Le naturalisme de Baruch Spinoza
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1. dire la puissance de nous en prot ger Par affect Spinoza entend les affections du corps qui augmentent ou diminuent aident ou contrarient la puissance d agir de ce corps et en m me temps les id es de ces affections Ethique III Et Pascal S verac nonce les trois logiques affectives fondamentales pour Spinoza qui en d coulent 1 une logique positive de l accroissement de puissance que Spinoza nomme joie 2 une logique n gative de sa diminution qu il nomme tristesse 3 une logique primaire ou primitive qu il nomme le d sir qui caract rise l essence humaine mais pas seulement humaine semble t il de d termination agir Joie d exister tristesse d exister moins d sir de re trouver d autres joies Hannah Arendt dira plus tard que a puissance jaillit parmi les hommes lorsqu ils agissent ensemble et retombe d s qu ils se dispersent On touche ici au c ur de la relation entre le pouvoir des individus et celles mergent des communaut s qu ils constituent ET contrairement ce que laisse penser Descartes dans le cas des communaut s humaines la conscience n est pas le r sultat de la mise en commun de conscience individuelles et libres seul un individu issu d une communaut est libre de penser Mowgli rest seul dans la for t n aurait pas vraiment t veill la conscience Ce n est pad propre aux primates d ailleurs les oiseaux aussi ont besoin d2. exploitation agricole et mini re l efficacit philosophique et op rationnelle de sa M thode dissociative et r ductrice a offert les fondements de ce qui allait produire le d veloppement de l re scientifique et technologique occidentale mais aussi les conditions et la justification d un individualisme absolu tayant un d veloppement conomique pr dateur l ultralib ralisme devenu aujourd hui socialement et cologiquement et philosophiquement insoutenable mais ceci est une autre cons quence qu il est impossible d aborder dans ce contexte Comme le souligne Maxime Rovere la m thode de Baruch Spinoza est un rationalisme de d sir car la raison n est qu une mani re de chercher ce que veut le d sir La distinction entre la philosophie et la religion poursuit Rovere est interpr t par Spinoza dans Le Christ et le Salut des Ignorants comme deux types de chemin qui m nent au salut c est dire au bonheur d tre juste et bon L un serait la philosophie voie des savants qui utilisent la raison et l autre la religion voie des ignorants ceux qui ob issent aveugl ment aux lois II s agit de deux mani res de lire les textes Quand on a besoin de peu d explications pour appliquer les pr ceptes d amour et de charit on n est pas tenu d en chercher Quand on a besoin de plus on s en donne plus Par cons quent la quantit de raison que l on mobilise est proportionnelle aux
3. 7 D une soci t ob issante une soci t communiante En int grant dans cette vision de l Etat bas sur les rapports de puissance et d alliance des affects le jeu produit par le d sir ambivalent de dominer et de r sister propre chacun Spinoza d place l axe de 13 r flexion politique du probl me traditionnel de l ob issance celui de la constitution strat gique du corps r el qu est une soci t nous dit ce sujet Laurent Bove Il s agit pour Spinoza ajoute t il non de contraindre les individus une ob issance plus rationnelle mais de former au contraire les hommes citoyens d velopper les moyens juridiques mais surtout effectifs de r sister activement toute les formes de domination et les rendre mieux capables d inventer ensemble gr ce cette puissante vigilance une soci t autonome cr atrice de libert cette vraie libert qui est celle favorisant la puissance n cessaire mieux se conserver Fond e sur la prudence le fameux Caute de Spinoza Bove identifie cette libert un corps politique capable d instaurer une fraternit intrins que voir R gis Debray ce sujet g n rant une jouissance de vivre ensemble dans un sentiment d galit C est l intervention ind finie de la cause ad quate que l on pourrait aussi nommer n cessit ultime qui doit assurer la conservation d un tel tat dynamique et n guentropique et qui constitue une fois
4. ducation pour tre Dupouey souligne de son c t que la IV me partie de l Ethique examine les conditions de la servitude humaine d finie comme l impuissance humaine r guler et contr ler les affects Cette impuissance consid r e par toute une tradition morale et religieuse comme un perversion de l homme qu on ne sait que d plorer ou ha r quand il faudrait la comprendre pour y mettre fin Spinoza examine dans cette partie que cette erreur tient l anthropomorphisme qui font juger par les hommes toutes choses partir du mod le que leur offre leur propre pratique et voient dans la Nature des fins de la perfection et de l imperfection du Bien et du Mal Si ces notions ne sont pas abandonner il faut cependant nous dit Spinoza les rapporter un usage rationnel et les rapporter au d sir humain qui les fonde 3 La Joie comme d terminant de la conscience humaine La Joie de Spinoza est une forme de joie qui transcende celle des simples chatouillements titilliatio que procurent certains plaisirs imm diats et qui n affectant que quelque partie de l tre n atteignent pas la puissance de la gait hilaritas tat dans lequel toutes les parties de l tre sont affect es galit Le chatouillement focalis n est cependant condamnable selon lui que lorsqu il est excessif et bouleverse l quilibre de notre tre corporel ou spirituel gloutonnerie pratique sportive exces
