La vraie valeur des repas: manger et imaginer
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1. ces derni res contribuent construire la repr sentation Dans ce m canisme de gen se crois e de type poule et uf la repr sentation et les pratiques voluent progressivement en parall le Les repr sentations varient donc dans l espace social Mais on l a dit les variations restent relativement faibles et en ce sens la repr sentation est v ritablement un instrument partag C est bien la m me repr sentation peine modifi e qui va servir un m me individu au cours de sa vie se conduire 20 ans en c libataire campeur et 70 en traditionnel g Dans les deux tats il conna t peu pr s l ensemble des conduites possibles et n applique que celles qui s appliquent son cas On voit ainsi le p re de famille bien install habitu manger des repas structur s heure fixe revenir au sch ma du campeur grignotant une bo te de raviolis sur un coin de table quand il se retrouve seul Inversement le c libataire campeur m me s il ne conna t pas dans le d tail les pratiques d approvisionnement et de stockage hypermarch cong lateur typiques des familles avec enfant en poss de cependant d j une id e assez pr cise qui lui a t transmise par l exemple parental la publicit etc lors de son apprentissage du sens commun Il y a galement des volutions historiques la repr sentation du manger d aujourd hui n est plus exactement celle d il y a un2. mani re atteindre ses buts Comme les repr sentations guident l activit il est pr cieux de conna tre leur structure et leur fonctionnement pour comprendre les comportements L tude de ces questions a donn lieu une quantit consid rable de travaux th oriques et empiriques notamment dans la lign e du travail s minal de Moscovici 1961 sur les repr sentations sociales Des progr s r cents dans les techniques d investigation permettent de d terminer les contenus et la structure d une repr sentation donn e sous la forme d une combinaison d l ments Ces l ments permettent d une part de caract riser l objet de la repr sentation notamment pour l identifier en contexte d autre part de l utiliser dans le raisonnement ou l action En reliant les caract ristiques de l objet des activit s possibles la repr sentation leur donne un sens pour l action Car les repr sentations ont d abord pour but d tre efficaces qu elles soient justes ou vraies l gantes ou non est moins important que leur simplicit et leur EHESS Laboratoire de Psychologie Sociale EDF R amp D Laboratoire de Design Cognitif 2 24 01 2003 pr dictibilit Si l homme de science cherche pr dire les ph nom nes pour les contr ler et pour cela tente d en construire des mod les g n raux comment a se fait que ceci arrive l homme de la rue qui cherche sa mani re ma triser
3. si cle ce qui permet la repr sentation historiquement d tre adapt e son contexte d application Pens e magique et repr sentations Le sujet utilise ses repr sentations pr cis ment pour se simplifier la vie il a donc tendance les appliquer de mani re syst matique Or la repr sentation tant un mod le mental simplifi a des limites d application Dans les situations atypiques elle peut produire des erreurs d interpr tation Le sujet croit reconna tre tort un objet ou une proc dure applique le sch ma mental habituel et obtient des r sultats inad quats Cela se produit d autant plus que le sujet a sa disposition un r pertoire plus restreint de repr sentations Il ne peut interpr ter qu avec les instruments de pens e dont il dispose pour celui qui n a qu un marteau tout ressemble un clou L application abusive des 7 24 01 2003 repr sentations des situations o elle n est plus pertinente entra ne des comportements qui paraissent irrationnels Prenons nouveau le cas de manger La structure de la repr sentation explique la pens e magique alimentaire qui a tant intrigu les anthropologues On observe aussi bien chez les sujets les plus dipl m s que chez l homme de la rue des soci t s qu on a longtemps appel es primitives des croyances et des comportements en fort d calage avec la rationalit nutritionnelle A nsi les sujets refuseront vigoure
