prononcer les abstentionnistes permettent a l option oppos e de l emporter leur absence tant consid r e par les autorit s politiques comme une r ponse implicite mais n anmoins n gative la question pos e D s lors que la majorit exprim e n est pas suffisante pour des raisons de participation lectorale de Henry M Drucker et Nancy L Drucker dir The Scottish Government Yearbook 1980 dinbourg P Harris 1979 la p 231 7 Scotland Act 1998 R U 1998 c 46 8 Massicotte supra note 65 la p 135 44 les abstentionnistes sont assimil s une position d opposition puisque seule leur absence vient justifier de ne pas prendre en compte le r sultat majoritaire exprim Position abstentionniste Or les abstenti
117. nt pour effet d augmenter le nombre d appuis requis Elles peuvent aussi tre divis es en deux sous groupes D abord nous examinerons les majorit s associ es a des conditions de participation 1 2 1 et ensuite les majorit s associ es toute autre forme de condition exigeant une certaine r partition des appuis dans le temps et dans l espace 1 2 2 1 2 1 Les majorit s associ es des conditions de participation D finition La majorit conditionnelle un niveau de participation ou quorum est l une des formes de majorit s renforc es les plus subtiles En effet pour certains ce m canisme tente de s loigner de l id e de majorit renforc e en justifiant son existence par des raisons objectives n ayant rien voir avec le concept de majorit royale sur l union conomique et les perspectives de d veloppement du Canada 1985 la p 141 34 en lui m me En ce sens crivent les professeurs Andreas Auer Giorgio Malinverni et Michel Hottelier il ne faut pas confondre les diff rentes acceptions de la notion de majorit avec le quorum Le quorum est une exigence formelle objective qui doit tre remplie pour qu un organe puisse valablement d lib rer pour qu un parti puisse participer a la distribution des si ges pour qu une norme soit accept e ou pour qu une personne soit lue60 L atteinte dun quorum taux d termin est ainsi consid r e par ces derniers comme une co
118. o et du Qu bec en ligne Vigile net lt http archives vigile net 06 3 17 html gt Autres Canada Chambre des communes D bats de la Chambre des communes 39 14 d cembre 1999 Canada Chambre des communes D bats de la Chambre des communes 46 10 f vrier 2000 Canada Chambre des communes R glement de la Chambre des communes juin 2011 129 Colombie Britannique Legislative Assembly Official Report of Debates of the Legislative Assembly vol 29 n 2 31 mars 2008 Colombie Britannique Legislative Assembly Official Report of Debates of the Legislative Assembly vol 25 n 15 18 mai 2004 Ontario Assembl e l gislative de l Ontario Journal des d bats Hansard n 122A 20 novembre 2006 Recueil de d cisions concernant la proc dure parlementaire n 220 1 79 JD 18 d cembre 1987 130
119. ocessus de consultations successives la suite d un appui majoritaire peut certes tre vu comme un souci de d mocratie mais galement comme un refus d couter la volont majoritaire d ment exprim e Le politique dans son action doit agir de mani re l gitime et l gale D s lors il se trouve confront ces diff rentes questions Les majorit s renforc es sont des m canismes assurant la stabilit temporelle de certaines normes qui tant plus rigides que les autres sont souvent qualifi es de constitutionnelles Le Professeur Derriennic notait d ailleurs que c est toujours pour des d cisions importantes ou irr versibles notamment les changements constitutionnels que des majorit s qualifi es sont requises 17 La modification des r gles constitutionnelles n cessite une plus grande agr gation des forces politiques et des individus parce qu elles sont en quelque sorte le squelette 17 Jean Pierre Derriennic Majorit claire mode d emploi 1998 26 Cit Libre 34 d finissant les rapports entre les institutions et les citoyens De cette fa on les fondements institutionnels de l tat sont l abri d un changement rapide et radical effectu par une majorit parlementaire dont les appuis totalisent souvent bien moins que 50 1 des votes Il n est pas rare d observer des changements drastiques dans le paysage politique Par exemple la dissolution de la Chambre des communes ayant pr c d
120. oit aussi un rehaussement du seuil majoritaire lors de r f rendums d initiative populaire visant l abrogation de projets de loi issus du Parlement Toutefois plusieurs types de projets de loi ne peuvent tre abrog s par r f rendum Entre autres les lois fiscales et budg taires d amnistie et de remise de peine et d autorisation de ratifier des trait s internationaux sont exclues du champ d application des r f rendums populaires abrogatifs Le seuil majoritaire est aussi rehauss lors des r f rendums non abrogatifs par une majorit renforc e conditionnelle a un taux de participation d termin avant le scrutin Il s agit d un taux de participation de plus de 50 des inscrits150 Lituanie De son c t la Lituanie a implant une majorit qualifi e pour modifier l article 1 de sa Constitution qui concerne le caract re ind pendant et d mocratique de la R publique lituanienne Au moins les trois quarts des citoyens lituaniens ayant le droit de vote doivent se prononcer en faveur de la modification 51 Il s agit ici de la seule majorit qualifi e pr sente au sein de l Union europ enne pour ce qui est de scrutins r f rendaires Lettonie La Lettonie a rehauss son seuil majoritaire lors du r f rendum sur l adh sion l Union europ enne et l a galement rehauss lors de r f rendums l gislatifs facultatifs Dans les deux cas le taux de participation devait tre d au 148 Ibid
121. olution Paris ditions de Fallois 1997 96 formulation la n gative de l article 4 2 de la Charte canadienne entra ne un r sultat pour le moins trange Malgr le fait qu une majorit de voix enregistr es la chambre soit contre la prolongation du mandat si cette majorit ne correspond pas au tiers des membres de la chambre la prolongation sera approuv e Cette majorit conditionnelle entra ne le r sultat inverse de ce qui tait souhait par l tablissement d une majorit qualifi e c est dire l assurance d mocratique qu un parti seul ne puisse prolonger le mandat de l assembl e En comptabilisant les d put s absents dans le camp en faveur de la prolongation la Constitution cr e un biais qui semble contradictoire avec l objectif m me du rehaussement du seuil majoritaire par la majorit qualifi e instaur e par cet article Autrement dit la Constitution tablit une majorit qualifi e pour rendre plus difficile la prolongation du mandat de la chambre mais l ajout d une majorit conditionnelle un niveau de participation fait en sorte que malgr le d saccord d une majorit de parlementaires pr sents une motion prolongeant la chambre pourrait tre valide 2 2 1 2 Majorit s renforc es applicables la Chambre des communes et au S nat Les seules majorit s renforc es pr sentes la Chambre des communes et au S nat sont des majorit s conditionnelles un taux de participat
122. on des adversaires du gouvernement avec le parti majoritaire afin de rendre possible la prolongation du mandat de la chambre Cela constitue une forme de s curit d mocratique puisqu en dehors des raisons d tat et d urgence l opposition a peu de raisons de vouloir collaborer avec le gouvernement pour lui permettre de survivre au del de la limite constitutionnelle Opter pour la r gle de la majorit parlementaire pour ce type d exercice reviendrait donc lors de gouvernements majoritaires laisser non pas une pluralit de partis politiques mais un seul parti soit celui formant le gouvernement l opportunit de prolonger le mandat et d viter ainsi le suffrage populaire L impact d une majorit qualifi e pour prolonger le mandat de la chambre permet d arriver la conclusion inverse soit l obligation d obtenir l accord d une pluralit de partis afin de s carter de la r gle constitutionnelle du mandat de cinq ans Justification de la majorit conditionnelle La seconde majorit renforc e soit celle conditionnelle un niveau de participation ne peut tre justifi e par les m mes arguments En effet cette derni re rend plus difficile le blocage d une prolongation du mandat par une minorit de d put s puisque le d compte n est pas fait sur les votes enregistr s mais sur le nombre de d put s membres de la chambre La Li Raymond Aron Introduction la philosophie politique D mocratie et r v
123. onner la pluralit pour prononcer Publi en 1762 par le plus important diteur des Lumi res Marc Michel Rey l ouvrage de philosophie politique dont est extrait ce qui pr c de allait profond ment marquer son temps mi chemin entre la libert des Anciens et des Modernes Encore aujourd hui ce court passage nous pousse r fl chir sur notre conception de l galit de suffrage de la majorit et des proc dures mettre en place afin que la souverainet du peuple puisse s exercer En quelques mots le questionnement que formulait Jean Jacques Rousseau pourrait se r sumer ainsi entre l unanimit et l galit comment fixer le seuil d cisionnel pour que l int r t g n ral se substitue l int r t particulier Deux si cles et demi plus tard il est d sormais possible de d tailler une foule de combinaisons favorisant pour Jean Jacques Rousseau uvres compl tes t Ill Du Contrat social crits politiques coll Biblioth que de la Pl iade Paris Gallimard 2011 la p 441 reprendre les mots du philosophe l obtention d un avis se rapprochant de l unanimit Ces nombreux m canismes ont tous en commun de s carter de la r gle voulant qu une seule voix suffise rompre l galit pour trancher un d bat En d autres termes Rousseau opposait une vision de la majorit qui s tablit 50 1 des voix une autre qui elle refuse de reconnaitre la pleine l gitimit d une d cision pris
