Libérer son travail,
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1. Thierry Nectoux Thierry Nectoux Partenariat CNAM SNES Lib rer son travail agir Sur son m tier Dossier coordonn par Claudie Martens Carole Condat et Nicolas Morvan et r alis par pour le SNES Patrick Bader Michelle Carmes Jean Michel Gouezou H l ne Latger Sandra Matos Catherine Remermier Fr d rique Rolet pour l quipe de clinique de l activit du CNAM Danielle Ruelland Roger et Jean Luc Roger pour les professionnels de l ducation nationale professeurs CPE CO Psy Sylvie Amici Yolande Allognier Laurent Danne Christine Grandjean Marie Jos Houssin Fabrice Madkaud David Mar chal Christelle Serra u quotidien inlassablement les professionnels de l ducation nationale construisent leur m tier voluent dans leurs pratiques travaillent collectivement faire r ussir les l ves par le biais de savoirs vivants et formateurs Cela ne se fait pas sans des difficult s croissantes une fatigue et des interrogations de plus en plus sensibles le m tier traverse une crise dans son c ur m me le travail d enseignement Qu enseigner comment le faire pour quels objectifs dans une soci t de plus en plus travers e par les in galit s une d pense d ducation en r gression une fracture palpable entre les exigences scolaires et une partie des jeunes Ces questions traversent l exercice du m tier requi rent des outils de formation des changes aptes faire merg2. d veloppe ment collectif des mani res de faire et de penser le m tier Il s agit de restaurer dans les deux sens du terme r tablir renouveler le pouvoir d agir des professionnels W 2001 2004 une phase de recherche e Remise d un rapport au SNES Il a permis de valider la possibilit de mener avec des professionnels de l ducation nationale une d marche de reprise en main personnelle et collective du m tier par ceux qui le font 5 D Ea po s S ra 2 SZ LL Q P g O 12 a D marche Richesse collective et libert individuelle H l ne enseignante en histoire et g ographie animatrice de l un des collectifs de professeurs rend compte d une d marche originale hors de tout regard hi rarchique ur ma bo te acad mique je trouve un document transmis par le rectorat Guide des bonnes pratiques p dago giques r dig par les IPR IA La parole des experts Stup faction C est bien la premi re fois que je suis destinataire d une telle note portant un tel titre Indignation la lecture il est vi dent que les r dacteurs vivent sur une autre pla n te ils ne semblent pas avoir de doute sur la faisabilit ni sur la per tinence de leurs prescriptions qu ils ne justifient jamais Col re Une fois de plus des experts nous disent ce que nous devons faire Personne ne m a ne nous a consult s ni demand ce qu il en tait Et pourta
3. et rendre difficile la poursuite du cours la recherche de l coute collective peut s opposer l activit propre de chaque l ve la poursuite du programme peut g ner une v ri table construction des connaissances les objectifs d acquisition de savoirs de r flexi vit et de comp tences peuvent entrer en contradiction avec des modalit s et des conte nus d apprentissages prescrits ou avec la fragmentation du temps scolaire En fin de compte dans leur travail les pro fessionnels de l enseignement sont toujours davantage pris au pi ge de situations o s op posent entre eux les objectifs atteindre Pourtant ils tiennent bon et inventent des solutions qui permettent en g n ral d avancer mais qui sont bien souvent partielles limit es et surtout instables Un v ritable travail sur le travail Une solution est certainement d engager un v ritable travail sur le travail C est ce que propose l quipe de clinique de l activit du CNAM En se confrontant des traces de ce que l on a fait par exemple des vid os de la demande du SNES l quipe de clinique de l activit du Laboratoire de Psychologie du Travail et de l Action du CNAM Conservatoire National des Arts et M tiers m ne une recherche Trois collectifs de professeurs d histoire g ographie philosophie et maths travaillent sur leur travail avec des chercheurs cours il s agit de construire une
4. les tapes du cursus Maintenir des preuves caract re disciplinaire permettant de s assurer que les candidats e Construire la professionnalit Construire la professionnalit sur plusieurs ann es de la pr professionnalisation l ann e de stage Faciliter l entr e dans le m tier premi re ann e de titulaire demi service sans augmentation du stage en responsabilit Sur le terrain retour des collectifs de travail Comment se perdre ou comment s y prendre f l vaut mieux ne pas trop s appuyer sur ce qui a t fait avant avec les l ves ou tout au moins ne pas trop attendre que a marche Voil une surprise pour Marion jeune n otitulaire de math matiques surprise qui entra ne des inqui tudes Du coup je pr pare une heure de cours et j en ai pour toute la semaine et j ai la pression du pro gramme Chance pour Marion c est dans un groupe de travail qu elle exprime son probl me Elle peut se tourner vers ses coll gues a fait forc ment une pression de ne pas pouvoir faire ce qu on a pr vu Non Comment m y perdre Euh m y prendre Ils ne lui r pondent pas directement Mais ils disent qu il leur arrive de faire face au m me dilemme On est toujours bloqu par des calculs simples correspondant des appren tissages anciens et finalement a prend du temps car il faut toujours r expliquer ou un autre On s aper oit que le
