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"La littérature de jeunesse en questionnement !".

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1. M M On retrouve ici un lapin qui fait presque penser au lapin Duracell O D Oui c est lui c est le lapin durable c est le jouet que j ai toujours vu il avait comme slogan les piles Duracell qui durent plus longtemps il est toujours l ils avaient raison M M Au niveau des techniques d illustration on a vu votre petit lapin le lego mais aussi cette illustration ci O D C est Mademoiselle Zouzou je me suis amus refaire les illustrations la mani re d alors M M Nous sommes dans la nostalgie vos souvenirs parfois des l ments plus anciens O D Non ce sont tous mes souvenirs M M Tintin Bibi Fricotin les Pieds Nickel s des souvenirs plus personnels aussi puisque vous parlez de Jean Marie Floch Quelles sont vos r f rences communes Tintin sans doute O D C est un s miologue on a travaill ensemble mais sur Tintin on voulait faire un travail A deux sur son analyse de Tintin au Tibet Je devais faire les dessins mais cela me fut interdit ce qui l a p nalis M M Vous avez donc de nombreuses techniques d illustrations dans Play une sorte d iconotexte Est ce une forme de d fense et illustration de l album de jeunesse O D Pas du tout ce n tait pas destin aux enfants C tait par rapport une exposition sur lunivers du jeu et aussi du livre le livre lui m me est un jeu pour les enfants Par exemple il faut d couvrir que l
2. mais je veux sortir de la fantasy sortir de ces univers l avant que ce soit ces univers l qui me fassent sortir J ai envie de retrouver la libert d crire quelque chose que personne n attend sachant tr s bien que si je dis mon ditrice j ai une petite id e pour le tome suivant d Ewilan elle sera tout fait d accord Mais un moment donn ce sont des choix faire j ai envie d aller voir ailleurs comment cela se passe C S Soyez assur s que nous serons au rendez vous pour tous les deux Merci pour cette rencontre 58 R sultats des coups de c ur de la semaine Paul Hurtmans du livre de jeunesse 2007 2008 COMMUNIQUE DE PRESSE En 2007 2008 le Centre de litt rature de jeunesse de Bruxelles le D partement Instruction publique de la Ville de Bruxelles et la section belge francophone de IBBY ont organis la 17 dition de la Semaine Paul Hurtmans du livre de jeunesse Cette op ration a pour buts de promouvoir le plaisir de la lecture aupr s des jeunes 8 16 ans et de d velopper des liens entre biblioth ques publiques et tablissements scolaires de la R gion de Bruxelles Capitale Apr s diff rentes activit s animations en biblioth ques lectures et r alisations d uvres cr atives ce projet s est cl tur lors de la Semaine Paul Hurtmans qui s est tenue du 17 au 21 mars 2008 Plus de 5000 enfants 215 classes issues de 65 coles ont rencontr les auteurs et illustrateurs des quatre ca
3. prouve un sentiment de puissance p 15 et 16 Je rappellerai aussi l abondante pr sence de textes ou passages parodiques concernant la litt rature de jeunesse elle m me et les genres paralitt raires les plus courants en son sein policier fantastique Ce ph nom ne tait d j remarqu en 2002 par Catherine Tauveron La parodie est en passe de devenir le m ga genre canonique de la litt rature de jeunesse de la m me fa on qu elle envahit la publicit et la politique p 102 En effet ces proc d s litt raires ne sont pas limit s aux textes adress s aux plus grands Des romans adress s aux enfants comme ceux de la collection Neuf Ecole des loisirs repr sentent le monde de la litt rature recourent aux artifices de la m ta fiction et s engagent dans la parodie D s les ann es 90 Chris Donner et Val rie Dayre illustrent assez bien cette tendance travers leurs r cits destin s des lecteurs de l enseignement primaire Tous les ph nom nes que je viens d observer concourent indiscutablement mobiliser une forme de lecture domin e par l intellect Or on sait que le jeune lecteur a naturellement tendance r server la portion congrue ce mode de lecture L int r t didactique du roman adress aux adolescents et partant de l ensemble de la litt rature de jeunesse serait donc parfaitement av r pour la formation des lecteurs Il s agit donc bien d un roman d initiation l
4. Fran ois Roca sur son p attachement au r alisme dans ses dessins es influence des peintres aim s 2 Frangois Roca Essayer de retranscrire au mieux les d tails du texte je ne sais pas 7 d o a vient Une question de sensibilit d ducation je ne sais pas J aime bien le Fb b gt r alisme Ou plut t les r alismes il y a plusieurs formes de r alisme Entre le premier album jusqu au prochain le travail a pas mal volu C est une question de capacit aussi parce que le r alisme c est dur faire Dans le top 10 des choses illustrer le cheval la mer et les mains Maggy Rayet Il y a des choses que vous n aimez pas dessiner 2 Fran ois Roca Oui mais je me force Rires Le monde d aujourd hui me fait moins r ver Je suis plut t Derni re s ance avec monsieur Eddy Et les vieux Tarzan Maggy Rayet Et l attachement la lumi re 2 i Fran ois Roca Il faut dans des dessins r alistes que la lumi re soit en ad quation avec la couleur Parfois je change trois quatre fois le fond Je fais ce que je peux pour que le r sultat soit cr dible Le fait de ne pas avoir de description d taill e est plus facile Il y a des couleurs qui crites sont tr s bien Des d tails crits ne rendent pas bien J cris des textes de dessinateur ajoute Fred Bernard Je sais ce qui excite les dessinateurs et particuli rement ce qui excite Fran ois Il y a plein de choses que je lui dis oral
5. aux moins de 15 ans Mais l inverse pour un texte grave Battle Royale Ni apologie ni plaidoyer pour la violence mais essentiellement une criture de la violence uvre litt raire incontestable a t elle sa place en jeunesse c est alors qu on a vu s exercer au sein m me de l quipe ditoriale la question du peut on doit on 2 L diteur a alors choisi d accompagner son choix d une prise de parole Dans notre petite quipe d diteur chez Hachette les avis sont partag s Car ce roman fait d bat Fallait il le publier Je pense que oui Je pense que l on ne peut traiter du th me de la violence sans l aborder criment salement Je pense que vivre la violence immonde et barbare en direct oblige se positionner Ce livre tout particuli rement tel qu il est crit offre l occasion unique aux lecteurs jeunes de se positionner face la violence Jusqu au peut on aller pour sauver sa peau La loi peut elle tout l gitimer L esp rance est elle possible dans un monde inhumain Avant tout avant de juger lisez ce livre Apr s vous aurez toutes les raisons de le faire passer ou de le censurer Mais votre avis nous int resse merci d avance tous ceux qui prendront le temps de nous le faire conna tre Le travail de l diteur est d aller chercher le lecteur o il se trouve de cr er la passerelle et l entr e en litt rature 3 La litt rature jeunesse comme param tre d
6. dans mon travail c est le dessin J ai toujours eu des probl mes avec les mots et l c est la premi re fois qu il me manquait des mots et que j en ai trouv s qui compl taient bien le dessin J avais des dessins qui ne pouvaient exister qu avec ces mots et inversement M M Ici vous ne pourrez pas dire qu il ny a pas de m taphore ou de m tonymie O D Si mais ce n tait pas le premier plan Quand on fait des livres pour enfants il y a plusieurs plans parce qu on a plusieurs types de lecteurs parce qu on ne sait m me pas quels sont nos lecteurs Moi cela me d range quand on dit que ce livre l est un livre sur la mort parce que ce n est pas qu un livre sur la mort Cela d pend un peu du plan que chacun veut y mettre M M La limite que je voulais aborder maintenant c est celle entre vos premiers crits pour la jeunesse du moins Jojo la mache et votre dernier Play aventure particuli rement int ressante li e Montreuil de l ann e derni re si je ne m abuse O D Oui c est le livre qui a fait office de catalogue d une grosse exposition du salon de Montreuil l ann e derni re M M Il y a quand m me des points communs d abord parce que vous tes graphiste et que cela se sent Le premier livre annonce le ton du dernier par le choix des couleurs des formes mais aussi des mots vous parlez de trait de r duction de manuel de construction et vous dites aussi que c est un liv
7. des rapports de force qui existent depuis l cole jusque dans le monde du travail Et puis je parle de moi Jesus Betz je l avais crit apr s un accident J tais tomb d une falaise de 12 m tres en jouant avec un cerf volant Donc quatre vert bres cass es j avais t homme tronc pendant trois mois et demi Dans L homme bonza on retrouve cela petit petit il devient handicap et il souffre du dos Donc voil ce sont des souffrances hyper r alistes Derni re question a vous arrive de rencontrer vos lecteurs D aller dans des classes discuter avec des adolescents 2 Fran ois Roca Oui bien s r C est toujours int ressant d avoir le retour la perception qu ont les enfants On travaille par rapport ce qu on pense ce qu on ressentait quand on tait enfant Il faut que cela nous plaise Que cela nous int resse nous excite et qu on se fasse plaisir avant tout Il vaut mieux r fl chir apr s Plut t que de trop r fl chir avant et pour finir de ne rien faire Contrairement la th orie des Beaux Arts Le retour on l a apr s Mais on ne se pose pas la question avant de ce qu on va faire par rapport un ventuel potentiel public tranche d ge Par exemple dans Jesus Betz ce qui choque les enfants c est que la m re abandonne son enfant Le fait qu il n ait pas de bras a ne les choque pas plus que a Et le prochain livre qui va s appeler Soleil noir r sulte de la question de plus
8. ducatif va au del de montrer et viser simplement des mod les vertueux et pour cela viter certains sujets il s tend galement la transmission de savoirs au sens large La loi tablie en 1949 l a t dans un contexte bien particulier dont on ne peut faire l conomie celui de l apr s guerre d une forme d am ricanisation de la culture fran aise travers la musique et les comics la BD en particulier sur le plan culturel en plus du Coca Cola et du Chewing gum Toutes ces importations ont vraisemblablement contribu susciter d autant plus vivement un mouvement de protection de la jeunesse et de promotion de la litt rature quasi institutionnalis e la biblioth que rose les albums du P re Castor Dans le m me temps cette soci t de l apr s guerre n est pas seulement dans une attitude de protection et de fermeture mais dans un choix de ce qu elle transmet et de ce quoi elle veut ouvrir sa jeunesse Ce qui est publi Kautoris t moigne ainsi de ces choix On peut ainsi se r f rer des exemples non de censure mais de limitation d un texte en particulier dans le cas des traductions Citons ainsi l exemple de Fifi Brindacier ou plut t Mademoiselle Brindacier En 1951 para t en Biblioth que Rose une Mademoiselle Brindacier on ne peut alors parler d une traduction mais r ellement d une adaptation Ce qui cette poque tait une pratique courante dans les ditions de la Biblioth q
9. l agr gation brillamment mais je continuais le th tre parall lement J avais comme une sorte de peur du roman qui a un c t objet fini qui me terrorisait Car il est vrai que le roman on ne peut pas le retoucher Au th tre on confie sa pi ce quelqu un d autre qui va la tbousiller On la confie un metteur en sc ne des acteurs des d corateurs toutes sortes de personnes pleines de talent qui vont prolonger le travail Pour le roman c est un objet fini qui va tre prolong seulement par le lecteur C est peut tre cela qui m a fait peur pendant un temps Et la litt rature jeunesse qui va tre f t e pendant toute la semaine c est Le lieu de libert que j ai trouv pour oser me lancer dans l aventure C S C tait un premier essai tr s r ussi Etait ce bien le premier essai T de F Oui c tait vraiment le premier essai Qu il soit r ussi est un enchainement de petits miracles qui se terminent ici sur ce plateau ou plut t qui continuent ici et aussi ailleurs je l esp re A chaque tape on me disait Attention tu vis le meilleur D abord l criture solitaire sans rien faire lire personne Ensuite les trois personnes autour de moi qui s int ressaient ce que j crivais et qui attendaient la suite des premi res pages que j avais crites Ensuite encore on me disait Quand tu vas l envoyer l diteur cela va tre terrible Pas du tout Au bout de tr
10. on pourrait croire une simple redondance texte image et puis ce n est pas du tout cela les deux instances racontent des histoires diff rentes O D C est marqu sur la couverture M me si les A gens ne le voient pas La r gle du jeu c est l enfant qui lit plusieurs fois la m me histoire c est bien de 23 voir au moins la couverture autrement pour aller dans son sens arriv la fin lui donner l impression qu il va pouvoir red couvrir le livre autrement M M Le travail est ici selon moi con u dans la logique de l affiche O D Je ne sais pas si vous parlez d affiche cela me convient bien puisque c est le seul support qui contient la fois le visuel et le message crit Je con ois mes livres comme cela M M Ici c est l histoire de Mme Ida qui cherche son chien et non de Mme Michel qui cherche son chat et jusqu un certain point l histoire semble logique et puis tout se d construit l image comme les mots c est une histoire sans queue ni t te On peut alors tout reprendre au d part le jeu commence Vous avez d j r alis avec les enfants des activit s de ce type O D Non avec un bouquin comme cela il faut passer le filtre de la paresse si on ne fait pas l effort d aller jusqu au bout le bouquin n a pas de sens Le second filtre auquel je navais pas pens les gens quand ils vont en librairie ils feuillettent le bouquin l envers sans le lire et le bouquin a
11. sur la limite de la double page Un quotidien autour de la machine qui se rythme sur le toccata de la machine 7 Elle court sur tous 4 ala ronde f elle court partout f pour chercher les O D Voil c tait un jeu sur la tonalit des mots et l enchainement Cet ouvrage c tait ma premi re collaboration avec quelqu un aux ditions du Rouergue Dans l historique j avais r alis deux albums c est le 3 que j ai fait avec Isabelle Chatellard Au Rouergue on m avait dit soit tu t occupes de la collection des livres de jeunesse soit on arr te J ai vu ces images qui taient vraiment sur le tissu j ai travaill sur le tissu Il y a des r f rences au quotidien le personnage n est pas imaginaire Il y a une r f rence Christo l architecte qui avait emball le Pont Neuf Ce n est pas le genre de livre que j ai r p t parce qu un ouvrage sur la d coration c est difficile d enchainer M M Dans les limites on peut aussi aborder celles entre humour et engagement O D Oui dans les Doigts niais quand on parle de degr s c est int ressant parce qu il y en a beaucoup que les gens ne voient pas Au d part l id e de la fronti re du pli du livre en fait o un ver essaye de passer de l autre c t Les douaniers sont sur le bord pour moi ce sont les doigts qui tiennent le livre et qui ne comprennent pas vraiment l histoire C est un petit r glement de compte interne en fait 22
12. 10 Dans un article o il se concentre sur quelques romans pour enfants un enseignant fran ais Denis Dormoy en vient donner un portrait largement confirm ailleurs L auteur que l on d couvre ici doit faire des efforts pour inventer Nous sommes loin du clich de l auteur inspir qui na qu recueillir ses bouillonnements int rieurs De plus il s inscrit aussi dans une vie familiale tout fait ordinaire D pendant d un r seau de diffusion particulier il doit faire face ses lecteurs 40 Cette image de l auteur comme un tre de chair et d os aux prises avec ses doutes et soumis aux contraintes de la vie quotidienne permet de rapprocher le fait litt raire des jeunes lecteurs cf les visites d crivain en classe et de faire exp rimenter la litt rature comme un art vivant et accessible 2 Rompre l illusion la m canique du r cit mise nu J ai parl tout l heure de la fonction de r gie o l on voit l auteur ou le narrateur intervenir dans son r cit pour le baliser ou l expliquer Les romans pour la jeunesse sont nombreux qui donnent voir ainsi le fonctionnement de la machine romanesque Ces interventions de l auteur qu on appelle aussi m ta fiction rappellent que le r cit est une cr ation par rapport laquelle il convient de prendre distance Quelques exemples peuvent compl ter la liste d j longue des narrateurs qui commentent leur propre r c
13. M M Les doigts sont vraiment tr s niais Ces techniques la fois verbales et de l illustration et qui jouent sur l humour permettent elles de faire passer un message sarcastique de mani re plus l g re O D A cette poque c est aussi la p riode de l invasion par les sans papier d une glise je ne sais plus laquelle Paris C est pourquoi tout le livre est fait avec des empreintes de doigt c tait ce marquage l C est en prise directe avec l actualit politique M M Pour ce nouveau livre aussi c est en prise directe avec l actualit malheureusement toujours actuelle alors que le livre date de 1994 C est en fait avec cet album que j ai d couvert votre travail les Petits bonshommes sur le carreau Quelle est la part d Isabelle Simon et la v tre O D Isabelle Simon avait con u ces visuels l et elles voulaient les c der des journaux que vendaient les sans abri Personne n en a voulu j ai alors mis en sc ne cette histoire M M A premi re vue la 1 re et la 4 de couverture montrent un livre normal p 1 De i Yi ten r du of T Noy 1452 los petits bondhommen O D Je me suis fait poursuivre par des gens Souvent on associe le livre au cadeau qui fait plaisir et la les images ne font pas forc ment plaisir voir et expliquer Quand on est avec son gamin dans la rue et que l on voit des clochards des gens vraiment en mauvais tat on a souvent du mal expliquer On a
14. Mais je pense aussi la mont e en charge de ceux qui mettent en cause les documentaires sur l volution et peut tre demain mettront en cause certaines fictions Dans le champ social si l on a vu appara tre l humanitaire et l associatif depuis une dizaine d ann es dans les romans pour adolescents la politique et le monde du travail et ses conflits ont ils trouv une place En r sum l engagement humaniste cl t il d finitivement le sujet jamais trait de l engagement politique Alors que l argent est au c ur du d bat politique des missions de jeu et d un certain type de reportages au c ur de nombreux changes entre et avec les adolescents y compris quand une classe re oit un auteur Madame Monsieur a rapporte ce que vous faites Vous gagnez combien l argent semble totalement absent de la litt rature qui leur est destin e Nous retrouverons certainement d autres exemples au cours de cette journ e Le but de cette journ e n est pas de parvenir une certitude de ce qui serait bien ou mal pour les enfants ni m me d crire un mode d emploi pour tre s rs de ne pas acheter de mauvais livres Le projet est d explorer sans tabou quelques unes des questions que nous nous posons souvent et que nous contournons parfois Le projet est de repartir avec quelques outils quelques nourritures et saveurs nouvelles et de tenter de faire un peu mieux notre travail aupr s et avec des b b s des enfants de
15. Toujours dans l actualit r cente mais concernant plus directement les biblioth ques un biblioth caire de Strasbourg a du r pondre une journaliste de France Inter sur le fait de proposer en jeunesse Dragon ball Z Une enseignante avait t choqu e apr s l avoir emprunt la biblioth que de Strasbourg et d couvert une sc ne o une petite fille soul ve sa jupe devant un pervers Il n y a pas eu de suite si ce n est une discussion anim e sur biblio fr au sujet de la place du manga en biblioth que jeunesse et surtout sur les codes li s ce genre Le d bat est bien r ouvert c est toujours la m me histoire tout au moins en France Est ce un h ritage du 19 me si cle quand la litt rature pour l enfance et la jeunesse tait autant d ducation que de r cr ation si l on se r f re la c l bre collection de Jules Hetzel ou plut t au fait que la soci t a toujours consid r l enfant et le jeune comme un public plus vuln rable donc prot ger comme cela a longtemps t le cas pour les femmes et les classes populaires Au cours des si cles les guides de lecture n ont pas manqu pour s assurer que ces publics ne s garent pas dans de mauvaises lectures comme celui de l Abb Louis Bethl em Romans lire et romans proscrire essai de classification au point de vue moral des principaux romans et romanciers de notre poque 1800 1904 ayant connu un immense succ s ditorial d s sa parution e
