Cinéma[s] LE FRANCE
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1. La seduccion La s duction Rastro de muerte Trace de mort El otro L autre El imperio de la Fortuna L empire de la fortune Mentiras piadosas Mensonges pieux La mujer del puerto La femme du port Principio y fin D but et fin La reina de la noche La reine de la nuit 1968 1969 1971 1975 1977 1978 1979 1981 1984 1985 1988 1981 1993 1994 Documents disponibles au France Positif n 422 Cahiers du Cin ma n 501 Dossier distributeur E F R A SALLE D ART ET D ESSAI CLASS E RECHERCHE 8 RUE DE LA VALSE 42100 SAINT ETIENNE 04 77 32 16 96 R PONDEUR 04 77 32 71 71 Fax 04 77 25 11 83 N C2. fin 1993 et La reine de la nuit 1994 il n est plus possible de nier l vidence Comment vous tes vous r concili s avec le genre par excel lence du cin ma mexicain AR Je viens sans doute d une tradition cin matographique qui suppose l exis tence d un m lodrame en tant que genre M ais le m lo mexicain dans son essence nationale exalte la famille la patrie la religion les valeurs d une cer taine bourgeoisie qui avait besoin de s affirmer Lorsque nous utilisons aujourd hui les ressorts du genre nous leur donnons un tour d crou nous pr sentons l envers de la m daille le c t obscur du m lodrame Nos familles sont atroces d sagr ables Non seulement elles ne sauraient tre exemplaires elles ne sont m me pas valables en tant que noyau social l mentaire Cela dit je ne m ins re pas dans un genre prio ri je ne me dis pas Filmons un m lo ainsi que je pourrais le dire d un autre genre comme le western Le m lodrame est une r sultante non pas la pr misse l laboration du film Parfois il est dif ficile de faire la part entre la r alit mexicaine et un genre aussi facilement reconnaissable Je ne saurais d ailleurs me prononcer sur le genre auquel appar tient Los olvidados de Bu uel Je ne sais pas si La femme du port et La reine de la nuit entretiennent des liens tr s rigoureux avec le m lo Le th tre nous l gu la mauvaise habitude de classifier les uvres trag die
3. ne Dietrich habill e d une robe de soie et de longs gants Arturo Ripstein II m est alors venu l id e de tourner une nouvelle version de La femme du port pauvre et mis rable Je n ai jamais vu le film de 1933 en entier je connais des fragments mais je sais de quoi il s agissait Et j ignorais alors le conte de Maupassant que nous avons lu uniquement apr s avoir d cid de refaire le film Le r cit ne fait que deux pages et il a t adapt en son temps par Tolsto grand admirateur de Maupassant qui en fit un conte russe Le film d Arcady Boytler est devenu repr sentatif du cin ma de faubourg du cin ma de prostitu es o la nuit devient un protagoniste Notre version est la qua tri me ou la cinqui me je n en suis pas s r Il s agit d un marin qui arrive dans un port se rend au bordel et la pute s av re tre sa soeur Toutes les ver sions se terminent de fa on tragique sauf la n tre qui d bouche sur un happy end En fin de compte le noyau familial que nous appr cions tant se trouve pr serv fr re et s ur deviennent mari et femme parents d une famille tr s heureuse et un peu mongolo de Et la m re vit avec l ancien amant impuissant qui lui donna jadis la syphilis un vrai bonheur Lors d une de nos premi res rencontres Ripstein repoussa un quelconque rap port avec le m lodrame alors que Paz Alicia Garciadiego au contraire revendi quait le m lo dans votre travail Apr s Principio y
4. FICHE FILM La femme du port La mujer del puerto de Arturo Ripstein Fiche technique Mexique 1991 1h50 Couleur R alisateur Arturo Ripstein Sc nario Paz Alicia Garciadiego d apr s la nouvelle de Guy de Maupassant Le port Musique Lucia Alvarez Interpr tes Patricia Reyes Spindola Tomasa Alejandro Parodi Carmelo Damian Alcazar M arro Evangelina Sosa Perla Ernesto Yanez Eneas J ulian Pastor Simon Je R sum Apr s des ann es d absence un jeune marin El Marro rentre dans son pays natal M alade il s chappe du bateau o il est consign en quarantaine et dans un bordel populaire du port tombe sous le charme ang lique de Perla la danseuse exotique du cabaret Tomasa la m re de la jeune fille n h site pas la prostituer mais fait tout pour l loigner d El M arro pour des raisons inavouables Les jeunes gens sont en effet fr re et s ur L in vitable s accomplit et nul ne pourra s chapper de cette romance noire l issue pour le moins surprenante Pair Critique La femme du port d Arturo Ripstein sort sur les crans fran ais Cette adaptation moderne de la nouvelle de M aupassant Le Port est l histoire d un inceste involontaire dans une ville mexicaine racont e sous trois angles diff rents ceux des person nages principaux Les trois r cits s entrecroisent se compl tent et se contredisent Le cin aste mexi cain
