proposition d`article CDSE michelin 4
Contents
1. Cette position va l encontre de ce qu avait soutenu la soci t Michelin N anmoins la question de la publicit des d bats dans les proc s concernant les domaines sensibles de la vie des affaires m rite d tre pos e Ne serait il pas possible de pr voir l organisation de huis clos lorsque la sensibilit conomique du sujet le m riterait L ABUS DE CONFIANCE Une telle qualification n est pas nouvelle et la petite stagiaire chinoise de chez Val o avait t condamn e sur le m me fondement de l article 314 1 du code p nal L abus de confiance est le fait par une personne de d tourner au pr judice d autrui des fonds des valeurs ou un bien quelconque qui lui ont t remis et qu elle a accept s charge de les rendre de les repr senter ou d en faire un usage d termin C est galement sur ce fondement qu a t prononc e la condamnation contre Florian Bourges dans l affaire Clearstream qui pour le sp cialiste de la s curit est avant tout une probl matique d acquisition indue d information et non pas un proc s politique Les tribunaux doivent donc examiner s il existe bien un d tournement et s il a t commis volontairement Le d tournement Le raisonnement juridique est simple une information est remise dans un but d termin et tant utilis e d autres fins il y a abus de confiance au sens de l article du code p nal Toute la difficult est de savoir si une inform2. ce th me Une autre possibilit serait de considerer que les laboratoires dont les recherches sont financ es par l Etat soit de mani re directe par des subventions soit de mani re indirect par le cr dit d imp t recherche constituent le potentiel scientifique et conomique de la France La d finition a toutefois l exc s d englober un trop grand nombre de situations mais elle a le m rite de reposer sur un crit re objectif et incontestable LE SECRET DE FABRIQUE L ordonnance de renvoi reprochait l employ de Michelin d avoir tent de n gocier des chantillons relatifs un m lange connu sous le nom de code GIN S Le magistrat a alors relev qu il y avait une atteinte au secret de fabrique dont les composantes juridiques sont connues depuis longtemps Un d bat s est donc engag sur la composition du produit et sur la classification des informations recueillies par le salari f lon Ont donc t expos s aux yeux de tous des l ments sur l organisation de la s curit chez Michelin et des informations sur le produit Or comme chacun le sait la justice est publique et il est craindre qu au cours du d bat des informations confidentielles n aient t expos es Le tribunal a consid r que ni l instruction ni Michelin n avait montr que les formules d tourn es par le salari f lon constituaient un proc d de fabrication particulier offrant un int r t pratique ou commercial tenu secret
3. respects de droits fondamentaux comme le respect de la vie priv e dont la d clinaison la plus connue dans le domaine de l entreprise est celle de la surveillance des salari s Comment s articulent donc ces principes de loyaut e L article 9 du Code de Proc dure Civile pose un principe g n ral applicable devant toutes les juridictions civiles Il incombe chaque partie de prouver conform ment la loi les faits n cessaires au succ s de sa pr tention En d autres termes 1l n est pas possible de produire une preuve ill galement cr e acquise ou conserv e devant une juridiction civile Ce principe n existe pas en mati re p nale En effet l article 427 du Code de Proc dure P nale pr cise que Hors les cas o la loi en dispose autrement les infractions peuvent tre tablies par tout mode de preuve et le juge d cide d apr s son intime conviction Ces deux dispositions sont compl t es par de nombreuses d cisions de la Cour de Cassation exigeant que les preuves soient acquises loyalement Elle s appuie notamment sur l article 6 1 de la Convention de Sauvegarde des Droits de l Homme et des Libert s Fondamentales et pose par la m me une exigence de la loyaut de la preuve qui doit donc tre collect e de mani re apparente cet gard la Cour de cassation a cass par une d cision du 3 juin 2008 un arr t rendu le 19 juin 2007 par la Cour d Appel de Paris qui avait condamn
