PATRICK d`HUMÏÈRES, Le développement durable va
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1. guli rement en fonc tion de leurs r sultats peuvent permettre des entreprises de s engager dans des politiques de d velop pement durable p 164 Enfin le dernier chapitre annonce le remplacement du capitalisme financier par l co capitalisme dont l auteur voit l mergence en Californie et qu il sou haite voir se d velopper en Europe ce qui suppose que les coles de management se d mar quent de leurs homologues nord am ricaines pour r former le management actuel que la Commission europ enne n abdique pas comme elle l a fait ces derni res ann es sur la ques tion de la RSE et que les organisations professionnelles soient capables de r nover les solida rit sectorielles au profit des logiques de r gulation et de gouvernance durable p 180 En conclusion l accent est mis sur la mission politique qu a l entrepreneur et qu il ne peut plus se permettre d ignorer d autant que le changement avance inexorablement et que le mod le durable est en train de s imposer On aura sans doute compris au ton de ce r sum que l ouvrage recens ici n a pas convaincu son lecteur m me s il a t crit par lun des meilleurs experts fran ais du d veloppement durable c est sur la quatri me de couverture Il est satur d affirmations non tay es comme la mise en vidence de tendances apparition d un mod le de firme plus soci tale anticipation et appr ciation s rieus2. dans trois domaines Tout d abord il faut apprendre mesurer la valeur soci tale et non plus la seule valeur pour l actionnaire La norme Iso 26000 2 qui a pour objectif de d finir et de clarifier le concept de responsabilit soci tale et de le rendre appli cable tout type d organisation est pr sent e comme la bonne r f rence pour d velopper cette comptabilit extra financi re Ensuite il faut installer un nouveau management responsable et durable dans l entreprise Ce nouveau management repose sur sept piliers la vision du chef d entreprise Leclerc Darty Danone sont cit s en exemple le partage du projet de gouvernance avec ses administrateurs la cr ation d une fonction d expertise en RSE et d ve loppement durable l organisation du dialogue avec les parties prenantes la publication d un rapport annuel de l entreprise au regard du d veloppement durable la cr ation d un fonds d initiative durable affect au financement des innovations et le d veloppement d un partenariat contractualis avec la soci t Dans l avant dernier chapitre l auteur s interroge sur les conditions qui doivent tre r unies pour que les acteurs participent la construction de la nouvelle r gulation durable des march s Prenant acte du r le des activit s de lobbying cherchant faire perdurer les avantages acquis il plaide pour un lobbying responsable qui doit favoriser l information rechercher la
3. pur discours id ologique On laura compris le capitalisme n a rien craindre du d veloppement durable tel qu il est 0 d fendu ici et ce livre est davantage un catalogue d l ments de langage au service des directions de la communication des entreprises et de ce point de vue il est int ressant lire pour comprendre ce qu un consultant vend comme message qu un ouvrage d analyse ou de propositions tay es s rieusement Gilles ROTILLON Universit Paris Ouest Nanterre La D fense rotillon u paris10 fr 347
4. Comptes rendus Revue d Etudes en Agriculture et Environnement 92 3 331 347 PATRICK d HUMI RES Le d veloppement durable va t il tuer le capitalisme Paris Maxima 2010 224 p Sous ce titre provocant et l g rement trompeur Patrick d Humi res lance un appel aux chefs d entreprises pour qu ils ne soient pas les derniers tirer les enseignements de la mutation de la soci t Prenant acte des bouleversements r cents induits par la crise financi re de 2008 et l puisement des ressources naturelles qui remettent en cause la l gitimit du mod le ancien dont les Etats Unis sont le repr sentant exemplaire il plaide pour la recherche d un nouveau mod le durable Ce mod le encore en phase d closion n adviendra que sous la houlette de la gouvernance publique qui doit changer les r gles pour que la partie reprenne maintenant que le centre de gravit de la l gitimit collective n est plus dans le syst me conomique priv D s lors les entreprises ne peuvent plus reprendre le th me de l imp ritie publique et doivent en cons quence changer leurs pratiques car le mod le ancien est vraiment trop cynique pour tre d fendable Dans une premi re partie l auteur veut montrer hec de l anto r gulation comme principe d organisation conomique Consid rant que les enjeux d aujourd hui comme la pr servation de la plan te la sant publique le respect des droits
