n°630 décembre 2013
Contents
1. Hommage au Centralien de l ann e 2013 Boris Vian Jean Fran ois Belhoste 71 de Centrale Histoire avec le concours de Nicole Bertolt et Philippe Denizet revisite l itin raire d un Centralien l gendaire Il raconte sa vie l cole ses amiti s centraliennes ses manifestations de Jazz rue Jean Goujon et il a recueilli le t moignage de son camarade et ami Alfred Jabes L Association consacre par ailleurs un ouvrage au Centralien Bons Vian dans la collection Parcours de Centraliens crit 3 mains Jean Fran ois Belhoste 71 Henri False 67 et Pierre Vareille 81 il s attache surtout faire conna tre l ing nieur ing nieux La r daction remercie chaleureusement Monsieur Alfred Jab s pour nous avoir confi son fond documentaire Boris Vian le jazz et la Maison des Centraux Boris Vian eut une passion qui ne le quitta jamais jusqu son d c s le 23 juin 1959 le jazz D s 1935 il entreprit de jouer de la trompette devint en 1937 membre du Hot Club de France association estudiantine cr e en 1932 et ne manqua d sormais aucun num ro de sa revue mensuelle Jazz Hot Boris Vian entre 1937 et 1939 Archives Coh rie Boris Vian 4ai1_ Central630 Actus indd 4 N dans une famille de m lomanes sa m re jouait tr s bien du piano et observateur Ville d Avray des d buts de son voisin et ami le jeune prodige Y hudi Menuhin il avait du go t pour la chose musicale Mais sa musique2. le de Brunehilde aux belles tresses blondes en tournant sa belle t te de gauche droite et de droite gauche de plus en plus vite la stupeur g n rale senvola et rejoignit Lilienthal au Walhalla M me sil s int ressa surtout aux voitures anciennes Boris Vian manifesta ensuite sa vie durant un r el penchant pour a ronautique Il envisagea m me en 1946 d accepter un poste aux tats Unis pour l Of fice de l Aviation civile o travaillait son beau p re Gr ce Alfred Jab s l aviation fut aussi pr sente dans son uvre Elle y trouva place plus pr cis ment dans l Automne P kin o appara t le fameux Ping 903 du professeur Alfred Jab s 1939 Archives A Jab s Mangemanche Il y est ainsi question de son petit moteur italien Est ce que vous avez vu le nouveau petit moteur italien Non dit Cruc Comment qu il est Terrible dit Mangemanche On en mange mancherait Il ny a pas d allu mage D o le tenez vous Mon correspondant italien Alfredo Jab s me l a envoy Voici lexplication En 1946 mon retour d Italie nous dit Jab s j avais rapport un petit moteur auto combustion de 4 cm qui marchait fort bien avec un m lange d ther et de p trole Je l ai essay chez Bison Boris Vian rue du Faubourg Poissonni re en le fixant sur son petit tabli On a eu du mal le faire d marrer mais soudain il voulut bien le faire dans un bruit assourdissant en l cha
3. lui c tait le jazz musique jeune et dan sante des surprises parties zazou qui faisait r ver d Am rique Lorsquen novembre 1939 re u Centrale il partit rejoindre Angoul me o l cole s tait repli e du fait de la guerre il emmena bien s r sa ch re trompinette mais aussi son pick up aiguille en bois et sa collection de disques 78 tours afin d animer les soir es de l immeuble o il r sidait avec quelques camarades Son dipl me en poche et mari depuis juillet 1941 avec Mich le L glise il trouva vite d s ao t 1942 un emploi l AFNOR l Associa tion Fran aise de Normalisation Pour trom per lennui qui tr s vite l envahit il eut la chance alors de trouver place dans l orchestre quavait cr son ami polytechnicien Claude Abadie et o ses deux fr res Alain et L lio jouaient respectivement de la guitare et de la batterie la Lib ration les choses s acc l r rent l orchestre put d sormais se produire d couvert au Rainbow Corner notamment boulevard des Capucines devant les G s La r f rence tait le style Nouvelle Orl ans celui de Louis Armstrong et du trompettiste Bix Beiderbecke dont Boris cherchait imiter le jeu En bon intellectuel et m ticuleux observa teur des choses humaines il d veloppa aussi une connaissance de plus en plus fine de sa musique f tiche nourrie par la lecture atten tive presque obsessionnelle de Jazz Hot Il largit ainsi sa perspective trou