5. me dis que s il sort du lyc e avec son bac m me si pour tre chef d entreprise il n a pas besoin de son bac ce ne serait quand m me pas mal qu apr s l entretien il soit un peu en cours Tu ne le vois pas mais l il peut passer le troisi me trimestre tr s tranquillement K Tu es dans l optique de restaurer une dyna mique jusqu la fin de l ann e d j Dans cet change apparaissent des dimensions fon damentales propres un m tier D abord la pres cription est bien l Nos pratiques viennent s ados ser aux textes officiels c est la dimension impersonnelle du m tier La mani re de traiter ce prescrit appara t dans la dimension personnelle le style Quant la dimension transpersonnelle elle est dans l enjeu de l entretien pour cet l ve de Terminale avec un dossier scolaire faible quel sens prend l ouverture du champ des possibles Pour un CO Psy ce m tier c est examiner avec l l ve les diff rentes possibilit s de v ux sans en exclure la possibilit que son dossier soit retenu et la congruence avec son projet personnel Mais c est aussi cr er une dynamique pour permettre l l ve de prendre conscience de ses ressources pour envisager au mieux ses projets Recrutement et formation e Pr recruter et r nover les concours Elever le niveau de recrutement des enseignants et des CPE en recourant de v ritables pr recrutements sur crit res scolaires et universitaires toutes
6. quipe de clinique de l activit du CNAM propose d engager un v ritable travail sur le travail qui gagne partout aujourd hui est une crise de r alisation d effectuation du travail Elle tourne autour de la question que se posent quotidiennement de plus en plus de professionnels Comment faire ce que je dois faire que j ai envie de faire qu on me dit que je dois faire que je me dis de faire et que je n arrive pas faire a crise des m tiers de l enseignement Attentes contradictoires Car les contraintes pesant sur l activit d en seignement et compliquant son exercice se sont multipli es attentes des familles et attentes sociales contradictoires contenus des programmes et apprentissages pressions de l administration prescriptions de plus en plus normalis es organisation des tablis sements conditions de travail etc Ces contraintes sont alourdies par la diversit des comportements sco laires des l ves La quasi disparition des lieux qui per mettaient de d battre ou m me simple ment d changer sur le m tier formation continue r unions p da gogiques a distendu les liens entre pro fessionnels au moment o il aurait fallu les renforcer Ces liens sont constitu s de mani res de faire de concevoir son travail de buts communs de valeurs partag es d finis sant un patrimoine commun des genres pro fessionnels dans lesquels les professionnels du sec
7. t moignant du r el besoin de ce travail de r flexivit Sans doute y a t il l mati re avancer sur l exi gence d int grer dans le service un temps r flexif de travail sur le travail Un autre axe a t exp riment le tutorat des stagiaires Membres d un m me groupe tuteurs et sta giaires ont ouvert des perspectives int res Le travail parlons en Thierry Nectoux santes concernant la transmission de l exp rience professionnelle Les r sultats permettent de retravailler autrement la notion d ac compagnement propos e dans la r forme de la formation Redonner tous une parole offensive sur le travail Enfin et c est sans doute l essentiel les r sul tats obtenus confirment la faisabilit et la n cessit de multiplier des dispositifs permet tant la mise jour et en d bat de la r alit du travail individuel dans le cadre collectif Le SNES envisage concr tement de dupliquer des collectifs disciplinaires dans les acad mies de d marrer l exp rience des collectifs de pro fesseurs de diff rentes disciplines exer ant dans le m me tablissement Des stages natio naux et acad miques sont organis s dans cette perspective L objectif est de redonner cha cun une parole non plus d fensive mais offen sive sur leur travail de lib rer le langage on ne parle plus sur les l ves mais sur son travail et ainsi de gagner un pouvoir d action tr s fort