5. e des risques soci taux adaptation imp rieuse de l offre aux enjeux environnementaux affirm es sans preuves Une des plus specta culaires est sans doute celle de la page 173 o l on apprend m dus que l Etat a mis sous coupe les paradis fiscaux que les r mun rations patronales sont surveill es et que l emploi est la priorit des priorit s industrielles Il abuse galement des recommandations gratuites sans mode d emploi comme dans le dernier chapitre o l on cherche en vain les leviers qui transformeraient les coles de management l Union europ enne et les organisations profes sionnelles ou dans l appel une fiscalit cologique sans aucun doute n cessaire encore bien timide et dont l chec de la taxe carbone en France a mis en vidence les r ticences sociales Il se compla t galement dans les v ux pieux comme la page 112 o on apprend que mouvement du d veloppement durable est un juste retour du balancier qui va reprendre an capital plusieurs points de valeur dont il a b n fici dans les derni res d cennies D un point de vue plus conceptuel on est plut t dans l utilisation spontan e de notions la mode partie prenantes gouvernance RSE durable responsable que dans la r f rence un corpus th orique solide Ainsi les parties prenantes que sont pour l essentiel les actionnaires les salari s les consommateurs et les citoyens semblent tre des entit s ind pe
6. gard de l entreprise est l une des avanc es les plus significatives du mouvement en faveur d un d veloppement plus durable p 81 82 L entreprise n a pas produire de la valeur seulement pour l actionnaire au moyen de relations d changes avec les salari s et les consommateurs elle doit aussi prendre en compte ces autres publics que sont les citoyens ou les communaut s concern es pat son activit Le moyen essentiel pour parvenir ce changement de perspective est de faire du dialogue avec les parties prenantes une nouvelle discipline du management ce qui consiste et c est la principale difficult 2 surmonter des pr jug s d passer les divergences culturelles accepter les diff rences de situation bref aller an devant de la soci t telle qu elle est p 84 Mais l appel au dialogue ne sera pas suffisant si le march n est pas r gul autrement La r gulation traditionnelle s appuyant sur la loi et le r glement est fond e sur la libert du 1 On notera toutefois que ce point de vue d fendu en 2010 dans ce livre n est pas n cessairement partag par les march s financiers en 2012 344 Comptes rendus Revue d Etudes en Agriculture et Environnement 92 3 331 347 commerce et de l industrie fait de la libre concurrence l arbitre supr me et repose sur le mythe d un consommateur inform et autonome p 90 Il faut lui substituer une r gulation incitative passant par une modifica
7. humains le fonctionnement de la d mo cratie l int r t des g n rations futures ou l acc s aux biens publics comme l eau la sant ou l ducation remettent en cause le partage implicite qui s tait petit petit impos depuis la r volution industrielle allouant la cr ation de richesses l entreprise et l organisation sociale r paratrice l Etat c est un nouveau contrat social public priv qui doit tre mis en place La question n est plus de savoir quelle est la mission priv e et quelle est la mission publique ni vraiment de pr ciser qui est en charge de l int r t g n ral mais bien de savoir comment faire appara tre un consensus de responsabilit partag e p 36 Ce changement est d autant plus n cessaire que la soci t civile est maintenant plus consciente gr ce notamment l autonomisation des m dias et au d veloppement des ONG que l entreprise si elle n a pas une vocation politique a un impact politique La seconde partie annonce la revanche des parties prenantes Si le r sum que nous avons donn de la premi re partie a pu faire croire au lecteur que l auteur est un vigoureux contes tataire de l ordre tabli l appel aux parties prenantes concept mou la mode fait pencher le balancier dans l autre sens De fait cette seconde partie consid re que la th orie des parties prenantes en tant que mode consacr d laboration de la demande soci tale l