4. me en alexandrins dont voici un extrait On arrive Et l pr s de l eau c est la d tente On plonge un peu g n sous les regards railleurs L herbe est un ring parfait pour les gars batailleurs Et souple sous sa peau va la rivi re lente On retrouve en ce lieu tous les copains de thurne Vidal notre Apollon Costes le taciturne Sahir le musculeux Thillet le chevelu Et Marcelle en un cano qui se pr lasse Lucienne avec Nicole au thorax mamelu Puis on attend sans se presser que le temps passe Alfred Jab s et Boris Vian se retrouv rent apr s l armistice Paris rue Montgolfier en 2 et 3 ann es Ils partag rent la m me thurne et ayant choisi tous deux la sp cialit m tallurgie eurent ensemble concevoir en concours de sortie un projet d usine zinc Juif Alfred Jab s connut des moments tr s difficiles Paris durant l Occupation Conscient d s 1939 de ce que signifiait l arriv e des nazis il y v cut une existence pr caire loin de ses parents et dans une angoisse quasi permanente La famille Vian l accueillait alors fr quemment Ville d Avray En dehors de l cole j allais sou vent chez les Vian une des rares familles qui m invitait En arrivant l improviste chez eux vous tiez accueillis comme si vous leur faisiez un cadeau Sa nationalit ita lienne le prot gea lui vitant notamment de porter l toile jaune jusqu ce que fin mars 1943 gr ce Mari
5. peu de bruit et ne pollue pas Apr s L Bl riot et E Oehmichen qui jeune ou moins jeune prendra la rel ve Sous l il narquois de Bo ris Alfred attend sereinement soutiens et propositions E CENTRALIENS N 630 D CEMBRE 2013 05 12 13
6. rissage pour tous 1948 de d veloppement particulier dans son uvre On peut tre s r cependant qu elle l impr gna profond ment ne serait ce que du fait de ses prises de position anti militariste et anti raciste Sauf erreur d ailleurs la seule organisation mili tante laquelle il adh ra fut la Ligue contre le racisme et l antis mitisme De ces ann es d Occupation Boris Vian dira plus tard lors de la pol mique suscit e par sa chanson du D serteur Ceux qui comme moi ont eu 20 ans en 1940 ont re u un dr le de cadeau d anniversaire Ajourn la suite d une maladie de c ur je ne me suis pas battu je n ai pas t d port je n ai pas colla bor je suis rest quatre ans durant un imb cile sous aliment parmi d autres un qui ne comprenait pas parce que pour comprendre il faut qu on vous explique Juste avant sa fuite en Italie Alfred Jab s qui voyait r guli rement son camarade Boris mari depuis juillet 1941 Michelle L glise p re du petit Patrick et d sormais ing nieur l AFNOR pr ta son crayon l illustration d un texte que Boris crivit pour distraire sa jeune pouse op r e de la thyro de Ce Conte de f es l usage des moyennes personnes rest longtemps in dit a t publi avec ses illustrations en 1997 E CENTRALIENS N 630 D CEMBRE 2013 05 12 13 16 12 L aviation D s l ge de 12 ans Alfred Jab s tait passionn d aviati
7. 1939 sur l le de Bourgines Boris Vian dans sa barque construite par son camarade Jean Perret photographi par Alfred Jab s Archives A Jab s L ann e 1947 fut on le sait cruciale dans le parcours litt raire de Boris Ayant quitt l AFNOR en f vrier 1946 pour rejoindre POf fice technique du Papier la suggestion de son ami le chimiste Claude L on batteur de Por chestre Abadie il publia alors les romans qui allaient faire de lui une c l brit L cume des Jours en avril 1947 L Automne P kin en sep tembre Auparavant tait paru fin 1946 sous le pseudonyme de Vernon Sullivan le scanda leux J irai cracher sous vos tombes crit en quinze jours durant l t Saint Tropez qui lui avait valu bien des soucis au point qu il fut forc apr s quelques mois d avouer qu il en tait le v ritable auteur Ses liens avec Jean Paul Sartre et les existentia listes s taient par ailleurs concr tis s par son embauche comme chroniqueur dans la revue Les Temps Modernes La premi re de ses chro niques dites du Menteur parue dans le n 9 de juin 1946 Exer ant toujours dans ces ann es la profession d ing nieur Boris Vian adh ra tr s t t l Association des Anciens Il figure dans l Annuaire de 1947 le premier publi apr s guerre avec la mention Ing nieur lAs sociation technique papeti re Hommes de lettres C est alors que dans des conditions mal lucid es mais qui peuvent s expliquer il o
