Philippe Didion, « Petites coupures. Perec et les petits papiers
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1. in dits ont fait le reste L image de Perec n en a pas t chang e du tout au tout il reste dans l esprit de beaucoup l amateur de puzzles et de listes le roi du lipogramme le ressasseur d innombrables Je me souviens une figure aux multiples aspects compos e au fil des parutions comme on peut le constater en consultant le fonds Arribey Les Choses et le Renaudot En 1965 lorsqu il d barque en fanfare sur la sc ne litt raire en obtenant le Prix Renaudot pour son premier roman Perec n est pas un parfait inconnu Raymond Jean dans Le Monde ne manque pas de rappeler les quelques articles fort lucides qu il a publi s notamment dans la revue Partisans Par ailleurs l irruption de Perec dans le monde des lettres n est pas une bombe Sa jeunesse le fait que ce soit son premier roman sont voqu s mais pas soulign s gros Le Cabinet d amateur Revue d tudes perecquiennes 2 traits On est dans une poque o la surprise peut venir de partout o un jeune romancier peut trouver sa place naturellement On ne met pas de vagues pigistes sur sa copie ce sont Andr Billy Robert Sabatier et Jean Chalon qui signent les analyses de son roman pour Le Figaro Tous les articles mettent l accent sur l aspect sociologique des Choses aiguill s par son sous titre Une histoire des ann es 60 Rolland Pierre L Humanit Dimanche discerne un Perec sociologue n en pas douter po te cou2. Histoires litt raires et Du L rot diteurs pp 57 67
3. La taille du roman Voyez Sterne Jules Verne Raymond Roussel Le syst me Celui de Lesage dans Le Diable boiteux pour l immeuble ouvert Les num rations Rabelais Jules Verne encore Butor les catalogues les index un moment Perec l che qu il a introduit peu pr s tout ce qu il a trouv dans les dictionnaires et les romans des autres mais Jacqueline Piatier ne rel ve pas et on n en saura pas plus sur les citations qui parcourent tout le roman et sur leur agencement Dans un article non r f renc Claude Bonnefoy rep re un sch ma rigoureux pas plus et recommande de lire plusieurs fois le livre beau comme la rencontre de Balzac et de Ricardou sur la machine de Locus Solus Paul Guth Midi Libre s incline lui aussi devant la performance mais r clame un Mode d emploi de La Vie mode d emploi il devra patienter jusqu en 1993 pour d couvrir le Cahier des charges qui r v le les programmes de fabrication mis au point par Perec Pierre Lartigue qui suit l auteur depuis un moment semble deviner quelque chose Quand il interroge Perec pour L Humanit il lui demande quel r le jouent les nombres dans son roman R ponse Ils sont pr sents dans chaque chapitre Lartigue a galement remarqu la r currence de certains objets ou motifs Perec Il y en a dix On n en saura pas plus m me si pour la premi re fois certaines cl s sont donn es J ai fait entrer dans mon roma
4. aux souvenirs personnels ajouter en fin de volume Les Nouvelles litt raires sont d ailleurs les premi res lancer un exercice qui fera flor s dans les ann es d cennies qui suivront Et puisque le jeu est ainsi lanc nous avons demand quelques crivains d tre les premiers remplir pour nos lecteurs ces pages blanches Les contributions n ont pas t conserv es dans le fonds Le jeu cela va tre encore une constante des critiques qui d couvrent La Vie mode d emploi avec l image du puzzle qui va vite envahir les articles Prix M dicis aidant cette partie du dossier est un peu plus fournie Jacqueline Piatier Le Monde 29 septembre 1978 saisit imm diatement Le Cabinet d amateur Revue d tudes perecquiennes 5 la dimension de l ouvrage un livre extraordinaire d une importance capitale non seulement dans la cr ation de l auteur mais dans notre litt rature sans que l on sache tr s bien ce que sont les ingr dients qui donnent au livre cette importance capitale Outre la r f rence au puzzle Piatier insiste sur les num rations le r servoir de mots et de choses une fa on de peindre la vie notre vie par ce qu elle produit ou consomme on n a pas oubli Les Choses L article s accompagne d un entretien avec Perec qui ne donne aucune recette aucun cho du Cahier des Charges On l imagine souriant dans sa barbe Il livre tout de m me quelques noms
