Publication en ligne du texte complet de Martine Lani
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1. du processus selon que l on se r f re aux traces m ou i aux transmissions volontaires renvoyant aux h ritages ou aux transmissions involontaires que l on peut associer m taphoriquement l h r dit qui ne peut tre bloqu e ou travestie Ceux qui sont en difficult s dans leur rapport la vie c est peut tre qu ils ont ressenti ou v cu des choses qu ils n ont pas la possibilit de dire et faire passer seuls et qu il leur manque des l ments m et i fiables pour r inventer leur histoire ant rieure Comment nous cr ons le pass Oui j ai eu du mal avancer comme un sapeur dans les couches molles de l oubli au milieu de ces morts qui n existent plus Il m a fallu rallumer la flamme la vie j ai d frotter entre elles des pierres de silence de sorte faire jaillir quelques tincelles parcimonieuses d ternit Or mesure que l on avance il est prudent d tayer la sape si l on ne veut pas se laisser engluer enfouir c est un gros effort Claude Duneton 7 ne g 3 f amp A la mani re du Poucet du conte les petits cailloux sur le chemin pouvant servir de rep res 8 p Les miettes susceptibles quoique parcimonieusement non de rep rer mais de nourrir Page 5 sur 13 Via le processus d criture connect la vie il est plusieurs perspectives dans la fa on de faire de cette vie qui nous d passe dans le temps par les deux bouts une his2. ou la lecture de ce r cit Et il ne s agit pas seulement d une coute de soi pour ce qu on a t titre personnel mais aussi d une coute plus ouverte comme t moin d une poque que l interpellant n a pas connue Raconte comment as tu pu vivre quand les t l phones portables n existaient pas quand il n y avait pas l eau courante Certains grabataires ainsi reconsid r s dans l ensemble de leur parcours de vie et non plus r duits leur tat du moment par ce biais se sont redress s oublieux de cette situation actuelle sans m me s en rendre compte Une histoire de vie que j ai nomm e g n rante est galement possible o s effectue dans le pr sent une co production interg n rationnelle chaque g n ration interpellant l autre dans une interaction coute parole Le mod le peut en tre aussi la correspondance savoir un change de lettres J ai t incit e formaliser ainsi une telle d marche lors d un travail de groupe o chacun se cherchait ses propres motifs d criture Edith avait tr s envie de conna tre son grand p re d c d avant sa naissance et dont elle ne savait presque rien Alors elle lui a crit une lettre Cher grand p re je ne sais rien de toi j aimerais que tu me dises Mais qu ajouter sauf des bribes bien restreints La s ance suivante elle vint pourtant avec une r ponse Ma ch re petite fille que je suis
3. contenu dans l ignorance Michel Serres Il fut un temps j avais eu l audace de faire exploser la repr sentation triangulaire plate papa maman enfant dite depuis Freud dipienne en proposant une repr sentation en volume d ployant sur cette base deux dimensions la temporalit g n alogique lui donnant du champ autant que de l air et incitant penser en relief 1997a notamment pp 35 62 Et Herm s se pr tait bien relever dipe de ses fonctions plus compliqu es en l tat que complexes Je souscris toujours ce remplacement avec toutefois des r serves quand l exc s guette et que l id ologie frappe au carreau Car comme le rappelle Milan Kundera il n y a plus de temps perdre avec des souvenirs En effet 1l ne faut pas se tromper de sens dans la transmission D s cet ouvrage fondateur je notais ceci Je rappelle et ne le ferai jamais assez chassez vos st riles nostalgies il s agit de remonter le pass certes mais comme un ressort pour mieux se propulser vers l avant C est quand on l ignore volontairement ou non que le pass accroche p 16 Car la d marche qu elle soit g n alogique g n rationnelle g n rante ou g n rative et malgr son apparence n est pas J insiste encore tourn e vers le pass mais vers le futur Regarder l avant pour permettre d aller de l avant comme en voiture o pour avancer avec un minimum de s curit
4. coord v nements et formation de la personne carts internationaux et interg n rationnels l Harmattan 2006b tomes 1 et 2 et 2010 tome 3 Pineau Gaston Lani Bayle Martine et Schmutz Brun Catherine coord Histoires de morts au cours de la vie L Harmattan 2011 Lani Bayle Martine et Milet ric Traces de vie De l autre c t du r cit et de la r silience Chronique Sociale 2012 Lani Bayle Martine et S owik Aneta dir avec Dosse Fran ois L vy Andr et Pineau Gaston Formation de l v nement v nements en formation Regards crois s Wroc aw ATUT 2012 Site internet www lanibayle com ation rofe 9n Formation Pratiques P Page 13 sur 13
5. l or e de sa 120 ann e notre toujours lucide ex doyenne Jeanne Calment Que faire donc du pass comment vivre le pr sent sans le subir qu on le connaisse ou pas alors que la vie est tourn e vers l avenir mais que sans toujours vouloir ni pouvoir faire avec le pass elle ne peut non plus faire sans comme si certains pisodes d rangeants voire pire n avaient pas eu lieu Apr s cette poque o il tait coutume de ne dire que ce qui paraissait acceptable et de taire ou blanchir le reste comme nous venons de l voquer maintenant surtout il ne faut pas oublier Pour autant comment restituer la m moire quelle m moire avec quels choix et quelles distorsions et qu en faire aujourd hui Quels sages passages possibles entre g n rations s il en est Car qu on le sache ou non ce qui s est produit avant nous n est pas inerte 1l s est fait sans nous et nous avons besoin des autres pour y avoir acc s et donc de leur faire confiance concernant leurs propres choix et crit res de choix dans ce qu ils vont nous restituer ou non ou mal C est ce qui permet de s approcher de ce qui s est produit sans soi pour tenter de s en d tacher et pouvoir produire sa fa on Les amers de la transmission Ne lisait elle pas sa propre vie d apr s un mode d emploi que les autres lui avaient gliss entre les mains Milan Kundera Cette transmission dans sa dime
