Télécharger
Contents
1. Cette n gation qui vise avant tout effacer du cadre narratif l nig matique figure f minine rend caduque l in formation temporelle Personne n aurait alors charg le narrateur de transmettre des polites ses son pouse puisque cette femme n existe pas Le journaliste poursuit ensuite le r cit en voquant son pass de jeune homme Apr s tant d ann es au moment o votre chroni queur se tourne vers le temps perdu la re cherche d une branche pour s y accrocher dans son insomnie il se souvient d une jour n e terrible qu il a v cue dans les rues d Is tanbul Un baiser de cin ma lui donna alors une telle envie d embrasser une femme qu il ne pourra effacer ce baiser de sa m moire il aura sans cesse sous les yeux les l vres de ces acteurs Joan Bennett et Dan Duryea Les noms de ces deux acteurs de films noirs am ricains permettent de situer l action de ce r cit r trospectif apr s 1944 ou 1945 Le souvenir du narrateur remonte probablement aux ann es 1950 ou 1960 puis qu il affirme avoir suivi ce policier dans l une des plus vieilles salles de la ville et que ce film tait peut tre encore plus vieux que cette salle en supposant que le cin ma dont parle le narrateur n tait pas d une bien grande v tust l poque Lorsque resurgit abruptement au dernier paragraphe du cha pitre la deuxi me personne du singulier c est dire l pouse des premi res lignes du r cit2. tions de lecteur virtuel qui constitue grosso modo l image du public en fonction duquel un auteur crit de lecteur id al celui qui comprendrait parfaitement et approuve rait enti rement le moindre des mots de l crivain la plus subtile de ses intentions ou pour dire autrement le lec teur que tout auteur r ve d avoir La pr sence du narrataire 37 i F AUTOMNE 2004 Qu bec fran ais 15 45 quoique souvent bien discr te est toujours signifi e dans le discours du narrateur et se d tecte partir des signaux qu envoie le nar rateur l adresse de son destinataire Le processus de caract risation du narrataire rel ve par cons quent d un acte de construc tion qui s articule partir d une grille d inter pr tation d un mode d emploi con u afin de mettre en relief un effet de lecture L tude du narrataire telle que Prince la pr sente ne sem ble tre rien d autre qu une mani re de rendre le lecteur plus attentif d crypter les signes qui r v lent la pr sence de l instance r ceptrice d un r cit i Todorov souligne explicitement l importance de l acte de lecture dans l labo ration d un monde fictionnel et de la situation de communication fictive instigatrice du r cit la conception de Prince fait appara tre en creux ce processus Sa vision immanente du texte prend essentiellement appui sur l observation de structures narratives mais ne nous y trom pons pas la
3. deux poques le pass de jeune homme et le pr sent de journaliste de Dj l l se super posent comme dans un fondu encha n Dans sa recherche de l vres disponibles embras ser le narrateur s arr te dans une cr mene o il rencontre l un de ses vieux copains Tout en plongeant ma cuiller dans le blanc manger que j ai toujours pr f r sans sucre crit il je lui racontai que j tais mari depuis long temps que je gagnais beaucoup d argent que tu m attendais la maison Non seulement le narrateur fait revenir sa pr tendue pouse dans le champ de consid ration du lecteur mais il semble faire du m me coup bondir l histoire deux ou trois d cennies en avant Un probl me se profile toutefois et il est de taille rien dans le texte ne permet de conclure hors de tout doute qu un saut temporel s effec tue Il y a lieu de se demander si vraiment le lecteur assiste un glissement temporel ou s il ne se prend pas dans les pi ges que lui tend sa propre vision de la fiction Si le lecteur prend pour acquis que le texte du premier paragra phe du chapitre ne constitue qu un tissu de fausset s rien ne confirme en effet qu il y ait mouvement temporel dans le dernier para graphe La r it ration du tu ne pourrait tre qu une r p tition destin e le d stabili ser sans plus Par ailleurs il n y a de probl me temporel que si l on identifie l pisode du d but quelqu un m a charg de t
4. rudi wWww erudit org Article L incoh rence de l incoh rence Les rapports troubles du r v l et du rationnel textuel Isabelle Doucet Qu bec fran ais n 135 2004 p 49 51 Pour citer cet article utiliser l information suivante http id erudit org iderudit 55547ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 November 2015 06 26 LITT RATURE gt gt SABELLE DOUCET F F LES RAPPORTS TROUBLES DU R V L ET DU RATIONNELTEXTUEL epuis qu Umberto Eco a d crit dans Lector in fabula la lecture des textes narratifs comme un processus de coop ration interpr tative les th oriciens de la lecture ne doutent plus que la lecture soit une activ