4. son destin se construit des mod les des ph nom nes et les utilise plus modestement pour vivre au quotidien comment on fait dans ce cas 1 Les repr sentations du sens commun sont donc parfois assez diff rentes des repr sentations scientifiques Les premi res accordent par exemple bien plus d importance aux aspects subjectifs et sociaux Ainsi la repr sentation sociale d une maladie par exemple le SIDA portera plus sur son v cu ses cons quences sociales les pratiques associ es que sur le m canisme physiopathologique Les repr sentations sociales de la connaissance distribu e Les humains apprennent les repr sentations les uns des autres ils les co construisent ils les font voluer Ils s en servent dans la communication et la coop ration au cours de la vie sociale Car tous les actes de la vie quotidienne n cessitent une coop ration m me les plus simples en apparence Prendre un caf au bistro n est possible que gr ce une immense quantit de conventions entre les fabricants de caf les transporteurs le barman le fabricant de percolateurs le consommateur les services d hygi ne etc D ailleurs tous ces acteurs se sont servis d une certaine repr sentation du caf pour se mettre d accord et d un m me mouvement ont construit l objet caf qui lui correspond La fonction des repr sentations sociales est pr cis ment de faciliter la communication et la coop ration sur les objet
5. t s alors j en int gre moi m me ces propri t s Et donc je crois que manger l aliment souill me souillera et je le croirai inconsciemment m me si l on me persuade consciemment scientifiquement du contraire sinon je devrais changer la structure m me du mod le mental qui me sert plusieurs fois par jour me nourrir La communication dans la crise de la vache folle ou dans l affaire des OGM Organismes G n tiquement Modifi s gagneraient tre examin es la lumi re de ces m canismes psychiques D une mani re g n rale puisque les sujets vivent le monde travers le prisme de leurs repr sentations ce sont les propri t s de celles ci qui expliqueront le mieux les attitudes et les comportements Au del de son int r t th orique pour la compr hension de la cognition au quotidien leur tude a donc des applications dans une large vari t de domaines qui cherchent comprendre ou modifier les comportements des politiques publiques au marketing en passant par la didactique l ing nierie de conception ou la communication Encadr l interrogation du dictionnaire par associations libres 8 24 01 2003 La langue participe de la m moire d une population Le r seau d association qui lie les mots les uns aux autres retrace le sens construit par la culture On peut en extraire la structure de repr sentations sociales par la m thode d association libre C est ce que j ai fait avec le g
6. Humaines N 128 juin 2002 32 35 ISSN 0996 6994 La vraie valeur des repas manger et imaginer Saadi Lahlou La repr sentation instrument de la vie de relation Les tres simples qui agissent principalement par r actions r flexes sont esclaves de leur situation imm diate Les organismes plus complexes comme l homme ont d velopp des syst mes sophistiqu s de relation l environnement qui leur permettent de s affranchir des contingences imm diates Ils construisent chaque instant des strat gies qui se d ploient dans l espace et le temps examinent des tats de choses possibles valuent les cons quences de dispositions diff rentes Car ils sont capables de mobiliser des objets absents de leur champ de perception et cela gr ce aux repr sentations Les repr sentations sont la forme sous laquelle les objets concrets ou abstraits sont manipul s dans les processus cognitifs Les repr sentations sont facilement transportables et permettent au sujet d avoir disposition tous ses objets de pens e sans pour autant charger ses bagages Elles ne sont pas physiques mais ont des effets dans le r el Pensez votre friandise favorite si vous tes loin de votre dernier repas cette pens e vous fera saliver La repr sentation vous pr pare l action La repr sentation est donc une sorte de description mode d emploi qui permet au sujet de construire des sc narios des simulations mentales de
7. THE LONDON SCHOOL or ECONOMICS AND POLITICAL SCIENCE LSE Research Online Saadi Lahlou La vraie valeur des repas manger et imaginer Article Accepted version Unrefereed Original citation Lahlou Saadi 2002 La vraie valeur des repas manger et imaginer Sciences humaines 128 pp 32 35 ISSN 0996 6994 2002 Association de formation d tudes et de recherches en sciences humaines This version available at http eprints lse ac uk 33122 Available in LSE Research Online June 2011 LSE has developed LSE Research Online so that users may access research output of the School Copyright and Moral Rights for the papers on this site are retained by the individual authors and or other copyright owners