5. gie bien s r le droit naturel des organisations autor gul es selon des principes que l on dirait aujourd hui d riv s des contraintes thermodynamiques La l gitimit d un souverain quelconque ne peut tre issue selon lui que de sa puissance perp tuer son tat d existence et de continuation de l tat de nature Ce n est rien moins qu un naturalisme radical et dynamique comme substitut la th se du contrat artificialiste aujourd hui en crise observe ce sujet Chantal Jaquet Ce qui est tr s loign de la conception de Hobbes contemporain de Spinoza qui affirmait a libert de chacun d user comme il veut de son pouvoir propre pour la pr servation de sa propre nature autrement dit de sa propre vie et en cons quence de faire tout ce qu il consid rera selon son jugement et sa raison propre comme le moyen le plus adapt cette fin L viathan chapitre XIV cit par Dominique Weber Ce contrat social implique dans ce contexte un abandon in vitablement forc au sein d une soci t donn e d une part du droit naturel qui serait celui des individus au profit d un pouvoir souverain artificiellement cr Pour Spinoza le droit ultime reste celui de la nature tandis que pour Hobbes le droit naturel laisse le champ libre aux cr ations des actes de volont Comme l exprime Dominique Weber la discipline collective n cessaire n est rien d autre pour Spinoza
6. l un une consommation triste l autre un pseudo galitarisme tout aussi d sesp rant ou encore un obscurantisme social quasi sans quivalent Ce qui n emp che pas comme le souligne Thomass un r sidu de tristesse parfois irrationnel d tre l aiguillon sans doute indispensable au maintien du conatus en incitant poursuivre une qu te permanente de la joie pleine de l tre Dans ce contexte l autonomie intellectuelle n est pas autarcie comme le souligne encore Pascal S verac penser par soi m me n est pas penser seul mais penser par la n cessit qui nous est commune Elle constitue une partie de cette puissance qui constitue notre conatus 4 La capacit mim tique comme moteur de la joie spinozienne Pour perfectionner notre puissance donc notre Joie et comme il n est pas possible d finir l homme la seule voie qui se r v le dans les communaut s humaines est la cr ation de mod les qui vont na tre de leur d sir rationnel de vivre selon les lois de leur propre nature ce sera par exemple le Paradis terrestre des h breux le Nirvana chez les bouddhistes ou le Grand Soir de l aspiration communiste Pour Baruch Spinoza ce qui distingue donc le d terminisme de l homme par rapport celui des autres tres vivants est cette capacit d imiter les affects de ses semblables ou de ceux qu il croit semblables lui Mais pour Baruch Spinoza la seule vraie libert est de conna tre ce qui
7. Principe de Pr caution Citton remarque aussi que toute la pens e de Baruch Spinoza para t relever d une conomie g n ralis e par les rapports qu entretiennent les tres vivants et que bien avant Darwin il voquait d j que la Nature se compose de ceux qui se trouvent les plus aptes re produire 3 Comprendre la r alit ultime Quelques l ments de l enseignement de Siddhattha Gotama dit le Bouddha 2011 non publi R sum par Jacques de Gerlache 18 leur existence au d pens des plus faibles qu eux Il s agit pour chacun d assurer la reproduction de son existence avec autant de prudence que possible ce qui implique de ne pas puiser les ressources dont nous sommes d pendants En voquant la mondialisation Citton consid re citant Etienne Balibar dans un petit essai sur Spinoza et la politique que si la force de la loi tient sa conformit avec les affects de la multitude si la r alit du pouvoir tient au flux de d sirs et de croyance qui circulent dans cette multitude alors le statut de la politique l re de la mondialisation d pendra largement entre autres choses des images et des informations qui circulent en son sein C est ainsi la convergence de croyances collectives et de d sirs partag s qui am nent les citoyens du monde sentir bouger agir ensemble dans des hol collectives susceptibles de former une forme d entit collective Cette mondialisation des con
8. celui qui a le pouvoir de se d lier d un engagement n a pas en r alit c d de son droit il n a donn que des mots Si l homme n est qu une partie de la nature qui ne peut se concevoir sans les autres et ces causes externes ajouterons nous il faut n cessairement penser l institution humaine en se fondant sur l interd pendance des parties leurs relations et interactions et non pas sur leur s paration et leur autonomie illusoire commente Chantal Jaquet en ajoutant ce concept qui met en jeu la pluralit des hommes ne renvoie pas seulement un nombre ind termin et l addition de particuliers il d signe un ensemble d individus susceptibles de devenir une communaut en raison de leurs rapports de convenance et d affectifs de plus en plus complexes qui par le jeu de l imitation des affects le partage des craintes et d aspirations communes on retrouve ici les logiques de tristesse et de joie se r gule pour former un corps politique dot de r gles exprimant la puissance collective Plus nombreux ils auront t mettre en commun tout ce qui les rapproche plus de droit auront ils tous ensemble Trait Politique Il 13 6 Syst mes de pouvoir et libert entre individualisme et communautarisme formule de Malebranche Agissant avec des fous il s est servi d une esp ce de folie pour les rendre sages Pour ce qui est de la conduite des Etats Spinoza privil
