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« Nous avons mangé la forêt » Georges Condominas au

1. du d placement du Est contens dans une enceinte faite d un collier b quelques charbons C Un buffle une ch vre en vannerie une paire de sing taill e dans de la calebasse C autre paire de cing en calebasse d bol enevivre Contenont un un esclave en terre tubercule de plante magique et dam lequel on mettra un bracelet er on versero de l eau e b ton touiller lerig f Suu troany et u troany double pompon pove chignon d homme entrem lds 8 les trois sachets de quartz et de pierres magiques appartenant tespectivement au chamane J ong lo Gu risseuse at Dr m Krang ES 9 morceau de colebasse contenant du riz sofran txihauss SUR LE SOL 41 La t te dubuffle aver lo corde pass e dans les naseavx IEEE S x tro nant sur lo place qu occupero te chamane Moterers O IAS Yo UN l2 yang d m surmont e d un grand bal vi tnomien Dessin de Georges Condominas I3 le gr ong ov harnais sonore A 15 Poteau de jarre nd ng yang auquel on attache la jarre principale du sacrifice du buffle Au sommet est sculpt un personnage turban en papier coiff d un chapeau d portant des bouchons d oreilles un peigne d tain et un collier de perles multicolores Ce personnage est accroupi sur un l phant d fenses de bois blanc Echang avec le gendre de Ung Tung Yan du village de Ndut Lieng Krak contre une brasse
2. mus eduquaiBranly Nous avons mang la for t Georges Condominas au Vietnam Exposition dossier Galerie suspendue Est 23 juin 15 d cembre 2006 Sommaire e INTRODUCTION e LE PROPOS DE L EXPOSITION e SYNOPSIS L ethnologie comme art de vie Le terrain ethnographique qu te de la langue et collecte d objets Les villageois de Sar Luk Br ler la for t de la pierre g nie G o Les travaux et les jours Le sacrifice du buffle La maladie et la mort Une soci t sans criture Sar Luk aujourd hui p 3 p 5 p 7 p 8 p 10 p 11 p 13 p 14 p 15 p 17 p 19 p 20 e L OBJET DE L ETHNOGRAPHE Entretien de Georges Condominas avec Yves Goudineau e MONTAGNARDS DES PAYS D INDOCHINE DANS LES p 25 COLLECTIONS DU MUSEE DU QUAI BRANLY Christine Hemmet p 28 e LES MNONG ET LES MAA Georges Condominas e BIOGRAPHIE DE GEORGES CONDOMINAS e BIOGRAPHIE DE CHRISTINE HEMMET e INFORMATIONS PRATIQUES e LISTE DES VISUELS L exposition b n ficie du soutien de la Maison de l Indochine p 30 p 36 p 39 p 41 p 43 INTRODUCTION Nous avons mang la for t est situ et dat Sar Luk 1948 1949 Il y a l un arrimage nouant ensemble le v cu d un jeune ethnographe et un moment de l histoire d une soci t mais aussi une inscription significative dans l histoire de l ethnologie Quand vingt sept ans Georges Condominas s installe Sar Luk village de population mnong gar sur le plateau
3. r clame un rite pr alable et sa cl ture apr s engrangement dans les greniers du village s panouit dans la plus belle f te annuelle d actions de gr ces celle ci ouvre avec le retour de la saison s che une p riode d abondance et de loisirs La forme des champs comme la dur e d occupation des sols varie beaucoup selon les groupes Ainsi les Mnong Gar cultivent rarement deux ans de suite le m me emplacement et toutes les maisons du village regroupent leurs champs en un seul tenant en revanche chez les Brao du Cambodge chaque foyer exploite un terrain s par dont il abandonne une parcelle apr s la moisson d frichant la saison suivante une nouvelle parcelle l autre extr mit du champ Quoiqu il en soit le m me souci domine l activit agricole il faut laisser la for t se r g n rer et lhumus se reconstituer assurant ainsi une riche fertilisation du sol Par ailleurs contrairement aux id es re ues la production du riz en essart est nettement sup rieure celle de la rizi re sauf celle des syst mes d irrigation complexes des grands deltas En outre un miir c est dire un essart ou r y produit dans son espace non seulement du riz mais divers l gumes et fruits ma s tubercules pinards cucurbitac es bananiers etc ainsi que des cotonniers et des indigotiers Il n est donc pas tonnant que les famines soient rares chez les Montagnards et que quand elles ont lieu elles n atteignent j
4. Tunique de femme en coton ao uur rddei v tement femme Ed chang e contre quatre brasses de calicot et une serviette ponge rouge d une valeur de vingt piastres Port e m me le corps surtout lors des c r monies telles que les fun railles les mariages 71 1951 3 169 mus e du quai Branly P Gries Ceinture tablier c r monielle d homme chang e contre dix brasses de calicot la tunique de matelot neuve de l ethnologue et deux cents piastres Prestigieuse cette ceinture tablier en coton et orn e de graines appel es larmes de job Coix lacryma jobi L est port e m me le corps lors des c r monies 71 1951 3 172 mus e du quai Branly P Gries Ceinture tablier d homme d tail suu troany tiek de type courant Echang e contre six brasses de calicot et une veste kaki de l ethnologue Coton laiton Cha ne suppl mentaire trame lanc e et cord e application 71 1951 3 171 mus e du quai Branly P Gries 12 Br ler la f ret de la pierre Genie G o Depuis le 8 mars tous les foyers ont enti rement termin l abattage de leur lopin de for t La saison s che bat son plein et les abattis abandonn s sur place se dess chent rapidement Apr s avoir constat l tat du d frichement Bbaang l Enceint est pass avant hier dans tous les foyers pour annoncer le rassemblement g n ral du lendemain en vue de d gager les pourtours des champs afin de prot
5. 1960 russe Moscou 1968 allemande Francfort 1969 anglaise New York Harmondsworth 1977 et r d New York et Tokyo 1994 japonaise Tokyo 1993 vietnamienne Hano 2003 hongroise Budapest en pr paration L Exotique est quotidien Sar Luk Vietnam central Paris Plon 1965 Collection Terre humaine 2e d 1977 trad espagnole et pr f de Manuel Delgado Barcelone 1992 Fokon olona et collectivit s rurales en Imerina pr f d Hubert Deschamps Paris Berger Levrault 1960 234 p couv ill carte bibliogr p 23 1 234 L homme d Outre Mer Nouvelle s rie 3 2e d ORSTOM 1991 L Espace social A propos de l Asie du Sud Est Paris Flammarion 1980 trad vietnamienne Hano 1997 R dition en cours aux Editions Les Indes savantes From Lawa to Mon from Saa to Thai historical and anthropological aspects of Southeast Asian social spaces transl by Stephanie Anderson Maria Magannon and Gehan Wijeyewardene Canberra Department of Anthropology Research School of Pacific Studies Australian National University 1990 VI 114 p ill maps plan photographs glossary An occasional paper of the department of anthropology in association with the Thai Yunnan project L Espace social Raya thaang sangkh m Bangkok Cahiers de France 1991 trad tha e par Mmes Chatchada Ratanasamakarn et Sumitra Baffie Le Bouddhisme au village Val sonna bot notes ethnographiques sur les pratiques
6. L installation de l ethnologue sa maison le village L intimit avec les villageois Le terrain ethnographique qu te de la langue et collecte d objets Les villageois de Sar Luk Une galerie de portraits Costumes et parures du quotidien Br ler la for t de la pierre g nie G o Le temps des semailles La moisson Les rites agraires Les travaux et les jours La recherche de nourriture Le repas L artisanat Le sacrifice du buffle Les d cors du rite Mise mort du buffle Offrandes et v tements rituels La maladie et la mort Les rites de gu rison Les fun railles Une soci t sans criture Une tradition orale et musicale Sar Luk aujourd hui Les retours de Georges Condominas 1958 et 1995 Un regard vietnamien al WN Phii Sr ony Al vers Ane BAN M THUO Bboon Dlei Daak Rhiu 1547m Kro Lieng Krak ARAN ar La SES 3 Dam Roong RAN Ne aY n Dlei 2009 m 0 8 Mb r Romen 00 MEdu Lang Biang A F aS FYAN Q gt D aN S a 1638 m 0O 5 10 15 20km Alors que la piste longe la rivi re voici qu appara t sur l autre rive jusque l occup e par la for t un village mnong gar aux longues maisons align es parall lement au cours d eau et comme cras es par leur toit immense d o s l vent des nappes de fum e Quelques frondaisons des m ts g ants agitant leurs palmes se dressent entre les longues maisons Dans les cours au
7. autres formes existent de riziculture ainsi les Rl m de la Plaine du Lac pr parent leur rizi re sans instrument aratoire mais par pi tinement de troupeaux de buffles Enfin les Maa Huang de la boucle de la Donna ou D ng Nai pratiquent la culture la plus rustique qui soit au Vietnam celle non am nag e du paddy en marais Cependant les rizi res permanentes n occupant qu une partie de leur finage les riziculteurs exploitent eux aussi la for t mais un moindre degr que les essarteurs par la cueillette la chasse et la p che et comme eux y enterrent leurs morts pr servent des bosquets sacr s g n ralement des hautes futaies et y font quelques petits essarts Habitations Pour ceux qui ne les ont jamais fr quent s les Montagnards ne pouvaient gu re s abriter que sous des huttes sommaires et sales Clich galement tr s loign de la r alit en ce qui concerne l habitation qui pr sente une grande diversit de r alisation A titre d illustration nous suivrons une ligne droite imaginaire reliant les deux branches de la Sr pok le Krong Ana le Fleuve femelle au nord et le Krong Kn le Fleuve m le au sud coupant au passage la cuvette du lac Daak Laak Nous traverserons ainsi des villages des essarteurs Rhad s aux magnifiques longues maisons solidement implant es sur de puissants pilotis pour passer ensuite dans la cuvette du lac am nag e en rizi re entre les maisons monofamiliales des Mnong Rl m
8. d une case miniature pour le g nie L change de sacrifices qui scelle l alliance de deux amis fid jur s donne lieu l rection devant la case de chacun d eux d un m t de cocagne fait d un bambou g ant d une vingtaine de m tres lui aussi est orn de grandes ailes de palme d o pendent des mobiles faits de plaquettes de bois l ger et porte fix la pointe de son sommet un oiseau sculpt un calao de pr f rence Cependant c est la F te du Sol qui pr sente le c r monial le plus spectaculaire car l occasion de celle ci qui a lieu environ tous les sept ans chaque foyer du village tient immoler au moins un buffle Les deux ou trois ann es qui pr c dent la F te du Sol on rappelle aux g nies l engagement qu on a pris envers eux par la circulation dans les maisons de tout le village d un orchestre de gongs plats La veille 34 du sacrifice des hommes au grand savoir viennent chaque porte faire avec d autres install s l int rieur une joute de chants sot riques narrant le mythe des origines Les hommes sacr s marquent la cl ture de cette grandiose c r monie par une libation de bi re de riz au pied de la tr s petite case du g nie Nduu derri re laquelle on a entass les bucr nes des buffles immol s Georges Condominas extrait du catalogue Montagnards 1995 35 BIOGRAPHIE DE GEORGES CONDOMINAS N le 29 juin 1921 Ha phong Vietnam d un p re fran ais e
9. plant d tail kiep krai pour les teindre en noir de chignon 71 1950 24 31 et horizontalement dans les cheveux Deux cornes de buffle orn es de fil et de r cipient pour la laque des effilochage de laine perles supportent un d cor en forme dents 71 1951 8 256 Fonds chang e contre une brasse et d l phant et un sommet tronconique Georges Condominas demi de tissu Laiton perles contenant la laque Echang contre une mus e du quai Branly coton H 15 5 71 1950 2431 blague tabac en nylon Bois H 35 5 mus e du quai Branly P Gries 71 1951 3 256 mus e du quai Branly P B Descoings Gries V Torre 10 Les villageois de Sar Luk Une galerie de portraits Kroong le Bref est un homme total un homme de qualit Dans le jeu des quivalences c est Swann qu il m a toujours fait penser La richesse de sa personnalit me frappa d s le premier contact mais ce n est que plus tard gr ce mon int gration dans la soci t que j ai pu saisir les profondes qualit s de l homme Sympathie partag e qui le poussa me proposer le t m b h l alliance par change de sacrifices Sraang du clan Rjee vit dans la m me longue maison que sa m re Br ong la Veuve sa grand m re Troo et sa petite m re tante maternelle Laang Mhoo mari e au fils de Bbaang l Enceint avec lequel elle a eu une fille Poong Georges Condominas 11 L objet et son histoire