Users may download and or print one copy of any article s in LSE Research Online to facilitate their private study or for non commercial research You may not engage in further distribution of the material or use it for any profit making activities or any commercial gain You may freely distribute the URL http eprints lse ac uk of the LSE Research Online website This document is the author s final accepted version of the journal article There may be differences between this version and the published version You are advised to consult the publisher s version if you wish to cite from it http eprints lse ac uk 1 24 01 2003 2002 Lahlou Saadi La vraie valeur des repas manger et imaginer Sciences
8. ances plus sociales la m me repr sentation produira la prise en commun d un d ner articulant prendre repas vivre remplir amp nourriture HS Pour la mise en pratique une repr sentation un instant donn identifie ceux de ses l ments pr sents dans le contexte l ments instanci s et tente de les assembler conform ment aux sch mes d action qu elle contient L action 4 24 01 2003 observ e r sulte en principe de l agencement des l ments instanci s suivant le sch ma g n ral de la repr sentation Donc il se produit dans un m me mouvement mergence de la repr sentation en fonction du contexte son actualisation sous forme d un programme d action ou son int gration dans la constitution d une cha ne de pens e plus longue raisonnement communication Donc certains l ments comme je l ai montr pour la repr sentation de manger sont des l ments moteurs et l articulation c est dire la combinaison s quentielle de plusieurs l ments de la repr sentation est capable de produire un script comportemental Sous cette forme la repr sentation peut se pr senter au sujet comme un guide pour l action La repr sentation de l objet est ainsi un mode d emploi un guide pour agir en situation Le r sultat interpr tation et action r sulte d un m me mouvement progressif de reconstruction in situ d une instanciation particuli re de la rep
9. ette pomme qui par sa pr sence a fait merger la repr sentation La repr sentation n est mobilis e que si elle est ex cutable La structure paradigmatique de la repr sentation sociale explique sa remarquable capacit op rationnelle en permettant une application combinatoire finement adapt e aux situations bien que fonctionnant sur un sch ma unique et simple La construction des bonnes repr sentations est une op ration aussi difficile que l criture de bons modes d emploi ou la mise au point de bons outils Malgr leur aspect banal les repr sentations qui constituent notre sens commun r sultent d une laborieuse s dimentation de l exp rience de g n rations de sujets Cette construction historiquement situ e appara t clairement dans les variations entre cultures Par exemple les chiens les escargots peuvent ou non tre consid r s comme ALIMENT selon les cultures La co volution des pratiques et de repr sentations Quel lien les repr sentations entretiennent elles avec les pratiques L analyse des comportements alimentaires obtenue travers une analyse d taill e des pratiques permet de distinguer diff rentes strat gies de consommation alimentaire qui sont pr f rentiellement adopt es par diff rents types de consommateurs Nous avons rep r travers des enqu tes lourdes sur de grands chantillons sept grandes strat gies adopt es par les Fran ais Par exemple les familles avec enfants q
10. gion d un bon niveau d tudes travaillant dans le tertiaire avec des revenus plut t faibles mais qui doivent tre rapport s au fait qu il s agit de personnes seules Ils sont locataires d un studio ou d un appartement avec une petite cuisine quand ils en ont une tr s mal quip e et poss dent peu d animaux domestiques Ils lisent des quotidiens et des hebdomadaires d information et ou des journaux sportifs Pour eux le sucre voque le caf et le beurre les tartines et les sandwiches Ils fument boivent beaucoup d alcool et ne font pas de r gime Ils sont 7 des m nages l poque de l enqu te leur comportement Il s approvisionnent au jour le jour en sup rette ou chez l picier n ont pas de stock alimentaire et jettent beaucoup de produits p rim s Ils consacrent assez peu de temps aux courses m diane 1 h 40 mn par semaine Ils n ont pas d quipement de stockage en froid n gatif c est dire de cong lateur Leur budget est important compte tenu du peu qu ils mangent effectivement Ils ne font jamais de p tisserie La pr paration d un d ner ordinaire est tr s courte elle dure 17 mn en semaine et 26 mn le week end Ils ne pr parent pas leurs repas en sautent fr quemment ou font des repas froids ou plat unique mais ne mangent pas dans la cuisine Du point de vue de l organisation quotidienne de la prise alimentaire ils d jeunent et d nent souvent dehors notamment chez des proches et ont to
