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1. Nom il n y a que l embarras du choix plusieurs milliers de r ponses possibles Mot c est encore pire 13 000 mots de huit lettres dans le Petit Larousse plus les f minins les pluriels et les formes conjugu es plu sieurs dizaines de milliers et enfin Lettres ce qui cas extr me correspond en fait l ab sence de d finition on obtient le nombre de combinaisons que l on peut faire en prenant 26 lettres huit par huit soit quelques dizaines de milliards Et pourtant le probl me qui suit malgr ses d finitions peu d finissantes c est le moins que l on puisse en dire est parfaitement soluble Il n y a pas de pi ge tout est normal D faut simplement savoir que les mots trouver sont les mots du dictionnaire c est dire sous la forme sous laquelle se pr sente leur entr e dans le dictionnaire ce qui exclut les f minins et les pluriels qui ne satisfont pas cette condition ainsi que les formes des verbes autres que l infinitif La d finition Lettre si gnifie que l on a affaire plusieurs fois la m me lettre la d finition Let tres des lettres diff rentes Sauf indication contraire les noms sont des noms communs A vous de jouer Le dictionnaire de r f rence est le Petit Larousse 1992 et le dictionnaire Larousse des Mots Crois s qui en a t tir Horizontalement I Mot Mot 2 Mot 3 Nom propre Mot Mot
2. Puisque aussi bien la question de la p rennit oblige rassembler r f rences sur du moderne et sur de l ancien on comprend cette consid rable moisson d tudes ou d anthologies concernant des formes assez peu actuelles mais alors pour le moins un peu d attention e t elle t de mise envers les domaines autres que l allemand par exemple sur les quelques r pertoires fondamentaux de formes versales strophiques et textuelles des grandes litt ratures du moyen ge notamment ils sont en nombre fini g n ralement de qualit et d un immense profit Enfin quoique s annon ant s lective en effet cette bibliographie fait parfois curieusement silence sur quelques grandes tudes ou grands textes sans qu il y ait vraiment moyen de savoir quelle raison pr judicielle ou autre a pu pr sider cette s lection entre tant d autres manques criants pas question d Asselineau au chapitre de la ballade pas de r f rence la th se de Mlle Mathios sur le sonnet sous Franco rien sur celle que Domi nique Billy a consacr e la sextine pas un mot de Za Fleur inverse de Roubaud silence radio total sur les travaux de Batts au sujet du Marienlied et une bibliographie lipogrammatologique scandaleusement indigente r 292 CHO DES COLLOQUES duite qu elle est deux notices respectivement de Perec et Hans Hartje Il faut admettre qu une publication de ce genre ne peut que difficile m
3. 426 bis Je me souviens du calembour de Jean Yanne RTL Gaston y a le telefon qui son et y a jamais Bergson qui y r pond La Silent Grey Fellow deuxi me mod le Harley Davidson 1904 98 Alain Chevrier Lettre Bernard Magn propos des remaniements de l index dans la derni re dition de La Vie mode d emploi La Vie mode d emploi est un des grands livres du si cle dernier et son auteur est d j un classique C est dire que toute atteinte ce texte canonique ne peut pas laisser indiff rents les lecteurs et les sp cialistes L dition originale parue chez Hachette P O L en 1978 700 p a t suivie d une dition dans Le Livre de Poche Hachette en 1980 700 p qui para t en tout point semblable quant au texte Il n en va pas de m me pour la r dition dans Le Livre de Poche Hachette de 1998 640 p en ce qui concerne l index D s les premi res lignes des diff rences cr vent les yeux du lecteur le moins vigilant Com parons les quinze premiers items Voici ceux de l dition originale Aachen voir Aix la Chapelle 315 Aarhus 557 Abbaye d Hautvillers 554 Abbeville 119 A B C du travailleur I Edmond About 278 ABEKEN conseiller de Bismark 598 Aberdeen 475 Abidjan 546 Abigoz lowa 392 393 Abr g historique de l origine et des progr s de la gravure de Humbert 224 Acad mie de m decine 576 Acapulco 54 547 Adamaoua hauts
4. On Going to Meet a Zen Master in the Kyushu Mountains and Not Findind Him A C Pr Dr Harald St mke Anatomie et biologie des rhinogrades Dunod 1962 r dit en 2000 Duss jc tre iconoclaste je dirai que Cantatrix sopranica L de notre grand Perec Seuil 1991 est du pipi de chat par rapport au monument que constitue la d couverte d un nouvel ordre de mammiph res par Harald St mpke d une part et sa description compl te raisonn e syst matique d autre partLe livre d une haute tenue scientifique s duira les bionaturalistes chevronn s comme le grand public avide de vulgarisation Pr cise illustr e sobrement la description des Nasins de l ordre aux genres est parfaite La bibliographie importante montre le caract re international de ce type de recherches et le s rieux de l cole fran aise avec Louis Bouffon qui initia d s 1953 les travaux de St mke 274 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES Simples r serves de puriste les correspondances franco latines ne sont pas donn es syst matiquement d ailleurs sans logique apparente Des d tails sur la polyg nie des Rhinogrades auraient opportun ment gay des descriptions aust res mais je phantasme sans doute A Z Substance 96 vol 30 n 3 2001 Cette revue am ricaine ou internationale de th orie et de criti que litt raire consacre une section sp ciale l uvre de Jacques Jouet lequel par l
5. crire C est d sesp r Non sacr Nom proteste L Ni la lecture ni l criture ne doivent tre inaccessibles A personne Ma fa on d enseigner justement des le ons com bin es des jeux est ind fectible Elle agira sur tous vos enfants m me les particuli rement difficiles Vous verrez la fin de l ann e j en aurai fait des lecteurs infatigables curieux de tout savoir Trois au moins auront t re us au concours g n ral Allez au travail J ai h te de rencontrer vos petits demeur s on ne pourra bient t plus les emp cher de lire j en fais le pari Que Dieu vous entende ajoute yeux lev s au ciel le Directeur Le soir L retourne chez A Il n est toujours pas rentr Elle s en fiche elle n est plus press e de le rencontrer Il faut dire qu elle a pass une bonne journ e la campagne et qu elle se sent finalement bien chez lui Elle est pr te une longue attente sous son toit un s jour de plusieurs saisons peiH tre m me d finitif pourquoi pas Et elle commence l crire un autre roman Dans Passe passe A et L sent deux textes diff rents crits avec les 2559 m mes mots Dans chaque texte chaque mol trouve un et un seul mot lui correspondant dans l autre texte 162 Marie Etienne La bo te de camembert Vers 1978 un ami peintre GastonPlanet aujourd hui disparu souhaita faire un livre avec moi Je lui avais donn un texte que j a
6. p 28 29 Rentr chez lui le litt ratueur allume son ordinateur Sur le disque dur un fichier contient le texte complet de la Recherche vous crasez toutes les phrases en lesquelles il est fait r f rence Madame de Saint Loup p 31 Cette asc se thanatographique d graissant ensemble le texte et le monde implique un roman massivement intertextuel La mani re prous tienne du narrateur en particulier emprunte des voies pr cis ment con 257 CRITIQUES traintes ainsi justifi es par la fiction dans cette confession des fonde ments de l uvre cette axiomatique de la vocation remplacez syst mati quement le mot Art par Crime le mot Litt rature par Meurtre Ro man par Assassinat etc Op rez cette traduction l mentaire et voyez enfin transpara tre sous la falsification le sens souverain p 170 Dans cette traduction l mentaire on reconna t la forme des Chim res de Le Lionnais celle des Fondements de la litt rature d apr s David Hil bert de Queneau cit p 167 La Recherche ainsi r crite dans maints passages de La D composition est d abord la lecture du litt ratueur que ses crimes rendront effective dans son monde Cette filiation oulipienne affich e fonde la charge pol mique du ro man parfois proche du texte cl s dans sa satire du monde litt raire con temporain voir en particulier la pr sentati
7. 1997 Le Cabinet d amateur n 5 L Autobiographie deux PUM Toulouse Andr e Chauvin Le on litt raire sur W ou le souvenir d enfance de Georges Perec PUF coll Major e Yvonne Goga dir Georges Perec Colloque de Cluj Napoca Ed Dacia Anne Roche Georges Perec W ou le souvenir d enfance Gallimard 1998 Jacques Denis Bertharion Po tique de Georges Perec Nizet Roland Brasseur Je me souviens de Je me souviens Le Castor Astral Le Cabinet d amateur n 7 8 Perec et l image Colloque de Gre noble et Varia PUM Toulouse 1999 Bernard Magn Georges Perec Nathan Universit Manet van Montfrans Georges Perec la contrainte du r el Rodopi Christelle Reggiani Rh toriques de la contrainte Georges Perec l Oulipo Ed Interuniversitaires 2000 Carsten Sestoft et Steen Bille Jorgensen dir Georges Perec et l histoire Colloque de Copenhage Etudes romanes n 46 MuseumTusculanum University of Copenhagen 2001 Paulette Perec dir Portrait s de Georges Perec BNF 2001 Le Cabinet d amateur 2001 Texte en ligne A para tre Colloque de Montr al 1996 Parcours d une uvre une lecture sociale de Gorges Perec dir Pierre Siguret et Jean Fran ois Chassay e Colloque de Nancy 2000 Georges Perec entre l Est et Ouest dir Hans Haitje e Colloque de Rabat 2000 L uvre de Georges Perec r ception et mythisation dir Jean Luc Joly Ab
8. La construction de l engin rel ve en partie de la technique de la greffe du cut up pour parler comme tout le monde technique qui s articule sur un double mouvement de d collage passif s lectionner piocher dans le ruban de langue qui que traverse ma vie et actif rechercher des pi ces manquantes L apparente incoh rence du montage surtout l attribution du statut de ready made chaque figure utilis e mais un mot est toujours d abord ready written chaque mot r f rant au pur clat de son unicit autant qu tout le feuillet de son histoire tous les sens qui y font d p t d faut le traversent et en r mun rent le coefficient po tique exercent une force centrip te qui me tient la p riph rie du chantier et me fournit quelle aubaine un motif pour ne pas crire J y orchestre simplement du mouve ment des masses des rythmes du sens partir d une tour de contr le ext rieure l criture proprement dite La visibilit n y est presque jamais totale On se gardera toutefois d associer ce texte ce qui pourrait appara tre comme la canalisation d un flux de conscience ou pire une produc tion automatique et al atoire nourrie aux mamelles du hasard Il s agit au contraire d une m canique tr s surveill e m me si sa dimension en conti nuelle expansion favorise l apparition de zones et de ph nom nes incontr l s Chaque l ment fonctionne la f
9. Litanie de la vie j ai rien compris compose une jolie litanie spatiale ou visuelle Ces textes faits pour la sc ne ne demandent qu tre perform s A C Blaue Gedichte Herausgegeben von Gabriele Sander Philipp Reclam jun Stuttgart 2001 138 p Le lecteur fran ais a d j pu choisir entre deux ouvrages sur l histoire du bleu comme cadeau de No l Une anthologie po tique vient de sortir rassemblant les po mes allemands consacr s cette couleur C est aussi une curiosit typographique couverture bleue et surtout impression en bleu A propos de cette contrainte monochrome rappelons qu au milieu du XIX si cle Charles Monselet avait fait imprimer son recueil de po mes Les Vignes du Seigneur en rouge la couleur du vin A C Mallarm Dos Buch Klaus Scherubel Verlag der Buchhandiku ng Walther Konig K ln 2000 O p Il a t publi quelques livres compos s uniquement de pages blan ches Or il existe un genre sup rieur qu H l ne Cixous louait r cemment dans une interview le Livre Vide Que ne s y tient elle Un tel livre vient d appara tre sur le march dans les librairies d art c est une simple ja quette de papier glac d un bleu c rul en avec le titre un commentaire dans les marges internes et en quatri me de couverture la citation selon quoi le Monde est fait pour aboutir un Livre Cette jaquette se referme sur une plaque de polystir ne qu on
10. article pu bli dans la revue OP GIT n 10 mai 1998 Universit de Pau pp 193 204 2 Autrement dit il existe une identit de base entre les figures de rh torique et la plupart des contraintes oedipiennes leur seule diff rence tant leur degr de saturation textuelle locale dans le premier cas g n ralis e ou holotextuelle dans le cas de la contrainte Cette identit de base explique les ressemblances entre un tableau g n ral des figures de rh torique et le tableau de classification des contraintes de Marcel B nabou 3 Estienne Tabouret Les Bigarrures du Seigneur des Accords r dition Gen ve Droz 1986 tome Lp 118 E 4 Gecrges Perce Palindrome in Oulipo La Litt raturepotentielle Gallimard 1973 pp 101 106 S Georges Perec Epahalames in Oulipo la Biblioth que oulipienne volume 2 pp 1 23 La contrainte du beau pr sent consiste crire en utilisant exclusivement les lettres d un nom celle du d dicaiairc du texte r sultant Dans le deux premiers pithalames Perec utilise d embl e les lettre de noms de deux mari s Dans le troisi me le lettres en question sont ajout e progressivement du d but jusqu la fin de strophe 6 Voir Roubaud Jacques Deux Principe parfois respect s par le travaux oulipiens tn OULIPO Atlas de litt rature potentielle Paris Ch Bourgois 1981 p 90 Roubaud n a plus d velopp cette id e de l autor presentalion de la contrainte depuis cette public
11. la r daction Daniel Bilous Rosalba Campra Eric Clemens Didier Coste Pascal Durand Jean Lahougue Guy Lelong Mireille Ribi re Gabriel Saad et Michel Voiturier Adresse de la r daction en France 79 rue Manin 75019 PARIS Courrier lectronique bemardo schiavetta wanadoo fr Adresse de la r daction en Belgique Parkstraat 171 3000 LEUVEN Courrier lectronique jan baetens arts kuleuven ac be Site internet http www formules net Adresse mail revue formules wanadoo fr Web Masters Philippe Bruhat et Alain Zalmanski Collection Formules Association No sis France Revue Formules Reflet de Lettres Pour les textes Les auteurs ISSN 1275 77 13 ISBN 2 914645 04 X D p t l gal en France avril 2002 Table des mati res Editorial 5 DOSSIER Perec Vingt ans apr s Gilles Esposito Far se Calligrammes 9 Mireille Ribi re Vingt ans d tudes perecquiennes 10 Bernard Magn A propos de W ou le souvenir d enfance 21 Christelle Regianni Contrainte et romanesque 32 Dominique Bertelli Hors programme 45 Angelo Schiavetta Perec et la contrainte comme signe 65 C cile de Bary Contre une litt rature r aliste 69 Winckler fait tache d huile 85 Roland Brasseur Suites Je me souviens de Je me souviens 89 Alain heVifer Lettre Bernard Magn 99 Bernard Magn R ponse Alain Chevrier 104 L Abb Louis de Court Vari t s ing nieuses 1724 108 Jean Fran ois Marmontel l me
12. le combattre Asseyez vous ses c t s vous verrez a rel ve du cauchemar Longez un canal un foss croisez une camionnette engagez vous dans une route sinueuse ou prenez en une autre bord e d ormes c est toujours la m me exp rience hallucinante vous croyez que la route file direct vers le cimeti re L a va pour ce voyage elle n a personne intimider Elle se dirige seule sur l A10 plein Ouest La vie est belle le soleil brille un TGV glisse travers la plaine Radio Nostalgie diffuse Toi et moi contre le monde entier et des messages publicitaires aussi engageants qu une remise exceptionnelle dans les 160 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES magasins ris o lentilles loupes et faces main sont vendus prix de gros Niort elle sort de l autoroute et prend la nationale 148 Le village de A n est alors plus tr s loin c est au c ur du Marais Poitevin un petit village croquer deux mille mes peine manifestement visit La France semble s y donner rendez vous chaque matin c est une invasion les cars d posent des tou ristes qu on revoit toute la matin e d filer en familles passer repasser sur des barques crire des cartes postales acheter des casquettes souvenirs et bien qu elle soit situ e l ext rieur du centre photographier la maison de A dont les murs blancs et les volets de teintes vives font m chamment couleur locale Allons la visiter se propose
13. mon ventuel lecteur de tran cher entre une approche pascalienne et une approche parano aque Ce n est de toute mani re pas tr s grave car dans les deux cas les conclusions sont finale ment assez rassurantes Conclusion pascalienne j ai effectivement trouv ce que je cherchais puisque je l avais d j trouv Conclusion parano aque il est av r que la parano a est caract ris e par la pr dominance de l interpr tation l absence d affaiblissement intel lectuel et n volue pas en g n ral vers la d t rioration 28 ANNEXES Dans ces annexes le texte du manuscrit toujours reproduit le premier est en italique le texte du livre est en romain la pagination est celle de l dition originale Deno l 1975 Dans les deux textes j ai signal les variantes en les soulignant Annexe 1 je sais que se trouve d crit le chemin que j ai parcouru je sais que se trouve inscrit et d crit le chemin que j ai parcouru p 14 5 C est cela que je dis et c est cela seulement qui se trouve dans tes mots que i cris dans les lignes que tracent ces mots dans les blancs que dessine l intervalle des tienes ffolio dactylographi ins r dans le manuscrit C est cela que je dis c est cela que j cris et c est cela seulement qui se trouve dans les mots que ie trace et dans les lignes que ces mots dessinent et dans les blancs que laisse appara tre l intervalle entre ces ligne
14. ploration Discours en vers Drame romantique glogue El gie Eloge pigramme p haphe etc jusqu Saturnien ton Sermon et Sotie en tout 51 articles piocher dans un apparent fourre tout o pourtant tout est interconnect Au genres et aux formes l auteur a ajoute les tons au sens musical et pictural qu il semble emprunter Jean Starobinski le ton picaresque du Voyage au bout de la nuit le ton l giaque de la Chanson du Mal Aim videmment l antiquit greco latine est la matrice de tous ces gen res et ils ont t relanc s par la renaissance Le plus int ressant est de voir la connexion avec le pass des grandes uvres de la litt rature du XX si cle La Ficelle de Maupassant est un fabliau nombre de romans de Giono sont des idylles comme ceux de George S and on pense aux rappro OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES chements aussi surprenants qu vidents qu avait perp tr s William Empson dans Sortie Versions of Pastoral Les auteurs l ont fait g n ralement ex pr s Claudel et P guy et le myst re Saint John Perse et l loge ou l hymne et pas seulement pour retourner au pass Les bibliographies de chaque article sont parfaitement actualis es On ne compte gu re d oublis dans les rubriques pr sent es qui ne couvrent videmment pas la totalit de l Empire rh torique On ne chipotera pas il existe un Que sais je sur le m lodrame le s
15. tre la musique et la bande dessin e dans un joyeux rassemblement La litt rature b n ficie d un fort grossissement sur la litt rature fan tastique et utopique la science fiction langues lunaires et martiennes les langues ludiques Swift Rabelais l Oulipo les langues exp rimentales zaoum mots en libert futuristes dada lettrisme On remarquera moins des oublis le projet encyclop dique est sans fin ou des erreurs de perspective que la pr sence dominante de la langue et de la litt rature d origine des auteurs mais n aurait on pas ren contr l quivalent avec des chercheurs d une autre langue La disposition typographique facilite grandement la lecture des gri s s pr sentent une vaste anthologie de textes jargonesques ou nonsensiques et des encadrements ench ssent des caract res tranges ou trangers al phabets fantastiques critures secr tes peintures mots Anim du go t julesvernien du d chiffrage des codes et de la d cou verte des peuples et pays le lecteur pourra naviguer d item en item la d couverte d les nouvelles qui sont parfois des presqu les et forment parfois des archipels voire de vrais continents inconnus parfois engloutis Cet ouvrage est ranger sur le m me rayon de biblioth que que la pionni re Encyclop die de l utopie et de la science fiction de de Pierre Versins le Dictionary of imaginary places d Alberto Manguel et Gianni Guadal
16. Alg rie s Nous respectons et jugeons justifi concluent ils le refus de prendre les armes contre le peuple alg rien L annonce de l Appel des 121 signal en derni re page du Monde 6 septembre 1960 254 Bertrand Poirot Delpech Queneau mon ami Le Monde 29 ao t 1976 Re pris dans Feuilletons 1972 1982 Gallimard 1982 p 136 Aux comit s de lecture de Gallimard c est le m me enjolive ment trompeur Quand Queneau racont un manuscrit tout le monde se bidonne All ch s et par acquit de conscience d autres conseillers demandent voir Ils d couvrent des vers de mirliton une histoire idiote d h ritage Ou des logarithmes 95 DOSSIER 264 Lumi re tango chanson de Boby Lapointe 1965 Apr s le tango il vient oune raspa Et yo ne peux plus d coller de ses bras Avec tout le poids de son corps bien garni Eir saute pieds joints sur mes souliers vernis 265 Philippe Labro dans Les Arm es transistor film documentaire de Gilles Nadeau 1994 Le meurtre de John Kennedy est mon plus beau souvenir de journaliste 267 Romain Gary Clair de femme Gallimard 1977 r d Folio p 115 Travadja la mouk re Travadja bono gueulai je Mets tes pieds dans la soupi re tu m diras si c est chaud Jawohl Hitler goulag M dor Excusez moi mais c est tout ce que je peux donner en ce moment Foule sentimentale chanson d Alain S
17. Ci 2 7 LU lt z 7 ui L gt q Le 5 i 2 COL g x en 5 LLJ j 7 O F RS INNO Pour le vingti me anniversaire de LA DISPARITION de Georges Perec la m moire de Jacques Bens et Andr Blavier Revue publi e avec le concours du Centre National du Livre France de la Communaut Fran aise de Belgique et de la Drac de Picardie Formules est une publication de l Association Reflet de Lettres Saint Quentin Aisne avec la collaboration de la Fondation No sis Internatio nale et de l Association No sis France Formules est une revue traitant d un domaine particulier celui des litt ratures contrain tes Les envois spontan s sont encourag s pourvu qu ils soient en rapport avec ce domaine toutefois Formules ne maintiendra pas de correspondance avec les auteurs des textes refus s qui ne seront pas retourn s Les auteurs publiant dans Formules d velop pent librement une opinion qui n engage pas la revue Cependant Formules se donne pour r gle de ne jamais publier des textes antid mocratiques ou contraires la dignit de la personne humaine Directeurs Bemardo Schiavetta et Jan Baetens R dacteurs Alain Chevrier et St phane Susana Assistante de r daction B atrice Delpech Secr taire de r daction Angelo Schiavetta Comit de lecture Jan Baetens Alain Chevrier Christelle Regianni Bemardo Schiavetta St phane Susana Alain Zalmanski Conseillers
18. J adore les magasins du passage Choiseul C est un v ritable divertissement pour l il Jacques Roubaud La forme d une ville change plus vite h las que le c ur des humains Gallimard 1999 p 247 po me intitul Passage Choi seul Le 15 ao t est ferm le passage Choiseul C est un v ritable d sappointement pour l il 110 En 1956 avec Albert Gazier Ministre du Travail et de la Sant il cr e le Fonds national de solidarit de la vieillesse vot le 27 juin Ce fonds est financ par un pr l vement sur les sp culations boursi res et les ressources fonci res une augmentation de 10 de l imp t sur le revenu et une taxe sur les automobiles la vignette A sa mort en octobre 1961 sa famille re oit en quelques jours 3 kilos de vignettes automobiles d origines diverses 91 DOSSIER 120 La samoina prochaine Quand 1e pire de Roberto T attachait avec une corde son piano Paris Match 16 juin 1951 Yves Salgues Paris Match n 1 17 16 juin 1951 p 35 38 La vie prodigieuse de Roberto Benzi A huit mois Roberto marche A dix il court A onze il parle A sa m re qui lui tend un biscuit il fait en italien cette r ponse stup fiante avec un air infiniment triste et r sign Mais tu sais bien que je ne peux pas le manger Je n ai pas de dents 138 Paris Match n 329 du 16juillet 1955 Les fr res ne se s parent qu l ta
19. Selon cette d finition les contraintes oulipiennes r alisent souvent des formes holotextuelles En fait il existe une seule diff rence entre la plupart des contraintes oulipiennes et les figures de rh torique la figure de rh torique est un ph nom ne local tandis que la contrainte oulipienne est souvent une figure rh torique g n ralis e un ph nom ne syst matique qui produit une satu ration r gl e de l ensemble du texte ou d une cat gorie d unit s textuelles Ainsi dans un sonnet Ronsard trouve aimer dans le pr nom de Ma rie il s agit d une anagramme locale Par contre dans Don Evan Margy de Raymond Queneau dans beaucoup de po mes de Michelle Grangaud l anagramme g n ralis e s tend la totalit du texte elle est donc une figure holotextuelle 65 DOSSIER Une forme holotextuelle pourra devenir son tour par un processus s mantisation holotextuelle un signe holotextuel Ce signe sera son tour selon le syst me s miotique d interpr tation choisie indiciel symbolique ou iconique soit un indice holotextuel soit un symbole holotextuel soit un ic ne holotextuel Cette transformation de la forme holotextuelle en signe holotextuel peut prendre plusieurs modalit s Consid rons en premier lieu un texte construit selon la formule l ment textuel 1 l ment textuel 2 l ment textuel n l ment textuel 2 l ment textuel l dans l exempl
20. ai t un parmi eux ombre au milieu de leurs ombres corps pr s de leur corps j cris parce qu ils ont laiss en moi leur marque ind l bile et que la trace en est l criture leur souvenir est mort l criture l criture est le souvenir de leur mort et l affirmation de ma vie W ou le souvenir d enfance 1975 derniers mots du chapitre VIII 31 Cousue dans un sac de cuir Ursula est jet e la mer du haut de la forteresse p 449 dans le roman de Dumas Dant s prend la place du cada vre de l abb Faria dans un linceul cousu qui serajet du haut des remparts de la forteresse du ch teau d If 32 Vladimir Nabokov Le Don traduit de l anglais par Raymond Girard 1967 r d colL L imaginaire p llsqq 33 Woulesouvenird enfance dawpixselV 34 Voir Bernard Magn Georges Perec op cit p 75 82 35 Par exemple entre autres d clarations Ecrire est un jeu qui se joue deux entre l crivain et le lecteur La vie r gle du jeu entretien avec Alain Herv Le Sauvage n 60 d cembre 1978 36 Fran ois Rabelais uvres compl tes Gallimard Biblioth que de la Pl iade 1955 p 532 37 Voir Henri Morier Dictionnaire de po tique et de rh torique Presses uni versitaires de France 1961 le po me est donn en exemple dans l article que consacre le critique au genre de la pastourelle 38 Dans l arithm tique fantasmatique du texte pere
21. autruche triche O va t elle la Watton des ferries RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES Les records de vitesse et la Ligne de d marcation Et la Ligne de d marcation la strychnine La farine de lin la strychnine Venise Venise quand qu on meurt Le secteur des Chambrettes le cycle de l azote Le c saropriape un coupe choux Sulky cabriolet boquet milord coureuse La Flak une feuille de soins l t austral Les huiles de colza jureurs et r fractaires Je ne suis pas un assassin laTeaParty Les glaces H agen Dasz un piano microbes Y a pas crit pigeon Les Hirondelles de Rio quel flop mortel ent te Le rock plus beau qu une automobile rugissante etc Bois Bourrus la roulante et les mauvaises graisses Les bouches de l Escaut et le summer of love La grande Catherine la Petite Sir ne Il est fort distingu d avoir La Distinction La pub les sucres lents et le nicola sme Le corps exp ditionnaire am ricain Je me souviens du petit train d interlude Un Messerschmidt et les cerneaux de noix Marcos la scie ail haie zelanti et politicanti La com te de Haley est de retour bof Les maisons tages Connaissance du monde Les convois de Mourmansk tuer le temps Le travail la cha ne j ai pas la gale Le marketing direct debout l d dans L huile de coude et le chaudron magique Le Pr t Bail le beurre rance IG Farben Une teuf Ernakulam les records de vitesse Je
22. crivant et prolongeant La M prise de Nabokov dans sa nouvelle intitul e La ressemblance in La ressemblance et autres abus de langage Ed Les Impressions Nouvelles 1989 Le r cit de Maurevert est en effet tr s simple un homme Philibert Destaing d nonce son meilleur ami Ludovic Marcieu comme plagiaire Il prouve en effet que son roman Amour vainqueur est un plagiat de Love Joy roman d un auteur australien Ludovic Marcieu en meurt Quelque temps apr s avant d tre tu Philibert Destaing avoue avoir lui m me crit Love s Joy en traduisant tout simplement Amour vainqueur pour se venger de Ludovic Marcieu qui lui avait vol la femme qu il aimait On retrouve le m me th me exploit en 1993 par Jean Jacques Fiechter dans son premier roman intitul Tir part sous titr Un crime dont l arme est un roman Ed Deno l 1993 livre adapt ensuite l cran par Bernard Rapp dans un film du m me titre 303 Achev d imprimer en avril 2002 sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery 58500 Qamecy D p t l gal avril 2002 Num ro d impression 204056 Imprim en France
23. de conclure que la peinture y est m taphore de l criture en 2001 Reggiani reconna t dans la photographie les traits d finitoires de l criture perecquienne Le Cabinet d amateur 2001 en ligne La collaboration de Perec avec plusieurs cin astes dont Robert Bober et Bernard Quevsanne ses activit s de sc nariste de r alisateur et de pro ducteur de cin ma ont suscit de nombreux travaux et sont au centre des pr occupations de plusieurs jeunes chercheurs dont C cile de Bary et Myriam Soussan le Cabinet d amateur textes en ligne 2001 Le r sultat des activit s de photographe de dessinateur et de peintre amateur de Perec commencent galement veiller la curiosit noter Andr e Chauvin et Mongi Madini La remont e des images sur les R cits d Ellis h and dans Le Cabinet d amateur n 6 1997 C cile De Bary Une m moire fabuleuse dans Perec et l histoire 2000 Bernard Magn Le Saint J r me d Antonello de Messine oeuvre cl du pinacotcxte perecquien dans J P Guillerm R cits Tableaux Travaux et Re cherches Presses Universitaires de Lille 1994 Georges Perec po mes d images dans L image g n ratrice de textes de fiction La Licorne n 35 Poitiers 1995 16 PEREC VINGT ANS APRES Manet van Monfrans Georges Perec la contrainte du r el 1999 Mireille Ribi re En parall le rencontre Alphabets pour Stampfli dans Le Cabinet d a
24. ducation et de r cr ation les impli citations des Voyages extraordinaires de Jules Verne dans La Vie mode d emploi dans Le Cabinet d amateur n 5 1997 p 121 122 Dominique Bcrtclli dans son intervention du 3 mars 2001 au s minaire Perec Petite Introduction pour un dictionnaire des personnages perecquiens a d ailleurs remarqu la nette pr dominance des noms cit s appartenant la litt rature Il mentionne le sentiment d tre toujours suspendu un livre venir un inachev d signant l indicible vers quoi tend d sesp r ment le d sir d crire Notes sur ce que jecherche opcit p 12 4 J ai tent d tudier certains de ces fonctionnements nigmatiques lors du colloque international L uvre de Georges Perec r ception et mythisation universit Moham med V de Rabat 1 3 novembre Il faut encore une fois partir de l image du puzzle A sipaate dans les CAcsdel Associgion marocaine de l t ratme g n rale et compar Voir Un discours contraint op cit p 440 441 Si Perec retrouve par exemple la recherche d une criture transparente par Zola note 8 c est dais une intention diff rente M 1953 r d coll Points Paris Seuil 1972 Sur cet essai voir La Contrainte du r el op cit p 29 33 4 C est crit d une mani re tr s plate sauf certains moments c est crit un peu comme un style de roman d aventure o
25. elle m coute amp je l entends qui te reproche de me rendre si malheureux Ah mon pau vre gendre dit elle tu m ritais un meilleur sort prosopop e Voil toute la th orie des Rh teurs sur les Figures de pens es mise en pratique sans aucun art et ni Aristote ni Carn ade ni Quintilien ni Cic ron lui m me n en savoient davantage Ce sont des armes que la nature nous a mises dans les mains pour l attaque amp pour la d fense L homme passionn s en sert aveugl ment amp par instinct le d clamateur s en escrime l homme loquent a l avantage de les manier avec force adresse amp prudence amp de s en servir propos Tel qu on le lit d barrass de son commentaire ce texte est donn comme mod le dans de nombreux manuels du XIX si cle sur la rh torique et ses succ dan s comme le Cours th orique et pratique de litt rature Style composition et po tique de l abb Drioux Eug ne Belin 1884 o il est cit s rieusement comme R sum de toutes les figures Marmon tel tandis que Pierre Larousse cl t par lui mais non sans ironie la partie rh torique de sa Grammaire sup rieure Perec n avait pas besoin de con na tre ce texte pour composer le sien qui est d ailleurs bien plus long et qui illustre un plus grand nombre de figures Pour reprendre la terminologie de Bemardo Schiavetta et de Jan Baetens propos de la d finition de la contrainte cf les
26. l origine disjointes et r unies confusion ortie la droite et la gauche le tout l enseigne du onze Voil pour une premi re trace perecquienne chez Queneau On notera ensuite que le petit pas de plus qui permet Etienne Marcel tre originellement plat de gagner en consistance pour acc der enfin la r alit a quelque similitude avec le pas de c t cher Perec voie d acc s royale la r alit de l infra ordinaire ce pas de c t qui revient en leit motiv dans les entretiens Et Emmanuel Souchier note jus tement que minimaliste la rh torique quenienne annonce sa fa on la d marche des sciences sociales qui se penchent sur l endotique ajou tant qu elle trouvera en Perec un juste cho th oris dans L infraordinaire Deuxi me trace surd terminante pour le geste citationnel Le paragraphe du Chiendent poursuit ainsi a a commenc avec les petits canards ces petits canards que Th o connaissait lui Le m me jour si JE ME SOUVIENS bien on a tu le chat Puis j ai vu le marchand de fines puis j ai failli roc faire craser Oui A A COMMENCE COMME A Tout d un coup a a chang du jour ai lendemain L plucheur de pommes de terre par exception Oui a a commenc comme a nous y voil Perec commence la r daction de son roman la semaine qui suit la mort de Queneau le roman est d di la m moire d
27. mande voir en particulier les articles de Jacques Lajarrige La Po sie et po tique d Oskar Pastior une d marche oulipienne et Andr as Puff Trojan Po sie exp rimentale fran aise et allemande La M moire sous contrainte ou la page blanche C R P rennit des formes po tiques codifi es tudes rassembl es par Laurent Cassagnau et Jacques Lajarrige Cahiers du Centre de Recherches sur les Litt ratures Modernes et Contemporaines Clermont Ferrand Presses Universitaires Blaise Pascal 2000 260 pp Cette publication rassemble les r sultats d Une journ e d tudes tenue l Universit Blaise Pascal 27 mars 1998 dans le cadre d un programme de travail du CRLMC sur les critures po tiques de la rupture et de la continuit ainsi que nous en avertit l avant propos pp 5 6 des diteurs On ne boudera pas son plaisir de voir ici affirm e la l gitimit d entreprises universitaires collectives sp cifiquement consacr es une ou des cat gorie s de textes ou de pratiques d criture qui d faut de se laisser aussi pr cis ment d finir qu il serait souhaitable sous le chef de quelque objet th orique assez subsomptif on reviendra sur ce point concernent divers titres d vidence les amateurs et ou sp cialistes des litt ratures contrainte Une sorte de floril ge et plusieurs interventions g n ralement in form es mais de facture variable et d in gal int r
28. rappe lenit aspect irr el de Venise la Belle Tout ce que la Nature a fait d Unique au Monde p 502 Il s agit bien en ce cas d un vrai texte publicitaire extrait d un recueil d anas de J W Bienstock amp Cumonski Le Livre de chevet paru chez Cr s en 1927 Voici l int gralit de l annonce en question donn e dans le chapitre Annonces et avis Extrait d un prospectus TOURISTES Allez voir la plus belle curiosit naturelle des Pyr n es La travers e compl te d une montagne f eriquement clair e par 4 500 lampes lectriques avec une nouvelle sortie des GROTTES DE B THARRAM Les seules dont la richesse en stalactites et la vari t merveilleuse de leurs d cors sont agr ment es par une promenade en gondole rappelant l aspect irr el de Ve nise la Belle Tout ce que la Nature a fait d unique au Monde Si l on rappelle que toute l histoire du comte de Gleichen rapport e au chapitre X int gralement emprunt e Sterne mais int gralement cit e aussi dans Le Livre de chevet se termine sur un tombeau qui abrite contre toute attente un corps en trop et a pour cadre Venise mentionn e une nouvelle fois ici m me Venise lieu de l anamn se perecquienne il con vient de noter alors que dans le recueil d anas dans l avis qui pr c de l annonce pour les grottes de B tharram la ville est aussi un lieu de p leri nage consacr la Vierge m re ent
29. si cles cette crise s articule pr cis ment autour des notions d arbi traire et de contingence romanesques chez Val ry notamment retrouvant une liaison d j tablie par les d bats de la seconde moiti du XVII si cle les critiques aussi bien que les satires classiques visent le romanesque du roman On peut d ailleurs faire l hypoth se la suite de Northrop Frye puis d Yves Hersant d une n cessit de cette d nonciation du romanesque par le ro man supposant une relation dialectique entre le genre et la cat gorie dont t moignerait d j Don Quichotte C est dire que les premi res r ponses au sentiment d une crise du roman moderne s articulent autour du rejet massif du romanesque Ces r ponses naturalistes issues globalement de l uvre de Flaubert repren nent leur compte la hantise flaubertienne du lieu commun qui se traduit sur le plan de l invention litt raire par un refus de la topique romanesque Je reprendrai ici la lecture de Sylvie Thorel Cailleteau qui comprend la modernit du roman comme un renoncement un deuil du romanes que Ce renoncement vaut aussi bien d un point de vue g n rique l ind termination g n rique est un trait saillant de la litt rature de la fin du si cle et aboutit tr s vite au sentiment d un flottement dans la d finition m me du roman que topique l criture naturaliste tend viter l v ne ment et recherche la
30. tienne pensa 57 DOSSIER Le contexte de cet extrait nous retiendra Consid rons le paragraphe qui chez Queneau pr c de celui ci 11 m a suffit de tourner la t te droite au lieu de la tourner gauche de faire un pas de plus et j ai d couvert des choses c t desquelles je passais chaque jour sans les voir Je ne tournais pas la t te je l ai tourn e Mais pourquoi l ai je tourn e On notera tout d abord que le jeu sur la droite et la gauche peut tre mis en relation avec tel probl me de lat ralisation voqu par Perec dans W ou le souvenir d enfance j aurais t en effet gaucher de naissance l cole on m aurait impos d crire de la main droite cela se traduit non par un b gaiement mais par une l g re inclinaison de la t te vers la gauche et surtout par une incapacit peu pr s chronique et toujours aussi vive distinguer la droite de la gauche Or ce qu on peut lire de Perec chez Queneau est pr cis ment l uvre dans le d but du chapitre onze qui int gre l impli citation et dont l incipit est construit sur une erreur manifeste de lat ralisation d couverte par Bernard Magn ce n est pas l extr me droite des deux derniers tages de l immeuble que le pein tre Hutting a r uni plusieurs pi ces pour en faire son atelier mais comme le montre le plan de l immeuble donn en annexe l extr me gauche Pi ces
31. un promeneur est tr s fin et se lit avec plaisir et bien souvent le lisant se prend prolonger une remarque ou un exercice et devient son tour comme l auteur un crivant A C cho des colloques Revue coordonn e par Christelle Reggiani Le vertigini del labirinto Sous la direction de Raffaele Aragona Edizioni Scientifiche Ita iane Napo i 2000 276 p Membre de l Oplepo Opificio di Letteratura Potenziale fond en 1990 Raffaele Aragona avait publi le colloque Enigmatica per unapoetica ludica 1996 On y disait grand bien du premier Mercure de France et des Bi vriana non moins que de Perec et du groupe o il voisinait avec Italo Calvino Lui m me traitait des homonymes dont il a publi un r pertoire 1994 Le champ de Venigmistica recoupe celui des jeux litt raires et le sonnet palindromique de Ruggero Campagnoli qu il cite devrait attirer les regards des habitants de la plan te Emordnilap Ce nouveau colloque Les vertiges du labyrinthe est consacr au labyrinthe et la sphinge le premier cause de la fameuse d finition des oulipiens comme rats qui construisent eux m mes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir et la seconde cause de l nigme non dangereuse aux oedipes Au del des aspects historiques artistiques philosophiques et psychologiques nous re tiendrons la seule part faite la litt rature Les essais sur le labyrinthe sont vari s sur l
32. une minorit de po mes n y r pondent pas 32 sur 200 et sont faits de vers totalement libres sans longueurs ni structures r currentes se distinguant en outre des vers r guliers par les traits sui vants ils sont g n ralement plus courts en nombre de vers nombre moyen de vers par po me irr gulier 14 4 contre 20 1 pour les r guliers la lon gueur moyenne des vers est 2 fois plus grande 15 5 syllabes contre 7 1 230 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES ils sont donc en moyenne plus longs en syllabes que les po mes r guliers 222 syll en moyenne par po me contre 143 les vers tr s longs sont nombreux ils prennent alors la forme de paragraphes avec alin a et peu vent compter jusqu 71 syllabes 22 des vers ont plus de 20 syllabes enfin trait capital ils ne sont pas exclusivement de longueur impaire mais majoritairement paire en fait 242 vers pairs sur 460 soit 53 de 2 70 syllabes contre 218 impairs de 1 71 syllabes Ces po mes irr guliers sont toutefois minoritaires ils ne repr sentent que 16 des po mes 32 sur 200 12 des vers et 23 des syllabes donc du texte global 11 s ensuit que plus des 3 4 du recueil sont fond s sur la m trique r guli re d crite ici Un exemple de po me irr gulier en vers assez courts p 112 9 9 1 9 2 6 1 4 8J Assise tu rattrapes Les mains courent tes jambes lon gues Bient t la maigreur Un apr s midi sur le
33. 1998 t moignages biographiques et litt raires dont Portrait s 2001 o Paulette Perec propose entre autres une chronique de la vie de Georges Perec centr e sur son parcours d crivain Ensuite par la red couverte de probl matiques dont Perec avait fini par se d sint resser et que ses contemporains parmi eux les premiers perecquiens jugeaient d pass es Ainsi la publication de LG une histoire des ann es soixante en 1992 donne une nouvelle actualit la question du r alisme qui recevra un traitement tout en finesse dans Georges Perec la contrainte du r el de Manet van Montfrans 1999 et sera nouveau large ment abord e au colloque Georges Perec entre l Est et l Ouest Enfin par un questionnement sur la place de l uvre perecquienne dans l histoire de la litt rature et des pratiques esth tiques Le sujet est abord entre autres par Tania Orum au colloque Perec et l histoire et dans une perspective plus large par Christelle Reggiani dans Rh toriques de la contrainte 1999 Cette mise en perspective a par ailleurs une dimension plus large ment culturelle La renomm e de Perec ayant grandi non seulement en France mais l tranger la question de son rayonnement et de sa r cep tion voqu e dans la plupart des rencontres internationales et plusieurs 15 DOSSIER reprises par Yvonne Goga acquiert une pertinence accrue et se voit trait e plus sp cifiquement dan
34. Athl tisme et Atlas Le bref premier chapitre Etablissement qui correspond l exposition du concept se termine sur une page de droite par la pr sentation d un diagramme qui synth tise la structure du livre Ce diagramme se compose de quatre colon nes qui indiquent pour chacun des quatre chapitres son stade d laboration son genre litt raire son titre et son contenu r f rentiel Ouvert cette page selon un angle de 60 degr s le livre forme un prisme dont la section est un triangle quilat ral Ce volume constitue la maquette du stade o le roman va se d rouler En effet les quatre colonnes du diagramme repr sentent les quatre ce pistes d une preuve de t trathlon et la quatri me colonne intitul e contenu appelle la profondeur d un couloir de natation Quant au deux rectangles gaux respectivement constitu s d un c t par les quelques pages ouvertes selon cet angle de 60 degr s et de l autre par le plan virtuel qui raccorde les bords ext rieurs des pages ainsi cart es ils figurent l immense verri re en V qui recouvre l ensemble du stade Autrement dit la forme de l difice o la fiction de ce roman va se d rouler provient de la forme du livre Le Stade est donc en un sens un roman in situ pour une part d duit de son propre lieu d accueil Par ailleurs ce chapitre permet de transformer le statut du narrateur qui d abord apparent l auteur du livre en de
35. C est dimanche et il fait si beau dehors qu elle d cide d essayer de faire sa premi re promenade dans Paris rasme tant fort g crit Marguerite de France pour lui dire son admiration et lui demander son amiti Joubert est Ussel et songe la belle lune qu il a vue pendant le voyage d Auvergne Nous voil en bonne compagnie Dans ce livre les crivains et les personnages cit s sont de tous les temps et de tous les pays et sont mis sur le m me plan Le lecteur peut tendre des fils entre ces instantan s La contrainte calendaire accompagn e de sous contraintes plus ou moins perceptibles a permis de brasser toute une encyclop die comme le faisait la contrainte anadiplosique dans l ouvrage pr c dent Souvenirs de ma vie collective Le sous titre laisse entendre qu il y aura d autres ann es folles Les nombreux fans de cette uvre aussi importante que discr te s en r jouiront A C Eugen Onegin A novel in verse by Alexander Sergeevich Pushkin A Novel versification by Douglas Hofstadter Basic Books 1999 138 p Ixvi p L auteur du Ton beau de Marot poursuit son combat contre la th orie de la traduction illustr e par la version en prose du roman en vers de Pouchkine par Vladimir Nabokov et il a franchi le pas en passant la pratique Sa traduction respecte le sch ma rimique et l alternance en genre de la strophe on guinienne comme les meilleures traductions fran aises s
36. Constantinople Les p rip ties res semblent plut t des m tamorphoses oniriques et le style est d un baroque oriental qui voque certains contes d cadents ceux de Marcel Schwob par exemple En annexe un jeu de lames du tarot le mode de composition rejoint en effet celui du Ch teau des destins crois s d Italo Calvino Ces cartes sont en outre d coupables car elles peuvent servir de mode de lecture al atoire en tirant au sort l ordre des 22 chapitres Mais la composition reste myst rieuse pour les non initi s l auteur reste le Ma tre du Jeu A C Pr sages Cahiers Jean Marie Le Sidancr n 12 13 2001 La Diff rence Reims 176 p Dans le n 12 13 Michel Butor Vah Godel etc quelques ana grammes d Unica Z m sont traduites et accompagn es d une bibliographie tr s insuffisante Les po tes russes Elena Katsuba et Constantin Kedrov font une apparition intriguante celle ci pars me de vers anagrammatiques ou plut t catagrammatiques son po me Les Beaux Li tse neir ed sulp aube nu uq d paurg Il n est rien de plus beau qu un gu pard A C Jacques Rebotier Litaniques po sie parade L arbal te Gal limard 2000 100 p La litanie est un genre d origine religieuse qui a connu un regain chez les symbolistes Remy de Gourmont du fait de son pouvoir musical hyp notique et pour des raisons id ologiques Ce genre a t d nonc par Ben jamin P ret dans
37. amp qui ne laissent pas n anmoins de renfer mer un sens fini amp tr s suivi Les autres pistoles sans les lettres A O I et U chaque voyelle tant proscrite dans l ordre sont plus badines On appr ciera le style fluide de cet abb de cour qui sait si bien faire oublier la contrainte m me si l on peut penser que son imagination est un peu courte Alain Chevrier Cadis tissu de laine pais et non peign 109 Jean Fran ois Marmontel l mens de litt rature 1787 La rh torique illustr e ou Un plagiat par anticipation de Georges D Un an apr s Les Choses Quel petit v lo guidon chrom au fond de la cour est publi en f vrier 1966 dans les Lettres nouvelles de Maurice Nadeau chez Deno l Ce texte de Georges Perec r cit pique en prose annonce la page de garde est un texte burlesque de style oral populaire mais il est dot d un index hautement intellectuel celui des figures de rh torique qu il est cens illustrer Le contraste est amusant entre les deux jargons celui p dant et obscur des mots d origine gr co latine de la rh torique et la parlure argotique pratiqu e par la joyeuse bande de jeunes des ann es soixante Le pied de nez la science litt raire new look se poursuit avec la subversion humoristique de l index o l auteur introduit de nou veaux items plus ou moins d cal s et joue avec le syst me de leurs renvois
38. ationnelle ludolinguistica Cet ouvrage qui vient d tre traduit en espagnol foisonne en exemples catalans espagnols et fran ais mais aussi anglais ou en d autres langues On y fait d innombrables d couvertes allant d un long po me catalan en mots monosyllabiques une sp cialit de cette langue un laby rinthe rapport par l extraordinaire Juan Caramuel dans sa Metametrica en passant par des grilles en mots de 9 lettres en fran ais et en anglais Non moins que l effet d entra nement que peuvent avoir les contraintes pr sen t es on soulignera la valeur esth tique d ordre litt raire ou plastique des exemples choisis Une bonne bibliographie en plusieurs langues ferme le volume ou plut t l ouvre sur d autres domaines inconnus Cet auteur poursuit la lign e inaugur e par tienne Tabouret Seigneur des Accords l auteur des Bigar rures en se branchant sur les derni res nouveaut s internationales A C Short and sweeL 101 Very Short Poems Edited with an introduc tion by Simon Armitage Faber and Faber 1999 112 p Non seulement cette amusante anthologie n a s lectionn que des po mes brefs lyriques ou pigrammatiques mais ces po mes sont pr sen t s selon un ordre d gressif comme les sourates d un livre sacr c l bre il va des po mes de treize vers un de moins que le sonnet ceux de un vers et m me de z ro vers le monostiche vide de Don Paterson intitul
39. attache au moins une d finition aussi claire que possible du limerick au niveau formel m trico strophique pp 161 162 ainsi qu un recensement de ses diverses caract ristiques associ es par fois difficiles circonscrire p 168 standardisation typographique de l alignement droite structure nonciative intitulation insertion d une parenth se forme dialogu e organisation matricielle lexico rimique pr sence fr quente d un toponyme la rime structure syntactico logique deux points avant une chute et certains aspects de sa fortune essentiel lement anglophone puis dans une moindre mesure et plus r cemment allemande Il y voit essentiellement un genre voyageur prolifique et th ma tique avec une forte tendance jouer de l effet de s rie ou de joute p 167 examine le r le du comique absurde ou obsc ne auquel il s identifie Depuis les tudes certes plus pouss es de Petzold et de Sievers pour le cas particulier des productions des groupes steineriens rares sont les syn th ses de cette qualit sur une forme trop souvent victime d approxima tions descriptives Jacques Lajarrige pp 173 253 Bibliographie s lective formes et genres codifi s On ne reviendra pas sur les discutables cat gories de l anthologie dont il tait question supra et auxquelles apr s un premier chapitre d ouvrages g n raux sur la question des formes et genres codi fi s les rub
40. blaireau mousse raser flacon d eau de Cologne Mont Saint Michel 152 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES On acc de aux combles par une petite trappe C est un espace exigu encombr d innombrables antiquit s et souvenirs de famille cartes du Joc key Club service th en vieux S vres planche repasser lampes al cool pi ces d horlogerie bo te de jeu Chimie 2000 Pendus aux poutres des v tements de femme comme endormis prennent tranquillement la poussi re N oublions pas la cave Quelques bons vins y vieillissent On y trouve aussi des pommes de terre des paniers d oranges et dans le garde manger du saumon fum du chocolat C te d Or et des biscuits Petit Ecolier Une journ e de A A m ne une vie rang e C est un homme d ordre et de m moire un homme au caract re calme qui jamais ne se froisse ni ne s nerve ni ne sort de l attitude que d limite son sens du bon droit Il se l ve chaque matin cinq heures pr cises et se rend pied au bureau de poste o l attend le gros sac de toile qu une camionnette est venue dans la nuit d poser devant la porte Il le pose dans l arri re salle le d noue et d verse son contenu sur le sol un tas de lettres de cartes de paquets et de journaux qu il reprend un un et classe selon 1 ordre de sa tourn e A sept heures et demie il enfile sa casquette prend sa serviette et d un pas tranquille se dirige vers le m
41. c est dire les portraits defamille informels faits dans l intimit du 18 si cle H repr sente l artiste et sa femme dans un jardin idyllique presque hyperr aliste avec leurfille unique de neuf ans et son petit agneau L uvre doit sa renomm e locale au fait que la couleur utilis e pour peindre le ciel a s ch de mani re trop rapide et irr guli re le bleu clair uniforme de la moiti sup rieure du tableau tant plein de craquelures visibles de tr s loin La fille tait d c d e quelques mois avant qu Elmer se d cide peindre son portrait de famille Smith College of Arts Northampton Mass D claration de cocagne en vieille terre indienne Jamais referm e cause des noms subsistant A l arri re d un parking de centre commercial avec Piscine amp h pital des cars gratuits pris d assaut Par une moyenne d ge encore subalcoolique Install e bruyante comme si je n tait pas l Depuis l ternit d hier un droit de passage S accorde qui sans discontinuer peuple des mus es Les salles blanches de nuit comme de jour couvant De ses machines amoureuses l uvre de tant de vies Rendant indistinctes les sorties et les entr es A chaque nouveau visiteur Je me voyais tombant En arr t devant les visages de tes parents non En mesure de regarder pour rien au monde Ce regard jamais vieilli 145 DOSSIER 146 Sans titre Ceux qui font vivre le mus e celles qui l al
42. es fournit une illustration p 25 26 l escalier reste un lieu anonyme froid presque hostile Dans les anciennes maisons il y avait encore des marches de pierre des rampes en fer forg des sculptures des torch res une banquette parfois pour permettre aux gais g s de se reposer entre deux tages Malgr ces volutions l espace de l immeuble correspond un usage ancien et il appara t surann v tuste avec son vieil ascenseur pres que toujours en panne p 20 D un autre c t les am nagements que les propri taires successifs leur apportent transforment les appartements avec l exemple extr me des travaux orchestr s par Henry Fleury Si enfin l immeuble est vou une destruction prochaine p 169 171 il reste le support d une m moire En particulier son histoire se confond en partie avec la grandeur et la d cadence de la famille qui l a fait construire dans La Vie mode d emploi son histoire est narr e sur une p riode videmment plus longue que dans Pot Bouille 71 DOSSIER Un roman immeuble Dans la gen se de La fie mode d emploi sont intervenus un catalo gue de maisons de poup es victoriennes et un dessin de Sa l Steinberg dont on pourrait trouver des mod les au si cle pr c dent Le choix archi tectural d j semble donc rattacher le romans au XIX si cle Ce choix en tout cas a des cons quences sur l intrigue fragment e dans l
43. heure Aux renseignements t l phoniques on pr tend ne conna tre aucun abonn de ce nom Elle tr s remont e lui envoie un courrier et lui propose une rencon tre Paris une franche explication au plus vite D s le lendemain elle re oit une lettre de lui Une lettre aux accents at tendris o l homme s avoue saisi par l incroyable hasard D aimerait y voir le signe de quelque chose esp re la rencontrer devenir son tendre ami et l invite m me lui rendre visite dans sa province Le mot est charmant le ton patelin Chercherait il m entortiller se demande L dans un premier temps Mais non m me pas ce cave semble vrai ment mu Quelle tuile se dit elle en jetant sa lettre au panier Est ce ma chance d tre tomb e sur pareil blaireau Tr s bien Dimanche prochain je d barque dans son village Le dimanche suivant Elle se l ve de bonne heure retrouve gar e sur un bateau rue du Pont aux Choux sa Peugeot 30S un vieux coup indigo qui tient plus de l antiquit que de la voiture et qui une fois entre ses mains ne respecte plus les r gles ce matin pour sortir de Paris elle fonce sur les boulevards s enfile dans les cou loirs d autobus et ignore les feux rouges aux carrefours Beaucoup d hommes et quelques femmes pensent que les femmes con duisent mal Je ne sais pas si vous trouvez ce point de vue injustement r trograde mais l attitude de L au volant ne vous am nerait pas
44. je me souviens des le ons de g ographie appren dre par c ur allusion d tourn e aux crits situationnistes ou emprunt un autre manuel un essai encore non identifi Difficile de trancher en ce cas Enfin des impli citations d croch es ins r es soit dans une repr sentation au second degr nous en rencontrerons une plus loin soit par le biais d une citation donn e comme telle accompagn e des marques tradi tionnelles qui signalent un changement d nonciateur Fausse attribution avec telle remarque attribu e un certain Monsieur de Cuverville l en thousiasme n est pas un tat d me d historien p 456 O Cuverville voque Gide bien entendu mais o il y a leurre bien s r puisque la citation entre parenth ses est de l alter ego Paul Val ry et comme il se doit l g rement modifi e mais je trouvais indigne et je le trouve encore d crire par le seul enthousiasme L enthousiasme n est pas un tat d me d crivain Ou encore des citations non attribu es au chapitre XXVII une impli citation extraite des premi res lignes de La Chute de la maison Usher ins r e en italique et entre tirets La rue ne sera plus qu une suite de fa ades aveugles fen tres semblables des yeux sans pens e alter nant avec des palissades macul es d affiches en lambeaux et de graffiti nostalgiques f au chapitre LXXXV une impli cita
45. le calque 215 DOSSIER Une criture tabulaire Soit donc apr s ouverture trois pages qui offrent l oeil peu pr s ceci Page3 Page4 Pages Ces pages tenant compte de leur propre lecture au d triment de r cit contradictoires changeant volontiers de sujet donn s ou d apparence dont les formulations univoques d j vacillent peine arriv s au d but se poursuivent Mais voici encore que se tourne la page 1 et qu apparait d sormais Page6 Page4 Pages Ues actions tenant compte de leur propre lecture de r cits contradictoires changeant volontiers ou d apparence MRS ompbcatiw univoques d j peine arriv es au d but se poursuivent On voit donc le texte se lire doublement l horizontale ou la verticale On peitf m me sans blesser la grammaire se risquer quelques diagonales mais ici n est pas le principal c est qu un sens de lecture contrarie l autre au point d en tre une exacte inversion Un acrostiche s mantique caract rise les premi res pages car sit t orient le lecteur se voit contredit dans sa croyance par une bifurcation qui relativise le sens premier poursuivi si bien que loin d tre un simple renversement c est plus un compl ment de sors qui se visualise par la mise en tableau des non c s Cette r versibilit de toute entente convient l amateur de correspondance qui voit bien la page se tonner sous son action lisible son recto elle ne l est plu
46. les objectifs et l histoire du roman 27 que l exception d Arthur chaque mot plein commence par un H ou comporte le son H et provienne autant que possible de l uvre de Rimbaud 3 que chacune des deux parues de ce texte s par es par quelques lignes et le H des Illuminations soient homos yntaxiques Arthur fut hant par une Hortense herm tique une hallucination une humaine Et s il achoppa Harar ses horizontales harmonies ses hauteurs horaciennes toutes ces h b tudes des hivers lorsqu il habitait Charleville ces heureuses et houleuses histoires cet homme loin de la haine ne s y acharna t il donc plus Hein L honorable avec horreur et hostilit h riss me houspille H r sie I Hypoth ses hasardeuses Mais l heure de l hallali m me hagard le h ros hospitalis en un hymne d ach vement hoqueta encore de ces H Hortense Henrika H l ne et Henriette hordes de Hottentots Hampton Court hydrolat hy ne aux herbes des haillons Les h mistiches s harmonisent d h liotropes hallucinatoires de Hanses et de haleurs je m acharnai dans cette heuristique Trop h sitant h las Ha rar dans un h tel honteux haschich et homosexualit ont humili mes habitu des Hargneux et horrible hippie Histrion Une Henrika me haranguera avec humour et habilet d une hauteur plus honn te Tu as cherch cette humeur La m me que ton h ros hauta
47. mal connu l pithalame et d autre part par les id es de bonheur qui sont associ es Ce type de po me tait r cit ou chant lors de la c l bration d un mariage Hymen hym n e Le choix manifestement d un passionn est tr s fourni et vari soixante pi ces de quarante auteurs fran ais et trangers Les anc tres grecs Sapho Anacr on h breu Le Cantique des cantiques latins Th ocrite Catulle et surtout le Centon nuptial d Ausone d apr s Virgile particuli re ment hard puis Sidoine Apollinaire Fortunat puis Bertrand de Bom Ma rot et la Pl iade John Donne le n erlandais Constantin Huygens etc jus qu Georges Brassens et L opold S dar Senghor Pr sence discutable de 258 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES Ren Char Le visage nuptial et absence regrettable de Perec qui a pour tant ressuscit le genre en le faisant passer dans la po sie litt rale H sitant entre un lectorat sp cialis et louverture un plus large public cet ouvrage est illustr par des planches grav es des XVII et XVII si cle et pourvu d un glossaire mythologique qui n tait pas indispensable A C Michelle Grangaud Calendrier des po tes Ann e folle P O L 2001 192 p Aujourd hui c est le 28 septembre Consultons ce que rapporte cette date ce calendrier perp tuel Unica Z rn est maintenant seule dans la chambre d h tel de la rue Jacob
48. me si ces livres n ont pas eu un grand retentissement cette succession de traductions d uvres trang res qui n taient ni r centes ni classiques constitue d j dans l dition alors en plein marasme un v nement exceptionnel L utilit de la traduction litt raire ne se limite pas la pr sentation au public Au Japon un futur francisant ne commence apprendre le fran ais qu partir de dix huit ans les traductions lui servent d introduction l tude les travaux de M Sakazume ont orient plusieurs jeunes tudiants japonais vers les tudes perecquiennes Ainsi ne serait ce que petit petit l tude de l uvre de Perec commence avoir sa place dans les milieux universi taires japonais En est t moin le fait qu en 1999 Tokyo un colloque sur Perec a t organis par quelques francisants s int ressant cet crivain dont M Micha l Ferrier d j connu je suppose parmi les perecquiens Il a contribu avec M Sakazume la cons cration de Perec dans les univer sit s japonaises En fin de compte il faudrait reconna tre que la pr sence dePerec au Japon est plut t discr te Mais je trouve que cela lui ressemble bien d tre aim par des happy few 123 124 R gine Detambel Section Dor e Je travaille actuellement un recueil de po sies sur les humeurs com par es des femmes et des hommes Par humeur j entends plus que les quatre liquides fondamen
49. plus chez Roussel pour le lecteur d aujourd hui mais l errance folle et tr s calcul e la fois au ras des lames Annie le Brun souligne p 272 que tous les proc d s de Roussel se jugent laune de l exacte somme de hasard accept e somme que l auteur de Locus Solus attribue aux projets de son savant vicieux Fran ois Jules Cortier qui a pour cons quence d autre part le pouvoir lib rateur dont parle Michel Leiris Dans la conclusion p 345 du livre d Annie Le Brun nous trouvons cette phrase d une grande lucidit 220 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES et qui bauche une dimension v ritablement thique de l uvre roussellienne Jamais la solitude du d sir n aura t si innocemment et si cruellement prise comme crit re de v rit En 1997 Chez Fayard cette fois a paru une version totalement re mani e de la biographie de Roussel par Fran ois Caradec qui avec la m ticulosit et la verve qu on lui conna t a int gr dans son livre l essentiel des donn es sur la vie qu ont fournies les documents Bedel parmi d autres On peut tre d accord avec la remarque qui termine la pr senta tion de Caradec Avec cette biographie le lecteur dispose des moyens de saisir la coh rence d une uvre crite avec laquelle Raymond Roussel a voulu cr er un monde lisible Pour le domaine anglophone Mark Ford a publi pour sa part en 2000 une nouvelle dition
50. premi re strophe est en 5 7 5 la deuxi me est en 7 5 7 la troi si me nouveau en 5 7 5 et ainsi de suite Chaque strophe est ainsi le n gatif en termes de valeurs de la pr c dente Notons que seule la disposition en strophes de longueur impaire assure cette alternance si les blancs entre vers taient dispos s autrement on verrait mieux dans ces po mes l alternance de deux m tres de vers aba bab aba peut se lire ab ab ab ab a En choisissant l alternance n ga 232 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES tive plut t que la r p tition d un sch ma pair Lamiot cherche la fois le raffinement et la complexit au moins visuelle et graphique et respecte en m me temps sa deuxi me voire sa troisi me r gle de base Les m tres attest s sont multiples toutes les possibilit s de 1 15 les strophes sont de 3 plus rarement de 5 ou 7 vers respective ment 50 6 et 3 po mes leur nombre va de 3 13 Exemples 11 57 5 7 57 en p 25 3 7 9 7 9 7 9 7 9 7 9 en p 32 317 3373737 373 73 7 3 en p 101 Un exemple court 3 3 7 3 1737 p 205 Toi et moi nous partons pied main gauche la haie sur la route qui fourche Prenons droite sur le chantier au dessus se construit la maison immense tout en bois d calage r gulier m dans 55 po mes un sch ma polym trique est reproduit de strophe en strophe avec d calage vers le bas de chaque m tre et re
51. re lequel se profile une tache de forme ellipso dale p 213 Apr s maintes p rip ties un vaisseau part en direction d Androm de pour v rifier une hypoth se auda cieuse lanc e pour lucider cette vision la galaxie est une cellule vivante situ e dans le nerf optique d un Grand Etre Vivant compos de milliards de galaxies p 213 qui est en train de jouer aux cartes dans un m ga univers r plique du n tre Nous sommes au terme du voyage C tait nouveau U vision trange du Neuf de Pique Il tait l Total et absolu Jamais ressenti aussi magnifiquement Et tous en semble ils sentirent s installer au plus profond de leur conscience comme si tout leur tre vibrait un rythme nouveau la Grande Carte la Grande Echancrure qui tait indiscutablement un pouce tenant la carte et au dessus la Grande Inscrip tion ellipsoidale ou l on pouvait distinguer un un les onze signes du haut et les dix signes du bas trac s en des caract res malheureusement inconnus 50 PEREC VINGT ANS APRES Wolfgang tait occup notersur un papier la forme et la composition exacte de Pinscription ellip Qu est ce que cela veut dire Pratique et f minine Amad a trouva rapidement la solution du probl me en lisant linscription dans un petit miroir de poch C tait on ne peut plus clair On devait se trouver l int rieur d un m gabistrot de m gabanlieue o un brav
52. sence imm diate soi m me pour retrouver dans les mots le Chant d une me pour C line d marche autobiographique oblique qui d multiplie les possibilit s du m canisme rh torique pour Perec m tout oppose en effet les deux projets po tiques J ajouterai simplement ceci que non sans une mordante ironie encore c est partir des textes d un crivain dont on conna t les d rives que s labore entre les textes la trace inaugurale du souvenir de l criture h bra que Que l affirmation d une jud it probl matique certes mais pro ductive de fort nombreux traits formels passe ici par le surcodage du texte de celui qui reste le paradigme de l antis mite obsessionnel Or Claude Burgelin a montr que derri re la citation mise en exergue de Verne c est l image de la m re disparue qui se profile discr tement Cette m re qui elle aussi effectua son voyage au bout de la nuit pour trouver Auchwitz une mort dont le cr dit ne fut pour Perec jamais r gl Si ironie il y a bien il convient donc surtout de noter la formidable appropriation du texte de l autre qui en ce cas constitue comme la part maudite du texte perecquien appropriation qui advient pr cis ment apr s le oui ouvrant le texte sur l affirmation la plus clatante de la vie qu on se souvienne ici un instant du oui final d Ulysse Parent paradoxalement retrouv e au travers d un des symboles de sa n
53. t ni droite ni gauche et qui ne donn t aucun Fran ais l impression d tre soumis par un autre Fran ais Tel est l esprit dans lequel travaille le Mar chal Anna Lipa ti La vie du pianiste Dinu Lipatti crite par sa m re 1954 p 15 94 Dinu allait avoir quatre ans et il me pria de lui enseigner un peu le piano pour qu il puisse accompagner son p re alors je me suis d cid e le prendre sur mes genoux et lui enseigner le pr lude de Bach que je jouais chaque matin comme introduction l Ave Maria de Gounod que mon mari aimait jouer en guise de pri re avant de quitter la maison Je n ai pas eu de grandes diffi cult s avec mon ador Dinu car en une huitaine de jours il ex cuta parfaitement le pr lude de Bach PEREC VINGT ANS APRES 188 Genevi ve Cluny est n e Bressuire Deux S vres en 1934 Le dernier roman inachev de Perec 53 jours est crit Paris Brisbane Bres suire 1981 1982 Catherine Binet compagne de Perec de 1975 sa mort en 1982 tait originaire de Bressuire 222 Gustave Flaubert Madame Bovary deuxi me partie VIII Classiques Garnier p 138 Homais ce qui m a m me valu l honneur d tre re u parmi ses membres section d agriculture classe de pomologie 243 e CENT VINGT ET UN ECRIVAINS UNIVERSITAIRES ET ARTISTES ont sign ime d claration sur le droit insoumisston dans la guerre
54. t toutefois y regarder mieux singuli rement biais car d un pr sum po me seul sub siste un ensemble de notations fun bres l hiver cruel une nature en deuill e la solitude Nou e sous ces tristes auspices la rencontre est d avance promise l chec et de fait le destin romanesque d Ursula se conforme la logique symbolique en fuite reprise par ses ravisseurs elle finira assassin e noy e Dans W je me souviens que Caecilia meurt dans un naufrage Pour Cyrla ce fut aussi l asphyxie puis le feu Je fais ce que le texte la lettre sugg re j coute attentivement musique et paroles j essaie de ne pas aller trop vite Je d lie je relie je rumine Ma lecture s appuie ainsi sur la congruence ind niable d effets de sens Mais je ne pr juge en rien d autres pistes toujours possibles Il y aurait fort dire par exemple de la mort d Ursula qui est aussi le n gatif de l vasion de Dant s dans Le Comte de Monte Cristo roman parangon de la vengeance ou de Loorens emprunt selon toute vraisemblance au Don de Nabokov c l bration de la Terre natale Je rumine donc Ce qui reste d un po me pr sum c est un fragment carr sept vers heptasyilabiques Or dans l idiolecte perecquien la figure du carr est loin d tre anodine qui inscrit la trace du premier souvenir d enfance voqu dans W le d chiffrement d une lettre h bra que qui aurait eu la forme d
55. tous les niveaux nombre de syllabes par vers nombre de vers par strophe nombre de strophes par po me nombre de vers et de syllabes par strophe et par po me Il s agit d une option formelle g n rale v ritable contrainte programmatoire d criture avec non observance pour un quart du recueil Le rappel des traits cons titutifs de cette m trique permettra d en souligner l originalit l int r t pour l tude du vers et peut tre les fonctions r gularit m trique r gularit strophique complexit des structures application de proc d rigoureux et r p t s omnipr sence de l impair discordance de la syntaxe et du vers et de la strophe arbitraire s mantico syntaxique des fins de vers 3 Une m trique situ e Toute m trique contemporaine si banale et transparente soit elle est une prise de position l gard de diff rentes dimensions ou r alit s les notions de vers et de prose la m trique classique et le vers libre le choix d un principe cr ateur du vers l effet sur la lecture le rythme de la lecture 235 ESSAIS La m trique de Lamiot se placera facilement dans le prolongement chronologique et formel de l histoire du vers durant la deuxi me moiti du si cle et d une attitude tendant mettre en critique voire en proc s le vers libre standard VLS h rit du symbolisme et du surr alisme bien plus que du modernisme souvent forteme
56. tradition du nouveau et l id ologie de la rupture n tant pas la tasse de th de la po sie en langue anglaise une grande unit se d gage de ce recueil l l vation religieuse mythologique ou morale partir de la vie quotidienne des bouleversements amoureux ou du spectacle de la nature se retrouve chez Sidney Shakespeare Donne Milton Wordsworth Keats Elisabeth Barret Browning Rossetti Hopkins etc jusqu Seamus Heaney mais aussi chez les auteurs les plus r cents On insistera enfin sur le lyrisme des po tes f minins du XX si cle d Edna SL Vincent Millay Marilyn Hacker Reli et sous embo tement translucide ce livre est appel durer et tre souventefois feuillet On souhaite que paraisse un jour une anthologie qui valente pour les sonnets de langue fran aise A C Le livre des gar s textes rassembl s par ric Dussert Plein Chant n 69 70 2000 276 p Par le r seau des Arch ologues de la litt rature marchant sur les traces de Charles Monselet pour tous les oubli s et d daign s Parmi les dix sept vignettes propos es on rel vera le fou professionnel et litt raire Bluet d Arb res 1566 1606 le po te burlesque Chaules d Assoucy 1605 264 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES 1677 et au si intelligent XIX si cle Paul Masson 1849 1896 et ses calembours improbables Quand Donnay mord c est pour long temps l auteur de ro
57. tymologie le dictionnaire Borges videmment et la gidouille par Enrico Baj Mais on peut regretter l absence de mention des Labyrin thes de Fortune de Juan de Mena et de Jean Bouchet et surtout des labyrin thes po tiques et typographiques baroques le labyrinthe est une des ima 279 CRITIQUES ges de l hypercontrainte Parmi les cr ations on note un acte d Antonio Pace Teseo et il Minotauro dont les tirades monovocaliques se font cha que fois partir des voyelles diff rentes Le ma tre d uvre revient enfin sur Enigmi una scrittura contrainte et Edoardo Sanguineti sur la po sie et l nigme Sont ins r s des po mes sur des nigmes par sept auteurs contemporains dont Jacques Jouet qui donne un po me conceptuel La richesse de la tradition fran aise n a pas t abord e elle ne s est pourtant pas arr t e au XVIII si cle et elle s est poursuivie jusque dans le jeu sur r aliste tardif de L un dans l autre qui nous para t l un des derniers avatars de l nigme et de l quivoque une contrainte s mantique voisine Finalement le lecteur a pu se promener agr ablement dans le labyrinthe de ce colloque et il a m me caress la sphinge car elle tait apprivois e A C Marcel B nabou Jacques Jouet Harry Mathews Jacques Roubaud Un art simple et tout d ex cution Circ 2001 126 p Le ons donn es en 1998 l Unit de Recherches contemporaines de la
58. 2000 etaun 7des Cahiers Perec para tre au Castor Astral 10 Voir ce propos le n 12 de la revue Texte en main Perec Polaro ds 1997 qui a servi de catalogue l exposition Autour de Perec Treize ancra ges dans l espace 18 PEREC VINGT ANS APRES Bibliographie sommaire ordre chronologique Ouvrages et num ros de revues qui permettent de se faire une id e assez nette du cheminement des tudes perecquiennes depuis une vingtaine d ann es et dont certains seulement ont t cit s dans mon article Les actes de colloques centr s sur Perec sont pr c d s de 1979 L Arc n 76 Aix en provence 1983 Bernard Magn dir Litt ratures n 7 Georges Perec Universit de Toulouse le Mirail 1984 Warren Motte The Poetics of Experiment A study of the work of Georges Perec French Forum 1985 Cahiers Georges Perec n 1 Colloque de Cerisy la salle 1984 POL 1988 Claude Burgelin Georges Perec Seuil 1988 Cahiers Georges Perec n 2 W ou le souvenir d enfance une fiction Textuel 34 44 n 21 2 d 1998 1989 Bernard Magn Perecollages 1981 1988 PUM Toulousel 1990 Cahiers Georges Perec n 4 M langes d du Limon Bernard Magn dir Etudes litt raires vol 23 n 1 2 Georges Perec crire transformer e Mireille Ribi re dir Parcours Perec Colloque de Londres 1988 Presses Universitaires de Lyon 1991 Philippe Lejeu
59. 4 Lettres Nom Mot Mot Verticalement 1 Verbe 2 Nom 3 Lettres 4 Lettre 5 Lettres 6 Nom propre 7 Let tres 8 Mot 9 Lettres 10 Lettres 11 Lettre 12 Mot 13 Verbe 14 Mot 15 Mot 16 Mot 17 Mot 18 Mot 19 Lettres 20 Lettres 21 Lettres 22 Consonnes 23 Mot 24 Lettres 25 Adverbe EVE TS 9 49 41 12 43 14 45 46 17 18 19 20 21 22 23 24 25 MOTS CROISES Errata Revue TEM13 Formules S p 99 Cette note aurait d tre imprim e la fin du texte de Claudette Oriol Boyer L Affaire du feux plagiat Ce texte a d j t publi en avant premi re en 1992 dans la revue Recherches et Travaux n 41 Hommage Ren Bourgeois Universit de Grenoble III janvier 1992 L affaire du faux plagiat reprend en la transformant et en lui ajoutant plusieurs rebondissements l histoire racont e par Georges Maurevert en 1924 sous le titre L af faire du grand plagiat Amiens Librairie Edgar Malf re Collection Biblioth que du H risson 1924 Maurevert est d ailleurs mentionn dans la nouvelle comme une source possible du plagiat Le texte de Maurevert m avait t indiqu par Daniel Bilous en 1991 au cours d une conversation ou je lui confiais mon projet d crire une nouvelle polici re sur une affaire de faux plagiat Apr s la lecture de Maurevert j ai utilis son r cit comme tremplin pour en crire un autre un peu la mani re de Jean Lahougue r
60. 4 6 6 6 dans la MR l impair n est g n ralement pas polym trique et du VLS o le pair du VR a depuis toujours tendance revenir et dominer Choisir l impair ce n est donc pas tant ob ir la le on de Verlaine la recherche d une musicalit c est d abord une pr caution vis vis d une m trique trop courue trop facile trop ronronnante Quant au recours des structures r guli res il constitue une critique ou un d passement du VLS trop peu distinct de la prose si grande que puisse tre la fr quence des discordances op r es en fin de vers Un principe de d finition et ou de production vient l gitimer la forme vers comme dans la m trique r guli re un niveau profond puisque c est l isosyllabisme qui forge le vers et cons cutivement le discours et non un d coupage dans le continu du discours ou comme la concordance syntaxe vers dans le VLS peu satisfaisant apr s plus d un si cle et la discordance g n ralis e dans le VL r cent plus superficiellement En alliant des principes simples et scrupuleusement respect s une grande vari t de r alisations sa m trique se maintient donc gale dis tance de trois mod les h rit s elle s oppose la prose par le choix du vers et de la r gularit impaire au VR par la discordance et l impair au VLS par la discordance la r gularit et sa sophistication et l impair Vue par l autre 236 OBSERVATOIRE
61. AuqueL Je Suis Ici Puisque Rudolph Goesch De Schw ring Ma Prise Dans Ces Bras Porter Me D poser Ici Comme D Dit Je Ne Suis Pas Bien Lourde II Dit En Me D posant Ici Je Dit Kil Dit Parce Que a Vibre Dans Mon Cou Par Sa Bouche Et Jentends Des Sons Qui Veulent Dire Des Choses Mais Jy Mets Des Points Alors Le Sens De Tout a Se Perd Et Je Dit Que Je Suis Sourde G la Surdit Que Je Veux Lorsque Les Sons Ecrasent Mon Cerveau A Lint rieur De Ma Bo te Dans Ferm e Alors Je Suis Sourde Mais Ce Que G da Veugle Reste Parce que Je Ne Me Rends Pas Compte De La Voir Et Bien Rudolph Goesch De Schw ring Me Parle Sans Sons Alors Par Points Sur Le Bras Le Mien De Bras Est Pas Mal Joli Aussi Je Pense Que Je Suis Jolie Parce Que G De Moi la Sensation D tre Jolie Comme Rudolph Goesch De Schw ring Me Dit Et Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linftrmi re Aussi Qui Sent La Lavande En Faisant du Bruit Pour M Frayer Parce Que Elle Est Jalouse De Moi Je Pense Quelle Est Jalouse De Moi Jolie Comme Jen Ai Limage Schl ss Werneck 29 ao t 1911 Nous Sommes Le Vingt neuf Ao t Mille Neuf Cent Onze Deux Jours Avant Le 31 Ao t Mille Neuf Cent Onze Mais a Ne Change 140 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES Rien Je Suis N e Barbara Suckfull Par Mon P
62. Colonna Fausses notes dans Cahiers Georges Perec op cit p 96 109 La m talepse paratextuelle est une forme hyperbolique de m talepse c est dire de transit invraisemblable de narration p 107 70 72 75 16 83 DOSSIER Dans L Ironie litt raire essai sur les formes de I criture oblique 1996 Paris Ha chette Philippe Hamon estime que plut t que de parler de communication articul e sur une contradiction a vs non a mieux vaudrait pour rendre de la complexit du texte ironique parler de d calages de champ de tensions B Allemann et de degr s op cit p 40 P Hamon fait r f rence un article de Beda Allemann dans Po tique n 36 De l ironie en tant que principe litt raire op cit p 385 398 Ces incoh rences s observent d ailleurs dans la gen se des textes r alistes naturalistes Philippe Hamon montre ainsi la pr sence de composantes rh torique et intertextuelle dans l bauche de La B te humaine avec une pratique m diatis e par cons quent fort loign e de la consigne de rendre compte directement et imm diatement du r el Philippe Hamon chos et reflets l bauche de La B te humaine de Zola dans Po tique n 109 f vrier 1997 p 12 84 David Bellos Princeton University Winckler fait tache d huile Plus d un lecteur des Lieux d une fugue a d s interroger sur la nature v ritable d un
63. Japanese Verse University of Tokyo Press 2000 m rite cet gard d tre consult qui sur la base de subtiles propositions de m trique th orique et de po tique de l image rend compte de la difficult de circonscrire cette tradition en termes de constance formelle au moyen de d nominations telles que syllabes etc lle Sonnet espagnol l poque franquiste Fixit transtextualit m tatextualit 1998 Aujourd hui disponible aux Presses Universitaires du Septentrion sous la r f 28786 ISBN 2 284 01751 7 IL Enae et la Poudre Toulouse Presses Universitaires du Mirait 1997 C est dire actifs ou visibles partir de 1980 sont ici voqu s entre autres Antonio Carvajal Luis Alberto de Cuenca Luis Garcia Montera Jos Garcia Nieto Jon Juaristi Carlos Marzal Javier Salvago On peut se demander ce que signifie le postulat habill d vidence constative selon lequel Bien s r toute syntaxe est abolie dans le sonnet de Salvago certes averbal et construit sur un seul mot trisyllabique par vers pp 72 73 mais d une lisibilit plus qu ais e transparente m me dans son impeccable organisation en unit s syntagmati ques substantif adjectif Car trop pr supposer de la sorte une n cessaire comparabilit des organisations po tiques la syntaxe de quelque ordinaire discursif On s emp che sans doute d acc der aux richesses du point de vue inverse et mon sens d
64. Le rep re temporel n est plus l acte de naissance mais l acte d criture Pour pouvoir dire je suis n il faut d abord pou voir crire j cris ce que souligne d ailleurs l analepse si la s quence du souvenir Venise puis celle des circonstances de l criture de W se trouvent au chapitre IL c est seulement au chapitre VI que sera indiqu e la date de naissance du narrateur En faisant dispara tre le 31 ce nouveau mode de datation a comme autre cons quence de d truire le chiasme num rique 13 31 d j mis mal par le choix d une graphie en lettres pour le premier nombre D un point de vue axiologique par exemple dans la perspective d un RAPT pratique famili re aux lecteurs de Formules on pourrait y voir une d t rioration puisque avec le chiasme dispara t un ncrage important En r alit cette perte est com pens e r mun r e si l on pr f re un terme mallarm en par la cons truction d un autre type de relation une suture 25 DOSSIER Je rappelle que s agissant de Wou le souvenir d enfance je nomme suture la pr sence de lexies identiques ou similaires dans deux chapitres HOH KE 12 contigus donc appartenant l un la fiction l autre l autobiographie compte tenu de la structure du livre En crivant Il y a sept ans Perec reprend presque mot pour mot une lexie du chapitre pr c dent ap partenant la ficti
65. Les journ es passent vite et vers cinq heures quand elle a entendu la cloche L a d j salu son jeune public et soudain disparu Les enfants sont tristes ils n en ont pas eu assez ils auraient voulu prolonger les heures ou d j tre demain Mais L remonte la rue Chariot traverse la rue du Perche marche vers son domicile et parfois la nuit en repart Elle sort rejoindre des amis en quelques lieux parisiens la Bastille Saint Michel ou Montparnasse mais plus souvent reste chez elle crire Car depuis toujours avec son enthousiasme caract ristique elle noircit des paquets de feuilles format A4 et cette fois a y est elle a termin un roman Qu elle a jug assez r ussi pour l envoyer il y a quelques jours Un diteur de la rive gauche L re oit une r ponse de l diteur C est une lettre manuscrite crite par un homme de caract re A trois reprises la plum en or massif de son stylo Mont Blanc a m me travers le papier Mademoiselle J acc de un ge quatre vingts et des brouettes o un honn te homme doit savoir raccrocher Il me faut d sormais regarder mes cheveux blanchir doucement vieillir et disons le brutalement prendre la vie c t cimeti re Un jour viendra o ma m chante femme portera mon deuil je serai enfin en paix poussi re oubli e sous le marbre et le ch ne mais restera la prose de ceux que j ai d couverts et publi s au fil des ann es Vous pouvez tre de ceu
