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1. No lle de Roo Lemos Centre de recherches cara bes Universit de Montr al 1979 Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique Un document produit en version num rique par Jean Marie Tremblay b n vole professeur de sociologie au C gep de Chicoutimi Courriel jean marie_tremblay uqgac ca Site web p dagogique http www uqac ca jmt sociologue Dans le cadre de Les classiques des sciences sociales Une biblioth que num rique fond e et dirig e par Jean Marie Tremblay professeur de sociologie au C gep de Chicoutimi Site web http classiques uqac ca Une collection d velopp e en collaboration avec la Biblioth que Paul Emile Boulet de l Universit du Qu bec Chicoutimi Site web http bibliotheque uqgac ca No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 2 Politique d utilisation de la biblioth que des Classiques Toute reproduction et rediffusion de nos fichiers est interdite m me avec la mention de leur provenance sans l autorisation for melle crite du fondateur des Classiques des sciences sociales Jean Marie Tremblay sociologue Les fichiers des Classiques des sciences sociales ne peuvent sans autorisation formelle tre h berg s en fichier ou page web en totalit ou en partie sur un serveur autre que celui des Classiques servir de base de travail un autre fichier modifi ensuite par tout autre moyen coul
2. Le ramassage de la terre fouill t se fait par un petit groupe compos soit de la m re et des plus jeunes fils soit de ces derniers seulement l emplacement 8 Argile qui r siste de tr s hautes temp ratures En r alit cependant la cuis son Sainte Anne ne d passe pas les 500 600 C No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 21 du filon nous trouvons un sol fouill maintes reprises Le travail se fait soit de bout pench en avant soit un genou terre Avec le coutelas tenu verticalement une ou deux mains qu on plante avec force on extrait l argile par grosses mottes on la d barrasse sommairement la main de ses impuret s et on la jette dans une bassine ou un panier qu on ram nera sur la t te la maison la m re se prot gera d un chiffon enroul L op ration aura dur une heure en tout On la r p tera une ou deux fois encore au cours de la semaine selon le temps disponible la confec tion des poteries et la terre que celles ci n cessitent Aussit t arriv e la terre t canari est tal e au soleil sur des sacs ou du plas tique m tt i sec On l y laisse un jour ou deux condition qu il ne pleuve pas auquel cas il faudra la remiser avant de pouvoir la sortir nouveau Photo 5 Tamis T Photo 6 Addition de levain Photo 7 P tri t Photo 8 Roul t Une fois s ch e la terre est
3. tablie par M F Colmet Daage Secr tariat g n ral des D partements d Outre Mer PETITJEAN ROGET J 1970 L arch ologie pr colombienne aux Antilles fran aises Parall les Guadeloupe Martinique n 36 37 3e et 4e trimes tre PHARAND S 1974 La vannerie Cara be du Morne des Esses Martinique Centre de recherches Cara bes Fond St Jacques Martinique Universi t de Montr al PINCHON R P 1979 Communication personnelle REJON A 1969 G ographie d partementale de la France la Martinique Les presses artisanales Paris REN CORAIL J 1971 Communication personnelle TAYLOR D 1949 The interpretation of some documentary evidence on carib culture South W Journal of Anthropology vol 5 n 4 VAUGONDY R de 1749 Carte de L Isle de la Martinique VERIN P 1960 Carib survivals at Pointe Caribe St Lucia For private distribu tion No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 60 VERIN P 1967 Quelques aspects de la culture mat rielle de la r gion de Choiseul le Ste Lucie Antilles Journal de la Soci t des Am rica nistes T LVI 2 p 462 487 VERIN P 1979 Communication personnelle VICTOR P E 1949 La poterie de Ste Anne Bull Agricole X 1 2 Fort de France p 1 54 No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 61 Retour la table des mati res BA
4. I COU BI BONDA BAS PILON BAS R CHAUD BOIS CAMP CHE BOIS F BOIS LANCE BOIS MAHOGANY BONNE T BOUDIN BRIL CANARI Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique GLOSSAIRE Moin ka ba i face ou dos cou bi j applique au canari le cou bi sur la tranche ou sur le dos Cf cou bi Cf fond canari Partie inf rieure du pilon uniquement employ selon une informatrice pour le pilon en une pi ce Partie inf rieure du tesson deux pi ces Bois de camp che Haematoxylon campechianum L Consid r comme le meilleur pour le charbon de bois Bois de fer nomenclature incertaine L une des meilleures esp ces pour la confection du pilon Bois de lance nomenclature incertaine L une des meilleures esp ces pour la confection du pilon Mahogany type de bois dont peut tre fait le pilon Terre propre la confection des poteries et s lec tionn e lors du ramassage Constitue un juste quili bre entre la terre grasse et la terre maigre Ventre de la poterie Faire cuire la poterie sur un four l air libre canari i a pas bril assez ou quand canari brile trop i cro chi i ka trop ferm No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 62 CANARI CANARI DILLON CASSEROLE CASSEROLE France CEC BART CHAUDI RE COCO N GUE COU BI COUI COUP CANARI Terme pr sum d origine cara be servant d
5. Mr s AIN Thi Lera taph are p Pre f En PARTIEL Voir Les Classiques des sciences sociales No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 11 Ailleurs dans le cas de la vannerie dite cara be du Morne des Esses la ri chesse de l environnement v g tal alli e l isolement qui a fait de ce quartier un lot culturel assurent la survivance de la technique Pharand 1974 D autre part Choiseul Sainte Lucie o l on confectionne la poterie selon un proc d analo gue celui trouv Sainte Anne une conjoncture conomique moins favorable V rin 1979 accorde cette forme d artisanat un sursis que le progr s s est peu peu charg d touffer dans le cas martiniquais Bien que consciente de l importance des motivations des collectivit s sur leurs options technologiques c est dire des rapports entre manifestations techniques et manifestations culturelles c est surtout dans les travaux de Leroi Gourhan que nous avons puis dans un premier temps 1971 les sources de notre m thodolo gie Repris en 1979 ce travail s est l g rement modifi en fonction de nouvelles options qui l ont fait aboutir sa forme actuelle Nous aurions aim bien s r non seulement faire conna tre au lecteur diff rentes facettes de cette culture mat rielle mais encore exprimer les grains d or dans la terre le perp tuel cycle de reproduc tion des mat riaux l obscur
6. en carbonate de chaux susceptible sous l action ult rieure de l humidit de se dilater et de faire clater la terre cuite 6 Un grand affleurement de calcaires massifs nombreuses perforations d o leur nom forme une semi aur ole sur les calcaires pulv rulents de Caritan celle ci s appuie sur les formations volcaniques basiques du Sud Grune vald 1965 78 7 Un tel probl me n existerait pas si l on modernisait la technique de broyage et de tamisage la p te serait davantage homog ne et le produit plus tanche No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 19 Carte 2 R gion de Sainte Anne Filons Retour la table des mati res REGION DE SAMTE ANIME m FILOS i LIS PISLARNIS D Si No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 20 Les utilisatrices doivent donc parfaitement conna tre les qualit s de la terre canari La plus savante saura vous dire qu elle vite la roche ravet laquelle elle pr f re la terre ferrugineuse ou roche f il est exact que les hydroxydes de fer constituent un fondant naturel qui donne aux poteries r sistance et sonorit Re n Corail 1971 Une autre dira encore que la terre est r fractaire 8 Dans la majo rit des cas elles sauront simplement dissocier d instinct la bonne t ni trop gras se ni trop sableuse de la t trop gras t trop maigre ou encore
7. gue la proportion est bien moindre fond rond mais plus vas pour la casserole que pour la grillade La casserole sert la cuisson d aliments n cessitant peu d eau Une grillade est utilis e pour les diff rents grillades du caf de la pistache de m me que du cacao ou de la farine de coco an grillade c est pour grill caf ou bien pistache la Diam tre Profondeur de l ouverture int rieure Casserole 19 7 24 7 Grillade 43 13 Pour fabriquer le fond de la l chuite l chefrite la poti re prend un gros co lombin ou deux ou trois accol s dans le sens de la longueur et l crase Le pro cessus est ensuite le m me que pour le coco n gue compte tenu du fait que le fond est diff rent Un cou bi sp cial tr s grand et plat peut galement tre utilis il sert galiser et non plus donner du ventre la pi ce L int rieur est frott avec force C est le plat qu on glisse au four ou qu on utilise pour faire cuire les poissons d assez grande taille an l chuite c est pour r ti gigot poule ou bien ra go t pour bouilli poisson an No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 34 Photos 38 et 39 L chuite Photo 40 Jarre Photos 41 et 42 Tesson une pi ce Photos 43 et 44 Tesson deux pi ces Les tessons ou r chauds se composent essentiellement de deux parties acco l es ou non l une l autre tesson une pi ce tesson deux pi ces Pour le fa
8. j tal la terre tamis e sur un grand plastique Pui sant alors de temps en temps un peu de levain dans le bidon avec un coui elle proc de par tapes au m lange Elle travaille la terre avec force l aide de ses doigts ainsi que de la paume de ses mains et son corps entier en suit le ryth me Ceci donne une p te qu elle continue de rouler roul t et de malaxer jus qu atteindre la plasticit voulue une motte de terre est ainsi form e et mise de c t nouveau du levain est ajout de la terre fine et l op ration se poursuit jusqu ce qu il ne reste plus ni de l un ni de l autre Les mottes sont ensuite repri ses une une soud es les unes aux autres en appliquant d un geste vif des mor ceaux de terre p trie au tas grossissant et rajoutant de l eau si besoin est le roulant ensuite jusqu former une p te homog ne Ainsi li e et d barrass e des soufflu No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 23 res la p te peut se conserver quelques jours sous un linge mouill ou servir im m diatement monter une pi ce 4 Technique de fabrication Fa onnage Retour la table des mati res La technique de confection par colombins tages en usage Sainte Anne peut se classer parmi les m thodes dites de modelage Leroi Gourhan 1945 221 Suivons ici l ex cution du coco n gue canari ventru base bomb e ou fond rond
9. onna ge du premier la poti re confectionne en premier lieu le corps suivant la techni que d j vue Arriv e une certaine hauteur elle provoque un l ger tranglement avant de continuer monter la pi ce suivant un diam tre l g rement sup rieur celui du corps Elle fait ensuite une galette comme la platine de diam tre sup rieur la gueule et en crase le bord la hauteur du r tr cissement tout en main tenant la paroi de l ext rieur avec la main gauche En second lieu un trou d air de forme variable est coup au couteau la base et tandis que la main gauche pass e par ce trou soutient la galette l int rieur l aide d un b ton ou du doigt on per fore cette derni re de mani re obtenir une grille Le haut est ensuite galis de l int rieur En ce qui concerne le r chaud deux pi ces le corps ou bas r chaud suit le m me processus que pr c demment tandis que le haut l r chaud est confectionn part comme une petite grillade perc e d une s rie de trous ceux de la grille au fond et une rang e de perforations lat rales ouvrant vers l ext rieur En plus de les doter d une paroi plus paisse environ un centim tre on met aux tessons des poign es plus fortes que pour les mod les pr c dents Les r chauds ont le fond carr Aucune information n a pu tre recueillie sur l origi ne du mod le en deux pi ces Quant au pot de fleurs part l orifice pour l cou
10. par opposition aux poteries fond plat ou fond carr Pour le fa onnage la planche de travail est pos e m me le sol ou un peu en hauteur L ouvri re assise terre ou sur un banc a les jambes dispos es de chaque c t de son aire de travail et l image de la m nag re pr parant sa p te saupoudre la planche r guli rement de terre fine afin de faciliter la rotation de la pi ce Elle commence par la confection de la base prend une poign e d argile qu elle p trit et aplatit sur la planche avec son poing et la paume de sa main droite tout en lui donnant un l ger mouvement rotatif de la main gauche La galette fa onn e pla tine est d paisseur gale un centim tre environ et de diam tre variable entre dix et vingt centim tres suivant la pi ce modeler La paroi quant elle est form e d tages de colombins imbriqu s Pour cela on p trit une nouvelle poign e d argile plus grosse que la premi re et la roule entre les paumes des mains Le boudin obtenu ou colombin a environ cinq cen tim tres de diam tre et une trentaine de centim tres de long Ayant mouill l in dex droit on commence par craser l un des bouts du colombin sur le bord de la platine geste qui se poursuit suivant un mouvement d adh sion rotatoire et qui 9 P E Victor qui a enqu t en dehors du bourg signale la m thode de res suyage qui consisterait faire ressuyer au soleil avant de la p trir nou veau