8. A ecd aDE Ca SN DIET c 019 O d eg A J gt a d A O D D 9ra de aq d O 910 D O d D D E d Ca d O DE O E g DDE Denizet et a Centrale oire de nous avo DE dae O OCLE e JO Progra E mE D A a d DIO d D O d D D granada DUD DISCO q JE C O O alle e q oup ae prolecte C d d O de e de C O age O A 0 Q a dE ere O Progra c anesque 4a11_Central630_Actus indd 6 TROISI ME CONF RENCE MUSIQUE DE JAZZ por Boris VIAN Fonds Claude Rameille taient La presse il est vrai avait largement couvert l v nement Dans Combat Maurice Nadeau avait crit Trop de monde pour couter Jean Paul Sartre Chaleur vanouissement et Police Secours La presse sensation surtout en particulier Samedi Soir qui avait une dent contre les existentialistes s tait empar e du sujet Depuis Barnum on n avait pas assist un tel triomphe de publicit L existentialisme est une philosophie C est aussi une excellente affaire Boris Vian n aurait personnellement pas as sist la conf rence c est son pouse et son grand ami d alors Jacques Loustalot dit le Major qui pr sents lui aurait narr l v ne ment Mais il connaissait videmment la salle C est en tout cas dans ces m mes locaux qu il eut l id e d organiser ses manifestations jazz esques de 1947 De la premi re on poss de une pr sentation ins r e dans le Compte ren du des r unions du Groupe de Paris de l cole Centra
9. aniste Jack DEVAL Archives Coh rie Boris Vian par a b que Ludwig Van Beethoven n tait qu un rat et que seuls les noirs de la Nouvelle Orl ans connaissaient la musique La salle prit un air pinc Le sourire nigmatique de Jacques H lian semblait nous dire Hein Vous ne vous attendiez pas celle l Nous tions quelques uns rire sous cape en pensant qu on peut fort bien admirer le style Nouvelle Orl ans sans pour autant excommunier Beethoven Et que au fond d eux m mes Boris Vian le po te et Jacques H lian le musicien consomm le pen saient aussi mais qu on ne le leur aurait pas fait avouer pour un empire Aucun de ces comptes rendus ne nous ren seigne vraiment sur ce que Boris a pu dire ce soir l Gageons qu avec ce qui se passait au Hot Club il y fut question de l arriv e du be bop Le titre indiqu dans le Bulletin du Groupe du Paris Cinquante ans de musique de Jazz est en fait plus ou moins le m me que celui de plu sieurs autres conf rences qu il fit ensuite jusqu en 1950 comme celle du 4 d cembre sui vant prononc e la salle du Conservatoire avec cette fois un accompagnement musical de Claude Luter et d Hubert Fol Bien qu on ne dispose malheureusement d aucune transcrip tion de ces diverses conf rences un article paru en f vrier 1953 dans La Parisienne sous le titre Un demi si cle de jazz peut donner une id e de leur contenu mais certainement pas de la fa on do
10. assique et b tir une th orie nouvelle bas e sur l tude du vol naturel qui fasse cas notamment de la pr sence de tourbillons altern s L avantage de son efficience est en tout cas de pouvoir envisager qu il soit propulsion humaine Nous sommes all s rendre visite Alfred Jab s Hy res au d but du mois d octobre dernier Il avait engag la construction d un prototype appel Aster X et voici ce qu il en disait Mon premier but tait de participer au Prix Igor Sikorsky voler par la seule puissance hu maine pendant une minute apr s avoir d pass la hauteur de 3 m Ma candidature n a pas t retenue mon appareil battant des ailes et ne tournant pas d une mani re continue Tant pis je continue La premi re tape a t la construction d une maquette la seconde sera celle de la construc tion dun prototype en mat riaux plus l gers longerons des pales en fibre du carbone m ca nisme compos de tubes en aluminium de sorte ce qu il p se vide moins de 20 kg Grosso modo l appareil ressemblera deux coli bris attach s dos dos Il aura quatre demi pales pouvant pivoter alternativement de ou 90 en agissant par la force des bras et des jambes l intention notamment de ses camarades de l a ronautique traditionnelle embarrass s pour donner un avis sur ce projet iconoclaste de v lo a rien Alfred Jab s tient souligner que la propulsion humaine ne co te rien fait