124. onnistes sont par d finition des lecteurs qui refusent de se positionner et ce pour des raisons diverses Accorder un sens uniforme qui plus est leur refus de participation semble aller l encontre m me de la nature de l abstention et du droit de vote de mani re g n rale Pour Fran oise Subileau et Marie France Toinet sp cialistes en mati re de comportement lectoral cela revient pervertir le sens de l abstention Se d clarer abstentionniste peut signifier que l on pr f re se retirer du jeu politique plut t que de participer un processus collectif de d cision De ce point de vue l abstention peut tre con ue comme une non r ponse une demande politique que les sujets se sentent incapables de satisfaire en l absence de crit res id ologiques leur permettant de se former une opinion81 Tout en tant un refus de se prononcer l abstentionnisme conserve son caract re l gitime I Jd pendamment du jugement qui peut tre port sur une telle attitude du point de vue du civisme la d cision de s abstenir de voter est n anmoins un comportement l gitime que les citoyens peuvent adopter par rapport une question fondamentale 8 Le fait de ne pas s exprimer sur une question donn e ne peut vouloir dire autre chose que le refus de s exprimer Le professeur honoraire de l Universit de Lausanne tienne Grisel synth tisa cette id e de la neutralit de l abstention en ces termes les
125. orit s qualifi es l occasion de r f rendums Sur le plan th orique l apparition de majorit s renforc e s explique d abord en raison du fait que depuis la Loi constitutionnelle de 1982 le Canada est pass d une souverainet parlementaire a une supr matie de la Constitution diminuant par le fait m me la souverainet du Parlement Le concept de souverainet parlementaire fait r f rence un syst me o les pouvoirs du Parlement sont absolus situ s au sommet de la hi rarchie des pouvoirs normatifs et de ce fait soumis a aucun autre pouvoir juridique Parce qu elle est le principe constitutionnel premier du droit britannique dont nous avons h rit expliquent les Loi constitutionnelle de 1982 constituant l annexe B de la Loi de 1982 sur le Canada R U 1982 c 11 Loi constitutionnelle de 19821 gt Renvoi relatif la s cession du Qu bec 1998 2 R C S 217 Loi de 2007 sur le r f rendum relatif au syst me lectoral S O 2007 c 1 Loi de 2007 sur le r f rendum The Referendum and Plebiscite Act S S 1990 91 c R 8 01 En 2004 la Colombie Britannique a adopt le Electoral Reform Referendum Act S B C 2004 c 47 Puis en 2009 cette loi fut remplac e par le Electoral Reform Referendum 2009 Act S B C 2008 c 9 professeurs Brun Tremblay et Brouillet la souverainet parlementaire s est transpos e assez automatiquement en sol qu b cois puis canadien Elle impliquait plus p
126. otre syst me politique il arrive qu un parti qui termine second en termes d appui populaire obtienne tout de m me une pluralit voire une majorit de si ges l Assembl e24 De ce fait il est possible qu un parti politique obtienne par exemple 25 des suffrages tout en ayant une repr sentation sous les 15 dans l assembl e Il s agit de situations fr quentes lorsque le parlementarisme est combin un syst me de scrutin uninominal un tour Distorsion par la carte lectorale entre la volont populaire et la repr sentation politique Aussi au Canada les d put s ne repr sentent pas exactement le m me nombre de citoyens Les circonscriptions lectorales ne regroupant pas toutes la m me quantit d lecteurs des d put s se trouvent repr senter beaucoup plus de gens que leurs coll gues parlementaires tout en ayant cependant le m me poids politique l int rieur de la chambre d assembl e soit une voix II s agit d une simple question math matique un d put repr sentant une circonscription de 60 47 Aux lections f d rales de 1993 1997 2000 et 2011 des gouvernements majoritaires ont t lus mais ceux ci n ont jamais r colt plus de 41 d appui populaire Aux lections provinciales qu b coises de 1994 1998 2003 et 2008 des gouvernements majoritaires ont t lus mais ceux ci n ont jamais obtenu une majorit des votes Au Qu bec en 1998 un gouvernement m
127. paraissent beaucoup plus conciliables avec le principe d galit que celles tablies dans des contextes de scrutins Les limites inh rentes a la repr sentation peuvent ainsi justifier l implantation de majorit s renforc es Ce type de limites est il va sans dire pratiquement inexistant lors de scrutins compte tenu de leur caract re universel et de la possibilit qu ont tous les membres du demos de se prononcer sur un enjeu ponctuel scrutin r f rendaire ou sur un enjeu lectif scrutin lectoral ligne canadasoccer com lt http www canadasoccer com files 2012StatusACS 20120505 FR pdf gt 246 Art 356 C c Q 108 Enfin le contexte tr s particulier de la soci t civile comme lieu d tablissement des majorit s renforc es oblige une retenue quant aux comparaisons avec les autres contextes que sont les scrutins Cela peut non seulement tre trompeur mais peut aussi amener des arguments qui ne sont pas applicables compte tenu de la sp cificit du contexte d application 2 2 3 Les majorit s renforc es au sein des assembl es parlementaires vers une repr sentativit majoritaire Justification D j nous pouvons dire que les majorit s renforc es dans les assembl es repr sentatives semblent tre plus facilement justifiables eu gard un certain id al d mocratique que celles implant es en contexte de scrutins et ce pour deux raisons En premier lieu le fait de rehausser le seuil majoritaire
128. pel s choisir directement leur chef d tat ou leurs repr sentants l gislatifs Pour y voir plus clair nous nous int resserons aux majorit s renforc es implant es dans les processus lectoraux Plus pr cis ment nous porterons un regard sur les processus directs d lection des d cideurs politiques Ce type d lection est caract ris par l absence d interm diaire entre le choix populaire et l lection des d cideurs et membres de ses assembl es l gislatives Tel que l crit Diamantopoulos quand le peuple est appel aux urnes la proc dure lectorale se termine habituellement avec le vote populaire et il n y a nulle part besoin de corps interm diaire qui aurait lui comme seule responsabilit le choix du pr sident 1 3 Forme d expression directe de la 102 Maurice Duverger Institutions politiques et droit constitutionnel vol 1 Les grands syst mes politiques Paris Presses universitaires de France 1978 la p 93 13 Thanassis Diamantopoulos Les syst mes lectoraux aux pr sidentielles et aux l gislatives Bruxelles Editions de l Universit de Bruxelles 2004 la p 23 57 souverainet l lection permettra terme l expression indirecte de la volont populaire puisque le peuple aura d l gu son pouvoir des repr sentants Ainsi dans une deuxi me section nous concentrerons notre tude sur les majorit s renforc es pr sentes dans le cadre de scrutins lectoraux 2 1 2 Enf
129. qu un vote dont la majorit a t rehauss e ne repr sente pas la majorit de la population sont grandement diminu es Ainsi en contexte de d mocratie indirecte les majorit s renforc es sont le meilleur moyen non pas de s assurer d un plus grand consensus l int rieur de la population mais plut t de s assurer que le vote des parlementaires repr sente r ellement la majorit de la population L objectif qui sous tend ce rehaussement de la norme majoritaire ne serait donc pas de bloquer les souhaits exprim s par la majorit mais plut t de diminuer les impacts 111 du syst me de vote et de la division de la carte lectorale sur le caract re majoritaire d une d cision La deuxi me raison que nous avons voqu e ci dessus concerne la n cessit de prot ger la s paration des pouvoirs entre le pouvoir ex cutif et le pouvoir l gislatif Dans un syst me parlementaire favorisant les gouvernements majoritaires il devient n cessaire d tablir des majorit s renforc es dans le cadre des travaux de la chambre d assembl e si l on souhaite diminuer l influence de l ex cutif sur le l gislatif Ainsi sans majorit renforc e l int rieur des parlements il devient impossible d obliger un gouvernement majoritaire consulter l opposition au sein de la chambre Le poids des voix minoritaires devient inexistant puisque le gouvernement majoritaire peut faire adopter toutes les mesures qu il souhaite sans devo
130. que commande une contextualisation des maijorit s renforc es En effet les arguments qui justifient l implantation de majorit s renforc es dans les syndicats compagnies ou associations ne peuvent nullement tre import s dans d autres contextes tel celui des scrutins Les organisations qui composent la soci t civile et qui se dotent de majorit s renforc es ont dans plusieurs cas la vocation de repr senter plusieurs membres qui ne peuvent tre consult s a chaque fois L utilisation de majorit s renforc es permet une prise de position qui pr viendra le plus possible les distorsions existant entre la volont des membres ceux qui forment la base de l organisme et la volont de leurs repr sentants Autrement dit en augmentant le pourcentage requis pour une prise de position des repr sentants d organisations de la soci t civile on augmente de beaucoup les probabilit s que la d cision repr sente au moins 50 des membres Les majorit s renforc es s inscrivent d s lors comme un m canisme l gitimant la prise de position donnant des assurances plus importantes quant l accord par une majorit des membres de la d cision prise Les structures organisationnelles de groupements de la soci t civile se retrouvent r guli rement tre form es de plusieurs paliers d cisionnels24 Entre la 244 Canada Chambre des communes D bats de la Chambre des communes 46 10 f vrier 2000 la p 1610 K Epp En gu
