Home

Dossier _Aernout Mik_SocieteRealiste PDF

1. Andy Warhol Ma philosophie de A B et vice versa Paris Flammarion 1977 Ce concept du pop art eut l effet d un flash sur l inconscient culturel collectif Stephen Koch Sweet Andy Artstudio n 8 printemps 1988 p 20 Il introduit une mise en doute de l ic ne en tant qu unique objet de repr sentation symbolique et permet de reconsid rer sa validit C est dans cette br che que travaillent les artistes qui s approprient les proc d s de recyclage des images Ayant dig r les notions de reproductibilit technique de s rialit et de strat gie m diatique ils ne se contentent plus de puiser dans la formidable masse d j produite pour en d tourner le sens mais vont vers une prise en compte de ce ph nom ne de flash C est dire qu ils mettent en jeu l implication du sujet regardeur et lui permettent d exercer un choix Partant de ce constat d une r alit toujours filtr e au pr alable par l cran de la t l vision principalement ils pr l vent des parcelles de cet ensemble pour d montrer que peut tre l art n est qu un remake une refonte de ce que les ic nes ont d j cr sous forme de r cit et de fantasme dans notre m moire collective Telle est la strat gie du visuel Il n y a pas moyen d chapper au clich du march d images en constante expansion nous vivons de mythes nous croyons aux copies Comment un artiste traite t il les restes dans une soci t du spe
2. in Vid o Un art contemporain Paris ditions du Regard 2001 p 156 Aernout Mik Communitas 7 Aernout Mik Schoolyard 2009 est volontairement susceptible de se projeter sur l cran partage le m me plan visuel c est un nouvel ordre des choses que propose Aernout Mik une configuration qui en soulignant la fragilit des individus rappelle la nature instable de notre corps social Osmosis and Excess 2005 Par son format cette installation se distingue des autres travaux d Aernout Mik sur un large et unique cran horizontal sont projet es des images film es au Mexique d abord l int rieur d une pharmacie o s accumulent des piles de m dicaments puis une vaste d charge o s entassent des centaines de voitures abandonn es et qui sert de terrain de jeux aux enfants Tijuana ville frontali re du Mexique et des tats Unis est un lieu de collision g opolitique o s op rent changes et trafics en tout genre de biens de consommation mais aussi de populations Tout est marchandise dans cet espace de transit fa onn par des abris de fortune des choppes plus ou moins l gales et des millions de v hicules oubli s Toute la pens e politique cologique et morale de notre temps s exprime dans les d tails et les d tournements du paysage m taphorique ici montr Raw Footage 2006 Des documents film s par l agence Reuters amp ITN Source et projet s sur deux crans font appel la m moi
3. leurs camarades I L cran on tentera d en donner une d finition avec les l ves et d illustrer par des objets les diff rents types d crans mat riel et spatial mission r ception th orique et symbolique obstruction cache refoulement Il existe aussi diff rentes fa ons de faire cran coupure enveloppe projection superposition Par ailleurs les d clinaisons de l cran dessinent une histoire de la repr sentation Dans la peinture l cran se manifeste d abord comme le support de l uvre un objet concret appara t aussi m taphoriquement sous la forme d une main sur un visage d un voile sur la peau d un rideau de th tre d un ciel de lit d un paravent d une porte entrebdill e Cela r v le un enjeu th orique fondamental ce qui est cach n est pas ce qui se trouve imm diatement derri re l objet concret mais le processus m me et les enjeux de la repr sentation Force est de constater que l uvre occulte ou d place n cessairement les enjeux qui l ont motiv e quelque chose en son c ur m me fait cran Et ce qui nous est cach nous donne envie de regarder On r fl chira galement la relation entre la m moire et cran voir notamment le passage sur les images mentales et eur caract re spectral p 18 sans aller jusqu la notion de souvenir cran initi e par Sigmund Freud dans le champ de la psychanalyse on demandera aux l ves s ils ont d j
4. dossier enseignants mars mai 2011 Aernout Mik Communitas Soci t R aliste Empire State Building dossier enseignants mode d emploi Con u par le service ducatif en troite collaboration avec l ensemble de l quipe du Jeu de Paume ce dossier propose aux enseignants et leurs l ves des outils de r flexion et d analyse pour leur permettre de construire leur propre rapport aux uvres Il se compose de deux parties I d couvrir les expositions offre une premi re approche des artistes et des uvres expos es travers la pr sentation de donn es chronologiques iconographiques et bibliographiques I approfondir les expositions d veloppe plusieurs axes th matiques autour de l image et de l histoire de la repr sentation des encadr s sur des sujets transversaux intitul s rep res et des pistes de recherche en relation avec les programmes scolaires bulletins officiels du primaire et du secondaire Ce dossier est remis aux enseignants l occasion des visites pr par es au cours desquelles un conf rencier du Jeu de Paume pr sente les uvres et le projet de l exposition Outre la pr paration de la venue des l ves aux expositions ces s ances sont destin es laborer les axes de travail qui seront d velopp s en classe contacts Matthias Tronqual responsable du service ducatif matthiastronqual jeudepaume org Pauline Boucharlat charg e des publics scolaires 01 47 03
5. fait exp rience d un souvenir qui en cache un autre On pourra galement trouver des cas dans les m dias l ordre et la pr f rence donn e certains v nements dans un journal imprim ou t l vis peut traduire un choix politique par exemple reprises et d placements d images 23 D construction et reconstruction des espaces collectifs Le travail d Aernout Mik et de Soci t R aliste interroge les processus de construction et de d construction de l espace collectif Soci t R aliste combine ou superpose diff rentes typographies dans le but de d stabiliser nos rep res collectifs Les installations vid o de Mik ont pour sujet les interactions entre les individus au sein de l espace public L artiste choisit des d cors familiers un th tre une cour d cole une fronti re et demande des acteurs de rejouer de mani re la fois spontan e et chor graphique des situations quotidiennes En d construisant et reconstruisant ces espaces par le jeu d acteurs ce dernier instaure de nouveaux de comportements Le travail de Mik semble mettre en question la sociabilit en la soumettant des situations limites Car subsite encore sans que l on sache comment le magn tisme du groupe ou pour le dire autrement un certain ordre involontaire et automatique qui cr e une coh sion Ce sont ces types d organisation la fois imperceptibles l chelle de l individu et visibles celle du gro
6. mais aussi un sentiment de peur Comme si une menace ind termin e pouvait venir de l ext rieur et atteindre ce bunker incarnation d une poque pass e o la m galomanie allait de pair avec la th tralit politique Communitas renvoie des images de soul vement mais aussi des images dramatiques comme celles de la prise d otages qui Moscou en 2002 s est termin e par une intervention muscl e des forces de s curit de l tat Shifting Sitting 2010 2011 Dans une salle de tribunal Rome le spectateur assiste un proc s qui s inspire des affaires judicaires dans lesquelles Silvio Berlusconi est impliqu depuis les ann es 1990 S il fait clairement allusion au contexte politico judiciaire italien le film ne se r f re pas un proc s particulier Il illustre le d placement qui s op re entre des structures politiques en tant que formations d mocratiques et instances du pouvoir et des structures juridiques Ces ditf rents niveaux ne cessent de se m langer passant de modes d organisation des populations spontan s d autres qui sont au contraire fig s et ritualis s Si la mise en sc ne vise recr er une plausible audience de tribunal elle laisse n anmoins une large place l improvisation et aux retournements de situations plan de l exposition orientations bibliographiques monographies et catalogues d exposition 1 Aernout Mik Elastic How to Mis understand Aernout Mik in Twe
7. poque l une internationaliste li e la diffusion industrielle et sous tendue par l id e de table rase historique l autre historicisante identitaire et qui pr tendait fonder un tat nation sur un h ritage mythique Plus que des formes ces polices sont devenues des symboles L importance accord e la typographie de l entre deux guerres est li e au renouveau de l dition industrielle signe de modernisation visuelle l apr s guerre en revanche est la p riode o se banalisent les polices modernistes devenues d usage courant et neutre face l essor d une culture de l image avec la photographie et la t l vision Avec Internet s ouvre aujourd hui un nouvel espace visuel enti rement encadr par l criture et donc par la typographie Depuis peu en France le Parti socialiste propose gratuitement de t l charger la police Jaur s Cet exemple pose nouveau la question de la pertinence des signes visuels comme supports de l id ologie Avec l uvre sculpturale Spectral Aerosion Soci t R aliste interroge la relation entre la repr sentation g ographique des espaces et leur r alit politique Confront e une plaque de bois o sont superpos es l ensemble des fronti res ayant exist en Europe depuis l an z ro jusqu l an 2000 le spectateur d couvre un territoire nouveau tiss en r seaux et qui tel un palimpseste cumule l histoire politique de la r gion Spectral Aerosion fait ainsi ap
8. si cle par l invention de la photographie puis du cin ma Penser la copr sence des images en fonction de leur diss mination sur la sc ne de l exposition et l exp rience que peut en faire le spectateur collecteur d images et d id es c est notamment ce que propose l artiste Harun Farocki dans ses installations vid o Si aucune interactivit physique n est ici requise du visiteur celui ci confront deux crans audiovisuels synchronis s dialoguant pour ainsi dire entre eux acquiert une v ritable mobilit textuelle Car les v nements se combinent toujours d une fa on unique dans sa perception et cette combinaison guide sa promenade qui ne peut se r p ter que comme diff rence la diff rence du dispositif cin matographique classique o le d filement lin aire des images consigne successivement des significations on cherche et on montre ici pour une image donn e mobile ou statique une autre image qui puisse lui tre convenablement adjointe dans une sorte de montage horizontal Jusqu pr sent ce sont toujours des mots quelquefois des musiques qui ont comment les images Ici ce sont des images qui commentent les images Le montage influe donc sur le sens et la signification des images Le remploi intertextuel ou en esprit Dans Schoolyard Communitas ou encore Shiffing Sitting d Aernout Mik le spectateur pense reconna tre premi re vue des
9. v nements marquants de son poque En effet tout semble nous faire croire que nous sommes face des images d archives ou issues des m dias Or lorsque l on y regarde de plus pr s les l ments qui nous permettent d identifier des v nements particuliers se brouillent peu peu Dans la plupart de ses uvres Mik joue avec les images de la soci t m diatique et questionne leur capacit repr senter les faits Toutefois la diff rence de Raw Footage cette reprise d images n est pas de m me nature Elle s effectue en esprit par suggestion moins que par citation et fait ainsi r f rence de fa on indirecte aux images des m dias Le remploi d images dans la soci t m diatique Le travail de Mik nous renvoie au fonctionnement de la soci t des m dias qui recycle r active des images pass es pour repr senter les v nements actuels l historien de la photographie Cl ment Ch roux d crit 18 approfondir Les expositions dans son ouvrage intitul Diplopie ce ph nom ne m diatique o des catastrophes des lections o des faits divers finissent par former des cat gories toutes faites effa ant la singularit des v nements Le syst me m diatique fonctionne en quelque sorte la mani re de notre m moire en faisant appel des images pass es pour comprendre notre pr sent travers la m taphore du processus m diatique Mik met en lumi re la fa on dont notre
10. 1998 I Serge Moscovoc L Age des foules 1985 Paris Fayard 2005 B Jean Luc Nancy La Communaut d sceuvr e Paris Christian Bourgois 1986 E Jacques RANCI RE La communaut comme dissentiment 2003 in Et tant pis pour les fatigu s Entretiens Paris ditions Amsterdam 2009 E Michel Wiasikorr Futura Europe et photographie in Photo Graphisme actes du colloque qui s est tenu au Jeu de Paume le 20 octobre 2007 www jeudepaume org catalogue d exposition E Robert Smithson une r trospective le paysage entropique 1960 1973 catalogue d exposition Marseille Mus es de Marseille Paris R union des mus es nationaux 1994 Pistes de recherche Les pistes de recherche suivantes abordent la question de l espace collectif comme construction la fois sociale g ographique et artistique L espace artistique Exercices en classe I Pendant la visite de l exposition Aernout Mik Communitas les l ves pourront s interroger sur les limites de l espace du spectateur et celui de l uvre mais galement sur la position du spectateur vis vis de celle ci doit il tre mobile ou immobile solitaire ou en groupe patient ou impatient I Dans le cadre des cours les enseignants imagineront des approches th oriques ou des situations pratiques pour aborder la notion d espace artistique sous l angle de sa pr sentation bidimensionnel tridimensionnel de son organisation
11. 3 Nicole Brenez op cit 4 Giovanna Zapperi Architectures temporelles in Soci t R aliste Empire State Building catalogue de l exposition Paris ditions Amsterdam Paris ditions du Jeu de Paume Budapest Ludwig M zeum 2011 p 134 5 Irit Rogoff La vie nue in Aernout Mik Communitas catalogue de l exposition G ttingen Steidl Verlag Paris ditions du Jeu de Paume 2011 p 128 6 Ibid p 129 7 Christa Bl mlinger Harun Farocki circuits d images Trafic n 21 1997 P 44 49 Voir aussi le catalogue de l exposition HF RG Harun Farocki Rodney Graham Paris ditions Black Jack Paris ditions du Jeu de Paume 2000 8 Voir ce sujet l extrait reproduit p 21 22 du texte de Jean Baudrillard L implosion du sens dans les m dias qui analyse comment les m dias ont rendu confus le sens de l v nement 9 Voir l extrait reproduit p 21 du texte de Cl ment Ch roux Diplopie l image photographique l re des m dias globalis s essai sur le 11 septembre 2001 10 Entretien d Aernout Mik avec les commissaires de l exposition in Aernout Mik Communitas op cit p 211 11 Merijn Oudenampsen Le miroir au mur La r flexion de Schoolyard d Aernout Mik in Aernout Mik Communitas op cit p 184 12 Voir ce titre l extrait reproduit p 22 de Jeff Wall essais et entretiens 1984 2001 13 Sabine Maria Schmidt Communitas in Ae
12. ant les images que s op re leur travail critique C est donc notre culture visuelle collective qui est mise ici en question en tant que syst me de valeurs communes et de sens Apr s un examen et une classification de ces diff rents modes de d placements d images nous nous int resserons aux effets qu ils engendrent sur la construction ou la d construction des espaces collectifs Reprises et d placements d images Dans l histoire de l art le remploi constitue une pratique de fabrication des images la fois constante et diverse Le cin ma n a cess d en intensifier les formes soit par le found footage l laboration d un film par la r cup ration d l ments d j film s et donnant naissance par le montage une uvre originale soit par le remploi intertextuel c est dire en esprit o l uvre initiale se voit imit e en totalit ou par certains aspects D autres formes de d placements proviennent galement d une combinaison ou d une hybridation d images C est le cas notamment dans les uvres de Soci t R aliste qui reprennent et fusionnent diff rentes typographies ou cartes Le remploi ou found footage Les uvres Raw Footage Aernout Mik et The Fountainhead Soci t R aliste sont constitu es partir de remploi d images Bas sur la technique du montage ou du remontage le recyclage d images d j tourn es ou found footage appara t pour la premi re f