9. de la nature humaine et de ses affects pourquoi et quand ces exigences ont fonctionn ou cesser de fonctionner quand elles n ont plus r pondu aux conditions de leur propre l gitimit Moreau revient sur l analyse par Spinoza de la soci t refond e par Mo se au sortir d Egypte pour g rer le conflit entre riches et pauvres en restreignant tiens tiens l cart de fortune possible entre les deux ig Principe d mergence introduction au paradigme des couples symbiotiques en pr paration 12 cat gories entre pr tres et princes en accordant aux pr tres la d fense de la Loi sans exercer le pouvoir et la n cessit de cr er un seul peuple par l instauration du monoth isme inspir sans doute par l exemple gyptien de Akenaton dans lequel tous ob issent au m me dieu plut t qu au m me homme C est une forme certes de r gne du peuple nous dit Moreau o chacun n est soumis qu la Loi si le mod le failli c est parce que tr s vite suite l pisode du veau d or les pr tres n ont plus t choisis qu au sein d une seule tribu ce qui devint au fil du temps une source de ressentiments qui ne sera pas compens e au contraire par le rem de temporaire du choix du r gime monarchique Ce qui fait dire Moreau que les Etats sont plus menac s par leurs propres citoyens que par les invasions trang res Ce qui cr e les peuples ce sont les m urs la langue la cul
10. encore le vrai substrat de la libert au sens spinozien Ce qui implique la mise en uvre d un ensemble complexe et irr ductible de m canismes r gulateurs d j voqu s pour d crire la nature des structures de commune union de nature proprement biologique ensemble par lequel ici aussi le corps politique pourra assurer la l gitimit de sa p rennit Contrairement ce pensait Ren Descartes tant le libre arbitre que la libert individuelle sont indissociables de la nature biologique mais aussi sociale et communautaire d une humanit intrins quement enracin e dans la nature Laurent Bove r introduit ici la notion de hilaritas d crite dans Ethique III 11 scolie qui pourrait selon lui correspondre particuli rement au concept de confiance d mocratique toujours construire et d finie comme un affect de joie toujours bon et qui ne peut avoir d exc s Ethique IV 42 rapport la fois l me et au corps quand toutes les parties d un tre sont affect es galit soulign par lui Peut on trouver meilleure r sonance avec le concept d mergence et celui bien compris d il du cyclone Ou avec le sentiment de l ap tre Pierre sur la montagne lorsqu il sugg re Et si nous b tissions trois tentes L hilaritas ajoute un Bove un peu lyrique offre ainsi l affect m me du plaisir de vivre ensemble du d sir ou de l amour de la paix et du bien commun
11. est pleinement utile augmenter la joie et le conatus cette puissance indispensable conserver cet tat mergent particulier qu est la nature consciente d elle m me Si je ne commets pas de crime disait Spinoza ce n est pas parce que c est interdit c est simplement que je sais que cela n est pas bon pour ma nature Cette capacit mim tique peut cependant produire le meilleur comme le pire car l homme ne sait pas toujours pr cis ment qui il est et donc ce qui contribuerait perfectionner sa propre nature dans le respect des lois fixes de la nature A chacun sa libido rel ve ce sujet Ariel Suhamy en citant le passage de l Ethique ou Spinoza explique en quoi la libido du cheval n est pas celle de l homme Ethique III 57 scolie 5 Une recomposition des liens sociaux comme alternative naturaliste au contrat social artificiel pour l panouissement des communaut s humaines Pour Chantal Jaquet la doctrine de Spinoza est r aliste en ce sens qu elle ne cherche pas inventer un homme nouveau d une nature diff rente projets qui d bouchent souvent sur des pratiques totalitaires Spinoza s efforce simplement de penser les conditions qui permettent l homme tel qu il est d atteindre un maximum de puissance et de libert au sein d une communaut en paix ayant pour finalit premi re de se conserver elle m me Refusant donc l id e d un changement radical de la nature humaine Spinoza con oi
12. et de perp tuer un tat naturel Cet tat auto organis a ainsi l opportunit de forcer des r gles de vie communes qui s imposent et qui ne sont pas simplement choisies par la volont de leurs entit s constituantes et en ce sens impossible r soudre par le seul biais d un juridisme artificiellement instaur Tel pourrait tre le cas en particulier des contraintes dites cologiques qui devraient merger y compris dans leurs dimensions sociales et d mographiques C est remarque Nicolas Duvoux aussi le cas de nos organisations sociales actuelles marqu es par les caract ristiques du contrat social Les interventions des institutions y sont con ues dit il comme des instruments juridiques et individualis s alors que ceux ci sont le plus souvent per us par leurs b n ficiaires comme autant de vecteurs d un soutien affectif avec un tendance le contrer quand les situations 11 en cause sont per ues comme en partie produites par la soci t ch mage collectif immigration manque de logements ou de formation Spinoza justement accorde une grande importance aux dynamiques affectives dans les implications sociales des organisations Et Duvoux de citer ce passage du Trait Politique aussi longtemps que le droit naturel humain sera d termin par la puissance de chacun ce droit sera en r alit inexistant ou n aura qu une existence purement th orique puisqu on n aura