5. lecture repr sent e dans la fiction ne se d tecte qu travers la lecture r alis e Le lecteur construit l univers imaginaire du r cit partir de ses informations lui c est en se mettant la recherche de ces infor mations qu il pourra peu peu se figurer le portrait d un narrataire sp cifique diff rent de ce que Prince appelle le narrataire degr z ro concept arbitraire requis comme point de r f rence pour une telle tude Ces deux th ories et tout prendre l acte de reconstruction lui m me se soumettent au caract re plus ou moins explicite des signes textuels qui permet tent l interpr tation Selon l occurrence plus ou moins fr quente des signes le portrait obtenu apparaitra pr cis ou au contraire quivoque Constructions instables Sans pouvoir affirmer que le lecteur man que de mat riaux pour concevoir l univers imaginaire du Baiser il faut tout de m me constater qu il se bute certaines am bigu t s D o provient l impression d inco h rence qui mane du texte Pourquoi le r cepteur r el a t il peine donner un sens aux contradictions qui s immiscent dans le discours du narrateur L affaire est la fois plus compliqu e et plus simple qu elle ne semble Tout se passe comme si le narrateur d molissait syst matiquement les construc tions du lecteur Deux types d incoh rences ressortent entre autres du r cit L une d elles para t tre de natu
6. e transmet tre ses amiti s avec celui de la fin Mon ancien copain m a charg de te transmettre ses respectueux hommages ce qui est possible mais il s agit tout de m me d une in terpr tation que le texte ne contraint pas for mellement Il appara t donc difficile d adh rer de fa on certaine quelque hypoth se de lecture que ce soit propos de la temporalit du texte Les questions relatives la narration et plus pr cis ment au r le que jouent le narrateur et son narrataire dans la fiction ne semblent pas moins ardues trancher le narrateur est il mari ou c libataire Est ce le public de Dj l l ou sa pr tendue femme qui est le v ritable destinataire du r cit Ce r cit est il une chro nique journalistique un r cit autobiographi que ou une lettre personnelle qu crirait le narrateur sa femme Qu est ce qui pourrait faire en sorte que le narrateur confonde ces diff rents genres d crits Le toi du pre mier paragraphe porte croire et la mystifi cation repose essentiellement l dessus que le destinataire de la fiction n est nulle autre que la l gitime du narrateur cette infortun e cr ature que l on d signe sous le nom de femme au foyer qui ne rencontre jamais d autres hommes que son mari si lassant et qui par cons quent serait naturellement port e s mouvoir de l attention que lui ac cordent d autres hommes L abondance des commenta
7. ertaines autres th ories une m thode critique d all geance structuraliste comme la narratologie par exemple comme des th ories de la lecture qui s igno rent puisqu elles s attardent fr quemment d crire les figures de la lecture ou du lecteur qui s inscrivent l int rieur des textes Gerald Prince en particulier dans Intro duction l tude du narratair propose un mod le qui permet d duquer le regard du lecteur en ce sens L analyse d un chapitre du Livre noir d Orhan Pamuk intitul Le bai ser devrait nous permettre d exemplifier les conceptions de Prince et de Todorov tout en nous donnant l occasion de soulever certains probl mes inh rents la reconstruction d un univers fictionnel instable ou ambigu Le narrataire comme construction C est avec les travaux de Gerald Prince que l tude de la figure du narrataire a acquis en narratologie une valeur semblable l tude du narrateur Toute narration explique Prince pr suppose non seulement au moins un narrateur mais encore au moins un narrataire c est dire quelqu un qui le narrateur s adresse Le narrataire et le narrateur sont des cr atures fictives qui ne doivent pas tre confondues avec les notions plus ou moins analogues de r cepteur ou de lecteur empirique qui sont des entit s r el les et ce faisant impr visibles puisqu il n est pas possible d anticiper ou de contr ler int gralement leurs interpr ta
