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William Notman et les imaginaires photographiques de la chasse au

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1. UNIVERSIT DU QU BEC MONTR AL WILLIAM NOTMAN ET LES IMAGINAIRES PHOTOGRAPHIQUES DE LA CHASSE AU XIX SI CLE MONTR AL M MOIRE PR SENT COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MA TRISE EN TUDES DES ARTS PAR ANDR ANN LAHAIE OCTOBRE 2013 UNIVERSIT DU QU BEC MONTR AL Service des biblioth ques Avertissement La diffusion de ce m moire se fait dans le respect des droits de son auteur qui a sign le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles sup rieurs SDU 522 R v 01 2008 Cette autorisation stipule que conform ment l article 11 du R glement no 8 des tudes de cycles sup rieurs l auteur conc de l Universit du Qu bec Montr al une licence non exclusive d utilisation et de publication de la totalit ou d une partie importante de son travail de recherche pour des fins p dagogiques t non commerciales Plus pr cis ment l auteur autorise l Universit du Qu bec Montr al reproduire diffuser pr ter distribuer ou vendre des copies de son travail de recherche des fins non commerclales sur quelque support que ce solt y compris l internet Cette licence et cette autorisation n entra nent pas une renonclation de la part de l auteur ses droits moraux ni ses droits de propri t intellectuelle Sauf entent contraire l auteur conserve la libert de diffuser et de commercialiser ou non ce trava
2. 3 2 Les repr sentations symboliques du territoire de la chasse Dans l ouvrage National Dreams Daniel Francis expose et interroge le processus de formation des divers mythes et st r otypes constitutifs de la nation canadienne Celui du wilderness retient plus particuli rement notre attention Le terme wilderness renvoie une r gion sauvage recul e et inhabit e II nous int resse parce qu il est en troite relation avec l activit de la chasse La pratique de ce loisir implique l exploration de grandes tendues seulement habit es par des b tes sauvages La for t devient ainsi un endroit conqu rir vaincre et s approprier mais galement un lieu d aventure de ressourcement de paix de tranquillit Cette attitude positive par rapport au concept du wilderness provient 12 bid p 475 1a Stanley G Triggs Lettre Ms Joan Morgan op cit 128 Daniel Francis National Dreams Myth Memory and Canadian History Vancouver Arsenal Pulp Press 1997 215 p Larousse Dictionnaire Anglais Fran ais Larousse Paris ditions Larousse 2009 En ligne lt http www larousse fr dictionnaires anglais francais Wilderness gt Consult le 13 avril 2013 60 des premiers colons qui ont ressenti une certaine attirance pour ceux qu ils ont nomm les sauvages Francis mentionne que One of the variants on this theme has been the desire to go native Canadians have al
3. ce propos Nathalie Zacca Reyners pr cise que l a combinaison de ces trois comp tences a notamment pour effet d induire chez le cr ateur comme chez le destinataire de fictions une attitude mentale sp cifique qui se manifeste par un d couplage entre les repr sentations activ es et les croyances qui en d coulent Ce d couplage est caract ristique de l immersion proprement fictionnelle Le m canisme de feintise ludique consiste en des simulacres d actions s rieuses Nous affirmons que les repr sentations de Notman illustrent de mani re ludique une simulation s rieuse d exp ditions de chasse en pleine nature Il faut pr ciser que la fiction n imite pas la r alit mais nos modes de repr sentation de la r alit Pour ce qui est de l immersion mim tique Schaeffer pr cise que cle qui distingue les usages fictionnels des repr sentations visuelles mim tiques de leurs usages non fictionnels est l existence d un cadre pragmatique de feintise partag e et le fait que nous acc dons la mod lisation travers cette variante sp cifique de l immersion mim tique qu est l immersion fictionnelle La feintise partag e est une expression que Schaeffer emprunte John R Searle et qu il fait quivaloir en ses propres termes la feintise ludique Parfois l auteur combine les deux expressions et qualifie de feintise ludique partag e cette entente entre le cr ateur d une uvre
4. du d cor ou de certains aspects du r cit mode de lecture d cumentarisant j appr cie le travail stylistique de l auteur je fais des rapprochements avec d autres uvres mode de lecture artistique j admire le jeu de l acteur vedette mode de lecture spectacularisant je me souviens d v nements personnels v cus mode de lecture priv etc Il semble vident que l diteur du p riodique The Philadelphia Photographer Edward Wilson bascule d un mode l autre lorsqu il proc de la description des trois s ries sur la chasse de Notman Par moments il traite d un d tail technique de la photographie puis il s exalte devant la qualit des uvres de Notman tout en soulevant certains aspects qui documentent les exp ditions de chasse dans la nature sauvage canadienne Ce qui est int ressant avec la lecture de Wilson c est la forme particuli re qu il emploie Ses descriptions sont ce point d taill es qu elles semblent s animer Parfois l diteur invente m me certains l ments afin de compl ter la construction de son r cit ce propos G rard Genette mentionne que Ibid p 64 93 Ibid p 71 46 souvent lorsqu il y a description elle tend s animer et donc se narrativiser En somme le discours produit sur les images de Notman est un r cit construit par Wilson pour ses lecteurs pr sent nous analyserons le fonctionnement de la construction du r cit de
5. l valuation de l apport d une production culturelle la soci t Nous chercherons d couvrir la nature de la contribution des uvres de Notman et nous t cherons d identifier ce qui y participe Aussi en nous int ressant une production issue du XIX si cle nous disposons du recul indispensable la r alisation d un tel exercice Nous serons en mesure de situer les uvres dans leur contexte de production d analyser leur r ception et de d celer les effets de leur diffusion dans la soci t d alors En outre ce travail nous permettra de savoir si la contribution des uvres de Notman est notable dans la soci t d aujourd hui Avec ce m moire nous mettrons de lavant l importance de la production de Notman Nous esp rons contribuer notre tour au d veloppement des recherches concernant la relation entre art et soci t Aux fins de ce m moire nous avons s lectionn trois s ries photographiques de l ensemble de l uvre de Notman Nous avons trouv peu de documentation concernant sp cifiquement ces trois s ries bien que le travail de Notman a fait l objet d tudes int ressantes ce jour le sp cialiste de l uvre de Notman est Stanley G Triggs auparavant conservateur aux Archives photographiques de William Notman au mus e McCord Plusieurs historiens et historiennes se sont int ress s de pr s ou de loin au travail de Notman Par exemple Jana Bara a consacr son m moire en histoire d
6. lbid 2 Ibid p 154 43 l aspect s riel d une s quence photographique ne favorise pas la fictionnalisation II explique cela de la mani re suivante les images de telles s ries restent irr m diablement fixes et co pr sentes dans l espace de la photographie du coup l effet produit n a rien voir avec la construction d une di g se Selon nous ce dernier passage semble omettre l importance que l imagination joue afin de remplir les manques laiss s par la photographie Or Odin affirme que l insertion forc e de la temporalit ou du mouvement l int rieur du m dium photographique rel ve de tentatives d sesp r es et nuit l effet de fiction elles sont trop contraignantes pour le d sir et risquent de la sorte de bloquer ma cr ativit fantasmatique L auteur accorde donc vraisemblablement une importance productive l imaginaire Le mode fictionnalisant est constitu par les processus suivants di g tiser narrer mettre en phase fictiviser et construire la structure nonciative La di g se se d finit comme suit je di g tise chaque fois que je construis mentalement un monde et ceci quelle que soit la nature de la stimulation de d part Si le spectateur sent qu il peut se projeter dans l espace du monde qui est cr alors ce dernier est en train de di g tiser Ce premier processus semble correspondre
7. tudes des arts Montr al Facult des Arts Universit du Qu bec Montr al 1984 342 p FENNINGS Taylor et William NOTMAN Portraits of British Americans Montr al 1867 1868 Les Archives photographiques de William Notman Le Centre d archives et de documentation du mus e McCord agr par Biblioth que et Archives nationales du Qu bec Montr al Mus e McCord Consult es le 26 novembre 2009 FINKEL Kenneth Legacy in Light Photographic Treasures from Philadelphia Area Public Collections Philadelphie The Library Company of Philadelphia 1990 72 p FONT R AULX Dominique de Le vrai sous le fantastique tudes photographiques no 16 mai 2005 p 152 165 En ligne lt http etudesphotographiques revues org index1020 html gt Consult le 20 septembre 2010 FRANCIS Daniel National Dreams Myth Memory and Canadian History Vancouver Arsenal Pulp Press 1997 215 p GREENHILL Ralph et Andrew BIRRELL Canadian Photography 1839 1920 Toronto Coach House Press 1979 171 p HAGUE Nora After Notman Montreal Views a Century apart D apr s Notman regards sur Montr al un si cle plus tard Willowdale Firefly Books 2003 143 p HALL Roger Stanley TRIGGS et Gordon DODD The world of William Notman the Nineteenth Century Through a Master Lens Toronto McClelland and Stewart 1993 226 p HENISCH Heinz K et Bridget Ann HENISCH The Photographic Experience 1839 1914 Images and Attitudes Pen
8. D apr s la publicit de Portraits of British Americans voir app 1 16 deux protagonistes figurent dans les diverses mises en sc ne de la chasse hivernale Alors que pour les photographies huit onze on retrouve un groupe de personnages d apparence similaire et dispos de mani re semblable celui de la s rie de La chasse l orignal Selon nous ce croisement s explique par le fait que le photographe a r alis un ensemble de clich s au cours d une p riode d termin e entre janvier et mars de l ann e 1866 et qu il s est par la suite appliqu les s parer et les ordonner sous trois th matiques distinctes pour la vente aupr s du public Dans les publicit s sur les uvres de Notman on observe que les trois regroupements th matiques sur la chasse sont accessibles aux spectateurs des moments diff rents voir app A 1 A 2 et A 3 Cette strat gie de commercialisation permet au photographe d chelonner la mise en vente de ces s ries photographiques sur une plus longue p riode ainsi que d augmenter la visibilit du studio Notman au moyen des multiples parutions dans les p riodiques Portraits of British Americans o l on retrouve les publicit s et The Philadelphia Photographer Aussi en offrant une vari t de formats et en permettant l achat de chacune des photographies s par ment les uvres taient accessibles presque tous les portefeuilles 1 2 3 La s rie La chasse l
9. Dans une certaine mesure les s ries photographiques de Notman ont une fonctionnalit d ordre p dagogique l attention des touristes ou 1 Dani le M aux La photographie et le temps Le d roulement temporel dans l image photographique Aix en Provence Publications de l Universit de Provence 1997 p 76 105 Ibid p 75 i 1 Roger Odin op cit p 28 52 apprentis chasseurs souhaitant parcourir l tendue canadienne Le compte rendu d poque d Edward Wilson atteste de l aspect didactique des photographies de Notman Each one tells a story and whole series combined give a truthful account of the sports pleasures and perils of a Cariboo hunt snowy Canada Dans ses crits l diteur t moigne de son d sir de pratiquer la chasse la mani re des photographies de Notman To those who have no journals to edit and who have time to go mosse hunting they must seem very natural Plus loin au sujet de la photographie Le petit d jeuner fig 3 Wilson mentionne ceci This is a familiar scene to all who have enjoyed the trials and pleasures of a camp life Our wives and sweethearts would laugh at these men as they cut bread broil meat and stir the omelet but we know how good such meals taste Un peu la mani re du mode d emploi les s ries sur la chasse de Notman proposent des illustrations de tous les moments propres cette activit Dans son chapitre sur la s quence photo
10. al 2004 319 p BRISEBOIS Michel Les guides touristiques in Histoire du livre et de l imprim au Canada vol 2 sous la dir de Yvan Lamonde Patricia Fleming et Fiona A Black Montr al Presses de l Universit de Montr al 2005 p 465 467 BROWN Robert Craig Paul Andr LINTEAU et Ramsay COOK Histoire g n rale du Canada Montr al Bor al Express 1988 694 p BRUNET Fran ois La naissance de l id e de photographie Paris Presses Universitaires de France Coll Sciences modernit s philosophies 2000 361 p BURKE Peter Eyewitnessing the Uses of Images as Historical Evidence Ithaca Cornell University Press Coll Picturing History Series 2001 223 p CAVELL Edward Sometimes a Great Nation A Photo Album of Canada 1850 1925 Banff Altitude 1984 207 p CHAUMIER Serge Ambivalence des processus identitaires dans les mus es in Unit diversit les identit s culturelles dans le jeu de la Mondialisation sous la dir de Paul Rasse Nancy Midol et Fathi Triki Paris L Harmattan Coll Logiques sociales 2002 p 229 245 101 CRARY Jonathan 1888 illumination of Disenchantment in Suspensions of Perception Attention Spectacle and Modern Culture Cambrigde MIT Press 2001 p 150 280 D SY Louise L histoire de la photographie au Qu bec travers les p riodiques 1839 1880 M moire pr sent comme exigence partielle de la ma trise en
11. de cr er une illusion du r el au moyen du dispositif de la mise en sc ne il est possible de percevoir l effet de fiction au sein des uvres de Notman Selon Andr Rouill cet effet de fiction est perceptible travers l organisation des composantes de l image Comme nous l avons vu le subterfuge de la mise en sc ne dans les photographies de Notman influe sur la r ception des spectateurs des Si Jean Jacques Roubine op cit 255 p 52 Ibid p 126 53 Andr Rouill et Bernard Marbot op cit p 87 54 Ibid p 86 35 uvres Il est important d approfondir l analyse de la r ception puisqu elle nous permettra par la suite de comprendre le r le cr ateur du spectateur dans la consolidation ou l dification des st r otypes et des mythes v hicul s par les uvres de Notman Les positions th oriques de Jean Marie Schaeffer aideront la compr hension de la notion de fiction qui est davantage orient e sur le plan de la r ception 2 2 Le mode de r ception des uvres de Notman des spectateurs consentants Nous avons tabli que les uvres de Notman taient sujettes une d rive fictionnelle constante Nous pourrions donc tre tent s de qualifier les uvres photographiques de Notman de fictives mais ce serait un constat pr cipit Dans les termes de Jean Marie Schaeffer la fiction est un produit de l imaginaire et le spectateur doit tre conscient qu il se trouve face une uvre de cette
12. l activit de la chasse en pleine nature la mort de l orignal le petit d jeuner des chasseurs le retour des chasseurs au campement et ainsi de Suite Pour r aliser ces clich s Notman labore plusieurs mises en sc ne o il dispose personnages accessoires et d cors On y retrouve des accessoires typiques de la chasse une toile de fond peinte des branches et des pierres naturelles de la fourrure pour imiter la neige 1 Jana Bara Furs in Fashion as Illustrated in the Photo Portraiture of William Notman in the 1860 s m moire pr sent comme exigence partielle de la ma trise en histoire de l art Montr al Universit de Concordia 1986 151 p premi re vue ces photographies rappellent certaines peintures d histoire ou encore certains tableaux vivants de la photographie britannique En effet les mises en sc ne de Notman voquent la photographie victorienne on peut penser aux artistes photographes comme Julia Margaret Cameron 1815 1879 ou Oscar Gustave Rejlander 1813 1875 i Toutefois nous avons choisi les uvres photographiques de William Notman parce qu elles s inscrivent dans le registre des sc nes de genre Ainsi bien que les photographies de Notman pr sentent plusieurs caract ristiques du tableau vivant elles s en d marquent quant la nature du sujet Au lieu de repr senter des pisodes de la litt rature classique Notman illustre des sc nes d une activit triviale la chasse C
13. la construction d une forme de continuit puisqu il est amen combler par l imagination les vides laiss s entre chacune des sc nes successives Dans ce chapitre nous avons d montr que l aspect fictionnel des uvres photographiques de Notman proc de in vitablement de l tat d immersion du spectateur Au moyen du pacte communicationnel implicite qu est la feintise ludique partag e le spectateur se retrouve temporairement et volontairement adh rer la repr sentation imaginaire En plus de la feintise ludique partag e nous avons indiqu que l tat d immersion fictionnelle comprend aussi une immersion mim tique et une mod lisation analogique Le processus d immersion mim tique est celui qui 112 Edward Wilson Moose Hunting in Canada op cit p 236 113 Edward Wilson Outdoor Photographs Taken Indoors op cit p 130 54 gt conduit un spectateur comme Wilson adh rer temporairement la repr sentation comme si elle tait factuelle C est au moyen des dispositifs d introjection de projection et d identification que le spectateur se retrouve dans cet tat quasi cathartique la mani re de Wilson le spectateur s approprie les repr sentations qui lui sont offertes en construisant sa propre narration L ordonnancement la coh rence et la succession des pisodes de chasse am nent le spectateur combler les manques et souder par un fil conducteur la mise en
14. m moire nous avons tabli que la fiction renvoyait un ensemble de processus que le cr ateur d une uvre Notman dans le cas pr sent exploite et favorise afin de cr er un tat immersif ad quat pour le spectateur De cette mani re le spectateur se retrouve volontairement et temporairement consentir la proposition fictionnelle du cr ateur Dans le contexte de ce m moire nous proposons que la notion d imaginaire soit reli e une sorte de r servoir collectif et individuel o le cr ateur la fois puise et introduit des id es des images et des formes Selon Gilles Th rien le terme imaginaire n est pas aussi vident qu il n y para t Il invoque Lacan 1966 puis Wilden 1983 comme les premiers avoir emprunt et d velopp la notion d imaginaire En r sum la d finition de l imaginaire selon Wilden se pr sente comme l espace de la manifestation de l id ologie dominante Gilles Th rien enrichit cette d finition et propose de l articuler autour de la figure de l indien l imaginaire est le th tre de relations phantasm es plut t que r elles qui ont pour but de r soudre les ambigu t s des relations concr tes en une dichotomie simple et efficace du type ou bien ou bien Au registre imaginaire ce n est jamais tout fait un sujet individuel qui tient un discours mais un sujet collectif L imaginaire sert ainsi cr er des st r otypes qui deviendront les fa
15. rations des guides hurons wendats les Gros Louis Les deux autres personnages repr sentent les chasseurs qui ont engag les guides hurons wendats pour les accompagner durant leur exp dition Comme nous l avons vu un des chasseurs au sein de la s rie sur la chasse l orignal est le fils du colonel William Rhodes L analyse qui suit quant la mani re dont les personnages sont repr sent s dans les uvres de Notman nous permettra de saisir la contribution des images au processus de construction des st r otypes de la nation canadienne Jacques Mathieu et Jacques Lacoursi re mettent en lumi re l enjeu de la construction identitaire au sein de la nouvelle collectivit qu est le Canada En 1839 un repr sentant du gouvernement anglais lord Durham crit que ce peuple n a pas d histoire D s lors et pendant plus d un si cle en gros de 1840 1960 l histoire s est vou e la construction d une conscience nationale Cette finalit identitaire a constitu le seul support id ologique acceptable pour toute entreprise de recherche La jeune nation qu est le Canada est alors en qu te d une identit propre Ce sont les lites dominantes qui ont pour t che de d finir ce qu est le Canada Cela revient donc principalement la collectivit anglophone du Canada L expansion et l unification sont des actions prioritaires et auront certains impacts sur 143 la construction de l identit nationale Dans ce contexte
16. re que l action se d roule l ext rieur du campement c est dire dans la for t Ce changement correspond vraisemblablement la modification du lieu de la narration On ne retrouve donc plus l abri mais seulement quelques arbres dispos s l arri re des personnages ainsi qu un arri re plan peint Le premier plan repr sente uniquement une tendue blanche de fausse neige Les quatre personnages au centre sont dispos s de mani re constituer une composition triangulaire l int rieur de ce triangle chacun des regards se concentre sur la b te morte Les bois de la t te de l orignal cr ent un pont entre le groupe de personnages droite et le protagoniste gauche Le fusil tenu par le personnage de droite apporte une diagonale qui pointe en direction de celui qui est occup d pecer l animal objet de tous les regards 1 2 3 5 Le retour La suite logique du r cit nous conduit vers la cinqui me photographie de la s rie Le retour fig 5 C est le retour des chasseurs au campement et c est aussi la reprise du d cor l arri re plan l abri droite et la toile de fond peinte gauche Encore une fois on retrouve de la neige et des b ches l avant plan Les cinq personnages sont dispos s sur le plan interm diaire Une oblique est cr e par le m me b ton qu la troisi me photographie mais elle souligne cette fois ci le mouvement engendr par les personnages assis genou puis debou
17. 115 64 exactement Il est pineux de traiter de collectivit s sans glisser dans des consid rations globalisantes et de constituer des entit s monolithiques Il existe plusieurs types de division quant l appartenance identitaire ethnique linguistique religieuse sociale etc Pour ce m moire la principale cat gorie qui sera tudi e concerne l appartenance ethnolinguistique puisqu elle est suffisamment marqu e au sein des uvres photographiques de Notman pour qu il nous apparaisse l gitime de la retenir G rard Bouchard historien et sociologue apporte une premi re explication aux circonstances qui associent identit et ethnie quand vient le moment de d finir la nation canadienne au XIX si cle La nation pr sentait un fort contenu ethnique puisque son mergence tait reli e la lutte du mouvement patriote en faveur des Canadiens fran ais la nation tait alors d finie par r f rence la soci t civile et indirectement l tat on voquait le pays la patrie les corps et tats composant la nation Apr s 1840 l id e nationale se confondit avec l ethnie et se r tr cit consid rablement excluant les non francophones et m me de fa on encore plus g n rale les non catholiques cette poque au Canada il est possible d tablir une s paration ethnique et linguistique de la mani re suivante les autochtones qu on appelle les indiens les Cana
18. Mus e McCord Clefs pour l histoire En ligne lt http Awww musee mccord qc ca fr clefs collections gt Consult le 20 mars 2009 20 Edward Wilson Composition Photographs The Philadelphia Photographer vol 4 no 39 mars 1867 p 79 Les Archives photographiques de William Notman Le Centre d archives et de documentation du mus e McCord agr par Biblioth que et Archives nationales du Qu bec Montr al Mus e McCord Consult es le 26 novembre 2009 lbid 2 Ibid Ibid 15 1 2 2 La s rie La chasse au caribou La publicit de la s rie sur la chasse au caribou propose deux regroupements de photographies Le premier ensemble comprend les sept photographies suivantes Going Out Game in Sight The Hunter The Guide Exhausted Camp Fire et Sunday in the Bush L autre regroupement comporte ces neuf photographies Going out Arrival in Camp Game in Sight Hunter s Resting The Hunter Chance Shot The Guide Sunday in Bush et Returning De l ensemble des photographies sur la chasse au caribou certaines pr sentent un chasseur et son guide au sein de divers pisodes de la chasse dans un d cor qui fait l conomie des d tails La mise en sc ne de ces photographies met l accent sur les deux personnages On retrouve peu d l ments dans la composition une toile de fond couvre l arri re plan une tendue blanche repr sentant la neige se situe au premier plan et quelques accessoires reli s
19. arrive de les confondre avec des photographies d exp dition de chasse The Breakfast which is the title of the next production This is a familiar scene to all who have enjoyed the trials and pleasures of a camp life but we know how good such meals taste whether on a moose hunt or a photographic expedition Comme ultime moyen il y a la contamination du monde historique par le monde fictionnel l int rieur des photographies de Notman c est au moyen de la cohabitation d attributs authentiques de la chasse comme en t moigne le site Internet du mus e McCord avec des cr ations utiles la mise en sc ne comme la fausse t te de l original tel que soulev par Paul Louis Martin historien de la chasse que l on constate cette contamination En outre l ait ration du monde historique par le monde fictionnel s effectue par l emploi des trois guides hurons wendats de renom actant leurs propres r les dans ces mises en sc ne photographiques Qui plus est l utilisation de faux d cors comme la toile de fond peinte avec des arbres et des pierres naturelles ainsi que des accessoires authentiques de la chasse participe galement cette confusion mentale qu implique la feintise ludique lors de l immersion fictionnelle effectu e par le spectateur 7 Edward Wilson Moose Hunting in Canada op cit p 236 Pour des besoins documentaires l illustre photographe Notman recr e dans so
