L`économie sociaLe et soLidaire face à La crise : simpLe
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1. travers la r vision g n rale des politiques publiques RGPP renforce la culture du r sultat qui saccommode mal d une attention particuli re la qualit des processus notamment l accompagnement progressif des personnes les plus vuln rables Les associations d ducation populaire comme les associations cultu relles ont d j vu leurs finances amput es les budgets nationaux consa cr s la vie associative entre 2008 et 2012 ont d j baiss de 36 ceux concernant l acc s la culture de 33 dans l ducation popu laire la diminution est de 20 source Les associations s enfoncent dans la crise Associations mode d emploi n 135 janvier 2012 Les collectivit s territoriales confront es la hausse des frais obligatoires freinent les d penses facultatives La politique nationale qui consistait 25 RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE L conomie sociale et solidaire face la crise simple r sistance ou participation au changement 3 Formalis par G Fauquet le principe de double qualit est au c ur de l conomie sociale On entend ainsi le fait que les acteurs sociaux b n ficiaires de l action entreprise sont gale ment les soci taires de la struc ture qui la produit 26 solvabiliser l usager davantage que la structure par des exon rations fiscales et encourager l emploi par des exon rations sociales se heurte des con2. prises les universit s recherche et formation et les collectivit s publiques des p les de coop ration s attachent renouveler l intercoop ration la fois entre entreprises de l conomie sociale et solidaire et avec les autres acteurs du territoire LESS porte cependant en germe un projet plus vaste de socialisation de l conomie qui r pond la fois aux contraintes actuelles et aux aspirations pour le futur Mais ce projet ne consiste pas en la simple multiplication des initiatives et organisations il repose davantage sur leur coordination et leur int gration dans une approche syst mique mettant l association la coop ration et la mutualisation au c ur et non plus la marge du syst me conomique alors pens autrement RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE mean L conomie sociale et solidaire face la crise simple r sistance ou participation au changement Conclusion vers une approche institutionnaliste de l ESS 32 La crise n e de l puisement du fordisme et accentu e par la d r gulation qui tait suppos le r soudre conduit un nombre croissant d conomistes valoriser le r le des institutions et des r gulations non marchandes dans l efficacit du fonctionnement du march lui m me Mais la crise r v le galement les limites de l intervention publique du fait de la complexit des interd pendances qui enrichissent les m canismes purement
3. e comme structurelle N 325 Suite aux transformations op r es par la crise la question de l autono mie et de l unit comme bases de renforcement du r le de PESS dans un nouveau mod le de d veloppement semble pos e Cette vision long terme s inspire des analyses de l histoire de ESS dans les transformations 27 RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE L conomie sociale et solidaire face la crise simple r sistance ou participation au changement 28 du capitalisme Demoustier 2001 Si PESS moderne est en effet n e avec le capitalisme sa nature et son r le ont t remodel s chaque crise structurelle On peut alors voir PESS dans la p riode actuelle la fois comme h riti re du pass une construction sociale d stabilis e par les contraintes actuelles mais aussi porteuse de nouvelles perspectives socio conomiques Des ant c dents historiques Depuis l affirmation du capitalisme qui a vu sa naissance PESS s est pro fond ment transform e Ces volutions ont t acc l r es chaque crise qui a red fini les bases du capitalisme Au milieu du xx si cle l associa tionnisme ouvrier port par les ouvriers qualifi s urbains combinait les soci t s de secours mutuels les associations ouvri res de production et de consommation les clubs et les biblioth ques ouvri res Il exprimait la fois un mode de r sistance collective la concurrence jug e destruc
4. la dette sociale que les plus fortun s ont par leur naissance contract e envers les pauvres De ce fait il a l gitim le r le de l Etat et notamment la fisca lit progressive du revenu et la g n ralisation de la protection sociale obligatoire par exten sion de la solidarit volontaire 30 les salari s dans les associations et les mutuelles entre les producteurs les consommateurs et les financeurs dans les Scic s ils ralentissent par fois la prise de d cision l ancrent non seulement dans le long terme mais aussi dans un consensus durable Ainsi les acteurs de PESS peuvent ils revendiquer une croissance qui libr e et non les illusions d une croissance acc l r e porteuse de multiples d s quilibres dans une conomie devenue tr s in galitaire Les comparaisons entre les volutions de chiffre d affaires et d effectifs des grandes structures d ESS avec les grandes entreprises lucratives montrent une croissance plus lente mais plus r guli re si lon fait abstraction des filiales financiaris es Un d veloppement plus durable La crise climatique et l puisement des ressources naturelles alertent sur les risques qui seront report s sur les g n rations futures Au del des questions pos es la coop ration agricole sur les m faits d une agri culture productiviste PESS peut contribuer la construction d une soci t cologiste orient e vers la mise en valeur