66. Perec Je commencerai par formuler une hypoth se historique large o le genre du roman prime sur la cat gorie du romanesque La mise en s rie du romanesque dans l uvre de Perec me para t en effet d termin e au moins en partie par une mise en s rie du des roman s relevant elle m me du choix de l criture contrainte comprise comme Une criture post romanti que au sens o la contrainte radicalise le renoncement l image organique ou architecturale de l uvre romantique faisant le choix d un aplatisse ment du sens qui tend produire des romans en forme d num ration ouverte apr s les juxtapositions non hi rarchiques de Bouvard et P cuchet qui aboutissent aux romans collages des naturalistes l immeuble de La Vie mode d emploi intervient dans la gen se du roman sous la forme de son plan L uvre entier de Perec t moigne par ailleurs d une tentation de l exhaustivit tout fait assum e qui para t relever du d sir plus global d une abondance de l criture La mise en s rie du roman aussi bien que du romanesque aboutit alors la somme ou l encyclop die Cependant si la posture anti romantique tendant produire des tex tes num ratifs adopt e de mani re g n rale par l criture contraintes jointe la passion de l exhaustivit qui anime l uvre de Perec permet de 39 DOSSIER rendre compte de la structure s rielle du romanesque perecquien elle ne peut suf
67. Que Je Range Tout Que Je Dispose Mes Vols L mes Les Plus Doux Au Toucher Ah Pour Les Reconna tre Au Premier Coup De Doigts Elle Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Est Entr e dans Ma Bo te Apr s Avoir Soulev Le Couvercle A Droite Du Lit O On A D pos Un Tissu Tr s Fin Tr s Doux Qui Sent La Chaleur Et Le Bleu Elle A Bouscul Ma Table De Nuit Et G Senti Londe De Choc Monter Dans Mes Narines Eh Bien IL Ny Avait Pas Beaucoup De Bruits Mais Des Tremble ments De Lair Dans Mes Narines Et Frapper Mes Sinus Elle Venait Madministrer Les M dicaments Que Dautres Hommes Ceux Qui Sentent Fort Mont Prescrits Des M di caments Color s para t il Ils SonL Venus Par Le Couvercle A Trois Heu res De Mon Lit Dont Les Montants Bougent Le Troisi me Barreau Sur tout Ils Ont Tourn Dans Ma Bo te Et Ils Ont Soulev Mes Paupi res Pour Ausculter Les Bulles Les Deux Bulles Que G Au Milieu De Mes Vtols L mes Faciaux Ils Ne Mont Pas Touch e Ni Renifl e Et Je Me Demande Comment Ils Peuvent Sentir Ce Qui Ne Me Br le Pas Et Ne D gage Donc Aucune Chaleur II Ny A Rien Que Deux Bulles Froides Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Toutes Les Qua 136 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES torze Mille Quatre Cent Unit s Men
68. R plique n 19 soient install es de chaque c t de la pliure qui divise sym triquement l exemplaire de Formules autorise sans doute d autres relations privil gi es mais cette fois entre le lieu d accueil et emplacement de la part imprim e de l uvre En tant le n gatif l ime de l autre les doubles pages de R pliques se compl tent s imbriquent Ce que l on peut constater en cartant progressive ment les doubles pages vers l int rieur du livre En inversant leur orientation le recto et le verso de la feuille centrale se superposent Ce que l on peut constater en regardant travers son paisseur translucide Autant de particularit s qui parviennent focaliser l attention sur certai nes caract ristiques peu exploit es du livre m me qui devient de ce fait un objet part enti re d sormais digne du m me regard que son impression le blanc qui c toie l encre notamment acquiert ainsi le m me statut qu elle Sont ainsi articul s de mani re leur donner la m me importance le vu le lu le con u et Vin situ Notes Un ambigramme est r alis lorsque les diff rentes orientations d un m me ensemble de traces permettent de lire plusieurs mots ou parties de mot pouvant de surcro t tre identiques ou dissemblables Tous deux faut il le signaler permettant d acc der au signifi s mantique Je nomme ces deux structurations perceptuelles des conformations Cf Emer
69. Touchent Pas Et Ne Reniflent Pas Pour Conna tre Ou Savoir Depuis Ce Matin On Est Dimanche 138 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES C Le 21 ao t Je Crois Mille Neuf Cent Dix Et G Enfonc La Pointe Que Jutilise Pour R diger Le Compte rendu De La Jour n e Du 21 ao t Dans La Bulle A Gauche De Mon Visage Que Je Viens De Passer Dans La Bo te Dans La Bulle Gauche De Mon Volume De T te Je Nai Rien Senti Eh Bien C Mort Parfois Mon Esprit Se Met En Boucle Autour Dune Question Aujourdhui On Est Le 21 Ao t Mille Neuf Cent Dix Nous Sommes Le Dimanche Apr s LAscension Et Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Etait Entr e Dans Ma Bo te Par Le couvercle Qui Sent Len Ferm e Je Me Dis Que Le Monde Serait Effrayant Si On Avait Plus Que Quatre Sens Par fois Jy Pense Que Les Hommes Qui Sentent Fort Et Rudolph Goesh de Schw ring Ont Un Cinqui me Sens Puisquils Sentent Sans Toucher Ni Respirer Lodeur EL Je Me Dis Que Le Monde Serait Effrayant Avec Autant Dinformations Que Je Ne Peux Pas Imaginer Exister A D coder Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Est Ve nue Dans Ma Bo te Pour La Derni re Fois Aujourdhui II Para t C Elle Qui Me La Dit Que C La Nuit Quil Fait Noir Mais Je Ne Comprends Pas E
70. Villa Gillet Lyon Ce livre n est pas consacr l amour physique mais fait le point sur la contrainte Rappelons que cette notion a t propos e par Fran ois Le Lionnais concurremment quelques autres structure forme programme etc qui taient plus dans l air du temps dans les ann es soixante 11 s ouvre sur une pr face historique clairante d un universitaire ext rieur au s rail Claude Burgelin Avec ses Notes sur l Oulipo et les formes po tiques Jacques Roubaud donne une d finition de la contrainte au sens oulipien dans ses rapports avec la potentialit des plus claires avec ses corollaires Jacques Jouet illustre ses r flexions d un de ses po mes de m tro qui joue sur un autre type de contrainte les circonstances d criture et leur con trainte de temps Apr s des essais de Marcel B nabou sur Perec Entre Roussel et Rousseau ou Contrainte et confession et de Harry Mathews sur un exemple conjectural d ethnopo sie Oulipo et traduction le cas du maltais pers v rant Roubaud revient sur une contrainte X prend Y pour Z utilis e dans son Conte du Labrador mais il n en donne mani festement pas toutes les cl s math matiques Au total un petit livre rouge que tous les amateurs et praticiens de la contrainte seront contraints de lire A C Les Mystifications litt raires Quatri me Colloque des Invalides 1 d cembre 2000 Textes r unis par Jean Jacq
71. adopter la forme de la liste Or cette tendance la s rialit est tout aussi sensible en ce qui concerne le romanes que comme cat gorie j essayerai pr sent de pr ciser ce rapport entre criture contrainte et mise en s rie du romanesque 4 S ries romanesques Je tenterai de montrer que sur ce point la litt rature contrainte ne propose en fait qu une radicalisation que je m efforcerai d expliciter dans ses d terminations de traits d j inh rents la cat gorie de romanesque en tant que telle Je partirai nouveau des pistes propos es par Jean Marie Schaeffer Le troisi me des crit res d finitoires qu il mentionne la saturation v ne mentielle de la di g se peut en effet tre compris dans une perspective g n tique comme engageant une extensibilit tr s grande de cette di g se d o le cas ch ant un aspect s riel pisodique actualis sur le plan dito rial dans la forme populaire du roman feuilleton que La Vie mode d emploi transposerait sur un plan intertextuel Le romanesque contraint radicalise rait autrement dit la s rialit inh rente la cat gorie et j expliciterai le fait m me d cette radicalisation par la convergence de trois d terminations relevant de plans diff rents l histoire litt raire con ue de la mani re la plus g n rale celle du genre romanesque et dans la perspective restreinte que j ai choi sie certains traits propres l uvre de
72. amplitude de sa r alisation ce jour et la vari t des genres qu il a abord s m ritait bien que la critique s y attard t L diteur Warren Motte sp cialiste et traducteur de l Oulipo donne une tude globale sur cette uvre Jacques Jouet and the Literature of Exaustion selon John Barth l puisement du genre roman am ne une forme d auto parodie L article de Jouet est la traduction de son texte paru dans le volume collec tif Un art simple et tout d ex cution Circ 2001 de m me que l article de Michelle Grangaud est la traduction de son compte rendu de Navet linge il de vieux publi dans CCP n O le cahier critique de po sie du Centre international de Po sie de Marseille qui en est d j son n 2 signalons le en passant Jean Didier Wagneur examine favorablement le feuilleton La r publique de Mek Ouyes qui fait partie d un plus vaste programme La R publique roman Enfin Marc Lapprand tudie de fa on approfondie les po mes de m tro parus chez P O L tout en s interrogeant sur leur potenti alit pour d autres po tes Certains de ces po mes fond s pour ainsi dire sur une contrainte spatio temporelle sont traduits par Ian Monk subway poems Au del de cette section l article d Elvira Monika Laskowsli Caujolle dans Jacques Roubaud Literature mathematics and the Quest for Truth o elle analyse les permutations la base de La princesse Hoppy confirme la
73. apparaissent les v ritables contraintes les contraintes naturelles remplace les contraintes textuelles Pourtant le jeu n en vaudrait sans doute pas la chandelle s il n y avait une pointe de d mence m dicale la surdit de Barbara Suckfuil si elle n est pas proprement parler feinte reste sans raisons m dicales aucun examen n ayant diagnostiqu un quelconque handicap auditif chez la patiente Une sorte de surdit psychosomatique qui se produirait ansi qu elle l crit lorsque les conditions sont r unies G la Surdit Que Je Veux Lorsque Les Sons Ecrasent Mon Cerveau A Lint rieur De Ma Bo te Dans Ferm e Alors Je Suis Sourde Mais Ce Que G da Veugle Reste Parce Que Je Ne Me Rends Pas Compt De La Voir Schl ss Wemeck 27 ao t 19 11 Ecrire comme l auteur de ces textes supposerait qu on doive extraire toute notion visuelle et auditive mieux toute conscience r elle de ces deux sens sinon par une description ext rieure Ainsi lorsque Barbara Suckfull utilise les verbes voir et entendre elle leur surajoute toujours nom bre de d tails tactiles Et ce n est l qu un observation parmi beaucoup d autres L isolement voici sans doute la cl d ouverture vers ce texte et la conclusion des contraintes constat es et ce n est sans doute pas un hasard si Antoine Muller avait r ussi entrer en possession de ce manuscrit et l avait cons
74. article le travail remarquable de Byme et West qui a fait l objet d une premi re publication aujourd hui introuvable dans Manchester Working Papers m French printemps 1994 pp 91 1 IL ISSN 1354 554X 5 US Patent Office Patent no 1607855 Lubricatmg Apparatus Frank D Winkley Madison Wisconsin D autres brevets pour des objets similaires d pos s par la Winkley Company Detroit Michigan se trouvent sous les num ros 959 643 et 1 541 409 6 Voir D Bellos Perec en Su de Bulletin de l Association Georges Perec n 34 d cembre 1998 pp 22 23 7 Paul Engleman ed Lettersfrom Ludwig Wittgenstein Oxford Blackwell 1967 p 7 Lettre du 9 4 1917 88 Roland Brasseur Une partie de ce dont je ne m tais pas souvenu dans Je me souviens de Je me souviens Edit par le Castor Astral premi re dition en juillet 1998 dition revue et corrig e en janvier 1999 Mais il est clair que ce livre si scrupuleux et efficace sera son tour avec le temps sot rique lui aussi n cessitant un nouvel ouvrage un je me souviens de je me souviens de je me souviens andso on Jacques Roubaud Po sie r cit Seuil 2000 page 30 i Jean Bobet Louison Bobet une v lobiographie 1958 p 215 Un dr le de gars la Brambille Le jour o il a arr t de courir on dit qu il a enterr son v lo dans le jardin Rien n a pouss 28 A la feuille de rose maison
75. au vide qui se creuse laisser quelque part un sillon une trace une marque ou quelques signes 48 PEREC VINGT ANS APRES De ce passage capital qu il conviendrait d analyser longuement je ne retiendrai d abord que l essentiel contre l oubli l criture est trace Casse cro te toute heure d un texte l autre les donn es sont donc tout autres dans Esp ces d espaces l inscription est une mention litt rale et signe de la disparition d un r el labile dont il faut t moigner dans La Vie mode d emploi l inscription est donn e comme un fragment de r el une pr sence jamais ancr e dans l espace p renne du tableau Ainsi ce qui est dit du devoir de l criture dans l essai semble r alis de fait par le biais de l criture dans la fiction Mais on l a vu le r sultat de la transformation reste singuli rement min si l criture arrache quelques bribes pr cises au vide qui se creuse in fine ces bribes t moignent d une impossibilit dire le r el Premier constat la trace perecquienne n est pas de l ordre de la repr sentation Cela admis il convient de revenir Esp ces d espaces Un l ment au moins du contexte la mention de la porcelaine blanche qu on pourrait croire anodin ou lire comme un simple effet de r el me para t tout au contraire fort significatif en ce qu il fait retour dans l oeuvre trois fois au moins toujours dans des pass
76. blancs au sens visuel A C Jocondissima Mus es de Cholet 2001 Alain Katz conservateur Trois expositions sur des d tournements jocondriaques Les Zavat arts de Monna Lisa Une femme sous presse et Jocondes la folie ont permis aux iconoclastes et iconol tres de tout poil d admirer le travail des variaieurs Le catalogue de l exposition rassemble des d tournements de pataphysiciens comme Pol Bury ou Enrico Baj de dessinateurs connus comme Ben ou Yvaral et d anonymes membres des Amis de Mona Lisa ou de Monna V va Le sourire nigmatique kitsch na f ou high tech reste fascinant et ne peut que nous tirer des sourires b ats La plus belle compilation depuis le sp cial Joconde de Bizarre n XI XII mai 1959 et un gTand bravo la ville de Cholet A Z Jacques Jouet Les blancs d Excideuil Editions de l Attente as sociation Cuisines de l Imm diat Bordeaux 2001 26 p Apr s les souterrains du m tro la France profonde A la suite d une commande Jacques Jouet a crit des po mes dont les vers sont grav es sur les bancs d Excideuil P rigord Le nom ambivalent de la cit ce n est pas la m lancolie de Mortefontaine donne le ton du recueil S il a opt pour la terme comme forme po tique c est moins cause du foie gras semble t il que pour sa contrainte spatiale ses 3 x 3 lignes peuvent s crire sur les lattes comme jadis les vers pour ventail Cette forme br ve
77. bonnes relectures de VME dans l une ou l autre des ditions disponibles Ayant eu le malheur de pr ter mon exemplaire de l originale avec Al Brown comme deuxi me boxeur je n ai jamais pu le r cup rer Bien cordialement Bernard Magn 107 L Abb Louis de Court Vari t s ing nieuses 1724 Une lettre lipogrammatique en e mentionn e par Georges Dans sa pionni re et s minale Histoire du lipogramme Les Lettres nouvelles juin juillet 1969 repris dans Oulipo La litt rature potentielle Id es 1973 entreprise apr s la parution de La disparition Georges Perec d crit comme la seule tentative vocalique de quelque consistance celle d un crivain de la fin du XVIIe si cle l abb de Court 1658 1732 auteur de Vari t s ing nieuses 1725 Il explique son origine r cr ative dans un salon des dames d fi rent l auteur de lire un discours non inter rompu en retranchant la voyelle E Puis il donne quelques citations de la lettre sans e o il parle d anticipation quenaldienne propos de l expres sion l instant fatal Nous donnons ici le texte de cette lettre dans son entier LETTRE SECONDE Dans laquelle on ne fait point entrer la voyelle E MONSIEUR J ai connu un Courtisan qui passoit la Cour pour un Saint 11 y vivoit sans ambition Il faisoit sa cour au Roi huit ou dix fois dans un an Il haissoit fort la dissimulation aussi fuloit il
78. calembour ram nent l criture autobiographique de Perec celle de Doubrovsky Sans commentaire 3 Construction d une texture La variante que je vais examiner maintenant concerne le second souvenir d enfance racont par Perec Elle semble minuscule elle porte sur un seul mot D une pi ce aval e Perec crit d abord manuscrit qu on la retrouve le lende main dans mon pot puis livre dans mes selles voir annexe 3 En ce qui me concerne je ne commenterai pas le d placement m tonymi que par lequel on passe du contenant au contenu 11 se trouvera bien un psycha nalyste pour le faire On peut songer une correction stylistique quelques lignes plus haut Perec donnant une version diff rente de ce souvenir crit je suis sur le pot quand mon p re rentre du travail Le mot selles supprimerait une r p tition jug e maladroite Mais quelles qu en soient les raisons les cons quences du remplacement ne sont pas neutres D une part il s op re l un changement de focalisation Avec pot mot du vocabulaire enfantin la focalisation se fait sur l enfant Avec selles mot du vocabulaire m dical la focalisation se fait sur le narrateur adulte Ainsi est maintenue par rapport au souvenir dont il est donn ici plusieurs versions diff rentes une distance critique qui se manifeste aussi ailleurs par le recours aux notes et aux parenth ses D autre part et c est pour moi l
79. ce po te la richesse des couleurs la nettet du trait l clat de la lumi re et la noirceur des ombres la sensualit heureuse des mots et des paysages m diterran ens voqu s A C Pierre Lartigue La cantine des comptines Architecture du verbe Les Belles Lettres 2001 394 p C est la fois un livre de po te annonc par la silhouette de la petite fille dansant sur la couverture et un livre d rudition vagabonde Le terme de cette forme br ve de la litt rature orale a t transmis par le peintre parasurr aliste Pierre Roy pour une des premi res anthologies 1922 L originalit de ce livre rapsodique o l on croit entendre chan tonner l auteur tient aux liens qu il tisse entre les comptines et les po tes qu il fait entrer dans la ronde d filent des textes de nonsense une ber ceuse et des devinettes de Y Anthologie palatine des chants latins m di vaux pour endormir l enfant J sus le rondeau en langage enfan on de Charles d Orl ans Rabelais et la Friquass e crotestillon e de l abb des Conards de Rouen le Choix de rondes romantique et la comptine bourguignonne de Lamartine Nerval Hugo l enqu te de 1852 sur les Po sies populaires de la France et celle de Champfleury Puis les po tes modernes avec les nur sery rhymes et Mallarm les refrains niais de Rimbaud une source du Pantoum n glig de Verlaine Charles Cros Apollinaire Max Jacob Claudel
80. celle de S vign passe sans le voir le mus e Picasso et acc de l immeu ble de la bien aim e Pourvu que L soit l esp re t il les yeux lev s vers ses fen tres que je la rencontre enfin Et il vole au quatri me o il trouve ouverte la porte de son appartement Y a quelqu un demande t il en la poussant Personne ne r pond Pas un chat Enfin si justement en voil un sorti d on ne sait o et qui se frotte contre ses jambes Ta ma tresse ne doit pas tre loin dit il je vais l attendre 11 se tient dans une grande pi ce manifestement une esp ce d espace tout faire la fois hall d attente biblioth que cuisine bureau et salle de lecture C est dans ce charmant petit bazar que L a d crire notre livre se dit il attendri elle doit y passer le plus clair de son temps Je l imagine l se pr parer chaque matin tra ner en petit linge au milieu de tous ces objets parler dans ce combin t l phonique poser sa main sur ce bar Est elle brune blonde ou rousse Je l ignore Et A r veur de vouloir attendre en core de regarder assis debout rassis de s ennuyer un peu de b iller de s endormir dans un fauteuil de faire le r ve trange et p n trant d une femme inconnue qui l aime et le comprend 155 DOSSIER Soudain il se r veille vingt trois heures quarante et toujours per sonne Curieusement les lieux semblent chang s devenus familiers Je la retrouverai bien
81. cette forme fixe o il appara t que c est la vari t qui domine L ouvrage s ouvre ironiquement sur le sonnet de P trarque transpos par Chaucer en trois stances rhyme royal dans son Tro le et Cris de Les deux formes mises au point par Wyalt et Surrey inaugurent la p riode du sonnet lisab thain dans ses deux vari t s shakespearienne et spencerienne La forme italienne se d velop pera en parall le avec des disparitions et des r surgences et sera remani e par Milton On d pistera maints sonnets doubles la couronne en 7 sonnets de John Donne des sonnets en terza rima dont un American sonnet en sept tercets la forme en 4 quatrains de George Meredith les curtal son nets de Hopkins et d un seul autre auteur ainsi que des curiosit s comme le sonnet sym trique en 7 7 vers tel autre en 2 x 7 vers un sonnet raccourci 13 vers plusieurs sonnets prolong s 16 vers voire 21 Les diverses pr sentations typographiques en bloc ou en 1 2 3 4 parties ou plus et les tr s nombreuses formes d indentation des vers accroissent cette vari t Un e e cummings a su en jouer Enfin ces sonnets dont les sch mas de rimes sont plus souples que ceux des sonnets fran ais laissent la place des formes modernes savoir des sonnets en vers plus ou moins libres Illustrant le genre du sonnet sur le sonnet l exemple passable ment alcoolis de Daniel Gutstein What Can Disappear vaut le d tour La
82. chromosome de l assassin Mladic et Karadzic les deux font la paire Cuba le talc Morange sur les fesses de b b Sextants les forts Vauban et la f e Carabosse La Belle Province immens ment Styrax nom de l aliboufier Aliboufier styrax officinal Le quoc ngu pataro l Artois un coupe gorge J junum premier segment du j juno ilion rien voir avec l aliboufier Un th dansant les incendies pal olithiques Ils ont tu Douda ev le pou de soie Le nestorianisme la lev e d crou Une paix royale les oies seront bien gard es Suivez le b uf tapons le b uf un nerf de b uf la vache folle Tout juste avant la mort tout juste apr s l horreur Le bibendum Michelin les mots ces sarcophages La bo te noire pied au plancher Syphon logodiarrh e et logosyphonn Bisons am ricains requin blanc et rue Dieu Palyvestre un pastiche la guerre de Crim e No l au tison pape au balcon Les jardins d enfants les fermes sous marines Norbert Dentressangle Robert Hue Les vacances la neige une soupe la grimace En fait j aime pas beaucoup les animaux Windsmith la M jane et la Vaticane Bambi les vahin s et les hommes du rang Le lin aire A le lin aire B Je ne veux pas toucher le cadavre Le cuistre le goujat l affieux le gougnafier Toubon Jupp Hollande mon cul c est du poulet Dans Brouage en Saintonge je vois verte prairie Je vois du vert humide vache beurre et
83. comportant deux c t s gauches et pas de c t droit le ruban des boites de Madame Hourcade tant t gris tant t noir ou la gaze noire entourant le poignet tant t droit tant t gauche de Madame Altamont et autres er reurs dont j avais autrefois montr l importance du moins pour certai nes d entre elles Restait l Index Comme vous l avez vous m me constat celui de H1 et de PI c est le m me comporte de tr s nombreuses coquilles orthographe fautive par rapport au Robert des noms propres erreurs typo graphiques dans l emploi des capitales et des bas de casse du romain et de l italique erreur de classement alphab tique oubli de plusieurs noms pro pres sans parler des erreurs de pages voire m me de chapitre Pour autant que je puisse en d cider je ne crois pas qu en rectifiant l index sur ces point j ai fait dispara tre des dispositifs signifiants Je sais bien qu avec Perec il ne faut jamais jurer de rien mais enfin absolument rien dans les avant textes ne permet d affirmer que l index ait par exemple ob i un r glage du nombre de ses items le cahier r pertoire manuscrit intitul in dex est tr s incomplet et ne porte en tout cas aucune trace d une con trainte autre que vaguement alphab tique En revanche il tait clair que pour Perec il l a souvent r p t l index tait un outil pour une lecture non lin aire une fa on commode de pr voir bien avant que
84. corps vivant il est soumis des volutions organiques qui se manifestent en termes d usures disparitions chauffements calcifications vieillissements ou rajeunissements exog nes Voici donc une po sie ab m e une marqueterie du chaos balafr e de grands clats de rire O va t on texte comique d sacralisation d fon c e de la langue d tournement d nergies compost d un fourmillement de donn es mises en circuit dans un processus d acc l ration exponentielle et autog n r e sorte de maquette de l id ologie capitaliste du circulatoire et du connect Mais il est temps de quitter ce mode d emploi tr s imparfait et il faut d sormais aller au flux du texte se laisser ensevelir glisser tomber s aban donner au roulis de la travers e au brinquebal de la noyade se livrer ce torrent verbal en prouver la litanie la frappe les timbres les accords les tremblements et les pliss s lesquels parlent de tout ce qui revient ne rien dire comme une langue qui ne tiendrait pas parole tiss e dans un travail rudimentaire de navettes qu agite un mouvement perp tuel progression cadenc e des m caniques coul e vers rien marche sans fin vers o l on va 178 Jean Michel Espitallier O va t on Un salon de coiffure une bonne paire de gifles Acheter chat en poche de la Action la r alit Le Beth din un sonnet la lunette des toilettes Les coussins d air forcent l admirati
85. d Alexandre Dumas plagiaire Il na t en plagiant Victor Hugo ce si cle avait deux ans etc plagiat par simultan it Il ne plagie qu moiti Rapha l Confiant en n tant qu demi cr ole Il ne plagie qu moiti Racine en devenant orphelin de p re seulement l ge de trois ans Il plagie Flora Tristan apprenant lire presque tout seul Autre plagiat en tat de simultan it ici approximative A l ge de onze ans il commet son premier par anticipation et entier en quittant accompagn de sa m re sa ville natale pour viter d tre pris par les arm es ennemies Il est clair qu il plagie ainsi ce que devait faire au m me ge Raymond Queneau un si cle plus tard presque exactement Il retombe ensuite dans le plagiat simultan en obtenant son premier ga gne pain d un emploi chez un notaire comme Balzac et la m me poque Mais il revient vite et fort brillamment au plagiat par anticipation pla giant Jacques Bens qui vers ses vingt ans monte de sa province Paris puis plagiant Jacques Jouet en d cidant de se tourner vers le th tre pour devenir rapidement riche et c l bre partir de cette poque et presque jusqu la fin de sa vie il se livre une s rie de plagiats par anticipation qui fusent comme feux d artifice plagiant Fran ois Caradec ses d buts en produisant des crits qui sont sign s par d autres que lui plagiant Marcel B nabou par son go
86. d abord probablement le choix du plaisir de la fiction un plaisir d ailleurs partag par l auteur et le lecteur envie d crire des livres qui se d vorent plat ventre sur son lit De ce point de vue la compr hension du romanesque comme d signant les moments privil gi s de la di g se en ce qui concerne les v nements racont s comme les af fects des personnages et du lecteur para t cruciale Le romanesque pro pose en effet la lecture un exc s de la narration qui r alise dans un cadre mim tique global une transfiguration du r el On comprend par l la fois le plaisir cognitif de la fiction romanesque li aussi bien sur le plan thique la ma trise du r el rendue possible par la mod lisation qu elle constitue qu au d collement de ce m me r el permis par l exc s du r cit et les r ti cences attach es la cat gorie du romanesque le romanesque en somme ressemblerait beaucoup trop du point de vue au r ve veill Je crois cependant que formuler une r ponse en termes de plaisir fictionnel ne suffit pas ne serait ce que parce que la cat gorie en cause la fiction est beaucoup trop g n rale pour tre pr cis ment pertinente Je me fonderai alors sur une hypoth se propos e par Northrop Frye qui lie le recours au romanesque ce qu il appelle les phases de transition de l histoire litt raire o s labore le passage d un paradigme un autre
87. d abord en anglais en 1993 puis en 1994 dans sa version fran aise Geor ges Perec une vie dans les mots marque un autre tournant Dans la pers pective qui nous occupe ce n est pas tant parce qu elle relance le d bat sur l int r t de l approche biographique l exactitude de certains v nements ou l interpr tation qui en est donn e ce qu elle ne manque pas de faire C est plut t qu elle contribue creuser le foss temporel qui s pare Perec de ses lecteurs ou plut t accentue la conscience qu ils peuvent en avoir dans les ann es 1990 Perec bascule dans l histoire Le sentiment du temps qui passe se traduit diversement D abord par un souci documentaire collecte recherche voire publication de documents pars de nom breux amis et collaborateurs de Perec d posent une copie de leurs archives personnelles la Biblioth que de l Arsenal Jacques Lederer publie sa cor respondance avec Georges Perec entre 1956 et 1961 Cher tr s cher admirable et charmant ami Flammarion 1997 Bellos retrouve la trace du manuscrit de W qu il pr sente au colloque Perec et l Histoire et Bertelli et moi m me entreprenons de r unir et d annoter les conf rences de Perec et les entretiens parus dans la presse rudition Roland Brasseur r dige des notes l usage des g n ra tions oublieuses permettant d acc der l univers culturel auquel se ratta che Je me souviens
88. d emploi dans Meta vol 38 n 3 1993 les contributions de Sarah Greaves et John Lee dans le dossier La plausibilit d une traduction le cas de la Disparition de Perec dans Palimpsestes n 12 Presses de la Sorbonne Nouvelle 2000 Mi reille Ribi re La Disparition Avoid deux temps deux histoires dam Perec et l histoire 2000 et les travaux d Herm s Salceda pr sent s au colloque L criture contraintes dir Claudette Oriol Boyer Grenoble 2000 7 Je renvoie ici aux d clarations de Perec 1 Si je tente de d finir ce que j ai cherch faire depuis que j ai commenc crire la premi re id e qui me vient l esprit est que je nai jamais crit deux livres semblables que je n ai jamais eu envie de r p ter dans un livre une formule un syst me ou une mani re labor s dans un livre pr c dent Notes sur ce que je cherche dans Georges Perec Penser Classer Hachette 1985 En 1997 W ou le souvenir d enfance figurera au programme de la question L humain et l inhumain des classes pr paratoires aux grandes coles scienti fiques et ce titre fera l objet de deux synth ses remarquables l une sign e Andr e Chauvin l autre Anne Roche Les curieux pourront se reporter l article d ric Beaumatin paru dans Le Cabinet d amateur n 3 1994 Bianca Lamblin La biographie de Georges Perec par David Bellos lecture critique Le jardin d essai
89. dans les prions ou vice versa Est toute en motion La r ponse est dans la question Les idiots l ont c ur La perdant l otarie devient une tare invers Est retourn e chez DROIN devinez qui a sign cette d finition Miss Informatique Voyelles sans eau Un lion sans aile ni haine a fait une vache Vache d enlever Scipion essai pays et aine Ni folle ni gu pe Alla de m le en pis Bovine combine Dure droite et elle est sal e A d dire quel mufle 1 Finalement c est elle qui eut les cornes On la voit venir avec ses gros sabots Si elle avait anglaise elle aurait t folle Quand la droiture fait bon m nage avec la rondeur Adul e pour Zeus Ainsi H ra fit lure taire Argus l eut l il mais lequel Cette pr tresse d Hera aurait pu tre une vierge folle par les temps qui courent Cette taure eut tort d tre aim e d un Thor grec Dame pis pis H ra aurait aim lui tailler une bavette La taure au macho Marguerite ancienne Nymphe sabot e Par cent projet de Perec Par H ra tard elle erra taure Quand H ra pratique l use ure Sacr e vache Sans elles les nouilles deviennent nulles quand on les retourne Si femme si vache Une vacherie de Zeus H ra Voyagea en limousine Voyelles vachement connues et cornues Zeus aima son corps nu H ra la pr f ra comue D aimable en pis Elle erra au fil du taon Fille du Fleuve ell
90. de quenine sur trois mots rimes 123 312 231 est propice l expression d une breve rumination m ditative Humour absurde et cruaut la pimentent comme cette description paradoxale la Lichtenberg des bancs sans lattes aux quels manquaient les pieds Nous recommandons tous les promeneurs ces bancs peints en vers A C Pierre Lartigue La forge subtile Le temps qu il fait 2000 120p Ce nouveau recueil est divis en sonnets sextines et chansons On en d tachera un sonnet longues enjamb es sur Linn une sextine qui m lange divers ingr dients culinaires Daube une autre qui reprend les rimes et le titre de la sextine matricielle de Zukofskv Mante et une 260 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES quatorzine d di e une petite boulang re publi fans Formules n 4 Par chanson il d signe un po me en vers m l s octosyllabiques et birimes Cette forme reprise d apr s l auteur de la po sie espagnole ancienne l est aussi des troubadours et de La rose et le r s da ce po me d Aragon dont on oublie trop que c est un virelai Il en consacre une Robert Desnos Leurs rimes chantantes bercent le lecteur Le recueil se termine sur la Fabrica tion d un sonnet par un des beaux inconnus de la po sie baroque Louis Gallaup de Chasteuil 159S avec le commentaire ou plut t la r verie du son d couvreur On retrouve ce qu on aime dans les vers ou la prose de
91. de Perec est largement 17 DOSSIER tributaire des travaux de Jean Ricardou sur le texte et de la d finition qu il en propose alors Voir par exemple Texte amp Antitexte Colloque organis l universit de Nice en novembre 1985 o nous sommes plusieurs puiser nos exemples chez Perec 4 En dialogue avec l poque Patrice Fardeau s entretient avec Georges Pe rec dans France Nouvelle 16 avril 1979 repris dans Georges Perec entre tiens conf rences et autres propos para tre l automne 2002 Je rappelle que contrairement au fonds documentaire de l Association Geor ges Perec qui est en acc s libre durant les permanences de la dite association Biblioth que de l Arsenal 1 rue de Sully 75004 Paris les documents et manus crits rassembl s la mort de Georges Perec font partie du fonds priv qui appar tient ses h ritiers Ce fonds priv est consultable l Arsenal sur demande et avec l autorisation des ayant droits Voir entre autres Eugen Helml Traduire la Vie Mode d Emploi dans Litt ratures n 7 1983 Marc Parayre Traduire la contrainte dans Formu les n 2 1988 89 David Bellos Appropriation imitation traduction R flexions propos de la version anglaise de la Vie mode d emploi de Georges Perec dans TransLitt rature n 4 1992 Bernard Magn De l exhibitionnisme dans la traduction propos de la traduction anglaise de La Vie mode
92. de classe d un grand oui de bonheur Tous adorent cette trange ma tresse avec qui ils rigolent et comprennent tout Ses m thodes n ont rien de traditionnel elle ne les oblige jamais quoi que ce soit et change ses cours selon les circonstances Un des enfants a gliss et s est corch sur le gravier La classe sur le champ pr pare un quatre quarts pour l en consoler Et c est ainsi que constamment on s amuse qu on joue aux dames qu on fait des cr pes Suzette et des courses en sac qu on jardine qu on plante des arbres qu on cire les bureaux qu on fabrique des jouets en papier journal tandis que L poursuit ses le ons raconte histoires sur histoires parle successivement des horlogeries de la Chaux de Fonds de la cath drale de Cologne du mus e du Louvre ou de la c l bre pisto li re Madame de S vign qu elle sollicite bon sens et m moire soumet des nigmes combien y a t il d heures dans une semaine en combien d an 158 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES n es la terre tourne t elle autour du soleil o est la capitale de la C te d ivoire que veut dire l expression mener sa barque Les coliers contents de ne jamais tre laiss s tranquilles se rassemblent autour d elle se pendent ses manches chacun cherchant r pondre le premier Voil pourquoi tous finissent par aimer l cole tous y compris les laborieux les farouches et les nuis en th me
93. de femme a rienne et m lancolique et lair qu elle chantait sembla si familier Loorens qu il se mit couter attentivement la musique et les paroles et fut peine surpris de reconna tre la pastourelle d Adrian Villart Quand la douce saison fine Que le fel yver revient Que flors etfuelle d clin Que ces oiselez ne tient De chanter en bois n en broil En chantant si com je soil Toz seus mon chemin erroie ch LXXVII p 444 51 DOSSIER La voix c est celle d Ursula von Littau Deux noms sont ici trange ment familiers celui du compositeur voque sans conteste Villard de Lans lieu de l exil protecteur mais lieu de la s paration d avec la m re aussi dont le pr nom Cyrla r sonne quoi qu on en ait dans celui de la captive Noms rep res et repaires autobiographiques les noms sont chez Perec d essence proustienne autant de lieux de la r miniscence Et des passeurs ici qui m nent le lecteur vers d autres territoires plus secrets derri re le roman d Ursula prussienne d tenue par les Barbaresques en terre trang re et rencontr e sur un air de Villart un peu de l histoire de Cyrla d port e par les Nazis sur sa terre natale l absente de Villard Peut tre La pastourelle je le rappelle est d finie par son th me celui de la rencon tre amoureuse sa place elle pr side la rencontre de Loorens et d Ursula Ce doublement malicieux d un topos romanesque appara
94. de la liste qu il avait expriment dans Les Choses et qu il pratiquait par ailleurs quotidiennement dans son m tier de documentaliste Mais il est int ressant de voir qu un des avant texte voque une dis position tr s proche de celle de son pr d cesseur telle qu elle est repro duite dans l album Portrait s de Georges Perec sous la direction de Paulette Perec Biblioth que nationale de France 2001 p 71 la page 12 du tapus crit d pos la biblioth que de l Arsenal pr sente des mentions manuscri tes ajout es en marge de divers lieux du texte Ce sont les figures au sens large que ces lieux illustrent homeoteleute abr viation chara bia africanisme labdacisme etc On peut penser qu il s agit d annota tions en vue de faciliter le renvoi de chaque item de l index aux pages correspondantes Ces mentions seraient l indication de la contrainte d cri ture employ e plut t que le placage a posteriori d une simple con trainte de lecture Un lecteur qui se contenterait de sa seule subjectivit et de ses seules connaissances pour rep rer les correspondances entre les figures et leurs exemples sans prendre en compte les intentions de l auteur telles qu on peut les d duire ici de ses propres mises en correspondance risquerait fort de commettre des approximations voire des erreurs et se priverait d un gain appr ciable dans la compr hension du texte Nous
95. de ma grand m re et quelques panneaux peints je dois trouver une autre id e pour des livres moins rares Alors il rempla a le bois par du carton pais et les empreintes sur tissu par une empreinte sur papier la page tait en sus Il y eut donc huit pages Le dessin obtenu tait rond color Qu est ce que c est Je regardais le rond je l aimais moiti Qu est ce que c est d o vient il Pai me dit il utilis une bo te de camembert J tais presque choqu e Ce qui compte me dit il c est l id e de structure Je connaissais mal la peinture revenant d un pays et m me d un continent o la sculpture et la peinture n avaient de sens que rituelles Mais je lisais beaucoup allant venant entre province et capitale fouillant trou vant dou e d accueil d attente J avais connu des livres qui r pondait cette id e de la structure J avais aim qu on pratiqu t le jeu de go et du po me Et pr sent je comprenais gr ce Gaston l int r t d une forme invent e qui s appliquait mon po me Elle ne signifiait rien et avait de l humour m me si mon po me en vers compt s mais non rim s tait tragique la structure a souvent de l humour Ce qui permet de regarda ce qu on fabrique avec d tachement avec rigueur Mais qu est ce que tu fabriques J cris voyons j cris je compte aussi je multiplie 7 par 8 56 164 Michelle Grangaud Vie br ve
96. de transport et n utilise que Paller Il s agit plus d un cahier des charges que d une con trainte mais l effort de se d marquer du cahier des charges b b te type de l dition jeunesse vocabulaire r duit situations faciles peu de per sonnages etc valait un coup de chapeau On pourra donc lire ou faire lire ses adolescents bien aim s une bonne douzaine de titres parmi lesquels Rolande Causse Martin de Marseille Martin d couvre que son p re n est pas celui avec lequel il vit et courageusement part seul dans le Midi rechercher l inconnu qui est sans doute son g niteur Kochka la fille aux cheveux courts Un adolescent dans Beyrouth en guerre d couvre le journal intime de la fille de ses voisins et d cide de la rejoindre Paris o sa famille s est r fugi e Jean Philippe Arrou Vignod L o des villes L o des champs Un jeune gar on cartel entre des parents s par s ne grandit plus Une grand m re attentive va tenter de le remettre sur pieds Cet ouvrage a re u deux prix pour ses qualit s litt raires 245 ESSAIS Passons aux un peu plus jeunes ou leurs parents Une collection chez Actes Sud junior pr sente de grands albums tr s bien illustr s qui ont des contraintes graphiques int ressantes les grands livres On y trouve des r ditions de textes c l bres mais aussi des cr ations originales parmi lesquelles Patrick Bertrand Ours qui se
97. deux distiques de sens parall les dont la version encha n e est exceptionnelle et bien d autres choses positives Mais nous avons le devoir de r parer une injustice cet auteur a omis dans sa bibliographie deux livres non moins importants que le sien et parus tous deux en 1998 Le premier a pourtant t publi dans la m me collection que son livre c est celui de Jacques Jouet chelle et papillons Le pantoum Les Belles Lettres 1998 Le po te oulipien a donn ici la premi re monogra phie sur le pantoum o n tait pas ignor e l origine exog ne de cette forme m me si son propos tait de pr senter le genre fran ais Un second livre est paru la m me ann e de G rard Voisset Histoire du genre pantoun Malaisie Francophonie Universalie Lettres asiati ques Malaisie L Harmattan 1997 338 p Son choix d exemples fran ais et europ ens conduit en toute ind pendance recoupe celui de Jouet et sa pr sentation est tr s honorable Mais la suite d tiemble il survalorise la forme exotique au d pens de la forme fran aise au nom d un multiculturalisme primaire qui carte illogiquement sa culture d origine C est comme si le sonetto devait rester italien et m me sicilien et qu on devait juger comme moins authentiques les autres sonnets fran ais anglais espa gnols etc Cet auteur a d ailleurs publi des traductions de pantouns malais Orph e La Diff rence 1
98. dit Philippe Lejeune La M moire et l oblique P O L 1991 p 92 138 Georges Perec Quel petit v lo guidon chrom au fond de la cour Deno l 1966 p 75 Bernard Magn Les sutures dans W ou le souvenir d enfance Cahiers Georges Perec n 2 Textuel 34 44 1988 universit Paris 7 p 39 55 5 Sur cette question capitale voir Bernard Magn Georges Perec Nathan Universit coll 128 1999 Encyclopcedia universalis art Parano a 7 C est ce que j appelle le syndrome Bouvard et P cuchet Ils lurent d abord Walter Scott Ce fut comme la surprise d un monde nouveau Les hommes du pass qui n taient pour eux que des fant mes ou des noms devinrent des tre vivants Sans conna tre les mod les ils trou vaient ces peintures ressemblantes et l illusion tait compl te Gustave Flaubert Bouvard et P cuchet d but du chapitre V J cris je trace des mots sur une page Avant il n y avait rien ou presque rien apr s il n y a pas grand chose quelques signes mais qui suffisent pour qu il y ait un haut et un bas un commencement et une fin une droite et une gauche un recto et un verso Esp ces d espaces Gali l e 1974 p 17 18 C est moi qui souligne et on verra pourquoi tout l heure C est donc l criture qui par sa mat rialit rend l espace rep ra ble en fait quelque chose de fondamentalement oppos l espace indiff
99. dominante th orique tant au plan des th mes que de la m thode de ce num ro qui fera date A C Jean Paul Thaulez La th orie du pitre Editions de la Syllepse 2001 Oulipiens ou pataphysiciens ces aphorismes et autres phrases jeta bles rel vent parfois du non sens parfois du sens commun Ils puisent bon nombre de figures de style parfois bien cach es et privil gie la po sie On peut tout dire dans un livre crit l encre sympathique y compris Sous un ciel bleu volait une Estelle ou Les mains dans les po ches les poches sous les yeux les yeux loin du c ur le c ur sur la main Dans la ligne de la tradition belge de Daily Bul A Z Jean Jacques Thomas et Steven Winspur Poeticized Language The Foundations of Contemporary French Poetry University Park The Pennsylvania State University Press 1999 Le projet th orique et critique de Jean Jacques Thomas et Steven Winspur est clairement formul par le titre de leur livre il s agit contre les 275 CRITIQUES th ories de l cart po tique d velopp es notamment par Jean Cohen dans Structure du langage po tique Flammarion 1966 de proposer une approche dynamique de la po sie fran aise contemporaine en montrant qu elle est le lieu d une po tisation de la langue qui rench rit sur la po tisation g n rale de la langue litt raire d apr s 1870 A partir de ces pr misses mallarm ennes Le vers est partout d
100. double probl me d une exhi bition strophique affranchie des outils de l isom trie ou de la r currence phonique et de la tension syntaxe strophe dans un discours sonnettistique qui peine se renouveler malgr ou cause de l effacement apparent de sa dynamique aigumentative interne R gis Gayraud pp 81 92 lhazd et le sonnet Ilia Zdanevitch 1894 1975 pr sente une uvre marqu e dans sa seconde p riode par le souci d exploration syst matique des possibles formels offerts par le son net en apparente contradiction avec ses premi res assomptions et profes gt sions de foi futuristes dans la mouvance zaum qui fut le contexte de sa jeunesse une analyse formelle patiente aide au contraire R Gayraud confirmer lhypoth se d homog n it de constance et de coh rence qu il d veloppe pour comprendre l uvre d Iliazd sur le long terme C est no tamment ce qu illustre ici contre tous les a priori groupaux g n rationnels ou de p riodisation l examen d une couronne de 76 sonnets intitul e Afet con ue durant son passage par une p riode touriste partir de 1913 Jean Claude Lanne pp 93 105 Le long po me narratif dans la po sie russe moderne Sur la base du po ma un genre lt pico narratifi gt qui remonte La Petmde de Kantemir crit en 1730 publi en 1762 et dont on suit les avatars jusque chez Kibirov aujourd hui l acm iste Anna Akhm
101. e Dodeurs Et De Vibrations Le 139 DOSSIER Reste Vient Du Silence Et De Ce Que Jy Place Dobscur Qui Sest Pos Alentours De Ma Boite Et Bien I Me Faut De La Patience Pour Ne Plus Penser Et Me Laisser Emporter Une Mouche S est Pos e Sur Ma Main Je Sens Qu elle Ecrit En Tout Petit Sur Mon Bras Mais Je N y comprends Rien Parce Quelle Ecrit Trop Vite Et Trop Tout Petit Alors J ai claqu Lautre Main Sur Mon Avantbras Mais Une Fois que La Br lure S est Cal m e La Mouche tait Pas Dedans Donc Je Lai Rat e Schl ss Werneck 27 ao t 1911 Nous Sommes Le Vingt Sept Ao t Mille Neuf Cent Onze Deux Jours Avant Le 29 Ao t Mais a Ne Change Rien De Ceux Qui N entendent Pas Faudrait Leur Arracher La T te A ceux Qui Nentendent pas A crit Par Points Le Doigts De Rudolph Goesch De Schw ring Sur Le Bord De Mon Bras Le M me doigts Avec Lequerl IL Me Lave Entre Les Cuisses Mais Je Naurais Pas D niant Par L G Pass Une Partie D La Journ e Sur La Terrasse De Lendroit O On Ma Mise Assise On Ma Assise Dehors Sur Une Chaise Mais Avec Des Accou doirs Qui Me Font Mal Aux Coudes Et Aux Avantbras Lorsque Je Pousse Sur Les Accoudoirs Avec Les Coudes Ehbien a Senfonce Dans Ma Viande Que G Jolie Dit Rudolph Goesch De Schw ring Gr ce
102. e un atelier laboratoire exploration in vitro des potentialit s et des carences du langage exp riences grammaticales syntaxiques rh to riques jeux sur les paradigmes les poncifs la m trique les paratextes la typographie les idiomes les niveaux de langues greffes et hybri dations banc d essai cryptages divers n ologismes calembours et contrep teries nonc s performatifs etc e nn moulin recycler les chutes et les d bris de mes autres crits scories bauches croquis embryons de r flexions ou d art po ti que choses vues margeries etc ou de mes lectures citations pastiches parodies hommages d tournements etc un d potoir mots rejet s d autres travaux figures fr quences faibles formules fautives trivialit s etc e un conservatoire bribes diverses saisies au vol objets perdus ou en voie de disparition archa smes r f rences des v nements personnages faits linguistiques oubli s etc expos s comme des pi ces uniques d rang es de leur repos forc remis au monde ren dus leur force primitive e un mus e personnel formules ou mots f tiches je me souviens clins d il autobiographiques collections priv es etc 176 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES e une machine interactive questionnaires invitations du lecteur intervenir sur le texte etc un m mento e une trieuse e un astrolabe f gt etc
103. en avons fait l ex p rience l examen de cette seule page Derni res remarques comparatives le texte de Marmontel est cons truit selon une finalit p dagogique de condens et d aide m moire alors que celui de Perec est crit selon une vis e litt raire esth tique Il manque enfin au texte de Marmontel tout ce qui fait le prix de celui de Perec pour le lecteur d aujourd hui non seulement son humour intrins que mais la dis tance ironique qu il a mise dans l cart entre les figures nomm es et les exemples qu il donne Pourtant le texte de Marmontel est galement crit dans un registre familier mais au lieu d tre un r cit la premi re personne du pluriel ou du singulier c est une tirade comme extraite d une sc ne entre deux protagonistes Pour ce faire cet crivain avait mobilis un de ses talents encore plus oubli que celui de critique celui d auteur de pi ces de th tre et d op ra comiques Alain Chevrier Notes l Nous ne sommes pas all s consulter ce document ni le travail de Laurent Thyssen Strat gie de textualisation du paratexte 1985 qui est de toute fa on ant rieur son d p t On peut voir comme un jeu litt raire d riv de cette contrainte 1 exercice oulipien que Gilles Esposito Far se propose sur son site internet http www cpt univ mrs fr gef oulipogef html choisir au hasard quatre ou cinq figures de rh torique dans une list
104. en signe Si nous r dui sons pour simplifier la typologie des signes la triade de Pierce ce petit cercle pourra tre interpr t selon plusieurs syst mes s miotiques diff rents devenant alors soit un indice soit un symbole soit un ic ne 1 Il pourra devenir un indice renvoyant par exemple dans une expertise poli ci re tel caract re o de telle machine crire en particulier 2 Il pourra devenir un symbole par exemple s il se trouve associ des lettres ou de chiffres et cela au moins selon deux modalit s il sera soit un sym bole alphab tique la lettre o soit un symbole id ogrammatique le chiffre z ro 3 Il pourra finalement devenir galement un ic ne servant par exemple dans un calendrier signifier la pleine lune Or IT existe des textes dont la globalit peut tre per ue comme un signe Ce ph nom ne constitue ce que j ai appel ailleurs des formes holotextuelles et des signes holotextuels Une forme est holotextuelle lorsqu elle s tend toute une cat gorie d unit s composant la mat rialit globale d un texte comme par exemple l acrostiche et la rime qui occupent syst matiquement le d but et la fin des vers Bien entendu une forme holotextuelle pourra s tendre v ritable ment tout le texte toutes les unit s constitutives du texte comme par exemple l image dessin e par l ensemble du po me dans les Calligrammes d Apollinaire
105. essentiel il faut suivre la le on mat ria liste dont j ai parl propos de la premi re s rie de variantes Il faut regarder la diff rence des signifiants Question Qu est ce que l on fait en fra ant le mot selles et que l on ne fait pas en tra ant le mot pot R ponse Un palindrome c est dire un mot dont les lettres peuvent se lire indiff remment de gauche droite et de droite gauche en conservant le m me sens Question Et alors R ponse Alors si le dernier mot de ce second souvenir d enfance peut se litt de droite gauche il permet de rattacher formellement et ind pendamment de son contenu ce second souvenir au premier qui voque un caract re encore une histoire de lettre h bra que d chiffr dans des journaux yiddish donc des journaux qui se lisent de droite gauche Gr ce la variante la jud it explicite du premier souvenir d enfance journaux yiddish lettre h bra que se trouve reli e la jud it im plicite du second rendue manifeste par l examen attentif du signifiant gra 24 PEREC VINGT ANS APRES phique c est cela seulement qui se trouve dans les mots que je trace Et c est cette relation que j appelle une texture c est dire quelque chose qui fait qu un crit devient texte il n y a plus ici simple succession de deux souvenirs mais v ritable tissage de l un avec l autre par une op ration qui ne
106. et une attitude m talinguistique p 147 La di mension po tique du langage roussellien se rep re par exemple en consid rant comment l absence de dialogues et de communication langagi re dans la fiction indique nettement que ici le moteur linguistique est le langage lui m me p 151 On croit retrouver un cho de Michel Foucault dont l tude sur Roussel a t r dit e en Folio en 1992 avec une pr sen tation de Pierre Macherey quand l auteur en arrive en conclusion bra quer le regard sur le vide central autour duquel se produisent les d ploie ments infinis du texte S appuyant entre autres sur Michel Charles et Nelson Goodman Christelle Reggiani combine dans un article tr s riche en perspectives une approche th orique et une r valuation de l histoire litt raire Roussel entre deux si cles ce principe se retrouve aussi dans la pr sence simultan e de deux id ologies oppos es l une l autre concernant le statut du livre celle qui consid re le livre comme objet sacr intouchable et celle qui en tant qu orientation rh torique ouvre sur une infinie mall abilit du texte On peut discuter sur la place o se trouve Roussel et qui diff re sans doute suivant les ann es et le type de textes mais on voit nettement comment il permet de poser ces questions sur le statut culturel et social de l crit hier et surtout aujourd hui Une comparaison avec les pratiques d
107. flexion g n rale sur la contrainte a su ne pas s parer les perspectives de l criture et de la lecture en t moignent les communications des organisateurs comme celles de David Bellos Peter Consenstein Marc Lapprand Marc Parayre Jean Ricardou ce lien tant aussi fortement maintenu par les r flexions dont le champ d investigation tait plus pr cis ment sp cifi qu il s agisse de l nigme Raffaele Aragona du pastiche Daniel Bilous des uvres multim dia interactives Philippe Boots de la rime Alain Chevrier des hypertextes Jean Cl ment de la couleur Sjef Houppermans des contes Chantal Robillard de la traduc tion des textes contraints Hermes Salceda de la place des math matiques dans la pratique oulipienne de la contrainte Uwe Schleypen 281 CRITIQUES La vari t et l ampleur caract risaient tout autant le corpus tudi qui englobait aussi bien les crits des fous litt raires Paolo Albani que ceux d auteurs fran ais des deux derniers si cles St phane Mallarm Daniel Bilous Marcel Proust Sjef Houppermans Raymond Roussel Hermes Salceda Georges Perec C cile de Bary Christelle Reggiani Mireille Ribi re Michel Butor J sus Camarero Arribas Jacques Roubaud Peter Consenstein Marc Lapprand Uwe Schleypen Michelle Grangaud Peter Consenstein Jacques Jouet Marc Lapprand et surtout franchissait largement les fronti res nationales les critures et
108. gation et retour des figures de la jud it au sein m me de l instance refoulante autrement dit avec la double allusion C line Perec op re par le biais oblig du d placement et de la condensa tion la mise en texte concert e d un retour de l indestructible refoul et inscrit dans un m me temps la demande inaugurale d une lecture symptomale de son texte Ce n est pas rien mais ce n est pas tout Il nous faut ici encore faire un d tour Dans le chapitre XI de La Vie mode d emploi oui le chapitre onze est ins r e une impli citation contrainte de Queneau extraite de ce passage du Chiendent dans lequel je souligne les fragments emprunt s par Perec L EPUJCHEUR DE POMMES DE TERRE par exception ne faisait pas recette La foule tait moins dense que de coutume ce qui permit tienne sortant de sa banque de voir enfin l appareil et la mani re de s en servir Ce n tait d ailleurs pas la seule merveille que l on vendit dans cette baraque on y proposait galement l avidit des esprits pratiques UN FOUET A MAYONNAISE AVEC UN PEUT ENTONNOIR LAISSANT TOMBER L HUILE GOUTTE A GOUTTE UN INSTRUMENT POUR COUPER LES UFS DURS EN TRAN CHES MINCES UN AUTRE POUR FAIRE DES COQUILLES DE BEURRE et enfin UNE SORTE DE VILEBREQUIN HORRIBLEMENT COMPLIQUE dont le d monstrateur ne daignait pas expli quer l usage et QUI N ETAIT SANS DOUTE QU UN TIRE BOUCHON PERFECTIONNE C est du moins ce qu
109. gazon fra chement coup je sens l t Framboise ton visage la hanche blonde 2 Modalit s et sophistication de la r gularit les sch mas de strophes Non content de se fonder sur l option g n rale et non transgressable de l impair ce syst me r v le selon les po mes diff rents niveaux de sophistication dont les types sont d taill s ci dessous Les 168 po mes r guliers se classent en 3 cat gories a les po mes monom triques b les po mes structure strophique polym trique stable e les po mes struc ture polym trique soumise modification ou variation b modifi a Il y a 12 po mes monom triques fond s sur les m tres 3 7 ou 15 un exemple p 17 5 strophes de 3 7s 5 7 7 7 tant donn qu il y a discordance le d coupage en strophes monom triques est purement arbitraire ne correspond pas avec des fins de phrases mais a pour raison d tre de respecter la deuxi me r gle de base Autres exemples de configu rations 5 3 3 3 p 152 5 15 15 15 15 15 p 171 3 7 7 7 7 7 7 7 pp 121 159 160 9 3 3333333 3 p 136 Deux po mes n ont qu une strophe pp 37 et 232 Enfin la disposition en lignes et strophes des 58 3s des pages 164 165 est tout fait particuli re b 23 po mes polym triques sont fond s sur une configuration strophique fixe r p t e de fa on immuable un nombre impair de fois pp 16 19 22 23 35 39 40 41 42
110. il avait feuillet e et dont il avait retenu ce wil croyait tre des pitaphes pour ses camarades tomb s sur la route de ferlin et qui taient en fait des vers voquant 1 adieu et la bonne nuit I figurant dans Paroles de Pr vert et dans les pithalames de Perec parus espectivement en 1946 et 1982 Piqu au vif par ce nouveau pillage de lentier Gorliouk apr s une relecture du Voyage d hiver effectue un p le inage Leipzig et Weimar il d couvre qu avant Schubert et ses lieder Gute Nacht Mozart dans La Fl te enchant e et le grand Bach dans sa antate Ich habe genug BWV 82 ont tir leur Gute Nacht d un recueil ntitul Htmerreisen welthche KantatejmbU en 1 716 par un Ugo Wemier tseudonyme d un jeune typographe polonais et musicien dou dont le vrai tom tait Peretz Le tr s important recueil dont le titre peut se traduire par Voyage en arri re cantates profanes est un plagiat par anticipation de la gt lupart des grandes uvres musicales allemandes de Bach qui l avoua sur on lit de mort Beethoven et Wagner 16 PEREC VINGT ANS APRES Le voyage d Hoover Ilan Monk BO n 110 septembre 1999 Le 10 juin 1999 John Scale professeur de fran ais l universit de Londres d couvre par hasard Perec son Voyage d hiver et les gloses qui suivirent de la part de Roubaud Le Tellier et Jouet Par un concours de circonstances heureux il a connaissance des travaux d un de ses onc
111. l vision A l inverse la multiplication des bibelots des images et des collections correspond des passions du si cle pr c dant celui de Perec Sur le plan th matique cependant l essentiel est le choix d un im meuble construit la fin des ann es 1880 La Vie mode d emploi se place ainsi dans la lign e de Pot Bouille Plus tardif le 11 rue Simon Crubellier est plus haut de deux tages mais les deux immeubles partagent la fa ade en pierre de taille et les balcons de fer forg caract ristiques du style haussmannien Les deux constructions ont pour but l investissement loca tif les deux propri taires se sont r serv s quelques appartements pour se loger ainsi que leurs enfants 70 PEREC VINGT ANS APRES Consacr s des espaces homologues les deux livres r percutent les m mes questions d tiquette Ainsi du tapis de l escalier qui d tage en tage se d grade selon les conventions de la respectabilit bourgeoise Evidemment on peut lire dans La Vie mode d emploi le reflet des volu tions op r es depuis le XIX si cle Les tages ne sont plus compt s partir de l entresol mais du rez de chauss e Surtout on passe de la forte coh sion d une morale de fa ade dont les impossibles et les incoh rences se trouvent refoul s repouss s l arri re d un espace fortement polaris des contradictions nonc es entre des id ologies multiples Pot Bouille d v
112. la dimension autobiographique de l criture perecquienne Puis en 1991 Philippe Lejeune publie dans La M moire et l oblique Perec autobiographe 1991 la synth se de ses travaux sur la gen se de Wou le souvenir d enfance et sur un vaste projet autobiographi que Lieux rest inachev apr s quoi Lejeune se retirera en coulisses Poursuivant entre autres les travaux de Lejeune sur les in dits R gine Robin traite plus particuli rement de la question de la jud it tandis que Burgelin abordant l uvre de Perec sous l angle de 1 autographie en propose dans les Parties de dominos chez Monsieur Lef vre 1996 une impres sionnante lecture partir je cite des questions qu elle pose la psychanalyse et des parcours en criture que la psychanalyse l a sans doute amen faire Bernard Magn cependant a continu ses patientes recherches rele vant au fil de ses minutieuses lectures les r currences et correspondances qui traversent l ensemble de l uvre perecquienne Il les rattache progres sivement W ou le souvenir d enfance et au terme de ses recherches parvient articuler sur le mode th orique autobiographie jud it con trainte et criture A partir des notions de biograph me Barthes et de biotexte Ricardou Magn labore celle d autobiotexte qu il rebaptisera ncrage dans son Georges Perec 1999 L ncrage est un trait r current qui doit pouvoir se
113. la nature du texte m me De sorte qu un double renversement s installe celui de l criture successive aux op ra tions qui la saisissent celui de ces m mes op rations qui se voir inscrites basculent dans le domaine du scriptural et des reflets descriptifs qu il permet De sorte que du milieu la fin on aura comme sujets les preuves puis les aboutissements les variantes les vides les assertions les pens es les pr mis ses puis les pages nouveau De telles pages reli es non de suite mais de sauts se retournent donc bien plus qu elles ne se tournent jusqu s identifier quelque ind finie premi re page justifiant leur mise en boucle et qu en effet la fin les trois derni res soient telles quelles les trois premi res Ainsi mis en boucle ce livre une fois referm n ayant rirai soustrait des allers et des retours qu un lecteur mime en feuilletant instruit m me de la reprise qu on en fera de toute fa on compose avec le lecteur une r flexion remarquable C est un fait qui tient du sens commun que toute op ration re prise suppose l affinement parall le de la perception et qu chaque nouvelle prise un nouveau seuil appara t Or loin de cette cognition lin aire et optimiste voici qu avant m me que ce livre soit rouvert chaque nouvelle page d s la premi re lecture semble confondue la suivante et contrari e au point de se reprendre dans sa mat rialit m me la transparence sup
114. la notice d Henri Mitterand p 458 459 A l inverse Perec analyse ainsi la port e des discours sur la vie de l immeuble je n ai pas vraiment critiqu la vie moderne Un peu si on veut mais enfin ce n est pas le but principal du livre En plus il y a tous les clivages sociaux Mais ce sont l des th mes secondaires par rapport au livre Jungle n 6 op cit p 81 Jai cit Notes sur ce que je cherche Le Figaro 8 d cembre 1978 r d coll Textes du XX si cle Paris Hachette 1985 p 10 La volont de s rieux est une caract ristique du r alisme d gag e par Auerbach voir P Hamon Le Personnel du roman op cit p 28 8 Un discours contraint op cit p 436 4 Ce sont les aventures de Carel Van Loorens au chapitre LXXVII 4 Entretien avec Alain Herv La vie r gle du jeu dans Le Sauvage n 60 Le Jeu d cembre 1978 p 24 Voir Un discours contraint op cit p 440 qui oppose tendances horizontale et verticale du r alisme 2 Pot Bouille op cit p 340 Sur la r p tition de ce motif voir Val rie Dupuis op cit p 23 La pr carit de cette architecture b tie pour faire de l effet est de surcro t 33 34 37 31 81 DOSSIER d nonc e chez Campardou le faux bois de la peinture caill e laisse voir le pl tre P 29 M Le Personnel du roman op cil p 110 La publication du livre a d j t ac
115. lectures contraintes furent aussi autrichiennes Astrid Poier Bernhard galloises Heather Williams italiennes Paolo Albani Raffaele Aragona et n erlandaises Hugo Brandt Corstius qui a montr que l Oulipo pouvait tre aussi un ouvroir de linguistique potentielle Les actes du colloque seront prochainement publi s par les ditions des Impressions Nouvelles C R Oulipo Po tiques Edit par Peter Kuon actes du colloque de Satzburg avril 1997 T bingen Gunter Narr Verlag 1999 Si ce volume d actes est consacr aux po tiques plurielles de l Oulipo l article liminaire de Peter Kuon commence par cadrer la r flexion en situant la d marche de l Ouvroir par rapport aux groupes litt raires ou scientifiques et avant gardes de la premi re moiti du XX si cle LA ca ract risent notamment sur ce point le rejet du surr alisme et la revendica tion de l exemple propos pour les math matiques par Bourbaki Si en ce sens rOulipo n est pas sans reprendre son compte la posture avant gardistc qui se pla t conjoindre volont affich e de rupture et constitution de nouvelles g n alogies Peter Kuon montre bien que la mani re oulipienne reste sp cifique en combinant l rudition au refus du pathos qui caract rise souvent les avant gardes Le volume privil gie ensuite les tudes portant sur certains auteurs propres mettre en vidence la r elle diversit des po tiques oulipien
116. lequel une cinquantaine de Hiragana syllabaire abr g des caract res chinois dispa raissent les uns apr s les autres au fur et mesure que l action se d roule Il accompagne la lecture de La Vie mode d emploi en annotant sur une photocopie agrandie de la coupe de l immeuble annex e la fin du livre les relations entre les personnages ainsi que les pisodes qui les concernent En plus il frappe juste en signalant une des particularit s de ce roman les figures autorepr sentatives et cela sans avoir eu connaissance de la s rie d articles de M Bernard Magn ce sujet En citant un passage du roman d crivant la maison de poup e dans la biblioth que de Mme Moreau lt et plusieurs centaines d objets usuels bibelots vaisselles v tements restitu s pres que microscopiquement avec une fid lit maniaque Ch XXII Tsutsui fait remarquer que cette pr cision caract rise galement le roman entier Malheureusement cette r action chaleureuse constitue plut t une ex ception On ne saurait trop louer M Sakazume d avoir consacr six ans la traduction de cette uvre de plus de six cents pages il n en reste pas moins que Perec est loin d avoir conquis un vaste public au Japon Cepen dant dans la foul e de cet exploit monumental M Sakazume a traduit W ou le souvenir d enfance en 1995 et R cits d Ellis Island en 2000 La m me ann e Osamu Sakagami a publi la traduction de Penser Classer M
117. les M taphores la M tonimie sic l Euph misme l Ellipse dont la Synecdoque Il en donne une explication en quelque sorte psychologique ou plut t strat gique puis il se penche sur les figures de pens e Les Figures de pens e ne sont gu re moins famili res ce sont pour ainsi dire les attitudes les mouvemens de l esprit amp de l ame amp comme l ame et l esprit en action varient sans s en apercevoir leurs mouvemens amp leurs attitudes amp d autant plus qu ils sont plus libres amp plus vivement affect s il a d naturellement arriver ce que le philosophe Dumarsais a observ dans son livre des Tropes que les Figures de rh torique ne sont nulle part si communes que dans les querelles des halles Essayons de les r unir toutes dans le langage d un homme du peuple amp pour l animer supposons qu il est en col re contre sa femme Si je dis oui elle dit non soir amp matin nuit amp jour elle gronde anti th se Jamais jamais de repos avec elle ir p tition C est une furie un d mon hyperbole Mais malheureuse dis moi donc apostrophe Que t ai je fait interrogation O Ciel quelle fut ma folie en t pousant exclamation Que ne me suis je plut t noy optatiori Je ne me repro che ni ce que tu me co tes ni les peines que je me donne pour y suffire pr t rition Mais je ten prie je t en conjure laisse moi travailler en paix obs
118. les sept gestes de Perec dans Portrait s de Georges Perec sous la direction de Paulette Perec Biblioth que nationale de France 2001 p 225 2 On trouvera ces deux textes reproduits dans Bernard Magn Georges Perec op cit p 63 Pai d couvert depuis que la seconde boule de neige perecquienne publi e Perec n en a publi que deux avait fait l objet d une modification similaire la boule de neige publi e Action po tique n 85 1981 p 77 a pour centre un mot de 11 lettres ANACHORETES son avant texte manuscrit fonds Perec 52 6 31 v un mot de 15 lettres XTRAPHONETIQUE Que les deux boules de neige soient l objet de la m me amputation volontaire pour la publication ne fait que confirmer mon hypoth se d une liaison forte entre l ncrage du 11 et celui des sym tries bilat rales la boule de neige ob issant on le sait une structure en chiasme pour le r glage du nombre de lettres des mots qui la composent nombre croissant puis d croissant Et que l anachor te soit tymologiquement celui qui retourne sur ses pas n est pas non plus pour me d plaire Bernard Magn Georges Perec oulibiographe dans OULLPO POE TIQUES Etudes r unies par Peter Kuon Gunter Narr Verlag T bingen coll tudes litt raires fran aises 1999 p 41 62 Voir plus sp cialement le point 3 2 2 2 W op cit p 59 C est moi qui souligne Article cit p 13 14 Propos recueillis le 20
119. lointain est relativement modeste Alors allons voir de l autre c t quelle est la pr sence de Perec au sein des milieux litt raires japonais Dans ces pages je voudrais faire l historique de l accueil r serv l uvre de cet crivain rebelle de prime abord toute traduction pour faire le point sur la situation actuelle Tout d abord Un homme qui dort a t traduit en 1970 par M Takeshi Ebisaka dont le pri re d ins rer pr sentait notre crivain comme un rival de Le Cl zio l expression publicitaire une autre Naus e nous fera songer l atmosph re des milieux litt raires japonais de l poque Dans les ann es soixante dix bon nombre des romans fran ais contemporains ont t tra duits commencer par des exemples du Nouveau Roman De m me que la plupart d entre eux ont t destin s l oubli la traduction japonaise d Un homme qui dort est maintenant puis e et on a du mal en trouver m me dans les biblioth ques universitaires Compar s ses d buts en France avec Les Choses r compens es par le prix Renaudot on doit reconna tre que ses d buts au Japon ont t peu satisfaisants Huit ans apr s en 1978 la traduction des Choses et de Quel petit v lo par M Mitsuo Yuge a t publi e en un seul volume Dans la notice de ce livre le traducteur pr sente bri vement La Disparition aussi bien que l activit de l Oulipo mais il ne mentionne pas La Vie mode d em
120. longs que 8 syllabes sont nombreux chez Lamiot 31 5 dans les po mes r guliers de 9 35 syllabes en outre ils ne sont jamais r guli rement compos s de segments de longueur fixe comme le sont l alexandrin ou le d casyllabe 6 6 4 6 il n y a pas de c sure Ces deux faits discor dance dominante vers longs fr quents et non compos s emp chent la plupart du temps le lecteur de percevoir un rythme qui soit la fois quanti tatif et naturel s mantique S il y a rythme il est surtout graphique vi suel ou relatif dans l alternance de vers plus ou moins longs ou courts Mais ceci s inscrit parfaitement en ce sens dans une tendance actuelle qui par la discordance restaure la lecture ce que postule toute m trique et qu avaient passablement perdu le VLS et m me le VR une tension laquelle suffit l gitimement de nos jours et pour certains po tes rythmer la lecture La m trique de Lamiot est donc la fois r guli re et relative ment a rythmique mais tendue Cette tension produit d une contrainte d criture contraint son tour la lecture qui ne pouvant suivre du m me pas un sens logique et r f rentiel et un rythme s cart le entre sens ef rythme entre sens ou rythme Notes La voyelle f minine post tonique post rieure la derni re voyelle sta ble de la plus petite unit morph me mot ou syntagme la comprenant qui poss de une voyelle stable Beno t d
121. matin un caf et o elle avale chaque soir un plat cuisin rapidement pass au micro ondes tandis qu ses pieds pr s du frigo Picasso mange tranquillement sa demi bo te de Whiskas au saumon Devant le bar sous la poussi re une table et des chaises de bistrot atten dent les faveurs de leur propri taire En vain elle les ignore et vient plut t se carrer dans un fauteuil club pr s des fen tres pour lire fumer t l phoner poser son regard sur ses tag res ses innombrables tag res sur lesquelles elle pose d ailleurs tout des livres bien s r rang s n importe comment debout couch s retourn s sans aucun ordre le Roi des Aulnes chevauche un pr cis de chimie pneumatique Don Juan est sur Ondine les Mis rables sont diss min s Beau marchais gar dans la po sie allemande mais aussi des prospectus des factu res une carte d identit un chausse pied des pi ces anciennes en cuivre une 157 DOSSIER casquette de jockey une flasque d alcool de poire une part rassise de bis cuit de Savoie et des bo tes d archives r guli rement arriv es du Bazar de l H tel de Ville ou de chez Habitat et dans lesquelles elle finit par d verser p le m le tous ces objets incongrus les jours o elle se dit qu il faudrait ranger un peu Le plus souvent cependant elle vient s installer devant ce qui lui sert de bureau en fait une planche de peuplier sur deux tr teaux o elle corrige des compositi
122. me importance le vu et le lu imper u x Si la lecture des lettres permet d acc der au mot global la reconnais sance du mot entier permet non moins de pr ciser la nature des lettres d crypter qui le constituent Le choix du lexique utilis n est donc pas indiff rent puisqu il peut favo riser parmi les structures formelles possibles des lettres du mot choisi celles permettant l inscription des deux structures perceptuelles d j vo qu es et non moins l inscription des structures autorisant la repr sentation mentale des formes virtuelles La prise en compte du sens n est pas moins importante car elle permet l autod signation des op rations effectu es qui facilite leur rep rage et rend la relation symbolique du langage moins arbitraire L laboration d une R plique consiste notamment choisir un mot dont le sens soit reli d une mani re ou d une autre la forme des traces visuelles qui conduiront le lecteur identifier les lettres du mot et sans faire appel une culture particuli re sinon conna tre la langue utilis e bien entendu ou un contexte ext rieur comme le nom d une personnalit Le mot qu il est possible de lire de multiples fa ons sur les pages qui suivent est la traduction fran aise de feed back et se d finit comme un effet r actionnel engendr dans un m canisme par son propre fonctionne ment dont il assure un contr le Il semble bien que cela puisse con
123. me pour mener bien et justifier ce qu il avait envie de faire C est peut tre le regard de Monsieur F lix qui est color plut t que l image qu observent les visionneuses de la machine C est lui qui d sire un regard dor pour son tor ador surnomm El Porron c est dire la cruche Le bonheur vident namque du peintre se situe autant dans son aveuglement son manque que dans son ing niosit On aura observ que cette discussion reprend en un sens celle d cal e entre Newton et Goethe concernant les couleurs Et s y expose aussi une r flexion pertinente sur l art po tique de Roussel parmi d autres est ce le d sir qui colore l univers des livres ou serait ce la lettre qui instruit le chromatisme du d sir On a encore des errances passionnantes en perspective Et le froufrou des rideaux me ravit 227 G rald Purnelle Pr f rer l impair Contrainte et r gularit chez Christophe Lamiot 0 D crire les formes m triques La forme notamment m trique que prend tout texte po tique n est pas indiff rente Durant l apr s guerre l invention et le choix de formes nouvelles frirent un enjeu important pour un grand nombre de po tes A ce titre la derni re d cennie du si cle et dans une grande mesure les ann es 80 galement prolongent d passent et critiquent la p riode dite forma liste des ann es 70 Toute forme po tique peut tre
124. ment vocalo totalitaire du recueil d Alcali y Herrera Xi Pcrec Histoire du lipogramme 1969 in Oulipo La Litt rature potentielle Paris Gallimard 1973 puis 1988 Folio Essais p 83 Sauf erreur de ma part lors du difficile et h tif comptage auquel il m a fallu me livrer Pauteur n ayant pas cru bon de nous en fournir le r sultat si elle l a effectu et condition de ne compter que pour dix les Cent mille milliards de sonnets Si U Touber et le Schlawe sont bien mentionn s pour le domaine allemand nulle trace au chapitre des g n ralit s des bien courants Dragonetti trouv res Taviani galicien Frank troubadours Parramon catalan Horvath hongrois Martinon fian ais classi que Dutton ou plus r cemment G mez Bravo chansonniers espagnols du XV si cle parmi d autres Sans parler de rubriques inexistantes comme celle que l on aurait pu consacrer la nzone et ses divers avatars Et encore ne s agjt d que de l tude contenue dans l ouvrage dont on rend compte ici meme Verlaine la loupe Colloque de Cerisy 11 18 juillet 1996 Sous la direction de Jean Michel Gouvard et Steve Murphy Honor Cham pion Champion Varia 2000 500 p Colloque riche nombreux et plurivoque Ouverture par deux po tes Guy Goffette et Salah St ti Quelques tudes d ensemble comme celle de Jean Louis Steinmetz sur Continuit et discontinuit dans la po sie de Verlaine s
125. moral et la satura tion v nementielle de la di g se On notera de ce point de vue la r currence des assassinats et de la vengeance dans les intrigues du roman En ce sens la revendication de l infime explicitement pr sente notamment par le biais de la figuration di g tique du projet de l crivain Perec par celui du peintre Val ne est toujours d jou e par l irruption de l extraordinaire romanesque En t moi gne clairement un passage du chapitre XXVIII p 169 o l vocation du projet de Val ne ancr dans l insignifiant du quotidien se cl t par une d n gation du romanesque ici criminel et policier il se mettait penser 36 PEREC VINGT ANS APRES la vie tranquille des choses toute cette somme d v nements mi nuscules inexistants irracontables tous ces gestes infimes en quoi se r sumera toujours de la mani re la plus fid le la vie d un appartement et que viendront bouleverser de temps autre impr visibles et in luctables tragiques ou b nignes ph m res ou d finitives les brusques cassures d un quotidien sans histoire un jour la petite Marquiseaux s enfuira avec le jeune R ol un jour Madame Orlowska d cidera de repartir sans raisons apparentes sans raisons v ritables un jour Madame Altamont tirera un coup de revolver sur Monsieur Altamont et le sang se mettra gicler sur les tomettes verniss es de leur salle manger octogonale un jour la p
126. num rique par augmentation qui me semble tre l quivalent invers dans son fonctionnement mais identique dans sa fonction du r glage num rique par suppression mis en uvre dans la fa brication d une boule de neige dont la version primitive dactylographi e culminait avec un mot de 14 lettres alors que la version d finitive publi e choisissait comme centre un mot de seulement 11 lettres Dans les deux cas il s agit de remplacer un r glage arithm tique arbitraire par un r glage arithm tique biographiquement motiv bref faire d une contrainte un ncrage Et s agissant de W ou le souvenir d enfance je reste persuad comme je lai d j rappel ailleurs que c est une d marche de ce type qui am ne Perec renoncer la construction primitivement pr vue pour son r cit 3 parties de 19 chapitres et choisir la forme que nous lui connais sons o les 11 chapitres de la premi re partie connotent la mort des pa rents les 26 chapitres de la seconde partie l criture par allusion aux 26 lettres de l alphabet et les 37 chapitres du livre la survie du sujet Perec par chiffrage d une partie de sa date de naissance un 7 3 Triple motivation que le texte de surcro t inscrit noir sur blanc l criture est le souvenir de leur mort et l affirmation de ma vie 5 Bilan provisoire David Bellos a insist sur la grande proximit entre le manuscrit de Stockholm et le texte d finitif de la par
127. outre sa profusion l inscription intertextuelle est on le sait le r sultat d une savante programma tion r gl e mais pas toujours Selon leur degr d obligation on peut en effet distinguer trois sortes d emprunts implicites dans le roman Les emprunts programm s par les bi carr s latins distribuant les listes Citation 1 Citation 2 et Livres ou emprunts contraints la plupart sont r f renc s avec plus ou moins de pr cision dans les manuscrits du Cahier des charges et les auteurs auxquels Perec les emprunte sont tous cit s dans le Post scriptum de La Vie mode d emploi Les emprunts extraits d uvres d auteurs mentionn s dans le Post scriptum mais dont la distribution n est pas r gie par un bi carr latin ou une autre contrainte je parlerai en ce cas d emprunts mixtes quelques uns seule ment une dizaine sur pr s de cinquante sont mentionn s dans le Cahier des charges 45 DOSSIER Il existe enfin des emprunts extraits d uvres d auteurs ne figurant point dans le Post scriptum que j appellerai emprunts libres plus de trente ont t ce jour rep r s quelques uns sont signal s sur le manuscrit du roman Emprunts libres ou mixtes l appellation est peut tre provisoire m me si une lecture minutieuse du texte et des avant textes n a pas permis d en tablir l ombre d un rudiment une contrainte encore inconnue des chercheurs peut tr s bien en r gir la distrib
128. petite hache est bien l autre nom de l hermine r serv l animal lorsqu il a sa fourrure d t rousse et non d hiver blanche Dictionnaire Robert Belle rousse en tre donc dans la ronde des furets proustiens et des hermines beckettiennes D s le deuxi me chapitre une course musicale de vers que tel Duchamp d aucuns appellent plut t serpent o l herminette se gagne se scande suivant une cascade de couleurs L arriv e ne laisse pas de provoquer un petit frisson Mon si fut imm diatement suivi du fa de Is Fod Le parcours devint rose scs bandes bleues la tra n e des mollusques d un jaune plus brillant A l extr mit 226 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES de chaque bande une mare de lumi re pourpre r v la l objectif de nos vers des araign es de mer lourdes pinces la carapace enti rement couverte de parasites p 19 Notons ensuite que parmi les livres supprimer au poste de douane d un chapitre suivant figure L Histoire exp rimentale des couleurs de Ro bert Boyle ainsi que La Lettre carlate de Hawthorne par exemple Mais le passage le plus int ressant sur les couleurs se trouve dans le chapitre F lix Namque On y rencontre un peintre qui se sert d une m thode sp ciale il a construit une machine permettant de d colorer d abord l image de telle personne qui pose pour lui et d imposer ensuite d autres couleurs choisies selon des c
129. peut jeter une fois qu on a d chir la feuille de plastique transparent qui enveloppe l ensemble Le Rien pouvant donner lieu un nombre de commentaires inversement proportionnel lui m me nous nous abstiendrons de commencer Pour les mallarm istes et les amateurs de curiosa A C Bernardo Schiavetta Texio de Penelope Alci n Editora Reflets de lettres C rdoba Argentina 1999 96 p Ce livre bref pr sente l uvre sans cesse tiss e d faite et retiss e par Bernardo Schiavetta en donnant un choix de ses po mes les plus repr sen tatifs en langue castillane extraits de F rmulas para Cratilo 1990 E ntrelineas 1992 et Con mudo acento 1995 certains dans de nouvelles 271 CRITIQUES versions Il commence par un long entretien sur la po tique avec l crivain et hispanisant Didier Coste o l auteur exprime sa conception du rythme et de la contrainte diagrammatique mimant l image et sa conception dialogique et m me plurivoque de l hypertexte litt raire C est sous le m me signe de Narcisse et d Echo que l on peut lire ensuite des po mes base de sym trie en miroir des po mes en palindromes de vers en vers r trogra des une sextine un po me en lettres sym trie verticale donnant en mi roir une langue pseudo trang re Suit Prosopopope a une des premi res versions de son work m progress un centon bab lien en vers issus de mul tiples langues puis un diagrammat
130. plateaux du Cameroun 110 AD LE cuisini re de Bartlebooth 153 Aden Arabie 72 73 99 DOSSIER Et voici ceux de la seconde dition de poche de 1998 A Day at the Races 138 A la dure de Mark Twain 546 la renomm e de la bouillabaisse restaurant parisien 265 ABC du travailleur L Edmond About 267 A OJ 74 Aachen voir Aix la Chapelle 360 Aarhus 557 Abbaye d Hautvillers 534 Abbeville 117 ABEKEN conseiller de Bismark 576 Aberdeen 456 Abidjan 526 Abigoz lowa 378 379 About 267 premi re vue les trois premiers items sont ajout s Le quatri me VA B C du travailleur est d plac en amont de Abbeville L A O F a disparu etc Devant cela le lecteur est aussi boulevers que le texte qu il lit et il crie mpetto au scandale Puis il s interroge comment en rendre raison Apr s avoir confront les deux versions de nombreuses reprises il finit par trouver les deux lois qui r gissent ces modifications Pour la plus grande part il s agit de simples d placements des items en fonction d un autre syst me de classification par ordre alphab tique Dans le premier syst me celui de Perec une expression comme A la dure est consid r e comme un seul mot et de par son en deuxi me position cet item fait suite un mot ayant k comme deuxi me lettre Aktuelle Probl me aus der Geschichte der Medizin 580 A la dure de Mark Twain 566 Alamo 330 A la