16. adolescents sont ils si noirs 2 Une m re absente un p re alcoolique et violent qu il tue par accident une amie int ress e et manipulatrice Martyn n a vraiment pas de chance Comment j ai tu mon p re sans le faire expr s de Kevin Brooks Milan Macadam Ang lique non plus sa m re meurt d un cancer son p re de chagrin et elle d charge sa rage dans la boxe jusqu ce que la violence des autres ne la brise litt ralement Ang lique boxe de Richard Couaillet Actes Sud Junior Des sc narios exceptionnels Au contraire ces deux adolescents sont des h ros ordinaires Sous surveillance par Claude Combet in Livres Hebdo n 714 14 d cembre 2007 p 50 Des lettres de la Commission de surveillance et de contr le des publications destin es l enfance pour 2 titres de la collection pour adolescents d Une seule voix chez Actes sud et un article du Monde sur la noirceur des livres pour la jeunesse inqui tent les diteurs La Commission a sugg r que l ge minimal de 15 ans soit mentionn sur la couverture pour Quand les trains passent de Malin Lindroth sc ne de viol collectif et Kaina Marseille de Catherine Zambon violence subie par l h ro ne La noirceur contest e des livres de jeunesse par Florence Noiville Le Monde 20 d cembre 2007 La La litt rature pour adolescents toujours en d bat par Annick Lorant Jolly Revue des livres pour enfants n 237 f vrier 2008 11
17. alors encore moins de sens C est un bouquin qui n a pas eu de succ s imm diat il n a t reconnu que bien plus tard quand les gens ont compris qu il y avait une r gle du jeu Ce livre est une illustration de tous les ouvrages que j ai voulu faire avec les ditions du Rouergue c est inventer les r gles du jeu donner des r gles du jeu au lecteur ne pas dire qu il n y a qu une mani re de raconter ce qui m int resse c est qu il y en ait plusieurs Que ce soit Navratil Luchien ou m me Le nez Pour moi chaque fois c est chaque fois quelque chose de nouveau J ai eu la chance de travailler avec des gens qui se sont pr t s ce jeu qui avaient envie d apporter des solutions de r cit des mani res de dire qui taient nouvelles Le sujet principal ici c est la limite Il y a un autre bouquin Le conte du prince en deux que j ai fait avec Fr d ric Bertrand et qui parle de la violence On traite vraiment la pliure du livre comme une s paration et on int gre m me un conte un livre dans le livre pour montrer qu avec le livre pour enfant et le conte on arrive faire passer des sujets plus grands Il y a une r flexion sur la limite On nous a dit les diteurs qu on opposait trop les enfants aux adultes dans ce projet C est un projet sur la violence le d but et la fin de la violence M M Vous parliez du public adulte et du public enfant et un livre Ce comme Le nez le dez O D Il na rencontr aucun
18. amour h t rosexuel de Papa et Maman semble aller de soit quid de l homosexualit quand elle n est pas victime du sida ou de l homophobie quand elle est heureuse Parle t on vraiment de l homosexualit f minine Certains mots sont ils tabous Jouir a t il sa place Censure et autocensure s inscrivent dans une histoire tout comme les bons sentiments concernant la protection de l enfance De nouvelles formes de clich s n apparaissent elles pas masqu es par le politiquement correct Ainsi si le p dophile trouve sa place dans quelques documentaires et peut tre dans quelques fictions n est il pas repr sent toujours hors du cercle familial au m pris de la r alit N y a t il pas un risque r duire la relation enfant sexualit cette perversit et au fond viter le sujet lui m me Dans un domaine moins dramatique mais de sant publique le dessinateur de bandes dessin es Joann Sfar expliquait qu il est maintenant devenu impossible de repr senter un personnage bon ou mauvais qui fume De nouvelles censures sont elles en train d apparaitre sous le couvert de courants religieux d un genre nouveau L int grisme catholique pourfendait l atteinte aux bonnes m urs il y a plus de 20 ans je fais notamment allusion au livre de Marie Claude Monchaux crits pour nuire combattu par le mouvement Renvoyez la censure Personnalit que nous avons d ailleurs re u au sein de notre Semaine Paul Hurtmans
19. avez vous pas le regret que vos livres ne soient pas davantage traduits et notamment en anglais P B Je reviens d Italie et je peux vous dire qu ils caracolent bien devant Tobie Non je n ai pas de regret propos du monde anglo saxon Je n ai pas de regret sur rien parce que si on commence construire ce que l on est par rapport ce que lon aurait pu tre c est compl tement fou J ai une chance incroyable Timoth e le disait tr s bien tout l heure il s est r gal crire un bouquin ses copains disaient profite de te r galer car tu ne seras jamais publi Et puis quand il est publi profite d tre publi car de toute fa on cela ne sera jamais vendu Et puis apr s tu as de la chance d tre vendu mais cela ne sera jamais traduit La seule solution la seule bonne chose faire c est de profiter de la chance incroyable qu on a Profiter de ce que l on a Vous vous rendez compte si je commence dire je suis traduit uniquement en espagnol en italien en portugais en allemand en tch que en cor en pas en anglais Et je commence m apitoyer sur mon sort c est catastrophique C S Et le prochain 2 57 P B Moi j arr te Je viens d achever le dernier tome de cette trilogie Le pacte des Marchombres avec le personnage d Elana Il sort la fin de l ann e Et j arr te dans le sens o j ai envie non pas de faire une pause je ne vais pas du tout arr ter d crire
20. de fran ais par Daniel DELBRASSINE enseignant dans le secondaire formateur au CLPCF et auteur d une th se de doctorat Le roman pour adolescents aujourd hui criture th matiques et r ception SCEREN CRDP de Cr teil La Joie par les livres 2006 coll Argos R f rences DR Te panne TRE iE Rencontre avec Fred BERNARD et Fran ois ROCA anim e par Maggy RAYET intervenante sp cialis e en litt rature de jeunesse membre de l asbl A LI Se ssccsssccsssccsscccescccssccessccsccoeses Rencontre avec Pierre BOTTERO et Timoth e DE FOMBELLE anim e par Chantal STANESCU biblioth caire dirigeante la Biblioth que Centrale pour la R gion de Bruxelles Capitale R sultats des coups de c ur de la semaine Paul Hurtmans du livre de jeunesse 2007 2008 vasisissscsisiceisssssstinvesieuseineveovsusnsedessasiscuevesuewes ssistes 17 sise 45 Allocution de Madame Faouzia Hariche Echevine de l Instruction publique et de la Jeunesse de la Ville de Bruxelles Mesdames Messieurs Au nom du Coll ge des Bourgmestre et Echevins de la Ville de Bruxelles permettez moi de vous souhaiter la bienvenue la seizi me dition de cette journ e de r flexion consacr e la litt rature de jeunesse Cette journ e repr sente la traditionnelle ouverture de ce qu il est pr sent convenu d appeler Semaine Paul Hurtmans du livre de jeunesse semaine au cours de laquelle quelque 4 200 jeun
21. deux ans aux Beaux Arts Fred Bernard Ce qui m int ressait dans le dessin c tait de raconter des histoires Toutes mes r f rences taient dans les biblioth ques tandis que celles de Roca taient dans les mus es La plupart des histoires que j ai crites je n aurais pas pu les illustrer par mes dessins Les dessins de Fran ois m ont emmen sur certains sujets Les deux m int ressent Et plein d autres trucs comme le tir l arc Je regrette les sciences quelque part Je suis curieux de plein de choses Mais je ne suis pas tr s foot Leur premier album parle de fourmis rouges Douze ans apr s l autre extr mit du r gne animal ils mettent en sc ne les normes dinosaures C est le c t Sciences Nat de Fred sourit Fran ois Roca Moi je n aimais pas tellement ni les fourmis ni les dinosaures mais j avais envie de dessiner des animaux Ce qu on n a pas beaucoup fait l cole J avais longuement fr quent le mus e de Lyon qui me faisait r ver Et dans cet album j avais envie de passer de la for t au Mus e 45 Maggy Rayet propose de regarder le montage d images r alis par Julien Cirelli biblioth caire au CLJBxl Fran ois Roca commente donc des images de L indien de la Tour Eiffel Jesus Betz La com die des ogres et Cheval v tu Le montage se termine par la couverture de Cheval v tu l album dont il sera question lors des rencontres avec les enfants Question
22. efforts en la mati re consid rant qu il est essentiel de d velopper le plaisir de lire d s le plus jeune ge Si c est un d fi pour notre soci t c est surtout un devoir pour tous ceux qui veulent penser l avenir en termes de dialogue entre les g n rations et entre les cultures C est dans le m me tat d esprit que la Ville de Bruxelles soutient aujourd hui d autres initiatives autour du livre de jeunesse comme les op rations J aime lire d s la maternelle J adore lire Lire dans les parcs et la plaine On lit b b ainsi que la rencontre annuelle avec un diteur de jeunesse organis e en partenariat avec notre Biblioth que Centrale des Riches Claires A ce titre j aimerais souligner ici l excellence du travail r alis au quotidien par nos biblioth ques principales et locales ainsi que par nos dix filiales en mati re de promotion de la lecture et du plaisir de lire Pour conclure je voudrais remercier ici tout particuli rement les biblioth caires les enseignants du fondamental du secondaire et du sup rieur p dagogique les animateurs les membres d IBBY notre partenaire dans ce projet et la jeune quipe du Centre de litt rature de jeunesse de Bruxelles qui se sont investis dans cette f te du livre pour nos jeunes Merci aussi nos invit s conf renciers auteurs illustrateurs qui ont uvr la r ussite de cette op ration constituant ensemble un v ritable vecteur du plaisir de lire J
23. le lecteur leur d marche de d voilement Ce dernier est ainsi invit prendre ses distances par rapport l illusion romanesque le Playing il est convi aux plaisirs de ce que Michel Picard 1986 d nomme le Game Voil qui devrait contribuer d velopper un mode de lecture fond sur la distance et la r flexion critique que beaucoup de didacticiens du fran ais associent la notion de lecture litt raire 3 Prendre distance autod rision et parodie Le personnage narrateur manifeste assez souvent une autod rision qui invite le lecteur ne pas prendre trop au s rieux le r cit dont il a la charge Chez Marie Aude Murail cette autod rision appara t m me comme une constante d criture source d humour et instrument de connivence avec le lecteur Ainsi tout le d but de Rendez vous avec Monsieur X nous montre t il un Nils Hazard emp tr dans son quotidien d sordre tous azimuts retard comme d habitude d m l s avec la technique ici un baladeur aux couteurs r calcitrants Le fringant professeur d truscologie jette un regard plus que lucide sur la profession Quand j arrive en retard mes l ves sont d j dans la salle de cours Tout prof normalement constitu c est dire parano aque sait que dans ces cas l ses l ves sont en train de dire du mal de lui J ai des devoirs vous rendre dis je en posant ma sacoche sur le bureau C est le seul moment dans ma vie o j
24. on tourne les pages dans un sens pas dans l autre Une r gle particuli re aussi les gamins peuvent lire trois fois un livre en oubliant la fin en se fixant la r gle oubliant la solution C tait mettre l album pour enfants en position d tre un jour aupr s des 21 gamins Apr s c est mon rapport au jeu moi quand on voit Parrando ici ou Ponti Paris ce sont toujours des gens qui ont un rapport particulier au jouet M M Apr s la pause dans le livre Play pour terminer le jeu vous avez offert un moment que j ai appel po tique et pictural est ce un cadeau pour un lecteur gourmand O D a c est le livre aussi quelquefois on fait des paysages tr s grands pour les faire entrer dans un tout petit livre C est la surface r duite du livre de la m me mani re quand on fait des histoires on ne se rend pas compte des dimensions qu elles ont avant de les r duire et puis elles se red ploient dans la t te du lecteur l non plus on ne ma trise pas Quand on a un paysage avec des falaises des rochers et l oc an elles ont la dimension qu on pr te leur image M M Toujours dans l id e de limite Ermeline et sa machine de 1994 j ai voulu y voir la limite entre le quotidien et l imaginaire Le quotidien traditionnel une histoire de tissage ternelle histoire de femmes qui semble venir de l oralit selon votre expression tout en taffetas et popeline Un travail de tissage aussi avec les mots
25. savent faire la diff rence entre la place de voyeur qui leur est largement offerte dans les m dias et celle de lecteur L essentiel n est il pas de faire confiance l enfant d s le plus jeune ge et au jeune en accord avec le constat du professeur Diatkine fondateur d A C C E S que l enfant choisit toujours ce qui est bon pour lui Viviane Ezratty texte repris en juin 2008 16 Le point de vue d un cr ateur par Olivier DOUZOU architecte graphiste auteur illustrateur et directeur du secteur jeunesse des Editions du Rouergue de 1994 2001 Rencontre anim e par Monique MALFAIT DOHET ma tre assistant la cat gorie p dagogique de la Haute Ecole Francisco Ferrer Vous allez le remarquer je ne m entoure que de personnes comp tentes et de complices pour d fendre la qualit dans le livre de jeunesse Maitre assistante la cat gorie p dagogique de la Haute cole Francisco Ferrer institution de la Ville de Bruxelles elle forme les futurs r gents et les initie la litt rature de jeunesse Chose surprenante elle est un fervent d fenseur de la lecture de l image et sensibilise ses tudiants au travail de nombreux cr ateurs d images Tr s touch e par le travail de nos cr ateurs belges citons Anne Brouillard Anne Herbauts Mario Ramos Kitty Crowther c est avec un r el enthousiasme qu elle a r pondu notre appel pour vous proposer la rencontre avec Olivier Douzou qui dans le cas pr sent
26. t fran aise mais dans un tout autre registre on peut mentionner les tabous politiques r v l s par des publications Kjeunesse En 2002 la parution du roman de Randa Ghazi R ver la Palestine fait scandale vaut toute sorte d accusation Flammarion des manifestations devant ses bureaux voire son stand au Salon du livre de Montreuil au nom des pires quolibets anti juifs qui soient Or ce qui est accus ce n est pas tant un texte on reproche l auteur de ne pas tre juive et de n avoir jamais v cu en Palestine tout comme V ronique Massenot a aussi t critiqu e pour son SOLIMAN LE PACIFIQUE publi presque simultan ment au Livre de Poche Jeunesse Ce n est donc pas tant le texte que le con texte qui est convoqu dans cet v nement et qui montre que la litt rature jeunesse participe de pr s ou de loin tendre un miroir la soci t laquelle elle propose des textes des paroles Nous pourrons revenir sur ce point dans notre troisi me tape de r flexion 29 Mais revenons au comment et la question du peut on tout publier 2 Bien s r l diteur jeunesse prend ses responsabilit s chaque fois qu il s lectionne un texte Nous avons r cemment v cu diverses manifestations de cette prise de risque chez Hachette Pour un texte l ger Miss la Gaffe de Meg Cabot que nous avons d cid d accompagner d un macaron d avertissement certains passages peuvent heurter des lecteurs d conseill
27. telle qu on l imagine sont quand m me intimement li s dans nos inconscients et dans nos conscients aussi et la baguette magique est quelque chose qui a norm ment d importance on a tous grandi quels que soient nos ges avec des baguettes magiques Et devoir maintenant en temps qu auteur se passer de la baguette magique ce n est pas toujours vident T de F En parlant de baguette magique le pouvoir nous l avons parce que nous avons le micro et pas vous C est comme le sceptre j ai v cu en Afrique et l aussi le b ton du chef Je comprends un certain agacement tre tout d un coup bloqu dans l usage mill naire de la baguette magique cause d un petit bonhomme lunettes Mais c est vrai que cela pousse la cr ativit aussi C S Vos deux romans nous ram nent la lutte s culaire entre le bien et le mal C est de cela que vous finissez tous les deux de parler Vous les envisagez chacun d une mani re diff rente mais cela fait partie des obligations des mondes merveilleux ou fantastiques Est ce que cela ne devient pas manich en T de F C est une des libert s dont b n ficie Pierre en a parl soit la litt rature fantastique soit la litt rature pour la jeunesse c est effectivement de pouvoir y aller carr ment Moi par exemple j ai cr un m chant dans Tobie Lolness qui s appelle Jo Mitch c est un m chant vraiment m chant trop m chant Dans la suite dans le sec
28. voit dans leurs yeux qu ils ont des sales intentions C est classique on a vu a partout Elle se recule et se retrouve contre le mur classique Elle commence avoir peur classique Et j avais juste envie de finir a elle commence avoir tr s peur pour eux Et c est l qu on bascule dans le fantastique Et c est l o moi je me r gale vraiment on arrive sur la libert totale de l criture Elle a peur pour eux il peut se passer n importe quoi Et ce n importe quoi je suis le seul en d cider Le fantastique au sens large m offre cette libert l extraordinaire de n avoir aucune limite dans mon criture si ce n est celle de mon imagination Et a c est une sensation totalement grisante parce que d une sc ne comme celle ci assez classique cela peut partir dans n importe quel sens Elle a peur parce qu en elle est en train de se r veiller quelque chose qu elle conna t bien et qui est assez dangereux C S Vous allez nous en dire un peu plus vous avez une construction assez tonnante Lorsque nous nous sommes vus la derni re fois vous aviez parl avec une classe d adolescents et vous leur aviez expliqu ce qu tait le fantastique aujourd hui et pourquoi aujourd hui il y a une chose que l on ne peut plus faire c est utiliser une baguette magique P B Ca c est davantage les petits probl mes techniques qui se posent quand on crit de la fantasy parce que Timoth e l a dit tout l heu
29. SEMAINE Paul HuRTMANS du Livre de JEUNESSE du VF an 27 wm 200 8 journ e professionnelle lundi 17 mars 2008 La litt rature de jeunesse en questionnement Le Botanique Bruxelles Centre de litt rature de jeunesse de Bruxelles IBBY 3 A 5 z C i gt oe 8 CORI LE Lorerie Narionale LES A amp e Actes du colloque La litt rature de jeunesse en questionnement Le lundi 17 mars 2008 Organis dans le cadre de La Semaine Paul Hurtmans du Livre de jeunesse 2008 Ville de Bruxelles D partement Instruction publique Centre de Litt rature de Jeunesse de Bruxelles Section belge francophone de l 1 B B Y Avec le soutien Ville de Bruxelles D partement Instruction publique My Minist re dela Communaut fran aise Minist re de la Communaut fran aise Direction g n rale de la culture Service de la Lecture publique BIBLIOTHEQUE PUBLIQUE CENTRALE POUR LA REGION DE BRUXELLES CAPITALE Loterie Nationale Commission Communautaire fran aise de la R gion Bruxelles Capitale RI C G R I Commissariat G n ral aux Relations Internationales de la Communaut fran aise C C y Th tre La montagne magique La montagne Magique Th tre Les actes de ce colloque ont t r alis s gr ce aux textes transmis par les orateurs ou la transcription des enregistrements des interventions Ce d licat travail