5. tablit une s paration claire entre le mode de gouvernance et le mode de gestion de l activit conomique Depuis le contexte a profond ment chang les associations ont forte ment d velopp leur activit conomique elles repr sentent aujourd hui 83 des tablissements de PESS en s autonomisant la fois de l acti vit domestique et de l action publique ce qui les conduit combiner bien davantage en leur sein action sociale culturelle politique et co nomique A l inverse la gestion bas e sur la pr dominance d une vision manag riale apparemment purement technicienne de l conomie a rendu possible ce que C Vienney a appel le retournement c est dire la prise de pou voir du management ou de la technostructure propre l entreprise sur les membres de l association Cette volution a consacr la n gation de la sp cificit des rapports socio conomiques au sein des entreprises de PESS ouvrant la voie de multiples cas de banalisation Les soci taires des coop ratives renouent avec les th ses de Walras 1865 et peuvent alors tre vus comme de simples actionnaires qui adoptent des r gles lar gissant l accessibilit au capital afin de faire de tous les salari s ou usagers des capitalistes Ceci peut conduire l isomorphisme Enjolras 1996 par la d mutualisation ou l instrumentalisation publique L absence de reconnaissance de la sp cificit des rapports conomi
6. adh rents de fa on volontaire RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE N 325 Dossier ESS de l approche entrepreneuriale une perspective institutionnaliste Les entreprises de PESS ob issent des comportements li s lengage ment des membres qu ils soient militants ou adh rents soci taires ou mutualistes et de plus en plus largement avec les parties prenantes Comme ce sont des entreprises d un type particulier les EESS continuent galement avoir le soutien de la population qui ne limite ses engage ments ni en dons mon taires ni en temps b n volat En interne l association des membres accro t la flexibilit du temps de travail voire des salaires frein dans les petites associations pond ration par la part travail dans les Scop La solidarit sous jacente se traduit par une moindre hi rarchie des salaires hormis dans les filiales Bisault 2012 Est ce en change d une certaine stabilit de l emploi On voit d une part que le turn over est moins important Chevallier 2010 et d autre part que les seniors restent plus longtemps Cides Chorum 2011 Inversement la crise qui touche plus fortement les petites associations aide domicile sport et culture montre que la pr carit de l emploi au lieu de n tre qu un mode de transition entre b n volat et salariat n est pas un gage de survie si elle s installe durablement Une vie d mocratique vigoureuse alimen
7. besoins sociaux et d aspirations sociales Il pourrait seulement s agir n anmoins d un simple report de crise pour des raisons internes l puisement des r serves les limites de lengage ment et de la solidarit et externes l approfondissement de la r cession la d gradation des finances publiques RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE N 325 Dossier ESS de l approche entrepreneuriale une perspective institutionnaliste 2 En Espagne alors que l emploi g n ral diminuait de 1 28 en 2010 la Conf d ration des coop ratives de travail annon ait une augmentation de 0 2 de l emploi Cicopa 2011 N 325 Les menaces de la r cession conomique La crise actuelle affaiblit les carnets de commande mena ant les emplois et les revenus alors que les budgets publics sont soumis de fortes tensions La hausse r guli re de l emploi dans PESS depuis 2000 autour de 2 par an s est ralentie 1 1 en 2008 1 5 en 2009 alors que l emploi priv hors ESS diminuait de 2 2 1 3 en 2010 Recherches et Soli darit s 2012 0 Les ann es 2010 et 2011 montrent les limites de la r sistance de ESS d abord pour un certain nombre de coop ratives du fait de leur inser tion sur les march s puis pour les associations d pendantes des finance ments publics Si les coop ratives ont globalement mieux r sist que leurs concurrentes OIT 2009 les coop ratives fran aises connai
8. d mocratie et la coop ration Une croissance moins cyclique Depuis les ann es quatre vingt marqu es par le processus de d r gu lation les conomies lib rales sont travers es par une succession de crises accentuant les ruptures dans les activit s et par cons quent la pr carit des individus fermetures d entreprises licenciements Un d veloppement moins cyclique peut s appuyer sur les entreprises qui ne recherchent pas la lucrativit maximale mais des r sultats conomiques et sociaux moins rapides mais r guliers L absence de cotation bour si re et l alimentation progressive du capital variable assurent en effet une certaine stabilit financi re ce sens du temps peut mobiliser une finance lente qui garantit une certaine continuit dans un uni vers conomique chaotique De plus les diff rents arbitrages n goci s pour de justes salaires et prix entre l investissement et les salaires dans les Scop entre les usagers et 29 RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE PESER L conomie sociale et solidaire face la crise simple r sistance ou participation au changement 4 R ponse au lib ralisme et au socialisme ce courant de pens e philosophique est clas siquement associ au d put fran ais radical L on Bourgeois qui a publi Solidarit en 1896 et la m R publique Il a forma lis l interd pendance entre les membres d une soci t ainsi que