11. ralement aplati qui sert polir par frottement l int rieur de certaines pi ces Terme attribu par confusion avec les haches de pierre polie la pierre poli qui serait alors dot e de pouvoirs surnaturels Broyer la terre s ch e l aide du pilon en vue du tamisage Partie inf rieure du pilon uniquement employ selon une informatrice pour le pilon manche Pilon taill en deux parties distinctes emmanch es l une dans l autre et de bois souvent diff rents Cf pilon t Terme g n rique pour le pilon Sert broyer la terre On peut le faire en un ou en deux morceaux de bois distincts Il est compos du manche pilon et du pilon proprement dit ou bas pilon Planche de bois qui tient lieu de table de travail lors du montage des poteries Galette d argile sur laquelle les colombins sont mon t s Sert de base au vase Terme galement utilis pour d signer les anciennes platines cassave Moin ka poli canari a cf frott canari Moin ka rang dgelle canari a parfaire la bordure sup rieure par addition de terre la lisser ensuite avec les doits puis avec le linge dgelle Ventre de la poterie No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 66 ROCHE POLI ROCHEF ROCHE FROTT ROCHE RAVET ROUL T TAMIS T TCHOU T CANARI T FINE TERRINE T SAL T TUF TESSON TESSON DEUX PI CES
12. signer l ensemble des poteries destin es aller au feu ga lement attribu dans le langage courant actuel au coco n gue mais aussi appliqu dans le cadre de la nomenclature technique planche canari bril ca nari dans un sens g n rique Ou canari dame Gervais R put s pour leur qualit on pouvait se les procurer aux Salines Dillon cf I 1 Type de canari servant la cuisson des aliments n cessitant peu d eau Type de canari aujourd hui disparu manche ar rondi et bec verseur Morceau de cercle de baril servant confectionner le couteau canari Mortier fait d un fond de cuve en fonte ou en fer qu on enfonce dans le sol de l atelier Tiendrait son nom des anciennes chaudi res des sucreries on en d couvrait souvent f l es dans les broussailles Type de canari qui doit son nom testicule de n gre sa forme sph rique Sert en particulier aux cuis sons n cessitant beaucoup d eau galement em ploy dans le langage actuel au sens large voir canari Terme pr sum d origine cara be Morceau de cale basse assez plat et ovale destin travailler la paroi de la pi ce S utilise des deux c t s selon l effet d sir cf dos cou bi et face cou bi Souvent entendu sous une forme alt r e cr bi Terme pr sum d origine cara be Moiti d un fruit de calebassier Crescentia cujete L pr alablement vid et s ch servant de multiples usages mais
13. 294 Il semble ainsi difficile d apr s le r sultat des plus r centes d couvertes ar ch ologiques la Martinique d attribuer les poteries pr historiques aux Cara bes du XVIIe si cle Dans l hypoth se d une acculturation aussi rapide fut elle entre ces derniers et la population originelle la possibilit demeure toutefois de s inter roger sur d ventuels emprunts culturels ou techniques la d coration par indenta tion des rebords avec le doigt par exemple toujours en cours Sainte Anne cf 1 4 est galement typique de la technique de c ramique pr historique disparu des complexes arch ologiques avant la fin de la pr histoire ce proc d moins de nouvelles d couvertes ne peut avoir t transmis directement Allaire 1976 294 Cette co ncidence laquelle vont s ajouter de nouvelles analogies ne porte pas moins r flexion sur l hypoth se d une certaine forme de continuit et nous am ne repenser la question 2 Arguments en faveur d une empreinte cara be De l origine des habitants Retour la table des mati res Dans l hypoth se d une assimilation des Cara bes aux Noirs la suite de leur refoulement lors du trait de 1664 vers des r gions recul es la concentration de la technique des canaris dans la seule commune de Sainte Anne est il est vrai probl matique ainsi qu en t moigne une carte de 1749 Vaugondy des Cara bes se seraient r fugi s dans le sud
14. ajouter le levain beaucoup moins efficace Ceci expli querait en partie du moins pourquoi les poteries de Choiseul se brisent moins D autre part la terre n est pas tamis e Choiseul comme Sainte Anne et plut t que de doubler le fond d argile pour le renforcer c est le fond d une ancienne poterie bris e qu on glisse dessous No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 49 ciel ouvert Or nous verrons un peu plus loin comment des constatations analo gues peuvent tre faites propos d autres c ramiques pr historiques et actuelles L vidence de r miniscences africaines bien que probable demeure trop t nue C est donc autour des chroniques arch ologiques et historiques datant des pre miers contacts avec les Europ ens concernant les autochtones que s affronteront les tenants et les opposants d une continuit entre la c ramique pr historique celle du XVIIe si cle et la poterie actuelle 1 Tenants et opposants d une continuit cara be Retour la table des mati res L hypoth se la plus couramment adopt e par les d fenseurs de cette continuit veut de fa on synth tique que la technique des canaris ait une double origine elle aurait t emprunt e aux Cara bes populations ayant v cu aux petites Antil les au moment de l occupation europ enne Petitjean Roget 1970 18 qui la tiendraient eux m mes des Arawacks leurs pr d cesseurs imm
15. broy e pil i Cette op ration se fait indistincte ment par les hommes ou par les femmes L individu peut travailler soit assis soit debout Assis par terre il aura les jambes cart es et actionnera son pilon qu il tient fermement la base d une main tandis que de l autre il ram nera au besoin la terre au centre du mortier Assis hauteur sur une planche il travaillera des deux mains l une la base pour bien contr ler le point de chute l autre un peu plus haut Il peut se faire aider par un second qui debout l vera le pilon en le faisant souvent passer d une main l autre afin d viter une fatigue excessive ou le glis sement d la transpiration de la main Le mouvement est tr s r gulier le pilon est lev assez haut et le coup tombe lourd et pr cis au centre de la chaudi re Au cun chant n accompagne la cadence Une seconde puration a alors lieu C est le tamisage ou tamis t Son but est de d barrasser la terre de ses derni res impuret s La terre pil e est d pos e au fur et mesure sur le l bich qui lui m me repose sur un coui ou un canari D un geste rapide on tapote pour aider la terre fine ou t fine tomber dans le r cipient No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 22 Le reste le grain compos principalement de petites pierres est jet dans un bidon mais pourra tre r utilis moin ka pil grain t ya pour moin rifai d aut ca
16. fa on les mettre le plus possible en contact avec l air La premi re tape de cuis son se fait progressivement lorsque l ombre fait peu peu place au soleil Les po teries commencent alors blanchir 10 Quand toute trace d humidit a disparu ce qui peut demander deux trois heures elle se consacre la pr paration du foyer ou four ciel ouvert 10 Cette op ration remplace le petit feu d crit par P E Victor terme utilis par opposition l op ration suivante le grand feu No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 29 L emplacement est soigneusement balay Certains fours ont des pierres d j moiti enfonc es dans le sol Les poteries sont dispos es dessus t te en bas la c ramique ne devant jamais tre mise plat pour cette op ration ce qui aurait pour effet de la briser 11 On continue d entasser les poteries en prenant soin de permettre au vent de circuler librement entre elles C est ce qui s appelle enfourn canari a D autres poti res qui n ont pas de pierres enfonc es en permanence dans le sol utilisent une autre m thode En premier lieu elles disposent des brindilles de mani re former un rectangle l encadrent de petit bois mettent les pierres ensui te puis les poteries comme ci dessus On dispose finalement le combustible tout autour des poteries petit bois en premier lieu gros branchages enfin l aide de quelques b
17. le qui auraient persist jusqu une ou deux g n rations avant les contacts europ ens Allaire 19771 68 et 363 Alors que la poterie pr historique Suazey sugg re un d veloppement local c est dire essentiellement insulaire la poterie Kalina d crite serait elle similaire celle des Kalinas ou Galibis de Surinam et de la Guyane fran aise avec lesquels les Cara bes des Petites Antilles partagent d ailleurs une appellation Ka linago et une culture communes Comme dans l ensemble l arch ologie guya naise appartient une tradition c ramique enti rement diff rente idem 344 tout se conjuguerait pour attribuer la poterie du XVIIe si cle une migration r cente plut t qu une continuit avec les complexes de type Suazey Le manque total de complexes c ramiques post rieurs la fin de la pr histoire ou de d po toirs connus o des fouilles pourraient ventuellement apporter une lumi re sur la question de m me que l absence de documents historiques sur la poterie artisa nale du XVIIe au XIXe si cle commencer par les faibles et r p titives descrip tions des chroniqueurs sur les Cara bes ou Kalinas au XVIIe si cle excluraient No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 51 de plus toute possibilit de continuit avec la technique artisanale actuelle pour laquelle l apport cara be peut tre consid r comme nul Allaire 1976
18. les uns sur les autres recouverts d une toile bien humide Ils r sisteront ainsi Jusqu trois mois ou plus L imperm abilit de la poterie surtout des pi ces qui devront contenir de l eau ou de l huile est importante Les hydroxydes de fer contenus dans la terre assurent la poterie une certaine tanch it contrairement la basse temp rature de cuis son 500 600 C qui n y contribue pas Afin de diminuer la porosit il faudra donc tasser les grains Pour ce faire la poti re frotte ou vernit l int rieur de ces pi ces l aide du galet ou pierre poli d crit plus haut mouill de la pointe de la langue moin ka poli canari a Cette op ration est omise dans le cas du pot de fleurs qu on a avantage laisser le plus poreux possible de m me on ne le finit pas avec le dos cou bi avant le second s chage Photo 24 et 25 Mett Zoreilles Ba i Photos 26 et 27 Coup canari Cuisson Lorsqu elle a accumul une quantit suffisante de poteries et que le temps est favorable la poti re s adonne aux travaux pr paratifs de la cuisson Le matin elle va accompagn e de ses plus jeunes fils chercher du bois mort et des brindilles emportant coutelas ficelles ou chiffons destin s attacher les fagots L op ration dure approximativement une heure Puis elle retire une une les poteries de leur entrep t et les dispose gueule en l air l ombre d un arbre sur des brindilles de
19. lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 69 Photo 28 Mett I sec Photos 29 et 30 Enfourn canari A Photos 31 et 32 Enfourn Canari A Photo 33 D fournage Photos 34 et 35 Coco n gue Photos 36 et 37 Casserole Photos 38 et 39 L chuite Photo 40 Jarre Photos 41 et 42 Tesson une pi ce Photos 43 et 44 Tesson deux pi ces Photos 45 46 et 47 Pots de fleurs Photo 48 Gaulette Ti Baume Photo 49 Tesson Photo 50 Casserole Photos 51 52 et 53 Tesson de Sainte Lucie Fin du texte
20. n gue la casserole et la l chuite avec poign es et fond rond le tesson et le pot de fleurs fond carr Photos 34 et 35 Coco n gue Photos 36 et 37 Casserole No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 32 Croquis 3 Mod les d suets Retour la table des mati res Mod les d suets GRILL AIDE Voir Les Classiques des sciences sociales Les coco n gues dont nous avons d crit plus haut le fa onnage servent tout mais en particulier toute cuisson n cessitant beaucoup d eau Leur taille que nous avons relev e en grand nombre chez une seule des poti res varie norm ment 2 Nous avons pu cependant d gager trois mod les plus fr quents 12 En pr vision des repas de No l les poti res re oivent par ailleurs des com mandes de canaris de taille particuli rement grande No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 33 Diam tre Diam tre Profondeur de l ouverture maximum interne 11 15 9 15 18 11 18 23 14 Au point de vue confection la casserole ou po lon et la grillade suivent le m me processus que le coco n gue La diff rence essentielle r side dans l utilisa tion du cou bi qui imprime la panse la forme voulue Cette forme est peu pr s semblable pour l une et pour l autre gueule ronde diam tre de l ouverture pro fondeur gale au tiers du diam tre alors que pour le coco n
21. ne devait rien ou pouvait s entendre sur la quantit laisser quinze canaris par mois par exemple si des diff rends sur venaient entre les deux parties chose rare cependant le potier pouvait d cider de changer de gisement mais dans l ensemble le travail la part est essentielle ment bas sur la confiance Victor 1941 4 5 13 Aucun chant coutume ou dicton en relation avec ces activit s n a pu tre rele v No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 39 2 Vente sur la place du march Retour la table des mati res Avant de proc der la vente la poti re v rifie la qualit de ses produits Tou tes les pi ces clat es ou fendues par suite par exemple de l emploi d une terre trop grasse ou d un s chage insuffisant avant le tamisage sont mises de c t Les autres sont test es d apr s leur sonorit si en la frappant de l indicateur recourb la poterie r sonne partout de la m me fa on elle supportera n importe quelle cuis son sans craquer dans le cas contraire son paisseur n est pas uniforme et on la destinera n importe quel usage autre que la cuisson Cette v rification sera d ail leurs r p t e l achat par tout client averti Les principaux lieux de vente sont le domicile de la poti re et le march Tous les dimanche matin en effet la poti re et un de ses jeunes fils transportent la pro duction la main dans un
