l`imaginaire symbolique des legendes urbaines: les
Contents
1. XI Congresso Internacional da ABECAN 20 anos de interfaces Brasil Canad Les trangers Ensuite viennent les l gendes concernant les trangers Comme le sugg re Renard les l gendes racistes et x nophobes portent sur quatre domaines la nourriture la violence la sexualit et le territoire RENARD 2002 104 Le plus souvent les l gendes de cannibalisme involontaire s inc rent dans cette cat gorie et sont teint es de x nophobie La c l bre l gende de los de rat en est une illustration Au lendemain d un d ner dans un restaurant asiatique un patient se rend chez le dentiste pour se faire retirer un petit bout d os de la machoire Suite une analyse en laboratoire le fragment d os s av re tre un os de rat La nature sauvage La nature sauvage est un autre th me que l on retrouve dans les l gendes modernes et qui touche tr s souvent l apparition de b tes sauvages dans la ville les alligators des gouts de New York l importation d un animal exotique volontairement The mexican pet ou involontairement ou encore l invasion d un animal dans le corps humain t tard araign e larve de serpent aval par m prise et qui se d veloppe dans le corps Ici encore de nombreuses l gendes pointent les risques de l exotisme de ce qui vient d ailleurs La peur de l tranger exprim e m taphoriquement par les plantes et les animaux exotiques dangereux RENARD 2002 107 comme le raconte2. XI Congresso Internacional da ABECAN 20 anos de interfaces Brasil Canad L IMAGINAIRE SYMBOLIQUE DES LEGENDES URBAINES LES LIEUX DE LA PEUR DANS LES AMERIQUES Sylvie Dion Funda o Universidade Federal do Rio Grande L expression l gende urbaine de l anglais Urban legends est apparue vers les ann es 1970 1980 chez les folkloristes am ricains pour d signer des anecdotes de la vie moderne racont es comme vraies mais qui sont fausses ou douteuses CAMPION VINCENT 2005 21 Les l gendes urbaines sont des r cits collectifs charg s d effets de v rit et d appel l autorit et font parties de la connaissance populaire et de la culture informelle Histoire exemplaire la l gende urbaine se glisse dans nos conversations les plus quotidiennes On re oit chaque jour par e mail des alertes appuy es d une histoire un peu sordide nous mettant en garde des nombreux dangers de la vie moderne La consommation d aspartane provoque t elle des maladies neurologiques McDonadl s offre t il vraiment du boeuf 100 notre t l phone portable peut il provoquer le cancer du cerveau Une simple cannette de bi re mal lav e pourrait elle nous infecter de la leptospirose Ancr e dans la ville et la modernit la l gende urbaine circule l chelle mondiale travers les conversations la presse le t l phone l internet les messageries lectroniques les clavardages bate papo les r seaux d changes entre amis facebook
3. Selon Jean Bruno Renard sociologue de l imaginaire les l gendes urbaines seraient une manifestation contemporaine de la pens e symbolique loin d tre des histoires insignifiantes ces anecdotes sont au contraire des histoires significatives pleine de sens qu il est utile d tudier RENARD 1999 6 Chaque l gende urbaine pr sente de multiple variantes au contenu surprenant mais g n ralement faux racont comme vrai et r cent Mais que nous r v lent tous ces faits divers imaginaires Dans le cadre de cet article nous allons premi rement pr senter et d finir la l gende urbaine comme pratique narrative contemporaine en la comparant aux genres voisins que sont la l gende traditionnelle le fait divers et la rumeur pour ensuite tenter d identifier les lieux de peur et d angoisse partir du contenu des l gendes urbaines et tenter d en d gager lunivers symbolique XI Congresso Internacional da ABECAN 20 anos de interfaces Brasil Canad 1 La l gende traditionnelle Vers 1910 l ethnologue Arnold Van Gennep dans son tude sur La formation des l gendes VAN GENNEP 1910 tablissait les quatres lois g n rales du r cit l gendaire la localisation la personnalisation la temporation et la convergences des th mes Plus pr s de nous Bertrand Bergeron dans son ouvrage Au royaume de la l gende se basant sur les lois de Van Gennep red finira la l gende traditionnelle comme La relation oral
