Xavier Kieft - e
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1. Hugues de Saint Victor De archa 1 PL CLXXVI 622B d cit p 10 3 trad personnelle 32 Videmus quod paries extrinsecus adveniente forma imaginis cujuslibet similitudinem accipit cum vero impressor metallo figuram imprimit ipsum quidem non intrinsecus sed ex propria virtute et naturali habilitate aliud jam aliquid repraesentare incipit L ex g se rend possible le processus d int riorisation Les trois niveaux principaux de l arche se confondent en effet avec les sens principaux de l criture l histoire l all gorie et la tropologie c est dire le sens litt ral le sens figur et le sens moral Ces trois niveaux correspondent encore au monde l glise et l me fid le c est dire aux trois maisons de Dieu d crites dans le De archa 1 133 S lever d un niveau l autre c est en r alit construire en soi l arche en comprenant la lettre ce qui s est pass dans le monde avant d en saisir la port e all gorique et la signification morale L histoire assoit les fondations de l difice qu est l criture elle m me3 dont la lecture d voile le sens des uvres de Dieu la cr ation et la restauration L ex g se d livre ensuite une signification particuli re qui en est la port e all gorique les paroles de l criture ont un sens que la d couverte de la valeur symbolique de l image donne voir Ce second niveau est celui auquel on se situe en s aperceva2. CLV 1969 p 82 sous le nom De substantia dilectionis et charitate ordinata 47 Caritas omnem anime languorem sanat De laude caritatis 15 PL CLXXVI 876A d et trad Patrice Sicard dans Hugues de Saint Victor L uvre de Hugues de Saint Victor t op cit p 198 et trad p 199 48 De sacramentis christian fidei Il xt 6 PLCLXXVI 528D 531B Quid est Deum diligere Habere velle Qu est ce qu aimer Dieu Vouloir le poss der PL CLXXVI 529A trad personnelle charit peut tre d passes tu mes limites et je ne pourrai trouver en toi de quoi payer ton prix Je donnerai cependant tout ce que j ai tout ce que j ai je le donnerai Tous les biens de ma maison je les changerai pour toi Tout ce que contient la demeure de mon corps tout ce que contient la demeure de mon c ur je le donnerai pour toi Selon ce motif abandonner les vanit s c est se rapprocher de Dieu Or l amour peut par le d sir courir de fa on ordonn e la fois partir de Dieu avec Dieu et vers Dieu Il court partir de Dieu quand il re oit de lui la volont qui le fait l aimer il court avec Dieu quand il ne contredit en rien sa volont il court vers Dieu quand il aspire reposer en lui Voil les trois donn es qui se r f rent Dieu Le divin se trouve donc au d but et la fin de la progression il est d j l op rant quand il fait que ma constitution es
3. p 118 4 Henri de Lubac Ex g se m di vale op cit p 323 5 GroverA Zinn Jr Hugh of St Victor and the Art of Memory Viator t V 1974 p 211 234 Cet auteur compare la d marche hugonienne la spiritualit hindoue des dessinateurs de Mandalas ce dont s abstient Mary Carruthers voir Grover A Zinn Jr Hugh of St Victor and the Ark of Noah A new Look Church History t XL 1971 p 261 272 et Mandala Symbolism and Use in the Mysticism of Hugh of St Victor History of Religions t XII 1972 1973 P 317 341 6 Mary Carruthers Le Livre de la m moire Une tude de la m moire dans la culture m di vale 1990 trad Diane Meur Paris Macula coll Arg 2002 p 338 pour les citations Cette lecture est reprise avec quelques infl chissements et am nagements dans Les troisi me et quatri me lectures insistent quant elles sur le statut des instructions contenues dans le Zibellus et les interpr tent en vue de la r alisation d une repr sentation figur e ext rieure7 Elles soutiennent que l ouvrage ne propose pas ou ne devrait pas seulement proposer une peinture textuelle ou une image verbale pour reprendre les formules de Mary Carruthers mais que son texte renvoie bien un dessin effectif Nous pensons que l image que mentionne le De archa et que d crit le Libellus est une image r elle distincte de la repr sentation mentale qu on s en ferait la lectur
4. Paris Lethielleux 1957 p 171 sqq Voir galement du m me auteur Rapports entre saint Augustin et Hugues de Saint Victor Revue des tudes augustiniennes 1959 vol V 4 p 391 398 59 Roger Baron Science et sagesse chez Hugues de Saint Victor op cit p 169 du Victorin sur l arche comme la recherche de Dieu au dessus de soi de ce Dieu que l on trouve finalement en soif dans un tabernacle quivalent du coffre qu est l arche dans lequel on chappe aux flots des ch timents L entr e dans l arche que l on a construite pour habiter la maison du seigneur proc de de ce motif et du jeu de l absence et de la pr sence de Parche par rapport soi La deuxi me mani re d tre n oplatonicien implique quant elle une mutation anagogique pour imaginer ou percevoir les choses d en haut il faut s tre d tach d un plan repr sentable de mani re banale et tre ainsi capable de se penser hors du lieu de leur figuration Le th me du d passement de soi ainsi interpr t en ascension spirituelle d borde la premi re topique pour retrouver l influence du pseudo Denys chez qui le contemplateur mystique peut r ellement participer du divin sans pour autant jamais pr tendre voir ici bas Dieu tel qu il est dans sa gloire De nombreux textes de l Expositio Super Hierarchiam beati Dionysii peuvent tre sollicit s pour expliquer les trait s concernant l arche et la fa on dont les choses qui se
5. sir d une l vation vers le niveau sup rieur aussit t du moins qu il cherche se cerner lui m me dans son statut particulier ou se soucie de lui m me Son acte caract ristique est alors l effort ou la tension vers ce qui se trouve au dessus du monde inf rieur dans lequel il s imaginait tre pr sent alors qu il s en s pare maintenant et s en con oit d j s par par la r alisation m me de cet effort Cette perspective d chappement du niveau inf rieur est l expression de la possibilit du passage progressif d un monde l autre d ici bas l bas Et s lever en retournant l o l origine de la vision esp r e se trouve quitter le monde o l on se situe pour voir les choses du dessus c est proc der la construction vis e vivre dans le divin d couvert ce que Hugues de Saint Victor appelle habiter l arche en soi Le secret que d couvrent les trait s de l arche est le moyen d imaginer et donc d effectuer cette construction
