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Nasrouche Sabrina - Bibliothèque Centrale Université de Ouargla

1. H Cette mani re d crire ne se limite plus ce besoin de communiquer avec autrui ou ce simple d sir d exprimer L criture va au del du langage et refl te l histoire l id ologie ou aussi la doctrine auxquelles il appartient L Histoire l oblige signifier la litt rature 86 selon des possibles dont il n est pas le maitre La litt rature de la classe bourgeoise titre d exemple tait bien sp cifique des productions particuli res refl tant l unit id ologique et donnant naissance une forme unique sans d chirures sans anomalies et sans discontinuit s caract risent cette conscience bourgeoise Du moment o l crivain a d cid de changer cette vision du monde d tre t moin de l universel il a opt pour le changement de la forme en assumant d une part de nouvelles strat gies et techniques et d autre part en refusant celles du pass C est moment l qu on commence parler d une litt rature et de l clatement de l criture et de la probl matique du langage A ce moment l criture devient l objet m me de l crivain Elle n est plus la m me elle varie d un crivain un autre d une g n ration une autre d un pays un autre d une poque une autre et d une civilisation une autre 33 Raybaud Roman alg rien et qu te d identit d lire de Kateb Yacine et de Nabile Fares Europe n 567 568 1976 57 58 86 R Barthes Le degr z ro
2. C est depuis cette poque que le lieu berb re avait perdu la vie C est depuis peu pr s treize si cles que le territoire berb re avait t envahi d abord par les arabes puis par les fran ais C est cette poque que Abdnouar H Midouche Jidda et tout son peuple avaient perdu jamais leur lieu natal et c est de 1 que Abdnouar ainsi que sa famille se sont trouv s dans ce trouble interminable Le premier lieu m me s il repr sente un espace clos dans le r cit constitue n anmoins un lieu de passage tr s important du moment o Abdnouar arrive Paris dans un taxi qu il ne quittera qu la fin de l uvre La pr sence du v hicule n est qu une mani re de dire qu il s agit bien d un espace m me s il est exigu et clos C est travers lui que le h ros entre en un interminable mouvement et c est dans celui ci que Abdnouar va entrer pour la premi re fois dans la d couverte des rues de Paris dans lesquelles il erre Le taxi tourne autour de la place large avenue devant lui au bout de laquelle un arc grand illumin 27 Plus loin encore Hamid insiste du doigt et du visage ses yeux souriants la place est belle tr s belle pleine de lumi res magnifique vraiment magnifique Qui nous prend en elle sur ses boules blanches entre de multiples files de voitures et de gens dont les visages brillent et fuient dans les multiples luminosit s de la nuit C est la Concorde dit Hamid
3. La place de la Concorde p 195 Le taxi est le lieu d observation c est travers ses fen tres que le personnage principal ainsi que sa m re et Hamid voient l ext rieur et entrent en contact avec la ville la nouvelle ville Contrairement son quartier natal celui de Clos Salembier qu il a laiss derri re lui triste et obscur la nouvelle ville appara t lumineuse grande magnifique et brillante A l inverse de son ancien monde le nouveau se pr sente Abdnouar comme un lieu adorable splendide et parfait Il est la lumi re elle m me tel point que J ai m me d sir la rue la rue comme notre lieu de vie adorable p 226 En revanche Abdnouar n a pas encore franchi le monde ext rieur m me si le taxi lui offre une vue splendide et un point d observation strat gique il ne lui permet pas cependant d acc der ce monde nouveau Comme l criture est dispers e ici et l le taxi cet espace restreint lui aussi offre au h ros la possibilit d tre tant t ici tant t l mais jamais quelque part Abdnouar passe d une rue une autre d un carrefour un autre pour arriver la gare Saint Lazare encore un lieu d errance l o il va habiter Vous allez habiter tr s pr s du centre de Paris le centre o je travaille pr s de la gare Saint Lazare 32 Semblables sont les paroles du R citant propos de La Kah na Tu marches autour du cercle autour du lieu autou
4. 69 Selon le titre d un roman de Boudjedra 1981 70 A Robbe Grillet Pour un nouveau roman ed Minuit 1963 p 9 71 B Chikhi op cit 8 72 Robbe Grillet cit N Wolf Une litt rature sans histoire Essais sur le Nouveau Roman ed Droz 1995 p 97 73 M Khair Eddine Une odeur de mant que ed Seuil 1976 p 51 maghr bin d expression fran aise fait de lui un texte irr ductible la typologie des th ories litt raires nationales d o la qualification des uvres devient une t che assez difficile entre itin raire r cit essai poe me r cit ou encore r cit discours l ind cision est toujours l Le passage de la forme romanesque au po me l essai ou au th tre joue comme une contestation de la validit th orique des genres arr t s et par cons quent comme g n rateur de la forme nouvelle c est dire quelque chose qui solliciterait une grande libert de ton suivrait les caprices de l imagination et de la sensibilit ainsi que l exige le pr alable pos de l uvre inachev e et du processus de transformation qui rige en loi la A 74 transgression m me des genres Le croisement des genres engendre souvent avec lui des intertextualit s explicites ou implicites qui ne fait qu accentuer d avantage la pluridemensialit du texte C est ainsi que Khatibi dans le livre du sang renouvelle la pens e des textes mystiques en se r f rent la r flexion de Derrida
5. 7 JNIVERSITE KASDI MERBAH OUARGLA N d ordre N de s rie Facult des lettres et Sciences Humaines D partement des Langues Etrang res M moire Pr sent pour l obtention du dipl me de MAGISTER Sp cialit Fran ais Option Sciences des textes litt raires Par Nasrouche Sabrina Th me Pour une lecture immanente et plurielle du Texte d expiession fran aise Le cas de M moire de l absent de Nabile Far s Livrell dela d couverte du N ouveau M onde Soutenu Publiquement le 21 06 2007 Devant le jury compos de Mr Foudil DAHOU Conf rences Univ Ouargla Pr sident Mr Djamel Kadik M Conf rences C Univ M d a Examinateur Mr Said Khadraoui M Conf rences Univ Batna Examinateur Mr Rachid Raissi MACC Univ Ouargla Rapporteur D dicace ma m re et mon p re mon fr re et mes s urs A mon adorable fille lyna Remerciements Je tiens remercier exceptionnellement mon directeur de m moire le D r RAISST Rachid pour son soutien volontaire et permanent pour ses conseils et ses orientations et pour son aide et sa disponibilit Tous mes remerciements vont galement au D r DAHOU Foudil M KHENOUR Saleh M FTITA Quassem M me DOGHMAN Fatima ainsi qu tous mes enseignants de l Universit de Ouargla Je remercie en outre mon amie M elle MESGHOUNI Dalel pour son coute et ses conseils Un grand merci mes parents mon fr re
6. Khadda N lt lt L criture en chantier gt gt in Cultures et Peuples de la M diterran e ed Sud 1987 gt Entretien avec Amine Maalouf in Le magazine litt raire n 394 2001 gt Fares N lt lt a propos du Modernit gt gt in Kateb Yacine et la modernit textuelle 1989 gt Fares N Revue de l occident Musulman et de la M dit rran e n 22 1976 gt Griaulle C Pour une tude ethnolinguistique des litt ratures orales africaines Langages n 18 1970 gt Jenny L Le discours du carnaval Litt rature n 16 1974 gt Khaled N lt lt La litt rature alg rienne de langue fran aise Une litt rature androgyne gt gt in Figures de l intertextualit Universit Paul Val ry Momppelier 1996 gt Loutaty S Le petit bouquet entrerien in Lib ration 2002 gt M rim e Colomba in Deux Mondes juillet 1840 gt Pingaud Le romanesque comme fantasme Revue francaise de psychanalyse 1974 gt Raybaud A et Roche A Litt rature n 27 1977 gt Zumthor Pour une po tique de la voix Po tique n 40 1979 Sr TOGRAPHIE gt R Etiemble Essais de litt rature ed Gallimard 1974 in Wikip dia htm 2006 gt La prose in Nouveau dossier Wikip dia htm 2006 gt L pop e in Wikip dia htm 2006 gt Po sie Encyclop die Microsoft Encarta en ligne 2006 gt CH Bonn Kateb Yacine un crivain au c ur du monde in Fabula 2
7. tel quel 1969 167 32 Expression appartient C Abastado in Mythes et rituels de l criture ed Complexes 1979 p 222 Le concept de N gativit a t aussi employ par Sartre pour caract riser la libert humaine in Encyclop die universelle vol XI p 630 SR Malikam La magie des femmes Kabyles et I unit de la soci t traditionnelle ed L Harmattan 1996 321 97 M Bakthine Esth tique et th orie du nouveau roman ed Gallimard 1978 p 3 5 UNE ECRITURE MODERNE Evoquer l criture moderne c est parler sans aucun doute de celle de Fares qui partage et travaille sur cette volont de d truire le texte et de le remettre en chantier Les nouvelles g n rations veulent l cher l occident en comprenant l criture comme une fa on militante d assumer sa responsabilit et d une fa on th orique comme une tentative de r interpr tation des critures occidentales comme un d passement de ses contradictions par un terrorisme lyrique une 98 violente recherche de la culture nationale La lecture de l uvre nous a permis de d couvrir que l une des particularit s majeures de l criture faresienne r side dans la remise en cause des r gles du genre En s inscrivant dans le vaste courant de r novation entam par Joyce Faulkner et le roman moderne d une mani re g n rale Une cha ne donc ininterrompue de signes qui tant t se redoublent et tant t se d doublent des textes bilingues
8. Il n y avait plus pour moi De g n rations 93 La confrontation de Abdnouar et du p re est rare n anmoins et travers la lecture de ces passages un sentiment la fois de respect et d ob issance envers le p re transparait et dit l autorit toujours l toujours pr sente lt lt Il faut que tu m aides ranger la pi ce du bas gt gt dit le p re et sa voix heurte mes mains mes yeux cette voix qui ne demande jamais mais exige nomme dispose 92 93 Les rapports qu entretient Abdnouar avec sa m re sont diff rents Ils voyagent ensemble ils confrontent tous les deux un nombre de s parations grandissant les autres membres de la famille en commen ant par l arrestation du p re de Dahmane Hamid la mort du chien celle du de Jidda etc La relation entre les deux n a jamais tait aussi forte au point o quand Abdnouar voulait son tour suivre son fr re Dahmane sa m re le lui a interdit alors je serre je serre ton voile l sur le cou de maman pour qu elle crie encore et encore et qu elle dise non je n interdirai pas l insurrection non je ne tinterdirais rien tu resteras Alger pendant que moi j irai chercher le p re en France tu feras cette guerre puisque c est la tienne alors prends les armes Dahmane les a bien prises lui Voila ce que je voulais entendre de m re Voil c est tout tout M re dit tu partiras pas avec Dahmane tu resteras
9. Information P 7 15 16 18 28 La d couverte du nouveau monde P 5 6 7 9 65 66 71 73 97 Langage P 7 8 9 16 18 21 22 23 24 30 31 37 38 45 46 64 69 71 72 79 97 99 104 107 108 Langue P 8 14 15 16 17 21 23 25 26 31 32 37 46 47 64 66 79 89 108 111 Lecture P 5 6 8 9 10 16 29 37 39 42 43 48 49 56 58 59 62 69 70 76 80 83 85 104 107 110 111 Lecture immanente P 5 9 10 16 107 111 d Ze Ze Ze d Ze Ze Ze Ze Ze Ze d Ze Ze d Ze Ze d Ze Ze Ze Lieu P 5 6 9 15 21 22 25 36 39 42 45 46 47 50 68 69 73 75 76 82 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 105 108 110 Litt rature P 6 10 17 21 22 23 26 29 31 32 36 37 42 45 46 47 48 58 60 79 85 91 111 113 Litt rature Maghr bine d expression fran aise P 21 22 23 46 Lire P 8 10 18 24 28 38 43 44 45 47 57 72 73 87 98 M moire de l absent P 5 6 7 8 9 11 22 24 46 49 52 56 58 62 63 64 66 71 72 73 75 76 79 83 85 86 88 90 94 95 98 100 102 107 108 110 111 M taphore P 9 10 31 37 49 76 78 79 80 83 85 101 109 M thode P 5 9 10 16 Mise en ab me P 58 108 Modernit P 22 24 26 39 50 94 Nouveau Roman P 10 24 Opaque P 65 72 76 77 83 105 109 Oralit P 8 15 28 46 66 67 68 69 71 84 107 108 109 Outre 9 29 33 44 67 76 77 78 79 96 98 100 109 Oxymoron P 80 81 83
10. Jidda oui celle dont le simple fr lement de voile me redonnait la vie p 66 Le principal foyer de la narration est bien celle du h ros Abdnouar qui selon Genette est La seule focalisation logiquement impliqu e par le r cit la premi re personne est la 124 focalisation sur le narrateur Cependant si le r cit est focalis sur le narrateur principal Abdnouar celui ci se met distance de temps autre pour devenir externe par rapport aux autres personnages comme Dahmane le p re H midouche Jidda etc Il se limitera parfois interpr ter les comportements des autres Ainsi les larmes de la m re sont si bien traduites par Abdnouar C est effrayant de voir pleurer m re car on sent bien on se rend compte que ce qui la fait pleurer est quelque chose de terrible en ce monde l amour oui je vois cela dans ses pleurs parce que pr cis ment je sens en moi une d sertion p 23 24 122 123 J Krist va Recherche pour une s manalyse ed Seuil coll tel quel 1969 p 105 Pour Barthes Le personnage est une collection de s mes in S Z ed Seuil coll Tel quel 1970 p 196 124 G Genette Figure III Op cit p 219 Ce passage premi re vue centr sur la m re et en r alit focalis sur Abdnouar le personnage principal qui voit C est lui m me qui la possibilit d introduire les autres personnages Dahmane Jidda H midouche Malika Kah na Le R citant
11. choses qui marquent la perturbation et le d sarroi du h ros Je ne me suis jamais remis de l enl vement du p re non jamais Car je sais bien ce qui s est pass ensuite dans ma t te dans mes mouvements ces mouvements par lesquels j tais au monde et mon corps Ce corps du p re 29 Ailleurs ce d sarroi se pr cise d avantage arriva un moment o je ne savais plus qui j tais un de ces moments o le monde ou la ville ou ma pens e ou mon espace ce haut de ville Clos Salembier se r tr cissait tel point qu il me fallait courir vers le port tout en bas p 47 La reconstitution d une g n alogie de la part du p re contribue d une mani re ou d une autre rendre la dignit Abdnouar ainsi qu ses fr res car le choix de l absence du p re dans la litt rature maghr bine signifie que l enfant est b tard sans origine Le travail du p re semble plaire Abdnouar m me s il y croit pas beaucoup parlait de certaines g n alogies Il esp rait mettre en livres diverses branches d une feuille qu il disait tre la n tre Ou famille Je comprenais avec peine ce que pouvait tre une g n alogie Il disait que nous tions l depuis longtemps mais qu il tait difficile de suivre les diff rentes directions apr s huit ou neuf g n rations Que voulait bien dire huit ou neuf g n rations Depuis que nous tions ici Au Clos Salembier
12. coll Point 1964 gt Bonn CH Le roman alg rien de langue fran aise Ed L Harmattan 1985 gt Bonn CH Exil et litt rature ouvrage collectif Universit de langues et lettres de Grenoble Ed Elluge 1986 gt Bonn CH litt ratures de la d colonisation litt ratures d identit ou litt rature Le cas de la litt rature maghr bine de langue fran aise in Ecritures crois es Casablanca Afrique Orient 1992 gt Bouzar W Lectures maghr bines Ed Publisud 1984 gt Briand CH M moires d outre tombe par J P Sartre Ed Gallimard 1971 gt Calvino D La machine litt raire Ed Seuil 1984 in Textes Th oriques et Critiques Ed Nathan 1994 gt Castin Sens et sensible en po sie contemporaine Ed PUF coll Ecriture 1998 gt Chikhi B Maghreb en textes criture histoire souvenirs et symboliques Ed L Harmattan 1995 gt Daninos G Les nouvelles tendances du roman alg rien de langue fran aise Ed Naaman 2 dition 1983 gt De Montaigne M Les Essais 1580 gt Dib M La grande maison Ed Le Seuil 1952 gt Djaider C F M et Khadda N L criture en chantier in Vision du Maghreb Cultures et Peuples de la m dit rran e Ed Sud 1982 gt Fanon F Sociologie d une r volution Ed Masp ro 1978 gt Fares N A propos du modernit in Kateb Yacine et la modernit textuelle Equipe de recherche en Analyse du discours et s miologi
13. tique de la prose Ed Seuil 1971 gt Todorov L h ritage m thodologique du formalisme in l homme n 5 1965 gt Toursel N Vassevi re J Litt rature Textes th oriques et critiques Ed Nathan 1994 gt Tristmans B Syst me et jeu dans Sylvie Po tique n 65 1986 gt Wolf N Une litt rature sans histoire Essais sur le Nouveau Roman Ed Droz 1995 gt Zumthor P Introduction la po sie orale Ed Seuil coll po tique 1983 D ICTIONNAIRES gt Carlyle TH Des H ros le dictionnaire des citations K Petit coll Marabout 1978 gt Chevalier J et Cheerbrant A Dictionnaire des symboles ed Robert Laffont Jupiter 1955 gt Marin L La s miotique du corps in Encyclop dia Universalis 2005 gt Tamine J G et Hubert M C Dictionnaire de critique litt raire Ed Armand Colin 2002 A RTICLES gt Barthes R Sur la litt rature Presse Universitaire de Grenoble 1980 gt Barthes R Introduction l analyse structurale des r cits Communication n 8 1966 gt Benveniste E L appareil formel de l nonciation Langage n 17 1970 gt Bonn CH lt lt La travers e arcane du roman maghr bin gt gt In Cultures et Peuples de la M diterran e Visions du Maghreb ed Sud 1987 gt Bonn CH Kateb le fondateur ou le d sordre fertile Europe avril 1998 gt Cordasse Notes sur l nonciation narrative Po tique n 65 1986 gt Djaider M
14. tude mais en tant que processus conceptuel contrairement l opposition prose po sie l opposition prose vers ne se formule pas dans les termes de 51 la g n ra cit ou de l essentialit mais dans ceux d une pratique l criture La prose est de Quicherat et Lanson jusqu Nathalie Sarraut une mati re usage commun 8 Indiff rente au sujet la prose instaure un nouveau syst me valeurs r gi la capacit transfigurer tout en la repr sentant la trivialit du monde visionnaire elle constitue une esth tique de la monstration dans laquelle le proche et l infini soumis qu ils sont au travail r v lateur de l criture livrent leur cart leur disparit leur pr sence De Flaubert Proust l v nement de la prose narrative r side dans son pouvoir rendre visible le plus extr me cart dans la plus extr me proximit Elle soul ve chaque moment la double question de ses conditions de possibilit esth tiques et de sa capacit N Illiouz J Neefs La prose sauv e in Crise de prose coll Essais et Savoir Presse Universitaires de Vincernes Saint Denis 2002 P 1 N Illiouz J Neefs Ibid P 1 2 G Dessous in La prose sauv e Ibid 2 gt N Illiouz J Neefs Ibid p 3 symbolique proprement thique s adresser au pr sent de l criture comme au temps ouvert infini de l histoire Un autre type d criture qui est consid r comme tant une f
15. which taking for granted the real absence of the maghrebine text own methods starts from the essential idea according to which the text would produce his own issue of the method as asserted by Pierre Macherey in his book For the litterary theory production The second focus that frames this thought and provides it with coherence is related to the constant attempt to uncover the real distance that separates the maghrebine writing from the western writing in the present case that of N Fares As regards the third focus springing from the two first it is that which pintpoints and acknowledges the birth of the genuinely maghrebine sign that is to say sign of writing originated in the maghrebine improvisation The novel of N Fares M moire de l absent or Absent memory is by excellence a combined writing since it works on the multiplicity of cultures and identities which by merging yield the sublime and the unheard of that fascinate by the novelty and the wealth they bring in Actually it s a non recurent narration fragmentary and fitful one story of an unbridled rythm of the place and the disparity Definitely M moire de l absent unfolds as one of the fields of the new maghrebine writing The key words Absent memory Reading method immanente plural maghrebine french writing maghrebine sign merging and disparity writing d familiarisation d sautomatisation d construction fragmentary fitful
16. L espace du parcours est l zard par la rivi re il n est pas un espace de transport La communication tait coup e le pont la 195 1 ala guerre Et les hommes qui luttent dans la guerre dit Jidda de ce dessin qu elle avait d j d crit au paravant M moire de l absent 83 gt 1 r tablit vertigineusement 19 Le fleuve l l ment principal dans le chemin de Abdnouar est d abord le symbole de la 197 autrement dit c est le pont qui s pare les fertilit de la mort et du renouvellement extr mit s la vie de la mort et le pr sent de l absent Le fleuve nous offre une lecture qui repr sente cet coulement aussi bien du temps que de l espace travers le passage d un temps un autre et d un espace un autre celui de la d colonisation En revanche dans les dessins du r cit l image ne serait gu re suffisante pour exprimer cette d colonisation car le narrateur recourra encore une fois la parole orale de Jidda Malika La Kah na l ogresse le R citant etc Voila ce que je veux comprendre ce que qui m a fait tracer d autres dessins pour compl ter le premier dessin Oui je ne dis pas images car les lignes du dessin sont plus Jortes que les paysages d une image et le dessin vient de moi tandis que l image viendrait d ailleurs comme dans un r ve 108 109 C est partir de ses r ves et de ses hallucinations que Abdnouar va pouvoir dessiner sa r volte
17. a la fois le passage du fleuve et l av nement de l errance Abdnouar est enfin de l autre c t de la rive Le blocage qu il vivait dans cette eau troubl e est enfin termin maintenant il est libre et conscient DESSIN N 9 Ce dernier dessin constitue bien la fin de l histoire Sur la rive du haut des hommes 95 sur l autre c t de la rive portent des armes ce qui signifie qu ils sont en plein guerre en revanche se trouvent des hommes quatre hommes pr cis ment mais sans armes dont Abdnouar dans le dessin 4 il tait bien seul sur l une des rives de l autre c t 1 y avait les trois hommes qu il rejoint apr s Le fleuve est comparable un livre Jidda le dit clairement Le livre partage le monde ou l tendue en plusieurs phrases qui courent comme des fleuves La il y a la guerre La il y a le livre et les lignes du livre qui traversent la guerre La il y a le fleuve 83 Ce dessin qui vient l avant derni re page du roman r sume toute l histoire de Abdnouar dont le passage le fleuve la guerre le symbole berb re le mythe l histoire etc Abdnouar est enfin de l autre c t du fleuve loin de la guerre de la souffrance et du d sarroi Le livre qui constitue le pont qui relie les deux rives du fleuve est l l ment majeur du dessin Le pont selon M Serres est Un chemin qui connecte deux berges ou qui rend une discontinuit continue Ou qui recoud une f lure
18. avec moi et tu viendras avec moi attendre le p re 60 61 Cet amour profond envers sa m re l emp che d aller de l autre c t du fleuve Je n ai pas voulu lutter mais j ai voulu comprendre et c est pourquoi Hamid je te hais car tu es de l autre c t de mon ge p 61 Tout au long de la progression des faits et des indications relatives aux personnages du r cit le h ros Abdnouar est en qu te de son identit qui repr sente une reconqu te de la m moire Ecrire deviendrait alors une autre fa on de pr senter les choses Il donnerait me et corps a ce qui est absent Le texte faresien est comme celui de Compact de M Roche 1 qui instaure un mouvement dialectique entre les p les d oppositions binaires du type identit anonymat pr sence absence oscillation qui a pour effet de remettre en place tout ce qui tablit l identit H H 129 une personne et en particulier le nom propre Contrairement aux romans traditionnels qui consid rent le nom propre comme tant un l ment essentiel et primordial de la lisibilit du r cit celui de Fares s inscrit dans les romans modernes et exerce selon Lejeune Une double fonction la fois r f rentielle et romanesque Il produit d une part une sorte d effet de r el de par sa fonction r f rentielle et d autre part propose un certain type de lecture il suscite la curiosit biographique et l investissement imaginaire 13
19. b tarde de l criture romanesque puisqu elle s vertue l image des litt raires perfectionner la forme les images les rythmes et les sonorit s Mais si la philosophie se rapproche de la litt rature par cette pr occupation de la forme elle s en loigne certainement en tant qu espace conceptuel En effet les critures philosophiques apparaissent comme des syst mes conceptuels par excellence et c est cet aspect qui pr domine sensiblement dans leurs crits Mais ce centre conceptuel qui attire les productions crites des philosophes n emp che pas l autre centre qui dit l int r t toujours grandissant des philosophes pour le style et la mani re de dire et d crire Et c est ce qui fait que bon nombre de textes philosophes travaillent la jonction du litt raire et du philosophique Les crits philosophiques se situent dans la majorit des cas la limite de la philosophie et de la litt rature C est le cas de Montaigne de Pascal et de Rousseau La question du lien entre la philosophie et la litt rature ne se pose m me plus car ce lien pourrait difficilement tre ni Cette obsession des philosophes imiter les litt raires a produit une certaine d viation de la philosophie qui s est pli e une exigence trang re qui n tait pas la sienne Mais si les deux disciplines se rencontrent occasionnellement cela ne veut absolument pas dire que qu elles se confondent et s annulent e
20. d une mani re fragmentaire ce qui provoque le trouble du langage Sur un autre niveau la transgression est toujours pr sente dans l organisation des s quences C est partir du discours rapport et transpos que les v nements et les faits du r cits sont reconstitu s avec de multitudes voix narratives et digression des narrateurs qui se remplacent alternativement L histoire est ainsi envahie par le commentaire et le S 139 r cit par son propre discours Dans la D couverte du nouveau monde les s quences sont d construites chaque fois et amplifi s par d autres textes ant rieurs romans et po mes ce qui rend l histoire de plus en plus f conde et en perp tuel expansion Le travail d criture articule les s quences entre elles Les livres entre eux Les chapitres VII IX X du Champ l histoire d Abnouar s expansent dans M moire mais Fares pour cette expansion n a plus recours crivent A Raybaud comme dans Un passager l insertion directe d l ments trangers l univers di g tique ni la mise en jeu directe de soi en tant qu crivain la narration s enfonce de plus profond ment dans une dimension 2 140 de m moire 138 E Susini Anastopoulos L criture fragmentaire d finitions et enjeux ed PUF 1997 p 104 139 Ecrit G Genette propos de La recherche du temps perdu de Proust in Figures ed Seuil 1972 p 265 Raybaud et A Roche Pas La d couv
21. de l criture ed Seuil 1972 p 10 Depuis cent ans toute criture est ainsi un exercice d apprivoisement ou de r pulsion en face de cette forme Objet que l crivain rencontre fatalement sur son chemin qu il lui faut regarder affronter assumer et qu il ne peut jamais d truire sans se d truire lui m me comme crivain La forme se suspend devant le regard comme un objet quoi qu on fasse elle est un scandale splendide elle appara t d mod e anarchique elle est asciable particuli re par rapport au temps ou aux hommes de n importe quelle mani re elle est solitude 7 Quelque soit la langue l criture est comme une Nature qui passe enti rement travers la parole de 88 l crivain sans pourtant lui donner aucune forme L criture de Fares est d abord une de ces critures qui proposent une forme assez particuli re avec des techniques et des param tres sp cifiques Fares la litt rature arabo musulmane et la litt rature maghr bine d expression fran aise 3 RUPTURE DE L ECRITURE ECRITURE DE LA RUPTURE Depuis les ann es cinquante on ne s arr te pas de dire que le roman maghr bin est un roman de rupture de violence et de subversion comme celui de Fares qui se distingue avant tout par sa maghr binit et par sa rupture sociale spatiale et scripturale L auteur nous pr sente un roman consid r comme principalement romanesque puisque c est le lieu tout en m me t
22. de l illisible si on n est pas rompu ce genre de litt rarit est pour nous plus que souhaitable puisqu elle nous permet d illustrer la n cessit de l immanence et de la lecture 1 Fares crit il use d une criture exp rimentale pour etre lu et compris par qui Les tendances depuis 1962 dans la litt rature maghr bine d expression fran aise plaquette publi e par le centre culturel fran ais en 1973 p 22 2 A Roche Le desserrage des structures romanesques dans Le champ des oliviers et Talismano et contacts de cultures Volume IV ed L Harmattan 1984 P 151 ER Peytard Probl mes de l criture du verbal dans le roman contemporain in La nouvelle critique nr sp cial linguistique et litt rature colloque de Cluny 1968 P29 5 Cheikhi op cit Ce roman a t choisi surtout parce que l criture de la d couverte du nouveau monde marque une scission dans l volution de l auteur qui passe ainsi d une criture ancr e dans l historique Yahia pas de chance par exemple une criture du mythe qui permet aux crits de l auteur de prendre leur v ritable envol pour atteindre les questions essentielles et universelles de la rencontre et de ses impacts Dans ce contexte la question de l identit dite travers la pr sence de la Kah na n est qu un pr texte une simple th matique car l essentiel pour Fares demeure la poursuite du sens cach que le texte traque inlassablement jusqu l puisement L