8. ndantes les unes des autres n ayant qu faire preuve de bonne volont surmonter des pr jug s d passer les divergences culturelles accepter les diff rences de situation pour changer de mod le de d veloppement 4 On pourrait au contraire penser que l un des freins qui s opposent un changement de mod le vient justement de ce que le salari est aussi un consommateur et un citoyen et que ce qu il privil gie en tant que salari n est pas n cessai 3 On peut toutefois s tonner de voir cit en exemple parmi ces contrats de progr s la baisse de la TVA sur la restauration niche fiscale co tant 4 5 milliards d euros par an l Etat dont le r cent rapport de l Inspection g n rale des finances sur les niches fiscales a point l inefficacit Des choses bien difficiles demander aux plus de sept millions de personnes sous le seuil de pauvret en France 346 Comptes rendus Revue d Etudes en Agriculture et Environnement 92 3 331 347 rement coh rent avec ce qu il privil gie comme consommateur ou comme citoyen Les enqu tes comme l eurobarom tre sont pleines des contradictions des r pondants qui peuvent tenir l environnement comme citoyen mais n envisagent pas de changer leurs compor tements comme consommateurs fussent ils n fastes cet environnement De m me les travaux des conomistes sur la RSE voir par exemple ceux de Patricia Crifo ne sont pas utilis s et remplac s par un
9. tion em profondeur des syst mes de prix et par une fiscalit cologique et sociale commune tous les pays p 92 Avec un certain optimisme et sans aucun d but de preuve l auteur consid re que ce qui est nouveau c est que les entreprises r alisent d sormais qu elles ont plus int r t apporter leur collaboration ce processus qu l emp cher p 92 Enfin en conclusion de cette seconde partie le dernier chapitre est consacr l examen du r le que peut jouer la responsabilit soci tale de l entreprise RSE dans ces transformations Il en ressort que si celle ci ne se r duit pas du green washing et est g n ratrice d un transfert de co t court terme aux d pends de l actionnaire et au profit du salari et du contribuable elle peut s curiser moyen terme la rentabilit actionnariale pour les entreprises qui auront su s duire leur client le dans le nouveau mod le en gestation L avenir de la RSE est dans le partenariat institutionnel an service du d veloppement durable p 117 La troisi me et derni re partie s interroge sur la mani re dont l entreprise du XXE si cle doit int grer l int r t collectif dans son d veloppement Pour que les parties prenantes dont l auteur fait le pari qu elles vont n luctablement prendre du pouvoir sur les actionnaires p 124 imposent de nouvelles formes de d veloppement plus partenariales il est n ces saire de progresser
10. transparence respecter scrupuleusement les r gles institutionnelles et avoir une d ontologie v rifiable bref ne plus tre du lobbying Il voit dans le Grenelle de l environnement l amorce de cet nigmatique lobbying responsable qu il appelle de ses v ux et l mergence d un capitalisme des parties prenantes un concept labor par le Cercle des conomistes ce qui explique sans doute la pr face louangeuse du livre par Jean Herv Lorenzi pr sident du dit Cercle Outre le dialogue permis par le lobbying responsable il est aussi n cessaire d avoir une expertise et une valuation ind pendante dont les nombreuses agences publiques de r gulation sont des exem ples qu il faut d velopper Enfin il faut passer de l obligation au contrat car des contrats 2 Construite autour de sept piliers la gouvernance de l organisation les droits de l Homme les relations et conditions de travail l environnement la loyaut des pratiques les questions relatives aux consommateurs et l engagement soci tal elle vise rendre compte des impacts des activit s et prises de d cisions des organisations sur l environnement et la soci t 345 Comptes rendus Revue d Etudes en Agriculture et Environnement 92 3 331 347 d int r t g n raux conclus avec l accord des parties prenantes appuy sur la prise en charge fiscale d externalit assum e valu s impartialement dans leur fonctionnement ajust s r
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