6. t impos qui le caract rise au n cessaire autant qu in vitable conqu rir La scansion de l interg n rationnel Au c ur de cette transmission c est la prise en compte de la succession des g n rations qui permet de cr er une m moire servant des uns aux autres et par l de contribuer la gen se et la construction de l historicit ainsi fond e Car la succession invente un lien travers une suite de ruptures elle est la fois ce passage et un tat et indique donc un assujettissement en m me temps qu un remplacement modifiant La g n ration se situe donc aux deux bouts de la cha ne l interface entre m moire et histoire La d signer inscrit dans le temps en d signant le pass tout en esquissant le futur incluant le sujet dans la cohorte de ses cong n res contemporains et d limitant par l un espace de dur e partag e Mais c est le temps familial que les g n rations rythment d abord y inscrivant cet ordre immuable n cessaire cf Pierre Legendre que des d calages parfois compliquent en cr ant 1999 2006a et 2007a Le ons IV L inestimable objet de la transmission Fayard 1985 Page 2 sur 13 des cohabitations difficultueuses voire g n ratrices de d routes possibles La violation de cette loi est l inceste son d tournement menant la folie symbolique Si ces d calages naturels peuvent g n rer concr tement des situations ambigu s un oncle plus jeune que so
7. Biennale internationale HSE 27 ER TN pe La ducation PSE Pratiques professionnelles Communication n 32 Atelier 16 Rites de passage entre g n rations z no 9 Transmettre Vestiges et vertiges de la transmission entre g n rations Martine Lani Bayle Professeur en Sciences de l ducation Universit de Nantes R SUM Que faire du pass et comment se transmet il alors que la vie est tourn e vers l avenir mais que sans toujours vouloir ni pouvoir faire avec lui elle ne peut non plus faire sans le pass comme si certains pisodes d rangeants voire pire n avaient pas eu lieu Apr s une poque o il tait coutume de ne dire que ce qui paraissait acceptable et de taire ou blanchir le reste maintenant il ne faut pas oublier Mais comment restituer la m moire quelle m moire avec quels choix ou quelles distorsions et qu en faire Quels passages possibles entre g n rations Nous en pr senterons quelques d marches passant par le r cit et l criture autant que leurs limites MOTS CL S insu interdits de savoir et d oublier renversement scordatura silence La transmission est en quelque sorte sacralis e de nos jours et de plus en plus semble t il tant du c t des savoirs que des g n rations Or elle n est pas seulement ce que l on croit ou veut qu elle soit Ce qui se transmet c est avant tout ce qu on ne transmet pas ce qui suinte ma
8. a semaine suivante elle les lui a envoy s par la Poste Edith a ainsi re u en vrai une r ponse son courrier et pu poursuivre sa correspondance avec son grand p re son propre r cit ainsi g n r ayant g n r celui de son grand p re qui par l la g n rait D s lors j ai donn comme nom familier cette forme d histoire de vie appel e g n rante le principe d Edith Au Japon dans la perspective du plus jamais cela non seulement ils font venir tous les enfants scolaris s sur les lieux m mes de m moire et visiter les mus es dits de la paix c est dire l o ont eu lieu parmi les pires des exactions mais ils leur font rencontrer in situ les t moins encore pr sents pour en discuter avec eux Ensuite ils sont invit s crire leurs premi res impressions sur des livres d or puis ils r alisent un journal de voyage et un dossier Cette rencontre dialoguante avec ces faits du pass via les t moins vivants s apparente l histoire de vie g n rante telle que d crite tant qu il est encore temps tant que ces personnes sont toujours l Et elle s effectue sur les lieux concern s ce qui la diff rencie des initiatives en France o ce sont les t moins qui se d placent sur les lieux du savoir les coles pour exposer leur r cit aux coliers puisqu on est l cole Page 7 sur 13 Quand des enfants vont la rencontre de personnes g es da
9. arviennent pas int grer favorise t elle la troisi me configuration que les adultes et parmi eux les enseignants ou autres formateurs ont parfois du mal admettre Car le retournement ainsi induit modifie la pr s ance des g n rations des a n s et la transmission s inverse alors localement les jeunes apprenant aux plus anciens les donn es du monde actuel quand ceux ci leur passent ce qui est n cessaire leur avenir Ce mouvement dans sa forme actuelle est r cent Avant l immuabilit tait peu pr s constante Puis progressivement au cours du XX si cle et jusque dans les ann es soixante dix une crise monte entre les g n rations et une r volte na t qui est dirig e contre les p res travers ce qu ils repr sentent L h ritage des poques pr c dentes est refus et jug ringard la jeunesse se tourne vers le futur en esp rant pouvoir faire fi d un pass estim r volu Quant il est trop difficile ce pass est carr ment gomm escamot voire remplac par un mensonge Culturellement on pense encore que le camouflage ou le d ni le lavage peuvent remplacer en toute impunit des faits peu glorieux ou catastrophiques 2007 b Une g n ration apr s 68 les jeunes se r volt rent non plus contre le pass mais pour l avenir et leurs descendants autrement dit pour assurer leur retraite alors qu ils n avaient pour la plupart pas encore tudes non finies ou ch mage oblige comm