131. que de la po sie combinatoire les mots entrent dans de folles danses Ses pantoums aux vers en mots monosyllabiques chantent en zaoum saa uum kho ral et en miroir ral kho uum saa Du point de vue intercultufel il est int res sant de noter que l essai de son coll gue oulipien Jacques Jouet l a orient vers le pantoum tandis qu une villanelle d Auden l orientait vers l autre forme non encore explor e donc par le d tour d une autre French form A C 268 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES Portrait s de Georges Perec Sous la direction de Paulette Perec Biblioth que nationale de France 2001 238 p L iconographie perecienne d j profuse vient de s enrichir d un ouvrage publi par la Biblioth que Nationale de France sous la direction de Paulette Perec elle m me biblioth caire Agr ablement illustr de photo graphies d poque des principaux acteurs et de certains manuscrits ce livre catalogue est plural comme son objet Sa premi re moiti d roule une s rieuse chronique biographique tablie par le ma tre d uvres Dans la seconde moiti les proches de l crivain Pierre Gezler Paul Virilio les membres de l Oulipo qui l ont connu ou non apportent leur pierre chacun leur mani re Ce prolongement cr atif vaut par lui m me parmi les Vies br ves de Georges Perec celle crite par Michelle Grangaud joue avec la n gation et Roubaud avec les deux
132. re Pas Par Ma M re Qui Est Morte Ou Ma abandonn e Dit Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Mais a Revient Au M me Parce Que Je Suis Sourde Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Dit De Ma M re Qui Ma donn e Aux Hommes Qui Sentent Le M dicament Ma M re Ma laiss e Dans Mon Noir Chez Les Hommes Qui Sentent Le Formol Et Ne Me Parlent Pas Me Touchent Juste Pour Voir Si Je Suis Vivante O Aussi Morte Que Mes Bulles Qui Nont jamais Et Vivantes Pas Une seconde J cris a En Point Sur Des Feuilles Douces Douces Douces Que Ma donn Linfirmi re Qui Est Gentille Et Sappelle Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linffirmi re Ma M re Pas Ma M re Ne Sappelait Pas Ou Je Men rappellerait Puisque Je Connais Le Nom De Mon P re Le Nom Du Temps Que G a porter Son Nom A Hermann Suckfull Qui Est Le Nom De Mon P re Comme Rudolph Goesch De Schw ring Est Le Nom D un autre Mon P re Hermann Suckfull Ah Mais Je Ne Lai pas Pas Connu Lui Alors Que Ma M re Qui Ma apport Ici Ah Bah G Oubli Son Nom Pas Comme Celui De Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Ou Je Ne Men souviens Plus Ou Alors Je Pense Que Je Ne Lai jamais Su Je Panse Lobscurit qui Enroule Ma T te De Coquille D
133. relier un fragment d autobiographie et fonctionne comme forme sens en tant qu il g re la fois la forme du contenu laxe autobiographique et la forme de l expression l axe formel il est le prin cipe de structuration qui permet la transformation d un v nement biogra phique en principe d criture la contrainte notamment Si dans le pr sent num ro de Formules j insiste sur cette approche plut t que sur toute autre c est que malgr les r ticences qu elle a d abord suscit es et qui perdurent sans doute sur tel ou tel point elle permet de penser la con trainte en termes qui ne sont plus simplement oulipiens A noter Marcel B nabou Perec et la jud it dans Cahiers Perec n 1 1985 Ali Magoudi La Lettre fant me 1996 Bernard Magn Georges Perec oulibiographe dans Oulipo po tiques Actes du colloque de Salzburg Etudes r unies par Peter Kuon Gunter Narr Verlag T bingen 1999 Quelques pi ces pour un blason ou les sept gestes de Perec dans Portrait s 2001 R gine Robin Un projet autobiographique in dit de Georges Perec L arbre dans Le Cabinet d amateur n 1 1993 Le Deuil de l origine 1993 L ensemble des textes r unis dans les Cahiers Perec n 2 1988 et Le Cabinet d amateur vr 2 1993 et 5 1997 14 PEREC VINGT ANS APRES Mise distance La publication de la biographie de Georges Perec par David Bellos
134. ren ci de l exil Villard de Lans des morceaux de vie arrach s au vide Nulle amarre Rien ne les ancre rien ne les fixe fV ou le souvenir d en fance Deno l 1975 p 94 Toutes mes r f rences renvoient cette dition w Coup d e H Georges Perec et l histoire Actes du colloque internatio nal de l Universit de Copenhague du 30 avril au 1 mai 1998 tudes romanes n 46 2000 p 77 86 10 Le Livre bris p 260 On pourra suivre les pisodes d une de ces histoires de RAPT propos de La Disparition dans les num ros 3 4 et 5 de Formules 2 Voir Les sutures dans W ou le souvenir d enfance art cit 3 Sauf pour les chapitres XI et XII qui s par s par les fameux appar tiennent tous deux la fiction 14 Le dossier d Oslo dactylogramme cit p 14 15 Au double sens du terme qui attire peu l attention et discontinu 16 Ses doigts sont gliss s l int rieur des feuillets comme s il avait besoin de se reporter souvent des portions ant rieures de sa lecture Esp ces d espaces op cil p 117 118 1 On aura reconnu le texte de Paul Kleequi sert d pigraphe La Vie mode d emploi 30 PEREC VINGT ANS APRES 1 Georges Perec Je suis n Seuil col La librairie du xx si cle 1990 p 109 9 J ai choisi de faire reproduire cette correction pour illustrer mon tude Quelques pi ces pour un blason ou
135. rier le la kr me or d la vulvaspirasion m shaler la mam lanfleman l kst rier tou le kuir bateman l soufl insi ke anouvo v r le ha la kome l sabo v r le ki le o du silindre m lanjanflameman va viin d piston antreshok d plak te de bere tou inv rse pandan ke du sikle suivan jirasion t stikule tourbiyon mouveman sepandan le r pulsion dan le sans d kouran ki kr m shofeman rotatif une transformasion la remont lor du par p rt shofeman kan soudin d kondui d sante l vasion le butiropulser dan mintenan van alor d trou dozone kan la parti mobile tou dispozitif mintenan la sayi soufle proj ksion s k la mati re grase manbrane le bolide par pli flot man la manbran ksplozion mintenan le babere par d po sur l poil goutel te kar su tou par barataje pilon surtou d konpr sion par le ba l kspulsion tou kat gori le s l le demis l d plak te anouvo de o par le ba mufle sponjiozit l kspulsion mouveman le pasaje d bor le pasaje ki semans mulsion tartin taleman la ber dan le noir l mukeze likide le bol un tourbiyon flot man tourbiyon tou de plan te duile 195 Alain Zalmanski Neige en novembre Elle est tomb e trange l gante et t nue Et toi immacul e vite et touche enfin Nos suaves sportifs skiant toujours sanguins Soleil l chant transi igloo oc an nu Univers seuls sans soif Faim minable maci e Epi i
136. rob e comme si tu venais d accoucher d un nombre carr lev une puissance incommensurable tu me veux pour t moin afin que l uvre te soit attribu e sans discussion A bas les vieilles piceries te voil combl e comme si tu avais trouv les sources de l oc an La sc ne finit toujours ainsi sans cadre l uvre perdrait cent pour cent pas de pl tre moul bronze dor tu me veux pour cadre Au go t ta sueur d homme est une pi ce unique le bon go t d teste la vie je ne te parlerai pas d eau tu n as jamais command aux fleuves mais d oignon et de sel Regarde mes mani res de table quand nous faisons l amour je consomme la viande et le bouillon d un taureau sacrifi Une su e n est pas un vain potage je go te ton ambition d ange et de cuisinier qui jette un os moelle dans les chaudrons Tu es un homme en sueur la fois m allaites et me fouettes Ensuite te laisser mac rer et te boire dans un verre bordeaux carter de toi les ustensiles de fer te prendre en gargarisme ou en d coction en lotion en friction t injecter en moi contre mes maladies de vierge Tu es mon tonique infus ma sommit RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES voir si tes graines ont des propri t s rougissantes montre ta pulpe vers midi quand nous taisons l amour tu dresses la table ta peau est un grand plateau de cuivre tam au milieu la montagne de ta pulpe v
137. sans Contour o l auror cherch un d licat Rose au pied d un nuage mais la main est Bless e arrachant aux confins de l ombre Et du songe et pr s des lits autre chose Le guetteur appuy au vent triste d robe Au soleil la fille dor e qui se souvient D tre n e nu t qu elle n est personn Vous avez Rome droite et le soleil ni haut Ni bas la capacit de cette image d incarner Le si cle car tu veux tout apprendre l amour Sur toi ram ne ses bras et le fleuve profond Vous regardez le jour filer vers les toiles Sans ombre vous n avez place pour mourir ici Ni dans le journal du soir vous avez une me En moins et les gestes se suivent sans cigu La ville n impose pas un attent xemplair Le r ve perd du terrain sur l horizon ici et L tu cherches l espac pour rester toi m me Sans phrases en phase sur ce qui te concerne Et du coup tu adresses une sorte de signe ou D appel la ville exception de son ternit 173 DOSSIER 174 Fen tre le po me que d coupe la lumi re Et cette heure particuli re que r clame Une attention vous trouverez ce qui se Rapporte la vue et qui n a aucun sens Pour le sujet la terre et il est clair Que la rivi re r fl chie de ses aspects N a pas plus d importance que la minute Qui file entre les doigts au point m me O la lumi re attire et sans changer de R gle le nuage r duit vers notre regard D un bord 1 autre du po me on tabl
138. sans parler des individualit s qui rel vent de plusieurs de ces cat gories la fois Si les articles sur le spiritisme Michel Pierssens sur les crits d Adolf W lfi plus connu l enseigne de l art brut sur Louis Wolfson pseudo schizo et vrai obsessionnel sont int ressants rien de neuf sur Artaud pr texte au pathos de la critique mim tique habituelle La pr sence de Khlebnikov s imposait Jean Claude Lanne et il est suivi d autres auteurs russes des ann es 10 R gis Gayraud Gottfried Benn est l par raccroc mais nous faisons une d couverte avec Thomas Kling et sa to mographie pr sent e par Laurent Cassagnau tandis que la po sie comme craking mol culaire d Oskar Pastior est bien tudi e par Jacques Lajarrige Les po tes fran ais au tournant 1900 les dada stes Raoul Hausmann ne sont pas oubli s Fran ois Raviez donne une tr s juste tude du langage interjectif de C line dans Casse pipe Andr Fr d rique est pris au s rieux par Christian Moncelet qui en parle de fa on alerte ainsi que le fran ais macaronique dans le th tre de la belle poque ou les romans policiers de San Antonio L essai de Laurent Drapier sur le caract re g n rateur de certains signifiants chez Cendrars est tr s pertinent G rard Conio donne un long article politique sur le parall lisme entre l avant garde artistique et l id ologie des r volutions totalitaires sur les exemples russes et pol
139. situer Le personnel de la mairie sorte De Banque US car ne sommes nous pas All s l bas non pas version coffre fort Impersonnelle mais mi bureau Mi magasin de meubles en poutr auth Omnipr sence donc de la tombe amp du bois clair surtout entre tous ces arbres 147 DOSSIER Alain Chevrier Sonnets monolettriques pigrammes anagrammatiques Extraits Extrait n 1 L Histoire RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES 149 DOSSIER Extrait n 2 L Art PO TE PERSAN POUR R SUMER MALHERBE LOUISE LAB ANDR CH NIER LES TROPH ES V LASQUE RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES BODYART MUSIQUE MODERNE T i N N E E R S T m oormz vuz m HEWA roses 151 Michel Clavel Passe passe Chez A A est propri taire de la maison qu il habite une maison de deux tages longue basse assez caract ristique de l habitat poitevin traditionnel murs blan chis la chaux toit de tuiles rondes volets bleu roi Sur le devant c t rue la pelouse r guli rement entretenue est travers e par une all e de graviers blancs tandis que de l autre c t le terrain se prolonge en une sorte de champ et verse doucement sur le marais On croise successivement en le remon tant huit peupliers trois aulnes un massif d iris et enfin un local injuste ment dit v los puisque y sont aussi remis s des chaises de jardin des tr teaux des cir s des matela
140. t d arriver une sorte de saturation de produire l impression qu on ne pouvait plus faire entrer un mot dans cette description que tous les murs taient couverts qu il n y avait plus un centim tre carr du livre qui ne soit plein de choses de ce monde Mais force de remplir de d tails on arrive quelque chose d hyperr aliste je n aime pas le mot surr aliste de com pl tement inou force de pr cision c est tr s net pour Madame Altamont partir du moment o dans sa cave elle commence collectionner du vin c est une classification uni verselle des vins du monde entier qui appara t J ai d ailleurs eu un mal de chiai trouva tous ces noms jusqu ce que a de vienne compl tement improbable que a soit tellement encom br de d tails que a n existe plus du tout Perec ne pratique pas l inventaire d un champ complexe et foison nant discontinu riche et nombrable d nommable mais une accumula tion verbale improbable la description se fait pure liste de mots jeu po ti que Et quand il r crit des catalogues de vente par correspondance il en fait des po mes constitu s d articles invraisemblables Avenir de l ilinsion Si le r aliste se sait illusionniste comme le montre la pr face de Pierre et Jean Perec accentue donc cet aspect Et il met en sc ne cette illusion par de nombreuses de mises en abyme Plus d stabilisant il joue d
141. t de l histoire en g n ral et de l histoire familiale en particulier Monte Cristo est de toute vidence un plagiat par anticipation As Jacob M nahem et Mimoun une pop e familiale plagiant Jacques Roubaud par son hercul enne force de tra vail plagiant Georges Perec par le go t des aventures romanesques extraordi naires et quand il invente la devise de ses Mousquetaires Un pour tous tous pour un on croit voir Raymond Queneau inventer l Oulipo ou presque C est encore Georges Perec qu il plagie en inventant toujours pour ses Mousquetaires un comte de La F re soi disant source de son roman histori que Enfin avec son Grand dictionnaire de cuisine il est tout fait clair qu il plagie Harry Mathews Quant sa vie priv e on peut dire qu il plagie moins glorieusement peut tre un nombre assez consid rable d hommes c l bres ou non en ayant un nombre consid rable de ma tresses qui il fit un nombre assez consid rable d enfants plagiat donc non seulement par anticipation mais par simultan it et m me post icipation Et il termine sa vie en plagiant une fois encore Balzac car il meurt de fatigue dans un relatif d nuement 165 Marcel B nabou Peut tre 1 Peut tre tes vous de ceux qui croient que le moi est ha ssable Moi pas 2 Peut tre tes vous de ceux qui pensent qu il n y a rien d autre faire avec les lieux communs que vertueusement les condamn
142. tit l ncrage des sym tries bilat rales on sera de plus sensible ici au chiasme intertextuel qui se dispose d un texte l autre lourde et lente chez Perec si lent si lourd chez C line D autant que cette premi re structure en miroir est redoubl e par une seconde qui met enjeu Le Voyage au bout de la nuit l pigraphe du roman de C line s oppose en effet clai rement l pigraphe du Pr ambule de La Vie mode d emploi Notre vie est un voyage Dans l Hiver et dans la Nuit L IL SUIT LES CHEMINS QUI LUI ONT Nous cherchons notre passage t m nag s dans l uvre DANS LE CIEL OU RIEN NE LUIT Chansons des Gardes suisses 1793 Paul Klee de nationalit suisse P dagogisches Slazzenbuch alors que la fin du pr ambule du Voyage s oppose l pigraphe du roman de Perec Et puis d abord tout le monde peut en faire autanL II surrrr DE REGARDE DE TOUS TES YEUX REGARDE FERMER LES VEUX Jules Verne Michel Strogoff 56 PEREC VINGT ANS APRES Consid rant ces tonnantes co ncidences Micha l Ferrier avance non sans justesse que Perec nous propose ici une image invers e du projet esth tique de C line exploration d lirante de l invisible pour l un en treprise de connaissance du visible pour l autre tentative d chapper au Temps par la transposition chez le premier projet de classer le temps par le biais de la description chez le second pr
143. topiques dont les ressources ont t en particu lier largement diffus es dans une p riode plus r cente par la litt rature populaire des deux derniers si cles L appropriation d un topos par d fi nition ne suppose pas de la part de l crivain l rudition r f rentielle qui identifierait la reprise topique une r criture textuelle pr cis ment d finie 35 DOSSIER 3 La contrainte comme rel ve du romanesque Je ferai alors l hypoth se que l intervention de contraintes d criture peut tre comprise comme un moyen de faire revenir le romanesque dans le roman Ce retour est replacer dans son contexte historique il se fait et est pens contre l conomie radicale de l criture propos e dans les an n es soixante par les nouveaux romanciers et le groupe de Tel Quel o le choix comparable certains gards d une structuration forte de l criture implique en revanche l viction totale du romanesque comme genre aussi bien que comme cat gorie Roger Caillois parlait chez les nouveaux romanciers d un double renoncement l criture sans contrainte et l imagination sauvage la r ponse oulipienne tout au contraire fait de r criture sous contrainte le moyen d une reconqu te des prestiges de l imagination La contrainte en effet maintient dans la prose un arbitraire celui de ses prescriptions ce faisant elle permet l crivain de conserver la ri chesse d
144. turque Farce lubrique de Guy de Maupassant dont l action est situ e dans le bordel de Zora de Turc cf le dernier chapi tre de L ducation sentimentale Deux repr sentations en petit comit le 19 avril 1875 et en pr sence de Flaubert Zola et Tourgueniev le 31 mai 1877 Edmond et Jules de Goncourt Journal 31 mai 1877 L ouverture de la pi ce c est un jeune s minariste qui lave des capotes 11 y a au milieu une danse d alm es sous l rection d un phallus monumental et la pi ce se termine par une branlade pres que nahire 29 Stendhal La Chartreuse de Parme chapitre II Maintenant nous allons bent t avoir des chevaux revendre Si la b te est petite tu en donneras dix flancs et dans tous les cas jamais plus de vingt francs quand ce serait le cheval des quatre fils Aymon 89 DOSSIER 45 F lix Gafflot n en 1870 mort en 1937 des suites d un accident de la route Charg de cours la Sorbonne il donne ses tudiants le corrig des corrig s de th me ou de version de ses coll gues Les consid rables droits d auteur rapport s par son dictionnaire lui permettent d enrichir une cave d j remarquable sa mort il laisse plus de vingt cinq mille bouteilles Sous le nom de Le Grand Gaffiot une version r vis e du dictionnaire est pu bli e en 2000 Les illustrations elles m me reprises l origine d un Dictiomma re des antiquit s de 1870 disparaisse
145. un carr ouvert son angle inf rieur gauche En tudiant partir de cet extrait les diverses r alisations de la figure Bernard Magn a montr que tout carr perecquien avait une valeur dueile D une part il est le lieu de la contrainte et de l cri ture en t moigne par exemple la forme combien contrainte des po mes h t rogrammatiques de onze vers de onze lettres A Alphabets d autre part le carr est le lieu o l criture contrainte est confront e au manque preuve en est par exemple le chapitre manquant situ dans le coin inf rieur gauche du damier structurel de La Vie mode d emploi Or notre pastourelle r a lise sa mani re cette tension intrins que po me carr elle est la marque de l ancrage qu institue toute criture programme po me carr se ter minant sur la notion d errance elle est en m me temps la marque de l im 52 PEREC VINGT ANS APRES possible enracinement li la jud it po me incomplet elle est marqu e par le manque et la cassure Voil pour un premier parcours men dans l entrelacs des textes perecquiens Reprenons diff remment un auteur un extrait cit de son uvre Cette figure est r currente dans La Vie mode d emploi De G lon le Sarmate le roman cite la description du tarande animal fabuleux ch IV de Renan un extrait des M langes ch XIV d Ibn Zayd n un sizain traduit de l arabe ch LVI
146. un fin Courtisan qui l abordoit Il avoit fait choix d un ami pour qui il a paru toujours fort constant II occupoit vis vis sa maison un fort joli pavillon lui connoissant un bon fonds mais surtout un vrai go t pour l oraison il l aimoit il s attachoit lui il avoit un air riant qui lui plaisoit tant t il lui disoit d un ton fort insi nuant mon ami travaillons au salut Imitons S Paul qui souffrait qui mortifioit sa chair qui prioit qui triomphoit du maudit satan qui plus rugis sant qu un lion lui livrait un combat sanglant N oublions jamais l instant fatal qui doit finir nos jours n imitons point Salomon qui connut trop tard l illusion du plaisir o il s abandonnoi it sans raison Portons la croix du Roi tout puissant son joug nous para tra fort doux la mort qui finira nos maux Nous aspirons tous au Paradis mais nous vivons oisifs sans travail sans mortification Si nous avons la fois d un S Hilarion nous craindrions toujours Tant t il disoit son ami faisons un tour au jardin l nous y lirons l Imitation 11 y a plaisir mais sur tout un grand profit parcourir ouvrons la au hazard tout y conduit au salut On tomba sur un discours fort touchant mais sur la fin son laquais arriva qui lui dit il y a l un Capucin qui alloit partir pour sa mission du Canada Il courut aussit t pour lui offrir sa maison ravi d avoir un instant pour s ouvrir lui L ayant joint il l instruisit s
147. vedette in absentia cat gorie qui nous est pr sent e comme apud Perec en ces termes L autre grande tradition du lipogramme est celle de la non lettre r et plus g n ralement celle d une non lettre tout court Cette tradi tion est repr sent e surtout par des lipogrammes allemands italiens et espagnols p 136 Or ce n est tout simplement pas ce que dit Perec qui dans son article distingue clairement frois traditions la totalitaire celle de la non lettre r et la tradition vocalique On peut et l on doit si n cessaire contester la l gitimit du classement de Perec mais il se rait alors bien venu de s en justifier sans quoi l op ration risque d tre tax e de gratuit p 137 ou pour le moins de l afficher Faute de quoi le lecteur pourrait tre port croire a que les lipogrammes allemands italiens et espagnols sont mettre dans le m me sac alors que ces derniers sont exclusivement de tradition lipo vocalique b qu il y aurait quelque chose de parfaitement contingent dans le choix de la lettre exclure et qu exclure une voyelle ou une consonne serait gal alors que pour des raisons de structure morpho phonologique l interdiction du r aux subs tantielles cons quences morphosyntaxiques en allemand para t curieuse en italien un rien emprunt e et c que les domaine fian ais et anglais Perec et Wright except s ne s y illustreraient pas
148. vers au pot commun de la science mais cela est galement vrai de la raison interne de cette bibliographie qui m me autistique s en f t trouv e plus lisible pas de nom de lieu ex Haldrup p 211 pas de nom d diteur Fischer p 211 ni l un ni l autre Huxley p 210 ou Leter p 239 pas de date Wendt p 214 ordre variable de l un par rapport l autre comparer Kervem et Krusche p 201 pr sentation chaotique des ann es volumes et ou num ros de p riodiques comparer p ex Guardiani p 215 Huot p 216 G n tiot p 198 Rubin p 199 etc ou mieux encore trois r f rences extraites de la m me revue Molino p 177 Viet r p 178 Goyet p 179 N insistons pas tant les exemples pullulent On peut toujours attendre du lecteur qu il rectifie de lui m me mais dans certains cas il y a franche ment m prise comme pour le titre de Molino amp Gardes Tamine p 243 comparer la r f de la n 43 p 153 Ou bien la notice est elle carr ment erron e Lote et al p 215 On frise l l inutilisable avec une fr quence et un degr malheureusement bien au del de la simple coquille passag re Et puis quelques items ayant vocation vidente figurer en partie double y ont en effet droit tel un m me livre de Roubaud la rubrique Ballade et Chant royal comme de juste mais pas d autres inexplicablement ainsi Bergerson l entr e Palindrome mais pas Anagramme
149. vou la transparence tout en jouant le r le de m taphore de La Vie mode d emploi qui en est comme la r alisation textuelle Le personnage du peintre central dans La Vie mode d emploi est d ailleurs un personnage type du XIX si cle avec le topos de la descrip tion d atelier Dans le cas de Hutting cependant le romans est dou blement d ceptif d abord ce peintre n occupe plus son grand atelier pres que toujours d sert et 1 abondant mat riel que Hutting y a laiss 69 DOSSIER n est pas d crit p 585 ensuite la petite pi ce o il travaille est une pi ce claire et cossue impeccablement rang e n offrant absolument pas le d sordre habituel des ateliers de peintres p 349 Au lieu de suivre un clich du XIX si cle la description le mentionne seulement la forme n gative La table de la miniaturiste Marguerite Winckler toujours encom br e de tout un mat riel inutile de tout un entassement d objets h t rocli tes p 310 y est plus conforme mais il s agit d une reprise au moins double Perec cite ici Butor qui dans R pertoire IV d crit un dessin de Savil Steinberg Val ne n a pas d atelier sa chambre de bonne est occup e pour moiti par une grande toile carr e de plus de deux m tres de c t pratiquement vierge p 602 Les techniques qu il emploie sont ce pendant traditionnelles et sur sa toile il voud
150. 00 MONTPELLIER 1 lettre lt AFFRANCHISSEMENT INFORMATIQUE AUTORISATION N 51 C2 3 MONTPELLIER crc MR CHATON ANNE JAMES 42 RUE A CABANEL 34000 MONTPELLIER 1 lettre AFFRANCHISSEMENT INFORMATIQUE AUTORISATION N 5 1 C2 3 MONTPELLIER crc MR CHA TON ANNE JAMES 42 RUE A CABANEL 34000 MONTPELLIER 1 lettre 34 MONTPELLIER CT 11 8 99 HERAULT REPUBLIQUE FRAN AISE 02 70 NK2466 MR CHATON ANNE JAMES 42 RUE A CABANEL 34000 MONTPELLIER 1 ticket LES 3 GRACES e 13 AOUT 1999 THoMAS 2 CAFE 18 00 TOTAL 18 00 MERCI DE VOTRE visnE A BIENTOT 1 baguette 1 ticket eee MONOPRIX MONTPELLIER VOUS RE MERCIE BIERE KRONENBOURG 22 35 TOT 22 35 Esp ces 100 00 A RENDRE 77 65 NOMBRE D ARTICLES I I EURO 6 55957 FF TOTAL en Euro 3 41 13 80 99 19 51 0107 06 0285 26 DU 11 AU 21 LA GRANDE BOUCLE FEMININE MERCI D AVOIR CHOISI MONOPRIX samedi 1 paquet de cigarettes FILTER CIGARETTES Chesterfleld us TRADE MARK ORIGINALS sNGE 1912 American BLEND made under autbority of an af liate of Philip Morris Products Inc Richmond VA U S A Selon la Loi n 91 32 Nuit gravement la sant 1 ticket GRAND CAFE RICHE 14 AOUT 1999 SERVEUR N 4 1 X CAFE 9 00 Frs 4 4 444 3 TOTAL 9 00 frs 1 lettre Bouygues Telecom SERVICE CLIEN RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES T LE 92523 NEUILLY SUR SEINE CEDEX 92 ISSY LES MOULX 10 8 99 CEN TRE DE TRI H DE SEINE REPUBLIQUE FRAN AISE 02 70 POSTES NKW 0615 615 0
151. 00843 MONSIEUR ANNEJAMES CHATON 42 RUE ALEXANDRE CABANEL F 34000 MONTPELLIER 1 lettre Cr dit Mutuel En 68 MULHOUSE CT 10 8 99 HAUT RHIN REPUBLI QUE FRAN AISE 02 70 Postes NK1588 321 M ANNE JAMES CHA TON 42 RUE ALEXANDRE CABANEL 34000 MONTPELLIER 1 lettre LA POSTE LA POSTE COA SER VICE DES CHANGEMENTS D ADRESSE 13 RUE WALDECK ROUSSEAU BP 56 LIBOURNE CEDEX INFOR MATION FACTEUR LVP 6913 0899 Depor cr LE 13 08 1999 N 100 693 936 T 000293 535 MONSIEUR ANNE JAMES CHA TON 42 RUE ALEXANDRE CABANEL 34000 MONTPELLIER 1 ticket LE CRES TEL Q4 67 87 34 24 COM 0019 CA 03 14 AO 99 SAM 13 11 SURPLACE GRAND ORIGINA 11 50 1 11 50 MOYEN ORANGINA9 50 1 9 50 BO BIGMAC POTATO 22 50 1 22 50 MXBO BIGMAC POTA 23 50 123 50 CHEESEBURGER9 00218 00 GRANDE FRITE 13 00 1 13 00 TOTAL FRF 98 00 16 73 PAYE FRF 100 RENDU FRF 2 00 POUR VOTRE INFORMATION TOTAL EUR 14 94 FACTURE TVA TVA I4AOU 99 SAM 13 11 TAXE MONTANT VENTES S PLAC 20 600 98 00 TOTAL VENTES 98 0 CRUBAS SARLRN 113 LIEU DIT LE MAQUET 34920 LE CRES SIRET 385 084 00029 PRIX NETS 1 ticket LEA DER PRICE Merci amp Bient t 14 08 99 samedi 55 04 fb FRUIT LP 10 95 GAZEUSE 1125 2 65 FRUITS LP 14 50 PATE OEUF LP 3 50 KONIGSBACHER 2 00 SCHOG NOISET 4 00 SCHOGET NIDS 4 00 CAFE REGA LP 6 95 CANCOOAOTTE 7 95 MOUSSE CANAR 12 50 NECT ORAN 2L 5 95 SAUCISSON LP 11 50 CHirs 185G 2 60 1 2 EC L PRIC 3 10 KONIGSBACHER 2 00 KONIGSBACHER 2 00 POIS EXTR LP 5 50 PATE OEUF LP 3 50 3 DOSE AD
152. 3 Galil e 1976 derniers paragraphes du texte Cette impli citation est selon toute vraisemblance command e ici par une contrainte suppl mentaire non r gie par un bi carr latin qui consiste inscrire dans chaque chapitre de La Vie 61 26 Toute la matin e j ai t taraud par une intuition inexplicable la v rit que je cherche n est pas dans le livre mais entre les livres Cette phrase a l air de vouloir ne rien dire mais je me comprends il faut lire les diff rences il faut lire entre les livres comme on lit entre les lignes Georges Perec 53 jours P O L 1989 p 107 27 Je rappelle que le pr nom de la m re donn notamment dans W est Cyrla 28 Roman paru en 1956 Gallimard coll Le Rayon fantastique r d Nou velles Editions Oswald 1980 Je n ai pas lu Le Neuf de Pique par hasard le titre est mentionn par Perec dans Trois chambres retrouv es 1977 repris dans Penser Classer Hachette 1985 dans la liste des ouvrages que l crivain se souvient d avoir lu Bl vy dans les ann es cinquante J ai donn en novem bre 2000 dans le cadre du colloque Perec de Rabat une premi re analyse de cet intertexte in dit 29 On notera de plus dans ce contexte les ncrages du manque chancrure et des sym tries bilat rales une langue inconnue lisible par le biais d un miroir 30 J cris j cris parce que nous avons v cu ensemble parce que j
153. 40 sonnets dont elle r capitule la fin de son article les principaux traits descriptifs en un tableau peu lisible et dans lequel la dis tinction entre sch mas traditionnels Queneau sic et variantes Que neau d concerte plus qu elle n claire dans la mesure o il est au d part affirm que la vertu du sonnet r side dans son double aspect de forme fixe et variable p 140 mais sans pr ciser comment s organise la variabi lit de cette structure close unifi e et cependant ouverte la nouveaut p 142 ni ce que l on entend par traditionneb gt On retrouve l les limites de proc dures fond es sur une notion assez l che de l cart p 143 alors qu une description syst matique patiente approfondie sans pr jug des traits effectivement observables l chelle d un corpus trait d abord comme champ ouvert de variations aurait permis d viter la rel gation hors normes de certains items sans plus de justification p 1S8 ou le recours d impalpables vidences telles que les po mes se pr sentant sans ambiguit comme sonnets par opposition au simple quatorzain se souvenant cependant de la forme du sonnet p 147 Car le but possible d un tel travail e t pu l inverse tenter de fon der ces notions au lieu de les pr supposer Ou approfondir des notations fugitives et pleines de promesses comme celles suggestives portant sur les effets de voisinag
154. 44 47 49 57 61 64 67 69 90 91 105 118 235 Le nombre de strophes varie de 3 9 le nombre de vers par strophe de 3 11 les m tres de 1 17 Les configurations attest es sont tr s vari es sch mas sur deux m tres 9 9 3 7777 9 en sym trie 3957 593 p 67 longue et vari e 1 5 15 3 13 9 173 15 7 1 etc Deux exemples 3 7 9 11 p 19 Ici je me d shabille sur le si ge avant Toirest e sur le bord pour garder les clefs de la voiture tu me regardes nager dans le lac Wisconsin sur le dos Il y a un tout petit temps 231 ESSAIS et personne dans l eau Il me faut descendre suivant une page de galets luisants parmi quelques plantes et cols verts 9 3 7 3 p 40 Le plan cher par la toile goudronn e fendue coque I elle corne pour monter de la voiture le pourri du m tal sa r paration habile sous le pied c Tous les autres po mes polym triques pr sentent une structure strophique stable dans ses composants m tres ou nombre de vers par strophe mais subissant trois types de variations ou d op rations dont les unes affectent Tordre des m tres dans le sch ma polym trique d calage permutation les autres non adjonction variation locale la troisi me classe regroupe quelques po mes structure nettement plus complexe mais d coulant des autres types adjonction de vers isol s simple proc d typographique en appa rence l ad
155. 9 celui de Litt ratures en 1983 et Poelics of Experiment de Warren Motte en 1984 avaient d j ouvert nombre de pis tes mais parce que son ample sommaire me semble prendre r trospecti vement une valeur programmatique Le premier num ro des Cahiers Perec s organise en 6 parties Les trois derni res parties ayant plut t valeur d an nexes ce sont les trois premi res Pistes Pi ges Paris 11 rue Simon Crubellier qui retiendront mon attention Parmi les Pistes l auto bio graphie et la jud it questions qui prendront une importance grandissante dans les ann es venir Parmi les Pi ges des r flexions sur des points particuliers ou des textes jug s alors mineurs Alphabets 1976 et le Voyage d hiver 1980 en fait on s apercevra bien vite que chez Perec il n y a pratiquement pas de petits textes savoir des textes peu travaill s et ou sans pertinence pour la com pr hension de la strat gie d criture globale de l crivain 10 PEREC VINGT ANS APRES En 1984 cependant c est la Vie mode d emploi 1978 alors do maine de pr dilection de Bernard Magn l organisateur de ce premier colloque qui occupe le devant de la sc ne et elle seule un tiers du volume Dans la partie consacr e au roman dans les Cahiers Perec n 1 Paris 11 rue Simon Crubellier l criture contrainte est trait e sous l angle de trois probl matiques majeur
156. 977 p 269 De frit le r alisme dans sa volont d exhaustivit qui lui fait penser le r el comme une surface comme un espace ralionalis rattonaJisable espace horizontal articul d coup gnll s int resse pr f rentiellement l immeuble comme un r el d coup en 80 PEREC VINGT ANS APRES tages en pi ces Philippe Hamon Le Personnel du roman Gen ve Droz 1983 p 32 Voir aussi la m taphore du livre magasin Mon roman c est un tr s grand magasin Entretien avec Gilles Costaz op cit p 73 Sur le genre litt raire de l expo sition et les textes magasins typiques du XIX s voir Le livre comme exposition Expositions op cit p 95 122 3l On s appuie sur les acquis de Philippe Hamon qui fait l hypoth se de l existence d un genre ou d un type de discours r aliste d finissable par des pr suppos s des projets et des buts pr cis vis s par les auteurs par des th mes et des personnages types par des contraintes internes sp cifiques par la constitution d un certain statut de narra teur et de lecteur on peut alors parler de pacte r aliste par des tics stylistiques ou des sch mas d intrigue st r otyp s etc Le Personnel du roman op cit p 28 2 La Contrainte du r el op cit p 3 Voir la section Ma ville d Esp ces d espaces Paris Galil e 1974 p 86 87 Voir l entretien avec Bernard Pous pa
157. 993 mais celles ci non pas non plus eu l hon neur d tre cit es par son confr re en malayologie G rard Voisset cite l tude inaugurale de Jouet parue dans le n 1 de Limon 1988 mais ignore la d couverte parue dans le n 3 d un pantoum d Auguste Vacquerie ant rieur celui d Asselineau ce qui lui aurait per mis d viter quelques fausses interpr tations du proto pantoum birime de Baudelaire Ces trois ouvrages sont plut t compl mentaires Les deux derniers permettent de suivre le d veloppement d une des rares formes nouvelles et viables apparues dans la po sie fran aise du XIXe si cle et diffus e ensuite dans le reste de l Europe de l Angleterre la Russie C est d ailleurs le succ s de cette forme import e et adapt e qui fera revisiter la forme exoti que originelle par une sorte de boucle r troactive A C Ren Droin Dictionnaire extraordinaire des mots extraordinaires Belfond 2 dition 2001 264 p La m me ann e que la premi re dition de ce livre 1991 cet cri vain a publi le plus long roman monosyllabique en fran ais Tom ou les mots les moins longs Collectionneur de mots il rassemble ici ceux qui lui ont paru les plus remarquables ou les plus insolites Ces singularit s portent sur les signes les sons ou le sens et il les reprend dans diverses rubriques 255 CRITIQUES anagrammes m tagrammes palindromes polys mes homonymes autocontraire
158. AXE 33 91 MONTANT TOTAL EN ENRO 6 24 NO TICK 3420 HEURE 12 45 NO CAI 1 1 paquet de tabac PALLMALL TABAC A CIGARETTE WHEREVER PARTICULAR PEOPLE CONGREGATE Pour tre en bonne sant ne fumez pas 1 bobine de fil noir Gfiterman CA02776 100m 110 yds vgs 100 Polyester 1 caf VIELEN DANK 09 08 99 01 185 DOSSIER 186 8 00 1 Q 8 00 CA 15 10 000 2968E 1 ticket INTERMARCHE SA MICOLAS ENTREPRISE INDEPENDANTE 41 AVENUE GEORGES CLEMENCEAU 34000 MONTPELIER TEL 04 67 06 19 00 BONJOUR FRF KRONENBOURG TRAD ANG 15 30 CADBURY Z ANIMO LAIT 5 05 MOUSSE CANARD 100 2 13 00 MOZZARELLA CLARA BEL 5 20 GRANA PADANO RAPE FR 11 05 CADBURY Z ANIMO BLAN 5 40 LU GALETTE ST SAUVEU 4 95 BARILLA SPAGUETTI N 5 20 AQUAFRESH FLEX BROS 13 35 VICHY CELESTINS BLLE 4 45 MILKA LAIT 3X100G 10 16 75 PATURAGES CREME FRAI 7 75 PLAN TEUR REGAL MOULU 7 80 PATE FEUILLETEE BLOC 4 15 MOZZARELLA CLARA BEL 5 20 MOZZARELLA CLARA BEL 5 20 NESCAFE SELECTION DE 11 00 TOTAL 17 art 140 80 1 euro 6 55957 TOTAL EURO 21 46 ESPECES FRF 200 0 RENDU FRF 59 20 Taux H T TVA TTC 5 50 90 43 4 97 95 40 20 6 37 65 7 75 45 40 TOTAL 128 08 12 08 140 80 M 1 T 0001 OP 15050 25015 Le 09 08 99 A 18 12 LUNDI AU SAMEDI 8H30 20H30 LES MOUSQUETAIRES C EST VRAI MERCI DE VOTRE VISITE A BIENTOT mardi 2 tickets A valider chaque mont e dans le bus 1 voyage SMTU m 1 lettre nBouygues Telecom sevi cuenmie 92523 NEUILLY SUR seme CeoeEx Bouygues Telecom AMERI
159. Aragon Norge Cocteau Soupault auteur d une anthologie en 1957 Hans Arp Desnos Tardieu Fargue etc L auteur a visit le fond si peu exploit du mus e des Arts et Tradi tions populaires Il est entr en correspondance avec des po tes amis et des sp cialistes de tous pays d o une moisson d exemples trangers qu on n a jamais pu voir rassembl s en un seul volume anglais espagnols ita liens canadiens suisses hollandais danois allemands russes tchouvaches grecs turcs mauriciens antillais japonais Lui m me en a donn des tra ductions originales Par sa qualit et les ouvertures qu il donne sur d autres mondes po tiques cet ouvrage tranche sur la pl thore actuelle des livres et disques de comptines et chansons enfantines relay e commercialement par le Net La cantine de Pierre Lartigue est bien remplie avec lui pour repren 261 CRITIQUES dre l expression d Andr Breton la fin de son po me Pleine marge on a des provisions pour longtemps A C Thierry Legay Dans quel tat j erre Mots amp Cie 2001 Compilation in gale ce tr sor de tr sors de Phomophonie reprend en les d taillant parfois un certain nombre de rubriques de Pour tout l or des mots de Claude Gagni re Bouquins 1996 qui l opuscule est d di et dont l ouvrage tonnament ne figure pas dans la bibliographie Une premi re partie traite opportun ment des grands noms de Pholorimes
160. CA 47 rue de Villiers 92523 xeuurv sur seme cepex 92 NeuLLy sur seme 9 8 99 HAUTS DE SEINE REPUBLIQUE FRAN AISE 0300 POSTES SK 16164 MON SIEUR ANNEJAMES CHATON 42 RUE ALEXANDRE CABANEL F 34000 MONTPELLIER 1 caf VIELEN DANK 10 08 99 01 8 00 1 Q 8 00 CA 15 10 000 2968F 1 baguette 1 paquet de cigarettes rrer cicarerres Chesterfield usrranemark ORIGINALS since 1912 American BLEND made under autbority of an affiliate of Philip Morris Products Inc Richmond VA U S A Selon la Loi n 91 32 Nuit grave ment la sant 1 bouteille de FANTA crrron Marque D pos e un rropur ne the Coca Cola Company 1 ticket PETIT CASINO 39 BIS RUE DU COUREAU 34000 MONTPELLIER 04 67 92 64 34 I monano 11 2 80 CONSIGNE 1 40 TOTAL 1 4 20 TOTAL EURO 0 64 1 rEuro 6 55957 FRANCS ESPECES Fs 4 20 001 1 10 08 1999 14 59 07 Num ro de Ticket 060030 1 ticket CROC 5 RUE ANCIEN COURRIER 34000 MONTPELLIER TEL 04 67 60 54 11 10 08 99 18 16 01 000000 0015 TEE SHIRT 250 00 A pepuc 125 00 CHEQUES 125 00 19 06 1 ticket ARTISAN PARFUMEUR INSTITUT DE BEAUT RO RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES CAILLE 7 Rue de l Ancien Courrier MONTPELLIER tel 67 60 5923 1 pain de seigle KWAUCHEUL 57 Grand Rue Jean Moulin mercredi 1 paquet de cigarettes FILTER CIGARETTES Chesterfield us TRADE MARK F ORIGINALS snce 1912 American BLEND made under authority of an affiliate of Philip Morris Products Inc
161. Ce serait d autant plus regrettable que Perec lui prend bien soin de les inclure mais avec cette int ressante et tr s pr cise restriction La tradition vocalique se d veloppa principalement en Espagne accessoirement en France et en Angleterre mani re de minoration peut tre strat gique cf ma note 7 qui touche 289 CRITIQUES d une part le domaine linguistique dans lequel s inscrit par n cessit La Disparition Perec consacrant d ailleurs deux pages enti res aux lipogrammes fran ais comme en aveu de d n gation et d autre part celui dans lequel a fleuri Gadsby que H Hartje tient justement placer au rang d imm diat pr c dent de quelque consistance lorsque Perec entreprend d crire La Disparition p 137 Enfin et surtout il est permis de se demander en quoi le lipogramme int resse une r union vou e l tude des formes et genres po tiques co difi s en tant que contrainte en terminologie oulipienne ses cons quen ces int ressent tous les niveaux de structure de la langue mais il tend en fait se surajouter aux caract ristiques g n riques et ou formelles des tex tes assez ind pendamment de ces derni res mais il est passablement abu sif d en faire une codification connaturelle ou constatutaiie au sonnet par exemple Isabelle Chol pp 139 159 Formes de jeux jeux de formes Raymond Queneau et le sonnet Mme Chol m ne son analyse sur un cor pus de pr s de 1
162. DES LITTERATURES A CONTRAINTES bout elle peut se d finir comme un choix de la r gularit mais frapp e d une double radicalit le rejet du trait le plus visible du VR la parit et l adoption du trait le plus moderne la discordance En combinant discor dance et r gularit Lamiot para t boucler une boucle le VLS comme r ac tion au VR puis le VL r cent discordant contre le VLS Mais il ne s agit en aucune mani re d un retour au VR entre son vers et par exemple l alexandrin une fronti re tanche est maintenue par cette double radicalit qui emp che de confondre le vers de Lamiot avec toute m trique r guli re classique Il faut se demander si ce m canisme d criture cette contrainte est propre g n rer au del d une forme un rythme On notera que si le vers de Lamiot se d finit par sa r gularit l isosyllabisme attest e par une comparaison de vers vers cette r gularit ne se fonde sur aucune autre r alit linguistique que la syllabe l abondance des discordances exclut de la d finir par la co ncidence de l accent ou de la derni re voyelle masculine d un groupe syntaxique avec une fin de vers comme c est le cas de tout m tre classique C est l que r side l arbitraire de cette m trique De plus on sait depuis Beno t de Comulier qu en fian ais au del de huit le nom bre syllabique exact est inaccessible la perception Or les m tres plus
163. Gustave Choquet Deuxi me lettre Robert Davreu Roubaud et Rugby Michel Deguy Items diosyncra sie po tique raisonn e extraits Florence Delay De quelques b tes qu il me fit rencontrer Agn s Disson amp Jun ichi Tanaka Po mes de la trame et du dessin le Japon de Jacques Roubaud R my Dor Le m tre contraignant d un Maire extgetmt Emmanuel Fournier L infinitif compl ment Michelle Grangaud isorythme Monica G ell Les sonnets dans La forme d une ville change plus vite h las que le coeur des humains tats des lieux Ren Guitart L assimila tion et l exc s de l acte sur le logique Mostefa Harkat Le temps du vers Nfyascheslav v Ivanov Louvian vidence Les origines du m tre indo euro p en Bernard Jau n Sens et po sie Jacques Jouet Le sonnet des Trois cornes Pierre Lusson Notes pr liminaires sur le rythme U Les formes du temps Bonard Magn L estampille Michel Mend s France Je persiste Jean Claude Mflner Opium et proportions Jean Molino Construction Expres sion Tibor Papp La traduction et Mezura Oskar Pastior an des b ches ton an ton desJacques roubaud Milorad Pavic Nordin arit et prose interactive L on Robel Po mes en paprose Laurence Roubaud Vie br ve de Jacques Roubaud Sylvia Roubaud De l estnbot l estrambote le sonnet rallonge du si cle d or espagnol Elisabeth
164. Je donnerai trois exemples La disposition d crite plus haut l ment textuel 1 l ment textuel 2 l ment textuel n l ment textuel 2 l ment textuel l se retrouve dans le grand palindrome publi originalement dans le n 6 de Change o les l ments textuels en question sont des lettres au d but la phrase Trace l in gal palindrome Neige Bagatelle dira Hercule correspond une d notation directe de la contrainte tandis qu au centre Saluts angiome T es si cr neur Rue Narcisse T moignas tu correspond plut t une d notation m taphorique de la contrainte Narcisse symbolise la structure sp culaire du palindrome Dans les po mes de Queneau et de Grangaud d j mentionn s la contrainte anagramme g n ralis e part le fait d tre le proc d de production des po mes ne signifie rien de particulier Bien au contraire entre les mains de Perec le beau pr sent ne lui sert pas seulement comme proc d de production dans ses Epithalames elle signifie en plus quelque chose comme il le d clare lui m me dans la notice pr liminaire Le na ture m me de l pithalame m a sembl d embl e efficacement s adapter une technique oulipienne r cente celle des Beaux Pr sents quoi de plus opportun en effet que d offrir en pr sent aux mari s un texte cons truit partir des seules lettres de leurs noms r unis C est comme si le mariage les faisait e
165. L et surtout r veiller le doux r veur qui l habite La porte est ouverte L la pousse et entre dans un espace curieuse ment noir Y a quelqu un Pas de r ponse La pi ce est plong e dans lobs curit Elle attend quinze secondes appelle nouveau puis n entendant toujours rien se d cide avancer Elle se prend les pieds dans elle ne sait quoi pense reconna tre des meubles essaie de les contourner et poursuit son chemin en prenant garde ne rien toucher Elle a beau faire attention et compter ses pas elle finit par se perdre s imaginer ici tout en tant l croire monter en descendant aller de c t en venant vers ne faire plus face tourner ch vre Elle s nerve soup onne la ehausse trappe se de mande o elle est donc et si a doit durer encore des heures donnerait son royaume pour une lampe torche atteint un mur se dit enfin enfin pousse un volet et se retrouve soudain dans une esp ce de grand bureau clair Quel bureau affreux hurle t elle Et comme la biblioth que est tarte Je vois bien l notre ami sacrifier ses loisirs disons crire les m moires d un guichetier ou le journal litt raire d un r parateur Mais d cid ment pas y crire le m me livre que le mien Comment pourrait il seulement face cette horreur rage t elle en remarquant une toile au mur Tout est pitoyable ici M me un petit bourgeois s ennuierait Voyons un peu ailleurs Oh c est pouv
166. La section de course de vitesse d coupe e flux textuel de fa on former progressivement des suites comportant le m me nombre de syllabes autrement dh passe de la prose un tat m trique La quatri me section qui relate l preuve de natation organise ses phon mes de fa on atteindre progressivement un tat allit ratif Et l arr t de ces quatre r glages intervient chaque fois au moment pr cis o cesse l attraction qu exerce sur le personnage un l ment li l preuve en cours la vue des membres du jury pour l preuve de gymnastique le bac sable pour le saut en longueur les unettes de plong e dispos es en fin de piste pour la course de vitesse le reflet du personnage la surface de l eau pour l preuve de natation L effectuation de 198 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES ces preuves se m le en outre aux hypoth ses multiples et contradictoires que le personnage tient simultan ment sur les fonctionnements du stade dont l as pect physique se transforme peu peu sous ses yeux Ainsi int gr e cette forme textuelle volutive la lin arit du r cit d Ath l tisme se trouve dot e d une fonction nouvelle qui la fera para tre sous un tout autre jour Notes Au sens o Daniel Buren a conceptualis cette notion Cf Guy Lelong Daniel Buren Editions Flammarion collection La cr ation contempo raine 2001 J ai expliqu le principe de cette mergen
167. Le D shonneur des po tes mais lui m me s y livr sans retenue comme tous les surr alistes et les praticiens du vers libre la r p tition surtout anaphorique est un point d ancrage comme la rime en plus monotone Comme contrainte s mantique elle est proche de la liste po tique sur laquelle Jacques Roubaud a donn un opuscule th orique indispensable L art de la liste Die Kunst der Liste Paris T bingen Isele la suite de l tude des listes de choses dans la litt rature japo naise Jacqueline Pigeot Questions de po tique japonaise PUF 1997 Sans parler de l inventaire la Pr vert et de ceux de Perec 270 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES Les litaniques qu a rassembl es Jacques Rebotier homme de th tre metteur en sc ne et musicien renouvellent le genre en cette re oulipienne ou post oulipienne Deux litanies en lignes syllabiques croissantes et d croissantes et une autre en lignes d croissantes sont de toute beaut Une autre suit l alphabet deux autres sont en deux langues alternativement La forme suscite la cr ativit cohimme dans sa litanie des rues au noms invent s et celle sur les mots du corps Certaines sont tr s dr les notam ment celle sur la traduction des noms c l bres Jean S bastien Rivi re pour Johann S bastian Bach Si la litanie base de jeu avec la ponctuation tient trop de place l accompagnement musical de la
168. Ma Bo te Dans Le Lit De Laquelle G Urin A Cause De Ces Intermi nables Cauchemars 137 DOSSIER Rudolph Goesh De Schwe Ring Est Entr Dans Ma Bo te Avec De Leau Que G Reconnue Venir De La Citerne Dans La Cour Elle Avait Une Odeur Jaun tre Et Elle Etait Ti de Ma Fait Dire Que C tait De Leau De La Citerne Je Me Suis Lav e Le Visage Et Les Deux Bulles Froides Que G Au Milieu Du Visage Aussi Aux Aguets Tapi Dans Un Coin De Ma Bo te Rudolph Goesh De Schw ring Est Devin Eh Bien G Pris Un Savon A La Violette Que G Em ball Dans Une Etoffe Plus Rude Que Les Draps Plus Grosse Que Les Draps Eh Bien Son Odeur A Disparu G D pos Sans Bruits Le savon A Lautre Bout De Ma Bo te Sur Une Plate forme Qui Se Situe A Quatorze Heures De Mon Lit Sans Bruits Pour Quil Nentende Pas O II Etait Cach Et II Ny A Pas Eu De Bruits Et G Agi Tr s Lentement Mais II A Repris Repris Le Savon A Lodeur De Violette En Partant Rudolph Goesh de Schw ring Est Devin Du Moins Je Crois Quil A Un Cinqui me Sens Pour Moi IL A Un Cinqui me Sens Quand IL Fait Plus Froid Et Que La Cloche A Sonn LAng lus G Pris Ma Pointe Pour Ecrire Un R sum De Ma Journ e G Perc Une Feuille Tr s Lisse Du Papier Cent Quarante Gram mes M
169. OUC 7 95 CUMIN MOULU 3 60 4 AH VERE F 3 95 HERBE PROVEN 3 60 FETA LP 200 11 50 ROYAL CLUB 4 95 ROY AL CLUB 4 95 SCHOG CAPUC 4 00 TOMME NOIRE 8 50 ESTRAGON 3 60 V CANARD L P 5 25 KONIGSBACHER 2 00 MOZZARELL LP 5 95 MOZZARELL LP 5 95 MOZZARELL LP 5 95 CORNICH 37CL 3 95 CAV AUBERGIN 11 95 VINAIG BALSA 1395 TUBE MAYO175 425 CROCODILE LP 3 95 1 6 SAR DINE 3 35 HUILOLIV LP 17 95 PILCHARDS 400 5 75 AL FLET 7 50 SUB TOTAL 259 45 CARTES MANUELLE 259 45 CLK 22R1 16 00 146226 42Art 1 ticket SOCIETE GENERALE SERVICE ECLAIR 24Hsur 24H SG MONTPELLIER LA LOGE FRANCE 14 08 99 19H20 CAISSE ECLAIR DE 902440 CARTE XXXX XX0I 5876 692X MONTANT DU RETRAIT 100 FRF AUTORISATION 350649 La Soci t G n rale vous remercie de votre visite 2 baguettes 1 ticket LE JAUR S BAR GLACIER 1 PLACE JEAN JAURES 189 DOSSIER 190 MONTPELLIER 67 66 15 32 U 1111 13 8 99 1 DEMI 14 00 1 DEMI 14 00 1 DEMI 14 00 1 SIROP ALCO 13 00 TOTAL 55 00 S2 D 0238 19 27 1 ticket CAFE DE LA MER MONTPELLIER REG 13 8 99 22 43 C02 PERRIERVICHY 17 00 DEMI 15 00 DEMI 15 00 DEMI 15 00 DEMI 15 0 SAR TOTAL 62 00 dimanche 1 paquet de cigarettes FILTER CIGARETTES Chesterfield us TRADE MARK ORIGINALS smce 1912 American BLEND made under authority of an affiliate of Philip Morris Products Inc Richmond VA U S A Selon la Loi n 91 32 Nuit gravement la sant 1 paquet de tabac PALL MALL TABAC A CIGARETTE WHEREVE
170. On peut voir dans ce texte un reflet amus de la p riode structuraliste On san qu entre 1963 et 1965 Perec a suivi le s minaire de Roland Barthes sur la s miologie puis sur la rh torique l Ecole des hautes tudes en sciences socia les De ce grand moment t moignent deux num ros historiques de la revue Communications Recherches s miologiques n 4 1964 qui comporte d ailleurs un index des notions tr s analogue et le num ro plus tardif Re cherches rh toriques n 16 1970 o sera transcrit le fameux s minaire sur L ancienne rh torique avec de nouveau un index sp cialis En ces ann es structuralistes tous les porteurs de plumes de la tribu litt raire dansaient autour d un seul totem la linguistique et la rh torique tait revisit e dans une perspective structurale Le syst me des figures et leur nomen clature tait mis au premier plan il en reste le tableau de l cole de Li ge et quelques dictionnaires passant en revue la troupe des tropes Auparavant son recyclage dans le domaine de l agumentation philosophique et juridique Charles Perelman n avait gu re retenu l attention et ce n est que dans les d cennies suivantes qu elle fera l objet d tudes historiques et esth tiques Marc Fumaroli avant de bifurquer vers la pragmatique en attendant d autres r surgences co gnitives par exemple La rh torique est moins un monstre pr historique tou jours vivant parmi nous q
171. Presque une trentaine d occurrences au total Presque toutes de fausses attributions bien entendu Le tarande et son Sarmate viennent droit de Rabelais Renan n a jamais comment l affaire Lemoine mais Proust a pastich Renan et Perec a lu Proust oui parfois le proc d est particuli rement retors le sizain est bien dans l esprit d Ibn Zayd n c est en fait une versification de quelques lignes du m me Proust Aujourd hui on le sait l indice est s r la quasi totalit de ces citations attribu es un auteur r el ou fictif s avancent en montrant leur masque l attribution illi cite est un moyen s r de passer en douce des citations cach es Adrian Villart et sa pastourelle ne d rogent point Quant l origine de ces emprunts je ne r siste pas au plaisir de l anec dote qui dessine en l occurrence une assez bonne fable propos du jeu deux cher Perec et dont je laisse au lecteur le choix de la moralit Dans un premier temps Bernard Magn trouva en consultant les fichiers de la Biblioth que nationale pas encore de France un Adrian Villart auteur d un seul ouvrage r f renc B tons rompus po sie Ham Imprimerie Carpentier 1883 in 16de 19 pages tir 25 exemplaires sur papier bleu De l imaginer Adrian Villart pastichant dans son recueil une pastourelle du XII1 ou fournissant par ailleurs quelque impli citation On se promit donc d aller un jour consulter led
172. Quant au S c est un hommage tr pidant au subjonctif il fallait tout de m me l oser Je ne vous raconte pas la fin de l alphabet d couvrez le vous m me dans les bonnes librairies bien entendu Dans la m me collection Lisa Bresner un r ve pour toutes les nuits Jean Olivier H ron les contes du septi me jour A propos d ab c daires pour les plus petits au Seuil jeunesse voici L alphab tisier de Lionel le N ouanic et Elisabeth Brami Des cou leurs claquantes beaucoup d orang s de verts de bruns et un dessin tonique mordant acidul tr s Max et les maximonstres en bien plus joli ponctuent des tautogrammes presque parfaits quoique tr s courts pour chaque lettre Tous les textes sont des recettes pour enfants terribles et autres bons petits diables comment aligner une arm e d escargots dans le salon d vaster draps et duvets du lit parental le dimanche matin 246 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES ficeler une frite fumante pour une famille de fourmis affam es hurler huit fois dans le hall du HLM v rifier que votre veinard de voisin a vraiment la varicelle avant de le visiter etc Pour chaque lettre une pleine page de gauche joyeusement illustr e de petits polissons en pleine mauvaise ac tion un texte droite sous lequel court une petite illustration qui fait contre point o apparaissent toujours un chat et un chien qui s entendent comme bons larrons e
173. R PARTICULAR PEOPLE CONGREGAIE Pour tre en bonne sant ne fumez pas 1 paquet de feuilles OCB 1 bo te d allumet tes 2 baguettes Gilles Tronchet Echo et Narcisse Pas Pas de loup Pas de loup sur la figure Double Double l acteur Double l acteur qui r p te R fl chissant R fl chissant la lumi re R fl chissant la lumi re la mire Sur un cran Sur un cran opaque Sur un cran opaque se repr sente un Pas 191 Jacques Sivan constringere Que notre langue soit r gl e cela contraint toute notre vie L Wittgenstein tymologiquement contraindre signifie serrer La contrainte est donc du serrement de l tranglement Par sa capacit plus ou moins resserrer les flux la contrainte joue sur les densit s et les vitesses La contrainte est me semble t il le moyen essentiel pour travailler la mati re textuelle En d pit des apparences la contrainte ne s labore pas devant nous mais derri re nous Rien de bien nouveau dans ce que je dis l Maurice Roche et Denis Roche ont v cu avant moi ce ph nom ne Hans leur pratique d cri ture La contrainte ne nous tracte pas Elle nous pousse Mon travail s ef fectue au sens m canique du terme par pouss es successives ou simulta n es Je suis contraint Avant la contrainte il y a toujours de la contrainte La contrainte est un m canisme minemment tautologique Elle est comme le r el fondamen talement idiote cf ce
174. RES fait l objet de nombreuses sp culations S agit il d un jeu de mots sur Pal lemand Winkel signifiant coin proposition d Ewa Pawlikowska ou d un jeu d homophonie bien fran aise comme le croit Catherine Binet vingt clair XX W selon la g om trie fantasmatique expli qu e dans W ou le souvenir d enfance Le nom pourtant n est pas rare en Suisse allemande et en Hollande particuli rement Un certain Caspar Winkler publia en 1899 un article scientifique intitul Animation and Res piration dans la Proceedings of the Scientific Section ofthe Royal Academy of Amsterdam article bien connu de Henry Gautier le coll gue de Perec au laboratoire du CNRS qui le cite dans plusieurs de ses propres publications sur la respiration et le ronronnement des chats Un autre Winckler publia en 1892 un itin raire de Sfax Gafsa avec une proposition de chemin de fer Perec v cut une ann e Sfax voir Les Choses pour l inscription textuelle de cette ville dans l uvre de Perec N oublions pas non plus Paul Winckler minence grise de l dition de masse en France qui lan a le Journal de Mickey et Chariot Magazine dans les ann es 30 car Chariot joue un r le de premi re importance dans les chapitres souvenirs de W ou le souvenir d enfance En fait plus on trouve de vrais Wineklers et Winklers va guement rattach s l un ou l autre des textes de Perec plus on trouve d hom
175. RGENT I 16 00F LET T URGENT 16 00F zarost l ticket B N P MonTPELLIER PREFECTURE TICKET 4375 GUICHET 0z1 2370 DATE 12 08 99 HEURE 17 21 carte 015376692 RETRAIT 100 FRF sorr 15 24 Euro NUMERO D AUTORISATION 135773 MERCI DE VOTRE VISITE A BIENTOT SUR LA BASE DE FRF 6 55957 POUR UN EURO 1 ticket SCHLEKER 25 COURS GAMBETTA MONTPELLIER VOUS REMERCIE 65192 09 08 99 FRF 4x 2 75 DROGUERIE 11 00 1 WHISKAS DELICE BO 5 95 1 TERREAU 187 DOSSIER 188 TAXE 14 05 5 50 TVA 5 0 68 CA HORS TAXE 12 27 MONTANT TOTAL EN ENRO 4 56 NO TICK 5127 HEURE 17 50 NO CAI 2 1 ticket PE TIT CASINO 39 B1IS RUE DU COUREAU 34000 MONTPELLIER 04 67 92 64 34 FAU 125a 3 95 KRONENBOURG 17 80 TOTAL 2 21 75 TOTAL EURO 3 32 l EURO 6 55957 FRANCS ESPECES FS 21 75 001 1 12 08 1999 16 45 04 Num ro de Ticket 060427 1 pot en terre Art 01110 MADE IN ITALY VASO CM 11 STANDARD POT 4 1 4 6F 1 pot en terre Art 01150 MADE IN ITALY VASO CM 15 STAN DARD POT 6 OF 2 baguettes 1 bo te LOYAL Lui donner Loyal c est plus que Loyal ouverture facile a la Volaille De bonnes viandes pour les chiens un prix Loyal pour leur ma tre 1275 ml ACIER RECYCLABLE Poids net 1 250 kg E O copy RIGHT UNISABI SNC LOYAL est une marque d pos e vendredi 1 lettre Cr dit Mutuel En 68 MuLHOUSE CT 10 8 99 HAUT RHIN REPUBLIQUE FRAN AISE 02 70 POSTES NK1588 321 LARVATUS PRODEO CHEZ ME ANNE JAMES CHATON 42 RUE ALEXANDRE CABANEL 340
176. Richmond VA U S A Selon la Loi n 91 32 Nuit gravement la sant 1 paquet de tabac PALL MALL TABAC A CIGARETTE WHEREVER PARTICULAR PEOPLE CONGREGATE Pour tre en bonne sant ne fumez pas 1 baguette 1 caf VIELEN DANK 11 08 99 01 8 00 1 Q 8 00 CA 15 10 000 2968E 1 ticket 5 Sec Toujours l pour moi votre pressing PRESSING LA LOGE 34 MONTPELLIER CONSERVEZ MOI MERCI PANTALON 19 00 ESPECE 19 00 16 47 O 50B11 08 99 SDB 1 1 ticket MONOPRIX MONTPELLIER VOUS REMERCIE F 2xF3 50 con COMBRE PIECE 7 00 2x100 cHoc POULAIN 9 95 viaANDES 10 25 FETA SYRTOS 300G 13 80 TOT 41 00 ESP CES 200 00 A RENDRE 159 00 NOMBRE D ARTICLES 5 1 EURO 6 55957 FF TOTAL EN EURO 6 25 11 08 99 18 540107070399 18 AVEZ vous PAYE AVEC LA CARTE COFiNOGA MERA D AVOIR CHOISI MONOPRIX 1 caf VIELEN DANK 11 08 99 01 8 00 1 Q 8 00 CA 15 10 000 2973E 1 ticket PRIMEURE TAFARSITI ET BOUCHERIE TE0467589573 Ba 1 No 1 Client No 141 DATE 00 00 01 VEN DEUR No 1 kg F kg F 0 320 2 80 0 90 0 350 6 50 2 30 0 915 5 80 5 30 0 970 6 80 6 60 1 790 6 50 11 65 5 Articles TOTAL 26 75 Merci de votre visite jeudi 1 caf VIELEN DANK 11 08 99 01 8 00 1 Q 8 00 CA 15 10000 2968E 1 ticket REPUBLIQUE FRAN AISE SANS VALEUR D AF FRANCHISSEMENT RE U 1E 12 08 1999 46 00 rre 7 01 EURLAFOSIE 1 ticket REPUBLIQUE FRAN AISE LET T URGENT I 3 0 F LET T URGENT 1 3 00F LET T NON URGENT I 8 0 F LET T U
177. Roudinesco Ecrire d amour hommage Ac tion po tique Claude Royet Joumoud Peinturepour Jacques Fran ois Sarhan L encharieur florissant Keith Waldrop In time for Jacques Rosmarie Waldrop Sp culative compterions m Jacques Roubaud Sa l Yurkievich Humour et mutabilit chez C sar Va ejo Pierre Lusson Bibliographie de Jacques Roubaud Table des mati res A C 266 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES Ian Monk Les tats du sonnet La Biblioth que Ouiipienne n 116 2001 38 p Une fois encore la forme sonnet est mise dans tous ses tats dans ce recueil comme crit par un b n dictin uvrant au temps des grands rh to riqueurs mais fac tieux Qu il s exprime en anglais 9 sonnets sur les 11 ne peut que rendre encore plus sensible aux formes exp riment es Qu on en juge un sonnet anacyclique de mots comme il en existe peu un sonnet gigogne forme originale des vers bris s un sonnet patchwork intri quant trois sonnets diff rents un sonnet parenth ses la Roussel si l on rencontre des po mes de ce type chez certains oulipiens ou chez Sjef Houppermans ici le nombre de parenth ses colle parfaitement la forme un sonnet en vers anagTammatiques qui suit la forme des Ulc rations de Perec un sonnet combinatoire sur un mode original par bouts et qui est gros d un nombre astronomique de cr ations une s quence de sonnets d coupag
178. S une r duction du texte du roman une s rie de topo relatifs ici au person nel narratif Si la contrainte fait revenir le romanesque c est donc au second de gr comme un romanesque citationnel ce qui n est pas sans cons quences sur les modes d inscription de ce romanesque retrouv qui se trouve la fois morcel et ironis La Vie mode d emploi t moigne on ne peut plus clairement du mor cellement du romanesque contraint les Rep res chronologiques donn s apr s V index r organisent temporellement la mati re romanesque et consti tuent le squelette d un roman lin aire marquant ainsi sans ambigu t que la grande forme du roman encyclop dique ne peut apparemment plus aujourd hui s crire qu en morceaux On notera en particulier l absence relative dans le romans de Perec des formes proprement temporelles du romanesque la qu te et le cycle ne sont pr sents que sur un mode mineur manquant l vi dence de la continuit narrative n cessaire leur plein d veloppement En outre le romanesque r trospectif voire r capitulatif du roman contraint reprend sur un mode ironique les motifs types du romanesque hell nistique Je me contenterai ici d un seul exemple celui du recours la magie et au surnaturel presque toujours li dans La Vie mode d emploi l id e de repr sentation num ro de music hall pour Henri Fresnel au chapitre LV ou tromperie comme les apparitions
179. Solus la pierre verte du Morne Vert ou Verne Mort servira de surface d inscription telle formule salvatrice EGO assurant le r gne de la prin cesse Duhl S roul nom qui refl te celui de Roussel Georges Ra illard avait d j relev dans le num ro de L Arc 68 consacr Roussel cette pr sence insistante du vert qui est li e aussi au berceau proc dural consti tu par le billard avec sa belle toile verte en voie de disparition aujourd hui chass e par ce bleu trop dur des salles de jeu modernis es Le compl ment d ce vert se rep re naturellement dans l obs dant rayon rouge qui provoque par exemple la folie d Ethelfleda Exley Locus Solus Dans La Peau de la raie ce rouge n est d ailleurs pas compl tement banni car m me si le p cheur observe exclusivement l amorce le texte r v le que le petit flotteur rouge continue signaler l ventualit d une prise Comme le fait remarquer d autre part Fran oise Atlani Voisin l escrimeuse la meule de l inventeur La Billaudi re Maisonnial qu elle para t d ailleurs confondre avec le m tier tisser de Bedu est une des machines les plus puissantes d7m pressions d Afrique surtout aussi comme mise en abyme de la production textuelle de Roussel De temps autre La Billaudi re Maisonnial tirant et repoussant plusieurs fois de suite une longue tige dent e changeait totalement l agencement des diff rents ro
180. Tambour de t le mitrailleuse cannes anglaises et marteau pilon O va t on machine du langage hachoir rythmique et claudications frap pes cadences claviers crachotements qui timbrent et accordent le grand toilement des langues Comme n importe quel texte O va t on proc de d un assemblage de mots dont la combinaison particuli re garantit la singularit Il s appa rente au journal de bord d un crivain immerg dans la langue r cup rant de la mati re monde qui est toujours d abord de la mati re mot et lagen ant selon des dispositions et des modalit s particuli res rythmiques s mantiques formelles etc Il serait pourtant d risoire de vouloir analyser ce qui constitue mes yeux un projet d autant plus difficile appr hender qu il n est b ti sur aucun syst me son inach vement d finitif lui tenant lieu de coh rence et se produit dans l angle mort d autres travaux Je voudrais donc simplement en d crire ici quelques unes des fonctions et voquer sa construction laquelle n int gre aucun principe sp cifique pas de r daction heure ou date fixe par exemple ce texte n a rien d un pari aucune contrainte si ce n est l emploi ent t du quatrain parasit intervalles irr guliers aucun programme originel il n a pas de vocation d monstrative et ne se veut la v rification d aucune th orie 175 DOSSIER O va t on est une bonne ques
181. Vaucluse vers proven aux et fran ais Il est dat de 1827 Vacqueyras Dumoulin s aper oit rapidement qu au sein de vers par ailleurs assez pauvres se niche entre autres un sonnet d di au vin plagiat par anticipation du fameux sonnet d Arvers Donatien et Apollon cherchent lucider le myst re l aide de force muscat et des Portraits familiers des crivains du Comtat de Jorgi Peiresc paru chez Aubanel en 1863 Auvernier est n le 2 f vrier 1798 et mort en d cembre 1827 Il composa de 15 ans sa mort nombres d odes l gies pastourelles et chroniques champ tres dont aucune ne fut publi e de son vivant mais qu il distribuait aux connaisseurs sous forme de manuscrit Parmi ces derniers F lix Arvers qui sans vergogne a transpos le sonnet du vin vers celui de la femme L ex g se du sonnet litigieux par les deux comtadins puis la d cou verte dans la reliure du recueil d Hugues Auvemier d un autre sonnet que Donatien attribue s ur Fid le une religieuse qui aurait aim Auvemier vien nent claircir une partie des questions sur la d dicataire du sonnet dit d Arvers mais laisse ouverte la voie aux chercheurs pris d nologie appliqu e 117 DOSSIER Le Voyage Divergent Michelle Grangaud BO n 113 avril 2001 C est le 22 septembre 1999 que l auteur Grangaud re oit une commu nication en provenance de Kalamos dans la plaine de Marathon via le truche ment d un d
182. Vert 64042 Le voyage Ver 50450 Le voyage Vaire 85150 Un voyage v reux V reux 70180 apoth ose du Voyage du ver de Fran ois Caradec Tous les voyages vers des villes fran aises en ver 47 en vert 16 en vers 12 en vaire 3 ont t recens s La participation de d Herv Grouin Henri Voguer Vierge Huron Roger Hinuve Ren Ghouvri Nour Herveig Hervie Gruon et Ruvonig Here Hein Grouver est galement assur e BO Biblioth que oulipienne Castor Astral diteur 121 Shuichiro Shiotsuka Perec au Japon L int r t que portait Perec la culture de ce pays extr me oriental tait limit mais non n gligeable A part quelques r f rences incarn es par exemple par un des personnages de La Vie mode d emploi Ch ID Ashikage Yoshimitsu tous les coliers japonais connaissent le nom du shogun Ashikaga Yoshimitsu on peut relever le nom de Sei Sh nagon anc tre de l num ration perecquienne et le toit soulev du Genji monogatari emaki peinture en rouleau repr sentant des sc nes du Roman de Genji Dans Esp ces d espaces l crivain transcrit mal monogatori qui lui inspira sa plus belle uvre J ajouterai que le Go son jeu de pr dilection a fleuri au Japon m me s il est originaire de Chine De toute fa on compar Patta chement de Jacques Roubaud pour la culture japonaise en particulier la po sie on est oblig de reconna tre que l int r t de Perec pour ce pays
183. a tion roussellienne les naufrages d impressions d Afrique Parmi ces constituants types du romanesque l un jouit d un statut particulier parce que m tatextuel l absorption du personnage dans la con templation d objets s miotiques discursifs ou plastiques qui peut tre com prise comme figurant autant d all gories de la lecture Les exemples du ph nom ne sont extr mement nombreux dans La Vie mode d emploi et se relient la question plus g n rale de l importance des objets dans le roman ils y sont souvent embrayeurs du r cit ce mode d engendrement narratif tant d ailleurs d sign par le texte lui m me Madame Moreau n a jamais dit Fleury ce qu elle pensait de son installation Elle reconna t seulement qu elle est efficace et lui sait gr du choix de ces objets dont chacun est susceptible d alimenter sans peine une agr able conversation d avant d ner p 137 La fonction complexe des ekphraseis hell nistiques en particulier dans Daphnis ei Chlo et Leucipp et Clitophon o elles ouvrent dans les deux cas le texte du roman se trouve autrement dit dissoci e dans le roman de Perec selon un partage qui met en jeu deux types de supports livres et images prennent en charge l aspect m tatextuel des ekphraseis les des criptions d objets relayant leur fonction proprement di g tique La contrainte permet alors comme par surcro t de r gler la question de la gratuit gal
184. a uon communication personnelle de JR Le concept de Y autorepr sentation de texte a t principalement tudi e sous ce terme et sans r f rence l Oulipo par Jean Ricardou U l a fait depuis au moins 1967 Probl mes du Nouveau Roman Paris Seuil 1967 p 25 p 171 a ss dans presque tous se ouvrage et il continue actuellement le r laborer dans le cadre de sa textique A la suite de Ricardou Lucien D llenbach a consacr un liv ne entier i ce sujet cf son Le R cit sp culaire Essai sur la mise en abyme Seuil 1977 Bernard Magn a syst matis et approfondi le concept d autorepr sentation sous le terme de m taiextuahi Cf ses articles Le m tatextuel in TEM texte en main Greno ble n 5 1986 pp 83 90 Le m tatextuel 2 in TEM n 6 1986 pp 67 69 M tatextuel et lisibilit in Prot e Chicoutimi vol 14 n 1 2 1986 pp 77 88 7 Le passage sur le X dans W ou le souve ur d enfance Gallimar L Imaginaire 1993 pp 105 106 est un bon exemple des interpr tations iconiques et symboliques d velop p es par Perec partir d une forme donn e 8 Voir note 6 68 C cile de Bary Contre une litt rature r aliste Un des premiers articles publi s par Perec s intitulait Pour une litt rature r aliste Or cette pr occupation initiale a pu tre oubli e par les critiques derri re les virtuosit s ludiques et narratives Manet Van Montfrans man
185. a d crite en me demandant ce que ce manuscrit confirme ou infirme de cette histoire Je ne parlerai pas de l ensemble du manuscrit parce que je n en ai pour l instant qu une connaissance limit e n ayant eu entre les mains que sa photo copie et encore pour une dur e limit e Mon point de vue ne sera pas celui du g n ticien que je ne suis pas jy connais rien moi vous me direz que si je n y connais rien je n ai qu pas crire Possible mais je suis bien s r que vous n en savez pas plus que moi sur ces trucs l D ailleurs vous seriez bien incapables d crire cette histoire ma place mais celui du suffisant lecteur que je m efforce d tre Mon objet sera comme toujours le rep rage de certaines relations que la lecture permet d tablir entre des fragments de discours et la mise en lumi re des effets de sens que ces relations sont susceptibles de produire Cependant j op rerai ici dans un espace particulier non plus le seul texte d finitif de Cet article reprend parfois l g rement modifi e une communication faite l Ecole normale sup rieure le 5 juin 1999 la demi journ e d tude consacr e au manuscrit de Stockholm 21 DOSSIER W comme je l avais fait par exemple pour tudier les sutures mais le rapport entre deux textes celui du manuscrit et celui du texte d finitif Ma lecture sera en quelque sorte st r oscopique Je ne suis pas Gaspard W
186. action des strophes Les 15 vers se r partissent en 3 7s 5 9s et 7 Ils Le po me totalise 143 syllabes soit 13 11 multiple d ici aussi la subs titution d un m tre un autre dans une strophe En p 97 une m me s quence de 5 vers de longueurs diff rentes est m l e de fa on variable d une strophe l autre 7 3 13 5 9 7 5 13 3 9 13 3 7 5 9 9 3 7 5 13 7 593 13 soit du 7 au 2 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES CONTRAINTES vers une permutation des 2 et 4 m tres puis un d calage vers le bas des deux premiers puis permutation des extr mes puis nou veau d calage des deux premiers abede adebe cbade ebade adebc mais aussi pr sence permanente des 2 m tres les plus courts 3 et 5 en positions paires et des autres 7 9 et 13 aux impaires assu rant une alternance brefTlong entre les vers dans chaque strophe On trouvera ci dessous les effectifs en nombre de po mes de vers et de syllabes de ces diff rentes structures Christophe Lamiot favorise manifestement la complexit et la sophis tication les structures monom triques sont tr s minoritaires 8 parmi les polym triques il privil gie celles qui ne se reproduisent pas de mani re fixe les plus fr quentes tant les permutations et les d calages 70 des po mes 65 des vers 61 du texte Cette sophistication vient s appliquer un principe g n ral singuli re ment simple le recours l impair
187. action de V M E se d roule en fa ade C est un livre deux dimensions puisque c est un tableau C est un trompe l il A deux ou trois reprises on voit au fond des pi ces une porte qui s ouvre sur l airi re mais c est une illusion d optique Le romans s oppose donc la tendance verticale du r alisme qui le conduit d passer les apparences Pour reprendre la comparaison avec Pot Bouille Zola cherche y d voiler le derri re de l immeuble la cour o s expriment ses hontes p 137 Les d corations en trompe l il de l esca lier sont alors les symboles d une hypocrisie d o une d pr ciation Rien dans l escalier ne gardait la trace des scandales de la nuit ni les faux marbres qui avaient refl t ce galop d une femme en chemise ni la moquette Ouverture et composition M me quand l auteur r aliste ne veut pas transmettre un message aussi clair il compose un ensemble signifiant associant des valeurs cer tains personnages certaines actions r glant le retour de motifs de m ta phores cr ant des r sonances avec d autres textes ou des mythes comme le Minotaure pour Germinal On peut observer ce travail partir des noms de personnages le sens de ces as mant mes Guillaume que sont les noms propres va dans deux directions motivation du nom propre construction d une harmonie entre le signifiant du personnage et so
188. ademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Me La Dit Et G R dig Le Journal De La Journ e Dans Ma Bo te G Ecrit Leau De Rudolph Goesh de Schwe Ring Et Son Odeur Jaune Atre Le Son Brun Des Cloches De La Coll giale Comme Dit Mademoiselle Elise Holzmeier De Erbshauben Linfirmi re Qui Se Trouve Plus Loin Que La Cour Mais Je Ny Suis Jamais All e G Cinq Quante Trois Ans Neuf Mois Douze jours Six Heures Et Cent Quarante Deux Unit s De Cette Vieille Horloge Dombre Qui Me Le Dit Et Bien Je Compte Depuis Cinquante Trois Ans Neuf Mois Douze Jours Six Heures et Cent Soixante Unit s Mentales La Vie Que Je Passe Dans Des Bo tes Qui Sentent Violet Ou Cube Et Me Donnent La Nau s e G Pris La Pointe Pour Ecrire Et Je Lai Appuy e Sur La Bulle Froide Qui Est A Gauche Sur Mon Visage Un Menton Fuyant Disent Les Hommes Qui Sentent Fort En Mexa Minant Les Bulles Froides Sans Les Toucher Ou Les Renifler Mes Mains Sentent Que Mon Menu Part Un Petit Peu Vers Lani re Et Je Ne Comprends Pas Ce Que Fuyant Est Pour Moi On Se D place Le Moins Possible Ah Bah En Toujours T tant De La Canne Mais Fuir a Je Ne Comprends Pas Ce Quils Veulent Dire Ils Ont Un Cinqui me Sens Je Crois Comme Rudolph Goesh de Schw ring Us Sont De vins Puisquils Ne
189. ages o les notions de m moire et de trace sont convoqu es Dans La Vie mode d emploi d abord Une premi re fois quand l crivain voque Val ne gardien de la m moire de l immeuble essayant lui aussi de faire survivre quelque chose de ressusciter ces d tails imperceptibles qui tout au long de ces cinquante cinq ans avaient tiss la vie de cette maison et que les ann es avaient effac s un un les nappes de toile cir e rayures rou ges et vertes sur lesquelles la m re et la fille cossaient des petits pois les dessous de plat en accord on les suspensions de porcelaine blanche qu on re montait d un doigt la fin du d ner p 89 Plus loin propos de Sven Ericsson qui dans sa qu te obsessionnelle de la meurtri re de son fils en arrive en d sespoir de cause recourir aux puisantes ressources de l irrationnel et emploie des devins qui entre autres font br ler une photographie d Eliza beth dans une assiette de porcelaine blanche et en observ ent les cen dres p 188 Enfin dans la partie autobiographique de W ou le souvenir d enfance on retrouve une fois et une fois seulement le segment qui nous int resse Moi j aurais aim aider ma m re d barrasser la table de la cuisine apr s le d ner Sur la table il y aurait eu une toile cir e petits carreaux bleus au dessus de la table il y aurait eu une suspension avec un abat jour presque en for
190. agir d autres contraintes dont j ai d j parl et qui sont les plus fr quentes et des contraintes que je qualifierais de spontan es Les contraintes de la premi re cat gorie sont illustr es par les travaux des trois auteurs que je viens de citer Ainsi Jean Dubuffet revendi que d crire comme un cochon pour r agir aux normes du fian ais cor rect Pour ce faire il crit tel qu il se prononce le fran ais populaire En revanche la contrainte spontan e n est pas r f rentielle Elle ne d signe pas de r f rent m me si c est pour le contester Cette contrainte est dite spontan e non pas parce qu elle surgit ex nihilo mais parce que son mer gence est le r sultat d agencements complexes plus ou moins al atoires qui font qu elle appara t sans qu on ait pu pr voir le moment ni le lieu De par sa nature ce type de contrainte limine les rep res habituels et ouvre un espace radicalement autre C est la raison pour laquelle je disais pr c demment de fa on quelque peu provocatrice que mon criture vocale n tait pas du fian ais Car la langue n est plus ici un idiome servant v hiculer des messages et des formes pr codifi es L agencement des trois contraintes que je viens d exposer a savoir l emploi du singulier l absence de verbe conjugu gt pluralit par morcellement et d hi rarchisation de la langue ainsi que l emploi de l criture vocale tout cela se conjugue po
191. aire ami du couple le 25 juin 1857 deux jours avant la parution pr vue de l uvre originale entra na par contrecoup la rupture de Virginie et de Hugo avec Th ophile qui continuait croire en l honn tet de Charles En 1863 Virginie et Hugo se mari rent secr tement mais le po te min par les privations et l angoisse mourut un an plus tard Virginie en ceinte donna le jour un petit Vincent Deux ans plus tard elle pousa un brave cantonnier de Louviers Borrade dont elle eut un fils Denis Elle conserva un exemplaire du livre de son cher Hugo c est celui qu a d couvert Degra l chez les Borrade et fit parvenir les 316 autres exemplaires de grands po tes qui l ont tous lu copi puis d truit L exem plaire envoy la Biblioth que Nationale a quant lui disparu Le v ritable titre du recueil tait Le Voyage d hier et c est par une coquille due l imprimeur que l exemplaire de Virginie Vernier fut affubl du titre de Voyage d hiver 115 DOSSIER Le voyage d Hitler Herv Le Te ier BO n 105 mars 1999 Le 11 janvier 1995 Wolfgang Gauger professeur de litt rature fran saise Fribourg en Brisgau associe sa lecture du Voyage d hiver une liste le 144 ouvrages dite liste Bemhard que les autorit s nazies avaient oulu saisir en 1940 par anglophobie et antis mitisme entre autres Figurait IU num ro 139 Hugo Vernier Le Voyage d hiver Valencienn
192. aire de la section fran aise de l AAHV je signale toutes fins utiles avoir mis en chantier l organisation ou la relation de voyages dont les titres qui suivent ont t d pos s Le voyage dit vert tourn e des amis d Hugo Vernier dans le Bugey et autour de super Phoenix Le voyage d enfer Rochereau et son tour d Europe en Formule 3 Le voyage Vauvert 30600 fin du pr c dent et retrouvailles avec le diable et les f libriges Le voyage d Anvers la Flandre et ses diamants Le voyage en d vers les p rigrinations d Hugo sur son dahu Le voyage d Evert avec la tenniswomen Hugo Vernier apprend les divers revers Le voyage d Hilaire Max ami d enfance et Hugo sont sur les dents Le voyage dipolaire un s jour dans le nord magn tique Hugues O Vernier inventeur de la boussole et de divers instruments de mesure scientifiques Le voyage dim re retour scientifique aux origines des mati res plastiques Le voyage du Maire un aspect peu connu d Hugo Vernier lu local Le voyage de Pr vert avec mise en vers et en musique Le voyage du pivert avec l assistance d un pigeon voyageur Le voyage du colvert sur les traces du pivert Le voyage couvert Hugo cherchant pi ger les deux oiseaux pr cit s Le voyage d Yves Herr Yves est il un clone d Hugo Le voyage au v tiver p riple tout en parfum Le voyage de Vers 46090 vers 74160 Vers 71240 Le voyage de Vert 78930
193. al ce sp cialiste a largi son enqu te dans le temps et les pace Son introduction et ses commentaires intercalaires sont riches et compendieux La pr sentation claire et agr able facilite l assimilation des analyses et met en valeur les textes cit s Un livre de r f rence pour les sp cialistes un bonheur de lecture pour les amateurs de po sie et peut tre le point de d part de nouvelles joutes verbales chez des po tes venir A C Roland Brasseur Le cinquante quatri me jour Pierre de Gondol Baleine 2001 268 Le h ros de cette s rie voisine du Poulpe est un libraire d tective mais les amateurs de litt rature polici re roman noir ou nigme risque ront d tre d contenanc s Pierre Brasseur auteur de la remarquable en qu te Je me souviens de Je me souviens 1998 donne l un roman clefs o il satirise gentiment les milieux pereciens ou quiens Pour ceux qui ne sont pas dans la confidence l atmosph re entre Jussieu et l Arsenal est bien rendue La polarisation du milieu universitaire entre biographistes et textualistes se lit travers des pseudonymes diversement crypt s ne ci tons que Forclos la revue des litt ratures erratiques Il en rajoute dans les d lires interpr tatifs qu il d nonce comme le rapprochement entre Pe rec et Pierre Benoit Pour le plus grand plaisir de l intellect du lecteur il s me des pi ges loups citations retrouver e
194. ans cette ventuelle r impression sans que cela soit une g ne pour la compr hension globale de ce qui suit ou pr c de bref du texte entier Somme toute un texte se r gle sur lui m me et s crit la suite il se d roule sous nos yeux comme jadis un parchemin Or voici un livre c est au moins une masse dont l unit minimale est la page d finie par son format et les pro pri t s de sa surface choix du papier de sa couleur unit qui se trouve r p t e l identique au point de faire nombre et dont l v nement principal tient sa mobilit qui est la pagination laquelle peut donc se concevoir comme l ensemble des relations possibles entre ces pages et appr hendables par son manipulateur le lecteur Or voici le livre de Patrice Hamel c est dire une masse dont l unit est une page de format l italienn dont la longueur est presque le double de la largeur qui est le c t li ici une spirale dont la propri t principale tient sa transparence relative c est un papier calque qui permet au texte de se lire selon une triple paisseur chaque page se voit identifier d une colonne de cinq syntagmes selon une gradation constante soit pour la premi re page la colonne gauche pour la seconde la colonne au milieu pour la troisi me la colonne droite puis la quatri me retour gauche etc de telle sorte que plaqu es les pages se lisent par trois et n en forment