4. On y retrouve le sch ma si fr quent dans les l gendes contemporaines du quotidien pi g un geste banal de la vie quotidienne se r v le la source d une r pugnante d couverte Campion Vincent 1992 p70 Ces histoires poss dent toutes les caract ristiques d une l gende urbaine apparence d un fait divers insolite variante autour de la m me structure protagonistes typ s rh torique du conte Il existe de nombreuses variantes de r cits relatant le commerce de chair humaine tant en Europe qu en Am rique et ces r cits ont des sources tr s anciennes L histoire la plus connue en France et aussi la plus ancienne elle date du XIle si cle est celle des petits p t s de la rue des Marmousets actuelle rue Chanoinesse pr s de l glise Notre Dame Au d but du 20 si cle le folkloriste Paul S billot dans son ouvrage le folklore de France mentionne de nombreuses traditions concernant les bouchers de chair humaine Campion Vincent p97 comme celle du boucher de Besan on qui fabriquait des p t s avec la chair de petits enfants Au Br sil l histoire de la rue Arvoredo actuelle rue Coronel Fernando Machado Porto Alegre est tristement c l bre pour avoir t le th tre d une s rie de crimes macabres qui ont marqu la population au point d tre encore aujourd hui une des l gendes les plus connues de la capitale Vers 1864 la police de Porto Alegre enqu tant sur une s rie
5. Selon Jean Bruno Renard L impact des l gendes sur le monde r el pour le meilleur ou pour le pire nous rappelle combien est fragile la s paration entre le r el et l imaginaire le vrai et le faux Ce n est pas un hasard si le m me mot histoire signifie tant t la r alit P Histoire et tant t la fiction raconter des histoires gt RENARD 2002 125 La l gende urbaine sous ses apparences de faits divers en nous mettant en garde de tous ces dangers qui nous guettent se fait le t moin de nos peurs et de nos angoisses Qu il s agisse d aliments pi g s d empoisonnements de contaminations de cannibalisme involontaire de violence urbaine ces r cits envahissent notre quotidien 4 un tel point que nous ne savons plus parfois distinguer le vrai du faux La l gende en nous mettant en garde de tous ces dangers se fait l cho des angoisses de l homme ordinaire entre l tranger les maniaques urbains les diverses conspirations la peur des nouvelles technologies partout tout instant notre quotidien peut tre pi g et basculer dans l horreur du drame et de l incompr hension Apr s bien des ann es d exil et fortune faite un roumain rentre au pays o il y avait laiss sa s ur et sa m re s occuper seules de l h tel familial L homme qui tait Venu avec sa femme et ses enfants d cida de faire une surprise sa famille en s installant incognito dans l h tel familial Il avait n anmoins laiss
6. sa femme et ses enfants dans un autre h tel de la ville Etonn es d acceuillir un client si fortun les deux femmes d cid rent de voler ce dernier La nuit venue le riche client fut gorg et ses biens vol s par les deux femmes qui ne l avaient pas reconnu Le lendemain matin lorsque la femme et les enfants vinrent prendre des nouvelles les deux femmes se rendirent compte de leur erreur Ne pouvant s en remettre elles se suicid rent http membres multimania fr scoobidoo Campion Vincent V ronique et Jean Bruno Renard Rumeurs et l gendes contemporaines Communications no 52 Paris Seuil 1990 Campion Vincent V ronique et Jean Bruno Renard L gendes urbaines rumeurs d aujourd hui Paris Payot 1992 11 XI Congresso Internacional da ABECAN 20 anos de interfaces Brasil Canad Campion Vincent V ronique et Jean Bruno Renard De source s re nouvelles rumeurs d aujourd hui Paris Payot 2005 Martine Roberge du Qu bec dans son ouvrage De la rumeur la l gende urbaine propose quant elle dix th matiques dominantes les maniaques les insectes l alimentation les histoires d enfants les animaux les automobiles la technologie les toilettes publiques les trangers l universit Un homme qui avait mang dans un restaurant asiatique se rend chez son dentiste cause d un mal aux gencives Le dentiste lui retire un bout d os assez peu commun Le dentiste curieux et consciencieux