131. qui s imposent et en utilisant le vocabulaire appropri chaque situation Les bauches de critiques de chaque type de majorit renforc e et de leur contexte d application qui pars ment ce m moire constituent le d but d une r flexion sur l utilisation des majorit s renforc es dans une soci t bas e sur les principes de primaut du droit d galit et de constitutionnalisme Du reste les majorit s renforc es s inscrivent dans un processus de rationalisation de la consultation du peuple25 ce qui peut paraitre contraire la volont de rapprocher le pouvoir politique du citoyen d sir que l on observe dans la plupart des d mocraties occidentales Il devient donc int ressant voire n cessaire de comprendre le ph nom ne des majorit s renforc es qui tendent rigidifier les m canismes de consultation populaire en les assujettissant des normes plus exigeantes laune du d sir de laisser une plus grande place l initiative citoyenne Est ce que le droit et le constitutionnalisme ont vocation laisser la soci t statique Dans ce cas les majorit s renforc es ont non seulement un 250 Alexis de Tocqueville De la d mocratie en Am rique vol 1 coll Folio Histoire Paris Gallimard 1986 la p 243 251 Voir Taillon supra note 104 116 avenir mais elles pourraient s av rer tre l outil par excellence pour pr server les choses dans l tat o elles le sont 117 118 Bibliog
132. r cis ment la supr matie de la l gislature locale sur les organes judiciaires et ex cutifs Cette souverainet parlementaire donne ainsi de pleins pouvoirs au l gislateur qui n est alors soumis aucun pouvoir constituant En clair il est en quelque sorte son propre pouvoir constituant Par cons quent un Parlement ne peut ni imposer des r gles un Parlement subs quent ni lui prescrire une mani re d agir de voter ses lois ou de modifier l ordre juridique en place Or l tablissement de majorit s renforc es s inscrit difficilement avec un syst me fond sur la souverainet parlementaire En effet un Parlement ne peut voir sa souverainet conditionn e au respect d un texte constitutionnel rigide ou d une proc dure sp ciale de modification complexifi e par des majorit s renforc es tablir des majorit s renforc es dans ce contexte c est rompre avec le principe de souverainet parlementaire puisqu un Parlement la majorit ne peut rigidifier la prise de d cision sans imposer un fardeau suppl mentaire au Parlement futur Bien qu il existait avant l adoption de la Loi constitutionnelle de 1982 des conventions constitutionnelles faisant en sorte qu un nombre substantiel de provinces devaient approuver toute demande f d rale faite Londres en vue de modifier la Constitution aucun processus complexe et rigide de modification n tait pr vu formellement En effet la Constitution canadienne demeur
133. r majoritaire est alors balis au nom d int r ts sup rieurs En ce qui concerne le rapport entre le constitutionnalisme et la d mocratie des interrogations persistent quant la mani re de concilier constitution lev e au rang supral gislatif et souverainet parlementaire Autrement dit consid rer le pouvoir comme appartenant la majorit du peuple est difficilement conciliable avec le constitutionalisme lib ral qui conditionne l exercice du pouvoir politique toute une s rie de r gles de forme et de fond Ce questionnement accentue la concurrence entre deux visions de la d mocratie soit une vision moniste et une vision dualiste L id al qualifi de moniste concr tis en Grande Bretagne o il n existe aucun texte constitutionnel pouvant limiter le pouvoir des lus du peuple entre les lections se traduit en une souverainet absolue du Parlement Dans le monisme il n existe pas de dualit juridique Pour Spitz le moniste postule implicitement la r ponse une question capitale lorsqu il affirme que le vainqueur d une lection ouverte a le doit de gouverner avec l enti re autorit qui appartient au peuple 2 L id al qualifi de dualiste quant lui divise les actes l gislatifs en deux 21 Ibid 11 cat gories d un c t ceux appartenant au cadre l gislatif ordinaire autrement dit les lois n ayant pas une force supral gislative et de l autre les actes poss dant une valeur supr
134. r non seulement l existence mais aussi l importance des maijorit s qualifi es a taux d termin en droit canadien Cette forme de majorit renforc e se diff rencie par le fait qu elle hausse pr cis ment le taux d appui exprim n cessaire pour lier les autorit s Ces majorit s renforc es sont r centes ayant vu le jour sous l influence de la mont e du constitutionnalisme au Canada et du d clin de la souverainet parlementaire Les d bats parlementaires li s l adoption des majorit s renforc es permettent aussi de voir l influence de la question nationale qu b coise dans l instauration de ces supermajorit s Cette premi re forme de majorit qualifi e taux d termin se distingue de la seconde que nous tudierons dans ce qui suit puisqu elle d termine et pr cise a l avance le taux n cessaire pour rendre le r sultat de la consultation applicable En effet dans les exemples l gislatifs ordinaires ou constitutionnels mentionn s ci dessous le seuil d appuis exprim s devant tre atteint est pr alablement connu de ceux s exprimant Les diff rentes forces en pr sence sont ainsi en mesure de conna tre le niveau d appui n cessaire permettant de rendre le r sultat du scrutin applicable ce qui n est manifestement pas le cas des majorit s qualifi es taux ind termin et ind terminable 1 1 2 Les majorit s qualifi es taux ind termin et ind terminable D finition Cette deuxi me forme
135. raphie A L GISLATION Textes internationaux Pacte international relatif aux droits civils et politiques 19 d cembre 1966 999 R T N U 171 art 9 14 R T Can 1976 n 47 Textes de droit compar Code lectoral de la R publique de Bi lorussie 11 f vrier 2000 N 370 3 Code lectoral de la R publique kirghize Code lectoral fran ais Constitution de l Australie Constitution de la f d ration de Saint Kitts et Nevis Constitution de l Irlande Constitution de la Mac doine Constitution de la R publique de Bi lorussie Constitution de la R publique de Hongrie du 20 ao t 1949 Constitution de la R publique de Lettonie Constitution de la R publique de Lituanie Constitution de la R publique de Pologne Constitution de la R publique de Slov nie 119 Constitution de la R publique italienne Constitution de la R publique portugaise Constitution de la R publique slovaque Constitution de la Sierra Leone Constitution de la Su de Constitution du Danemark Constitution f d rale de la Conf d ration suisse du 18 avril 1999 R S 101 Loi des Pays Bas du 16 juillet 2001 portant dispositions provisoires en mati re de r f rendum Wet van 16 juli 2001 houdende tijdelijke regelsinzake het raadgevend correctief referendum Tijdelijke referendumwet Loi fondamentale de la Hongrie du 25 avril 2011 Loi relative l lection du Majlisi Oli de la R publique du Tajikistan du 10 d
136. rendum le professeur Massicotte souligne l iniquit qu entrainent les majorit s renforc es pour les diff rents camps s affrontant Rien ne justifie qu on impose l option adverse des exigences dont on se dispense soi m me Peu de choses rendent les lecteurs aussi cyniques que le spectacle de ces politiciens qui changent les r gles du jeu au gr de la conjoncture 1 Il est en effet peu quitable de modifier la r gle de majorit pour favoriser une option politique Cette rupture de l galit des camps ne peut se justifier sur une base objective 185 Massicotte supra note 65 la p 136 87 En favorisant un camp les chances de modifier l ordre juridique deviennent in gales certaines convictions politiques ayant plus de chances de l emporter Que ce soit le statu quo ou le d sir de changement l option favoris e a plus de chance de voir sa vision de la soci t l emporter Cet avantage conf r un groupe soutenant une id ologie particuli re est certes une diff rence de traitement L galit qu exige et contient la d mocratie se rapporte la conqu te ou l affirmation de la puissance politique qui est exerc e au sein des organes ou l affirmation de la puissance politique qui est exerc e au sein des organes et raison des fonctions de l tat Il s agit l de garantir l galit des chances dans la conqu te du pouvoir politique Le concept de majorit renforc e rompt ce
137. res travers le multiculturalisme d autre part Outre la pr sence de majorit s renforc es dans la Loi constitutionnelle de 198219 le Renvoi relatif la s cession du Qu bec et les nombreuses r actions suscit es par ce dernier ont galement ouvert la porte un usage accru des majorit s renforc es Dans cette d cision on retrouve le concept de majorit claire lequel est d fini de mani re qualitative et plut t abstraite Le seuil requis afin d engager des n gociations constitutionnelles est assign d une tiquette soit celle de majorit claire qui pourrait avoir pour cons quence de rehausser le seuil majoritaire a partir du quel le gouvernement f d ral accepterait de n gocier de bonne foi lors d un ventuel r f rendum sur la souverainet du Qu bec Cette utilisation somme toute impr cise de l expression majorit claire par la Cour Loi constitutionnelle de 1982 supra note 2 1 Renvoi relatif la s cession du Qu bec supra note 3 supr me a entra n par la suite l adoption d une loi f d rale 2 pr voyant elle aussi l tablissement de majorit s renforc es Des tensions inh rentes entre constitutionnalisme et d mocratie majoritaire Sur le plan des principes le recours aux majorit s renforc es met en cause diff rentes conceptions de la d mocratie de l galit 4 du constitutionnalismets et ultimement des rapports entre majorit s et minorit s dans une soci
138. res l gislatives canadiennes Ces derni res s exprimant en th orie au nom du peuple il devient int ressant de voir comment la norme majoritaire est rehauss e lors du processus de d lib ration de 187 Taillon supra note 104 la p 570 90 ces repr sentants 2 2 1 En second lieu nous aborderons la question de l instauration de majorit s renforc es au sein d organisations de la soci t civile consid rant leur pr valence 2 2 2 Enfin nous d montrerons l existence d une distorsion entre le r sultat du vote populaire et la repr sentation du peuple l int rieur de la chambre l gislative distorsion pouvant justifier un certain rehaussement du seuil majoritaire au del du seuil classique de 50 des voix exprim es 2 2 3 En d autres termes nous analyserons la relation qui existe entre le recours aux majorit s renforc es et l ad quation ou l absence d ad quation entre les r sultats parlementaires et la repr sentation politique l int rieur des chambres d assembl es 2 2 1 Les majorit s renforc es l int rieur des chambres l gislatives canadiennes La d mocratie indirecte est au centre de l activit d mocratique au Canada Tel que nous l avons affirm pr c demment la faible pr sence de r f rendums et de consultations directes de la population dans la pratique d mocratique canadienne entra ne inexorablement un recours la d mocratie repr sentative afin de permettre la d