20. by stampa SMALL SET EMBRACING THE FOLLOWING NINE PHOTOGRAPHS GOING OUT ARRIVAL IN CAMP GAME IN SIGHT HUNTER S RESTING THE HUNTER CHANCE SHOT THE GUIDE SUNDAY IN BUSH RETURNING Price of this Set in Cloth bound Covers 4 50 Single Copies 0 76 each The above Set in covers can be sent via Book post to any part of the Province for 14 cents pre paid by stamps or to any part of m the United Kingdom for 25 cents pre paid by stam W NOTMAN Photographer to the Queen 17 Bleury Street Montreal Page publicitaire du p riodique Portraits of British Americans annon ant la parution de la s rie sur la chasse au caribou Tir e des archives du mus e McCord 97 A 2 Page publicitaire du p riodique Portraits of British Americans annon ant la parution de la s rie sur la chasse l orignal Tir e des archives du mus e McCord A 3 Page publicitaire du p riodique Portraits of British Americans mentionnant la parution de la s rie sur la trappe Tir e des archives du mus e McCord 98 BIBLIOGRAPHIE Institut national d histoire de l art programme du s minaire Le tableau vivant ou l image perform e Sources m thodes enjeux En ligne lt http www inha fr IMG pdf Le_tableau_vivant_ou_ image_performee pdf gt Consult le 15 novembre 2011 Mus e McCord Clefs pour l histoire En ligne lt http www musee mccord ac ca fr clefs collections
21. cessaire qu un partage des connaissances s effectue entre le cr ateur et le spectateur La comp tence de la verbalisation narrative consiste en la capacit du spectateur comprendre les photographies comme un quivalent visuel d une narration litt raire Schaeffer pr cise son positionnement de la mani re suivante je con ois la question des relations entre image et narration comme une relation externe entre une monstration d un c t l activit d un cr ateur et la r ception d un spectateur de l autre et non pas comme une relation interne l organisation des signes 103 visuels Cette comp tence est n cessaire afin de bien d coder les indices de la description dans les uvres photographiques de Notman Autrement comment est il possible de d celer une atmosph re une action de situer le temps dans l espace ou d identifier les l ments du r cit Ce passage des images aux mots est 1 p EdWard Wilson Moose Hunting in Canada op cit p 236 o Jean Marie Schaeffer Narration visuelle et interpr tation op cit p 11 27 La d finition que Jean Marie Schaeffer apporte de ce partage nous semble davantage ie au sens conceptuel du style cognitif de Baxandall que de l habitus de Bourdieu la diff rence de Bourdieu Baxandall ne con oit pas ce partage presque uniquement sur le plan des connaissances artistiques mais bien plus sur le plan de l exp rience acquise dans la
22. de m me que la trappe Nous avons retrouv un indice suppl mentaire corroborant la th se d une commande effectu e par Rhodes Il s agit d un document attestant que le colonel Rhodes occupait un r le visant le d veloppement du tourisme au Canada et la valorisation du patrimoine culturel canadien l tranger Ce document fut r dig par sir James McPherson Le Moine Dans l ouvrage Monographies et esquisses on retrouve en annexe le document en question pr cisant que en 1882 le colonel Rhodes pr side une c r monie o il r compense sir James MacPherson Le Moine pour avoir r ussi faire conna tre avantageusement l tranger le charme les souvenirs les 121 Wiliam Rhodes est n en Angleterre o il servait dans l arm e britannique Il arriva au Canada une premi re fois en 1841 jusqu en 1844 immigra au Canada en 1847 en quittant l arm e avec le grade de capitaine Il fut commissaire de l Agriculture et de la Colonisation lu d put de M gantic cofondateur en 1851 de l Association de la salle musicale de Qu bec pr sident de la Soci t d horticulture pr sident de la Soci t de g ographie de Qu bec 1883 1884 juge de paix et lieutenant colonel dans la milice 2 Stanley G Triggs Lettre Ms Joan Morgan op cit Pour les fins de ce m moire seule la s rie La chasse l orignal est pr sent e dans son ensemble La fig 9 est donc la seule reproduction de la s rie La cha
23. de vue au milieu de pays montagneux durs en quelque sorte inhabitables pour se faire une id e de ce que c est l homme seul au milieu de cette immensit la lutte partout un combat continuel contre la nature et pour la nature voil ce que c est la vie du d fricheur de ce colon solitaire infatigable h ro que et inflexible qui nous devons d tre ce que nous sommes qui le Canada tout entier doit son existence et cela depuis trois cents ans 149 Daniel Francis op cit p 96 FA s agit de l quivalent du coureur des bois mais l appellation change l poque qui nous concerne 151 Arthur Buies Au portique des Laurentides une paroisse moderne Le cur Labelle Qu bec imprim par C Darveau 1891 p 21 22 cit dans Christian Morissonneau La Terre promise le mythe du Nord qu b cois LaSalle Hurtubise HMH 1978 p 115 68 Cette citation nous incite croire que les Canadiens fran ais participent galement au wilderness Alors comment se fait il que les repr sentations de Notman n incluent pas le coureur des bois par exemple La figure h ro que de cet homme courageux qui affronte l immensit de la nature correspond en tout point notre chasseur dans les uvres de Notman Une seule diff rence entre ces deux hommes l un est Canadien fran ais et l autre est Canadien anglais Nous affirmons que cette distinction s explique par ce que Christian Moriss
24. en fixant l Indien pour la post rit Notman participe la construction d une m moire longue l usage de la jeune nation alors en instance de d finition Enfin titre de dernier rapport institu par limaginaire au sein des repr sentations se trouve celui du rapport l avenir On peut voir cet ultime rapport se manifester travers des utopies des pens es eschatologiques ou toute autre forme d anticipation du devenir La notion de la part productive de l image d ric Michaud explique bien la forme d anticipation du devenir laquelle pr tendait l uvre de Notman Il s agit de cette part que l artiste et le commanditaire esp rent le plus Car ceux ci bien mieux que l historien savent que si toute image d s le moment de sa conception tisse n cessairement des liens avec les v nements et les corps auxquels elle redonne pr sence elle en tisse bien davantage encore en aval de sa production avec les hommes venir ceux auxquels elle est adress e et destin e Au XIX si cle certaines personnalit s de l lite anglophone encourageaient les productions culturelles du Canada vanter les m rites et la singularit de la jeune nation afin d en tirer quelques b n fices par la venue de touristes La chasse tait alors le premier attrait pour les touristes du monde Cela a contribu la constitution d un concept le wilderness couramment utilis dans la propagation de l identi
25. est pourquoi nous ferons r f rence ce dernier tout au long du prochain chapitre II nous servira de guide l analyse de la r ception contemporaine des uvres de Notman CHAPITRE II LES R CITS PHOTOGRAPHIQUES DE LA CHASSE Ce chapitre vise tudier la place du spectateur en regard des fictions narratives que sont en r alit les s ries sur la chasse de Notman Nous nous int resserons aux conditions de lecture propos es par ces s ries en nous appuyant notamment sur les observations d Edward Wilson un contemporain de Notman et auteur de comptes rendus parus dans The Philadelphia Photographer Tout d abord nous analyserons la mise en sc ne telle qu employ e par Notman afin de comprendre l effet de cette strat gie chez les spectateurs des s ries sur la chasse Nous verrons que la r ception des photographies de Notman proc de selon mode immersif cet gard les descriptions de Wilson sont difiantes Celles ci sont constitu es sous la forme du r cit extrapolant les r alit s figur es dans les images de Notman Ce processus de fabrication r alis par Wilson est l image de ce que chaque spectateur est amen effectuer au moment de la r ception des uvres Ce cadre d analyse constitue un pr alable essentiel la compr hension du r le jou par l imaginaire dans la constitution et la diffusion de st r otypes culturels associ s aux repr sentations de la chasse au XIX si cle propos du troisi me et dern
26. fois avec la nature et les animaux Il est celui qui montre le chemin pour aider le chasseur facilitant ainsi le travail de ce dernier Cependant si les photographies contribuent la d finition de la nation comment se fait il que les repr sentations de Notman ne comportent aucune manifestation du francophone En exposant les hypoth ses qui expliquent ce fait nous serons en mesure de relever ce qui permet au spectateur de reconna tre l absence de la figure francophone dans les uvres de Notman Nous parviendrons ainsi saisir ce que cette absence peut signifier pour le spectateur de l poque Bien qu aujourd hui le Canada revendique sa pluralit culturelle et ethnique cela n tait pas n cessairement le cas l poque Le besoin de coh sion et d unit dans le processus de construction identitaire nationale impliquait la strat gie de l assimilation celle de l autochtone processus de mise en r serve et celle du Canadien fran ais Les images photographiques de Notman perp tuent cette strat gie afin de participer au projet d finitionnel de l identit du pays Cette hypoth se que nous mettons s appuie en partie sur l analyse de G rard Bouchard propos de la nouvelle collectivit qu est le Canada Selon une premi re conception pr dominante au cours des derni res _ d cennies du XIX si cle et des premi res d cennies du XX la nation canadienne s identifiait largement la race anglo saxonne dont el
27. imposer une impression de v racit au spectateur Dans les uvres de Notman la mise en sc ne est employ e comme un leurre afin de tromper la perception du spectateur Toutefois ce dispositif laisse in vitablement des indices de sa mise en place et ne peut que cr er une illusion de r alit Il en va de m me avec la prise de vue photographique La photographie est une construction puisqu elle est r alis e en fonction des choix de son cr ateur le sujet le cadrage les param tres d exposition et de prise de vue Il y a une forme de confusion lorsque l on revendique la fid lit de la repr sentation photographique en vertu de sa nature objective suppos e Du fait que les uvres de Notman sont des photographies nous distinguons les pr tentions r f rentielles sur deux plans celui de l organisation des images par le recours la mise en sc ne et celui des croyances v hicul es propos de l objectivit de l appareil photographique propos d une photographie du XIX si cle semblable aux uvres photographiques de Notman Andr Rouill un historien de la photographie relate ce qui suit La supercherie qui consiste donner pour r el ce r f rent fictionnel est pr cis ment servie par la photographie et par la cr dulit largement partag e propos de la fid lit et de la v rit de sa repr sentation Rouill mentionne galement que loin d tre inh rent l image p
28. la chasse et de petits arbres se trouvent au plan interm diaire Ces photographies contrastent nettement avec d autres illustrant des sc nes au campement l int rieur de ces photographies on observe un groupe de personnages dispos s de mani re cr er une composition dynamique et plusieurs accessoires utiles la mise en sc ne Il y a donc deux mani res distinctes de repr senter les pisodes de chasse dans la s rie sur la chasse au caribou Cette divergence sur le choix des l ments mis en sc ne personnages d cors et accessoires dans certaines photographies de cette s rie peut tre attribuable au changement du lieu de la narration Les pisodes qui ne se d roulent pas au campement sugg reraient qu elles surviennent selon la logique du r cit en pleine for t L espace change en fonction de la narration et cela a un impact quant aux choix des l ments d ploy s pour la mise en sc ne Cependant cette hypoth se ne prend pas en compte la modification qui se produit galement sur le plan des personnages Au sein des sept premi res photographies de la s rie seulement 24 Les reproductions des uvres photographiques de Notman sont accessibies sur le site Web du mus e McCord Mus e McCord Clefs pour l histoire op cit lbid sa s agit ici des photographies suivantes dans le grand ensemble Going out The Hunter The Guide Exhausted dans le petit ensemble Hunter s Resting Chance Shot Returning
29. la narration Le r cit photographique de Notman 2 3 1 Les pisodes de la chasse un r cit en image 2 3 2 Des images aux mots laboration d une histoire de chasse 2 3 3 La s quence narrative du r cit photographique de Notman vii 11 13 15 16 23 26 27 35 39 42 45 46 47 48 50 CHAPITRE III LA CHASSE ILLUSTR E PAR NOTMAN UNE ACTIVIT TOURISTIQUE AU C UR DE LA CONSTRUCTION IDENTITAIRE DE LA NATION CANADIENNE 3 1 La chasse l activit touristique par excellence au Canada 3 1 1 Les s ries photographiques de Notman une commande 3 2 Les repr sentations symboliques du territoire de la chasse 3 3 Une histoire de chasse un r cit identitaire 3 4 La mise l cart du francophone dans les repr sentations de la chasse 3 5 La repr sentation st r otyp e de l Autochtone 3 6 Le r le de l imaginaire dans la construction du r cit identitaire CONCLUSION LA SACRALISATION DU WILDERNESS FIGURES APPENDICE A LES PAGES PUBLICITAIRES DES TROIS S RIES SUR LA CHASSE DE NOTMAN BIBLIOGRAPHIE 95 99 58 59 62 66 70 74 77 84 95 99 Figure LISTE DES FIGURES William Notman Sc ne de nuit le sommeil 1866 plaque de verre au collodion humide 20 x 25 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www mccord museum qc ca fr collection artefacts 1 20498 gt Consult le 5 mai 2009 William Notman l aube l alarme 1866 g lat
30. le titre l indique l action ex cut e par les personnages est celle de dormir Le personnage veill monte la garde Cette d duction est effectu e par le spectateur en fonction des indices de la sc ne un seul personnage est veill en position assise la t te entre les mains 18 avec une expression de fatigue L pisode se d roulant la nuit la sc ne montre en fait une veille une activit de surveillance propre ce type de situation Le spectateur poss de certaines connaissances qu il partage avec le cr ateur de l uvre et d autres individus tel Edward Wilson lui permettant d arriver des d ductions semblables Notman choisit une situation intelligible reposant sur des strat gies connues qui sont relay es par les images et les r cits de chasse Parmi les l ments de la composition de la photographie Sc ne de nuit le sommeil on retrouve une t te d orignal deux haches un seau et des b ches au premier plan Ces l ments de la mise en sc ne reviennent fr quemment dans les photographies de Notman Souvent ces accessoires servent au dynamisme de la composition accentuent certains l ments importants du r cit et orientent le regard l int rieur de la photographie Au deuxi me plan on retrouve les personnages align s c te c te formant ainsi une frise Les b tons de bois qui soutiennent l abri cabane d automne orientent le regard vers le haut de la composition o l on aper oit en
31. nature pour qu elle fonctionne correctement C est cette condition qu un pacte communicationnel peut s tablir entre le cr ateur et le spectateur d une uvre La sp cificit des fictions artistiques dont les uvres de Notman font partie fait appel deux notions distinctes et compl mentaires l aspect ludique et l imitation Au m me titre que les jeux fictionnels les productions artistiques participent la sph re du s 57 ludique puisque le spectateur est libre de s impr gner des repr sentations en fonction du plaisir que l exercice g n re Puis les fictions ludiques mettent toutes en uvre un processus repr sentationnel bien particulier qui est celui de la mim sis ou pour employer un terme plus direct celui de l imitation Trois m canismes mim tiques ancestraux sont identifi s par le philosophe afin de d terminer le fonctionnement des fictions ludiques la feintise ludique 55 Au prochain chapitre nous nous int resserons plus pr cis ment aux mythes et aux st r otypes ainsi qu l effet de la diffusion d une telle production Voir Jean Marie Schaeffer Repr sentation imitation fiction de la fonction cognitive de l imagination in Les lieux de l imaginaire sous la dir de Jean Fran ois Chassay et Bertrand Gervais Montr al Liber 2002 p 15 32 ST Ibid p 27 58 Ibid 36 l immersion mim tique et la mod lisation analogique
32. ons courantes de penser l Indien et de nous penser nous m mes en fonction de lui 17 TA propos du terme imaginaire Gilles Th rien stipule que Dans le jeu des synonymes des analogies il s apparente fictif imagin symbolique etc Gilles Th rien loc cit p 3 7 Le terme imaginaire constitue fondamentalement l expression d une tension la mise en opposition d id es d images et de formes qui permettent de comprendre pourquoi un sujet individuel ou collectif cherche s identifier telle chose ou a fuir telle autre Ibid 72 Ibid 75 L imaginaire n est pas le fruit d un individu mais bien celui d une collectivit Pour saisir le contenu de l imaginaire il faut s interroger sur la collectivit qui nourrit et se nourrit de celui ci La jonction entre la notion d imaginaire et celle de la collectivit entra ne une nouvelle terminologie qui est celle de l imaginaire collectif Cette notion selon le sens attribu par l historien et sociologue G rard Bouchard comprend l ensemble des repr sentations par lesquelles toute collectivit se donne une d finition d elle m me et des autres au pass au pr sent et au futur ou en d autres mots tout ce qui compose une vision du monde au sens le plus tendu du terme incluant l identit la m moire et l utopie Nous consid rons que les constructions photographiques de Notman sont des vecteur
33. ou toute autre forme d anticipation une repr sentation de ses origines une appropriation symbolique de l espace 157 G rard Bouchard Le mythe essai de d finition in Myfhes et Soci t s des Am riques sous la dir de G rard Bouchard et Bernard Andr s Montr al Qu bec Am rique 2007 p 409 426 G rard Bouchard Jeux et n uds de m moire l invention de la m moire longue dans les nations du Nouveau Monde in Mythes et Soci t s des Am riques op cit p 317 f 71 C est travers l analyse de ces quatre types de rapports institu s par l imaginaire tel que d fini par Bouchard que sera abord le st r otype de l Indien dans les uvres de Notman Un premier rapport est celui de l appropriation symbolique de l espace en vertu duquel une unit g ographique donn e devient un territoire c est dire un espace habit travaill nomm r v en un mot appropri Dans les uvres de Notman cet espace est repr sent par l appropriation du lieu de la chasse par les non autochtones Daniel Francis avance que la nation se d finit en partie par cette relation au territoire No matter how overwrought these claims might appear they are part of a consistent theme in Canadian culture the myth of wilderness the belief that our link to the land is a defining national characteristic Les photographies sur la chasse de Notman d montrent bien cette appropriation symboliq
34. r flexions m amenant r guli rement approfondir mes id es Ma bonne amie d enfance Andr ane a galement particip au bon d roulement de ce cheminement Il est tout aussi important de souligner l appui financier de mon p re Andr Je remercie aussi les autres membres de ma famille Jessica s ur et compagne d tude et mon fr re Olivier pour son soutien moral Je tiens remercier Michel de m avoir offert son assistance plusieurs reprises Finalement je remercie Marcel qui ma permis de pr ciser divers aspects centraux de ce m moire et Mark pour ses r visions indispensables et livr es promptement ma demande TABLE DES MATI RES LISTE DES FIGURES R SUM INTRODUCTION CHAPITRE NOTMAN OU LA FABRIQUE DES SC NES DE CHASSE 1 1 Photographe et homme d affaires William Notman 1 2 Les trois s ries sur la chasse 1 2 1 La s rie Sc nes de trappe 1 2 2 La s rie La chasse au caribou 1 2 3 La s rie La chasse l orignal 1 3 Les comptes rendus des s ries sur la chasse par Wilson CHAPITRE II LES R CITS PHOTOGRAPHIQUES DE LA CHASSE 2 1 Le subterfuge de la mise en sc ne dans les photographies de Notman 2 2 Le mode de r ception des uvres de Notman des spectateurs consentants 2 2 1 Les photographies de Notman une immersion fictionnelle r ussie 2 2 2 Construire la narration d apr s le mode fictionnalisant 2 2 3 Un r cit construit par Edward Wilson pour ses lecteurs 2 3 La description et
35. suspension des accessoires typiques de la chasse des raquettes des souliers des manteaux des bourses Encore une fois ces objets reviennent de mani re r currente dans chacune des photographies de la s rie La mise en sc ne de la photographie est constitu e de petits arbres appuy s sur la cabane et l arri re plan s esquisse un paysage lointain et flou il s agit d une toile peinte par le service artistique du studio Notman Cette toile produit un effet de profondeur tout en cr ant un vide en contraste avec la masse sombre de la cabane droite Une rythmique est cr e par la r p tition des b tons soutenant l abri et cela accentue ainsi le dynamisme du regard et instaure un mouvement de va et vient entre les personnages et les objets suspendus Les manches des haches au premier plan agissent comme des vecteurs qui dirigent le sens de la lecture en imposant des lignes directrices obliques et oppos es constituant un triangle invers De la sorte l attention du spectateur est resserr e sur les personnages contenus dans ce triangle Un second triangle l endroit est cr par le protagoniste assis L alignement de ses bras et de la couverture forment le sommet du triangle et les b ches servent de base cette forme Ce triangle retient pour un moment l attention 19 sur le personnage qu elle contient Lorsque le regard poursuit le sens habituel de la lecture de gauche droite il termine s
36. vie quotidienne Cette vision plus anthropologique adh re celle de Schaeffer pour qui le partage de comp tences entre le cr ateur et le spectateur lors de la perception de la narrativit rel ve d une comp tence logique de nature anthropologie qui nous permet d organiser un flux d impressions visuelles en cons cution v nementielle causalement a ibid p 18 Ibid 50 praticable gr ce cette comp tence En plus de cette verbalisation narrative plusieurs autres l ments sont consid r s par le spectateur lors de la lecture du r cit photographique Afin de construire le r cit complet de la chasse l orignal de Notman il faut lire la s quence dans son ensemble La notion de s quence en photographie comporte diff rents aspects n cessaires la r ussite d une construction coh rente de la narration 2 3 3 La s quence narrative du r cit photographique de Notman Des sept photographies r unies dans la s rie sur la chasse l orignal cinq d entre elles pr sentent un d cor identique la mani re d un metteur en sc ne le photographe dispose les accessoires et organise l emplacement des m mes acteurs selon les actions repr senter Il produit des effets de rapprochement ou d loignement des sc nes gr ce l objectif de l appareil Toutefois on retrouve deux photographies qui pr sentent un d cor diff rent Cela est attribuable au changement du lieu de la
37. www mccord museum ac ca fr collection artefacts l 21952 gt Consult le 30 juin 2009 93 Fig 11 94 William Notman Messieurs Remington et Ralph la chasse 1889 plaque s che la g latine 20 x 25 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www mccord museum qc ca fr collection artefacts 11 91314 gt Consult le 12 septembre 2010 APPENDICE A LES PAGES PUBLICITAIRES DES TROIS S RIES SUR LA CHASSE DE NOTMAN A 1 Page publicitaire du p riodique Portraits of British Americans annon ant la parution de la s rie sur la chasse au caribou Tir e des archives du mus e McCord 1 A 2 Page publicitaire du p riodique Portraits of British Americans annon ant la parution de la s rie sur la chasse l orignal Tir e des archives du mus e McCord 1 A 3 Page publicitaire du p riodique Portraits of British Americans mentionnant la parution de la s rie sur la trappe Tir e des archives du mus e McCord 1 A 1 Le 96 AUVERTISEMEN IE NOW PUBLISHED BOO HUNTING anmannan naa LARGE SET CONSISTING OF GOING OUT i THE GUIDE GAME IN SIGHT EXHAUSTED THE HUNTER CAMP FIRE SUNDAY IN THE BUSH Price of Set in Cloth bound Covers 8 15 Single Copies h s es ae DD The above Set in covers can be sent via Book post to any part of the Province for 72 cente pogue by stamps or to any part of the United Kingdom for 81 124 cents pre paid
38. 160 Daniel Francis op cit p 149 ut to appropriate new territory extented imperial power and push back geographical frontiers to shape ideas about place and define symbolic space Joan M Schwartz op cit p 72 72 countryside were accepted by a colonial population anxious to adopt an air of culture Exaggeration was normal and accepted everything was made more picturesque the mountains were higher the country was prettier the natives were more savage or more noble Nous soutenons que Notman participe galement la construction romanesque de l Indien travers les s ries sur la chasse L Indien devient une figure romanesque d ordre mythique h ro que ou folklorique vers la deuxi me moiti du XIX si cle Les repr sentations de la chasse de Notman montrent la bonne entente entre les guides autochtones et les Blancs Ces derniers imitent les autochtones au point d adh rer au mode de vie de ces bons sauvages qui entretiennent une relation mystique avec la nature C est ainsi que Gilles Th rien traite du Canadien ensauvag dont les repr sentants sont le coureur des bois le trappeur le b cheron Autant le Canadien fran ais que le Canadien anglais s approprient cette identit id alis e Il n est pas Indien mais il vit comme lui dans son entourage il lui ressemble tout autant qu il ressemble ceux de sa race 164 5 Dans les On se dirige vers une sorte de fusion d
