124 LE SOCIALISME A TÊTE DE LINOTTE - ac
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1. 124 LE SOCIALISME A T TE DE LINOTTE de valeur sur le march mondial que le pied qui botte En France la condition de l homme de lettres est peu pr s celle d un paria E t il du g nie et surtout s il en a il n est s r de rien pas de fixe mensuel pas de mois double No l pas d arr t de travail f t il la mort Pour un de ses livres qui a du succ s dix autres sombrent dans l indiff rence Il ne peut m me pas laisser de patrimoine ses descendants puisqu il tombe dans le domaine public cin quante ans apr s sa mort Le fisc fran ais est sans piti avec ce mis rable Autre fois du moins avait il un abattement sur ses gains qui tait cens repr senter des frais professionnels pr sent s il parle de frais on lui demande des factures Fournira t il celle du chauffage ou celle du loyer car il faut bien tre quelque part et ne pas claquer des dents pour faire des livres Bref il est log la m me enseigne que tout le monde alors qu il est justement beaucoup moins bien loti que tout le monde Verlaine trouvait l inspiration dans l absinthe et Maupassant cher Giscard chez les petites femmes Le fisc d aujourd hui accepterait il des frais pro fessionnels de ce genre Ces deux grands hommes auraient droit des contr les n en plus finir pour leur apprendre avoir du g nie selon les normes des circulaires des Finan ces Et il y a un homme de lettres l l2. inter roge depuis plusieurs ann es sur l trange conduite des lemmings et des bobacks Je crois qu on a fini par conclure qu ils ob issent quelque loi myst rieuse de la nature qui aurait trouv cet exp dient pour qu ils ne soient pas trop nombreux Explication fort courte mon avis comme la Science en donne plus souvent qu on ne veut bien le dire Pourquoi les lemmings et les bobacks tout comme certains peuples n en auraient ils pas assez de pers v rer dans leur tre Peut tre veulent ils c der la place d autres esp ces qu ils jugent plus modernes ou mieux adapt es au monde moderne Le d sespoir parfois est un ph nom ne collectif N y a t il pas une sorte de d sespoir collectif en Occident c est dire un reniement de soi une perte d identit Le 132 LE SOCIALISME A T TE DE LINOTTE fond de la question est l Les peuples qui veulent m sont les peuples qui s aper oivent qu ils ne se resse pent plus eux m mes Suicide mode d emploi est un ou age pour lemmings t bobacks qui PILV G Veuthanasie et n petite industrie des assassins ne suffisent pas pour apal leur soif du n ant JUIN LA CAPITULATION On pourra bien me r p ter que la chute de M Giscard tient des choses s rieuses et profondes je wen croirai jamais rien La chute de M Giscard tient une poign e de main celle qu il a donn e aux conda
3. pas ainsi que les choses se passent Une soci t heureuse tout comme une vie heureuse est une soci t juste non pas au sens d galitaire o l on entend cet adjectif aujourd hui mais juste dans la mesure o chacun a la responsabilit compl te de ses actes Cela suppose une foule de contraintes morales et l gales que l tat doit tre assez fort pour imposer MAI 131 Je ne voudrais pas en ce moment tre dans la peau de M Badinter Le bouquin de MM Guillion et Le Bonniec lui met cruellement le nez dans sa philosophie Le suicide est un meurtre mais c est aussi un acte de libert indivi duelle comme ce qu on appelle pudiquement PI V G Interdire le livre c est prendre une mesure de pr vention criminelle mais c est aussi porter atteinte au libre arbitre Il y a l un imbroglio logique dont il para t difficile de se d p trer Heureusement pour eux les ministres se soucient assez peu de logique Ils ont beau avoir une philosophie ils ne sont pas pour autant des philosophes J ai encore une id e propos du livre publi par M Alain Moreau Ses auteurs ont ils entendu parler des lemmings et des bobacks Voil un public pour eux Ces bestioles du genre mulot vivant dans les r gions bor ales se r unissent certaines saisons et vont se noyer collectivement dans la mer Le suicide mest pas une pratique courante chez les animaux qui ont l instinct vital tr s d velopp On s