13. exigences de chacun envers les mots D autre part Spinoza explique que notre salut est proportionnel notre pratique de la vertu car c est lorsqu ils font des actions concr tes que les hommes jouissent effectivement de ce qu est la vertu En aucun cas souligne Rovere le salut n est proportionnel la raison car le d sir de salut est gal chez tous et il ne passe que tr s in galement par le chemin de la raison Pour le sage spinoziste rel ve Dupouey Ethique IV proposition 67 la mort n est qu un accident de la nature qui op re la d composition du tout que nous formons Elle n a rien d un myst re et surtout la v rit de l homme n est pas le n ant auquel comme tre fini il est destin mais la manifestation pleinement positive de sa puissance vitale 7 Maxime Rovere La joie mode d emploi Dossier Spinoza in Le Magazine litt raire janvier 2010 17 Nous retrouvons tonnement ici quelques grands principes exprim s des mill naires plus t t par Siddhattha Gotam dit le Bouddha Notamment sa quatri me Noble V rit qui voque le Sentier Octuple devant mener chaque individu l abandon des conditions maintenant l tat d impermanence Il s agit d adopter dans chaque cas la mani re juste compr hension juste pens e juste parole juste action juste moyens d existence justes effort juste attention juste concentration juste Sentier menant un tat de pure joie qui n est pas
14. manifest dans la pratique d affirmation et de 14 r sistance la domination C est l affect d mocratique par excellence toujours construire approfondir et tendre C est aussi le retour une r f rence moins terrienne les 2 3 de la plan te sont recouverts d oc ans plus matriarcale aussi de notre relation la nature apr s des mill naires pass s rechercher ou rejeter les fondements m mes de la nature humaine dans les cieux et dans l illusion de dieu x Dieux syst matiquement domin s par les figures m les qui les peuplerai en t souvent anthropomorphes mais n anmoins inaccessibles sinon par l illusion d une foi Mais souligne Dupouey dans la pr face du Trait th ologico politique Ch XVI ce sont nos modernes Droits de l homme que Spinoza met en quelque sorte en cause si elles sont inscrites dans la dimension issue d un suppos droit naturel Ce que veut dire Spinoza selon Dupouey c est qu il est vain d essayer de faire parler la nature le langage du droit La nature ne prescrit rien n interdit rien de permet rien Il n y a de droit qu artificiel Si l on veut qu il y ait un droit au vrai sens du terme et Spinoza le souhaite ardemment il faut l instituer l id e de droit naturel appara t comme une id e m taphysique impliquant une transcendance incompatible avec le naturalisme Et dans ce contexte les institutions de la c
15. passions et nos affects elle ne peut que les comprendre S parer et opposer le mode de fonctionnement de l homme dou de libert et celui de la nature r gie par la n cessit est un leitmotiv des discours th ologiques et de bien des th ories philosophiques dont le cart sianisme Mais pour Spinoza c est cette s paration qui est la racine de notre ali nation comme le souligne Dupouey Ethique III pr face car l homme n est pas un tre part et sa lib ration l tat qu il qualifie de b atitude passe par une compr hension d terministe de ses conduites en prenant sur l univers affectif le point de vue rationnel de la science Dans le Court trait chapitre X Spinoza affirme que le bien et le mal ne sont autre chose que des relations il est hors de doute qu il faut les ranger parmi les tres de Raison ajoutant plus loin que tous les objets qui sont dans la Nature sont ou des choses ou des effets et que le bien et le mal n tant ni choses ni des effets aussi bien le bien et le mal n existent pas dans la Nature Mais ainsi que le souligne Dupouey si il n y a pas plus reprocher ses folies l insens qu la temp te de se d cha ner comme il y a une diff rence entre le sage et l insens telle celle entre le temp te et le beau temps pour tre n cessaire la temp te n en est pas moins dommageable et ce titre pour Spinoza nous avons le droit c est
16. que le r sultat de la conjonction de forces qui ne sont pas voulues par un engagement mais na t du d veloppement m me des relations interindividuelles Dans l esprit spinoziste ce pouvoir est constituant nous dit Hadi Rizk parce que la multitude agit continuellement sur elle m me par le jeu des affects qui produit m caniquement une discipline collective Celle ci se transforme en coop ration sous la forme d une liaison de plus en plus ad quate et active entre individus de passive et subie la relation devient active et voulue ainsi c est travers l mergence d une autorit consentie que la multitude s approprie au sein d un corps social individualis et qu elle organise le pouvoir puis le distribue entre ses membres Le r le de la politique consiste favoriser cette constitution par un syst me institutionnel op ratoire La crise actuelle ajoute Hadi Rizk tient en partie la frustration qu engendrent l exc s de repr sentation et le 4 Ces th ories ont t amplement confirm es ces derni res d cennies par les avan es en thermodynamique des syst mes et organisations complexes et les acquis de la neurobiologie voir annexe 10 d ficit d intervention d mocratique les citoyens appel s d l guer leur pouvoir ne s identifient plus suffisamment une sc ne politique qui leur chappe face un syst me institutionnel et professionnalis qui n est plus que la mise en spec