10. content que tu m crives Mais tu sais toi tu peux un peu savoir qui J ai t car je suis pass avant toi Moi je ne peux rien savoir de toi je ne savais m me pas que tu pourrais exister Alors oui je te parlerai de moi mais avant je voudrais que tu me parles de toi Et l Edith qui s tait montr e incapable d crire sa vie et n ayant pas eu d enfants n avait pas ressenti de sollicitation en direct vers une histoire de vie g n rationnelle s est mise sans s en rendre compte l crire transformant un appel de l aval qui n avait pu se faire en un appel de l amont S tant ainsi malgr elle en quelque sorte pi g e son propre r cit lui est devenu possible L aventure ne s est pas arr t e l montrant en quoi le r cit est aussi vecteur de lien social Dans le groupe se trouvait une femme ayant eu enfants petits enfants et m me arri res Donc ressentant fortement cet appel du futur par leur biais mais aussi initi e par leurs soins l informatique et fervente des moteurs de recherche Ayant entendu le nom du grand p re d Edith et sachant qu il avait occup des fonctions municipales et r alis des tableaux qui avaient t expos s elle a utilis Internet et l aide de ses propres descendants pour r colter des renseignements sur ce fameux grand p re inconnu par ces biais qu Edith n imaginait m me pas Et fac tieuse plut t que de les communiquer Edith l
11. e de transmission quand prend elle le relais sur ce qui ne passe pas ne peut plus passer g n rationnellement en termes de savoirs partir de quand un v nement majeur difficile est il inscrit et m tabolisable dans les manuels scolaires O se place l cole dans le tableau suivant D l gation entre g n rations 2010 p 27 Comment s apprend le monde LIST anc tres parents enfants F V cu 4 X X H Ressenti 17 par contact sans le v cu gt D Savoir U Interdit R clam Appris lu ou refus manquant Versus Tu ne l as pas sera transmis conquis v cu tu ne peux sans le savoir pas le linsu de savoir Je ne peux pas le savoir c tait avant ma naissance Perspectives arc en ciel Il me revient en m moire ces premi res interrogations de l enfance o l on recherche les rep res du temps qui passe Maintenant nous jouons souvent Ga lle et moi en regardant les images de la t l vision les restituer dans le roman familial a c est quand Grand p re tait petit L c est l poque o ta m re et moi sommes n es Tu vois c tait comme a quand Grand p re et Grand m re se sont mari s Fran oise Laborde 14 In Pourquoi ma m re me rend folle ai Lu n 6244 Ramsay 2002 page 135 Page 11 sur 13 Pour autant un travail de transformation peut se faire avec le temps un cap est passer au del de ces interdi
12. enc travaill Le pass n est plus rejet on a compris qu il tait pire de tenter de faire sans comme si il n avait pas eu lieu il est au contraire valoris et recherch sans se douter de ce qu il peut receler toujours de drames sous le voile il faut savoir se souvenir comm morer ouvrir les placards et autres oubliettes Avec tous les exc s auxquels on assiste quand le souvenir n est plus un choix une conqu te mais une obligation que l oubli est forclos et que l horreur domine qu en faire alors La masquer encore quand l assumer reste impensable Un tel renversement mais cette fois banalis et apais appara t aussi dans les expressions courantes et donc non pens es du langage Je descends de mes racines est une 4 Cf Martine Lani Bayle Vers une transmission interg n rationnelle des savoirs in Savoirs 2004 4 pp 67 70 5 Cf La r volte contre le p re de G rard Mendel Payot 1968 qui exprime bien ce mouvement Page 3 sur 13 expression qui en rend bien compte et dont l aporie n est que rarement relev e m me si l on repr sente sans le r aliser ses dites racines dans les branches de l arbre g n alogique De m me les mots ascendants et descendants sont souvent confondus et employ s l un pour l autre Des cons quences p dagogiques de ce mouvement qui s inverse apparaissent alors comme in vitables si on accepte de les consid
13. esure 12 La vie n est qu une ombre qui passe un mauvais acteur Qui pendant une heure se pavane et s agite sur la sc ne Et puis qu on n entend plus une histoire Racont e par un idiot pleine de bruit et de fureur Et qui n a pas de sens 13 Cf Philippe Forest Le non sens irr ductible de l existence Chemins de formation au fil du temps n 5 avril 2003 Le Petit V hicule Universit de Nantes pp 36 49 Page 10 sur 13 De la sorte un nouvel interdit s est rig l interdit d oublier se traduisant en devoir de m moire voire parfois en abus de m moire comme le d noncent notamment Boris Cyrulnik ou Tzvetan Todorov La diff rence entre ignorer et choisir volontairement et donc temporairement d oublier est abras e Nous sommes entr s dans l re de la transparence impos e qui utopise de pouvoir puiser le savoir et de la mise en parole requise Le taire pourtant si n cessaire parfois au moins provisoirement dans le processus d laboration de la pens e devient un d lit le silence est refus le secret sans discernement proscrit Et l histoire n aura plus de marge pour se faire que de se fixer sur les sch mas du pass fig s par une interpr tation officielle et jug s acad miquement autant qu irr m diablement et pour tout un chacun quelle que soit sa situation vraie Ce qui n est pas sans interroger aussi sur le r le de l cole en cette affair