39. 8 8 Ibid 119 Sir James MacPherson Le Moine 1825 1912 est n Qu bec et fut avocat fonctionnaire et auteur Le Moine a pr sid la Soci t litt raire et historique de Qu bec En outre il avait t fait chevalier par la reine Victoria Pour une bibliographie compl te de l uvre de Sir James MacPherson Le Moine voir Roger Le Moine Un Qu b cois bien tranquille Sainte Foy ditions La Libert 1985 187 p 58 3 1 1 Les s ries photographiques de Notman une commande Il appara t probable que les diff rentes s ries sur la chasse soient le r sultat d une commande effectu e par le colonel William Rhodes 1821 1892 Telle est l opinion de Stanley Triggs It is not known just how Notman came to choose these subjects It may have been his own desire to document a fascinating aspect of Canadian life or he may have been commissioned by colonel Rhodes who is featured in the Cariboo Series Triggs pr cise que William Rhodes figure dans la 1233 et que son fils appara t dans celle s rie sur la chasse au caribou fig 9 consacr e la chasse l orignal fig 1 fig 2 fig 3 fig 4 et fig 5 Rhodes aurait m me choisi les acteurs pour l ensemble des repr sentations de la chasse de Notman Le colonel William Rhodes am ne son guide de 83 ans Fran ois Gros Louis au studio de Notman Ils posent ensemble dans une s rie de sc nes d peignant la chasse au caribou et l orignal
40. Abbeville 1997 668 p ROUBINE Jean Jacques Th tre et mise en sc ne 1880 1980 Paris ditions Presses universitaires de France Coll Litt ratures modernes 1980 255 p ROUILL Andr et Bernard MARBOT Le corps et son image Photographies du dix neuvi me si cle Paris Contrejour 1986 142 p ROUILL Andr La photographie entre document et art contemporain Paris Gallimard Coll Folio essais 2005 704 p RUSSELL HARPER John et Stanley TRIGGS Portrait of a Period a Collection of Notman Photographs 1856 to 1915 Montr al McGill University Press 1967 262 p SCHAEFFER Jean Marie Narration visuelle et interpr tation in Time narrative and the fixed image sous la dir de Mireille Ribi re et Jean Baetens Amsterdam Rodopi 2001 p 11 27 SCHAEFFER Jean Marie Repr sentation imitation fiction de la fonction cognitive de l imagination in Les lieux de l imaginaire sous la dir de Jean Fran ois Chassay et Bertrand Gervais Montr al Liber 2002 p 15 32 SCHAEFFER Jean Marie Pourquoi la fiction Paris ditions du Seuil Coll Po tique 1999 346 p SCHWARTZ Joan M Fort Chambly and the Creation of Symbolic Space the Photograph as Site of Meaning in Histoire mythique et paysage symbolique Mythic History and Symbolic Landscape actes du projet d change Laval Queen s octobre 1995 octobre 1996 rencontres de Qu bec et Kingston sous la dir de Serge
41. Courville et Brian Osborne Sainte Foy Centre Interuniversitaire d tudes Qu b coises 1997 p 70 76 SONTAG Susan Sur la photographie Paris Christian Bourgois Coll Choix essais 1993 239 p TH RIEN Gilles L Indien imaginaire une hypoth se Recherches Am rindiennes au Qu bec vol 17 no 3 automne 1987 p 3 21 THOMAS Ann Le r el et l imaginaire Peinture et photographie canadienne 1860 1900 catalogue d exposition pr sent e au mus e McCord du 20 juin au 12 ao t 1979 Montr al Mus e McCord 116 p TREMBLAY Francis La fiction en question Montr al et Paris Balzac Le Griot Coll Litt ratures l essai 1999 158 p TRIGGS Stanley G Les photographies composites de William Notman catalogue d exposition pr sent e au mus e McCord du 3 mai 1994 au 15 janvier 1995 Montr al Mus e McCord 1994 127 p TRIGGS Stanley G William Notman l empreinte d un studio catalogue d exposition pr sent e la Art Galley de Toronto du 2 novembre au 15 d cembre 1985 Toronto Coach House Press 1986 172 p TRIGSGS Stanley G Lettre Ms Joan Morgan 3 octobre 1978 Les Archives photographiques de William Notman Le Centre d archives et de documentation du mus e McCord agr par Biblioth que et Archives nationales du Qu bec Montr al Mus e McCord Consult es le 3 mai 2010 TRIGGS Stanley G Notman William Dictionnaire biographique du Canada en ligne vo
42. Illumination of Disenchantment Jonathan Crary identifie une rupture produite au XIX si cle tributaire de l influence des nouvelles technologies comme la photographie des discours et des nouveaux v nements comme les expositions universelles sur les conditions de r ception du spectateur Un nouveau type de repr sentation merge partir des simulations de villages indig nes r alis es au moyen de dispositifs sc niques lors des expositions universelles Cette nouvelle modalit de repr sentation contribue infliger le statut d objet spectaculaire aux peuples dits primitifs Dans ce contexte de curiosit et d accroissement de l int r t envers les colonies la production culturelle labore des images qui correspondent aux pr occupations de l poque Les photographies de Notman circulent largement dans les expositions universelles Londres Paris Philadelphie et de nombreux prix lui sont accord s Selon nous cette reconnaissance atteste de la convergence entre l mergence de nouveaux champs d tudes comme l anthropologie et l ethnographie g n rant un int r t croissant pour les colonies et les constructions photographiques de Notman Ces l ments occasionnent des d placements d ordre touristique en Am rique du Nord L attrait premier du Canada la chasse comme activit sportive et ludique au c ur de l tendue sauvage de la faune canadienne le tout accompagn d un guide indien pour y facili
43. Photograph as Site of Meaning Schwartz souligne le r le actif de la photographie dans la constitution des notions identitaires en tablissant un espace symbolique attribuable une m moire collective pour ainsi d finir les diff rences culturelles L analyse des personnages dans la photographie Le retour fig 5 permet d observer les diff rentes identit s l int rieur de l ensemble de l uvre de Notman sur les r cits de chasse Cette photographie s ins re entre celle de La mort l orignal fig 4 et 137 Jana Bara Furs in Fashion as Illustrated in the Photo Portraiture of William Notman in the 1860 s op cit p 47 Jacques Lacoursi re et Jacques Mathieu Les m moires qu b coises Sainte Foy Les Presses de l Universit Laval 1991 383 p 139 Ibid p 3 140 Joan M Schwartz Fort Chambly and the Creation of Symbolic Space the Photograph as Site of Meaning in Histoire mythique et paysage symbolique Mythic History and Symbolic Landscape actes du projet d change Laval Queen s octobre 1995 octobre 1996 rencontres de Qu bec et de Kingston sous la dir de Serge Courville et Brian Osborne Sainte Foy Centre Interuniversitaire d tudes Qu b coises 1997 p 72 141 ibid p 70 76 63 celle qui s intitule Les guides fig 6 au sein de la s quence sur la chasse lorignal Les cinq personnages se retrouvent tous au plan interm diaire D abord on reconna t les trois g n
44. a deuxi me photographie de la s rie La chasse l orignal intitul e l aube l alarme fig 2 pr sente le m me d cor que l image pr c dente la cabane droite la toile de fond peinte gauche les b ches au premier plan elles sont Maintenant droite Encore une fois l abri cr e cette masse sombre et rythm e qui encadre l activit des personnages et semble de la sorte les prot ger de la menace gauche la diff rence de la premi re photographie de la s quence la prise de 20 vue sur la mise en sc ne est r alis e d un peu plus loin plan plus large De plus on ne retrouve plus tous les objets au sommet de la cabane On aper oit toutefois une peau d animal suspendue au centre gauche de la composition des gamelles de la nourriture des roches un seau des arbustes Les manches des haches sont dispos s de sorte qu ils cr ent des obliques qui se croisent en un triangle dont la pointe co ncide avec l extr mit du canon du fusil de chasse braqu en direction de la b te l arri re plan De nouveau les objets de la chasse semblent tre l l ment cl qui guide le sens de la lecture du spectateur Au sein de la repr sentation il y a quatre personnages trois regardant en direction du sujet de l alarme et un autre est toujours endormi Une b te dangereuse probablement un ours attire l attention des trois personnages 1 2 3 3 Le petit d jeuner Le petit d jeun
45. a trajectoire sur la t te de l orignal Enfin _le positionnement de cette t te r oriente l attention vers le centre de la composition Dans cette premi re photographie de la s rie nous pouvons observer que Notman complexifie la sc ne en cr ant plusieurs centres d int r t l aide de formes triangulaires travers diff rentes obliques sugg r es par le manche des haches ou les canons des fusils par exemple Notman dynamise la composition en r orientant le sens de la lecture habituelle de l image Par ces obliques le regard du spectateur parcourt l image dans un sens et puis dans l autre jusqu ce qu il se mobilise l int rieur d une forme triangulaire Puisque le triangle est une forme ferm e il maintient le regard du spectateur cet endroit en particulier Cet arr t sur l image oblige le spectateur consid rer plus longuement le contenu de cet espace ferm Cette strat gie permet Notman de mettre l accent sur certains l ments n cessaires la lecture de l uvre Ce sont les accessoires de la chasse qui forment le triangle et ce sont les personnages qui sont contenus dans ces formes Les objets de la chasse jouent ainsi un r le prioritaire dans la construction de la narration de l image puisqu ils guident la lecture du spectateur et mettent en valeur les actions des personnages Nous allons approfondir l analyse narrative des uvres de Notman au prochain chapitre 1 2 3 2 l aube l alarme L
46. an Morissonneau prend racine en Nouvelle France au XVII si cle avec l apparition du coureur des bois Le mythe s amplifie au XIX si cle moment o le coureur des bois a 18 Christian Morissonneau op cit 212p 153 Ibid p 105 154 lbid p 57 69 pratiquement disparu et que le colon d fricheur occupe sa place La valorisation de ce dernier cette poque semble en relation directe avec le mythe de la terre promise identifi galement par Christian Morissonneau Ainsi les Canadiens fran ais voient en la for t un espace de survivance et d expansion de leur race contre l envahisseur Au moyen du mythe de la terre promise I angoisse de Garneau et de l lite intellectuelle pouvait s estomper Le petit nombre le danger de l assimilation l immigration anglo saxonne envahissante le capital tranger les terres surpeupl es les terres d j occup es par l Anglais Ainsi seuls les colons d fricheurs osent s aventurer dans ces contr es hostiles pour y vivre en paix Cette retraite d lib r e des Canadiens fran ais peut ainsi justifier l absence des francophones au sein des repr sentations de Notman En d finitive d un c t il y a le concept du wilderness de Daniel Francis concernant uniquement la communaut anglophone du Canada et dont son origine semble attribuable aux exp ditions occasionnelles du XIX si cle au cours desquelles les chasseurs s amusent d f
47. ant des imaginaires de l poque Dans ce chapitre nous examinerons d abord le contexte particulier dans lequel les photographies de Notman font leur apparition Au XIX si cle un int r t croissant pour les colonies engendre des d placements touristiques au Canada II s agit d une p riode d terminante pour le Canada nouvellement conf d r C est pr cis ment au moment de la Conf d ration que l activit de la chasse devient l attrait touristique par excellence au Canada L autod finition de la nation canadienne devient alors un objectif important pour le jeune pays La production culturelle du pays servira en partie cette cause tout en attirant les touristes au Canada L examen du contexte de diffusion sera n cessaire afin d tablir si les repr sentations de la chasse de Notman ont pu contribuer la diffusion de certains mythes et st r otypes de l identit nationale C est pourquoi nous nous int resserons aussi la mani re dont les identit s sont repr sent es dans ces sc nes pr sum es typiques du Canada Nous aborderons plus particuli rement la repr sentation de l autochtone et du Canadien fran ais Puis nous explorerons la repr sentation symbolique du wilderness travers les s ries sur la chasse de Notman Enfin nous t cherons de d terminer si les photographies de Notman leurs spectateurs et la large diffusion de ces uvres ont pu contribuer hisser le wilderness au statut d
48. ants Fantaisies photographiques victoriennes 1840 1880 Paris Mus e d Orsay R union des mus es nationaux 1999 79 p 3 Par ailleurs un s minaire intitul Tableau vivant ou l image perform e Sources m thodes enjeux figurait en 2011 2012 au programme de l Institut national d histoire de l art INHA Paris Il tait organis par Julie Ramos et L onard Pouy ce sujet voir la programmation en ligne Institut national d histoire de l art programme du s minaire Le tableau vivant ou l image perform e Sources m thodes enjeux En ligne lt http www inha fr IMG pdf Le_tableau_vivant_ou_ _image_performee pdf gt Consult le 15 novembre 2011 Quentin Bajac op cit p 7 30 souligne galement que la cr ation des s ries sur la chasse de Notman provient de la combinaison de cette forme de divertissement artistique que sont les tableaux vivants et les r cits d aventure typiquement canadienne Bara d crit le contexte de cette pratique l poque de Notman The Victorian taste for play was stimulated by a popular revival of costume and fancy dress parties masquerades tableaux vivants and balls that were complemented by the popularity of story or genre photographs in the second half of the 1860 s Le choix du registre des sc nes de genre contribue au rapprochement des photographies de Notman aux tableaux vivants Bajac rappelle que les photographies de groupe r f rent souvent la pratique des ta
49. asseurs pratiquant la chasse la mani re des autochtones engagent ces derniers titre de guides Selon nous cette attitude des nouveaux Canadiens s approprier l histoire des peuples autochtones est reli e ce que G rard Bouchard a identifi comme tant la m moire emprunt e Dans le chapitre intitul Le mythe essai de d finition l auteur explique comment une collectivit neuve tend se construire une m moire longue Ainsi diverses strat gies sont adopt es par les jeunes nations afin de r soudre la contradiction entre histoire courte et volont d une m moire longue Cette construction m morielle provient des lites dominantes qui tentent par ce moyen d instituer leur l gitimit en se d finissant par la nation La m moire emprunt e est une configuration par laquelle la jeune nation emploie l historicit soit de la m re patrie ou des autochtones pour point de d part de l histoire nationale Bouchard nomme quatre types de rapports d ploy s par l imaginaire afin de constituer une m moire n cessaire la fondation d une nation On peut dire qu une collectivit neuve est n e partir du moment o s y constituent des lites qui affirment son existence comme entit distincte de la soci t m tropolitaine et qui s emploient la doter d une culture ou d un imaginaire en l occurrence des repr sentations de Soi et de l Autre une vision de son avenir par l interm diaire d utopies
50. ation peine paradoxale l id al jamais atteint mais toujours vis tait bien que le spectateur prit la fiction de la repr sentation pour le r el Ainsi par exemple tout ce qui tait instrument de production de l illusion th trale devait il tre masqu rendu invisible au spectateur sous peine de lui rappeler qu il tait en train d assister une entreprise de mystification dont il tait la victime consentante Cette remarque n est pas sans rappeler les m thodes employ es par Notman afin de dissimuler tous les l ments renvoyant justement la mise en sc ne Selon nous le dispositif de la mise en sc ne tel qu utilis dans ies photographies de la chasse de Notman servait mettre en uvre ce pouvoir illusionniste Ainsi l analyse du m canisme de la mise en sc ne l int rieur des compositions photographiques de Notman permet de mettre en lumi re les pr tentions r f rentielles du photographe ainsi que l aspect fictionnel de ses uvres ce sujet Andr Rouill pr cise que l effet de r el qui suppose une criture transparente force de respect des conventions formelles fl chit l image perd sa valeur r f rentielle sa forme et son fonctionnement apparaissent al C est donc l effet de fiction ou plus pr cis ment le contr le de l effet fiction ou la contention du fictionnel qui est discernable au sein des photographies de Notman Ainsi malgr la volont
51. ation Afin de saisir la nature de cette confusion nous effectuerons le rapprochement entre le cas particulier d un auteur dont traite Schaeffer et les uvres de Notman Il s agit de l auteur Wolfgang Hildesheimer et de sa publication Marbot Eine Biographie Cet auteur a provoqu une grande confusion sur le plan de la r ception de son livre L ouvrage pr sent comme une biographie a suscit un tat de factualit involontaire de la part de ses lecteurs puisqu ils ont cru la v racit de ce qui tait d voil Toutefois la Edward Wilson Moose Hunting in Canada The Philadelphia Photographer vol 3 no 32 juin 1866 p 236 Les Archives photographiques de William Notman Le Centre d archives et de documentation du mus e McCord agr par Biblioth que et Archives nationales du Qu bec Montr al Mus e McCord Consult es le 26 novembre 2009 Wolfgang Hildesheimer Marbot Eine Biographie Frankfurt Suhrkamp 1981 326 p 71 Jean Marie Schaeffer Pourquoi la fiction op cit p 295 40 biographie Marbot tait tout simplement une fiction Schaeffer qualifie ce brouillage d effet de contamination C est que la strat gie de contamination la plus commun ment mise au service de l effet de r el et r alis e de mani re exemplaire par la fiction r aliste consiste introduire des l ments r f rentiels historiques mais aussi g ographiques temporels etc da
52. bec Montr al Mus e McCord Consult es le 26 novembre 2009 WILSON Edward Moose Hunting in Canada The Philadelphia Photographer vol 3 no 32 juin 1866 p 235 236 Les Archives photographiques de William Notman Le Centre d archives et de documentation du mus e McCord agr par Biblioth que et Archives nationales du Qu bec Montr al Mus e McCord Consult es le 26 novembre 2009 WILSON Edward Composition Photographs The Philadelphia Photographer vol 4 no 39 mars 1867 p 79 80 Les Archives photographiques de William Notman Le Centre d archives et de documentation du mus e McCord agr par Biblioth que et Archives nationales du Qu bec Montr al Mus e McCord Consult es le 26 novembre 2009 WILSON Edward Further Remarks on Lights and Lighting The Philadelphia Photographer ao t 1866 p 229 Les Archives photographiques de William Notman Le Centre d archives et de documentation du mus e McCord agr par Biblioth que et Archives nationales du Qu bec Montr al Mus e McCord Consult es le 26 novembre 2009 ZACCA REYNERS Nathalie Fiction et typification Methodos savoirs et textes no 5 avril 2005 En ligne lt http methodos revues org 378 gt Consult le 23 septembre 2010
53. bleaux vivants la longueur des temps de pose exigeait des personnes dispos es avec art et entra n es par la pratique rester absolument immobiles pendant quelques secondes La pratique renvoyait celles du tableau vivant il est patent que certaines de ses photographies de groupe contiennent un l ment dramatique qui les loigne du portrait pour les rapprocher du genre L J Il en va ainsi en effet des photographies de Notman o la chasse s inscrit dans le registre de la sc ne de genre Fait int ressant Bajac souligne que les photographies r alis es par les cossais Hill et Adamson au cours des ann es 1840 constituent les premiers tableaux vivants photographiques Tel que mentionn au premier chapitre Notman est aussi d origine cossaise immigr au Canada en 1856 si bien qu il est fort probable que ces deux photographes aient exerc une certaine influence sur son uvre Bajac pr cise que la photographie britannique s attachait faire de ce m dium non pas seulement l instrument d enregistrement d une r alit donn mais aussi un vecteur de r ve et d imaginaire au m me titre que la peinture ou la gravure Nous croyons que Notman participe de cette volont de fabriquer des photographies qui transmettent les imaginaires les croyances les identit s et les histoires d une collectivit C est ce que nous aborderons au troisi me chapitre Ce d tour par la pratique du tableau vivant n
54. canadien jouir d une r putation internationale II p n tra aussi le march am ricain gr ce ses studios de Boston Albany et New York 8 Avec Edward Wilson Notman fonda la Centennial Photographic Company lui assurant ainsi Notman une excellente 182 y promotion internationale lt Nora Hague ajoute L exposition tenue Philadelphie en 1876 lui valut la seule m daille d or attribu e par les juges 178 G rard Bouchard Le mythe essai de d finition op cit p 426 179 Ibid p 409 426 180 Ybid p 414 181 Nora Hague After Notman Montreal Views a Century apart D apr s Notman regards sur Montr al un si cle plus tard Willowdale Firefly Books 2003 p 31 182 bid p 33 79 britanniques Ce ne fut qu une des nombreuses r compenses qu il remporta tout au long de sa carri re pour ses expositions internationales FRE at Ce type de diffusion nourrit les perceptions et les identit s lorsque la repr sentation a p n tr la sph re de la tradition et de la coutume elle s est ritualis e La ritualisation constitue la deuxi me tape du processus de mythification Il s agit du moment o ce qui est repr sent au sein des images se reproduit de mani re m canique et de fait s int gre au quotidien pour ensuite s institutionnaliser C est au terme de ce processus que la repr sentation symboliq
55. d tails qui ne se retrouvent pas dans les images Au sein de ses uvres Notman use de certains subterfuges telle la mise en sc ne afin de susciter une impression de r alit chez les spectateurs En outre Notman utilise abondamment l inscription From Nature pour pr senter ses photographies sur la chasse afin d accro tre l impression de vraisemblance travers le mode sp cifique de r ception qu exigent les photographies de Notman nous apprendrons qu un certain nombre de m canismes peuvent conduire le spectateur confondre r alit et fiction l int rieur de la repr sentation l aide du concept d immersion fictionnelle propos par Jean Marie Schaeffer nous verrons que les uvres de Notman induisent des comportements de l ordre de l imitation Ainsi la mani re du mode d emploi les photographies de Notman illustrent la fa on de pratiquer la chasse au Canada Par l encha nement des clich s photographiques repr sentant diff rents pisodes d exp ditions de chasse en pleine nature le spectateur se fabrique un r cit Des images aux mots le spectateur comble parfois les lacunes du r cit photographique Le troisi me et dernier chapitre nous permettra de mettre en lumi re les mythes et les st r otypes de la nation canadienne tels qu ils s affichent dans les repr sentations symboliques sur la chasse Les photographies de Notman v hiculent elles des repr sentations sociales t moign
56. d argent pour s adonner au loisir d aller se faire tirer le portait dans un studio de photographie De plus le studio de Notman tait principalement fr quent par la communaut anglophone de Montr al Cela a possiblement contribu carter les francophones de ce studio de photographie exception faite des personnalit s politiques qui souhaitaient y rehausser leurs statuts de la m me mani re que leurs homologues anglophones Puisque Notman jouissait d une bonne r putation autant Montr al qu l international ce fait tait bien connu des spectateurs Ainsi nous supposons que les spectateurs des uvres de Notman ne s attendaient pas forc ment ce que la communaut francophone y soit repr sent e Bien que les francophones taient toujours tr s pr sents dans le tissu social ils sont totalement absents des repr sentations de la chasse de Notman Notre premi re hypoth se est que cette exclusion t moigne du d sir de l assimilation des Canadiens fran ais en vue de la domination de la race anglophone afin de d finir la nation comme une entit unie et coh rente 148 Cela est observable par la succession des trait s entre les Autochtones et le gouvernement peu de temps apr s la Conf d ration On peut donc en d duire que les d marches ont commenc quelques ann es avant le premier trait de 1871 puis des autres en 1873 1874 1875 1876 1877 et plus tard jusqu en 1899 67 Selon nous une autre
57. de Notman C est pourquoi les descriptions de Wilson serviront d exemples dans l analyse men e dans ce m moire Wilson proc de une mise en r cit lors de ses descriptions compl tes des s ries sur la chasse de Notman Nous allons donc nous int resser particuli rement aux spectateurs qui per oivent mentalement les images de Notman selon la narration livr e par Wilson Nous avons choisi le cas d Edward Wilson puisqu il nous permet de nous resituer l int rieur de la r ception contemporaine aux uvres de notre photographe travers ses descriptions d taill es il nous livre le mode d emploi des repr sentations de Notman Edward Wilson fait galement partie du corpus de ce 30 The Philadelphia Photographer est un journal illustr mensuel vou la photographie et son format tait de 7 x 10 pouces Il est publi de 1864 1889 Il est int ressant de noter que Notman forme avec Wilson la Centennial Photographic Company en 1876 afin d obtenir le monopole de la photographie l exposition universelle qui se tient cette ann e l Philadelphie 1 Au XIX si cle la ville de Philadelphie tait en effet reconnue comme la capitale de la photographie C est en 1862 que la Photographic Society of Philadelphia fut cr e ce sujet voir Kenneth Finkel Legacy in Light Photographic Treasures from Philadelphia Area Public Collections Philadelphie The Library Company of Philadelphia 1990 p 11 25 m moire C
58. de fiction qui en instaurant un cadre pragmatique propice l immersion fictionnelle permet au spectateur de reconna tre l intention de feindre Cette sorte de pacte implicite entre le cr ateur et le spectateur d une uvre est en lien avec la comp tence fictionnelle dont le d veloppement complexe d buterait d s l enfance par le biais des jeux et permettrait la ma trise de la r alit lt lbid p 28 Nathalie Zacca Reyners Fiction et typification Methodos savoirs et textes no 5 avril 2005 En ligne lt http methodos revues org 378 gt Consult le 23 septembre 2010 Jean Marie Schaeffer op cit p 28 Sa lt lbid p 30 lt Jean Marie Schaeffer Pourquoi la fiction Paris ditions du Seuil 1999 p 290 t Ibid p 146 Le cadre pragmatique appropri est videmment celui qu on d signe couramment par les expressions de feintise ludique ou encore de feintise partag e Searle 37 Un peu plus haut nous avons tabli que au moyen de la dissimulation de la mise en sc ne Notman tente d installer un cadre propice l immersion fictionnelle L intention de feindre est percevable en vertu du subterfuge mis en place par le photographe afin de cr er l illusion de la r alit Puis la fiction ludique induit galement un ultime m canisme qu est la mod lisation analogique C est ce m canisme qui nous am ne traiter la repr senta