9. fonctionnalit o la propri t collective favorise le droit d usage au del de l acc s li la propri t individuelle une conomie o la fonction habitat mobilit 33 RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE L conomie sociale et solidaire face la crise simple r sistance ou participation au changement 34 alimentation etc englobe le produit par l enrichissement des biens en services bouquet de solutions et o la transversalit de l approche n cessite la coop ration Gaglio et al 2011 A chaque grande p riode de crise c est dans un rapport dialectique entre la transformation des pratiques individuelles et collectives et le renou vellement des repr sentations critiques et alternatives que la soci t r in vente un mod le de d veloppement LESS dont on reconna t aujourd hui de nouveau publiquement l importance est approch e soit de fa on ins trumentale dans ses dimensions gestionnaire et palliative soit de fa on volontariste par son projet politique La question de son avenir long terme comme un ensemble coh rent d entreprises partageant une m me logique socio conomique se pose donc Il semble n cessaire d ouvrir le d bat afin que les conomistes sen emparent d s lors qu ils admettent que la sortie de crise ne se laissera pas enfermer dans la simple controverse entre lib ralisme et keyn sianisme RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SO
10. keyn siens Boyer 2011 On peut se demander si l entreprise d ESS ne devrait pas tre alors appr hend e partir de l approche institutionnaliste afin d en pr ciser la nature et le r le La nature de l entreprise institution ou simple n ud de contrats L entreprise n a pas de d finition juridique car le droit ne reconna t que des soci t s le contrat de soci t attribuant aux apporteurs de capitaux le pouvoir de d cision et l affection du profit Les autres contractants sont suppos s ext rieurs l entreprise La conception institutionnaliste de l entreprise consid re que sa finalit est multiple en raison de la parti cipation des diff rentes parties prenantes salari s fournisseurs clients collectivit s publiques etc et de son r le soci tal de fait La n cessaire institutionnalisation de l entreprise Un nouveau pacte ou compromis social labor dans la perspective d une institutionnalisation de l entreprise est aujourd hui indispensable Colletis 2012 Nous rejoignons ici les r flexions de ceux qui sou lignent que l entreprise ne devrait pas se confondre comme cela est le cas actuellement avec la soci t de capitaux Ayant une existence propre distincte de celle de la soci t de capitaux qui contr le son capital l entreprise devra l avenir tre fond e comme cat gorie conomique et aussi comme cat gorie du droit C est ce prix qu elle pourra tre le li
11. CIALE N 325 Dossier ESS de l approche entrepreneuriale une perspective institutionnaliste Bibliographie Bachet D 2007 Les fondements de l entre prise construire une alternative la domina tion financi re Ivry sur Seine Les Editions de l Atelier Baretto T 2011 Penser l entreprise coop rative au del du r ductionnisme du mains tream Annales de l conomie publique sociale coop rative vol 82 n 2 juin Ciriec international Bisault L 2012 L chelle des salaires est plus resserr e dans le secteur de l conomie sociale Insee premi re n 1390 f vrier Boyer R 2011 Les financiers d truiront ils le capitalisme Paris Economica Chevallier M 2011 Les coop ratives entre rationalit situ e et rationalit formelle th se en sciences conomiques Toulouse Cicopa 2011 Malgr les difficult s les coop ratives industrielles et de services continuent de r sister la crise et ses cons quences troisi me rapport annuel sur la crise juin Cides Chorum 2011 Etude sur le vieillis sement de la population salari e dans ESS et renouvellement des quipes http cides chorum fr CNCres 2012 Atlas comment de l conomie sociale et solidaire Juris associations Colletis G 2012 L urgence industrielle Lormont Editions Le Bord de l eau Demoustier D 2000 Les organisations d conomie sociale acteur de la r gulatio
12. Dossier ESS de l approche entrepreneuriale une perspective institutionnaliste L CONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE FACE LA CRISE SIMPLE R SISTANCE OU PARTICIPATION AU CHANGEMENT Enseignante chercheur l Ins titut d tudes politiques de Gre noble M l Daniele demoustier sciencespo grenoble fr Professeur en sciences co nomiques l universit de Tou louse M l Gabriel colletis univ tlse1 fr par Dani le Demoustier et Gabriel Colletis La compr hension des transformations du r le et de la place de l co nomie sociale et solidaire ESS dans les mutations actuelles n cessite un double changement de regard Il s agit d une part de combiner une approche de la crise actuelle appr hend e comme une crise conjonc turelle et une approche la consid rant comme structurelle et d autre part d enrichir l analyse traditionnelle de l entreprise de l conomie sociale et solidaire EESS comme la combinaison d une association et d une entreprise par une approche institutionnaliste Cette derni re caract re englobant permet d inscrire PEESS comme une construction sociale productrice de valeurs de normes et de r gles sp cifiques et donc comme un acteur du mode de r gulation socio conomique 1 Ce texte reprend les id es g n rales pr sent es par les auteurs soit en introduction soit en conclusion du colloque Jacques Cartier Au del de la crise un mod le conomique
13. ance vie 2300 milliards Le Cr dit coop ratif la Nef le Cr dit mutuel comme France Active peuvent donc accro tre l attractivit de leur offre solidaire L ESS amortisseur de crise Plus largement plusieurs indicateurs montrent que l ESS avec la protec tion sociale et plus largement l action redistributive de l Etat a permis d amortir les effets de la crise en termes d offre de cr dit mais aussi de cr ation d emplois de soutien la prise en charge de la sant ou bien de lutte contre l exclusion pour ne pas parler du maintien de la paix sociale L volution de l emploi est l indicateur le plus apparent et ma trisable au croisement de l action conomique cr ation d activit s et sociale insertion int gration Ainsi en dix ans 2000 2010 PESS a manifest une capacit de croissance r guli re des emplois 23 largement sup rieure celle de l conomie priv e hors ESS 7 pour atteindre le chiffre de trois millions de salari s soit un salari du priv sur huit Recherches et solidarit s 2010 Cette croissance rel ve la fois de sa participation la tertiarisation de l conomie notamment dans les secteurs relationnels cr atifs et finan ciers qui demandent une r elle confiance entre les consommateurs et les producteurs de la d centralisation une vitalit exprim e par le nombre de cr ations d associations locales et des attentes de la soci t en mati re de