14. gement mon insu par le r cit rendu possible elles s clairaient Parall lement ce parcours exploratoire personnel dans ma pratique de psychologue clinicienne d alors je constatais les d g ts occasionn s chez les enfants il s agissait d enfants cart s de leur pass familial et l poque plac s en famille d accueil pour la plupart en toute m connaissance de cause pour qui le pass ne signifiait rien qu un pr sent qui d s leur origine se refermait sur leurs pulsions d investigation Comment alors cultiver 1 Mot d origine italienne qui d signe le fait en musique de d saccorder volontairement un violon le son alors qui s chappe ne correspond pas la note jou e 1999 2006a 2007a Page 9 sur 13 voire maintenir la curiosit du monde comment ne pas le craindre quand d s le d part celui ci leur chappait qu on le leur refusait ou transformait par des mensonges Car nous l avons vu pour parvenir apprivoiser cet avant soi de proche en proche c est un v ritable travail de Poucet quand il est possible qui s effectue plus ou moins naturellement ou volontairement cet effet il est important que chacun ait dans son entourage des indices authentiques et non d vi s disposition ces traces m et i ou paroles naturelles sur son avant qui fonctionneront au moment o elles auront besoin d tre saisies et de prendre sens S il n y a pas barrage si person
15. ises musique nom d un groupe religion Au del de cette diversit de domaines allez construire une d finition coh rente Mais surtout si les savoirs sont pr sents quoiqu en 7 position seulement travers les connaissances aucune trace de ladite transmission entre g n rations Qui est l tymologie du mot secret cf 2007 a Page 1 sur 13 Une d finition bien paradoxale Transmettre la base ce serait faire passer une information d un metteur vers un r cepteur en supposant qu il recevra bien ce qui lui a t envoy Or le pr fixe trans signifie ce qui passe au travers et va au del ainsi la transmission c est ce qui chappe toute volont et aboutit autre chose que ce quoi c tait destin Il y a d s lors en bout de cha ne frans formation changement de forme savoir litt ralement m tamorphose autrement dit trahison c est dire traduction dans un autre syst me de signifiants Alors que l on imagine la transmission comme passage l identique dans l id e d une tradition qui sauvegarderait un patrimoine en l tat dans les faits il ne s agit pas d une sauvegarde plut t d un sauve qui peut Le processus ainsi pr vaut sur le produit final qui lui n est pas pr visible ni programmable Ces remarques conduisent au constat suivant v TIl ne suffit pas de transmettre de donner ou de dire pour que quelque chose soit re u ou ente
16. lgr nous et c est bien ce qui en fait l int r t Pour le comprendre il convient de distinguer le processus du contenu sur lequel elle est souvent rabattue En tout cas si notre histoire commence avant nous dans ce qui constitue notre pr texte cet ant rieur n est pas inerte 1l s est fait sans nous mais n en finit pas d avoir des choses nous dire nous dire ou ne pouvoir dire ou ne vouloir dire Car du souvenir l oubli du secret au respect du non dit au pas encore dit en passant par l impossible dire regarder alentour tenter de mettre des mots sur ses ant c dences permet sans doute de mieux identifier les fondations du terrain sur lequel on se trouve mais tout en se heurtant des incontournables Ceci incite conqu rir son propre chemin de vie et d apprentissage en mettant l preuve les croyances en un destin qui serait fatalement reproducteur Entre prescription et interdits de Dolto Barbe Bleue En interrogeant 1l y a quelques jours un grand moteur de recherche sur le mot transmission ma grande surprise J ai trouv pas moins de douze registres Par ordre de fr quence m canique d abord arbre de transmission radio forces arm es renseignements ou ordres droit patrimoine et imp ts m decine infections g nes soins infirmiers par oral au moment du changement de service connaissances p riode de la Renaissance optique informatique entrepr
17. mais ne revienne pas Et si a contrario aucune soi disant r p tition n est non plus inscrite l avance y croire fermement tout comme le redouter d ailleurs peut la favoriser On voit surtout ce que l on sait Mais le savoir n vite rien si cela peut favoriser les croyances De l autre c t de la transmission limites et but es de indicible de l inaudible de lin crivable Savoir oui mais comment et quel prix Si les personnes qui nous environnent quand nous les questionnons propos du pass plaquent un r cit qui ne rentre pas en phase avec ce qui est inscrit en nous sans le savoir notre insu nous ne pouvons manquer de percevoir un d calage entre ce qu on nous dit et ce que nous avons ressenti Et cela perturbe ensuite parfois gravement notre rapport au savoir qui sera frapp du sceau de l interdit en cr ant un d saccord une discordance scordatura entre les faits et leur d signation par les autres La mise en vidence de la dimension interg n rationnelle par le manque et la m connaissance Mon p re n avait pas cru devoir me fournir d instructions relatives aux choses qu il m a l gu es Il avait perdu le sien si t t qu il n en gardait aucun souvenir et c est en silence qu il ma transmis ce qu il avait touch sans phrases Il s est loign chaque fois vers quelque endroit connu de lui et je suis rest seul sur la nouvelle rive Pierre Bergou