8. idge l article de p riodique que re produit Le baiser ne fait certainement pas partie de la sph re des anti mn moni ques Il appara t par cons quent curieux de penser qu une op ration mentale comme la m morisation dont le bon fonc tionnement importe tant dans l acte de lec ture puisse constituer un handicap Pour d jouer les ruses d un texte qui trouve un alibi id al la perte de m moire du narra teur pour enlever au lecteur l envie de le pro clamer coupable d incoh rence flagrante il faut plus qu une lecture unique et lin aire du texte Les effets de lecture ne s expliquent que si le lecteur litt raire ou tout le moins le lec teur minutieux veut bien effectuer un retour sur le texte Ne sent on pas un avertissement peine voil l intention de ce type de lecteur lorsque le chroniqueur crit ne vous appro chez pas trop demeurez deux pas de distance s il vous plait et avant que mes petites ruses soient toutes vent es laissez moi poursuivre en paix mes petits jeux d criture Qu est ce qu une deuxi me tentative de reconstruction litt raire enl ve ou ajoute au r cit qui ferait que le texte ne semble plus le m me qu la premi re lecture Cette question est complexe r soudre mais un constat s impose n an moins relire revient souvent diss quer pour mieux les appr hender les m canismes g n rateurs d interpr tation d une uvre Doctorante en litt ratu
9. ires ou des sentences pour re prendre les termes de Todorov qu ajoute le narrateur son propos indique toutefois qu il pourrait tout aussi bien s adresser quelqu un d autre que sa femme un homme par exem ple surtout lorsqu il affime mon avis un mari intelligent doit toujours oublier les ami ti s que d autres hommes le prient de trans mettre sa femme ou encore Au bon vieux temps les hommes bien lev s ne pou vaient transmettre l assurance de leurs respect qu tout un gyn c e d pourvu de personna lit Ils taient bien plus s rs les tramways compartiment pour dames de ces temps l Le narrateur aurait il donc plus d un narrataire Le texte n accorde que de faibles indices pour appuyer cette construction Le ton du r cit qui passe de celui qu utiliserait un poux crivant sa tendre moiti celui moins intime et plus sentencieux du chro niqueur tend rendre le dilemme encore plus saillant Le d menti du narrateur Les lecteurs qui savent que je suis c libataire ont d comprendre que j ai cherch les d router d s ma premi re phrase peut clairer le lecteur de m me que les mots votre vieux chroni queur qui indiquent un changement appa rent de narrataire le lecteur pourrait ais ment conclure que son ses narrataire s doit doivent lire r guli rement certaines de ses publications Ces indices tendent confirmer l e
10. it cr atrice ou plut t re cr atrice de l uvre d art que repr sente un ouvrage litt raire Aucun texte ne peut s interpr ter en vertu d un sens pr autoris stable et d fini il volue au contraire l int rieur d une sph re potentiel lement infinie d interpr tations possibles Le langage d borde toujours de son sens litt ral Ce qui existe d abord c est le texte et rien que lui affirme d ailleurs Todorov c est en le soumettant un type particulier de lecture que nous construisons partir de lui un univers imaginaire L acte de lecture par cons quent fonde ou cofonde avec l crivain un monde fictionnel Cofonder un univers roma n sque suppose que le lecteur sache agencer diff rentes di mensions du texte les structures narratives et temporelles les th matiques la trame v nementielle le point de vue partir duquel se raconte l histoire les personnages etc de fa on se figurer l univers imaginaire pr sent Cet acte suppose galement que le r cepteur puisse utiliser ses sa voirs ses int r ts ses pr suppos s en bref l exp rience per sonnelle qu il a du langage et du monde pour conf rer au texte une plus value de sens Toute th orie de la lecture repr sente une tentative d clairer ce processus insaisissable que constitue la recons truction d un univers imaginaire lire La lecture comme construction de Tzvetan Todorov on pourrait en venir consid rer c
11. mplifi e du nous J ai oubli moi l clat des rayons du soleil qui venait toucher nos corps travers les rideaux de tulle la r minis cence du paragraphe initial resurgit aussit t et ce m me si le narrateur affirme la fausset de ces premi res informations On pourrait facilement croire que tout le paragraphe d introduction m taphorise les efforts du lecteur r el du Baiser dr le de cr ature qui n arrive pas oublier Si un mari intelligent doit toujours n gliger les amiti s que d autres le prient de transmet tre sa femme un lecteur intelligent pour sa part ne peut certes pas effacer de sa m moire une premi re lecture Cette premi re lecture constitue pour le lecteur du Bai ser un probl me avec lequel il lui faut composer mais non pas un obstacle ses constructions C est d ailleurs en cela que r side une grande partie de l efficacit du jeu narratif cr er un malaise de lecture en rendant le r cepteur victime de ses pro pres suppositions L impossibilit d oblit rer des informations que le narrateur af firme lui m me fallacieuses rend possible une d construction progressive des tenta tives d interpr tation lectorales Le th me de la m moire s actualise alors doublement et de mani re contradictoire dans le texte Il est question de troubles tout diff rents mais de nature similaire un exc s et une perte de m moire Contrairement aux dires de Coler