8. vraie contro verse entre les professionnels hors de tout jugement de valeur sur les fa ons de faire de chacun s interroger sur ses gestes de m tier dans leur d tail s en tonner les confronter ceux des autres pour faire surgir les tenants et les aboutissants de ce que l on fait com ment on fait plut t que pourquoi on le fait Autrement dit mettre au jour le r el de l activit les h sitations interrogations les bifurcations les modifications de son pro jet ce que l on voulait faire mais que l on n a pas fait ce qu on a t amen faire du fait de l activit des l ves ce qui a t trans form dans le cadre m me du cours ce qui est rest implicite ou inconscient ce qui s est fait ou ce qui a t emp ch en pensant aux coll gues aux parents l IPR qui a dit que Penser le m tier Les conflits dans lesquels on est pris peuvent alors se dire et s expliciter pour soi m me En les remettant en dialogue en interroga tions on y trouve de nouveaux chos on r veille des gestes et des fa ons de faire oubli s abandonn s autrefois modifi s Confront s ceux des autres ils s enrichis sent de nouvelles potentialit s On d veloppe ainsi pour soi m me et pour les autres une palette largie de ressources nouvelles ou r activ es qui enrichissent son m tier non pas par l imposition normative de bonnes pratiques mais par le
9. C est pourquoi la clinique du travail que nous proposons sous le nom de clinique de l activit vise le d veloppement du pouvoir d action des professionnels sur leur propre activit dans l organisation du travail telle qu elle est mais contre l organisation du travail au del de l organisation du travail actuelle Sa finalit n est pas fondamentalement de s in digner quoique mais de permettre une prise en main de leur travail par ceux qui le font une m thode d action pour agir sur le travail et sur son organisation Pour parvenir faire autorit sur le travail tendre le pouvoir d agir des professionnels face des pouvoirs trop souvent n cros s et d r alis s W Enjeux Perspectives S emparer syndicalement conception construite des m tiers de second degr m tiers complexes n ces sitant une formation de haut niveau tant scien tifique que professionnelle articul e avec les revendications pour un d veloppement et une am lioration du syst me scolaire e SNES a toujours t porteur d une Aller voir le travail une d marche syndicale Au milieu des ann es 90 les volutions fortes v cues par le second degr sous l effet de la massification rapide ont fait surgir de nouvelles questions tait on enseignant et ou duca teur y avait il un ou plusieurs m tiers de second degr selon les disciplines ou le lieu d exercice que signifiait travailler en quip
10. avec l autoconfrontation aux images de ta classe et de celle de ta coll gue pour qu on trouve du plaisir revisiter une s ance de cours pour qu on se donne le temps de le faire N an moins elles sont rares les occasions d changes de discussions de controverses qu on n arrive plus faire ce qu on pense qu il serait bien de faire d autant que chacun travaille seul et ne voit pas comment font les autres D s lors chacun a tendance accentuer la part qui lui incombe dans les difficult s qu il rencontre Pourtant comme le disait Guilaine tre professeur c est faire un m tier et comme pour sur ce qu on fait ce qu on voudrait faire ce tout m tier il y a des outils Partenariat CNAM SNES x El g 5 Z S Z E 2 re 2 a qui a partag avec Claudine et Line l exp rience des autocon frontations et des changes sur les images de leurs cours tre pro fesseur c est faire un m tier et comme pour tout m tier il y a des outils Maintenant que c est clair pour moi quand je me remets en cause je ne me remets plus en cause en tant que moi Guilaine mais en tant que moi professeur de math matiques qui fais mon m tier Du coup je me pose toujours autant de questions qu avant mais quand je cherche des solutions je ne les cherche plus je dirais dans mes res sources personnelles Comment dire Je ne vais pas les chercher dans mon caract re mais plus dans
11. e Pour r pondre ces interrogations et certaines attaques contre les statuts et l or ganisation du travail qui les accompagnaient il devenait indispensable d explorer plus avant le m tier enseignant pour argumenter plus for tement dans une situation o l on tait press de toutes parts institution enseignants parents d l ves D o le choix du SNES d aller voir de plus pr s en passant par la recherche avec le CNAM sur le travail r el R investir des l ments de r flexion dans les discussions avec le minist re Aujourd hui la tentative de remodeler pro fond ment les m tiers de l ducation est en uvre au travers de la r forme de la formation des ma tres du d veloppement du profilage des postes de la r forme du lyc e de l indivi dualisation des carri res Elle vise imposer une conception d un m tier d fini selon des normes techniques expertes Les r sultats du travail men avec le CNAM peuvent tre de la d marche r investis par le SNES pour d monter cette vision simplificatrice propos e par l institution Ainsi la complexit de l activit dans les m tiers de l enseignement que l on ne peut r duire un ensemble d l ments juxtapos s appara t tr s nettement On est mille lieues du discours officiel et m diatique qui alimente les tentatives de r formes Les coll gues impliqu s dans l exp rience ont du mal s en d tacher
