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Secrets - 2 - Blog de littérature pour la jeunesse

1. Quel est l tre qui marche tant t deux pattes tant t trois tant t quatre La relation intertextuelle restreinte tablie par la citation entre guillemets est riche d enseignement N ra censure le texte et le transforme Un lecteur adulte averti peut d celer le d tournement effectu par la jeune fille du r cit premier mais il est peu probable qu un jeune lecteur en mesure les effets ses comp tences culturelles ne le lui permettent pas Nous savons qu dipe n est pas le fils du roi de Corinthe qu il provoque le Sphinx et que l nigme n a pas t pos e dans cette chronologie Philippe Sollers dans son article inti tul criture et r volution dit propos du texte qu il est n cessairement la jonction de plusieurs textes dont 1l est la fois la relecture l accentuation la condensation le d place ment et la profondeur D une certaine mani re un texte vaut ce que vaut son action int gra trice et destructrice d autres textes Le r cit fait par N ra est particuli rement conden s et n ouvre gu re de portes l imaginaire du lecteur Il a aussi une valeur destructrice de par la restitution al atoire de la question pos e par le sphinx Or la profondeur de l nigme tient dans son caract re diachronique La logique de la num ration quatre pattes puis deux puis trois a une port e existentielle et r sume en quelques mots la con
2. Confessions 2003 COLLOMBAT Isabelle Dans la peau des arbres Paris Du Rouergue doAdo 2006 DUFEUTRE Marie Chut Secret de famille 1994 Paris Rageot Cascade 1998 GARNIER Pascal Case d part Paris Bayard Mill zime 2008 HASSAN Ya l Un Arbre pour Marie Paris 2003 Syros Tempo 2006 KUPERMAN Nathalie Pas un mot Paris cole des loisirs Neuf 2006 MAZARD Claire L Absente Paris Syros jeunesse Les uns les autres 2002 MOKA Le Petit c ur bris Paris cole des loisirs M dium 2001 MONTELLA Christian de Reste avec moi 2001 Paris Bayard Les romans de Je Bouquine 2006 MORGENSTERN Suzie Lettres d amour de 0 10 ans Paris cole des loisirs Neuf 1996 OLLIVIER Mika l Fr res de sang 2003 Paris Thierry Magnier Roman 2006 Notre bibliographie s inspire de la taxinomie des mythes familiaux de Thomas J Cottle cf p 27 et suivantes 122 PETIT Xavier Laurent Pi ge dans les Rocheuses Paris Flammarion P re Castor Cas tor Poche Senior 1999 PINEAU Gis le Case mensonge Paris Bayard Jeunesse Les romans de Je Bouquine 2006 PONCHEVILLE Alice de Calamity Jane avait deux filles Paris cole des Loisirs M dium 2007 POULET Erik Comme un gitan Paris Thierry Magnier Roman 2001 THIOLLIER Anne Le Th aux huit tr sors Paris Hachette Jeunesse LdP Histoires de
3. Les jeunes h ros concern s veulent chapper cette colonisation tatique parce qu elle les loigne de l id al lib ral bourgeois de la famille pens e comme une organisation ind pendante autoritaire capable de s autog rer M me si par d pit comme les jumeaux de Langeais Bouillon ils pr f reraient tre l orphelinat que chez leurs grands parents Les h ros sont d chir s le temps du roman parce la soci t dans laquelle ils voluent survalorise la fonction de la famille en la rendant responsable du bonheur des enfants Elle est le si ge de leur d veloppement et de leurs ambitions personnelles Mais elle est aussi la source de tous leurs maux parce qu elle a scell un secret Les parents leur mentent les tra hissent les abandonnent les sanctionnent La famille alors n est plus la cellule qui garantit i Jacques Donzelot La Police des familles Minuit 1977 p 12 Ibid p 89 Myst re au point mort op cit p 41 44 l panouissement mais celle qui annihile la personnalit Les jeunes h ros qui se croyaient dans une oasis paradisiaque familiale basculent dans d sert infernal Edmond Jarnois n est plus un p re aimant mais selon l anagramme phon tique de son pr nom Ed mond edm est un d mon dem Les travaux des chercheurs en sciences humaines nous ont aid e lire les secrets de famille dans les romans d velyne Brisou Pellen dans une perspective a
4. partir de l oracle de Delphes et sur la base des nigmatiques h ritages qu Alexos a transmis chacun de ses trois enfants l art de la c ramique Dam as une singuli re poup e N ra et une comptine St phanos Dam as parvient identifier l le de Phano et l emplacement exact o ont t enfouies les amphores contenant l or du temple d Apollon Cinq ans plus tard Dam as r v le l emplacement lors de l assembl e populaire de citoyens de l ccl sia Talos et N ra laissent clater au grand jour leur amour Roman 9 1936 Village industriel du Nord de la France Th o Pih ry dix sept ans est pupille de la nation Il n a jamais connu son p re Jean mort la fin de la premi re guerre avant sa naissance Th o vit avec sa m re et son beau p re Georges dans le culte du souvenir de son p re homme d exception Durant les vacances Th o fait la connaissance de Cl mentine Garancher onze ans fille de l industriel Norbert Cl mentine entretient une relation pistolaire affectueuse avec son oncle Henri Garancher retir dans le Midi Elle ne l a jamais rencontr et sait peu de choses de lui si ce n est qu il a c d ses parts de l usine son fr re Georges qu il s int resse comme elle l art de la confiserie et qu il veille distance au bien tre de Th o et de sa m re Th o d cide de rencontrer Henri afin qu il lui parle de son p re Il part pour le Midi a
5. r solution dans la ressemblance physique C est marrant dit soudain Cl mentine j ai remarqu autre chose propos de ses mains celles de Jean alias Henri Elles ressemblent aux tiennes Deux graines de cacao op cit p 256 Ibid p 256 Ibid 186 Le Fils de mon p re op cit p 14 Ibid p 19 6 ibid p 23 Id 8 Ibid p 186 89 Alors elles sont superbes L ironie de la r ponse de Th o l adolescente ne fait que renforcer le caract re nar cissique de sa filiation Th o en se moquant la fois de son p re et de lui m me feint d ignorer leur filiation La ressemblance physique peut sauter une g n ration Nathana lle ressemble son grand p re Virgile Son arri re grand m re a t frapp e par sa ressemblance avec son grand p re L a eule va plus loin dans son d sir de perp tuation Tu me ressembles aussi je crois Elle peut aussi sauter plusieurs g n rations C est le cas dans La Maison aux 52 portes o C leste Ma lys porte l h ritage d une souffrance transg n rationnelle La jeune fille accepte mal son premier pr nom Elle interpelle ses parents ce sujet pourquoi l ont ils affubl e d un tel pr nom Ses parents lui r pondent qu ils se sont conform s au souhait de son arri re grand oncle et parrain Il y a vraiment de quoi vous traumatiser un gamin r torque t elle Ma lys ne croit pas si bien
6. sang froid Quant Julien il nous communique son agacement dont le fr re Gabriel fait souvent les frais ses sautes d humeur et ses col res Ces jeunes gens se distinguent par leur courage et leur audace Ils n h sitent pas s engager dans une quip e qui les conduit loin du cocon familial Julien traverse l Atlantique et Th o et Nathana lle traversent la France en train Pour autant leur p riple ne peut avoir lieu que parce que les adolescents sont dot s d une autonomie hors normes Tous trois en effet s affranchissent sans encombres de l autorit parentale et plus g n ralement de la tutelle sociale Chacun abandonne provisoirement le domicile familial et chappe au contexte scolaire Julien s enfuit du pensionnat religieux la faveur de la nuit Th o et Na thana lle disposent du temps libre des vacances d t pour le premier de printemps pour la seconde Le mensonge et l absence de gouvernement rendent possible leur qu te des origi nes Malgr leur caract re mim sique les personnages vivent leur aventure dans la d r alit parce qu ils chappent aux deux syst mes qui structurent le plus le quotidien des enfants la famille et l cole Mais la d r alisation de leur entreprise est escamot e par l importance hi rarchique des h ros Nous entendons par l dans le sillage de Philippe Hamon leur degr d h ro cit et leur statut di g tique Th o et Nathana lle prennen
7. un d cryptage du contrat de lecture Nous verrons si les titres externes titres de romans et internes titres de chapitres promettent ou non un secret de famille autrement dit s ils constituent des horizons d attente efficaces Le troisi me volet est ax sur la construction narrative du secret la lumi re du sch ma qui naire d Adam nous mettrons plat le fonctionnement narratif du secret de famille dans les romans d velyne Brisou Pellen 1 Dominique Rabat Le secret de la modernit in Modernit s Dire le secret op cit p 15 Marthe Robert Roman des origines et origines du roman op cit 47 I dipe le roman familial paradigmatique A Le mythe d dipe et l encha nement de sept secrets La destin e tragique d dipe repose sur un encha nement de secrets et de mensonges qu il convient de rappeler pour les transposer dans les romans d velyne Brisou Pellen Pour ce faire nous nous appuyons sur la traduction de l acad micien Leconte de Lisle publi e en ligne Notre intention est d en brosser les principaux segments narratifs pour mettre en avant l encha nement des sept secrets familiaux qui conduisent le h ros de Sophocle sa perte Il faut d abord remonter une g n ration La os le p re d Oedipe a deux ans la mort de son propre p re le roi de Th bes Labdacos la r gence de la cit est alors confi e son grand oncle maternel Lycos Lorsq
8. 36 Ses derni res paroles d terminent l avenir de Jehanne en reconfigurant ses origines La jeune fille devient l unique et directe h riti re du comte Hugues L accession au nouveau statut de Jehanne est ritualis e par deux preuves l une profane l autre sacr e la reconnaissance de v tements et le Jugement de Dieu Un tournoi est organis entre deux chevaliers celui qui d fend l origine aristocratique de Jehanne Guillaume lui m me recueilli par le comte Jean fr re de Hugues sans descendance et celui qui la nie Thierry le neveu de la femme d c d e de Jean On l aura compris l issue du tournoi met en jeu la succession du comt L alibi des v tements renvoie assez sch matiquement au mythe de la richesse Hersende avant de mourir s introduit discr tement dans le ch teau pour r cup rer les anciens v tements de la petite Anne gard s dans un coffre d une tour d saffect e Elle remet Jehanne une chemise et un petit bliaud brod s l initiale A faisant accroire qu ils ont t les siens La jeune fille r agit Non c est impossible Vous voyez bien que c est de la soie P re disait souvent que 1 la soie va aux seigneurs et la toile aux manants Les v tements sont les signifiants formels d une appartenance sociale Hersende l explique dans un souffle La soie va aux seigneurs et ceci est toi car tu es la fille du comte Hugues et de la comtess
9. Envisage l avenir avec s r nit o Le tableau montre comment les segments narratifs sont r investis par velyne Brisou Pellen et souligne l homologie des actants Dans les deux versions le sch ma narratif est circulaire les h ros reviennent leur point de d part Ath nes est le lieu o l oracle a pro ph tis dipe sa funeste destin e et Ath nes devient la cit m re de St phanos Les crimes sont d tourn s selon le degr de leur acceptabilit de leur litt rature jeunesquement cor rect La p dophilie l inceste le parricide l automutilation l exil n entrent pas en ligne de compte dans le roman d velyne Brisou Pellen En revanche les assassinats y son nom breux Mais tous les criminels sont ch ti s et meurent Oeidpe et St phanos sont des enfants abandonn s et recueillis par un couple aimant et affectueux Ils doivent surmonter de nombreuses preuves au cours de leur errance dont celle d une nigme La connaissance de leurs origines est fortuite et entra ne chez les deux personnages un bouleversement psychologique L issue de leurs destin es est diam tralement oppos e dipe devient un ermite tandis que le jeune St phanos retrouve cinq ans apr s les v nements une stabilit familiale reconnaissance de la cit union de N ra et Talos deuil assum tymologiquement St hpanos signifie en grec victorieux celui qui est couron n
10. Ibid p 92 L Incroyable retour op cit p 41 3 D finition du mot b tard Le Nouveau Petit Robert Les Enfants d Ath na op cit p 57 110 Chacun sa mani re a t amput d une partie de son histoire Les petits prison niers du secret de leur famille portent le stigmate du silence dans lequel on a voulu les en fermer L intensit de leur traumatisme est la hauteur de l efficacit des mensonges servis lev s dans une communication alt r e certains rencontrent des difficult s relationnelles im portantes Anouchka intrigue par son mutisme St phanos pleure ou crie plus volontiers qu il ne parle Catherine quant elle trouve si peu changer qu elle finit par croire la nature mythique de sa propre existence C est mon imagination sans doute dit elle cpour excu ser les r miniscences qui lui reviennent Elle a beau se convaincre qu il est pr f rable qu elle ne se souvienne de rien et s obliger emp cher son esprit malade de s chauffer elle ressent le besoin irr pressible de conna tre son pass aussi honteux qu il soit Ma vie a t agit e Ne rien me rappeler pourrait m aider en construire une nouvelle sans influence je crois que je voudrais savoir quand m me On ne peut mieux r sumer le clivage psychique engendr par le secret Le cas de Catherine est une transposition romanesque aboutie des effets du secre
11. aimer Harmonies po tiques et religieuses uvres compl tes Paris Gallimard La Pl iade 1963 L IMI Milly ou la Terre natale p 392 96 mensonge Pour comprendre la fonction de transmission des objets familiaux il faut la distin guer de la fonction de communication des objets informationnels tels que nous les entendons dans notre soci t de technologie de l information et de la communication Le m diologue R gis Debray propose de regrouper sous le terme de transmission tout de qui a trait la m moire collective et sous le terme de communication la circulation des messages dans un moment donn Ce qui revient dire que transmettre consiste transporter une informa tion dans le temps et communiquer transporter une information dans l espace Les objets auxquels nous nous r f rons appartiennent l histoire familiale de ce fait ils s inscrivent dans la dur e Dans le mus e familial nous avons s lectionn quatre sortes d objets passeurs de m moire la maison les meubles ferm s cl s ou leurs d riv s symbo liques les documents iconographiques photographie dessin et les documents textuels cor respondance journal intime 1 La maison Les objets familiaux portent la trace visible de leur propri taire qui cherche la p ren niser en la transmettant Parmi ceux ci la maison familiale est l objet le plus expos Le legs d une maison ou d un a
12. identit sociale Anouchka cherche se d gager de son identit personnelle de multiples fa ons Elle dissimule son tatouage refuse d tre inscrite l cole pour chapper au protocole de d clara tion d identit elle fait croire qu elle est illettr e Elle ne rencontre gu re de difficult s es quiver les situations compromettantes Son changement de pr nom lui pose davantage de pro bl me Elle ne se r sout pas se faire appeler Sophia pour la bonne raison qu elle ne s Jappelle pas Sophia parce qu elle n est pas Sophia 7 La fillette par ces quelques mots signifie son d sir de construire une identit pour soi Le changement de nom ou de pr nom est un proc d r current chez velyne Brisou Pellen pour couvrir un secret familial chaque fois la falsification d identit provoque des blessures psychologiques Catherine a beau se laisser convaincre qu elle s appelle l onor elle ne parvient pas se d faire de l angoisse qui ne la quitte plus ni du bourdonne ment dans sa t te La nuit elle fait des cauchemars l onor baissa les yeux sur le gros dredon jaune d or Elle avait encore r v r v d une cloche au son puissant qui la tirait de son lit en pleine nuit et semait l pouvante dans son coeur Les nuits d Ala s ne sont pas plus paisibles L adolescente passe une tr s mauvaise g N 7 j Fee n 8 nuit se retourne d
13. la petite fille est recueillie par sa grand m re et Garin s en va vers de nouvelles aventures Roman 11 1590 Saint Michel en Gr ve Eder Laur gan est veuf Ce tisserand de soixante ans l ve ses enfants avec amour et tendresse Louise dix sept ans Lancelot douze ans Bonaventure surnomm e Bonie sept ans Sa femme est morte deux ans auparavant Louise est n e apr s vingt ans de mariage C est du moins ce que ses parents lui ont toujours dit Chacun est persuad tre un enfant biologique du couple Laur gan Mais Louise sait que le cadet et la benjamine ont t recueillis et Lancelot sait que Bonie a t d pos e sur le pas de la porte de la maison L accueil d un plus jeune fait rituellement l objet d un serment ne jamais r v ler au petit ni quiconque au village qu il est un enfant adopt et le consid rer comme fr re ou s ur biologique De son c t Eder monte un sc nario permettant de l gitimer l tat civil de chaque enfant La sc ne du serment est r it r e lorsque Lancelot se pr sente au domicile avec un nouveau n trouv dans un panier en osier flottant sur la rivi re L arriv e du petit Perceval scelle une cascade d indiscr tions favoris es par le contexte agit des guerres de religions Tour tour Louise Bonnie et Lancelot comprennent qu ils sont des en fants abandonn s la suite d une erreur judiciaire multiples rebondis sements Eder est incarc r pour sa
14. traduit de l italien par Jean No l Schifano Paris Grasset 1987 d revue et augment e d une Apostille traduite par Myriem Bouza her KRISTEVA Julia Une po tique ruin e pr face la traduction de Mikha l Bakhtine La Po tique de Dosto evski Paris Seuil 1970 GENETTE G rard Vraisemblance et Motivation Figures II Paris Seuil Points 1969 GENETTE G rard Figures III Paris Seuil 1972 GENETTE G rard Palimpsestes La Litt rature au second degr 1982 Paris Seuil Points Essais 1992 GENETTE G rard Seuils Paris Seuil Points Essais 1987 GRIVEL Charles Production de l int r t romanesque Un tat du texte 1870 1880 un essai de constitution de sa th orie La Haye Paris Mouton 1973 GOLDENSTEIN Jean Pierre Lire le r cit 1989 Bruxelles de Boeck Savoirs et Prati que 2005 8 dition GOLDENSTEIN Jean Pierre Marthe Robert Roman des origines et origines du roman in tudes litt raires vol 6 n 1 1973 disp lt http 1d erudit org 50027ar gt consult le 16 juillet 2008 HAMON Philippe Pour un statut s miologique du personnage in Litt rature n 6 Paris Larousse 1972 Roland Barthes et al Po tique du r cit Paris Seuil Points Es sais 1977 Jauss Hans Robert Pour une esth tique de la r ception 1978 traduit de l allemand par Claude Maillard Paris Gallimard 305 p JOUVE Vincent La P
15. voque une rixe entre les voyageurs Au cours de l altercation dipe tue Laios ignorant qu il vient d assassiner son p re dipe parvient Th bes qui vit dans la terreur de la Sphinge qui d vore les voyageurs qui ne savent pas r pondre ses questions Kr n prend la succession de son beau fr re Laios la t te de Th bes Il promet la main de sa s ur Iokast celui qui d livrera la ville du pouvoir du Sphinx Oidipous d cide de l affronter et r sout la fameuse nigme Comme promis Oidipous pouse Iokast dont il aura quatre enfants et devient roi de Th bes Des ann es plus tard la peste ravage la ville Oidipous d p che Kr n Delphes pour que l oracle d barrasse la ville du fl au La sentence tombe la ville ne gu rira pas tant que le crime de Laios restera impuni Oidipous jure de venger le crime Il consulte Teir sias qui contre c ur lui avoue que cet homme qu il cherche le mena ant de ses d crets cause du meurtre de Laios il est ici que c est lui Apprenant la nouvelle Iokast se pend et Oidipous se cr ve les yeux avec les agrafes d or des v tements de Iokast Oidipous s exile Colone au nord d Ath nes o il y finit ses jours Avant de partir Oidipous r v le ses deux filles que leur p re a tu son p re qu il s est uni la m re qui l avait con u et qu il les a fait na tre du sein dont il est n La r v lation s ac
16. Dame Benvenuta Albizio la patronne le prend comme scribe C est une femme autori taire et peu am ne Dans la maison de la veuve il d couvre une armoire remplie de v tements bleus pour gar on Par recoupement Garin comprend que Giovanni est le fils de Benvenuta il le presse de lui dire la v rit Gio vanni Albizio porte des v tements bleus suite au v u que sa m re a fait la Vierge Marie quand il tait petit gar on s il gu rissait du mal dont il tait atteint Aujourd hui Giovanni est revenu Venise parce qu il est mou rant il souhaite confier Lucia sa m re Mais il ne peut se montrer car il est l objet d une vendetta Trente ans plus t t Giovanni tombe perdument amoureux de Fantina Quettini d j fianc e Vitale Elmo Ruin Tomasi no Quettini contraint sa fille pouser Vitale le riche cousin de Giovanni D sesp r e la jeune fille se jette dans le canal San Giovanni Depuis le clan Elmo a promis de se venger en tuant la femme de Giovanni le jour o il se marierait Giovanni fuit en France et se marie vingt deux ans plus tard esp rant que les passions seraient retom b es Sa femme est poignard e quelques jours apr s la naissance de la petite Lucia Garin soup onne que cette affaire d honneur en cache une autre plus lucrative les Elmo associ s aux Albizio en collegenza avaient tout int r t chasser Giovanni de Venise pour r cup rer ses parts Giovanni meurt dans la maison familiale
17. Sur l automobile Le cheval La m t o Adrien Le ser vice des postes La distribution du courrier aux soldats La pr sence de Joseph cette distri bution Le d roulement de la guerre Ma lys incorpore si bien le fant me de C leste qu elle envisage un moment de se substituer elle et de se rendre en temps et lieu o se noue irr m diablement le sort de son arri re grand tante C leste est parvenue demander Adrien le palefrenier de la maison de ne pas envoyer la lettre de rupture que son p re l a contrainte d crire Adrien promet de ne pas l exp dier Ne vous tracassez pas je ne vais pas poster la lettre au village mais la ville La ville c est grand et des montagnes de lettres transitent par sa poste Per sonne ne saura dire si la v tre tait ou non au courrier en partance Ne vous faites aucun souci Malheureusement Adrien est pris dans un accident Une me bien intentionn e trouve la lettre et la poste Ma lys par la pens e change la donne Adrien tomba Sa t te cogna contre un caillou il perdit connaissance Aussit t les badauds s attroup rent Je m approchai rapidement de la lettre qui venait de choir sur le sol et reculai Derri re cette apparente facilit sans aucun danger se fait jour une autre v rit celle de la n gation de sa propre existence Mais voil que me frappait comme un coup de poing la v rit qui dormait
18. apparition de la chape de Saint Martin Les t moins de ces v nements s accordent pour les cacher l empereur Ala s est par ailleurs fortement intrigu e par le comportement de deux Saxons r cemment arriv s la cour Willibald quinze ans et Ot frid Elle les soup onne juste titre de comploter contre l empereur Le notaire Grifon d couvre que l acte de soumission de Tassilon comte de Wisburg a disparu de la salle des archives La disparition de ce document conduit Bertrade et Willibald avouer la v rit Ala s La jeune interpr te apprend qu elle n est pas la fille d Adalbert et d meline mais du duc de Bavi re Tassilon Ala s n est donc pas franque mais saxonne Son p re est mort en prison avant sa naissance et sa m re est morte en couches L inconnu la cicatrice est un Saxon venu rallier Ala s la cause de la Bavi re Bertrade l a tu afin de pr server la paix De son c t Willibald abandonne ses id es vengeresses et accepte le comt de Neustrie que lui confie Charlemagne Tout laisse penser qu l avenir les deux jeunes gens pourront donner libre cours leur inclination mutuelle HI Secret Famille et Soci t Les secrets voqu s ici sont vari s Si la majeure partie d entre eux porte sur les origi nes d autres ont trait des actes d lictueux voire criminels ou des conduites jug es immo rales par les contemporains comme la d lation ou l
19. dalisation la fois ordinaire et exemplaire une image rassurante Mais cette repr sentation paternelle marque une rupture culturelle avec celle du pater familias viril autoritaire assur de ses pr rogatives de chef de famille et peu enclin aux c lineries Par son sacrifice Eder renvoie non plus l image mentale du p re mais l iconicit universelle de la M re et de l Enfant voire la mater dolorosa En cela Eder est un personnage anim de dualit dans le sens o l entend Thomas Pavel Il est la fois p re et m re La connotation maternelle oriente la narration et agit positivement sur l effet personnage d Eder faisant oublier au lec teur qu il est un usurpateur au regard des lois qui r gissent l adoption et un feinteur aupr s de ses enfants qu il entretient dans le myst re de leurs origines Dans le roman La Maison aux 52 portes Ma lys est l h ro ne qui entretient la plus grande connivence avec son p re Ils partagent leurs impressions sur la maison qu ils vien nent d investir ironisent sur la m t orologie d sastreuse philosophent sur les conditions rudimentaires de leur installation entreprennent une fouille arch ologique familiale s amusent compter le nombre de portes de la maison tandis que la m re limite ses inter ventions la plupart du temps r criminatoires des remarques factuelles Il n en demeure que cette complicit entre le p re et la fille reste r f rent
20. de son cours initial par le jeu de l imitation le pastiche l allusion ou la transformation la parodie Pour mettre en lumi re les relations hypertextuelles qui unissent le roman de jeunesse la trag die grecque nous proposons de mettre en regard dans le ta bleau ci apr s les principaux l ments narratifs du mythe et leur r investissement par Eve lyne Brisou Pellen dipe Roi et Les Enfants d Ath na convergences et divergences R cit Personnage dipe Roi dipe Les Enfants d Ath nal St phanos Prologue P re La os criminel sexuel Hanias bandit et meurtrier Pr diction Parricide inceste Tuera son p re pousera sa m re Fable de Hanias Si le bandit t a enlev c est parce que le devin lui a r v l qu un jour il mourrait cause de toi Alors il ta expos pour te tuer et que tu ne puisses donc pas le tuer Maman s est couch e dans son lit elle t a 3 mis pr s d elle Abandon Expos dans les montagnes du Parnasse les pieds li s Expos sur l Agora ath nienne dans une amphore Parents adoptifs Roi de Corinthe Polybe et M rop patriciens l vent et aiment dipe comme leur propre fils Polybe meurt de vieillesse Alexos et sa femme citoyens d Ath nes Alexos lui aimait ses enfants et il affir mait qu ils taient une b n dic
21. e g n rale crire son courrier L usage du terme notaire ne laisse pas de surprendre ici Le mot notarie appara t pour la premi re fois en 1190 dans Le Livre des Rois or dans le roman nous nous trouvons dans le palais de l empereur Aix la Chapelle en 802 D un point de vue s miotique le jeune homme la tignasse blonde ne peut tre le notaire de Charlemagne En revanche d un point de vue s mantique les pr tentions de Grifon sont justifi es jusqu au XM si cle est en effet le notaire est le st nographe le secr taire partir de 1765 le secr taire d signe un meuble constitu d un abattant sur lequel on peut crire Il est dot de nombreux tiroirs Si certains de ces tiroirs sont transparents et d un acc s imm diat d autres sont quip s d un double fond ou de m canismes d ouverture dis simul s dont la fonction est de secret taire L on ne s tonnera donc pas que le secr taire soit une b nisterie embl matique du secret familial Nous verrons plus loin que dans les romans d velyne Brisou Pellen le secr taire est un meuble qui a son quivalent ce peut tre un coffre un bahut une bo te autant d objets r cipiendaires d une information cel e Poursuivant ses investigations tymologiques le psychanalyste tablit une relation en tre les mots secret et excr ment Construits sur le m me radical cernere les deux termes si gnifien
22. f rence aux tats d pressifs psychiatriques et suici daires Un si terrible secret La Maison aux 52 portes et Le Fils de mon p re cultivent le My the de la normalit Ren Blestin se suicide lorsqu il comprend que sa femme lise vient Ibid p 89 Deux graines de cacao op cit p 231 L Incroyable retour op cit p 100 La maison familiale d lise Jugan pouse Blestin la grand m re de Nathana lle Un si terrible secret op cit p 117 41 d apprendre qu il est l origine de la d nonciation de Virgile Delahaye la Gestapo Sur le mode de la prosopop e Nathana lle voque la sc ne Le t l phone avait sonn en plein milieu du r veillon C tait un homme qui appelait juste parce qu il avait le cafard Mamie avait d croch sa main s tait mise trembler Elle avait raccroch sans m me en avoir conscience Le regard terrifi elle s tait dirig e vers la porte Elle avait couru jusqu au ruisseau Est ce qu elle avait voulu sauter par dessus Est ce qu elle s tait vanouie Elle tait tomb e et son front avait cogn une pierre son visage tait rest dans l eau Son mari avait il entendu la voix au t l phone Avait il simplement compris que le grand malheur qu il redoutait tant venait de le rattraper Et il l avait trouv e dans le ruisseau Elle ne bougeait plus Alors il s tait allong pr s d elle et il
23. l arr t en position point mort Les raisons de l accident sont scl ros es dans un myst re au point mort assassin qui met en p ril l quilibre psychologique des jumeaux Le titre peut tre galement tre lu avec optimisme Brice et Alice consid rent que le myst re n est point mort et entendent le d mystifier Ce dernier titre l instar d Un si terrible secret Myst re l onor Le Myst re de l homme en Myst re au point mort op cit p 15 et Le Soir de nos 13 ans Oskar Jeunesse Oskar polar 2008 p 15 Une croix dans le sable op cit p 249 72 bleu L Incroyable retour ou Meurtre au Palais utilise le registre de la s duction myst re et de la dramatisation si terrible incroyable meurtre mort Ces consid rations apportent de premiers l ments de r ponse notre question ini tiale en quoi les titres du corpus augurent ils d un secret de famille Nous avons rassembl sous la forme d un tableau deux entr es les r sultats d un travail s mantique des titres de romans et des titres de chapitres Nous nous sommes fond e sur les mots cl s secret et famille partir ce ces deux g n riques nous avons cherch tous les substantifs qui se rattachent leur champ lexical Puis nous avons observ la mani re dont ils sont qualifi s Les chapitres de La Maison aux 52 portes sont num rot s et non litt r
24. mier titre est une supercherie puisque le lecteur d couvrira que Jehanne n est pas la fille du comte Hugues Le second est un pl onasme qui suscite la suspicion Le jeune lecteur est m me de savoir que tout individu est le fils ou la fille de son p re et de sa m re L vidence du titre est une invitation aller voir ce que cache la formule tautologique La r ception du titre Les Enfants d Ath na est plus complexe qu il n y para t Les jeunes lecteurs peuvent s arr ter au terme g n rique enfants consid r en r f rence une classe d ge Le d nouement du roman leur apprendra que les orphelins acqui rent effectivement le statut d enfants dans le sens de descendants de la cit et qu ce titre ils sont pris en charge par ce qui quivaut aujourd hui l assistance publique Dam as N ra et St phanos ne sont pas uniquement les enfants symboliques de la cit ath nienne 1ls sont les fils et fille de la d esse Ath na Ce qui leur conf re une dimension mythique laquelle les lecteurs ne sont pas n ces sairement r ceptifs Id Meurtre au palais op cit ch 36 pp 229 234 Deux graines de cacao op cit ch 1 pp 7 16 t Le Myst re l onor op cit ch 6 pp 43 52 Le Fils de mon p re op cit ch 18 pp 181 190 75 Les trois titres voqu s tablissent un axe vertical de parent La refonte du titre Mys t re au point mort en Le soir de nos treize ans
25. niens parcourant la Corinthie antique Moins exotique mais tout aussi riche d enseignement l exploration de r gions fran aises occupe une place de choix dans les romans d velyne Brisou Pellen notamment le fabuleux pays de Bre tagne dont elle ranime les croyances et l gendes C est le cas d Une croix dans le sable dont l intrigue se situe dans la r gion tr gorroise Les p rip ties auxquelles sont confront s les membres de la famille Laur gan sont troitement li es la pr gnance de mythes les sir nes de la cit d Is la tr s belle mais redoutable Charlezen le dragon du Grand Rocher sur la Lieue de Gr ve l oppos de ces romans qui fourmillent de toponymes quelques r cits comme L Incroyable retour ou La Maison aux 52 portes renseignent peu sur l emplacement g ogra phique La fonction narrative de l espace y est d autant plus efficace qu elle est d barrass e de sa vocation p dagogique Dans le premier roman de nombreux indices permettent d imaginer que le camp de concentration d sign par la locution adverbiale L bas se situe dans une zone au climat polaire d un tat tsariste il pourrait se trouver dans les confins sib riens Le fait que le second roman se situe dans une province fran aise est anecdotique le ressort dramatique repose sur le huis clos de la famille Jarnois prise au pi ge de La Maison aux 52 portes Dans ce d ploiement de fictions g o historiques port
26. paration con ue par le philosophe comme la disjonction de deux gaux dans l homog ne A 5 5 s parant l tre cach des tres manifestes Au dire correspond la lev e de la s pa ration ce qu on appelle la r v lation du secret Au communiquer correspond la transmis sion du secret Chacun de ces verbes produit des actes linguistiques sp cifiques selon qu ils se situent sur un axe quantitatif ou relationnel Table des secrets de Pierre Boutang Qualit Taire Dire Communiquer a Quantit Retenir Divulguer Transmettre a Relation Garder Trahir Confie cf supra Pierre Boutang Ontologie du secret op cit p 129 Ibid p 131 Ibid p 130 Ibid p 48 91 cette classification le psychanalytse Andras Zempl ni ajoute une quatri me op ra tion celle de la s cr tion inconsciente autrement appel e par Serge Tisseron le suitement du Secret Le secret est consid r dans ce dernier cas comme une organisation psychique qui fait que la personnalit de son porteur soit coup e en deux Le secret se manifeste alors sur un mode digital souvent incoh rent ou contradictoire lapsus ou sur un monde ana logique actes manqu s r ves sympt mes psychosomatiques A Rh torique du secret Dans les romans d velyne Brisou Pellen le taire est retenu ou gard La distinc tion s mantique est importante c
27. parer mettre part Lequel verbe se d compose en deux l ments le pr fixe se qui indique la s paration la mise de c t et le radical verbal cerno crevi cretum cernere qui signifie cribler passer les grains au tamis afin d en s parer les bons des mauvais les r sidus encore appel s la criblure Cernere ne renvoie pas qu une op ration agricole de tri au sens figur cernere Signifie discerner dans le sens de distinguer un objet de loin de le passer au filtre de l intelligence de mani re viter toute confusion Par extension le discernement renvoie la facult de l esprit juger clairement et sainement des choses Au sens propre comme au sens figur cernere v hicule l id e de tri entre ce qui est bon vrai et ce qui est mauvais faux Seul le moyen diff re l outil agricole ou l outil intellectuel Dans notre langue la racine latine a donn naissance s cr tion et s cr ter Ces deux termes sont particuli rement int ressants pour nous car ils t moignent de l activit du concept Le secret est une information qu on a voulu p trifier et qui cependant produit une substance sp cifique Il s cr te et laisse couler lentement des informations l insu de son d tenteur Ne dit on pas couramment d un secret qu il transpire Le secret semble donc pourvu d une vitalit qui le pousse tre rendu public comme si son activit autonome tait dans cette capacit d
28. re du mod le quinaire de Jean Michel Adam Le cheminement des personnages romanesques n est pas al atoire ni le fruit d une ta lentueuse cr ation affranchie de toute grammaire du r cit pour reprendre l expression de Jean Pierre Goldenstein Les th oriciens en narratologie travaillant sur la morphologie du r cit trag die conte roman ont mis en avant un certain nombre d invariants qu ils regrou pent sous la formule consacr e de sch ma narratif S inspirant des travaux d Algirdas Ju lien Greimas et de Paul Larivaille Jean Michel Adam met l hypoth se d un prototype nar ratif cinq s quences Selon lui tout r cit classique avance t 1il se r sume au passage d un tat initial Ei pour arriver un tat final Ef La transformation op r e entre ces deux tats ouverture et d nouement est g n r e par le surgissement d un obstacle une force transformatrice Ft qui est surmont e gr ce une force quilibrante F pour que la dynamique de l action Da puisse parvenir son terme Le mod le quinaire appliqu au secret de famille se d roule sch matiquement de la fa on suivante Transposition du mod le quinaire la logique du secret tat initial Force Force bp Dynamique de tat final transformatrice quilibrante l action Exposition gt Obstacle gt Adjuvant gt P rip ties D nouement Ignorance Susp