5. aque fois une nouvelle turpitude et un nouveau trau matisme C est que Ripstein joue avec virtuosit sur les r actions du spectateur sur son d sir m lang de frayeur de voir ce qu il n a pas envie de voir Cette accumula tion d ignominies devient ainsi para doxalement une construction abstraite un voyage dans l inconscient du m lo drame D autant que Ripstein d joue les pi ges de l identification gr ce un parti pris th tral enfermant ses person nages dans trois ou quatre lieux et d crivant leurs pulsions et leurs compor tements par de tr s longs plans Sommet d humour noir La femme du port offre aussi un mode d emploi id al pour entrer dans le cin ma d Arturo Ripstein Jean Fran ois Rauger Le M onde J eudi 28 M ars 1996 Entretien avec Arturo Ripstein et Paz Alicia Garciadiego Vous avez travaill ensemble sur cinq films dont deux sont des adaptations d apr s un auteur tranger Guy de Maupassant et Naguib M ahfouz Paz Alicia Garciadiego L origine de La femme du port La mujer del puerto 1991 n est pas proprement parler lit t raire le point de d part est une r f rence du cin ma mexicain Un jour nous bavardions avec Emilio Garcia Riera cri tique assez connu au Mexique et il pr tendait que notre sp cialit tait de souiller les femmes Or la premi re ver sion de La mujer del puerto Arcady Boytler 1933 tait une uvre tr s styli s e avec une putain la Marl
6. com die Le cin ma poss de une toute autre vitalit et une manie du classement ne me vient pas l esprit lorsque je tourne Le m lodrame ayant perdu vigueur et acquis une connotation p jorative cela explique mon attitude d fensive F R A SALLE D ART ET D ESSAI CLASS E RECHERCHE 8 RUE DE LA VALSE 42100 SAINT ETIENNE 04 77 32 76 96 R PONDEUR 04 77 32 71 71 Fax 04 77 25 11 83 N C O C U M E N T Il ne s agit pas d appr cier l insertion de vos films dans le genre mais de perce voir le m lodrame comme une r f rence pr sente et un mat riau sur lequel vous travaillez N est ce pas la famille qui vous am ne au m lo P A G Exactement c est l importance du noyau familial qui fait voluer le film vers le m lodrame Les derniers films ne pr sentent pas la famille comme le noyau de la construction de l individu mais de sa destruction En ce sens nous pourrions parler d anti m lo A R Au del de notre tradition cin mato graphique au M exique la r alit elle m me est tr s m lodramatique voil pourquoi nous tournons des m los P A G Ceci tant il faudrait se deman der pourquoi nos films sont centr s sur la famille Nous y arrivons parfois sans nous en rendre compte M me dans La femme du port vous avez conf r la m re une importance dramatique qu elle n avait pas l origi ne A R En effet ni chez M aupassant ni dans l adaptation de T
7. font progressi vement p n trer dans un univers beau coup plus sordide et une intrigue beau coup plus labor e que ceux de la nou velle de Maupassant dont il s inspire A partir d un r cit de trois pages qui se r sumait l accomplissement de cet inceste involontaire et s achevait pour le lecteur surpris comme pour les per sonnages accabl s par la d couverte des liens familiaux unissant le marin et la prostitu e la sc nariste Paz Alicia Garciadiego a construit un m lodrame riche et complexe o l on retrouve les th mes chers Ripstein obsession de la puret mise en vidence du sadisme familial exigeant des sacrifices humains pi t na ve la mesure de la d prava tion des protagonistes Bien que le r a lisateur se soit toujours d fendu d avoir voulu faire un m lodrame c est une v ritable avalanche de p rip ties vio lentes film es avec un vident souci de naturalisme et accompagn es de d cla rations d clam es sur le mode th tral qu il nous projette en pleine poitrine le fils enfant a tu son p re maquereau pour prot ger sa m re prostitu e et sa petite s ur b b avant de se sauver et de r appara tre dix ans plus tard au d but du film la m re a rendu son amant impuissant coup de syphilis et maintenant elle avorte sa fille avec un cintre mais c est pour son bien Si le film tait tourn sur le mode paro dique tout irait pour le mieux le spectateu
