Article intégral (version modifiée par l`auteur)
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1. Cauvin Naissance des divinit s naissance de l agriculture La R volution des symboles CNRS ditions Paris 1994 r d 2010 VA Testart Avant l histoire L Evolution des soci t s de Lascaux Carnac Gallimard Paris 2012 Les mod les biologiques sont ils utiles pour penser l volution des soci t s Pr histoires m diterran ennes 2011 2 La D esse et le grain Trois essais sur les religions n olithiques Errance Paris 2010 P Descola Par del nature et culture Gallimard Paris 2005 Arch opages 35 D bat Jean Denis Vigne Jean Pierre Digard 6 JPD On est d accord sur le fait que la condition indispensable de la r ussite est d abord la familiarisation avec l homme car la domestication se fait sur des animaux anthropophiles ou suffisamment gr gaires pour admettre l homme comme un composant Cependant dans de tr s nombreux cas l homme est paradoxalement oblig de limiter l action domesticatoire pour pouvoir exploiter les animaux comme il le souhaite en pr servant une part de leur sauvagerie taureau de corrida oiseaux de proie etc ou en n intervenant pas sur la reproduction l l phants par exemple car la longue gestation et la violence des m les en rut sont dures g rer Le probl me est que ce type de familiarisation ne s observe pas morphologiquement Et qu en est il en cas de marronnage Il y a des cas plus ou moins r cents tr s document s pour l A2. Ce rapprochement peut ou non tre renforc intentionnellement par l homme et aboutir la domestication Les premi res esp ces domestiqu es au Proche Orient sont pour une part des esp ces qui viennent naturellement vers l homme partir du moment o il est relativement s dentaris et met en uvre un certain nombre de pratiques li es l agriculture Parmi ces premiers animaux en exceptant le chien d j proche de l homme au Pal olithique sup rieur le plus embl matique est le chat attir par les petits rongeurs qui pullulent dans les villages o sont accumul s des stocks agricoles et des produits de d corticage On peut faire le m me raisonnement propos du cochon animal tent par les d chets accumul s autour des premiers villages n olithiques Le contr le d animaux sauvages pour ne pas parler d levage concerne effectivement d abord le sanglier au Proche Orient en tout cas mais c est aussi le cas en Chine Ces sangliers conservent une morphologie d animaux sauvages alors m me que le processus de domestication est in luctablement engag Par contre entre les deux fleuves chinois on a mis en vidence Le pal o g n ticien Greger Larson Durham University Department of Archaeology a mis en vidence une mutation dans le N olithique ancien de Provence de la couleur du pelage du porc typique de la domestication Les traces de contr le des sangliers remontent plus de 12 000 ans qua
3. PPNA qui ont invent l levage au Proche Orient Non seulement elles ont produit des repr sentations d animaux impressionnantes avec parfois des attributs virils exacerb s mais galement des assemblages bizarres d ossements animaux Je pense par exemple une petite fosse sur le site de Shillourokambos contenant une queue de chien une de renard une de chat soixante et une colombelles et quatre incisives sup rieures droite de cochon et une gauche Cela voque des d p ts chamaniques mais on ne saura Jamais le d montrer Peut on parler de tot misme On est en tout cas dans une rencontre entre les images mentales que ces soci t s se font de tel ou tel animal et la p n tration de ces animaux dans l environnement domestique C est int ressant parce que cela met l accent sur la part de facteurs purement anthropologiques de dynamique J Guilaine F Briois et J D Vigne dir Shillourokambos Un tablissement n olithique pr c ramique Chypre les fouilles du secteur 1 Editions Errance 2011 Arch opages 35 D bat Jean Denis Vigne Jean Pierre Digard 5 de soci t s dans l mergence du N olithique On ne peut r duire l explication de cette longue p riode de changement une cons quence des variations climatiques ni se contenter d avoir une approche purement biologique ou conomique du processus de domestication Les explications unifactorielles m nent l impasse Le grand m