23. entre le vrai et le faux L autofiction est en fait la fiction et l autobiographie du moment o elle n a pas encore imprim ses marques formelles dans l esprit du lecteur L criture tant un choix elle est souvent plong e entre le mentir et le vrai L criture de la prose est un exemple concret d une criture qui peut tre la fois litt raire et non litt raire Tout d abord c est un nom f minin du latin prosa qui veut dire discours qui va en droite ligne C est une forme du discours crit qui n est pas soumise aux diff rentes r gles de la po sie formelle Elle est consid r e aussi comme une forme ordinaire du discours parl et peut tre la meilleure d finition donn e est celle de Moli re dans la com die Le Bourgeois Gentilhomme Tout ce qui n est point prose est 48 vers et tout qui n est point vers est BG Flaubert L idiot de la famille par P Sartre ed Gallimard 1971 Dib La Grande Maison ed Seuil 1952 SPH Lejeune Le pacte autobiographique in Analyse du concept d autofiction ed Seuil 2005 p 6 a0 8g prose in Nouveau dossier Wikip dia htm 2006 7 Encyclop dia Universalis 2004 68 Moli re Le Bourgeois Gentilhomme ed Garnier Fr res 1921 C est gr ce aux grands efforts conceptuels et aux diff rentes recherches formelles que m nent non seulement Flaubert Baudelaire Nerval et Rimbaud mais aussi Hugo Gautier Jarry ou Marcel Schwob q
24. et le recours certaines parodies litt raires et figures ne font qu inscrire le texte de Fares dans le sillage de la litt rature r volte et n gativit Le r cit faresien mariera donc ce qui est mort A ce qui est encore en vie ce qui est absent ce qui demeure encore pr sent ce qui est conte et trag die ce qui rel ve du mythe et des origines cet esprit qui unifiait le pass au futur et la mort la vie se prolongeait dans la r citation des contes et l gendes mythiques Il tait exprim dans tous les domaines de la vie 96 quotidienne L histoire faresienne est un m lange de mythes de r alit s d histoire de dessins de gestes rituels etc Le r cit de Fares est a la fois pluriel polys mique polyphonique dialogique comme le signifie a maintes reprises Jidda Il ne suffit pas de conna tre le mot de chaque chose mais tous les mots de toutes les choses p 97 La litt rature de Fares est venue ainsi d passer toutes les fronti res francophones parce qu elle s int resse en tout aux relations des textes leur environnement socioculturel tudie la pluralit linguistique qui les caract rise pour en identifier les formes litt raires et se concentre sur le dispositif po tique qui articule l uvre au contexte dont elle surgit 7 Meschonnic Les Etats de la po tique ed PUF 1985 229 0907 Krist va Recherches pour s manalyse ed Seuil coll
25. et exprimer sa peur et franchir ce fait l autre c t du fleuve La difficult de cet acte est celle qui s pare l enfance de l age adulte L tat d lirant du h ros est d l origine l enl vement et la s paration violente de son p re qui entrave et ralentie le passage l autre monde celui des adultes me suis jamais remis de l enl vement du p re 28 Ce passage constitue une r volte Monsieur une r volte gr ce laquelle Abdnouar passe de l autre cot des grilles au bas de la route bord e de m riers dans la clart du moi de Mai p 181 Le fleuve est le trouble le d sarroi le d lire m me de Abdnouar est l zard par la parole et par l errance Ainsi le h ros r ussit d passer cette errance gr ce ce livre qui constitue le v ritable pont travers lequel Abdnouar est dans le pass et dans le pr sent entre l inconscient et le conscient Le pont illustre le parcours et le discours de Abdnouar un parcours pas comme les autres avec un langage lui aussi troubl or c est bien travers ce d lire langagier que Abdnouar a pu d passer le fleuve et atteindre l autre c t de la 196 e H EE M Serres Discours et parcours in L identit s minaire interdisciplinaire dirig par Claude Levis Strauss ed PUF 1983 p 28 197 J Chevalier et A Cheerbrant fleuve Dictionnaire des symboles op cit 449 450 rive C est bien travers la parole qu a
26. etc qui va nous donner cette id e d entrer dans de nouveaux r cits Cette mani re de pr senter l histoire selon Lukacs repr sente un indice d organisation et contribue la lisibilit du texte Toute uvre dont la composition est vraiment serr e contient une hi rarchie L crivain conf re ses personnages un rang d termin dans la mesure o il en fait des personnages 5 125 principaux ou des figures pisodiques C est ainsi que Dahmane devient narrateur ne savait plus que faire ou plut t lt lt laisser la vieille laisser vieille et la s ur comment puis je laisser la vieille et la s ur Comment gt gt 14 Ensuite c est au tour du p re de devenir narrateur cette vue o se d ploie le d sir et le meurtre le miroitement de ma pr sence ou ce souvenir de toi p re entre et dit il faut que tu m aides ranger la pi ce du bas p 26 Par la suite Jidda devient son tour le narrateur Je regardais le crayon de Jidda et entendais sa voix et sa main qui lisaient le dessin et la couleur cette voix qui sauve tout qui unit qui habille Qui maquille Et qui lave lt lt Prends le blanc et le noir gt gt lt lt ou ta propre peau Tu peux d j sans aucun effort lire l nigme de ce monde gt gt lt lt C est ainsi L nigme est en nous Sur nous Sur toi Comme une peau Ta propre p
27. expression fran aise issus des pays ayant t longtemps colonis s exploite fond le patrimoine oral pour t moigner de la culture alg rienne et celle des berb res qui en fait partie en allant jusqu pr senter des tatouages auxquels il consacr un travail anthropologique et aussi l insertion chaque fois des autres groupes qu il conna t bien tels que Les Chaouias les Chenouis ou aussi les Mozabites qui repr sentent tous d une mani re ou une autre la culture berb re en Alg rie L insertion de l oralit dans le texte crit Permet au romancier et au lecteur de se re territorialiser dans la production francophone de s y am nager un cadre o se r fracte leur propre identit linguistique et culturelle Ce qui est nouveau ici c est que la tradition orale jouit d sormais du prestige li la chose crite et aux possibilit s d universalisation qu offre le livre ph nom ne qui s apparente une revalorisation une lt reconnaissance gt au sens id ologique de l oralit Et c est ce niveau que la Ss 2 1 e 11198 communication litt raire r alise un espace d identit Cette criture ne se limite gu re cela elle devient parfois dialogique entretenant ainsi de multiples rapports avec les uvres pr c dentes partageants toutes des th mes en relation avec la culture berb re et arabo musulmane L emploi galement des figures de style tels que la m taphore l hyperbole et
28. guerre et dont la m moire occupe la fois une place et un r le signifiant et tr s important en m me temps Dans M moire de l absent comme dans Yahia pas de chance l crivain maghr bin d expression fran aise revient au pass Un pass qui reste malgr tout pr sent Un roman qui retrace l Alg rie qui fut s v rement touch e par la guerre coloniale En s engageant dans cette criture il ne fait que pr senter une histoire qui pr sente un v cu d un peuple son propre peuple car crire c est non seulement toucher l ancien pr sent le pass histoire coloniale mais aussi bien le futur d j pr sent des soci t s maghr bines ou cette mise sous tutelle des peuples maghr bins par des ensembles d institutions qui en m me temps qu elles proclament leur v rit historique et leur justification d veloppent des 2 7 pratiques directement oppos es leur proclamation N Fares est donc un grand crivain maghr bin d expression fran aise il appartient la g n ration des ann es 1968 chercheur et critique la fois Fares a longtemps port et signal sa grande admiration aux crits de Boudjedra de Kheir Eddine de Bourboune et d autres Il a beaucoup t influenc par Kateb Yacine Nedjma en particulier dans les champs des oliviers si la pr sence des techniques narratives pouvait avoir d autres sources d information il le lui en doit en grande partie Il a notamment t inf
29. l oxymore ne font que marquer d avantage combien ce r cit est ambigu et complexe L outre m taphorique qui vient et revient chaque fois dans l histoire avec de multiples significations nigme identit coulement de la vie symbole de l eau du lait du sang est la pr sente pour accentuer encore une fois le degr d opacit de l uvre Si elle est m taphorique elle est galement hyperbolique quand elle prend place et devient le double m me de l ogresse L outre est opaque du moment que sa parole est opaque abondance des virgules absence des r gles syntaxiques disposition assez particuli re des mots et coulement des vocables Une autre figure elle aussi importante dans le texte de Fares est celle de l oxymore qui ouvre le r cit d autres structures oppos es la logique et la lin arit d un roman ce qui doit tre normalement clair est obscur et ce qui doit tre logiquement blanc est noir Si le texte pr sente en tr s grande partie des techniques d opacit et d ambiguit il est toutefois porteur d autres techniques de clart et de transparence Des proc d s qui servent la coh sion coh rence rassemblant ainsi les l ments dispers s ici et l afin de donner aux v nements du texte un ordre plus ou moins coh rent travers l utilisation de l anaphore et de la r p tition Celles ci contribuent l organisation et l ordre des id es parpill es de ci de l Leur emploi donne cette impre
30. le pass tr s lointain du Maghreb Le r cit devient alors une sc ne de th tre dans laquelle se passe l affrontement de la Kah na face la peur de son peuple et les berb res sont contre leur reine La geste de La Kah na repr sente h vie int rieure de Abdnouar Il le dit d ailleurs Dahmane a toujours pens crire une sorte de pi ce de th atre sur Malika Mais c est en moi que la pi ce s est crite en moi contre moi p 118 Cette vie int rieure de Abdnouar est clat e en R citant l esclave et en Osmane ce qui ouvre le texte de nouvelles lectures et donc une lecture plurielle Je suis Osmane L esclave Osmane Devenu 149 M Blanchot Parole brute parole essentielle ed Gallimard 1955 p 42 DET Peytard L criture du verbal dans le roman contemporain Litt rature et linguistique colloque de Cluny 1968 Le R citant p 163 Si la mani re d crire chez Fares se fonde a partir d un mariage de l oral et de l crit d une mani re g n rale la parole reste comme m me la caract ristique majeure dans les propos de ses personnages avec l utilisation du pr sent qui est utilis selon Benveniste par le po te dramatique qui veut rendre pr sent l v nement pass par opposition au pass simple dont le rep re est le moment de l v nement Le narrateur est la fois t moin et participant Par ailleurs la pr sence de est tr s fr que
31. le roman maghr bin Ed L Harmattan 1984 gt Raybaud A Roman alg rien et qu te d identit d lire de Kateb Yacine et de Nabile Fares Europe n 56 1976 gt Rey J M L Enjeu des signes Lecture de Neizsche Ed Seuil 1979 gt Robbe Grillet A Pour un nouveau roman Ed Minuit 1963 gt Roche A Le dressage des structures romanesques dans Le champs des oliviers et Talismano de cultures Volume IV ed L Harmattan 1984 gt Roche A Kateb lire entre les lignes Actes du colloque international 1992 gt Roche A Compact Ed Seuil 1966 gt Rousseau J Le journal intime texte sans destinataire Po tique n 56 1983 gt Rousseau J Discours sur les Sciences et les Arts gt Saadi N La litt rature maghr bine de langue fran aise Ouvrage collectif sous la direction de Bonn CH Khadda N et Mdarhri Alaoui A Ed Edicef Aupelf 1996 gt Sari Mostafa Kara F Lire un texte Ed Dar El Gharb 2005 gt Serres M Discours et parcours in L identit s minaire interdisciplinaire dirig par Claude Levis Strauss Ed PUF 1983 gt Soriano M Les contes de Perrault culture savante et traditions populaires Ed Gallimard 1968 gt Suisini Anastopoulos F L criture fragmentaire d finitions et enjeux Ed PUF 1997 gt Ta libi B M L identit au Maghreb L errance Ed Casbah 2000 gt Tadi J Y Le r cit po tique Ed PUE 1978 gt Todorov T Po
32. potentiels 2 L criture dans le sens transitif et intransitif Barthes d crit d une mani re tr s explicite la diff rence entre les deux modes FE d approche de l criture dans un article intitul crivain et crivant dans Essais Critiques L auteur oppose dans cette r flexion l emploi intransitif du verbe crire son emploi transitif d o la distinction l gitime entre il crit et il crit une histoire Ainsi pour l crivain l criture est une fin en soi Il se sert de la langue comme d un mat riau Il s ensuit que l crivain s interdit existentiellement deux modes de parole quelle que soit son intelligence ou la sinc rit de son entreprise d abord la doctrine puisqu il convertit malgr lui par son projet m me toute explication en spectacle il n est jamais qu un inducteur d ambiguit ensuite le t moignage puisqu il s est donn la parole l crivain ne peut avoir de conscience na ve on peut travailler un cri sans que le message porte beaucoup plus sur le travail que sur le cri et ce par opposition aux crivants qui transitifs n crivent que par objectifs en posant par exemple comme fin le t moignage explication ou l enseignement 24 R Barthes Ecrivain et Ecrivant in Essais critiques Op Cit 25 Ibid p 23 Les crivants eux sont des hommes transitifs ils posent une fin t moigner expliquer enseigner dont la parole n es
33. pu et su dire son origine son errance et son d lire que Abdnouar a pu enfin se retrouver Sans celle ci le parcours n aurait jamais connu fin c est dans cette fin que le h ros a pu se retrouver Abdnouar le dit une fois pass de l autre cot de son errance l avant derni re page du roman Autre chose importait La fin d un jeu Voil j tais descendu dans la rue Et la rue me faisait conna tre ma place Et mon meurtre Malika depuis ce moment et malgr que par la suite durant les ann es d loignement du p re le monde se soit tant disloqu pour moi en moi je n ai plus craint d tre dans la rue j ai m me d sir la rue la rue comme notre lieu de vie 226 L criture est semblable au fleuve qui permet le passage d un genre un autre d un style un autre et d un caract re un autre ce qui fait de celle ci une criture opaque et ambigu La fin est donc l tout au long du r cit Abdnouar n a pu quitt ce taxi dans lequel il a recu tout un pass Un pass lointain m me tr s lointain a travers lequel il nous a fait vivre un voyage un long voyage dans lequel il est pass d une rive a une autre et ou il a pu enfin trouver son quelque part rue de Paris Un espace nouveau qui apparait lumineux beau sans violence ni mort C est dans la rue qu il trouve enfin place et c est bien l la fin du jeu car tout le sentiment d lirant qu il prouvait est maintenant derr
34. qui 177 lui m me masque et d voile le jeu du signe Comme si le pays s tait retourn en moi ou aurait pu se retourner en moi Mais en moi que la pi ce s est crite en moi contre moi p 118 La figure de la r p tition occupe donc plusieurs fonctions Sur le plan structural elle constitue une technique de liaison Elle rappelle chaque fois les m mes th mes guerre qu te d identit r volte col re retour la parole afin de garder sa vrai identit D un autre c t la r p tition repr sente une figure du discours mettant l accent sur la parole et l oralit S Salem A Leikum S Salem A Leikum p 189 2 L ANAPHORE Une autre figure aussi importante que la r p tition servant rendre le texte plus ou moins coh rent est celle de l anaphore 7 La pr sence extradi g tique du narrateur ainsi que celle d nonc s qui se trouvent sous origine qui se perd avec multiplication des instances sont les caract ristiques m me du texte faresien qui font de lui un genre polyphonique d une mani re plus particuli re Ces genres de textes Transgressent les r gles du code linguistique de m me que celles de la morale sociale adoptant une logique de r ve e 4 Ze 179 et posant la sc ne g n ralis e d une criture kal idoscopique et plurielle Femme pourquoi avoir d sert l olivier Femme l amour du grand Koceila ne peut s
35. qui partait avec un marin breton la p che un matin ils sont partis l aube vers quatre heures du matin Durant les deux premi res heures de p che ni l un ni l autre ne se sont adress s la parole Au bout de deux heures le soleil s tait un petit peu lev le marin p cheur se retourne vers cet ami et lui dit C est quand m me beau l aurore Bien je dirais que la po sie c est dans son quand m me Voil la deux milli me fois la trois milli me fois que ce marin p cheur voit le lever du soleil sur la mer il est encore merveill et peut tre bien davantage que si c tait la premi re fois La po sie vue ainsi c est 57 d tre pr sent au monde C est pour ces diff rentes raisons que nous pouvons dire que l criture de la po sie nourrit ceux et celles qui la lisent Le texte po tique lorsqu il poss de des caract res rythmiques m taphoriques et r flexifs suffisants il devient l univers de la cr ation artistique le plus coh rent L criture de la fiction est un autre exemple parmi d autres qui constitue dans la majorit des cas une criture litt raire D abord La fiction est une uvre bas e sur des faits imaginaires plut t que sur des faits r els En revanche tous les faits ne sont pas n cessairement imaginaires c est le cas par exemple du roman historique qui prend pour base des faits historiques av r s mais qui profite des vacuit s de l Histoire pour y introduire de
36. qui pousse au d lire Cette nouvelle mani re d crire d passe le simple besoin de communiquer elle va au del du langage en refl tant l histoire de tout un peuple l id ologie et aussi la doctrine auxquelles l auteur appartient Du mythe de la Kah na l ind pendance de l Alg rie Fares multiplie ses formes d critures en donnant au texte la sp cificit d tre pluriel et de se situer au carrefour de plusieurs genres la po sie le th tre et l pop e Un e uvre moderne qui travaille sur cette volont de d truire le texte et de le mettre en chantier en s ouvrant sur la loi de la discontinuit et de l cart Les techniques d opacit sont les caract ristiques dominantes dans M moire de l absent des voix narratives qui se multiplient la mise en ab me du va et vient au fragmentaire de la d sautomatisation la d familiarisation et du langage crit au langage oral Ce dernier est abondamment utilis dans notre r cit contribue en grande partie la survie de la culture alg rienne en la faisant circuler tout au long de l histoire exactement comme l eau qui s coule du fleuve La parole est directement li e la tradition un espace Elle est cependant dispos e participer la mutation d un lieu en autre lieu L crivain attach sa culture orale transpose cette oralit en criture et une langue dans une autre pour lutter contre la d culturation N Fares comme beaucoup d autres crivains d
37. ro elle ne s annulera jamais 7 Un sentiment de lassitude de solitude et d arrogance reprochant Hamid d tre de l autre c t du fleuve d avoir choisi son chemin et d avoir d cid de son avenir contrairement Abdnouar adolescent restant perdu dans cette vie qui ne lui plait gu re avec un pr sent perturb et un avenir tout fait flou Par opposition Hamid donc qui a choisi de terminer ses tudes en s loignant des horreurs de la guerre et en militant en France Dahmane lui le plus souvent d sign par le pronom de la deuxi me et de la troisi me personne a choisi de rester dans son pays L Alg rie afin de prendre le maquis apr s avoir t arr t rel ch et tortur par le colonialiste Je ne peux plus rester ici disait Dahmane Il faut que je parte Il faut que je tue Il faut que j apprenne tuer ils ont tu mon me ils ont tu mon corps Il faut que j apprenne tuer je vais tuer l Je vais tuer l dans la ville dans les rues toutes les rues de cette ville je vais tuer p 19 Dahmane devient son tour narrateur intradi g tique C est bien lui qui apporte la nouvelle de l arrestation du p re a la villa Susini et c est grace lui que le h ros Abdnouar rencontre Malika en usant d un discours dont la syntaxe est assez violente Dahmane qui vint nous dire que le p re tait vivant qu il l avait vu avec d autres hommes dans la cour de la villa de Susini quelque ch
38. sa coh rence rel ve de cette constante tentative de montrer la distance r elle qui s pare l criture maghr bine ici celle de N Fares de l criture occidentale Le troisi me centre produit des deux premiers est celui qui d signe et accuse la naissance du signe sp cifiquement maghr bin signe d une criture issue de la rencontre et du croisement de l criture occidentale et de l oralit maghr bine Ecriture mixte par excellence l uvre de N Fares M moire de l absent travaille ainsi la multiplicit des cultures et des identit s qui en fusionnant produisent l inou et le sublime qui tonnent et fascinent par la nouveaut et la richesse qu ils apportent R cit du non lin aire du fragmentaire et du discontinu r cit galement du rythme endiabl du lieu et du jeu de l oralit et de l cart M moire de l absent se donne ainsi comme l un des lieux de la nouvelle criture maghr bine Les mots cl s M moire de l absent lecture tude immanente plurielle texte maghr bin d expression fran aise signe maghr bin criture en chantier de l cart de la d familiarisation de la d sautomatisation de la d construction 27 EHNEN AR 2 ARARE MRAM ARM PPAR EYP PA R 000 ARM IAM P OR RRR EREECHEN R R AA A gr 770 The summary First and formost this research sheds light upon inherence
39. selon laquelle le texte litt raire alg rien produirait en l absence d une critique formelle ses propres outils de lecture et d analyse Nous partons donc de l hypoth se que le texte litt raire produirait en marge et en filigrane sa propre question de la m thode comme l affirme Pierre Macherey Il semble non seulement possible mais n cessaire de partir de l uvre au lieu de la prendre distance ou de simplement la traverser Il est m me vident de commencer par ou l uvre commence son projet ou ses intentions visibles sur tout sont long 2 comme programme c est qu on appelle son titre suppose des d terminations de lecture par le texte lui m me qui implique un certain mode de lecture et de r ception Notre travail consiste donc a faire une lecture immanente et plurielle d un texte alg rien d expression fran aise afin de d montrer par l analyse l inefficacit des m thodes et des grilles occidentales appliqu es de force au texte alg rien et ce afin de re valoriser Roman moderne sont tous des crits post rieurs a 1960 ainsi le signale J Y Tadi dans Le r cit po tique ed P U F 1966 P 6 2 Macherey Pour une th orie de production litt raire Masp ro 1966 189 re construire et de donner au texte alg rien sa ses vraies interpr tation s et mouvements de lecture C est ce qui nous permettra en somme de redorer l image de la litt rature alg rienne r duite le plu
40. tels que Khatibi Kheir Eddine La bi Kach qui font de l criture le souci primordial de leur exp rience nous nous sommes int ress s pour notre part travailler sur les notions de l cart de la d familiarisation et de la d sautomatisation de l criture de Nabile Fares une criture en chantier qui nous permettra ainsi de saisir et de comprendre les diff rentes strat gies de la production du sens et de suivre les diff rentes tapes du cheminement m me de cette criture qui fait r gir la fois le d ploiement po tique et la richesse du paysage textuel Fares comme beaucoup d autres crivains maghr bins d expression fran aise tente d ouvrir la litt rature nationale ses d racinements en adoptant une criture para doxale 79 qui selon Khatibi fait du geste cr atif un moyen de cr ation d cisive Une criture d un nouvel espace tout fait actif celui de l cart de la discontinuit du d sordre et de la dissym trie Le sens ne va plus tre explicite ou univoque mais construit d une mani re rationnelle avec une technique polyphonique qui exploite ce conflit de sens et l int gre dans ces nouvelles strat gies scripturales 1 TROUBLE DE LANGAGE Lors de sa premi re lecture le lecteur de M moire de L absent sera vite frapp par l opacit de l uvre Un constat est ais ment d celable d s le d but de la lecture on constate une rupture tout fait surprenante avec les c
41. un plaisir la fois intellectuel et sensible La po sie est avant tout un langage un langage certainement tres diff rent du langage quotidien Au contraire des autres formes d art elle a cette particularit de s exprimer avec des mots puisqu elle est le r sultat m me de la manipulation tr s particuli re et diff rente des mots des mots moins fr quents des mots de tous les jours mais qui restent et vivent en nous pour toujours L criture de la po sie est particuli re Particuli re dans la mesure o elle repr sente la forme la plus favorable pour pousser l imagination vers le fond qu elle d sire parce qu elle aborde autant des contenus r els qu imaginaires mais surtout parce que sa constitution m me est destin e la fois des lecteurs de niveaux diff rents et a une lecture plusieurs niveaux C est l utilisation tr s fr quente des m taphores le jeu de la sonorit et les structures syntaxiques qui snt fort diff rentes de celles de la prose ou du th tre qui favorisera justement cette lecture plusieurs niveaux Cependant si l criture po tique fait appel l imagination elle n est pas d tach e compl tement du r el Elle utilise les m mes personnages que les autres formes litt raires en essayant d employer les mots qui vont au plus pr s des choses d ailleurs la po sie se rapproche souvent des formes litt raires en prose po me qui abandonnent la forme du vers pour utiliser la pro
42. vision qu elle se donne Suite au premier chapitre le deuxi me sera consacr l tude des techniques marquant l opacit de l uvre qui va nous diriger elle m me vers un ensemble de concepts de formes et de voix Dans le dernier chapitre nous traverserons ensemble une autre forme d criture celle de la clart et de la transparence pour arriver enfin un nombre d critures dont celle du regard du corps du lieu et aussi celle du dessin Partiel ETUDE COMPAREE ET RAISONNEE DE LA NOTION D ECRITURE Chapitrel Autour dela notion d criture P r alable Alors que les hommes naissent et meurent depuis un million d ann es ils n crivent que depuis A 2 18 six mille ans Depuis peu pr s 5000 ans un grand v nement s est produit des hommes crivaient pour la premi re fois D abord avec les Sum riens qui utilisaient des pictogrammes pour exprimer des id es Ensuite avec les Ph niciens qui avaient cr e un alphabet de 22 lettres Puis avec les Grecs qui eux avaient trac l alphabet la plus riche dans le monde occidental Avant d tudier l criture de N Far s objet m me de notre tude nous allons tout d abord essayer de cerner la notion d criture notion g n ralement rebelle la compr hension et ce en raison des sens et des classifications qu elle contient et qu elle annonce D une mani re g n rale l criture est d finie g n ralement comme la technique de base d
43. voix recouvre les distinctions de temps de niveau narratif et surtout de personne seule la relation de personne r git de mani re peu pr s 109 constante la totalit d un r cit c est partir de cette derni re cat gorie que les instances textuelles seront identifi es M moire de l absent est un r cit d v nements qui se caract rise la fois par un narrateur t moin et un participant qui se charge de centrer le r cit sur l acteur principal de la personne ou sur sa propre personne L objectivit reste une part tr s minime dans ce tye cet 110 roman qui ouvrira le texte un mode personnel de narration ou a personnel Ainsi le sujet acquiert une certaine autonomie et l identification de celui ci devient une t che difficile parce qu il chappe toute mesure et toute identification Mon personnage est un spectre aux multiples faces avertit Meddeb dans D s l incipit M moire de l absent est donc une histoire qui se pr sente sous forme d un long monologue une trade au style direct avec l absence absolue du verbe introducteur Je ne veux pas me rappeler o on n aurait pu pouvait nous emmener Oui je pense pousser alors que j aurais d employer ou d couvrir quelque autre mot p 11 L utilisation de renvoie un narrateur intradi g tique qui n est nullement cit La voix narrative acquiert ainsi des po
44. 0 dans l existence d un autre 6 UN RECIT EXPOSITIF Le roman faresien M moire de l absent constitue d s le d but de l incipit un r cit expositif plein d interruption qui brisent l encha nement des v nements D un c t le roman rapproche un t moignage v cu dans lequel le h ros passe d un fait un autre et d une situation une autre pour nous faire d voiler cette injustice du monde de son pays du colonisateur qui nous fait vivre et partager avec lui travers le r cit De l autre c t le roman est une autobiographie fictive la premi re personne qui repr sente selon Genette roman d apprentissage consistant pour l essentiel regarder couter ou soigner ses ecchymoses Le r cit de Fares se caract rise par une multitudes de voix La confusion de ces voix appara t d s le d but du r cit plus particuli rement dans la derni re partie celle du R citant o il pr tend tre capable de traduire quelques paroles du R citant C est ainsi Malika je peux transcrire ou traduire nombreuses de ces paroles que Le R citant jette au devant de nous ou sur nous Je suis certaines fois Le R citant p 175 176 L analyse du mode et de la voix l ments essentiels dans l tude de la forme de l criture H de N Fares ont cette sp cificit de modernisme comme l a bien constat Lejeune ils 128 A Roche Compact Ed Seuil 1966 129 P Dubois Op Cit p 32 150 P Lejeun