8. note propos de ce film J e ne sais pas si La femme du port et La reine de la nuit entretiennent des liens tr s rigou reux avec le m lo Le th tre nous a l gu la mauvaise habitude de classifier les uvres trag die com die Le cin ma poss de une toute autre vitalit et une manie du classement ne me vient pas l esprit lorsque je tourne Le m lodrame ayant perdu vigueur et acquis une connota tion p jorative cela explique mon attitude A N C Ww BON CNE Mr O C U M E N T d fensive Au del de notre tradition cin matographique au Mexique la r a lit elle m me est tr s m lodramatique voil pourquoi nous tournons des m los Un m lo dans toute l acception du genre avec ses poncifs et ses clich s mais qui par la magie d une mise en sc ne flamboyante et fun bre se hisse au rang d authentique uvre d art Courrier Art et Essai n 47 15 Mars 1996 D o vient que les films d Arturo Ripstein divisent autant les cin philes que la tauromachie du Cordob s divisait les aficionados La femme du port ne fera pas exception la r gle tout com mence par une romance en allemand qui pourrait tre chant e par M arl ne si on n tait pas dans un film en couleurs malgr les deux premi res images en noir et blanc que l on aper oit un fugitif instant et que je suppose tir es du film d Arcady Boytler 1933 Et cette roman ce qui n est pas chan
9. olsto ni dans les versions filmiques ant rieures Chez nous la m re devient le t moin privil gi l ambassadeur pl nipotentiaire de la conscience du public la mani re de ces personnages de Shakespeare qui le repr sentent lui m me dans ses uvres et observent regardent distinguent ou donnent la r plique La m re est le v ri table agent du scandale Il y a souvent des suicides dans votre fil mographie La femme du port Principio y fin et La reine de la nuit AR Les trois films constituent un trip tyque plut t qu une trilogie Il y a trois instances du suicide La femme du port commence par un suicide rat Car une femme qui se jetterait la mer dans un port plein de marins comme c est le cas dans la version d Arcady Boytler il est vident que les gens se pr cipitent et la sauvent ne peut y avoir de suicide dans un port c t d un bateau Apr s ce triptyque nous en avons d sormais fini avec les suicides Dossier Distributeur Le r alisateur N Mexico le 13 D cembre 1943 il est le fils d Alfredo Ripstein J r c l bre pro ducteur de films Il tudie le droit l Universit de Mexico UNAM l histoire de l art l universit Ib ro am ricaine et l histoire au Coll ge de Mexico De 1962 1965 il est l assistant de Luis Bu uel sur L ange exterminateur et Simon du d sert I est galement com dien notamment dans Loss of Roses de William Inge En 1965 il r ali
10. r rassur saurait o il se trou ve rirait quand on lui dit de rire et le film ne susciterait aucune pol mique Si les dialogues taient moins th traux et permettaient l motion si l esth tique ne le disputait pas au naturalisme si la construction tait plus simpliste si le syst me de valeurs traditionnelles tait respect rien n emp cherait les ressorts du m lodrame de fonctionner plein rendement M ais de m me qu on disait du Cordob s qu il tait un acrobate un clown tout sauf un torero l originalit de l uvre d Arturo Ripstein r side peut tre dans ce qu il fait feu de tout bois et tout en s inscrivant dans le cadre d un m lodrame naturaliste n h site pas pratiquer le m lange des genres C est ainsi que dans la version Perla de l avortement alors que la m re s approche de sa fille en d pliant le cintre avec d termination et que le spectateur horrifi s appr te suivre des d tails d une action aussi crue que les sc nes pr c dentes la cam ra quit te le personnage et le retrouve vu de dos dans un miroir tellement ab m qu il donne la sc ne un caract re irr el La seconde version de cet pisode claire la premi re racont par la m re l avortement devient un acte que sa fille l aurait suppli d accomplir chacun des personnages en rejetant la culpabilit sur l autre Le happy ending final contre dit les deux versions et ach ve de d router le
11. se son premier film Tiempo de morir d apr s un sc nario de Gabriel Garcia M arquez qui lui vaut imm diatement l int r t de la critique Apr s l insucc s des Souvenirs de l avenir il s oriente vers un cin ma plus exp rimental for mant avec Felipe Cazals et Rafael Castanedo le groupe Cine independiente de M exico Avec les sorties en France en 1994 des trois films Le ch teau de la puret Ce lieu sans limites et L empire de la fortune suivies ensuite de La reine de la nuit en comp tition Cannes la m me ann e et de Principio y fin le public fran ais peut enfin d couvrir le plus grand cin aste mexicain contempo rain Dossier Distributeur Filmographie Courts m trages Crimen 1970 Crime La belleza La beaut Exorcismo Exorcisme Autobiografia 1971 Documentaire El naufrago de la calle de la Providencia Le naufrag de la rue de la Providence Los otros ni os 1974 Tiempo de correr Lecumberri el Palacio Negro El borracho La causa 1976 Longs m trages Tiempo de morir 1965 Ho 1966 pisode de J uego peligroso J eux dan gereux Los recuerdos del porvenir Les souvenirs de l avenir La hora de los ninos L heure des enfants Salon independiente El castillo de la pureza Le ch teau de la puret Foxtrot El lugar sin limites Ce lieu sans limites La viuda negra La veuve noire Cadena perpetua Prison vie La tia Alejandra La tante Alexandra La ilegal L ill gale