12. e Travail et le D veloppement L US La presse se fait de plus en plus souvent l cho des questions ou tout au moins des probl mes du travail Notamment depuis les cas dramatiques de suicides au travail Comment expliquez vous le retour de ce th me En fait sur fond d int r ts sociaux antago niques on assiste la g n ralisation d une crise du travail humain Partout il est de plus en plus difficile pour les profession nels de tout simplement effectuer leur travail et encore plus de faire du bon travail dont on peut tre fier Cette crise renvoie la complexification de ce qu est l acte de travail Les mutations des objectifs et missions des contenus et m thodes de l organisation ont consid rablement intensifi le tra vail et transform ses composantes laissant les professionnels en difficult pour faire face des situations de travail de plus en plus probl matiques C est ce qui sous tend les injonctions r p t es des instances dirigeantes l engagement de soi des professionnels Car ce sont eux qui en fin de compte doivent en travaillant assu mer les probl mes inventer des solutions tenter de faire tenir malgr tout des situations parfois difficilement tenables Car dans le syst me de domination dans lequel nous vivons au lieu que s instaure un dialogue fructueux entre ceux qui font et ceux qui pilotent il s est mis en place sur une vaste chelle une concepti
13. er les d bats professionnels la parole des enseignants sur leur activit Or l institution au fil des r formes cherche modifier les fa ons de faire des quipes ducatives encadrer le m tier renforcer contr les et prescriptions au d triment du pouvoir de d cision Les injonctions minist rielles s accentuent le renoncement politique une ducation exigeante pour tous se traduit par la volont d largir les missions des enseignants r duire les quipes Des batteries d indicateurs sont mises en place cens es mesurer des comp tences fractionn es alors que ce qui se joue dans la classe articule des donn es tr s complexes En d pit de tout les enseignants les CPE les CO Psy les documentalistes persistent faire vivre leur m tier innovent et op rent les choix propices faire entrer les l ves dans les apprentissages En choisissant de mener un travail de recherche avec le CNAM Conservatoire national des arts et m tiers le SNES a fait le pari qu il tait possible de recr er du collectif de d passer l individualisation voire la psychologisation des probl mes professionnels pour remobiliser le m tier et redonner le pouvoir de d cision aux acteurs W Suppl ment au n 673 du 25 octobre 2008 US MAGAZINE 21 Danielle Ruelland Roger Thierry Nectoux Danielle Ruelland Roger Constat Restaurer son pouvoir d agir Face la crise des m tiers de l enseignement l
14. essionnels l exp rience a t particuli rement enrichissante Ils y ont trouv selon eux ce que ne fournissent ni une formation abstraite ni une simple observation des pratiques des anciens dont ils ne per oi vent que les formes ext rieures et les auto matismes install s Ils ont pu avoir acc s aux diverses fa ons de faire et surtout des d bats partir desquels ils ont pu galit d interrogation avec les anciens laborer leurs propres fa ons de faire On a l un outil d action de formation et de transmission du m tier efficace dont la mise en uvre devrait tre reconnue comme moment constitutif de notre travail I 2008 Le travail se poursuit Des groupes interdisciplinaires ont t constitu s dans deux coll ges difficiles A suivre 2005 2008 une phase d exp rimentation e De nouveaux collectifs de professeurs sont constitu s encadr s par un couple de professionnels animateurs un professeur membre du groupe de suivi CNAM SNES et un professeur ayant particip la premi re phase Un groupe de CO Psy et un groupe de CPE voient aussi le jour e Cette exp rimentation est suivie par les chercheurs de l quipe de clinique de l activit Danielle Ruelland Roger Jean Luc Roger et les duos de professionnels animateurs Ainsi la validit scientifique de la d marche est garantie e L exp rience montre que des collectifs de travail sur le travail peuven