29. serv un nombre limit de personnes et que l on cache au plus grand nombre De ce point de vue il op re une s gr ga tion en distinguant les initi s des profanes Mais cette scission entre les d tenteurs d une in formation et les ignorants ne suffit pas fabriquer un secret Il faut en effet et c est l un des paradoxes du secret que les non initi s comprennent consciemment ou non qu on leur dissi mule quelque chose C est le cas de Louise Laur gan qui a l intuition que son p re a v cu des v nements dramatiques dont elle ne conna t pas la nature mais qui ont s rement laiss des stigmates 10 Ce qu elle voulait c tait soulager son p re de ses soucis Parce que des soucis il en avait eu son content elle en tait s re Elle avait toujours eu l impression qu il y avait quelque chose de douloureux dans son pass bien qu elle n ait jamais r ussi d couvrir de quoi il s agissait l instar de Louise ceux qui sont laiss s dans l ignorance cherchent savoir ce qu on leur cache Et c est un deuxi me paradoxe du secret ce qui est tu est destin un Jour tre r v l Alors qu on voudrait le dissoudre dans l oubli il ne demande qu remonter la sur face de la m moire Arnaud L vy propose un travail tymologique tr s instructif autour du mot secret Le mot fran ais vient de l adjectif latin secretus participe pass du verbe secernere qui signifie s
30. sociaux esth tiques et personnels Dans le cas pr sent nous limitons l tude des horizons d attente des romans d velyne Brisou Pellen aux titres des ouvrages et aux titres des chapitres qui constituent ce que G rard Genette appelle les seuils Ces l ments qui semblent limitrophes au texte ne sont pas pour autant d pourvus de sens ils ont charge d orienter voire de programmer les conditions de lecture et donc de r ception Ils sont en quelque sorte le mode d emploi du texte L uvre litt raire consiste exhaustivement ou essentiellement en un texte Mais ce texte se pr sente rarement l tat nu sans le renfort et l accompagnement d un certain nombre de productions elles m mes verbales ou non comme un nom d auteur un titre une pr face des illustrations qui l entourent et le prolon gent pr cis ment pour le pr senter au sens habituel de ce verbe mais aussi en son sens le plus fort pour rendre pr sent pour assurer sa pr sence au monde sa r ception et sa consommation sous la forme aujourd hui du moins d un livre Cet accompagnement d ampleur et d allure variables constitue le paratexte de l uvre Le paratexte est donc pour nous ce par quoi un texte se fait livre et se pro pose comme tel ses lecteurs et plus g n ralement au grand public cf Umberto Eco Lector in fabula Le r le du lecteur ou la coop ration interpr tative
31. tuel avec le mythe Le concept d intertextualit est indissociable des travaux de recherche du groupe Tel Quel et de la revue ponyme dirig e par Philippe Sollers Julia Kristeva introduit pour la premi re fois le terme d intertextualit la fin des ann es 1960 dans le cadre d une th orie g n rale de l intertexte inspir e des concepts de dialogisme et de polyphonie bakhtiniens Le dialogisme concerne le slovo le mot entendu comme discours Il d signe les formes de pr sence de l autre dans le discours Le discours n merge que dans le processus d interaction entre une conscience individuelle et une autre qui l inspire et qui elle r pond Dans le mot je me constitue du point de vue d autrui et en fin de compte de la collectivit Quant la polyphonie elle peut tre d crite comme la pluralit des consciences des voix et des id ologies dans l criture romanesque Dans le roman l homme qui parle et sa parole sont l objet d une repr sentation ver bale et litt raire Il est essentiellement un individu social historiquement concret et d fini son langage est social Il est toujours divers degr s un id o logue et ses paroles sont toujours un id olog me Kristeva creuse ces deux notions du formaliste russe en r f rant le texte la totalit des discours qui l environnent Un texte litt raire ne peut s crire ind pendamment de ceux qui l ont pr c d
32. vie 2002 UBAC Claire Le Fruit du dragon Paris cole des loisirs M dium 2007 VANTAL Anne Un t outremer Paris Actes Sud Junior Romans 2006 b Autour de l harmonie familiale inceste maltraitance physique ou morale AUBRY Florence Mamie en miettes Paris ditions Du Rouergue doAdo 2003 DAIRE Val rie Comme le pas d un fant me Paris cole des loisirs M dium 2005 GUTMAN Claude Un Secret derri re la porte Paris De la Martini re Confessions 2005 LE BORGNE Lo c Je suis dans ta nuit Paris Intervista 15 20 2008 LENAN Thierry La Fille du canal 1994 Paris Syros Les uns les autres 2006 MOKA Pourquoi Paris cole des loisirs M dium 2005 c Autour de la richesse familiale h ritage ruine BESSON Dominique Cher cousin cach Paris Syros Tempo 2006 DITISHEIM Vonicke Le Clochard de la rue Vivaldi Paris Les 2 encres Encre Juniors 2003 MOKA La Chambre du pendu 2001 Paris cole des loisirs M dium 2006 d Autour des valeurs familiales vol viol meurtre d nonciation collaboration emprisonnement honte des origines HASSAN Ya l La Ch taigneraie Paris Casterman Feeling 2005 HASSAN Ya l Quand Anna riait 1999 Paris Casterman Junior Comme la vie Dix amp Plus 2006 LIBRINI Fran ois 720 ans plus tard Paris Oskar Junior 2007 MOLLA Jea
33. Et peu importe la r putation du tisserand qui se moque du qu en dira t on et de ce que pensent les gens Eder pr f re assurer une identit statutaire au petit gar on que pr ser ver son renom C est dire l importance de la parent dans la soci t Les relations entre poux entre parents et enfants et d une mani re g n rale entre les membres de la parent le sont conditionn es par la normalisation tatique de la famille Cette institutionnalisation de la famille r pond aux aspirations id ologiques de la soci t c est ce que rappelle le psychana lyste Alain Bouregba La famille en soi c est un discours vide toujours rattacher des id ologies Il n y a pas d histoire de famille il y a l histoire tout court Et cette histoire c est celle des institutions politiques qui a naturellement un impact dans les modes de d signa tion des parents dans les principes qui tablissent dans une soci t ou dans une autre les filiations les places de chacun et les r les que l on attend des parents etc La soci t fran aise de XVI si cle dans laquelle voluent les Laur gan est domin e par la religion L tat civil n existe qu au travers des sacrements bapt me mariage et ex tr me onction La naissance d un enfant l gitime est consign e l endroit sur le registre des bapt mes Les enfants b tards peuvent recevoir le sacrement du bapt me mais dans ce cas leur nom es
34. Nathana lle a conscience de p n trer l ancienne vie de sa mamie Pour ses dix huit ans Madame Pih ry remet Th o la bo te militaire de son p re Ladite bo te de fer un peu caboss e tait dissimul e dans le four Le jeune homme l ouvre non sans appr hension comme si son contenu devait lui exploser la figure Th o ignore encore le r le qu elle allait jouer dans sa vie Au gre nier c t du coffret photos il trouve une enveloppe gliss e sur le c t de l tag re contenant des croquis au fusain Th o a le pressentiment qu elle contient la cl du secret familial Ma respiration s arr ta Ma main se d pla a vers la droite et saisit l enveloppe P trifi par une sensation terrible je n eus pas besoin de l ouvrir Le coffret et l enveloppe renvoient tous deux au secret Le coffret se distingue de la bo te par son syst me d ouverture et de fermeture La seconde est d un acc s libre alors que le premier est verrouill Le coffret est un petit coffre fort qui contient des objets pr cieux et que nul autre que celui qui en conna t la combinaison de lettres et ou de chiffres n est tenu d ouvrir L enveloppe r pond la m me logique de scellement Autrefois l enveloppe tait cachet e la cire aujourd hui elle l est au moyen d une gomme suffisamment r sistante pour que son ouverture ne soit pas r par e et donc ne p
35. Pellen la lumi re du mod le quinaire de Jean Michel Adam 1 L tat initial 2 La force transformatrice 3 Les forces quilibrantes 4 La dynamique de l action 5 L tat final Troisi me partie Approche ontologique Le tu et le Je D Le seccret une question ontologique A L tre et le para tre chez velyne Brisou Pellen 1 O il est question de cheveux 2 Ou il est question de v tements B Filiation institu e et filiation narcissique ID Mise en sc ne du secret 78 79 79 79 80 81 83 84 85 85 86 88 91 127 A Rh torique du secret B Cha ne du secret un secret en cache toujours un autre C Objets passeurs de m moire 1 La maison 2 Le secr taire 3 L image 4 Le texte D Stigmates du secret de famille 1 O 1l est question de squelette et de fant me 2 Petits stigmatis s d velyne Brisou Pellen Conclusion Bibliographie Table des illustrations Table des sch mas et tableau Table 92 93 96 97 98 100 102 105 105 107 113 119 125 126 127 128
36. Zempl ni ap pelle le destinataire secondaire Un secret communiqu ou transmis s organise donc toujours autour du je qui l a confi un fu en r f rence un il un tiers qui en demeure exclu impliquant des ils La complexit communicationnelle se sch matise de la fa on suivante Le Myst re de l homme en bleu op cit p 67 Ibid p 67 3 Andras Zempl ni La cha ne du secret in Du secret Nouvelle revue de Psychanalyse op cit p 317 4 n Ibid p 315 94 Cha ne du secret A destinateur Communication B d positaire N Secret choix du contenu Pa TAIRE Ds ee Secret choix des personnes R V LER D destinataire s condaire S cr tion non choix des contenu et personnes TRANSMETTRE partir de l analyse de A Zempl ni nous avons t cherch dans Un si terrible se cret la cascade des secrets que nous avons synth tis e dans un tableau M canisme du secret familial dans Un si terrible secret Objet Destinateur Destinataire D positaire Destinataire s du secret principal secondaire s 1 D nonciation la Ren Blestin lise Jugan L Allemand Tout le village Gestapo de Virgile 2 Grossesse d lise lise Jugan Les parents d lise Ren Blestin son Tous mari 3 Mort de Virgile P re de Virgile Elise La m re de Virgile Tous 4 Filiation Elise Jugan Jean Paul Ren Blestin T
37. avait pleur Pardonne moi Pardonne moi Il avait entour ses paules de son bras et il avait plong son visage dans l eau c t du sien Je suis s re que c est comme a que a s est pass Nathana lle donne vie une sc ne laquelle elle n a pas assist elle fait parler et agir les morts Elle apporte des r ponses ses propres interrogations et renseigne ainsi le lecteur sur les circonstances de la mort inexpliqu e de ses grands parents Le recours l pidictique a un double effet mouvoir et moraliser La sc ne est path tique en ce sens qu elle vise susciter chez le lecteur une motion qui le conduit partager l intensit du drame qui a co t la vie aux vieillards Les v nements sont rapport s dans une succession chronologique mou vement e L adjectif est prendre dans son acception litt rale mouvoir vient du latin movere mettre en mouvement Les verbes d action et plus particuli rement ceux ayant trait la locomotion s encha nent un rythme tr pidant sonner appeler d crocher trembler raccrocher se diriger courir sauter s vanouir tomber cogner rattraper s allonger plon ger Le pathos est amplifi par le triple jeu d une focalisation tour tour externe le t l phone avait sonn au plein milieu du r veillon omnisciente sans m me en avoir cons cience et interne Je suis s re que c est comme a que a s est pas
38. border l espace o on a voulu le confier autant que le confiner Le substantif secr taire suit la m me logique En 1370 le secr taire est celui qui l on dicte les lettres d p ches et documents officiels Il devient par extension le confident Cor neille emploie le mot dans ce sens dans sa com die Le Menteur Dorante le jeune s ducteur conclut un pacte de connivence avec son valet Cliton l Une croix dans le sable Hachette Jeunesse Le Livre de Poche Jeunesse Historique 2007 p 94 Arnaud L vy valuation tymologique et s mantique du mot secret in Du secret Nouvelle Revue de Psychanalyse n 14 Gallimard 1976 pp 117 120 3 Le Nouveau Petit Robert op cit 4 Dominique Rabat Le secret et la modernit in Dire le secret Modernit s n 14 Bordeaux Presses Universitaires de Bordeaux 2001 p 18 11 Tu seras de mon c ur l unique secr taire Et de tous mes secrets le grand d positaire C est cet tat privil gi qu aspire Grifon le notaire de Charlemagne Le jeune homme veut d passer sa simple fonction de scribe et d officier public pour devenir son homme de confiance Lui ne recopiait pas les manuscrits il r digeait les notes dict es par l empereur Une mission de confiance qui le remplissait de bonheur Son r ve tait de devenir notaire priv de Charles de l aider pr parer ses discours et les questions soulever l assembl
39. certains auteurs pour la jeunesse plus particuli rement les auteurs de romans historiques Ce petit roman de soixante douze pages s adresse visiblement un lecto rat d enfants Du moins les illustrations de Natalie Louis Lucas la prescription ditoriale du niveau de lecture d s 10 ans et la lin arit narrative orientent ils une tranche d ge de lecteurs dans ce sens ces crit res il faut ajouter un bon nombre de topo emprunt s au conte le ch teau le tournoi les riches et les pauvres les atours de soie et les hardes de toile le cachot le sage la tour et Anne Ces ingr dients narratifs sont des r f rents culturels pour les jeunes lecteurs et l on peut supposer que l auteur n a pas voulu rompre le charme du r cit en se montrant difiante par un compl ment informationnel sur le mal des ardents La Fille du comte Hugues est il un r cit hybride Nous sommes tent e de r pondre par l affirmative et ceci d autant plus que la probl matique du secret familial est outranci re ment escamot e Poursuivons en donc notre lecture Hersende a connu des jours meilleurs le titre de Dame nous renseigne sur sa condition ant rieure Son attribution tait r serv e au temps de la f odalit aux femmes de La Fille du comte Hugues 1996 Casterman Junior 2006 p 35 34 haute ou de bonne naissance De fait Hersende tait de petite noblesse mari e un marchand de
40. cit 3 g Myst re au point mort op cit Serge Tisseron Se lib rer des secrets de famille Une condition pr alable toute psychot rapie ch 6 in Patrice van Eersel Catherine Maillard J ai mal mes Anc tres La psychog n alogie aujourd hui Albin Mi chel Entretiens Cl s 2002 p 159 5 Le Myst re El onor Gallimard Jeunesse Folio Junior 2007 24 ce titre le secret n est pas tant le fait de se taire que de dire Pr server un secret c est raconter une histoire diff rente de la v rit C est ce que font les Laur gan lorsqu ils s emploient justifier la filiation des enfants Concernant Bonie par exemple le couple avait pr tendu que la m re s tait tardivement rendu compte de sa grossesse et qu elle avait accou ch seule sans l assistance d une matrone Pour Perceval Eder chafaude un sc nario plausi ble Son veuvage ne l emp che nullement d avoir rencontr une femme celle ci d c d e il lui revient d lever son fils Pour le vieil homme il vaut mieux tre enfant naturel qu enfant abandonn C est du moins ce qu il explique aux grands Il le sera d clar b tard de toute fa on Si nous r v lons que nous l avons trouv le recteur refusera galement de l inscrire sur le registre des bapt mes comme enfant l gitime puisque personne ne sait qui il est Alors autant qu on le croie mon fils et qu il en ait les droits
41. commentaires qui opposent rapidement le fils sa m re Le regard que chacun porte sur elles n est pas nourri de la m me intention La m re replonge avec nostalgie dans un pass heureux dont elle se souvient La racine du mot latin revelare d couvrir est velum voile op cit Le Nouveau Petit Robert Le Fils de mon p re op cit p 40 Ibid p 73 100 comme si c tait hier le fils est l aff t du moindre indice qui lui permettrait d tayer son roman familial Il fait remarquer sa m re qu il ne ressemble pas tellement Jean Pih ry mais un peu Henri Garancher Th o convient un peu plus loin de sa mau vaise foi 1l ne se trouve en r alit gu re de ressemblance avec Henri Garancher pas plus qu avec Jean Pih ry d ailleurs Ce que les photos ne lui apportent pas il le trouve dans les fusains C est partir des croquis que le jeune homme d m le l imbroglio identitaire de son p re Les dessins ou bli s au grenier et les tableaux expos s au Coudon portent la p te du m me artiste C tait la m me inspiration la m me main celle d un homme qui s int ressait plus aux per sonnages qu aux paysages La signature appos e au bas des tableaux Henri Garancher est contredite par une autre signature plus authentique la facture de Jean Pih ry Les photos familiales Pih ry sont stock es p le m le dans un coffret alors qu elles sont soi
42. d oppositions dialectise la nature du secret Comment l auteure de jeunesse les prend elle son compte quels m canismes du secret ses romans renvoient ils M ritent ils qu on s y arr te ou sont ils simplement st r otyp s Telles sont les questions qui nous sont venues et auxquelles nous nous efforcerons de r pondre Ainsi orient e notre recherche propose une triple entr e anthropologique esth tique ontologique L approche anthropologique a pour intention de cerner la nature des secrets en ta blissant des correspondances entre les repr sentations sociales et les situations romanesques Nous avons intitul cette premi re partie Plan te taire L approche esth tique s appuiera sur les m canismes narratifs l uvre Sans tre ex haustive l tude narratologique s attachera observer le fonctionnement textuel du secret familial dans les fictions d velyne Brisou Pellen Elle portera essentiellement sur la structu ration du secret par l criture ainsi que sur les conditions de r ception des uvres par le jeune lecteur Ce sera Leurre de v rit L approche ontologique s int ressera la structure elle m me du secret sa dynami que et son incidence sur la construction de l identit D o le titre de cette troisi me partie Le tu et le Je D un point de vue m thodologique nous adopterons une posture comparatiste qui nous permettra de mettre en avant de
43. d capitent en pr sence de la petite Victoire D sir e voque les exactions Elle a vu de ses yeux tuer ses parents Elle avait neuf ans Elle les a vus torturer et puis elle a vu leur t te voler Ceux qui ont fait a ils n taient pas d ici Le meneur c tait un Sa fille avait t tortur e par leur ma tre elle avait souffert abominablement sans qu il puisse rien faire pour elle et il en avait pratiquement perdu l esprit Cet homme l reprit elle enfin a dit qu il faillait faire la petite ce qu on avait fait sa fille Alors il l a viol e et puis attach e un poteau les mains au dessus de la t te c t d un nid de fourmis Et il l a enduite de miel Elle avait neuf ans La relation de la sc ne confine au m lodrame Lorsque D sir e s exprime elle mur mure parle d une voix douloureuse fixe farouchement le sol soupire se tait plu sieurs reprises pleure sans chercher essuyer ses larmes Elle parle de mani re hach e la plupart des phrases sont des propositions ind pendantes juxtapos es les unes aux autres Les tournures pl onastiques voir de ses yeux souffrir abominablement hyperbolique les t tes qui volent ou anaphorique elle avait neuf ans sont trop insistantes pour r ellement mouvoir D sir e elle m me met en garde le lecteur contre la tentation identificatoire ce qu elle a connu dans son enfanc
44. de jeunesse fait la part belle au secret de famille On se reportera utilement notre bibliographie pour s en rendre compte Celle ci est d autant moins exhaustive que nous avons cibl un pu blic de lecteurs g s d une dizaine une quinzaine d ann es Elle permet n anmoins de don l Pour moi je continuerai habiter ma maison de verre o l on peut voir toute heure qui vient me rendre visite Andr Breton Nadja 1928 Gallimard Folio plus 2002 p 18 Philippe Grimbert Un secret Grasset amp Fasquelle 2004 p 83 3 Ir ne Frain Secret de famille Les liens du sang les n uds de la haine 1989 LGF Livre de Poche 1991 Titre d un dossier consacr au poids de la filiation monstrueuse Rapha lle R rolle Le Monde Litt raire 23 f vrier 2007 pp 6 7 ner un aper u du contexte ditorial dans lequel viennent s inscrire les romans d Evelyne Bri sou Pellen III Corpus Probl matique D marche Le secret de famille est une th matique que l on retrouve dans douze romans tous des tin s des pr adolescents ou des adolescents except La fille du comte Hugues qui s adresse des plus jeunes Nous les livrons dans l ordre chronologique de leur parution Certains ti tres ont fait l objet d une r dition On se r f rera la bibliographie pour conna tre l dition sur laquelle nous avons travaill Les titres s lectionn s sont La Fille du
45. de sa r v lation Nous analyserons la dynamique du secret dans les romans d velyne Brisou Pellen et verrons comment un secret en entra ne toujours un autre Puis nous montrerons comment les secrets stigmatisent les h ros I Le secret une question ontologique Le secret introduit une coupure de l tre avec ses pairs Il distingue ceux qui savent de ceux qui ne doivent pas savoir partir de cette d finition nous dirons qu il op re une rup ture objective informationnelle Mais le secret va plus loin il engendre une rupture subjective dans la mesure o le d tenteur du secret se trouve cartel entre le r el ici la v rit et le ma nifeste le travestissement de la v rit soit son mensonge De m me il provoque une rupture chez celui qui est abus par la prescience qu il a de l existence du secret Le destinataire du secret se heurte aux apparences qu il tient pour irrecevables et n a de cesse de d couvrir ce qu elles rec lent de latent Cette tension entre le manifeste et le latent Pierre Boutang l illustre dans son Ontologie du secre au travers du v tement Le v tement dit il est la forme la plus quotidienne du secret Le v tement voile le corps mais il le fait appara tre et devi ner il le donne et refuse comme diff rent de cette apparence ci La question de l tre et l Pascal Bouvier Le secret la transparence la discr tion in S miologie du secret Repr sentatio
46. drap Le d clin de sa situation conomique et plus g n ralement celle de tous les paysans du comt touch s par la famine la conduit exploiter l art du mensonge pour sauver sa fille Jehanne En quatri me de couverture on lit que Jehanne est boulevers e par l annonce du terrible secret que lui a r v l sa m re avant de mourir En fait il ne s agit pas d un secret puisque Jehanne est bien Jehanne sa fille et non Anne celle du comte Hugues et de la comtesse B atrice mais plut t d une affabulation Hersende alors nourrice au ch teau pr tend avoir substitu l identit des deux petites filles Cette usurpation d identit n a pas eu lieu Il n y a pas ce niveau de secret de famille mais un secret personnel in time Le secret personnel intime fait r f rence tout ce que l on veut garder par devers soi ou entre soi Ce sont les petites cachotteries souvent l g res et ponctuelles pr paration d un anniversaire surprise anecdotes chang es propos d untel ou d unetelle Elles constituent ce que la th rapeute familiale am ricaine Evan Imber Black appelle les secrets doux Ces secrets contribuent au bien tre et l panouissement de la personne Ils sont positifs et d veloppent un sentiment d appartenance et de reconnaissance au sein d une fratrie par exemple La complicit de Brice et d Alice na t des multiples actions qu ils accomplissent l
47. du nom du p re la transmis sion du pr nom Elle se fonde sur les conventions et les textes juridiques Nous avons vu l importance narrative des actes civils dans notre corpus et en quoi ils servent de moteur la p rip tie Ces pi ces conviction appartiennent au domaine de la filiation institu e langa gi re Il y a par ailleurs une filiation institu e non langagi re qui recouvre les questions de transmission de patrimoine culturel ou conomique On se souvient de la transmission du savoir faire d Alexandros Dam as ou de la perspective de confier Cl mentine la direction de lusine Garancher La filiation institu e non langagi re renvoie aussi l ill gitimit d un enfant ou la mort pr matur e du p re l origine biologique d un enfant en cours de gestation est tue On pense dans le cas pr sent l enfant de C leste Ren d clar comme tant le fils de Victoire et Edmond Jarnois ou J ean Paul le fils d lise J ugan d clar l tat civil sous le nom de Jean Paul Blestin et non Delahaye La filiation narcissique ou imaginaire quant elle se situe sur le registre du fan tasme Elle correspond une construction inconsciente de filiation labor e par le sujet lui m me ou par ses proches Elle inclut la repr sentation du lien par le sang Le titre Le Fils de mon p re en est une illustration loquente Plus commun ment la filiation narcissique se con
48. enfant est destin aux travaux domestiques quand il n est pas r duit l esclavage ou la prostitution C est pour viter ce sort malheureux au tout petit que la femme d Alexos d cide de l emmener chez elle avec l accord tacite de sa fille Quand je t ai vu raconte N ra je t ai tout de suite voulu comme petit fr re Maman aussi elle te voulait Elle t a pris dans ses bras et tu as fait un petit bruit avec ta bouche pour dire que tu tais content de venir avec nous On t a donn plein de baisers et on est vite rentr s la maison Apr s maman a r fl chi Si elle avouait qu elle t avait trouv elle tait oblig e de faire de toi un esclave Alors maman s est couch e dans son lit elle ta mis pr s d elle et on a annonc qu elle venait d avoir un b b Ensuite papa a accroch la porte un rameau d olivier pour signa ler qu il venait de lui na tre un gar on et qu il l acceptait dans sa maison Le mensonge ici est d autant plus int ressant que son contenu est communiqu sur le mode digital et sur le mode analogique L annonce publique de la naissance du b b rel ve de l expression digitale elle est clairement mise en mots On a annonc Tandis que le rituel du rameau d olivier sous entend la naissance d un gar on et sa reconnaissance par Alexos Les enfants expos s sont g n ralement des gar ons ch tifs malades ou malform s ou de
49. fait dispara tre le motif de l irrationnel et de la trag die au profit d une parent horizontale peine esquiss e l adjectif possessif nos sous entend une fratrie g mellaire Les titres de chapitres renseignent davantage sur l organisation familiale Ils sont sou vent annonciateurs d une reconfiguration des cellules familiales Ils introduisent les personna ges en ne cultivant que tr s peu l art de l embrouillamini on note en effet une constance dans l appareil titulaire Certains titres de chapitres font cho aux titres des romans de notre corpus La fille d Irina Le fils de Virgile font pendant Le Fils de mon p re La fille du comte Hugues Avec Umberto Eco nous dirons que les titres d velyne Brisou Pellen sont respectueux du lecteur mais aussi qu ils offrent malheureusement une cl interpr tative malgr le soin apport embrouiller les identit s d Irina Anouchka Catherine l onor Jehanne Anne Signalons au passage la condensation induite dans le pr nom de cette derni re Les titres les plus respectueux du lecteur sont ceux qui se r duisent au seul nom du h ros ponyme comme David Copperfield ou Robinson Cruso et encore la r f Ge He 4 rence l ponyme peut constituer une ing rence abusive de la part de l auteur Certaines familles sont dr les d autres portent un nom prestigieux L effet d ann
50. ferme de leur tante Olga la vue des deux orphelins elle est terrass e par une crise cardiaque Ivan fait le n cessaire pour que sa petite s ur soit recueillie par L opold F dine le fr re d Olga et lisabeth sa femme Ceux ci sont persuad s qu elle est Sophia la fille d Olga Peu de temps apr s son arriv e dans la maison F dine l oncle L opold est retrouv poignard L inspecteur Biely m ne l enqu te Alert par la succession de morts brutales survenues dans la famille et intrigu par la personnalit d Anouchka alias Sophia il fouille dans les registres de l tat civil Il d couvre alors que L opold avait une s ur Olga et une demi s ur Irina n e du pre mier mariage de leur p re Charles Il apprend galement qu Irina et son mari Alexandre Slavici ont t d port s pour insubordina tion Leur fille Anouchka est n e et a t lev e dans le camp de r ducation de Smelk Leur a n Ivan a t plac en orphelinat Biely comprend que L opold et Olga avaient d nonc le couple Slavici par cupidit pour r cup rer les diamants dont Irina devait h riter Le meurtrier est Basile un ancien intern du camp en fuite Biely d clare l affaire non lucid e Ivan et Anouchka ayant r cup r l h ritage maternel vont pouvoir partir aux tats Unis Roman 3 De nos jours dans le village de Saint Jean La nuit de No l lise et Ren Blestin sont retrouv s noy s dans
51. il porte de mani re plus ou moins visible les traces et la m moire de dis bas PEEN eee 4 cours ant rieurs Tout texte est la somme le d p t de la m moire litt raire de ceux qui lui pr existent Ainsi le texte entretient avec ceux qui le pr c dent sinon un dialogue du Sophocle dipe Colone trauitLeconte de Lisle 1879 disp lt http fr wikisource org w index php gt derni re mise jour 5 mars 2008 Cit par Michel Aucouturier Mikha l Bakhtine Philosophe et th oricien du roman in Mikha l Bakhtine Esth tique et th orie du roman 1987 Gallimard Tel 1991 p 13 Ibid p 153 cit par Julia Kristeva Une po tique ruin e pr face la traduction de Mikha l Bakhtine La Po tique de Dosto evski Seuil 1970 p 11 50 moins une r sonance patrimoniale Ce qui fait dire Kristeva que tout texte se construit comme une mosa que de citations tout texte est absorption et transformation d un autre texte G rard Genette trouve cette d finition de l intertextualit trop g n raliste et la refonde dans son ouvrage de po tique Palimpsestes Genette invite un rep rage des l ments non ciatifs qui transcendent le texte L ensemble de ces l ments constituent ce qu il appelle la transtextualit c est dire tout ce qui met le texte en relation manifeste ou secr te avec d autres textes Loin de s identifier l intertextual
52. insu de leurs grands parents D autres secrets galement positifs sont d une nature plus intime ils renvoient la fragilit de l individu aux difficult s rencontr es ses complexes Ces secrets sont souvent consign s dans un journal ou confi s dans l intimit d une relation privil gi e confidences sur l oreiller conversations entre amis proches Ils sont essen tiels l autonomisation du sujet Ils ont un effet b n fique sur la relation l essentiel n est pas tant le contenu du secret que le fait de le partager Confier un secret c est faire confiance le pr server c est tre loyal et fid le Mais il existe aussi les secrets n gatifs qui mettent en p ril leurs d tenteurs aussi bien que ceux qui en sont exclus Les secrets de famille en font partie adoption cach e suicide d un parent enfant adult rin Ce sont des secrets toxiques Enfin toujours selon la th rapeute il y a les secrets dangereux qui menacent directement l int grit physique et morale de la personne on pense au cas de C leste Victoire Virgile Les secrets n gatifs Le nouveau Petit Robert op cit Evan Imber Black Le poids des secrets de famille Quand et comment en parler Ce qu il faut dire et ne pas dire 1999 traduit de l am ricain par Catherine Derivery J ai lu Bien tre Psychologie 2001 3 Myst re au point mort op cit Evan Imber Black Le
53. le ruisseau qui traverse leur jardin Nathana lle Blestin quinze ans d cide de se rendre dans la maison de ses grands parents afin d lucider cette mort pour le moins trange Nathana lle fouille le grenier la recherche d indices du pass et se renseigne aupr s des voisins Elle apprend que son grand p re Ren est un ancien mili cien qui a d nonc la Gestapo son camarade Virgile Delahaye Sa grand m re lise Jugan attendait un enfant 18 de Virgile ils allaient se marier lorsque celui ci est mort sous la tor ture en d cembre 1943 Un mois plus tard lise pousait Ren Bles tin Jean Paul le p re de Nathana lle est donc le fils biologique de Virgile Delahaye et non celui de Ren Blestin Nathana lle d cide de ne jamais r v ler la v rit quiconque estimant qu elle serait trop douloureuse accepter Roman 4 D cembre 1720 Rennes Orpheline Catherine de Lormont dix sept ans d cide de venir vivre dans la maison familiale Elle est peine install e qu un incendie se d clare Cern e par les flammes Catherine tente de s chapper Elle tombe se cogne durement la t te et perd connaissance Quand elle se r veille elle se trouve dans un manoir isol des Marches de Bretagne en compagnie de Madame Loisel Frapp e d amn sie Catherine compte sur sa gouvernante et le pr tendu oncle et tuteur Henri de Vigneux en fait on l apprendra plus tard il p 8 P g Pp P s agit de l
54. le lecteur qui lui m me est un tre inchoatif Il s identifie d autant plus facilement Garin qu il grandit comme lui Cette remarque nous am ne nous pencher maintenant sur l esth tique de la r cep tion au regard de notre probl matique Nous avons cherch montrer jusqu ici comment les secrets de famille se construisent par l criture Mais le roman ne se limite pas son seul texte Il est accompagn d l ments qui lui sont ext rieurs et qui constituent le paratexte Les indices paratextuels ont pour fonction de fournir au futur lecteur un certain nombre de ren seignements charg s d tablir implicitement un contrat de lecture Si le paratexte est en ad quation avec le contenu ici le secret de famille le contrat de lecture est respect Inverse ment si le paratexte ne porte pas en lui la promesse d un secret de famille les attentes du lecteur s en trouveront d ues ID Horizons d attente On appelle r ception d une uvre son accueil public et critique mais aussi la position qu elle occupe dans un contexte social id ologique et esth tique donn Le lecteur de 2008 ne r ceptionne pas les romans de Jules Verne comme lont fait les lecteurs du xIx si cle Les vaisseaux spatiaux ou marins du Nantais qui taient alors futuristes ont peine faire r ver la jeunesse du XIX si cle familiaris e avec les puissants moyens d exploration de l univers dont l humanit dispos
55. lev 2 La force transformatrice La suspicion d un secret occupe un temps narratif lastique Elle peut co ncider avec le temps de la r v lation Jehanne d couvre qu elle ne peut tre la fille du comte Hugues et en a imm diatement la confirmation par Ol rius comme s tirer sur la dur e du r cit Un si ter rible secret La Maison aux 52 portes Le franchissement de l obstacle du doute convoque des aides ext rieures 3 Les forces quilibrantes Le h ros sait qu il ne peut se tourner vers ceux qui lui ont cach le secret de sa filiation Une croix dans le sable Les Enfants d Ath na Un si terrible secret ou de sa d sesp rance L Incroyable retour Myst re au point Mort Le Myst re de l homme en bleu parce qu ils sont morts La Fille du comte Hugues La Maison aux 52 portes Le Myst re l onor Meur tre au Palais ou se d robent Le Fils de mon p re Deux graines de cacao Les l ments facilitateurs peuvent tre des t moins Deux graines de cacao Le Myst re de l homme en bleu des documents officiels Meurtres au Palais Une croix dans le sable des documents personnels La Maison aux 52 portes Un si terrible secret ou des objets Le Fils de mon p re Quelle que soit la personnalit des agents facilitateurs incarn s par les cinq figures paradigmatiques que sont Cl mentine Le Fils de mon p re Garin Le Myst re de l homme en bleu Antoine Le Myst re l onor Guillaume
56. m me temps Garin exerce son pouvoir sur l homme en bleu pour lui tre devenu indispensable Je crains d avoir en core besoin de toi dit le vieil homme La confidence d un secret un tiers n abolit pas le secret mais le d place La commu nication s en trouve compliqu e parce qu elle instaure un nouveau type de relation l int rieur d un syst me relationnel d j existant La confidence op re une s paration dans la s paration qu Andras Zempl ni appelle un second partage Le second secernere ne porte plus sur le contenu informationnel mais sur un choix de personne Le d tenteur du secret in dividu A confie B le d positaire un secret portant sur C le destinataire Deux cas de fi gures se pr sentent alors soit B parle j ai promis de ne pas le r p ter mais je te le dis quand m me parce que je sais que tu ne le r p teras pas soit il se tait Quelle que soit l hypoth se retenue elle engage un quatri me protagoniste individu D Consid rons que B parle D celui ci devient le confident du confident et se trouve impliqu dans le secret de A qui lui m me se trouve exclu de ce nouveau secret B ne va pas se vanter aupr s de A d avoir manqu sa parole ou qu au contraire il respecte la loi du silence D qui peut tre un individu ou plusieurs individus est de facto exclu du secret que A et B partagent Ce qui entra ne une nouvelle s gr gation D est ce que Andras