18. n neveu une m re procr ant alors que sa fille a d j un enfant si des g n rations peuvent ainsi se trouver cras es il est d usage a contrario d exacerber ce que a t appel le conflit voire le foss des g n rations cf Margareth Mead par ex quand des tranches successives s opposent et s excluent mutuellement se manquent de respect quand il y a une r volte de succession Mais on observe aussi ce qui est l effet des encha nements qui verrouillent les g n rations entre elles parfois insidieusement et que d aucuns qui s y accrochent sous forme de croyance magique assimilent de l atavisme au destin voire une in luctable fatalit L volution des soci t s traduit ces ph nom nes d une fa on plus globale selon trois dominantes qui peuvent se suivre 1 Les soci t s stables o la g n ration du p re domine celle du fils qui lui reste assujetti n en h rite et ne le remplace qu sa mort 2 Les soci t s de transition o les g n rations du p re et du fils cohabitent galit 3 Les soci t s volution rapide o la g n ration du fils supplante celle du p re en pr sence de celui ci Vers un renversement in dit dans la transmission Le pass prend racine dans l avenir Hafid Aggoune Peut tre l arriv e massive et la d mocratisation de l informatique cr ant des savoirs chez les jeunes que les plus g s ont du mal voire ne p
19. ndu v Il ne suffit pas de ne pas transmettre ne pas dire pour que quelque chose ne soit pas re u entendu Qu on le veuille ou non cela passe notre insu l insu tant ce que l on sait sans le savoir Car sans avoir eu encore l occasion de remarquer qu on le savait parce qu attrap par contact par proximit par relation en passant et le passeur comme le passage le sont malgr eux c est dans l air ou dans l erre comme on voudra Sur de telles bases on remarquera que v La volont de transmettre ou de dire peut touffer la curiosit la cr ation tuer la qu te c est l aspect pervers de l effet Dolto quand le bain de parole pouss l extr me submerge et que le taire devient en soi proscrit pouvant aller jusqu aux interdits d oublier v La volont de ne pas transmettre ou dire n emp che pas le passage Au contraire cela peut donner envie jusqu l obsession de conqu rir d y aller voir quoiqu il en co te et malgr les dangers annonc s c est l effet Barbe Bleue alias interdits de savoir ou la m saventure originaire d Eve signifiant les risques de vouloir mordre dans la pomme de la connaissance Quoiqu il en soit au bout du processus de transmission ou sans lui rien n vite le travail du trouver cr er et seul un espace interm diaire de silence permet de construire de passer du donn avec le c
20. ne autour de lui n est trop d rang par cette situation Tout le monde se devrait pour ce faire d avoir flottants dans son contexte c est dire disponibles ces l ments de vie qui font sa vie dans le temps pour se construire avec non seulement en chair mais en mots Et si on pr f rait ne pas savoir ne pas subir C tait bien affreux cette guerre faisait ma m re en hochant la t te Elle r p tait chaque fois la m me phrase en soupirant Mais l horreur n tait pas partageable ni descriptible avec des mots Claude Duneton Mais il est chez tous partout des pass es qui r veill s vont provoquer non des mancipations par le r cit J rgen Habermas ou autrement mais d insondables souffrances il est des points de but e dans toute vie qui restent intouchables avec des mots auxquels ils ne peuvent rien sinon r activer des motions impensables Life s but a walking shadow a poor player That struts and frets his hour upon the stage And then is heard no more it is a tale Told by an idiot full of sound and fury Signifying nothing Macbeth Acte V Ainsi il est souvent question de sens quand on voque les histoires de vie largement elles sont cens es par le simple fait de la narration re donner sens sa vie sinon la vie Mais dite ainsi l expression n a de sens qu artificiel Jamais aucun r cit ne fera reculer le non sens inh rent certaines situation
21. nioux Des interdits de savoir impos s par certains sur les plus jeunes cr ent ainsi une hi rarchie un assujettissement entre ceux qui savent et ceux qui refusent ce savoir d autres qui en ont besoin ou le r clament Au nom de quoi de quel prise de pouvoir sur l autre et sa vie La scordatura qui fait dire par des adultes beaucoup de bobards aux enfants peut aller jusqu au blanchiment de la m moire o un pass tout neuf et artificiel est affich en place de ce qui s est produit proposant une virginit de vie ceux qui l auraient pour quelque motif que ce soit entach e Car ceci ne se remarque pas qu au plan des personnes ou des familles mais est actif aussi on le sait au plan national ou international Ce qui fait figure de v rit historique est pass par un sas qui la rend acceptable selon les crit res politiques sociaux culturels biens ants du moment 2006a Ainsi c est ainsi par la n gative la fermeture l absence et leurs effets que m est apparue l importance de cette dimension temporelle verticale dans la constitution de la personne et alors que moi m me je disposais port e de mains de moyens concrets pour assouvir mes curiosit s et r aliser les qu tes g n alogiques dont je pouvais ressentir le besoin Je pouvais d s lors valuer ce que ces prises de connaissances me faisaient connaissances implicites avant et qui d incarn es avaient comme tout un chacun nourri lar