30. a t assur par C cile D Hoir Collaboratrice ducative et culturelle du CLJBxl la relecture par les intervenants La coordination a t assur e par Julien Cirelli biblioth caire du CLJBxl Photographies Julien Cirelli Table des mati res Allocution de Madame Faouzia Hariche Echevine de l Instruction publique et de la Jeunesse de la Ville de Bruxelles ssccsssssseees Allocution de Monsieur Philippe Malfait Inspecteur de la Lecture publique et de l Enseignement de promotion sociale de la Ville de SAT GEL LEA EN TT La litt rature de jeunesse en questionnement D introduction par Luc Battieuw dirigeant du CLJBxl ssssssessserssesssssssessssesoseese Le point de vue du biblioth caire par Viviane EZRATTY conservatrice en chef de l Heure Joyeuse de Paris Le point de vue d un cr ateur par Olivier DOUZOU architecte graphiste auteur illustrateur et directeur du secteur jeunesse des Editions du Rouergue de 1994 2001 Rencontre anim e par Monique MALFAIT DOHET ma tre assistant la cat gorie p dagogique de la Haute Ecole Francisco Ferrer Le point de vue d un diteur Sujets tabous sujets risque peut on tout publier par Cecile TEROUANNE en remplacement de Charlotte RUFFAULT ditrice de Hachette jeunesse Le point de vue de l enseignant Pourquoi utiliser des romans pour la jeunesse en classe
31. a Litt rature 42 Conclusion Un constat s impose au terme de ce rapide parcours le roman contemporain adress la jeunesse invite son lecteur mobiliser les deux formes de lecture litt raire que l enseignant de frangais doit d velopper chez ses l ves la participation et la distanciation Le roman pour la jeunesse pr sente donc quelques avantages p dagogiques par rapport la litt rature classique Parce qu adress ce public l alors que les textes classiques sont adress s un public adulte d un autre temps et parfois d un autre lieu il facilite la fois la participation et la distanciation Les pr occupations d un gar on de 14 ans dans l Europe d aujourd hui sont videmment plus proches du lecteur que celles d un jeune arriviste dans le Paris du 19 si cle L criture de M A Murail est certainement plus abordable que celle de Balzac Et la participation du jeune public sera sans aucun doute plus facilement mobilis e pour la lecture de Baby sitter blues que pour celle du P re Goriot D autre part le souci pour la compr hension par le lecteur dont on a pu v rifier l existence assure une meilleure perception des moyens litt raires ainsi qu une meilleure r ception des effets Par cons quent le roman pour la jeunesse s impose l enseignant comme une tape avant d aborder les classiques tape d autant plus indispensable que l on s adresse d autres publics que les lite
32. a jeunesse peut apporter des r ponses aux probl mes En classe que se passe t il Je m int resse surtout ce qui se passe dans le secondaire Un bref regard sur l volution des pratiques p dagogiques depuis 1945 permet de d gager 3 tapes marqu es par des m thodes parfois radicalement diff rentes Jusque dans les ann es 70 l enseignement de la litt rature l cole secondaire est sous l influence de l Histoire litt raire selon les pr ceptes de Gustave Lanson le professeur de fran ais s attache essentiellement la relation auteur texte et laisse peu de place au lecteur car il s agit de transmettre un sens univoque et sacr un bagage culture Cette m thode de la r v lation se trouve concr tis e dans la s rie de manuels Lagarde et Michard toujours attentifs servir une copieuse biographie des auteurs avant l approche des textes 33 A partir des ann es 80 les grilles d analyse du r cit Propp Greimas Br mond et les d veloppements de la narratologie Genette fournissent des instruments scientifiques pour privil gier l approche du texte en tant qu objet en excluant alors la figure de l auteur Et les pratiques changent on tablit le sch ma actantiel d un conte de Perrault on analyse les temps narratifs dans une nouvelle Le manuel Fran ais 4 De Boeck 1980 illustre bien cette tendance La fin du si cle consacre l mergence du troisi me p le de la relation li
33. ait pu tre men bien Nous vous souhaitons tous biblioth caires enseignants tudiants passionn s du livre une journ e et une semaine enrichissante et nous vous donnons d j rendez vous en 2010 A pr sent je laisse la parole Luc Battieuw dirigeant du CLJBxl qui va vous pr senter le programme de la journ e Philippe Malfait 1 Paul Verlaine La litt rature de jeunesse en questionnement introduction par Luc Battieuw dirigeant du CLJBxl La question La litt rature de jeunesse peut elle tout raconter aux enfants 2 conduit r fl chir la fa on dont la cr ation se m le de sujets fondateurs aussi bien dans le parcours individuel de chaque enfant que dans son parcours social la vie la mort l amour la guerre la famille les autres etc Il s agit d tudier la fa on dont les uns et les autres d livrent aux jeunes des messages ou au contraire refusent de le faire ou de parler m me de messages ainsi que les formes utilis es le choix des mots la langue l esth tique et le r le particulier des images ind pendamment des mots ou en lien avec eux On le sait certains sujets sont plus autoris s que d autres Et si l on regarde de pr s on sent bien que les difficult s proposer tel ou tel livre rel vent parfois d une pratique de la censure explicite ou non mais aussi et peut tre encore plus souvent de l autocensure Lorsque l on parle de sexe parle t on de tout Si l
34. aits s av re tout fait boulevers Je ne parle pas ici de simples retours en arri re vis e explicative comme on en rencontre couramment mais bien d une option claire en faveur d un temps narratif dont le fil chronologique semble parfois bien emm l Le jeune lecteur se trouve par exemple pri de d m ler l cheveau de deux histoires sans lien apparent et d cal es dans le temps et se voit m me abus par une fausse piste en cours de lecture J ai aussi d tect la pr sence de d buts de roman jug s assez d stabilisants pour un jeune lecteur Dans ces 18 cas beaucoup retardent ou vitent la phase d exposition explicative cens e r pondre aux traditionnelles questions Qui O Quand Trois textes conduisent m me sur une fausse piste Dans le domaine de la voix et de la perspective j ai rencontr un grand nombre de situations complexes 27 titres soit plus de 11 du corpus tudi pr sentent une situation hybride en ce qui concerne le choix de l instance narrative Les auteurs ont ainsi recours dans la m me uvre au r cit en JE et au r cit en IL Le plus souvent le passage de l un l autre est signal mais parfois les variations sont brutales comme dans De la tendresse R Cormier p 132 o un je fait irruption apr s de nombreuses pages de r cit la troisi me personne La voix offre d autres surprises tant t le lecteur est pri de g rer les voix multiples de r cits polyphoniques t
35. alade et avoir la possibilit de prendre mon lecteur par la main Tiens viens avec moi on y va j ai besoin de pages J ai besoin d aligner des pages pour que ce monde petit a petit se d ploie Ca c est pour la grosseur des tomes et le nombre des volumes Et puis apr s la trilogie c est un truc que j ai attrap tout petit quand j ai eu la chance de tomber sur une trilogie qui a t pour moi la trilogie claque ou coup de massue c tait Le seigneur des anneaux Ce qui en a d coul pour moi c est que c est la m me chose un roman fantastique et une trilogie c est pareil Et c est absolument impossible d crire du fantastique sans que cela prenne la forme d une trilogie C est tr s personnel Je 52 partage cela avec pas mal de jeunes lecteurs pour qui trilogie cela ne veut pas dire trois bouquins T de F Quelqu un m a dit votre trilogie en 2 tomes P B Dans le langage des jeunes lecteurs trilogie cela veut dire gros bien et fantastique Cela fait donc trois C S Absolument C est un monde dans lequel vous tes vraiment entr de plain pied avec Ewilan Et vous avez fait plus fort car vous l avez d clin avec Les Marchombres P B D cliner c est assez facile Ce qui est d licat c est d arr ter de d cliner Le plus dur justement c est de lancer ce monde de l ouvrir et de le faire suffisamment vaste pour qu il existe dans ma t te et ensuite je l esp re da
36. ant t il exp rimente l inconfort d un t te t te avec un narrateur non fiable Ces deux proc d s sont parfois pouss s l extr me lorsque de 5 11 voix diff rentes interviennent dans le m me roman Attention fragiles M S Roger M me pas mal C Laroussinie Komsomol B Chambaz Junk M Burgess ou quand le narrateur ne r v le que tr s subtilement et progressivement sa malhonn tet La nature du mal C Lehmann Ces choix narratifs semblent fr quents aussi en dehors du corpus tudi je mentionnerai Une id e fixe Melvin Burgess 2004 o le r cit en IL voisine avec les voix des nombreux personnages et Le silence du rossignol 1 tome du Clan des Ofori Lian Hearn 2002 qui propose en alternance selon les chapitres la voix d un jeune gar on JE et la perspective d une jeune fille dans un r cit en IL Le proc d du roman polyphonique semble d ailleurs connaitre un certain succ s puisque plusieurs oeuvres prim es en font usage ainsi par exemple L enfant Oc an de Jean Claude Mourlevat dont chaque chapitre est intitul d une formule comme R cit de Nathalie Josse trente deux ans assistante sociale Le tissu de l intrigue est donc form d une suite de t moignages vari s toujours intitul s r cit partir desquels le lecteur est cens reconstruire l histoire 37 Le jeune lecteur est confront d autres situations complexes comme la pr sence de plusieurs r cits d
37. atiques en vigueur au sein de la litt rature g n rale de la m me p riode L absence d information disponible oblige les consid rer avec prudence et la question de savoir si ces donn es seraient fondamentalement diff rentes pour une tude du roman contemporain adress aux adultes reste pos e Je risquerai cependant une affirmation La vari t des proc d s et l abondance de certains d entre eux I hybridation de l instance narrative par exemple m autorisent en effet penser qu il ny a dans le chef des auteurs aucune r ticence recourir ces moyens narratifs complexes On peut videmment se demander comment ils osent se permettre d tre aussi exigeants avec des lecteurs en herbe Ce serait oublier un autre aspect du roman pour la jeunesse Pr occup s par leur jeune lecteur les auteurs d ploient une vaste gamme de moyens pour assurer la r ception des proc d s complexes auxquels ils ont recours Sur le plan typographique on constate par exemple que les r cits polyphoniques affichent le nom de leurs narrateurs en t te de chapitre Junk M Burgess on observe aussi des d coupages dans la mise en page des changements de police de caract res ou encore le fr quent passage l italique Les discours de pens es font ainsi l objet d un marquage syst matique alors que les dialogues sont d ment signal s dans la mise en page Cette volont de bien signaler le r cit transparait notamment dans le tr
38. avail de r criture de certains auteurs qui adaptent leur roman destin aux adultes en direction d un jeune public je pense R gine Detambel La Verri re Le r ve de Tanger et Jean No l Blanc Bardane par exemple Ils revoient les passages en style direct libre pour les nantir d une ponctuation et d une signal tique rigoureuses en ajoutant notamment des verbes introducteurs de parole On doit conclure ici qu il s agit bien pour eux d assurer la compr hension par un lecteur inexp riment Ce que l on appelle la fonction de r gie G Genette du narrateur est aussi tr s pr sent Voyons par l exemple de quoi il s agit Dans certains textes le narrateur avoue ses difficult s remplir sa t che comme si celle ci s effectuait en direct Mais j anticipe et Dieu sait que je vais d j avoir assez de mal vous raconter cette histoire m me si je vous dis les choses dans l ordre et telles qu elles se sont pass es 38 Un ciel d orage Suzanne Fisher Staples p 13 Lorsque des choix sont op r s il arrive qu on en informe directement le lecteur et m me qu on les justifie Mais il serait ennuyeux de d tailler tous les changements qui se produisirent dans leur vie Il vaut mieux raconter au lecteur une derni re sc ne qui eut lieu pr s d un an et demi apr s que Le passage Louis Sachar p 275 Parfois le narrateur va jusqu nommer le proc d litt raire avant d en fai
39. comme en France d velopp une pol mique virulente de parents en col re parce que l on y d fendrait avec trop d indulgence un point de vue consid r comme pro palestinien Il faut certainement rester vigilant face toutes les d rives de tous les bords de tous les partis de toutes les poques Mais on ne peut au nom des dangers de certaines id ologies imposer le silence peureux nos enfants notre devoir est de leur faire confiance de leur donner le go t de la libert et de la d mocratie c est peut tre une mission de la litt rature sous toutes ses formes c est en tout cas celle de l cole et de la lecture publique Quand nous proposons des ouvrages aux classes du primaire et du secondaire nous imaginons des tranches de lecteurs selon des cat gories d ge Nous savons quel point cette approche est r ductrice Pourquoi consid rer que tel ouvrage est lire 8 ans ou 16 ans D ailleurs certains enseignants ont choisi de transgresser cette pr sentation pourquoi pas L important est de trouver de nouvelles questions de nouvelles remises en cause que l on ait 10 ou 14 ans 1 La Fontaine Les animaux malades de la peste 2 Enid Blyton Pour certains enseignants les livres s lectionn s sont trop difficiles pour leurs l ves pour d autres professeurs la litt rature de jeunesse n est plus de mise 16 ans il faut passer la vraie litt rature Vraie fausse quel est le sens de cette approch
40. d hui criture th matiques et r ception publi en 2006 au SC REN CRDP de Cr teil et de La Joie par les livres I est aussi connu par le monde des biblioth caires car il assure les formations en litt rature pour adolescents an C L P CF Enfin il collabore la revue des biblioth ques de la Communaut fran aise Lectures Luc Battieuw Je commencerai par un petit rappel sur la situation toute particuli re du professeur de fran ais En face de lui des adolescents un groupe d ge souvent pr sent comme l picentre d un cataclysme qui depuis 50 ans au moins devrait avoir englouti la Litt rature Dois je vous refaire l habituel couplet sur la crise de la lecture Dans son dos les programmes l inspection les parents La liste est longue des contraintes qui p sent sur sa libert d action Je voudrais aussi insister sur une volution r cente Les enseignants sont face de nouveaux publics peu aptes entrer directement dans les textes de la litt rature patrimoniale et dans un contexte culturel o le livre n est plus qu un support parmi d autres Or les nouveaux programmes leur demandent de former des lecteurs comp tents c est dire capables de mobiliser toutes les ressources de ce que les didacticiens ont d nomm la lecture litt raire Je vous propose donc de voir d abord ce qu il en est aujourd hui de la lecture l cole ensuite nous envisagerons comment le roman pour l
41. d consister en une volont bien l gitime aux yeux d un enseignant de prendre en compte les comp tences du jeune lecteur B Comment le roman pour la jeunesse peut il initier au jeu de la Litt rature Je donnerai trois r ponses cette question 1 Le roman sur le roman Les romanciers pour la jeunesse manifestent une volont presque constante celle de familiariser le jeune lecteur avec le fait litt raire Les auteurs mettent en sc ne l criture ou la lecture d uvres de fiction donnent lire les aventures d un h ros lui m me auteur ou lecteur dans le cadre de l intrigue Ainsi le protagoniste crit il ou annonce t il l intention de le faire dans 10 des r cits 25 cas sur 247 souvent il s agit d un projet qui se manifeste la suite d une exp rience personnelle parfois le h ros crit des po mes Quelquefois on a affaire un crivain reconnu comme dans Une maison derri re la dune R Deleuse mais plus fr quemment l auteur repr sent ne l est pas son avantage romancier pour enfants et donc d class socialement Les enfants qui r vaient de traverser la mer Duyen Anh victime ridicule de la voracit des l ves qui l accueillent Le jour o on a mang l crivain V Dayre auteur en panne d inspiration et m me crivain rat Sabbat chez les ploucs Pas de pourliche pour miss Blandiche Adieu mes jolies tous de J P Nozi re Si les cr ateurs n apparaissent pas sous un jour t
42. d de Pierre c est qu en m me temps je ne le dessinais pas On vient de faire un plan de l arbre pour l dition anglaise du livre qui va sortir le mois prochain Fran ois Place l illustrateur l avait illustr l g rement je veux dire qu il n impose pas des images Fran ois Place est un immense illustrateur il est rentr dans mon univers et il a fait la demande de ces ditions trang res un grand plan de l arbre Et moi je l ai d couvert Il a accept d y travailler seul parce qu en fait pour moi c tait quelque chose d assez sacr je ne voulais pas trop toucher cette cartographie trop complexe qui sera toujours sch matique C est pour cela que dans l dition fran aise l origine il ny avait pas de plan Et ce monde l il est l effectivement comme un enfant qui est dans un arbre et qui va quand m me dire que ce coin l c est plut t le laboratoire ou la cuisine ou je ne sais quoi C est un peu la m me chose pour le visage des personnages Je ne suis pas s r que je me les sois dessin s tr s pr cis ment et donc j tais surpris de ce que Fran ois Place apportait comme images C S Fran ois Place a fait des dessins pleine page et tout fait issus de son univers lui et pas du v tre T de F Non je ne lui ai pas autant nous avons bu des verres ensemble et discut de toutes sortes de choses mais tr s peu du livre lui m me Il est parti avec le livre en disant que du fantasti
43. de Nicolas Ancion Incitation la violence langage trop cru Nos exigences de ma trise en lecture criture doivent elles signifier qu il faut d sormais travailler avec nos ch res t tes blondes une langue de bois surtout politiquement correcte O allons nous si nous d cidons d initier les l ves au bonheur de lire uniquement partir du Club des Cinq ou des albums de Martine Voil peut tre des questions poser aux cr ateurs aux diteurs aux institutions Heureusement les conseillers de la ministre de l ducation de la Communaut fran aise n ont pas consid r les enfants comme des demeur s et ont au contraire vu l importance d une lecture au second degr La litt rature serait bien fade si elle se transformait au gr de l imaginaire restreint de censeurs en le ons de morale D s lors il ne faudrait plus enseigner la litt rature ni celle dite de jeunesse ni la litt rature en g n ral elle n aurait plus aucune fonction puisqu elle aurait perdu l essentiel de sa justification Baudelaire Flaubert ou Zola pourraient retourner devant leurs juges et cette fois la b tise aurait d finitivement gagn De m me que certaines biblioth ques d veloppent une section enfer o se retrouvent p le m le les ouvrages interdits selon des crit res plus que flous de m me R ver la Palestine de Randa Ghazy pose le probl me de la lecture critique Cet ouvrage a au sein de nos coles
44. des gentils qui sont des gentils mais avec leurs c t s obscurs Et si l on joue toujours comme dans norm ment de romans d aventure sur l opposition bien mal on en arrive y compris dans des romans jeunesse une complexit de sentiments 56 C S Nous avons eu le regard de Pierre Bottero sur l criture de Timoth e de Fombelle Monsieur pouvez vous nous donner le v tre sur l criture de Pierre Bottero T de F Ce qui m impressionne mais que je finis par comprendre en pensant aux deux livres que j ai crits c est quel point effectivement l univers de Pierre devient un terrain de jeu ou un terrain de vie peut tre Et qu effectivement il est d clinable comme notre monde et donne lieu une litt rature qui parle de notre monde et qui est extr mement vari e et j aime beaucoup comment il prend le contre pied Je ne connais pas la trilogie L Aufre et cela me passionne comme il l a dit ces trois recettes qu il met dans la poubelle et qu il fait le contraire Je trouve que c est incroyablement stimulant Mais moi ce qui me fascine c est la g n rosit Il ny a qu voir l accueil qu ont ses histoires aupr s des gens enfants ou adultes qui vivent de plain pied dans ce monde l et qui n ont pas envie de le quitter P B Tu ne veux pas venir travailler comme attach de presse pour moi C S Nous arrivons au terme de notre rencontre Pouvez vous tous les deux nous parler de vos prochains ouvra