139. respect e un deuxi me tour lectoral est organis avec les deux candidats de t te L lection a alors lieu la majorit simple sans quorum de participation 68 Tadjikistan Le Tadjikistan a aussi implant une majorit renforc e conditionnelle une participation taux d termin En effet l article 48 de sa loi lectorale nonce que pour que l lection soit valide 50 des gens habilit s a voter doivent participer au processus lectoral Advenant que plus de deux candidats posent 16 Loi relative aux lections l gislatives l Oliy Majlis de la R publique d Ouzb kistan tel qu amend e en d cembre 2012 Pour une version anglaise de la loi avant les amendements de 2012 voir OSCE Office for Democratic Institutions and Human Rights Elections of the Oliy Mailis of the Republic of Uzbekistan en ligne Legislationline org lt http www legislationline org documents action popup id 7649 gt Pour une version anglaise des amendements apport s a la loi voir Commission europ enne pour la d mocratie par le droit Commission de Venise Draft Law on Introduction of Amendments and Supplements to the Legal Acts of the Republic of Uzbekistan On Election of the Oliy Majlis of the Republic of Uzbekistan and On Elections to the Regional District and City Councils Kengash of People s Deputies en ligne Commission de Venise lt http www venice coe int webforms documents pdf CDL REF
140. rit qualifi e l article 4 2 implante une majorit conditionnelle a un niveau de participation Le vocabulaire utilis par la Constitution canadienne est quelque peu ambigu En effet la formulation choisie pourvu que cette prolongation ne fasse pas l objet d une opposition exprim e par les voix de plus du tiers des d put s de la Chambre des communes ou de l assembl e l gislative 192 pourrait soulever un d bat L opposition enregistr e doit elle s lever au tiers des votes enregistr s ou le nombre de votes enregistr s doit il plut t repr senter le tiers des membres de l assembl e pour que la prolongation soit refus e La diff rence entre les deux options est somme toute importante Comme nous l avons vu pr c demment la deuxi me option favorise les partisans de la prolongation puisque l absence d un d put rend plus difficile l obtention du tiers des voix lorsque le calcul est effectu en comptabilisant l ensemble des membres de l assembl e et non pas les votes enregistr s La formulation anglaise de cet article est plus pr cise et permet de croire qu il s agit en effet de la deuxi me option qui est privil gi e soit celle qui oblige d obtenir le tiers des voix des membres et non pas uniquement le tiers des voix enregistr es 1 Ainsi moins il y aura de d put s pr sents en chambre pour participer aux votes plus le pourcentage de ceux en d faveur devra tre important pour r ussir bloquer la prolon
141. rit s associ es d autres formes de conditions Plan De leur c t les majorit s conditionnelles associ es toute autre forme de conditions concernent d une part des conditions relatives au temps soit une obligation de r partition temporelle du vote 1 2 2 1 et d autre part des conditions en lien avec l espace soit les obligations de r partition g ographique du vote 1 2 2 2 1 2 2 1 L obligation de r partition temporelle 83 tienne Grisel Initiative et r f rendum populaires Trait de la d mocratie semi directe en droit suisse 3 d Berne St mpfli 2004 la p 128 Voir International IDEA Institute for Democracy and Electoral Assistance Voter Turnout from 1945 to 1997 A Global Report on Political Participation Stockholm 1997 la p 45 abstainers even increase the potential influence of those who do vote Walter Dean Burnham The Turnout Problem dans A James Reichley dir Elections American Style Washington D C Brookings Institution 1987 la p 97 84 85 46 D finition Cette autre forme de majorit conditionnelle l instar de la premi re rehausse le seuil majoritaire classique de mani re plus diffuse que le font par exemple les majorit s qualifi es taux d termin Ici les majorit s renforc es sont associ es des conditions de temps assurant une r partition temporelle des appuis En d autres termes il s agit d assujettir le seuil
142. rnement des hommes24 En rejetant la r gle consubstantielle la d mocratie du 50 1 des voix exprim es une certaine conception lib rale justifie la limitation des pouvoirs de la majorit et ce au nom de la protection des droits et libert s En somme sur le plan th orique le recours des majorit s renforc es nous confronte de nombreuses questions relatives aux principes de d mocratie d galit et de constitutionnalisme ainsi qu la conception de la majorit dans une soci t pluraliste Les majorit s renforc es doivent tre tudi es la lumi re de ces questionnements Pour ce faire il est n cessaire de bien cerner notre sujet de recherche et de se questionner de mani re pr cise sur l interaction existant entre les majorit s renforc es et les concepts de d mocratie et d galit pr sents en droit canadien Une tude 24 Ibid 13 Ce m moire propose une tude des diff rentes applications des majorit s renforc es Ces derni res peuvent tre d crites tel que mentionn pr c demment comme fous les proc d s emp chant la prise de d cisions suivant la r gle du 50 1 des appuis exprim s Autrement dit toute augmentation du nombre d appuis requis au del du seuil de 50 des voix exprim es est consid r e comme une majorit renforc e Ici nous chercherons donc tablir de quelle fa on et dans quelles circonstances le droit met en place diff rentes formes de majorit
143. ro supra note 61 au para 20 150 Ibid au para 22 131 Ibid au para 23 Enfin au para 27 de lavis la Commission conclut En bref la condition actuellement pr vue dans la loi sur les r f rendums est conforme aux normes internationales Toutefois la Commission fait les observations suivantes ce sujet a plus le niveau de participation est lev plus le r sultat du r f rendum aura de poids politique l int rieur comme l ext rieur du Mont n gro 65 Ainsi le r f rendum sur l ind pendance du Mont n gro a t tenu avec une condition de participation de 50 des lecteurs inscritsi 2 Cette majorit conditionnelle a t accompagn e d une majorit qualifi e En effet comme le stipulait la loi vot e par le Parlement du Mont n gro en mai 2006 55 des bulletins valides devaient appuyer l ind pendance pour que les acteurs politiques soient li s par le r sultat r f rendaire Cette d cision qui a eu des chos dans la presse qu b coise s s est d roul e dans un contexte particulier qui m rite d tre relat afin de bien comprendre les facteurs ayant men l tablissement de cette majorit renforc e Commission europ enne de la d mocratie par le Droit et le Mont n gro Premi rement il importe de noter que rien dans la constitution du Mont n gro ne pr voyait le recours une majorit qualifi e lors d un r f rendum En effet comme l non ait la Commissio
144. roits fondamentaux et des pr rogatives du peuple qu b cois et de l tat du Qu bec loi insistant sur le caract re essentiel d mocratique et non n gociable du seuil traditionnel de 50 1 des voix exprim es En adoptant cette loi le Qu bec cherchait non seulement d fendre le seuil classique mais d nongait aussi l utilisation de majorit s renforc es L article 4 de la loi est sans quivoque Lorsque le peuple qu b cois est consult par un r f rendum tenu en vertu de la Loi sur la consultation populaire chapitre C 64 1 l option gagnante est celle qui obtient la majorit des votes d clar s valides soit 50 de ces votes plus un 9 Loi concernant la consultation des citoyens sur la r organisation territoriale de certaines municipalit s L R Q 2003 c 14 art 43 ST Ibid Loi sur l exercice des droits fondamentaux et des pr rogatives du peuple qu b cois et de l tat du Qu bec L R Q c E 20 2 Ibid art 4 41 Bien que les r f rendums sur les d fusions n aient pas t tenus en vertu de la Loi sur la consultation populaire il est possible de voir un contraste au niveau des principes entre les deux textes l gislatifs D un c t une loi ayant un caract re fondamental fait l loge du seuil classique et de l autre une loi d organisation territoriale cr e une norme majoritaire d exception qui carte du coup le seuil du 50 1 des voix exprim es comme niveau permettant
145. s t utilis e Au Qu bec tel qu voqu dans la premi re section une majorit renforc e conditionnelle un taux de participation a aussi t utilis e lors des r f rendums infra tatiques sur les d fusions municipales112 Pr c dents canadiens En dehors de ces quelques exemples le rehaussement du seuil majoritaire est cependant loin d tre pratique courante au Canada dans les consultations directes de la population II semble que lors de tels exercices d mocratiques les lites politiques ne consid raient pas pertinent d augmenter le seuil majoritaire n cessaire En effet le r f rendum de 1948 sur l annexion de Terre Neuve au Canada n a pas t fait sous l gide d une majorit renforc e cette poque seulement 52 de la population avait accept l union en question s Les r f rendums de 1980 et de 1995 sur l avenir politique du Qu bec ont aussi respect le seuil majoritaire classique De plus tel que mentionn pr c demment la Loi sur l exercice des droits fondamentaux et des pr rogatives du peuple qu b cois et de l tat du Qu bec consacre aussi une majorit tablie 50 1114 l chelle f d rale les r f rendums sur la prohibition 1898 5 sur la conscription 1942 116 et sur l entente de Charlottetown 1993 117 ont galement t exempts de majorit s renforc es Enfin notons que la Constitution canadienne est compl tement muette quant l obligation d imposer un seuil ma