11. e 2 et 3 ann es taient mobilis s et le directeur L on Guillet avait choisi de replier l tablis sement Angoul me profitant d un b ti ment tout juste construit et encore inoccup pour accueillir les seuls l ves de 1 ann e Ce contexte hors du commun n emp cha ce pendant pas le d roulement d une scolarit peu pr s normale Les cours de premi re ann e taient surtout des cours th oriques Analyse Math matique G om trie Phy sique M canique dispens s par des profes seurs issus du milieu universitaire comme Jean Chazy membre de l Institut auxquels s ajoutaient quelques cours appliqu s pro fess s par des anciens tels celui d Electro technique d mile Nughes ECP 1894 ou celui d Outillage m canique de Pierre Massot ECP 1902 qui faute d quipements de tra vaux pratiques restaient quelque peu abs traits Le rassemblement dans une paisible ville de province d un centaine de jeunes ses distances avec le milieu des centraliens dont beaucoup il est vrai h sitaient le reconna tre comme l un des leurs Pourtant tous les t moi gnages de ses proches concordent il resta tou jours fid le sa formation d ing nieur Il sau vegarda d ailleurs certains cours polycopi s et quelques uns de ses projets d l ve qui se trouvent aujourd hui conserv s la Biblio th que nationale au milieu des manuscrits de ses romans On y reconna t notamment un projet de r cup rateu
12. e Jos de Belgique pouse d Umberto h riter d Italie il puisse avec quelque 800 coreligionnaires s enfuir Rome Il ne revint Paris qu en 1946 Sa clairvoyance en 1939 1940 surprit Bo ris Vian alors que la plupart de ses cama rades forts de leurs 20 ans manifestaient selon ses dires la plus compl te indiff rence aux graves probl mes de l heure Jab s Il faut demain que je vous parle de Jab s cri vit il en 1951 dans son journal intime C est une de mes images de 1940 pr s de la fin en juin Dans sa chambre Vraiment tout le monde commen ait foutre le camp C est lui qui ma fait comprendre Il tait atterr Juif italien tout petit dr le bon copain J aimais bien Alfredo Je l aime bien encore On ne se voit plus On ne peut pas Mais je l aime bien Sur son lit il a dit des choses quelles je ne sais plus je me rappelle il logeait au dessus de l Oc anic bar o allaient boire les deux gar ons de l cole ceux qui encollaient les planches dessin Alfred et Jules je crois Atterr Jab s m a atterr J ai compris foutus allemands etc Compris rien du tout juste compris que quelque chose cassait L apr s midi j ai foutu le camp d Angoul me Le 8 juin je crois sur ma b cane Inutile de dire que cette conversation et tant d autres poursuivies jusqu en 1943 ont profond ment marqu Boris Vian m me si la guerre de 1939 1945 n a pas fait l objet sauf dans sa pi ce L quar
13. ence du 29 oc tobre 1945 Lexistentialisme est un humanisme organis e par le Club Maintenant qu animait entre autres l essayiste Marc Beigbeder consi d r e comme le point de d part du mouve ment existentialiste qui donna lieu une co hue m morable dont Boris Vian tira un pastiche burlesque dans L cume des Jours On la reconna t dans le passage suivant Dans la grande salle du rez de chauss e au plafond mi vitr de fresques l eau lourde et bien propres faire na tre dans l esprit des assistants des doutes sur l int r t d une existence peupl e de formes f minines aussi d courageantes Le fond de l estrade tait garni d une tenture de velours en kyst Une partie du plafond venait de se soule ver et une rang e de t tes apparut D audacieux admirateurs venaient de se faufiler jusqu la verri re et d effectuer cette op ration d licate Heureusement la totalit du plafond sabattit dans la salle Une paisse poussi re s leva Dans les pl tras des formes blanch tres s agi 5 05 12 13 16 12 CTUS Archives Coh rie Boris Vian Archives Coh rie Boris Vian MAISON DES CENT de l h 19h 29 a TENUE DE VILLE MAISON DES CENTRAUX 17h 30 TENUE DE VILLE Rendez vous 14 mai 2014 la Cit V ron pour l avant premi re du film documentaire retra ant la vie de l l ve ing nieur jusqu artiste Boris Vian d araue Dro O O C O D