14. argement occult par les politiques publiques qu elles ont aid es construire comme aiguillon ou comme cogestionnaire notamment dans l agriculture l action sociale la sant l ducation et le sport A partir de 1970 1980 l effritement du mod le fordiste le retour une concurrence exacerb e puis dans les ann es quatre vingt dix la financiarisation de la production la d r gulation du salariat et les r o rientations de largent public ont affaibli ces anciennes organisations remettant en cause leur mod le de croissance faillites des coop ratives de consommation des grandes Scop de grandes associations de tou risme social Dans le m me temps une multitude de nouvelles organisations le plus souvent associatives ont tent de prendre en charge les nouveaux besoins sociaux engendr s par la pauvret et l exclusion ainsi que les aspirations nouvelles l autonomie la d centralisation l quit et la solidarit La crise opportunit pour l affirmation de l efficacit d une ESS renouvel e Pour les organisations d ESS qui cherchent adopter des perspectives et des strat gies long terme la crise peut cependant offrir de r elles opportunit s pour participer construire un mode de d veloppement plus quilibr moins cyclique plus durable plus conome en ressources rares plus solidaire sur la base des solidarit s sociales et interg n ration nelles et mieux r gul par la
15. de nouveaux modes de production de consommation et d change par son ancrage dans la proximit son souci d autonomie ses capacit s d innovation et de mobilisation L conomie sociale et solidaire a t pr curseur dans le recyclage et le r emploi des biens tels que le papier carton le textile les d chets des quipements lectriques et lectroniques dans les circuits courts et les modes d change quitables Elle s investit de plus en plus dans les conomies d nergie les nergies renouvelables comme les coop ratives oliennes au Danemark ou Enercoop en France l co construction et la r habilitation dans une optique de production d centralis e Une approche globale cologique conomique sociale et politique ren voie une vision long terme et partag e ainsi qu une organisation collective Cette vision correspond aux bases de la coop ration alors que la r f rence aux biens communs trouve un cho dans la propri t col lective Ostrom 2010 Des rapports conomiques plus solidaires Face la mise en cause du pacte solidariste construit difficilement partir des premi res soci t s de secours mutuels au xixe si cle les orga nisations de solidarit volontaire ne peuvent se contenter de d fendre des go smes collectifs distinguant l int r t des membres de l int r t g n ral L enjeu actuel est en effet le renforcement et l imbrication d
16. en question Les perspectives et les contributions de l cono mie sociale et solidaire dans le cadre des XXIIIes Entretiens Jacques Cartier organis s les 22 et 23 novembre 2010 l IEP de Grenoble N 325 a fa on dont on situe l conomie sociale et solidaire ESS face la crise d pend de l analyse que l on fait de la crise elle m me est elle conjoncturelle comme le retournement d un cycle qui retrouverait spontan ment sa phase ascendante apr s l puration des segments toxiques ou structurelle qui n en finit pas de conna tre des soubresauts depuis la fin des ann es soixante dix et ne pourrait se r soudre d finitivement que par l affirmation d un nouveau mod le stable de d veloppement socio conomique Dans le premier cas d une crise cyclique ESS qui conna t un essor ind niable depuis 40 ans peut appara tre la fois comme sanctionn e pour ses d rives financi res et renforc e dans son r le amortisseur de crise mais aussi menac e par ses cons quences conomiques Dans le second cas celui d une crise qui serait analys e comme tant de nature structurelle l ESS pourrait soit ne se r v ler qu un mode transitoire ou partiel de gestion temporaire de crise soit s affirmer comme une modalit part enti re de la recompo sition d un nouveau syst me socio conomique sur la base de profondes transformations internes Loin de s opposer en termes
17. ent le m me objectif d am lioration de la condition ouvri re au sein du capitalisme Ce r le est progressivement d volu l intervention publique droit du travail droit social puis pro tection sociale m me si les organisations d conomie sociale participent chacune leur mesure et dans leur propre secteur d activit la construc tion des politiques publiques n cessaires aux salari s et aux PME appro visionnement acc s au cr dit professionnel structuration d activit s artisanales agriculture b timent imprimerie La crise des ann es trente voit ainsi une alliance se former entre le sec teur coop ratif et le secteur public naissant Mais issue de la Seconde Guerre mondiale c est l conomie publique qui marque son empreinte RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE N 325 N 325 Dossier ESS de l approche entrepreneuriale une perspective institutionnaliste sur la croissance dite fordiste alors que les organisations d conomie sociale continuent n anmoins de participer dans l ombre l acc s la consommation magasins Coop la sant mutuelles compl men taires au cr dit banques coop ratives aux loisirs associations tout en se sp cialisant et en se concentrant sur le mode industriel Elles prennent galement en charge une partie des co ts sociaux de la croissance dont les quipements sociaux et culturels Leur r le est n an moins l