4. LA PROTECTION DES INFORMATIONS CONFIDENTIELLES AU VU DU JUGEMENT MICHELIN DU 21 JUIN 2010 Par Thibault du MANOIR de JUAYE Avocat la Cour www France lex com Le 21 juin 2010 le tribunal correctionnel de Clermont Ferrand a condamn un ancien salari de Michelin qui avait tent de vendre des informations au fabriquant de pneus concurrent la soci t Bridegestone Le tribunal n a pas fait preuve d audace particuli re dans ses qualifications juridiques mais la d cision a le m rite d aborder plusieurs dispositions du code p nal notamment celles ayant trait l espionnage Les magistrats en ont conclu que la plupart des textes ne pouvaient s appliquer et l on peut sans peine en d duire un besoin urgent d un toilettage approfondi de notre l galisation sur la protection du patrimoine informationnel sans qu il faille pour autant cr er des dispositions sp cifiques sur le secret des affaires Le 21 juin est pour certains le premier jour de l t la f te de la musique Pour d autres au contraire rien de festif et c est notamment le cas d un salari de Michelin qui a t condamn ce jour l par le tribunal correctionnel de Clermont Ferrand e Deux ans de prison avec sursis e 5000 euros d amende e 10 000 euros au profit de son employeur e 2000 euros pour frais de proc dure Thibault du MANOIR de JUAYE a publi r cemment le droit de l intelligence conomique aux ditions LITEC qui traite notamment de
5. ation peut tre un bien quelconque Les avocats de Florian Bourges soutenaient qu un bien est forc ment un l ment mat riel et que le texte ne pouvait s appliquer l information Le tribunal parisien dans l affaire Clearstream utilise d ailleurs alternativement ou simultan ment les expressions de documents et informations ce qui pourrait sous entendre qu il y eu appr hension de documents sur support papier ce qui ne semble pas tre le cas Le tribunal correctionnel de Paris a consid r que le d tournement d information tait possible m me s il s agissait d un l ment immat riel L argument a t soulev galement par Ma tre Portejoie le conseil du salari f lon de Michelin et n a pas plus t retenu par le tribunal clermontois La position des tribunaux semble donc d sormais bien fix e et il n y aura sans doute plus revenir sur le sujet L l ment intentionnel ou la volont de d tourner C est sans doute l l ment le plus important de l infraction qu il faut prouver Dans l affaire Michelin les l ments du dossier montrent qu il y avait des mesures de gestion de l information stricte et que le salari f lon ne pouvait pas ne pas savoir que les informations qu il d tenait ne devaient servir qu son employeur Il convient donc que les entreprises soient en mesure de prouver qu elles ont indiqu aux d tenteurs des informations que celles ci devaient tre utilis es dans un but p
6. des entreprises dont les infractions avaient t prouv es par l enregistrement de conversations t l phoniques effectu es l insu de 2 leurs auteurs A contrario la Cour d appel de Paris dans une d cision en date du 29 avril 2009 a consid r qu en mati re de concurrence le principe de loyaut de la preuve ne s appliquait pas et ce en totale opposition avec la position de la cour de cassation Cette diff rence de d cision s explique par le fait que pour la juridiction parisienne les r gles sp cifiques du droit de la concurrence entente abus de position dominante etc requiert un traitement diff rent de celui appliqu aux affaires de droit commun 2 Cour de cassation 3 Juin 2008 Judiciaire Chambre N 07 17 147 07 17 196 Le tribunal correctionnel s en est tir en soutenant que m me sans l intervention de Michelin le salari f lon aurait vendu les informations et que la soci t clermontoise n avait pas provoqu la commission de l infraction Cette pirouette n est gu re satisfaisante Il y a confusion entre plusieurs notions En effet l incitation commettre un d lit ce dont se d fend la soci t Michelin n a que peu de rapport avec la l galit de la collecte de preuves Il y a n anmoins des le ons tirer de l argumentation du salari f lon il n est pas possible de collecter des preuves d un d lit de n importe quelle mani re et il faut prendre garde l effet boomerang un salari