57. mort op cit 30 verse quatre g n rations Il est aussi le plus pathog ne Pour argumenter notre propos nous proposons de pr senter l arbre g n alogique de la famille Jarnois G n alogie simplifi e de la famille Jarnois La Maison aux 52 portes C leste Non mari e Joseph mort en 1916 N e en 19 d c d e en Ren N en 1917 d c d en Edmond Mari Victoire N en 1870 d c d en Louis Mari une anglaise N en 1895 d c d en Grand p re de Ma lys Mari N en d c d en P re de Ma lys 43 ans Mari la m re de Ma lys C leste Ma lys adolescente 2 fr res d c d s la naissance 1 fr re ou s ur venir Albert Mari N en 1907 d c d en Jean Claude Jean Charles Jean Dominique Jean Philippe Nous sommes en 1916 C leste et Joseph s aiment mais ne peuvent se marier Ed mond Jarnois s y oppose au motif que Joseph est un ancien s minariste Edmond emploie la mani re forte pour couper court leur relation Il contraint sa fille crire une lettre de rup 2 A DAS E UE ture son aim qui se trouve sur le front Ecris ordonna t il d un ton ulc r Ecris 15 septembre 1916 et saisissant la main de C leste appliqua de force sa bague sur la cire encore chaude Le calvaire de la jeune fille ne fait que commencer Le harc lement moral s accompagne de viol
58. p 189 Ibid p 187 Ibid p 188 Ibid p 43 Ibid p 185 6 La Maison aux 52 portes op cit p 66 7 Ibid p 67 8 Ibid p 67 68 101 coll dessus Le p re s applique le retirer pr cautionneusement Le pr nom de C leste appara t distinctement Le blanc renvoie ais ment la noirceur Jarnois L occultation du pr nom parle d elle m me on nous a supprim la tante C leste tout b tement conclut le p re de Ma lys Il ne peut pas tre plus pr s de la v rit l a eule a t moralement et physi quement supprim e par son p re qui a t jusqu la d poss der de son fils Le hors champ de la photo porte bien l empreinte de son assassinat La r pudiation symbolique de C leste de la photographie est r v latrice d un double d sir d oubli celui de l existence de C leste et celui du crime de son auteur Mais au fil du temps le petit papier blanc s est autonomis Il a continu agir comme s il se d tachait de son support pour voluer dans un autre temps et un autre espace La photographie est mue d une activit qui lui est propre et qui la fait d border le cadre strict de l image donn e voir Le hors champ prend le pas sur le champ par son pouvoir suggestif C est ce qu analyse velyne Favart dans son article sur les albums de photos et la m moire familiale Seules les photos ne parlent pas mais leur interpr tatio
59. plus profond ment marqu e est Un si Terrible Secret pendant toute la p riode o elle l a crit elle n a pratiquement pas pu dormir Ces pro pos d auteur perturb e d oivent au regard de l h ro sme dont elle dote la jeune Nathana lle affirmant dans l avant derni re ligne du roman qu elle est m me de servir de rempart la toxicit du secret Blestin On aurait pu attendre d velyne Brisou Pellen que Nathana lle aille plus loin dans sa perception des secrets agr ables et des secrets pour toujours dont on n en sait jamais rien Nathana lle enferme le squelette de son grand p re Virgile dans le placard Au contraire Jehanne l h ro ne de La Fille du comte Hugues se satisfait du jardin secret de sa m re Et pourtant le secret d Hersende n a rien d un secret personnel intime car son aveu coute seulement ce que j ai te dire n est qu un mensonge Il n y a rien entendre dans la fausse confession de la mourante Je ne suis pas ta m re coute bien ce que je vais te dire ce n est pas la fille du comte Hugues qui est morte de la terrible maladie c est ma fille Jehanne ma petite fille Un si terrible secret op cit Ibid p 95 velyne Brisou Pellen Pour en savoir plus op cit p 2 Un si terrible secret 1997 Rageot M tis 2004 p 124 La Fille du comte Hugues op cit p 12 6 Ibid p 14
60. poids des secrets de famille op cit La Maison aux 52 portes op cit 6 Deux graines de cacao op cit 35 ont g n ralement des effets sur la structure psychique et font l objet d un refoulement l individu ignore qu il est d tenteur d un secret On peut consid rer que Les Enfants d Ath na m taphorisent l activit inconsciente du refoulement Ils ignorent qu ils sont les d tenteurs d une information essentielle la vie de la cit Les trois enfants repr sentent l Inconscient de la collectivit ath nienne la r partition des bons et mauvais secrets correspondent deux m taphores significatives le jardin secret et le squelette dans le placard Nathana lle l h ro ne d Un si terrible secret se heurte aux fant mes du pass et forte de l exp rience qu elle est en train de vivre distingue explicitement l innocuit des faux secrets sans pour autant d finir la nocivit des vrais secrets En entendant mon p re au bout du fil je me sentis coupable sans doute comme les parents qui se font des secrets et se taisent d s que les enfants entrent dans la pi ce Parfois ce sont des secrets agr ables par exemple les cadeaux de No l et on les apprend apr s Parfois a reste secret pour toujours et on n en sait jamais rien L auteur d clare dans un document de questions non sourc es et de r ponses publi sur son site que le roman qui l a le
61. pratique du stigmate chez les Grecs de l Antiquit Les Grecs invent rent le terme de stigmate pour d signer des marques corporelles destin es exposer ce qu avait d inhabituel et de d testable le statut moral de la per sonne ainsi signal e Ces marques taient grav es sur le corps au couteau ou au fer rouge et proclamaient que celui qui les portait tait un individu frapp d infamie rituellement impur et qu il fallait viter surtout dans les lieux publics Anouchka Slavici refuse de montrer son corps sa tante ou un m decin parce qu elle veut dissimuler le tatouage qu on fait aux prisonniers des camps de r ducation Le num ro A0629N qu elle porte l paule lui conf re une identit sociale charg e de la discr diter aupr s de ses concitoyens normaux La devise qu elle avait fait sienne pour survivre la duret de la vie concentrationnaire Savoir se rendre transparente est tou jours d actualit hors les murs La petite fille s applique rester transparente pour ne pas tre discr ditable Son tatouage est une mutilation permanente non cong nitale qui condi tonne de fa on irr versible la nature de ses relations sociales Il est le signe patent ou le porte identit de la fillette qui se trouverait discr dit e si elle l exposait aux regards des autres Le sociologue montre comment un stigmate visible ou non inf
62. que c est elle Benvenuta qui aurait d se mettre en bleu plut t que de faire de Giovanni l objet de son serment C est facile a d engager les autres Pourtant il y va de sa vie La famille El mo a jur de le tuer s il revenait Venise Ses v tements l exposent dangereusement au re gard de tous Le jeune scribe lui fait remarquer avec bon sens que s il les enl ve il mourra peut tre mais que s il les garde il mourra s rement Giovanni n est plus vou au bleu il est condamn par le bleu Le v u tourne la damnation Le motif de la tenue bleue est un ressort narratif qui permet de renverser favorable ment la situation Puisque Giovanni refuse de changer son apparence Garin a l id e de pla carder partout dans la ville un avis qui enjoint les V nitiens s habiller comme Giovanni Pour attendre l Ascension du Christ dans le ciel habillons nous tous de bleu comme le ciel Il sera suivi la lettre lors du carnaval Ce subterfuge permet Giovanni de se fondre dans la masse Sa conformit aux autres lui conf re paradoxalement une identit Il n est plus un paria mais un monsieur tout le monde int gr au groupe social l image qu il renvoie ses pairs lui est retourn e selon un processus d homog n it La mise en abyme du d gui sement le para tre entra ne son contraire l tre par le jeu de la double n gation Nous sch matisons no
63. r cit familial le plus mensonger et le plus dramatique de la litt rature le mythe d dipe Nous verrons dans la seconde partie de ce travail les rapports de contigu t que roman et secret entretiennent Ce qui en revanche est nouveau c est le statut pist mologique du secret dans les d mocraties modernes Le secret n est pas un simple mot du langage courant il est un concept pour comprendre l homme la culture du secret v hicul e par les soci t s fortement hi rarchis es a fait place la culture de la transparence et l exigence du savoir dans les soci t s occidentales d mocratiques Les m dias participent activement cette id ologie de la transpa rence en r v lant des affaires auxquelles jusqu alors seuls quelques initi s avaient acc s Elles sont aujourd hui tal es sur la place publique sans grande retenue la vie sentimentale des pr sidents Clinton Mitterand Sarkozy d fraient les chroniques L agora moderne qu est la t l vision est ce titre un vecteur particuli rement efficace Elle multiplie l envi les mis sions destin es faire la lumi re sur des dossiers opaques Droit de savoir Compl ment d enqu te ont pour objectif de faire la lumi re sur des proc dures juridiques des financements occultes des d tournements de fonds des abus de confiance etc Par ailleurs l audience que connaissent des programmes tels que Vie priv e vie publique Vis ma vie Confessions i
64. r fugient r guli rement et ce malgr l interdiction formelle de leur grand m re pour revivre l accident de voiture L attitude comminatoire de cette derni re est source de jeux de mots et de fac ties Le grenier fait partie des nombreux zints qui jalonnent le quotidien des en fants Alice et moi on appelle a des zints parce que grand m re dit toujours je vous interdis en appuyant sur la liaison et sur le int Le fr re et la s ur outrepassent l ordre de l a eule et montent jouer en cachette avec les petites voitures de leur p re Ce jeu innocent a une vertu cathartique il leur permet de sc nariser le moment fatidique Apr s avoir dispos une voiture le long d une route balis e par des perles de bois Alice propulse la miniature m tallique droit dans les d cors Pendant ce temps Brice enregistre les commentaires de sa jumelle Attention a va tre l accident Pah BBBBang Brice rel ve 29 l onomatop e Pourquoi interroge t il est ce que fais tu toujours Pah avant l accident La question de l adolescent est cruciale car c est elle qui d termine l enqu te qu ils entreprennent le jour de leur treizi me anniversaire Le lecteur apprendra ult rieure ment que ce Pah est en fait le son du coup de feu qui co tera la vie la famille de Lan Myst re au point mort op cit p 12 Ibid p 18 Ibid p 19 Id 64 geais B
65. son solde Position sociale et position conomique entretiennent donc des rapports de cause effets qui peuvent donner lieu une mystification voire une mythification lorsqu ils sont mal support s La Fille du comte Hugues s inscrit dans la veine du mythe de la richesse Hersende est ruin e depuis la mort de son mari Elle conna t la faim l indigence et la maladie Her sende est atteinte du mal des ardents pathologie end mique directement li e la malnu trition L ignis sacer encore appel feu sacr ou feu de Saint Antoine est d l absorption d ergot de seigle champignon parasite de l pi de seigle broy avec le seigle pour obtenir de la farine Les pauvres mangeaient plus souvent du pain base de farine de seigle pain noir que de farine de bl pain blanc trop co teuse Ol rius le m decin du ch teau enferm avec Jehanne injustement accus e d avoir tent d empoisonner son oncle le comte Jean lui apprend que le mal des ardents est une maladie de pauvres une maladie qui s abat sur ceux qui mangent du mauvais pain En note de bas de page l auteur apporte une pr cision En r alit ceux qui mangent du pain de mauvais seigle Ce compl ment d information reste tr s approximatif et t moigne du souci de vouloir expliquer sans ennuyer difier et distraire comment trouver le juste quilibre Telle est la probl matique laquelle se trouvent confront s
66. t 2008 Un si terrible secret op cit p 94 102 second dans la prison de C leste scell e par la fameuse cinquante deuxi me porte de la mai son devant laquelle on a plac une armoire pour mieux la d rober aux regards indiscrets Sans plus r fl chir je m arc boutais et poussai de toutes mes forces le lourd meuble de bois pour le faire pivoter sur lui m me Derri re il y avait bien une porte La 52 Lorsqu elle p n tre dans la chambre de C leste Ma lys s engouffre symboliquement dans la tombe de son arri re grand tante Ses talents m diumniques lui permettent d entrer en contact avec elle C est ainsi qu elle acc de son journal intime enferm dans le tiroir de la table situ e au milieu de la pi ce Tout y est consign la s questration la grossesse le consensus criminel la souffrance La mainmise sur le document est d un int r t narratif vident les informations apport es acc l rent la r v lation du secret Jarnois Mais le lecteur ne doit pas s arr ter cette vidence narrative s 1l veut saisir d une part la fonction du journal intime dans la structure du secret et d autre part la po tique de l criture personnelle Le journal intime est une forme supr me de l criture de soi dans lequel le scrip teur consigne th oriquement au jour le jour les v nements qu il a v cus la fa on dont il les a v cus et les r flexions qu ils lui inspirent L
67. tapie au fond de moi si Joseph revenait pouser C leste Louis ne serait pas envoy en An gleterre Si Louis ne partait pas il ne rencontrerait pas cette Anglaise qui tait devenue sa femme mon arri re grand m re S il ne rencontrait pas mon arri re grand m re je ne pourrais pas na tre Je ne SERAISpas c est tout L a eule finit par refuser le sacrifice auquel tait pr te consentir sa descendante Elle l enjoint de ne pas intervenir C leste s excuse horrifi e d avoir pu penser que Ma lys devait le faire C est toi qui dois vivre je m en suis rendu compte temps Jamais je n oublierai ton geste Merci Merci Tbid p 141 Ibid p 125 Ibid p 145 Ibid p 144 Ibid p 146 6 Tbid p 148 107 L exp rience traumatisante de Ma lys ne semble pas lui laisser de stigmates la jeune fille accepte d sormais son don m diumnique Avez vous oubli que je suis m dium Et 2 A 1 nous clat mes de rire 2 Petits stigmatis s d velyne Brisou Pellen Le clivage psychique de Ma lys emprunte des voies hallucinatoires Ce cheminement paranormal est une exception dans notre corpus Les autres h ros sont plus normalement stigmatis s par les effets du secret familial Leurs cicatrices sont physiques sociales et ou psychologiques En introduction de son essai sur les usages sociaux des handicaps Erving Goffman rappelle l origine de la
68. th rapies familiales Paris Payot 2001 REY Alain Rey CHANTREAU Sophie Dictionnaire des expressions et locutions figu r es Paris ditions du Robert Les Usuels 2006 STALLONI Yves Dictionnaire du roman Paris Armand Colin 2006 IX Lectures compl mentaires BRETON Andr Nadja 1928 Paris Gallimard Folio Plus 2002 CORNEILLE Pierre Le Menteur 1644 Paris Magnard Classiques amp Contempo rains 2002 DEBRAY R gis Introduction la m diologie Paris Presses Universitaires de France Premier Cycle 2000 FRAN Ir ne Secret de famille Les liens du sang les n uds de la haine 1989 Paris LGF Livre de poche 1991 GRIMBERT Philippe Un Secret Paris Grasset amp Fasquelle 2004 KIERKEGAARD Le Journal du s ducteur 1943 traduit du Danois par F et O Prior M H Guignot Paris Gallimard Folio Essais 1990 X Corpus indicatif pour explorer les secrets de famille dans les romans pour pr adolescents et adolescents production fran aise de ces derni res ann es a Autour de la stabilit familiale infid lit divorce abandon BAGES Sylvie Un t Lakota Paris Plon Jeunesse 2007 BEROT Marie Claude L Ann e de mes 15 ans Paris Flammarion Tribal 2006 BEROT Marie Claude Ninon silence Paris Flammarion P re Castor Castor Poche Se nior 2000 CASTRIES Anne Une Adolescence douce am re Paris de La Martini re
69. 71 78 Ibid ch 32 Une information stup fiante pp 203 209 73 Lumi re 1 Sombre Culpabilit 1 Ecrasante Famille 1 2 Dr le Mariage pousailles 2 tranges Fille Fils P re Enfant 3 6 H ritier H ritage 2 Fortune 1 Patronyme pr nom en lien 1 13 Prestigieux avec le secret familial Maison familiale 1 3 Intrigante Porte Le secret de famille appara t litt ralement dans un seul titre de roman mais il est ex ploit dans les en t tes des chapitres Il est communiqu sous la forme de messages crits coupures de presse Les journaux sont bavards iconographiques les photos racontent mieux que personne oraux nouvelle mot langue parole Le ton va du chuchotement au cri terrible Oui terrible Le hurlement de la grand m re de Nathana lle exprime en m me temps qu il retient l information capitale Sa petite fille a l intuition que le son inarticu l d lise Blestin habituellement calme et discr te est signifiant De fait il contient l incroyable v rit de la trahison de son poux La r tention d information capitale peut prendre la forme du d tournement de document C est ce qui se produit dans Meurtre auPa lais o le notaire constate que l acte de reddition du p re d Ala s est manquant La dispa rition du dossier rouge est lourde de cons quences pour la jeune fille qui per oi
70. Albert n ont d autres res sources que celle de s y plier La s questration de C leste devient un sujet tabou la loi d tat Edmond Jarnois substitue la loi familiale Tbid p 133 Guy Ausloos Secrets de famille op cit p 4 D finition du mot r gle Le Nouveau Petit Robert op cit 32 Guy Ausloos conclut en disant que la loi n est pas annul e mais cette loi se subs tue une loi familiale qui se r sume au respect du secret et diminue l importance de la loi pr c dente Dans La Maison aux 52 portes les t moins directs du drame la m re Albert sont tenus au silence car s ils parlaient ils enverraient Edmond en prison Les t moins indi rects Louis ou plus g n ralement tous ceux qui connaissent la famille s enfoncent dans leur passivit parce qu ils ne peuvent imaginer qu Edmond ne soit pas un pater familias digne de ce nom Avec le temps C leste est bel et bien supprim e de la famille et des m moires La gen se du secret Jarnoi s se d roule sch matiquement de la fa on suivante La soci t fran aise du d but du xIx a une repr sentation id alis e du mariage elle r git les normes selon lesquelles un mariage est autoris ou non En l occurrence il faut l autorisation du p re C leste se rebelle contre l autorit paternelle Elle est punie mais cela ne doit pas se savoir Les r gles de vie familiale sont modifi es le cas C leste devie
71. Cacao Corrpre Bruo ater un capitaine de marine br silien de passage Le nourrisson est confi l orphelinat et est rapidement adopt par le fr re de Victoire Ren Vic toire avait onze ans lorsque les esclaves se sont r volt s Elle a vu ses pa rents d capit s et elle m me a t viol e et tortur e Traumatis e elle tait et est encore incapable d assumer sa maternit Julien d cide de revenir en France vivre dans sa famille de c ur en compagnie d une petite orpheline Flore dont les parents viennent d tre emport s par la variole La deuxi me petite graine de cacao est imm diatement adopt e 20 Roman 8 439 avant J sus Christ en Attique Les parents de Dam as treize ans N ra onze ans et St phanos cinq ans sont assassin s de nuit SAN FA NI S chez eux Les enfants chappent de justesse au massacre Un mois E F F NI a plus t t leur p re Alexos ma tre potier avait enjoint Dam as de se rendre chez Gorgias en cas de malheur Les enfants se mettent en route Parvenus leusis ils apprennent qu son tour Gorgias vient d tre assassin Sur les conseils de sa femme ils partent pour Corinthe retrouver Salmion avec trois meurtriers leurs trousses Salmion a le temps de leur apprendre avant d tre tu qu ils sont les seuls savoir o a t enterr le tr sor du temple d Apollon En chemin ils rencontrent un Spartiate Talos g de vingt ans
72. De fait si St phanos ne peut d clarer in praesentia l assembl e l ccl sia eu gard son jeune ge qu il a contribu au d chiffrage de l nigme du tr sor de D los il b n ficie n anmoins d une reconnaissance des patriciens ath niens dipe en grec se d compose en odein tre enfl et pous pied dipe en effet a gard des s quelles du lien qui enser rait ses pieds lorsqu il a t abandonn D o son pr nom dipe est celui qui marche de Sophocle dipe Colone op cit sc 5 3 8 Qu on nous permette ce n ologisme Source lt http mythologica fr gt 4 Id 54 travers tandis que St phanos malgr les vicissitudes traumatisantes est celui qui continue de marcher droit La d formation anatomique d dipe est largement exploit e par velyne Brisou Pellen Les enfants quittent si pr cipitamment la maison familiale la nuit du crime de leurs parents qu ils ne pensent pas prendre leurs chaussures C est donc pieds nus qu ils enta ment leur p riple Ils souffrent terriblement et s en plaignent plusieurs reprises Peu avant d arriver Corinthe ils se rendent chez un cordonnier qui leur confectionne des sandales parce que leurs pieds ne supporteraient pas les brodequins de voyage G n reusement le cordonnier confectionne dans la foul e un sabot en cuir pour l nesse Chrysilla qui boite elle aussi Le pied acquiert une fonction dram
73. IM Bruno Psychanalyse des contes de f es trad Th o Carlier Paris Robert Laffont R ponses 1976 BOULAIRE C cile Le Moyen ge dans les livres pour enfants 1945 1999 Rennes Pres ses Universitaires de Rennes Interf rences 2002 DELBRASSINE Daniel Le roman pour adolescents aujourd hui criture th matiques et r ception Cr teil Paris CRDP Cr teil La Joie par les Livres 2006 LARTET JEFFARD Jos e Le Roman pour Ados Paris Le Sorbier 2005 OTTEVAERE VAN PRAAG Ganna Le roman pour la jeunesse Approches D finitions Techniques narratives 1996 Bern Berlin Bruxelles Frankfort New York Vienne Pe ter Lang 2000 3 dition revue et corrig e TAUVERON Catherine Litt rature de jeunesse ou jeunesse pour la litt rature et son en seignement Actes du s minaire national Perspective actuelles de l enseignement du fran ais 23 24 25 octobre 2000 lt http eduscol education fr D0033 actfran_tauveron pdf gt 8 p consult le 20 avril 2008 THALER Daniellel JEAN BART Alain Les Enjeux du roman pour adolescents Roman historique roman miroir roman d aventures Paris L Harmattan R f rences critiques en litt rature d enfance et de jeunesse 2002 V Documentation sur le secret BOUTANG Pierre Ontologie du secret Paris PUF Philosophie d aujourd hui 1973 BOUVIER Pascal Le secret la transparence la discr tion S miologie du secret Re p
74. INTRODUCTION D L auteur le corpus velyne Brisou Pellen est une figure notoire de la litt rature de pour la jeunesse fran aise contemporaine Auteur d une centaine de textes pour petits et grands elle a crit plus de quatre vingts r cits dont la plus part sont destin s des lecteurs du cycle 3 du primaire et aux coll giens Elle publie son premier texte Monsieur Jour et Madame Nuit en 1978 dans le magazine pour petits Perlin et Pinpin aux ditions Fleurus et crit en 1978 Les Myst res de la nuit des Pierres son premier roman publi par les ditions Rageot dans la collection Cas cade D s lors ce professeur de fran ais la tr s courte carri re p dagogique trois mois d enseignement en tablissement scolaire se consacre enti rement l criture Interrog e sur son m tier d auteur et sur les raisons qui la poussent s adresser pr f rentiellement aux pr adolescents velyne Brisou Pellen explique que cela lui est venu naturellement parce qu il se trouve que les sujets qui lui plaisent l ge des personnages qu elle aime mettre en sc ne et que son style fait que le roman sera accessible des jeunes gt Lorsqu elle crit l auteure ne cible pas particuli rement un public de jeunes elle crit avant tout pour elle Son d sir d criture na t dit elle du d sir de faire revivre des p riodes historiques Le travail do cumentaire pr c de toujours la cr ation
75. La Fille du comte Hugues et Talos Les Enfants d Ath na les forces quilibrantes entra nent les h ros dans une action tr pidante Le Myst re de l homme en bleu op cit Les Enfants d Ath na op cit La Fille du comte Hugues op cit 79 4 La dynamique de l action Des v nements impr vus que nous consid rons comme des p rip ties mineures pa rasitent la qu te des h ros et retardent d autant le retournement de situation p rip tie ma jeure Les Enfants d Ath na sont en but la folie meurtri re de leurs poursuivants Julien se trouve pris en otage par le n grier du bateau sur lequel il s est embarqu D autres romans sont plus d pouill s l enqu te men e par Nathana lle n est encombr e d aucune p rip tie secondaire qui aurait pour effet de distraire le lecteur du fil conducteur l instar de Natha na lle il reste concentr sur les circonstances de la mort des grands parents Blestin Les res sources des h ros sont sans limites ils fouillent dans le patrimoine familial La Maison aux 52 portes Le Fils de mon p re Un si terrible secret se documentent aupr s d instances ad ministratives Une Croix dans le sable interrogent les t moins Deux graines de cacao Certains vont jusqu se prendre pour de fins limiers comme les jumeaux de Langeais Bouillon Le rattachement des deux ditions intitul es Myst re au point mort et Le Soir de nos 13 ans la
76. Le roman familial d dipe fait office de patron il est une matrice partir de laquelle tout roman se construit C est ce que Marthe Robert s attache d montrer dans son tude Roman des origines et origines du ro man C Roman familial et roman L essayiste fran aise tudie le genre romanesque la lumi re de la psychanalyse Elle s appuie principalement sur l apport freudien et la notion de roman familial Freud utilise pour la premi re fois l expression Familienroman en 1909 dans son article Der Fami lienroman der Neurotiker Le Roman familial des n vros s publi en pr face du livre d Otto Rank Der Mythus der Gerbut des Heden Le Mythe de la naissance du h ros Le syntagme d signe les fantasmes par lesquels le sujet modifie imaginairement ses liens avec ses parents imaginant par exemple qu il est un enfant trouv Le sujet s invente une his toire familiale dans laquelle l un ou les deux parents ne seraient pas les parents biologiques Il se fabrique donc un roman familial dans lequel ses vrais parents seraient prestigieux Ou encore il reconna t tre l enfant l gitime de sa m re mais cette derni re ayant eu des amours secr tes ses fr res et s urs seraient des b tards Le sujet on le voit cherche modi fier les liens g n alogiques par le biais de constructions inconscientes qui trouvent leur fon dement dans le complexe d dipe Les romans d velyn
77. Pellen lt http www brisou pellen club fr index html gt mise jour septembre 2008 Le site de Ricochet Entretien avec velyne Brisou Pellen lt http wWww ricochet jJeunes org entretien asp id 96 gt propos recueillis par Pascale Pineau septembre 2005 consult le 1 avril 2008 Le site de l acad mie de Grenoble GONTRAND H l ne LABORDE Ir ne L aventure de l criture Interview d velyne Brisou Pellen Lire crire l cole 1 juillet 2002 lt http www crdp ac grenoble fr lireetecrire spip php article27 gt consult le 15 mai 2008 IT Documentation sur la litt rature ADAM Jean Michel Le texte narratif 1994 Paris Nathan Universit Fac 1999 ADAM Jean Michel Les textes types et prototypes 1997 Paris Nathan Universit Fac 2001 BAKTHTINE Mikha l Esth tique et th orie du roman 1987 traduit du russe par Olivier Daria Paris Gallimard Tel 1991 CANTIN Annie Les critures intimes aux fronti res du r el ou Une litt rature du vrai est elle possible colloque Fronti res de la fiction 1999 118 disp lt http http www fabula org forum colloque99 PDF Cantin pdf gt consult le 16 ao t 2008 ECO Umberto Lector in fabula Le r le du lecteur ou la coop ration interpr tative dans les textes narratifs 1979 traduit de l italien par Myriem Bouzaher Paris Grasset Fi gures 1985 ECO Umberto Le Nom de la rose 1982
78. a liade Initiation rites soci t s secr tes Naissances mystiques Essai sur quelques types d initiation 1959 Paris Gallimard Folio Essais 1992 p 12 ibid p 74 ibid p 26 Simone Vierne Rite roman initiation 1987 Grenoble P U G 2000 Le Myst re l onor op cit p 21 115 l exp rience regressus ad uterum c est dire le retour l tat intra ut rin de Jehanne en ferm e dans le cachot du ch teau ou la cale aux esclaves du Prince Sauvage La d couverte de la v rit consacre la renaissance des h ros rendus leur identit r elle Celle ci peut porter la marque d une distanciation complaisante comme c est le cas d Anouchka qui avant de partir avec son fr re pour l Am rique signe son courrier d adieu la tante lisabeth du nom de Sophia Ma ch re tante je vous remercie pour votre gentillesse et tout ce que vous avez fait pour moi J ai retrouv mon fr re et je m en vais avec lui Excusez moi de partir si vite Ne vous faites aucun souci pour moi Elle h sita longuement puis finalement elle signa Sophia Elle peut aussi sceller un nouveau secret encore plus lourd que celui qui a pr sid au r cit Nous avons vu comment Nathana lle d cidait de s enfermer dans un secret qu il nous semble impossible de maintenir sans risque pour son devenir psychologique De la m me mani re J channe prend la d cision de ne jamais
79. agn e par l affolement et le d sespoir tout cela lui para t fou Fou un poids insuppor table p se sur ses paules mais surtout Ma lys sent confus ment une menace au dessus d elle L adolescente vit en direct l exp rience psychique du Fant me telle que l ont pos e Nicolas Abraham et sa compagne et collaboratrice Maria T rok Les cliniciens d finissent le concept du fant me comme une formation de l inconscient qui a pour particularit de r sulter du passage d un parent l inconscient d un enfant 0 Tout ce passe comme si le spectre du secret inavouable sortait de la crypte le silence dans laquelle on a voulu l ensevelir pour venir hanter le descendant en parlant la mani re d un ventriloque et m me en agissant sa place C est exactement ce qui se produit dans La Maison aux 52 portes Non seulement Ma lys restitue les propos oraux ou crits de son a eule mais encore s appr te t elle inverser l encha nement des mauvaises circonstances qui ont conduit C leste sa Tbid p 12 Ibid p 17 id ibid p 18 La Maison aux 52 portes op cit p 134 6 Ibid p 144 7 Ibid p 135 Ibid p 141 Id 10 Nicolas Abraham Maria T rok L corce et le noyau Flammarion 1987 cit par Claire Delassus Le Secret ou l intelligence interdite op cit p 163 106 perte sur quoi devais je agir
80. ait fonction d ascenseur social Mais elle a son quivalent masculin aupr s des jeunes filles abus es par leur famille La Fille du Comte Hugues Le Myst re l onor Les Enfants d Ath na L auteur tend rendre le plus vraisemblableme possible les faits et gestes de ses pro tagonistes qu il fait voluer dans un environnement richement d crit En cela il imite Dieu en se prenant d autant plus au s rieux qu il cherche rendre l imitation croyable La majo rit des h ros d velyne Brisou Pellen rel vent du B tard par leur paisseur psychologique leurs entreprises et leur fonction di g tique Julien Abalain Th o Pih ry Nathana lle sont des jeunes gens en prise avec la r alit Ils connaissent la faim le froid la fatigue Ils partagent leurs motions avec le lecteur et sont souvent anim s de sentiments contradictoires l instar de Th o en me dirigeant vers Ibid p 34 Ibid p 36 Marthe Robert Roman des origines du roman et origines du roman op cit p 227 4 Le Fils de mon p re op cit Ibid p 78 6 Deux graines de cacao op cit 7 Le Fils de mon p re op cit 8 Un si terrible secret op cit 65 la maison je repris peu peu mes esprits J h sitais entre une franche rigolade et une col re noire contre ma m re qui m avait bourr le mou avec ses histoires dormir debout ou de Nathana lle qui nous fait part de ses frayeurs et de son
81. ancien intendant pour l aider retrouver la m moire LEOLLO JUNIOR Evelyne Brisou Pellen AUSATTICERTASMRNTE CRESES LE MYST RE L ONOR A L 7 des noms et des v nements Tour tour ils lui d clarent qu elle s appelle El onor Esnoul qu elle a s journ six ans l h pital des fous de Carthaix la suite d un grave accident de cheval qu elle a bouillant son petit fr re et mis le feu la maison tuant ses parents Mais Catherine alias l onor est loin d tre folle des mots des images remontent lentement la surface de sa cons vdoinnr cience Avec la complicit d Antoine de la Hubardi re neveu de Madame Loisel elle d monte la machiav lique machination du v ritable Henri de Vigneux Cet homme sans scrupules est en fait le second mari de sa m re D s la mort de cette derni re il met tout en uvre pour s emparer de l h ritage de Catherine L incendie de Rennes lui offre une occasion inesp r e de manipu ler avec adresse l ancien intendant des Lormont Mathurin Collet et sa femme Barbe pour parvenir ses fins La v rit mise jour Catherine et Antoine annoncent leurs fian ailles Roman 5 En 1998 quartier r sidentiel de Saint Germain Alice et Brice de Langeais Bouillon sont les rescap s d un acci dent de voiture qui a co t la vie leurs parents et leurs fr res a n s Beno t et Alban Les jumeaux avaient quatre ans alors Aujo
82. ans son lit envahie par un d sespoir inexplicable Elle s essuya le front dans son drap Oui un moment de sa vie il s tait pass quelque chose de terrible S il s agissait d une tentative d enl vement pourquoi ne Ibid p 74 L Incroyable retour op cit p 74 Le Myst re l onor op cit p 110 Ibid p 36 Ibid p 44 6 Meurtre au palais op cit p 73 7 Ibid p 91 8 Ibid p 92 109 lui en avait on jamais parl pour expliquer ses cauchemars Quand elle tait ef fray e sa m re se contentait de la prendre dans ses bras et de la bercer Anouchka pour sa part replonge dans l univers carc ral La transpiration la sort d un cauchemar toujours le m me Les barbel s lui griffaient le visage Elle avait envie de hurler mais elle ne pouvait pas Pr s de son visage des galoches crott es prenaient appui sur les bour souflures de glaise La boue lui entrait dans la bouche elle se d battait si fort que le sol s ouvrait sous elle Alors elle tombait tombait et elle se r veillait en sueur C tait son cauchemar le plus fr quent Les jeunes victimes sont traumatis es par le secret dont on a entour leur naissance Les orphelins les enfants adopt s les b tards font partie des stigmatis s pass s en revue par E Goffman La visibilit de leurs stigmates est fonction de la position anormale qu ils occupent au sein d une struct
83. ant rieurs que le lecteur s appr te d couvrir et que la narratrice ne sera plus jamais capable de raconter Le recours au journal est en lui m me un secret d criture Il permet velyne Brisou Pellen de faire croire au caract re spontan de l criture et de donner pour r elle l exp rience autobiographique de Nathana lle Nous nous tournons vers Philippe Lejeune pour analyser l efficacit mim tique du je de Nathana lle Le je qui s adresse au lecteur inconnu n est plus une cr ature de fiction mais un individu r el qui signe de son nom s engage dire plus ou moins la v rit Le lecteur de son c t est anim la fois par une curiosit humaine conna tre un autre de l int rieur et historique participer des exp riences diff rentes des siennes en m me temps qu il trouve par l par comparaison une occasion de r fl chir sa propre identit L criture personnelle de Nathana lle est secr tement inf od e l criture de l auteur Elle proc de du m me embo tement gigogne que celui dont fait l objet le cahier de la jeune Un si terrible secret op cit p 7 Jean Louis Major Journaux fictifs fiction diariste in Voix et Images vol 20 n 1 1994 p 200 2005 disp http id erudit org iderudit 201149ar gt p 6 consult le 19 ao t 2008 Expression emprunt e Annie Cantin Les critures intimes aux fronti r
84. ar elle appelle deux postures Soit le sujet met en r serve une information en vue de lui donner un usage futur soit le sujet le garde en prend soin et veille ce qu il ne se g te pas ne disparaisse Les grands parents de Langeais Bouillon retiennent l information le meurtre de leur fils au motif qu ils pensent que les jumeaux apprendraient la v rit bien assez t t et qu ils voulaient les prot ger contre elle L information est diff r e La d marche d Edmond Jarnois est diff rente Il garde l information dans le but de la p trifier d finitivement Il veille sa stagnation et meurt avec elle Il emporte son secret dans la tombe Du moins l esp re t il La r v lation du secret peut prendre deux formes celles de la divulgation et de la tra hison Dans le premier cas le secret est port la connaissance de tous transformant le secret en secret de polichinelle Ainsi la pr sence clandestine de l homme en bleu Venise est rapi dement bruit e par Tomasino Quettini une petite affiche blanche placard e la porte de l glise pr vient de son retour La trahison r pond quant elle un mouvement agressif qui nie le secret et le soumet aux conditions le plie aux relations dont il ne sortira pas vi vant C est ces fins que Vairon le camarade de pensionnat de Julien Abalain parvient lorsqu il annonce devant la classe qu il
85. asse pas inaper ue Dans un cas comme dans l autre et c est ce qui nous int resse l enveloppe est cachet e parce qu elle a charge de cacher une information Cacher vient du mot latin coactitare qui signifie comprimer serrer contraindre L enveloppe que Th o se dispense d ouvrir contraint le mensonge de Ibid p 93 Id Id 4 Un si terrible secret op cit p 59 Le Fils de mon p re op cit p 71 Ibid p 71 7 Ibid P 74 Ibid p 39 Ibid p 40 1 Thid p 185 99 l habitant du Coudon l int rieur se trouve la marque de la v ritable identit de la Gueule cass e Les croquis au m me titre que les photographies sont les r v lateurs de la m moire familiale 3 L image Le terme de r v lateur nous int resse d une part par son tymologie et d autre part par le parall le qu il nous permet d tablir entre la technique de d veloppement photographique et l album familial tymologiquement r v ler une information c est lever le voile qui la recou vre c est la faire passer de l ombre la lumi re l instar du photographe qui oeuvre dans l obscurit de son laboratoire Pour donner une photographie sa forme d finitive le positif le photographe doit dans un premier temps tremper la pellicule dans une solution chimique Ce bain que l on appelle le r v lateur a pour fonction de former l image n gative Le n gatif inverse l