6. ternels elle soul ve l me comme si c tait hors des flots hors de la cupidit de ce monde et elle P l ve vers le ciel Si donc nous voulons traverser sans dommage cette vaste mer construisons d abord un vaisseau ou une arche Mais alors qu est ce exactement qu imaginer la construction de Parche Cette expression recouvre plusieurs sens Il est clair qu il ne suffit pas d anticiper ou de deviner le dessin pour que le projet mis en place par Hugues se r alise La seule peinture sur le mur du clo tre ou sur tout autre support est manifestement insuffisante sans prise de conscience de notre propre rapport ce qui se r alise par la construction int rieure Et l ex g se visuelle si elle ne se double pas d une sorte d efficacit s miotique ou significative nous laisse encore distance de ce qui op re cette distance qui s pare l image ext rieure de celui qui la contemple Ici imaginer c est d abord proprement parler donner consistance l arche en se figurant mentalement son laboration graphique mais pas seulement pour anticiper sa pr sence consid r e comme venir Larche se trouve alors d j en nous et rien n emp che que ses trois dimensions soient prises en compte ce que la seule peinture ext rieure emp che en l absence de perspective Par ailleurs la surabondance des d tails pr sent s dans le Libellus produit aussi un effet de d bordement dont il
7. VI 4 p 215 216 35 Ce qui explique notamment l inscription des noms des papes sur l arche voir le Libellus Il PL CLXXVI 687B D d cit p 13095 13195 36 dificaturus ergo primum fundamentum historiae pone deinde per significationem typicam in arcem fidei fabricam mentis erige ad extremum ergo per mortalitatis gratiam quasi pulcherrimo superducto colore aedificium pinge donc quand tu t appr tes construire pose d abord comme fondation l histoire ensuite au moyen de la signification symbolique dresse pour en faire une citadelle de la foi l atelier de ton esprit Pour finir travers la gr ce de la morale peins l difice comme si tu talais la plus belle couleur Hugues de Saint Victor Didascalicon PL CLXXVI 801C trad Michel Lemoine dans Hugues de Saint Victor L Art de lire op cit VI 3 p 214 N O 10PIA JUIES ap S NSNH ap au21e P SZULI S J LAHIN MAIAVX 80 Hierarchiam beati Dionysii apportent des pr cisions doctrinales essentielles Comme il y a trois sortes de choses le corps l esprit et Dieu il y a aussi trois yeux l il de chair l il de raison et l il de contemplation D ordinaire l il de chair est ouvert l il de raison ne voit pas bien et l il de contemplation est clos et aveugle Par l il de chair on voit le monde et les choses qui sont dans le monde Par l il de raison on voit l me et les choses qui sont dans l me Par
8. erat anima spiritus car il y avait trois sortes de choses le corps l esprit et Dieu et certes le corps tait le monde et l me tait l esprit Hugues de Saint Victor De sacramentis christian fidei X PL CLXXVI 329C trad personnelle 38 Est autem oculus triplex oculus carnis oculus rationis oculus contemplationis Oculus carnis apertus est oculus rationis lippus oculus contemplationis clausus et c cus Oculo carnis videtur mundus et ea quae sunt in mundo Oculo rationis animus et ea quae sunt in animo Oculo contemplationis Deus et ea quae sunt in Deo Oculo carnis videt homo quae sunt extra se oculo rationis quae sunt in se oculo contemplationis quae sunt intra se et supra se Hugues de Saint Victor Expositio Super Hierarchiam beati Dionysii sous le nom Commentarius in Hierarchiam coelestemi PL CLXXV 976A trad personnelle De m me De sacramentis christian fidei X PL CLXXVI 329C 330A Voir sur ce point de doctrine Dyonisius Lasic Hugonis de S Victore theologia perfectiva Eius fundamentum philosophicum ac theologicum Roma Studia Antoniana t VII 1956 39 Primum qualiter eam debeamus edificare in nobis secundum qualiter eam debeamus intrare in nobis tertium qualiter eam debeamus habitare in nobis De archa M PL CLXXVI 626B d cit P 1732522 trad personnelle signifier que de toutes les r alit s c est la plus intime Monter vers Dieu c est donc ren
9. est possible d estimer qu il a pour fonction d emp cher la compr hension totale de ce dont on pressent toutefois sans cesse l unit Un tel artifice voque immanquablement l incommensurabilit de la puissance divine eu gard nos capacit s restreintes Et ainsi les difficult s expliquer d une mani re univoque le contenu des trait s hugoniens les incoh rences de C Rudolph peuvent aussi tre consid r es comme un le mauvais amour les maux sont accomplis Il y a donc pour ainsi dire deux portes par lesquelles la mort et la vie sont introduites la mort quand elles sont ouvertes au mal la vie quand elles reconduisent au bien Hugues de Saint Victor De sacramentis christian fidei 11 x 3 PL CEXXVI 527B C trad personnelle 52 Ut autem huis promotionis aliquod tibi exemplum subiciam universus iste mundus quasi quoddam diluvium est quia omnia qu in hoc mundo sunt ad similitudinem aqu incertis eventibus fluctuando decurrunt Vera autem fides qu non transitoria sed terna promittit quasi a quibusdam fluctibus sic a mundi huius cupiditate in superna animum attolit Primum ergo si hoc mare magnum illaesi pertansire volumus fabricemus navem navem sive arcam Quid vere diligendum sit l Ill d et trad Roger Baron dans Hugues de Saint Victor Six opuscules spirituels op cit p 97 99 sous le titre Quod amor Dei sit vita cordis et dans les Miscellanea PL CLXXVII successiveme
10. l il de contemplation on voit Dieu et les choses qui sont en Dieu Par l il de chair l homme voit les choses qui lui sont ext rieures par l il de raison celles qui sont en lui par l il de contemplation celles qui sont l int rieur de lui et au dessus de lui38 L il de raison permet l l vation au deuxi me niveau de l ex g se c est dire au deuxi me niveau de la construction int rieure de l arche ou au deuxi me niveau de l dification personnelle Mais ce qui importe d sormais c est de comprendre le troisi me point de cette liste fournie par le De archa premi rement comment nous devons construire Parche en nous deuxi mement comment nous devons la faire entrer en nous troisi mement comment nous devons l habiter en nous 3 En effet comment nous devons la construire l histoire le dit comme le texte du Zibellus pris la lettre Comment nous devons la faire entrer en nous le De archa l explicite par la construction int rieure Mais comment nous devons l habiter voil ce qu il nous reste comprendre Le De vanitate mundi livre alors de pr cieuses indications Quand dans le domaine des r alit s spirituelles et invisibles on dit que quelque chose est en haut on ne donne pas entendre que cela serait situ spatialement au sommet ou au point le plus lev du ciel mais on veut 37 Erant enim tria qu dam corpus et spiritus et Deus corpus quidem mundus