5. communs fr quemment r utilis s depuis magicien du langage flambeur de la langue bricoleur de g nie etc L Humanit le pr sente comme un fils d ouvrier et n oublie pas le cin aste et le dramaturge Sa mort est pr texte des jeux de langage Jean Louis zine Les Nouvelles litt raires 11 mars 1982 se prive de la lettre e Pierre Enckell signe un monovocalisme en e bien entendu dans le m me journal qui reproduit les textes que Perec lui avait confi s Trois chambres retrouv es Notes concernant les objets qui sont sur ma table de travail Le leitmotiv qui appara t dans ces n crologies c est jamais deux fois le Le Cabinet d amateur Revue d tudes perecquiennes 6 m me livre Sur ce plan au moins l auteur avait atteint son but Mais heureusement on ne va pas en rester l et l uvre va devenir un champ d tudes passionnant une fois son auteur disparu Cela va aller tr s vite c est comme si l auteur d sormais absent avait constitu un obstacle la compr hension de la profondeur de ses crits Le 27 juillet 1984 Le Monde profite de la tenue d un colloque Perec Cerisy pour publier sur une pleine page un portrait souvenir de Perec Claude Burgelin qui fut son ami et donc peut tre plus au fait que d autres des motivations cach es entreprend la premi re tentative d unification de l uvre A partir de l c est dire W ou le souvenir d enfance on pourrai
6. excellemment d cern on pose tout de m me quelques r serves Le livre est crit dans un style simple uni mais un peu lent et monocorde non identifi Lucide un brin cynique Georges Perec c est un parfait produit de notre poque comme son livre Le Figaro Qu importe un crivain est n et il annonce d j le titre de son prochain livre Un homme qui dort Une critique d rout e Mais Un homme qui dort attendra Place tout d abord Quel petit v lo guidon chrom au fond de la cour qui semble passer inaper u en 1966 Seul article dans notre dossier celui du Figaro dont le titre remet en cause les certitudes acquises la lecture des Choses Georges Perec pas sociologue mais documentaliste Premier virage 1967 l int r t rena t avec Un homme qui dort qui finit par para tre Dans Les Nouvelles litt raires on semble heureux de voir resurgir la veine sociologique Perec retrouve la vocation de l auteur des Choses apr s la parenth se du deuxi me livre petit roman brusque et brusqu fait d astuces anarchisantes et un peu faciles L aussi on cherche tablir des comparaisons des filiations et c est Sartre qui est voqu C est quelque chose comme la naus e sartrienne article de Pierre Henri Simon dans Le Monde dans le surgissement d un arbre le critique de La Quinzaine litt raire se souvient de celui qui fascinait Roquentin dans La Naus
7. rence contredit l indiff rence Pour crire ainsi il faut tout le contraire de cet il bovin dont il parle Cette profondeur il faudra attendre 1973 ann e de parution de La Boutique obscure pour la retrouver Ce recueil de r cits de r ves appelle bien s r l analyse freudienne celle que r clame Bertrand Poirot Delpech dans Le Monde pour faire la part de l histoire personnelle dans l obsession du sujet consid r Les Nouvelles litt raires Voient bien que les r ves de Perec refl tent les pr occupations d sirs espoirs inqui tudes de sa vie quotidienne mais font fausse route en estimant que les images constantes de camps d enfermement d isolement de menace de silence impos refl tent la pression d une soci t o si licence est donn e au sexe le cr ateur et l individu non conformiste sont suspects Claude Mauriac Le Figaro est plus lucide il sait que Perec nous cache volontairement des choses qu il faut lire entre ses lignes Il est le premier utiliser l image du puzzle ces po mes construits avec des fragments de r ves ces puzzles d truits et reconstitu s appel e un bel avenir dans la critique perecquienne Mais entre temps nouveau virage il y eut La Disparition roman sans e qui n est pas encore lu comme un roman sans eux les parents de l auteur C est la naissance du Perec acrobate du langage salu e par tienne Lalou dans L Express qui