13. e les violences urbaines apparaissent aujourd hui comme un enjeu politique central enjeu lectoral avant tout mais en amont et en aval de la question lectorale elle m me comme un enjeu pour tout ce qui concerne la prise de d cision en mati re de politiques publiques susceptibles d apporter une r ponse la violence Or l aussi le d bat se joue certes un autre niveau mais en termes ouvertement pol miques L aussi des probl mes de lisibilit et d interpr tation des violences urbaines se posent et les journalistes n h sitent pas le dire L aussi le probl me des liens entre l espace m diatique et le passage l acte se pose m me si ce n est que de mani re indirecte par le biais de d rives entra n es par certains choix politiques Les acteurs politiques ne sont cependant pas les seuls tre concern s par ce th me La question de l ins curit est devenue depuis quelque temps un enjeu majeur pour un monde syndical affaibli qui l a enti rement int gr e ses logiques de mobilisation comme en t moignent les manifestations et d construction et reconstruction des espaces collectifs 29 les gr ves de syndicats de policiers de conducteurs de bus ou d enseignants A ce niveau le th me de l ins curit suscit e par les violences urbaines est devenu une v ritable m taphore de l ins curit qu prouve aujourd hui une partie importante de la soci t fran aise face la dynamiqu
14. 04 95 paulineboucharlat jeudepaume org Marie Louise Ouahioune r servations des visites et des rencontres th matiques en classe 01 47 03 12 41 serviceeducatif jeudepaume org Conf renciers et formateurs O1 47 03 12 42 Sabine Thiriot sabinethiriot jeudepaume org Juan Camelo juancamelo jeudepaume org Louise Herv louiseherve jeudepaume org ann e scolaire 2010 2011 I la formation des enseignants Le service ducatif propose aux enseignants un programme de formation continue en articulation avec les expositions du Jeu de Paume En accord avec ses missions le service ducatif souhaite permettre aux professeurs de b n ficier d une relation r guli re avec les uvres et contribuer ainsi leur enrichissement culturel long terme I les partenariats scolaires Permettre aux l ves de s initier la culture visuelle de l poque moderne et contemporaine et de s approprier une r flexion sur la question de l image en s appuyant sur les expositions du Jeu de Paume tel est le but de ces partenariats Leur programme labor en fonction des objectifs des enseignants et du niveau des l ves est constitu de modules visites pr par es visites des trois expositions rencontres th matiques en classe Apr s l exposition Andr Kert sz les uvres d Aernout Mik et de Soci t R aliste nous permettront d interroger les signes et codes visuels de repr sentation de l espace et les valeurs qui leu
15. construction du sens tel est le projet de Soci t R aliste avec cette exposition Sous ce titre ainsi l exposition que pr sente le Jeu de Paume est consacr e au travail r cent de Ferenc Gr f et Jean Baptiste Naudy et regroupe une s lection vari e de leurs derni res cr ations m lant sculpture peinture vid o et articul e autour de deux ceuvres pivots The Fountainhead 2010 et Culte de I Humanit e 2011 Soci t R aliste installe ici quelques uns de ses appareils critiques et les applique certaines des formes en variation par lesquelles le pouvoir se produit et se reproduit ses syst mes de signes de la typographie la cartographie ses fabrications de valeurs de la numismatique la religion du profit ses mod les de construction de l espace de l glise au gratte ciel de la cit tat utopique au trac des ronti res ses m thodes de construction du temps de a r criture de l histoire la d termination des plus ointains projets d avenir Et comme l crit Olivier Schefer On saura gr Soci t R aliste de remettre la question politique sur le devant de la sc ne artistique en interrogeant es formes qui sous tendent les id ologies du monde moderne et contemporain En d ployant un ensemble apparemment h t roclite d objets et de th ories presque un cabinet de curiosit politique cette jeune coop rative artistique se donne pour t che de penser 10 d couvrir Le
16. de signal tiques abstraites Leur rapport la langue est avant tout mat riel Alphabet grammaire polices de caract re tout se donne ici sur le mode de la fonction et non sur celui id aliste d un style Les montages plastiques et intellectuels de Soci t R aliste qui d joue de l int rieur tout en les mimant parodiquement certains processus du capitalisme contemporain s inscrivent en m me temps dans cette histoire souterraine des formes de translation et de communication fragments anonymes graphes urbains paroles minoritaires fantastiques Repenser l utopie ne n cessite t il pas l heure des grands changes financiers et de leurs effondrements r guliers l usage conjoint de la topographie et de la typographie la mise plat de la carte et de l alphabet Car la plan it de nombreuses propositions langagi res de Soci t R aliste n est pas affaire d autonomie moderniste ni de puret esth tique elle renoue avec l imaginaire politique des affiches et des textes contre l illusion des sph res f 1 Pour une d finition plus d taill e de ces formes de remploi voir notamment le texte de l historienne du cin ma Nicole Brenez intitul Cartographie du Found Footage http archives arte tv cinema court_metrage court circuit lemagfilms o10901_film3bis htm 2 Dani le Hibon Les Ciseaux et leur p re in Found Footage Paris Galerie nationale du Jeu de Paume 1995 p 3 4
17. des messages et des contenus la d perdition l engloutissement u sens va plus vite que sa r injection Dans ce cas il faut faire d lus vit jection D il faut f appel une productivit de la base pour relayer les media ductivit de la b d faillants C est toute l id ologie de la parole libre des media d faillants C est toute l id ol de le libre d d multipli s en innombrables cellules individuelles d mission d multipl brabl llules individuelles d voire des anti media radios pirates etc reprises et d placements d images 21 Ou l information n a rien voir avec la signification C est autre chose un mod le op rationnel d un autre ordre ext rieur au sens et la circulation du sens proprement dit C est l hypoth se de Shannon celle d une sph re de l information purement instrumentale medium technique n impliquant aucune finalit de sens et donc qui ne doit pas tre impliqu e elle non plus dans un jugement de valeur Sorte de code comme peut l tre le code g n tique il est ce qu il est a fonctionne comme a le sens est autre chose qui vient apr s en quelque sorte comme pour Monod dans Le Hasard et la N cessit Dans ce cas il n y aurait tout simplement pas de relation significative entre l inflation de l information et la d flation du sens Ou bien au contraire il y a corr lation rigoureuse et n cessaire entre les deux dans la mesure o l informati
18. en Angleterre d apr s les observations de l auteur et des sources authentiques Paris dition inconnue 1973 voir extrait p 28 4 W Benjamin Charles Baudelaire op cit 5 Benjamin dans sa description de la foule avait d j observ son caract re nigmatique et l impossibilit d analyser les dynamiques qui la sous tendait en raison de l homog n isation vestimentaire 6 Elias Canetti Masse et Puissance 1960 Paris Gallimard 1966 voir l extrait p 28 7 Entrevista con Aernout Mik in Aernout Mik Barcelone Fundaci n la Caixa 2003 8 Jacques Ranci re La communaut comme dissentiment 2003 in Et tant pis pour les fatigu s entretiens Paris ditions Amsterdam 2009 voir l extrait p 28 29 9 Angelina Peralva Eric Mac M dias et Violences urbaines D bats publics et construction journalistique Paris La Documentation fran aise 2002 voir l extrait p 29 30 d construction et reconstruction des espaces collectifs 27 r f rences La foule dans la ville du XIX si cle Une ville comme Londres o l on peut marcher des heures sans m me parvenir au commencement de la fin sans d couvrir le moindre indice qui signale la proximit de la campagne est vraiment quelque chose de tr s particulier Cette centralisation norme cet entassement de 3 5 millions d tres humains en un seul endroit a centupl la puissance de ces 3 5 millions d hommes Quant aux s
19. et universitaires Le culte du capitalisme individualiste conna t aujourd hui toutefois un regain d int r t dans le mouvement d opposition des Tea Party aux Etats Unis qui ont fait d un autre best seller de Rand La R volte d Atlas publi en 1957 leur manifeste libertarien 1 Giovanna Zapperi Architectures temporelles in Empire State Building catalogue de l exposition Paris ditions Amsterdam Paris ditions du Jeu de Paume Budapest Ludwig M zeum 2011 p 132 Soci t R aliste Empire State Building 13 cI ABCOESG LE ESKEMN 2P QRS FU ABCDE SG PLPL H13RLANHiHINIMAIT OPARSTU HPRH D Y2 AT 27 _ AHR Soci t R aliste Typefaces Appendix Experanto FuturaFraktur Hexatopia 2006 2009 imp riales jaune Habsbourg et vert Bragance il placa sur le drapeau la devise du culte positiviste Ordre et Progr s et comme ornement le ciel toil qui surplombait Rio de Janeiro lors de la nuit du 14 au 15 novembre 1889 nuit mythologique et fondatrice car elle a vu la proclamation de la R publique br silienne Et c est justement ce ciel toil d une nuit fondatrice qui a t choisi par Soci t R aliste comme point de d part de sa nouvelle collection Transitioners Culte de l Humanit e qui prend la forme d une carte du ciel nocturne au dessus de Paris Pour les artistes Culte de l Humanit e se veut un astrolabe rationaliste d orientation dan
20. exp rience du chaos ouvre l uvre de Mik sur un nouveau commencement sur la possibilit d une nouvelle soci t Bien qu elles s apparentent des documents sur des v nements contemporains la plupart des uvres d Aernout Mik sont mises en sc ne L absence d intrigues et de personnages marquants rend l interpr tation du sujet et du contexte difficile Si son travail ne fait pas directement r f rence des faits actuels les probl mes sociaux et politiques sont cependant au c ur de sa d marche Filmer apr s le d sastre Mes pi ces traitent d v nements politiques ou sociaux mais ne sont pas des images directes de ces v nements Elles agissent comme des sortes de flashs que vous pouvez reconna tre sans pour autant les situer pr cis ment travers ces propos Aernout Mik d crit le sentiment d inqui tante tranget qui saisit le spectateur la vision de ses uvres Qu il s agisse d une pharmacie envahie par la boue Osmosis and Excess ou d une place boursi re o r gne le plus profond d sarroi Middlemen ce n est pas le processus du drame que donnent voir les uvres de Mik mais les cons quences du d sastre sur des foules hagardes et impuissantes La fonction des espaces publics film s est d embl e identifiable par le spectateur sans que toutefois ces espaces ne renvoient des lieux pr cis De m me si les v nements montr s ont toujours l air de catastrophes nous n en
21. hypoth ses quant la nature de la sc ne qui se d roule sous ses yeux sans en conna tre ni les circonstances exactes ni l aboutissement Le sol jonch de papiers voque une activit r cente intense et l affairement ou l abattement de certains protagonistes laisse deviner la nature dramatique de l v nement chute brutale des cours ou probable catastrophe conomique Dans cette s quence Aernout Mik lance ses acteurs dans l ar ne d une situation traumatisante pour voir ou laisser voir ce qui peut ou non se produire l image glisse d un personnage l autre sans hi rarchie sans r cit et sans bande sonore et le spectateur est saisi d un sentiment de curiosit vaguement inquiet La sc ne qui se d roule sous ses yeux engendre certes une r flexion sur les comportements de groupe mais elle pourrait tout aussi bien tre l interpr tation st r otyp e d v nements qui agitent la soci t contemporaine Park 2002 Ici encore le spectateur cherchera vainement percer le myst re de la sc ne chaotique laquelle il assiste dans un coin de ce qui semblerait tre un parc ou un jardin public des individus sautent et se d placent dans des cadences vari es tandis que d autres restent assis et effectuent des gestes incompr hensibles et r p titifs Comme dans d autres installations l artiste s int resse a priori aux manifestations de d lires la perte de contr le et l irrationnel Dans l troitesse du lie
22. jeunes mais aussi des violences urbaines que l on conna t depuis l poque des blousons noirs dans les ann es 1950 l cole d aujourd hui sous son aspect multiculturel refl te de mani re accrue les probl matiques sociales de l autorit et de l exclusion Chez Mik cette violence sous jacente ne se r sorbe pas Elle se transforme et se d place sans cesse de sorte cr er encore une fois des sc nes apparemment absurdes En effet comme le d crit Ranci re la communaut est constitu e de cet tonnant m lange d instabilit individuelle et de coh sion collective cet cart entre sujet et fonction Par les jeux de masques dont les r gles nous chappent chaque acteur peut durant le temps de la vid o occuper des places distinctes ce qui n est pas sans provoquer de nombreux conflits mais galement un certain enthousiasme de la part des participants Schoolyard refl te un malaise social Mais dans le m me temps ce d sordre chaotique par le jeu des acteurs et l indistinction des r les semble porteur d une nouvelle organisation L entropie Aernout Mik a commenc sa carri re comme sculpteur Si l artiste a choisi ensuite l installation vid o c est pour se focaliser sur les rapports entre les corps et l espace Inspir par le travail de Robert Smithson il se r approprie la notion d entropie telle que l a d finie cet artiste conceptuel c est dire comme une cr ation naturelle mais aussi artist
23. la volont de transformer les formes de la d sincorporation d mocratique en formes d un nouveau corps collectif La distribution des corps en communaut est remise en question chaque fois que des corps affirment une capacit et occupent une place autre que celles qui leur sont normalement assign es quand les conducteurs des transports souterrains se transforment en marcheurs dans les rues quand les ex cutants d une institution tatique ou d une entreprise industrielle s estiment capables de penser non seulement leur travail et leur salaire mais au r le et au fonctionnement de l une ou de l autre quand des sans papiers s affirment non seulement d sireux de venir travailler l o on ne les attend pas mais capables d argumenter leur droit tre l et d exposer leur corps une gr ve de la faim etc t Jacques Ranci re La communaut comme dissentiment 2003 in Et tant pis pour les fatigu s entretiens Paris ditions Amsterdam 2000 p 315 323 Le regard journalistique sur les violences urbaines Ainsi la question de l intelligibilit des violences urbaines autrement dit la question du sens inh rent aux conduites ainsi qualifi es est cruciale plusieurs niveaux et reste au c ur des liens qui se tissent entre ces ph nom nes et les m dias Dans la presse nationale d opinion espace m diatique particuli rement sensible aux interventions des acteurs de la sc ne politique organis
24. les zones naturelles Comparez ensuite les r alisations des l ves quelle forme prend cet espace imaginaire Comment s y r partissent les lieux rep res entre eux Quelles conclusions d gager de ces dispositifs 2 BA partir de la citation suivante r alisez la carte de votre le au tr sor en utilisant les proc d s des codes cartographiques conventionnels ou imaginaires J ai trac la carte d une le elle tait soigneusement et je le pensais magnifiquement colori e sa forme charmait mon imagination au del de toute expression elle comportait de sports qui me plaisaient comme des sonnets et avec l inconscience des pr destin s j appelais ma r alisation l le au Tr sor Robert Louis Stevenson L le au tr sor 1883 L espace social Lexique I Carte Repr sentation imaginaire ou intellectuelle d un espace physique la carte peut galement tre le miroir des mutations culturelles techniques et philosophiques d une organisation sociale Moyen d expression artistique o se marquent la ma trise des graveurs des dessinateurs et leur sensibilit esth tique les cartes sont aujourd hui des images diversifi es et sp cialis es qui couvrent le domaine des sciences de la nature et de l homme et d bordent le champ de la g ographie cartes politiques ou encore conomiques Elles sont un outil de lecture et d analyse pour l anthropologue et l ethnologue le sociologue l historien
25. sont pr sent es dans un cadre sp cialement con u pour l occasion les constructions architecturales tant partie int grante de son travail Le titre Communitas emprunt celui d une vid o r alis e par l artiste en 2010 se r f re au concept d velopp par l anthropologue britannique Victor Turner Par communitas expliquent les commissaires de l exposition Turner entend le processus d une soci t en devenir qui conf re une galit provisoire tous les membres de cette communaut Dans cette phase de transition l esprit communautaire est v cu avec intensit la sensation de vivre ensemble est tr s forte Dans la vision de Turner il s agissait d un produit d anti structure d une phase interm diaire entre deux p riodes de structure sociale normale Ces formes de rencontre communautaire apparaissent galement dans les vid os d Aernout Mik o le concept de communaut n est pas toujours synonyme de proximit ou de solidarit On y voit en effet des signes de d sagr gation d clatement de stagnation et d apathie Ce miroir ne nous renvoie pas seulement l image de ce que nous voulons tre mais aussi de ce que nous sommes aujourd hui il nous confronte notre rapport obsessionnel l abondance mat rielle l effritement d une soci t lors d un conflit politique d une crise conomique et de tensions multiraciales Mais dans le m me temps l