59. diens fran ais et les Canadiens anglais comprenant les immigrants de la 145 colonie britannique et autres pays de langue anglaise Qu en est il de cette s paration au sein des uvres photographiques de Notman Quelles sont les collectivit s repr sent es par Notman et de quelle mani re le sont elles Dans les s ries photographiques sur la chasse de Notman le Canadien anglais incarne le chasseur Le symbole du chasseur d signe un homme courageux affrontant les b tes f roces et les tendues sauvages et hostiles Le r le jou par l autochtone est G rard Bouchard Le Qu bec et le Canada comme collectivit s neuves Esquisse d tude compar e Recherches sociographiques vol 39 no 2 3 1998 p 234 235 e Produit de la juxtaposition territoriale et socioculturelle d ethnicit s ou de nationalit s particuli res l identit mosa que permet aujourd hui de d finir la canadianit selon une pluralit de mani res distinctes de se nommer qui peuvent tre regroup es sous l une ou l autre des quatre cat gories suivantes les autochtones du Canada auxquels on donnera le nom g n rique de pr Canadiens les Franco Canadiens c est dire les anciens Canadiens les Anglo Canadiens ou encore les Canadians et les n o Canadiens et donc les nouveaux Canadiens Nicolas Van Schendel op cit p 103 65 celui du guide poss dant une relation mystique avec cette tendue sauvage et communiant la
60. e the Conception of Photography Cambridge The MIT Press 1999 273 p BECKER Howard Saul Les photographies disent elles la v rit Ethnologie fran aise vol 37 janvier 2007 p 33 42 100 BELLEFLEUR Michel L volution du loisir au Qu bec Essai socio historique Sainte Foy Presses de l Universit du Qu bec Coll Temps libre et culture 1997 412 p BOUCHARD G rard Le Qu bec et le Canada comme collectivit s neuves Esquisse d tude compar e Recherches sociographiques vol 39 no 2 3 1998 p 219 248 BOUCHARD G rard Raison et contradiction le mythe au secours de la pens e conf rence prononc e suite l invitation de la Chaire pour le d veloppement de la recherche sur la culture d expression fran aise en Am rique du Nord Qu bec mars 2003 Qu bec ditions Nota Bene Coll Cefan 2003 129 p BOUCHARD G rard Le mythe essai de d finition in Mythes et Soci t s des Am riques sous la dir de G rard Bouchard et Bernard Andr s Montr al Qu bec Am rique 2007 p 409 426 BOUCHARD G rard Jeux et n uds de m moire l invention de la m moire longue dans les nations du Nouveau Monde in Mythes et Soci t s des Am riques sous la dir de G rard Bouchard et Bernard Andr s Montr al Qu bec Am rique 2007 p 315 348 BOUCHARD G rard La pens e impuissante checs et mythes nationaux canadiens fran ais 1850 1960 Montr al Bor
61. e En 1867 Wilson r alise un compte rendu logieux de chacune des s ries envoy es par Notman 24 commencer par La chasse au caribou puis La chasse l orignal et Les sc nes de trappe Notman collabore r guli rement ce p riodique influent The Philadelphia Photographer accorde une place importante l ait aux m thodes innovatrices et au studio montr alais de Notman Ce p riodique circulait aux tats Unis et tait produit Philadelphie reconnue alors comme la capitale am ricaine de la photographie The Philadelphia Photographer est un journal illustr mensuel vou la photographie et son format tait de 7 x 10 pouces Il est publi de 1864 1889 Il est int ressant de noter que Notman forme avec Wilson la Centennial Photographic Company en 1876 afin d obtenir le monopole de la photographie l exposition universelle qui se tient cette ann e l Philadelphie L importance de e p riodique aux tats Unis porte r fl chir sur l impact de la r ception puis de la diffusion des repr sentations de la chasse de Notman son poque Avant d aborder la dimension sociale de la circulation des repr sentations photographiques de Notman nous allons nous int resser au processus individuel que chaque spectateur est amen faire au moment de la r ception de ces uvres Le mode de r ception qu Edward Wilson emploie est le m me pour chaque individu qui re oit les s ries photographiques
62. e qui contrastent nettement avec l arri re plan peint et sombre Un tronc ressemblant plut t un simple b ton accentue aussi la verticalit du protagoniste _ On distingue plusieurs branches l avant plan ainsi qu une peau d animal la gauche Une importante oblique amen e par le fusil de chasse et r p t e par le manche de la hache situ e au dos du personnage oblige le regard s arr ter sur un d tail tr s net de la photographie une branche de sapin qui semble gel e par le froid de l hiver C est une prouesse technique impressionnante r alis e par Notman 1 3 Les comptes rendus des s ries sur la chasse par Wilson Nous venons donc de proc der la description de chacune des photographies de la s rie La chasse l orignal dans le but d exposer les strat gies visuelles employ es par Notman En outre cette description nous permet de mettre en lumi re le processus que tout spectateur est amen faire de mani re plus ou moins intuitive au moment de la r ception des s ries photographiques de Notman Gr ce cette description nous serons en mesure de comprendre le r le des dispositifs sc niques dans la r ception du spectateur Ce dernier est amen se construire mentalement le r cit des photographies successives de la s rie sujet de notre prochain chapitre Contemporain de Notman Edward Wilson s est livr dans le p riodique The Philadelphia Photographer un exercice de description semblabl
63. e ainsi que les tendues sauvages deviennent des sp cificit s nationales du Canada alors en qu te d autod finition Les uvres photographiques de Notman r pondaient une demande particuli re de l poque soit celle de repr senter les sujets populaires de la vie courante au Qu bec Par ailleurs cette nouvelle valorisation du Canada l tranger dans le but de stimuler le tourisme n est pas le seul fait de l image La litt rature proc de galement de cette intention Contemporain de Notman sir 19 James MacPherson Le Moine en est un bon exemple Auteur des premiers albums destin s aux touristes celui ci portait une attention particuli re aux th matiques de la chasse et la p che comme en t moigne ces intitul s L album du touriste arch ologie histoire litt rature sport Qu bec Qu bec 1872 Chasse et p che au Canada Qu bec 1887 Historical and sporting notes on Quebec and its environs Qu bec 1890 Maple leaves history biography legend literature memoirs etc 7 s r Qu bec 1863 1906 Picturesque Quebec a sequel to Quebec past and present Montr al 1882 etc 116 Michel Bellefleur L volution du loisir au Qu bec Essai socio historique Sainte Foy Presses de l Universit du Qu bec 1997 p 44 24 les voyages d agr ment reli s la pratique de la chasse et de la p che sont historiquement la plus ancienne forme de tourisme qu ait connu le Qu bec Ibid p 4
64. e de Notman d montrent bien cet int r t pour la mascarade De la m me mani re qu au th tre le photographe dispose sa guise les l ments de la sc ne comme les accessoires et les acteurs afin de transmettre des informations relatives au contenu de l uvre Le rapprochement entre le th tre et les photographies de Notman est vident si on se r f re aux crit res tablis par Dominique de Font R aulx Dans son article Le vrai sous le fantastique l auteur relie la photographie la cr ation th trale de son temps et postule que tous les deux suscitent les m mes enjeux 32 La seule r ponse qu ils les photographes aient trouv e leurs interrogations pour hausser la photographie au niveau de l art a t de copier l art officiel Pierre Jean Amar La photographie histoire d un art Aix en Provence disud 1993 p 54 Dominique de Font R aulx Le vrai sous le fantastique tudes photographiques no 16 mai 2005 En ligne lt http etudesphotographiques revues org index1020 html gt Consult 20 septembre 2010 28 le d sir de ne pas rompre l illusion de la repr sentation l utilisation de la lumi re tant dans sa ma trise que dans le choix des sujets qu elle claire et au del dans le mode de cr ation qu elle permet le sens de la composition fond sur un rapport des masses qui puise en partie sa logique dans les proc d s de cr ation des d co
65. e l art l Universit Concordia Notman demeure que les trois s ries dont il sera ici question n ont jamais fait l objet d tude approfondie Nous souhaitons ainsi combler cette lacune Les archives photographies de William Notman r unissent plus de 600 000 photographies prises par le studio Notman cela inclut les photographies prises par les fils de Notman apr s la mort de ce dernier De ces photographies les archives conservent 200 000 n gatifs sur verre Il est donc possible de consulter les preuves photographiques de Notman au Centre d archives et de documentation du mus e McCord De plus le Centre permet la consultation d une base de donn es consid rable Pr s de la moiti des informations y sont num ris es Par ailleurs le site Web du mus e McCord offre la possibilit de visiter en ligne une bonne partie de la collection des archives photographiques de Notman Quelque 80 800 documents d artefacts reli s cette collection sont disponibles sous la rubrique Clefs pour l histoire Dans le premier chapitre de ce m moire nous pr senterons certains d tails biographiques relatifs William Notman Nous apprendrons que d s son arriv e Montr al Notman ne tarde pas fonder son studio de photographie En 1866 Notman con oit trois s ries photographiques distinctes sur le th me de la chasse au Canada l int rieur m me de son studio Les photographies illustrent diff rents moments propres
66. e mythe CHAPITRE NOTMAN OU LA FABRIQUE DES SC NES DE CHASSE Tout d abord nous aborderons bri vement la biographie de William Notman un photographe canadien uvrant lors de la seconde moiti du XIX si cle Montr al Ainsi nous serons en mesure de situer le contexte de production dans lequel volue le photographe Nous verrons que plusieurs l ments ont contribu au succ s de son studio de photographie Puis nous exposerons le corpus de ce m moire il s agit de trois s ries photographiques sur le th me de la chasse Ces s ries sont r alis es dans une salle du studio Notman sp cialement consacr e ce type de mise en sc ne titre d exemple nous analyserons une de ces trois s ries afin d en exposer le contenu et le fonctionnement interne Nous disposerons de tous les l ments n cessaires une analyse portant davantage sur les conditions de r ception des uvres de Notman ce dont il sera question au deuxi me chapitre de ce m moire 1 1 Photographe et homme d affaires William Notman Notman 1826 1891 est n Paisley en cosse Il entreprend tout d abord des tudes en arts Glasgow mais d cide finalement de travailler pour l entreprise 2 Au sujet de la biographie de Notman voir Stanley G Triggs William Notman l empreinte d un studio catalogue d exposition pr sent e la Art Gallery de Toronto du 2 novembre au 15 d cembre 1985 Toronto Coach House Press 1986 172 p Roge
67. eaux arrivants du Royaume Uni de faire fortune et de se d velopper dans ce contexte de colonisation A few aberrant Brits may have fancied a life in the snowy wild amongst the noble savages or ventured into wheat farming and fruit ranching or indulged as tourists in the thrill of the hunt Canada had become the domain of the pragmatic immigrant looking for land and a new properous and stable life Par ailleurs la collectivit anglaise de Montr al tait essentiellement compos e d immigrants cossais et formait une communaut tr s prosp re C est au moment de la vague d immigration cossaise au milieu du XIX si cle qu arrivent les premiers photographes Montr al C est ainsi qu Alexander Henderson 1831 1913 Dans l ouvrage Histoire g n rale du Canada les auteurs pr cisent les raisons qui incitent les immigrants s installer au Canada C est d ordinaire pour des motifs conomiques plut t que religieux L immigrant type est jeune ambitieux mais paralys par une soci t et une conomie vieillies dont les structures trop rigides ne peuvent lui promettre le succ s ou l ascension sociale Voir Robert Craig Brown Paul Andr Linteau Ramsay Cook Histoire g n rale du Canada Montr ai Bor al Express 1988 p 350 4 Edward Carvell Sometimes a Great Nation a Photo Album of Canada 1850 1925 Banff Altitude 1984 p 11 Dennis Reid British Community and Founding of AAM Our Own Coun
68. eine Victoria Il s agit d une s rie de photographies regroup e dans deux albums illustrant les diff rentes tapes de la construction du pont Victoria D s lors Notman est proclam photographe de la reine et aborde fi rement ce titre dans les journaux o il fait la promotion de ses photographies Notman offre une grande vari t de services des reproductions photographiques de peintures canadiennes des portraits et des photographies de groupes clubs priv s v nements portraits de famille En outre Notman r alise 7 Pour plus de d tails sur Alexander Henderson voir Stanley G Triggs Henderson Alexander Dictionnaire biographique du Canada en ligne vol 14 Universit de Toronto et Universit Laval 2000 En ligne lt http www biographi ca 009004 119 01 f php id_nbr 7437 gt Consult le 25 mai 2012 3 En 1870 les deux photographes proposent de r aliser une photographie composite du carnaval de patinage un v nement mondain organis en l honneur du prince Arthur Furieux de ne pas d tenir l exclusivit de la r alisation de cette photographie Inglis pr tend faussement tre l inventeur de la technique de la photographie composite Stanley G Triggs Les photographies composites de William Notman catalogue d exposition pr sent e au mus e McCord du 3 mai 1994 au 15 janvier 1995 Montr al Mus e McCord 1994 127 p Voir Michel Lessard Les Livernois photographes publication p
69. embl e en fonction de la th matique Pour chacune des s ries les photographies sont offertes en grand 15 Edward Wilson Outdoor Photographs Taken Indoors The Philadelphia Photographer vol 3 no 29 mai 1866 p 131 Les Archives photographiques de William Notman Le Centre d archives et de documentation du mus e McCord agr par Biblioth que et Archives nationales du Qu bec Montr al Mus e McCord Consult es le 26 novembre 2009 I Il s agit d un p riodique en trois tomes tome 1 et 2 en 1867 et tome 3 en 1868 publi par Notman y avait des portraits photographiques pris par Notman et des textes biographiques crits par Fennings Taylor Les hommes d importance comme les politiciens et les hommes d affaires taient le sujet de ces portraits Cet ouvrage tait publicis travers plusieurs journaux dont la Gazette et le Pilote Dans les tomes les portraits photographiques taient directement coll s aux pages Un abonnement tait offert pour ce p riodique et certains clients reliaient les diff rents volumes en un livre Informations recueillies lors d un change courriels avec Madame Nora Hague catalogueuse principale aux archives photographiques de Notman du mus e McCord le 7 septembre 2010 13 8 x 10 pouces et en petit formats 4 x 5 pouces Les r clames pr cisent que les s ries sur la chasse se pr sentent galement sous la forme d un portfolio pouvant tre envoy par la poste Des ex
70. emplaires pour les trois s ries taient disponibles au studio Notman situ au 17 rue de Bleury Montr al et celui de Toronto au 120 rue King Street Les publicit s mentionnent galement le prix des portfolios en fonction de la dimension des ensembles ainsi que celui des photographies l unit voir app A 1 et A 2 En ce qui a trait la troisi me s rie Sc nes de trappe voir app A 3 aucune publicit ma t trouv e sp cifiquement cette s rie Cependant un article publi dans The Philadelphia Photographer pr sentant les uvres de Notman divulgue l ordonnancement de la s rie Ainsi tout comme les publicit s les articles du p riodique The Philadelphia Photographer renferment plusieurs informations de premi re main L diteur du p riodique proc de une description d taill e de chaque s rie sur la chasse envoy e par Notman Ces articles nous permettent de corroborer les informations contenues dans les publicit s et font office de documents t moins d une r ception contemporaine aux uvres du photographe Nous reviendrons au p riodique et son diteur en fin de chapitre 1 2 1 La s rie Sc nes de trappe L ensemble de la s rie des sc nes de trappe pr sente un duo de personnage guide et chasseur Cette s rie r p te souvent le m me type de composition et substitue simplement l objet de la trappe le castor le carcajou le lynx et le phoque Dans l ordre on retrouve six ph
71. ent provenant du feu qui illumine les visages des protagonistes de la sc ne De surcro t plusieurs photographies des trois s ries sur la chasse illustrent un groupe de cinq personnages dispos s selon l action du r cit Le cadrage est resserr sur les personnages formant ainsi une masse dynamique De cette fa on nous pouvons affirmer que les photographies de Notman pr sentent une composition la mani re du th tre 34 pp lbid 3 Stanley G Triggs Lettre Ms Joan Morgan 3 octobre 1978 Les Archives photographiques de William Notman Le Centre d archives et de documentation du mus e McCord agr par Biblioth que et Archives nationales du Qu bec Montr al Mus e McCord Consult es le 3 mai 2010 29 Il nous appara t incontournable de souligner que la mise en sc ne et l aspect th tral des photographies de Notman voquent la pratique des tableaux vivants Ces tableaux offrent une repr sentation fig e d un pisode d un moment ou d un sujet en particulier o des acteurs costum s prennent la pose dans des d cors sc niques Dans les uvres de Notman les personnages interpr tent les r les de guides indiens ou de chasseurs posant dans des d cors confectionn s sous la direction artistique du studio Les acteurs doivent conserver la pose jusqu au moment de la prise de vue photographique qui se charge de la p rennisation du tableau vivant Auteur de Tableaux vivants Fantaisies photog
72. ent r alis es en studio Tout y est mis en uvre pour cr er l illusion de sc nes se d roulant dans un cadre naturel de mani re favoriser un mode de r ception qualifi d immersif selon le terme de Jean Marie Schaeffer Une attention particuli re sera accord e aux comptes rendus qu Edward Wilson un contemporain de Notman r alise de ces s ries photographiques Ceux ci permettent en effet de jeter les bases d une analyse de la participation du spectateur l laboration narrative des s quences photographiques l tude Ce m moire propose galement d examiner les st r otypes et les mythes v hicul s par les repr sentations de Notman Contemporaines de la Conf d ration la circulation et la diffusion de ces images proc dent de l laboration d un imaginaire national Ce contexte historique est d terminant puisque la jeune nation en instance de d finition a recours la production culturelle afin de promouvoir sa singularit travers le monde Par ailleurs l int r t croissant pour les colonies encourage le d veloppement du tourisme en Am rique de Nord Or l attrait premier du Canada est la chasse et ses tendues sauvages Ce m moire propose en d finitive une analyse des cat gories identitaires mises en sc ne dans les uvres de Notman lAutochtone le Canadien anglais et le Canadien fran ais travers une interrogation sur la symbolique du wilderness Mots cl s imaginaire William Notman photog
73. er fig 3 constitue la troisi me photographie de cette s rie Le d cor est semblable aux sc nes pr c dentes Le plan est nouveau resserr sur les personnages comme la premi re photographie L abri cette masse sombre et rythm e retrouve ses objets suspendus raquettes gants bourses manteaux L arri re plan peint cr e chaque fois un vide en opposition avec la cabane Les cinq personnages du second plan sont divis s en deux groupes Chacun des groupes concentre son regard sur l activit qui l occupe la pr paration du d jeuner Encore une fois le titre appuie l action repr sent e Le groupe gauche forme un triangle et comprend trois personnages Le groupe droite est compos de deux personnages Des b ches l avant plan entravent l acc s au groupe de droite Le chemin visuel d bute donc la gauche de la mise en sc ne l aide du manche de la hache qui g n re une diagonale traversant le groupe gauche et aboutissant aux objets suspendus l arri re plan Puis au second plan droite le prolongement d une forte oblique provoqu par le b ton soutenant un seau conduit le regard vers le fusil sur lequel l homme debout s appuie L accent est encore une fois mis sur les accessoires de la sc ne repr sent e 21 1 2 3 4 La mort de l orignal La qu tri me photographie intitul e La mort de l orignal fig 4 apporte une nouvelle dynamique la s rie Le changement de d cor sugg
74. erait sup rieure Wilson se contente plut t de narrer les sc nes repr sent es tout en exprimant son merveillement devant l aspect r aliste des repr sentations photographiques It hardly seems credible that such effects can be on the floor of a photographic glass room Nothing can be more successful and wonderful in photography L diteur poursuit un peu plus loin The expression of earnestness and solicitation depicted upon the faces of both man and beast is natural and perfect Toujours dans le m me article Wilson commente une photographie The Old Trapper is most faithfully represented Nous savons d sormais que la s rie sur les sc nes de trappe est la derni re qui a t envoy e par Notman Edward Wilson Il est vrai que cette s rie nous appara t diff rente des deux autres On retrouve moins de personnages l int rieur des sc nes et l accent est mis sur l action ex cut e par les animaux empaill s en situation de trappe l exception de la photographie Le vieux chasseur fig 7 Les titres de chacune des photographies appuient ce constat puisqu ils font r f rence aux animaux mis en sc ne dans les repr sentations Alors que les intitul s des photographies de la s rie sur la chasse au caribou renvoient aux actions ex cut es par les chasseurs et leurs guides Les reproductions des uvres photographiques de Notman sont accessibles sur le site Web du mus e McCord
75. es deux personnages uvres de Notman on peut galement observer cette fusion travers les portraits de Blancs costum s en autochtones Ces photographies renvoient des codes pr cis de l Indien id alis romanc et fantasm les plumes l attitude le costume les accessoires le s rieux l poque de Notman l lite anglophone croyait que les autochtones taient en train de s teindre Cette id e de la disparition des autochtones tait tr s r pandue Marqu s par les pr jug s de la soci t qu ils repr sentent les fonctionnaires du gouvernement du Canada croyaient non seulement que le mode de vie des autochtones tait en voie de disparition mais aussi que ces derniers taient vou s l extinction Voil qui du m me coup r v le le troisi me rapport institu par l imaginaire soit un rapport au pass qui se traduit dans une m moire Nous sugg rons qu en repr sentant le guide indien de la sorte Notman contribue son insertion forc e au sein du a 162 Edward Cavell op cit p 15 163 Gilles Th rien L Indien imaginaire une hypoth se Recherches Am rindiennes au Qu bec vol 17 no 3 automne 1987 p 3 21 164 Jbid p 14 165 Henry Vivian Nelles Une br ve histoire du Canada Saint Laurent Fides 2005 p 185 168 G rard Bouchard La pens e impuissante op cit p 10 73 patrimoine culturel de la nation canadienne Car
76. es manques que pr sentent les images au moyen de son imagination Puisqu il accorde une certaine cr dulit aux repr sentations de Notman le spectateur adh re en quelque sorte au contenu des images Dans le cas de Wilson il commente parfois les uvres en oubliant temporairement le fait que ce sont des reconstructions th trales en studio de photographie Par ailleurs Notman contribue volontiers cette confusion passag re en usant de diff rents stratag mes tels que la mise en sc ne ou l inscription From Nature propos de ses images Le spectateur interpr te les uvres selon son propre bagage de connaissances et en fonction de l imaginaire collectif Wilson ainsi que tous les spectateurs des uvres de Notman en plus des photographies elles m mes alimentent aussi l imaginaire collectif C est ainsi que nous pouvons comprendre ce mouvement d aller retour entre l imaginaire collectif les productions culturelles et les spectateurs Il nous fallait nous int resser de pr s aux identit s construites dans les uvres de Notman pour bien saisir le r le des spectateurs et l influence des productions culturelles de Notman sur l imaginaire collectif de l poque Nous avons d couvert que le concept romantique du wilderness a co tribu repr senter des identit s st r otyp es le brave Canadien anglais et le grand Indien Pour conclure nous voulons exposer l tat actuel du wilderness dans l imaginaire collec
77. ette originalit justifie la pertinence de notre sujet d tude Par ailleurs il est important de pr ciser qu un peu avant l arriv e de Notman Montr al Cornelius Kreighoff 1815 1872 peigna it d j des sc nes de la vie courante au Canada D une certaine mani re Notman poursuit cette tradition picturale tout en la transposant en photographie Dans le premier chapitre de ce m moire nous tudierons l organisation des images des trois s ries sur le th me de la chasse et plus particuli rement celle de La chasse l orignal La s rie sur la chasse l orignal nous servira d exemple pour l ensemble des trois s ries Les photographies de cette s rie regroupent l essentiel de tous les l ments pr sents au sein des s quences sur la chasse Au moyen de ces descriptions nous aurons pos les bases n cessaires l analyse conduite dans le deuxi me chapitre qui se concentrera sur la dimension imaginaire de ces images Le deuxi me chapitre explore le r le jou par le spectateur dans la fabrique des r cits photographiques de la chasse La r ception contemporaine des images de Notman sera tudi e en prenant appui sur des comptes rendus de l poque r alis s par Edward Wilson diteur d un p riodique prestigieux aux tats Unis Wilson est un commentateur attentif et avis des photographies que lui envoie Notman Nous constaterons que Wilson construit un r cit pour ses lecteurs en inventant parfois certains