86. atique in fine lorsque le compagnon d Hanias tient St phanos par la cheville au dessus du ravin L homme qui tenait St phanos lui im prima un mouvement de balancier a va l cher ricana l homme en voyant les trois jeunes muets de terreur Nous avons relev treize occurrences p destres huit pour les enfants et cinq pour l nesse Le pied dans le roman ne se limite pas une simple fonction dramatique il a une fonction hypertextuelle en renvoyant implicitement l histoire d dipe Se pose alors la question de la r ception Il y a fort parier que le jeune lecteur passe c t des nombreuses allusions hypertextuelles faute d outils culturels Les Enfants d Ath na exige une lecture savante qui pourrait se faire dans le cadre scolaire car le roman supporte avec bonheur la lecture analytique et est susceptible de procurer aux l ves un plaisir d une nature autre un plaisir esth tique intellectif et partageable qui ne se donne pas mais se conquiert On peut s tonner que ce titre n apparaisse pas dans la liste des ouvrages de jeunesse recomman d s par le minist re de l ducation nationale car il m riterait d tre scolaris en GS ni veau o les coll giens abordent les textes fondateurs en Fran ais et l Antiquit en Histoire et G ographie pr cisons que trois romans d velyne Brisou Pellen y figurent pour le niveau 6 Le D fi des druides Les C
87. au point mort la cupidit Les Enfants d Ath na Le Secret de l homme en bleu L incroyable retour la jalousie amoureuse Un si terrible secret Ces victimes ne sont pas uniques en leur genre 1l y a aussi les morts par contre coup la famille tu e dans un accident de voiture les r glements de compte en cascade les crimes de guerre les suicides les crises cardiaques directement li es un choc motionnel etc Au total ce sont trente sept morts violentes qui sont relat es celles ci s ajoutent les morts massives des combattants guerres carolingien nes guerres de religion r volte des noirs premi re et seconde guerres mondiales et les morts naturelles Les romans d velyne Brisou Pellen sont peupl s de cadavres la palme revient aux Enfants d Ath na avec neuf meurtres quatre chez les innocents et cinq chez les bourreaux et Myst re au point mort qui comptabilise cinq victimes de la route deux crises cardiaques et un internement psychiatrique Mais les romans ne sont jamais morbides car la violence est att nu e par des figures de rh torique L ellipse est le proc d stylistique le plus utilis Da m as entend les meurtriers de ses parents C est malin tu les as tu s Le lecteur est invit combler le vide narratif Contrairement aux h ros 1l ne peut conf rer de charge mo tonnelle l v nement parce qu il ne conna t pas les parents des trois ath niens On peut fai
88. aux Nous n avons donc pas pu les prendre en compte d un point de vue lexical En revanche leur ordination nous int resse par la coh rence qu elle tablit avec le titre La num rotation des chapitres de I XVII renvoie la maison aux 52 XXX V XVII portes Autour du champ lexical du secret nous avons retenu les termes qui se rapportent sa r tention secret myst re escamotage de preuves sa divulgation v rit r v lation in formation documentation confidence et son opacit m taphoriquement exprim e partir des jeux d ombre et de lumi re La notion de famille quant elle d veloppe les termes de filiation et de d signation pr nom patronyme Titres de romans et titres de chapitres Analyse du champ lexical du secret et de la famille Mots cl s Titres de romans Titres de chapitres Qualificatifs Secret 1 3 Terrible Myst re 3 4 Bleu V rit 7 Incroyable affreuse R v lation 8 Affreuse Incroyable 2 trange terrible ahuris sante p rilleuse D couverte 1 Catastrophique Confidence 1 Atroce Information Informateur 3 Curieuse stup fiante Document Journal Photos 3 Manquant bavard Histoire 2 Terrible stup fiante Nouvelle 1 Mauvaise Mot 1 Parole 1 Langue 1 Fourchue Chuchotement 1 Cri 1 claircissements 1 Meurtre au Palais op cit ch 11 Stup fiante disparition pp
89. bert 3 Un si terrible secret op cit p 111 Ibid p 111 La Maison aux 52 portes op cit p 45 Nous nous r f rons au sens premier donn par Le Petit Robert au mot bapt me 7 La Maison aux 52 portes op cit p 12 90 man Les murs r sonnent de l cho des voix familiales Ma lys les entend Elle a h rit de son arri re grand tante d un don m diumnique L exp rience hallucinatoire de Ma lys a effecti vement de quoi vous traumatiser un gamin Mais la jeune fille en sortira indemne et sur tout grandie d avoir fait remonter le secret la surface IT Mise en sc ne du secret Le paradoxe du secret c est qu il doit tre communiqu Pierre Boutang insiste sur ce point en recadrant le secret dans sa fonction langagi re Le secret c est quelque chose qui ne doit pas se dire sur quoi le dire n a pas souve rainet on peut tout dire c est la logique vulgaire la limite de divulgation du langage le secret la contredit tout plein il pr tend d cider du dire d autre part le secret n a de sens que pour tre dit communiqu m me sous le sceau du se cret 2 Le philosophe analyse les actes linguistiques l uvre dans le secret et les synth tise 3 dans une table des secrets Il s appuie sur trois verbes autour desquels s articule la fonc tion de communication TAIRE DIRE COMMUNIQUER Au taire correspond la s
90. ble Paris Bayard Jeunesse Mill Zime 2006 124 Table des illustrations Couverture p 19 BRISOU PELLEN BOURRI RES Sylvain il Un si terrible secret Paris Rageot Page 9 Page 16 Page 18 Page 18 Page 19 Pages 20 et 80 Page 20 Page 20 Page 21 Page 21 Page 22 Page 22 Page 23 Page 46 Page 80 Page 83 M tis 2003 SABBIO Chut c est un secret 2008 Acrylique sur toile coton sur ch ssis 30 x 30 cm LA FONTAINE Jean de OUDRY Jean Baptiste ill Fables Les Femmes et le Se cret Livre VIII 6 Paris Dessaint amp Saillant et Durand 1755 BRISOU PELLEN velyne LOUIS LUCAS Natalie il La Fille du comte Hugues Paris Casterman Junior 2006 BRISOU PELLEN velyne HYMAN Miles ill L Incroyable retour Paris Nathan 2007 BRISOU PELLEN velyne CARON Philippe ill Le Myst re l onor Paris Galli mard Jeunesse Folio Junior 1999 BRISOU PELLEN velyne RAFFIN Gilbert ill Myst re au point mort Paris Ra geot Cascade 1999 BRISOU PELLEN velyne JOZELON Philippe ill La Maison aux 52 portes Paris Pocket Jeunesse Pocket junior 2000 BRISOU PELLEN velyne WINTZ Nicolas ill Deux graines de cacao Paris Ha chette Jeunesse Le Livre de Poche Jeunesse 2006 BRISOU PELLEN velyne HANS St phanie ill Les Enfants d Ath na Paris Ha ch
91. c les Gueules cass es abandonne Th o Le renoncement du jeune soldat fait voler en clat le mythe d une famille de guerre frapp e par le malheur mais combien h ro que St phanos quant lui p tit du manquement paternel Hanias devenu veuf se trouve encombr d un nourrisson dont il ne sait que faire Mais Hanias n est pas tout fait d nu de sentiment puisqu il prend la peine de d poser son enfant non pas sur le pas du logis ou sur une d charge publique mais au pied du temple d Ath na Ainsi augmente t il la probabilit que le petit soit rapidement recueilli par une famille de citoyens En reprenant la chronologie de Julien Abalain nous constatons qu il est triplement abandonn Par son p re d abord qui s en va sans m me savoir qu il est en gestation Le p re fait office ici de g niteur accidentel J ai su t moigne l ancienne nourrice de Victoire et Ren qu elle rencontrait un capitaine de marine un Br silien Les marins a va a vient L homme existe d autant moins dans sa fonction parentale que l auteure le main tient dans l anonymat et ne lui accorde aucune place narrative Julien est ensuite abandonn par sa m re qui toujours selon la vieille esclave a eu un b b dont elle ne voulait pas On rel vera le cynisme de la situation Julien apprend de la bouche de D sir e qu il est un enfant non d sir Ce rapprochement s mantique suscite deux que
92. ccompagn de Cl mentine Leur qu te les conduits au ch teau du Coudon asile des Gueules cass es de la Grande Guerre Ce n est pas Henri qu ils rencontrent mais Jean Le 28 septembre 1918 Henri Garancher et Jean Pih ry sont tous deux touch s par les obus Henri meurt Jean survit mais il prend cons cience son r veil qu il est d figur et ne veut susciter la compas sion de personne Il substitue alors les plaques militaires et se fait passer pour mort la place d Henri Apr s ses aveux il demande aux jeunes de ne pas r v ler la v rit et de respecter son choix Ce qu ils promettent Th o gardera un contact pistolaire avec le meilleur ami de son p re Il envisage par la suite tre ing nieur pour transformer avec Cl mentine la fonderie Garancher en usine de chewing gums 21 Roman 10 Venise mai 1356 Garin Trousseboeuf quatorze ans est en route pour Venise Alors qu il s appr te traverser la lagune le jeune scribe rencontre Giovanni Gezo et sa fille de six ans Lucia Visi LE SECRET DE L HOMME blement l homme tout de bleu v tu ment sur son identit ses EN BESU origines et sur les raisons qui l am nent Venise Intrigu Garin se lie eux Parvenus Venise Giovanni charge Garin de multiples missions notamment celle de se faire embaucher la ca Albizio afin de le tenir inform des faits et gestes des personnes vivant dans la maison de commerce
93. cer dans la for t Confront de multiples preuves dont il sort le plus souvent indemne gr ce l amour il devient adulte acc de au tr ne se marie et a cf l article de l Encyclopaedia Universalis en ligne Vincent Jouve L Effet personnage op cit pp 85 89 Id Id 62 de nombreux enfants Son errance prend heureusement fin L optimisme fondamental soulign par Bruno Bettelheim des d nouements des contes de f es aur ole les h ros d une propension exceptionnelle s extraire de l hostilit du monde Ils esquivent l ingratitude de la vie en y opposant une r verie prometteuse l attente du prince charmant pour les h ro nes cit es qui terme leur permet de prendre une revanche absolue sur le r el Selon Marthe Robert l Enfant trouv a son quivalent dans les romans de chevalerie le romantisme les r cits de Cervantes Cyrano de Bergerac Defoe Novalis Kafka Les chevaliers comme les h ros romantiques affirment leur d sir de toute puissance en partant la conqu te de l Absolu Leur m galomanie rejoint en cela les ambitions de Don Quichotte ou de Robinson Cruso qui n ont de cesse de transcender la r alit au moyen d une r verie exalt e L pop e donquichottesque contre des moulins vent l ing nieuse et despotique robinsonnade partici pent de ce d sir th ocratique d abolir la trivialit du pr sent pour restaurer un pass primitif Don Quicho
94. cit L Incroyable retour op cit p 167 La Fille du comte Hugues op cit 116 BIBLIOGRAPHIE 117 Bibliographie th matique I Romans d velyne Brisou Pellen La Fille du comte Hugues 1996 Paris Casterman Junior 2006 72 p L Incroyable retour 1997 Paris Nathan Poche 12 ans et Policier 2008 Un si terrible secret 1997 Paris Rageot M tis 2004 Le Myst re l onor 1999 Paris Gallimard Jeunesse Folio Junior 2007 Myst re au point mort Paris Rageot Cascade policier 1999 o R d Le soir de nos treize ans Paris Oskar Jeunesse Oskar polar 2008 La Maison aux 52 portes Paris Pocket Jeunesse Junior 2000 Deux graines de cacao 2001 Paris Hachette Jeunesse Le Livre de Poche Jeunesse Roman historique 2006 Les Enfants d Ath na 2002 Paris Hachette Le Livre de Poche Jeunesse Histori que 2007 Le Fils de mon p re Paris Hachette Jeunesse Le Livre de Poche Jeunesse Roman historique 2003 Le Secret de l homme en bleu Paris Gallimard Jeunesse Folio Junior 2003 Une Croix dans le sable Paris Hachette Jeunesse Le Livre de Poche Jeunesse Ro man historique 2004 Les Prot g es de l empereur Meurtre au palais Paris Pocket Jeunesse 2007 IT Documentation sur velyne Brisou Pellen On pourra consulter sur Internet Le site officiel d velyne Brisou
95. collection Cascade policier Rageot pour la premi re et Oskar Polar Oskar Jeunesse pour la seconde en atteste Notons que la publication de ce roman dans les collections polici res est contestable Evelyne Brhom Pellen li En effet il ne suffit pas qu il y ait assassinat et enqu te pour inscrire illico presto le r cit dans le genre policier Le roman d velyne Brisou Pellen contrevient au moins deux des huit r gles l mentaires nonc es par Tzvetan Todorov Outre le fait que nos d tecti ves en herbe ne sont pas confront s un cadavre le coupable ne jouit pas d une certaine importance dans le livre dont il doit constituer un des personnages principaux r gle n 4 et le coupable et le d tective ne sont pas des homologues fortement impliqu s dans l histoire du crime r gle n 7 La meurtri re n a pas d existence narrative Elle appa Deux graines de cacao op cit Tzvetan Todorov Typologie du roman policier in Po tique de la prose Paris Seuil 1971 pp 55 65 80 ra t in abstentia en fin de r cit lorsque son mari le vieux du banc r v le aux enfants que c est elle c est sa femme qui a tir sur le conducteur de la voiture familiale 5 L tat final La qu te des h ros les conduits s entretenir avec un dernier t moin fut 1l un fant me La Maison aux 52 portes L ultime confidence celle qui vi
96. compagne de la promesse de garder le secret du parricide et de l inceste afin qu elles ne p tissent pas des crimes de leur p re Le dernier pisode de la trag die conclut un sixi me secret La destin e d dipe s ach ve sur un ultime secret celui de sa mort Dans dipe Colone le vieil aveugle adresse une derni re supplique Th s e Ne r v le jamais aucun mortel l endroit o sera cach mon tombeau Ce secret inviolable sacr tu le sauras au lieu o seul tu dois me suivre Je ne le r v lerai aucun de ces habitants ni m me mes filles malgr ma tendresse pour elles Garde le fid lement et quand tu toucheras au terme de ta vie ne le d couvre qu celui qui Ibid sc 9 V 1024 p 29 Ibid sc 9 V 996 998 p 28 Ibid sc 3 V 451 453 p 11 Ibid se 15 V 1497 1499 p 38 Ibid sc 15 V 1497 1499 p 43 49 devra r gner apr s toi et que chaque roi le transmette son successeur Ainsi tu pr Fe ie l serveras cette cit des ravages des Th bains La cha ne des secrets d dipe forme une boucle celui qui l on a cach ses origines demande ce que soit tu l emplacement de sa tombe La relecture du r cit fondateur nous am ne rechercher les r sonances du texte premier dans Les Enfants d Ath na Pour cela il nous faut comprendre la notion d intertextualit B Les Enfants d Ath na un exemple de dialogue intertex
97. comte Hugues Casterman 1996 L Incroyable retour Nathan 1997 Un si terrible secret Rageot 1997 Le Myst re l onor Gallimard Jeunesse 1999 Myst re au point mort Rageot 1999 La Maison aux 52 portes Pocket jeunesse 2000 Deux graines de cacao Hachette Jeunesse 2001 Les Enfants d Ath na Hachette Jeunesse 2002 Le Fils de mon p re Hachette Jeunesse 2003 Le Se cret de l homme en bleu Gallimard Jeunesse 2003 Une croix dans le sable Hachette Jeu nesse 2004 Les Prot g es de l Empereur Meurtre au Palais Pocket jeunesse 2007 Notre intention est de montrer au travers de ce corpus comment les secrets de famille se construisent d un point de vue di g tique et en quoi ils conditionnent l essentialit des personnages en cr ant l illusion r f rentielle de leur existence Les tres fictifs en gestation dans le hors texte ne traversent pas de crise existentielle parce qu ils ignorent qu on leur ca che une v rit En somme ils ignorent qu ils ne savent pas Ces jeunes gens de papier pour vivre doivent tre engag s dans une narration r v latrice Il leur faut avoir sinon une cons cience claire qu on leur cache quelque chose du moins l intuition que manifestement l image de la famille qu on leur renvoie est fallacieuse Ils ne peuvent se satisfaire n1 des apparences ni d une version tablie Non dits et dits mensonge et v rit dissimulation et manifestation ce jeu
98. cril ge En prison il parle ses enfants 23 La nuit de la Saint Barth l my le 24 ao t 1572 les quatre fils biologiques du couple Laur gan sont massacr s par les catholiques Les Laur gan alors affichaient leurs convictions protestantes Ils ont quitt Paris pour la Bretagne moins tourment e par les querelles religieuses Par la suite di vers concours de circonstances les ont amen s adopter Louise Lancelot et Bonie Le cordier du village mourant endosse le crime la place d Eder Celui ci est rel ch et en osmose avec ses quatre enfants du pas de la porte d cide d accueillir son fils Her v Hemery six ans Roman 12 802 Aix la Chapelle Ala s treize ans vit la cour de Charlemagne depuis cinq ans Elle sert d interpr te l empereur Elle a d abord v cu en Bavi re dans la forteresse de Wisburg gouvern e par son p re le comte Adalbert puis chez le pr fet G rold qui l a recueillie la mort de ses parents Ala s est hant e par des images de violence et d agression mais ne parvient pas leur donner une signification Sa nourrice Bertrade lui dit seule ment qu elle a t l objet d une tentative d enl vement quand elle avait trois ans Pour l heure des v nements myst rieux viennent troubler la qui tude du ch teau l assassinat d un inconnu portant une cicatrice au visage la mise sac de la salle des archives et enfin la myst rieuse dispari tion puis r
99. dans le secret des dieux car ils sont les seuls survivants capables de r soudre l nigme du tr sor de D los Ce qu ils savent appartient Apollon et C ramos Leur p re a communiqu chacun d eux une partie du secret N ra le nom de l le o t cach l or du temple d Apollon St phanos l emplacement de l le et l a n Dam as la localisation des amphores contenant l or La locution tre mis au secret trouve son emploi dans L Incroyable retour Irina et son mari Alexandre Slavici sont envoy s au camp de r ducation de Smelk pour avoir refus de communiquer aux autorit s les r sultats de leurs travaux de recherche en bact riologie Ils craignent que l tat les exploite des fins militaires Pour avoir maintenu le secret profes sionnel ils sont frapp s d ostracisme et sont mis au secret physiquement et socialement Physiquement ils le sont du fait de leur incarc ration dans un camp loign et coup du monde Socialement parce qu ils sont consid r s comme des opposants subversifs au r gime et du coup sont d chus de leurs droits civiques dont ceux concernant les droits de succession Cette mesure est tr s int ressante pour leurs collat raux L adoption de chacun des enfants Laur gan fait l objet d une mise en sc ne r cur rente au cours de laquelle les a n s jurent de ne jamais r v ler au dernier arriv qu il n est pas
100. dans les textes narratifs 1979 traduit de l italien par Myriem Bouzaher Paris Grasset Figures 1985 L auteur voque en introduc tion la question de l activit coop rative qui am ne le destinataire tirer du texte ce que le texte ne dit pas mais qu il pr suppose promet implique ou implicite remplir les espaces vides relier ce qu il y a dans le texte au reste de l intertextualit d o il na t et o il ira se fondre p 7 Hans Robert Jauss Pour une esth tique de la r ception 1978 traduit de l allemand par Claude Maillard Paris Gallimard 1987 p 47 Ibid G rard Genette Seuils Paris Seuil Points Essais 1987 p 7 69 l appareil d accompagnement voqu par G rard Genette il faut ajouter les indications ditoriales nom de l diteur titre de la collection ge ou niveau de lecture recommand les indicateurs structurels ou organisationnels titres de chapitres intertitres pagination table des mati res les apports p dagogique notes explicatives en bas de pages comme on en trouve dans neuf des douze romans Meurtre au Palais 24 Les Enfants d Ath na 15 Deux graines de cacao 15 Une Croix dans le sable 14 Le Myst re l onor 10 Le Secret de l homme en bleu 9 Le Fils de mon p re 7 L Incroyable retour 2 La Fille du comte Hu gues 2 dossiers th matiques Meurtre au palais biographies onze ditions biblio
101. di g tique Ses histoires jaillissent de ses recher ches Les raisons invoqu es par l auteur soulignent l ambigu t de cr ation litt raire en g n ral et pour la jeunesse en particulier Quelle est la part de libert de l auteur vis vis du lectorat Un crivain peut il faire abstraction du lecteur Peut il vraiment pr tendre crire sans intention d tre lu Sartre nie vigoureusement la subjectivit de l criture pour lui la cr ation litt raire a n cessairement un objet la lecture Un livre qui ne serait pas lu ne serait qu un petit tas de feuilles s ches inertes La litt rature toujours selon Sartre est un acte de communication qui engage un destinataire et un destinateur Il n est donc pas vrai dit il Source le site de l auteure lt http brisou pellen club fr ebpchrono html gt Pour une meilleure lisibilit des notes nous consid rerons que toutes les maisons d ditions sont Paris sauf mention de notre part velyne Brisou Pellen Pour en savoir plus propos disponibles sur son site officiel lt http brisou pellen club fr ebpplus htm gt p 1 consult le 1 avril 2008 t Entretien avec velyne Brisou Pellen disp lt http www ricochet jeunes org entretien asp id 96 gt propos recueillis par Pascale Pineau septembre 2005 p 1 consult le 1 avril 2008 5 Car un livre n est rien qu un petit tas de feuilles s ches ou alors une gra
102. dire lorsqu elle parle de traumatisme Albert Jarnois est un p re spirituel qui reconduit sur Ma lys sa propre culpabilit Enfant Albert a t le t moin oculaire de la s questration de sa soeur C leste Il a pr f r se taire sa vie durant que r v ler la v rit Il avoue cependant sur le mode analogique sa participation passive au crime par le bapt me et le legs de la demeure familiale En baptisant son arri re petite ni ce il lave le p ch originel de l anc tre et par ricochet sa propre faute L intuition de la m re de Ma lys en d but de roman est pr monitoire S interrogeant sur les raisons qui ont pouss Albert l guer la maison Jean Paul plut t qu un autre de ses petits neveux elle suppute un secret familial Si a se trouve hasarda maman c est la suite d une affaire louche qu il a h rit de cette maison et il a voulu se laver de ses fautes en te la restituant avant de mou 7 rir Le bapt me de C leste Ma lys est la reconduction antinomique du bapt me du sang de C leste La transmission de la demeure familiale au p re de Ma lys et ult rieure ment Ma lys est une mani re de dire qu il est interdit de ne pas savoir ou d oublier ce qui c est pass entre ses murs L expression les murs ont des oreilles a son usage dans le ro Tbid p 164 Ironie du grec eir neia action d interroger en feignant l ignorance Le Nouveau Petit Ro
103. dition humaine l enfance la maturit et la vieillesse L intention de l auteur est difficile ici saisir En brouillant de cette fa on les tapes de vie velyne Brisou Pellen escamote la probl matique de Sophocle celle de la destin e de l homme Elle transforme une nigme fondatrice en une simple devinette Pour autant la r f rence au mythe ne se limite pas ces relations de sur face Le roman tout entier repose sur un r seau hypertextuel que nous analysons maintenant Tbid p 41 Ibid p 55 Ibid p 76 4 Philippe Sollers criture et r volution in Tel Quel Th orie d ensemble 1968 Seuil Points Essais 2001 p 75 Quel est l animal qui a quatre pieds le matin deux midi et trois le soir L homme r pondit dipe sans h siter dans son enfance il se tra ne sur ses pieds et ses mains l ge adulte il se tient debout il s aide d un b ton dans sa vieillesse Source lt http mythologica fr gt 52 2 Hypertextualit dans Les Enfants d Ath na Par hypertextualit Genette entend toute relation unissant un texte B hypertexte un texte ant rieur hypotexte sur lequel il se greffe d une mani re qui n est pas celle du commentaire Il ne s agit plus comme dans le cas pr c dent d une relation de co pr sence ou d ench ssement d un texte dans un autre texte mais d un processus de d rivation Le texte A est d tourn
104. e je ne le souhaite personne Sous entendons jeune lecteur ne te projette pas Victoire est une m re d natur e parce qu elle a t une petite fille d natur e Elle sombre dans la folie pousse des hurlements abhorre les hommes y compris son fr re qui ne peut l approcher Ren tait absent au moment des crimes et inconsciemment expli que D sir e elle le rendait responsable comme s il l avait abandonn e La rapide ana Deux graines de cacao op cit p 242 Ibid p 263 264 Id t Ibid p 263 5 Id 39 lyse psychologique de la vielle esclave permet l auteur de boucler la cha ne des traumatis mes la m re abandonne son fils parce qu elle s est sentie abandonn e par son fr re qui par ricochet adopte son neveu Myst re au point mort Les Enfants d Ath na Le Secret de l homme en bleu L Incroyable retour Un si terrible secret reposent tous sur des meurtres qui initient un secret de famille Ce sont les parents Cyril de Langeais Bouillon Alexos et sa femme la femme de l homme en bleu l oncle Maximilien F dine ou le grand p re Virgile Delahaye des h ros qui sont assassin s de fa on pr m dit e La qu te des h ros consiste d couvrir la terrible v rit Les assassins sont dans les deux premiers romans des trangers dans les trois derniers ce sont des membres de la famille Le motif en est la vengeance Myst re
105. e B atrice L aspect vestimentaire est pr sent ici comme un parangon du mythe de la richesse lequel est aussit t caricatur par la diabolisation qui est faite des paysans et des paysannes qui ne sont pas bien habill s Les enfants sont enterr s au fond d un champ les affam es sont chass es coups de pierres de crainte qu elles volent le peu qu il reste On pr tend m me que certaines femmes ont mang leur propre enfant 3 Si la pauvret est encore plus stigmatis e dans Le Secret de l homme en bleu c est pour mieux tourner en d rision les pr jug s sociaux sur les apparences Les vieilles hardes d lav es de Garin Trousseboeuf veillent la suspicion d un passeur qui ne veut pas prendre de mendiants bord de la barge parce que leur haleine empoisonne l atmosph re et qu ils sont responsables la Grande Mortalit Garin endort la m fiance du passeur en improvisant une fable farfelue Tbid p 13 Id Ibid p 8 Le Secret de l homme en bleu op cit p 20 Id p 20 37 Vous dites a cause de ma tenue C est que je me suis encore une fois laiss avoir par mon grand c ur et j ai chang mes beaux v tements contre ceux d un malheu reux qui devait s habiller convenablement pour aller demander en mariage la fille du roi d Espagne Et surtout il fait valoir avec humour qu il est pr f rable de trouver des explications
106. e Brisou Pellen fourmillent de sce narii qui transfigurent les origines des h ros Pour exemple nous retenons le cas de Garin Trousseboeuf qui d clare Moretta Mon p re tait beaucoup moins riche que celui de Lucia cependant il ne nous a laiss manquer de rien Il m a appris lire et crire chanter danser jouer du Cit par G rard Genette Palimpseste La Litt rature au second degr op cit p 452 Jean Laplanche Jean Bertrand Pontalis Vocabulaire de la psychanalyse Presses Universitaires de France Biblioth que de psychanalyse 1973 p 427 56 luth et tout a sans jamais lever la voix La maison retentissait de cris de joie du 21 matin au soir De toute mon existence personne de m a frapp Le lecteur n a aucun mal d celer la duplicit de ces propos Garin appartient une fratrie de vingt cinq enfants Garin a dix s urs et quatorze fr res Ill a abandonn le foyer et s est jet sur les routes parce que ses parents ne pouvaient subvenir aux besoins d une famille aussi nombreuse Et surtout les r actions pidermiques que Garin manifeste lorsque Moretta gifle la petite Lucia laissent entendre qu il a t lev dans l indiff rence affective et la brutalit Revoir son p re et sa m re il n y tenait pas mais ses fr res et s urs il aurait bien aim D un point de vue discursif l adolescent construit bien un roman familial dans la me
107. e Pierre Boutang Cha ne du secret M canisme du secret familial dans Un si terrible secret 126 Table Introduction D L auteure le corpus I Secret et post modernit ID Corpus probl matique d marche Premi re partie Approche anthropologique Plan te taire D Retour aux origines du mot secret II R sum des romans HTI Secret Famille et Soci t IV Typologie des secrets de famille dans les romans d velyne Brisou Pellen A Mythe de la stabilit B Mythe de l harmonie C Mythe de la richesse D Mythe des valeurs traditionnelles E Mythe de la normalit Deuxi me partie Approche esth tique Leurre de v rit D dipe le roman familial paradigmatique A Le Mythe d dipe et l encha nement de sept secrets B Les Enfants d Ath na un exemple de dialogue intertextuel avec le mythe 1 Intertextualit dans Les Enfants d Ath na 2 Hypertextualit dans Les Enfants d Ath na C Roman familial et Roman D Enfant trouv Enfant b tard 1 Profil de l Enfant trouv 2 Profil du B tard ID Horizons d attente A Fonction des titres B Regards crois s sur la titrologie chez d velyne Brisou Pellen I Construction narrative du secret romanesque A Construction r trograde du secret I D 9 10 17 23 28 28 30 33 39 41 46 48 47 50 51 53 56 62 62 65 68 70 72 77 77 B Modalisation du sch ma narratif le secret de famille chez velyne Brisou
108. e depuis Les valeurs ayant chang les codes culturels tant l Anne Besson D Asimov Tolkien cycles et s ries dans la litt rature de genre Paris CNRS CNRS Litt ra ture 2004 p 22 23 Je ne voulais pas faire vieillir Garin davantage Une seule solution revenir en arri re J ai intercal des ro mans dans la chronologie L aventure de l criture Interview d velyne Brisou Pellen op cit p 3 68 diff rents la coop ration interpr tative du lecteur pour reprendre le sous titre de l essai 5 1 z F z d Umberto Eco emprunte des voies qui ne peuvent tre ni universelles ni permanentes C est ce que l cole de Constance laquelle est rattach Hans Robert Jauss a mis en lumi re L uvre litt raire n est pas un objet existant en soi et qui pr senterait en tout temps tout observateur la m me apparence un monument qui r v lerait l observateur passif son essence intemporelle Elle est plut t faite comme une parti tion pour veiller chaque lecture une r sonance nouvelle qui arrache le texte la mat rialit des mots et actualise son existence La contextualisation de la r ception est la clef de vo te de la r flexion esth tique sur la litt rature de Jauss et a donn lieu la mise en place du concept d horizon d attente ewar tungshorizont Les horizons d attentes sont donc tributaires de crit res thiques politiques
109. e journal dit Philippe Lejeune est d abord une criture ordinaire la port e de tout un chacun qui vaut parce qu elle est en prise directe sur l instant et sans arri re pens e de s duction c est une pratique de vie Retenons et contredisons dans la d finition de Philippe Lejeune la question de l arri re pens e de s duction replac e dans la cha ne du secret L auteur du journal du carnet ou d un simple mot s engage ipso facto dans un acte langagier Il a beau vouloir crire pour lui seul et ne pas tre lu son journal n en reste pas moins expos la lecture d un tiers du fait m me qu il n ait pas t d truit par son scripteur Nous retrouvons ici la fonction syncr tique de la confession qui demande au d positaire dans le cas pr sent le carnet de guerre de Louis ou le cahier de C leste de tenir diffus ment le secret Selon Andras Zempl ni le d tenteur du secret attend toujours inconsciemment de son confident le d positaire de signaler l existence de son secret au moyen d ventuelles fui RE 5 tes ou de s cr tions Tbid p 132 Ibid p 134 3 Yves Stalloni Dictionnaire du roman op cit p 128 Philippe Lejeune Avant propos in Fran oise Simonet Tenant Le Journal intime genre litt raire et criture ordinaire T ra dre L criture de la vie 2004 5 Andras Zempl ni La Cha ne du secret in Du secret No
110. e ne me sens pas le droit de le lui prendre Jehanne acc de au rang de com tesse et sa nouvelle condition sociale ne l emp che pas d pouser Guillaume simple cheva lier probablement parce qu elle ne renie pas les origines modestes de sa naissance Cette m salliance est approuv e de tous et c est Ol rius qu on doit le mot de la fin La vie est d une insondable richesse Formule que nous trouvons particuli rement plaisante dans le cadre de notre tude sur le mythe de la richesse Jd La Fille du comte Hugues op cit p 73 Ibid p 21 Ibid p 22 Ibid p 38 6 Ibid pp 59 60 7 Ibid p 65 8 Ibid p 66 38 D Mythe des valeurs traditionnelles galement appel e Mythe du droit chemin cette cat gorie se rapporte aux conduites morales d viantes pratiques sexuelles perverses viol meurtre Le secret qui entoure la naissance du h ros de Deux graines de cacao repose sur ce mythe Assassinats tortures et viols racistes sont l origine de l omerta familiale Durant les ann es 1791 1795 la r volte des esclaves conduite par Tousaint Louverture met Ha ti feu et sang Les parents de Vic toire et Ren Abalain sont propri taires d une plantation de cacaoyers Ce sont de bons blancs favorables l affranchissement des esclaves et ils n auraient pas touch un che veux de leur t te Mais des marrons venus d autres plantations les
111. e parental 450 400 350 3004 Nombre des occurences 2504 2004 150 1004 S rie 1 50 dv LL SL LE LE EE EL LE amp DNS S S EE D LD bN a ESS SR STST S SS amp o Y FES LS D L SO S SSI ES EFE YS S O 2 g EYS S DFE o F y S S E S a SO Sg O O R f rences lexicales Notre analyse de contenu suscite trois remarques saturation lexicale connivence en tre le p re et la fille importance hi rarchique des h ros Le roman est satur de g n alogie Nous avons comptabilis quatre cent soixante quatorze occurrences pour un roman de cent cinquante six pages ces occurrences il faut ajouter le champ lexical de la g n alogie h ritage g n ration famille etc La deuxi me remarque porte sur la quantit et la qualit des changes entre le p re et la fille C est avec son p re que Ma lys parle et agit tout au long du roman L autodi g se du r cit Ma lys est la fois la narratrice et l h ro ne de l histoire qu elle raconte est relay e quasiment chaque page par de courts dialogues L auteur a d multiplier les incises pronomi nales et les d ictiques introducteurs je mon p re il afin de permettre au lecteur de situer les interlocuteurs Le sch ma montre clairement l importance hi rarchique du p re de Ma lys ainsi que celle de son arri re grande tante C
112. e peuvent grandir parce qu ils se sentent coinc s entre le pass et le futur Le propre de l enfance comme de l adolescence est d tre inchoative La nocivit des secrets foment s par les parents se r sume la n gation de leur devenir La transgression dont les h ros juv niles font les frais nuit leur progression personnelle Fort heureusement l immobilisme auquel on a cherch les condamner n est pas d finitif Leur volution sera rendue possible la fin du roman gr ce la lev e du secret Les h ros sortent grandis de l histoire pour avoir t initi s leur histoire Comme le dit Claire Delassus Lorsque l on sait d o l on vient on sait d j mieux qui l on est et cela permet de savoir o l on va La qu te des h ros conna t une r solution positive tous finissent par apprendre la v rit En cela les romans d velyne Brisou Pellen sont des romans de formation Les prota gonistes se forment au gr des exp riences v cues et m rissent au contact du monde Mais les douze romans de notre corpus ne sont que des Bildungsromans partiels car ils ne couvrent qu une tranche de vie des h ros et que ceux ci n ont pas l ambition de transformer le monde dans lequel ils voluent En revanche ils s affilient au roman initiatique tant par leur structure que par le motif du secret de famille Ce qui diff rencie le roman initiatique du roman de formation n est pas tant q
113. e r le du lecteur ou la coop ration interpr tative dans les textes narratifs 1979 traduit de l italien par Myriem Bouzaher Paris Le Livre de Poche Biblio Essais 1999 p 109 6 Le Myst re de l homme en bleu op cit p 193 7 Propos recueillis par H l ne Gondrand et Ir ne Laborde L aventure de l criture Interview d velyne Brisou Pellen op cit p 3 67 La s rie est l ensemble o les parties l emportent sur le tout c est dire o chaque partie vaut fondamentalement pour le tout non seulement parce que chacune pr sente une intrigue compl te et sans lien chronologique r el avec les autres mais aus si parce que en cons quence le monde fictionnel pr sent et repr sent ne peut pas et m me ne doit pas se transformer ou se d velopper Dans le cycle la chronologie fait le lien entre les parties d un tout qui vaut plus que ses parties Les intrigues peuvent tre largement ind pendantes mais la pr sence en tre elles d une temporalit partag e dans la dur e fait que le monde fictionnel pr sent ne peut que se d velopper ou se transformer au fur et mesure M me si Evelyne Brisou Pellen n crit pas les aventures de Garin dans un ordre chronologique il n en demeure que Garin est un adolescent qui volue vieillit il a entre douze et seize ans et se transforme aux cours de ses aventures Cette pr cision est d termi nante en termes de r ception par