11. on per oit aussi la place de cet il de chair Et proc der cette consid ration c est retrouver l origine de la vis e contemplative et ainsi prendre conscience du r le du contemplateur Or chaque niveau de lecture chaque niveau d ex g se chaque palier de l arche un homme peut se situer Ce quest un homme ce sont ses actes qui le manifestent Et son action est orient e par la mani re dont il se pense tre au monde chaque niveau inf rieur la prise en compte de la distance qui s pare le figur per u du lieu o doit se trouver l il du contemplateur 67 Aliud enim est veritas atque aliud signum veritatis quia signum veritas non est etiam eum veritatis signum est et verum est car autre est la v rit et autre le signe de la v rit Parce que le signe n est pas la v rit il est aussi signe de la v rit et il est vrai Hugues de Saint Victor Expositio Super Hierarchiam beati Dionysii 961D trad personnelle Voir galement le Pseudo Denys l Ar opagite La Hi rarchie c leste Il PG Ill 140A 141C 68 Symbolum est collatio formarum visibilium ad inuisibilium demonstrationem un symbole est un ensemble de formes visibles pour montrer les choses invisibles Hugues de Saint Victor Expositio Super Hierarchiam beati Dionysii PL CLXXV 941B trad personnelle o Ko 10PIA JUIES p S NSNH P IYI P SZULI S J LAAIN YAIAVX 90 inspire ce dernier le d
12. trouvent en haut les choses divines sont susceptibles d tre per ues au moyen de l image et permettre l l vation 3 Le but est alors moins de penser l absence ou la pr sence de l arche que de comprendre la distance qui nous s pare de la hauteur o se trouve v ritablement l objet mystique puis de saisir dans quelle mesure il sera possible de la r duire 60 On pense aussi bien entendu aux Confessions III vi 11 Tu autem eras interior intimo meo et superior summo meo 61 ngredere ergo nunc in secretum cordis tui et fac habitaculum Deo fac templum fac domum fac tabernaculum fac archam testamenti fac archam diluuii vol quocunque appelles una est domus Dei entre donc maintenant au fond de ton c ur et fais une demeure pour Dieu Fais un temple fais une maison fais un tabernacle fais une arche d alliance fais une arche du d luge peu importe comment tu l appelles il n y a qu une seule maison de Dieu Hugues de Saint Victor De archa u1 PL CLXXVI 621D d cit P 94013 trad personnelle 62 Anagoge autem ascensio sive elevatio mentis est ad superna contemplanda Panagog est lascension ou l l vation de lesprit pour que soient contempl es les choses d en haut Hugues de Saint Victor Expositio Super Hierarchiam beati Dionysii PL CLXXV 941B C cit par Roger Baron Science et sagesse chez Hugues de Saint Victor op cit p 174 Anagoge id est sursum du
13. voir certaines parties du dessin La quatri me lecture assume aussi la r f rence un tel dessin ext rieur mais en changeant de point de vue sur le dossier des difficult s qui avaient frapp B Smalley Son auteur Conrad Rudolph insiste sur les incoh rences du Libellus par quoi il faut entendre les carts que celui ci marque soit par rapport au texte de la Gen se soit par rapport au De archa soit encore dans l une et l autre des versions qui nous en sont parvenues nous en connaissons en effet deux formes une longue et une sensiblement plus br ve Et partir de ces constats il soutient que le Libellus n est pas un texte de la main de Hugues de Saint Victor lui m me mais la reportatio fautive d un moine dont la seconde version est une correction que nous devons une tierce personne Ici la fonction du texte serait non pas seulement de reprendre la description et l explicitation d un dessin r alis devant les moines mais de constituer un guide ou un mode d emploi pour la r alisation ou la reconstitution d un dessin similaire Trois points nous interdisent de recevoir tout de go l interpr tation na ve la troisi me lecture pr sent e ici D une part Parche d crite dans le Libellus n est pas exactement une reproduction l chelle d un plan en coupe de celle qui est pr sent e dans l interpr tation de criture Hugues alterne en effet les descriptions horizontales et verticales ce q
14. CONSTRUCTION IMAGINAIRE DIFICATION EFFECTIVE LES TRAIT S DE L ARCHE DE HUGUES DE SAINT VICTOR Xavier Kieft Universit Paris Sorbonne Figuram disce et invenies veritatem Didascalicon VI 3 PL CLXXVI 801C Hugues de Saint Victor a consacr de nombreux textes l arche de No notamment le De archa Noe le Libellus de formatione arche et les deux premiers livres du De vanitate mundi Le De archa propose une tude ex g tique qui supporte une vaste interpr tation spirituelle des textes sacr s relatifs l arche et comme le De vanitate mundi d ploie une part de sa port e all gorique Le statut particulier du Libellus reste quant lui difficile cerner de mani re pr cise Dans ce dernier ouvrage Hugues pr sente morceau par morceau l arche de No telle qu elle est cens e tre ou avoir t peinte Chaque description d une partie du dessin est suivie d un d veloppement sur le sens de la figure ainsi pr sent e On peut distinguer quatre interpr tations principales de ce texte Une premi re lecture que l on doit Henri de Lubac pr sente le Zibellus comme une description mystique qui serait une v ritable invention de Ma tre Hugues Elle prend acte de l apparent souci de proposer une figuration 1 Hugonis de Sancto Victore De archa Noe Libellus de formatione arche d Patrice Sicard dans Hugonis de Sancto Victore Opera Turnhout Brepols coll Corpus Christianorum Cont