11. les traits suivants d sir faim app tit soif satisfaire envie convoite assouvi rassasier avidit apaiser d vorer avide affam cupide contenter besoin ardent curiosit excit yeux passion regard tendance attrait glouton prouve amour sexuel instinct vouloir etc La liste compl te comporte des dizaines de termes qui renvoient d abord a une pulsion une app tence la faim La classe est plus g n rale dans son contenu Elle inclut des d sirs non alimentaires curiosit cupidit d sir sexuel Son caract re intense et primitif apparait nettement avec des traits comme avidit ardent besoin La seconde classe dont les traits renvoient un op rateur d action a des traits caract ristiques essentiellement verbaux touche attrape prendre main nez attaque embrasse baise joue mordre ventre saisir battre l vre ouverture doigt bras serre ouvrir tirer aspire langue dent mouvement bouche On a affaire ici une classe actionnelle avec une connotation agonistique attaquer mordre saisir battre serrer fondre sur Cette classe d appropriation est charg e de connotations violentes agressives pleine de dents de mains voraces et d une intensit qu on imagine mieux chez un nourrisson affam ou un chasseur pr historique que chez le Grand Robert La troisi me classe renvoie aux NOURRITURES ses traits sont une interminable liste de choses comestibles Les autres noyaux son
12. ode d interrogation du dictionnaire par association libre ou par enqu te aupr s des sujets L ordre de grandeur des variations dans une population semble sur les cas que j ai tudi s du m me ordre que les variations pour les organes biologiques voire un peu plus lev comme il y a des grands nez et des petits nez Elles restent suffisamment r duites pour que nous puissions communiquer La repr sentation du manger Une repr sentation sociale est constitu e d l ments cognitifs de base li s par association mentale Certains l ments sont des sch mes moteurs par c exemple prendre d autres des objets par exemple aliments L cole aixoise la suite de Jean Claude Abric a montr que pour une repr sentation donn e certains l ments dits centraux taient n cessaires et suffisants l identification de la repr sentation Dans le cas de manger les l ments de base sont DESIR PRENDRE NOURRITURE REPAS REMPLIR et VIVRE La repr sentation merge localement avec des l ments pertinents tir s du contexte lui m me cette faim que je ressens ce fruit que je vois En mergeant et sauf contrordre elle se transforme en comportement par l actualisation de l l ment moteur ici PRENDRE Ceci produit par exemple le comportement de prise alimentaire que l on peut trivialement observer d sir prendre aliment remplir Dans d autres circonst
13. r sentation sociale Cette instanciation r g n re une bonne forme repr sentative en s appuyant la fois sur des l ments pr sents dans le contexte data et dans la structure latente de la repr sentation sociale lata La construction de la repr sentation sociale a un caract re in vitable elle prend pour le sujet la forme d une vidence au m me titre que les formes de la Gestalt Le sujet ne peut s emp cher de voir la repr sentation sociale lorsqu il est mis en pr sence des l ments du noyau de la repr sentation L anatomie des repr sentations sociales telle qu on la d couvre par l tude empirique apporte des r ponses originales des questions th oriques difficiles Par exemple comment un mod le mental g n ral par construction peut il s adapter efficacement des situations particuli res par d finition toutes diff rentes C est que les l ments de la repr sentation se pr sentent non pas sous forme de descriptions th oriques mais comme des paradigmes c est dire des classes d objets pouvant commuter pour une m me fonction Ainsi pour manger ALIMENTS renvoie en extension la vaste classe de tous les objets comestibles Concr tement cela se traduit lors du recueil du mat riel repr sentationnel aupr s des sources par l apparition d une liste en extension des objets comestibles Toujours dans le cas de manger le noyau PRENDRE est le paradigme de toutes les ac