15. face aux experts de l institution I Retour d un stage organis par la FSU Bretagne Depuis plusieurs ann es nous avons acquis la conviction que notre syndi calisme doit int grer dans sa r flexion et ses pratiques les questions rela tives l activit r elle de travail des coll gues C est un des enseignements que nous tirons des stages organis s par l ob servatoire acad mique des contenus et des pratiques les coll gues y trouvent un espace de d bats de confrontation de r flexion libre de tout regard hi rarchique Au fil des ans sans abandonner le travail sur les contenus nous avons la bor des programmes autour de probl matiques li es l volution des nouveaux publics scolaires la mise en activit des l ves la difficult sco laire la tenue de la classe les conduites risques l utilisation des TICE les nouveaux modes d valuation la notion de comp tences Ce faisant nous r pondons une attente des coll gues Il faut cependant aller plus loin pris en tenaille entre les injonctions insti tutionnelles et leur conception du m tier les coll gues doivent pouvoir dis poser des outils n cessaires pour individuellement et collectivement r sis ter et reprendre la main sur leur m tier C est ainsi que nous allons par exemple travailler sur l valuation dans la mesure o les crit res retenus par les IPR de l acad mie visent forcer la mise en uvre de groupes de com p tences l e
16. if d ab sence l entretien avec l l ve et les interruptions qui peuvent le ryth mer Tout en donnant l illusion de s at tacher au comment et d luder le pourquoi ce travail enrichit profond ment ses participants Ils y gagnent en capacit d analyse du r el les possibles au del du r alis et en assurance parce que dans ce cadre c est le profession nel qui est l expert de son m tier y compris face une hi rarchie trop souvent prescriptive En cela ce travail a t ressenti par le col lectif comme mancipateur Maintenant tu sais que tu es l gitime dans tes fa ons de faire Enseigner autrement C est la question dont d battent Fabrice d butant Yolande tr s exp ri ment e et Christelle qui a dix ans d exp rience F Ce qui manque dans le discours institutionnel c est le contexte Toute la diversit des outils qu on nous d livre Si l institution veut qu on s y investisse il faut qu elle trouve d autres moyens pour qu on rentre dans ces outils C Moi je ne demande pas de mode d emploi F Ici dans ce groupe ce que Yolande me donne ce n est pas un mode d emploi Elle explique com ment elle fait et je comprends com ment sa mayonnaise prend Alors je peux essayer de faire prendre ma mayonnaise moi Quand on nous propose des outils en stage ou ailleurs on nous dit vous faites a comme a Apr s il y a une zone d ombre qui est quand m me sacr men
17. if des mani res de faire Le professionnel est confront nouveau ses images en pr sence de l intervenant et d un pair qui s est lui m me confront aux images de sa propre activit C est l autoconfrontation crois e On confronte les mani res de faire Confrontation des mani res de faire l int rieur du collectif de professionnels de d part La confrontation dialogique sur l activit de travail n a a priori pas de limites Le dernier mot n est jamais dit Un collectif de travail Se tissent alors les contours d un collectif de travail qui retend les fils communs du m tier en laissant ouvert le d veloppement du m tier individuel On est aussi loin du travail d quipe qui mod lise les pratiques individuelles sur des normes impos es et culpabilise les professionnels que de la proclamation de la libert p dagogique du professeur r duite de fait un d brouille toi tout seul On est galement loin des d marches d analyse des pratiques elles se contentent du r cit critiqu de ce que fait un professionnel et l analyse finale de la pratique est quasiment toujours effectu e par un sachant On est tr s loin aussi de la vision th rapeutique qui pr tend soigner des individus victimes de leur souffrance au travail La dimension personnelle individuelle du travail et la dimension sociale collective sont ainsi pens es ensemble Pour les plus jeunes des prof
18. mon statut de professeur Je me dis qu est ce que je peux faire pour faire face cette situa tion Quelles sont mes ressources W CO Psy reprendre le m tier une question d actualit Pour les Conseillers d orientation psycholoques le renoncement ou le repli peuvent tre au rendez vous quoi bon s vertuer d velopper un m tier dont le compte appara t d j r gl dans de nombreux rapports Pourquoi remettre en jeu nos pratiques professionnelles quand elles sont attaqu es de toutes parts Et pourtant entre abandon et scl rose il y a une troisi me voie par ler m tier Ainsi Karine et Sylvie engag es dans la recherche avec le CNAM d battent de la place que l on doit accorder aux valuations scolaires et des objec tifs d un entretien avec un l ve de Terminale au mois de janvier K Dans un entretien on peut voquer l hypo th se des redoublements Cela reste une possibi lit Le travail sur les v ux la r flexion sur l orien Les propositions du SNES tation se font sans que l on sache s il aura effec tivement son bac S Oui mais ce n est pas une donn e que l on peut int grer alors que les bulletins c est plus concret Je suis quand m me dans l id e qu il faut qu il r ussisse son troisi me trimestre Qu il bosse un peu au lieu de tout l cher et dire de toute fa on la CO Psy m a dit ton dossier de DUT il ne passera jamais la fac tu n es pas pr t pour cela Je