45. 004 HESES gt Fadila Chaabani Instances et carnaval dans La d couverte du nouveau monde de Nabile Fares gt Tahar Houchi L clatement du discours identitaire dans la litt rature maghr bine d expression fran aise Le cas de M moire de l absent de Nabile Fares et de La m re du printemps de Driss Chraibi gt Nora Alexendra Kazi Tani Roman Africain de langue fran aise carrefour de l crit et de l oral Table des mati res EDICACE EE 1 R 2 NTRODUCTION nn 3 Partiel ETUDE COMPAREE ET RAISONNEE DE LA NOTION D ECRITURE CHAPITRE Autour de la notion 4 12 ee eege 13 t Ecrivanty Ecrivain EE 14 2 L criture dans le sens transitif et intransitif sessessesessessesoesossesoesoesesoe 16 CHAPITRE Ecriture litt raire et non 18 1 Les critures non litt raires sesseseseseesesosossesesceccsosossesescscesosossesesosossesosoesesee 19 gt Les critures e ge 21 CHAPITRE Autour de l criture maghr bine d expression e E ed neue 31 Partie ETUDE D UNE ECRITURE MODERNE ET PROBLEMATIQUE DE LA LITTERATURE ALGERIENNE D EXPRESSION FRANCAISE LE CAS DE MEMOIRE DE MEMOIRE DE L ABSENT DE N FARES CHAPITRE l criture para doxale eener 40 l 1roubl d l ndage haine dinde 41 2 La visio
46. 07 109 110 Anaphore P 46 83 84 85 109 Autofiction Autofictionnel P 30 32 34 Cr ation 9 14 15 16 21 22 35 38 42 67 110 Corps P 11 31 38 55 60 61 82 85 86 87 88 89 90 94 97 107 110 D construction P 6 25 81 D familiarisation 6 11 16 42 107 108 D lire P 24 43 44 45 72 73 87 104 105 108 110 D sautomatisation P 6 11 16 42 111 Dessin 11 42 48 49 57 70 79 81 86 87 95 97 98 99 100 101 102 103 104 105 107 108 110 Dialogisme Dialogique P 7 8 47 48 54 63 66 72 73 74 75 76 77 Discours 7 23 25 30 34 35 37 50 55 56 58 63 65 67 68 69 70 71 84 85 104 107 109 Ecrire P 5 7 8 17 21 23 24 28 29 34 35 43 45 49 67 69 70 72 76 98 108 Ecriture P 5 6 7 8 9 11 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 37 38 39 41 42 43 44 45 46 49 50 54 58 62 64 65 66 67 70 71 77 78 82 84 86 87 90 91 93 94 95 97 108 109 110 111 113 Ecriture transitive 78 Ecriture intransitive 18 Ecrivain P 5 7 8 11 15 16 17 18 21 23 24 25 29 30 31 32 35 42 44 45 46 50 54 55 57 65 72 76 91 107 108 111 Ecrivant P 11 15 16 17 18 107 Enigme Enigmatique P 57 77 79 100 103 Epop e P 36 37 47 66 Fiction P 15 16 24 30 32 34 38 39 Fragments Fragmentaire P 22 25 50 63 64 65 66 Fonction po tique 16 35 36 37 38 42 48 49 64 67 77 98 113 Hyperbole P 76 80 109 Imaginaire P 14 16 20 21 23 24 32 37 38 39 53 62
47. Bourboune P 7 Calvino P 37 Carlyle TH P 28 Castin N P 70 ChateauBriand P 32 Chaw G Cheerbrant A P 63 Chevalier J p 63 Chikhi B P 9 26 50 Chraibi D P 25 Claudel H P Cohn D p Daninos G P 46 Dejeux J P 8 Derrida J P 25 70 De Saussure P 73 Dessous G P 34 Dib M P 7 24 34 Djaider M P 24 Doubrouvsky S P 34 Dubois P p 61 Eteimble P 14 Fanon F p 89 Far s N P 5 6 8 9 11 21 22 23 24 25 42 44 45 46 47 48 49 50 52 58 62 63 65 66 67 68 70 71 72 73 74 75 76 78 79 80 83 84 87 89 93 97 107 108 109 110 111 Faulkner W 63 Flaubert G P 31 34 35 36 Gautier 35 Genette G P 52 53 55 56 58 62 Greimas A J p 86 Griaulle G p 78 Hauris H p Hemingway P 17 d Hubert M P Hugo P gt N 34 Jakobson R Jarry P 35 Jauss H R P 110 Jenny L P 79 83 Kateb Y P 7 22 25 42 44 72 73 83 Kazi Tani P 108 Khadda N P 26 Khair Eddine M P 7 25 Khatibi A P 7 8 21 24 25 42 44 Krist va j P 7 44 48 54 83 La bi A P 42 44 Lanson P 35 Laufer R P 83 Lejeune P P 34 49 62 63 67 Lecherbonnier P 85 L vesque CL P 49 Loutaty S P 28 29 Lukacs P 56 Maalouf A P Macherey P P 5 16 39 Madeleine J p 94 Mallarm S P 70 Malikam P 47 Malineau J H P 37 Mamme
48. Ed Fernand Nathan 1974 gt Lejeune PH Je est un autre Ed Seuil 1980 gt Lejeune PH Le pacte autobiographique Ed Seuil coll Po tique 1984 gt Levesque CL L Etranget du texte Ed UGE 1978 gt Lukacs Probl me du r alisme traduit en fran ais en 1975 gt Macherey P Pour une th orie de la production litt raire Ed Masp ro 1966 gt Madelaine J L errance et l itin raire Ed Sindbad 1998 gt Malikam La magie des femmes kabyles et l unit de la soci t traditionnelle Ed L Harmattan 1996 gt Malineau J H La litt rature de jeunesse Volume XXIV n 1 1996 gt Mauris H La dimension esth tique Pour une critique de l esth tique marxiste Ed Seuil 1979 gt Meddeb A Phantasia Ed Sindibad 1986 gt Meschonni H Les tats de la po tique Ed PUF 1985 gt Michel Mansour TH La port e esth tique du signe dans le texte maghr bin Ed Fran ois Maspero 1968 gt Moli re Le bourgeois gentil homme Ed Garnier Fr res 1921 gt Mono R Les textes de th tre Ed CEDIC 1977 gt Moura J M Litt ratures francophones et th ories postecoloniales Ed Seuil 1995 gt Noirav J Litt rature francophone I Le Magreb Ed Berlin Sup LETTRE 1996 gt Peytard J Probl mes de l criture du verbal dans le roman contemporain in La nouvelle critique linguistique et litt rature colloque de Cluny 1968 gt Raybaud A Le travail du po me dans
49. Fares se pr sentent sous forme de structure non lin aire avec l absence de toute continuit logique et chronologique Une criture caract re fragmentaire qui fait de la narration une narration perturb e et discontinue qui n cessite beaucoup d efforts relevant de l assimilation et de l association de la part du lecteur pour qu il puisse former un corps textuel plus ou mois coh rent Ces crivains veulent d passer toutes les r gles classiques du roman fran ais du XIXe si cle et ce en travaillant beaucoup plus sur l anachronie temporelle sur l utilisation de la langue maternelle dialectale ou classique ou berb re et sur la voix orale po tique et th trale M moire de l absent en tant qu criture moderne se donne comme probl matique car tr s difficile d acc s cause de l clatement des r gles traditionnelles de l uvre romanesque D s les premi res pages du r cit un constat est tr s vite d cel d ailleurs une rupture tout fait surprenante des conventions traditionnelles d criture l absence de la ponctuation dans les phrases la pr sence d un nombre de dessins et de symboles l abondance de l italique et de pages qui ne contiennent que quelques mots et la discontinuit du sens ne font que r sumer le trouble langagier qui est le fondement m me de l uvre qui refl te le trouble m me du personnage le h ros de l histoire Abdnouar c est le trouble qui construit M moire de l absent et c est le trouble
50. Para doxale P 11 41 42 98 111 Personnage P 16 32 33 34 37 38 39 43 50 52 53 56 57 58 59 61 64 67 68 70 72 74 75 76 79 81 85 86 87 88 92 95 96 97 98 100 101 102 108 104 110 Pluralit P 7 9 10 22 31 48 50 Po sie P 30 34 35 36 37 38 47 108 Regard P 11 46 57 58 62 82 85 86 87 88 89 90 91 95 97 98 110 Renouvellement 22 104 R p tition P 24 46 49 67 8384 85 109 Romanesque P 24 25 29 32 33 34 39 46 58 62 66 85 91 107 108 110 Rupture P 8 22 24 26 39 42 46 50 98 108 110 Structure langagi re P 8 16 22 37 46 50 54 56 63 80 95 107 109 Style P 28 29 31 36 38 46 47 52 63 76 105 107 109 Transgression P 8 25 39 65 95 Voix narrative P 52 65 76 108 d Ze Ze Ze Ze Gef Ze d Ze Ze st Ze Ze d Ze Ze d Ze Ze d Ze Ze Ze d Ze Ze Ze a Ze Ze Ze Ze Ze Ze Ze Ze Ze d Ze Ze Ze e Zei Ze Ze index des noms propres Aristote P 36 Abstado Cl P Achour Ch 10 Bakhtine M 48 65 69 Barthes R 6 17 18 25 30 31 48 52 66 67 Baudelaire Ch P 35 Ben Jelloun P 25 Benv niste E P 69 Blanchot M P 48 68 Bonn C P 16 47 85 Boudjedra R P 7 27
51. SABRI mes s urs SARA et MENE pour leur compr hension et encouragements permanents Mes remerciements vont enfin tous ceux et celles qui m ont aid a r aliser ce travail A toutes ces bonnes gens je dis MERCI Introduction 1 Choix du sujet L analyse de M moire de l absent qui constitue le second volume de ce que Nabile Fares crivain maghr bin d expression fran aise a appel La d couverte du nouveau monde nous ouvert de nouvelles perspectives et de nouveaux chemins vers l criture faresienne qui r side dans le fait qu elle d passe les diff rentes r gles et cat gories du genre puisqu elle a apport avec elle toutes les nouveaut s les changements et modifications effectu es travers le grand courant de r novation dirig par Joyce et Faulkner ainsi que par le roman modeme Tout texte issu d un pays anciennement colonis notamment le Maghreb et l Alg rie qui nous int resse particuli rement ici est d truit et r duit parfois sa plus simple expression par les critiques occidentales mais aussi nationales dans la mesure o ces derni res sont influenc es par les ma tres de la m tropole De plus ces grilles ces m thodes et ces concepts d analyse de texte sont labor s pour un autre texte que celui du colonis En partant de ce pr suppos qui implique l absence vidente des m thodes propres au texte alg rien nous posons du m me coup l hypoth se essentielle
52. a d familiarisation de la langue qui emplie par des mots qui nous viennent d ailleurs n a pas fini de nous acculer dans nos retranchements Toutes ces caract ristiques de la cr ation ne doivent pas nous faire oublier que l criture fictionnelle est porteuse de sa propre th orie litt raire parce que nous partirons pour faire notre lecture immanente et plurielle de l id e essentielle selon laquelle chaque texte contiendrait sa propre question de la m thode comme le souligne Pierre Macheren et Charles Bonn propos de la question de la lecture immanente M me quand l auteur pr tend copier le r el il s en loigne immanquablement parce qu il travaille surtout combler les vides psychologiques les carences affectives et les nombreux manques de la r alit L crivain ne se pr occupe que de la et de l invention de nouveaux espaces de vie et de sens Le po te par opposition l crivant qui ne se pr occupe que de la transmission m canique de la connaissance et du savoir faire invente des images et cible les profondeurs de l me et de la conscience pour parler cette sensibilit enfouie qui g mit et pleure dans les t n bres de la nuit et du jour Mais il nous faut signaler que la distinction entre crivant et crivain n est jamais tanche il arrive tr s souvent que T crivant d borde sensiblement de son domaine en sollicitant et en textualisant le lecteur afin d tabl
53. a m taphore de loutre n voque t elle d ailleurs l enfermement de l tre dans le langage le sien propre et ceux qu il visite sans cesse et qui l emprisonnent galement Le choix de notre corpus M moire de l absent de Nabile Fares s explique aussi par cette volont de d noncer d s la quatri me page de couverture propri t priv e de l diteur qu il utilise pour app ter les novices en mati re de lecture En effet la probl matique de l identit constitue bel et bien un app t pour ceux qui sont continuellement en qu te d une origine Cette notion insultante a t impos e par le n ocolonialisme travers le poison qu il distille dans les notions qu il impose aux pays anciennement colonis s pour faire taire les m faits du colonialisme fran ais et accuser ceux qui apport rent la foi Cette notion est aujourd hui la pluralit identitaire qui les constitue l tre en refusant le tribalisme l nt grisme et toutes les choses qui s parent au lieu de r unir 3 Choix de la m thode Au niveau m thodologique notre propos est de montrer l importance incontournable de la lecture immanente du texte texte qui semble confectionner en l absence d une critique alg rienne sa propre question de la m thode Notre deuxi me objet ce niveau est la remise en question de la recherche comme simple application d une tion ou d un concept susceptible de mener un sens d finitif et irr versible de l uvre En lieu et place de c
54. abe dialectal celui de la m re du p re de Jidda de Dehmane etc Je vivais au soleil contre le vent sud Kahlouche P 75 Le texte accorde une tr s grande importance l oralit Ceci se caract rise d abord par l utilisation d un lexique appartenant la langue populaire celle de l arabe dialectale et du berb re L oralit est abondamment utilis e dans les romans de Fares notamment dans celui de M moire de l absent elle contribue en grande partie la survie de la culture alg rienne en la faisant circuler en toute libert dans l espace et le temps du r cit exactement comme l eau du fleuve qui repr sente la fois la vie et la mort et qui elle aussi reste en perp tuel mouvement circulant ainsi dans tous les sens D autres proc d s aussi ceux des fragments po tiques en prose et en vers d stabilisent d une mani re ou d une autre le d roulement logique du r cit La performance orale crit 41 M Bakhtine La po tique de Dosto evski ed Seuil 1963 p 145 142 Barthes Introduction l analyse structurale des r cits Communication n 8 1966 46 143 p Lejeune Je est un autre Op Cit p 303 Zumthor implique une travers e du discours par la m moire toujours al atoire et trompeuse d viante en quelque fa on d o les variations les modulations improvis es la re cr ation du d j dit la r p titivit L auteur fait usage d une criture dite du parl et une a
55. aduire la pens e bi culturelle de l auteur Il s agit d inventer une nouvelle criture qui puisse d finir d crire et pr senter soi m me et le monde deviendrais 65 N Fares A propos de la modernit in Kateb Yacine et la modernit textuelle Equipe de recherche en Analyse du discours et s miologie s la dir De N Khadda OPU 1990 66 Fares Un passager de l occident ed Seuil 1971 p 46 67 CH Bonn Kateb Yacine un crivain au c ur du monde in Fabula 2004 r ellement existant crit N Fares que si je parvenais rendre plus vident En ce point du monde o je me trouve ce qui me faisait vivre bien que le mot n existe pas encore d vivre ou em 68 plus simplement crire La qu te de nouvelles formes d criture se lance L criture maghr bine d expression 69 fran aise devient une criture de d mant lement ou est ressenti si bien dans l histoire que dans l expression verbale Les crivains de cette g n ration rompent dans un premier temps avec l histoire Les oeuvres les plus originales L opium et le b ton de M Mammen La m moire tatou e de Khatibi Les terrasses d orsol de M Dib La m moire de l absent de N Fares etc qui pr sentent toutes des v nements soumis des perspectives multiples souvenirs actualit r el imaginaire r flexion d lire point de vue unique multiples et une fiction qui le plus souvent coup e par des l ments th matiques
56. ait coul comme une peau de l Outre Inversement L eau avait coul comme un lait de la peau de l Outre 96 La mise en forme textuelle et la disposition particuli re des mots t moignent galement de l coulement des vocables au m me titre que l coulement de l eau du lait et du sang L utilisation de toutes ces pages presque vides n est qu une repr sentation de la m taphore du silence qui ne fait que multiplier d avantage l opacit de l uvre puisque l Outre n est enfin de compte qu une forme de ce langage qui brise les r gles et qui nous fait entrer dans une discontinuit infinie L Outre constitue en fait le second Moi et le second langage celui du maternel d construit En jouant sur la polys mie de La peau de l outre l auteur entame sa qu te d identit par la recherche de l explication possible de la couleur de sa peau qui reste elle aussi nigmatique La peau Ma peau n tait pas comme celle des autres la plupart des autres cause de sa couleur si blanche blanche qu elle se distinguait de toutes les autres peaux 34 Ailleurs On ne sort pas comme on veut de la peau de l outre 48 L auteur insiste beaucoup sur la notion de couleur la couleur de L Outre L outre est de couleur noire 49 La couleur dans l criture de N Fares pr sente le sombre la nuit et lauteur donne une grande importance au noir puisque la majorit des exploits qui sont accomplis
57. ance de l auteur l gard de lui m me comme d doublement de l crivain en sujet de l nonciation et sujet de l nonc Le sujet de la narration par l acte m me de la narration s adresse un autre et c est par rapport cet autre que la P 118 narration se structure Abdnouar entre en dialogue avec Hamid malgr l absence de celui l La conversation se passe donc en l absence physique de ce destinataire qui emp che l intervention de ce dernier C est une sorte de pseudo destination 117 118 119 qui est pr sent e dans d autres pages Hamid parle encore Mais comment comprendre les paroles de Hamid Depuis combien de temps n es tu pas revenu au pays Dialogue muet je sens bien p 28 PH LeJeune Je est un autre Op Cit p 272 J Krist va Recherches pour une s manalyse op cit p 15 119 Pseudo destination est une expression appartenant J Rousseau in Le journal intime texte sans destinataire Po tique n 56 1983 p 439 En voquant le monologue int rieur chez Proust Genette explique que le devoir et la t che d un crivain sont ceux d un traducteur Cependant si les instances sont parfois confondues et la distance qui les s pare semble se d grader elle ne dispara t jamais Ainsi sont les propos de Muller qui r sume cela en disant si le h ros rejoint le narrateur c est la fa on d une asymptote si la distance qui les s pare tend vers z
58. ans maghr bins d expression fran aise appartenant la m me g n ration et faire une synth se qui r sume la fois les points communs et les divergences qui peuvent exister entre notre corpus M moire de l absent et d autres uvres qui fonctionnent au fragmentaire et l h t roclite Il aurait t fort int ressant aussi de jeter un clin d il sur la litt rature africaine pour mieux souligner les diff rences et les ressemblances parce que le Maghreb et l Afrique se rapprochent par la contingence Au court de notre parcourt nous avons cependant relev que lt la litt rature africaine gt lt la litt rature maghr bine gt dans les deux cas un ensemble de textes est d fini partir d une identit collective r f rence g ographique Dans les deux cas il s agit d une identit qui se construit contre l ancienne n gation coloniale 132 La lecture immanente et plurielle du roman nous a permis de d couvrir ensemble la grande richesse de l uvre faresienne M moire de l absent Ainsi l horizon d attente est celui d un r cepteur intellectuel capable d une lecture critique et plurielle d un texte nouveau et son tour pluriel A ce propos H R Jauss montre qu aujourd hui Le concept classique de l uvre close parfaite dans sa forme de m me que son corr lat la contemplation passive du r cepteur est abandonn e en m me temps que l id al esth tique de la perfection le lecteur ou l observateur doit d s
59. as de l ordre du pr visible du calculable Elle est intrusion explosion d charge tensionnelle qui soe 78 casse faux parce qu il co ncide plus avec le d sir du sujet 77 N Khadda La litt rature alg rienne de langue fran aise une litt rature androgyne In Figure de l intertextualit Universit Paul Val ry Monppelier 1996 P 15 78 B Chikhi op Cit 30 Partiell ETUDE D UNE ECRITURE MODERNE ET PROBLEMATIQUE DE LA LITTERATURE ALGERIENNE D EXPRESSION FRANCAISE LE CAS DEM EMOIRE D EL ABSENT Chapitre L criture para doxale M me si M moire de l absent de N Fares se pr sente sous une forme standard il nen demeure pas moins que le texte faresien se donne comme profond ment probl matique car tr s difficile d acc s et ce car le texte tente de se lib rer de toutes les r gles qui r gissent l criture traditionnelle Le texte se r v le ainsi d abord et avant tout comme le lieu par excellence de la cr ation et de l innovation scripturaire d o l id e de pr dominance de la fonction po tique avec les notions oblig es de la d familiarisation et de la d sautomatisation du langage qui disent le d chargement des s mes dictionnairiques et le rechargement des signes linguistiques textuels et s miotiques par des s mes encyclop diques pris la m moire collective du Maghreb En comparant le texte Faresien ceux des autres crivains de sa g n ration
60. ation du non centre comme pluralit irr ductible rupture de pr sence de l axe pr sent rupture par laquelle le temps sort 4 sors 107 de ses gonds et se met d raper ind finiment La Modernit a donn ainsi une autre saveur et de go t au texte maghr bin d expression Fran aise et par cons quent Fares a essay de faire de la sorte l criture maghr bine d expression frangaise OP By Chikhi Maghreb de texte Ecriture histoire savoirs et symbolique Essai sur l preuve de modernit dans la litt rature de langue fran aise ed L Hamattan 1996 04 B Chekhi Maghreb en texte op cit p 41 05 JM Moura litt ratures francophones et th ories postecoloniales op cit p 41 06 La narration personnelle ou figurale selon la d nomination de Stanzel explique Genette implique la dominance du personnage comme foyer r flecteur in Nouveau discours du r cit Po tique 61 1985 p 81 07 CL Levesque L Etranget du texte ed UGE 1978 p 101 Chapitrel Techniques de l opacit 1 LES VOIX NARRATIVES La voix narrative c est cette voix qui dit je et qui donne la parole quelqu un d autre comme l affirme N Fares se tenant derri re une instance trang re qui d place les mots les d tourne les retourne et les rend m connaissables De plus elle d signe la fois selon Genette les rapports entre narration et r cit et entre narration et histoire Selon Genette la
61. bdnouar sur le mauvais c t du fleuve mais avec un fleuve plein de rature 1 M moire de l absent 109 DESSIN N 8 Ce fleuve ratur nous montrera que c est la parole qui va prendre place d ailleurs c est grace ces dessins que Abdnouar pourra enfin s exprimer en donnant libre court la parole Quant au dernier dessin il n est en fait qu une repr sentation de l aboutissement S il est pr sent dans l avant derni re page c est pour nous expliquer d avantage la fin et le r sultat de ce long et fatiguant parcours de Abdnouar qui se terminera malgr tout par le d passement du fleuve et donc par celui de l errance C est travers ce mariage du dessin et de la parole que nous comprenons au fur et mesure le parcours effectu par Abdnouar le h ros et le personnage principal de M moire de l absent La pr sence du fleuve dans la plupart des dessins repr sente une barri re d abord naturelle qui emp che tout contact et toute communication avec l autre c t Les deux rives sont donc s par es par celui ci et Abdnouar est d abord du premier c t du fleuve voulant passer de l autre c t De plus l coulement perp tuel du fleuve signifie aussi le mouvement perp tuel ce qui refl te le mouvement interminable de notre h ros Le maillon de la cha ne est interrompu par le dernier dessin n 9 La cha ne de dessins n est compl t e que bien apr s avant derni re page du roman p 227 Cette page symbolise
62. ble de rappeler que son r cit pr sente le prolongement des r cits ant rieurs de Fares Cette oeuvre constitue un d veloppement aux chapitres et X du champ Sur le plan de la graphie l auteur accuse la perte du nom il a eu recourt au proc d de la d l ation Le nom dispara t comme dans un profond foss dus apprendre vivre au dessus de mon d lire On pouvait toujours appeler mon nom au lyc e ou ailleurs Je devenais sourd h b t mille lieux de l endroit d o venait mon nom et je ne comprenais plus mon comme si en enlevant le p re on m avait t toute possibilit de comprendre mon nom les syllabes ou sons c est ainsi p 30 A travers la parole et la m moire Fares recourt un narrateur qui va revenir en arri re pour se rem morer et trouver son nom Nous sommes face un type cathartique qui au bout de faits et des essais et travers les r cits les t tonnements les suspensions les anachronies le sujet aboutira son objectif en retournant sa m moire et l usage de la parole Et cela me suffit Cela me suffit pour savoir que je ne suis pas venu dans cette ville comme M rad ou Aziz pour passer une huitaine de mois je sais que le pays est loin et qu il sera tr s difficile d y retourner apr s ce terrible d part et cet envoi de p re depuis Paul Cazelles Oui j ai dix huit ans et cela me suffit pour savoir que je n ai pas de temps
63. crits tant t la premi re personne tant t la troisi me personne que Lejeune d crit dans Le Je est un autre 7 Ainsi le roman de Fares M moire de l absent s ouvre cette loi de la discontinuit compl tement constituante et de la r p tition et du retour Ce qui est premier ce n est pas le commencement mais le recommencement et l tre c est pr cis ment l impossibilit d tre une premi re fois Une criture consid r e comme moderne puisqu elle joue la fois sur le po tique et le th orique Hle s ouvre au jeu au rythme au dessin l cart et la d rive Je me placais devant une grande machine crire que j appelais ouragan et je tapais J avais compris que les plans notes et autres crit res indispensables l criture d un roman ne m taient pas utiles J crivais presque l aveuglette je n coutais que le 102 rythme saccad des choses Ce passage indique d une mani re tr s claire que les formes de l criture moderne ne pr sentent plus cet engagement d une ma trise parfaite des codes et des techniques 98 Souffles n 10 11 troisi me trimestre 1968 n sp cial Litt rature maghr bin Avant propos 5 PH Lejeune Je est autre ed Seuil 1980 p 44 100 4 Krist va Recherches pour une s manalyse op Cit 273 101 M Blanchot L espace litt raire ed Gallimard coll Id es 1955 331 102 M Khair Eddine Moi l aigr
64. crivent leur tour Laufer et Lecherbonnier propos de l importance de la r p tition dans l organisation du texte m me si elle appara t quelques fois d une mani re tr s abondante et trop absurde pour le lecteur elle contribue n anmoins donner l ordre aux id es dispers es par et par l et rassembler les morceaux parpill s pour donner ainsi au texte son sens souvent perdu lors de sa lecture Si le texte est effectivement un puzzle si la dispersion et la digression tendent constamment disloquer le texte En revanche la concentration force centrique quilibre ces tendances centrifuge par les r p titions les r ponses refrains et leitmotiv 172 173 174 175 La r ticence est une figure rh torique qui interrompt la phrase L arr t aphasique est un proc d qui suspend la narration CH Bonn Le roman alg rien de langue fran aise ed L Harmattan 1985 p 59 Ch Bonn Le roman alg rien de la langue fran aise et ses lectures ed Ottawa Naaman 1974 p 60 par la continuit de la voix qui porte le texte et peut tre par la pr sence d une logique onirique qui tout trang re qu elle soit notre logique rationnelle n en constitue pas moins un 176 patrimoine commun au lecteur et l auteur L utilisation de la r p tition ne fait que nous montrer l aspect ludique de l criture faresienne qui joue sur la mise en relief des signifiants elle masque et d voile le r cit
65. d une part un m lange subtil de genres o diff rentes critures entrent en dialogue en se t lescopant en se reprenant et en se contredisant L criture religieuse politique id ologique journalistique intellectuelle philosophique et autres se c toient ainsi dans de nombreux textes o l auteur se r v le comme crivant et crivain tout en m me temps D autre part ces diff rents types d critures peuvent tre divis s en deux importantes cat gories l criture litt raire et l criture non litt raire 26 R Barthes Ecrivains et Ecrivant Op Cit 35 Chapitrell E critures litt raires et critures non litt raires 1 L criture non litt raire L criture journalistique par exemple est une criture non litt raire c est avant tout une criture d information Les crits journalistiques r pondent ainsi six questions centrales savoir Qui Quoi Quand O Comment Et pourquoi Dans la presse crite qui repr sente le quatri me du royaume selon TH Carlyle l information est g n ralement structur e comme une pyramide invers e L information est plac e par ordre d importance Quant au style journalistique il se caract rise par la pr cision Cette derni re est directement li e la v racit de l article Le choix des mots est tr s important aussi Si un journaliste prouve de la difficult faire comprendre certains mots son art
66. dans les contes se font en grande partie la nuit Le h ros est g n ralement fort dans la p nombre cette p riode du jour lui fourni le courage qu il faut la sagesse dont il a besoin et l arme LL pour lutter La nuit explique Calame Griaule est le r gne de l obscur Elle est au 168 caract re nigmatique de la litt rature orale De m me les personnages de M moire de l absent sont pr sent s d une mani re hyperbolique deviendront par la suite des figures embl matiques C est le cas en particulier de Malika Kah na et de Dahmane qui repr sentent le mythe du rebelle A L Outre se rattache le mythe des origines avec le couple premier avec l ouverture n cessaire la fabrication de l objet la naissance du dessin et du langage de Jidda L Outre reste une nigme puisque la d finition m me de la peau de L Outre est donn e sous le mode interrogatif Qui Peut dire ce qu est l outre un ventre une femme un homme une histoire un pays Mais cette Outre n est en somme qu une parole comme celle de Jidda qui poss de la quantit de parole qu il faut pour unir pour emp cher le jeune homme de mourir Paroles que tu sus si bien insinuer en moi comme une peau nourrie de chair une esp rance p 26 Nous pouvons dire que le tavail sur la langue chez Fares est introduit par la m taphore qui nonce la trahison de Koceila par la Kah na qui prend le conqu rant pou