14. enne et qui me fit suivre le message secret o la question tait trait e Je n eus qu la recopier C est ainsi que commen a une grande et solide amiti avec Boris Vian dit Bison Ravi Roger Spinart dit Gros Zizi et Jean Lhespitaou dit Pitou Moi c tait Bimbo allusion mes ori gines italiennes Voici comment Alfred Jab s d crivit sa premi re rencontre avec Boris Vian dans un texte de souvenirs crit il y a une dizaine d ann es qu il intitula joli ment La trompinette piston N en 1918 Bologne en Italie Alfred Jab s avait d abord fr quent le lyc e fran ais du Caire o r si daient ses parents avant d tre envoy l ge de neuf ans Paris au lyc e Janson de Sailly o il resta douze ans pensionnaire C est l qu il pr para Centrale Re u sur la liste compl mentaire il re ut son avis d int gration alors qu il tait du fait de l entr e en guerre rentr chez ses parents au Caire Revenu en France sur un navire anglais WWW CENTRALIENS NET 4at1_ Central630 Actus indd 7 via Malte et Marseille il ne rejoignit l cole qu un mois apr s la rentr e officielle C est ce retard qui explique l anecdote ci dessus le nouvel arrivant ayant subir imm diate ment un examen pour un cours de math matiques qu il n avait pas suivi Cette rentr e de novembre 1939 effectu e apr s deux mois de guerre se faisait dans des conditions vi demment exceptionnelles Les l ves d
15. formation a rodynamique et sa longue exp rience des mod les r duits partit du constat fait par E Oehmichen partir du vol film d un pigeon qu une aile battante tait dix fois plus efficiente qu une h lice Il tira parti aussi des exp riences du Dr Katzmayr directeur du laboratoire d a rodynamique de Vienne reprises en 1924 par Albert Toussaint Saint Cyr concernant l effet d un vent oscillatoire sur un profil fixe et effectua vers 1990 des essais de maquette aile battante dans la soufflerie Eiffel de la rue Boileau Il se situait ainsi dans la lign e des travaux qu y avait entrepris d s les ann es 1940 Marcel Chabonat poursuivis la fin des ann es 1980 par le passage en soufflerie de la maquette de son gyropt re Ce qui se passait pour ces machines ailes battantes ne pouvait se comprendre qu en consid rant que le r gime d coulement tait instationnaire et non pas stationnaire comme dans le cas d un fluide parfait en r gime permanent sur une aile profil rigide puisqu ici le vent est irr gulier et tourbillonnaire et l aile souple et d formable comme celle des oiseaux ou des insectes L id e qui en r sulta fut de concevoir une machine o le vent tourbillonnaire pouvait entretenir le vol battu de reproduire ainsi les conditions dun mouvement naturel alternatif Pour en comprendre toutes les subtilit s il faudra cependant pense A Jab s sortir du cadre de l a rodynamique cl
16. le samedi 8 f vrier Conf rence Cin quante ans de Musique de Jazz Notre camarade Boris Vian a retrac avec exemples musicaux l appui ce qu a t la musique de jazz depuis son introduction en Europe jusqu nos jours Il a d fini le jazz qui n est pas comme beaucoup le croient seulement de la musique de danse mais aussi un genre nouveau de musique qui n ces site une grande virtuosit de la part de ses ex cutants Son expos a t clair et complet Le pianiste Jacques Di val a donn par des exemples particuli rement bien choisis une id e tr s pr cise sur ce genre nouveau de mu sique L ensemble a t appr ci par les nom breux moins de vingt ans qui taient pr sents Un t moignage un peu plus personnel nous est aussi parvenu celui de Charles Dubin ECP 1928 paru en 1979 dans Chronique de l cole Centrale En 1947 sans soulever un grand enthousiasme quelqu un proposa au Co mit du Groupe de Paris une conf rence de Bo ris Vian sur le jazz Il arriva v tu d un veston de velours bleu clair accompagn de Jacques H lian C Dubin ici se trompe il s agissait de Jacques Di val qui lui avait choisi un jaune canari dans le m me tissu Premi re provoca tion dans un milieu o les hommes sont condamn s perp tuit s habiller en gris Ceci n tait rien Avec le s rieux qu il mettait dans ses pires extravagances Boris Vian nous d montra Svec fa concours du c l bre pi
17. lus cr atif le saxophoniste Char lie Parker bient t rejoints par Miles Davis Ils avaient cr vers la fin 1945 une fa on particu li re de jouer au tempo plus rapide et qui lais sait une large place l improvisation laquelle prit le nom de be bop S ensuivit une vive pol mique au sein du milieu Jazz Hot entre les partisans de Charles Delaunay et les in conditionnels du style swing Nouvelle Orl ans regroup s derri re le cofondateur du Hot Club de France Hugues Panassi qui n admettait pas que cette nouvelle musique soit du jazz La querelle se termina par l exclusion du Jazz Hot de France en octobre 1947 de Charles Delau nay qui resta cependant patron du Jazz Hot de Paris et conserva la r daction de la revue Boris Vian suivit Delaunay En d cembre 1946 il avait crit avec Franck T not son premier article sur la question Que pensez vous de l volution du Jazz sans tre encore totalement convaincu mais d but f vrier son choix tait fait l coute de Nows the time de Charlie Parker Ayant pris parti en faveur du nouveau jazz sans pour autant renier le jazz classique il mit d s lors sa plume au service de la cause et r digea 38 articles entre novembre 1947 et octobre 1956 dans Jazz Hot o il prit m me en charge partir de d cembre 1947 une re vue de presse qui jusqu en juillet 1958 comp ta pas moins de 107 livraisons WWW CENTRALIENS NET 4ai1_ Central630 Actus indd 5 Angoul me en