26. structur les comportements du groupe et dont nous n apercevons que les cons quences Le caract re non narratif des films d Aernout Mik nous emp che de remonter aux causes de l v nement Le spectateur est livr son propre imaginaire C est alors que le travail de Mik semble d placer la question du 26 approfondir Les expositions sens de l v nement vers les changements et les rapports qu implique cet v nement sur les individus Son travail n invite donc pas une reconstitution narrative de faits mais une interrogation sur la dynamique collective La communaut comme dissentiment Jacques Ranci re philosophe contemporain dont l uvre porte essentiellement sur la politique l esth tique l ducation et leurs rapports mutuels analyse la notion de d mocratie dans un entretien rappelle que tymologiquement le mot galit poss de d abord une connotation n gative le d mos grec fait r f rence au parti politique des gens de rien qui n ont pas de qualit pour s occuper des affaires communes et qui pourtant s en occupent Contrairement l id e d une communaut forg e par la notion de peuple comme ethnos c est dire comme famille biologique largie et contrairement l id e de communaut polici re soucieuse d attribuer et de fixer des places dans la soci t le propre du d mos est de mettre en suspens les particularit s de chacun Les caract ristiques d u
27. 1957 p 181 233 E Roland BartHes L utopie du langage in Le Degr z ro de l criture Paris Editions du Seuil 1953 1972 p 62 65 E Susan Bucx Morss Dreamworld and Catastrophe The Passing of Mass Utopia in East and West Cambridge Massachusetts MIT Press 2000 I Auguste Comte Syst me de politique positiviste 1852 Paris Vrin 2000 E Michel FOUCAULT Le Corps utopique les h t rotopies Paris Lignes 2009 E Adolf Loos Ornement et Crime Paris Rivages 2003 I Thomas Mort L Utopie Paris Editions Sociales 1978 E Anthony VIDER Framing Infinity Le Corbusier Ayn Rand and the idea of Ineffable Space in Warped Space Art Architecture and Anxiety in Modern Culture Cambridge Massachusetts MIT Press 2002 I C dric VINCENT Conspiratory Truths in Conspire Transmediale 08 Francfort sur le Main Revolver Publishing 2008 E Niels VAN Tomme Siding with the Barbarians in Foreign Policy in Focus Washington D C 2009 E Antje Werrzet Some points about the Ponzi s project in How to do things In the middle of no where Francfort sur le Main Revolver Publishing 2006 articles E Michael Aurten Soci t R aliste Transitioners London View Springerin n 1 octobre 2010 E Rapha l Brune Transitioners Bastille Days Collection paris art com 2007 E J lia Cserpa Triangular paranoia Balkon n 3 mars 2008 I Elisabeth Le
28. Bastille Days 2007 des utopistes pr socialistes collection Le Producteur 2008 et de la r volution europ enne de 1848 collection London View 2009 Transitioners propose ses nouvelles tendances inspir es par l trange transformation du positivisme scientifique et politique d Auguste Comte en v ritable religion notamment partir de la publication de son Cat chisme positiviste 1852 Sous le nom de culte positiviste Comte tenta dans les dix derni res ann es de sa vie de syncr tiser l ensemble de ses th ories en une seule l glise de l Humanit d di e son amante Clotilde de Vaux d c d e en 1846 On doit Raimundo Teixeira Mendes grand pr tre du culte positiviste au Br sil le dessin du drapeau du Br sil r publicain et moderne Tout en conservant les couleurs rep res The Fountainhead une uvre d Ayn Rand de King Vidor et de Soci t R aliste Un film de found footage uvre centrale de l exposition Empire State Building The Fountainhead 2010 est le premier long m trage r alis par Soci t R aliste Selon la pratique du found footage les deux artistes se sont r appropri le film ponyme tourn par King Vidor en 1949 aux tats Unis et adapt d un roman d Ayn Rand Ce film relate l histoire de Howard Roark architecte moderniste incompris qui finit par s imposer gr ce ses id es r volutionnaires et son refus de tout compromis avec une soci t et un go t co
29. La cartographie statistique permet d tablir les tableaux les cartes de taux d indices les pyramides d ges les sociogrammes et traduire dans un espace bidimensionnel ce qui appartient l espace physique et aux activit s humaines et m me la pens e et aux habitudes culturels en utilisant un langage codifi La carte image sociale in Jean Claude Fozza Anne Marie Garat Fran oise Parfait Petite Fabrique de l image Paris Magnard 2003 p 131 Exercices en classe BA partir du film R cr ations documentaire 1991 1992 54 min de Claire Simon r fl chissez avec les l ves l organisation sociale et spatiale de la classe Photographies et films pourront compl ter cette observation Synopsis Il existe une sorte de pays tr s petit si petit qu il ressemble un peu une sc ne de th tre est habit deux ou trois fois par jour par son peuple Les habitants sont petits de taille S ils vivent selon des lois en tout cas ils n arr tent pas de les remettre en cause et de se battre violemment ce propos Ce pays s appelle La Cour et son peuple Les Enfants Lorsque Les Enfants vont dans La Cour ils d couvrent prouvent la force des sentiments ou la servitude humaine on appelle cela la r cr ation d construction et reconstruction des espaces collectifs 31 Jeu de Paume 1 place de la Concorde 75008 Paris acc s par le jardin des Tuileries c t
30. acrifices que tout cela a co t on ne les d couvre que plus tard Lorsqu on a battu durant quelques jours le pav des rues principales qu on s est p niblement fray un passage travers la cohue les files sans fin de voitures et de chariots lorsqu on a visit les mauvais quartiers de cette m tropole c est alors seulement qu on commence remarquer que ces Londoniens ont d sacrifier la meilleure part de leur qualit d hommes pour accomplir tous les miracles de la civilisation dont la ville regorge que cent forces qui sommeillaient en eux sont rest es inactives et ont t toutf es afin que seules quelques unes puissent se d velopper plus largement et tre multipli es en s unissant avec celles des autres La cohue des rues a d j elle seule quelque chose de r pugnant qui r volte la nature humaine Ces centaines de milliers de personnes de tout tat et de toutes classes qui se pressent et se bousculent ne sont elles pas toutes des hommes poss dant les m mes qualit s et capacit s et le m me int r t dans la qu te du bonheur Et ne doivent elles pas finalement qu ter ce bonheur par les m mes moyens et proc d s Et pourtant ces gens se croisent en courant comme s ils n avaient rien de commun rien faire ensemble et pourtant la seule convention entre eux est l accord tacite selon lequel chacun tient sur le trottoir sa droite afin que les deux courants de la foule qui se croisent ne s
31. appropriation du film hollywoodien ponyme de King Vidor r alis en 1049 d apr s un sc nario de l Am ricaine Ayn Rand porte parole d un lib ralisme radical au travers de la figure hautement individualiste d un architecte interpr t par Gary Cooper La foi de Rand dans la prosp rit conomique du march et son refus pour toute forme de collectivisme font d elle la fondatrice de l objectivisme philosophique et politique ainsi qu un pr curseur du capitalisme contemporain Ce film est une ode enthousiaste son h ros l architecte Howard Roark moderniste par excellence prom th en go ste phallocratique et chantre du capitalisme Quel est le r le des b timents dans les formations id ologiques Quelle est la temporalit de l architecture moderniste entre r ves utopiques et d senchantement contemporain Comment penser la relation entre l tat moderne et la culture travers ses incarnations dans l espace urbain Telles sont les questions relev es par Giovanna Zapperi et soulev es par Soci t R aliste dans son analyse critique du lien entre architecture et l histoire entre le b timent et le pouvoir politique Dans sa version du film Soci t R aliste a retir tout son et num riquement tous les personnages du ilm pour ne conserver que 111 min de pur d cor architectural lib r de toute narration R sultat objectivisation plus qu id ologique du film mais aussi un jeu d enche
32. ation ou la projection conditionnent la pr sentation des images et en d placent le sens Elles pourront donner lieu un travail en classe en amont ou en aval de la visite des expositions Le niveau scolaire auquel s adressent ces pistes n est pas pr cis appartient aux enseignants de s emparer de ces propositions pour concevoir dans le contexte particulier de leurs classes la forme et le contenu sp cifiques de leurs cours Montage et installation Lexique I Montage Cette op ration technique consiste partir de plans visuels et sonores s lectionner et agencer certains extraits des mat riaux enregistr s pour leur donner un ordre et une coh rence I Dispositif D une mani re g n rale le dispositif d exposition de pr sentation et ou de vision est ce qui transforme et active l espace ce qui r gle le rapport du spectateur ce qui est donn voir pr sent ou repr sent Le dispositif par extension articule ce qui est visible avec ce qui ne l est pas l espace mat riel et l espace imaginaire Selon Le Petit Robert un dispositif est la mani re dont sont dispos s les pi ces les organes d un appareil le m canisme lui m me La notion de dispositif met l accent sur l agencement de diff rents l ments au sein d un espace Exercices en classe On rappellera aux l ves que ce qui est pr sent et ou repr sent est tout aussi important que la fa on dont on choisit de le pr sente
33. ation redout e attendre d un air maussade dans l embrasure d une porte que les snipers arr tent de tirer ou que les bombardements en finissent pour pouvoir vaquer ses occupations Chez Mik l utilisation de s quences trouv es secondaires joue ce r le de double suspension en introduisant le nivellement et la distanciation dans l uvre plut t que dans le regard Ce n est pas un essai sur le pouvoir des m dias ni inversement sur la mise en sc ne de la violence et le besoin de toujours la montrer sous une forme m lodramatique et s duisante C est une illustration de la distance par opposition une performance de la proximit dans un bombardement constant d informations une d monstration que la vie est dans la mort et la mort dans la vie et que les fronti res sont difficiles percevoir J aimerais d fendre l id e que cette suspension du temps entre l v nement et la capacit le saisir la capacit le situer dans un grand ordre narratif ou symbolique loin de correspondre une fracture temporelle est impr gn e au contraire de notre envie de savoir et que c est cette pulsion que r pond le virage documentaire Brit Rogoff La vie nue in Aernout Mik Communitas G ttingen Steidl Verlag Paris ditions Jeu de Paume 2011 p 128 1209 Image situation et m dia Mik reproduit l image situation d un v nement r el possible travers des mouvements d acteurs et de ca
34. construction composition d composition recomposition de sa mise en sc ne de sa hi rarchisation de sa densit compression dilatation L espace g ographique et l espace imaginaire Lexique I Topographie Elle int gre les observations formelles et mat rielles de l espace aspect g ographique nature des terrains des c tes des reliefs les tendues les distances elle localise et value les orientations contenues dans l espace suivant un r seau de donn es I d ogrammes pictogrammes et symboles lls constituent les l ments par lesquels l espace de la repr sentation se voit sch matis Ces codes sont les supports visuels et culturels de la repr sentation mais aussi de notre imaginaire collectif Exercices en classe I Face aux uvres de Soci t R aliste on abordera la notion de g ographie imaginaire en cartographiant des espaces mentaux ou des lieux imaginaires Voir Thomas More et L Utopie la Carte du Tendre la carte des territoires documentaires r alis e par l illustratrice Eliza Smierzchalska pour le festival Cin ma du r el I Inventez la carte d un lieu urbain d un quartier d un village imaginaire comportant les lieux institutionnels ordinaires ou fictionnels mairie lieux de culte stade mus e cin ma gare h tel cole aire de jeux territoire d aventure Pr voyez les axes de circulation les passages secondaires priv s ou publics les zones construites et
35. ctacle Ibid Ce peut tre un extrait de film ou de musique un d tail de bande vid o agrandi une diapositive projet e autant de passages d un m dia un autre pour cr er un espace o de nouvelles temporalit s op rent Car apr s la sortie du tableau l ouverture de l art aux objets quotidiens le d tournement des signes et leur d construction ce qui reste c est la question de la re qualification de l espace et du temps t Marie de Brugerolle Sampling samplons sampler pratiques de l chantillonnage in Monter Sampler Paris Centre Pompidou Scratch Projection 2000 p 124 126 Raw Footage d Aernout Mik En d couvrant Raw Footage 2006 j ai t tent e de penser une autre interpr tation possible Cette fascinante vid o d Aernout Mik se compose en effet de s quences de la guerre en Yougoslavie prises par l agence de presse Reuters des s quences qui pas assez spectaculaires ou denses pour int resser les journaux t l vis s attendaient dans leurs bo tes dans les bureaux de l agence r fractaires toute utilisation ou cat gorisation brandissant l tiquette vendre sans pouvoir inspirer un client ou susciter une demande Des s quences qui montrent la vie quotidienne de la guerre les intervalles du conflit les prisonniers que l on entasse sans un mot dans des camions les roquettes lanc es contre des cibles civiles les armes que l on nettoie les gens qui tra nen
36. ction et l installation proc dures de d placement Avec Raw Footage Mik propose sur la guerre en Yougoslavie un autre regard que celui des m dias En montrant aux spectateurs des images qui ne leur avaient pas t propos es jusqu alors Mik opte pour un type de d placement quelque peu diff rent Ici c est le choix m me de pr sentation ces images qui participe au d placement du sens Ainsi comme l crit Irit Rogoff l utilisation de s quences trouv es secondaires joue ce r le de double suspension en introduisant le nivellement et la distanciation dans l uvre plut t que dans le regard C est une illustration de la distance par opposition une performance de la proximit dans un bombardement constant d informations reprises et d placements d images 17 Le montage d images En confiant une partie du montage au spectateur Mik focalise le d placement du sens des images sur cette caract ristique importante du found footage Op ration qui a r volutionn la pratique et la pens e du regard le montage d coule la fois de l histoire de la peinture avec le cubisme et l invention du collage et de l interaction entre les disciplines artistiques Il repose sur la notion d h t rog n it des parties et des morceaux assembl s et donc sur la reconnaissance de la fragmentation du monde Le montage constitue la proc dure artistique la plus marquante du XX si cle apr s avoir t initi e au XIX
37. e fassent pas mutuellement obstacle et pourtant il ne vient l esprit de personne d accorder autrui ne f t ce qu un regard Cette indiff rence brutale cet isolement insensible de chaque individu au sein de ses int r ts particuliers sont d autant plus r pugnants et blessants que le nombre de ces individus confin s dans cet espace r duit est plus grand Et m me si nous savons que cet isolement de l individu cet go sme born sont partout le principe fondamental de la soci t actuelle ils ne se manifestent nulle part avec une impudence une assurance si totales qu ici pr cis ment dans la cohue de la grande ville La d sagr gation de l humanit en monades dont chacune a un principe de vie particulier et une fin particuli re cette atomisation du monde est pouss e ici l extr me I Friedrich Engels La Situation de la classe laborieuse en Angleterre d apr s les observations de l auteur et des sources authentiques Paris dition inconnue 1973 cit in Walter Benjamin Charles Baudelaire 1955 Paris Payot 2002 p 165 166 Chez ceux qui la virent pour la premi re fois la foule des grandes villes n veilla qu angoisse r pugnance et horreur Aux yeux de Poe elle a quelque chose de barbare Elle ne se soumet la discipline qu en cas de besoin pr cis Plus tard James Ensor ne se lasse point de confronter en elle discipline et sauvagerie Il lui pla t tout particuli rement d introduire des