195. ans ce num ro sp cial intitul D p t DEn POes consacr la Premi re journ e internationale de Po sie on apprend qu Elena Katsuba est auteur de palindromes et qu elle anime avec le second le mouvement DOOS Soci t protectrice des libellules On peut y lire un remarquable po me de Konstantin Kedrov Miroir qui est effectivement en miroir selon une sym trie par rapport un axe horizontal palindrome de vers On souhaite que des connections s tablissent A C 297 CRITIQUES Les Romans Clefs Troisi me Colloque des Invalides 3 d cem bre 1999 Testes r unis par Jean Jacques Lefr re et Michel Pierssens En marge Tisson Du L rot diteur 1999 158 p Les romans clefs rel vent de la contrainte s mantique au m me titre que l nigme ou l quivoque C est le th me du troisi me colloque des Invalides 3 d cembre 1999 un lieu de rencontre annuel entre chercheurs universitaires ou ind pendants passionn s de lectures en tous genres no tamment du XIX si cle Les organisateurs imposent aux orateurs une con trainte tr s dure faire un expos ne d passant pas cinq minutes stricte ment La discussion qui suit peut tre elle illimit e Le r sultat trente vignettes critiques tr s vari es sur des romans en tous genres Lui de Louise Colet Odile de Queneau meus aussi un livre politiquement crypt de Paul Goma un roman policier comme Myst re en Sor
196. ans la langue o il y a rythme partout except dans les affiches et la quatri me page des journaux Mais en v rit il n y a pas de prose il y a l alphabet et puis des vers plus ou moins serr s plus ou moins diffus Toutes les fois qu il y a effort au style il y a versification St phane Mallarm R ponse l Enqu te sur l volution litt raire de Jules Huret Igitur Divagations Un coup de d s Gallimard coll Po sie 1976 p 389 les auteurs d finissent trois modes exemplaires de po tisation par le d passement de la fonction r f rentielle comprise en terme de mimesis par la mise en uvre intertextuelle d une m moire linguistique et litt raire de la langue par l exercice ludique des m canismes linguistiques fondamen taux p 14 C est dire que la po sie contemporaine en travaillant ainsi redonner ses lecteurs une langue qui chappe l universel reportage Mallarm implique des fondations proprement linguistiques ce qui d termine l approche choisie par les auteurs dans les analyses nombreuses et extr mement pr cises qu ils proposent de textes vari s d Apollinaire luard Jacob Deguy Bonnefoy Saint John Perse Ponge Meschonnic Risset No l Chedid Jab s Garnier Leiris Faye Roche H bert C saire Keineg Glissant On ajoutera que la perspective adopt e contre la cl ture statique du structuralisme fait de la lin
197. ans une n gociation autour de la question pr cis ment la plus d licate de ce point de vue celle de l arbitraire Or si la crise du roman de la fin du XIX si cle se cristallise large ment autour de la notion d arbitraire son avatar des ann es cinquante et soixante est la fois plus pr cis ment et plus radicalement centr sur des cat gories qui apparaissent comme les composants fondamentaux de toute fiction narrative le personnage et le r cit notions d clar es p rim es par Robbe Grillet L Oulipo r pondrait autrement dit au sentiment revenu l encore un moment de tr s grande vitalit ditoriale du genre d une crise du roman d une mani re doublement intempestive en retrouvant les termes de la fin du si cle le romanesque plus que les notions techniques de personnage et ou d intrigue et en proposant un retour aux sources m mes du romanesque occidental la mati re hell nistique Il convient de pr ciser d embl e que ce type de reprise n implique pas n cessairement une lecture effective des romans grecs par Georges Perec on constate en tout cas que l dition procur e par P Grimai dans la biblioth que de la Pl iade qui date de 1958 n est pas mentionn e dans la correspondance avec Jacques Lederer qui s tend sur les ann es 1956 1961 La fortune remarqua ble de ces r cits dans l Europe renaissante et classique leur a de fait assur la f condit p renne de r serves
198. antable Ces tommettes ces nappes vichy Je r ve On se croirait dans la maison de Blanche Neige Et l tage ces chambres d arri re grand m res Ce n est pas vrai On ne peut rester l c est trop laid Je vais attendre dehors d cide t elle et s y dirige Des fleurs des feuilles de grands n nuphars sur les calmes eaux elle trouve au moins l un paysage familier qui la rassure Elle se couche sur la pelouse b ille ferme les yeux et dort Le lendemain Elle s veille tendue au travers du terrain Le devoir nous appelle d clare t elle puis se l ve Nous sommes lundi il faut travailler Allons trouver les ch res petites t tes blondes du coin on les m nera vers le savoir Et elle va 161 DOSSIER l cole du village o par la vitre de son bureau Monsieur Roux le direc teur un brun la voit de loin s approcher Ah Venez lui dit il en la recevant dans le hall l Acad mie a donc ac c d mes demandes le poste est pourvu Il tait temps Depuis deux ans nous faisons avec nos propres moyens c est dire que le bas bleu d ici une bonne s ur de soixante trois balais qui aime rendre service et aussi h las siffler le vin de messe essaye avec plus ou moins de r gularit de distribuer son douteux savoir ces fils de ferme Vous vous apercevrez vous m me de leur crasse ignorance sept ans un sur deux seulement peut lire son nom treize un sur trois l
199. apparenterait la morve d un homme et celle d une femme Qui pourrait rapprocher l odeur que distille le sexe des femmes et celle de la goutte claire qui perle du pr puce aussit t que le poing se re ferme autour de la queue On dit qu un couple est la rencontre de deux mauvaises humeurs le jour et de deux mauvaises odeurs la nuit C est dire quel point ces va peurs ces gouttes sont pour les amants le r sultat ou la raison de nombreu ses pri res ou de grandes passions de plaisirs raffin s puis de d samours plaintifs L odeur de l autre qu on aime est le parfum des viandes qui monta en suspension dans l air grec vers les narines des dieux L humidit de son aisselle ou l humeur vitr e de son il au r veil sont eux seuls des sujets propres d cha ner des chants qu ils soient magnificat ou lamentations Je propose aujourd hui la lecture la comparaison des larmes d homme et de femme dans Basilic et Cadre P lerine concerne la sueur de l homme Section dor e l odeur du sexe de la femme Ces deux derniers textes attendent encore leur aller ego dans ce projet d tude des humeurs compar es BASILIC Pleurant aux joues le rouge du pavillon des gal res tu dis perdre la couleur propre de ta nation d homme Pleurant tu portes des cha nes d argent sur champ de gueules dis tu Petit roi qui voudrais tre monstre voil que tu as vers le secret de ton nigme et tu ne
200. ar le pastiche Perec produit des textes scientifiques ou encyclop diques partiellement feux inform s par la science elle m me ainsi des d bats du troisi me congr s de l Union internationale des Sciences histori ques qui se tint Edimbourg en octobre 1887 p 473 ainsi du diction naire de Cinoc au chapitre LX Dans le cas de la visite de l exposition 1900 que j ai d j voqu e Perec reprend des donn es r elles mais choi sit dans le catalogue ce qui lui permettra de mettre en abyme sa fiction la maison de Ponsin un th tre de poup es un Manoir l envers dont les fen tres renvers es font penser des miroirs p 496 497 Le lecteur se trouve d stabilis entre la perception d un savoir et la perception de la fiction il h site sur le statut de ce qu il lit vrai ou faux arri re plan r el ou fictif L num ration encyclop dique de m me produit l hyperr alisme Le discours scientifique sert donc le jeu avec la fiction que j ai d j mentionn tout comme la reprise de la forme encyclop dique l index d multiplie les lectures la note fictive dans un roman ne respecte pas les limites du domaine de la narration en une m talepse paratextuelle Le discours de savoir n a donc plus rien de transparent Avec La Vie mode d emploi un impossible se trouve non seulement pris en compte mais revendiqu l impossible d un discours direct sur le r el que les autre
201. arais o une barque l attend Ici les canaux sont les voies oblig es du service public le seul moyen d atteindre toutes les fermes du village et certaines bien qu inaccessibles par les chemins de terre n en demeurent pas moins habit es par d ind fectibles abonn s Ouest France ou d infatigables pistoliers Depuis des ann es A pousse sur sa perche emprunte le m me parcours sinueux travers les foss s et les rigoles fait silencieusement glisser sa barque sur les nappes de lentilles ou sur les n nuphars et ondin farouche s approche des bo tes aux lettres plant es sur les rives pour sit t repartir Dans la po sie et parfois la brume de ces premi res heures A porte des messages venus de la France enti re et c est un peu la vie des provinces l accent de Marseille le soleil de Juan les Pins ou les neiges de la Savoie qu il diss mine aux quatre coins de son village Vers treize heures trente sa tourn e finie A d barque raccroche sa cas quette et salue le guichetier Il traverse la place et file au bistrot o la patronne Suzette lui sert le plat du jour et un quart Vichy U d jeune seul on respecte sa peine on lui fiche la paix Il rejoint son domicile vers quinze heures contourne l cole longe le mur ext rieur du cimeti re ce cimeti re o il vient chaque dimanche visiter ses bru talement disparus puis arriv chez lui sombre dans un sommeil r parateur avant de finir sa jo
202. arer avec celles que leur consacre aussi Baetens Et puis pour ce qui est du statut des textes lipogrammatiques n y a t il pas contradiction insister sur leur essentielle raret leur discr tion et tout la fois se d soler de leur insuffisante accessibilit ditoriale dont il faudrait tenir pour responsables les historiens de la litt rature Sans renoncer l hypoth se g n reuse qu une lecture potentialiste des textes inspir e de ceux contraintes fortes puisse pertinemment tre appliqu e l ensemble de la litt rature pass e pr sente ou venir ne serait il pas temps de s inter roger tout de m me sans pr j ug sur la vocation statutaire de ces m mes textes contrain tes fortes et singuli rement des lipogrammes Que seraient ils pour les meilleurs d entre eux s ils ne faisaient figure d exception s La question m rite aussi d tre pos e 295 CRITIQUES de U r ception de tels textes non moins que celle reprendre z ro des genres ou textes possiblement qualifiables de mineurs ou encore celle du paradoxal traitement de La Disparition comme paradigme en m me temps que comme exception Tant qu faire peut tre aurait il t instructif de fournir aux lecteurs les r f rences concr tes de quelques textes lipogrammatiques plus r cents et ou plus accessibles que d autres sur le march ditorial ou en biblioth que En plus des diverses traducti
203. ation capita les etc la disposition et la longueur relatives des vers Si les formes les plus r guli res et les plus labor es sont celles que l on songerait tout d abord d crire celles qui proc dent manifestement d une m trique au sens strict ou d un programme d criture r gulier voire d une contrainte d crire dans le m me sens un vers plus libre loin 228 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES d tre illusoire ou superflu s av re au contraire souhaitable afin que puisse se dessiner une carte des vari t s multiples et individuelles du vers libre des vers libres Ceux ci m me en l absence de tout principe r gulier les d finissant peuvent s analyser selon les trois angles de la syntaxe la concordance ou la discordance la complexit syntaxique etc des lon gueurs en syllabes en caract res en mots longueur moyenne longueurs extr mes etc et de leurs rapports alternance de vers longs et brefs etc trois angles sous lesquels pourraient ainsi s observer options pratiques et tendances personnelles de tout po te On peut en effet consid rer que toute forme jusque dans ses d tails les plus pr cis rev t une dimension de choix thique ou politique non pas tant dans le sens civil des termes mais m taphoriquement l int rieur m me du champ et de la pratique po tiques Choisir l alexandrin ou l criture blanche ou cla
204. atiques traditionnelles r pertori es depuis l aveugle de Cabra il n est pas d plac de remarquer que l origine ou l identit arabe d un z el exploit ou imit en ce qu il proc derait par exemple des muvassahat reste controvers e pour ses convergences manifestes avec quantit d autres strophismes ayant cours ailleurs qu en Andalousie date ancienne et justiciables d un discours critique reposant sur l hypoth se d un plus vaste ensemble de formes z j lesques la pol mique ce sujet tr s ancienne bien qu inform e de d nominations relativement savantes et r centes m le inextricablement analyses strophiques enqu tes historico phiiologiques sur la r ception et la transmission des textes contenus po ti ques et embl matisations culturelles outranci res On se reportera sur ce point aux clairantes contributions de F Corriente M Morris et O Zwartjes dans Atalaya VII E Beaumatin amp M Garcia dirs Les Formes fixes de la po sie du moyen ge roman Paris Kiincksieck 1997 Par ailleurs affirmer que faire une sextine dans la tradition de la Renaissance rel ve d un art achev de la combinatoire des rimes pourrait pr ter confusion si l on ne savait que de toute tradition il s agissait de mot rimes ne rimant pr cis ment pas ou alors faudrait il d abord s entendre sur ce que Ton appelle tradition Renaissance et sextine Car c est justement en France
205. atova entreprend au XX si cle un long et vaste Po ma bez geroja po me sans h ros maintes fois r crit aux nombreuses articula tions multi supports et accompagn de quantit de gloses m tatextuelles pour conformer au bout du compte un projet d uvre d art totale appa remment inachevable Malgr l int r t vident de son tude on regrettera seulement la r ticence de M Lanne nous fournir un descriptif plus pr cis de cette all chante forme enti rement nouvelle et de ses rapports avec ses ant c dents fussent ils rejet s Des notations fragmentaires nous en parviennent cependant qui ne font que raviver cette attente frustr e mise 286 CHO DES COLLOQUES en sc ne nonciative et narrative originale de la voix lyrique charg e d assumer le collectif pp 96 97 longueur voire grandeur de la forme comme trait distinctif n cessaire ou encore grande structure comme trait majeur passage par un moment historique de refus de l pop e p 94 95 Or le b n fice d une mise l preuve typologique plus frontale plus r solue de cette uvre appara t plus s rement encore dans la dialectique du discours m tatextuel d A Akhmatova oscillant entre la r f rence g n rique et la revendication d un hors genre radical ou dans sa pratique av r e de r criture d une exigence hors du commun malgr l affirmation ordinairement d n gatrice d une s
206. aux titre 418 p Surles ncrages voir Bernard Magn GewgesPerec Paris Nathan 1999 coll 128 128 p Voir l entretien avec Pierre Lartigue L Humanit 2 octobre 1978 Je ne veux pas en 1 finir avec la litt rature Pour reprendre le titre de Henri Mitterand Paris Presses universitaires de France 1994 coll Ecriture 203 p 4 Je reprends le titre d une conf rence de Philippe Hamon donn e au s minaire Georges Perec en 1991 1 La Vie mode d emploi 1978 r d coll Le livre de poche Paris 1982 p 496 497 Voir Philippe Hamon Expositions Paris Jos Corti 1989 en particulier les p 68 94 La citation vient de la page 94 La maison de verre est aussi une m taphore employ e par Zola pour parler de son projet litt raire pour lui P cran r aliste est un simple verTe vitre transparent Voir les pages 77 78 Sur le r le de Val ne voir notamment Quelques probl mes de l nonciation en r gime fictionnel l exemple de La Vie mode d emploi de Bernard Magn dans Perecollages Presses universitaires du Mirail Toulouse 1989 p 64 71 10 Voir le chapitre La fabrique de l image l atelier d imageries Philippe Hamon Paris Jos Corti 2001 coll Les Essais p 117 145 Voir Hamon op c r p 131 142 On retrouve cependant un h t roclite dans l amoncellement de bibelots de curiosit s et de gadgets expos dans le petit salon de Hu
207. bault et Claude Fran ois La pente si sage de la vie de C dric Fabre Contrainte ne pas utiliser de verbes conjugu s la premi re deuxi me ou troi si me personne du singulier Parce que le monde est pluriel Pierre de Gondol et moi sommes descendus jusque dans les tr fonds des textes de Luc Dietrich 1913 1944 et Jean Ren Huguenin 1936 1962 Ensemble nous avons fait cette balade du c t obscur des morts l o la fiction et le r el s empoignent luttant pour l appropriation de l ter nit et pour le monopole d une vision du monde Les fant mes investissent le territoire des hommes guident Pierre de Gondol dans ses recherches des meurtres ont t commis puisqu ils ont t crits Dietrich et Huguenin refusaient la vie que la soci t et ses avachis voulaient leur fabriquer ils furent vagabond et convoyeur de drogue pour l un tudiant et crivain pour l autre Avec Pierre de Gondol nous avons accept l id e que les mondes r el et fictif se croisaient se rejoignaient dans le romanesque que Lucr ce et Arlette les femmes de Dietrich taient coupables d avoir t cr es dans les pages de L Apprentissage de la Ville de Dietrich Nous avons pouss la folie jusqu nous prendre pour Dietrich nous avons voulu 242 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES tre des personnages de roman cr s par lui Nous y avons m me cru un moment Nous ha ssons tous les deux l
208. biais d une autre relation cons truite avec Wou le souvenir d enfance ce manque est structurellement li celui de la m re et plus encore qu on ne pourrait le croire puisque c tait crit noir sur blanc entre les lettres cette fois dans la PoRCElainE disparue toutes les lettres de PEREC et toutes les lettres du pr nom de la m re poRCeLA Ine Au c ur de l impossible du r el donc travaille un manque sa place le double jeu intertextuel institue la pr sence fragile d une absence Ainsi une fois encore et le fait me para t constitutif de l criture perecquienne le texte joue la carte du symbolique de l intrins que alt rit contre celle de l imaginaire du sp cularisable Deuxi me cons tat ce qui touche la figure maternelle est non moins tranger l ordre de la repr sentation Ce n est pas touL II faut compter en effet avec un nouvel intertexte un nouvel interpr tant qui va tout la fois confirmer relancer et biaiser notre lec ture un ouvrage de science fiction en l occurrence que les amateurs du genre connaissent bien Le Neuf de Pique de John Amila En voici un court r sum Les hommes ont colonis toute la galaxie et circulent des vitesses supra lumineuses Un fait inexpliqu est observ par les spationautes lors de la r int gration dans l espace temps en mode manuel l apparition d une forme gigantesque ressemblant un Neuf de Pique derri
209. bonne et m me les best sellers de Christine Deviers Joncour sur des essais Strat gie litt raire de Fernand Divoire sur des crivains Baudelaire Bloy Ren e Vivien galit des exercices ou des t moignages d crivains Michel Chaillou Pierre Lartigue Jacques Jouet Square Trousseau roman clefs Jean Beno t Puech Comme les colloques pr c dents Les c t s du si cle Les rat s de la litt rature un ouvrage des plus stimulants o l on grappille mais qu on finit par lire en entier et dont on sort enrichi Qu il soit bien imprim ne g te rien il faut un coupe papier pour m riter ses pages de lecture comme au bon vieux temps A C 298 Mots crois s pr sent e par Alain Zalmanski De tout temps l homme a aim croiser les bras et les mots Peut tre est ce pendant un repos dominical que le c l bre ar po op ra rotas apero a t compos en grille Mais les lettres de noblesse des mots crois s sont venus au d but de si cle dernier avec un double int r t l construction de la grille par les verbicrucistes avec le moins de cases noires et de chevilles possibles ET la recherche de d finitions les plus courtes et les plus astu cieuses possibles afin de constituer pour le cruciverbiste une v ritable nigme mettant son intelligence sa culture et sa pens e parall le au d fi C est dans cet esprit que Formules vous propose quelques contrain tes li es aux mots
210. c Quelques indications le m tre le plus fr quent est le 7s 27 5 viennent ensuite deux plus courts 3s et 5s 22 5 et 15 6 puis les sui vants parmi les plus longs 9s et 1 ls 11 5 et 8 3 puis 13s 15s ls et 17s moins de 5 chaque fois puis les vers sup rieurs 17s moins d 1 chaque fois 238 Pierre de Gondol Edition Baleine diffusion Seuil Pierre de Gondol est un personnage de romans cr par Jean Bernard Pouy La vie du plus petit libraire de Paris ses Douze Ma tres au carr rue de Beautreillis sont voisins du domicile de son cr ateur mais aussi de la Biblioth que de l Arsenal qui abrite l Association Georges Perec et du boulevard Bourdon si souvent d sert est r gie par un cahier des charges confidentiel qui pr cise aussi bien de nombreux l ments de sa biographie les dates et les lieux les parents et les amours les go ts et les couleurs que l organisation g n rale de l intrigue A ces moments perdus il devient une sorte d enqu teur de d tective Mais uniquement dans les textes L disparitions meurtres ou vols rep r s dans des livres Et c est dans d autres livres que Pierre de Gondol va enqu ter et peut tre proposer une solution Tous ces livres tant r els ou totalement invent s par les crivains Les crivains chaque roman de la s rie est crit par un auteur diff rent pleinement libre dans sa fid lit un cahier des char
211. ce m trique dans Comment j ai import certains principes de la musique spectrale article para tre dans le prochain num ro de la revue Java Pages suivantes Plan Athl tisme chapitre 3 du roman Le stade Les deux premiers chapitres du Stade sont parus dans Formules n 3 en 1999 199 DOSSIER Principe formel volution sur unit s verbales de plus en plus fines 1 Unit s quence narrative montage altern de diff rentes s quences narrafives autonomes convergence de ces s quences vers leur l ment commun donnant lieu une phrase tr s longue arr t du premier r glage montage altern 2 Unit phrase __ raccourcissement graduel des phrases attraction progressive des phrases vers un unique module syntaxique combi nant une proposition subordonn e conditionnelle ou hypoth tique avec une pro position principale de type si alors arr t du deuxi me r glage r p tition d un m me module syntaxique gt 3 Unit syllabe d coupe de plus en plus rythmique des phrases disposition des phrases fa on vers libre mise en place progressive de trois m triques sylabiques 4 61115 alternant les unes avec les autres afin de faire merger un seuil m trique partir d un flux textuel d abord per u comme prose arr t du troisi me r glage m trique gt 4 Unit phon me obtention d un tat allh ratif de plus en plus p
212. cerner la R plique N 19 dont l autor gulation est particuli rement manifeste puis que le mot lui m me tel que je l ai dessin donne l impression d agir en contr lant le retour de formes identiques mais invers es celles des traces visuelles qui tout en r apparaissant invers es permettent de d duire le signi fiant grammatique Davantage le mot complet pour s autod signer doit nous inciter lire les lettres m mes qui autorisent que ce sens advienne en feed back En effet si nous ne sommes point trop amn siques nous pou vons nous rappeler que les formes initialement vues n taient pas exac tement celles que nous d cryptons d sormais en lisant 208 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES C est donc par l interm diaire des lettres partir du groupement des quelles le sens se constitue que ce dernier peut d signer la structure visuelle des formes per ues sur lesquelles repose en s organisant autrement la cons truction du signifiant grammatique Et le mot assure non moins le contr le de son propre fonctionnement puisqu il g re le m canisme mental qui re consid re les percepts initiaux pour en faire les lettres qui aboutiront l aspect s mantique Sont ainsi articul s de mani re leur donner la m me importance le vu le lu et le con u L laboration d une R plique enfin suppose aussi de prendre en compte certaines particularit s du lieu d accueil Que les deux Versions de la
213. cha ne linguistique la s quence narrative la phrase la syllabe le phon me Le r cit textuel ainsi agenc n a donc plus pour unit conceptuelle de base les parties du discours de la gram maire traditionnelle mais les diff rents niveaux selon lesquels la linguistique d compose la cha ne verbale De plus l ordre retenu pour l encha nement de ces unit s permet d obtenir un flux textuel qui passe plus ou moins progressive ment d un tat macroscopique de la cha ne verbale la s quence narrative un ce gt tat microscopique le phon me selon une mani re de morphing qui exemplifie les aspects du texte selon une gradation d chelles de plus en plus resserr es Comme le montre le plan de la double page suivante cette forme processuelle constitu e de fa on autonome par rapport au d roulement de la fiction lui est n anmoins articul e Aux quatre sections r gies par les quatre unit s retenues correspondent les quatre preuves effectu es l preuve de gym nastique le saut en longueur la course de vitesse et l preuve de natation Plus pr cis ment la premi re section consacr e l preuve de gymnastique con siste en un montage de s quences narratives distinctes qui convergent progres sivement vers leur l ment commun La deuxi me section consacr e au saut en ongueur est caract ris e par le fait que ses phrases s arrangent progressive ment selon le m me module syntaxique
214. ck chap X p 60 qui reprend en une synth se frap pante l essentiel des sources du romanesque occidental par sa sc nogra phie le cadre oriental aussi bien que par sa di g se la capture l esclavage l vasion amoureuse l intrigue r crit la mati re hell nisti que puis m di vale dans le finale courtois o l on retrouve le d nouement v g tal que le Tristan en prose imagine l histoire de Tristan et Yseut Je mentionnerai galement l histoire de Carel Van Loorens LXXVII1 qui reprend de mani re similaire des l ments centraux du romanesque hell nistique les corsaires barbaresques le changement d identit venu de VOdyss e dont l importance est cruciale en particulier dans Les thiopiques m tamorphos en un prosp re marchand du golfe Persi que r pondant au nom respect de Haj Abdulaziz Abu Bakr Carel Van Loorens fit son entr e dans Alger p 462 Pamour pour une femme la beaut extraordinaire p 464 enlev e par les pirates l vasion les supplices superlatifs 37 DOSSIER Je terminerai par une occurrence ponctuelle de ces emprunts tr s visibles aux matrices hell nistiques l histoire d Anne Breidel chap XL inscrit en son centre le naufrage du Silver Glen of Alva m me s il est vident que dans l univers perecquien le naufrage l ment type de la di g se hell nistique ne se rapporte la mati re grecque que via la m di
215. compagn e par la transmission certes lacunaire d l ments d informations concernant les proc d s l uvre dans sa gen se Je pense en particulier aux entretiens Parmi le grand nombre de publications concernant Perec en 1992 1993 se trouvait Le Cahier des charges de La Vie mode d emploi Paris CNRS Zulma 1995 dont on a beaucoup rendu compte Ces quelques indications suffisent montrer que la diffusion de l uvre de cet auteur s est accompagn e d une connaissance de plus en plus pr cise des contraintes qu il utilisait facilit e notamment par la c l brit croissante de l Oulipo Une telle ma trise est certes impossible au moins totalement puisque tout crivain se trouve au centre d un jeu de contraintes ob issant des logiques inconscientes mais aussi linguistiques culturelles narratives etc Ce qui est ici particulier c est que cette absence de ma trise compl te est manifeste et revendiqu e 5 La Vie mode d emploi op cit p 273 Le Cahier des charges de La Vie mode d emploi pr sentation transcriptions et notes par Hans Hartje Bernard Magn et Jacques Neefs op cit n p L inscription de la pi ce du lecteur dans le puzzle de La Vie mode d emploi dans les Cahiers Georges Perec n 1 op cit p 260 Georges Perec Seuil colL Les contemporains 1988 p 193 La Vie mode d emploi op cit p 220 ch XXXVIII 7 Voir Une biblioth que d
216. cquien le 37 et le 73 sont les deux nombres m tonymes de la naissance de l crivain Je suis n le samedi 7 mars 1936 Woule souvenir d enfance d but du chapitre VI voir Bernard Magn Georges Perec op cit p 68 74 39 On comprend bien sur cet exemple l importance d assigner une origine pr cise l emprunt un tel souci ne rel ve en rien d une volont plus ou moins 62 PEREC VINGT ANS APRES consciente de r actualiser l ancienne critique des sources et ses travers biographisme psychologisant historicisme positiviste il est la condi tion n cessaire pour tablir combien l intertextualit perecquienne est avant tout une intertransformation concert e 40 Un cas similaire dans le chapitre XXXIX de La Vie mode d emploi o sont cit s explicitement les deux premiers vers du Kubla Khan de Cole ridge po me dont la premi re strophe est un onzain suivent dans le po me trois strophes qui alignent un total de 43 vers 41 Vu toute vitesse d une voiture sur un poteau une affiche avec les mots The Dead Travel Fast Avant que j aie pleinement r alis we were far away Georges Perec lettre d Australie 1981 Catherine Binet extrait cit et comment par David Bellos dans son Georges Perec Une vie dans les mots Seuil 1994 p 705 42 Perec poss dait cet ouvrage dont le titre est mentionn sur le folio corres pondant au chapitre 95 dans le Cahier des cha
217. cquienne au sentiment d une crise du roman prend la forme intempestive d une revendication du romanesque qui engage elle m me le recours une criture conservant toute la m moire de l histoire du genre 41 DOSSIER On peut tenter de cerner au terme de ce parcours la sp cificit ro manesque de l criture perecquienne elle tient probablement la conjonc tion d un extraordinaire topique et d une exploration des lieux de l infime la revendication flaubertienne d une criture endotique manifeste ment li e la reprise d cal e ironis e parce que prise dans la m moire d une nergie pens e comme perdue de la mati re romanesque europ enne Le motif du puzzle qui fonde l unit di g tique et th matique de La Vie mode d emploi pourrait constituer la r alisation exemplaire de ce romanes que infime minuscule de peu d tendue qui d signe la revendication pro pre du projet perecquien On voit ici l importance d cisive du mod le flaubertien outre les textes qui en rel vent plus simplement la r f rence Flaubert donne Perec les moyens formels et stylistiques d une reprise ironis e de la mati re romanesque europ enne qui lui permet d inventer la forme propre de son grand uvre romanesque II reste d s lors s interroger sur la volont m me de conserver du romanesque dans la prose narrative Pour Perec l importance de la narra tion romanesque repr sente
218. cration Ou que je meure si tremble de me pousser bout impr cation amp r ticence Elle pleure ah la bonne ame vous allez voir que c est moi qui ai tort fironie Eh bien je suppose que cela soit Oui je suis trop vif trop sensible concession J ai souhait cent fois que tu fusses laide J ai maudit d test ces yeux perfides cette mine trompeuse qui m avoit affol ast sme ou louange en reproche Mais dis moi si par la douceur il ne vaudroit pas mieux me ramener communication Nos enfants nos amis nos voisins tout le monde nous voit faire mauvais m nage num ration Ils entendent tes cris tes plaintes les injures dont tu m accables accumulation Ils t ont vue les yeux gar s le visage en feu la t te chevel e me poursui 111 DOSSIER vre me menacer description Ils en parlent avec frayeur la voisine arrive on le lui raconte le passant coute amp va le r p ter hypotypose Ils croiront que je suis un m chant un brutal que je te laisse manquer de tout que je te bas sic que je t assomme gradation Mais non ils savent bien que je t aime que j ai bon c ur que je d sire de te voir tranquille amp contente correction Va le monde n est pas injuste le tort reste celui qui l a sentence H las ta pauvre m re m avoit tant promis que tu lui ressemblerais Que dirait elle que dit elle car elle voit ce qui se passe Oui j esp re qu
219. crois s 1 Concours de d finition sur la folle Io et son sabot d enfer 2 Mots crois s minimum de Ren Droin lesquels seront pr c d s des commentaires de l auteur 1 Concours de d finition sur la folle Io et son sabot d enfer Dans l avant propos de son livre Les Mots crois s POL 1999 Georges Perec indique que Jiul ne saurait se d clarer mot croisiste s il n tait pr t d finir de 100 mani res differentes la vache I O I 1 ne d sesp rait pas y arriver un jour mais n en tait qu 28 seulement au moment o il crivait ces lignes Parmi mes pr f r es Une rouge et une bleue Pratiqua l amour vache A fini sur le pr parmi d autres th matiques comme C ur de lion morceau de brioche ou A vu pis Chacun s est d j essay r soudre ou composer des mots crois s jeu de lettres hautement con traint qui Tristan Bernard entre autres a donn des lettres de noblesse Il a donc t propos la liste OULIPO oulipo C quatramaran ens fi un concours de d finition s de notre bonne vache afin de compl ter au moins 100 la liste pr vue par Georges Perec La traite d t fut fructueuse avec 210 contributions de tr s haut niveau comme on dit dans les congr s scientifiques manant de 16 contributeurs Le choix fut donc difficile car de nombreuses d finitions tournaient autour de th mes similaires et il semble que le jury ait pri
220. ct ristiques virtuelles permettent par ailleurs de mettre en valeur la part visuelle strictement actualis e des formes convoqu es Dans les R pliques les causes de l apparition des groupes de lettres ne reposent donc pas uniquement sur la perception La pr gnance de 1 imagination dans l laboration du signifiant grammatique s av re tout aussi importante La mise en vidence du r le de l observateur et la mise en cause de la seule mat ria lit apparente dans la constitution du signifiant grammatique sont donc manifestes 207 DOSSIER Mais ces formes imagin es ne peuvent appara tre l esprit qu con dition d inscrire des indices suffisamment explicites pour le lecteur Un difficile quilibre doit tre trouv puisqu il s agit de rendre cons cient l observateur que c est lui qui construit les l ments signifiants et de lui permettre de les trouver sans aides externes Une relation particuli re s tablit entre les structures qui semblent inscrites r ellement sur la page et les structures mentales de l observateur susceptibles de provoquer des re pr sentations virtuelles en l occurrence certaines parties de lettres Au sein des R pliques l inscription de deux nouvelles mani res distinc tes d appr hender les formes autorise tout autant la pr gnance du mat riau con cret apparent que la mise en vidence du signifiant grammatique absent Sont ainsi articul s de mani re leur donner la m
221. d emploi cpat p 20 R2pprochement signal par Vakne Dupuis cp cit p 26 La l ie mode d emploi reprend ainsi un th me caract ristique de la deuxi me moiti du XIX si cle Voir Philippe Hamon Mis re de la mimesis lecture d Une famille dans Maupassant et l Ecriture actes du colloque de F camp 21 22 23 mai 1993 dir Louis Forestier Paris Nathan 1993 p 139 149 17 Perse parie du catalogue Gilles Costaz J ai fait imploser le roman dans Galerie des arts n 184 octobre 1978 p 72 Esp ces d espaces notamment mentionne parmi les sources du livre a un dessin de Sa l Sternberg paru dans The Art of Living Londres Hanush Hamihon 1952 qui repr sente un meubl dont une partie de la fa ade a t enlev e op eu p 58 Cette fa ade enlev e est souvent donn e comme un quivalent du toit soulev dans Le Diable boiteux op cit p 57 toutefois elle reprend le mod le de cette coupe d une maison parisienne le 1 janvier de Bertall qui a longtemps figur en couverture de l dition de poche de La Vie mode d emploi et qui a paru d abord dans le deuxi me volume du Diable Paris Paris J Hetzel 1846 p 27 Je reprends ici les analyses de Philippe Hamon dans Expositions op cit p 49 Pour un commentant de tx passage et d auttes semblables chez Maupassam et Zola Philippe Hamon Texte ho nae et m talangage dans Po tique n 31 septembre 1
222. d cide de voir un lecteur acc der sa mod lisa tion on constate comme dans les premi res pages sa perception op re sur le mode hypoth tique comme dans les suivantes l information s installe au point de s affir mer dans les derni res Paginant donc Au Sens Propre et d passant son milieu il verra succ der aux hypoth ses du d but les r ponses descriptives de son parcours Or lecteur se voyant se lire d s la premi re page se reconnaissant il n aura de cesse d tablir une cartographie de ces m mes hypoth ses quant aux pistes dont il se contente d habitude Affinant donc une perception qui ne l est d ordinaire que par une lecture seconde il se reconna tra comme relecteur d s la premi re Si bien que l quivalence qui fait boucle entre les trois premi res et les trois derni res pages se relativise au moins par l ensemble de celles qui les s parent En effet quand les premi res de par leur situation paraissent d li es de toute ant riorit les derni res par d finition d coulent d un processus qui les lie Des relations s tablissent la fin qui n existaient pas au d but au point qu une op ration perceptuelle diff rencie d autant mieux la r p tition d un m me signe qu elle la distancie Ainsi le lecteur appara t il personnage chercheur d horaire perdu au seuil de quelque carte uvre t il voir correspendre son p riple aux intersections qu on lui d signe il n aura de ce
223. d crite fut elle d apparence libre neutre ou al atoire et se d finir par l extraction et la pond ration de traits r currents voire de r gularit s et de choix op r s diff rents niveaux De ce point de vue descriptif des formes radicalement diff rentes ne s oppo sent que par le degr de profondeur qu elles permettent l observation d atteindre tout n est qu une question de complexit ou de sophistication plus ou moins grandes Une enqu te un peu vaste et m thodique portant sur les formes po tiques de l apr s guerre 50 ann es ou de la fin du si cle 20 ou 30 ans devra donc appr hender chacune d entre elles selon diff rents points de vue pr sents ou absents la prose ou le vers au sens large et moderne une unit textuelle d finie non pas n cessairement par un principe interne et r current mais par le retour la ligne et le blanc en fin de ligne le vers r gulier classique assoupli sauvage parodique ou le vers libre la r gula rit syllabique et T isosyllabisme la r solution des diff rentes questions pho n tiques et prosodiques du vers r gulier di r ses e atones masculins et f minins prononcer ou non la concordance de la syntaxe avec la fin de vers ou leur discordance pour le vers r gulier comme pour le vers libre les choix de traits typographiques retraits gauche blancs entre les vers dans les vers dans la prose d calages verticaux non ponctu
224. d herbier des langues sacr es et profanes pour constituer leur encyclop die Les langues sacr es recouvrent les glossolalies religieuses les langues initiatiques de l extase magiques divinatoires le langage des animaux des chamans Les langues profanes sont destin es la communication sociale ou purement ludiaues ou expressives 248 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES Les premi res sont les langues auxiliaires internationales les langages logico math matiques de programmation les langages par signaux les langages gestuels langages abr g s cryptographie jargons langages hy brides langages sectoriels jargon politique Le secteur des langues internationales est tr s d velopp et sera une d couverte pour beaucoup langues a priori pasigraphies a posteriori Esp ranto Ido mixtes Volapiick Ce chapitre est bien oubli depuis l effondrement des grandes utopies ainsi que ses ouvrages de r f rence Couturat Moreau Dumaine On admirera l ing niosit lexicale et gram maticale de ces savants et leur ing nuit politique Les langues profanes ludiques ou purement expressives rassemblent les langages invent s par les enfants les langages artistico litt raires les langages invent s par les fous litt raires par les m diums par les ali n s Le secteur des langages artistico linguistiques est explor dans la lit t rature et la po sie mais aussi les arts plastiques le cin ma le th
225. dans Rudolph Go sh De Schw ring Vient Chaque Matin De Lext rieur Dans Ma Bo te Je Sais Que C Le Matin Dans Ma Bo te Depuis Que IL Rentre Pour Me Lancer Un Seau De Liquide Froid Du Puit Dans La Cour IL Me Lance Le Liquide Sur Le Corps Pour Me Laver Et Je Butte Toujours Toujours Toujours Con tre L Parce Que Je Ne La Vois Pas II Y A Un Bout De Savon Aussi Que Je Vois Lui Ha Son Odeur De Lavande Si On Change De Savon Je Ne Me Lave Plus Je Leur Ai Dit Un Jour Alors Ils Me Donne Le M me Savon Ha La Lavande Que Je Vois Ha La La vande Par Les Narines Nous Sommes Le Deux Septembre Mille Neuf Cent Onze Mardi Je Pense C Peut tre Mardi Aujourdhui Ce Qui Revient Au M me Cha que Jour pour moi commence Lorsque G la Certitude De Ce Que G De Veugle Anmoi Parce Que Des Choses Sont Invisibles Pour Lext rieur Et Que C De Mes Bulles Que Vient La Nuit Pas De Mes Narines Que G Tr s Jolies Dit Rudolph Goesch De Schw ring Lorsque Je Les Pin ces Pour Ne Pas Savoir Que C Le Matin Ha La Lavande Quand IL Rentre Dans Ma Bo te II Me Dit Que Je Me Secoue Pendant Mon Som meil Par Petit Points Sur Mon Bras Et Je Suis Certaine D tre Rest e Eveill e Toute La Nuit Dans Ma Bo te Ha Tourner En Rond Ha Cogner Ma Bo te S
226. dans un sens inverse on remarquera de surcro t que ce trait autobiographique n est pas isol puisque l ncrage de la cassure est facilement actualisable dans un mot casse cro te qui aligne onze lettres J admets volontiers que cette seconde lecture puisse para tre un rien forc e C est en l occurrence la mise au jour d un feuillet intertextuel qui va l tayer ou si l on pr f re pour reprendre un concept de Riffaterre import de la s miotique de Peirce qui va faire fonction d interpr tant Tout lecteur familier de Perec rep re en effet sans peine dans cet extrait de La Vie mode d emploi une impli citation ressortissant l intertexte restreint emprunt e la fin d Esp ces d espaces Mes espaces sont fragiles le temps va les user va les d traire rien ne ressem blera plus ce qui tait mes souvenirs me trahiront l oubli s infiltrera dans ma m moire je regarderai sans les reconna tre quelques photos jaunies aux bords tout cass s Il n y aura plus crit en lettres de porcelaine blanche coll es en arc de cercle sur la glace du petit caf de la rue Coquilli re Ici on consulte le Bottin et Casse croutc toute heure L espace fond comme te sable coule entre les doigts Le temps l emporte et ne m en laisse que des lambeaux informes Ecrire essayer m ticuleusement de retenir quelque chose de faire survivre quel que chose arracher quelques bribes pr cises
227. datant respectivement de 1938 de 1962 de la deuxi me moiti des ann es 50 et de 1964 celui de Manuel Machado le plus pr coce et pour cause le condamnait d autant plus cruellement qu il a t crit pendant la guerre civile contrevenant ainsi aux limites pour tant pos es par le titre de l article Aussi la prise en compte bienveillante et 285 CRITIQUES attentive chez Blas de Otero d une plurivocit par exemple m tatextuelle de sa strat gie sonnettistique s avoue t elle finalement in suffisante convaincre parce qu elle est quelque peu exp ditivement d ni e par ailleurs Manuel Machado Claude Le Bigot pp 67 79 La lyre d Orph e remarques sur l usage des formes r guli res dans la po sie espagnole actuelle L auteur dont on conna t les recherches en vue d une lecture historique de la forme romance pendant la guerre civile espagnole s attaque ici la g n ration de po tes d sign e du doux appellatif de Postnovisimos en leur travail de la strophe et plus pr cis ment encore du sonnet alors que les enjeux id olo giques plus brouill s moins tranch s depuis l av nement de la d mocratie n autorisent plus les trop faciles assignations d antan pour lecteurs ing nus leur attachement de fort diverses formes puisant abondamment dans le r pertoire de la Renaissance europ enne au Modernisme hispanique y affronte la tentation vers libriste en posant le
228. de son introduction l uvre roussellienne Chez Fata Morgana Fayard ont t rassembl s en 1998 tous les crits de Michel Leiris au sujet de Roussel avec d importants in dits et la correspondance que les deux auteurs ont chang e entre 1915 et 1933 ainsi le 16 d cembre 1922 on lit sous la plum de Roussel Je vois que comme moi vous pr f rez le domaine de la Conception celui de la R alit D un ton plus d sinvolte Raymond Roussel au cannibale af fable de Philippe Kerbellec Editions du Rocher 1994 propose souvent des observations fort originales tout au long d une s rie de chapitres qui s intitulent entre autres Cadet Roussel Acrobaties p gasiennes et Ce que mes vers pour l me sont ouf a mort En outre diff rentes th ses tr s int ressantes ont t soutenues ces derni res ann es ayant en totalit ou en partie Roussel comme sujet je pense surtout celle de Herm s Salceda parue en 1998 aux Editions du Septentrion qui fait notamment avec une grande pertinence le point sur Nouvelles Impressions d Afrique Il faut mentionner galement celle de Christelle Reggiani La Rh torique de l invention de Raymond Roussel l Oulipo Universit Paris IV 1998 Une vue d ensemble du th tre roussellien par Sjef Houppermans se trouve dans le num ro 2 de la Revue Antemnae Rome 2000 pp 11 59 et un int ressant essai de renouvelle ment de l approche p
229. de tenter par le recours intertextuel une r actualisation ou une reconstitution mais d intensifier des pans singuliers de son histoire De telle sorte donc 47 DOSSIER Le r el impossible Salle d attente du Docteur Dinteviile extrait de la description d un tableau Au premier plan juste derri re la vitre du caf sur laquelle de grosses lettres blanches crivent l envers a Ras deux hommes jouait au tarot p 258 2S9 l envers cette indication pointe d une part un d faut d iconicit En effet si explicitement elle d signe bien de fa on redon dante l inversion visible des lettres reproduites elle d signe non moins implicitement et en mani re de suppl ment cette fois une seconde inver sion moins frappante les lettres blanches du r f rent suppos sont ici reproduites en noir typographique S il est vrai que non sans paradoxe par son insolite surcro t de mim sis l ic ne rel ve de l opacit et affai blit le repr sentatif c est alors en acte que l impossibilit constitutive d une mim sis directe est ici embl matis e Une seconde lecture est d autre part envisageable Car on sait que tout effet de miroir et de lecture inverse tel est ici le cas est une r alisation dans le texte perecquien de l ncrage dit des sym tries bilat rales Et de fait sa mani re l inscription sur la vitre se lit telle l criture h bra que
230. delfaltah Kilito et Khadija Mouhcine e Georges Perec entretiens pr sent s par Dominique Bertelli et Mireille Ribi re pr sentation transcriptions traductions et notes Sites Internet e Association Georges Perec http www association perec org Liste Perec listeperec subscribe yahoogroupes fr Le Cabinet d amateur http www cabinet perec org e La page Perec de Philippe Bruhat http www2 ec lille fr book perec Bibliographie de Jean Beno t Guinot http perso wanadoo fr jb guinot pages home html 20 Bernard Magn A propos de W ou le souvenir d enfance cinq micro lectures du manuscrit de Stockholm la m moire de saint J r me Je commencerai par une pr cision terminologique l intention des lecteurs peu familiers avec les manuscrits de Georges Perec On appelle manuscrit de Stockholm parce qu il est d pos la biblioth que royale de cette ville un manuscrit des chapitres autobiographiques de W ou le souvenir d enfance C est David Bellos qui en a retrouv la trace et qui en a reconstitu l historique 0 Quelques unes des choses que je ne ferai pas et quelques autres que je m efforcerai de faire Je n aborderai pas ici les probl mes de datation voire les diff rends que ce manuscrit a suscit s en particulier entre David Bellos et Philippe Lejeune Je n interviendrai pas davantage dans l histoire g n rale de l criture de W telle que Philippe Lejeune l
231. des objets trouv s dans le caniveau par le jeune fu gueur savoir cette pi ce de m tal ouvrag form e d une sorte de tube de cuivre coud qui se terminait d un c t par un clapet ressort et de l autre par une tige filet e Jsn 24 Le lecteur est d autant plus intrigu par ce myst rieux objet s il se souvient de l ing nieur qui vers huit heures du soir le 23 juin 1975 pendant sa r vision de la chaudi re du 11 rue Simon Crubellier essuie avec une peau de chamois une petite pi ce cy lindrique se terminant d un c t par une tige filet e et de l autre par un clapet ressort Et l intuition que l on peut bien avoir qu il s agit d un m me objet et d un objet non d nu de signification semble confirm e par la d couverte dans la chambre abandonn e par Gr goire Simpson au chapitre 52 de La Vie mode d emploi c t de la bassine en mati re plas tique rose et des chaussettes sales qui viennent tout droit d Un homme qui dort d un petit objet constitu par une tige de m tal se terminant un bout par une vis filet e et l autre par un clapet ressort Vme 289 La fugue historique de Georges Perec eut lieu vers la fin des ann es 1940 Les Lieux d une fugue fut crit en 1965 et publi en 1975 C est entre 1975 et 1978 que Perec r dige La Vie mode d emploi et dans les m mes ann es imagine et tourne un film de t l vision partir de son r cit d
232. diaboliques mises en sc ne par Blunt Stanley et Ingeborg Skrifter LXV La Vie mode d emploi peut donc se lire comme un miroir du roma nesque autant que du roman figur par le texte lui m me comme un miroir grotesque via sa transposition picturale dans le projet de Val ne f L id e m me de ce tableau qu il projetait de faire l id e m me de cet immeu ble ventr montrant nu les fissures de son pass l croulement de son pr sent cet entassement sans suite d histoires grandioses ou d risoires frivoles ou pitoyables lui faisait l effet d un mausol e grotesque dress la m moire de comparses p trifi s dans des postures ultimes tout aussi insi gnifiantes dans leur solennit ou dans leur banalit p 168 La copie ne saurait retrouver l nergie de la forme premi re m me si la d marche encyclop dique mobilise une dynamique propre celle du col lectionneur le miroir du romanesque que propose La Vie mode d emploi est grotesque parce qu il est le miroir d un romanesque l nergie per due O l on retrouve d ailleurs la r f rence Flaubert au del des r critures ponctuelles ou de l impr gnation stylistique globale revendiqu e dans Les Choses La Vie mode d emploi propose en somme une actualisa tion romanesque entre autres du projet de copie de Bouvard et P cuchet La question du rapport au temps para t ici centrale la r ponse de l criture pere
233. distraite Henri B har de son c t traite Roussel par la voie de l informatique et l id e se r v le ici encore tre fructueuse La fr quence des mots mais surtout leurs concat nations r p titives les sc narios qui s bauchent de la sorte permettent de mieux cerner les obsessions ou simplement les orni res habituelles de l auteur B har montre surtout que pour un auteur chez qui les reflets les doublures et les r p titions sont une v ritable hantise sa m thode permet de prouver l extr me pr cision de l inscription de ces fi gures dans l laboration du texte Dans les articles qui suivent Sjef Houppermans essaie de pr ciser la pertinence d une lecture psychanalyti que tandis que Ghislain Bourque partant d un cas d intertextualit expli cite entre le roman Le Rayon Vert de Verne et le conte La Peau de la raie d couvre tout un syst me intertextuel implicite et dilu mais pas moins efficace s tendant par exemple l pisode de Duhl S roul dans Locus Solus Autre comparaison passionnante celle que Fran oise Atlani Voisin tablit entre l criture roussellienne dans Impressions d Afrique et les re cherches de Saussure sur les anagrammes Elle conclut entre autres que si Roussel ne d veloppe pas une th orie explicite concernant le langage il 223 ESSAIS n en reste pas moins qu il ne cesse de m ler jusqu l indistinction totale une pratique de l criture
234. dois tre transport bord La zone franc le savoir faire Le Mikado les asticots A tout bout de champ machin truc chouette Le Crocodrome de Zig et Puce 183 DOSSIER Le record de tes vices et la ligne de tes damnations Par pertes et profits et Prosper youp la boum Un couple sans histoire le Grand Jeu Largenti re Docteur j ai mal ici Monsieur c est l j junum Nous voil rassur s Lapaine c est Bensmih L ing tire d ailes et ni vu ni connu Une course de c te une demande crite Crosby StiiL Nash amp Young Cocody La conversion de Constantin le moral z ro Il est un peu po te le p rim tre de s curit Honda et Mancel Mask les baleines de sable La question du Maroc mais o est Syd Barrett Le Marais poitevin et les Marais pontins Mon Mickey maousse une sacr e ration Fais pas du chiquet arr te tu m esquintes Le chien Dagobert une envie de gerber La Soci t des forces motrices de la Durance Le quartier des Concessions internationales La colonne tronqu e de saint Sim on Stylite Apollinaire que nous aimons Les pr c dents pisodes O va t on ont t publi dans Java n 11 16 18 19 21 22 LArt d g n r Al Dante 1998 gt et Tija n 6 184 Anne James Chaton Semaine d Ao t lundi 1 lettre Philat lique Soci t de BESAN ON HISTOPHIL 2 EXPOSITION NATIONALE D HISTOIRE POSTALE 16 17 ocr 1999 BESANCON PROUDHON 7 8 99 libert
235. e tablie au pr alable et les accumuler dans un texte volontairement bref 113 Alain Zalmanski Les voyages divers Petite tude des plagiats par anticipation de Hugo Vernier dans l ordre de leur divulgation Le Voyage d hiver occupe une place particuli re au sein des r cits de Georges Perec En effet il est pratiquement le seul avec un degr moin dre Je me souviens avoir suscit des d veloppement et une exploitation imag e contraignante et coh rente C est donc un tour d horizon au sein des aventures litt raires d Hugo Vernier et de sa famille que nous vous convions avec une analyse dans l ordre de leur apparition Voyage d Hiver Georges Perec Magazine litt raire n 193 1983 Premi re parution in Hachette Informations n 18 mars avril 1980 A la fin du mois d ao t 1939 Vincent Degra l jeune professeur de lettres d couvre chez les parents d un de ses coll gues Denis Borrade un petit livre Le Voyage d hiverl publi Valenciennes en 1864 par un Hugo Vernier Stup fait ef admiratif Degra l se rend l vidence Hugo Vernier po te aussi g nial que m connu a plagi par anticipation pratiquement tous les plus grands noms de la po sie du XIXe si cle de Richepin Rimbaud de Verlaine Cros ou Banville Denis et Vincent analysent syst matiquement Le Voyage d hiver et cons tatent qu il contient plus de trois cent cinquante fragments que l on retrouve chez une tre
236. e Mer Creuse Je Lai toujours Ignor Schl ss Werneck premier septembre 1911 Nous Sommes Le Premier Septembre Mille Neuf Cent Onze Sept Jours Apr s Le Vingt Cinq Ao t Mille Neuf Cent Onze Deux Jours Avant Le 3 septembre Mais a Ne Change Rien Le Premier Septembre Mille Neuf Cent Onze Ressemble A Sy M prendre Aux Autres Journ es De Nuit Qui Sans Roulent Autour De Ma Boite Que Je Garde Creuse Comme La Coquille Creuse Dune Mer Que Rudolph Goesch De Schw ring Ma Remise Ferm e Comme Une Huftre Qui Est Une Autre Coquille De Mer Mais Celle Donn e Dar Rudolph Goesch De Schw ring Est En Spirale Un Fort Joli Mot Par A leeurs Que G Entendu Dans Ces Moments Ou De Sourde Je Ne Ressens Rien La Coquille De Mer Dans Les Doigts Le Jour Davant Celui ci Je Crois Mais Je Nen Suis Pas Certaine Sauf De La Coquille Qui Mest Tom b e Des Doigts Eh Bien Aussi Creuse Aussi Lisse Aussi Nervur e Aussi Inaudible Sous Les Doigts Sauf Aux Vibrations Des Ongles Qui R pent Dans Les Nervures De La Coquille Vide L cho Personnel Que J ai entendu De La Mer Dans Le Vide Creux De La Coquille Creuse Mais Qui R sonne Du Souffle De La Mer Que Sourde Jentends 141 DOSSIER La Spirale Mes Tomb e De Mes Doigts Pleine De La Mer Et J ai Cherch A La Ramasse
237. e il n est pair que localement dans 3 po mes seulement p 8 1 strophe de 8 vers p 29 5 4 et 5 vers p 82 7 5 et 6 vers On ne trouve donc dans tout le recueil que 3 po mes sur 200 ne respectant l impair qu un niveau sur 3 syllabes vers strophes La 3 r gle est toujours observ e et la 2 presque toujours Derni re remar que les m tres en p 29 sont tous des multiples de 5 15 15 15 15 15 25 15 15 30 15 20 15 15 15 Pour toute cette d finition du vers libre standard cf bien s r La Vieillesse d Alexandre de Jacques Roubaud Le texte de Lamiot n est videmment pas le produit d un simple d cou page de prose comme on peut produire des vers libres partir d un texte de pure prose La contrainte et le choix d un sch ma strophique pour chaque po me ont conditionn un travail d criture qu attestent l absence presque totale de coupe au milieu de mots ainsi que maints traits d cri ture tels qu ellipses raccourcis asynd tes etc Benoit de Comulier Art po tique pp 47 et 260 D autres questions m riteraient d tre abord es pour d crire cette m tri que quelle est la typologie des discordances quelle est leur fr quence quels mots apparaissent en fin de vers En outre comment les m tres se combinent ils pour former les sch mas strophiques Quelle est la fr quence de chaque m tre dans les po mes r guliers selon les types de po mes et
238. e les Rougon Macquart pour Pot Bouille op cit p 18 Le cycle naturaliste ou r aliste diff re cependant du puzzle inachev en ce que chaque volume participe de la cl ture de l ensemble avance vers un ach vement qu au contraire Perec repousse sans cesse De plus avec le puzzle l insertion dans la litt rature est davantage revendiqu e 75 DOSSIER A cause de cette revendication et d une volont d ouverture qui s ap puie sur des fonctionnements nigmatiques d ceptifs le texte perecquien risque d tre moins lisible que le texte r aliste dont la tendance est de chercher transmettre imm diatement l information Si Perec recherche une langue neutre cela n a donc pas la m me signification sa r f rence est plut t avec le Barthes du Degr z ro de l criture le roman d aven ture ou policier Et cette neutralit permet aussi de masquer la disconti nuit de l nonciation les impli citations Cette criture correspond donc la revendication d un romanesque l affirmation d une essentielle ambi gu t d une intertextualit Hyperr alisme Dans un tel dispositif le statut du d tail se trouve modifi Perec connais sait bien les analyses de Barthes sur l effet de r el au point de les r crire dans Ceci n est pas un mur Avec La Vie mode d emploi l hypertrophie du d tail fait basculer le r alisme dans l hyperr alisme L id e tait plut
239. e Comulier Art Po tique p 253 Certains po mes sont compos s de plusieurs sections num rot es ou s par es par des ast risques Lorsque les sections d un m me po me pr 237 ESSAIS sentent des structures formelles diff rentes elles sont distingu es et comp t es s par ment en tant que sous po mes p ex aux pp 22 24 Quand tout un po me subdivis pr sente la m me structure pour toutes ses par ties il n est compt que comme une unit p ex pp 154 155 Une s quence du type 5 5 7 repr sente les diff rentes longueurs de vers d une structure strophique Le nombre de strophes r p tant cette structure et formant le po me est mis en facteur devant le sch ma 5 5 5 7 On ne constate que tr s peu d entorses aux r gles de base Sauf erreur 6 vers seulement sont faux du point de vue de l impair ou de l isosyllabisme dans la structure strophique un 22s pour un 17s en p 42 un 12s pour un 1 ls en p 81 un 10s pour un 1 ls en p 163 un 5s pour un 7s en p 24 et 144 un 3s pour un 5s en p 218 Deux po mes seulement ont un nombre pair de vers p 164 58 vers et p 28 16 Dans les po mes irr gu liers la r gle de l impair g n ralis n est r ellement ignor e qu au niveau de la longueur des vers Pour le reste on n y observe aucun po me d un nombre pair de strophes contre 7 d un strophe et 25 d un nombre impair Quant au nombre de vers par stroph
240. e Marguerite Du ras envoy tous les diteurs et refus par eux et Dominique Noguez sur le m me traitement et r sultat pour Mrs Dalloway et sur la publication de Dandys de l an 2000 ou en ont t victimes Paul Braffort Fran ois Caradec revient sur l affaire de la Chasse spirituelle dans la table ronde finale o sont convoqu es les ombres de Cendrars Ren e Dunan ou Pas cal Pia Les probl mes de la gen se de ces mystifications des moyens stylistiques qui les rendent cr dibles de la r ception par les lecteurs et les diteurs qui les rendent possibles sont repris au cours de discussions ru dites et all gres tout fait en accord avec le th me abord A C Ecritures et lectures contraintes Cerisy ao t 2001 Le colloque de Cerisy consacr aux Ecritures et lectures contraintes s est tenu en ao t dernier sous la direction de Jan Baetens et Bemardo Schiavetta Il a r uni des contributions d une extr me vari t maintenant la plus grande amplitude possible des types d approches adopt s sans s parer la r flexion th orique des pratiques litt raires lectures et performances de Paolo Albani Raffaele Aragona Daniel Bilous Alain Chevrier Sjef Houppermans Pierre Lartigue Armel Louis Marc Parayre Astrid Poier Bemhard Mireille Ribi re Chantal Robillard Bemardo Schiavetta Uwe Schleypen Heather Williams ont ainsi accompagn le d roulement du colloque Du point de vue th orique la r
241. e Raymond Queneau on peut dor navant avancer que l incipit t moigne de cet hommage en portant la trace encrypt e en acte de la d dicace paiatextuelle Hommage public et inscrip tion salut l homme mais reconnaissance d un cr dit textuel galement 58 PEREC VINGT ANS APRES C line ef Queneau donc dans cet endroit neutre qui est tous et personne o les gens se croisent PRESQUE sans se voir Car il est bien vident que cette relation n annule pas la pr c dente preuve en est le re doublement de l allusion C line qui se comprend d autant mieux mainte nant Du point de vue de l histoire ce feuillet n est pas sans cho Le Chiendent et Le Voyage sont quasiment contemporains et on conna t le d pit passager de Queneau la parution de l uvre de C line accus de lui voler sa gloire future en lui prenant quelque peu ses id es Plus tard m me si c est avec quelque restriction Queneau reconna tra l importance de C line pour l av nement du n o fran ais alors au c ur de ses pr occu pations L essentiel videmment ne r side pas l Pour l crivain Perec Queneau c est le ma tre en criture et le ma tre en sagesse la pr sence tut laire le signe d un rapport pacifi au monde Moins qu un repoussoir la pr sence de C line au seuil inextricablement li e celle de Queneau peut tre lue comme l envers indissociable du signe Le sympt me d u
242. e Samoyault dans un ouvrage r cent par ailleurs fort stimulant l Intertextualit M moire de la litt rature Nathan 2001 p 103 104 19 Bernard Magn Perecollages Toulouse Presses Universitaires du Mirail 1989 p 73 20 Je rappelle que Bernard Magn d finit la notion d ncrage par trois traits sp cifiques l ncrage se caract rise par sa r currence c est un l ment qui se r p te soit dans un m me texte soit d un texte l autre tout ncrage doit pouvoir tre reli un fragment d autobiographie qui en fournit pour ainsi dire le sens d riv tout ncrage tant une forme sens il doit constituer la base d un r glage textuel Georges Perec Nathan coll 128 1999 p 29 30 L ncrage des sym tries bilat rales palindromes chiasmes diagonales est la marque dans le texte de l opposition dynamique des langues juda que langue absente des origines qui se d ploie de droite gauche et fran aise lan gue de l criture qui se d ploie de gauche droite 21 Sur l ncrage du onze m tonyme cardinal de la disparition de la m re d clarf e officiellement d c d e le 11 f vrier 1943 W ou le souvenir d enfance chapitre VIII et celui de la cassure voir Bernard Magn Georges Perec op cil resp p 58 65 et48 55 22 Sur cette notion voir Michael Riffaterre La syllepse intertextuelle Po tique n 40 p 498 2
243. e au hasard et ignore la diff rence entre textes contraints ou non romans ou pi ces de circonstance fiction ou autobiographie A noter Dominique Bertelli Une biblioth que d ducation et de recr ation les impli citations des Voyages extraordinaires de Jules Verne dans La Vie mode d emploi dans Le Cabinet d amateur n 5 1997 Danielle Constantin Ne rien nier Enoncer la mise en place des instances nonciatives et narratives dans les premiers temps de la r daction de la Vie mode d emploi Texte n 27 28 Bernard Magn Perecollages 1989 Tous les colloques centr s sur l uvre de Perec les diff rents num ros des Ca hiers Perec et du Cabinet d amateur ainsi que les programmes du s minaire Perec illustrent bien l largissement de la r flexion et du corpus De l auto bio graphie l autobiotexte Si dans la premi re moiti des ann es 1980 c est la Vie mode d em ploi consid r e comme le chef d uvre incontest de Perec qui est au centre des recherches durant la seconde moiti de la d cennie l impor tance de W ou le Souvenir d enfance et de l entreprise autobiographique de Perec est plus largement per ue 13 DOSSIER Au cours de l ann e 1986 87 W ou le souvenir d enfance fait l objet du s minaire Perec les diverses interventions tant publi es dans les Ca hiers Perec n 2 en 1988 La m me ann e para t Georges Perec de Claude Burgelin qui souligne
244. e bougre tait en train de terminer sa belote avec des copains 1 p 250 251 On avait conjectur qu avec le casse cro te l ncrage du onze tait actualisable cette seconde origine mise au jour le confirme en explici tant la le on en toutes lettres En outre par le biais de cette relation nou velle c est l ic ne elle m me dor navant qui porte une nouvelle valeur mise en abyme de l univers entier dans le texte d Amila cette ic ne devient donc chez Perec more geometrico la mise en abyme par excellence de l impossibilit d une repr sentation droite Mais l essentiel mon sens r side dans la teneur de ce dernier intertexte parodie avou e du genre l o on ne l attendait peut tre pas dans l un des coins les plus obscurs de la Biblioth que du roman surgit un rire ind fectible Comme l affirmation d une vie au sein m me du souvenir de la m re disparue Un rire dont cette ultime notation extraite du Neuf de Pique lancerait l clat le plus ac r La pr sence d une forme ellipso dale derri re le Neuf de Pique n a jamais t tudi e avec autant de minutie mais lorsque vous parlez de l il de Dieu on ne vous suit plus p 213 Quel d miurge en effet derri re cette forme ellipso dale qui dessine travers les reflets multiples des miroirs intertextuels le sillon d un d sastre on ne vous suit plus La fausse rencontre C tait une voix
245. e de la Sorbonne Le Romanesque et la Fiction op cit 23 N Frye TheSecular Scripture op cit p 29 44 Dominique Bertelli Hors programme Des citations implicites de Flaubert ou de Baudelaire dans Les Choses de Queneau de La Fontaine de Larbaud de Leiris ou de Rousseau dans Quel petit v lo de Diderot de Lamartine de Borges de Sartre de Ca mus de Duras de Le Cl zio de Joyce de Flaubert de Mann de James d Apollinaire de Breton de Barthes de Pr vert de Queneau de Lowry dans Un homme qui dort roman qui confine au centon des r critures d clar es de Mallarm de Hugo de Rimbaud et de Baudelaire ou des r critures encrypt es de Mann de Joyce de Borges de Bioy Casares de James de Flaubert de Lowry de Roussel dans La Disparition qui se cl t par ailleurs sur une s rie de citations explicites de multiples em prunts et allusions l uvre de Verne dans la partie fictionnelle de Wou le souvenir d enfance On pourrait presque linfini multiplier les exemples Les textes perecquiens ressortissent au premier chef une entreprise pro fond ment intertextuelle Pour Perec et la m taphore est aujourd hui en passe de devenir un lieu commun critique la litt rature et le texte sont l image d un puzzle la pratique intertextuelle est le signe d un arpentage la marque d un r seau Dans La Vie mode d emploi dont il sera ici question
246. e de la contrainte Ces programmes et proc d s litt rai res hors normes sont particuli rement visibles dans la production de cer tains po tes de l extr me contemporain comme Anne Jammes Chaton ou bien comme Jacques Sivan et Jean Michel Espitallier de la revue JAVA auxquels nous avons demand des po mes et des textes de r flexion sur leurs critures D autres auteurs contraintes Alin Anseew comme Jan Baetens Alain Chevrier R gine Detambel Patrice Hamel Jacques Perry Salkow Guy Lelong et Gilles Tronchet sont des habitu s de Formules Nous accueillons enfin pour la premi re fois Marie Etienne po te du vers compt qui nous donne une de ses proses Otto Ganz et son tonnant h t ronyme Barbara Suckfull et finalement une d couverte Michel Clavel dont nous offrons ici l un des tout premiers textes tre publi s Tout comme dans nos pr c dents num ros d j publi s revue formules wanadoo fr invite ses lecteurs nous envoyer leurs adres ses e mail pour prendre la parole pour discuter les propositions ou les textes publi s pour joindre les auteurs de la revue et pour tre inform s des multiples manifestations lectures d bats colloques salons festivals auxquelles nous participons Le site web actualis de Formules http www formules net sera un atout majeur dans ce d bat d autant plus que l criture lectronique qui fait maintenant partie du programme d criture de plusieurs de no
247. e en aper us parfois humoristiques r sume sa th se par la formule paradoxale less ts more D aucuns moduleront more or less tant donn sa f con dit et la vari t de ses int r ts nous pouvons penser et m me souhaiter 256 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES que ce philosophe nous donnera un jour un ouvrage plus d velopp et cen tr sur la seule contrainte artistique A C Formalisme Jeu des formes S rie Philosophie 7 Cahier sous la direction d Eveline Pinto Publications de la Sorbonne 2001 130 p Eveline Pinto donne une pr sentation utile o elle rappelle notamment la r volution po tique th oris e par Edgar Poe Sp cialiste de Mallarm Pascal Durand confronte le Livre de celui ci avec le Grand Verre de Du champ et parle notamment de 1 autot lie des uvres modernes Eveline Pinto explore ensuite L informel selon Jean Dubuffet peintre et cri vain de l informe et du difforme In s Champey traite d un formalisme r aliste La Note sur le formalisme et ses origines kantiennes d Emma nuel Bourdieu est d une clart remarquable Alain Roger d veloppe son concept d artialisation Les arguments antiformalistes du critique d art Yves Michaud reprennent la liste des contenus de l uvre d art pr sent s dans l ouvrage traduit de Thomas Ms Evilley Art contenu et m con tentement Jacqueline Chambon 1990 dont une part nous pa
248. e en recueil Au total on a quelque mal voir o veut en venir l auteur qui envisage successivement les structures et jeux versaux strophiques syntaxiques et s mantiques le renfort des contraintes le jeu sur les registres et la mise nu des conventions pour synth tiquement conclure en substance qu avec Queneau nous avons affaire un classi que en ce qu il retrouve l ordre qui redevient comme pour l homme du XVU si cle facteur de libert p 147 ou dit autrement et qui revient l envi sous diverses formulations parfois obscures Ainsi le jeu sur la 290 CHO DES COLLOQUES forme du sonnet tend paradoxalement respecter les contours sic et les contraintes tout en l adaptant et en le renouvelant p 154 Voil qui m riterait d ailleurs de se prolonger ou de se pr parer d un d bat sur la notion de classique surtout si l on confronte ce jugement cette affirmation aux vertigineuses cons quences selon laquelle le sonnet est d s l origine la fois fortement d limit et cependant multiple p 155 le sonnet classique d s ses d buts Ernst Dautelp 161 172 Le limerick une po sie populaire aux dimensions multiples Avec une vidente jubilation d amateur certains des po micules propos s de leurs traductions ou de leurs adaptations sont de son cru l auteur nous offre l une des contributions les plus int ressantes du lot parce qu elle s
249. e et fiable Formellement d crit ainsi A lubncant dispensing device comprising a lubricant r ceptacle and means for receiving lubricant from said r ceptacle and discharging it under pressure comprising a cylmder cafried by said r ceptacle a plunger reciprocable therein and means for reducing tbe pressure upon the discharged lubricant said means being controlled by the movement of said plunger Jusqu aux ann es 1960 de tels dispositifs fabriqu s par la Winkley Company aux Etats Unis ou bien sous licence dans de nombreux pays europ ens taient indispensables pour les voitures automobiles les auto bus et camions et bien d autres machines Ces Winkleys comme on les appelait famili rement qu ils fussent d origine ou non existaient des millions d exemplaires et il n est gu re surprenant qu un adolescent en retrouve un dans un caniveau parisien la fin des ann es 1940 C est un petit peu plus surprenant d en retrouver un dans les mains d un ing nieur plombier en 1975 mais la chaudi re du 11 rue Simon Crubellier n tait pas de fabrication r cente Byme et West ont donc r solu de fa on enti rement satisfaisante l nigme de la r f rence de la description trois fois r p t e dans l uvre de Perce Mais comme c est souvent le cas la r ponse correcte n est que la condition n cessaire pour pouvoir poser des questions autrement plus difficiles Winkley n est pas W
250. e finit terre B te concours de d finitions bien s r Breuvage Scandinave qui n a rien voir avec l hydromel Thor boit Io Ce qui lui est arriv aurait pu la faire tourner en bourrique Elle a pass le Bosphore videmment 2 Mots crois s minimum de Ren Droin Quand il est question de mots crois s le terme d finition est parti culi rement mal choisi En effet une d finition par d finition ne doit pas trop d finir le mot trouver mais seulement donner des pistes pour la recherche les Anglais disent d ailleurs due c est dire indice Prenons un exemple Soit trouver un mot de huit lettres Avec des d finitions de moins en moins d finissantes on a Instrument utilis par le menuisier pour tracer des lignes parall les l ar te d une pi ce de bois C est la d finition du dictionnaire pour 301 JEUX TRUSQUIN Un seul mot peut convenir il n y a qu une solution Instrument utilis par le menuisier pour tracer des lignes au TRUSQUIN viennent s ajouter la RAINETTE et le TRACERET Instrument utilis par le menuisier la liste s allonge AFFILOIR BESAIGUE CHEVILLE EMPENOIR GRATTOIR MORDACHE POIN TEAU SIMBLEAU TENAILLE TIRECLOU peuvent convenir Instrument la liste des instruments utilis s par diff rents m tiers y compris les instruments de musique comporterait plusieurs dizai nes de noms
251. e grammaire Il porte un sous titre important Exemplaire de r f rence dition du 18 d cembre 1978 tr s important pour ne pas r imprimer des erreurs d anciennes ditions d j corrig es Ce qui veut dire que ce que Perec lui m me consid rait comme 104 PEREC VINGT ANS APRES des erreurs ont t rep r es progressivement au fil des lectures la corres pondance avec ses lecteurs t moigne de ce rep rage et qu il n y a pas lieu de figer le texte partir de quelle dition d ailleurs d cidera t on qu on est en pr sence de l tat du texte correspondant aux v ux de Perec On ne peut m me pas recourir au x manuscrits ni m me au tapuscrit cor rig de sa main puisque une lecture attentive montre qu entre ce tapuscrit et le texte imprim il y a encore des diff rences les preuves corrig es ne sont pas non plus indiscutables puisque le sous titre voqu s ci dessus montre qu l vidence Perec a laiss passer des fautes qui devaient tre corrig es Donc pour tout ce qui est coquilles et erreurs orthographiques il ne me semble pas sacril ge qu il s agisse du texte ou de l index ou des autres pi ces annexes d avoir proc d la suppression de ces coquilles et erreurs Une lecture des manuscrits montre par exemple que Perec crit presque syst matiquement r soud au lieu de r sout et pas seule ment dans VME Dans le tapuscrit voqu il propose une cor
252. e r ponse aux miens Nous avons d crire et envoyer chacun notre lettre en m me temps Comme quoi nous agissons toujours pareil et sommes d cid ment faits l un pour l autre Dimanche prochain en tout cas plut t que retourner sur ma tombe j irai visiter cette demoiselle dans la capitale Le dimanche suivant A au petit matin se l ve comme un seul homme prend une douche un caf le premier car pour Niort et de l un TGV direct pour Paris Le voyage dure un peu plus de deux heures A essaie de lire le journal mais n y accorde aucune attention ne rel ve rien reste indiff rent aux nou velles du monde A travers la vitre il voit d filer des paysages de campagne des petits villages des routes bord es d arbres des cours d eau et des ponts tout a glisse aussi sous ses yeux son regard suit juste deux trois secondes la course d une Peugeot indigo sur une autoroute Il ne semble rien saisir autour de lui n entend pas les cris des enfants ne remarque m me pas l tre repoussant install en face la grande chose laide et flasque dont les cheveux s entortillent et les dents se chevauchent la voiture bar il avale s en rend il seulement compte un feuillet au fromage de ch vre une tarte dXpoires puis trois croque madame Il ne pense qu L Gare Montparnasse il monte dans l autobus 91 descend la Bastille remonte en sifflant le boulevard Beaumarchais la rue des Francs Bourgeois
253. e ses cousins Des tablettes retrouv es associent sous forme de prose ou de vers parfois boustroph miques des r cits antiques et des person nages ou fragments de notre litt rature occidentale Un Jean Rhizome et son Ph dre l odeur racinienne Ode Narcisse sur laquelle Paul Val ry s est sans doute calqu des vers d H l ne la belle semblables du Ronsard Mais aussi des Eugophemies complaintes d IO qui citent nomm ment et deux mill naires avant leurs travaux cruciverbistes Perec Bens ou Scipion Le cousin Antoine Huet qui envoie ces Eugophernies porte tonnam ment le m me nom que nom de jeune fille de l pouse de Hugo Vernier dont les travaux plagi s ont fait l objet de nombreuses recherches L association Hugo Vernier et Eugophemies reste cependant d couvrir Le voyage du Ver Fran ois Caradec BO n 114 mai 2001 Les voies imp n trables d une succession de hasards am ne un ver de bois n le 5 juin 1944 dans une volige du clocher de Sainte M re l Eglise tre log dans l tag re d une biblioth que du ch teau de Latr aumont ayant appartenu aux Borrade puis devenir ver de biblioth que chez H M Sa lecture d but e en 1947 avait t une sorte de parcours initiatique travers des ouvrages parus essentiellement au XLXe si cle qu il d vore sys t matiquement et souvent de fa on tr s critique Arvers et d Auvemier Baudelaire puis Bloy 22 ans pour arriver au bo
254. e suivant les l ments textuels sont des mots Appas fascheux et doux doux et fascheux trespas Trespas fascheux et doux doux et fascheux appas Il s agit de deux vers r trogrades cit s par Tabourot dans ses Bigarrures Il est vident que le sens de ce distique ne renvoie aucunement la figure rh torique l antim tabole qui le constitue Consid rons mainte nant un deuxi me texte construit selon la m me formule Diagramme Le montre et d crit phrase antim tabolique cette syn taxe inverse d inverse syntaxe cette antim tabolique phrase d crit et mon tre le diagramme La mat rialit graphique de ce petit texte dessine sur la page un dia gramme qui est une sous cat gorie des ic nes ce dessin est le r sultat d une s quence sym trique de mots organis s en discours Or ce discours nomme et d crit bri vement les figures iconiques et rh toriques qui le constituent comme un tout Les deux cat gories de signes imbriqu es dans la phrase appartiennent donc deux syst mes s miotiques totalement dif f rents a l syst me symbolique linguistique du langage articul crit b le syst me iconique du langage iconique visuel Une personne ignorant compl tement le fian ais pourrait y percevoir une inversion voire un diagramme d inversion mais lorsque le texte est lu en fran ais son aspect linguistique pr cise et fixe par une r tromotivation la signification de l ic ne
255. e syllabique pr tabli Non seulement les vers peuvent exclusi vement en mots monosyllabiques tradition dont il est d autres exemples fran ais anglais ou italien mais de deux de trois syllabes ou plus jusqu cinq syllabes dans des faratantara Syllabiques et quasiment bi verbaux Maternalistic accommodation Misrepresenting immediacy gt tous exercices devant mobiliser un dictionnaire de rimes pour les syllabes et quelque Crossword Dictionary pour les lettres Un des sonnets est en vers rhopaliques et rhopaliques inverses c est dire au nombre de syllabes croissant ou d croissant mais d autres associent deux ou trois agglom rats syllabiques comme le mots de une deux et trois syllabes dont les quatorze vers doivent tre astreints au m me rythme syllabique c est dire former des vers isosyllabiques On appr ciera cette contribution la po sie syllabique Les deux sonnets finaux et finauds sont en langue fran aise Le premier un sonnet rimes pour l il et non pour l oreille telles est Est fils fils semble poursuivre un travail d Harry Mathews dans la m me s rie l oeil n 70 dans un domaine qui avait d j bien d frich par de grands po ticiens comme Alphonse Allais Courteline et Apollinaire Le second un sonnet monkine part d un vers rhopalique lettrique L os mu dans notre raison ex cuta et suit une contrainte d j pr sent e pa
256. e toujours cit e jamais comment e l Histoire avec sa grande Hache p 13 Pour une analyse plus d taill e et notamment pour les enjeux de ce calembour je renvoie ma communication de Copenha gue Mais j avais fait cette communication sans conna tre le manuscrit o Pe reca crit l histoire avec un grand H la formule finale n apparaissant que dans le livre voir annexe 2 J avais termin mes remarques en voquant les probl mes que ce calem bour posait aux traducteurs et stigmatis ceux qui avaient n glig le calembour privil giant la traduction m talinguistique l histoire avec un grand H et du m me coup de hache supprimant toute r f rence l isotopie de la cassure Je leur avais reproch de traduire un texte que Perec n avait pas crit J avais tort Ils ont fait pire ils ont traduit le texte que finalement Perec s est refus crire Ils sont revenus un tat du texte que Perec avait jug d fectueux Mais en 1 occurrence Perec correcteur corrig c est beaucoup moins dr le que l arroseur arros Je remarquerai simplement que le texte du manuscrit rel ve d un lieu com mun l opposition entre la petite histoire individuelle et la grande univer selle tra ne partout La preuve on la trouve m me chez Doubrovsky 23 DOSSIER L Histoire avec un grand H domine et efface les petites histoires Conclusion les traducteurs qui annulent le
257. ean Marc Pannetier Grasset 1992 p 328 155 Ma m re avait oubli depuis bien longtemps que tous ces ves tiges taient enfouis dans ce sous sol Elle et mon p re les avaient gard s l pendant cinquante cinq ann es dans lattente j ima gine du jour o l un de leurs enfants aurait l envie de fureter avec tendresse dans ce d dale de souvenirs peut tre la re cherche d un recueil de po mes de photographies en noir et blanc o figurerait immanquablement la voiture de la famille d un jeu d osselets et de vieilles billes caill es d un carnet d chir d une poup e bouriff e ou d un bulletin scolaire En 1942 Jean Guitton publie Les fondements de la communaut fran aise dans la collection Les Cahiers des captifs Editions du Centre d action des prisonniers Le livre dont il est indiqu qu il a d abord t publi Aux ditions de l Oflag IV D est pr fac par le Mar chal P tain Chef de l tat Fran ais Jean Guitton Les fondements de la communaut fran aise p 48 70 95 166 Ainsi ni les traditions de l ancienne monarchie ni les institu tions issues de 89 n ont pu donner la France des deux derniers si cles la s curit De tous c t s on d sirait l instauration d un r gime nouveau qui combin t en lui les conqu tes des r gimes pr c dents et qui en limin t la corruption Il fallait trouver la formule d un Ordre neuf qui ne f
258. ec pour qu il soit inutile d en rajouter La seule solution pas trop dommageable maintenir les items originaux la page absente en les assortissant d une note Solution videmment impensable dans une dition de poche Je pr cise d ailleurs que les responsables de PI ne se sont pas plus aper u du probl me que les responsables de la premi re r dition folio de Quel petit v lo qui ont fid lement reproduit dans l index les num ros de pages de l dition originale Deno l 105 DOSSIER Pour P2 il a t d cid la fois par le Livre de poche et par Ela Bienenfeld qu il ne s agirait pas d une simple reproduction m canique mais d une r impression dans un format diff rent ce qui supposait donc une nouvelle mise en page On ne m a pas demand mon avis sur ce point mais j en aurais t d accord En revanche le Livre de poche et Ela Bienenfeld ont souhait que le texte pi ces annexes comprises soit relu et d barrass des coquilles et erreurs orthographiques subsistant dans l dition Hachette Bien entendu s agissant du texte proprement dit je me suis born ces rectifications orthographiques pas aussi rigoureusement que je l aurais sou hait h las et quelques erreurs ont subsist et je n ai videmment pas touch aux contradictions comme celles qui portent sur la place de l atelier de Hutting l inversion des paliers des troisi me et quatri me tage la gravure d un paon
259. el grimoire 67 Peut tre tes vous de ceux qui croient avec Freud que le r ve s iden tifie l criture Moi non C est l criture qui pour moi a tr s t t pris rang et figure de r ve 68 Peut tre tes vous de ceux qui seraient pr ts reprendre pour leur e compte le cri du sto cien douleur tu n es qu un mot Moi non Je 1 serais plut t enclin crier mot tu n es qu une douleur 69 Peut tre tes vous de ceux qui ne prennent pas leur parti de l imper fection humaine Eh bien si cela peut vous rassurer moi non plus 70 Peut tre tes vous de ceux qui se vantent de voir sur la t te d un nourrisson les traits du vieillard qu il sera Moi non J aime au contraire retrouver chez nombre de vieillards le visage de l enfant que chacun d eux n a jamais cess d tre 71 Peut tre tes vous de ceux que cela incommode de voir que certains leur tournent le dos Moi non Le dos des gens aujourd hui disait d j D H Lawrence vaut souvent mieux que leur figure 72 Peut tre etes vous de ceux qui peuvent lire un roman moderne jusqu au bout Moi non Apr s un chapitre ou bien je vois d j la suite ou bien j ai perdu l envie de la conna tre 170 Ian Monk A Ladder With Butterflies A Pangrammatoum Wild bite art flashed time What fired us created lilt If salt tide laughter drew Hearts judder we fail tilt What fired us Created lil