22. origine des canaris est jusqu pr sent incer taine Sainte Anne il n en va pas de m me Sainte Lucie L origine cara be des anciens habitants de Choiseul et de ses environs o la technique est concentr e aurait t authentifi e par de vieux documents d tat civil t moignant de la permanence aujourd hui assez diffuse des derniers descendants des anciens au tochtones du pays V rin 1960 5 La concentration ethnique et g ographique de la technique arguent en faveur d une empreinte cara be qui n tant pas poti re n est pour rien dans les activit s c ramiques de sa bel le fille 19 T existe cependant juste la sortie du Marin et en direction de Sainte Anne une agglom ration du nom de Petite Poterie No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 53 Carte 3 Carte de l Isle de la Martinique 1749 Retour la table des mati res LISLE DE I A M AH TENTU De leur langage L hypoth se d une influence cara be commune Sainte Anne et Choiseul se pose avec d autant plus d acuit que la grande platine de Choiseul est conforme au mod le dont les Cara bes se servaient pour faire s cher la farine de manioc et que le vocabulaire technique utilis aux deux endroits t moigne de r miniscences Cara bes telles que canari coui seuls termes encore attach s la technique de Choiseul cou bi et l bich connu Sainte Lucie uniquement po
23. rapport la fran aise et son 15 Tessons coco n gues avec couvercle bonbonni res et surtout beaucoup de miniatures No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 46 insertion dans la soci t de consommation se trouvent tre en plus d autres d sa vantages fondamentaux et malgr l am lioration du niveau de vie en g n ral les principales responsables de la disparition progressive du m tier de poti re Sain te Anne Ainsi la technique refl te t elle les changements sociaux Photos 51 52 et 53 Tesson de Sainte Lucie Par rapport ce qui se passe Sainte Anne la poterie de Sainte Lucie b n fi cie donc pour le moment d un sursis D autre part au Mome des Esses en Mar tinique la vannerie cara be s est adapt e un nouveau type de march essentiel lement touristique Sainte Anne comme nous allons voir une campagne sem blable de r cup ration de la technique n a pas connu le m me succ s Tentative du Centre des M tiers d Art C M A D savantag s par leur caract re p rissable et leurs prix non concurrentiels les canaris sont abandonn s par leur client le habituelle et les poti res oblig es de chercher d autres gagne pain Mais il existe depuis 1964 la Martinique une So ci t d Int r t Collectif et d Artisanat d Art le Centre des M tiers d Art institu e en 1962 sous l impulsion de la S A T E C Son but est de sauver ou recr er l a
24. se cond atelier attenant au poulailler est beaucoup moins spacieux mais on y trouve les m mes objets Une des parois offre une large ouverture sur l ext rieur permet tant la m re de famille de suivre tout en s affairant sa poterie les activit s des enfants ou de voir si un ventuel client monte le morne L atelier sert d abri tant pour le soleil que pour le vent ou la pluie ce qui n em p che pas que la confection des poteries puisse se faire au dehors juste l entr e proximit des instruments de travail qui y sont entrepos s No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 14 2 Instruments de travail Retour la table des mati res Parmi les instruments de travail nous distinguerons le mat riel de pr paration et de r alisation et le mat riel accessoire que nous d crirons bri vement suivant leur ordre d emploi dans la confection des poteries Le coutelas sert aussi bien l extraction de la terre qu la coupe du bois C est le sabre d abattage lame large et tranchante qu on utilise tout moment aux An tilles Croquis 1 Instruments de travail Instruments de travail manche j pen masche prot gt s pien je os o bas piona AN PILON TE CHAUDIIRE p COUTELAS coy FuGon COUTEAU CANARI Voir Les Classiques des sciences sociales No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 197
25. the historicity of Carib migration in the Lesser Antil les Paper presented at the 42nd Annual Meetings of the Society for American Archeology New Orleans BALLET J 1970 La Guadeloupe vol 1 Publi en 1890 Ouvrage r imprim Basse Terre Archives d partementales COLMET DAAGE F 1979 Communication personnelle DELAWARDE R P 1938 Les derniers Cara bes leur vie dans une r serve de la Dominique Journal de la St des Am ricanistes Nouv s rie T XXX Paris p 167 204 DELAWARDE R P 1967 Les Galibi de la Mana et de l Iracoubo Guyane Fran aise Journal de la Soci t des Am ricanistes T LVI 2 p 341 343 No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 59 GRUNEVALD H 1965 G ologie de la Martinique Paris Imprimerie Nationa le HANDLER J S 1963 Pottery making in rural Barbados South W Journal of Anthropology vol 19 n 3 HANDLER J S 1964 Notes on pottery making in Antigua Man n 184 London p 150 1 INSEE Martinique Bull Statistiques Informations statistiques rapides N de 1968 1977 LEROI GOURHAN A 1945 L homme et la mati re d Albin Michel Paris ORSTOM Carte des sols 1 100 000 de la Martinique tablie sous la direction de M F Colmet Daage Direction d partementale de l agriculture ORSTOM Carte des sols 1 20 000 de la Martinique R gion de Sainte Anne Antilles feuille n 24
26. travail de l humus le langage gestuel dans l labora tion de la mati re la s r nit de nos rapports l ouvrage et la pr sence agressive d une soci t qui avance inexorablement Mais les propos s y pr taient difficile ment et puis comme le businessman devant le Petit Prince de Saint Exup ry je suis s rieuse moi No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 12 Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique I TECHNOLOGIE 1 Poti res et ateliers de travail Retour la table des mati res Lors de notre s jour en ao t 1971 la r gion de Sainte Anne ne comptait pres que plus de poti res actives malgr une tentative r cente du Centre des M tiers d Art pour relancer la technique et en viter l abandon Nous n avons pu trouver au bourg que quatre informatrices proches de la cinquantaine qui se consacraient la poterie suivant la technique traditionnelle dont trois seulement avec r gulari t Une demi journ e est d di e la confection des canaris terme servant d signer l ensemble des poteries destin es aller au feu 3 et aux soins du m na ge tandis que l autre est utilis e aux travaux des champs ou d autres activit s salari es Cette seconde occupation a une double importance puisqu en plus de procurer un revenu assur elle permet d acc der la S curit sociale Le m tier de 2 La transcription des termes cr oles et c
27. une terre d j p trie contenant trop d eau No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 24 permet d laborer la paroi par fractions d tage Faisant pivoter la pi ce au fur et mesure afin de faciliter le travail on aplatit le colombin entre les phalanges dista les de la main droite et la paume de la main gauche Si le premier tage achev elle garde encore en main un morceau de colombin la poti re peut d un geste continu baucher le second tage Avant le montage proprement dit la base doit toutefois tre fortifi e par une addition d argile sur les l vres inf rieures du pre mier colombin et sur tout l ensemble du fond ce qui a pour but de donner ce dernier le double de son paisseur initiale voir croquis Lors du montage mont canari on crase de l int rieur le colombin sur la paroi d j form e de mani re ce que les l vres qui entrent ainsi en contact se soudent entre elles La main gau che sert toujours de support ext rieur la paroi en formation Suivant le mod le d sir un troisi me tage ou m me davantage peuvent suivre Photo 9 Masse de terre p trie Photo 10 Poign e d argile Photo 11 Platine Photo 12 Colombin Photo 13 Colombin et platine Photos 14 et 15 Mont canari La paroi externe de la poterie une fois mont e est aplanie galis i l aide du pouce ou de l index droit mouill l g rement recourb ta
28. 9 15 Photo 1 POTI RE AU TRAVAIL Photo 2 COUTEAU CANARI PIERRE POLI COU BIS Photo 3 Pilon Photo 4 L bich Pour le pilonnage de la terre le pilon an pilon t ou pilon bois varie de taille et de poids peut d passer un m tre et peser jusqu trois kilos Il est en g n ral taill au coutelas par les hommes Diff rentes sortes de bois sont utilis es Parmi celles ci les meilleures hormis le bois d Inde 4 aujourd hui difficile trouver seraient le bois de lance ou bois lance et le bois de fer ou bois f Des bois moins bons tels que le poirier le mahogany ou bois mahogany le bois de rivi re ou d au tres sont galement utilis s Le pilon peut tre taill d une seule pi ce ou en deux morceaux emmanch s pilon manche le manche manche pilon a est incrust dans le bas pilon ou bas pilon a ces deux morceaux peuvent tre de bois diff rents La terre est pilonn e dans un mortier ou chaudi re r cipient de fonte ou de fer que l on enfonce dans le sol de l atelier ou de la cour Sa taille est variable car on peut utiliser de vieilles friteuses toujours en usage dans les campagnes pour une fricass e de poulet ou pour r tir le caf d anciennes chaudi res de sucrerie ou des platines plus grandes qui servaient la fermentation du rhum le sucre ou la pr paration de la farine de manioc et qu on d couvre souvent f l es dans les broussailles Le tamis destin affi
29. Fouill t et m tt i sec pil t tamis t pr paration du levain p tri t et roul t 4 Technique de fabrication Fa onnage Platine et mont canari galis i ba i cou bi rang dgelle m tt zo reilles ba i S chage et finition M tt i sec coup canari m tt i sec poli canari Cuisson Pr paratifs enfourn canari a bril canari caract ristiques de la cuisson 5 Diff rents types de poterie Formes nouvelles formes anciennes Mod les courants Coco n gue casserole et grillade l chuite tesson ou r chaud pot de fleur Esth tique mode d emploi et de cuisson No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 6 II ASPECTS SOCIO CONOMIQUES DE LA PRODUCTION Division des t ches et types de prestations Vente sur la place du march 3 Disparition progressive du m tier N Bref historique Quelques facteurs de r cession Sant manque de prestige Questions conomiques Le m tier de poti re Choiseul Sainte Lucie et Sainte Anne Tentative du Centre des M tiers d Art C M A IHI AUTOUR DES ORIGINES DE LA TECHNIQUE 1 Tenants et opposants d une continuit cara be Arguments en faveur d une empreinte cara be De l origine des habitants De leur langage De la subsistance ailleurs de techniques semblables 3 Bilan sur les origines Conclusion BIBLIOGRAPHIE GLOSSAIRE Tableau vol
30. New Roman 12 points Pour les citations Times New Roman 12 points Pour les notes de bas de page Times New Roman 12 points dition lectronique r alis e avec le traitement de textes Microsoft Word 2008 pour Macintosh Mise en page sur papier format LETTRE US letter 8 5 x 11 dition num rique r alis e le 9 mars 2009 Chicoutimi Ville de Saguenay province de Qu bec Canada amp Fait avec Macintosh No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 4 No lle de Roo Lemos Centre de recherches cara bes Universit de Montr al Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique les derni res poti res de sainte anne martinique No lle De Roo Lemos centre de recherches catalbes Ah Montr al Centre de recherches cara bes Universit de Montr al 1979 75 pp Fonds St Jacques Sainte Marie Martinique No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 5 Table des mati res Pr sentation I TECHNOLOGIE 1 Poti res et ateliers de travail 2 Instruments de travail Coutelas Pilon mortier ou chaudi re tamis ou l bich coui cou bi plan che canari couteau canari linge dgelle pierre poli fougon mat riel ac cessoire 3 Mati re premi re et diff rentes phases de pr paration Filons et caract ristiques de la mati re premi re Mode d acquisition et pr paration de la terre
31. TESSON UNE PI CE T TROP GRAS Cf pierre poli Terre ferrugineuse contient des hydroxydes de fer on l oppose la roche ravets comme emplacement propre au ramassage de la mati re premi re Cf pierre poli Roche ravets terre s dimentaire calcaire propre la r gion de Sainte Anne ne convient pas comme mati re premi re La terre p trie donne une p te qu on continue de rouler et malaxer jusqu obtention d une motte ayant la plasticit ad quate Tamiser la terre s ch e et pilonn e en vue d obtenir la t fine qui servira au p trissage Cf fond canari Terre ayant les qualit s requises pour la confection des poteries Terre fine obtenue par tamisage qui m lang e au levain donnera une p te propre la confection Sorte de bassine servant surtout la lessive ou la toilette moin ka prend an terrine pour moin bain ien ou encore pour un grand rago t l occasion d une f te Aujourd hui peu utilis e Terre sableuse impropre la confection des poteries Terre maigre Cf t trop maigre Sorte de barbecue en terre cuite pour les cuissons rapides l air libre Se fait en un seul ou en deux morceaux Tesson compos d une partie inf rieure ou bas r chaud s par e de la partie sup rieure ou l r chaud Tesson fait d un seul tenant Terre trop grasse pour la confection des pi ces faci lite le modelage mais rend la poterie fragil