45. diteurs des choses pay es la page qui avaient l avantage de me faire vivre Et j ai donc vraiment l impression d avoir du m tier m me si c est mon premier livre ce qui est un peu trange C S C est ce que je voulais souligner car ce n est peut tre pas indiff rent quant la qualit du roman dont il est question aujourd hui On va demander Chris de nous planter le d cor de ce 1 roman Tobie Lolness Extrait de Tobie Lolness La vie suspendue tome 1 p 7 ditions Gallimard jeunesse 2006 Tobie mesurait un millim tre et demi ce qui n tait pas grand pour son ge Seul le bout de ses pieds d passait du trou de l corce Il ne bougeait pas La nuit l avait recouvert comme un seau d eau Tobie regardait le ciel perc d toiles Pas de nuit plus noire ou plus clatante que celle qui s talait par flaques entre les normes feuilles rousses 50 Quand la lune n est pas l les toiles dansent Voila ce qu il se disait Il se r p tait aussi S il y a un ciel au paradis il est moins profond moins mouvant oui moins mouvant Tobie se laissait apaiser par tout cela Allong il avait la t te pos e sur la mousse II sentait le froid des larmes sur ses cheveux pr s des oreilles Tobie tait dans un trou d corce noire une jambe abim e des coupures chaque paule et les cheveux tremp s de sang II avait les mains bouillies par le feu des pines et ne sentait plus le rest
46. dont je voudrais Et puis quand on fait un album jeunesse on imagine les personnages leur pass leurs aventures et puis on les abandonne Parfois on aimerait continuer les faire vivre Ca permet de fouiller la personnalit et l inconscient la filiation tous ces trucs qu on se refile de g n ration en g n ration Pour les enfants on ne peut pas parler trop de cela Pour les grands oui ils s en rendent compte assez t t Pour moi mes deux activit s sont compl mentaires Proposition faite aux deux cr ateurs de choisir une derni re lecture Ce sera L homme Bonsai Maggy Rayet Comment avez vous imagin cette histoire Vous vous attachez fort aux tres tonnants qui sont marginaux dans une soci t Fred Bernard Oui je les adore ceux l Ils m apportent beaucoup J en connais Quand j tais petit j avais l impression de n tre pas normal Comme tout le monde en fait on se sent extra terrestre sur terre Jusqu au moment o j ai rencontr vraiment des personnes qui avaient du mal vivre parce qu ils n taient vraiment pas faits pour notre monde Qui pour survivre soit boivent soit se droguent soit se suicident Et en m me temps ce sont des gens qui ont une vision du monde particuli rement tonnante J aime bien les couter Je les transforme pour les mettre dans les livres L homme Bonsai semble tre une histoire fantastique Mais elle parle de la vieillesse du temps qui passe des rapports de classe
47. e L essentiel reste la d couverte de mondes parall les o textes et images font sens et tout le reste est litt rature Voil ce que je tenais vous dire en guise d introduction cette journ e Enfin je profite de l occasion qui m est offerte ici pour remercier tr s vivement les personnes ou les institutions qui ont permis la r alisation de cette semaine Paul Hurtmans du livre de jeunesse Madame Hariche Echevine de l Instruction publique la Commission Communautaire fran aise et Madame Fran oise Dupuis Ministre en charge de la Culture le Service de la lecture publique de la Communaut fran aise et Madame Fadila Laanan Ministre de la Culture et de l Audiovisuel Madame Marie Arena Ministre Pr sidente en charge de l enseignement obligatoire le Commissariat g n ral aux relations internationales la Loterie nationale notre sponsor les biblioth ques publiques de la Ville de Bruxelles d Anderlecht Berchem Ste Agathe Ixelles Jette Koekelberg Saint Gilles Schaerbeek Uccle Woluw St Lambert la Cat gorie p dagogique de la Haute Ecole Francisco Ferrer la Biblioth que Centrale pour la r gion de Bruxelles Capitale le th tre La montagne magique et le Conseil d administration d IBBY Et pour terminer je tiens exprimer toute ma reconnaissance Luc Battieuw et sa dynamique quipe du CLJBxl Nathalie C cile Julien v ritables chevilles ouvri res de ce projet sans le d vouement desquels rien n aur
48. e au fil de l criture j tais plut t dans une d marche d vasion quitter le quotidien quitter le pr sent partir dans de l aventure Partir ailleurs c tait vraiment a mon point de d part dans le plaisir de l criture qui devait rejoindre le plaisir de la lecture Il se trouve qu en grimpant dans mon arbre j y ai vu un monde qui ressemblait incroyablement au n tre qui avait la fragilit de notre monde et cette m taphore s est construite petit petit et j ai r alis qu il y avait cette proximit extraordinaire de cette plan te verte avec la n tre Ces messages l aussi sur le th me de la d mocratie ou de la libert tout a pour moi cela doit venir dans le flot de l aventure dans le tempo de l aventure et jamais se poser comme une pancarte ou m me un pamphlet C est vraiment l aventure qui est premi re et tant mieux si elle charrie du vivant avec tout ce que cela comporte de questions qui sont les n tres aujourd hui C S Vous construit l histoire de Tobie avec comme point de d part une famille qui sera s par e mais qui comporte un myst re qui est vraiment Tobie 51 T de F En entendant le d but je me rends compte que je ne donne aucune cl et c est peut tre le propre de la construction du livre On voit ce petit Tobie fugitif qui d abord est dans son trou Et l tout coup j ai entendu le mot mousse qui a t dit et cela m a rappel le point de d part Je pensais c
49. e de son petit corps endormi de douleur et de fatigue Sa vie s tait arr t e quelques heures plus t t et il se demandait ce qu il faisait encore l Il se rappelait qu on lui disait toujours cela quand il fourrait son nez partout Encore l Tobie Et aujourd hui il se le r p tait lui m me tout bas Encore l Mais il tait bien vivant conscient de son malheur plus grand que le ciel T de F Je voulais un monde imaginaire mais un monde imaginaire qui pouvait tre au bout du jardin L arbre dont on parle et qui est le mod le r duit de notre monde c est un arbre comme n importe quel arbre Il y a ce peuple qui vit dans l arbre et qui est l chelle de ce monde l mais partir de l les r gles du jeu sont les m mes que sur notre bonne vieille Terre Et il ny a pas de magie finalement la part de fantastique est assez mince dans le roman Je voulais parler de l arbre parce que je voulais un monde qui est proche de ce que j aime et de ce que je connais j ai toujours grimp aux arbres et je connais tr s bien ce monde et donc je voulais parler de ce domaine l Je voulais qu on aille se pencher sur l corce qu on grimpe et qu on cherche cette petite humanit qui est le peuple de Tobie C S Cet arbre c est une m taphore pour la Terre d aujourd hui C est un roman cologique T de F Il y a certainement cette m taphore qui est pr sente mais je l ai un peu d couvert
50. e Bruit et la Fureur ef aujourd hui au cours de litt rature ils l ont d mont Qu est ce qu ils connaissent de Faulkner Le prof m a demand pourquoi je ne l avais pas lu Je ne lui ai pas r pondu Je n avais pas envie de participer leur inf me discussion Je ne voulais pas lui dire non plus que j ai englouti pratiquement toute l uvre int grale de cet auteur ne m aurait pas crue Est ce notre faute si on s emmerde pendant ses cours Je n ai pas eu besoin de ses services pour m int resser aux auteurs et leurs productions M S VERMOT Une vie part Ecole des loisirs 1997 p 7 8 Les sociologues de la culture confirment l existence d un probl me Christian Baudelot et ses collaboratrices Et pourtant ils lisent Seuil 1999 ont mesur et d montr pour la France les cons quences catastrophiques du passage brutal entre les pratiques p dagogiques du coll ge 12 15 ans et celles du lyc e 16 18 ans On pensera chez nous la diff rence entre r gents et licenci s Baudelot stigmatise la disparition des activit s de participation ax es sur le plaisir au profit des d marches de distanciation centr es sur l approche intellectuelle des uvres classiques Le constat est identique en Belgique francophone Le passage brutal 35 d une norme de lecture une autre et d un corpus tr s clectique de textes pour la plupart contemporains un floril ge d uvres patrimoniale
51. e censure pourtant je m attendais ce qu on me demande de supprimer des passages Pinocchio revient sans Gepetto M M Les r f rences sont multiples mais au d part on est dans le comique une r flexion sur l criture on a d ailleurs la r f rence Gogol Mais au niveau de l illustration l image peut tre extr mement forte ditions BeBo O D Je l ai vu en construction j ai donc du mal le voir ainsi Je suis parti du principe de la gravure par rapport l poque de l histoire de Gogol c est une histoire en miroir un exercice de style Je suis sollicit pour participer L OuBaPo de l Association l ouvroir de bande dessin e potentielle et c est vrai que chaque mani re de raconter correspond une mani re d illustrer de mettre en sc ne Il y a beaucoup de r f rences elles sont pour moi M M Vous dites vous m me dans l album que cette histoire n est pas possible elle aurait pu s arr ter deux fois mais elle repart deux fois c est une r flexion sur l criture 2 24 O D Oui le fait d une fausse fin une vraie fin cela la rend encore plus impossible J ai beaucoup con u mes histoires comme des boucles Le nez quand il arrive la fin de l histoire il peut repartir dans celle de Gogol M M Luc nous annonce qu il faut terminer maintenant je voudrais d s lors vous remercier ainsi que Julien Cirelli sans lequel nous n aurions jamais eu ce superbe diaporama de vos ouvra
52. e texte est tr s significatif vous parlez de ca hs ne CG cicatrice de l histoire du monde ce texte vous l avez crit avec Navratil O D Non non En fait ce qui s est pass c est que Charlotte Mollet ma dit qu elle avait un survivant du Titanic qui habitait en dessous de chez elle D j pour moi l histoire du Titanic cette catastrophe cela ma tonn c tait deux ans apr s Di Caprio cette histoire l qui traverse le 20 si cle qui reste mythique dans l histoire de la navigation et du progr s et je ne me souviens plus de votre question M M Je parlais du dialogue entre O D Oui j tais surpris d avoir cette personne et je me disais que le rencontrer serait g nial Pourtant j ai choisi de ne pas le rencontrer pour pouvoir m approprier l histoire Au lieu de devenir le t moignage de Michel Navratil cela devait tre vraiment une histoire destin e aux enfants mais qui raconte son histoire lui Charlotte Mollet m a fait des cassettes j ai cout j ai tri et j ai r crit tout le texte M M Justement propos du texte dans une double page vous dites les autres sombr rent mes et corps Alors le graphisme de l illustration le fond de l criture qui n a rien voir avec l histoire ce d sordre votre texte le bouleversement de l ordre des mots tout cela est il voulu pour montrer la perte de rep re au niveau des enfants O D Il y a un peu de tout a
53. e vous souhaite une excellente journ e de r flexion Faouzia Hariche Allocution de Monsieur Philippe Malfait Inspecteur de la Lecture publique et de l Enseignement de promotion sociale de la Ville de Bruxelles Je ne suis pas ici pour donner des le ons quel est l int r t Je ne suis m me pas ici pour donner des conseils de quel droit Non inspecteur p dagogique de la Ville de Bruxelles je suis ici pour me poser des questions pour tenter de comprendre ce qui se passe parfois dans nos classes et dans nos biblioth ques ce qui se trame autour de la probl matique de la litt rature de jeunesse De par ma formation j ai toujours plus appr ci les questions que les r ponses fussent elles enrichissantes Lors d une journ e de r flexion dans le cadre de la semaine Hurtmans 2002 Tomi Ungerer ternel provocateur avait d clar avec fracas qu il fallait traumatiser les enfants ajoutant il faut montrer les horreurs Pour le sens de la r alit R volt par la b tise de certains m diateurs du livre destin aux enfants mais confiant dans la lucidit arrogante des jeunes lecteurs Ungerer plus de 70 ans avait la verve libertine des artistes responsables de leur engagement Pourtant de nombreux enseignants ont cri haro sur le baudet quand un test d valuation externe de lecture en janvier 2007 a propos la sagacit des enfants de 5 primaire et de 2 secondaire des nouvelles de Bernard Friot et
54. ement pour que ce soit dans le dessin et pas dans le texte pour que ce ne soit pas redondant Le texte et le dessin sont constamment modifi s sti Chris Van Den Spiegel lit le d but de quelques albums choisis comme des moments clefs dans l uvre du duo de cr ateurs Premi re lecture La reine des fourmis Fred Bernard On a voulu faire les livres qui nous auraient plu quand on tait petit On r alise des albums qui nous plaisent nous et qui ne sont donc pas forc ment la mode Moi les bestioles c tait carr ment mon truc puisque j ai v cu en rase campagne Fran ois ce n tait pas son truc et il n en dessinait pas Deuxi me lecture un petit album en noir et blanc une discontinuit dans les ouvrages de Bernard et Roca Monsieur Cloud nuagiste Question sur la technique de cet album Fran ois Roca avait fait cinq images pour le concours de la Foire de Bologne ouvert aux illustrateurs du monde entier C est une technique assez particuli re une sorte de calque tr s pais avec encre de chine gratt e au cutter comme pour les cartes gratter mais en plus long L esprit vieux film muet Le texte aurait du tre en blanc sur fond noir pour aller au bout du concept Charlot Laurel et Hardy et compagnie Fred Bernard ajoute Tu as voulu en faire deux et l diteur a dit non un c est bien Rires a n a pas t un succ s commercial Titre suivant Jesus Betz 46 Album long
55. entation elle est alors r v lateur de tabous ce qu elle montre suscite des r actions voire choque provoque scandalise la litt rature jeunesse comme param tre d un certain tat de la soci t auquel elle tend un miroir toujours renouvel 27 1 la litt rature jeunesse comme enjeu et lieu de censure La notion de tabou et la loi de 1949 Le terme tabou renvoie bien s r un interdit aux origines d ordre sacr plus commun ment un interdit de type moral En mati re de litt rature jeunesse il est des interdits pos s par une loi concernant les publications destin es la jeunesse notamment celle du 7 juillet 1949 qui visant la protection de la jeunesse fait d fense non pas d aborder des sujets mais selon l article 2 modifi par la Loi n 54 1190 du 29 novembre 1954 art 1 JORF 1 d cembre 1954 Les publications vis es l article 1 ne doivent comporter aucune illustrations aucun r cit aucune chronique aucune rubrique aucune insertion pr sentant sous un jour favorable le banditisme le mensonge le vol la paresse la l chet la haine la d bauche ou tous actes qualifi s crimes ou d lits ou de nature d moraliser l enfance ou la jeunesse ou inspirer ou entretenir des pr jug s ethniques La litt rature pour la jeunesse est bien n e dans une tradition d enseignement et une partie de la production contemporaine s inscrit toujours dans cette intention Mais ce caract re
56. es auront la possibilit de rencontrer un auteur illustrateur de leur choix De quoi s agit il D s 1987 feu le regrett Paul Hurtmans premier inspecteur en charge des biblioth ques publiques de la Ville de Bruxelles avait per u la n cessit de souligner le travail de fond r alis par les biblioth caires travers un v nement cr autour de la litt rature de jeunesse Depuis cette date le chemin parcouru a t riche d volutions rendre pr sente la litt rature de jeunesse dans la formation des enseignants permettre aux jeunes lecteurs de d couvrir une s lection de qualit travers des animations organis es en biblioth ques et point d orgue de l op ration offrir aux jeunes la possibilit de rencontrer des auteurs illustrateurs de leur choix N oublions pas que d s les ann es 1920 la Ville de Bruxelles a d ploy pas mal d efforts humains et financiers aupr s de son jeune public en cr ant jusqu en 1948 les huit biblioth ques Heures joyeuses qui seront la pr figuration de nos sections jeunesse A ce titre je salue ici la pr sence de Madame Viviane Ezratty conservatrice en chef de l Heure joyeuse de la Ville de Paris notre premi re intervenante de ce matin De m me en cr ant en 2005 avec le soutien de la COCOF un Centre de litt rature de jeunesse pour Bruxelles et sa r gion jeune institution organisatrice du pr sent projet la Ville de Bruxelles n a pas h sit poursuivre ses
57. est le repr sentant du monde de la cr ation sans oublier qu il est galement dans celui de l dition C est en compagnie de Kitty Crowther et dans un couloir du Salon du livre de Montreuil que nous nous sommes chang s nos cartes respectives avec l envie de part et d autre de se revoir Bruxelles C est aujourd hui chose faite et je lui suis tr s reconnaissant d tre avec nous aujourd hui Luc Battieuw Monique Malfait Merci Luc Je me suis permis de donner un titre cette rencontre Olivier Douzou funambule de l illustration po te du p rissable et de l intemporel Aragon Ecrits sur l art moderne propos des collages de Jiri Kol r po te tch que Funambule parce que vous tes un artiste en quilibre entre plusieurs techniques d illustration plusieurs registres de discours voire plusieurs genres narratifs Po te parce que vos albums sont compos s de r seaux th matiques et esth tiques qui jonglent entre un humour indispensable et d capant et une motion n e du quotidien comme une mise distance surr aliste de votre regard sur ce qui nous entoure Votre uvre est prolixe certes mais surtout permet des lectures plurielles et fort contradictoires Vous avez dit ailleurs que dans Jojo la mache vous aviez uniquement voulu vous amuser alors que des critiques y ont vu une m taphore de la disparition voire de la mort Que pensez vous de ce type de discours sur votre travail tes vous agac indi
58. ette 1 e sc ne et je pensais au Dormeur du val de Rimbaud et ce vers C est un petit val qui mousse de rayons Et je me souviens avoir voulu cr er cette image paradisiaque et ce n est pas ll a deux trous rouge au c t droit mais il est poursuivi Et il est poursuivi parce que son p re a fait une d couverte incroyable qui est celle de l nergie de l arbre Il voulait prouver que l arbre tait vivant alors qu on n en tait pas s r et qu on se demandait si les feuilles de l arbre n taient pas des petits organismes ind pendants les uns des autres Et il dit que tout l arbre vit Il d couvre cela et il le prouve en cr ant une petite m canique un petit objet qui s anime avec la s ve de l arbre la s ve devient comme un carburant Il le d couvre mais au dernier moment il d cide de ne pas en r v ler le secret parce qu il sent que cela mettra en danger l arbre partir de l tout le bonheur de cette famille le p re est un scientifique tr s reconnu la m re est une femme charmante extr mement attachante explose Ils sont jet s en exil puis en prison et Tobie se retrouve fugitif avec on le croit le secret de cette invention Et donc Tobie est fugitif dans le premier volume puisqu il y a en effet un 2 me volume Il y a 2 volumes et seulement 2 La 1 e partie c est la fuite et la 2 me c est la reconqu te C S Nous allons nous arr ter l dans l exploration de cette di