10. 26 cm Co dition mus e du quai Branly Actes Sud N en 1921 Haiphong Georges Condominas est revenu au Vietnam en 1948 apr s des tudes de lettres et d ethnologie Paris Il s installe chez les Mnong Gar sur les Hauts Plateaux du centre du pays pour son premier terrain de recherches Pendant plus d un an il recueille une documentation exceptionnelle et pr s de 500 objets r unis aujourd hui au mus e du quai Branly Cette publication rend compte de ce travail sur Sar Luk MODALITES PRATIQUES Horaires d ouverture Du mardi au dimanche de 10h 18h30 Entr e r serv e d s 9h pour les groupes Nocturne le jeudi jusqu 22h Fermeture hebdomadaire le lundi Lieu L exposition se trouve sur la Galerie suspendue Est du plateau des collections d volue aux expositions dossiers Tarifs Billets d entr e pour le mus e du quai Branly et les expositions dossiers Plateau des collections et Galeries suspendues Tarif plein 8 50 Tarif r duit 6 moins de 25 ans tudiants Gratuit moins de 18 ans ch meurs RMistes grands mutil s de guerre et grands handicap s civils journalistes titulaires de la carte culture amis du mus e d tenteurs du Pass mus e du quai Branly membres de lICOM et de l ICOMOS Billet Un jour au mus e plateau des collections dont exposition d anthropologie et expositions dossiers expositions temporaires internationales Tarif plein
11. Sc nes de la vie de l ethnologue Georges Condominas Sar Luk repr sent es par un Mnong Gar sur un panier de cuisine 2a L ethnologue lit son cahier ou un livre la pipe a 2b L ethnologue et un visiteur le Dr Choumarra t marqu e son fusil terre suivi d un Mnong Gar cause des cheveux en brosse assis de chaque c t ou lui m me fumant une pipe et portant son fusil sur d une table et fumant chacun leur pipe l paule gt Bambou peint en noir et grav au couteau H 106 71 1951 8 157bis mus e du quai Branly P Gries B Descoings Le terrain ethnographique qu te de la langue et collectes d objets Surtout j avais d cid d effectuer ma mission en employant non le fran ais mais la langue m me de la tribu choisie Je voulais travailler en contact direct avec les hommes que je venais tudier or un interpr te est sans conteste un interm diaire Je continuais enrichir mon vocabulaire et mes connaissances des techniques mnong en suivant la m me m thode qu on pourrait appeler techno linguistique dessinant les objets et notant leurs noms observant les activit s artisanales tissage forge etc et demandant par signes surtout la d nomination de chaque geste mr LES et AIME DN has A w it 2 hia ce 9 22 Epingle de chignon m ng kal R cipient pour la laque des dents Carnet de terrain pingle sok nduum b ton
12. aussi les aider survivre Christine Hemmet extrait du catalogue Montagnards 1995 29 LES MNONG ET LES MAA Situation g ographique Sous les noms des deux sous groupes les plus connus le titre de cet article concerne l ensemble des Proto Indochinois austroasiatiques du Vietnam m ridional et du Cambodge du Nord Est En effet si au Vietnam la limite septentrionale de leur habitat se situe au sud de Buon Ma Thuot o les Mnong se trouvent en contact avec les Austron siens Rhad s et Bih plus l ouest ils se r pandent dans les provinces cambodgiennes du Mondolkiri et du Rattanakiri o ils sont d nomm s Phnong et au del au Sud Laos Signalons parmi eux au Cambodge les Brao l extr me nord du Rattanakiri et au sud du Mondolkiri les Stieng on retrouve ces derniers au Sud Vietnam la limite du delta du M kong et l est de ceux ci les Chrau galement en bordure du delta Quant aux Maa ils habitent au nord des Stieng et des Chrau et sont s par s des Mnong par les K ho du plateau de Fyan riziculteurs comme le sont les Lac du Lang Biang o se trouve Dalat et les Sr des plateaux de Dijiring Di Linh et de Blao Bao Loc K ho d signe d ailleurs le parler commun tous ces riziculteurs et aux Maa qui comme les Mnong sont des essarteurs Cependant les langues de l ensemble Maa et Mnong y compris les tribus qui leur sont apparent es appartiennent d apr s les lingu
13. autre dimension Et il est plus facile de dessiner des objets que des esprits surtout quand ces derniers n ont pas de figuration Tout fait Et une fois qu on a les termes pour les diff rentes parties d un objet on peut rep rer les formes verbales d crivant les actes techniques La m me m thode s applique tout aussi bien aux rituels qui sont galement des proc d s techniques Les esprits ne sont pas affranchis de la technologie Il y a des objets usuels que tout villageois sait confectionner ceux de la maison ou des champs et puis les objets chang s jarres gongs chaudrons fabriqu s ailleurs qui sont notamment l enjeu des transactions matrimoniales lls ne sont pas valoris s pareillement C est vrai et ces distinctions souvent plus subtiles qu on croit font partie de l enqu te La notion de valorisation est d ailleurs difficile cerner d autant qu elle volue constamment Pour les objets haute valeur symbolique les changes villageois fonctionnent selon ce que j ai appel une conomie monnaie multiple il y a un syst me d quivalences qui s exprime en buffles jarres gongs etc Il faut noter que les tissages occupent une place particuli re dans ces changes ils sont une production villageoise et sont le fait exclusif des femmes On dit d une maison qui poss de de bonnes tisseuses qu elle a sa fortune assur e 22 Mais il y a aussi une valorisation li e un rapport
14. collections permanentes du plateau de r f rence Conservateur au Mus e de l Homme depuis 1978 ses recherches ont port sur la vie quotidienne villageoise dans le sud de la Tha lande o elle s int ressa plus particuli rement la religion populaire telle qu elle se manifeste dans la danse rituelle du Nora et le th tre d ombres comme dans le pe spectaculaire des amulettes Ses missions en Tha lande en Malaisie en Birmanie en Chine du Sud et au Vietnam ont permis le recueil d environ 1000 objets Elle organisa de nombreuses expositions En 1992 elle est charg e par le minist re fran ais des Affaires trang res d aider la cr ation du mus e d Ethnographie du Vietnam Inaugur en 1997 par les Pr sidents fran ais et vietnamien le mus e a re u le prix Rockefeller 1999 comme meilleure r alisation mus ographique d Asie Christine Hemmet et l architecte du projet V ronique Dollfus l Ordre du Pr sident de la R publique Socialiste du Vietnam pour uvre de coop ration 1997 et la M daille du Ministre de la Culture du Vietnam pour uvre de pr servation du patrimoine 1998 Depuis 1998 cette coop ration continue avec la r alisation du mus e de plein air de ce m me tablissement destin aux architectures traditionnelles et la cr ation de deux nouveaux mus es l un Hanoi d di aux populations d Asie du Sud Est l autre Buon Ma Thuot pour la province du Dac Lac Le r sultat esp r est la mise en p
15. critiques de la vie sociale comme les faits ordinaires Ce n tait pas seulement un parti pris qui peut sembler absurde ceux qui d barquent avec une grille d analyse remplir mais une m thode assum e un cheminement pour entrer dans la langue des gens dans tous les sens du terme Je souhaitais chapper nos cat gories habituelles de d coupage du r el et ne voulais pas non plus d un interpr te qui aurait tent de traduire donc de rationaliser sa culture pour moi Cela dit on ne peut videmment pas tout transcrire et je savais que je ne prenais qu un point de vue sur cette soci t mais je voulais le prendre du dedans et le plus exactement possible Nous avons mang la for t est cet gard une sorte de limite de l ethnographie la fois paroxysme de la description et d roulement lyrique continu port par une importante litt rature orale versifi e Etiez vous conscient de son caract re h t rodoxe presqu exp rimental J entendais surtout rendre sensible le fragment d un r el qui ne se vit pas comme le n tre mais qui est un aspect de notre humanit commune Et le d tail la r p tition des gestes des formules prononc es les faits minuscules sont essentiels et font la trame et la po sie galement du quotidien Effectivement c est la critique litt raire qui au d part a le mieux saisi cette intention des gens comme Maurice Nadeau ou Edouard Glissant Je voulais aussi enregistrer les
16. d crits il y a les s ances chamaniques Mais l l action est plus individualis e elle est presqu enti rement dans les mains du njau mh Disons que l art de la parole du chamane est essentiel en la circonstance Il s appuie beaucoup sur les participants aussi il les prend en charge mais fait en sorte qu ils accompagnent son travail il va par exemple faire suivre des parents ses p r grinations dans l au del la recherche de l me bufflon de leur enfant malade Contrairement ce qui se passe dans les grands rituels de sacrifice il ny a pas de c t festif Il y a une souffrance soulager et une angoisse des participants apaiser Le chamane le njau mh6 doit vraiment savoir mener sa s ance et tenir ses patients ce qui n est pas toujours facile car s il lui est reconnu un art particulier il n est pas un professionnel pour autant c est socialement un villageois comme un autre Il ny a pas en fait de repr sentation ou d institutionnalisation permanentes du sacr ou du religieux Pas de lieux de culte de pr tres et aucune figuration d un divin Et pourtant on a le sentiment que la sur nature comme nous dirions ne cesse d interf rer avec les affaires des humains En effet parce que de m me qu il n y a pas de cat gories sociales v ritables dans le village bien qu il y ait des plus riches et des plus pauvres il n y a pas de fronti re tanche entre les cat gories d tres L o
17. du Darlac aujourd hui province du Dac Lac au centre du Vietnam c est avec un d sir d immersion compl te Il entend d passer une certaine ethnographie indochinoise uvre de missionnaires ou d administrateurs parfois de qualit mais laquelle ont manqu l exp rience d une intimit et les m thodes que r clame une d marche professionnelle Pour lui partager le quotidien des villageois est la condition n cessaire analyser le plus fid lement possible la vie sociale dans ses multiples dimensions l aide de techniques d enqu te prouv es devient l objectif Il s agit de participer la vie d un village pendant un an au moins de fa on suivre le d roulement d un cycle agraire en son entier On attendrait une nouvelle monographie de tribu organis e par sections technologie organisation sociale vie religieuse conomie villageoise etc Mais l acad misme de ce type de synth se est pr f r e une monographie dynamique tenter de suivre la vie de Sar Luk dans son volution au jour le jour Vouloir tout restituer est illusoire et assur ment l ethnographe s lectionne mais la masse des faits observ s par Georges Condominas jusque dans leurs moindres d tails reste prodigieuse innombrables notes dessins lexiques enregistrements photos Tributaire de cette formidable mati re brute en un sens il recourt au r cit pour en rendre compte chronique la premi re personne rythm