22. ns des maisons de retraite dont elles ne peuvent que peu ou plus sortir pour laisser tra ner aupr s de leurs bouches des oreilles avides de savoir et d change nous nous rapprochons de telles d marches Et a marche Le r cit se l ve Dans les deux sens en toute r ciprocit Chaque enfant en effet comme je lai signal plus haut avec l exemple d Elisabeth Heutte a besoin d entendre quelque part dans son pr sent une initiation la culture venant du temps et par contact prox mique direct pour en toucher du doigt la profondeur et s y apprivoiser par un r cit symboliquement rev tu par une figure ancestrale Qui lui ouvre une voie vers un futur possible S il n a pas de grands parents aupr s de lui il peut en trouver ailleurs e L histoire de vie g n rative enfin se montre compl mentaire l histoire de vie g n rante cette fois c est un enfant qui s invente travers un r cit passant par le biais d une projection vers un jouet humano de concernant les filles par exemple c est la poup e projet e en maman qui produit un r cit anticipateur d un tat futur Aller vers le pass pour se raconter se raconter pour le futur finalement une correspondance s exerce aussi au del des fronti res du temps et le pass interroge lui aussi apr s coup le futur D dipe Herm s Le savoir clair contient un aveuglement au moins aussi large qu est profond le savoir obscur
23. nsion princeps savoir interg n rationnelle ne peut se r v ler mieux que par cette image un grand p re prend son petit fils sur ses genoux et commence lui raconter Mon grand p re m a dit que son p re Si l on prend un cart standard de 30 ans entre les g n rations et si le petit fils est n en 2000 cette simple parole fait exister en lui de proche en proche et entrer dans sa familiarit la pr sence d une personne n e en 1850 soit exactement un si cle et demi avant lui 6 Figuration propos e par Elisabeth Heutte dans ses travaux de 3 cycle Page 4 sur 13 C est de cet ordre la manifestation processuelle directe de l interg n rationnel via la narration et la relation au pr sent ce contact qui se noue entre les g n rations au del du temps Cette possible transmission inaugure notre d veloppement personnel et notre propre r cit Par elle nous entrons dans la culture et s amorce notre rapport au savoir pour l venir en toute m ta morphose car elle d coule sur la cr ation d une nouvelle forme faite de notre propre m tabolisation des g n rations pr c dentes et d actes commis avant nous dont nous ne sommes pas responsables Cette mise en r cit que nous en ferons en les inventant notre mani re et non la leur que nous continuons d ignorer quasi totalement nous permet de les approcher ef de nous en distancier de nous rendre responsable non de ce qui a eu lieu avant n
24. nus mes racines remarque Tim Gu nard avec la lucidit que l criture conf re ceux qui exp rimentent ce que dire crire la vie apporte Principale bibliographie sur le th me Lani Bayle Martine Lani Bayle Martine Enfants d chir s Enfants d chirants R flexions partir du placement familial Editions universitaires 1983 Lani Bayle Martine la recherche de la g n ration perdue Hommes et perspectives 1990 Lani Bayle Martine G n alogie des savoirs enseignants l insu de l cole L Harmattan 1996 Lani Bayle Martine L Histoire de vie g n alogique D dipe Herm s L Harmattan 1997 Page 12 sur 13 Lani Bayle Martine De femme femme travers les g n rations Histoire de vie g n alogique de Caroline Lebon Bayle 1824 1904 L Harmattan 1997 Lani Bayle Martine L Enfant et son histoire Vers une clinique narrative r s 1999 Lani Bayle Martine Taire et transmettre Les histoires de vie au risque de l impensable Chronique sociale 2006 Chemins de formation n 9 La transmission interg n rationnelle T ra dre Universit de Nantes 2006 Lani Bayle Martine Les Secrets de famille La transmission de g n ration en g n ration Odile Jacob 2007 Lani Bayle Martine et Texier Fran ois Apprivoiser l avenir pour et avec le jeunes Entretiens interg n rationnels avec Andr de Peretti Mare et Martin 2007 Lani Bayle Martine et Mallet Marie Anne
25. on a besoin de voir ce qui se passe derri re par o on est d j pass En effet le pass bouge avec l avanc e et il convient de maintenir sa vigilance son gard surtout quand on envisage de bifurquer mais pas seulement Pour poursuivre son chemin tout simplement Il s agit donc d un souci n cessaire mais partiel les r troviseurs occupent beaucoup moins de surface que le pare brise avant et de fa on lat rale d un simple besoin de connaissance et de reconnaissance servant s orienter en territoire mouvant Si je me trouve un carrefour me souvenir d o je viens ne me permet que de savoir d o je viens j ai alors le choix certes d y revenir mais en toute lucidit clair e ou option g n rale de me diriger vers les diff rents ailleurs qui s offrent mes perspectives La m moire sert cela et rien qu cela rep rer d o l on vient comprendre le sol que l on a sous les pieds et le paysage o l on se trouve avec sa profondeur Elle n est pas un but en soi elle indique mais n augure pas de ce qui n est pas encore advenu Si demain est en lien avec hier il ne s agit pas d un in luctable conditionnement Savoir l avant une infime partie de Page 8 sur 13 lavant soyons r alistes ses grandes lignes disons est donc important pour avancer mais cela ne r vons pas n emp che rien n est pas suffisant pour que ce que l on ne veut plus plus ja