7. de disparitions d couvrait dans la cave d une maison de la rue Arvoredo des cadavres d pec s et en tant de d composition Jos Ramos un ancien policier et Catarina Palse une jeune immigrante d origine allemande locataires des lieux sont inculp s et condamn s pour le meurtre du tavernier Janu rio Martins Ramos da Silva de son commis Jos Ignacio de Souza vila de 14 ans du boucher d origine allemande Carlos Claussner propri taire de la maison et de la boucherie adjacente 10 XI Congresso Internacional da ABECAN 20 anos de interfaces Brasil Canad Tr s t t apr s la d couverte des cadavres d pec s circulera la rumeur populaire que Ramos transformait ses victimes en saucisses lesquelles taient vendue et tr s appr ci es Porto Alegre tranformant une partie de la population en cannibals involontaires Avec le temps le discours l gendaire en viendra confondre les faits historiques et le nombre de crimes ira en augmentant supposant que la d couverte de ces cadavres n tait que la pointe de l iceberg Toutes les autres victimes avaient termin es en saucisses Les crimes et l horreur qu ils ont suscit se fixeront dans les m moires et la l gende se d veloppera peu peu autour de la rumeur des saucisses de chair humaine qui deviendra l l ment le plus stable que retiendra le discours populaire et l gendaire La l gende deviendra ainsi l cho populaire des v nements Conclusion
8. en garde Comment les classifier Le corpus des r cits et de leurs variantes est immense citons seulement titre d exemple la volumineuse Encyclopedia of urban legends de Harold Brunvand publi e en 2001 ou encore les nombreux sites internet consacr s au sujet Jean Bruno Renard nous propose un regroupement th matique des l gendes urbaines les plus fr quentes qu il divise en 6 cat gories ou probl mes g n rateurs sachant comme l auteur l indique qu un r cit l gendaire peut participer de plusieurs th mes Renard 2002 p 99 Les techno peurs Il y a d abord les l gendes touchant les nouvelles technologies les techno peurs attribu es un mauvais usage de l appareil au non respect du mode d emploi ou son mauvais fonctionnement c est l effet Gremlins gt cette tendance de la mentalit collective attribuer des dangers cach s aux nouvelles technologies RENARD 2002 p 101 L histoire de l animal domestique que l on met s cher dans le four micro onde en est un exemple La m tamorphose des gentils mogwa s en mal fiques gremlins provient pr cis ment du non respect du mode d emploi de l animal RENARD 2002 p 101 Il y a galement tous les r cits relatant les cons quences perverses li es l utilisation prolong e de certains appareils de grande consommation tel le four micro onde les jeux vid os et les t l phones portables
9. le fait examiner et en conclut que cet os est en fait un fragment d os de rat Le dentiste t l phone aussit t son patient qui pr vient la police Celle ci se rendue donc au restaurant o dans la cuisine ils d couvrent un r frig rateur rempli de rats d pec s http fanchinoutte skyrock com 1172884278 L 0s de rat html vii Un jeune couple se rend au PFK KFC le plus pr s de chez eux pour y acheter un baril de poulet frit Le jeune homme gare sa voiture dans le stationnement dudit restaurant pour y d guster le bon poulet Sa copine se plaint du go t particulier de son morceau de poulet Son ami lui demande d y go ter Apr s avoir constat le mauvais go t du poulet il d cide d allumer le plafonnier pour faire la macabre d couverte d un rat frit qui avait probablement atterrit dans la friture un peu plus t t http jojo22501 kazeo com legendes urbaines legendes urbaines effrayantes a492159 html R f rences BERGERON Bertrand Au royaume de la l gende Chicoutimi Les ditions JCL 1988 CAMPION VINCENT V ronique La l gende des vols d organes Paris Soci t d dition Les Belles Lettres 1997 CAMPION VINCENT V ronique Jean Bruno Renard Rumeurs et l gendes contemporaines Communications 52 Paris Seuil 1990 CAMPION VINCENT V ronique Jean Bruno Renard De source s re nouvelles rumeurs d aujourd hui Paris Payot 2002 CAMPION VINCENT V ronique Jean Bruno Renard L gendes urbaines rumeurs d aujourd
10. bilit que nous prouvons face nos comportement goiste envers les personnes g es et leur d c s RENARD 2002 p 115 D autres d noncent l intransigeance de l esth tique au point de vouloir maigrir n importe quel prix histoire du rem de am grissant aux vers ou de se soumettre des sessions de bronzages intensifs au point d en mourir la jeune femme cuite aux uva Moeurs et pratiques sexuelles qui se terminent mal aiguilles contamin es au Sida ou relations sexuelles non prot g es r v lation publique de l adult re par internet ou de sc nes compromettantes qui circuleront dans le milieu de travail les histoires comdamnant la lib ration des moeurs sont nombreuses Le surnaturel Enfin toujours pr sent le th me du