12. re Universit Laval Qu bec Bibliographie Calvino Italo 5j par une nuit d hiver un voyageur Paris Seuil coll Points 1981 Eco Umberto Lector in fobula ou la coop ration interbr tative dans les textes narratifs traduit de l italien par Myriem Bouraher Paris Grasset coll Le livre de poche 985 Genette G rard Figures Ill Paris Seuil coll Po tique 1972 Pamuk Orhan Le livre noir traduit du turc par Munevver Andac Paris Gallimard coll Folio n 2897 1995 Prince G rald Introduction l tude du narrataire Po tique n 14 1973 p 178 196 Todorov Tzvetan Le lecture comme construc tion Po tique n 24 1975 p 417 425 Notes Tzvetan Todorov La lecture comme construction Po tique n 24 1975 p 417 2 Gerald Prince Introduction l tude du narrataire Po tique n 14 1973 p 178 196 3 Orhan Pamuk Le baiser dans Le livre noir traduit du turc par Munevver Andac Paris Gallimard coll Folio 1995 p 213 223 4 Prince p 178 ibid p 180 6 Prince distingue deux cat gories de signaux qui rendent possible la caract risation du narrataire des signaux implicites et des signaux explicites 7 Todorov p 422 8 Lire ce sujet Prince p 179 182 9 Orhan Pamuk Le livre noir p 213 nous soulignons 10 Ibid p 214 Prince dirait que le narrateur anticipe une interrogation du narra
13. re tempo relle Pr cisons d abord que Le baiser constitue un chapitre relativement ind pen dant l int rieur du Livre noir qui relate les tribulations de Galip un jeune avocat turc la recherche de Ruya sa femme qui a laiss une lettre myst rieuse en disparaissant C est 30 Qu bec fran ais 135 AUTOMNE 1004 en fouillant dans ses propres souvenirs et dans le pass militant de Ruya qu il entretient l es poir de trouver les indices n cessaires sa qu te Cette recherche l am ne relire les crits de son oncle Dj l l le demi fr re de sa femme qui semble galement avoir disparu C est de toute vidence l une des chroniques de l oncle journaliste que restitue le chapitre en question Le narrateur que l on pourrait cons quemment identifier sous les traits de l oncle Dj l l entame son r cit avec une af firmation d ordre temporel qu il contredira presque aussit t il y a une semaine quel qu un m a charg de te transmettre ses ami ti s Une digression sur les d sagr ments de devoir signifier sa propre pouse la sympa thie d autres hommes sert de pr lude au d menti du narrateur Les lecteurs qui savent que je suis c libataire que je n ai jamais t mari et que je ne pourrais jamais me marier puisque j suis Journaliste ont d compren dre que j ai cherch les d router d s ma pre mi re phrase Qui peut bien tre ce toi qui je m adressais
14. taire Ibid p 217 nous soulignons 2 ibid p 220 13 1944 et 1945 sont les dates de sortie en salle des deux longs m trages policiers de Fritz Lang de la distribution desquels faisaient partie Joan Bennett et Dan Duryea Le film en question est probablement La rue rouge 1945 Duryea y jouait le r le du petit ami de Joan Bennett 14 Pamuk p 217 15 Ibid p 222 l Ibid p 213 17 ibid p 223 18 ibid p 213 19 ibid p 213 20 Ibid p 214 21 lbid p 214 22 Ibid p 213 23 lbid p 216 nous soulignons 24 Ibid p 214 LA AUTOMNE 2004 Qu bec fran ais 135 51
15. xistence d un narrataire diff rent de la femme du paragraphe d introduction L entit f minine constituerait donc un pseudo narrataire parce qu elle en cache d autres Le principe de double v rit interpr tative Il n emp che que ces constructions sem blent ne tenir qu un fil Le verdict d inco h rence n est certain ni en ce qui concerne la temporalit du r cit ni pour ce qui est de la figure du narrataire L incoh rence est en quelque sorte incoh rente Chaque fois que le lecteur labore une th se pour d jouer les pi ges que le texte lui tend une autre con ception pourrait parall lement s chafauder et dont la conclusion viendrait infirmer ou m me se superposer aux premi res inter pr tations Un l ment de la th matique tex tuelle permet peut tre d expliquer cette loi de la double construction Si le narrateur se plaint de sa m moire qui flanche de jour en jour le lecteur quant lui se trouve dans une tout autre situation il est victime d une m moire qui fonctionne trop bien Comme la femme qui lorsqu un homme se rappelle son souvenir se met r fl chir sur une politesse qu il lui a d j faite le lecteur n arrive pas oublier sa lecture du premier paragraphe Il a du reste lui aussi beaucoup de temps pour la r flexion chaque fois que le narrateur r active la deuxi me personne du singulier ne serait ce que sous la forme a
Download Pdf Manuals
Related Search
T tvapp the tv app teams tiktok translate target twitch telegram twitter turbotax temu tiktok login ticketmaster t-mobile tradingview teamviewer typing test teams login traductor toyota translate google tubi tv taylor swift tinkercad tampa bay buccaneers