18. e en sc nes de la vie sociale Un genre enti rement nouveau crira L vi Strauss En marge ou contre courant de certaines pr occupations th oriques d une poque puis consacr pr curseur par le post modernisme parce qu il affiche la subjectivit de l ethnologue et sort les villageois de l anonymat il est re u de plain pied par les milieux litt raires et se lie avec Henri Michaux comme avec Georges Perec L histoire n est pas absente Sar Luk volue sur fond de pr sence coloniale d clinante la guerre d Indochine se propage celle du Vietnam couve Des villageois ont t tirailleurs dans l arm e fran aise d autres travaillent dans les plantations Georges Condominas participe intimement de cette histoire n au Vietnam fils d un sous inspecteur de la garde indochinoise et d une m re m tisse il d noncera l troitesse d esprit de trop de colons fran ais puis s engagera contre les guerres post coloniales Il sera signataire du manifeste des 121 lors de la guerre d Alg rie et fustigera les b rets verts am ricains l occasion d un discours m morable l American Anthropological Association Le sort des habitants de Sar Luk pris dans les violences de l histoire contemporaine le conduira cr er le terme d ethnocide devenu classique Georges Condominas est embl matique d une g n ration et d une cole celle d Andr Leroi Gourhan pour qui le terrain prime Il su
19. forge au soufflet deux pistons verticaux pour les petites r parations de leurs coupe coupe dont les lames rectangulaires varient d paisseur et de taille selon leur usage mais la fabrication de celles ci et celle des petits couteaux manche m tallique des sarcloirs des herminettes et des lames de haches balancier ainsi que celle des fers de lance ou des sabres requi rent une habilet que seuls quelques uns au village poss dent Certains acqui rent un renom qui leur suscite des demandes provenant d autres agglom rations plus ou moins loign es Il en est de m me pour une autre activit masculine la vannerie Les hommes de chaque foyer ont coeur de fabriquer eux m me les paniers les hottes et les vans dont leur famille 32 a besoin seuls les plus habiles se risqueront dans le tressage des hottes couvercle et des petites bo tes bijoux dans lesquelles on place aussi quand on en a re u ces cailloux magiques signes d alliance avec les G nies On trouve une situation semblable dans le tissage activit f minine par excellence Chaque foyer dispose d au moins un m tier tisser de type oc anien un rang de lisse un rouet et une graineuse coton Cependant seules quelques tisseuses acqui rent une r putation r gionale que leur vaut leur production de jupes de ceintures tabliers de tuniques et de grandes couvertures Ce sont d authentiques chefs d oeuvre qui classent les tissages m
20. personnel aux objets on ne va pas pr ter telle petite vannerie d cor e parce qu elle vous est intimement attach e Quel tait le rapport des villageois aux objets ext rieurs manufactur s Y en avait il beaucoup d j l poque Et quel regard portaient il sur ceux de l ethnologue Le village tait encore assez peu p n tr d objets de l ext rieur mais certains taient tr s appr ci s le jerricane notamment que poss daient ceux qui avaient t en contact avec l arm e Quant aux objets de l ethnologue que d crit apr s une visite Sar Luk en mon absence Norman Lewis dans son ouvrage A dragon apparent table chaise lampe p trole qui se trouvaient dans ma maison construite part dans le village ils int ressaient assez peu les Mnong Gar Mes livres intriguaient parfois mais ils taient surtout consid r s comme un de mes attributs permanents De m me que mes carnets de notes sur lesquels on me voyait r diger constamment taient je pense per us comme un pur prolongement de ma personne lls ne tentaient personne Esth tique Vous vous interdisiez Sar Luk disiez vous de faire intervenir votre go t de porter un jugement esth tique sur les choses Mais comment les villageois eux jugeaient ils Quels taient leurs crit res Les crit res taient tr s vari s selon les personnes les objets les occasions mais tous se ram nent je crois une id e de convenance d alle
21. puis des Mnong Ndee les premi res b ties sur pilotis les secondes sur sol battu Enfin franchissant le rebord m ridional de la cuvette nous arrivons dans des villages Mnong Gar aux belles longues maisons construites sur sol battu Cet exemple ne donne qu un aper u de la diversit des habitations des Proto Indochinois m ridionaux Les longues maisons c est dire des constructions alignant sous un m me toit les compartiments de plusieurs foyers peuvent s lever sur de puissants et hauts pilotis espac s ou sur des pilotis courts et beaucoup plus nombreux ou encore simplement para tre comme pos es sur le sol On retrouve ces m mes variations chez d autres groupes dont les maisons n abritent qu une famille nucl aire L opposition existant entre ces deux cat gories repose sur la longueur de l difice D autres variations porteront sur les greniers qui peuvent tre dress s l int rieur ou l ext rieur de l habitation dans ce dernier cas c t de celle ci ou regroup s l ext rieur du village Artisanat et art L rection de la charpente des maisons exige une bonne connaissance des ressources de la for t en mat riaux de construction et bien s r la ma trise du travail du bois qu atteste la beaut des colonnes de soutien servant galement ou non de pilotis le choix et la pr paration des bambous et des rotins Ce qui suppose de bons forgerons En fait tous les hommes du village savent manier la
22. sol battu et qui semblent sales quelques chiens aboient et des hommes nus sauf le cache sexe dont un pan ballotte devant leur jambes gesticulent et crient G Condominas L Exotique est quotidien 1965 L ethnologie comme art de vie L ethnologie est devenue une profession mais dans le sens o une profession doit tre le genre de vie qu on a choisi Pour moi l ethnologie c est un genre de vie L installation de Georges Condominas sa maison le village Je ne pense pas sans motion cette maison o j ai v cu le plus gros effort continu que j aie eu fournir dans ma vie Et pourtant je n ai vraiment fait partie de cette maison que la nuit Je ne parle pas videmment du sommeil o l individu s an antit ni des veill es dans les longues maisons pour assister une c r monie ou parce qu au cours de ma derni re visite du soir un de mes h tes s tait panch en confidences ou m avait retenu par quelque bavardage ou par la promesse de quelque texte mnong Je parle de ces soir es o le village fatigu par une longue journ e de travail particuli rement p nible s tait endormi d une seule masse et me laissait la possibilit de mettre au clair quelques notes ou d crire mon courrier Georges Condominas lors du sacrifice du buffle offert au village De droite gauche Bb ng l Adijoint Baap Can qui partage le riz Wan J ong et son b ret basque Bbaag l Enceint Georges Condominas
23. sont ce point vari es qu elles peuvent servir souligner g n ralement avec humour le caract re de n importe quelle situation Lors des d bats que suscitent contestations et jugements l art de la parole se d ploie en discours maill s par la cantilation de dits de justice en vers La narration des contes et l gendes comporte elle aussi l insertion de po mes cantil s ou chant s Il est tr s difficile de rendre dans une autre langue la beaut des pri res des pop es et des chants mythiques Si tout un chacun peut fabriquer une guimbarde de bambou ou une fl te de roseau l orgue bouche r clame un quasi sp cialiste la taille des tubes de bambou composant un ensemble demande la participation de plusieurs personnes pour les accorder de m me la fabrication du tambour suspendu qui n cessite l abattage d un arbre donc un rite Commerce ext rieur Parmi les instruments de musiques les grands gongs bosse ou les jeux de six gongs plats entrent dans la cat gorie des biens de valeur au m me titre que les jarres et les marmites m talliques qui tous proviennent des civilisations des plaines Dans les temps anciens on les changeait contre des plantes m dicinales des bois de cerfs des cornes de rhinoc ros de l ivoire des esclaves ou des l phants Ils atteignent les plus hauts prix valu s encore il y a peu selon un syst me de monnaie multiple Autres produits venus des basses terres les bols et a
24. vie nest pas celle d une culture disparue ou fossile En d pit de transformations profondes et irr versibles Sar Luk existe toujours et ses habitants peuvent encore ressentir la charge motive de ces objets dont ils gardent la m moire tout comme leur tradition orale conserve vivace l vocation de l tranger venu vivre chez eux il y aura bient t cinquante ans Yves Goudineau Christine Hemmet Directeur d tudes Commissaire de l exposition cole fran aise d Extr me Orient mus e du quai Branly Pr face extraite du catalogue Nous avons mang la for t Georges Condominas au Vietnam Sous la direction de Christine Hemmet 2006 Co dition mus e du quai Branly Actes Sud LE PROPOS DE L EXPOSITION Nous avons mang la for t Georges Condominas au Vietnam Richesse et originalit du fonds Condominas Une collection d objets Georges Condominas a recueilli pr s de 500 objets dans le seul village de Sar Luk V ritable monographie villageoise la caract ristique dominante de cette collection est son aspect tr s ethnographique avec des objets souvent sans valeur esth tique mais qui illustrent tous les aspects du quotidien de ce village en 1948 et 1949 Ces objets sont en mat riaux p rissables essentiellement en bambou On y trouve beaucoup de vanneries hottes nasses et pi ges r cipients de la maison des instruments agricoles coupe coupe haches balancier des instruments artisanaux tissage poter
25. 13 Tarif r duit 9 50 41 Adh sion Les Pass du mus e du quai Branly donnent un acc s illimit tous les espaces du mus e servent de coupe file en cas d affluence et permettent de b n ficier de r ductions sur les spectacles du th tre Le Pass est disponible pour les jeunes 15 pour les adultes single 45 ou en duo 70 Pass quai Branly 45 Pass quai Branly Duo 70 Pass quai Brany Collectivit 35 Pass quai Branly Jeunes 15 Acc s pi tons L entr e au mus e s effectue par la rue de l Universit ou par le quai Branly Portail Universit 218 rue de l Universit Portail des Bassins 206 rue de l Universit Portail Alma 27 quai Branly Portail Debilly 37 quai Branly face la Passerelle Debilly Portail Branly 51 quai Branly M tro Pont de l Alma RER C Bir Hakeim ligne 6 Alma Marceau ligne 9 l na ligne 9 Bus ligne 42 arr t La Bourdonnais ou Bosquet Rapp lignes 63 80 92 arr t Bosquet Rapp ligne 72 arr t mus e d art moderne Palais de Tokyo Navette fluviale arr t tour Eiffel Batobus Bateaux parisiens et Vedettes de Paris Acc s voiture Parking payant accessible aux voitures par le 25 quai Branly La sortie pi tons se fait rue de l Universit lor e du Jardin 520 places sur trois niveaux Renseignements T l phone 01 56 61 72 72 Mail contact quaibranly fr Site Internet www quaibr
26. PHE Entretien de Georges Condominas avec Yves Goudineau Le fragment d un r el Exposer Nous avons mang la for t cinquante plus tard quel sens cela peut il prendre pour vous Vous avez forc ment une sensibilit diff rente de la n tre pour ces gens photographi s aupr s desquels vous avez v cus pour ces objets que vous avez connus non pas fix s derri re une vitrine mais en usage Oui et non A la fois ils me sont familiers et me restent attach s et en m me temps j ai un regard ext rieur sur eux comme sur celui que j tais l poque Ce n est pas une question d oubli de travail du temps mais plut t une autonomie de jugement que lon reprend naturellement Tandis que sur le terrain je me suis toujours impos de mettre entre parenth ses ou distance mes crit res esth tiques moraux mes go ts mes pentes spontan es L exposition n est elle pas d ailleurs t moin de vous m me autant que des gens de Sar Luk Vos carnets de notes figurent ici juste titre parmi les objets les plus frappants Je me suis efforc de recueillir tout ce que je voyais entendais touchais sentais en vitant une s lection a priori donc arbitraire J ai not syst matiquement le vocabulaire les expressions dans leurs diff rents contextes d utilisation dessin les objets les gestes les techniques enregistr et retranscrit les invocations les chants photographi les gens les rites Les v nements