114. ences verbales et physiques Edmond ass ne une gifle magis trale sa fille qui l envoie rouler sur le plancher Une fois la lettre crite Edmond s La Maison aux 52 portes Pocket Jeunesse Junior 2000 p 137 Ibid p 123 Ibid p 122 31 questre C leste dans une pi ce rendue par ses soins aveugle Un lit en fer une table une lampe huile constituent le seul mobilier de ce r duit obscur La seule personne que C leste voit est sa m re lorsqu elle lui porte ses repas sans rien dire ou en changeant si peu de mots que la malheureuse est d finitivement isol e du reste du monde Elle n a aucune conscience du temps qui s coule si ce n est au travers du b b qu elle sent grandir en elle La jeune femme reste enferm e jusqu sa mort Combien d ann es aura t elle v cu ainsi La question reste ouverte Le b b quant lui na t en 1917 et est d clar enfant tardif de Victoire et Edmond De son c t Joseph est fusill pour d sertion le 12 octobre 1916 soit un mois apr s la r daction de la lettre Le jeune soldat voulait rejoindre C leste pour compren dre les motifs de la rupture L ordre social et l ordre familial s interp n trent si troitement dans ce roman qu ils conduisent la mort des protagonistes Dans sa conf rence publi e en ligne Guy Ausloos d montre l inh rence du pouvoir dans le processus du secret Le psychiatre et psychanalyste be
115. ent elle est en fait une rivale H riti re d un duc de la Saxe elle est l illustre descendante d un ennemi du royaume des Francs Comment la jeune fille va t elle vivre la tension entre ce qu elle est saxonne et ce qu elle est devenue franque Le lecteur l apprendra dans le deuxi me tome des Prot g es de l Empereur Tous ces v nements pass s sous silence d truisent l quilibre de la famille en d valo risant son image aupr s des concitoyens Pour palier ce d r glement certains membres de la famille mettent en place un r seau de connivences volontaires ou subies qui a pour effet de r organiser la structure familiale selon une fable sciemment labor e En ce sens le secret est d abord une construction Il r clame de la part de ses d tenteurs strat gie et organisation pra tique Henri de Vigneux se donne beaucoup de mal pour masquer son forfait Il soudoie l intendant de la famille fabrique des t moins abuse de la cr dulit de Madame Loisel fait dispara tre les pi ces conviction compromettantes et attribue l onor un pass cousu de fil blanc L ignominie des actes qu elle aurait commis ne peut que maintenir la pauvre jeune fille dans son amn sie On l aura compris Vigneux est un taiseur machiav lique particuli re ment bavard Le Fils de mon p re Hachette Jeunesse Le Livre de Poche Jeunesse Roman historique 2003 Le Myst re de l homme en bleu op
116. ent lever le secret provoque des d sordres psychologiques et physiques Elle plonge les h ros dans la stupeur Ala s resta un moment h b t e La jeune fille demeura p trifi e dans le d sarroi Impossible de raconter toutes les pens es qui se sont bouscul es dans notre t te Louise demeura muette les dents serr es Elle entra ne des manifestations psychosomatiques Nathana lle est prise de naus es Julien s vanouit Heureusement ces manifestations d rang es sont de courte dur e et les h ros ne tardent pas se sentir mieux Ils admettent avec philosophie leur filiation et affichent une s r nit enfin retrouv e le sourire Une Croix dans le sable Le Myst re l onor fait place l treinte Meurtre au Palais Pour eux le monde s est clair ET EO 5 s h ci leur univers narratif r sonne d un clat de rire complice La Maison aux 52 portes Les jeunes gens de papier ont subi une transformation qui leur a permis de grandir parce qu ils ont t initi s au secret de leur famille Quelle que soit la nature de ce secret le contexte historique dans lequel ils voluent et les contingences auxquelles ils sont confront s la m tamorphose des h ros d velyne Brisou Pellen est du point de vue de l esth tique ro manesque invariante Leur exp rience est st r otyp e dans la mesure o les h ros sont struc turellement li s par l criture au roman fam
117. ersement pour la fille et surmonter le sentiment de culpabilit g n r par le fantasme Selon Marthe Robert le romancier ne fait rien d autre qu crire son propre roman familial L criture romanesque aussi tent e soit elle par le d fi du r alisme et de l objectivit ne fait que reproduire un phantasme d embl e Le Secret de l homme en bleu op cit p 147 Ibid p 90 Ibid p 90 Marthe Robert Roman des origines et origines du roman op cit p 62 5 Jean Pierre Goldenstein Marthe Robert Roman des origines et origines du roman in tudes litt raires vol 6 n 1 1973 p 118 compte rendu disp lt http id erudit org 50027ar gt consult le 16 juillet 2008 Marthe Robert Roman des origines et origines du roman op cit p 62 57 romanc une bauche de r cit qui n est pas seulement le r servoir in puisable de ses futures histoires mais l unique convention dont il accepte la contrainte Si l on s en tient cette analyse dipienne les romans d velyne Brisou Pellen sacri fient en s rie les p res des h ros Cyril de Langeais Bouillon Myst re au point mort Alexos Les Enfants d Ath na Ala s de Tasillon Meurtre au palais Alexandre Slavici L Incroyable retour Giovanni Albizio Le Myst re de l homme en bleu Virgile Delahaye Un si terrible secret les font dispara tre par l exil Jean Pih ry Le Fils de mon p re le capitaine br silie
118. es amours clandestines Ils peuvent gale ment toucher l identit ou l int grit de la personne On songe la Gueule cass e de Jean 23 Pih ry Les familles taisent ce dont elles ont honte ou ce qui est essentiel leur survie ou leur statut social L homme en bleu ne veut pas r v ler son identit parce qu il prouve un fort sentiment de culpabilit il est persuad tre moralement responsable successivement de la mort de sa fianc e puis de son pouse La petite Anouchka Slavici doit sa survie son silence R v ler l oncle L opold ou la tante lisabeth qu elle n est pas la fille d Olga c est mettre en p ril sa s curit et tre assu r ment envoy e en orphelinat Perspective peu r jouissante quand on sait que le pays est gou vern par la dictature et les Cogneurs Survivre c est aussi enfouir ce qui ne peut tre communiqu tant l exp rience v cue a t traumatisante Les grands parents de Langeais Bouillon ne peuvent avouer aux jumeaux que leurs parents et fr res ont t les victimes d un meurtre pr m dit L absurdit du concours de circonstances est telle qu ils sont dans l incapacit de mettre des mots sur l innommable Le positionnement dans la soci t peut aussi g n rer des conflits internes Le cas d Ala s en est une illustration L adolescente croit tre prot g e par l empereur Charlemagne Sans qu aucun des deux le sach
119. es au secret dans les romans d velyne Brisou Pellen apporte un premier clairage sur la probl matique du secret Le caract re oligarchique du secret est un ressort essentiel la qu te des h ros Tenus l cart d une partie de leur histoire familiale ils enqu tent sur les zones d ombre afin de comprendre d o ils viennent qui ils sont et o ils vont Les effets du non dit ne sont jamais d vastateurs parce que au bout du compte les jeunes gens apprennent la v rit et sortent de leurs aventures grandis Le d s quilibre psychologique que le secret a pu engendrer se r sorbe in fine par l acceptation d une situation familiale connue Le secret certes les a perturb s le temps du roman mais a eu un effet b n fique en leur permettant de se construire Dans les romans tu Tbid p 216 217 Jean de La Fontaine Fables 1668 Les Femmes et le secret Livre VII 6 LGF Classiques de Poche pp 300 3001 Reproduction de l dition Dessaint amp Saillant et Durand 1755 dans les ditions Larousse 1996 16 di s les secrets ne sont pas des tueurs pour reprendre l expression de Serge Tisseron mais les leviers de leur entr e dans un monde qu ils envisagent avec s r nit C est le cas des jumeaux Alice et Brice de Langeais Bouillon qui ont perdu leurs p re m re et fr res non pas dans un malheureux accident de la route comme le d clarent leurs grands parents mais la su
120. es blancs et noirs et est peu lisible L album familial proc de m taphoriquement du m me processus de d veloppement du n gatif en positif du latent au manifeste La photographie vaut par ce qu elle montre et par ce qu elle ne montre pas Son champ pr suppose un hors champ l environnement r el les circonstances dans lesquelles et pour lesquelles elle a t prise la fa on dont elle a t prise puis d velopp e le mobile de son ar chivage la mani re dont elle est stock e les circonstances dans lesquelles elle est regard e Pour toutes ces raisons la photographie est un instantan qui s inscrit dans la dur e l avant le pendant et l apr s Elle convoque une activit mentale chez celui qui la regarde car il va n cessairement chercher la recontextualiser C est ce quoi s emploient les h ros d velyne Brisou Pellen Th o et sa m re ne re gardent que tr s rarement les photos de Jean Pih ry et lorsqu ils le font c est toujours en l absence de Georges le beau p re de Th o Le hors champ regarder les photos est signi fiant du sentiment de culpabilit qu prouve la m re de Th o l encontre de son second mari Elle exclut Georges parce qu elle a le sentiment de lui tre infid le et de lui pr f rer son pre mier mari Th o ne comprend pas les scrupules de sa m re Maman Georges ne ferait pas tant d histoire Le passage en revue des photos est source de
121. es du r el ou Une litt rature du vrai est elle possible colloque Fronti res de la fiction 1999 disp http http www fabula org forum colloque99 PDF Cantin pdf consult le 19 ao t 2008 4 Un si terrible secret op cit p 7 Philippe Lejeune Autobiographie Dictionnaire des Genres et notions litt raires Paris Encyclopaedia Universalis Albin Michel 1997 p 49 104 fille Nathana lle recopie dans son cahier des extraits du journal de sa grand m re et son pro pre journal constitue le roman d velyne Brisou Pellen Nathana lle prend de multiples pr cautions pour enfermer le secret des familles Jugan Blestin Delahaye dans sa bo te de Pandore Elle veut ainsi prot ger ses parents et leur viter d tre bless s D Stigmates du secret de famille Pour comprendre la nature des s quelles provoqu es par le secret familial il convient de faire un d tour par l anglais Les anglo saxons d signent le secret par l expression to have au skeleton in the cupboard Avoir un secret de famille c est avoir un squelette dans le placard La tournure idiomatique voit son usage se r pandre dans le champ de la recherche fran aise Le psychanalyste Victor Smirnoff intitule son article sur les secrets de famille Le squelette dans le placard et Claude Nachin son essai sur les effets transg n rationnels du secret familial l aide Y a un secret dans le placard 1 O il est quest
122. es par l acad misme de l criture merge un autre topos celui du secret de famille Les h ros et h ro nes d velyne Brisou Pellen ont bien souvent affaire avec des non dits familiaux Il leur incombe de franchir les fronti res du silence et de mettre nu la v rit condition romanesque ultime pour parvenir la maturit Ce passage oblig par la d sacralisation de la famille est ce qui fait m rir velyne Brisou Pellen Pour en savoir plus op cit p 1 H ros de Deux graines de cacao 2001 Hachette Jeunesse Le Livre de Poche Jeunesse Roman histori que 2006 Les Enfants d Ath na 2002 Hachette Le Livre de Poche Jeunesse Historique 2007 l enfant L infans est tymologiquement celui qui ne parle pas ici il est celui qui ne sait pas pour devenir adulte il lui faut grandir tre celui qui sait Le cadre historique se met alors au service du secret familial Les m canismes mis en uvre par l auteur sont la fois conventionnels et actuels Conventionnels car ils renvoient des formes paradigmatiques bien rep rables Actuels parce qu ils r pondent aux attentes de notre soci t friande de r v lations fracassantes et de confessions intimes IT Secret et post modernit Que le roman soit une forme discursive structurellement li e au secret de famille n est pas une id e neuve Marthe Robert a montr qu il puise ses origines dans le
123. est un enfant adopt un petit Br silien mis reux qu on a trouv en creusant la terre pour extraire le chocolat Ses propos ont un effet d vas l Andras Zempl ni La cha ne du secret in op cit Du secret Nouvelle revue de Psychanalyse p 314 Serge Tisseron Nos secrets de famille op cit p 65 Ibid p 65 L cole de Palo Alto a mis en avant dans les ann es 60 70 deux formes de communication l une verbale mise en mots et bien adapt e au contenu du message c est la communication digitale l autre centr e sur la relation Ses formes son non verbales gestes mimiques actes c est la communication analogique D finition du mot Retenir donn e par Le Nouveau Petit Robert Myst re au point mort op cit p 132 7 Le Myst re de l homme en bleu op cit p 156 Pierre Boutang Ontologie du secret op cit p 137 Deux graines de cacao op cit p 8 92 tateur sur Julien qui tombe dans les pommes Le gar on ne sort pas vivant de la r v lation son vanouissement est une mort symbolique Le secret est souvent transmis un tiers qui en devient le d positaire Une relation de confiance s instaure entre le d tenteur du secret et son confident les encha nant l un l autre dans une bulle privil gi e 1l vaut mieux que personne n en sache rien n est ce pas affirme plus qu elle n interroge l arri re grand m re de Natha
124. et donc un pass affectif suffisamment riche pour garder le souvenir de son fr re et de son p re r cem ment d c d s Quant au village il ne faut pas compter le berner la filiation du petit cacou est d autant plus connue qu elle est stigmatis e Les cacous personne ne les fr quentait C taient des gens habit s par une affreuse maladie la l pre qui leur mangeait les doigts les mains le nez C est pour a qu ils habitaient en dehors du village Ibid p 74 Ibid p 176 Ibid p 74 Ibid p 50 14 La rumeur ici fait pendant au silence qui entoure la famille du cordier Et pourtant Le petit n avait pas la l pre ni lui d ailleurs ni m me ses parents seul un arri re grand p re avait t malade Cependant le monde tait ainsi Le monde continuait 1 avoir peur des cacous Rumeur et secret de polichinelle entretiennent une relation de proximit Le se cret de polichinelle est un faux secret une chose que l on tente de dissimuler mais que tout le monde conna t Il s abolit lui m me parce qu il est connu d un trop grand nombre de personnes pour garder son statut d exception Le secret de polichinelle nous le retrouvons dans Le Secret de l homme en bleu Garin Trousseb uf alias Garin Trousselagune alias Troussecr tin Savantus Trouscus messire Garin TrouSsev rit Garin Troussebillet par ses r parties fac tieuse
125. ets des familles Albizio et Elmo Garin ne cache pas son insatia ble d sir m galomaniaque de rendre le monde plus intelligible aux autres quelle jouis sance de se sentir utile quelle excitation d avoir trouver des solutions La surnum ri sation r pond au projet de l auteure qui a cherch cr er un personnage itin rant qu elle puisse mener sur le long terme qui il arriverait plusieurs aventures qui apaiserait sa soif d explorer de multiples sujets m di vaux et qui serait au courant de beaucoup de cho ses m l des histoires de famille D o l id e d une s rie intitul e au Moyen ge Garin Trousseboeuf m ne l enqu te qui comporte ce jour onze titres On notera au pas sage que la mention ditoriale port e en quatri me de couverture D j parus dans la s rie pr te confusion Les aventures de Garin sont cycliques et non s rielles Il est important de ne pas faire l amalgame entre les notions de s rie et de cycle car elles renvoient des crit res esth tiques diam tralement oppos s Anne Besson en donne les d finitions suivantes Le Myst re de l homme en bleu op cit p 73 Ibid p 8 Ibid p 168 Fran ois Mauriac Le Romancier et ses personnages Paris Corr a 1933 p 128 in Yves Stalloni Dic tionnaire du roman Paris Armand Colin 2006 Personnage p 190 Umberto Eco Lector in fabula L
126. ets les ont marqu s mais jamais au point de les inhiber Tous trouvent l issue du r cit un quilibre Vincent Jouve L Effet personnage op cit p 56 112 CONCLUSION 113 Nous avons vu tout au long de notre tude que le propre du secret est d tre tenu dans un silence durable et mortif re Les silences ne sont jamais anodins Pour certains ils sont charg s de recouvrir un abandon d enfant pour d autres des exactions criminelles ou des extorsions d h ritages Dans tous les cas les h ros juv niles ont eu se d battre contre les fautes de leurs a n s Ils ont t les portefaix de leur culpabilit et s en sont d fendus avec courage et une intr pidit romanesque Conscients qu ils risquent de perdre leur identit ils se sont lanc s la poursuite de la v rit C tait pour eux le seul moyen de se construire et de pr parer leur avenir Leur souffrance tient essentiellement dans l obligation qui leur est faite de ne rien conna tre de leur pass v ritable L ignorance dans laquelle ils sont confin s nuit au d veloppement de leur personnalit parce que sans pass ils ne peuvent envisager leur avenir Brice du haut de ses treize ans rend compte de cette impossible projection Cela fait qu en r alit nous ne savons rien du pass pas grand chose du pr sent et nous esp rons fermement que l avenir n est pas trop loin derri re le rideau de brouillard Les adolescents n
127. ette Jeunesse Le Livre de Poche Jeunesse 2007 BRISOU PELLEN velyne MARINI Jacques ill Le Fils de mon p re Paris Ha chette Jeunesse Le Livre de Poche Jeunesse 2003 BRISOU PELLEN velyne WINTZ Nicolas ill Le Myst re de l homme en bleu Paris Gallimard Jeunesse Folio Jeunesse 2003 BRISOU PELLEN velyne MARTINEZ Sergio il Une Croix dans le sable Paris Hachette Jeunesse Le Livre de Poche Jeunesse 2004 BRISOU PELLEN velyne BARANGER Fran ois ill Les Prot g es de l empereur 1 Meurtre au Palais Paris Pocket Jeunesse Coll ge 2007 MOREAU Gustave dipe et le Sphinx 1864 Huile sur toile 206 x 105 cm New York Metropolitan Museum BRISOU PELLEN velyne Brisou Pellen SAMAMA Aude ill Le soir de nos 13 ans Paris Oskar Jeunesse Oskar polar 2008 SABBIO Alter ego 2008 Acrylique sur toile coton sur ch ssis 30 x 30 cm 125 Page 31 Pages 53 54 Page 60 Pages 73 74 Page 78 Page 91 Page 95 Page 95 Table des sch mas et tableaux G n alogie simplifi e de la famille Jarnois La Maison aux 52 portes Oedipe Roi et Les Enfants d Ath na convergences et divergences Analyse lexicale de la g n alogie dans La Maison aux 52 portes Titres de romans et titres de chapitres Analyse du champ lexical du secret et de la famille Transposition du mod le quinaire la logique du secret Table des secrets d
128. f es Catherine est la victime sans d fense de son tuteur Son amn sie la confine dans une servilit dont elle n aurait pu se d gager sans l aide d un adju vant Les ingr dients narratifs autorisent une transposition avec le conte traditionnel On y retrouve la beaut et l innocence de l h ro ne le prince charmant en la personne d Antoine de la Hubardi re et la force malveillante d un opposant Henri de Vigneux est un tre nuisible qui cherche d pouiller la candide Catherine de ses pr rogatives et parmi celles ci la plus essentielle son identit Il est remarquable de constater que le patronyme du beau p re de la jeune fille Vigneux fait r f rence au feu ignis en latin est le feu on se souvient que l incendie de Rennes est l origine de l amn sie de Catherine On y retrouve galement le topos de la maison isol e qui n est pas sans rappeler celle de la m re grand du Petit Chape ron rouge L arri re pays rennais constitue un no man s land infranchissable dans lequel Ca therine est tenue de ne pas s aventurer les dolmens profilent leurs silhouettes inqui tantes sur la lande inextricable de gen ts et ajoncs sauvages Enfin le happy end consacre le ma riage des jeunes gens bien n s et ch tie les malintentionn s Les jumeaux de Langeais Bouillon ressortissent dans la premi re partie du roman de l Enfant trouv Leur imagination s exprime pleinement dans le grenier dans lequel ils se
129. familles romanesques d velyne Brisou Pellen aussi diverses que soient leurs r partitions reposent sur le m me invariant concilier l int r t public et l int r t priv Les protagonistes sont cartel s entre la n cessit de se plier aux normes familiales tatiques et leur revendication de s en affranchir En 1977 le sociologue Jacques Donzelot montre com ment la famille occidentale devient partir du xIx si cle le creuset de cette double exigence tre gouvern e et se gouverner int grer une Police de la Famille et mettre en place une po lice dans sa famille en tablissant une organisation micro soci tale Le terme de police n est pas prendre dans le sens r pressif qu on lui octroie le plus souvent aujourd hui mais tre La Maison aux 52 portes op cit p 119 Le Fils de mon p re op cit p 211 Ibid p 175 Tbid p 213 43 compris comme englobant toutes les m thodes de d veloppement de la qualit de la popu lation et de la puissance de la nation La forme la plus aboutie de d fense de l int r t pu blic est illustr e par Les Enfants d Ath na qui p rennisent le d veloppement de la cit ath nienne en livrant l emplacement du tr sor d Apollon Gr ce eux les caisses de l tat sont renflou es et la puissance de la nation renforc e La famille du c ramiste n existe que dans sa fonction politique l oppos la famille Jarnois est l incarnat
130. ge t elle r s Ramonville Sainte Agne 2006 VII Documentation sur les mythes et la m diologie e LIADE Mircea Aspects du mythe 1963 Paris Gallimard 1988 e LIADE Mirc a Initiation rites soci t s secr tes Naissances mystiques Essai sur quel ques types d initiation 1959 Paris Gallimard Folio Essais 1992 SOPHOCLE dipe Roi dipe Colone traduit du grec par Leconte de Lisle 1879 disp lt http fr wikisource org w index php gt derni re mise jour 5 mars 2008 e VIERNE Simone Rite roman initiation 1987 Grenoble P U G 2000 VIII Usuels e Dictionnaire des Genres et notions litt raires pr f Fran ois Nourissier Paris Albin Mi chel Encyclopaedia Universalis 1997 918 p Nouveau Dictionnaire tymologique et historique Paris Larousse 1964 Encyclopaedia Universalis Paris Encyclopaedia Universalis 1996 23 volumes Le Nouveau Petit Robert Paris ditions LeRobert 2003 CARLIER Robert LALANNE Jean Louis dir Dictionnaire des citations fran aises Paris Larousse 1990 e GRIMAL Pierre Dictionnaire de la Mythologie grecque et romaine Paris PUF 1979 dition e JARREY Michel dir Lexique des termes litt raires Librairie G n rale Fran aise 2001 6 me 121 LAPLANCHE Jean Laplanche PONTALISJean Bertrand Vocabulaire de la psychanalyse Paris PUF Biblioth que de psychanalyse 1973 MIERMONT Jacques dir Dictionnaire des
131. gneusement class es dans des albums dans La Maison aux 52 portes Le p re la m re et la fille les feuillettent m thodiquement selon un ordre chronologique Pour qu elles pren nent sens les photos doivent entrer en r sonance avec au moins l une des personnes qui les regardent sans quoi elles sont muettes Le p re de Ma lys s applique reconstituer la g n a logie Jarnois Lorsqu il ne reconna t pas l un des membres il conjecture leur identit Il doit s agir de sa femme Victoire mon arri re grand m re et de ses deux a n s La fille a l air d avoir trois ou quatre ans Albert n tant pas encore n cette date et encore moins Ren le petit dernier qui tait de 1917 ce b b doit tre mon grand p re Louis L une des photos attire plus particuli rement l attention de Ma lys Il s agit d une de ces grandes photos dont les familles avaient le secret et qui rassemblaient toutes les g n ra tions Elle datait de 1913 Ce type de photos plus que toutes les autres d livre un message sur le d sir de continuit familiale en pr sentant les personnages dans les liens qui les unissent les uns aux autres Le nom de chacun des membres de la famille Jarnois est report au dos du document Malheureusement en dehors de quelques uns la plupart de ces noms ne disaient rien papa Ma lys remarque que l un d eux est oblit r au moyen d un papier blanc Tbid
132. gra phies partielles et non concurrentielles chez tous les diteurs de notre corpus d dicaces 4 pr faces et post faces exergues r sum s en quatri me de couverture dans tous nos ro mans La panoplie paratextuelle s est consid rablement d velopp e dans l dition de jeu nesse depuis la fin du xx si cle signifiant que les maisons d dition en ont bien compris l enjeu C est une mani re pour elles de l gitimer une production litt raire en mal d identit et d attirer un public de perscripteurs parents enseignants par le s rieux de leurs recomman dations ou documentation annexes G rard Genette distingue deux sortes de paratextes selon que ceux ci sont situ s l int rieur du livre les p ritextes ou l ext rieur les pitextes Cette caract risation se fonde sur un crit re d emplacement Les titres notes sommaires sont des p ritextes tandis que les entretiens articles et missions litt raires sont des pitextes Les prix litt raires d cern s Un si terrible secret 8 Deux graines de cacao 3 La Maison aux 52 portes Le Myst re l o nor Les Enfants d Ath na L Incroyable retour ressortissent de l pitextualit Ils contribuent la notori t des romans et d terminent d une fa on ou d une autre leur r ception Toujours dans la logique pitextuelle la mise en ligne par les ditions Hachette d un dossier p dagogi que sur Le Fils de mon p re Deux grai
133. icion Confidents Qu te enqu te R v lation du secret d un secret t moins fouilles du secret Lisons de fa on comparatiste les romans de notre auteur partir mod le quinaire et voyons comment velyne Brisou Pellen exploite chacune des cinq tapes du sch ma narratif Jean Pierre Goldenstein Lire le r cit 1989 Bruxelles de Boeck Savoirs et Pratique 2005 p 77 Jean Michel Adam Le texte narratif 1994 Paris Nathan Universit Fac 1999 et Les textes types et prototypes 1997 Nathan Universit Fac 2001 78 1 L tat initial La m connaissance du h ros peut tre totale ou partielle Sur une chelle m taphori quement emprunt e au spectre lumineux allant du plus obscur au plus clair les enfants Laur gan comme St phanos se situent dans la partie la plus sombre Ils sont dans un tat initial de m connaissance totale et tiennent leurs parents adoptifs pour leurs parents biologiques Leur obscurantisme est concurrenc par celui de Catherine encercl e par le trou noir de son amn sie Catherine ne risque pas de savoir qui sont ses parents puisqu elle ne sait m me pas qui elle est l oppos Julien Abalain sait d entr e de r cit qu il a t adopt Le docu ment sur lequel il met la main le renseigne sur son origine g ographique Ha ti mais ne l informe pas sur ses origines biologiques Pour lui le secret de ses origines est en partie
134. ielle et que la famille nucl aire la plus stable des douze romans est aussi la plus g n rique ni le p re ni la m re sont pr nomm s Le p re est mon p re ou papa la m re est ma m re ou maman et il est fait mention des parents pour d signer le couple Inspir e par le titre num raire du roman nous nous sommes livr e un relev syst matique des occurrences familiales Nous les avons organis es autour de cinq items les pa rents de Ma lys occurrences parentales mon p re maman la famille largie occurren ces g n alogiques fille arri re grand oncle cousin C leste Ma lys et toute personne nomm ment voqu e occurrences pr noms Ce relev syst matique est motiv par la pr Tbid p 144 Ibid p 23 Michel Z raffa Personne et personnage Le romanesque des ann es 1920 aux ann es 1950 cit par Vincent Jouve in L effet personnage Presse Universitaires de France criture 1992 p 62 Thomas Pavel Univers de la fiction Seuil Po tique 1988 L auteur souligne le paradoxe sur lequel repose la fiction dualit du r f rent r el fictif la capacit des tres non existants susciter des motions chez le lecteur 59 gnance d une supra figure paternelle celle de l arri re arri re grand p re paternel de Ma lys Edmond Jarnois Analyse lexicale de la g n alogie dans La Maison aux 52 portes Lexiqu
135. ilial c est ce que d montre Marthe Robert et au secret de l criture par le pouvoir de temporalisation de l auteur qui d cide d informer ou non le lecteur Elle l est aussi du fait de sa construction r troactive Le secret familial est un postu lat qui d termine la logique narrative de sa r v lation les travaux de G rard Genette nous ont permis de comprendre la construction rebours du secret narratif Elle l est encore par l ge des h ros leurs pr occupations mim tiques avoir faim soif du chagrin tre fatigu pleurer se parler soi m me et de leurs facult s surmonter les obstacles d sob ir ne pas tre impliqu dans la traite des esclaves mettre en pi ce une vendetta Myst re au point mort op cit p 148 Meurtre au palais op cit p 245 La fille du comte Hugues op cit p 71 Myst re au point mort op cit p 149 Une Croix dans le sable op cit p 164 6 Un si terrible secret op cit p 124 sur 124 p 7 Myst re au point mort op cit p 154 sur 154 p 81 Mais cette modalisation est fluctuante Les h ros des secrets familiaux ne sont pas ceux qui accomplissent le plus d actes h ro ques Des trois Ath niens St phanos est le plus vuln rable Catherine Jehanne et Anouska sont soumises Ils acqui rent pourtant une cons cience de leur tre narratif Le je du d but du roman est devenu un autre en fin de ro man Ce passage exis
136. ime est le bonheur d exister mais qui d truisent aussi sournoisement la libert de pens e l esprit de tol rance et le courage d tre soi m me Serge Tisseron Nos secrets de famille Histoires amp Mode d emploi Ramsay 1999 p 8 Myst re au point mort Rageot Cascade policier 1999 p 154 155 17 Roman 1 5 P S Novembre 1045 dans un comt Dame Hersende Particle de la La ihe mort annonce Jehanne dix sept ans qu elle n est pas sa m re du comte Hugues Nourrice au ch teau du comte Hugues et de la comtesse B atrice elle a lev ensemble leur fille Anne et sa propre fille Jehanne Une pid mie a emport les ch telains et l une des petites filles g es de trois ans Hersande serait partie avec la survivante non pas Je hanne mais avec sa s ur de lait Anne Dans l impossibilit de faire son deuil Hersende aurait substitu l identit des deux fillettes La v rit est tout autre Des ann es apr s devenue comtesse et m re son tour Jehanne alias Anne d couvre qu Anne boitait Son identi t ne fait plus de doute Elle est Jehanne Sa m re avait menti pour la sauver de la disette et lui assurer un avenir Jehanne s appr te r v ler la v rit son poux Guillaume Ol rius mais le vieux m decin du ch teau l en dissuade Roman 2 poque contemporaine dans un pays au climat rude Anouchka huit ans et Ivan dix huit ans d barquent la
137. inq cus de Bretagne et Le Fant me de ma tre Guillemin Les Enfants d Ath na op cit p 74 Ibid p 199 Catherine Tauveron Litt rature de jeunesse ou jeunesse pour la litt rature et son enseignement Actes du s minaire national Perspective actuelles de l enseignement du fran ais Paris 23 24 25 octobre 2000 disp lt http eduscol education fr D0033 actfran_tauveron pdf gt p 4 Minist re de l ducation nationale Enseigner au coll ge Fran ais Programmes et Accompagnement Paris 2006 disp lt http www cndp fr secondaire francais gt Gallimard Folio Jeunesse 1997 Hachette Le livre de poche Jeunesse 1993 7 Gallimard Folio Junior 1996 55 Nous avons cherch montrer avec Les Enfants d Ath na comment un parchemin crit pouvait tre gratt et servir de support un nouveau texte Mais l op ration de grattage ne suffit pas d un point de vue herm neutique c est dire du point de vue de l interpr tation des textes effacer purement et simplement le contenu de l hypotexte La palimpsestueuse criture pour reprendre le n ologisme de Philippe Lejeune ne peut jamais gommer la pr c dente et continue malgr elle renvoyer au m me patron l histoire d dipe En couture le patron est le gabarit sur lequel on appose le tissu pour en d limiter les contours Le patron est une silhouette de l uvre venir
138. ion d une repr senta tion bourgeoise de la famille repli e sur elle m me et sur ce qu elle croit tre une valeur l autorit paternelle Entre ces deux extr mes il y a les espaces familiaux qui conjuguent l organisation ex terne voulue par l tat et l organisation interne d cid e par le chef de famille Nous retrou vons au fil des lectures diverses structures interm diaires destin es tablir des passerelles entre un syst me familial impos ducation nationale et des cellules familiales bourgeoises d fendant leurs pr rogatives ducatives ducation libre Les enfants se trouvent alors au confluent d une double ducation qui d fend la fois un mod le g n ral et un mod le parti culier Ils sont confi s des nourrices La Fille du comte Hugues Deux graines de cacao Meurtre au Palais sont confi s des orphelinats Deux graines de cacao Le Myst re de l homme en bleu des familles d accueil Le Myst re l onor Une Croix dans le sable grandissent au pensionnat Le pensionnat religieux de Deux graines de cacao Saint Cyr dans Le Myst re l onor ou consacrent le plus clair de leur temps l cole les cours de l col trine dans Meurtre au Palais le cours priv des Tulipiers dans Myst re au point mort Ces structures ducatives constituent les organes tut laires d une architectonique sociale qui vient non plus pr server la famille mais I encercler
139. ion de squelette et de fant me Ces formules nous int ressent par le lien qu elles tablissent entre le secret et son en fermement d une part le secret et la mort d autre part Nous avons d j voqu la fonction embl matique du mobilier dans le secret familial Attachons nous maintenant la notion de squelette On peut convenir avec Claire Delassus que le squelette est quelque chose de tr s compromettant qui se trouve dissimul la barbe de tout le monde dans des meubles respec tables de famille dont on r serve habituellement l usage aux objets m nagers au linge ou la vaisselle Mais le squelette n est pas le cadavre seulement ce qu il reste d un corps qui s est d compos avec le temps Il est la trace tangible de ce qui fut autrefois Il est en quelque sorte l ossature d un v nement qu on a voulu vider de sa substance La d couverte macabre d Ala s au chapitre 2 du noy La cicatrice est significa tive de la probl matique du squelette dans le placard L homme s est introduit clandestine ment au palais pour rallier Ala s la cause Saxonne Devant le danger qu il repr sente pour la paix du royaume franc et la tranquillit de la jeune fille Bertrade le tue Son cadavre encom Victor Smirnoff Le squelette dans le placard in Du secret Nouvelle Revue de Psychanalyse op cit p 27 Claude Nachin l aide Y a un secret dans le placard Paris Fle
140. ion retir e de France Le p re de Ma lys h rite de son grand oncle Albert Jarnois d une maison familiale Dans cette imposante demeure Ma lys de son vrai nom l tat civil C leste Ma lys a des hallucinations auditives olfactives et visuelles qui la conduisent d couvrir que son arri re grand tante C leste a t enferm e l ge de 20 ans de1916 jusqu sa mort dans une pi ce aveugle de la b tisse afin d emp cher son mariage avec Joseph C leste attendait un enfant de Joseph un ancien s minariste qui n avait pas pr sent ses v ux Son p re Edmond Jarnois l arri re arri re grand p re de Ma lys donc s tait oppos au mariage de sa fille avec un d froqu L enfant Ren a t lev comme tant le fils d Edmond et de Victoire Ren Jarnoi s n est donc pas l arri re grand oncle de Ma lys mais son grand oncle La r v lation du secret transg n rationnel permet Ma lys et ses parents de s tablir sereinement et d finitivement dans la demeure familiale Roman 7 1819 Saint P re en Retz r gion nantaise Julien Abalain 12 ans apprend fortuitement dans le pensionnat reli gieux o il fait ses tudes qu il est un enfant adopt d origine ha tienne Il fugue et s embarque bord du Prince Sauvage Arriv Port au Prince il apprend qu il est le fruit d une rencontre ph m re de Victoire Abalain avec Deux graines de
141. it la transtextualit fait appara tre de nombreuses relations qu un texte peut entretenir avec d autres Genette d finit cinq types de relations transtextuelles qu il classe par ordre croisssant L intertextualit est circonscrite aux seuls cas de pr sence effective d un texte dans un autre Ses formes les plus courantes sont la citation le plagiat ou de l allusion La paratextualit d signe la relation qu un texte entretient avec son environnement textuel imm diat les titres intertitres pr faces notes etc Les composants paratextuels constituent les seuils du texte La m tatextualit renvoie toutes les formes de commentaire d un texte sur un autre C est par excellence le texte criti que L hypertextualit fait r f rence un processus de d rivation Le texte source sert de mod le ou d inspiration et donne lieu une r criture peu ou prou fid le C est ici que se rangent la parodie et le pastiche Enfin l architextualit qui tablit une relation d appartenance une cat gorie g n rique Nous nous appuyons sur les notions d intertextualit et de transtextualit pour lire Les Enfants d Ath na 1 Intertextualit dans Les Enfants d Ath na Le roman d velyne Brisou Pellen fait explicitement r f rence au mythe d dipe Dans le cinqui me chapitre du roman N ra enjoint son petit fr re la discr tion afin de ne pas attirer l attention de leurs pours