67. de brouillages des faits et des digressions philosophiques La nouvelle criture maghr bine d expression fran aise s inscrit dans le nouveau roman qui est une appellation pratique qui d signe tous ceux qui cherchent de nouvelles formes romanesques et qui consid rent que la r p tition syst matique des formes du pass est non seulement absurde et vaine mais qu elle peut m me devenir nuisible Le Nouveau roman vient contester non seulement les formules traditionnelles mais aussi l absolu du langage et la pr sence cat gorique de l histoire pour s ouvrir la modernit de fa on surprenante et inattendue La dynamique de rupture soudaine et radicale de ces textes avec la tradition classique avec leurs propositions originales de transformation des genres s duisent d autant qu elles paraissent compenser les manques laiss s en France par le Nouveau Roman trop occup chercher les moyens efficaces r gler ses comptes avec la repr sentation 2 ES i 6 Ge 72 Eee Si pour nouveau roman le v ritable romancier n a rien dire l crivain maghr bin d expression fran aise a beaucoup de choses dire 7 Oui tout ce que j ai tent d oublier de i 73 passer sous silence affleure maintenant Tout dans ce monde me sollicite L interaction des genres et des formes propres aux deux traditions culturelles dans le texte 68 Fares Le champ des oliviers ed Seuil 1972 P 187 188
68. de la m diterran e ed Sud 1987 P 75 76 Fares L Etat perdu ed Actes de Sud 1982 12 fait note N Khadda quelque soit l auteur et la solution esth tique labor e la fragmentation et la diss mination dans le texte fran ais d un autre texte instituent un proc s de signifiance r v lateur du d chiffrement dans et par le texte de sens produit dans et par le social inscrivant le fonctionnement textuel dans une histoire et une soci t marqu es du sceau de la rupture de la dispersion de la discontinuit et de la recherche t tue du 77 remembrement Cependant si la g n ration des ann es 70 est venue r clamer une nouvelle forme d criture et de nouvelles strat gies elle ne cherche aucunement s opposer la tradition qui est le pr sentateur m me de l identit maghr bine Tout au long de la moiti du vingti me si cle la litt rature maghr bine de langue fran aise n a cess de progresser et de cro tre Cette progression et cette croissance est marqu e chaque fois par sa grande force travers le texte quelque soi son genre A travers cette r flexion nous avons tent de synth tiser la probl matique de la nouvelle criture maghr bine d expression fran aise et de montrer un nombre de caract ristiques que celle ci dispose et les diff rents moyens qu elle mobilise pour exprimer enfin sa libert de la parole qu elle porte La Modernit note encore une fois B Chikhi n est p
69. de son manteau p 198 Encore plus bas dans la m me page voir a le sens de rencontrer J ai tout de m me vu le p re d fait presque mort p 198 Ailleurs dans la geste de La Kah na le verbe voir signifie imaginer Oui j aurais franchi les dix milles coud es du monde pour arriver vers toi moment o j ai vu oui o tu pr cipitais le couteau l au fond du ch ur dans la for t de grands c dres oui Ameska p 201 Le regard ou la vue selon Pingaud ouvre sur une autre dimension que le r el Dans M moire de l absent le narrateur voque un certain moment un monde tout fait diff rent du sien avec des tres appartenant une poque autre que la sienne Maintenant dit il je puis voir travers corps C est ainsi que je vois cette fuite notre fuite au del de ce monde comme une fuite in puisable et personnelle 175 Si Voir constitue pour le h ros ainsi que pour les autres personnages de ce r cit la lucidit et la transparence il est n anmoins quelquefois porteur de d guisement de la part de certains personnages tels que Jidda et Le R citant uvre contre la disparition de ce monde qui l ve la parole M re dans le chaud d tre ou de mort qui intensifie le regard et noue les fibres des lointains temps p 137 183 R Mono Les textes de th tre ed CEDIC 1977 p 118 Pingaud Le romanesque comme fantasme Revue fran aise de
70. de t lescopage anachronique de diss mination du r cit de circulation de sens de langue entre le scriptural fran ais et des oralit s arabes berb re ou m me espagnoles des analogies associations et le recours aux ellipses aux all gories bref aux virtualit s du langage po tique 7 9 UN RECIT DIALOGIQUE L analyse de M moire de l absent de Nabile Fares qui constitue donc le deuxi me roman de la D couverte du nouveau monde nous a permis jusqu ici de d couvrir l une des grandes particularit s de l criture faresienne qui r side dans la remise en cause des r gles des genres Toutefois cette criture ne se limite gu re cela C est une criture qui nous permet de d passer toutes les contingences en passant au del des fronti res pour donner libre court la pens e et la m moire de tout un peuple 154 N Castin sens et sensible en po sie contemporaine ed PUF coll Ecriture 1998 p 7 aan Derrida L criture et la diff rence op cit p 108 156 P Zumthor Pour une po tique de la voix Po tique n 40 1979 p 521 Saadi extrait de La litt rature maghr bine de langue fran aise Ouvrage collectif sous la direction de CH Bonn N Khadda et A Mdarhri Alaoui ed Edicef Aupelf 1996 p 2 3 A c t de tous les types d critures vues pr c demment s ajoute une autre celle de l criture dialogique Notre corpus M moire de l absent entretient de multiples rapports avec les oeu
71. e Je est un autre Op Cit 313 131 G Genette Nouveau discours du r cit Op Cit 69 exploitent les ressources qu offrent la voix et la focalisation 177 De plus certaines techniques comme le dialogique le subversif d jouent la repr sentation en parasitant l pique en usant d une rh torique qui travaille toute enti re miner l illusion r f rentielle qui se fait selon divers niveaux et diverses formes dans l entrecroisement des discours et des voix l utilisation des indices de l ostension les m talepses le symbole et la dramaturgie Les textes de Fares y compris le texte de notre tude sont sans cesse bris s par des d rapages brutaux et par un va et vient rendu possible par la composition fragmentaire si nous empruntons l analyse de Lejeune 7 UN RECIT FRAGMENTAIRE Tout compte fait M moire de l absent est un r cit d v nements est narr par un narrateur t moin confident et dramatique se rapprochant de celui de Faulkner dans Tandis que o sont employ s les m mes proc dures de style ceux du monologue int rieur ainsi que la focalisation interne La narration est le plus souvent ult rieure avec des pauses narratives des anachronies r guli res et des m talepses du narrateur intradi g tique et extradi g tique Toute l histoire de M moire de l absent s crit travers les rues de Paris dont les faits s interrompent et se reconstituent la
72. e ed Seuil 1970 27 H ouragan signifie cette machine crire qui a pour objet de L emploi de m taphore d truire toutes les belles lettres ou toutes les belles constructions Son vrai panouissement se trouve dans la remise en cause et dans la mise mort des techniques du roman classique Le roman de Fares dit moderne ouvre des lieux de rencontre et de contacts Autrement dit c est un r cit de lib ration de l oppression par l ambigu t l opacit de son caract re Beida Chikhi dans Maghreb en texte a t fi re de l impact de la modernit sur le texte maghr bin mais elle a t encore plus dans h mani re particuli re dont l a t exploit et n 104 travaill car c est le maintien perp tuel de l uvre en chantier qui en plus de son caract re fragmentaire transgressif imaginatif et de sa pluralit de sens et de forme il permet de s originer TI Entrecroisement des discours et des voix rupture discontinuit pr dominance d un mode personnel de la narration lacune manque focalisation sur le narrateur et ou le personnage principal ou secondaire redoublement d doublement textuels sont en g n ral les caract ristiques de l criture Faresienne et d autres crivains de sa g n ration Ainsi le texte crit CL Levesque est essentiellement rupture d quilibre tant dans sa structure m me jeu de la pr sence et de l absence de centrement affirm
73. e baroque du si cle 7 La pr sence d une double narration intradi g tique et extradi g tique qui permettrait la fois d entretenir une illusion romanesque mais en m me temps de la mettre distance C est une lecture double qui attend les lecteurs Les v nements racont s dans M moire de l absent n ont pas de sens en eux m mes Leurs sens leurs significations varient en 126 G Genette Figure Op cit 239 127 Les peintres hollandais peignaient des sc nes ant rieures des chambres de s jours qui situeraient un petit miroir o se refl taient les tableaux eux m mes Gide va emprunter cette technique pour l appliquer dans le roman fonction du personnage qui les per oivent et dont la perspective va tre domin e et multipli e par les focalisations et les types d nonciation Le personnage de Hamid titre d exemple raconte et d crit les v nements qui relatent l v nement du p re il devient lui m me le narrateur le narrateur devient alors extradi g tique Malika a mordu la bouche d Abdnouar et le paysage est devenu caillouteux la route poudreuse sur laquelle mince orientation jet e travers l humble f condit des pierres un homme marche la t te ceinte d un tissu bleu Son pas limine les distances et sa voix frappe comme un sabre 130 4 Les personnages La pr sentation des personnages constitue elle aussi une forme d ambigu t de la lecture Si les
74. e choix de quitter le pays est un choix d lib r d clenche chez lui n anmoins le sentiment d tre arrach de force son pays d origine et r veille en lui cette sensation d tre perdu jamais dans un espace autre et diff rent du sien C est ce moment l que Abdnouar se r fugie dans son langage donnant ansi libre court sa m moire et ce sentiment de d sarroi Cette criture n aurait jamais pu avoir lieu sans cette angoisse d sarroi perte esclavage solitude et injustice S L ECRITURE DU DESSIN De plus et au del de cette conception qui tourne autour du lieu du regard et du corps s ajoute celle du symbolique travers l irruption chaque fois d un nombre de dessins que pr sente Abdnouar au fr re de Hamid Son initiateur est bien et m initiait au langage autre Je regardais le crayon de Jidda et entendais sa voix et sa main qui lisaient le dessin et la couleur 66 Les dessins sont donc une forme d criture qui caract rise ce roman Ce fire pragmatique dessins et parole la fois nigmatique et ambivalente de Jidda qui rejoint en quelque sorte celle du vieux ma tre l un des personnages de La d couverte du nouveau monde En valorisant chaque fois une personne vieille Fares veut nous montrer la grande importance que donne la soci t traditionnelle aux personnages g s tels que le grand p re ou aussi la grand m re Jidda dans M moire de l abse
75. e concept s int resse non seulement la r alit esth tique mais aussi la r alit historique la plus complexe La modernit d un texte souligne t il tel le lieu th tral o la cit interroge son temps serait au del d une fragmentation textuelle le livre d une pluralit de voix construisant l instance d un pass futur d un pass d j devenu futur en ce sens que la modernit pr sente le paradoxe et l antinomie d un retour vide et forcen de la croyance ou l incroyance d origine Promu cette fracture le texte litt raire est fait du recouvrement de ces ruptures historiques 64 Cit par B Chikhi Maghreb en textes criture histoire souvenirs et symboliques ed L Harmattan 1995 p 31 contenues ou lisibles audibles autant dans les transformations linguistiques que cette cryptographie narrative Son discours sur l Histoire passe par la d nonciation aussi bien de la politique coloniale que du d tournement de la r volution du peuple Pour Fares l histoire est fauss e cach e Ce qu il le pousse aller au plus profond de la chose au del de tous les discours Toutefois accepter son pass son histoire pour lui ne signifie pas s y noyer cela signifie 66 apprendre en faire bon usage La litt rature maghr bine d expression fran aise comme toute autre litt rature du monde englobe tr s souvent plusieurs cultures en un seul type d criture Mais dans la litt rat
76. e de pouvoir faire autre chose Je restais assis sur moi m me assis dans l incapacit de p 109 Le trouble du personnage principal n est qu une repr sentation direct du trouble du langage des redites absence de coh rence phrases inachev es criture et la lecture sont modifi es leur rythme est tant t ralenti tant t violement acc l r La ponctuation est vari e elle est entre l absence et l abondance Quelques pages sont parfois vides et d autres fois contenant juste quelques mots Moi et l Outre et d autres encore contenant qu un seul mot L Outre sont des caract ristiques qui marquent l incoh rence discursive et narratives de l uvre cet extrait le montre bien Comment n ai je pu rien voir travers toutes ces sortes de pens es l inscrites devant moi comment n ai je pu une voix m tonne Je ne suis plus dans la pi ce la table est aussi 51 M moire de l absent 45 8 Ibid 46 petite que le chien et je crois conna tre la peur la peur ou une fureur de vivre l Je revivrai sans doute sous d autres formes d tres ou pr noms puisqu il en est ainsi de chaque croyance ou effusion et que dans la premi re compr hension de la vie tourbillonne l enfance environnante de la mort comme un cercle jeu D lire ou Histoire d un monde inscrivant de partout le foisonnement articul des raisons de vivre ou d esp rer tandis que la voix monte en moi que le p re est l
77. e des migrations d oiseaux dans les vignes cartables en moulinets devant leurs corps comme si tout moment ils apprenaient vivre ou d fendre leurs corps Clos Salembier lieu o la col re et le mutisme vagabond rent avant de franchir l troite ligne coloniale et tomber dans la ville l Au dessous de la colline parmi les enl vements les bombes les caf t rias plastiqu es 20 21 Ce nouvel endroit colonis par les fran ais d signe la violence le meurtre les bombes les caf t rias plastiqu es donnera naissance une autre civilisation Une civilisation purement europ enne qui se voit synonyme de modernit Une modernit tout fait diff rente de la sienne avec un mode de vie autre que le sien d o s ajoute l esclavage qui devient une condition de vie non choisie mais impos e La pr sence permanente de la ville constitue donc elle aussi un lieu important dans M moire de l absent Elle est d abord synonyme de l absence et de la blessure C est sa propre ville qui devient un ailleurs Le deuxi me lieu de Abdnouar est Alger dans le quartier de Clos Salembier o existent la terreur et le meurtre Avec l absence de cette ville ce lieu devient alors la blessure elle m me la s paration la solitude et l arrachement Ce lieu repr sente aussi l clatement puisqu il provoque la s paration de Abdnouar la m re Hamid et d autres personnages de tout les autres dont Dahmane Cette ville s pare t
78. e dogmatisme m thodologique nous proposerons des lectures plurielles qui ne travaillent pas forc ment dans des directions oppos es et donc plus compl mentaires qu antagonistes c est ce que explique la pluralit de lectures qui chacune part d voile un pan de la cr ation Par ailleurs notre objet est galement sur un plan purement th matique d aller contre sens des r cup rations bassement id ologique de l uvre de Nabile Fares qui comme toute uvre maghr bine travaille la jonction et la r union et non pas uniquement l identit perdue retrouv e dans et par opposition la m taphore de la peau de l outre Nous tenons pr ciser que ce pr sent travail ne pr tend en aucun cas appliquer une notion un concept ou des grilles pr cis de force Notre finalit est de parvenir atteindre la lisibilit de l uvre que J Ricardou appelle le deuxi me analphab tisme qui d range le lecteur chaque fois qu il est face une situation d licate l incapacit de d coder l uvre qui est entre ses mains Encore une fois J Ricardou le dit dans Probl me du nouveau roman p 20 Lire la litt rature c est tenter de d chiffrer tout instant la superposition l innombrable entrecroisement des signes dont elle offre le plus complet r pertoire La litt rature demande en somme qu apr s avoir appris d chiffrer m caniquement des caract res typographiques l on apprenne d chiffre
79. e sens ne peut tre donn que par la parole qui elle lib re le lieu or le lieu s il est lib r n est en fait que la parole elle m me qui est libre Une transgression d espace un passage de la plage de Sidi Ferruch aux terres des Awres et d un temps un autre qui constitue l une des caract ristiques majeures du texte po tique Le temps reproduit la structure de l espace ici ailleurs maintenant un autre moment mais il en constitue la mati re Les h ros du r cit po tique se prom nent travers les S 191 fossiles du temps Le trajet vers Sidi Ferruch encore un marabout plus incomp tent que les autres car le rivage aurait du demeurer encore heureux qu on puisse y aller de temps en temps Sidi Ferruch p 120 Oui Comme aux premiers temps de l Awres et du royaume berb re p 127 Le R citant regarde l bas au dessus des arbres vers les montagnes et collines ou marche l homme au voile bleu P 135 Ailleurs Un homme est d j debout parmi l assistance il franchit la courte distance celle qui s pare l assistance de son centre Il pousse devant lui une femme Kah na La Kah na la tunique rouge 138 C est l auteur lui m me qui manie ses personnages sa mani re vers divers objectifs A c t du narrateur principal Abdnouar c est quelques fois d autres personnages du r cit qui prennent le relais de la narration tant t c e
80. e sentiments concernant l expression personnelle n anmoins l autobiographie n a de cesse de prendre le lecteur comme t moin Quant au narrateur il est en m me temps personnage L criture autobiographique comprend les confessions le journal intime les m moires l autoportrait et l autofiction L criture du conte est un genre litt raire assez mal d fini il peut prendre plusieurs formes il peut tre un conte de f e ou aussi un conte philosophique il est bref et parfois il nous est tr s difficile de le diff rencier de la nouvelle qui elle aussi peut comporter les m mes caract ristiques que le conte Le conte est avant tout un r cit Il a longtemps t un r cit v ridique du au XV si cle Mais de nos jours il est le r cit fictf par excellence Le conte a t d abord oral se caract risant par la pr sence formelle PH Lejeune Le pacte autobiographique Paris Seuil coll Po tique 1984 39 De Montaigne Les Essais op cit du narrateur dans le r cit qui le r le d interpeller le lecteur comme le faisait il y abien longtemps le conteur pour l auditoire Il est devenu un genre litt raire d s le XVII si cle il est le mariage du merveilleux et du fantastique le premier propose au lecteur un monde f erique o rien ne doit l tonner Quant au second il laisse le lecteur dans une perp tuelle h sitation Il propose en lui un nombre de personnages populaires secourus par une aide magique et
81. eau gt gt p 66 67 68 lt lt On raconte que La Kah na fut victime d une trahison Ceux qui voulaient partager la terre ou le pays immense que 123 Lukacs Probl me du r alisme traduit en fran ais en 1975 90 bordent les deux mers tel est vrai gt gt dit Le R citant P 135 La Kah na a les mains prises dans des liens qui serrent les poings Elle dit lt lt Pourrais tu me dire toi l homme qui affronte le monde le regard baiss comme un vieillard religieux gt gt p 155 156 3 Le r cit dans le r cit ou La mise en ab me Ainsi le discours des autres personnages se transmet a chaque fois au discours direct cr ant par ce fait une autre forme celle de l acteur du m tar cit qui selon Genette est WEG en d autres termes la mise en ab me entreprend un double r cit dans le r cit objectif dont Le premier consistant mettre en sc ne la soci t les personnages types et dont second a objet r flexif qui fait du roman une histoire qui ne pr senterait qu une r flexion en sa propre histoire Une criture dont l nonciation varie C est une nouvelle exp rience de la litt rature romanesque qui n est ni r aliste ni abstraite Fares est une personne qui tout en racontant une histoire va s interroger sur la capacit inventer des formes nouvelles L existence d un gc dans un autre est une technique emprunt e l origine la peintur
82. emps des formes th trales po tiques et symboliques La confusion des genres litt raires est bien sur utilis e une technique volontaire qui a pour objet de briser la structure propre au roman avec un langage surprenant et blouissant Le jeu de l criture chez Fares n est ni magique ni rituel mais unique Les r p titions r p t es le dialogue engag avec le lecteur l oralit le monologue int rieur la parole vive la discontinuit temporelle la confusion de voix le motif du double et du d double le sujet divis destinataire extradi g tique et intradi g tique les figures de style dont l anaphore la parodie etc sont les caract ristiques principales de M moire de l absent L uvre de Fares s inscrit d une part dans le courant qui refuse toute appartenance la Gaule et d autre part celui qui vise r duire l identit maghr bine celle de l arabo musulmare car L Alg rie est pour lui avant tout berb re 57 Barthes La degr z ro de l criture op Cit p 10 11 88 Barthes Ibid 15 Je suis un maghr bin qui revendique sa berb rit m me si c est berb rit encore construire elle ne sera jamais ce qu elle a pu tre si d ailleurs elle a t un moment donn du temps Je suis venu de ce fonds l ce qui veut pas dire qu il y ait refus des autres fonds linguistiques culturels qui traversent le Maghreb mais puisqu il y a coin age sur cette r alit il
83. erres qu elle capture un jeune arabe qu elle prendra par la suite comme amant Va incue par la religion de celut 14 elle ordonna ses fils d accepter la nouvelle religion Ce grand amour pour le B douin est l origine de sa perte et de la perte de tout son royaume Selon L Encyclop die de l Islam Nouvelle dition Vol IV Paris 1986 p 440 148 N Fares in Propositions introductives des tudes d expression populaire Revue de l occident Musulman et de la M diterran e n 22 1976 p 15 parle Le langage prend alors toute son importance et devient l essentiel le langage parle comme essentiel et c est pourquoi la parole confi au po te peut tre dite parole essentielle 17 Porteur donc du savoir de la sagesse et de la parole po tis e il confirme d avantage que l oralit peut tre le moyen de transmission le plus efficace des messages Elle est la magie elle m me Que dis le sage accoud pr s du livre Il pr che l adulation aux livres de ma trise Mais qu est ce qu un livre de ma trise Une seule parole jet e au lieu du R citant et le livre de ma trise tombe dans l uvre du R citant p 131 Toute la geste de Kah na ne repr sente en r alit qu une forme du discours th tral qui privil gie selon Peytard le verbal sur le non verbal le texte n est qu un passage en attente d une geste et d une voix Ce roman est une vasion dans le temps mythique C est une incursion dans
84. erte du nouveau monde de Nabile Fares Litt rature n 27 1977 p 125 Une tr s grande ressemblance au niveau de ces romans avec ceux du baroque au niveau du d veloppement de l insertion et de l intervention directe de l auteur Les textes de La d couverte du nouveau monde se caract risent par le carnavalesque et par le dialogique Bakhtine consid re que Le genre romanesque a trois racines principales l pop e la rh torique et le folklore carnavalesque De plus le caract re majeur et le plus important de l nonc figure dans son caract re dialogique c est dire dans sa dimension intertextuelle Face a cette logique syntaxique d s quilibr e et perturb e avec l int gration chaque fois de divers anachronies nous avons faire un ph nom ne que Barthes appelle La dystaxie qui repr sente selon lui une anomalie affectant la logique des actions A cette dystaxie il faut rajouter la pratique du monologue int rieur dont le d sordre des v nements provoque selon LeJeune La ligne bris e l alternance du r cit et du commentaire qui font partie du rythme de la parole 8 UNE ECRITURE DE L ORALITE H Un autre l ment pourrait son tour contribuer ce d s quilibre de sens c est celui de l oralit La part de l oralit dans le roman maghr bin d expression fran aise notamment dans ceux de Fares est remarquable introduction de fragments de paroles dont l ar
85. es v nements du r cit Le passage d une rue une autre va en revanche ouvrir le texte en un clatement d espace ce qui implique sans aucun doute l absence d un lieu fixe Si l criture du r cit est para doxale celle du lieu l est aussi ce n est pas d abord qui contribue donner un sens au texte La deuxi me celle du dessin est une autre forme d criture qui caract rise notre roman C est aussi une autre forme de repr sentation qui n est en fait qu un moyen d expression qui illustre non seulement les pens es et les paroles du personnage mais aussi sa rupture et sa progression Neuf dessins en tout dans M moire de l absent symbolisant le parcours et le cheminement du h ros suivis chacun d eux par des propos propres au narrateur Abdnouar ce qui explique encore une fois l ambigu t du texte faresien Par manque de temps et par la richesse qui caract rise notre uvre M moire de l absent nous ne nous sommes pas parvenus approfondir nos analyses et diversifier les exemples qui tayent les perspectives de lecture C est pourquoi beaucoup de param tres que nous avions retenus comme particuli rement importants n ont pas t tudi s nous pensons par exemple au r le et la place du mythe dans la cr ation de l histoire romanesque ou la m moire en tant que terme significatif principal et r v lateur dans le texte Il aurait t certes int ressant de donner des exemples plus concrets de quelques rom
86. es la dire De Khadda N Ed OPU 1990 gt Faulkner W Tandis que j agonise traduit de l Anglait en 1934 gt Flaubert G L idiot de la famille par G P Sartre Ed Gallimard 1971 gt Genette G Nouveau discours du r cit Po tique 61 1985 gt Genette G Fiction et diction Ed Seuil 1991 gt Genette G Figure Ed Seuil 1972 gt Greimas A J Maupassant La s miotique du texte Ed Seuil 1976 gt Hamon P Le statut s miologique litt rature n 6 1972 gt Illouz N Neefs J La prose sauv e in Crise de prose coll Essais et Savoir Presse Universitaire de Vincernes Saint Denis 2002 gt Jauss H R La perfection fascination de l imaginaire in Po tique n 61 Ed Seuil 1985 gt Kateb Y Nejma Ed Seuil 1956 gt Khair Eddine M Une odeur de mant que Ed Seuil 1976 gt Khair eddine M Moi l aigre Ed Seuil 1970 gt Khadda N La Litt rature alg rienne de langue fran aise une litt rature androgyne in Figure de l intertextualit Universit Paul Val ry Monppelier III 1996 gt Khatibi A La blessure du nom propre Ed Denoel 1974 gt Khatibi A La M moire tatou e Ed Seuil 1971 gt Krist va J Introduction la po tique de Dosto evski de M Bakhtine Ed Seuil 1970 gt Krist va J Recherche pour une s manalyse Ed Seuil coll Tel quel 1969 gt Laufer R et Lecherbonnier B Litt rature et langage Tome II
87. es superposables en d pit de leur contradiction prise en tous sens la page implose se lt lt d construit gt gt et semblable aux ultimes sonnets mallarm ens 151 152 153 E Benveniste L appareil formel de l nonciation Langage n 17 1970 M Bakthine Marxisme et philosophie du langage op Cit p 214 Formule appartenant J Krist va Introduction la po tique de Dosto evski de M Bakhtine ed Seuil 1970 p 15 que les d bris h t roclites d un langage rendu son impuissance A 154 au gouffre de tout l ab me vain ploy J Derrida rejoint cette id e qui met l accent sur la possibilit et le pouvoir de l criture sur le pluriel qui la fonde et sa pr sence dans la perte et l errance car le texte dit pas commencement mais s ouvre n cessairement cette loi de discontinuit infiniment constituante L criture de N F devient de plus en plus m taphorique et tourne autour de l oralit qui selon Zumthor Int riorise la m moire et dans le m me temps la spatialiser L oralit se d ploie dans l espace plus que dans le temps par les variations et la r p titivit qui la caract risent elle conf re au message une dimensionnalit un volume qui s identifient avec ceux m me du R citant ou du chanteur dans sa Dei 156 corpor it Et c est ainsi que S labore une esth tique propre subjective une criture de bris d clats
88. est important qu elle soit dite C est de l qu intervient cette criture tout fait rebelle qui vient d ranger la fois le lecteur occidental qui lui n arrive pas se retrouver dans ce genre de r cit aussi bien dans l criture que dans le contenu et le lecteur national ou maghr bin qui l habitude apr s tout de lire les r cits qui respectent les r gles des mouvements dominants prouvant de ce fait ce sentiment de malaise et d inqui tude face ce type d criture une criture qui a t radicalement contre celle qu on attendait d un Arabe de service TT a d clar Ch Bonn La complexit de l criture faresienne par rapport aux autres critures n est pas due un manque quelconque de la ma trise de la langue mais par crainte ce qu il soit pris pour 91 un francophile chose que Fares refuse compl tement car s il utilise le fran ais avec autant d amour ce n est point par trahison envers les siens mais bien au contraire par pur 92 patriotisme 4 UNE OEUVRE PLURIELLE L ind pendance de l Alg rie donne naissance de nouvelles formes d criture et une litt rature abondante et h t rog ne au niveau du style de la forme du code et des registres La voix de la narration donne au texte faresien la sp cificit d tre pluriel situ au carrefour de plusieurs genres la po sie le th tre et l pop e l uvre de Fares est beaucoup plus dialogique et plurivocale au poin