8. Le Cabinet d amateur Revue d tudes perecquiennes 1 Petites coupures Perec et les petits papiers Philippe Didion De 1930 1980 Jean Arribey a constitu un vaste ensemble de dossiers consacr s aux crivains fran ais il y recueillait des articles parus dans la presse des quotidiens aux revues litt raires Ce fonds permet aujourd hui l tude de la r ception d un auteur important Se pencher sur les articles qui ont accompagn les livres de Georges Perec trente ans apr s la mort de leur auteur c est d abord faire le constat d une coupure profonde Non pas dans la reconnaissance d une uvre celle ci d s son ouverture ayant toujours t salu e avec int r t et son auteur ayant toujours t l objet d une grande attention mais plut t dans les motifs suscitant cet int r t et cette attention L ex g se perecquienne abondante aujourd hui met en valeur une th matique qui tait quasiment pass e inaper ue au moment de la r ception imm diate de l uvre On a su depuis d celer ce qui rassemblait les diff rentes productions d un crivain qui s est longtemps pr sent comme un cam l on capable d endosser toutes les teintes du nuancier litt raire on avait le Perec sociologue le Perec fantaisiste le Perec oulipien virtuose le dramaturge le verbicruciste l autobiographe et pour finir le pur romancier salu l occasion de La Vie mode d emploi On sait aujourd hui que toutes ces fa
9. amme ce W est d di E dont on se souvient qu elle tait la lettre absente de La Disparition Critique lucide donc mais maigre il n y a rien d autre dans le dossier David Bellos soulignera que W ou le souvenir d enfance laissa la plupart de ses premiers lecteurs tr s tonn s et quasiment muets dans sa biographie Georges Perec une vie dans les mots parue en France en 1994 M me Je me souviens 1978 promis tant de succ s et de d tournements posthumes ne semble pas remuer les foules Pierre Lartigue dans L Humanit tablit un parall le entre le livre et une page de photographies dues Christian Boltanski premier rapprochement de deux uvres dans lesquelles on d couvrira par la suite de nombreux points communs parue peu de temps avant dans Les Lettres fran aises et reproduisant des gestes quotidiens accomplis par l artiste l ge de quatre ans Lartigue insiste sur la tristesse qui se d gage de l ensemble mais n voque pas le c t g n rationnel des souvenirs num r s par Perec Cet aspect est soulign par Les Nouvelles litt raires Sa m moire est celle de tout le monde Plus pr cis ment elle est la m moire de sa g n ration L article sign des initiales C B pr sente Je me souviens comme une prodigieuse machine d clencher les souvenirs du lecteur ce qui tait de toute fa on un des buts poursuivis par Perec comme le montrent les pages blanches r serv es
10. cettes sont li es par des th mes cach s dont l origine se trouve dans la disparition du p re puis de la m re de l crivain au cours de la Seconde Guerre mondiale Le manque la disparition la cassure l incompl tude qui traversent l uvre sont d sormais choses connues meublent les recherches perecquiennes et ont atteint l vidence Il a fallu pour atteindre cette vidence que Perec y mette un peu du sien Oscillant entre ce qu il appelle dans W ou le souvenir d enfance rester cach tre d couvert il a choisi la fin de sa vie de se d voiler partiellement Un an apr s la parution de son dernier roman Perec avait donn dans L Arc Quatre figures pour La Vie mode d emploi offrant ainsi quelques cl s de fabrication D autres textes de la m me poque concernent ses Emprunts Flaubert et ses Emprunts Queneau Les entretiens donn s au d but des ann es 1980 s ils sont volontairement pleins de contradictions et d inexactitudes r v lent eux aussi quelques secrets de cuisine et quelques motivations Sur ces pistes offertes mi voix les chercheurs Bernard Magn en t te n ont pas tard s engager La naissance en 1982 de l Association Georges Perec la tenue du Colloque de Cerisy en 1984 la r union mensuelle sous forme de s minaire qui concerna partir de 1986 amis curieux et sp cialistes autour de l uvre l dition enfin d un important corpus d
11. e D autres influences plus surprenantes sont voqu es les m ditations claustrales de Perec font parfois penser Le Cl zio Le Monde La Quinzaine mentionne le Kafka du Journal et le Rilke des Cahiers de Malte Laurids Brigge et parle de litt rature exp rimentale condition de donner au mot exp rience son sens plein exploitation m thodique d une hypoth se De m me L Humanit constate que Georges Perec pousse fond le th me de la d mission du non agir du droit la paresse et aux spontan it s l mentaires la mani re d une exp rience v cue Jean Gaugeard dans Les Lettres fran aises parle lui aussi d exp rience celle du dormeur du Le Cabinet d amateur Revue d tudes perecquiennes 3 livre dont la banquette n est pas sans rappeler le divan du psychanalyste Gaugeard voit en effet Un homme qui dort comme une auto analyse Un m me personnage y tient deux r les celui de l analyste et celui de l analys Le d lire de l analys n a d autre possibilit de s exprimer que par le constat de d lire que dresse tout aussit t l analyste On ne parle pas encore d l ments autobiographiques mais L Humanit d c le bien un je refus derri re le tu autour duquel l ouvrage est construit On commence conc der Perec une profondeur qui n tait pas donn e d avance Georges Perec sa table chaque mot juste m me s il dit l indiff