27. a Magannon film CNRS CeDRASEMI 1984 14 ff dact L Exotique est quotidien retour Sar Luk r alis par Jean Lallier t l film 16 9 num rique diffus par France T l vision sur satellite en 16 9e vid ocassette VHS 52 mn Paris ADAV Europe images Les Films d ici Paris 1996 diffusion France 2 1997 Nous avons mang la for t film r alis par Georges Condominas et Jean Lallier vid ocassette VHS 80 mn co production Le Vid ographe Universit de Toulouse Le Mirail Les Films d ici 1999 Le Sacrifice du buffle film r alis par Georges Condominas et Jean Lallier vid ocassette VHS 50 mn co production Le Vid ographe Universit de Toulouse Le Mirail Les Films d ici 1999 Discographie Musique mnong gar du Vietnam anthologie de musique proto indochinoise vol 1 Paris OCORA 1974 disque 30cm 33 tours texte de G Condominas 10 p en fran ais et anglais notes et bibliogr 12 photos noir et blanc 1 photo couleur 1 carte Collection du Mus e de l Homme OCORA OCR 80 ORTF Vietnam musique des montagnards le Chant du Monde CNR 2741085 86 1997 Coll du CNRS et du Mus e de l Homme CDI J rai 1 Lac 14 15 16 CDI Khmu 1973 19 20 21 38 BIOGRAPHIE DE CHRISTINE HEMMET Christine HEMMET est ethnologue charg e de cours l Ecole Nationale des Langues Orientales et responsable de l Asie au mus e du quai Branly o elle fut charg e de la mus ographie des
28. a fait de nombreux enregistrements de musiques dits de justice po sies et pop es qu il a traduits en partie Une exposition personnalis e L exposition s articule autour du village de Sar Luk de ses villageois et du travail de l ethnologue sur le terrain Le parcours mus ographique r v le les principaux v nements de son terrain tels qu ils ont t crits dans Nous avons mang la for t et l Exotique est quotidien Avant gardiste en la mati re Georges Condominas met en avant sa propre subjectivit fondamentalement constitutive de la recherche ethnographique Elle lui permet d observer les perturbations que peut provoquer sa pr sence sur ses interlocuteurs Durant ce s jour Sar Luk il se met ainsi en sc ne livrant ses tats d me en crivant essentiellement la premi re personne L exposition reprend ses propres commentaires et motions Elle pr sente l ethnologue dans le village sa pr sence participante son intimit avec les villageois L auteur est ainsi le premier sortir de l anonymat les villageois dont il parle Chaque s quence permet de faire connaissance avec les membres d une famille ou d un clan qui nous sont pr sent s au d but de l exposition travers une galerie de portraits Les objets leurs anciens propri taires et leur mode d change avec l ethnologue font partie int grale de cette saga Une sc nographie originale Avec 143 objets des cartels loin d
29. a relation contractuelle pass e avec les esprits avec tout un c t marchandage on sacrifie et ce faisant on les honore mais on attend des choses en retour une protection du village contre les pid mies de bonnes r coltes etc Il y a une r ciprocit qui est forc e en quelque sorte par le sacrifice C est aussi un moment d expression publique des relations de parent comme des relations de voisinage on renforce les alliances en confirmant des rapports anciens on rembourse par exemple une dette avec un parent mais on engage aussi lavenir avec de nouveaux alli s C est une occasion privil gi e de rencontres entre jeunes gens souvent cousins pr lude des mariages Et l aspect conomique est partout pr sent dont le partage extraordinairement r gl des viandes des animaux sacrifi s apr s leur d pe age est particuli rement embl matique Et c est un art total invocations chants actions rythm es d cors Le sacrifice exige la r union la concentration de tous les talents que nous appellerions artistiques travail du fer du bambou expression plastique musicale jusqu l art culinaire Et il y a une puissante th tralit car c est aussi un affrontement symbolique avec une charge d affects d motion collective qui ne se rencontre jamais dans la vie normale Quelqu un comme Antonin Artaud dans sa perception du th tre balinais par exemple tait proche de cette id e du rituel com
30. amais l ampleur de celles qui ravagent les populations des plaines La for t offre non seulement des terrains de culture mais fournit aussi sous une autre forme un apport important l alimentation La cueillette des l gumes tubercules et fruits sauvages permet d enrichir les repas et la fin de l ann e agricole d assurer une soudure convenable Individuellement ou en groupe on parcourt la for t pour y p cher ou y chasser les ruisseaux et les mar cages fournissaient avant la Deuxi me Guerre d Indochine des ressources en prot ines plus importantes que le gibier pourtant abondant Porcs et buffles paissent en for t Gu risseurs ordinaires et chamanes y cueillent les simples utilis s dans leurs soins m dicaux Cette authentique civilisation du v g tal puise dans la for t tous les mat riaux sauf le m tal dont elle a besoin une grande vari t de bois et de bambou et les rotins n cessaires la fabrication de sa merveilleuse vannerie 31 Les Hommes de la Rizi re Aussi vari es et perfectionn es que soient les formes de l essartage celui ci ne constitue pas la seule technique agricole pratiqu e par les Montagnards du Sud Nous avons vu que les habitants des plus hauts plateaux les K ho les Lac les Sr et galement les Churu austroasiatiques labourent leurs rizi res selon l enseignement qu ils disent avoir re u des Chams les habitants de l ancien royaume indianis des c tes du Vietnam central D
31. amane va gu rir en n gociant au cours de sa s ance le prix payer sous forme de sacrifice au ravisseur pour la restitution de l me L chec du chamane entra ne la mort du patient Tout rite en dehors des propitiations simples comporte l offrande d une jarre de bi re de riz et d une victime animale Son importance cro t avec le nombre de jarres et la valeur de l animal offert poulet porc parfois chien ch vre Mais le plus haut niveau est atteint par le sacrifice par excellence celui du buffle Il y a sous jacente la parent de cette victime avec l tre humain mais aussi le fait qu il est l animal du plus haut prix on n immole jamais un l phant et que l attribution d un morceau de son corps quelqu un soit teint une dette de viande soit engage une cr ance de cet ordre Pour le sacrifice de maladie ou de fun railles s il est intervenu trop tard le d cor se r duit au poteau de faux kapokier au sommet sculpt en bec de calao Mais en dehors de ce cas pr cis le sacrifice du buffle s accompagne normalement de la construction d un vaste d cor o les arts plastiques atteignent leur plein d veloppement accompagn s du d ploiement des arts po tiques et musicaux La ou les jarre s est attach e un piquet au sommet sculpt surmont d une tige de bambou orn e d ailes de palme r plique du poteau de bombax auquel est attach le buffle et surmont d un long bambou ail et dot
32. anly fr Contacts media Mus e du quai Branly Service de la communication 222 rue de l Universit 75 343 Paris cedex 07 Fax 33 0 1 56 61 53 32 Nathalie MERCIER conseiller pour la communication du mus e t l 33 0 1 56 61 70 20 nathalie mercier quaibranly fr Anne Sylvie CAPITANI adjointe au conseiller pour la communication t l 33 0 1 56 61 52 64 anne sylvie capitani quaibranly fr Muriel SASSEN charg e des relations presse t l 33 0 1 56 61 52 87 muriel sassen quaibranly fr 42
33. aste ensemble culturel Cette grande diversit nous l avons d j rencontr e au niveau des langues et des dialectes Le clich qui s attache aux Mnong et aux Maa comme aux autres Proto Indochinois vient principalement de leurs costumes et des outils qu ils portent habituellement dans leurs d placements autrement dit de leur culture mat rielle De simplement teint e d exotisme l image que colportent les s dentaires tant europ ens qu asiatiques sombre alors dans la r probation Car pour eux les Montagnards sont affect s d une v ritable tare le nomadisme avec comme circonstance aggravante la r putation de destructeurs de for ts On conna t la source de ce double jugement n gatif l essartage En effet de la culture s che itin rante sur br lis avec longue friche foresti re on retient la non permanence des champs cultiv s Certes le nomadisme ne constitue pas en soi un d faut et n est r pr hensible qu aux yeux des s dentaires 30 Les Hommes de la For t et l essartage Or c est tout au plus d un semi nomadisme qu il s agit ici le territoire sur lequel le groupe d place ses cultures est relativement limit et ce dernier revient au m me endroit au bout de dix ou vingt ans laissant la for t le temps de se r g n rer Bien loin de d truire la for t comme le font les gens des basses terres lorsqu ils migrent les Montagnards excellents cologistes avant la lettre savent m nager la fo
34. contextualisation abusive interpr tation des fins id ologiques ou faussement didactique Vous noterez que c est g n ralement le fait de gens qui ne connaissent ni l histoire des objets qu ils ont r cup r s d j coup s de leur soci t d origine ou qui les lui ont arrach s ni l histoire de la soci t en question Le paradoxe est que les ethnologues h sitent voire r pugnent aujourd hui proc der des collectes avec le scrupule que ce serait devenu politiquement incorrect Mais dans le m me temps des marchands voire des fonctionnaires locaux de la culture d pouillent int gralement des r gions enti res sans vergogne L Asie du Sud est n est pas exempte de ce genre de re pr sentations qui visent r ifier les cultures des ethnies minoritaires en en durcissant certains traits arbitrairement s lectionn s et folkloris s danses tissages etc cela tout en les r duisant politiquement par ailleurs Oui vous avez raison je connais comme vous d innombrables exemples de ces mises en sc ne affligeantes Et c est une tendance forte malheureusement A cet gard Sar Luk est il gr ce votre travail mieux prot g de ce risque Je souhaiterais pouvoir vous r pondre positivement mais je ne peux l assurer Le village premi re vue n a plus grand chose voir avec ce que j ai pu conna tre et la guerre a profond ment boulevers les gens Pourtant ce qui m a frapp qua
35. de calicot noir Bois 71 1951 3 306 mus e du quai Branly P Gries B Descoings er A Verres fpa pme a 4h y d en Sacrifice du buffle Maang dd ong mettant mort le buffle Georges Condominas Carnet de terrain la jarre Fonds Georges Condominas mus e du quai Branly Ceinture tablier rituelle d tail suu nt eng plac e sur le poteau du sacrifice pour la f te de M rite Bien du t m triu l ensemble des dons r ciproques que se font les deux protagonistes lors de l change de sacrifice du buffle Coton Cha ne suppl mentaire trame lanc e et cord e 71 1951 3 825 mus e du quai Branly P Gries 16 La maladie et la mort Les rites de gu rison On ne peut nier la profonde beaut de ces s ances chamaniques l adresse de la mise en sc ne riche en objets et en gestes symboliques les incantations aux sonorit s musicales puissantes construites en vers abscons pleins de mots pour la rime ou dont le sens est aujourd hui oubli Ces formules magiques obscures ces gestes maladroits t tonnants d aveugle du baladin de l Au Del le chamane agit durant toute la s ance les yeux ferm s la maladie par trop r elle la pr sence effective personne dans l assistance n aurait l id e d en douter des G nies et des Sorciers ces agents de la mort tous ces l ments impr gnent ces s ances d une ambiance de myst re authentique et de grandeur tragique Figurine po