15. arruthers Machina Memorialis M ditation rh torique et fabrication des images au Moyen ge 1998 trad Fabienne Durand Bogaert Paris Gallimard coll Biblioth que des Histoires 2002 notamment p 305 308 7 Car une repr sentation int rieure est elle aussi effective selon Patrice Sicard Diagrammes m di vaux et ex g se visuelle Le Libellus de formatione arche de Hugues de Saint Victor Paris Turnhout Brepols coll Bibliotheca victorina IV 1993 p 43 L auteur donne ses raisons en faveur de l ext riorit de l image p 43 45 8 Mary Carruthers Le Livre de la m moire op cit p 334 9 Patrice Sicard Diagrammes m di vaux op cit p 43 10 lbid p 45 11 Anna C Esmeijer Divina quaternitas A Preliminary Study in the Method and Application of Visual Exegesis Assen Van Gorcum 1978 12 Voir Patrick Gautier Dalch La Descriptio mappe mundi de Hugues de Saint Victor Turnhout Brepols 1988 Cet argument est celui de Patrice Sicard Diagrammes m di vaux op cit p 44 13 Dominique Poirel Hugues de Saint Victor Paris ditions du Cerf coll Initiations au Moyen ge 1998 p 129 N vI 10PIA JUIES p S NSNH P IYI P SZULI S J LAAJIN YAIAVX 76 archa ne pr senterait que successivement Patrice Sicard soutient cette lecture qu il qualifie de na ve et illustre son propos en accompagnant son dition critique par une s rie de diagrammes donnant
16. ctio cum per visibile invisibile factum declaratur il y a anagogie c est dire mouvement vers le haut lorsque par une r alit visible est rendue claire une autre invisible De scripturis et scriptoribus sacris PL CLXXV 12B trad Yves Del gue dans Les Machines du sens Fragments d une s miologie m di vale Textes de Hugues de Saint Victor Thomas d Aquin et Nicolas de Lyre Paris ditions des Cendres coll Archives du commentaire 1987 p 40 63 Voir par exemple les r f rences dont Patrice Sicard dresse la liste dans Diagrammes m di vaux op cit p 294 L Expositio Super Hierarchiam beati Dionysii est la plus cit e de cette tude apr s bien s r le Libellus et le De archa La longueur relative de ce texte par rapport aux autres uvres de Hugues de Saint Victor explique en partie l abondance des citations o0 N 10PIA JUIES p S NSNH P IYI P SZULI S J LAJIN YAIAVX 88 Ceci s explique par une r flexion sur le signe et sur l action L me humaine ne peut en effet s instruire des choses invisibles qu au moyen de visibles 4 Nous ne pouvons pas contempler directement le divin auquel nous ne participons pas et il ne convient pas non plus que les choses divines soient d couvertes comme se d couvrent celles du commun puisqu elles ne sont pas du m me genre Leur diff rence s exprime travers l humilit des saintes critures oppos e la vanit de la sagesse humaine En eff
17. de la possibilit pour Hugues de se laisser prendre au jeu de l criture et de s abandonner une inspiration qu il semble avoir toujours eu de la peine ma triser ou laquelle il n a pas voulu r sister Enfin outre les difficult s internes du texte les deux versions du Libellus d crivent des images similaires mais non identiques P Sicard propose une mani re de r soudre ces difficult s sans avoir assumer l erreur du scripteur et son incompr hension Les dimensions du dessin sont vraisemblablement d termin es par la commodit de sa r alisation ou adapt es une finalit mn monique Les divergences entre les versions du Libellus ou les carts par rapport au De archa quant eux proviendraient de l volution de la pens e hugonienne de la clarification de son exposition et du public auquel l ouvrage est destin Plus d velopp e mais plus cryptique la premi re recension du Libellus serait destin e un public plus restreint que la seconde version br ve imm diatement destin e un assez large public La version longue au contraire aurait t adress e aux seuls moines de Saint Victor responsables dans un second temps de sa diffusion non programm e par son auteur Il reste toutefois que le texte ne s arr te pas la description du dessin contempler ou r aliser Si son apparence premi re est celle d un ensemble d instructions il ne saurait se r duire faire of
18. e de ces textes note Patrice Sicard Par ailleurs le dessin suppos par le De archa et celui d crit par le Libellus sont un seul et m me dessin et un dessin exista r ellement qui pour l essentiel y correspondait Le projet dont t moignerait le Zibellus serait ainsi selon la troisi me perspective une ex g se visuelle d apr s une formule emprunt e Anna C Esmeijer Non seulement donc le dessin de Parche aurait une fonction mn monique mais il aurait surtout un statut p dagogique sp cifique similaire celui de la mappemonde laquelle Hugues consacre une Descriptio la m me poque L enseignement du ma tre passerait alors par la r alisation d un dessin sur un mur du clo tre et par l explication de la peinture effectu e devant les moines Le Libellus serait la transcription de l enseignement dispens par Hugues alors qu il ex cute ce dessin ou reprendrait les tapes de son laboration il contient les instructions pour traduire graphiquement lJenseignement spirituel sur l me et l glise figur es par l arche de No que le De archa expose Il s agirait alors d interpr ter le sens d une figure pour parvenir la contemplation le dessin ayant l avantage par rapport au texte de constituer en lui m me une unit susceptible de synth tiser les diff rents l ments contenus dans les textes sacr s que l ex g se litt rale expos e dans le De Mary C
19. et ce qui dans l criture sacr e semble terrestre l ve vers la pens e et Pamour des choses divines et c lestes tandis que ce qui dans les autres critures passe pour tre divin pr cipite l esprit de qui les lit vers les choses terrestres 65 La diff rence rel ve du point de vue Celui qui s estime trop hautement s oriente vers le bas en observant un objet ignoble qui en r alit lui convient Celui qui demeure humble l ve son regard vers ce qui le d passe et par l tend vers le haut Comme l explicite le De scripturis et scriptoribus sacris les critures saintes appellent l humilit car elles m mes sont humbles et partent de l histoire de l image et de ce qui a trait la chair pour atteindre ensuite l esprit Lap tre en a t moign Ce qui est de la chair est premier vient ensuite ce qui est de l esprit I Cor 15 et si la sagesse de Dieu m avait pas t d abord connue dans un corps jamais le regard chassieux de notre pens e l il de raison n aurait t illumin sa contemplation spirituelle Ne vas donc pas m priser ce qui est humble dans le verbe divin car par cette humilit tu es illumin la divinit 6 Par ailleurs le signe n est pas la v rit mais il est le signe de quelque chose la v rit et mest v ritable que dans ce sens Ce propos d terminant pour l intelligence des trait s de Parche se retrouve aussi dans le commentaire 64 Quia h