32. a division des t ches au niveau de l unit domestique demeure chez les poti res peu pr s semblable ce qu elle tait voil deux g n rations Quelques hom mes dans ces familles peuvent s adonner la poterie mais il faut qu ils n aient vraiment rien de mieux faire car ils tiennent cette activit en pi tre estime Les femmes elles m mes quand elles n occultent pas les faits se r f rent ces hom mes de mani re p jorative r ticences ou rires ce qui traduit bien l id ologie li e la division sexuelle des t ches L apport de l homme en ce qui a trait certaines t ches auxiliaires est par contre grandement appr ci C est le cas surtout des travaux les plus durs comme le pilonnage titre d exception un homme autre fois s occupait de la cuisson au profit de sa femme qui souffrait de troubles respi ratoires Si elle est tr s press e par le temps une m re peut confier l un de ses gar ons le tamisage ou le modelage En r gle g n rale cependant la poterie de Sainte Anne est une activit essentiellement f minine quand ils ne vont pas l cole ou leur travail les gar ons accompagnent le p re la p che ou encore s occupent des travaux les plus durs autour de la maison dans ce contexte seule ment entrent en ligne de compte les t ches li es la poterie Quant aux filles qui No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 38 restent l
33. a maison leur r le consiste effectuer toutes les t ches m nag res que la m re trop occup e leur confie Aujourd hui quand les enfants travaillent au dehors leur contribution la vie du foyer se fait sous forme mon taire Il arrivait autrefois qu en signe d entraide des bandes de jeunes se r unissent pour le pilonnage tout en se racontant des histoires 13 que deux poti res se re laient pour emmener la production hebdomadaire conjointe au march de Fort de France ou qu en cas de pluie fine des voisins viennent aider entasser le bois sur le four Il arrivait aussi que si le nombre de canaris cuire tait trop faible plu sieurs potiers s entendent pour cuire ensemble le produit de leur travail sur le four de l un d eux faisant ainsi une cuisson l amiable Victor 1941 5 Parfois galement certains services entra naient des prestations P E Victor rapporte qu en change de deux canaris un potier pouvait permettre un autre d utiliser son four pour la cuisson d sir e en change de quinze canaris par cuisson c est dire tous les quinze jours chaque cuisson normale comportant dix douze dou zaines de canaris le potier se servait volont de terre et de bois sur des terrains priv s la production tant trop faible de nos jours cette redevance moins d une demande expresse de la part du propri taire est tomb e en d su tude en cas de maladie ou de travail irr gulier le potier
34. a poterie est une activit essentiellement f minine qui se transmet de m re en fille ou de jeunes parentes ou voisines Il y a environ trois g n rations une certaine dame Gervais des Salines Dillon r put e pour la qualit de ses canaris tel point qu on les d signait du nom de canari Dillon ou canari dame Gervais fut l origine de la transmission de la technique des jeunes filles qui ne voulaient pas travailler aux champs Chaque poti re poss de un local de travail et r serve cette fin un coin de son habitation de sa cour ou encore un petit atelier proximit de son domicile Il peut s agir d une case en gaulette de ti baume c est dire en tiges de bois entrela c es de la grosseur de la section d un doigt ou d un atelier construit avec des moyens de fortune en fonction de J espace disponible dans l arri re cour La case en gaulette de ti baume est divis e en deux une premi re moiti sert d entrep t pour les poteries destin es la vente ainsi que pour quelques fruits la seconde sert d atelier proprement dit et on y trouve en plus des instruments de travail de nombreux bidons remplis de terre diff rents stades de pr paration ainsi qu une grande quantit de pots de terre cuite f l s dont les uns serviront entreposer de la terre pil e ou tamis e et d autres recevoir des outils Divers accessoires sont parpill s des sacs de jute des toiles de plastique pais un vieux seau Le
35. ace cou bi Photos 18 Ba i dos cou bi Photo 19 Galis No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 26 Croquis 2 Fa onnage d un cocon gue Retour la table des mati res Faconnage d un cocon que platine T PIECE MONTEE COCON GUE AVANT COCON GUE APA S LA COUPE L COUPE Voir Les Classiques des sciences sociales Photos 20 21 22 et 23 Range dgelle canari a No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 27 S chage et finition Une premi re dessiccation a pour but de raffermir la p te Les poteries sont port es l ombre dans un coin de la maison et mises s cher m tt i sec gueule en bas Le transport se fait avec de grandes pr cautions car mal les manipuler ce stade de la confection quivaudrait les d former C est d s le lendemain l atelier m1 s chage que l on se mettra coup ca nari Lors de cette op ration le coco n gue verra sa coupe se transformer par l ex traction de l exc dent de mati re la base et sur la paroi voir croquis avec le couteau canari d crit plus haut Pour ce faire la poti re asperge ventuellement d eau sa poterie avant le d but de l op ration Puis assise terre les jambes serr es l une contre l autre avec comme point d appui le sac dont elle a recouvert ses jambes afin de se prot ger et de recueillir les copeaux elle commence par
36. ains pouvoirs En dernier lieu nous mentionnerons une longue perche de deux trois m tres de long le fougon qui sert d placer les poteries au moment de la cuisson Nous voyons d j qu l exception du coutelas tous ces outils sont de confec tion domestique Notons galement qu tant donn la nature de l objet fabriqu terre cuite et celle des outils aucun instrument de r paration n est n cessaire Divers accessoires interviennent en cours de pr paration ou de r alisation la bassine ou le panier dans lequel la terre est port e du filon au domicile les sacs de jute sur lesquels la terre est mise s cher ou que la poti re pose sur ses genoux au moment de couper les pi ces bauch es la grande toile de plastique sur laquelle elle p trit la terre et dont elle l enveloppe ensuite pour viter qu elle ne s che trop rapidement le seau dans lequel elle a mis le levain tremper le bidon de fer qui sert garder le levain la terre non pil e ou le grain reste de la terre tamis e de vieilles poteries f l es enfin qui servent de multiples usa ges 5 Rappelons que sous ce nom on d signe la Martinique comme en Ha ti des haches am rindiennes en pierre polie Elles sont appel es piedra del rayo et thunder stones dans les anciennes colonies de langue espagnole ou anglaise Petitjean Roget 1970 20 La croyance populaire de bien des paysanneries veut qu elles soient
37. ara bes sera faite sous forme de pro nonciation figur e bas e sur l orthographe du fran ais Nous avons adopt cet te solution afin d viter les difficult s techniques de la phon tique internatio nale qui auraient alourdi la compr hension de ces termes 3 L ensemble des poteries qu elles soient ou non destin es aller au feu serait appel terraille poterie fine qui se fabriquait aux XVIIe et XVIIIe si cles pr s de Pont Saint Esprit Gard Selon une des informatrices le terme g n ri que serait coco n gue et la poterie sph rique que nous d signons sous ce nom serait un canari comme Sainte Lucie l le voisine C est pourtant ce terme qu on applique dans le cadre de la nomenclature technique planche canari bril canari No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 13 potier n est en effet pas consid r comme tel ni par les int ress s ni par les auto rit s qui enregistrent les poti res sous le terme de m nag res C est ainsi que la mairie ne dispose d aucune donn e les concernant De pr cieux renseigne ments nous ont de plus t fournis par un certain nombre d anciennes poti res aujourd hui la retraite ou actives dans d autres domaines ce qui nous a permis de remonter au del de 1920 Les conjoints des poti res sont pour la plupart cultivateurs ou p cheurs et il leur arrive d aider leur femme En r gle g n rale cependant l
38. ateau vapeur voile ou par camion m re et fille s y rendaient ou bien deux poti res s associaient pour acheminer alternativement la production hebdomadaire de l une et de l autre elles n avaient cependant pas forc ment la m me cliente car une poque donn e quatre marchandes du march de Fort de France d tenaient le monopole de la vente des canaris de Sain te Anne No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 41 Pendant la guerre ou temps Robert la pouss e dans la production des ca naris a t due au manque d arrivage de r cipients m talliques de France Une poti re nous affirme en avoir confectionn jusqu trente sept douzaines par se maine Mais la guerre finie la production reprit sa courbe descendante On conserva n anmoins l habitude de produire de grandes quantit s en vue du p leri nage tous les 19 septembre Notre Dame de la Salette pr texte l achat de po teries Cette f te est appel e de nos jours encore la f te des poti res En 1971 la p riodicit de cuissons tait tr s irr guli re et variait en fonction du temps disponible pour la fabrication On s y pr parait en g n ral vers la fin de la semaine en vue du march du dimanche La poti re qui y consacrait le tiers de sa semaine de travail r ussissait raison d une demi douzaine de poteries en moyenne par matin e en rassembler une trentaine pour une cuisson
39. carton et l installent sur la place du march des g teaux cuisin s la veille la maison sont tal s sur la table et les canaris d pos s terre Une grande animation r gne sur la place La m re va d talage en talage bavarde et rit avec les autres marchandes tout en en profitant pour faire ses achats De temps autre elle revient les d poser sous son talage confi durant son ab sence une de ses filles Cela lui permet en m me temps de recevoir elle m me quelques clients des paysans des campagnes environnantes des gens de Sainte Anne des citadins venus principalement de Fort de France ou des touristes Les premiers cherchent surtout renouveler leur stock de canaris Les citadins eux sont plut t en qu te des r chauds auxquels ils donnent le nom de barbecue et qui sont tr s en vogue Quant aux touristes ils peuvent acheter un coco n gue en sou venir ou commander les miniatures dont nous avons d j parl Quelques autres clients passent des commandes canaris plus grands ou plus pais La poti re acquiesce mais rien de pr cis n est convenu entre eux ni prix ni date D autres essaient de marchander mais nous n avons pas vu les prix baisser No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 40 3 Disparition progressive du m tier Bref historique Retour la table des mati res La vente ne s est cependant pas toujours pratiqu e de cette mani re D
40. cours de cuisson Ramasser la terre l extraire du filon Lisser les parois int rieure ou ext rieure l aide d un galet de mani re tasser les grains et diminuer la porosit du vase galiser la paroi ext rieure l aide des doigts ou du cou bi de mani re la rendre gale sur toute sa sur face Tiges de bois de la grosseur de la section d un doigt dont on se servait pour la construction des cases tra No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 64 GRAIN GRILLADE KILOLIN L BICH L CHUITE L L L R CHAUD LINGE DGELLE L VAIN MANCHE PILON METT 1 SEC ditionnelles Le bois est entrelac et les murs sont ensuite colmat s de l int rieur avec du caca boeuf du ciment des journaux ou de la mati re plastique R sidus du tamisage Peuvent tre r utilis s moin ka pil grain t ya pour moin rifai d aut canaris Peuvent galement une fois d barrass s des pierres tre tremp s dans l eau et servir de substitut au le vain Type de canari An grillade c est pour grill caf ou bien pistache la ou encore de la farine de coco du cacao Type de canari aujourd hui disparu dont on se ser vait pour le lait ou d autres cuissons Terme d origine cara be h bichet signifiant tamis Aujourd hui utilis pour d signer une gorgone locale dont on se sert pour tamiser la terre Type de canari utilis pour la cuisson d
41. de Sainte Anne Martinique MI Autour des origines de la technique Retour la table des mati res La poterie de Sainte Anne est comme nous l avons vu un solide plastique propre semi rustique confectionn par les femmes selon une technique qui varie sensiblement selon l artisan La majorit de ces variations sont insuffisantes pour que l on puisse conclure une d sagr gation de la technique Si l on compare par contre les processus technologiques en cours Sainte Anne et Sainte Lucie on constate malgr les similitudes frappantes d j voqu es certaines caract risti ques diff rentes 16 On peut se demander s il ne s agit pas l de d rogations une tradition commune ce qui nous ram ne la question des origines Parmi les simi litudes se trouvent en effet outre les formes et un important vocabulaire cr ole des aspects indiscutablement archa ques tels que le montage par colombins l ga lisation des parois avec un morceau de calebasse puis avec un galet et la cuisson 16 Choiseul Sainte Lucie la terre est extraite plusieurs jours trois mois par fois avant la confection et laiss e l ombre recouverte de feuilles g n ra lement pour maintenir son humidit V rin 1967 465 Cette technique permet de travailler avec une p te beaucoup plus riche en humus que celle de Sainte Anne qui aussit t extraite est mise s cher un ou deux jours ce qui oblige les poti res