surnaturel explique la persistance des histoires de fant mes et de ces auto stoppeuses fant mes d c d es dans un tragique accident de voiture La plupart de ces histoires de revenants expriment non seulement le secret espoir d une vie apr s la mort mais aussi l angoisse de la mort violente en particulier dans les accidents de transport automobile avion RENARD 2002 121 6 L alimentation moderne et la l gende urbaine un probl me g n rateur r current Revenons en terminant sur un des probl mes g n rateurs qui m apparait tr s significatif de notre mode de vie moderne le th me de la nourriture L alimentation dans nos soci t s modernes se r v le un des th mes
11. e libre faite par un narrateur d cicient ne poss de pas toutes les donn s de ce qu il raconte et non sp cialis d un v nement localis personnalis concernant des tres historiques par opposition aux tre mythiques temporalis aux th mes unifi s dont la coh sion narrative est forte relevant du surnaturel modal ressortissant au domaine du croire en selon la modalit du faire croire ce qui en fait un r cit de croyance requ rant la complicit formelle d un auditeur qui la parach vera par sa propre conviction BERGERON 1988 76 La l gende traditionnelle rel ve donc d une certaine subjectivit m langeant des faits r els historiques et des l ments relevant du surnaturel et de l extraordinaire L v nement socio historique d clencheur du r cit est pris en charge par le groupe qui l impr gnera de ses valeurs et de ses mod les de comportement Discours de pr vention et d avertissement identifiant le normal et l anormal le moral et limmoral la l gende est toujours le r cit d une quelconque transgression d une action qui consiste d sob ir violer un interdit d passer les limites habituellement permises ou tol r es 2 La l gende urbaine Comme cette derni re la l gende contemporaine ou urbaine est un r cit oral exemplaire et collectif qui poss de un message implicite et une morale cach e laquelle nous adh rons Le terme l gendes urbaines a t adopt comme le
12. e d sespoir d une famille en vacances dont on vient de voler la voiture contenant le tapis o tait enroul le cadavre de la grand m re d c d e durant le voyage Ne voulant pas interrompre leurs vacances la famille enroule le cadavre de la grand m re dans un tapis reportant les fun railles et poursuit tranquilement leur voyage Malheureusement leur voiture est vol e durant une pause repas dans une alte routi re Dans les ann es 1980 ce champ de recherche va v ritablement s institutionaliser et de nombreuses tudes et anthologies de l gendes urbaines vont tre publi es RENARD J B 1999 36 En 1990 l anthropologue V ronique Campion Vincent et le sociologue Jean Bruno Renard vont diter le no 52 de la c l bre revue Communications consacr aux rumeurs et l gendes contemporaines Cette publication sera suivie de l ouvrage en 1992 L gendes urbaines et rumeurs d aujourd hui et de plus r cemment De source s re nouvelles rumeurs d aujourd hui V ronique Campion Vincent lancera par la suite plusieurs tudes de cas telles La l gende des vols d organes la soci t parano les th ories du complot et Comme un abus d enfance portant sur les paniques morales li es aux histoires de p dophilie Pour V ronique Campion Vincent et Jean Bruno Renard la l gende urbaine est un genre folklorique de communication qui s appuie sur deux crit res Premi rement l histoire pr sente de nombreuses variantes stylistiques sup
13. e faire livrer de la nourriture au lieu de la pr parer soi m me acheter des mets pr par s et emball s au super march acheter un produit du moment qu il n a pas pass la date de validit Bref face toute cette diversit cette apparente facilit s alimenter est devenu une v ritable aventure risque une pr occupation sociale souvent tr s angoissante qu expriment de nombreuses l gendes urbaines sur les aliments pi g s les paniques alimentaires l industrie alimentaire les fastfoods les empoisonnements les contaminations alimentaires comme le d montrent les histoires bien connues de l os de rat du rat frit la Kentuky ou de la provenance et composition douteuse de la viande de boeuf des chaines MacDonald s En effet comment s y retrouver dans toute cette opulence et cette vari t de nourriture contr l e et pr par e par des inconnus l emploi de grandes firmes alimentaires multi nationales Nestl Kraft etc pr occup es on s en doute par le profit le rendement la publicit l emballage au go t du consommateur et non par la qualit nutritive du produit De m me manger dans un restaurant exotique signifie rompre avec l ordinaire briser la routine Mais cette aventure n est pas sans risque et quantit de rumeurs sont l pour nous le rappeler sous de jolies apparences on ne reconnait pas toujours ce qu il y a dans notre assiette Tr s souvent ce n est pas la nourriture exo