26. ous mais de ce que nous faisons partir de ces autres et des temps d avant selon la formulation sartrienne Seul hier est crivable et au pr sent Demain n est pas encore crit et ne le sera jamais en tant que tel En effet l op ration qui construit de proche en proche cette transmission en aval de la reconstitution des hier s appuie non pas directement sur les contenus de l amont ce que l metteur veut transmettre et qui en tant que tels importent peu mais bien sur de simples traces limit es voire ineffables quoiqu essentielles et le plus souvent en creux que j ai appel es les amers au sens maritime du terme de l interg n rationnel Ces l ments sont de deux ordres certes ils sont pour certains mat riels que j ai appel s m ce sont tant les objets et documents laiss s par les anc tres que leurs incontournables marquages g n tiques mais ils sont aussi implicites et p rissables ou i les marques affectives habitudes h rit es par contact aupr s de ceux avec qui l on partage le quotidien le plus souvent ces deux formes de marqueurs sont m l es allant du niveau biologique au culturel en passant par le relationnel et le cognitif Nous pouvons globalement les rep rer sur le tableau suivant Les indicateurs de la transmission interg n rationnelle 1997 a p 70 vie fi liation m moire acculturation g n tique sociale m i m m i m i Ceci pointe l ambigu t
27. rer il devient indispensable de les prendre en compte dans les politiques et pratiques actuelles C est l un v ritable changement de posture transformateur de notre rapport au monde et au savoir qui s ouvre Celui ci inclut les effets de la temporalit au risque d en exacerber l impact c t induction in luctable comme refus born Mais le pass les anc tres n existent pas c est nous qui les cr ons La m moire familiale ne se transmet pas mais plut t s acquiert dans les interactions ordinaires de la famille et sans volont explicite de transmettre David Lepoutre De quoi se heurter la probl matique de la transmission qui n est pas simple derri re le c t provoquant du titre de cette sous partie se risque ainsi un constat qui d fie les croyances tourn es vers le pass comme si celui ci ne pouvait su ou non que se r p ter comme si savoir d o l on vient permettait comme on l entend souvent de savoir o l on va comme si l on ne pouvait aller que l d o l on vient Comme si la m moire devenait une obligation que peut on savoir et retenir de TOUT ce qui s est produit avant nous 1c1 o ailleurs hier comme aux aurores et n tait plus un choix un tri mais si je me souviens je peux parfois oublier de temps en temps transitoirement surtout le plus prouvant J ai cart les mauvais moments je choisis je ne subis pas disait
28. rtitudes videmment mais plut t un relativisme le pass est si vaste vite infini c est donc bien que l on choisit ses marques ses rep res partir de pistes vari es et multiples que chacun va composer comme il peut toutes ayant droit de cit mais la plupart restant heureusement oubli es face une vertigineuse vastitude Sur ce terreau chacun trie et se cr e sa fa on devenant auteur d un texte personnel composant avec quelques ingr dients remontant du pass tant individuel que collectif Car la personne travers le r cit de vie qu elle cherche reconstituer de ses ant c dences r elles ou fantasm es se forme elle m me sans pour autant se raconter en direct Un pass qui raconte un pr sent ou un pr sent qui se raconte travers un pass e L histoire de vie g n rationnelle cette fois c est une personne en g n ral d un certain ge comme on peut le dire qui ressent l envie de ou est interpell e pour composer un r cit de sa vie en direction de ses descendants Cette d marche intervient souvent cette poque de la vie comme un besoin Alors il est important si n cessaire de l accompagner pour la soutenir la d marche pouvant tre d licate ou perturbante voire de la valoriser En tout cas de l apaiser pour qu elle se maintienne sans susciter de d rangements Car de tels r cits doivent choisir en tout cas viter la r gle du tout dire sans po
29. s extr mes qui nous tombent dessus et les dire ou pas n y changera rien Prenons garde ce que nos expressions sur les effets attendus d un r cit et qui seraient comme automatiques ne deviennent trop faciles et n agissent comme un paravent vitant de voir ce qui se passe ou non Les mots n ont pas ce pouvoir l ce serait les sacraliser et ne pourrait qu accro tre concomitamment leur charge de dangerosit R sistent par exemple ce que j ai appel les interdits de savoir et qui consistent en ce que certaines personnes savent et refusent la transmission directe d autres ces zones tant entach es pour elles de trop de hontes de d shonneurs d humiliations de malheurs ou de douleurs Ces refus ou impossibilit s sont proprement subjectifs et ont voir avec les d nis voire avec la forclusion quant ils sont inconscient et sont le fait de la personne elle m me envers elle m me Or depuis ces derni res ann es et notamment la d cennie 90 les points de vue culturels et sociaux sur la question de ce que l on peut doit dire ou non aux suivants des pisodes extr mes travers s a chang Les interdits de savoir ayant t reconnus l unanimit ou presque en tout cas en France comme pernicieux ils ont t pour la plupart officiellement lev s Mais ils se sont au passage convertis en leur contraire savoir une prescription la connaissance obligatoire il faut savoir tout prix et sans m