59. ev le d fi en derni re minute et je lui c de la parole Luc Batheuw Cette question du tabou et du risque en litt rature jeunesse ouvre en grand le champ des interrogations On aborde non seulement la question de la censure mais aussi celle de libert d expression et de l usage fait de cette m me libert On peut ainsi voquer les probl matiques suivantes censure et auto censure des diteurs mais aussi des auteurs orientation des collections selon un cahier des charges tablissant une forme de censure mais dans ce cas toute orientation est elle un regard censurant censure de la part des lecteurs et surtout les lecteurs adultes prescripteurs de litt rature jeunesse en ce sens la litt rature jeunesse n est plus un lieu de cr ation mais un enjeu d ducation censure de la soci t qui refuse qu on donne voir tel ou tel ph nom ne censure du march qui sanctionne conomiquement un livre une autre fa on d attribuer une l gitimit culturelle Je pense que face toutes ces questions et aux d bats infinis qu elles peuvent faire na tre tant sur un plan historique qu id ologique ou m me stylistique on peut organiser une br ve r flexion en trois temps la litt rature jeunesse comme enjeu culturel et partant politique elle est lieu de censure ou du moins de potentielle censure travers un texte de loi la litt rature jeunesse comme espace de cr ation et de repr s
60. ff rent ou tonn par les lectures critiques de vos ouvrages Olivier Douzou Agac Bonjour tous Agac parce que quand je fais un livre je ne sais pas ce que les gens vont en penser et qu il est aga ant de ne pas voir ce que d autres ont vu Alors le jeu sur les mots sur la transformation et sur la disparition j avais vu Sur la mort non Ensuite on me l a r p t Le second livre les gens du Rouergue je n tais pas encore responsable d une collection il n y avait qu un titre m ont dit qu un livre sur les animaux c tait super int ressant Alors j ai fait le deuxi me sur un animal trange Mono le Cyclope je ne r ponds pas du tout votre question Les gens les enfants ont vu la diff rence mais selon leur ge entre 6 et 8 ans ils l ont vue comme positive ou n gative et cela je ne l avais pas pr vu C est toujours comme cela avec mes livres 17 M M Nous allons aborder l id e de limite pas forc ment celle de la censure J ai donc choisi subjectivement sur base de ce principe 14 de vos albums Le premier c est Navratil qui date de 1996 Dans cet ouvrage ci j ai voulu me centrer essentiellement sur la limite entre figuratif et non figuratif graphisme et illustration documentaire voire r alit et mythe Navratil c est avant tout une histoire vraie et pourtant d s la 1 de couverture le titre est d j une pr sentation tr s graphique Cependant tr s vite avant l histoire
61. ges T de F En fait depuis quelques mois Apr s avoir fait du service apr s vente du petit Tobie qui va dans tous les pays avec les illustrations de Fran ois Place toujours ce qui est tr s rare il y a 25 traductions et comme il y a deux volumes cela fait 50 livres qui vont sortir c est dire 3 ou 4 par mois C est une aventure incroyable laquelle il ne faut pas trop penser il faut m me compl tement l oublier parce qu il faut se remettre au boulot Ce que je fais depuis quelques mois avec un projet qui redescend de l arbre et qui se passe dans la 1 moiti du 20 me si cle mais avec comme fil directeur l aventure le rythme et le r cit d initiation la qu te la recherche des origines Ce n est pas une fresque historique du tout c est la trajectoire d un personnage dans cette p riode l Et avec m me si ce n est pas des super pouvoirs des pouvoirs qu il va se cr er C est tr s bon d ailleurs quand on arrive ici d tre aussi en p riode d criture et de savoir ce que c est cette petite cuisine merveilleuse du moment de l criture que chacun a dans son domaine quel qu il soit dans la cuisine la peinture qui est ce moment o l on se met cr er ce monde l le faire vivre le voir nous chapper Et a c est absolument bouleversant et en entendant Pierre je reconnais des motions que je vis en ce moment quand je ne suis pas Bruxelles en crivant C S Pierre n
62. ges Toutes les illustrations accompagnant cette allocution sont reproduites avec l aimable autorisation de Monsieur Olivier Douzou 25 26 Le point de vue d un diteur Sujets tabous sujets 4 risque peut on tout publier par Cecile TEROUANNE en remplacement de Charlotte RUFFAULT ditrice de Hachette jeunesse J avais rencontr V ditrice de chez Hachette roman en 2005 Marne La Vall e dans le cadre des rencontres professionnelles organis es par la f d ration des diteurs pour la jeunesse Le sujet tait d j celui du th me des tabous Malheureusement elle ne sera pas pr sente avec nous rentr e ce jeudi pour une hospitalisation elle m a tr s gentiment propos de se faire remplacer par C cile Terrouanne qui travaille au sein de la m me dition Elle a un parcours int ressant dans ce monde de l dition et exerce aussi un autre volet celui de la traduction du russe vers le fran ais Apr s des tudes de lettres et de slavistique elle a effectu des traductions du russe pour Actes Sud tout en int grant l quipe ditoriale de Actes Sud Junior 1996 1997 ditrice chez Bordas en 1997 1998 elle a ensuite rejoint Flammarion P re Castor o elle a t responsable des romans pour la jeunesse de 1998 2004 Depuis octobre 2004 elle est directrice ditoriale chez Hachette Jeunesse Roman charg e des programmes de Litt rature en Grand Format et du Livre de Poche Jeunesse Je la remercie d avoir rel
63. hy ne tome 1 e Tobie Lolness La vie suspendue tome 1 Chantal Stanescu Apr s l extraordinaire interview de Fred Bernard et Fran ois Broca cela va tre difficile Et cela commence mal puisqu il ny a pas de diaporama cause d un incident technique M de Fombelle nous vous connaissons un peu moins bien que Pierre Bottero qui commence avoir l habitude de venir en Belgique Vous tes agr g de Lettres modernes et vous Timoth e de Fombelle Non non pas agr g C est une rumeur qui court Je suis enseignant de lettres modernes mais ceci dit je suis ravi et c est une chose qu il ne faut pas d mentir Mais je me m fie il se peut que le Ministre de l Education nationale fran aise soit dans la salle C S Et donc usurpation de titre et de dipl me T de F J ai enseign et j ai un CAPES de lettres C S Il faudra faire corriger cela sur Internet car tout ceci vient directement de diff rents sites Vous montez une troupe de th tre Est ce exact T de F Oui tout le reste est vrai C S Voulez vous nous parler de cette p riode th trale 49 T de F En fait cette p riode se prolonge Je d marre dans le th tre J cris pour le th tre depuis toujours Et je n ai jamais arr t alors que j avais des copains avec lesquels je faisais du th tre qui un moment s arr taient en passant aux choses s rieuses Et moi je continuais J tais enseignant et j ai pass
64. ieurs enfants qui voulaient savoir comment tait mort le maitre du Cheval v tu Toutes les illustrations accompagnant cette allocution sont reproduites avec l aimable autorisation de Messieurs Fred Bernard et Fran ois Roca 48 Rencontre avec Pierre BOTTERO et Timoth e DE FOMBELLE anim e par Chantal STANESCU biblioth caire dirigeante la Biblioth que Centrale pour la R gion de Bruxelles Capitale Transcription de l enregistrement Chantal Stanescu biblioth caire dirigeante la Biblioth que Centrale pour la R gion de Bruxelles Capitale s est sp cialis e dans le domaine de la litt rature pour adolescents et porte une pr dilection la litt rature fantastique et de science fiction Elle ne pouvait tre meilleure animatrice de cette rencontre qui r unit deux auteurs fran ais Pierre Bottero et Timoth e De Fombelle qui excellent dans ce genre Ne faut il pas rappeler que Chantal Stanescu assure aujourd hui la pr sidence de la section belge francophone de lIBBY Elle a galement son actif la gestion de nombreuses rencontres professionnelles et de formations au sein de la Biblioth que des Riches Claires Enfin elle est r dactrice de la revue Bruxelles en capitale et auteure de nombreux articles dans des revues professionnelles comme Lectures Luc Battieuw Pierre Bottero et Timoth e de Fombelle ont t s lectionn s dans la cat gorie des 12 14 ans pour leurs romans e L autre Le souffle de la
65. iff rents au sein du m me roman On rencontre bien s r la situation classique du r cit encadr dont l effet de mise en abime s inscrit logiquement dans la structure du Secret de Maitre Joachim S Heuck o le h ros se trouve absorb dans une toile du 16 si cle Certains romans d veloppent sur toute leur longueur deux ou trois r cits en alternance on pourra signaler des classiques su dois Jan mon ami Peter Pohl ou allemand Le secret du marionnettiste Christian Waluszek Autre traduction Le voyage rebours Sharon Creech pr sente trois r cits enchev tr s la relation la m re les tribulations de la copine et le voyage avec les grands parents Ces trois histoires apparemment sans autre lien que l h ro ne elle m me se font pourtant cho symboliquement La forme du roman pistolaire est connue pour exiger du lecteur un travail accru dans l laboration du sens elle est bien repr sent e dans le roman pour adolescent On pourra ainsi mentionner les lettres d Aur lien Malte J F Chabas 2001 ou les Lettres de l int rieur J Marsden Cette forme pistolaire a m me donn en 2002 une version librement inspir e d un classique Connexions dangereuses Sarah K Les courriels y remplacent les lettres entre marquise et vicomte mais l anonymat de l auteur n est pas sans rappeler un usage ancien Id alement les quelques chiffres et donn es dont je dispose devraient pouvoir tre rapport s aux pr
66. it Elle est comme un boxeur sonn a c est une comparaison personnelle et j y tiens Komsomol B Chambaz p 120 En principe a ne m rite pas le d tour narratif Qu y a t il de plus banal et de moins int ressant que bronzer Je veux dire du point de vue d une action d crire Rien A moins que Mamie vous accompagne Mamie m moire H Jaouen p 125 On ira jusqu pr venir les remarques du lecteur Je sais a se touche un peu des d mons qui vous sodlent Ma prof de fran ais n arr te pas de noter dans les marges de mes r dactions Encore une envol e lyrique Mon c ur boulevers C Honor p 13 Et un sommet est peut tre atteint lorsque la note de bas de page permet au narrateur h ros de solliciter l indulgence du lecteur J ai sans doute invent ce dialogue Nous n aurions pas eu le temps de maintenir une telle conversation En fait eux ils rigolaient pendant que moi je haletais Pardonnez moi cette petite fantaisie Alfagann c est Flanagan A Martin et J Ribera p 171 Un ph nom ne assez r pandu concerne la fin des romans o l on va trouver un discours quant la direction que pourrait ou devrait prendre le r cit Cela peut aller de r flexions de l auteur sur les fins heureuses M lodie pour Nora M O Sullivan l annonce d une prise en compte des desiderata du public J ai donc d cid pour satisfaire les mes sensibles et le
67. it Inspecteur de la Lecture publique Nathalie Wanin Collaboratrice 6 boulevard Anspach 1000 Bruxelles 59 centre de litt rature de JEUNESSE de Bruxelles www cljbxl be zog Centre de litt rature de jeunesse de Bruxelles CLJBxl Bd Emile Bockstael 91 1020 Bruxelles 02 428 74 48 ou 02 279 37 87 et 84 fax 02 279 37 75 luc battieuw brunette brucity be Site www clibxl be Ce centre vocation r gionale et soutenu par la Cocof est reli au r seau des biblioth ques de la Ville de Bruxelles Son r le est de conserver le patrimoine du livre de jeunesse et d offrir aux professionnels un fonds d ouvrages et de revues autour de la litt rature de jeunesse L objectif principal des actions du CLJBxl est de promouvoir la litt rature destin e la jeunesse par une s rie d activit s et de d velopper des synergies entre les biblioth ques publiques et les institutions scolaires Ses activit s Organisateur de la Semaine Paul Hurtmans vaste op ration de lecture organis e tous les deux ans en R gion bruxelloise en partenariat avec les biblioth ques et les coles Elle touche le public des 8 16 ans Organisateur au sein de la Ville de Bruxelles des op rations J aime lire d s la maternelle et Passeur d Histoires Organisateur de l op ration Lire dans les parcs organis e dans les lieux publics en t et en synergie avec les biblioth ques Organisateur d expositions
68. itt rature enfantine et subversion ed de UNI 1985 par Marie Claude Monchaux ou ce qui s est pass Orange et dans d autres villes pass es au Front national en 1996 14 Le probl me est que choisir et s lectionner n est jamais neutre en 1974 l diteur Fran ois Ruy Vidal qualifiait les biblioth caires de sp cialistes cran il pr cisait que leur r le pouvait tre double selon qu ils faisaient cran ce qui selon lui pouvait s apparenter de la censure ou bien au contraire attiraient l attention sur une uvre ce qui jouait un r le de d couvreur Le r le du biblioth caire en questionnement Aujourd hui encore on le biblioth caire exige de fa on g n rale dans les livres une repr sentation du monde qui ne nous heurte pas Il peut en effet demeurer une tension entre professionnalisme et sensibilit personnelle ou collective par rapport des sujets qui font d bat comme le suicide la peur la sexualit l inceste la p dophilie la violence la politique etc 2 De m me il n est pas toujours facile de se positionner par rapport aux st r otypes et au politiquement correct Ce n est pas toujours le sujet qui pose probl me il peut y avoir difficult contextualiser des oeuvres plus anciennes parfois on manque de recul par rapport des parti pris litt raires ou artistiques innovants qui bousculent les habitudes et nous laissent perplexes Il est donc important de laisser le livre tro
69. l y a une quipe une quipe assez nombreuses de gens avec des caract res diff rents qui sont soud s Et a marche parce que j ai essay d y mettre de l humour J ai donc sorti ces trois param tres Je me suis dit OK maintenant je vais crire un bouquin une trilogie qui ne se passera pas dans un autre univers dans lequel il ny aura pas d quipe et dans lequel je ne mettrai pas d humour et c est comme a qu est n r ellement ce bouquin l C tait l envie d crire autre chose tout en restant dans du fantastique et en m loignant compl tement du risque qui est toujours l quelque part le risque de la facilit On a crit quelque chose qui marche ok je vais commencer le tome 33 C tait partir sur quelque chose de diff rent C S Chris va nous proposer d entrer dans le monde du Souffle de la hy ne L autre Le souffle de la hy ne tome 1 ditions Rageot p 26 27 Le premier qui approche est mort Sha rejeta ses longs cheveux noirs en arri re et se campa sur les jambes tentant de prendre un air belliqueux Pendant un court instant elle crut que son bluff fonctionnait Les quatre gar ons qui 54 l avaient coinc e derri re la salle polyvalente h sitaient d contenanc s par ses paroles mena antes nombreuses reprises en ville ou dans les couloirs du lyc e Pas de vrais m chants des jeunes qui voulaient se faire passer pour des durs mais n taient gu re plus dangereux que des caniches Et moi
70. logie pour en venir Pierre et lui demander un regard crois P B Je voudrais dire quelque chose sur Tobie Lolness au del de la qualit de l criture ce qui est absolument remarquable c est le risque que tu as pris de b tir autant de retours en arri re de flash back et de construire un 1 tome qui ne soit pas lin aire Et a c tait un vrai pari de construction litt raire Ce n est pas le lieu de la discussion C est la preuve que l on peut faire ce que tu as fait un texte avec du contenu de l aventure et avec une construction litt raire C S Nous allons maintenant passer votre roman L autre ou plus exactement Le souffle de la hy ne qui est le premier tome de cette trilogie P B Oui une trilogie car Timoth e de Fombelle me l a fait comprendre gentiment j ai un peu cette maladie l La trilogie s appelle L Autre T de F La trilogite C S Vous tes un sp cialiste des fins qui n en sont pas Pour Ewilan vous avez commenc avec 3 volumes et puis au final il y en a eu 6 P B Le but c est de faire des trilogies de trilogies Plus s rieusement ceux l rentrent dans la grande famille de la litt rature de l imaginaire avec de la fantasy du fantastique et l impossibilit que j ai de faire court parce que mon but c est de me balader ailleurs Le Ailleurs n importe lequel mais avec un grand A le A majuscule Pour cet ailleurs pour le mettre en place pour que moi je m y b
71. lturel chambre st rile ou laboratoire exp rimental 2 2 La litt rature jeunesse comme espace de cr ation et de repr sentation elle est alors r v lateur de tabous ce qu elle montre suscite des r actions voire choque provoque scandalise Avec les volutions culturelles la r volution culturelle de 1968 la cr ation du Sourire qui mord le travail d Harlin Quist et de Nicole Claveloux de Patrick Couratin et de Christian Bruel de l Ecole des Loisirs puis le lancement de Folio par Pierre Marchand la litt rature jeunesse impose ses lettres sa l gitimit La transformation de la soci t fran aise tout enti re transpara t donc dans la vitalit de la litt rature pour la jeunesse et partant la question censure tabous peut on tout publier se transforme Peut on parler de tout crire sur tout ou tout crire La question devient alors plut t de savoir comment Il me semble que la formulation m me de la loi encourage cette approche puisqu elle dit pr sentant sous un jour favorable Cette approche du comment renvoie alors la notion de mani re de style et donc d interpr tation Autant que renvoyer la notion de censure la question du tabou en litt rature jeunesse renvoie la conception de la litt rature et donc son lien avec la soci t et travers elle les lecteurs On a cit plus haut Fifi Brindacier dulcor voire raccourci dans les 50 s car trop iconoclaste pour la soci
72. n 1905 Alors que ce sont l criture l illustration le projet ditorial qui devraient prioritairement faire l objet de notre attention le regard de la soci t sur les collections des biblioth ques pour la jeunesse mais aussi le regard du biblioth caire ont du mal chapper au poids de l id ologie de la morale de la p dagogie Je d velopperai ces deux points poids de la soci t sur les biblioth ques responsabilit s et difficult s que rencontre le biblioth caire dans ses choix et acquisitions apr s un retour en arri re En effet le questionnement de la litt rature doit tre replac dans une perspective historique venant de l Heure Joyeuse de Paris je me dois de rappeler que l Heure Joyeuse de Bruxelles l a pr c d e en 1920 et mentionner que dans ces deux institutions pionni res leurs biblioth caires ont commenc par questionner la litt rature pour la jeunesse propos e cette poque En effet d s leur cr ation ces biblioth ques mises en place au lendemain de la 1 guerre mondiale par un comit am ricain se sont positionn es en r action l enrdlement de la jeunesse via une litt rature essentiellement belliciste de propagande Pieds Nickel s B cassine afin que gr ce un choix d uvres ouvrant sur le monde les jeunes se pr parent un avenir de paix Malheureusement cette belle utopie ne s est pas concr tis e mais c est un autre sujet le pouvoir des livres a ses limi
73. nces confirm es du sujet lisant l expert elle devenait donc envisageable avec des adolescents qui lisent des romans crits leur intention Une question centrale pour l enseignement de la lecture est aujourd hui celle de l usage p dagogique de la litt rature de jeunesse Comment s en servir dans les classes Pour l enseignant du secondaire cela revient savoir si le roman contemporain adress aux adolescents peut assurer simultan ment plaisir du lecteur et formation la Litt rature 36 Le roman pour la jeunesse une solution Il s agit donc de s interroger sur les vices et vertus p dagogiques de ce nouveau venu dans l cole quelles sont les caract ristiques qui peuvent en faire un instrument utile pour la classe de fran ais Je poserai d abord la question du statut litt raire du roman adress aux adolescents et j valuerai ensuite son r le formatif pour les futurs lecteurs A Peut on parler de Litt rature C tait en fait une des grandes questions que je me posais quand j ai entrepris ma th se J ai observ un corpus de 247 romans publi s par 4 diteurs durant 4 ans Et mon enqu te m a permis d arriver un certain nombre d observations Jai ainsi pu recenser l abondante pr sence de proc d s narratifs complexes qui pourraient m me repr senter une difficult pour un jeune lecteur Nombre de r cits pr sentent une chronologie d structur e dans laquelle l ordre des f