12. irevoltes de Perec ont elles lass la critique Celle ci saura se r veiller l occasion de La Vie mode d emploi mais en attendant elle prend ses distances En 1974 la sortie d Esp ces d espaces donne lieu un petit article dans Europe un compte rendu dans un journal non identifi et une chronique de Fran ois Bott dans Le Monde Les lieux communs apparaissent Perec ma tre de la banalit ou g ographe et arpenteur de la r alit et c toient les marques de reconnaissance et d admiration livre riche et intelligent livre s duisant merveilleux livre mais a ne va gu re plus loin Perec lui va plus loin dans le d voilement en publiant un an plus tard W ou le souvenir d enfance qui contient une partie purement autobiographique entrecrois e avec un r cit de fiction sous lequel se devine l univers concentrationnaire Roger Pol Droit dans Le Monde ouvre sur un clin d il Proust Longtemps Georges Perec n a pas connu de bonheur r sume les deux parties de l ouvrage avant de livrer son analyse Il souligne clairement le lien avec les camps note que la m re de l auteur y est morte fait r f rence Orwell et Huxley Pour lui et cela aussi est assez bien vu les deux parties du livre sont distinctes mais ins parables Andr Stil dans L Humanit d c le lui aussi la parent qui existe entre les deux r cits et c est plus innovant rattache W au lipogr
13. met le la performance sur le m me plan que les mots crois s les contrep teries ou les acrostiches doubles non sans poser la question qui compte Ce jeu est il tout fait gratuit Le critique discerne quelques cl s dans les noms des personnages dans la disparition du chapitre V celui qui correspond la cinqui me lettre de l alphabet mais pour lui il ne s agit que de contestation du langage impos de remise en question de toutes les id es re ues en mati re de roman dans un livre excitant pour l esprit comme on dit mais dont l int r t th orique demeure tr s sup rieur l int r t pratique Au moins a t il reconnu la contrainte le lipogramme ce qui n est pas le cas de tout le monde Car si une critique de La Disparition est pass e la post rit c est bien celle de Ren Marill Alb r s dans Les Nouvelles litt raires qui ne voit pas le lipogramme parle tout juste d une criture heurt e et subtile de reportage psychologique d un roman violent cru et facile sic Il ne parvient faire qu une lecture politique du livre en r f rence l affaire Ben Barka Georges Perec ce fain ant racle tous les fonds de tiroir de l actualit tout a parce que justement encourag pour Les Choses mais trop vite f licit et adul il a un peu forc son talent et court apr s son premier succ s La Disparition c est comme chez Robbe Grillet mais dans
14. n des h ros de Queneau J ai rassembl les textes que j aime Roussel Sterne La description d un cadavre se trouve dans L Autobiographie chapitre dix de Jacques Roubaud mais lui m me l avait emprunt e Denis Roche qui lui m me l avait emprunt e un rapport d autopsie Le point de vue le plus lucide sur La Vie mode d emploi se trouve peut tre dans un article absent du fonds Arribey et qui figure dans la revue Canal de novembre 1978 G rard Durozoi y crit Il suffit de lire une seule fois et c est peu La Vie mode d emploi pour comprendre qu il faudrait lui consacrer une s rie d articles s tendant sur une ann e enti re au moins tant ce roman cet ensemble de romans possibles appara t in puisable et magistral Il ne croyait pas si bien dire La post rit La collection Arribey ne s interrompt pas avec la mort de Perec On y trouve aussi les notices n crologiques qui ont suivi la disparition de l auteur en mars 1982 Depuis La Vie mode d emploi ont paru Un cabinet d amateur un recueil de mots crois s un volume de th tre et Tentative d puisement d un lieu parisien Mais Perec a multipli les entretiens et conf rences qui lui ont permis de s expliquer sur son uvre et principalement sur La Vie mode d emploi dont il a donn quelques contraintes Cependant ces approfondissements n ont pas atteint la grande presse dont les titres n crologiques rassemblent des lieux