4. Vigne Jean Pierre Digard 4 fond s sur des syst mes complexes de gestion des troupeaux par allotement Mais l tude des profils d abattage n est pas probante pour les tout d buts de l levage entre 8500 et 8000 avant notre re Il faudrait chercher les r sidus laitiers dans les vaisselles de pierre puisqu il n existait pas encore de poteries Il faut sans doute se m fier de notre vision Zootechnique moderne qui juge peu rentables inint ressantes ou impossibles diverses pratiques laiti res pourtant bien attest es par l ethnologie dans nombre de soci t s pr industrielles J ai voqu la possibilit que les pics d abattage de veaux nouveau n s qu on observe dans certains sites du N olithique europ en au Chass en par exemple ne r sultent pas de la mortalit n onatale qu on invoque habituellement mais plut t de l abattage des veaux nouveau n s pour l exploitation laiti re L hypoth se de mortalit la naissance me para t sujette caution D abord une telle morbidit serait li e la tr s mauvaise qualit de l levage ou un acharnement du sort Nous sommes en train de travailler sur cette hypoth se les N olithiques auraient aussi pratiqu un abattage des tr s jeunes veaux alternativement la pratique de l abattage post lactation mise en en vidence Paris Bercy par Marie Balasse et Anne Tresset la fin des ann es 1990 JPD J ajouterais ce cadre conomico colog
5. de mer Dans ce processus on observe une certaine concordance chronologique entre am lioration climatique accroissement d mographique et modifications des structures sociales Ces diff rents facteurs ont probablement jou diff rents niveaux de fa on synergique pour d clencher la n olithisation Le ph nom ne n est ni lin aire ni m canique l chelle du globe et de la chronologie longue il repr sente une modification fondamentale dans l quilibre de la biosph re et dans l histoire de l humanit La question reste de d terminer si les m mes facteurs jouent et dans les m mes proportions de l chelle globale l chelle micro locale Utilisons le grand atout de l arch ologie qui est de pouvoir jouer sur les chelles d espace et de temps
6. rit de Cauvin et de Testart que l on partage ou non leurs visions respectives est d avoir remis au premier plan les dynamiques anthropologiques Sans oublier l importance de sortir de notre perception ethnocentrique de l opposition entre nature et culture bien analys e r cemment par Descola Pour domestiquer d une mani re massive comme l ont fait ces soci t s il faut qu elles se soient autoris le faire donc qu elles aient con u leur sup riorit par rapport aux animaux et aux plantes dans un syst me cosmogonique clairement hi rarchis JPD J aime bien voquer l id e de Leroi Gourhan d une sorte d axe dont une extr mit est le syst me de proto levage des groupes suivant des troupeaux sauvages des hommes parasites en quelque sorte et l autre le syst me d levage isol des hommes poss dant quelques animaux Cela ne correspond ni aux m mes formes d organisation sociale ni aux m mes organisations territoriales ni aux m mes activit s Et tous les interm diaires existent entre ces deux extr mes Contrairement ce que l on croit l levage nomade tr s extensif est une sp cialisation secondaire tardive form e partir des traditions n olithiques agropastorales C est une forme d levage extr mement sp cialis e bas e sur la capacit utiliser des zones semi arides non utilis es dans les syst mes ant rieurs mais qui le deviennent parce que l on met en uvre u