18. nt un nuage de gaz puants et en faisant tr pigner la petite table C tait l automne 1946 Boris Vian tait plong dans l criture de son nouveau ro man Il ins ra alors cette note difficilement compr hensible sans le commentaire ci des sus Je signale pour terminer qu un person nage nouveau devait venir encore Alfredo Jab s qui sait ce que c est qu un mod le r duit mais il est trop tard maintenant Alfred Jab s a miraculeusement conserv ce petit moteur E Photo Philippe Denizet Hy res octobre 2013 05 12 13 16 12 Vs TRE nn 1 ERL A HNE at MY EELDA MS a za e Photo Philippe Denizet Hy res octobre 2013 sa retraite Alfred Jab s revint ses premi res amours Il prit fait et cause pour un sujet sur lequel s taient d j pench quelques Centraliens c l bres le vol aile battante copi sur celui des oiseaux et des insectes Louis Bl riot n avait il pas commenc par construire en 1900 un ornithopt re avant de se lancer dans la mise au point de son Bl riot XI Etienne Oehmichen l inventeur de l h licopt re lui avait consacr en tout cas d s 1920 un beau livre nourri d exp riences in dites Nos ma tres les oiseaux Transmission de la puissance des bras et des jambes Dessins A Jab s 4a11 Central630_ Actus indd 10 Photo Philippe Denizet Hy res octobre 2013 Alfred Jab s pouvait quant lui s appuyer sur sa
19. nt elles paraissent avoir t syst matique ment musicalement illustr es seule mani re de faire ressentir l volution des styles La conf rence sur le jazz du 2 f vrier 1947 semble par ailleurs avoir t la premi re de celles nom breuses que Boris Vian pronon a sa vie du rant sur les sujets les plus divers et en y pre nant manifestement du plaisir partant parfois d un texte crit ou bien improvisant largement partir de quelques notes L une de ses pre mi res eut pour titre Approche discr te de l objet Faite le 4 juin 1947 elle s inscrivait dans le cadre d une exposition intitul e Ate liers du go t au Mus e des Arts D coratifs L autre manifestation tenue salle des Centraux celle de la Jam Session dansante du 7 novembre 1947 intervint apr s la scission brutale du Jazz Hot de Paris d avec le Hot Club de France Bo ris Vian animait alors au sein du Hot Club de Paris le Jazz Club Universitaire et il appr cia sans doute de pouvoir disposer au centre de Paris d une salle pour organiser l v nement CENTRALIENS N 630 D CEMBRE 2013 05 12 13 16 12 Il officiait avec Guy Montassut Voici comment ce dernier commenta l v nement dans le nu m ro 18 de Jazz Hot d cembre 1947 Vous connaissez le principe de la jam session c est tr s simple vous prenez une salle que vous parta gez en deux par une ligne imaginaire D un c t vous jetez p le m le des musiciens venus d un peu part
20. on m me en se tenant alors la construction de mod les r duits C est avec bonheur donc qu il suivit Centrale les conf rences d Albert Toussaint ECP 1908 l un des pionniers de l a rodynamique en France sa sortie l cole ce dernier tait entr en effet l Institut a rotechnique de Saint Cyr l cole dont il avait pris la direction apr s la Premi re guerre mondiale et o il avait d velopp toutes sortes de recherches entre autres sur les souffleries supersoniques Ayant soutenu une th se de physique la Facult des Sciences de Paris Albert Tous saint y avait t nomm professeur en 1924 avant de se voir confier en 1934 la chaire de Navigation a rienne du CNAM C est en 1935 qu il avait d marr ses Conf rences de 2 ann e Centrale sur l Aviation qu Alfred Jab s suivit donc comme Boris Vian durant l ann e 1940 1941 Son dipl me de Centrale en poche Alfred Jab s ne souhaitait videm ment qu une chose faire sa carri re dans le secteur Dans le contexte tr s difficile de l Occupation il choisit cependant de par faire d abord sa formation et s inscrivit la Facult pour suivre les cours de M canique des fluides et de Technique a ronautique d A Toussaint ce qu il fit jusqu sa fuite en Ita lie fin mars 1943 Revenu Paris en 1946 il travailla deux ans au bureau d tudes d Air quipement puis chez Messier s occuper de trains d atterrissage avant de basc