18. erches et Solidarit s 2012 Les associations et la conjoncture sous la direction de C Bazin R Sue J Malet Recherches et Solidarit s Salles M coord Repr sentations mod les et normes pour l entreprise Droit et Soci t Paris n 65 p 21 26 Vienney C 1966 L conomie du secteur coop ratif fran ais Paris Cujas Vienney C 1980 Socio conomie des orga nisations coop ratives Paris Ciem Vienney C 1994 L conomie sociale Paris La D couverte coll Rep res Walras L 1865 Les associations populaires de consommation de production de cr dit Paris Dentu 35
19. es diff rents niveaux de solidarit pour en largir le p rim tre et la dyna mique g n rale solidarit s familiales par le soutien aux familles en difficult de voisinage en encourageant les liens sociaux de proxi mit professionnelle par l affirmation des collectifs de travail la r par tition de la valeur ajout e locale par la solidarisation de populations de plus en plus segment es nationale par de r elles politiques de coh sion RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE N 325 N 325 Dossier ESS de l approche entrepreneuriale une perspective institutionnaliste sociale et internationale par la coop ration Ouest Est Nord Sud LESS a une longue tradition de solidarit la fois interpersonnelle et de proximit solidarit de type associatif et plus anonyme sur une base alors largie plut t mutualiste Un nouveau mod le d articulation se cherche aujourd hui entre d une part des acteurs porteurs de dynamiques locales recr ant des solida rit s partielles de l assistance l auto organisation et d autre part des dynamiques horizontales et verticales L enjeu de ce nouveau mod le est d viter les errements de l enfermement localiste et de la bureaucratie litiste Une soci t plus r gul e sur un mode coop ratif Alors qu l issue de la crise des ann es trente la r gulation du capita lisme industriel a t principalement le fait de
20. es finances publiques on constate que les EESS se sont appuy es sur leurs principes sp cifiques de fonctionnement de gestion et de gouvernance principes qui les rendent moins sensibles aux al as conjoncturels Les EESS sont en effet r gies par des r gles statutaires qui offrent des remparts la financiarisation mais qui ouvrent galement la voie des relations conventionnelles sp cifiques Les questions statutaires concernent la r partition des exc dents la double qualit et le mode de gouvernance e la constitution de r serves impartageables du fait de la faible redistribu tion des exc dents explique l importance des fonds propres accumul s et la possibilit temporaire de puiser dans les r serves e la double qualit dans les coop ratives et les mutuelles permet l associa tion des usagers aux r sultats n gatifs comme positifs e le mode de gouvernance participatif permet l tablissement d un certain consensus au del du simple fonctionnement d mocratique paradoxale ment il peut expliquer galement la stabilit des fonctions de dirigeants L ensemble de ces caract ristiques permet d tablir une strat gie long terme l inverse de la dictature des actionnaires de se baser sur une finance lente plut t que sur un rapide retour sur investissement Ces caract ristiques statutaires d bouchent sur des accords plus conven tionnels librement tablis par les membres
21. eu de convergence d un projet productif rassemblant toutes les parties pre nantes en fonction de leur apport sp cifique et non en fonction du seul apport en capital Bachet 2007 Au c ur de l entreprise se trouve en effet non pas le capital mais l humain Les comp tences sont au centre de l entreprise innovante progr s partag Hatchuel et Segrestin 2007 L entreprise est consi d r e ici comme une organisation humaine inscrite dans la dur e Cette organisation selon nous est susceptible d articuler l inno vation la capacit des travailleurs cognitifs formuler et r soudre des probl mes in dits la formation permanente des comp tences la contribution de l entreprise au bien tre de ses parties prenantes et de la soci t et la pr servation de la nature Le propre d une institution tant en effet de produire des r gles et des normes sociales et culturelles Salles 2007 PEESS comme institution produit des valeurs qui lui sont sp cifiques mais qui pourraient avoir pour RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE N 325 N 325 Dossier ESS de l approche entrepreneuriale une perspective institutionnaliste vocation de s tendre d autres secteurs ou domaines En particulier le rapport largent des EESS est marqu par la non financiarisation et le refus de la sp culation Le rapport l espace n est pas celui d une simple localisation mais celui d une territorial
22. exclusifs ces diff rentes images de la crise des crises plut t se superposent s entrem lent et fa onnent aujourd hui les diff rentes dimensions de ESS L ambivalence du positionnement de l ESS doit tre examin e avec l il du gestionnaire quant au positionnement sur les diff rents secteurs d activit celui du juriste en ce qui concerne l adaptation des r gles 21 RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE L conomie sociale et solidaire face la crise simple r sistance ou participation au changement 22 mais aussi avec le regard de l conomiste pour peu que celui ci s int resse l histoire celle des crises en particulier afin de d finir la nature et le r le de PESS dans les mutations en cours Rappelons en effet que les th ses f condes de Claude Vienney sur l conomie sociale 1966 1980 1994 s inspirent largement de l analyse des coop ratives d velopp e par Georges Fauquet 1935 au cours de la crise des ann es trente en paral l le aux th ses keyn siennes Cette analyse consid re les coop ratives comme des associations de personnes cr ant et g rant des entreprises la diff rence des associations populaires sans activit conomique Fauquet tablit donc une fronti re nette entre l action politique ou sociale port e par des associations et l action conomique d velopp e par les coop ratives soutenues par les pouvoirs publics De plus il