38. e g n rale de son propre changement Dans cette perspective les violences urbaines apparaissent comme un des enjeux l uvre dans la constitution de l espace public et en m me temps comme r v lateur de l tat actuel de constitution de cet espace Les violences urbaines le redessinent de diff rentes mani res y compris dans la mesure o elles permettent des acteurs qui autrement en seraient exclus d y acc der 1 Le regard journalistique sur les violences urbaines in Angelina Peralva Eric Mac M dias et Violences urbaines D bats publics et Construction journalistique Paris La Documentation fran aise 2002 p 33 Pens e de l entropie La surface de la terre et les fantasmes de l imagination ont une fa on de se d sagr ger en des r gions artistiques s par es Divers agents fictifs ou r els changent en quelque sorte leurs places respectives on ne peut viter des pens es vaseuses quand on en vient des earth projects ou ce que j appellerai de la g ologie abstraite L esprit humain et la terre sont constamment en voie d rosion des rivi res mentales emportent des berges abstraites les ondes du cerveau branlent des falaises de pens e les id es se d litent en blocs d ignorance et les cristallisations conceptuelles clatent en d p ts de raison graveleuse boulement glissement de terrain avalanche tout cela se produit l int rieur des limites craqua
39. e social a Jean Baudrillard L implosion du sens dans les media in Simulacres et Simulation Paris Galil e 1981 p 121 123 Reprises variations et figures spectrales il y a toujours quelque chose de spectral de fantomatique dans le g n rique puisque toute nouvelle version ou variante contient les variantes pass es d une mani re ou d une autre Cette qualit est une sorte de r sonance ou de sensation de vibration qui pour moi est un aspect essentiel de la beaut et du plaisir esth tique Mais rien de tout cela n a de rapport avec ad quation de la description son r f rent La notion d une telle relation n est pas artistique elle semble concerner davantage d autres modes de pens e d autres images d autres descriptions La correspondance entre le monde et les descriptions est organis e ou r gie diff remment selon les diff rentes pratiques L art peut se r f rer emprunter ou m me imiter d autres choses comme beaucoup d artistes photographes ont imit es photojournalistes par exemple Mais il n accepte pas pour autant la totalit des r gles gouvernant ou d finissant ce quoi il emprunte le principe ou la condition d autonomie de l art permet cela Je pense que la conscience que nous en avons est le r sultat d ann es voire de d cennies de d construction a Jeff Wall Vampires et spectres entretien avec Arielle P lenc in Jeff Wall essais et e
40. ers le prisme d une fronti re Mais alors que dans le film de 2005 les biens de consommation taient l ornement dominant du paysage dans touch rise and fall ils se mettent avoir des r percussions directes sur leurs propri taires Schoolyard 2009 Un sit in men par les lyc ens d un tablissement multiethnique vise semble t il bloquer l acc s aux b timents S enchainent ensuite des actes de provocation d agression et d exc s Le propos de l artiste n est pas de traiter simplement la violence l cole Ce qui l int resse rel ve davantage du comportement et de la dynamique des groupes des plans montrent des adolescents en r volte puis contrecourant des attentes du spectateur les r les sont invers s et ce sont le personnel enseignant et les agents de s curit qui prennent la place des manifestants Les rapports r gissant les groupes oppos s sont en constante transformation tandis que la projection sur deux crans montre diff rents points de vue simultan s des m mes pisodes Communitas 2010 Cette vid o a t enti rement tourn e l int rieur du palais de la Culture et de la Science de Varsovie un norme b timent du d but des ann es 1950 qui a fait l objet d un d bat sur sa possible destruction apr s la chute du r gime communiste en 1980 Les acteurs jouent tous les gestes de l insurrection politique ce qui conf re la sc ne une ambiance de soul vement r volutionnaire
41. es interactions entre l individu et le collectif autour de la notion d anomie Perte de rep res sociaux et de valeurs l anomie comme ph nom ne moderne La pr carit de la place de l individu est une composante r currente des vid os d Aernout Mik Son film 3 Laughing and 4 Crying non pr sent dans cette exposition mais souvent cit se concentre sur sept acteurs assis au sol en tenue sportive et en tat de crise de rire ou de pleurs Positionn s c te c te ils semblent peine former un groupe Une situation qui rappelle fortement quelques unes des caract ristiques principales de l tat social d crit notamment par mile Durkheim la fin du XIXe si cle sous le terme d anomie Le sociologue d signe par ce terme la crise religieuse et morale qui d coule de la r volution industrielle D s cette p riode les m urs les classes les rapports entre les sexes s effacent pour livrer l individu ses propres passions En mettant en sc ne l isolement 3 Laughing and 4 Crying peut rejoindre l analyse de Durkheim qui montre comment la disparition d une morale commune se r percute sur les individus et les enferme dans leurs propres pr occupations 3 Laughing and 4 Crying op re galement une distinction importante entre l anomie notion que Durkheim a th oris e au moment de l apparition de la soci t industrielle et l anarchie tat d absence de coercition institutionnelle Dans cette vid o u
42. est pas purement symbolique non plus L enjeu consiste produire certains effets sur le comportement du visiteur veiller chez lui des sensations susceptibles d ouvrir diverses interrogations Dans la plupart des installations vid o d Aernout Mik le format et la disposition des projections partir du sol et grandeur nature englobent le corps du spectateur dans l image tandis que l absence de son et la fragmentation des sc nes emp chent une immersion narrative C est important j essaie de faire en sorte que vous soyez toujours quasiment l int rieur de la projection si bien que si je passe l et que quelqu un d autre regarde la vid o je ferai partie d elle autrement dit l espace de la vid o n est pas un espace totalement s par de celui du spectateur Et j aime l image qui s tend dans l espace c est pourquoi il y a toujours une dimension architecturale et la possibilit de refl ter le corps des spectateurs avec les corps des acteurs dans la vid os Regarder une projection d images en tant soi m me mobile n est pas anodin la n cessit de circuler dans un espace d y choisir un angle de vue de renoncer par cons quent d autres positions change la lecture de ce que l on voit Ne serait ce qu en nous rappelant que notre corps tout entier et notre m moire participent de la vision Les installations vid o impliquent la participation active du spectateur physiquement et mentalement L ima
43. et le signe de la monnaie euro le signe du dollar et celui math matique de la notion d infini ces trois sculptures cherchent bouleverser nos habitudes de pens es en recomposant les signes conventionnels les plus courants de notre langage Futura Fraktur 2010 Selon ce m me principe d hybridation des signes en vue de confronter des valeurs oppos es Soci t R aliste a choisi de cr er une police d criture baptis e Futura Fraktur qui combine la police Futura au style moderniste invent e en 1927 par Paul Renner et largement utilis e par le Bauhaus et celle nomm e Fraktur consid r e par les nazis comme symbolisant l criture germanique 1 Voir Giovanna Zapperi Architectures temporelles in Soci t R aliste Empire State Builing catalogue de l exposition Paris ditions Amsterdam Paris ditions du Jeu de Paume Budapest Ludwig M zeum 2011 p 124 2 lbid p 134 Soci t R aliste Zero Impact 2010 photo Verena Kathrein orientations bibliographiques ressource en ligne I site officiel des artistes www societerealiste net catalogue d exposition E Soci t R aliste Empire State Building Paris ditions Amsterdam Paris ditions du Jeu de Paume Budapest Ludwig M zeum textes de J zsef M lyi Olivier Schefer Soci t R aliste et Giovanna Zapperi essais E Roland BARTHES Le mythe aujourd hui in Mythologies Paris Editions du Seuil
44. fication l autre peut ainsi se r percuter jusque dans le comportement corporel de moins en moins singulier La vid o touch rise and fall de Mik se d roule dans une salle d embarquement d a roport Elle pr sente des personnages en situation d attente d ennui et de nervosit L artiste dans sa mise en sc ne se focalise sur les nombreux contr les de s curit et la normalisation des activit s a roportuaires Il nous alerte sur la standardisation de ces espaces comme de leurs fonctions Contr leurs et contr l s semblent peu peu devenir interchangeables C est l une des caract ristiques de la structuration des masses selon Canetti Une t te est une t te un bras est un bras il ne saurait s agir de diff rences entre eux C est en vue de cette galit que l on devient masse Il y a l ce que Mik appelle un effet mim tique les sujets ne se distinguent plus sur un plan psychique Plus loin dans la vid o cet tat s tend aux objets de sorte que la machine de contr le de bagages aux rayons X s apparente un tunnel Le s rieux des mesures de s curit est ainsi tourn en d rision Reconna tre les d cors sans reconna tre les situations laisser filtrer l trange dans le familier ne vont pas sans cr er un certain malaise Les vid os de Mik donnent toujours l impression que quelque chose s est pass un v nement traumatique ou violent une catastrophe lente ou rapide qui a d
45. ge vid o n a plus un lieu assign comme le spectateur contemporain elle circule se d place et d place avec elles les points de vue d multipli s avec lesquels on peut l aborder et en construire les significations les questionnements et les figures d absences dont elle t moigne toujours l image en mouvement lib r e de la salle obscure et de l cran unique adopte la forme ancienne du diptyque voire polyptyque avant d envahir la totalit des murs d une pi ce comme les peintures fresques des glises du Moyen ge et de la Renaissance Du moniteur la projection l image en mouvement se d veloppe dans l espace r el formats crans et dispositifs largissent les possibilit s du montage et multiplient les points de vue 1 Aernout Mik dans un entretien avec Laurence Kardish Amsterdam 2007 cit par Anja Osswald Corps trangers propos de l installation Reversal Room in Aernout Mik Communitas G ttingen Steidl Verlag Paris ditions du Jeu de Paume 2011 p 46 2 Anne Marie Duguet Dispositifs Corps Image Architecture in Jouer l image Cr ations lectroniques et num riques Nimes Jacqueline Chambon 2002 p 36 3 Aernout Mik cit par Merijn Oudenampsen Le miroir au mur La r flexion de Schoolyard d Aernout Mik in Aernout Mik Communitas op cit p 184 4 Fran oise Parfait Du moniteur la projection L installation dans tous ses tats Espace et dispositifs
46. iales des images en projetant souvent ses vid os dans des zones fronti res entre l espace public et la salle d exposition il joue galement avec les limites de la temporalit en pr sentant ses films en boucle touch rise and fall d bute dans une petite salle o les employ s d un a roport trient de nombreux articles confisqu s des voyageurs pour les transporter dans des sacs poubelles Le trajet absurde des objets depuis les bagages des voyageurs jusqu au rebut se r p te sans fin tout comme la boucle temporelle dans laquelle Mik ins re ses images Le temps non lin aire et cyclique de monstration vient appuyer le propos des images Ni d but ni fin pour ces sc nes de d sordres et de catastrophes qui se r it rent inlassablement dans une litanie d images en mouvement Au del de la boucle qui permet de relier le d but et la fin de chaque vid o les plans eux m mes se rejouent tant repris dans leur int gralit ou par fragments 1 Leontine Coelewij Marta Gili Sabine Maria Schmidt Introduction in Aernout Mik Communitas catalogue de l exposition G ttingen Steidl Verlag Paris ditions du Jeu de Paume 2011 p 9 2 Ibid 6 d couvrir les expositions uvres expos es Middlemen 2001 Dans un travelling lent et continuel la cam ra filme les attitudes mouvements et r actions des middlemen ces courtiers ou agents de change de la Bourse Le spectateur peut ais ment mettre des
47. ique qui s appuie sur la d gradation des formes L entropie est un concept emprunt au domaine scientifique En thermodynamique selon Le Petit Robern l entropie d signe la fonction d finissant l tat de d sordre d un syst me croissante lorsque celui ci volue vers un autre tat de d sordre accru La notion d entropie a permis de d crire l ensemble de l univers comme un tat de d sordre toujours croissant de la mati re Le film de Mik Osmosis and Excess qui oscille sans cesse entre la fonction documentaire et fictionnelle explore le territoire frontalier de Tijuana entre le Mexique et les Etats Unis Des images d une pharmacie aux allures de supermarch c toient un paysage aux collines verdoyantes recouvertes de voitures Entre les deux espaces Mik montre des enfants qui jouent dans la boue Des images qui peuvent nous rappeler la description que fait Smithson de l effet d entropie Le sculpteur voque l image d un enfant qui court dans un bac sable dont une moiti est blanche et l autre noire la fin du processus le bac de sable devient in vitablement gris Toutefois jamais ce bac sable ne reviendra son tat initial Par la disparition de deux mati res est apparue une nouvelle forme l image de la boue est nouveau convoqu e par Mik pour voquer le m lange ou la porosit de la fronti re entre le Mexique et les tats Unis ainsi que le m tissage des populations Enjeu politique
48. iste Empire State Building Soci t R aliste est une coop rative parisienne de production artistique cr e en juin 2004 par Ferenc Gr f et Jean Baptiste Naudy duo dont le travail explore les r cits de l histoire de l conomie de l architecture et de l art travers ses signes visuels Cartographies typographies g oglyphes films photographies objets sont quelques uns des outils classiques de la communication institutionnelle que le collectif d veloppe et d construit afin de mener une r flexion autour des politiques de la repr sentation par le biais d expositions de publications et de conf rences Empire State Building voque d abord le nom d un b timent temple monument uvre celui d un c l bre gratte ciel new yorkais qui n a cess d tre depuis son ach vement en 1931 mythique et embl matique des tats Unis mais aussi une source d inspiration pour l art du XX si cle du King Kong de Merian C Cooper et Ernest B Schcedsack en 1933 jusqu Empire le film muet d Andy Warhol r alis en 1064 D autre part dans le titre de l exposition le nom du c l bre monument est perturb par des signes de ponctuation qui en d tournent le sens le muant en une grille d croissante des chelles de perception et de pouvoir de l empire l tat et au b timent User d un principe d hybridation des formes pour confronter les symboles de notre soci t aux signes du langage et de la
49. itions du Jeu de Paume 2009 a Life Once More Forms of Re enactment in Contemporary Art Rotterdam Witte de With 2005 t Monter Sampler Paris Centre Pompidou Scratch Projection 2000 comptes rendus de colloques et s minaires 1 L image d j l usages de l objet trouv photographique et cin matographique s minaire sous la dir du Bal la Fabrique du Regard qui s est tenu l EHESS Paris du 2 au 3 novembre 2010 www le bal fr fr mh la fabrique du regard seminaire automnal la fabrique du regard menu haut limage deja la 1 L image recycl e Usages de l appropriation dans les arts figuratifs de l allusion au plagiat colloque sous la dir de Luciano Cheles universit de Poitiers et Georges Roque CRAI CNRS EHESS qui s est tenu l EHESS Paris du 5 au 7 mai 2010 http cral ehess fr document php id 630 articles et num ros sp ciaux t Marc Auc Le si cle de Jean Luc Godard guide pour Histoire s du Cin ma art press hors s rie novembre 1998 p 13 26 I Morad Montazami L v nement historique et son double Jeremy Deller The Battle of Oregreave Images Re Vues n 5 2008 http www imagesrevues org Article_Archive php id_ article 36 Pistes de recherche Rappel Les pistes de recherches suivantes sont r dig es sous forme de propositions ouvertes autour de la th matique Reprises et d placements d images et explorent la fa on dont le montage l install