42. de l le mais plus pr cis ment autour du Diamant de Sainte Luce du Vauclin et du Matin que de Sainte Anne proprement dit 18 18 L tude des registres d tat civil n ayant pas t exhaustive nous ne pouvons affirmer que des Cara bes ne soient pas venus chouer du c t de Sainte Anne Nous avons pu observer chez les enfants de l une de nos informatrices des traits morphologiques nettement cara bes Ceux ci leur viennent cepen dant de leur grand m re paternelle Cara be assimil e originaire du Marin No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 52 on peut s tonner qu ces endroits aucune activit c ramique ne soit connue l alors que d apr s la carte des sols de la Martinique ORSTOM les m mes sols calcaires que ceux de Sainte Anne se pr tent parfaitement cette activit La concentration de la technique Sainte Anne pourrait par exemple s expliquer s il tait vrai ainsi que le rapporte une informatrice qu la suite de fr quents contacts entre Sainte Anne et Sainte Lucie facilit s par leur proximit sa m re ait pu apprendre confectionner des canaris avec des Saint Luciennes L enqu te faite aupr s d autres poti res nous a cependant permis de faire remonter cette activit dans la commune au del du d but du si cle soit trois g n rations ce qui r fute la g n ralisation d une acquisition aussi r cente S1 la forme de transmission et l
43. de la t sal comme du sable Il faut la prendre l o l on voit comme des petits grains d or si par ailleurs on voit que la terre rebondit comme du caoutchouc c est qu elle est trop grasse et qu il faut y m langer un peu de terre maigre ou t tuf prise un peu plus en profondeur En effet si la terre est trop grasse c est dire trop riche en argile montmorillonite la p te sera tr s facile modeler mais 1l y aura un grand risque de casse lors du s chage ou la cuisson par suite de la contraction tr s importante de ce type d argile Si au contraire la terre est trop maigre soit trop riche en kaolinite et en hydroxydes de fer la poterie sera de confection difficile et moins r sistante l usage La terre parfaite sera constitu e par un juste quilibre entre les deux Colmet Daage 1979 et Ren Corail 1971 Quant au d graissant destin diminuer la plasticit de la p te et viter les fen tes lors de la cuisson il fait partie des qualit s intrins ques de la terre ramass e sable et il est donc inutile d en rajouter Sont ainsi r unies dans les filons de Sainte Anne toutes les conditions requises pour l obtention d un solide plastique propre Leroi Gourhan 1945 119 Mode d acquisition et pr paration de la terre La description technologique qui suit est principalement bas e sur l observa tion de l une des poti res compte tenu cependant des renseignements fournis par les autres
44. diats chass s par eux idem par le biais des femmes qu ils gardaient prisonni res apr s avoir tu les hommes cette hypoth se explique en passant qu cette poque existait une double langue des hommes et des femmes Petitjean Roget 1970 17 de plus selon la Borde 1674 Ies hommes se laisseraient mourir de faim plut t que de faire un pot ou un canari 17 in Allaire 19771 62 Refoul s la suite d un trait en 1664 vers d autres lies ou r gions recul es comme le Sud de la Mar tinique ces Cara bes en se m langeant la population noire lui auraient transmis leurs connaissances techniques en particulier en mati re de poterie C est en se basant sur ces t moignages ainsi que sur une similitude dans la technique et dans les formes des c ramiques que les tenants de cette hypoth se pensent tre en mesure d tablir une continuit entre les c ramiques pr historiques et celles qui sont confectionn es de nos jours Sainte Anne En effet la suite des constatations faites Sainte Anne en 1941 par P E Victor la reconstitution 17 Nous sommes responsable de la traduction des citations extraites du texte an glais de Louis Allaire No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 50 des proc d s de fabrication des poteries pr historiques favorisait l poque le rapprochement dans les descriptions de poteries mises jour lors des fouilles
45. e 2 pi ces petite moyenne 0 5 F soit 6 F la douz 1920 1 1 5 F 2 15F soit 18 F 26 F la douz 1941 1 400 F la 1200 F 1000 F 200 ou paire 300 F 1971 2 CASSEROLE COCO N GUE OU CANARI grande petit moyen grand 0 65 F 1F 1 15 soit 8 F soit 12 la douz 14 F la douz 150 F 250 ou 500 F 300 F La vente se faisait la douzaine Les chiffres de 1941 sont ceux rapport s par P E Victor Victor 1941 5 La vente se fait au d tail Les prix sont indiqu s en anciens francs No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 45 Le m tier de poti re Choiseul Ste Lucie et Ste Anne De toutes les les des Antilles Sainte Lucie est celle o l on peut trouver de nos jours encore l activit la plus proche de celle que nous venons de d crire P V rin a fait ressortir ces analogies frappantes dans les techniques de fabrication ainsi que dans les types de canaris fabriqu s Sainte Anne et Choiseul V rin 1967 479 480 Cependant au contraire de ce que nous avons vu Sainte Anne la courbe de production des poteries de Choiseul a continu d tre ascendante apr s la guerre et aujourd hui ce sont ces derni res et non celles de Sainte Anne qui taient pourtant export es massivement auparavant que l on trouve en quanti t au march de Fort de France 15 S ils sont nivel s sur le march martiniquais les prix sont l origine fo
46. e ailleurs de techniques semblables Bien que pas toujours aussi frappantes les analogies d passent le voisinage des deux les non seulement actuellement mais dans le temps d apr s un manus crit anonyme du XVIIe si cle on trouvait Saint Vincent une technique compa rable in Allaire 19771 44 il y reste aujourd hui peu de r miniscences relatives la culture cara be Taylor 1949 mais on sait qu la Dominique autre le attri bu e par trait comme Saint Vincent aux Cara bes les descendants de ces der niers confectionnaient toujours des canaris au d but de ce si cle 2 des proc d s 20 tant donn la conjoncture conomique assez pauvre de Sainte Lucie on s explique ais ment la n cessit du maintien de la grande platine en terre cuite alors que de plus grandes possibilit s ont permis l acquisition la Martinique de platines m talliques 21 Dans son rapport sur la r serve des derniers Cara bes la Dominique le R P Delawarde note que ces derniers ont enti rement d sappris l industrie de la poterie D j il y a vingt cinq ans leurs canaris ou vases de terre rouge taient si mal cuits qu ils supportaient difficilement le feu et pour cette indus trie les Cara bes sont aujourd hui tributaires des Cr oles auxquels ils ont No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 55 analogues ont encore t plus r cemment rapport s Antigua et Nev
47. e au s No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 67 T TROP MAIGRE TI CAILLOUX TOILE CANARI TOILE DGELLE CANA RI VERNICANARI ZOREILLES chage ou la cuisson Cf bonne t Terre trop maigre rend difficile la cuisson de la pi ce et la rend moins r sistante l usage Cf bonne t Cf pierre poli Cf linge dgelle Cf linge dgelle Cf frott canari Ou pitit zoreilles moin mett zoreilles ba i petits colombins d environ cinq centim tres de long que l on applique sur la bordure ext rieure servent de renfort plut t que d anse proprement dite No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 68 Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique Liste des photographies Retour la table des mati res Photo 1 POTI RE AU TRAVAIL Photo 2 COUTEAU CANARI PIERRE POLI COU BIS Photo 3 Pilon Photo 4 L bich Photo 5 Tamis T Photo 6 Addition de levain Photo 7 P tri t Photo 8 Roul t Photo 9 Masse de terre p trie Photo 10 Poign e d argile Photo 11 Platine Photo 12 Colombin Photo 13 Colombin et platine Photos 14 et 15 Mont canari Photos 16 et 17 Ba i face cou bi Photos 18 Ba i dos cou bi Photo 19 Galis Photos 20 21 22 et 23 Range dgelle canari a Photo 24 et 25 Mett Zoreilles Ba i Photos 26 et 27 Coup canari No
48. e sup rieure du canari moin ka rang dgelle canari a En premier lieu elle est raffermie l aide de petits colombins de quatre cinq centim tres de longueur aplatis sur les bords L exc dent de terre est nouveau r parti sur l ensemble de la surface la main gauche maintenant toujours la paroi La gueule est ensuite liss e on l amincit d abord entre les extr mit s mouill es du pouce et de l index on la coupe ensuite avec l ongle de l index en maintenant fermement le bord avec la derni re phalange du m dius en tenant serr s les deux doigts qu on aura pr alablement mouill s Avec le linge dgelle petit chiffon l g rement imbib d eau trop par contre pour rait entra ner des f lures on la lisse dans une premi re phase puis on forme l ar rondi l aide du m me chiffon pli et maintenu cheval pass sur le rebord C est ensuite le tour des poign es dites zoreilles ou pitit zoreilles On crase aux extr mit s des petits colombins d environ cinq centim tres de long appliqu s sur la bordure ext rieure de la l vre moin ka doubl i moin mett zoreilles ba i Elles sont au nombre de deux trois ou quatre et servent de poign e de renfort pour faciliter la prise plut t que d anse proprement dite Ces poign es sont parfois d cor es d une ou plusieurs impressions faites l aide de l index droit mouill et quelquefois elles peuvent tre en forme de triangle ou de lettre Photos 16 et 17 Ba i f
49. ement sur les quantit s produites mais galement sur leur diversit Aura ent ainsi dispa ru le kilolin et la casserole France Pendant la guerre 1939 45 par contre un grand nombre de formes nouvelles auraient t confectionn es pour pallier la baisse des importations C est ainsi que naquirent le pot de Provence des r No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 31 chauds alcool cause du manque de p trole des bols et des assiettes de toutes sortes Import de l le voisine Sainte Lucie avant la guerre et par cons quent connu sur le march de Fort de France le tesson s ins ra alors dans le patrimoine des poti res de Sainte Anne Il est aujourd hui encore de confection courante bien qu ayant subi quelques modifications par rapport sa forme sainte lucienne la m re d une ancienne pr f ra le reproduire sous forme cylindrique et non plus vas e mais toujours d un seul tenant Mod les courants Bien des mod les tombent aujourd hui en d su tude et nous n avons pas pu observer leur confection C est le cas de la corbeille de la jarre de la grillade et de la terrine sorte de bassine qui sert surtout pour la lessive ou la toilette moin ka prend an terrine pour moin bain ien mais qui peut aussi tre utilis e pour un grand rago t l occasion d une f te si la terrine est tr s grande Les mod les les plus fr quents actuellement sont le coco
50. emos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 30 Photo 28 Mett I sec Photos 29 et 30 Enfourn canari A Photos 31 et 32 Enfourn Canari A Photo 33 D fournage L emplacement du four est toujours le m me proximit de la maison et de l atelier l o le sol est d j plus ou moins br l en profondeur Pendant toute la dur e de l op ration la poti re transpire grosses gouttes la temp rature de cuis son peut atteindre 800 C mais bien souvent elle ne d passe pas 500 600 C Il est d usage lorsqu on veut se d salt rer dans ces moments l de pr venir les re froidissements en avalant une goutte de rhum L emploi du four non ma onn irait de pair selon Leroi Gourhan avec le modelage sans tour et le d cor imprim Ce serait aussi cette derni re phase du travail du potier qui marque le mieux la s paration entre les semi rustiques et les semi industriels le r sultat tant des vases peu sonores et de p te grossi re Leroi Gourhan 1945 234 5 Diff rents types de poterie Formes nouvelles formes anciennes Retour la table des mati res Les mod les actuels seraient au dire des poti res les m mes que ceux que confectionnaient leurs m res Cependant bien des changements ont eu lieu depuis le d but du si cle L apparition de r cipients m talliques bien avant la seconde guerre a eu de profondes r percussions sur la poterie artisanale non seul