21. out de l autre des auditeurs Bon Imaginez maintenant que la salle est situ e 8 rue Jean Goujon et que nous sommes le vendredi 7 novembre 21heures Imaginez que lor chestre est celui de Jacky Vernon Maintenant imaginez une foule jeune et sympathique qui danse et s en colle plein les oreilles truffez la par ci et par l de noms connus Anne Cazalis et Gr co animatrice du fameux Tabou le po te Alexandre Astruc Epicez avec quelques repor ters photographiques munis de lampes flash et quelques journalistes c l bres sans oublier Sa medi Soir ajoutez encore le caricaturiste Dropy Si vous avez bien suivi ce mode d emploi cela donne quelque chose de sensationnel D missionnaire de l Office du Papier en juin 1947 Boris Vian entama alors une nou velle vie Il avait cr son propre orchestre pour la cave du Tabou qu il transf ra en juin 1948 au Club Saint Germain install dans les caves de la Soci t d Encouragement pour l Industrie Il se lancera plus tard dans la chanson entrera la direction artistique de Philips et prendra alors Alfred et Boris Je regardais voler les mouches devant une feuille blanche quand un Pstt me fit retourner Un camarade longiligne avec un visage tr s p le et des yeux clairs m observait depuis un moment et me voyant s cher sur le sujet il avait pr par un petit papier qu il passa son voisin un bon gros sympathique qui se trou vait la table proche de la mi
22. r pour un groupe vapo ratoire relatif au cours de Marcel V ron lequel par parenth se a aussi l honneur d une citation dans L Automne P kin m Ville d Avray 1941 Jean Lhespitaou accroupi gauche Bernard Delaplanche au centre Roger Spinart gauche de Ninon Vian Mich le Leglise et Boris Vian Chronique d Angoul me 1940 1941 Po me de Boris Vian relatif un chahut dit des Chapeaux de Paille Archives A Jab s 05 12 13 16 12 CTUS Alfred et Boris Angoul me 1939 1940 Archives A Jab s Chronique d Angoul me 1940 1941 Dessin d Alfred Jab s Archives A Jab s 4a11_Central630_Actus indd 8 gens en attente dun appel imminent sous les drapeaux cr ait une ambiance toute irr elle que Boris Vian et Alfred Jab s ont avec Jacques Demaux et Francis Jones par faitement rendu dans une sorte de chronique r dig e quatre mains l ann e suivante Alfred Jab s dou d un beau coup de crayon y r alisa la majorit des illustrations On y trouve narr e de la fa on qu on imagine l histoire de quelques chahuts m morables de deux spectacles chant s produits en ville et d une visite bien arros e lusine Hennessy de Cognac Les jeunes pistons qui comptaient trois jeunes filles avaient colo nis Bourgines une petite le d un bras de la Charente qui devint leur lieu favori de d tente Boris Vian lui consacra dans la Chro nique un petit po
23. rga nisa la Maison des Centraux rue Jean Gou jon deux manifestations ayant rapport l une et l autre avec le Jazz le 8 f vrier 1947 une conf rence intitul e Musique de jazz et le 7 novembre suivant une Jam Session dan sante du Hot Club de Paris Section du Jazz Club Universitaire Le local o elles eurent lieu la salle des Centraux a aujourd hui dis paru d moli en 1989 C tait une grande salle carr e arcades surmont e d une verri re et d cor e par des fresques dues au peintre Lu cien Jonas Elle avait t difi e en 1921 dans la cour de l ancien H tel d Essling devenu Mai son des Centraux que l Association par le biais d une soci t immobili re sp cifique avait acquis en 1918 C est l que se tenaient les banquets de promotion elle accueillait aussi contre r mun ration des manifestations ext rieures La cour d honneur a t transform e en une grande salle ou trouvent place 450 spec tateurs expliquait L on Guillet dans Les Cent Ans de la vie de l cole Centrale des Arts et Manufactures On peut aussi dans cette salle installer sur une estrade une sc ne de th tre avec tous ses services mais le nombre de places assises se trouve alors r duit 350 et l on voudrait disposer d un plus grand nombre de places les jours o le Groupe de Paris donne ses grandes soir es th trales C est dans cette salle que Jean Paul Sartre avait prononc sa fameuse conf r