14. rand Robert en 9 volumes pour manger Chaque entr e lexicale du dictionnaire comporte apr s la d finition du terme une liste de termes associ s les synonymes analogues et d riv s J ai recueilli ces associations comme si le Grand Robert tait un porte parole de notre culture comme on interrogerait un humain en lui demandant si je vous dis manger quels sont les mots qui vous viennent l esprit Pour manger je dispose ainsi d une premi re liste de 144 analogues par exemple d vorer engloutir avaler d ner aliment etc Chaque analogue fournit son tour une liste d analogues On obtient un corpus constitu des 588 d finitions en texte int gral de tous les synonymes analogues et d riv s du premier et deuxi me ordre du mot manger soit peu pr s 500 pages de texte Ce corpus d coup en nonc s avec des algorithmes de segmentation emprunt s l informatique linguistique peut tre analys par des m thodes statistiques d riv es des travaux de Harris et de Benzecri notamment la classification descendante crois e Reinert 1987 1990 qui se rapproche de m canismes cognitifs humains Lahlou 1996 La classification livre directement les l ments de base de la repr sentation sociale sous forme de sous r seaux de termes associ s L analyse du corpus Robert fournit ici 6 l ments DESIR PRENDRE NOURRITURE REPAS REMPLIR et VIVRE La classe DESIR est caract ris e par
15. s Ces instruments cognitifs que sont les repr sentations sont aussi des instruments sociaux qui servent la coop ration C est pourquoi on parle de repr sentations sociales Puisque dans la vie en soci t aucune action ne peut tre v ritablement isol e les modes d emploi ont forc ment une dimension sociale Les repr sentations sont ainsi sociales un double niveau d une part leur structure et leur contenu doit permettre la coop ration d autre part elles sont distribu es sur la population chaque individu portant son exemplaire personnel du mode d emploi Leur tude n cessite donc une sorte d pid miologie des repr sentations car l objet d tude n est pas une repr sentation individuelle mais bien chaque fois une population de ces repr sentations l ensemble des repr sentations h berg es par les membres du groupe dans leur psych ou dans leurs artefacts livres images objets Chacun de nous a de manger du caf ou de la maladie une repr sentation un peu diff rente Comment ces modes d emploi varient ils dans une population Comment sont ils concr tement mis en pratique Diverses techniques pour reconstruire ces repr sentations a partir de l interrogation des sujets humains ou de leurs pratiques ont t mises au point On peut extraire des repr sentations directement par analyse de certains objets 3 24 01 2003 culturels voir encadr n 1 sur la m th
16. t REPAS qui 9 24 01 2003 appara t essentiellement avec une connotation de partage social ritualis REMPLIR charg de connotations physiologiques renvoyant un quilibre entre le trop et le pas assez et enfin VIVRE qui renvoie une probl matique existentielle plus g n rale avec des aspects sociaux et moraux bon mauvais Le graphique 1 montre les classes et leur importance respective en dans le discours Comme on voit la repr sentation sociale est la fois tr s proche du processus physiologique de nutrition et plus riche puisqu elle inclut aussi des l ments sociaux REPAS VIVRE Elle se d marque de la d finition proprement dite dans le dictionnaire On notera que les classes tir es du dictionnaire sont les m mes que celles qui ont t obtenues ind pendamment par l application de la m thode des associations libres par enqu te sur un chantillon N 1600 repr sentatif de la population fran aise adulte m me si la taille des classes obtenues varie l g rement entre les deux sources Cela montre qu il s agit de structures culturelles tr s robustes Graphique 1 les noyaux de base de la repr sentation du manger nourritures repas Encadr 2 Le c libataire campeur Figure 1 Les c libataires campeurs ici illustration 10 24 01 2003 x qui sont ils Figure 1 Des c libataires urbains assez parisiens jeunes ge moyen 38 ans m diane 28 5 ans plut t sans reli