78. fictif et nonciateur r el voir Ibid p 52 58 Le punctum de Barthes serait un l ment un d tail hasardeux et troublant qui accroche le regard Ce ph nom ne inintelligible attesterait du a a t Pour plus de d tails voir Roland Barthes La chambre claire note sur la photographie Paris ditions de l toite Gallimard ditions du Seuil 1980 192 p si Roger Odin op cit p 156 45 2 2 3 Un r cit construit par Edward Wilson pour ses lecteurs La fictionnalisation se r sume de la mani re suivante d abord une premi re d finition en termes d exp rience qui consiste voir un film comme un film de fiction c est vibrer au rythme des v nements nonc s par un nonciateur fictif de telle sorte que j entre en phase avec ces v nements et avec le syst me de valeurs qu ils v hiculent puis une d finition d ordre th orique r unissant les op rations telles qu explicit es plus haut Toutefois toute lecture d uvre y compris celle qui est livr e dans ce m moire est en mouvement Au del du mode fictionnalisant il existe d autres modes qu un spectateur peut tre amen emprunter lors d une m me lecture Odin souligne que toute lecture mobilise toujours dans la succession et ou dans la simultan it diff rents modes de production de sens et d affects en m me temps que je me laisse porter par l histoire je m interroge sur la v rit
79. graphique Dani le M aux r v le que au del de la perception de l coulement temporel produit par l encha nement des clich s le lecteur tablit des rapports de cons cution provenant des liens logiques entre la succession des photographies et la construction des rapports d implication Cette relation de causalit est enti rement cr e par le lecteur et non par la s quence photographique De plus le lecteur tend solidifier la constance de la s rie en appr hendant chaque image l aune des autres travers la description de la s quence sur la chasse l orignal Edward Wilson accomplit de mani re vidente le processus du lecteur Puisque les lecteurs du p riodique The Philadelphia Photographer n ont pas acc s toutes les reproductions des photographies de Notman Wilson se doit de construire verbalement la narration propos e par la s quence du photographe Par exemple l diteur crit A good chase must now intervene and now after a day of a hard work and additional 107 Edward Wilson Outdoor Photographs Taken Indoors op cit p 129 K Edward Wilson Moose Hunting in Canada op cit p 236 lbid 110 Dani le M aux L interpr tation de la s quence photographique in op cit p 129 137 1 Le terme est employ par Dani le M aux 53 appetite the next scene is Night asleep in the cabane Parfois Wilson choisissait certaines photographies po
80. gt Consult le 20 mars 2010 Site officiel du mouvement olympique C r monie d ouverture le Canada ouvre ses Jeux dans la f te et l motion communiqu de presse in Nouvelles AFP Jeux olympiques d hiver 2010 Vancouver En ligne lt http www vancouver2010 com fr nouvelles olympiques n communiques de presse nouvelles afp c r monie douverture le canada ouvre ses jeux dans la f te et l motion_274468Wa html gt Consult le 20 avril 2010 AMAR Pierre Jean La photographie histoire d un art Aix en Provence disud 1993 190 p BAJAC Quentin Tableaux vivants Fantaisies photographiques victoriennes 1840 1880 Paris Mus e d Orsay R union des mus es nationaux 1999 79 p BARA Jana Furs in Fashion as Illustrated in the Photo Portraiture of William Notman in the 1860 s m moire pr sent comme exigence partielle de la ma trise en histoire de l art Montr al Universit de Concordia 1986 151 p BARA Jana Through the Frosty Lens William Notman and His Studio Props History of Photography vol 12 no 1 janvier mars 1988 p 23 30 BARTHES Roland La chambre claire note sur la photographie Paris ditions de l toile Gallimard ditions du Seuil Coll 1980 192 p BARTHES Roland sous la dir L analyse structurale du r cit Paris ditions du Seuil coll Points S rie Essais no 129 2008 ie d 1966 178 p BATCHEN Geoffrey Buming With Desir
81. hotographique l effet de r el est au contraire menac par une d rive fictionnelle constante que les portraitistes tentent pr cis ment d endiguer Ainsi au moyen de la dissimulation de la mise en js Stanley G Triggs Lettre Ms Joan Morgan op cit 45 II s agit d un photomontage faisant r f rence un fait r el L assassinat de Gustave Chaudey dans la prison de Sainte P lagie le 23 mai 1871 par Appert Voir Andr Rouill et Bernard Marbot Le corps et son image photographies du XIX si cle Paris Contrejour 1986 p 91 lbid p 86 33 sc ne Notman tend contr ler l effet fiction constituant l esth tique du portrait de studio au XIX si cle M me si la photographie pr tend tre authentique il y a in vitablement un glissement fictionnel qui exige un certain contr le de la part du photographe Concr tement on voit cela s op rer par le camouflage minutieux du dispositif sc nique du studio la r gulation stricte des attitudes l indiff rence oblig e des mod les vis vis des accessoires la proscription du rire et du ludique Le contr le de l effet de fiction est perceptible dans les sc nes construites par Notman La d sinvolture des mod les face aux accessoires est manifeste dans les photographies de Notman puisqu il para t vident que les acteurs se pr tent au jeu de la fiction et incarnent leurs r les respectifs De plus
82. hotographs From Nature ou les titres des photographies tels 72 Ibid p 142 73 Ibid p 135 74 videmment la question de l intentionnalit de l artiste est complexe Jean Marie Schaeffer cerne ce probl me qui est selon lui l origine des difficult s rencontr es quand vient le moment d affirmer qu une image fixe rel ve du fictionnel C est que le cadre pragmatique dans lequel l image est cens e tre re ue y demeure pratiquement toujours l tat implicite en sorte qu on ne peut y acc der qu travers une reconstitution contextuelle plus ou moins al atoire Il n est donc pas surprenant qu on y trouve beaucoup d tats de fictionnalit mais aussi de factualit involontaires le spectateur d cidant en fonction de ses propres idiosyncrasies ou plus souvent en fonction du type de r ception privil gi e par l poque ou le milieu dans lequel il vit Ibid p 295 41 que Night Asleep in the Cabane Early Morn The Surprise ou The Death voir app A 2 prennent sens dans l uvre de Notman Ils indiquent cette volont d immersion fictionnelle que l artiste souhaite de la part du spectateur Ces titres renforcent la narration que le spectateur fabrique en tat d immersion fictionnelle Puis on retrouve la mim sis formelle comme moyen permettant l immersion fictionnelle Bien que l diteur Wilson est conscient que les sc nes de chasse de Notman sont des reconstitutions en studio il lui
83. hypoth se n excluant pas les autres propos de l absence du francophone dans les repr sentations de Notman concerne le mythe de l infantilisation du Qu bec tel que nomm par Daniel Francis English speaking Canadians were educated to imagine the Qu becois as a picturesque fun loving and inferior minority who wanted only to be left alone to breed huge families and speak their own particular brand of patois Daniel Francis identifie l id ologie officielle au moment de la Conf d ration comme tant celle de la vie rurale o la figure de l habitant est le sujet d une grande production culturelle titre d exemple Daniel Francis souligne les po mes de Drummond ou les peintures de Cornelius Krieghoff Ainsi il est possible que les francophones fussent le sujet d un autre type d illustration et que le concept du wilderness f t r serv la repr sentation des Canadiens anglais N anmoins le coureur des bois le b cheron ou plus tardivement le colon d fricheur repr sentent des personnages de la communaut canadienne fran aise Ces personnages semblent pourtant correspondre la d finition du wilderness par leur style de vie nomade Ils s enfon aient jadis dans la for t pratiquaient la chasse et s impliquaient dans la traite des fourrures avec les sauvages Arthur Buies a d fini ce colon d fricheur de la mani re suivante il faut voir ces for ts s tendant perte
84. ier chapitre de ce m moire 27 2 1 Le subterfuge de la mise en sc ne dans les photographies de Notman Le recours la mise en sc ne est manifeste dans les s ries sur la chasse Elle implique l organisation des diff rents l ments n cessaires l laboration de la repr sentation Les accessoires les personnages et les d cors participent en effet la composition du sujet La mise en sc ne tant d usage dans les arts de la sc ne les peintres puis les photographes leur tour ne tarderont pas employer ce dispositif Dans les photographies du XIX si cle la mise en sc ne pouvait servir diff rentes fins Par l emploi de strat gies visuelles rencontr es dans les arts consacr s les photographes esp raient hisser le m dium au rang des beaux arts Le dispositif sc nique tait souvent de mise puisque la photographie des ann es 1860 exigeait une quasi immobilit de la part des mod les et ce autant pour des raisons techniques li es la dur e des temps de pose qu en raison des conventions du studio La mise en sc ne permettait aussi de rehausser le statut social du sujet photographi en lui faisant emprunter des r les valorisants De la m me fa on le dispositif sc nique autorisait la construction d une identit exotique purement artificielle en repr sentant des individus costum s La photographie de M Reynolds d guis en autochtone fig 8 et les photographies du carnaval de patinag
85. ier la nature hostile De l autre c t il y a les Canadiens fran ais ou les colons d fricheurs participant au mythe de la r g n ration Ce mythe est labor en fonction du mode de vie adopt par cette communaut C est gr ce leur instinct de survie si les colons d fricheurs sont amen s vivre dans les for ts Les motifs de ces deux mythes ne sont pas du m me ordre Cela est une autre hypoth se que nous avan ons pour expliquer l absence des francophones dans les repr sentations de la chasse r alis es par Notman Ce dernier choisit de mettre en sc ne la chasse qui est pratiqu e de mani re ludique afin d illustrer les plaisirs et les p rils de ces exp ditions Il ne cherche pas repr senter un mode de vie mais bien une activit de l ordre du loisir s adressant tous les touristes d sirant entreprendre ce genre d excursions cette poque l lite dominante les Canadiens anglais est responsable de d finir la nation ce moment d terminant qu est la naissance de la Conf d ration travers ce processus d autod finition l lite anglophone choisit de promouvoir des repr sentations symboliques de la collectivit laquelle elle 155 Ibid p 73 156 jp lbid p 157 70 appartient dans l espoir que tous se rallient cette d finition afin de cr er une nation unie et coh rente 3 5 La repr sentation st r otyp e de l autochtone Dans les repr sentations de Notman les ch
86. il dont il poss de un exemplaire REMERCIEMENTS D abord je tiens remercier mon directeur Vincent Lavoie de sa patience et sa disponibilit II m a apport le support dont j avais besoin particuli rement vers la fin du processus Ses connaissances dans le domaine de la photographie et sa rigueur intellectuelle ont t d une grande utilit Je souhaite remercier Dominic Hardy professeur l UQAM qui m a chaleureusement encourag e pers v rer et conseill e lors des d buts de ce m moire En outre je remercie Nora Hague catalogueuse principale aux Archives photographiques Notman Je veux aussi exprimer ma gratitude ma m re Ann En tant que premi re lectrice elle ma toujours offert g n reusement son aide Elle m a paul e tout au long de mon processus autant lors des moments plus prouvants que ceux plus jubilatoires Je la remercie pour son coute sa bienveillance et sa sagesse De plus plusieurs personnes de mon entourage m ont motiv e mener bon terme ce m moire De ces tres g n reux je dois mentionner l apport inestimable de mon amie et coll gue estudiantine Sara Aussi je veux mentionner les encouragements quotidiens de ma colocataire Anne Karine les pens es positives de mon amie Mireille ainsi que les paroles r confortantes de Genevi ve et de Laurence Je souhaite remercier Bruno Philip surtout aux pr mices de l laboration de ce m moire pour son coute attentive et ses
87. il est int ressant d observer comment Notman int gr la collectivit anglophone de Montr al repr sente les diverses communaut s du Canada cette poque Quelles sont elles h Jacques Lacoursi re et Jacques Mathieu op cit p 23 3 la fin du XIX si cle marque la fin d une p riode d terminante dans le r cit de la canadianit Commence alors le troisi me temps de la formation identitaire canadienne celui d un nouveau Canada qui tant au point de vue de l ethnicit que du point de vue de la nationalit se pr sente d sormais et sans conteste comme le Canada triomphant de l identit mosa que cette identit viendront de greffer bien malgr eux les n o Canadiens mais seulement sur le plan de l ethnicit l int rieur de laquelle ils seront du reste minoritaires Ces n o Canadiens emprunteront leur tour la grande porte du Saint Laurent pour aller s tablir avec d autres Canadiens dans le pr Canada o l on s affaire d j terminer le processus de mise en r serve de l autochtone am ricain Nicolas Van Schendel L identit m tisse ou l histoire oubli e de la canadianit in La question identitaire au Canada francophone R cits parcours enjeux hors lieux actes du troisi me colloque annuel de la CEFAN Qu bec 7 9 mai 1992 sous la dir de Jocelyn L tourneau et avec la collaboration de Roger Bernard Sainte Foy Les Presses de l Universit Laval 1994 p
88. ine argentique 20 x 25 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www musee mccord qc ca fr collection artefacts i 20499 0 gt Consult le 5 mai 2009 Wiliam Notman Le petit d jeuner 1866 plaque de verre au collodion humide 20 x 25 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www musee mccord qc ca fr collection artefacts 20491 0 gt Consult le 5 mai 2009 Wiliam Notman La mort de l orignal 1866 plaque de verre au collodion humide 20 x 25 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www musee mccord qc ca fr collection artefacts l 20492 gt Consult le 5 mai 2009 William Notman Le retour 1866 plaque de verre au collodion humide 20 x 25 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www musee mccord qc ca fr collection artefacts l 20494 gt Consult le 5 mai 2009 Wiliam Notman Les guides 1866 plaque de verre au collodion humide 25 x 20 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www musee mccord qc ca fr collection artefacts i 20490 gt Consult le 5 mai 2009 Page 17 19 20 21 21 22 10 11 Wiliam Notman Le vieux chasseur 1866 plaque de verre au collodion humide 25 x 20 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www mccord museum qc ca fr collection artefacts l 20501 gt Consult le 5 mai 2009 William Notman M Reynolds en costume aut
89. ire qu ils se fabriquent Dans la continuit de mon parcours je me suis dirig e en tudes des arts afin d approfondir mes r flexions sur la place qu occupe la production culturelle dans la soci t et sur tout ce qui concerne les notions de perception et les th ories de la r ception Quand est venu le temps de choisir le corpus de ce m moire je me suis spontan ment int ress e une production qui poss de plusieurs aspects similaires la mienne Avant tout j ai t interpell e par la naissance de la photographie Les discours propos de la photographie artistique suscitaient beaucoup d int r t de ma part tant donn les discordes autour de son statut Plusieurs revendiquaient ses potentialit s artistiques alors que pour d autres la photographie tait vou e la reproduction m canique de ce qui se trouve devant l objectif Cette p riode m int resse particuli rement puisque l analyse des discours sur le statut de la photographie t moigne de perceptions divergentes quant aux repr sentations de la r alit Puis en approfondissant mes recherches j ai d couvert un photographe dont les uvres me permettent d aborder des th mes qui me passionnent la fiction l imaginaire les mythes Il s agit des photographies de William Notman un artiste et photographe uvrant au XIX si cle dans un studio Montr al L tude des uvres de Notman nous permettra de r pondre plusieurs questionnements quant
90. ires abondent en t moignages tr s r v lateurs historiens locaux chroniqueurs voyageurs paysagistes et photographes tous nous rendent m me quasi naturelle et sympathique la promiscuit momentan e dans laquelle v curent hommes et b tes On pense ici aux uvres de Krieghoff de Julien de Notman aux lignes d Arthur Buies de Testard de Montigny de G rin Lajoie et tous les guides du colon qui furent publi s d s le milieu du si cle pour aider les jeunes m nages tirer profit de leur environnement i Cette proximit sympathique et naturelle entre les hommes et les b tes dont traite Paul Louis Martin fait cho au concept du wilderness L auteur utilise les images de Notman aux m mes fins que les photographies pr sentant les diff rentes armes 190 r alis feu de l poque De plus Paul Louis Martin mentionne sous un clich par Notman que Si la plupart des d tails sont fid les par contre on note souvent certaines incongruit s comme la t te de bovid droite qu on a affubl e d un panache d orignal L auteur regrette le manque de conformit de la photographie de Notman alors qu il s agit d une construction de l imaginaire Fait noter Paul Louis Martin n ins re aucune liste des figures son ouvrage alors qu il pr sente plusieurs photographies peintures et gravure de diff rents artistes Enfin un v nement plus r cent t moigne de cette sacralisation du wilde
91. it absolue des mod les est une condition n cessaire de la r ussite esth tique du tableau v ritable nature immobile Ainsi le recours la mise en sc ne peut trahir les pr tentions du photographe tendre vers l illusion de la repr sentation Pour ne pas la rompre le photographe n aura d autres choix que de dissimuler toute trace de la mise en sc ne Dans une lettre adress e Joan Morgan Stanley G Triggs auparavant conservateur des Archives photographiques Notman avance que le photographe cherchait dissimuler les l ments de la mise en sc ne afin de garantir la vraisemblance des repr sentations de la chasse 42 Jbid p 16 17 Joan Morgan devient Joan M Schwartz Elle est professeure d histoire de l art l Universit Queen s et sp cialiste du domaine de la photographie et des archives 32 It would appear that he made limited use of posing stands in these series preferring to use the natural supports provided by props in the scene the tent poles rifles moose antlers rocks trees knees elbows etc By these methods he often achieved remarkably convincing poses even with a large group Notman emploie la mise en sc ne pour r aliser des repr sentations vraisemblables Il est noter que la mise en sc ne ne sert pas toujours cette fin Par exemple elle peut tre utilis e dans le cadre du cin ma de science fiction sans que le but vis de cette strat gie soit d
92. l 12 Universit de Toronto et Universit Laval 2000 En ligne lt http www biographi ca 009004 119 01 f php amp id_nbr 6336 amp 8 amp PHPSESSID ychzfqkv zape gt Consult 25 mai 2012 TRIGGS Stanley G Henderson Alexander Dictionnaire biographique du Canada en ligne Universit de Toronto et Universit Laval 2000 En ligne lt http www biographi ca 009004 119 01 f php id_nbr 7437 gt Consult le 25 mai 2012 VAN SCHENDEL Nicolas L identit m tisse ou l histoire oubli e de la canadianit in La question identitaire au Canada francophone R cits parcours enjeux hors lieux sous la dir de Jocelyn L tourneau et avec la collaboration de Roger Bernard actes du troisi me colloque annuel de la CEFAN Qu bec 7 9 mai 1992 Sainte Foy Les Presses de l Universit Laval Coll Culture fran aise d Am rique 1994 p 101 121 VAUTIER Marie New World Myth Postmodernism and Postcolonialism in Canadian Fiction Montr al McGill Queen s University Press 1998 339 p WARNER MARIEN Mary Photography and Its Critics A Cultural History 1839 1900 Cambridge Cambridge University Press 1997 222 p 105 WILSON Edward Outdoor Photographs Taken Indoors The Philadelphia Photographer vol 3 no 29 mai 1866 p 129 131 Les Archives photographiques de William Notman Le Centre d archives et de documentation du mus e McCord agr par Biblioth que et Archives nationales du Qu
93. la fonction mod lisante de l immersion fictionnelle de Schaeffer tant sur le plan de ses effets effet d entra nement comparable l impression de r alit de Odin que sur celui de son fonctionnement pr dominance de l activit imaginative sur la perception selon Schaeffer et la construction d un monde chez Odin Trois op rations sont n cessaires la production d un effet de monde par la mise en r cit figurativiser effacer le support et consid rer l espace qui m est donn voir comme un espace habitable Le processus de figurativisation ne pose pas de probl me lorsqu il s agit de photographie puisqu elle est essentiellement une 7 Nous pr f rons mise en r cit au terme di g tisation 8 Ibid p 23 44 op ration de cette nature Selon Odin ce sont les deux autres op rations qui posent probl me avec la photographie Puisque cette derni re impose sa mat rialit la photographie rend difficile l effacement du support cela tant une condition primordiale pour le bon fonctionnement du mode fictionnalisant Odin postule que la photographie renvoie obligatoirement lacte de sa production ce qui g n re une impossibilit de la part du spectateur construire un nonciateur fictif n cessaire la fiction Toutefois l auteur ne soustrait pas compl tement la possibilit de la fictionnalisation la photographie Selon Odin c est Roland Barthes q
94. le voulait tre une extension sur le continent nord am ricain Cette race per ue comme homog ne et sup rieure tait assortie d une minorit francophone qui allait sans doute s assimiler progressivement et sinon se marginaliser la suite de l chec des r bellions de l Acte d Union avec le rapport Durham et de la cr ation du dominion les francophones sont ignor s tandis que l assimilation des 146 L identit mosa que constitue la dimension centrale de la canadianit contemporaine et la justification de l adh sion de cette derni re au mod le multiculturel Ibid p 103 4 7 G rard Bouchard Le Qu bec et le Canada comme collectivit s neuves Esquisse d tude compar e loc cit p 242 l 4 66 148 L absence des autochtones est d actualit et pr occupe l lite dominante Canadiens fran ais dans les photographies de Notman sera analys e afin d en comprendre mieux l exclusion Au del de la strat gie d assimilation d autres explications m ritent d tre tudi es Puis nous examinerons la mani re dont Notman repr sente l autochtone dans ses s ries photographiques et nous verrons que la diffusion du grand st r otype de l Indien participe galement une strat gie qui rel ve de l assimilation 3 4 La mise l cart du francophone dans les repr sentations de la chasse Avant tout il faut pr ciser que la majorit des francophones ne disposaient ni de temps ni
95. m me poque dans les expositions universelles coloniales Nous approfondirons l influence des expositions universelles au troisi me chapitre de ce m moire qui proc de davantage une lecture sociale des uvres de Notman Nous analyserons pr sent la narration partir des s quences sur la chasse 2 3 1 Les pisodes de la chasse un r cit en image Chaque photographie des s ries photographiques de Notman repr sente des actions entreprises lors d une exp dition de chasse C est au moment de la lecture successive de ces actions que la narration se d ploie construisant l ensemble du r cit de la chasse Puisqu il s agit de photographies en succession la construction du r cit par le spectateur s effectue principalement au moyen des actions repr sent es au sein de chacune des sc nes Chaque photographie de la s rie sur la chasse l orignal de Notman voque un pisode l int rieur d un cadre chronologique et spatial de l ordre du r cit de chasse La photographie La mort de l orignal suppose l action pr alable de la chasse proprement dite De plus la mort de TT Ibid 8 Ibid p 164 48 l orignal implique n cessairement le succ s proie tu e de cette m me action Cependant l action de chasser n est pas illustr e par le photographe C est au spectateur de reconstruire cette action par l imagination Le photographe offre au spectateur la mani re d un r sum les diff rents mo
96. meil de la mani re suivante A good chase must now intervene and after a day of hard work and additional appetite the next scene is Night asleep in the Cabane The 9 Jean Marie Schaeffer Narration visuelle et interpr tation in Time narrative and the fixed image sous la dir de Mireille Ribi re et Jean Baetens Amsterdam Rodopi 2001 p 11 49 cabane is made of trees and brushwood and in it outstretched upon the ground lie the snoring hunters while the sleepy sentinel with his head in his hands and his elbows on his knees keeps guard at the entrance longing for hour when he may awaken the relief and seek himself a soft spot upon the ground L diteur comble les manques laiss s par les images avec l aide de l imagination Les mots viennent souder la coh rence du r cit Des rapports de cons cution entre les sc nes sont effectu s et certains d tails comme le ronflement des chasseurs sont invent s par l auteur afin de rench rir le r cit visuel Selon Schaeffer dans l ouvrage Time Narrative and the Fixed Image les images ne sont pas porteuses ou ne transmettent pas la narration Pour l auteur il est inexact de postuler que les images pr sentent un r cit La narration se trouve en amont et en aval des uvres car celles ci convoquent un programme narratif amont qui sera reconstruit lors de la r ception du spectateur qui re oit l uvre aval Il appara t alors n