146. s 9 Charte des droits et libert s de la personne L R Q c C 12 Code civil du Qu bec Code d thique et de d ontologie des membres de l Assembl e nationale L R Q c C 23 1 Electoral Reform Referendum 2009 Act S B C 2008 c 9 Electoral Reform Referendum Act S B C 2004 c 47 121 Land Planning and Development Act S Y 1982 c 22 s 39 1 Loi concernant la consultation des citoyens sur la r organisation territoriale de certaines municipalit s L R Q 2003 c 14 Loi de 2007 sur le r f rendum relatif au syst me lectoral S O 2007 c 1 Loi lectorale L R Q c E 3 3 Loi sur l acc s aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels L R Q c A 2 1 Loi sur l Assembl e nationale L R Q c A 23 1 Loi sur l exercice des droits fondamentaux et des pr rogatives du peuple qu b cois et de l tat du Qu bec L R Q c E 20 2 Loi sur la consultation populaire L R Q c C 64 1 Loi sur la fonction publique L R Q c F 3 1 1 Loi sur la l gislature L R Q c L 1 Loi sur la transparence et l thique en mati re de lobbyisme L R Q c T 11 011 Loi sur le Parlement du Canada L R C 1985 c P 1 Loi sur le Protecteur du citoyen L R Q c P 32 Loi sur le V rificateur g n ral L R Q c V 5 01 Loi sur les compagnies L R Q c C 38 Mariage Act R S A c M 6 s 1 1 The Referendum and Plebiscite Act S S 1990 91 c R 8 01
147. s Massicotte La r forme de la proc dure r f rendaire qu b coise r flexion sur quelques enjeux dans Pierre F C t dir D mocratie et r f rendum la proc dure r f rendaire Actes du colloque du d partement de science politique de l Universit de Montr al Montr al Qu bec Am rique D partement de science politique Universit de Montr al 1992 117 la p 134 40 appuis mais ce pourcentage d appui devait atteindre un seuil repr sentatif a l int rieur de la population habilit e voter Plus pr cis ment le r f rendum n tait valide que si le seuil de 50 d appuis repr sentait au moins 35 des lecteurs inscrits Par cons quent la victoire du camp d fusionniste tait plus difficile obtenir puisqu un gain la majorit des voix exprim es pouvait tre insuffisant advenant que les votes affirmatifs correspondent moins de 35 des lecteurs inscrits Si cette forme de quorum ind termin n tait pas atteinte la r ponse donn e par les lecteurs ne pouvait alors pas tre consid r e comme affirmative Les absents se retrouvaient implicitement voire contre leur gr assimil s des partisans du statu quo Loi sur l exercice des droits fondamentaux et des pr rogatives du peuple qu b cois et de l tat du Qu bec est int ressant de noter que cette utilisation d une proc dure de majorit renforc e tranche notamment avec la Loi sur l exercice des d
148. s du tiers des d put s de la Chambre des communes ou de l assembl e l gislative 191 En premier lieu la proc dure de prolongation du mandat d une assembl e est encadr e par une limitation du contexte dans lequel son utilisation est permise Ainsi l ext rieur d un contexte de guerre d invasion ou d insurrection il serait ill gal de prolonger le mandat de l assembl e au del de cing ans A cet encadrement la Constitution ajoute une majorit renforc e M me si plus de 50 des voix d une assembl e taient exprim es en faveur d une prolongation de mandat celui ci ne pourra tre prolong si plus du tiers des d put s votent en d faveur de la prolongation Majorit qualifi e s agit ici dune majorit qualifi e puisque malgr l accord de plus de 50 des membres d une assembl e en faveur d une prolongation une minorit de parlementaires le tiers pourra bloquer le processus Une minorit de d put s pourrait ainsi faire obstacle la volont majoritaire de la chambre exprim e lors du vote en question D s lors il est possible de dire que le seuil majoritaire est rehauss aux deux tiers pour rendre la d cision de prolongation valide 1 L article 4 1 de la Charte canadienne pr voit que le mandat d une assembl e ne peut pas tre de plus de 5 ans 191 Charte canadienne supra note 48 art 4 2 93 Majorit conditionnelle En plus de rehausser le seuil majoritaire par une majo
149. s et leurs impacts 101 Auer Malinverni et Hottelier supra note 60 la p 474 54 99 Partie 2 la vari t des contextes o s impose une red finition du seuil majoritaire pour une approche diff renci e de l tablissement de majorit s renforc es Tel que nous l avons d montr les majorit s renforc es peuvent prendre plusieurs formes En outre elles sont appliqu es dans des situations fort diverses Dans la pr sente section nous tenterons de d tailler ces diff rents contextes d tablissement des majorit s renforc es qui m ritent d tre distingu s En effet il est n cessaire de ne pas confondre les diff rents forums o est op r e une red finition du seuil majoritaire afin d arriver une th orie g n rale nuanc e des majorit s renforc es qui soit valable en toutes circonstances Cette distinction permettra d viter le pi ge de formuler des commentaires g n raux qui ne seraient applicables a tous les contextes o sont tablis des majorit s renforc es et ce malgr la vocation commune de ces derni res Plan Dans cette optique l analyse portera d abord sur les majorit s renforc es appliqu es dans le cadre de scrutins que ce soit l occasion de scrutins r f rendaires ou de scrutins lectoraux 2 1 Dans un second temps nous examinerons les majorit s renforc es appliqu es l ext rieur de scrutins que ce soit au sein des parlements ou travers diverses organi
150. s inscrits Cette forme de majorit conditionnelle appara t pour certains comme plus l gitime que les autres puisqu elle pr serve en apparence l exigence classique du 50 1 pour ensuite l appliquer l ensemble du demos en question Malgr une certaine rationalit apparente ce proc d n est que tr s rarement rencontr Il n est pas utilis au Canada et seulement 4 des 49 tats des tats Unis qui exigent une ratification par r f rendum des modifications constitutionnelles pr voient l obligation d obtenir une majorit des inscrits Quant aux autres majorit s conditionnelles de participation taux ind termin elles sont la forme la plus commune de conditions de participation Le taux d agr gation varie toutefois d un syst me l autre Canada Il est possible de r pertorier des exemples au Canada de ce genre de quorum taux ind termin Tout d abord au niveau l gislatif ordinaire le Qu bec a utilis ce type de proc d lors d un r f rendum infra tatique visant l organisation territoriale de ses municipalit s En 2004 lors du r f rendum sur les d fusions municipales le gouvernement du Qu bec avait impos une majorit conditionnelle En effet pour qu une ancienne ville puisse tre d fusionn e les partisans d un retour aux anciennes municipalit s devaient non seulement obtenir 50 des 64 e5 Auer Malinverni et Hottelier supra note 60 la p 20 Loui
151. s occurrences o celui ci s exprime de mani re indirecte dans la vie politique sont beaucoup plus nombreuses dans les d mocraties occidentales modernes En effet le peuple ne pouvant donner son avis sur toutes les d cisions de la Cit il doit confier des lus le pouvoir politique Cette expression indirecte de la souverainet prend donc une grande importance puisque contrairement aux scrutins les forums indirects sont les lieux communs et usuels de la vie politique au Canada Cette section vise donc situer les majorit s renforc es dans le cadre de l exercice de la d mocratie repr sentative soit a l ext rieur de scrutins En d autres termes nous analyserons le rehaussement du seuil majoritaire lors de la prise de d cisions a l int rieur des chambres l gislatives canadiennes et dans certaines organisations de la soci t civile En effet le seuil de la majorit dans les diff rentes assembl es l gislatives ou organisations n est pas toujours de 50 1 des votes exprim s par les repr sentants Diff rents m canismes sont utilis s afin de rehausser le seuil de majorit permettant la prise de d cisions Que ce soit travers des majorit s qualifi es ou des majorit s conditionnelles le seuil de majorit se retrouve tre rehauss au del du 50 des suffrages exprim s Plan L analyse portera donc dans premier temps sur l tablissement des majorit s renforc es l int rieur des chamb
152. sations de la soci t civile 2 2 2 1 Les majorit s renforc es dans le cadre de scrutins Notre tude des contextes d application des majorit s renforc es d bute par les lieux d expression directe de la volont populaire c est dire les scrutins Ceux ci prennent d abord la forme de r f rendums ou de pl biscites et d initiatives 56 Habituellement ces scrutins portent sur une question pr cise et ne font intervenir les repr sentants politiques que pour donner suite au r sultat populaire Avant d aller plus loin il importe de noter que nous ne pr tendons pas que ces proc d s consacrent l av nement d une d mocratie directe dans les pays en faisant l usage Tout au plus ils permettent au peuple de s exprimer directement Comme l affirmait le professeur Maurice Duverger on distingue deux sortes d interventions directe des citoyens dans la vie politique les assembl es g n rales de citoyens prenant eux m mes les d cisions qui constitue la d mocratie directe au sens traditionnel du terme et la participation des citoyens a une d cision labor e par leur repr sentants qu on appelle d mocratie semi directe 1 2 Ainsi les majorit s renforc es pr sentes dans le cadre de scrutins r f rendaires feront l objet d une premi re section 2 1 1 L expression directe de la volont populaire se manifeste par ailleurs en contexte lectoral alors que les citoyens sont ap