7. Arch opages 35 D bat Jean Denis Vigne Jean Pierre Digard 1 Domestication ou comment l amour de l homme vient aux animaux De l abeille l l phant en passant par la carpe le faucon le cochon le chien et le chat les esp ces domestiqu es sont diverses autant que multiples Ce qui les distingue de leurs cong n res sauvages outre leurs caract ristiques morphog n tiques La part de familiarit qu elles acceptent d avoir avec nous ou celle que nous pouvons supporter d avoir avec elles pour parvenir nos fins Jean Denis Vigne est arch ozoologue et directeur de l UMR 7209 Arch ozoologie arch obotanique soci t s pratiques et environnements Ses recherches portent notamment sur les premiers leveurs du monde m diterran en de l Asie centrale et de la Chine septentrionale Parmi ses publications Les d buts de l levage Le Pommier Paris 2012 The Origins of Animal Domestication and Husbandry A Major Change in the History of Humanity and the Biosphere et avec A Tresset Last Hunter Gatherers and First Farmers of Europe C R Biologies 334 2011 p 171 181 doi 10 1016 j crvi 2010 12 009 et p 182 189 avec I Carr re F Briois J Guilaine The Early Process of the Mammal Domestication in the Near East New Evidence from the Pre Neolithic and Pre Pottery Neolithic in Cyprus Current Anthropology 52 4 2011 p 255 271 avec F Briois et al The First Wave of Culti
8. frique du Sud au xvr si cle pour l Australie au XVII et au d but du xIx pour l Am rique post conqu te Les Indiens depuis les Mapuches du Chili jusqu ceux des plaines du Canada se retrouvent face des animaux exog nes revenus l tat sauvage Certains vont les chasser ou les ignorer D autres vont les re domestiquer comme ils ont vu les Espagnols le faire ces animaux ont t laiss s avec un mode d emploi en quelque sorte Quelques populations plus lointaines qui n ont pas ce mode d emploi comme les Indiens des plaines qui n avaient que le chien comme animal domestique et ont vu le cheval arriver partir du Mexique ont re domestiqu le cheval en lui appliquant les techniques labor es pour le chien C est difficile ou impossible de distinguer morphologiquement ce qui rel ve de ces actions JDV L appr hension d un ph nom ne aussi complexe s enrichit effectivement en regardant ses marges soit ses marges actuelles ses cas limites comme tu le fais soit ses marges historiques comme nous le faisons en explorant les temps anciens Et je me demande fr quemment si les os que nous tudions ne sont pas ceux d animaux marrons mais comment les reconna tre coup s r Les profils d abattage de ch vres sur Chypre entre 8000 et 7500 animaux qui y ont t apport s par les hommes sont ceux d animaux ensauvag s chass s Quen est il pour ceux de la ch vre apport e en Europe au N
9. ique un caract re psychoculturel J assume d avoir une vision psychologisante de la domestication en pensant qu elle d coule d une curiosit d sint ress e et d une pulsion presque m galomaniaque de possession d action sur la nature J ai recens pr s de deux cents esp ces sur lesquelles un moment ou un autre d une mani re ou d une autre l homme a exerc une action de domestication nombres de ces actions n ont d ailleurs jamais abouti la cr ation d une esp ce domestique La domestication du cheval animal fuyant et tr s rapide me semble relever de cette recherche du d fi Elle est entreprise plusieurs mill naires apr s la domestication du porc et des ruminants par des populations d leveurs qui exploitaient d j la force de travail des b ufs Pendant deux mill naires ces chevaux domestiqu s n ont quasi pas t utilis s puis on a commenc les atteler et on ne les a mont s qu au I mill naire avant notre re Le but n tait il donc pas un d sir de possession plut t que d exploitation une fascination pour des caract ristiques des animaux sauvages une volont de se mesurer leurs pouvoirs r els ou fantasm s de se les attribuer et d en recueillir du prestige individuellement et pour le groupe JDV C est une dimension ind niable de la domestication animale qui s accorde d ailleurs bien avec la complexit de la vie sociale et symbolique des populations du