97. ments d un pisode de chasse Les photographies forment un ensemble coh rent qui permet la lecture de l ordre de la succession temporelle C est par la lecture de la s rie dans son ensemble que la construction de la narration est possible La lecture narrative de la s rie sur la chasse l orignal de Notman peut s effectuer de la mani re suivante les chasseurs se sont endormis la nuit leur campement l aube un danger les menace ils aper oivent un ours au loin Apr s cette agitation c est l heure du petit d jeuner afin de bien se pr parer la chasse venir La chasse est bonne En pleine for t un chasseur d p ce l animal tu un orignal Puis les chasseurs reviennent au campement Ce r sum du r cit photographique de Notman est possible gr ce aux indices de la description et de la narration De mani re int grative le spectateur analyse les indices de la description puis per oit l action et finalement fabrique l histoire Ce transfert narratif des images aux mots est possible gr ce la comp tence de verbalisation narrative telle que nomm e par Jean Marie Schaeffer 2 3 2 Des images aux mots laboration d une histoire de chasse La r ception contemporaine des uvres de Notman t moigne de cette comp tence de la verbalisation narrative gr ce laquelle il est possible de construire un r cit par le biais des images Wilson d crit l pisode de la chasse au caribou Sc ne de nuit le som
98. n des images qui ont une incidence sur la r ception effectu e par les spectateurs Puis nous avons vu au deuxi me chapitre que le spectateur contemporain des uvres de Notman s impr gne de la repr sentation en consid rant comme vrai ce qui est construit Les diff rents subterfuges employ s par Notman pour dissimuler toutes les traces de la fabrique des images entra nent les spectateurs dans un tat de cr dulit Les r cits de chasse sont alors construits la fois par les images et par les spectateurs Finalement nous avons expos le r le de la propagation des uvres de Notman au sein de l imaginaire collectif Les images de Notman illustrent des identit s au moyen de la solidification et de l dification de certains mythes et st r otypes englobant et g n ralisant tout en excluant ce qui ne permet pas de coh rence dans l ensemble de la fabrique du r cit identitaire le Canadien fran ais et les multiples r alit s des autochtones outre la figure fantasm e de l Indien imaginaire 175 Voir le tableau de G rard Bouchard sur les aires de la culture lbid p 21 178 Ibid p 22 T7 Edward Wilson Composition Photographs op cit p 79 CONCLUSION LA SACRALISATION DU WILDERNESS Le spectateur en tat d immersion fictionnelle re oit les uvres et construit des r cits partir des images de la chasse de Notman De plus comme dans l exemple de Wilson le spectateur comble les vides ou l
99. n studio des sc nes de chasse typiques qui ont habituellement lieu sur le territoire huron wendat On peut y voir des abris de l quipement de chasse traditionnel et des accessoires brod s avec des poils d orignal _ paulettes tui couteau etc Mus e McCord Clefs pour l histoire En ligne lt http Avww mocord museum qc ca scriptsiewobject php section 162 amp Lang 2 amp touiD CW_HuronWendat_HU_FR amp seqNumber 9 gt Si la plupart des d tails sont fid les par contre on note souvent certaines incongruit s comme la t te de bovid droite qu on a affubl e d un panache d orignal Paul Louis Martin La chasse au Qu bec Montr al Bor al 1990 p 267 42 L analyse de la r ception d montre bien que le fait que ce soit des photographies prises en studio est g n ralement connu par les spectateurs contemporains Notman Par exemple Edward Wilson mentionne It hardly seems credible that such effects can be produced on the floor of a photographic glass room M me si l immersion fictionnelle semble r ussie elle occasionne parfois des tats involontaires de factualit s Dans les termes de Roger Odin on pourrait alors postuler que le spectateur se retrouve dans un mode fictionnalisant face aux uvres de Notman Le mode fictionnalisant de Roger Odin sera explicit puisqu il nous apportera quelques nuances et compl ments d information sur les diff rents modes de lecture qu empr
100. narration Pour autant la s rie est unifi e sur le plan formel un point de vue frontal un plan resserr sur les personnages un flou en bordure de l image une disposition des l ments personnages et accessoires un rendu des volumes rappelant certains effets picturaux et enfin une mise en sc ne qui rel ve des dispositifs th traux La s rie r unit des objets et des sujets de m me nature th matique l int rieur d une suite d termin e et limit e formant de cette mani re un tout coh rent Comme le souligne Dani le M aux L apparition r it r e du m me acteur fait l homog n it de la s quence elle autorise que les changements qui affectent le mod le soient assimil s une volution intervenue dans la dur e II semble donc que l vocation des diff rentes tapes d un processus inscrit dans le temps s appuie sur la pr sence d un l ment constant le champ l acteur ou les deux la fois et d l ments changeants Le premier permet de percevoir les seconds comme de simples modifications qui 51 affectent un sujet unique et ces variations sont ressenties comme les indices du passage du temps Ainsi la s quence photographique permet par l encha nement des clich s de comparer diff rents aspects non synchrones du m me ph nom ne En ce qui concerne les photographies de Notman il s agit des diff rents pisodes du ph nom ne de la chasse La s quence narra
101. ns lunivers invent Cela est tout fait applicable aux uvres photographiques de la chasse de Notman Schaeffer a donc identifi une liste des moyens ayant permis Hildesheimer d op rer ce brouillage L analyse de ces moyens est de mise afin de mieux cerner ceux qui sont employ s par Notman pour encourager une immersion fictionnelle de la part du spectateur De prime abord nous croyons que les photographies de Notman tout comme l ouvrage Marbot tentent uniquement de maximaliser la composante mim tique de son r cit afin de faciliter l immersion fictionnelle D abord un premier moyen ayant contribu la confusion sur le plan de la r ception chez Hildesheimer est le contexte auctorial Ce contexte s int resse l auteur et sa production au sens large permettant ainsi de mieux comprendre o se situe le cr ateur l gard de ses intentions artistiques Lors du premier chapitre et au d but de celui ci nous avons d velopp ce contexte dans l uvre de Notman Le contexte auctorial d montre que les s ries sur la chasse de Notman ont t produites des fins artistiques tout en ayant une intention de feindre la r alit au moyen de subterfuges comme la mise en sc ne et l inscription From Nature Ensuite le paratexte est un autre indice important relatif la confusion mentale du spectateur quant la posture immersive adopter C est ce moment que l inscription Seven P
102. nsylvanie The Pennsylvania State University Press 1994 462 p LACOURSI RE Jacques et Jacques MATHIEU Les m moires qu b coises Sainte Foy Les Presses de l Universit Laval 1991 383 p LAPOINTE R jean Qu bec selon les Notman une image fabriqu e Cap Aux Diamants vol 3 no 2 t 1987 p 21 23 LEMAGNY Jean Claude et Andr ROUILL Histoire de la photographie Paris Larousse 1998 296 p 102 LEMOINE James MacPherson Monographies et esquisses Qu bec J G Gingras 1885 478 p LESSARD Michel De Daguerre aujourd hui Continuit no 30 hiver 1986 p 14 17 LESSARD Michel Exotisme et ethnologie La photographie d Am rindiens Photo S lection janvier f vrier 1987 p 32 33 LESSARD Michel Les Livernois photographes publication pr par e l occasion de Livernois photographe 120 ans de studio Qu bec exposition au mus e du Qu bec Andr e Lalibert Bourque conservatrice en chef et Michel Lessard conservateur invit Qu bec Mus e du Qu bec et Agenda Qu bec 1987 338 p MARTIN Paul Louis La chasse au Qu bec Montr al Bor al 1990 408 p M AUX Dani le La photographie et le temps Le d roulement temporel dans l image photographique Aix en Provence Publications de l Universit de Provence 1997 259 p MICHAUD ric L image matrice de l histoire in L histoire de l art une discipline ses fronti res Pa
103. nt la circulation du regard Ces accessoires exercent essentiellement un r le esth tique ou ornemental au sens de G rard Genette De l autre c t au sein des photographies de Notman les accessoires typiques de la chasse comme les raquettes neige font office 9 G rard Genette Fronti res du r cit L analyse structurale du r cit Paris ditions du Seuil 2008 p 163 95 Ibid 162 6 Ibid 47 d embl mes nationaux voir chap Ill Les raquettes neige se retrouvent l int rieur de presque toutes les compositions des s ries sur la chasse Ainsi ces accessoires repr sentent ce que G rard Genette a identifi comme tant la fonction symbolique de la description G rard Genette pr cise que la principale diff rence entre la narration et la description se situe au niveau du contenu Alors que la narration est reli e aux v nements ou aux actions et rel ve de faits temporels du r cit la description elle spectacularise la fois les objets et les tres de mani re les figer dans le temps pour mieux les disposer dans l espace du r cit La description comme spectacularisation des tres et des objets est observable par le biais du dispositif de la mise en sc ne dans les photographies de Notman Par l organisation des images ces photographies voquent les simulations des villages indig nes confectionn s au moyen de dispositifs th traux et pr sent s la
104. ochtone 1870 sels d argent sur papier albumin 13 7 x 10 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www mccord museum qc ca fr collection artefacts 1 43610 1 gt Consult le 30 juin 2009 William Notman Autour du feu de camp 1866 plaque de verre au collodion humide 20 x 25 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http Avww musee mccord qc ca r collection artefacts VIEW 596 A gt Consult le 5 mai 2009 Wiliam Notman Le trappage du lynx 1866 plaque de verre au collodion humide 25 x 20 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www mccord museum qc ca fr collection artefacts l 21952 gt Consult le 30 juin 2009 William Notman Messieurs Remington et Ralph la chasse 1889 plaque s che la g latine 20 x 25 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www mccord museum qc ca fr collection artefacts 1 91314 gt Consult le 12 septembre 2010 14 27 28 38 79 vi R SUM Ce m moire propose d analyser trois s ries photographiques que le photographe canadien Wiliam Notman consacre au th me de la chasse Dans la deuxi me moiti du XIX si cle Notman ouvre un studio de photographie Montr al et conna t rapidement un franc succ s Chasseurs guides et b tes posent dans de multiples circonstances li es cette activit Les photographies de Notman ont cette particularit d avoir t enti rem
105. on esth tique des photographies l accent est essentiellement mis sur la factualit et l historicit des contenus Certains commentaires ajout s aux images pr cisent toutefois que les mises en sc ne de Notman sont r alis es dans le studio de Montr al comme l atteste la narration d un film sur l ensemble de l uvre de Notman La mission historique du mus e McCord qui consiste documenter archiver et r pertorier les photographies g n re un glissement de la fiction au documentaire Ce glissement contribue augmenter la confusion chez le spectateur entre les l ments factuels et fictionnels des uvres Sur le plan de la r ception cela concourt plonger le spectateur dans un tat de factualit involontaire voir chap Il prenant pour r el ce qui est fictif 186 Ibid p 415 Mus e McCord Clefs pour l histoire op cit 188 Le colonel William Rhodes am ne son guide de 83 ans Fran ois Gros Louis au studio de Notman On ne sait cependant pas ce que Fran ois Gros Louis qui a chass toute sa vie pense de cette mise en sc ne Andrea Nemtin Dans l objectif de Notman photographie de la reine op cit 81 Un deuxi me exemple qui sert d montrer cette confusion entre construction photographique et fonction documentaire provient de l ouvrage de l ethnologue et historien de la chasse Paul Louis Martin qui formule ce qui suit Notre litt rature et notre iconographie popula
106. onneau nomme le mythe de la r g n ration La d finition est similaire celle de Daniel Francis propos du wilderness Ce mythe est celui que sugg re toute r gion vierge sauvage per ue comme source de jouvence de r g n ration pour l individu qui l atteint loin de la soci t loin des r gions satur es de civilisation Le mythe tel que d fini par Christian Morissonneau traite galement de l homme face la nature sauvage et hostile qu il faut combattre pour survivre Christian Morissonneau explique la naissance de l aspect de l hostilit de la nature canadienne de la mani re suivante La l gende d un pays absolument hostile est n e d abord du r cit des Am rindiens oppos s la p n tration de l homme blanc voir ce que racontaient les Indiens Cartier et Champlain Elle a t entretenue par les gens de la Compagnie de la Baie d Hudson Ainsi la repr sentation hostile s est tendue aux prairies de l Ouest qui attiraient tous les voyageurs de la fin du XVIII si cle et du d but du XIX 1 Dans le mythe de la r g n ration de Christian Morissonneau les seuls repr sentants sont les Canadiens fran ais plus pr cis ment les coureurs des bois Cela nous permet d avancer l hypoth se que la diff rence majeure entre les deux mythes d apparence similaire concerne la gen se de ceux ci et les motifs de la fuite vers les tendues sauvages Le mythe de la r g n ration de Christi
107. orignal L ordonnancement de la s quence photographique tel qu tabli dans la publicit de la s rie va comme suit voir app A 2 Night Asleep in the Cabane Early Morn The Surprise The Breakfast The Death Moose The Return The Three Guides The Old Hunter Cependant l ordre s quentiel d crit par Edward Wilson dans le p riodique The Philadelphia Photographer est diff rent Il situe les 27 Les photographies sont les suivantes dans le grand ensemble Game in Sight Camp Fire Sunday in the Bush dans le petit ensemble Arrival in Camp D apr s la publicit de Portraits of British Americans voir app 1 i i Pour la suite du m moire les titres seront traduits de la mani re suivante Sc ne de nuit le sommeil l aube l alarme Le petit d jeuner La mort de l orignal Le retour Les guides et Le vieux chasseur La traduction provient en partie du site Web du mus e McCord Mus e McCord Clefs pour l histoire op cit 17 deux derni res photographies Les trois guides et Le vieux chasseur au d but du r cit Toutefois cette disposition n affecte en rien le r cit car il s agit de photographies essentiellement descriptives et non d terminantes du point de vue de la narration Par ailleurs on constate que Notman opte pour le format du portrait vertical en ce qui a trait ces deux photographies pr sentant les personnages de la s rie Ce type de format met de l avant l identit des pe
108. otographies The Seals The Carcajou The Beavers 17 Les photographies des s ries sur la chasse sont r alis es sur plaques de verre au collodion humide ce proc d fut invent en 1851 par Frederick Scott Archer Cette m thode offre une bonne d finition et un contraste int ressant en plus de permettre la duplication Voir Naomi Rosenblum Une histoire mondiale de la photographie Paris Abbeville 1997 p 33 Toutefois les informations ne sont pas toujours concordantes Par exemple l ordonnancement sur la s rie La chasse l orignal livr par Edward Wilson diteur du p riodique The Philadelphia Photographer diff re parfois de celui de la publicit sign e par Notman La diff rence n affecte pas le d roulement du r cit photographique Nous approfondirons cela plus loin 14 The Lynx Beavers at Work et The Old Trapper Dans le p riodique The Philadelphia Photographer Edward Wilson vante la sup riorit de la s rie Sc nes de trappe envoy e par Notman la suite des deux autres sur la chasse Mr Notman has sent us another set of 7 x 9 composition photographs illustrating the arts and mysteries of Trapping in Canada They are in some respects superior to those formerly sent illustrating Cariboo and Moose Hunting l exception des nombreuses remarques concernant le r alisme des repr sentations photographiques de Notman Edward Wilson n explique pas en quoi cette derni re s rie s av r
109. ourisme au Canada de sir James MacPherson LeMoine voir chap 111 183 ip lbid ia G rard Bouchard Le mythe essai de d finition op cit p 414 lbid 80 Le dernier processus est celui de la sacralisation ce point le processus de mythification est compl t le mythe est d sormais intouchable Les devient alors impossible de formuler une critique l gard de la repr sentation Ce ne sont pas toutes les images qui compl tent l ensemble du processus de mythification De plus certains mythes sont plus ancr s que d autres au sein de l imaginaire collectif Selon nous le concept du wilderness a atteint le statut de sacralisation attestant qu il est profond ment implant dans l imaginaire collectif II serait alors pass au travers du processus de mythification du statut de concept l poque de Notman celui de mythe aujourd hui Pour le d montrer il est pertinent d observer les repr sentations du wilderness notre poque en analysant par exemple les usages actuels des uvres de Notman Le mus e McCord poss de une tr s belle et abondante collection des photographies de Notman Une navigation sur leur site Web sous la rubrique Cl pour l histoire permet d acc der aux reproductions de ses uvres photographiques Des textes sont parfois greff s aux images et tentent d attribuer une fonction documentaire aux photographies de Notman Les textes font rarement tat de la dimensi
110. ous permet de comprendre de quelle mani re la mise en sc ne est employ e Les tableaux vivants de Notman racontent 3 Jana Bara Furs in Fashion as Illustrated in the Photo Portraiture of William Notman in the 1860 s op cit p 56 Quentin Bajac op cit p 6 1 Ibid p 5 6 31 des r cits de chasse et la mise en sc ne dispose les diff rents l ments de la composition accessoires et personnages oriente le regard vers les indices menant la narration par exemple le manche de la hache cr e une oblique au sein de la composition construit un espace le campement la for t et sugg re une heure du jour ou de la nuit D abord nous avons analys la mise en sc ne dans les s ries photographiques de Notman Ce dispositif s inspire du th tre et voque la pratique des tableaux vivants Ensuite nous avons vu que la mise en sc ne tait un stratag me afin de favoriser l impression de r alit de ce qui est repr sent Il arrive cependant que ce dispositif fictionnel compromette le r alisme souhait par le cr ateur de l uvre L examen de ces mises en sc ne photographiques nous r v le un monde non seulement statique mais fig la dramatisation passe par l exacerbation des attitudes et des expressions sur le mode statuaire ou pictural elle carte le naturalisme au profit d une th tralisation rendue parfois encore plus vidente par la longueur m me du temps de pose Car l immobil
111. outrements and accessories of the frontier such as guns axes tents snow shoes not forgetting the local guides 138 G rard Richez et Josy Richez Battesti Les composantes patrimoniales du cano r cr atif au Canada Norois no 199 f vrier 2006 p 78 62 frontiersman La figure de ce personnage voque certaines caract ristiques attribuables l identit fantasm e du chasseur canadien anglais 3 3 Une histoire de chasse un r cit identitaire Dans l ouvrage Les m moires qu b coises Jacques Mathieu et Jacques Lacoursi re approfondissent les notions de l identit en lien avec l imaginaire lls mentionnent que les repr sentations ont une importance significative dans le processus de construction identitaire faisant appel l imaginaire les repr sentations symboliques d une collectivit ont toujours eu plus de force que les r alit s factuelles Ce propos atteste de la pr pond rance du r le des images photographiques de Notman dans un processus d autod finition de la nation Nous croyons que les photographes participent au processus identitaire la fois par la transposition des vieilles identit s et par la cr ation des nouvelles identit s Selon Joan M Schwartz historienne de la photographie ce processus identitaire aide l Empire to comprehend colony and colony to develop into nation Dans son article Fort Chambly and the Creation of Symbolic Space the
112. p cit p 79 8 Jean Marie Schaeffer Pourquoi la fiction op cit p 183 184 39 ce chapitre nous examinerons de quelle mani re Wilson construit un r cit pour chacune des s ries sur la chasse l aide de l imagination Wilson pr sente les photographies de Notman comme un mod le exemplaire des exp ditions de chasse To those who have no journals to edit and who have time to go mosse hunting they must seem very natural Dans ce passage on entrevoit ce m canisme qu est la mod lisation analogique o le spectateur s approprie la repr sentation et imite la simulation de Notman 2 2 1 Les photographies de Notman une immersion fictionnelle r ussie Bien qu il s agisse de constructions photographiques certaines r actions contemporaines aux uvres de Notman d montrent une confusion quant la posture immersive adopter Wilson est un bon exemple de cette confusion puisqu il fait la lecture des s ries photographiques de Notman selon deux modes de r ception I adopte la fois une posture qui relate tous les d tails techniques inh rents aux images photographiques de Notman semblable un critique d art ou un historien et une autre qui rel ve de l immersion fictionnelle puisqu il s impr gne compl tement de l illusion de la repr sentation Il Va tant t louanger Notman pour ses prouesses techniques tant t rench rir le r cit de chasse en ajoutant des d tails provenant de son imagin
113. p dition de chasse au milieu d une for t Nous avons rep r un l ment cl dans l uvre de Notman qui installe un cadre propice l immersion fictionnelle tout en reconnaissant la volont de feindre de mani re ludique l inscription From Nature qui se retrouve dans les publicit s du journal Portraits of British North American voir app A 1 Une autre publicit 6 Jean Marie Schaeffer Repr sentation imitation fiction de la fonction cognitive de l imagination op cit p 29 88 bid p 32 38 pour l ouvrage Sports Pastimes and Pursuits of Canada rassemblant plusieurs des s ries photographiques de Notman reprend encore la m me inscription When completed will embrace the following subjects from nature Cariboo Hunting Moose Hunting Trapping Fishing Tobogganing Skating Our Civil Service voir app A 3 De m me que dans l album Hunting Scenes in Canada disponible aux archives du mus e McCord l inscription Photographed From Nature by W Notman Montreal 1866 se retrouve sous chacune des photographies de l ouvrage Cet album rassemble les uvres de la s rie sur la chasse au caribou Au moyen de cette indication qui repr sente un acte de feintise ludique Notman tend favoriser l immersion fictionnelle du spectateur qui choisit d accepter la proposition De fait nous pouvons affirmer que au m me titre que la mise en sc ne cette inscription agit en tant que s
114. pher d crit cette salle exp rimentale la suite de la description d taill e de la s rie sur la chasse au caribou Il atteste que les s ries sur la chasse sont produites l int rieur de cette salle et pr cise l importance de la lumi re dans la r ussite des effets des photographies de Notman Above is a diagram of the skylight in which these wondrous effects were produced The light is due north and in making sittings the sitter usually faces the west In this way either side of the face may be taken as the operator sees best It is used specially for such pictures we 13 Il avait d j re u des m dailles aux expositions de Montr al en 1860 de Londres en 1862 et de Paris en 1867 il allait en recevoir d autres en Australie en 1877 Paris en 1878 et Londres en 1886 Ibid j 1 s agit bien d une salle distincte Dans un article de The Philadelphia Photographer Edward Wilson d crit deux salles Il attribue l autre salle aux photographies de portraits exclusivement Voir Edward Wilson Further Remarks on Lights and Lighting The Philadelphia Photographer ao t 1866 p 229 Les Archives photographiques de William Notman Le Centre d archives et de documentation du mus e McCord agr par Biblioth que et Archives nationales du Qu bec Montr al Mus e McCord Consult es le 26 novembre 2009 12 believe Ainsi cette salle offre au photographe la possibilit de contr ler les diff rents di
115. r cit de ce qui lui est pr sent C est ainsi que le r le cr atif du spectateur se fait valoir Par ailleurs il ne faut pas n gliger le troisi me m canisme de l immersion fictionnelle qui n a pas t approfondi la mod lisation analogique La mod lisation analogique est un m canisme qui conduit consid rer la fiction ludique comme un mod le virtuel fond sur une relation de similarit avec les mod lisations s rieuses du r el Le spectateur en tat d immersion prouve une certaine forme de porosit entre les fronti res de la r alit et de la fiction Cette porosit est justement le fondement m me de ce qui constitue en grande partie le mythe C est dans le prochain chapitre que sera tudi le r le des fictions ludiques dans la confirmation ou l dification par l image des mythes et des st r otypes identitaires Ainsi nous approfondirons l hypoth se selon laquelle les images photographiques de Notman ont contribu nourrir l imaginaire collectif en cr ant des r f rents mythiques au moment m me o la nation canadienne tait en processus de construction identitaire 114 Jean Marie Schaeffer Repr sentation imitation fiction de la fonction cognitive de l imagination op cit p 30 CHAPITRE Ill LA CHASSE ILLUSTR E PAR NOTMAN UNE ACTIVIT TOURISTIQUE AU C UR DE LA CONSTRUCTION IDENTITAIRE DE LA NATION CANADIENNE Notman contribue la promotion de sa nou