19. ngagement dans l accompagnement ducatif Le stage FSU Bretagne le travail parlons en a ouvert d autres pers pectives la d marche de l autoconfrontation a suscit beaucoup d int r t nous allons tenter l aventure Enfin une meilleure prise en compte du travail devrait aussi nous permettre d intervenir dans les instances de concertation avec plus de pertinence lors de l laboration du Programme acad mique de performances du projet aca d mique et dans les CHS Avec le SNES le m tier a du sens I 27 US MAGAZINE Suppl ment au n 673 du 25 octobre 2008
20. nt comme les autres enseignants je m adapte aux l ves aux r formes aux exigences sociales je prends des initiatives je cherche et parfois je trouve des solutions j invente au quotidien dans l urgence Et je suis l seule face cette note face cette institution qui me m prise me nie D cid ment la tentative de normalisation des pratiques par les experts de l ducation nationale via les instructions la formation et l inspection est un des l ments essentiels de la crise du m tier Une d marche sans regard hi rarchique Or une d marche radicalement diff rente exp riment e est possible celle du d velop pement par chacun de son m tier dans le cadre d un collectif de travail constitu de pairs sans regard hi rarchique Certes cela exige un cadre rigoureux Dans un tel collec tif un intervenant qui peut tre un profes sionnel doit garantir un cadre strict sans jamais adopter une posture de surplomb c est la possibilit pour chacun dans le dialogue de la parole libre c est dire hors de tout juge ment de tout mod le import de toutes normes externes Rien de plus tranger l ducation nationale Au sein d un tel collectif de travail chacun est porteur de fa ons de faire consid r es comme acceptables par le milieu profes sionnel issues de son histoire Mais chacun les retravaille par ses propres exp riences et par son histoire personnelle Dans la contr
21. on de type technocratique aux pr occupations pure ment gestionnaires qui impose des r gles et normes en niant le savoir d exp rience de ceux qui travaillent Du coup l organi sation du travail n est pas tant un lieu de coop ration pour r gler les probl mes qu un moyen de plier les professionnels des fina lit s et des formes d organisation qui non seulement viennent d en haut et leur chappent mais les soumettent des tensions diffi cilement supportables car inadapt es l accomplissement d un travail de qualit dans lequel ils se reconna traient L US Comment cela se concr tise t il dans les relations de travail On fait davantage appel la pens e l initiative l o le tay lorisme chassait la pens e mais cette initiative est la fois prescrite et proscrite exig e et interdite Les travailleurs sont sol licit s car ils doivent se d brouiller avec des situations r elles plus quivoques qu auparavant Mais ils sont tenus loign s des objectifs et de leur valuation Eux sont valu s toujours plus mais leur propre valuation des finalit s du travail est le plus sou vent refoul e C est la g n ralisation de l activit emp ch e rava l e Ceux qui travaillent sont entam s parce qu ils ne peuvent pas faire par exemple un travail de qualit au nom des proc dures Qualit Dans les services l objet travaill est encore plus quivoque c est l acti
22. ond degr se sont historiquement recon nus Aujourd hui ces genres sont en crise les d saccords sur les questions de m tier se sont amplifi s En fin de compte les professionnels de l enseignement ont le sentiment d tre abandonn s eux m mes sans m me le recours de choix partag s avec les col l gues face des prescriptions elles m mes de moins en moins pertinentes pour faire du bon travail voire pour pouvoir sim plement faire son travail Et pourtant ils essayent d accomplir leur m tier malgr tout en cherchant des compromis com Chronologie Les contraintes pesant sur l activit d enseignement et compliquant son exercice se sont multipli es Le collectif de professionnels travaille partir de traces de l activit Les professionnels sont film s lors d une s quence de travail ici un enseignant est film en cours Le professionnel est confront aux images de sa s quence de travail en pr sence de l intervenant C est l autoconfrontation simple On cherche entrer dans le d tail des gestes du m tier plexes entre des exigences contradictoires Dans le cours quotidien de leur activit les professionnels sont pris dans des conflits de crit res n cessitant des arbitrages perma nents et multiples Quelques exemples pris chez les professeurs un moment du cours s adresser toute la classe un l ve quelques l ves peut devenir incompatible