14. erficielles cela d pend de qui raconte ou des variantes plus profondes substituant des l ments de natures diff rentes mais insuffisants pour qu on dise qu il s agit d une autre l gende et circonstencielles car la l gende s adapte l environnement culturel CAMPION VINCENT V RENARD J B 2005 Renard note toutefois que les l gendes urbaines sont fr quemment des l gendes internationales Ensuite l histoire est partiellement ou totalement fausse mais racont e comme vrai avec une finale surprenante mais possible Les r cits allant du scientifiquement faux 5 XI Congresso Internacional da ABECAN 20 anos de interfaces Brasil Canad trafique d organes le pr l vement d un rein dans une chambre de motel au mat riellement impossible un b b aligator jet dans la toilette pourrait il se retrouver vivant dans les go ts et survivre au vraisemblable d couvrir une souris dans une bouteille de coca cola un pr servatif dans le pain la diff rence de la l gende traditionnelle o pr dominaient les l ments surnaturels et religieux la l gende urbaine m me si elle peut contenir des l ments myst rieux joue la carte du r alisme en s appuyant sur les croyances et les peurs actuelles 5 Les lieux de la peur Mais que nous racontent toutes ces r cits ces urban belief tales quels sont les angoisses et les peurs qu elles v hiculent contre quoi et contre qui nous mettent elles
15. est assassin et vol par ses propres parents qui ne l avaient pas reconnu retrouv dans la litt rature de colportage au 17 si cle et ses versions modernes dans les faits divers les l gendes urbaines et la litt rature contemporaine comme la pi ce de th atre Le malentendu d Albert Camus J ai retrouv r cemment sur internet une version intitul e Le jeune roumain rentrant au pays En 1969 le sociologue Edgar Morin va publier sa c l bre tude La rumeur d Orl ans rumeur bas e sur la croyance de la traite des blanches par les commercants juifs et racontant les disparitions myst rieuses de jeunes femmes dans des cabines 4 XI Congresso Internacional da ABECAN 20 anos de interfaces Brasil Canad d essayages de magasins de pr t porter CAMPION VINCENT RENARD J B 1992 302 partir des ann es 1970 on assiste un enrichissement du corpus des r cits tant en Am rique du Nord qu en Europe et surtout la reconnaissance de la l gitimit universitaire des recherches sur les l gendes contemporaines une internationalisation de l int r t pour ce nouveau champ d tude RENARD J B 1999 26 Linda Degh et Richard Dorson folkloristes am ricains de l Universit d Indiana vont poursuire le travail de Baughman et leurs recherches seront diffus es travers la revue Indiana folklore Linda Degh se penchera notamment sur l histoire de La grand m re vol e qui raconte l
16. hui Paris Payot 1992 DION Sylvie O fait divers como g nero narrativo revista letras no 34 Santa Maria Universidade Federal de Santa Maria 2007 RENARD Jean Bruno Rumeurs et l gendes urbaines Paris PUF 2002 RENARD Jean Bruno Imaginaire et vie quotidienne in Legros Monneyron Renard Tacussel Sociologie de l imaginaire Paris Armand Colin 2006 12
17. la l gende The mexican pet o une femme ram ne du Mexique ce qu elle croit tre un joli petit chien mais qui est en r alit un gros rat L ins curit Le th me de l ins curit dans le monde moderne domine les l gendes urbaines D j pr sent comme on l a vue dans les techno peurs les trangers et la nature sauvage plusieurs l gendes mettent en sc ne les maniaques urbains fou au crochet voyou la chaine les fous et les sadiques de toutes sortes Lames de rasoirs dans les pommes d Hallowen les tueurs en s rie les drogu s d calcomanies au LSD les voleurs et les gangs clowns qui enl vent des enfants en vue du commerce d organes le c l bre combi do palhasso au Br sil conspirations et soci t s secr tes th ories du complot Incarnation de la violence urbaine ces agresseurs peuvent surgir tout moment ils rodent dans les stationnements les ascenceurs les parcs les plages s introduisent dans les maisons XI Congresso Internacional da ABECAN 20 anos de interfaces Brasil Canad L volution des moeurs Les l gendes urbaines sont le miroir de notre temps et t moigne de l volution des moeurs sur un ton souvent de reproches parfois comique Certains r cits nous renseignent par exemple sur les changements intervenus dans notre rapport la mort et la famille et condamne l individualisme L histoire de la grand m re vol e pointe s v rement du doigt toute la culpa