116. r par e l occasion de Livernois photographe 120 ans de studio Qu bec exposition au mus e du Qu bec Andr e Lalibert Bourque conservatrice en chef et Michel Lessard conservateur invit Qu bec Mus e du Qu bec et Agenda Qu bec 1987 338 p 10 des clich s en studio avec des mises en sc ne comprenant un arri re plan peint cr ant l illusion de photographies capt es en pleine nature Seasonal Pictures sc ne de chasse photographies composites En homme d affaires avis Notman sait comment largir sa client le avec de bas prix une vari t de services et une grande accessibilit ses photographies Les amateurs des photographies de Notman peuvent se procurer les images sous divers aspects en album ou en st r ogramme et dans un grand nombre d endroits son studio des papeteries et des librairies les trains transcontinentaux ainsi que tous les grands h tels et grandes gares de chemin de fer du pays Notman explore sans cesse le m dium photographique exp rimentant et d veloppant de nouvelles techniques Cette attitude est en lien avec le d but de son parcours scolaire en art En outre Notman devient un membre fondateur de l Association des beaux arts de Montr al en 1860 Il est important de pr ciser que plusieurs personnes travaillent pour le studio de photographie Notman qui prend de l ampleur au fil des ans Au studio Notman cr e un service artistique o des peintres son
117. r Hall Stanley G Triggs et Gordon Dodd The Worid of William Notman Toronto McClelland and Stewart 1993 226 p Stanley G Triggs Les photographies composites de Notman catalogue d exposition pr sent e au mus e McCord du 3 mai 1994 au 15 janvier 1995 Montr al Mus e McCord 1994 127 p Stanley G Triggs et John Russell Harper Portrait of a Period Montr al McGill University Press 1967 262 p de son p re avec qui il s associe en 1851 Notman immigre en Am rique du Nord en 1856 II quitte ainsi l cosse alors en proie une d pression conomique responsable de la faillite de l entreprise familiale la William Notman and Company une entreprise de draps en gros En plein essor conomique Montr al majoritairement anglophone est une destination de premier choix pour les ressortissants du Royaume Uni Notman s tablit dans un Canada uni depuis peu L adoption de l Acte d Union en 1840 la suite des checs des R bellions des patriotes en 1837 1838 suivie de l tablissement du dominion au moyen de l Acte de l Am rique du Nord britannique en 1867 renforce la domination anglaise Ce sont autant de conditions propices l installation conomique et sociale de Notman Montr al Cette p riode est donc favorable au succ s commercial et artistique du studio de Notman qui endosse les valeurs de l lite dominante de l poque Comme le rappelle Edward Carvell sur un ton imag il est possible pour les nouv
118. raphie chasse fiction XIX si cle Canada INTRODUCTION Tout au long de mon parcours universitaire le r le de la production culturelle dans la soci t m a toujours int ress e Ayant d abord tudi en arts visuels et m diatiques je me suis interrog e et je m interroge toujours sur la fa on dont mon travail artistique peut contribuer la soci t Bri vement ma pratique porte sur les effets de la fiction artistique au sein de l imaginaire des spectateurs J affectionne particuli rement le m dium photographique qui me permet de confondre les fronti res troubles entre r alit et fiction Par exemple un peu la mani re de la performance je mets mon corps en sc ne l int rieur de situations parfois d routantes Les photographies sont les seules t moins de ce qui s est produit Or les photographies pr sentent des trucages montages et mises en sc ne labor es plusieurs semaines l avance Au moyen de ces subterfuges j am ne le spectateur croire en la v racit de ce qui est repr sent Ma d marche artistique a pour ambition d inviter les spectateurs s interroger sur leurs rapports avec la r alit et d explorer les limites de la perception Parall lement je m int resse aux histoires que les spectateurs se construisent au moyen de l imagination afin de souder la coh rence parfois lacunaire de mes images Pour mon usage personnel je demande mes spectateurs de me raconter l histo
119. raphiques victoriennes 1840 1880 Quentin Bajac explique que cette pratique venant de France et d Allemagne est devenue tr s populaire dans la soci t britannique durant la premi re moiti du XIX si cle Bajac d finit le tableau vivant de la mani re suivante Ces mises en sc ne immobiles et costum es pouvaient prendre diverses formes parfois recr ations litt rales de toiles c l bres mais de plus en plus souvent mesure que le si cle avance simples incarnations de sc nes tir es de l histoire de la mythologie ou de la litt rature sans r f rence picturale explicite Julia Margaret Cameron 1815 1879 est l exemple le plus remarquable de cette pratique Cette photographe britannique uvrait la m me poque que Notman et concevait des sc nes illustrant les th mes de la litt rature de l histoire de la mythologie de la religion Ainsi la diff rence de Cameron Notman construit ses tableaux vivants partir des r cits de la vie courante L originalit de l uvre de Notman provient en partie de cette combinaison entre une pratique qui rel ve d une tradition aristocratique et la repr sentation de sujets plus triviaux comme la chasse et la p che Le choix de ces sujets en particulier justifie une approche plus sociale des uvres de Notman C est ce que nous allons analyser au troisi me chapitre de ce m moire Par ailleurs Jana Bara dans son m moire 38 Quentin Bajac Tableaux viv
120. re sauvage canadienne un parall le avec la cr ation divine untamed untouched unspoiled virgin Il s agit d un paradis terrestre avec les nobles sauvages comme habitants Tout comme Jana Bara ce m moire adopte l id e que Notman recherche exprimer 134 la canadiennet travers ses preuves photographiques Toutefois nous 130 Daniel Francis op cit p 147 148 Jana Bara Furs in Fashion as Illustrated in the Photo Portraiture of William Notman in the 1860 s op cit 151 p 132 Ibid p 58 133 Jbid p 47 134 Traduction libre de Canadiana tel qu employ par Jana Bara 61 postulons que Notman repr sente plus sp cifiquement le wilderness travers le symbole des raquettes neige Dans les s ries sur la chasse de Notman les raquettes neige semblent d tenir un r le important dans la lecture des images puisqu elles reviennent incessamment dans les photographies et occupent une fonction d ordre symbolique Selon nous elles font m me office d embl me national au sein de ces repr sentations Le cano embl me du Canada au m me titre que les raquettes neige la feuille d rable du drapeau canadien la cabane et les grands paysages sauvages serait le symbole le plus appropri du patrimoine canadien Pour sa part Francis d signe le cano comme embl me la repr sentation du wilderness Nous mettons l hypoth se que la raque
121. ris Hazan 2005 p 119 145 MITCHELL William John Thomas La plus value des images tudes litt raires vol 33 no 1 automne hiver 2001 p 201 225 MORISSONEAU Christian La Terre promise le mythe du Nord qu b cois LaSalle Hurtubise HMH Coll Cahiers du Qu bec 1978 212 p NELLES Henry Vivian Une br ve histoire du Canada Saint Laurent Fides 2005 329 p NEMTIN Andrea Dans l objectif de Notman photographe de la reine reportage 60 min PTV Productions en collaboration avec le mus e McCord Montr al 2004 ODIN Roger De la fiction Bruxelles De Boeck Universit Coll Arts amp cin ma 2000 184 p ORTEL Philippe La litt rature l re de la photographie Enqu te sur une r volution invisible N mes J Chambon Coll Rayon photo 2002 382 p ORVELL Miles The Real Thing Imitation and Authenticity in American Culture 1880 1940 Chapel Hill University of North Carolina Press Coll Cultural Studies of the United States 1989 382 p 103 REID Dennis Our Own Country Canada Being an Account of the National Aspirations of the Principal Landscape Artist in Montreal and Toronto 1860 1890 Ottawa National Gallery of Canada 1979 454 p RICHEZ G rard et Josy RICHEZ BATTESTI Les composantes patrimoniales du cano r cr atif au Canada Norois no 199 f vrier 2006 p 77 89 ROSENBLUM Naomi Une histoire mondiale de la photographie Paris
122. rness la c r monie d ouverture des Jeux olympiques de Vancouver de 2010 Le st r otype de l Indien dans sa vision romantique ainsi que les r f rences au vaste territoire canadien attestent que le wilderness a bien atteint le statut du mythe afin de d finir l identit nationale du Canada Voici un extrait de la 18 Paul Louis Martin op cit p 72 sal s agit de l uvre Sc ne de nuit le sommeil fig 1 N anmoins la l gende que Paul Louis Martin pr sente est la suivante En studio vers 1880 collection Archives nationales du Canada 191 Paul Louis Martin op cit p 267 82 description de la c r monie d ouverture des Jeux de Vancouver formul par le site Web officiel des Jeux Auparavant dans un festival de couleurs de plumes de fourrures et de grelots des dizaines de repr sentants des nations autochtones canadiennes avaient dans pendant plus d une heure sur la sc ne Puis la mer avec le passage d un groupe de baleines L eau a c d la place la for t et une troupe de danseurs de gigue et de claquettes qui ont donn une ambiance de f te celtique enflamm e l automne canadien alors que les feuilles tombaient sur les tribunes Les repr sentations symboliques du wilderness semblent incontournables lorsqu il s agit de repr senter notre histoire nationale La diffusion mondiale de cette c r monie contribue consolider la sacralisation du wilde
123. rness Cette volont d appropriation de la c lture autochtone en supprimant tous les faits historiques qui t moignent des atrocit s faites ces peuples les trait s visant l assimilation la Loi sur les Indiens et en exploitant et confondant les symboles de leurs cultures pour la constitution m morielle de la nation canadienne devrait susciter plus de questionnements Le mythe vite ainsi aux individus d avoir toujours r inventer pour eux m mes leurs codes de pens e et d action En ce sens le mythe est fondateur il structure le champ symbolique d une soci t Ce mythe tabou nous permet de fermer les yeux sur les r alit s des peuples autochtones Par ailleurs la critique populaire a d nonc le peu de pr sence qui f t accord la langue fran aise lors de la c r monie les francophones sont encore mis l cart mais s est peu attard e la repr sentation des autochtones Toutefois la critique ne peut rien changer l gard des mythes Le travail ici n est pas de juger les mythes il s agit simplement de les relever et de chercher comprendre les m canismes de leurs apparitions et de leurs maintiens dans les 1 Site officiel du mouvement olympique C r monie d ouverture le Canada ouvre ses Jeux dans la f te et l motion communiqu de presse in Nouvelles AFP Jeux olympiques d hiver 2010 Vancouver En ligne lt http www vancouver2010 com fr no
124. rois personnages au centre formant une composition triangulaire Chacun des trois guides est concentr sur son objet Au sommet du triangle le Vieux tr ne cette fois ci dans la repr sentation avec sa pipe la bouche et tenant une peau d animal entre les mains Le personnage gauche Plume semble occup r parer une raquette et le petit fils Sassenio astique son fusil de chasse Au pied de cette composition triangulaire on aper oit un seau et les m mes b ches qu aux photographies pr c dentes Sur ces b ches il y a une hache dont le manche cr e une oblique Cette derni re croise une autre diagonale qui est amen e par le canon du fusil Ainsi se forme un triangle invers celui qui est construit par la disposition des personnages L abri et ces nombreuses diagonales apportent un rythme qui souligne une fois de plus les accessoires qui y sont suspendus les raquettes par exemple Mus e McCord Clefs pour l histoire En ligne lt htip www musee mccord qc ca fricollection artefacts 1 20494 gt Consult le 5 mai 2009 23 1 2 3 7 Le vieux chasseur Enfin la derni re photographie s emploie uniquement pr senter Le vieux chasseur fig 7 Le guide est au centre de la composition dans un d cor simulant l espace de la for t On ne retrouve plus l abri tout comme la quatri me photographie de la s rie ll y a de petits arbres au tronc blanc de chaque c t du personnag
125. rs th traux Dans la citation pr c dente l auteure traite plus sp cifiquement des daguerr otypes Cependant nous pouvons adapter ces crit res aux photographies de Notman Tout comme au th tre Notman a recours la mise en sc ne afin de cr er une illusion du r el Il s emploie masquer les supports utilis s pour la pose des personnages en d ployant pr f rablement les l ments du d cor It would appear that he Notman made limited use of posing stands in these series preferring to use the natural supports provided by props in the scene Afin de ne pas rompre l illusion de la repr sentation Notman intitule ses photographies selon l action propos e par les r cits sur la chasse En outre Notman ajoute l inscription From Nature au bas de ses photographies et dans les publicit s faisant la promotion de ses s ries voir app A 2 Cette indication participe au subterfuge de la mise en sc ne puisqu elle accentue l illusion de la repr sentation L inscription From Nature sugg re que les photographies ont t prises en milieu naturel alors qu elles ont t confectionn es l int rieur du studio de photographie Ensuite tout comme au th tre l utilisation de la lumi re dans les photographies de Notman est sans contredit une composante primordiale de la mise en sc ne Dans l uvre Autour du feu de camp fig 9 le photographe utilise un clairage au magn sium pour simuler un flamboiem
126. rsonnages Quant aux autres photographies elles sont de format paysage ce qui convient davantage une lecture narrative de l image Avant d approfondir la notion de la construction identitaire des personnages au sein des s ries sur la chasse de Notman nous allons effectuer une analyse descriptive pour mettre en lumi re le contenu et le fonctionnement des photographies Pour ce faire nous avons choisi la s quence qui illustre la chasse l orignal titre d exemple Cette s quence rassemble plusieurs l ments qui sont aussi pr sents dans les autres s ries sur la chasse Cette analyse permettra de mieux d finir tous les l ments de la mise en sc ne personnages accessoires d cors composition atmosph re qui se retrouvent au sein des photographies de Notman L objectif de cette description consiste galement accompagner le lecteur de ce m moire afin qu il prenne pleinement conscience du processus de r ception des uvres photographiques de Notman Cette premi re lecture de la s rie se concentre uniquement sur le plan de la description Dans le prochain chapitre nous aborderons les diff rents modes de r ception l gard des uvres photographiques de Notman 1 2 3 1 Sc nes de nuit le sommeil La premi re photographie de la s rie s intitule Sc ne de nuit le sommeil fig 1 Cinq personnages sont pr sents dans la sc ne quatre d entre eux sont endormis t l autre est assis pipe la bouche Comme
127. s des repr sentations symboliques de l imaginaire collectif Au sein de l imaginaire collectif il existe une dynamique particuli re qui contribue brouiller toute d finition stable Deux mouvements participent la transformation perp tuelle de l imaginaire collectif sur le plan des repr sentations Bouchard identifie ces mouvements sous l appellation de culture instituante et de culture institu e La culture instituante est le domaine o l imaginaire peut tre saisi dans son acte d laboration ou de production alors que la culture institu e regroupe les produits de cette op ration l usage des individus 4 Ainsi la culture instituante est une culture de production de sens qui regroupe les pratiques discursives comme les arts et les sciences Les photographies de Notman se situent l int rieur de cette culture et agissent comme vecteurs De cette culture Bouchard suppose une infrastructure symbolique qui est constitu e de ce qu il nomme la culture primaire r unissant les valeurs les croyances les motions les tabous les pulsions les arch types De l autre c t se retrouve la culture institu e qui est une culture de reproduction regroupant tous les usages sociaux des produits symboliques Plusieurs expressions t moignent de ces usages les mythologies les traditions les religions les constructions identitaires les 173 G rard Bouchard Raison et contradiction le mythe au seco
128. s s ries photographiques de Notman partir de la r ception de Wilson 2 3 La description et la narration Le r cit photographique de Notman Th oricien de la litt rature G rard Genette propose une analyse du r cit qui accorde une importance quivalente la narration et la description Tout r cit comporte en effet quoique intimement m l es et en proportion tr s variables d une part des repr sentations d actions et d v nements qui constituent la narration proprement dite et d autre part des repr sentations d objets ou de personnages qui sont le fait de ce que l on nomme aujourd hui la description Cet nonc d finitionnel du r cit formul dans le cadre du champ litt raire permet d effectuer le transfert dans le domaine de la photographie puisque tous les l ments mentionn s se retrouvent galement dans les s quences photographiques de Notman Plusieurs l ments du r cit photographique de Notman peuvent faire l objet d une description le d cor les accessoires les v tements les personnages l atmosph re les titres Parmi les l ments de la composition de la photographie Sc ne de nuit le sommeil on retrouve une t te d orignal deux haches un seau et des b ches au premier plan Ces l ments de la mise en sc ne reviennent incessamment dans les photographies de Notman lis servent souvent au dynamisme de la composition accentuent certains d tails importants du r cit et oriente
129. sant les objets r els au lieu de leurs simulacres il pr cise ceci II faudrait quand m me y regarder deux fois cet effet de r el est aussi effet de th tre Qu il suffise de rappeler l effet que produisent sur le plus endurci des amateurs de th tre certains simulacres dont il sait bien pourtant que ce ne sont que des effets de th tre L effet de th tre de Jean Jacques Roubine peut ainsi tre compar l effet fiction d Andr Rouill L auteur identifie cela une tendance illusionniste qui pr valait depuis le XVIII si cle Cette tendance dont les partisans sont appel s les naturalistes au th tre tente de camoufler tous les instruments t moignant de la th tralit pour tendre vers plus de vraisemblance de la repr sentation Jean Jacques Roubine Th tre et mise en sc ne 1880 1980 Paris ditions Presses universitaires de France 1980 p 27 49 Andr Rouill et Bernard Marbot op cit p 86 i 5 Stanley G Triggs Lettre Ms Joan Morgan op cit 34 19807 la mise en sc ne constitue un art autonome qui a boulevers le monde du th tre L auteur poursuit en indiquant que jusqu la fin du XIX si cle tout devait tre mis en uvre pour que le pouvoir illusionniste de la repr sentation atteigne une efficacit maximum En d autres termes le metteur en sc ne se donnait pour but d organiser la confusion mentale du spectateur Affirm
130. spositifs de ses repr sentations afin de reconstituer des microclimats en fonction des saisons repr senter avec les Seasonal Pictures ou les sc nes de chasse Nous avons trouv plusieurs informations pertinentes qui nous permettent de comprendre le fonctionnement des s ries l int rieur de publicit s faisant la promotion des photographies de Notman D abord c est gr ce ces r clames et aux articles d Edward Wilson que nous sommes en mesure d identifier trois s ries distinctes sur le th me de la chasse Chaque publicit pr sente une th matique et num re l intitul de chacune des photographies se retrouvant l int rieur des s ries De cette mani re nous pouvons conna tre l ordonnancement des diff rentes s quences sur la chasse Les publicit s nous permettent galement d tre inform s des dimensions disponibles pour chacune des photographies La publicit de 1867 dans le p riodique Portraits of British Americans annonce la parution de la s rie La chasse au caribou voir app A 1 en deux ensembles Pun comprenant sept photographies grand format et l autre neuf photographies petit format Une autre publicit dans le m me p riodique annonce la parution prochaine de la s rie La chasse l orignal voir app A 2 constitu e de sept photographies en petit et grand formats galement Les s ries sont dispos es dans un bo tier o chaque photographie est mont e s par ment sur un carton et rass
131. sse au caribou dans ce m moire Pour voir l int gralit de la s rie Mus e McCord Clefs pour l histoire op cit 24 Andrea Nemtin Dans l objectif de Notman photographe de la reine reportage 60 min PTV productions en collaboration avec le mus e McCord Montr al 2004 235 Sir James MacPherson Le Moine Monographies et esquisses Qu bec J G lai 1885 478 p 59 126 5 Dans la mesure o Notman b n ficie sites historiques de notre bonne ville aussi d une grande renomm e m daill d or dans plusieurs expositions universelles proclam photographe de la Reine en 1858 bonne visibilit aux tats Unis avec le p riodique The Philadelphia Photographer et la fondation du Centennial Photographic Company voir chap l il appara t vraisemblable que Rhodes ait pu solliciter Notman afin qu il illustre les plaisirs et les p rils de la chasse au Canada D ailleurs selon Stanley Triggs le colonel Rhodes est aussi un amateur de sport qui prend plaisir effectuer des exp ditions de chasse II est par cons quent fond de croire que les s ries photographiques sur la chasse de Notman servent au projet de l lite dominante dont Rhodes et Notman font partie consistant en la promotion des attraits touristiques du Canada que sont la chasse et son territoire Nous examinerons de quelle mani re Notman met en valeur la nature sauvage du Canada travers l activit de la chasse dans ses photographies
132. t nationale Comme cela a t mentionn le colonel William Rhodes est un bon exemple de ce type de m c nat Par le biais des crits de Le Moine nous avons vu que Rhodes occupait un r le visant la valorisation du patrimoine culturel l tranger En d finitive tout porte croire que les photographies de Notman v hiculaient un projet d anticipation celui de d finir la nation par le biais de la repr sentation du wilderness travers des sc nes d montrant l activit de la chasse Il faut pr ciser que chacun de ces rapports institu s par l imaginaire est le propre d une collectivit neuve qui tend se construire une identit et une m moire cet imaginaire est bien videmment collectif 167 Terme de G rard Bouchard Jeux et n uds de m moire l invention de la m moire longue dans les nations du Nouveau Monde in Mythes et Soci t s des Am riques op cit p 317 5 G rard Bouchard La pens e impuissante op cit p 10 169 ric Michaud L image matrice de l histoire in L histoire de l art une discipline ses fronti res Paris Hazan 2005 p 121 74 3 6 Le r le de l imaginaire dans la construction du r cit identitaire L emploi de la notion d imaginaire est fortement r pandu et d signe souvent dans le langage courant l univers fictionnel Cette notion et celle de la fiction sont parfois utilis es sans tablir de distinction pr cise Dans le pr c dent chapitre de ce
133. t De plus le manche de la hache du personnage genou r p te cette oblique et donc l accentue Ce qui est int ressant dans ce mouvement diagonal c est qu il correspond la repr sentation symbolique des trois ges On retrouve ainsi repr sent es dans une m me sc ne les trois g n rations des guides Gros Louis D apr s le site Internet du 2 mus e McCord il s agissait de chasseurs et de trappeurs de renom Wendake Dans l ordre on reconna t Le vieux Fran ois Gros Louis assis La plume surnom du fils genou et Sassenio le petit fils debout On peut donc constater que la jeunesse est repr sent e debout et vigoureuse et puisqu elle se trouve gauche elle incarne aussi le point de d part de la lecture de la photographie Les deux autres personnages debout qui se situent entre les trois guides occupent le r le des chasseurs qui ont engag ces guides pour les accompagner durant leur exp dition Les accessoires de la chasse comme les raquettes les seaux les armes et la t te d orignal sont dispos s l avant de la frise des protagonistes On ne peut faire abstraction de l horizontale constitu e par un b ton fermant la composition juste au dessus de la t te des personnages debout 1 2 3 6 Les guides La sixi me photographie intitul e Les guides fig 6 pr sente les trois guides pr c demment cit s Dans un plan plus resserr du m me d cor on retrouve les t
134. t engag s afin de concevoir les arri re plans d effectuer des retouches sur les n gatifs ou de colorier m me les photographies Vers 1865 le studio Notman compte pr s de 35 employ s des photographes des peintres des apprentis des assistants et tout le personnel utile au bon d roulement des op rations Le studio est si prosp re qu en 1874 plus de 55 personnes y produisent jusqu 14 000 n gatifs Durant l expansion du studio en 1868 Notman inaugur une succursale Ottawa la capitale du nouveau dominion Puis en 1880 on peut compter jusqu 20 succursales du studio photographique Notman Les uvres de Notman b n ficient d une grande visibilit aux tats Unis 10 However the obvious need to represent the realities of the Canadian six month winter resulted in the early development of new techniques and backgrounds snow covered sporting and hunting scenes that were to become the hallmark of the Notman photo studio Jana Bara Through the Frosty Lens William Notman and His Studio Props History of Photography vol 12 no 1 janvier mars 1988 p 24 25 1 Stanley G Triggs Notman William Dictionnaire biographique du Canada en ligne vol 12 Universit de Toronto et Universit Laval 2000 En lignel lt http www biographi ca 009004 119 01 fphp amp id_nbr 6336 gt Consult le 15 octobre 2009 Notman ouvrit aussi un studio Halifax en 1870 et un autre Saint Jean au Nouveau Br