7. ime restrictif tel que pr vu par l instruction minist rielle du 1 mars 1993 on pouvait d duire qu il y avait atteinte aux int r ts vitaux de la nation Toutefois ils ont estim que le classement en ERR n tait pas suffisant pour montrer qu il y avait eu atteinte aux int r ts vitaux de la Nation Pour m moire les ERR sont les entreprises ou les tablissements troitement surveill s car travaillant pour la d fense nationale le nucl aire c Cette affaire pose donc une question fondamentale les dispositions du code p nal sur les int r ts vitaux sont elles applicables dans le domaine conomique Il est craindre que la r ponse soit n gative Le texte souffre gravement de l absence de d finition du potentiel conomique et scientifique de la France et cette expression m me est sujette caution lorsque l on regarde la diss mination g ographique des centres de recherches des grandes entreprises La d cision clermontoise doit donc tre l occasion d amender le code p nal en tablissant la liste des secteurs strat giques qui m ritent d tre prot g s Il n est pas possible mon sens de reprendre l num ration qui figure au code mon taire et financier l article R153 2 du code mon taire et financier En effet nombre d activit s sensibles pour la France comme l a ronautique n y figure pas La d l gation interminist rielle l intelligence conomique a cr un groupe de travail sur
8. is clos lorsque le secret des affaires est en jeu e La cr ation des proc dures de saisie de l information appr hend e ou d tourn e sur le mod le de ce qui se fait en mati re de saisie contrefa on Sur le plan pratique cette d cision a le m rite de rappeler que pour obtenir une s curit juridique gage de succ s de poursuites futures il ne faut pas h siter anticiper et formaliser
9. is elle est assortie du sursis le montant des diff rentes sommes acquitter au titre de l amende et des dommages int r ts verser est supportable Il semblerait que le salari qui a fait plusieurs mois de pr ventive veuille maintenant tourner la page Sur le plan juridique le jugement du tribunal correctionnel de Clermont Ferrand ne restera pas dans les annales C est loin d tre un document d anthologie qui poserait des principes juridiques ou qui pourrait faire jurisprudence Elle s inscrit n anmoins dans un contexte o est voqu e la cr ation d une l gislation propre au secret des affaires Or est il besoin d une telle l gislation En l tat actuel de la jurisprudence si le secret est trahi par la personne qui elle a t communiqu e les poursuites pourront tre engag es sur le fondement de l abus de confiance Si l information est acquise indument la protection s op ra sur la base des textes qui r glementent l acc s l information par exemple les diff rentes dispositions du code p nal sur l intrusion informatique ou l effraction dans des locaux Mais on pourrait am nager l gislativement diff rents textes pour permettre e Une protection r elle du patrimoine national avec une d finition du potentiel conomique et scientifique en conciliant ses textes avec ceux permettant la protection du secret des affaires e Une sanction de la tentative d abus de confiance e Un hu
10. la protection de l information La faute de ce salari avoir tent de vendre des informations confidentielles au principal concurrent de Michelin la soci t Bridgestone L histoire tient bien heureusement plus du roman que du pain quotidien des entreprises Le salari f lon a contact Bridgestone qui en a inform Michelin Cette soci t aurait eu recours un subterfuge pour pi ger son salari avec notamment la mise en place d une adresse mail FUKUDA faussement attribu e Bridgestone Le salari de Michelin tait poursuivi sur plusieurs fondements e Atteinte aux int r ts vitaux de la nation e Abus de confiance e Secret de fabrique Quelque soit l incrimination pouvant tre retenue le conseil du salari f lon le c l bre avocat p naliste Gilles PORTEJOIE avait soulign que la preuve avait t acquise ill galement par Michelin qui aurait fait preuve de duplicit pour pousser son salari l action COLLECTE DE LA PREUVE La mani re dont sont collect es les preuves devient un enjeu strat gique pour les entreprises puisqu elle peut r duire n ant les chances de succ s dans un proc s La question qui se posait en l esp ce tait de savoir si Michelin avait fait preuve de d loyaut en tentant de pi ger son salari par la cr ation d une adresse FUKUDA faussement attribu e BRIDGESTONE Cette probl matique s inscrit dans un contexte plus large aux confins de