36. de mus e d ethnographie li ce programme aura entre temps t demand par le D partement des beaux arts de Tha lande et pass en l largissant l chelle du Mus e national d art et d arch ologie de Bangkok ce qui l a conduit faire des recherches extensives dans l ensemble du pays projet suspendu en raison d v nements inattendus c est alors que le recteur de l Universit de Mahidol lui a demand de cr er le mus e universitaire en attendant la r alisation du mus e national A la suite de la premi re mission occidentale des sciences humaines en R publique d mocratique du Vietnam laquelle Andr Georges Haudricourt et lui m me avaient t invit s en janvier 1973 se sont chelonn es d autres missions o enseignement et terrain 36 ont t associ s au titre du Centre national des sciences sociales et humaines du Vietnam et de l EHESS A l occasion du premier voyage devant les terribles d g ts dus la guerre il a sugg r la n cessit de cr er un mus e d ethnologie moderne G Condominas a t plusieurs fois Visiting Professor aux universit s Columbia et Yale entre 1963 et 1969 et Fellow du Center for Advanced Studies in the Behavioral Sciences de Palo Alto 1971 aux Etats Unis professeur invit galement 1 Australian National University Canberra 1987 et au Japon l universit Sophia Tokyo 1992 Il a prononc en 1972 Toronto le discours inaugural Distinguis
37. e coi mon amour Comme du son calcin je reste coi mon amour Lourde est ma jambe si lourde je ne puis voyager avec toi mon amour Lourde est ma jambe si grosse je ne puis bondir avec toi mon amour Lourds sont les plombs de l pervier je ne puis pas les jeter avec toi mon amour Tu me d laisses tu m abandonnes trouve moi une autre amante mon amour Tu me d laisses tu m abandonnes fends pour moi un autre bois mon amour Chante moi un autre chant d amour ma convenance mon amour 19 Sar Luk aujourd hui Les retours de Georges Condominas 1958 et 1995 Leurs coutumes ont beau para tre au premier abord pittoresque exotiques comme reproduisant d une fa on quasi immuable une tradition qui s enfonce dans la nuit des temps croit on les Hommes de la For t n en sont pas moins des hommes et des hommes du vingti me si cle absorb s par un syst me socio conomique qui couvre la plan te Cela se traduit pour eux par le paiement de l imp t le travail sur les plantations ou les routes la surimposition d un syst me mon taire leur conomie de troc une vie ordonn e dans un cadre administratif hi rarchis l introduction de l criture et des soins m dicaux l enr lement dans l Arm e ou la Garde indochinoise Un regard vietnamien HOANG Canh Duong en 2004 et 2005 Madame Hdrang et sa petite fille de 7 mois 20 L OBJET DE L ETHNOGRA
38. e contenant des larmes d l phant recueillies l aube qui servait de talisman aux J rai D importantes collections rassembl es d s le XIX me si cle sur les populations minoritaires du Laos du Vietnam et du Cambodge sont aujourd hui au mus e du quai Branly Ce fond ancien est aujourd hui unique au monde Il serait difficile de nier qu une partie de ces collections ont t r unies pendant la longue pr sence fran aise en Indochine Nombre d objets furent recueillis par les administrateurs civils et militaires pour l Exposition Universelle de Marseille en 1900 et l Exposition Coloniale Internationale de Paris en 1931 II s agit presque uniquement de costumes de bijoux ou d objets disparates lls permettent cependant d illustrer tous les groupes ethniques de cette partie de l Asie La Gr ce conquit ses vainqueurs romains l Indochine s duisit les administrateurs fran ais blouis Ils d couvrirent les minorit s Beaucoup s enthousiasm rent pour la richesse de leurs cultures les tudi rent et firent presque oeuvre d ethnologue M mes les missionnaires partis convertir l Indochine furent convertis par elle Ils devinrent de tr s bons chercheurs Amen s vivre toute une existence avec les Montagnards ils transmirent une des plus belles exp riences scientifiques donn e l ethnographe la v ritable intimit Jacques Dournes missionnaire puis ethnologue au CNRS v cut plus de vingt cinq ans s
39. et Paris S pia 144 p 1996 Nang Talung The shadow theatre of South Thailand Amsterdam Bulletin of the Royal Tropical Institute n 342 32 p 24 ph 1998 Textiles des Miao un art m connu Mus e des Arts Asiatiques Nice 2001 Les masques de la danse kh n Masken des Kh n gt in catalogue Alt re Kunst zum Niederknien D sseldorf Museum Kunst Palast 2001 arbre fleurs des Tha Yo du Vietnam Blumenbaum der Thai Yo Christine Hemmet et Vo Thi Thuong in catalogue Alt re Kunst zum Niederknien D sseldorf Museum Kunst Palast pp 116 119 2004 Fashion and the Hmong village in Vietnam in Jane Puranananda ed Through the Thread of Time Southeast Asian Textiles River Books Bangkok 2005 Les populations du Vietnam G o Hors s rie mars 2005 pp 54 71 2005 Le mus e ethnographique du Vi t Nam in Rencontres Auguste Pavie Cambodge Laos Vi t Nam Biblioth que municipale de Dinan pp 57 64 40 INFORMATIONS PRATIQUES Commissariat de l exposition Commissaire Christine HEMMET Conseiller scientifique Yves GOUDINEAU Assistant d exposition J r my JAMMES Sc nographie Fr d ric DRUOT Surface de l exposition 400 m L exposition b n ficie du soutien de la Maison de l Indochine Le catalogue de l exposition Nous avons mang la for t Georges Condominas au Vietnam Sous la direction de Christine Hemmet 128 pages au format 20 x
40. faits pour les villageois de Sar Luk eux m mes leur restituer une vue de leur culture en souhaitant qu ils puissent un jour se l approprier quitte la critiquer justement parce qu elle serait au plus pr s de leur langue Directeur d tudes l Ecole des hautes tudes en sciences sociales EHESS Directeur d tudes l cole fran aise d Extr me Orient EFEO 21 Ethnographie mode d emploi Les notes tr s pr cises et les dessins de vos carnets d enqu te procurent aux objets que vous avez rapport s toute une profondeur sociale On conna t leur fabrication leurs usages leurs parcours Les fiches d objets des mus es d ethnographie celui de l Homme Paris notamment m ont toujours frustr Au mieux elles d crivent classent situent le lieu et l ann e de la collecte mais elles ne disent rien vraiment de la vie d un objet J ai voulu aller au del et rappeler que l objet pr sent n tait pas une pure inertie qu il avait une vie ant rieure et qu il avait fait partie d un tout Et j ai men l enqu te chaque fois aussi loin que j ai pu En g n ral je connaissais les circonstances de sa fabrication savais qui lavait poss d contre quoi il avait t chang Jusqu l acquisition faite par moi ou un autre quel montant r gl en quelle monnaie les villageois l poque ne connaissant gu re le num raire Du coup on n a plus affaire une fiche statique mais en e
41. ffet un parcours un l ment de l histoire sociale Aborder une soci t par ce qu on appelle sa culture mat rielle gt vous a sembl naturel suivant en cela Leroi Gourhan Mais m me si vous vous int ressez la technologie on a le sentiment que loin des typologies volutionnistes ou diffusionnistes ce sont plut t les dimensions immat rielles des objets qui vous ont retenu La culture mat rielle objets et techniques est aujourd hui trop souvent n glig e par les ethnologues Pourtant loin d tre un aspect secondaire et r barbatif c est une des voies d acc s les plus s res aux structures symboliques d une soci t Dans un village comme Sar Luk toutes les techniques de fabrication d acquisition chasse p che d extraction les techniques agricoles toutes ont un aspect social et un aspect religieux intriqu s Pas de proc d technique sans rites associ s pas d objet qui ne soit garanti par un esprit Donc il y a toujours un aspect symbolique immat riel indissociable dans ce qui peut nous appara tre le plus mat rialis C est nous qui faisons du technique ou du mat riel une rubrique s par e L ethnologue en partant d un objet ou d un geste technique peut remonter une cha ne d informations ind finie D o l abondance de dessins dans mes notes c tait un support essentiel pour le lexique que je constituais progressivement mais souvent aussi un moyen de rebondir sur une
42. ger la for t environnante Les hommes abattent les arbres et les femmes et les enfants d blayent le terrain en sarclant la houe et en balayant les feuilles tomb es L atmosph re toujours charg e de fum e reste suffocante Mais d s trois heures et demi dans chaque foyer une femme va faire les premiers semis rituels de l gumes Je suis Aang au Ptyosis dans le champ de Kr ng J ong Je pars ensuite visiter le lopin de Baap Can Jaang Srae attise les foyers qui sont sur le point de s teindre pour que le maximum de branchages soit mang par le feu et qu il reste moins de travail faire par la suite Lors des semailles les hommes font les Panier de semailles kriet wial panier d cor poquets aux b tons fouir Derri re les chang contre une brasse de calicot noir avec femmes y mettent les semences Bbaang Lang appel aussi Bbaang le Borgne Georges Condominas Aux semailles les hommes font des trous au b ton fouir Les femmes suivent laissant tomber deux ou trois graines de paddy dans chaque poquet ces graines sont puis es par petites poign es dans ce panier qu elles portent au c t maintenu la ceinture par une ficelle d corce Bambou ng r Arundinaria sp liane kroo mb h m b ok petit rotin reh 71 1950 24 55 mus e du quai Branly P Gries B Descoings Truu ramenant l me du paddy durant un rite agraire Il garde de son exp rience parmi les m
43. hed Lecture de la session annuelle de l American Anthropological Association puis en 1983 Tokyo celui du Cinquanti me anniversaire du Nihon Minzoku Gakkai Association japonaise d ethnologie 11 avait t lu l ann e pr c dente vice pr sident de l Union internationale des sciences anthropologiques et ethnologiques l occasion de son congr s tenu au Canada o on l avait charg du discours inaugural En 1984 il re oit le titre de docteur honoris causa de l universit Mahidol Bangkok Deux volumes d hommage Cheminements ASEMI XI 1 4 1980 bibliographie p 539 548 et Orients Paris Toulousc Sudestasie Privat 1981 lui ont t offerts pour son soixanti me anniversaire Il organise avec Simone Dreyfus Gamelon le Colloque international sur l anthropologie en France 1977 qui atteint le but qu il s tait fix la cr ation de l Association fran aise d anthropologie AFA Les mat riaux qu il a recueillis lors de ses missions de recherche Vietnam Togo Madagascar Tha lande Laos Canibodge etc ont permis la r daction de tr s nombreux ouvrages articles films et disques Publications principales Ouvrages Nous avons mang la for t de la Pierre G nie G o Hii saa Brii Mau Yaang G o Chronique de Sar Luk village mnong gar tribu proto indochinoise des Hauts Plateaux du Viet nam central Paris Mercure de France 1954 2e d 1974 2003 d poche Flammarion 1982 trad italienne Milan
44. i qui les d couvre bien que leur force vocatrice se soit d j passablement mouss e pour ceux l intention desquels ils ont t dessin s et peints On retrouve ici l assimilation du buffle l homme de m me qu on doit quitter un rngool emplacement de village o une pid mie a tu en quelques jours plusieurs hommes on ne peut rester plus d un an d lai assez lastique on le voit l endroit o de nombreux buffles ont t abattus Toute F te du Sol h catombe de buffles est suivie village au m me titre qu une pid mie h catombe d hommes DISPOSITION DES OFFRANDES POUR LA S ANCE CHAHANIQUE MH AVEC SACRIFICE DU BUFFLE cf ps 162 163 bat flane m sol battu X D SUR LE BAT FLANC 12 le c ur de buffle sos pendy par ve hende rotin 7 1 amp l oreille de la grande jorra enjace de loquelle ginstatlera le njau le chamane 2 bouteille et bol vi tnamien de bidre de ris Ile bol mnong de r sine du ciel 4 La petite claie portent les Personnages et les objets modeles en p te de ris 6 Bol vittnomien de rig wit surmont d un oeuf dur 6 Grand bol vi tromien de vionde de buffle crve 7 Le grand van d offrondes contenont iun monticule de riy d cortique au sommet a duquel on a plant un uf erv queFon a ertvur i sabre coupe coupe tai f es dans vne lamelle de bambou 1 de trois quartz mogiques plac s par le chamane l ensemble