50. la production cin matographique qui chacune ont pour objet la cr ation d un monde de toutes pi ces dans lequel un seul homme se revendique l auteur d une entreprise collective Le film de Vidor est l adaptation du roman best seller d Ayn Rand qui malgr son active participation l criture du sc nario s est montr e d ue par le film laissant entendre son d saccord avec les choix du r alisateur Dans la version de Vidor certes il existe une dimension humaniste et sociale totalement absente de l uvre de Rand mais tous deux se retrouvent autour du culte du h ros individualiste Un roman d Ayn Rand N e en 1905 Saint P tersbourg Alissa Zinovievna Rosenbaum se fait conna tre aux tats Unis sous le nom d Ayn Rand en tant que romanci re essayiste et philosophe Elle th orise travers ses ouvrages la doctrine objectiviste fond e sur l individu la volont et le libre capitalisme Farouchement anticommuniste elle s inscrit dans le mouvement politique libertarien qui place l individu au centre de la soci t en pr nant le laissez faire comme moteur de la civilisation Publi en 1943 son roman The Fountainhead traduit en France sous le titre La Source vive expose ses id aux philosophiques politiques et sociaux en les roman ant travers le personnage fictif d Howard Roark Si elle rencontre un immense succ s populaire sa pens e ne sera cependant jamais reconnue par les cercles intellectuels
51. les yeux riv s sur des crans hors champ La foule nigmatique Walter Benjamin s int resse galement au statut et la nature de la foule moderne en tant qu objet d exp rience ou de pens e Pour lui il ne peut tre question d une classe d une collectivit qu elle qu en soit la structures Rebelle la classification la foule moderne produit des v nements sans que leur signification ne nous apparaisse clairement Le statut flottant de la foule son aspect amorphe est proche de l impression que nous laisse le film Park d Aernout Mik Dans cette uvre un groupe l activit ind termin et compos d individus d ges divers accompagn s de chiens se retrouve autour d un arbre et semble danser Dans le m me temps la cam ra r percute leur agitation par des mouvements de haut en bas et de bas en haut Les v tements des personnages peuvent nous faire penser qu il s agit de punks ou de skinheads Mais rien n est moins s rs Lorsque quelques individus se regroupent au sein d un collectif de ce type il devient difficile de comprendre ce que r unit cette assembl e ni m me s il s agit d un seul et m me groupe L anomie C est entre le moment o Charles Baudelaire au milieu du XIX si cle et Walter Benjamin dans l entre deux guerres voquent les premiers le nouveau fait collectif des foules que fut invent e la sociologie par mile Durkheim Dans ses premiers crits ce dernier examine l
52. loppement de l industrie et d un r formisme politique l origine proche du socialisme le positivisme cherche d crire l volution de la soci t de mani re scientifique Par analogie avec l av nement de la science physique Auguste Comte identifie trois tats l tat th ologique l homme tire son existence d une volont sup rieure l tat m taphysique l homme propose des explications abstraites et l tat positif l homme dispose d explications reposant sur la rationalit scientifique La science est ainsi ce qui permet la soci t de trouver sa coh rence sa raison En d coule d s lors une certaine hi rarchie sociale Les savants laborent la connaissance les fonctionnaires de l tat diffusent le savoir et la masse tire profit du savoir De fait pour acc der l tat positif et galitaire il faut atteindre un objectif l ducation des masses Arago homme de sciences et politicien tait largement influenc par les crits de Saint Simon et d fendait avec ferveur l intervention de l tat dans la politique industrielle C est dans cette perspective qu il proclama l invention de la photographie l Acad mie des sciences en 1839 et permit au proc d de Daguerre d tre brevet La photographie constituait ainsi un double enjeu symbole de progr s et objet de science elle permettait en outre de d mocratiser le savoir Gr ce la m canisation des images et la baisse de leur prix de revient les jou
53. lve Steps Amsterdam Koninklijke Nederlandse Akademie van Wetenschappen 2002 texte de Daniel Birnbaum t Aernout Mik Barcelone Fundaci n la Caixa 2003 textes de Dan Cameron et Jorge Wagensberg et entretien d Aernout Mik avec Marta Gili Aernout Mik Dispersions Munich Haus der Kunst 2004 textes de St phanie Rosenthal Ralf Rugoff Jim Drobnik et Jennifer Fisher t Aernout Mik Refraction New York New Museum of Contemporary Art 2005 textes de Dan Cameron et Andrea Inselmann i Aernout Mik New York The Museum of Modern Art 2009 textes de Laurence Kardish et Michael Taussig a Aernout Mik Communitas G ttingen Steidl Verlag Paris ditions du Jeu de Paume 2011 sous la direction de Leontine Coelewij et Sabine Maria Schmidt articles I Daniel BirNgaum Aernout Mik Flash Art vol 36 n 228 janvier f vrier 2003 p 92 Laurent BOUBOUNELE Aernout Mik art press n 265 f vrier 2001 p 71 72 I Brian BOUCHER Aernout Mik artinamericamagazine com octobre 2009 I Catherine FRANCBLIN Aernout Mik retour au point mort art press n 290 mai 2003 p 40 44 I Dominic VAN DEN BoocerD Choreography of Chaos Aernout Mik s In Two Minds Parkett n 70 2004 p 134 139 1 Communitas 2 Raw Footage 3 Schoolyard 4 Park 5 Shifting Sitting 6 Osmosis and Excess 7 touch rise and fall 8 Middlemen Aernout Mik Communitas 9 Soci t R al
54. m moire concentre des significations et des sens diff rents partir d une seule et m me image Cet effet de recyclage et de fusion est d ailleurs accru par la projection en boucle des vid os de l artiste qui donnent voir les v nements de fa on cyclique Les images mentales et leur caract re spectral Plus que les images m diatiques ce sont les images mentales qui sont au c ur du travail de Mik En r alit je m int resse aux traces qui subsistent dans cette m moire collective compos e d une multiplicit d images confondues plus qu telle ou telle image en particulier Nous avons chacun en nous des collections de traces qui proviennent d v nements document s et qui se cristallisent apr s coup en images reconstitu es C est dans ce domaine que j op re Mik demande des acteurs de rejouer ces images mentales dans ses vid os Schoolyard d Aernout Mik n est rien d autre qu une repr sentation de ce processus particulier de mise en sc ne de l imaginaire de la soci t n erlandaise de cet amalgame d motions d images et de figurations dont les m dias nous bombardent quotidiennement Mik renvoie la qualit ph m re et virtuelle de cette image soci tale en la tordant en la tournant en la retournant C est un imaginaire en constante d composition En jouant avec cet imaginaire Mik rejoue galement des images ou des sensations de notre pass commun r active ou d place les rela
55. m ra destin s cr er l illusion d un pr sent naturel fortuit et en devenir un pr sent con u partir de et pour le voyeurisme m diatique du spectateur l aspect documentaire de ses vid os emprunte aux reality shows leur synchronisme motionnel spontan en pi geant le spectateur dans un simulacre de v rit potentielle de l app tit fictionnel du regardeur na t l v nement cin matique La consommation de ce dernier en tant que r alit m diatique est ainsi plus r elle que sa perception ou son interpr tation en tant que repr sentation visuelle Les r percussions politiques de ces installations au vu de abdication psychique du spectateur sont consid rables Elles fonctionnent comme des performances restent toujours vierges Elles n ont rien du fait divers I Osvaldo S nchez Osmosis and Excess Notes depuis la fronti re in Aernout Mik Communitas G ttingen Steidl Verlag Paris ditions du Jeu de Paume 2011 p 117 M dia et m moire Le recours l intericonicit pour commenter l actualit n est pas en soi un ph nom ne nouveau Pierre Nora a bien not que l utilisation de prototypes ou de matrices d v nements ces images d pinal sorties tout arm es du ventre des soci t s industrielles et l histoire contemporaine ne cessera plus de reproduire les exemplaires tait m me un l ment constitutif du processus m diatique S il se
56. majeur aux tats Unis la fronti re am ricano mexicaine renvoie la question de l immigration des populations du Sud vers les pays riches Pour viter ce mouvement des populations le gouvernement am ricain projette de construire un mur Osmosis and Excess tend la m taphore de l entropie par la confusion des individus avec les territoires m mes C est ce qu illustrent les d charges de voitures v ritables appropriations sauvages de l espace naturel par l homme L osmose et l exc s la fusion et le d bordement se traduisent galement par la confusion des identit s des personnages La fronti re entre les tats Unis et le Mexique fronti re entre un pays hautement industrialis et riche et un autre en voie de d veloppement n est plus distincte dans les s quences de Mik Les acteurs dont certains semblent tre d origine mexicaine voluent dans une soci t qui s apparente la soci t am ricaine Cette entropie territoriale n est pourtant pas une destruction mais comme l indique Robert Smithson la matrice d un territoire in dit dont t moignent l tranget des images de Mik 1 Voir Michel Wlassikoff Futura Europe et photographie in Photo Graphisme actes du colloque qui s est tenu au Jeu de Paume le 20 octobre 2007 www jeudepaume org 2 Walter Benjamin Charles Baudelaire 1955 Paris Payot 2002 voir l extrait p 28 3 Friedrich Engels La Situation de la classe laborieuse
57. mble y avoir quelque chose de structurellement r p titif dans le fonctionnement des m dias il faut cependant bien reconna tre que ces proc dures r it ratives n ont jamais autant t employ es que depuis une quinzaine d ann es al Cela oblige reformuler la question qui introduisait le pr c dent paragraphe en se demandant cette fois ci ce que a banalisation des pratiques intericoniques r v le du rapport que la presse occidentale am ricaine fran aise entre autres entretient avec l histoire travers l image Que la presse analyse e 11 Septembre par le prisme de la r p tition est tout d abord e signe qu elle con oit l histoire comme un processus cyclique Or L vi Strauss ou Mircea Eliade ont bien montr ce que cette conception du temps bas e sur le mythe de l ternel retour pouvait avoir d anhistorique Citant Fran ois Ch telet Jacques Le Goff crit galement L id e qu il y a des r p titions dans l histoire qu il n y a rien de nouveau sous le soleil ne peuft avoir de sens que pour une mentalit non historienne Si l id e que les m dias se font des ph nom nes historiques semble si diff rente de celle d fendue par les historiens c est peut tre alors qu il s agit de tout autre chose que d histoire de m moire par exemple Dans l introduction de ses Lieux de M moire Pierre Nora livrait une claire et synth tique d finition de ce qui distingue ces de
58. mmun r fractaires toute nouveaut En gommant num riquement tous les personnages en passant du support filmique la vid o et en se d barrassant de la bande son Soci t R aliste tente d objectiver le film initial renvoyant ainsi la doctrine objectiviste fond e par Ayn Rand De cette mani re les deux artistes entendent faire merger les rapports profonds entre l espace architectural et l id ologie du capitalisme entre la volont prom th enne de l architecte et la doctrine moderniste et pr senter New York figure centrale du film de Vidor int gralement reconstitu e en studio comme le lieu de l utopie r alis e de l empire dont la capitale est le capital Un film de King Vidor New York ville de l utopie r alis e Dans le film de Vidor qui oppose sans cesse aux int rieurs extr mement d pouill s l immensit des espaces de la ville la question du lieu et de la place que l homme y occupe est pr pond rante Le rapport d chelle entre les objets passionne le cin aste et ce d s le g n rique qui ouvre le film sur un plan de la couverture du livre dont il est adapt lequel se transforme la faveur d un mouvement de cam ra en un immense building Vidor n a de cesse tout au long du film de travailler ce type de rapport brusque d chelle en jouant sur la taille des maquettes et des immeubles taille r elle La r flexion de Vidor vise galement rapprocher l architecture et
59. n faire ensemble Soci t sans sociabilit entassement d individus n ayant aucune valeur commune la ville industrielle devient ajoute Engels quelque chose de r pugnant Ce n est donc pas le caract re animal ou violent de l tre humain qui est mis en question ici Ni m me l injustice sociale et la pauvret h me pourtant central dans l uvre d Engels Ce qui est l origine de son d go t de la foule c est l indiff rence entre les individus indiff rence qu il d couvre et qui nous rappe encore aujourd hui c t de cette inhumanit Engels voque galement l automatisme des individus dans les villes modernes En regardant les Londoniens il s aper oit que la seule convention entre eux est l accord tacite selon lequel chacun tient son trottoir sur sa droite afin que les deux courants de la foule qui se croisent ne se fassent pas mutuellement obstacle l indiff rence autrui se double ici d automatismes utilitaires qui rompent avec la possibilit d un contact individu L un venant compenser l autre C est cette m me indiff rence doubl e d un accord tacite d organisation commune qui nous est montr e dans l uvre d Aernout Mik intitul e Middelmen o des courtiers en bourse s agitent ou s immobilisent se concentrent ou errent sans que personne autour d eux ne semble remarquer ces changements Tout en r agissant de mani re isol e chacun participe pourtant d une logique illisible
60. n d ensemble d un terrain vague dans lequel gisent des centaines de v hicules abandonn s permet de susciter une r flexion sur les comportements particuliers et leurs cons quences grande chelle Les notions de comportement de masse de rapport entre l individu et la collectivit sont mises en jeu travers le dispositif d exposition lui m me et le r le du spectateur Mise en sc ne Si les images film es par Mik renvoient chaque spectateur des sortes d images souvenirs collectives issues des m dias elles ne se pr sentent pourtant jamais comme de fausses images documentaires Les situations fictives qui ressemblent des reportages t l vis s des images provenant des m dias ne se laissent pas appr hender comme des sc nes r alistes mais au contraire le caract re apparent de leur mise en sc ne nous donne penser la repr sentation du collectif Les personnes qui jouent dans ces vid os apparaissent davantage comme des figures ou des figurants que comme des personnages individualis s et les gestes ou trajectoires de chacun de ces figurants dans le cadre ne font sens que par rapport ceux qui les entourent Le caract re g n rique des lieux publics comme des individus conf re une dimension globale la r flexion engag e sur les agissements collectifs Aernout Mik Communitas 5 Pr visualisation des espaces de l exposition Temps de la boucle Si Mik cherche brouiller les limites spat
61. n espace incertain mais clos que l on devine par la moquette accueille des personnes dont la posture au sol et la tenue sugg rent une activit organis e sportive ou th rapeutique Mais sans volont ni d sirs communs les participants restent cependant sur place en ce sens ils cr ent et conservent un type trange de collectivit C est l une caract ristique g n rale des mises en sc ne de Mik Dissolution de l individu et ph nom ne de masse l anomie comme indistinction physique l apparition de l individualit au sein des soci t s de masses a t accompagn e paradoxalement de situations ponctuelles jeux manifestations panique collective dans lesquelles des mouvements de fusion psychologique de groupe sont apparus de fa on momentan e Ces ph nom nes font alors appara tre tout ce que la ville moderne implique de proximit voire de promiscuit ou d homog n it entre chaque individu Elias Canetti crivain et essayiste allemand a consacr son ouvrage Masse et Puissance l analyse et la d construction et reconstruction des espaces collectifs 25 Aernout Mik touch rise and fall 2008 classification de ce type de comportements L ouvrage aborde notamment la dynamique des corps au sein des foules Une fois d pass e la phobie du contact habituellement produite par la densit urbaine l isolement personnel s inverse pour cr er des identifications tr s larges envers autrui Cette identi
62. ndaient dans leurs bo tes dans les bureaux de l agence r fractaires toute utilisation ou cat gorisation brandissant l tiquette vendre sans pouvoir inspirer un client ou susciter une demande Des s quences qui montrent la vie quotidienne de la guerre les intervalles du conflit les prisonniers que l on entasse sans un mot dans des camions les roquettes lanc es contre des cibles civiles les armes que l on nettoie les gens qui tra nent au coin des rues et tentent d viter les snipers d autres encore qui courent entre des b timents en ruines Pour moi l l ment le plus int ressant de cette uvre est sa simplicit ordinaire son c t brut son absence d intention dramatique ou symbolique l installation en deux crans de Raw Footage la division en chapitres la taxonomie de toutes les situations et pr sences humaines ordinaires qui d coulent des tats de guerre prolong s constituent le mat riau de l uvres Avec cette uvre Aernout Mik op re deux d placements Le premier consiste s lectionner et exposer des images jug es sans int r t au motif qu elles n ont aucune qualit m diatique Le second r side dans les choix et les dispositifs de pr sentation de ces images La projection de ces s quences d archives sur deux crans offre la possibilit au spectateur de s lectionner son tour les images et les s quences qu il regarde et ainsi de r aliser son propre montage La s le