10. n Denis Vigne Jean Pierre Digard 7 JDV On pourrait penser que cette relation d appropriation observ e sur des soci t s de chasseurs r centes qui a n cessairement exist chez les chasseurs pal olithiques a constitu une tape vers la domestication Je ne le crois pas Ce que montre ce ph nom ne d apprivoisement par les chasseurs c est qu aucun obstacle technique ou cognitif ne s oppose l appropriation de plantes ou d animaux par Homo sapiens quelle que soit l poque Le chien en est une bonne illustration Il a t domestiqu par des soci t s de chasseurs qui n ont pas pour autant modifi leur mode de vie M me s il existe plusieurs sc narios sur la domestication de cette esp ce tr s mall able il est s r que le chien est pr sent dans plusieurs r gions du monde d s le Pal olithique final Notre m connaissance de la vari t morphologique du loup emp che d adh rer aux hypoth ses r centes d une domestication d s le d but du Pal olithique sup rieur Tardiglaciaire mais je ne verrais aucun inconv nient ce que le chien ait t domestiqu par les Aurignaciens ou par Neandertal Il se trouve que la domestication des animaux en g n ral s observe de mani re massive et s tend de nombreuses esp ces partir de la fin du Tardiglaciaire ou du d but de l holoc ne Elle continue d ailleurs se d velopper puisque les XX et XXI si cles sont les si cles de domestication des poissons
11. n proc d d exploitation du territoire avec des mobilit s saisonni res et de nouvelles techniques de contr le des troupeaux JDV Le vrai d but de l levage au Proche Orient se situe aux environs de 7500 av J C soit deux mill naires et demi apr s le d but du N olithique On voit des morphologies squelettiques nouvelles r sultant sans doute de la recherche d une nouvelle variabilit justement au moment o la consommation de la viande d animaux domestiques devient majoritaire par rapport celle des animaux chass s Les villageois pleinement investis dans l agriculture ont alors consacr moins de temps la chasse Contrairement ce qu on a longtemps pens au d but l levage n est pas issu d un seul foyer de domestication qui aurait fait tache d huile Il est sans doute plut t issu de l activit innovante d une tr s vaste zone de n olithisation dont les diff rentes composantes ont apport qui la ch vre domestique qui les bovins qui le mouton et d autres lign es bovines etc C est seulement peu de temps apr s que ces inventions ont diffus hors de la vaste zone d origine Nous venons de r aliser une tude pal og n tique pour estimer le nombre de femelles qui taient l origine des lign es domestiques actuelles Il se situe autour d une centaine ce qui est tr s faible et concorde avec cette hypoth se qu ont les arch ologues de foisonnement de foyers micro locaux de domestication TJ
12. nd des groupes humains en ont transport Chypre Ils ont pris ces animaux donc ils les contr laient plus ou moins et les ont rel ch s sur l le cr ant l bas une sorte de r serve de chasse Idem pour la ch vre quelques mill naires plus tard Arch opages 35 D bat Jean Denis Vigne Jean Pierre Digard 3 la pr sence des sangliers modifi s morphologiquement autour de 6500 avant notre re Dans les greniers de ces villages cochons on trouve des rongeurs probablement des rats gris et l on peut supposer que ces derniers ont attir des petits carnivores dans ces villages On aurait donc en Chine deux mill naires plus tard un processus de domestication comparable celui du Proche Orient Et si l on approfondissait les tudes sur les Indiens pueblos premi res soci t s cultivatrices d Am rique du Nord je pense qu on observerait un processus du m me genre Il semble que les processus aient t semblables dans de nombreuses r gions du monde mais qu ils se soient d clin s chaque fois de fa on l g rement diff rentes Ces petites variations sont videmment primordiales pour l arch ologue car elles permettent de caract riser chacune des soci t s humaines concern es Revenons au tout d but de la domestication animale Les indices dont nous disposons pour identifier le contr le des animaux sauvages sont les modifications d aires de r partition des esp ces Au Proche Orient c est le ca