17. Le naturalisme de Baruch Spinoza ou Comment d passer les limites du paradigme civilisationnel occidental Jacques de Gerlache version Janvier 2015 La nature est toujours la m me et a partout une seule et m me vertu et puissance d agir c est dire les lois et les r gles de la nature selon lesquelles tout se fait et passe d une forme dans une autre sont partout et toujours les m mes et par suite il ne doit y avoir galement qu une seule et m me fa on de comprendre la nature des choses savoir par les lois et r gles universelles de la nature Baruch Spinoza Ethique Ill Pr face De la raison de traiter les vices et les inepties des hommes de fa on g om trique Plan du contenu De l unit de la nature et de sa n cessit Le d sir spinozien comme force et thique de l homme dans la nature La Joie comme d terminant de la conscience humaine La capacit mim tique comme moteur de la joie spinozienne Une recomposition des liens sociaux comme alternative naturaliste au contrat social artificiel pour l panouissement des communaut s humaines 6 Syst mes de pouvoir et libert entre individualisme et communautarisme D une soci t ob issante une soci t communiante 8 Le naturalisme de Spinoza face aux limites du paradigme civilisationnel occidental TFwNnR N 1 De l unit de la nature et de sa n cessit Baruch Spinoza parmi les premiers dans
18. aucun moyen assur de le conserver Dans ce contexte Spinoza observe que la nature humaine impose des contraintes produites par la Nature m me auxquelles il est impossible de se soustraire ind finiment Des lois et des affects naturels invariant e s pars ment le corps l imaginaire et l histoire des hommes auxquels ils ne peuvent compl tement d roger Ni un discours moral ni une r pression ne peuvent les emp cher mais dans certaines limites les hommes ont acquis et conserv la capacit n cessit de vivre ensemble parce que ces affects sont des forces qui peuvent tre orient es encadr es par d autres celles des moeurs des lois des usages C est d j ce qui explique que tout change parce que rien ne change comme le d montrera Jean Fran ois Kahn Comment des individus comme des particules ou des macro mol cules peuvent ils doivent ils vivre ensemble Cela reste le c ur de l enjeu m me de la r flexion du Paradigme des couples symbiotiques La voie troite de la Politique voqu e par Pierre Fran ois Moreau passe donc par le respect de deux refus nonc s par Spinoza le refus de la tyrannie et de tout r gime qui conc de certains hommes un droit absolu de tout commander et le refus de l utopie qui supposerait que les individus humains peuvent dominer facilement leurs passions De la lecture de l histoire ou du r cit biblique Spinoza d j avait per u les exigences
19. e partie du Court Trait Patrick Dupouey souligne que dans son Trait de la R forme de l entendement 8 18 24 Spinoza note que si la philosophie est une qu te de sagesse et du bonheur elle doit commencer par valider les instruments intellectuels l aide desquels nous pr tendons y parvenir c est dire laborer une th orie de la connaissance Ce que Spinoza appellera l imagination est un r gime de fonctionnement de l esprit qui permet d encha ner les pens es selon l ordre fortuit impos par les rencontres de la vie Cette forme du conna tre reste cependant encha n la n cessit du cours ext rieur des choses et ne permet pas la lib ration Les autres genres de connaissance ressortent de la raison qui permet l esprit d enchainer les id es selon l ordre n cessaire de leur connexion objective Cela peut se faire discursivement par exemple dans la d duction d un raisonnement math matique mais aussi intuitivement lorsque cette saisie rationnelle elle aussi a lieu instantan ment Cette science intuitive dont Spinoza ne donne pas beaucoup d exemples par laquelle l esprit peut s unir intellectuellement la n cessit universelle qui est sa conception de Dieu est le fondement et la condition de possibilit de notre accomplissement supr me que Spinoza nomme nous le verrons plus loin b atitude Pour Spinoza cette pers v rance et cette puissance ainsi soulign es ob issent la seule logiq
20. en avoir en app tit sinon ce qui est n cessaire et d une fa on absolue nous ne pouvons trouver satisfaction qua dans le vrai et par cons quence l effort de la meilleure partie de nous m me convient avec l ordre de la nature enti re 2 Le d sir spinozien comme force et thique de l homme dans la nature Nous appelons la deuxi me connaissance Croyance parce que les choses que nous saisissons par la raison seulement ne sont pas vues par nous mais nous sont seulement connues par la conviction qui se fait dans l esprit que cela doit tre ainsi et non autrement Nous appelons connaissance vraie celle qui s aquiert non parune conviction n e de raisonnements mais par sentiment et jouissance de la chose elle m me et elle l emporte de beaucoup sur les autres Court Trait chapitre Il Ce qu est l opinion la croyance la connaissance vraie Pour Baruch Spinoza puisque nous sommes largement d termin s par des causes ext rieures nous ne sommes pas la cause libre de nos id es rationnelles ou ad quates mais nous en sommes la cause ad quate la cause qu il suffit de retenir pour expliquer nos propres id es Un individu peut tre autonome il ne peut vraiment tre libre Spinoza pr cise Danino affirme en effet que le conatus cette structure d sirante de l homme utile sa propre conservation c est aussi le d sir cupiditas l app tit d fini par Spinoza comme l esse