74. nnui sens moral etc qu elles ont conjugu s avec leur conception de l enfance l poque elles suivaient les th ories de l Education nouvelle et des m thodes actives Il ne s agissait pas d une approche moralisatrice m me si cette question ne peut jamais totalement tre vacu e En effet la pression sociale s exer ait d j et elles devaient faire attention ce qu elles proposaient La question de livres connot s politiquement et religieusement se posait peut tre davantage qu aujourd hui Elles veillaient acqu rir des livres de toutes tendances sauf quand elles les jugeaient sectaires Elles ont explicit leurs crit res de choix dans l introduction de Beaux livres Belles histoires ditions Bourrelier en 1937 o elles signalent quels sont les diteurs catholiques protestants socialistes communistes Elles justifient ainsi leurs refus d achat pour ne pas m ler les jeunes lecteurs nos querelles d adultes nous avons jug pr f rable d carter les uvres concernant des hommes v nements ou probl mes contemporains qui peuvent engendrer la pol mique Aujourd hui La situation des biblioth ques a chang Les biblioth ques pour la jeunesse sont tr s nombreuses plus visibles et leur poids conomique plus sensible car les budgets ont globalement augment Plus visibles donc elles deviennent un enjeu de soci t et se retrouvent plus facilement sous les feux des projecteurs Le lectora
75. ns celle de mes lecteurs Et puis je m aper ois que cet univers existe r ellement Je peux vous en parler comme je parle de mon jardin Je connais tout je nai aucune fiche sur les personnages sur les lieux C est pas la peine j y habite Je n ai pas de fiche quand je rentre chez moi pour aller de la salle de bain ma chambre je ne me perds pas Quand je suis dans mon monde sur mon ordinateur je ne me perds pas non plus car je le connais parfaitement Et donc apr s le d cliner c est tr s facile parce que comme c est un vrai univers qui existe r ellement il continue se passer des tas de choses La seule chose importante c est trier ce qui m rite d tre racont ce qui peut donner naissance un livre une trilogie videmment et ce qui m est r serv parce que ce n est pas assez marquant assez important pas assez intense pour devenir livre Et en l occurrence dans cette trilogie Ewilan est apparue au fil des pages un personnage qui me plait beaucoup elle s appelle Elana Je suis tomb amoureux d elle en fait c est a vraiment Et elle a exist jusqu au moment o je suis parti dans sa trilogie dans son roman elle pour parler uniquement d elle Ce n est pas du tout le bouquin pour lequel on est l aujourd hui C S Non mais c tait pour expliquer la cr ation d un monde complet M de Fombelle c tait la m me chose pour votre arbre votre monde T de F Oui je partage tout fait le regar
76. ns intelligents Stupides Pr tentieux Influengables Le quatri me tait diff rent Plus Gg une vingtaine d ann es grand costaud une vilaine cicatrice barrant sa l vre inf rieure La lueur qui brillait dans ses yeux tait dure inqui tante et visiblement il commandait S il y avait un risque c tait de lui qu il provenait Sha jeta un coup d il autour d elle en qu te d une aide improbable Leur traquenard tait au point Ils avaient commenc par l amadouer avec des paroles aimables puis lui avaient fait croire qu ils pouvaient lui procurer pour pas cher le portable dont elle r vait avant de la conduire dans ce coupe gorge Elle avait d abord pens qu ils convoitaient son sac Elle tait pr te le leur abandonner On ne court pas le risque de se faire rouer de coups pour quelques babioles Puis elle avait not le regard torve du balafr et compris qu elle ne s en tirerait pas aussi facilement Elle avait commenc avoir peur Pour eux C S Avec Ewilan le fantastique venait d un pas sur le c t Ici pas du tout Sha a des pouvoirs comme d ailleurs les autres membres de ces tranges familles de votre roman P B Je me rappelle tr s tr s bien cette sc ne et je crois que ce qui l a lanc e c est juste les derniers mots Je voulais amener mon criture ce point l cette jeune fille qui vient de se faire coincer par des voyous par derri re c est assez classique On
77. nt la Joie par les livres et la section IBBY France Enfin elle est chroniqueuse dans la Revue des livres pour enfants Luc Battieuw Je voudrais tout d abord remercier Luc Battieuw le Centre de litt rature de jeunesse de Bruxelles et la Ville de Bruxelles de m avoir invit e Quand Luc Battieuw ma demand d exposer ici le point de vue des biblioth caires fran ais qui lui semblait il sont tr s souvent confront s cette probl matique des livres tabous de la censure etc c tait en septembre dernier tait ce l optimisme de la rentr e je me suis alors demand si cette question tait toujours d actualit Il me semblait en effet qu il y avait une sorte d accalmie et que peut tre le public les m dias la soci t les associations de protection de la famille et les biblioth caires eux m mes consid raient peut tre que la litt rature pour la jeunesse tait enfin majeure et responsable Et puis au moment du Salon de Montreuil un article dans le Monde des livres intitul Un ge vraiment pas tendre a remis les projecteurs sur la litt rature pour la jeunesse et plus particuli rement pour adolescents non pour vanter la richesse de la production actuelle mais pour s inqui ter de son c t noir d moralisant 1 Un ge vraiment pas tendre Article publi le 30 Novembre 2007 par Marion Faure Le Monde des livres Extrait Mal tre suicide maladie viol Pourquoi les livres destin s aux
78. oire le vieux bonhomme ne sait pas lui m me quand cette histoire se termine Il dit d ailleurs travers les mots que je lui ai pr t s qu il est un survivant 19 M M Dans votre texte il dit Je n ai v cu que jusqu quatre ans depuis je suis un resquilleur de vie C est beau cela je ne sais pas si c est de lui ou de vous mais c est beau O D C est de moi M M Dans le livre suivant vous ne pourrez plus dire que c est quelqu un d autre qui a jou un r le Jojo la Mache vous l avez r alis seul et si je me souviens bien en rapport avec la naissance de votre fille O D Non c est par rapport la naissance de mon fils pour ma fille qui avait 3 ans alors J ai entendu ici parler de censure des diteurs moi dans ce cas ci je n ai eu aucun probl me C est un livre qui avait t fait pour rester en un seul exemplaire M M Je ne sais pas dans ce cas si il y a une m taphore de la disparition ou de la mort mais il y a certainement un jeu sur les mots Au petit matin ses gamelles ont pris la poudre d escampette Ce jeu sur les mots se retrouve au niveau graphique Je trouve tr s amusant la t te de la vache de la mache qui a surtout un air ahuri face ce qui lui arrive La ses gamelles sont comme un soleil c est un l ment ludique voire po tique O D Oui c est un livre qui m a plu surtout parce que je suis vraiment dessinateur tout ce qui a de commun
79. ois semaines j ai re u un coup de fil de Gallimard le seul diteur auquel j avais envoy le manuscrit qui me dit qu il prend le livre et qu il veut la suite Alors on m a dit lls vont te mettre dans une petite collection paum e Et pas du tout chaque fois cela s est bien pass et avec un bon accueil de ce travail compl tement solitaire et sans espoir autre que de se raconter les histoires Quand j entendais Fred et Fran ois tout l heure je reconnaissais exactement ce qu on vit imaginer des histoires se les raconter et l envie un moment donn que l on a de les partager C S Ceci dit vous aviez crit les pi ces de th tre et vous les aviez vues jou es vous n tiez pas tout fait vierge en mati re d criture et puis de partage T de F Tout fait et m me je pense que c est un cap ce moment o l on commence montrer les choses C est la seule chose qui tout le monde crit ici je le sais certains m me ont crit une uvre bien plus longue et majeure que celle que Pierre ou moi avons crite mais la seule chose c est qu on la montre et qu on prend le risque de se la faire renvoyer la figure Et voil j cris Jai m me crit au km parce que j ai arr t d enseigner il y a 5 ou 6 ans et que je me suis mis faire des commandes des choses absolument sans fin J ai fait une version romanesque de la Bible de presque 1500 pages j ai cris des choses pour des
80. ond livre j ai essay de trouver un ennemi qui est diff rent c est le L o dont on parlait dans le lecture tout l heure il est le meilleur ami de Tobie et c est quelqu un de plut t charmant Donc je voulais autre chose Mais je trouve vraiment que ces oppositions manich ennes sont incroyablement f condes et cr ent des oppositions qui sont des tincelles et qui ne sont pas dans la farce l aussi dans une tradition absolument Et c est vrai que l on ne peut pas crire exactement c est vrai qu il y a d autres choses en jeu aujourd hui qui Mais je pense que cette opposition entre le bien et le mal laquelle je n ai pas du tout pens en crivant Tobie mais qui finalement est l Et je pense tout coup au nouveau projet sur lequel je suis et c est encore l cette opposition Et elle est passionnante partir du moment o on la violente o on la transforme o le mal n est pas du c t que l on croit m me un moment si l on joue avec cela Elle est l certainement P B Et moi je trouve assez g nial de pouvoir crire pour un jeune public qui s av re tre un public tout court Au d part sur mes premiers bouquins je me rappelle avoir construit le gentil le m chant et petit petit prendre de l aisance prendre confiance en soi prendre confiance en son lecteur s amuser non ce n est pas tout fait le bon mot mais aller jusqu faire des m chants qui ne sont pas si m chants que a et
81. plut t envie m me moi de les tirer pour qu ils ne voient pas et pour ne pas devoir expliquer pourquoi il y a des gens qui sont dehors dedans C est un livre qui ne donne pas de r ponse Je pense qu un bon livre doit poser beaucoup de questions Ce type de bouquin peut arriver d clencher quelque chose qu dont see te Garren basfangients vrak se athen j tacalet M M Certainement Ici il y a d une part l alternance int rieur ext rieur d autre part celle d une image positive mais avec un texte d routant il a de la chance ce petit bonhomme n d une trace de doigt mais il ne le sait pas et d une image tr s forte de clochards p trifi s par le froid jusqu au bout des doigts Vous jouez aussi sur l image du rideau l impression du mot rideau qui termine l album une fin qui visuellement est plus facile regarder mais le texte lui est plus difficile O D Dans ce livre il est dit que entre l ext rieur et l int rieur il n existe qu une paroi de verre sur laquelle on peut dessiner pour voir ou ne pas voir ce qu il y a dehors et qu il suffit de tirer le rideau pour faire passer cette vitre l vers l ext rieur M M Le petit bonheur sera alors du c t verso et il ne le sait pas Le livre suivant est aussi difficile Luchien ici d s le d part il y a une limite entre les deux instances les mots du narrateur et les illustrations le graphisme C est un clin d il Au d part
82. pr f rerait que cela se fasse autrement Le probl me est d une autre nature quand un groupe de pression g n ralement marqu politiquement et id ologiquement veut se m ler de la constitution des collections de biblioth ques jeunesse Les livres qui d rangent du simple d bat la demande de censure ou d interdiction en biblioth que 1 Litt rature de jeunesse incertaines fronti res Colloque de Cerisy la Salle Gallimard jeunesse 2005 13 Rappelons qu en France les livres pour la jeunesse sont sous le contr le de la loi du 16 juillet 1949 et sont soumis l examen plus ou moins effectif de la Commission de surveillance et de contr le des publications destin es la jeunesse l article 2 stipule que les publications pour la jeunesse ne doivent comporter aucune illustration aucun r cit aucune chronique aucune rubrique aucune insertion pr sentant sous un jour favorable le banditisme le mensonge le vol la paresse la l chet la haine la d bauche ou tous actes qualifi s crimes et d lits ou de nature d moraliser l enfance ou la jeunesse ou inspirer ou entretenir des pr jug s ethniques En 2003 3871 titres pour la jeunesse ont t d pos s par 147 diteurs Il ny a eu que 3 convocations d diteurs Ce sont en fait des ouvrages pamphlets et revues pour adultes qui ont jusque l fait l objet d interdiction la publicit essentiellement des revues pornographiques ou br lots raci
83. que il ne voyait pas trop Fran ois Place est un auteur aussi Il a pris le livre et au bout de trois jours il l a lu et il a dit qu il le faisait Il devait faire 12 illustrations et il en a fait plut t 100 par livre Donc il s est pris au jeu et il y a quelques dessins pleines pages Il les a faits 53 l encre et au lavis C est tellement extraordinaire d avoir pu travailler avec lui que je me demande si nous n allons pas continuer d une mani re ou d une autre C S Est ce que cet apport fait l dition anglaise nous le verrons dans une r dition du livre T de F Oui je pense qu il y sera certainement Pour le coup il y a beaucoup d ditions de traductions et donc il ne faut pas que les Fran ais se disent qu ils sont la tra ne Je viens d entendre parler d une dition japonaise en 4 volumes parce que chaque livre est construit sur 2 parties et comme il para t que les petits Japonais lisent des livres plus courts c est coup en 4 Et donc Fran ois Place s est remis au travail pour faire quelque chose que je voulais aussi qui sont les 4 saisons les 4 couvertures repr senteront les 4 saisons du livre Et donc je suis s r que sans qu il y ait des milliards de produits d riv s parce que cela ne s y pr te pas tr s bien je pense que l on trouvera un moyen de faire circuler le plan de l arbre Pour le moment ce sera peut tre pour l dition de l automne prochain C S Fran ois Place a
84. r 2005 La question du corpus de lecture c est dire celle de savoir quoi lire a mis tr s longtemps avant d occuper le devant de la sc ne R cemment encore 2000 et 2004 l occasion de la publication des r sultats de l enqu te PISA de l OCDE le d bat public sur les comp tences de lecture des jeunes francophones a fait l impasse sur une r flexion quant aux objets donn s lire Les m dias se sont focalis s sur les m thodes d apprentissage et sur la formation des enseignants questions essentielles dont je ne voudrais pas ici contester l importance Deux autres questions n ont h las pas t abord es celle des supports ou objets de la lecture Que donne t on lire aux apprentis lecteurs et celle des finalit s de la lecture Que peut leur apporter cette activit La question du comment apprendre lire 2 o l activit est souvent per ue comme le simple fait de d chiffrer a clips totalement celle du que lire et celle du comment en tirer plaisir 2 A la m me poque la litt rature pour la jeunesse faisait son entr e et recevait une reconnaissance officielle dans l institution scolaire Cette l gitimation n tait possible qu la condition de voir s installer une certaine conception de la lecture litt raire ax e sur la m thode ou le rapport au texte Si la lecture litt raire ne tenait plus la nature de l objet lu la Litt rature avec un grand L ni aux comp te
85. r s favorable il est loin le mythe du g nie inspir beaucoup de textes voquent explicitement les joies du lecteur Il y a bien s r les mordus du roman noir Sac de n uds J J Busino et des r cits d pouvante Le po te assassin L crivain ceux qui trouvent dans une seule uvre Moby Dick un sens leur vie Achab et Azul N Vallorani et ceux auxquels on r v le la valeur inestimable de la po sie Lingots d or B Moissard La biblioth caire de La fille mosa que R Detambel sait toute l importance d un livre pour aider ses jeunes lecteurs Personne et pas m me l argent ne peut guider un adolescent travers les tourbillons les abimes et les cueils du d sir de l amour et de l angoisse de vivre Seul un livre peut faire cela Un bon livre peut tre un guide p 33 Plusieurs narrateurs h ros t moignent de leur exp rience positive de la lecture Je ne donnerai que l exemple de Jeanne qui est rappel e au monde r el par ses proches T en fais une t te qu est ce que t as T as aval une grenouille 2 ils ont plaisant J ai repens L na sa fa on d avancer tout au long de l histoire Sereine J aurais aim comprendre comment un bouquin pouvait me donner l illusion de ne plus appartenir au m me monde que mes cousins J avais l impression de marcher dans du coton C est peut tre a finalement tre un bon auteur S rement Une vie part M S Vermot p
86. re Je n ai pas mis de magie Et c est pour a que son roman est dans la litt rature du merveilleux mais n est pas r ellement de la fantasy parce que la fantasy implique un autre univers certes on l a mais il implique aussi un pouvoir Et ce que j expliquais aux lecteurs que j ai rencontr s la semaine derni re c est que il y a un petit bonhomme qui est arriv dans la litt rature fantastique il y a quelques ann es et qui a fait beaucoup de bien c est un petit bonhomme qui s appelle Harry Potter assez sympathique Il a ouvert la porte aux gros bouquins il a ouvert la porte au fantastique il a ouvert les yeux 55 des diteurs Il a fait du bon travail Manque de bol pour nous il est arriv avec sa baguette magique Et la baguette magique est bien plus vieille que lui c est un vieux truc la baguette magique sauf que depuis que M Harry a pris sa baguette ce n est plus du tout possible pour nous qu un de nos h ros se serve d une baguette magique Ce n est pas possible Parce que l on est de vils copieurs Quand on fait de la fantasy et qu on veut un pouvoir a r duit vachement C S Mais est ce que cela ne vous oblige pas aussi faire des efforts P B Baguette magique ou pas on fait des efforts tout le temps On fait de notre mieux Ce n est pas vident parce que ces notions de pouvoir qui am nent le fantastique qui am nent la diff rence qui am nent le merveilleux et la notion de magie
87. re qui cache bien son jeu 20 O D Attention cela c est une post face de l diteur Non c est un trait de r duction parce que je me suis toujours pos la question il y a beaucoup d auteurs d illustrateurs en litt rature de jeunesse qui ont encore une relation au jouet ceux de leur enfance ou ceux qu ils ont r veill s tr s particuli re On prend conscience du rapport la r duction quand on travaille sur un livre on travaille forc ment en r duction d une certaine dimension qu on ignore C est un peu le pendant que j ai fait dans ce livre en disant comment les jouets de notre enfance nous ont construits ont construit nos mani res de percevoir Je parle par exemple du Monopoly qui donne des chelles une gradation des couleurs qui reste en nous forc ment Cela donne une hi rarchie dans la couleur dans le prix de la couleur cela donne des valeurs aux couleurs J ai voulu surtout dire que les premi res constructions que nous r alisons servent aussi les constructions suivantes M M A propos de construction vous parlez aussi du jeu lego Lorsque vous voulez faire un compliment Christiansen vous parlez du Gepetto danois alors est ce que la r f rence Pinocchio est importante pour vous On le retrouve ailleurs O D Non pas d importance Je parle de Gepetto parce qu il a fait trois fois des jouets en bois et que trois fois ses usines ont br l La 4 il a fait des jouets en plastique
88. re usage pour la clart de cette histoire je suis oblig e de vous raconter tout comme si j tais de l ext rieur donc j appelle ma m re par son pr nom Ranko Tango Brigitte Aubert et Gis le Cavali p 17 Passons Fin du premier flash back Deuxi me retour en arri re Tr s rapide Mamie m moire Herv Jaouen p 1 45 Ce narrateur tr s pr sent dans sa fonction de r gie du r cit participe videmment la signalisation du texte et donc facilite la compr hension par le lecteur Mais en brisant l illusion romanesque et en attirant l attention sur les m canismes de l criture ou de la narration ces interventions du narrateur incitent une lecture distanci e Je reviendrai ce ph nom ne Par ailleurs de nombreux romans offrent leur lecteur un compl ment d information destin faciliter la compr hension du r cit On sait que lunivers dans lequel s inscrit la fiction peut repr senter une difficult majeure pour le jeune lecteur c est pourquoi celle ci est g n ralement prise en compte par l auteur ou l diteur Si les romans pour les adolescents vitent le plus souvent les explications dans le corps du texte on est par contre bien pourvu gr ce au para texte D s que le sujet ou le contexte historique et g ographique d passe les comp tences suppos es du jeune lecteur les efforts d information sont bien visibles le plus souvent travers un v ritable appareil documentaire cartes plan