23. ion au changement 24 strat giques Les banques coop ratives qui ont b ti leur internationalisa tion par louverture des capitaux ext rieurs gr ce la construction de filiales lucratives ou au rachat d institutions financi res comme Natexis pour les Banques populaires et les Caisses d pargne Casa et Calyon pour le Cr dit agricole sans grand contr le interne ont essuy de lourdes pertes Une gouvernance technocratique et la recherche de lucrativit illi mit e se paient aujourd hui d une perte d autonomie comme l illustre la constitution du grand groupe bancaire Banque populaire Caisse d Epargne BPCE d sormais sous tutelle de l Etat De son c t comme on le sait le Cr dit agricole a d op rer d importantes restructurations sans doute loin d tre achev es Traditionnellement banques de d tail et de proximit les banques coop ratives de base les coop ratives r gionales ont plut t bien r sist la plu part sont des pr teurs positifs et peuvent ainsi continuer alimenter le cr dit aux TPE et aux PME quand la demande se manifeste Mais la crise financi re a alert les pargnants sur l utilisation de leurs conomies Selon le barom tre Finansol La Croix Ipsos de plus en plus de Fran ais d clarent souhaiter privil gier la s curit et la solidarit un placement lucratif Avec un encours de 1 6 milliard d euros en 2008 la finance solidaire reste loin derri re l assur
24. isation Le rapport au tra vail est marqu par la reconnaissance de la valeur travail l accent mis sur la formation et le r le cl des apprentissages collectifs S agissant de la question des comp tences et de celle des conventions de qualit elles sont le r sultat soit de la culture de m tier notamment dans les Scop Barreto 2011 soit de la pression des usagers dans les associations Le rapport l usage est marqu non par l anonymat mais par la partici pation directe ou indirecte des usagers la construction des activit s Les EESS font ainsi preuve d une grande capacit innover mais leurs sources d innovation sont plus sociales ou socio conomiques que techniques Ces innovations sont de facto des compromis plus ou moins institutionnalis s La production de ces derniers rev t une importance particuli re dans la p riode pr sente en ce que les anciens compromis ne cessent d tre d construits ce qu exprime l usage r p t de termes comme d r glementation d r gulation ou encore r forme moderni sation etc Dans la p riode actuelle l conomie sociale et solidaire joue certes un r le contra cyclique mais surtout pourrait assumer une fonction d inno vation soci tale En tant qu institution socio conomique Demoustier 2000 elle peut en effet participer activement l laboration d un nou veau mode de r gulation composite Comme composante part en
25. la responsabilit tatique la sortie de la crise actuelle pourrait ouvrir la voie un mode de r gulation dans lequel la coop ration jouerait un r le plus important aux c t s de la concurrence et de la r glementation L chec du capitalisme financier et patrimonial et un certain retour de l intervention tatique dans l conomie interrogent l avenir d une r gu lation keyn sienne productiviste et nationale voire europ enne sans que soit exclu le retour d un capitalisme autoritaire sur le mod le du second Empire La crise climatique la tertiarisation des activit s le niveau d ducation de la population comme l irr versibilit de l internationalisation des changes des informations et des hommes posent des d fis nouveaux LESS commence tre per ue par les pouvoirs publics locaux comme un moyen de re territorialiser l conomie face aux menaces de d lo calisations et aux besoins de gisements d emplois Mais ESS propose galement apprentissage de nouveaux modes d change derri re les cir cuits courts c est une n gociation de la qualit et des prix n gociation qui a pour sens d chapper aux r gles du march qui sous pr texte d quivalence ent rine de fortes in galit s notamment entre les agricul teurs et la grande distribution ou encore entre les sous traitants et les grandes entreprises Alors que les clusters pr nent la coop ration territoriale entre les entre
26. n socio conomique Recma n 275 et 276 p 137 148 Demoustier D 2001 L conomie sociale et solidaire s associer pour entreprendre autre ment Paris Syros La D couverte Demoustier D Malo M C 2012 L conomie sociale et solidaire une co nomie relationnelle Question d identit et N 325 RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE de strat gie in Management des entreprises de LESS De Boeck para tre Enjolras B 1996 Associations et iso morphisme institutionnel Recma n 261 Fauquet G 1935 Le secteur coop ratif Paris Editions de l Institut des tudes coop ratives 1965 Gadrey J 2003 Socio conomie des services La D couverte coll Rep res Gaglio G Lauriol J du Tertre C 2011 L conomie de la fonctionnalit une voie nouvelle pour un d veloppement durable Toulouse Octares ditions Hatchuel A Segrestin B 2007 La soci t contre l entreprise Vers une norme d entreprise progr s collectif n Salles 2007 p 27 40 OIT 2009 Resilience of the cooperative business model in times of crisis rapport Ostrom E 2010 Gouvernance des biens communs De Boeck Polanyi K 1983 La grande transformation Gallimard Biblihoth que des sciences humaines Recherches et Solidarit s 2010 Economie sociale bilan de l emploi en 2010 en coop ration avec l Acoss Urssaf et la CCMSA C Bazin J Malet Rech