51. en particulier mouiller mains et outils lors du monta ge de la poterie Gratter l exc dent de mati re mi s chage l aide du couteau canari No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 63 COUTEAU CANARI DGELLE CANARI DOUBL CANARI DOS COU BI ENFOURN CANARI FACE COU BI FINI CANARI FOND CANARI FOND CARR FOND ROND FOUGON FOUILL T FROTT CANARI GALIS GAULETTE TI BAUME Instrument tranchant destin gratter l exc dent de terre des pi ces bauch es On le confectionne partir d un morceau de cercle de baril cec bari aiguis sur l un des bords d une des extr mit s re courb es Gueule bordure de la poterie Appliquer les poign es sur la bordure ext rieure Cf zoreilles Partie convexe du cou bi Sert polir la paroi inter ne de la pi ce en confection ou lui donner un cer tain galbe en dilatant la mati re Empiler les pi ces les unes sur les autres en vue de la cuisson Partie concave du cou bi L application de la tranche de celui ci en raclant la paroi interne de la poterie a pour effet de l galiser avant l application du dos cou bi Cf frott canari et dos cou bi Base fond de la poterie Se dit d un fond qui est plat Par opposition au fond carr se dit d une poterie fond convexe Longue perche de deux trois m tres de long ser vant d placer les poteries en
52. epuis cinquante ans de grands changements ont eu lieu et la production de canaris a s rieusement diminu au point que plus aucune jeune femme ne se destine ce m tier Les vieilles poti res voil cinquante ou soixante ans faisaient tous les samedis une cuisson de trente cinquante douzaines de canaris Leur production journali re montait dix ou douze douzaines de canaris Ceux ci taient vendus dans les communes voisines du Marin du Vauclin et au del Au d but de la guerre lors de l enqu te de P E Victor les cuissons n avaient d j plus lieu que tous les quinze jours et le nombre de canaris cuits tait de dix ou douze douzaines Les vendeurs vers cette poque taient de deux sortes les potiers eux m mes qui vendent le produit de leur travail les propri taires de la terre qui vendent les parts qu ils touchent des potiers Les premiers vendent les canaris un peu partout dans l le mais principalement dans les agglom rations du Sud proches de Sainte Anne et surtout au march central de Fort de France Les seconds vendent les canaris presque uniquement au march de Fort de France C est ce march que viennent se ravitailler les agglom rations du Nord de l le et toutes les les des Antilles L exportation des canaris se pratique en effet sur une assez grande chelle Victor 1941 5 Ouvrons ici une parenth se L acheminement des poteries entre Ste Anne et Fort de France se faisait par b
53. es grands poissons ou pour glisser au four d o sa relation avec l chefrite an l chuite c est pour r ti gigot poule ou bien r gout pour bouilli poisson an Branche avec des ramifications en toile l un des bouts servant m langer jus ou aliments Partie sup rieure du tesson deux pi ces Petit bout de chiffon destin arrondir et parfaire la bordure de certaines pi ces levain copeaux de terre provenant de la finition des poteries m1 s chage mis tremper donnant une p te tr s liquide et riche en humus que l on ajou te la terre tamis e Mati re indispensable la soli dit de la poterie Partie sup rieure ou manche du pilon uniquement employ selon une informatrice pour le pilon en une pi ce Dessiccation impos e la terre avant le pilonnage puis au canari avant et apr s l avoir coup No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 65 METT ZOREILLES MONT CANARI P TRI T PIERRE POLI PIERRE TONNERRE PIL T PILON PILON MANCHE PILON BOIS PILON T PLANCHE CANARI PLATINE POLT CANARI RANG DGELLE RIBO Cf doubl canari Faire se succ der partir de la platine et l aide de colombins diff rents tages pour constituer la paroi de la poterie P trir la terre de mani re atteindre la plasticit re quise pour la confection Petit galet arrondi g n
54. etites Antilles d empreintes originelles communes Il faut il est vrai ne pas confondre la diffusion de traits culturels techniques et linguistiques avec une mi gration ethnique et l on doit envisager aussi leur colportage indirect 22 Ainsi s ex pliquerait par exemple la diffusion de certains traits techniques c ramiques dans des lies Antigua et Nevis o les Cara bes n ont pas t notre connaissance rapport s Le r le de ces derniers non seulement dans le colportage de certains traits mais dans l origine de la technique pourrait alors s appuyer sur les faits suivants il semble hors de doute que la poterie du XVIIe de la Martinique soit en tous points semblable celle fabriqu e encore r cemment chez les Cara bes des Guyanes Allaire 1976 294 leur tour des similarit s entre la technique guyanaise actuelle et celle de Sainte Anne rendent plausible cette fois l hypoth transmis leurs recettes et qui travaillent encore l argile selon les proc d s pr colombiens par exemple la Martinique Delawarde 1938 22 Ainsi par exemple l introduction de techniques Cara bes au Honduras par le biais des Noirs auxquels les Indiens se sont m lang s No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 56 se d une continuit cara be originaire de la Guyane partir du XVIIe si cle La description trouv e dans le manuscrit du XVIIe si cle sur Saint Vincent viendrai
55. eu appr ci es des poti res pour qui la miniature est de confection plus lente qu une pi ce de taille normale Photos 45 46 et 47 Pots de fleurs Photo 48 Gaulette Ti Baume Photo 49 Tesson Photo 50 Casserole Lors de son apparition l aluminium tait r serv aux jours de f te on se ser vait alors d un fait tout que de par sa consonance l on apparente toujours tymo logiquement au mot f te et on y cuisinait la soupe et la viande alors r serv es ces occasions Le canari tait l ustensile d usage quotidien Pour le couvrir en cours de cuisson on glissait l int rieur trois feuilles de fruit pain ou de cacao que l on rabattait vers le centre et que l on maintenait en position avec une petite pierre Une vieille assiette pouvait galement remplir ce r le On se servait aussi pour m langer d une cuill re en bambou et pour faire la pur e de fruit pain par exemple du l l branche avec des ramifications en toile l un des bouts No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 36 Aujourd hui hormis pour quelques campagnards ou irr ductibles de la com mune la terre cuite est r serv e des fins particuli res pour une tisane pectorale pour certaines boissons lait ou pour une cuisine plus savoureuse un vieux dic ton dit d ailleurs vieux canari ka fait bon soupe Le mode de cuisson par contre peut demeurer tr s traditionnel m me chez ceux q
56. eur police mise en page extraits support etc Les fichiers html doc pdf rtf jpg gif disponibles sur le site Les Classiques des sciences sociales sont la propri t des Classi ques des sciences sociales un organisme but non lucratif com pos exclusivement de b n voles Ils sont disponibles pour une utilisation intellectuelle et personnel le et en aucun cas commerciale Toute utilisation des fins com merciales des fichiers sur ce site est strictement interdite et toute rediffusion est galement strictement interdite L acc s notre travail est libre et gratuit tous les utilisa teurs C est notre mission Jean Marie Tremblay sociologue Fondateur et Pr sident directeur g n ral LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 3 Cette dition lectronique a t r alis e par Jean Marie Tremblay b n vole profes seur de sociologie au C gep de Chicoutimi partir de No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique Montr al Centre de recherches cara bes Universit de Montr al 1979 75 pp Fonds St Jacques Sainte Marie Martinique Autorisation formelle accord e par M Jean Benoist le 9 octobre 2008 de dif fuser cette uvre dans Les Classiques des sciences sociales Fi E Courriel oj benoist wanadoo fr Polices de caract res utilis e Pour le texte Times
57. h ologie 23 Nous sommes responsable de la traduction 24 Le trafic triangulaire a sans doute colport des traits dans l autre sens puis qu on trouve maintenant employ en Afrique occidentale le terme kanari pour d signer des poteries creuses et ventrues V rin 1967 480 No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 57 Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique CONCLUSION Retour la table des mati res En ce qui concerne l essentiel des motivations des collectivit s sur leurs op tions technologiques c est notre re qui se charge de donner le mot de la fin Ces motivations varient comme nous l avons vu en fonction de l volution de la conjoncture conomique Tant que l conomie insulaire n est que partiellement mon taris e la production d ustensiles en terre cuite constitue pour les poti res en d pit du faible prix des objets une source de rentr e d argent liquide dans le budget familial Avec la mon tarisation croissante de l conomie martiniquaise le march des poteries se voit progressivement vinc par celui des ustensiles en m tal import s En m me temps en associant des avantages sociaux aux m tiers reconnus comme tels l administration acc l re la d sint gration de l activit de poti re tant elle m me compl mentaire des occupations traditionnelles de la p che et de l agriculture la poterie va subir les effets de leur d c
58. is Handler 1964 de m me que chez les Galibi de la Guyane Delawarde 1967 aucune technique n a t d crite pour la Dominique et en ce qui concerne Nevis nous ne pouvons que nous reporter la comparaison qu en fait Handler au sujet d Antigua Handler 1964 partout ailleurs on se r f re une technique sp cifiquement f minine sauf Saint Vincent o le th me n est pas mentionn la platine de m me qu un racloir dentel cependant en corce de calebasse sont d usage chez les Galibi Delawarde 1967 342 le racloir en corce de calebasse et le chiffon destin galiser la bordure se retrouvent Antigua par contre le montage s y fait non par colombins mais par imbrication de mottes de terres les unes aux autres Handler 1964 ailleurs nous retrouvons le colombin le mode de cuis son enfin est partout le m me Alors que partout ailleurs le tour et le four ont t introduits d s le XVIIe si cle aux Trois lets la Martinique et la Barbade par exemple Handler 1963 l origine et la persistance de ces techniques archa ques en zone d influence cara be pr te r flexion La co ncidence l mentaire parfois mais non moins frappante jusque dans certains d tails galet racloir en corce de calebasse chiffon entre la pr sence d un processus technologique analogue exclusivement f minin et la proximit des les cit es refl te clairement la diffusion tr s localis e dans les P
59. it sur lev e et qui tient lieu de table de travail Une fois bauch es les pi ces doivent tre retouch es et pour ce faire l exc dant de terre est gratt avec un instrument tranchant le couteau canari Il s agit d un morceau de cercle de baril cec bari de viande s ch e ou de rhum autre fois que l on sectionne selon la taille d sir e entre vingt et quarante centim tres L une des moiti s est aiguis e sur l un des bords l aide du tranchant d un coute las recourb e ensuite car elle servira la coupe On y remarquera la longue une No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 17 certaine usure L autre moiti servira de manche On le tient tout pr s de la nais sance de la courbure l o se fait l application Pour arrondir la bordure ou le col de certaines pi ces on prend un morceau de toile humide dont on a soigneusement retir tous les fils susceptibles de laisser des traces sur la terre encore molle On l appelle linge dgelle pour gueule an toile canari ou encore toile dgelle canari a En guise de finition certaines poti res polissent la paroi interne des c rami ques avec un petit galet allong et arrondi ramass au bord de la mer ou de la ri vi re On lui donne le nom de pierre poli roche poli roche frott ou ti cail lou Selon une informatrice certaines l appellent tort dit elle pierre tonnerre 5 et la dotent de cert
60. lement de l eau et le fait d j mentionn qu on ne le frotte pas avec le cou bi ni ne le vernit avec le ga let afin d en conserver la porosit il a surtout pour int r t d tre le seul mod le en dehors des zoreilles des autres faire l objet de multiples d corations Ces derni res se font par application impression ou indentation avec le doigt La gueule par exemple peut tre chancr e par l enl vement de l exc dent de terre avec le doigt No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 35 ou sinuso dale d autres d corations sont possibles suivant l inspiration de la po ti re Esth tique mode d emploi et de cuisson Bien qu on ait pu autrefois davantage s attacher la d coration des pots de fleurs Victor 1941 42 44 aujourd hui m me les engobes mati re terreuse blanche ou color e destin e masquer l apparence naturelle de la p te sont moins d une commande sp ciale peu utilis es La plupart des poti res ne tiennent d ailleurs pas compte explicitement de l esth tique puisque leur c ramique est pour elles pratique et utile Elles savent cependant que les commandes venant de la part des touristes et des citadins sont faites pour la beaut de la pi ce et elles acceptent alors de s y ajuster elles confectionnent par exemple quel ques mod les miniaturis s faciles emporter dans les bagages ces commandes sont p