89. s perturbe les l ves J L Dumortier 2001 Plus grave encore cette lecture savante Baudelot qui recourt abondamment aux moyens fournis par l histoire litt raire par les th ories sur le r cit et par tous les autres discours autoris s appara t trop souvent comme un jeu intellectuel gratuit parce qu elle ne parvient pas se donner une finalit qui justifie l effort exig Le jeu de la lecture savante n en vaut pas la chandelle si ses lumi res ne font pas surgir de l ombre des sens nouveaux des messages insoup onn s des plaisirs inattendus La question centrale devient donc Comment faire en sorte que la lecture gagne un peu en savoir sans rien perdre en saveur selon une formule inspir e Jean Louis Dumortier par Roland Barthes Sur cette voie la principale difficult consiste assurer le passage de la lecture participation famili re de l amateur un mode de lecture alternant distanciation et participation o l usage du savoir ne nuit pas la saveur La t che du professeur de fran ais n est donc pas de s occuper prioritairement de d velopper une lecture intellectuelle et savante car le recours cette forme de lecture ne se con oit qu au service d un objectif dont l int r t peut tre per u par l l ve La lecture distanciation ne doit pas tre une fin elle devient un moyen de parler de ce qui a ou n a pas procur le plaisir de lecture escompt J L Dumortie
90. s sch mas index des noms annexes notes de bas de page De nombreuses collections en font m me un argument essentiel comme Folio Junior Universels Gallimard par exemple Le dossier d information peut d ailleurs s tendre au point de renverser le statut de la fiction celle ci n tant plus qu une illustration du th me abord coll J accuse Syros Je r sumerai les r sultats de cette enqu te en rappelant trois caract ristiques du roman contemporain adress aux adolescents 1 Le recours fr quent des proc d s narratifs vari s et complexes dont l impact est att nu par des pr cautions d ordre signal tique 2 La pr sence dans le texte d un narrateur qui assume ostensiblement sa fonction de r gie du r cit 3 La pr sence dans le para texte d un discours informatif et documentaire sur l univers du r cit lorsqu il sort du champ d exp rience du lecteur Ces constats permettent d tablir qu il y a bien chez les auteurs une libert esth tique sans frein n est ce pas l un des indices les plus s rs pour parler de Litt rature J affirme donc le caract re litt raire du roman pour la jeunesse Je voudrais aussi remarquer que cette libert esth tique est assortie d une pr occupation constante pour la compr hension par le lecteur 39 Je me permettrai donc de prononcer un requiem pour une id e re ue celle de la pr tendue facilit du roman pour la jeunesse qui semble d abor
91. s adolescents et des familles La journ e sera donc le moment de rencontrer 4 repr sentants qui gravitent autour du livre pour la jeunesse Quatre points de vue qui pourront s entrecroiser qui poseront des questions qui apporteront un clairage Luc Battieuw 10 Le point de vue du biblioth caire par Viviane EZRATTY conservatrice en chef de Heure Joyeuse de Paris J ai le plaisir de vous pr senter notre premi re intervenante de cette matin e Viviane Eratty avec qui j ai plusieurs points communs Tout d abord d exercer la m me profession celle de biblioth caire Ensuite d tre ensemble des d fenseurs de la litt rature de jeunesse et de conserver la m moire du livre de jeunesse Viviane Exratty est conservatrice en chef de la c l bre Heure Joyeuse de Paris Je ne sais pas si tout le monde conna t les Heures Joyeuses ce sont des biblioth ques cr es an lendemain de la premi re guerre mondiale avec l aide des Am ricains C est d abord Bruxelles en 1921 suivie de 8 Heures joyeuses jusqu en 1948 Paris a cr son tour 3 ans apr s Bruxelles en 1924 l Heure Joyeuse de Paris qui existe toujours Par contre en Belgique les 8 Heures Joyeuses n existent plus en tant gu institution mais font partie d une biblioth que publique avec section jeunesse section pour adultes et salle de lecture le minimum requis par rapport au d cret de la lecture publique en 1978 Viviane travaille galement activeme
92. s agisse de sexualit de suicide ou de d pression Ce qui est plus risqu encore est de publier une uvre litt raire part enti re car la censure est alors celle du march qui ne lui laisse pas droit de cit Est ce pour autant que les lecteurs eux c est dire les enfants ne l auraient pas aim En d finitive ce sont bien les seuls que l on n interroge jamais les enfants eux m mes Pourtant ils savent ce qu ils veulent ils aiment l interdit justement ils aiment utiliser la lecture pour se faire peur rougir de honte et de plaisir explorer des mondes inconnus habituellement r serv s aux adultes Charlotte RUFFAULT 31 32 Le point de vue de l enseignant Pourquoi utiliser des romans pour la jeunesse en classe de fran ais par Daniel DELBRASSINE enseignant dans le secondaire formateur au CLPCEF et auteur d une th se de doctorat Le roman pour adolescents aujourd hui criture th matiques et r ception SCEREN CRDP de Cr teil La Joie par les livres 2006 coll Argos R f rences C est au tour du monde de l enseignement de porter un regard sur le th me de notre matin e C est donc notre ami Daniel Delbrassine qui aura cette t che de d montrer les avantages du roman de Jeunesse pour le professeur de fran ais en conformit avec les objectifs de la journ e Daniel Delbrassine est enseignant dans le secondaire et auteur d une th se de doctorat Le roman pour adolescents aujour
93. s culturelles Dans l enseignement secondaire jusqu en troisi me ann e et au del si n cessaire il permet l enseignant de d coupler deux obstacles trop souvent pr sent s en m me temps sur la voie de l apprenti lecteur des m thodes nouvelles la lecture distanciation et un corpus inconnu les classiques Daniel DELBRASSINE NB Cet expos s inspire de deux articles publi s D couvrir la lecture litt raire avec des romans crits pour la jeunesse Presses Universitaires de Namur 2007 coll Tactiques p 7 14 Le roman pour adolescents in Enjeux n 68 printemps 2007 p 7 28 43 44 Rencontre avec Fred BERNARD et Francois ROCA anim e par Maggy RAYET intervenante sp cialis e en litt rature de jeunesse membre de l asbl A Li Se Transcription de l enregistrement Maggy Rayet est une habitu e de nos rencontres avec les cr ateurs Sp cialis e en litt rature de jeunesse et membre de l asbl A LLse elle s inscrit d embl e comme une actrice de terrain qui travaille troitement avec l quipe du Prix Bernard Versele et r dige de nombreux articles dans la revue Lectures Elle animera la rencontre de deux mondes celui du texte avec Fred Bernard et celui de l illustration avec Fran ois Roca La rencontre sera ponctu e par des lectures d extraits de leurs livres par Chris Van Den Spiegel biblioth caire Schaerbeek et conteuse professionnelle Luc Battieuw Maggy Rayet in
94. s jeunes adoratrices de l amour de proposer au choix une autre fin Mademoiselle Nuit J Joubert p 49 Nancy Huston surprend elle aussi en s adressant aux amateurs de contes Il y a un pilogue cette histoire Vous voyez bien que ce n est pas le genre d histoire qui se termine avec et ils se mari rent et eurent beaucoup d enfants oui vous avez sans doute compris depuis longtemps qu en fin de compte je n ai pas chauss mes souliers d or pour pouser Johnny Dermott Souliers d or p 42 Val rie Dayre choisit quant elle de contenter tout le monde puisqu elle offre un pilogue manifestement con u pour rencontrer toutes les attentes suppos es de ses lecteurs 41 Ca s appelle un happy end une fin heureuse rassurante qui plait aux enfants II s agit l d une note r aliste apport e la conclusion qui temp re juste ce qu il faut le happy end Cela ajoute au happy end une petite note morale qui rassurez moi devrait faire plaisir aux enfants Ca ce sera histoire d apporter une note mouvante au happy end Pardon il manque la note d espoir Sale gamine p 158 162 La fonction de r gie du narrateur et les proc d s m ta narratifs que je viens d voquer semblent clairement marqu s par l intention ludique Les auteurs ou les narrateurs qu ils ont mis en place jouent avec les m canismes du r cit en associant troitement
95. s pour lire nous rencontrons des l ments nouveaux au niveau visuel l on consid re que c est pour les adultes Au moment o c est compliqu cela s adresse aux adultes Moi par rapport aux livres je constate que les gamins en apprentissage sont curieux des images et tout signe nouveau est un signe qu ils d frichent Les adultes sont tr s paresseux face aux images La limite adulte enfant la limite est l avantage des enfants dans leur capacit d couvrir M M Je voulais surtout parler d un double lectorat O D Oui mais cela J ai moi aussi toujours imagin qu il y avait un adulte c t de l enfant qui lisait les bouquins sur lesquels j avais travaill J ai fait hurler les gens quand je disais que pour moi l id al serait que les parents puissent lire doucement les histoires le soir leurs enfants au moment o ils s endorment Beaucoup m ont dit alors qu apr s ils ne s endormaient pas ils posaient des questions M M Ici la carte postale New York Je ne sais pas si vous avez eu votre mot dire au niveau de la typographie de la place des mots sur la page O D Oui apr s c est moi qui r alisais les mises en page j avais ce privil ge M M Voil l aussi il y a un jeu c est la fois un livre une carte postale une histoire vraie imaginaire et c est tonnant d ailleurs on ne sait pas tr s bien quand l histoire se termine O D Oui de fait par rapport cette hist
96. stes et antis mites Le biblioth caire a qui on reproche un achat peut m me arguer que le titre est autoris par la loi de 49 Cependant certaines collections fronti re comme Exprim chez Sarbacane s en sont affranchies Quel impact sur les biblioth ques L Association des biblioth caires fran ais rappelle son attachement la libert d expression et la libert pour tout citoyen de trouver dans sa biblioth que des documents pr sentant des points de vue diversifi s tel qu il est exprim dans le code de d ontologie qu elle a adopt en 2003 ne pratiquer aucune censure garantir le pluralisme et l encyclop disme des collections Les grandes campagnes de d nigrement envers les acquisitions des biblioth ques apparaissent de fa on r currente2 souvent pendant des p riodes de retour l ordre moral de d fense des valeurs famille travail bonnes moeurs Les biblioth ques pour la jeunesse au nom de la protection de l enfant sont alors une cible privil gi e Il est encore plus difficile de r agir quand la pression est insidieuse elle peut venir de tout bord politique et le biblioth caire isol L exp rience montre que la meilleure d fense passe par le soutien des usagers m me si le fonctionnaire a une obligation de r serve Cependant c est le maire qui aura forc ment le dernier mot en France il n existe pas de loi sur les biblioth ques qui garantisse l ind pendance du biblioth caire en ma
97. t gories d ge Fred Bernard Muriel Bloch Pierre Bottero Orianne Charpentier Chen Jiang Hong Claire Cl ment Annick Combier Timoth e de Fombelle Eric L Homme H l ne Montardre Tom Schamp et Adeline Yzac C est lors de la remise des prix l H tel de Ville de Bruxelles en pr sence du Bourgmestre Monsieur Freddy Thielemans et de l Inspecteur de la Lecture publique Monsieur Philippe Malfait qu ont t r compens s les auteurs pl biscit s par les jeunes qui au fil de leurs lectures ont vot pour leur livre Coup de c ur Les ouvrages ayant remport les coups de c ur des jeunes sont Cat gorie des 8 10 ans gt Claire Cl ment avec Loulette d Bayard Jeunesse coll Estampille 2006 Cat gorie des 10 12 ans gt Orianne Charpentier avec Madame Gargouille d Gallimard Jeunesse coll Hors Piste 2006 Cat gorie des 12 14 ans gt Pierre Bottero avec L autre tome 1 Le souffle de la hy ne d Rageot 2006 Cat gorie des 14 16 ans gt Jean Claude Mourlevat avec Combat d hiver d Gallimard Jeunesse 2006 Organisateurs e Centre de litt rature de jeunesse de Bruxelles et la Section belge francophone de l IBBY Luc Battieuw Biblioth caire dirigeant C cile D Hoir Collaboratrice ducative et culturelle Julien Cirelli Biblioth caire du CLJBxl 246 boulevard Emile Bockstael 1020 Bruxelles e Ville de Bruxelles D partement Instruction publique Philippe Malfa
98. t apparu sous cette forme gr ce des refus un premier texte avait t refus par les commerciaux et aussi par Fran ois J en ai fait une bande dessin e par la suite Ce n est pas que a ne marchait pas c est que je partais un peu trop dans l intimit de la jeune h ro ne J ai r crit une esp ce de po sie en prose sans verbe conjugu qui ne tient qu avec les images C est comme une vieille dame qui se souvient Et quand on se souvient on ne construit pas des phrases ce sont des images qui remontent Du coup c est un texte qui exige un rythme de lecture particulier comme cela vient d tre fait allusion la lecture par Chris Van Den Spiegel Un texte qui se lit doucement en regardant les dessins C est le seul livre qu on ait construit comme cela Maggy Vous Fred vous vous tes attach vos personnages Vous continuez les mettre en sc ne les faire vivre dans des bandes dessin es 47 Fred Bernard Oui parce que j ai eu une petite frustration au bout d un moment Je m tais arr t de dessiner alors que c tait mon truc depuis tout petit On ne me demandait plus que des textes Je n tais plus qu auteur Ce qui ne me d range pas dans l absolu Mais moi j adore dessiner Or mon dessin n est pas tr s adapt la jeunesse Chaque fois que je fais des dessins jeunesse je fais des concessions Et d autre part je ne peux pas parler de tout en jeunesse Ou pas de la fa on
99. t s est largi en particulier en direction de la petite enfance et des professionnels du livre et de l enfance Les collections se sont accrues et diversifi es la litt rature s adresse un public largi en particulier au niveau des ges avec des collections pour tout petits pour lecteurs d butants pour adolescents avec d incertaines fronti res avec l dition pour adultes Il y a eu volution des genres cf fantastique SF ou polar des styles litt raires Les th mes sont bien plus en phase avec les pr occupations de la soci t complexe o nous vivons qu autrefois une litt rature trop d cal e n int resserait plus et on constate une v ritable prise de risque au niveau du style et de la construction litt raires dans de nombreuses uvres pour la jeunesse Enfin m me si elle reste insuffisamment m diatis e la litt rature de jeunesse est pr sente beaucoup plus largement coles librairies mus es etc Pour autant la question du choix reste enti re et s est m me compliqu e en raison de l importance de la production plus de 7500 titres nouveaux en 2006 La litt rature de jeunesse et sa place en biblioth que restent donc un enjeu de soci t qui fait r guli rement d bat d un c t cela ne pose pas de probl me tant que l on reste dans le d bat la limite on ne peut que se r jouir de ce que la litt rature de jeunesse soit mise sur le devant de la sc ne m me si on
100. temps r fl chi et travaill A partir des dessins sur l histoire de Freaks film de Tod Browning USA 1932 que Frangois Roca avait pr sent comme travail de fin d tudes Les diteurs se d robent C est super mais non Pr sentation du projet au Seuil Ah oui a je prends Mais il manquait les droits pour adapter le sc nario Suggestion de l diteur se contenter de s en inspirer Pour Fran ois Roca c est l un des plus beaux textes de Fred Bernard Il ne savait pas comment l illustrer Autant il y a des textes qui ont besoin d images autant celui l se suffisait lui m me A chaque fois c est Fred qui me fait d couvrir ses textes en les lisant haute voix J aime bien mais a me coupe ma premi re impression de lecteur Constatation d habitude quand on re oit un auteur et un illustrateur c est l auteur qui parle le dessinateur se retranchant derri re ses dessins Dans ce cas ci c est souvent le contraire Cette remarque d clenche un change de r pliques volubiles et d lirantes entre les deux comp res Fran ois Roca Fred parle beaucoup plus Sauf que moi je suis plus l aise au micro Et lui pas Parce qu en fait quand c est au micro ce n est pas moi qui parle L je m coute parler C est un truc assez marrant je suis assez schizophr ne alors que Fred non Rires Fred Bernard Fran ois a l impression que ce n est pas lui qui parle Fran ois Roca Alors pour
101. tes Cette question a galement ressurgi au lendemain de la Seconde guerre mondiale avec la cr ation par Jella Lepman en Allemagne d une exposition des meilleurs albums du monde entier pour contrebalancer l influence du nazisme sur les jeunes esprits exposition qui est l origine de la Biblioth que internationale de Munich et d IBBY La cr ation de ces premi res biblioth ques pour la jeunesse en Belgique et en France a ainsi permis de poser d embl e la question du choix propos aux jeunes lecteurs A quoi bon savoir lire si tu n as rien lire disait Eug ne Morel pionnier de la lecture publique l inauguration de l Heure Joyeuse en 1924 D j il ne s agissait pas de donner n importe quoi lire aux jeunes Livre mon ami lectures enfantines 1914 1954 sous la direction d Annie Renonciat avec la collab De V Ezratty et F L v que Paris biblioth ques 1991 2 L Heure Joyeuse 70 ans de jeunesse 1924 1994 t moignages recueillis par V Ezratty F L v que et F T nier Paris biblioth ques 1994 12 Les premi res biblioth caires de l Heure Joyeuse Claire Huchet Marguerite Gruny et Mathilde Leriche souhaitaient faire coincider dans l esprit du public cette institution nouvelle avec ce qu elles estimaient tre le meilleur de la production ditoriale pour la jeunesse Aussi ont elles d fini des crit res analyse du texte de l image du rapport texte image typographie v racit des infos e
102. th matiques autour du patrimoine des auteurs et des illustrateurs en litt rature de jeunesse Organisateur de formations de journ es d tude de conf rences dans le domaine de la litt rature de jeunesse et de l animation Organisateur du programme du Salon du Livre de Jeunesse de Namur Cette manifestation s organise chaque ann e durant cinq jours en octobre Remise des Prix LIBBYLIT cr s par le CLJbxl Organiseur de programmes culturels visites d institutions d diteurs de librairies d expositions dans le domaine de la litt rature de jeunesse Mise la disposition des institutions du mat riel d animation des expositions th matiques des malles de livres en langues trang res D veloppement d un site interactif sur la litt rature de jeunesse Participation aux diff rents jurys des concours et prix litt raires Editeur de la Revue professionnelle bimestrielle LIBBYLIT Libbylitnet Un mailing Libbylit net est envoy chaque mois pour ce qui concerne l actualit proche Editeur de la publication biennale Lu et approuv proposant une s lection des meilleurs livres publi s les deux derni res ann es