23. overse amicale mais sans concession qui s instaure sur le m tier chacun traverse les exp riences des uns et des autres tissant ce faisant les fils du m tier Les plus anciens font vivre le m tier comme une somme d preuves et de pro bl mes r soudre repenser son exp rience c est faire vivre son histoire personnelle et professionnelle dans l histoire de l institution Le m tier se reconstruit alors en chacun comme une palette largie de mani res de faire dans lesquelles on se reconna t tre du m tier et qui permet de ne plus tre isol face aux prescriptions aux difficult s voire d en contester avec pertinence les fondements La dimension personnelle individuelle du travail et la dimension sociale collective sont ainsi pens es ensemble En m me temps la d marche garantit chaque individu la libert de faire sa fa on avec son propre pouvoir d action Chacun en prend et en laisse et gagne ainsi en auto nomie En remettant en dialogue ses fa ons de faire ses conflits de crit res on y trouve de nouveaux chos on r veille des actes et des fa ons de faire oubli s modifi s on les confronte ceux des autres Ils s enrichissent de nouvelles potentialit s On d veloppe ainsi pour soi m me des ressources nouvelles ou r activ es qui enrichissent son activit non pas par l imposition normative de bonnes pratiques mais par le d veloppement col lect
24. programme il est quasiment infaisable avec eux si on veut vrai ment que tous comprennent correctement On essaie de faire ce qui est essentiel pour la suite Un de ses coll gues un peu plus exp riment affirme ses propres difficult s je me suis dit je pr f re qu ils comprennent Ainsi Marion va trouver du r pondant ses x 3 2 z a 2 F a a interrogations dans les r pliques des uns et des autres Elle prend alors conscience qu il s agit l d un probl me de m tier auquel tout enseignant est plus ou moins confront dans les conditions de travail actuelles Elle prend aussi conscience que ce travail sur le travail avec quelques pairs plus ou moins exp riment s s av re tre un bon accompagnement peu pr s le seul travail positif qu elle ait fait cette ann e l avec des col l gues c est dire d une autre fa on un bon moyen d assurer la transmission du m tier entre ceux qui le font W CPE un collectif de travail mancipateur Cette recherche en clinique de l ac tivit a r uni sept CPE franciliens volontaires autour de deux cher cheurs toutes les cinq semaines pendant trois ans Ils ont proc d de mani re indirecte instruction au sosie confrontation des s quences d activit film es puis ont retravaill seuls et en collectif les traces crites de ces travaux de telle sorte que chaque production crite devenai
25. t tre anim s par des professeurs condition qu un cadre soit garanti C est la premi re fois que cette tape est exp riment e 23 US MAGAZINE Suppl ment au n 673 du 25 octobre 2008 Sur le terrain retour des collectifs de travail Quand le m tier va mal s en sortir seul e qui rend le travail difficile c est de ne pas arriver faire quelque chose qu on a pr vu enfin qu on voudrait faire C est a qui fatigue qui use et il n est pas possible de concevoir qu on ait pour seule possibilit de s en sortir tout seul Pourtant a para t des probl mes assez partag s des situations cou rantes il y a bien des choses trouver collectivement dit Clau dine professeur en coll ge ZEP D autant dit Line du m me col l ge que ce n est pas son chec personnel a d passe nos limites individuelles c est le m tier qui va mal Mais tout le monde est tr s pudique sur les situations usantes auxquelles sont confront s les uns et les autres D autant que le quo tidien du travail c est la course il y a une heure et puis l heure d apr s et puis on passe une autre classe et puis c est le len demain et puis il y a les r unions le soir on n a pas pu il y a les enfants Cependant il est aussi possible de faire autrement Mais Il a fallu vraiment un moment o il y a eu un change soit comme pour moi avec des stagiaires soit comme pour toi
26. t importante et que per sonne ne peut claircir C est l tout le probl me Pourtant je prends parfois des risques Mais je ne prendrais pas ces risques si je n avais pas parti cip ce groupe Denis et Guilaine appartiennent un autre groupe de travail Ils s interrogent sur ce qui a chang avec l exp rience commune qu ils viennent de vivre dans leur rap port l innovation Leur discus sion permet de mieux comprendre la prise de risque voqu e par Fabrice G Ce qu on fait entre nous c est une appropriation du m tier a nous donne la libert d essayer des choses on s autorise beaucoup plus on a les clefs pour essayer des choses alors qu on ne les avait pas avant D Je ne crois pas que ce soit seu lement une question d assurance C est une question de l gitimit car maintenant tu sais que tu es l gi time dans tes fa ons de faire que tu peux les changer M tier e Faciliter le travail en quipe pour tous En cr ant un forfait horaire g r par les quipes e Travailler la question du m tier En augmentant les connaissances portant sur le m tier et les enseignements disciplinaires En favorisant la r flexion collective et en organisant l analyse critique sur les programmes Partenariat CNAM SNES Entretien Se reconna tre dans son travail Yves Clot est professeur titulaire de la chaire de psychologie du travail au CNAM et directeur du Centre de Recherche sur l