20. fice de guide dans la r alisation d une seule peinture Il s interrompt m me avant que toutes les pr cisions possibles soient donn es C est assez pour que ceux qui ne peuvent pas en faire plus ou ne le veulent pas puissent construire Parche lit on avant de passer la description des l ments de l image ext rieurs au vaisseau 7 Ce 20 Hugues de Saint Victor De archa Il vii xvii PL CLXXVI 642D 664A d cit p 461 8549 21 Patrice Sicard Diagrammes m di vaux op cit p 30 22 lbid p 81 Hugues exprime dans la version longue du Libellus un enseignement th ologique et spirituel par un jeu d oppositions ou de correspondances de couleurs assez complexe et un peu confus ment expos 23 VoirPatrice Sicard Diagrammes m di vaux op cit p 76 91 et la discussion de ces pages par Conrad Rudolph First I Find the Center Point op cit p 33 61 24 Ego tamen propter competentiorem formam in pictura usque ad quadruplam fere longitudinem breuiaui cependant pour obtenir une forme plus appropri e dans le dessin j ai r duit la longueur quatre fois la largeur Hugues de Saint Victor Libellus PL CLXXVI 682C d cit p 123 35 trad personnelle 25 Voir Grover A Zinn Jr Hugh of St Victor and the Art of Memory art cit 26 Patrice Sicard Diagrammes m di vaux op cit p 76 99 Voir les discussions de Conrad Rudolph First I Find the Center Point
21. he dans l me et le c ur de l homme Tel est ce que le De archa Noe annonce Cet exemple d difice spirituel que je t ai donn est l arche de No que ton il a vue l ext rieur pour que ton me soit fa onn e sa ressemblance 3 Larche de No est un exemple un mod le spirituel et il ne s agit pas tant d tre capable de produire son image ext rieure ou de saisir la signification d un dessin que de proc der une confection un travail l int rieur de soi m me Cet effort est d ailleurs le pr liminaire indispensable de toute r alisation d un dessin de Parche On voit bien comment un mur si la forme d une image quelconque lui arrive de l ext rieur en re oit la ressemblance Mais quand un graveur imprime une figure dans le m tal ce n est pas de l ext rieur mais par sa propre vertu et son aptitude naturelle que celui ci se met repr senter quelque chose d autre 28 Dominique Poirel Hugues de Saint Victor op cit p 130 29 Untel principe est explicit par exemple dans le Sententi de divinitate Il 169 228 Voir Ambriogio M Piazzoni Ugo di San Vittore auctor della Sententi de divinitate Studi Medievali t XXIII 2 1982 p 861 955 30 Patrice Sicard Diagrammes m di vaux op cit p 211 31 Huius spiritualis edificii exemplar tibi dabo archam Noe quam foris uidebit oculus tuus ut ad eius similitudinem inrus fabricetur animus tuus
22. ia dilectionis IV 3 PL CLXXVI 17B d et trad Roger Baron dans Hugues de Saint Victor Six opuscules spirituels op cit p 90 et 91 Duo sunt motus cordis quibus anima rationalis ad omne quod facit agendum impellitur Unus est timor alter amor Haec duo cum bona sunt omne bonum efficiunt Per timorem enim mala caventur per amorem bona exercentur Cum autem mala sunt omnium malorum initium et causa existunt Per timorem enim malum a bono receditur per amorem vero malum mala perpetrantur Sunt ergo duo haec quasi portae duae per quas mors et vita ingrediuntur Mors quidem quando aperiuntur ad malum vita autem quando ad bonum referantur il y a deux mouvements du c ur par lesquels l me rationnelle est conduite faire ce qu elle fait L un est la crainte l autre lamour Quand ces deux sont bons tout ce qu ils produisent est bon Car par la crainte les maux sont vit s par l amour les biens sont pratiqu s Mais quand ils sont mauvais ils n entra nent et ne causent que des maux Car par la mauvaise peur on s loigne du bien tandis que par 0 w 10PIA JUIES p S NSNH P 421E P SZULI S J LAAIN YAIAVX 84 Pour proposer un exemple de cette progression disons que ce monde tout entier est comme un d luge tout ce qui en effet est de ce monde s coule comme eau parmi la fluctuation d v nements incertains Quant la vraie foi qui ne promet pas les biens passagers mais les biens
23. inuatio Medievalis CLXXVI 2001et Hugo von St Viktor Soliloquium de archa anim und De uanitate mundi d Karl M ller Bonn coll Kleine Texte f r Vorlesungen und bungen CXXIII 1913 p 26 48 livres I et Il du De vanitate mundi PL CLXXVI 951B 970D pour le De archa sous le titre De arca Noe morali PL CLXXVI 681A 704A pour le Libellus sous le titre De arce Noe mystica et PL CLXXVI 703A 740C pour le De vanitate mundi 2 Sur ce point voir par exemple Ford Lewis Battles Hugo of Saint Victor as a Moral Allegorist Church History XVIII 1949 p 236 N w M 6OOZ Sa d HO9Y NHAON NV NOLLONHLSNOO VI HANIOVNI 74 concr te de l arche qui se trouve contrari par l abondance des d tails introduits3 La tension entre ce qui rev t de prime abord la forme d une description pr cise et la difficult de parvenir dessiner effectivement Parche poussent Henri de Lubac soutenir que le Victorin a cherch d velopper une interpr tation propre plut t qu rendre compte de ce qui se donnait voir dans sa m ditation sur les critures pour en faciliter la figuration Circumduco circumscribo superduco pingo et encore scribo facio pono induo includo signo divido traho Ce ne sont point l les mots d un homme qui s efforce de reproduire un objet s imposant lui mais d un homme qui d cide et compose La construction telle qu elle est voqu e serait alors dava
24. ire dans l imagination 54 ainsi que nous concevons des chim res Les choses divines quant elles ne sont comprises d aucune de ces fa ons elles ne sont pas per ues par les sens externes parce qu elles ne sont pas corporelles et ne subsistent pas non plus dans les choses corporelles Elles ne sont pas ressenties comme des motions ni repr sent es par l esprit puisqu elles sont en elles m mes autre chose que cette me Elles ne sont pas non plus forg es par la fantaisie parce qu elles d passent de loin en excellence toute similitude des corps et des choses corporelles par leur divinit et leur puret 55 C est d ailleurs la raison pour laquelle ces choses peuvent seulement tre crues et ne peuvent pas tre enti rement comprises au contraire des choses banales Deux mani res de concevoir le divin se croisent alors D une part l esp rance des r alit s divines attendues rend possible leur consid ration 53 De sacramentis chistian fidei X PL CLXXVI 327C 331B Fides est ut ait Apostolus substantia rerum sperandarum argumentum non apparentium ibid 327C 54 In imagine ibid 328C 55 Neque in similitudine aliqua imaginabiliter ab animo comprehendi possent quia longe omnem similitudinem et corporum et corporalium suae divinitatis et puritatis excellentia transcendunt elles ne pourraient pas non plus tre comprises par l me selon la ressemblance par l image de quelques ch