27. nnovation pour faire face aux nouveaux besoins sociaux Si une partie du d veloppement de ESS peut tre attribu e au secteur des services aux personnes lequel conna t une croissance continue depuis les ann es soixante dix il convient de s interroger sur le r le innovant jou par PESS en raison de sa nature propre Dans une approche consid rant la crise comme conjoncturelle l ESS appara t la fois sanctionn e pour ses d rives financi res renforc e dans son r le dx amortisseur et mena c e par les cons quences de la crise sur la situation conomique et sociale La crise est ainsi un bon r v lateur des sp cificit s statutaires et conven tionnelles des entreprises d ESS qui en p riode de croissance peuvent tre masqu es par la dynamique conomique induisant un certain iso morphisme celui ci conduit les consid rer comme accessoires La crise sanction de la financiarisation La d valorisation des actifs dits toxiques port s certes par des fonds sp culatifs mais aussi par des banques la recherche de r mun rations sp culatives tr s largement sup rieures aux performances de l cono mie r elle a fortement affect le bilan des soci t s cot es en bourse et a conduit des interventions publiques massives dans certains secteurs 23 RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE L conomie sociale et solidaire face la crise simple r sistance ou participat
28. ques au sein des entreprises d conomie sociale et solidaire FESS a rendu impossible la reconnaissance de la sp cificit de son r le dans le syst me productif et social CESS a alors t cantonn e aux activit s n cessaires mais d laiss es par le march ou l Etat des activit s r organis es par les acteurs qui en ressentent la n cessit sans avoir en retirer une rentabi lit Vienney 1994 Ce paradigme du ni ni a influenc les pouvoirs publics qui ont survaloris son r le palliatif prise en charge des popula tions des activit s et des territoires d laiss s bref des besoins sociaux non satisfaits voire innovateur laboratoire de nouveaux march s Aujourd hui par contraste avec ce cadre fortement limitatif semble se manifester la n cessit de d finir nouveau de mani re positive ESS partir d une approche socio conomique commune ses diff rentes composantes entrepreneuriales Les EESS peuvent ainsi tre vues comme RECMA REVUE INTERNATIONALE DE L CONOMIE SOCIALE N 325 Dossier ESS de l approche entrepreneuriale une perspective institutionnaliste des institutions socio conomiques non seulement ancr es dans le tissu social Polanyi Laville mais aussi internalisant des dimensions sociales ducatives culturelles le plus souvent externalis es par les entreprises lucratives qui se financiarisent consid r es alors comme de simples actifs liquides par leur
29. s actionnaires Colletis 2012 M me si depuis les ann es 80 les EESS sont de plus en plus ins r es sur des march s ou des quasi march s il est n anmoins d terminant de les consid rer comme des entreprises socio marchandes Ce qualificatif signifie que les EESS se situent simultan ment dans la perspective du march et de celle des besoins et des aspirations de la soci t La prise en compte de cette double perspective non seulement les prot ge de la finan ciarisation hormis par la filialisation lucrative mais les conduit aussi un d veloppement plus solidaire et quilibr dans une ventualit de transformation d un syst me socio productif qui pourrait tendre vers une conomie de la connaissance de la fonctionnalit et de la circularit Le renouveau th orique propos ici a pour objet de contribuer non seule ment rendre compte de la capacit de r sistance de ESS face aux diff rents moments de la crise mais aussi r v ler les capacit s de celle ci agir sur les mutations structurelles en cours R sistance de l ESS dans une crise consid r e comme conjoncturelle N 325 Depuis une trentaine d ann es ESS manifeste une certaine capacit de r sistance aux fluctuations conomiques mais galement un essor ind niable preuve d une grande attractivit conomique culturelle et sociale On peut m me consid rer que ESS dispose au del d une v ritable capacit d i
30. ssent une volution r cente plus diff renci e l emploi moyen a baiss de 1 7 en 2010 mais cette baisse a principalement affect les coop ratives agricoles et les Scop respectivement 3 et 2 alors que celles du com merce associ et d artisans continuent leur progression 1 7 et 1 5 preuve de l attractivit de la mutualisation entre PME et entre entrepre neurs individuels Les associations subissent depuis la fin 2010 les effets des restrictions budg taires alors que l action sociale avec h bergement continue sa pro gression en raison notamment des d penses obligatoires des conseils g n raux les associations d aide domicile sportives et culturelles souvent de petite taille voient leurs effectifs commencer baisser apr s une hausse rapide depuis vingt ans On observe de m me un ralen tissement du nombre de cr ations annuelles d associations apr s le pic de 73 000 en 2009 Les associations d action sanitaire et sociale d j affect es par des cou pures budg taires vont tre enserr es par la double contrainte de laug mentation des publics et de la diminution des budgets Les pouvoirs publics vont galement augmenter leur pression en diff rant les actions plus long terme au profit de l urgence et de la paix sociale Ils sont ainsi tent s de reporter sur le secteur associatif la prise en charge de popula tions de plus en plus nombreuses Le nouveau management public