61. n es de la p n tration de la foudre dans le sol No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 18 3 Mati re premi re et diff rentes phases de pr paration Filons et caract ristiques de la mati re premi re Retour la table des mati res Le choix des filons et dans ceux ci la s lection judicieuse de la terre ou t canari sont d une importance primordiale pour la poti re moins d ennuis avec les propri taires des terrains les m mes poti res vont toujours aux m mes filons Incrust s dans une zone dominante calcaire calcaires et tufs calcaires d apr s la carte g ologique de la r gion Rejon 1969 ces filons sont nombreux et diss min s tout alentour du bourg On peut ainsi aller de Bar to au Nord aux Salines Dillon au Sud en passant par Val d Or o se dirigent les c ramistes du Centre des M tiers d Art Beauregard plus proche du bourg et par cons quent de nos informatrices Madet Malgr et Fond Moustique voir la carte des filons Mais m me l la terre est ramass e en certains points pr cis bien connus des poti res C est en effet Sainte Anne que l on trouve les fameux calcaires an ciens ravets qui comptent parmi les rares terres calcaires s dimentaires de la Martinique Ceux c1 pr sentent un danger du fait de la pr sence de grains de chaux qui tant donn un broyage et un tamisage grossiers 7 se transforment la cuisson
62. nari Les enfants aident ventuellement lors du tamisage Avant de proc der au p trissage la poti re prendra soin de pr parer le le vain ou l vain Celui ci consiste en copeaux de terre provenant de la finition des poteries mi s chage mis tremper quelques heures parfois une nuit enti re formant ainsi une p te riche en humus que l on m langera la terre tamis e Des tin e rendre la p te plus liante cette op ration est indispensable la solidit de la poterie Si n cessaire le levain pourra se conserver humide pendant quel ques jours sous un linge mouill Si au moment de pr parer le levain la poti re n a pas de copeaux elle peut recourir d autres solutions le grain r sidu du ta misage est mis tremper quelques minutes remu repass au tamis et l eau boueuse obtenue servira au p trissage une autre solution consiste verser au cours de l apr s midi un peu de terre dans beaucoup d eau et s en servir le len demain comme levain ou encore le grain est repass au tamis dans le but de r cup rer le reste de la terre fine les pierres restantes sont mises dans l eau jus qu ce qu aucune terre n y adh re puis retir es au moment de se servir de l eau boueuse l occasion agenouill e ou assise par terre jambes cart es la poti re s en toure du mat riel n cessaire au p trissage p fri t seau d eau couis et bidon de levain tandis qu elle a d
63. ndis qu l int rieur la main gauche en pr vient l enfoncement Le mouvement peut tre vertical hori zontal ou surtout h lico dal en remontant du bas vers le haut dans le sens des aiguilles d une montre et l argile ainsi r cup r e sera redistribu e vers la base l aide du pouce droit L int rieur de la panse est lui racl l aide du cou bi r gu li rement tremp dans l eau et appliqu sur la tranche dans un mouvement h li co dal moin ka ba i face cou bi Afin de pr venir les f lures il faut viter ce pendant de trop mouiller le cou bi au premier coup On doit galement le d bar rasser r guli rement de la terre qui s y accumule et le retremper de temps en temps L int rieur est encore poli avec la partie arrondie du cou bi pr alablement mouill e moin ka ba i dos cou bi No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 25 L arrondi du coco n gue qui caract rise sa forme ventrue typique d o son nom testicule de n gre est donn l aide d un cou bi judicieusement choisi pour sa forme creuse qui sert pousser de l int rieur la paroi et la modeler jusqu la courbe d sir e voir croquis tant donn la plasticit de l argile lors du modela ge tout ce travail sur la face interne de la paroi exige que celle ci soit fermement soutenue l ext rieur avec la paume de la main droite La phase suivante est destin e parfaire la bordur
64. ner la terre et en liminer les impuret s le l bich est une gorgone locale trouv e en mer ou sur le bord de la plage Sa surface plane et grillag e permet d obtenir des r sultats assez satisfaisants que l on peut encore am liorer par l utilisation de deux l bich s superpos s Sa taille est variable mais 4 La nomenclature des diff rentes sortes de bois est difficile tablir avec certi tude D apr s la description cependant Pinchon 1979 il s agirait du bois d Inde Pimenta racemosa Mill J W Moore En ce qui concerne une autre sorte de bois et bien que son type de nomenclature soit d pass J Ballet d crit le bois de lance ou corossol montagne Haenianthus incrassatus Gr comme excellent pour les manches d outils Ballet 1970 433 et 353 No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 16 suffisamment grande cependant pour recouvrir enti rement le r cipient dans lequel tombe la terre Le coui moiti d un fruit de calebassier Crescentia cujete L sert de mul tiples usages on peut y recueillir la terre tamis e s en servir pour puiser dans le bidon le levain terre riche en humus qui servira au p trissage de la terre y pr parer en vitesse le m lange qui tiendra lieu de levain au cas o celui ci viendrait manquer mais principalement pour mettre l eau destin e mouiller les mains et les outils au cours du montage des pi ces P
65. nous trouvons effectivement des colombins soigneusement liss s les arch olo gues ont d ailleurs trouv des jetons ou morceaux de poterie aux rebords et aux formes tr s proches des cou bis us s cf 1 2 ainsi que des galets semblables ceux qu utilisent aujourd hui les poti res pour le polissage par ailleurs une poterie provenant de l Anse Belleville montre d une fa on certaine la pr sence d une platine dont l paisseur a t doubl e d un fond recouvrant la l vre inf rieure du colombin Victor 1941 49 des traces de cendres et de brancha ges laissent enfin pr sumer d une cuisson ciel ouvert Se r f rant davantage aux contradictions des divers t moignages historiques et aux r sultats des plus r centes d couvertes arch ologiques qu aux similitudes in voqu es L Allaire est le principal d tracteur de cette hypoth se La plupart des caract ristiques technologiques et de formes comparables sont en premier lieu trop l mentaires en plus d tre commun ment r pandues en dehors de l aire concern e nous nous r f rerons plus loin la d coration par indentation des re bords avec le doigt La poterie cara be d crite par les chroniqueurs lors de leur arriv e la Martinique au XVIIe si cle ou plus pr cis ment le complexe c rami que Kalina aurait par ailleurs peu de ressemblances avec les complexes de type Suazey les derniers en date dans l arch ologie de l
66. omposition Dans notre soci t marqu e par le profit de telles activit s de base subsistent de moins en moins tant donn la concurrence de la production industrialis e ce qui qui vaut dans les faits une diminution croissante du nombre de ceux qui s y consa crent Reflet de cette situation l image des autres communes de la Martinique la population de Sainte Anne d cro t progressivement on part vers Fort de France ou mieux encore vers la m tropole Ainsi les cadres traditionnels s croulent et avec eux les anciens rapports entre les hommes Les techniques qui les refl tent devraient pour survivre trouver un r le nouveau dans la situation qui s installe ce qui fait qu moins de s orienter No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 58 vers une fonction nouvelle int gr e au march la poterie de Sainte Anne n a plus de raisons de continuer s exprimer Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique BIBLIOGRAPHIE Retour la table des mati res ALLAIRE L 1976 La poterie artisanale des Petites Antilles une survivance cara be remise en question in Proceedings of the Second Congress Canadian Ethnology Society vol 2 National Museum of Man Mercu ry Series Ottawa ALLAIRE L 1977 1 Later prehistory in Martinique and the island Caribs problems in ethnic identification Ph D theses Yale University ALLAIRE L 1977 2 On
67. our sa confection la poti re se sert d une calebasse qu elle aura pr alablement vid e et laiss e s cher pendant une ou deux semaines puis fendue en deux dans le sens de la longueur En cours de montage la paroi du pot est souvent travaill e l aide du cou bi morceau de calebasse l g rement concave et le plus souvent ovale Les deux c t s du cou bi sont utilis s dos cou bi ou face cou bi selon l tape de travail pour le simple lissage de la paroi ou pour donner le ventre la panse Les tailles et les formes varient elles aussi en fonction du travail accomplir entre cinq et quin ze centim tres de long tr s creux pour le coco n gue tr s grand et plat pour la l chuite encore plus plat pour le po lon voir plus loin la description des diff rents types de poterie force de l utiliser pour le raclage le cou bi finit par s user perd progressivement sa forme ovale initiale et devient presque triangulai re Bien que sa confection ne soit pas une exclusivit f minine il arrive que la poti re tr s tatillonne sur ce point ne laisse ce soin personne d autre La forme voulue est dessin e sur une calebasse vide et s che puis sci e ou coup e au cou teau On la parach ve l aide de la pointe du couteau en tapant sur le manche par petits coups avec une pierre puis avec la lame Lors du montage le canari est dispos sur une planche de bois planche cana ri qui est soit pos e terre so
68. raises d pos es du c t du vent on met rapidement le feu au b cher C est la cuisson proprement dite ou bril canari Si le vent est as sez fort la cuisson ne dure pas plus d une demi heure les premiers canaris pr ts tant ceux du c t o souffle celui ci Toutefois trop de vent ferait clater les po teries l id al tant une brise moyenne l aide du fougon longue perche de bois la poti re attise le feu emp che le bois de voler en rajoute s il vient manquer Les poteries prennent d abord une teinte noire Il faut attendre qu elles deviennent rouge brique fonc pour les retirer apr s avoir pris soin de rabattre le feu Si on les laissait davantage elles finiraient par bleuir ce qui non seulement ne serait pas beau mais encore provoquerait des fissures quand canari brile trop i crochi i ka trop ferm Il arrive que la cuisson doive tre interrompue par manque de bois canari i a pas bril assez Dans ce cas on remettra ces canaris dans le four la cuisson suivante Jusqu ce qu ils aient atteint le degr de cuisson voulu En attendant du moment qu elle ne prend pas l eau la poterie pourra se maintenir dans cet tat de semi Cuisson jusqu six ou huit jours sans aucun risque Il Les gens de Bar to avaient la r putation dans l ancien temps de faire des cana ris de mauvaise qualit ils les cuisaient face en l air et les cendres tombant dedans laissaient des taches No lle de Roo L
69. retourner sa pi ce et en gratter le fond Une fois celui ci arrondi elle coupe tout le reste de la paroi ext rieure en suivant un mouvement h lico dal de mani re ce que son paisseur soit par tout la m me Si la paroi est trop mince par endroits elle peut tre renforc e l aide de copeaux de terre r cup r s Afin de rendre plus lisses certaines pi ces on finit ensuite avec le dos cou bi pr alablement mouill Chaque poti re a sa propre m thode de fabrication L une pourra d abord mon ter plusieurs pi ces auxquelles elle n aura que raffermi la gueule les reprenant ensuite tour tour afin de lisser leur bord ainsi que les parois int rieure et ext rieure puis enfin poser les poign es une autre coupera le fond le lissera d abord avec le cou bi puis ensuite avec ses doigts avant de toucher la bordure de mettre les anses et de laisser s cher une troisi me quant elle ne donnera du ventre au coco n gue qu apr s en avoir raffermi le col et contrairement aux autres elle ne fortifiera pas le fond de ses poteries C est apr s ces tapes qu une seconde dessiccation a lieu Les canaris cou p s sont mis trois ou quatre jours l abri gueule en bas en attendant la cuisson Si l on doit les laisser davantage il faut prendre soin afin d viter qu ils ne se fen No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 28 dent de les mettre
70. rmettent encore aux veuves et aux c libataires d avoir acc s la S curit sociale avantage que ne leur procure pas la poterie qui n est pas reconnue en tant que m tier par les autorit s voir 1 1 La d su tude des canaris et du m tier qui s y rattache semble incontestable Cependant non loin de l Choiseul Sainte Lucie une activit semblable non seulement per siste mais prend de l essor La confrontation des deux cas nous permettra d aller un peu plus au fond du probl me 14 Pour en avoir une id e approximative nous avons fait une estimation des reve nus de l une des poti res raison de deux occupations mi temps quoique le travail l ext rieur la prenne davantage puisqu elle y consacre une moyenne de 45 heures par semaine contre 25 heures pour la confection domicile des canaris la poti re a un revenu hebdomadaire net de 143 F de l ext rieur tout en vendant chaque dimanche autour de 70 F de canaris r sultat d observa tions sur une p riode de temps relativement courte Ainsi le salaire horaire net de l ext rieur soit 3 12 F est peu pr s quivalent au SMIC horaire 3 23 F INSEE Sept 1971 tandis qu avec la vente des poteries nous nous trou vons l g rement en dessous 2 85 F No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 44 VOLUTION DES PRIX UNITAIRES Retour la table des mati res POT R CHAUD FLEUR en 1 pi c