89. et de R Barthes L influence d une uvre sur une autre uvre se fait sentir l int rieur m me de l espace maghr bin Y Kateb sur N Fares et M Khair Eddine D Chraibi sur BenJelloun etc La pr sence de l intertextualit a diff rents niveaux fait de l uvre un v ritable chef d uvre De ce fait la langue d criture se trouve remarquablement touch e par la polyphonie voix plurielles vari t de registres et d accents interp n trations d ordre nonciatifs discursifs ou aussi historique et m lange des codes linguistiques arabe fran ais oral crit etc Les crivains veulent exprimer I inconcevable I incompr hensible et l impossible se donnant comme condition primordiale la d construction en abandonnant les mod les litt raires traditionnels En adoptant cette nouvelle forme d criture le texte de Khatibi titre d exemple a r ussi pleinement dynamiter ces formes implacables qui ne savaient que faire de l histoire de la conqu te coloniale Les textes de N Fares poursuivent d une certaine mani re l exp rience de Kateb N Fares avertit dans L Etat perdu que le livre en n est ni un po me roman ni un r cit classifiant ainsi le texte dans un lieu question tout fait ouvert ces nouvelles repr sentations 74 Chikhi op Cit P 14 75 Djaider N Khadda lt lt L criture en chantier gt gt In Vision du Maghreb Cultures et Peuples
90. etien journalistique que pour raconter sa vie il commencerait certainement bien avant sa naissance C est bien ce que Abdnouar a fait dans cette uvre au lieu de raconter les v nements pass s quelques heures ou quelques jours avant sa fuite il voque au contraire un pass tr s lointain remontant ses origines et m me plusieurs si cles auparavant comme il le fait dans le chapitre On raconte que La Kah na fut victime d une trahison Ceux qui voulaient partager la terre ou le pays immense que bordent les deux mers ne d siraient pas conna tre l tranger p 135 Dans ce chapitre la narration s interrompe Le narrateur Abdnouar c de la place au R citant C est lui qui nous permettra de vivre et de partager ce temps qui remonte aux origines di pays celui de la victoire arabe sur les berb res dirig s alors par La Kah na Une histoire qui remonte plus de treize si cles repr sentant le point de d part de la chute du royaume berb re Apr s la mort de La Kah na la conclusion du chapitre se fait ainsi C est depuis cette poque que le pays est devenu plusieurs et que le Maghreb est devenu l histoire de l impossible royaume berb re p 166 188 Ch Bonn Exil et litt rature ouvrage collectif pr sent par J Mounier Universit de langues et lettres de Grenoble ed Elluge 1986 p 72 73 189 Entretien avec Amine Maalouf in Le magazine litt raire Janvier 2001 n 394 p 98
91. faire cognitif c est dire que c est le je qui observe voit sent pense se souvient participe joue et prend la parole Le lecteur quant 1 reste attentif ce qu on lui raconte Le r cit est bas sur un narrateur qui est la fois le h ros de l histoire et le personnage principal En revanche au cours de la lecture nous constaterons l absence du faire pragmatique chez le narrateur du moment o il y a absence actions propres au sens romanesque du terme et aussi absence des v nements d cisifs qui sont propres au h ros Le personnage dans ce r cit est comme celui cit par Todorov a propos du C ur des t n bres de Conard dont les caract ristiques sont les m mes que celles de M moire de l absent un personnage qui ne cesse de m diter le sens des paroles qu il entend et la signification imp n trable des signaux qu il per oit Les abondantes 1 s 180 m taphores du blanc et noir du clair et de l obscur sont celle de la connaissance Je n ai pas voulu lutter mais j ai voulu comprendre dit le h ros de M moire p 61 Ailleurs Je peux parfaitement comprendre ses paroles cette difficult de me maintenir en vie 31 180 Todorov Po tique de la prose ed Seuil 1971 174 175 pouvais comprendre toutes les paroles de m re et avant dans cette demeure 41 La parole en tant orale offre une criture qui permet la pr sence de
92. g re Ce personnage qui est perdu dans son pays dans son origine dans sa langue est aussi perdu dans son langage Au moment o il p n tre par effraction dans sa ville il entre en effraction dans son langage C est ainsi et d s l incipit Abdnouar confirme ses intentions en disant Parler tout simplement parler atteindre l autre par le langage le sien propre pour qu il d sint gre les faiseurs d histoires 11 Un langage fragmentaire discontinu et assez violent grammaticalement ce fait de lui 187 B Tristmans Syst me et jeu dans Sylvie Po tique n 65 1986 79 un langage ambigu et opaque selon F Susini Anastopoules L auteur de fragments semble tre la proie d une pulsion r ductrice en m me temps que d une fascination du raccourci textuel Son criture se veut criture de distillation tendant une sorte d abstraction essentialiste et c l brant la gloire de 138 l instantan Les pulsions r ductrices et la fascination textuelle sont les moteurs de l criture faresienne Tout ce qui est donn dans ce roman est donn en fragments un fragments de mots de phrases de textes C est une criture de la distillation refl tant un certain d sir d instantan it L criture est fragmentaire parce que la m moire est elle m me fragmentaire En revenant en arri re le h ros interpelle ses souvenirs il entre dans un pass troubl et perturb se retranscrivant dans l uvre
93. giquement le roman est un r cit en langue romane Son projet est de vulgariser des aventures de les enrichir en utilisant des incidents et des personnages Le roman ne reproduit pas le r el l auteur cr e et invente un monde propre lui C est un r cit en prose d signant des aventures imaginaires Ce genre romanesque a t longtemps consid r comme inf rieur parce qu il tait lu exceptionnellement par la classe bourgeoise et arrive son apog e au XIXe si cle Depuis lors il est le genre le plus lu et le plus riche o se sont accomplies toutes les exp riences Le romanesque donne donc forme l exp rience au jeu du possible travers la conscience du personnage Le roman est original par sa libert de choisir sa forme en franchissant toutes les r gles pr tablies Il ne se limite pas l invention d une histoire il remet en cause toutes les valeurs du monde qu il d crit Bref il nous montre l envers du d cor L criture autobiographique permet celui qui vient ce genre d criture de proc der la mise en mots de sa propre vie c est autrement dit l criture de sa propre vie Ce genre existe depuis l Antiquit et n a jamais cess de se d velopper je suis moi m me la mati re de mon livre dit Montaigne au d but des Essais Ce genre est tr s fr quent dans la litt rature occidentale est d abord un r cit le plus souvent en prose contenant une grande part de sinc rit de r flexions et d
94. i re lui de l autre c t du fleuve C est ainsi que Abdnouar parvient formuler la fin de ce Jeu L essentiel de la guerre et le pays qui bat en moi sa premi re fois de vie assum e p 226 Les deux passages ci dessus et le dernier dessin n 9 constituent en effet ce passage d finitif et le d passement de l errance La derni re page le confirme bien L esclave est de l autre c t du fleuve p 228 Conclusion Nous voici arriv s au terme de notre lecture une lecture immanente et plurielle du roman maghr bin d expression fran aise M moire de l absent bien qu incompl te une lecture qui devrait tre d avantage exploit e elle nous aura permis de constater n anmoins que l uvre romanesque de Fares puise sa force et sa nchesse dans un discours tout fait surprenant Contrairement aux discours anciens qui pr nent une criture unique et directe celui de Fares baigne dans la diff rence travers des critures plurielles polyformes et libertaires Tous les proc d s de style auxquels notre crivain a recourt la d familiarisation et la d sautomatisation de l criture la primaut accord e la parole vive l oralit la transgression stylistique aux m langes des genres s impose avec force dans le roman M moire de l absent Ce dernier est venu d noncer clairement une criture para doxale un langage qui d route par son agencement irr gulier et par ses structures complexes qui le co
95. icence arr t aphasique a toutefois eu recourt d autres proc d s et techniques qui eux serviraient plut t la coh sion coh rence permettant ainsi rassembler les l ments dispers s et donner aux v nements un ordre plus ou moins coh rent avec un ancrage r f rentiel qui emp che les fuites de sens Dans ce sens l auteur utilise principalement l anaphore et la r p tition C est ce que Ch Bonn crit propos de Nedjma de Kateb Yacine Si elle est g n ratrice au niveau des espaces la r p tition c est simultan ment au niveau du temps Chacune des histoires appara t comme la r p tition d une autre histoire proche ou lointaine et c est chaque fois la r p tition qui produit le sens de o 174 l v nement M me si quelques figures tels que la m taphore ou aussi l oxymoron n ont fait du texte faresien qu une uvre ambigu et opaque d autres figures comme la r p tition et l anaphore aident au contraire davantage le lecteur comprendre la suite non lin aire du r cit 1 LA REPETITION H La r p tition est en fait une pratique syst matique dans le texte servant relier les diff rents v nements du r cit Dans M moire de l absent elle est introduite d une mani re tr s abondante Elle s apparente celle du po me ou celle de la litanie La r p tition pour Ch Bonn est un processus fondamental de g n ration du texte comme du sens 7 C est ce que
96. icle perdra par cons quent en pr cision Compte tenu du fait que c est le grand public qui constitue le lectorat des journaux le journaliste est tenu par cons quent adopter une mani re d crire claire et concise les phrases doivent tre courtes organis es et directes Les paragraphes doivent tre courts et simples pour que les gens puissent comprendre le message du premier coup Bien videmment pour crire de mani re concise et claire l auteur doit faire preuve de clart dans sa pens e et savoir le genre de message qu il veut passer Pour ce faire le choix des mots va tre d terminant et en relation directe avec le sujet et le but atteindre Le journaliste utilise galement un bon nombre de qualifiants mais aussi des chiffres et des exclamations pour emporter l adh sion du lecteur Ces techniques qui rel vent de la fonction motive finissent par trahir l auteur puisqu ils r v lent du non dit et de lPimplicite qui fondent l essentiel de l criture Dans les articles journalistiques d actualit s les journalistes ne doivent pas utiliser un style dans le but d impressionner les lecteurs La concision dans la description est li e au nombre de mots Pour conclure on dira que l criture journalistique est diff rente des autres types d criture Cette diff rence tient dans le fait qu elle est simple et facile lire car c est la satisfaction du lecteur qui est avant tout vis e Au del du journalis
97. ien A Roche Ce qui est le plus frappant dans les romans de N Fares c est la pr sence remarquable de la langue orale ce qui donne naissance une criture originale car Tout message linguistique construit avec mission de sons articul s et des actes d audition compl mentaire appartient l ordre de Quant au concept de l crit c est tout message linguistique construit par acte compl mentaire de lecture entre dans l ordre du 14 scriptural Cette grande part de l oralit chez N F se manifeste aussi chez beaucoup d autres crivains issus des m mes conditions un pays d j t colonis un pays en voie de d veloppement etc Cette originalit r side dans la transgression de l oral l crit ce qui nous donne cette impression de ne plus lire mais d couter C est la raison pour laquelle Fares et tant d autres accordent une grande importance la parole celle d a des r citant des anc tres Jidda d amour Malika Et celle du mythe La Kah na 2 Choix du corpus Le choix de ce corpus M moire de l absent s explique par la grande ambigu t qui caract rise ses crits Ce choix s est fait aussi sur la base de l ad quation du texte et de 4 notre propos puisque le texte de N Fares fonctionne l clatement cette criture en 15 chantier voque le d mant lement de l esprit alg rien continuellement exil et en errance Cette criture la limite
98. ifie la lumi re ou aussi la blancheur Un pr nom donc compos d un radical abd qui est l un des noms glorieux de Dieu que nous donnons nous les musulmans aux gar ons apr s la naissance par amour et par pi t au Dieu Oui le premier mot n existait pas mais le mot double car tu disais cela est ton pr nom lt lt Abdnouar gt gt Car tu es n sous deux signes celui de ton esclavage et d une lumi re 98 L histoire de Abdnouar reprend le sujet premier du premier roman de N Fares Yahia pas de chance dans lequel se passe l arrestation du p re et sa d portation en France le pays du colonisateur Un roman qui ne fait pas partie de ux de la trilogie Un roman dans lequel Abdnouar h ros secondaire quitte aussi le pays avec son p re d port pendant la guerre de lib ration Le roman se termine au moment o le personnage d cide de s engager dans la lutte anticolonialiste Malgr le malaise qu il prouve il se joint au mouvement de la lib ration Paris o tout va se terminer en trag die car il trouve la mort lors d une manifestation des alg riens l bas Ce m me personnage est repris dans le premier roman de la trilogie Il est cit non pas comme un personnage principal mais secondaire 163 4 ne 7 p Le nom pour Guillaume est un as mant me c est dire un vide s mantique qui ne serait combl que progressivement l crit Dubois in L nonciation narrative du r cit surr ali
99. indices sont donn s au fur et mesure d une mani re progressive et ludique cette pr sentation repose cependant sur la proc dure du va et vient coupant ainsi l encha nement logique de cette derni re L ge Abdnouar la blessure temporelle de mon ge seize ans 30 La couleur de la peau de Abdnouar La peau ma peau n tait pas comme celle des autres la plupart des autres cause de sa couleur si blanche blanche qu elle se distinguait de toutes les autres peaux j tais le seul tre dans cette peau et les cheveux rouges presque rouges rouges 34 LL La couleur des cheveux de H Midouche 7 H Midouche lui tait blanc avait la peau blanche je veux dire et des cheveux comme la plupart de ceux d ici marron P 48 La notion de la couleur de Abdnouar est reprise dans la m me page et la page qui suit Mais les miens les miens quoi tu ne sais pas c est comme a qu ils t appellent Le Rouge P 48 49 S LES RELATIONS AMBIGUES D autre part la relation qu entretient Abdnouar avec sa m re est tr s forte en raison de son age et de sa maladie contrairement celle du p re qui est constamment absent et distant cause de la guerre et pour lequel Abdnouar prouve du respect Abdnouar a t marqu par son enl vement par la mort de Jidda sa grand m re forte et r sistante et par mort de son chien qu il adorait
100. ir avec lui une communication 4 particuli re moment l surgit le d sir de tout crivant d tre un crivain Les 2p Macherey Pour une th orie de la production litt raire Maspero 1980 r dition BCh Bonn Lecture pr sente de Mohammed Dib E N A L 1988 historiens les journalistes les auteurs des manuels scolaires etc finissent tous par tenter de plaire au lecteur en le s duisant d une mani re ou d une autre Ce d sir est bien s r l gitime et traduit immanquablement le besoin imp rieux de l homme de r ver Ce passage pour nous quivaut l existence dans le texte de l crivant des fonctions po tiques motives et conatives que l auteur introduit au sein de la pr dominance des fonctions r f rentielle et m talinguistique Peut on et doit on conclure que tous les crits qui rel vent de la litt rature ont tous le besoin imp rieux de la s duction et du plaisir Nous voudrions signaler enfin que ces deux pratiques d criture ne sont pas du tout incompatibles elles s interpellent au contraire se reprennent et se compl tent Cette distinction n est faite que pour les besoins de la compr hension Ces deux pratiques font partie de l immense intertexte humain et beaucoup d auteurs comme Hemingway ou Sartre ont pratiqu les deux critures l une n emp che pas l autre au point o nous sommes tent de dire que nous sommes tous des crivants et des crivains
101. is content de voir que le h ros de Hamid pourrait lire ou comprendre ce que je dessinais 106 Seulement il est important de noter que les neuf dessins qui symbolisent le parcours du h ros ne sont jamais pr sent s seuls Ils sont toutefois suivis par ks propos de ce dernier Abdnouar qui lui conscient de l ambigu t qu ils comportent contribue d une mani re ou d une autre donner l aide n cessaire aux interpr teurs afin de mieux assimiler leur sens Ainsi le premier dessin de la page 106 constitue bien le d but de ce parcours Abdnouar est seul dans ce monde mais pour pouvoir comprendre cette figure il est 192 c est bien elle a fait appeler le fr re de Hamid causer de cette brusque envie que j ai eue de me jeter par le balcon p 105 important de lire les paroles qui suivent pour saisir le sens DESSIN N 1 Le dessin est donc compl t par les propos suivants Bien qu il me semble que vous ne puissiez pas tout de suite comprendre car il faut d autres choses pour que mon langage devienne clair p 106 Ce passage ne vient que pour nous confirmer d avantage l ambigu t de son acte Abdnouar est conscient de l opacit de son dessin d ailleurs c est cause de lui qu intervient sa parole Sans ce langage la transmission du message et la compr hension du dessin rauraient jamais aboutis A la suite de ce passage le m me dessin r appara t une seconde fois puis une tro
102. isait le dessin et la couleur Le monde s ouvrait presque instantan ment r ellement et l int rieur naissaient les diff rents genres de la vie ceux qui font germer les autres genres de la vie Elle m initiait ainsi au Cycle du Regard Le vrai Regard celui qui l inverse du n tre ou peut tre comme le n tre cr e mesure qu il voit 66 67 Vor et regarder nous entra nent ainsi vers d autres programmes narratifs du comprendre et du dire Le regard pour Greimas est Je signal de l exercice du faire cognitif et SE S 182 fait la fois fonction de connecteur d isotopies Regarder est un acte paradigmatique du moment et il n cessite d une part un effort pour le renvoi s accomplis dans le programme narratif et il n cessite d autre part un spectacle ext rieur au personnage Les sc nes de ce roman sont souvent pr sent es sous 182 AC Greimas Maupassant La s miotique du texte ed Seuil 1976 p 226 H forme de tableaux th traux et le th tre c est un lieu o l on regarde En d autres termes c est la vue qui prendra la place de la parole Dahmane fume et je vois travers la fum e ses l vres sourire parler me dire np 118 Le verbe voir peut avoir un double sens et tr s souvent peut tre polys mique lorsque Abdnouar revient en arri re et plonge dans ses souvenirs car je vois Dahmane qui rit de me voir pris dans les plis
103. iscontinuit s d interpellations et de commentaires choses qui rendent le r cit d sordonn et perturb Le Jeune explique cela en disant Il n est pas naturel qu un monologue se d veloppe de 114 115 R Barthes Le degr z ro de l criture Op Cit p 118 G Genette Nouveau discours du texte Op Cit p 92 116 G Genette Figures Op Cit 230 mani re compl tement lin aire et r guli re la ligne bris e l alternance du r cit et du commentaire font partie de la parole D autre part les discontinuit s les transitions S 9 117 interrogatives les formules adress es interlocuteur Une autre caract ristique du narrateur intradi g tique est celle o le narrateur est en train de parler avec lui m me tout en ayant devant lui une autre personne celle de Hamid par exemple Alors que nous attendons de revoir le p re afin qu il nous apparaisse que Hamid Hamid je te hais Comprends tu Je te hais Car tu es de l autre c t de mon ge de cet ge o il est question d apprendre grandir p 32 La voix d signe galement le dialogue int rieur Un dialogue avec soi m me ou aussi avec autrui Bakhtine avait dans ce sens beaucoup insist sur le narrateur dialogique du texte litt raire Krist va de son c t l a bien confirm et pose la n cessit de recourir au psychisme de l criture comme trace d un dialogue avec soi m me avec l autre comme dist
104. isi me fois avec l apparition cette fois ci d un autre qui vient compl ter le deuxi me LH DESSIN N 2 DESSIN N 3 Les trois dessins montrent bien que Abdnouar est toujours dans un tat d s quilibr o figure la violence et le d sarroi Il est seul face au fleuve qui appara t comme tant un obstacle dur franchir Derri re celui ci se trouve cette Outre qui repr sente l nigme et qu il cherche d couvrir depuis longtemps le personnage veut d passer ce fleuve tout prix afin de rejoindre Hamid et les autres o se trouve selon lui un monde tout fait diff rent du sien o existe lumi re la paix et l quilibre de soi qu il avait longtemps cherch s Ce dessin est bien celui de Abdnouar mais face au fleuve D ailleurs il le dit Moi devant le fleuve dans le dessin n 5 qui n est qu une reprise de celui du n 3 Un fleuve dans lequel Abdnouar ne veut pas rester emprisonn En fait dans M moire de l absent chaque dessin n est que la suite du celui qui le pr c de ne fait aussi qu enrichir d avantage celui qui le pr c de DESSIN N 4 Ce dessin caract rise toujours Abdnouar devant le fleuve or cette fois ci il apparait avec trois autres personnages situ s de l autre cot du fleuve De plus le dessin est suivi d une phrase qui ne fait que le compl ter amp l esclave est au del du fleuve p 107 Cette phrase est nigmatique puis
105. ison Ceux qui voulaient partager la terre ou le pays immense que bordent les deux mers ne d siraient pas conna tre l tranger Tel est le vrai dit Le R citant p 135 138 C est une autre parole aussi importante que celle de Jidda provenant d un autre personnage celui du R citant qui v hicule toute une sagesse et tout un savoir travers le chant qui n est qu une sous cat gorie de l oralit Sa pr sence est tr s importante elle est m me indispensable Un pays peut il vivre sans Clair Chantants p 131 La r ponse a t donn e juste avant Le R citant Celui qui conduit le village comme le berger son troupeau les mois les jours de transhumance qui accompagne et organise le rituel qui r enfante un lieu de monde et qui raconte l histoire de toutes les autres histoires que racontent les r citants p 128 A partir de cette page et celle qui suivent le discours dramatique devient de plus en plus po tique Une parole qui Selon Blanchot n est plus parole d une personne en elle personne ne parle et ce qui parle n est personne mais il semble que la parole seule se Ou AL Kahina tait issue d un mariage mixte et qu elle avait pous un Grec avec qui elle a eu un gar on en plus d un autre fils d origine berb re On raconte qu elle a men plusieurs guerres de r sistance contre les cavaliers d Allah afin de sauvegarder la survie de son peuple or c est au court de l une de ces gu
106. istoire Il quitte avec sa m re son pays natal L Alg rie pour s installer dans un autre pays tranger occidental Paris L histoire de Abdnouar est bien celle de L Alg rie L Alg rie sous l occupation fran aise des ann es 1950 Une p riode qui fut tr s difficile pour tout le peuple alg rien notamment pour Abdnouar qui en faisait partie La guerre d ind pendance qui fait rage les anti colonialistes d un c t et les opposants au r gime colonial de l autre c t Des conflits des luttes et des oppositions infinies sont les causes de la d chirure du pays et de sa population Cest ainsi que un un les proches d Abdnouar vont dispara tre le p re qui est d abord arr t et enferm dans le camp de Paul G zelles Ensuite es deux fr res H Midouche et Dahmane et enfin sa grand m re Jidda Ajouter cela une autre crise sentimentale celle d Abdnouar et Malika qui n arrivent pas trouver un terrain d entente Les souvenirs donc sont la mati re premi re tudi e dans La d couverte du nouveau 3R Barthes Sur la litt rature Presses Universitaires de Grenoble 1980 p 3 S Expression emprunt e au texte de Beida Cheikhi Expression emprunt e au titre d Amine Maalouf g Expression prise du texte de M Dib L arbre dire propos de la critique alg rienne consid r e par l auteur comme tribale monde de N Fares dont M moire de l absent qui nous int resse particuli rement ici qui t moigne des ann es de
107. it vue comme miroir du monde ou comme l expression directe de sentiments aujourd hui nous ne pouvons plus oublier que les livres sont faits de mots de signes de proc d s de construction nous ne pouvons plus oublier que ce que les livres communiquent reste parfois inconscient l auteur m me que ce que les livres disent est parfois diff rent de ce qu ils se proposaient de dire que dans tout livre si une part rel ve de l auteur une autre part est uvre anonyme et collective En analysant longuement l criture et la production litt raire on signalerait une pluralit du sujet de l criture Celui qui crit un roman n est pas forcement l homme de sa biographie mais plut t une image tout fait particuli re que ce texte donne de 1 l auteur de Madame Bovary n est pas l auteur de Salammb qui n est pas l individu Flaubert 4 R Barthes Degr z ro de l criture ed Seuil 1953 p 12 13 35 R Barthes Ibid p 12 13 36 Barthes Essais Critiques ed Seuil 1964 p 262 264 37 Calvino La machine litt raire ed Seuil 1984 in Textes Th oriques et Critiques ed Nathan1994 p 92 C est pourquoi on consid re que le je de l crivain est tout fait fantomatique car la personne qui crit doit cr er un premier personnage qui est l auteur m me de l uvre Ecrire le litt raire un rapport continuel avec le monde un ensemble de moyens et capacit s linguistiques Etymolo
108. l Histoire et dont le but est de c l brer un h ros ou un grand fait selon le savoir dictionnairique Le surnaturel et la l gende sont la base de cette criture Par son caract re fondateur elle se rapproche beaucoup plus du mythe Elle est aussi la base du fondement d une litt rature nationale puisque elle narra les actions qui se sont produites afin de d fendre l int r t du pays Chaque nation poss de donc sa propre criture de l pop e En fait l criture de l pop e est n e sur les lieux de p lerinage et les champs de bataille Une criture voquant dans la majorit des cas un h ros que certains pourraient qualifier d orgueilleux et qui ne fait qe penser sa patrie plut t qu sauver sa vie ou celle de ses camarades Elle voque l int r t social avant l int r t individuel 53 L pop e in Wikip dia htm 2006 En r sum nous pouvons affirmer que l criture de l pop e repr sente un r cit de louanges envers un h ros qui s est battu longuement jusqu la mort pour sa patrie tout en comprenant des l ments merveilleux tir s de la l gende Un autre exemple qui ne fait que distinguer l criture litt raire de la non litt raire est bien celle de la po sie qui est une branche de la litt rature C est un genre qui se caract rise par la mise en jeu de toutes les ressources de la langue lexicales syntaxiques mais aussi sonores et rythmiques afin de cr er pour le lecteur
109. l autre d un corps offert un autre corps comme celui de Malika chaque apparition nouvelle de la lumi re le monde se rem morait quelques sacrifices celui qui fut d cid entre la mort et le d sir ou plus avidement entre le corps et l autre corps p 124 Afin de comprendre les paroles de la m re et celles de Jidda ou encore celles de Dahmane et les autres Abdnouar a recours a la vue et au corps il le dit d ailleurs clairement pleure plus Malika Oui j ai compris ta violence et ton corps oui Malika De la douceur du langage je puis voir travers corps c est ainsi que je vois Maintenant dit il Malika je puis travers corps C est ainsi que je vois cette fuite notre fuite au dela de ce monde comme une fuite in puisable et personnelle p 175 Le langage colonis s oppose celui de l amour un langage pour qui la femme est en attente continuelle Abdnouar le dit J ai compris la violence et ton corps L insuffisance de mes baisers De la douceur du langage p 175 C est pour cette raison que Abdnouar a affirm plus tard en disant J appris ce jour l ce qu tait notre guerre oui je l appris ce jour l conqu te d amour de bonheur p 177 Le corps est signe Selon L Marin il est peut devenir po me soit comme une peau surface et support d inscriptions de marques et de traces qui dessinent l il offrant l od