21. int de vue que Spinoza tient J sus pour le plus grand philosophe non pas dans l incarnation ou sa divinit un Dieu homme c est un cercle carr ni les miracles ni la r surrection contraire aux lois de la nature donc de Dieu Trait Th ologico politique et lettre 78 Oldenburg Pour Spinoza J sus a compris imm diatement par la seule raison la nature du souverain bien et la voie qui y m ne et les a communiqu aux hommes en s adaptant leur capacit rudimentaire de compr hension sous la forme d images et de paraboles Et Dupouey de reprendre la Chantal Jaquet montre en quoi cette vision d velopp e par Spinoza dans son Trait politique se distingue fondamentalement du Contrat social cher Jean Jacques Rousseau Pacte dans lequel des hommes en conflit s engagent respecter des lois communes et vivre en bonne entente Il s agit d une th orie des liens et des relations qui se nouent au sein d une multitude Mais pour Spinoza le libre arbitre n tant qu une illusion n e de l ignorance des causes qui nous d terminent nous sommes en 1670 cela m ne penser faussement la constitution d un Etat dans lesquels les hommes s engagent respecter autrui pour voir leurs propres droits respect s alors qu en r alit ils ne peuvent ma triser et viter de p tir de multiples causes externes qui leur chappent et chappent au respect de leurs engagements D ja
22. it ne sont encore que le moyen pour les hommes conscients de leur int r t bien compris de satisfaire aux exigences de leur d sir go ste De la nature la politique il y a donc la m me continuit que de la nature l thique 8 Le naturalisme de Spinoza face aux limites du paradigme civilisationnel occidental Si nous loignons une motion de l me autrement dit un affect de la pens e d une cause ext rieure et la joignons d autres pens es alors l Amour ou la Haine l gard de la cause ext rieure ainsi que les flottements de l me qui naissent de ces affects seront d truits Ethique 5p2 Dans le contexte de la dichotomie Cybern tique Complexit observe Kevin von Duuglas Ittu cette proposition subsume l ensemble de la psychologie de Spinoza qui dans son quatri me livre exprime sa remise en question de la tentation d attribuer la valeur syst mique bon mauvais d un changement des v nements ext rieurs Pour le dire 6 Kevin von Duuglas Ittu Bousquet Deleuze Philosophy Spinoza HTTP KVOND WORDPRESS COM 2009 09 02 IS SPINOZA A CYBERNETICIST OR A CHAOCOMPLEXICIST y September 2 2009 15 en termes cybern tiques poursuit von Duuglas lttu quand le corps humain l esprit du syst me quitte un tat d quilibre volue vers un tat de moindre ou plus grande puissance la valeur bonne ou mauvaise du changement du syst me en est d mesur ment attribu e cette cause e
23. le monde occidental eut l intuition de l unit de la Nature comme certaines philosophies du monde extr me oriental l expriment depuis bien longtemps De fait le 1A partir notamment des contributions de sp cialistes de Spinoza publi s dans un num ro sp cial lui consacr par Le Nouvel Observateur en ao t 2009 Compl t ensuite notamment par des commentaires de Patrick Dupouey sur des extraits de son oeuvre traduits par lui rassembl s et lus dans une r alisation CDs de Fr meaux Associ s 2012 Dieu de Spinoza n est autre comme le souligne Philippe Danino que la Nature elle m me d finie par sa puissance puissance d agir de se produire de se reproduire et de se conserver elle m me dans ce qu il nomme le conatus cet effort de pers verer dans son tre Chaque chose singuli re plante insecte homme tant partie de cette puissance infinie ne fait aussi qu agir sa mani re pour la conserver Comme le dit Laurent Bove cet effort de pers v rence en acte est une puissance n guentropique ajouterons nous activement strat gique d affirmation et de r sistance de la chose tout ce qui pourrait entraver sa pers v rence infinie VII Chaque chose particuli re qui vient exister r ellement devient telle par le mouvement et le repos et ainsi sont tous les modes dans l tendue substantielle que nous sommes des corps Note de Spinoza dans la pr face de la Deuxi m
24. nce m me de l homme Et c est dans ce contexte qu il exprime ce qui est une chose bonne nous ne nous effor ons rien ne voulons n app tons ni ne d sirons aucune chose parce que nous la jugeons bonne mais au contraire nous jugeons qu une chose est bonne parce que nous nous effor ons vers elle la voulons l app tons et d sirons Ethique III prop 9 scolie Tel un oiseau qui doit composer avec le forces externes comme celle du vent souligne Patrick Dupouey pour Spinoza dans sa lettre 58 Schuller on peut hi rarchiser les tres et parmi eux les hommes selon leur capacit plus ou moins grande chapper la contrainte des causes externes pour expliquer et agir en vertu d une causalit intrins que N est ce pas l une intuition du principe de dissipation maximale qu il faudra attendre de voir formul par Alfred Lotka avant Prigogine Dewar et d autres au XX me si cle Spinoza la diff rence de Descartes avec qui Danino le compare ne pose pas le probl me moral d une action ou d une valeur mais un probl me thique qui consiste passer d une modalit d existence marqu e par la passivit et la servitude une autre marqu e par l activit et la libert Il n y a pas pour Spinoza ind pendance d une me qui serait le fondement d un libre arbitre permettant de nous d terminer sans contrainte ext rieure et qui pourrait nous permettre d agir ainsi sur nos