142. ite d un assassinat Leur p re Cyril tait au volant de la voiture familiale lorsqu il a re u une balle en plein c ur Aussi tragique que soit le quiproquo dont a t victime la famille les ju meaux conservent un bel optimisme Bien s r cette histoire nous laisse une terrible blessure au c ur On n a pas tout perdu puisqu on est deux Et puis de l autre c t du d sert il y a la vie ID R sum s des romans Il y a secret de famille lorsque certains membres de la famille cachent d autres des faits qui les concernent de pr s ou de loin soit parce qu ils ont une retomb e directe sur la filiation soit parce qu ils jettent le discr dit sur la famille l alcoolisme l inceste l internement l illettrisme les violences l homosexualit l incarc ration la ruine Le se cret familial n est donc pas toujours un secret de filiation mais quelque soit sa nature il est inavouable parce que honteux L impossible aveu de la faute g n re un sentiment de culpabi lit qui rejaillit sur ceux qu on a justement voulu pr server Quels sont donc les v nements ou actes frapp s du silence dans les romans d velyne Brisou Pellen Avant de les analyser nous proposons un r sum orient dans le sens du se cret familial de chacun des douze romans pr sent s dans l ordre chronologique de leur paru tion Le Car disons le d embl e les secrets sont des tueurs dont la premi re vict
143. itres des romans d velyne Brisou Pellen Nous ouvrent ils un horizon sur le secret de famille Charles Grivel Production de l int r t romanesque Un tat du texte 1870 1880 un essai de constitution de sa th orie La Haye Paris Mouton 1973 p 173 Ganna Ottevaere van Praag Le roman pour la jeunesse Approches D finitions Techniques narratives op cit p 168 Ibid p 168 G rard Genette Seuils op cit pp 80 106 5 Antoine Fureti re Le roman bourgeois in Le roman au XVIIe si cle Paris Gallimard Biblioth que La Pl iade p 1084 cit par G rard Genette Seuils op cit p 95 71 B Regards crois s sur la titrologie chez velyne Brisou Pellen D un point de vue formel les titres de notre corpus sont concis lisibles et d une cons truction syntaxique nominale Tous remplissent leur fonction de d signation que Genette tient pour acquise Pourtant cette vidence ne doit pas aller de soi puisque Myst re au point mort a t r dit par les ditions Oskar Jeunesse en mars 2008 sous le titre Le Soir de nos 13 ans Le nouveau titre fait r f rence une journ e charni re pour les jumeaux pour qui tout bascule le jour de leur treize ans quand Brice et Alice d cident de ne plus se satisfaire des r ponses n buleuses de leurs grands parents et de chercher conna tre les circonstances exac tes de l accident Tous les titres remplissent une fonction de descriptio
144. jective de l criture romanesque est relay e par le lisant Ce dernier adh re volontiers au monde narratif aussi incroyable soit il parce qu il r active son d sir de croire en des histoires dormir debout qui lui permettent de d passer la trivialit de la r alit et surtout de liquider les conflits dipiens qui ont marqu sa prime enfance Ce croire au narratif pour reprendre l expression de Vincent Jouve s explique par le fait que tout roman ne serait qu un avatar du roman familial le plus universel qui soit le mythe d dipe la confiance accord e jadis aux productions de son imaginaire le roman fa milial a jou un tel r le dans la structuration du sujet qu il est devenu le fondement psycho logique de toute croyance narrative Le moment est venu de voir comment partir de l universalit du roman familial les personnages se constituent dans le champ du secret de famille Selon Marthe Robert les per sonnages se construisent partir deux mod les l Enfant trouv et le B tard D Enfant trouv Enfant b tard 1 Profil de l Enfant trouv Les personnages des contes de f es font partie du sch ma narratif de l Enfant trouv Ce sont le plus souvent des orphelins livr s des forces malveillantes comme les mar tres de Cendrillon et Blanche Neige Pour y chapper le h ros ici l h ro ne est contraint de quitter le domicile familial pour s enfon
145. jurer pour la premi re fois de ne jamais rien dire A x 2 ni au petit fr re ni au village Quant Lancelot il se souvient parfaitement qu ils avaient prononc un serment identique l arriv e de Bonie La r p tition de la sc ne est int ressante double titre D une part parce qu elle souligne la fonction de protection du secret Ici il s agit non seule ment de pr server l quilibre affectif de l enfant mais galement de conserver l quilibre so cial les villageois ne doivent jamais conna tre la v rit En construisant de toute pi ce une version qui atteste une filiation directe qu elle soit l gitime ou non les parents Laur gan oeuvrent la coh sion sociale Ils s attachent renvoyer la soci t une image convention nelle de leur famille D autre part parce qu elle cr e une profondeur narrative par sa mise en abyme Chacun pr te serment alors que lui m me pense que sa naissance est transparente et n a pas t marqu e par le sceau du secret qu elle n a fait l objet d aucune omerta fami liale Ce qui est loin d tre le cas puisque chacun des quatre enfants Laur gan est un enfant recueilli qui ne sait rien de ses origines biologiques L accueil du cinqui me enfant dans l explicit chappe au rite du serment les Laur gan ne peuvent affabuler sa naissance Ils ne peuvent leurrer ni le petit gar on ni les villageois Herv Hemery a en effet six ans
146. l ment paratextuel par lequel l crivain tablit un contact imm diat avec son destinataire Il doit susciter l imaginaire du lecteur en l entra nant dans des conjectures narratives Comme le fait remarquer Ganna Ottevaere van Praag propos des romans pour la jeunesse la fonction du titre est d autant plus importante que bien souvent les lecteurs sont une client le peu sensible au nom d un crivain qu elle ne conna t gu re C est pourquoi il doit susciter d embl e des interrogations mobiliser la fantaisie et intro duire des motions tonnement rire r verie effroi G rard Genette attribue quatre fonctions l appareil titulaire une fonction vidente de d signation le titre nomme le livre il est sa carte d identit son num ro d ISBN une fonction de description le titre sert alors rendre compte du contenu du livre titre th mati que ou de sa forme titre rh matique une fonction de connotation le titre ne se contente pas de d noter le contenu du livre il renvoie des significations connexes qui font appel l intelligence ou l imaginaire du lecteur une fonction de s duction le titre cherche met tre en valeur l ouvrage et incite le lire et l acheter Cette fonction s ductrice du livre a t tourn e en d rision par Antoine Fureti re qui d clarait qu un Un beau titre est le vrai prox n te d un livre Que nous promettent les t
147. l imaginaire des jeunes lecteurs d aujourd hui et donner du sens leur pr sent C est une des raisons pour lesquelles ses livres rencontrent un si vif succ s dans le milieu scolaire Nombre de ses romans font l objet d exploitations p dagogiques principalement par les professeurs de Fran ais et d Histoire Un tour d horizon des sites collaboratifs destination des enseignants nous en convainc rapidement Il faut dire que l entr e de la litt rature de jeunesse dans les programmes du coll ge en 1995 et du primaire en 2002 assortie d injonctions la pluridisci plinarit ont largement inspir les auteurs et les diteurs dans ce sens Aussi pouvons nous penser que les romans d velyne Brisou Pellen sont mus par une double pr occupation ills instruisent en m me temps qu ils divertissent De ce point de vue ils s inscrivent dans la li gn e des fictions historiques point es par C cile Boulaire qui parviennent satisfaire les attentes contradictoires des lecteurs enfants et des prescripteurs adultes L auteur n a pas de p riode de pr dilection les actions se situent tour tour dans l Antiquit au Moyen ge la Renaissance l ge classique ou plus pr s de nous durant la premi re moiti du xx si cle marqu e par les guerres mondiales La p riode imm diatement contemporaine l int resse moins J aime me plonger dans les poques r volues les res susciter dans des p
148. la loi est transgress e la famille s efforce d touffer la conduite anormale en y opposant un sc nario qui la maintienne dans la norme sociale C est ainsi que le secret alimente ce qu il est convenu d appeler depuis Antonio J Ferreira un mythe familial Pour comprendre ce concept introduit en 1965 par le psychosociologue portugais il convient de revenir sur la notion de mythe Le mythe est un r cit fondateur qui relate un v nement qui a eu lieu dans le temps primordial le temps fabuleux des commencements c est toujours le r cit d une cr ation On rapporte comment quelque chose a t produit a commenc tre En racontant l histoire du monde et celle de l humanit il se charge d en expliquer les myst res de leurs origines Le mythe met en sc ne des personnages extraordinaires surhumains ou divins dont les actes retracent les v nements qui ont marqu l histoire d une communaut Les h ros symbolisent les aspects de la condition humaine traduisent ses aspirations et refl tent ses angoisses la vie la mort la sexualit Les travaux en ethnologie soulignent l universalit des mythes Pour se construire un groupe social a besoin d adh rer des croyances transmi ses de g n ration en g n ration de croire en la v racit de ce que Claude L vi Strauss ap pelle une matrice de la connaissance Le mythe familial rel ve du m me processus imaginaire Il d sig
149. leste Les deux personnages ne produisent pas le m me L une des instances narratives propos es par Genette Elle correspond au degr le plus fort de l homodi g tique G rard Genette G rard Genette Figures III Seuil 1972 p 72 60 effet sur le lecteur ou pour tre plus pr cis sur ce que Vincent Jouve appelle le lisant c est dire sur la part du lecteur pi g e par l illusion r f rentielle Le p re attire la sympathie par son dynamisme son humour et sa facult communiquer avec Ma lys C leste agit selon le code affectif C est une gageure pour l auteure d introduire dans un si court roman vingt membres r partis sur cinq g n rations Le lecteur ne conna t pas les pr noms de chacun ni leurs parcours Pourtant il lui faut s y retrouver dans la saga Jarnois et comprendre que la naissance de l un d eux Ren est au regard de l tat civil remont la branche sup rieure de la filiation Il lui faut aussi accepter une projection identificatoire entre les deux C leste ang liquement bien nomm es L vocation de ces deux romans nous ram ne la probl matique de Marthe Robert D o vient l essentialit des personnages romanesques Comment se fait il que l illusion romanesque fonctionne aussi efficacement tant du point de vue de la tentation scripturale que du point de vue de la r ception La r ponse trouve sa r solution dans le d sir de trans forma
150. leur fr re ou s ur biologique Cette sc ne a pour fonction de sceller un secret de filiation et d engager chacun des t moins ne jamais r v ler la v rit plac e sous le sceau du secret le cachet faisant foi est ici le serment pr t Parfait r p ta Eder Maintenant coutez moi Si cet enfant Perceval reste avec nous il devient mon fils et votre fr re tout jamais Alors vous ne lui direz jamais la v rit c est entendu Je vous demande de le jurer Tu sais ce qu est jurer Bonie C est que si on ne fait pas ce qu on a promis on va en enfer Ibid p 144 Les Enfants d Ath na op cit Ibid p 133 4 Une croix dans le sable op cit 13 Et il tendit la main au dessus du panier o l on avait couch le nouveau venu A A 1 Par ordre d ge ses enfants pos rent alors leur main sur la sienne tour de r le donc Louise Lancelot et Bonie jurent sur la t te du nourrisson de l apparenter Cette sc ne Perceval et Louise l ont v cue l occasion de l adoption de Bona venture Bonie Et avant cela Louise a six ans lorsque qu elle jure de ne jamais r v ler que Lancelot n est pas l enfant biologique du couple Laur gan mais le fils d une pauvresse trop d munie pour nourrir une cinqui me bouche Sauf que Louise se rappelait parfaitement ce voyage Tr guier o aucun fr re n tait n C est l qu elle avait d
151. lge dit en substance que tout secret sous tend un abus de pouvoir D tenir un secret implique d tre en possession d un savoir que l on d cide de communiquer quelques uns et pas d autres En ce sens le secret est bien la manifestation d un pouvoir sur l autre Mais ce pouvoir est toujours assorti d une menace que le secret soit r v l Pour la pallier le d tenteur du secret met en place un dis positif pour s assurer que le secret est bien gard Pour ce faire il impose des r gles C leste a transgress la loi en ayant une aventure sentimentale jug e inadmissible pour Edmond pouser un ancien s minariste revient pouser un d froqu Le p re d cide donc d enfermer sa fille La s questration tant elle m me une transgression de la loi Edmond multiplie les mensonges pour couvrir l ill galit de sa conduite Il fait croire Joseph que C leste ne l aime plus Ensuite il fait croire l entourage que C leste s est enfuie en 1916 avec un homme puis il fait croire C leste que son fr re Louis est parti volontairement faire ses tudes en Angleterre En fait le jeune homme est d lib r ment loign de la demeure familiale Enfin il d clare que Ren est son fils Par ces contre v rit s Edmond impose sa loi Il en fixe les r gles et dicte ce qui doit tre fait dans un cas d termin Les deux seu les personnes impliqu es dans le secret la m re et le petit fr re
152. lue sur la perception que les autres ont de la personne qui en est afflig e et en quoi il contribue son identit per sonnelle Par identit personnelle il propose d entendre tous les signes patents ou porte Tbid p 151 Erving Goffman Stigmate Les usages sociaux des handicaps 1963 traduit de l anglais par Alain Kihm Paris Minuit Le sens commun 1975 p 11 L Incroyable retour op cit p 109 Ibid p 109 Ibid p 116 6 Ibid p 37 7 Erving Goffman Stigmate Les usages sociaux des handicaps op cit p 57 8 Ibid p 74 108 identit et la combinaison unique de faits biographiques qui finit par s attacher l individu l aide pr cis ment des supports de son identit Les porte identit s sont les l ments par lesquels chaque individu se laisse diff rencier de tous les autres attributs morphologi ques immuables tels que l criture ou la physionomie pi ces d finitivement enregistrables telles que le certificat de naissance le nom et le num ro d tat civil La combinaison de ces attributs en fait un tre unique ses caract ristiques une fois combin es ne peuvent s appliquer personne d autre L unicit de l individu implique que les autres se la repr sen tent Pour ce faire ceux ci s appuient sur les informations sociales v hicul es par les signes patents L identit personnelle se construit donc partir de l
153. mbivalente Confier un secret permet au d tenteur de rel cher la tension due la r tention du secret Cela me fera du bien de raconter quelqu un de sa famille Blestin d clare l ancien ges tapiste Nathana lle La confidence lui permet aussi d affirmer doublement sa souverainet sur l autre le destinataire et le d positaire En se confiant un partenaire qu il choisit parmi Ibid p 9 Un si terrible secret op cit p 111 Le Myst re l onor op cit p 31 Ibid p 61 5 Pascal Bouvier Le secret la transparence la discr tion in S miologie du secret op cit p 43 Andras Zempl ni La cha ne du secret in Du secret Nouvelle revue de Psychanalyse op cit p 314 93 d autres possibles il affirme sa sup riorit pour lavoir lu du seul fait de sa d cision Il le pi ge et le pare en m me temps de prestige C est ce qui se passe pour Garin lorsque Giovanni se confie lui tour tour il le somme de se taire et r clame son aide Et ne t avise pas de lui en parler sa m re Je suis muet comme une tombe r plique Garin La r ponse imag e du jeune scribe est conven onnelle elle attire n anmoins notre attention car elle tablit un lien explicite entre le secret et la crypte Nous aborderons un peu plus loin les notions de crypte et de fant me Garin s engage aupr s de Giovanni dont il subit l autorit mais dans le
154. me M rop Polybos l l ve comme s il tait son Sophocle dipe Roi op cit Nous passons maintenant la version de Leconte de Lisle Celui ci ne traduit pas les noms propres il proc de une translitt ration C est dire qu il transpose les signes de l alphabet grec ancien dans les signes de l alpha bet fran ais en veillant ce que la prononciation fran aise soit la plus proche possible de la prononciation grec que Nous respectons ici la transposition du traducteur D o le changement d orthographe de La os en Laios texte de Leconte de Lisle et la transcription d Oidipous pour dipe et de m me pour tous les noms des h ros de la trag die Ibid sc 9 V 1026 p 30 Tbid sc 9 V 1029 p 30 48 fils biologique et l aime parce que depuis longtemps il manquait d enfants Le quatri me secret porte sur le secret de l adoption Suite aux rumeurs selon lesquelles il ne serait pas le fils de Polybos et de M rop dipe consulte l oracle Loxias lui apprend qu il tuera son p re et s unira avec sa m re Loxias a dit autrefois que je coucherais avec ma m re et que je verserais de mes mains le sang paternel Pour chapper la funeste pr diction dipe s enfuit de Corinthe sans don ner les raisons de son d part Le silence d dipe marque le cinqui me secret En route pour Th bes il croise l attelage royal de Laios L troitesse du chemin pro
155. ment L anglais Thomas J Cottle dresse une taxonomie des mythes familiaux r partis en cinq unit s selon la nature des secrets qu ils sont charg s de couvrir Le Mythe de la stabi lit est r actionnel aux secrets li s des v nements qui ont nui la coh sion parentale infid lit divorce abandon Le Mythe de l harmonie est suscit par les secrets li s des faits de violence inceste s vices physiques ou psychologiques Les secrets relatifs la fail lite la ruine au ch mage donnent naissance au Mythe de la richesse Le Mythe des valeurs traditionnelles renvoie aux conduites d viantes tenues secr tes pratiques sexuel les perverses vol viol crime Enfin le Mythe de la normalit se rapporte aux conduites sociales jug es anormales alcoolisme drogue hospitalisation en milieu psychiatrique suicide La classification de Cottle nous offre une premi re grille de lecture des romans d velyne Brisou Pellen IV Typologie des secrets de famille dans les romans d Evelyne Brisou Pellen A Mythe de la stabilit Les secrets aff rents l unit familiale sont les plus r currents et aussi les plus conventionnels de la litt rature pour la jeunesse Ils se construisent le plus souvent partir de Jacques Miermont dir Dictionnaire des th rapies familiales op cit p 27 Guy Ausloos Secrets de famille disp lt http www systemique org id
156. n volue avec le temps Leur pouvoir d vocation diff re Chacun interpr te l histoire familiale propos e dans l album et c est du pr sent que d pend largement l interpr tation Dans le cas voqu ici la photographie s accompagne d un crit ou plus exactement de son effacement qui laisse pr sager de son importance dans la m canique du secret et par l m me pour la progression narrative 4 Le texte L enqu te de Ma lys progresse gr ce aux divers documents textuels exhum s du ba hut Le vieux meuble rec le une pile de documents anciens papiers administratifs actes de ventes certificats de naissances de mariages de d c s cartes postales et un tas de let tres confites de phrases l ancienne un kilom tre de long de tournures alambiqu es et de formules de politesse ou d affection tellement convenues qu elles en sont horripilan tes Mais ces documents ne pr sentent qu un int r t minime au regard du carnet de Louis l arri re grand p re de Ma lys et du cahier de C leste Le premier est d nich au grenier le Ibid p 68 Id Id velyne Favart Albums de photos de famille et m moire familiale Regards crois s de femmes de trois g n rations in Quand la m moire tisse le je et le nous Dialogue Er s n 154 avril 2004 p 89 97 disp lt http www cairn info revue dialogue 2001 4 page 89 html gt p 6 consult le 17 ao
157. n Deux graines de cacao ou l absence de consistance romanesque La Fille du Comte Hugues Le Myst re l onor Deux p res toutefois chappent la mort ce sont Eder Laur gan dans Une Croix dans le sable et le p re de Ma lys dans La Maison aux 52 portes Il convient de pr ciser qu en contrepoint de leur survie narrative les m res sont muettes ou absentes les m res des petits Laur gan sont soit d c d es soit d missionnaires Une croix dans le sable ou ont une fonc tion nonciative restreinte la m re de Ma lys intervient tr s peu dans La Maison aux 52 por tes Dans le premier roman la participation di g tique du p re est essentielle au d roule ment du r cit ce qui constitue une originalit dans le corpus Si Eder ne peut pas acc der au statut de personnage principal en raison d une tendance convenue des auteurs de jeunesse cristalliser dans un jeune personnage leur confiance en l enfant l adolescent il n en est pas moins investi d un effet personnage Eder est vraisemblabilis par un certain nombre de topo li s des propri t s onomastiques physiques sociales morales et psycho logiques Il a un pr nom et un nom d origine celte c est un vieil homme de soixante ans expert dans son travail de tisserand d une haute moralit dans le village on dit que c est quelqu un de bien irr prochable dans sa mani re d duquer les enfants il veut le
158. n Sobibor Paris Gallimard Sripto 2003 MORGENSTERN Suzie Les Treize tares de Th odore Paris cole des loisirs M dium 2001 OLLIVIER Mika l Un Secret de famille Paris J ai lu jeunesse Sc nes de vie 2003 r dit sous le titre Hier encore mon m re tait mort Paris Thierry Magnier 2006 PAQUELIER Bruno La maison de la Tondue Paris Oskar Jeunesse Junior 2008 POULET RENEY Erik Les Roses de cendre Paris Syros jeunesse Les uns les autres 2005 QUINT Michel Effroyables jardins 2000 Paris Pocket Jeunesse Pocket Junior Ro mans Contes 2004 SEASSSEAU Marc cloche p re Paris Grasset Jeunesse Lampe de poche 2004 VERMOT Marie Sophie Voil pourquoi les vieillards sourient Paris ditions Du Rouer gue doAdo 2003 123 e Autour de la normalit familiale alcoolisme suicide accident homosexualit troubles psychologiques CATHRINE Arnaud Les Choses impossibles Paris cole des loisirs M dium 2002 COHEN JANCA Ir ne Fashion victim Paris Du Rouergue doAdo 2006 HONORE Christophe Tout contre L o Paris cole des Loisirs Neuf 1996 KOCHKA T te de pioche Paris Castor poche La vie en vrai 2006 MAZARD Claire Le Cahier rouge Paris Syros jeunesse Les uns les autres 2000 SANEJOUAND Catherine La Contrescarpe Paris Thierry Magnier Roman 2004 SILLORAY Olivier La Marmite du dia
159. n de contenu Les titres th mati ques portent sur les h ros l onor alias Catherine fils de fille de ou sur des objets qui entre tiennent avec le sujet de la narration un rapport de contigu t maison croix Certains objets ont une valeur symbolique comme les graines de cacao Les synecdoques ne sont pas tr s lisi bles elles incitent le lecteur avancer dans sa lecture pour en mesurer la port e narrative Le titre le plus difficile comprendre est Une Croix dans le sable qui fait appel la culture du lecteur On doute qu il ait a priori une connaissance r gionale suffisante pour ta blir un lien entre le titre et la croix bretonne situ e au milieu de la Lieue de Gr ve entre Saint Efflam et Saint Michel Les connotations le danger de la mar e montante les l gendes s cu laires qui l entourent sa vertu protectrice pour les p lerins du Tro Breiz lui chappent aussi Il faudra l auteur revenir plusieurs reprises sur l historique de la croix dans le sable pour que le lecteur saisisse le sens du titre p 16 17 23 31 32 jusqu la page 249 Au loin dans un grondement sourd la mer montait doucement bande verte gain e de blanc soulignant les gris m l s de ciel Grignotant peu peu le sable elle attein drait bient t le pied de la croix de Mi Lieue Le jeu de mots contenu dans Myst re au point mort Le titre offre au moins trois ni veaux de lecture La voiture est d finitivement
160. n du secret et de l intime dans les arts et la litt rature Aleph Malissard 2004 p 41 Pierre Boutang Ontologie du secret Presses Universitaires de France Philosophie d aujourd hui 1973 3 Ibid p 51 84 du para tre est r currente dans les romans d velyne Brisou Pellen Pour illustrer notre pro pos nous avons retenu les exemples de la coiffure et du v tement A L tre et le para tre chez velyne Brisou Pellen 1 O il est question de cheveux La couleur des chevelures des Enfants d Ath na est signifiante de leur tre Dam as et N ra ont des cheveux blonds qui leur coulent dans le dos Cette blondeur attire l attention de leur petit fr re St phanos qui au contraire d eux est brun Il remarque pour la premi re fois que cette blondeur est exactement la m me Cette observation appa remment anecdotique est en fait indicielle St phanos pressent qu il est diff rent de ses a n s Ses soup ons seront lev s un peu plus loin lorsque son p re Hanias lui r v le son origine Regarde nous avons tous les deux les m mes yeux noirs et exactement les m mes che veux La caract ristique capillaire signe l identit des enfants La blondeur des grands ne passe pas inaper ue Les paysans chez lesquels ils trouvent refuge s interrogent sur la prove nance et leur condition Ils ont les cheveux trop longs pour tre esclaves Tu as vu leur coule
161. n livre qui est devenu un best seller Faire la lumi re sur ses origines ne plus vivre dans l ombre des p res et m res telle est l ambition de cette litt rature de l aveu laquelle Le Monde Litt raire a consacr un dossier en f vrier 2007 L dition pour la jeunesse conna t un d ploiement analogue autour des secrets fami liaux Citons pour l exemple les uvres de Marie Claude B rot Ninon silence Malika Ferd jouk Sombres citrouilles Ya l Hassan La Ch taigneraie Lo c Le Borgne Je suis dans ta nuit Thierry Lenain La Fille du canal Moka Le Petit c ur bris Claire Mazard Le Ca hier rouge Jean Molla Sobibor Suzie Morgenstern Les treize tares de Th odore Mika l Ollivier Un secret de famille Bruno Paquelier La Maison de la Tondue rick Poulet Raynet Les Roses de cendres Catherine Sanejouand La Contrescarpe Marie Sophie Ver mot Voil pourquoi les vieillards sourient Les auteurs explorent tour tour les m andres des secrets familiaux Dans la majorit des cas il s agit d un secret de filiation Mais on trouve galement des secrets en rapport avec la sexualit l inceste l homosexualit l emprisonnement la collaboration la d lation meurtre Bri vement voqu es ici on re trouve les trois pierres angulaires du secret de famille les origines la sexualit et la mort Ph nom ne de mode Th matique juteuse ducabilit narrative La litt rature
162. na lle Dans Le Myst re l onor la transmission du secret familial emprunte des voies ana logiques Son port distingu ses bonnes mani res sa culture parlent pour Catherine La demoiselle avait des mains fines qui n avaient jamais t soumises au moin dre travail p nible Si elle tait de famille modeste elle n avait pourtant pas eu faire la lessive ni battre le grain ni p trir la p te Et sa peau de lait n avait visi blement jamais t confront e la malfaisance des rayons du soleil Non cette jeune fille ne connaissait pas le travail des champs Antoine de la Hubardi re d s sa premi re rencontre avec Catherine note la qualit de LL ne 114 LL 4 sa r v rence discr te l gante sans aucune ostentation une r v rence de grande classe Le secret on le voit ne prend son sens que par rapport l Autre Comme le souligne Pascal 5 n Bouvier il n y a de secret que pour les autres et par les autres et contre les autres Le r seau relationnel inh rent au secret constitue ce que Andras Zempl ni appelle la cha ne du se cret B Cha ne du secret un secret en cache toujours un autre Le secret induit un objet information cach e et au moins deux sujets le destinateur le d tenteur du secret et le destinataire celui qui on cache l information Mais le plus souvent il appelle un d positaire le confident La fonction du confident est a
163. nche Jean Bertrand Pontalis Dictionnaire de psychanalyse op cit p 56 7 Le Myst re l onor op cit p 9 111 tuent la pierre angulaire du m canisme du secret C est partir de la faute originelle des pa rents Jarnois Abalain Blestin Slavici Albizio Pih ry de Langeais Bouillon de Vigneux Lormont Laur gan Adalbert de Tassilon auxquels s ajoutent les parents des petits Ath niens et de Jehanne que se sont tablies les lois du silence Les jeunes gens ont dans un premier temps incorpor une faute qu ils n avaient commise puis l ont expurg e dans un second temps D s lors tous ces petits Janus emp tr s dans un pr sent vont pouvoir regarder derri re et devant eux Pass pr sent et avenir les h ros sont engag s dans la dur e c est ce qui fait qu ils sont dot s d une sursignification Ils n apparaissent plus comme des personnages mais comme des tres auxquels le lecteur adh re m me s ils ont loign s de la r alit parce qu il leur apporte sa propre exp rience Les secrets de famille les ont interrog s dans leur existence de ce point de vue leur qu te est ontologique Ils ont cherch savoir qui ils sont t r ellement Il leur a fallu se positionner dans un arbre g n alogique et affirmer une filiation reconnue par l Institution Mais en m me temps il leur a fallu affirmer leur singularit en s affranchissant des projections narcissiques de leurs parents Les secr
164. nde forme en mouvement la lecture Ce mouvement le romancier le capte le guide l infl chit il en fait la substance de ses personnages Jean Paul Sartre Critiques litt raires Situations 1 1947 M Mauriac et la Libert Gallimard Folio Essais 2000 p 33 qu on crive pour soi m me ce serait le pire chec Il n y a d art que pour et par au trui Plut t que de nous rallier aux motifs invoqu s par velyne Brisou Pellen nous pr f rons partir du constat ditorial velyne Brisou Pellen crit exclusivement pour les jeunes parce qu elle est exclusivement dit e dans des collections pour la jeunesse Ses livres s adressent de fa on convenue un jeune lectorat en termes de projet narratif d intelligibilit et d thique Salu e par la critique litt raire pour la jeunesse Ricochet La Joie par les livres Ci trouille et surtout par les enseignants pour la m ticulosit de son travail documentaire velyne Brisou Pellen enracine toujours ses intrigues dans un contexte historique dat Ses romans se nourrissent de faits historiques s attachent aux pratiques sociales et culturelles d une poque et bien souvent s amusent de formules langagi res alors usit es L art d velyne Brisou Pellen tient dans cette facult de manier l anachronisme Elle fait resurgir une poque pass e qu elle peuple de personnages suffisamment universels pour alimenter
165. ndition de la proscription les enfants ne doivent pas y p n trer Mamie ne voulait pas qu on joue avec les vieux v tements qui taient dedans d ailleurs elle ne voulait pas qu on joue dans le grenier du tout parce qu il y avait des endroits fragiles dans le plancher et qu on aurait bien pu passer au travers Quand ils enfreignent la r gle les h ros se rendent subrepticement au grenier en pre nant soin d ter silencieusement leurs chaussures Nathana lle s y aventure des fins d arch ologie familiale Bien qu elle ne sache pas ce qu elle cherche son exploration du gre nier de La Bestinais est pay e en retour Elle y trouve les traces probantes d un secret familial La d marche des jumeaux de Langeais Bouillon est autre le grenier est le refuge mat rialis de leur inconscient La pi ce pourtant n offre rien de romanesque et ne soit pas convention nellement encombr e d un fatras d objets avec de la poussi re sous laquelle on trouve des merveilles des toiles d araign es qui cachent des tableaux pr cieux mais oubli s Le gre nier Langeais Bouillon fait exception par sa propret et l ordre qui y r gne Il contredit l image mentale du grenier Pour preuve l illustration des premi re et quatri me de couver ture d Un si terrible secret de Sylvain Bourri res avec son entassement d objets et meubles 242 6 h t roclites qui luisent dans les der
166. ne l ensemble des croyances et des esp rances que les membres d une famille partagent soit propos d eux Tbid p 100 Le Nouveau Petit Robert op cit 3 Cit par Claude Martin La parentalit une question politique in Daniel Coum sous la dir La famille change t elle op cit p 62 On se reportera utilement l article Mythes familiaux du Dictionnaire des th rapies familiales sous la direction de Jacques Miermont Payot 2001 Mircea liade Aspects du mythe 1963 Gallimard 1988 p 16 Claude L vi Strauss Anthropologie structurale 1958 Pocket Pocket Agora 2003 p 72 27 m mes soit propos de la nature des relations qui les unissent Autrement dit le mythe familial refl te l image que la famille veut donner d elle m me qu elle corresponde ou non la r alit Celle ci est d autant plus sublim e que le secret est jalousement gard ou pour reprendre l expression ch re Serge Tisseron verrouill Partag et entretenu par les diff rents parents le mythe familial a pour fonction de conserver la p rennit clan Guy Au sloos r sume ainsi la fonction stabilisante du mythe familial Les secrets les r gles qu ils entra nent les mythes qu ils fondent contribuent viter des changements v cus comme me na ants En d autres termes ils contribuent maintenir l hom ostasie cet tat syst mique id al du non change
167. nes de cacao par Pocket sur Meurtre au Palais ou par Gallimard sur Le Myst re l onor constitue un moyen efficace pour faire passer le seuil de l cole aux romans Tous les dossiers p dagogiques reposent sur des arguments narratifs et historiques Aucun n aborde la question du secret de famille A Fonction des titres Le titre d un livre ne se limite pas sa seule fonction de signalement il cherche atti rer l attention il est la fois enseigne et zone de transition ou plus exactement de transac g ara 5 y 1 tion Le lecteur peut d cider de s aventurer dans le livre ou au contraire lui tourner le dos Nous renvoyons ici synth tiquement l analyse de G rard Genette Seuils op cit p 8 70 En litt rature pour la jeunesse le roman puise dans le titre une partie de sa vitalit et de son myst re Il est la pi ce ma tresse du pacte de lecture On comprend que les auteurs et les di teurs lui accordent une attention particuli re Les titres doivent en m me temps tre minima listes et signifiants Ainsi que l exprime Charles Grivel Si lire le roman est r ellement le d chiffrement d un fictif secret constitu puis r sorb par le r cit m me alors le titre toujours quivoque et myst rieux est ce signe par lequel le livre s ouvre la question romanesque se trouve d s lors pos e l horizon de lecture d sign la r ponse promise Le titre d un roman est l
168. niers rayons du soleil couchant 2 Le secr taire Qu il soit rel gu au grenier ou qu il occupe une pi ce vivre le mobilier participe la dynamique du secret parce qu il le confine physiquement Le bahut La Maison aux 52 por tes le placard Le Fils de mon p re la malle Un si terrible secret sont autant de secr taires qui rec lent les objets passeurs de m moire Les coffrets bo tes et enveloppes en sont les ava tars miniaturis s Le maudit bahut de la maison Jarnois garde jalousement son contenu Il refuse de c der son ouverture au p re de Ma lys qui tente en vain de faire crisser la cl dans la ser Myst re au point mort op cit p 12 Ibid p 59 Le Fils de mon p re op cit p 39 4 Un si terrible secret op cit Myst re au point mort op cit p 18 6 La Maison aux 52 portes op cit p 61 98 rure ou donner des coups sourds destin s branler la porte Il faudra le doigt se de C leste Ma lys pour venir bout du meuble qui se pr sente comme un coffre fort Je m approchai du meuble Je saisis la cl qui tourna souplement dans la ser rure La porte b illa avec bonne volont L ouverture des meubles satisfait la curiosit du h ros en m me temps qu elle suscite un malaise d un sentiment de violation de la vie priv e de son propri taire En soulevant le couvercle de la malle de jeune fille de sa grand m re
169. nnais la vie il est un donneur de le ons qui n h site pas encha ner des aphorismes Homme qui se m fie prend ses pr cautions vieux proverbe gyptien traduit de l indien par saint Garin Ne mens que lorsqu il n y a aucune preuve du contraire L humour sert de levier la distanciation du h ros qui est la fois juge et partie de la situa tion relat e Garin cr e l illusion romanesque en m me temps qu il la contredit Ses r parties lui conf rent une autonomie vis vis de l auteur faisant croire au lecteur qu il se construit ind pendamment de l crivain Ce qui revient en fin de compte renforcer la supercherie scripturale selon laquelle les personnages chapperaient au contr le du romancier comme le pr tend Fran ois Mauriac plus nos personnages vivent et moins ils nous sont soumis gt i Les initiatives de Garin l encontre des familles Albizio et Elmo en font un person nage tellement intrusif qu il en devient surnum raire pour reprendre la terminologie de Umberto Eco et finalement le d marquent de la r alit du lecteur xxI si cle Dans son es sai Lector in fabula Eco montre comment les personnages surnum raires n existent qu au travers des relations qui les unissent aux autres Ce faisceau de relations not es par Eco S n cessaire est constitutif de l identit actantielle du personnage Garin de fait ne se struc ture qu en fonction des secr