25. laboration qui est figur e all goriquement par une construction symbolisant l dification personnelle car l histoire de l glise est l histoire du croyant Imaginer Cest certes voir ou concevoir une figure avec un il de chair mais surtout en saisir et en fixer le sens de mani re se l approprier c est dire se constituer soi m me spirituellement Ensuite c est quitter le plan figur pour en prendre la mesure et dans une contemplation anagogique se mettre la hauteur de ce qui d passe ce qui n est que corps et poussi re pour atteindre l esprit Imaginer alors c est saisir ce qui est vis C est pourquoi la construction conna t trois tapes En premier lieu se trouve le trac de l arche sur un mur si l on veut mais surtout dans l esprit Ensuite vient l l vation du b timent con u par del ce premier plan Pour finir on assiste l ascension difiante du croyant lui m me Si le croyant n est que pour autant qu il croie le contemplateur n est que pour autant qu il voie et n est donc qu partir de l image saisie par le dernier il S apercevoir de la distance qui s pare le contemplateur de l image figurative dont il provient c est proc der la conversion du regard d abord de l homme ensuite qui constitue le but manifeste des trait s sur Parche On ne voit plus seulement quand on use d un il de raison une figure que l il de chair peine percevoir mais
26. nhout Brepols 1997 p 189 47 44 Les Sententi de diuinitate V 46 47 dans Ambriogio M Piazzoni Ugo di San Vittore auctor della Sententi de divinitate op cit rendent compte d un il de nature que P Sicard assimile l il de contemplation voir Diagrammes m di vaux art cit p 190 o0 10PIA JUIES ap S NSNH 2p aU21e P SZULI S J LAAIN MAIAVX 82 Comment donc se place t on dans une situation o l on peut tre entra n comme malgr soi sur une voie que l on invente soi m me comme on d couvrirait une piste ignor e En prenant au s rieux la signification symbolique c est dire en d passant l all gorie Une chose n a de sens que si ce sens est susceptible d tre saisi Si je con ois une image par rapport laquelle je suis cens me situer soit en observateur du dessin soit en r alisateur de la figuration m me alors je mai d autre choix que de reconna tre l existence de la relation qui munit de facto l image en question Cette image n est rien si je ne la con ois pas Et si je la con ois elle n est que ce que moi je con ois tel que je le con ois Je suis donc toujours d j engag dans le processus d interpr tation M me si sur le mur du clo tre un autre peint un dessin m me si dans un livre un autre d crit un dessin ce que je vois est ce qui appara t par ma propre vision Or ce que je veux voir ou plut t concevoir en
27. nt 564B C et 564D effet volontaire de la rh torique spirituelle de Ma tre Hugues En effet si le processus en jeu d borde la seule figuration c est qu imaginer ce n est pas seulement constituer une repr sentation visible ou proc der une figuration mais aussi concevoir le sens et la substance du dessin en son absence m me construire une symbolisation Nul paradoxe ici entre la pr sence et l absence de l image prise dans ces deux sens distincts le dessin est absent lorsqu on lit le Libellus dans le but de r aliser une peinture ext rieure ou une figuration Mais il est pr sent malgr tout lorsque sa signification se fait jour dans la symbolisation Et il subsiste alors en soi si l on y croit ce qui quivaut avoir la foi Le De sacramentis chistiane fidei explicite en quoi consiste la foi en commentant l ap tre3 Les choses d ici bas peuvent tre pr sentes en nous de diff rentes fa ons en acte quand elles sont per ues par le biais de la sensation ou par lexp rience intime comme nous ressentons en nous des motions telles la joie la tristesse la crainte et Pamour ou encore par l intellection quand nous parvenons les concevoir ou nous les repr senter telles qu elles existent quand elles sont absentes Mais lorsque les choses banales n existent pas ou ne subsistent pas ind pendamment de nous elles peuvent aussi tre con ues par leur similitude avec celles qui existent c est d
28. nt que l arche d crite par Hugues est un exemple de la r alit spirituelle de l glise une image de sa propre histoire35 et une all gorie de l criture36 En ce sens la perspective offerte par une ex g se visuelle est particuli rement pertinente En permettant d embrasser par un seul regard cette histoire c est l unit m me de l glise que le diagramme met au jour videmment l il qui peut ainsi voir l all gorie ne per oit pas de la m me mani re que celui qui observe la peinture ou la figure dessin e sur le mur du clo tre Sur ce point le De sacramentis christiane fidei et l Expositio Super Hugues de Saint Victor Didascalicon de studio legendi PL CLXXVI 742C trad Michel Lemoine dans Hugues de Saint Victor L Art de lire Didascalicon Paris ditions du Cerf coll Sagesses chr tiennes 1991 1 p 69 33 De archa 1 d cit p 7 8 PL CLXXVI 621A B 34 Me divinam Scripturam aedificio similem dixisse ut primum fundamento posito structura in altum levetur plane aedificio similem nam et ipsa structuram habet j ai dit que l criture sainte tait semblable un difice dont il ne faut lever la construction qu une fois les fondations install es Elle est vraiment semblable un difice car elle a aussi une structure Hugues de Saint Victor Didascalicon PL CLXXVI 802B trad Michel Lemoine dans Hugues de Saint Victor L Art de lire op cit
29. ntage un discours symbolique qu un canevas pour une r alisation effectu e ou venir Une deuxi me lecture qui n est pas enti rement oppos e celle de Lubac ajoute la signification mystique du Zibellus un r le mn monique dans la mesure o les images qui y sont d crites correspondent la lecture spirituelle propos e partir de Gen se 6 dans le De archa Noe Mary Carruthers la suite des travaux de Grover A Zinn Jr souligne que dans le Libellus les images fonctionnent comme des amorces des imagines rerum pour la rem moration d un mat riau extr mement complexe En effet tant les images elles m mes que leurs relations r ciproques sont mn moniquement pertinentes et dans la mesure o le contenu est en grande partie le m me sous forme abr g e que celui des livres I IL et IV du De arca morali c est dire le De archa Noel il semblerait que ce diagramme ait t le plan mental ou l imago rerum de sa collatio ou du moins une version de celui ci 3 Ces d tails amusent Beryl Smalley dans The Study ofthe Bible in the Middle Ages Oxford B Blackwell 1952 p 96 97 cit par Henri de Lubac Ex g se m di vale Les quatre sens de l criture 1959 Paris ditions du Cerf Descl e de Brouwer coll Antiquariat 1990 t 11 1 p 320 Leur abondance incite B Smalley penser que la peinture n est pas r alisable The Study ofthe Bible in the Middle Ages op cit