260. ement du point de vue du genre du roman et non plus du romanesque en ce qui concerne plus pr cis ment les l ments descrip tifs qui donnent consistance lunivers di g tique Dans le roman contraint en effet la gratuit du d tail romanesque l effet de r el barth sien dispara t au profit d une d termination par les contraintes ventuellement modul e par l intervention d un clinamen Ainsi au chapitre LI de La Vie mode d emploi p 291 le motif de l auto portrait du peintre int gr son tableau se d veloppe en un ensemble de notations descriptives dont celle ci il serait pr cis ment en train de se peindre lui m me esquissant du bout de son pinceau la silhouette minus cule d un peintre en longue blouse grise avec une charpe violette sa pa lette la main en train de peindre la figurine infime d un peintre en train de peindre L c harpe violette apparemment lisible comme un exem ple clair de notation insignifiante dans la perspective barth sienne r u nit en fait deux l ments r f rentiels le violet et l charpe pr cis ment contraints par leur place respective dans les listes Couleurs et Acces soires des cahiers des charges 38 PEREC VINGT ANS APRES Ce type d engendrement contraint des d tails descriptifs tend aller de pair avec une d sagr gation du monde romanesque la consistance des d tails di g tiques se d faisant pour
261. emier chapitre du Tour du monde en quatre vingts jours 5 Dans ses entretiens et conf rences Perec n voque jamais la pr sence de ces emprunts libres sauf quand il livre la fabrique du nom de Bartlebooth form partir du Bartleby de Melville et du Bamabooth de 59 Larbaud Pour une analyse de la strategie auctoriale en mati re de d signa tion externe des impli citations voir mon article Des lieux de la ruse dans Jean Luc Joly d L uvre de Georges Perec r ception et mythisation Actes du colloque international de Rabat para tre courant 2002 6 On comparera par exemple La Vie mode d emploi p 476 et Nana dans Emile Zola Les Rougon Macquart Robert Laffont coll Bouquins 13 1992 p 249 7 D couverte de R mi Schulz Quelle Queenerie la vie communication au s minaire Perec Universit Paris 7 s ance du 26 f vrier 2000 qui signale de plus que les noms des deux crivains qui se cachent sous le pseudonyme d Ellery Queen fournissent dans La Vie mode d emploi deux autres des pseudonymes du critique d art Beyssandre p 506 Fred Dannay et Manfred B Lee La nouvelle d EUeiy Queen para t aux Presses de la Cit en 1952 je Pai consult e dans Myst re Magazine Edition en langue fran aise de Ellery Queen s Mystery Magazine n 106 novembre 1956 Perec tait lecteur de cette revue dans les ann es cinquante 8 Des noms mallarm ens par exemple ce propos
262. en grande partie forg e partir de titres d Aragon on y reconna t plus ou moins transform s Les Cloches de B le Blanche ou l Oubli La Semaine sainte Les Yeux d Eisa Les Yeux et la M moire Le Roman ina chev et Le Con d Ir ne texte rotique paru en 1928 sans nom d auteur et republi en 1968 sous le pseudonyme d Albert de Routisie Des impli ci t tions fondues ins r es dans le roman sans qu aucun mar quage typographique ou qu aucun autre d crochement ne les signale Ainsi de la carte du Pacifique telle que les tribus c ti res du golfe de Papouasie en utilisaient un r seau extr mement fin de tiges de bambou indique les courants marins et les vents dominants a et l sont dispos s apparemment au hasard des coquillages cauris qui repr sentent les les et les cueils p 460 dont la description rappelle plus qu un peu la fin du chapitre 82 Que la vie est heureuse et facile dans les petites les de l Oc an Pacifique du manuel de G ographie g n rale destin aux classes de 6 d Albert Demangeon et Andr Meynier Ils savent se guider d apr s les toiles la houle le vent I Is ont des cartes marines faites de baguettes de bambou indiquant les les et les cou 46 PEREC VINGT ANS APRES rants Ce m me extrait dans un texte centon de Guy Ernest Debord La valeur ducative publi en mars 1955 dans la dix huiti me livraison de Potlatch Fa on de
263. encontra Georges Perec avec qui il sympathisa C est d ailleurs la lecture ult rieure de La dispari tion qui lui fit changer son nom de Bartesland en Bartsland Au fur et mesure des nombreux flacons de cognac grappa mescal et whisky pure malt lamp s sans compter les derniers puis les ultimes verres Parsifal II se d voile tr s critique sur la cr dulit des Oulipiens qui ont particip la d stabilisation de la litt rature fran aise avec des ouvrages bas s sur des documents apocryphes et canularesques toujours manipul s par la CIA et ses vrais faux similis Si certains ont t abus s et se sont tromp s de bonne foi d autres comme Caradec ou Grangaud R miniscences r elles d apr s boire ou transfert d impressions per sonnelles Toujours est il qu Harry Mathews ne trouvera trace de son labadens de la veille dans l h tel o il tait sens l avoir reconduit Madame Mathews qu il va chercher l a roport lui annonce qu on a retrouv un exemplaire d un Voyage d hiver narrant les p rip ties d un Hugo Vernier homosexuel en Egypte dans les ann es 1860 Au cours de fouilles cu rieux Hugo Vernier aurait trouv un papyrus du I mill naire avant J sus Christ plagiant par anticipation nombre d oulipiens 119 DOSSIER Commentaires sur ces divers Voyages L addition des indices permet des recoupements dont les co nciden ces d montrent que la r alit d passe parfois la fict
264. encore recordman du monde de l arrach droite avec 101 kg En 1931 un accident musculaire interrompt sa carri re il continue pourtant battre des records la vol e d un bras Il devient catcheur en mars 1934 ANo l 1945 il participe au Vel d Hiv un Grand gala franco am ricain de catch L entr e catch de l index du livre de Perec renvoie d ailleurs ce Je me souviens 149 En 1937 il remporte le Bol d Or automobile Monthl ry et associ Yves Giraud Cabantous participe aux 24 heures du Mans sur une Chenard amp Walker abandon au 151 tour Il pratique aussi l athl tisme 11 4 aux 100 m le football s lectionn mili taire le rugby la luge le stock car et le billard Il chante en music hall joue dans les Saltimbanques au Th tre de Lyon aux c t s de Bourvil 11 tient des r les secondaires dans cinq films Paris mes amours 1935 d Adol phe Lucien B londeau Un soir de bombe 1935 de Maurice Cammage L aven ture est au coin de la rue 1943 de Jacques Daniel Norman Jamais deux sans trois 1951 d Andr Berthomieu avec Roger Nicolas 100 Francs par seconde 1952 de Jean Boyer avec Ray Ventura et Bourvil Il est Petit Louis dans le deuxi me et Gros Marcel dans le troisi me 11 est cadre sup rieur aux distilleries Paul Ricard de 1955 sa mort 93 DOSSIER 152 Shirley MacLaine Dansez tant qu il est temps 1991 trad J
265. ennui 181 DOSSIER 182 Zola les Sanguinaires et les moulins vent Un brick le cacao et la braguette ouverte Les lectures publiques l autouroute du soleil On ira tous au paradis L alpha et l om ga le bailli de Sufiren La question d Orient violez le duc Il faut raison garder et le denier du culte L h tel Continental Tanger Le dieuble un Master Mind l lecteur de Hanovre Changer les essuie glace payer le syndic L ordre de Cincinatti le glas des cannes anglaises Le trait de Katch t Ka nardji La conduite du feu la faute pas de chance Une six cylindres en V et le b b Lindbergh Et les b b s Cadum et l habit du dimanche Les Anglais roulent gauche et le caca fouilla Je me souviens du gaz de Lacq Et de l usine ma romotrice de La Rance Je me souviens du ciment prompt Des douilles voleuses et du Cinq Sept Un fil la patte jme d hanche Nous prenions laCrampton le on line Une aurore bor ale copie blanche Le trou de las cu Heinrich Heine Rambo Il Parly 2 un conseiller aulique Paris Saint Lazare un train sur trois La clairette de Die le Baume de Venise Balibalo c est un salaud Sur la plage de la chanson doryphore et charan on Le musette houppelande le bon roi Dagobert La canonni re du Yang Ts Kiang une feuille de Canson La Vi vonne Anquetil le sapeur Camembert Une cure thermale bonne pioche Aller boire un caf chez Beria Girofl e Girofla l
266. ens politique du mot po sie de circonstance est pass l as l article Fatrasie ignore celles d Alain Lance Enfin ce n est pas un des moindres effets de ce livre stimulant qu il donne envie de lire ou de relire parmi les grands exemples qu il cite L Astr e et les M moires pl iadis es du G n ral de Gaulle A C M rius Serra Verb lia Joc deparaules iesfor os del enginy literarL Barcelona Biblioteca Universal Emp ries 2000 550 p L auteur de ce monument de gai savoir est un crivain catalan qui publie des mots crois s et des jeux litt raires dans les journaux et sur le Web Pour pr senter ces jeux litt raires il suit un plan analogue celui du tableau des figures rh toriques par le groupe de Li ge et de la table de Quenel eff r vis e par Marcel Benabou o la classification des jeux litt raires r sulte des op rations arithm tiques les plus simples portant sur di vers l ments lettres syllabe mot etc Soit le tableau suivant 1 Combinaison a lecture longitudinale anagrammes mots biffons anacycliques palindromes contrepets po mes combinatoires b lec ture transversale acrostiches labyrinthes et acrostiches multiples carr s magiques mots crois s 2 Addition a par agrandissement ludoacronymes jeux avec les acronymes boules de neige sesquip dalismes mots tr s longs syllabes ajout es comme dans le javanais b par fusion m
267. ent satisfaire tout le monde en tout Et que dans l ensemble on y ap prend videmment beaucoup de choses glaner sur le plan des donn es comme sur celui de leur intelligence sp cialement sur le sonnet et sur la tr s d licate question de la lecture id ologiquement contingente des for mes Le probl me r siderait plut t dans la d marche et dans les moyens qu elle se donne ou ren cle se donner pour un rendement optimal de l op ration s il peut ne pas tre tout fait st rile de jeter p le m le des consid rations sur des r seaux onomatop iques de facto des discours sur des contraintes agissant au niveau de l infra signifiant comme le lipogramme des observations portant sur des constances culturelles de registre ou d usage comme dans le cas du limerick le risque est grand d aller rejoindre ce quoi je ne crois pas qu il f t question de s assimiler savoir les tr sors de singularit s Le titre de couverture se content en effet de formes codifi es mais l objet se d double d s l avant propos en un formes et genres co difi s p 5 tant t disjonctif tant t synonymisant mais tr s vite inintelli gible puisque la po sie elle m me est globalement appel e genre la page suivante galement p 139 un genre particulier comme la po sie Le destin collocatif de chacun de ces termes est tout aussi embrouill si les genres peuvent galement tre narrati
268. er Moi non Je crois au contraire qu il est bon parfois de s y vautrer 3 Peut tre tes vous de ceux qui craignent d imiter Moi non Je continue de r ver au jour o sera rendue au plagiat m me sa dignit minente de signe de culture 4 Peut tre tes vous de ceux qui croient que par rapport l oral l crit est tardif et secondaire Moi pas Qui sait si chacune de nos paroles n est pas bien avant d tre prof r e inscrite dans notre cerveau 5 Peut tre tes vous de ceux qui croient que la langue est neutre et inno cente Moi pas Je la juge m me si peu innocente que j prouve tout instant le besoin de la ch tier 6 Peut tre tes vous de ceux qui croient que les paroles s envolent et que restent les crits Moi non Cet adage d archiviste m a toujours laiss indiff rent 7 Peut tre tes vous de ceux qui croient qu il y a un but ou une limite l criture Moi pas Ecrire c est crire sans fin et sans autre fin qu crire 8 Peut tre tes vous de ceux qui se croient oblig s en soci t de meu bler de leur caquet les moments de silence Moi jamais Les silences j aime les couter non les courter 9 Peut tre tes vous de ceux qui croient qu ils n ignorent plus rien d eux m mes Moi pas Le premier venu j en jurerais en sait mille fois plus long que moi sur ce sujet 10 Peut tre tes vous de ceux qui n ont jamais eu l occas
269. erceptible par augmentation graduelle de la fr quence de certains phon mes au d triment d autres arr t du chapitre gt 200 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES D roulement de la fiction par rapport la forme ci contre 1 Epreuve de gymnastique Alternance de trois s quences distinctes d tail des mouvements de gymnastique d but des hypoth ses sur l architecture du stade hypoth ses sur le fonctionnement du stade 1 hypoth ses gravitationnelles e Suite de plans rapproch s sur les membres du jury effet d agrandissement 1 le personnage chappe l attraction exerc e par le jury en lui tournant le dos 2 Epreuve de saut en longueur Imbrication de trois s quences r parties en fonction du personnage et du jury d tail du saut en longueur suite des hypoth ses sqr l architecture du stade et d but de son bleuissement lectronique hypoth ses sur le fonctionnement du stade 2 hypoth ses autod signatives e Suite de plans rapproch s sur le bac sable effet d agrandissement 2 gt le personnage chappe l attraction exerc e parle bac sable du fait de son propre rebondissement 3 Epreuve de course de vitesse Distribution de trois s quences en fonction du personnage d tail de la course de vitesse suite du bleuissement lectronique du stade hypoth ses sur le fonctionnement du stade 3 abandon des hypoth ses gravita tionnelles
270. erne les constitutions politiques comme forme de pr engage ment precommitmenl Le dernier essai qui nous concerne au plus pr s traite du r le de la contrainte dans la cr ativit artistique ses exemples en mati re de musique de jazz sont tr s d velopp s propos du cin ma ga lement l effet esth tiquement salutaire de la contrainte financi re ou m me de la censure lorsqu elle est biais e et surmont e le choix du noir et blanc quand la couleur est devenue possible mais la part de la litt rature est r duite Lucien Leuwen et l exemple type de la Disparition L extension aux contraintes formelles litt raires et po tiques aurait largi le champ de sa r flexion ft lui aurait permis d affiner ses analyses Celles ci restent basi ques et elles recoupent celles qu ont trouv es pour leur part bien des pra ticiens de la contrainte choix de la contrainte et choix l int rieur de la contrainte maximisation de la valeur esth tique distinction entre contrain tes impos es et contraintes choisies entre contraintes dures hard constraints et contraintes molles soft constraints or conventions chez lui c est une distinction moins quantitative que qualitative recouvrant plu t t celle entre la contrainte et convention ou contrainte et r gle cr ation de nouvelles contraintes randomisation exemples de ZL Homme d de William Burroughs de John Cage L auteur de cet ouvrage clair et rich
271. erv pr cieusement alors qu il t moignait d un m pris assez vif pour ses propres textes Le texte d Barbara Suckfuil conduit vers une solitude du mot en cela la syncope de l criture impose une compr hen sion fragment e de ce qui devrait se donner dans la lin arit Comme si chaque mot de Barbara Suckfuil correspondait un s quen age strict de la compr hension et donc une annulation de celle ci au fur et mesure de son nonciation Otto Ganz 135 Tintinabulum L oeil nous indique les dimensions les formes et les couleurs Il nous trompe sur ces trois points Maupassant Lettre d un fou Schloss Werneck 21 ao t 1910 Nous Sommes Le 21 ao t Mille Neuf Cent Dix Dimanche 1910 Mais a Ne Change Rien Je Me Suis Lev e A Huit Heures Mademoi selle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Elle Sent Le Formol Est Entr e Dans Ma bo te Un Fort D placement Dair Eh Bien G Su Quelle Etait Entr e Dans Ma Bo te Et Que Le Couvercle Lisse Qui Sent Lhuile Avait Une Fois De Plus Tourn Qui La Laiss e Entrer Dans Ma Bo te Elle Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Est Entr e Dans Ma Bo te Et Je Peux Sentir Le Voyage De Sa Masse Dans Ma Bo te Dimanche Le Vingt et un 21 ao t Mille Neuf Cent Dix Elle Bouscule Une Plate forme Sur Laquelle Je Range Toujours Soigneusement Parce Quil Faut
272. es des yeux distraits Edgar Allan Poe uvres en prose traduites par Charles Baudelaire Biblioth que de la Pl iade 1951 p 337 le texte original anglais est le suivant vacant eye like Windows Dans le texte original le fragment impli cit par Perec est d j entre tirets Cette impli citation est signal e par une indication marginale manuscrite sur un exemplaire de travail de La Vie mode d emploi annot par Perec que poss dait Eugen Helml J en profite au 60 PEREC VINGT ANS APRES passage pour livrer la sagacit des chercheurs une autre indication pour moi nigmatique sur ce m me exemplaire la fin du chapitre XIX en regard du pri re d ins rer de La Sourici re Perec note Hauptmann S agit il du dramaturge allemand 15 Il s agit en ce cas plut t d une allusion tel leit motiv qui revient six fois parfois l g rement modifi dans le po me ils tentaient de l occire Avec une action de chemin de fer trad d Henri Parisot 16 Contraint mixte ou libre Tentative de typologie de l intertexte dans La Vie mode d emploi para tre sur le site internet du Cab inet d amateur www cabinet perec org 17 Pour une pr sentation th orique plus compl te voir mon Du bon usage de l intertextualit perecquienne la vie dans les livres Le Cabinet d amateur n 2 automne 1993 18 C est en ce sens que l analyse par exemple Tiphain
273. es Observatoire des litt ratures contraintes Revue des parutions r centes dirig e par Alain Chevrier Echo des Colloques Rubrique dirig e par Christelle Regianni Auteur invit Eric Beaumatin Jeux Rubrique dirig e par Alain Zalmanski 214 220 228 239 245 248 280 299 EDITORIAL Editorial Le colloque international organis par Formules en ao t 2001 au ch teau de Cerisy la Salle et qui a r uni plus de quarante participants venues d une douzaine de pays et de trois continents a marqu le premier lustre de la revue La grande diversit des communications et des lectures de cr a tion dont plusieurs en langue trang re a bien montr quel point les litt ratures contraintes sont devenues un ph nom ne voire un courant litt raire international o la diff rence des langues n engendre pas la con fusion mais l enrichissement r ciproque L esprit d ouverture de la revue ne s est jamais mieux illustr que pendant cette rencontre tout enti re vou e l tude et la pratique d une certaine mani re de penser le texte et sa lecture D autre part il est certain que le colloque de Cerisy signifie aussi un tournant En effet le nombre d hypoth ses th oriques d id es de re cherche de projets d envies de collaboration fut tel que le cadre global de notre d marche devit s largir sous peine de perdre le dynamisme et la cr ativit de cette rencontre Ainsi
274. es Edi ions Herv Fr res 1864 Gauger tente de savoir le pourquoi de cette pr sence et retrouve autres exemplaires de la liste Bernard ne mentionnant pas Hugo Ver tier il remonte la fili re par le biais de son grand oncle HeinrichNiggemeyer esponsable de l op ration Bemhard et d couvre l existence d un Hugo iruppe et surtout la preuve du passage de Niggemeyer chez Denis Bonade ont la biblioth que au Havre avait abrit le Voyage d hiver L exemplaire inique avait t offert au F hrer et avait contenu la preuve du plagiat par Jietzsche Ainsi parlait Zarathoustra Rilke et Wagner Siegfried de Hugo lentier C est en d couvrant apr s mille lectures Eva Braun la d dicace le ce dernier sa m re Sarah Judith Singer qu Hitler d cide de se suicider te pouvant supporter la copie par la fine fleur de la culture allemande d un tuteur d ascendance juive La pr sence du livre de Hugo Vernier n est pas nentionn e par les autorit s russes qui d couvriront le bunker fun bre Hinterreise et autres histoires retourn es Jacques Jouet BO n 108 mai 1999 En 1999 Mikhail Gorliouk professeur de litt rature fran aise Puni ersit de Kaliningrad re oit d un ami parisien Le Voyage d Hitler et d cide l enqu ter pour retrouver le livre de Vernier Il retrouve un des premiers esponsables sovi tiques avoir p n tr dans le bunker Kramponov qui se ouvient d une Anthologie qu
275. es et fortement li es qui seront long temps au c ur de la r flexion sur Perec la contrainte et sa lisibilit le m tatextuel et les principes g n rateurs dont le clinamen C est donc par l que je commencerai Contrainte m tatextuel clinamen La lisibilit ou plut t le manque de lisibilit de certaines contraintes est une question qui se pose tr s t t et reviendra pisodiquement Dans le cadre d une r flexion th orique sur le texte et les enjeux de la lecture l effacement de l chafaudage qui a servi l dification du texte est per u comme une manoeuvre fonci rement mystificatrice et litiste d autant plus contradictoire que Perec d clare par ailleurs vouloir jouer avec son lecteur C est la position qu adoptent successivement Beno t Peeters propos de la Vie mode d emploi Echafaudages Cahiers Perec 1985 puis Jan Baetens propos d Alphabets S rie B Parcours Perec 1990 D un point de vue int rieur l uvre la dissimulation de certains proc d s g n rateurs para t relever d une probl matique au c ur de toute l criture perecquienne et r sum e dans les premi res pages de W ou le souvenir d enfance Une fois de plus les pi ges de l criture se mirent en place Une fois de plus je fus comme un enfant qui joue cache cache et qui ne sait pas ce qu il craint ou d sire le plus rester cach tre d couvert Interpr t e la lu
276. es Lieux d une fugue La double inscription de l objet perdu dans le grand roman de Perec est donc peu pr s contemporaine de la remise en chantier du texte relatant la journ e d abdication du jeune adoles cent La chronologie conforte donc l hypoth se que ces trois descriptions presque mais pas tout fait identiques sur le plan verbal ont un r f rent commun Mais quel est donc ce r f rent J ai pos cette question il y a bient t dix ans deux tudiants de l Universit de Manchester Jane Byrne et Joe West A partir des trois formulations de Perec ils ont fait une s rie de dessins approximatifs de l objet perdu Et ils sont all s voir un ing nieur retrait avec leurs dessins pour lui demander qu saco Au lieu de r pondre le m canicien est all fouiller dans sa bo te bidules pour en rep cher un exemplaire de l objet trois fois d crit dans l uvre de Georges Perec Il n y a ni myst re ni doute c est un WINKLEY OILER Des recherches d une nature plus routini res dans les archives et les biblioth ques ont permis Byrne et West d toffer quelque peu ce nom 85 DOSSIER soudainement restitu Frank Drew Winkley domicili Madison dans le Wisconsin a obtenu un brevet aupr s du bureau am ricain des brevets et patentes US Patent Office en 1910 pour un dispositif permettant d ali menter un m canisme moyeu essieu etc d un filet d huile de fa on r guli r
277. es de 3 vers 3 11 5 9 1 7 3 15 5 5 3 11 5 9 1 7 3 15 15 5 3 115 9 17 3 masque la triple occurrence d une suite en 3 11 5 9 1 7 3 que s pa rent deux groupes de 3 vers incluant au moins une fois les m tres 15 et 5 15 5 5 puis 15 15 5J Soit en repr sentant les m tres par des lettres abcdefa gcc abcdefa ggc abcdefa d o ABABA avec A abcdefa et B g g c c On peut donc voir dans ce cas complexe une attestation de l adjonction de vers dans une structure 233 ESSAIS 234 par ailleurs brouill e par la redistribution en strophes En pp 129 130 un po me est divis en trois sections de 11 vers r partis en strophes de 1 ou 3 vers une fois de 4 comme suit 3 15 3 7 3 15 7 3 15 3 7 7 3 15 3 7 3 15 7 3 15 3 U 3 7 3 15 3 7 3 7 3 15 3 soit en lettres a b acabcabaccabacabcaba acabacacaba On peut y observer la r currence de diverses s quences telles que ab ac ba ca baca caba bacab cabac mais les meilleures fa ons de les struc turer semblent les suivantes deux structures superposables soit abac abc abac caba cab caba acab ac acab a avec une sym trie dans chaque section o se r p te la m me variante d une s quence fond e sur abac respectivement abac caba et acab encadrant une s quence de 3 vers tir e par amputation ou contraction de celle de 4 abac gt abc caba gt cab acab gt ac En
278. es deux cas avec une tendance tourner au roman de montage et dissoudre la notion m me de h ros de ce point de vue le puzzle et les fiches du vieux Vabre pourraient avoir un r le analogue Le roman de Zola compense cependant davantage cette fragmentation travers notamment les comm rages des bonnes assurant la circulation des informations entre les personnages mais surtout en direction du lecteur Les personnages d s lors se font les porte parole de l auteur comme la clausule du roman que Julie conclut par cette r ponse philosophique C est cochon et com pagnie Les comm rages ont un r le moindre dans La Vie mode d em ploi m me si le chapitre XLIX leur est presque enti rement consacr L oralit reste plus grande distance pour un roman o le discours rap port esf rare par contraste avec les dialogues et le style indirect libre de Zola Description construction narration Faire un roman immeuble c est donc se situer Hans la lign e d une tradition r aliste surtout si l difice date du XIX si cle Il convient d s lors de se demander si Perec partage avec cette tradition une m me vis e avec des cons quences perceptibles A ce propos la premi re remarque est que Perec accorde dans son uvre une place centrale la repr senta tion de la r alit Son romans tudie un milieu Il choisit de situer son immeuble dans une ville qu il conna
279. es limites entre les niveaux narratifs avec des m taiepses comme des limites entre fiction et leurre vrai et fictif fictif et faux d une mani re subtilement d ceptive Le foisonnement des histoires d ailleurs s accompagne d ellip 76 PEREC VINGT ANS APRES ses les univers imaginaires sont multiples mais incomplets commencer par la cave du coin inf rieur gauche de l immeuble qui n est pas d crite quand au tableau de Val ne dont le lecteur croit lire la description il n existe pas gt Une telle narration revendique un arbitraire Nul besoin de d l guer la d clinaison descriptive un personnage qui l assumera par ses re gards Zola naturalise la d couverte de l immeuble gr ce Octave personnage porte cl qui ouvre toutes les portes quand Perec r gle le passage d une pi ce l autre avec la polygraphie du cavalier C est alors le caract re anthropocentrique du texte lisible dont le romans se d gage Barthes a montr qu en cadrant ses descriptions par des fen tres et des portes le texte r aliste reprend le mod le de la peinture Dans La Vie mode d emploi cette circularit infinie des codes n est plus naturali s e par des personnages se tenant des embrasures elle est revendiqu e comme telle L immeuble y est d crit travers la m diation d un tableau suppos Mise en sc ne de l noncia
280. es possibles romanesques en transformant leur contingence en une n cessit de l criture C est autrement dit l arbitraire de la contrainte qui se pr sente par d finition comme une d cision de l crivain ant rieure au travail d criture qui l gitime l acc s la mati re romanesque en la dissociant de toute id e de gratuit Ce romanesque de la contrainte est bien davantage fond sur l intri gue que sur le h ros le discr dit des psychologies de papier reposant sur une na vet ontologique flagrante qui le rend apparemment beaucoup moins ais ment r cup rable Les intrigues de certains romans perecquiens en particulier t moignent hors du mod le flaubertien du go t que leur auteur avoue pour le romanesque Outre les romans lipogrammatiques qui se pr sentent comme des collages de diff rents genres narratifs je m int resserai aux intrigues collectionn es dans la machine raconter des his toires qu est La Vie mode d emploi le romans tant pr sent par Pe rec lui m me dans Notes sur ce que je cherche comme l exemple type de l interrogation romanesque qui d finit tout un pan de son criture Je partirai d analyses de Jean Marie Schaeffer qui propose de d fi nir le romanesque par la conjonction de trois l ments l importance des affects dans les cha nes causales la situation des personnages des extr mes typologiques sur le plan physique aussi bien que
281. es pour 10 phrases de 20 mots car 20 arrondissements Pierre de Gondol apprend qu un assassin s vit dans chaque arrondisse ment en s inspirant des Nouveaux Myst res de Paris de L o Malet Les victimes sont des prostitu es des femmes li es la pornographie des patronnes de clubs libertins ou des entremetteuses mondaines Le tueur n h site pas abandonner des indices opaques ou clairants sur les lieux des crimes et nargue les flics Le policier Y ble compte sur le libraire d tective pour permettre son ar restation et le relance avec insistance dans sa boutique 243 ESSAIS Ces crimes ont lieu dans les quinze arrondissements trait s par L o Malet et Gondol pense que le cycle est achev Mais alors le meurtrier va continuer le massacre dans les arrondissements que le cr ateur de Nestor Burma n avait pas explor s Le propri taire des Douze Ma tres au carr d cide alors de deviner les projets de l assassin dans les textes de Malet En relisant l int grale des uvres crites par L o Malet Pierre de Gondol finit par pr voir les prochains meurtres du s rial killer Il rencontre ainsi le fant me de Rrose S lavy des chos du pass liber taire de l crivain et les temp tes du surr alisme Le peintre Molinier et un roman de Jean Fran ois Vilar l aident mais la mort frappera pourtant dans les vingt arrondissements Hortense Harar Arthur de Pierre Brasseur Contraintes 1 raconter un peu
282. es sciences exactes Comme disent les professeurs de math matiques aux gamins les droites parall les se re joignent dans l infini et bien nous avons finalement convenu en crivant ensemble cette page d histoire ensemble que c tait donc dans linfini l o se rejoignent les droites parall les que naissait la fiction Pas ailleurs Et nous avons donc march sur les traces de Gurdjieff le gourou nous avons bu beaucoup nous avons chapp des tentatives d assassinat nous avons retrouv la trace dans notre monde bien r el des personnages des romans de Dietrich et Huguenin qui vivent l parmi vous Et nous nous posons finalement cette question ne sommes nous que des personnages de roman Sam Suffit de Jacques Vallet Sam Suffit Comme le d tective aux indices s applique Et force trouve de l nigme le mot Gondol suit fermement les traces de Godot A travers l homonymie et l onomastique Sa qu te n oublie pas la veine po tique Croise les Papous les spectres de Lafcadio Et toujours le Grand Sam intervient propos Pour atteindre enfin le Parnasse satyrique Il illustre tr s bien la folie des cagots Qui condamna au feu Th ophile de Viau Comme ath e criminel conupteur diabolique Cependant que Gondol mur dans le ch teau Des livres a repris avec Sam le flambeau Et se d clare libre incr dule et panique Les Derniers Myst res de Paris de No l Simsolo Contrainte 20 lign
283. et autod signatives au profit de l hypoth se d un montage filmique Suite de plans rapproch s sur les lunettes de plong e pos es dans les marges du stade effet d agrandissement 3 gt le personnage chappe l attraction exerc e par les lunettes de plong e en s en emparant 4 Epreuve de natation Encha nement de trois s quences se succ dant dans cet ordre placement du personnage en position de plongeur _ bleuissement g n ralis du stade d part du plongeon Suite de plans rapproch s sur reflet du plongeur effet d agrandissement 4 Arr t sur image par enlisement litt ral du plongeur gt le personnage n chappe pas l attraction qu il exerce sur lui m me 201 Jacques Perry Salkow La nymphe du bois S quences vocaliques extraites d Hypnagogiques J ai vu New York connu maints hymens vos pieds nus Gladys parmi le byssus dont les pays font tissus sont un mythe vivant sytvicole plus grand Il y a pr s d un fort cuirass d onyx un bassin noy sous les lys carmin Vous y baignez Gladys vos pieds nus sanguinolents lys parmi les lys o sinuant des pythons lymphatiques vont frayer mourir Un Sylvain dot d une syrinx d ajonc hypnotise un val Un pays endormi sur son tricycle va reculons Syrinx syrinx Sur son repas six bouts d azyme baye un commis qui voyage du Tyrol l Inde Syrinx Un champ plonge dans l hypn
284. et des vers homophones Allais bien s r de Vilmorin Desnos Marmi Bailly Antel Devos Luc Etienne Lapointe Les citations d peu pr s purement calembouriques bas s sur les homonymes sont moins bien venues et on se demande ce que viennent faire dans ce chapitre les adresses versifi es de Mallarm ou les noms de personnages de Fr d ric Dard La fiente de l esprit qui vole a en effet touch quasiment tous les auteurs Les autres chapitres annoncent mieux la couleur et accumulent les calembours et peu pr s en puisant abondamment chez Allais avec des kakenphatons et leur in vitable L amour a vaincu Loth des fables ex press classiques des jeux de rimes avec nouveau des adresses versi fi es des comptines et devinettes des moyens mn motechniques on re prend l expression Omicar de la m me collection et on met nouveau Allais contribution r cits alphab tiques et encore Allais r cit musicaux Desnos et Vilmorin et heureusement le moins connu R si dor e sol d eau fade aux r cits fados de David Massot Pauvre est la page sur l aptonymie que l auteur veut rapprocher de F autor f rence Il faut le croire sur parole car ses exemples M Taillebois s est bless en coupant du bois sont peu convainquants De plus il ne cite pas les deux Centres de Recherches Aptonymiques existant en France et au Canada qui eux ne publient que des aptonymes ou contraptonymes av r s Suiven
285. et tardivement que surgit la rime en sextine donc en contexte de d la ment de m sinterpr tation d ailleurs patente et singuli re ment pour les premi res de tadution s engageait alors plut t selon les termes de Pierre Lartigue la bataille sans merci de la sextine et de la rime LH lce d cire Paris Les Belles Lettres 1994 pp 133sq et avecelle deMartin 1544 FrancisLalanne le probl me contingent et passablement mal emmanch de certaine tradition sp cifi quement fran aise de la sextine Seul le comte de Gramont mais plus tardivement encore Satines Paris Lemcrre 1872 pp 37 66 en a tir des r sultats non quelcon ques ajouter aux propri t s math matiques de la quenine d ordre six sur le point particulier de la combinatoire des rimes savoir cet tonnant comportement de la formule abaabb laquelle se trouve demeurer identique elle m me l chelle strophique baabb alternant avec babbaaj apr s chaque permutation cl aussi le d tail de ses recher ches empiriques ibid pp 26 sq 294 CHO DES COLLOQUES Enfin la d finition du ha ku comme vers de trois segments de 5 7 et 5 syllabes avec une c sure apr s le premier segment et comportant un mot qui voque une saison est pour le moins restrictive et l encore dans le sens d une digestion partiale et fortement exo culturelle L important trait de Koji Kawamoto 1991 r cemment traduit en anglais he Poetics of
286. eur revue d tudes perecquiennes est notre invit e cette ann e Son directeur Bernard Magn et la plupart de ses collaborateurs Christelle Reggiani Mireille Ribi re C cile de Bary la seule exception de Dominique Bertelli que nous accueillons pour la premi re fois avaient d j publi dans nos pr c dents num ros Pour sa part Formules a de mand des contributions Alain Chevrier Alain Zalmanski Shuichiro Shiotsuka Gilles Esposito Far se David Bellos auteur de la c l bre biographie de Perec et Roland Brasseur auteur du d licieux Je me sou viens de Je me souviens dont nous publions ici la continuation suivre Notre dossier de cr ations Le Renouveau des critures formelles montre la tr s grande vari t des productions actuelles dans notre domaine Toute cette richesse a t elle en partie sa source dans l influence de l uvre perecquienne Ce sera chose difficile prouver mais il est certain que cette influence est plus large et plus diffuse que les nombreuses suites qui ont tr s objectivement suscit Je me souviens qui a inspir beaucoup d mules ou Le Voyage d hiver dont les suites sont exclusivement oulipiennes En tout cas notre dossier de cr ation s tend bien au del de l Oulipo ici repr sent par Michelle Grangaud Ian Monk et Marcel B nabou pour en glober des pratiques formelles syst matiques tr s diverses qui r pondent notre d finition larg
287. eurs de formes de la po sie fran aise m ritait cette scrutation passionn e A C Po sie amp Philosophie Textes r unis par Jean Claude Pinson et Pierre Thibaud Rencontres de Marseille 10 11 12 octobre 1997 Farrago Tours cipM Marseille 2000 284 p La conception de la po sie que se font la plupart des intervenants est d un tel vague qu elle les am ne la confondre avec l Etre qu a d clin un penseur allemand surestim en France et monter en pingle les po tes jug s proches de lui Au del de ces rengaines philosophico po tiques on trouvera plus de grain moudre dans des articles plus informatifs sur la po tique chez Platon Aristote ou Vico dans l article de Dominique Buisset Quelques mots sur Lucr ce sur les jeux de langage et la m trique anti que ou dans celui de Gilles Gaston Granger Imagination po tique ima gination scientifique Parmi les po tes on retiendra les triades hegeliennes de Jean Michel Maulpoix et le panorama dress par Christian Prigent dans un discours n o avantgardiste qui doit mieux passer l oral Le livre lui m me couverture grise comme grise est la th orie est fort bien dit Un lapsus typographique cependant p 175 qui fera rire en pensant Freud Rien cette cume verge vers A C D p t Pr sages La Diff rence Reims 2001 268 p Pre mi re journ e internationale de Po sie Moscou 21 mars 2000 D
288. eut parler on peut le taire on ajoutera que le roman est lisible Je lisais les crivains qui venaient d un air assur dans la librairie et pouss par une n cessit imp rieuse je devais aller au cin ma avec Iris Lorsque s allument les lumi res de la Twingo gar e devant la porte pres que au milieu de la grande peste et du cr tin avantageux qui ressemble un jeu sur l horizontal et le vertical je ne suis pas plus avanc concernant la double couverture Je me rendors J en profite pour faire un tour par l an cien salon de coiffure de sa m re glisser du 11 l o nul ne l attend Je p n tre dans une de ces boutiques orgueilleuses hautaines ardentes mais je dois encore garder le secret des exercices oulipiens classiques de la premi re la derni re lettre les fant mes viennent ma rencontre citant la multiplicit des sources Nous savons qu ils se connaissaient Je ne com prends toujours pas pourquoi c est l autre de se d masquer et elle mon trera ses dents ah ces dents plus de cent m tres carr s en vrac Pierre Benoit et Georges Perec Et nous sommes maintenant plus de trente avec des cheveux aux reflets cuivr s Comme le dit fort justement Brenda je suis aussi globalement fid le que le pays basque Cela devient presque une balle perdue Ma th orie me pla t en omettant volontairement quelques r f rences d ailleurs imperceptibles dans des phrases qui semblent toutes de Gilles Thi
289. ez Aragon malgr son affectation 284 CHO DES COLLOQUES d nominative l exotisme un rien incantatoire p 47 Qu imite donc Segalen ou que pr tend il imiter en fait de formes de la po sie chinoise p 46 Et si l on accepte l id e pourtant aussi peu co teuse que r guli rement n glig e que tout texte est donc pris dans son historicit spatio temporelle d individu et d v nement il peut sembler au bout du compte assez vain de se lancer en qu te des traits authentiquement dis tinctifs d un code esth tique ou po tique du moins sans prendre la pr caution de fermement expliciter les conditions et les limites de la moindre grammaire des formes B n dicte Mathios pp 53 66 Le sonnet espagnol de lapr s guerre civile id ologie et transgression Auteur d une fort int ressante th se de doctorat sur la question l auteur examine chez les auteurs de la p riode les avatars m trico strophiques du sonnet en corr lation avec les positionnements id ologiques en contexte de franquisme triomphant Dans le d bat biais qui oppose le romance de tradition volontiers per ue ou re pr sent e comme r volutionnaire prol tarienne m tre court assonanc composition a strophique au sonnet embl matis du c t savant r ac tionnaire m tre long rim en composition strophique finie naissent gref fes et hybridations de subtile ambigu t o la gestion de la transg
290. f mes yeux que celui que l on rejette avant d en avoir achev la lecture et dans quelques cas privil gi s avant m me de l avoir entam 20 Peut tre tes vous de ceux que l id e passionne Moi non J aurais plut t tendance id aliser la passion 21 Peut tre tes vous de ceux qui courent sans cesse la poursuite de la gu rison Moi non La maladie ne me parait pas toujours un mal 22 Peut tre tes vous de ceux qui redoutent de se laisser mener par les circonstances Moi non Rien d autre que la pression des circonstances ne peut me sortir de la r verie 23 Peut tre tes vous de ceux qui sont fiers de l tendue de leurs con naissances Moi non Je n aime que mes ignorances qui s accroissent apr s chaque nouvelle lecture 24 Peut tre tes vous de ceux qui savent jour apr s jour quoi ils doi vent consacrer leur nergie Moi non C est un asservissement auquel je ne me r signe pas encore 25 Peut tre tes vous de ceux qui croient qu il faut se conna tre soi m me Je suis persuad quant moi qu en ce domaine au moins une bonne dose d ignorance ne peut tre que b n fique 26 Peut tre tes vous de ceux qui importe la recherche du temps perdu Moi non Si je pouvais je choisirais de vivre chaque matin comme s il tait le premier 27 Peut tre tes vous de ceux qui redoutent d tre tax s d go sme Moi non Que celui qui se c
291. f et discursif en superposition coextensive r cit et po sie p 154 les formes peuvent elles tre connues p 139 tablies p 140 r guli res p 67 fixes ibid et p 140 ou fix es p 140 mais on postule des formes nouvelles dans le cadre du genre p 94 ou des dizaines de formes de sonnets diff rentes p 87 Quant ce qui permettrait de les reconna tre ou d fi nir ce sont parfois des codes ou des r gles p 6 et p 8 r gles formelles le genre quest le sonnet suppose un cahier des charges p 18 mais lorsqu on l appelle forme il requerrait plus volontiers le respect de contraintes p 21 La contrainte est elle langagi re p 1 54 assur ment mais devient g n rique lorsqu on l oppose au r emploi assez libre de la forme p 141 A quoi s ajoutent structures pp 97 ou 142 parfois codifi es p 1441 constructions p 97 et autres type p 105 gu re soucieux de clarification conceptuelle Facile r torquera t on Et voil bien des exigences de formaliste maniaque peut tre hors de propos avec les pr tentions de l ouvrage Mais l affaire est moins badine qu il n y para t car sa difficult ne se prouve dans ce volume que par la performance par l illustration malgr qu en aient les auteurs Bref essentiellement leurs d pens et jamais par la fer met du protocole
292. fire expliciter la nature proprement anthologique c est dire citationnelle de cette s rialit Pour ce faire je ferai appel l histoire du genre via la cat gorie de la m moire 5 Contrainte et m moire On dira au premier abord que le romanesque con u comme une cat gorie d intelligibilit du monde et des livres se d finit pr cis ment comme une cat gorie textuelle n cessairement prise dans une cha ne de r critures En d autres termes tout recours au romanesque supposerait une criture m morielle L ambition totalisante des romans perecquiens propose de fait un inventaire des textes plus que du monde qui t moigne avec clart de cette n cessit intertextuelle La Vie mode d emploi aussi bien que les romans lipogrammatiques proposent au lecteur une collection d instances du ro manesque g n riquement distinctes constituant autant d encyclop dies textuelles Or ces anthologies perecquiennes manifestent une intertextualit radicale en ce que l exercice de la m moire des textes para t capable d y d finir dans sa globalit le projet de l criture La Vie mode d emploi en particulier dont l criture est fort proche de celle du centon manifeste en ce sens une intertextualit excessive d passant les normes du genre qui ne saurait donc tre r duite la n cessit romanesque que je viens d exposer Je ferai d s lors l hypoth se que cette criture m morielle en exc s
293. galit fraternit REPUBLIQUE FRAN AISE LA POSTE 25 BESANCON PROUDHON DOUBS Anne James chaton St phanie eligert42 rue Alexandre cabanel 34000 montpellier 1 ticket Copy Center Les Images de Vos Id es SARL STARCOPY 6 PLACE MOLIERE 34000 MONTPELLIER TEL 04 67 66 41 41 Fax 04 67 60 43 47 SRET 378 134 738 00012 Date 9 08 99 Copies A4 NB mode de r glement Chq esp CB TOTAL H T T VA 20 6 TOTAL T T C 2 80 1 ticket CREDIT MUTUEL 7437 MONTPELLIER 81011 GAB No 896302 pare 09 08 99 HEURE 12 03 RETRAIT AUTORISATION 642315 NUMERO CARTE xxxxxx50343 4874x MONTANT DU RETRAIT t 300 00 FRF SOIT EN EUROS 45 73 EUR 1 baguette 1 ticket CAF MONTPELLIER A254 42 pers en attente LE 09 08 1999 12H15 1 ticket MAC DAN Le magasin de la famille 19 cours Gambetta 34000 Montpellier Tel 04 67 06 87 77 Ouvert du Lundi au Samedi VOTRE CAISSIER E RI TA Ticket No Tl 323153 Le 09 08 99 DESIGNATION QUANT PRIX UNIT MONTANT VAISSELLE MEN 1 4 504 50 SOUS TOTAL 4 50 lt ESPECES gt 4 50 Vos achats repr sentent 0 69 Euro Au taux de 6 55957 Francs CE TICKET SERA EXIGE POUR TOUT ECHANGE VA LABLE 15 JOURS MAC DAN VOUS REMERCIE DE VOTRE VISITE ET VOUS DIT A BIENTOT 1 ticket SCHLEKER 25 COURS GAMBETTA MONTPELLIER VOUS REMERCIE 65192 09 08 99 FRF CREP OUAT PAP WC 10 95 1 LAVE PONT CH ND 29 95 1 sous ToTAL FRF 40 90 ToTAL 40 90 LIQUIDE 100 00 RENDU FRF 59 10 TVA ca T T C 40 90 20 60 Tva 1 6 99 CA HORS T
294. gence de 209 ERO Jean No l Arengo A propos du livre de Patrice Hamel Au Sens Propre ditions yean nichel lace Les inscriptions de la lecture Le livre expansion totale del lettre doitd elle tirer directement une mobilit et spacieux par correspondances instituer un jeu on ne sait qui confirme la fiction St phane Mallarm H n est pas rare de voir le livre son auteur se r clamer de l objet non moins rare de voir certains objets ou bien induire la forme du texte dans le livre et c est le calligramme ou bien jouer de ses constituants structurels et s mantiques pour influer de fa on sp culaire sur l nonc de ce texte et ce sont les Pro mes ou le Parti pris des choses de Ponge mais il est pr cieux c est dire d une extr me raret de constater un texte comme il appara t entre nos mains au sens propre comme un livre avant tout Objet le livre l est d j tout autant que celui qu il renferme et qui serait le texte Ainsi loin d en finir avec la forme livresque Un coup de D s est bien plut t un coup d envoi celui par lequel le livre acc de sa fonctionnalit g n ratrice de certaines possibilit s d inscription in dite D gale mani re un si cle apr s alors qu entre eux deux n existe pas beaucoup de liaisons d uvres ce point r fl chies sinon aucune absolument param tr e il en existe bien mais relativement certains endroits de le
295. ges respect scru puleusement et interpr t all grement tandis que Brasseur voit en Gondol un ancien l ve du lyc e de Carhaix Finist re le laconisme dudit cahier des charges permet Schulz d assurer que le jeune PdG a t lyc en Guingamp C tes d Armor 45 kilom tres de Carhaix pr s de 70 si on passe par Glomel on ne le redira jamais assez la contrainte lib re Les deux premiers volumes ont t publi s en novembre 2000 Le septi me et le huiti me le seront ou l auront t quand vous lirez ces lignes en f vrier 2002 A cette date Pierre de Gondol aura d j enqu t chez Jim Thompson Virgile et Jean Bernard Pouy Marcel Duchamp Jules Verne et Raymond Roussel Georges Perec Pierre Benoit et Claude F Luc Dietrich et Jean Ren Huguenin Samuel Beckett et Th ophile de Viau L o Malet et Jean Fran ois Vilar Arthur Rimbaud Certains croient l avoir aper u en compagnie du Marquis de Sade ou de Marco Polo Ray mond Queneau r de souvent dans les parages 239 ESSAIS Chacun des auteurs des huit premiers volumes pr sente ici son livre dans un texte soumis sauf exception deux contraintes l une portant sur la bri vet de la contribution et l autre sur l obligation pour chacun de s imposer une contrainte 1280 Ames de Jean Bernard Pouy Contrainte Petite pr sentation en 1280 caract res espaces compris titre signa ture et avertissement inclus Pierre de Go
296. gratte illustr par Serge Ceccarelli L int r t du livre pour ce qui nous occupe ici r side en ce que les contes am rindiens propos s ici en version po tique dans une tr s belle langue sont accompagn s d un glossaire de mots clefs et d une initiation la langue des signes lakota au langage des traces celui des plumes de la peinture sur visage etc Par ailleurs chaque conte po me est suivi d une morale en italique assez proche de envoi ou de la tornade bien que les po mes soient en vers libres Int ressant vous dis je Les illustrations sont dans un style Bilibine des Am riques avec de belles couleurs rappelant parfaitement celles des paysages des plaines aux Etats Unis Jo Hoestlandt Oh les belles lettres illustr par Philippe Bertrand Ah les ab c daires Volontairement ou non ce sont des repaires de tautogrammes lipogrammes jeux de mots allit rations et autres contrain tes de forme Ici les contraintes sont assez peu formelles on aurait pu faire mieux encore cf l alphabet gourmand de P Foumel et H Matthews mais quel humour Et de vraies petites historiettes mouvantes ou drolati ques servies par une illustration tendre et f roce en m me temps lisez l Horloge et voyez son illustration vous m en direz des nouvelles Le K est tr s r ussi et ce n est pas facile le N fait un joli pied de nez Napo l on le Roi des rats est un vrai r gal l illustration inqui tante
297. guistique le moyen d une ouver ture du texte po tique via notamment la pragmatique la notion de performativit en particulier est convoqu e de mani re r currente et l intertextualit dans son interpr tation riffaterrienne Les auteurs font une place significative aux critures contraintes outre un po me contrainte num rique de Bernard No l chapitre sept p 140 142 le chapitre huit traite longuement de e et Trente et un au cube de Jacques Roubaud dans une lecture tr s attentive de leurs contraintes num riques et plus bri vement de la po sie combinatoire de Cent mille milliards de po mes chaque fois les contraintes g n ratrices rel vent de plein droit de l exercice de l ex g se c est dire que les contraintes font partie du texte en contribuant en tant que telles au proc s de signification Le chapitre neuf est int gralement consacr l Oulipo La sp cificit de cette po tique l poque de la reproduction m canis e du litt raire les p 207 210 sont consacr es la question des textes produits par ordi nateur est pr sent e d une mani re synth tique et efficace travers une typologie des discours pr feciels la pr face oulipienne nonce un but une th orie ou propose un mode d emploi qui met clairement en avant son refus du hasard de la transcendance de l inspiration et sa revendication 276 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES d une explorati
298. h Goesch de Schw ring Ecrit En Pointes Sur Mon Bras Que Jappartiens A La Nuit Parce Que Veugle Je Suis Je Suis Un Cas Veugle Et C Pour a Que Lobscur Est Pour Moi Le Moment De La Journ e Qui Ne Me Quitte Pas Qui Est Toujours Pr sent Je Sens Les Vibrations De La Journ e Qui Font Quelle Sintroduit La Journ e Par Mes Narines Sous Les Bulles Mortes De Ma Bo te Et Me Rappelle Loin De La Nuit Lorsque Je Dors Je Nai Pas Conscience De La Nuit Recouverte Sur Mes Bulles Mais La Journ e Bien Ah Bah G Eu Le Temps De ML Faire Que La Nuit Variait Entre La Journ e Et Le Temps De Sommeil Je Me Suis Lev e A Huit Heures Les Cheveux Plaqu s Sur Ma Bo te Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Est Venue Peu Apr s Doucement Dans La Chambre Elle Ma Epong Le Front En Faisant Des Vibrations Avec La Bouche Contre Ma Joue Alors Je Sais Que Je Peux Me Calmer Que La Journ e Est Bien Venue Dans Ma Nuit Et Que Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Est L Et Quelle Est Toujours Gentille Avec Moi pour Epon ger Leau Sal e De Mes bulles 142 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES G la Certitude De Ce Que G da Veugle Anmoi Parce Que Anmoi IL Y A Des Choses Qui Sont Invisibles Ha Lext rieur Que C De Mes Bulles Que Vient Linvisibilit Du De
299. ie Os je vous appeler ainsi vous qui par un invraisemblable concours de circonstances criviez mon livre tandis que j crivais le v tre Oui il ne parait pas incongru de se pr tendre intime quand sans m me se connaf tre on couche aux m mes instants les m mes mots sur le papier Et pourtant nos identit s restent des nigmes Qui tes vous Quel ge avez vous Quel est votre m tier Avez vous d j publi Du combien chaussez vous Racontez moi Tout ce qui vous touche Mademoiselle m importe d sormais au plus haut point Ah si vous saviez combien je suis curieux de vous rencontrer venez me voir dans le Poitou je serai content de vous y faire d couvrir mon beau patelin Pourquoi pas d s la fin de cette semaine Bien vous A D s le lendemain il re oit cette lettre de L Monsieur Je voulais vous passer un coup de fi mais nulle part cependant je ne pus trouver votre num ro de t l phone J cris donc ce que je m appr tais vous dire de vive voix un diteur qui jai envoy mon manuscrit pr tend l avoir galement re u de vous Cette histoire est bien difficile croire Aussi je propose Monsieur de rapidement nous rencontrer pour la tirer au clair Venez me voir Paris aussi vite que vous le pourrez Expressions distingu es L 154 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES Non dit A ces quelques mots sont vraiment beaucoup trop secs trop r ches Ils ne peuvent tre un
300. iens en bain de bouche pr pare moi ta poudre de succession Au go t ta sueur d homme est une pi ce relev e mince la langue cuite et recuite une petite courge velue dont les pores conservent l corce P lerine je passerai par l m agenouiller et boire dans tes tubes petite lumi re me trotter pour l amour p lerin qui va de la terre de la naissance la terre de la promesse Aller pied c est obtenir un fruit quadruple mais j irai sur le bout des doigts je ferai le chemin sur le V de la langue sur le tranchant des incisives sur la pointe des seins Tandis que je p r grinerai tu verras tomber la poussi re sur moi la faim au ventre des blessures la soif avan ant avec effort vers tes lieux sacr s qui sont des sources rampant sur les papilles vers ta tubulure petite lumi re tes puits nourriciers tes arbres protecteur M arr ter dans les quatre vingt huit sanctuaires de ton nez poursuivre comme une illumin e apr s avoir repris des forces finir sur ton front tremp 131 DOSSIER 132 dans tes paumes baign es je suis moi m me la grotte o tu appara tras Je suis l univers qui viendra d une goutte originelle la sueur est une r capitulation ou une pop e tendre vers toi pour une infusion continuelle bapt me ininterrompu pers v rant Pour ma grande p que recueillir une infusion de toi charg e de tous tes principes SECTION DOREE Dans n impo
301. iente Mais Gaston n tait pas satisfait le livre tait encore inachev Alors il d coupa des panneaux de tissu dont la largeur quivalait la hauteur des bois Imprima les panneaux de bandes rapproch es et grises de bandes espac es et rouges o se lisaient des stries Ou au contraire des carr s in gaux o se lisaient des taches et des espaces blancs situ s l endroit o il avait pli l toffe 163 DOSSIER Car il pliait l toffe dans le sens vertical ou dans le sens horizontal pour r p ter les stries les taches et les absences R p ter les couleurs Je n aimais pas certains m langes bleu et rouge par exemple Mais j aimais les bordeaux et les bleus galement d autres couleurs sur des toiles disparues ou perdues ou jet es ou gard es Gard es dans des mus es dans des armoires dans des biblioth ques je ne sais pas Je ne peux pas savoir je n ai pas d yeux pour regarder ailleurs et loin travers la distance travers les murailles Quand il eut termin un panneau il en enveloppa les sept pages de couleurs diff rentes que maintenaient les bois vein s de rouge Le panneau tait long il tourna il tourna autour des pages et des bois Le r sultat tait tr s beau Le r sultat tait trange Un livre de pri res Oui de pri res insista t il Mais Gaston n tait pas satisfait le livre tait encore inachev Je n aurais pas assez de bois je n ai qu un lit
302. ifeste une telle attention dans La Contrainte du r eP Elle montre de mani re tr s clairante comment les ncrages organisent le r seau de l uvre autour d un r alisme personnel et formel indirectement historique Retra ant l ensemble du parcours perecquien elle n tudie pas sp ci fiquement La Vie mode d emploi remarquant toutefois que l vocation d un immeuble parisien et de ses habitants t moigne d une ambition totali satrice encyclop dique d un d sir d exhaustivit taxinomique qui rappelle celle des grands romanciers r alistes du XIX si cle p 1 Je souhaiterais revenir sur cette question qu elle voque seulement pour valuer comment Perec se situe contre ces grands romanciers sa proximit avec cette litt rature du XIX si cle les distances il prend avec elle De fait dans ses entretiens de 1978 Perec ne s affirme plus r a liste mais hyperr aliste D s lors La Vie mode d emploi reprend elle ou et d passe t elle 1 illusion r aliste Un romans du XIX si cle D s l abord frappe l inscription du romans dans cette tradition La Vie mode d emploi semble le chef d uvre de l ultime romancier du XIX si cle De ce point de vue la visite de l exposition universelle de 1900 par Corinne et Honor Marcion prend valeur de symbole le Palais lumineux de Ponsin qu ils observent est repr sentatif d un si cle
303. imentent en chefs d uvre chaque ann e et en blocs d admiration recyclables ils descendent tous des Smith soit en ligne directe soit ayant trouv l astuce de prendre leur place au banquet comme les y autorise leur St c est dire d un Mr Dupont Durand uni un jour une Miss plus anonyme encore Et toi dans cette annexe de coll ge pour jeunes filles au milieu des tableaux anciens dont tu partages muette d admiration le rimant sarcophage veux tu au m me titre que tes actionnaires que l acc l ration du temps s amui sse que la beaut des arbres accroch s cache l irr m diable retrait de la for t d abord peinte dans ton dos puis abattue galement RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES Meanwhile Dominicale m me Les jours non f ri s D j refusant le rythme Ton Am rique toi S accrocha it ses rimes Domestiquement sauvage Habill e des teintes De la robe des vaches Et comme les perroquets Si on ajoute le pistache Saveurs des temps de je ne Puis le trafic trop jeune A crev tes yeux De verre qui survivent Dans ce petit mus e En filigrane On peut Amherst des heures durant Outre penser des incipits comm a Se plaire ne pas trouver la maison D Emily Dickinson que justement L on s attendait trouver aussi connue Que chez nous Tintin Statue visible De la route Puis cette maison qu Est incapable de seulement
304. in h bleur mais l che attach au houblon Heurt par ces hexasyllabes harass hurlerai je finalement hourra R mi Schulz a cr le site httpV gondol waika9 com 244 Chantal RobiUard Nouveaut en litt rature jeunesse contraintes Cette ann e nous aurons bien peu de textes contraintes pour jeunes et enfants nous mettre sous la dent Il faudra donc faire maigre et ou relire nos classiques Paradoxalement alors que les enseignants s arrachent les Exercices de style de Raymond Queneau et en abreuvent des l ves de sixi me pas toujours bien r ceptifs les diteurs jeunesse ne se bouscu lent pas pour accepter des manuscrits jug s trop difficiles avec trop de vocabulaire et trop d effets de style Queneau n aurait jamais pu tre publi de nos jours qu on se le dise au fond des ports La demande est pourtant l tant des jeunes eux m mes que de leurs enseignants et docu mentalistes Pour rester dans la citation pastiche diteurs encore un ef fort et vous serez modernes Cet lan d humeur pass voyons ce que l on peut sauver du d sastre en cette ann e palindromique Rep rons d abord une timide tentative sur une collection d un diteur un peu en marge et c est tant mieux pour tout ce qu il fait Thierry Magnier Sa collection aller simple donne comme contrainte aux auteurs de raconter une histoire o un adolescent prend un billet aller retour
305. inckler Je n adopterai donc pas pour relater ces effets de sens le ton froid et serein de l ethnologue J ai travaill la fois avec les outils partiels et partiaux que je me suis forg s au cours de mes lectures outils que certains connaissent et parfois utilisent et partir des hypoth ses qui sont les miennes mais que d autres quelquefois parta gent Outils et hypoth ses que je pourrais succinctement r sumer ainsi l criture autobiographique de Perec dit ce qu elle dit gr ce des formes sens qu on appellera comme l on voudra autobiograph mes ncrages m tonymes ou n importe quoi d autre qui constituent travers l uvre entier un syst me r current et coh rent l autobiotexte Les cinq micro lectures que je propose visent donc r pondre la ques tion suivante puisqu il existe des variantes entre le texte du manuscrit et celui du livre leur tude ou du moins l tude de certaines d entre elles est elle sus ceptible d clairer la construction de l autobiotexte Bien entendu cette ques tion purement rh torique est d une totale mauvaise foi puisqu elle contient sa r ponse moins de supposer que je me lance dans ce travail uniquement pour en d montrer l inefficacit Si l on carte cette hypoth se masochiste mes cinq micro lectures peuvent tre consid r es au mieux comme pascaliennes Tu ne me chercherais pas si tu ne m avais trouv au
306. inckler mais les deux noms sont quand m me assez proches pour intriguer tout lecteur de Perec Nous ne savons pas peut tre un des proches de Perec le sait il m si l auteur pronon ait Winckler la fran aise vin clair l allemande vinne clerc ou l an glaise ouinne cl re mais ces trois options existent aussi pour la pre mi re syllabe de Winkley D un point de vue platement intentionnaliste on aimerait savoir si Perec savait l ge de 11 ans ou bien l ge adulte que l objet qu il a manifestement rencontr pendant sa fugue s appelait un Winkley Sinon nous serions dans la pure co ncidence Mais la question serait mieux pos e rebours pourquoi supposer que le jeune Perec ne connaissait pas le nom d un objet aussi banal et d usage courant cette poque Supposons donc jusqu preuve du contraire que dans Les Lieux d une fugue et dans La Vie mode d emploi Perec donne une description som maire mais p i itement ad quate d un Winkley dont il tait trois fois le nom propre Le nom de Gaspard Winckler attribu au h ros du premier roman achev de Perec Le Condottiere un personnage du sc nario de film des Choses au personnage myst rieux qui part la recherche de son homo nyme dans la premi re partie de W ou le souvenir d enfance et au ma tre artisan des puzzles de Percival Bartlebooth dans La Vie mode d emploi a 86 PEREC VINGT ANS AP
307. int transparais sent les raisons du spatial dans cette uvre Chaque page qui par jeux d paisseurs 217 DOSSIER du papier fonctionne par trois est un seul nonc dont la disposition tabulaire cons quente la mise en colonne isole les sch mes d une seule phrase Si bien d ailleurs que les enjeux grammaticaux acc dent une visibilit ignor e dans un cadre plus lin aire et s en trouvent complexifi s d autant telle r gle d hypallage se constate mesure et plus massivement que si mis la ligne De ce cadre on rep re une constante principale la situation du sujet de chaque nonc est quivalente chaque nouvelle donne c est dire plac en d but de colonne gauche Doit on pr ciser qu un tel sujet est non seulement celui de l nonc en cours mais du livre aussi bien et donc de la lecture Quand donc se tourne une page lue c est une condition de possibilit de celle ci qui trans para t 11 n est plus qu lister les sujets pour s apercevoir lecteur aux pages succ dent donc les actions puis les r actions les questions les images les d cisions les impr vus les revirements les comptes les assemblages de mots Enfin nous sommes un peu avant le milieu du livre On constate comme except le dernier et le premier tous les sujets peuvent tre group s comme d clinant l identit perceptuelle du d crypteur sous forme d op rations Hors voici qu avec le dernier sujet l on nomme
308. interroge s rieusement sur ce que le travail de Mme Cohen qui n anmoins doit vraisemblablement avoir quel que chose dire vient faire dans pareil volume consacr aux formes po tiques codifi es Jurgen Ritte pp 117 129 La question de la po sie selon Robert Gernhardt Une remarquable contribution qui re situe dans l Allemagne d apr s guerre une part des questions br lantes dont s agitait un peu plus t t le microcosme po ticien espagnol voir supra B n dicte Mathios et Claude Le Bigot pour l apr s guerre civile et qui continue de secouer l Al lemagne d aujourd hui avec une insistance une visibilit une certitude de l importance des enjeux de l criture et des strat gies po tiques parfaite ment sans quivalent Le dessinateur et po te Gernhardt n en 1937 l instar de son pr curseur Heinz Erhardt n en 1909 parvient faire scandale en pu bliant des sonnets en r ponse de facto aux pesantes bornes pos es depuis 287 CRITIQUES Adomo aux ambitions aux droits ou la possibilit de l art Sur la le on des malentendus dont souffrit son a n aux heures du Restauratorium l humour d vastatateur de la production post soixante huitarde de Gemhardt ne recule devant aucun sacril ge intertextuel et refuse que la po sie de sa g n ration soit d sign e comme bouc missaire pour ses choix esth tiques et plus fondamentalement pour son in branlable foi e
309. ion Il y aurait donc eu deux Hugo Vernier Un gyptologue homosexuel Vernier de son pr nom fr re jumeau de Victor Hugo po te ses heures et qui aurait r dig l uvre en vers attri bu e son fr re auguste Cet enfant de la vigne tout comme son cousin f librige Hugues Auvemier est d guster avec force alcools comme l ont fait leurs g niteurs litt raires qui ont sans nul doute sur le fait que dans les lettres de Hugo Vernier il y avait les lettres de ouh verre gin Heur vigne or et vin rouge Hun ogre ivre sans compter celles du fameux cocktail du huron vierge i verre gin A vin rouge Sauf le respect que je dois Marie Mathews je me demande pourtant si les dives bouteilles ing r es par son mari n ont pas abus ses propres sens ou plus vraisemblablement si Harry rapporte vraiment les nouvelles qu il attribue Marie Un second Vernier le vrai Hugo de son pr nom est n le 3 septem bre 1836 V ny Pas de Calais fils d Hippolyte V ron Vernier et de Sarah Judith Singer Il est mort en 1864 vraisemblablement Vemon dans l Eure Pr vue pour tre publi e le 27 juin 1857 sa premi re uvre mais combien dense Les Po sies de Hugo Vernier ne fut pas diffus e car ampu t e des vers des Fleurs du mal par Baudelaire qui dita sans vergogne ces Fleurs plagi es sous son propre nom deux jours auparavant L auteur d truisit 316 exemplaires des 317 imp
310. ion de regarder la mort en face Moi si une fois au moins Jusque l je ne connaissais la mort que comme une m taphore pr cieuse pour d signer l exc s du plaisir 11 Peut tre tes vous de ceux qui n ont encore jamais exp riment l iro nie du destin Moi si et souvent Je sais donc qu il se pla t faire advenir exactement ce que vous avez mis le plus de soin viter 12 Peut tre tes vous de ceux que le doute ralentit ou paralyse Moi pas Toujours il m peronne 166 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES 1 Peut tre tes vous de ceux qui se plaignent de l insuffisante longueur des t s Moi c est le printemps ou certaines ann es l hiver qui me para t trop court 2 Peut tre tes vous de ceux qui croient que les masques des mots ne couvrent pas tout l tre Je songe moi tout ce quoi les mots ont donn naissance et qui sans eux serait rest dans les limbes 3 Peut tre tes vous de ceux qui veillent ne pas se contredire car il leur d plairait de devoir br ler ce qu ils ont d abord ador Moi non Puis que la vie tend finallement vers une forme d quilibre il est bon de com penser les exc s d hier par ceux d aujourd hui 4 Peut tre tes vous de ceux qui ont du mal se reconna tre dans un h ros de la mythologie ou de la litt rature Moi non N importe lequel fait l affaire ou presque 5 Peut tre tes vous de ceux qui croien
311. ire passer dans le roman proprement dit tait suffisamment complexe pour ne pas l alourdir par une criture tortur e ce qui n a pas interdit de multiples jeux divers et ponctuels II me semble plus int ressant de parler de ce que je n ai pas calcul Ainsi plusieurs hasards favorables ont permis d toffer une trame de base faiblarde Un minuscule d tail d un roman de Pouy a entra n la relec ture attentive et les d couvertes inou es qui m ont fait innocenter le coupa ble initialement pr vu pour proposer un criminel in dit dans ce type de litt rature le h ros r current d masque son propre cr ateur mais le g nial EAP avait d j fait de l assassin de la rue Morgue un singe APE La Montre du M de de Philippe G Kerbellec Le M tre tant parti v rifier quelques mesures sur le terrain je Schulz me permets quelques commentaires sur son Gondol D abord clamer que pour lui comme pour moi Roussel est l talon litt raire absolu celui dont la moindre anecdote le moindre mot sont sursatur s de sens dans ce qu il a d sir publier du moins Et pour moi comme pour d autres Kerbellec est celui qui a le mieux jalonn le cheminement dans cet te uvre ne serait ce qu en montrant comment elle pouvait tre per ue comme ramification d un unique mot racine la queue le proc d des Textes de grande Gen se jusqu aux Nouvelles Impressions La montre de M die est l heu
312. is Amie fine Cils vos saut qui t t maintient Vostre amor d sir et votL A vos servir toz m acoil Se damgniez que vostre soie Ceynture vos donnai de soie Si laissiez ce vilain sot Doreniot c ainz ne vos sot Bien anerne faire joie Le badinage amoureux est bien l mais ce sont avant tout les ncrages du onze la pastourelle est structur e en onzains et du manque le critique ne cite que les deux premi res strophes du po me que le d voi 54 PEREC VINGT ANS APRES Que l on rapproche enfin les deux contextes sources et une le on au moins appara t vidente une fois encore la double postulation de l cri ture perecquienne s inscrit en filigrane affirmation exacerb e de la vie avec le texte de Rabelais redoubl e sur un mode mineur par ce qui ne transite pas de la pastourelle souvenir de la mort lisible dans la structure de la m me pastourelle et redoubl par la d coupe citationnelle Les morts voyagent vite Plus tonnante peut tre tant le texte d origine est aujourd hui oubli une impli citation libre au chapitre LXXXVII O l on rencontre dans le style appropri des d pliants touristiques la description de la visite des Grottes de B thanam travers e compl te d une montagne f eriquement clair e par 4 500 lampes lectriques La richesse en stalactites et la vari t merveilleuse des d cors sont agr ment es par une promenade en gondole
313. isme sur l Ouroboros et quelques son nets raffin s gongoristes dont le sonnet ma tre d une couronne de son nets et un hypersonnet sonnet centon Pour le lecteur comme pour l auteur le plaisir du texte intellectuel et sensuel se double de celui de la texture effets de moire et de m moire Ajoutons que certains de ces po mes pourraient tre transpos s en en langue fran aise tout en gardant les contraintes qui les informent A C Patrice Soler Genres formes tons Collection Premier Cycle Presses Universitaires de France 2001 430 p La th orie des genres plus ou moins d riv e de Genette et le catalogue des genres l usage des l ves par une pi taille plus besogneuse sont tous deux responsables d une accumulation de livres aussi sommaires qu ennuyeux C est une heureuse surprise de lire dans une collection pour tant p dagogique avec photographie du professeur sur la couverture comme s il officiait au pupitre un livre original intelligent et alerte qui donne penser et r ver Comment parler d intertextualit si l on ignore si le texte est une idylle ou une ode ou une pop e fait remarquer l auteur Il est vrai qu on n a pas encore propos 1 interformalit comme gadget th ori que l expression est de Julia Kristeva elle m me propos de son con cept d intertextualit Am b e Bucolique Burlesque Cantique Consolation Conte D
314. it Des rapports et sous un jour faussement Froid le lecteur se penche la fen tre Avance vers l toile avec pr cipitation Peu apr s le paysage dont l herbe un peu Folle dessine les finesses un petit vase Pos sur la pierre c est l qu au d part De la rivi re le vent met avec la col re Qu on lui conna t le temps dans sa poche La lampe est au bout de l all e du petit Chateau quelle heure o j cris le po me Ce mot comme une imitation des vers de R On compte le nombre de pas et de chemins Qu il faut pour rentrer avant la m sange Qui n existe peut tre pas peut tre pas Encor et que si l on franchit le courant Et aussi ce po me qui continue la pens e Le coeur gagne le paysage en son sommeil Jean Michel Espitallier O va t on et comment Qui meurt ses lois de tout dire Fran ois Villon Un po me est une petite ou une grosse machine faite de mots William Carlos Williams Creusez modelez entassez les mots de la terre Walt Whitman L zardes synclinaux pelliculages et s diments des pluies d s bois flott s O va t on empile emboutit embo t du langage et coule dans un ruban de mati re en fusion le grand toilement des langues Des acc l rations et des catatonies des soubresauts des modula tions de tensions des surexpositions du moir des saccades et des zones d intensit O va t on fait d filer des vitesses variables le film du grand toilement des langues
315. it Ce que vous consid rez comme des erreurs de Perec est bien du texte de Perec qu il s agisse du syst me de classement qu il a choisi de ses erreurs ou de ses oublis volontaires ou non Vos corrections ne sont pas du texte de Perec Au lieu d un plus elles entra nent une perte Par exemple pour beau coup de lecteurs commencer peut tre par l auteur lui m me le d but de l index original ne manquait pas de connotations po tiques avec ces mots redoublant les a de fa on myst rieuse comme on en rencontre dans les premiers articles la lettre A dans les dictionnaires comme lAa cher aux cruciverbistes Day al the Races rompt le charme De m me les liens que les items proches avaient tiss s entre eux sont bris s lorsque les items sont d plac s comme les radicelles des plantes que l on arrache de leur sol Le maintien de l index original s impose d autant plus que la VME se signale par la place qui est d volue cette forme de paratexte Ici l index fait partie du livre C est plus que du paratexte c est du texte L index est un genre lui seul Il rel ve de P art de la liste et m me de la liste de livres du catalogue des biblioth ques r elles ou imaginaires Dans le genre de la liste Perec a excell comme aucun autre crivain fran ais depuis 102 PEREC VINGT ANS APRES Rabelais notre plus grand plaisir Retour au texte donc J esp re que les ditions suivante
316. it pu tre ourse En temelle orbite autour de celui qui l aima Jupiter a tourn autour maintenant c est le contraire Imaginaire apostrophe Dix C est Tinstitut Oc anographique Ego italien iode oxyg ne Donne m thodiquement un PV l OULIPO m thode S 7 X chez les Arabes Am re grand m re de Belos et d Agenor Encorn e pour qu une pouse pense ne pas tre cornette Fut Jupiter ce que Jupiter fut Europe S ur d Adraste AegiaJee et Phoron e Soigna Zeus sur le mont Dict Un golfe un ordre et une colonne rappellent sa m moire Vache de nymphette Mal cot e i l Argus H ro ne d une antique saga pastorale Jalousie et transfiguration sont les mamelles d un divin amour Paon et Taon l un la garda l autre la fit fuir Son berger y laissa des plumes l origine du principal dialecte grec Mollusque de la famille de la m lante Un paon du jour Inachts ou Vanessa On peut dire qu Ino n eut pas de haine pour elle Est arriv e sans qu on sonne d finition phon tique renvers chez le roi dans l ordre chez l idiot Au c ur d un viol Aurait pu finir comme carpaccio Contenue dans un ion D but et fin d intro Sens le 007 Son d but vaut sa fin quand il s agit de mettre les voiles Hisse et Haut upiter a tourn autour maintenant c est le contraire Ren Droin Jupit t tour t t c est l t R D MOTS CROISES Un pioupiou l a deux fois en son sein Au bout du patio Contenue
317. it re cueil En travaillant pour ma part sur les impli citations de Verne je d couvris non sans plaisir que le m me Adrian Villart alors chroniqueur L cho de la Somme avait chang une correspondance publique avec Jules Verne propos d une petite chicane grammaticale fallait il crire sens dessus dessous ou comme Verne l avait fait pour son titre Sans dessus dessous La venue de ce Villart dans La Vie mode d emploi s en trouvait en tout cas un peu clair cie il pouvait s agir d une allusion suppl mentaire biais e l uvre de Jules Verne Mais imaginez ma surprise quand en reprenant mon Rabelais je trouvai dans une de ces listes que Perec voque avec jubilation dans plusieurs entretiens un Adrian Villart compositeur du XVT si cle plus connu aujourd hui sous le nom d Adrien Willaert ma tre de chapelle Saint Marc et qui mit en musique de nombreuses chansons fran aises Tel nom serait donc selon toute vraisemblance une impli citation mixte de Rabelais La pastourelle quant elle n tait point dans l uvre de Rabelais La con sultation tardive du manuscrit de La Vie mode d emploi allait en livrer la source une note marginale signalait en regard du po me Morier p 53 DOSSIER 299 Mais il faudra un jour aller lire par acquit de conscience les B tons rompus car on conna t pour lavoir maintes fois prouv e la pro pension perecquienne la double c
318. iv Je n ai crainte de savoir si la po sie est Telle si la lune est un motif pour le ciel De Naples si c est un po me c est ta venue Que j attendais mais je pr f re le paradis Perdu avec 1 sentiment d une photographie Re prise au th tre absolu du mois d ao t J abandonne la clepsydr o ll sable mang La lumi re la rue les r ves o les baisers Sont impurs le ciel rationnel o les anges S en furent et tell autr image famili re Saturne dans la fable du po te atrabilaire extraits RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES Il est inutile de chercher comprendre La mer a cess de sombrer cet instant P rant les limites du voyage sont claires L preuve touchante qui accro t le self Du marin la mer seule dans le vers seul Ce sont des chevaux qui luttent sombres Aupr s des voiles d chir es j ai laiss on sang sourdre sur le fil d une serpe Il n importe qu l ange lutte avec ceux Qui ne dorment pas qui r dent sans r ve Autour d leurs demeures avec des mains D espion mais celui qui sans impatience Fuit le monde n coute point les coeurs Absolus br lant pour d inavouables fins rel guetteur appuy la colonne d ombre A la colonne d air o saignent les roses Le guetteur arrach aux chevaux de plomb Retrouve sans fi vre le visage de la mer Terrasse infinie un point sur un paysage D or car les yeux n ont pas d autre sens Pour l homme d approfondir l espace
319. j pertinent quoique trop souvent ignor s agissant de po sie ancienne renaissante ou classique savoir que le po me construit plus qu il ne reproduit le risque est grand en effet de tomber dans les beno ts travers d A Gendre selon qui Queneau tromperait un peu le lecteur sur la marchandise au pr texte que certaines des combinaisons des Cent mille milliards de po mes seraient grammaticalement irrecevables cit dans le m me volume par I Chol p 141 Quant la structure des tercets garcilasistes il faudrait ajouter la nomenclature produite p 73 le mod le CDB DBC qui consiste y remobiliser la rime centrale des quatrains embrass s ind pendamment de toute consid ration relative sa post rit Ce mod le de tercets utilis au sonnet XXVI n est pas moins hapactique chez Garcilaso que ceux en CDE CED ou CDE ECD CDE DEC apparaissant non moins domin avec seulement deux occurrences dans son uvre Acm isme mouvement d avant garde post symboliste pour reprendre les termes de l auteur p 95 Voir par exemple pour renouveler un peu la r flexion les propositions partiales mais soigneusement fond es de J an Baetens Ethique de la contrainte Louvain Peeters 1995 ou celles de Jean Jacques Lecercle plus affines la probl matique en cause ici La Violence du langage Paris P U F 1996 avec notamment quelques belles pages sur les h t rogrammes perecquiens comp
320. jamais par le d bat th orique On ne s y interroge pas sur la nature commune ou diff rente de ces curieux r f rents que l on semble fuir plut t que de courir apr s pas plus qu on ne se pose de ques tion sur leur s statut s cognitifs sur l tagement linguistique discursif 293 CRITIQUES ou textuel de leur s fonctionnalit s ni sur ce que Ton peut licitement appeler norme cart ou variante qui esp re t on convaincre de la pertinence qu il y aurait parler de codes si ce n est en s obligeant proposer des explicitations suffisamment claires de tels codes en m me temps que des garanties fortes de probl maticit de cette d marche d s lors susceptible d enseignements de quelque ampleur N est ce pas un exc s de confiance s masiologique que de supposer tablis ces objets si prompts docilement se laisser tiqueter sous les complaisants vocables de forme genre contrainte ou tous autres Je persiste penser que l enjeu de telles op rations si on ne les souhaite ni vaines ni trop ais ment contestables doit pr cis ment tre la mise l preuve de ces cat gories qui partant se situeraient id alement au point vis de la discussion plut t qu en son point de d part Eric Beaumatin Notes Quelques observations la lumi re opportune des attendus de l auteur si la formule ici propos e du zadd est peu pr s conforme au modal des pr
321. jonction d un vers isol entre deux strophes de structure identique ou au d but et ou la fin d un po me produit des effets de sym trie les po mes des pp 187 et 193 sont en 5 5 5 3 5 5 5 31 5 5 5 p 18 3 strophes en 13 5 35 9 9 15 21 sont encadr es par deux vers de 21 enfin p 28 un 15s isol suit 3 strophes de 5 vers de m me m tre ce qui exceptionnellement rend pair le nombre de vers du po me variation locale de longueur l int rieur d une structure fixe un vers change de longueur d une strophe l autre p 147 les 3 stro phes du sous po me III sont en 7 x 7 soit respectivement 7 3 7 7 5 7 7 9 7 en pp 33 et 225 le sch ma des 5 strophes est 7 7 3 17 x soit une strophe de 3 vers chaque fois pr c d e et suivie d un vers isol avec variation de longueur de chaque second Tordre des longueurs variables x est un double raffinement suc cessivement 5 7 9 11 et 3 soit un ordre croissant mais avec rejet en fin de la valeur la plus petite M me configuration avec d autres va leurs en p 236 5 strophes en 3 3 117 x avec pour valeurs variables 3 5 7 9 et 1 Notons que dans les 3 cas la valeur variable qui cl ture le po me 3 ou 1 figure galement au centre des super strophes de 5 vers permutation des longueurs d une strophe l autre un sch ma de longueur impaire fond sur deux m tres seulement est invers si la
322. l Kenji Kitayama a choisi comme sujet Raymond Roussel et le cin ma des origines et il montre bien le parall lisme et les croisements qui se manifes 224 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES tent dans ce domaine L ensemble des mat riaux rassembl s ici m rite d tre repris dans les d tails pour apporter les pr cisions th oriques n cessaires et pour cat goriser avec rigueur les rencontres et les diff rences Finalement il s agira toujours pour Roussel de textiialiser le d filement des images leur obsessionnelle r p tition leur jeu d infinis reflets color s Cette coloration de l uvre roussellienne est d ailleurs tellement in sistante qu on ne sera pas tonn d en retrouver quelques traces dans ce num ro quelques enjolivures chromatiques Le titre nouvelles impressions critiques y invite bien s r car Roussel avait voulu publier ses Nouvelles Impressions lui en couleur cela aurait t en un sens une nouveaut d impression Dans le num ro 2 de Formules j ai pu raconter plus en d tails cette histoire et pr senter l dition en couleurs publi e aux Pays Bas on peut esp rer qu elle aura son pendant fran ais dans les ann es qui vien nent Ici c est tout d abord le vert qui donne le ton Dans le conte La Peau de la raie dont parle Bourque l effet du fameux rayon vert sera de transformer le narrateur qui devient un homme en gazon et dans Locus
323. l gitimes et un peu de sauge Apr s que j aurai fini de boire tu pourras me moudre sous ton vase de pierre 133 Barbara Suckfuil Tintinabulum Traduction de Otto Ganz En guise de pr face succincte C est en tudiant les cahiers et fardes d pareill s qu a laiss Antoine Muller seules traces de cet auteur belge intern jusqu sa mort en 1934 qu il m a t donn de d couvrir cet extrait d un texte allemand intitul Tintinabulum Ce Journal identifi par Antoine Muller comme r dig par Barbara Suckfuil cons ur sourde et aveugle comme le monde pose des questions plus d un sens Malheureusement l dition des feuillets d Antoine Muller et particuli rement de son texte Le principe d isole ment m a jusqu pr sent emp ch de poursuivre les recherches con cernant l identit de l auteur de ces lignes Peut tre pourrait il par ailleurs s agir d un h t ronyme d Antoine Muller dont on sait qu il signait gale ment des noms de Lodiel ou de Grootheilligge Cette possibilit m a ef fleur cependant coutumier de l criture de l auteur belge il me faut bien admettre que celle adopt e par Barbara Suckfuil est radicalement diff rente Quoi qu il en soit et en premi re approche l criture de Barbara Suckfuil attire l attention sur le principe de contrainte utilis e comme mo teur de cr ation C est que la contrainte textuelle ou graphique pro
324. la chose existe gr ce l ordinateur une sorte d hypertexte l int rieur duquel le lecteur pourrait naviguer en se servant de l index Ce qui supposait videmment qu il soit le plus complet et le plus exact possible contrairement celui de Quel petit v lo qui affiche au contraire son caract re d ceptif D o mes quelques ajouts qui ne me semblent pas d mesur s Quant au nouvel ordre alphab tique il est comme vous l avez com pris celui des machines et je ne crois pas qu en l adoptant nous ayons ravag quelque diagonale s nestro descendante ou quelque autre architec ture secr te qui aurait jusqu alors chapp tous 106 PEREC VINGT ANS APRES Aucune de ces modifications n affecte par exemple les jeux intertextuels sur les dates ou les solutions d nigmes fournies au d tour d un item Encore une fois je reste tr s prudent mais tr s honn tement je ne crois pas avoir fait preuve de d sinvolture ou de dissimulation dans les corrections propos es d s lors que la reproduction en l tat de l index primitif semblait comporter infiniment plus d inconv nients que d avantages Un dernier exemple vous regrettez Angkhor Vat remis aux normes du Robert mais fallait il aussi conserver sur la page d en face AMARA Iraq que le syst me adopt par Perec les noms de lieux s crivent en bas de casse avec majuscule initiale conduisait crire Amara Iraq En d duira t on