153. ssort de ces informations qu il n existe pas de normes contraignantes internationalement reconnues concernant le niveau de participation aux r f rendums en g n ral Toutefois compte tenu d une part de la documentation constitutionnelle comparative et d autre part de la n cessit d assurer la l gitimit des r sultats dans le contexte concret de la Serbie Mont n gro la Commission conclut que l exigence que la majorit du corps lectoral ait particip au scrutin r f rendaire pour qu il soit valide est conforme aux normes internationales130 La Commission a donc soutenu une position neutre sugg rant tout au plus l tat du Mont n gro de ne pas changer les r gles qui la r gissent l int rieur de la Serbie en mati re de r f rendum Des propositions ont t faites pr c demment au Mont n gro afin d liminer l exigence d une participation minimum au r f rendum sur l ind pendance La Commission ne serait pas favorable l adoption d une mesure dans ce sens au stade actuel Dans la mesure o la loi sur les r f rendums article 37 qui s applique a tous les types de r f rendum pr voit un niveau d termin de participation il ne serait pas justifi que le r f rendum sur l ind pendance n cessite un niveau de participation inf rieur celui qui est exig pour un r f rendum sur un quelconque autre sujet s 129 Commission europ enne pour la d mocratie par le droit Avis sur le Mont n g
154. stables par rapport au mod le id al de la d mocratie r f rendaire puisque ce sont les gouvernants qui imposent alors au public des conditions arbitraires de validit du vote Pourquoi exiger quarante 40 plut t que 45 ou 33 des lecteurs inscrits Et pourquoi ne pas avoir les m mes exigences propos du vote des parlementaires Dans une soci t de droit il est difficile voire impossible de 57 Voir Albert Venn Dicey The Introduction to the Study of the Law of the Constitution Londres MacMillan and Co 1889 la p 189 Ibid Vincent Lemieux Le r f rendum et la d mocratie au Canada dans Peter Aucoin dir Le gouvernement repr sentatif et la r forme des institutions tude n 38 Ottawa Commission 33 justifier des mesures ayant une telle marge de discr tion qu elles deviennent arbitraires Du reste la question de la d termination du seuil et du corps habilit le d terminer ne peut se faire sans un part trop importante d arbitraire Nous analyserons maintenant un deuxi me type de majorit s renforc es les majorit s conditionnelles qui op rent un rehaussement de la norme majoritaire classique de mani re beaucoup plus subtile que les maijorit s qualifi es classiques 1 2 Les majorit s conditionnelles Plan d taill Les maijorit s conditionnelles deuxi me type de majorit s renforc es sont celles qui sont associ es a la r alisation d une condition aya
155. suffrage direct En effet le Canada tant une monarchie constitutionnelle c est plut t un r gime fond sur l h r dit de la Couronne britannique qui pr d termine qui sera le chef d tat Droit compar Sans pr tendre une exhaustivit totale nous avons dress la liste des pays qui rehaussent le seuil majoritaire lors d lections au poste de chef de l tat Bi lorussie Tout d abord la Bi lorussie a implant une majorit renforc e conditionnelle un taux de participation pour ses lections pr sidentielles Ainsi pour tre lu au premier tour 50 des lecteurs doivent participer au processus lectoral et le candidat doit obtenir 50 1 des suffrages exprim s 2 Advenant qu aucun candidat ne l emporte au premier tour cette condition de participation est diminu e 25 lors du second tour175 Bulgarie Kirghizstan Lituanie Mac doine La Bulgarie a aussi conditionn la victoire lectorale de son chef d tat une condition de participation de 50 des 172 Code lectoral de la R publique de Bi lorussie supra note 162 art 82 173 Ibid art 83 82 personnes inscrites sur la liste lectorale 74 Le Kirghizstan gt et la Lituanie ont eux aussi implant ce m me type de majorit renforc e Pour la Mac doine ce pourcentage est de 40 17 Sierra Leone Malgr la pr carit des institutions d mocratiques de la Sierra Leone nous trouvons pertinent de me
156. t 16 N 16 16 80 leur candidature et qu aucun ne r colte 50 des voix et ou que le taux de participation soit inf rieur 50 un deuxi me tour lectoral est organis 0 Turkm nistan Enfin le Turkm nistan utilise les m mes r gles lectorales que le Tadjikistan o 50 des gens habilit s voter doivent participer pour rendre le scrutin effectif Eux aussi ont donc tabli une majorit renforc e conditionnelle un taux de participation d fini pr alablement tel que l nonce l article 43 de leur loi lectorale171 Bilan Bref dans les lections l gislatives les majorit s renforc es sont peu pr sentes Tout au plus il est possible de remarquer l existence de maijorit s conditionnelles une participation des taux parfois d termin s parfois ind termin s Le rehaussement du seuil majoritaire dans les scrutins l gislatifs demeure donc somme toute tr s marginal Non seulement peu de pays utilisent ce type de rehaussement mais il est aussi possible de constater que leur utilisation est concentr e dans les anciennes r publiques sovi tiques Enfin aucun pays n utilise de majorit qualifi e pour augmenter le seuil majoritaire lors d lections l gislatives 2 1 2 2 Les majorit s renforc es dans le cadre de scrutins ex cutifs 170 lf in single mandate constituency more than two candidates for the deputy of Majlisi namoyandagon were proposed for voting a
157. t le Parlement ne pouvait d aucune fa on tre contraint par un parlement ant rieur ni voir sa souverainet diminu e par une norme sup rieure Du reste le l gislateur ne voyait pas la pertinence d assortir les consultations populaires de maijorit s renforc es les r f rendums tant uniquement consultatifs il n tait pas n cessaire de d finir un seuil Or cette tendance s est progressivement modifi e Deux points tournants nous semblent rendre compte de ce revirement il s agit d abord de la Loi constitutionnelle de 1982 et ensuite du Renvoi relatif a la s cession du Qu bec Ces deux textes ont introduit ou du moins ont mis en place les conditions favorables l tablissement ou l accroissement des majorit s renforc es en droit canadien en nourrissant une conception canadienne du constitutionnalisme lib ral d une part et une certaine crainte pour l unit canadienne d autre part Depuis les maijorit s renforc es sont de plus en plus pr sentes au Canada Une br ve recension de quelques lois provinciales adopt es depuis 1998 date du Renvoi et de certains articles de la Loi constitutionnelle de 1982 permet de constater non seulement l apparition de majorit s renforc es mais aussi leur utilisation de plus en plus fr quente au Canada En effet trois provinces soit l Ontario la Saskatchewan et la Colombie Britannique ont notamment tabli par voie l gislative l tablissement de maj
158. t Renvoi R solution pour modifier la Constitution supra note 9 Renvoi relatif la s cession du Qu bec supra note 3 Renvoi Comp tence du Parlement relativement la Chambre haute 1980 1 R C S 54 Voir notamment Multani c Commission scolaire Marguerite Bourgeoys 2006 1 R C S 256 Syndicat Northcrest c Amselem 2004 2 R C S 551 Nguyen c Qu bec ducation Loisir et Sport 2009 3 R C S 208 Alberta c Hutterian Brethren of Wilson Colony 2009 2 R C S 567 Saguenay Ville de c Mouvement la que qu b cois 2013 QCCA 936 question par plusieurs acteurs politiques canadiens ce postulat m riterait notre avis de faire l objet une analyse juridique plus approfondie Au Canada comme par ailleurs dans toutes les d mocraties la l gitimit politique d agir repose sur l appui majoritaire du plus grand nombre Cet appui majoritaire doit videmment tre d fini Comment trouver le seuil ad quat pour assurer la l gitimit et la repr sentativit des d cisions politiques Est ce que l appui majoritaire repose sur l accord de tous ceux ayant la capacit de s exprimer ou sur l accord de ceux qui ont exprim leur opinion Pour tre en mesure de se consid rer l gitime d agir est ce qu un nombre minimal de participants doivent avoir collabor au processus d mocratique Au del de l expression d une majorit ponctuelle comment v rifier si cet appui majoritaire perdure dans le temps Entamer un pr
159. taires et pour une partie de l opinion publique le r sultat du r f rendum de 2005 devait mener une r forme du mode de scrutin puisque le plus grand nombre des lecteurs s tant exprim s avait appuy le changement propos Le seuil classique ayant t atteint plusieurs consid raient l option vot e comme tant l gitime et contraignante pour le gouvernement Les propos du parlementaire J Horgan de la Colombie Britannique sont d ailleurs vocateurs a ce sujet Ce dernier explique le sentiment populaire qui pr valait apr s le r f rendum de 2005 In light of the public sentiment that followed what many perceived to be a successful referendum in 2005 why is it that the government chose to carry on with a supermajority as they did the first time around Il semble donc vident que pour une partie de la population l atteinte du seuil classique correspondait au seuil l gitime et ce malgr tablissement d une majorit qualifi e Ce r sultat ambigu a d ailleurs pouss le gouvernement consulter de nouveau la population 2e r f rendum en Colombie Britannique Lors du deuxi me r f rendum tenu en 2009 uniquement 38 de la population a vot en faveur du changement propos STV le contexte politique ayant vraisemblablement chang La Colombie Britannique na donc pas modifi son mode de scrutin face des r sultats nettement plus d cisifs que lors du premier scrutin Le gouvernement a respe
160. teinte du seuil classique le nombre d appuis n est pas consid r comme suffisant par les autorit s politiques Plan d taill Comme il sera possible de le constater ce type de majorit renforc e peut prendre plusieurs formes Nous analyserons tout d abord deux formes de conditions de participation soit les quorums taux d termin 1 2 1 1 et ceux taux ind termin 1 2 1 2 et laborerons par la suite une position plus critique relative au droit l abstention 1 2 1 3 venant relativiser les diff rentes mani res dont s organisent les majorit s conditionnelles un niveau de participation 1 2 1 1 Les quorums taux d termin D finition Les quorums taux d termin sont des proc d s de majorit renforc e o la condition de participation n cessaire est connue avant le scrutin Il est ainsi possible de d terminer pr cis ment le nombre d lecteurs devant participer au scrutin pour que ce dernier soit consid r comme contraignant par les forces politiques En somme il s agit de d cider avant le scrutin combien de personnes devront participer pour que le r sultat puisse tre consid r comme l gitime D s lors il faut s assurer la d termination d une condition pr alable la validation du r sultat Sans l atteinte du quorum les autorit s qui arbitrent le scrutin ne s attarderont m me pas a la teneur des votes exprim s et ce malgr un appui exprim au del de 50