45. ie des blagues tabac et des pipes des jouets et instruments d apprentissage le monde des adultes en miniature de tr s nombreux objets magico religieux pour exorcismes rites agraires sacrifices du buffle de beaux costumes et parures d hommes et de femmes ainsi que des instruments de musique Gr ce au travail descriptif de l auteur tous ces objets sont parfaitement connus tant pour leur usage que leur fabrication dont nous pouvons suivre les diff rentes phases avec des pr cisions sur les gestes techniques et motifs iconographiques utilis s Le troc qui a permis leur acquisition est mentionn ainsi que le nom de leur ancien propri taire Chacun de ces objets poss de ainsi sa propre histoire Un fonds documentaire Ces objets sont accompagn s d une documentation exceptionnelle extraite de ses carnets de terrain o les objets sont dessin s et comment s en vocabulaire vernaculaire Les fiches documentaires r dig es par Georges Condominas pour le Mus e de l Homme compl tent ces donn es L auteur est par ailleurs l un des premiers chercheurs avoir syst matiquement utilis la photographie pour enrichir son travail de recherche et la connaissance des Mnong Gar Entre 1000 et 1500 photographies parfois de grande qualit ont t prises Sar Luk mettant en situation les objets et les v nements de son exp rience de terrain Ebloui par la litt rature orale de cette population sans criture Georges Condominas
46. ilitaires fran ais un b ret basque qu il porte immanquablement l envers pour qu on voit l tiquette de la marque joliment colori e son go t Georges Condominas 13 Les travaux et les jours Cet apr s midi Sar Luk est d sert Le village tout entier participe une p che collective par barrage b t daak au lieu dit bras o l on tire la pirogue en amont de son site actuel Au retour de la p che qui a t fructueuse chacun vaque ses affaires Des femmes tissent Aang Trotte Menu la femme de Bbaang le Cerf tisse une belle ceinture tablier rituelle pour le T m B h change de sacrifice que son mari doit bient t faire avec Kraang Dr m Kr ng J ong ch tre deux porcs appartenant Taang Jieng le Vo t Couverture pouvant servir de manteau la saison froide 71 1951 3 185 mus e du quai Branly P Gries si Ar A on A ere Ka man tA wih fanda VA dandon lampes er Tania dle portal Le CM QE are van ogg en 24 fie Te Ke Ru br te Se TARRAA ie ER GE heie La waye ari Le LL tm Vos s p Yy t n Carnet de terrain Femme filant du coton brae Fonds Georges Condominas mus e du quai Branly 14 Le sacrifice du buffle M ts et poteaux de sacrifices avaient t abondamment empanach s et les dessins g om triques dont ils taient en partie bariol s veill rent tout particuli rement mon int r t Ils intriguent en effet ais ment celu
47. istes la subdivision sud bahnarique des langues de la famille m n khm re Leur habitat repr sente une vaste r gion de l Indochine m ridionale compos e d une succession de plateaux et de collines descendant graduellement vers l Ouest et le Sud sur le cours moyen du M kong et son delta Sa limite occidentale correspond au versant qui tombe abruptement sur les petites plaines c ti res du Vietnam central Les plateaux les plus lev s exploit s par les riziculteurs signal s plus haut sont de ce fait relativement moins bois s que le reste de la r gion En effet la majorit de la zone occup e par les Proto Indochinois est couverte de hautes for ts ou ce qu il en subsiste apr s la guerre am ricaine de for ts claires et parfois de savanes Avec ses 2 405 m tres d altitude le Cu Yaang Sing constitue le point culminant de la r gion Le clich port sur les Montagnards Aux yeux des Vietnamiens des Khmers des Lao et des Occidentaux les Mnong et les Maa partagent avec les autres Proto Indochinois une image clich uniforme d hommes ayant pour tout v tement une ceinture tablier ou de femmes aux beaux seins nus v tues d une simple jupe pipe au bec coiff s d un chignon portant une hotte dorsale et un coupe coupe au manche coud reposant sur l paule Cette perception d uniformit recouvre une r alit extr mement diversifi e dans tous les domaines m me si avec du recul on peut constater l existence d un v
48. it Paris l enseignement de ce dernier en 1946 1947 premi re promotion du Centre de formation aux recherches ethnologiques CFRE qui associait une initiation mus ographique avec un stage dans les r serves du mus e de l Homme et l apprentissage de m thodes d enqu te Parmi celles ci l acquisition fine de la langue b n ficiant aussi des conseils amicaux du linguiste Andr Georges Haudricourt et l tude de la culture mat rielle constituent deux points d appui majeurs Se passant d interpr te c est du reste travers la notation des termes d signant les objets et les techniques qu il apprendra la langue mnong Il recueille plus de cinq cents objets pour le mus e de l Homme inscrivant m ticuleusement sur ses cahiers de terrain l origine la fabrication et les usages fonctionnels conomiques sociaux symboliques de chaque pi ce Les dessins qui les illustrent avec les gestes associ s sont ceux de l ancien l ve des Beaux Arts de Hano qui se voyait peintre Les objets sont ainsi tonnamment document s jusqu leur carri re on conna t pour chacun son ancien propri taire et son mode d change avec l ethnologue Ces carnets de notes aux informations inestimables deviennent objets de l exposition tout autant que les pi ces qu ils permettent de resituer dans leur contexte d origine et auxquelles ils rendent en quelque sorte une vie sociale ind pendante du regard qu on leur porte Cette
49. l Teatre Monografies de Teatre 14 pp 135 153 1986 Les masques du khon Un artisanat traditionnel de Tha lande Objets et Mondes Tome 23 fasc 3 4 pp 155 164 22 ph 1986 Th tre d ombres et quotidien villageois du sud de la Tha lande in Th tre d ombres sous la direction de S DAMIANAKOS et C HEMMET Paris L Harmattan pp 43 71 6 ph 1987 Jamais trop d or pour le Bouddha in La pierre et l Homme Mus um National d Histoire Naturelle p 45 1988 La beaut sans ivresse Les offrandes parfum es au Bouddha in Parfums de plantes Mus um National d Histoire Naturelle pp 191 192 1988 Pr face La Tha lande photos de Michael FREEMAN Paris Hatier 1989 La Tha lande le pays au million d amulettes Objets et Mondes Tome 26 fasc 1 2 pp 49 65 24 ph 1989 M taux m l s m taux sacr s De l usage des alliages en Tha lande in M tal Hommes et Dieux Mus um National d Histoire Naturelle 1990 Voyages dans les Marches Tib taines En collaboration avec Pascale Dollfus Mus e de l Homme 72 p 1991 Contribution au Dictionnaire encyclop dique du th tre Cambodge Laos Malaisie Tha lande Vietnam sous la direction de M CORVIN Paris Bordas pp 145 490 523 819 866 1992 Le Nora du sud de la Tha lande un culte aux anc tres Bulletin de l Ecole Fran aise d Extr me Orient 79 2 pp 261 282 4 ph 1995 Montagnards des pays d Indochine Sous la direction de C Hemm
50. lace d un r seau de professionnels qualifi s qui prendront la rel ve de la coop ration fran aise Commissariats d expositions 1983 Le Siam vu par les voyageurs fran ais du XIX me si cle Bangkok Universit Mahidol 1990 Voyages dans les Marches Tib taines avec Pascale Dollfus Explorateurs fran ais du d but du si cle Jacques Bacot Alexandra David Neel Andr Guibaut et Louis Liotard dans les r gions de l est du Tibet et du sud ouest de la Chine mus e de l Homme 1995 Montagnards des pays d Indochine Pr sentation des populations du Laos du Cambodge et du Vietnam 1998 Aide la r alisation de Traditions partag es l art d coratif des groupes linguistiques Tha et Austron siens du Vietnam premi re exposition temporaire du mus e d Ethnographie du Vietnam 2000 Les Naga photos de Pablo Bartholomew et objets des collections du mus e de l Homme 2001 Chevaliers d ivoire Les Mnong des Hauts Plateaux du Vietnam photos et objets des collections du Mus e de l Homme 39 Publications principales 1981 Nang talung th tre d ombres du sud de la Tha lande Objets et Mondes Tome 21 fasc 3 pp 95 106 11 ph 1983 Spectacles de Tha lande in La Tha lande Mondes et Voyages Paris Larousse pp 76 106 119 123 5 ph 1984 El teatre d ombres del sud de Tailandia Expresso del quotidia camperol in El teatre d ombres arreu del mon Les grans tradicions Barcelona Institut de
51. le Ma derni re d couverte tait Henri Michaux j avais toutes ses oeuvres sur le terrain Et je d couvrais aussi la po sie chez les gens de Sar Luk Comme je notais tout je notais aussi le type qui chante qui commente l v nement par une chanson Le chant tait leur expression po tique L bas on ne r cite pas un po me on le chante Alors quand je restitue une journ e je suis oblig de restituer les chants qu elle contient D ailleurs l un des premiers commentaires de mon travail une fois publi a t ce livre se lit comme un long po me Mais il s agit simplement de ce que j ai vu et entendu La vie quotidienne elle m me est constamment maill e de chansons Ne parlons pas des airs li s aux circonstances berceuses chansons d amour Car ce qui chez les Mnong Gar d note l homme cultiv c est le fait qu il est capable de profiter du moindre incident toux passage d un oiseau fa on de marcher d un ami etc ou m me d une simple allusion un v nement quelconque dans une conversation pour lancer sa chanson le succ s d pendra de la circonstance du lien entre le po me chant et le fait survenu ou voqu Ajoutons que les Mnong Gar ne chantent jamais en ch ur Noir est mon corps noir je reste coi mon amour Noir est mon corps comme de la suie je reste coi mon amour Noir comme un cul de marmite je reste coi mon amour Comme du charbon de br lis je rest
52. masikoro premier semestre 1959 mettant en place une quipe charg e d une recherche prolong e d un programme cotonnier Nomm membre correspondant de 1 EFEO en 1947 Les recherches sur la culture ao amorc es pour l aide fran aise en 1959 dernier semestre seront poursuivies de 1960 1962 comme expert l UNESCO Elu en 1960 l Ecole pratique des hautes tudes VI section devenu EHESS en 1975 qui cr e ainsi une direction d tudes sur l ethnologie et la sociologie de l Asie du Sud Est et du monde insulindien en prenant ses fonctions en 1962 il fonde le Centre de documentation et de recherche sur cette aire culturelle CeDRASEMI qui constitue la RCP n 61 du CNRS transform en 1971 en laboratoire associ n 183 du CNRS et de 1 EPHE puis en 1979 en laboratoire mixte n 682 double implantation Paris et Valbonne jusqu en 1984 En 1970 cette formation publie le bulletin ASEMJ qui para tra jusqu en 1985 Elu plusieurs reprises partir de 1964 membre de la section Anthropologie Ethnologie Pr histoire du Comit national de la recherche scientifique Centre national de la recherche scientifique et pr sident de 1976 1980 de cette section Entre autres missions et conf rences effectu es dans les divers pays couverts par le CeDRASEMI signalons l organisation en 1972 d un Centre de recherches en sciences sociales et humaines au Laos qui sera interrompue par le changement de r gime en 1975 le projet