71. rt diff rents en 1979 le tesson vaut 3 F Sainte Lucie alors qu en 1971 un tesson quivalent se vendait Sainte Anne 12 F d j Cette situation ne s explique que par des conjonctures conomiques totalement diff ren tes Occupation des moins favoris s des femmes seules avec enfants surtout ainsi que le constatait V rin lors de son enqu te la poterie en d pit de son faible prix de vente procure l essentiel des rentr es d argent liquide dans le type d conomie partiellement mon taris e que repr sente Choiseul ou Sainte Anne autrefois Ainsi si la poterie de Choiseul se maintient c est essentiellement en raison du faible pouvoir d achat des Saint Luciens En Martinique au contraire les gens m me les moins riches peuvent se procurer de la vaisselle en m tal ou de la vais selle en plastique aussi les canaris risquent de tomber en d su tude V rin 1979 tant donn la mon tarisation prononc e de l conomie martiniquaise ac tuelle il reste logiquement peu de place pour pratiquer la poterie l troitesse du march ne permet plus qu quelques femmes d en tirer un revenu secondaire aux d pens parfois de leur temps de repos car leur volont peut tre in puisable quand il s agit de se procurer les moyens d apporter du bien tre leur famille Pour les autres et c est ici que prend tout son sens la combinaison de facteurs d j non c e la d pendance de l conomie martiniquaise par
72. rti sanat martiniquais en stimulant l activit cr atrice ou les dons existants par le groupement des artistes en association professionnelle capable de d fendre leurs droits De plus la soci t assure l coulement des marchandises Install Sainte Anne le C M A a de son atelier de c ramique d cid de lancer une campagne de r cup ration des poti res et de leur technique L objectif tait tout en produisant des poteries de meilleure qualit par l application de nouvelles connaissances techniques de s enrichir en se renouvelant par un retour aux sources pour pouvoir entre autres reproduire des motifs cara bes On devait ainsi toucher toute une client le neuve touristes amateurs d art de barbecues On devait aussi r ussir y incorporer quelques unes des derni res protagonistes de la technique tradition nelle No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 47 Les r sultats n ont malheureusement pas t ceux que l on escomptait Diver ses difficult s ont surgi si bien qu aucune ancienne n a continu L atelier de c ramique du Centre a donc poursuivi ses activit s sans elles mais dans la prati que cela quivalait l abandon de sa v ritable vocation Les cons quences de cet chec se r percuteront sur cet aspect de la culture martiniquaise No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 48 Les derni res poti res
73. si possible hebdomadaire Nous sommes loin des quantit s produites vers 1920 ou m me 1941 le nombre des poti res du bourg lui m me passant d une dizaine trois po ti res travaillant r guli rement mais temps partiel puis deux en 1979 Il en va de m me dans les environs de Sainte Anne o plus aucune activit de ce genre n existe Les d bouch s leur tour suivent la m me courbe descendante excep tion faite de la f te de Notre Dame de la Salette la vente se fait essentiellement sur la place du march ou domicile on ne trouve pratiquement jamais de cana ris au march de Fort de France si ce n est des importations de Sainte Lucie La r cession est flagrante 1920 1941 1979 volution approximative de la courbe de production No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 42 Quelques facteurs de r cession Parmi les raisons invoqu es par divers informateurs quant aux causes de la d saffection vis vis de la poterie certaines comme la sant n entrent gu re en ligne de compte On pr tend par exemple que des ouvri res ont t victimes de la silicose due aux poussi res respir es lors du pilonnage ou du tamisage rem de le lait Seul un cas de trouble respiratoire nous a t rapport celui d une poti re ayant d abandonner son m tier par suite de graves crises d asthme et encore la question du rapport entre celles ci et l exposition aux po
74. sur la formation scolaire apport e aux enfants et les poteries se vendent plus cher puis qu en l espace de cinquante ans le prix du grand coco n gue s est vu multipli par No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 43 cinq cents Pourtant cette hausse consid rable n a pas t de pair avec une aug mentation de la production bien au contraire C est donc dans les facteurs cono miques externes que nous allons chercher les causes de cette r cession L apparition sur le march de nouveaux r cipients m talliques conomique ment plus avantageux et d une plus grande durabilit est en grande partie respon sable de la disparition progressive du m tier de poti re les ustensiles en fer battu en mail puis en aluminium en provenance de la France consid r s au d but comme des objets de luxe et r serv s aux grandes occasions vinc rent peu peu les canaris qui avaient leur place dans la cuisine traditionnelle vendus dans toutes les piceries et supermarch s ils constitu rent un l ment de plus en plus s rieux de concurrence pour la poterie locale cause du taux de casse la cuis son et des impond rables du march de la terre cuite la possibilit d acc der d autres activit s conomiques relativement plus r mun ratrices 14 mais surtout moins risqu es procure par ailleurs une s curit mat rielle chaque fin de se maine Ces activit s salari es pe
75. t l appui de cette affirmation 3 Bilan sur les origines Retour la table des mati res Pour terminer nous pouvons envisager une diffusion partir de la Martinique des traits cara bes s il est vrai qu Sainte Lucie les Cara bes de la Pointe sont probablement et jusqu un certain point les descendants des Cara bes de la Martinique qui se sont tablis Sainte Lucie au XVIIe si cle en m me temps que les Fran ais 23 V rin 1960 l emprunt cara be se sont bien s r ajout es des influences africaines probables 24 et d autres videntes europ ennes surtout dans les mod les et dans le vocabulaire technique Rien n exclut non plus d au tres empreintes v n zu lienne par exemple puisqu il est prouv que du temps des premiers contacts europ ens les Cara bes ont fr quent les rives de la baie de Cumana Allaire 19771 341 L importance et la nature des influences est comme nous le voyons difficile valuer d autant plus que nous trouvons dans les techniques cit es nombre de traits de l ancienne poterie pr historique dans l hypoth se d une acculturation entre les Cara bes et la population originelle l adoption de traits comme l indentation des rebords avec le doigt est effective ment une curieuse co ncidence l hypoth se d une continuit partir de la pr his toire reste donc soumise de nouvelles d couvertes Mais c est l un probl me r soudre par l arc
76. tre La poterie qu elles confectionnent est la seule dans toute l le et l une des rares aux Antilles faire appel un proc d de fabrication archa que c est dire essentiellement au colombin et la cuisson en plein air Ceci soul ve le double probl me des origi nes et de la survivance La d couverte de nombreux sites arch ologiques t moigne de la pr sence tr s ancienne la Martinique de poteries et tessons dont les derniers en date au dire de certains auteurs appartiendraient aux Cara bes Indiens que nous ont longue ment d crit les chroniqueurs du XVIIe si cle Refoul s par les Blancs vers d au tres les ou des r gions recul es ces Indiens en se m langeant la population noire lui auraient transmis leurs connaissances techniques en particulier en ma ti re de poterie La tentation est grande de voir une continuit entre les complexes c ramiques pr historiques et la poterie artisanale actuelle ce qui est d ailleurs tr s controvers 1 Il existe aux Trois Ilets un autre type de poterie faisant appel au tour et au four qui remonte au XVIIe si cle Cette technique n entre pas dans le cadre de ce travail No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 10 Carte 1 Les petites antilles Retour la table des mati res LES PETITES ANTILLES a7 r sk Pis Ci z k y bs Ep ere Bisa pma A LE D a as Temp t RE que ap em 2m
77. ui poss dent des cuisini res gaz Partout on trouve en effet des syst mes de cuisson en plein air le r cipient est pos sur un tesson sur la grille duquel rougeoie le charbon de bois ou sur trois pierres ou piquets plant s dans le sol dans un coin de la cour entre lesquels on glisse du bois le camp che Haematoxylon campechianum L est consid r comme le meilleur pour le charbon car il est tr s dur ne fume pas trop et donne en plus de jolies flammes Un autre syst me de r chaud tr s courant consiste en un bidon retourn dans lequel on a perc deux orifices le premier sur le des sus sert d poser le r cipient le second de forme variable en bas sert de trou d air Un grillage charbon est install dix ou quinze centim tres du haut Dans quelques cuisines enfin existe le fourneau bois typique de certaines campa gnes dans une paisse table de ma onnerie encastr e contre un mur on pratique plusieurs ouvertures auxquelles on attribue un syst me de communication la fois vers le haut pour d poser les casseroles et sur le devant pour mettre le bois et recueillir les cendres le bas sert de placard No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 37 Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique Il Aspects socio conomiques de la production 1 Division des t ches et types de prestations Retour la table des mati res L
78. ur le tamisage de la farine de manioc le l bich ou h bichet est indiscutablement d origine ca ra be cou bi ne l est pas de mani re irr futable mais on sait que les Galibi de la No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 54 Guyane voisins et anciens alli s des Cara bes utilisent toujours comme d grais sant pour leurs poteries de l corce de cou bi carbonis e et pil e Delawarde 1967 342 coui et canari taient d usage courant chez les Fran ais m me en dehors de l aire car ibe Allaire 1976 293 On sait cependant que les Galibi du XVIIe si cle taient de grands commer ants et que Leur langage tait devenu lingua franca dans toutes les Guyanes la culture Kalina s tendant au dehors de leurs fronti res ethniques ou linguistiques Allaire 19771 41 43 rien n exclut donc leur diffusion Sainte Anne et Choiseul par les Cara bes eux m mes Ainsi le lien entre ces r miniscences 20 et la technique archa que toujours en usage dans ces r gions de m me que la co ncidence g ographique plus probl matique dans le cas martiniquais entre cette derni re et la pr sence cara be t moigne tr s fortement en faveur du r le jou par les Indiens tout au moins dans le colportage de certains traits de la technique et peut tre dans ses origines car d autres arguments peuvent jouer en faveur de cette hypoth se De la subsistanc
79. ussi res reste enti re Les rhumatismes affligeant parfois les mains et les genoux des plus g es souvent aggrav s par la position de travail des ouvri res ont dans deux cas port s notre connaissance t cause d abandon Certaines dermatites de contact de type ger ures dues l action de la chaux et de la silice sur la peau rem de la glyc rine peuvent galement occasionner de s rieux troubles Cause d abandon dans quelques cas sp cifiques la majorit de ces troubles de m me que le man que de prestige ne suffisent toutefois pas justifier le peu d attrait qu exerce ac tuellement cette activit bien qu il soit certain dans ce dernier cas qu on soit da vantage attir par les m tiers o l on ne se salit pas les mains M me si ces facteurs entrent en ligne de compte c est ailleurs qu il faut chercher les fondements de la r cession qui affecte la poterie de Sainte Anne Le tableau suivant de l vo lution des prix l unit voir plus loin apporte une premi re information Questions conomiques Vers 1920 racontent les plus g es c tait avec peine que l on arrivait nour rir les enfants Le produit de la vente des canaris que l on confectionnait en gran des quantit s ne permettait d acheter que quelques paires de chaussures ou des v tements et ne constituait donc qu un appoint au salaire du mari Aujourd hui le niveau de vie s est consid rablement am lior l accent tant surtout mis
80. ution des prix unitaires No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 7 CROQUIS 1 Instruments de travail Fa onnage d un coco n gue 3 Mod les d suets CARTES 1 Les petites Antilles R gion de Sainte Anne filons 3 Carte de l Isle de la Martinique 1749 Liste des photographies No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 8 Nous tenons remercier l Office Franco Qu b cois pour la jeunesse Messieurs Louis Allaire Jean Benoist Isac Chi va F Colmet Daage Gilles Lefebvre le Maire de Sainte An ne Mario Mattioni Jacques Petitjean Roget le R P Pin chon Pierre V rin mais surtout les collaborateurs les plus directs de ce travail Ren Corail et Mesdames Adela de An glio F licit Delblond Ren e Malsa et lise Trime N D R L No lle de Roo Lemos Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique 1979 9 Les derni res poti res de Sainte Anne Martinique PR SENTATION Retour la table des mati res La commune de Sainte Anne est situ e dans le sud de la Martinique du c t de la mer des Antilles La zone est peu pluvieuse par cons quent pauvre et ses trois mille habitants recensement de 1974 vivent principalement de culture et de p che Les poti res car comme nous le verrons il s agit l d une occupation es sentiellement f minine sont en nombre infime et tendent dispara

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