135. ter l excursion D abord pratiqu e des fins de survie puis de commerce la chasse se transforme sous l emprise de la bourgeoisie et s exerce davantage titre de divertissement Michel Bellefleur explique bien cette volution au Canada La chasse et la p che dites sportives furent un important l ment du loisir traditionnel Activit s l origine de type utilitaire parfois m me associ es l imp ratif de la survivance alimentaire elles prirent un caract re semi ludique et semi utilitaire tr s rapidement pour l aristocratie et la bourgeoisie d s la fin du r gime fran ais et le d but du 5 Jonathan Crary 1888 Illumination of Disenchantment in Suspension of APPARUE Attention Spectacle and Modem Culture Cambridge MIT Press 2001 p 150 280 07 r gime anglais tout en tant accessibles aux couches populaires et paysannes ce qui les d marquait nettement de leurs homologues anglaises et fran aises d Europe Ces voyages de chasse et p che constituent alors la premi re forme de tourisme au Qu bec C est aux alentours de la Conf d ration en 1867 que la presse fait la promotion de l exotisme de la faune canadienne et que le Qu bec en particulier fut pr sent graduellement comme le sportman paradise en la mati re C est pr cis ment ce moment que Notman promeut ses s ries sur la chasse travers diff rentes r clames voir app A 1 A2 et A 3 L activit de la chass
136. tif La diffusion des repr sentations symboliques du 78 wilderness contribue nourrir l imaginaire collectif et d finir l identit de la nation canadienne encore aujourd hui l poque de Notman le concept du wilderness tait en processus de mythification Selon G rard Bouchard le processus de mythification est un EBI processus au gr duquel une repr sentation collective en vient acqu rir le statut de mythe Ainsi une fois que le mythe est construit et se diffuse il participe la transformation dynamique et la juxtaposition continuelle de nouvelles significations dans l imaginaire collectif Le processus de mythification comprend trois tapes La diffusion et la circulation des uvres sont les premi res phases essentielles la mythification des repr sentations La diffusion est prise en charge par une ou des institutions qui y trouvent un profit quelconque et qui utilisent la repr sentation des fins strat giques La collectivit anglophone de Montr al encourageait la diffusion des repr sentations symboliques du wilderness afin de tirer profit de l attrait touristique que constituait la chasse cette poque Pour que les images s implantent dans l imaginaire collectif l op ration de diffusion doit tre importante Nora Hague confirme la large distribution des repr sentations photographiques de Notman lil fut le premier photographe
137. tion fictionnelle comme si elle tait une repr sentation factuelle et de nous l approprier travers des m canismes d introjection de projection et d identification Cette appropriation sera le sujet de notre troisi me chapitre qui abordera ce m canisme en fonction des effets sur l imaginaire de l ensemble de la collectivit L imitation a donc une fonction mod lisante qui peut susciter des tats ou des effets distincts Par exemple quand le spectateur se trouve en tat d immersion cela entra ne une porosit des fronti res entre fiction et r alit Cependant lorsque ce m me spectateur subit un effet d entra nement il proc de une mod lisation de la r alit par la fiction La question de la fiction se pose de la m me mani re quel que soit le m dium utilis peinture photographie cin ma et autres dispositifs fictionnels Schaeffer consid re t Comme cela a t la photographie comme un vecteur fictionnel tr s puissan mentionn plus haut la mise en sc ne sert feindre la repr sentation de la r alit dans les photographies de Notman Les tableaux vivants repr sentant des sc nes de chasse en pleine nature consistent justement en des simulacres d actions s rieuses Les acteurs jouent leur r le pour l instant de la prise photographique Le spectateur des uvres de Notman est amen recevoir ces repr sentations fictionnelles comme s il s agissait de photographies prises lors d une ex
138. tive suppose alors deux op rations dans un premier temps une op ration de mise en succession dans un deuxi me temps une op ration de transformation Par exemple les photographies sur la chasse l orignal de Notman se suivent selon l ordre pr sent dans la publicit du Portraits of British North American voir app A 1 Des transformations affectent le r cit tout au long de la s quence comme un changement de d cor lorsque la narration change de lieu Pour s assurer que la s quence est narrative il faut selon Roger Odin d terminer un but des motifs identifier des agents une ou plusieurs circonstances et des interactions En appliquant ces crit res aux pisodes de chasse de Notman on constate de mani re vidente la dimension narrative de ces photographies Le but du r cit consiste en l illustration photographique des diff rentes actions qui ont cours durant une exp dition de chasse Les motifs sont de l ordre du divertissement sport et exp rience de la vie sauvage et de la subsistance qu apporte le gibier une fois chass et tu Les agents sont les guides les chasseurs et les proies Les interactions entre le guide et le chasseur consistent en l enseignement l assistance et l aide pour l orientation Quant aux circonstances elles sont d crites par les titres de chacune des photographies le petit d jeuner l alarme le sommeil la chasse la mort le retour au campement autour du feu de camp et ainsi de suite
139. try Canada Ottawa National Gallery of Canada 1979 p 13 R jean Lapointe Qu bec selon les Notman une image pr fabriqu e Cap Aux Diamants vol 3 no 2 t 1987 p 21 arrive Montr al en 1855 et y travaille comme photographe amateur II fonde son studio de photographie peu de temps apr s celui de Notman et devient son ami et coll gue James Inglis 1835 1904 est un autre photographe montr alais d origine cossaise qui met sur pied son studio un peu plus tard Les journaux de l poque t moignent d une certaine rivalit entre Inglis et Notman Du c t de la ville de Qu bec c est le studio Livernois qui conna t un grand succ s Ce studio est reconnu pour ses photographies de portrait Il r alise galement des portraits th traux faux d cor inspir s des clich s de Notman Le studio Livernois est souvent consid r comme le pendant francophone de celui de Notman Notman est toutefois le photographe le plus c l bre de son poque Un v nement important a contribu cette renomm e Peu apr s l ouverture de son studio de photographie Montr al en 1856 il obtient un premier contrat d envergure photographier la construction du pont Victoria II conna t un franc succ s gr ce l importance de ce pont et la qualit de ses preuves photographiques Deux ans plus tard lors de la visite du prince de Galles Notman offre le cadeau du gouvernement du Canada pour la r
140. tte neige est l analogue du cano sur le plan symbolique Les raquettes tout comme le cano sont des moyens de locomotion permettant de parcourir le pays et d affronter les grandes tendues sauvages de la nature canadienne Lorsque la neige fra chement tomb e recouvre le sol elle efface du m me coup toutes les traces du passage de l homme le paysage semble vierge nouveau C est justement cette relation entre les tendues vierges et le p ril de son excursion auquel renvoie le concept du wilderness Qui plus est la chasse implique forc ment cette relation le chasseur parcourt le territoire et affronte des b tes sauvages Mais le concept du wilderness n existe pas sans la figure du conqu rant l homme brave qui affronte les tendues sauvages Au sein de plusieurs photographies de Notman c est William Rhodes qui incarne le chasseur Dans son m moire Jana Bara traite du statut h ro que que Notman octroie aux personnages des s ries sur la chasse L auteure identifie l mergence d un st r otype au sujet du Victorian British Canadian Ce dernier est repr sent comme un explorer mighty hunter fearless pioneer and sturdy 135 Thid p 58 Notman managed to give his own convincing flavour of Canadiana to his genre work and in this now famous photographic series he dreated pictures depicting groups of mena round camp sites in traditional back woodsmen s attire and with the indispensable acc
141. ubterfuge permettant au spectateur de s impr gner de la repr sentation Puisque le spectateur se trouve en tat d immersion fictionnelle il adh re partiellement ou totalement la v racit de ce qui est repr sent Ce mode de r ception entra ne des corollaires au sein de l imaginaire du spectateur En 1867 Notman envoie ses s ries photographiques de la chasse Edward Wilson diteur du r put p riodique The Philadelphia Photographer Le r le productif de l imagination permet Wilson de d crire les sc nes et m me d inventer certains dialogues atmosph res actions ou relations entre les personnages Par exemple propos de la photographie Le trappage du lynx fig 10 Edward Wilson mentionne ceci Here the trappers are deliberating as to which is the best way of disposing of their game without injuring his beautiful fur La caract ristique de l immersion fictionnelle qu est la pr dominance de l activit imaginative sur la perception d montre bien le r le cr atif du spectateur au moment de la r ception de l uvre Le spectateur poss de un r pertoire des repr sentations mentales issues de ses interactions pass es avec la r alit actuelle et ne sont partageables par immersion que dans la mesure o les individus qui y ont acc s vivent dans des r alit s c est dire dans des repr sentations du r el partag es Plus loin dans 57 Edward Wilson Composition Photographs o
142. ue devient le sujet d une appropriation par le groupe ou l individu Cette appropriation de la repr sentation symbolique du territoire de la chasse par les Canadiens anglais a t expliqu e voir chap Il puisqu elle est au fondement du concept du wilderness Bri vement cette appropriation engendre la transformation de l activit de la chasse d abord pratiqu e des fins utilitaires elle devient un divertissement pour les Canadiens anglais Par ailleurs la ritualisation du wilderness est perceptible travers les uvres photographiques de Notman Par exemple l uvre Messieurs Remington et Ralph la chasse 1889 fig 11 pr sente deux personnages en train de simuler leur voyage annuel au Canada pour chasser p cher et camper Ce voyage est un exemple des exp ditions de chasse pratiqu es des fins ludiques sportives et touristiques Cette photographie galement prise en studio d crit l activit de la chasse devenue alors une forme de rituel au moyen de ce voyage effectu annuellement par plusieurs touristes Comme cela a t mentionn c est partir de la Conf d ration 1867 que la presse canadienne s approprie le concept du wilderness afin de se d finir en tant que nation et de stimuler le tourisme au Canada Ce moment correspond la circulation des uvres de Notman travers les expositions universelles Londres Paris _ Philadelphie la publication de textes sur la chasse et le t
143. ue du territoire au moyen du concept du wilderness l instar de Schwartz nous soutenons que l une des fonctions de la photographie consiste s approprier de nouveaux territoires tendre le pouvoir imp rial former des concepts propos d un lieu et d finir des espaces symboliques En guise de deuxi me rapport institu par l imaginaire il y a celui de l ensemble des repr sentations de soi et de l autre signifiant ainsi une identit Dans les s ries sur la chasse les chasseurs incarnent les repr sentations de soi puisqu ils repr sentent la collectivit canadienne angjlaise de Montr al au m me titre que le cr ateur des uvres En ce qui a trait la repr sentation de l autre le photographe n illustre pas les repr sentants de la collectivit francophone comme nous l avons vu Par contre il choisit de mettre en sc ne les autochtones occupant le r le du guide ou celui d assistant Cette figure du guide participe au mythe du grand Indien jadis le seul capable de ma triser les tendues sauvages La repr sentation de ce dernier provient de l imaginaire de la collectivit anglo saxonne et du concept romantique de l Empire britannique Edward Cavell explique bien ce concept romantique Romantic images of a wilderness turned into the English 159 G rard Bouchard La pens e impuissante checs et mythes nationaux canadiens fran ais 1850 1960 Montr al Bor al 2004 p 10
144. ue revient l honneur d avoir lev les diff rents blocages du m dium photographique gr ce au punctum Le punctum provoquerait l effacement du support et entra nerait la mise en r cit Odin pr cise ce que le punctum permet Peu peu une structure narrative se met en place La mise en phase est d autant plus facile op rer que je suis moi m me l auteur de l histoire que je me raconte Non seulement je me mets oublier l acte qui a produit la photographie d brayage nonciatif fictivisant mais j en viens oublier la photographie elle m me Face une photographie l effet de fiction ne peut na tre que de l effacement de la photographie quand je me fais mon cin ma Selon nous la construction d une narration au sein des photographies de Notman ne passe pas obligatoirement par le punctum barthien L effacement du support est possible gr ce la notion de feintise ludique partag e de Schaeffer En tat d immersion le spectateur prouve une certaine porosit des fronti res entre la r alit et la fiction Cette porosit permet au spectateur de voir au del du support photographique De plus le pacte implicite entre le cr ateur et le spectateur rend ces deux derni res op rations videntes Afin de proc der l immersion fictionnelle le spectateur s investit volontairement dans l espace de l uvre et il passe outre la fronti re du support Pour la distinction entre nonciateur
145. un examen approfondi permet de discerner les accessoires de la mise en sc ne Close inspection of the photographs reveals that the background is painted on a portable screen but the trees shrubs weeds and rocks are real Notman at times used sheep fleeces to simulate snow rather than white fox fur In the scenes around the camp fire and tent he used salt to imitate packed snow Notman usait de toutes sortes de strat gies afin de cr er une illusion du r el le camouflage des dispositifs de maintien de la pose posing stands l usage d une toile de fond peinte reproduisant l effet d un paysage lointain l emploi de fourrure de renard simulant de la neige sur le sol d animaux empaill s de vraies armes d accessoires de chasse le recours une lumi re au magn sium pour recr er l clairage que produit un feu de camp Ces l ments de la mise en sc ne jouent un r le essentiel dans la lecture de l uvre de Notman Selon Jean Jacques Roubine auteur de Th tre et mise en sc ne 1880 4T Le contr le de l effet fiction est d ailleurs l une des finalit s des nombreuses r gles et prescriptions nonc es dans les ouvrages photographiques tacitement respect es par les op rateurs et constitutives de l esth tique du portrait d atelier Ibid Jean Jacques Roubine traite de l effet de r el au th tre de la m me mani re qu Andr Rouill propos de la photographie Au sujet d une pi ce de th tre utili
146. unswick deux ans plus tard dans les ann es 1880 il en avait au moins 20 dont 7 au Canada Pour r pondre la demande des tudiants il exploitait des studios saisonniers au Yale College New Haven au Connecticut et la Harvard University Cambridge dans le Massachusetts bid 11 et partout dans le monde En 1869 il participe l exposition universelle de Philadelphie o les juges britanniques lui d cernent une m daille d or et ce n est ni la premi re ni la derni re Les fils Notman continueront le travail de leur p re jusqu en 1935 1 2 Les trois s ries sur la chasse Nous avons choisi de nous concentrer sur trois s ries de photographies de Notman pr sentant un int r t particulier quant au contenu L essentiel des photographies constituant les trois s ries sur la chasse repr sente un petit groupe d individus en train de reproduire diff rents moments d une exp dition de chasse Trois th matiques distinctes sont issues de cette production la chasse au caribou les sc nes de trappe et la chasse l orignal Ces s ries photographiques fabriqu es au studio Notman sont produites au sein d une salle exp rimentale con ue pour d velopper des id es novatrices et mettre l preuve de nouvelles techniques Cette salle comporte une superficie totale de 65 m et assure une hauteur de 5 03 m du plancher au plafond Un article d Edward Wilson publi dans The Philadelphia Photogra
147. untent Wilson et les autres spectateurs afin de construire des r cits partir des photographies de Notman sur la chasse 2 2 2 Construire la narration d apr s le mode fictionnalisant Dans l ouvrage De la fiction Odin identifie diff rents modes de production de sens et d affects qui peuvent tre combin s et qui forment ce qu il nomme la comp tence communicative La fictionnalisation est selon lui un de ces modes au c t des modes spectacularisant documentarisant fabulisant artistique priv etc La fictionnalisation est le mode que je mobilise lorsque j entreprends de produire ou de lire un texte de fiction ce qui est une autre production comme un texte de fiction Cet acte volontaire effectu par le spectateur est similaire l immersion fictionnelle chez Schaeffer Pour Odin l effet de fiction r sulte du mode fictionnalisant car ce dernier conduirait vibrer au rythme des v nements fictifs racont s la diff rence de Schaeffer Odin soutient que la photographie a une faible aptitude fictivisante puisqu elle n est pas en mouvement Elle ne peut montrer qu une phase d une action en aucun cas elle ne donne voir l action elle m me En outre Odin apporte une mise en garde 78 Edward Wilson amp Composition Photographs op cit p 79 T9 Roger Odin De la fiction Bruxelles De Boeck Universit 2000 184 p lbid p 11
148. ur illustrer son discours sur les s ries de la chasse de Notman En aucun cas la s quence compl te ne figurait dans le p riodique Lorsque la photographie tait reproduite dans le journal l diteur se passait de mots A Chance Shot which comes next in order and which is the one we are pleased to present with this our readers thus giving them a better opportunity of judging of these pictures than any description of ours could give them It will speak for itself 1 Wilson proc de une description de l ordre du r cit qui m ne la construction de la narration de la part de ses lecteurs Quant aux autres spectateurs qui avaient acc s l ensemble de la s rie photographique par exemple au studio de Notman ils doivent tout de m me lire la s quence qui leur est pr sent e au moment de la r ception des uvres Plusieurs l ments contribuent identifier les photographies comme faisant partie d un tout s quentiel L utilisation r currente de certaines composantes situe l homog n it de la s rie alors que les changements effectu s rendent visible la particularit narrative de chaque image Les l ments invariables l int rieur des photographies sur la chasse l orignal sont les acteurs les accessoires le lieu o se d roule l action et le type de composition Ainsi l ordonnancement de la s quence marque un encha nement temporel au sein d un cadre spatial pr cis Le lecteur participe
149. urs de la pens e conf rence prononc e suite l invitation de la Chaire pour le d veloppement de la recherche sur la culture d expression fran aise en Am rique du Nord Qu bec mars 2003 Qu bec ditions Nota Bene 2003 p 12 lbid p 19 76 st r otypes les savoirs les syst mes id ologiques les mentalit s les technologies S installe ainsi un mouvement d aller retour entre la culture instituante et la culture institu e l une se nourrissant de l autre et vice versa La culture institu e est le lieu propre de l imaginaire dans son sens 178 gt Par ailleurs nous pouvons constater la part de l imagination dans premier bed les crits d Edward Wilson propos des uvres de Notman L diteur anime les repr sentations de Notman et va jusqu imaginer un dialogue entre les personnages Another picture similar to these is called The Lynx Here the trappers are deliberating as to which is the best way of disposing of their game without injuring his beautiful fur Nous pouvons alors constater ce mouvement d aller retour entre les vecteurs de l imaginaire collectif que sont les uvres de Notman et l imaginaire de Wilson qui alimentent son tour les photographies Les spectateurs sont responsables de nourrir l imaginaire collectif au m me titre que les images et leur cr ateur Lors du premier chapitre nous avons postul que le cr ateur fait des choix quant l organisatio
150. uvelles olympiques n communiques de presse nouvelles afp c r monie douverture le canada ouvre ses jeux dans la f te et l motion 274468Wa htmi gt Consult le 20 avril 2010 18 G rard Bouchard Le mythe essai de d finition op cit p 416 83 imaginaires collectifs travers les repr sentations comme celles du photographe William Notman FIGURES William Notman Sc ne de nuit le sommeil 1866 plaque de verre au collodion humide 20 x 25 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www mccord museum ac caffr collection artefacts l 20498 gt Consult le 5 mai 2009 William Notman l aube l alarme 1866 g latine argentique 20 x 25 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www musee mccord qc ca fr collection artefacts 1 20499 0 gt Consult le 5 mai 2009 85 86 Fig 3 William Notman Le petit d jeuner 1866 plaque de verre au collodion humide 20 x 25 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www musee mccord qc ca fr collection artefacts l 20491 0 gt Consult le 5 mai 2009 87 Fig 4 William Notman La mort de l orignal 1866 plaque de verre au collodion humide 20 x 25 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www musee mccord qc ca fr collection artefacts l 20492 gt Consult le 5 mai 2009 88 Fig 5 William Notman Le retour 1866 plaque de
151. velle nation au moyen de ses photographies illustrant l activit de la chasse devenue alors la premi re attraction touristique en Am rique du Nord travers cette activit diff rentes identit s sont repr sent es de mani re st r otyp e Nous d montrerons que les photographies de Notman ont particip l laboration de l identit nationale en diffusant des images st r otyp es un moment d terminant de l essor de la nation canadienne Nous croyons que les images de Notman ses spectateurs et sa large distribution contribuent cette construction identitaire Dans le premier chapitre nous avons analys l organisation des images afin de prendre conscience des choix op r s par le cr ateur Lors du second chapitre nous avons d montr que ces choix ont des incidences sur la r ception du spectateur percevant ainsi les uvres travers certains modes d interpr tation Tenant compte de ce cadre historique particulier il nous reste pr sent tudier le r le jou par les repr sentations de Notman dans l laboration de mythes et de st r otypes de l identit canadienne 3 1 La chasse l activit touristique par excellence au Canada Le tourisme est une activit de loisir faisant son apparition au XIX si cle la suite de l intensification des int r ts et de la curiosit envers les colonies Dans 56 l ouvrage Suspensions of Perception et plus particuli rement dans le chapitre 1888
152. verre au collodion humide 20 x 25 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www musee mccord qc ca fr collection artefacts l 20494 gt Consult le 5 mai 2009 Fig 6 William Notman Les guides 1866 plaque de verre au collodion humide 25 x 20 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http Awww musee mccord qc ca r collection artefacts l 20490 gt Consult le 5 mai 2009 89 Fig 7 William Notman Le vieux chasseur 1866 plaque de verre au collodion humide 25 x 20 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www mccord museum qc ca fr collection artefacts l 20501 gt Consult le 5 mai 2009 90 Fig 8 en 2 z Be A z L G a i La gt Wiliam Notman M Reynolds en costume autochtone 1870 sels d argent sur papier albumin 13 7 x 10 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www mccord museum qc ca fr collectior artefacts 1 43610 1 gt Consult le 30 juin 2009 91 92 Fig 9 William Notman Autour du feu de camp 1866 plaque de verre au collodion humide 20 x 25 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http www musee mccord qc ca fr collection artefacts VIEW 596 A gt Consult le 5 mai 2009 Fig 10 William Notman Le trappage du lynx 1866 plaque de verre au collodion humide 25 x 20 cm tir e des archives du mus e McCord En ligne lt http
153. ways identified Aboriginal people with wilderness believing that Aboriginals enjoyed a special some believe mystical relationship with the land It was natural therefore to think that Aboriginals might provide a model for living in North America a model which non Natives could emulate by becoming Indian by going native 1 Nous verrons un peu plus loin que Notman repr sente l autochtone dans le r le du guide attestant de cette relation mystique que ce dernier entretient avec la terre Le wilderness devient le sujet de nombreuses repr sentations symboliques au sein des productions culturelles de l poque l instar de Jana Bara nous postulons que Notman illustre galement le wilderness dans ses uvres Le m moire de Jana Bara Furs in Fashion as Illustrated in the Photo Portraiture of Notman in the 1860 s soul ve l importance de la nature et de l tendue sauvage dans les uvres de Notman Elle aborde le concept du wilderness l int rieur des s ries photographiques de la chasse et soutient que les accessoires rencontr s dans les uvres de Notman en sont les symboles The studio thus became a stage with everyday tools and ustensils converted into symbols endowed with magic powers of suggestion Selon l auteure le concept du wilderness provient des id aux philosophiques du XVIII si cle persistant jusqu au XIX si cle et se d veloppe dans l esprit du romantisme qui voit dans la natu

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