13. olithique Ils sont peu nombreux mais identiques ceux que j ai d crits Chypre Il n est donc pas exclu que seul un infime pourcentage des ch vres du N olithique europ en aient v cu dans les villages toutes les autres tant retourn es l tat sauvage et ayant t exploit es par la chasse La seule chose que nous puissions affirmer est qu il s agit d animaux descendant de caprin domestique JPD Beaucoup de nos hypoth ses sur la domestication me semblent bas es sur le fait que en tant que soci t fortement domesticatrice nous avons tendance oublier que d autres ne le sont que tr s peu ou pas du tout Le rapport aux animaux de nombre de soci t s de chasseurs rel vent moins du d fi que du pacte Ils vivent dans la crainte que les animaux leur chappent ou se vengent de cette pr dation De tr s jeunes animaux captur s par les chasseurs amazoniens sont confi s aux femmes lev s au sein avec les enfants dans les maisonn es Au bout d un moment ils sont rel ch s tu s on ne sait pas trop bien Cela est interpr t comme l une de ces multiples actions symboliques visant faire du bien la nature en esp rant que cela va pouvoir rapporter Dans d autres groupes am ricains et sib riens la mise mort d un animal s accompagne de gestes de compensation comme de lui donner boire ou manger lui parler l oreille etc C est tr s particulier pour nous Arch opages 35 D bat Jea
14. ovins qu avec les caprins et avec les quid s c est encore pire Contraindre des troupeaux par la pratique du corral notamment est connu au N olithique mais contraindre un animal individuellement c est autre chose JDV Tout le monde s accorde sur le fait que l exploitation laiti re s est fortement intensifi e lors de la seconde r volution n olithique partir de la fin du IVe mill naire comme l a magnifiquement d montr A Sherrat durant les ann es 1980 A t on des indices ant rieurs Daniel Helmer et moi m me avons mis en vidence l existence d levages de brebis vocation laiti re au Proche Orient au d but du VIe mill naire FT Cucchi T J C Auffray amp J D Vigne sous presse History of house mouse synanthropy and dispersal in the Near East and Europe a zooarchaeological insight in M Machol n S J E Baird P Munclinger amp J Pi lek ds Evolution in Our Neighbourhood The House Mouse as a Model in Evolutionary Research Cambridge Cambridge University Press tA Sherratt Plough and pastoralism aspects of the secondary products revolution in I Hoder G Isaac amp N Hammond eds Pattern of the Past Studies in Honour of David Clarke Cambridge University Press Cambridge 1981 p 261 305 5 J L Le Quellec La boisson invisible Le lait sur les images rupestres du Sahara Les cahiers de l OCHA n 15 2010 p 39 63 Arch opages 35 D bat Jean Denis
15. rsque j ai suivi l enseignement de Leroi Gourhan Mais ni la d finition zoologique la domestication cr ant une esp ce nouvelle ni celle sur laquelle reposait l approche arch ologique la domestication d une esp ce d finitivement acquise d s lors qu elle est ma tris e ne me satisfaisaient Et cela m a conduit tudier les soci t s agro nomades en Iran o J ai observ que la domestication est un processus qui doit sans cesse tre r activ sinon les animaux domestiques retournent l tat sauvage J ai donc d fini la domestication comme un ph nom ne social l action que les hommes exercent sur des animaux Arch opages 35 D bat Jean Denis Vigne Jean Pierre Digard 2 Jean Denis Vigne Je partage cette vision Pour l arch ologue l animal domestique se caract rise par des modifications ph notypiques ou comportementales par rapport l anc tre sauvage L arch ologie r v le en premier lieu les modifications ph notypiques r duction de la taille du dimorphisme sexuel On a longtemps cru que le d calage entre le d but du processus de domestication et l apparition de ces transformations tait constant et court Il n est ni l un ni l autre sa dur e d pend de la pression anthropique Les processus de marronnage ou de retrempage peuvent consid rablement sur l apparition des modifications ph notypiques Avec la naissance de la pal og nomique l arch ologie pourra bient