103. the dans une mission de radio r cente sur France culture disait que le livre est tout de m me souvent une bombe retardement car le lecteur est bouscul dans un premier temps et la compr hension en vient souvent plus tard Voici pour revenir au d bat voqu en introduction un extrait du droit de r ponse au Monde r dig par Jeanne Benameur Claire David directrices de la collection D une seule 1 Censures et autocensures autour du livre jeunesse V ronique Soul Bulletin des Biblioth ques de France t 44 1999 3 2 Quelques titres qui ont fait d bat au sein de la profession Petit ne Ipom e Albin Michel de Serge Koslov Vitaly Statzyn Id e fixe de Melvin Burgess Le Gar on en pyjama ray de John Boyne Gallimard 3 On a souvent accus la comtesse de S gur de sadisme alors que c est la qualit litt raire de ses romans qui fait qu elle continue plaire aux enfants 4 Michel Melot La sagesse du biblioth caire L il neuf 2004 15 voix Fran ois Martin diteur Thierry Magnier directeur d Actes Sud Junior demandant ce qu on n entrave pas le travail de passeur que font libraires enseignants biblioth caires Claude Simon a tr s justement crit dans Orion aveugle que jamais aucun incendie allum dans un livre n avait mis le feu une maison Nous le croyons Nous croyons aussi que les jeunes filles et les jeunes gens sont intelligents et qu ils ont droit la litt rature Ils
104. ti re d acquisitions Paradoxalement ces campagnes men es partir de 1986 ont eu un effet indirectement b n fique les biblioth caires ont t amen s expliciter leur politique d achat via des chartes de collections et d acquisition et responsabiliser les parents C est en anticipant et en sensibilisant les parents d s l inscription sur la diversit de ce qui existe en biblioth que ges sujets abord s styles litt raires esth tiques que l on pr pare le mieux le public une r ception plus apais e des ouvrages Il n est cependant jamais facile de r pondre un parent qui s indigne de ne pas se laisser influencer par la pression ext rieure mais aussi d tre conscient de ses limites personnelles par rapport sa propre sensibilit ou sa propre repr sentation de l enfance La position du biblioth caire choix autocensure censure En mati re d acquisitions et de choix la responsabilit du biblioth caire reste engag e pleinement afin de contribuer avec d autres professionnels ce que le bon livre trouve son public non pas au sens de bon mauvais mais au sens de qui convient 1 Pour en savoir plus sur cette loi tr s complexe se reporter aux ouvrages ou articles de Thierry Cr pin V ronique Soul r f rences notes 4 et 7 ou Thierry Lenain pour la revue Citrouille 2 Cf L affaire Monchaux et son impact sur les biblioth ques suite la publication de Ecrits pour nuire l
105. tivit Dufays 2004 p 121 34 A Lecture litt raire participation distanciation La lecture litt raire peut aussi s entendre comme un concept marqu par la r conciliation entre deux modes de lecture souvent pos s comme antagonistes C est la quatri me d finition propos e par J L Dufays 2004 et d j soutenue par J L Dumortier en 2001 On se fonde ici sur les travaux th oriques de Michel Picard La lecture comme jeu 1986 qui consid re que la lecture se fait litt raire en pr sentant toutes les caract ristiques du jeu depuis les formes les plus primitives du playing jusqu aux games les plus labor s p 294 La lecture litt raire ainsi con ue devrait donc solliciter simultan ment la participation du lecteur en l amenant entrer dans le jeu playing et un effort de distanciation qui le conduise observer et analyser la partie game Cette derni re d finition de la lecture litt raire qui r concilie plaisir et intellect emporte videmment mon adh sion mais cela n est pas sans cons quences pour tout enseignant de fran ais charg d initier la lecture litt raire Si l objectif est bien de former des lecteurs complets capables de participer et de prendre distance le parcours impose alors une chronologie l exp rience de la lecture participation appara t comme une tape indispensable avant toute autre entreprise On n oubliera pas que seul le souffle du plaisir de lire pe
106. travaill sur le premier volume et il tait vident qu il allait continuer sur le 2 me Les yeux d Elishan 2 T de F Evidement On a rien remis en cause Nous n en avons m me pas parl car pour moi c est Un roman coup en deux Je suis fascin par la trilogie et je me demande si je ne vais pas y mettre un pied un jour ou l autre mais j ai tr s peur du milieu du 2 me C est ce qui m inqui te dans la trilogie comme auteur parce que comme lecteur je trouve que les auteurs s en sortent souvent tr s bien Mais j ai peur Autant le premier a commence il y a la tension du d but autant le 2 me la tension de la fin S il fallait en mettre un entre les deux qu est ce qu il y aurait comme tension C S Pierre vous avez replong mais dans un autre monde dans une autre cr ation Comment fait on pour changer de monde quand on a d j un monde imaginaire sa disposition est ce qu on retrouve sa salle de bain P B Oui En fait c est le go t du jeu J ai eu la chance que mes premiers bouquins fantastiques marchent tr s bien et puis quand cela a bien march je me suis pos la question de base pourquoi a marche Qu est ce qui se passe Pourquoi j ai des lecteurs qui accrochent Tout seul dans mon coin j ai sorti 3 param tres Je ne sais pas ce qu ils valent mais c est ce que j ai sorti Ces bouquins marchent parce qu ils se passent dans un autre univers et que a fait r ver a marche parce qu i
107. troduit l entretien en mettant le doigt sur l indivisibilit du duo Bernard Roca En effet lors de d dicaces il arrive qu on demande Fred Bernard de d dicacer des livres illustr s par Fran ois Roca Fran ois Roca Comme pour beaucoup de rencontres entre artistes il faut remonter aux bancs de l cole A 20 22 ans Lyon en 1991 une poque o on tait jeune et o on tait plus beau Ils taient d abord amis Apr s ils ont d cid de travailler ensemble Question Fran ois Roca sur son d sir de devenir peintre Fran ois Roca Je faisais des trucs l huile sur toile En fait je faisais des images Des portraits pour vivre aussi Mais je ne me suis pas lanc dans une carri re de peintre Fred Bernard rebondit sur ces propos Il n y avait plus de peinture dans les coles Fin des ann es 80 l accent tait mis sur la photo la vid o les installations Faire de la peinture c tait farfelu A Lyon on ne pouvait plus peindre avec des pinceaux C tait has been glisse Fran ois Roca Fred Bernard raconte une anecdote sur un ancien professeur l ve de Braque d truit par les inspecteurs parce qu il faisait des natures mortes des nus Fred Bernard s est int ress la musique et aux sciences naturelles Il a pass son bac biologie Comme il a t pris aux Beaux Arts il a abandonn le projet de devenir v t rinaire Mais pourquoi se cantonner dans l criture lorsqu on a fait
108. tt raire le lecteur replac au devant de la sc ne par les th oriciens de la r ception W Iser H R Jauss V Jouve On voit ainsi les pr ceptes de Daniel Pennac Comme un roman 1992 cit s en exergue d un programme de fran ais du 1 degr FESEC 2000 p 27 chapitre Lire Les Droits du lecteur de Pennac rappellent tous l importance du plaisir de lire et questionnent videmment les pratiques des enseignants somm s de prendre en compte les attentes d un public de plus en plus r tif et de moins en moins apte la lecture des auteurs classiques Dans ce contexte la notion de lecture litt raire dont parlent tous les programmes se pr sente comme une auberge espagnole J L Dumortier 2001 o chaque professeur de fran ais compose le menu selon ses options personnelles Nous savons tous que les pratiques des enseignants sont tr s variables surtout en ce qui concerne la lecture Je retiendrai pour la lecture litt raire quatre d finitions couramment appliqu es J L Dufays 2004 Vous allez voir que chacune a des implications quant au statut de la litt rature de jeunesse l cole 1 Lecture litt raire lecture des textes litt raires Cette d finition fait l conomie d une r flexion sur les m thodes puisqu elle se fonde sur l objet On pratique la lecture litt raire quand on se plonge dans Balzac mais pas quand on lit Dan Brown Ceci implique donc une limitation du corp
109. u niveau de l illustration Navratil au d part c est un Tch que n au d but du 20 si cle Ce pays avait alors un graphisme tr s marqu la linogravure utilis e ici en est le reflet Cette technique a conditionn le syst me de l illustration de l album Apr s c est de son interpr tation elle qui vient compl ter les mots que j ai mis Ensuite on a encore pris le temps ensemble de r quilibrer tous les textes et toutes les images 18 M M Ici il y a un double discours puisque vous avez d une part le texte qui semble accroch celui qui se noie le p re tu diras ta m re combien je t aime et puis le texte narratif qui est lui flou loign de ces mots d amour Tout cela est tr s complexe cela peut d router un lecteur peu habitu une lecture difficile consid rez vous que c est encore un album pour enfants NOTRE P RE RESTAIT LA AVEC SES DERNI RES PENS ES POUR NOTRE MERE D S MOTS PEUT TRE MEME S CHAPP RENT IL N AVAIT PLUS RIEN PERDRE DANS CETTE NUIT LA CE FUT ENSUITE LE BRUIT DES RAMES n Sedision Pporot w QUI DONNAIT LA CADENCE UN AIR DE NN pity AY twits 24 olareerw Quer MUSIQUE QUI S ENVOLAIT DU TITANIC EE AAA DN Flees COMME UNE BULLE D AIR MAYAN s Za O D Oui Aux Editions du Rouergue c est la chose qu on m a souvent r p t e A partir du moment o nous les adultes nous avons des difficult
110. ue Rose dans un d sir de se rapprocher le plus possible des mentalit s fran aises du moment et surtout de la facult d appr hension de l uvre par le jeune lecteur avec ce que l on sait de l importance de la subjectivit dans ce domaine Fifi et ses cheveux roux impose aussit t son image impertinente sa vivacit et surtout d voile une autonomie rarissime dans l ducation des enfants de l poque C est un immense succ s En 1953 FIFI PRINCESSE est publi en fran ais et en 1962 l int gralit des aventures de Fifi est disponible dans la Biblioth que Rose En 1995 Hachette entre en discussion avec Astrid Lindgren au sujet de cette adaptation des ann es 50 qui bien s r n a plus de raison d tre dans les ann es 80 compte tenu de l volution du public fran ais devenu plus exigeant gr ce au travail important d information et de formation sur la litt rature de jeunesse dans les biblioth ques et dans les coles L change de longs courriers montre quel point Astrid Lindgren tient aux valeurs sous jacentes son uvre L diteur comprend que cette trilogie ne peut plus tre consid r e comme un simple divertissement Il se met alors en contact avec l un des meilleurs traducteurs de litt rature 28 su doise Alain Gnaedig Et ce dernier offre aux lecteurs fran ais une traduction extraordinairement fid le l esprit de l uvre et pourtant si inventive En effet il n est pas facile de trad
111. uire Astrid Lindgren Je me suis aper u que la traduction fran aise tait plut t d ficiente un tiers du texte manquait et il tait adouci dans son aspect anarchique et dans l id e de l autorit bafou e Des paragraphes entiers taient supprim s alors que certains avaient t compl tement r crits J ai constat que les traductions anglaise et allemande taient plus fines Aussi ai je voulu respecter la r alit su doise d une certaine poque ainsi que l esprit pol mique des romans Si j ai rendu Fifi un peu plus m chante c est parce qu Astrid Lindgren l a voulue ainsi J ai gomm le c t gag un peu outrancier au profit de l aspect rigolard qui parcourt toute la trilogie On ne rend pas des mots on rend un style un ailleurs J ai d respecter les niveaux de langage travailler les marques d accents trangers avec finesse pour ne pas tomber dans le petit n gre J ai beaucoup jou sur les assonances pour respecter une forme d oralit car je suis convaincu que ces textes ont t crits pour tre lus haute voix On pourrait citer aussi les escamotages de la premi re traduction de MON AMI FREDERIC de Hans Peter Richter dont un chapitre entier tr s beau et mouvant consacr une c r monie juive avait t tout bonnement supprim du texte fran ais Ainsi on peut aborder la question de la censure et des tabous ainsi les interroger c est interroger le statut de ce produit cu
112. un certain tat de la soci t auquel elle tend un miroir toujours renouvel La question des tabous ou de la censure av r e comme latente qui peuvent marquer la production en litt rature jeunesse est donc une probl matique qui volue avec le temps et la conception de la jeunesse par la soci t qui engendre Pour faire cho aux cas des pol miques engendr es par REVER LA PALESTINE le CRIF ayant exig l interdiction du texte et Flammarion ayant affirm son ind pendance ditoriale en maintenant le roman sur le march et en le r imprimant trois semaines apr s sa premi re dition on peut citer plusieurs cas de figure r cents De la litt rature jeunesse contr l e par la loi pour pr server l enfance d apr s guerre la litt rature censur e dans les coles les Cdi voire les cr ches au XXI si cle le Petit chaperon rouge se trouve parfois interdit par les parents parce que cela fait peur et risque de provoquer des cauchemars C est la fonction m me de l imaginaire qui est alors ni e bien au del du pouvoir vocateur des mots et des images En ce sens c est une approche globale de l enfance et de l esprit humain qui para t promue au b n fice d un contr le de plus en plus puissant et asseptisant On se rend alors compte que la prise de risque en litt rature jeunesse c est de publier non pas une uvre volontairement d routante ou choquante portant sur un sujet sensible qu il 30
113. une fois je parle Fred Bernard Alors que moi j entends tr s bien que c est moi en amplifi Et je ne suis pas fan Fran ois a le d sinhibe Fran ois Roca Mais autrement je ne parle pas beaucoup Chris Van Den Spiegel entame la lecture de Jesus Betz Quelle impression cela fait il d entendre ses textes lus par d autres personnes Fred Bernard J aime bien Les gens se les approprient Ces textes ne m appartiennent plus Mais cet album l je me demande comment on a pu le faire C est un ovni On peut parler de tout en jeunesse mais tout le monde n a pas envie de lire tout Pour les enfants l homme tronc il n existe pas c est comme un elfe un centaure ou un troll c est un personnage fictif Pour Fran ois Roca c est aux enseignants que cet album a fait peur Il pose plus de probl mes aux adultes qu aux enfants On nous a dit Ce n est pas un livre pour les enfants c est trop dur Oui Jesus Betz est un livre part En plus l diteur nous avait encourag y aller fond Pas de frein Pas de censure Pas non plus faire n importe quoi bien s r Le but tait de montrer qu la fin de cette histoire qui d marre tr s mal le personnage s en sort bien Contrairement Freaks qui finit mal Quatri me lecture Jeanne et le mok l Volont de r aliser un album rappelant les clich s de l Afrique Tarzan Fred Bernard Oui le sujet de d part c tait les vieux Tarzan L album es
114. us tudi aux seuls textes l gitim s par la tradition et la critique C tait sans doute l acception la plus vidente de la lecture litt raire aux yeux des professeurs de fran ais eux m mes Cette d finition est aujourd hui d pass e 2 Lecture litt raire distanciation Il s agit de fonder la notion non plus sur la nature de l objet lu mais sur la m thode pratiqu e par le lecteur Par cons quent la conception du corpus tudi est ici tr s ouverte la lecture litt raire se con oit parfaitement avec une tr s large gamme de textes La distance dont il est question est videmment celle prise par le lecteur qui mobilise ses ressources intellectuelles pour aborder le texte avec circonspection 3 Lecture litt raire participation La place centrale revient ici au lecteur Cette position est le plus souvent soutenue en dehors de l institution scolaire par exemple dans le milieu des biblioth caires pour qui la lecture est d abord un loisir et ne s imagine pas sous la contrainte La lecture plaisir o l envie du lecteur le conduit choisir des textes dont il escompte d abord une satisfaction personnelle repose videmment sur ce que Daniel Pennac 1992 a d nomm les droits du lecteur Les enjeux didactiques d une telle conception de la lecture sont importants la valorisation des r ceptions spontan es la mise en uvre des ressources de l motion de l imagination de la passion de la subjec
115. ut gonfler les voiles du lecteur sans quoi la lecture litt raire s en ira telle une gal re propuls e par de jeunes rameurs soumis la cadence d un garde chiourme Ces r flexions sur la lecture litt raire ne sont pas apparues par hasard La fin du si cle abonde en constats catastrophistes quant aux r sultats des pratiques traditionnelles en mati re d enseignement de la lecture et de la litt rature Il appara t en effet de plus en plus qu imposer par le haut un mod le culturel fond sur un corpus classique et des m thodes savantes reste peu efficace sauf videmment si l on d sire r server la litt rature une lite favoris e sur le plan socio culturel D s 1995 Yves Reuter laissait entendre que l enseignement de la litt rature fond sur la canonisation de textes et de principes de lecture avait conduit un chec Jean Maurice Rosier et Marie Christine Pollet ULB ne se montraient pas plus optimistes en 1996 La non lecture des l ves alli e au commentaire classificatoire de l enseignant d finit une sorte de lecture norm e en lieu et place d une v ritable initiation la litt rature On peut aussi consid rer le point de vue des premiers int ress s les adolescents travers un de leurs alter ego de papier Ce h ros d un roman pour adolescents manifeste sa fa on toute la d ception qu il prouve envers le cours de fran ais et ses m thodes J ai tant aim ce livre L
116. uver son lectorat sur la dur e car quoi bon s interroger sur une litt rature qui d range si elle n a pas de lecteurs pour reprendre le questionnement de Claude Poissenot dans son blog propos de l article du Monde cit plus haut Dans le doute ne faut il pas tester se donner le temps et discuter Max et les maximonstres de Maurice Sendak ou Le g ant de Z ralda de Tomi Ungerer ont d rang beaucoup de professionnels du livre et de l enfance leur parution et ce sont les enfants qui les ont adopt s sans r ticence ann e apr s ann e qui ont permis de changer leur regard D ailleurs certains enfants et jeunes aiment les livres qui grattent qui r sistent Enfin il ne suffit pas d acheter certains ouvrages plus complexes appr hender requi rent une n cessaire mise en valeur en les exposant en les proposant la discussion en les mettant en avant dans des s lections bibliographiques en n h sitant pas faire tat d avis divergents Au final pour b tir une politique d acquisition ne faut il pas pour reprendre les conseils de Michel Melot trouver un quilibre entre ce qu on pense que le lecteur va nous demander et ce qu on esp re qu il va nous demander ce qui implique une prise de risque En conclusion L id e est de pouvoir aider le jeune grandir ou voluer sans bouger de son fauteuil mais de fa on plus ou moins assist e ou confortable selon ses propres capacit s Agn s Desar
117. vous avez un ancrage dans la r alit le lieu de la rencontre la rue o habitait sans doute Charlotte Mollet l poque Montpellier D s l abord une pr face une invitation au voyage la pr sentation du personnage un vieil homme qui va rencontrer sa propre histoire En plein dans la r alit et pourtant il y a ce texte grec de I lliade C est un clin d il 2 O D Oui tout fait mais c est Charlotte Mollet qui a fait l illustration Apr s il y a le dialogue entre l auteur et l illustrateur chacun prend l espace du livre sa mani re et on retravaille souvent les bouquins en Une clef jet e du troisi me tage dont le voyage se per ele a donee fonction de l espace qui est pris par l autre C est sa pour une def Dominique est rete x al ingest iU paa d r f rence elle Mais il y a aussi dans le dessin de son notre voisin un samedi matin trancher immeuble elle sa ressemblance avec une proue de aa restes bateau qui d j introduit l id e du bateau et du s appelle Michel Navratil Navratil signifie dans son pays voyage origine la Tch coslovaquie celui qui reviendra Navratil est philosophe depuis 89 ans Navratil est aussi un survivant Une clef jet e du troisi me tage et qui tombait bien car elle ouvrait sur un formidable personnage M M Justement ce r el se d cline tr s vite selon ma lecture de mani re tr s symbolique Ici une double page dont l

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