15. p s r et insiste comme ses confr res sur l ali nation par la soci t de consommation et la publicit qui influent sur la vie des personnages On cherche ici et l retracer la gen se textuelle des Choses L Humanit sans surprise souligne la citation finale emprunt e Marx mais parle aussi des dix premi res pages d une tonnante transparence qui font invinciblement penser Poe et ce r cit sans pareil qu est Le Cottage Landor Mais c est Flaubert qui attire imm diatement l attention Le Figaro se demande si les h ros des Choses ces deux jeunes imb ciles ne r incarnent pas leur mani re un couple la Bouvard et P cuchet Rolland Pierre d j cit voit en Perec un disciple de Flaubert dans une nouvelle ducation sentimentale De m me pour Raymond Jean Le Monde Les Choses racontent en cent vingt pages la triste ducation sentimentale de notre si cle Perec interview par Heures claires reconna t du bout des l vres qu il y a peut tre certains rapports entre Roses cr dit d Elsa Triolet et son roman mais ne parle pas de Flaubert avant de cracher le morceau dans Le Figaro J ai construit mon livre sur le mod le de L ducation sentimentale J ai mis trente ou quarante phrases de L ducation et tout le livre est construit sur le rythme ternaire cher Flaubert Si l on admet article non identifi que le Prix Renaudot a t
16. t lire toute l uvre de Perec comme une vaste autobiographie clat e On pourrait m me remonter plus avant mais la machine est lanc e Burgelin parle de la disparition des parents de la jud it du d chirement de la fragmentation Le nom de Bernard Magn qui fera tant pour la compr hension de l uvre perecquienne appara t pour la premi re fois cette occasion Il ne reste alors la presse qu suivre le mouvement entretenu par les ditions d in dits les programmes radiophoniques la publication des Cahiers Georges Perec les chos du s minaire les ouvrages de critique et d tude En 1995 Michel Contat pouvait affirmer en ouverture des Dossiers et documents du Monde consacr s Perec que celui ci s est jet dans la litt rature parce que c tait l unique moyen de se prot ger du monde qui avait permis la disparition de sa m re Auschwitz Il avait fallu pour arriver ce qui sonne aujourd hui comme une vidence un long parcours de d couverte et de d chiffrage une lente exploration des sous couches et des sous entendus Le travail de Bernard Magn et de l Association Georges Perec avait port ses fruits et permis Perec d chapper pas totalement disons d tre r duit aux Je me souviens de ceci cela et aux Trucmuche mode d emploi qui ont depuis envahi la presse l dition et la publicit Histoires litt raires vol XIII n 50 avril mai juin 2012
17. un autre style parfaitement r ussi captivant bien mis en sc ne mais sentant l artifice De toute fa on reconnaissance ne vaut pas adh sion Le Figaro ne prend pas de gants et titre La Disparition n a pas plu Mauric e Chap e lan Celui ci a l l gance de signer une chronique sans e l exception du dernier paragraphe qui prend la forme d un CQFD Comme quelqu un me l a fait finement observer supprimer les e cela n ajoute rien Bref c est trop dur lassant crispant cassant M me son de cloche aux Lettres fran aises o l on se risque r sumer le roman ce qui est totalement indigeste facile de constater apr s coup que l insolite haute dose devient monotone et o l on s interroge sur les motivations de l auteur Pourquoi C est un peu compliqu Voyez le livre Le Cabinet d amateur Revue d tudes perecquiennes 4 La mont e en puissance Les huit derni res ann es de la vie de Georges Perec et celles qui suivront sa mort en 1982 vont tre assez contrast es sur le plan de l exposition critique Ces ann es voient d abord alterner les textes quasi confidentiels po sie th tre romans brefs comme Les Revenentes et Un cabinet d amateur tr s peu remarqu s l exception de L Humanit qui se montre d une fid lit exemplaire et des uvres consid r es aujourd hui comme majeures mais qui rencontrent un faible cho Les v
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