16. s du sanglier qui subitement appara t sur l le de Chypre Il faut dire que le sanglier est une esp ce qui se pr te particuli rement bien au contr le d animaux sauvages Concernant les ruminants le processus est de nature un peu diff rente et avec la multiplication des donn es on se rend de plus en plus compte qu il pas suivi le m me tempo Il ne faut pas oublier que ces d buts de l agro pastoralisme au Proche Orient vers 8500 avant notre re sont le fait de soci t s de chasseurs agriculteurs qui maf trisent parfaitement leur syst me d approvisionnement notamment la chasse Ce qui est particuli rement tonnant c est qu entre 8500 et 7500 av J C au Levant de tr s nombreux villages n olithiques ont continu de tirer l essentiel de leur alimentation carn e de la chasse aux gazelles aux h miones ou aux ch vres sauvages alors m me qu ils poss daient des animaux domestiques quoi dont leur servaient ces derniers puisqu ils ma trisaient parfaitement la chasse comme source de prot ines animales Prestige Fumure Force motrice Compl ment saisonnier 4 On ne peut pas exclure non plus l exploitation du lait produit qui devient accessible avec la domestication JPD En restant dans l optique d exploitation conomique il est fort probable que les premiers domesticateurs aient eu l id e de tirer le lait Mais ce ne peut tre que dans un deuxi me temps Il faut voir le pugilat que c est tant avec les b
17. t utiliser des crit res ph notypiques non visibles sur les ossements comme par exemple la couleur du pelage L identification arch ologique des premiers animaux domestiques volue donc avec les progr s des techniques Pour sa part le processus de domestication qui provoque terme les modifications biologiques caract ristiques de lign es domestiques est une des multiples formes d interaction cologique entre hommes et animaux mais aussi une des multiples formes d appropriation des ressources de l environnement par les soci t s La domestication est donc un superbe exemple d interaction entre les dynamiques naturelles et soci tales Il y a de multiples types de processus de domestication et chacun d eux est une histoire qui claire de mani re diff rente les comportements des soci t s JPD Le point commun de tous ces processus n est il pas l absence de projet Je suis convaincu que les premi res interactions entre hommes et animaux ne sont pas dues une volont humaine de tirer profit de telle ou telle esp ce JDV Il me semble aussi que l exploitation des animaux n est pas le motif de la domestication mais un de ses r sultats Le processus de domestication commence souvent lorsque des animaux s approchent des villages en qu te de nourriture sans qu il y ait n cessairement intentionnalit humaine Ce commensalisme est une premi re forme de l anthropisation des cosyst mes et de leur biodiversit
18. vators Spread to Cyprus Earlier than 10 600 Years ago Proceedings of the National Academy of Sciences 109 22 USA 2012 p 8445 8449 Jean Pierre Digard ethnologue et directeur de recherche au CNRS dans l quipe Langues cultures et soci t s des aires culturelles iraniennes et indiennes de l Antiquit nos jours s int resse particuli rement la domestication Parmi ses publications Le cheval civilisateur de l homme in A Gardeisen E Furet et N Boulb s ds Histoire d quid s des textes des images et des os Monographies d Arch ologie M diterran enne Lattes ditions de l Association pour le D veloppement de l Arch ologie en Languedoc Roussillon 2010 p 227 231 Les voies de la domestication entre tendances hasard et n cessit in J P Demoule d La r volution n olithique dans le monde Inrap CNRS ditions Universcience Paris 2009 p 165 179 Essai d ethno arch ologie du chien Ethnozootechnie n 78 2006 p 33 40 La Domestication animale revisit e par l anthropologie Ethnozootechnie n 71 2003 p 33 44 Phrases JPD Un animal domestiqu ne le reste que si l homme entretient le processus de domestication JDV Les premiers animaux domestiqu s n ont pas t choisis par les hommes ils se sont impos s eux Jean Pierre Digard La question de la domestication m a int ress d s mes tudes d thologie puis lo
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