30. sur de l impensable pourtant survenu ne pourront toujours permettre d organiser en r cit porteur de sens sinon d espoirs 2006 en tout cas gage de l habitabilit du monde Une des plus belles illustrations que l on puisse trouver la transmission se trouve dans les contacts entre g n rations qui peuvent s exercer en Maisons et Foyers de retraite quand entre a n s et jeunes parfois n ayant pas m me encore appris lire crire l cole se font des changes et stimulations de r cits tant oraux qu crits sur la vie des uns et des autres r g n rant les anciens tout en g n rant les plus jeunes Des liens ancestraux se cr ent ainsi spontan ment des changes d histoires qui font fi des inscriptions tant g n tiques que d tat civil et qui pourtant fonctionnent 2007b Par de telles d marches nous prenons conscience que nous sommes produits par ce ceux que nous produisons nous sommes le produit de nos uvres de vie et non plus ou pas seulement par ceux qui nous ont produits Une vision qui permet d chapper la fatalit mais dont l exigence est de nous rendre sans fin cr ateurs de ce qui nous constitue autant que redevables du futur dont nous ne pouvons nous passer pour vivre aujourd hui et peut tre demain Pour ce faire les g n rations ont besoin de se tenir la main prenant conscience que la transmission est in fine ce qui nous vient des plus jeunes Mes enfants sont deve
31. toire cr ation qui sera un peu la n tre sinon celle des n tres J ai au fil de l exp rience et des recherches men es ce propos rep r quatre grandes orientations pour une telle d marche 2007 a e R coltant les scories laiss es par les anc tres face apparente de la transmission et doublant ce travail de la mise en uvre d un effet d cho qui redonne de la chair au squelette fort incomplet exhum la faveur des quelques traces restantes il est possible de r aliser ce que j ai appel un accouchement rebours l accouchement des personnes dont on descend Cela permet de mettre jour une part de notre dimension nocturne car on se peut se surprendre ainsi crire somme toute assez facilement des parts de vies que l on n a pas v cues et que pourtant on n ignore pas totalement puisqu on peut les crire linsu ce que l on sait sans le savoir manifeste l le paradoxe nodal de son expression J ai appel cette pratique l histoire de vie g n alogique 1997 a et b s crire s crire dans le temps d avant soi travers l criture des anc tres Or il ne s agit pas travers cette d marche et malgr les apparences d une recherche d tourn e vers le pass mais bien d une tentative de d gagement d une configuration laquelle on participe partir d un certain moment moment qui se retourne vers ceux qui ont pr c d Elle permet d tablir non des ce
32. ts et la fonction du savoir peut se retourner ce qu un r tablissement narratif autorise non plus potentiellement dangereux puisqu il a fini par tre racont sans tuer que la vie a repris le savoir peut alors devenir cette fois refuge Il y a eu m tamorphose Cette nouvelle forme faite de notre propre m tabolisation des g n rations pr c dentes des actes desquelles nous ne sommes pas responsables pas plus que nous ne devons nous en rendre victimes cette mise en r cit nous permet de les conna tre et de nous en distancier de nous rendre responsable de ce que nous faisons partir d elles et des temps d avant Tous n effectuent pas un tel transfert qui symboliquement s apparente ce que Freud appelle la sublimation en tout cas qui la permet Quoiqu il en soit nous constatons combien passent aussi entre les g n rations des interdits de savoir et ou d oublier faisant tat d une oblit ration pouvant agir de fa on diam tralement oppos e dans un contexte historique comme familial extr me Ils pointent tout le moins la pr gnance du contexte temporel ant rieur dans la pr sentification potentielle du rapport au savoir Ainsi il n est point de transmission parfaitement sereine manant des g n rations ant rieures et autorisant sans faille imaginer et penser le temps la vie sa vie les autres sa vie parmi les autres s inscrire dans une temporalit que les mots souvent emp ch s et butant
33. urtant luder ou fuir choisir ne pas subir C est juste une fa on de regarder le pass sans se focaliser sur les zones d licates que tout un chacun comporte L objectif n est pas d agir sur ce qui s est produit qui de toute fa on en soi n est plus modifiable Mais de transformer en r cit quelques moments lus de sa vie qui permettront de donner du relief un pr sent qui s absente ne limitant pas la personne son apparence et ses capacit s fuyantes ou modes de vie r duits actuels et permettant par l de profiter d un espace agrandi qui du coup ouvrira des portes renouvel es vers un pas encore encore possible Cf Martine Lani Bayle Gaston Pineau et Catherine Schmutz La face nocturne du r cit de vie et ses rapports la formation Regards crois s l Harmattan 2012 1 Si l on remonte sur 10 g n rations savoir de deux si cles et demi ce qui reste atteignable cela ne nous fait pas moins de 1022 anc tres directs cumul s alors quand on ne remonte qu une branche soit 10 personnes cela en gomme 1012 Et combien de temps faudrait il pour faire connaissance avec chacune toutes ayant t n cessaires pour arriver nous Pour une heure sur chaque vie et que peut on savoir de quelqu un en une heure il faudrait 128 jours raison de 8 heures par jour Page 6 sur 13 Ne serait ce que par la communication ainsi induite du c t d une r ception en r action l coute
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