161. tifiant l tablissement de majorit s renforc es dans le cadre de scrutins Il nous appara t ici opportun de l approfondir afin d en saisir les subtilit s Le 21 mai 2006 484 718 Mont n grins taient appel s se prononcer sur la souverainet du Mont n gro Ce r f rendum visait faire du Mont n gro une r publique ind pendante de la Serbie 25 86 49 des lecteurs inscrits ont particip au processus r f rendaire 26 De ce nombre 230 711 ont vot en faveur de l ind pendance du Mont n gro soit 55 50 des votes valides 27 Ici une loi sp ciale avait t adopt e par le Parlement du Mont n gro le 1er mai 2006 afin de d terminer sous quelles conditions un r sultat en faveur de l ind pendance pourrait tre consid r comme valide Les parlementaires mont n grins avaient ainsi choisi d assortir le seuil majoritaire de deux types de majorit s renforc es soit une majorit qualifi e et une majorit conditionnelle un niveau de participation D une part la loi incluait l obligation d un taux de participation minimum de 50 des lecteurs inscrits D autre part une d cision en faveur de l ind pendance devait recueillir un appui de 55 des votants128 Il est int ressant ici de s attarder a la situation qui pr valait avant ce r f rendum pour voir quelles normes r gissaient les r f rendums l poque Avant la consultation de mai 2006 la loi du Mont n gro sur les r f rendums pr vo
162. tionnelle de 2011 il s agissait plut t d un quorum de 25 tel qu appliqu lors du r f rendum de souverainet et lors du r f rendum constitutionnel obligatoire d adh sion l Union europ ennet rlande L Irlande pr voit un r f rendum l gislatif extraordinaire obligatoire Ce r f rendum est d clench si la majorit des s nateurs et le tiers des membres de la chambre basse Dail Eireann en font la demande au Pr sident Pour que le projet de loi soit abrog une majorit d lecteurs doit se positionner contre le projet de loi et repr senter un tiers des lecteurs inscrits 47 L Irlande rehausse donc son seuil majoritaire par une majorit renforc e conditionnelle a un taux de participation non d termin A ce jour aucun r f rendum de ce type n a t 141 Ibid art 42 1 142 Ibid art 42 5 143 Loi fondamentale de la Hongrie du 25 avril 2011 art 8 4 144 Constitution de la R publique de Hongrie du 20 ao t 1949 art 28C 5 Malgr qu il ne soit pas sp cifi que la clause s appliquait nous tendons notre interpr tation de r f rendum national ne la question de la souverainet Ibid art 79 148 Constitution de l Irlande art 27 1 147 Ibid art 47 2 71 organis en Irlande Cette pratique n est pas utilis e en Irlande lors des r f rendums constitutionnels o le seuil majoritaire demeure 50 1 des votes enregistr s 48 talie L Italie pr v
163. tte galit des chances en accordant un avantage un groupe d fini par ses convictions politiques avantage lui permettant de conqu rir plus facilement le pouvoir politique et de modifier l ordre juridique en place Les majorit s qualifi es cr ent donc une distinction sur la base des convictions politiques Une distinction est pratiqu e au niveau individuel en n accordant pas a tous le m me poids politique les voix exprim es tant soupes es eu gard a l option privil gi e Les suffrages ont ainsi une valeur relative diff rente Une distinction est aussi op r e l gard des groupes d favoris s par la majorit qualifi e En effet ces derniers doivent s acquitter de conditions suppl mentaires pour arriver a modifier l ordre juridique des conditions arbitraires qu eux seuls doivent remplir pour parvenir conqu rir le pouvoir politique 18 B ckenf rde supra note 180 la p 288 88 L implantation de majorit s renforc es lors de consultations directes de la population vient confronter directement l id al d galit et de non discrimination un id al ench ss dans la loi supr me du Canada II serait ainsi int ressant de confronter des lois canadiennes instaurant des majorit s renforc es lors de r f rendums avec l article 15 de la Charte canadienne des droits et libert s ou avec les prescriptions anti discrimination pr vues dans de nombreuses lois provinciales Conclusion En somm
164. ttre en exergue la majorit renforc e qui y a t implant e En effet il s agit du seul exemple que nous avons r pertori d une majorit qualifi e dans un contexte de suffrage lectoral Ainsi un candidat au poste de chef de l tat doit obtenir 55 des voix exprim es au premier tour pour tre lu178 Si ce seuil majoritaire n est pas atteint un deuxi me tour est organis avec les deux candidats ayant obtenu le plus haut pourcentage Lors de ce second tour le candidat qui obtient le plus de votes est lu172 En somme en contexte de scrutins ex cutifs les majorit s renforc es sont extr mement marginales Outre la Sierra Leone il n existe aucun exemple de majorit qualifi e et que de rares exemples de majorit s conditionnelles a des taux de participation Ainsi tout comme dans les scrutins r f rendaires le contexte des scrutins lectoraux n est donc pas propice l tablissement de majorit s renforc es en g n ral et l tablissement de majorit s qualifi es en particulier Comme il fut 174 175 Constitution de la R publique de Bi lorussie art 93 3 Code lectoral de la R publique kirghize art 65 3 Pour une version anglaise voir OSCE Office for Democratic Institutions and Human Rights Concerning the New Version of the Code of the Kyrgyz Republic on Elections in the Kyrgyz Republic en ligne Legislationline org lt http legislationline org documents action popup id
165. tutionnel vol 1 Les grands syst mes politiques Paris Presses universitaires de France 1978 ESPOSITO Fr d ric Vers un nouveau pouvoir citoyen Des r f rendums nationaux au r f rendum europ en Louvain la Neuve Academia Bruylant 2007 GRISEL Etienne Initiative et r f rendum populaires Trait de la d mocratie semi directe en droit suisse 3 d Berne Staempfli 2004 INTERNATIONAL IDEA INSTITUTE FOR DEMOCRACY AND ELECTORAL ASSISTANCE Voter Turnout from 1945 to 1997 A Global Report on Political Participation Stockholm 1997 PAPADOPOULOS Yannis KOBI Silvia et MORONI Isabelle Les processus de d cision f d raux en Suisse Paris L Harmattan 1997 ROUSSEAU Jean Jacques uvres compl tes t Ill Du Contrat social crits politiques coll Biblioth que de la Pl iade Paris Gallimard 2011 QVORTRUP Matt A Comparative Study of Referendums Government by the People 2 d Manchester Manchester University Press 2005 Articles BENYEKHLEF Karim D mocratie et libert s quelques propos sur le contr le de constitutionnalit et l h t ronomie du droit 1993 38 McGill L J 91 BLAIS Andr et MASSICOTTE Louis Electoral Systems dans LEDUC Lawrence NIEMI Richard G et NORRIS Pippa dir Comparing Democracies 3 d Sage Publications 2010 BURNHAM Walter Dean The Turnout Problem dans REICHLEY A James dir Elections American Style Washington D C
166. u r sultat dans sa globalit Les parlementaires de la Colombie Britannique ont justifi l utilisation de cette majorit renforc e en ces termes 89 90 91 Electoral Reform Referendum 2009 Act supra note 6 Loi de 2007 sur le r f rendum supra note 4 Voir Electoral Reform Referendum 2009 Act supra note 6 art 5 1 b qui nonce que le r sultat du r f rendum ne sera ex cutoire que si in at least 60 of the electoral districts more than 50 of the validly cast ballots vote that same way on the question 50 Hon G Plant We thought that putting that threshold at least 60 percent of the electoral districts spread the net out widely enough to give the regions the voice they need here without rendering it impractical to expect that the referendum would ever pass don t know that you want to give any particular corner of the province a veto over change But we did want to raise the stakes high enough so that we could be assured that support for change was widespread across the province as a whole hence the 60 percent first threshold and that there was support across most of the province for change That is the logic behind imposing the double majority requirement 2 Lors du premier r f rendum 77 circonscriptions lectorales sur 79 ont vot plus de 50 en faveur du changement de mode de scrutin Il s agissait de la quasi totalit des circonscriptions remplissant ainsi l obligation de r partitio
167. uble majorit pour les modifications constitutionnelles Critique Ce type de majorit renforc e augmente le poids relatif des lecteurs d une section permettant a la population de cette derni re de bloquer un projet malgr l appui majoritaire de l ensemble du corps lectoral L exemple suisse voqu ant rieurement est probant ce sujet En effet en Suisse pour valider un r sultat favorable lors d une consultation visant la modification de la Constitution il faut non seulement obtenir une majorit dans l ensemble du pays mais aussi une majorit de cantons C est ainsi que tous les cantons peu importe leur population ont le m me poids lorsque vient le moment de d terminer si le r sultat satisfait l obligation de r partition g ographique du scrutin En guise d exemple En mars 1995 il y avait 771 023 lecteurs dans le canton de Zurich contre 24 752 dans le Miguel Revenga Sanchez et Paz Sanchez Manzano R f rendum et r gionalisme en Espagne dans Henry Roussillon dir R f rendum et d mocratie Secondes assises de l Association des auditeurs de l Acad mie internationale de droit constitutionnel Toulouse Presses de l Universit des sciences sociales de Toulouse 1998 149 la p 155 Matt Qvortrup A Comparative Study of Referendums Government by the People 2 d Manchester Manchester University Press 2005 aux p 169 et 171 100 53 canton de Glaris participation