18. nsmission plus rapide que le bouche oreille il multiplie presque l infini les relais en une communication d personnalis codifi style oral du langage MSN Roberge p 31 Alertes aux virus informatiques cha nes magiques chaines de solidarit p titions histoires dr les l gendes urbaines rumeurs sont autant de messages qui circulent profusion sur internet Campion Vinvent Renard 2002 p 113 Mais toujours selon Jean Bruno Renard c est principalement par leur contenu que les deux types de l gendes se distinguent les l gendes modernes sont apparues avec le d veloppement technico scientifique et le mode de vie urbaine qu elles ne se contentent pas de prendre pour cadre mais qu elles mettent v ritablement au coeur de leurs r cits RENARD 1999 51 3 Le fait divers et la rumeur La l gende urbaine est aussi apparent e au fait divers qui a pour origine des v nements r els qui subiront un traitement journalistique Dans son sens le plus courant le fait divers est la rubrique d un quotidien sous laquelle on regroupe les incidents du jour g n ralement les meurtres les accidents les suicides Le fait divers est un r cit moralisant aux th mes r currents l v nement racont est dramatis sur un mode spectaculaire De plus le fait divers se pr sente toujours comme une histoire v cue histoire tonnante curieuse horrible ou extraordinaire mais vraie Au dire de Jean Bruno Renard Fait diver
19. pr dominants tr s souvent en troite association avec celui de l tranger S alimenter est un besoin parfois un plaisir ou une question de sant ou encore d esth tique Bien manger tre gourmet mal manger manger sainement tre la di te tout cela implique des choix des actions des attitudes et des modes de vies Chaque jour les m dias nous inondent d informations sur les bons et mauvais comportements alimentaires sur les bons et mauvais aliments sur les r gimes minceurs 8 XI Congresso Internacional da ABECAN 20 anos de interfaces Brasil Canad l ob sit le poid sant les gras trans les fibres les produits sans sucres sans sel sans gras di te light ou double cr me double garniture etc Plusieurs reportages sont alarmants sur nos habitudes alimentaires expliquant ainsi la prolif ration de nombreuses maladies alarmistes galement sur la composition r elle des aliments que nous consommons chaque jour en d pit du fait que sur l emballage de chaque aliment vendu en grande surface apparaisse sa composition chimique Comment chacun de nos achats arriver d coder tout cela On ne connait plus r ellement la provenance ni la composition des aliments que l on consomme Le consommateur moderne se sent compl tement d pass dans l univers des aliments industrialis s Le rythme de la vie moderne nous oblige faire confiance manger dans les restaurants parfois dans les fast foods s
20. rappelle Renard non parce qu elles se d roulent n cessairement en milieu urbain mais pour souligner que ces l gendes traitent de la modernit de nos soci t s techniques et industrielles dont la ville est embl matique RENARD 2006 p 158 Bas e sur la croyance requ rant galement la complicit d un auditeur la l gende urbaine a pour objectif d expliquer l inexplicable l incompr hensible en accord avec le syst me de valeurs l poque et la vision du monde de la communaut dans lequel elle s inscrit La l gende urbaine se distingue de la l gende traditionnelle principalement par la co ncidence entre le temps du narrateur et le temps de la narration Car comme le mentionne Jean Bruno Renard le narrateur et les protagonistes de l histoire sont au sens propre contemporains Les faits relat s se situent dans un pass r cent RENARD 2 XI Congresso Internacional da ABECAN 20 anos de interfaces Brasil Canad 1999 50 Elle se distingue aussi par son mode de diffusion Transmises essentiellement oralement et dans une aire g ographiquement restreinte dans la soci t traditionnelle les l gendes urbaines au contraire sont transmises aujourd hui gr ce l internet l chelle mondiale Comme le remarque Martine Roberge ethnologue qu b coise l internet travers les messageries lectroniques les clavardages bate papo les r seaux d changes entre amis facebook d cuple la tra