12. spectateur qui croyait encore la loi du genre Perla n a pas avort du tout et Arturo Ripstein s en est expli qu en des termes dont il n est pas inutile de souligner l ironie Le noyau familial que nous appr cions tant se trouve pr serv fr re et s ur devien nent mari et femme parents d une famille tr s heureuse et un peu mongo lo de L motion surgit o on ne l attend pas dans cet espace de libert dans les quelques minutes pendant lesquelles Carmelo le pianiste jadis syphilis par Tomasa se bat contre le sort et le patron du bordel pour r cup rer son bien un aquarium plus grand que tous les navires plus bleu que toutes les mers qui brillera de tous ses feux dans le happy ending final M ais aussi d s le d but du film lorsque M arro perdu dans les rues sous une pluie battante demande son chemin une femme assi se que les trombes d eau n emp chent pas de lire et qui nous rappelle fort propos qu Arturo Ripstein fut l assistant de Luis Bu uel Catherine Axelrad Positif n 422 Avril 1996 E F R A SALLE D ART ET D ESSAI CLASS E RECHERCHE 8 RUE DE LA VALSE 42100 SAINT ETIENNE 04 77 32 76 96 R PONDEUR 04 77 32 71 71 Fax 04 77 25 11 83 O C U M E N T La femme du port sort enfin d un pur gatoire de cinq ans o l avaient mainte nu les al as de la distribution Il succ de dans les salles deux films post rieurs Principio
13. t e par Marl ne parce que justement on est dans un film en couleurs et quelles couleurs elle berce deux marins retenus bord en quarantaine alors que les copains sont all s tirer une bord e en ville A la fin du g n rique M arro teint le transistor finit par comprendre que son compa gnon est pass de vie tr pas essaie quand m me de le secouer un peu pour la forme et s enfuit pour atterrir dans un bordel o sa petite s ur qu il n a pas vue depuis dix ans costum e en sir ne de l Amour il ne la reconna t pas joue les reines de la fellation derri re un rideau transparent on voit tout Coquin de sort ou plut t putain de vie en mexi cain dans le texte c est pr cis ment le genre de lieu clos qu affectionne Arturo Ripstein pour pr senter l envers de la m daille le c t obscur du m lodrame qu il s attache d voiler depuis trente ans D voiler est le terme et ce n est certai nement pas un hasard si les rideaux et tissus en tous genres voilages transpa rents ouverts ou tir s rideau jet sur le cadavre du p re couvertures et tissus usag s empil s m me le sol bandes molleti res en simili serpilli re mal nou es autour des jambes de la m re constituent un l ment essentiel du d cor Les trois parties du film chacune portant le nom du protagoniste dont elle privil gie le point de vue successive ment M arro le fils Perla la fille Tomasa la m re nous
14. y Fin et La reine de la nuit qui ont entre temps d finitive ment install le Mexicain Arturo Ripstein comme cin aste d envergure internationale Lorsqu il fut pr sent au Festival de Cannes en 1991 dans le cadre de la s lection Un certain regard le film fut plut t mal accueilli Pour des raisons sans doute contradictoires l aspect abstrait presque th orique de sa construction et la violente crudit des situations d crites Bien qu inspir par une nouvelle de M aupassant La femme du port se rat tache la tradition mexicaine du m lo drame dont il d nude l id ologie Un marin tombe amoureux d une prostitu e tente de la d livrer de l emprise de son maquereau et de sa propre m re jusqu ce qu il d couvre qu il s agit de sa propre s ur perdue de vue depuis qu il a quitt enfant sa famille la suite d un drame Sur cette situation de base Arturo Ripstein empile trois r cits qui sont autant de variations d bouchant sur une conclusion diff rente Cette accumulation d lirante de clich s natu ralistes d truit les conventions du m lo drame latin qui repose sur la r v lation de v rit s sordides justifiant une attitu de soit moralisatrice soit d senchant e Dans l univers de La femme du port le pire est toujours s r inceste exploita tion sexuelle avortement sanglant sui cide p dophilie parricide en remontant toute la cha ne des effets aux causes le sc nario d couvre ch
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