110. luenc par les crits de Khatibi La M moire tatou e principalement A la mani re d un grand nombre d crivains d aujourd hui dont Robbe Grillet A C saire Leiris Cendrars et beaucoup d autres N Fares opte aussi pour cette nouvelle forme d criture celle de la polyphonie Le roman polyphonique explique Krist va est pluralit des langages confrontation des discours et des id ologies sans conclusion et sans synth se sans monologisme et sans point axial Le fantastique l onirique le sexuel parlent ce dialogisme 10 cette polyphonie non finie ind cidable Ainsi approcher un texte appartenant a une telle cat gorie th matique et formelle n est TN Fares Histoire souvenir et authenticit art cit 408 5 Yacine Nedjma ed Seuil 1956 9 A Khatibi La M moire tatou e ed Seuil 1971 10 J Krist va Introduction la po tique de Dosto evski de M Bakhtine ed Seuil 1970 P 15 pas si vident Il est m me tr s difficile d y acc der cause de son criture exp rimentale qui selon J Dejeux constituait sans aucun doute sa grande ambigu t Cette mani re d crire qui se lib re de toutes les marques anciennes et traditionnelles en opposant toutes les ruptures avec le nre le langage les formes et les doctrines structure rompue du r cit m lange des genres multiplication des impossibilit s logiques mise en uvre de la contradiction le signale b
111. mani re d un puzzle Sur le plan temporel la cat gorie du temps est galement touch e Le d but du r cit est l imparfait de l indicatif Abdnouar recourt sa m moire pour marquer le passage difficile d Alger Paris C est partir de la deuxi me page que la cat gorie du temps serait chamboul e Abdnouar nous le dit d ailleurs d s cette page qu au cours de ce r cit sa vie sera en ra cour ci Ce qui signifiera que le narrateur ira dans tous les sens afin d atteindre cet autre et cet autre Nouveau Monde Le voyage selon E Jung t moigne d une insatisfaction qui pousse la recherche et la d couverte de nouveaux horizons des d s quilibres importants et des passages intercal s chaque fois ne font qu affecter le d roulement normal et habituel du r cit et ne font que d ranger d avantage l ordre des faits Ce qui doit tre racont avant est racont bien apr s Une discontinuit abondante dans la structure chose propre au r cit po tique Les s quences qui sont disloqu es 32 PH Lejeune Le discours du carnaval Litt rature n 16 1974 p 28 Se Jenny Le discours du carnaval Litt rature n 16 1974 p 28 34 Lejeune est un autre Op Cit 49 35 W Faulkner Tandis que j agonise traduit de l anglais en 1934 35 Genette Figure ed Seuil 1972 76 36 J Chevalier et A Cheerbrant dir Dictionnaire des symboles ed Robert Laffont Jupiter 1995 1029 s
112. me l autre criture qui prend de l ampleur et s impose en tant que telle est l criture du Web ou la cyber criture D une mani re g n rale le passage sur cran n cessite une criture plus proche de l oralit une criture radio en quelque sorte comme le souligne Samuel Loutaty du Petit Bouquet De plus compte tenu de la dimension internationale de la presse en ligne les phrases doivent tre courtes 27 TH Carlyle Des H ros le dictionnaire des citations Karl Petit coll Marabout 1978 28 Loutaty lt lt le petit bouquet gt gt entretien in Lib ration 2002 le vocabulaire doit tre simple et imag Les mots aussi doivent tre facilement compr hensibles puisque le Net fonctionne comme une cyber presse En outre le travail d criture dont le choix des titres l importance du chapeau des sous titres demande une simplification de la pr sentation car l appr ciation de la page sur un cran r duit l importance des titres Cette r duction et cette simplicit ne devrait en aucun cas rendre l criture banale la lecture de notre webzine ne diff re pas vraiment de celle d un journal papier le pr cise encore une fois S Loutaty L autre exemple sur lequel nous souhaitons nous pencher c est un choix pour terminer cette question des critures non litt raires est l criture philosophique et ce parce que l criture philosophique est en derni re instance une certaine forme
113. n d expression fran aise en domine au moins deux langues la premi re est sa langue maternelle quant a la deuxi me est celle de l criture qui lui permet d exprimer le pluridimensionnel de son h ritage la fois culturel et linguistique A travers la langue fran aise l crivain traduit la vision de soi et du monde en passant par le filtre des langues qu il a apprises auparavant Loin de disparaitre cette litt rature s est beaucoup d velopp e ce qui lui a donn cette capacit de s ouvrir linguistiquement et esth tiquement puisant la fois dans le patrimoine national et dans l h ritage occidental d un univers imaginaire En r alit c est dans le contre sillage de certaines uvres de la litt rature fran aise qui manent des crivains francais d Afrique de Nord que des mod les et ds pens es d critures dans la litt rature maghr bine se sont inspir s La litt rature maghr bine de langue fran aise a dans un premier temps adopt les 6 Le Maroc a eu son ind pendance en 1954 La Tunisie a eu son ind pendance en 1956 L Alg rie a eu son ind pendance en 1962 F Sari Mostafa Kara Lire un texte ed Dar El Gharb 2005 P 53 mod les de l occident et dans un deuxi me temps elle a particip aussi la naissance d autres vagues nouvelles Les points de rencontre entre les deux litt ratures sont nombreux Kateb est l un des pr curseurs qui ont marqu la rupture avec les anciennes formes d c
114. n de l criture Faresienne esesssesessceseosseseosceseoseeseoseeseoseesecscesecseesecsees 44 3 Rupture de l criture L criture de la rupture 45 4 LIS te mr 46 5 Une criture ele EE 48 CHAPITRE les techniques de l opacit eessen 50 Te Voix ENEE 51 2 LES EY PSS de narration saisonniers 52 3 Le r cit dans le r cit ou la mise ADIME rm 57 4 s e e EEN 58 e GER E ee Ell Let 59 6 Un eg Lee E 61 d nrecitiragm entalr rss anne orne 62 Bio Un criture de l Oralit eegener 65 MUR Oe Ee ett TEE 70 10 Les IO ebe eege Ee 75 SNE 75 D ENER 79 CHAPITRE Des techniques de la clart a l criture du regard du corps du lieu E 81 Ps LA FRG POS EI EOIN ss en Re ne 82 2 EEN Vay PhO eege 83 3 L criture du regard et du CORDS aen 84 AE ed TT 89 5 ecriture du e ER 96 OIIO A DRY EE 105 dex des notion ninen 111 ndex des noms propre nn 113 E 116 Table des mati res nn 123 Le r sum L un des centres qui attire cette recherche est certainement celui de l immanence qui tout en pr supposant l absence effective des m thodes propres au texte maghr bin part de l id e essentielle selon laquelle le texte produirait sa propre question de la m thode comme l affirme Pierre Macherey dans Pour une production de la th orie litt raire L autre centre qui structure cette r flexion et lui donne
115. n perdant leurs caract ristiques et leurs sp cificit s propres Il est va sans dire que l criture litt raire excelle beaucoup plus dans l utilisation des images des figures de style du rythme des associations que les crivains eux M me sugg rent En revanche dans l criture philosophique il s agit de d couvrir quels sont les concepts qui 29 S Loutaty Ibid 30 M De Montaigne les Essais 1580 A Pascales Pens es 32 Rousseau Discours sur les Sciences et les Arte bm apparaissent dans un texte ainsi que la mani re dont ils sont d finis et enchain s logiquement afin de constituer de purs syst mes conceptuels Dans ces circonstances m me si les critures du litt raire et du philosophe se rejoignent par moment elles ne se confondent pas pour autant Ce qui retient l attention de l un c est tout simplement un jeu de langage qui est n glig par l autre qui s int resse plut t au jeu des id es dans la mesure o celles ci s encha nent selon un d veloppement logique De plus l criture philosophique vise la clart dans les d finitions et les transitions l articulation dans l laboration de l architecture du discours En d autres termes l criture philosophique doit viser la transparence et la clart des id es C est pourquoi l exercice id al des philosophes est la dissertation Des dissertations aux m moires et des th ses aux trait s didactiques les crits des philosophes vont ainsi d
116. nstituent Une criture comportant la fois l opacit et la clart l ambigu t et la transparence Au d but de notre recherche nous nous sommes longtemps arr t s l tude compar e et raisonn e de la notion d criture o il nous a sembl int ressant de donner un petit aper u historique sur l origine m me de l criture et ses grands moments d volution pour passer ensuite aux notions d crivant crivain la premi re est purement informative quant la deuxi me elle est tout fait cr ative Toutefois si chacune d elle se pr sente sous une appellation diff rente l une de l autre avec des objectifs des besoins et des fins diff rents les uns des autres ces deux pratiques peuvent tre tr s souvent compl mentaires Par la suite nous avons jug indispensable d voquer les grands moments de l criture maghr bine d expression fran aise des ann es soixante dix Celle ci vient s inscrire dans une historicit assez complexe porteuse non seulement d un e autre culture mais aussi d une autre identit Une identit que Fares a voulu clater en inscrivant son r cit dans un pass lointain la rencontre de la conqu te arabe du Maghreb durant laquelle la reine berb re La Kah na s est distingu e par son amazighit par son courage par sa r sistance mais aussi par sa trahison en pousant le b douin Sur le plan de l criture 11 faut dire que les romans maghr bins d expression fran aise notamment ceux de
117. nt qui participent en grande partie l ducation des petits enfants Cette autre forme repr sentation des choses n est en fait qu un moyen d expression qui illustre non seulement les pens es d les paroles du personnage mais aussi sa rupture et sa progression Ce sont ces dessins qui nous permettront de lire et de suivre pas pas le long parcours de Abdnouar Suite l appel de la m re qui cherche comprendre l envie soudaine de son fils Abdnouar 92 qui voulait se jeter par le balcon et c est l qu intervient le fr re de Hamid pour diminuer le manque qu prouvait le h ros provoqu par l absence de Jidda Le fr re de Hamid s est approch de moi l dans la chambre et j ai pu dire JE NE VEUX PAS AINSI BLOQUE NON JE NE VEUX PAS RESTER AU FOND DU FLEUVE et le fr re de Hamid s est approch de moi et a regard par dessus mon paule ce que j tais en train d crire ou de dessiner p 105 106 Ces paroles crites en lettres capitales ne sont en r alit qu un cri qu un appel au secours que Abdnouar lance au fr re de Hamid en esp rant de lui de l aide et du r confort En effet ce nouveau personnage contribuerait compl ter le dessin de Abdnouar que Jidda avait d j commenc C est travers cette aide que le h ros pourra avancer dans la recherche de l Outre C est bien le fr re de Hamid qui l aidera sortir du fond du fleuve confirme Abdnouar J ta
118. nte dans le texte de Nabile Fares Il s agit d une fonction la fois expressive et conative du moment o le texte cherche convaincre autrui par l affirmation de la parole L auteur nous affirme de son c t qu il s agit bien d un dialogue donc pr sence au moins de deux voix caract ristique importante selon M Bakhtine Le discours n existe pas en dehors de son accentuation et de son intonation 152 vivante Malgr l eau qui emplit ma bouche je vois tout Oui tout 56 Voila ce que je veux comprendre ce qui m a fait tracer d autres dessins pour compl ter le premier dessin Oui je ne dis pas image car les lignes 108 C est ainsi que Fares nous offre ce discours discours du personnage sur lui m me et sur le monde Refusant les r gles formelles traditionnelles N Fares fait de l acte d criture l exp rience non d une circulation signifiante mais d une dramatique perte de la forme et du sens les r gles de la typographie sont tout fait transgress es passage d un caract re un autre du caract re ordinaire l italique du maigres au gras On sait que bien souvent crit Nicolas Castin la r flexion moderne prendra le parti d une cl ture linguistique formelle de la page insistant sur la facult produire d elle m me une r f rence retranch e du monde et combinant dans la descendance des jeux typographiques du coup de d s la multiplicit infinie des lectur
119. onventions traditionnelles d criture L absence de ponctuation dans les phrases la pr sence d un nombre de dessins 79 A Khatibi La blessure du nom propre ed Denoel 1974 p 33 80 Le texte paradoxal nous dit R Barthes est un texte qui se situe derri re la limite de la doxa Voir ce sujet Le Bruissement de la langue Essais critiques IV ed Seuil 1984 p 71 et de symboles l abondance l italique et de pages qui ne contiennent que quelques mots qui ne font que d stabiliser d avantage le lecteur Toutefois cette mani re d crire et cette typographie peu commune sont le reflet m me du trouble du personnage narrateur Abdnouar Je dus d lirer oui d lirer avant de comprendre la loi cette loi de mon de lire p 29 H Une criture qui n est pas ais e comprendre et qui s loigne compl tement des conventions traditionnelles d criture L ensemble de l uvre se rapproche de celui du d lire est clair que l arrestation du p re et la mort de Jidda sont l origine m me du d lire Le narrateur le dit maintes reprises Que faire de ces jours leur fuite au loin tr s loin loin ils durent me conduire vers La Redoute chez le fr re de Hamid et me piquer ensuite pendant plusieurs jours puisque je d lirais loin loin loin p 30 La dur e de son tat a t d ailleurs signal e Cela faisait bien sept huit mois que je n avais plus parl avec Jidda et que faut
120. orat et au toucher les jeux de la s duction dans la finalit sans fin dans le plaisir sans concept de la gratuit esth tique ye La folie galement a sa part dans l expression du regard Dans M moire de l absent elle est une scission de moi et division de l coute ce qui fait du h ros un personnage repli 181 L Marin La S miotique du corps in Encyclop dia Universalis p 601 603 sur lui m me et perd de ce fait sa parole Ce d lire fait de Abdnouar un personnage visionnaire est clair que les verbes renvoyant la vue sont surabondants c est bien l tat particulier de Abdnouar qui le fait entrer en contact avec des personnes qui ne sont plus au monde dont La Kah na par exemple Kah na Ombre voil e de mon d lire p 54 Le d lire pour Abdnouar est une clairvoyance perspicacit extr me Une fois gu ri le h ros d cide de prendre la parole Malika je dirai tout p 53 176 222 226 Ainsi les lex mes voir et regarder sont tr s souvent employ s dans notre corpus Ils repr sentent une fonction capitale pour le sujet aphasique et amn sique Cela veut dire que Fares n crit pas avec les mots mais avec les yeux le toucher et le corps Ce que j aime dit encore Abdnouar c est sentir ou voir tu comprends voir p 215 Ailleurs Jidda l adjuvant est la principale initiatrice du h ros Je regardais le crayon de Jidda et entendais sa voix et sa main qui l
121. oriano Les contes de Perrault culture savante et traditions populaires ed Gallimard 1968 p 484 20 P Zumthor Introduction la po sie orale ed Seuil coll po tique 1983 p 40 21 La distinction entre Ecrivain Ecrivant chez R Barthes in Essais critiques ed Seuil coll Point 1964 singuli re d utiliser le langage et ce par opposition l crivain qui produit au del ou en de du monde r el un monde virtuel qui tout en favorisant la communication intersubjective et la saisie de l image humaine permet l vasion de cette vall e de larmes quest le monde L crivain vous l aurez compris ne s int resse pas la seule pr sentation d une information il s active plut t la cr ation d un espace fictionnel et imaginaire et tente d agir continuellement sur le lecteur par rythme les sonorit s et les images qui peuplent l espace textuel C est ainsi que la fiction vient nourrir et relancer la r alit qui tourne v ritablement en rond La fiction a cette capacit singuli re de tuer l ennui et la monotonie de la succession r p titive des jours et des nuits par l mvention imaginaire des personnages qui semblent parfois plus r els que ceux qui nous entourent et par la cr ation d une langue dans une autre qui son tour permet l tre d chapper l agression des mots et des structures langagi res et ce gr ce la fonction po tique qui implique la d sautomatisation et l
122. ormais lui m me devenir po tique l interpr te d un sens toujours reconstituer et ainsi le co auteur de l objet esth tique qui ne peut jamais tre achev Le choix de cette nouvelle narration et de ce nouveau type d criture n est pas du tout un simple hasard mais plut t une marque d engagement de la part des crivains qui tentent de fonder un nouvel horizon d attente En analysant M moire de l absent nous avons appris que quoique cette uvre soit un texte qui a t rit dans la langue du pays colonialiste elle s est vite impos e comme un genre ind fini par la forme le fond et les fins vis es 19 Ch Bonn lt Litt ratures de la d colonisation gt lt Litt ratures d identit gt ou Litt rature Le cas de la litt rature maghr bine de langue fran aise in Ecritures crois es Casablanca Afrique Orient 1992 p 22 200 HR Jauss La perfection fascination de l imaginaire in Po tique n 61 Ed Seuil 1985 p 20 d Ze Ze d Ze Ze d Ze Ze Ze Ze Ze Ze Ze d Ze Ze 9 Ze Ze Ze d Ze Ze gt d Ze Ze Index des hotions Absence 5 9 22 42 43 50 52 54 60 61 62 85 94 98 107 108 109 110 Ambigu Ambigu t P 8 9 17 18 39 50 59 60 65 72 76 77 80 83 98 99 1
123. orme parmi d autres de l criture litt raire celui de l pop e L tymologie du mot pop e permet d approcher une premi re d finition le mot grec popia est compos du substantif pos ce qui exprim par la parole et d un substantif du verbe poien qui veut dire faire fabriquer C est Aristote dans sa Po tique qui pr cisera le genre de l pop e en la classant sur la forme dans la po sie et plus particuli rement dans la po sie narrative par opposition la po sie dramatique trag die qui se caract rise par un r cit de grande dimension pouvant m me englober plusieurs trag dies Du V si cle qui est le si cle de la chute de l empire romain en 476 la fin du XV si cle qui repr sente la prise de Constantinople par les Turcs en 1453 se trouve la p riode historique que l on nomme Moyen ge Durant toute cette poque se trouvaient les m nestrels Ces groupes de chanteurs et musiciens qui voyageaient de ville en ville pour r citer par c ur des chansons de geste De la chanson de geste est n le premier genre archa que crit l pop e Ainsi l pop e est l aboutissement litt raire de la tradition orale Sur le fond l criture de l pop e est venue f liciter les belles actions et les hommes de m rite les hommes de haute valeur Cette criture r side en un longue po me et plus tard parfois r cit en prose de style lev ou le merveilleux se m le au vrai la l gende
124. ose pour que je revienne ici vous avertir on me ramenait vers la sortie de la villa je pouvais passer la porte parti vers vous Oui Vous dire que le p re tait en vie en vie malgr tout en vie 13 14 120 G Genette Figure III Op Cit 197 121 Muller cit par G Genette Figure III Op Cit p 237 Plus loin encore Tiens Dahmane dit a Abdnouar je te pr senterai un jour Malika que tu ne connais pas Malika qui te g tera rien que pour ton plaisir p 100 Comme il est indiqu dans l intitul m me du roman M moire de l absent travaille la valorisation de l absent La pr sence de divers destinataires s explique par le fait que La narration s adresse un autre et c est par rapport cet autre qu elle se structure L identification du destinataire intradi g tique peut se faire par rapport au r le th matique que l auteur lui m me lui attribut Au fur et mesure de notre lecture et au fur et mesure de la succession des faits on s aper oit qu il existe une relation assez forte entre Abdnouar et Jidda son destinataire id al qui marque la confidentialit et le spirituel qui 123 malgr sa mort demeure une figure de proue du r cit Le h ros est la recherche d un confident ou d une complicit avec l autre mais son discours repr sente aussi quelque part un hommage et une reconnaissance cet autrui qui est en grande partie Jidda
125. ouch s par la guerre de colonisation Les crivains de cette p riode taient pouss s par le besoin de t moigner et de revendiquer leur identit et leur d sir d ind pendance par des crits dit traditionnels appartenants a une criture purement lin aire Mais ces crivains se sentaient tout en m me temps coupables par l utilisation de la langue du colonisateur et se trouvaient partag s entre deux univers culturels Le Maghreb d un c t et La langue fran aise de l autre qui malgr ce sentiment d tranget pouvaient tr s bien se rencontrer se confronter et s enrichir l un de l autre la langue fran aise avait le pouvoir d offrir un lieu d ouverture de mentalit s et de m tissages culturels Quant au Maghreb il repr sentait le pass le pr sent et l origine Ils se sont trouv s donc devant un vrai dilemme celui de continuer ou de renoncer crire en fran ais Certains intellectuels ont m me pens que la litt rature maghr bine d expression fran aise ne pouvait aller gu re plus loin De grands changements se sont figur s et se sont impos s plusieurs ann es apr s l ind pendance du Maghreb la g n ration des crivains maghr bins d expression fran aise des ann es 70 N Fares R Boudjedra A Khatibi A Meddeb M Khair eddine se sont int ress s quant eux la cr ation litt raire elle m me o les principales occupations tournaient autour du langage et de l criture Tout crivain maghr bi
126. our d signer relation des faits particuliers pour servir l histoire L auteur est tr s conscient d avoir jou dans l Histoire un r le digne d tre rapport comme est le cas de Chateaubriand dans M moires d outres tombe Sek objet principal est donc la soci t et l histoire et non pas la vie intime de l auteur mais les v nements personnels et les moments historiques peuvent tr s bien se croiser L criture des m moires cette possibilit d immortaliser une p riode historique donn e L auteur quant lui est repr sent comme un t moin afin de renforcer l authenticit de son r cit Il en fait partie et peut juger et d clarer son amour ou sa haine vers telle ou telle cause Mais ce qui donne cette caract ristique d originalit c est bien ce pouvoir de se diff rencier de l histoire officielle que l criture autobiographique conteste M rim e Colomba nouvelle publi e Paris dans la revue des Deux Mondes en Juillet 1840 1 Histoire l auteur participe rendre le texte litt raire ternel travers les v nements qui traitent les pr occupations de l poque mais pr sent s de fa on particuli re Sek Briand M moires d outre tombe par J P Sartre ed Gallimard 1971 ou valorise selon le cas L criture biographique par contre est le r cit d une vie r elle mais r dig e par une autre personne autre que la personne concern e En revanche la personne qui cri
127. out ce qui est originel et force migration dans un autre lieu tout fait nouveau et tranger Le h ros entre en dialogue interminable avec la vieille Jidda et la reine des Aures La Kah na toutes les deux oblit r es par l criture de la ville Et puis il y avait la maison que l on laissait confit le narrateur cette maison dans laquelle j avais t lev par toi oui toi 10 Ailleurs car c est ainsi que je dus vivre hors du lieu dans le d coupage du lieu en cette nature trang re de la ville ou du voyage plusieurs dimensions et loignements de cette approche ou v rit que toi Jidda tu duquais le jeune ou selon toi celui qui ne devait pas crever car tu disais savoir assez exactement la qualit de paroles qu il faut unir pour emp cher le jeune homme de mourir P 25 26 Le mouvement sans cesse et le passage d un lieu un autre ne fait qu ouvrir le texte un clatement d espace un clatement qui implique sans aucun doute l absence de lieu fixe Il faut pas s attendre de l criture migratoire qu elle dessine un r seau qui nous conduirait R ss 190 d un point initial un point d arriv e Parall lement l criture para doxale l espace dans M moire de l absent selon J Madelaine est aussi para L impossibilit de lieu rejoint celle du sens Autrement dit le lieu n est il pas d abord le premier facteur donner le sens Mais l
128. outre constitue une m taphore abondante avec de multiples significations Dans la quatri me page de 167 L ogresse est pr sent dans Le champ des oliviers selon un mode hyperbolique Elle est caract ris e par le gigantisme couverture l outre m taphorique signifie l abondance le passage et l coulement de la vie chose qui fait de l uvre une uvre ambigu et opaque Voila pourquoi je veux savoir malgr tout quelque chose de cette peau car on ne peut pas tre comme moi et ne pas interroger tout au fond l histoire de cette peau Voila pourquoi Je Quelqu un a command quelque part en plein ciel ou plein enfer et le malheur a eu lieu sans aucune raison v ritable ou alors peut tre l comme 34 35 Cette outre repr sente une vraie nigme Comprendre l outre c est comprendre le monde Or la parole de l outre est opaque au point o elle influence l criture m me de l uvre C est une criture connue par l abondance de virgules de plusieurs phrases n gligeant les r gles de syntaxe et d autres qui sont quasiment vides contenants des interrogations sur LL cette outre Moi et l Outre 45 Ou encore L Outre p 46 C est ainsi que la parole devient elle aussi le lieu de l nigme Elle sera galement dilu e en symboles qui permettent la fusion de l eau du lait et du sang Enigme L eau avait coul Oui L eau Le sang La vie L eau avait coul Le lait av
129. par es et dispers es exigent du lecteur un travail de remembrement et de collage afin de reconstituer l histoire On peut postuler affirme Tristmans que le fragmentaire loin d tre insignifiant est le lieu o s bauche une exp rience de d sorientation de contestation de la rationalit Le sens appara t d s lors localement par pouss es dans l al atoire du texte De semblables caract ristiques sont pouss es tr s souvent dans M moire de l absent tel point que la reconstitution des s quences devient une t che tr s difficile et demande de ce fait une concentration assez s rieuse Pour une telle activit le lecteur est devant un v ritable travail avant tout de m moire et de faits ordonner Les exemples sont nombreux en plus de celui du p re nous avons aussi celui de la rencontre d Abdnouar et de Malika avant l arrestation du p re celui de Dahmane etc Dans la m me page les s quences de Abdnouar et de Malika se joignent et se confuses avant et apr s les pr sentations par Dahmane Une fille de Batna Dit Dahmane De ce m me sable que celui des dunes alors que Malika est allong e sur le sable p 119 Plus bas Malika tait d j dans l autobus de la Redoute lorsque nous sommes mont s Dahmane et moi Dahmane nous a pr sent C est une fille de Batna dit Dahmane p 120 Le comportement tranger de Abdnouar fait de l criture une criture tran
130. perdre et que d s le retour du p re je p194 159 Roche Kateb lire entre les lignes Actes du colloque international 1992 p 191 160 La page 155 en particulier du champ relate tous les faits et v nements ant rieurs au r cit primaire de M moire Ici il ne s agit que d une interpr tation Cependant chaque roman pr sente lui seul sa propre histoire et ses propres l ments servant d ancrage 161 D l ation ou blanchissement de la phrase 162 Paul Cazelles est le nom de la prison dans M moire de l absent Ainsi le nom du h ros Dest pr sent sous forme d allusion J avais alors un nom le mien cette ville Alger d o pour la premi re fois je sentais venir mon nom comme une caresse de vent ou de chaleur l au fond de ma voix de ma bouche de ma gorge Mon nom m l toutes les rues vitrines carrefours bars cin mas maisons immeubles de la ville Mon nom m l au soir la nuit qui avance au dessus et dans la ville Amante oui ind finiment amante et Folle P 21 F de Saussure explique en disant que l apparition d un nom entra ne une intense activit anagrammatique Avant que l auteur ne cite le nom du personnage il joue d abord sur le signifiant du pr nom et les diff rents signifi s qu il soul ve le nom du h ros est bien Abdnouar abd qui a le sens de esclave en arabe voquer l esclavage c est voquer sans doute le N gre ou le Noir quant nour sign
131. personne destin e aux m moires et aux autobiographies et une autre qui est une narration simultan e sp cifique aux r cits de vie et aux t moignages Cette narration se pr sente sous une forme intercal e entre les diff rents moments de l action le r cit de Jidda ou de Dahmane titre d exemple sera interrompu et entrecoup de fa on r p t e par des digressions et des parenth ses de la part du narrateur qui chaque fois a recourt sa m moire dans le but de se souvenir des faits et des v nements pass s pour les raconter par la suite Dahmane vint nous dire que le p re vivant qu il l avait vu avec d autres hommes dans la cour de la villa Suisini Quelque chose pour que je revienne ici vous avertir On me ramenait vers la sortie de la villa je pouvais passer la porte et me trouver sur la route en haut de la cit moderne partir vers vous Oui Vous dire que le p re tait en vie malgr tout en vie Dahmane avait des yeux fous Ils l avaient gard deux jours et battu p 13 14 Propos de Jidda Cette discontinuit qui se rapporte au journal intime et aux confidences allient constamment selon Genette le direct et le diff r le quasi monologue int rieur et le rapport apr s coup ci le narrateur est tout la fois le h ros et d j quelqu un Se sont donc des faits qui se d roulent d une fa on lin aire avec l introduction continuelle de d