21. s et l gende urbaine convergent l un vers l autre en partant de points oppos s le fait divers est une l gendarisation du r el et la l gende est un fait divers imaginaire RENARD 1999 63 La l gende urbaine s apparente galement la rumeur nonc d une information non confirm e mais transmise comme vraie genre court ph m re instable et non narratif bas sur une croyance relative Tr s souvent une l gende urbaine va naitre ou d une rumeur ou d un fait divers La rumeur serait la forme br ve de la l gende Elle se cristallisera selon les cas en une histoire exemplaire et une forme narrative plus articul e XI Congresso Internacional da ABECAN 20 anos de interfaces Brasil Canad 4 Reconnaissance d un nouveau champ d tude Les premi res tudes sur les l gendes urbaines ont commenc aux tats Unis en 1942 avec le livre l autostoppeur fant me The Vanishing Hitchhiker de Richard Beardsley et Rosalie Hankey qui relate l histoire d une jeune femme qui est pris en stop et qui lance un avertissement ou une proph tie puis disparait de mani re inexplicable le conducteur apprend plus tard que cette femme tait morte depuis plusieurs ann es Ce r cit circule encore aujourd hui et on compte d inombrables versions Au Br sil on la retrouve sous les titres de A mulher do taxi et A noiva do cemeterio Au Qu bec elle est connu comme L auto stoppeuse d
22. tique qui est point e du doigt mais ceux qui la pr parent et la manipulent leurs origines leurs habitudes de vie diff rentes l tat des lieux souvent non conforme aux crit res de propret de la soci t d accueil feront en sorte que le moindre doute se transformera en rumeur L exp rience dans le restaurant exotique viendra concr tiser la peur et la menace potentielle que repr sente lautre pouvant nous atteindre travers un besoin vital s alimenter XI Congresso Internacional da ABECAN 20 anos de interfaces Brasil Canad Dans cette s rie de pr occupations autour de la nourriture nous retrouvons le th me du cannibalisme involontaire qui s actualisera dans diff rents r cits doigt coup retrouv dans le pain pr servatifs dans des aliments industrialis s sperme dans la mayonnaise industrialis e cadavre dans la cuve du bateau citerne transportant du vin ou retrouv dans une cuve de bi re ou de coca cola la macabre d couverte se fait alors que le contenu est d j distribu aux consommateurs cendres fun raires envoy es par la postes et prises pour des pices Roberge 1989 p91 et enfin le commerce de chair humaine Les aliments pr par s partir de chair humaine sont g n ralement dissimul s dans des pr parations o l on ne reconnait pas les morceaux saucisses p t rago ts et rel vent d une grande perversit parfois d un d sir de vengeance Selon V ronique Campion Vincent
23. u parc des Laurentides Vers la m me poque Ernest Baughman professeur de folklore l Universit d Indiana aux Etats Unis s est int ress aux r cits d horreur qui circulaient sur les campus am cicains v ritable folklore narratif qui se transmet parmis les tudiants En plus de recueillir plusieurs histoires d auto stoppeurs fant mes et de maisons hant es il a compil les r cits horrifiques de bizoutage des nouveaux tudiants comme l histoire de l tudiante dans le lit de laquelle on avait cach le bras d un cadavre RENARD J B 1999 24 De 1950 1970 va se poursuivre cette prise de conscience d un folklore narratif urbain et plusieurs autres histoires vont tre tudi es comme la tr s populaire Baby sitter hippie ou The baby roast jeune drogu e qui fait cuire le b b de ses patrons pensant qu il s agit d un poulet Ce r cit circulait d j Buenos Aires vers 1948 et racontait l histoire d une jeune domestique psychotique qui sert manger ses employeurs leur b b r ti au four RENARD J B 1999 25 Le r cit s est ensuite r pendu en Am rique du Nord et en Europe sous plusieurs variantes s adaptant aux contextes et aux poques remplacant la jeune domestique par une baby sitter hippie et donc drogu e Vers 1966 une tude de la folkloriste fran aise Maria Kosko va faire le lien entre la l gende traditionnelle du fils assassin un jeune homme qui revient de l tranger enrichi
Download Pdf Manuals
Related Search