31. te les d bats et permet des arbitrages entre les salaires et les emplois des propositions de flexibilisation du temps de travail et des revenus La solidarit interne se double d une solidarit externe comme l illustre le dynamisme de l intercoop ration La solidarit entre coop ratives accro t les capacit s de r sistance et d adaptation C est ainsi que contrairement aux apparences des p riodes fastes de croissance la capacit de mobili sation collective est un atout de r sistance et d innovation qui se r v le particuli rement pr cieux en p riode de r cession Mais il ne faut certes pas n gliger le risque d une dualisation de PESS entre une conomie innovante simple laboratoire de nouveaux mar ch s et une conomie palliative filet de s curit pour les anciens et les nouveaux pauvres Une telle dualisation serait le signe que lessor de PESS n est qu une phase n cessaire mais ph m re Une autre pers pective pourrait cependant s ouvrir avec la mise en vidence lors de ces p riodes difficiles des atouts de l internalisation des dynamiques poli tiques et sociales au sein de ces entreprises gr ce la non lucrativit et la gouvernance d mocratique En d pit d un certain discours autour de la responsabilit sociale de l entreprise ces dynamiques restent en effet largement absentes dans les entreprises qui se financiarisent et se d territorialisent l ESS face une crise consid r
32. ti re PESS pourrait c t des r gulations administrative et concurrentielle assurer une r gulation partielle de certaines activit s ou certains domaines sur un mode coop ratif Pour ce faire les acteurs de l ESS eux m mes et les pouvoirs publics doivent lui reconna tre r ellement et non pas seule ment formellement la sp cificit de conjuguer plut t que de hi rarchiser le d veloppement conomique et le d veloppement social Au del de la non financiarisation des entreprises de l ESS on peut penser que l ESS est bien adapt e pour contribuer une sortie de crise bas e sur un nouveau rapport entre l individu et la soci t entre l autonomie et l interd pendance entre la responsabilit individuelle et celle collective propre un plus haut niveau de connaissance et d innovation Dans une perspective d conomie de la connaissance l ESS met l accent sur les apprentissages collectifs sur les comp tences par l internalisation de l ducation tout au long de la vie au sein m me de l activit co nomique au del de la formation formelle Comme conomie de service relationnel Demoustier Malo 2012 elle se d veloppe par la co construction de services entre les producteurs et les utilisateurs par la mobilisation des parties prenantes et par limpor tance accord e la relation dans la transaction Gadrey 2003 LESS s int gre bien enfin dans une conomie de la
33. traintes financi res et fiscales croissantes L aide domicile a d j vu baisser les exon rations de charges sociales Les contrats aid s associa tifs ont stagn en 2009 2010 apr s une forte diminution en 2007 2008 Ainsi les associations qui ne peuvent plus mobiliser leurs adh rents autour d un projet associatif global et long terme risquent d tre de plus en plus d pendantes d une commande publique d cid e en dehors d elles et de voir leur action contenue dans des limites pr d finies autour d un grand nombre d objectifs court terme Enfin les mutuelles confront es la rationalisation du secteur de la sant et la concurrence des soci t s d assurances continuent n anmoins cro tre hors domaine agricole Mais elles acc l rent leur processus de concentration la croissance de l emploi 3 s effectue principalement sur un mode externe par l absorption d tablissements non mutualistes CNCres 2012 att nu es par une r gulation statutaire source de compromis sociaux Face la contraction des march s comme des financements publics les EESS ont mobilis leurs ressources financi res et humaines internes ainsi que la solidarit entre structures du fait de leur organisation f d rale ou territoriale mutualisation financi re immobili re de l emploi voire commerciale Ainsi partir de ces trois aspects de la crise des mar ch s financiers des activit s conomiques et d
34. trice des qualifications et des solidarit s ouvri res et l indigne salariat facteur de pr carit et de paup risme Il a connu son apog e lors de la r volution de 1848 en proposant une nouvelle organisation du travail autour de la revendication du droit au travail par le droit l association ouvri re ou entre chefs d atelier et ouvriers A partir de 1860 l essor de la grande industrie qui rend obsol te les petits ateliers aussi collectifs soient ils impose alors que le mouvement ouvrier abandonne progressivement les th ses proudhoniennes pour adopter l analyse marxiste une renaissance de l ESS sur la base de la division du travail une organisation professionnelle plus que territoriale une distinction entre la revendication sociale syndicalisme et la protection sociale mutualit et entre les coop ratives de production et celles de consommation Les pouvoirs publics reconnaissent alors la mutualit et la coop ration puis l association non professionnelle comme des ins titutions du progr s social pour reprendre le titre du rapport labor par Charles Gide sur le Palais de l conomie sociale lors de l Exposition universelle de Paris en 1900 D s le tournant du si cle sous l impulsion du solidarisme qui valorise l interd pendance globale plut t que l entraide mutuelle l conomie sociale n est cependant plus reconnue comme un ensemble coh rent d organisations qui poursuiv
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