63. ne communaut d mocratique tiendraient la distinction de l identit des personnes avec leur r le social au profit d un partage des responsabilit s communes du groupe L uvre de Mik intitul e Schoolyard explore au sein d une cour d tablissement d enseignement secondaire les interactions entre le personnel enseignant les vigiles les l ves et un sans domicile fixe Des groupes h t rog nes participent des activit s dont la finalit est obscure faisant toutefois r f rence des v nements traumatiques et d rivant peu peu vers des actes quasi rituels des personnes sont port es bout de bras des jeux simples ou proches du vandalisme course de scooters occupation et destruction de voitures des parades avec des panneaux des sacs en guise de masques ou des t tes de mannequins Lentement la distinction des r les des ges des sexes et des origines des personnages s estompe pour ne laisser place qu des mouvements de foule Comme nous l avons d j observ propos d autres vid os le d sordre ambiant ne provoque pas l clatement du groupe Bien au contraire la d sorganisation sociale du groupe engendre de nouveaux rythmes d activit s et de repos Moins ludique et apparemment neutre que touch rise and fall Schoolyard conserve l tat de tension initial que l on ressent d s le d but de la vid o entre les l ves et les adultes Cette uvre fait cho au probl me dit des
64. ntes du cerveau Le corps tout entier est ramen dans le s diment c r bral o particules et fragments se font conna tre comme conscience solide L artiste vit dans un monde d color fractur Coordonner tout ce d sordre et cette corrosion en motifs grilles et subdivisions constitue un processus esth tique qui a jusqu pr sent t peine esquiss Robert Smithson Une s dimentation de l esprit Earth Projects 1968 in Robert Smithson une r trospective le paysage entropique 1960 1973 catalogue d exposition Marseille Mus es de Marseille Paris R union des mus es nationaux 1994 30 approfondir Les expositions orientations bibliographiques essais I Giorgio AGAMBEN La Communaut qui vient Paris Editions du Seuil 1990 E Jean BAUDRILLARD l ombre des majorit s silencieuses La Fin du social Paris Biblioth que M diations 1982 E Walter BENJAMIN Charles Baudelaire 1955 Paris Payot 2002 I Philippe Besnarp L Anomie Ses usages et ses fonctions dans la discipline sociologique depuis Durkheim Paris PUF 1987 E Maurice BLANCHOT La Communaut inavouable Paris Les Editions de Minuit 1983 I Elias Canetti Masse et Puissance 1960 Paris Gallimard 1966 BT J Ciark Une image du peuple Gustave Courbet et la r volution de 1848 Paris Les presses du r el 2007 EB Roberto Esposito Communitas The Origin and Destiny of Community Palo Alto Stanford University Press
65. ntretiens 1984 2001 Paris ENSBA 2001 p 318 319 22 approfondir Les expositions orientations bibliographiques crits d artiste t Harun Farocki Reconna tre et poursuivre Courbevoie Th tre Typographique 2002 I Jeff Wall essais et entretiens 1984 2001 Paris ENSBA 2001 essais E Jean BAUDRILLARD Simulacres et Simulation Paris Galil e 1981 I Anne Marie Ducurr Rejouer l image Cr ations lectroniques et num riques N mes Jacqueline Chambon 2002 I Anne Marie DUGUET Vid o la m moire au poing Paris L chapp e belle Hachette Litt ratures 1982 I Cl ment CH roux Diplopie l image photographique l re des m dias globalis s essai sur le 11 septembre 2001 Paris Le Point du Jour 2000 I Florent Latrive Du bon usage de la piraterie Paris La D couverte 2007 t Philippe Alain MicHAUD Reprises rejouer remonter refilmer in Sketches Histoire de l art cin ma Paris L clat 2006 I Dominique Paini Le Temps expos Le Cin ma de la salle au mus e Paris ditions des Cahiers du cin ma 2002 I Fran oise PARFAIT Vid o Un art contemporain Paris Editions du Regard 2001 IE Jacques Ranci re Le Destin des images Paris La Fabrique 2003 i Fresh Th orie Il Paris L o Scheer 2006 catalogues d exposition Found Footage Paris Galerie nationale du Jeu de Paume 1995 1 HF RG Harun Farocki Rodney Graham Paris ditions Black Jack Paris d
66. ocument vient souvent apr s l v nement mais d un apr s coup qui n claire rien les uvres de Mik nous laissent sur notre faim avec nos seuls rep res tangibles Comme le montre Steve Klee les cr ations d Aernout Mik produisent assur ment un effet critique qui tient la mani re dont l uvre g n re une attitude particuli re chez le spectateur subtilement manipul de fa on ce qu il lui soit difficile de se fixer sur une interpr tation morale pr cise Or c est dans cette forme d attention errante et vagabonde que r side la dimension critique du travail de Mik 5 Hybridation et combinaison Autre proc dure de reprise et de d placement d images convoqu e ici celle de I hybridation et ou de la combinaison comme lorsque Soci t R aliste r utilise des l ments typographiques ou cartographiques Reprendre l histoire des utopies modernes pour en faire la critique ou inventer d autres modalit s utopiques consiste d abord interroger ce que produit la langue en termes de division sociale ou de partage D o le d sir de reconduire les formes du pouvoir ses composants Empire State Building ou de pervertir la langue commune par contaminations de donn es historiques h t rog nes Futura Fraktur Il en r sulte d incessants trafics greffes typographiques emboitements d alphabets productions un peu monstrueuses de grammaires d un genre nouveau m langes de sigles et
67. ois au cin ma gr ce au film d Estir Choub en 1927 La Chute de la Dynastie des Romanov un montage critique d images Le found footage se d veloppe au cin ma au moment o les dadaistes et les surr alistes utilisent le collage et le photomontage Par ces pratiques ils d samorcent la morale dominante ou la propagande en recomposant le sens politique social mais aussi po tique des images Dans l uvre de Soci t R aliste l appropriation du ilm hollywoodien The Fountainhead Le Rebelle de King Vidor r alis en 1949 d apr s un sc nario de l Am ricaine Ayn Rand se caract rise par un remploi strict d images ou plut t une s lection de plans qui respecte la chronologie du montage du film d origine Cette m thode de reprise peut osciller pour reprendre les termes de Nicole Brenez entre un usage l giaque du film originel la fragmentation du film d origine pour n en conserver que certains moments privil gi s et f tichiser ceux ci ce qui engendre des formes sauvages de raccordement et un usage critique Usage le plus r pandu ce dernier consiste s emparer des images de l industrie ou des images priv es pour se livrer un d tournement voire une destruction souvent violents du sens D s 1060 le cin aste exp rimental Jonas Mekas annon ait la g n ralisation de ce proc d Je gage que l enti re production hollywoodienne des quatre vingt derni res ann es pourra devenir un simple mat riau p
68. on est directement destructrice ou neutralisatrice du sens et de la signification La d perdition du sens est directement li e l action dissolvante dissuasive de l information des media et des mass media C est l hypoth se la plus int ressante mais elle va l encontre de toute acception re ue Partout la socialisation se mesure par l exposition aux messages m diatiques Est d socialis ou virtuellement asocial celui qui est sous expos aux media Partout l information est cens e produire une circulation acc l r e du sens une plus value de sens homologue celle conomique qui provient de la rotation acc l r e du capital L information est donn e comme cr atrice de communication et m me si le gaspillage est norme un consensus g n ral veut qu il y ait cependant au total un exc dent de sens qui se redistribue dans tous les interstices du social tout comme un consensus veut que a production mat rielle malgr ses dysfonctionnements et ses irrationalit s d bouche quand m me sur un plus de richesse et de finalit sociale Nous sommes tous complices de ce mythe C est alpha et l om ga de notre modernit sans lequel la cr dibilit de notre organisation sociale s effondrerait Or le fait est qu elle s effondre et pour cette raison m me Car l o nous pensons que information produit du sens c est l inverse L information d vore ses propres contenus Elle d vore la communication et l
69. our de futurs cin astes En s appropriant le film pour en exposer les trac s id ologiques sous jacents le duo de Soci t R aliste a syst matiquement effac toute trace de pr sence humaine Ce qui en r sulte est une vid o de 111 minutes dans laquelle on ne voit que les espaces lib r s de la narration Le but de cette op ration selon l aveu 4 des deux artistes est d appliquer un principe de d construction productive susceptible de faire merger dans toute sa complexit les rapports profonds entre l espace architectural et l id ologie du capitalisme entre la volont prom th enne de l architecte et la doctrine moderniste Et vrai dire les espaces vid s de The Fountainhead montrent quel point l architecture s impose avec une force qui d passe le pouvoir d action des diff rents personnages Chez Aernout Mik la reprise d images prend des formes diverses Au sein de l exposition mais aussi de l uvre de Mik Raw Footage dont la traduction litt rale serait images brutes ou crues acquiert un statut singulier Irit Rogoff th oricienne et professeur au d partement des cultures visuelles du Goldsmiths College de Londres remarque Cette fascinante vid o d Aernout Mik se compose en effet de s quences de la guerre en Yougoslavie prises par l agence de presse Reuters des s quences qui pas assez spectaculaires ou denses pour int resser les journaux t l vis s atte
70. para tre par la mise en exergue de fronti res mouvantes les dynamiques g opolitiques de l Europe Les silhouettes des territoires signes des nations en apparence fixes sont ici rendues relatives et temporelles et nous revoient aux luttes de pouvoir dont elles ont fait l objet La foule et la soci t de masse Analyser la foule telle fut la t che de nombreux intellectuels au moment o des syst mes d organisations comme les syndicats se mirent en place Walter Benjamin dans ses crits analyse deux ph nom nes le caract re inhumain de la foule et son tranget La foule d socialis e et apathique Walter Benjamin dans son essai posthume sur Charles Baudelaire se penche sur l exp rience de la foule urbaine moderne telle qu elle appara t dans les m tropoles europ ennes au cours du XIX si cle Pour la premi re fois de l histoire Londres ou Paris la foule en tant que telle masse informe d individus indiff rents les uns aux autres devient un milieu hostile du fait de son caract re inhumain Benjamin cite notamment le t moignage de Friedrich Engels en 1848 Ce dernier reconna t l aspect artificiel du rassemblement des hommes en raison des besoins en main d uvre de la nouvelle soci t industrielle La richesse qui d coule de leur travail poss de cependant une contrepartie inhumaine Engels signale comment les gens se croisent en courant comme s ils n avaient rien de commun rie
71. r le projecteur pour le spectateur et pour l cran qui r fl chit la lumi re Ces positions respectives ont t d plac es voire modifi es et transform es dans le champ des arts plastiques Toute projection conf re l image surtout lorsqu elle est en mouvement une pr sence moins mat rielle plus fugitive plus pr caire Il suffit de s interposer entre le projecteur et l cran pour devenir soi m me un cran et projeter son ombre Par ailleurs le faisceau de projection est sensible au contexte lumineux et son image perd en visibilit selon l intensit lumineuse qui l entoure Dans l image en mouvement expos e on constate une alternance entre l effet d immersion du spectateur et celui de mise distance de l objet Exercices en classe L objectif des exercices suivants est de d finir les diff rents types de projection que l on peut faire d une image et de montrer comment cette projection agit sur sa transformation E La projection on cherchera des situations de d l gation de la vision p riscope cam ra de surveillance et des situations d int riorisation se diriger dans le noir ou de m moire dans un espace mais aussi des situations d enchev trement de ces deux notions par la technique reconna tre son image dans un miroir observer une radio du corps etc I La projection imaginaire on proposera aux l ves l exemple des vid os d Aernout Mik de rejouer des v nements et de les faire deviner
72. r et ou de le repr senter Le cin ma et la vid o permettent d clater le r cit et de l agencer de mani re d cousue un peu comme dans un r ve ou dans un souvenir Quant l espace de projection il peut tre multidirectionnel et d sorienter celui qui regarde Que permettent le cin ma et la vid o contrairement au th tre ou la litt rature 2 I En classe on travaillera sur la question du dispositif et en arts plastiques plus sp cifiquement sur la diversit des modes de pr sentation de la vid o du cin ma des images num riques etc Pour permettre aux plus jeunes l ves de mieux maitriser cette notion on pourra notamment passer en revue les types de dispositifs ext rieurs au champ artistique dans lesquels on retrouve le principe d assemblage d l ments h t rog nes en vue d un usage pr cis dispositifs d exploration en m decine par exemple de signalisation r gulation de la circulation de surveillance de loisirs d habitation etc I On d veloppera galement la question du point de vue dans trois directions selon qu il est envisag comme un emplacement r el ou imaginaire depuis lequel on regarde une sc ne comme la fa on particuli re dont on consid re une sc ne ou comme une opinion un sentiment un jugement Projection Lexique I Projection optique Le dispositif de la projection optique implique traditionnellement une hi rarchie l attribution d une position spatiale fixe pou
73. r les abonn s rendez vous en famille sur r servation o1 47 03 19 41 serviceeducatif jeudepaume org entr e libre pour les tudiants et les moins de 26 ans L am nagement de l espace ducatif et sa programmation ont b n fici du concours de Neuflize Vie m c ne principal du Jeu de Paume et d Olympus France Neuflize Vie OLYMPUS ABN AMRO Your Vision Our Future et de la collaboration des Amis du Jeu de Paume
74. r sont associ es Pour plus d informations 01 47 03 04 95 serviceeducatit jeudepaume org Ce dossier est publi l occasion des expositions Aernout Mik Communitas et Soci t R aliste Empire State Building pr sent es du 1 mars au 8 mai 2011 Aernout Mik Communitas est coproduite par le Jeu de Paume Paris le Museum Folkwang Essen et le Stedelijk Museum Amsterdam Soci t R aliste Empire State Building est coproduite par le Jeu de Paume Paris et le Ludwig M zeum mus e d Art contemporain Budapest elle a re u le soutien de l Institut hongrois de Paris L uvre The Fountainhead a t produite par l Acad mie Jan van Eyck Maastricht couverture Aernout Mik Osmosis and Excess 2005 photo Florian Braun Soci t R aliste The Fountainhead 2010 ci contre Soci t R aliste Spectral Aerosion 2010 2011 photo Verena Kathrein Aernout Mik courtesy carlier gebauer Berlin Soci t R aliste courtesy des artistes Jeu de Paume Paris 2011 Le Jeu de Paume est subventionn par le minist re de la Culture et de la Communication bert ernt R PUBLIQUE FRAN AISE ommunication Il b n ficie du soutien de Neuflize Vie m c ne principal Neuflize Vie ABN AMRO Les Amis du Jeu de Paume s associent ses activit s d couvrir les expositions Aernout Mik Communitas 5 rep res Installation vid o et place du spectate
75. re m diatique du spectateur qui peut reconna tre sur ces images bien qu elles ne soient ni dat es ni localis es et exceptionnellement travers le son qui les accompagne les conflits qui ont d chir l ex Yougoslavie dans les ann es 1990 Par leur absence de commentaires et de r cits ces s quences brutes raw footage nous rappellent que les m dias sont avant tout des espaces de discours et prenant le contrepied du formatage et ne montrant que la banalit d un conflit arm un soldat qui manipule un mortier est aussi un homme qui fume des 8 d couvrir Les expositions Aernout Mik Communitas 2010 photo Florian Braun cigarettes et qui boit des sodas entre deux tirs elles constituent un hors champ du reportage de guerre inscrit dans les m moires collectives touch rise and fall 2008 Cette double projection a pour point de d part les contr les de s curit d un a roport Les sc nes dans les magasins duty free s opposent aux sc nes de fouilles minutieuses des passagers et de leurs bagages des mains cherchent saisir des objets transportent des sacs plastiques fouillent dans les bagages main Dans une ambiance domin e par une impression g n rale de d possession de d vastation et de consommation outrance ces sc nes oscillent entre l ignorance la minutie et le contr le obsessionnel Comme dans Osmosis and Excess cette uvre repr sente le cycle de la consommation trav