170. nnent remettre la main sur eux Surtout gr ce leurs che veux Hanias s amuse de leur na vet Pas malins les gosses leur place il se serait ras les cheveux Quand on poss de des toisons aussi blondes dans un pays de cheveux sombres on y pense Les gar ons qui croient perdre leur int grit en se rasant conc dent pourtant que leur aspect vestimentaire peut contribuer leur anonymat Voyant son petit fr re se rouler dans la poussi re au c t de l nesse Dam as ne s en offusque pas Cela au contraire l inspire il y voit une mani re de se travestir Finalement ce n est peut tre pas idiot Plus on aura l air de vagabonds moins on nous remarquera sur les routes A A 5 Et pour montrer l exemple il se jeta sur le sol et se tortilla en riant nerveusement 2 O il est question de v tements Le titre du cycle Garin porte l enseigne de la question vestimentaire L homme en bleu laisse pr sager qu il est tout habill de bleu la pr position en nous oriente dans ce sens et devrait connoter chez le jeune lecteur sinon le bleu de travail du moins le blue du jeans pantalon embl matique de la mode vestimentaire actuelle videmment le personnage du xvI si cle ne porte ni une combinaison de travail ni le pantalon moderne Giovanni est tout de bleu v tu des souliers au chapeau Le couvre chef lui permet de dissimuler le haut de son visage Depuis son enfance Gi
171. nt un sujet tabou pour que l honneur de la famille soit sauf aux yeux de la soci t Le mythe social initie le mythe familial qui lui m me conforte la soci t dans sa sublimation de la famille La circularit du processus est bien huil e et il faudra aux Jarnois cinq g n rations pour qu un grain de sable nomm Ma lys C leste vienne enrayer la m canique et que la m moire familiale s affranchisse du poids du secret C Mythe de la richesse Les situations conomiques et financi res surtout lorsqu elles correspondent une r gression du niveau de vie peuvent tre mal v cues psychologiquement par celui qui la su bit et aussi par d autres membres de sa famille La faillite le ch mage la ruine ont une inci dence sur ce qu il est convenu d appeler la position sociale L expression position so ciale n est pas anodine elle voque la situation dans la soci t sur une chelle de prestige dont les degr s s chelonnent de la condition inf rieure la condition sup rieure L anglicisme standing relaie cette id e de se tenir dans la soci t en l associant troite Guy Ausloos Secrets de famille op cit p 4 La Maison aux 52 portes op cit p 70 33 ment la condition conomique En fran ais nous apprend Le Nouveau Petit Robert la position signifie en septi me acception la situation d un compte en banque telle qu elle est d termin e par
172. nthropologique Il nous faut maintenant en observer les propri t s textuelles et nous attacher aux proc d s nar ratifs utilis s pour leur mise en sc ne et leur r v lation Pour moi je veux conna tre mon origine M taphore utilis e par les jumeaux de Myst re au point mort pour parler de la loge des concierges en opposi tion au d sert la maison des grands parents p 10 45 si obscure qu elle soit Sophocle Deuxi me partie Approche esth tique Feurrede v rit FL Er ad A Gustave Moreau dipe et le Sphinx 1864 Huile sur toile 206 x 105 cm New York Metropolitan Museum Sophocle dipe Roi traduit du grec par Leconte de Lisle 1877 sc 9 V 1078 disp lt http fr wikisource org w index php gt p 32 consult le 10 juillet 2008 46 Parmi les multiples formes discursives le roman est le secr taire le plus arch typal qui soit L criture romanesque puise dans le secret la condition de son existence Roman et secret sont structurellement li s en ce sens que le roman repose sur le m canisme de la r ten tion et de la divulgation d informations Le romancier est un d miurge pl nipotentiaire qui d cide de l espace litt raire dans lequel il va renseigner ou non le lecteur sur la naissance le devenir ou la mort de ses personnages Par le jeu de la r tention ou de la divulgation d informations par la progression ou la r gression du r cit il fabrique du secret autour de
173. nti mes atteste de l int r t port s par les t l spectateurs la vie priv e des vedettes la part in time des anonymes Quand le petit cran noir se fait transparent d une certaine fa on les Adulte vient du latin adultus participe pass de adolescere grandir Le terme a donn adolescence adolescent Marthe Robert Roman des origines et origines du roman 1972 Gallimard Tel 1990 producteurs nous invitent p n trer dans la maison de verre d Andr Breton Certes l architecture de La Maison aux 52 portes est l antith se du r ve surr aliste mais le besoin romanesque d ouvrir la cinquante deuxi me porte participe de cet id al de voir ce qui se ca che derri re elle pour savoir la v rit L id ologie du tout dire accompagne celle du tout crire Le march ditorial d ouvrages autobiographiques t moigne de la bonne sant du genre Plus significatives en core les productions romanesques centr es sur un secret de famille On songe Philippe Grimbert qui d cide en 2004 de s corcher aux barbel s d un enclos de silence pour par ler du fr re qu il s inventait jusqu ce qu l ge de quinze ans il apprenne que son fr re a r ellement exist et est mort en d portation Auschwitz On pense aussi Ir ne Frain qui d mant le les liens du sang et les n ud de la haine tout au long des cinq cent soixante dix pages d u
174. o tique du roman Paris Sed s Campus 1997 JOUVE Vincent Jouve L Effet personnage Paris PUF criture 1992 269 p KRISTEVA Julia S m i tik Recherches pour une s manalyse Paris Seuil Points Es sais 1969 LEJEUNE Philippe Avant propos in Fran oise Simonet Tenant Le Journal intime genre litt raire et criture ordinaire Paris T ra dre L criture de la vie 2004 PAVEL Thomas Univers de la fiction Paris Seuil Po tique 1988 MAJOR Jean Louis Journaux fictifs fiction diariste in Voix et Images vol 20 n 1 1994 disp lt http id erudit org iderudit 201 149ar gt consult le 19 ao t 2008 REUTER Yves Introduction l analyse du Roman Paris Bordas 1991 ROBERT Marthe Roman des origines et origines du roman Paris Gallimard Tel 1990 SARTRE Jean Paul Critique litt raire Situations I 1947 Paris Gallimard 1993 SARTRE Jean Paul Qu est ce que la litt rature Paris Gallimard Folio Essais SOLLERS Philippe criture et r volution in Tel Quel Th orie d ensemble 1968 Paris Seuil Points Essais 2001 TODOROV Tzvetan Typologie du roman policier in Po tique de la prose Paris Le Seuil 1971 119 IV Documentation sur la litt rature pour la jeunesse dis BESSON Anne D Asimov Tolkien cycles et s ries dans la litt rature de genre Paris CNRS CNRS Litt rature 2004 BETELHE
175. once de personnages ou de leur filiation en t te de chapitre facilite la compr hension du lecteur Celui ci pressent que les donn es qui taient jusqu alors en sa possession vont tre revisit es pour transformer le sch ma familial de son h ros On retrouve naturellement dans les titres de chapitres la fonction th matique de d signation de contenu Mais celle ci ne s arr te pas l S il est attentif aux intitul s des parties le jeune est en mesure de prendre de vitesse le h ros qui lui n a pas connaissance des indications titulaires Ces l ments p ritex tuels induisent une rupture dans le processus de l illusion r f rentielle la lecture ne co ncide plus au tempo de la narration Ce d calage n est pas le seul fait de l organisation s quentielle des parties du roman Il repose plus fondamentalement sur la construction narrative du secret romanesque Nous faisons r f rence Umberto Eco Un titre doit embrouiller les id es non les embrigader Apostille au Nom de la rose 1983 traduit de l italien par Myriem Bouzaher Paris Grasset 1987 p 511 L Incroyable retour op cit ch 5 pp 53 62 Un si terrible secret op cit ch 10 pp 85 93 Umberto Eco Apostille au Nom de la rose op cit p 510 L Incroyable retour op cit ch 9 pp 91 102 Le Myst re de l homme en bleu op cit ch 14 p 133 142 76 HI Construction narrative du secret de famille La recherche romanes
176. ouillon Mais avant de parvenir la v rit les jumeaux s inventent un roman familial dans lequel Cyril leur p re est un journaliste de grande envergure en possession de secrets A w 1 w A extr mement dangereux pour certains Ils envisagent m me d aller plus loin dans leur fable en voquant des questions de banditisme et de mafia ou de p trole et de pays arabes ou de blanchiment d argent Le p re de leur camarade de classe Pierre Emmanuel Jon court les ram ne la r alit par son t moignage De ce point de vue les jumeaux constituent une transition entre l Enfant trouv ou adopt et le B tard 2 Profil du B tard Au contraire de l Enfant trouv le B tard est r aliste et combatif Il entreprend de se coltiner avec la r alit qu il cherche infl chir pour satisfaire ses ambitions Les h ros balza ciens hugoliens dosto evskiens sont des personnages avertis qui connaissent les secrets de existence Le B tard est le plus souvent de condition modeste sa naissance est honteuse et non plus souveraine comme dans le cas de l Enfant trouv Son champ d action est extensif car il cherche s approprier le plus grand nombre possible d objets Il est motiv par un besoin irr pressible de reconnaissance sociale et la plupart du temps son ascension passe par les femmes Dans le cas qui nous pr occupe Cl mentine est la seule repr sentante f minine du corpus qui f
177. ous 5 Adoption de Ren Blestin Jean Paul Elise Blestin Tous Jean Paul 6 Torture de Vir L Allemand Elise Nathana lle Tous gile 7 V rit Nathana lle Ses parents Le lecteur Sa famille tous 95 Le secret premier de Ren Blestin qui d nonce la Gestapo son ami Virgile pour pou voir pouser lise Jugan entra ne une s rie de six autres secrets lise cache sa grossesse ses parents le p re de Virgile fait croire qu il est parti en Am rique alors qu il sait que son fils est a t tu par la Gestapo Le milicien n admet pas que son fils soit un terroriste commu niste lise et Ren cachent Jean Paul ses origines l Allemand cache qu il a tortur Vir gile et enfin Nathana lle d cide de cacher ses parents la v rit Ce qui l origine devait tre un secret entre deux personnes Ren et l Allemand au bout du compte implique un grand nombre de personnes ces secrets majeurs s ajoutent les secrets mineurs Armel cache ses parents pr ts partir en voyage au N pal qu il a l intention de s en aller en tourn e en Italie avec son groupe de jazz Il demande sa s ur Nathana lle de couvrir son secret Elle m me tait son exp di tion la Bestinais Gr ce au transfert d appel t l phonique elle fait croire ses parents et son fr re qu elle est rest e sagement au domicile parental Ces petits secrets ont permettent la narration d avance
178. ovanni est vou porter la couleur de la Vierge Marie qui l aurait gu ri d une grave maladie Tr s jeune j ai contract une terrible maladie dont j ai bien failli mourir Ma m re a alors pri la Vierge Marie de me sauver et a promis en change que je porterais toute 3 ma vie sa couleur le bleu Ce v u pieux d passe l apparente fonction de d votion de Benvenuta Le bleu renvoie la symbolique de Marie arch type de la m re vierge et exempte de toute faute origi nelle celle de l enfantement et donc de la relation sexuelle Benvenuta fait de son fils le por tefaix de ses propres fantasmes id aux En le vouant au bleu Benvenuta la m re non Bienve Tbid p 166 Ibid p 64 3 Le Myst re de l homme en bleu op cit p 67 86 nue le castre symboliquement Giovanni ne peut pas faire autrement que se conformer au d sir inconscient de sa m re Giovanni avoue avec honte avoir song lorsqu il tait jeune transgresser la r gle maternelle j ai parfois maudit ce v u qui m emp chait de faire l l gant Le secret de la pri re scelle la n gation existentielle de Giovanni Ce non tre le fils l introjecte si bien qu il se persuade que le jour o il abandonnera ses v tements bleus il signera son arr t de mort Quelque chose en moi me dit que le jour o je les enl verai je mourrai Garin tente en vain de le raisonner et lui faire entendre
179. ppartement ses descendants est toujours charg d une symbolique qui d passe la simple transmission d un capital immobilier Les murs renferment le pass fa milial des naissances des morts des r unions festives du quotidien Plus les v nements qui se sont d roul s intra muros ont t douloureux plus difficile en sera l h ritage La Besti nais et La Maison aux 52 portes sont d sert es par les descendants parce qu elles portent malheur ou paraissent l abandon Le climat lugubre qu elles d gagent a de quoi flanquer la trouille aux h ros Le grenier en tant qu espace o sont entrepos s les grains convoque le secret dans sa nature tymologique cernere passer les grains au tamis Situ e sous les combles la plus haute pi ce de la maison est le lieu de pr dilection l archivage r siduel de la m moire fami x Pr gt 7 liale et de tout ce qui a t t moin de la vie d avant Son acc s est souvent interdit parce R gis Debray Introduction la m diologie Paris Presses Universitaires de France Premier Cycle 2000 p 3 Un si terrible secret op cit Ibid p 22 La Maison aux 52 portes op cit p 13 Ibid p 4 6 Un si terrible secret op cit p 42 7 Ibid p 58 97 qu il fait arbitrairement partie des zint ou parce qu il y a danger ou pour toute autre rai son inavou e Quelle que soit la co
180. que de la v rit consiste placer les protagonistes face une nigme qu ils entreprennent de d chiffrer Leur entreprise faite d essais et d erreurs est gra duelle et s inscrit ipso facto dans une progression narrative Qu elle aboutisse ou non un ro mancier peut tr s bien prendre le parti que son d tective ne trouve jamais l auteur du crime sur lequel il enqu te la recherche de v rit oriente le h ros dans une trajectoire vectorielle qui le conduit du d but du r cit son terme l enqu te du d tective imagin s ach ve la der ni re page du roman m me si elle reste ouverte aux conjectures du lecteur Pour autant la cr ation romanesque du secret ne suit pas le m me cheminement A Construction r trograde du secret D un point de vue chronologique le secret pr c de sa r v lation il est la cause qui entra ne des cons quences La po tique du secret romanesque inverse la tendance Le roman cier conna t la v rit c est partir d elle qu il construit son r cit velyne Brisou Pellen pos tule que Th o est le fils de Jean Pih ry Julien le fils de Victoire Abalain etc et construit son intrigue sur la base des postulats qu elle a d finis Mais pour emporter l adh sion r f ren tielle du lecteur au h ros il faut la romanci re maintenir le lecteur dans le m me tat d ignorance de progression et de connaissance que son personnage Le secret narratif s accompagne alo
181. r es ditions du Robert Les Usuels 2006 3 Le Secret de l homme en bleu Gallimard Jeunesse Folio Junior 2003 p 22 Ibid p 205 Ibid p 148 f Ibid p 217 7 Ibid p 221 8 Ibid p 157 15 retta pour faire courir le bruit que Benvenuta Albizio d sh rite ses descendants Son souhait est rapidement exauc C est ce qu elle explique Garin Si vous saviez qui elle Lucia sa petite fille tait pourquoi avoir r dig votre tes tament en faveur d un hospice Et l avoir fait crire devant Moretta tu oublies de le pr ciser afin d tre certaine que toute la ville serait au courant d s le lendemain Moretta n a jamais su tenir sa langue Je voulais signaler tous que je n avais plus d h ritier donc que Giovanni tait mort Une pr caution pour le cas o quelqu un aurait cru le reconna tre Ras sure toi je savais parfaitement que ce testament tait sans valeur puisqu il est inter dit de construire de nouveaux hospices Venise L image de la femme bavarde incapable de garder un secret est un st r otype qui ren voie de mani re peine voil e l aphorisme de Jean de La Fontaine Rien ne p se tant qu un secret Le porter loin est difficile aux dames Et je sais m me sur ce fait Bon nombre d hommes qui sont femmes Illustration de Jean Baptiste Oudry Ce d tour tymologique ainsi que la recherche des expressions li
182. r sentation du secret et de l intime dans les arts et la litt rature Aleph Malissard 2004 COTTLE Thomas J traduit de l am ricain par Yveline Paume Jacques Rambaud Domi nique Duquaire Enfants prisonniers d un secret Paris Laffont R ponses 1975 COUVERT Barbara Au c ur du secret de famille Paris Descl e de Brouwer 2000 DELASSUS Claire Le secret ou l intelligence interdite Marseille Hommes et Perspecti ves 1993 ESCARMENT Juliette Approfondir le secret Cryptophilie et ironie dans la recherche du temps perdu in Dire le secret Modernit s n 14 Bordeaux Presses Universitai res de Bordeaux 2001 347 p IMBERT BLACK Evan Le poids des secrets de famille Quand et comment en parler Ce qu il faut dire et ne pas dire traduction de l am ricain par Evan Imber Black Paris J ai lu Bien tre Psychologie 2001 LEVY Arnaud valuation tymologique et s mantique du mot secret in Du se cret Nouvelle Revue de Psychanalyse n 14 Paris Gallimard 1976 NACHIN Claude l aide Y a un secret dans le placard Paris Fleurus 1999 RABATE Dominique Le secret et la modernit in Dire le secret Modernit s n 14 Bordeaux Presses Universitaires de Bordeaux 2001 SMIRNOFF Victor Le squelette dans le placard in Du secret Nouvelle Revue de Psychanalyse n 14 Paris Gallimard TISSERON Serge Nos secrets de famille Histoi
183. r v ler sa v ritable identit sa famille La Fille du comte Hugues est sous des allures innocentes le plus subversif des r cits de notre corpus Le lecteur referme le roman en quittant la jeune fille promue au rang de comtesse pouse combl e et m re de quatre enfants Quatre petits gar ons promis tre prisonniers du secret de l usurpation d identit de leur m re Tous les jeunes gens de papier sont morts d une mani re ou d une autre pour ressusci ter En cela leur exp rience est sacr e Ils sont pass s de l ombre du myst re ils croyaient tre le fils la fille le descendant de la lumi re de la v rit ils sont le fils la fille le des cendant de Le sch ma canonique de leur initiation est invariable La permanence des st r otypes initiatiques est la condition sine qua non de leur r ception par les jeunes lecteurs d aujourd hui Les h ros d velyne Brisou Pellen sont dot s d une historicit toute relative Ils ont beau tre plong s dans les tourmentes de l Histoire ils n en demeurent pas moins des personnages anachroniques pr occup s de leur seule identit Quelque soit la nature du secret qui a entour leur filiation et par del l v nementiel historique ce sont toujours les trois questions universelles qui sont pos es au lecteur du XXT si cle Qui suis je D o viens je O vais je La Fille du comte Hugues op cit Deux Graines de cacao op
184. r et de conduire la jeune fille de d couvrir la v rit sur le secret de la mort de ses grands parents et partant sur le secret de sa filiation L encha nement des secrets montre comment un secret initial en am ne un au tre soixante ans plus tard celui de Nathana lle qui se convainc 1llusoirement que personne n en saura jamais rien qu il n est pas difficile de garder un secret quand ce secret est si lourd qu il ne peut pas remonter quand il n y a pas de mots pour le dire Nathana lle a beau se leurrer elle ne leurre pas le lecteur car le secret nous l avons vu est destin tre lev Les objets en tant que t moins de la m moire d un individu contribuent activement la r v lation du secret c est ce que nous allons voir maintenant C Objets passeurs de m moire Dans les secrets familiaux les objets ont une fonction essentielle car c est souvent gr ce eux que la v rit se fera jour Ce ne sont pas des objets inanim s consid r s comme des r ceptacles inertes mais les courroies de la transmission qu un secret existe bel et bien Les objets familiaux sont des media qui occupent une place centrale dans la m canique du secret ils se situent au milieu d un syst me relationnel corrompu entre la v rit et le Un si terrible secret op cit p 124 Alphonse de Lamartine Objets inanim s avez vous donc une me Qui s attache notre me et la force d
185. re la m me observation propos du meurtre de l pouse de Giovanni Albizio qui quel ques jours apr s la naissance de la petite a trouv sa femme poignard e dans son lit gt s L motion est d autant mieux neutralis e ici que la femme n a pas de pr nom Garin du i Myst re au point mort op cit Les Enfants d Ath na op cit Le Myst re de l homme en bleu op cit L Incroyable retour 1997 Nathan Poche 12 ans et Policier 2008 Un si terrible secret op cit 6 Adjectif r current chez velyne Brisou Pellen 7 Les Enfants d Ath na op cit p 15 8 Le Secret de l homme en bleu op cit p 89 40 reste ne manifeste aucune forme de compassion pour la femme il est davantage pr occup par le sort de Giovanni qu il consid re comme la principale victime de la vendetta Une affaire d honneur en revenant Venise Giovanni avait saut de la po le dans le feu Les actes de torture dans Deux graines de cacao font l objet de descriptions br ves mais efficaces Des t moins rapportent Julien les supplices inflig s aux esclaves coups de b ton et de fouet br lures de la plante des pieds bouillantage la canne de sucre amputa tions par les blancs dont on note au passage qu ils ne sont jamais appel s esclavagistes Ces descriptions parses se distinguent de la description condens e du supplice de la petite Victoire Les premi res ont une
186. res amp Mode d emploi Paris Ramsay 1999 120 e ZEMPLENI Andras La cha ne du secret in Du secret Nouvelle revue de Psychana lyse n 14 Paris Gallimard VI Documentation sur la famille e AUSLOSS Guy Secrets de famille disp lt http wWww systemique org idres index index htm gt consult le 12 mai 2008 e BOUREGBA Alain Du paternel au parental quels effets pour l enfant La relativit de la famille in Daniel Coum sous la dir La famille change t elle r s Ramonville Sainte Agne 2006 e DELOBBEE Karine Des Enfants dans l Antiquit PEMF Mouans Sartoux Bonjour P Histoire 1999 e DONZELOT Jacques La Police des familles Paris Les ditions de Minuit 1977 220 p e FAVART velyne Albums de photos de famille et m moire familiale Regards crois s de femmes de trois g n rations in Quand la m moire tisse le je et le nous Dialogue r s n 154 avril 2004 disp lt http www cairn info revue dialogue 2001 4 page 89 htm1 gt consult le 11 ao t 2008 e GOFFMAN Erving Stigmate Les usages sociaux des handicaps 1963 trad Alain Kihm Paris Minuit Le sens commun 1975 e GUYOTAT Jean Mort naissance et filiation tudes de psychopatologie sur le lien de filiation Paris Masson M decine et Psychot rapie VI 1980 e MARTIN Claude La parentalit une question politique in Daniel Coum sous la dir La famille chan
187. res index index htm gt p 4 consult le 12 mai 2008 Thomas J Cottle traduit de l am ricain par Yveline Paume Jacques Rambaud Dominique Duquaire Enfants prisonniers d un secret Paris Laffont R ponses 1975 p 15 16 Avec majuscule et au singulier dans le texte 28 l abandon du jeune h ros L abandon parental peut tre r el la m re d cide d abandonner purement et simplement sa prog niture l instar de Victoire dans Deux Graines de cacao ce sont des m res d natur es par les s vices qu on leur a inflig s alors qu elles taient des fillettes ou des m res incapables de subvenir l ducation de leurs petits Une Croix dans le sable met en sc ne plusieurs figures maternelles Marguerite Charl s dite La Charlezen m ne une vie trop p rilleuse pour pouvoir s occuper de Bonie mais elle veille distance sur sa fille en pourvoyant ses besoins mat riels Il y a galement les m res anonymes qui ont d confier leur nourrisson la rivi re comme le petit Perceval ou les mendiantes qui veulent sauver leur m me de la mis re Une veuve sans ressources avec quatre marmots accroch s sa jupe le plus jeune marchant peine Elle avait suppli qu on la soulage un peu car les aum nes qu elle r coltait taient insuffisantes pour nourrir quatre enfants Alors on avait gard Lan 1 celot L abandon peut tre le fait du p re Jean Pih ry en se cloftrant ave
188. riodes troubl es dans des pays tr s diff rents du n tre ou des ambiances fantastiques j ai trouv l une mani re facile et agr able de vivre plusieurs vies Le monde Jean Paul Sartre Qu est ce que la litt rature 1948 Gallimard Folio Essais 1987 pp 50 51 C cile Boulaire Le Moyen Age dans les livres pour enfants 1945 1999 Rennes Presses Universitaires de Rennes Interf rences 2002 4 de couverture d aujourd hui m int resse moins justement parce qu il y a moins recr er Encore que l on puisse s interroger sur la question de la facilit crire des romans historiques Plus que toute autre forme de roman le roman historique par nature est paradoxal car il se nourrit de v rit historique et de v rit romanesque Nous retenons donc que l auteur s inspire de contextes historiques pour b tir ses romans et qu elle en a fait sa sp cificit Les romans d velyne Brisou Pellen transportent le lecteur dans le temps et galement dans l espace La plupart de ses romans sont la relation de d ambulations d adolescents L espace est un topos r current il participe la structure narrative du r cit en ce sens que le d placement est la repr sentation symbolique de l initiation du h ros Pour exemple nous pouvons citer l pop e antillaise de Julien Abalain la recherche de ses origines ou la lon gue marche pied de la fratrie des petits Ath
189. rs du secret esth tique de l criture L auteur cache au lecteur que le se cret premier dans l ordre chronologique du r cit est con u en fonction de sa r solution pre mi re dans l ordre de la cr ation Cette po tique du secret construction r troactive cor respond ce que G Genette appelle la d termination r trograde 7 G Genette montre comment les effets d une intrigue ici la r v lation d un secret de famille r gissent ana chroniquement sa cause la mise en place d un secret L unit narrative finale qui conduit la r solution du secret met un terme au r cit qu elle a engendr le d nouement est la der ni re unit narrative qui commande toutes les autres et que rien ne commande La dyna mique narrative du secret repose donc sur une dialectique de r trospection et de prospective de dilution et de dilatation Le motif narratif pos a priori s efface pour laisser place a poste riori la lin arit de l intrigue qu il est convenu d appeler la fuite en avant des h ros Juliette Escarment Approfondir le secret Cryptophilie et ironie dans la recherche du temps perdu in Dire le secret Modernit s op cit p 115 2 G rard Genette Vraisemblance et Motivation Fi gures IT Paris Seuil Points 1969 pp 71 99 d u ibid p 94 11 B Modalisation du sch ma narratif le secret de famille chez Brisou Pellen la lumi
190. s La sc ne est ga lement moralisatrice Elle est tout enti re ax e sur l expiation de la faute le grand mal heur et l impossible pardon Nathana lle bl me l ancien collaborationniste qui perd son statut de grand p re pour des raisons qui ne sont pas seulement biologiques mais aussi d on tologiques Pilou devient le mari de Mamie Quoique moins spectaculaire la question du suicide tenu secret est aussi pr sente dans La Maison aux 52 portes et Le Fils de mon p re Joseph court au devant d une mort certaine lorsqu il d serte pour rejoindre C leste afin qu elle lui expose in praesentia les mo fs de la rupture C est que pendant la guerre on ne plaisantait pas une r bellion une Tbid pp 123 124 Le Nouveau Petit Robert op cit 42 d sertion et Pah Peloton d ex cution Dix balles dans le corps Juxtaposition de groupes nominaux exclamation onomatop e l expression est ici aussi sommaire que l ex cution de Joseph Le cas de Jean Pih ry dans Le Fils de mon p re est plus labor Le jeune rescap de la Seconde Guerre mondiale se donne symboliquement la mort Comprenant que les clats d obus l ont d figur Jean d cide de changer sa plaque militaire d identit contre celle de son camarade de combat qui vient de mourir Il explique dix sept ans plus tard dans un cour rier son fils Th o les raisons de son choix J ai pens que c tai
191. s notre enfance Et nous avons compris qu il nous tait l un et l autre impossible de mener sur le papier notre stylo de la m me fa on car nous ne percevions pas la vie de la m me fa on Vincent Jouve L Effet personnage dans le roman op cit p 119 H l ne Gontrand Ir ne Laborde L aventure de l criture Interview d velyne Brisou Pellen Lire crire l cole 1 juillet 2002 disp lt http www crdp ac grenoble fr lireetecrire spip php article27 gt consult le 18 juillet 2008 p 4 61 velyne Brisou Pellen consid re que les tres de papier ne sont pas immanents mais essentiels Ils ne tirent pas leur substance de l histoire dans laquelle ils sont engag s par une sorte d autosuffisance mais s animent parce qu ils sont par essence reli s au v cu de leur auteur Les personnages romanesques sont subjectifs ils se construisent partir de ce que l auteur est Ils sont les porte parole d un imaginaire h rit de son enfance et les r v la teurs de son patrimoine culturel affectif et psychique processus qu il convient d appeler apr s le psychanalyste Octave Manonni le Moi du Narcissisme De ce point de vue l effet personnage est avant tout un effet miroir La formule stendhalienne selon laquelle le roman est un miroir que l on prom ne le long du chemin a signification ici plus introspec tive ici que r aliste Cette dimension sub
192. s et impertinentes fait penser Polichinelle le personnage de la com media dell arte Le r cit plusieurs reprises prend une orientation nouvelle en raison de l bruitement d informations qui devaient tre tenues absolument secr tes Ainsi en va t il du secret qui entoure la pr sence de Giovanni Albizio Venise L Homme en bleu b n ficie d une publicit dont il se serait bien pass Sur la place des gens contemplaient avec curiosit une petite affiche blanche pla card e la porte de l glise Giovanni Albizio est revenu lut quelqu un voix haute Dame Benvenuta Albizio se sert du secret de polichinelle pour pr server la s curit de son fils Giovanni et de sa petite fille Lucia Sciemment elle dicte au jeune scribe son tes tament dans lequel elle stipule que la totalit de sa fortune sera destin e la construction d un hospice pour enfants abandonn s Le papier est officialis par la co signature des deux ser vantes de la maison Polissena et Moretta une croix pour la premi re et un rond pour la se conde Par ce legs Benvenuta signifie qu elle renie ses h ritiers directs En fait la patronne de la ca Albizio sait pertinemment que le gouvernement v nitien interdit la cr ation de nou veaux hospices cette mesure rend son testament caduc Elle compte sur l indiscr tion de Mo Id Alain Rey Sophie Chantreau Dictionnaire des expressions et locutions figu
193. s filles parce qu elles n ont pas droit de cit Les gar ons sains sont pargn s parce qu ils sont charg s de p renniser la m moire des a eux et de veiller au repos des d funts La joie exprim e par Hanias d avoir retrouv son fils n est pas guid e par un sentiment affectif mais Karine Delobbe Des Enfants dans l Antiquit PEMF Mouans Sartoux Bonjour l Histoire 1999 p 6 Ainsi orthographi dans le texte Les Enfants d Ath na op cit p 188 189 26 par la satisfaction d avoir un h ritier qui pourra assurer le culte des anc tres apr s sa mort Les exemples des Bretons et des Grecs montrent quel point les interactions entre l individu et la soci t sont au c ur de l instauration des secrets de famille La famille n existe que par le statut et la fonction que la soci t lui accorde Elle est enjointe de se conformer la loi entendue comme r gle imp rative impos e l homme Qu un parent contrevienne d une mani re ou d une autre la loi et c est l ensemble de la famille qui se trouve par ricochet hors la loi parce qu elle ne correspond plus l arch type de La Famille consid r e comme le berceau du d veloppement et de l panouissement individuels On se souvient de P tain affirmant quand la famille va tout peut tre sauv gt cette repr senta tion sublim e de la famille garante du bonheur est encore pr gnante de nos jours Quand
194. s invariants Ceux ci ne seront pas analys s syst mati quement mais de fa on syst mique Ce qui nous conduira focaliser quand le besoin s en fera sentir sur tel ou tel aspect d un roman que nous jugeons significatif Expression emprunt e Fran oise Dolto Avec les enfants on est trop souvent sur la plan te TAIRE enten due sur des missions radiophoniques non dat es par nous et reprise en titre de son essai par Jacques Salom Pour ne plus vivre sur la plan te Taire Albin Michel 1997 Il n y a rien sur quoi p se autant de s duction et de mal diction que sur un secret Soren Kierkegaard Premi re partie Approche anthropologique a A Sabbio Chut c est un secret 2008 Acrylique sur toile coton sur ch ssis 30 x 30 cm Soren Kierkegaard Le Journal du s ducteur 1843 traduit du danois par F et O Prior M H Guignot Galli mard Folio Essais 1990 p 28 Le couplage des mots secret et famille induit un t lescopage de la sph re priv e et de la sph re publique Le secret porte en lui une n cessaire interaction entre au moins deux indi vidus celui qui cache quelque chose et celui qui on cache cette m me information De prime abord binaire la relation qui unit le d tenteur d un secret sa victime est en fait plus complexe Chacun des sujets est engag dans une communaut restreinte la famille et une communaut largie la soci t Nous sommes tous le fils o
195. s pro t ger de tout leur donner du bonheur Il se montre tre un p re doux affectueux loyal pr t se sacrifier pour ses enfants Mais Eder est loin d tre h ro que il souffre de son veu vage et de la solitude Comme il regrettait l absence de sa femme Comme il aurait aim pouvoir partager avec elle ses terreurs ne pas avoir se modeler seul quotidiennement un Ibid p 63 Ganna Ottevaere van Praag Le roman pour la jeunese Approches D finitions Techniques narratives 1996 Bern Berlin Bruxelles Franckfort New York Vienne Peter Lang 2000 p 16 Nous renvoyons ici la perception que se fait le lecteur du personnage saisi comme une r alit textuelle et non comme repr sentation mentale Vincent Jouve L effet personnage Presses Universitaires de France criture 1992 p 56 4 N ologisme emprunt Roland Barthes Une croix dans le sable op cit p 161 6 Ibid p 25 58 visage lisse et serein L homme est motif fragile angoiss et somatise ses motions il est oppress a des sueurs froides et a peine contenir les battements de son c ur Eder est la fois une personne humaine et inhumaine il objective condense un aspect de l humain qui est en m me temps surhumain et parfois non humain Les qualit s d Eder entretiennent l illusion r f rentielle et inclinent le jeune lectorat reconna tre dans cette mo
196. scientifiques l pid mie qui a d cim Venise qu attiser de vieilles peurs absurdes La question vestimentaire sert de fil rouge au secret de La Fille du comte Hugues En prologue parce la chemise de soie scelle le mensonge d Hersende en pilogue parce que c est une chaussure de la petite Anne qui permet Jehanne de d couvrir la v rit et d tablir irr futablement son identit Des ann es plus tard devenue comtesse et m re de quatre fils Jehanne ouvre son tour le coffre de v tements et d couvre une paire de chaussures brod es l initiale de la petite d funte L une d elle est dot e d une semelle compens e Anne devait avoir une jambe plus courte que l autre Jehanne demande confirmation Ol rius le m decin du ch teau celui ci ent rine sa conclusion et la dissuade de se confesser ou de dire la v rit quiconque car personne ne lui demande rien En d finitive ce petit roman s ach ve sur un secret de famille li au mythe de la richesse En le pr servant Jehanne usurpe une position sociale bien qu elle s en soit d fendue avec r currence dans le r cit Je ne veux prendre la place de personne Elle ne revendiquait rien Elle ne voulait pas pren dre une place qui ne serait pas la sienne Messire Je voudrais vous dire J ai bien r fl chi dans ma prison votre neveu Thierry s est toujours consid r comme l h ritier de ce domaine J
197. ses personnages et des v nements qu ils traversent De ce point de vue le roman est essentiel lement affaire de secret Il est pens comme la temporalisation d une r v lation et comme la mise l preuve des destinateurs les personnages aussi bien que des destinataires les lec teurs Ce double mouvement de r tention et de diffusion excite la curiosit du lecteur l incite vouloir en savoir toujours davantage en poursuivant sa lecture Et par l m me ali mente chaque fois un peu plus son d sir romanesque Secret et roman sont galement consubstantiels d un point de vue herm neutique Comme toute forme d expression le dis cours romanesque se heurte une quadruple paisseur objectivit de la r alit formalisation du langage subjectivit de l criture et subjectivit de la r ception par le lecteur Comme le fait remarquer Dominique Rabat dans son article Le secret de la modernit le sujet aura beau dire qui il est se raconter par le menu plus rien n assure de ce qui a le plus de si gnification Entra n e par l infini du discours la parole poursuit l ombre d une cause qui la fuit Dans le cas du roman cette cause Marthe Robert la fait remonter au r cit primitif du roman familial qui lui m me est une transposition du mythe d dipe Le roman consid r comme un avatar du mythe d dipe constitue le premier volet de notre approche esth tique Il servira de terreau