325. lants en perecologie qu ailleurs si l on admet par exemple comme Bernard Magn travaille l tablir que d une fa on ou d une autre il est parl de mort dans le Petit v lo c est en un r seau d encryptage hautement labor un niveau textuel qui n a pr cis ment pas grand chose voir avec le mode loufoque mode qui con cerne d autres contenus Sans doute avons nous encore progresser beaucoup dans la lecture de Perec et surtout dans notre apprentissage de la lecture travers Perec L un des plus redoutables pi ges tendus par Perec r side videm ment moins dans le d fi de l nigme pos e que dans la quantit de pistes explicitement trac es par lui autant d orni res dont nous peinons nous extraire dont nous peinons nous m fier pour construire un discours criti que autre que sempitemellement paraphrastique Mais le danger n est pas moins grand de solliciter ces textes de les manipuler afin de leur faire mieux dire ce que l on croit devoir y lire au point de d former les donn es empiriques m mes dont ils nous informent En l esp ce parmi les quelques consid rants sur lesquels s appuie l auteur dans son itin raire circulaire d Auschwitz Auschwitz figure le classement des lipogrammes en deux cat gories l une totalitaire tendrait honorer une une toutes les let tres de l alphabet l autre se contenterait de n en prendre qu une seule pour
326. le dition Bernard Magn Mais l diteur au sens fran ais du mot Hachette ne signale nulle part que l auteur de la pr face qu on suppose tre le responsable de cette nouvelle dition a modifi l index Les lecteurs de base et les tudiants de l avenir risquent de prendre pour du Perec pur ce qui est du Perec modifi par Bernard Magn Cet index n a pas t corrig par Perec lui m me A t il fait part son premier diteur ou ses proches de sa volont expresse que son index soit corrig Qui a pris cette d cision L diteur Pourquoi Etait ce parce que c tait une dition diffusion plus populaire Et pourquoi s est il trouv quelqu un pour mettre cette d cision en acte Cher Bernard Magn parmi les sp cialistes s tudes pereciennes vous tes un de ceux qui connaissez le mieux les textes de cet crivain et depuis le plus long temps D o ces deux questions Comment conciliez vous votre respect du texte votre attention scru puleuse ses d tails allant jusqu l chelle de la lettre et cette intervention massive de votre part Pourquoi ne pas l avoir pas annonc e en un quelconque endroit de cette dition Ou est ce l diteur qui n a pas jug bon que vous le signaliez Je vous donne ma position l index de Perec est une uvre d art comme le reste de son roman Cet crivain qui a t documentaliste dans le civii savait ce qu il faisa
327. le e muet dans la po sie classique Robert Garette La phrase racinienne contre m tre et contre rime Marc Dominicy La c sure lyrique chez Verhae ren Dominique Billy La rime androgyne D une m taphore m trique chez Verlaine Claude Zilberberg La dynamique du vers selon Mal larm Georges Molini En guise de conclusions Bibliographie Index des noms Index des notions A C Arthur Rimbaud uvres compl tes I Po sies Edition critique avec introduction et notes de Steve Murphy Honor Champion 1999 Paris 940 p Par ce premier volume Steve Murphy inaugure l dition critique des textes de Rimbaud jusqu au fin fond de leur ponctuation Dommage que le prix 580 F semble le r server aux riches biblioth ques plut t qu aux pau vres jeunes gens Avec l paisse biographie non moins probe et d mystifiante de Jean Jacques Lefr re Arthur Rimbaud Fayard 2001 1242 p le lecteur dispose enfin de deux ouvrages de r f rence c est comme si l on pouvait enfin glisser deux fondations solides sous l Ex g se rimbaldienne ce ch teau en l air A C Oskar Pastior Villanella amp Pantum Gedichte Edition Aksente Cari Hanser Veriag M nchen Wien 1999 112 p Frau Villanelle und Herr Pantum succ dent leur cousine Sextine et leur cousin Palindrome Comme toujours chez ce po te h ritier de Chris tian Morgenstern et des dada stes allemands non moins
328. le romanesque ferait autrement dit retour chaque remise en cause de l auto rit des mod les narratifs Le romanesque contraint pourrait ainsi tre d fini comme l une des modalit s du retour romanesque li la crise des ann es cinquante et soixante du XX si cle l histoire litt raire viendrait en somme surd terminer le choix du plaisir narratif de la fiction J invoquerai enfin une troisi me d termination plus pr cise encore fond e sur un trait essentiel de la po tique perecquienne l importance qu elle 42 PEREC VINGT ANS APRES accorde la m moire Seule la cat gorie de la m moire ou litt rairement parlant de la citation permet en effet de rendre compte d un caract re remarquable du romanesque perecquien il est de mani re affich e un romanesque des origines qui ne m prise pas les ressources antiques des enl vements des pirates et des naufrages m me si celles ci ne furent vrai semblablement connues que par ou dire Je comprendrai ce recours Par ch type qui en tant que tel ne pr juge justement d aucun acc s textuel pr cis MS comme le moyen la fois le plus simple et le moins ambigu de marquer temporellement la distance de la citation La prose perecquienne mais il resterait tester ces hypoth ses sur un corpus plus vaste a fait de la contrainte un moyen du romanesque c est dire que le plaisir de la fiction en rencontrant la m moire de la litt ra ture
329. le pr sent num ro apporte quelques changements Le principal concerne bien entendu la red finition de notre champ Formules souhaite s ouvrir encore davantage des pratiques formelles syst matiques tr s di verses qui r pondent notre d finition large de toute contrainte comme une r gle textuelle hors normes Au del de tout esprit de chapelle Formules cherche rassembler les auteurs et les textes qui s appuient sur des proc d s ou programmes la fois syst matiques et hors normes dans leur effort de reprendre et de continuer la grande tradition moderniste for maliste dont nous nous r clamons toujours Et il convient par ailleurs de rappeler que ce qui compte pour notre revue n est pas le proc d litt raire ou artistique en soi mais l usage qui en est fait Un second changement plus discret mais non moins essentiel dans l panouissement d une revue concerne l largissement de nos rubriques th matiques celle tr s fournie sur les parutions r centes a t confi e Alain Chevrier celle sur les colloques Christelle Reggiani celle sur les jeux litt raires Alain Zalmanski tandis que comme auparavant celle sur les litt ratu res contraintes pour la jeunesse est toujours assur e par Chantal Robillard DITORIAL Nous comm morons dans ce num ro la disparition de Georges Perec en lui consacrant vingt ans apr s un dossier d tudes Pour cette raison Le Cabinet d amat
330. les Savoir fiction Cette reprise pourrait cependant constituer une continuation de la lit t rature du XIX si cle le discours r aliste est ostentateur de savoir Il convient cependant de pr ciser dans quelle tradition s inscrit ambition 77 DOSSIER encyclop dique du romans selon Sylvie Thorel Cailleteau la tentation encyclop dique est une r action naturaliste contre les impasses fascinantes de Flaubert Zola aurait choisi pour restaurer le roman et son effectivit d arc bouter son uvre au discours dominant celui qui a force de loi le discours scientifique en une recherche d une l gitimit externe fond e sur un d tournement sur un leurre fondateur Perec se situerait donc moins dans une tradition r aliste que naturaliste o la surench re encyclo p dique t moigne d j d une obsolescence Le mod le de Perec est pourtant moins Zola que Verne Plus encore il ne s appuie pas sur le projet p dagogique de cet auteur mais sur son romanesque S il veut que ses romans soient inform s par les savoirs contemporains comme les romans de Jules Verne le furent par la science de son poque c est titre de support pour l laboration de ses fictions non pas en tant que v rit mais en tant que mat riel ou machinerie de l imaginaire D o la notion de pseudo rudition D s lors la science se fait le support d une illusion avec laquelle jouer P
331. les arch ologue linguiste et agent d crypteur anglais qui pendant la guerre avait trouv la clef du chiffre allemand ENIGMA Mention y tait faite du Hugo Gruppe et de ses trois bijoux retrouv s dans le bunker du Fiihrer Scale va alors reprendre l enqu te retrouver Kramponov et le KGB mais aussi la CIA et surtout Dennis Borrade professeur m rite Princeton qui le conduit aux archives de J Edgar Hoover Un manuscrit poussi reux dat de 1344 vol par le Hugo Gruppe et r cup r par Moses membre de la CIA Le conte d Hiver une histoire pique en prose et en vers sign e de 2 initiales h bra ques Waw H W H Il s agit de l un des bijoux qui s av re tre le mod le exacte de La Temp te et de La Com die des erreurs de William Shakespeare mais galement l int gralit de Othello selon lana lyse d un moine allemand h bra ste le Fr re Hans Une analyse plus fine de John Scale prouvera que l ensemble des uvres de Shakespeare est un plagiat dont lajud it de l origine est vidente mais aussi que Hemani de Hugo et m me En attendant Godot de Becket sortent du m me moule Le Voyage d Arvers Jacques Bens BO N 112 septembre 1999 Apollon Dumoulin professeur de fran ais au lyc e de Carpentras la retraite d couvre dans la biblioth que d un viticulteur et ami Donatien Bourrassol un manuscrit calligraphi sign Hugues Auvemier et intitul Estampes de
332. litt raux nigmes puzzle acrostiches de lettres qui voque reflection r flexion sch ma de la g om trie secr te du tableau projection c leste la fin pour r v ler un portrait anamorphotique analo gue celui de Marilyn Monroe par Dali le h ros du r cit introduit la couleur i ad colorent va la couleur ce qui permet au lecteur de sortir de son monde en noir et blanc pas de gris interm diaires Un livre fascinant et m me vertigineux A C Edgar Lee Masters Des voix sous les pierres Les pitaphes de Spoon River Librairie lisabeth Brunet Rouen et ditions Ph bus Paris 2000 524 p Excellement traduit par Patrick Reumaux dans une belle dition illus tr e par Philippe Dumas ce classique am ricain attendait d tre mis la port e des lecteurs fran ais depuis 1915 C est un livre unique compos exclusivement d pitaphes dans leur cimeti re les morts s adressent de leur tombe au lecteur passant comme dans les pitaphes grecques dont l auteur s est inspir En faisant s entrecroiser ces diverses voix le po te fait une satire impitoyable du bourg paradoxalement ressuscit mais aussi de son pays et du monde en g n ral A c t des verdoyantes Leaves of grass ce fut une sacr e mauvaise herbe pour le puritanisme Un seul regret le titre fran ais est lointain et ambigu par rapport l original Spoon River Anthology A C 265 CRITIQUES Forme a
333. lons rapidement voquer partir du N 19 publi dans ces pages Nous le savons mais nous oublions r guli rement ce savoir avec la langue le signifiant a tendance s vaporer lorsque le signifi appara t du fait de leur relation arbitraire et du seul r le fonctionnel qu on attribue en g n ral celle ci D s lors nous ne m morisons pas les sp cificit s du signifiant puisque sauf structure particuli re nous ne les remarquons que pour acc der par convention d autres choses qu elles m mes L affaire s aggrave dans l crit car la plupart du temps nous tenons encore moins compte du fait que les signifiants ne se r sument pas ce qui est sensible c est dire les l ments visuels qui fournissent seulement l appui de leur construction D une part en effet le signifiant grammatique nous conduit vers un signifiant phonique imagin les sons virtuels des syllabes crites D autre part et nous y reviendrons ce signifiant grammatique n est pas toujours enti rement mat rialis Mais il y a davantage En effet les composants formels ont tendance s vaporer non seulement parce que le signifi qu il soit phonique ou s mantique l emporte lorsque le signifiant est utilis comme un simple support pour acc der lui mais galement parce que la lecture des lettres nous fait oublier les particularit s exactes des traces convoqu es Tout affair s comprendre le contenu des mot
334. ma tique proprement scriptoriale Les points de vue sur la fonction et l utilit du clinamen divergent Ainsi dans Parcours Perec Jan Baetens met des r serves sur son efficacit comme relance de la machine textuelle tandis que les oulipiens voient dans le clinamen la pr cieuse r introduction du principe de libert dans la contrainte question sur laquelle Christelle Reggiani fait le point dans le premier chapitre de son ouvrage Rh toriques de la contrainte 1999 A noter Jan Baetens L Ethique de la contrainte fessai sur la po sie moderne Uitgeverij Peeters Leuven 1995 C cile De Baiy La figure du lecteur dans La Vie mode d emploi dans L uvre de Georges Perec r ception et mythisation colloque de Rabat 2000 L arbitraire de la contrainte Du sens chez Perec dans critures et lectures contraintes colloque de Cerisy la salle 2001 Bernard Magn Le puzzle mode d emploi Petite prop deutique une lecture m Utextudle de La Vie mode d emploi de Georges Perec dans Perecollages 1989 M tatextuel et lisibilit dans Prot e vol 14 n 1 2 1986 Les figures du lecteur dans La Vie mode d emploi Hans Y Goga dir Georges Perec 1997 El ments pour une pragmatique de l intertextualit perecquienne dans ric Le Calvez et Marie Claude Canova Green dir Texte s et Intertexte s Rodopi 1997 Sylvie Rosienski Pellerin Perecgrination
335. mans cl s Harry Alis le fantaisiste Robert de la Vaissi re et ses po mes en prose Les extraordinaires illustrations pr surr alistes d un po te peintre du Chat Noir Georges Lorin sont une d couverte Les amateurs de contraintes appr cieront les Versiculets une jolie formule du tout petit po te Alfred Poussin 1834 1901 lequel ins ra dans son recueil ce monostiche immortel intitul Minuit Me voil donc encor d barrass d un jour Quant au court essai de taxinomie des d c s litt raires crivains morts cras s pendus etc qui termine l ouvrage on peut y voir encore l effet d une contrainte s mantique l art de la liste A C Marc Antoine Mathieu Le dessin Delcourt 2001 L auteur de la trilogie kafka ennes L Origine la Qu Le Processus poursuit ses paradoxes graphiques dans cet album de bandes dessin es dont chaque page ne comporte que deux vignettes et il parvient m me se surpasser La contrainte principale qui r git ce livre d images peut tre qualifi e de contrainte hypervisuelle sur le mod le du lien hypertextuel C est celle illustr e litt rairement dans le po me de Raymond Roussel La Vue et de fa on plus ponctuelle dans le film d Antonioni Blow up ou chaque partie d une image agrandie r v le une autre imag Chaque fen tre ouvre sur une autre fen tre Cette exploration est en outre sem e de jeux graphiques ou
336. mars 1981 Paris par Bernard Pous entretien in dit transcription de Mireille Ribi re et Dominique Bertelli 235 Le Robert art Parano a 23 24 31 Christelle Reggiani Amours et naufrages contrainte et romanesque dans La Vie mode d emploi La r flexion sur la notion de contrainte d criture para t impliquer en elle m me l adoption d une position de surplomb la recherche d une d finition notamment ne serait pertinente qu en rapport avec la notion d cri ture comprise en son sens le plus g n ral 11 me para t cependant int ressant d introduire dans ce type de r flexion une perspective g n rique je crois en effet que la formulation d une d finition g n rale de la contrainte supposer que nous en disposions v rita blement n engage pas n cessairement l identit de la mise en uvre et ou du statut des contraintes dans des textes relevant de genres litt raires diff rents Je me limiterai ici un seul genre le roman en m effor ant de tester sur l uvre de Perec et en particulier sur La Vie mode d emploi l hypo th se d une sp cificit g n riquement d termin e des contraintes d cri ture j essaierai autrement dit d prouver la pertinence de la notion de con trainte romanesque Or cette interrogation th orique ne pourra qu tre s agissant du roman de part en part historique je choisirai ici comme point de d part non les d bats des an
337. mateur n 1 1993 L ensemble des textes inclus dans L il d abord Georges Perec et la peinture Cahiers Perec n 6 1996 dans la partie Perec et l image du Cabinet d ama teur n 7 8 1998 et Le Cabinet d amateur textes en ligne 2001 En perspective Ces derni res ann es ont vu l aboutissement des nombreuses recher ches esquiss es en 1984 tant dans le domaine de la contrainte lisibilit explicitation autorepr sentatiou intertextualit que dans celui de l autobiographie et de son inscription dans les r cits et textes contrainte On commence aujourd hui analyser les rapports qu entretiennent les uvres crites pour la radio le th tre et le cin ma avec la partie plus traditionnel lement litt raire romans po sie de l oeuvre perecquienne tandis que la r flexion sur les textes d inspiration oulipienne s oriente plut t vers un au del de la contrainte c est dire vers l analyse des dispositifs qui n en rel vent plus tout fait tel le romanesque Les tudes perecquiennes connais sent actuellement un v ritable renouveau gr ce l arriv e d une nouvelle g n ration de chercheurs laquelle a b n fici tout au long de ce bilan d un pr jug favorable que la g n ration pr c dente voudra bien me pardonner Notes Tout bilan de ce type est par d finition s lectif et subjectif L omission de travaux dont l importance pourrait para t
338. matiques de Pascal Kaeser ou d Alain Zalmanski sans parler de quelques autres fins lettr s dont beaucoup sont issus du monde scientifique Scientifiques eux aussi dans leur m thode le d pouillement statis tique de singularit s morphologiques les deux auteurs proposent des probl mes nouveaux et donnent leurs solutions comme les nouvelles clas sification des lettres de alphabet Ils inventent de nouveaux jeux et con traintes l chelle de la lettre voire une chelle encore plus grande comme la consommation d encre selon les caract res ou certaines quivalences num rologiques au risque d voquer parfois l op ration dite de l angulage des mouches telle qu elle est d crite dans le Barthes sans peine Mais en litt rature comme en science c est parfois gr ce l approfondissement d un secteur tr s marginal de la th orie pure que l on peut d boucher sur d utiles applications Regrettons seulement qu l instar des recueils de jeux litt raires an t rieurs ou des articles de journaux ce livre ne donne pas les r f rences de ses citations Cette absence lui conf re l autorit d un manuel Ce qu il est cette heure et avec cent lieues d avance sur tous les autres A C Pierre Bec La joute po tique De la tenson m di vale aux d bats chant s traditionnels Architecture du verbe Les Belles Lettres 2000 522 p Bien connu pour ses livres sur la po
339. me d assiette en porcelaine blanche ou en t le maill e et un syst me de poulies avec un contrepoids en forme de poire La porcelaine blanche constitue donc un invariant r current autour du quel s organise une s rie de variations d clin es partir d un th me auto biographique pas n importe lequel un fantasme conscient qui met en sc ne un d ni de r alit l encore un r el impossible soit si l on reprend notre parcours en sens inverse fantasmer partir de l absence de la m re des traces qui ne furent jamais tenter de retrouver obsessionnellement les 49 DOSSIER traces de celle qui a disparu en interrogeant des cendres tenter de ressusci ter par la repr sentation picturale ce qui a disparu tenter de faire survivre par l criture ce qui va dispara tre Variation mais glissement progressif tout autant qui t moigne de la parent profonde entre l autobiographie de l absence et le souci du r el entre l criture de soi et l criture de l infra ordinaire A la lumi re de ce parcours on ne manquera pas d s lors de remar quer qu en marge de l ic ne que nous avons lue comme l embl me spatial de l impossibilit de toute repr sentation directe un manque est m nag lisible seulement entre les livres les lettres de porcelaine blanche d Esp ces d espaces sont devenues des lettres blanches dans La Vie mode d emploi or nous savons que par le
340. mi re d autres d clarations de l crivain la dissimu lation de plus en plus marqu e des proc d s g n rateurs r pond un choix esth tique et notamment au souci d emp cher une lecture r ductrice A nsi disait Perec La Vie mode d emploi se fonde sur des syst mes de con traintes qui sont encore plus difficiles que dans La Disparition mais on ne les voit pas J ai pris soin de les masquer alors que dans La Dispari tion le proc d tait affich et a cr ait d une certaine mani re une bar ri re Jai ce sentiment plus net encore avec Alphabets Dans Alphabets les lecteurs n ont pratiquement jamais lu les po mes comme des po mes comme des comptines mais comme des exploits et a c est tr s g nant Les questions de lisibilit de jeu et de leurre feront l objet de maintes tudes Elles seront galement trait es dans toute leur complexit th orique par Bernard Magn dans ses nombreux travaux notamment dans le cadre de sa r flexion sur le m tatextuel savoir l ensemble des proc dures par lesquelles un texte d signe de l int rieur de lui m me soit par d nota tion soit par connotation les op rations qui le constituent 11 DOSSIER La non lisibilit des contraintes chez Perec est souvent li e la prati que du clinamen terme qui d signe la pr sence d une ou plusieurs infrac tions aux r gles de composition A ce titre elle d bouche sur une probl
341. mp Mesure Cercle Polivanov pour Jacques Roubaud m langes Mezura 49 Inalco Publications Langues O 2001 432 p Pour mettre en app tit e lecteur voici une reproduction compact e de la table des mati res et des mets qu on peut y d guster ric Beaumatin R my Dor L on Robel Pr sentation L on Robel Vie br ve du cercle Polivanov Guennadi A gui For ts rebours Robert Antonelli Il padre mio miglior Canon po tique et po te sacr Purgatoire XXVI 97 99 Jan Baetens amp Bemardo Schiavetta Disgressions divertissements et contraintes Val rie Beaudoin Les mots rimant ensemble proximit et hi rar chie Pierre Bec Les troubadours aujourd hui po sie et musique Quelques r flexions sir leir interpr tation Jean B nabou La descente trente ans apr s Eric Beaumatin Sur la versification dans les monostrophicules nipponisants en po sie catalane contemporaine Paul B nichou propos de la m trique de G rard de Nerval dans ses lt r Chim res Jean Paul Benz cri Proverbes ami caux de J P Benz cri J Roubaud Jany Berretti La firme d une langue change plus vite que n crivent les traducteurs Dominique Billy La sextine et le philologue Dominique Buisset Le facteur all gorique vingt et une adresses formelles Jacques Roubaud Michel Chaillou Jacques Roubaud Alain Chevrier Quelques versions du sonnet en prose
342. n 3 et 4 de Formules ces deux textes sont des exemples de texte contraintes en l occurrence de prose contraintes D une fa on g n rale les figures de rh torique sont des proc d s textuels ponctuels qui doivent tre distingu s des con traintes textuelles mais dans ces deux textes paradoxalement ce sont les figures de rh torique qui forment les contraintes Un grand nombre de figures ont t choisies et rassembl es pour constituer un r seau de con traintes qui r git la totalit du texte les mailles sont tr s serr es dans le court texte de Marmontel alors qu elles peuvent tre tr s l ches dans le long texte de Perec Ces contraintes textuelles la fois proc d s d criture et proc d s de lecture sont dans les deux cas explicites Dans le cas du texte de Marmontel elles sont visibles et lisibles d embl e puisque explicit es l avance pour l ensemble du texte D autre part elles sont explicit es im m diatement apr s chaque exemple dans un p ritexte en fait un intratexte o les d nominations sont s par es du texte par des paren th ses et distingu es de lui par leurs caract res mis en italiques 112 PEREC VINGT ANS APRES Dans le cas de Perec ces contraintes ne sont pas lisibles d embl e elle ne sont explicit es qu apr s le texte dans un index C est un inventaire o l on peut reconna tre l usage syst matique de l art
343. n est pas le moins int ressant il s agit en effet d un concept aristot licien que l on peut d finir apr s R Dupont Roc et J Lallot comme une forme sp cifique du renversement tragique en ce que la p rip tie ou coup de th tre joint l effet de surprise l encha ne ment n cessaire ou vraisemblable des actions La notion est importante chez Aristote puisqu elle permet d opposer la trag die simple la trag die complexe qu il pr f re o le renversement se fait avec reconnais sance ou coup de th tre ou les deux Dans tous les cas la p rip tie dans la mesure o elle se d finit par la surprise c est dire au moins par l apparition d un point de vue nouveau par rapport aux l ments constitutifs de l histoire implique l intervention dans l intrigue d une puissance transcendante n cessit ou hasard pre nant le cas ch ant la figure d une Fortune ou d une Providence M me si la p rip tie du roman n est pas exactement celle de la trag die ou de la com die il n en reste pas moins que Perec fonde ici son go t du roma nesque sur une notion qui implique indirectement via notamment le con cept moderne d arbitraire l un des l ments qui rendent compte de la p jo ration du genre le roman par la cat gorie le romanesque 2 Romanesque et crise du roman De fait si l on peut parler de crise du roman au tournant des XIX et XX
344. n Car en litt rature au moins souvent un beau d sastre est un effet de l ordre 169 DOSSIER 41 Peut tre tes vous de ceux qui entretiennent avec la langue des rap ports paisibles et courtois Moi non Il m arrive h las de devoir la torturer Pour viter qu elle ne me torture 42 Peut tre tes vous de ceux qui se r jouissent de savoir faire quelque chose de peu Moi non Ce qui me ravirait faire quelque chose de rien 43 Peut tre tes vous de ceux qui en amour h sitent joindre la parole au geste Moi aussi Et pourtant j aimerais tant que soient c l br es sans rete nue les noces de l rotique avec la rh torique 60 Peut tre tes vous de ceux qui en prennent leur aise avec leurs amis Moi non J imagine mal ce que pourrait tre une amiti moiti 63 Peut tre tes vous de ceux qui se plaisent avancer masqu s Moi non Et pourtant un l ger voile parfois ne me p se pas 64 Peut tre tes vous de ceux qui se h tent d arriver au but Moi non Jaime les occasions d apprentissage qu offre immanquablement le vaga bondage le chemin des coliers ne me para t pas si mal nomm 65 Peut tre tes vous de ceux qui ferment pudiquement les yeux sur ce qui leur d pla t Moi aussi A cet instant m me par exemple 66 Peut tre tes vous de ceux qui aiment se contempler les miroirs Moi aussi Mais j aime encore mieux l image que me renvoie de moi m me n importe qu
345. n Quoi C Un Changement Je Parle A Laveuglette Dit Mademoi selle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re C Pour a Que Je Mets Des Arr ts A Chaque Mot Pour Bien Avoir Le Temps Den Sentir Les Vibrations II Para t Du Moins C Aussi Elle Qui Le Dit Que Mes Phrases Sont Trop D coup es Mais Je N cris Pas De Phrases Seuls Les Mots Existent Qui Puissent Me Faire Imaginer On Est Dimanche Le Dimanche Qui Suit LAscension En Mille Neuf Cent Dix I Fait Nuit Dimanche Vingt et un Ao t Mile Neuf cent dix 1910 Maintenant Du Moins C Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Qui Le Dit Alors Je Mallonge Dans Le Lit Aux Tissus Tr s Doux Et Ah Bah Jattends Que La Fa Tigue Vienne Trouer Tout Ce Noir Schl ss Werneck 25 ao t 1911 Nous Sommes Le Vingt Cinq Ao t Mille Neuf Cent Onze Deux Jours Avant Le 27 Ao t Mais a Ne Change Rien Jy Pense Comme a Sans Savoir Que Jy Pense Vraiment Mais Parce Quil Faut Ecrire Ce Qui Passe Avant Que a Disparaisse De Ma Bo te Quest Creuse Comme Une Barrique Perc e Je Suis N e En Rien Et Jy Vis Toujours Dans Le Rien De Mon Impossibilit De Sortir Du Sombre Hors Duquel Le Tout Se Diff rencie Du Rien Tout Est Noy Dans La M me nuit Et Bien Tout Est Dans La M me Nuit Travers
346. n abondam ment et quasi exclusivement cit s et des observations classiques sur les mots rares Il y a vilaine lurette qu en notre for int rieur ou non nous sa vions tout cela Peut tre l assemblage un peu bric brac et superficiel nous emp che t il de nous merveiller comme l auteur avec des amphibologies le r le de la ponctuation la r habilitation de mots anciens ou quelques fa ons de r diger une lettre d amour de 1886 2000 Quant aux mots autor f rents rebaptis s m tamots par l auteur ils sont bien maltrait s en un ou deux mots et sans aucune r f rence Je sais que la collection se veut vulgarisatrice mais un minimum de bibliographie r cr ative serait mieux venu que ces remerciements bi bliographiques ind chiffrables pour de non initi s Et pourquoi ne pas citer le Dictionnaire extraordinaire des mots ordinaires de Ren Droin Belfond 1991 qui vient d tre r dit A Z Fran ois Ren Daillie La lune et les toiles Le pantoun malais Architecture du verbe Les Belles Lettres 2000 420 p Nous aurions aim dire que le livre de cet crivain et traducteur est magnifique comme l est la photographie des bambous sur la couverture 254 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES que ses traductions personnelles n ont pas de concurrentes que c est le livre sur le pantoun malais qu on a compris en le lisant que cette forme est un quatrain en
347. n es cinquante et soixante du si cle dernier mais la crise du roman du tournant des XIX et XX si cles Je m inscrirai en somme dans une perspective ouverte par quelques suggestions de Jacques Roubaud le portrait formel de Georges Perec propos nagu re dans L Arc voyait le recours aux contraintes comme une traduction formelle de la nostalgie du roman m galomane bouli mique universel paralysant du XIX si cle devenu apparemment inac cessible et un article du Magazine litt raire consacr Perec faisait de la contrainte un rem de la m lancolie d une nergie romanesque perdue 1 Roman romanesque Ayant d fini le roman comme un genre j entendrai ici le romanesque comme une cat gorie disjointe de ce genre au sens o le romanesque n est pas n cessairement li au genre du roman un roman peut ne pas tre ro manesque un texte dramatique peut l tre pas plus d ailleurs qu la sph re proprement litt raire une vie peut tre romanesque Historiquement 32 PEREC VINGT ANS APRES partir de la fin des ann es 1620 l adjectif romanesque qualifie d abord en parlant des textes aussi bien que de la vie ce qui ressemble aux romans Cette notion de romanesque intervient de mani re centrale dans au moins deux textes de Perec l un fictionnel l autre r flexif Le chapitre LVIII de La Vie mode d emploi se cl t sur les deux pro jets grandioses et illusoires d Olivie
348. n certaine r sistance de l autonomie du litt raire l instar de Gottfried Benn tax en son temps de formalisme confiseur se posant en alli objectifs si l on peut dire d un Botho Strauss mais moins englu dans une r ception pollu e de soup on id ologique et moins enclin se barricader derri re un quelconque statut de Po te Gemhardt impose son iconoclastie d artisan formaliste comme la revendication d une s paration radicale de la vie d avec la po sie l artifice langagier se donnant pour garant de la parole sauve p 127 Hans Hartje pp 131 138 Conjonctures du lipogramme 11 s agit d une longue paraphrase de l article pionnier de Perec Histoire du lipogramme 1969 agr ment e de quelques remarques sur Curtius et divers dictionnaires vocabulaires ou encyclop dies et suivie d une br ve m ditation sur cet exploit ce paradigme repr sentatif p 137 que constitue La Disparition du m me Perec Au d part comme l arriv e du discours de l auteur est une approximative et incantatoire doxa critique tr s en vogue aujourd hui et qui grosso modo pourrait s noncer comme suit Perec lipogramme disparition de sa m re Auschwitz Cela commence par Tout en effet dans l uvre de Perec d coule d une disparition survenue quelque part entre Drancy et Auschwitz p 133 s alimente de quelques donn es et d arguments non d pourvus d propos e
349. n foire et de petites nigmes dans les images des mots cach s trouver dont la solution est bien entendu donn e apr s le Z Voil un livre r jouissant roboratif que je vous recommande pour d rider votre concierge acari tre variante votre patron votre ex belle m re votre Grand Duduche mutique ou la bonne arri re grand m re qui ne peut plus lire les romans en caract res trop petits Alors c est tout Eh oui c est tout pour aujourd hui pour pasticher une geste dessin e et n anmoins anim e servie nagu re par une voix c l bre Alors pompez maintenant Ou enfourchez votre cheval pour aller r veiller les diteurs au bois dormant 247 L Observatoire des Litt ratures Contraintes Revue des parutions r centes coordonn e par Alain Chevrier Patience Agbabi Transformalrix Payback Press Edinburgh 2000 80 p Connue pour ses performances un peu partout dans le monde la po te anglaise d origine nig riane Patience Agbabi donne dans son second bref recueil non seulement d excellents exemples de rap mais des formes originales Avec une s rie de sept sextines qui roulent sur le m me sextuor de rimes une autre qui fait rimer orange avec ginger et bronze rime isolettrique et certaines en vers h t rom triques ou dispos es en vers suivis elle rafra chit une forme couramment pratiqu e dans les workshops pour grands commen ants D autres po mes bien charpent s dont un en contre as
350. n fran ais et que la contrainte lipogramatique en e est plus facile en anglais Par omis sion c est une traduction lin aire qui ne tente m me pas de transposer les r seaux m tatextuels de mots alludant la lettre absente ou faisant ap pel au lecteur Deux tudes minutieuses et clairantes de Sara R Greaves et de Mireille Ribi re en font la preuve et analysent les strat gies de traduction employ es John Lee donne son point de vue de traducteur dans deux autres articles 11 oppose le lisse le poli trop poli pour tre honn te au rude qui maintient le grain de la texture originelle The Rough and the Smooth 269 CRITIQUES M me s il ne dispose pas de la d fense de l accus le lecteur peut juger esth tiquement de ces deux traductions d apr s les pi ces du dossier les plaidoiries des avocats et la d position de la victime Mais l en jeu th orique d passe cette seule affaire et ses remous dans le petit monde perecien c est celui de la plausibilit pour ne pas dire de la possibilit des traductions de textes contraintes A C Milorad Pavic Dernier amour Constantinople Traduit du serbo croate pr Jean Descat Les Editions Noir sur Blanc Montricher Suisse 2000 152 p L auteur du Dictionnaire Khazar un des livres culte de la lecture non lin aire donne ici un r cit d amour et de violence au temps des guertes napol oniennes se d roulant de Venise
351. n petites capitales est de mon fait 47 C line Perec le match du si cle Poids lourd contre poids l ger com munication au XIIT Colloque international Louis Ferdinand C line Prague actes para tre 48 La sc ne dramatique de Tomsk dans Michel Strogoff est comme une sc ne inverse de celle de la gare de Lyon dans W ou le souvenir d enfance Le fils sait qu il va perdre de vue jamais sa m re une m re voit pour la derni re fois le regard de son fils Rien de tel dans le r cit qui en est fait sur le quai de la gare parisienne Tomsk une m re et un fils se regardent de tous leurs 63 DOSSIER yeux au paroxysme des possibilit s du regard et de l motion Claude Burgelin Les parties de dominos chez Monsieur Lef vre Perec avec Freud Perec contre Freud Saulxures Circ 1996 p 135 136 49 Le Chiendent 1933 r d Folio p 79 Pour une analyse des proc d s de d signation interne de cette impli citation voir Bernard Magn Perecollages Toulouse Presses Universitaires du Mirail 1989 p 139 50 IV ou le souvenir d enfance chapitre XXIX 51 Georges Perec op cit p 09sqgq 52 A ma connaissance la premi re mention du pas de c t se trouve dans Chalands et nonchalants Cause commune n 7 octobre 1973 o Perec voque de fa on tr s critique les assez consternantes r ponses donn es dans le film L An 01 1973 Faire un pas de c
352. n signifi d une part construction antiphrastique ou euph mistique d autre part Or de ce point de vue le cahier des charges de La Vie mode d emploi s oppose aux carnets zoliens Certes Le chapitre LI compare le peintre image de l auteur c est le projet du livre qui est pr sent dans ce chapitre une petite araign e attentive tissant sa toile scintillante Cette image semble l embl me d une ma trise quelque peu inqui tante qui s exercerait sur luni vers di g tique De fait la r p tition du terme toile constitue une allusion Il se peindrait en train de se peindre et autour de lui sur la grande toile carr e tout serait d j en place la cage de l ascenseur les escaliers les paliers La Vie mode d emploi op cit p 291 Mais les apparitions du mot araign e dans le romans sont r gl es par un bi carr latin et une pseudo quenine d ordre 10 avec celle de neuf autres s ries d animaux Si l on conna t ou soup onne cette combinatoire l interpr tation th matique se trouve quelque peu d stabili s e Ou plus pr cis ment il devient impossible de se r f rer une inten tion auctoriale Non qu elle soit forc ment absente un choix a par exem ple lu l araign e parmi dix animaux et ce choix a pu r pondre une inten tion consciente ou inconsciente mais cette intention fait forc ment place un al atoire un r glage exte
353. naissait d j et deux textes parfaitement inconnus La Seine et Claude et Luce dans les quels entre La Vue et Impressions d Afrique Roussel tentait la voie du th tre en vers Ces r v lations furent longuement comment es lors du Colloque Roussel tenu Cerisy en 1991 et dont les actes ont paru aux Presses Universitaires de Rennes sous le titre Raymond Roussel perver sion classique ou invention moderne 1993 Les organisateurs de ce collo que Pierre Bazantay et Patrick Besnier ont entrepris en collaboration avec Annie Angremy et Annie Le Brun une nouvelle dition des uvres compl tes chez Jean Jacques Pauvert Pauvert souligne que l ancienne dition rouge datant des ann es 60 70 gardera son statut r f rentiel mais que la nouvelle collection Pauvert Fayard publiera une vraie dition critique dans laquelle variantes et in dits trouveront leur place Jusqu ici ont paru les tomes 1 Mon Ame Po mes inachev s La Doublure Chroniquettes 111 La Seine La Tonsure IV La Vue Po mes in dits V et VI Les Noces titre qu on a pr f r Claude et Luce C est dire que nous avons encore beaucoup de jouissance en suspens En marge de cette dition Annie Le Brun a publi galement chez Pauvert en 1994 une belle tude d ensemble Vingt mille lieues sous les mots Raymond Roussel qui par sa r f rence au ma tre incomparable souligne le fait que ce n est pas la profondeur herm neutique qui compte le
354. ndant une information conserver 2 crire qqch dans sur un livre une liste afin de conserver le souvenir ou de transmettre l information Dans la description les signes et leur mat rialit tendent s effacer au profit du r f rent toute description est guett e par l hypotypose Dans l inscription la conservation mat rielle des signes est primordiale toute inscription rel ve peu ou prou du monumental La seconde s rie de variantes concerne le chapitre VII et elle vise comme la pr c dente souligner l importance de l inscription graphique dans l cri ture Les mots ne sont plus simplement crits au sens g n ral indiff renci ils sont trac s le message ce que je dis ce que j cris ne se trouve pas dans des signes pris globalement mais dans leur signifiant graphique dans ce qui est trac dessin dans ce qui appara t c est dire devient visible distinct pour l il L il d abord ainsi commencent Les Choses et donc du m me coup tout l uvre de Perec Ce que dit W est donc ins parable de ce qu Esp ces d espaces dit d em bl e de l criture que ce qui s y passe se passe dans la page d finie comme espace mat riel permettant l apparition de traces tout aussi mat rielles La le on du livre par rapport au manuscrit est dans ce cas pr cis une le on de mat rialisme I Couple H IT s agit ici de la formul
355. ndol se voit confier par un bibliophile insatisfait la p rilleuse mission de retrouver les cinq personnes de Pottsville disparues pendant la tra duction en fran ais du c l bre roman noir de Jim Thompson 127S mes En effet le mythique num ro 1000 de la c l bre S rie Noire Gallimard portait en anglais le titre Pop 1280 que Marcel Duhamel fondateur de la collec tion et traducteur de ce roman ne trouvait pas facile lire et dire alors que 1275 sonnait mieux C est ainsi que l on fomente presque innocemment des pertes en vies humaines Pierre va enqu ter d abord sur Paris et tomber sur d tranges indi ces Marcel Duhamel qui n aimait pas trop le texte de Thompson le trouvant trop d ment et d sesp r s est permis de supprimer une page dans laquelle justement se trouve une partie de ces pauvres disparus Notre d tective litt raire devra poursuivre son enqu te aux Etats Unis en Oklahoma dans le trou du cul du monde pour retrouver la trace de ceux qui manquent encore l appel Un voyage d sincarn et opini tre d bouchant sur l vidente r v lation dans tous les sens du terme Sous les pans du bizarre de R mi Schulz J ai construit mon roman en trois parties correspondant aux trois premi res strophes du Chant d Alph sib e de Virgile meurtres pythago riciens plong e dans l univers du myst rieux Lapnus solution de l nigme apr s quelque
356. ne La M moire et l oblique POL Nuova corrente n 108 Georges Perec Ed Tilgher Genova 1992 J sus Camarero dir Anthropos n 134 135 Georges Perec Jean Fran ois Chassay Le Jeu des co ncidences dans La Vie mode d emploi de Georges Perec Le Castor Astral Mireille Ribi re et Bernard Magn Les Po mes h t rogrammatiques Cahiers Georges Perec n 5 d du Limon 1993 David Bellos dir Review of Contemporary Fiction vol 13 n l Georges Perec Andrea Borsari dir Georges Perec Riga n 4 Marcos y Marcos Milan Le Cabinet d amateur n 1 Miscellan es et n 2 Autobiographie Hans Hartje Bernard Magn Jacques Neefs pr sentation trans criptions et notes Le Cahier des charges de la Vie mode d emploi Ed Zulma CNRS R gine Robin Le Deuil de l origine Une langue en trop la langue en moins Presses Universitaires de Vincennes 1994 David Bellos Georges Perec une vie dans les mots Seuil Le Cabinet d amateur n 3 Miscellan es IT 1995 Le Cabinet d amateur n 4 Mots crois s Sylvie Rosienski Pellerin Perecgrinations ludiques Toronto ditions du GREF 1995 1996 Claude Burgelin Les Parties de dominos chez Mr Lef vre Circ J sus Camarero El escritor total Arteragin Vitoria 19 DOSSIER Cahiers Georges Perec n 6 L ild abord Georges Perec et la peinture Seuil Ali Magoudi La Lettre fant me Minuit coll Paradoxe
357. ne autre sc ne Cette trange conjonction est ainsi la marque d un questionnement douloureux et la marque d une dimension toujours double de la litt rature toujours irr concili e jamais r conciliatrice quoi que les apparences en laissent transpara tre Envers gnostique avers apocalyptique derri re le ma tre aimable l ombre de I Autre trangement inqui tante unheimliche Au commencement deux aspects de la m me puissance Notes 1 Georges Perec Emprunts Flaubert L Arc Aix en Provence n 79 Flaubert 2 trimestre 1980 p 50 2 Manuscrit pr paratoire reproduit et transcrit dans Georges Perec Cahier des charges de La Vie mode d emploi Paris Cadeilhan CNRS Editions Zulma coll Manuscrits 1993 Pour toutes pr cisions sur la machinerie des con traintes l uvre dans le roman de Perec on consultera l introduction de ce Cahier des charges due Hans Hartje Bernard Magn et Jacques Neefs Dans cet article toutes les r f rences La Vie mode d emploi 1978 renvoient l dition tablie en 1997 par Bernard Magn pour Le Livre de Poche 3 l exception de Shakespeare pour Hamlet et de Chr tien de Troyes ou Robert de Boron pour la geste du Graal 4 Un exemple Pour le chapitre LXX1I sont programm es une citation implicite de Proust et une de Stendhal effectivement pr sentes mais on trouve aussi une citation implicite emprunt e Verne on relira le pr
358. ne d ocre tranchait avec ses l vres vertes qui affectant la teinte du moisi s ouvraient en un large rictus terrifiant ses cheveux hirsutes la faisaient ressembler la derni re vision cr e par le brasier et ses yeux se dardaient avec insistance sur Juliette remplie d pouvante p i 12 Etranget famili re qui refl te celle qui mane des Diaboliques plus ce particuli rement de ce Rideau cramoisi o Alberte lamante fr n tique se transforme en un cadavre terrifiant Les changements de couleur sont les stigmates du d sir Et le rideau ouvre ainsi sur l autre sc ne Cette transformation magique des couleurs rappelle d autre part un des plus beaux textes inspir s par Roussel savoir Conversions de Harry Mathews paru pour la premi re fois en 1960 et dont la traduction fran aise a t r dit e dans la collection L Imaginaire chez Gallimard Ici le narra teur peut devenir le possesseur d une grande fortune s il r ussit lucider trois nigmes grav es sur la lame d une herminette qu il a gagn e Comme dans Poussi re de Soleils et ainsi que dans 53 jours de Georges Perec la qu te voguant d un mot l autre permet l auteur de dilapider des tr sors d ing niosit quatri me de couverture L une des tapes du p riple donne lieu une v ritable orgie de couleurs L herminette para t elle m me y conduire car le double de son sens technique
359. ner les contours du h ros id al rel ve d une approche purement visuelle qui pose en fait une question d imaginaire Cette imagerie h ro que chouera d ailleurs pr cis ment d s qu un l ment linguistique entrera en jeu la nomination du h ros imagin Le romanesque renvoie en somme ici la construction imageante d une figure id ale du h ros en de de tout support s miotique pr cis Dans Notes sur ce que je cherche Perec pr sentant les quatre champs auxquels se rattache sa pratique de l criture d finit ainsi la der ni re de ces interrogations la quatri me enfin concerne le romanes que le go t des histoires et des p rip ties l envie d crire des livres qui se d vorent plat ventre sur son lit La Vie mode d emploi en est l exemple type Le terme de romanesque ne pose pas ici seulement une question de genre si les livres qui se d vorent plat ventre sur son lit engagent probablement pour des questions justement de vraisemblable g n rique une criture en prose d une certaine ampleur il n en reste pas moins qu en contexte le terme ne peut tre re u comme purement d notatif L analyse de Perec rejoint en fait de mani re frappante les orientations de la critique dix septi miste des romans qui associe au genre une forme quasi patholo gique de lecture fond e sur le plaisir de la fiction et des p rip ties 33 DOSSIER Ce dernier terme
360. nes m me s il accueille galement quelques contributions de port e plus large au sujet des contraintes musico textuelles Suzanne Winter ou de la r ception du texte contraint Charles Grivel cette question est galement au centre du tr s riche d bat final Trois articles sont consacr s Georges Perec Helga Rabenstein D composition Composition le double mouvement de W ou le Souvenir d enfance Bernard Magn Georges Perec oulibiographe qui montre qu une v ritable intrication p 44 de l autobiographie et des contraintes caract rise l criture perecquienne dans la mesure o elle lui permet de faire le choix de l implicite c est dire de mettre en uvre une esth tique du masque et du silence p 57 Daphn Schnitzer Une criture oulipojuive Le Cas de La Boutique obscure de Georges Perec les communications 282 CHO DES COLLOQUES suivantes ayant pour objet les uvres de Marcel B nabou Thomas Klinkert Jacques Roubaud Siegfried Loewe Paul Foumel Beate Ochsner Michelle Grangaud Astrid Poier Bemhard et Oskar Pastior Jacques Lajarrige Oskar Pastior proposant lui m me une contribution la suite de l tude qui lui est consacr e L Anagramme Une cons quence finalement originale Il reste souligner l un des int r ts majeurs de l ouvrage l amor age d un dialogue entre les po tiques oulipiennes et la tradition po tique alle
361. nges pas Dis 11 ya pr s d un fort troyen un bassin oubli Gladys vousytaliez jadis le byssus dont le tissu royal mystique orna Buckingham l ysopet du saint synode Vous y captiez des signaux d ophrys tutoyant l esprit bruyant des bois A vos pieds purs lys sculpt s dans l onyx gris court la glycine Le loup s y tapit avec l oryx du Nil qui les choyant qui s y d solant Jacques Perry Salkow La gamine ib re Palindrome extrait de Rue murs rumeur Il a p li Elle a l ge d une gamine ib re Alice l ve le cil Icelle n e g t r ve le dur p nis Elle se d nude et se r cuse et tant t naturelle tel le ru tant t natt e suce rest e dune de sel l sine prude le vertige en elle cilice lev le cil a r bien imag Nu d gal elle il a p li Patrice Hamel L articulation des proc dures Tout l int r t que chaque R plique est capable de susciter ne repose assur ment pas sur la seule satisfaction d y d celer l aboutissement d une contrainte formelle produisant un ambigramme Devant ces uvres il s agit plus pr cis ment d tre attentif l articulation minutieuse de quatre proc dures distinctes ayant pour but de rendre conscient l observateur des op rations mentales multiples qu il effectue pour tablir devant lui les r alit s apparentes et les articuler aux repr sentations qu elles permettent d inf rer Ce que nous al
362. nom de nom A en prend un et y jette un il Carrefour propose Whiskas prix d ami On n est pas l pour s amuser lui lance l homme avec col re Cesse de tire a t emp chera de r ussir Mis rable cloche rage A en sortant Croit il que diriger les autres c est leur passer des savons ou les corriger Non mais alors Et en plus avec a ce chariot voudrait me donner des le ons Des le ons moi Il tombe mal Soup onne t il son ignorance Un jour je serai un auteur m chamment c l bre mes uvres seront publi es vendues et achet es Mais bon Ma route est longue h las et c est cette pitoyable prose publicitaire qu il me faut maintenant diffuser Une fois dehors A ne sait pas vrai dire o aller Et ne sait pas plus o il est Il avance au hasard essayant de se situer d apr s ce qu il voit le nom des rues ou les enseignes des magasins mais en vain Soudain quelque deux cents Allemands l entourent tous chauss s de Spartiates Que fabriquent ils ici A cherche autour de lui l explication de cette incroyable invasion Ces touristes sont venus voir la cath drale Notre Dame comprend il en levant le nez Qu elle est belle Oh Et a c est l H tel Dieu Emball par cet aper u il se h te de finir son travail et d cide de visiter les 156 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES monuments Il fait soleil le temps est doux et A plein d allant marche le long des quais rec
363. ns de litt rature 1787 110 Alain Zalmanski Les voyages divers 114 Shuichiro Shiotsuka Perec au Japon 122 Gilles Esposito Far se Pentomino 124 DOSSIER Renouveau des critures Formelles R gine Detambel Section dor e 126 Barbara SuckfulL Tintinabulum 134 Jan Baetens Mourning picture 145 Alain Chevrier Sonnets monolettriques 148 Michel Clavel Passe passe 152 Marie Etienne La bo te de camembert 163 Michel Grangaud Vie br ve d Alexandre Dumas Marcel B nabou Peut tre Ian Monk A ladder with butter Aies Alin Anseeuw Au c ur de la r gion centrale extraits Jean Michel Espitallier O va t on et comment Jean Michel Espitallier O va t on Anne James Chaton Semaine d ao t Gilles Tronchet Echo et Narcisse Jacques Sivan constringere Jacques Sivan marguerite Alain Zalmanski Neige en novembre Guy Lelong Formation d athl tisme GuyLelong Plan d Athl tisme Jacques Peiy Salkow La nymphe du bois Jacques Pery Salkow La gamine ib re Patrice Hamel L articulation des proc dures plagiaire 165 166 171 172 175 179 185 191 192 195 196 197 200 202 205 206 Patrice Hamel R plique n 19 2000 Versions N 2 et 3 2002 210 Jean No l Orengo Les inscriptions de la lecture Observatoires des litt ratures contraintes Sjef Houppermans Derri re le rideau cramoisi G rald Punielle Pr f rer l impair Sur Pierre de Gondol par les auteurs Chantal Robillard Litt rature jeunesse contraint
364. nt de cette nouvelle dition 57 Cin monde 22 mai 1958 74 Le concert du Bonhomme Ambois sur Radio Cit la fin des ann es 30 est pr sent en chanson par le Bonhomme Je suis le bonhomme en bois Des fameuses Galeries Barb s On m adore d s qu on me voit Venez m voir boulevard Barb s Voir voir Je suis le bonhomme en bois 90 Le lundi 10 d cembre 1934 vers midi au Capoulade a lieu la premi re r union du comit de r daction du trait d analyse Sont pr sents Henri Cartan Claude Chevalley Jean Delsarte Jean Dieudonn Ren de Possel et Andr Weil tous sont g s de moins de trente ans anciens l ves de l cole normale sup rieure de la rue d Ulm et presque tous enseignent en province De d cem bre 1934 mai 1935 le groupe se r unit dix fois toujours au Capoulade le deuxi me et le quatri me lundi de chaque mois jours o se tient l Institut Henri Poincar le s minaire Julia En juillet 1935 Besse en Chandesse Puy de D me le groupe adopte le pseudonyme Bourbaki 90 PEREC VINGT ANS APRES 102 et 465 Jo le Taxi 1987 chanson de Vanessa Paradis paroles d tienne Roda Gil musique de Franck Langolff Le vieux rock au mambo bidon Vas y Jo Vas y Jo Vas y fonce Dans la nuit vers l Amazone Jo le Taxi Et Xavier Cugat Jo le Taxi Et Yma Sumac 108 Paul Jean Toulet Les Contrerimes 1920 Dixains XXXVI
365. nt syntaxique concordant tendant constamment conserver par le biais de segments de longueur paire rythme binaire une parent avec le vers r gulier VR l octosyllabe l alexandrin il finit par tre per u et fabriqu comme une prose tronqu e en segments irr guliers selon la syntaxe cf le VL symboliste une id e un vers et par n avoir plus de sp cificit mal situ et mal support qu il est entre la prose dont il ne serait qu une forme camoufl e et le vers r gulier dont il ne se distingue pas assez Une solution assez fr quente pour refuser ou redynamiser le VLS est de jouer sur la fin de vers en y multipliant ou syst matisant les coupes non syntaxiques d apparence arbitraire la discordance entre sens syntaxe et vers blanc retour la ligne qui par sa raret acqu rait une fonction stylistique dans le VR ou le VLS prend en se g n ralisant dans certaines pratiques une signification purement formelle quand presque tous les vers d un po me sont potentiellement discordants il ne s agit plus de met tre en vidence les mots que l on rejette en d but de vers mais de souli gner par l arbitraire m me la pr sence d une fin de vers montrer qu il y a vers volontaire et non prose Mais Lamiot ajoute la discordance deux autres traits majeurs Par l impair sa m trique s carte de la m trique r guli re majoritairement fon d e sur le pair 4 6 8
366. ntaine d auteurs dans des publications post rieures 1864 Apr s la guerre pass e en Angleterre Vincent Degra l n aura de cesse de retrouver les traces de Hugo Vernier et de son livre En vain ou presque puisque tous les exemplaires du d p t l gal ont disparu pour des raisons diverses Celui de la Biblioth que nationale pourtant d ment r f renc a t envoy chez un relieur qui ne l a jamais re u L exemplaire des Borrade semble avoir t d truit lors du bombardement de la villa de ces derniers Degra l mourra trente ans plus tard dans un h pital psychiatrique Seule indication positive mais impossible v rifier un cahier de recherche tenu par Degra l indique que Hugo Vernier est n Vimy dans le Pas de Calais le 3 septembre 1836 114 PEREC VINGT ANS APRES Le voyage d hier Jacques Roubaud BO n 53 mai 1992 P ques 1980 Dennis Borrade Jr professeur de litt rature fran aise Baltimore lit par hasard le Voyage d hiver de Georges Perec et lui revien nent les souvenirs de l opuscule que poss daient ses grands parents pater nels de son contenu et de sa disparition Son p re Denis Borrade avait t gaulliste r sistant arr t la suite d une trahison tortur et d port A son retour il d masque le tra tre personnage influent et tr s connu Robert Serval de son nom de guerre mais n est pas cru par d pit il migre pour enseigner aux tats Unis n ayant
367. nte croissance ensuite du symbo lisme aux ann es 1960 qui voit son triomphe Il faut savoir gr l auteur d avoir d pouill nombre d ouvrages dont les sp cialistes ne disent mot il existe une autre Aur lia de l abb de Roussy 1738 si cle et une Sylvie de Watelet 1742 et Loaisel de Tr goate est bien plus qu un nom cit propos de Lamartine On comprend mieux le statut d uvres de transition comme le Livre du promeneur de Le Fevre Deumier Qu attend on pour le r diter La bibliographie confirme que les ouvrages de r f rence sont peu nombreux m me avec les quelques r sum s p dagogiques r cents de l ouvrage canonique de Suzanne Ber nard et d ailleurs ce travail les a tous rendus p rim s Enfin on notera que la table des mati res et donc le plan du livre ob it manifestement une contrainte ternaire 3 parties en 3 chapitres divis s chacun en 3 sections Publi dans une collection destin e aux tudiants ce petit livre est en fait un livre d histoire et de th orie litt raire important et original A C 263 CRITIQUES The Penguin Book of the sonnet Edited by Phillis Levin Penguin Books Londres 2001 222 p Sous titr 500 years of a Classic Tradition in English ce livre est une heureuse surprise et l emporte sur les anthologies de poche ant rieu res souvent mi vres et conformistes Tout d abord ce rassemblement de 400 sonnets permet d avoir un panorama de
368. ntouze op cit p 52 53 Maupassant Le Roman Pierre et Jean 1888 Paris Librio 1999 Faire vrai consiste donc donner l illusion compl te du vrai suivant la logique ordinaire des faits et non les transcrire servilement dans le p le m le de leur succession J en conclus que les R alistes de talent devraient s appeler plut t des Illusionnistes 7 Dans les limites de cet article je dois r sumer ces aspects que j ai d velopp s ailleurs par exemple dans Le trompe l il image us e d un usage perecquien de la fiction colloque international en ligne Fronti res de la fiction sur le site Fabula www fabula org Actes para tre chez Nota Bene Qu bec Canada 7t Philippe Hamon voir note 17 Voir Un discours contraint op cit p 436 Cette absence de centre renforce la discontinuit du roman immeuble de Perec 74 577 1970 r d coll Points Paris Seuil 1976 p 62 7 Lire le trompe l il r alisme et scnpturalisme dans La Vie mode d emploi de Georges Perec th se de doctorat Toulouse Le Mirail 1987 2 vol p 37 et sq M E Keating montre galement comment avec le plan de l employ e de l agence immobili re c est d embl e du r f rent d j crit et dessin m diatis qui nous est pr sent p 43 71 Un discours contraint op cit p 429 7 M me remarque propos de la note en bas de page effecti
369. ntrer de concert dans une langue eux seuls com mune Plus loin propos de la variante de beau pr sent utilis e dans le troisi me pithalame Perec est encore plus explicite Ici la contrainte litt rale prend en charge la contrainte s mantique de l pithalame comme dans le mariage qui est fusion et change les lettres des poux vont se fondre et s changer une une le mari et la mari e vont se donner leurs lettres non communes jusqu n tre plus qu une langue et qu un corps Pour ne mentionner qu un derni re uvre rappelons la plus vidente celle que Roubaud utilise pour exemplifier son premier Principe la dis parition lipogrammatique de la lettre e interpr t e par Perec comme l ic ne d une disparition lui sert de d part pour d velopper les diverses m tapho res meurtre etc que formeront la trame de La disparition 67 DOSSIER En r sumant il est clair que dans les exemples voqu s Perec utilise sciemment pour g n rer des contenus textuels des interpr tations m tatextuelles de la forme abstraite de la contrainte propre certains de ses textes Je n ai voulu pr ciser ici que s ils sont compris comme un ph no m ne de s mantisation holotextuelle ces modes d interpr tation transfor ment la contrainte elle m me en signe Notes 1 Schiavetta B Holotextualit signes holotextuels et ic nes m triques
370. oile une domination id ologique fond e sur un certain nombre de n ga tions hypocrites en particulier en ce qui concerne le corps Ainsi les espa ces de Pot Bouille sont ils caract ris s par une extr me coh rence que d signent des comparaisons entre l glise le salon et le th tre Mais la fa ade somptueuse longuement d crite sert de paravent une arri re cour malodorante la cour des cuisines o toutes les turpitudes des locatai res s talent travers les ragots et les cancans orduriers des bonnes Des conflits de valeurs s expriment au contraire dans le chapitre XLIX de La Vie mode d emploi l int rieur du discours m me des personnages Ainsi des Altamont qui pla ant au dessus de tout le besoin bourgeois sont flatt s d tre les h tes d un artiste Hutting p 277 278 La d valori sation des combles demeure l tat de trace comme un fait acquis mais l escalier de service ne sert plus gu re Et si la coh rence id o logique est moindre si les exclusions se font moins fortes l isolement progresse entre des voisins qui ne se traitent plus toujours en pairs De ce fait l incipit de La Vie mode d emploi fait un loge des entr es d autrefois dont la rue de Choiseul avec sa figure de femme portant une amphore d o sortaient trois becs de gaz sa rampe de fonte son troite banquette de velours destin e aux personnes g
371. ois isol ment et en interconnexion irrigu par capillarit et tenu dans un maillage ou si l on veut une trame plus ou moins serr s L absence de structure visible rendant difficile tout rep rage mn mo nique et l h t rog n it du mat riau utilis donnent lieu des ph nom nes de glissements n croses pertes ou rosions de sens qui minent constam ment l appareil produisant entre autres des rat s r p titions involontai res proximit s s mantiques malheureuses homophonies ind sirables el lipses sans r f rences etc des effacements des retours l anonymat je 6 ne sais plus par exemple ce qu est un pou de soie le r f rent de cer tains calembours m chappe j ai perdu des clefs Effets stroboscopiques miroitements que chaque lecteur percevra selon les r f rences et l exp rience de la langue qui lui sont propres La fonction cr atrice de la lecture trouve ici plus qu ailleurs s exercer en tant que mise en marche du dispo 177 DOSSIER sitif par connexions d connexions s lectives des lectrodes diodes tran sistors qui le font gr siller Le caract re labile de cet difice n est sans doute pas le moindre de ses int r ts et l on pourrait multiplier les exemples de ces inconstances au nombre desquels la dur e de r daction du texte qui fait peser des risques de p remption sur des termes exhum s ou se r f rant des faits volutifs Comme tout
372. oit dit en passant Les commentaires de ce petit livre sont tr s stimu lants mais ils sont crits dans un style d autobiographie journalistique et l auteur termine sur deux pages de remerciements pour montrer combien il a d amis Nous lui en souhaitons de bien plus nombreux les lecteurs A C Invisibilit du vers blanc fn hui n SS Le Cri Bruxelles 2000 Un num ro tr s riche comparatiste sur un sujet laiss de c t en France tudes fouill s sur le vers blanc italien Michel Paoli le vers blanc fran ais dans la po sie fran aise du seizi me si cle Jacques Roubaud et dans la traduction du vers antique Dominique Buisset le blank verse 259 CRITIQUES de Milton Lachlan Mackinnon et le sprung rhythm de Hopkins le free verse en particulier chez de T S Eliot W C Williams e e cummings et en g n ral Adolphe Haberer suivi d interventions plus personnelles Charles Dobzynski Henri Deluy Quelques absents Jules Romains et les po tes de l Abbaye dont provient le vers blanc d Eluard tout de m me et les auteurs de l apr s guene comme le fastidieux Pierre Emmanuel Le joint avec la r cente po sie syllabique aurait m rit aussi d tre trait comme l a t celui avec la po sie mesur e l ancienne Une d licieuse trouvaille ce propos l impression en n gatif blanc sur fond noir d un po me de Jean Antoine de Ba f qui fait appara tre des vers
373. olice viendra arr ter Joseph Nieto et trouvera dans sa chambre dissimul dans une des boules de cuivre du grand lit Empire le c l bre diamant d rob jadis au prince Luigi Voudzo C est bien la mati re romanesque emprunt e notamment au Pierrot mon ami de Queneau qui permet de relancer la narra tion contre l irracontable et le sans histoire propres l infime quotidien Intervient en ce sens dans le texte perecquien ce qu on peut appeler un romanesque du puzzle le projet de Bartlebooth qui organise l ossature de La Vie mode d emploi conjoignant de mani re apparemment imm diate l infime ludique et la tension extraordinaire des affects aussi bien que des actions d ailleurs dans la v ritable guerre p 528 qui oppose Bartlebooth au critique Beyssandre Chaque puzzle repr sente en effet pour Bartlebooth une aventure p 413 caract ris e par l exp rience d tats psychologiques extr mes l anxi t l exasp ration P ivresse l abattement 1 exaltation le d sespoir p 419 421 Le romanesque notion essentiellement intertextu lle puisqu elle est d finie en r f rence un vraisemblable g n rique implique en outre le recours un certain nombre d l ments types di g tiques ou sc nographiques dont La Vie mode d emploi offre un large chantillon Je citerai ici l intrigue exemplaire de ce point de vue du Comte de Gleichen de Yori
374. omenclature descriptive est d l gu e un personnage qui assumera par ses regards cette d clinaison Philippe Hamon Introduction l analyse du des criptif Paris Hachette 1981 coll Langue linguistique communication p 186 1 Jungle n 6 La M moire L imn sie 1983 p 89 1e seul poste mentionn n est pas regard Voir mageries op cil en particulier p 93 109 Voir p 570 571 K Emile Zola 1882 r d coll Folio classique Paris Gallimard 2001 479 p Val rie Dupuis a compar les deux romans dans sa ma trise Etude comparative La Vie mode d emploi de Georges Perce et Pot Bouille d Emile Zola UER de Lettres modernes Universit de Rennes IL dir P HAMON 1988 2000 De m me Monika Kuter dans sa ma trise de philologie romane Les Romans d un immeuble Pot Bouille d Emile Zola et La Vie mode d emploi de Georges Perce universit catholique de Lublin dir Krzysztofa Sobczyn 2000 La lie mode d emploi p 20 Voir Val rie Dupuis op cit p 15 16 Val rie Dupuis op cit p 23 24 2 Philippe Hamon Le personnage de l abb Mauduit dans Pot Bouille sources et th ines dans Les Cahiers naturalistes n 44 1972 p 201 211 Autre discordance celle du personnage de l cnvain qui ne participe pas la soci t de l immeuble Op eu p 277 Voir pour cette volution les p 275 276 Je reprends une remarque de Val rie Dupais ap cit p 15 16 La lie mode
375. omme qui dort trois uvres mais une m me th matique du retrait de l abandon de la d prime de l annulation de soi Avec dans le cas d Un homme qui dort comme dans celui des Lieux d une fugue une forte supposition d un contenu autobiographique Un autre fil moins solide mais r el tout de m me rattache l objet caress par l ing nieur le 23 juin 1975 aux Lieux d une 87 DOSSIER fugue dont Perec a propos l adaptation filmique pr cis ment le 23 juin 1975 en r alit avant daller retrouver la jeune femme qui deviendra sa compagne Mais si nous restituons l objet retrouv son nom jamais dit mais sans doute moins obscur pour Perec que pour nous alors ce r seau textuel se noue aussi le fil rouge qui relie Le Condottiere W ou le souvenir d enfance et ces deux textes La Vie mode d emploi Winckler Comment alors trouver un sens un tel r seau en supposant que nous ne nous ne sommes pas laiss s entra ner dans une pure fiction de la critique hypertrophi e Il ne s agit videmment pas d une quelconque re lation m tonymique ou m taphorique entre un Winkley Oiler et Gaspard Winckler dans l une ou l autre de ses manifestations ou transformations Mais il pourrait bien s agir d une communaut sur le plan affectif de la fugue et du personnage toujours distant jamais clair de Gaspard Winckler et bien s r d une volont consciente du scripteur de nous permettre par le moyen d
376. on Il y a ans la similitude entre les deux lexies tant encore accrue par l identit de la localisation Venise voir an nexe 4 Il modifie donc son texte autobiographique d finitif en fonction du texte fictionnel qui je le rappelle date de 1970 et a d j paru en feuilleton dans La Quinzaine litt raire Contrairement ce qu affirme un peu vite David Bellos le manuscrit permet de rep rer le travail de suture condi tion de ne pas le consid rer seul mais dans son rapport au texte d finitif Cette variante montre Perec mettant en place une de ces fragile s intersection s dont il parle dans le pri re d ins rer de son livre Ce faisant en pr f rant un effet de sym trie locale facilement rep rable 13 31 une figure plus discr te exigeant le rapprochement d l ments disjoints il demande son lecteur un effort de m moire comme saint J r me repr sent dans son ca binet de travail par Antonello de Messine ce lecteur doit revenir en arri re dans le livre qu il est en train de lire il doit se reporter ce qu il ad j lu il doit lire rebours Cette lecture vice versa l expression se trouve dans le grand palindrome nous ram ne du coup vers l ncrage des sym tries bilat rales dont la disparition dans le texte d finitif n tait finalement que superficielle De visi ble l ncrage est devenu scriptible c est au lecteur qu il appa
377. on En tout bien tout honneur le cadet de mes soucis On s y casse le nez quoi de neuf sur le Rocher Il fait cavalier seul comptez les frais de poste Mon gars y apas d cr dit pour l picolage Le pied maadn les bons mots de Sacha Guitry Son pingle du jeu et les princes allemands Marina Baie des Anges une puce un crococorde Le proc s de Riom la M diterran e orientale M Bertelsmann hannetonner les incunables De la peau de saucisson devant les yeux De j sus de ventresque de rosette de gendarme De mortadelle d andouillette de saucisse de cervelas Les avions renifleurs et les avions furtifs In s de La Fressange en Marianne L appendicite les amygdales et les v g tations Les gendarmes katangais et les avions cargos Success story la mer d iroise Un feu roulant c est sur Arte Les p n plaines de l ant site La guerre est le plus court chemin qui va du diplomate aux greffons Le feu du rasoir et les cols pelle tarte D fense de fumer m me une Gallia La route de la Soie les bo tes de conserve P trus Borei Raoul Sangla r concili s 179 DOSSIER 180 Les soldats de la paix et les soldats du feu La socca le Vab et le r gne animal Les barri res de d gel le papier cellophane Mon jus ma cigarette et sa vaisselle Je me souviens des NSU n en fais pas une montagne Pablo Casais le Loch Lomond Les briquettes de lignite dans le po le de fonte Les stencils alc
378. on des pouvoirs r gl s du langage Le dernier tiers du chapi tre est le plus stimulant il propose en effet une discussion serr e du fonde ment explicitement linguistique de la d marche oulipienne en mettant en vidence de mani re tout fait convaincante l incoh rence tant m thodo logique qu historique qui caract rise le choix des cat gories linguistiques qui informent les discours th oriques oulipiens les cat gories emprunt es la grammaire g n rative c toient le mot et le paragraphe Surtout les auteurs montrent clairement que la s mantique demeure le point aveugle de la r flexion linguistique de l Oulipo et sugg rent que cette absence de formalisation s mantique p 217 pourrait bien rendre compte du c t de la r ception de la relative n gligence critique qui tend accueillir comme on sait les productions oujipiennes C R Alt rations cr ations dans la langue les langages d prav s tu des rassembl es par Anne Tomiche Clermont Ferrand Centre de Recherches sur les Litt ratures Modernes et Contemporaines Pres ses Universitaires Biaise Pascal 2001 380 p Ce recueil d articles est riche mais h t rog ne Comme le th me choisi les langages les langues d prav s au sens des perspectives d pra v es de Jurgis Baltrusaitis qui sont celles qu on peut trouver chez des fous litt raires des malades mentaux des illumin s des humoristes des cr ateurs
379. on du catalogue on ne peut plus misogyne de la Pl iade La pol mique n est cependant ici que le revers d une revendication litt raire propre o l uvre se d finit par une criture ma tris e dans une composition rigoureuse si la Recherche peut tre d compos e c est pr cis ment parce que Proust a fait uvre d architecte ou de couturi re La D composition a deux c t s sym triques deux parties de onze chapitres mais pas identiques comme Anne Garr ta le fait justement remarquer la Recherche ne boucle pas En ce sens la pro position litt raire formul e par la fiction suppose une r forme du lecteur en prenant au s rieux le fopos contemporain du roman policier comme mod le litt raire le roman d Anne Garr ta est bien un roman du lecteur apr s ceux de Butor Calvino B nabou o la mise en fiction r jouissante des savoirs th orie litt raire linguistique s mantique des noms pro pres constitue un lecteur actif d fini par Vexercice de ses facult s Op rez cette traduction l mentaire et voyez enfin transpara tre sous la falsification le sens souverain Je vous laisse le soin de continuer l exercice Christelle Reggiani Jean Michel G rard Le Livre d Or des Epithalames ou chants nuptiaux Editions Complicit s Grignan 1999 296 p Anthologie pass e inaper ue mais bien agr able D une part parce qu elle est consacr e un seul genre
380. onais Alexander Wat qui commence bien mais qu on ne peut suivre pour l po que actuelle D une fa on g n rale on regrettera la pr sence de quelques crivains en rapport tr s lointain avec le th me et le caract re pesant et 277 CRITIQUES ardu de de maints articles propos quelle qu ait t la gravit des audi teurs du colloque gageons que la lecture des deux articles d contructionnistes la mode d outre Atlantique en d rida plus d un A C Lewis Turco The Book of Forms A Handbook of Poetics 3 di tion University Press of New England Hanover and London 2000 338 p La derni re dition de ce manuel la fois p dagogique et original en fiait un ouvrage de r f rence La premi re partie The l ments of Poetry pr sente les divers niveaux d tude d un po me et Ton ne discutera pas les m thodes de scansion du vers anglais appliqu es par l auteur La seconde partie Form finder index et la derni re partie sur les po sies dramatique lyrique et narrative valent elle seules le d placement elles constituent un index serr parfois typographiquement trop serr qui rassemble de multiples formes et formules import es ou autochtones de la po sie anglo saxonne Leur nombre est plus important que dans des dictionnaires Morier ou encyclop dies Preminger plus imposants et plus co teux Et l on y trouve bien des singularit s classiques ou pl
381. onna t au loin le Louvre et plus pr s l Acad mie Fran aise L se retrouvent les meilleurs de la litt rature nationale d clare t i sans h sitation dans quelques ann es je serai appel briller parmi ces tres exceptionnels Et plus tard devant la Maison de la Radio il poursuit tr s emport ici on me sollicitera souvent on me tendra les micros mes lecteurs m en tendront sur les ondes et boiront mes mots Le soir A retourne chez L Elle n y est toujours pas a ne le d sesp re pas il n est plus si press de la rencontrer il juge finalement que son s jour est une sacr e exp rience et qu il ne donnerait surtout pas une journ e Paris pour dix dans son village Il d cide de rester l de s y inviter de fa on peut tre d finitive qui sait D ailleurs il s engage ce soir l dans l criture d un nouveau roman L ChezL jr C est Paris rue de Poitou au num ro vingt huit Poussez la porte de l immeuble ne faites pas cas de l entr e des v los encombrent et les peintures s effritent prenez l escalier jusqu au quatri me tage L habite l On p n tre imm diatement dans une grande pi ce lumineuse une pi ce comme on en voit beaucoup dans le Marais avec de hauts murs blancs et des poutres au plafond Face la porte d entr e un bar en bois clair d limite ce qu elle appelle son coin cuisine un espace exigu o elle boit debout chaque
382. ons de La Disparition signalons en donc quelques uns la nouvelle lipogrammatique en a d Alcali y Herrera Los dos soles de Toledo peut tre lue aux pp 201 231 dans l anthologie Novelas amorosas de drversos tngenios del siglo XVII ed Evangelina Rodriguez Ma drid Castalia 1986 Cl sicos Castalia n ISS Le fameux romance sans o qui ter mine la Vida de Etebamlo Gonzalez est accessible dans l dition qu en a r alis e Anto nio Carre ira pour la collection de classiques universitaires de la maison C tedra Madrid 1995 L crivain pseudonyme br silien Odone Vontobel a publi un roman lipogrammatique en a en 1983 sous le titre Deslus es de um s solo S o Paulo Gepe 144 p Le Voyage autour du monde sans la lette A de Jacques Arago a t r dit avec une pr face de Jacques Roubaud et des illustrations de Topor Paris Les Autodidactes 1994 Die ZwUinge de Franz Rittler a t l objet d un rprint augment d une postface de Karl Riha Heidelberg Cari Winter Universit tsverlag 1979 Quant aux textes d Eugen Hdml il s agit de m Nachzug nach Lyon Berlin Plasma 1993 et de Knall undFal in Lyon Berlin Plasma 1995 Particuli rement en ce qu il ne pr voit pas de place syst matique pour les lipogrammes vitant une consonne autre que r m me s ils sont rares telles les odes asigmatiques de Pindare qu il mentionne pourtant et parce que ce classement n glige le caract re nette
383. ons fran aises et des devoirs de g om trie au milieu de brico les invraisemblables cro tes de fromage carr s de chocolat pommes de pin quartiers d orange pingles linge cure dents qu elle repousse sans cesse de la main pour faire place nette Et maintenant ouvrez la porte non pas celle l ce sont les WC et m me les doubles WC puisque le chat y trouve galement sa caisse entrez dans la chambre Elle est sombre il n y a pas de lit juste un matelas de mousse pos terre au dessus duquel au mur jaunit une affiche de Quai des Brumes Des v tements froiss s tra nent sur le sol parmi les draps et les Maison et Jardin Onze Premi re Lire Capital et autres France Dimanche que L feuillette avant de s endormir L appartement n est pas vaste Aussi avons nous le temps d apercevoir la salle d eau Voyez c est Spartiate une douche une brique de savon de Marseille et des serviettes r ches Une journ e de L L vous l auriez devin ne verse pas dans le para tre Elle n est pas une de ces demoiselles appr t es qui entour es d un tas de flacons aiment se pein dre les yeux se frotter le nez et s entretenir le cuir pendant des heures Sa toi lette est aussi longue que son petit d jeuner sit t tir e du sommeil la voil lev e et d j dehors C est qu il est tard et qu on l attend a va les enfants lance t elle en arrivant et trente petites voix remplissent la salle
384. ontiennent pas les charmes infinis de ton corps ni la forme de tes sourcils ton chagrin laborieux ennuyeux sermonneur RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES te tombe sur les joues bruyamment comme un inventaire domestique Tu t panches en ustensiles de m nage CADRE Je suis soudain deux fois plus petit que toi chaque dispute m loigne du soleil la cro te qui nous s pare s paissit tu ne veux plus faire l amour tu m as puni Chaque dispute rend tes seins tr s sombres et les incline deux satellites naturels terreur et panique le sexe calotte polaire plaqu e sur du vivant Tu vas me faire une sc ne ton visage d plie lentement son th tre de poche mais je connais d j tous les titres que tu fais chair la marche contre le vent les tireurs de corde le funambule le fabricant de masques et le colleur d affiches Paupi res en combat de cerfs volants bouche h lice chevel e tes larmes tu voudrais que je les prenne pli selon pli pour un v nement religieux Tu dis jamais plus je ne ferai l amour avec toi je pense qu aux temps o les sir nes avaient des ailes jamais se disait quand tu auras une queue de poisson Je voudrais me rouler sous le lit pour y prendre un bain de poussi re enfant avec des moutons sur les cils A cours en bout de ligne tu finis par pousser une larme qui t tonne toi m me une miniature encore chaude 129 DOSSIER 130 Tu te regardes la d
385. ool mon sosie Avec l App t Dudule le poisson pullule Les gendarmes couch s sont des ralentisse urs L ap ritif concert et l h r sie vaudoise Le ravin de Yuko Monowitz RN2 Rambo Il Aphinar Suez Les cycles L Hirondelle et les motos Tarot Le c saropap isme le dindon de la farce Marcel D ai est un salaud Les autocars Saviem et les camions Unie Jouer le r pertoire aux chandelles En salle de r a les denr es p rissables Couperin ses mains son clavecin O va t on nom de nom o va t on Sur la place des Victoires confesse Le marc du Garlaban un ballotin de truffes MacDo les rats d h tels je prends le gauche Piz Buin des horlogers les pupilles de la nation La gare de Loriol cent cinquante l heure Mes cils un vin herb et les pianos Erard Je pr f re de beaucoup par exemple le Tour de France la litt rature Les dentelles de Montmirail et les faiseuses d anges Le Domesday Book et le centime additionnel Carter Pantocrator chaud devant a usine Y a des coups de pieds au cul qui se perdent La Force La Souterraine La Machine La Trappe L tage m diterran en faire la fille de l air Les eaux un jumbo jet l Ecole fran aise de Rome Apr s tout on ne les conna t pas RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES Si vis pacem para bellum Le col du f mur et les Bouches d Uzures Le Bureau des longitudes une roquette Katioucha Alias Ma tre Jaun tre le
386. ophonies ludiques ou translinguistiques moins on croit la possibi lit m me d ajouter ce nom f tiche de Perec une signification autre que celle qui lui est donn e par les textes eux m mes Sauf peut tre dans le cas de la d couverte de Byme et West pr cis ment parce que Winkley est pour ainsi dire explicitement cach par le r seau textuel de l uvre Revenons aux trois citations o figure le Winkley et qui constituent par la quasi identit de leur expression verbale un r seau textuel typique de l criture de Georges Perec Supposons que la premi re occurrence dans Les Lieux d une fugue le manuscrit actuellement Stockholm confirme que cette premi re inscription du tube de ctiivre coud a bien eu lieu en 1965 constitue un v ritable souvenir d enfance quelque chose comme la condition n cessaire d un minuscule biograph me dans la terminolo gie de Bernard Magn Dans ce cas de figure ce serait la double r inscrip tion de cet objet retrouv lors d une journ e perdue qui tablirait l existence d un r seau ou d un mini r seau Or quels sont les l ments rapproch s par ce r seau qui tel un graphe raccourcit la distance entre des points apparemment parpill s Les lignes dessin es par la r inscription vont de la fugue du petit Georges au suicide pr sum de Gr goire Simpson lui m me rattach par des lignes solides au narrateur narrataire d Un h
387. orte de dict e de l inspiration Et le mot de Mierau que reprend ici l auteur p 96 apud Elisabeth von Erdmann Pandzic selon qui il faudrait voir dans Po me bez geroja un syst me de variantes mais sans pr ciser de quoi appelait pourtant relever le d fi Jeanne Olivia Cohen pp 107 116 Constellation de l espace ly rique chez O V de L Milosz O il est question d une uvre celle de Milosz dont le certain classicisme ressortirait des emprunts baudelairiens lamartiniens ou symbolistes sic et s av rerait in classable en effet Mme Cohen instaure cette occasion une curieuse distinction entre formes po tiques classiques et genres codifi s gt sans seulement l exemplifier d faut de l expliciter cette sollicitation interve nant aussi in m dias res que les dialogues milosziens dont elle tente ainsi de qualifier le surgissement p 110 Parmi quantit d peu pr s on se demande pourquoi glouglou ne serait que presque onomatop ique p 111 on voit mal d faut d une description plus convaincante o serait la suggestion d un syst me cod d allit rations et d assonances qui s emplissent sic les unes les autres dans le texte pp 114 115 on ne comprend pas bien comment les monosyllabes aux finales consonanti ques suspensives produiraient de quelconques effets d instantan ou autres m lancolie fluide Bref on s
388. os es lorsque le Livre de poche Hachette m a demand en 1998 de pr parer une nouvelle dition Mais je ne leur ai pas apport les m mes r ponses Pour la clart de la suite j appellerai HI l dition originale de 1978 chez Hachette PI la premi re dition en Livre de poche de 1980 P2 la seconde dition en Livre de poche de 1998 revue et pr fac e par mes soins je suppose que vous souhaitez que je mette apr s ce mot une longue suitede H2 la r dition chez Hachette de 2000 couverture bi colore indi qu e comme relue par Bernard Magn Quelques remarques sur ces diff rentes ditions H1 en fait a connu plusieurs impressions et il y a des diff rences non n gligeables entre ce que je d signerai par H1 la v ritable dition originale et les r impressions suivantes que je d signerai par HI je n ai pas v rifi s il y a lieu de distinguer entre HI premi re r impression et les r impres sions suivantes Par exemple au chapitre 40 un des 3 boxeurs vainqueurs de Cat Spade s est d abord appel Al Brown lequel sur correction expresse de Perec on a le tapuscrit de cette correction est devenu Jack Delaney J en ignore les raisons peut tre la recherche d un effet de rime les deux autres boxeurs se nommant Tunney et Dempsey Ce tapuscrit est une feuille comportant 24 corrections pour la plupart des coquilles des fautes d orthographe ou d