4. ph nom ne de saturation et de rejet se produit dans le pays Il me semble que j ai lu cela dans un texte de M Sauvy homme s rieux s il en fut De deux choses l une ou c est vrai ou c est faux De toute fa on ce n est pas une affaire de morale de bons sentiments d en tente entre les peuples mais l observation juste ou erron e d un instinct collectif Pour ma part j inclinerais croire M Sauvy si c est bien de lui qu il s agit ma m moire me joue parfois des tours La cohabitation est connue pour tuer amiti En deux mois les meilleurs amis sont couteaux tir s si Pun a la mauvaise id e d aller s installer chez l autre Je ne vois pas de raison pour qu il en soit autrement pour les peuples que pour les individus Tout cela me semble assez logique et je mai nullement MAI 55 a d tre raciste en l crivant Mais il est vident que l on suscite les plus grosses col res en tant logique Je savais d j cela quand j tais enfant Les grandes personnes me disaient tout H Ea SAR neur bout de champ Tais toi petit raison STANCES A SOPHIA Je suis all une fois en prison Malheureusement c tait une poque o personne ne s occupait des am liorations apporter au r gime carc ral En outre il s agissait de prison politique Le r gime de ces prisons l est beaucou plus d sagr able que celui des prisons de droit rs Nous tions empil s hui
5. cles ses volont s mais devant une nation myst rieuse parpill e sur la terre qui n avertit pas ou le fait de fa on obscure et qui punit cruellement si on lui d pla t La France se sent elle capable de tenir t te cette nation al vaincre soit avec les m mes armes qu elle soit avec d autres Tant qu on ne le saura pas il faudra faire comme les petits pays d autrefois tre rus ou prudent Le nombre d attentats que les terroristes ont mont s contre nous quivaut largement un ultimatum Si nous ne sommes pas de taille passer outre il faut filer doux Ce n est pas glorieux mais c est ainsi f LA SOCI T DES LEMMINGS ET DES BOBACKS Quoique je n aie pas lu le volume de MM Guillion Bonniec Suicide mode d emploi son titre est Re ment explicite pour que je devine de quoi il traite Cela m a donn quelques id es non sur lui mais sur les r actions qu il suscite particuli rement au sein du gouvernement Eguia doit tre bien ennuy Va t il interdire ou don parage a na Le M Ralite ministre de la Sant a Badinter garde i Laruns g des Sceaux de statuer Parmi les erreurs nombreuses de ce gouvernement il en est une dont il n a pas fini de p tir il a une philosophie I ne l a pas proclam e explicitement mais elle ressort d un 130 LE SOCIALISME A T TE DE LINOTTE certain nombre de mesures qu il a prises en part
6. esse personnifi e elle a un ge o Pon sait que trente jours passent vite Enfin c est tr s chic d aller en prison de nos jours M Badinter le lui dira si elle ne me croit pas L ULTIMATUM O commence la souverainet nationale O finit elle Grave question Le pr sident de la R publique a envie de faire un voyage en Isra l Personne ne lui dit Si vous le faites prenez garde On tuera votre ambassadeur au Liban on mettra une bombe dans le train Capitole on fera sauter la rue Marbeuf on pi gera une voiture qui tuera dix personnes devant votre ambassade Beyrouth Dans je vieux langage diplomatique que l on parlait de nation nation ces propos eussent t qualifi s d ultimatum Les ultimatums avaient ceci de bon que les situations qu ils cr aient taient simples Ou l on avait peur et l on c dait ou Pon avait de l honneur et l on passait outre C tait aussi parfois mais plus rarement une question de force je dis plus rarement car les petits pays sachant que s ils se lan aient tourdiment dans une guerre ils seraient aval s en deux bouch es ne se mettaient pas dans le cas de MAI By recevoir des ultimatums Quand on est faible pensaient ils avec bon sens il faut tre rus ou au moins prudent Aujourd hui la question est de savoir si la France est une naag forte non pas devant les nations traditionnelles d Europe ou d Am rique qui pourraient mettre des obsta
7. iculier l abolition de la peine de mort Cette abolition d cr t e en vertu de l illusion rousseauiste que l homme est bon mais corrompu par le monde a une cons quence que n ont pas vue ou feint de ne pas voir les d put s qui Pont vot e et les gens qui l ont comment e apr s coup elle pose en principe que l individu si vicieux malfaisant pervers sanguinaire soit il est plus pr cieux que la soci t Conception de moraliste certes Je dirai m me concep tion de brave homme qui se frappe vertueusement la poitrine en disant Qui suis je pour juger mais en aucun cas conception d homme d tat Pour ce dernier la soci t doit toujours passer avant l individu Il y a l un choix faire et terrible comme tous les choix ou la soci t broie l individu ou l individu broie la soci t Une des raisons des malheurs de l Occident est qu il a choisi l individu contre la soci t Il s ensuit que la soci t occidentale part en loques Si l tat se refuse lui m me le droit de tuer au nom du respect de la vie par voie de cons quence un particulier a le droit de se suicider au nom de la libert individuelle C est son affaire personnelle non celle de la soci t puisqu il a t tabli que celle ci a moins d importance qu un indi vidu Le vice de la philosophie du gouvernement est de croire que le bonheur d une soci t est la somme des bonheurs des hommes qui la composent Or ce n est