11. r cis D s lors nombre d entreprises pourraient tre amen es modifier leur clause de confidentialit en y laissant subsister les classiques interdictions telles que la prohibition de la communication ou les aspects mode d emploi sur la mani re de stocker ou de communiquer mais en rajoutant l utilisation que doivent faire les salari s de ces informations Tentative d abus de confiance Le conseil du salari f lon avait avanc un autre argument qui m rite qu on s y attarde Ma tre Portejoie soutenait qu il n y avait qu une tentative d abus de confiance qui n avait pas abouti puisqu aucune information n avait t c d e un concurrent de Michelin Par ailleurs l ordonnance de renvoie expliquait que le salari f lon avait collect des informations dans le but de les vendre ce quoi le pr venu r pondait qu il lui avait remis dans le cadre de son travail La distinction est importante puisque nous sommes aux confins des d finitions de tentative ou de d but d ex cution Or la tentative d abus de confiance n est pas punissable contrairement d autres infractions Il est dommage que le tribunal ne se soit pas attard sur ce moyen de d fense qui semble pertinent Punir la tentative d abus de confiance portant sur des l ments immat riels pourrait tre une r forme int ressante CONCLUSIONS Il semblerait que le salari f lon n est pas fait appel La sentence n est pas cl mente ma
12. serait relax du fait de la collecte de preuves de mani re ill gale et l entreprise sanctionn e pour cette ill galit Pour pr venir une telle situation les dirigeants d entreprises se doivent d laborer une strat gie de la preuve et ce avant l mergence de tout litige Rappelons enfin que pour tre l gale la surveillance des salari s doit remplir plusieurs conditions e Faire l objet d une information pr alable e Obtenir l avis du CE e Etre proportionnelle au but poursuivi e Respecter les dispositions de la loi informatique et libert s ATTEINTE AUX INTERETS VITAUX DE LA NATION Ce chef de poursuite repose sur l article 410 1 du code p nal combin avec l article 411 6 du m me code qui vise express ment la livraison d information une entreprise trang re L article 410 1 dispose que Les int r ts fondamentaux de la nation s entendent au sens du pr sent titre de son ind pendance de l int grit de son territoire de sa s curit de la forme r publicaine de ses institutions des moyens de sa d fense et de sa diplomatie de la sauvegarde de sa population en France et l tranger de l quilibre de son milieu naturel et de son environnement et des l ments essentiels de son potentiel scientifique et conomique et de son patrimoine culturel Or toute la difficult pour les magistrats tait de d finir ce que sont les int r ts vitaux de la nation et plus exactement le potentiel scien
13. tifique et conomique de la France a Les magistrats ont dans un premier temps soulign que le salari f lon avait tent de vendre des entreprises dont le caract re principal tait d tre des concurrents de Michelin et que leur nationalit n tait qu accessoire dans la transaction Le tribunal n a pas poursuivi sa r flexion pour d finir ce qu est une entreprise trang re Ce n est sans doute pas son r le Mais la question est d une importance extr me car comment appliquer le texte sans poser cette d finition Cette recherche d une d finition avait suscit des d bats anim s il y a quelques ann es mais les discussions et changes sur les sujets sont h las rest s lettre morte On pourrait certes consid rer qu une entreprise qui n a ni si ge social ni tablissement en France est trang re et qu l inverse une soci t qui ne poss de pas d implantation l tranger est fran aise Mais h las la situation est beaucoup moins tranch e dans la r alit le capital des entreprises est souvent dans les mains d actionnaires de diff rents pays les si ges sociaux ne repr sentent pas leurs implantations industrielles ou commerciales qui peuvent s tendre sur plusieurs continents Il avait t pr vu de retenir le si ge effectif des prises de d cision ou les lieux de centre de recherche b Dans un second temps les juges clermontois se sont demand s si du classement en ERR tablissement r g
Download Pdf Manuals
Related Search