389. ose qui gagne bois puys vaux mitoyens le loup s y tapit avec l oryx du Nil RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES Syrinx Un matelot fume dans son dinghy groggy C est la nuit Gladys C est moi Chut Nymphe sait tout Approche J y suis Voil yeux de lynx trop humains pour tyranniser lami Perry Tudors C est ton parfum hippy qui voyage devant toi Qu y puis je voyant vos pieds aux lys unis ray s d or dans l onde du cyprin Voir n est pas un fait Plonges y tes mains Un python pourrait Perry un petit 36 royal Gladys Tout petits amours pythiens Gladys Petits sous les doigts fuyant comme d usants cyprins Sont ils Chut a yest tu yes Ils sont toi Bayreuth cymbalums les lots hybrides du Japon grands typhons du printemps Gladys vous irez duTyrol l Inde pour y admirer le grand opus hippy Cher ami Fuyons sans jury ces bois d lirants Fuyons Gladys vous vivrez au Pondich ry DOSSIER Voyez un matin cru y point d j Un bambin voyez encor synclinal sud crayonne un mgris sur les bay windows Il a vos yeux d oaristys Que mon fils a du style c est vrai Fuyons La nuit porphyre s ankylose Fuir d un songe Il ya l un synchronisme boiteux Gladys Tu n y songes pas Dis tu n y so
390. ots ench ss s mots valises faux d riv s centons mots en cha ne c par complexification h terogrammes mots pentavocaliques pangrammes 3 Soustraction a de type nigme logogriphes mots dont on en l ve des lettres pr l vement de textes b de type manifeste lipogrammes monovocalismes alphabets r duits chronogrammes purs mots en lettres sym triques h mi clavier contrainte du prisonnier pithalames 4 Multiplication a r p tition d l ments lettres r p t es en d but et fin de mot lettres r p t es trois fois tautogrammes composition en cho virelangue b r p tition de paradigmes isomorphismes mots banana contrainte okapi ou CV polygrammes mots pluriconsonnantiques ou plurivocaliques textes monosyllabiques c Duplication du sens quivo ques homophonies calembour lapsus compositions bilingues jeux avec les contraires 273 CRITIQUES 5 Substitution a Visible paronomases m tagrammes contrainte S 7 b dissimul e cryptographies r bus charades arithmogrammes quivalences num riques nombres lus l envers chronogrammes Tel qu il est constitu avec ses regroupements parfois discutables l ensemble de ce tableau n en recouvre pas moins tout le champ de P nigmistique traditionnelle commune aux cultures espagnole cata lane et italienne ainsi que la plus r cente logology nord am ricaine c est dire la linguistique recr
391. ouchon 1993 On nous Claudia schiefFer on nous paul loup sulitzer oh le mal qu on peut nous faire et qui ravagea la mouk re 287 Selon Dioris Duke troisi me pouse de Porfirio Rubirosa Paris Match 17 juillet 1965 p26 Porfirio est le meilleur passe temps qu une femme puisse se donner 296 Pierre Kolaire Sur la ligne margmaux 999 Le Poulpe p 60 Plus tard chapp de la poche de la d funte les flics circons pects retrouveront un b ton de Rouge Baiser Sous le Solex exac tement 96 PEREC VINGT ANS APRES 311 Alphonse Allais Dans la peau d un autre in Vive la vie I 1892 Harry Covayre employait pour le moment toute son nergie se confectionner des grogs au whisky compositions o il entrait relativement peu de sucre et pour ainsi dire presque pas d eau 322 Harrap s Slang Dictionnaire Anglais Fran ais Fran ais Anglais 1998 C est parce que la marque Heinz se vantait jadis d offrir une gamme de 57 vari t de produits diff rents que l on gratifie par fois un chien b tard de cette appellation Le sous entendu est que l animal est issu d un nombre comparable de vari t s canines 329 Raymond Queneau Odile Gallimard 1939 p 126 Dans la salle manger de style Emile Loubet une ombre sub sistait Sur la chemin e entre deux bronzes de Barbedienne il y avait un objet qui avait t fabriqu avec des fle
392. ourd hui brandie jusqu l c urement provient bel et bien du livre de Perec le lecteur doit savoir que ce n est absolument pas le cas de la sauce palimpseste qui l entoure ici jouer au m tatextuel de fa on trop incontr l e l ex g te finit par se noyer dans l indistinction auctoriale et prendre la glose pour le texte Laurent Cassagnau pp 45 51 Du m me l autre sur quelques aspects de la p rennit des formes codifi es Ce point de vue assez g n ral sur les ph nom nes de reprise et de d tournement a le m rite de nous rappeler qu ils ne sauraient tre envisag s sans tenir compte en gros du cadre de positions esth tiques ou philosophiques et du s diment intertextuel qui les circonstancient qu il s agisse de l l gie chez les po tes germano phones de Roumanie sous Ceaucescu ou du B nkelsang la mode brechtienne la forme ne se fait sens qu ins parablement des con cepts de validit et de caducit p 51 Non seulement l auteur insiste t il sur les volutions historiques qui id ologisent de changeante fa on les sys t mes formels mais aussi pr vient il juste titre que les translations dans t espace et singuli rement les migrations translinguistiques ou transculturelles n en sont pas moins cause de leurs remotivations ou r interpr tations avant m me que de leurs plus appr ciables trans forma tions que reste t il en effet du zadjal ch
393. ouverture Voil pour la petite histoire de la d couverte des sources voyons mainte nant les textes en question Pour Rabelais ceci Quand gros Jan me vient besoingner Il ne me coingne que du cul Settf Olympiades et un an intercalare apr s belle mentule voire diz je m moire je solacise souvent en la symbolization et colliguance de ces deux motz je ouy Adrian l llart Gombert Janequin suit une trentaine de noms de compositeurs Comme presque toujours c est dans les marges du fragment import que se lit la symbolization on fera fi de la chronologie en donnant au mot une teneur lacanienne du geste citationnel colliguance de deux mots pour d signer rebours la relation entre deux textes d une part neuf olympiades et un an qui font d autre part si je compte bien trente sept ann es ce qui actua lise un des deux nombres m tonymes de la naissance et ce dans un contexte somme toute assez idoine La chose est d s lors entendue Adrian Villart est signe de vie Perec chappe la mort en se r fugiant Villard lieu d une seconde naissance en somme Voici maintenant le texte de la pastourelle tel qu il est donn dans le Dictionnaire de Morier Les sept vers cit s par Perec Si ol pr s d une voie Chanter la bele Aielot Doreniot j aim bien Guiot Toz mes cuers a lui s ottroie Grant joie fait la meschine Quant de Guiot li sovient Je II d
394. pe Louison ne veut pas partager sa chambre avec Jean car celui ci apr s les kilom tres parcourus au Heu de dormir a besoin pour se remettre en forme de lire Shakespeare tard dans la nuit 140 Voil les gars de la marine chant e par les Comedian Harmonists dans Le Capitaine Craddock 1931 version fran aise supervis e par Max de Vaucorbeil du film homonyme de Hanns Schwarz Musique de W R Heymann paroles de Jean Boyer 92 PEREC VINGT ANS APRES Le groupe Les Comedian Harmonists 5 chanteurs et un pianiste est cr Berlin en 1927 Son r pertoire est inspir par le jazz le tango et le chant choral allemand Il donne son dernier concert le 13 mars 1935 Munich Les trois chanteurs juifs du groupe Harry Frommermann Ro man Cykowky dont le p re est assassin en Pologne en 1940 et Erich Collin s exilent en Autriche puis aux tats Unis avec trois autres chan teurs ils reconstituent un Comedian Harmonists Le pianiste Erwin Bootz et les chanteurs Robert Biberti aryen et Ari Leschnikoff Bulgare restent en Allemagne Le film Les Comedian Harmonists de Joseph Vilsmaier 1999 retrace l his toire du groupe 149 Charles Rigoulot halt rophile fran ais 3 novembre 1903 22 ao t 1962 Surnomm l homme le plus fort du monde Champion olympique dans la cat gorie des mi lourds en 1924 Paris avant de passer chez les lourds Il bat 57 records du monde sa mort il est
395. pense b te un aide m moire en somme un docte abr g de son existence Section dor e n est pas un pr cis ou un manuel le liquide y est saisi dans le contexte singulier d une histoire d amour La section dor e est le nom de l endroit de la cicatrice o furent s par s les androgynes Quelque chose brilla de liquide l endroit de la plaie puis la cicatrisation vint et avec elle la s cheresse C est tout juste si le nombril est encore humide une heure apr s le bain Restent les humeurs les s cr tions du corps int rieur qui deviennent excr tions apr s un travail laborieux et p ni ble Il faut les cahots de la jouissance pour que le sperme jaillisse La sueur et la morve quant elles s coulent calmes ou torrentueuses c est selon suivant le principe dynamique des eaux Mais depuis la section dor e les larmes de l homme sont diff rentes de celles de la femme sa sueur au go t et l odeur ne r pand pas les m mes principes leur c rumen semble s cr t par des coquilles d esp ces diff rentes et leur pus ne pas soulager les m mes plaies Ces liquides s rosit s liqueurs que la section dor e a 126 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES soudain distingu s font toute la disparit parfois risible entre homme et femme car encore une fois sinon des amants rejoints qui songerait confondre une larme venue d un il d homme et celle qui roule sur une joue de femme Qui
396. peut tre plus pr cis ment comprise comme un effet de la crise du genre et de la cat gorie dont l nergie apparemment perdue ne pourrait que prendre la forme compensatoire d une encyclop die nostalgique Le roma nesque serait en somme d autant plus intertextuel que ses ressources se raient moins ais ment accessibles Je citerai ici un passage du chapitre LXIV p 381 qui me para t signifier narrativement cette id e d une perte de l nergie romanesque Pour occuper les longues heures d attente pendant lesquelles la radio restait muette il O Cfraliolet lisait un pais roman qu il avait trouv dans une caisse Des pages enti res manquaient et il s effor ait de relier entre eux les pisodes dont il disposait 11 y tait question entre autres d un Chinois f roce d une fille courageuse aux yeux bruns d un grand type tranquille dont les poings blanchissaient aux jointures quand quelqu un le contrariait pour de bon gt Je comprendrai ces pages arrach es comme marquant mat rielle ment un puisement du roman qui se trouve ainsi pr cis ment signifi par ses cons quences rh toriques du point de vue de la disposition comme de l invention de l uvre les pages manquantes signalent une perte de la con tinuit textuelle qui passe d s lors la charge du lecteur s effor fant de relier entre eux les pisodes dont il disposait et d signent en m me temps 40 PEREC VINGT ANS APRE
397. peut avoir lieu que sur la page 4 Construction d une sutur La s quence sur laquelle je vais maintenant m attarder comporte trois va riantes voir annexe 4 a 13 ans devient treize ans b A 31 ans devient Il y a sept ans c je me souvins que devient je me souvins tout coup que Je n examinerai que les variantes a et b qui me semblent li es entre elles Le manuscrit fait appara tre deux choses importantes d une part un syst me de datation objective par rapport un fait histo riquement dat et rep rable la date de naissance du narrateur dont le lecteur prendra connaissance un peu plus loin Je suis n le samedi sept mars 1936 d autre part un effet de chiasme entre les chiffres 13 et 31 qu on peut rattacher l ncrage des sym tries bilat rales dont on a d j rencontr un exem ple dans la variante pr c dente avec le mot palindrome selles Le texte d finitif apporte sur ces deux points des modifications consid rables La seconde datation est subjective elle est tablie par rapport au temps de l nonciation L v nement narr le souvenir du titre n est pas dat par rapport un autre v nement dat du r cit mais par rapport un v nement par d finition extra di g tique l acte narratif producteur du r cit dans lequel il figure On retrouve donc ici l importance du je crivant par rapport au je crit
398. pire comme parano aques Dans la parano a le m canisme de d lire est essentiellement interpr tatif L interpr tation morbide am ne le malade donner une signification allant dans le sens de son d lire des v nements banals ces deux qualifications n tant d ailleurs pas forc ment incompatibles 1 De r criture l inscription Je r unis dans une m me analyse deux s ries de variantes qui me semblent avoir la m ne port e voir annexe 1 La premi re de ces variantes concerne le chapitre U c est dire le premier chapitre de la partie autobiographique L o le manuscrit utilisait simplement le verbe d crire le texte d finitif a rajout inscrire Ce rajout manifeste l atten tion accrue port e au signifiant graphique La description est une activit d cri ture orient e vers le rapport entre les signes et leurs r f rents Sa fonction rel ve de l effet de r el L inscription s organise diff remment selon deux p les d une part l importance du support mat riel concret comme lieu d une trace d autre part la volont par le choix de ce support concret de conserver la trace d une information de la transmettre Sa fonction rel ve de la m moire et de ses conditions de conserv ation Cet asnect annara t clairement dans la d finition du Robert 22 PEREC VINGT ANS APRES 1 crire graver sur la pierre le marbre le m tal les signes linguis tiques correspo
399. platitude du quotidien Le r cit con u comme une pure romanesque et la nouvelle constitueraient alors les traces formelles de cet vanouissement du roman 34 PEREC VINGT ANS APRES Dans la seconde moiti du XX si cle l criture de Perec flaubertienne par bien des aspects participera elle aussi de ce renoncement en particu lier dans Un homme qui dort dont le projet d explorer les lieux de l indif f rence rejoint celui du ivre sur rien On ajoutera que le motif du renoncement prend souvent la forme th matique de l chec galement commune Perec et aux naturalistes l chec cl t de mani re r currente les projets des personnages de La Vie mode d emploi dont le finale met pr cis ment en avant le double chec des entreprises majeures du livre celles de Bartlebooth et de Val ne Il se trouve que la crise du roman de l avant derni re fin de si cle se rejoue dans les ann es cinquante et soixante du XX si cle dans une r interpr tation qui pour n tre pas n cessairement farcesque engage vi demment un certain nombre de d placements quant aux arguments aux formulations aussi bien qu aux r ponses propos es Les r ponses oulipiennes au sentiment d une crise du roman se pr sentent en effet comme des r ponses proprement romanesques au sens o l criture contraintes peut appara tre comme un moyen de retrouver le romanesque perdu par la prose du tournant du si cle d
400. ploi dit e la m me ann e De toute fa on ce livre est galement rest sans cho Apr s ces deux traductions Perec devait passer par une phase de purgatoire au Japon les nouvelles du prix M dicis et de sa mort en 1982 n ont suscit des r actions que chez des francisants dans les milieux intellectuels des ann es quatre vingts la mode tait aux pens es post mo demes quelque peu tardivement introduites La fi vre pass e le vent a tourn en 1991 un num ro de la revue qui s intitule justement Rose des vents a t enti rement consacr l Oulipo M Sakazume y a non seule ment traduit Voyage d hiver et Histoire du lipogramme mais gale ment r dig un article donnant un aper u de La Vie mode d emploi PEREC VINGT ANS APRES L ann e qui suit en 1992 la traduction compl te de ce grand ouvrage par M Sakazume a enfin vu le jour Comme c est souvent le cas pour ce genre de roman exp rimental elle n a pas eu de succ s sur le plan com mercial mais a sollicit l attention de certains amateurs des lettres Plu sieurs francisants ont laiss des comptes rendus justes et favorables Outre ces r actions savantes celle du romancier M Yasutaka Tsutsui m riterait d tre mentionn e Cet crivain n a cess de publier des uvres ludiques en d pit du s rieux qui domine les milieux litt raires japonais d j en 1989 Tsutsui inspir de La Disparition a construit un roman dans
401. plus en France ni famille ni biens Il s y marie avec une de ses tudiantes et Dennis na t en 1953 C est sa m re qui lui raconte l histoire de la famille et les p rip ties du livre de Hugo Vernier Quelques mois plus tard Denis publie un pamphlet contre Serval enfin mort et tente avec Dennis de retrouver un exemplaire du livre de Vernier Dennis fait la rencontre de Georges Perec au cours d un colloque en Australie et se lie d amiti avec lui devant une foule de hanaps de vodkas de bi res de vouvrays et de vins du Rhin changes litt raires changes et confirmations de souvenirs Tout ceci n est rien par rapport aux retrouvailles de Dennis et de sa tante Virginie ancien flirt de Vincent Degra l que l on croyait morte et qui se trouvait mari e et en Australie Avant de quitter la France elle avait r cu p r une mallette dans la cave familiale Le contenu de cette mallette ignor pendant trente ans fut d pouill avec l motion que l on devine par Dennis Il s agissait de lettres sign es Hugo Vernier adress s Th ophile Gau tier ou Virginie Huet jeune pr ceptrice de Judith la fille de Th ophile ainsi que de divers documents dressant d finitivement l histoire de la des cendance litt raire et familiale de Vernier Virginie et Hugo tr s pris l un de l autre d cid rent de vivre ensemble et la publication des Fleurs du Mal une copie int grale de po mes de Vernier par Baudel
402. plus qu une seule Ici se con oit un quasi principe d quivalence matricielle Si d un lieu dont une uvre s induit on peut toujours rep rer l v nement fondateur et c est l architecture d ac cueil de cette oeuvre qui lui pr existe quand bien m me cette derni re par ses r glages pourrait estomper une telle pr cellence au point d offrir une inversion remarquable que le site paraisse d duit de l uvre accueillie le livre en revanche persuade d une tout autre sp cificit c est qu aux yeux du lecteur il donne galement sa forme sa couverture ses pages et sa mati re son texte qu il n y a donc pas comme en art la possibilit de comparer un site vierge reconnu avec ses cons quences la suite Bref il n est pas possible l enqu teur de comparer des modifications spatiales dans le temps mais de conjecturer sur elles c est aussi la lecture Et l on per oit d s lors avant m me celle ci comme Au Sens Propre voit fluer cette quivalence matricielle vers un renversement non moins principal tandis qu un processus consensuel tablit l criture en premier puis le site de son d roulement le livre et enfin sa lecture c est elle ici qui semble en premier indiquer le choix de la transparence du papier aux videntes pro pri t s de reproduction et de d cryptage puis l criture qui s y inscrit La lecture se refl te sujet sur un simple aper u de la mati re inscriptible
403. po tique la contrainte mono syllabique est donn e ici pour la premi re fois Des textes compos s de mots monosyllabiques des po mes en vers d une seule syllabe et de nom breuses autres variations pour la plupart peu connus ou compl tement oubli s sont expos s en plein jour ou pr sent s sous de nouveaux clairages Ces uvres sont tr s diverses allant des chansons populaires aux curiosit s linguistiques les plus sophistiqu es Mais qu elles soient d inspi ration religieuse ou libertine amoureuse ou satirique tragique ou comique toutes sont susceptibles d entrer en r sonance avec l esprit et la sensibilit du lecteur contemporain Le fil conducteur de cet ouvrage permet de parcourir ou d ouvrir des chemins peu fray s dans la litt rature du moyen ge de la Renaissance et de l ge baroque La po sie du si cle des lumi res est revaloris e tandis qu est ressaisie la richesse des deux derniers si cles de Victor Hugo l Oulipo Cet ouvrage s ouvre enfin sur les exp riences en cours de la po sie la plus actuelle Un choix tr s tendu de textes de litt rature pastorale o l cho sert de forme et de th me ainsi que de textes pr sentant une forme particuli re de r p tition s entrelace avec le choix des textes monosyllabiques pour rendre compte du syst me dans lesquels cette forme prend sens 253 CRITIQUES Au passage les mod les antiques et les changes avec les litt ratu
404. port du dernier en premi re position deux exemples en p 142 le sch ma 1 7 3 est reproduit 5 fois comme suit 1 7 3 3 1 7 7 3 1 17 3 3 1 7 en voici le texte noter ph nom ne rare la pr sence de rimes Tard je marche avec mes b quilles Le trottoir sale brille phares allum s de joyeux drilles en auto des femmes noires se godillent fards quille et poitrines dans le soir elles pillent ces anards filles le long du trottoir ma foire En p 223 7 1 11 3 17 se d veloppe 3 fois en 7 1 11 3 17 17 7 1 113 3 17 7 1 11 Dans un cas unique le sens du d calage est invers p 111 13 17 11 gt 13 17 11 17 11 13 11 13 17 Deux autres po mes sont fond s sur le m me principe de d calage mais avec un raffinement suppl mentaire dans le po me de la p 87 le d calage ne s applique qu aux 3 derniers vers d un sch ma de 5 le sch ma 7 9 13 15 11 se r alise en 7 9 13 15 11 7 9 15 11 13 7 9 1113 15 7 9 13 15 11 7 9 15 11 13 In p 107 ce sont deux m tres cons cutifs qui produisent le d calage en se reportant au bout des strophes 7 3 9 5 11 devient 9 5 11 7 3 11 7 3 9 5 395117 739511 structures complexes Ces cas tout en respectant les 4 r gles de base impair tous les niveaux se distinguent soit par une r gularit au mieux imparfaite soit par des structures complexes En p 103 la disposition des m tres en stroph
405. posant qu except les trois premi res qui se retrouvent les derni res toute page soit lue trois fois et donc relue C est donc logiquement qu la fin tandis que les op rations progressives de la lecture s effectuent l endroit m me de leur inscription ce qu en d autres temps dans un autre texte Patrice Hamel th orisa sous le nom de congruation qu la fin donc ce livre une fois ferm et mis en boucle on puisse dire de ses pages qu elles tiennent compte de leur propre relecture 218 L Observatoire des litt ratures contraintes Sjef Houppermans Derri re le rideau cramoisi Ces dix derni res ann es on a pu assister un formidable renouvelle ment des tudes rousselliennes Le signal de d part fut donn videmment par la r v lation des fameuses malles transf r es la Biblioth que Nationale par les Entreprises Bedel C est l en effet que Roussel avant son d part en Italie en 1933 avait d pos ses manuscrits et autres documents Ils y taient rest s sous la poussi re pendant plus de cinquante ans apr s le d c s de l auteur le 14 juillet 1933 au Grand H tel et des Palmes Palerme Un splendide num ro de la Revue de la BN a dress en 1992 inventaire de tout ce qu une quipe sous la direction d Annie Angremy avait trouv dans ce tr sor entre autres des photos des avant textes une version d impres sions d Afrique qui diff re beaucoup de celle qu on con
406. pulse la cr ation jusqu la d tacher de son support c est dire du n cessaire contexte auquel les biographes litt raire ne manquent jamais de revenir pour sortir de telle ou telle impasse rencontr e dans les textes L criture contrainte dans ses formes les plus biscornues d autres diront avant gardistes terme qui il faut en convenir ne semble pas mieux adapt permet de d passer la logique lin aire et po tique de l criture en posant les garde fous les plus efficaces dans l esprit Pour peu que ces garde fous ne laissent qu une marge de man uvre restreinte l imaginaire que se pro duirait il La question m rite d tre pos e devant certains textes dont ceux de Barbara Suckfuil Car la man uvre est restreinte soyons en certains alors que la litt rature s est fr quemment amus e penser l homme avec l un ou l autre sens surnum raire Maupassant ne faisait d ailleurs pas autre chose dans 134 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES sa Lettre d un fou les textes de Barbara Suckftill nous posent devant l effort que constitue la perception du monde pour l individu priv de deux de ses cinq sens auquel peut s ajouter en plus la libert si comme ce fut le cas d Antoine Muller il s agit bien d une consoeur intern e Sur quels socle un individu aveugle et sourd intern en milieu psychiatrique au d but du si cle a t il pu construire son imaginaire Ici
407. qu en rectifiant cette graphie j ai cherch cacher que sait on jamais Perec avait peut tre pris Amara pour une femme comme d autre Le Pir e pour un homme Pour qui conserve la nostalgie un peu f tichiste mais apr s tout pourquoi pas d un tat princeps un peu illusoire et coup s r passable ment mythifi il resterait comme vous le souhaitez r ver d un vo lume dans la Pl iade o par le jeu des notes et des variantes seraient sinon r solus du moins pos s tous ces probl mes complexes de l tablissement d un texte d finitif Il ne semble pas que ce soit pour l heure d actualit Et je crains que malheureusement l index de VME qui appara tra dans le volume de la Pochoth que ne vous d oive encore puisqu il reprendra l encore pour des raisons la fois techniques et ditoriales celui de la derni re dition Hachette Peut tre vous consolerez vous en constatant que dans cette derni re dition l extrait de la th se de Roubaud cit au chapitre 2 est contrairement toutes les ditions pr c dentes fid le la photocopie que Perec avait soigneusement coll e dans son manuscrit et que tous les composeurs ont consciencieusement massacr confondant lettres et chiffres indices et exposants lettres grecques et latines etc sans qu au demeurant cela ait paru g ner en quoi que ce soit l auteur de ladite th se Et souhaitons nous pour finir encore quelques
408. que nous dit Cl ment Rosset dans Le R el et son double Ce qui est est et ne peut pas ne pas tre ou encore Un r el qui n est que le r el et rien d autre est insignifiant absurde idiot comme le dit Macbethj L criture parce qu elle est avant tout de la contrainte est elle aussi idiote Par la contrainte l criture met en avant son idiotie l idiotie du r el Une question alors se pose Si quelque chose de l ordre de la contrainte s effectue dans le dos de l crivain pourquoi prouve t il la n cessit de s imposer de nouvelles contraintes La r ponse est bien videmment con tenue dans la question L crivain se donne des contraintes parce qu il est lui m me la contrainte r sultante et probl matique des contraintes qui le constituent et qui s exercent dans son dos Mais aussi du fait de cette situation incertaine il est oblig de contenir dans un travail d quilibrage constant et p rilleux l effet panique produit par l exercice de ces pressions La plupart du temps la contrainte n existe que pour chapper la con trainte La plus magistrale description de ce ph nom ne est le fameux texte de KJeist Sur le th tre de marionnettes o chaque coup port par un des duellistes est immanquablement par avant m me qu il ne soit port par l adversaire inqui tant qui lui fait face 192 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES Pour en venir aux contraintes effectives
409. qui se sont mises en place dans mon travail la premi re consiste ne pas employer de pluriel Du fait de son idiotie l criture ai je dit est du r el Or l idiotie en d pit des multiples visages qu elle peut prendre n est rien d autre que ce qu elle est Cette assertion constitue pour moi la contrainte des contraintes Le r el parce qu il est idiot est singulier Sa singularit nous tonne nous g ne nous contraint C est cette g ne qui nous am ne crire Mais le r el n est pas simplement singulier Il s crit aussi au singulier Le singulier est le r gime au sens m canique du terme du r el C est parce que le r el fonctionne au singulier au singulier neutre pour tre plus pr cis qu il est vident La seconde contrainte ins parable de la pr c dente que l on rep re dans mon travail est l absence de verbe conjugu Je dis que cette contrainte est ins parable de la pr c dente parce que si le singulier est unique en tant qu ici et maintenant il est aussi minemment pluriel et h t rog ne dans sa production il y a autant de v rit s diff rentes qu il y a de proposi tions diff rentes nous dit C1 Rosset dans Le d mon de la tautologie Parce qu il est ce qu il est le r el ne s origine pas C est la raison pour laquelle je n emploie pas de sujet ni de verbe Mais si le r el est singulier dans sa globalit il est comme nous venons de le dire pluriel pa
410. r Mais Mes Bras Me Manquent Souvent Et J ai pos Mon Pied Que J ai fort Mignon Dit Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben L infirmi re Sur La Coquille Qui S est cas s e Dans La Plante De Mon Pied Et a A tranch Le Froid Du Sol Par Des Petites Pointes Je Nai Pas Cri Parce que Je Suis Une Vraie Fille Maintenant Comme Dit Rudolph Goesch De Schw ring Mais Les Pointes Ont Tran ch Laveuglette Par Des Eclats Ext rieurs Rudolph Goesch de Schw ring Ma Caress Le Pied Que J ai mignon Ah Bah C Comme a Dit Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Pour Enlever Les Eclats De L ext rieur Qui Per aient Ce Que De Veugle Jai Devant Les Yeux O Je Ni Vois Rien Que De La Nuit Sauf Pour Les Odeurs Et Les Sons Que Parfois Jen Tends Mais Aussi Les Odeurs Surtout Elles Schl ss Werneck 2 septembre 1911 Nous Sommes Le Deux Septembre Mille Neuf Cent Dix 1910 Mais a Ne Change Rien La Journ e A Commenc En M me Temps Que La Nuit Que La Conscience De L tre En Nuit Est Revenue Nous Sommes Le Deux Septembre Mille Neuf Cent Onze Mardi Je Pense Que C Mardi Aujourdhui Ce Qui Revient Au M me Pour Moi Chaque Journ e Pour Moi commence Lorsque Je Prends A Nouveau Conscience Que La Nuit Est L Et Ne Me Quitte Pas Rudolp
411. r le d embrayeurs de r cit sas narratifs menant aux romans pluriels annonc s en couver ture r le exactement sym trique de celui d embrayeur descriptif de la fen tre dans le texte lisible fen tre qui est signal introductif d une description ce n est plus la description qui est soumise la narra tion mais la narration qui est soumise la description Dans la gen se de son romans Perec a certes voqu c t de l id e d un immeuble dont on aurait enlev la fa ade le r le d une his toire assez simple celle d un homme qui ferait des puzzles pendant toute sa vie et apr s les d truirait c est un fil rouge que le lecteur peut suivre travers le livre Perec mentionne cependant un autre point de d part important la structure du bi carr latin orthogonal d ordre 10 La structuration oulipienne joue son r le propre influant la di g se au lieu de se mettre au service d un d voilement narratif du r el d un discours sur le monde Discours ou r cit Reste que La Vie mode d emploi semble aussi porter un tel discours d s son titre qui aurait pu servir de sous titre aux Rougon Macquart On a observ la mise en perspective de diff rents discours sociaux valori sant ou d valorisant les diff rents espaces de l immeuble On a observ aussi la reprise d un discours d poque y regrettant l absence d exi
412. r Gratiolet le premier tant de na ture romanesque Gratiolet voudrait cr er un h ros de roman un vrai h ros non pas un de ces Polonais ob ses ne r vant que d andouille et d extermination mais un vrai paladin un preux un d fenseur de la veuve et de l orphelin un redresseur de torts un gentilhomme des dizaines de fois il a imagin son visage des dizaines de fois il l a rev tu de costumes impeccablement coup s mais il n a toujours pas r ussi lui trouver un nom et un pr nom qui le satisfassent Le texte emploie d abord romanesque dans une acception clairement relationnelle la premi re phrase glose l adjectif en de roman Toutefois la suite du paragraphe op re une double distorsion du statut accord au romanesque qui se trouve d abord dissoci du roman puis de la sph re textuelle Si la caract risation du h ros dont r ve Gratiolet prend appui sur les pr mices du genre les mod les du paladin du preux recondui sant manifestement lunivers m di val des romans de chevalerie elle commence en effet par cr er une rupture g n rique les Polonais ob ses ne r vant que d andouille et d extermination que le projet exclut ferme ment provenant tout aussi videmment d Ubu c est dire d un texte de th tre Or ce passage du roman au th tre est tr s vite suivi par un aban don de la sph re textuelle elle m me la tentative de cer
413. r l inventeur d rivant de laquenine Pour les sonnetologues ce livret caillou de Petit Poucet par son volume devrait tre une pierre blanche dans l histoire de cette forme Il ne reste plus cet oulipien linguistiquement hybride qu traduire ses sonnets en fran ais selon les m mes contraintes syllabiques par exemple son sonnet en mots monosyl labiques anglais en mots fran ais du m me type nul n est mieux plac que lui pour le faire et en maintenir l humour A C 267 CRITIQUES Le vers fran ais Histoire th orie esth tique Textes r unis par Michel Murat Honor Champion 2000 408 p Selon une contrainte plus haut utilis e nous signalerons cette autre table la confection de laquelle ont contribu quelques grands chefs et cordons bleus de l cole fran aise Michel Murat R flexions et propositions Jean Michel Gouvard Le vers fran ais en m trique g n rale Benoit de Comulier La place de l accent ou l accent sa place Position longueur concordance Mich le Aquien La fronde de l accent Jean Pierre Bobillot Pour une m trique restreinte Charles Doutrelepont La nature du vers fran ais d bats sur l origine du vas au XV si cle Jo lle Gardes Tamine L analyse du vers fran ais de Georges Lote Jacqueline Dangel De la m trique accentuelle la po tique du vers syllabique Yves Charles Morin La variations dialectale et l interdiction des suites Voyel
414. r les l ments qui le constituent Le singulier est donc au sens chimique du terme une solution instable Il est et l je m carte des th ses de Cl Rosset le simple et le multiple le m me et son contraire probl matique parce que non probl matique ou probl matique parce que trop vident L instabilit g n ratrice de diversit qui constitue le singulier est bien s r une norme con trainte la contrainte que nous impose la multiplicit des vitesses et des densit s Enfin la contrainte qui m a demand le plus de r flexion est celle qui con siste crire non pas en fran ais mais en criture vocale Cette con trainte s est impos e moi d s le d but des ann es 80 sans que je sache comment elle pouvait fonctionner J ai d crire beaucoup de textes fort simples pour mettre au point cette contrainte Plus que les contraintes pr c dentes celle ci ma paru inacceptable et pour tant n cessaire L inacceptable n est pas simplement comme on pourrait le croire l effort de lecture le travail de d chiffrage impos au lecteur D autres critures qui ont utilis ce type de contrainte n ont pas souffert de r sistan ces aussi fortes Je pense ici Raymond Queneau Jean Dubuffet ou Kati Moln r Quelle est donc la sp cificit de cette contrainte 193 DOSSIER Il existe mon avis deux types de contraintes Il y a ce que j appellerais les contraintes produites pour r
415. r les tentations axiologisantes du compilateur ravi de nous montrer combien bas peuvent voler son sens tel pastiche mallarm en d Alphonse Allais ou tel distique m ta pigrammatique de Boileau Aussi plut t que de se d soler de n avoir pu mentionner quantit de genres plus neufs ou encore tout nouveaux p 45 aurait on trouv quelque utilit par exemple une mention des travaux h t rogrammatiques de Georges Perec la rubrique Ulc rations terme curieusement et limitativement convoqu pour nous faire part des seules professions de foi d avant garde de Du Bellay Une ultime remarque concernant Perec assez sollicit dans cette fl nerie faiblement raisonn e mais peut tre de puissante allusivit r flexive il se trouve en effet sous le vocable de Fugacit que lui est explicite ment attribu e l opinion suivante p 20 Le po te peut aussi tre citoyen et la po sie de circonstance d une certaine fa on se faire po sie d une circonstance travers e dans l engagement et la douleur Elle est dans ce cas command e par les soubresauts de l Histoire avec sa grande hache Le tout est r put extrait de Wou le souvenir d enfance Outre que ces lignes ne sont pas dat es contrairement la plupart des autres citations sans que l on sache d ailleurs tr s bien pourquoi certaines ne le sont pas on comprend que le renvoi ne soit pas plus pr cis Car si cette grande hache auj
416. ra t r ducti ble de nouvelles formes Kant et Pierre Bourdieu sont les deux coordon n es philosophique et sociologique de cet ouvrage d esth tique M me si l ensemble est h t rog ne et si certains de ces articles tra nent en lon gueur le lecteur pourra y trouver des id es stimulantes et plut t la mode sur le probl me abord A C Anne F Garr ta La D composition Grasset 1999 La D composition ne consid re pas l assassinat comme un des beaux arts mais fait du meurtre s riel la fin d une contrainte litt raire plus pr cis ment grammaticale l accord en genre et en nombre accompli entre les vivants qui peuplent le monde et les personnages qui d filent dans la Recherche p 28 C est sur ce principe que le litt ratueur entre prend de donner des corps aux noms errants de la fiction p 27 la trente septi me phrase du roman para t ce nom Madame de Saint Loup Maintenant postez vous une apr s midi en quelque point strat gi que d une m tropole quelconque Comptez les corps Le trente sep ti me passer devant la mire que vous vous serez choisie sera le bon Accord en nombre C est une passante Bingo accord en genre Un pacte thanatographique vous lie la syntaxe elle gouverne votre volont Vous voici dans l obligation d ex cuter l entit amphibie surgie l interface de la fiction et du monde Madame de Saint Loup
417. ra tre dans le volume dit par Mireille Ribi re et Dominique Bertelli chez Joseph K Nantes 3 Voir La Contrainte du r el op cit p 3 M Van Montfrans cite ce propos L Illusion r aliste de H Mitterand op cit p 6 7 Un discouis contraint dans Po tique n 16 Le Discours r aliste 4 trim 1973 p 419 L Illusion r aliste op cit p 5 Il est vrai qu il y a aussi une tendance au statisme proprement r aliste illustr e d ailleurs par Pot Bouille l intrigue r aliste est souvent amorphe Un discours contraint op cit p 441 Lavis mode d emploi dans Cahiers Georges Perec n 1 op cil p 236 237 Bernard Magn fait ici r f rence au chapitre VI de l ntroduction l analyse du descriptif op cit Ce qui stimule ma racontouze entretien avec Harry Mathews et Claudette Oriol Boyer dans TEM Texte en main n 1 Ateliers d criture printemps 1984 p 50 4l Henri Mitterand Zola et le Naturalisme Paris PUF 1989 Coll Que sais je p 45 2 Discours galement repr sent dans l essai Esp ces d espaces op cit et qui semble donc bien un discours d auteur La citation vient d ailleurs de cet ouvrage p 62 Ce discours s oppose d ailleurs celui de Zola qui d nonce la promiscuit de l immeuble valorisant l crivain qui n y participe pas et de loin en loin le calme bonheur de sa vie de famille Voir par ex p 413 8 Voir
418. rait correspondre un autre clich pass iste debout c t de son tableau sa palette la main avec sa longue blouse grise toute tach e de peinture et son charpe violette P 291 Si la peinture a une telle importance c est en vertu de ce que Bernard Magn appelle le m tatextuel dans La Vie mode d emploi lorsqu il est question de peinture c est tr s souvent d criture qu il s agit Voici qui s inscrit dans la tradition de l increvable doctrine de Vutpicturapoesis On retrouve donc des th mes et surtout des personnages propres au XIX si cle ainsi de l artisan Winckler Le texte r aliste naturaliste qui a peu d crit les grandes usines ou grands complexes industriels a en revanche d crit avec une certaine pr dilection de petits ateliers quelquefois r duits un artisan et surtout de nombreux ateliers qui curieu sement ont quelque chose voir explicitement ou par allusion avec une production d image mageries op cit p 142 Winckler poss de un savoir faire rare puisque d sormais dans la plupart des cas J les puzzles sont fabriqu s la machine p 16 Pour autant le romans d crit peu cette technique d licate et lente La Vie mode d emploi s attache donc des modes de vie peu repr sentatifs Perec a d ailleurs lui m me fait remarquer le manque de vraisem blance d une quasi absence celle des postes de t
419. re cruciale d autres que moi est mettre au compte de l ignorance ou de la simple inadvertance en aucun cas de la malveillance Je pr cise que malgr l int r t que pr sentent certaines th ses universitaires non publi es seuls seront mentionn s ici les travaux qui sont dans le domaine public Je ne parlerai pas par ailleurs des ouvrages d int r t g n ral qui ont jalonn ces vingt ans moins qu ils n aient marqu comme ce fut le cas du Georges Perec de Claude Burgelin quelque jalon important Enfin je signale que dans les notes et le corps du texte une simple indication de date suit la mention des articles et ouvrages repris dans la bibliographie chronologi que en annexe de cet article l Elle conservera cette place de choix dans les tudes perecquiennes En t moi gne le d compte des tudes publi es ou non recens es l automne 2001 sur le site de Jean Beno t Guinot jb guinot wanadoo fr La Vie mode d emploi 135 W ou le souvenir d enfance 94 La Disparition 41 Les Choses 33 Un homme qui dort 22 La Litt rature potentielle Atlas de litt rature potentielle 19 Je me souviens 18 Un Cabinet d amateur 16 Esp ces d espaces 14 Alpha bets 13 53 jours 13 L Infra ordinaire 11 in dits projets 10 Quel petit v lo guidon chrom au fond de la cour 6 La Boutique obscure 6 La Cl ture 5 Je rappelle qu l poque la r flexion sur l criture
420. re de son confr re en grammaire compa r e Suit une heureuse id e fond e sur la contrainte la traduction du pas sage m morable sur le sexe et ce que c est que cet exc s a t demand e quinze sp cialistes de langues plus ou moins connues dont le houma le wallon li gois et le wolof Plusieurs bibliographies fourmillent de rappro chements in dits et t moignent d un gai savoir pataphysique notamment celle des ouvrages de linguistique des dictionnaires des ouvrages de psy chiatrie et de psychanalyse Enfin sont rassembl s les principaux textes t moignant de la r ception de Brisset selon diverses grilles Jules Romains Andr Breton Raymond Queneau Michel Foucault mais aussi des auteurs ant rieurs comme Marcel R ja ou ceux de la s quelle structuraliste et lacanienne L iconographie o l on retrouve notre anc tre la grenouille est tr s compl te et amusante Ces deux ouvrages parus dans la collection L cart absolu cons tituent un cadeau id al pour les amateurs de singularit s litt raires Mais il y a des chances pour que les acheteurs les gardent pour leur propre plaisir de lecture et les rangent c t des uvres elles aussi en voie de r dition d un des rares alter gaux du linguiste en folie Raymond Roussel A C Alain Chevrier La syllabe et l cho Architecture du verbe Les Belles Lettres 2001 590 p Sous presse L histoire d une contrainte litt raire et
421. re et la justification de ce type de recherches Ce qui est surtout int ressant dans l tude des va riantes et des transformations outre le regard d licieusement voyeur der ri re les rideaux du laboratoire c est que sans r v ler l essentiel du secret roussellien secret qui est de l ordre du d sir autant que du ressort de la lettre elle montre certaines mutations insistantes t moignant d une vis e sp cifique concernant la r flexivit g n ralis e de l uvre C est d ailleurs pour moi l occasion de fournir un petit suppl ment d information au sujet des diff rentes ditions de Ampressions d Afrique Basset signale d apr s Caradec qu il existe une premi re et une deuxi me dition datant de 1909 Elle poursuit page 71 Une quatri me dition identifi e comme telle est dat e de 1932 elle pr sente des variantes avec la premi re dition Une troisi me dition dont on pouvait supposer l existence est cependant man quante soit parce qu elle n a jamais exist et que l diteur s est tromp en passant directement de la deuxi me la quatri me soit parce qu elle a t perdue Or j ai achet en 1990 un exemplaire de cette troisi me dition dat e de 1932 galement chez un antiquaire n erlandais J ai cru y d tec ter un moment certains signes trac s par un ongle intentionn mais y regarder de plus pr s c taient probablement des froissements dus une main
422. re toutes les m res qui l fit retour que cet avis se termine sur ces mots Nous exp dions les commandes qui nous sont faites la vitesse d une balle de 55 DOSSIER Dans lesquels outre une discr te allusion possible la mort du p re fauch par un tir de mitrailleuse s inscrit en toute lettre l impossible majeur de la biographie perecquienne une morte en son cercueil Toute cette construction intertextuelle autour d une anacoluthe corrig e d un texte l autre d une rupture compens e Entre les livres toujours Le ma tre et son double Oui cela pourrait commencer ainsi ici comme a d une mani re un peu lourde et lente On sait que cet incipit lieu textuel strat gique entre tous est construit partir de deux incipit c liniens celui du Voyage au bout de la nuit CA A DEBUTE COMME A Moi j avais jamais rien dit et celui de Mort cr dit Nous voici encore seuls Tout cela est si LENT Si LOURD si triste On serait moins un peu surpris Dans une tude riche d aper us nouveaux Micha l Ferrier propose propos de cette relation la th se de la r criture ironique et de l influence a contrario il s agit pour Perec de r pondre en acte ces deux questions Comment crire apr s C line Mais aussi comment crire contre C line que ce soit le g nial styliste ou le pamphl taire virulent Si toute mani re d inversion ressor
423. re universelle sel de Roussel mais aussi cel de Duchamp et Verne selle encore de vonKleist Temerson Lake etc Tout d bute par les morts aussi extraordinaires qu axiales de Robert Oak foudroy par beau temps de Van Kouli VH les poumons emplis d une pous si re astronomique de l abb A Skorp ss victime d une ruade en plein Saint Sulpice au pied du cheval cabr de la fresque de Delacroix Quoique la M ri dienne soit vite mise en cause l enqu te de Gondol sera loin d tre lin aire gr ce son comp re Al Exup re faut il rappeler que l v que b tisseur de Tou louse est aussi nomm Saint Spire Que dire sinon que c est indispensable tout rousselien qui ne respecte rien que l criture de Kerbellec est fantasque nubile alambiqu e coruscante Signaler tout de m me un erratum la page pr cis ment du contre erra tum la note finale Encore un quasi parfait de la m ridienne de Paris tait pr vue pour s appliquer en page suivante Saint Amand Montrond si ge de l imprimeur texte de R mi Schulz ESSAIS Le cinquante quatri me jour de Roland Brasseur Contrainte ici un collage de 37 s quences de 37 espaces et caract res prises dans l ordre dans chacun des 37 chapitres du livre plus un point final trouv dans l pilogue et une esp ce d espace portant le total 37 x 37 2 1371 le 11 enferme le 37 il y a d autres contraintes mais ce dont on ne v
424. rection pour la faute de la page 230 mais d autres occurrences ont subsist faut il leur attribuer une importance et une signification particuli res Dans le plan de l immeuble de H1 et P1 Gratiolet est devenu Gratiotel Fallait il rectifier PI est la simple reproduction m canique dans un format r duit d un exemplaire de Hl post rieur l dition du 18 d cembre 1978 puisque les corrections demand es par Perec y ont t faites Le caract re m canique de cette reproduction pose le probl me des items de l index renvoyant la page 703 c est dire un fragment de p ritexte allographe de H1 ou H1 sur ce point peu importe Je suis absolument d accord avec vous pour consid rer comme tr s importante cette mani re qu a Perec de textualiser ce p ritexte de manifester ainsi lfe pouvoir de son criture sur un espace qui en principe aurait d lui chap per Mais les r alit s du monde ditorial tant ce qu elles sont ce p ritexte a disparu des r ditions non seulement en poche mais aussi chez Ha chette apr s le d part de POL D o le dilemme soit on supprime dans l index les items renvoyant aux pages disparues soit on les maintient Si on les maintient on donne penser au lecteur que ce renvoi des pages inexistantes est un pi ge perecquien ce qui est videmment faux c est une man uvre significa tive mais pas un pi ge Il y a suffisamment de vrais pi ges chez Per
425. redonne la prose de roman te go t des enchantements hell nistiques Notes 1 J Roubaud Pr paration d un portrait formel de Georges Perec L Arc n 76 1979 p 59 et Le D mon de la forme Magazine litt raire n 316 d cembre 1993 p 66 2 G Perec La Vie mode d emploi Le Livre de poche 1990 p 347 3 G Perec Penser Classer Hachette 1985 p 9 11 4 Voir C Sor l De la connaissance des bons livres 1671 Rome Bulzoni 1974 5 Aristote La Po tique dition de R Dupont Roc et J Lallot Seuil 1980 p 231 232 6 Op cit chap 10 p 69 7 Pour N Frye le roman r aliste novel est d abord une parodie du roman romanesque ant rieur romanc N Frye The Secular Scripture A Study of the Structure of Romance Cambridge Londres Harvard University Press 1976 p 38 39 8Y Hersant Le Roman contre le romanesque L Atelier du roman n 6 1996 p 147 9 S Thorel Cailleteau La Tentation du livre sur rien Naturalisme et d ca dence Mont de Marsan ditions InterUniversitaires 1994 p 521 et 171 10 G Perec Lettre Maurice Nadeau 1969 Je suis n Seuil 1990 p 56 11 A Robbe Grillet Pour un nouveau roman Minuit 1961 12 Ce type de litt rature n est certes pas tranger Perec en t moigne notam ment l enthousiasme revendiqu pour le roman feuilleton qui d finit la forme initiale du projet IP Lettre Maurice Nadeau 1969 op cit p 64 13 S
426. renommeedela bouillabaisse restaurant parisien 276 Le second syst me celui de cette nouvelle dition consid re le premier mot aussi la Dure passe t il avant A B C du travailleur L Il en va de m me pour la renomm e de la bouillabaisse qui suit A la dure du fait du rang de sa quatri me lettre la premi re qui diff re du pr c dent item Ce syst me proba blement facilit voire command par l utilisation d un ordinateur permettant diverses op rations sur le texte num ris peut tre jug plus satisfaisant et plus moderne Nous convenons volontiers de son bien fond comme tous les infortun s qui fr quentent les biblioth ques et qui s escriment souvent avec ces divergences de classements pour retrouver tel auteur ou tel ouvrage 11 n emp che ce n est pas le syst me qu avait employ l auteur 100 PEREC VINGT ANS APRES Une autre sorte de d placement para t l gitim par le fait que l auteur lui m me s est en quelque sorte m lang les p dales l int rieur de son syst me ainsi pour en rester aux deux premi res pages quand il met la suite d Alkhamah V item Alikut ou que l Almanach du turfiste a pris la place d Allouis et vice versa Il n emp che l encore ce sont des fautes mais elles sont de l auteur De m me pour les fautes d orthographe Angkhor Vat a t corrig en Angkor Vat seule orthographe correcte mais c tait une faute de l aute
427. repr sentant chaque s quence par une lettre on obtient ABA CDC EFEGLa s quence C est produite partir de A par d calage de m me E partir de C Ou alors chaque section est fond e sur les deux s quences baca et caba variantes l une de l autre s par es pr c d es et ou suivies de vers flottants a baca b caba c c a baca b caba a c a baca caba cas d adjonction de vers Divers proc d s d j observ s dans des structures simples se combinent donc ici Une diff rence entre la derni re strophe et les deux premi res est introduite par la substitution d un 3s un 15s a pour b et son rejet en fin de po me Notons que cette imperfection am ne le nombre de syllabes du po me 231 soit 11 21 11 tant le nombre de vers par section r elle i Le po me de la p 38 contient 11 vers de 11 syllabes et 10 de 9 r partis en pseudo strophes de 3 ou 1 11 11 9 9 11 11 9 9 11 11 9 9 11 11 11 9 9 11 9 9 11 Sous cet al atoire fond sur des l ments en nombre limit on observe une alternance de 11 11 et de 9 9 suivie d une alternance de 11 et de 9 9 Une m me structure d apparence imparfaite sous tend les 4 po mes des pp 112 125 en trois strophes chacun 11 7 11 9 11 7 11 9 11 9 9 11 7 11 9 Les effectifs de chaque m tre diff rent entre la 1 strophe et les deux autres On trouve une r currence de 7 11 9 dans chaque strophe et de 11 7 11 9 si on fait abstr
428. res lectroniques et aux sites de word plays qui ont d multipli leurs potentialit s par rapport l artisanat traditionnel C est ainsi qu ils peuvent donner des listes quasi exhaustives de mots tri s selon tel ou tel crit re qui sont autant de sources de contraintes verbales mots avec accents circon flexes 600 mots en lettres sym triques mots doubles digrammes re cords de longueur listes des mots se terminant en e la moiti comme par hasard orthographies diff rentes d un m me phon me Les 60 rubriques explorent diverses contraintes lipogrammes monovocalismes palindromes et anacycles contrainte du prisonnier ou son inverse contrainte d Azerty pyramigrammes homophones 250 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES chronogrammes asphyxie et a rations Les contraintes traditionnelles prolong es par l Oulipo sont l gamment trait es et un grand nombre sont r centes ou toutes nouvelles provenant des auteurs eux m mes ou import es partir de tout un r seau d auteurs complices L uvre de ces derniers est encore en grande partie virtuelle car crite sur le sable mouvant du Net mais elle compte d ores et d j nombre de r ussites litt raires publi es ici pour la premi re fois Citons les palindromes de St phane Susana les nonc s autor f rentiels de Gilles Esposito Far se ou de Nico las Graner les pangrammes de Patrick Flandrin les jeux math
429. res voisines sont rappel s Par les connexions nouvelles qu il tablit entre les textes et par les analyses d taill es qu il propose ce livre est une contribution originale la morphologie po tique et l histoire de la rime A C D borah Chock Le carnaval des mots Les Images 2001 D rangeante et po tique cette s rie de cartes postalese est illustr es par de simples mots en homophonie Mi peinture mi graphique en noir et blanc l expression quasi psychanalytique de l auteur contient comme elle le dit humour gravit et questionnement Cet ouvrage devrait ravir les amateurs d art graphique illustrant de mani re tr s forte des jeux sur les mots et traduisant de fa on chaleureuse les pr occupations de l artiste comme Les amours pas sages errent Ouvrir m apporte ou Ma soif de l enfant te ment Alain Zalmanski Maryz Courberand I baissa sa culotte et dans mon estime Mots amp Cie 2001 Pr sent e par son directeur de collection Jean Loup Chifflet Maryz Courberand est une amoureuse du langage et une collectionneuse m rite de bizarreries singularit s et autres joyeuset s des mots des phrases et du style de notre langue C est sans doute vrai et les premi res pages consa cr es aux zeugmes ne trompent pas le lecteur attir par le titre La plupart des vingt huit autres chapitres le laisse nettement sur sa faim car naviguant entre redites d opuscules de la collectio
430. ression s avoue tour tour apolog tique et critique Les donn es sont assez perti nemment produites et tr s fine l analyse des textes qui tient compte d une large variation param tr e d acquis biographiques de descriptions formel les et d lucidations intertextuelles Manuel Machado qui en prend pour son grade Angel Gonz lez Eugenio de Nora et Blas de Otero sont ainsi soumis une question que l on aimerait cependant moins na vement pos e par certains aspects Non que l axiome d une forme faisant sens interdise d explorer le versant id ologique de ce sens mais au del d un usage immanquable ment parfois excessivement pr judiciel du hors texte en pareille af faire plus grosse de Gegensinn qu on ne veut la voir on notera que cette confrontation d auteurs indistinctement rassembl s sous le trait rest s en Espagne divers titres pendant la dictature franquiste p 56 ignore bon compte les diff rences de trajectoire qu ils pr sentent en raison de leurs diff rences d ge tout bonnement le concept de g n ration litt raire a beau avoir montr sa consid rable inanit Manuel Machado reste n en 1874 et Blas de Otero en 1916 quoi qu on fasse et ce n est pas rien Dans un comparable ordre d id es le choix des textes eux m mes feint d ignorer les possibles b n fices d une p riodisation plus fine de l poque franquiste gt les exemples retenus
431. rges chapitre qui comprend une autre impli eitation du Livre de chevet dont voici le texte d origine Sous la Terreur le musicien italien Poppo interrog sur sa profession r pondit avec un accent intraduisible Ze zoue du violone Que faisais tu sous Capet Ze zouais du violone Veux tu servir la nation Ze zouerai du violone Il eut la vie sauve p 48 43 Pour une analyse d taill e de cette citation qui ressortit donc deux intertextes diff rents voir mon article Les tombeaux de Cyrla dans Andr e Chauvin d S miotique et inscription du sujet Besan on Presses Universitai res de Franche Comt 2002 44 A treize ans j inventai racontai et dessinai une histoire Plus tard je l oubliai II y a sept ans un soir Venise je me souvins tout coup que cette histoire s appelait W et qu elle tait d une certaine fa on sinon l histoire du moins une histoire de mon enfance W ou le souvenir d enfance chapitre II 45 J imaginais pour mon p re plusieurs morts glorieuses La plus belle tait qu il avait t fauch par un tir de mitrailleuse alors qu estafette il portait au g n ral Huntelle le message de la victoire W ou le souvenir d enfance chapitre VII 46 On notera que le titre Voyage au bout de la nuit est mentionn dans le chapitre XII de La Vie mode d emploi p 74 Dans toutes les citations qui suivent le soulignement e
432. rim s et en l gua un sa compagne Virginie Huet pr ceptrice de Judith Gautier fille de Th o phile Il se remit au travail et fit imprimer en 1864 par Herv Fr res Valenciennes un nouveau recueil le Voyage d hier juste avant de mourir Il avait entre temps pous Virginie en 1863 Encore une fois Virginie ne conserva qu un exemplaire du livre de son mari Un fils naquit de l union Vincent n la fin de 1864 trois mois apr s le d c s de Hugo Virginie eut d un second mariage avec Borrade un fils pr nomm Denis qui devait avoir en 1939 environ 70 ans Denis Borrade eut une fille Virginie H l ne et un fils galement pr nomm Denis lequel eut lui m me un fils n en 1953 Dennis Borrade Jr Ce dernier est donc l arri re petit fils de Virginie Huet et par suite un cousin loign d Antoine Huet donc de Michelle Grangaud Au cours des diverses enqu tes men es par d m rites professeurs de langue et litt rature fran aises pour retrouver un exemplaire du Voyage d hiver ou plus vraisemblablement du Voyage d hier il est galement av r que des ascendants grec s farade signant W H prussien Ugo Wemier de Vernier ont crit des uvres musicales ou litt raires plagi es par les plus grands de Bach Shakespeare de Hugo Beckett en passant par Ronsard et Perce 120 PEREC VINGT ANS APRES Voyages divers Apr s tude pouss e du travail critique de Reine Haugure secr t
433. riques de la pr sente bibliographie font en partie cho IT faut saluer l un effort notable en termes quantitatifs et l ambitieux chapitre rassemblant en 74 pp les r f rences sur les diff rents genres codifi s subdivise chacune de ces entr es en trois sous parties tudes g n rales tudes portant sur des auteurs particuliers anthologies Encore qu elle ne pr tende pas l exhaustivit ce dont on ne lui ferait de toute fa on pas grief cette compilation est une v ritable mine et l on n en conna t fina lement que peu d exemples C est aussi pourquoi on regrettera que sa pr sentation son organi sation certaines in galit s de choix et quelques curieuses omissions limi tent parfois sa fiabilit en tout cas son exploitabilit Passons sur l amusant souci borg sien d inclure dans cette bibliographie toutes les contributions 291 CRITIQUES rassembl es dans l ouvrage jusques et y compris la bibliographie elle m me mais que n y a t on inclus pour la coh rence du volume certaines des r f rences importantes invoqu es travers ses pages surtout lorsqu elles ne le sont qu allusivement p ex Y Etude sur P trarque de Friedrich la p 147 L insuffisante standardisation des notices y est la premi re des fai blesses videntes cela est d j vrai par rapport aux pratiques ayant g n ra lement cours par ailleurs si l on souhaitait que pratiquement ce travail p t tre
434. rit res comme la date de naissance et le prix du tableau Cette machine est cach e derri re un large rideau de velours gris Voici la gamme des couleurs 1 Blanc clair 2 Noir sombre 3Jaune 4 Rouge S Rose 6 Chocolat 7 0r 8 Rouge flamme 9 Violet 1O BleU IlPourpre p 141 C est le seul narrateur qui apprend ce secret du chromaturge tel que F lix l explique Le commun des gens ignore ces subtilit s comme il reste m dus devant les inventions de Mathews et de son inspirateur Dans chacun de ses tableaux les couleurs n taientjamais l quivalent de celles de leur sujet elles taient toujours hautement interpr t es Elles ne semblaient pas cependant tre le simple r sultat d une fantaisie d un go t ou d une pr dilection personnelle quelconque elles donnaient plut t l impression de suivre quelque d formation syst matique Les critiques et les amateurs avaient chang d innom brables sottises dans leurs tentatives pour expliquer le principe qui r gissait les m thodes de M Namque mais aucune de leurs suppositions et analyses si ing nieuses ou profondes qu elles fussent ne pouvaient rendre compte enti rement de la coloration d un seul de ses tableaux plus forte raison vouloir expliquer l ensem ble de l uvre de l artiste semblait un objectif tout fait hors de port e p 136 Pourtant certains indices am nent le narrateur penser que Namque employait ce syst
435. rne qui autorise la construction d un sys 74 PEREC VINGT ANS APRES t me signifiant mais en emp che la parfaite ma trise Loin de pr tendre mener la longue cohorte de ses personnages l auteur oulipien doit donc accepter pour partie de se laisser mener par la machine combinatoire qu il a mise en place il est lui m me pris dans la toile du cahier des charges Le lecteur est donc responsable du sens Plus encore cette combinatoire r gle moins des th mes des signi fi s que des signifiants Certes le plus souvent la pr sence d araign e dans le cahier des charges g n re la mention effective d une araign e dans le texte imitation p 175 image all gorique o l araign e est symbole d espoir p 93 mais en g n ral tout simplement animal Mais les mots de la liste peuvent compter plus que les choses qu ils d notent a priori sur le cahier des charges du chap XLVII Perec cons tate ainsi qu il a r pondu l obligation de pr sence d une araign e puisque son personnage qui commence perdre la m moire et peut tre un peu la raison a une araign e dans le plafond Le nom de la premi re concierge de l immeuble Madame Aran correspond la m me obligation Ce nom a t interpr t par Marie Odile Martin en s rie avec les autres concierges De m me pour Claude Burgelin qui voque le r le de tis seuse de toile de donneuse de cl s de na
436. rogrammation Ainsi l tude g n tique de la Vie mode d emploi entreprise par Danielle Constantin porte plus g n ralement sur les avant textes tandis que Dominique Bertelli se penche non seulement sur les citations implicites programm es mais sur celles qui ne le sont pas voir r f rences ci dessous Mais n allons pas trop vite L int r t pour les contraintes alphab ti ques lipogrammatiques surtout b n ficie en 1987 88 de l impulsion du s minaire Perec qui permet par exemple au traducteur allemand de La Disparition Eugen Helml et son premier traducteur anglais John Lee de pr senter leurs travaux Dans les ann es qui suivent la r flexion sur la contrainte se nourrit largement des travaux des traducteurs ainsi que de l analyse de nombreux textes d inspiration oulipienne jusque l pars L largissement de la r flexion et du corpus dont t moignent la pu blication pisodique des Cahiers Perec ainsi que celle plus r guli re du Ca binet d amateur Revue d tudesperecquiennes partir de 1993 confirme ce dont on se doutait d j d s la fin des ann es 1980 Plus on mesure l ampleur et la complexit de la production perecquienne plus il devient vident en effet qu part peut tre Les Choses et Un homme qui dort on a affaire non pas vraiment des textes singuliers correspondant des strat gies diverses mais une logique d criture qui ne laisse jamais gu re de plac
437. rois Que C Ma M re Qui Voulait Mentrainer Que Ainsi Peut tre Jaurais Quitt Le Monde Lors que Je Reste Couch e Tranquillement a Marrive souvent Ces Derniers Temps Que Le Liquide De Ma M re Me Monte Aux Bulles On Est Dimanche C Le 21 ao t Dimanche Vingt et un Dao t G Entendu Les Six Cloches De La Coll giale Hors De Ma Bo te Se Mettre En Branle Un Long Crissement Puis Un Vide Un Temps D lan De Dix Huit Unit s Mentales Cette Vieille Horloge Dombre Que G lint rieur Du Noir Puis Le Son De M tal Brun civi re Se Frayer Un Chemin Dans Lair Pour Me Toucher Le Visage Et Les Oreilles De dans A Lint rieur Des Oreilles Puis Plus Rien Et G Su Que Tout Le Monde Etait Parti Au Jourdhui Et Aussi Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Aux Sandalettes Qui Couinent Nous Sommes Dimanche Apr s LAscension Le 21 Je Crois G Entendu Rudolph Goesh de Schw ring Mapporter Du Liquide Dans Un Baquet De Fer I Avait Une Odeur Moins Forte Que Mon Urine G Reconnu Leau Du Liquide De moi Leau Qui Avait Et Puis e Dans La Citerne De La Cour Qui Souvre Juste Apr s Les Trois Vol es Descalieis Les Trois Qui Conduisent A La Cour Vers Ce Quon Appelle Dehors Et Qui Na Ni La M me Odeur Ni La M me Chaleur Que Le Dedans De
438. roit prot g contre ce risque me jette la premi re pierre 28 Peut tre tes vous de ceux qui trouvent pitoyable et triste de tripoter des truismes pour en tirer des paradoxes Moi aussi Ce bricolage pourtant en vaut bien d autres et toute l histoire du genre aphorisme en est faite 168 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES 29 Peut tre tes vous de ceux qui remplissent leur vie de projets Moi non C est un asservissement auquel je ne me r signe pas encore 30 Peut tre tes vous de ceux qu enchantait dans leurs jeunes ann es la lecture des romans par lettres Moi non Me r jouissait au contraire le triom phe inattendu mes yeux d ignorant d une autre cat gorie d ouvrages les romans o parle le n ant 31 Peut tre tes vous de ceux qui croient n cessaire de se rendre partout et toujours indispensables Moi non Il me suffirait de n avoir pas trop souvent le sentiment d tre de trop 32 Peut tre tes vous de ceux qui ne se soucient gu re de leur tenue quand ils s appr tent prendre la plume Moi si Dans ces instants trop rares je songe avec envie Buffon qui n crivait qu en habit de cour et poudr 33 Peut tre tes vous de ceux qui se sont crus quittes avec l criture lorsqu ils ont accept d en faire leur violon d Ingres Moi non A quoi bon un violon si Ton n est pas par quelque autre c t Ingres 34 Peut tre tes vous de ce
439. rte quelle vapeur des gouttes d eau et des flocons brandons dans la fum e dans les fumerolles des cendres ce que je sens est solide et liquide te brouillard palpable quelle bu e se suspend dans l odeur du sexe des femmes La poussi re ne me nourrit pas la boue n est pas mon aliment j aspire aux vapeurs que tu me donneras travers tes membranes quand tu t assi ras sur ma bouche Les ponts vers toi jusqu au lieu o dort le soleil ont la largeur d un poil des chiens ne gardent pas les m choires de ta terre ton muscle est lisse et fort ton canal charnu ton cartilage bien gorg comme celui des femmes qui font l amour et des enfants qu elles poussent en s activant et boivent du jus de persil aussi souvent qu il le faut Installe moi dans ta section dor e RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES Installe moi dans les sept vo tes embo t es derri re les sept rang es de rideaux pr cieux qui prot gent sept bruyants villages fais moi monter jusqu aux sept grandes terrasses devant sept rang es de palmiers sur lesquels donnent sept lacs Ensevelis moi dans tes deux cent cinquante six enfers chauds A l extr mit de ton col de cygne se pr pare ma drogue au bout de ma langue tendue tu travailles distiller le bois de geni vre le romarin et la corne je te montre s cr tant de la sementine et du bec de corneille r jaculant de l ar me de tabac de la poudre de daguet des grains
440. rtient de le construire en suivant une fois de plus les chemins qui lui ont t m nag s dans l uvre 5 L augmentation Un de mes exemples favoris pour attester l existence d un ncrage arithm tique du 11 est la liste des nonc s impliquant plus ou moins juste titre une lat ralit et ou une dichotomie liste qui comporte pr cis ment 11 items et se termine par un etc signifiant que l num ration s ach ve volontairement 11 un peu comme la clausule de Quelques unes des choses qu il faudrait tout de m me que je fasse avant de mourir pr cisait Je m arr te volontairement trente sept ce qui soit dit en passant aurait pu aussi servir de justification au nombre de chapitres de W Or le manuscrit apporte la preuve que cette liste n a pas t crite d em bl e mais progressivement augment e par repentirs successifs pour atteindre ses 11 l ments D abord Perec num re six couples suivi d un etc Puis il barre etc et ajoute trois nouveaux couples Ces deux gestes se succ dent dans la continuit de l criture m me encre m me graphie Le troisi me est post rieur c est sur la page de gauche et d une criture nettement diff rente l ajout de deux couples qui dans la version d fini 26 PEREC VINGT ANS APRES tive occuperont respectivement les deuxi me et quatri me place On a donc ici la trace d un r glage
441. s comme contre tymologie trompeuse mimogrammes cratylismes mots bilingues les trompe l il de Perec contrepets charades mots incongrus pelures FMR pour ph m re records divers mots hermaphrodites faux m nages bonbon bonbonne mots sans ri mes etc Ces cat gories et le tableau qu il en donne n puisent pas la mul tiplicit des jeux de mots ou de lettres et ses listes d exemples sont incom pl tes par rapport celles que l on peut obtenir l heure d Internet et des dictionnaires num ris s mais ce court dictionnaire est plut t lire comme un glossaire personnel pour l originalit de certaines de ses observations et le caract re amusant de certaines des ses cr ations A C Jon Elster Ulysses Lnbound Cambridge University Press 2000 308 p Il existe une th orie de la contrainte constraint theory le lecteur fran ais nourri inconsciemment d id ologies valorisant la spontan it et d abstruses philosophies de la libert peut en trouver les lin aments dans l ouvrage de ce philosophe am ricain d origine norv gienne et tr s au fait de la culture fran aise Cette th orie provient de la th orie politique l en seigne am ricaine qui se r duit celle tout empirique et pragmatique de la th orie des jeux Le premier essai concerne la psychologie de l individu qui limite sa libert d action dans le fondamentalisme ou l addiction Le se cond conc
442. s son verso Cet acrostiche d un genre nouveau d signe donc certaine propri t com plice de la transparence o elle s inscrit mais la r cuse par ailleurs selon un double sens qui peut bien tre celui indiqu par sa lecture tabulaire Ainsi le sens est il ici contraira sa souce tandis que d une r flexion la dimension scripturale ordinaire privil gie l aboutissement lin aire que l on nomme raisonnement le tableau refl te une disponibilit critique adjointe toute nonciation sa r futabilit Une criture tabulaire appara t donc comme celle qui suppose deux sens au moins de lecture elle est m me une mise la puissance de cette derni re Et de fait privil gier la multiplicit des parcours elle rend compte de l acte m me qui la d couvre en m me temps la lecture gouverne jusqu la spatialisation des nonc s En effet qu en est il d un texte qui non content de r fl chir ses conditions d obten 216 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES tion int gre encore celles de sa possible manipulation Nul doute qu un lecteur quand bien m me narcissique ne soit pas satisfait de sa seule vue dans un miroir Aussi est il convi ce que l on nommera un saut analytique concept qui op re d s l instant qu une uvre inscrit dans son d roulement temporel dans son criture proprement dite la phase cognitive et critique cens e lui tre post rieure issue donc de sa consommation Car si l on
443. s auteurs sera le sujet de notre prochain num ro Mireille Ribi re Vingt ans d tudes perecquiennes Lorsqu il meurt l ge de 46 ans en mars 1982 Georges Perec jouit d j d une renomm e peu commune Dans les ann es qui suivent sa pro duction s affirme comme l une des uvres majeures de la seconde moiti du XX si cle et d s 1984 son nom figure au programme des d cades de Cerisy la Salle o un Michel Butor et un Claude Simon l ont pr c d une dizaine d ann es plus t t Il s agira ici d esquisser grands traits travers un bilan mi th ma tique mi chronologique les diff rentes phases de la r flexion sur Perec partir des publications collectives et parfois individuelles qui me parais sent les plus marquantes L essentiel ne sera pas de recenser tout ce qui a pu tre dit sur Perec o quand et par qui mais de noter quel moment telle probl matique particuli re devient une pr occupation commune et se voit trait e en profondeur par l un ou l autre D abord centr sur l criture contrainte ce bilan s efforcera de ne pas n gliger tout fait les autres probl matiques apparues au fil des vingt derni res ann es Ce sont les actes du colloque de Cerisy la salle de 1984 parus dans les Cahiers Perec n 1 en 1985 qui me serviront de point de d part Non pas qu il s agisse du premier ouvrage collectif consacr Perec le nu m ro sp cial de l Arc en 197
444. s descriptions de sites de vill giatures de rencontres sont crits sur un ton volontairement prosa que Chaque texte semble le produit d un d coupage arbitraire dans un tissu de prose al atoirement dis pos en vers produisant une discordance syntaxe vers assez fr quente qui fait advenir en fin de vers tout mot outil tel qu articles pronoms pr positions conjonctions etc Un exemple p 32 Dans la ville de Eugene un menuisier fran ais ami nous pr te sa maison dont une chambre toute de bois roux partout bouclant comme ton corps nu 229 ESSAIS En r alit il s av re qu une grande majorit de ces po mes sont com pos s selon un proc d g n ral confinant la contrainte et important du point de vue de la conception du vers Cette r gularit m trique ou formelle particuli rement coh rente se d finit en plusieurs points la plupart des po mes sont r guliers 168 sur 200 leur r gularit est fond e sur la longueur des vers en nombre de syllabes prononc es le d compte des syllabes est peu pr s totalement conforme la prosodie classique traditionnelle ou modernis e de la m trique r guli re une f minin post tonique devant consonne fait toujours nombre sauf en fin de vers Une p te d amandes qui fond 9s p 158 de m me s il est suivi d un s ou de nt devant voyelle qui s agi tent auras du Ts p 156 des couples adolescents se pre
445. s discours notamment scientifiques serviraient quand ils ne seraient pas neutralis s Le leurre fondateur du projet naturaliste de vient le support d une illusion assum e Si la fiction est mise en sc ne et mise en p ril per ue comme telle si elle peut d s lors faire l objet d un jeu et d une prise de distance fond e sur la d ception le discours de savoir est pris dans ce mouvement 78 PEREC VINGT ANS APRES Le r alisme comme code Pai voulu montrer comment Perec loin de seulement s inscrire dans une tradition appartenant un si cle r volu en reprend les donn es dans le cadre d un projet qui n est plus essentiellement s rieux Ainsi il d grade le projet r aliste en code avec lequel il joue et peut tre conviendrait il de lire ironique ment ce d calage Se trouverait point e l incoh rence d une esth tique qui envisage la fiction comme un discours transparent sur le monde Et le romans se ferait dispositif qui rende perceptibles les m diations s inter posant devant la r alit l intertextualit la circularit des codes les dis cours et la fiction les images Not s Paru en avril 1962 dans Partisans n 4 p 121 130 Le titre mentionn a t donn au moment de cette parution R d dans le recueil L G Paris Seuil 1992 coll La librairie du XX si cle p 47 66 Georges Perec la Contrainte du r el Amsterdam Atlanta Rodopi 1999 coll F
446. s fausses pistes propres au genre policier Chaque chapitre correspond un vers mais seuls les vers refrains ont orient le contenu des chapitres correspondants Au vers refrain suppl mentaire ne correspond pas un chapitre proprement dit mais une page occup e par une variante homophonique fran aise du vers qui constitue l indice essentiel menant l ultime v rit Je suis assez content du titre emprunt L o Malet de la derni re partie Le Myst re K O comprendre ici KLMNO lettres 10 14 de l alphabet latin J ai intitul d homophonies de ces lettres les 5 chapitres de cette partie mais un probl me s est pos pour le chapitre K quoi d autre que Cas auquel je ne savais trop quel contenu donner Un vers de Roussel m a travers l esprit Combien change de force un mot selon les cas et j ai pens des s ries de 10 11 12 13 14 devinettes portant sur des mots d butant par ca ca lamar 240 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES ca tastrophe etc Je me suis aper u apr s la parution du roman que le vers de Roussel qui revient sous diverses formes dans mon po me interludique non ait non selon mais suivant les cas ce qui aurait t videmment bien mieux appropri d autres se sont laiss s prendre ce pi ge du selon suivant Si j ai superpos quelques contraintes dans ce texte autonome j ai jug que ce que je voulais fa
447. s le cadre du colloque L uvre de Georges Pe rec r ception et mythisation Rabat 2000 A noter David Bellos Georges Perec tudes de la Ligne G n rale aux Choses Etudes Art et Litt rature tome 17 Universit h bra que de J rusalem 1990 Carsten Sestoft Georges Perec et la critique journalistique Arbejdspapir n 36 Institut for Litteraturvidenskab Copenhague 1996 Perec et le postmodemisme am ricain dans Y Goga dir Georges Perec 1997 L ensemble des textes inclus dans Georges Perec et l histoire 2000 ainsi que dans les actes des colloques Georges Perec entre l Est et l Ouest et Georges Perec r ception et mythisation para tre Perec et l audio visuel Il s agit l encore d un vaste domaine troitement li dans ses diff rents aspects aux diverses probl matiques voqu es jusqu ici ainsi qu en t moignent les actes du colloque Perec et l image Grenoble 1998 D abord motiv par les r f rences picturales photographiques ou cin matographiques dont fourmille l uvre perecquienne des Choses Un cabinet d amateur l int r t des chercheurs dans ce domaine s est tourn vers les textes souvent contrainte dure qui accompagnent les travaux de divers peintres ou photographes Si en 1985 son tude des r f rences picturales dans la Vie mode d emploi Lavis mode d emploi Cahiers Perec n 1 permettait Magn
448. s ludiques tude de quelques m canis mes du jeu dans l uvre romanesque de Georges Perec 1995 Pascal Tremblay Georges Perec et le lecteur partenaires de jeu Calliope mars avril 2001 Contrainte et Ecriture Conscients que l on risque de lourds contresens ignorer l existence des diverses machines inspiration auxquelles a recours Perec ainsi que la dimension citationnelle de son criture les chercheurs s occuperont tr s activement dans un premier temps de d monter les textes refaire les cal culs ayant pr sid leur composition et identifier les l ments ayant servi de g n rateurs Les travaux dans ce domaine seront grandement facilit s partir de 1986 par le d p t des manuscrits et des documents priv s de Georges Perec aupr s de la BNF puis leur inventaire et d pouillement progressifs Souvent la consultation des avant textes permet en effet de confirmer et de compl ter ce que r v lent les analyses fouill es Il faudra cependant attendre la publication du Cahier des charges de la Vie mode d emploi 1993 et des Cahiers Perec consacr s aux po mes h t rogrammatiques 1992 12 PEREC VINGT ANS APRES pour que tous les perecquiens puissent mesurer de leurs propres yeux la part de calcul qui entre dans l criture perecquienne A terme gr ce la publication de ces documents la curiosit se portera vers les ph nom nes qui ne rel vent plus tout fait de la pr p
449. s pneumatiques et une brouette De l on entre de plain pied dans une cuisine l ancienne pas de frigo c est dire que l on devine constamment cur e o aucune chance n est laiss e la crasse La poussi re n a jamais le loisir de se poser sur les tommettes la table de ch ne est toujours briqu e trois cent soixante cinq jours par an les cuivres tincellent La composition de l autre pi ce en face est d une g om trie parfaite un bureau carr au centre d une pi ce carr e sur le bureau un sous main CT cuir sur le sous main un stylo et une pile de feuilles blanches C est tout A gauche le mur est bard de livres jusqu au plafond une peinture de bon format mais de m chante facture disons le tout net une grande cro te corche Je mur de droite Un escalier m ne au premier tage o les deux chambres se font face Celle de A est teinte de nostalgie papier peint fleurs console en loupe d orme vaste lit d poque au dessus duquel pingl es sur un p le m le jaunissent les photographies de bonheurs perdus Entrer dans la chambre de l enfant est particuli rement mouvant les volets sont ferm s le lit est fait tous les jouets sont rassembl s dans une caisse en bois Au fond du couloir c t des WC des WC tr s propres tr s blancs on entre dans une salle de bain lumineuse baignoire ancienne sur pied meuble de toilette en marbre coupe choux manche d ivoire
450. s pr sente ront de nouveau le texte originel sinon je crains que dans vos r ves Perec ne revienne et ne vous dise en fron ant les sourcils Pas touche mon index et que derri re lui la foule grondante de ses lecteurs ne vous demande des explications En attendant ces explications je vous adresse comme l accoutu m e mes salutations les plus cordiales Alain Chevrier P S Par acquit de conscience je viens de passer la FNAC locale pour jeter un coup d il la derni re dition de la VME celle de Hachette litt ratures achev d imprim mai 2000 658 p une notice intitul e L auteur et sa bibliographie Cette dition comporte en page de garde Le texte de cette dition a t relu par B Magn Il appert que vous avez persist diaboliquement ma foi d autant que l index sur deux colonnes cette fois ci s par es par un trait et donc mimant la disposition de l dition prineeps a pour texte celui que vous avez modifi Ce nouveau texte s est donc install subrepticement avec la b n diction de Monsieur Hachette avec sa petite hache Est il devenu la version autoris e Va t il servir de base l dition de la Pl iade qui ne devrait pas manquer de se faire dans quelques lustres 103 Bernard Magn R ponse la lettre d Alain Chevrier Cher Alain Chevrier Votre lettre pose de redoutables questions pour une large part celles que je me suis p
451. s probl mes histori ques ou m triques qu il se pose textes l appui La bibliographie semble exhaustive pour la p riode m di vale mais pour les ouvrages g n raux il est dommage qu elle ne semble pas avoir eu le temps d enregistrer le livre de No l Malcom The Origins of English Nonsense 1998 qui a renouvel l tude du nonsense tant par ses recoupements historiques transnationaux que par son approche plus cognitive qu affective A C 278 CHO DES COLLOQUES Michel Volkovitch Verbier Herbier verbal l usage des crivants et des lisants Maurice Nadeau 2000 202 p Le mot valise du titre a d j t employ dans l ouvrage d lirant de deux psychanalystes Le Verbier de l homme au loups et 1 crivant est un tic barth sien tr s dat Mais l ouvrage est bien un verbier o l auteur crivain critique traducteur et animateur d ateliers d criture a coll ses r flexions et ses trouvailles en lisant en crivant comme dirait Julien Gracq Ses domaines d lection sont les mots dont il esquisse un bref dictionnaire cratyliste les phrases la ponctuation la versification la musi que la langue fran aise A sauts et gambades il fait se succ der aphoris mes plus ou moins courts et paragraphes plus ou moins longs Il crit une phrase b gue comme Un Hun fit fi d un daim au haut d une dune ou en monosyllabes ou il joue sur les lettr s Ce livre d
452. s suppos s inscrits devant nous nous organisons ce que nous voyons pour y d celer les for mes des lettres se distinguant du pur visuel Il est clair que nous n appr hendons pas la m me chose lorsque nous comprenons que nous avons affaire un R dans la R plique n 19 et lorsque nous percevons le dessin 206 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES en tant que tel des lignes utilis es cet endroit C est pourquoi si nous souhaitons que le mot ne soit pas seulement porteur de sens ou de sons via les structures grammatiques vanescentes mais qu il permette de rendre le lecteur apte saisir les facteurs de son apparition visuelle il est n cessaire de r aliser un travail suppl mentaire d inscription Un travail effectu sur une structure formelle explicite affectant les constituants sensoriels est un moyen de faire prendre conscience de la part strictement visuelle des traces utilis es Ainsi le signalement explicite de la sym trie formelle telle que je l utilise peut g ner suffisamment la lecture courante pour que le lecteur s arr te un instant sur elle et la remarque car pour donner un exemple la lecture du R aplati d un c t et du C ornement de l autre contredit les formes visibles identiques l inversion pr s auxquelles ces lettres sont donc simultan ment associ es Nulle hi rarchie conventionnelle dans le r le des diverses lignes employ es pour les dessins des figures a
453. s tp 591 Annexe 2 une autre histoire la grande l histoire avec un grand H avait d j r pondu une autre histoire la Grande l Histoire avec sa grande hache avait d j r pondu p 13 Annexe 3 on la retrouve le lendemain dans mon pot on la retrouve le lendemain dans mes selles p 23 Annexe 4 A ans j inventai racontai et dessinai une histoire Plus tard je l oubliai A 31 ans un soir Venise je me souvins que celte histoire s appelait W A treize ans j inventai racontai et dessinai une histoire Plus tard je l oubliai Il va sept ans un soir Venise je me souvins tout cour que cette histoire s appelait W p 14 Il y a ans Venise dans une gargote de la Giudecca p 10 Annexe 5 hyperbole parabole aff rent eff rent caudal rostral m taphore m tonymie para digme syntagme schizophr nie parano a ete Capulet Montaigu Whigs Tories Guel fes Gibelins etc dans la page de gauche deux ajouts d une criture diff rente num rateur d nomina teur dividende diviseur hyperbole parabole num rateur d nominateur aff rent eff rent dividende diviseur caudal rostral m taphore m tonymie paradigme syntagme schizophr nie parano a Capulet Montaigu Whig Tory Guelfes Gibelins etc p 183 29 DOSSIER Notes Voir David Bellos Le dossier d Oslo texte d une communication au s minaire Georges Perec dactylogramme in