24. tions soigneusement d finies furent attribu s des camarades de Centrale Boris Vian tait pr sident Roger Spinart vice pr sident Alfred Jab s pilote d essai Jean Lhespitaou sommelier Jacques Demaux et Pierre Andr Belime r cu p rateurs le premier jusqu 400 m le second au del Gilbert Costes se vit aussi bombard m canicien Georges Vidal infirmier Jean Perret aum nier C est dans ce cadre que Boris Vian et Alfred Jab s con urent les plans d un prototype appel l Affrrrreux avec quatre R pour respecter l accent de Jab s qui n a fina lement pas t r alis mais dont les dessins sont heureusement conserv s Cit V ron Tout seul Boris r ussit m me confectionner un petit prototype assez performant moteur lastique dont le balsa lui a servi ensuite confectionner de petites statuettes elles aussi conserv es Le club eut encore son actif le vol d un petit avion h lice uvre cette fois d Alfred Jab s lors de l enterrement dernier cours d A Toussaint dans l amphith tre de la rue Montgolfier Dans leur Histoire imagi naire des inventions voqu e par Alfred Jab s dans la Trompinette pistons les deux amis n h sit rent pas aussi contester Etienne Oehmichen ECP 1908 le m rite de l inven tion de l h licopt re en sugg rant l hypoth se suivante Il naquit en Allemagne Bayreuth Lors d une repr sentation de la Walkyrie la diva qui tenait le r
25. uler dans l informatique d abord chez Logabax puis au bureau d tudes des Machines Bull o il resta 25 ans jusqu sa retraite l cole Alfred Jab s n avait pas m nag ses efforts pour faire partager sa passion ses ca marades En mai 1941 il convainquit m me Boris Vian de constituer au sein du Cercle Legateux cr Ville d Avray pour la pratique des checs une section consacr e la construction et au vol de mod les r duits dont les statuts de la main de Boris commen ait ainsi Aujourd hui lundi 26 mai de l an de gr ce 1941 les individus soussign s d clarent adh rer de plein c ur la cr ation d une section volante d cha n e sociale et cosmique de la science a rotechnique seules fins de cr er des petits monstres volants genre sa rigue qu ils se plairont exhiber dans les remous a riens du Parc de Saint Cloud o s qu il y a des vaches ascendantes Statuts Archives Coh rie Boris Vian WWW CENTRALIENS NET 4at1_ Central630 Actus indd 9 Les soussign s se r uniront donc un nombre donn de fois dans l ann e en la grande salle de r union du Cercle Legateux auquel ils adh rent d j ou adh reront bient t du c ur le plus joyeux et le plus essentiellement repr sentatif des tendances actuelles de la jeunesse moderne s int grer au rang de l oiseau par la fr quen tation assidue des ascendances mentionn es ci dessus La plupart des postes du bureau aux fonc
26. va mati re analyser les contradictions de la soci t am ri caine surtout la question noire partir de r flexions sur ce qu tait le jazz une musique universelle ou une musique que seuls pou vaient produire les descendants des esclaves des plantations de coton du Sud En France et notamment Paris il faut dire que les jazz men am ricains noirs comme Sydney Bechet ou Louis Armstrong avaient re u un accueil particuli rement chaleureux dans Pavant guerre Lorsqu au printemps 1946 Boris Vian fit connaissance avec Jean Paul Sartre tout juste rentr d un s jour aux tats Unis C est autour de longues discussions sur le jazz sa nature musicale et son contexte social que se noua naturellement leur amiti Le petit monde des amateurs avertis notam ment celui de Jazz Hot connut cependant partir de la fin 1946 un v ritable traumatisme CENTRALIENS N 630 D CEMBRE 2013 05 12 13 16 12 La salle des Centraux L on Guillet Les 100 ans de la vie de l Ecole Centrale 1929 Charles Delaunay le fils des peintres Sonia et Robert Delaunay r dacteur en chef de la Re vue de retour des tats Unis fit conna tre stu p fait l arriv e d une g n ration de jeunes prodiges interpr tes et compositeurs qui se produisaient dans les James sessions de New York telles celles du Mintons Playhouse de Haarlem le trompettiste Dizzy Gillepsie le pianiste Thelonious Monk et celui consid r comme le p
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