53. me art total Il faut d ailleurs y ajouter une composante olfactive l odeur de la viande est importante elle signale que l on fait bombance et c est crucial pour tous les participants la f te 24 Peut on dire que la pr sence des dieux dans le village r clame de la part des villageois une performance collective irr prochable et aussi commande des formes d expression exceptionnelles C est tr s sensible au niveau de la parole qui s exprime lors du rituel sous trois formes parl e chant e mais aussi entre les deux cantil e un peu comme le rap chez nous aujourd hui Cette derni re forme est celle des invocations notamment quand on fait l appel des esprits pour les inviter au sacrifice C est d une mani re g n rale la plus belle po sie qui se d ploie durant ces jours et ces nuits d effervescence comme ces chants faits par un jeune gar on au buffle la veille au soir du sacrifice presque souffl s son oreille et laquelle r pond une m lop e la jarre chant e par une jeune fille Mais il y a aussi des processions de gongs des jeux de tambours des rythmiques qui sont impensables en temps ordinaire Et puis pour en revenir eux beaucoup d objets l ments de d coration ou objets rituels sont fabriqu s sp cialement pour la c r monie On fait yaang c est dire qu on fait sacr on fait dieu dit on Un sacr impermanent et multiforme Parmi les autres rituels importants que vous avez
54. nd j y suis retourn c est que la m moire sociale demeurait vivante ce que je disais et ce que je repr sentais avec toute une part de l gende avait d incroyables r sonances jusque chez les plus jeunes Cela dit je ne suis pas le gardien de leur m moire elle leur appartient et c est assur ment eux d en faire ce qu ils souhaitent Si dans cette exposition vous devez pourtant tre t moin ce serait finalement pour t moigner de quoi 26 Au risque de vous surprendre et de para tre d plac ou tr s immodeste ce qui me vient l esprit c est l id al de la chapelle de Vence d Henri Matisse C est l id e de l appr hension d une globalit o le r el ne se laisse pas d composer en secteurs s par s mais o tout se r pond dans une esth tique d ensemble C est vraiment cela au fond je crois mon exp rience de Sar Luk F vrier 2006 Extrait du catalogue Nous avons mang la for t Georges Condominas au Vietnam Sous la direction de Christine Hemmet 2006 Co dition mus e du quai Branly Actes Sud 27 MONTAGNARDS DES PAYS D INDOCHINE DANS LES COLLECTIONS DU MUSEE DU QUAI BRANLY M moire des peuples oubli s le mus e du quai Branly contient dans ses r serves des costumes superbes des bijoux des vanneries d licates des objets utilitaires ou magiques comme cette plante charme qu on frottait dans le dos de la belle Mnong Gar pour obtenir ses faveurs ou ce petit vase en terre cuit
55. nong o dominent l indigo et le rouge et maa qui pr f rent le blanc au niveau sup rieur de l artisanat mondial Ce quoi peut parfois pr tendre mais beaucoup plus rarement la vannerie chez les hommes En revanche la poterie l autre grande activit f minine reste circonscrite quelques sp cialistes non pas que l absence de tour exige une habilet exceptionnelle mais celle de four permanent rend plus al atoire la r ussite de la cuisson sous entassement de branchages s ch s c est pourquoi peu de femmes s y risquent D autre part ce travail n cessite l existence proximit du village de gisements d argile convenables ce qui impose une autre limitation territoriale celle l au nombre des poti res La fabrication des petites pipes que fument les deux sexes d s l ge le plus tendre et la confection de parures pingles de chignon minuscules toiles d tain pompons rouges de coton etc d pendent de la fantaisie et de la disponibilit de chacun Puisqu il est question de parures signalons la coutume survivance probable d un rite de passage lors de la pubert de casser et d araser les incisives de la m choire sup rieure et de tailler en pointe celles de la m choire inf rieure puis de laquer de noir toute la dentition pour ne pas ressembler au buffle Les arts de la parole et la po sie meublent tous les instants de la vie y compris les plus quotidiens Les formes de la po sie chant e
56. ntologie mnong gar veut que tout tre terrestre corporel ait un correspondant dans l au del une me buffle pour l homme qui est comme son principe vital ext rioris et qui est lev e par les G nies D o la n cessit d honorer chroniquement ces derniers Le village doit par ailleurs se garder par des rites r guliers des caak tres malveillants dont les habitants redoutent les agressions En ce dernier cas on a recours l exorciste et aux objets symboliques figuratifs cette fois qu il manipule et dont vous avez rapport tout un ensemble Oui figurines tress es ou model es incarnant un dik un esclave ou copeaux de bois figurant des buffles des cochons Ce sont des simulacres que l exorciste offre ou sacrifie ces esprits pour qu ils laissent les villageois en paix Mais pour ces derniers il faut qu ils aient une r alit ils sont effectivement consomm s par les caak gage de leur tranquillit On a donc affaire une sorte de ritualisation permanente m me si elle est le plus souvent minimale exig e par cette constante correspondance entre nature et surnature cette 25 continuit entre visible et invisible Mais c est la circonstance qui fait qu un lieu est sacralis le temps d un rituel ou qu un objet est un moment donn pourvu d une charge symbolique Il ny a pas un domaine permanent du sacr pas de mystique de l objet sacr ni v ritablement d art sacr comme celui d o
57. orations lors des grands rituels qu elles sont faites pour r jouir la vue des esprits invit s N est ce pas vrai aussi Sar Luk L art d coratif est assez peu d velopp chez les Mnong Gar Mais les buffles y sont par s lors des sacrifices et il y a assur ment des formes d l gance pour les jeunes gens L encore les esprits veillent et ce sont eux qui inspirent les parures Il n y a pas de v ritable autonomie des humains tout est dict par les anc tres croit on ce qui pr sente d ailleurs des avantages De m me pour les motifs des tissages les gens de Sar Luk estimaient qu il y avait un style mnong gar assez distinctif Il n tait beau qu en ce sens qu il tait du go t des anc tres et qu on se sentait l aise avec ces motifs qui avaient chacun par ailleurs toute 23 une port e symbolique Dans un autre registre celui de l esth tique corporelle on me disait que mes dents qui n taient pas aras es comme il aurait convenu qu elles le fussent tait laides que j avais la bouche d un buffle Si les anc tres dictent tout la notion d artiste individuel n existe pas Il n y pas de sp cialistes Chaque villageois sait tout faire il y a un savoir partag mais il y a des talents que l on reconna t Certains sont connus pour tre bons sculpteurs ou graveurs On va ventuellement solliciter leur aide pour sculpter un cercueil ou pour certaines d corations dans le village Certaines femme
58. r t et en prendre soin car elle est de loin leur principale source de vie C est tout d abord sur le sol m me de la for t que l on cultive Voici comment on mange la for t Au plus fort de la saison s che on abat arbres et arbustes sur le terrain pr alablement choisi et on les laisse s cher au soleil pendant un mois environ Puis l approche de la saison des pluies apr s avoir ex cut le rite agraire le plus important avec celui de la moisson et d gag tout autour du champ des pare feu pour prot ger la v g tation environnante on incendie les abattis op ration qui exige une surveillance tr s attentive de toute la collectivit On proc de les jours suivants au br lage des rondins non enti rement calcin s et l talement des cendres qui constituent le principal engrais Enfin avec l arriv e prochaine des premi res pluies on se pr cipite aux semailles les hommes arm s dans chaque main d un piquet point avancent en en frappant le sol et les femmes qui les suivent glissent quelques semences dans les poquets qu ils ont ainsi creus s La mousson humide d verse alors ses pluies abondantes qui aident la naissance puis la croissance du paddy mais aussi des plantes nuisibles ce qui exige plusieurs sessions de sarclage que comme la plupart des pisodes agricoles on effectue par quipes librement form es La r colte du riz pr coce permet d assurer la soudure mais la moisson du paddy m re
59. r bien avec d tre adapt d tre l aise Par exemple tel coupe coupe dont aujourd hui j admire la forme la ligne de courbure ils en appr ciaient la souplesse Mais derri re ce dernier terme que j emploie par raccourci il faut comprendre qu ils le trouvaient tout la fois d un maniement agr able facile porter sur l paule et efficace coupant bien une arme puissante Ce qui n exclut pas un sentiment esth tique un plaisir en m me temps C est du reste quelque chose qui est partag par tout artisan Je me souviens d avoir vu une fois expos chez un antiquaire Paris un ancien rabot seul en vitrine et qui m a sembl superbe Mais le charpentier qui l avait manipul pour peu qu il l e t eu bien en main devait y trouver d autres satisfactions Pour un gong de m me il n y pas que la vue ou le son qui importent On le touche on le porte on le frappe on doit se sentir en accord avec lui avec son esprit en fait Oui et Sar Luk on sollicitait fr quemment l intervention du njau cing le m dium accordeur de gongs plats C est encore une autre dimension essentielle le fait que l accord avec un objet est sanctionn par les esprits et d abord par les anc tres En d finitive ce sont eux qui mettent en harmonie pour nous Le regard n est cependant pas absent des crit res Les parures corporelles sont explicitement l pour faire beau On dit aussi fr quemment des d c
60. rdinaire associ aux religions universelles Absolument Les objets m me ceux utilis s lors des rituels n ont de valeur que circonstancielle D o l int r t de conna tre et comprendre leur contexte d usage l origine J ai toujours t amus de voir concernant les soci t s o j ai travaill des collectionneurs se forger toute une mythologie sur la pr tendue nature sacr e de telles ou telles pi ces Pour ma part j assume une double relation aux objets que j ai rapport s toujours avec l approbation des villageois cela va sans dire Une relation que je pense scientifique professionnelle avec une enqu te comme je l ai indiqu la plus compl te qui soit qui permette de les resituer tr s pr cis ment l int rieur de leur culture d origine et dans l histoire de cette culture Le dossier ainsi constitu doit tre disponible comme ici dans le mus e o ils sont conserv s Mais aussi une relation personnelle libre fond e sur mes penchants esth tiques et sur ma propre culture Au point que recycler un objet qui m appartient pour un usage autre que celui auquel il a pu tre destin ne me semble pas iconoclaste cela fait partie de sa carri re Quelle m moire de Sar Luk Reste la question de la pr sentation des objets eux m mes cens s repr senter la culture dont ils sont issus Le pire danger mani re de neutralise une soci t en pr tendant l exposer est sans doute d en proposer une re
61. religieuses dans la soci t rurale lao plaine de Vientiane Vientiane Cahiers de France 1998 trad lao par Saveng Phinith 37 Direction d ouvrages collectifs Agriculture et soci t s en Asie du Sud Est Etudes rurales 53 56 janv d c 1974 codirig avec J Barrau L Bernot et Chiva L Anthropologie en France situation actuelle et avenir Actes du colloque international organis au CNRS par G Condominas et S Dreyfus Ganielon 18 22 avril 1977 Paris CNRS 1979 Disciplines crois es hommage Bernard Philippe Groslier Paris EHESS 1992 codirig par D Bernot M A Martin et M Zaini Lajoubert Les R fugi s originaires de l Asie du Sud Est rapport au Pr sident de la R publique Paris La Documentation fran aise 2 vol 1982 1984 rapport collectif CeDRASEMI dirig en collab avec R Pottier remis multigraphi en 1981 Formes extr mes de d pendance contributions l tude de l esclavage en Asi du Sud Est Paris EHESS 1998 codirig avec M A Martin et J lvanof Filmographie Sar Luk les travaux et les jours d un village mnong gar du Vietnam central film r alis par Georges Condominas et Aiain Bedos partir de photos de po mes chant s recueillis de 1948 1950 musique enregistr e en 1958 1984 Version anglaise traduite par Maria Pilar Luna Magannon Sar Luk toils and days of a mnong gar village in Central Vietnam synopsis transl by Maria Pilar Lun