168. ugmentation du nombre d appuis n cessaire si minime soit elle tend devenir une forme de majorit renforc e Cette premi re section vise donc ordonner ces diff rents proc d s qui peuvent prendre comme nous le verrons subs quemment plusieurs visages Plan g n ral Les diff rents types de majorit s renforc es m ritent d tre tudi s de mani re distincte afin de rendre compte des nuances et des variations possibles en cette mati re Cette analyse permettra entre autres de d montrer que derri re des proc d s en apparence neutres se cache en v rit un rehaussement du nombre d appuis exig s En effet si certains types de majorit s renforc es sont manifestes d autres m canismes sont quant eux plus subtils dans leur mani re de se distancer du seuil majoritaire classique Pour y voir plus clair notre tude portera sur deux grandes familles de majorit s renforc es es majorit s qualifi es 1 1 o le pourcentage d appuis est rehauss plus de 50 1 et les majorit s conditionnelles c est dire celles qui sont associ es la r alisation d une condition ayant pour effet d augmenter le nombre d appuis requis 1 2 18 1 1 Les majorit s qualifi es Plan d taill Les majorit s qualifi es repr sentent probablement la cat gorie la plus connue de majorit s renforc es Les majorit s qualifi es sont toutes celles o la proportion ou le pourcentage des votes obtenir est
169. ule Bruce Ackerman Au nom du peuple les fondements de la d mocratie am ricaine Paris Calmann L vy 1998 la p 36 rigidifier les lois supr mes Diff rents m canismes sont par le fait m me tablis afin d op rer cette complexification des lois de nature constitutionnelle Pour r sumer les majorit s renforc es s inscrivent donc dans cette optique de rigidit des lois dites supr mes L appel aux majorit s renforc es devient un obstacle suppl mentaire la modification de ces lois leur accordant ainsi un caract re sp cial rigide et beaucoup plus durable dans le temps ce que vise essentiellement le constitutionnalisme Cependant dans son rapport au temps et la rigidit le constitutionnalisme soul ve des questions fort pertinentes D abord en quoi le pass le statu quo ou toute forme de conservatisme m riterait une plus grande protection Dans cette perspective une majorit renforc e assurerait une protection indue et suppl mentaire au syst me en place L tat perdrait de sa neutralit au profit d un certain conservatisme il favoriserait le statu quo au d triment du progr s Face pareille prise de position il est possible d opposer des th ses voulant qu il soit pr f rable de laisser une discr tion au peuple ou ses repr sentants puisque que c est a eux qu il revient de trancher au m rite les projets qui leur sont soumis Elaine Spitz dans son ouvrage sur la majorit
170. un cas bien pr cis Danemark Le Danemark a constitutionnalis deux types de majorit s renforc es lors de consultations directes de la population Tout d abord pour donner suite une modification constitutionnelle vot e par le Parlement Folketing la population doit tre consult e directement via un r f rendum constitutionnel La Constitution pr voit ainsi une majorit conditionnelle un taux de participation non d termin avant le scrutin comme modalit d acceptation du r sultat r f rendaire Le r sultat doit non seulement obtenir 50 1 des appuis exprim s mais la majorit doit aussi agr ger au moins 40 des lecteurs inscrits 140 Constitution du Danemark art 88 70 Ensuite dans un tout autre contexte il est pr vu constitutionnellement que le tiers des d put s peuvent exiger qu un projet de loi soit soumis a un r f rendum41 Pour faire chouer le projet de loi en question il faut que la majorit des votants et au moins 30 des lecteurs inscrits aient vot contre le projet Ce r f rendum est donc lui aussi soumis une condition de participation non d finie avant le scrutin Hongrie La Hongrie a tabli un rehaussement de son seuil majoritaire en exigeant un taux de participation d au moins 50 lors de r f rendums ou d initiativest43 Ainsi un vote majoritaire ne sera pas suffisant si ce quorum de participation n est pas atteint Avant la derni re r forme constitu
171. un r f rendum visant la s cession d une province la Chambre des communes analyse apr s la tenue du scrutin si la majorit recueillie est claire Pour ce faire elle tudie a l importance de la majorit des voix validement exprim es en faveur de la proposition de s cession b le pourcentage des lecteurs admissibles ayant vot au r f rendum c tous autres facteurs ou circonstances qu elle estime pertinents54 Ainsi en pratique la Loi sur la clarification tablit une majorit qualifi e taux ind termin et ind terminable c est dire un seuil de majorit red fini dont le pourcentage rehauss ne peut tre connu avant le scrutin La Loi sur la clarification cr e une majorit renforc e puisque la Chambre des communes ne se limite pas la simple constatation d un r sultat majoritaire mais analysera plut t l importance de la majorit des voix exprim es Cette mani re de faire laisse pr sager qu une majorit classique ne serait pas suffisante cr ant ainsi un nouveau seuil majoritaire non d fini clairement En l esp ce le seuil majoritaire est qualifi sans toutefois tre d fini La population comprend qu une majorit simple n est pas suffisante sans toutefois que le seuil n cessaire ne soit indiqu La Chambre des communes quitte donc le raisonnement math matique qui pr valait soit celui de constater uniquement si le r sultat atteint 50 1 des voix exprim es et ce au profit
172. utre exemple de cette tendance recourir depuis quelques ann es aux majorit s qualifi es dans les provinces anglo canadiennes Constitution canadienne de 1982 Ainsi nous pouvons constater que ces diff rents rehaussements du seuil majoritaire sont pr sents l int rieur de diverses lois ordinaires Cependant elles le sont aussi l int rieur de la loi constitutionnelle canadienne En effet dans un tout autre contexte la Loi constitutionnelle de 1982 enchasse une formule d amendement rigide et complexe qui se veut en soi une proc dure de majorit qualifi e Effectivement l article 38 de la Loi exige non pas le consentement d une majorit de provinces une modification constitutionnelle 4 The Referendum and Plebiscite Act Supra note 5 26 mais bien celui des assembl es l gislatives d au moins deux tiers des provinces dont la population confondue repr sente au moins 50 de la population de toutes les provinces Ceci est connu au Canada sous la formule des sept provinces sur dix repr sentant 50 de la population Ce processus de modification rigide de la Constitution s loigne l vidence du seuil de 50 1 des partenaires de la f d ration s tant exprim s puisque malgr l accord d une majorit simple de provinces aucun changement constitutionnel n est valide si le seuil d sormais d fini n est pas atteint Toujours dans la Loi constitutionnelle de 1982 mais cette fois ci dans le cadr
173. xte de scrutins r f rendaires et lectoraux pose les jalons d une critique g n rale de l utilisation de majorit s renforc es lorsque l ensemble de la population est interpel e En effet malgr leur faible pr sence tant au Canada que dans le reste du monde il semble opportun de s attarder ici l impact th orique qu ont les majorit s qualifi es sur le principe d galit entre les citoyens 84 L analyse des majorit s qualifi es en contexte de scrutin nous m ne nous interroger sur la compatibilit de ces derni res avec l galit de suffrage et les exigences de non discrimination en droit positif canadien En effet la participation gale de chaque citoyen dans l laboration de normes juridiques est alt r e par les m canismes de majorit s qualifi es Ici le vote de chaque lecteur n a pas la m me valeur puisqu il faut un plus grand nombre de voix pour que la d cision procure ses effets Cela consiste soupeser les voix de l un au profit d un autre Comme l expliquait le philosophe et professeur de droit allemand Bockenforde l galit juridique exige l galit num rique Si tous les citoyens doivent avoir des droits de participation politique gaux et de ce fait des chances gales d influence politique alors toute opinion politique doit tre pes e la m me aune 180 Autrement dit dans le cadre d une consultation directe soumise une majorit renforc e la valeur re
174. yait en son article 37 que la d cision par r f rendum est prise la majorit des voix des citoyens qui ont vot sous r serve que la majorit des citoyens ayant le droit de 124 OSCE Office for Democratic Institutions and Human Rights Republic of Montenegro Referendum on State status Varsovie 2006 a la p 23 en ligne Organisation for Security and Co operation in Europe lt http Awww osce org odihr elections montenegro 20099 gt La question pos e tait la suivante Do you want the Republic of Montenegro to be an independent state with a full international and legal personality i ge Office for Democratic Institutions and Human Rights supra note 124 ala p 23 id 128 Ibid la p 5 125 126 64 vote ait vot 2 Ainsi toute d cision ne pouvait devenir effective sans que la majorit des inscrits aient particip au processus r f rendaire tablissant ainsi une majorit conditionnelle un taux de participation Comme nous le d monterons par la suite cette proc dure n tait pas l poque et n est toujours pas une pratique utilis e majoritairement par les diff rents pays europ ens Tout au plus la Commission europ enne de la d mocratie par le Droit Commission de Venise laquelle rendu un avis tudiant le cas sp cifique du Mont n gro a stipul que cette pratique sans tre n cessaire en droit international n tait pas contraire aux pratiques europ ennes Il re

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