454. sentiments v cus de toute une saison Qui pour moi sort avec puissance de la vue Gr ce l intensit subitement accrue Du souvenir vivace et latent d un t D j mort d j loin de moi vite emport Avec tout cet int r t renouvel autour de l uvre de Roussel on pou vait s tonner qu il n y ait pas de revue plus particuli rement consacr e ses textes Parmi les rousselliens on en parlait bien depuis un moment no tamment depuis le l gendaire colloque de Nice en 1983 mais on a d attendre que l initiative d Anne Marie Amiot prenne racine aupr s de Mi chel Minard et ses lettres modernes pour que lentement m risse ce projet Christelle Reggiani s est jointe l quipe r dactionnelle et en 2001 nous avons eu la grande joie de voir la publication du Num ro 1 de la S rie Raymond Roussel intitul Nouvelles impressions critiques on pourrait longuement commenter la signature de Roussel qui saute aux yeux sur la blanche couverture s arr tant par exemple ce trait qui revenant de Tel final r tablit l unit de l ensemble ou encore l isolement du d figurant la fragmentation du nom et de ses rayonnements On peut se f liciter du contenu extr mement riche de ce num ro de 250 pages qui tient bien sa promesse de donner un panorama vari et d taill des recherches concer nant l uvre de Roussel Pour commencer il y a une pr sentation par Anne Marie Amiot qui
455. sie et la litt rature occitane an cienne et moderne Pierre Bec donne ici un essai anthologie sur un genre la tenson dont les XII et XII furent les si cles d or en pays d oc et d oil Il y d veloppe ce qui n tait qu une section localis e des anthologies sur les troubadours Ce dialogue en vers strophiques souvent chant est une sorte de comp tition entre deux po tes Il l analyse par rapport des formes voisines comme le partimen et le d bat amoureux Surtout il replonge cette forme dans le grand courant de la po sie universelle D un genre qu il fait remonter aux sumero akkadiens il pr sente comme ant c dents quel ques po mes bucoliques Th ocrite Virgile puis des d bats scolastiques et des dialogues amoureux de la po sie latine tardive Le corps de l antho logie est subdivis en sous genres vari s d bats scolastico courtois ten son occitane et jeu parti fran ais tenson bilingue tensons et des coblas 251 CRITIQUES jongleresques tensons burlesques et obsc nes tenson galego portuguaise d bat amoureux pastourelle d bat tenson italienne en sonnets Il fait sui vre ce corpus des genres connexes pastourelle chanson de m tamor phoses d bat m re fille joute po tique basque et corse d bat nigme Les traductions sont souvent de l auteur et de multiples pays et provinces sont convoqu s Comme Paul Zumthor qui avait largi son enqu te la po sie orale en g n r
456. sonances un autre en strophes au nombre de vers d croissant et divers exercices passent comme autant de lettres la poste avec nergie agressivit et humour Impatience doit tre son autre nom A C G rard Aim Laurent Gervereau Nathalie Kristy V ronique WiHemin L Envers des sens Alternatives 2000 Le sens premier n est jamais celui qui compte dans ce tr s bel ouvrage illustr l avenant et l ancienne On n y apprend aucune nouvelle con trainte et les textes des palindromes contrep teries ou lipogrammes sont souvent bien connus mais ce livre en multiples devinettes r ussit quand m me nous faire bien chercher Perce Laclos Bens Luc Etienne Gagni re Caradec et notre ami St phane Susana sont pr sents au milieu d images d pinal d illusions d optique et d objets impossibles Un beau cadeau d initiation la magie des Ou X Po Alain Zalmanski Paolo Albani amp Berlinghiero Buonarrotti Dictionnaire des lan gues imaginaires Paris Les Belles Lettres 2001 576 p La traduction de ce dictionnaire des langues imaginaires Aga Mag ra Difura Dizionano dette Lingue Imaginarie 1994 tabli par un repr sen tant de l Oplepo version italienne du groupe paronyme est un cadeau fa buleux pour tous les amateurs de singularit s litt raires et linguistiques et plus g n ralement pour tous les tres parlants de notre plan te Les auteurs ont puis dans le riche vivier ou le gran
457. sous le titre Le Feuilleton critique roussellien trace les gandes lignes des explorations de la litt rature secondaire Commenc l endroit de la l gende hagiographique le parcours critique suit exemplaire ment mais non sans malentendus les grandes tapes de la litt rature de renouvellement au XX si cle des surr alistes en passant par l ge des formalismes jusqu au traitement ludique Aujourd hui on para t avoir d pass le stade o Roussel est d abord t moin de tel engagement ou de telle prise de position pour donner libre place une critique qui tente de faire justice aussi bien au contexte culturel et id ologique de l auteur et de ses lecteurs qu l enjeu de questions esth tiques psychanalytiques linguisti ques et philosophiques et qui permet de faire la part de l originalit et de la tradition ainsi que de pr ciser la place de l auteur dans l histoire litt raire 222 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES du XX si cle qu il a marqu e par la double empreinte de la fascination et du labeur cr ateur la bibliographie d taill e en fin de volume compl te utilement cette mise au point Une des m thodes de la critique litt raire qui pour Roussel a pris une importance certaine depuis les d couvertes Bedel est la g n tique Anne Marie Basset a crit une th se sur la gen se d Impressions d Afrique et elle en donne ici un compl ment apr s avoir trac le cad
458. sse de se tromper Car cette correspondance op re d j de sorte que l criture d signe les op rations que la lecture effectue pour la saisir De fait on per oit comme homoth tiques les temps d criture et de lecture Or une telle tape n est possible qu la faveur d un contexte qui est la page et son possible am nagement D s lors que tabulaire comme elle est dans ce livre l criture distribue dans l espace ses propres composantes mat rielles Soucieux de m trique on sera donc moins d sormais pr occup de syllabes que de spatialisations syntagmatiques Les m triques de la page li e Donc ces pages ne tiennent pas compte de leur verso Toute page hors m me le grain de sa mati re cause de la r p tition de son format poss de d videntes implications de transparence Du moins invite t elle toutes sortes de relations avec ses homologues la plus simple tant le suivi sans cons quence d un texte d une page l autre Or c est une convention qu un livre d bute en recto la premi re page tant toujours impaire dans sa num rotation en sorte qu ici la page s identifie la feuille puisqu une seule face se voit soumise l inscription Quand donc la pagination s active par le jeu des colonnes d missionnant mesure des nouvelles qui les figent dans un glissement c est un seuil la premi re page repris sans cesse qui se prer oit toujours le m me hors son sens A ce po
459. ssent 9s p 167 une fin de mot en voyelle e devant consonne est admise et cou rante sans que Ve fasse nombre rinc d une gorg e d eau Ts p 158 les syn r ses sont nombreuses plus violemment Sudeshna de l Inde 9s p 158 le nombre de syllabes de tout vers entrant dans un po me struc ture r guli re est toujours impair de l 35 cf infra ce sera la premi re r gle de base un grand nombre de po mes r guliers pr sentent des vers de lon gueurs diff rentes polym triques de 2 6 m tres diff rents dans ces po mes polym triques ces diff rents m tres sont tou jours dispos s en une structure strophique r currente un grand nom bre de po mes sont donc divis s en strophes la fois par la r gularit de la disposition des longueurs et par un blanc entre les strophes le nombre de vers dans une strophe r guli re est toujours impair de 3 11 sans compter des po mes strophes monostiches deuxi me r gle de base le nombre de strophes dans un po me r gulier est toujours impair de 1 13 troisi me r gle de base il s en suit que par multiplication le nombre de vers d un po me r gulier est normalement impair ainsi que le nombre de ses syllabes quatri me r gle de base Avant de d crire dans le d tail les modalit s et variations de ce sys t me il faut mesurer la part qu il prend dans l ensemble du recueil On constate en effet qu
460. stager Charles Juliet Roger Jean S galat et Bertrand Visage les autres noms pr sents dans la m me an nonce ne sont pas repris C est probablement un signe amical de l auteur affirmant ses liens avec eux Le nom de Perec pr sent dans sa biblio graphie liminaire est galement repris L auteur nous semble donc avoir voulu tendre les liens de son index l ensemble du paratexte en trans gressant les limites Or ces items sont rest s tels quels dans la premi re dition de poche 1978 alors qu ils n avaient plus leurs correspondants l int rieur du livre comme des vestiges absurdes renvoyant des pages inexistantes Peut tre aurait il fallu maintenir ce vrai paratexte puisqu il tait indissociable du pseudo paratexte perecien Nous n avons pas valu la proportion relative de ces modifications dans l ensemble de l index Nous ne sommes pas non plus all voir si elles ont d bord et si elles ont touch le texte romanesque lui m me Mais nous ne voulons pas jouer plus longtemps au jeu des diff rences et nous ne pensons pas qu il vaille la peine de proposer le relev de ces variations 101 DOSSIER quelque tudiante en mal de th se Ce qui nous importe c est le principe Maintenant que nous y voyons plus clair les interrogations affluent Qui est responsable de ces remaniements Assur ment l diteur au sens anglais dont on trouve le nom au bas de la pr face cette nouvel
461. stence collective Rien de semblable pourtant avec le cas extr me de Pot Bouille dont la di g se reprend les donn es d un article de Zola traitant de l adul t re bourgeois les personnages f minins incarnent les diff rents types que l auteur a pass s en revue dans Le Figaro du 28 f vrier 1881 De fait pour Perec a prim l envie d crire un livre qui se d vore plat ventre sur son lit le projet semble moins s rieux qu un projet purement r aliste Par cons quent La Vie mode d emploi ne refuse pas le romanesque l h ro que et le merveilleux comme genres Au con traire les fopoi narratifs abondent tentative d enl vement d une jeune cap tive implacable vengeance celle de Sven Ericsson et dans un registre plus contemporain multiples pousailles d une star OliviaNorvell L in vraisemblance de ces st r otypes narratifs est d ailleurs indirectement d nonc e dans la pr sentation du livre La Vie des s urs Tr vins les exploits proches du fabuleux de ses h ro nes ont pour armature quelques uns des v nements qui ont marqu l histoire de l immeuble p 548 D s lors La Vie mode d emploi reste dans une forme d horizonta lit le r f rent pr sent comme illusoire et m diatis par un tableau au moins hypoth tique n a pas de profondeur 73 DOSSIER L immeuble a une cour mais on n en parle pas Toute l
462. sychanalytique se d couvre dans l tude de Jeanine Germond Raymond Roussel la une Editions et publications de l Ecole lacanienne 2000 Et n oublions pas le revigorant guide qu est le Petit Dictionnaire de Locus Solus publi en 1993 par Besnier et Bazantay aux ditions Rodopi Dans le domaine de la cr ation une tr s belle surprise nous lut m na g e par l dition de La Vue qu ont publi e les Editions Volets Verts en 2001 d une pr sentation tr s l gante elle est illustr e de fort jolis dessins de Daniel Maja qui accentuent surtout la l g ret vacanci re de ces po sies qui m entra nent irr sistiblement la d rive chaque fois que je les relis La couverture plus particuli rement doit ravir tout amateur de Roussel avec ses reflets et ses figures d ternel t sous l il divin du prospecteur fas 221 ESSAIS cin Les couleurs ajoutent une dimension magique cette entr e dans la plus bleue des mers relev e par les jaunes et les blancs des fl neurs d eau tandis que le trait noir qui d limite d abord le recto se mue en inqui tante apparition monstrueuse si famili re pourtant dirait on devant l horizon d Etretat en quatri me de couverture C est bien le m me message qu of frent les derniers vers de La Vue Mes yeux plongent dans un coin d azur ma pens e R ve absente perdue ind cise et forc e D aller vers le pass car c est l exhalaison Des
463. syllabes du nom Per ec pour son texte crit selon la contrainte du baobab la fin le sp cialiste Bernard Magn r sume ses recherches L ensemble est r ussi et doit toucher les lecteurs bien au del des cercles pereciens A C Palimpsestes n 12 Presses de la Sorbonne nouvelle 2000 Tra duire la litt rature des Cara bes La plausibilit d une traduction le cas de La Dispariton de Perec 2 volumes dont un de textes de r f renc La section de ce num ro consacr e la La Disparition de Perec rappelle qu il existe de ce texte trois traductions anglaises et lipogrammatiques celle de Gilbert Adair Void de Gilbert Adair qui a t publi e en 1994 celle de John Lee Vanishd ant rieure mais refus e et celle de Ian Monk Les deux derni res ont t communiqu es l associa tion Georges Perec et peuvent tre consult es la biblioth que de l Arsenal La version autoris e de Gilbert Adair est compar e celle de John Lee qui fut jug e par l diteur non plausible pour son lectorat cette implausibilit a conduit son implosion ditoriale Quels que soient les m rites de la premi re comme son titre ou l entra nement de l auteur dans la pratique de cette contrainte elle p che doublement Par exc s elle est prolixe un tiers du texte est ajout dans les exemples donn s alors que le texte en anglais devrait tre plus court que le texte source e
464. t pour se d conditionner est une id e g niale tout arr ter est c est l vidence m me un excellent point de d part mais ce n est pas parce qu il est utopiste que ce film est d bile c est pr cis ment parce qu il ne l est pas aucun moment il ne parvient imaginer l utopie Perec mentionnera ce pas de c t dans plusieurs entretiens dans En dialogue avec l po que notamment France Nouvelle n 1744 16 avril 1979 partir du moment o on fait un pas de c t on d couvre les choses d une mani re diff rente et puis quelque chose est mis en lumi re Si je me regarde il fuit aussi que par rapport moi je fasse un pas de c t mais de la m me mani re que lorsque je regarde un objet ou un v nement Pour le d crire le saisir il faut que je le regarde un peu de c t 53 Raymond Queneau Seuil coll Les contemporains 1991 p 184 54 Voir par exemple Geotges Perec J ai fait imploser le roman entre tien avec Gilles Costaz Galerie des arts n 184 octobre 1978 55 Propos cit s par Emmanuel Souchier Raymond Queneau op cit p 253 56 Vfoir Raymond Queneau B tons chiffres et lettres 1965 r d Le Livre de Poche p 17 18 Angelo Schiavetta Perec et la contrainte comme signe Soit sur une page un petit cercle dessin avec de l encre 0 Notre interpr tation pourra transformer ce o
465. t nous sont ainsi don n s lire suivis d une profuse bibliographie dont il importe de rendre compte attentivement tant sont rares de telles occasions Jacques Lajarrige pp 7 45 Quand les po tes parlent des formes et genres codifi s anthologie de poche au gr de l alphabet De Absen ces Zutique en passant par Baroquisme Oulipo et Vantardise l auteur cite force arts po tiques descriptifs jugements endo ou exo m tatextuels homo ou h t ro auctoriaux explicites ou biais parfois de simples illustrations ou explorations formelles sous des enseignes souvent d concertantes au regard du propos affich tels Interdits pour un po me de Marceline Desbordes Valmore cens nous rappeler salutairement que interdiction aiguise le d sir ou Kyrielle de reproches Le n Felipe s exprimant contre tous l nifiants racontars Certes on peut de temps en temps appr cier le souci de traquer la parole m tapo tique derri re un d calage cat goriel apparemment voulu mais qui dissimule plus fr quem ment une certaine tendance exhibitionniste se faire tout simplement plaisir 283 CRITIQUES ou dans le meilleur des cas une accumulation essentiellement soucieuse de feire conna tre quelques textes peu c l bres quoique appr ci s de M Lajarrige 11 n y a l rien de condamnable en soi mais des entr es telles que Charge ou M pris ne nous renseignent gu re que su
466. t Trust a flake white riddle Hearts judder we fail tilt Artful wits are the middle Trust a flake white riddle If a hutted wanderer tills Artful wits are the middle A featured ode with trills If a hutted wanderer dlls That wilder pastured life A featured ode with trills Quelled wit hard at strife That wilder pastured life Drafted virtue Will haste Quelled wit hard at strife Rid dual reflex with taste Drafted virtue will haste Will the air fade duty rest Rid dual reflex with taste I lid hard water flute zest Will the air fade duty rest If salt tide laughter drew I lid hard water flute zest Bite wild art flashed true 171 172 Alin Anseeuw Au c ur de la r gion centrale Rien n commencera qu au del des cris Po me que dispens une nuit d insomnie De reprendre l amour un motif ancien Je demande aux yeux qui les ont serr s Trois clich s o je menais grand bruit La maison familiale o tout se d sunit Le ph nix adoss aux tours qui ont chu Je coucherai tes cheveux sur le vierge Papier pour me garder d crire un seul Po me une saison immobil Belle Isl Et s il approche angoiss par le bruit D une lampe qu il fait son coeur us Une plage de silence c est que soudain La nuit illumine le vide autour de lui Je vais donc essayer d crir ncor un peu Retrouver l horizon o les corps immortels Rapprochent virtuellement leur d sir pr
467. t appartiendrais plus Quel tr sor d mail donc dans tes larmes quelle interminable g n alogie de diamants as tu perdu l int rieur de toi comme dans les contes les oies les ch vres les nes 127 DOSSIER 128 chient de lor clinquant sur des nappes Est ce qu elles t corchent t ouvrent lames le visage d signent les dessous de tes organes leur consistance leurs connexions les prends tu pour diss quantes et te pla ant toi planche sous mon regard comme une le on d anatomie Quand tu pleures mon corch souriant cela ne me dit rien de plus sur tes attaches Rassure toi homme vif je n ai rien appris de ta machine les larmes ne sont pas les animaux fabuleux que tu crois lions effa ant leurs traces avec leur queue et panth res l haleine s dui sante et licornes mat es par des vierges et dragons vomissant leur venin avant de laper et castors qui se ch treraient pour n tre pas coup s Tes larmes sont des gargouilles sans curiosit et toi un dispositif de pierre n importe qui regarde ce qu il crache au moins par crainte sauf toi Prends en une entre tes doigts fais la rouler cherche ce qu il y a dedans approche ton nez sens Coquelet qui veux tre basilic pour cr er des d serts briser les pierres br ler l herbe qu tes pieds les oiseaux tombent morts et les fruits pourrissent Poussin tes larmes ne sentent rien m me pas la pisse Tes larmes ne c
468. t Paris Pourtant l gard de ce r f rent il adopte une strat gie de l ger d placement choisissant un des arrondisse ments qu il conna t le moins Loin d effectuer la moindre enqu te il ne se d place dans le quartier concern qu la fin de sa r daction Comme l a fait remarquer Manet Van Montfrans si Perec prend des distances avec la tradition r aliste ce n est pas par son formalisme en lui m me puisqu on peut observer une telle pr occupation dans cette tradition un moindre degr sans doute Ce qui importe c est la mani re dont le formalisme op re et se met ou pas au service de la vis e r aliste Ainsi le texte r aliste recherche souvent plus une coh rence que la copie d un r f rent peut tre le r cit est il d j par lui m me une instance produisant un effet de r el La dominante descriptive de La Vie mode d emploi joue alors plut t n gativement manque l inscrip tion dans le temps qui cr e le lien de causalit ou de finalit qui unit les situations les unes aux autres La temporalit est au contraire globale 72 PEREC VINGT ANS APRES ment suspendue ce statisme s accompagnant d un clatement et d une d multiplication de la di g se D s lors certains fonctionnements s in versent par rapport au si cle pr c dent Bernard Magn a fait observer que les tableaux de La Vie mode d emploi jouaient le
469. t e le vers libre standard ou la prose c est prendre position dans un r seau et se situer par rapport aux autres items d un arsenal formel sans cesse croissant Sans que Ton puisse a priori fixer une gauche ou une droite dans ce champ po tique politique l alexan drin classique n est pas n cessairement de droite et la discordance de gauche sans qu il y ait un bien et un mal dans ce champ po tique thique tout po te s engage et se situe par la forme et le m canisme m mes de son vers ou par son refus du vers ou par son refus d innover et l adoption de formes neutres centristes telles que le vers libre stan dard Les formes m ritent donc d tre minutieusement et correctement d crites chaque choix formel pourra alors tre mis en rapport et analys conjointement avec les autres aspects de la pratique po tique laquelle il appartient th matiques lyrisme litt ralisme prosa sme etc Un bon exemple pour commencer un tel programme parce qu origi nal tr s r cent et particuli rement sophistiqu est la m trique toute per sonnelle que d veloppe Christophe Lamiot dans son unique recueil paru ce jour Des pommes et des oranges Californie I Berkeley publi en 2000 Le Ge 4 dans la collection Po sie chez Flammarion 1 Une m trique r guli re fond e sur l impair Ces po mes concentr s sur des faits quotidiens g n ralement t nus des d placements de
470. t t pour l heure il faut se coucher Peut tre la verrai je demain ajoute t il en s tendant dans ses draps Le lendemain Pendant la nuit A dort mal et fait d affreux cauchemars Egar dans un royaume pouvantable il se revoit enfant on le poursuit avec un balai des tor ches en feu lui foncent dessus il est sacrifi lors d une messe noire et s veille en hurlant Plong dans l obscurit il croit horreur que tout a noirci demande ce qui se passe pourquoi sa m moire s est effrit e Mais non dit il rassur o ai je la t te Je suis chez L nous sommes lundi Il faut aller travailler Et le voil illico dehors cherchant le bureau postal du quartier Une m re se rendant l cole avec son enfant son grand fils d au moins huit ans et qui il demande le renseignement l envoie vers celui de la rue des Archives dans lequel il entre Sur le mur pr s de la porte et sur le th me Protestons une affiche aux couleurs rouges appelle les classes laborieuses combattre les pra tiques r trogrades des chefs se lib rer de leurs m thodes douteuses lesquel les jouent souvent en faveur du grand capital Le directeur le voyant la lire l appelle Allez am ne toi mon ami Prends donc ces prospectus sur l tag re et va les porter aux quatre coins de la ville Comment Quoi demande A qui n est pas s r de bien entendre La pile l sur l tag re Et plus vite que a
471. t Quils Seront Aussi Veugles Comme Moi Parce Kon Se Frappe Peut tre Contre Les Murs De Lint rieur Comme Moi Dans La Bo te Dirait Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben L infirmi re a Frappe Quand Je Me Dis a Si Ils Tiennent De Leurs M re Schloss Werneck S septembre 1911 Nous Sommes Le Cinq Septembre Mille Neuf Cent Onze 1911 Deux Jours Avant Le Sept Septembre Mais a Ne Change Rien G Cinq Quante Trois Ans Neuf Mois Douze jours Six Heures Et Cent Quarante Deux Unit s De Ma Vieille Horloge Dombre Qui Me Le Dit Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Ah Bah Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Est Venue Dans Ma Bo te Pour La Derni re Fois Aujourdhui G Reconnu Lodeur Qui Me Frappe Dans Lint rieur Du Nez Sous Mes Bulles Mortes Et G Vu Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Sans La Voir Lodeur Se Construisait Mais Elle Se Construisait 144 Jan Baetens Mourning Picture Quatre Extraits Le cycle Mourning Picture propose des variations tr s libres sur la toile du m me nom d Edwin Romanzo Elmer 1850 1923 Cetableau qu on peut voir au mus e du Smith College Northampton Mass tout pr s deAmherst petite ville de Nouvelle A ngleterre que ne quitta jamais Emily Dickinson voque premi re vue les conversation pi ces
472. t ensuite et nouveau des jeux de mots plus ou moins laids et des calembours plus ou moins bons issus de titres de films et de livres d ensei gnes et de publicit La compilation ne vaut pas Sites gai risdonc de Piene Grousset Julliard 1963 Dictionnaire des jeux de mots de Pierre Berloquin Encre 1980 Les mauvais qui colle qui de Daniel Hamelin Pauvert 1974 Calembours et autres jeux sur les mots d esprit du marquis de Bi vre Payot 2000 Ducalembour au mot d esprit de Jean Cazeneuve Editions du Ro cher 1996 La s rie des Petite fabrique de litt rature du m me auteur en col laboration avec Alain Duchesne chez Magnard avait une autre allure A Z 262 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES Christian Leroy La Po sie en prose fran aise du XVII si cle nos jours Histoire d un genre Unichamp Essentiel Honor Champion 2001 224 p L auteur avait brillamment montr dans un ouvrage ant rieur de la m me collection 1997 comment la po sie tait tomb e dans la prose chez Nerval en tudiant sa trilogie Les Filles dufeu Les Chim res et Aur lia Ce livre largit l enqu te ou en donne les soubassements en bouleversant litt ralement les id es re ues sur le genre du po me en prose Lesquelles r sultent d une illusion les petits po mes en prose de Baudelaire voire m me ceux d Aloysius Bertrand ne sont pas un commencement mais une fin C est tout un continen
473. t litt raire qu il fait merger celui de la po sie en prose et non l tude stylistique de la prose po tique comme Ch rel dans un ouvrage ancien Il montre que la po sie en prose partir du XVII si cle et tout au long du XVII si cle l emporte sur la po sie en vers dans les genres tragique puis pique et enfin lyrique Ainsi s clairent les d bats bien connus sur la prose propos de la trag die F nelon Houdar de la Mothe mais aussi l abb Trublet On com prend mieux l pop e des Aventures de T l maque mais aussi celles de Mercier de Bitaub de Marmontel et de toute une th orie d auteurs incon nus ou m connus jusqu Chateaubriand Le lyrisme s ouvre avec des hym nes au sein des pop es en prose dans Les Incas les Martyrs des odes des invocations des pri res puis il continue avec la pastorale l idylle la chanson et m me le genre descriptif Les songes les m ditations iront nourrir le po me en prose Enfin l aube du XIX si cle le roman prend la rel ve de ces genres et le romantisme voit leur fragmentation et leur rar faction sous la forme du po me en prose tel que nous l entendons aujourd hui Bertrand Baudelaire puis Maurice de Gu rin Ducasse Bau delaire Villiers jusqu YAnabase de saint John Perse et Quel petit v lo guidon chrom au fond de la cour de Perec nous l avions lu effective ment comme tel Le genre suit une le
474. t multiplie les travaux pratiques sur les contraintes anagrammes lipogrammes traductions de Les chats en mots monosyllabiques synonymique antonymique etc Fina lement c est Perec qui tire les ficelles Ce roman bien sympathique d un crivain poss d par son sujet est un document d histoire litt raire chaud qu il convient d acqu rir au plus vite A C Jean Pierre Brisset uvres compl tes Les presses du r el 2001 1318 p Marc D cimo Jean Pierre Brisset Prince des Penseurs inven teur grammairien et proph te 2001 796 p Brisset est grand et Marc D cimo est son proph te Les r ditions des uvres dispers es d un des plus remarquables fous litt raires avec ou sans guillemets le grand ma tre de l peu pr s holophrastique sont enfin rassembl es et compl t es dans un norme pav 1318 p qu accompa gne un tr s riche essai biographique et bibliographique Le premier est une Somme La Science de Dieu et Les Origines humaines ne sont elles pas des allusions Saint Thomas 7 et un Miroir du Monde Dans l ouvrage attenant Marc D cimo reprend en introduction 252 OBSERVATOIRE DES LITTERATURES A CONTRAINTES p 9 162 sa biographie du doux paraphr ne Jean Pierre Brisset Prince des penseurs Ramsay 1986 Le corps de l ouvrage p 163 447 Jean Pierre Brisset inventeur grammairien et proph te est une tude historique et linguistique exhaustive de l uv
475. t qu un livre est fait par son auteur Moi non Je vois bien que le plus souvent c est le livre qui fait l auteur 6 Peut tre tes vous de ceux qui croient qu une uvre d art doit tre originale Moi non Je d couvre chaque jour un peu plus que la force d une uvre est proportionnelle sa banalit 7 Peut tre tes vous de ceux qui croient qu il faut s aimer soi m me pour avoir une chance d acc der au rang de cr ateur Moi pas Rien de plus tonique mon sens que la haine de soi 8 Peut tre tes vous de ceux qui craignent de se livrer leurs angoisses Moi je n ai pas encore r ussi trouver un autre moyen pour m en d livrer 9 Peut tre tes vous de ceux qui aiment les hauteurs Moi non L s sommets m assomment et je n ai l il bloui que par les boulis 10 Peut tre tes vous de ceux qui supportent sans broncher les plaisante ries d autrui Moi non Rien ne me rend plus belliqueux que les quolibets 11 Peut tre tes vous de ceux qui croient qu un crivain doit tre de son temps Moi non J aurais aim pouvoir imiter Lovecraft qui dix ans entreprit de chasser de son vocabulaire tous les mots modernes utilisant pour cela un dictionnaire de 1804 12 Peut tre tes vous de ceux qui jugent qu un auteur se doit d avoir un style Moi je n en suis pas si s r Je ne vois les plus souvent dans ce que l on appelle un style que l
476. t se cl t sur R ali sant de fa on id ale l ad quation de la forme et du fond le lipogramme symbolise ainsi sur le mode apparemment anodin du manque l an antisse ment des Juifs par les nazis p 138 Non que cette fa on de voir soit fondamentalement contestable sur tout ce niveau de g n ralit Mais c est pr cis ment ce trait de haute g n ralit qui fait probl me parce que les modes de cryptage touchant ventuellement quelque dire de mort sont chez Perec plus que vari s en raison aussi du fait que c est faire l trop ais ment l conomie d une r flexion sur la contrainte en g n ral pour cadrer une analyse plus particu li re de ce tonneau Au point qu il pourrait sembler imprudent d affirmer l encore comme une vidence Rappelons qu aucun des textes publi s de Perec jusqu cette poque ne l voquait la mort si ce n est sur le mode loufoque dans Quel petit v lo guidon chrom au fond de la cour tandis qu partir de La Disparition le th me devient presque obs dant gt p 138 si l uvre de Perec a le moindre int r t c est justement de nous faire r viser un certain nombre de termes trop rebattus pour qu on puisse les utiliser sans autre forme de proc s terminologique Ainsi vo quer symboliser th me dire parler de et autres se sont ils 288 CHO DES COLLOQUES montr s l usage plus dangereusement vacil
477. t un grand don l H pital il donna son laquais un diamant d un fort grand prix Quant son ami il lui laissa sa maison son jardin si joli Il garda pour lui un Crucifix qu il porta aux Capucins o il prit l habit mais il y mourut au bout d un an sans avoir fini son Noviciat Nous avons extrait ce texte des Vari tez ing nieuses ou Recueil et M lange de pi ces s rieuses et amusantes par M D Acad micien A Paris chez Christophe David Libraire amp imprimeur ru Saint Jacques au nom de J sus 1724 p 263 266 L Abb Louis de Court tait un membre de l Acad mie d Angers Ce livre est la seule partie publi e de son uvre posthume dont le second volume n a pas paru s il faut en croire la notice donn e par le catalogue de la biblioth que du collectionneur rouennais Constant Leber Techener 1839 On peut lire dans ce recueil des po mes des traductions de nom breuses singularit s vers r trogrades latins bouts rim s jeux sur les pro verbes vers monorimes lettres double sens nigmes et enfin une M thode pour raisonner amp se souvenir qui semble un des derniers arts de m moire Ses meilleures pi ces nous paraissent tre les vers lettris s et une lettre en monosyllabes Cette lettre fort difiante et quasiment jans niste fait partie de cinq Lettres nouvelles amp curieuses dans lesquelles l Auteur ne fait entrer que quatre voyelles en chacune lettre
478. talage complaisant de quelques tics d criture 13 Peut tre tes vous de ceux qui croient qu il faut vivre conform ment ses id es Exigence qui me para t d pourvue de sens vie et id es appar tiennent deux univers sans rapport 14 Peut tre tes vous de ceux qui aiment proclamer haut et fort les v ri t s qu ils croient avoir d couvertes Moi non Faire le proph te quel qu ait t le go t de certains des anc tres pour ce r le n est vraiment pas mon fort 167 DOSSIER 15 Peut tre tes vous de ceux qui croient pouvoir tirer vanit de ce qu ils ont r ussi accomplir Moi jamais Rien ne me donne plus de regret que le moindre passage l acte 16 Peut tre tes vous de ceux qui sont fiers d tre parfaitement transpa rents Moi non O serait la v rit d un tre si elle n tait dans son opacit 17 Peut tre tes vous de ceux qui se r jouissent fort d avoir une me et qu elle soit le lieu d une intense vie int rieure Moi beaucoup moins Et m me je ne suis pas loin de voir dans ces attributs une simple infirmit 18 Peut tre tes vous de ceux qui se d solent de devoir renoncer un plaisir un projet Moi non Je n aime rien tant que recenser mes renoncements 19 Peut tre tes vous de ceux qui pensent qu un livre pour tre utile doit apporter SON lecteur une certaine dose d optimisme Moi non Pas d autre livre positi
479. tales Que Je Compte Sur Le Ca Dran De Ma Vieille Horloge Mentale Que Je Compte Sur Le Cadran De Ma Vieille Horloge Dombre Toutes Les Quatorze Mille Quatre Cent Fois Ou Alors Eh Bien Je Peux Placer Un Chiffre Une Seconde Mademoiselle Elise Holzmeier de Erbshauben Linfirmi re Soul ve Le Couvercle De Ma Bo te Et Bouscule Ma Table De Nuit Les Volumes Pos s Dessus Lair Vibre Et Elle Dit Que G Lair Mieux Ce Matin Quelle Voit Que G Lair Mieux Mais Elle Ne Touche Ni Ne Me Sent Made moiselle Elise Holzmei er de Erbshauben Linfirmi re Ne L che Pas Et Ne Pose Pas Ses Paumes Sur Mes Vols L mes Fa Siaux Elle Change Les Draps Et Elle Dit Quelle Voit Cependant Que G Pass Une Bien Mau vaise Nuit Parce Quelle Voit Laur ole Durine Que G Laiss e Sur Les Draps Ah Bah Je Ne La Comprends Pas Alors Elle Tra Duit Quelle Sent Des Doigts L tendue De Tissu Imbib e Par Le Liquide Que Jexpulse Pendant Mes Cauchemars G Eu Des R ves Difficiles Ces Derniers Temps J tais Assise Dans Mon Lit Et Alors Je Sen tais Le Liquide Ramper Vers Mon Corps Et C Arriv Plusieurs Fois Ces Derniers Temps Que Le Liquide Mentoure Et Mon Te Jusqu Ma Bouche Entre Puis Atteigne Mes Deux Bulles Froides Que G Au Mi lieu Du Visage G Un Peu Suffoqu Je C
480. taux qui taient suppos s exister dans le corps humain et dont le juste temp rament constituait la sant Ces humeurs taient le sang le phlegme ou pituite la bile et enfin la bile noire ou m lan colie ou atrabile dont Robert Burton a fait toute son Anatomie de la m lan colie Mon ouvrage ne traite pas non plus exclusivement des caprices des ambitions de la violence ou des humeurs de dogue L humeur tymologi quement c est le liquide J ai choisi la lettre de recenser les liquides que le corps des femmes et des hommes s cr te puis excr te par les orifices J ai d cid de comparer ces fluides le crachat le vomi l haleine le sang le lait le s bum de tenter de d finir leur utilit ou leur odeur selon le corps qui les produit et de dire leur efficacit amoureuse ou au contraire le d go t qu ils suscitent J ai toujours eu conscience bien s r de la fai blesse troite que peut receler l id e d une seule odeur pour des milliards de sexes et des millions de litres de sang caill mais c est l justement qu a toujours r sid le parti pris des Anatomies des Manuels de physiologie et autres Pr cis qui n ont jamais cherch pr ciser quoi que soit mais bien convaincre que tout au monde n est que g n ralit afin de tenir la dispo sition de chacun pour le rassurer ou mieux l angoisser en lui cornant aux oreilles qu il n est pas seul tre lui m me un m mento un
481. tie autobiographique de W ou le souvenir d enfance C est globalement et surtout quantitativement vrai Mais l int r t des variantes ne rel ve pas d une simple analyse quantitative La modification d un seul mot est parfois lourde de cons quence comme j esp re l avoir montr avec le passage de pot selles C est d ailleurs entres autres raisons pour rappeler l importance d une approche qualita tive que je me suis attard ici sur des variantes plut t minuscules L tude du manuscrit me semble indubitablement confirmer ma th orie des ncrages pourvu qu on ne se m prenne par sur ses enjeux il ne s agit videmment pas de rechercher dans les avant textes les preuves d une hypoth tique intentionnalit concernant la signification que ces formes sens pouvaient avoir aux yeux de Perec Le manuscrit montre les traces mat rielles d un travail d criture qui a le plus souvent pour effet d accro tre la pr sence et le r le de plusieurs de ces formes ainsi dans certaines des variantes que j ai retenues le 11 et les sym tries bilat rales Cela ne pr suppose en rien chez le scripteur une conscience plus claire de leurs effets de sens et en particulier de leur rela tion l autobiographie En comparant le texte d finitif et le manuscrit de W je constate qu il y a des modifications successives du nombre des items dans une num ration et que ces modifications cessent lorsque ce nombre a
482. tion Parall lement Maria Eduarda Keating a montr comment l incipit du romans met en sc ne l nonciation fictionnelle On quitte alors l non ciation r aliste qui se masque se d l gue des personnages comme on l a vu pour la clausule de Pot Bouille N est donc pas respect ce trait paradoxal du discours r aliste qui met beaucoup de soin dissimuler le lieu d o il parle ainsi que le statut p dagogique de son auteur et les conditions de sa production la documen tation le fichier les pr suppos s le vocabulaire technique etc Avec l index de La Vie mode d emploi au contraire la documentation devient modalit narrative Quand la fiche est th me chez Zola avec le vieux Vabre elle structure le romans Le texte de savoir est mim jusque dans la typographie le dictionnaire de Cinoc en est un exemple Et dans l organisation du livre ce mim tisme assure une forte redondance de l information qui compense l clatement de la di g se ainsi de l arbre g n alogique de la chronologie du r capitu latif des histoires Cette redondance joue cependant dans le sens d une d multiplication des lectures via l index par exemple La discontinuit r sultant de la faible coh rence narrative peu centr e encourage une telle ouverture Le romans va donc plus loin que le r alisme dans sa reprise des textes de savoir ce qui incite le lecteur des attitudes nouvel
483. tion tenter d y r pondre continue de poser probl me Depuis Lascaux beaucoup s y sont essay s sans grands r sultats ma connaissance Ce titre tait l origine le dernier vers d un po me de trois feuillets constitu de figures linguistiques sans lien ni rap port les unes avec les autres portrait sur circuit imprim de lillisibilit du monde L insolente na vet de la question qui voulait exprimer toute la va nit du langage fournissait au po me une chute en forme de saccage comme la morale rigolarde d une histoire qui ne l aurait pas moins t Mais sa bri vet en annulait toute pertinence et c est ainsi que se forma le projet de lancer un work in progress perp tuit qui ferait de ce petit po me un objet sauvage c est dire imparfait labile impuls par une production irr guli re des r gles instables et nomade mobilit des lieux de publication Sa construction perp tuelle joue donc comme sismographe de ma travers e de la langue c est dire aussi de mon poque nul ne pouvant tout fait se soustraire lunivers du discours auquel il appartient et per met l installation d un complexe linguistique en expansion qui fait travailler entre eux plusieurs objets e une machine cybern tique actionnant un syst me de r pons re prises correspondances t lescopages sym tries contrepoints con nexions amplifications dysfonctionnements dissolutions etc
484. tion de La Chasse au Snark donn e en italique et en retrait comme une des colles historiques que r sout Abel Speiss Qui fut menac par une action de chemin de fer On trouvera ailleurs un recensement complet de ces emprunts libres assorti d une tude des modalit s de leur inscription et de leur d signation ainsi que de quelques aper us propos de leur lisibilit et de leur sp cifi cit Pour l heure quatre exemples quatre propositions de lecture autour de cet intertexte in dit partir duquel on prouvera une derni re fois la valeur de cette hypoth se que l ampleur de cette d multiplication intertextuelle qu on pourrait penser un peu vite comme une tentative de dissolution ou d abandon de toute m moire culturelle une entreprise post moderne en un mot est consid rer plut t en termes d appropriation et de filiation car loin de s puiser dans le jeu de la r f rence la litt rature telle un orouboros et des plaisirs non n gligeables certes mais toujours un peu vains du cryptage rudit que l on pense un instant la version tout ironique de l immortalit pour Joyce l intertextualit perecquienne inscrit le lieu privil gi d une survenue de la parole une des fa ons de dire dans le miroitement souvent vertigineux des textes les lin aments d une histoire confisqu e De reconqu rir le droit la m moire Et qu il ne s agit pas de plus pour l crivain Perec
485. tteint 11 Rien ne m autorise tenir pour assur que ce nombre soit cons 27 DOSSIER ciemment retenu par Perec ni qu il le retienne parce qu il veut ainsi d signer implicitement la mort de sa m re Je peux tout au plus affirmer que compte tenu de ce que l on peut rep rer dans l uvre entier s agissant du nombre 11 ces deux hypoth ses ne sont pas enti rement invraisemblables On me permettra de citer pour tre clair sur ce point cet extrait d un entretien in dit de Perec avec Bernard Pous qui me concerne directement B P Dans vos livres interviennent souvent la coupure les blessures celles du livre des personnages GP Vous connaissez Bernard Magn qui est prof Toulouse R ponse n gative Il fait un cours sur La Vie mode d emploi cette ann e Il a remarqu un truc tout fait extraordinaire c est que la figure centrale de La Vie mode d emploi c est Perec cherche dans un exemplaire de W cette lettre h bra que dont je dis que je me souviens et qui serait mon premier souvenir c est un carr avec une brisure B P Celacorrespond une vision pessimiste GP Non non c est quelque chose qu on me dit J avoue qu il ne m est pas tout fait indiff rent de voir que d un m me geste Perec r cuse de sa part une intention et accepte volontiers de la mienne une interpr tation 6 Coda J ignore si tout ce qui pr c de aura permis
486. tting p 62 63 12 Voir de Bernard Magn Petite croisi re pr liminaire une reconnaissance de l archi pel Butor dans La Vie mode d emploi dans Perecollages op cit p 103 104 et 106 Remarquons que le statut de copiste de Marguerite Winckler correspond un autre clich pr sent dans la litt rature du XIX si cle reproductrice la femme artiste ne saurait que reproduire les uvres des autres ne saurait tre qu une imitatrice Imageries op cit p 139 18 Voir les tapes de l apprentissage de l aquarelle par Bartlebooth p 154 155 Cahiers Georges Perec n 1 1985 p 239 Le m tatextuel est l ensemble des dispo 14 79 DOSSIER mes qui le produisent Perecollages op cit p 33 5 Imageries op cit p 124 On sait que Lessing rompt avec cette tradition dans Du Laocoon ou desfronti res de la peinture et de la po sie 1766 trad 1802 Mais ce texte n eut presque aucune influence en France avant qu il ne soit red couvert au XX si cle par les th oriciens et critiques formalistes et structuralistes Philippe Hamon La Description litt raire Paris Macula 1991 p 215 14 P 253 Il est vrai que cette absence de description est naturalis e par l absence de regard possible sur ce travail Gaspard Winckler n aimait pas qu on le regarde tra vailler P 254 On trouve ici invers un topos r aliste visant la vraisemblance o la d clinaison d une n
487. u un tincelant ph nix mourant et renaissant sans cesse de ses cendres Curieux paradoxe c est peu apr s sa disparition comme mati re dans l enseignement secondaire les tropes passent la trappe qu elle est devenue un objet la mode dans les universit s Puis elle est redes cendue dans les salles de classe des coll ges et lyc es par l interm diaire de nombreux manuels qui expliquent l l ve la diff rence entre la m taphore 110 PEREC VINGT ANS APRES et la m tonymie voire entre la m tonymie et la synecdoque et lui deman dent d identifier les figures dans des textes d tude Tout se passe comme si l on tait repass par l tape ant rieure Parmi les trait s d histoire et de th orie litt raires d avant la coupure pist mologique de la p riode structurale l un des plus importants a t les l mens de litt rature 1787 de Jean Fran ois Marmontel auteur galement d une Po tiquefran aise o sont rassembl s les articles qu il a crits poux l En cyclop die Ces volumes sont bien oubli s alors qu ils ont occup une place d honneur dans les rayons des biblioth ques chez les personnes soucieuses de s orner l esprit et que plusieurs g n rations d l ves ont d s en impr gner sur leurs pupitres d cole A l article Figures de ces l mens Gn uvres compl tes 1787 t 3 l auteur d cline rapidement les figures de mots
488. u chemin que nous avons suivi partir des trois inscriptions de retrouver ce vague et pourtant puissant cho du d sespoir d un enfant perdu tous les points du graphe ainsi dessin Perec ne nous oblige pas des lectures aussi fouill es complexes et peut tre retorses mais il est certain qu il nous y invite La particularit la fois r jouissante et d sesp rante de son incapacit de choisir entre lt se montrer et se cacher est que les cl s de ses autobiograph mes ne sont jamais donn es explicitement mais ne sont jamais obscurcies tout fait non plus Je reprends une citation d j utilis e par Jacques Roubaud pour parler de Raymond Queneau mais qui convient parfaitement ici Tha lis how it is with great works of art If only you do not try to utter whal is unutterable tben nothing gcts lost But the unutterable wili be unutterably contained n whal bas bcen uttered Voil comment c est avec les grandes uvres d art Si seulement on n essaie pas de dire l indicible alors rien ne se perd Mais l indicible sera indiciblement pr sent dans ce qui est dit Notes 1 Georges Perec Les Lieux d une fugue dans Je suis n Paris Seuil 1990 pp 15 19 Dor navant cit comme Jsn 2 Georges Perec La Vie mode d emploi Paris Hachette 1998 p 104 Dor navant Vme I Voir David Bellos Georges Perec Une vie dons tes mots Paris Seuil 1994 p 584 4 Je reprends dans cet
489. u contraire des trac s devenus utiles la reconnais sance de certaines lettres par exemple le grand segment de cercle la droite du C ou superf tatoires dans d autres cas la courbe de gauche du second R qui n est qu une verticale d form e Nous sommes ainsi conduits d une part envisager les traces vi suelles en tant que telles celles qui se r duisent ce que l on per oit d un point de vue plastique et d autre part r aliser les diff rences qu elles entretiennent avec les lettres qui apparaissent lorsque nous structurons notre perception dans ce but Au sein des R pliques l inscription de deux structures perceptuelles distinctes autorise tout autant la pr gnance du visuel que la mise en vi dence du signifiant grammatique Sont ainsi articul s de mani re leur donner la m me importance le vu et le lu per u Mais l aspect formel des traces contredit la structure des lettres d autant plus que celles ci sont incompl tes Aussi dans une R plique quelques let tres se pr sentent elles comme un mixte de perception et d imagination Si certaines parties de lettres sont en effet enti rement issues de l organisation perceptuelle des traces qui paraissent r ellement pr sentes sur la page d autres sont compl t es mentalement par l observateur C est le cas par exemple d un bout de n absent ou de la s paration entre deux lettres combin es Ces cara
490. u de roman policier Entretien avec Claudette Onol Boyer op cit p 56 Tout discours quel qu il soit po tique amoureux romanesque litt raire etc ne sera jamais que le pr texte d un autre discours puis d un autre discours puis d un autre Finalement il aura une poursuite de la v rit qui changera au fur et mesure que I on parlera Le discours ne s arr tera jamais Et la v rit ne sera jamais atteinte Entretien avec Jean Royer La vie est un livre dans Ecrivains contemporains entretiens I 1976 1979 Montr al L Hexagone 1982 p 140 On est loin de la volont de transpa rence du projet r aliste pour lequel l criture se ferait le pur vecteur d un discours de v rit sur le monde 82 PEREC VINGT ANS APRES L effet de r el 1968 repris dans Litt rature et R alit Paris Seuil 1982 p 81 sq Ceci n est pas un mur dans L l bloui Paris Ch ne 1987 n p photographies de Cuchi White Ce qui stimule ma racontouze entretien avec Claudette Oriol Boyer op cil p 57 Un discours contraint op cit p 442 Voir les Notes sur la po tique des listes chez Georges Perec de Jacques Roubaud dans Penser Classer Ecrire de Pascal Pereclsous la direction de B atrice Didier et Jacques Neefs Saint Denis Presses universitaires de Vincennes 1990 p 201 208 Tl Sur cette r criture voir Ce qui stimule ma raco
491. uages et cr ait ainsi un nouveau cycle de feintes ignor es de lui m me Cette man uvre capable d engendrer une infinit de r sultats fortuits pou vait se comparer aux tapes l g res qui appliqu es sur le tube d un kal idos cope donnent naissance dans le domaine visuel des mosa ques de cristaux 225 ESSAIS ploi des couleurs comme m taphore de la richesse des r sultats scriptu raux A un autre endroit Roussel s est montr un v ritable magicien en transformant des couleurs travers un bain de teinture langagi re Je pense notamment un exemple qu il donne dans Comment j ai crit certains de mes livres pour illustrer l laboration du proc d volu o il usait de n importe quoi Voici ce que je retrouve encore en fouillant ma m moire crit il p 22 1 Rideau cramoisi titre d une nouvelle de Bar bey d Aurevilly 2 Rit d ocre moisi On voit comment le rouge se transforme en ocre et vert Le r sultat sera la terrible Pergov dule qui dans Impressions d Afrique figure dans une sc ne apocryphe de Rom o et Ju liette C est une ogresse qui mangeait deux g nisses souper lorsqu elle manquait d enfants pour satisfaire son app tit p 216 Elle se pr sente ainsi C tait la trag dienne Adinolfa qui venait de se dresser brusquement maquill e avec un art trange sa face enti re bien enduite d un fard jau
492. ubaud chappe raient aux maladies vem riennes et ne feraient que d crire la r alit Reine Haugure ne croit pas Vernier musicien souffle le chaud et le froid sur les divers ex g tes elle ne prend date que pour quelques voyages peu origi naux et ignore le Voyages des verres ce qui est un comble pour une secr taire d Association charg e de promouvoir le plagiat par anticipation Le voyage des verres Harry Mathews BO n 118 octobre 2001 Harry Mathews rencontre au cours d une derni re soir e en c liba taire Parsifal IH Bartistand ancien ami de Perec belge d origine juive grand connaisseur d oulipisme d oulipiens et de bons vins Ces derniers aidant Parsifal III raconte la vie de sa famille comme il l a d j fait selon lui au seul Dennis Borrade Per s Bartlstand son grand p re dit Parsifal I avait voulu faire som brer le II Reich dans le ridicule en confectionnant un faux du XVII si cle tendant prouver que la grande musique allemande avait t copi e sur un petit musicien juif Son fils Parsifal II lavait aid et travaillant pour les services secrets anglais avait rencontr Denis Borrade dans le cadre de la r sistance l Hugo Gruppe puis d livr Denis de sa captivit par un auda cieux coup de main Parsifal III et Dennis fils de Denis d cid rent de suivre les traces de leurs p res dans la CIA Parsifal II fut affect au lyc e d Etampes comme professeur d Anglais et y r
493. ue les archa smes grecs ont t mim s par ceux du chinois tandis que les anglicismes ne pouvaient passer dans une langue qui en est envahie For mules a th oris ces fa ons de traduire la contrainte Dans le num ro des AVB consacr Pr vert Arnaud Laster rappelle comment Queneau d fendit cet auteur r put populaire contre les criti ques tant gaucheronesques qu estang liques ou claudemauriaciennes Le compte rendu par Paul Foumel d une soutenance de th se sur l rotisme chez Raymond Queneau est un morceau d anthologie et l on retrouve avec plaisir la rubrique Echos o Astrid Bouygues balaie exhaustive ment l actualit quenellienne A C ric Angelini et Daniel Lehman Mots en forme Bestiaire bloui des lexies t rato des ditions Quintette Paris 2001 210 p Sous un titre trop banal contrastant avec un sous titre trop sophisti qu ce livre reprend des chroniques de jeux litt raires parues dans le jour nal Le Soir La Belgique confirme ainsi qu elle est la terre d lection des sp cialistes de la langue fran aise qui annexent ici le champ de la lexicolo gie Plus g n ralement ce livre refl te un immense pas en avant par rapport aux ouvrages sur les jeux d esprit qui traitent souvent de jeux de lettres et de mots En effet les auteurs enfants de Perec et de l Intemet ne se sont pas limit s leur propres fonds ils ont eu recours aux diff rents diction nai
494. ues Lefr re et Michel Pierssens En marge Tusson Du L rot diteur 2000 186 p Qui ne veut tout conna tre de Myriam Mester et de ses Po mes idiots 1911 ici reproduits dans leur int gralit Jean Pierre Goldenstein et des uvres plus que compl tes de Mitrophane Crapoussin un des faux Rimbaud du temps du D cadent St phane Le Cou dic Les contri butions sont originales et vari es sur Benjamin Wilkomirski et ses m moi res apocryphes d enfant survivant d Auschwitz Hans Hartje sur les mys 280 CHO DES COLLOQUES tifications du biblioth caire Paul Masson ric Walbecq sur le nouveau philosophe myst rieux Jean Baptiste Botul ric Dussert sur son an c tre imperturbable Julien Torma Henri B har la Grande Anthologie 1914 sur une mystification m connue fabriqu e par certains fantaisistes Jean Paul Aron sur le Cinqui me Livre Fran ois Caradec sur les picto grammes indiens de l Abb Domenech Michel D caudin et sur quelques autres des faux sonnets antireligieux du XVI si cle le roman canadien au XIX si cle Jean Fran ois Chassay le Trombinoscope de Touchatout Jean Paul Morel etc Outre l avis des sp cialistes Jean Fran ois Jeandillou sur un exemple de Poe H l ne Maurel Indart sur la psychologie du plagiaire on peut lire les t moignages de ceux qui se sont rendus coupables d un tel forfait comme Fr d ric Beigbeider sur un vrai roman d
495. un formaliste comme Ricardou et d exp rimentateurs tels les oulipiens permet en effet de revenir sur certains axiomes de l histoire litt raire Raymond Roussel commence d ailleurs trouver la place qu il m rite dans diff rentes histoires litt raires ainsi dans celle publi e en 2000 aux Presses Universitaires de Rennes sous la direction de Mich le Touret o Jean Yves Dubreuille consacre quelques pages tr s riches notre auteur concluant Un tel crivain est videmment bien au del du gai saboteur que laissaient voir sa l gende et les hommages surr alistes et occupe une position incontournable sur tous les questionnements qui ne concernent pas seulement la possibilit mais la l gitimit de la litt rature p 160 Mi reille Calle Gruber pour sa part situe Roussel dans Histoire de la litt rature fran aise du XX si cle L Harmattan 2001 en compagnie de Michel Lei ris de Maurice Roche et de Nathalie Sarraute et elle signale que pour lui la lettre est un lieu de fractures o capter l heureuse co ncidence des effets de sens p 45 Le num ro de la Revue des Lettres Modernes de son c t se termine par un regard au del des fronti res Hans Siepe sur Roussel en Allema gne mais non sans nous avoir d abord permis de d couvrir une forme tr s int ressante d interm dialit Cette forme d approche critique ne de vait en effet pas manquer dans toute la panoplie que d veloppe ce recuei
496. upi la version fran aise est abr g e et la monographie sur les Fous litt raires d Andr Blavier qui vient d tre r dit e avec des ajouts aux Editions des Cendres en attendant que les rejoigne la traduction tr s attendue de Forse Queneau Enciclopedia delle scienze anomale du m me Paolo Albani en collaboration avec Paolo D lia Bella Cette encyclop die polylogue 3000 entr es 1100 langues est un tr sor ou mieux une mine d or Tous les amateurs de contraintes devraient y trouver mati re d couvertes et certains d entre eux prolonger ces d couvertes A C 249 CRITIQUES Les Amis de Valentin Br Nouvelle s rie Critiques en bataille n 21 22 f vrier 2001 122 p Les Amis de Valentin Br Nouvelle s rie Pr vert au vol n 23 juillet 2001 74 p Astrid Bouygues 69 71 rue d AUeray 75015 Paris Dans le premier num ro outre un rappel chronologique sur Ba taille Queneau et la fin de l histoire Marie Christine Lala nous signale rons l article sur les d marches parano des dans Le Chiendent de Shuichiro Shiotsuka sp cialiste japonais de Queneau et de Perec pr sent dans ce num ro la fin du dossier sur cet crivain Son rationalisme cart sien est rafra chissant Il donne galement un compte rendu de la tra duction des Exercices de style en japonais par Koji Asahina 1996 on y apprend que le lipogramme a t transpos en un texte monovocalique q
497. ur d ailleurs joliment exotique Pour une part moindre les modifications consistent en adjonctions d items qui n taient pas pr sents dans l index original C est le cas du tout premier item Day at the Races Il s agit d un titre de tableau pr sent dans le texte de l dition originale p 140 Il jouxte trois autres titres de tableaux non moins absents dans l index originel et qui sont ins r s dans le nouvel index L le correcteur s est substitu l auteur au point d crire sa place C est de fa on plus b nigne qu il a ajout litem About lequel n est pas pr sent dans le premier index mais aurait d l tre si l auteur avait respect ses propres prescriptions puisqu il cite ce nom d crivain dans l item sur le livre VA B C du travailleur Nous notons galement quelques suppressions qui nous paraissent cependant assez l gitimes ou l gitim es par les avatars des r ditions Al bum d images de la villa Harris Emmanuel Hocquard 703 a t sup prim comme Livre d histoire de Ren Belleto et Je me souviens de Geor ges Perec lui m me ces items r sultent de l indexation des auteurs et ti tres pr sents dans la liste De la m me collection donn e l extr me fin de l ouvrage originel paru chez POL Cette indexation ne semble pas le r sultat d une s lection automatique inexistante l poque D ailleurs Re naud Camus et Tony Duparc Jacques E
498. ur Les Murs De La Bo te Carr e G Pas Pu Eviter La Table Que Je Sais Pourtant Etre Ha Six Heures Du Lit Que Je Souille Chaque Matin Pour Supporter Lodeur De Lavande Qui Rentre Par Les Trous De Mon Nez Et Fait Des D charge Dans L ponge Toute Nervur e La Coquille Creuse De Mer Vide Que Je Garde Dans Ma Bo te Emprisonn e Par Lopaque Des Deux Bulles Que G Dans Les Paupi res Et Qui Vivent Les Grenouilles Sont Des Zombies Petites Baltes Froides Et Je D teste Quon Mappelle Ainsi Parce Que a Saute Dans La Bo te Je Me Cogne Au Murs De Lint rieur Ceux Qui Sont Pos s Derri re Mon Visage De Grenouille Ecrit Rudolph Goesch De Schw ring Sur ma paume Que Je Reconnais Par Lodeur Qui Lui Est Propre C Une Sorte De Taupe Quil A Lint rieur Et Elle Ne Cogne Pas Elle Ne Cogne Jamais II R p te Elle Est Douce Elle Est Douce Elle Est Douce Mais Elle Rogne Les Feuilles De Sa Bo te IL Dit En Me Passant La Lavande Du Savon Entre Les Cuisses Que G Tr s Jolies crit Rudolph Goesch De Schw ring Que Je Ne Vois Pas Mais Par Son Odeur Oui Mieux Et Savoir Son Odeur Fait Que Je Le Vois Qui Me Passe La Main Avec De La Lavande Entre Les Cuisses a Me G ne Beaucoup Parce Que Je Ferai Peut tre Des 143 DOSSIER Enfants Par L E
499. ur l opposition du jeune Perec au Nouveau Roman et Tel Quel voir G Perec L G Une aventure des ann es soixante Seuil 1992 14 R Caillois Approches de l imaginaire Gallimard 1974 p 151 15 J M Schaeffer Le Romanesque et la Fiction communication au colloque Le Romanesque universit de Paris IV Sorbonne 21 22 septembre 2000 16 Voir P Grimai dition et traduction Romans grecs et latins Gallimard biblio th que de la Pl iade 1958 43 DOSSIER 17 J emprunte cette hypoth se P Hamon Romanesque Naturalisme com munication au colloque Le Romanesque op cit 18 Voir notamment p 38 39 et p 59 19 VoirR Barthes L Effet de r el 1968 Le Bruissement de la langue Seuil coll Points 1993 Pour une discussion de la notion voir M Charles Le Sens du d tail Po tique n 116 1998 qui en montre l impraticabilit l efifet de r el est itr cup rable pour l analyse parce que le d tail est toujours d j s lectionn par une exp rience textuelle ou v cue qui joue le r le de filtre de lecture dans ces conditions l effet de r el en g n ral est typiquement un lieu d investissements affectifs forts Op cit p 422 20 R Barthes L Effet de r el op cit p 180 21G Perec Approches de quoi L Infra ordinaire Seuil 1989 p 11 12 22 L hypoth se est formul e par Jean Marie Schaeffer dans sa communication au colloqu
500. ur l oraison sur l amour du prochain sur la soumission aux 108 PEREC VINGT ANS APRES croix sur la mortification sur son habit qui lui paroissoit trop mondain 11 fournit sa raison un avis si divin car d abord il s imposa un joug fort fatiguant Pour tout habit il prit un sur tout d un Cadis brun qui lui co toit y compris la fa on un Lo is d or Quand il d noit on lui apportoit du pain fort noir son plat rago tant consistoit dans un Poisson r ti sur un gril Sa boisson dans un vin fort mauvais Au soir il faisoit to jours collation son lit paroissoit fort dur car il couchait sur cinq ou six fagots la nuit il faisoit trois fois l oraison du grand matin il travailloit dans son jardin il plantoit il arrosoit Tout au bout s offroit un bois dont il avoit un grand soin dans un coin on voyoit un canal o il nourrissoit un poisson Dans un mur vis vis un hibou faisoit son nid sur un balcon On voyoit un cadran fait par un Chinois fort s avant o il y avoit un travail infini Plus loin on voyoit un gazon riant qui invitoit y dormir Mais pour lui il n y dortnoit pas il y faisoit son oraison Un jour l ayant fait sur la mort tout br lant d un amour divin il poussa un profond so pir disant d un ton fort haut quoi donc il faut mourir ah la Cour n aura plus d attraits pour moi courons la croix qui fait tout mon appuy aussit t il partit pour Paris o il quitta tout il fi
501. ur les figures Jean Pierre Bobillot sur la po tique des noms propres Jean Michel Gouvard Dommage que dans son tude des tercets verlainiens Jean Louis Aroui fasse l impasse quant au tercets monorimes sur les ternaires introduits dans la po sie fran aise par Auguste Brizeux Beno t de Comulier donne une tude m trique rigoureuse et vigoureuse sur 296 CHO DES COLLOQUES les diverses formes de d casyllabes que Verlaine a emprunt es ses a n s et dont il a pouss au bout les possibilit s Le parall le entre Banville et Verlaine par Philippe Andr s est historiquement int ressant mais insuffi sant quant la comparaison des formes po tiques Les articles sur l esth tique de l artifice Arnaud Bernardet et sur Verlaine d cadent Claude Zismann apportent du nouveau sur le petit monde autour du po te comme celui de Michael Pakenham sur deux amis inconnus In fine Steve Murphy pose les probl mes mat riels et m thodologiques des nouvelles ditions de Verlaine Les tudes historiques sont pratiqu es la loupe de la m me fa on que les tudes linguistiques m triques stylistiques th matiques et l ensemble marquera une date dans le renouveau des tudes verlainiennes en liaison avec les tudes rimbaldiennes parnassiennes des po tes d cadents etc car tout se tient dans cette p riode faste de notre po sie Par del le mythe du po te maudit l un des plus riches invent
502. ur produire ce que j appelle un espace motl culaire la fois visuel et sonore un espace o les rep res et les fonctions sont loign s de ceux que l on demande une langue traditionnelle et tout aussi d routant que le r el dont il n est somme toute que le prolongement A propos de la dimension sonore de mon travail je voudrais pr ciser que l encore la contrainte qui r sulte de cet agencement de contraintes m oblige dire mes textes d une fa on particuli re que l on ne peut soup onner c est du moins ce que m ont avou nombre d auditeurs qui m ont entendu lire lors qu on les lit voit C est que la mise en voix ne peut en aucune mani re tre pr programm e du fait de ce dispositif textuel Ici pas de ponctuation pas de struc ture r p titive sujet verbe compl ment qui corsete la voix Nous ne sommes plus dans un mode analogique de la lecture qui prend l criture comme r f rent ab solu Chaque mise en voix est une aventure pleine d accidents toujours al a toire et toujours p rilleuse Chaque lecture publique que je fais est une proposi tion Il y en a d autres Les quelques textes que j ai conserv s de cette poque ont t publi s dans Triptike d cadex 1996 194 Jacques Sivan marguerite megleman de l tr yon an g ne kaoutshouk la soupape par vashe konpr sion ki tou ritme pulsater l alor ke konpr sion sur kapsule lint rier du ou susion r guli lint
503. ur texte quant son lieu d accueil et non syst matiquement Au Sens Propre de Patrice Hamel tablit le livre dans son organicit v rifiable savoir la page sa mobilit qui est la pagination et les raisons perceptuelles de celle ci qui sont les lectures Quant au site On l a dit le livre est un contexte partir duquel l crit qu il renferme peut tr s bien se r gler mais encore poss de t il un nombre certain de qualit s mat rielles susceptibles de codifier son criture et sa lecture d gale fa on Nul doute que si les fictions sp culaires d clinent certaines postures la plus com mune tant l utilisation La seconde personne du singulier ou du pluriel et dans un temps qui serait le conditionnel d un personnage ayant des v ll it s d auteur prennent le livre comme sujet de leur texte elles occultent singu li rement le livre m me o elles s inscrivent pr cis ment celui que l on a 214 RENOUVEAU DES ECRITURES FORMELLES entre les mains Le livre y est donc moins un contexte qu un personnage et parodiant on peut dire de lui que ses pages sont blanches comme la mar quise peut avoir les yeux bleus et qu il s est ouvert telle page comme elle sortit cinq heures c est dire que si faisant l objet d une republication sous d autres conditions de format ou de police le texte lu par exemple la page cinquante trois pourra tr s bien alors se lire sur deux pages d
504. urn e jardiner ou bricoler Du moins le croit on Car ce qu on ignore c est que A aime crire De puis plusieurs ann es d j avec la m me r gularit qu il conduit sa vie il rem plit ses feuilles blanches et l a y est il a fini un roman Qu il a d ailleurs trouv assez honn te pour le soumettre un diteur parisien 153 DOSSIER A re oit une r ponse de l diteur On l imagine intimid et mu l apercevoir un matin parmi le courrier distribuer imm diatement s en saisir l ouvrir la lire C est une lettre enga geante sign e d un Directeur G n ral qui avoue son enthousiasme il aime beau coup il adore il est m me pr t publier le manuscrit que A a envoy Seule ment il a re u d une certaine Mademoiselle L de Paris un manuscrit stricte ment identique Que faire Lui rien c est L et A de r gler a entre eux Quelle histoire hallucinante se dit A Comment a t elle pu arriver Com ment cette jeune femme a t elle pu crire le m me texte que moi Elle doit tre un autre moi m me Et toute la matin e debout sur son bateau il pousse et pense ce double litt raire commence croire un don du ciel qui sait peut tre l me s ur 11 sent que le deuil se termine que les c urs en berne et les faces tristes ne sont d j plus de saison qu il faudrait ranger les cr pes Rentr chez lui il prend sa plume et crit L Ma ch re am
505. urs d oranger 34 lt lt Pianiste de l orchestre de Claude Luter au Lorientais Mowgli Jospin en devient ensuite le trombone Christian Azy lui succ dant au piano De 1948 1954 il figure au palmar s annuel de Jazz Hot parmi les dix meilleurs trombonistes fran ais Il est demi fr re de Lionel Jospin 97 DOSSIER 407 Jean Michel Pochet m informe que ouk elabon polin alla gar elpis ph kaka est du grec ancien correct il manque ici quelques accents qui se traduit par Ils ne prirent pas la ville car l espoir leur disait de mauvaises choses La premi re moiti de la phrase est reproduite en 1939 dans la colonne de gauche de la page 269 de Finnegans Wake de James Joyce 409 Georges Perec passe le bac Etampes en 1954 Le 30 juin 1954 le Parisien Lib r titre en premi re page Le traditionnel et sympathique mon me du bac a d g n r en un d sordre regrettable qui a paralys pendant plus de trois heu res la circulation de Paris et indique en page 11 que commenc place Saint Michel avec 3000 ly c ens le mon me s est poursuivi par la destruction d une 4 CV l incendie d une 2 CV le bris des vitres d un restaurant du boulevard Saint Michel etc A 21 heures devant la gare du Luxembourg une bagarre a mis aux prises 200 lyc ens et les policiers qui compteront une dizaine de bless s 426 G rard Prat note port e sur son exemplaire de Je me souviens
506. us ou moins subrepticement introduites par l auteur Qui sait ce qu est un sonnet redou bl e sic Un rondine ou un roundelay Une terzanelle Un rubliw pa lindrome de Wilbur comme Richard D tranges items riches en con sonnes renvoient certains formes de la po sie galloise La po sie sonore et visuelle n est pas laiss e de c t Tous les mod les sont donn s avec des exemples Plus qu un guide pour faciliter la t che des tudiants c est un d lice pour l amateur de formes po tiques A C Patrice Ufal La constellation du non sens au moyen ge Onze tudes sur la po sire fatrasique et ses environs L Harmattan Universit de la R union 1999 188 p Ce m di viste a rassembl ses tudes la loupe voir au micros cope sur un domaine localis La r ception surr aliste de ces po mes Breton Bataille luard qui y retrouvait provocation et d foulement n est plus cr dible Il s agit bien d une inversion carnavalesque tr s codifi e imi tant le contraire de Tordre existant Sur le plan morphologique l ouvrage de L C Porter et les travaux de Paul Zumthor n ont pas puis le sujet L auteur montre que les genres ne se r duisent pas la fatrasie et la resverie aux fatras et aux sottes chan ons Une fois franchie le caract re jaigonnant de certains titres le lecteur pourra suivre des tudes tr s fouill es par lesquelles l auteur tente de r soudre le
507. ut de son rayonnage et la lettre H se jeter dans le vide pour retomber sur Villiers de l Isle Adam et poursuivre sa lecture dans l ordre alphab tique inverse des auteurs mais de la premi re la derni re page et non rebours cette fois C est donc en arrivant au bout de ce second rayon en lan 2000 et la lettre H encore qu il s tonne du mauvais classement de Hugo Vernier C est alors qu une charmante femelle chapp e du missel de Virginie Borrade lui explique que Hugo est parfaitement rang son nom Vernier tant le pr nom du po te La petite ver missel prouve ensuite que Vernier Hugo est un fr re jumeau de Victor Hugo r dacteur des pi ces en vers alors que Victor se chargeait des pi ces en prose Laissons lui la responsa bilit de ces assertions Le voyage des Vers Reine Haugnre BO n 117 mai 2001 Faux voyage en 41 questions qui commencent constituer une di tion critique des vrais voyages fran ais et allemands mais aussi de leurs auteurs La secr taire de l Association des amis de Hugo Vernier Reine Augure scie la branche sur laquelle elle est assise en d non ant les tudes peu s rieuses des oulipiens hors Jacques Roubaud en se pr tendant lau 118 PEREC VINGT ANS APRES r ate d un prix ignor de tous en excipant de fa on indue des c l brit s comme Horace Vemet ou Heitor Villa Lobos dont les initiales d busquerait Hugo Vernier En fait seuls George Perec et Jacques Ro
508. ution En mati re d emprunts libres tous les cas de figures sont repr sent s Des noms tout d abord segments singuliers dont la lisibilit com pense toute absence de marquage L improbable botaniste Pierre Joseph Macquart et la gouvernante Gervaise pour un clin d il Zola Ou Dietrich Knikerbocker l un des six pseudonymes de Beyssandre mais nom aussi du protagoniste de plusieurs uvres de Washington Irving et mani re de pseudonyme puisque l crivain am ricain lui attribue entre autres la pater nit de son Rip Van Winckle qui un manque final pr s Ou Romanet g rant de l immeuble au nom fort appropri emprunt l incipit des Clo ches de B le titre d Aragon par ailleurs encrypt Ou Danglars dont le nom vient en droite ligne du Comte de Monte Cristo mais qui n voque pas moins certaine Irma d Anglars rencontr e dans N and Ou Eric Ericsson emprunt selon toute vraisemblance une nouvelle polici re d Ellery Queen Le Chas de l aiguill Et bien d autres encore Des titres aussi la t n breuse affaire du chapitre XXXI allusion vi dente Balzac au chapitre XC la mention des onze mille cravates et d es 813 cannes de Lord Ashtray r criture manifeste de ces deux titres Les onze mille Verges d Apollinaire et 813 de Maurice Leblanc L exemple le plus riche qui s apparente une tentative de saturation tant la notice d Albert de Routisie ch LX
509. utoni re de Mmes Arana Claveau Noch re Cette interpr tation est juste en accord avec le texte En m me temps on ne peut tre certain qu une volont a pr sid au choix de ce nom On ne conna t que la liste d items de d part Peut tre Perec a t il voulu placer l immeuble sous le signe de l arachn en Mais que penser du portrait du personnage qui ressemblait vraiment son nom une petite femme s che noire et crochue Ici le nom g n re manifestement l apparence physique et le caract re le signifiant du personnage son signifi Au final le texte peut pr senter une coh rence compatible avec des exigences de lisibilit r alistes ou naturalistes mais la lecture ne peut se pr valoir d une autorit bouclant un projet significatif Les impli citations ont le m me r le Dominique Bertelli a par exem ple rep r une citation de Verne dans la description du tableau d une arai gn e grosse comme un uf de pigeon Qu en est il du peintre arai gn e dominant sa toile et du nom de Mme Arafla Les images d une ma trise de l auteur sont donc des leurres De fait Perec a toujours recherch une ouverture que d signe notamment l image du puzzle incomplet image aussi de la place du livre dans l uvre en train de se constituer comme de sa place dans la litt rature Val rie Dupuis a compar cette m taphore avec l insertion du volume au sein d un cycl
510. ux qui trouvent noble et grand de courir apr s la gloire Moi non Je crois qu il faut se comporter avec elle comme les Parthes avec la victoire feindre de lui tourner le dos 35 Peut tre tes vous de ceux qui croient que tout le m rite d un crivain est d crire Moi non Ce qui pour moi fait l crivain c est aussi la capacit de renoncer le cas ch ant l criture 36 Peut tre tes vous de ceux qui croient qu un crivain ne fait que d verser g n reusement les flots de sa richesse int rieure Moi non En fait les capacit s d un crivain je ne le sais que trop sont la mesure de sa rapacit 37 Peut tre tes vous de ceux qui savent en toutes circonstances faire bon usage de leurs emportements Moi non Mes amours comme mes hai nes se trompent assez souvent d adresse 38 Peut tre tes vous de ceux qui trouvent ridicule le spectacle d une montagne accouchant d une souris Moi non Je n oserais rire de la m re qui a connu toutes les douleurs de l enfantement et moins encore de l enfant 39 Peut tre tes vous de ceux qui ambitionnent de faire avaler leur lecteur de grosses tranches de vie plus ou moins saignantes Moi non J aurais trop peur qu elles lui restent en travers de la gorge D o mon go t pour les miettes plus digestes 40 Peut tre tes vous de ceux qui r prouvent la r cente intrusion dans les arts d une forte dose de d sordre Moi no
511. vais situ dans la r gion qu il habitait le marais vend en Il l avait imprim sur des rectangles de papier troits et hauts de couleurs diff rentes Il trouvait n cessaires les couleurs diff rentes Moi pas du tout J aime le blanc pour y inscrire les mots de la litt rature je n aime que le blanc 11 avait ri Il avait conserv les couleurs diff rentes Puis il avait cherch du bois 11 voulait des planchettes de bois aussi troites et aussi hautes que les rectangles de papier Des planchettes pour serrer les sept pages de papier qui n taient pas cousues qui taient libres Pour les r aliser il avait d coup le bois de lit de sa grand m re Le bois tait tr s beau avec des veines rouges les planchettes d sormais taient pr tes Il avait d coup sur les planchettes du dessus un trou rond comme un trou de serrure C est un trou de serrure avait il acquiesc un trou pour regarder le titre Il avait imprim l int rieur du trou sur les premi res feuilles qui tait blan ches et cartonn es mon titre en cercle Le Point d aveuglement Ce qui donnait un rond de texte autour d un rond de blanc un point aveugle ou un trou de serrure par lequel regarder d coup dans un lit de grand m re Gaston aimait les femmes il les aimait vraiment Et moi j aimais Gaston m me si c tait de loin avec de la tendresse pour ses cheveux boucl s et l attention de son regard et sa lenteur pat
512. vement pr sente au lieu d une mise en sc ne narrative de l article du dictionnaire ou de la note en bas de page du texte scientifique avec une explication toujours prise en charge par un sp cialiste personnage s adressant un non sp cialiste Texte litt raire et m talan gage op cit p 281 10 Lino Margay dit El Fichero est tout de m me un personnage important de La Vie mode d emploi A cette liste on pourrait tre tent d ajouter le Compendium du chapitre LI Un discours contraint p 432 8 La Tentation du livre sur rien pr face de Jean de Palaeio Mont de Marsan Editions Interuniversitaires 1994 568 p M Op cit p 522 15 Entretien avec Jean Marie Le Sidaner L Arc n 76 3 trim 1979 p 4 Le texte n est pas producteur de savoir mais producteur de fiction de fiction de savoir de savoir fiction Ibid 1 amp A partir d l ments choisis dans un catalogue d objets donn s j arrive raconter une histoire compl tement irr elle et qui a toutes les apparences de la r alit C est en tout cas ce qui m a norm ment frapp chez Jules Verne et surtout Raymond Roussel Quand on poursuit une num ration jusqu au bout on en arrive une valse de mots qui se mettent tourbillonner entre eux Ce plaisir de l accumulation tait en acte chez Rabelais et chez Jules Verne La vie est un livre op cit p 137 1 Voir ce sujet Vincent
513. vient en fait le personnage Le deuxi me chapitre Entra nement correspond la phase du sc nario Enqu te men e sur les fonctionnements pr sum s du stade ce chapitre dont la dimension est celui d une nouvelle permet au personnage de d terminer peu peu les modalit s de l preuve d athl tisme qu il doit accomplir Ce chapitre 197 DOSSIER rel ve du genre sc naristique parce qu il se r duit pratiquement la pr senta tion des l ments et des hypoth ses n cessaires au d roulement du r cit autre ment dit rien n y est vraiment d velopp Mais il en observe surtout la fonction En effet qu est ce qu un sc nario d fini sous langle fonctionnel sinon un crit d pourvu de r gles d criture con ues de fa on autonome par rapport la fiction qu il pr sente Si le troisi me chapitre Athl tisme qui constituera la partie la plus im portante du livre correspond au stade de l criture c est donc parce qu il est au contraire pourvu de r gles d criture con ues defa on autonome par rapport la fiction bien qu articul es elle Si le roman ob it une forme volutive en raison du changement graduel de ses diff rents chapitres la forme de ce troi si me chapitre est elle m me volutive En effet Athl tisme comporte quatre sections affect es chacune d un r glage diff rent et ces r glages ont la particula rit de porter chaque fois sur une unit plus fine de la
514. vil gi la concision d une part les d finitions sortant des variations sur les classi ques d autre part Comme il fallait bien un classement c est le quintet sui vant qui est sorti En fait un auteur avait deux d finitions parmi les S pre mi res et il a t consid r que les gagnants l taient pour l ensemble de leurs envois ce qui lib rait une place en finale 299 JEUX Dix Jean Claude Breton A d dire quel mufle Fr d ric Schmitter Ego italien Olivier Kayser Elle erra au fil du taon Pierre Y ves Carlot O D qui recevront chacun un exemplaire de la revue Formules la revue vachement contrainte A noter que l avant derni re r ponse hors concours et involontaire mane de Guy Brouty soi m me dans son probl me n 627 de T l rama 22 28 septembre Changea d allure La premi re arriv e est Satellite d une grande puissance Nicolas Graner et la derni re est Cow girl Robert Rapilly notre On trouvera ci apr s un chantillon repr sentatif de 80 d finitions de vache mise nu dans lesquelles les contributeurs reconna tront leurs veaux mythologiques astronomiques calem bourriques g ographiques ou phon tiques 300 Eructe en souffrant tout autour de la plan te la cuisse rouge Satellite d une grande puissance D couverte par Zeus puis par Galil e mais pas de la m me fa on Tourne toujours autour de Jupiter Elle aura
515. visuel diagramme de l antim tabole Il existe une relation de relative quivalence entre les signifi s de l ic ne et les signifi s du discours il s agit plus exactement d une signification di recte nomination et description Construisons maintenant un troisi me texte ad hoc Infinis reflets en face face vide miroir et miroir vide face face en reflets infinis L aspect discursif de cette phrase livre sur le mode m taphorique l une des interpr tations possibles de la figure qui la constitue et qui devient toujours par r tromotivation un diagramme de la r flexion des miroirs La 66 PEREC VINGT ANS APRES relation entre les signifi s de l ic ne et les signifi s du discours est m ta phorique autrement dit la phrase d note son diagramme constitutif par une signification indirecte la m taphore fil e Si nous consid rons maintenant ces deux phrases comme des textes autonomes il pourrait s agir de po mes en prose il est vident que leurs diagrammes d inversion correspondent un m me type de forme holotextuelle Dans chaque texte en particulier le forme holotextuelle peut tre lue soit comme un signe holotextuel iconique soit comme un discours linguistique Et ce discours a un rapport de d notation directe ou indi recte avec l ic ne holotextuel C est bien ce type d organisation du texte que Perec utilise plu sieurs reprises dans ses crits contraintes
516. voir Mireille Ribi re Perec et Mallarm communication au Colloque international Mallarm de Tour non actes para tre courant 2002 9 Voir ce propos mon article La farce cach e des choses du songe d Ur sule au tombeau de Vibescu Le Cabinet d amateur Toulouse n 7 8 Ac tes du Colloque international de Grenoble Perec et l image d cembre 1998 10 Pour deux analyses plus pr cises et compl mentaires de cette notice p 348 voir Bernard Magn Georges Perec faire concurrence aux dictionnaires Le Cabinet d amateur Toulouse n 6 d cembre 1997 et mon transPhormER Ecrire Etudes litt raires universit Laval Qu bec voL 23 n 1 2 Georges Perec t automne 1990 11 Hachette 1937 ouvrage conforme aux programmes du 30 ao t 1937 p 134 12 Guy Debord Potlatch 1954 1957 1985 r d Folio p 137 13 Paul Val ry Note et digression 1919 premi re partie de Introduc tion a la m thode de L onard de Vinci dans Vari t Gallimard 1924 p 186 Dans les r ditions de ce texte 1931 1938 une note marginale de Val ry pr cise Cet aphorisme a t un scandale pour plusieurs C est qu ils l entendi rent contre eux et non dans sa simplicit de pure constatation uvres tome L Biblioth que de La Pl iade 1957 p 1205 14 Perec ne cite pas la traduction de Baudelaire les fen tres semblabl
517. voire pine en nuages sens s Sans surprise elle corche et ternit tristement Tout tardif flocon noble temel long gla ant Timide elle est tr s sombre et travestit ton nom Mi vre elle est teint e en nectar r s da Acide elle est triviale en n v s sans saison No l lointain Non noir rayon nous surprendra Avec cent tons salis Seule euphorisation Nette enfant tourbillon neige tincellera Alain La contrainte parfois appel e kyrielle d initiales d rive de la kyrielle de mot j en ai marre marabout bout de ficelle Ici ce ne sont pas les syllabes finales qui s encha nent mais les lettres Chaque mot commence par la lettre qui termine le mot pr c dent 196 Guy Lelong Formation d athl tisme Ces pages pr sentent la forme imagin e pour le troisi me chapitre d un roman en cours intitul Le Stade dont les deux premiers chapitres ont t pu bli s dans le num ro 3 de cette m me revue L organisation g n rale de ce Stade est plut t inhabituelle En effet ses quatre chapitres correspondent aux quatre phases d laboration qui peuvent tre distingu es pour r aliser un roman le concept le sc nario l criture l dition Cette forme volutive ou plus exactement processuelle en quatre stades a d termin le r f rent principal de ce roman un stade Et les quatre chapitres qui concr tisent ces quatre phases ont pour titres respectifs Etablissement En tra nement
518. x l et je crois parmi les meilleurs Je n ai pass ma vie qu au service des livres de longues heures silencieusement parcourir les manuscrits qu on m envoyait Certains mont ras d autres endormi peu m ont emball Ce matin apr s avoir fini mon th jai saisi le v tre sur le dessus de la pile et lai emport dans ma baignoire a a t comme une tincelle dans la nuit je l ai lu dun coup il tait parfait je venais de tomber l sur un chef d uvre peut tre un nouveau monument de notre litt rature j tais combl indiff rent aux cris de la patronne qui m ntimait pourtant l ordre de lib rer illico ta salle de bain a bardait sec 159 DOSSIER Je le publierais sans h sitation si sur la pile le manuscrit suivant n tait pas strictement identique Mot pour mot l ma t envoy par un certain des Deux S vres Qu est ce dire k Qui a emprunt qui Je suis trop ancien dans ce m tier d diteur pour m mouvoir des pratiques de notre poque D nouez moi a tous les deux et accordez vous Je publierai d s lors qui de droit Veuillez croire Mademoiselle et autres ronds de jambe distingu s Devant cette lettre L a du mal contenir sa col re De quel droit se demande t elle un inconnu oserait il pr tendre tre Pauteur de mon texte C est moi et moi seule qui lai crit Comment ce monsieur A peut il un seul instant s imaginer me berner de la sorte Je l appelle sur l

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