132. psychanalyse tome 1974 23 Les mots ont ainsi le pouvoir de voiler ce qui est visionnaire Cependant le narrateur apr s avoir vu compris et su passe au dire pour affirmer le vu le compris et le su il passe au dire pour affirmer sa vision et sa compr hension 1l a recourt la parole qui elle va ext rioriser le cach Le parole doit mordre le silence pour d couvrir Le R citant Ses paroles giclent comme la pierre qui clate l en plein milieu de l assistance p 136 138 Et ailleurs et ses paroles l homme ne peut r pondre que par d autres paroles p 143 Plus loin Jeu de la mort entr e parmi nous Le R citant cherche sa langue peut tre la trouvera t il allong e dans quelque ombre celle qui troue la voix au fond de gorge 145 Encore plus loin Celui qui dissimule la parole de son c ur ne m rite pas de survivre ajoute Kah na 101 D un autre cot h couleur des yeux rouges de Dahmane hante d une mani re r p t e la m moire de Abdnouar Dahmane avait des yeux fous presque fous presque rouges rouges rougies p 14 Le groupe nominal yeux rouges est r p t quatre fois dans la m me page Cette expression la fois du regard et du corps ne fait que refl ter et confirmer le d sordre et le d sarroi int rieur du h ros Ce passage omnipr sent est aussi d fini par son para tre Le narrateur voque la co
133. qu elle sera vite compl t e dans une autre page par une autre qui reste tout aussi nigmatique 193 M moire de l absent p 108 J tais insatisfait je me sentais d tre devant le fleuve alors que la phrase dit au del et non devant ou au bord H C est gr ce ces dessins que Abdnouar caract rise son d sir d atteindre et de d passer l au del du fleuve En effet c est en choisissant cette mani re de s exprimer que le h ros pourra verbaliser son objectif et son souhait d tre de l autre c t du fleuve En passant d un dessin un autre le personnage principal n qu un seul objectif en t te celui de se situer travers la magnifique m taphore du dessin Pour ce fait Abdnouar doit d abord d passer le fleuve son errance D ailleurs les dessins n 6 et n 7 illustrent ce d sir DESSIN 6 DESSIN 7 Les dessins n 6 et n 7 symbolisent enfin le passage de Abdnouar de l autre c t du fleuve Ce n est que par ce passage que Abdnouar pourra enfin se retrouver et aboutit tape par tape trouver les r ponses aux questions qu ils l avaient perdu en ce monde C est alors que j ai compris le fleuve et l au del et que le silence s est ouvert en moi que cette joie est partie de mes doigts et que d un coup j ai d chir la feuille et le dessin de Moi devant le fleuve 111 Juste apr s cet extrait se pr sente l avant dernier dessin celui ci repr sente A
134. qu il parle contre ma peur cette peur que j ai de lui que m re pleure que Hamid alors que le p re parle au loin que malgr tous ces mots j accomplis la terrible b ance de la lumi re p 95 A ce m me niveau le signe s ouvre compl tement donnant ainsi au texte de multiples modes et de voix en faisant de lui l espace d un potentiel Le texte de Fares et les textes d autres crivains maghr bins d expression fran aise ceux notamment de Kateb La bi Khatibi Meddeb partagent d une mani re ou d une autre les m mes pr occupations philosophiques les m mes exigences esth tiques et les m mes clatements et bouleversements de l tre Cette criture moins tranch e et plus a r e travaille donc la rencontre du plaisir esth tique et la r flexion philosophique Le signe se donne d chiffrer comme dispositif complexe de condensation et de surcharge de d placements et de refontes il ne peut jamais se lire dans le champ d une logique de l identit il EE 83 n est jamais inscrit dans l espace d une histoire lin aire D un autre c t l utilisation abondante de la n gation n est qu une autre mani re de repr senter ce d lire langagier A ce propos Krist va confirme La n gation est avec la syntaxe le barrage le plus fort auquel s agrippe le sujet et offre la r sistance la plus tenace la d sintrication de la fonction verbale dans le processus psychotique 7 Les phrases de pe in
135. que de la rumeur sp cifique aux pays sous d velopp s Ce bannissement de la rumeur de l homme de rue a permis Pinstauration de la pratique de la vision toucher dans l acquisition de la connaissance Ce d passement est l origine de l autonomie de l apprenant qui ne d pend plus des histoires dormir debout qu on lui racontait dans les bains maures des les caf s et les ruelles malfam es pour l instruire des secrets des c urs et du monde Grace a l criture il peut aujourd hui surfer dans l espace incommensurable et virtuel du Net 1 Ecrivant Ecrivain Par ailleurs 1l importe de distinguer entre ce que plusieurs auteurs des tudes litt raires nomment l criture d information et l criture de la cr ation Cette distinction est 4 capitale puisqu elle nous permet de distinguer entre autres entre un crivant et un crivain Il est va sans dire que l criture d information est celle la langue n a qu un seul objectif celui de v hiculer une information L auteur d un rapport d une th se d un article de journal d une recette de cuisine d un manuel scolaire ou d un manuel d enseignement d un mode d emploi d une enqu te ainsi que toute la production scientifique ou documentaire est crivant Ce genre d auteur qu on nomme 4 crivant et qui s efface devant l information qu il veut transmettre une fa on 19 M S
136. quement humaines de l ordre de la recherche de la cr ation de la transmission etc L criture est un instrument de puissance qui permet celui qui le d tient d avancer dans 8 R Etiemble Essais de litt rature ed Gallimard 1974 in Wikip dia htm 2006 le progr s scientifique technologique et autres parce que l criture est non seulement le prolongement de la m moire humaine la base limit e mais de plus l criture est devenue le lieu par excellence de l activit intellectuelle de la cr ation et de la recherche L criture par opposition l oralit est fascinante parce qu elle a le pouvoir singulier de laisser des traces de la m moire individuelle et collective et elle permet ainsi aux g n rations disparues d atteindre les g n rations pr sentes Le message oral s accorde imm diatement avec les int r ts et les possibilit s de compr hension Le message crit quant lui per u d une mani re solitaire par un large public et pour cette raison oriente vers l abstraction la v rit g n rale l universel L criture permet galement de diminuer les distances dans la mesure o des personnes habitant des continents diff rents et loign s peuvent changer dialoguer et s enrichir Le passage de l oralit criture marque une tape d cisive dans l volution de l humanit qui ne s est faite que parce qu elle a pu bannir le bouche oreille prati
137. r amant et celle de l Outre l nigme dee e Griaulle Pour une tude ethnolinguistique des litt ratures orales africaines Langages n 18 1970 p 31 169 Cette expression est employ e par CL Abstado in Mythes et rituels de l criture op Cit p 226 227 b L OXYMORON Une autre figure aussi importante que l hyperbole et la m taphore marquant elle aussi l ambigu t de l uvre est celle de l oxymoron L Jenny la d finit comme tant r union de deux antonymes conjonction de s mes anth tiques C est une structure qui s oppose la logique et la lin arit du r cit Elle contribue aussi la d construction de la repr sentation dans l espace du texte comme l affirme encore une fois L Jenny L oxymoron ouvre la possibilit du d guisement et du masque du d doublement indispensable la repr sentation 7 Dans le roman le noir du h ros est rapport par des oxymorons lumi re noire esclave noire pays noir l enfant noir Fares insiste sur les de lumi re et de l esclavage D s les premi res pages du roman l auteur fait allusion la lumi re et l obscurit Mon nom m l au soir la nuit qui avance au dessus et dans la ville Amante oui ind finiment amante et folle Milliers d toiles sur la ville Au loin l immensit sombre que je connais et sens toujours lumineuse d bordant la nuit l obscurit 21 Cette fig
138. r de la jouissance sans atteindre le centre autour comme nous Les hommes tourneront comme toi autour du lieu Les hommes tourneront Kah na autour du lieu 146 Dans ce passage le R citant use du verbe deux fois et le mot autour six fois chose qui montre bien l errance de La Kah na comme celle de Abdnouar qui tout les deux ne pourront jamais atteindre leur centre tout au long de l uvre le h ros est sans cesse en mouvement il ne s arr te pas de tourner dans les rues de Paris sans jamais atteindre son centre il lmbitera pr s du centre et non pas dans le centre lui m me Le v hicule dans lequel tourne Abdnouar repr sente donc un lieu de passage passage d une rue une autre rue et d un carrefour un autre l sont les caract ristiques m me de l esprit du h ros et celle de l criture de Fares Le passage d un point un autre d un lieu a un autre ne fait que refl ter l int rieur de Abdnouar de son pass son pr sent et de son pr sent son pass Du moment o le lieu des berb res tait d j mort d s l occupation des arabes puis des europ ens la vie de ces derniers ne pouvait tre qu ailleurs Cet ailleurs d signe la ville qui repr sente le symbole du modernisme Cette ville qui ne veut et ne peut accueillir tout un peuple dit traditionnel ou nomade Le narrateur le confirme d ailleurs d s les premi res pages du roman Clos Salembier comm
139. r l intrication des signes dont elle est faite Pour elle il existe un second analphab tisme qu il 16 importe de r duire Hier et aujourd hui la question de la neutralit et du calquage conceptuel demeure pos e en attendant ses clairages et sa r solution clairages et r solutions qui ne peuvent venir d ailleurs que par la recherche elle m me pour d montrer par l analyse qu un chercheur n est pas un simple l ve tenu d appliquer la lettre une notion un concept ou une cat gorie import e et souvent en inad quation avec le texte alg rien d expression fran aise Mais notre lecture est ensuite plurielle autrement dit qu elle tend r unir plusieurs approches conceptuelles pour invalider l id e erron e de la possibilit de la recherche par la seule application d une notion ou d un concept qui laisse entendre pr alablement la dictature et la supr matie de certains concepts qui ne sont plus consid r s comme des moyens mais comme des fins en soi Notre lecture s attache donc intimement au texte une lecture immanente et plurielle qui loin d tre la seule sera pour nous la meilleure m thode adapter pour approcher notre texte avec beaucoup de souplesse et de richesse comme l affirme T Todorov La m thode immanente loin d tre unique englobe un ensemble de proc d s et de techniques qui a ee o i SR SARS 17 servent la description des uvres mais des investigations scientifiques fo
140. ri M P 24 Marin L p 85 Mauriac F P Mauris H P 112 Meddeb A P 21 44 51 M rim e P 33 Meschonnic H P 47 Moli re 34 Mono R P 87 Montaigne M P 29 32 Mostafa Kara F S P 20 Moura J M P 49 Muller p 55 Neef J P Nerval P Noirav J p Pascal P 29 Petit K P Peytard J P 8 68 Pingaud 87 Proust P 35 55 Quicharet P Ranci re J P 35 Ze d Ze Ze d Ze Ze Ze Ze Ze Ze gt n Ze d Ze st Ze Ze d Ze Ze Ze Ze Ze d Ze Ze Ze Ze Ze Ze Ze Ze d Ze Ze O Ze Ze at Ze Ze Ze d Ze Ze d Ze Ze d Ze Ze Ze Ze Ze d Ze Ze O Ze Ze ww 060 Ze Ze Ze Ze Ze Rayband A p 34 Rey J M 43 Ricardou J 10 Rimbaud P 35 Robbe Grillet A P 7 28 Roche A R 8 62 71 Rousseau P 29 Roy P 37 Saadi N P 70 Sarraut N P 35 Sartre P 17 34 Schwob M P 35 Searle P Se
141. riture travers son roman Nedjma La grande difficult d approcher ce roman est due sa structure non lin aire et a l absence de toute continuit logique et chronologique Le cas encore de M moire de l absent de N Fares qui est l objet m me de notre tude n est qu un prolongement de ce que Y Kateb a commenc Une criture a caract re fragmentaire qui travaille dans tous les sens et avec un langage qui retrouve une nouvelle force et une nouvelle fra cheur Le roman que nous avons entre les mains M moire de l absent s inscrit dans une litt rature maghr bine d expression fran aise moderne qui est celle du renouvellement avec tous les probl mes textuels aux conflits et aux heurts langagiers et civilisationnels Georges Balandier nous r sume le sens du concept de modernit Dans l acte de cr ation crit il le rapport de modernit r sulte d une curiosit d une sensibilit d une rencontre constamment poursuivie toujours sensible et ce qui est facteur de mouvement en un temps et un lieu C est une relation de manifestation et d expression du nouveau de l in dit des ruptures sous jacentes aux continuit s la modernit se forme et se dit partir de ce qui effectue en profondeur en mouvement de fond le travail d une soci t et d une culture elle le r v le elle exprime les contradictions d une poque les tensions et les clatements qu elle sy 64 g n re Nabile Fares propos du m m
142. rment en images all goriques Le personnage principal est lui m me le narrateur mais quand il s absente quelques fois il reste malgr tout interm diaire entre la r alit travers l ali nation et la narration travers la pr sentation extravagante de la r alit La r alit pr sent e par le narrateur ali n ne fait que d crire un monde trange absurde extraordinaire etc L utilisation d un nombre de proc d s tels que l all gorie le mythe et la po tique transforme cette r alit en un monde subjectif N Fares comme la pluspart des crivains alg riens recourt la parodie pour d noncer et d nigrer certains aspects de la sa r alit sociale en se cachant derri re la voix narrative 10 LES FIGURES DE STYLES a L HYPERBOLE Il est clair comme cela a t d j soulign auparavant que le texte de Fares est riche en techniques opaques choses qui marquent son ambigu t et sa difficult au moment de a lecture L hyperbole est l une des caract ristiques de ce roman dans M moire de l absent l outre constitue un double de l ogresse L Outre homme Celui qui venait de l autre terre celle qui marqua notre pays comme on marque une peau ou un tre Celui qui tendait le territoire et ouvrit la peau de l Outre p 63 L outre est le fil conducteur qui dirige toute l histoire Elle est une figure qui semble tre l une des diverses causes du trouble langagier D s l incipit le terme de l
143. rres M 103 Strauss C L p Suisini Anastopoulos F P 64 Soriano M P 14 Tadi J Y p 5 94 Tamine J G P 29 Timmemans F P Todorov T p 10 11 84 Tristmans B P 63 Val ry M P Wolf N P Zumthor P P 15 66 70 BIBLIOGR A PHIE LA DECOUVERTE DU NOUVEAU MONDE comprend Le champ des oliviers ed Seuil 1972 M moire de l absent ed Seuil 1974 L exil et le d sarroi ed Seuil 1976 gt Abstado C Mythes et rituels de l criture Ed Complexes 1979 gt Achour C Lectures Critiques Cours de la division de fran ais ed OPU Alger 2 dition gt Bakhtine M La po tique de Dosto evski Ed Seuil 1963 gt Bakthine M Esth tique et th orie du nouveau roman Ed Gallimard 1978 gt Bakhtine M Marxisme et philosophie du langage Ed Minuit 1977 gt Barthes R S Z Ed Seuil coll Tel quel 1970 gt Barthes R Essais Critiques Ed Seuil 1964 gt Barthes R Le degr z ro de l criture Ed Seuil coll Point 1972 gt Barthes R Analyse structurale des r cits Communication n 8 1966 gt Barthes R Le plaisir du texte Ed Seuil 1973 gt Blanchot M Parole brute parole essentielle Ed Gallimard 1955 gt Blanchot M L espace litt raire Ed Gallimard coll Id es 1955 gt Bonn CH Lecture pr sente de Mohammed Dib Ed E N A L 1988 gt Bonn CH Ecrivain Ecrivant in Essais critiques Ed Seuil
144. rt diff rentes 16 In Christiane Achour Lectures Critiques Cours de la division de fran ais Alger 2 me dition O P U P 3 17 T Todorov L h ritage m thodologique du formalisme in l homme n 5 mars 1965 P 66 4 Plan r dig L tude de notre corpus va tre subdivis e en deux grandes parties comprenant chacune d elle trois chapitres Nous nous proposons d entamer notre recherche par une tude compar e et raisonn e de la notion d criture dans laquelle nous aborderons ses origines ses types ainsi que les deux notions d crivain crivant afin de d montrer la diff rence entre l criture litt raire et l criture non litt raire et la sp cificit de chacune d entre elle Par la suite et toujours dans la m me partie nous ferons une synth se de l criture maghr bine moderne d expression fran aise afin de partager ensemble ses grands et importants moments avec un aper u sur les diff rents changements qui ont pu avoir lieu sur cette criture dans la p riode d apr s guerre Dans la seconde partie nous serons plus clair s sur la notion d criture Nous nous introduirons cette fois ci dans le c ur m me de l criture faresienne pour montrer l cart la d familiarisation et d sautomatisation de l criture moderne dans M moire l absent Nous aborderons dans le premier chapitre l criture para doxale dans laquelle nous parlerons plus clairement des caract ristiques de l criture de Fares et la
145. s de distinction avec un nonc feint restent tr s difficiles tablir Plus fondamentalement il ne semble pas que cette opposition d crive le fonctionnement r el du discours Chapitrelll Autour de l criture maghr bine D expression fran aise L objet de l criture maghr bine d expression fran aise s inscrit dans une historicit complexe ce qui cr e une difficult de pouvoir donner une d finition objective et finale de celle ci Un champ diff rent de celui du champ litt raire fran ais par sa forme ambivalente et par un contenu porteur non seulement d une autre culture mais aussi d une autre identit L affirmation de l identit crit Ben Meziane Taalibi dans l introduction son ouvrage semble partout vouloir inscrire la m me logique de lt lt r enracinement gt gt dans des espaces r els ou imaginaires r put s tre les instruments de son authentification v ritable Et celle ci proc de chaque fois de la m me volont de r cup ration du sens proprement mythique li e cette repr sentation collectivement fantasm e de l identit c est la signification ontologique projet e sur d anciens rep res identitaires historiques culturels et religieux qui va alimenter les diverses op rations de ressourcement et l gitimer l ensemble des moyens compris les plus violent s mis en uvre a et l pour r aliser ce qui pourrait tre le double projet de ces nouvelles strat gies identi
146. s personnages des v nements tir s de l imagination de l auteur D un cot l criture de la fiction est bien entendu une mise en uvre de l imaginaire Toutefois si les v nements ou les personnages sont imaginaires ils ne doivent pas pour autant tre r els pour qu une fiction puisse fonctionner 1l semble n cessaire que le 55 Roy Op cit 1993 229 LH Malineau La litt rature de jeunesse Volume XXIV 1 1996 JH Malineau Ibid n 2 r cipiendaire de la fiction adh re ce qui est d crit Les v nements absurdes cit s les personnages incoh rents sont les choses qui coupent le lecteur ou le spectateur du r cit Cette criture donc cr e une impression du r el c est dire que l individu qui la fiction s adresse doit pouvoir croire pendant un temps limit que ces faits sont possibles car le texte fictif peut bien r f rer s rieusement des personnes et des lieux r els sans cesser pour autant d tre un texte de fiction Des fronti res l criture de la fiction n en manque manifestement pas Ce qui ne veut pas dire qu elle ne cherche pas les transgresser travers des quantit s de man uvres qu on pourra associer aussi bien la modernit qu la postmodernit On maintiendra cependant que la distinction entre d un c t des textes qui donnent entendre leur lecteurs le caract re imaginaire des objets d crits et fondent ainsi un pacte de lecture romanesque a
147. s souvent a quelques th matiques obs dantes et ali nantes Nous nous interrogerons dans ce sens aussi sur la d familiarisation la d sautomatisation la d construction et surtout sur les marges et les pr suppos s du texte litt raire qui est une pratique qui implique la subversion des genres comme le souligne R Barthes Ainsi le texte alg rien d expression fran aise se donne comme le lieu de l criture de la r volte int rieure et de l clatement de genres Il ne se laisse pas assigner de direction au m me titre que l alg rien g n reux mais fonctionnant une autre logique que celle de l universalit le texte est impr visible puisque tout en constituant l espace chanter issu de la violence de l auto amputation destructive il est tout en m me temps le lieu par excellence des rapprochements des tres et le lieu du refus des identit s meurtri res du tribalisme et des politiques nationalistes Texte du pardon par excellence il rapporte au jour des images des t n bres qui produisent l inattendu et le sublime M moire de l absent constitue le deuxi me volume de ce que N Fares appelle la d couverte du nouveau monde Alors que l histoire du premier livre Le Champ des oliviers se d roule en Alg rie l histoire du second livre M moire de l absent se passe en grande partie l tranger Paris L histoire est donc celle d un jeune alg rien nomm Abdnouar c est lui m me le narrateur de l h
148. se et valorise la recherche du rythme de la phrase et des images Cette forme d criture a pour but d exprimer une perception des choses de telle mani re que le lecteur puisse la comprendre et l assimiler Elle a cette particularit de laisser l auteur libre dans son choix des mots et de langage Dans un autre sens et travers cette forme d criture il cr e sa propre langue En cons quence cette criture doit respecter un nombre de r gles et s inscrire dans un univers coh rent et organis Son discours ne porte peut tre pas plus de sens qu un discours ordinaire mais elle se pr sente de telle fa on qu elle l exprime diff remment Ce langage qui est con u pour tre retenu c est le 54 Po sie Encyclop die Microsoft Encarta en ligne 2006 tr sor des instants confi s la m moire qui les a captiv s dans le r seau des mots Cette forme d criture est difficile oublier Une association de rime et de styles Une criture qui fait vibrer la corde sensible de la lectrice ou du lecteur car elle ne fait que traduire d une mani re ou d une autre une quantit de sentiments et d motions Lire cette forme d criture litt raire c est ouvrir les yeux les oreilles la bouche le nez tout le corps On dit souvent que le po te a la t te dans les nuages Mais J H Malineau dit je suis en sens inverse que le po te c est celui qui a le plus absolument les pieds sur terre il ajoute aussi C est un ami
149. ssion d absurdit et d ennuie mais il faut dire que c est bien gr ce elles que ts id es fragment es le discours transgress la syntaxe viol e sont enfin reconstitu s H De l criture de la clart et de la transparence une autre forme d criture celle de du 198 Kazi tani Th se de Doctorat Nouveau R gime corps et du regard Si cette criture est orale elle offre une autre qui permet la pr sence de l autre d un corps offert un autre d un regard cibl vers un autre regard Si nous l avons nomm ainsi c est parce que le d lire du personnage principal Abdnouar est d abord visionnaire et l exprime travers l expression du rps et du regard et entre en contact avec des personnages partis il y a longtemps tels que La Kah na c est la chose qui explique l emploi parfois abondant des verbes renvoyant la vue mais une fois gu ri le h ros se r approprie de nouveau sa parole cela est justifi par le fait que Fares n crit pas seulement avec les mots mais aussi avec les yeux De l criture du corps et du regard l criture du lieu et du dessin h premi re celle de lieu est voqu e d s la premi re page du roman page 10 un lieu mort avant m me la colonisation du pays ses origines remontent plusieurs si cles avant l poque o les berb res avaient t envahis Le lieu dans le r cit est un espace clos taxi travers lequel le h ros fait recourt sa m moire pour nous raconter l
150. st Le R citant Tant t c est La Kah na Tant t c est l assistance tant t c est Khaled etc 190 J Madelaine L errance et l itin raire ed Sindbad 1998 p 167 191 J Y Tadi Le r cit po tique ed P U F 1978 84 Tout au long de son monologue et dans la majorit des cas le personnage principal Abdnouar fait appel aux destinataires qui sont absents ou d j mort ou m me disparus depuis bien longtemps Jidda le vieux ma tre l anc tre le p re et la m re qui sont pr sents absents tout la fois Et puis il y avait la maison que l on laissait confit le narrateur cette maison dans laquelle j avais t lev par toi oui toi p 10 Ailleurs car c est ainsi que je dus vivre lors du lieu dans le d coupage du lieu en cette nature trang re de la ville ou du voyage plusieurs dimensions et loignements de cette approche ou v rit que toi Jidda tu le jeune homme ou selon toi celui qui ne devait pas crever tu disais savoir assez exactement la qualit de paroles qu il faut unir pour emp cher le jeune homme de mourir 25 26 Oui j aurais couru vers toi oui j aurais franchi les dix milles coud es du monde pour arriver vers toi oui Ameska 200 201 C est ainsi que la ville devient cet espace mort Un lieu de mort pour les morts La parole reviendrait l Outre celle l m me qui porterait au monde les fils d
151. ste Litt rature n 25 1977 p 30 31 164 E De Saussure cit par P Hamon in Le statut s miologique du personnage Litt rature n 6 1972 p 175 Abdnouar le fils de quatorze ans L actant chien occupe une place plus large dans Le champ des oliviers il est introduit dans le chapitre et 1 n est repris et voqu dans notre corpus que comme une trace faisant partie d une m moire retrouv e Les pattes du chiens sont contre la porte de la pi ce du bas Ferm e cause du froid et du vent qui vient de la mer Froid comme une gifle sur votre entendement 210 Abdnouar est donc comme la plupart des h ros qu ils le pr c dent Il souffre d hallucinations exactement comme Brandy tous les deux sont pris par le d go t de la vie qu ils m nent cause de la guerre d cident enfin migrer en France et plus exactement Paris Le voyage qu ils feront sera un voyage nigmatique dans le temps et dans l espace travers une m moire perdue Ils quittaient le pays sans savoir quelle date quel moment quel lieu du jour ou de la nuit quelle saison quelle vie ils pourraient revenir ici j avais cru tu m avais laiss croire une sorte de jeu en ce monde un jeu o je pouvais grandir p 152 Dans M moire de l absent le d part de Abdnouar et son arriv e Paris sont signal s d s la premi re page du roman quittant la gare parmi les lumi res et les r
152. t n est pas neutre du moment o elle s implique son tour dans cette biographie le cas par exemple de J P Sartre qui pr sente une r flexion sur les rapports qui peuvent coexister entre l criture l Histoire et l Universalit travers le r cit de Gustave Flaubert dans L idiot de la famille La biographie peut prendre et avoir plusieurs formes elle peut retracer selon le dictionnaire la vie de l individu dans un contexte historique culturel ou aussi litt raire Litt rairement elle retracerait le destin d un individu et pr senterait les v nements personnels qui ont pu avoir une influence directe sur les faits et gestes dans la vie publique L criture autofictionnelle est notion introduite par Serge Doubrouvsky 1977 Elle est la forme moderne de l autobiographie L auteur peut raconter une exp rience la troisi me personne tout en se rendant compte des faits et des sentiments qui les ont profond ment touch s L exemple du personnage de Omar dans la trilogie de M Dib o l autre projette sur lui un double fictif L autofiction sert aussi exhiber la nature romanesque de toute autobiographie Les propos de Lejeune l affirme pleinement en disant Quand on sait ce que c est crire l id e m me de pacte autobiographique parait une chim re tant pis pour la candeur du lecteur qui croira crire sur soi est fatalement une invention de soi L objectif de l autofiction serait d instaurer un tat interm diaire
153. t o le signifiant devient le lieu du recommencement de la gen se de l criture lt lt je gt gt tant passage d un autre un autre Et les po mes dont les commencements sont seulement des reprises des rencontres les fuis et des interpr tations provisoires chacun est SN Fares La parole plurielle In Esprit 1985 p 144 CH Bonn Le roman alg rien de langue fran aise ed L Harmattan 1985 p 59 l En Alg rie La francophilie est le synonyme de Hisb fran a en Arabe 2 G Daninos Les nouvelles tendances du roman alg rien de langue fran aise ed Naaman 2 me dition 1983 p 38 momentan ment tout le po me et la fin le chemin d un seul po me sans DW 93 commencement ni fin En s inspirant des cat gories logiques de l pique et en adoptant tant t la lecture po tique tant t celle du th tre le roman se penche vers une perspective polyphonique qui selon Krist va ne conna t ni loi ni hi rarchie tant une pluralit d l ments linguistiques ou de textes en rapport dialogique Le roman entre aussi dans un jeu de diff rance dans sorte d inter sens infini la cl ture devient impossible C est dans ce m me sens que s inscrit l affirmation de Barthes et l int gration de Blanchot portant sur le d sir de l impossible que vise l criture aussi bien dans sa pratique que dans le sens qu elle consigne La logique du texte serait bris e