62. s sont des tisseuses tr s r put es y compris loin en dehors du village C est vrai aussi dans d autres domaines Par exemple l un des kuang hommes puissants du village avait une vraie comp tence pour prononcer les dits de justice on disait qu il faisait bien J ai pu constater combien d j par sa seule pr sence il s imposait tous et quand je les ai traduits jai eu la confirmation que ces dits taient remarquables sur le plan litt raire Le sacrifice du buffle comme art total Moment le plus intense de la vie sociale le sacrifice collectif du buffle est aussi une sorte d aboutissement esth tique Peut on dire que c est l expression communautaire la plus achev e de cet tre bien ensemble Certainement Au del du c t dramatique du rituel c est un moment d harmonie compl te entre les villageois les anc tres et tous les invit s esprits ou humains Le village devient une aire sacr e l espace d une pl nitude dlang ram o l on a ensemble l me r jouie ou l on doit s amuser collectivement bien boire bien manger Il ne doit pas y avoir de disputes sinon les esprits seraient courrouc s Il y a une responsabilit collective toutes les maisons doivent s entraider personne ne peut se soustraire C est un fait social total avez vous crit Oui car tous les aspects de la vie sociale s y retrouvent et s y croisent Religieux bien s r c est le renouvellement de l
63. ssiettes de porcelaine et surtout le sel Organisation familiale En dehors des Austron siens Rhad s J rai etc et les Chams remarquables sur ce plan pour leur uniformit ils ont un syst me matrilocal et matrilin aire les Proto Indochinois austroasiatiques pr sentent eux une grande diversit dans ce domaine C est ainsi qu un certain nombre d entre eux sous l influence des Austron siens ont un syst me de parent matrilin aire c est le cas notamment des riziculteurs que nous avons mentionn s et des essarteurs Mnong Gar Les autres Gens de la For t Maa Stieng Mnong et Phnong vari s ont des syst mes indiff renci s tendance g n ralement patrilin aire les lign es tant 33 maternelles que paternelles jouent un r le presque gal avec une certaine tendance donner plus de poids ces derni res On trouve m me une curiosit un groupe de cinq villages seulement les Paang Tieng de la r gion de Dalat suivent une descendance sexu e peu repr sent e ailleurs dans le monde dans laquelle les filles appartiennent au clan de la m re les gar ons au clan du p re Organisation politique Avant louverture au monde ext rieur que la colonisation leur a impos e les Proto Indochinois austroasiatiques vivaient en espaces sociaux limit s au finage villageois Le pouvoir colonial les a inclus dans une organisation administrative comportant des chefs de villages de cantons et de districts alors q
64. t d une m re m tisse portugo sino vietnamienne Enfance pass e entre la France la Tunisie et le Vietnam p re sous officier puis petit fonctionnaire Etudes secondaires au lyc e Lakanal Sceaux Etudes l Ecole sup rieure des Beaux Arts et la Facult de droit Hano 1943 Mobilis dans la Marine nationale Sa gon septembre 1944 Prisonnier de l arm e japonaise dans la r gion de Sa gon 15 mars 10 septembre 1945 d mobilis Toulon apr s son rapatriement en France f vrier 1946 Licenci en droit Hano 1943 Licenci s lettres Paris Sorbonne 1947 Dipl m du Centre de formation aux recherches ethnologiques Paris Mus e de l Homme ORSTOM 1948 Dipl m de l PHE_ Ve section Paris 1955 Docteur s lettres et sciences humaines Sorbonne 1970 Stagiaire puis chercheur l Office de la recherche scientifique et technique outre mer ORSTOM aujourd hui Institut de recherche pour le d veloppement IRD il est d tach plusieurs reprises l Ecole fran aise d Extr me Orient partir de 1947 pour effectuer des recherches ethnographiques sur les Proto Indochinois du Centre Vietnam s jour dans un village mnong gar de 1948 1950 sur l ethnographie de la Tha lande 1957 1958 L ORSTOM l a envoy en mission pr paratoire une recherche collective en nutrition au Togo 1952 1953 puis de sociologie du d veloppement Madagascar en pays merina 1955 et plus tard en pays
65. tre minimalistes des carnets de terrain des fiches dessins et de nombreuses photographies l exposition se caract rise par une tr s grande diversit de mat riaux s imbriquant les uns dans les autres La sc nographie prend en compte ces multiples donn es et en joue en d roulant sous forme de papier peint courant sur les socles et fonds de vitrines toute cette documentation tandis que les objets eux ponctuent l espace La majorit d entre eux sont plac s sous vitrine cause de leur fragilit Une pr sentation plus esth tique est r serv e pour les objets exceptionnels ou les plus embl matiques L exposition sera rythm e par de courts extraits d une vid o illustrant les activit s de Sar Luk en 1948 et 1949 Elle se terminera sur une vision plus contemporaine gr ce au film de Jean Lallier sur Georges Condominas Retour Sar Luk tourn en 1995 En outre M Hoang Canh Duong Vietnamien habitant Ban Me Thuot pr s de Sar Luk portera son regard de photographe sur les transformations actuelles de ce village L exposition montrera 143 objets de la collection une centaine de photographies en noir et blanc et une trentaine en couleur ainsi que des extraits vid o Un dispositif sc nographique sous forme de papier peint couvrant les socles et les fonds de vitrine pr sente la documentation rassembl e par l ethnologue photos fiches dessins et carnets de terrain SYNOPSIS L ethnologie comme art de vie
66. ue la grande majorit vivait en communaut an archique Les trois ou parfois quatre hommes sacr s n taient pas des chefs mais plut t des guides en mati re rituelle et de droit foncier Parfois un individu particuli rement entreprenant et agressif profitant de conflits internes ou l encontre de finages voisins se taillait un fief et en prenait la t te Mais une telle chefferie ne survivait pas la disparition de son promoteur et l organisation an archique traditionnelle reprenait vite le dessus Religion et magie Le syst me de croyances repose sur une conception d un monde anim qu il s agisse aussi bien des animaux et des v g taux que des rochers des biefs ou des collines et tag les g nies ou divinit s diverses habitent sept tages c lestes s levant au dessus du niveau humain peupl lui aussi d une foule d esprits et sept tages souterrains o les mes humaines descendent en s amenuisant apr s chaque mort jusqu dispara tre compl tement apr s la derni re Quant la personne humaine elle se compose d un corps et de plusieurs mes petite araign e que le chamane apr s la s ance r incorpore par le haut du cr ne du malade bambou ou pirogue qu attaquent de d moniaques xylophages mais la principale reste l me buffle lev e par les g nies La capture par l un de ces derniers ou par un caak ou sorcier mangeur d mes provoque la maladie que le ch
67. ur exorcisme 71 1951 3 273 mus e du quai Branly P Gries Carnet de terrain Fonds Georges Condominas mus e du quai Branly 17 Les fun railles La s ur du d funt d faisant le haut de la natte linceul d couvre le visage du mort afin que celui ci puisse une derni re fois contempler sa femme et ses enfants voir le ciel et le soleil On s tonne de lui trouver le visage intact sans une trace de pourrissement Bbaang le Cerf attribue cela aux piq res et aux cachets de plantes magiques europ ennes administr es par l infirmier Br ong place ensuite quelques morceaux de charbon c t du cadavre ils serviront de guides au d funt dans son voyage vers Yaang Boec qui gouverne les Enfers Aujourd hui enfin on a visit le cimeti re on a rendu une derni re visite sa tombe qu on abandonne tout jamais Taang Jieng le Vo t a dor navant cess d exister comme entit quelconque dans la vie conomique sociale ou religieuse du village il a maintenant rejoint la cohorte des anc tres de son foyer o comme dans toutes les familles gar les a eux masculins ne jouent qu un pi tre r le jusqu au jour o ils se r incarnent dans un nouveau n alors seulement avec la vie qui recommence pour eux ils r occupent une place au sein de la soci t Linteau fun raire 71 1951 3 350 mus e du quai Branly P Gries 18 Une soci t sans criture Une tradition orale et musica
68. ur les Hauts Plateaux du Vietnam Il rassembla une documentation prodigieuse recueillit l un des plus importants corpus de mythes r uni par un seul chercheur et sut communiquer avec talent l extraordinaire sens po tique des Sr et des J rai Les chercheurs sp cialistes des populations de la r gion rapport rent des collections d une qualit exceptionnelle des ensembles complets d objets v ritable monographie permettant de montrer sur toute une ann e la vie mat rielle et spirituelle d une soci t montagnarde Une de ces premi res collections fut constitu e par Georges Devereux qui v cut en 1935 et 1936 chez les Sedang de la r gion de Kontum au nord des Hauts Plateaux du Vietnam Devenu ethno psychiatre aux Etats Unis il na malheureusement pas publi ses recherches mais par les objets qu il a r unis on sait tout des Sedang ainsi ils taient parmi les meilleurs vanniers leur sorcier utilisait des tiges de bambou comme instrument pour d couvrir le co tus ill gal dans le village ou des brindilles qu il fallait accrocher la m choire des chevreuils et des oiseaux pour emp cher leurs cris funestes durant la guerre On doit Madeleine Colani des objets de qualit sur les Ta du Laos et du Vietnam o elle v cut de 1915 jusqu sa mort en 1948 Pal ontologue et arch ologue de formation elle d couvrit le Hoabinhien et se tourna vers l ethnologie la fin de sa vie Elle collecta et d cri
69. vit de fa on scientifique passionnante aussi les objets quotidiens qui permettent ces populations de survivre Les Muong resteront longtemps associ s aux travaux de Jeanne Cuisinier qui a consacr ses enqu tes fondamentales aux mondes malais et vietnamien Les objets qu elle r unit pour le Mus e de l Homme entre 1936 et 1938 permettent d voquer jusqu au moindre d tail le quotidien Muong de la r gion d Hoa Binh Georges Condominas rassembla lui une collection fascinante sur les Mnong Gar soci t proto indochinoise des Hauts Plateaux du Vietnam central o il arriva en 1947 Son tonnant travail de terrain permet d voquer tous les aspects de la vie quotidienne comme 28 le grand sacrifice du buffle aux g nies du sol point culminant de la vie rituelle de cette minorit Ces chercheurs et bien d autres ont v cu plusieurs ann es avec ces populations Rien n chappa leur sens de l observation et leurs analyses Nous connaissons parfaitement l origine la fabrication l usage ou la valeur symbolique de chaque pi ce confi e au mus e La sp cificit et la beaut de chacun de ces groupes peut nouveau tre montr e et rester dans les m moires Quand on sait les ravages et les dommages que les guerres caus rent certains de ces peuples de si minutieuses vocations ont une puissante charge motive Un mus e d ethnographie ne doit pas tre un conservatoire de cultures mortes peut

« Nous avons mangé la forêt » Georges Condominas au

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