30. op cit passim 27 Hec ad constructionem arche his qui plura facere aut non ualent aut nolunt sufficere possunt Hugues de Saint Victor Libellus PL CLXXVI 700C d cit p 157 trad personnelle N N 10PIA JUIES p S NSNH P au21e P SZULI S J LAAIN YAIAVX 78 renoncement associer l abondance des d tails d j fournis par ailleurs rel ve sans doute d une finalit suppl mentaire qu exprime Dominique Poirel la fin un renversement se produit Hugues ne m dite plus tant sur l arche d crite dans la Gen se qu il ne d crit et commente la r alit spirituelle dont Parche historique fut l image et qui se r v le plus riche au regard all gorique que ce que l histoire pouvait d couvrir dans le vaisseau de No 8 L arche mystique n e de l interpr tation de l criture et de l histoire de l glise semble progressivement prendre le pas sur Parche du d luge et devient le v ritable objet vis par le Libellus la seconde n tant plus alors que la repr sentation figur e de la premi re Un autre sens du texte peut donc encore appara tre Si ce que vise l ex g se particuli re n est pas seulement l explicitation du dessin mais la signification m me des choses spirituelles vis es par le contemplateur et symbolis es par l image de l arche du d luge alors manifestement l appr hension de ladite image se double d une construction int rieure de Parc
31. oses parce que l excellence de leur divinit et de leur puret d passe de beaucoup toute ressemblance avec les corps et les choses corporelles ibid 328D 0 ur 10PIA JUIES ap S NSNH 2p aU21e P SZULI S J LAHIN MAIAVX 86 et permet la foi c est parce qu il y a bien quelque chose croire que nous sommes susceptibles de conna tre cette modalit de la pens e qu est la foi Mais d autre part seule la croyance en ces choses nous permet dans l ordre des pens es d en reconna tre l existence Du point de vue de l tre ces choses divines fussent elles encore venir quand elles requi rent l op ration de la gr ce sont ainsi premi res car Dieu a voulu qu elles soient de toute ternit de sorte que leur essence pr c de leur effectivit Cependant du point de vue de la connaissance seule la foi en elles en d voile l acc s m me si elle ne peut qu avoir t caus e par ces choses puisqu elle ne peut pas d river des modalit s de la pens e ordinaire voqu es plus haut auxquelles le divin chappe Dans le cas qui nous int resse peu importe que le dessin m me demeure toujours absent en figure pourvu que l effet escompt op re par la seule description ex g tique celle ci participe de l effort de conversion et ne se justifie que par son efficacit Le commentaire donne le sens de ce qui est comment l invente proprement parler et en v rifie tout moment l exactitude pa
32. premier lieu est la raison pour laquelle je suis embarqu dans un monde de vanit s o toutes choses sont ph m res et o mon c ur faible souffre d une instabilit dont il veut tre soign Tel est le contexte du De vanitate mundi et du prologue du De archa Noe D s le commencement donc mes affects sont sollicit s dans la d marche entreprise ce sont eux qui indiquent le sens de ma souffrance et me conduisent rechercher un rem de aux maux qui m accablent Car je redoute d abord la d solation mondaine peur qui n est qu une traduction de la crainte de Dieu laquelle n est que le principe de la sagesse 5 Le rem de ces maux quant lui est le bon amour lamour de Dieu c est dire la charit par opposition la cupidit qui est amour du monde La charit gu rit toute langueur de l me dit le De laude caritatis 7 Une fois ceci compris ce que je veux c est aimer comme il faut c est dire aimer Dieu auquel je munis par ma volont Hugues dans le De sacramentis christiane fidei Il x1 ne dit pas autre chose la charit en Dieu est le fait de l aimer de telle sorte que nous le rejoignions 8 45 Hugues de Saint Victor De archa IIl 11 PL CLXXVI 647B d cit p 55447 46 Hugues de Saint Victor De substantia dilectionis Prologue PL CLXXVI 15A B d Roger Baron dans Hugues de Saint Victor Six opuscules spirituels Paris ditions du Cerf coll Sources chr tiennes
33. r le r sultat produit La pr sence de l arche mystique en soi et la croyance qui lui est accord e en permettent la subsistance dans une sorte d ekphrasis spirituelle56 Certes l arche du d luge a exist dans le temps avant la foi du croyant Certes Dieu a voulu et pens l glise de toute ternit Mais seule la signification de l arche mystique en d termine la r alit seule sa consid ration assoit son mode de pr sence Et seule sa pens e donne sens au symbole que devient par le retournement qu voque D Poirel 7 Parche du d luge Il y a aussi deux mani res de saisir ce qui se produit avec le Libellus qui correspondent deux mani res qu a Hugues de Saint Victor d tre n oplatonicien La premi re consiste dire que la tripartition de l arche illustre et d pend tout la fois de la triplicit des regards qui permet une ex g se se soldant en introversion On trouve ici ce que Roger Baron nomme le th me augustinien de l ultime recueillement et de l introversion pr c dant l exp rience de Dieu 59 Le Discours sur le Psaume XLI d Augustin qui le d veloppe contient un grand nombre d images communes aux crits 56 C est une remarque de Cl mence Revest que je dois la r f rence l ekphrasis 57 Dominique Poirel Hugues de Saint Victor op cit p 130 cit plus haut 58 Cette perspective est mise en lumi re par Roger Baron dans Science et sagesse chez Hugues de Saint Victor