76. re de l utilisation d objets h t rog nes et de la reproduction en s rie la probl matique de l chantillon permet de questionner le cin ma comme culture commune Partir de ce postulat c est d embl e se situer dans l analyse des proc dures de r colte d images de leurs pillage duplication et recyclage Les Combine paintings de Rauschenberg prennent forme aux tats Unis au milieu des ann es cinquante C est dire apr s l int gration du collage comme technique de composition de Picasso Braque Malevitch Schwitters son utilisation comme principe de co ncidence cr ative par les surr alistes mais surtout apr s l apport fondateur du Black Mountain College Avec des figures comme John Cage ou Merce Cunningham c est non seulement le m lange des disciplines qui s engage mais une nouvelle prise en compte du temps et du hasard qui ouvre la cr ation ce qui deviendra l art de la performance mais aussi sera la base de l installation 20 approfondir Les expositions Pr lever une image dans les m dias et la r p ter en s rie c est bien s r utiliser une technique de grande diffusion et la mettre au niveau du grand art mais c est surtout vacuer la question de l unicit dans l objet pour interroger les processus de constitution d une m moire collective Le cin ma rend les motions si fortes et si vraies que quand quelque chose arrive r ellement c est comme si on regardait la TV on ne ressent rien
77. rection est indispensable sa permanence La crainte de la d sint gration toujours vivante en son sein rend possible de l orienter vers quelques buts que ce soit La masse subsiste aussi longtemps qu elle a un but pas encore atteint Mais il est encore en elle une obscure tendance au mouvement qui introduit de nouvelles formations d ordre plus lev Il est souvent impossible de pr voir la nature de ces formations Elias Canetti Masse et Puissance 1960 Paris Gallimard 1966 p 27 28 Corps et communaut Il y a toujours d j de la communaut entre les corps celle qui tient au corps souverain la filiation humaine et divine la place dans la syst me de distributions conomiques et sociales etc La politique vient apr s comme invention d une forme de communaut qui suspend l vidence des autres en instituant des relations in dites entre les significations entre les significations Soci t R aliste Dymaxion Palace 2008 2009 et les corps entre les corps et leurs modes d identification places et destinations Elle se pratique en remettant en question les adh rences communautaires existantes et en instituant ces relations nouvelles ces communaut s entre termes qui mettent en commun ce qui n tait pas commun la mani re dont les figures de la po tique transforment les relations d inh rence entre sujets et propri t s C est l que prend son sens l entre Cet entre n est pa
78. rnaux illustr s voient le jour douard Charton directeur du Magasin pittoresque et adepte du saint simonisme fait du journal le vecteur de diffusion de ces nouvelles id es et par l m me l expression de leur mise en pratique Ainsi que le note Thierry Gervais Charton trouve dans la publication illustr e un moyen d am liorer le quotidien des classes populaires et de participer leur ducation morale L utilisation des gravures tend vers le m me objectif et repose sur l id e qu elles sont plus accessibles que le textes Chatron d crit le pouvoir des images Un livre sans images pourra tre enrichi de graves le ons de morale et m me de connaissances pratiques mais il n aura qu une valeur imparfaite et une influence douteuse parce que malgr la propagation des coles primaires une bonne moiti du genre humain ne saura jamais lire qu moiti dans un livre sans images Les images sont pour eux une grande faveur au premier coup d il ils en saisissent l ensemble et les d tails lls conservent longtemps le souvenir des contours fugitifs qu ils auront peine aper us ils les recomposeront dans leur m moire et se d lecteront les m diter Une image est pour eux de la parole condens e ils ont un instinct merveilleux pour d couvrir dans le d tail le plus indiff rent en apparence dans le trait de dessin le plus incertain une pens e bien nette un sentiment bien prononc ils diss quent en un mot toute
79. rnout Mik Communitas op cit p 201 14 Entretien d Aernout Mik avec les commissaires de l exposition op cit p 211 15 Steve Klee Training Ground ou comment viter le pi ge du film structurel mat rialiste in Aernout Mik Communitas op cit p 149 16 Olivier Schefer Utopie et langage une politique des formes in Soci t R aliste Empire State Building op cit p 80 reprises et d placements d images 19 r f rences Le found footage Une d finition l mentaire du Found Footage pourrait tre l laboration d un film par la r cup ration d l ments d j film s et donnant naissance par le montage une uvre originale Si nous survolons rapidement la sc ne artistique et litt raire la fin de la Premi re Guerre mondiale nous pouvons risquer cette hypoth se les premi res apparitions du Found Footage dans le cin ma suivent de pr s des inventions similaires dans les autres arts D s 1916 Dada sape certains principes fondamentaux de la cr ation artistique la notion d individualit de l auteur est menac e par la revendication de l anonymat ou du collectif un tableau de Francis Picabia L CEil cacodylate est cosign par de nombreux amis La subversion dadaiste a Zurich Berlin et Paris est contemporaine d inventions qui manifestent elles aussi l esprit nouveau l art n est pas mort il se transforme Les sculptures de Raoul Hau
80. rue de Rivoli www jeudepaume org renseignements 01 47 03 1250 mardi nocturne 12h 01h mercredi vendredi 12h 10h samedi et dimanche 10h 10h fermeture le lundi entr e plein tarif 7 tarif r duit 5 acc s libre aux expositions de la programmation Satellite mardis jeunes entr e gratuite pour les tudiants et les moins de 26 ans le dernier mardi du mois de 17h 21 h visites tables rondes entr e libre sur pr sentation du billet d entr e aux expositions et pour les abonn s dans la limite des places disponibles colloques 3 la s ance entr e libre sur pr sentation du billet d entr e aux expositions dans la limite des places disponibles les rendez vous avec les conf renciers du Jeu de Paume visites comment es destin es aux visiteurs individuels le mercredi et le samedi 12h 30 les rendez vous en famille le samedi 15h30 r servation requise o1 47 03 12 41 serviceeducatif jeudepaume org les rendez vous des mardis jeunes visites des expositions par les artistes pr sent s le dernier mardi du mois 18hou1oh autour des expositions visites I visite de l exposition Aernout Mik Communitas par l artiste et Marta Gili commissaire mardi 1 mars 2011 19h I les rendez vous des mardis jeunes visite de l exposition Soci t R aliste Empire State Building par Ferenc Gr f et Jean Baptiste Naudy autour de la th matique architecture et po
81. s capables d emp cher l accroissement de la masse une fois pour toutes et absolument s res il n en existe pas 2 Au sein de la masse r gne l galit Elle est absolue et indiscutable et n est jamais mise en question par la masse elle m me Elle est d une importance si fondamentale que l on pourrait carr ment d finir l tat de la masse comme un tat d galit absolue Une t te est une t te un bras est un bras il ne saurait s agir de diff rences entre eux C est en vue de cette galit que l on devient masse Tout ce qui pourrait en d tourner est n glig Toutes les revendications de justice toutes les th ories de l galit tirent en d finitive leur nergie de cette exp rience v cue de l galit que chacun sa mani re conna t par la masse 3 La masse aime la densit Elle ne saurait jamais tre assez dense Rien ne doit s interposer rien ne doit y ouvrir un intervalle il faut que tout soit autant que possible elle m me C est au moment de la d charge qu elle a le sentiment de sa plus grande densit sera possible un jour de mieux d finir et mesurer cette densit 4 La masse a besoin d une direction Elle est en mouvement et se meut en direction de quelque chose La direction qui est commune tous ses membres renforce le sentiment d galit Un but qui est donn en dehors de chaque individu et est identique pour tous masque les buts priv s in gaux qui seraient la mort de la masse La di
82. s collectits La typographie et la cartographie des syst mes d organisation de l espace Lorsque Soci t R aliste r alise une typographie hybride entre les polices Futura et Fraktur les artistes synth tisent la fois deux types d l ments graphiques 24 approfondir les expositions et deux conceptions de la modernit Ils mettent en avant le fait que la forme des lettres n est pas d nu e de principe id ologique Futura est sans doute la plus repr sentative des polices modernistes Invent e en 1924 par Paul Renner elle portait dans son effort de clart un objectif d homog n isation industrielle l chelle internationale derri re lequel se profilait l utopie d un acc s pour tous aux biens produits par la technique Lire consommer et produire devaient alors tre la port e de tous Cette police utilis e massivement par l cole du Bauhaus en Allemagne fut bannie en m me temps que cet tablissement par le r gime nazi en 1933 sa place on vit appara tre la police Fraktur d sign e par la politique culturelle nazie comme typiquement germanique D s 1941 cette police jug e peu lisible dans les affichages r alis s dans les pays envahis fut mise au ban sous pr texte d influences juives Elle fut ensuite abandonn e Le travail de Soci t R aliste t lescope ainsi deux versions de ce que la modernit a pu produire comme proposition id ologique face aux troubles sociaux de l
83. s d abord entre les sujets Il est entre les identit s et les r les qu ils peuvent rev tir entre les places qui eur sont assign es et celles qu ils occupent transgressivement Il est entre le nous nonciateur et le nom de sujet nonc entre un sujet et un pr dicat des corps et des significations etc Le d mos est le parti des pauvres mais le parti des pauvres est le parti des gens de rien des gens qui n ont pas de qualit pour s occuper des affaites communes et qui pourtant s en occupent La logique de la domination c est que gouvernent ceux qui ont les propri t s qui les qualifient pour gouverner propri t s v rifi es par le fait qu ils gouvernent cercle de la domination encore rappel lots d une r cente lection pr sidentielle par l opposition entre candidats de gouvernement et candidats de protestation D mos veut dire l inverse gouvernement de ceux qui n ont rien d autre en commun que l absence de telles propri t s C est cela que veut dire part des sans part La lutte des classes n est pas une lutte entre des parties de la communaut mais entre deux formes de communaut la communaut polici re qui tend saturer le rapport des corps et des significations des parties des places et des destinations et la communaut politique qui ouvre les intervalles en s parant les noms de sujets et leurs modes de manifestation des corps sociaux et de leurs propri t s L utopie est
84. s expositions Soci t R aliste The Fountainhead 2010 les liens entre la production de formes et son conomie prolongeant sa fa on les pr occupations politiques d Art amp Language R fl chir pour ces jeunes artistes est une op ration d hybridation men e sur plusieurs fronts en particulier langagiers et plastiques Cela signifie greffer combiner relier des formes identiques ou parall les au prix de grands carts historiques pour mieux capter des continuums souvent inaper us 1 Olivier Shefer Utopie et langage une politique des formes in Soci t R aliste Empire State Builing catalogue de l exposition Paris ditions Amsterdam Paris ditions du Jeu de Paume Budapest Ludwig M zeum 2011 p 58 rep res 1 7 L image outil de diffusion de la soci t industrielle travers l interrogation des signes et des codes visuels la coop rative Soci t R aliste fait souvent r f rence aux valeurs qui sous tendent la soci t industrielle et plus pr cis ment aux travaux d Auguste Comte et la th orie positiviste En quoi l analyse des images est elle pertinente pour appr hender les fondements de la soci t industrielle Th oris par le comte de Saint Simon conomiste et philosophe fran ais puis par Auguste Comte son secr taire le positivisme a domin une grande partie de la pens e du XIX si cle Fond sur l id e de progr s issu du d ve
85. s le ciel quasi monochromatique du grand soir Et c est un grand soir tr s particulier que repr sente cette installation celui du 5 au 6 octobre 1789 lorsque les femmes de Paris men es par les prostitu es du Palais Royal et les mara ch res des Halles march rent sur l tat en l occurrence le ch teau royal de Versailles pour en ramener prisonniers le roi et la reine aux Tuileries Les Parisiennes sont le premier acteur politique moderne s attaquer l absolutisme monarchique au nom de la l gitimit du peuple faire acte collectif de profanation du pouvoir partir de sa carte calendaire Soci t R aliste propose une sc nographie g n rale de l exposition Empire State Building Les murs sont peints selon un agencement de carr s noirs blancs et gris selon une ligne c leste et calendaire quatoriale extraite de Culte de l Humanit e Les murs de l espace d exposition agencent les uvres selon les nuances de couleurs de cette ligne m diane de cette moyenne des noirs Zero Impact 2010 Zero Euro 2010 Infinite Dollar 2011 L ordre et le d sordre produits par la ponctuation en regard d une pratique exp rimentale de la ligature typographique ont r cemment men Soci t R aliste travailler une triade de sculptures Elles ob issent toutes 14 approfondir Les expositions trois la volont de d velopper des signes hybrides D tournant le signe z ro ou m lant respectivement le z ro
86. s les formes qui ont frapp leurs regards et en retirent pour leur ducation intellectuelle et morale le m me profit que d autres pourraient obtenir en distillant les sucs nourriciers d une lecture instructive4 Avec l apparition des magazines illustr s on assiste l av nement d une soci t o l image devient le principal support d information mais aussi de diffusion des valeurs Un ph nom ne qui touche ensuite la publicit o les images se substituent aux arguments de la r clame 1 Saint Simon 1760 1825 Une philosophie industrielle Sciences Humaines n sp cial 6 Cinq si cles de pens e fran aise octobre novembre 2007 2 Voir ce sujet les articles d Anne McCauley Arago l invention de la photographie et le politique tudes photographiques n 9 mai 1997 p 6 34 et d Eric Michaud Daguerre un Prom th e chr tien Ibid p 45 58 3 Thierry Gervais L Illustration photographique Naissance du spectacle de l information 1843 1914 th se de doctorat d histoire dir Andr Gunthert Christophe Prochasson Paris EHESS 2007 p 42 43 4 Des moyens d instruction Les livres et les images ditorial Magasin pittoresque janvier 1833 p 98 Soci t R aliste Empire State Building 11 Soci t R aliste Futura Fraktur 2010 uvres expos es s lection The Fountainhead 2010 Premier long m trage de Soci t R aliste The Fountainhead est une
87. smann L Esprit de notre temps 1919 qui combinent divers objets manufactur s les photomontages de Johannes Baader et de Hannah H ch les assemblages de Man Ray les Fatagaga collages collectifs de Hans Arp et Max Ernst et les ready made de Marcel Duchamp semblent annoncer l inspiration et la construction des films de Found Footage Apr s le montage photographique le montage filmique favorise le d tournement la contrebande selon l expression d Aragon il d samorce la morale dominante ou la propagande et fait appara tre un sens cach critique politique social ou psychanalytique C est ce d veloppement qu a suivi le Found Footage qui l instar d autres expressions artistiques crit son histoire et ob it souvent cette invitation de Max Ernst Les images appellent elles m mes des plans nouveaux pour leur rencontre dans un inconnu nouveau le plan de inconvenance I Dani le Hibon Les Ciseaux et leur p re in Found Footage Paris Galerie nationale du Jeu de Paume 1995 p 3 4 Du montage l installation La question fondamentale de l chantillon n est pas tant celle de l appropriation d une imagerie appartenant la sph re des m dias mais quoi faire avec ce potentiel Ce qu apporte l art pop avec Andy Warhol ou yvind Fahlstr m c est l utilisation d un mat riel d j existant et des modes de production grande chelle D passant la question du collage et du multiple c est di