154. t qu un moyen pour eux la parole supporte un faire elle ne le constitue pas Voila donc le langage ramen la nature d un instrument de communication d un v hicule de la pens e Ce qui d finit l crivant c est que son projet de communication est na f iln admet pas que son message se retourne et se ferme sur lui m me et qu on puisse y lire d une fa on diacritique autre chose que ce qu il veut dire Le langage pour l crivant selon Barthes est ramen la nature d un instrument de communication pour lui la parole supporte un faire elle ne le constitue pas Le langage ne devient ici que le simple v hicule de la pens e et sa caract ristique principale est par cons quent la clart et ce par opposition l ambigu t et l opacit qui caract rise le message de l crivain qui m me quand il affirme interroge En mettant en place cette opposition Barthes note cependant l interp n tration des deux pratiques d critures dans l criture contemporaine Notre poque accoucherait selon l auteur d un type b tard d criture transitive intransitive tenue par des crivains crivants qui se jouent du m lange souvent subtil de la clart ambiguit et de l utilit inutilit Enfin si la notion d criture est int ressante c est parce qu elle est fascinante dans la mesure o elle a fractionn et organis le monde en flots d informations En r alit tout texte est
155. taires ressourcement et authentification de l identit vont servir dans un premier temps de parade collective face aux vicissitudes non ma tris es du monde moderne et ses frustrations et 60 Cette autre identit se pr sente alors sous toutes ses formes culturelles artistiques et scripturaires m lant ainsi plusieurs registres culture histoire politique forme et criture Apr s un demi si cle peu pr s de l ind pendance des pays du Maghreb la recherche identitaire sous toutes ses formes devient un des th mes majeurs de toute production artistique qu elle soit crite ou orale et parall lement cette recherche d une identit collective nous verrons na tre et se poursuivre une revendication individuelle de l identit et d authenticit qui trouvera chez les auteurs de la g n ration 1970 son expression la plus compl te 7 Il faut tout d abord signaler qu au niveau de l Histoire le si cle a t qualifi par le si cle de la d mesure du moment o l humanit a t victime de deux grandes et RM Taalibi L identit au Maghreb L errance ed Casbah 2000 p 7 SET Noiray Litt rature francophone I Le Maghreb Ed Berlin Sup Lettres 1996 p 10 affreuses guerres de l humanit dont le nombre de participants et de ravages subis tait consid rable L Afrique le Maghreb Alg rie et en grande partie ont t profond ment et affreusement t
156. te mani re que Fares va rompre avec les r gles de l criture classique et a la cl ture du texte Gr ce l oralit il va donner libre court sa plume pour crire la richesse d une pens e et de tout un peuple Plus loin la geste de la Kah na qui repr sente le fragment dramatique par excellence dans l uvre de Fares Dans cette geste intervient Le R citant qui l ar de venir d un 7 pass tr s lointain pour faire le proc s de Kah na entra nant ainsi le lecteur dans un 144 Zumthor Pour une po tique de la voix Po tique n 40 1979 521 145 R Barthes Le plaisir du texte ed Seuil 1973 p 104 146 Barthes L criture de l v nement in Le bruissement de la langue Op Cit 176 147 Al Kahina la Devineresse fut en face de Hassan b al Nu man l me de la r sistance berb re aux envahisseurs arabes apr s l effondrement officiel du Rum marqu par la chute de Carthage La l gende dit voyage dans le temps avec l histoire des Berb res partir d une simple imagination qui repr sente selon Fares non pas au sens de simple r verie mais au sens o l histoire est v cue construite saisie dans l ouverture du pass et du non encore advenu retour au pass fait appel un nombre de personnages historiques Khaled Koceila Le B douin Le R citant se d double 1 devient quelques fois lui m me et les R pondants raconte que la Kah na fut victime d une trah
157. terrogatif sont elles aussi tr s r pandues dans le texte de Fares Malika La peau de l outre Dahmane Mahfoud Kah na Le fleuve Etc L emploi d un nombre consid rable d interrogations ne fait que montrer d avantage le d sarroi du S M Rey L Enjeu des signes Lecture de Neizsche ed Seuil 1979 p 18 84 J Krist va R volution du langage po tique op Cit p 115 h ros qui cherche tout comprendre Dans cette uvre comme dans beaucoup d autres uvres appartenant aux crivains maghr bins d expression fran aise le sujet est en qu te de son identit perdue d o ce sentiment de d lire et de d perdition Toute cette criture troubl e et d mesur e n est que le r sultat d une guerre v cue par le sujet lui m me ainsi que sa famille Une guerre comme toutes les autres guerres porteuse de violence de d chirement et de s paration La guerre confirme Raybaud qui est la fois pr sent e comme un d lire et travers un d lire est la fois perte de nom du lieu de l ascendance contradiction invivable la guerre est au centre de cet acte fondamental d criture et de conscience qu est le d lire 7 C est ainsi que d lire du h ros se retranscrit dans l criture du roman La loi du d lire devient donc une loi de l criture Une criture tout fait nouvelle br ve clat e et amput e le plus souvent de toute ponctuation 2 LA VISION DE L ECRITURE FARESIENNE
158. u d sir de scientificit au d sir de neutralit sans oublier ce besoin de transparence qui doit imp rativement caract riser les contenus conceptuels qu ils laborent 2 L criture litt raire Si la notion de type est assez claire en r f rant exclusivement l intentionnalit et au type d organisation textuel la notion de genre est par contre moins accessible la compr hension plus floue dans la mesure o le roman la po sie et le th tre sont sous tendues par le m me syst me d nonciation De plus il n y a pas de fronti re tanche entre les genres on peut en effet les retrouver souvent dans une production Le genre selon le dictionnaire de critique litt raire est Une cat gorie qui permet de regrouper un certain nombre de textes selon des crit res variables La classification g n rique puisqu elle consiste d terminer les relations que les uvres entretiennent entre elles a trait l intertextualit Un genre pre 3 n existe et ne se d finit que par rapport aux autres Evoquer l criture litt raire c est donc parler du roman du conte de la nouvelle de l autobiographie du journal de la po sie de l autofiction des m moires etc Selon Barthes l crivain est celui qui travaille sa parole et ce travail n est pas du tout une op ration simple comme l imagine peut tre beaucoup d entre nous L criture et le langage litt raire r sident l articulation de l indi
159. u monde intellectuel puisqu elle permet l intelligence de se mat rialiser du bout des phalanges De plus l criture poss de contrairement la langue et la parole une technologie sophistiqu e d outils et de supports Cette technique r volutionnaire qui permet la retransmission du savoir d une poque une autre est relativement r cente dans l histoire de l humanit Elle date de 3500 ans avant J C Avant cette date l tre s exprimait l crit de mani re tr s superficielle gr ce des coches sur des briques ou des pi ces de bois Avec l av nement de l criture proprement dite nous assistons la naissance d un foisonnement d critures touchant aux diff rents domaines des diff rentes sp cialit s qui existent et qui annoncent aussi la venue des domaines virtuels issus des balbutiements domaines qui n existent que dans l imaginaire de ceux qui les couvent dans l intimit de la solitude et qui ne parviennent aux autres que gr ce l criture Ainsi l tude de l criture d une mani re g n rale doit tre incontournable dans toute recherche et ce afin de permettre et la compr hension de la cr ation et la mise en mots des cris et chuchotements int rieurs de plus en plus complexes et de plus en plus enfouis dans les plis et replis de la conscience et donc de la narration L criture est une d couverte fascinante et merveilleuse puisqu elle mis au jour des activit s sp cifi
160. u pays mort Car il y avait quelque morts travers la ville Alger Cit Malheur de tant d tres ceux avec lesquels je montais press d enfreindre la loi d touffement vital p 66 La disparition du peuple traditionnel et l occupation du pays par les colonisateurs trangers font de la ville donc un lieu mort d chets de la vie moderne cit Malheur jeux de mort cueil du monde ciel rouge etc Alger est une ville mortuaire Ce sont bien les raisons qui ont fait na tre le malheur de nos personnages Ce sont bien ces raisons qui ont pouss Abdnouar et beaucoup d autres prendre la fuite C est ainsi Les hommes vivent et un moment lorsque le pays commence avoir mal aux champs aux montagnes aux rivi res aux routes aux jours aux nuits aux arbres et aux d sirs les hommes foutent le camp partent dans tous les sens p 10 Cet extrait nous fait que montrer davantage le mal tre qu prouve Abdnouar et son peuple C est ainsi Les hommes partent dans tous les sens p 10 L Alg rie cet espace se porte donc tr s mal Abdnouar va aussi tr s mal d o vient cette id e de fuite fuite d un pays viol bless et d chir pour eux a jamais C est a travers cette fuite que notre h ros se r fugie dans ses origines et c est bien elle qui constitue l origme de sa parole et de son langage diff renci l histoire commence justement avec son arriv e a cette autre et nouvelle ville m me si l
161. ue la question de la prose est arriv e au statut qu elle occupe aujourd hui C est au dix neuvi me si cle que s affirme clairement l id e de la sp cificit de la prose Rep rable dans l tymologie du mot le caract re du discours en prose mane tout la fois de sa libert vis vis des r gles po tiques de sa lin arit et de sa proximit la r alit commune Aussi son statut artistique l apparente d un cot la pens e du romantisme qui situe la prose dans la continuit dialectique de la po sie et en fait la r solution esth tique alors que de l autre cot elle devient le parangon de la r solution anti po tique qui arrache le XIXe si cle au carcan classique Au croisement des formes et des genres la prose fournit aux crivains le moyen de s loigner des r gles artistiques en leurs offrant en m me temps un cadre d exp rimentation proprement litt raire Elle fait advenir selon la formule de Jacques Ranci re un mode historique de visibilit des uvres 49 c est ce qui va rendre possible la copr sence de deux types de discours de l art d crire contradictoires savoir ceux qui sacralisent l essence incomparable de la cr ation litt raire mais aussi ceux qui la d sacralisent pour la renvoyer soit l arbitraire des jugements soit des 5 De pe 50 crit res positifs de classification Aujourd hui et apr s l invention du po me en prose G rard Dessous envisage la prose non comme un objet d
162. ues qui constituaient ma premi re vue de cette ville je venais d arriver avec ma m re depuis Alger p 9 D un autre c t logresse est un personnage important voqu pratiquement dans tous les romans de Fares Elle r v le son histoire par la voix du r cit gr ce des explications qui symbolisent une m moire bless e due une guerre d origine lointaine A travers l ogresse le r cit prendra d un c t le chemin de la douleur et du mal et d un l autre c t le chemin qui d tourne le pass en pr sent et les questions en espoir gr ce aux souvenirs et la m moire Dans le roman de M moire de l Absent N Fares labore un mod le tr s original du H dialogisme partir d un double r cit mythique se composant la fois d un r cit pass 165 166 N Fares Le champ des oliviers op cit 129 Brandy Fax personnage du premier roman Yahia pas de chance ed Seuil 1970 obscur et d un r cit pr sent fonctionnant aux principes du carnavalesque Les deux types de r cits sont pr sent s donc un narrateur ali n et sont justifi s par des raisons objectives qui se manifestent dans l hyperbolisation du mal et du bien Dans cette uvre c est l image de cet esclave d sesp r qui traverse le fleuve la nage et trouve enfin la libert Le succ s inou du dialogisme dans les romans maghr bins d expression fran aise fait d eux des r cits originaux les visions des narrateurs se transfo
163. uleur de ses yeux un bleu un bleu intense Une couleur comme celle de la robe de Nouria dans L exil et le d sarroi et comme celle du criquet dans Le Champ des oliviers Cette couleur est apparemment le porte bonheur de Fares qui est aussi dans la symbolique universelle le symbole de la sagesse Alors que les voiles peuvent r f rer m taphoriquement au jeu de la conscience et de l inconscient ils r f rent ici ce qui se d voile et ce qui est cach et voil ou ce qui est apparent DP De plus et au dela du regard le wile constitue aussi une mani re de pr senter le corps Cette criture du corps d limite de fa on tr s nette la soci t colonis e alg rienne Le voile que porte Jidda occulte le regard et 4 moindre degr la voix Nous pouvons dire que le voile est un moyen de contr le du regard De plus et ind pendamment de cette couleur fascinante Jidda est aussi caract ris e par son tre regard per ant et vif qui blouie Abdnouar et lui fait ouvrir des portes secr tes dont il marque la fonction cr atrice De sa main gauche elle touche le voile de son visage pr s de la bouche Puis elle regarde vers moi M ouvre ses yeux Bleus Et parle de nouveau En moi Comme une parole Issue de moi Qui parle et dit Regarde L tendue est pr sente Oui Imm diatement Et sans qu existe quelque pourquoi P 80 4 L ECRITURE DU LIEU M moire de l absent est aussi
164. une criture du lieu elle l voque d s la premi re page du roman Une pens e qui emplissait la nuit et ce lieu o je venais d arriver avec ma m re depuis Alger p 9 Ce roman nous raconte l histoire d une Alg rie colonis e d un pays qui entre dans une guerre violente et impitoyable La guerre signifie la mort La mort quant elle cr e un lieu morbide A ce propos CH Bonn d clare que 185 Le dictionnaire des symboles de J CI Chevalier Paris Robert Laffont 1969 6 Le m canisme du cach montr a t d montr chez R Barthes dans S Z Op Cit Fanon Sociologie d une r volution ed 1978 18 Les premiers romans maghr bins d crivent la soci t traditionnelle comme lieu d identit Mais leur description m me est intrusion de l historique de la diff rence Alors m me qu elle veut manifester la r alit du lieu contre la n gation coloniale l criture romanesque devient vite cet espace tragique o est 1 2 188 exhib e la mort Notre roman ne fait pas partie des premi res productions de la litt rature maghr bine notre h ros ne fait pas non plus partie de la soci t traditionnelle mais l Alg rie voqu e par le narrateur est une Alg rie d j morte au moment o le colomalisme s tait d j install et pris place En r alit la mort du lieu remonte bien avant le colonialisme europ en A ce propos l crivain Amine Maalouf a d clar lors d un entr
165. une criture habile qui maintient l incertitude et fortifie l identification du lecteur avec le personnage L criture de la nouvelle est un genre narratif et romanesque de forme br ve Apr s avoir longtemps t consid r comme inf rieur tant donn qu il tait beaucoup lu par la classe bourgeoise arrive son apog e au XIXe si cle Il est depuis lors un genre prot iforme La nouvelle est un r cit court Sa construction se fait en g n ral autour du fait divers simple Par sa forme r duite elle donne du relief un certain nombre d v nements m me quant ils sont tr s courants Elle se caract rise par une construction lin aire Cependant il est parfois tr s difficile d tablir la fronti re entre le roman et la nouvelle M rim e l affirme en disant propos de Colombo mon roman ou plut t ma nouvelle Si le roman se base sur l analyse des faits la pr sentation des personnages avec l utilisation tant t des temps forts tant t des temps faibles la nouvelle englobe et regroupe tout cela Si le roman est riche en v nements et en significations la nouvelle elle les pr voie tous D un autre cot il est aussi difficile parfois d tablir la fronti re entre la nouvelle et le conte Ils peuvent avoir dans beaucoup de cas la m me forme Cependant la nouvelle reste pr occup e par les r percussions psychologiques d un v nement L criture des m moires t surtout utilis e puis le XVI si cle p
166. ure maghr bine d expression fran aise le pluriel est l et s impose toujours La situation intertextuelle de l criture maghr bine de langue fran aise la pr dispose plus qu une autre trouver sa dimension proprement litt raire dans ces jeux avec des textes aux origines diverses non seulement textes arabes ou fran ais mais aussi he 67 textes issus de la litt rature dans le monde entier Ces crivains ont voulu d passer toutes les r gles classiques du roman fran ais du XIX si cle qui eux travaillent beaucoup plus sur la progression chronologique des v nements que sur les exp riences individuelles et autobiographiques du narrateur La prise en concept de la description ethnographique ainsi que l utilisation rare de la langue maternelle qu elle soit dialectale classique ou berb re dans le roman affecte le texte en d paysant d une mani re excessive Toutefois les crivains de la g n ration des ann es 70 ont contribu faire surgir toute la richesse culturelle et stylistique que pouvait y avoir travers le nombre important des productions litt raires Bien que chacun d entre eux se distingue des autres par une probl matique et un langage sp cifique beaucoup de tendances restent communes cette tentation de d construire les traditions litt raires nationales et fran aises jug es incapables d exprimer l imaginaire de l crivain permet au fond de construire une criture susceptible de tr
167. ure oubli e C est ce que cherche justement Abdnouar Ecouter Jidda c est se replonger dans le pass oubli mais c est aussi fuir le pr sent C est gr ce elle qu il parvient mieux comprendre son errance Jidda que l on met longtemps comprendre et pourtant aujourd hui malgr l eau qui emplit ma bouche ou mes membres je vois tout oui tout 56 De son c t Osman un personnage de la geste de la Kah na peu interpell dans ce r cit est lui aussi d sign d une fa on confuse Il est selon l auteur l esclave libre du R citant tant t vivant tant t mort Tant t jeune tant t vieux etc ne SUIS je Femme Moi Homme de Lumi re diffuse Tant t vivant Tant t mort Tant t jeune homme Tant t vieillard p 162 Abdnouar est ici pr s de sa m re pour la prot ger elle qui est tomb malade durant le voyage par bateau Maman ne crains rien je te prot gerai de lui j irais plus loin que lui dans le pays beaucoup plus loin et contrairement lui sans me faire prendre p 60 Les extr mes sont r concili es grace l oxymoron chose qui provoque la surprise et force le lecteur s interroger sur le sens profond du rapprochement op r 111 D es techniques de la clart l criture du regard du corps du lieu et du dessin Si l auteur de cette uvre a eu recourt ces proc d s de disjomtement tels que la 172 I r t
168. ure touche aussi l aspect physique du h ros le narrateur le dit Les cheveux rouges et la peau blanche blanche comme un enfant noir p 57 AUSSI La peau blanche blanche faire noircir la peau blanche si blanche qu elle est en fait noire plus noire que la peau d un noir 215 C est pour cette raison que les camarades d cole surnommaient Abdnouar le Kahlouche Dans la cour de l cole j entendais certains cris celui de l enfant noir Dans la cour de l cole on m appelait Kahlouche Je vivais au soleil contre le vent du Sud Kahlouche 75 Pour le narrateur l esclave est tout fait blanc L esclave est blanc Il n est pas noir 71 paroles qui d stabilisent le lecteur lors de sa lecture parce qu elles ne sont pas si faciles interpr ter hors du contexte 170 171 L Jenny Le discours du carnaval Litt rature n 16 1974 p 28 L Jenny Le discours du carnaval Ibid L oxymoron r side donc dans cette opposition du blanc et du noir de la lumi re et de l obscurit D un autre c t nous ne pouvons gu re n gliger les dessins de Jidda un personnage assez important dans l histoire qui v hicule un certain savoir et une sagesse propre aux vieilles personnes travers les bonnes paroles qu elle disait lors de son int gration dans le r cit Jidda se situe l oppos du symbole du colonial elle repr sente les temps anciens le savoir traditionnel et la cult
169. urs venants du m me auteur ou non fait du texte et de l criture de ce texte une forme tout fait diff rente opaque et ambigu L mergence de ce genre de roman l a t d s la fin des ann es soixante Une vague de romans dialogiques notamment en Alg rie s est tr s vite r pondue gr ce d abord l influence particuli re de Kateb travers le succ s extraordinaire de Nedjma partir duquel l crivain alg rien a litt ralement appris lire crire Cependant plusieurs sont les lecteurs qui croient que l criture Katebienne est issue de celle de Joyce La r alit est encore plus complexe car le texte alg rien d expression fran aise est encore plus ambigu C est une r alit a la fois d chir e et d chirante qui refl te une conscience d chir e et d chirante Les crits de notre auteur se sont inspir s de ces traces kat biennes M me s Fares refuse la lin arit du texte et opte plut t pour une criture d construite il reste n anmoins l un 58 CH Bonn Kateb le fondateur ou le d sordre fertile In Europe avril 1998 p 110 des h ritiers les plus l gitimes de Kateb Dans La D couverte du nouveau monde les indices du dialogisme sont donc pr sents Dans les trois romans la vie des h ros est en lutte permanente avec le mal Ce mal est symbolis all goriquement par une belle image des deux couleurs le noir et le blanc Pour M moire de l absent il est indispensa
170. urvivre a la morsure 176 R Laufer et B Lecherbonnier Litt rature et langage Tome 2 ed Fernand Nathan 1974 p 72 177 L Jenny La rh torique du carnaval Litt rature n 16 1974 p 23 HE L anaphore commente Krist va connote une ouverture une extension derri re l anaphore il y a le geste qui limine les entit s indique et instaure des relations in Recherches pour une s manalyse ed Seuil 1969 96 179 J Krist va ibid p 151 Femme pourquoi teindre le feu de l unit Femme tu continueras ta marche en trainant encore beaucoup p 146 Une figure qui donne au texte cette caract ristique d tre un espace la fois ludique et absurde o s entrecroisent le mode de la stylisation les divers types de discours de la litt rature ceux de l oral et de l crit En effet si l utilisation abondante de la r p tition et de l anaphore dans le r cit de M moire de l absent nous donne d une part cette impression qu il est absurde et quelques fois ennuyeux elles constituent n anmoins d autre part une technique importante de liaison la discontinuit des faits les v nements dispers s par ci et par l les id es fragment es le discours transgress la syntaxe viol e ne sont reli s que gr ce celles Ci 3 L ECRITURE DU REGARD DU CORPS La narration est donc entam e comme on l a d j dit la premi re personne je dans ce roman est muni d un
171. utre dite haute voix selon les formules de et c est pour cette m me raison que Fares multiplie les techniques propres resurgir la parole vive en usant de la voix du rythme et du symbole dans son criture Un gand espace d oralit caract rise donc le texte de Fares La pr sence permanente des r p titions sont des l ments propres la parole c est dire l oral et selon Barthes c est la parole qui a en quelque sorte labour l histoire l a fait exister comme un r seau de traces Zoe 146 comme une criture op rante d placante Ainsi le discours int rieur au m me titre que le monologue ne fait que resurgir d avantage l usage de la parole C est ainsi M re a beau prier on ne sort pas comme on veut de la peau de l outre car d apr s ce que l on dit et me rappelle sans cesse Jidda tout au fond l histoire de cette peau Voila pourquoi Je ou alors peut tre l comme np 34 35 Ici nous ne pouvons pas passer c t des paroles de Jidda Jidda qui est d abord une femme Elle est aussi le personnage f minin le plus g dans le r cit C est la premi re gardienne de la tradition de la m moire collective et individuelle elle est le transmetteur de la civilisation et de la culture d une g n ration une autre elle est en fait la ma tresse de la parole C est travers cette parole qu elle va livrer sa sagesse et le monde ancien C est de cet
172. uvoirs incroyables et rien ne peut r sister son nergie destructrice Pour Barthes dire je c est fatalement ouvrir un rideau non pas tant d voiler 08 G Genette Figure ed Seuil 1972 76 8 Genette Nouveau discours du r cit op Cit p 88 10 R Barthes Analyse structurale des r cits Communication n 8 1966 p 40 41 11 A Meddeb Phantasia ed Sindibad 1986 139 12 L absence ou l omission de verbe introducteur selon Bakhtine marque l identification du narrateur au h ros in Marxisme et philosophie du langage ed Minuit 1977 p 208 3 p Lejeune explique pleinement que tout r cit la premi re personne montre que l acteur qui se d signe par je est en m me temps la personne actuelle qui produit la narration Ins parable du sujet de l nonciation le sujet de l nonc est double acteur et narrateur la premi re personne rec le toujours une troisi me personne occult es Je est un autre Op Cit 35 114 qu inaugurer le c r monial de l imaginaire Nous sommes donc face une narration homodi g tique qui ne pr senterait au lecteur que ce que le personnage l intention de lui transmettre car La premi re personne inscrit 115 n cessairement relation homodi g tique 2 LES TYPES DE NARRATION En fait on distingue deux types de narration une qui est tout fait ult rieure se pr sente la premi re
173. vec dissociation de l auteur et du narrateur avec le d talage d un univers fictif qui a ses r gles propres n en manquent pas de l autre c t des textes au statut litt raire plus ambigus qui se pr sentent sous le signe d un autre contrat de lecture de nature autobiographique ou encore r f rentielle l criture de la fiction permet tous les jeux avec des r f rents transform s en signes P Macherey fait alors une distinction d illusion se pr occupe de la caract ristique du langage ordinaire qui a pour objectif d informer quant la caract ristique de la fiction est celle de la repr sentation de ce que l uvre litt raire donne de cette illusion Elle peut donc porter l int rieur de sa logique propre ses pouvoirs jusqu un point de quasi rupture entra ner le soup on d une transgression de ses limites et par l obliger reconsid rer la fronti re initiale qui semblait la diff rencier des nonc s de r alit Par la cette forme d criture achev e garde toujours et quelqu il soit une certaine distance dans ce qu elle repr sente ce qui rend la r duction de l uvre un travail assez difficile L criture de la fiction est E masque de quelque chose elle travestit un d sir de dire plus directement SSP Macherey Pour une th orie de la production litt raire ed Maspero 1966 P 80 81 59 Cette notion est utilis e principalement par Searle et reprise par Genette Les crit re
174. viduel et du social L criture litt raire S J G Tamine Hubert Dictionnaire de critique litt raire Armand Colin 2002 H renvoie au choix de l crivain qui est confront son tour une double d termination celle de la langue et du style La langue est un corps de prescriptions et d habitudes communs tous les crivains d une poque Le style quant lui est un ph nom ne x an 35 d ordre germinatif qui correspond a biologie ou pass La langue et le style sont consid r s comme tant des produits naturels du temps et du corps L crivain n est responsable ni de la langue ni du style mais en s engageant il invente une autre forme l criture C est par et travers l criture que l crivain affirme des valeurs il n y a pas de litt rature sans une morale du langage comme l affirme encore une fois R Barthes La langue est au del de la litt rature Le style est au del des images et du lexique de l crivain L criture litt raire est une forme sans destination elle est le produit d une pouss e non d une intention Elle est un ph nom ne d closion et de germination elle est aussi la m tamorphose et la transformation de l humeur L criture est un mariage d exp riences de m taphores de secrets de capacit s qui emporte l homme la puissance et la magie Italo Calvino le pr cise bien en disant Si autrefois la litt rature ta
175. vres qui le pr c dent et partage avec eux des th mes importants en relation avec la culture berb re et arabo musulmane venant la base de la trilogie m me ou d ailleurs L existence de certains indices du dialogisme est in vitable Dans ces uvres l auteur fait appel des narrateurs qui sont d une mani re ou d une autre tous ali n s Leur tat psychique se rapproche beaucoup du d lire et de la folie Des personnages le plus souvent migr s Le h ros de notre r cit est lui aussi migr insatisfait de la situation d primante de son pays et de son peuple cause de ce colonisateur qui vient instaurer toutes les formes de violence et d injustice il h site entre le d sir de s engager dans la lutte c t de son fr re Dahmane et sa grande haine et reproche pour la guerre La justification objective de l ali nation qui se manifeste en hallucination folie et d lire fait de l laboration du texte faresien un mod le original de dialogisme Des r cits la fois historiques et politiques pr sent s par des narrateurs traumatis s refl tent ainsi une criture ambigu A travers les indices dialogiques existant dans le r cit l crivain met le lecteur face son travail pour qu il puisse imaginer son tour les diff rentes variantes qui puissent arriver au cours du d veloppement en lui c dant quelques fois la place du narrateur En effet le rapport que peut entretenir le roman avec d autres romans ant rie

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