34. spoir d tre touch par sa gr ce qui seule permettra l l vation au del du plan de Parche figur e vers le niveau anagogique qui quivaut dans l ordre mystique au point de vue partir duquel on peut contempler un dessin sur le mur d un clo tre Tel est le sens de l vocation de arbre de vie qui ne saurait relever de la seule digression l arbre est ce qui s l ve par nature et non par l effort de la construction tandis que la construction est un moyen de la justification 40 Hugues de Saint Victor De vanitate mundi PL CLXXVI 715A trad Patrice Sicard dans Hugues de Saint Victor et son cole Turnhout Brepols coll T moins de notre histoire 1991 p 238 41 Lex Dei eius in corde ipsius la loi de Dieu est dans le c ur du fid le dit le Psaume 36 31 cit dans De archa IV vili PL CLXXVI 674D d cit p 106 42 Voir la pr sentation des diff rents niveaux dans le Libellus I IV PL CXXLVI 688A 692B d cit p 1321 13935 43 Patrice Sicard lui m me insiste sur la n cessaire illumination qui seule rend possible la restitution de la vue de l il de la contemplation occult par les t n bres du p ch adamique comme le montrent les d veloppements du De sacramentis chistian fidei PL CLXXVI 329C 330A Caritas mentem illuminat dit le De laude caritatis 15 PL CLXXVI 976A d Patrice Sicard dans Hugues de Saint Victor L uvre de Hugues de Saint Victor t l Tur
35. t telle que je recherche et d sire par dessus tout une f licit stable et durable Et c est ainsi qu op re la gr ce Du moins c est ainsi que je l imagine op rer d s le commencement elle me fait me placer sur une voie r demptrice o je cherche m approcher du divin ce divin o tout se r unit par la foi depuis le commencement jusqu la fin C est en effet la gr ce qui d s le d but et sans que je le sache me donne la bonne crainte celle de Dieu le bon d go t des vanit s et qui moriente vers le bon amour Le tout compose une progression unique qui suit la m me 3 3 voie jusqu au sommet de Parche 49 50 51 caritas forte excedis angustias meas nec invenire potero pretium tuum penes mee Dabo tamen quod habeo et totum quod habeo dabo Tota domus mee substantia te commutabo totum quod est in habitaculo corporis mei totum quod est in habitaculo cordis mei pro te dabo De laude caritatis 5 PL CLXXVI 972C d et trad Patrice Sicard dans Hugues de Saint Victor L uvre de Hugues de Saint Victor t op cit d p 186 7 188 t trad p 187 189 Amor namque per desiderium et de Deo et cum Deo et in Deum ordinate currere potest De Deo currit quando de ipso accipit unde eum diligit Cum Deo currit quando eius voluntati in nullo contradicit In Deum currit quando in ipso requiescere appetit H c sunt tria qu ad Deum pertinent De substant
36. trer en soi m me mais d une mani re qui ne se peut dire passer au plus intime de soi au del de soi m me Ainsi celui l qui entrant en soi et p n trant en sa propre intimit si j ose dire passe au del de lui m me celui l monte v ritablement vers Dieu 4 L ascension est une image mais ce qui se produit et que d crit l all gorie rel ve de la tropologie cela inspire un effet moral un comportement r el La construction de Parche est une entr e en soi m me au plus profond de son c ur l m me o l on n est plus parce que l on a d pass ce que l on tait Phomme de la loi de nature ou l homme de la loi crite qui se cantonnent aux niveaux inf rieurs de l arche quand l homme de la gr ce se trouve au niveau sup rieur ce dernier niveau se situe galement le carr central point de d part et d arriv e de cette laboration imaginaire L importance de cette unit fondamentale est manifeste c est par la r union des sens et des niveaux d interpr tation que l illumination attendue est obtenue par l effet de la gr ce La gr ce dit on Mais alors quel r le choit l homme dont la construction volontaire ne semble plus que singer un processus qui le d passe Cette laboration est comme on l a vu la fois une lecture de criture et une interpr tation de l histoire de l glise Elle est aussi une pri re que Pon adresse au Dieu de majest dans l e
37. ui emp che d embl e toute reproduction bidimensionnelle de l image et les proportions de Parche ne sont pas identiques dans ce texte o ses dimensions sont de deux cents unit s par cinquante celles de Parche de Gen se 6 15 o la construction mesure trois cents coud es par cinquante 8 D autre part seules des correspondances marquent la similitude des arches du De archa et du Libellus de sorte que Pon peut mettre en doute l identit de l objet d crit ici et L arbre de 14 Patrice Sicard Diagrammes m di vaux op cit p 44 15 Conrad Rudolph First I Find the Center Point Reading the Text of Hugh of Saint Victor s The Mystic Ark Philadelphia American Philosophical Society Transactions of the A P S 94 2004 P 33 16 lbid p 9 31 pour le Libellus comme reportatio et p 33 61 pour la distinction des deux versions 17 Hocin plano representari non potuit cela ne peut pas tre repr sent sur un plan Hugues de Saint Victor Libellus PL CLXXVI 683D d cit p 125 4 0 trad personnelle Voir Marry Carruthers Le Livre de la m moire op cit p 336 18 Voir Conrad Rudolph First I Find the Center Point op cit p 13 19 Conrad Rudolph parle m me d inconsistances ibid p 33 Voir Patrice Sicard Diagrammes m di vaux op cit p 36 37 vie dont il est question dans le De archa II vin xvur est par exemple absent du dessin P Sicard parle alors
38. umanus animus non potest de invisibilibus erudiri nisi per visibilia parce que l me humaine ne peut s informer des choses invisibles qu au moyen des visibles Hugues de Saint Victor Expositio Super Hierarchiam beati Dionysii PL CLXXV 956A trad personnelle 65 Quod in Scriptura sacra terrenum esse videtur ad divina et coelestia cogitanda et amanda exaltat et id quod in aliarum Scripturarum divinum dici putatur legentis animum per adjunctam falsitatem ad terrena praecipitat Hugues de Saint Victor De scripturis et scriptoribus sacris 11 PL CLXXV 11C D trad Yves Del gue dans Les Machines du sens op cit p 39 66 Teste namque Apostolo quod carnale est prius est deinde quod spirituale 1 Cor XV Et ipsa Dei sapientia nisi prius corporaliter cognita fuisset nunquam lippientis mentis acies ad illam spiritualiter contemplandam illuminari potuisset Noli igitur in verbo Dei despicere humilitatem quia per humilitatem illuminaris ad divinitatem ibid V PL CLXXV 14D trad Yves Del gue dans Les Machines du sens op cit p 44 de La Hi rarchie c leste dont il s inspire Voir le signe ici ce que Pon imagine et comprendre qu il n est qu un signe comprendre en outre de quoi il est le signe comprendre enfin de cette fa on en quoi il est en lui m me vrai en tant que support ou substance de ce en quoi nous croyons lorsque nous en saisissons le sens tout cela constitue une
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