8. ment de m attaquer quelque chose o quelqu un Au contraire je m efforce de voir en tout le pour et le contre de trouver des explications aux v ne ments de tirer na vement la le on des choses C est dire si 126 LE SOCIALISME A T TE DE LINOTTE j ai t tonn par la lettre de protestation envoy e par le Mouvement contre le racisme et l amiti entre les peuples M R A P la suite de ma chronique sur l incendie de la mosqu e de Romans Me voil l apologiste du racisme parce que j ai dit qu il s agissait d un acte absurde C enest un pourtant Il est absurde de br ler un lieu de pri res je n en d mords pas Cela n a pas de sens C est un acte de brute d imb cile Il y a quatre ans des gens qui n aimaient pas mon style et qui ne se contentaient pas de me le faire savoir par lettre d pos rent une bombe chez moi qui d molit tout Je trouvai cela absurde et de la m me fa on que l incendie de la mosqu e de Romans J affirme qu aucun autre adjectif ne me vint l esprit Faire sauter le logis d un homme de lettres inoffensif me parut le comble de l absurdit Je ne comprends pas bien non plus le proc s que me fait le M R A P parce que j ai r p t ce qu enseignent les sociologues savoir qu au dessus d un certain pourcentage d trangers un
9. mn s de droit commun au d but de son septennat Cette poign e de main s est grav e de fa on ind l bile dans l esprit des honn tes gens Elle a pris la valeur d un symbole Les honn tes gens se sont dit Cet homme ne nous aime pas Nous l avons lu pour qu il nous prot ge et son premier soin est d aller r conforter nos ennemis Il est bien vrai que l exp rience des uns ne sert pas aux autres L abrogation de la loi Peyrefitte et son remplace ment par diverses mesures cl mentes l gard des d lin quants est un geste tout fait semblable la poign e de main giscardienne et d une bien autre port e En prenant cette d cision le pouvoir a sign sa perte plus ou moins longue ch ance Je pense qu il en aura la d monstration aux prochaines lections municipales quelle que soit la loi lectorale avantageuse pour lui qu il aura concoct e d ici l
10. t dans une cellule de quatre m tres carr s Nous dormions encha n s les uns aux autres Dans un coin une lessiveuse d gageait une odeur atroce Je suppose que les prisons politiques dans les pays o il en a encore ressemblent plus ou moins celle que ja connue Un prisonnier politique tant un honn te homme qui a des id es contraires celles du pouvoir doit tre humili battu jet dans la salet et la vermine afin que soit Hi son orgueilleux esprit de contradiction T Je crois que j aurais tr s bien v cu i condition d avoir de quoi crire et fumer ect Pres Moi aussi je serais tr s heureux dans une prison conme re Je ne demanderais m me pas la t l vision dans ma ia ToM EA crains que les honn tes gens S m i les retire de la RO M Rue are J esp re que Mme Sophia Loren li i dans sa ge le de Caserte Je Pai crite So die Fap 128 LE SOCIALISME A T TE DE LINOTTE remonter le moral ayant appris par une gazette qu elle avait pass sa premi re nuit de captivit pleurer ce qui m a vivement mu Je voudrais qu elle se rendit compte qu elle jouit d un r gime extraordinaire pour quelqu un qui n a ni tu ni vol et n a se reprocher qu un oubli dans une d claration d imp ts vieille de douze ans Elle a du tabac elle a un stylo et sans doute du papier quadrill Tout cela est consid rable Et puis elle n a qu un mois purger Quoiqu elle soit la beaut m me et la jeun
11. ys e conseiller priv du pr sident de la R publique Que fait il sous les lambris nationaux Que ne s occupe t il un peu de ses pauvres confr res qui ne travaillent pas chez la Pompadour Que ne nous fait il restituer notre abattement ce potentat Que n emp che t il qu on nous fasse payer l imp t sur les prix litt raires Un footballeur nous serait plus utile MAI 125 LE P RE ET L ONCLE M Mitterrand est il heureux que ses partisans l appellent affectueusement Tonton Je le crois encore que le surnom de Tonton ne soit pas aussi chic que celui du G n ral que ses fid les appelaient avec respect et amour Le Vieux Le Vieux c est le p re ou le grand p re C est le chef qui r gne depuis longtemps depuis toujours qui a blanchi sous le commandement qui a une exp rience infaillible et fabuleuse que lon suit aveugl ment m me si ce qu il d cide para t inacceptable ou r voltant car il sait mieux Un des personnages les plus grandioses du Moyen Age tait le Vieux de la Montagne que l on trouve et sous cette d nomination jusque dans les m moires de Joinville Tonton ce n est pas le p re Ce n est que Poncle la rigueur le grand oncle Quand m me c est encore la famille Appell ra t on un jour M Mitterrand Le Vieux Je le lui souhaite mais j en doute Ii ne s y est pas pris assez t t TAIS TOI PETIT RAISONNEUR Jamais je n ai le senti
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