25. sans rappeler le Caute de Baruch Spinoza qui de m me ne d finit pas la joie par son contenu mais par sa dynamique de connaissance Il s agit aujourd hui de reconsid rer la lumi re de cette re lecture de Baruch Spinoza la conscience relationnelle de l tre comme partie de la nature de la Terre Patrie comme l noncent Edgar Morin et Anne Brigitte Kern Pour Arne Naess cit par Yves Citton parler des interactions entre organisme et le milieu naturel ou l environnement induit une fausse perspective parce qu un organisme EST en soi le r sultat d interactions multiples au sein m me de ce milieu Dans la deuxi me partie de l Ethique souligne Citton Spinoza tablit la d finition de l individu tous niveaux non tant sur base de la s paration spatiale entre un dehors et un dedans que sur le fait de bouger ensemble et agir ensemble selon des intensit s communes sera consid r comme individu tout ce qui conspirera la production d un m me effet Citton souligne aussi que d une part la prudence dont Spinoza avait fait sa signature Caute et la plus haute des vertus humaines et d autre part la conscience de n exister qu il d finit comme un n ud de relations fragiles au sein d un environnement aucunement pr dispos pour notre bien trouvent tout leur sens aussi bien en rencontrant nos inqui tudes actuelles que dans l invocation r p t e de notre soci t occidentale d un
26. sciences comme des modes de vie via un r seau global d interactions peut ici aussi g n rer le meilleur comme le pire du point de vue de la libert spinozienne la meilleure intelligence de nos solidarit s tout comme la contrainte aux lois insoutenables d un march pr dateur sourd et aveugle aux signes de ses d s quilibres intrins ques Nous estimons ainsi impossible que Dieu se soit fait conna tre aux hommes par quelque signe ext rieur que ce soit En aucun cas par des mots car si cela tait il faudrait que l homme e t connu la signification de ces mots avant qu ils fussent prononc s Court Trait Deuxi me partie chapitre XXIV De l amour de Dieu pour l homme Quelqu un qui r ve peut bien penser qu il veille mais quelqu un qui veille ne peut penser qu il r ve Court Trait Deuxi me partie Chapitre XV Du vrai et du faux Annexe en pr paration O0000000000000000000 19
27. sive avarice autant que toute forme d addiction ou de compulsivit Balthazar Thomass observe que Spinoza ne d finit pas la joie par son contenu mais par sa dynamique de connaissance La joie ne consiste pas voir la vie en rose mais en une progression nerg tique a priori sans limite qui concerne bien s r autant notre esprit que notre corps ces deux faces indissociables d une m me nature c est pour Spinoza le passage d une moindre perfection une plus grande une arme contre toute forme d ali nation A l oppos remarque encore Thomass la tristesse la m lancolie la d pression affecte la totalit de notre tre et constitue la b te noire de Spinoza Cet alanguissement ne rend pas seulement faible mais b te et donc contrarie le maintien du conatus Pour chasser la m lancolie et restaurer la joie Spinoza pense que le chatouillement us mod r ment est indispensable et qu interdire le plaisir ou le divertissement n est qu une torve et triste superstition Ethique IV 45 On retrouve pratiquement dans cette vision des racines du bouddhisme Thomass fait le lien ici avec Gilles Deleuze qui ne cessait de r p ter que le propre de tous les syst mes d oppression et de domination est de manipuler la tristesse dans le but de soumettre Celui par exemple des syst mes qu ils soient capitalistiques communistes ou islamo int gristes qui entretiennent la frustration pour soutenir
28. t celle ci comme une puissance d agir dynamique et productrice d effets qu il s agit simplement de mieux d ployer de recomposer pour utiliser une expression ch re Jean Fran ois Kahn Dans le domaine politique cela revient passer d un Etat moraliste qui gouverne bon droit l Etat le meilleur qui gouverne au mieux en comprenant mieux par la raison le pourquoi de l impuissance des passions Avec comme ambition de produire d autres affects qui contre balan eront ces passions ou les supplanteront par d autres r seaux de causalit engendrant moins de servitudes et plus de libert Comme soulign par Patrick Dupouey de diverses Propositions de l Ethique IV il appara t que pour Spinoza l go sme du conatus d bouche naturellement et non par l effet de contrainte d une raison impos e de l ext rieur sur la sociabilit la concorde le civisme et toutes les vertus de la vie en commun Le sage a compris note Dupouey que la soci t si imparfaite soit elle est la condition pour atteindre ce but Spinoza analyse t il trace le chemin vers la sagesse sans se faire trop d illusions sur la capacit du plus grand nombre s y engager Tous en sont capables Mais il faudra du temps et des conditions qui sont celles justement que r unit la vie sociale Pour y parvenir la plupart n auront d autre voie que celle des religions et des morales traditionnelles Patrick Dupouey note de ce po
29. tacle de leur impuissance Le nouveau n potisme li l apparition de v ritables dynasties de fils fille de au sein de la classe politique de nos pays et qui n est donc pas sp cifique aux anciens pays colonis s participe ce risque pour les citoyens de souffrir d un d ficit croissant de conscience de soi Comment d s lors faire exister un corps politique qui n est pas tout fait aussi d termin qu un organisme vivant C est toute la question du sens donner nos projets de soci t et nos institutions La seconde moiti du Trait Politique y tait d j consacr e Dans la monarchie spinoziste par exemple le roi est seul d cider mais en r f re un Conseil consultatif manant d assembl es territoriales Cela a avantage de faire remonter au niveau du Conseil une opinion majoritaire La d cision du monarque doit tre consid r e comme l gitime parce qu elle personnifie l expression de l unit ce qui n emp che que l on doit y r sister en cas d abus de pouvoir D autres cas de figure sont voqu s chacun tentant de cr er les conditions d un quilibre stable mais dynamique et assurant une s paration des pouvoirs le r gime aristocratique le r gime f d ral ou le r gime d mocratique dans lequel il convient de mener les hommes de telle fa on qu ils ne croient pas tre men s Il s agit ici encore d envisager un tat auto organis r pondant au besoin de maintenir