198. stions Dans quelle mesure Une croix dans le sable op cit p 175 Le Fils de mon p re op cit Les Enfants d Ath na op cit t Deux graines de cacao op cit p 262 Ibid p 261 29 les jeunes lecteurs sont ils r ceptifs au jeu de mots tant est qu il y en ait un L auteur elle m me n exprime t elle pas un d sir inconscient de stabilit La suite du t te t te vient nourrir cette hypoth se C est D sir e que revient le douloureux privil ge de conduire le nourrisson l orphelinat de Port au Prince Taraud e par le remords elle se console en se disant que le b b est tellement beau qu il sera tr s vite adopt De fait un mois plus tard un homme vient le chercher Cet homme c est Ren l oncle de Julien L abandon ne se limite pas cette seule forme de s paration objective consciente pr m dit e organis e Il peut tre fantasm L enfant se sent abandonn alors que ses parents ne lont nullement reni Il y a ce moment l une distorsion entre la r alit et son introjec tion Les orphelins de Langeais Bouillon en veulent leurs parents de les avoir laiss s leur r volte se nourrit de la certitude que si rien n tait arriv leur vie serait meilleure L vidence tautologique s ils n taient pas endeuill s ils seraient heureux souligne leur vide affectif Ils souffrent du manque d affection de leurs grands parents et r p
199. struit sur l importance accord e aux ressemblances physiques intellectuelles ou psycholo giques Elle v hicule un fantasme de reproduction l identique de soi dans l autre Ces mar ques intersubjectives nourrissent abondamment les romans familiaux chez velyne Brisou Pellen Julien ressemble sa m re la vieille nourrice le reconna t Tbid p 216 Jean Guyotat Mort naissance et filiation tudes de psychopatologie sur le lien de filiation Paris Masson M decine et Psychot rapie 1980 ch VI Les Enfants d Ath na op cit Le Fils de mon p re op cit La Maison aux 52 portes op cit 6 Un si terrible secret op cit 88 C est toi n est ce pas D ailleurs tu lui ressembles qui C est toi r p ta simplement la vieille Mais je ne peux rien te dire Personne ne peut rien te dire Ce court dialogue est charg d une symbolique narcissique destructrice L Autre est dot du pouvoir illimit de savoir qui est le jeune homme alors que lui m me ne sait pas qui il est Le tu de la nourrice est une n gation de son Je Le non dit de la nourrice son petit sourire sur l vres gt parlent pour elle Ils sont assez signifiants pour que Julien trouve la r ponse sa question il est le fils de Victoire Abalain La projection narcissique de l image paternelle est particuli rement pr gnante dans Le Fils de mon p re Elle porte sur des qualit s artistiq
200. sure o il s attache rendre avec r alisme la vie quotidienne au sein d une famille D un point de vue psychologique Garin se construit un roman familial par lequel il ne se contente pas de travestir la r alit mais exprime son d sir de la sublimer Le p re est un chef de fa mille responsable un ducateur exemplaire et le garant tut laire du bonheur de ses enfants S cartant du formalisme russe Marthe Robert s interroge sur le besoin de raconter des histoires et se demande pourquoi on ressent ce d sir imp rieux d exercer le pouvoir d illusion Il s agit on le voit pour le critique de s attacher aux causes du roman plus qu la mani re dont son ex cution est men e Pour r pondre sa propre question Marthe Robert part du postulat que le complexe d dipe sert de parangon toutes les formes discur sives et que tout roman est un avatar du mythe d dipe Le complexe d dipe tant un fait humain universel il n y a pas de fiction pas de repr sentation pas d art de l image qui n en soit en quelque mani re l illustration voil e La crise dipienne repose sur la propension inconsciente de l enfant se raconter une fable biographique par laquelle il enjolive les circonstances de sa naissance Son roman fami lial lui permet de refouler les fantasmes qu il prouve l gard du p re pour le petit gar on le tuer pour prendre sa place aupr s de la m re et inv
201. t confus ment que le document a un rapport m me lointain avec elle gt Pour que la v rit soit mise jour il lui faut composer avec le spectre lumineux sombre lumi re des rancunes pas tr s claires s elle n cessite des claircisse ments ou jouer avec la palette chromatique bleu comme myst re gt Quelque soit sa coloration le secret est surtout affaire de myst re chez velyne Brisou Pellen dont elle fait son ma tre mot Le glissement s mantique bascule le lecteur dans un monde dont il ne ma trise pas les donn es Le mot myst re tire sa racine du grec mus Myst re au point mort op cit ch 4 Les journaux sont bavards p 37 46 Un si terrible secret op cit ch 11 Les photos racontent mieux que personne pp 95 104 ibid ch 4 pp 35 42 Id Ibid p 39 Myst re au point mort op cit ch 13 L incroyable v rit pp 145 155 7 Meurtre au palais op cit ch 18 Le document manquant pp 114 121 Ibid p 120 Ibid ch 13 Sombre lumi re pp 85 90 10 Le Myst re de l homme en bleu op cit ch 11 Des rancunes pas tr s claires pp 104 113 1 Le Fils de mon p re op cit ch 17 Des claircissements pp 171 179 1 Le Myst re de l homme en bleu op cit ch 6 Bleu comme le myst re pp 53 62 5 bid p 53 74 t s qui signifie initi Le myst re se pr sente t
202. t en charge la narra tion ce sont eux qui produisent l histoire Ils s expriment la premi re personne du singu lier et de ce fait constituent ce que G rard Genette appelle des narrateurs autodi g tiques Ils sont la fois objet de l histoire et sujet de la narration comme ils ont fait l objet d un se cret de famille et sont les agents de sa lev e Rappelons ce propos que le narratologue pro pose de nommer histoire le signifi ou contenu narratif r cit proprement dit le signi fiant nonc discours ou texte narratif lui m me et narration l acte narratif producteur v4 Le recours l autodi g se a pour cons quence de renforcer la toute puissance des personna ges au d triment de l auteur Ils focalisent tellement l attention du lecteur que celui ci finit par oublier le pouvoir de l crivain De tous les personnages de notre corpus Garin Trousseboeuf est le B tard le plus abouti Il est r fractaire toute forme d organisation sociale Il est aussi le plus puissant Son pouvoir ne conna t pas de limites Le jeune scribe on l a vu plus haut renie ses origines pour se lancer l assaut du monde Fort de ses exp riences J ai couru le monde lan a Garin en Le Fils de mon p re op cit p 21 Un si terrible secret op cit p 43 Philippe Hamon Pour un statut s miologique du personnage op cit G rard Genette Figures III Seuil 1972 p 72 66 riant et je co
203. t fa milial sur l organisation mentale d un individu Son amn sie renvoie symboliquement la supr matie du tu et l obligation d oublier le Je De ce point de vue le conflit identi taire de Catherine est de nature ontologique la jeune fille est cartel e entre le para tre l onor Esnoul et l tre Catherine de Lormont Dans une perspective psychanalytique on peut consid rer le d doublement de la per sonnalit de Catherine comme la manifestation du conflit psychique qui oppose le Moi au a freudiens Catherine gu rie incarne l instance sociale du Moi et Catherine malade le a Le a constitue le p le pulsionnel de la personnalit Lorsque les fantasmes entra nent une culpabilit trop pressante ils sont censur s et refoul s dans le Surmoi L amn sie de Cathe rine ne peut elle pas tre interpr t e comme le refoulement de la honte qu elle voque d s le d but du roman Et l au fond d elle m me elle avait de nouveau ressenti la honte une grande honte comme si elle trahissait Le sentiment de honte exprim par Catherine s accompagne d un sentiment de culpa bilit Il n y a l rien de surprenant Honte et culpabilit sont inextricablement li s et consti En r f rence l ouvrage de Thomas Cottle Enfants prisonniers d un secret op cit Le Myst re l onor op cit p 66 Ibid p 79 Ibid p 94 Ibid p 79 Jean Lapla
204. t la mise l cart Mais l usage des pr fixes se et ex rendent compte d une opposition s mantique Le se contenu dans le mot secret v hicule une id e de conservation tandis que le ex de excr ment traduit l id e d vacuation de rejet Le jeu de mots d Hunold propos du nouveau ma tre d cole vient point nomm Ses m thodes tyranniques et odieuses lui valent d tre appel l col trine N ologisme d la fusion de col tre et latrines Pierre Corneille Le Menteur 1643 H 6 V 701 702 Magnard Classiques amp Contemporains 2002 p 74 Les Prot g es de l Empereur Meurtre au Palais Pocket Jeunesse 2007 p 118 Nouveau Dictionnaire tymologique et historique Larousse 1964 1 Les Prot g es de l Empereur Meurtre au Palais op cit p 23 12 N oublions pas pr cisa doctement Hunold qu il s agit d un col trine Normal qu il partage son temps entre l cole et les latrines Et l il y eut carr ment des hurlements de rire Le terme secret a donn naissance plusieurs expressions tre dans le secret des dieux tre mis au secret secret de polichinelle secret d alc ve sous le sceau du secret secret d tat secret professionnel secret du divan Certaines de ces locutions sont m taphoris es dans les romans d velyne Brisou Pellen Les h ros ath niens sont
205. t moi qui aurais d mou rir et non Henri Parce que j avais une femme et que je ne pouvais repara tre ainsi devant elle Alors je me suis jur de ne jamais retourner chez moi Je pr f rais qu on me croie mort Dans ce tapuscrit charg de pr server l anonymat de son auteur le p re de Th o signifie qu il abandonne sa femme et son fils Une mauvaise estime de soi l incapacit de supporter le regard des autres le sentiment de culpabilit sont souvent la base dans des comportements suicidaires Le jeune soldat bless les a prouv s Mais Jean n est pas tout fait an anti En se r fugiant au domaine des Gueules cass es de La Valette il se recr e une nouvelle famille et de nouvelles raisons d exister Le Coudon me sert de famille ma maison est ici J y suis ma place Et puis les autres ont besoin de moi comme j ai besoin d eux C est important de se sentir utile C est le sel de la vie Les propos tenus ont beau tre teint s de philanthropie n en sont pas moins l expression d une d mission voire d une inaptitude assumer le r le du p re Le Coudon est un espace clos et prot g qui vit en au tarcie c est en quelque sorte le lieu du regressus ad uterum de Jean Son fils doit faire preuve de courage parce qu il doit non seulement cautionner une d claration ill gitime de d c s mais aussi parce qu il doit composer avec l immaturit paternelle Les
206. t report l envers sur le m me registre On mesure la port e discriminatoire 1 Une croix dans le sable op cit Ibid p 75 Id p 75 Alain Bouregba Du paternel au parental quels effets pour l enfant La relativit de la famille in Daniel Coum sous la dir La famille change t elle r s Ramonville Sainte Agne 2006 p 89 25 d un tel fonctionnement La soci t de la Renaissance fran aise reconna t les enfants l giti mes tol re les b tards et exclut les enfants abandonn s en ne les baptisant pas On retrouve l efficacit du d terminisme social et religieux sur la cellule familiale dans Les Enfants d Ath na Le petit St phanos est un enfant expos c est dire qu il est d lib r ment abandonn par son p re Il faut rappeler que dans l Empire romain comme dans la Gr ce antique le p re est le chef supr me de la famille Sa femme et ses enfants lui ap partiennent Il a droit de vie et de mort il peut les obliger travailler les exclure les ven dre lit on dans un documentaire pour la jeunesse sur enfants dans l Antiquit L exposition est une coutume autoris e par la loi elle a lieu le cinqui me jour apr s la nais sance de pr f rence le matin pour que l enfant ait plus de chance d tre recueilli Dans le meilleur des cas l enfant comme St phanos est recueilli par une famille qui lui assure affec tion et ducation Mais bien souvent l
207. tent que personne ne les aime ici Ce qui n est pas le cas ils s en rendront compte la fin du roman l aust rit de leurs grands parents n tait que l expression de leur chagrin Brice et Alice Julien St phanos les petits Laur gan viennent grossir les rangs de leurs a n s romanesques dont fourmille la litt rature du XIX si cle Comme R mi et Co sette ils sont jet s sur les routes la recherche de leurs parents qui les ont abandonn s par indigence par n cessit ou plus simplement par d samour Ils sont tous des petites souf frances pour reprendre l expression de Fabienne la concierge de la maison de Langeais Bouillon B Mythe de l harmonie Le mythe de l harmonie est un id al que perp tue les familles confront es des s vi ces corporels ou psychologiques La Maison aux 52 portes en est une illustration efficace Ce court roman de cent cinquante pages raconte la gen se d un secret b ti sur le d shonneur mythe de la stabilit et la maltraitance mythe de l harmonie Le secret de la famille Jar nois est de tous les romans d velyne Brisou Pellen le plus labor et le mieux gard il tra Tbid p 261 Tbid p 128 Myst re au point mort op cit p 43 Hector Malot Sans famille 1878 Gallimard Folio Junior T I amp II 1980 5 Victor Hugo Les Mis rables Gallimard Folio Classique T I amp II 1999 Myst re au point
208. tentiel nous am ne consid rer le secret dans sa dimension ontologique 82 On ne peut pas transporter partout avec soi le cadavre de son p re Guillaume Apollinaire Troisi me partie Approche ontologique Sabbio Alter Ego 2008 41 x 24 cm acrylique sur toile coton sur ch ssis Guillaume Apollinaire Les peintres cubistes 1913 Paris Berg International Petite collection 1991 83 Le primat de la parole sur le silence a permis la m tamorphose symbolique des h ros Le dire a supplant le taire Cela n a rien de contradictoire quand on se r f re la logique du secret Tout secret pr suppose le soup on de son existence et donc de son d voilement Qu une personne garde pour elle une information sans jamais laisser transpara tre qu elle sait quelque chose que l autre ne sait pas ne constitue pas en soi un secret Le secret repose fon damentalement sur la dialectique du taire et du dire Comme l explique Pascal Bouvier le secret ne peut exister que s il se cache et ne peut exister que s il appara t en se cachant De ce point de vue le secret est impensable sans une coupure ontologique entre la substance du secret et ses manifestations entre l tre et le para tre C est sur cette dialectique que nous nous penchons maintenant La r flexion de Pierre Boutang sur l ontologie du secret sera le pr ala ble notre tude sur la transmission du secret et les modes op ratoires
209. tion de l histoire familiale Le pr fixe latin trans indique une mise en forme qui va au del de celle qui est donn e habituellement l instar d dipe qui a cherch donner un autre sens une direction nouvelle sa vie en fuyant Corinthe pour chapper au sens la si gnification de la pr destination de son existence l auteur et le lecteur sont mus par le d sir universel de changement Le romancier refuse la r alit au profit d un r ve personnel L crivain comme dipe comme l enfant inventant un roman familial est un rebelle qui remanie sa biographie Dans un entretien accord en 2002 aux journalistes de Lire crire l cole lors du salon du livre pour la jeunesse de Saint Paul Trois Ch teaux dans la Dr me velyne Brisou Pellen voque cette subjectivit narrative la port e et le contenu du roman ne d pendent pas forc ment de ce que le ro mancier croit inventer de toutes pi ces mais plut t de ce qu il est lui m me Car soyons r aliste m me si l auteur et c est mon cas ne se met absolument pas en sc ne dans le roman il ne peut crire qu avec ce qu il est J en parlais r cemment avec Anthony Horowitz J aime beaucoup ses romans mais je serais incapable de les crire l id e elle m me ne pourrait pas m en venir Nous avons voqu ensemble les raisons profondes et nous avons d couvert le gouffre qui existe entre nos existences nos exp rience
210. tion des 4 dieux Alexos et sa femme meurent assassin s par Hanias et ses acolytes Errance Th bes Corinthe Th bes Colone Ath nes Corinthe Delphes Ath nes preuve nigme du sphinx r solue nigme du sphinx non r solue nigme du tr sor de D los r solue Maladie Peste s vissant Th bes Fi vre inexpliqu e de St phanos Mort du p re Tu par dipe au cours d une rixe Tombe dans un pr cipice emport par son lan D nouement Automutilation dipe se cr ve les yeux avec les agrafes d or du v tement de Jocaste Gu rison spontan e St phanos refuse d h riter des trois brace lets d or d Hanias G rard Genette Palimpsestes La Litt rature au second degr op cit p 13 Les Enfants d Ath na op cit p 169 ibid p 189 4 ibid p 148 53 pilogue Exil conduisant Colone Ath Retour Ath nes nes Confie ses filles Th s e Meurt vieux et digne R v lation du tr sor de D los a Regrette de ne pas avoir pu assister D culpabilisation Je suis char l cclesia en raison de son jeune ge g de crimes affreux mais involon taires j en atteste les dieux non ma Revendique avec fiert sa filiation volont n y eut aucune part R surgence d angoisses lorsqu il songe l ann e de ses cinq ans
211. tre propos de la fa on suivante M re gt gt tre pa gt Fils gt Non tre D Foule gt tre Gr ce la t nacit de Garin Benvenuta finit par accueillir son fils qui meurt dans ses bras et recueille sa petite fille Lucia qu elle avait imm diatement identifi e lors de leur pre mi re rencontre La grand m re explique comment elle s tait attach e sa petite fille tout de rouge sombre v tue comme sa poup e d s son arriv e la c a Albizio Elle l avait re connue avant m me de la conna tre tant la ressemblance avec son p re est frappante c est Tbid p 103 Ibid p 165 Ibid p 44 87 son portrait crach C est la raison pour laquelle explique t elle in fine Garin qu elle s tait empress e de lui faire endosser l uniforme des servantes pour qu on ne la reconnaisse pas La question vestimentaire n en finit pas de recouvrir des secrets de famille B Filiation institu e et filiation narcissique L observation de la ressemblance entre Lucia et son p re corresr pond un m ca nisme imaginaire que Jean Guyotat appelle la filiation narcissique En 1980 le psychiatre analyse le lien de filiation selon deux axes symboliques la filiation institu e et la filia tion narcissique La premi re est v hicul e par l institution Elle est consciente Elle l gi time le mariage le d c s le divorce l adoption la transmission
212. tte choisit de vivre les aventures des h ros de ses livres tandis que Robinson d cide de n tre le fils de personne et de s engendrer lui m me Cervantes et Defoe rivalisent avec Dieu en recr ant de toute pi ce l univers dans lequel voluent leurs h ros qu ils fa on nent leur image Certains h ros d velyne Brisou Pellen s apparentent l Enfant trouv St phanos est un gar onnet qui jugule ses frayeurs en recourant aux histoires et aux chansons Sa s ur N ra pour l apaiser lui raconte des l gendes dont celle de la guerre de Troie Au lieu de gronder St phanos elle essayait de le distraire de ses angoisses Apr s tout si a mar chait Et lorsqu il qu il est accabl de chagrin le petit orphelin fredonne la ritournelle que sa m re lui chantait pour l endormir Dans la forge du dieu Qui a crach le feu J ai jet trois cailloux Voyez vous St phanos refuse de grandir Il n a que cinq ans et sa grande s ur contente son d sir de r gression primitive en le ber ant au rythme de la chansonnette elle lui offre l illusion du giron maternel Bruno Bettelheim Psychanalyse des contes de f es traduit de l am ricain par Th o Carlier Robert Laffont R ponses 1976 p 58 Les Enfants d Ath na op cit p 67 Ibid p 37 63 L h ro ne du Myst re l onor est celle qui se rapproche le plus du parangon de l Enfant trouv des contes de
213. u il comporte un tat initial des preuves et un tat final ce qui est le lot de tout r cit comme l a montr J M Adam avec son mod le quinaire que le fait du changement ontologi que des h ros Mirc a liade donne de l initiation la d finition suivante Myst re au point mort op cit p 14 Claire Delassus Le secret ou l intelligence interdite op cit p 15 114 On comprend g n ralement par initiation un ensemble de rites et d enseignements oraux qui poursuit la modification radicale du statut religieux et social du sujet initier Philosophiquement parlant l initiation quivaut une mutation ontologique du r gime existentiel la fin d ses preuves le n ophyte jouit d une tout autre exis tence qu avant l initiation il est devenu un autre L approche de Mic a liade carte de facto une possible transposition litt raire si l on s en tient l oralit des enseignements d une part et au caract re mim tique de l criture fictionnelle Ces deux obstacles lud s on peut consid rer que les romans d velyne Brisou Pellen sont initiatiques par le double parcours des h ros Les n ophytes passent de la vie infantile la soci t des hommes et de la vie profane la vie sacr e Se Le passage d un tat infantile un statut social a bien lieu dans tous les romans et ce lui du profane au sacr galement mais sous une forme symbolique et le pl
214. u il atteint l ge de la majorit La os est chass de Th bes Il trouve refuge aupr s du roi P lops Celui ci lui confie son fils Chrysippe en le char geant de lui apprendre l art de conduire un char Mais La os s prend de son jeune l ve l enl ve l occasion d une course de char et en fait son amant Accabl de honte Chrysippe se pend Le rapt de l adolescent et les relations sexuelles constituent le premier secret du my the Des ann es plus tard Laios pouse Iokast S tonnant de la st rilit du couple Laios consulte l oracle de Delphes Celui ci proph tise que si un enfant m le na t de son union avec lokast il tuera son p re et pousera sa m re Prudent Laios vite toute intimit avec son pouse Une nuit pourtant enivr par Iokast il engendre un fils qui portera le nom d Oidipous Un deuxi me secret vient d tre scell celui de la divination Pour conjurer l oracle Laios d cide d exposer le nourrisson dans la cha ne parnas sienne Il le confie un berger charg de l abandonner dans les gorges bois es de Kithai r n Cet pisode nous am ne un troisi me secret l abandon d un enfant voire un d sir d infanticide Mais le serviteur n a pas le c ur d abandonner le b b aux b tes sauvages Il le confie un pasteur mercenaire qui menait une vie vagabonde Celui ci le remet Polybos le vieux roi de Corinthe et sa fem
215. u la fille de notre p re et de notre m re Nous voluons tous parmi nos pairs Ce que l on cache un membre de la famille on le cache aussi aux autres pour pr server le secret Cette recontextualisation du secret dans un environnement social constitue la premi re partie de notre travail Nous retournerons dans un premier temps aux sources du mot secret pour en ma triser la port e s mantique Dans un second temps nous proposerons un r sum orient dans le sens de notre probl matique de chacun des romans afin de nous familiariser avec notre corpus Ensuite nous verrons comment les trois p les secret famille et soci t s articulent chez ve lyne Brisou Pellen et dresserons partir de travaux de sociologues une typologie des secrets des familles fictives de notre auteur Ces deux derniers points constituent l approche anthro pologique proprement dite I Retour aux origines du mot secret Avant de nous plonger au c ur des secrets de famille chez velyne Brisou Pellen il est utile de d finir le terme de secret et ses d riv s afin d en saisir la port e s mantique Le secret est une information d tenue par quelques personnes qui jugent de leur devoir de ne pas la divulguer Le Petit Robert donne la d finition suivante du substantif Ensemble de connaissances et d informations qui doivent tre r serv es quelques uns et par suite que le d tenteur ne doit pas r v ler Le secret est donc un savoir r
216. ues intellectuelles et physiques Th o est lev dans le mythe d un p re dot de dons artistiques et tr s intelligent et cause de a il est tenu de l tre aussi et de r ussir ses tudes 1 Mieux on lui dit qu il pr parait Polytechnique dans les tranch es La surd termination paternelle est d autant plus conflic tuelle que l image qu on lui renvoie de son p re est fallacieuse Th o ne tarde pas apprendre que Jean Pih ry tait un l ve m diocre et un sacr feignant qui passait son temps r vasser ou dessiner Il comprend plus tard que ce n est pas lui qui pr parait Polytechni que mais Henri Garancher on se souvient que Jean a substitu son identit celle de son camarade de guerre L image paternelle avec laquelle on attend que Th o rivalise s effrite le fils sait qu il n est pas AUSSI bon l ve que son p re qui a obtenu de justesse son certi ficat d tudes mais meilleur l ve que lui il est en premi re et s appr te passer le pre mier bac L inflation d une image paternelle illusoire a pour effet d initier un roman familial Le jeune homme se persuade qu il est le fils d Henri Il est horrifi et furieux Comment sa m re avait elle pu faire a Avoir un enfant avec un autre que son mari La distorsion entre le r el et l impossible r el est cause de souffrance psychique Mais le conflit trouve sa
217. uivants sur eux S il continue de pleurer bruyamment ajoute t elle ses sanglots risquent de r veiller le sphinx qui habite pr s d ici Les cinq occurrences au sphinss n en finissent pas de terroriser le gar onnet Apr s s tre fait prier la grande s ur consent raconter l histoire d dipe et du Sphinx encore qu elle le fasse de fa on tr s synth tique N ra est une pi tre conteuse en quelques mots elle voque Julia Kristeva S m i tik Recherches pour une s manalyse Seuil Points Essais 1969 p 84 2 G rard Genette Palimpsestes La Litt rature au second degr 1982 Seuil Points Essais 1992 p 8 Ibid p 8 t Les Enfants d Ath na op cit p 41 Ibid p 75 51 l histoire d un jeune homme nomm dipe et qui a bien failli tre d vor par ce monstre affreux Ce sphinx tue tous les gens qui ne trouvent pas la r ponse sa question et dipe a t sauv parce qu il a r solu l nigme Le lecteur doit poursuivre sa lecture pour com prendre la r ticence de N ra narrer l histoire du h ros dans son int gralit le petit ess pos gt risque d d tablir un lien intertextuel entre les origines d dipe et la sienne Elle se demanda si elle devait r v ler qu dipe tait un enfant expos et poursuivit finalement dipe tait le fils du roi de Corinthe Quand il rencontra le sphinx celui ci lui demanda
218. ur Des blonds tu trouves qu on en voit beaucoup par chez nous a ne veut pas dire qu ils sont esclaves Leurs anc tres sont peut tre venus des pays du Nord Plus tard leur compagnon de voyage Talos sugg re aux trois Ath niens de se raser Les gar ons s y opposent nergiquement Ils ne veulent passer ni pour des esclaves Tu es fou s emporta Dam as On nous prendrait pour des esclaves ou non moins avantageuse ment pour des Spartiates chez qui les enfants sont ras s jusqu ce qu ils aient seize ans Des Spartiates Et quoi encore Je suis Ath nien et ne couperai mes cheveux qu une seule fois seize ans pour les offrir aux dieux Quant St phanos il d dit l offre de Talos entre L NES ua deux sanglots Pas un esclave pas un esclave N ma se montre plus nuanc e elle me sure l enjeu de la transformation de leur image Elle peut leur sauver la vie Mais elle ne par vient pas convaincre ses fr res qui s arc boutent leur apparence physique Ce n est pas un Les Enfants d Ath na op cit p 22 Ibid p 22 Ibid p 171 Ibid p 46 Ibid p 152 6 Ibid p 153 85 hasard si l on utilise aujourd hui l anglicisme look regard pour parler de l image de quel qu un Dam as et St phanos assimilent le para tre l tre Ils paieront le prix de leur obstina tion Leurs poursuivants parvie
219. urd hui ils en ont treize H berg s par leurs grands parents paternels ils re oivent une duca tion aust re Les circonstances de l accident ne sont jamais abord es en famille trangement chaque 14 avril date anniversaire de l accident ils re oivent un cadeau anonyme Jusqu ce qu ils fassent au cours priv des Tulipiers la connaissance du nouvel l ve Pierre Emmanuel Joncourt fils de biblioth caires Ensemble ils consultent les archives de la presse locale afin d en savoir plus sur les causes de l accident Malgr 19 Roman 6 leurs souvenirs corrobor s par la version dulcor e des grands parents il ne s est pas agi d une d faillance humaine ou technique mais d un meurtre Cyril a re u une balle en plein c ur alors qu il tait au volant du v hicule L enqu te men e aupr s de t moins leur r v le une tragique m prise Une m re de famille folle de chagrin a tir sur le conducteur de la voiture qui avait renvers son fils le 27 d cembre 1988 Elle ignorait alors que le chauf fard tait toujours en prison et que le couple de Langeais Bouillon venait d acqu rir son v hicule une CX grise Depuis elle est intern e et son mari Yves Keriou le vieux du banc exp die un cadeau aux jumeaux tous les 14 avril Les jumeaux connaissant la v rit renouent le dialogue avec leurs grands parents et se lient d amiti avec Yves Keriou De nos jours dans une r g
220. ure sociale qui avantage la famille nucl aire Le collier d amulettes que St phanos porte autour du cou est embl matique de son abandon Il est un signe social de reconnaissance double tranchant il affiche que celui qui le porte a t en gendr sur le b t gt et permet aux parents de reconna tre l enfant qu ils ont expos Les gens qui abandonnaient leurs enfants leur laissaient souvent ce genre d objet K i FR 4 afin de les retrouver un jour s ils survivaient C est ce qui se produit pour St phanos Hanias reconna t son fils gr ce l objet Lors que le gar onnet perd son collier il devrait se r jouir de l avoir gar et ainsi ne plus exhiber la honte d tre un enfant naturel Mais il ne le fait pas parce qu il ignore encore le code social du bijou Quand la fin du roman St phanos en apprend le sens il ne cherche pas s emparer du collier que son p re pass autour de son cou Il le laisse sur le cadavre Par cette attitude il signifie que nul n est cens conna tre ses origines obscures L identit per sonnelle de St phanos fait place son identit pour soi Anouchka Catherine Ala s Jehanne St phanos sont des enfants sans nom ou pour certains avec trop de noms ce qui revient au m me parce qu ils sont sans pass On a brouil l leur filiation ou dans le cas d Anouchka les circonstances qui ont conduit sa naissance dans un camp de r ducation
221. urus 1999 Claire Delassus Le secret ou l intelligence interdite op cit p 37 4 Meurtre au palais op cit ch 2 p 12 18 105 bre les t moins Le comte impose le silence Ala s Rothilde la fille de Charlemagne et AAAS sog d Loup un des nourris admis suivre leur scolarit au palais En attendant le retour de l empereur reprit le comte avec v h mence silence sur tout ceci Vous m avez bien compris tous les trois Pas un mot de cette affaire qui 12 que ce soit Le comte n en reste pas l il leur fait jurer de ne rien dire et les menace des pires maux s ils viennent rompre leur serment les pires malheurs peuvent s abattre sur vous et votre famille Ses paroles s accompagnent d une d marche particuli rement int ressante pour notre propos je ferai discr tement enterrer cet homme Nul n est cens savoir qui il est comment il est mort ni o il est enterr Ce dernier point est crucial si l on veut d finiti vement ensevelir le secret des origines saxonnes d Ala s Lorsqu elle s introduit dans la chambre de C leste Ma lys s attend trouver un ca davre ou un squelette Son soulagement sans bornes n est qu une alternative ce qu elle va vivre puisque le fant me de son arri re grand tante s impose elle L exp rience t l pathique est angoissante l adolescente est terroris e elle est g
222. us souvent la ci s e La transformation ontologique de nos h ros leur permet d acc der une forme de trans cendance existentielle proche de l exp rience divine puisque comme le dit Mirc a liade l initiation est un acte qui n engage pas seulement la vie religieuse de l individu dans le sens moderne du terme religion il engage sa vie totale Les jeunes gens de papier sont tous pass s par les trois tapes initiatiques telles que les a d crites Simone Vierne la pr paration la mort initiatique et la renaissance La premi re tape la pr paration suppose trois conditions l tablissement du lieu sa cr particuli rement investi dans Les Enfants d Ath na qui se rendent dans le sanctuaire d Apollon ou dans La Maison aux 52 portes dont on a vu qu elle est le si ge d v nements paranormaux l acte de purification on pense aux ablutions des ath niens la travers e de Julien Abalain au bain dans la piscine d Ala s et enfin la s paration d avec la m re ou la famille ou le groupe social tous nos jeunes protagonistes sont sevr s de l un ou des deux parents Ma lys vit en huis clos avec ses parents La seconde tape appelle une mort symbolique ou un retour aux origines Nous avons voqu la symbolique de l amn sie de Catherine qui se trouve plong e dans un grand vide s 5 2 un trou sans fond ce seul et unique trou noir Ces m taphores convoquent Mirc
223. uvelle Revue de Psychanalyse op cit p 316 103 Les multiples pr cautions prises par Nathana lle pour que son journal ne soit jamais port la connaissance d un tiers sont vaines Elle l histoire de sa grand m re dort l sur le cahier d colier jauni que j ai trouv au fond de la malle et je vais l enfermer dans le coffret en bois que je vais enfermer dans la valise d osier que je vais enfermer dans la malle que je vais enfermer dans le placard du grenier au fond de la m moire de la maison au fond du temps Les bo tes gigognes ne contiennent rien d autre que l illusion d une privatisation nar rative La relation du si terrible secret ressortit non pas du domaine priv mais public du fait m me de sa publication Ce constat am ne d finir le vieux cahier de Nathana lle non plus comme un journal intime mais comme un journal fictif entendu comme une es p ce particuli re de narration la premi re personne dont l criture se caract rise par sa proximit des v nements par opposition au r cit qui b n ficie d une vue d ensemble Le journal de Nathana lle se situe dans une zone d incertitude qui emprunte au journal ses caract ristiques d nonciation premi re personne du singulier et au roman son organisa tion interne Le prologue en forme de prolepse en est l une des composantes Il met un point final la chronologie des v nements
224. valeur historique et sont re ues objectivement par le jeune lecteur tandis la seconde lui devient intol rable parce qu il s identifie la petite fille Les exactions relat es dans ce roman font exception l auteur ayant plus facilement recours la pr t rition comme dans L Incroyable retour Alexandre Slavici est tortur mort pour avoir refus de livrer le secret de sa recherche en bact riologie On ne va pas inscrire sur le registre de l tat civil Mort la suite de s vices lors de l interrogatoire On retrouve ce m me proc d dans Un si terrible secret Un vieil allemand rong par le remords et la maladie revient La B tinais soulager sa conscience Il avoue Nathana lle avoir fait partie de la Gestapo et avoir tortur Virgile Delahaye Mais la jeune fille l interrompt dans sa confidence Ne me racontez pas Je ne veux pas entendre des histoires de tortures Par ces proc d s d att nuation velyne Brisou Pellen op re une autocensure Elle dulcore la barbarie des v nements historiques auxquels elle se r f re historiquement E Mythe de la normalit Le dernier regroupement propos par Cottle renvoie aux comportements jug s anor maux par la soci t alcoolisme toxicomanie Nous n en trouvons aucune trace dans les romans d velyne Brisou Pellen De ce point de vue les h ros et leurs parents sont nor maux Mais le sociologue fait aussi r
225. ymologiquement comme une connaissance r serv e une lite En cela il entretient un rapport de synonymie avec le secret Mais au contraire du secret qui est profane le myst re renvoie au sacr Les myst res en th ologie sont des dogmes fondateurs inaccessibles l entendement humain Myst re de la r incarnation dans la religion chr tienne On mesure alors l cart conceptuel qui existe entre ces deux no tions Les rapprocher voire les permuter c est prendre le parti d inviter le lecteur entrer dans un univers sot rique Garin Trousseboeuf joue sur la dialectique du sacr et du profane de l irrationnel et du rationnel en posant la question laquelle in fine il trouvera une solution celle de la l gitimation de la famille Albizio Le myst re du secret ou Le secret du myst re La r v lation de la v rit fait toujours l objet d un choc elle est v cue avec une intensit dramatique hyperbolique elle est affreuse terrible catastrophique La redondance des adjectifs peu qualifiants masque peine la paup risation lexicale mais sans doute a t elle le pouvoir d aiguiser l app tence du jeune lectorat dont on se dit qu il est friand en motions fortes L appareil titulaire fait en outre r f rence des donn es familiales qui insistent sur la filiation La Fille du comte Hugues Le Fils de mon p re ou Les Enfants d Ath na Le pre

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