17. tions de prise possible ex mordre attraper aspirer etc Le sujet choisit parmi celles ci celle pr cis ment qui est adapt e au contexte en particulier l aliment en question ex une pomme mordre 2 5 x C est un fait bien document notamment en ce qui concerne la litt rature sur les st r otypes la reconstruction de sch mas lors de l anamn se les fausses reconnaissances etc 5 24 01 2003 L existence de ces paradigmes fait que le sujet identifie les l ments du contexte comme parties d activit s potentielles ex pomme aliment a manger Naturellement tout objet est polys mique au sens o il peut participer de plusieurs activit s Dans les situations r elles la conjonction de plusieurs objets contribue faire merger la repr sentation adapt e intersection entre les repr sentations sugg r es par les diff rents objets Pour le sujet qui per oit aussi la pr sence de la faim DESIR l objet pomme perd son ambiguit et devient d abord un ALIMENT Puis DESIR et ALIMENT entra nent par association l mergence de la repr sentation du manger sous une forme adapt e ce contexte particulier L action est adapt e par construction et c est toute l l gance du m canisme En effet la repr sentation se reconstruit en contexte partir des l ments instanci s et peut donc s ex cuter avec les objets disponibles Par exemple le sujet mangera pr cis ment c
18. ui doivent g rer une logistique plus rigide et lourde que les familles sans enfants adoptent des strat gies d approvisionnement de stockage de pr paration culinaire sp cifiques A l oppos le c libataire campeur encadr 1 plut t jeune et plus int ress par la socialit que par l alimentation va adopter des comportement tr s diff rents de ces familles ou de personnes plus g es Le type d habitat le niveau de revenu la position dans le cycle de vie ont une influence d terminante Chez certaines populations certains aspects de la repr sentation 6 24 01 2003 sont d velopp s par l usage de m me que les tennismen ont un bras plus d velopp par la pratique Ainsi chez les personnes g es les aspects li s la probl matique de l quilibre et de la sant notamment dans les noyaux REMPLIR et VIVRE sont plus d velopp s Ces variations ne portent pas seulement sur les repr sentations g n rales comme celle de manger mais galement sur le repr sentations d objets particuliers Ainsi les repr sentations du beurre ou du sucre varient consid rablement selon que les sujets suivent ou non un r gime restrictif La encore les repr sentations produisent pour le sujet des interpr tations des objets du monde qui pr parent directement ses comportements A pratiques diff rentes donc repr sentations l g rement diff rentes Car la repr sentation guide les pratiques mais r ciproquement
19. usement d ing rer des substances psychologiquement contamin es sans pour autant que leur valeur nutritive soit mauvaise ou qu elles pr sentent un quelconque danger sanitaire C est par exemple ce qu ont montr Paul Rozin et ses collaborateurs propos d un verre de jus d orange dans lequel on a tremp un cafard m me si celui ci a t au pr alable st rilis dans une tuve sous les yeux du sujet un morceau de chocolat en forme de crotte de chien ou encore la salive de quelqu un d autre pr sent e m me st rilis e dans un verre Ces bizarreries du point de vue des sciences exactes s expliquent dans la th orie des repr sentations par le m canisme d articulation qui produit des raisonnements par encha nement des l ments de la repr sentation Les articulations sont des cha nes de type si alors constitu es d l ments de la repr sentation Or le principe d incorporation est c bl dans certaines articulations de la repr sentation du manger Elle contient par construction l articulation suivante si PRENDRE ALIMENT alors REMPLIR Autrement dit pour simplifier quand j ing re un aliment alors je me sens rempli Cette cha ne de sens a valeur de v rit in vitable pour le sujet elle a notamment t valid e des milliers de fois lors de la t t e avant m me le stade verbal La traduction psychique de cette cha ne est si j ing re un objet avec certaines propri
20. ut aussi souvent des invit s Ils n ont pas d heure fixe mais d nent tr s tard Quand ils sont seuls l important est que a aille vite 22 mn contre 30 mn pour les autres strat gies le repas est alors purement utilitaire et ils s int ressent surtout au contenu de l assiette Ce sont des grignoteurs que mangent ils Ils ne mangent pas ou peu de pommes de terre fra ches en vrac ni de viande fra che la coupe Ils mangent un peu n importe quoi du moment que c est facile pr parer Ils sont sur consommateurs de plats cuisin s sous toutes leurs formes de pains pr emball s de potages en brique de 4 me gamme salades en sachet de gin de plats all g s de caf moulu normal de pur e en flocons de pains sp ciaux de vodka de th de chips de cocktails de vinaigrette toute pr te de l gumes cuisin s surgel s de sucre roux Ils mangent souvent des p tes
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