27. t objet de la r flexion du collectif En rentrant dans le d tail extr me du geste profes sionnel ils ont pu s interroger sur le comment de l activit Par exemple au sujet de l ouver ture du coll ge certains ne D velopper la formation continue On doit l inclure dans le temps de travail et elle doit permettre aux enseignants de se former tout au long de leur carri re Elle doit valoriser la dimension conceptrice du m tier voyaient pas comment on pouvait organiser sa journ e de travail sans arriver bien avant les l ves et les enseignants Tous n ont pas cette pratique et une controverse se d veloppe dans le cadre garanti par les chercheurs Se d gage l hy poth se qu il y a l une mani re de tenter de ma triser l instant pour compenser l impr visibilit intrins que au m tier de CPE Ils en viennent alors consid rer ce mode d organisation comme UNE des possibilit s qui s offrent eux et s affirment comme concepteurs de leur m tier D autres controverses ont surgi au fil du collectif Elles concernent Conditions de travail e Abaisser les maxima de services de tous Pour mieux tenir compte des diff rentes t ches constitutives du m tier tutorat vie de classe Int grer dans le service des enseignants les missions de soutien scolaire e Limiter les effectifs Limiter les effectifs par classes et groupe l usage du carnet de correspon dance la validit d un mot
28. tout convaincre les individus d entrer dans le cadre prescrit de s imputer personnellement les dysfonctionnements du travail et en fin de compte d accepter l inacceptable L US Dans ce contexte en quoi votre d marche de travail sur le travail avec les professionnels se d marque t elle de ces choix L impression qu on peut avoir est celle d un rouleau compres seur auquel s associent certains professionnels dans l espoir de s en tirer personnellement Mais nos travaux prouvent que les pro fessionnels peuvent faire preuve d tonnantes capacit s d in tervention pour soigner leur m tier quand on engage avec eux qu ils engagent entre eux un vrai travail sur le travail Car c est bien le travail qu il faut soigner l o on propose de plus en plus de soigner les personnes Soigner le travail ne peut se faire que collectivement entre connaisseurs de ce travail En recr ant par l change les liens du m tier distendus par les injonctions les r glementations l organisation du travail c est le tissu de sou tien que constitue le m tier qui se reconstitue En analysant les fa ons de faire de chacun qui sont de fait communes tous sur des modes personnalis s on enrichit les ressources de chacun tout en retissant les liens du m tier on relie autrement l individu et le collectif Ainsi peut certaines conditions se renouveler le patrimoine professionnel commun
29. vit d autrui celle de l usager et du client le travail est potentiellement plus engageant C est quelque chose qui est bien avanc dans nombre de domaines et cela s installe progressivement dans d autres comme l ducation nationale En t moigne l action mod lisatrice qui Il vient de publier aux PUF un ouvrage intitul Travail et pouvoir d agir tente de d gager les bonnes pratiques de les formaliser de les imposer Ainsi en est il encore des tentatives d encadrement accru et de mobilisation des professionnels sin guli rement au niveau local et dans celles d individualiser les cadres les modalit s du travail donc sa r mun ration Les effets sociaux d une telle orientation sont graves Cela conduit des pertes d ef ficacit des g chis et une difficult dans la r alisation des missions sociales assumer Pour les professionnels eux m mes la tyran nie du court terme le m pris du r el la ren tabilit imm diate rongent le plaisir de tra g vailler l intensification gestionnaire devient d autant plus insupportable mettant sou vent en cause la sant physique ou psychique On en est un point tel que nombre de directions d entreprises ou d administrations mettent en place une sorte de coussin compassionnel sous forme de soutiens psychologiques diversifi s Elles esp rent pallier ainsi les ravages de l organisation technocratique du tra vail mais sur
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