30. ture et si l identit qui en r sulte se perd les meilleures institutions finissent par s effondrer Voil les pertes qui minent aujourd hui tant de pays comme l Irak l ex Yougoslavie les pays africains sans parler de la Belgique ou m me de l Union europ enne Un facteur qui peut contribuer la stabilit des institutions voqu par Spinoza est analys par Thierry M nissier c est l illusion de libert de vivre selon son libre d cret illusion entretenue par l attrait et l espoir des honneurs Spinoza est convaincu que rien n excite plus la vertu que l espoir permis tous d atteindre aux plus hauts honneurs car tous nous sommes mus principalement par l amour de la gloire Trait politique VII 6 Ce que les princes machiav liques et organisateurs de la soci t capitaliste ont bien int gr en multipliant l intention de la masse des individus les courses aux records honneurs et gloires t l visuelles et m diatiques les plus d risoires humiliantes et ph m res qu il soit possible d envisager Spinoza note pourtant ce sujet que c est aux esclaves que l on donne des r compenses pour bonne conduite et qu il est vident que l galit dont la perte entra ne n cessairement la ruine de la libert commune ne peut tre maintenue sit t que des honneurs extraordinaires sont d cern s par une loi de l Etat un homme qui se distingue par son m rite Trait Politique X 6
31. ue de n cessit de la Nature consid r e globalement comme un syst me n cessit ultime de nature 2 1 1 y 3 m Cela voque trangement une science syst mique rationnelle et compl mentaire la science discursive dont l encore Spinoza nous montre une bien surprenante intuition qui a cruellement manqu Descartes et donc jusqu aujourd hui toute la pens e occidentale thermodynamique pourrait on dire aujourd hui en r f rence son second principe qui exclut toute dimension proprement m taphysique dont le dualisme propre Ren Descartes n a pu compl tement s abstraire Cette n cessit ultime qui exprime une forme de finalit naturelle et n cessaire fut de fait d lib r ment ignor e puis chass e du paradigme mat rialiste naissant alors au nom d une pseudo rationalit Avec comme cons quence que depuis pr s de trois si cles la pens e occidentale se contraint ignorer voire nier une dimension pourtant d terminante de notre r alit biologique La puissance humaine dit Baruch Spinoza Ethique IV Appendice chap 32 est tout fait limit e et infiniment surpass e par la puissance des causes ext rieures Et par la suite nous n avons pas le pouvoir absolu d adapter notre usage les choses qui sont hors de nous En tant que nous comprenons par notre intelligence cette meilleure partie de nous m mes nous ne pouvons ri
32. us avons montr que la Volont n est pas une chose existant dans la Nature mais seulement un fiction qu on n a pas besoin de demander si elle est libre ou non Nous avons dit que le Conna tre est une pure passion c est dire une perception dans l me de l essence et de l existence des choses de sorte que ce n est pas nous qui affirmons ou nions jamais quelque chose d une chose mais c est elle m me qui en nous affirme ou nie quelque chose d elle m me Court Trait chapitre XVI De la volont C est donc un v ritable naturalisme qu explore Baruch Spinoza dans sa pens e relationnelle naturalisme correspondant point par point aux caract ristiques pr sent mieux identifi es des commune unions mol culaires cellulaires organismiques ou cologiques dot es de m canismes complexes et entrem l es d autor gulation La r sonance actuelle de l uvre de Spinoza analys e par Yves Citton avec les enjeux cologiques et de mondialisation en soulignent l vidence Nous envisageons enfin trois si cles plus tard que tous les tres sont en effet des modes des parties de la nature dont la nature seule dans sa 16 globalit est la substance m me La d marche de d santhropomorphisation de notre perception du monde fait progressivement contrepoids au paroxysme de la pens e dualiste de Ren Descartes Commenc e en r alit d s l ge n olithique et la naissance de
33. xt rieure Lorsque l exp rience est n gative par exemple une rupture de la coh rence interne du syst me ressentie comme de la tristesse le syst me lui m me s loigne de tels v nements pour revenir l quilibre risquant une stase fixe conservatrice induite par la peur Mais quand elle est v cue comme positive c est dire comme une augmentation de la coh rence interne du syst me par exemple ressentie comme du bonheur alors s ensuit une boucle de r troaction positive et le syst me volue vers l amplification de ces v nements en favorisant leur augmentation mais en risquant aussi leur dissolution par un emballement du syst me La psychologie de Spinoza ajoute von Duuglas Ilttu se d marque de l importance de ces d terminants chacun r gi par une attribution d mesur e la puissance d une cause ext rieure Spinoza opte plut t pour une influence du syst me venant de l int rieur dans une valuation de type cybern tique Pour lui ce n est pas du fait de la seule nature de l v nement ext rieur que le passage un tat d sir ou ind sirable est survenu mais plut t dans l ordre m me de notre corps et notre esprit Nous avons t pr dispos s tre affect s d une certaine fa on mais notre tendance cognitive attribuer priori la cause de ces changements quelque cause ext rieure affaiblit in fine notre autod termination et notre libert Je suis aussi d avis puisque no
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