88. sovici Un projet de soci t Multitudes n 35 hiver 2009 isabelle LASSIGNARDIE Une d monstration critique par l absurde Inter Actes If n 20 2008 E Matteo LuccHetm Random curating entretien avec Soci t R aliste undo net 2009 E Yasemin Sim ESMEN Drawing lines to do away with them Hurriyet 14 septembre 2009 E Soci t R AUISTE Pligatures Multitudes n 35 hiver 2009 p 149 I Hajnalka Somocri Chirurgie de l illusion Art 21 n 19 juillet 2007 I Tijana SteraNovic Culturated States Muerto 11 5 2008 E Tristan TREMEAU Nouveaux entrants Art 21 n 15 octobre 2007 Soci t R aliste Empire State Building 15 approfondir les expositions l espace collectif est au coeur de la r flexion de Soci t R aliste et d Aernout Mik Les premiers s int ressent aux formes d organisation institutionnelles de l espace et leur histoire Cartographies typographies g oglyphes films et photographies sont per us comme autant de signes ou de codes visuels qui v hiculent les valeurs politiques et conomiques des soci t s occidentales Le second concentre son int r t sur l espace social en interrogeant gr ce ses vid os les conventions et les normes qui sont au fondement de la communaut ou du groupe Dans ces deux d marches artistiques un mode op ratoire peut tre distingu C est en s appropriant en d tournant et en d pla
89. t au coin des rues et tentent d viter les snipers d autres encore qui courent entre des b timents en ruines Pour moi l l ment le plus int ressant de cette uvre est sa simplicit ordinaire son c t brut son absence d intention dramatique ou symbolique L installation en deux crans de Raw Footage la division en chapitres la taxonomie de toutes les situations et pr sences humaines ordinaires qui d coulent des tats de guerre prolong s constituent le mat riau de l uvre mais ces l ments nous entra nent aussi ailleurs vers un entre deux qui d une certaine mani re transcende les dichotomies de la vie pas la vie par lesquelles nous comprenons ces p riodes de guerre continues et horribles o s estompe la distinction entre les populations et les arm es les civils et les soldats Le documentaire n est plus fond sur la repr sentation il est la r alisation de cette fracture temporelle entre tre et entrer dans l ordre symbolique Selon moi Raw Footage occupe le lieu de cette fracture temporelle c est la guerre mais v cue par rapport des activit s et des sentiments quasi civils qui semblent constituer la mati re de la vie boire du Coca Cola en nettoyant ses armes ou en lan ant des missiles porter un maquillage et se pomponner tout en se pr parant des activit s militaires se retrouver de fa on conviviale dans un champ en attendant d tre embarqu dans un camion vers une destin
90. t pas seulement physique il est aussi celui qui cr e mentalement le contact avec des exp riences s appuyant sur des renvois l utopie l ali nation l immigration l architecture une historicit politique samedi 12 mars 2011 14h table ronde I avec Giovanna Zapperi historienne de l art Olivier Schefer philosophe et Soci t R aliste samedi 26 mars 2011 14h30 publications I Aernout Mik Communitas sous la direction de Leontine Coelewij et Sabine Maria Schmidt co dition Steidl Verlag ditions du Jeu de Paume avec le soutien exceptionnel des Amis du Jeu de Paume 24 5 x 31cm 232 pages 32 I Soci t R aliste Empire State Building textes de J zsef M lyi Olivier Schefer Soci t R aliste et Giovanna Zapperi co dition ditions Amsterdam ditions du Jeu de Paume Ludwig M zeum Budapest 15 x 21 cm 240 pages 20 l exposition distance Le site Internet du Jeu de Paume offre d autres ressources interviews film es des artistes pr sent s ou des commissaires d exposition retransmission de conf rences et de projections li es l exposition propositions de parcours de visites archives des expositions ditions en ligne ou enregistrements sonores des colloques et des s minaires du Jeu de Paume programme complet des activit s www jeudepaume org entr e libre sur pr sentation du billet d entr e aux expositions valable uniquement le jour de l achat et pou
91. tions qui existent entre les images et leur signification et conf re ainsi un caract re spectral aux images Il mobilise aussi le souvenir d images choc comme celles de la prise d otages du th tre de la Doubrovka Moscou en 2002 qui servit de terrain d action au terrorisme et aux instances ex cutives de l tat Son film est un continuum multir f rentiel de lieux et d actions qui brouille cependant les pistes historiques et transporte le spectateur dans un labyrinthe de formes politiques et architecturales 3 Rejouer les images la confusion entre documentaire et fiction L effet de ce re enactment le fait de rejouer une sc ne produit chez le spectateur une confusion entre le caract re documentaire de ces images et leur qualit fictionnelle Dans celles de mes uvres qui sont mises en sc ne j essaie de parvenir un point o soudain surgissent des moments qui semblent plus proches du documentaire que de la fiction des moments o les gens ne jouent plus vraiment et o l on assiste un v nement r el Ce va et vient entre la fiction et le documentaire se fait pendant le tournage mais aussi au moment du montage Ainsi le caract re documentaire chez Mik r side moins dans l utilisation d images d archives que dans le fait de rejouer une sc ne en faisant appel l improvisation ou l imaginaire des acteurs Mises en sc ne de l apr s coup classique dans l approche documentaire le d
92. troupes militaires dans ses bandes carnavalesques Rencontre vraiment proph tique qui annonce les tats totalitaires o la police s alliera aux d valiseurs Val ry qui est un observateur p n trant des sympt mes propres la civilisation en d finit 28 approfondir Les expositions fort bien l un des l ments Le civilis des villes immenses revient l tat sauvage c est dire isol parce que le m canisme social lui permet d oublier la n cessit de la communaut et de perdre le sentiment du lien entre les individus autrefois r veill s incessamment par le besoin Tout perfectionnement du m canisme social rend inutiles des actes des mani res de sentir des aptitudes la vie commune Le confort isole I rend d autre part ceux qui en b n ficient plus proches du m canisme 1 Walter Benjamin Charles Baudelaire 1955 Paris Payot 2002 p 178 179 Les propri t s de la masse C est ici le lieu avant d entreprendre un essai de classification de la masse de r sumer bri vement ses propri t s essentielles On rel vera les quatre traits suivants 1 La masse tend toujours s accroitre n est pas impos de limites naturelles sa croissance Quand on lui en cr e d artificielles c est dire dans toutes les institutions qui servent au maintien de masses ferm es un clatement de la masse est toujours possible et aussi bien se produit de temps en temps De disposition
93. u o se d roule la sc ne quelques m tres carr s la cam ra inspecte avec la m me indiff rence les hommes les chiens et les arbres Tout y compris l ombre du spectateur qui rep res Installation vid o et place du spectateur J ai toujours t int ress par les corps dans l espace par la pr sence des corps dans l espace ce qui constitue bien s r un point de d part sculptural Mais pendant que je travaillais avec cette id e mon int r t s est port de plus en plus sur l id e d installations je dirais plut t de situations o des constellations de personnes ou d tres vivants ou d objets se rencontrent dans l espace D s les premiers temps de l art vid o son inventeur Nam June Paik relie ses recherches sur l image lectronique avec l objet t l visuel Il envahit ensuite l espace qu il avait auparavant investi dans ses performances L installation vid o provient donc la fois de l histoire de la performance des nouvelles technologies et de l histoire de la sculpture op rant des passages entre ces domaines Le privil ge de l installation vid o est d impliquer globalement le visiteur en sollicitant tous ses sens Le corps n y est jamais confront au seul dispositif lectronique mais aussi un espace d termin La construction qui n est pas n cessairement achev e et peut se r duire un simple fragment a un statut ambigu Celui ci n est pas vraiment fonctionnel il n
94. upe dont il sera question dans cette partie Dans un premier temps nous explorerons ces ph nom nes travers le travail de Soci t R aliste dans ses liens avec l histoire de la codification visuelle du langage et de l espace Nous les aborderons ensuite par le prisme de la soci t de masse Ce ph nom ne apparu avec la soci t industrielle et embl matique de la modernit permet d introduire les probl matiques du travail d Aernout Mik L artiste questionne galement les enjeux de la notion de communaut au sens contemporain du terme comment face aux m tamorphoses institutionnelles conomiques et sociales l individu parvient il trouver une place au sein du groupe Les figures de la foule identifi es par Walter Benjamin dans des t moignages et r flexions sur son poque la cat gorisation des comportements de masse chez Elias Canetti ou encore la conceptualisation de anomie par Emile Durkheim l un des fondateurs de la sociologie seront autant de r f rences qui nous permettront d analyser ce ph nom ne de communaut Nous verrons ensuite comment le philosophe Jacques Ranci re renverse cette perception pour voir dans ces nouveaux comportements communautaires le principe m me de la logique d mocratique Enfin nous examinerons comment Aernout Mik r utilise le concept scientifique et artistique d entropie pour analyser les ph nom nes de d gradations et de reconstructions des espace
95. ur 7 uvres expos es 6 orientations bibliographiques 9 plan de l exposition 9 Soci t R aliste Empire State Building 10 rep res l image outil de diffusion de la soci t industrielle 11 uvres expos es 12 rep res The Fountainhead une uvre d Ayn Rand de King Vidor et de Soci t R aliste 13 orientations bibliographiques 15 approfondir les expositions Reprises et d placements d images 17 Le remploi ou found footage 17 Le remploi intertextuel ou en esprit 18 Hybridation et combinaison 19 r f rences 20 orientations bibliographiques 21 pistes de recherches 22 D construction et reconstruction des espaces collectifs 24 La typographie et la cartographie des syst mes d organisation de l espace 24 La foule et la soci t de masse 24 L anomie 25 La communaut comme dissentiment 26 L entropie 27 r f rences 28 orientations bibliographiques 30 pistes de recherche 31 L ecouvril d ions les expos Aernout Mik Osmosis and Excess 2005 photo Florian Braun Aernout Mik Communitas Organis e par le Jeu de Paume avec le Museum Folkwang d Essen et le Stedelijk Museum d Amsterdam cette exposition congue en troite collaboration avec Aernout Mik n aux Pays Bas en 1962 et sculpteur de formation r unit un ensemble de travaux r alis s par l artiste au cours des dix derni res ann es tout en mettant l accent sur ses uvres les plus r centes Huit installations
96. uvoir suivie d un temps de dialogue avec les artistes dans l espace ducatif en compagnie d un conf rencier du Jeu de Paume mardi 26 avril 2011 19h colloque I Art histoire politique interactions et r flexions contemporaines sous la direction d Elvan Zabunyan historienne de l art Ce colloque en trois volets a pour but d explorer la lumi re des artistes programm s au Jeu de Paume en 2011 l importance des liens entre art et politique en r fl chissant la fa on dont les critures photographiques filmiques architecturales et conceptuelles sont les indices d une r alit historique contemporaine s ance 1 Enjeux sociaux et culturels vecteurs d une pens e collective de l art avec J rgen Bock critique d art et commissaire d exposition Michelle Dizon artiste et th oricienne de l art Andreas Fohr artiste et th oricien de l art Aernout Mik et Soci t R aliste ll n est pas anodin que des auteurs tr s diff rents se r f rent au travail de Aernout Mik ou de Soci t R aliste en convoquant les m mes figures celles du revenant du zombie du fant me de l errant Une figure qui se tend entre deux espaces contrari s o la temporalit est d finie dans une dualit elle se contracte et se distend en m me temps Flotter dans l air et s enfoncer dans la terre deviennent des tats compl mentaires des moyens de maintenir en vie les soubresauts l o le corps avance ou s absente Ce corps n es
97. ux notions M moire histoire loin d tre synonymes nous prenons conscience que tout les oppose La m moire est la vie toujours port e par des groupes vivants et ce titre elle est en volution permanente ouverte la dialectique du souvenir et de l amn sie inconsciente de ses d formations successives vuln rable toutes les utilisations et manipulations susceptible de longues latences et de soudaines revitalisations L histoire est la construction toujours probl matique et incompl te de ce qui n est plus La m moire est un ph nom ne toujours actuel un lien v cu au pr sent ternel l histoire une repr sentation du pass Parce qu elle est affective et magique la m moire ne s accommode que des d tails qui la confortent elle se nourrit de souvenirs flous t l scopants globaux ou flottants particuliers ou symboliques sensibles tous les transferts crans censures ou projections I Cl ment Ch roux Diplopie l image photographique l re des m dias globalis s essai sur le 11 septembre 2001 Paris Le Point du Jour 2009 p 87 90 L implosion du sens dans les m dia Nous sommes dans un univers o il y a de plus en plus d information et de moins en moins de sens Trois hypoth ses ou l information produit du sens facteur n gentropique mais n arrive pas compenser la d perdition brutale de signification dans tous les domaines On a beau r injecter force de media
98. v trement des lieux qui constituent environnement politico conomique de chaque citoyen et donc de chaque spectateur Priv de r cit The Fountainhead r v le tel un palimpseste filmique les calques sous jacents des relations entre capitalisme 12 d couvrir les expositions Soci t R aliste The Fountainhead 2010 architecture et modernisme Ainsi comme le souligne encore Giovanna Zapperi Le but de cette op ration est d appliquer un principe de d construction productive susceptible de aire merger dans toute sa complexit les rapports profonds entre l espace architectural et l id ologie du capitalisme entre la volont prom th enne de architecte et la doctrine moderniste Et vrai dire les espaces vid s de The Fountainhead montrent quel point l architecture s impose avec une force qui d passe e pouvoir d action des diff rents personnages La s quence finale du film par exemple dans laquelle on voit Howard Roark triomphant la sommit de son gratte ciel sugg re une correspondance entre le corps de l architecte et le b timent comme si la force de l un d pendait de l autre comme si le premier tait le prolongement du second Culte de l Humanit e 2011 Il s agit de la nouvelle collection de couleurs du bureau de tendances politiques Transitioners cr par Soci t R aliste en 2006 Apr s s tre inspir de la R volution fran aise collection
99. voyons que l apr s coup Dans la plupart des vid os de l artiste l absence de son et en particulier de dialogue renforce cet effet d incompr hension face ce qui se d roule sous nos yeux Du drame qui a d j eu lieu Mik ne nous r v le jamais aucun l ment factuel Rapport d chelle du collectif au particulier Par les effets de sc nographie Mik cherche ins rer l uvre dans le monde du spectateur qui participe ainsi physiquement l installation Il s emploie notamment brouiller la fronti re entre les espaces les vid os sont projet es chelle humaine parfois dans des lieux qui outrepassent la salle d exposition hall ou couloir de mus e et mettent directement en jeu le corps du spectateur La projection sur plusieurs crans impose au visiteur de s lectionner ce qu il souhaite voir et d op rer par le regard un montage de la sc ne qui lui est montr e en diff rents endroits Le spectateur se retrouve ainsi dans la m me position que les foules film es dont les gestes paraissent absurdes et les comportements d sabus s Comme les protagonistes il assiste sans comprendre aux effets produits par une catastrophe dont il ne sait rien Sa place dans le dispositif est galement questionn e par l incessant va et vient entre les diff rentes chelles qui vont du particulier au collectif Dans Osmosis and Excess le raccord d un plan rapproch sur des enfants qui jouent aux petites voitures au pla

Dossier _Aernout Mik_SocieteRealiste PDF

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents