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rapport Wresinski

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1. B volution des populations bas revenus La recrudescence actuelle des situations de pr carit nous confirme que le volume et la composition de la population bas revenus se modifient au fil des conjonctures et des changements plus profonds dans l activit conomique du pays Une des volutions les plus graves est certainement l extension du ch mage aggrav e d un allongement de sa dur e et d une d gradation de sa couverture qui a augment le nombre des actifs faisant a priori partie de la population bas revenus On rel ve par ailleurs une forte augmentation du nombre de m nages monoparentaux et ils font souvent partie de la population bas revenus A l inverse le rel vement du minimum vieillesse a diminu la proportion de personnes g es dans cette m me population bas revenus Les graphiques ci apr s pr cisent l ampleur de l volution des personnes sans emploi la recherche d un emploi depuis plus de deux ans et leur proportion dans l ensemble des personnes la recherche d un emploi 28 F vrier 1987 7 30 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL Personnes sans emploi la recherche d un emploi P S E R E depuis plus de 2 ans T moigne galement de cette recrudescence des situations de pr carit l volution des aides financi res notamment des secours d urgence accord s par les fonds d action sociale des C A F Entre 1979 et 1983 leur montant a augment de 24 en fran
2. C est une interrogation de la part d hommes et de femmes tr s pauvres qui se retrouve dans grand nombre de rapports d observation participante et que confirment de nombreux agents de terrain Nous touchons l un point central de l apport de l action elle permet d op rer des distinctions entre les pratiques qui apportent de l ext rieur une r ponse des difficult s et celles qui s appuient sur les personnes et les rendent partie prenante HI LA CONSOMMATION DE FOYERS A REVENUS BAS ET IRREGULIERS APPREHENDEE PAR UNE EQUIPE DE TERRAIN ET UNE EQUIPE DE RECHERCHE Une enqu te sur la consommation a t men e la demande du secr tariat d tat la Consommation pendant les mois de septembre octobre et novembre 1985 aupr s de seize familles toutes en situation de grande pauvret habitant une cit de promotion familiale Les informations sont indicatives compte tenu de la taille de l chantillon Elles ont t obtenues gr ce la coop ration entre les familles l quipe implant e sur la cit et une quipe de l Institut de recherche du mouvement A T D Quart Monde 1 La logique aurait voulu que la consommation f t abord e en termes de choix et de r partition des d penses Mais la pr sence quotidienne aux c t s des familles a conduit les agents de terrain sugg rer aux chercheurs une approche en termes de ressources En effet pouvait on raisonnablement parler du libre choix des consommateurs lor
3. Ce plan doit notamment s appuyer sur des conventions pass es entre l tat et les d partements volontaires Celles ci pr voieront qu une allocation d un montant de 2 000 F par mois en contrepartie d un travail mi temps et d une ventuelle formation organis e sera financ e par l Etat hauteur de 40 et par le d partement int ress hauteur du pourcentage restant Le public vis sera les personnes de plus de 25 ans n ayant pas de droits ouverts l indemnisation du ch mage et appartenant un m nage sans revenu du travail ni revenu de remplacement Ce dispositif marque incontestablement une avanc e plusieurs points de vue il peut en principe s tendre l ensemble du pays dans la mesure o il sera accompagn d une forte incitation de la part des instances nationales Il s adresse contrairement au pr c dent en priorit des personnes sans aucune ressource Il ouvre l ventualit de formations Cependant son niveau en fait un minimum de survie et non un revenu garanti Les personnes ayant des ressources m me inf rieures ce seuil ne peuvent en b n ficier De plus la dimension familiale n est pas prise en compte Enfin il assujettit l octroi de ce minimum la capacit de l int ress d exercer un travail et la capacit de la collectivit de lui fournir ce travail Force est de constater que la convention d Ille et Vilaine ayant d j exp riment ce dispositif depuis plu
4. Etre chass trois ans durant d une commune une autre sans pouvoir s tablir ni lire domicile cela correspond il aux droits fondamentaux confirm s par la Constitution Dans la vie de la famille W la libert d aller et venir se transforme en obligation de circuler 1 La D claration Universelle des Droits de l Homme de 1948 et la Convention Europ enne des Droits de l Homme lient juste titre la libre circulation au libre choix de la r sidence Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa r sidence l int rieur d un Etat Article 13 de la D claration Universelle des Droits de l Homme Quiconque se trouve r guli rement sur le territoire d un Etat a le droit d y circuler librement et d y choisir librement sa r sidence Article 2 Protocole n 4 de la Convention de sauvegarde des Droits de l Homme et des libert s fondamentales labor e au sein du Conseil de l Europe et ratifi e par la France La famille W qu aucune commune n accepte d accueillir est condamn e l errance par les autorit s locales Or le domicile le plus souvent identifi au lieu de la r sidence principale contribue d finir et situer toute personne au 1 Familles chi Quart Monde et Droits de l Homme s minaire organis par le Mouvement A T D Quart Monde en collaboration avec la direction des Droits de l Homme au Conseil de l Europe Strasbourg 9 11 d cembre 1
5. La sant acc s de tous aux soins Le Conseil consid re que l acc s aux soins de toutes les cat gories de population doit constituer un objectif prioritaire A G n ralisation de la couverture des frais de maladie Notre assembl e souhaite substituer progressivement aux m canismes d assistance aide m dicale g n rale un syst me d assurance permettant aux plus d munis de remplir les conditions d ouverture des droits aux prestations la fois au titre de la couverture de base et au titre de la couverture compl mentaire Dans le cadre des dispositions de la loi du 2 janvier 1978 relative la g n ralisation de la S curit sociale plusieurs dispositions sont envisager 1 Pour les personnes sans aucune protection sociale il conviendrait de d velopper l acc s l assurance personnelle 2 Pour les personnes qui de par leur activit profes sionnelle rel vent d un r gime obligatoire sans pouvoir en acquitter les cotisations il conviendrait de pr voir les proc dures leur permettant de ne pas perdre leur couverture sociale pr ts d honneur d lais de paiement Le b n fice de ces proc dures ne serait accord que sur demande expresse des prestataires en difficult et apr s un examen attentif de leur situation 3 Pour les personnes assur es sociales qui ne peuvent assumer seules la prise en charge int grale des frais de sant qui leur incombent ticket mod rateur avance des frais
6. Par exemple sur la seule question du chiffrage de la pauvret des donn es tr s diff rentes coexistent sans aucune distinction claire entre les degr s de pauvret qu elles sont cens es recouvrir Ainsi dans son rapport sur le logement des personnes faibles ressources 28 mai 1986 M Petrequin rappelle que dans les ann es 70 80 la pauvret recouvrant ici des situations de grande pauvret et de pr carit tait estim e en France 10 de la population totale par M Ren Lenoir Les exclus un fran ais sur 10 12 par M Lionel Stoleru Vaincre la pauvret dans les pays riches 14 par M Serge Milano La pauvret en France Le ph nom ne est certes insuffisamment connu Pourtant la France s est dot e de divers moyens pour aborder conna tre et comprendre les situations de grande pauvret et de pr carit Ces moyens quels sont ils Sans pr tendre l exhaustivit nous tenterons au cours de cette premi re partie de d gager les principaux d entre eux et d examiner ce qu ils peuvent nous apprendre Seront abord s successivement les cat gories de populations en tant que sources d information utilisables pour clairer et fonder l action politique les domaines des ressources du logement et de la formation en tant qu indicateurs de grande pauvret et de pr carit l enqu te sur un territoire donn en tant que profil de la
7. Une enqu te r alis e Reims la rentr e 82 83 sur la situation scolaire de 117 enfants appartenant des familles reconnues comme vivant en tat de pauvret persistante source Mouvement A T D Quart Monde r v le qu au moment de l entr e en 6 aucun enfant n a suivi une scolarit normale la moiti des enfants ont d j redoubl 2 fois 1 sur 10 a redoubl 3 fois et les autres soit 4 sur 10 ont d j t orient s vers l enseignement sp cial Ainsi les informations nationales et peut tre plus encore les explorations de cas concrets ou au niveau local montrent que l in galit des r sultats scolaires est li e l in galit des niveaux socio conomiques et culturels Plus pr cis ment il ressort d tudes r centes du minist re de l ducation que le niveau culturel et les aspirations transmises par la m re influent beaucoup sur la r ussite scolaire dans l enseignement primaire propos de la question difficile de l inn et l acquis rappelons que d apr s certaines tudes 1 il est maintenant prouv que les potentialit s des enfants en mati re d instruction scolaire ne sont pas galement mises en valeur L cole a les moyens de pr parer pour l avenir un enfant moins dou condition que celui ci b n ficie du soutien de sa famille et de son milieu En revanche l cole parviendrait encore mal prendre en compte les in galit s d ordre purement social 1 Notamment celles de M
8. chappent Dans quelles conditions par quels moyens la France pourrait elle se doter d un plancher de s curit au dessous duquel plus aucun citoyen ne risquerait de tomber Comment faire en particulier pour que le recours l assistance se limite aux situations d urgence Comment faire pour qu en raison d une faiblesse de ressources aucun citoyen aucune famille ne se voient d sormais r duits la d pendance la mise l cart la discrimination permanente Dans cette perspective il importe de renforcer les liens entre solidarit et assistance en veillant surtout ce que cette derni re loin de cr er une mani re de vivre irresponsable soit essentiellement con ue comme une tape vers une int gration sociale des plus d favoris s recherchant leur promotion et pr servant leur dignit Une telle conception correspond d ailleurs la repr sentation que nous avons aujourd hui d une soci t fond e sur les Droits de l Homme 3 Quelgues lignes de conduite Pour trouver des r ponses ces interrogations il para t raisonnable de retenir les lignes de conduite suivantes Tout d abord le texte de la saisine invite poser le probl me de la grande pauvret et de la pr carit conomique et sociale dans sa globalit Il est bien entendu que le Conseil entend le faire en prenant appui sur les travaux accomplis ant rieurement en son sein ou l initiative d autres instances nationales ou euro
9. Le droit de fonder une famille de vivre en famille constitue un des principaux droits fondamentaux Les membres de la famille ont d abord des devoirs remplir entre eux N anmoins l tat doit assurer la famille les conditions indispensables son d veloppement La Nation assure l individu et la famille les conditions n cessaires leur d veloppement Pr ambule de la Constitution de 1946 auquel fait r f rence le Pr ambule de la Constitution de 1958 actuellement en vigueur En vue de r aliser les conditions indispensables au plein panouissement de la famille cellule fondamentale de la soci t les Parties contractantes s engagent promouvoir la protection conomique juridique et sociale de la vie de famille article 16 de la Charte Sociale Europ enne ratifi e par la France Le second de ces textes a t interpr t par le comit des experts charg de veiller son application dans le sens d une coresponsabilit de l Etat et de la famille c est dire que l tat doit non seulement assurer la protection de la famille mais aussi les moyens de sa promotion En principe les engagements de la collectivit nationale se traduisent par une l gislation familiale sociale et fiscale adapt e L inter pr tation des responsabilit s incombant ainsi l tat a beaucoup progress notamment gr ce aux organisations familiales N anmoins notre syst me juridique comporte encore d
10. des bar mes Que ce soit ou non le cas l attribution d pend des appr ciations de l autorit comp tente quelles que soient leurs justifications elles peuvent tre ressenties comme comportant un jugement sur la moralit et les modes de vie Vis vis de ceux qui les sollicitent trop souvent se d veloppe parfois localement le sentiment qu ils sont trop la charge de la collectivit Quant aux secours d urgence ils sont g n ralement ponctuels difficilement renouvelables de fa on rapproch e et d une somme relativement modique En aucun cas ils ne constituent un droit pour les int ress s ils d pendent de la bienveillance des administrations et des lus La d centralisation de l Aide sociale va t elle modifier l application de ce syst me Il est sans doute trop t t pour le dire Le Conseil conomique et social pr pare d ailleurs un rapport sur les cons quences de la d centralisation en mati re d aide sociale dans la section des conomies r gionales et de l am nagement du territoire 1 L A R E S Pr carit et logiques des prestations sociales facultatives Recherche C A F Ile et Vilaine 1985 2 Diversit des recours l Aide sociale consommation et modes de vie mars 1986 28 F vrier 1987 La loi du 6 janvier 1986 adaptant la l gislation aux transferts de comp tences en mati re d aide sociale et de sant a tent de pr ciser les conditions d acc s l Aide sociale mais celles
11. et emploi 116 7 8 Logement et sant ss 29 1 9 Logement et emploi sessoesossoesscss00 177 11 9 Sant et emploi 359 24 1 Logement uniquement 61 4 1 Sant uniquement 164 11 Emploi uniquement s 375 25 2 Pas de difficult de ce type 210 14 1 Total ssssssssisssssssnsssrsieresssossses 1 491 100 Note Dans ce tableau B la proporion de m nages faisant tat de difficult s li es l emploi est plus importante que la proportion de indiquant le ch mage parmi les causes de difficult s dans le tableau A les auteurs de l enqu te expliquent ainsi l cart la pr occupation de l emploi recouvre non seulement les ch meurs mais aussi les actifs l emploi pr caire ou des femmes inactives et non qualifi es dont les revenus constitu s avant tout de prestations familiales resteront toujours faibles en l absence de salaire Afin d clairer les r flexions sur un minimun garanti la m me enqu te apporte des indications pr cieuses en analysant quelles populations bas revenus s adressant aux services sociaux seraient touch es par une telle mesure Nous citons les paragraphes de conclusion qui font l hypoth se d un revenu garanti au niveau de 50 40 et 20 du 28 F vrier 1987 S M I C par unit de consommation en prenant en compte le total des ressources en esp ces de l ensemble des membres du m nage Seuil 50 du S M I C net par unit de consommation soit 1 900
12. forfait hospitalier modification des conditions de rembour sement 100 le Conseil conomique et social souhaite que soient recherch es dans les d partements pilotes des solutions permettant l extension des couvertures compl men taires et des proc dures de tiers payant A cet gard il faudrait s inspirer d exp rimentations locales telle celle men e actuellement dans le d partement de Meurthe et Moselle Con ue sur la base de conventions liant dans le cadre d un fonds d action sant le Conseil g n ral une association la Mutualit et la Caisse primaire d assurance maladie cette op ration qui se limite dans un premier temps la prise en charge des soins dentaires oculaires et auditifs devrait permettre d identifier et de lever les obstacles financiers l acc s aux soins pour les plus d favoris s M CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL En tout tat de cause m me en l absence de moyens financiers l acc s aux soins devrait tre assur pour tous notamment par les tablissements hospitaliers participant au service public B Le d veloppement de la pr vention 1 Mieux prendre en compte les situations des plus d favoris s dans les structures existantes Il incombe aux responsables d partementaux de la sant publique de i veiller ce que les Observatoires R gionaux de Sant puissent fournir des informations actualis es sur les popu lations non ou mal prot g es et sur les cau
13. insiste sur les formations de mise niveau S adressant aux plus d munis socialement il est en effet souvent indispensable de r apprendre lire crire et compter avant d envisager des stages de formation professionnelle Nous avons maintes fois constat que sans ce minimum de base il n est pas possible de b n ficier correctement d une formation quelle qu elle soit L U N A F soutient la proposition d un plancher de ressources assorti d un contrat projet d insertion pr voyant un emploi ou une formation Chaque fois que faire se peut il faut se d gager de la notion d assistance pour manifester notre volont de solidarit Ces mesures doivent tre provisoires et les moyens aptes traiter des causes de la pauvret doivent tre recherch s tant entendu que l objectif serait comme le pr cise le rapporteur d assurer progressi vement une garantie minimum dans le cadre des diverses branches de protection sociale Enfin l U N A F consid re qu un logement insalubre d grad contribue marginaliser les m nages qui s enfoncent alors de plus en plus dans des ghettos de pauvres Nous estimons que l allocation logement ne doit pas tre d tourn e de son objectif aider se loger dans des conditions normales Si elle est attribu e comme le demande le rapporteur dans les cas d insalubrit il convient bien que ce soit titre d rogatoire pour une dur e limit e et assorti de l obligation de reloger tr s vite
14. l cole en n ayant fr quent pratiquement personne qui sache vraiment tourner une phrase ou crire pour autre chose que pour remplir un formulaire administratif Les exigences de la part de l cole explicites comme la ponctualit la r gularit la capacit d attention ou implicites comme d avoir des ressources d tre propre et correctement v tu sont parfois incompatibles avec les conditions de vie de ces enfants Je ne peux pas envoyer mon enfant l cole le corps vide dit une m re lorsqu il n y a plus la maison de quoi pr parer un petit d jeuner Elle pense qu il ne pourra faire les efforts demand s en classe mais aussi elle craint des cons quences plus graves et dont les motifs peuvent se comprendre Si on s aper oit l cole que mon enfant a faim ne va t on pas alerter les services sociaux La peur du retrait d enfant demeure tr s pr sente du moins en milieu de grande pauvret 28 F vrier 1987 D s lors que leur famille conna t de graves pr carit s de ressources les enfants se rendent l cole en conomi quement faibles Il faut en effet poss der des fournitures scolaires apporter une contribution financi re pour la coop rative scolaire des activit s diverses Ces enfants sont g n ralement absents le jour des sorties ils ne participent pas aux classes vertes ou aux classes de neige ce qui ne contribue pas faciliter la compr hension sutout lorsque les activit s
15. les omissions entra n es par l utilisation des fichiers C A F sont estim es 10 12 celui de la taxe d habitation a permis d enrichir ces donn es et enfin la consultation des listes d enfants affect s dans des classes sp ciales de l ducation nationale ou relevant des tablissements recens s par le Centre r gional pour l enfance et l adolescence inadapt e a permis de compl ter la collecte A aussi t labor un fichier recensant 2 000 familles pauvres dans lequel ont t ins r es toutes les donn es du recensement de 1975 concernant les personnes et les logements de celles des 2 000 familles qui n avaient pas d m nag entre temps De plus des enqu tes aupr s du bureau d aide sociale de l aide sociale l enfance des offices d H L M de l ASSEDIC du juge des enfants ont permis d obtenir des r sultats annexes de fa on indirecte Cette enqu te a le m rite de mettre en vidence les liens qui existent entre les diff rents l ments constitutifs des situations de pauvret faibles revenus insertion pr caire sur le march du travail d pendance vis vis des prestations sociales regroupement g ographique plus d enfants que la moyenne et qui sont plus souvent inadapt s Malgr l int r t manifest par plusieurs directions r gio nales de cette enqu te ne semble pas avoir t reprise Si elle tait actualis e et r p t e ailleurs on peut penser qu elle pourrait conduire u
16. t cr s en 1981 pour relayer diverses initiatives telles que les commissions locales ou sociales de conciliation ainsi que les Services d aide aux familles en arri r s de loyer S A F A L cr s par un certain nombre d Unions d partementales d associations familiales U D A F Dans ces fonds la participation de l tat atteint 35 En 1984 des dispositifs similaires ont t cr s pour le secteur priv dans quelques d partements tout au moins L Union des H L M a r alis fin 1984 une enqu te interne sur le fonctionnement de l ensemble des fonds mis en place cette date dans le secteur public Elle concluait un fonctionnement satisfaisant dans la limite de leurs attributions c est dire pour aider les m nages faire face des difficult s temporaires La plupart des fonds ne prennent en compte ni les grosses dettes ni les familles n ayant pas la possibilit de rembourser dans des d lais tr s brefs 6 mois 1 an 2 ans au maximum selon les fonds Sauf exceptions toutes les familles en extr me pr carit sont donc exclues du b n fice de cette aide Dans certains cas pourtant sont pr vues des remises de dettes partielles ou totales soit le fonds assortit le pr t sans int r t d une subvention soit cas exceptionnel il verse une subvention sans pr t L tat ayant pr cis qu en aucun cas il ne r alimenterait ces fonds pour cause de dettes importantes les autres partenaires ont pratiqu
17. tude portant sur un panel en Lorraine Les instruments d observation seront affin s et prolong s dans la dur e permettant de mettre en vidence l ventuelle persistance de la pauvret dans la vie des m mes personnes et familles IV LE NOMBRE ET L VOLUTION DES POPULATIONS A BAS REVENUS A Estimation du nombre de personnes en situation de pr carit grave de ressources A ce stade de nos investigations il semble possible de tenter certains rapprochements d informations permettant d avancer une estimation du nombre de personnes en situation de pr carit grave au regard des ressources L enqu te du C R E D O C a situ 11 9 des familles en dessous de 60 du S M I C par unit de consommation et 5 1 en dessous de 50 Pour sa part Andr Villeneuve a montr que les faibles ressources ne se recoupaient que partiellement avec l indicateur de fragilit qu il a retenu En rapprochant ces informations il semble raisonnable d avancer un ordre de grandeur de 4 5 de la population soit autour de 2 5 millions de personnes qui seraient pour les ann es retenues 1978 1979 en pr carit grave par rapport aux ressources Toutefois pour rester coh rent avec notre d finition de la grande pauvret nous pr cisons qu assimiler celle ci la pr carit grave de ressources pourrait conduire formuler des propositions dans le seul domaine des revenus ce qui serait une r ponse beaucoup trop partielle
18. 600 en Ille et Vilaine 300 dans le Nord Des travailleurs ind pendants en viennent abandonner leur activit ou travailler au noir faute de pouvoir acquitter ces charges Des changements fr quents de situation peuvent entra ner des appartenances successives et pour de courtes p riodes plusieurs caisses ou plusieurs r gimes d assurance maladie Certaines personnes d couvrent au moment de la maladie qu elles ne sont pas couvertes C est par exemple le cas d un jeune couple sans ressources dont l assurance personnelle prise en charge par l Aide sociale tait arriv e ch ance la suite d un d m nagement le couple n avait pas eu connaissance d une convocation pour l actualisation de son dossier b La couverture des frais Les b n ficiaires de l assurance maladie quel que soit le mode de prise en charge de leur cotisation n ont pas toujours pour autant les moyens d assumer les d penses restant leur charge En m decine lib rale il faut faire l avance des frais Le tiers payant frais r gl s directement par les organismes assurant la couverture sociale s est d velopp pour la pharmacie mais il demeure exceptionnel pour les honoraires m dicaux en fonction des conventions en vigueur et de l information qui en est donn e Dans certaines communes l aide m dicale est fr quemment utilis e comme une formule de tiers payant Le ticket mod rateur est la charge de l assur hormis dans
19. L innovation est dans le fait que l initiative est partie d une association fond e par les familles des quartiers et cit s les plus d favoris s Elle est dans le fait que ces familles travers toute la France continuent par le biais de la vie associative tenir les repr sentants du peuple au courant de leurs exp riences et avis Depuis le Parlement Europ en l instar de la France dispose lui aussi d un intergroupe parlementaire le Comit Quart Monde Celui ci rencontre galement tout au long de l ann e durant les sessions et les p riodes interm diaires les repr sentants de la vie associative dans les zones de pauvret d Europe Pour ces parlementaires la participation des plus pauvres n est plus une simple libert mais une n cessit imp rieuse Ils ne consid rent pas la prise en compte de leurs int r ts comme facultative mais comme un devoir permanent dont aucune conjoncture ni opportunit imm diate ne peut les dispenser En France d o est partie cette initiative il semble que beaucoup de progr s en mati re de participation soient possibles APPENDICE Pour compl ter cet examen des r ponses propos es en France aux situations de pr carit et de grande pauvret il est peut tre utile de se tourner un instant vers d autres pays de la Communaut Ceux ci sont en g n ral confront s aux m mes r alit s Ils rencontrent galement les m mes difficult s pour assurer chacun de leur
20. La place et le r le du secteur associatif dans le d veloppement de la politique d action ducative sanitaire et sociale le 11 juin 1986 2 Cf rapport en cours sur les cons quences de la d centralisation en mati re d aide sociale section des conomies r gionales et de l am nagement du territoire 28 F vrier 1987 CHAPITRE VI POSSIBILIT S ET DIFFICULT S D ACC S A L DUCATION EN MILIEU DE PAUVRET Le constat dress au chapitre IV de la premi re partie de ce rapport a montr l chec scolaire en milieu d favoris et les pr carit s qu il engendre ou aggrave Il appara t toutefois que c est la pauvret culturelle qui est discriminatoire plus que la pauvret conomique Une fraction de la population scolaire rencontre encore aujourd hui de grandes difficult s au cours de l instruction l mentaire et secondaire sans qu un handicap physique ou mental en soit la cause Malgr des redoublements ou le passage en classe sp ciale des adultes sont illettr s apr s 10 ans de scolarit obligatoire Cet chec scolaire demeure l objet de r flexions et de graves pr occupations notamment cause de son impact plus grave qu autrefois sur l ensemble de la vie L cole de Jules Ferry voulait pr parer tous les enfants de France leurs responsabilit s civiques et d mocratiques Aujourd hui l cole ressent directement la n cessit d apporter chacun les moyens d acc der une formation professionnel
21. Le Conseil peut toutefois tre remplac par une autre instance de concertation d j existante 2 en 1795 et jusqu son abolition par le Poor Law Amendment act de 1834 3 voir en particulier l Ombre de Speenhamland Ph Van Parijs la Revue Nouvelle avril 85 28 F vrier 1987 CONSEIL A Mesures l gislatives et r glementaires La volont de s orienter vers un revenu garanti s est traduite par l instauration en 1980 d un Suppl ment de Revenu Familial S U R F Ce dispositif a institu le principe d une allocation diff rentielle compl tant les res sources jusqu un certain plafond mais seulement lorsqu il y avait un salaire Pour les familles dont les ressources taient al atoires ou difficilement identifiables le S U R F tait forfaitaire 210 F par mois Les montants de l allocation et du forfait n ayant pas t revaloris s le champ d application est devenu quasi nul seules quelques familles per oivent encore le forfait de 210 F M me lorsqu il a r ellement fonctionn ce dispositif a op r une discrimination importante entre les familles dans lesquelles entrait un salaire et les autres c est dire celles qui en auraient eu le plus besoin Au moment de la r daction de ce rapport le gouvernement a adopt un plan d action s adressant selon son initiateur M Adrien Zeller Secr taire d Etat la S curit sociale aux personnes en situation d exclusion et qui ne disposent d aucune ressource
22. aise pour la sauvegarde de l enfance et de l adolescence Directeur du Centre r gional de l enfance et de l adolescence ina dapt e Paris Secr taire g n ral de l U N C C ASS Chambre nationale des huissiers de justice Magistrat au tribunal correction nel de Paris Secr taire g n ral du syndicat de la magistrature Vice Pr sident de la F O N D A Permanente de la F O N D A D l gu pi manent du C N A J E P accompagn de re pr sentants nationaux d asso ciations Mmes Nadia Py U F C V Fabienne Daul Scouts de France M Antoine Lejay F d ration Relais Vice Pr sident de la F d ration nationale des associations d ac cueil et de r adaptation sociale Pr sident de la Commission des droits conomiques et sociaux de la ligue des droits de l Homme Secr taire g n ral du syndicat des ch meurs Secr taire g n ral de la Conf d ration syndicale des familles 104 Mme Perrin Riss M Queyla M Kaltenbach Mme Krempsdorf Mlle Simon M Varnier M Jean Pierre Chevalier avec M Bernard Provost et Mme Jacqueline Charlemagne M Dany Peto Manso M Jo l Viarteix M Henri Bartoli CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL Pr sidente de la F d ration syn dicale des familles monoparen tales F d ration fran aise des familles Pr sident des Associations fami liales protestantes ainsi que M Delarbre du Centre social protestant de Montpellier et
23. ance de l Assembl e nationale du 10 octobre 1973 J O 682 page 23 Il convient de rappeler aujourd hui qu une certaine forme de soci t duale existe d j dans nos fronti res Consid rer une telle soci t seulement comme une menace pour l avenir serait une erreur de perception pr judiciable pour les politiques entreprendre Nous sommes d j en pr sence de structures o en d pit des efforts de protection sociale certains citoyens ne peuvent plus compter sur un partage m me in galitaire du savoir du pouvoir conomique et politique pas plus qu ils ne peuvent participer la vie culturelle et sociale du pays C est sur la r alit d un tat de d pendance risquant d enfermer un nombre croissant de citoyens que le Conseil conomique et social a souhait tablir ce rapport 26 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL Ce faisant le Conseil ne met nullement en doute le fait qu il existe des situations d urgence et que tout Etat se doit d tre pr par toute heure garantir l assistance personne en danger Mais au del des dispositions indis pensables cet effet il a entendu prendre en compte l ensemble des situations de pr carit qui en derni re instance conduisent la grande pauvret et l exclusion permanente Ceci dans le but de clarifier jusqu o vont aujourd hui les syst mes de protection Comment se fait il que certaines situations soient couvertes par eux alors que d autres leur
24. art 2 du d cret n 84 822 du 6 septembre 1984 relatif l organisation du Conseil conomique et social 1 Directeur de la division des droits de l Homme au Conseil de l Europe et au Conseil conomique et social lui m me d examiner et de sugg rer les CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 63 adaptations conomiques ou sociales rendues n cessaires art 1 de l ordonnance n 58 1360 du 29 d cembre 1958 portant loi organique relative au Conseil conomique et social modifi e par l ordonnance n 62 918 du 8 ao t 1962 Cette mission rev t un caract re d autant plus important qu il existe peu d instances o soient entreprises des valuations globales l gard d une population dont les int r ts sont encore peu pris en compte dans les d lib rations politiques Il en tait d j ainsi du temps de la R volution fran aise comme en t moignent les Cahiers de dol ances du Quatri me Ordre correspondance philanthropique entre les infortun s les hommes sensibles et les Etats g n raux pour suppl er au droit de d puter directement aux Etats g n raux qui appartient tous les Fran ais mais dont cet ordre ne jouit pas encore Dufourny de Villiers cahiers du Quatri me Ordre n 1 du 25 avril 1789 R impression Editions Histoire Sociale Paris 1967 Dans l imm diat nous allons chercher voir vivre les pauvres parfois avec le soutien de nos syst mes de protection parfois en dehors de ceux ci et p
25. celle ci r pondrait aux trois objectifs suivants e Appr cier dans quelle mesure les enqu tes men es aupr s de l ensemble des m nages prennent en compte les populations les plus d favoris es e Mesurer les carts entre les ayants droit r pertori s par les administrations et ceux qui ne le sont pas e Poser des questions plus adapt es la vie des populations concern es B Mettre en place un dispositif de programmation et d valuation Dans le but de progresser vers la disparition des situations de grande pauvret il appartient l Etat d tablir un plan d action coh rent impliquant des dispositions prendre simultan ment dans tous les domaines concern s Le Conseil conomique et social consid re une telle programmation n cessaire pour que ces dispositions se compl tent et se renforcent mutuellement d s le d part pour qu elles aient des effets durables et d multiplicateurs A cet effet il importe que se d veloppe r ellement une pratique tous niveaux de programmation et d valuation de l action IL Consid rer la lutte contre l exclusion sociale comme une priorit nationale Le Conseil recommande que la collectivit nationale prenne en compte les int r ts des populations les plus d favoris es tant au plan individuel que familial et social A L am lioration de l information et la mise en oeuvre des solidarit s nationales Notre assembl e estime n cessaire d am liorer
26. ch mage et de ce fait la n cessit de mieux r soudre le probl me des fins de droit menac s de pr carit Toutefois pour faire face aux difficult s temporaires ou durables rencontr es par des personnes ou des familles du fait d un niveau insuffisant ou de l absence totale de ressources le Conseil conomique et social souhaite qu elles puissent compter sur la garantie d un plancher de ressources l ment de s curit indispensable pour s engager dans un processus d insertion A cet gard notre assembl e rel ve que les mesures gouvernementales r centes instituant des allocations d inser tion vont dans ce sens Reconnaissant l avanc e qu elles repr sentent elle note cependant que leur port e demeure trop limit e Le conseil propose la mise en oeuvre d un plancher de ressources selon les principes et les modalit s suivants A Principes d laboration 1 Dans la logique des r formes sur la d centralisation il conviendrait tout d abord que l attribution de ce compl ment de ressources intervienne au niveau local en associant les diff rents partenaires contribuant son financement tat 2 CONSEIL collectivit s locales organismes sociaux C est de plus une garantie d efficacit du syst me et de vigilance quant aux risques d effets pervers 2 L attribution de cette allocation interviendrait sur la base d un contrat projet d insertion Ce contrat projet pr voierait un travail et ou un
27. cle pour les enfants qui ne pouvaient apprendre selon les m thodes ordinaires Les r formes se sont succ d es pour d mocratiser l enseignement Des p dagogues comme C lestin Freinet Ovide Decroly et Maria Montessori ont labor une d marche nouvelle partir des enfants qui avaient le plus de mal apprendre et ont t l origine de courants qui continuent se d velopper jusque dans les milieux d favoris s Aujourd hui des exp riences se poursuivent elles r sultent aussi bien de d cisions minist rielles que de l initiative d enseignants 28 F vrier 1987 A Les zones d ducation prioritaires une mesure nationale particuli rement int ressante Les Zones d ducation prioritaires mises en place la rentr e 1981 repr sentent une tentative sur l ensemble du territoire visant r server davantage de moyens aux l ves prouvant les plus grandes difficult s et lutter contre l chec scolaire 1 Leur seule cr ation est d j une avanc e car elle reconna t que l cole ne remplissait pas pareillement son r le vis vis de tous les enfants Elles ont t le cadre d actions multiples Par exemple pour l accueil des jeunes enfants des locaux ont t am nag s des lieux de repos pr vus dans certaines coles maternelles Nanterre Pour l am lioration des relations entre parents et ensei gnants des f tes et des occasions de rencontre sont suscit es En
28. de mettre ses int r ts au rang des priorit s de leur association et de rechercher comment elle pourrait son tour se mobiliser avec leur aide et soutien pour la d fense des int r ts de UNIS HI L ducation assurer les apprentissages fondamentaux Les difficult s scolaires des enfants sont particuli rement li es la condition sociale conomique et surtout culturelle de leur milieu de vie Par ailleurs l absence de formation de base suffisante est un des facteurs d terminants d exclusion du march du travail Dans ces conditions le Conseil conomique et social consid re que l am lioration de l acc s aux formations de base des enfants issus des milieux les plus d favoris s constitue un des aspects fondamentaux de la lutte contre la grande pauvret et la pr carit conomique et sociale A cet gard le r le de promotion sociale de l cole et tout particuli rement de l cole maternelle doit ici tre r affirm Dans la perspective d une meilleure prise en compte dans la politique scolaire des populations les plus d favoris es le Conseil propose de A Sensibiliser davantage l ensemble des personnels enseignants et gestionnaires la r alit sociale des plus d munis e Cette sensibilisation de tous les personnels est importante dans la mesure o l on peut trouver des enfants de milieu tr s d favoris dans presque chaque cole Tous les personnels devraient donc b n ficier d
29. difficult s n ont pas t r solues de ce fait d autant que la tr ve des impay s ne s tend que du 1 d cembre au 15 avril B Charges de loyer L Union des H L M estime en octobre 1984 8 environ le nombre des loyers impay s sur l ensemble de la France au lieu de 2 5 en 1980 soit une augmentation de 220 en 4 ans Mais la proportion varie beaucoup d un organisme H L M l autre 35 par exemple Grande Synthe Nord en janvier 1985 12 Tours Indre et Loire en d cembre 1983 et Romans Dr me en janvier 1984 Cette aggravation n est pas nouvelle d j sur la p riode 1973 1978 l augmentation totale du montant des impay s de plus d un an avait t en 5 ans et pour les seuls offices d H L M de plus de 37 en francs constants Les causes des impay s sont tr s semblables d un organisme l autre Par exemple les conseill res sociales de l Office public d habitations loyer mod r O P H L M de Rouen ont consid r comme cause dominante du non paiement du loyer e des ressources faibles dans 44 des cas c est dire compos es essentiellement des prestations sociales notamment de l allocation de parent isol dans 18 des cas 42 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL e une accumulation de cr dits 25 conjugu e avec des ressources peu lev es e le ch mage 23 e un v nement familial d c s s paration 4 e la maladie 3 e cause ind ter
30. l volution vers la conception de centres clat s o les int ress s peuvent disposer par l interm diaire d une association d un appar tement banalis dont ils deviennent locataires en titre au bout d un an C est l une formule assez souple de promotion insertion par le logement sans marquage social facilit e par l institution des fonds de garantie B Politiques propres la promotion des personnes et familles d favoris es 1 Les fonds de garantie cr s en concertation entre les pr fectures et des associations de solidarit permettent de garantir au bailleur H L M le plus souvent le paiement des loyers de personnes ou de familles qui ne seraient pas admises autrement en raison de leur fragilit Mais dans la pratique an sein des commissions d attribution l organisme H L M pourrait n accepter avec cette garantie suppl men taire que les candidats dont les demandes seraient recevables 28 F vrier 1987 sans cette garantie Si le pr fet ne p se pas de toute sa vigilance et de toute son autorit ce nouveau dispositif pourrait tre utilis par les bailleurs comme une garantie renforc e sans qu ils prennent de risques en contrepartie Il est encore difficile de savoir si ces moyens nouveaux mis en place cet effet permettent la promotion dans le logement social de nouvelles cat gories sociales 2 Des fonds d aide aux familles en difficult s temporaires pour payer leur loyer ont
31. mes et Besan on mais en incluant les allocations familiales dans le premier cas en plus de celles ci dans le second Cette diff rence est extr mement importante En effet la prise en compte des allocations familiales dans le calcul des ressources qu il s agit de compl ter revient p naliser gravement les parents avec enfants C est en fait une d viation du r le des allocations familiales qui sont ainsi assimil es un revenu primaire d connect des enfants 5 Financement La plupart des dispositifs locaux sont financ s uniquement par les municipalit s Grenoble et St Etienne ce sont les Caisses d allocations familiales qui assurent seules le finan cement Ceci p nalise dans les faits les communes ou d partements qui ont faire face un plus grand nombre de situations de pr carit de ressources Les compl ments locaux de ressources de Belfort et d Ille et Vilaine sont cofinanc s par l tat et le d partement L exp rience de Rennes cf ci apr s a t cofinanc e par le mouvement A T D Quart Monde sur la dotation re ue l occasion du programme de lutte contre la pauvret hiver 1985 par la C A F de Rennes et par une contribution du service d Aide sociale l Enfance du d partement et du C C A S de Rennes correspondant au montant des secours vers s l ann e pr c dente aux familles concern es Cette derni re initiative a mis en vidence que 35 du financement du revenu tait ain
32. n ral des Affaires sociales le 6 janvier 1987 e M Adrien Zeller Secr taire d tat aupr s du ministre des Affaires sociales et de l Emploi charg de la S curit sociale Le rapporteur a en outre rencontr un certain nombre de personnalit s dont la liste figure en annexe Que toutes ces personnes soient ici remerci es ainsi que tous ceux qui ont contribu l laboration de ce rapport en particulier parmi les membres et les collaborateurs du Conseil conomique et social G N RALE personnalit s des groupes de travail ou des organisations certaines sont en cours d exp rimentation par ailleurs on sait que d autres pays qui connaissent ce m me ph nom ne ont mis en place diverses solutions Le Conseil conomique et social pourrait utilement laborer un rapport et un avis sur ce sujet dans le prolongement de l tude sur la lutte contre la pauvret pr sent e par le Professeur P quignot et adopt e le 20 septembre 1978 par la section des actions ducatives sanitaires et sociales Il pourrait valuer l ampleur et la gravit des situations s interroger sur leur origine r cente ou ancienne sur la fa on dont elles sont v cues sur les aspirations de ceux qui les vivent tudier les syst mes d aide existants les r ponses propos es ou exp riment es objectifs b n ficiaires fonctionnement limites lacunes et ventuellement effets n gatifs t nter de faire de nouvelles prop
33. on trouve un nombre non n gligeable de familles avec enfants un tiers dans l enqu te En effet une indemnisation du ch mage ou du handicap d environ 2 000 F combin e des prestations familiales normales ne permet pas toujours d atteindre un tel seuil Seuil 20 du S M I C net par unit de consommation 760 F par mois Il n y a qu en descendant 20 du S M I C par unit de consommation qu on trouve un groupe beaucoup plus restreint et homog ne 20 des m nages compos de personnes seules ou de couples sans enfant n ayant en g n ral aucune ressource 50 des m nages de ce groupe On a des familles o les adultes sont ch meurs non indemnis s 34 des m nages de ce groupe mais la plupart du temps les prestations familiales seules ou combin es quelques ressources annexes permettent aux familles de ch meurs non indemnis s de d passer un tel seuil Nous sommes arriv s au travers des statistiques pr c dentes des niveaux de revenu tr s bas Il n y a gu re d informations statistiques sur les populations correspon dantes ni sur leur volution A titre exploratoire il est utile de citer les informations suivantes qu a pu r unir le secours catholique 1 S M I C net 3 800 F par mois pour 39 heures hebdomadaires 28 F vrier 1987 C Approche par le secours catholique L ensemble des organisations humanitaires auditionn es dans le cadre du pr sent rapport ont indiqu une aug
34. pour la m me raison ceux ci chouent aux preuves th oriques du C A P quand ils ont eu la chance de trouver un terrain d apprentissage En g n ral les formations sous forme de stages n offrent pas de r mun rations suffisantes pour compenser l attrait des gains imm diats que peuvent procurer de petits travaux occasionnels d autant plus pour des jeunes qui doivent fr quemment subvenir aux besoins de leur famille Ceci explique comme le montrent les informations recueillies aupr s des institutions sociales que la proportion de jeunes soit en nette augmentation dans les client les des organismes de secours des centres d h bergement et d in ternement Leur milieu familial lui m me trop paup ris ne peut assurer la charge de leur oisivet forc e Pourtant ce dont souffrent le plus ces jeunes c est de ne pouvoir trouver o s employer Les parents les ducateurs tous ceux qui les entourent sont inquiets de les voir dans un CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 89 d soeuvrement qui conduit les uns s enfermer sur eux m mes les autres rejoindre des bandes avec le risque de se livrer des violences et la d linquance Ils n acceptent pas au fond d eux m mes de se voir confin s dans l univers triqu que leur impose le manque d argent et de formation Le risque est grand pour ces jeunes comme pour leurs parents de se trouver enferm s dans ce volant de ch mage qu il ne peut tre question de tol rer m
35. propos de la famille W la notion de recours ne pouvait pas faire partie de son mode de pens e Il faut aussi voquer les difficult s de communication entre plaignant d fenseur et magistrats quand le plaignant est d un milieu de grande pauvret C est l obstacle r sultant de l absence de formation des professionnels il a t voqu propos des milieux m dicaux des travailleurs sociaux des professions enseignantes Il est aussi de nature compromettre la compr hension entre les plus pauvres et les professions juridiques dont ils auraient pourtant presque constamment besoin pour d m ler leurs situations embrouill es Il arrive que m me celui qui doit d fendre une personne pauvre ne la comprenne pas et puisse la limite se m fier d elle Ceci explique en partie que les plus pauvres se rendent peu aux consultations juridiques gratuites A l occasion d un proc s il est possible de b n ficier de l Aide Judiciaire Le Bureau d Aide Judiciaire d cide de l aide accorder sur examen des ressources du demandeur mais aussi du bien fond de son recours De plus les d lais d obtention sont parfois longs L Aide Judiciaire d urgence est la discr tion du Pr sident du Tribunal Faut il ajouter qu en mati re p nale la Commission d Office est faiblement r mun r e par l Etat et que l avocat peut refuser de se faire ECONOMIQUE ET SOCIAL 28 F vrier 1987 commettre en invoquant d autres raisons Au Barreau de
36. re faisait alors des m nages pour faire vivre les siens Raymond a aussi travaill dans les fermes Lorsque son p re mourut il avait alors 14 ans il se pla a comme aide vacher Mais deux ans plus tard il fuit la campagne pour apprendre le m tier de son p re ma on Mais il n obtient pas son certificat d aptitude professionnelle C A P et fait d sormais tous les m tiers Une fois mari s commence pour les jeunes poux un p riple travers des logements de fortune qui va durer 25 ans 6 mois dans une cabane construite sur un minuscule terrain qu on leur a pr t l an dans une vieille maison d truite par la guerre quand celle ci est abattue ils vont au 43 bara quements install s dans une caserne d saffect e o ils s journent 4 ans ils restent ensuite 6 mois dans une baraque pr s de celle o habite le p re de Monique puis trouvent une pi ce dans des logements d urgence avant de s installer dans de nouveaux baraquements d o ils seront chass s par un incendie ils sont alors 1 mois l asile pour personnes seules puis de nouveau dans un baraquement Enfin en 1971 leur est attribu un pavillon dans une ancienne cit de transit o ils vont demeurer jusqu la mort de Raymond Hornaing en 1985 Mais dans les 25 ans qui ont pr c d Mme Homaing qui n a jamais cess de se battre contre l humidit les rats et la moisissure des paro
37. repr sentait entre 4 et 6 de la population c est dire environ 10 15 millions de personnes En 1976 une enqu te r alis e par l Union d partementale des associations familiales U D A F aupr s de 1 000 familles de l Essonne entretenant des relations suivies avec les services sociaux indique que 47 des hommes et 51 des femmes ne savaient pas ou savaient mal lire et crire Le dossier de presse du groupe permanent de lutte contre l illettrisme G P L I en date du 25 f vrier 1986 communique une mesure de l illettrisme au sein des arm es partir d une enqu te pr cise Sur les 420 000 gar ons qui constituent une classe d appel on peut compter approximativement 30 000 illettr s 7 14 Cette population se scinde en trois sous groupes 1 Les analphab tes au nombre de 1 000 2 Les illettr s dont la situation r sulte de probl mes sociaux au nombre de 15 000 3 Les jeunes ayant oubli les notions apprises au cours de leur scolarit au nombre de 14 000 Le m me dossier met en vidence les limites des possibilit s d action des arm es L action de lutte contre l illettrisme que peuvent envisager les arm es portera essentiellement sur la troisi me cat gorie et en second lieu sur la premi re cat gorie La deuxi me cat gorie est en effet exempt e le plus souvent Sachant que seuls 280 000 jeunes sont incorpor s cha que ann e on estime 10 000 le nombre d illettr s
38. s Il est par ailleurs indispensable que tous leurs ressortissants b n ficient d une couverture sociale En outre les r gles fix es pour la cr ation ou le fonction nement de ces entreprises et associations ne devraient introduire aucune distorsion pr judiciable aux entreprises exer ant dans le cadre normal des march s Le Conseil souhaite galement que l initiative de tutorat en entreprise impuls e par Monsieur Bertrand Schwartz puisse tre poursuivie au vu des r sultats concluants observ s dans les 200 entreprises qui y ont particip Elles ont en effet recrut des jeunes de tr s faible niveau et les ont men s aux qualifications n cessaires pour occuper des postes nouvellement cr s la lumi re de l exp rience Enfin le Conseil propose que soit tudi e une simplification administrative des d clarations l U R S S A F pour des activit s temps partiel et dur e d termin e Certaines dispositions en ce sens de l arr t du 24 d cembre 1986 concernant les ventes et services domicile pourraient tre retenues V Plancher de ressources Notre assembl e souligne le r le du travail comme source premi re de revenus et la n cessit dans cette perspective de rechercher les moyens de fournir tous les conditions d un emploi adapt aux possibilit s de chacun et aux besoins de la vie conomique Elle tient en outre souligner en cas de perte d emploi l importance de l indemnisation du
39. s par le ch mage sans pour autant tre en formation ECONOMIQUE ET SOCIAL 28 F vrier 1987 VI Le logement A R affirmer k droit de tous l habitat Le Conseil estime que les exclus de l acc s aux logements sociaux neufs ou r habilit s par manque de ressources des int ress s et par insuffisance de l offre de logements adapt s doivent tre consid r s comme demandeurs prioritaires L importance de l exclusion dans ce domaine est telle qu il ne serait pas raisonnable d esp rer une am lioration sensible des conditions de logements des m nages les plus pauvres sans un v ritable engagement national pour le droit de tous l habitat A l occasion de l Ann e Internationale pour le Logement des Sans Abris 1987 le Conseil conomique et social sugg re de stimuler les engagements publics cet gard notamment dans les d partements pilotes B Assurer un v ritable service du public prioritaire Les demandeurs prioritaires de logement sont les personnes et les familles qui sont sans ressources suffisantes pour se loger ou se reloger par elles m mes et qui se trouvent sans aucun logement ou menac es d expulsion sans relogement dans des taudis des habitations insalubres ou de fortune en surpeuplement chez des parents ou des tiers qu elles souhaitent quitter en centre d h bergement temporaire Les besoins de cette population n cessitent des prises de responsabilit et
40. soudre les difficult s inh rentes leur insolvabilit et leur difficult jouir d une r elle convivialit Ainsi appara t la n cessaire interd pendance des mesures mettre en oeuvre pour enrayer la grande pauvret En ce qui concerne pr cis ment le logement nous retiendrons que les politiques caract re global constituent un acquis mais elles atteignent une partie seulement de la population la plus mal log e Les actions plus fines et reposant souvent sur le dynamisme local public et priv indiquent incontestablement des chemins suivre pour garantir le droit l habitat QUELLE GARANTIE 1 Donn es sociales de la France 1984 chiffre des ann es 1975 1980 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 75 CHAPITRE IV DE L ACC S AUX SOINS Les institutions de la sant se distinguent de beaucoup d autres du fait qu elles trouvent souvent leur origine dans le service aux pauvres Sans remonter l poque o l h pital tait un lieu d accueil pour les pauvres il appara t aujourd hui que l aide m dicale et l assurance maladie le mouvement mutualiste ainsi que les services de la m decine pr ventive ont voulu r pondre aux besoins des populations les plus vuln rables Les dispositifs mis en place actuellement dans le cadre de la protection sociale contribuent largement ce que la promotion de la sant atteigne tout citoyen Mais il est clair que les quipements collectifs profitent mieux ceux qui on
41. villes les coles se r pandre dans les villages au XVI si cle Songeons Jean Baptiste de La Salle Malgr tout les rangs des mis reux grossiront encore Charbonniers sabotiers b cherons qui ne gagnent pas de quoi faire vivre leurs familles Mineurs de fer en ch mage comme nous en verrons un peu plus tard dans les collines normandes Malheureusement quand le b cheron ou le mineur en ch mage se mettent braconner ou d valiser le voyageur ils ne s appellent plus b cheron ou mineur mais braconnier ou truand Tout comme un jeune sans qualification ni emploi de nos jours pour peu qu il se mette voler peut finir par ne porter plus que la seule tiquette de jeune d linquant L ambigu t la difficult de distinguer entre bons et mauvais pauvres les mesures d int gration r serv es aux uns la r pression appliqu e aux autres ont persist C R volution industrielle et naissance d un sous prol tariat Le troisi me courant appara t massivement partir du milieu du XIX si cle avec la constitution progressive d une classe ouvri re Les travailleurs ayant la possibilit de s organiser de fa on collective parviennent par le poids de leur r le conomique et par l efficacit de leurs luttes sociales am liorer leur condition Ils imposent progressivement leur participation sociale face au patronat et la puissance publique Les travailleurs les moins aptes aux t ches p
42. 1 Les jeunes encore en apprentissage sont inclus dans les chiffres de sorties de l appareil de formation 2 Niveau VI Classe pr professionnelle de niveau C P P N et classe pr paratoire l apprentissage C P A Niveau V bis 3 1 et 2 ann e de certificat d aptitude professionnelle en 3 ans et 1 ann e de brevet d enseignement professionnel 3 Sources Donn es sociales 1984 et bilan formation emploi para tre 46 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 28 F vrier 1987 Si l on consid re l entr e dans la vie active des jeunes neuf mois apr s leur sortie de l appareil de formation quel que soit leur ge on enregistre entre 1973 et 1985 l volution suivante du taux de ch mage des jeunes d butant dans la vie active 2 En 1985 il s agit des jeunes sans dipl me ou ayant le B E P C Alors que le taux de ch mage de l ensemble des jeunes augmente d j tr s fortement ce tableau met en vidence l aggravation des carts le taux de ch mage des jeunes sans dipl me progresse en effet beaucoup plus rapidement Entre 1973 et 1985 le taux de ch mage des jeunes hommes sans dipl me passe de 12 56 alors que celui de l ensemble des jeunes hommes passe de 9 38 Il en est de m me si l on consid re l ensemble de la tranche d ge des 15 24 ans Taux de ch mage des jeunes de 15 24 ans Hommes Femmes 1982 1985 1982 1985 Jeunes sans dipl me ou 20 34 4 33 4 44 ayant le
43. A N P E 56 des actifs sont ouvriers 14 sont employ s 9 sont petits patrons ou travailleurs ind pendants 8 sont des personnels de service 1 Minist re de la Justice direction de l Administration p nitentiaire service des tudes et de l organisation cf Travaux et Documents n 31 ao t 1985 Les incarc rations de 1984 donn es statistiques Source Statistiques informatis es de la population p nale 2 Cf Donn es sociales I N S E E 1984 page 526 28 F vrier 1987 Il ressort de cette enqu te qu une forte proportion des entrants en prison appartiennent aux classes les plus d favoris es qui y sont nettement surrepr sent es 1 Certes la prise en charge physique de ces personnes ob it ici une logique r pressive et ne constitue pas une r ponse institutionnelle leurs besoins essentiels ni ceux de leur famille D autant moins que ces prisonniers l quittent le plus souvent la prison aussi d munis qu ils y sont entr s F L hospice Des constations similaires toutes proportions gard es peuvent tre faites propos d un certain nombre de personnes plac es dans les services psychiatriques et les services de moyen ou long s jour du secteur hospitalier En effet ces personnes se trouvent trait es individuellement dans une logique m dicale ou m dico p dagogique de prise en charge physique alors que les causes lointaines et profondes de leurs t
44. Dans le cadre de la m decine pr ventive le Conseil tient rappeler l importance particuli rement pour les populations les plus d favoris es des services de sant publique dont les moyens deviennent tr s insuffisants Protection Maternelle et Infantile et surtout m decine scolaire VII La promotion individuelle et familiale A Le r le du travail social Sans un accompagnement social efficace toutes les mesures propos es demeureraient sans effet Leur mise en oeuvre pour pallier les diff rentes causes de pr carit conomique et sociale ne peut se concevoir sans un effort d auto prise en charge par les individus eux m mes Ceci implique un renforcement du r le du travail social au del de l accom pagnement individuel afin de veiller ce que cet accompagnement se situe dans un ensemble coordonn d interventions de parvenir le plus rapidement possible une r int gration dans les circuits ouverts tous 28 F vrier 1987 Dans cette perspective les travailleurs sociaux pourraient ainsi davantage remplir aupr s des plus d munis leur r le de conseil d animation et de coordination Il conviendrait donc de renforcer la formation des travailleurs sociaux dans le sens d une meilleure connaissance la fois des milieux de grande pauvret et des moyens et collaborations mobiliser avec eux Aussi serait il souhaitable que des travailleurs sociaux confront s ces situations de grande pauv
45. En Mayenne un bus transportant du mat riel p dagogique se rend une demi journ e dans chacune des 10 coles du canton Toujours dans le souci d associer les parents le mouvement A T D Quart Monde introduit la pr cole 1 dans la famille m me de l enfant Si l enseignement pr l mentaire ne suffit pas combler l in galit des chances de r ussite scolaire comme on l a vu dans la premi re partie de ce rapport il permet aux enfants de milieu d favoris d tre mieux pr par s affronter le d marrage l cole Toutes les tentatives d am lioration de cet enseignement sont encourager 2 Initiatives scolaires Lors de son audition Mme Ligier a montr un exemple de ce que peut r aliser dans une cole situ e en dehors d une zone prioritaire une quipe d instituteurs anim e de la volont de renverser l image n gative de l cole pour amener les enfants r ussir tant des activit s exceptionnelles une f te une exposition un bal masqu que les appren tissages de base Son t moignage a traduit l nergie consid rable qu il fallait d ployer avec les enfants et leur famille mais encore bien plus vis vis des structures d enseignement Le Centre d information sur les innovations sociales C I I S a rassembl un certain nombre parmi les alternatives scolaires et parascolaires qui se sont d ve lopp es ces derni res ann es Dans le Val d Oise et la Seine St Denis des camion
46. F par mois la fin de 1985 1 57 des m nages en contact avec les travailleurs sociaux seraient concern s par un revenu minimum garanti 65 en supposant qu un tel revenu entra nerait la suppression de l allocation mensuelle et de l allocation de parent isol Parmi ces m nages se trouvent tous les couples avec enfant s o les adultes sont sans emploi et non indemnis s une large majorit des couples avec enfant s b n fi ciaires d une allocation ch mage autre que l allocation de base ou d une pension d invalidit 25 des familles o le chef de famille a un emploi Il s agit souvent de familles nombreuses ne b n ficiant pas d allocation logement pour des raisons diverses la plupart des familles monoparentales o l adulte est sans emploi si l allocation de parent isol est supprim e les personnes seules sans ressources les jeunes ch meurs ne touchant que l allocation d insertion les stagiaires les tucistes les couples de retrait s et les couples d inactifs sans enfants percevant des pensions inf rieures 3 200 F On voit donc qu on a l un public assez vaste beaucoup plus large que celui des actuels chefs de famille sans emploi Seuil 40 du S M I C net par unit de consommation 1 520 F par mois 43 des m nages de l enqu te et m me plus de 50 s il y avait suppression de l allocation mensuelle et de l A P L seraient concern s L encore
47. Mais on enregistre une grande disparit selon la situation familiale des uns et des autres Parmi eux ont pu se reloger 46 des femmes avec enfants 20 des couples 3 des hommes seuls 14 5 des femmes seules Les autres soit 81 se sont trouv s pour 39 la rue notamment 2 hommes seuls sur 3 14 5 Vo l h tel ou dans un autre centre 20 5 chez quelqu un notamment les femmes 7 l h pital ou en prison E Sur 348 chefs de famille dont la candidature a t pr sent e en 1984 et 1985 pour entrer dans les cit s de promotion familiale anim es par le mouvement A T D Quart Monde Noisy le Grand Seine Saint Denis et Herblay Val d Oise 24 taient h berg s chez des parents ou amis 84 24 taient expuls s ou la veille de l tre 84 17 taient sans domicile cave voiture la rue 58 11 taient en centre d h bergement ou en h tel 40 10 taient en prison ou en h pital 34 10 taient en habitat pr caire cabane caravane squatt 34 4 n avaient pas avant leur demande de probl me s rieux de logement rupture conjugale d c s du conjoint 14 F Le nombre de personnes errant sans logement dans Paris est estim 15 000 cf conf rence de presse des associations caritatives du 10 juin 1986 Nous avons vu chapitre I que la maison de Nanterre avait accueilli en 1985 pr s de 5 000 vagabonds Dans le cadre d
48. Schiff M Duyme A Dumaret S Tomkiewicz Enfants de travailleurs manuels adopt s par des cadres Paris P U F 1981 II L APPORT DE LA PR SCOLARISATION 28 F vrier 1987 D apr s une note d information du service des tudes informatiques et statistiques du minist re de l Education nationale 1 il est possible de mesurer l apport de la pr scolarisation en maternelle quant la r ussite scolaire des enfants dans l enseignement primaire Taux de r ussite scolaire la fin de l enseignement primaire absence de redoublement selon l origine sociale des enfants et la dur e de leur pr scolarisation Cat gories socio professionnelles S des parents Dur e de pr scolarisation 3 ez en maternelle pen E 2 n 2 L ES EEF Oan Lan 2 ans 3 ans Cad sup prof lib 76 87 11 Cadres moyens 63 78 15 Patrons ind comm 52 66 14 Agricul exploit 43 68 25 Employ s so ooaao 39 61 22 Ouvriers 30 48 18 AULTES eeta 29 50 21 Ensemble 38 49 56 61 23 Ainsi parviennent au terme de l enseignement primaire sans redoublement 38 des enfants n ayant jamais t pr scolaris s 49 des enfants ayant t pr scolaris s 1 an 56 des enfants ayant t pr scolaris s 2 ans 61 des enfants ayant t pr scolaris s 3 ans Ces chiffres inc
49. acc s au march de l emploi comme au bureau d aide sociale l exercice du droit de vote la scolarisation des enfants Dans le pr sent rapport il importe d en savoir le plus possible sur le cumul de pr carit s C est pourquoi diverses enqu tes de client le peuvent utilement compl ter l insuffisance des donn es globales Elles ne peuvent donner lieu aucune extrapolation mais elles fournissent des indications sur la nature des difficult s rencontr es B La circonscription d action sanitaire et sociale de Gonesse Val d Oise atteste que parmi les 323 familles connues du Service Social polyvalent en 1984 comme tant la recherche d un logement 20 sont en habitat de fortune 87 soit 27 20 sont en situation de squattage sans v ritable 47 sont h berg es par d autres logement 139 sont en logement surpeupl dont les 47 pr c dentes Dans le cas de cette circonscription parmi les demandeurs de logement s adressant au service social polyvalent plus du quart vit dans des situations d ins curit extr me 1 A titre indicatif la norme est la suivante pour une famille de 4 personnes comprenant p re m re une fille et un gar on de 7 ans ou plus il y aura surpeuplement mod r si elle ne dispose que de 3 pi ces d habitation surpeuplement accentu si elle ne dispose que de 2 pi ces ou moins 28 F vrier 1987 C En 1983 le Secours catholique a proc d l analyse de la situation
50. accept e car elle est en contradiction avec les objectifs m mes de cet enseignement L o ils ont t mis en place en amont de l enseignement sp cial les Groupes d action psycho p dagogique G A P P suscitent souvent des r ac tions du m me ordre Lorsqu ils quittent le syst me scolaire d s leurs 16 ans r volus ces jeunes se trouvent peu pr par s affronter le monde du travail et la vie du monde adulte et malheureu sement rebut s pour longtemps par tout ce qui s apparente un apprentissage scolaire De telles observations sont fondamentales pour comprendre la disproportion entre les r sultats obtenus et les efforts d ploy s dans les nombreux stages en direction des jeunes les moins qualifi s cf chapitre VII de cette m me partie II LES ENSEIGNANTS DEVANT LES ENFANTS LES PLUS D MUNIS ET LEURS FAMILLES Devant ces enfants les enseignants se trouvent d sempar s d s l cole primaire Ils ont re u une formation pour entrer en relation avec les l ves en difficult essentiellement en termes de rattrapage scolaire ce qui est n cessaire mais pas suffisant lls n ont surtout pas t form s vraiment consid rer les parents comme premiers partenaires Si le manque de compr hension entre parents et enseignants est pr judiciable beaucoup d enfants il devient un v ritable obstacle pour venir bout de l chec scolaire Le syst me d affectation aboutit ce que les classes r put es les
51. carit conomique et sociale Le Conseil conomique et social et les Comit s conomiques et sociaux r gionaux pourraient proc der r guli rement un examen critique de la connaissance et de l action en mati re de lutte contre la pauvret et formuler des propositions constructives dans le m me esprit que ce pr sent rapport II CONSID RER LA LUTTE CONTRE L EXCLUSION SOCIALE COMME UNE PRIORITE NATIONALE A Communication et solidarit s sociales Le fait qu une grande partie de l opinion publique appr cie mal la nature et l ampleur des situations de grande pauvret ne saurait tre accept sans risques pour la coh sion du corps social Il est n cessaire de permettre l ensemble de la population et en particulier la jeunesse de notre pays d tre davantage inform es de la situation des populations les plus d munies dans notre soci t et de mobiliser plus largement leur gard tant leurs connaissances et savoir faire que leurs capacit s de solidarit Sur ce point il conviendrait de donner aux jeunes qui le d sirent la possibilit d effectuer leur service national aupr s de populations d favoris es au titre d une coop ration int rieure Il conviendrait galement de promouvoir l ducation aux droits de l Homme et une compr hension de la vie des plus pauvres comme des n cessaires solidarit s pour vaincre l exclusion sociale notamment au niveau local par des actions de partage des savoirs
52. ce domaine de la protection de l enfance Les statistiques du minist re de la Justice indiquent une forte remont e du nombre des saisines du juge des enfants en 1983 et 1984 Stabilis es autour de 68 000 par an de 1978 1982 elles passent en deux ans 78 000 Un bon nombre d entre elles 40 sont prises d office titre exceptionnel souvent la requ te des D D A S S soit pour permettre une mesure refus e par la famille soit pour ent riner une mesure d j prise en urgence Avec le juge des enfants la relation est parfois fructueuse lorsque les parents ont le sentiment d tre cout s et pris en consid ration comme en a t moign Mme Pisarra juge des enfants au tribunal de grande instance de Paris lors de son audition devant la section des Affaires sociales le 4 mars 1986 Mais il arrive que leur propre pass les emp che d aller au devant de ce dialogue Quant aux d cisions prises ce sont souvent des mesures ducatives elles sont pass es de 45 000 54 000 entre 1982 et 1984 Depuis la loi du 6 janvier 1986 la dur e de la mesure ducative ne peut exc der deux ans Des mesures plus graves comme le placement judiciaire peuvent intervenir Le placement peut tre accompagn de la d ch ance de l autorit parentale La r vision de cette derni re d cision ne peut intervenir que si les parents administrent la preuve 1 Cf Vivre dans la dignit Familles du Quart Monde en Europe no
53. ce domaine n est il pas de susciter autour des plus pauvres des solidarit s qui ne demandent qu s exprimer L objectif des travailleurs sociaux dans le secteur public comme dans le secteur priv est l vidence de jouer leur r le d interm diaires de porte parole de faciliter la participation sociale de tous et de disposer de plus de temps pour s impliquer dans un accompagnement n cessai rement plus important l gard des plus rejet s par des actions individuelles ou communautaires Le travailleur social peut titre individuel essayer d influer sur les structures Il peut multiplier les rapports sur les situations de grande pauvret qu il rencontre mettre des avis sur les solutions novatrices rechercher Il peut obtenir des solutions d exception cr er des pr c dents Cela aussi les travailleurs sociaux n ont pas cess de le faire et sans eux la situation de la couche de population la plus d favoris e serait plus p nible qu elle ne l est Mais l organisation sociale n est pas n cessairement tenue de prendre en consid ration la demande dont ils tentent de se faire l cho Cette prise de conscience qui s est op r e dans les professions sociales a p n tr aussi dans les institutions mais elle n a pas encore abouti une r vision de la mission du travail social la lumi re de l exp rience des plus pauvres Regardons ce qu il en est actuellement dans le fonction nement de certaines
54. cette perspective les op rations Habitat et vie sociale d veloppement social des quartiers qui seront voqu es dans le chapitre V de la pr sente partie lots sensibles tout comme les contrats d agglom ration repr sentent une v ritable strat gie de lutte contre le cumul des pr carit s dans certains ensembles d habitations Il est cependant regrettable que ne soit pas syst matiquement int gr e sur les sites retenus et dans le cadre de cette action globale une formule comme celle de l A S E L cf ci dessus qui permettrait aux plus d favoris s de tirer galement parti de ces investissements communautaires Sans de telles pr cautions ces actions risquent de profiter davantage aux populations les mieux repr sent es et les plus actives dans la vie associative au point parfois d ignorer de petites minorit s ethniques ou sociales voire de les contraindre partir pour am liorer la vie locale C est dans le but de mieux comprendre et prendre en compte des populations ignor es qu ont t mis en place des bilans diagnostics et des contrats famille Les bilans diagnostics et les conventions tat H L M pour l acc s l habitat des populations en difficult ont pour but d am liorer la connaissance des situations de ces minorit s mal int gr es afin de programmer des r ponses plus adapt es leurs besoins d habitat Une meilleure compr hension est certainement un premier pas vers une
55. ch meurs en fin de droits en b n ficient galement Cependant elle n est accord e que si le logement r pond des normes de confort minimum et de peuplement Elle n cessite un effort disproportionn pour les revenus les plus bas et le forfait charges est demeur tr s faible Ces conditions en limitent l acc s pour les plus d munis l int rieur des cat gories prises en compte par l allocation b L aide personnalis e au logement ou A P L cr e par la r forme de 1977 a marqu un progr s consid rable en permettant des personnes faibles ressources d acc der des logements confortables condition qu ils soient situ s dans des programmes immobiliers ayant fait l objet d une convention avec l tat Comme la premi re cette aide d pend la fois de la composition du m nage et du niveau de ses ressources mais elle est plus solvabilisatrice Au moment de sa mise en place le dispositif pr voyait que l augmentation des ressources des premiers b n ficiaires permettrait de diminuer progressivement le montant de l allocation qui leur tait vers e Ceci devait financer l extension naturelle du champ g ographique de l A P L toute nouvelle construction des H L M ou r habilitation dans le cadre de la prime P A L U L O S Prime l am lioration des logements usage locatif et occupation sociale Or ce transfert des fonds vers de nouveaux b n ficiaires s est faiblement op r Il en r sulte au
56. ci demeurent complexes elle avait pr vu la mise en place d un Conseil d partemental du d veloppement social l obligation l gale de le cr er a t supprim e par la loi du 19 ao t 1986 1 o devaient si ger des repr sentants des usagers de l Aide sociale elle a aussi pr vu l audition du demandeur qui peut se faire accompagner par une personne de son choix par la Commission d admission l Aide sociale Quelles vont tre les possibilit s de repr sentation et de recours accord es par exemple aux personnes sans domicile fixe et aux familles errantes n ayant pas un statut d itin rants dont l Aide sociale continue incomber financi rement l tat Sur le plan du financement on peut se demander si le transfert de charges de l tat aux d partements ne risque pas de restreindre le versement d allocations pr vues par la loi En effet certains d partements semblent fixer pr ala blement le montant de leur budget d action sociale faute de pouvoir compter sur des co financements d Etat x k A travers cette analyse apparaissent les difficult s qui subsistent pour garantir des moyens d existence des individus et des familles Ceux qui s en trouvent d pourvus doivent alors se tourner vers l Aide sociale l gale ou facultative Les aides en nature en esp ces en h bergement provisoire qu elle octroie permettent de r pondre aux urgences sans offrir cependant proprement parler de garanties De d
57. classes ateliers 11 6 des l ves des coles nationales de perfectionnement alors qu ils ne repr sentent que 6 7 des l ves de l enseignement secondaire Le crit re de d bilit l g re le plus souvent invoqu pour justifier de telles affectations est obtenu par une s rie de tests les performances attendues supposent des acquis intellectuels correspondant aux capacit s moyennes d une 1 Rep res et r f rences statistiques sur les enseignements et la formation 1985 S P R E S E Minist re de l ducation nationale classe d ge rig es en normes pour tous Ces normes ne tiennent pas compte du temps CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 45 d acquisition n cessairement plus important pour des enfants de milieux culturellement moins d velopp s Ces diverses donn es malgr leurs limites donnent une certaine mesure des disparit s se manifestant au terme de l enseignement secondaire IV LES SORTIES DE L APPAREIL DE FORMATION SANS QUALIFICATION ET SANS DIPLOME Les jeunes quittant l appareil de formation au sortir des classes du 1 cycle du second degr 6 5 4 3 de formation professionnelle en un an certificat d ducation professionnelle classe pr professionnelle de niveau classe pr paratoire l apprentissage de l enseignement sp cial du 2 cycle court avant l ann e terminale sont r put s sans qualification et sans dipl me au terme de la
58. conduit la France exp rimenter de multiples types de formations et de requalification professionnelles En ce qui concerne les divers stages et programmes de formation s adressant aux jeunes les moins qualifi s il est difficile de savoir s ils enrayent la grande pauvret ou s ils atteignent essentiellement des jeunes en situation pr caire La seconde ventualit para t la plus probable Jusqu pr sent le pays cherchait pr voir les offres du march de l emploi de demain Il s agissait d y adapter la demande par la formation surtout celle des jeunes Mais devant la situation d plorable des jeunes les plus d favoris s le pays s est aussi interrog dans un second temps sur la possibilit de modifier l offre sur le march de l emploi Etant donn la disparition progressive la fois des emplois sans qualification et des emplois du niveau C A P sont exp riment s aux c t s de techniciens de nouveaux postes d un niveau C A P revaloris Il n est plus alors seulement question d adaptation de la demande mais d innovation au 28 F vrier 1987 plan de l offre exp riment e sur le tas L effort de fournir des emplois aux plus d favoris s fait ainsi na tre une orientation susceptible de servir valoriser l ensemble des ressources humaines Ceci n est encore qu une id e une orientation exp riment e dans une cinquantaine d entreprises seulement Pour l en semble des ch meurs adultes p res et m res de f
59. criantes ou les moins acceptables Certains vont plus loin Ils cherchent des voies et des moyens pour enrayer la persistance et la reproduction de situations de grande pauvret elles sont dramatiques pour ceux qui les subissent insupportables dans un contexte g n ral de prosp rit et dans une soci t fond e sur la justice En France d une fa on croissante depuis une dizaine d ann es d j les pouvoirs publics se pr occupent de mani re explicite et continue de la pauvret Et de nombreux responsables politiques et associatifs s emploient promouvoir une d multiplication des efforts et un avancement de la r flexion en termes de solidarit nationale Mais la persistance de la grande pauvret et le risque de voir un nombre croissant de pr carit s y conduire ne suscitent pas seulement un plus grand d sir d tendre la solidarit Cela pose des questions cl s sur les conditions de fonctionnement des syst mes socio conomiques Ces derniers avaient tir leur efficacit d une conomie industrielle o le ECONOMIQUE ET SOCIAL 25 plein emploi tait g n ralement assur Or le nombre de demandeurs d emploi ne cesse d augmenter et la soci t est engag e dans une grande mutation de l appareil productif et des services Elle entra ne des exclusions d finitives du march de l emploi difficilement acceptables Quelles questions cela pose t il sur les relations entre citoyens d un m me pays entre citoyens ex
60. d valorisation sociale qui entrave toute recherche de communication avec le monde ext rieur Est il encore acceptable d imposer des familles aussi d munies une lutte pour la survie qui compromette tel point leurs chances d panouissement et de participation Ce diagnostic de Mme Reynaud refl te de fa on significative l avis d un nombre croissant de travailleurs sociaux le cumul des difficult s rend souvent inop rantes les interventions ponctuelles Ces responsables de l action au jour le jour ont t les premiers r v ler les cons quences de pr carit s et d plorer de ne pouvoir r pondre bien souvent qu leurs effets imm diats D panner une personne ou une famille en urgence ne r soud rien quand les urgences sont en fait provoqu es par une pauvret persistante Plus grave les aides d urgence nourriture argent h bergement peuvent contrecarrer des efforts patients de longue haleine pour aider une famille trouver du travail 54 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL prendre l habitude de calculer un budget ou de sauvegarder la r gularit scolaire des enfants Aussi des travailleurs sociaux dans toute la France rappellent ils qu un cumul de pr carit s n appelle pas seulement un cumul d interventions mais un accompagnement social veillant l autonomie et la participation authentique des int ress s Vous voulez nous aider mais est ce que vous souhaitez notre r ussite dans la vie
61. d expression portent sur l exposition ou le zoo visit s ensemble Les r f rences de l cole ne sont pas celles de l univers de l enfant en grande pauvret Les objets les modes de vie auxquels il est fait allusion dans les manuels et le plus souvent dans la classe ne lui sont pas familiers Il ne peut participer aux conversations de ses camarades sur les derni res vacances ou le pique nique du week end En revanche il apprend vite qu il vaut mieux ne pas parler de ce qu il vit dans sa famille et son voisinage les dettes l lectricit coup e le p re sans travail les visites de la police de l assistante sociale ou du d l gu la tutelle Mais toutes ces pr occupations l inqui tent pendant la classe et l emp chent de concentrer son attention sur les activit s scolaires Nous avons vu la fr quence des redou blements ceux ci accroissent la mise l cart de l enfant qui plus g que ses camarades devient plus tranger leurs int r ts L orientation vers l enseignement sp cial est malheureu sement le plus souvent v cue comme une exclusion du cursus scolaire normal et ceci quels que soient les efforts p dagogiques qui y sont pratiqu s Ces classes sont per ues de fa on plus ou moins consciente par l opinion comme r unissant des enfants d biles certains enfants n en sont pas dupes et disent on est chez les fous Il y a l pour la plupart d entre eux une v ritable impasse qui ne peut tre
62. dans un vieux landau d enfants D s le lendemain le maire de H fit abattre les animaux domestiques br ler l habitation et raser son emplacement au bulldozer Pendant plus de 3 ans cette famille fut condamn e l errance tant renvoy e d une commune l autre tol r e quelques jours puis menac e d expulsion voire d plac e d office Elle se r fugia d abord dans les bois sous une toile de tente Puis elle b n ficia de l octroi d une caravane qui devait tre d plac e toutes les 48 heures Ce n est qu en mai 1977 que cette famille put enfin tre relog e dans une maison de garde barri re et recouvrer un domicile reconnu Mais il fallut attendre un arr t de la Cour de Cassation du 26 mars 1985 pour que la culpabilit du maire du chef de destruction d objets mobiliers et immobiliers appartenant autrui soit d finitivement reconnue article 434 du Code p nal et que soient accord s des dommages et int r ts la famille 20 500 F La proc dure avait dur dix ans elle avait t ponctu e de 4 arr ts de la Chambre criminelle de la Cour de Cassation de 4 arr ts de la Cour de Colmar de 2 arr ts de la Cour d Appel de Metz et d un jugement du Tribunal correctionnel de Metz A Les libert s civiles devant la justice Le proc s dont a fait tat Ma tre Jacob ne rend videmment pas compte de toutes les atteintes aux droits fondamentaux subies par cette famille en situation de grande pauv
63. de 700 000 personnes r parties dans 60 d partements fran ais venues demander un logement faute d avoir des ressources suffisantes Les situations des demandeurs de logement peuvent se regrouper ainsi suivant des caract res concernant la socio d mographie 1 sur 2 tait en ch mage total ou partiel et tous sans qualification professionnelle 1 sur 3 tait malade handicap ou accident 1 sur 4 tait une femme seule charg e de famille 1 sur 5 tait de nationalit trang re l habitat 1 sur 3 vivait en H L M 1 sur 3 vivait dans un logement du secteur priv 1 sur 3 vivait chez un parent un ami un employeur ou en foyer ou centre d h bergement ou en caravane ou la rue les ressources 35 n avaient aucune ressource ou n auraient plus aucune ressource s ils payaient leur loyer 29 disposaient lorsque leur loyer tait pay de moins de 20 F par jour et par personne 37 avaient des dettes importantes de loyer d eau de gaz ou d lectricit D La situation tait la suivante la sortie d un h bergement temporaire et provisoire dans l un des centres de r insertion sociale pour adultes en Ile de France enqu te de la F d ration nationale des associations d accueil et de r adaptation sociale F N A R S en 1983 sur la population de 36 centres soit 2 885 personnes En moyenne 19 des h berg s sont parvenus acc der un logement autonome
64. de ceux et de celles qui naissent et grandissent dans un milieu marqu par une pauvret persistante ne parviennent pas se lib rer de leur condition Sortir de la grande pauvret rel ve aujourd hui comme hier d une socialisation par l cole le m tier ainsi que par une certaine forme de vie associative B Une culture tronqu e Les cultures ouvri res paysannes ou bourgeoises s enri chissent et se transmettent d une g n ration l autre par accumulation s dimentation et apports ext rieurs de toutes sortes En comparaison l observation participante d quipes d action constate en milieu de grande pauvret la transmission d une culture tronqu e o faute de moyens de les vivre les valeurs sont affaiblies pour ne pas trop souffrir ou pour survivre on s enferme dans un univers soi plut t que de continuer communiquer avec un entourage qui lui peut vivre ce dont soi m me on peut r ver seulement On prend ses distances par rapport la culture environnante per ue comme une agression parce qu elle r v le sans m nagements vos ignorances et incapacit s On en vit cependant des valeurs de base C est le manque de moyens de les appliquer concr tement qui use l adh sion et conduit l occasion des comportements contraires Les valeurs deviennent en quelque sorte amput es la survie le maintien du foyer tout prix l honn tet tant qu on peut vivre sans voler ou bien la scolarisation des enfan
65. de ceux qui per oivent des allocations ne doit pas tre perdu de vue D autre part la C F T C approuve particuli rement l orientation de l avis qui vise non seulement apporter une aide aux plus d munis mais leur apporter les moyens d une r insertion sociale et les mettre debout dans la soci t Enfin la C F T C compte tenu de la difficult de mise en place des dispositifs approuve d une part le chobi fait de les envisager sous forme d exp riences concernant un certain nombre de d partements pour en tirer les conclusions les adapter et leur donner ult rieurement un caract re 28 F vrier 1987 permanent pour r pondre au mieux aux situations de pauvret qu il s agit de combattre et d autre part la perspective d associer au suivi de ces exp riences toutes les institutions et organisations qui se trouvent concern es La C FT C partageant tr s largement les pr occupations exprim es dans le projet d avis d cide de se prononcer favorablement son propos Groupe de la C G T Le projet d avis et son estimation un peu sous estim e de 2 5 millions de personnes en grande pauvret a bien raison de proposer une meilleure connaissance de la population concern e et de ses conditions d existence tant cela repr sente de souffrances physiques et morales d atteintes la dignit et aux droits l mentaires de la personne Nous nous f licitons de cette mise en lumi re des r alit s de la France d aujo
66. de communication les moyens d existence doivent tre proportionn s ces d penses pratiquement oblig es Dans une soci t en mutation comme la n tre o il est n cessaire de d velopper au maximum les capacit s d initiative et de cr ation de formation et d adaptation de tous chacun doit pouvoir disposer de moyens d existence lui permettant de pr parer son avenir et celui de ses enfants Ne pas tre la charge des autres ne suffit pas encore faut il pouvoir faire fructifier son capital humain sous peine de voir son exclusion sociale et culturelle s aggraver avec le temps Que peut on aussi entendre par garantir Notre syst me de protection sociale qui a pour mission de s adapter de nouvelles situations d ins curit a d j d velopp des revenus de substitution pour faire face au ch mage la vieillesse la maladie l invalidit ou des revenus de compensation pour faire face un certain nombre de charges familiales Les garanties ainsi apport es l ont t pour des besoiris jug s primordiaux mais pour certaines cat gories de population seulement Les conditions d acc s aux droits sont r glement es afin d viter toute extension incontr l e du nombre des b n ficiaires Beaucoup de prestations sont d un montant et d une dur e proportionn s aux risques encourus par exemple les allocations familiales d pendent du nombre d enfants mineurs au foyer aux droits acquis ant r
67. de populations effectivement absentes des nombreuses institutions de notre soci t son exp rience fut le ferment de discussions certes difficiles mais soucieuses galement de formuler des solutions pr cises et concr tes e Trois remarques nous semblent devoir compl ter le rapport En premier lieu il nous semble important d tre conscient de l aggravation des pr carit s avec l exode rural tant l anonymat des villes vient gommer les solidarit s de village En second lieu nous regrettons la timidit des propositions sur la d fense de l int grit familiale En effet nous sommes convaincus que l unit familiale est un l ment de coh sion sociale fondamental un ferment de solidarit de notre soci t Enfin soucieux de pr parer l avenir nous tenons marquer notre inqui tude devant un constat pr occupant les jeunes ma trisent mal la lecture et l criture 7 de chaque classe d ge nous dit l avis Ceci est particuli rement pr occupant dans une soci t d velopp e o l on insiste sur la qualification des emplois e Quant au fond de cet avis la crise r v le un nombre croissant de situations de pr carit dans le travail la sant l ducation Le constat du nombre des ch meurs en fin de droit des malades sans couverture sociale du nombre de jeunes ne sachant pas lire et crire en France ne peut tre ni Il marque l utilit d am liorer les syst mes existants dans notre soci
68. de toute nature susceptibles de r duire ou supprimer leur capacit de gain et couvrir les charges de maternit et les charges de famille qu ils supportent Cette m me ordonnance a pr vu l extension future du syst me de s curit sociale des cat gories nouvelles de b n ficiaires et des risques ou prestations non pr vus par les textes en vigueur Elle lui a donn mission de s adapter de nouvelles situations et de nouvelles ins curit s qui pourraient appara tre avec le temps Le rappel de ces objectifs de d part nous conduit rechercher pourquoi certains citoyens ne disposent pas encore en 1986 de moyens d existence dans certains cas o ils sont pourtant dans l incapacit de se les procurer par un travail Comment est il possible galement que des travailleurs et leur famille ne b n ficient pas de garanties face certains risques qui r duisent ou suppriment pourtant leur capacit de gain et face des charges familiales qui ne sont pas suffisamment couvertes Mais que peut on entendre par moyens d existence et par garantie Les moyens d existence ne peuvent tre simplement des subsides permettant au jour le jour de ne pas mourir de faim Dans une civilisation urbanis e et marchande comme la n tre o doit se payer tout ce qui est n cessaire la vie physique nourriture v tement logement soins mais aussi la participation sociale lecture informations moyens
69. distin gueront des mesures rapidement r alisables qui se situent dans le cadre de la r ponse des situations d urgence Elles devront tre la fois un plancher de s curit et un tremplin vers l insertion ou la r insertion des orientations moyen terme pour enrayer par tapes les principaux m canismes de paup risation identifi s dans le rapport I D finition de la grande pauvret et des populations concern es La pr carit est l absence d une ou plusieurs des s curit s notamment celle de l emploi permettant aux personnes et familles d assumer leurs obligations professionnelles familiales et sociales et de jouir de leurs droits fondamentaux L ins curit qui en r sulte peut tre plus ou moins tendue et avoir des cons quences plus ou moins graves et d finitives Elle conduit la grande pauvret quand elle affecte plusieurs domaines de l existence qu elle devient persistante qu elle compromet les chances de r assumer ses responsabilit s et de reconqu rir ses droits par soi m me dans un avenir pr visible Les propositions qui suivent int ressent directement la population actuellement en grande pauvret ou menac e par elle compos e par des personnes en ge de travailler mais le plus souvent sans travail sans qualification et sans s curit de ressources minima Sont pris en compte les parents les enfants et les jeunes mais aussi la cellule familiale en tant que telle I
70. du rapporteur et sa connaissance concr te de cette question a permis de d boucher sur une proposition pr sentant un programme d ensemble de lutte contre la grande pauvret Au vu du constat et de l analyse tablis par le Conseil conomique et social il appara t en effet que l efficacit d un traitement de la pauvret passe par la mise en oeuvre de politiques dans plusieurs domaines o se manifestent les principales pr carit s qui affectent les populations concern es par la saisine Il s agit de l ducation de l emploi de l habitat de la sant des ressources financi res et des droits attach s aux personnes et aux familles Il importe que ces politiques soient men es simultan ment et de mani re coh rente et durable C est pourquoi la cr ation d une instance de coordination interminist rielle s av re indispensable Le premier temps de la d marche entrepris dans un contexte exp rimental appara t galement sage Une telle proc dure devrait permettre terme de d finir un plan d ensemble d ampleur nationale dont l orientation la pro grammation et la mat rialisation pourraient tre nonc es dans le cadre de textes juridiques Ainsi seraient clairement affirm s les devoirs de solidarit de notre soci t tous ses chelons Etat collectivit s locales associations d entraide organismes sociaux citoyens En accord avec les solutions propos es dans l avis comme avec leurs modalit s de mi
71. du secours catholique Septembre 1982 CHAPITRE III CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 39 ACC S A L HABITAT Des hommes des femmes des familles survivent dans des conditions de logement extr mement pr caires voire d gra dantes La faiblesse l irr gularit et l absence de ressources comptent parmi les principales raisons qui condamnent des hommes des femmes des familles vivre dans des logements indignes voire sans logement Ils ne peuvent acc der un logement qu il s agisse du parc social ou du parc priv ou bien ils en sont expuls s Ils sont alors contraints de se r fugier ailleurs chez des parents ou amis en centre d h bergement dans des locaux inoccup s ou des caravanes sous des abris de fortune certains en sont r duits l errance Acc der un logement un chez soi o on puisse vivre dans la dignit constitue un objectif que certains mettront des ann es atteindre tandis que d autres n y parviendront jamais Beaucoup n ont pas d autre choix que de faire face chaque jour aux conditions de vie inhumaine d un taudis Pour ceux qui ont pu acc der un logement d cent il faut encore pouvoir s y maintenir c est dire en assumer le prix en toutes circonstances Moins on dispose de ressources stables et suffisantes plus la crainte de l endet tement hante la vie quotidienne jusqu aujour o si rien ne vient aider il faudra se r soudre ne plus acquitter les d penses obli
72. dur e ind termin e est exig ce qui exclut les travailleurs ind pendants ou int rimaires comme les stagiaires de la formation professionnelle parfois il faut obtenir la caution d un garant ou accepter une tutelle aux prestations sociales impos e de plus en plus aux familles les plus fragiles pour apporter des garanties au bailleur souvent aussi le demandeur doit pr senter des gages de moralit et de sociabilit Ces conditions n ont videmment pas t institu es sans raisons Les offices d H L M h sitent accepter des foyers qu ils craignent d avoir expulser par la suite Les imp ratifs de gestion la n cessit d quilibrer les comptes et de pr venir les tensions sociales conduisent privil gier les demandeurs solvables et pouvant se pr valoir d une certaine culture de 1 P A C T Protection am lioration conservation transformation de l habitat l habitat Aussi l intention qui pr side l tablissement de telles conditions CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 41 n est certes pas d liminer les plus pauvres C est pourtant bien quoi un tel dispositif aboutit malgr des mesures correctives aide personnalis e au logement allocation logement attribution de logements des associations fonds de caution et de garantie A titre indicatif 580 000 m nages per oivent l A P L locative au 3 trimestre 1985 H LE MAINTIEN DANS UN LOGEMENT A c t de la partie de la popu
73. encore assez respect s Afin aussi que soient compens es temps des pr carit s susceptibles de conduire de telles situations Quelles exp riences des int ress s eux m mes et des acteurs de terrain indiquent d j les mesures qui devront tre mises en uvre Dans ce but seront d ailleurs pr sent es tout au long de cette partie des innovations significatives Afin de guider la r flexion un premier chapitre sera consacr un regard n cessairement rapide sur l volution dans l histoire des pratiques vis vis des pauvres pr cis ment dans le but d clairer l examen des pratiques d aujourd hui Ceci conduira observer encore une fois que la question de la pauvret est de plus en plus pos e en terme de droits par les interess s eux m mes et par les responsables divers niveaux Dans les chapitres suivants nous tenterons de voir si les structures en place garantissent les moyens de la s curit d existence ressources logement sant de l insertion travail social ducation qualification et emploi et de la partici pation En appendice seront pr sent es quelques observations propos des syst mes en place dans d autres pays de la Communaut Il deviendra alors possible de formuler des recomman dations moyen et court terme tenant compte de la r alit des structures et des attentes des int ress s pour eux m mes et pour l avenir de leurs enfants CHAPITRE I L MENTS DE R PONS
74. enregistr s en 1984 50 avaient moins de 25 ans dont 7 de mineurs 26 taient des trangers En majorit c libataires 65 12 d entre eux taient illettr s et 42 se d claraient sans profession ou au ch mage Une enqu te effectu e par le Centre national d tudes et de recherches p nitentiaires 2 portant sur un chantillon de 900 d tenus incarc r s dans 4 maisons d arr t sur la p riode 77 80 permet d apporter quelques pr cisions sur le milieu social et familial des d tenus Il appara t ainsi que Les 2 3 sont issus de noyaux familiaux disloqu s pour 16 s paration des parents pour 30 d c s du p re de la m re ou des 2 parents pour 20 ignorance de l identit d un des parents Ils sont issus de familles nombreuses 1 3 ont au moins 5 fr res et s urs 12 At appartiennent des fratries de 9 enfants et plus La profession de leurs parents e les p res ont t ou sont ouvriers 31 retrait s ou inactifs 17 petits travailleurs ferrailleurs r cup rateurs de mat riaux 14 e les m res ont t ou sont inactives ou retrait es 63 des personnels de service 11 des employ es 6 des ouvri res 5 Leur niveau d instruction 45 sont sans aucun dipl me dont 9 totalement illettr s 37 5 ont le C E P seulement Leurs activit s avant d entrer en prison 40 ne travaillent pas ou sont inscrits l
75. esquisse de certaines volutions dans les r ponses propos es la pauvret se dessinent videmment des volutions dans les concepts L image des pauvres et de la pauvret a chang Le professeur Michel Mollat l a rappel lors de son audition devant la section des Affaires sociales le 18 mars 1986 Au cours des ges on est pass d une repr sentation mentale du pauvre comme image du Christ assimil aux plus faibles des hommes une repr sentation mentale du pauvre comme homme part enti re relevant des droits de tout homme cette volution s est traduite notamment au travers du vocabulaire qui a volu ainsi charit puis bienfaisance philanthropie fraternit et enfin solidarit Au coeur de la double volution des pratiques et des concepts Michel Mollat a mis en vidence plusieurs constantes d une part que l aspect fondamental du processus de paup risation toutes les poques est le passage d un seuil l autre la grande pauvret tant celle qui est au bas de l chelle D autre part qu toutes les poques les composantes de la grande pauvret ont t multiples d mographiques conomiques sociales structurelles conjoncturelles telle ou telle de ces composantes prenant selon les moments plus d importance que les autres Enfin il a toujours fallu recommencer aider des gens se sortir de la mis re parce que les donn es de ce genre d exclusion se renouvellent Aussi p riodiquemen
76. estim e un minimum de 2 000 000 de m nages 10 environ de la totalit des m nages aux revenus inf rieurs 75 du S M I C Il s agit donc d une population dans une pr carit au point de vue des ressources Tous ces m nages ne sont pourtant pas en tat de grande pauvret ils connaissent tous des difficult s certaines Aussi est il rappel avec force dans l avis que Les mesures mettre en oeuvre pour r pondre aux probl mes du logement de ces populations ne peuvent pas tre d ordre marginal il s agit de rechercher des solutions structurelles du fait de l ampleur du probl me Nous ajouterons que ces solutions structurelles s imposent aussi du fait de la gravit du probl me pour les plus d munis Les mesures prendre doivent aboutir ce que plus personne ne puisse en arriver leurs situations extr mes La loi Quilliot loi du 22 juin 1982 avait rappel que le droit l habitat est un droit fondamental C tait un acquis important pour les mal log s de France m me si la mise en place des moyens de garantir ce droit tous se faisait encore attendre Une conviction faisait son chemin au point d tre nonc e clairement dans une loi Restaient certes des expulsions des saisies des coupures d eau de gaz et d lectricit Cette notion de droit l habitat avait d j t affirm e par le Conseil conomique et social dans un avis formul le 25 janvier 1956 sur le logement des travai
77. et des savoir faire B VOULOIR REN ONTRER LES PLUS D MUNIS ET LES RECONNAI TRE COMME PARTENAIRES Une politique de d veloppement social doit en effet s appuyer sur l exp rience de vie des plus pauvres et la pens e qu ils en tirent sur les multiples liens d entraide spontan e qu ils tissent elle doit garantir la d fense de leurs int r ts et cr er les conditions de leur participation et de leur repr sentation D une part les populations les plus d munies ont le droit d avoir des partenaires ne serait ce que pour tirer la sonnette d alarme faire valoir des exp riences qu elles sont seules conna tre communiquer leurs demandes Elles ont en particulier le droit de s entretenir avec ceux qui exercent des responsabilit s publiques comme des maires des directeurs d cole ou d office H L M des repr sentants de syndicats et de grandes associations CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 28 F vrier 1987 D autre part un tel partenariat n cessaire la promotion des plus d munis mais dont ils n ont pas l habitude est impossible d velopper sans une volont de la part des lus et des principaux acteurs de la vie sociale C est dans la mesure o ces derniers prendront les moyens de les informer de les consulter de recueillir leurs avis que les plus d munis exp rimenteront qu ils ont comme tout le monde une citoyennet exercer A cet effet il faut rappeler les responsabilit s respectives des pouvoirs
78. fa on permanente sans ressources et sans possibilit s de s en procurer De plus ceux qui ne sont pas en mesure de faire eux m mes une demande ne sont jamais atteints Ces observations conduisent supposer qu un v ritable revenu garanti sur la ville de Besan on repr senterait un co t financier sup rieur aux sommes actuellement engag es 10 L exp rience de Rennes A Rennes 1 un revenu minimum a t garanti pendant 14 mois 126 familles tr s d munies et volontaires pour participer l valuation de l exp rience Aucune contrepartie ni aucun suivi social n taient exig s mais l quipe de travailleurs sociaux tait enti rement la disposition des familles qui d siraient faire appel eux Chez la plupart des b n ficiaires une am lioration de la vie quotidienne s est produite en particulier par des d penses plus importantes de nourriture v tements etc correspondant des besoins que les ressources habituelles ne parvenaient pas couvrir Beaucoup ont pu r gler leurs dettes loyer lectricit ou dettes des voisins par exemple mais chez certains les dettes taient trop lev es et une partie restait encore r gler la fin de l exp rience Certains ont pu r aliser des projets attendus depuis longtemps tels que acheter des lunettes se faire soigner les dents entreprendre une formation Le nombre de personnes au travail est le m me en fin de p riode et au d but ceux qui
79. favoris es Des hommes des femmes des familles survivent e sans pouvoir assurer leur subsistance par leur travail e avec des ressources extr mement faibles et parfois inexistantes e dans des conditions de logement excessivement pr caires et souvent d gradantes e sans pouvoir acqu rir des savoir faire de base et a fortiori un savoir nouveau Le pays dans son ensemble est maintenant suffisamment alert de cet tat de fait Des responsables politiques syndicaux associatifs et socio professionnels ne cessent de d ployer des efforts pour en diminuer le plus possible les effets Mais les moyens d gag s ces derni res ann es pour faire dispara tre la gande pauvret emp cher sa reproduction et l augmentation en nombre et en gravit des pr carit s qui y conduisent demeurent insuffisants Certaines mesures de rationalisation prises dans le domaine de la protection sociale peuvent contribuer l accentuation de ce ph nom ne Dans cet avis le Conseil conomique et social voudrait exprimer sa volont que cet objectif soit d sormais plus clairement poursuivi et progressivement r alis 1 L ensemble du projet d avis a t adopt au scrutin public par 154 voix et 40 abstentions voir les r sultats de ce scrutin en annexe scrutin n 1 Aussi le Conseil propose un cheminement par tapes et 28 F vrier 1987 le Conseil conomique et social sur la base d exp rimentations Ses recommandations
80. formation initiale 1 Ils constituent les niveaux de formation VI et V bis consid r s comme les plus bas 2 Par rapport l ensemble des l ves quittant le syst me scolaire un moment donn quel que soit leur ge et le niveau atteint les l ves sortant de l cole sans qualification repr sentaient 26 en 1973 et 11 en 1983 3 Cette am lioration est en fait beaucoup moindre car la scolarit de nombreux l ves a t poursuivie dans le niveau V imm diatement sup rieur 3 ann e de C A P en 3 ans et 2 ann e de C E P Le niveau de formation pour beaucoup d entre eux n est pas r ellement sup rieur Ils entrent en fait plus tard sur le march de l emploi Le niveau V de formation constitue d sormais lui seul la moiti environ des sorties annuelles 48 en 1983 contre 40 dix ans plus t t Si l on prend en compte les personnes ayant au plus le certificat d tudes on obtient les chiffres suivants en 1983 Part des jeunes sans dipl me ou ayant le certificat d tudes primaires dans la population active Hommes Femmes 1985 Source 1 N S E E enqu te sur l emploi 1985 On peut mesurer ici la progression r alis e sur une g n ration diminution de moiti du pourcentage des non dipl m s plus importante d ailleurs chez les femmes que chez les hommes mais aussi le maintien d un fort pourcentage presque 1 sur 3 de non dipl m s parmi les jeunes de 15 24 ans
81. grande pauvret sur un quartier la monographie de familles en tant que compr hension des relations engendr es par la grande pauvret avec les services officiels les diverses organisations et l environnement la connaissance acquise gr ce l action en vue d un changement des conditions de vie des int ress s Gr ce ces divers moyens de connaissance nous devrions en conclusion pouvoir valuer l ampleur et la gravit de la grande pauvret et des pr carit s laquelle le Conseil conomique et social entend contribuer mettre un terme Les recherches et courants de pens e comme outils de compr hension de la grande pauvret et de la pr carit conomique et sociale auraient eu parfaitement leur place dans cette partie Faute de pouvoir reproduire dans ce rapport les d veloppements qu ils m riteraient nous nous limiterons reprendre dans cette introduction les principales r flexions que les recherches et tudes ayant cours en France de nos jours nous ont sugg r es Malgr leur diversit et la diversit des th ories qu en tirent leurs auteurs quelques lignes de force communes se dessinent Tout d abord la pauvret n est plus seulement consid r e aujourd hui comme une r alit mat rielle et financi re La grande pauvret est une situation o des privations mat rielles et immat rielles de toutes sortes s encha nent enlevant aux victimes leur libert de choix et les chances de s en
82. il est invalide ou dans la vieillesse Nous mesurons la fois la fid lit ce principe et l extension de son champ d application en entendant le Pr sident de la R publique fran aise affirmer le 30 septembre 1982 devant l Assembl e parlementaire du Conseil de l Europe Le combat pour les droits de l Homme est aujourd hui un combat pour que nul ne soit exclu de leur b n fice ni le travailleur du Tiers Monde immigr dans un pays plus d velopp ni le membre du Quart Monde o l on est pauvre et illettr de g n ration en g n ration ni le nomade qui tient conserver la tradition du voyage ni l ancien d linquant qui cherche se r ins rer ni le handicap ni les personnes g es trop souvent d laiss es 28 F vrier 1987 M Peter Leuprecht 1 lors de son audition a donn pour sa part quelques clairages concernant l interd pendance des droits et la corresponsabilit des Etats qui veulent faire avancer leur r alisation en Europe Il a rappel d abord les trois id es ma tresses qui fondent l difice des droits de l Homme la dignit des tres humains la n cessaire solidarit des Communaut s nationales et de la Communaut internationale pour d fendre et pro mouvoir ces droits la volont d une protection particuli re des plus faibles Les droits de l Homme tant par nature indivisibles et universels tous les hommes sont fond s s en pr valoir y com
83. innovations visent aider les jeunes entrer dans la vie active et incitent les agents conomiques contribuer cet effort Pourtant environ 7 de chaque classe d appel s au Service national ma trisent mal la lecture et l criture Des jeunes abordent le march de l emploi sans qualification en 1983 219 000 sorties du syst me scolaire sans dipl me ou avec le Certificat d tudes Primaires Ceci les expose davantage au ch mage et l exclusion sociale le travail tant g n ralement le mode d insertion sociale privil gi De nombreuses exp riences l int rieur et hors de l cole se fondent sur des relations avec des enfants d favoris s leurs parents et leur environnement et indiquent les voies de leur r ussite Par ailleurs de nombreuses initiatives locales publiques ou priv es exp rimentent de nouvelles formes de travail et de qualification plus adapt es la demande de cette population et ses capacit s de participation 2 La s curit d existence Depuis ses origines notre syst me de protection sociale s est progressivement tendu de nouveaux b n ficiaires et de nouveaux risques citons cet gard la cr ation du minimum vieillesse la g n ralisation de la S curit sociale Pourtant environ 2 5 millions de personnes ne disposent pas de ressources suffisantes pour vivre On peut estimer que tout ou partie de ces personnes sont concern es par diverses propositions de c
84. l homme devraient s attacher 16 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL ANNEXE A L AVIS SCRUTINS SCRUTIN N 1 sur l ensemble du projet d avis Nombre de votants oseseseeseessesescesesresesrereererresreresee 194 Ont vot POUT enini iene n N E e aieri 154 Ont vot contre rss ses ss ss esssssesesesessses 0 Se sont abstenus Le Conseil conomique et social a adopt Ont vot pour 154 Groupe de la C F D T M Autexier Mme Beauville MM Billon Gauzelin Hureau Le Boterff Jean Ren Masson Mme Milhomme MM Murcier Rabardel Mlle Ra ga MM Respaud Rousselot Mme Scavennec MM Trogrlic Vergnolle Groupe de la C G T F 0 Mme Adenis MM Bernard Bolut Bouchet Jenet Lalonde Lepresle Lequoy Mar ot Mertz Paris Robert Roulet Groupe de la C F E C G C MM Bordes Pag s Cros Flattet Mandinaud Marchelli Menu de Santis Groupe de la C F T C MM Bornard Bergamini Gruat Mme Lingelser MM Etienne Simon Veyssi re Groupe de la F E N MM Baunay Paul Faure Mme Laroche Brion M Simbron Groupe de L U NA F MM Bichot Burnel de Cr py Duffaure Frahier Jacquet Mme Marotte MM Maurize Niol Groupe de l Agriculture MM de Bretteville de Caffarelli Castaing Chatellier Mme Chezalviel MM Collaudin Cor mor che Devienne Douroux Fauconnet Garinois Gu zou Guyau Laur Meinrad Munet Perrin Perromat Ragot Rigaud Steib Teyssedou Groupe des D
85. la coordination des divers partenaires sociaux et administratifs et sur la d finition d interventions globales et coh rentes dans une perspective d aide de r insertion de formation ou d emploi La proposition d un plancher de ressources assorti d un contrat individualis de r insertion sociale permet de maintenir le lien emploi ressources 3 L avis propose une action localis e mobilisant les nergies responsabilisant chacun des acteurs permettant ainsi une appr hension et un traitement plus appropri s de la grande pauvret sans exclure pour autant les responsabilit s nationales 4 La derni re raison est celle d un choix fait en mati re de financement envisageant le red ploiement des moyens actuels pas toujours bien utilis s et le d gagement de moyens nouveaux par la participation de la solidarit La C F D T partage la d marche propos e visant exp rimenter dans une dizaine de d partements de telles actions et tablir ensuite une valuation Mais pour r sorber durablement la grande pauvret et permettre la r insertion des personnes en situation de marginalisation et d exclusion sociale l action pour cr er des emplois d velopper de nouvelles activit s doit tre prioritaire La C FD T souligne galement l extr me faiblesse des moyens du plan pauvret gouvernemental en regard des propositions contenues dans cet avis Groupe de la C F E C G C Si la grande pauvret n est pas un ph no
86. les int ress s ou de r am nager leur logement Notre exp rience dans le domaine des aides aux plus d favoris s nous conduit regretter la multiplication des intervenants sociaux Un interlocuteur unique pourrait coordonner l action des divers autres et accompagner la famille dans ses d marches nombreuses L insistance des travailleurs sociaux leurs langages diff rents et la complexit de leurs dossiers sont dissuasifs Les d marches ne seront pas faites s il faut aller successivement frapper plusieurs portes pour le logement l cole le minimum social l emploi etc Un unique r pondant un coordonnateur plus proche de la famille qui la conna t bien et qui est connu d elle nous semble indispensable 24 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 28 F vrier 1987 2 Rapport pr sent au nom du Conseil conomique et social par M Joseph Wresinski Pour l laboration du rapport la section des Affaires sociales a entendu les personnalit s suivantes le 4 f vrier 1986 e Mme Georgina Dufoix ministre des Affaires sociales et de la Solidarit nationale porte parole du gouvernement le 18 f vrier 1986 e Mme Reynaud Chef du service social de la C A F de Saint Etienne e Ma tre Jacob Avocat au Barreau de Paris e M Join Lambert Directeur de l Institut de recherche du Mouvement A T D Quart Monde le 4 mars 1986 e Mme Pisarra Juge pour enfants au Tribunal de grande instance de Paris e Doct
87. les partenaires l ensemble des aides possibles et les compl ter si n cessaire pour pr server le maintien dans les lieux du locataire insolvable jusqu ce qu une solution plus satisfaisante ait t trouv e Assurer pr alablement une solution durable un h bergement d cent toute personne ou famille sans logement b Faciliter le maintien des familles d favoris es dans leur logement Pour enrayer les processus d endettement le Conseil conomique et social estime qu un soutien social des m nages en difficult devrait tre syst matiquement organis sous diverses formes pour tudier avec les int ress s les voies possibles du r tablissement de leur quilibre financier et leur faciliter l octroi de secours et de pr ts Le Conseil recommande en outre la cr ation d un plus grand nombre de centres de Promotion Familiale et une extension des aides socio ducatives li es au logement c Am liorer l offre de logements Orienter les programmes de construction de logements sociaux et l affectation des cr dits en fonction du nombre et de la localisation des demandes prioritaires non satisfaites Utiliser pleinement les r servations H L M pour les demandeurs prioritaires Am nager en nombre suffisant des emplacements quip s pour recevoir des populations nomades ainsi que des centres d h bergement avec un r seau d appartements de suite permettant de faire face aux besoins de logem
88. les plus l mentaires emp che des potentialit s humaines de se rendre utiles F La culture mode d emploi de la soci t Comme l a rappel Mme Georgina Dufoix lors de son audition devant la section des affaires sociales du Conseil conomique et social le 4 f vrier 1986 la culture est entendre dans son sens le plus large les moyens donn s un homme pour comprendre la soci t qui l entoure et pour jouer un r le dans son fonctionnement Il faut souligner aussi cet gard le r le de la t l vision qui constitue pour bien des familles la seule fen tre ouverte sur le monde ext rieur Si elle peut contribuer faire prendre conscience aux plus pauvres de leur d nuement elle repr sente aussi un moyen d identification avec la soci t environnante et avec le syst me de valeurs qu elle v hicule en particulier pour les jeunes De tr s nombreux t moignages recueillis dans le cadre des universit s Quart Monde montrent ceci quand on ne peut comprendre l encha nement des causes proches et lointaines qui pourraient expliquer la position sociale o l on se trouve on n a d autre recours que de l attribuer la fatalit sa propre indignit ou inf riorit On est m me port projeter sur ses proches la responsabilit de son tat Quand au contraire on peut d velopper avec ceux de son propre milieu une pens e commune une analyse de situations analogues celles que l on vit on devient alor
89. les situations de pr carit grave des ressources La notion m me de pauvret appara t en effet comme un ph nom ne relatif La seconde r serve a trait aux sources Le rapport dit ceci Les chiffres se fondent sur des d finitions et des sources diff rentes et utilisent des chelles diff rentes pour mettre en rapport des m nages de tailles variables Enfin il s agit d une approche par les seules ressources financi res qui ne peuvent suffire mesurer la grande pauvret bien que comme nous le verrons dans tout ce chapitre leur faiblesse constitue une cause de pr carit d terminante 1 Unit de consommation adulte 1 conjoint 0 7 enfant de moins de 15 ans 0 5 sauf exception les diff rents pays ont suivi cette chelle 34 CONSEIL CONOMIQUE ET SOCIAL Situation des tats membres 28 F vrier 1987 en fonction de niveaux de revenu en fonction du pourcentage eeki et du nombre des m nages pauvres ETENDIS Seuls Ce illes situ Nombre ges p ressources par unit de des familles situ es RGE PRA a 6D P n milliers consommation exprim s s eE n ov Es ES z 68 8 DE o agia 5 22 9 Se S S9 g 5 b S 52 ES p si tee RSTI 2 Eni Elki Pays ES ser Bats c 2255 sE FE E 4 R33 92353 5 omo D 5 2 5 ER R E s55 E 9 E kgs T2 AEE E 3 58 SRE SRTR CRE 3 5 Ke 8 C E E l exception de la 40 32 2 8 2
90. libert s civiles et aux droits politiques Puisque pour eux ceux ci demeurent lettre morte tant qu ils n auront pas obtenu aussi les droits conomiques sociaux et culturels qui leur permettraient r ellement de jouir de leurs libert s civiles et politiques 28 F vrier 1987 CHAPITRE I L APPROCHE PAR LES CAT GORIES DE POPULATIONS ET LES STATISTIQUES OUTILS DE CONNAISSANCE Les explications et approches propos es par les courants de pens e contribuent certes clairer les acteurs sur le terrain et les responsables quelque chelon qu ils se trouvent Mais dans la pratique les uns et les autres cherchent surtout mieux conna tre les situations auxquelles ils veulent rem dier ou les populations qu ils pr tendent atteindre Une connaissance qualitative peut les sensibiliser les alerter et les mobiliser une connaissance quantitative est cependant souvent n cessaire pour leur permettre d agir Aussi nous voudrions dans le pr sent chapitre examiner quelles indications relatives la grande pauvret et aux pr carit s nous fournit l approche par cat gories de popu lations en d gager les limites et livrer quelques remarques plus g n rales propos de l approche statistique des ph nom nes I L APPROCHE CLASSIQUE PAR CATEGORIES DE POPULATIONS Il est assez fr quent de voir appr hender les situations de pr carit travers certaines cat gories de populations cens es y tre plus qu
91. limites qu il s agira sans doute de repousser plus loin dans un proche avenir CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 27 Une seconde partie sera consacr e un Essai d valuation des r ponses existantes Quels sont en particulier leurs effets dans la vie des plus pauvres Dans quelle mesure garantissent elles un plancher dans la soci t fran aise au dessous duquel aucun citoyen ne pourrait tomber Dans quelle mesure ce plancher repr sente t il un tremplin au moyen duquel les int ress s peuvent se rehausser un niveau de s curit sup rieur En partant des droits que notre soci t entend assurer tout citoyen les questions suivantes seront pos es en particulier Les moyens de la s curit de l insertion et de la participation sont ils garantis aux personnes et familles en situation de grande pauvret Quels obstacles s agit il de lever Quelles sont les innovations significatives de chan gements promouvoir Les int r ts des plus pauvres doivent tre pris en compte par les politiques g n rales Pour mieux les atteindre des mesures sp cifiques peuvent s imposer et il convient de veiller ce qu elles n entra nent pas pour autant de s gr gation A cet effet leur principal objectif doit tre de permettre aux int ress s de rejoindre les politiques s adressant tous Nous d couvrirons dans quelle mesure une prise de vue globale et coh rente de l ensemble des probl mes de pr carit peut
92. lutte contre les situations de pauvret et les plans d urgence Le programme de lutte contre les situations de pauvret d cid par le Gouvernement en janvier 1983 est constitu d une s rie de mesures sociales et administratives tr s semblables celles propos es par le rapport Oheix en f vrier 1981 Elles visent directement ou indirectement des situations individuelles de pauvret en orientant vers elles e les services d accueil et de d pannage e des prestations financi res sanitaires et sociales d j existantes e des proc dures particuli res en mati re de formation cf lutte contre l illettrisme Elles pr voient galement une concertation avec les associations caract re humanitaire Cette initiative est significative le pays sait que la revalorisation du S M I C et des prestations familiales le d veloppement social des quartiers l institution de zones prioritaires d ducation ou les missions locales laissent encore d couvert beaucoup de personnes et de foyers Il s agit d identifier travers le pays tous ceux qui chappent encore la protection de r gulariser leur acc s des droits et de leur ouvrir des voies vers l insertion N anmoins le Gouvernement a t conduit mettre en oeuvre des plans d urgence chaque ann e depuis l hiver 1984 1985 Ont t ainsi mieux assur s l h bergement d urgence places suppl mentaires dans des centres et des asiles improv
93. maladie L assurance maladie est aujourd hui en principe g n ralis e pour tous Pour les familles aux ressources tr s faibles la prise en charge financi re de la maladie continue repr senter une grave incertitude La couverture des frais dus la maladie sera abord e au chapitre IV 1 Cf le rapport de M Daniel Benoist les probl mes m dicaux et sociaux des personnes g es d pendantes 1985 28 F vrier 1987 Le salari oblig d interrompre son activit peut recevoir des indemnit s journali res gales la moiti du salaire dans le r gime g n ral Pour les ch meurs non indemnis s la maladie n entra ne pas la perte d un gain d j inexistant Pourtant faire vivre une famille avec tr s peu de ressources implique une d pense d nergie que ne peut plus fournir celui dont l tat de sant aurait justifi un arr t maladie d marches diverses pour se procurer le n cessaire longs trajets pied travaux m nagers sans confort De plus beaucoup d entre eux survivent gr ce de petits travaux informels r cup ration services rendus contre r mun ra tion que la maladie emp che d accomplir Les travailleurs non salari s ne b n ficient d aucun revenu de substitution alors que pour certains la faiblesse de leurs ressources ne leur a permis de constituer aucune r serve en pr vision des jours plus difficiles 3 La prise en charge de l incapacit permanente partie
94. n rales et les mesures sp cifiques afin de pr venir les pr carit s et d enrayer la reproduction de la grande pauvret Mais n oublions pas que cette connaissance est encore insuffisamment v rifi e travers le pays 28 F vrier 1987 En somme face la gravit de certaines situations et compte tenu de la difficult de les approcher et de les conna tre avec pr cision le premier constat est celui d une fragilit des connaissances celle ci est d autant plus regret table que les citoyens concern s n ont pas les moyens de parler pour eux m mes D autres conclusions peuvent cependant tre tir es pour clairer utilement les politiques Il ressort toutefois que la grande pauvret demeure une notion relative et que dans notre pays elle doit tre mesur e par rapport une soci t d abondance et de comp tition En France elle peut encore comprendre des situations extr mes o non seulement les moyens de la comp tition mais aussi ceux de la simple survie peuvent faire d faut Les statistiques nationales permettent encore difficilement de donner un ordre de grandeur global du nombre de personnes et de familles en situation de grande pauvret se trouvant probablement l cart d un certain nombre de politiques sectorielles logement sant emploi culture etc Mais dans plusieurs de ces domaines d action les m mes statistiques d ensemble et des approches de client les permettent de r unir de
95. n englobent pas encore tous les plus pauvres notamment les ayants droit non r pertori s Par ailleurs ces deux types de recherches statistiques ne sont pas effectu s avec la r gularit n cessaire pour saisir les volutions dans le temps Ainsi il demeure difficile de distinguer quelles pr carit s sont temporaires lesquelles p sent durablement sur l existence lesquelles risquent d en entra ner d autres terme Seules les statistiques scolaires informent sur la permanence et la transmission de situations pr caires mais elles ne disent rien du lien avec les autres pr carit s Pour en savoir plus il faut faire appel des enqu tes de terrain des monographies de familles ou la recherche action Elles mettent tout d abord en vidence la difficult d approcher et de conna tre r ellement les personnes et les familles le plus gravement et le plus durablement exclues N anmoins condition d tre r alis es par des quipes capables de surmonter les obstacles la communication et plac es sous un bon contr le scientifique elles offrent une connaissance qui permet de comprendre certaines r actions pens es et aspirations des int ress s Cette connaissance est unique pour deux raisons Elle concerne des populations qui d faut de moyens de participation sociale et politique ne peuvent pas exprimer directement leurs demandes Elle est essentielle pour d finir des priorit s pr voir les conditions g
96. partements et territoires d outre mer MM Crusol Jarnac Lutui Groupe des entreprises priv es MM Bocquet Rebuffel Groupes des entreprises publiques MM Aubert Calan dra Escande Matteoli Renon Ruault V litchkovitch Groupe de l artisanat MM Cabut Della Chiesa Duport Goguet Letertre L on Martel Paquet Groupe des personnalit s qualifi es MM Aicardi Andrieu Arrighi de Casanova Bourbon Buard Chaigneau Delarue Delouvrier Mme Franck MM Girard Huntzinger Mme Iff MM Langlade Demoyen Le Vern Luchaire Ma chizaud Magaud M raud Moatti Oudot Mme Parent MM Poujade Renouvin Rosius Schapira Schmit Schwartz Steg Mme Sullerot MM Teillac Trigano Vignau Wresinski Groupe de la coop ration MM Chambaud Chevalier Duchalais Espagne Gaudinat Hallot Lacroix Morel R gis 28 F vrier 1987 Groupe des repr sentants des Fran ais de l tranger de l pargne et du logement MM Carasso Courbey Delmon Groupe des associations Mme Cheroutre MM Davezac Gu n e Paillou Th ry Groupe des professions lib rales Talandier MM Beaup re Salmon Groupe de la mutualit MM Optat Salanne Teulade Vattier Se sont abstenus 40 Groupe de la C G T MM Alezard Bauduret Mme Brovelli MM Calvetti Causs Chollier Desmaison Le Duigou Madieu Magniadas Obadia Parrot Scat Mmes Rey Scipion M Stoquert Groupe d
97. peuvent s encha ner et se renforcer mutuellement au point de mettre en cause l exercice des droits que la Constitution reconna t tous les citoyens Ceci conduit concevoir des mesures qui conjointement garantissent des s curit s minima dans plusieurs domaines de vie particu li rement lorsque les int ress s ne peuvent plus exercer leur citoyennet ni assumer par eux m mes leurs responsabilit s familiales professionnelles culturelles imm diates ni a fortiori envisager une promotion sociale La r ponse aux besoins imm diats des personnes et familles ne peut apporter de solution durable leur situation si ne sont pas r unies les conditions leur permettant de se r introduire dans les circuits de tous Ceci conduit faire CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 7 de toute mesure r pondant l urgence secours financiers aide alimentaire h bergement un tremplin pour pr parer l avenir Il convient de leur assurer d embl e un soutien en vue de leur r insertion accompagnement social ad quat concertation imm diate avec les instances du logement de l emploi ou de la fomation 1 C Quelques observations sur les moyens actuels de l insertion de la s curit et de la promotion 1 L insertion sociale Des efforts en mati re d ducation se sont notamment traduits par une recherche de solutions pour faciliter la fr quentation de l cole et pour rem dier l chec scolaire Des programmes des
98. plus labor s de structures d enseignement et de formation g n ralis es et tr s diversifi es La France dispose aussi d un nombre important de professionnels dont la mission principale est de favoriser l insertion socio culturelle Elle s est enfin dot e d institutions charg es de garantir le respect de la citoyennet Ces s curit s essentielles sont ainsi assur es au plus grand nombre m me en cas de pr carit Pourtant le constat dress dans la premi re partie malgr l insuffisance des outils de connaissance t moigne de l existence de la grande pauvret et de la pr carit Au seul regard des ressources avec un cumul probable d autres pr carit s nous avons pu estimer que plus de 2 millions de personnes se trouveraient dans des situations objectivement inacceptables Nous sommes donc conduits nous interroger non pas sur le bien fond des structures de protection et d insertion mais sur certains affaiblissements de leur efficacit mesure que les citoyens ont le plus besoin de protection La d marche retenue dans cette seconde partie consiste rechercher les questions qui se posent sur le fonctionnement de ces structures face aux situations v cues par les plus d favoris s Quel clairage la vie des plus d munis apporte t elle aux objectifs se fixer et aux mesures prendre afin que puissent cesser des situations portant atteinte aux hommes parce que des droits l mentaires ne sont pas
99. plus difficiles choient souvent de jeunes instituteurs alors que ces classes devraient pouvoir compter plus que d autres sur une quipe ducative confirm e Les enseignants sont inspect s sur la tenue globale de leur classe sur la rigueur de l ex cution du programme sur la pr paration des le ons collectives Mais ils le sont moins sur la mani re dont les l ves en difficult pourraient tre CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 85 mieux aid s en fait sur les objectifs d mocratiques de l cole savoir sa capacit compenser autant que faire se peut les in galit s des chances La sensibilisation aux r alit s de vie des plus d munis ne fait pas encore partie de la formation des enseignants Une unit de formation avait t mise en place en ce sens en 1981 dans les coles normales mais elle tait optionnelle et ne pouvait tre choisie que par des tudiants d j sensibilis s Les nombreux enseignants qui prennent personnellement des initiatives pour la r ussite des l ves en difficult peuvent difficilement inscrire leur action dans un projet ducatif d ensemble leur assurant une coop ration p dagogique dans la dur e Mme Ligier institutrice dans une cole de Paris a particuli rement mis en lumi re cet aspect lors de son audition devant la section des Affaires sociales du Conseil conomique et social le 4 mars 1986 Le souci l gitime de conduire aux meilleurs r sultats les enfants r uni
100. plus en plus dans les m dia ou travers des tudes et enqu tes large diffusion De fait ces derni res ann es sont r apparues de fa on plus visible des formes de pr carit s que beaucoup d entre nous croyaient appartenir un pass r volu Simultan ment on red couvre la persistance de la grande pauvret qui n avait pourtant pas disparu Des hommes des femmes voire des familles se trouvent en plus grand nombre sans moyen de gagner leur vie Le d nuement l ins curit du lendemain et m me l errance et la faim frappent manifestement certaines populations La composition de ces populations s est sensiblement modifi e durant les 20 derni res ann es La pr carit pouvant conduire la grande pauvret affecte aujourd hui beaucoup moins de personnes g es mais davantage d isol s souvent jeunes et de familles monoparentales notamment Il faut y voir l effet d une d stabilisation induite par l acc l ration des mutations de toute nature qui pour les plus vuln rables se transforme en marginalisation d finitive Le tissu des solidarit s se rel che et les exclus sont plus difficiles rep rer Par ailleurs leur propre perception de la situation a chang les plus pauvres ont conscience de leurs droits et les revendiquent Un nombre important d europ ens et en particulier de fran ais se sont d j mobilis s pour tenter de r pondre d une mani re ou d une autre aux urgences apparemment les plus
101. pr carit se trouvent sollicit es de s exprimer diverses reprises et en vue d objectifs qu elles CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 53 peuvent plus ais ment comprendre Comme pour l observation participante la qualit des informations d pendra de la confiance qu inspire aux int ress s l engagement de l homme d action Elle d pendra aussi de sa formation pr alable en mati re de grande pauvret pr carit Nous voudrions ici saisir travers quelques exemples la nature particuli re des informations recueillies lorsque l action est associ e l valuation et la recherche II L ENCHA NEMENT DES PR CARIT S TEL QU IL EST PER U PAR DES TRAVAILLEURS SOCIAUX Mme Marie Th r se Reynaud chef du service social de la C A F de Saint tienne lors de son audition devant la section des Affaires sociales du Conseil conomique et social le 18 f vrier 1986 a bross un tableau de la fa on dont les travailleurs sociaux percevaient les encha nements d ins curit s v cus par les personnes et les familles les plus d favoris es Mais elle a d abord fait remarquer la difficult des travailleurs sociaux en g n ral vraiment conna tre cette population et parvenir avec elle un vrai dialogue un v ritable accompagnement Cela notamment en raison d une trop grande m fiance et d une trop grande ignorance mutuelles Mme Reynaud a soulign combien les personnes et les familles qui cumulent des degr s
102. progressive amplifier dans les ann es venir e d exprimer clairement en proc dant par tapes la volont politique du pays de b tir une soci t o plus personne ne puisse tre menac par la grande pauvret La plupart des propositions s inscrivent dans le cadre de politiques sectorielles en effet les instances qui mettent en application ces politiques sont les mieux plac es pour d tecter les exclusions dans leur domaine d intervention et y apporter de r elles solutions Enfin les constatations tir es du pr sent rapport conduisent e proposer des mesures s inspirant le plus souvent possible de celles mises en oeuvre pour tous les autres citoyens mais dont l intensit le nombre et la dur e de mise en oeuvre seront adapter aux situations Elles permettront ainsi la fois de pr venir les pr carit s et d enrayer la reproduction de la grande pauvret e assigner toute mesure r pondant l urgence secours financier aide alimentaire h bergement l objectif de fournir aux int ress s un tremplin pour pr parer l avenir A cette fin il convient de leur assurer d embl e un soutien en vue de leur r insertion accompagnement social ad quat concer tation avec les instances comp tentes et ceci le temps n cessaire pour qu ils puissent r assumer individuellement ou en association leurs responsabilit s En cette fin de XX si cle la responsabilit des autorit s publiques conce
103. publics et des grandes associations d int r t g n ral Pour des personnes qui souvent ont t mises en chec dans leurs tentatives d int gration sociale l apprentissage de la vie associative constitue une tape indispensable Elle permet d apprendre s exprimer publiquement de fa on intelligible couter et comprendre le point de vue des autres mais aussi faire l exp rience d un accord et d une coop ration possibles avec d autres aupr s desquels on trouve une communaut d int r ts mat riels ou moraux Elle permet enfin de s encourager faire valoir ses int r ts dans d autres associations o ceux du plus grand nombre sont loign s des leurs par exemple dans une association de parents d l ves o la majorit des parents se soucie de l entr e en sixi me de leurs enfants alors que la pr occupation de parents plus d munis est de voir grandir leurs enfants sans ma triser la lecture et l criture Ce type d apprentissage acquis habituellement de fa on diffuse gr ce une bonne insertion progressive particuli rement en milieu scolaire et professionnel n cessite pour les plus d munis un effort consid rable afin de vaincre des appr hensions et tenter de nouvelles d marches Des initiatives en ce sens existent d j sous l impulsion de certaines quipes de travailleurs sociaux dans le cadre du d veloppement communautaire ou de certaines associa tions proches de la vie quotidienne de
104. quelques quipements minima douches dortoirs quip s lingerie r serve de v tements Les coles maternelles devraient pouvoir comme l cole primaire b n ficier des exp riences des classes transplant es nature mer montagne et prioritairement des implantations des groupes d aide psycho p dagogique C Poursuivre et prolonger les exp riences de zones d ducation prioritaire et d finir des strat gies s en inspirant Il conviendrait dans les d partements pilotes d identifier afin d y investir plus et mieux les zones o la proportion de personnes sans dipl me est la plus forte ce qui correspond assez g n ralement la pr sence de milieux de grande pauvret Poursuivant les actions entreprises dans les coles mater nelles les quipes enseignantes de ces zones prioritaires devraient avoir pour mission d assurer une bonne communication entre les milieux familiaux les plus d munis et le milieu scolaire de permettre aux enfants de r aliser les apprentissages fondamentaux Cela devrait favoriser l extension de l intervention de l cole en direction de son environnement particuli rement familial pour permettre dans les milieux de grande pauvret de veiller la r gularit de la fr quentation scolaire assurer ou faire assurer le soutien de l enfant tout au long de sa scolarit de la fa on la plus appropri e l enfant cf l exp rience des pivots culturels de
105. r gime obligatoire ou leurs ayants droit Or un certain nombre de petits travailleurs ind pendants r cup rateurs ferrailleurs et de petits travailleurs ruraux ne peuvent s acquitter de leurs cotisations sociales valu es partir d un revenu forfaitaire qu ils sont parfois loin d atteindre cotisation minimale de 5 255 F par an pour les travailleurs ind pendants au 1 octobre 1986 1 Population assez h t rog ne les hommes 45 2 sont plus jeunes c libataires et la recherche d un emploi les femmes 54 8 sont g es de plus de 50 ans en majorit c libataires veuves ou divorc es elles ne travaillent pas et ne cherchent pas d emploi En cas de maladie grave ou de maternit il peut arriver que la Caisse des travailleurs ind pendants ou la Mutualit 28 F vrier 1987 sociale agricole voire le C C A S prennent en charge ces cotisations sur leur budget d action sociale Mais une telle pratique demeure exceptionnelle Le non paiement des cotisations entra ne des sanctions poursuites saisies pr l vement du montant des cotisations non pay es sur les prestations dues voire suppression de prestations Un contr leur de la Mutualit sociale agricole signalait que 66 familles se trouvaient ainsi priv es de toute couverture sociale dans le Jura la Croix la Voix Jurassienne 14 octobre 1985 Le Travailleur Paysan signalait d j de nombreuses familles dans la m me situation en 1983
106. roulier dans les caves de potasse A la maison on tait propre et bien soign m me si on mangeait souvent la m me chose tous les jours on n tait m me jamais 28 F vrier 1987 malade Ma m re aimait ses enfants et ne voulait pas en tre s par e Bien s r on manquait l cole quand il y avait des inondations l hiver ou quand il fallait garder les fr res et s urs Bien s r la m re nous malmenait parce qu elle n avait pas r ussi faire ce qu elle voulait faire des fois on prenait des racl es pour rien Mais le plus grave est que la vie priv e de la famille Rouillard tait devenue un espace public parcouru par tous ceux qui sont venus voir s informer observer enqu ter valuer L irrespect de la norme est la source de la peur et de la crainte qui se d veloppent l gard de la famille Les carreaux cass s remplac s par des cartons les vieux cycles d t rior s l alcoolisme occasionnel du p re les d placements de la m re tout cela forme un halo qui fait r agir alentour Les diff rents rapports soulignent ce qui diff re chez les Rouillard par rapport la norme Or cela d clenche des flux de regards n gatifs qui les n gativisent davantage La mesure de tutelle est ainsi justifi e De notori t publique M Rouillard est un alcoolique qui certaines poques absorbait en moyenne au moins 3 litres de vin par jour sur le chantier et en dehors de son travail Il a
107. sur 4 est tributaire d une prise en charge par l aide sociale 28 F vrier 1987 L angoisse transmise aux enfants ceux ci ont subir comme leurs parents les cons quences des rentr es irr guli res d argent sur la nourriture l habillement la sant les sanctions ou les menaces de sanction relatives l endettement Certains enfants subissent par ailleurs l angoisse du placement qui demeure pour leurs parents une menace jamais d fini tivement cart e B Les r sistances des plus pauvres la mis re L h bergement 1 m nage sur 5 h berge une ou plusieurs personnes chez lui Il peut s agir de parents le plus souvent un fr re ou une soeur isol s ou en couple ou de personnes sans lien de parent hommes seuls jeunes couples qui se trouvent sans logement L h bergement peut alors occasionner une petite rentr e suppl mentaire d argent mais il entra ne un surpeuplement accentu et terme des tensions telles qu il faut mettre fin cette sorte de d pannage mutuel De nombreuses familles continuent d h berger parfois pendant de longues ann es leurs propres enfants devenus adultes voire en m nage avec enfants quand ils ne savent o aller faute de ressources et de possibilit s d acc s un logement m me social L entraide 1 m nage sur 2 a d recourir en 1984 des emprunts d argent aupr s des voisins Il y a l tout un r seau d changes pr ts et emprunts Il perme
108. sur la vie des familles tr s d munies nou s pouvons en particulier souligner que la quasi gratuit des soins dans les 3 derniers pays cit s te un obstacle important pour leur acc s aux soins Et cela m me si d autres difficult s peuvent demeurer conditions de vie crainte du monde m dical De m me la garantie d un toit lorsqu elle existe peut apporter une certaine s curit de nombreuses familles 28 F vrier 1987 Elle ne suffit pourtant pas toujours pour que le logement propos r ponde aux d sirs ou m me aux contraintes loignement du lieu de travail par exemple des b n ficiaires Quant au revenu minimum cette mesure semble tre de l avis de t moins connaissant des familles tr s d munies la mesure la plus importante leurs yeux pour ces derni res Ils attirent pourtant l attention sur le fait que son attribution par les communes peut parfois en exclure les personnes sans domicile De m me l appel la solidarit familiale comme elle est ou a t pratiqu e en R F A et en Belgique peut dissuader certaines familles d en demander le b n fice Mais surtout un revenu garanti semble ne pas suffire permettre une v ritable insertion L articulation entre ce revenu et les programmes de formation et de remise au travail semble en particulier constituer une des questions les plus d licates pour les diff rents responsables nationaux Ces diff rentes garanties si elles offrent une s curit indi
109. une 28 F vrier 1987 audition pr paratoire au pr sent rapport la Mutualit sociale agricole constate dans le monde rural sans toutefois pouvoir la chiffrer une augmentation du nombre de familles qui errent d un lieu un autre La plupart ne sont pas consid r s comme demandeurs de logement Ce genre de constat pourrait tre multipli En t moignent les nombreux organismes consult s pour les besoins de ce rapport et qui sont confront s cette demande primordiale des personnes s adressant eux avoir un toit Ainsi par exemple le Secours catholique re oit en Ile de France plus de 120 demandes d h bergement ou de logement par jour Par ailleurs l o ils existent les fichiers de mal log s ont vu leur population s accro tre celui de l Essonne a augment de 50 entre 1980 et 1983 En outre ici ou l on proc de des estimations des demandes de logement non satisfaites comme dans les 4 d partements d outre mer 35 000 en 1985 Citons encore un rapport du Comit conomique et social r gional d Ile de France mai 1984 sur le logement des personnes exclues ou en voie d exclusion sociale Il r v le qu au cours de l ann e 1983 1 917 logements sociaux 1 877 en 1984 ont t attribu s Paris alors que le fichier des mal log s de la capitale enregistrait fin 1983 environ 35 000 demandes prioritaires 38 500 en juin 1985 De son c t le P A C T 1 de Dunkerque enregistre en oc
110. une information sur cette question dans leur formation initiale et continue Une telle information permettrait une meilleure connais sance des milieux tr s d favoris s mais aussi des actions qui y sont conduites et des diverses possibilit s d interventions e Cette sensibilisation favoriserait une meilleure gestion plus efficace car mieux cibl e des moyens mat riels et humains existants une meilleure utilisation des possibilit s l gislatives et r glementaires actuelles un d veloppement des moyens leur utilisation judicieuse tant mieux garantie une plus grande coh rence entre toutes les interventions d origines diverses dans les d partements et territoires d outre mer la prise en compte dans l apprentissage des formations de base des probl mes p dagogiques sp cifiques concernant les enfants des milieux d favoris s du fait de la diversit culturelle et linguistique e Cette sensibilisation favoriserait une meilleure partici pation des actions de lutte contre l illettrisme des adultes et des jeunes et de soutien scolaire des enfants qui ont le plus de difficult s apprendre 28 F vrier 1987 Le Conseil conomique et social consid re en outre que la lutte contre l illettrisme des jeunes et des adultes doit tre renforc e et dot e de moyens humains et financiers programm s et p riodiquement valu s Il convient de s assurer que les m res de famille cause
111. va au 28 F vrier 1987 nettoyage Il est vrai qu en quelque trente ans la m re a vu changer beaucoup l attitude des services sociaux qui n ont cess d intervenir dans sa vie Peu peu s est affirm le droit des parents et des enfants l int grit de la famille Mais Mme Hornaing en a trop vu pour faire encore confiance Elle se montre d sormais tr s taciturne face l assistante sociale et la compr hension mutuelle ne s tablira plus Elle est cachotti re dit un rapport d inspection des services de tutelle Comment ne le serait elle pas 55 ans elle qui on reprochait de ne pas prendre le train pour voir ses enfants plac s alors que la bourse familiale tait vide Elle qui on reprochait de ne pas leur crire alors que son faible niveau d instruction ne le lui permettait gu re La monographie de Monique Hornaing fait appara tre des supports utiles pour l action par exemple le souci sinc re des services de respecter les droits de la famille ou encore les forces vives de la famille et du quartier Parmi celles ci l endurance de la m re le courage de celle qui devenue grand m re reprend possession par sa seule volont de ses r les familiaux De ses r les sociaux aussi puisque d sormais avec le soutien d une association elle se soucie de l animation de sa cit On m a pris mes enfants mais dans la cit il n y a rien pour les enfants Si on faisait des choses pour eux a
112. voudrait pouvoir parler on voudrait tre cout tre utile quelque chose pour d fendre notre dignit notre libert Mais pour cela il faut tre unis sinon les autres seront toujours plus forts que nous Il faut tre instruits sinon les autres se serviront toujours de nous On voudrait savoir ce qui nous concerne On voudrait savoir nos droits Je veux que mes enfants apprennent lire et crire pour avoir un m tier Sinon ils seront comme moi bons rien Dans le cadre de ces universit s populaires les plus d favoris s s efforcent de se donner ensemble les moyens de suivre un itin raire de r ussite Mais l encore cette d marche passe par la rencontre de personnes qui croient en leurs possibilit s les aident les d velopper et b tir un avenir E L illettrisme La prise de conscience r cente du ph nom ne de l illettrisme d j voqu e au chapitre IV r v le probablement le point de focalisation le plus significatif et le plus concret de la demande culturelle actuelle des milieux paup ris s 1 Pour en comprendre la port e et la pertinence il faut garder en m moire que l illettr c est dire selon la d finition retenue par l UNESCO d s 1958 la personne incapable de lire et d crire en le comprenant un expos simple et bref de faits en rapport avec sa vie quotidienne subit une exclusion sociale d autant plus accentu e dans une soci t o l
113. 0 r sidences principales en habitat provisoire ou de fortune 120 700 r sidences principales en meubl s ou garnis soit dans chaque cas autant de m nages Nous devons rappeler que par suite des difficult s de collecte de l information le recensement sous value de fa on assez nette le nombre de logements les plus atypiques Pourtant cet habitat dont l importance num rique d borde sans doute assez largement les chiffres ci dessus abrite une tr s forte proportion des personnes et des familles les plus paup ris es du pays qu elles soient propri taires locataires sous locataires ou squatters que ce soit dans les campagnes dans les centres urbains dans les communes de banlieue cour es chambres de bonnes loges de concierge soupentes garnis h tels meubl s En somme les mal log s rel vent largement d un habitat difficilement contr lable autant pour ce qui concerne ses habitants que sa conformit aux normes Comment par exemple avoir connaissance par un recensement des locaux lou s ou sous lou s sans contrat des locaux non enregistr s comme habitat d barras garage cave Comment contr ler de telles locations M me de nombreux travailleurs sociaux h sitent les faire conna tre sachant que sans de telles solutions de fortune des familles seraient la rue Toutes ces situations non enregistr es soul vent la question de la domiciliation L absence d un domicile reconnu entrave l
114. 4 T5 16 T1 T8 19 SU SI 82 83 84 E6 i Proportion des psere depuis rx w 2anss dans le total des P S K 0 rT ERREUR LR 19 80 11 82 63 84 85 Source Sas Statistique du Conseil conomique et sokial p riode 1970 1985 l indemnisation peut tre un r el facteur de pr carit et que la situation des 23 de demandeurs d emploi concern s m riterait d tre tudi e Parmi les 75 de ch meurs non indemnis s faisant l objet de l enqu te un chantillon repr sentatif a t tabli partir du fichier UNEDIC Il recouvre plusieurs cat gories d im portances num riques variables 55 n ont jamais eu droit une indemnisation du ch mage Ils se r partissent ainsi e 21 n ont pas fait de demande d allocation de ch mage e 31 se sont vu refuser cette allocation g n ralement cause d une dur e insuffisante d affiliation e 3 ont un dossier de demande class sans suite 20 ont maintenant puis leurs droits Ils se r partissent ainsi e 11 avaient eu droit une indemnisation de courte dur e e 9 une indemnisation longue Ces chiffres montrent que plus d un quart des ch meurs non indemnis s 21 sur 75 n ont pas fait de demande d allocation ch mage Parmi ceux ci les r ponses l enqu te de 6 sur 10 montrent qu un bon nombre d entre eux rencontrent des difficult s dans l acc s au syst me d indem nisation Les plus de 40 ans les ouvriers et les personn
115. 8 1100 GECE rss nernes 50 40 2 3 5 1 2 504 1973 1979 11 4 10 135 60 50 68 11 9 6 263 B lgique 24e 1976 6 6 209 77 60 10 7 22 6 12 187 100 79 18 8 41 4 21 498 Danemark n ssssssssisisesesesesesee 1977 B 334 Frantei aiik 1975 14 8 2 630 Nous retrouvons dans cette enqu te un point de raccor dement avec les chiffres donn s par la Communaut En Allemagne ossessi 1973 6 6 1527 effet le C R E D O C note que 60 du S M I C correspond 50 du revenu disponible moyen par unit de consom Irla de ss 1973 23 1 172 mation seuil pr cis ment retenu par la Communaut Le pourcentage plus faible de familles sous ce seuil d apr s le Italie sise en 1978 21 8 3 823 C R E D 0 C s explique en tr s grande partie par le fait que celui ci n a pas pris en compte la population agricole Luxembourg ns ssssssissseseesee 1978 14 6 16 L enqu te permet de d crire l ensemble des familles au dessous de ces 60 du S M I C soit en 1978 12 des PAYS BAS raser 1979 4 8 233 familles correspondant 6 26 millions d individus 13 4 de la population non agricole Mais la dimension trop Royaume Uni sssssseseseee 1975 6 3 1241 restreinte de l chantillon ne permet pas d utiliser pour d crire les familles au dessous de 50 ou 40 du S M I C s f la m thode complexe retenue par les chercheurs et croisant ource C E E A d faut de pouvoir disposer actuellement de statistiques permettant de comparer les populations en situa
116. 80 Ce dernier a directement inspir la circulaire du 23 janvier 1981 sur la politique d aide sociale l enfance puis la loi du 6 juin 1984 relative au statut des pupilles de l tat et aux droits des familles dans leurs rapports avec les services charg s de la protection de la famille et de l enfance Cette loi marque une progression vidente dans la volont d associer les parents aux mesures prises l gard de leurs enfants 1 Dossier C A F n 3 4 1985 l action sociale des caisses d allocations familiales 2 C T N E R H I La tutelle aux prestations sociales 1 trimestre 1980 elle introduit une nouvelle image des familles comme CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 81 usag res de l A S E elle permet aux parents de se faire accompagner par une personne ou un organisme de leur choix afin de faciliter la relation avec les institutions concern es elle oblige une valuation annuelle de la situation de l enfant elle pr conise un proc s verbal crit du projet ducatif labor pour l enfant avec les parents Cette loi ouvre de nouveaux chemins bien qu on rel ve de grandes diff rences d application d un d partement l autre Plusieurs D D A S S ont mis au point des protocoles aussi clairs que possible pour informer les parents Elles cherchent aussi mobiliser les associations susceptibles d pauler les parents et les enfants mineurs dans leur dialogue avec l A S E
117. 981 94 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL regard de ses droits et obligations inscription sur les listes lectorales communication des d cisions administratives et judiciaires d termination en cas de litige de la juridiction comp tente scolarisation des enfants versement des pres tations sociales demande d aide sociale ou m dicale Sans domicile quelle vie sociale et quelle activit professionnelle restent possibles Les maires n ont pas l obligation d accueillir les individus et les groupes familiaux qu ils consid rent comme ind sirables Le fait de ne pas tre domicili dans une commune peut rendre irrecevable la demande d un logement donc d un domicile l gal Il peut en r sulter une forme d errance qui n a rien voir avec le voyage tel que l envisageaient et l envisagent de moins en moins d ailleurs les gens du voyage les plus pauvres On peut rappeler ici les multiples logements qu ont connus Madame Hornaing et sa famille cf premi re partie chap VD souvent les plus pauvres n lisent pas domicile ils sont relog s d autorit La famille W a t l s e en d autres droits civils encore que sont devenus sa vie priv e son droit de demeurer une famille son droit la non discrimination Les instances comp tentes ont octroy des secours de premi re n cessit certes utiles mais n enrayant en rien son tat de grande pauvret par exemple le don d une toile de tente pa
118. A l chelon d partemental pourrait tre envisag e notamment la cr ation d une commission Solidarit Logement dans le cadre du Comit d partemental de l habitat afin de pourvoir la recherche de solutions d urgence de faciliter le maintien des familles d favoris es dans leur logement d am liorer l offre de logements de g rer un Fonds d partemental Solidarit Logement Il conviendrait enfin de r am nager certaines aides financi res la personne VI LA SANT ACC S DE TOUS AUX SOINS Au cours du pr sent rapport nous avons constat un lien entre bas revenus mauvais tat de sant et utilisation insuffisante des moyens de soins existants ce lien semble imputable certaines lacunes de la protection sociale des conditions de vie d favorables l am lioration de la sant une mobilisation insuffisante de certains personnels de sant des difficult s socio culturelles des populations concer n es 12 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL Ind pendamment de l am lioration g n rale des conditions de vie que visent les propositions pr c dentes les objectifs en mati re de sant seraient de combler les lacunes identifi es dans la protection de la sant et de d velopper des actions de promotion de la sant Dans le domaine de la couverture des frais de sant l objectif serait que l tat et les partenaires concern s parviennent r duire l extr me le recou
119. Ann e 1987 N 6 ISSN 0429 3841 28 F vrier 1987 JOURNAL OFFICIEL DE LA R PUBLIQUE FRAN AISE AVIS ET RAPPORTS DU CONSEIL CONOMIQUE ET SOCIAL SESSION DE 1987 S ances des 10 et 11 f vrier 1987 GRANDE PAUVRET et PR CARIT CONOMIQUE et SOCIALE RAPPORT pr sent AU NOM DU CONSEIL CONOMIQUE ET SOCIAL par M Joseph WRESINSKI Question dont le Conseil conomique et social s est saisi par d cision de son bureau en date du 12 f vrier 1985 en application de l article 3 de l ordonnance n 58 1360 du 29 d cembre 1958 modifi e Portant loi organique relative au Conseil conomique et social GRANDE PAUVRET et PR CARIT CONOMIQUE et SOCIALE 3 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL SOMMAIRE Pages 1 Avis adopt parle Conseil conomique et SOCIAL sonnnessrerenoneneneneneesenesesesesessssssenenenenenenese 6 Aimee l avis nr ne ententes 16 SCTUUNS sn nnnnmiennteiniaininnnnnlmninnnis 16 D clarations des groupes s sssesseesseeeererereerereresreree 18 F Rapport pr sent au nom du Conseil conomique et social par M Joseph Wresinski 000000 24 INTRODUCTION G N RALE mme 24 PREMI RE PARTIE SITUATIONS ET PROCESSUS D EVOLUTION se 28 Introduction seems 28 CHAPITRE L L approche par les cat gories de population et les statistiques outils de connaissance 29 I L approche classique par cat gories d popu latioh sree a e ERA 29 IL L approche statistique osses 31 A De quels ty
120. C E P Jeunes avec dipl me quel 13 9 17 3 23 1 23 8 qu il soit Source I N S E E enqu tes sur l emploi 1982 1985 Selon ce tableau en 1985 un jeune homme sans dipl me sur 3 et pr s d une jeune femme sans dipl me sur 2 sont en attente d emploi sur le march du travail au lieu de 1 sur 6 pour un jeune homme dipl m et 1 sur 4 pour une jeune femme dipl m e Comme le fait remarquer Mme Odile Benoit Guilbot 1 Ces exclus du syst me scolaire sont le plus souvent des enfants d ouvriers manoeuvres ou O S qui r p tent l histoire de leurs parents Ils ont des taux de ch mage toujours sup rieurs ceux des autres niveaux de formation V L ILLETTRISME Ce n est pas seulement l acc s l emploi qui est hypoth qu par une scolarisation non valid e par un dipl me Au coeur de ce ph nom ne s en inscrit un autre plus difficile mesurer mais sans doute d une plus grande gravit encore Il s agit du fait de ne pas assimiler ou de ne pas pouvoir maintenir les acquis scolaires les plus l mentaires comme la ma trise de la lecture de l criture du calcul On imagine difficilement ce que signifie ne pas savoir compter pour de futurs parents ayant entretenir toute une famille avec des ressources aussi minimes qu irr guli res Paradoxalement le niveau d instruction demeure le plus bas l o les int ress s auraient le plus besoin pour assur
121. ES APPORT ES LA GRANDE PAUVRET AU COURS DE L HISTOIRE Il para t necessaire d interroger l histoire en particulier en mati re de r ponses d velopp es face la pauvret Malgr la relativit de la notion de pauvret au fil des ges quel h ritage historique a contribu fa onner nos mentalit s et nos mani res d agir Dans la continuit historique sera examin ensuite ce qui para t pourtant tre proprement nouveau aujourd hui notre sensibilit accrue notre compr hension consid rablement affin e des droits de l Homme N est ce pas en d finitive cette avanc e l qui incite tre insatisfait de mesures contre la pauvret qui pouvaient encore para tre suffisantes dans le pass I L H RITAGE HISTORIQUE A partir du moyen ge deux tendances se sont diversement conjugu es ou oppos es dans les comportements des soci t s face aux pauvres Elles ont voulu prot ger tous leurs membres mais elles ont aussi cart ceux dont la pr sence impliquait trop de risques ou trop de charges pour la Communaut La tendance prot ger des al as de l existence a pris des formes diverses de plus en plus complexes dans les structures collectives mesure que nous disposions de plus de moyens mat riels et d une meilleure connaissance des pr carit s engendr es par l absence de s curit s La tendance exclure ceux qui paraissent trop lourds porter par l ensemble social est demeur e n a
122. I Points forts du constat A La connaissance des situations La grande pauvret et les pr carit s qui y conduisent sont peu ou mal connues Une r elle difficult existe pour en rendre compte sur la base des seuls crit res statistiques ou des seules cat gories administratives g n ralement enre gistr es Ceci conduit valuer l ampleur et la gravit des situations en appr ciant la qualit mais aussi les limites des outils de connaissance actuellement disponibles en vue de les am liorer 1 Les donn es statistiques Il existe une documentation statistique qui fait appara tre de fa on manifeste la gravit de certaines pr carit s en divers domaines Mais ces donn es demeurent encore incompl tes Beaucoup de situations extr mes ne sont en effet pas r pertori es demandeurs d emploi ou de logement non inscrits habitants de logements insalubres non recens s personnes sans couverture sociale etc Et nous ne pouvons pas savoir dans quelle mesure les pr carit s se cumulent dans la vie des m mes personnes et foyers 28 F vrier 1987 Ceci a conduit viter de d signer des personnes et familles comme pauvres sur la base d un ensemble de pr carit s dont nos connaissances statistiques n arrivent pas encore faire la synth se Dans un premier temps il a paru pr f rable d identifier au mieux les situations de pr carit extr me dans chacun des domaines cl d action politique que repr sentent
123. L ECONOMIQUE ET SOCIAL 21 Mais davantage que de discussions th oriques c est de solutions pratiques et rapidement op rationnelles dont nous avons besoin Et le groupe de la coop ration souscrit l ensemble fort coh rent de mesures mis par l avis Trois observations cependant La premi re est confirmation des constatations du rapport Celui ci cite Fourier Freinet Pour les coop rateurs ces noms ne sont pas sans signification Nos organisations bas es sur la solidarit ont toutes pour souci d am liorer la situation des plus d favoris s Pour partie elles y sont parvenues par le jeu m me de leur fonctionnement Mais pour une autre elles ont chou comme l a soulign une tude anglo saxonne qui a bien montr le poids des contraintes de l crit et les ph nom nes d cr mage li s au statut socio culturel Le b n fice de l action p dagogique notamment quant la gestion des budgets familiaux pour les adultes ou quant l initiation conomique pour les coop ratives scolaires la prise de responsabilit sont sinon interdits du moins tr s difficiles ceux qui vivent au jour le jour et qui cumulent les s ries d handicaps mis en relief dans le rapport La deuxi me remarque concerne le revenu minimum garanti Depuis longtemps les coop ratives de consommateurs l ont propos sous la forme de l imp t n gatif sur le revenu tout en en connaissant le co t et les ventuels effets pe
124. M Werner Borki de l Entraide protestante de Lyon Fonds social juif unifi Service des tutelles de l U N A F Chef de service Service des tutelles de l U D A F Val d Oise Responsable du service d parte mental des tutelles de la Seine St Denis l Association fran aise pour la sauvegarde de l enfance et de l adolescence et le groupe des d l gu s la tutelle Secr taire g n ral de l Union na tionale des institutions d action pour les tziganes Directeur de la revue tudes tziganes Auteur du rapport Populations nomades et pauvret 1980 Secr taire g n ral de l Office na tional des affaires tziganes Secr taire g n ral de l Union r gionale des associations de voya geurs d Ile de France Professeur m rite d conomie po litique l Universit de Paris I Panth on Sorbonne Directeur du s minaire d conomie du travail M Andr Cl ment Decoufle M Gontcharoff M Andr Aumonier M Emmanuel Blanc M Louage M Lefebvre Un groupe de travail r unissant M L on Dujardin M Philippe Guerif Mile Quito Mme Anne Darcet s est r uni 6 fois le Major Pierquin Mme Guillon 28 F vrier 1981 Laboratoire de prospective appli qu e R dacteur en chef de la revue Correspondance municipale Pr sident du Secours catholique Pr sident de la conf rence Saint Vincent de Paul Secr taire g n ral des Petits Fr res des Pauvres Commu
125. Mais de l opinion des services la progression demeure lente et difficile pour les plus d favoris s La r vision annuelle de la situation de l enfant plac a pour objectif de ne plus laisser trop longtemps un enfant dans un statut pr caire Malheureusement la loi n a pas sp cifi que l A S E portait galement la responsabilit de veiller ce que les parents puissent manifester leur int r t aux enfants et de favoriser le retour rapide au foyer sauf si des circonstances exceptionnelles et clairement nonc es s y opposent L insuffisance des relations est souvent imput e aux parents alors que leur d tresse mat rielle et morale les emp che de rendre visite et d crire leurs enfants comme ils le voudraient Bien souvent ils ne connaissent m me pas l adresse des familles ou des tablissements d accueil il arrive que ceux ci n encouragent pas le maintien des liens entre parents et enfants Or depuis 1976 l article 350 du Code civil autorise d clarer abandonn un enfant plac dont les parents se sont manifestement d sint ress s pendant un an Le manque d int r t sera d duit du fait qu ils n ont pas entretenu les relations n cessaires au maintien des liens affectifs Il appara t travers des tudes de jurisprudence que de nombreuses d clarations judiciaires d abandon concernent des familles en tat de grande pauvret 1 Notons que l intervention judiciaire est relativement importante en
126. ONCLUSION Lame ne 99 L Les travailleurs les plus d munis face au monde du travail is sante nn ARE 88 A Pitn rareproesionneldes adultes 2 88 ANNEX E aeoaea r niet e T E E E 103 B Le chomage d s le d part pour les jeunes 6 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 1 Avis adopt par Le 12 f vrier 1985 le Bureau du Conseil conomique et social a confi la section des Affaires Sociales la pr paration d un rapport et d un avis sur la Grande Pauvret et la Pr carit conomique et Sociale La Section a d sign le P re Joseph Wresinski comme rapporteur 1 EXPOS DES MOTIFS Notre assembl e a souhait que ce rapport apporte de v ritables solutions coh rentes globales et prospectives aux probl mes consid r s Cette volont de poser le probl me de la Grande Pauvret et de la Pr carit conomique et Sociale dans sa globalit conduit prolonger aujourd hui le rapport sur la lutte contre la pauvret du Professeur P quignot labor en 1978 La plupart des propositions qui seront avanc es s inscrivent dans le cadre de politiques sectorielles correspondant aux grandes subdivisions de l action administrative en m tropole et dans les d partements d outre mer Le pr sent avis est rendu public dans une conjoncture conomique et sociale difficile qui fait appara tre au grand jour l cart entre les situations de pr carit extr me v cues par certains et celles des cat gories sociales plus
127. ORE NON ASSUR E POUR TOUS Comme nous l avons constat dans la premi re partie de ce rapport l une des manifestations les plus visibles de la grande pauvret est aujourd hui encore de ne pouvoir se loger Des personnes et familles en nombre inconnu sont condamn es des habitats de fortune ou l errance Les services sociaux t moignent que ces situations affectent de plus en plus une population jeune et des familles enti res On les rencontre particuli rement autour des grandes agglom rations et partout o se profile l espoir de trouver un emploi L ann e 1987 consacr e par l Organisation des Nations Unies au logement des sans abri vient d ailleurs rappeler l actualit de ce ph nom ne et la n cessit d une r elle mobilisation pour y r pondre Malgr ses efforts la France n est pas encore parvenue offrir en ce domaine des garanties tous ses r sidents Sur ce point le Conseil conomique et social a adopt le 28 mai 1986 un avis sur le rapport de M Daniel P trequin Le logement des personnes faibles ressources Ce rapport met en lumi re trois obstacles majeurs surmonter conjointement si l on veut r aliser le droit au logement pour tous l insolvabilit de cette population la r ticence des acteurs locaux promouvoir son habitat le manque de logements diversifi s qui lui soient accessibles CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 71 Dans ce rapport la population vis e est
128. On peut appr cier le chemin parcouru en notant l extension de leur champ d application ces droits qualifi s d universels le deviennent progressivement dans les faits malgr des arr ts ou des reculs temporaires la compr hension grandissante de leur interd pendance sans droit l instruction au m tier l emploi que peut signifier la libert d association ou le droit de vote la co responsabilit internationale leur gard En France la Constitution de la R publique 1958 se r f re express ment la d claration des droits de 1789 confirm e et compl t e par le pr ambule de la Constitution de la IV R publique 1946 Par ailleurs la France a adh r au Pacte international relatif aux droits civils et politiques au Pacte international relatif aux droits conomiques sociaux et culturels labor s au sein des Nations Unies elle a sign la Convention de sauvegarde des droits de l Homme et des libert s fonda mentales et la Charte sociale europ enne labor es au sein du Conseil de l Europe Ainsi persiste et s affirme la volont de fonder la d mocratie fran aise sur les droits de l Homme proclam s en 1789 N anmoins une ambigu t semble persister Dans notre esprit ces droits concernent ils vraiment tous les hommes Il semble bien que l apparaissent les m mes limites que dans les attitudes face la pauvret voqu es plus haut Comme si au del d un c
129. POSSIBILITES D ACCES A LA FORMATION ET A L EMPLOI POUR LES TRAVAILLEURS LES MOINS QUALIFIES L emploi reste dans la soci t d aujourd hui la principale s curit du citoyen et de sa famille celle qui conditionne toutes les autres s curit s celle laquelle les plus d munis aspirent comme tous les autres travailleurs Nous avons eu l occasion d appr cier au cours de la premi re partie de ce rapport dans les chapitres II IV et V notamment les difficult s d acc s des adultes les moins qualifi s au march de l emploi A partir de la situation des travailleurs les plus d munis face au monde du travail nous examinerons dans ce chapitre les actions men es r cemment en vue de l acc s l emploi des populations en situation de grande pauvret et de pr carit conomique et sociale I LES TRAVAILLEURS LES PLUS D MUNIS FACE AU MONDE DU TRAVAIL qualification moyenne des emplois ceux qui occupent des postes sans qualification sont progressivement vinc s Leur r insertion est difficile car le niveau atteindre pour occuper les emplois les moins qualifi s est de plus en plus lev Que peut on savoir des travailleurs qui ont toujours occup ce type d emplois A L itin raire professionnel des adultes tudiant l itin raire professionnel d adultes parmi les moins qualifi s Xavier Godinot 1 a pu tablir trois profils parmi eux Les travailleurs relativement stables qui parviennent reste
130. S D MUNIS A Les revenus de substitution 1 Le minimum vieillesse Les personnes g es de plus de 65 ans b n ficient gr ce l allocation suppl mentaire du Fonds national de solidarit venant compl ter ventuellement leur pension de retraite d un minimum vieillesse quivalent aux deux tiers du S M I C net pour une personne seule Ceci a conduit Mme Georgina Dufoix dire lors de son audition devant la section des affaires sociales du Conseil conomique et social le 4 f vrier 1986 qu il n y avait plus de personnes g es en situation de grande pauvret Cette s curit bien que modeste est r elle Cependant elle s av re insuffisante pour des personnes g es n ayant que ce revenu et ayant des charges anormales par exemple celle de petits enfants du fait de la situation pr caire de leurs parents Cette relative s curit financi re ne peut cependant r soudre elle seule les autres pr carit s auxquelles demeurent expos es un certain nombre de personnes g es notamment l isolement et la d pendance 1 Des t moins tels les Petits Fr res des pauvres et le Secours catholique rappellent la crainte des personnes g es d tre rel gu es l hospice Ces remarques concernent plus particuli rement les milieux d favoris s o les pr carit s des uns et des autres mal couvertes rendent plus difficile l expression des solidarit s familiales 2 Les indemnit s journali res en cas de
131. a urgence et que sont en jeux des int r ts vitaux moyens d existence domicile famille travail libert s curit sociale L Aide Judiciaire pourrait tre tendue comme cela existe d j dans certaines communes en dehors de tout proc s des consultations juridiques approfondies aupr s de professionnels Le principe du libre choix de son d fenseur par le b n ficiaire de l Aide Judiciaire a t consacr par la loi du 31 d cembre 1982 il devrait tre tendu au proc s p nal dans le cadre de la commission d office dont il conviendrait d augmenter la r mun ration 2 Pour un acc s l action civile Lorsqu elles sont victimes de mesures arbitraires ou de voies de fait les personnes tr s d munies doivent disposer de l information et des moyens suffisants pour se constituer elles m mes partie civile afin de d velopper leur conscience d tre dans leur droit et d avoir un recours quelconque possible Des associations solidaires des populations les plus d favoris es devraient donc pouvoir se constituer partie civile C La d fense de l int grit familiale Compte tenu du r le fondamental de la cellule familiale dans la constitution de la personnalit et le d veloppement de la socialisation ainsi que comme lieu par excellence de la s curit d existence il conviendrait dans toute la mesure du possible d viter son clatement en milieu de grande pauvret afin de pr server au maximum l
132. ablissements ces pensionnaires sont trop souvent consid r s tort comme handicap s mentaux Ils sont issus de milieux sociaux o les moyens de l autonomie personnelle et de la protection par la famille sont les plus faibles N est ce pas l une des caract ristiques des plus pauvres dans notre soci t Ils se voient d autant plus identifi s leur tat de besoin ou d abandon et pris en charge ce seul titre par la collectivit qu ils ne disposent pas de moyens appropri s pour le satisfaire ou le compenser autrement par exemple par le choix de relations respectant mieux leur libert leur personnalit la responsabilit de leur vie personnelle et sociale Sous le couvert du label de handicap s sociaux ils sont mis au rang des malades consid r s comme incurables et trait s comme tels dans des maisons sp cialis es qui leur assurent le g te et le couvert le temps d une nuit ou pour le restant de leur vie sans autre perspective En conclusion l approche par cat gorie de populations peut donc nous clairer sur la nature des pr carit s Elle indique galement certains encha nements et cumuls de ces pr carit s susceptibles de cr er des situations de grande pauvret Toutefois cette approche pr sente des limites lorsque le d nombrement des risques et des prises en charge conduit une assimilation des populations leurs manques Aussi n est ce qu d faut de moyens et de m thodes plus adapt s
133. ailleurs l ensemble des domaines de l action politique Tout bien consid r et compte tenu surtout du danger d isoler les pauvres il convient d attribuer aux statistiques la t che de donner un ordre de grandeur global et surtout des indications dans divers domaines tudier sur les populations les plus mal desservies Nous tenterons donc l aide des statistiques de les d nombrer dans les trois chapitres suivants consacr s des domaines fondamentaux comme les ressources le logement la formation L estimation de leur nombre sera variable suivant les domaines abord s D une approche l autre les populations en situation de pr carit seront pour une part les m mes chaque fois nous nous emploierons attirer l attention sur les cumuls qui peuvent se produire en cas de pr carit extr me ils appara tront de mani re plus explicite au moyen d approches plus qualitatives Seront ainsi r unies les informations n cessaires l va luation et la r vision des politiques de fa on ce qu elles englobent les plus exclus et que nulle pr carit ne puisse contribuer cr er une situation sans issue CHAPITRE II S CURIT CONOMIQUE Des hommes des femmmes des familles survivent avec des ressources extr mement faibles voire inexistantes La pr carit de l emploi la difficult de certains travailleurs trouver un emploi se maintenir sur le march du travail ou b n ficier d
134. air avec les faibles ressources et l impossibilit de gagner sa vie par le travail Demeure galement le probl me des ch meurs non recens s par l UNEDIC Que deviennent en effet certains qui vivent dans les zones informelles de l emploi celles des travaux pisodiques intermittents saisonniers ou occasionnels Ils ne sont finalement vraiment reconnus ni comme travailleurs ni comme ch meurs et leurs revenus sont toujours faibles al atoires et irr guliers voire limit s aux prestations familiales Ne pas pouvoir gagner sa vie de fa on permanente dans nos soci t s fond es sur les changes conomiques et la r alisation de performances professionnelles n est ce pas d j tre engag dans un processus de paup risation B Autre exemple Une tude statistique de la client le de services sociaux Une autre enqu te du C R E D O C pour le commissariat au plan f vrier 1986 1 porte sur la client le de quelques services sociaux dans cinq contextes socio conomiques diff rents Sur les 1 491 m nages qui se sont pr sent s ces 1 Enqu te r alis e en 1985 et publi e dans le document du C R E D O C d j cit Pauvret Pr carit Tentatives de mesure C R E D O C F vrier 1986 38 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL services pendant la dur e de l enqu te de 1 5 4 du total des m nages selon les circonscriptions des services sociaux consid r s le temps coul depui
135. ait d insuffisances de niveau initial comme le soulignait d j l Avis adopt le 27 octobre 1982 par le Conseil conomique et social sur les perspectives de la formation des adultes De nombreuses instances de formation continue ne mettent pas encore suffisamment en pratique des p dagogies des moyens et m thodes pour combler les lacunes d instruction survenues l ge scolaire Pour une bonne appr ciation des pr carit s scolaires il manque encore des statistiques nationales prenant sp cifi quement en compte les enfants issus de foyers de quartiers de milieux de vie cumulant d autres pr carit s Nous l avons d j constat pour les pr carit s de ressources et de logement Mais ici la question du milieu de vie est d autant plus pr gnante qu elle va contribuer d terminer l avenir de g n rations nouvelles De m me l chec scolaire est largement li la condition culturelle et socio conomique de la famille ou m me du milieu A la limite certains enfants apparaissent comme des d biles au regard de l enseignement en raison de l cart entre ce que l cole pense pouvoir attendre de leurs familles et ce que celles ci peuvent effectivement offrir au d velop pement de leurs enfants Ils sont alors orient s vers l enseignement sp cial Il n existe pas encore de statistiques nationales sur le lien entre grande pauvret et enseignement sp cial Dans l tat actuel des connaissances il est permis de pe
136. amiliales et de leur conception Aujourd hui toutes les familles de 2 enfants et plus b n ficient des allocations familiales Un certain nombre de situations n anmoins n y ouvrent pas droit notamment les familles ayant effectivement charge des enfants de plus de 17 ans qui ne sont plus scolaris s ne poursuivent aucune formation et n ont pas de travail Cette absence de couverture p nalise particuli rement les familles les plus pauvres dont les jeunes souvent sans qualification sont touch s par le ch mage dans des proportions lev es cf 1 partie chapitre IV Le versement des allocations peut tre interrompu lorsque les enfants ne sont pas scolaris s Il est rare qu une telle d cision intervienne pour de courtes absences mais il arrive qu elle soit prononc e l encontre de familles sans domicile fixe De telles d cisions interviennent encore lorsque la municipalit refuse l inscription des enfants l cole consid rant que la famille n est pas domicili e dans la commune La mise en place de nombreuses allocations a permis de r pondre certaines pr carit s leurs conditions d attribution dont le bien fond n est pas mettre en cause aboutissent parfois malheureusement exclure de leur b n fice les familles qui en auraient le plus besoin L allocation logement dont l octroi d pend de la conformit du logement aux normes minimales d habita bilit p nalise en r alit les fam
137. amilles en tat de grande pauvret et dont le ch mage p se lourd sur le pr sent et l avenir des enfants tr s peu d efforts sont en route La formation pour adulte ne profite pratiquement pas aux adultes sans instruction scolaire suffisante Ainsi il faut souligner les r els progr s r alis s en mati re de pr vention au travers de nombreux stages atteignant des jeunes en situation de pr carit Il y a aussi des espoirs sinon d j des r sultats concrets pour les jeunes en grande pauvret mais peu de raisons d esp rance sont actuellement offertes leurs parents Pass s ses 25 ans le travailleur en grande pauvret doit il rejoindre ces ch meurs de longue dur e dont on ne peut accepter que la situation puisse devenir d finitive CHAPITRE VII PAUVRET ET LIBERT S CIVILES ET POLITIQUES Tout au long des chapitres pr c dents est implicitement apparu le lien d interd pendance entre les droits conomiques sociaux et culturels et les libert s civiles et politiques Faute d une s curit minimum dans les domaines fondamentaux de l existence une partie de la population fran aise ne peut disposer des moyens d insertion sociale notamment par une participation la vie associative Faute de domicile reconnu un citoyen ne peut obtenir sa carte d lecteur Illettr il ne peut pas prendre connaissance des programmes politiques Une famille aux ressources trop faibles un foyer sans abri n ont pas de libre choix de
138. ance ou de mauvais souvenirs ces personnes d couvrent un bien tre insoup onn Elles d couvrent la satisfaction de mieux comprendre ce qui se passe dans leur corps et peuvent faire comprendre l origine de leurs probl mes de sant CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 79 CHAPITRE V QUELS LEVIERS DE PROMOTION L ACCOMPAGNEMENT SOCIAL FOURNIT IL AUX PLUS PAUVRES M me si la situation des plus pauvres est encore souvent pr caire notre soci t n y a pas t cependant jusqu ici indiff rente elle a pris des initiatives en vue de leur assurer des aides et aussi un accompagnement social susceptibles de contribuer leur promotion D une part elle recourt parfois dans ce but des mesures administratives ou judiciaires D autre part elle r alise des programmes des actions globales pour lutter contre certaines manifestations de la pauvret Nous allons examiner tour tour quelques aspects de ces diff rents types d efforts en nous demandant de quelle fa on les plus pauvres en tirent effectivement parti Cette d marche conduit n cessairement s interroger sur le travail social mais nous le faisons uniquement au travers des pratiques de celui ci vis vis des plus d munis I LE R LE DES TRAVAILLEURS SOCIAUX DANS L ACCOMPAGNEMENT DES PLUS PAUVRES A Les travailleurs sociaux principaux interlocuteurs des plus pauvres Le travail social est l une des r ponses propos es par notre soci t p
139. ant de cr ations d activit s nouvelles et d emplois nouveaux La gestion sp cifique du ch mage ne constitue nullement une solution m me si elle est confort e par des discours sur la pseudo modernit qui s apparente en fait une d socialisation de l conomie En mati re d emploi formation nous remarquons que la cr ation au niveau d partemental d instances inter parte naires risque d tre peu efficace si ces instances sont trop lourdes et m langent trop les genres Le financement constitue l un des aspects essentiels du dossier Le concept de solidarit nationale est trop souvent utilis l encontre des salari s et particuli rement ceux d entre eux qui auraient le privil ge nous dit on d avoir un emploi alors que l histoire du syndicalisme illustre la mise en oeuvre de la solidarit ouvri re face aux employeurs publics et priv s ou pour obtenir les r gimes de protection sociale collective que d aucuns aujourd hui sous pr texte l encore de modernit voudraient mettre bas La C G T F O rappelle sa position concernant une r forme fiscale reposant sur l quit et sur la mise contribution sp cifique dans un tel dossier du capital et des entreprises Groupe de la coop ration Qu en 1987 on puisse valuer plus de 2 millions le nombre des personnes relevant de la grande pauvret pourrait l gitimer de nombreuses r flexions sur le fonctionnement de notre soci t CONSEI
140. antisse un certain nombre de droits notamment les attributs du citoyen libre que les citoyens se doivent mutuellement assistance sous forme d une certaine solidarit n taient pas des convictions nouvelles La d claration de 1789 repr sentait de fait un effort de consacrer et de donner un caract re public et politique une pens e et aussi des pratiques qui avaient d j cours de fa on plus diffuse Au cours de ce chapitre nous avons par exemple vu se mettre en pratique une id e de droit au travail et de droit l instruction De l comprendre vraiment l articulation des libert s et des responsabilit s du pouvoir et du devoir de l galit de la nature des hommes et de leur in galit de situation de la s curit des uns et de la pr carit des autres le chemin allait tre long Nous ne sommes pas son terme aujourd hui Mais avoir une id e sur le point o nous en sommes am liore nos chances de formuler des propositions r alisables et acceptables par l opinion contemporaine Alors que les d clarations de la fin du XVIIT si cle reposaient sur une id e encore assez g n rale des droits susceptibles de prot ger l individu de l arbitraire du pouvoir l histoire a connu ensuite des progr s substantiels Ont t acquis peu peu des droits conomiques et sociaux 28 F vrier 1987 suffisamment pr cis pour tre compl t s affin s et traduits dans des l gislations toujours plus labor es
141. ar le travail Les r seaux de charit priv e subsistent mais les communes et l Etat prennent de plus en plus le relais de l Eglise Le soutien des pauvres et mendiants passe d une responsabilit personnelle des chr tiens une responsabilit civile de la collectivit urbaine C est le grand changement qui s op re tout au long des XV XVI et XVIT si cles Il faut souligner que la r volution de 1789 a en ce sens marqu une continuit Ainsi les nouveaux gouvernants ont voulu assumer la responsabilit de mettre fin la mis re Ils ont cr un comit de mendicit pour enqu ter sur l indigence et les moyens d agir Mais le manque de ressources a emp ch de poursuivre le quasi syst me de s curit sociale qui avait t con u sinon vraiment mis en place Seule l affirmation que les pauvres devaient gagner leur vie par le travail a eu des suites plus durables 1 Du XV au XVIIT les nouveaux h pitaux g n raux les h pitaux et maisons rig s en extension des anciens h tels Dieu puis les maisons de travail les maisons des pauvres enferm s des enfants des pauvres et des orphelins sont les manifestations les plus videntes du passage la responsabilit de la collectivit 1 Cf La r volution fran aise et les pauvres par Alan Forrest Ed Perrin 1986 28 F vrier 1987 Les motivations ayant pr sid ces initiatives sont certes multiples Insister sur l enferme
142. arit persistent dans nos fronti res Mais le nombre de personnes et de familles touch es la fa on dont sont v cues les situations les plus graves et les moins prot g es sont encore mal connus Nous avons constat qu en France les travaux de recherche et de r flexion se sont multipli s lorsqu il est apparu au cours des derni res ann es que les pr carit s augmentaient avec l ampleur des mutations conomiques et que la grande pauvret n avait pas disparu durant les ann es de croissance Les enqu tes statistiques nationales fournissent des infor mations sur la condition de la majorit des Fran ais mais par nature elles appr hendent insuffisamment les situations extr mes Elles confirment que le plus grand nombre des Fran ais ne sont pas pauvres Elles n indiquent pas exactement qui forme la minorit vraiment d munie et de quelles privations est faite son existence Les tudes dites de client les livrent des chiffres plus pr cis sur la gravit de certaines situations elles permettent d entrevoir des encha nements des cumuls de pr carit s dans la vie de personnes et de foyers Ainsi par exemple plus les revenus sont bas plus ils risquent d tre irr guliers li s au ch mage et de tr s faibles qualifications voire l clatement de solidarit s de voisinage ou des situations monoparentales Mais ces informations sur des nombres r duits ou sur des cat gories particuli res de citoyens
143. artements et territoires d outre mer M Jarnac Groupe des entreprises publiques M Quin Groupe des personnalit s qualifi es M Herzog Mme Iff M Luchaire Mme Parent MM Renouvin Schapira Groupe de la coop ration M R gis Groupe des repr sentants des Fran ais de l tranger de l pargne et du logement M Carasso Ont vot contre 136 Groupe de la C F D T M Autexier Mme Beauville MM Billon Gauzelin Hureau Le Boterff Jean Ren Masson Mme Milhomme MM Murcier Rabardel Mlle Ra ga MM Respaud Rousselot Mme Scavennec MM Trogrlic Vergnolle Groupe de la C G T F 0 Mme Adenis MM Bernard Bolut Bouchet Jenet Lalonde Lepresle Lequoy Mar ot Mertz Paris Robert Roulet Groupe de la C F E C G C MM Bordes Pag s Cros Flattet Mandinaud Marchelli Menu de Santis Groupe de la C F T C MM Bornard Bergamini Gruat Mme Lingelser MM tienne Simon Veyssi re Groupe de L U N A F MM Bichot Bumel de Cr py Duffaure Frahier Jacquet Mme Marotte MM Maurize Niol Groupe de L Agriculture MM de Bretteville de Caffarelli Castaing Mme Chezalviel MM Collaudin Cor mor che Devienne Douroux Fauconnet Garinois Gu zou Guyau Laur Meinrad Munet Perrin Perromat Rigaud Steib Teyssedou Groupe des entreprises priv es MM Bernasconi Bizard Bocquet Brunet Chesnaud Chotard Cl ment Dermagne Fabre Flornoy Gatt
144. as sur le mode de la simple fr quentation plus que sur celui d une action labor e et men e ensemble Elle est g n ralement aussi tr s irr guli re Telle m re de famille assistera une r union de parents d l ves tel p re participera une r union de locataires Mais ils ne comprennent pas n cessairement le d bat la question p dagogique ou la r glementation discut e Leurs propres soucis rel vent de situations extr mes qui n int ressent pas n cessairement la moyenne des participants Le dialogue avec les personnes tr s pauvres ne s tablit pas d embl e compte tenu notamment du d calage culturel il n cessite un apprentissage pr alable de part et d autre 28 F vrier 1987 b Les conditions de la participation des plus pauvres D une fa on g n rale les plus pauvres souhaitent la participation L existence de regroupements locaux et natio naux de personnes et familles pauvres en t moigne Ces groupes associatifs garantissent la participation progressive des int ress s ils peuvent tre en situation d errance ou dans une d tresse et une ins curit telles que l association doit aller vers eux mais aussi leur laisser des temps de d sint r t Ils ne doivent pas pour autant perdre leurs droits d tre inform s et d informer et conseiller les autres les int ress s doivent trouver en toute occasion des interlocuteurs et des partenaires capables de communiquer dans un langage access
145. ative locale pour donner des jeunes d favoris s l occasion de d couvrir d autres r alit s que celles de leur vie quotidienne La circulaire du 23 mars 1983 relative l op ration t 1983 conseille l organisation d activit s liant loisirs et formation professionnelle pour d couvrir le monde du travail sans les contraintes court terme d un cadre professionnel strict De son c t la circulaire du 30 mars 1984 invite les animateurs de l op ration t 1984 des actions d initiation aux techniques modernes 1 Sur la n cessit de jeter les bases d une coresponsabilit de l Etat et des parents voir Vivre dans la dignit pr cit et le chapitre VIII ci apr s Les clubs et quipes de pr vention participent un m me mouvement D s les ann es 1960 ils cherch rent passer 28 F vrier 1987 d une action cibl e sur les jeunes une action sur l ensemble d un milieu quartier ou cit Aujourd hui ils accordent de moins en moins de place aux loisirs proprement dits Ils s attachent davantage favoriser l insertion professionnelle la communication avec les adultes faire merger une parole qui puisse tre prise en compte par les instances politiques locales et les diff rentes institutions Ainsi beaucoup d interventions sociales aupr s des jeunes l instar de ce qui est envisag par la D l gation interminist rielle pour l insertion sociale et professionn
146. auvret qui pourrait aboutir un tiquetage des pauvres un minimum d valuation du nombre de b n ficiaires potentiels des mesures destin es lutter contre de telles situations s av re n cessaire pour fonder une politique r aliste et tayer la prise de conscience de la soci t 28 F vrier 1987 A cet effet il appara t indispensable de proc der un d nombrement identifiant des situations de grande difficult en diff rents domaines de vie Puisqu en France comme en d autres pays de la C E E les politiques sont d finies par domaines de vie ou d activit emploi logement sant cole culture loisirs instaurer une cat gorie de citoyens pauvres n claire pas n cessairement ces politiques et comporte pour les int ress s de r els dangers Ils risqueraient de devenir plus encore qu ils ne le sont d j des hommes des familles mis part Nous n avons pas oubli les ann es 60 et 70 o les familles tr s pauvres re urent d autres tiquettes asociales lourdes inadapt es Cela conduisit les renvoyer syst matiquement la comp tence du minist re des Affaires sociales et des instances d action sociale sur le terrain Aussi les politiques de l emploi de la sant du logement de l ducation n ont pas suffisamment volu en tenant compte des situations de grande pauvret relevant de leur objet puisque des mesures caract re social taient cens es assumer par
147. avaient un travail r gulier les ann es pr c dentes l ont poursuivi ceux qui taient sans travail depuis plus de 2 ans n en ont pas davantage trouv alors que le souhait le plus r guli rement exprim lors des interviews des b n ficiaires tait celui d un emploi r gulier donnant un statut de travailleur Des t moignages de b n ficiaires de ces diff rentes exp riences insistent sur le sentiment de dignit ou au contraire de d pendance que procure la garantie d un revenu minimum Pour les uns elle repr sente une lib ration ne plus avoir de dettes ne plus avoir qu mander continuel lement des secours ou m me de la nourriture ne plus avoir honte de son d nuement D autres craignent l intervention d un travailleur social et pour cette raison ne font pas la demande d un soutien D autres disent vouloir gagner leur revenu et non le recevoir 1 L exp rience a t men e de f vrier 1985 juin 1986 par le Mouvement AT D Quart Monde la Caisse d allocations familiales de Rennes le service d A S E du d partement et le C C A S de Rennes Le budget affect a t de l ordre de 5 millions de francs 28 F vrier 1987 Ces exp riences mettent en relief les conditions pour qu un revenu minimum soit un facteur de promotion mais aussi ses limites Le niveau et la r gularit du revenu sont une condition essentielle pour pouvoir g rer un budget faire les achats n cessaires ne pas avoir de dettes de sur
148. avoir et leur permettant de partager entre eux ce qu ils ont pu acqu rir La particularit de ces derni res innovations est certainement d avoir montr l importance primordiale de parvenir associer les parents malgr leurs propres difficult s au progr s et l apprentissage de leurs enfants Une derni re initiative est significative cet gard il s agit de colporteurs qui se rendent de famille en famille ils apportent des livres suscitent une animation et soutiennent des projets d appren tissage 1 Cette courte liste peut donner une id e de la multiplicit et de la diversit de ce qui est exp riment un peu partout Certaines de ces exp riences sont men es dans des zones prioritaires d autres dans l enseignement sp cial Les r serves mises sur la mise l cart que celui ci entra ne ne remettent paS en cause la qualit de l enseignement qui peut y tre dispens elles portent sur l absence de r insertion que permet cet enseignement Les classes sp ciales sont le cadre d exp rimentations p dagogiques int ressantes qui pourraient trouver leur place dans le cursus normal ce que l enfant fait en classe sp ciale il doit pouvoir le r aliser en classe banale affirme la Commission enseignement sp cial I C E M 2 4 Initiatives destin es aux adultes C est plus r cemment qu a eu lieu une prise de conscience que l illettrisme existait toujours en France et que des actions d envergu
149. az Gauthier Giral Lagane Lanusse Crouss Le Baud Netter Nocturne Parrotin Pinet Rebuffel Salvan s Groupe des entreprises publiques MM Aubert Calandra Escande Matteoli Ruault V litchkovitch 18 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL Groupe de l artisanat MM Cabut Della Chiesa Duport Goguet Letertre L on Martel Paquet Groupe des personnalit s qualifi es MM Aicardi Andrieu Arrighi de Casanova Bourbon Delouvrier Lan glade Demoyen Machizaud M raud Oudot Poujade Schwartz Groupe de la coop ration MM Chambaud Chevalier Gaudinat Hallot Lacroix Morel Groupe des repr sentants des Fran ais de l tranger de l pargne et du logement MM Courbey P tri Guasco Groupe des associations Mme Ch routre MM Davezac Gu n e Paillou Th ry Groupe des professions lib rales M Salmon Groupe de la mutualit MM Optat Salanne Teulade Vattier Se sont abstenus 16 Groupe de la F E N MM Baunay Paul Faure Mme Laroche Brion M Simbron Groupe des d partements et territoires d outre mer MM Crusol Lutui Groupe des personnalit s qualifi es MM Buard Chai gneau Delarue Mme Franck MM Girard Huntzinger Le Vern Moatti Vignau Wresinski D CLARATIONS DES GROUPES Groupe de l agriculture Le groupe agricole tient remercier le p re Wresinski Par sa connaissance du quart monde le rapporteur a exprim ici l opinion
150. bu e par p riodes semestrielles renouvelables Pour ceux qui peuvent y avoir droit elle constitue une bauche de garantie de ressources 66 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 2 L allocation d insertion peut tre attribu e dans l attente d un emploi ou d une formation r mun r e et pour une dur e maximale d un an des cat gories de personnes strictement d finies dont notamment les jeunes ch meurs de moins de 25 ans qui ne peuvent avoir droit l allocation de base et pour ceux ci sans condition de ressources les femmes en ch mage veuves divorc es s par es ou c libataires assumant la charge d un enfant les d tenus lib r s apr s au moins deux mois de prison les jeunes de moins de 25 ans consid r s comme soutien de famille et ne disposant pas de ressources suffisantes Cette allocation peut atteindre un taux journalier de 43 70 F 87 40 F pour les m res seules 41 40 F pour les jeunes La crainte de laisser les ch meurs s installer dans un statut de non travail r mun r semble tre l origine de la multiplication de conditions restrictives Et le souci de ne pas laisser certains ch meurs en dehors de tout moyen de subsistance semble justifier la multiplication d allocations d assistance Mais les conditions restrictives apparaissent pr judiciables ceux qui voudraient bien travailler mais ne peuvent se pr valoir d un statut de salari et d une bonne stabilit au travai
151. ce que l enqu te qualifie de noyaux familiaux c est dire soit des familles au sens troit p re m re enfants soit des personnes seules vivant seules ou habitant dans le m me logement qu une famille au sens troit en particulier parents ou beaux parents du chef de famille Cette notion diff re de la notion de m nage correspondant toutes les personnes d une m me unit d habitation 28 F vrier 1987 les populations particuli res parmi lesquelles pr dominent a les familles monoparentales dont le chef est une femme jeune souvent sans formation b les ch meurs souvent de longue dur e principalement ouvriers ou employ s sans conjoint jeunes ou dont le conjoint est inactif non retrait plus de 50 ans c enfin certains artisans et petits commer ants exploi tation d ficitaire syst me du forfait plus difficiles qualifier pr cis ment car moins typ s Les groupes ainsi d finis ne sont pas enti rement situ s moins de 60 du S M I C Sur 100 familles en dessous de ce niveau de revenus 71 appartiennent ces groupes alors que sur 100 familles au dessus de ce m me niveau de revenus 10 seulement se retrouvent dans ces groupes M me si une telle recherche ne permet pas de cerner des situations manifestes de grande pauvret ces r sultats offrent une base d indications fort utiles sur l intensit des pr carit s de ressources au bas de l chelle sociale et s
152. certains foyers en viennent aller au del de leurs pr rogatives c est ainsi par exemple que des pressions sont parfois exerc es sur des m res pour que celles ci avortent ou qu elles subissent sans vraiment en comprendre la port e une op ration de ligature des trompes III LE RECOURS ET LA PARTICIPATION DES PLUS PAUVRES En d mocratie il importe de donner tous des moyens gaux de se faire entendre et de faire pression rapidement afin que les situations injustes soient redress es Ces moyens sont en gros de deux ordres le recours pr vu par la loi pour contester une d cision administrative ou judiciaire et la participation la vie publique sociale et du travail par l interm diaire des associations des syndicats des partis A Les voies de recours La complexit du recours vaut pour la grande majorit des citoyens Elle n est pas un probl me insurmontable pour une personne capable d analyser sa situation ou de se la faire expliquer capable de se former une opinion et de l exprimer capable d avancer les sommes n cessaires pour se faire conseiller et d fendre par un avocat capable de comprendre les actes de justice les convocations qui lui sont adress es Ce qui importe aussi face un tort redresser c est que la situation de vie g n rale du plaignant soit r guli re par ailleurs Pour demander son d sur un point il vaut mieux ne pas tre dans son tort sur d autres Nous l avons vu
153. ces populations par exemple les universit s populaires du Quart Monde cf chapitre V de la deuxi me partie qui rel vent d un souci de dialogue avec d autres partenaires Elles pourraient tre multipli es en s appuyant sur le r seau universitaire et scolaire existant Elles susciteraient alors une plus grande ouverture de l enseignement aux r alit s de la vie Cela supposerait que ce type d intervention vocation socio culturelle soit pris en compte par les collectivit s locales en mati re de d veloppement social et qu un personnel form soit suffisamment disponible pour le susciter l o il n est pas encore pratiqu MI L DUCATION ASSURER LES APPRENTISSAGES FONDAMENTAUX Au vu du constat tabli dans la premi re partie de ce rapport mais aussi des multiples exp riences scolaires r ussies et lorsque certaines conditions sont r unies notamment de bonnes relations avec des parents eux m mes entra n s dans un dynamisme culturel une action d veil d s l ge pr scolaire et la conviction que ces enfants sont d tenteurs d une exp rience qui demande tre prise en compte un accompagnement plus soutenu au cours de la scolarit pour leur entr e dans la vie active il appara t n cessaire que les instances charg es de l ducation de base cole maternelle et primaire et de la formation initiale coll ge notamment puissent dans le cadre de la mission de service public qui le
154. ciations organismes sociaux tant au niveau local que national pour assurer une bonne coordination des interventions Notre assembl e souhaite en cons quence la cr ation d une instance de coordination interminist rielle plac e aupr s du Premier ministre qui serait charg e de l animation de la coordination du suivi et de l valuation des mesures exp rimentales propos es dans cet avis Au terme de ces exp rimentations et de leur valuation des mesures nouvelles d ordre l gislatif loi d orientation lois de programmation ou r glementaire selon les cas devraient tre prises pour permettre un traitement global et permanent de la pauvret et de la pr carit conomique et sociale Seraient alors ainsi r unies les conditions propres permettre ceux qui sont dans la grande pauvret d en sortir v ritablement ceux qui sont en voie de paup risation de ne pas y tomber aux uns et aux autres d en tre durablement pr serv s gr ce une conception plus exigeante de la solidarit de la part d un nombre croissant de citoyens Il s agit l d une nouvelle tape sur la voie d un d veloppement plus solidaire au sein de notre soci t conf rant la lutte contre la grande pauvret et l exclusion sociale le caract re d une priorit nationale engageant le pays tout entier A ce titre l application des mesures propos es constitue un objectif auquel tous les d fenseurs des droits de
155. clairer les politiques globales et celles propres la promotion des personnes et familles d favoris es 74 A La coordination sesessessssssessesesesesersresesrsresesesee 74 B La garantie des paiements 74 C L aide mat rielle et technique eccccceecce 74 D L tablissement de constats 74 E Des logements pilotes 74 F L action sociale communautaire 75 CHAPITRE IV Quelle garantie de l acc s aux soins 75 I Un acc s aux soins encore difficile n se 76 A Obstacles financiers 76 1 Assurance maladie s eessseeseseseerssee esse sessteesteeeeeee 76 2 Aide m dicales pai 76 B Les structures de pr vention sont elles adap e E ENE E T T TET 77 1 Les examens m dicaux syst matiques 77 T L ducation sanitaire seneeeseeseseeeeeseeseeeees eee 77 C Une difficile adaptation mutuelle e e 77 IL Quelques initiatives significatives ssssesseseesseeeeeeeenes 78 A Initiatives pour que le paiement des actes ou des m dicaments ne soit pas un obstacle ACC S AUX SOS En er 78 B Initiatives pour que les actions de pr vention sant atteignent des milieux jusqu alors peu touch s 28 F vrier 1987 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 5 Pages IL l ments d valuation de programmes visant prendre CHAPITRE V Quels leviers de prom
156. clus ou menac s de l tre et le reste du corps social Le probl me d j bien connu des in galit s est doubl de celui d une soci t o certains ne sont plus seulement en situation d in galit mais en tat d exclusion permanente Il n est plus possible de traiter des conditions de vie pr caires sans prendre en compte leur ultime cons quence la mise l cart de ceux qui les vivent Ainsi envisag es la grande pauvret et la pr carit conomique et sociale ne sont pas seulement redevenues d actualit Elles suscitent des interrogations cruciales sur l organisation de la soci t de demain Le Conseil conomique et social a pour sa part contribu cette prise de conscience g n rale D j en 1978 le rapport du Professeur Henri P quignot consacr la lutte contre la pauvret avait bross un tableau d taill des approches historiques et sociologiques de la pauvret Il avait tabli un bilan des principales mesures administratives en la mati re Il constatait la disparition d une illusion selon laquelle la pauvret devait cesser gr ce l augmentation du niveau de vie et de la prosp rit conomique gr ce au perfectionnement des services sociaux ou gr ce des r formes de structures Depuis lors certains rapports du Conseil ont port sur des groupes de personnes d favoris es ou des questions li es la pauvret en particulier les rapports de M Viot sur l insertion professionnell
157. conduire une politique de lutte et de pr vention elle aussi parfaitement coh rente Il ne suffira plus de proposer l tat des mesures parcellaires fractionn es dans l espace et dans le temps Il sera peut tre possible au contraire de d gager les l ments et les tapes n cessaires d une politique dont les efforts peuvent se renforcer mutuellement terme Nous aurions alors en main l bauche d une soci t arm e pour pr venir des situations qui ne correspondent plus aux conceptions actuelles de la justice 28 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 28 F vrier 1987 PREMI RE PARTIE SITUATIONS ET PROCESSUS D VOLUTION INTRODUCTION Y a t il en 1986 en France des personnes ou familles dans la grande pauvret et la pr carit ou menac es par elles Combien sont elles Que vivent elles Sont quotidiennement confront s ces questions tous ceux qui c toient les plus d munis ceux qui sont charg s de concevoir des politiques les englobant ou encore ceux qui m nent des r flexions th oriques sur la pauvret et l exclusion sociale Nous avons rappel dans l introduction g n rale de ce rapport quelques uns des travaux les plus importants qui au cours des dix derni res ann es ont tent d apporter des l ments de r ponse ces m mes questions Leurs auteurs ont tous reconnu la difficult de cerner la r alit de la pauvret ceci explique qu ils ne soient pas arriv s aux m mes conclusions
158. core une possibilit de qualification scolaire et 11 5 des l ves n ont plus gu re de possibilit s de qualification scolaire ces derniers sont pour 2 1 en 5 avec 2 redoublements 2 en classe pr professionnelle C P P N ou 4 pratique 3 4 en classe pr paratoire l apprentissage C P A ou 3 pratique 0 9 dans d autres classes et 3 1 rejoignent la vie active Ce sont videmment des chiffres moyens ils cachent de grandes disparit s selon le milieu d origine des enfants Par exemple si la moiti de ces enfants entr s en 6 en 1980 sont parvenus en 3 sans redoublement c est le cas de plus de 80 des enfants d enseignants D apr s l enqu te r moise d A T D Quart Monde pr cit e 8 des l ves de 12 16 ans vis s conservent encore une possibilit de qualification scolaire mais 92 n en ont plus gu re 68 sont dans l enseignement sp cial Pour vraiment approfondir le lien entre grande pauvret et enseignement sp cial il faudrait pouvoir disposer de statistiques nationales sur la scolarit des enfants issus des milieux les plus d favoris s Les notes d information du S P R E S E pr cit es indiquent pour l ann e scolaire 1983 1984 la r partition des enfants de 12 16 ans dans les diff rentes structures de l enseignement sp cial et pr cisent que les l ves de nationalit trang re repr sentent 17 2 des l ves des sections d ducation sp cialis e et des groupes de
159. crit a acquis un r le pr pond rant m me si l audio visuel y tient aujourd hui une grande place Comme l ont d montr Bruno Couder et Jean Lecuit 2 le fait d tre illettr e limite de plus en plus l acc s au travail e entrave toute promotion et toute participation active la vie associative ou syndicale e multiplie les obstacles pour une bonne utilisation des biens des quipements et des services achats transports courrier documents administratifs ch ques e restreint les changes familiaux suivi scolaire des enfants relations avec des enfants plac s ou loign s 1 Cf Je tu il elle apprend tude documentaire sur quelques aspects de l illettrisme de Jean Fran ois Lae et Patrice Noisette Mission recherche exp rimentation du minist re des Affaires sociales et de la Solidarit nationale La documentation fran aise Novembre 1985 y 2 Maintenant lire n est plus un probl me pour moi Editions science et service 1983 28 F vrier 1987 Et surtout le fait d tre illettr en annihilant toute tentative d apprentissage dans une multitude de domaines provoque un jugement social qui rel gue l int ress dans un tat inf rieur particulier o il finit par tre persuad qu il est moins intelligent que les autres Si l illettrisme restreint l acc s toutes formes de culture plus largement le manque de formations g n rales ou professionnelles partant des niveaux
160. cs constants et le nombre des b n ficiaires de 16 6 Cette augmentation s expliquerait par l aggravation du ch mage et la baisse du pouvoir d achat des familles l augmentation des situations d isolement parental Dossiers C A F 3 avril 1985 V L APPORT DES STATISTIQUES CONCERNANT DES CAT GORIES D FAVORIS ES A Exemple d une recherche sur les revenus des demandeurs d emploi non indemnis s Dans l tat actuel des connaissances statistiques il semblerait que les analyses plus restreintes sur des cat gories d favoris es clairent davantage sur la grande pauvret et la pr carit conomique et sociale Le bilan sur les ch meurs non indemnis s 1 publi en octobre 1985 para t particuli rement significatif cet gard Il s agit des ch meurs non indemnis s qui apparaissent comme tels au 30 septembre 1984 dans le fichier de l UNEDIC L institut de sondage Br l Ville Associ s B V A en a exclu les 23 qui attendent une indemnisation 1 Il s agit d une tude effectu e partir des exploitations du fichier de l UNEDIC au 30 septembre 1984 de l enqu te emploi de l IN S E E et d une investigation approfondie r alis e par B V A aupr s de 2 000 personnes inscrites depuis au moins 9 mois l Agence nationale pour l emploi A N P E dont le principe a t accord et les 2 dont l indemnisation a t momentan ment interrompue Notons que l attente de 70 1T TZ T3 T
161. cueilli plus de 200 000 signatures dans trois pays d Europe Ainsi nous voyons s tendre et se consolider les prises de conscience De nouvelles questions s imposent l opinion Donner de quoi survivre des tres humains sans leur procurer les moyens de s affranchir de la d pendance n est ce pas encore les priver de la libert que conf re la jouissance des droits conomiques et sociaux Indemniser les ch meurs et les invalides sans leur permettre de participer la vie collective de s y exprimer et d y tre repr sent s au m me titre que les travailleurs n est ce pas encore op rer des discriminations pr judiciables la dignit inali nable de tout homme C est la lumi re de ces quelques r f rences rapides l histoire moderne que nous voudrions maintenant appr cier certaines dispositions l gislatives et r glementaires en vigueur aujourd hui ainsi que les pratiques sociales institutionnelles et les probl matiques qui les fondent Dans quelle mesure r pondent elles aux besoins non seulement de survie mais de libert et de dignit dont les plus pauvres de notre pays sont en droit de jouir galit avec les autres citoyens Jusqu o va la protection et existe t il encore des exclusions Il rel ve en effet de la comp tence du Conseil conomique et social par l interm diaire de la section des affaires sociales d tudier les probl mes pos s par les cat gories d favoris es de la population
162. cuits du travail informel qui va subsister longtemps encore ils b n ficient peu des acquis ouvriers et demeurent soutenus par des oeuvres sociales C est dans la seconde moiti du XX si cle que des associations certains partis politiques et aussi les glises vont reposer la question de la grande pauvret explicitement en termes de droits La mis re est une violation flagrante des droits de l Homme c est une prise de conscience de notre temps Ainsi naissent de nouvelles formes d organi sation des familles du Quart Monde de nouvelles formes de solidarit entre elles et d autres citoyens A travers le pays s instaurent des Universit s Quart Monde o se forme la pens e des plus pauvres sur leur condition Ils s y exercent la prise de parole C est l aboutissement d une lente mais constante progres sion nous n avons pas de raisons de penser qu elle ne pourrait pas se poursuivre CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL CHAPITRE II LA SECURITE DES RESSOURCES COMMENT EST ELLE ASSUREE DANS LES SITUATIONS DE GRANDE PRECARITE La Charte de la R sistance avait pr vu d s le 15 mars 1944 un plan complet de s curit sociale visant assurer tous les citoyens des moyens d existence dans tous les cas o ils sont incapables de se les procurer par le travail L ordonnance du 4 octobre 1945 a pr cis que la s curit sociale est destin e garantir les travailleurs et leur famille contre les risques
163. d d encourager syst matiquement les jeunes les plus d favoris s Mais c est peut tre parmi les entreprises interm diaires et au sein du programme Nouvelles qualifications que l on peut acqu rir des compr hensions et d couvrir des pratiques vraiment nouvelles A Les entreprises interm diaires Issues du monde associatif des structures d insertion par l conomique devenues officiellement entreprises in term diaires en 1985 sont de v ritables entreprises assurant en m me temps une fonction d insertion au service de la communaut circulaire du 24 avril 1985 1 En effet selon les termes m mes de cette circulaire La crise conomique et l aggravation du ch mage qui en est la cons quence ont g n r ces derni res ann es un processus d exclusion qui touche plus particuli rement les jeunes Pour faire face cette situation difficile le Gouvernement a d cid le 26 septembre 1984 de renforcer l ventail des mesures d insertion professionnelle offertes aux jeunes stages de formation professionnelle contrats de formation en alternance travaux d utilit collective Gr ce une mobili sation sans pr c dent des entreprises associations et collec tivit s publiques plusieurs centaines de milliers de jeunes seront concern s par ce dispositif Afin de r pondre la situation sp cifique de certains jeunes dont les difficult s d insertion sont telles qu ils
164. d laboration elles sont de ce fait toujours publi es avec un certain retard sur l actualit Elles s av rent aussi assez co teuses 32 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL A l inverse les statistiques locales sont moins repr sentatives mais rendent mieux compte des situations extr mes Elles sont disponibles plus rapidement et peuvent ainsi constituer si elles sont suffisamment fr quentes de bons indices de conjoncture Elles sont moins co teuses Les statistiques de client le sont en g n ral assez pr cises pour caract riser ce qu elles pr tendent mesurer par exemple les b n ficiaires d une allocation logement Mais elles ne cernent pas tous les ayants droit une telle allocation qui ne font pas valoir leurs droits Lors de son audition devant la section des affaires sociales le 15 avril 1986 M Fragonard directeur de la Caisse nationale d allocations familiales a parl d allocataires potentiels Il s agit d une r elle limite car en mati re de pauvret serait vraiment significatif un d compte de tous les ayants droit qu ils fassent valoir leurs droits ou non Au contraire l approche au travers d un territoire un quartier par exemple permet de mieux cerner les ayants droit qui ne font pas valoir leurs droits A cet effet l enqu te doit respecter deux conditions essentielles recouvrir l ensemble de la population c est dire se fonder sur un chantillon prenant bien en compte les situation
165. d pend principalement de la r gularit des prestations auxquelles on a droit des possibilit s de trouver un travail stable de la possibilit d obtenir temps des aides suffisantes pour subsister Notons aussi que certaines situations constituent en elles m mes une pr carit pour tout le groupe familial sp cialement si le chef de famille est parent isol s il n a pas d emploi s il n a pas de qualification ou s il ne dispose pas de r serve d argent Les quelques chiffres rappel s ici mettent en vidence un groupe social o la plupart des m nages vivent dans l ins curit conomique Si pour certains elle est essentiel lement li e la difficult d acc s l emploi pour d autres elle s enracine dans une histoire familiale dont la m moire n a pas eu encore le temps de s effacer De nombreux chefs de m nage ont en effet voqu devant les enqu teurs les divers d m nagements ayant ponctu leur existence de baraquements en maisons v tustes jusqu ce quartier o ils ont t log s d office j ai t relog l parce que j avais des dettes Les H L M m ont dit c est la Gu rini re ou l expulsion Et m me ici reconnaissent ils ils ne parviennent pas faire face leurs obligations de locataires Plusieurs ont parl du ch mage qu ils connaissaient d j dans les ann es 50 ou bien ont dit comment ils devaient encore enfants aller travailler dans les fermes ou p cher et vendre des mou
166. d avenir de chacun Il semble bien que les s curit s en ces divers domaines soient intimement li es Cela nous conduit formuler des propositions quant aux mesures envisager en tenant compte des exigences suivantes Dans les conditions conomiques actuelles toutes les mesures souhaitables ne peuvent sans doute tre mises en oeuvre d embl e essentiellement pour deux raisons Tout d abord l exp rience est parfois encore trop fragile pour envisager des actions au plan national et en second lieu le co t financier imm diat appara trait trop lev sans que soient encore r alis es les conomies pour la collectivit d une disparition des situations de grande pauvret Encore faudrait il pouvoir valuer les conomies financi res consi d rables et durables que l insertion d une personne et de sa famille engendre pour la collectivit sans compter les souffrances humaines ainsi vit es et les talents enfin valoris s C est pourquoi il conviendra de veiller ne pas diff rer les actions en profondeur Il s agit en r alit d tablir terme un plan national de lutte contre la pauvret sur la base d actions simultan es exp riment es dans plusieurs d parte ments et de propositions d ordre g n ral Les mesures effectivement prises peuvent tre efficaces condition e de toucher plusieurs domaines de vie en m me temps e d tre con ues comme point de d part d un processus de protection
167. d un suivi d au moins un an apr s leur insertion dans un habitat classique Ce sont l quelques initiatives parmi d autres qui t moignent de la volont des acteurs locaux de trouver des solutions mieux concert es et adapt es Leur impact demeure certes limit par rapport l ampleur des besoins Chacune des actions num r es ne concerne qu un petit nombre de familles un espace localis et la collaboration de quelques partenaires seulement Il n existe malheureusement pas encore de politique globale prenant appui sur ces nombreuses initiatives n es de la r alit des besoins Bien qu elles jettent les bases d une r elle garantie du droit l habitat pour les plus pauvres leur avenir est rendu incertain par la remise en cause fr quente des financements Pour pr server un quilibre financier fragile les meilleures initiatives peuvent tre conduites op rer une s lection et privil gier les besoins de foyers plus facilement relogeables Ce chapitre met bien en vidence le triple constat du rapport de M P trequin manque de ressources des int ress s r ticence des acteurs locaux promouvoir un habitat pour eux et manque de logements diversifi s Les seules instances de l habitat ne peuvent rem dier aux situations de pr carit extr me de logement si d autres mesures ne sont pas prises aussi pour assurer la promotion conomique sociale et culturelle des m nages concern s Elles contribueront r
168. d une famille a fortiori si elle est nombreuse avec l absence d un conjoint avec l absence de qualification avec l illettrisme ces risques constituent des facteurs aggravants susceptibles de compromettre aussi bien l quilibre socio conomique du m nage que les possibilit s de d veloppement et d ducation des enfants Une politique sociale trouve l des indications pour d velopper des actions pr ventives sous une forme individuelle et collective A partir d une population prise en charge il est impossible de faire des extrapolations quantitatives sur l ensemble de la population touch e par la grande pauvret et la pr carit C est par contre un moyen d appr hender au moins qualitativement une population risques Mais comment bien valuer les risques les plus grands de marginalisation et d exclusion sociales Les handicap s les ch meurs les immigr s les familles nombreuses par exemple ne sont pas en tant que tels en situation de grande pauvret Ils appartiennent tous les niveaux sociaux Ils n ont pas les m mes difficult s ni ne sont galement d munis devant celles ci Mais tre handi cap ch meur immigr ou famille nombreuse entra ne un risque relatif de pr carit par rapport une situation donn e Le risque est d autant plus important qu il intervient dans un milieu socialement plus d favoris N est ce pas en d finitive l appartenance un tel milieu qui permet de d terminer la p
169. dance mais de demeurer des sujets des droits fondamentaux et des partenaires sociaux actifs C est en posant ainsi la question que le pr sent rapport tente de prolonger les travaux pr c dents Sans n gliger les mesures imm diates prendre pour rem dier aux situations les plus inacceptables il s inscrit dans une d marche de pr vention de ces situations terme Il se fixe comme perspective une soci t qui d sormais ne se laisserait plus surprendre par la pauvret et l exclusion sociale aurait la volont et se donnerait la capacit de r unir les moyens d en venir bout Une autre ligne de conduite s impose afin d approfondir et de compl ter les travaux d j disponibles Il s agit dans notre analyse de toujours concentrer l attention sur la couche de population urbaine et rurale en tat de grande pauvret S y retrouvent de nombreuses pr carit s y compris celles que provoque une caract ristique particuli re telle que le ch mage de longue dur e le fait d tre femme seule avec enfants jeune sans qualification de souffrir d une d ficience mentale ou d tre tomb dans la d linquance S y retrouvent surtout les personnes et les familles profitant le moins des protections existantes parfois totalement exclues des poli tiques men es ce jour C est pr cis ment l exp rience de vie effective de ces populations que nous privil gierons en nous clairant de leurs points de vue de leurs aspirations et de
170. de la loi du 6 janvier 1986 instituant des Conseils d partementaux de d veloppement social 1 Un amendement d pos par le groupe de la C G T a t rejet au scrutin public par 136 voix contre 28 et 16 abstentions il tait ainsi r dig dans cet alin a 4 ligne supprimer qui n cessiterait donc un recours la solidarit nationale et derni re ligne r diger comme suit apr s de l tat par un pr l vement sur les revenus financiers et les grands patrimoines Voir le r sultat de ce scrutin en annexe scrutin n 3 28 F vrier 1987 I Conna tre programmer valuer A R aliser un premier bilan et l actualiser 1 Dans le prolongement des travaux de l I N S E E notamment l enqu te sur les situations d favoris es il appara t urgent de r aliser un premier bilan mesurant l ampleur et la nature des situations de grande pauvret et de pr carit 2 Ce bilan n cessiterait une mise jour p riodique par exemple tous les cinq ans Dans cette perspective les observatoires r gionaux NS EE Sant pourraient fournir des informations statistiques mais aussi plus qualitatives permettant d identifier les risques encourus cumul de pr carit s et de conna tre la r alit des situations v cues sur le terrain Il conviendrait par ailleurs d am liorer les enqu tes nationales tel le recensement par une enqu te pivot sur la France enti re
171. de leur r le constat vis vis de leurs enfants soient particuli rement associ es aux actions men es contre l illettrisme B Centrer l effort sur l cole maternelle L cole maternelle devrait tre au coeur de toutes les interventions concernant la petite enfance C est donc d abord l qu il convient e d assurer une bonne communication entre les milieux familiaux les plus d munis et le milieu scolaire e de permettre aux enfants de se pr parer aux apprentis sages fondamentaux e de coordonner les interventions avec les autres partenaires concern s aupr s des parents de ces enfants qui souhaitent se former s informer tre aid s Les actions mises en oeuvre en collaboration avec les parents devraient se d velopper en s appuyant e sur la reconnaissance de l importance d s la petite enfance du langage et de la communication dans le d veloppement de la personnalit et l insertion sociale e sur la constatation qu un enfant est d autant plus port apprendre que les adultes de son milieu familial sont eux m mes sollicit s exercer leur intelligence et d velopper leurs aptitudes Par des interventions multiples il conviendrait de favoriser et de pr parer l entr e des enfants l cole maternelle Des pr coles familiales actuellement exp riment es dont les r sultats sont tr s concluants devraient tre d velopp es Toutes les coles maternelles devraient tre pouvues de
172. de lire et d crire devenue indispensable pour vivre dans le monde moderne Et nous touchons au probl me d une pr carit scolaire susceptible de d boucher sur un tat de grande pauvret rendant difficile l acc s la formation continue Car il est de fait que celle ci ne concerne pratiquement pas les jeunes et adultes ayant trop peu profit de l instruction scolaire Les chiffres disponibles sont disparates et partiels mais ils conduisent supposer que la formation continue ne constitue pas encore une protection contre la grande pauvret et un moyen d enrayer l exclusion quasi d finitive de la vie productive du pays CHAPITRE V LES PR CARIT S CUMUL ES DANS UN QUARTIER POPULAIRE UN EXEMPLE A CAEN Nous avons interrog des sources statistiques g n rales et tent d en pr ciser l int r t et les limites Afin d appr cier les ph nom nes de cumul de pr carit s nous devons recourir une approche d une autre nature qui consiste explorer un territoire bien circonscrit localit quartier ensemble d immeubles Il s agit d identifier les marques de la grande pauvret connaissant la composition sociologique de la population du territoire retenu I AU C UR D UN QUARTIER J DES SITUATIONS DE CUMUL DE PRECARITES Achev en 1962 le quartier de la Gu rini re Caen 2 500 logements est un ensemble d immeubles H L M difi s pour le relogement de populations sinistr es pendant la deuxi me guerre mo
173. de ressources n est qu un minimum de survie Ce choix n est acceptable que dans la mesure o les int ress s b n ficieraient dans les diff rents domaines de l existence logement sant emploi formation ducation de soutiens particuliers dont la conjonction dans le cadre des d partements pilotes constitue le facteur moteur des mesures de lutte contre la pauvret propos es dans cet avis C Le Conseil recommande dans un second temps d envisager une r forme compl tant le syst me actuel de protection sociale dans le prolongement du rapport de Monsieur Oheix L objectif serait d assurer progressivement une garantie minimum dans le cadre des diverses branches de protection sociale Par ailleurs dans l attente d autres formes plus larges de compensation des charges familiales il conviendrait de pr voir des am nagements du suppl ment de revenu familial de telle sorte que toutes les familles attributaires du plancher de ressources puissent en b n ficier En outre il serait souhaitable que les caisses d allocations familiales dans le cadre de leur action sociale soient encourag es d velopper leurs interventions en faveur des familles les plus d favoris es Enfin le Conseil conomique et social observe qu une prolongation des allocations familiales jusqu 18 ans pour tout enfant non scolaris restant charge de ses parents b n ficierait principalement aux familles d favoris es dont les jeunes sont touch
174. de sa situation de ses aspirations de ses mani res de vivre Des relations et un dialogue doivent pouvoir s tablir avec les parents enfin l action de l cole doit pouvoir tre compl t e par celle des instances sociales et culturelles biblioth que de quartier services de P M I L enfant le plus d muni doit pouvoir tre reconnu d tenteur d une exp rience d id es d informations son milieu comme porteur de richesse culturelle d velopper L cole doit galement pouvoir apporter l enfant d favoris ce que l enfant d autres milieux peut trouver dans la vie extra scolaire ou m me au foyer familial livres mat riel dont l lectronique occasions d ouverture culturelle Elle doit pouvoir lui apporter une ouverture sur le monde du travail et sur l ensemble de la soci t o il est appel vivre L analyse de l chec montre que celui ci commence tr s t t et s accentue avec la progression dans la scolarit d o l importance d une action d s les premi res ann es de la scolarit et d s l ge pr scolaire Elle montre aussi le jeune comme abandonn sa sortie pr matur e de l cole D o l importance de nouvelles actions l ge o se pr pare plus directement l entr e dans le monde adulte Elle montre enfin que la lutte contre l illettrisme des parents pr vient l chec scolaire des enfants A cause de l accroissement de la CONOMIQUE ET SOCIAL 28 F vrier 1987 CHAPITRE VII QUELLES
175. de situations d exclusion d une g n ration l autre Les monographies particuli rement lorsqu elles sont labor es partir d une action de terrain montrent comment un milieu de grande pauvret conna t aussi l entraide les relations constructives mais peut tre source d un r el enfermement Les difficult s de vie le faible prestige des uns et des autres p sent sur l ensemble Les facteurs n gatifs retiennent souvent davantage l attention que les facteurs positifs tels que la volont des parents de travailler ou de voir leurs enfants r ussir l cole et apprendre un m tier pour qu ils connaissent de meilleures conditions de vie B Quelques consid rations g n rales Les pr carit s et la grande pauvret se situent dans une continuit sociale Ceci conduit proposer des mesures s inspirant le plus souvent possible de celles mises en oeuvre pour tous les autres citoyens mais dont l intensit le nombre et la dur e de mise en oeuvre seront adapter aux situations L exp rience de vie et la pens e des populations concern es constituent une r f rence importante dans la d finition des politiques mener Ceci conduit concevoir des mesures qui tiennent compte de l avis et de l exp rience des populations exprim s travers la vie associative et travers les acteurs de terrain dans le cadre de leur profession Les pr carit s mat rielles mais aussi sociales culturelles et civiques
176. des chefs de m nage 117 sur 234 personnes ayant r pondu cette question ont commenc travailler avant 14 ans plus d un tiers 82 sur 234 entre 14 et 16 ans L enqu te met en lumi re deux traits dominants dans la situation conomique de ces m nages A La faiblesse et l irr gularit des ressources e 22 seulement des m nages d clarent qu il leur reste de l argent pour pouvoir subsister pendant plus d un mois e37 des m nages seulement vivent directement d un travail soit salari 33 soit ind pendant 4 Mais plus de la moiti de ceux qui travaillent ont une activit pr caire contrat dur e d termin e 1 sur 4 int rim 1 sur 8 ou temps partiel 1 sur 6 e 17 des m nages per oivent une allocation de ch mage dont 6 au titre de la solidarit Mais plus de la moiti des ch meurs ne sont pas indemnis s ils ont puis leurs droits 1 sur 3 ou ils ne justifient pas d un nombre suffisant d heures travaill es 1 sur 7 ou ils sont la recherche de leur premier emploi 1 sur 10 e En octobre 1984 18 des familles n ont d autres ressources que les allocations familiales Or au cours de cette ann e 1984 1 famille sur 4 a d subir une interruption de versement de ces allocations le plus souvent en raison de la r vision des droits La pr carit des situations varie donc d intensit selon les moments et peut se prolonger sur des p riodes plus ou moins longues Elle
177. des engagements sp cifiques de la part des lus du gouvernement et des partenaires sociaux et une allocation logement r ellement solvabilisatrice De nombreuses propositions du rapport sur Le logement des personnes faibles ressources pr sent par M D P trequin et adopt le 28 mai 1986 vont d j dans le sens souhait par cette exigence de service du public prioritaire 1 Les responsabilit s nationales Le Conseil recommande en particulier une relance de la construction de logements sociaux un largissement du champ et des moyens d action des organismes H L M dont la vocation premi re est le logement des familles modestes un r am nagement de certaines aides financi res la personne 2 Les responsabilit s locales Le Conseil sugg re dans les d partements pilotes la cr ation d une commission solidarit logement dans le cadre du comit d partemental de l habitat laquelle les demandes prioritaires de logement non satisfaites seraient transmises sans d lai Ces comit s auraient mission de loger les demandeurs prioritaires de logements Dans ce but ils g reraient un Fonds d partemental Solidarit Logement voqu plus loin et assumeraient une triple responsabilit a Pourvoir la recherche de solutions d urgence Refuser toute expulsion sans offre de relogement des plus d munis priv s de ressources 28 F vrier 1987 Mobiliser avec tous
178. des partenaires sociaux 92 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL e le besoin des jeunes d favoris s de se voir pr senter de v ritables itin raires de formation insertion e la n cessit de r seaux et d acc s multiples la vie associative pour soutenir l entr e sur le march de l emploi par exemple associations transformant en emplois salari s des services b n voles ou encore offrant du travail temps partiel A M O F entreprises interm diaires Concr tement M Schwartz fait une double constatation sur l offre et la demande d emploi L industrie supprime actuellement grand nombre de postes d ouvriers qualifi s du niveau du C A P Dans beaucoup d entreprises il n y a plus gu re de personnel entre les techniciens sup rieurs et les ouvriers sp cialis s La cons quence est que le ch mage d un grand nombre de personnels qualifi s permet aux employeurs de les recruter pour des postes tout juste sp cialis s A nsi les jeunes sans formation ou du niveau du C A P ne trouvent plus d emploi alors que les jeunes qualifi s doivent se contenter d un travail en dessous de leur niveau Du c t de l offre d emplois M Schwartz constate que tous les jeunes condition d en recevoir les moyens peuvent apprendre un m tier et pr tendre au niveau du C A P Les possibilit s peuvent leur en tre offertes si les entreprises acceptent d exp rimenter avec eux sur le tas des itin raires vers des qualifications utile
179. dicaux syst matiques La m decine du travail n atteint que les salari s et plus facilement ceux qui ont un emploi stable La protection maternelle et infantile P M L a pour les enfants en bas ge et leur m re un impact certain L implantation de ses services dans les quartiers son caract re gratuit et l obligation incombant aux parents de faire suivre leurs jeunes enfants permettent un suivi m dical g n ralement appr ci par les m res avides de s curit devant la fragilit de leur petit enfant Le service de sant scolaire faute d effectifs et de cr dits suffisants ne peut atteindre la totalit des enfants d ge scolaire de plus les contr les obligatoires sont pr vus de telle mani re que le suivi des enfants ayant une scolarit irr guli re ne peut tre assur La situation de la m decine scolaire s aggrave consid rablement pourtant elle constitue une structure de pr vention irrempla able Restent en dehors de tout examen de sant syst matique les jeunes apr s l ge de 16 ans les personnes qui ne sont pas dans un circuit de travail r gulier ainsi que certains travailleurs ind pendants les m res au foyer en dehors des p riodes de maternit Certes les travailleurs ind pendants peuvent en faire la demande aupr s de la m decine du travail les assur s sociaux peuvent b n ficier tous les 5 ans d un examen de sant gratuit mais ce sont rarement les plus ins curis s qui prennent l
180. divers plusieurs handicaps sociaux vivent dans l obsession permanente de r pondre leurs besoins d ordre vital Avoir se nourrir obtenir la garantie d un toit et de fourniture indispensables comme l eau le chauffage et l clairage peut devenir une hantise et occuper toutes les nergies tous les instants de la vie La plupart de ces familles endett es vivent dans la crainte de l expulsion ou des coupures de gaz et d lectricit Leur seul recours est alors l assistance Cela signifie faire le tour de divers organismes publics ou priv s auxquels il faut chaque fois expliquer et justifier son tat de p nurie Les familles deviennent alors d pendantes de leurs interlo cuteurs Il ne faut pas leur d plaire ni manifester un d saccord avec leurs propositions et leurs conditions pour ne pas risquer un refus de leur part Toujours suspendues la r ponse positive ou n gative des organismes d aide les familles les plus pauvres n ont pas les moyens de s investir dans la recherche de solutions long terme Quant aux travailleurs sociaux trop absorb s par cette qu te incessante et urgente de subsides et de logements ils ne peuvent pas vraiment aider les plus d munis retrouver une utilit conomique et sociale Parmi les cons quences de cette situation Mme Reynaud retient surtout la d gradation des relations au sein du groupe familial la non prise en compte du suivi scolaire des enfants et des jeunes la
181. e assurer dans le parc existant Au terme de ce chapitre malgr la disparit des informations statistiques emp chant de chiffrer l ensemble des besoins il para t possible de se former une id e de l ampleur et de la gravit du non droit l habitat Les enqu tes locales de client le donnent des indices sur l augmentation du nombre de m nages en situation de pr carit Mieux elles r v lent encore une fois les in galit s de situation qui peuvent exister sous une m me d signation de mal log par exemple Si les demandeurs de logement surtout quand ils le sont depuis longtemps sont en situation de pr carit ceux dont la demande n est m me pas enregistr e risquent d tre en tat de grande pauvret Le non enregistrement de certaines demandes confirme d ailleurs la difficult d identifier les plus pauvres m me au moyen de leurs besoins les plus cruciaux A la limite ceux ci ne sont pas r pertori s de fa on accessible ceux qui sont charg s de rendre compte des besoins essentiels de la nation Mais gr ce aux enqu tes de cas concrets nous pouvons retenir sans risque de nous tromper que l o la pr carit du logement prend des formes graves elle risque de se situer dans un encha nement de pr carit s quivalant une situation de grande pauvret A titre tout fait indicatif et d faut d autres informations nous proposons une estimation encore tr s incertaine du nombre de per
182. e l expression et l insertion des personnes les plus d munies entreprises par des quipes de travailleurs sociaux ou des associations proches de la vie quotidienne de ces populations en permettant ces nouvelles cellules associatives locales et aux mouvements associatifs qui accompagnent ces familles dans leur r insertion d tre repr sent s au sein d un certain nombre d instances consultatives en d veloppant les structures de concertation au sein des minist res concern s 2 La responsabilit des associations d int r t g n ral Les associations qui ont vocation d fendre les int r ts communs d un grand nombre de citoyens devraient pouvoir d ployer une activit plus intense pour sensibiliser la population d munie concern e par leur projet D autre part bon nombre d associations dans le cadre d une action sociale et socio ducative jouent un r le tout la fois pr ventif curatif et promotionnel dans la lutte contre la pauvret w CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL Des cycles de formation destin s aux cadres permanents et aux responsables lus de ces associations pourraient se d velopper notamment avec le soutien du Fonds national de d veloppement de la vie associative et d autres organismes sociaux concern s pour atteindre cet objectif ce fonds doit tre dot en cons quence x Il s agirait pour eux d apprendre conna tre la population d munie et sans participation associative
183. e 1 sous forme de subventions de bonification des taux d int r t qui permettent une baisse importante du co t de la construction et un financement de la r habilitation Le logement social constitue une r alit institutionnelle ayant fait la preuve de son efficacit Il traduit le principe de la responsabilit de la collectivit dans la construction et la gestion de logements accessibles des revenus modestes 1 Dans la loi de finances initiale y compris les fonds de concours les aides la pierre repr sentaient 22 489 millions de F 72 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL Les habitations loyer mod r ne parviennent cependant pas encore r pondre aux besoins de logement de l ensemble des m nages les plus d munis Bien apr s la p riode de reconstruction cons cutive la seconde guerre mondiale un nombre consid rable de personnes et de familles continuaient s entasser dans des taudis des h tels meubl s des bidonvilles et des cit s d urgence A compter de 1964 et dans les ann es 1970 une action de large envergure a t lanc e pour r sorber les bidonvilles celle ci s est accompagn e de la construction de logements aux normes r duites et au statut pr caire cit s de transit immeubles sociaux de transition logements pour familles L O P O F A logements million programmes sociaux de relogements ou loyer r duit Les effets s gr gatifs de ce type de logements ont souvent t d n
184. e 870 millions de francs en 1980 1 768 millions de francs en 1983 soit une augmentation de 103 en 4 ans A titre indicatif une tude r cente Rennes 1 donne la r partition suivant des aides attribu es 2 785 m nages en 1984 par le Centre communal d action sociale pr s de 57 taient des isol s dont une tr s forte majorit de jeunes un peu moins de 8 des couples sans enfants et 36 des familles avec enfants dont une majorit de familles monaparentales constitu es autour d une femme dans 95 des cas et avec un nombre d enfants peu lev Dans certains d partements cf Pauvret et pr carit dans les Vosges document U N A F on peut noter galement l apparition de tr s jeunes demandeurs de secours de 14 18 ans en rupture de famille Les aides sont souvent accord es pour pallier des retards de versement d autres prestations C A F C P A M ASSE DIC C est le cas de 28 des m nages aid s selon une r cente tude du C R E D O C 2 A la diff rence des prestations de s curit sociale l attribution des aides telles les allocations mensuelles de l A S E est subordonn e une appr ciation de la situation des demandeurs Certes les prestations l gales de l Aide sociale constituent un droit mais la possibilit de faire entrer ce droit en application d pend des conditions dans lesquelles il est proc d leur attribution Or les adminis trations l ont souvent li e
185. e d autres expos es les populations dites risques ou les populations effectivement prises en charge Les populations risques sont le plus souvent des cat gories r pertori es dans une perspective de pr vention partir de divers crit res qui peuvent tre relatifs un v nement naissance pr matur e s paration du couple un tat de sant handicap thylisme une situation familiale enfant orphelin femme seule chef de famille famille nombreuse des conditions de vie habitat insalubre ch mage non indemnis une appartenance thnique immigr s gens du voyage Les populations prises en charge sont le plus souvent des cat gories d finies par le fait qu elles font effectivement l objet d une assistance de la soci t sous des formes vari es Celles ci peuvent aller du secours financier la tutelle d une aide domicile l h bergement l internement ou le placement Chaque institution caract re social qu elle soit publique ou priv e qu elle ait comp tence sur un territoire limit comme un quartier ou sur l ensemble du pays d veloppe une connaissance appropri e de sa population cliente Elle d veloppe galement des recherches pr visionnelles lui permettant de mieux d celer des besoins nouveaux et de mieux pr parer les adaptations n cessaires des r ponses qu elle propose Cette approche traduit la perception q
186. e des handicap s 1979 et de M P trequin sur le logement des personnes faibles ressources 1986 Par ailleurs un certain nombre d autres rapports ont mentionn la situation de populations d favoris es notam ment les rapports de M Burnel sur la politique familiale globale 1981 de M Levy sur l ducation pour la sant 1982 de M Gruat sur l analyse et les perspectives de la formation des adultes 1982 de Madame Sullerot sur le statut matrimonial et ses cons quences juridiques fiscales et sociales 1984 de M Thery sur la place et le r le du secteur associatif dans la politique d action ducative sanitaire et sociale 1986 ainsi que le rapport de M Meraud productivit croissance emploi 1984 et la plupart des rapports portant sur le Plan et la conjoncture A travers ces travaux le Conseil rappelait que des situations de pr carit extr me n avaient pas disparu de notre pays Elles avaient certainement t r duites elles s tait faites moins visibles notamment apr s la lutte nationale concert e dans les ann es soixante pour la r sorption des bidonvilles Pourtant en 1974 la Commission des affaires culturelles familiales et sociales de l Assembl e nationale estimait 5 la fraction de la population fran aise devant tre consid r e comme vivant dans la mis re ou la limite de la mis re Avis sur le projet de loi de finances pour 1974 Annexe au proc s verbal de la s
187. e fois mais elles se multiplient avec le nombre d enfants Les classes vertes et la cantine occasionnent des d penses telles que certaines familles y renoncent m me si des r ductions peuvent leur tre obtenues Les d penses d habillement en g n ral sont rares Beaucoup de m res de familles se fournissent aupr s de vestiaires de solidarit malgr la g ne qu elles en prouvent Quand elles ach tent des v tements souvent dans des braderies elles choisissent ceux qui sont bas prix et de moindre qualit Si elles ne sont pas prises en charge en temps voulu par exemple au titre de l Aide m dicale les d penses de soins m dicaux et pharmaceutiques peuvent compl tement perturber le budget Les d penses de loisirs et de vacances sont pratiquement inexistantes malgr les bons vacances des Caisses d allocations familiales Des r flexions des parents ont aussi t recueillies sur les contraintes budg taires qui leur sont impos es Ce qui est peut tre le plus dur vivre pour ces familles c est de se voir oblig es de payer des charges fixes importantes surtout E G F qui ne sont en rapport ni avec le montant r el ni avec l irr gularit de leurs ressources dont le rythme la plupart du temps ne co ncide pas avec le rythme des d penses Ces charges elles seules p sent tr s lourd en moyenne 22 5 de toutes les ressources mensuelles pour les familles de cette cit maximum 50 minimu
188. e formation L objectif serait de favoriser terme l obtention d un contrat de travail Il comprendrait aussi des engagements r ciproques de la part des b n ficiaires et des responsables de l accompagnement social susceptibles de pr parer la sortie du dispositif de plancher de ressources Il conviendrait toutefois d envisager avec les partenaires indiqu s ci dessus la possibilit d attribution de ce dernier dans le cas o un travail ou une formation ne pourraient pas tre fournis dans tous les cas il devrait tre demand un effort tenant compte des possibilit s de l int ress B Modalit s de mise en ouvre Le plancher de ressources prendrait la forme d une allocation mensuelle diff rentielle qui viendrait compl ter jusqu un certain seuil les ressources des m nages r sidant depuis un certain temps dans le d partement au moment de la mise en place de l exp rience Les allocations familiales les autres allocations l enfant et les aides au logement ne seraient pas prises en compte dans son calcul Il serait proc d tous les six mois au r examen de ses conditions d octroi Dans le cadre de l exp rimentation propos e par notre assembl e le montant du plancher de ressources pourrait tre fix 2 000 F minimum Cette allocation pourrait tre port e 3 000 F pour un couple Elle suivrait l volution du S M I C Le Conseil conomique et social est bien conscient qu un tel niveau ce plancher
189. e intervention m dicale sur la vie de la famille Il a soulign le lien entre les conditions de vie et l tat de sant et signal les obstacles une v ritable protection de la sant ainsi que des exp riences et des initiatives de divers groupes et instances engag s dans la promotion de la sant en milieu d favoris Avant de revenir sur ces initiatives il importe d examiner plus en d tail les obstacles la protection de la sant tant financiers qu institutionnels et culturels 76 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL I UN ACC S AUX SOINS ENCORE DIFFICILE A Obstacles financiers 1 Assurance maladie a La prise en charge Les modes de protection en cas de maladie en 1980 Pour 100 personnes S curit sociale 100 10 S curit sociale Mutuelle 100 34 7 S curit sociale Mutuelle moins de 100 31 2 S curit sociale seule 22 6 S curit sociale A M G 0 7 Pas de S curit sociale mais A M G 0 4 Aucune protection 0 4 1 Effectifs en milliers 53377 Source Enqu te I N S E E 1980 Donn es sociales 1984 Ces donn es n ont pas t actualis es mais il appara t notamment travers des donn es locales r centes qu une partie de la population demeure sans protection en cas de maladie La g n ralisation de l assurance maladie a t consid r e comme acquise en 1978 avec l assurance personnelle Celle ci devait en ouvrir l acc s a
190. e joint la demande de leur prise en charge par une instance interminist rielle mais il n oublie pas pour autant le r le primordial de l initiative priv e Consid rer les plus d favoris s comme des citoyens part enti re en leur offrant les moyens d acc der la dignit humaine c est un objectif auquel adh re la C F E C G C qui a vot le projet d avis Groupe de la C E T C On peut se r jouir que l opinion publique les m dias les responsables politiques soient davantage sensibilis s l existence de la pauvret Mais les actions mises en oeuvre risquent de ne pas profiter toujours aux plus pauvres Parfois aussi elles peuvent laisser croire que tout le monde en profite alors m me qu elles en cartent certains sous pr texte qu ils ne remplissent pas tous les crit res exig s de r sidence par exemple La C FT C a toujours t particuli rement attach e r pondre aux besoins des cat gories d favoris es La g n ralisation des syst mes de protection sociale ou de l indemnisation du ch mage de m me que l instauration dans ces syst mes de minima de prestations ont permis de pr server de larges couches de population de la grande pauvret C est dire au passage l importance essentielle de leur sauvegarde et de leur p rennisation En outre les fonds d action sanitaire et sociale sont consacr s faire face des situations qui ne rentrent pas dans le cadre strict des r glementations Le
191. e l Agriculture M Mineau Groupe des entreprises priv es MM Bernasconi Bizard Brunet Chesnaud Chotard Cl ment Dermagne Fabre Flornoy Gattaz Gauthier Giral Lagane Lanusse Crouss Le Baud Netter Nocturne Parrotin Pinet Salvan s Groupe des entreprises publiques M Quin Groupe des personnalit s qualifi es M Herzog Groupe des repr sentants des Fran ais de l tranger de l pargne et du logement M P tri Guasco SCRUTIN N 2 sur un amendement proposant une action sur les d terminants conomiques et sociaux de la pauvret Nombre de votants UV 180 Ont vot POUL rise i nnintsmennt 46 Ont VOL CONITE nseni nr ai eesi Tesi 112 Se sont abstenus sssseereinirniiiia 22 Le Conseil conomique et social n a pas adopt Ont vot pour 46 Groupe de la C G T MM Alezard Bauduret Mme Brovelli MM Calvetti Causs Chollier Desmaison Le Duigou Madieu Magniadas Obadia Parrot Scat Mmes Rey Scipion M Stoquert Groupe de la C F T C MM Bornard Bergamini Gruat Mme Lingelser MM tienne Simon Veyssi re 28 F vrier 1987 Groupe de la F E N MM Baunay Paul Faure Mme Laroche Brion M Simbron Groupe de L Agriculture M Mineau Groupe des D partements et territoires d outre mer MM Crusol Jarnac Lutui Groupe des entreprises publiques M Quin Groupe des personnalit s qualifi es MM Buard Chai gneau Delarue Del
192. e la nourriture plusieurs jours avant le versement des prestations familiales aux efforts pour rembourser les dettes le jour du versement l achat de r serves de p tes pour la fin du mois suivant la f te que l on organise pour marquer la fin des privations Il est certain que les changements en profondeur d pendent de la fa on dont on comprend et surtout dont on r agit ou non tous ces v nements De ces r alit s sont conscients beaucoup de travailleurs sociaux et d acteurs de terrain leur exp rience et leurs formes diverses d engagement sont indispensables la d finition des politiques Enfin pour compl ter ce chapitre il est int ressant d apporter ici des informations sur la dimension culturelle de la pauvret recueillies gr ce une d marche semblable IV LA PAUVRET DE LA CULTURE RELATE E PAR DES TEMOINS DIRECTS La dimension culturelle constitue un l ment central de compr hension de l exclusion sociale qui caract rise les situations de pauvret Ici encore appara t la n cessit de faire place aux informations recueillies aupr s des int ress s par les acteurs de terrain En effet c est en agissant avec les int ress s que ces acteurs peuvent saisir parfois au cours d une simple d marche dans un service tous les obstacles culturels et les comportements dus l ignorance et la crainte qui entravent la participation sociale En ce domaine il faut rapprocher divers discours cel
193. e leur famille que la dur e d embauche soit suffisante pour permettre de pr parer rapidement une nouvelle insertion professionnelle ou l acc s une formation que le personnel d encadrement soit comp tent sur les plans technique mais aussi p dagogique afin notamment d inciter des apprentissages mutuels entre salari s Mais beaucoup d entreprises interm diaires ont des diffi cult s satisfaire les conditions pr c dentes tout en parvenant une performance conomique Une minorit d entreprises interm diaires parviennent fonctionner avec la subvention minimum de l Etat 30 000 F en moyenne par poste et par an Mais elles se situent dans des secteurs assez diff renci s et parfois de pointe micro informatique par exemple et de ce fait s adressent en priorit des candidats relativement bien form s niveau C A P Par contre la majorit des entreprises interm diaires qui emploient effectivement des travailleurs tr s d favoris s se situent dans des secteurs d activit tels que le second oeuvre du b timent ou la restauration et ne peuvent subsister que gr ce une plus grande part de subventions Pour appr cier les r sultats des entreprises interm diaires nous manquons d une valuation globale en termes d inser tion Seules ont t faites des valuations d exp riences pilotes qui montrent la fois des r sultats encourageants en termes d insertion mais un quilibre extr mem
194. e peut surprendre et m me choquer elle tait certainement n cessaire et provoquera nous l esp rons une r action salutaire Les propositions pr sent es concernant l ducation le logement la sant l emploi et la formation nous paraissent d autant meilleures qu elles s appuient d une part sur des pr alables exp rimentaux dans les d partements pilotes d autre part sur le souci de d velopper l esprit de responsabilit et de partenariat des diff rents op rateurs Les r serves de notre groupe portent sur les deux points suivants L avis propose de consid rer la lutte contre l exclusion sociale comme une priorit nationale Nous sommes videmment d accord sur le principe d une telle priorit mais il s agit finalement au niveau le plus lev de classer les priorit s et de faire des choix tenant compte des co ts et des modalit s de financement Sans contester d aucune fa on l appui prioritaire qu il faut apporter la lutte contre l exclusion sociale et notamnent l absence d emploi nous tenons rappeler que la modernisation de notre conomie et plus particuli rement de notre industrie est une priorit absolue Elle seule peut terme cr er des emplois suppl mentaires et contribuer ainsi r soudre au moins une partie des probl mes pos s Ce sera peut tre l avenir du Plan que de favoriser cette modernisation que nous souhaitons tous D ici l et en parall le des mesure
195. e pr vues Des citoyens se regroupent pour chercher des rem des aux pr carit s Ils font au besoin la part de ce qui rel ve de l entraide des citoyens et de ce qui revient la responsabilit de l Etat La vie associative repr sente la fois une source indispensable de connaissance et une voie privil gi e vers l engagement public ou politique avec des concitoyens en difficult Nous avons expliqu combien la vie associative est indispensable aux personnes et familles en situation de pauvret cf chapitre V de la pr sente partie o il est fait r f rence au rapport de M Thery La vie associative garantit leur int gration et leur participation C est pourquoi l gard des plus pauvres l Etat ne peut pas se contenter de laisser faire de s abstenir d entraver leur libert d association Il est question d un droit assortir de moyens pour des citoyens qui n auraient pas la possibilit de les trouver par eux m mes Il s agit de leur donner les moyens de participer une association dont ils soient r ellement partie prenante A d faut l association n est pas pour les int ress s un exercice de participation la vie publique Elle n est pas pour la soci t l occasion d largir la vie publique en d couvrant un partenaire et en apprenant un dialogue jusque l inconnu La participation de personnes et familles en grande pauvret diverses associations existe mais elle s op re dans bien des c
196. ec elles leurs enfants plac s Le Conseil g n ral a estim en 1984 que cette op ration lui tait b n fique gr ce la diminution des co ts d aide sociale Ceci pourrait tre une amorce de solution mais le programme est actuellement arr t du fait de la r ticence des communes rurales accepter des familles tr s pauvres venant des agglom rations La ville de Bordeaux a construit 25 pavillons pour des familles en baraquements ou habitat insalubre refus es par toutes les commissions d attribution la r alisation du projet a t pr c d e d une longue recherche du moindre co t pour un logement de qualit Le loyer est enti rement couvert par l A P L De nombreuses collectivit s locales sont en qu te de formules de ce genre tout en cherchant viter le risque de reconstituer un habitat au rabais avec marquage social dans des sites et un environnement qui ne faciliteraient ni la promotion ni la participation sociale des int ress s Il s agit d viter de cr er des quartiers ghettos 2 Des op rations d insertion promotion dans des quartiers anciens Certaines se font avec des formules d acquisition r habi litation ou am lioration et souvent une gestion personnalis e Ainsi la S A H R Nord plus de 500 logements dispers s la Soci t anonyme d H L M Les Foyers Brest une centaine de logements la commune de Valenciennes avec la Soci t anonyme d H L M de Lille et environs Par
197. ecours catholique pour loger des familles la rue ou tr s mal log es pr venir les expulsions monter des op rations d acquisition r habilitation dans le parc ancien dispers mieux conna tre les situations d absence de logement c est l ambition d une cellule d action anim e par la Pr fecture de Marseille L efficacit de ces initiatives d pend videmment de l autorit de l op rateur des moyens nouveaux dont il peut disposer et du degr d engagement des collectivit s locales B La garantie des paiements Face au fait que les plus pauvres sont souvent insolvables certains partenaires proposent au bailleur des moyens exceptionnels pour permettre des familles menac es d expulsion d tre solvables comme en Loire Atlantique gr ce une concertation entre une Soci t Anonyme d H LM des collectivit s locales la Caisse d allocations familiales et la D D A S S ou en Haute Marne gr ce une convention pr voyant le cumul d un pr t d une subvention et d une remise partielle des dettes C L aide mat rielle et technique Face au fait que les plus pauvres habitent souvent des logements anciens qu ils n ont pas les moyens d am liorer certains partenaires proposent de les aider techniquement et financi rement r aliser les am liorations souhait es c est le cas des Centres d am lioration du logement P A C T des Compagnons B tisseurs 28 F vrier 1987 D L tablissement de c
198. efficacement les efforts des uns et des autres La qualit des r ponses qu une soci t peut apporter un moment donn de son histoire aux besoins et aux attentes de ses membres les plus d munis d pend en effet troitement de l id e qu elle peut se faire la fois de ce que sont et vivent ces personnes et de ce que peut tre leur dignit Cette id e est aujourd hui fortement influenc e par la conception de l homme sujet de droits inali nables au nom de sa seule dignit d homme pr cis ment Du partage proclam depuis les premiers si cles de notre re jusqu au droit des pauvres nous avons une image de plus en plus compl te et concr te Nous allons nous y arr ter quelques instants I LA PAUVRET UNE QUESTION DE DROITS DE L HOMME La notion des droits de l Homme en France comme fondement d une d mocratie appara t de mani re explicite au XVIII si cle La d claration fran aise des droits de l Homme et du citoyen de 1789 en est la confirmation publique la plus notable Elle repr sente en effet le double essai de traduire une conception des hommes n s libres et gaux non seulement en termes de droit mais sous forme d une charte politique L id e de ces hommes libres et gaux envers qui la Communaut nationale a des obligations strictes tait en gestation depuis de longs si cles La disparition de l esclavage en occident aux premiers si cles de notre re en est une des tapes Que l tat gar
199. elle des jeunes en difficult repr sentent des actions globales concert es L enjeu est clair que tous les jeunes puissent trouver leur place dans notre soci t Pour que les plus d favoris s d entre eux puissent avoir part au b n fice de telles actions il faut que des travailleurs sociaux des employeurs et des formateurs leur pr tent un concours pers v rant Signalons enfin l exp rience de formation entreprise l initiative du minist re des Affaires sociales avec un premier contingent de 300 jeunes issus de milieux d favoris s 50 sont d origine trang re pour les conduire au m tier d animateur social dans leur propre milieu Une premi re exp rience du m me type avait t lanc e en 1977 l initiative du mouvement A T D Quart Monde par l unit exp rimentale de formation l cole de formation d ani mateurs sociaux de Lille Permettre de tels jeunes d assumer une responsabilit de cette nature constitue une innovation certaine dans laquelle les travailleurs sociaux jouent un r le d terminant de d tection et de soutien HI MESURES SIGNIFICATIVES DE LA LUTTE GLOBALE CONTRE LA PAUVRETE ET ROLE DE L ACCOMPAGNEMENT SOCIAL La lutte contre la pauvret est inscrite de fa on explicite dans le IX Plan Quatre objectifs lui sont assign s identifier les ph nom nes de pauvret am liorer la performance de nos institutions promouvoir une action solidaire de nos i
200. ement le revenu disponible de ces familles elles l am liorent davantage chez les familles mono parentales que chez les autres M Fragonard estimait qu en 1986 150 000 familles avec deux parents restaient en dessous du seuil de 50 F par jour et par personne m me avec l apport des prestations familiales Une autre forme d aide aux familles consiste en une r duction de d penses pour certaines consommations les bons vacances des Caisses d allocations familiales ou les r ductions de tarifs S N C F pour familles nombreuses par exemple Ce sont l des avantages sociaux ind niables pour ceux du moins qui peuvent et savent en tirer parti Car il faut avoir l occasion de pr voir des vacances ou des d placements ce qui est rarement du domaine du possible et n est pas toujours encourag en milieu tr s d favoris L o le d paysement et l largissement de l univers seraient sans doute le plus n cessaires nous constatons que les familles y acc dent peu Les bons vacances permettent un nombre croissant de familles modestes de partir en vacances mais lorsqu une famille tr s d munie envisage un d part il lui faut nouveau solliciter des aides pour r gler la diff rence entre le co t r el du s jour et le montant des bons accord s Les prestations familiales jouent un r le important pour compenser les charges d ducation des enfants et emp cher des familles de conna tre des situations de grande pr carit de res
201. ement exclu la possibilit de remise de dettes qui existait formellement dans la circulaire du 20 juillet 1982 comme dans la pratique des fonds existant avant cette date 3 L action socio ducative li e au logement ou A S E L est financ e depuis 1977 par la direction de l action sociale pour l animation la pr vention et l accompagnement social dans certaines cit s Apparent e aux centres de promotion familiale et et la gestion personnalis e elle entend favoriser la promotion des familles travers l habitat sans prise en charge de l h bergement Selon une note minist rielle L objectif de cette forme d action socio ducative est de permettre aux familles en difficult s tr s s rieuses de se maintenir dans leur logement ou d acc der un logement d finitif 1 Ce dispositif r pond galement la n cessit d un accompagnement des personnes et familles n ayant jamais pu disposer d un logement d cent lorsqu elles y acc dent effectivement en effet elles souffrent alors d un manque de culture de l habitat relations de voisinage et vie de quartier mais aussi utilisation de l espace ma trise de la consommation d nergie La note souligne aussi l int r t d une intervention globale qui l occasion de la solution des probl mes li s au logement int gre l ensemble des dimensions conomique culturelle ducative de la vie quotidienne L intervention de l quipe charg e de l action soci
202. ence qui seront prises le soient dans le cadre d un recul des grandes solidarit s collectives et notamment d une r gression globale de la protection sociale Seul au contraire un meilleur emploi des moyens existants associ un effort suppl mentaire de solidarit permettra de mettre en oeuvre les propositions contenues dans le projet d avis Propositions auxquelles le groupe des associations donne sa pleine adh sion Groupe de la C F D T La pauvret m me aux meilleurs temps de la croissance n a pu tre totalement r sorb e La crise le d veloppement et la persistance d un ch mage important et long la non indemnisation de pr s d un million de ch meurs aggravent cette situation de pauvret en y rejetant les cat gories les plus fragiles Une telle situation demande la fois des r ponses aux besoins vitaux les plus imm diats et des actions sur les causes de la gande pauvret r sultante de l accumulation d handicaps divers sant fragile illettrisme absence ou faible qualification ch mage logement insalubre CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 19 Quatre raisons essentielles am ne la C F D T voter l avis 1 En ciblant pr cis ment la population concern e la grande pauvret l avis fait le choix de l efficacit et de la solidarit l gard des personnes et familles les plus d munies sans pour autant ne s arr ter qu celles l 2 Le choix d une strat gie d action fond e sur
203. ent temporaire Encourager et soutenir la passation de conventions permettant aux organismes H L M de louer des associations des logements dont les occupants peuvent devenir locataires en titre apr s un temps de probation ce qui existe d j dans un certain nombre de d partements Encourager et soutenir l effort de l tat et des collectivit s locales pour rendre habitables et obtenir la mise disposition des fins d habitation du plus grand nombre possible de logements ou de locaux inoccup s Assurer une priorit aux plus d favoris s dans l utili sation du patrimoine immobilier public y compris le patrimoine dit priv de municipalit s administrations organismes publics rendre transparentes les conditions d attribution de ces logements mettre fin aux subventions d guis es que repr sentent les bas loyers dont b n ficient les familles aux revenus lev s qui habitent souvent des logements de standing 3 Le r am nagement de certaines a des financi res la personne a L admission l gale l allocation logement m me en cas d insalubrit ou surpeuplement devrait tre envisag e titre d rogatoire et pour une dur e limit e lorsqu il s agit de demandeurs prioritaires de logement b Il serait souhaitable que des aides la personne permettent galement l acc s un logement A cet effet le Conseil conomique et social sugg re la cr ation dans les d parte
204. ent fragile des structures lorsque celles ci veulent rester fid les la priorit d embauche des travailleurs les plus en difficult A titre d exemple selon une valuation de la d l gation la formation professionnelle en 1983 les deux tiers des travailleurs employ s l atelier de promotion professionnelle de Noisy le Grand trouvaient un emploi leur sortie la moiti d entre eux conservaient un emploi de fa on durable En 1986 la moiti des travailleurs trouvent un emploi leur sortie de l atelier Au moment de la r daction de ce rapport il a t mis fin au programme exp rimental de soutien aux entreprises interm diaires La volont affirm e de favoriser le d ve loppement des emplois interm diaires se manifeste toutefois dans la nouvelle l gislation sur les associations interm diaires B Les nouvelles qualifications Parmi les nouvelles exp riences men es en France dont la plupart trouvent leur quivalent dans les pays voisins celles des nouvelles qualifications est unique dans la C EE Elle a t cr e et lanc e par le professeur Bertrand Schwartz qui est aussi l origine de la d l gation interminist rielle l insertion professionnelle et sociale des jeunes en difficult des missions locales des permanences d accueil d information et d orientation P A I O Dans ces initiatives les m mes principes pr valent e la concertation et la collaboration
205. ent ou territoire d outre mer et portant simulta n ment et de fa on coordonn e sur les domaines suivants l ducation le logement la sant l emploi et la formation ECONOMIQUE ET SOCIAL 28 F vrier 1987 La mise en oeuvre d une telle exp rimentation implique que dans les d partements en question les personnes en situation de grande pauvret puissent b n ficier d un accompagnement social appropri condition n cessaire toute insertion et puissent compter sur un plancher de ressources leur permettant de faire face aux besoins essentiels et d assurer leurs responsabilit s familiales et sociales Le choix des d partements pilotes devrait s appuyer au maximum sur les r alisations locales d j existantes notam ment dans le cadre du plan gouvernemental instituant r cemment des allocations d insertion Cette premi re tape d exp rimentation devrait se pour suivre sur 3 ans et donner lieu une valuation rigoureuse afin de servir de base une g n ralisation ventuelle l ensemble du territoire Le Conseil conomique et social souligne que la mise en oeuvre des orientations propos es impliquerait la fois un red ploiement et une meilleure utilisation des moyens financiers existants mais aussi le d gagement de moyens nouveaux qui n cessiterait donc un recours la solidarit nationale Car si la logique du partage des comp tences entre l tat et les collectivit s locales
206. ent provoquer un vrai changement des conditions de vie C est pourquoi de plus en plus des travailleurs sociaux cherchent susciter des relais actifs parmi les partenaires du monde associatif et politique conomique social et culturel pour mieux adapter les r ponses institutionnelles aux besoins et aux possibilit s des plus pauvres il s agit de leur offrir les moyens d un autre avenir et de leur permettre de ne plus tre continuellement polaris s par la survie Certains travailleurs sociaux n h sitent pas entre prendre eux m mes des actions caract re promotionnel d insertion par l conomique par exemple en mettant sur pied des entreprises interm diaires ils n h sitent pas sortir ainsi des missions qui leur sont assign es Beaucoup d quipes de travailleurs sociaux se donnent galement pour but de soutenir des groupes de population afin qu ils s organisent prennent en charge eux m mes leur devenir et puissent tre reconnus comme partenaires B La pauvret interrogation pos e au travail social C est en d finitive face aux plus d favoris s que le travailleur social ressent le plus toute l ambigu t de son r le ils l incitent se remettre en cause et repousser ses limites Lorsque les travailleurs sociaux se retrouvent face la grande pauvret ils sont la plupart du temps confront s des situations qui n ont pas t prises en compte par les politiques Le travailleur
207. er leur vie quotidienne de savoir lire calculer comparer Quels droits en effet sont accessibles dans l entreprise ou la cit celui qui ne peut lire se demande Des tudes plus qualitatives permettraient de conna tre le 1 Dans un igiele RAI oRSURUES HRESIS URSS ier f vrier 1985 Hommes Femmes 1973 1977 1980 1985 1973 1977 1980 1985 Jeunes sans dipl me 1 mn 12 31 42 56 18 60 Ensemble des jeunes ssssssesssesssesseeseeeseee 9 20 26 38 13 42 1 Les jeunes encore en apprentissage sont exclus des ch ffres d entr es dans la vie active Source Donn es sociales 1984 et pour 1985 donn es I N S E E en cours de publication Mme V ronique Esperandieu co auteur avec MM Antoine Lion et Jean Pierre Benichou du rapport Des illettr s en France 1983 C est l une forme radicale d in galit sociale qui rel gue hors champ non seulement de fa on transitoire une g n ration de la population trang re mais de fa on plus structurelle une fraction non n gligeable de la population autochtone En 1982 un rapport tabli au sein du Parlement europ en sur la lutte contre l analphab tisme par Mme Viehoff reprend une estimation effectu e en 1981 par la Commission le nombre de personnes qui dans la Communaut des Neuf ne savaient ni lire ni crire et ne disposaient pas de la capacit de compr hension g n ralement attendue d un colier de 13 ans
208. era difficile de prot ger le conjoint les enfants l entourage des cons quences encourues Il est apparu aussi que la grande pauvret atteignant non seulement des familles enti res mais des groupes de familles et parfois tout un milieu ne peut pas tre consid r e comme fatale Les enqu tes de terrain les monographies de familles l observation participante et l action recherche ouvrent des perspectives de changements Elles montrent des adultes des jeunes des familles qui d pensent leurs nergies obtenir un minimum de s curit Par ailleurs de tr s nombreux responsables d action sociale eux aussi d ploient des tr sors d ing niosit et d acharnement pour les aider se tirer d affaire L action elle m me est un signe de la volont de r ussir Comment se fait il qu en ces conditions les uns et les autres ne semblent pas arriver faire jouer les syst mes de protection de fa on enrayer le d nuement extr me C est ce que nous voudrions essayer de comprendre maintenant dans la deuxi me partie 28 F vrier 1987 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 59 DEUXI ME PARTIE LES MOYENS DE LA S CURIT DE L INSERTION ET DE LA PARTICIPATION ESSAI D VALUATION DES R PONSES EXISTANTES INTRODUCTION Le pr sent rapport se situe dans un des pays industrialis s les plus avanc s son rythme de d veloppement conomique lui a permis de se doter progressivement d un syst me de protection sociale parmi les
209. ertain tat d in galit et de pauvret les hommes para traient tellement inf rieurs que nous ne serions plus certains qu ils aient des droits gaux Ou alors que les efforts consentir pour leur faire r cup rer leurs droits para traient tellement co teux qu au nom du bien du plus grand nombre nous admettrions l injustice et l exclusion pour la minorit des plus d munis Sur le plan du principe pourtant la n cessit d accorder les droits de l Homme aux pauvres a souvent t attest e Voici ce qu en disait en 1790 La Rochefoucault Liancourt pr sident du Comit de la mendicit On a toujours pens faire la charit aux pauvres et jamais faire valoir les droits de l Homme pauvre sur la soci t et ceux de la soci t sur lui L organisation de l assistance doit tre pr vue dans la constitution La bien faisance publique n est pas une vertu compatissante elle est un devoir elle est la justice L o existe une classe d hommes sans subsistance l existe une violation des droits de l humanit l quilibre social est rompu De m me Bar re au nom du Comit de salut public affirmait devant la Convention le 22 mai 1794 le droit des pauvres la bienfaisance nationale Oui je parle de leurs droits parce que dans une d mocratie tout doit tendre lever le citoyen au dessus du premier besoin par le travail s il est valide par l ducation s il est enfant par le secours s
210. es n ayant pas d pass le niveau de l enseignement primaire y sont en proportion particuli rement lev e De telles obser vations convergent avec celles d acteurs de terrain et Conduisent penser qu une fraction des ch meurs parmi les plus d favoris s n est pas enregistr e dans les fichiers et chappe cette enqu te 28 F vrier 1987 Parmi d autres informations le bilan renseigne galement sur les revenus familiaux des ch meurs non indemnis s dont le nombre y compris les demandeurs d emploi temps partiel et dur e d termin e est valu 1 086 100 au 31 d cembre 1985 par le service Statistique et Synth se de l UNEDIC Les familles des ch meurs non indemnis s et effectivement identifi s disposaient pour vivre en moyenne en 1985 d un revenu mensuel de 5 400 F soit environ 1 392 F par personne au foyer 32 5 disposaient pour l ensemble du m nage de 2 500 4 000 F 16 de moins de 2 500 F Cette r partition s applique l ensemble des ch meurs non indemnis s mais elle recouvre d importantes diff rences en rapport avec leur situation familiale En effet le nombre de personnes qui ont un emploi dans le foyer du demandeur d emploi a une influence d terminante Ainsi 36 8 des ch meurs non indemnis s appartiennent en effet un foyer o personne d autre n a d emploi Parmi ceux ci 34 1 ont des revenus inf rieurs 2 500 F par mois pour l ensemble de la famille lorsqu u
211. es biens Saint Anaclet au 1 si cle d clare Tout opprim peut s il le veut en appeler librement au jugement de l v que Et Saint Gr goire le Grand au VT si cle ne proclame pas seulement le droit des pauvres la survie mais aussi au partage des richesses de l glise Au long des temps f odaux les v ques s engagent g rer les biens du dioc se au nom des pauvres Certes en pratique selon les v ch s les malheureux sont plus ou moins respectueusement ou g n reusement trait s Cependant ces v ques insistent continuellement aupr s des princes et des seigneurs pour que ceux ci accordent des dotations aux oeuvres de charit Premiers agents des transferts sociaux les dioc ses et surtout les abbayes avaient fort faire C est dire aussi que le syst me f odal laissait dans le besoin toute une population qui ne participait pas l organisation du travail et ne s int grait pas aux structures f odales C est une population sans terre souvent errante vivant de cueillettes de rapine ou de colportage une population aux occupations incertaines montreurs d animaux ou jongleurs hommes de peine ou journaliers de tous genres Il y a encore ceux qui se font enr ler dans l arri re ban des troupes dans l espoir d avoir une solde r guli re de manger ou de piller Il est probable aussi que cette population la plus pauvre en marge de la protection organis e dans les villages ne pouvait dans le
212. es dispositions entra nant l encontre des familles les plus d munies une atteinte au droit de vivre en famille le d ni de ce droit peut tre aussi provoqu par des pratiques d velopp es leur encontre B L absence du droit absolu a un minimum mobilier La l gislation actuelle sur les biens insaisissables loi n 72 626 du 5 juillet 1972 d cret 77 273 du 24 mars 1977 a certes augment la liste des biens mobiliers devant tre prot g s mais elle dispose que tous les biens mobiliers m me ceux r put s insaisissables peuvent tre saisis si leur paiement cr dit n a pas t achev Il s agit l d une r gression par rapport aux anciens articles 592 et 593 du Code de Proc dure Civile qui d claraient absolument insaisissables quelle que soit la cr ance le coucher n cessaire des saisis ceux de leurs enfants vivant avec eux les habits dont les saisis sont v tus et couverts quelles que soient les personnes Le mobilier meublant le linge les v tements et objets de m nage des personnes b n ficiant de l assistance la famille ou l enfance 28 F vrier 1987 Il n existe plus aujourd hui de droit absolu un minimum mobilier Cette r gression vise essentiellement les familles les plus pauvres celles pour lesquelles le pouvoir d intimidation des saisies est sans objet puisqu elles sont le plus souvent dans l impossibilit de payer Les saisies peuvent aujourd hui les condui
213. es est moins de conduire l emploi que d offrir une voie de transition entre la vie scolaire et la vie professionnelle des jeunes marqu s par l chec scolaire niveaux VI et V bis C est dire ceux qui ont de ce fait moins de chances de b n ficier des contrats emploi formation et des mesures de formation en alternance Environ 50 des jeunes accueillis dans les T U C sont du niveau B E P C ou en dessous Mais une formation n a t effective que pour 25 d entre eux D une fa on plus g n rale les stages pour ch meurs de longue dur e du F N E concernent peu ceux qui sont du niveau B E P C ou en dessous de 20 25 des stagiaires Un effort important a galement t fait en faveur des femmes seules les plus d favoris es La politique qui a t d velopp e consiste leur donner les moyens d acqu rir une autonomie conomique visant au del de la garantie temporaire de revenu laquelle elles ont droit les faire acc der la formation et l emploi Outre une priorit d acc s aux stages de formation elles b n ficient de dispositions favorables en mati re de r mu n ration De plus en 1983 a t lanc un programme exp rimental d actions d insertion sociale et professionnelle en faveur des m res isol es b n ficiaires de l A P I dont le bilan est plut t positif En 1986 la politique de l emploi et de la formation a connu une sensible r orientation dans la mesure o u
214. es favorables M me pour les demandes enregistr es nous ne sommes pas actuellement en mesure de disposer d un cumul sur le plan national Se manifeste donc encore une fois la difficult de saisir des situations caract risant la grande pauvret Pour disposer d une estimation du nombre de personnes n ayant pas actuellement un logement en propre il faudrait r unir galement des donn es sur les demandeurs potentiels c est dire ceux qui ne sont pas propri taires n1 titulaires d un bail ainsi que ceux qui sont dans un logement reconnu 40 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL insalubre ou engag s dans une proc dure d expulsion A d faut d informations de ce type il faut se r soudre proc der des estimations indirectes Celles ci sont tir es du recensement national de la population de 1982 puis de recherches statistiques dites de client les fichiers de mal log s ou de demandeurs de logement enregistr s par diverses instances A Le recensement national de la population de 1982 donne des chiffres concernant les logements en tat de surpeuplement accentu 491 000 en 1982 au minimum deux pi ces dont 407 000 hors de moins que la norme 1 et H L M 84 000 en H L M et de surpeuplement mo 2 602 440 en 1982 d r une pi ce de moins dont 2 137 740 hors que la norme et H L M 464 700 en H L M Il donne aussi des informations sur l habitat provisoire ou de fortune les meubl s ou garnis 2062
215. es institutions ils sont li s en grande partie des probl mes de ressources Un certain nombre de personnes sont toujours exclues de l assurance maladie L aide m dicale n est pas un recours efficace en toutes circonstances de plus elle repr sente parfois une crainte pour ceux qui doivent la demander Les professions de sant parviennent difficilement r pondre aux besoins des populations tr s pauvres et leurs attentes ceux ci sont d ailleurs peu exprim s et peu entendus Plusieurs initiatives de m decins volontaires ont toutefois vu le jour r cemment afin de faciliter et encourager l acc s aux soins des plus d munis consultations gratuites notamment Des recherches se font dans le sens d une meilleure prise en charge financi re des frais de sant et d une pratique m dicale r pondant aux r els besoins des populations concern es d une meilleure adaptation entre le monde de la sant et celui de la grande pauvret Ces exp riences montrent qu une prise en charge financi re si n cessaire soit elle ne suffit pas le plus souvent faire acc der les plus d favoris s aux structures de sant car un certain nombre d obstacles socio culturels doivent galement tre surmont s Mais elles montrent aussi que lorsque des possibilit s sont mises leur disposition pour pratiquer des exercices physiques ou vivre des vacances familiales lors qu elles peuvent dialoguer et d passer des craintes li es l ignor
216. es pour permettre ceux ci de convenir de d lais de paiement en l occurrence avec les services de l E D F adapt s aux possibilit s r elles des familles C Les d penses Comme les ressources les d penses sont tr s variables d une famille l autre mais chez toutes la part des d penses alimentaires d passe souvent 50 elle tait de l ordre de 20 pour l ensemble des familles fran aises en 1984 Il s agit essentiellement de d penses pour l picerie la boulan gerie les produits laitiers et la viande La consommation de fruits et de l gumes frais est tr s r duite Il est significatif que la plus grande partie des achats alimentaires du mois soit effectu e durant les jours qui suivent le versement des prestations familiales Vers la fin du mois les recours aux cr dits se multiplient et la consommation se r duit des f culents du pain et du caf au lait Aussi l alimentation n est elle pas toujours tr s quilibr e ni tr s vari e ce qui entra ne certaines p riodes des carences nutritionnelles certaines La scolarit des enfants p se aussi sur le budget familial L allocation de rentr e scolaire est nettement insuffisante pour couvrir les frais Les parents souhaitent acheter v tements chaussures cartables afin que leurs enfants soient comme les autres En outre il faut participer aux frais des activit s scolaires sorties promenades visites Ce sont de petites sommes chaqu
217. es proc dures contentieuses entre locataires et propri taires ou prestataires de services essentiels E D F pour viter que demain s imposent de nouveaux h bergements d urgence De tels plans d urgence caract re saisonnier afin de faire face aux cons quences de la mis re sont toujours n cessaires Mais peu peu merge la n cessit d un travail social d une autre nature et d une autre ampleur Ainsi le minist re des Affaires sociales s adressait en ces termes aux Commissaires de la R publique dans sa lettre du 30 octobre 1985 Poursuivre l effort en vue de l insertion dans la soci t dans des conditions durables Veiller tout particuli rement d velopper les initiatives visant donner chacun un logement d cent et une activit lui permettant de subvenir ses besoins et ceux des personnes sa charge Les prescriptions gouvernementales voquent des mesures structurelles d veloppement d entreprises interm diaires ou des T U C par exemple Ces mesures correspondent des pr carit s qu elles limineront dans l existence de certains citoyens Mais comment savoir si elles r duiront la pauvret A c t de moyens structurels il faut des travailleurs sociaux dont la priorit soit l offre d une aide personnalis e A comparer des programmes aussi diff rents que le d veloppement social des quartiers et les plans d urgence on enregistre des progr s certains au regard des ob
218. es revenus sont bas et irr guliers plus les foyers s endettent pour la seule survie et non pour des investissements structurant la vie familiale et lui ouvrant de nouvelles perspectives Les familles sont sans arr t rembourser la survie d hier et ne peuvent entreprendre aucun projet pour s en sortir demain Cela en grande partie parce qu en face de ressources incertaines parfois interrompues m me quand elles proviennent de syst mes de protection publique la soci t pose des obligations de paiements r guliers loyer eau gaz lectricit L alimentation suit la courbe de l argent disponible elle est irr guli re et carr ment insuffisante en fin de mois Les int ress s souvent peu instruits souffrent de l tat de d pendance qu entra nent leur ignorance et leur pauvret L aspiration gagner leur vie autrement ne leur manque pas mais les moyens les plus l mentaires pour y parvenir font d faut En ce qui concerne la culture les acteurs de terrain signalent la pr carit d acc s aux savoirs et l impuissance politique et sociale qui en d coule Les m nages les plus pauvres n ont aucun moyen de contr ler voire de contester les informations ou les enqu tes ou nom desquelles d autres d cident de leur sort Mais la pauvret culturelle qui entrave la participation politique et sociale ne se r duit pas au domaine de l instruction scolaire et universitaire Elle touche aux valeurs les plus l mentaire
219. es socio conomiques et histo riques clairant bien l objet de ce rapport 28 F vrier 1987 Aujourd hui se posent de fa on plus aigu des questions de fond sur les types de relations conomiques et sociales qui vont r gir la soci t de demain L ins curit perma nente disait dans son rapport le Professeur P quignot est la caract ristique commune de toutes les situations de grande pauvret Aujourd hui l opinion et les institutions prennent acte des effets destructeurs de cette ins curit sur l int grit physique et morale des personnes sur l autonomie de la famille sur la transmission culturelle sur la participation sociale et politique des int ress s Le pays a pris conscience que les conditions de vie par trop pr caires emp chent les personnes et familles d exercer leurs responsabilit s aussi bien que leurs droits fondamentaux pourtant reconnus par la Constitution Et les Fran ais sont de plus en plus conscients que si ces conditions durent et s tendent il risque de s instaurer une citoyennet de qualit inf rieure C est sur la validit m me de notre d mocratie et de la conception de la solidarit nationale qu elle traduit que beaucoup sont d sireux de s interroger En d autres termes quelles protections fondamentales contre la grande pauvret et la pr carit offrir tous les citoyens Quelles modalit s leur permettraient de ne pas risquer un jour d tre enferm s dans la d pen
220. es solidarit s l mentaires les plus n cessaires 28 F vrier 1987 CONSEIL Ainsi il serait notamment souhaitable que dans le cadre des missions qui leur incombent les instances charg es de la protection de l enfance et de la famille Aide sociale l enfance Education surveill e Action ducative en milieu ouvert Juge des enfants Caisses d allocations familiales services de tutelle aux prestations sociales puissent permettre aux parents de se faire assister voire repr senter par une personne de leur choix dans tout dialogue avec ces instances d s lors qu il s agit de leurs relations avec leurs enfants l instar de ce qui est pr vu par la loi du 6 juin 1984 dans le cadre de l Aide sociale l enfance permettre aux parents de se prononcer sur le choix de la personne ou de l institution susceptible d accueillir temporairement un ou plusieurs de leurs enfants lorsque cela s av re opportun de telle sorte que les conditions du placement respectent et sauvegardent leurs liens affectifs sentiment de confiance droit de visite Ils devraient en outre pouvoir conserver durant toute la dur e du placement une part des allocations familiales acquises du fait des enfants concern s sans que cela d pende d une d cision judiciaire ou administrative Une telle disposition leur permettrait d assumer financi rement les frais suppl mentaires occasionn s par les visites aux enfants ou par leur accueil pendan
221. est il pas d abord de fournir les l ments de connaissance indispensables l action En poursuivant cet objectif certaines associations ainsi que des intervenants sociaux m nent des travaux monogra phiques de familles ceux ci reposent souvent sur l obser vation participante effectu e au jour le jour par des personnes engag es soutenir les familles dans leur propre lutte contre la mis re Cet effort quotidien traduit leur volont de s appuyer sur le dynamisme de la famille et de son environnement Il est aussi la meilleure garantie que les int ress s seront partenaires de l action de promotion entreprise avec eux Le travail monographique exige une certaine qualit de relation du temps et une exp rience solide des r alit s de la pauvret IL LA D COUVERTE DE L HISTOIRE DES FORCES ET DES RESISTANCES D UNE FAMILLE UN OUTIL D ACTION POUR CHANGER SON AVENIR 1 Dans les ann es 30 aux abords de Caen le p re de Monique Pradel tait livreur de charbon Sa m re faisait des corv es dans les fermes alentour Fillette Monique a t plac e elle m me dans des fermes pour y gagner sa subsistance d enfant Elle a peu fr quent l cole mais elle n est pourtant pas tout fait illettr e Tr s jeune elle pouse Raymond Hornaing lui aussi d origine modeste Lui c est sa grand m re qui l levait quand son p re ma on cherchait en vain du travail au temps de la crise des ann es 30 Sa m
222. esure la pr carit d existence des parents risque t elle de retentir sur les enfants et ventuel lement de compromettre leur avenir Pour apporter des l ments de r ponse ces questions il importe d examiner dans la mesure du possible leur situation par rapport l cole et la formation professionnelle En France l enseignement n a jamais cess de se d mo cratiser Il a atteint progressivement toutes les cat gories sociales Ce progr s a t il toutefois b n fici galement tous les enfants Au cours des ann es 60 70 des recherches ont r v l que tout n allait pas aussi vite qu on l avait esp r Malgr une am lioration le taux d acc s l Universit d enfants issus de milieux ouvriers demeurait tr s inf rieur celui d enfants issus de milieux plus favoris s culturellement il tait inexistant pour les jeunes les plus d munis On ne mettait pas en doute la capacit de l cole d offrir des chances tous Mais on s est demand et cela demeure vrai aujourd hui encore si les cheminements propos s aux l ves prennent suffisamment en compte leurs acquis l entr e l cole et si les orientations propos es tiennent compte des d bouch s Vers 1980 la France red couvrit une r alit plus alarmante l illettrisme n avait pas cess de toucher une fraction de la population surtout au plus bas de l chelle sociale Cela malgr la scolarisation obligatoire et gratuite Ne fallait il
223. et la participation associative et politique 28 F vrier 1987 I LE COMBAT D UNE FAMILLE POUR LE RESPECT DE SES DROITS FONDAMENTAUX Voici la situation dont a t moign Ma tre Nicolas Jacob avocat au Barreau de Paris lors de son audition devant la section des Affaires sociales du Conseil conomique et social le 18 f vrier 1986 Comme il l a rappel cette situation est significative d abus de pouvoirs dont des familles en tat de pauvret extr me peuvent tre l objet sans qu elles disposent de moyens de d fense appropri s Au d but des ann es 1960 la famille W s tait install e au bout d un chemin d exploitation desservant les champs de deux propri taires 800 m tres environ au Nord du village de H Bas Rhin Leur installation comportait un grand baraquement en planches et une caravane sans roues Monsieur W exer ait la profession de vannier M et Mme W avaient eu 10 enfants n s entre 1950 et 1965 dont 6 taient encore avec eux au moment des faits Pendant pr s de 15 ans l existence de cette famille fut tol r e par le voisinage Jusqu au jour o des larcins furent imput s deux des enfants C est alors que se d chafn rent hostilit s et menaces de la part de quelques habitants Ceux ci accompagn s des gendarmes investirent le campement le 13 janvier 1974 La famille terroris e quitta pr cipitamment les lieux avec quelques ustensiles de cuisine et quelques v tements entass s
224. et avis dont une certaine proportion du million de ch meurs non indemnis s En outre parmi les personnes recens es par l I N S E E 400 000 seraient sans couverture sociale la moiti d entre elles et 370 000 assur s sociaux auraient recours l aide m dicale g n rale A M G Ainsi toute une partie de la population d pend encore durablement de l assistance elle demeure exclue d une protection fond e sur l assurance et la contribution pr alable Malgr l extension des aides au logement les plus d munis rencontrent des difficult s croissantes pour acc der au logement social ou risquent l expulsion Ils en sont alors r duits l errance aux habitations de fortune Il est extr mement difficile de d nombrer les mal log s une estimation r gionale extrapol e permet de supposer que les personnes sans abri ou en habitat de fortune seraient 200 000 400 000 en France 1 Un amendement d pos par le groupe de la C G T a t rejet au scrutin public par 112 voix contre 46 et 22 abstentions il tait ainsi r dig les mesures urgentes et n cessaires concernant les probl mes pos s par la grande pauvret ne doivent pas conduire une installation dans cette situation mais impliquent une action sur ses d terminants conomiques et sociaux Voir le r sultat de ce scrutin en annexe scrutin n 2 8 CONSEIL Les politiques globales celles qui s adressent des personnes et familles d
225. eur Debionne de Nancy e Mme Ligier Institutrice dans le 13 arrondissement de Paris le 18 mars 1986 e M Jean Labbens sociologue e M Michel Mollat historien le 15 avril 1986 INTRODUCTION Le 12 f vrier 1985 le bureau du Conseil conomique et social a demand la section des affaires sociales un rapport sur la Grande pauvret et la pr carit conomique et sociale Le bureau a motiv ainsi sa d cision La conjoncture actuelle fait appara tre au grand jour des situations de pr carit extr me On voit des individus et des familles la rue sans logement avec des ressources extr mement faibles ou m me aucune ressource contraints pour survivre la mendicit ou des exp dients plus ou moins licites ou dangereux Dans une situation conomique difficile ce ph nom ne a tendance s aggraver et les formes extr mes se multiplier notamment avec l accroissement du ch mage et ses nouvelles formes d indemnisation Malgr les mesures prises pour tenter d y rem dier les administrations les organismes de secours et les bureaux d aide sociale ne peuvent faire face toutes les demandes et encore moins aux besoins Des tudes et des propositions ont t faites par des e M Leuprecht Directeur des Droits de l homme au Conseil de l Europe e M Fragonard Directeur de la C N A F le 6 mai 1986 e M Schwint Maire de Besan on le 28 mai 1986 e M Oheix Inspecteur g
226. favoris es et de nombreuses initiatives locales portent en elles les bases de la garantie d un logement convenable que le Conseil conomique et social tait le premier demander dans un avis adopt le 25 janvier 1956 sur le logement des travailleurs faibles revenus 3 La promotion individuelle et familiale L accompagnement social tient une place pr pond rante dans la promotion des personnes en grande pauvret et la pr vention des pr carit s graves Les travailleurs sociaux sont l l ment moteur de cet accompagnement Mais la recherche de r ponses des situations d urgence entrave leur possibilit de se consacrer suffisamment leur r le de conseil d animation et de coordination Malgr les progr s certains en mati re de protection de l enfance les familles les plus d favoris es ne b n ficient pas encore de soutiens adapt s soit avant que la situation ne s aggrave et ne menace l int grit familiale soit pour viter le placement des enfants soit encore pour aider les parents dans leur volont de r assumer par eux m mes leurs responsabilit s On rel ve par ailleurs les difficult s des plus d munis b n ficier d une v ritable assistance juridique et judiciaire et de possibilit s effectives de recours 4 Les exp riences europ ennes Plusieurs pays europ ens confront s aux m mes r alit s ont mis en place des mesures du m me ordre que celles propos es ci apr s pour tenter d enra
227. ffertes Au del des obstacles financiers et institutionnels l acc s aux moyens de protection de la sant se trouve en effet entrav par une difficile adaptation entre deux mondes celui de la grande pauvret et celui des professions de sant En milieu de grande pauvret se cr ent certains compor tements vis vis de la sant Les adultes tardent g n ralement recourir la m decine Il est parfois difficile de s aliter ou d envisager un s jour l h pital pour le travailleur pr caire qui ne peut priver sa famille du gain qu il rapporte ou pour la m re qui n a personne pour la remplacer dans ses t ches malgr le d veloppement important des services de travailleuses familiales A ces obstacles s ajoute une m fiance qui conduit viter au maximum tout contact avec le monde de la sant C est ainsi que beaucoup de travailleurs cherchent chapper aux contr les m dicaux ou minimisent leurs maux car la m decine du travail peut leur interdire l emploi parfois nuisible leur sant qu ils ont enfin trouv Des m res acquiescent aux conseils de la P M I mais elles n ont pas la possibilit mat rielle de les mettre en pratique Des enfants sont absents de l cole le jour de la visite m dicale si les conditions de vie viennent tre connues les parents craignent des interventions sociales avec au bout le risque d un retrait des enfants il demeure une hantise dans la m moire des milieux paup ri
228. fois la r alisation porte sur d anciens h tels meubl s Mais trop peu d organismes H L M suivent actuellement cette voie D autres utilisent des formules de location am lioration et gestion sociale du parc ancien priv comme Nancy avec l Association d accueil et de r insertion sociale A R S ou Lille avec la commune le P A C T et A T D Quart Monde 28 F vrier 1987 Des collectivit s locales proposent des formules de ce type pour des immeubles priv s l abandon Le rapport de M P trequin pr conise que les H L M agissent de m me sur d anciens immeubles jug s trop lourds g rer par leurs propri taires F L action sociale communautaire Face au fait que les plus pauvres ont souvent besoin d un soutien social pour pouvoir assumer leur habitat et s int grer dans leur nouvel environnement certains partenaires ont mis en oeuvre des actions de d veloppement commu nautaire la Croix de Fer Cahors Caisse d allocations familiales la Cit Buffon Colombes P A C T dans le quartier de Moulins Lille service social dans les cit s de promotion familiale de Noisy le Grand 93 et d Herblay 95 A T D Quart Monde Ces cit s permettent des familles destructur es par la mis re de d marrer de nouveaux projets familiaux en s appuyant sur des solidarit s de milieu une animation communautaire et le soutien d une quipe polyvalente Elles b n ficient
229. gale de reloger ceux qui sont sans logement m me en hiver Le d faut de garantie effective du droit l habitat compromet l avenir de tout locataire d faillant et l unit m me de sa famille 1 A propos d un rajeunissement n faste celui des textes sur l insaisissabilit par Dani le Mayer Recueil Dalloz 1977 chronique p 241 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 95 D Pauvret et dislocations familiales 1 La famille pauvre en butte aux droits de ses membres Lorsqu un chef de famille se trouve depuis des ann es dans une situation de sous emploi ou de ch mage non indemnis les interlocuteurs de la famille h sitent sachant que pour le l gislateur la famille demeure essentiellement un groupe de personnes ayant chacune ses droits Faut il secourir le mari au nom de sa famille pour ne pas laisser la femme et les enfants l abandon cause de la situation irr guli re de l homme Ou faudrait il conseiller la femme de rompre l union pour que des aides sp cifiques la m re seule puissent lui tre octroy es De m me quand des enfants grandissent mal dans un foyer o leur bon d veloppement n est pas assur o est le devoir de l tat d aider au d veloppement Faut il aider l enfant ou faut il aider la famille En milieu de grande pauvret le respect de la famille d pend des qualit s attribu es aux parents par les services sociaux les autorit s administratives et judiciaires Ils sont c
230. ganiser pour les faire reconna tre abandonnant les autres des dispositifs d urgence marginalisants lorsqu ils deviennent durables Enfin une perception plus aigu de la justice et des droits fondamentaux conduit aussi privil gier les citoyens pour qui les Droits de l Homme semblent demeurer lettre morte L galit entre les hommes ne pousse t elle pas notre soci t s investir tr s largement aupr s de ceux qui ont re u le moins de protections et de chances jusqu ici 4 Plan du rapport Le rapport en cons quence comportera les parties suivantes L laboration de propositions concr tes de lutte et de pr vention contre la grande pauvret et les pr carit s s appuiera sur l analyse dans une premi re partie Situations et processus d volution des principaux moyens utilis s en France pour mesurer et pour comprendre la grande pauvret et la pr carit Nous y examinerons les diff rents types de connaissance qu ils fournissent Nous tenterons de r unir un ensemble de constats quantitatifs et qualitatifs de port e nationale r gionale ou locale permettant d tablir des estimations et appr ciations raisonnables les moyens actuellement mis en oeuvre ne permettent pas de dresser un tat de fait toujours minutieusement explor Il importera d ailleurs d identifier des situations plut t que d apposer l tiquette de pauvre des personnes Nous d gagerons les limites des connaissances ce sujet
231. gatoires que constituent le loyer les charges l eau l lectricit le gaz sans parler des cr dits pour le mobilier La saisie et l explulsion sont au bout de cette d gradation Comme pour les ressources il est difficile de r unir des donn es globales A l occasion de l ann e internationale pour le logement des sans abri 1987 l O N U dispose pour certains pays d estimations du nombre de sans abri Afin de cerner le mieux possible la situation en France nous examinerons des donn es chiffr es concernant tout d abord l acc s un logement puis le maintien dans un logement ceci partir des statistiques nationales et d enqu te de client le I L ACC S A UN LOGEMENT Dans son avis sur le logement des personnes faibles ressources adopt le 28 mai 1986 le Conseil conomique et social met clairement en vidence le lien entre faibles ressources et difficult se loger sans tre en mesure toutefois de pr senter des donn es statistiques sur le nombre global de demandeurs de logement En effet il est aussi difficile de cerner l ensemble des personnes et familles ayant besoin d un logement que de cerner l ensemble des personnes la recherche d un emploi En France le demandeur est consid r comme tel quand sa demande a pu tre officiellement retenue et enregistr e Cela suppose qu il remplisse certaines conditions et aussi qu il ait des raisons de croire que sa demande aura des suit
232. gement IL Le maintien dans un logement A Charges E D F G D F nosece R Charges de lover C Les proc dures d expulsion CHAPITRE IV Acc s la formation et au m tier L itin raire des enfants dans l enseignement DITIMOIME NS res een en ses tn T AE ETN IL L apport de la pr scolarisation seseseseseseeeena Il L itin raire des enfants dans l enseignement S CONTQTE re nn ve V Les sorties de lappareil de formation sans qualification et sans dipl me caoosnneenaeeeneane V L illettrisme ss VI Le non acc s la formation permanente V Les pr carit s cumul es dans un quartier populaire un exemple Caen I Au coeur d un quartier des situations de cumul d Dr CATU S sean EEE EER A La faiblesse et l irr gularit des ressources B L endettement des personnes interrog es IL La pauvret une mani re d tre et de vivre A Les aspects n gatifs B Les r sistantes des plus pauvres la mis re 28 F vrier 1987 40 40 40 40 40 40 41 41 41 42 43 43 44 45 45 46 47 47 47 48 48 48 48 49 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL Pages CHAPITRE VI La grande pauvret vue travers l laboration de monographies de famille sssse00000 I Le d roulement propre de l intervention adminis trative un risque dans la vie d une famille H La d couverte de l histoire des forces et des 51
233. hevalier Duchalais Espagne Gaudinat Hallot Lacroix Mord R gis Groupe des repr sentants des Fran ais de l tranger de l pargne et du logement M P tri Guasco Groupe de associations Mme Cheroutre MM Davezac Gu n e Paillou Th ry Groupe de la mutualit MM Optat Salanne Teulade Vattier Se sont abstenus 22 Groupe de la C G T F 0 Mme Adenis MM Bernard Bolut Bouchet Jenet Lalonde Lepresle Lequoy Mar ot Mertz Paris Robert Roulet Groupe des personnalit s qualifi es MM Luchaire Magaud Rosius Schmit Steg Teillac Trigano Groupe des repr sentants des Fran ais de l tranger de l pargne et du logement M Courbey Groupe des professions lib rales M Salmon SCRUTIN CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 17 N 3 Sur un amendement tendant asseoir le financement des mesures propos es sur un pr l vement sur les revenus financiers et les grands patrimoines Nombre de votants esseeeeesesresesrerssrersesreresreresreresrees 180 Ont vot POU sieis pne a arao iaee 28 Ont vot contre ss 136 Se sont abstenus Le Conseil conomique et social n a pas adopt Ont vot pour 28 Groupe de la C G T MM Alezard Bauduret Mme Brovelli MM Calvetti Causs Chollier Desmaison Le Duigou Madieu Magniadas Obadia Parrot Scat Mmes Rey Scipion M Stoquert Groupe de l Agriculture MM Chatellier Mineau Groupe des D p
234. i re devrait concerner les disciplines pr parant des responsabilit s publiques et des professions telles que l enseignement la m decine la justice la police les personnels communaux le journalisme ou encore la direction ou la repr sentation du personnel les services d orientation de l arm e B Reconna tre les plus d munis comme partenaires Le partenariat est une condition n cessaire au d velop pement de toute population mais les plus d munis n en ont pas la pratique il d pend de la volont des lus et des principaux acteurs de la vie sociale de cr er les conditions de leur participation C est dans la mesure o ceux ci prendront les moyens de les informer de recueillir leurs avis et d en tenir compte que les plus d munis pourront exercer leur citoyennet c est dire assumer leurs obligations et tre reconnus comme sujets de droit ce qui les am nerait exercer par eux m mes les responsabilit s qui leur incombent 1 La responsabilit des pouvoirs publics La population concern e rencontre de r elles difficult s pour s exprimer et s organiser aussi les Pouvoirs Publics devraient soutenir les efforts des associations qui l accompagnent pour qu elle s ins re ou se r ins re dans les circuits de tous Ils devraient le faire en simplifiant les formulaires remplir et ou en utilisant des moyens modernes pour les rendre lisibles par tous en subventionnant les actions d aid
235. i taires de leur logement 58 locataires 16 h berg es par d autres Par ailleurs 85 d entre elles d clarent n avoir aucune conomie pour faire face des d penses impr vues 49 ont d j eu recours leurs conomies 36 ont d emprunter 32 ont demand des d lais de paiement ou se sont trouv es en d couvert la banque 27 signalent avoir eu des difficult s pour se nourrir 23 signalent avoir eu des difficult s pour payer l lectricit le gaz ou le t l phone 21 ont des dettes rembourser 17 ont des traites de cr dit payer 17 sont en retard de loyer plus d un locataire sur 4 12 ont des pr ts rembourser pour leur logement la moiti de ceux qui sont propri taires 9 ont d vendre des biens 6 ont d d m nager CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 37 Enfin il faut souligner l importance des possibilit s de r insertion du ch meur sur le march du travail dimension essentielle de la s curit conomique Selon le bilan du service statistique et synth se de l UNEDIC la dur e moyenne du ch mage des ch meurs non indemnis s au 31 d cembre 1985 est valu e 346 jours et 31 7 sont au ch mage depuis plus d un an D apr s le bilan la dur e du ch mage a des liens avec un autre aspect mis en vidence qui conditionne l avenir des ch meurs non indemnis s leur qualification professio
236. i viennent d tre d finies qu a t labor l avis joint ce rapport Il se fonde essentiellement sur la n cessit d une mise en oeuvre conjointe et simultan e des interventions dans les diff rents domaines sources de pr carit s dont le cumul peut conduire la grande pauvret 28 F vrier 1987 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL ANNEXE PERSONNALIT S ENTENDUES PAR LE RAPPORTEUR EN AUDITION PRIVEE Outre des repr sentants d organismes repr sent s au Conseil conomique et social le rapporteur a rencontr diverses personnalit s En particulier Mme Marinette Girard Directeur de l Action sociale mi M Serniclay nist re des Affaires sociales et de la solidarit nationale Inspecteur g n ral des Affaires sociales charg du dossier pau vret pr carit au minist re des Affaires sociales et de la solidarit nationale M Andr Ramoff D l gu la Formation profes M Gaborit M Robineau M Colcombet M Alain Maugard M Leclainche M Mignot M Pierre Berton M Lalu M Giraud M Renaudin M Andr Chaudi res et M Jacques Perrier M Xavier Benoist M Didier Martin et Mme Josselin sionnelle minist re de l Emploi et de la Formation professionnelle Directeur de la jeunesse au mi nist re de la Jeunesse et des Sports D l gu l Inspection profession nelle des jeunes en difficult Directeur de l ducation surveill e minist re de la Jus
237. ial clat maison des associations foyer des personnes g es maison de la petite enfance biblioth ques quipements sportifs et culturels divers Nul doute que la vie associative se soit renforc e au b n fice de ceux qui taient le mieux m me d en profiter cf IT partie chapitre III Mais les familles les plus pauvres que la mis re conduit des attitudes de d sespoir ainsi qu elles avaient pu tre qualifi es au sein de la Commission nationale pour le d veloppement social des quartiers sont elles pour autant sorties de leur isolement Leurs difficult s se sont elles att nu es Leur entourage les a t il associ es la vie de quartier Le rapport P E S C E n aborde pas la question Il souligne bien que la difficult majeure demeure celle de procurer des d bouch s conomiques la population et des perspectives d insertion professionnelle et sociale aux jeunes Les missions locales s y efforcent et il cite des exemples de mobilisation pour la cr ation d emplois ainsi V nissieux et Grande Synthe Mais on ignore si les jeunes les plus d munis appartiennent au petit nombre des b n ficiaires En d finitive le D veloppement social des quartiers action globale dans des quartiers d favoris s peut contribuer rompre l exclusion des plus pauvres condition que leur int gration figure au nombre des objectifs et que soient pr vus les moyens appropri s B Le programme de
238. iatives extra scolaires Dans le cadre extra scolaire des jeunes Marseille assurent CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 87 l animation des temps libres des l ves de l cole primaire de leur quartier et aident ceux qui ont le plus de difficult s dans leur scolarit A la Seyne sur Mer ce sont des personnes du troisi me ge qui viennent assurer un soutien analogue Dans le XIVe arrondissement de Paris St Quentin Ermont Garges les Gonesses des locaux sont ouverts dans des quartiers peu favoris s des associations y d veloppent avec des parents des activit s ducatives et une reprise des apprentissages scolaires au profit d enfants ou de jeunes marqu s par l echec scolaire Des exp riences semblables sont tent es Lille avec des microordinateurs Marseille avec des moyens audiovisuels Signalons enfin un directeur de Section d ducation sp cialis e S E S qui cherche des emplois pour ses l ves aupr s d artisans de chefs d entreprises d associations Quitte garder jusqu 18 ans les jeunes l ves de sa section pour mieux les pr parer l emploi qui les attend On pourrait citer galement les biblioth ques de rue les pivots culturels les clubs du savoir du mouvement A T D Quart Monde apportant dans la rue des livres des enfants qui en ont peu leur disposition organisant animation et expression partir de l crit mettant enfants et jeunes en contact avec diverses sources de s
239. ible tous sur les sujets qu ils ont le plus coeur les tr s pauvres souhaitent que leurs pr occupations cruciales aient une juste priorit Mais ils savent qu ils ont besoin pour cela d alli s de concitoyens et aussi de sp cialistes Des associations petites ou grandes qui tiennent compte de ces r alit s peuvent aujourd hui faire tat d une partici pation authentique de personnes tr s d munies voir par exemple l Entraide ouvri re de Tours diverses associations en milieu d origine nomade plusieurs initiatives d A T D Quart Monde qui est un mouvement de rassemblement des familles tr s pauvres Cette d marche exige que les adh rents sachent donner une place des participants de faible prestige Il importe que les personnes les plus submerg es par la mis re puissent trouver d une part les moyens de s organiser d autre part une prise en compte et une d fense de leurs int r ts au sein d associations d j constitu es c La participation politique L acc s direct la participation politique n est pas facile aux plus d munis Elle exige un minimum d instruction de savoir faire et de s curit La d pendance des aides publiques l illettrisme les situations administratives embrouill es l in s curit de l habitat que peuvent conna tre les plus pauvres sont peu faits pour les conduire la vie politique Tout au plus iront ils vers les permanences dans l espoir d un soutien imm dia
240. iciaire Un r cent rapport du Conseil conomique et social 2 a d nonc les effets pervers induits par le crit re d isolement vague et difficilement contr lable Ce crit re suspend l attribution d une prestation l absence de partenaire 1 Cf Christine Colin Maternit et extr me pauvret Universit de Nancy 1980 2 Le statut matrimonial et ses cons quences juridiques fiscales et sociales avis pr sent par Mme Sullerot et adopt le 25 janvier 1984 28 F vrier 1987 L allocation parentale d ducation est accord e pendant 2 ans au parent renon ant une activit professionnelle pour l ducation de 3 enfants au moins L objectif de cette allocation est la fois de favoriser la natalit et de lib rer des emplois A partir du 1 ao t 1987 il suffira pour b n ficier de cette allocation d avoir travaill deux ans au cours des dix derni res ann es au lieu de 24 mois dans les 30 mois pr c dents Cet largissement des conditions devrait per mettre certaines femmes d favoris es d en b n ficier Certes leur nombre demeurera faible parmi les jeunes femmes en grande pr carit de ressources car beaucoup font partie des jeunes au ch mage depuis la fin de leur scolarit Aussi malgr leur assouplissement les conditions d attribution li es l exercice ant rieur d un emploi cr ent encore certaines in galit s face la maternit Plus graves sont les suppressions concomitan
241. iciles Ces zones devraient b n ficier en priorit d un soutien p dagogique et social renforc qui passe par la constitution d quipes p dagogiques A cet effet on pourrait notamment y affecter 6 enseignants pour 5 classes avoir des effectifs de classes appropri s au traitement des difficult s et aux activit s d ploy es y pr voir des structures de formation pour adultes IV Emploi formation Le Conseil conomique et social propose que puissent tre cr es dans les d partements pilotes des instances inter partenaires regroupant des repr sentants de l tat des collectivit s locales des organisations syndicales des entre prises des organismes et associations de formation int ress s afin d laborer dans un cadre contractuel des programmes de mise niveau de formation et d acc s l emploi de travailleurs tr s d favoris s sans qualification Chaque exp rimentation devrait tendre ce que tout adulte homme ou femme particuli rement d favoris et sans dipl me scolaire ni qualification puisse entreprendre une mise niveau comprenant si n cessaire un apprentissage ou r apprentissage de la lecture de l criture du calcul et devant conduire une formation professionnelle au moins du niveau du Certificat d Aptitude Professionnelle Cela n cessitera un effort d adaptation p dagogique des organismes de formation concern s qu il conviendra d ac compagner De
242. icult mais ils ne parviennent pas garantir r ellement une s curit de l habitat celles qui se trouvent en situation de grande pauvret 74 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL IL DES R ALISATIONS DE TERRAIN QUI POURRAIENT ECLAIRER LES POLITIQUES GLOBALES ET CELLES PROPRES A LA PROMOTION DES PERSONNES ET FAMILLES DEFAVORIS ES De nombreux partenaires recherchent le plus souvent en concertation de nouvelles solutions l chelle locale pour sortir des blocages institutionnels concernant le droit au logement Certains se pr occupent d am liorer l tat du parc ancien ou le fonctionnement du parc social d offrir de meilleures garanties pour acc der au logement et s y maintenir D autres cherchent cr er un habitat adapt aux demandes de certains groupes de population jusqu alors exclus des logements r pondant aux normes minimales de confort A La coordination Les plus pauvres sont tr s souvent renvoy s d un service l autre mal l aise dans les d marches ils sont d courag s par l inefficacit de celles ci et en d finitive leurs demandes ne sont pas prises en compte Ces constatations ont incit certains partenaires instituer un op rateur unique pour enregistrer les demandes appr cier les priorit s et rechercher des logements c est le cas par exemple d une association cr e dans les Alpes Maritimes entre les Centres communaux d action sociale de Cannes de Grasse et de Nice et le S
243. ieu tr s d muni et marqu e par un pass de placements successifs C est une chose d tre demandeur d un logement c en est une autre de l tre en appartenant une lign e o personne n a pu acc der au statut de locataire o tous ont t h berg s ou rel gu s dans des conditions d habitat pr caire C est une chose d tre sans ressources c en est une autre de l tre de fa on chronique C est une chose d tre scolaris c en est une autre de l tre en ne connaissant personne dans son entourage familier qui ait pu gr ce l cole parvenir am liorer sa condition C est une chose d tre sans emploi c en est une autre de l tre apr s avoir d j souffert du ch mage apr s n avoir eu d autre vie professionnelle que des t ches non reconnues des travaux mal prot g s C est une chose de subir soi m me le rejet social c en est une autre de se savoir d un groupe social qui en est affect tout entier et cela depuis longtemps Ces diff rentes caract ristiques forment la trame de la pauvret consolid e parfois transmise d une g n ration l autre Mais il faut garder en m moire que l une ou l autre de ces pr carit s d s lors qu elles vont durer risque d enclencher un processus de paup risation atteignant des couches nouvelles La mani re dont la grande pauvret est effectivement v cue compte pour beaucoup dans les fa ons d envisager des solutions Comment concevoir leur mise en u
244. ieurement par exemple pour 28 F vrier 1987 l indemnisation du ch mage Souvent notre syst me conf re des droits des individus et des familles quels que soient leurs besoins effectifs et quels que soient par ailleurs les moyens dont ils disposent pour faire face leurs charges r elles pr sentes ou pass es et pour pr parer leur avenir Si par exemple un m nage ne dispose pour vivre que des prestations familiales faute d emploi de ch mage indemnis ou de statut d invalide il ne b n ficie pas pour autant d une protection sociale am lior e Au contraire cette situation pourra compromettre son acc s un logement social et m me son acc s aux soins C est au regard de ces r flexions pr alables qu il importe d examiner Comment et dans quelle mesure les principales composantes du syst me de protection sociale atteignent les plus pauvres En quoi les exp rimentations de revenu minimum garanti contribuent orienter pour l avenir la protection sociale vers la garantie effective d une s curit de ressources aux plus pauvres Cet examen nous conduira n cessairement mettre en vidence les points faibles d un dispositif par ailleurs extr mement labor et perfectionn Nous le faisons dans le seul souci de r pondre aux nombreuses situations de grande pauvret et de pr carit voqu es tout au long de la premi re partie I LE SYST ME DE PROTECTION SOCIALE ET LES PLU
245. illes qui ne trouvent pas de logement en rapport avec leurs besoins et leurs ressources cf chapitre III de la pr sente partie L allocation au jeune enfant est diminu e de moiti si les visites pr natales et les examens de sant ne sont pas effectu s dans les d lais Or une tude portant sur une circonscription C A F 1 indique qu environ 1 3 des femmes les plus d munies dans le groupe tudi ne satisfont pas ces obligations soit parce qu elles ne les connaissent pas soit parce qu elles craignent de se voir reprocher leur grossesse voire de subir des pressions pour un avortement ou un abandon la naissance en raison de leurs conditions de vie ou encore elles sont emp ch es par d autres soucis beaucoup plus imm diats et plus graves tr s court terme menaces de saisie ou d expulsion besoin d argent Par ailleurs il faut signaler la suppression annonc e du cumul d allocations au jeune enfant lorsque plusieurs enfants y donnent droit elle p nalise directement les familles les plus pauvres chez lesquelles les naissances rapproch es sont plus fr quentes L allocation de parent isol A P I qui assure sous condition de ressources un revenu substantiel aux m res isol es 3 366 70 F en octobre 1986 pour une m re et un enfant garantit cette s curit pour un temps limit un an prolongeable jusqu au 3 anniversaire du dernier enfant et condition que persiste l isolement du b n f
246. indemnit s de ch mage suffisantes comptent parmi les principaux facteurs conduisant des hommes des femmes et des familles vivre sans suffisamment de ressources voire sans ressources du tout Des ressources faibles et irr guli res r v lent la pr carit conomique Elles ne suffisent pas elles seules caract riser la grande pauvret telle que nous l avons d finie comme un cumul persistant de pr carit s compromettant toutes les chances de reconqu rir ses droits et de r assumer ses responsabilit s par soi m me dans un avenir pr visible mais elles en constituent un l ment CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 33 d terminant Deux approches en termes de ressources sont possibles L une d nombre ceux qui subissent un cart plus ou moins notoire de niveau de vie par rapport la soci t qui les entoure On parle alors d in galit s plus que de grande pauvret L autre approche consiste tenter de d nombrer ceux dont le revenu est tellement faible qu il compromet leur existence physique On parle alors d une pauvret absolue Mais la d finition de celle ci n cessiterait une d finition pr alable d un minimum vital Les statistiques qui suivent adoptent une position moins radicale Ont t retenus parmi les plus r cents travaux statistiques disponibles ceux qui semblent les plus repr sentatifs Nous ferons quelques remarques sur la nature des instruments de connaissance mis en uvre Nou
247. indre de mettre en p ril une s curit tr s fragile construite au sein des circuits de survie Au terme de ce tour d horizon nous pouvons constater que tout individu n est pas garanti contre les risques susceptibles de r duire ou supprimer sa capacit de gain La r f rence au statut social et professionnel ant rieur aboutit exclure des revenus de substitution les personnes se trouvant d j en situation de grande pauvret Par ailleurs les allocations fournies sont rarement assorties d un plancher Leur montant ni leur dur e ne peuvent repr senter une s curit long terme pour ceux qui d j auparavant se trouvaient en situation pr caire B La s curit de ressources familiales Aux allocations familiales proprement dites mises en place d s la fin de la seconde guerre mondiale pour garantir la subsistance de toute famille en toutes circonstances se sont 28 F vrier 1987 ajout es au fil des ann es un certain nombre de prestations pour des situations particuli res Les ann es 1970 ont t marqu es par la cr ation de nouvelles allocations sous condition de ressources par la suppression de la condition d activit du chef de famille par une volont de simplification administrative dans la gestion des prestations Le Rapport sur La politique familiale globale pr sent par M Burnel devant le Conseil conomique et social en 1981 contient un historique d taill de l volution des prestations f
248. initiative d une telle d marche De plus les conseils donn s ne sont pas toujours praticables dans les conditions de vie que connaissent les familles les plus pauvres Et la plupart risquent de ne pas y donner suite 2 L ducation pour la sant Comme l a montr M Levy dans un rapport au Conseil conomique et social 1 l ducation sanitaire dispens e dans le cadre de l cole et de la formation professionnelle atteint moins ceux qui b n ficient peu de l enseignement Les travailleurs en situation pr caire sont moins touch s par l information sur l hygi ne et la s curit faite sur les lieux de travail 1 L ducation pour la sant Juin 1982 Les campagnes de sensibilisation sont formul es dans un ECONOMIQUE ET SOCIAL 77 langage convenant aux cat gories moyennes de la population De plus elles abordent peu les probl mes quotidiens v cus en situation de grande pauvret Enfin les quipements de sports et de vacances sont peu fr quent s par les personnes de milieu d favoris Pourtant l acc s au repos et aux loisirs est d autant plus indispensable aux personnes et aux familles en grande pauvret que leurs conditions de vie voire de survie les soucis et les tensions ne leur accordent aucun r pit C Une difficile adaptation mutuelle Dans les dispositifs qui viennent d tre voqu s ce sont souvent les int ress s qui apparaissent comme ne sachant pas tirer parti des chances qui leur sont o
249. institutions II LA R ALIT DE L ACCOMPAGNEMENT SOCIAL DES PLUS PAUVRES DANS CERTAINES INSTITUTIONS SP CIFIQUES Nous allons examiner successivement trois institutions auxquelles les populations en grande pauvret ont presque constamment affaire la tutelle aux prestations sociales la protection de l enfance les interventions aupr s de la jeunesse A La tutelle aux prestations sociales concernant la famille Cette mesure judiciaire prononc e par le juge des enfants et confiant un tuteur la gestion des prestations que re oit une famille est relativement fr quente dans les situations de grande pr carit Cr e pour garantir l utilisation des prestations familiales dans l int r t des enfants cette tutelle a aussi pour objectif reconnu l ducation la gestion d un budget Elle est de plus en plus souvent prononc e lorsqu une famille a des dettes notamment des dettes de loyer Elle est parfois m me exig e comme garantie pour pr venir l endettement par certains organismes pr alablement l attribution d un logement social En 1983 le nombre de familles en tutelle tait de 23 175 soit une progression de 9 8 en un an ce qui constitue la plus forte augmentation annuelle de ces dix derni res ann es Les familles en tutelle repr sentent 0 47 de la population allocataire et 1 49 des familles du r gime 28 F vrier 1987 g n ral ayant trois enfants et plus 1 Une enqu te
250. ique de Paris LNS EE concluait ainsi un article r capitulant les enqu tes disponibles sur la pauvret en France Bloc notes mai 1985 On ne peut approcher la pauvret qu en utilisant divers indicateurs Les indicateurs de type mon taire salaires revenus pris isol ment sont vivement contest s mais crois s avec d autres indicateurs logement emploi sant ils donnent une id e pr cise des caract ristiques des familles touch es par un cumul de facteurs de pauvret Rares cependant sont encore les informations statistiques reprenant plusieurs dimensions la fois comme le souhaite l I N S E E et situant la pauvret dans le temps et dans un contexte conjoncturel comme le sugg re Louis Join Lambert 28 F vrier 1987 Toutefois l approche statistique multidimensionnelle de la pauvret a d j t tent e notamment dans une enqu te faite en 1976 1978 par l Observatoire r gional Champagne Ardennes de l IN S E E Reims Les familles pauvres d une ville moyenne par Mich le Debonneuil conomie et statistique n 105 novembre 1978 L Observatoire cono mique de Paris d j cit r sume ainsi cette enqu te qui actuellement demeure toujours une r f rence Son origi nalit r side dans l utilisation de diff rents fichiers adminis tratifs ceux des caisses d allocations familiales ont permis d identifier les familles r moises ayant un revenu avant prestations inf rieur au S M I C
251. irent deux fois plus de b n fice scolaire de leur passage l cole maternelle que les enfants de cadres sup rieurs 22 au lieu de 11 Ainsi l effet positif de la pr scolarisation semble tre relativement plus important chez les enfants provenant des classes moyennes 1 N 82 09 14 mars 1982 28 F vrier 1987 Mais la performance scolaire des enfants d employ s apr s 3 ans d cole maternelle 61 de non redoublement en primaire rejoint peine celle des enfants de cadres moyens n ayant jamais t pr scolaris s 63 de non redoublement en primaire Pour les enfants des milieux les plus ais s m me s ils ne fr quentaient pas l cole maternelle ils parviendraient encore majoritairement de meilleurs r sultats scolaires que les autres enfants pr scolaris s Les apports de leur milieu d origine repr sentent apparemment un acquis plus important que ceux offerts par la maternelle des enfants moins favoris s En ce sens le poids du milieu familial demeure d terminant pour les chances de tirer parti des apprentissages scolaires HI L ITIN RAIRE DES ENFANTS DANS L ENSEIGNEMENT SECONDAIRE Dans l enseignement secondaire les in galit s de la r ussite scolaire semblent s accentuer plus encore Voici maintenant les r sultats du suivi d un panel d l ves de tous milieux entr s en 6 en 1980 1 Leur situation 4 ans plus tard en 1983 1984 se pr sente ainsi 88 5 des l ves gardent en
252. is s le maintien dans leur logement des personnes en danger d expulsion r sorption d arri r s de loyer mise en place de fonds de garantie l aide alimentaire la coordination par une instance mise en place dans chaque d partement CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 83 La lettre de Matignon 1 du 15 avril 1985 estime que dans le premier hiver ce programme a secouru environ un million de personnes En ao t 1985 la direction de l action sociale met en avant la souplesse de ce dispositif qui a permis de s adapter aux besoins locaux Mais elle pr conise de mettre l accent sur des actions plus structurelles permettant une v ritable r insertion par une intensification des actions en faveur du logement par le d veloppement de mesures de r insertion par l conomie travaux d utilit collective travaux d int r t g n ral Le bilan dress en juin 1985 par l Union nationale des institutions et oeuvres priv es sanitaires et sociales U N LO P S S va dans le m me sens Selon l U N I O P S S des plans d urgence de ce type manifestent la n cessit de plans plus long terme Par exemple donner un toit pour quelques nuits ceux qui n en ont pas mais aussi leur permettre de disposer d un v ritable domicile pour faire valoir leurs droits h berger en urgence des personnes isol es et des familles mais aussi r viser les m canismes d attribution des logements l
253. is et du sol le froid de l hiver la chaleur et la poussi re touffantes de l t le manque d eau et de lumi re a aussi mis au monde 12 enfants Deux sont morts en bas ge Des 10 autres 9 seront plac s pour des p riodes g n ralement assez longues souvent d s l ge scolaire et jusqu 18 ans 1 Monographie tir e de l ouvrage Comme l oiseau sur la branche histoire des familles dans la grande pauvret en Normandie d Alwine De Vos Van Steenwijk Editions Science et Service Quart Monde 1986 52 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL Les services sociaux d cident de la mesure en raison de l tat des logements successifs mais aussi parce que les parents n ont pratiquement pas d instruction scolaire On vous place votre Beno t pour qu il ne devienne pas un voyou d clare t on la m re Comme a ils sont tous partis les uns apr s les autres nous dira t elle plus tard M Hornaing pers v rant avait pourtant r ussi 24 ans obtenir enfin un C A P de ma on au terme d une formation sur le tas Mais cela n a pas influ sur sa carri re professionnelle M Hornaing continue faire un peu tout comme t cheron dans le b timent puis au port de Caen Un de ses fils qui lui vers 1980 ne trouvera plus d emploi du tout dira de lui non sans fiert Mon p re il a appris ma on mais il a fait de tout Il trouvait de petites corv es des camions d charger Il a travaill au
254. itent penser que la pr scolarisation a globalement un effet favorable sur la capacit de suivre l enseignement primaire En moyenne cet effet augmente avec la dur e de la pr scolarisation Ainsi le fait d avoir t pr scolaris pendant 3 ans en cole maternelle va de pair avec une augmentation des chances de r ussite de 38 61 par rapport aux enfants non pr scolaris s Mais y a t il toujours une relation directe de cause effet Les parents d sireux de mettre leurs enfants en maternelle et en tat de le faire sont le plus souvent des parents de milieux o on a t sensibilis aux besoins de la petite enfance Et m me si les deux parents travaillent ils parviennent dans ces milieux fournir des l ments mat riels et culturels favorisant un bon d velop pement des tout petits Aussi faudrait il en savoir plus sur les foyers dont les enfants sont pr scolaris s pour mesurer le b n fice directement apport par la maternelle Il faudrait surtout mesurer la diff rence des r ussites scolaires entre enfants pr scolaris s et non pr scolaris s de foyers strictement comparables Ce sont l des l ments qui manquent encore mis part quelques investigations chelle trop r duite pour tre significatives La question des apports relatifs de la maternelle et du milieu familial et social se pose d autant plus que la note d information pr cit e apporte d autres l ments Les enfants d employ s t
255. ivers besoins sociaux qu il faut assurer Ce n est qu ainsi que notre pays sortira de la crise et du m me coup sera r duite et supprim e la pauvret la grande et la moins grande Les mesures gouvernementales organisent et aggravent l ins curit sociale et le moins que l on puisse dire ce n est pas gratuit pour les assur s les familles les retrait s et handicap s L absence de condamnation d une telle situation va de pair avec le refus constat d inclure dans le projet d avis le volet financement des mesures tout en prenant dans les bonnes poches De ce fait la cr dibilit des propositions est fortement att nu e A propos de l norme g chis que repr sentent les surplus alimentaires dans la C E E dus essentiellement sous consommation et les 158 milliards de francs d pens s pendant un an pour leur stockage nous regrettons que ne soit pas demand de mettre fin une telle aberration et r clam la permanence de leur attribution tous ceux qui ont faim qui sont mal nourris Il faut faire vite avant que d autres sommes aussi folles soient d pens es pour les d truire parce que p rim es 28 F vrier 1987 Groupe de la C G T F O La fin du 20 si cle est marqu e par un accroissement important des in galit s sociales et conomiques entre pays industrialis s et pays dits moins avanc s et au sein des pays d velopp s eux m mes entre les diff rentes classes sociales L ali nation d une pa
256. jectifs du IX Plana Mais les r ponses actuelles en termes de d veloppement atteignent principalement ceux qui ont d j les moyens de s en saisir C est pourquoi des travailleurs sociaux ont d ploy efforts imagination et acharnement pour que les mesures structurelles par leur interm diaire commencent enfin servir aux plus d munis CONCLUSION INITIATIVES DES TRAVAILLEURS SOCIAUX AVEC LES PLUS PAUVRES L action sociale nous l avons vu a ses limites Mais ce sont des limites que les travailleurs sociaux premiers t moins de la grande pauvret ne cessent de repousser Mme Marie Th r se Reynaud a donn de cela des exemples choisis parmi les plus r cents audition devant la section des Affaires sociales le 18 f vrier 1986 significatifs de bien d autres innovations n es du terrain Dans une op ration de r novation de quartier les familles les plus pauvres soutenues par les travailleurs sociaux ont obtenu que soit prise en compte de fa on 1 Publi e par les services d information du Premier ministre 81 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL prioritaire leur demande explicite en l occurrence le chan gement de leurs bo tes aux lettres Le fait que cette requ te ait t agr e par les autorit s a permis par la suite un processus de participation de la part de ces habitants qui ont eu le sentiment que l on prenait au s rieux leurs desiderata Une action d apprentissage de la lecture pour un grou
257. jourd hui 1 La contribution de l tat au F N A L et l A P L tait en 1986 de 14 400 millions de francs des d penses tr s importantes 28 F vrier 1987 Une premi re restriction du dispositif a t op r e par la cr ation en 1985 d une aide la r habilitation n ouvrant pas droit au conventionnement A P L Dans le cadre de leur champ d application qui n atteint pas toutes les personnes et familles qui en auraient le plus besoin les aides la personne sont adapt es aux situations qu elles prennent en compte 3 Le souci d am liorer le logement des plus d munis a conduit entreprendre la r habilitation ouvrant droit l A P L de beaucoup de cit s d urgence ou de transit cit s Programme social de relogement P S R Programme loyer r duit P L R et Programme de r sorption de l habitat insalubre P R I D autres sont reconverties en centres d h bergement D autres encore sont d truites La plupart des habitants sont relog s dans des H L M anciennes aux loyers faibles Pour certains le relogement a lieu dans des conditions de surpeuplement car les enfants majeurs cens s pourvoir leur propre relogement ne sont pas comptabilis s avec les autres membres de la famille Enfin quelques uns n acceptent pas le logement propos trop cher ou ne satisfaisant pas leur demande trop loign du lieu de travail ou du reste de la famille d autres ne se voient offrir aucune pro
258. juxtapos s selon les r gions Nous pouvons attribuer chacun d eux un temps fort o ils ont domin dans les attitudes et l organisation des communaut s A La f odalit protection des pauvres par le seigneur et l Eglise Du Haut moyen ge aux approches de la Renaissance existait une vaste population pauvre mais g n ralement laborieuse fortement int gr e dans les structures f odales Reconnue plus ou moins libre plus ou moins asservie selon le droit coutumier des r gions elle tait rigoureusement astreinte des travaux et redevances vis vis du seigneur En retour la coutume imposait celui ci un devoir de prot ger ces travailleurs manants cottagers bordiers serfs contre l indigence la faim et les invasions guerri res Dans ce lien de d pendance protection il est question de devoirs r ciproques mais la population pauvre essen tiellement rurale ne peut pas faire valoir un droit en cas de d faillance du seigneur Elle ne pourra pas non plus s opposer quand aux exigences du seigneur proche viendront se joindre les impositions souvent abusives d un suzerain plus lointain taille taxes sur des denr es indispensables comme la gabelle Dans cet ordre f odal X au XIT si cle les plus pauvres laborieux ou mis rables ont pu conna tre une sorte de statut ou plut t de condition leur conf rant une place Tr s t t pour sa part l glise parle du droit des pauvres sur ses propr
259. l ceux qui ont le moins d atouts pour pr tendre aux possibilit s d embauche et de formation La complexit du syst me est d favorable ceux qui disposent moins que d autres des informations et des relations n cessaires pour saisir toutes les opportunit s d ouverture des droits Les d lais d attente de plusieurs mois pour la r vision p riodique des droits obligent les allocataires les plus pauvres qu mander des secours pour pouvoir subsister en attendant C est la conception m me d un revenu de substitution en p riode de ch mage qui est ici en cause Ne fait il pas d faut l o il serait le plus n cessaire Ob it il suffisamment l ambition d assurer la promotion des int ress s Ne contribue t il pas dans les conditions actuelles p renniser voire aggraver l in galit face l emploi En effet en ces temps de mutation la r insertion au travail surtout pour les moins qualifi s suppose qu ils puissent acc der une authentique formation professionnelle des m tiers d avenir Parmi les conditions d une telle formation que nous examinerons plus loin il est d j possible de mentionner ici la n cessit d un minimum de s curit conomique 11 est indispensable pour qu un tra vailleur sans qualification puisse consacrer du temps une formation et croire sa r ussite possible Il est aussi simplement indispensable pour qu un travailleur tr s d muni puisse chercher un emploi sans cra
260. l avenir professionnel de ces populations le taux de croissance la conjoncture internationale la r vision des charges des entreprises l am nagement du temps de travail la politique salariale ont des effets certains sur les offres et les demandes en mati re d emploi et de formation Mais le ch mage a pris une telle ampleur au sein des populations qualifi es que le probl me de l insertion de celles ci tend occulter l urgence du droit au travail et une formation pour ceux qui se trouvent tre la fois les moins qualifi s et les plus touch s A cet gard nous citons comme r f rence le Livre Blanc sur la Pauvret r alis par le Comit conomique et social de la r gion Midi Pyr n es Ce document r unit notamment de tr s nombreuses donn es statistiques sur le ch mage des plus d munis Les instances dirigeantes du pays ont pris conscience que le ch mage ne frappe pas de la m me mani re tous les niveaux socio professionnels Pas plus que les politiques de formation et d emploi ne profitent de la m me mani re tous Il appara t en effet que les mesures globales en faveur de l emploi ne profitent que tr s peu aux cat gories les plus d favoris es Il y a en particulier une s lection l entr e dans les stages de formation Pour rem dier cet tat de fait des actions ont t entreprises au niveau local et national pour atteindre plus pr cis ment les populations b n ficiant moi
261. l information notamment travers les media de l ensemble de la population et en particulier de la jeunesse sur la nature et l ampleur des situations de pr carit et de grande pauvret et sur les m canismes qui y conduisent afin de mobiliser plus largement leur gard les connaissances et savoir faire ainsi que les capacit s de solidarit s 7 Vers une coop ration int rieure CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 9 Pour se former aux solidarit s le Conseil propose galement au sein du service national de donner la possibilit aux jeunes qui le d sirent d tre affect s aupr s d organismes publics ou d associations qui mettent en oeuvre des actions d entraide et de formation en collaboration avec les populations en tr s grande difficult Il conviendrait de veiller ce que ces affectations ne portent pas pr judice des travailleurs salari s notamment ceux du secteur social 2 Sensibiliser la compr hension de la vie des plus d favoris s Il s agirait de permettre aux l ves d s l cole primaire et aux tudiants d apprendre mieux conna tre les r alit s de la pauvret travers l ducation aux droits de l homme et d acqu rir une aptitude au dialogue et l action avec les plus d munis A cet gard les initiatives locales de partage des savoirs et des savoir faire m ritent d tre encourag es Pour susciter de telles actions le recours aux m dia est indispensable Une sensibilisation particul
262. l op ration Une des conditions de r ussite est d arriver coordonner au plan local l action des diff rents partenaires publics et priv s et d aboutir une coordination des financements sociaux Il ne s agit que d un pr alable des financements compl mentaires sont n cessaires qui pour une cause nationale et cette ampleur ne peuvent provenir que de la solidarit nationale c est a dire la fiscalit Refuser cet effort de solidarit qui reste la mesure de nos possibilit s reviendrait admettre la perspective d une soci t duale qui accepterait la marginalisation et l exclusion des plus faibles La Mutualit insiste galement sur l urgence de r soudre la situation du demi million de personnes d pourvues de toute couverture sociale pr s de 10 ans apr s la loi portant g n ralisation de la S curit sociale Assouplir les conditions d ouverture des droits faciliter l acc s une assurance personnelle les solutions sont multiples pour viter les situations de d tresse inadmissibles dans une soci t moderne r v l es par quelques actions r centes men es l initiative de m decins soutenus par la Mutualit fran aise Groupe des professions lib rales Le groupe des professions lib rales approuve l orientation g n rale de l avis sur la grande pauvret et la pr carit conomique et sociale Il adh re la fois la n cessit d une aproche globale des situations de grande pauvret et la
263. la r putation justifi e d tre nerveux et paresseux Mme Rouillard est assez dolente et de plus tr s fatigu e par ses grossesses r p t es Elle ne fut jamais tr s comp tente en ce qui concerne l organisation m nag re et petit petit l int rieur de la maison est devenu un v ritable taudis La famille Rouillard tait aussi accus e de menus larcins vol de r colte pour nourrir les lapins vol d une barque de p che vol de mobylette Les enfants sont accus s de chaparder et de braconner A l cole ils sont trait s de paresseux d insolents d instables de perturbateurs Deux vont tre suivis par le service d observation en milieu ouvert les autres plac s au foyer d partemental de l enfance pour r pondre aux besoins imm diats des enfants et compte tenu de l urgence de la situation Or remarque J P Nicolas isoler un enfant d un ensemble le consid rer comme un cas social l examiner sous l angle de ses troubles individuels au niveau de sa sant de son volution psychologique ne peut conduire qu des impasses Plac s les enfants perdent leur identit faite des brics bracs des odeurs sp cifiques des voix qui s entrechoquent qui la constituent et les livrent au vide M me si les familles d accueil sont parfaitement et ad quatement choisies l identit de chacun et de tous se trouve boulevers e d chir e meurtrie Par la juxtaposition de ces deux r cits l a
264. la Seine Saint Denis l Ordre des Avocats a pris l initiative d avancer aux avocats le paiement des Commissions d Office Ce simple geste a pu am liorer la disponibilit des avocats requis Une personne qui a un avocat par l Aide Judiciaire ou la Commission d Office peut demander au B tonnier d en changer s il ne lui donne pas satisfaction Dans le cadre de l Aide judiciaire le b n ficiaire peut choisir librement son d fenseur art 11 de la loi du 31 d cembre 1982 parmi les avocats inscrits au Barreau du Tribunal concern ceci n est pas encore possible en mati re p nale dans le cadre de la commission d office Peu peu les justiciables les moins fortun s acqui rent une libert encore relative du choix de leur avocat B La participation a La vie associative une libert ou une n cessit Nous avons vu tout au long de cette seconde partie que bon nombre de situations de grande pauvret ou de pr carit ne sont pas couvertes par la loi Si la loi s av re mal adapt e une cat gorie de population la question est de savoir dans quelle mesure celle ci a pu intervenir dans son laboration La d mocratie fran aise a le souci de prendre en compte par des mesures l gislatives grand nombre de pr carit s A travers ce qui se passe dans ses institutions mais surtout travers ce qui s exprime par la vie associative et syndicale elle demeure attentive aux besoins nouveaux aux pr carit s non encor
265. la scolarit obligatoire sans qualification sans dipl me e leur plus grande exposition au ch mage de longue dur e ou non indemnis gravit renforc e quand ils sont charg s de famille ele d veloppement d initiatives locales de la part de partenaires sociaux les plus divers pour exp rimenter de nouvelles formes de travail et de qualification plus adapt es la demande de cette population et ses capacit s de participation Le droit un travail est rendu difficile pour les travailleurs les moins qualifi s Or toute personne valide et en ge de travailler mais n ayant aucun dipl me scolaire ni aucune qualification professionnelle devrait pouvoir entreprendre une formation de mise niveau pouvant conduire une qualification professionnelle et d boucher sur une activit stable au moins temps partiel ceci est d autant plus important lorsque l int ress est au ch mage de longue dur e ou s il est ch meur charg de famille M me si cet objectif demandera du temps pour tre r alis il est essentiel de le maintenir si nous ne voulons pas que s installe une soci t duale d j inscrite dans les r alit s de nos jours et dans laquelle les travailleurs les moins qualifi s sont mis l cart Dans l imm diat pour tendre vers cet objectif des dispositions devraient tre exp riment es afin e de mieux savoir valuer l ampleur et la nature des besoins de formation et d emploi le nombre des i
266. lation demeurant ainsi exclue du logement il y a une autre part de population qui ne parvient pas assumer les charges d un logement et s y maintenir Les premi res charges ne pouvant tre couvertes sont g n ralement le gaz et l lectricit puis le loyer Nous savons les proc dures de coupure puis d expulsion qui s en suivent sans oublier les frais parfois lev s provoqu s par les expulsions A Charges E D F G D F Bien qu aucune exploitation des informations relatives aux coupures d lectricit et de gaz ne soit disponible on constate que le nombre de clients n ayant pu r gler leur facture de gaz ou d lectricit s est consid rablement accru ces derni res ann es Ainsi titre indicatif le nombre de coupures effectives s levait Rouen 1 155 soit 0 35 des clients en 1984 contre 528 en 1983 soit une augmentation de 119 en un an Saint Nazaire 1 600 en 1984 1 45 des clients Ajoutons que si la majorit des coupures de courant sont d une dur e relativement courte pour les plus pauvres elles peuvent se prolonger pendant des mois et dans certains cas pendant plusieurs ann es Toutefois dans ce domaine comme dans celui des expulsions des mesures ont t prises dans le cadre du plan d urgence mis en oeuvre durant l hiver 1984 1985 et reconduit en 1985 1986 pour renforcer l action men e sur le terrain par les instances locales et les associations Mais toutes les
267. le de plus en plus indispensable pour entrer dans le monde du travail Comme le remarque la synth se de la Consultation R flexion nationale sur l cole lanc e en 1983 par le minist re de l ducation nationale Moins de la moiti des l ves obtenaient le certificat d tudes au d but des ann es 1930 mais ceux qui ne l obtenaient pas n en atteignaient pas moins une insertion professionnelle et sociale r elle Aujourd hui des acquisitions scolaires gravement insuffisantes 11 ou 12 ans menacent terme de ne pas trouver d emploi et d tre ou de se sentir mis de c t par la soci t Au regard de la situation scolaire des enfants d favoris s nous essayerons de discerner les raisons du malentendu qui subsiste entre l cole et ces enfants Nous examinerons ensuite les orientations actuelles de l cole ainsi que les exp riences et tentatives travers lesquelles elle cherche aujourd hui des r ponses appropri es I LES ENFANTS ET LES JEUNES EN GRANDE PAUVRET DEVANT L COLE Les enfants en grande pauvret ou menac s par elle posent une r elle question l cole o ils trouvent un monde qui leur est largement tranger un langage et des codes qui ne sont pas les leurs Ils ont souvent grandi dans un milieu o leurs propres parents mais aussi les voisins sont peu familiers du langage crit de la lecture Les livres ne sont que rarement source de d couvertes Certains enfants arrivent
268. le montant des d penses qu elles occasionnent selon le personnel qui y est engag selon le nombre de personnes concern es selon aussi leur volution dans le temps Quelles indications sur la grande pauvret et les pr carit s peut on d j tirer de ces donn es Exemples d informations sur des populations aid es En juin 1985 le service des statistiques des tudes et des syst mes d information S E S I du minist re des Affaires sociales a livr des statistiques et des estimations sur le nombre des b n ficiaires de l aide sociale Le S E S I a estim que les interventions au titre de l aide sociale apport e des personnes dont les ressources sont insuffisantes pour disposer de moyens convenables d existence ou pour couvrir les frais caus s par leur tat de sant ont concern principalement au 31 d cembre 1983 pour la France enti re plus d un million de malades environ 450 000 enfants 180 000 pris en charge physiquement et 270 000 secourus financi rement environ 340 000 personnes g es pr s de 160 000 domicile et plus de 180 000 en h bergement environ 301 000 personnes handicap es 175 000 domicile et 126 000 en h bergement environ 110 000 familles en difficult L aide sociale s adresse t elle prioritairement aux plus d munis Les informations recueillies fournissent seulement le relev des situations ayant b n fici d une aide durant l an
269. le revenu l habitat la sant l cole l acc s au m tier et l emploi A cet gard dans les d partements et territoires d outre mer on doit constater que la connaissance statistique est encore plus imparfaite qu en m tropole 2 Les connaissances qualitatives Les tudes qualitatives font appara tre des encha nements et cumuls de pr carit s dans l existence des int ress s Une pr carit ne d termine pas elle seule une situation de grande pauvret pas plus que ne peut tre identifi e une pr carit premi re qui entra nerait toutes les autres L cla tement constat des solidarit s familiales l mentaires li au d veloppement de la mobilit et de l urbanisation a jou cet gard un r le dans le glissement de personnes en situation de pr carit vers la grande pauvret Par ailleurs la tendance g n rale l l vation du niveau de qualification requis contribue ce glissement pour les travailleurs les moins qualifi s notamment ceux qui souffrent de handicaps physiques ou mentaux L effet des pr carit s semble tr s largement d pendre du niveau socio conomique des r serves financi res du niveau culturel d instruction et de qualification professionnelle des moyens de participation associative syndicale et politique des personnes concern es Des monographies de quartier ou de famille r v lent tout un milieu social vivant dans la grande pauvret avec souvent une transmission
270. les familles qui b n ficient d une mutuelle travers les activit s salari es d un des parents Or il repr sente 25 pour les soins de 30 60 pour les m dicaments Les appareillages dentaires ou auditifs et les lunettes sont mal rembours s et beaucoup d assur s sociaux aux revenus modestes ne peuvent pas y recourir Le forfait hospitalier est de 25 F par jour en 1987 r clam pour les frais d h bergement l h pital A moins d en obtenir la prise en charge par l aide m dicale il repr sente souvent pour les plus d munis une somme bien sup rieure ce qu ils d pensent chez eux pour vivre alors qu ils continuent payer leurs charges fixes durant leur p riode d hospitalisation 2 Aide m dicale Toute personne peut en principe recourir l aide m dicale si elle peut faire la preuve d un besoin de soins et d une insuffisance de ressources Mais les conditions d obtention sont plus restrictives et les risques couverts plus limit s que pour l assurance maladie L aide m dicale est individuelle elle doit tre demand e pour chaque personne de la famille et pour chaque maladie elle est soumise l approbation d une commission et attribu e sous v rification des ressources familiales avec recours l obligation alimentaire elle est r duite aux soins jug s indispensables ce qui exclut les actes pr ventifs et les bilans de sant Les d lais d obtention peuvent parfois tre longs il arrive m me
271. les pour subvenir aux besoins de leurs familles La plupart des parents ont dit combien ils souhaitaient que leurs enfants r ussissent mieux l cole pour envisager un avenir diff rent de ce qu ils ont eux m mes connu 28 F vrier 1987 B L endettement des personnes interrog es 50 des m nages ont des dettes de loyer 19 des m nages ont t menac s d expulsion en 1984 et si l on consid re seulement les familles dont les allocations familiales constituent la ressource principale ce pourcentage de m nages menac s d expulsion s l ve 40 25 des m nages ont des dettes d eau 23 des m nages ont des dettes de gaz et d lectricit Ont eu l lectricit coup e en 1984 20 des m nages et 41 des familles ayant les allocations familiales comme ressources principales Ont eu le gaz coup en 1984 9 des m nages et 20 des familles ayant les allocations familiales comme ressources principales 30 des m nages ont des dettes cumul es loyer eau E G F 38 des m nages ont des cr dits payer Ont t menac s de saisies en 1984 30 des m nages et 58 des familles ayant les allocations familiales comme ressources principales II LA PAUVRET UNE MANI RE D TRE ET DE VIVRE Dans ces conditions et ce climat comment s organise la vie quotidienne pour faire face cette ins curit conomique particuli rement da
272. leur viterait de faire des b tises D une fa on plus g n rale une telle monographie sert la connaissance comme l action pour plusieurs raisons Elle retrace une histoire remontant l existence des parents et des grands parents et parfois encore plus loin Elle permet de voir vivre et penser les membres d une famille dans l histoire pr sente Comment les pr carit s s encha nent elles dans leur existence et surtout qu en pensent ils quel est leur sentiment et leur analyse des r alit s qu ils vivent Nous identifions leurs espoirs leurs r sistances les projets qu ils voudraient r aliser m me s ils n y arrivent pas Ainsi appara t dans le temps l volution du monde qui les entoure les liens de solidarit qui se resserrent ou se distendent C est pr cis ment sur ces relations et solidarit s dont b n ficie une famille que s amorcent des changements en profondeur La monographie de familles ou de personnes fournit des l ments qualitatifs que l outil statistique ne peut permettre de saisir R alis e avec le concours des int ress s elle constitue un levier de promotion irrempla able Elle peut aussi devenir significative si elle est extraite comme celle de Mme Hornaing d un ensemble d autres monographies r alis es avec la m me rigueur Mais elle ne peut elle seule servir d cider de l action mener avec une famille pas plus qu elle ne peut fournir une explication globale de la g
273. leur r sidence Il arrive qu en raison de l insuffisance de leurs moyens des parents ne puissent m me pas se rendre aupr s d enfants plac s au loin Les situations de grande pauvret nous alertent sur une r alit longtemps ignor e qui vaut pourtant pour tous les citoyens Il s agit des conditions qui doivent tre assur es pour que les droits civils et politiques demeurent accessibles Il ne suffit nullement qu un Etat s abstienne de toute intervention pour que tous les citoyens soient libres de penser de s associer de se d placer de participer particu li rement lorsque une quelconque pr carit conomique sociale ou culturelle survient dans leur existence A ce propos les familles en grande pauvret de notre pays apportent un clairage susceptible de faire singuli rement progresser dans la compr hension de l interd pendance des droits de l Homme L non plus il ne peut plus s agir d une approche cloisonn e en termes de besoins il importe de consid rer tout l homme Nous voudrions dans ce chapitre d velopper cette question en pr sentant tout d abord les violations de droits fondamentaux subies par une famille nous examinerons ensuite partir du droit la famille comment les r glementations et les pratiques peuvent aboutir ce que pour les plus pauvres un droit devienne parfois lettre morte enfin nous conclurons sur la n cessit et les conditions de l acc s des plus pauvres au recours
274. lle ou totale Elle est mieux assur e sans garantir pour autant une protection suffisante tous Si l incapacit est provoqu e par un accident du travail ou par une maladie professionnelle elle donne lieu une rente calcul e selon le taux d incapacit et le montant du salaire ant rieur Elle peut galer le salaire en cas d incapacit totale Cette protection tend b n ficier davantage aux travailleurs appartenant aux branches d activit s bien orga nis es o le combat pour la reconnaissance de ces maladies et pour l application des mesures d hygi ne et de s curit a pu tre entrepris et men son terme Mais des travailleurs peuvent tre expos s en permanence des risques graves pour leur sant manations toxiques absence d quipements de s curit par exemple sans avoir les moyens de fournir la preuve du pr judice subi Ils peuvent avoir encouru ces risques dans de multiples emplois g n ralement malsains et dangereux qu ils ont d quitter successivement au bout de quelques temps lls en viennent conna tre de fait un tat d incapacit qui rel ve d une pension d invalidit gale 30 du salaire ant rieur s ils sont jug s encore capables d exercer une activit 50 si leur incapacit est reconnue totale Mais l attribution d une telle pension est encore soumise des exigences d activit ant rieure suffisante dans un statut d assur social A d faut des d marches peuvent tre e
275. lleurs de faibles revenus Le droit un logement convenable qui r ponde aux n cessit s de la vie familiale et tienne compte des progr s techniques doit tre consid r comme un droit fondamental de l homme En ces derni res ann es de nombreux mouvements et associations quotidiennement confront s ces situations se sont regroup s pour unir leurs efforts et alerter les pouvoirs publics Le Conseil social des H L M lui m me a lanc une consultation ce sujet et a conclu en mars 1985 la n cessit de garantir la prise en compte de toute famille confront e des difficult s de logement avan ant m me l id e d un service public du logement Toutes ces avanc es t moignent d une prise de conscience accrue du fait que l habitat est une s curit de base Il existe aussi une reconnaissance plus nette que sans droit au logement l exercice d autres droits est compromis sans logement l unit et la s curit de la famille sont menac es sans domicile pas de carte d lecteur dans un logement insalubre pas de garantie de sant ni d efficacit des soins I L ACTION DE L TAT A T ELLE POUR EFFET DE GARANTIR A TOUS LE DROIT A L HABITAT A Politiques caract re global 1 Le premier effort de l tat en ce domaine r side dans sa politique d impulsion de la construction Les constructeurs b n ficient d exon rations fiscales nationales et locales et d aides la pierr
276. m ne r cent le projet d avis a le grand m rite de lui apporter un clairage nouveau Le groupe de la C F E C G C est tr s sensible la d finition juste et pertinente de la grande pauvret Il appr cie la lucidit avec laquelle sont expos s les probl mes affronter et les moyens mettre en oeuvre pour att nuer et m me r soudre ce fl au Il est en parfait accord avec les domaines d actions choisis logement sant emploi formation et la m thodologie employ e exp rimentation limit e dans l espace et dans le temps Le groupe de la C F E C G C s associe au dispositif de lutte contre l exclusion sociale imposant un d veloppement de l information et un effort centr sur l ducation et la formation les mesures relatives l enseignement en cole maternelle et les contrats projets d insertion rencontrent son acceptation et son appui Il approuve l institution du revenu minimum mais il le veut adapt la culture et la mentalit fran aises L acc s de tous aux soins doit faire imp rativement l objet d uip mesure aussi le groupe de la C F E C G C appuie les diff rentes dispositions envisag es dans le cadre de la loi du 2 juillet 1978 sur la g n ralisation de la S curit sociale De m me la recherche d un logement d cent pour tous doit devenir une priorit 20 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL Ces diff rentes missions imposent la responsabilit des pouvoirs publics et le groupe s
277. m 10 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 55 Il y a l comme un pi ge qui se referme sur elles et dont elles ne parviennent pas se lib rer A leurs yeux la garantie d un toit et des fournitures essentielles que sont l eau l clairage et le chauffage est vitale mais elles doivent pr senter de leur c t des garanties de paiement Or il est difficile de demander une famille sans r serve ni stabilit conomique aucune d assurer une quelconque r gularit de paiement avant de lui avoir assur une r gularit de ressources Les parents interview s tournent en rond autour de cette question Des aides au loyer ont bien t institutionnalis es Pourquoi ne leur assure t on pas une aide analogue pour l lectricit et le gaz Les parents ne peuvent comprendre que des dispositifs administratifs ne semblent pas aller jusqu au bout de leur propre logique Dans cet exemple se trouvent rassembl es des informations recoupant les divers instruments de connaissance voqu s jusqu pr sent Leur utilisation conjointe permet de rendre beaucoup plus r elle et compr hensible la vie en situation de grande pauvret L clairage suppl mentaire indiquant r ellement des changements promouvoir provient des agents de terrain qui habitent pour certains avec leur famille dans la cit de promotion familiale Ainsi ils sont quotidiennement confront s aux difficult s des familles pour survivre aux enfants que l on envoie demander d
278. mandes C est aujourd hui la fois une question de rigueur dans la connaissance d efficacit dans les mesures prendre et de justice par rapport ceux qui jusqu ici ont rarement t sollicit s de s exprimer au sujet des conditions de vie qui sont les leurs La rigueur dans la connaissance exige en effet de ne pas s arr ter aux formes b nignes ou moyennes de pr carit L efficacit dans l action demande aussi de reconna tre une continuit entre pr carit et grande pauvret Leurs causes sont du m me ordre mais entra nent des cons quences d intensit variable le grand d nuement ne conduisant pas n cessairement l exclusion culturelle et sociale En cons quence afin de fonder une protection pour tous il ne saurait tre question de prot ger les citoyens contre les effets des pr carit s jusqu un certain degr seulement C est pourquoi en nous effor ant de mieux cerner la grande pauvret et en nous obligeant concevoir des r ponses qui lui soient appropri es nous r unirons des instruments pour mieux combattre les diff rentes formes de 28 F vrier 1987 pr carit divers degr s de l chelle sociale o elles risquent de se manifester En mettant d embl e l accent l o les situations apparaissent les plus difficiles r soudre nous contribuerons viter la tendance assez habituelle de faire droit aux seules revendications des populations capables de s or
279. me compte tenu des circonstances conomiques actuelles Il est beaucoup question aujourd hui d emplois th orique ment disponibles et en m me temps utiles m me s ils ne sont pas toujours conomiquement rentables Mais l heure de la m canisation jusque dans les entreprises de nettoyage il n est pas vident de trouver des t ches pour lesquelles aucune qualification ne serait requise A cet gard sont significatives les aptitudes et les capacit s de r flexion logique exig es aujourd hui dans beaucoup de postes d ouvriers sp cialis s et suppos s tre assum s par les ouvriers les moins qualifi s C est dans ce contexte difficile que nous voudrions examiner des actions publiques et priv es entreprises pour permettre l acc s la qualification et l emploi pour les moins qualifi s H L MENTS D VALUATION DE PROGRAMMES VISANT A PRENDRE EN COMPTE LA SITUATION DES JEUNES ET DES ADULTES PARMI LES MOINS QUALIFI S L accroissement du ch mage et des difficult s qu il entra ne ont suscit dans le pays un effort consid rable Celui ci s est traduit par le d veloppement de structures de formation d insertion d encouragement la cr ation d emplois par des r formes dans le fonctionnement des institutions Nous nous attacherons aux actions visant prendre en compte la situation des jeunes et des adultes parmi les moins qualifi s Les grandes orientations conomiques ont une influence certaine sur
280. meilleur des cas compter que sur l aum ne 1 Les informations rapport es ci apr s se r f rent en particulier aux travaux du Professeur Michel Mollat et une tude r alis e par Andr Cl ment Decoufle s appuyant sur de nombreuses r f rences bibliographiques El ments d introduction l histoire et la prospective de l extr me pauvret Laboratoire de prospective appliqu e et Mouvement A T D Quart Monde juillet 1980 Cette r alit sociale avec les pauvres int gr s d une part 28 F vrier 1987 les mis rables plus ou moins exclus de l autre va videmment se transformer avec l extraordinaire d veloppement urbain du XIT au XIV si cle Une succession de mauvaises r coltes de ravages guerriers guerre de Cent Ans et d pid mies peste noire en 1348 entra ne un afflux de populations vers les villes o seulement une partie des pauvres parviennent se mettre au service Comme les syst mes traditionnels d assistance sont d bord s un plus grand nombre de gens sont condamn s l errance et la mendicit Ils sont encore plus refoul s qu auparavant Quant ceux qui parviennent s installer dans les bourgs et les villes beaucoup vont y exercer des offices jug s ignobles ou vils quarisseurs vidangeurs teinturiers fos soyeurs Ils sont en effet marqu s par un contact impur mais appr ci s pour les services qu ils rendent Ces pauvres l n en sont pas moins m pris s et
281. meilleure garantie du droit de chacun d habiter la commune de son choix et d y fixer son domicile Les contrats famille pass s entre le minist re des Affaires sociales et les collectivit s responsables ont pr cis ment pour objectif d am liorer l accueil de certaines familles dans certains sites par l implantation de maisons de quartiers de centres de la petite enfance cr ches familiales et par l adaptation du logement lui m me la taille de la famille Ces contrats semblent concerner surtout l accueil de familles nombreuses immigr es et leur nombre demeure limit 5 Dans les programmes pauvret pr carit le maintien dans le logement a tenu une grande place puisque la moiti de la dotation 300 millions de francs en 1985 a servi faciliter des h bergements d urgence ou r gler des dettes pour viter des familles de se voir priv es de gaz ou d lectricit pendant l hiver ou expuls es Ces programmes repr sentent galement un exemple d action impliquant diff rents partenaires Dans une recherche commune de solutions l op ration aura surtout rapproch les institutions Les cellules pauvret pr carit ont t l origine de nombreuses initiatives pr cis ment celles de cr er des fonds d aide au loyer et des fonds de garantie En d finitive les dispositifs mis en place par l tat pour faciliter l acc s au logement ou le maintien dans celui ci peuvent atteindre des personnes et familles en diff
282. men tation des situations de pr carit auxquelles elles avaient faire face Pour sa part le Secours catholique d s 1982 a attir l attention sur le gonflement au cours des ann es pr c dentes du nombre des personnes se pr sentant ses permanences Augmentation des interventions Quelques exemples significatifs 1 199 1980 1981 D l gation de Paris 4 496 7 238 8 395 D l gation de Rennes 1 088 1 468 1 634 D l gation de Rouen 2 446 3 537 3 943 D l gation de Auch 130 234 D l gation de Verdun 385 585 835 Il estime que dans 3 cas sur 4 il s agit de sollicitations nouvelles venant de personnes jamais rencontr es auparavant A la m me poque le secours catholique a publi un dossier Pauvres aujourd hui pr sentant la situation familiale d un chantillon de 580 demandeurs de secours soit 1 948 personnes en octobre novembre et d cembre 1980 Il s agit d un chantillon retenu et tudi par les permanents du secours catholique Le calcul des ressources par jour et par personne a t fait ainsi total des ressources loyer charges nombre de personnes au foyer x 30 jours Il appara t qu au moment de la demande de secours 1 famille sur 3 avait des ressources gales z ro 1 famille sur 3 avait des ressources comprises entre 1 et 15 F par jour et par personne 4 familles sur 5 avaient des ressources inf rieures 25 F par jour et par per
283. ment la m fiance toujours suscit e par les r deurs les faux invalides qui tendent la main dans les rues conduit passer sous silence que des enfants pauvres de plus de dix ans acqui rent le droit in dit de devenir compagnons aupr s de vrais ma tres dans les ghildes Ce droit tant d ailleurs en quelque sorte pr c d par un autre celui la famille On laissera les petits enfants au dessous de dix ans en la garde de leurs parents s ils sont trop pauvres pour les nourrir on leur fournira tout ou en partie leur subsis tance 1 La motivation de faire r gner l ordre est aussi forte que celle d tablir de nouvelles responsabilit s de soutien des pauvres et de nouveaux droits pour eux Il y aura la r pression la poursuite des r calcitrants tenus de sortir de ladite ville et faubourgs dans la huitaine sous peine d tre mis sous les verrous De fait ce ne seront pas tant les pauvres que les plus pauvres sans domicile fixe et errants de longue date qui seront ainsi poursuivis et mis hors d tat de nuire Certains finiront selon les poques sur les gal res ou enr l s de force dans la marine marchande Droit au travail ou redressement moral par le travail Droit au travail au nom de la dignit Sommes nous jamais sortis du dilemme nous qui demandons aux ch meurs sans qualification de prouver sans arr t leur volont de travailler Au demeurant les ateliers vont se multiplier dans les
284. ments pilotes d une pr allocation logement au b n fice des demandeurs prioritaires d j d finis dont la demande n aurait pas t satisfaite Cette pr allocation de logement serait capitalis e dans le Fonds D partemental Solidarit CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 13 Logement Le b n ficiaire pourrait en demander le versement partiel ou total pour couvrir le moment venu s il ne dispose pas de ressources suffisantes les frais de caution et d entr e dans un nouveau logement voire pour effectuer des r parations ou des am nagements indispensables c Dans le prolongement des propositions du rapport de M P trequin pr cit le Fonds D partemental Solidarit Logement pourrait englober les actuels Fonds d aide aux m nages en difficult s temporaires et Fonds de caution et de garantie Il devrait contribuer g rer les pr allocations de logement verser des aides d partementales compl mentaires ex ceptionnelles et offrir des garanties financi res pour permettre l acc s un logement le maintien dans les lieux la permanence des fournitures d eau de gaz et d lectricit pour les besoins vitaux De tels Fonds devraient tre aliment s par une dotation de l tat par l Aide Sociale d partementale par une participation des budgets d action sociale des Caisses de S curit sociale D autres partenaires locaux pourraient galement y apporter leur contribution VII
285. miliale ou de statut professionnel Il s ensuit des retards ou des erreurs de versement Le budget familial en est d autant plus perturb si les prestations familiales constituent la principale ressource Les dossiers sont effec tivement t t ou tard r gularis s les sommes dues sont alors vers es en une seule fois les sommes indues sont r cup r es sur les prestations suivantes qui peuvent tre ainsi r duites au maximum de 20 chaque versement Il demeure que les variations du montant de ces versements ne permettent pas la famille de savoir l avance sur quelles ressources elle peut compter pour organiser sa consommation d autant que les autres ressources sont aussi souvent irr guli res et impr visibles En 1981 le rapport OHEIX avait d j attir l attention sur ce type de difficult s Depuis des am liorations sont progressivement apport es campagnes d information aupr s des allocataires am lioration de l accueil dans les Caisses d marchage domicile pour une meilleure collecte des donn es transfert des dossiers de Caisse Caisse en cas de changement de circonscription ou de r gime possibilit de versement sur droits suppos s v rification a posteriori et non plus a priori Ces am liorations ont certainement contribu viter des perturbations inutiles dans des m nages tr s d munis encore que sur le terrain demeurent un certain nombre de cas d interruption de versement avec leurs cons que
286. milite en faveur d une participation indispensable tant mat rielle que financi re des d partements et des communes ne serait ce d ailleurs que par l incidence que de telles mesures ne manquerait pas d avoir sur les prestations actuelles notamment d aide sociale il n en demeure pas moins que l importance des masses financi res n cessaires et le caract re exp rimental des mesures justifient une contribution cons quente de l tat par un appel la solidarit nationale 1 La soci t fran aise doit encore progresser vers une soci t des droits de l homme o les droits civils et politiques mais aussi les droits conomiques sociaux et culturels soient de mieux en mieux respect s Les dispositions propos es repr sentent un nouveau tremplin dans cette direction condition n anmoins d en surveiller l efficacit et de pr venir les d rapages toujours possibles PROPOSITIONS Les propositions de caract re g n ral ou exp rimental qui suivent sont pr sent es par domaine d intervention des pouvoirs publics Cependant leur efficacit en termes de promotion sociale d pendra la fois d une coh rence d ensemble des actions et des tapes qui seront propos es d une mise en oeuvre associant les chelons nationaux et locaux y compris en mati re de financement d une coordination des diff rents intervenants et cet gard le Conseil conomique et social regrette l abrogation de l article 1
287. min e 1 Dans la plupart des cas la faiblesse des ressources indemnit ch mage prestations sociales se conjugue avec l impossibilit de g rer le budget accumulation de cr dits Il ne s agit pas ici de chercher identifier des mauvais payeurs mais simplement de souligner que les impay s dans la grande majorit des cas proviennent d une r elle pr carit des revenus C Les proc dures d expulsion 1 au niveau national Le minist re de la Justice value 29 047 pour 1983 et 33 267 pour 1984 le nombre de demandes d expulsion devant les tribunaux d instance contre des locataires d habitations ou de meubl s C est une augmentation de 14 5 en un an Les jugements d expulsion correspondants sont respectivement au nombre de 25 235 et 29 238 soit 16 en un an Le minist re de l Int rieur value 1 732 pour 1981 2 314 pour 1982 et 3 285 pour 1983 le nombre d expulsions avec concours de la force publique en France m tropolitaine soit 42 en un an et 90 en 2ans 2 Paris L examen de ces m mes donn es l chelle de la capitale fait appara tre que le recours la force publique s exerce principalement sur une population n ayant pas les moyens de s acquitter de ses obligations En effet Paris en 1984 il y a eu 3 216 jugements d expulsion locative pour dettes 1 e 366 11 ont donn lieu des r glements amiables e 2850 89 ont donn lieu u
288. mment C est un ph nom ne bien connu dans toutes les zones de pauvret les familles s efforcent de ponctuer la vie difficile par des moments de joie parce qu on ne peut pas toujours se priver Pouvoir rembourser ce qu on doit aux voisins c est d ailleurs effectivement la f te IL faut aussi savoir de temps en temps offrir quelques friandises aux enfants Pourquoi doivent ils souffrir ainsi ce n est pas juste ou se payer une sortie si on ne veut pas succomber au d sespoir Quand il y a certaines choses que tu peux te permettre tu te sens d j plus libre a 1 Pour l organisation sociale et l entraide dans un ensemble d habitations d favoris es voir aussi en particulier Jean Labbens La condition sous prol tarienne h ritage du pass Editions Science et Service 1964 et Jean Fran ois Lae et Numa Murard Les r seaux souterrains en cit de transit recherche de la C N A F et Plan construction Epsilon 1982 1984 confi une personne interrog e Nous assistons l CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 49 un art de vivre une mani re de r sister la mis re Mais il en co te de l argent et tout l entourage n appr cie pas toujours cette fa on de d penser le peu dont on dispose Le courage puis dans la pr sence d enfants au foyer Tous les parents interview s ont cit la pr sence d enfants parmi les principaux facteurs incitant r sister Pour les enfants les pa
289. n nelle 63 des ch meurs non indemnis s occupaient un poste non qualifi lors de leur dernier emploi 28 comme manoeuvres 12 comme ouvrier sp cialis 23 comme employ s Mais 76 soit 13 de plus se d clarent pr ts accepter un emploi non qualifi pour sortir de leur situation Le fait qu une part des demandeurs d emploi qualifi s accepte des emplois non qualifi s est significatif d une insuffisance de la cr ation d emplois et donc du rythme de croissance ceci ne peut que peser plus fortement sur les chances d embauche des moins qualifi s Ainsi moins le ch meur dispose de qualification plus le ch mage se prolonge Dans ces conditions le milieu familial assume moins bien le surcro t de charge et le manque gagner que cela repr sente Les conditions de vie de la famille se d t riorent rapidement Un d s quilibre structurel s installe qui tend compromettre pour longtemps le r tablissement des s curit s de base pour tout le groupe familial Ce genre de description en pr cisant le contexte de vie des ch meurs non indemnis s fait appara tre des diff rences consid rables Il convient de les conna tre si nous voulons tablir des priorit s par rapport aux situations les plus insupportables si nous voulons guider les politiques mettre en oeuvre pour y rem dier Cela confirme que le manque de formation professionnelle et des conditions de vie g n ralement mauvaises vont de p
290. n Chaque ann e en effet un nombre important de jeunes sortent du syst me ducatif sans dipl me ou avec le certificat d tudes primaires 219 000 en 1983 Pour les plus d favoris s l cole contribuerait elle prolonger les pr carit s ou m me les accentuer Quels sont les moyens de cerner la r alit Toujours confront s une insuffisance de statistiques nationales qui traduisent explicitement les situations de pr cirit et de grande pauvret ici dans le domaine de la formation et de l acc s au m tier il faut encore une fois s appuyer sur des enqu tes et tudes partielles A cet effet ont t retenues les plus r centes notamment celles manant des services de l ducation nationale Elles apportent des l ments sur l itin raire des enfants dans le primaire l apport de la pr scolarisation en maternelle l itin raire dans le secondaire les sorties de l appareil de formation sans qualification et sans dipl me l illettrisme et le non acc s la formation permanente I L ITIN RAIRE DES ENFANTS DANS L ENSEIGNEMENT PRIMAIRE Le suivi durant tout le primaire d un important panel d enfants de France m tropolitaine dans l enseignement public entr s au cours pr paratoire en 1978 1979 a permis d tablir le tableau suivant Il d crit leur cursus scolaire jusqu en 1983 1984 Les r sultats sont pr sent s sur 100 l ves 1 Chaque ligne horizontale du tableau indique par ann e scolaire dans
291. n cessit du caract re exp rimental d un certain nombre de dispositifs propos s qui doivent tre test s et valu s avant d tre l objet de mesures d ordre l gislatif 28 F vrier 1987 CONSEIL Notre groupe tient appuyer particuli rement certaines propositions de l avis qui concernent une enqu te p riodique et des statistiques cr dibles sur les situations de grande pauvret un effort d ducation et de formation de l enfant d s la maternelle et dans l enseignement primaire c est ce niveau qu il faut endiguer les handicaps une allocation minimum de ressources qui serait li e des t ches d int r t g n ral ou de formation adapt e et qui serait mise en uvre au niveau local ou municipal ceci ne peut reposer que sur un examen rigoureux et p riodique de la situation de ces personnes si l on veut viter le risque d une assistance vie Il faut donc rester prudent quant la g n ralisation de cette mesure le principe d une assurance personnelle pour les personnes les plus d munies condition que la charge en revienne la solidarit nationale et non aux cotisants des r gimes d assurance maladie qu ils soient salari s ou tra vailleurs ind pendants le d veloppement d examens de sant approfondis dans le cadre scolaire d s la maternelle la poursuite des dispositions facilitant l aide judiciaire aux plus d favoris s Le groupe des professions lib rales a mis u
292. n e coul e d une fa on occasionnelle ou sur une dur e plus ou moins longue Mais elles n offrent aucune indication sur le nombre de personnes d munies qui n ont b n fici d aucune aide alors qu elles pourraient galement y pr tendre Par ailleurs elles n indiquent pas si les b n ficiaires de l aide sociale ont pu gr ce celle ci voir leur condition s am liorer ni si ce sont les m mes personnes d une ann e sur l autre En revanche gr ce des enqu tes approfondies il est possible de conna tre certaines caract ristiques des populations d j prises en charge au del de la raison pour laquelle elles ont t concern es par l action sociale Ainsi un rapport pour le Conseil g n ral de la Dr me Formes de la pr carit rep rage dans la Dr me 1983 1 permet de cerner les traits dominants des populations concern es dans ce d partement gr ce l analyse 1 Cf article de Claudine Offredi Revue fran aise des affaires sociales avril mai juin 1985 30 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL des fichiers d un certain nombre de services d action sociale aide sociale l enfance Commission d partementale d du cation sp ciale action ducative en milieu ouvert tutelle aux prestations sociales bureaux d aide sociale Caisse d allocations familiales Caisse primaire d assurance maladie Mutualit sociale agricole ASSEDIC Selon ce rapport Dans tous les fichiers de ces services o
293. n effort particulier a t fait en faveur de l emploi des jeunes L accent est mis sur la formation associ e un emploi l embauche des jeunes est favoris e par des exon rations de charges sociales pouvant aller jusqu 100 Elles sont accord es aux employeurs qui embauchent des jeunes selon des modalit s variables contrats d initiation la vie professionnelle S I V P contrats de qualification contrats d apprentissage contrats d adaptation Les T U C sont maintenus et m me renforc s Par ailleurs les stages pour les ch meurs de longue dur e sont maintenus Ces dispositifs t moignent de la volont renouvel e du pays de lutter contre l exclusion des plus d favoris s du monde du travail Il est trop t t pour valuer l impact des derni res orientations sur ceux qui avaient le moins de chances de trouver un emploi Toutefois ces quelques appr ciations partielles mais significatives montrent quel point l acc s un v ritable emploi et une v ritable formation qualifiante demeure encore probl matique pour les plus d favoris s Nous avons d sormais compris que ceux ci peuvent esp rer parvenir un certain changement condition de pouvoir exp rimenter dans la dur e une progression simultan e dans les domaines du travail de la formation et de l insertion sociale Encore pour susciter une motivation r elle le travail doit il tre un vrai travail comme disent les jeunes des cit s le
294. n autre membre du foyer du ch meur non indemnis a un emploi seulement 6 1 sont dans cette m me situation de revenus inf rieurs 2 500 F par mois ce pourcentage est limit 4 lorsque deux membres du foyer travaillent Les auteurs soulignent que l existence d un autre emploi au foyer est le crit re essentiel qui d termine la situation conomique et sociale des ch meurs non indemnis s Il explique galement la situation particu li rement d favoris e des ch meurs non indemnis s chefs de famille lorsque le conjoint n a pas d activit professionnelle La pr sence d enfants au foyer influe elle aussi sur la situation des ch meurs non indemnis s et de leur famille Les prestations familiales per ues par un nombre important de foyers 34 constituent en dehors des revenus d activit la principale ressource En raison de leurs charges de famille leurs b n ficiaires ont cependant un revenu par personne inf rieur allocations comprises de 21 3 au revenu moyen et de 38 celui des foyers ne touchant aucune allocation de ce type L enqu te donne galement quelques lumi res sur les conditions de vie en particulier sur des l ments de budget Ceux ci se recoupent entre eux par exemple une part des familles qui ont des emprunts doit se retrouver parmi celles qui ont des dettes rembourser Ceci tant les familles concern es par le ch mage non indemnis sont par exemple pour 23 propr
295. n retrouve en majorit des familles nombreuses Les familles monoparentales repr sentent plus de 30 des familles aid es sauf pour la population concern e par la Commission d partementale d ducation sp ciale C D E S Le ch mage intervient pour approximativement le tiers des cas Dans l ensemble les bas revenus et les basses qualifications caract risent cette population Les r sultats de l tude font appara tre que pr s des deux tiers des personnes aid es sont en 1983 de nouveaux b n ficiaires et la moiti ont besoin de secours urgents ce qui atteste que de plus en plus de gens sont amen s d pendre d une aide sociale le tiers des personnes aid es le sont par plusieurs organismes et le quart le sont de fa on permanente tout au long de l ann e ce qui atteste de l importance des cumuls de pr carit s Le cumul des probl mes ou des aides l urgence la chronicit ou la nouveaut de la prise en charge sont autant d indicateurs habituellement utilis s par les responsables pour op rer des distinctions au sein de la population cliente de l action sociale afin d attirer l attention sur les risques encourus par certaines familles ou personnes Les bas revenus et les basses qualifications ne suffisent pas eux seuls conduire la grande pauvret m me s ils indiquent une in galit relative Mais conjugu s avec le ch mage a fortiori s il est non indemnis avec la charge
296. n travailleur social comme on choisit son m decin ou son avocat On est pourtant d pendant de sa compr hension de sa comp tence et de sa diligence Cette d pendance se fait plus p niblement ressentir mesure que l int ress est plus d muni et qu il 80 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL dispose moins d autres recours Les travailleurs sociaux ont t les premiers apr s les int ress s eux m mes ressentir l injustice et les dangers inh rents cette situation en m me temps p se sur eux une responsabilit parfois consid rable l gard des familles les plus fragiles sans qu ils disposent pour autant des moyens de leur apporter des soutiens adapt s Les travailleurs sociaux expliquent leurs difficult s apporter des r ponses satisfaisantes aux situations de grande pauvret par plusieurs facteurs la plupart sont trop peu form s la connaissance de ces populations et ne sont pas pr par s une coop ration avec elles les moyens dont ils disposent s av rent insuffisants ou trop ponctuels beaucoup de leurs nergies sont en effet absorb es par des actes de d pannage individuel court terme et en urgence qui ont peu de prise sur les causes de ces situations et risquent d engendrer la d pendance sans assez de coordination et de collaboration avec les autres acteurs sociaux ils se sentent trop seuls pour r pondre aux divers besoins des gens souvent ils ne savent plus comm
297. n vote favorable sur l ensemble du projet d avis Groupe de L U N A F L U N A F s est toujours pr occup e activement de la pauvret et des familles exclues C est donc avec grande attention que notre groupe a suivi les travaux du Conseil conomique et social Parmi les questions abord es par l avis plusieurs propositions ont retenu son attention Il est important de mieux conna tre les populations concern es Si des organismes tels que l I N S E E doivent continuer recueillir des informations par les moyens qui leur sont propres nous pensons que les pr fectures ou les conseils g n raux devraient demander aux communes de r unir des informations sur toutes ces situations Elles sont les mieux m me de les conna tre elles ont les moyens de savoir qui vit sur leur territoire Cette proc dure nous para t d autant plus importante que les int ress s ont quelquefois des droits qu ils ignorent Ces contacts pourraient tre l occasion de les leur faire conna tre ECONOMIQUE ET SOCIAL 23 Le chapitre concernant l ducation est positif et bien ax sur les plus d favoris s sensibiliser les enseignants ces probl mes les informer et les former r affirmer le r le primordial de l cole maternelle et des zones d ducation prioritaires Ces propositions sont renforc es par le souci d int grer les parents dans les actions men es contre l illettrisme Dans le domaine de l emploi comme le rapporteur l U N A F
298. naut Emma s Secr taire national pour la lutte contre la pauvret au Secours populaire fran ais Conf rence Saint Vincent de Paul Croix rouge fran aise Fondation de France Arm e du Salut Directrice du service social d aide aux immigrants ont envoy une documentation ce groupe Le Rapporteur a galement consult des groupes d tudes des probl mes du Quart Monde de l Assembl e nationale et du S nat Des informations ont t communiqu es par des comit s conomiques et sociaux r gionaux Ile de France Auvergne Lorraine Midi Pyr n es Picardie Rh ne Alpes Nord Pas de Calais
299. nce et les moyens d insertion indispensables pour r pondre aux situations de pr carit extr me les travailleurs sociaux pourraient alors totalement s investir dans la t che qui est la leur A condition qu ils puissent b n ficier d une formation un v ritable savoir sur la pauvret ils peuvent apprendre aux plus pauvres et aux autres acteurs sociaux se comporter en partenaires Leur r le n est il pas de susciter ou de faire jouer des solidarit s de mobiliser le corps social autour des plus d munis A cet gard les associations constituent des lieux privil gi s de m diation entre les solidarit s comme l indique M Th ry elles ont remplir entre les grandes institutions qui bougent lentement et les terrains mouvants de la vie sociale un r le d couteur de besoins d inventeur de r ponses bien ajust es de mobilisateur d nergies lib r es et en recherche d emploi 1 Il nous faut rappeler galement l incidence de la d centralisation qui vient modifier les pratiques et les responsabilit s 2 Continuer procurer aux plus pauvres un accompagnement personnalis mais aussi innover pour garantir l int gration et la participation sociale des plus exclus n est ce pas une orientation future pour le travail social Cette question soul ve celle de l avenir de l ensemble du travail social actuellement en profonde mutation 1 Rapport pr sent au nom de la section des Affaires sociales
300. nce pour frais m dicaux Elle peut ainsi pr ter aux adh rentes qui veulent se faire soigner C est l op ration Coup de Pouce Le Conseil g n ral et la Pr fecture de Meurthe et Moselle la Caisse primaire d assurance maladie de Nancy et le Mouvement A T D Quart Monde viennent de constituer une association Fonds d Action Sant dont le but est de lever l obstacle financier l acc s aux soins Sa premi re action concerne l acc s aux soins des dents des yeux et des oreilles pour les enfants de 3 8 ans d un quartier de Luneville et pour 50 familles en situation de pr carit du Sud de la Meurthe et Moselle L association a constitu un fonds de garantie qui permettra aux personnes concern es de se faire soigner gratuitement Si elles sont assur es sociales la C P A M remboursera au Fonds la partie remboursable Le Fonds dot initialement par ses membres fondateurs prendra int gralement en charge le tiers payant les d passements de tarif et les d penses des personnes non assur es Ce projet permet d associer troitement les professions de sant aux organismes de protection sociale et aux repr sen tants des familles tr s d favoris es Le but est de faire progresser ensemble la garantie effective du droit la sant Dans certains d partements sont exp riment es d une mani re plus globale des cartes de cr dit sp cial sant Il en est ainsi du syst me Dispadent lanc da
301. nces sur la vie des familles A supposer que ces difficult s soient aplanies peut on consid rer que ces prestations compensent les charges familiales CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 67 D apr s une tude r cente 1 un enfant entrafnerait en moyenne pour une famille une d pense suppl mentaire de 19 2 enfants 35 3 enfants 56 alors que les aides la famille prestations familiales et effet du quotient familial apporteraient en moyenne une augmentation de ressources respectivement de 3 de 12 et de 25 Comme le rappelait M Fragonard directeur de la Caisse nationale d allocations familiales lors de son audition le syst me des prestations familiales permet un certain nombre de familles des familles nombreuses sp cialement de sortir d une situation de pauvret Parmi le quart des familles avec enfants charge qui ont les revenus primaires les plus faibles il relevait les variations suivantes Nombre d enfants charge 2 enfants Revenu primaire maximum par personne et par jour 3 enfants 4 enfants 5 enfants 6 enfants Cette diminution du revenu mesure que le nombre d enfants augmente s explique par le fait que dans ces cat gories de revenus le nombre croissant d enfant va de pair avec une d t rioration du statut socio professionnel du chef de famille et avec une rar faction de l activit professionnelle f minine Si les prestations familiales am liorent incontestabl
302. ndiale et domicili es jusqu alors dans des il ts insalubres Une op ration de r habilitation y tait en cours en 1984 1985 permettant le conventionnement des immeubles r nov s De nombreux locataires endett s dans d autres quartiers de la ville ont t relog s l l A P L permettant un all gement substantiel des d penses de logement L Institut de recherche et de formation du mouvement A T D Quart Monde a r alis en novembre d cembre 1984 et janvier 1985 une enqu te aupr s des m nages locataires de logements de type Economique Lopofa ou op ration Million 650 logements pour tenter de mieux conna tre la vie quotidienne des plus d favoris s au sein d un quartier populaire 1 340 m nages repr sentant 1 150 habitants ont accept de r pondre cette enqu te 1 Pauvret pr carit conomique Enqu te dans un quartier populaire de Caen Editions Science et Service Quart Monde 1986 48 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL La population interrog e est en majorit fran aise 88 On y rel ve d embl e une forte proportion de facteurs de pr carit 35 des m nages soit la moiti des familles avec enfants sont des familles monoparentales dans 63 des m nages personne n a d emploi 68 des personnes sans emploi le sont depuis plus d un an 23 depuis plus de quatre ans 50 des chefs de m nage n ont aucune qualification professionnelle la moiti
303. ne peuvent b n ficier utilement des diff rentes formules d insertion pr c dentes le Gouvernement a galement d cid de compl ter le dispositif pr c dent par un programme exp rimental de soutien aux initiatives connues sous le nom d entreprises interm diaires Il consacrera au financement de ces actions une enveloppe exceptionnelle de 50 millions de francs pour la seconde moiti de l ann e 1985 Les entreprises interm diaires re oivent une subvention de l Etat pour compenser la fois la moindre productivit et le surencadrement n cessaire Ce sont g n ralement des structures de petite taille qui peuvent fournir des travailleurs assez d munis un certain type de convivialit de partage des connaissances d acquisition de nouvelles comp tences 1 Circulaire interminist rielle du 24 avril 1985 relative au programme exceptionnel de soutien aux entreprises CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 91 interm diaires Pour que ces chances puissent vraiment profiter des travailleurs en situation de grande pauvret il est apparu n cessaire que soient embauch s en priorit ce qui ne signifie pas en exclusivit ceux qui ont le moins de possibilit s de trouver par ailleurs un emploi que soit assur e une formation de base ainsi qu une r mun ration quivalente au S M I C qui seule peut leur donner le statut de travailleur et leur assurer la s curit n cessaire quant la subsistance d
304. ne aide apport e l enfant et sa famille devient g n ralement admis cf loi du 6 janvier 1986 m me s il reste beaucoup faire pour sa r alisation concr te C Les interventions aupr s des jeunes Nous savons que les interventions aupr s de la jeunesse en milieu d favoris ont longtemps rev tu un caract re plut t r pressif Au cours des r centes d cennies la r pression a c d la place aux actions sociales et ducatives D j amorc e avec la cr ation des tribunaux pour enfants l instauration de la libert provisoire et de la libert surveill e 1912 cette volution s est poursuivie avec l ordonnance du 2 f vrier 1945 relative l enfance d linquante Celle ci a substitu l id e d une sanction p nale le principe de la pr minence de la mesure ducative En 1967 a t cr le dipl me d ducateur sp cialis L action ducative en milieu ouvert s en est trouv renforc e Avec les clubs et quipes de pr vention elle se veut m me ind pendante de tout mandat et aborde les jeunes dans le cadre de leur milieu de vie Les formes d intervention impuls es par les conseils communaux et d partementaux de pr vention de la d lin quance cr s en 1983 tendent promouvoir avant tout le d veloppement des capacit s individuelles et collectives des jeunes Elles se fondent sur une concertation entre divers partenaires lus associations travailleurs sociaux et font appel l initi
305. ne estimation du nombre des familles en situation de grande pauvret au moins au niveau local Des extrapolations tablies sur des bases s rieuses pourraient indiquer un moment donn un ordre de grandeur des populations cumulant des pr carit s Certains posent la question de l utilit d aller au del d un ordre de grandeur au niveau global Comme l a fait remarquer en son temps le rapport fran ais sur la pauvret d j cit et adress la C E E une quantification de la pauvret en France n appara t pas non plus n cessaire Ne pas disposer d un nombre global et illusoire de pauvres n emp che nullement de d finir des politiques l gard des plus d favoris s de pr ciser des mesures prendre de les chiffrer avec rigueur Examinons bri vement cette question Vouloir tablir un d nombrement se donner des moyens d identifier un groupe de citoyens reconnus en tat de grande pauvret suppose de retenir un seuil ou plut t une s rie de seuils de pauvret en diff rents domaines C est une op ration n cessairement arbitraire et dont la validit doit tre r vis e constamment au regard d une conjoncture changeante Certains pays anglo saxons le font mais uniquement d faut d une m thode en principe plus satisfaisante qui donnerait les garanties voulues de rigueur scientifique Sans m conna tre les inconv nients r els d une d termi nation trop pr cise des populations en situation de grande p
306. ne expulsion effective 1 973 61 par d part dit volontaire 756 24 par huissier seulement 121 4 par huissier et force publique Cependant assez g n ralement la proc dure d expulsion n est pas engag e syst matiquement en particulier dans le logement social Deux formules existent pour l viter a Beaucoup d organismes ont en leur sein des commis sions charg es d examiner les situations difficiles et de rechercher des solutions Ainsi par exemple l O P H L M de Tours a tudi en 1984 la situation des 95 locataires 0 8 de l ensemble dont les dettes de loyer exc daient 12 43 mois 16 sont finalement partis d eux m mes 25 ont t expuls s 5 ont t relog s ailleurs 47 ont pris des engagements de r glement 57 dont 3 ont accept une tutelle aux presta tions sociales 2 ont r gl leur dette Ici donc sur les 95 locataires 57 des situations examin es ont pu trouver une solution garantissant ainsi le droit au logement Mais dans 43 des cas les personnes et les familles concern es ont d trouver des solutions par elles m nies 1 R ponse de M Guy Fougier pr fet de police M Henri Malberg pr sident du groupe communiste Conseil de Paris 4 mars 1986 b Depuis 1982 fonctionnent dans les d partements des 28 F vrier 1987 Fonds d aides aux m nages en difficult temporaire En avril 1985 plus de 15 000 familles en France avaient d j pu
307. nmoins une constante de l histoire Elle explique au moins en partie l insuffisance des mesures politiques et les m fiances sociales que rencontrent m me aujourd hui les populations les plus difficiles prot ger Hier il s agissait des l preux des pestif r s des fous des indigents d hommes jug s utiles en temps de guerre mais de trop quand la paix revenait d hommes enferm s pour cause de mendicit Aujourd hui au gr de la conjoncture ces rejets concernent des nomades des immigr s des foyers dits asociaux des sans domicile fixe des ch meurs de longue dur e sans qualification isol s des autres populations ou confin s dans des quartiers d o l on craint de voir surgir la d linquance Les interrogations suscit es par les exclus d hier ou d aujourd hui sont encore largement les m mes Ne seraient ils pas seuls responsables de leurs conditions de vie coupables m me dans la mesure o ils mettent au monde trop d enfants Ne seraient ils pas des profiteurs 60 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL C est pr cis ment cette apparente p rennit d une popu lation exclue qui incite mieux cerner les comportements l gard des pauvres et des mis rables au cours des poques qui pr c dent la n tre Dans cette perspective les historiens 1 nous permettent de d gager trois grands courants d opinion et de prise de responsabilit s par rapport la pauvret Ceux ci se sont succ d s et parfois
308. ns au moins 14 d partements par la Conf d ration nationale des syndicats dentaires et de la carte de sant mise en oeuvre par le centre d partemental des professions de sant du Bas Rhin Selon diverses modalit s ces syst mes permettent aux assur s sociaux d tre rembours s par l assurance maladie avant que les honoraires dus aux praticiens adh rents volontaires ne soient d bit s sur leur compte bancaire 2 28 F vrier 1987 Simplifier l aide m dicale Dans un quartier de Metz chaque personne dont le dossier d aide m dicale a t accept re oit une carte num rot e valable un an et renouvelable lui permettant d aller tout de suite et autant de fois qu elle en a besoin en consultation m dicale ou dentaire puis la pharmacie Dans le 19 arrondissement de Paris le Service d partemental d Aide sociale r gle directement par voie informatique les dossiers d aide m dicale selon un bar me pr cis Seuls les dossiers litigieux passent en commission 3 Remobiliser les partenaires sociaux En lien avec l Observatoire r gional de la sant de Lorraine s est constitu un syst me d alerte et de propositions face aux difficult s d acc s aux soins Les professionnels de sant et de service social se sont organis s pour t moigner des obstacles qu ils rencontrent et des d marches qu ils font avec les personnes concern es Des m decins de sant scolaire se sont engag s tudier par exemple les
309. ns des mesures globales Dans certains pays de la C E E des emplois sont 90 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL cr s ou r serv s pour ces travailleurs des postes de balayeurs manuels par exemple alors que dans d autres parties de la ville toutes les op rations de nettoyage de la voie publique sont m canis es En France c est plut t dans le domaine de la formation que des actions sp cifiques sont entreprises Les tentatives pour les valuer se heurtent aux m mes probl mes que l valuation de l action sociale globale chapitre V ou des actions pilotes p dagogiques chapitre VI Nous pouvons conna tre e la description des propositions ele nombre approximatif des destinataires potentiels et effectifs quelque peu fauss par la non prise en compte des ch meurs non inscrits l A N P E et dans le meilleur des cas une valuation tr s court terme de ce que deviennent les b n ficiaires au sortir de ces actions sp cifiques Comme pour les autres programmes en principe susceptibles d aider enrayer la grande pauvret nous ignorons l essentiel les r sultats obtenus au regard du niveau socio conomique et culturel donc au regard du milieu d origine des b n ficiaires Lors d un Forum organis Lyon 1 Mme Dhuicque sous directeur la d l gation l emploi du minist re du Travail a pu n anmoins pr senter de la mani re suivante un bilan quantitatif et qualitatif des mesures prises au niveau g
310. ns les foyers les plus atteints Elle est caract ris e disent ils par les attentes les privations la mauvaise sant l angoisse transmise aux enfants mais aussi par l h bergement l entraide les travaux pisodiques les moment de f te le courage donn par les enfants A Les aspects n gatifs Les attentes La population vit dans l attente Attente d une bonne nouvelle laquelle on n ose pas croire une possibilit d embauche ou de stage Attente du versement des allocations familiales ou du secours pour l obtention duquel on a fait des d marches Mais aussi attente anxieuse de l huissier ou de l agent de l E D F dont on sait qu ils risquent de se manifester Les privations e 46 des m nages d clarent se priver pour la nourriture c est le cas de 72 des familles ayant les allocations familiales comme ressource principale e 48 des m nages d clarent recevoir des v tements c est le cas de 68 des familles ayant les allocations familiales comme ressource principale e 14 des m nages seulement sont partis en vacances en famille durant l t 1984 D autres 40 des m nages ont r ussi envoyer les enfants en vacances La mauvaise sant 40 des personnes interrog es se plaignent d une mauvaise sant Si les trois quarts des adultes b n ficient d une prise en charge par la S curit sociale compl t e m me par une mutuelle pour 30 d entre eux il reste qu un adulte
311. nser que celui ci repr sente un moyen de garder l cole bon nombre d enfants de milieux d favoris s Mais comme il ne d bouche sur aucun dipl me ni m tier les l ves en sortent sans aucune pr paration la vie active D autres jeunes ne sont pas beaucoup mieux lotis puisque plusieurs fili res de l appareil de formation peuvent elles aussi conduire une sortie sans qualification ni dipl me en 1983 219 000 sorties sans dipl me ou avec le certificat d tudes primaires Les adolescents et adolescentes concern s se trouvent alors dans une situation pouvant aller de la pr carit la grande pauvret A partir de l observation qu en 1983 un jeune homme sans dipl me sur 4 et une jeune femme sans dipl me sur 3 sont au ch mage il est D Cf C Baudelot et R Establet Formation continue un redoublement des in galit s dans revue ducation et Soci t n 1 mai juin 1982 propos de l enqu te I N S E E Formation qualification professionnelle en 1977 permis de supposer que ceux ci proviennent en bonne partie de foyers g n ration l autre Nous y touchons aussi par l illettrisme ph nom ne quasi impossible cerner par les statistiques nationales seul le service national le permet pour les hommes A ce titre la proportion de 7 pour une classe d appel constitue une indication tr s utile Mais comment recenser tous les citoyens adultes ayant mal acquis ou ayant perdu la facult
312. nsions des probl mes de la grande pauvret et tout en faisant leur part aux urgences qui s y r v lent de se pr occuper de ce qui se passe l amont de la grande pauvret et ce qui pourrait se passer l aval Ce n est qu cette condition qu on se donnera des chances de traiter la grande pauvret non pas comme un tat dans lequel on est enlis mais comme un mauvais passage dont il faut sortir Tel est le cas de nombreuses associations qui m nent une action tout la fois pr ventive curative et promotionnelle de lutte contre la pauvret Et cela en assumant des fonctions de m diation de types divers m diation entre l ducation la formation et l emploi entre un h bergement provisoire et un habitat normal entre un milieu assist et un milieu ordinaire de vie Encore faut il que les conditions dans lesquelles sont exerc es ces fonctions n aillent pas l encontre du but recherch en permettant des situations transitoires ou en amputant gravement les droits sociaux de ceux qui y sont impliqu s Nous faisons ici tout particuli rement allusion aux associations interm diaires qui sont en train de se mettre en place et au probl me de la protection sociale des ressortissants de ces associations Ceci nous am ne nous interroger tr s fortement sur l effort de solidarit dans lequel s inscrira cette action associative et plus largement l action de lutte contre la pauvret Il n est pas pensable que les mesures d urg
313. nstitutions r pondre en termes de d veloppement Un certain nombre de programmes ont t labor s ces derni res ann es ils sont anim s par la volont d une approche globale de la pauvret pr conis e par le IX Plan En voici deux illustrations A Le d veloppement social des quartiers En 1977 avaient t institu es les op rations Habitat et vie sociale destin es am liorer le cadre b ti et les quipements collectifs dans de grands ensembles urbains pr sentant des signes de d gradation et de pauvret Faisant suite ces dispositions un programme interminist riel labor dans le cadre du Plan int rimaire 1982 1983 devait sur les m mes sites ou sur des sites analogues promouvoir une action globale et de longue dur e du m me type Une des innovations de ce programme tait de lutter contre certains d fauts de l intervention sociale traditionnelle parcellisation sp cialisation cloisonnement individualisation des probl mes Il fallait permettre aux diff rents agents de la vie communautaire d agir ensemble en suscitant l asso ciation de la population et en se fixant quelques objectifs communs atteindre au profit du quartier 28 F vrier 1987 Trois ans apr s le lancement le rapport P E S C E dresse en 1984 un bilan provisoire Il enregistre de nombreuses r alisations favorisant la vie associative dans le quartier restaurant garderie maison de quartier centre soc
314. nt ress s les types de formation et d offres d emploi ainsi que le co t de leur mise en place e de mieux appr cier les effets de cette mise en oeuvre sur la promotion des m nages en grande difficult Par ailleurs toutes les initiatives particuli rement appro pri es pour l insertion des travailleurs les moins qualifi s sur le march de l emploi devraient tre encourag es et facilit es par les Pouvoirs publics V PLANCHER DE RESSOURCES Nous avons constat au cours de ce rapport l importance du nombre des m nages qui ne disposent pas de ressources suffisantes pour vivre et qui doivent de ce fait avoir recours des formes tr s diverses d assistance con ues le plus souvent pour aider survivre quelque temps CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 101 le lien entre la pr carit financi re durable et des pr carit s dans d autres domaines la disparit qui peut exister entre les individus sans ressources ou mal indemnis s selon le soutien conomique qu ils peuvent trouver ou non dans leur propre milieu familial et social la n cessit d un revenu suffisant et r gulier sur une longue p riode pour pouvoir r aliser un projet de vie individuel ou familial ceci est particuli rement vrai lorsqu un foyer a subi pendant longtemps la grande pauvret Tout en rappelant le r le du travail comme source premi re de revenus et la n cessit dans cette perspective de rechercher les moyens de f
315. ntreprises aupr s des Commis sions techniques d orientation et de reclassement professionnel C O T O R E P pour obtenir une allocation dite adulte handicap d un montant au plus gal au minimum vieillesse condition que l incapacit permanente atteigne un taux de 80 Cette d marche est galement possible avec un taux d invalidit plus faible lorsqu il s av re que celui ci emp che de trouver un travail La prise en charge effective des invalidit s incapacit s ou handicaps des plus pauvres rencontre en r alit deux obstacles D une part les appr ciations des autorit s administratives comp tentes peuvent difficilement tenir compte de l incapacit permanente partielle due l usure g n rale que connaissent de nombreux travailleurs tr s d favoris s en raison de leurs conditions de vie et de travail D autre part leurs d cisions quand elles pr voient une possibilit de travail temps partiel ou un recyclage m connaissent souvent les difficult s d y acc der pour des travailleurs sans qualification C est ainsi que bon nombre d entre eux peuvent se trouver trop us s pour occuper un emploi stable dans l impossibilit d obtenir un emploi temps partiel et sans revenu de substitution 4 L indemnisation du ch mage CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 65 Pour le risque ch mage les situations de travailleurs priv s d emploi et non indemnis s sont encore nombreuses m me avec le r gime d assistance
316. o ducative li e au logement peut fournir l occasion de mobiliser en faveur des plus d favoris s tout le potentiel d un quartier tablissements d enseignement d animation de loisirs services sanitaires etc On peut regretter qu une telle formule peu co teuse et aussi bien adapt e aux besoins des familles les plus appauvries soit aussi limit e dans son application un quota de 5 000 familles sur l ensemble de la France 1 Note de service n 17 du 17 mars 1981 Minist re de la sant et de la s curit sociale En somme les actions pour le maintien des familles en CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 73 difficult dans leur logement demeurent limit es dans le nombre de familles atteintes A S E L leurs attributions fonds d aide au loyer dans leurs moyens d impact fonds de garantie Elles n en fournissent pas moins des pistes int ressantes qui devraient tre tendues et renforc es 4 Les actions faisant appel diff rents partenaires inscrivent l action en faveur du logement dans un ensemble o la coop ration d autres acteurs est mise contribution pour faire converger des am liorations sur certains quartiers ou agglom rations Outre l action sur le patrimoine b ti cela peut concerner le d senclavement les services dits de proximit la vie sociale et culturelle l intervention des services scolaires sociaux et sanitaires les possibilit s de formation et d insertion professionnelles Dans
317. on handicap s de moins de 60 ans sont dans leur grande majorit 88 autonomes pour se d placer 6 0 ont moins de 40 ans 22 ont entre 40 et 49 ans 72 ont entre 50 et 59 ans Au cours de l ann e 1985 4 997 vagabonds totalisant 28 481 entr es soit une moyenne annuelle de 5 6 h bergements par personne sont pass s par la Maison de Nanterre 3 15 avaient moins de 30 ans 29 avaient de 31 40 ans 26 avaient de 41 50 ans 21 avaient de 51 60 ans 9 avaient plus de 60 ans 1 Dans la population active e les ouvriers repr sentent 35 9 Tes employ s sn nds nageur 16 8 e les petits patrons et travailleurs ind pendants 8 1 e les personnels de service s ssssissssissrreersreressre 6 5 A 2 Cf Sant s curit sociale statistiques et commentaires n 5 1979 il ne semble pas que cette enqu te ait t r actualis e L enqu te donne la situation au 30 septembre 1978 de la population de moins de 60 ans h berg e en hospices maisons de retraite publiques ou sections d hospice des h pitaux publics 3 Cf Service statistique de la Pr fecture de police Direction de la s curit publique A noter que 40 d entre eux y ont t h berg s pour CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 31 la premi re fois de leur vie en cette ann e 1985 Selon le t moignage de personnes travaillant dans de tels t
318. onc s tandis que tous n ont pu y acc der Malheureusement cette politique de r sorption n a pas t suivie d une action plus fine pour reloger les personnes et familles qui progressivement ont reconstitu des micro bidonvilles souvent en utilisant des caravanes Le logement social demeure aujourd hui encore interdit ceux dont les ressources sont trop faibles trop al atoires ou dont le budget est trop grev par des dettes ceux aussi dont le mode de vie ou la r putation sociale est jug inacceptable parce que risquant de compromettre de bonnes relations de voisinage De fait les foyers les plus d munis se trouvent pour une grande part log s dans des logements priv s v tustes 2 A travers les aides la personne 1 modul es selon les ressources et la composition des m nages l Etat entend permettre aux personnes ou familles aux revenus modestes d acc der des logements plus confortables a L allocation de logement cr e en 1948 est vers e par les C A F notamment aux m nages ayant un ou plusieurs enfants mineurs Elle a t tendue en 1971 allocation logement caract re social aliment e par le Fonds national des aides au logement trois cat gories de populations jug es plus vuln rables les personnes g es les personnes invalides 80 ou inaptes au travail et les jeunes salari s de moins de 25 ans n habitant pas chez leurs parents Depuis mars 1986 certaines cat gories de
319. onduits des arbitrages d autant plus difficiles que plus une famille est pauvre et plus il s agit de prendre des d cisions cruciales pour son maintien dans l int grit et la dignit Mais aussi plus une famille est pauvre et moins elle a les moyens de sa d fense Cela n explique t il pas en partie le taux lev de couples d sunis de familles monoparentales d enfants retir s de leurs foyers au plus bas de l chelle sociale Ces situations de rupture familiale illustrent encore une fois que quand les droits conomiques et sociaux sont mal assur s les droits civils et politiques en souffrent t t ou tard Et la faiblesse des droits civils et politiques renforce son tour le d ni de droits conomiques et sociaux 2 La famille pauvre est elle toujours reconnue Ce qui doit retenir l attention ce propos c est la pers v rance et m me l acharnement que mettent des hommes des femmes et des enfants rester en famille Pourtant le placement et le retrait d finitif des enfants menacent encore l existence Lies familles en grande pauvret cf chapitre V de la pr sente partie M me si formellement de telles d cisions sont prises pour des raisons autres que la pauvret celle ci constitue dans les faits un facteur aggravant Nous avons vu tout au long de cette 2 partie comment les protections de toutes sortes s affaiblissent et viennent manquer mesure qu une famille a de moins en moins offrir en con
320. onstats Face au fait que les situations d absence de logement ou de mauvais logement des plus pauvres sont actuellement encore tr s mal connues et ne peuvent d s lors donner lieu une v ritable politique les concernant certains partenaires se sont donn les moyens d tablir localement un constat de l ensemble des besoins recens s par exemple la circonscription d action sociale de Gonesse 95 la Caisse d allocations familiales de Haute Garonne C est aussi l objectif de certaines associations P A C T Secours catholique de certains universitaires de certaines collectivit s locales qui ont mis en place des observatoires du logement de certains Conseils d partementaux de l habitat qui ont cr des commissions sp cialis es cet effet E Des logements pilotes Face au fait que les plus pauvres ne parviennent pas trouver des logements adapt s dans le parc existant certains partenaires ont entrepris 1 Des r alisations de logements neufs accessibles Le Conseil g n ral du Calvados a construit depuis 1976 avec l Office public d am nagement concert O P A C 276 pavillons r partis dans 90 communes rurales par unit maximale de 3 pavillons La totalit des loyers et les frais des d gradations ventuelles sont garantis La D D A S S assure un suivi social La plupart des familles b n ficiaires ont pu gr ce cette s curit de base envisager nouveau un avenir et reprendre av
321. ontexte il devient indispensable que les responsables politiques et tous les citoyens soient anim s par la volont de donner aux plus d munis les moyens d un authentique partenariat D j de multiples associations locales notamment souvent sous l impulsion de travailleurs sociaux s emploient faire place aux plus pauvres leur permettre de formuler leurs demandes et de les voir prises en compte Pour les plus pauvres comme pour tout citoyen la vie associative n est elle pas un lieu indispensable d expression et de participation en m me temps que le meilleur exercice la vie politique Faut il penser en fin de compte que la grande pauvret qui repr sente au d part un d ni des Droits de l Homme peut devenir en elle m me un obstacle leur r alisation La pauvret conomique sociale et culturelle rend lettre morte les libert s civiles et les droits politiques des int ress s Et sans d fense sans participation sociale et politique comment r cup reraient ils leurs droits conomiques et sociaux Pour clore ce chapitre il importe de mentionner une importante innovation En 1976 sur les sollicitations m mes de la vie associative depuis une quinzaine d ann es se constitua l Assembl e Nationale un groupe d tude des probl mes du Quart Monde rassemblant des d put s de toutes tendances En 1980 le S nat suivit l exemple L existence de ces deux groupes n a rien de particulier premi re vue
322. opper leur capacit contributive la vie sociale s attacher un animateur social mais sans participer une animation collective une non ma trise de la f condit consid r e comme une incons quence parce qu elle accentue les difficult s des parents alors que l enfant m me non d sir devient source de fiert 28 F vrier 1987 Ces appr ciations compar es celles qui pr c dent t moignent une fois encore de la difficult de comprendre des personnes en situations de grande pauvret Elles se r v lent galement significatives de l impuissance dans laquelle se trouve un citoyen lorsqu il n a pas la ma trise des savoirs au nom desquels une soci t le juge et administre son existence Cela vaut pour l ensemble des citoyens rencontrant une pr carit de l existence selon leur capacit de contester les informations dont d autres se servent pour d cider des soutiens leur fournir D Les universit s populaires du Quart Monde L exp rience a t con ue et se d veloppe dans une dynamique de recherche action elle permet de saisir l importance de la participation culturelle des plus pauvres Les universit s populaires du Quart Monde sont le lieu privil gi d expression d un besoin d enseignement et d une demande culturelle Voici l opinion sur ces universit s fr quemment exprim e par les participants Face toutes nos conditions de vie difficiles on voudrait tre quelqu un on
323. opulation encourant un risque de grande pauvret si rien n est entrepris pour lui assurer des s curit s de base et les moyens de se promouvoir Il appara t donc que les cat gories de populations utilis es dans les domaines de l aide et de l action sociale permettent d identifier des formes de pr carit Chaque pr carit a des cons quences fort diff rentes suivant le milieu social dans lequel elle intervient et suivant le nombre et l intensit des autres pr carit s auxquelles elle vient s ajouter 28 F vrier 1987 Exemple de cat gories sujettes une forme d enfermement Nous voudrions porter maintenant un regard particulier sur certaines cat gories moins usuellement voqu es objet d une prise en charge totale en hospice ou en h pital psychiatrique Ces institutions sont en effet des lieux o peut se r v ler la pr carit extr me S y ajoute la prison qui si elle ob it une logique diff rente de r pression plus que d assistance rejoint n anmoins les institutions pr c dentes par l enfermement qu elle impose et par sa client le D j en soi le fait d tre intern dans de tels tablissements constitue une mise l cart privative de libert et une forme de pauvret certaine mat rielle et sociale 1 La prison En octobre 1985 on comptait 41 555 d tenus dont la moiti environ taient des pr venus Selon les statistiques du minist re de la justice 1 sur les 89 127 entrants en prison
324. orespon 4 de pauvret et les plans d urgence 83 sabilit de l tat rimes Conclusion Initiatives des travailleurs sociaux avec les B ie en du droit absolu un minimum 94 pl s payres a Le iiiaio si entiere sscataes SO a E A AEA O E EA O OE ae A EA C Le droit l habitat familial l preuve de rer P NEA l expulsion nininini ia 95 CHAPITRE VI Possibilit s et difficult s d acc s 5 famili l ducation en milieu de pauvret sem 84 D Pauvret et dislocations familiales 95 1 La famille en butte aux droits de ses I Les enfants et les jeunes en grande pauvret membres en aisse M tt screens eee SESE de 95 devant l cole sirieni saktie EAE nent 84 4 2 La famille pauvre est elle toujours recon II Les enseignants devant les enfants les plus UE D ner ir etes dt mn telnet ts 95 d munis et leurs familles Gide set een Sondes sens ces 85 E La remise en cause du droit d avoir des enfants 9 HE Rose ainne s lnn ne en ou TE RES 95 85 III Le recours et la participation des plus pauvres 96 A Les zones d ducation prioritaires une mesure nationale particuli rement int res A Les voies de recours s ssessssessersseeseeeeee 96 SANTO re nina Mer dt nn iesee 86 B La participation se 96 B Initiatives locales une chelle plus modeste 86 APPENDICE esse 97 CHAPITRE VII Quelles possibilit s d acc s la formation et l emploi pour les travailleurs les moins Dore D RER sns C
325. ositions au del des secours d urgence n cessaires mais ponctuels pour essayer d apporter de v ritables solutions coh rentes globales et prospectives aux probl mes consid r s 28 F vrier 1987 CONSEIL 1 El ments de d finition Afin de pr ciser d embl e le champ d investigation du pr sent rapport il est propos d adopter les d finitions suivantes pour les termes de grande pauvret et pr carit conomique et sociale La pr carit est l absence d une ou plusieurs des s curit s permettant aux personnes et familles d assumer leurs responsabilit s l mentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux L ins curit qui en r sulte peut tre plus ou moins tendue et avoir des cons quences plus ou moins graves et d finitives Elle conduit le plus souvent la grande pauvret quand elle affecte plusieurs domaines de l existence qu elle tend se prolonger dans le temps et devient persistante qu elle compromet gravement les chances de reconqu rir ses droits et de r assumer ses responsabilit s par soi m me dans un avenir pr visible 2 Le contexte g n ral du pr sent rapport Aujourd hui de nombreux europ ens peuvent se rendre compte par eux m mes que la grande pauvret et la pr carit sont redevenues un sujet d actualit Des signes leur en sont donn s sinon dans leur propre vie tout au moins dans leur environnement parfois dans leur famille ou leur voisinage On leur en parle de
326. otion l accom en compte la situation des jeunes et des adultes pagnement social fournit il aux plus pauvres ssssseessossosese 79 parmi les moins qualifi s 89 L Le r le des travailleurs sociaux dans l accom II Des exp riences novatrices 91 pagnement des plus pauvres s s PE ES E A A AA A Les travailleurs sociaux principaux interlo A Les entreprises interm diaires s sessse 91 cuteurs des plus pauvres sssseseseseereeeeeeeeees 79 B Les nouvelles qualifications s ss nssesoseeeeeee 91 B La pauvret interrogation pos e au travail Oe Fe EENE A AEE A EE TA 80 CHAPITRE VIII Pauvret et libert s civiles et politiques 92 IL La realit de l accompagnement social des plus pauvres dans certaines institutions sp cifiques 80 I Le combat d une famille pour le respect de ses A La tutelle aux prestations sociales 80 droits fondamentaux 3 B La protection de l enfance 81 A Les libert s civiles devant la justice B C Les interventions aupr s des jeunes 82 B Au del du proc s la vie 9 M Mesures significatives de la lutte globale contre C Une discrimination sans recours ni d fense la pauvret et r le de l accompagnement social 82 IL La grande pauvret un obstacle aux droits de A Le d veloppement social des quartiers 82 l Homme Visit aE E E 4 B Le programme de lutte contre les situations Principe du droit la famille et c
327. our faire face aux situations de pr carit La mission fondamentale du travailleur social consiste avant tout mettre en uvre les politiques sociales d finies par les pouvoirs publics Les travailleurs sociaux appartiennent une mosa que de professions ayant chacune leur sp cificit c est dire une organisation des objectifs et des m thodes propres Leur but commun est d apporter une aide des individus des familles ou des groupes par un apport mat riel par un accompagnement ducatif ou par un soutien dans la reconnaissance de leurs droits ou l obtention de secours Le travail social a en quelque sorte remplac les r seaux d entraide et de solidarit que la parent et la communaut locale n assuraient plus Par ailleurs la complexit grandis sante de notre soci t exige une professionnalisation de l aide De fait les travailleurs sociaux sont devenus les interlocuteurs pratiquement uniques des personnes et des familles d munies Non seulement les services sociaux constituent dans la plupart des cas le passage oblig des plus pauvres mais ces derniers ne sont pas libres de choisir le travailleur social auquel ils ont affaire C est pourtant au travailleur social qu il doit confier une grande part de sa vie intime de ses manques de ses incapacit s et aussi de ses espoirs pour l avenir Plus grave encore dans les faits il a tr s rarement d autres interlocuteurs et partenaires On ne choisit pas so
328. ources et dettes E G F situation compar e de 11 familles Ressources Dette E G F au octobre 1985 1 novembre 1985 Famille de 3 personnes 1755F 2 389 F Famille de 4 personnes 2 551 F 5945 F Famille de 4 personnes 5757F 3 665 F Famille de 5 personnes 1 814 F 4421F Famille de 6 personnes 6697 F 3563F Famille de 6 personnes 2 3934F 2436F Famille de 7 personnes 3 599F 4 400 F Famille de 7 personnes 9 739 F 3 708 F Famille de 7 personnes 8 222 F 3 521 F Famille de 8 personnes 4392 F 1 177 F Famille de 8 personnes 6 637 F 2 463 F 28 F vrier 1987 La comparaison de ces chiffres permet de mesurer combien il est difficile pour les familles de r gler leur consommation de gaz et d lectricit Elles ne peuvent donner r guli rement et int gralement ce qu elles se sont engag es payer pour ponger leur dette et celle ci ne cesse d augmenter d un mois sur l autre Le grossissement des dettes d courage de plus en plus Dans ces conditions on ne songe m me plus g rer un quelconque budget familial Il faut donc essayer de trouver des arrangements avec les instances obtenir de nouveaux d lais de r glement pour viter les coupures et les saisies C est une hantise permanente car il faut n cessairemnt faire face dans le m me temps la consommation ordinaire L encore les informations restitu es par l quipe de recherche aux acteurs de terrains sont d terminant
329. ources et parce qu on reprochait aux parents de n am liorer en rien leur existence pour lever correctement leurs enfants 7 d entre eux avaient t pris en charge en 1968 par divers services Ceux ci refusaient de les leur rendre A titre d essai le plus jeune enfant 3 ans est cependant rendu en 1970 les parents doivent faire leurs preuves sous le contr le du service des tutelles et d un service ducatif sp cialis S opposant au malheur qui s abat sur sa famille Mme Rouillard va faire front seule contre tous et obtenir le retour de ses autres enfants l occasion du mariage de l a n de ses fils Une mainlev e du placement est alors consentie pour 3 d entre eux Mais comme rien n a chang dans l entretien du logement le retrait des enfants est nouveau demand Ces tensions rejaillissent sur les relations familiales M Rouillard doit aller faire un s jour l h pital psychi trique il dispara t ensuite sans donner de ses nouvelles Mme Rouillard demande le divorce en 1974 puis elle est amen e quitter le domicile apr s le suicide de son nouveau compagnon accus du viol d une de ses filles Les enfants sont nouveau plac s En novembre 1975 la maison est vendue Pourtant Bertrand Rouillard t moigne du dynamisme de la famille Mon p re a toujours travaill Il a fait un nombre incroyable d entreprises Avant d tre ma on manoeuvre puis conducteur de pelleteuse il avait exerc le m tier de
330. ournir tous les conditions d un emploi adapt aux possibilit s de chacun et aux besoins de la vie conomique 1l n en demeure pas moins que pour faire face aux difficult s temporaires ou durables rencontr es PT par des personnes ou des familles du fait d un niveau insuffisant ou de l absence totale de ressources la d finition d un plancher minimum de ressources devrait tre recher ch e ll constitue en effet un l ment de s curit indispensable pour s engager dans un processus d insertion A cet gard notre assembl e rel ve que les mesures gouvernementales r centes d allocation locale d insertion vont dans ce sens Reconnaissant l avanc e qu elles repr sentent elle note cependant que leur port e demeure trop limit e A terme l objectif serait d assurer progressivement une garantie minimum dans le cadre des diverses branches de protection sociale VI LE DROIT A L HABITAT Sans un chez soi digne de ce nom un tre humain ne peut ni travailler et gagner sa vie ni se maintenir en bonne sant ni faire vivre une famille ce qu il a acquis ant rieurement pour lui m me et pour les siens ne peut que se d grader Dans cette perspective on ne peut que souhaiter que soient r unies les conditions de r alisation d un droit pour tous l habitat pour assurer un v ritable service du public prioritaire A cet effet il conviendrait de donner une impulsion nouvelle la politique du logement social
331. outient l avis car il faut une politique volontaire d interventions collectives La pauvret ne sera pas vaincue et m me elle sera aggrav e par le laisser faire au sein du syst me conomique actuel Les propositions retenues m mes limit es doivent permettre une meilleure connaissance du probl me une meilleure coordination des efforts une meilleure valuation Ces propositions s inscrivent dans une d marche valorisant les grandes solidarit s collectives que la F E N consid re comme l un des acquis les plus importants de notre si cle Pour toutes ces raisons la F E N votera le projet d avis Groupe de la mutualit La Mutualit approuve les grandes orientations propos es dans le rapport pr par par le P re Wresinski pour un v ritable programme d action contre la grande pauvret Les mesures n cessaires doivent s inscrire dans un dispositif d ensemble prenant en compte les diff rentes causes de pr carit l emploi la formation le logement la sant et la couverture sociale l insuffisance des ressources pour agir simultan ment sur les diff rents leviers Ce n est qu ainsi que notre pays pourra v ritablement sortir de la logique des Plans d urgence qui durent l espace d un hiver sans apporter de garantie de p rennit La premi re tape est celle d une exp rimentation du dispositif propos dans quelques sites significatifs dont le suivi et l valuation seraient assur s chaque stade de
332. ouvernemental Au plan quantitatif Le dispositif Jeunes stages d orientation d insertion de qualification a concern en 1984 95 000 jeunes de 16 18 ans et 35 000 jeunes de 18 25 ans pour une enveloppe financi re de 3 milliards de francs fonctionnement et r mun rations La campagne 1985 1986 comptait atteindre 50 000 jeunes de 16 18 ans et 35 000 jeunes de 18 25 ans e Les travaux d utilit collective ont touch depuis leur cr ation jusqu la fin 1985 263 000 jeunes sur 306 000 b n ficiaires potentiels Les pr visions pour 1986 s levaient 220 000 postes en dur e pleine 300 000 b n ficiaires pour un budget de 3 milliards et demi de francs e Les stages par modules individualis s pour lutter contre la s lectivit de la formation et de l emploi comportent un programme adapt r entra nement aux rythmes professionnels aux horaires la vie sociale remise niveau et largissement des connaissances accompagnement jusqu l emploi Ils concernaient fin 1985 20 000 ch meurs de longue dur e sur un dispositif pr vu de 49 000 dans le cadre d une promotion de 100 000 stages financ s par le Fonds national pour l emploi partir de juillet 1985 pour ceux qui sont les plus d favoris s tant par l anciennet de leur inactivit que par l absence d indemnisation et la pr carit de leur situation financi re cf circulaire du 9 juillet 1985 e Les entrep
333. ouvrier Mme Franck MM Girard Herzog Huntzinger Mme Iff MM Le Vern Moatti Mme Parent MM Renouvin Vignau Wresinski Ont vot contre 112 Groupe de la C F D T M Autexier Mme Beauville MM Billon Gauzelin Hureau Le Boterff Jean Ren Masson Mme Milhomme MM Murcier Rabardel Mile Ra ga MM Respaud Rousselot Mme Scavennec MM Trogrlic Vergnolle Groupe de la C F E C G C MM Bordes Pag s Cros Flattet Mandinaud Marchelli Menu de Santis Groupe de L U N A F MM Bichot Burnel de Cr py Duffaure Frahier Jacquet Mme Marotte MM Maurize Niol Groupe de L Agriculture MM de Bretteville de Caffarelli Castaing Mme Chezalviel MM Collaudin Cor mor che Devienne Douroux Fauconnet Garinois Gu zou Guyau Laur Meinrad Munet Perrin Perromat Rigaud Steib Teyssedou Groupe des entreprises priv es MM Bernasconi Bizard Bocquet Brunet Chesnaud Chotard Cl ment Dermagne Fabre Flornoy Gattaz Gauthier Giral Lagane Lanusse Crouss Le Baud Netter Nocturne Parrotin Pinet Rebuffel Salvan s Groupe des entreprises publiques M Matteoli Groupe de l artisanat MM Cabut Della Chiesa Duport Goguet Letertre L on Martel Paquet Groupe des personnalit s qualifi es MM Aicardi Andrieu Arrighi de Casanova Bourbon Langlade Demoyen Machi zaud M raud Oudot Poujade Schwartz Groupe de la coop ration MM Chambaud C
334. p ennes Ainsi le rapport P quignot en 1978 avait r alis une synth se des tudes et des actions de lutte contre la pauvret en 1980 le rapport fran ais pr sent la Commission des Communaut s europ ennes avait tent une valuation syst matique des situations de pauvret et des politiques nationales mises en oeuvre pour les combattre M Gabriel Oheix la demande du Gouvernement avait remis en janvier 1981 un rapport formulant des propositions d actions publiques prioritaires en 1981 le rapport de la Commission des Communaut s europ ennes au terme du premier programme de projets et tudes pilotes pour combattre la pauvret en Europe 1976 1980 avait examin un certain nombre d actions promo tionnelles d j exp riment es sur le terrain Le pr sent rapport constitue un effort la fois de synth se et d actualisation de ces diff rentes d marches Cet effort s appuie galement sur e une importante documentation communiqu e l occasion de cette saisine par diverses instances publiques et priv es les plus directement concern es e des auditions de personnes qualifi es devant la section des Affaires sociales du Conseil conomique et social e des t moignages recueillis de fa on syst matique aussi bien aupr s des populations concern es qu aupr s d acteurs sociaux confront s la lutte contre la grande pauvret et la pr carit e une s rie d tudes r cent
335. p riodes de ch mage n ont que des emplois occasionnels et sont souvent contraints de vivre d exp dients La plupart du temps ils cumulent des probl mes de sant cons cutifs des accidents des conditions de vie trop dures Toutes leurs nergies sont absorb es par des n cessit s de survie imm diate Pour nourrir et loger leur famille ils se livrent des activit s ind pendantes de r cup ration ou de petits travaux au noir ou services rendus contre r mun ration Ils doivent souvent solliciter parall lement des secours aupr s du C C A S et de diff rents organismes Aujourd hui la situation semble se d t riorer ainsi les travailleurs stables glissent vers des situations d emploi intermittent les intermittents ne travaillent plus qu pi sodiquement alors que pour les travailleurs pisodiques les possibilit s de survivre gr ce des exp dients deviennent rares On peut de moins en moins faire les poubelles dans les grandes villes les petits travaux se font de plus en plus exceptionnels Pour pouvoir subsister certains se sont vus contraints ces derni res ann es d accepter un statut d adulte handicap renon ant tout espoir de retravailler un jour B Le ch mage d s le d part pour les jeunes Il convient de s arr ter sur la situation des jeunes pour lesquels l acc s au travail est d s le d part difficile Alors que leurs p res ont us leur jeunesse des t
336. pannage en d pannage les demandeurs d aide ne tirent aucune force nouvelle mais sont au contraire davantage marqu s par la d pendance quand ce n est pas par la crainte M me ceux qui sont affect s cette fonction de d pannage n en sont ils pas insatisfaits Sur ce point les initiatives et d bats actuels relatifs un revenu minimum garanti t moignent la fois d une prise de conscience et d une volont de trouver une solution partag es par tous les partenaires I EXP RIMENTATIONS DE GARANTIE D UN REVENU MINIMUM L id e de garantir une s curit minimale d existence par le revenu n est pas nouvelle L Angleterre en a fait l exp rience au XVIIP si cle apr s la d cision de Speenhamland 2 Tout au long du XIX si cle et au d but du XX si cle des th oriciens l ont propos de Charles Fourier en 1836 Jacques Duboin en 1936 3 La Nouvelle Z lande en a institu une forme d s 1938 et plus r cemment plusieurs pays dont la R publique f d rale d Allemagne en 1962 les Pays Bas en 1963 la Grande Bretagne en 1966 le Canada en 1969 la Belgique en 1974 le Luxembourg en 1986 L exp rience de plusieurs de ces pays sera voqu e la fin de la 2 partie de ce rapport En France des mesures d ordre l gislatif et r glementaire ont t prises et des dispositifs de garantie d un revenu ont t mis en place localement l initiative de communes ainsi que de divers organismes publics et priv s 1
337. pas en conclure qu un cart socio culturel certain demeurait entre l cole et une partie des l ves originaires de milieux peu favoris s En l occurrence il ne s agissait plus d un manque d galit des chances Faute d apprendre ma triser la lecture l criture le calcul les enfants n avaient appa remment aucune chance de d velopper leurs facult s leur pens e leur capacit d analyser de faire valoir leur exp rience et donc de participer la vie de la soci t environnante Au fil des recherches et d couvertes il est apparu qu en CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 43 effet pour parcourir avec su les tapes de l enseignement scolaire l l ve doit y apporter un certain nombre d acquis de l ducation dans la petite enfance Ces acquis de ma trise du corps du langage des notions de temps et d espace etc sont consid r s comme assur s pour tous mais ils ne le sont pas galement dans tous les milieux L enfant pour r ussir l cole doit aussi avoir fait l exp rience pr alable de r ussites enfantines au foyer Or quels peuvent tre les acquis et les r ussites d un petit enfant priv d espace de jouets dans un logement surpeupl o les adultes ont le souci de la survie et ont peu t inform s sur les besoins de la petite enfance Nous savons aujourd hui que l acc s des savoirs et des savoir faire m me l mentaires est de fait tr s difficile toute une fraction de la populatio
338. pe de femmes illettr es a t rendue possible parce qu avait t reconnue au pr alable la n cessit de leur assurer un revenu minimum pendant cette formation pour qu elles soient plus disponibles Des travailleurs sociaux agissant dans le cadre d une zone d ducation prioritaire ont pu s investir suffisamment aupr s des familles les plus pauvres pour pr parer avec elles les r unions organis es pour les parents d l ves et les y accompagner Elles ont pu ainsi exprimer elles aussi ce qu elles voulaient pour leurs enfants Ces actions bien modestes illustrent pourtant tr s exac tement ce que devrait tre la fonction du travail social dans une lutte globale contre la pauvret e se concerter avec une population e conna tre ses difficult s d couvrir ses espoirs e cr er avec elle des espaces des actions o elle puisse r aliser ses projets en association avec d autres Au terme de ce chapitre nous pouvons mieux situer le r le des travailleurs sociaux dans la lutte contre la grande pauvret et pr carite Pendant longtemps ils furent avec les associations le dernier interlocuteur des plus pauvres en m me temps que leur derni re protection Ils taient aussi les derniers poss der encore une connaissance des r alit s v cues de la grande pauvret Les travailleurs sociaux ne sont pas encore d gag s de l urgence si les politiques sectorielles fournissaient les s curit s d existe
339. pes de donn es disposons nous 31 B Le d nombrement des pauvres une n cessit et Un TISQUE e E E S 32 CHAPITRE II S curit conomique me 33 I La dispersion des plus bas revenus Exemple de la France parmi les pays europ ens 33 IL Les types de m nages disposant des plus faibles KAKA EEE E 34 III Liens entre in galit s de revenus et pr carit s 35 IV Le nombre et l volution des populations bas TOVENUS E E EE N reste n ne frbe ue 35 A Estimation du nombre de personnes en situation de pr carit grave de ressources 35 B volution des populations bas revenus 35 V L apport des statistiques concernant des cat gories H fONONS RS sr nantes 36 A Exemple d une recherche sur les revenus des demandeurs d emploi non indemnis s 36 B Autre exemple une tude statistique de la client le de services sociaux u 37 C Approche par le Secours catholique 39 CHAPITRE MNI Acc s l habitat I L Acc s un logement A Le recensement national de la population de B La circonscription d action sanitaire et sociale de Gonesse Val d Oise C Le Secours catholique D Enqu te de la F d ration nationale des associations d accueil et d r adaptation sociale en 1983 E Les candidatures l acc s aux cit s de promotion familiale anim es par le mouve ment A T D Quart Monde en 1984 et F Personnes errant sans lo
340. plus pauvres l acc s la justice et de donner la possibilit aux associations solidaires des populations les plus d favoris es de se constituer partie civile lorsque leurs droits fondamentaux ne sont pas respect s C L aide la r insertion On a vu dans la premi re partie de ce rapport la surrepr sentation des personnes les plus paup ris es parmi la population carc rale et le fait qu elles demeurent fr quemment aussi d munies l expiration de leur peine Des solutions devraient tre recherch es pour que le temps de d tention puisse tre valablement consid r comme un tremplin pour aborder l avenir dans de meilleures conditions Une saisine en cours du Conseil conomique et social devant aborder ces probl mes ils ne feront pas ici l objet de propositions D La d fense de l int grit familiale On sait combien la cellule familiale est prot ger en tant que structure de base fondamentale pour le d veloppement de la personnalit et de la socialisation ainsi que comme lieu par excellence de la s curit d existence Il convient de prendre des dispositions pour viter dans la mesure du possible son clatement en milieu de grande pauvret Aussi les parents devraient pouvoir trouver aupr s des instances charg es de la protection de l enfance et de la famille le dialogue et le soutien n cessaires pour pouvoir assumer leurs responsabilit s C est sur la base des grandes orientations qu
341. position parce qu ils se trouvaient menac s d expulsion en d finitive la suite de r habilitations une petite part des habitants sont malheureusement contraints de retourner dans des habitats de fortune 4 Les Centres d h bergement et de r adaptation sociale offrent plus de 30 000 places des personnes seules ou avec enfants plus rarement des familles compl tes ce qui oblige des familles se laisser disloquer pour pouvoir b n ficier d un toit Mais nous avons vu dans la premi re partie de ce rapport que la proportion de personnes h berg es dans ces centres et qui parviennent acc der ensuite un logement est relativement faible Cette situation perturbe la fonction sociale pourtant indispensable de ces centres compte tenu de leurs possibilit s de prise en charge limit es dans le temps Aussi certaines personnes sont contraintes d aller d un centre un autre ou la rue au terme des d lais de prise en charge Par ailleurs une partie de la client le de ces centres que la F N A R S estime 15 n y est pr sente que par manque de logement imm diatement accessible On peut s interroger sur le co t de ce type d h bergement quand on sait que le montant de la prise en charge d une famille de 4 personnes lui permettrait de payer son loyer en H L M pour une p riode dix fois plus longue Il faut citer ici bien que cela ne puisse toujours concerner les personnes ou les familles les plus marginalis es
342. pouvant tre rep r s au sein des arm es et 5 000 le nombre des volontaires pour suivre un cours de rattrapage 28 F vrier 1987 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 47 o le ch mage et le sous emploi sont d j de r gle pour les parents Sans encore pouvoir proposer des chiffres nous VI LE NON ACC S i ar touchons ici sans doute la grande pauvret transmise d une A LA FORMATION PERMANENTE Dans ces conditions l acc s aux diverses proc dures de la formation reste tr s probl matique pour une fraction importante de la population Le taux d acc s des salari s cette formation est en g n ral d autant plus fort que leur niveau de formation initiale est lev ceci s accentue encore dans les formations financ es par les entreprises 1 Certes les formations financ es par l tat en particulier pour privil gier les demandeurs d emplois sont bien consa cr es pour plus de la moiti aux niveaux VI et V bis cf Donn es sociales 1984 Et divers stages imagin s pour les 16 18 ans ou les 18 25 ans ont voulu prendre les moyens d atteindre un public sans qualification et au ch mage Mais ils parviennent rarement faire acqu rir une r elle qualifi cation reconnue Quant aux formations organis es par l Association pour la formation professionnelle des adultes A F P A elles permettent l obtention d un C A P mais demeurent inaccessibles un nombre encore trop important de candidats du f
343. pris ceux qui sont dans la mis re illettr s et sans voix C est pourquoi ceux ci sont associ s par le truchement d organisations non gouvernementales l ambition proclam e par les organismes internationaux de lib rer l tre humain de la terreur et de la mis re Ils participent ainsi leur combat qui est de refuser la loi du plus fort Actuellement l accent est mis sur le droit la vie comme pr alable tous les autres droits Il s agit du droit non seulement de ne pas tre priv de la vie par la faim mais d avoir les moyens de vivre dans la dignit M Leuprecht a cit des exemples r cents Je Conseil de l Europe interroge les tats membres sur la mani re dont ils garantissent le respect des droits fondamentaux aux mineurs plac s en institution la Cour europ enne des droits de l Homme statue sur les garanties donn es au droit la vie familiale notamment au droit des parents d lever leurs propres enfants et au droit des enfants d tre lev s par leurs parents la Cour europ enne a oblig un Etat modifier sa l gislation sur l assistance judiciaire pour permettre chacun d avoir acc s la justice quelle que soit sa situation socio conomique De plus en plus la mis re et l exclusion sociale sont consid r es comme une violation des droits de l Homme L appel en ce sens aux d fenseurs des droits de l Homme lanc en 1982 1983 par le mouvement A T D Quart Monde a re
344. probablement un des traits majeurs de cette p riode que cette s paration entre un prol tariat ouvrier qui combat pour l affirmation de ses droits et un sous prol tariat apparemment dans l impossibilit de d noncer sa condition parce qu il ne semble avoir rien offrir qui lui vaudrait les m mes droits Ce troisi me courant fait appara tre des progr s tangibles L organisation l entraide entre les int ress s et le combat commun pour la d fense de leurs droits s ajoutent d finiti vement l aide publique et priv e qui leur tait offerte jusque l Les soci t s de secours mutuel pr sentes d s le moyen ge connaissent alors un nouvel essor Les pauvres sont reconnus eux m mes agents de lutte contre la pauvret et cette lutte est d sormais politique Les plus pauvres n en sont pas l et ne pas participer la lutte va tre un des signes de leur tat d exclusion Pour eux le progr s sera que les oeuvres sociales et ducatives prendront un peu plus la place des tribunaux sp ciaux que les asiles et les maisons des pauvres songeront un peu plus nourrir et imposer l hygi ne qu forcer leurs h tes travailler L ducation semble prendre nettement le dessus par rapport l emprisonnement et au ch timent corporel Les plus pauvres il est vrai restent en quelque sorte sous contr le Leur sort s est tout au moins un peu adouci s il n a pas encore fonci rement chang Derri re cette tr s sommaire
345. projet d avis exprime le souhait de voir se d velopper les pr coles familiales les pivots culturels les biblioth ques de rues les cours particuliers gratuits nous ne pouvons qu appuyer tr s fortement cette demande Ayant eu l occasion de travailler sur le terrain avec les quipes assurant ce soutien d enfants en difficult nous avons pu appr cier leur efficacit Le groupe C F T C a d j pris position lors du rapport de M Petrequin quant au logement des plus d munis il croit devoir rappeler encore aujourd hui que les organismes H L M ont pour vocation premi re le logement des familles modestes L id e de cr er un plus grand nombre de centres de promotion familiale et d tendre les aides socio ducatives li es au logement nous semble int ressante Cette proposition rejoint les pr occupations de la C F T C exprim es notam ment dans son tude sur le droit au logement savoir organiser pour les familles les plus d munies inadapt es la vie en soci t une v ritable formation l habitat Notre groupe est galement favorable l id e d un syst me d assurance maladie g n ralis e mais il insiste sur une double pr occupation D une part il est n cessaire qu un quilibre soit pr serv entre les allocations relevant de l assistance et celles d coulant d efforts contributifs qui doivent tre pris en compte sous peine d irresponsabiliser les int ress s Le probl me d une participation
346. provoquent leur encontre des r actions de mise l cart Ils semblent pouvoir compter ainsi que leur famille sur les oeuvres de mis ricorde Dans les villes celles ci remplacent en quelque sorte pour les pauvres participant l organisation du travail la protection que le seigneur continue d apporter dans la soci t rurale Dans les bourgs et les villes les pauvres vont rencontrer selon leur tat de nouvelles exclusions ou de nouveaux soutiens Ainsi d s le XIIP si cle mais surtout partir du XV si cle les organisations paroissiales cf les tables des pauvres et les confr ries ont jou un r le de pr vention et d entraide en d veloppant un esprit d assistance mutuelle Pour emp cher la chute dans l extr me pauvret on voit appara tre au XV si ce des caisses pr tant sur gages faible taux origine des monts de pi t pratique qu on estimera sup rieure l aum ne parce qu elle pr serve davantage la dignit On peut n anmoins se demander dans quelle mesure ces dispositifs pouvaient tre accessibles ceux qui ne pouvaient apporter ni quote part ni biens gager B La prise en charge progressive par la soci t civile Le second grand courant de la pens e dite classique est son apog e entre la Renaissance et la r volution industrielle des XVIIP et XIXe si cles Il est caract ris par l mergence de nouvelles valeurs attach es l enrichissement p
347. qu elle peut tre utilis e pour identifier les personnes et familles en situation de grande pauvret IL L APPROCHE STATISTIQUE A De quels types de donn es disposons nous Pour progresser dans l valuation de la grande pauvret il semble n cessaire de bien cerner les divers moyens d approche statistique dont nous disposons Ils peuvent tre tr s divers et compl mentaires selon ce qu a dit ce sujet Louis Join Lambert directeur de l Institut de recherche et de formation aux relations humaines I R F R H dans son audition devant la section des affaires sociales le 18 f vrier 1986 Il fait d une part une distinction entre les donn es chiffr es issues d administrations ou d institutions publiques et priv es portant sur les b n ficiaires de leurs services statistiques de client le et les donn es chiffr es issues d investigations portant sur les habitants d un territoire quartier par exemple Il fait d autre part une distinction entre les donn es statistiques de port e nationale ou internationale et les donn es monographiques ou de cas concrets le plus souvent locales Les statistiques nationales sont plus repr sentatives du poids relatif des populations Elles peuvent replacer dans un ensemble les statistiques de client le mais leur mode d investigation et d agr gation rend mal compte des situations extr mes Les statistiques nationales demandent par ailleurs de longs d lais
348. qu ils atteignent jusqu 9 mois le maire de la commune peut prononcer une admission d urgence mais au risque de supporter seul le co t des frais engag s si l admission est ensuite refus e 28 F vrier 1987 CONSEIL L aide m dicale hospitali re doit tre demand e avant la sortie de l h pital sans aucune assurance pr alable de prise en charge Le fonctionnement de l aide m dicale diff re beaucoup d un endroit l autre et para t meilleur en milieu rural Mais parfois les d marches sont lentes les v rifications humiliantes Les malades aux ressources insuffisantes en sont r duits attendre ou prendre le risque de devoir supporter eux m mes les frais ce qui peut entra ner des poursuites des saisies Des personnes qui n ont pu r gler une facture n osent plus retourner l h pital Certains demandent la gratuit d une consultation mais souvent ils n oseront plus retourner chez le m me m decin D autres paient la consultation mais n ont plus d argent pour acheter les m dicaments Certains renoncent se soigner B Les structures de pr vention sont elles adapt es Tentons de voir ce qui est entrepris l heure actuelle dans le but de d pister des atteintes la sant avant que les d g ts ne soient trop graves de mettre la disposition des int ress s des moyens adapt s pour pouvoir se soigner se maintenir en bonne sant et avoir acc s une ducation sanitaire 1 Les examens m
349. quelle classe se trouvent les 100 l ves entr s au cours pr paratoire en 1978 1979 Par exemple d s 1979 1980 86 sur 100 sont pass s au cours l mentaire premi re ann e C E l 13 ont redoubl et 1 est dans l enseignement sp cial 2 Les chiffres en italiques indiquent le nombre d l ves ayant suivi un cursus scolaire normal Ann es Enseignement CP CE1 scolaires 1978 1979 100 1979 1980 13 86 1980 1981 1 17 1981 1982 3 1982 1983 1983 1984 CE2 CM1 CM2 sp cial Total 80 1 20 74 1 4 23 70 1 1 6 25 66 1 Source Note d information n 85 40 du Service de la pr vision des statistiques et de l valuation S P R E S E minist re de lE N 2 Fili re d enseignement relevant du minist re de l Education nationale ou du minist re de la Sant s adressant des enfants handicap s physiques ou mentaux ou consid r s comme d ficients l gers ou moyens en r f rence au quotient intellectuel ou atteints de troubles du comportement 44 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL Ainsi au terme des 5 premi res ann es de scolarit obligatoire 66 enfants sur 100 entrent en 6 sans avoir redoubl 25 ont redoubl une fois 6 deux fois 1 trois fois et 2 sont dans l enseignement sp cial Le pourcentage d enfants ayant redoubl au moins deux fois lors de leur passage dans l enseignement primaire ou fr quentant l enseignement sp cial est de 9 Si l on consid re dan
350. qui vient compl ter celui de l assurance a L indemnisation r sultant de l assurance e Selon les termes des derni res conventions des partenaires sociaux de 1984 et 1985 le r gime national inter professionnel d assurance ch mage est destin assurer un revenu de remplacement pendant une p riode d termin e aux salari s involontairement priv s d emploi et d finis comme b n ficiaires Le r gime pr voit le versement de deux allocations successives en cas d affiliation pr alable gale au moins six MOIS l allocation de base fix e en fonction du salaire ant rieur ne peut tre inf rieure ni 57 du salaire ni en tout tat de cause 107 61 F par jour en octobre 1986 mais du fait que cette allocation ne peut tre non plus sup rieure 75 du salaire un nombre important de ch meurs indemnis s essentiellement anciens smicards touchent moins que ce minimum Etaient dans ce cas 29 A des ch meurs indemnis s au 30 juin 1986 selon l UNEDIC l allocation de fin de droit qui peut prolonger l allocation de base est fix e forfaitairement 65 28 F par jour en octobre 1986 90 78 F au del de 55 ans La dur e d indemnisation d pend de la dur e pr alable d affiliation Elle peut varier de 3 mois pour 3 mois de travail 30 mois dans le cas le plus favorable 45 et 60 mois au del de 50 et 55 ans Les conditions restrictives l attribution de l assurance ch mage
351. r c dent le versement des prestations familiales B Les dettes et leur remboursement Les dettes qui gr vent le budget des familles sont parfois consid rables en nombre et en volume Elles se diff rencient des dettes support es en d autres milieux souvent occasion n es par des cr dits pour l achat de biens d quipement m nager car il s agit fr quemment ici de rembourser la survie de la veille du mois voire de l ann e pass e Parfois d s leur versement un tiers des ressources mensuelles est ainsi absorb Rembourser devient une n cessit aussi imp rieuse qu acheter car demain on sait qu on aura encore besoin d un cr dit chez les voisins chez l picier ou le boulanger Mais ces cr dits ne se traduisent par l acquisition d aucun bien ou produit de longue dur e quipements m nagers etc L conomie familiale est ainsi orient e vers le pass Il y a surtout des dettes pour le loyer l E D F l h pital l huissier dont le montant peut tre sup rieur aux rentr es d argent et dont le cumul rend difficile sinon impossible leur extinction terme sans mesures exceptionnelles Parfois les dettes s accumulent et d passent les recettes mensuelles A titre d exemple et sans aucune pr tention statistique le tableau suivant met en parall le pour quelques familles le montant de leurs ressources totales au mois d octobre 1985 et le montant cumul de leur dette E G F arr t au 1 novembre 1985 Ress
352. r sistances d une famille un outil d action pour changer son avenir 53 CHAPITRE VII L action sur le terrain source d une 53 connaissance des r alit s v cues memes 53 L L action moyen d une connaissance originale IL L encha nement des pr carit s tel qu il est per u 54 par des travailleurs sociaux sses 54 III La consommation de foyers revenus bas et 54 irr guliers appr hend e par une quipe de terrain 55 et une quipe de recherche As Les TESSOUTCES 5 eue uns 55 B Les dettes et leur remboursement 55 C Les d penses sise 56 TV La pauvret de la culture relat e par des t moins ARAA EEEE E 5 A L exception d itin raires de r ussite 56 B Une culture tronqu e 57 C Des appr ciations d interlocuteurs directs 57 D Des universit s populaires du Quart Monde Es L illettrisme 584 ans iies F La culture mode d emploi de la soci t G Le droit d acc der la culture et aux arts 5 CONCIUSION rnnmenenrrnnnnennenennennnnnse 5 DEUXIEME PARTIE LES MOYENS DE LA SECURITE DE L INSERTION ET DE LA PARTICIPATION ESSAI D EVALUATION DES REPONSES EXISTANTES Introduction mes o CHAPITRE I El ments de r ponses apport es la al cecccccoccoccocoeoooeo grande pauvret au cours de l histoire I L h ritage historique A La f odalit Protection des pauvres par le Seigneur et l glise B La prise en charge progressive pa
353. r 1987 Mais il y a aussi des retards de la part de l administration par exemple des retards dus des probl mes techniques de gestion ou des d lais postaux suppl mentaires en cas de jours f ri s Cela est parfois dramatique quand il n y a plus d argent la maison Les revenus du travail sont galement variables L emploi quand il existe est souvent pisodique insuffisant pour ouvrir droit une allocation de ch mage ou non d clar et n assurant aucune couverture sociale Dans certaines petites entreprises des salari s ont pu demander des acomptes Cela ajoute l irr gularit des rentr es d argent et suscite de grosses difficult s la fin du mois particuli rement pour ceux qui n ont pas appris calculer Quant aux revenus des petits travailleurs ind pendants ils sont expos s aux al as de la conjoncture et insuffisants pour payer les cotisations de la S curit sociale En l absence de r serve financi re l incertitude des rentr es d argent s av re d terminante pour la vie des familles on ne sait jamais sur quelle somme d argent on va pouvoir compter m me court terme Dans ces conditions l impossibilit de vivre autrement qu au jour le jour sans projet devient une quasi vidence que les acteurs de terrain doivent prendre en compte dans leur action Ils sauront par exemple qu il est inutile de demander une quelconque participation financi re pour une activit durant les jours qui p
354. r la Pr fecture subordonn ses droits aux allocations familiales une mise en tutelle et une obligation de s dentarisation dans un d lai de 6 mois en contradiction avec d autres mesures qui l obligeaient bouger cherch la contraindre d abandonner quatre de ses enfants mineurs Ces dispositions taient elles de nature laisser leur dignit et les moyens de leurs responsabilit s familiales et sociales M et Mme W C Une discrimination sans recours ni d fense M et Mme W savaient fort bien qu on leur reprochait leur genre de vie En effet ils ont t d sign s dans les rapports officiels sous les termes g n riques de nomades de gitans de manouches En r alit Madame W a eu parmi ses anc tres des Yenniches qui depuis longtemps ne sillonnaient plus les routes Ils ont pous des ruraux s dentaires aussi pauvres qu eux m mes Ainsi affubl s d une identit qui n tait pas la leur priv s des moyens de comprendre leur propre histoire et leur propre culture ils demeuraient sans appartenance sociale honorable De cela ils se sentaient tant t coupables tant t injustement humili s En tous les cas toutes les autorit s ainsi que l a rappel Ma tre Jacob apparaissent cette famille comme des gens extr mement dangereux car ils ont tous les pouvoirs y compris celui de lui retirer ses enfants Et il a ajout propos des familles les plus pauvre
355. r la soci t CIVILE 55 sise E a Re nf C R volution industrielle et naissance d un sous PrOl tANAT En E E es E IL La pauvret une question de droits de l homme 62 Pages 28 F vrier 1987 CHAPITRE IL La s curit des ressources comment est elle assur e dans les situations de grande pr carit msi me en mssmeeeni son meencseestesisetenaie ttes rase 64 I Le syst me de protection sociale et les plus JEMUNIS ser entente de res eines 64 A Les revenus de substitution essees 64 1 Le minimum vieillesse sesseeeeeeeeseeeseeeeeeee 64 2 Les indemnit s journali res en cas de maladie neien ariin n e a 64 3 La prise en charge de l incapacit per manente partielle ou totale eeeeseeeeeeeeee 65 4 L indemnisation du ch mage 65 B La s curit de ressources familiales 0 0 0 66 C L aide sociale oyna aE ass 68 IL Exp rimentations de garantie d un revenu mini MUR nee Ra rer in nelle ane seee une te 68 A Mesures l gislatives et r glementaires 69 CHAPITRE III Le droit l habitat une s curit d existence encore non assur e pour tous sms 71 I L action de l tat a t elle pour effet de garantir tous le droit l habitat ssossoseeeneeneeseeeeeeeeee 71 A Politiques caract re global o osssseeeeesesseseee 71 B Politiques propres la promotion des per sonnes et familles d favoris es IL Des r alisations de terrain qui pourraient
356. r plus de 5 ans dans la m me entreprise sont ceux qui n ont pas de probl me grave de sant et ont pu acqu rir un certain savoir faire sans que celui ci constitue toujours une formation qualifiante reconnue Ces travailleurs sont g n ralement dans des postes de travail isol s et dans de petites entreprises affect s des t ches le plus souvent p nibles Les travailleurs intermittents occupent des postes de travail pr caires par nature int rim travail saisonnier emplois de main d oeuvre dans le b timent et les travaux publics C est la n cessit qui les contraint accepter ce type d emplois apr s s tre heurt s des semaines ou des mois des refus d embauche et d autant plus s ils se savent illettr s ou marqu s par un pass judiciaire ces travailleurs sont pr ts accepter n importe quel emploi Ils le font pour rapporter quelque argent la maison l emploi f t il malsain dangereux ou clandestin La bri vet m me des p riodes de travail ne leur ouvre pas droit le plus souvent l assurance ch mage Tout leur espoir est de sortir de cette pr carit par l obtention d un travail durable espoir une nouvelle fois d u chaque fois qu ils sont cong di s 1 Les Travailleurs sous prol taires face aux mutations de 1 Minist re des Affaires dubai Haktipg8 cience et service Quart Monde 1985 28 F vrier 1987 Les travailleurs pisodiques ceux qui connaissent de tr s longues
357. rande pauvret ni servir de critique de l ensemble de la politique sociale Nous retenons ici comme enseignement principal de ce type de recherche qu un cumul durable de pr carit s peut conduire un individu ou un foyer la grande pauvret susceptible de se transmettre d une g n ration l autre Ainsi il est certain que les parents Homaing descendaient tous deux de familles normandes en grande pr carit Les mutations conomiques et sociales qui favoris rent la plupart les ont laiss s de c t les faisant entrer dans la grande pauvret Aucun de leurs enfants ne semble d sormais pouvoir s en tirer sans un appui ext rieur Une seule des filles a pu la suite de son mariage amorcer une promotion Toutes les recherches monographiques analogues le confirment la pr carit quelle qu elle soit pour conduire la grande pauvret doit tre durable et provoquer d autres pr carit s Alors elle vient bout des r sistances et de l inventivit des hommes La pauvret ne frappe pas au hasard elle finit par avoir raison des personnes et familles 28 F vrier 1987 force d usure Avancer le contraire serait sous estimer la r sistance des int ress s la mis re et leur volont de s en sortir ainsi que les syst mes de protection fort labor s dont le pays s est dot C est pourquoi au cours des mutations actuelles l instrument des monographies n enregistre gu re dans notre pays de chutes brutale
358. ravaux trop durs souvent d s avant leurs 14 ans aujourd hui 16 ans la plupart des jeunes de milieux d favoris s sont affront s d embl e au ch mage Ils cherchent souvent pendant des ann es un premier emploi Comme les autres jeunes ils voudraient pouvoir disposer d argent et de qualification pour pouvoir vivre et se mouvoir dans une soci t de consommation et de communication Quand ils arrivent trouver une embauche il s agit souvent de travaux exigeant une forte r sistance physique dans l entretien le nettoyage Ou bien ce sont de petits travaux temporaires distribution de prospectus d chargement de camions remplacements divers Il arrive aussi que des jeunes se voient proposer une allocation d adulte handicap davantage sur des indices d inadaptation sociale qu en raison de leur tat de sant Ce statut les fait sortir du rang des ch meurs mais les installe d s leur jeunesse dans une invalidit sociale dont ils auront bien du mal sortir Les parents qui connaissaient autrefois de petits employeurs o placer leur fils en gar on tout faire sinon en apprenti ont perdu ce dernier recours Aujourd hui les jeunes les plus d munis ont difficilement acc s beaucoup de structures existantes pour l insertion des jeunes au travail M me les centres de formation pour apprentis et la formation professionnelle des adultes sont difficilement accessibles aux candidats de tr s faible niveau scolaire
359. re la d pos session de biens pourtant reconnus n cessaires la vie et au travail ceci les expose encore plus l expulsion l errance au placement des enfants et en d finitive la dislocation de la famille Pourtant la saisie de ce minimum mobilier n apporte aucun avantage s rieux pour le saisissant car le prix de la vente est le plus souvent insignifiant 1 D s 1978 une proposition de loi a t d pos e visant r tablir pour les plus d favoris s l existence de biens absolument insaisissables C Le droit l habitat familial l preuve de l expulsion Selon la l gislation en vigueur actuellement en application d une clause r solutoire ins r e dans le bail un propri taire peut en cas de non paiement d un seul terme de loyer adresser au locataire par voie d huissier un commandement de payer Si le paiement n intervient pas dans le mois et si le juge n est pas saisi en r f r par le locataire dans ce d lai aucune latitude n est laiss e au juge qui doit ordonner l expulsion Il peut seulement pour la retarder accorder des d lais pouvant aller jusqu deux ans La r siliation du bail peut pareillement tre pr vue en cas de non ex cution de l une quelconque des obligations du locataire De ce fait pour les familles les plus d munies la menace de l expulsion est constante M me si dans la pratique des arrangements l amiable peuvent tre trouv s le propri taire peut se r ser
360. re ont t entreprises Le rapport Des Illettr s en France 3 faisait le point d initiatives prises le plus souvent isol ment par diff rents organismes associa tions nationales ou locales Il signalait que les actions visent toujours plus qu un simple apprentissage de la lecture Il rappelait la n cessit d un apprentissage se situant dans l exp rience concr te et la place de l initiative priv e qui a jou un r le pilote dans ces actions les administrations devant pour leur part d velopper une action concert e en faveur de la lecture 1 Cf II fera beau le jour o le sous prol tariat sera entendu par Alwine de Vos Van Steenwijk ditions Science et Service 1977 2 Dossier enseignement sp cial Int gration 110 111 juillet ao t 1985 3 Rapport au Premier ministre par V ronique Esp randieu et Antoine Lion avec la collaboration de Jean Pierre B nichou janvier 1984 88 CONSEIL Depuis a t cr le Groupe permanent de lutte contre l illettrisme G P L L avec pour objectifs de mobiliser les acteurs possibles de favoriser leur dialogue et d inciter les administrations et divers organismes prendre en compte ces projets Au moment de la r daction du pr sent rapport l avenir de ce groupe demeure malheureusement tr s incertain Dans plusieurs r gions en particulier Nord Pas de Calais des accords engageant Etat et R gion ont t conclus ou sont en voie de l tre Le Conseil na
361. rents retournent chercher un emploi ou qu ter une aide quand pour eux m mes ils ne s exposeraient plus au risque de se voir humilier Les enfants eux m mes puisent courage dans la r sistance manifest e par les parents L enqu te note aussi leurs propres initiatives pour faire vivre la famille Ils ram nent au foyer objets aliments r cup r s ou quelque argent ils vont parfois faire les courses quand la m re est puis e ou ne sait pas lire les tiquettes au supermarch On les voit m me recevoir l huissier Voici donc bri vement r sum s quelques traits qui apparaissent dans une enqu te sur un territoire localis Ils caract risent les conditions de vie des m nages ayant le plus de difficult s au coeur d un quartier populaire urbain Il y aurait bien d autres aspects faire valoir notamment quant aux relations avec les institutions sociales locales avec les associations avec les lus Nous avons choisi les l ments nous permettant de situer la nature la port e et aussi les encha nements des pr carit s v cues par tout un groupe de population Le sous quartier choisi pour cette enqu te est l image d autres en France Dans chaque agglom ration il existe des lieux o sont concentr s ainsi des m nages nettement plus expos s que d autres la grande pauvret et la pr carit conomique et sociale Les associations engag es sur le terrain et les services sociaux peuvent en t moigner Mais de
362. resque totalement d couvert D s les premiers si cles de notre re le droit des pauvres au partage est proclam par l glise Mais dans les structures f odales seigneurs et princes n ont prot ger de l indigence qu une cat gorie de pauvres ruraux laborieux Tr s t t s instaure ainsi une distinction entre les pauvres int gr s et les mis reux rejet s sans terre ni m tier Du XI au XIV si cle le visage de la pauvret change Dans les communaut s urbaines en rapide extension les pauvres sont soutenus par des oeuvres de mis ricorde des caisses de pr ts n es l instigation de diverses confr ries L aide demeure essentiellement mat rielle et p cuniaire Quand arrive le temps entre les XIV et XVIT si cles o l aide aux pauvres d un devoir personnel de chr tien devient une t che civile de la collectivit urbaine la s v rit envers eux se renforce Prend toutefois forme en cette poque l id e que les pauvres ont le droit de gagner leur vie que leurs petits enfants ont le droit de grandir au foyer puis d apprendre un m tier L aide n est plus seulement mat rielle mais comporte un vaste volet d apprentissages Au XIXe si cle avec la classe ouvri re prennent forme aussi et cela d finitivement l entraide la solidarit et le droit de se d fendre collectivement contre l exploitation Mais les plus pauvres demeurent inorganis s aux limites du march de l emploi ou dans les cir
363. ret Sont en jeu les droits et libert s civils comme en attestent les chefs d accusation successivement retenus contre le maire de la commune En effet par arr t du 10 f vrier 1977 la Chambre d accusation de la Cour de Colmar a d clar recevable la plainte avec constitution de partie civile de l Association A T D Quart Monde contre le maire de H du chef de violation de domicile et de destruction de lieu habit Puis 6 ans plus tard la loi ayant t modifi e la Chambre des appels correctionnels de la Cour de Metz a retenu la culpabilit du maire du chef de destruction d objets mobiliers et immobiliers appartenant autrui CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 93 Ma tre Jacob a soulign le courage de la Chambre d accusation de Colmar d avoir accept la constitution de partie civile d une association de solidarit avec les plus pauvres et par cons quent habilit e d fendre leurs droits Cette famille en grande pauvret n a pu compter pour sa d fense sur le Procureur de la R publique qui peut sa discr tion donner suite une plainte ou la classer La pauvret ne constitue pas une condition pouvant donner lieu une d fense particuli re comme c est le cas pour les victimes de crimes de guerre les enfants martyrs les consommateurs ou m me les animaux En l occurrence la Soci t Protectrice des animaux eut t en meilleure position pour accuser le maire d avoir tu les chats et les chiens q
364. ret puissent au cours de stages de recyclage professionnel tre orient s vers ce r le d animateurs garants du droit des plus d munis un accompagnement social Il faudrait galement soutenir les efforts des C C A S pour conna tre et tendre les initiatives de terrain qui suscitent une promotion individuelle et sociale des plus d munis Enfin le Conseil conomique et social souligne le r le important d accompagnement social et de suivi de l ducation surveill e pour la pr vention de la d linquance B L assistance juridique et judiciaire Afin de faciliter l acc s la justice des populations en situation de grande pauvret le Conseil conomique et social consid re que certaines mesures devraient tre prises leur intention en mati re d aide judiciaire et d action civile 1 Pour une Aide Judiciaire am lior e Les modalit s d obtention de l Aide Judiciaire devraient tre assouplies pour garantir les conseils juridiques et les moyens de d fense appropri s ceux qui ont le plus besoin d une assistance technique L instruction des demandes d Aide Judiciaire devrait tre acc l r e et le justiciable devrait avoir une possibilit de recours direct en cas de rejet ou d admission partielle par le Bureau d Aide Judiciaire Le contr le a priori du bien fond des proc dures engager devrait etre supprim l Aide Judiciaire provisoire devrait tre accord e automatiquement lorsqu il y
365. ris par rapport d autres elles visent l l vation moyenne du niveau scolaire des enfants Or ce dernier point s av re d terminant pour ce qui concerne l objet m me de ce pr sent rapport Nous l avons vu pour le d veloppement social des quartiers de tels dispositifs sont incontestablement r ducteurs d in galit s sans pourtant s tre encore dot s d objectifs et de moyens pour mettre fin aux plus graves exclusions B Initiatives locales une chelle plus modeste 1 Initiatives destin es la petite enfance L enseignement pr l mentaire appara t l objet d un int r t particulier Il tient une grande place dans la Consultation r flexion l accueil 3 ans de tous les enfants est l un des trois objectifs confi aux zones prioritaires l enseignement pr l mentaire continue tre le cadre d initiatives et d exp riences inventives 1 La politique des zones prioritaires minist re de l Education nationale mai 1985 28 F vrier 1987 Parmi les nombreuses exp riences effectu es dans ce domaine le C I I S en mentionne un certain nombre A Lyon des l ves trangers de section B E P social d un L E P crivent des comptines pour les enfants de la maternelle Nancy des m res trang res viennent pr senter plats cuisin s photos objets de leur pays aux enfants Dans un grand ensemble du Val d Oise une cole de la vie rassemble des tout petits dans un appartement
366. rises interm diaires ont b n fici d une dotation globale de 50 millions de francs en 1985 et de 100 millions de francs en 1986 pour un objectif de 5 000 postes sur l ensemble de la France A la diff rence des programmes d action sociale ou scolaire tudi s pr c demment certains de ces programmes de formation professionnelle noncent clairement de quel niveau social doivent tre leurs b n ficiaires Ainsi l ordonnance du 26 mars 1982 instituant les stages 16 18 ans s adressaient explicitement aux jeunes au ch mage sans formation et sans qualification C est bien des plus d favoris s et par 1 Forum Les travailleurs les plus d favoris s et leurs familles partenaires de la soci t organis Lyon en d cembre 1985 par le Mouvement A T D Quart Monde cons quent de la grande pauvret qu il s agit C est un gain 28 F vrier 1987 notable Reste videmment voir comment les r sultats par rapport ces b n ficiaires l pourraient tre valu s et si ces divers dispositifs profitent vraiment aux plus d favoris s On sait par exemple que pour les missions locales les valuations officielles estiment 20 la proportion de jeunes d favoris s qui n ont pu profiter de ces dispositifs pourtant orient s vers eux en priorit Au plan qualitatif A l issue des stages Jeunes la proportion de ceux qui trouvent un emploi varie entre 15 et 30 Il est vrai que la vocation de ces stag
367. rnant l assistance des personnes en danger doit tre entendue comme une solidarit pour pr parer avec elles leur avenir Domaine par domaine il convient d indiquer les objectifs des actions entreprendre Ils d coulent directement du constat et de l analyse effectu s dans le pr sent rapport Ils veulent prendre en compte les int r ts court moyen et long terme tant des populations les plus pauvres en ce qui concerne leur d veloppement individuel familial et social que de la collectivit nationale en ce qui concerne ses solidarit s internes leur gard 100 I CONNA TRE PROGRAMMER ET VALUER Ce rapport a permis de constater la carence des informations statistiques sur la grande pauvret il importe donc d abord de r aliser un premier bilan statistique Ensuite sur des lignes conductrices telles que la prise en compte des int r ts long terme la pratique du partenariat l valuation des besoins prioritaires il doit tre possible de d gager de fa on concert e entre le Gouvernement les organismes sociaux les organisations syndicales et associa tives une v ritable programmation d objectifs significatifs atteindre pour que soit manifest e clairement la volont de la Nation de ne laisser personne en dehors d un d veloppement solidaire I faudrait que se d veloppe r ellement une pratique tous niveaux de programmation et d valuation de l action contre la grande pauvret et la pr
368. roductives de l poque vont demeurer alors une cat gorie r siduelle les sous prol taires C est Karl Marx qui le premier les d crivit et les qualifia de lumpenproletariat 2 Leur 1 Ordre arr t aux assembl es g n rales tenues en l H tel commun de la ville de Caen par son Altesse Monseigneur Duc de Longueville pour emp cher la mendicit et fain antise des pauvres pourvoir leur subsistance commencer au premier jour d avril 1655 2 Les luttes de classes en France 1848 1850 ditions sociales Paris 1946 place dans le syst me de production va d pendre non seulement des al as de la conjoncture CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 61 conomique mais aussi de leur non acc s quasi syst matique une qualification professionnelle Ils sont affect s de p re en fils des t ches serviles marginales ou saisonni res n offrant jamais la garantie ni d une carri re ni d un revenu stable et suffisant Inorganis s ces sous prol taires trouvent leurs appuis davantage du c t des services sociaux qui se d veloppent pour les secourir les soutenir les duquer les prendre en charge ou les assister Ils n en trouvent pratiquement aucun du c t des travailleurs dont la qu te de respectabilit est encore trop vive et le besoin de s curit encore trop pr gnant pour qu ils puissent enti rement se solidariser avec des camarades dont la capacit ouvri re ne leur semble pas vidente C est
369. roubles sont probablement rechercher le plus souvent du c t d une d stabilisation largement due leur appartenance un milieu social d favoris Un nombre important d hommes et de femmes se retrouvent parfois de fa on chronique dans ces structures m dicales ou para m dicales voire en amont ou en aval dans des centres d h bergement ou de r adaptation sociale apr s avoir t abandonn s ou retir s leurs parents dans leur petite enfance plac s en institution ou dans des familles d accueil pendant leur minorit plong s dans l errance leur majorit faute d un milieu familial d accueil ou par suite d un clatement de celui ci comme ce peut tre le cas d ouvriers agricoles de t cherons de travailleurs saisonniers Une enqu te r alis e par le minist re de la Sant 2 a mis en vidence le fait que les hospices n h bergent pas seulement des personnes g es 22 des hommes pension naires soit 19 630 personnes et 10 des femmes pension naires soit 14 831 personnes ont moins de 60 ans au total 34 461 personnes La plupart de ces moins de 60 ans sont h berg s en raison de leurs handicaps mentaux 58 physiques 12 ou parce qu ils sont polyhandicap s 11 Mais 19 de l ensemble des moins de 60 ans le sont sans avoir de handicap si ce n est celui d tre consid r s comme cas social d bile l ger ou thylique Ces pension naires n
370. rs l A M G pour lui substituer un syst me d assurance Cette perspective devrait permettre la fois un meilleur acc s aux soins pour les personnes actuellement non ou mal prot g es et une r duction des frais d hospitalisation laquelle les plus d munis recourent plus que d autres VIII LA PROMOTION INDIVIDUELLE ET FAMILIALE Sans un accompagnement social efficace toutes les mesures d insertion envisag es demeureraient sans effet Leur mise en oeuvre pour pallier les diff rentes causes de pr carit conomique et sociale ne peut se concevoir sans un effort d auto prise en charge par les individus eux m mes Ceci implique un renforcement du r le du travail social au del de l accompagnement individuel afin de veiller ce que cet accompagnement se situe dans un ensemble coordonn d interventions de parvenir le plus rapidement possible une r int gration des personnes et des familles en difficult dans les circuits ouverts tous A L assistance juridique et judiciaire L acc s la justice constitue pour tout citoyen un droit fondamental D une part la possibilit de conna tre ses droits et de disposer de moyens n cessaires pour les faire respecter doit tre garantie D autre part la condition de pauvret ne devrait pas jouer comme facteur aggravant 28 F vrier 1987 Il serait donc souhaitable d am liorer le syst me de l aide judiciaire afin de garantir davantage aux
371. rtie importante de la population se caract rise notamment par une augmentation du ch mage une pr carisation du travail et une situation de pauvret extr me pour nombre d individus Force Ouvri re consid re que l un des aspects essentiels de la d mocratie est la transparence ce qui signifie que l ignorance et la politique de l autruche ne doivent en aucun cas s appliquer aux probl mes de soci t Le projet d avis a le m rite de conf rer au sujet un caract re marginal et vite d aborder la solution au probl me par le biais de l assistance et de la charit Nous rejoignons donc le rapporteur quand il affirme que l une des questions de base est le respect des droits fondamentaux de l homme De m me nous approuvons la distinction entre les actions n cessaires court terme et celles fondamentales moyen terme sur la n cessit de l valuation ou sur les domaines prioritairement recens s ducation logement sant emploi et formation Nous faisons cependant observer en premier lieu que l exp rimentation et l valuation qui s y rattache ne devraient pas tre poursuivies trop longtemps pour viter tout caract re d alibi En second lieu nous tenons r affirmer que le ch mage est la cause principale du d veloppement actuel de la pauvret Force Ouvri re a d j eu l occasion de rappeler que tout devrait tre mis en oeuvre pour retrouver des taux de croissance conomique plus soutenus s accompagn
372. rvers prendre en compte ce qui justifie la prudence les d lais et les exp rimentations pr conis es par l avis Celui ci affirme qu il s agit de recourir une autre logique que celle de l assurance compensation Mais puisqu il s agit d une autre logique il faut aussi qu elle s applique aux modalit s de financement c est dire que celui ci rel ve de la fiscalit la plus large et non des r gimes sociaux Troisi me remarque le projet d avis ne fait aucune allusion aux allocations en nature de denr es alimentaires Or l exp rience des restaurants du coeur conjugu e l existence des surplus agro alimentaires de la C E E montrent qu il est peut tre pr matur d liminer les interventions en nature m me si elles restreignent la libert de choix des b n ficiaires Bien entendu ces remarques n affectent en rien notre accord avec les propositions du projet d avis qui visent resserrer les mailles du filet de la protection sociale et renforcer le r le des solidarit s locales qui sont les plus efficaces pour corriger les insuffisances et lourdeurs des grands appareils nationaux Groupe des entreprises priv es Le groupe conscient de l importance et de la gravit des probl mes pos s dans cet avis approuve le principe d une exp rimentation visant lutter contre la grande pauvret dans une dizaine de d partements et pour une p riode de trois ans Mais il craint les effets pervers de cer
373. s Elles sont livr es bien des abus de pouvoir de la part d autorit s m me parfois d un niveau administratif tr s modeste C est la raison d ailleurs pour laquelle dans un premier temps il fallut obtenir la possibilit pour une association de se constituer partie civile Ces familles sont d autant plus facilement victimes qu elles n ont ni les moyens ni m me l id e de porter plainte On a fait le mort disent les familles dans les cit s ou les abris de fortune Mais faire le mort ce n est pas une d fense des droits fondamentaux C est seulement une mani re de parer pendant quelques jours un nouveau coup dur quand faute de moyens on n est pas syndiqu ni affili un quelconque groupement d int r ts 28 F vrier 1987 II LA GRANDE PAUVRET UN OBSTACLE AUX DROITS DE L HOMME L affaire de Monsieur et Madame W contre le maire de H est exceptionnelle du fait qu elle a pu tre port e devant les tribunaux et conduite son terme gr ce l interm diaire d une association Il existe bien d autres exemples o des droits fondamentaux sont viol s travers l irrespect d une s rie de droits fondamentaux c est en d finitive au droit de vivre dans la dignit qu il est port atteinte Nous voudrions illustrer ce propos en examinant les atteintes port es au droit la vie familiale en situation de grande pauvret A Principe du droit la famille et coresponsabilit de l tat
374. s lus et responsables Les buts assign s l cole sont l ouverture au monde et la pr paration professionnelle La principale inqui tude reste l chec scolaire Selon les participants l cole doit apprendre lire crire compter r pondre aux questions de l enfant lui permettre de s exprimer Parmi les lignes d action sont soulign es l importance de l cole maternelle et de la continuit de l enseignement de 5 8 ans la n cessit d accueillir galement toutes les diff rences ce qui peut entra ner des activit s sp cifiques mais l int rieur d un dispositif g n ral la n cessit de l initiative mais aussi de l valuation la n cessit d agir avec d autres avec le milieu et en quipe p dagogique La synth se se termine sur des propositions visant rendre plus efficaces les apprentissages de base et mieux relier l cole et son environnement la vie Dans cette synth se le souci de la r ussite des enfants les plus d favoris s tient une place importante Il faut s interroger sur le fait que le syst me scolaire puisse para tre ne pas comprendre ni attirer ces enfants en difficult et leurs parents et que la soci t ne l aide pas mieux les accueillir L cole obligatoire c est aussi l cole qui se donne l obligation d tre efficace l gard de tous Le syst me scolaire doit permettre chacun de s outiller pour la vie Il doit acqu rir
375. s pourvu de lumi res et de forces pour envisager des changements promouvoir et pour multiplier des solidarit s Une des plus grandes injustices exprim es des quipes d action est de ne pas avoir les moyens de comprendre et de participer l avenir de la soci t de ne pas exister socialement pour d autres au del du cercle familial de ne pas apporter une contribution un d veloppement social plus solidaire Cette absence de sollicitations ext rieures par l entreprise l cole l glise la vie associative locale la vie politique et syndicale est peut tre ressentie comme la marque d exclusion la plus grave G Le droit d acc der la culture et aux arts La demande culturelle des milieux d favoris s englobe aussi les arts la beaut les expressions artistiques de toutes sortes L encore les plus pauvres expriment dans toute sa profondeur une attente qui vaut pour tous les milieux peu ais s Nous vivons toujours dans le laid disent les adultes Chez nous tout est laid disent les enfants Et d s qu une v ritable chance leur en est offerte ils se lancent dans l expression th trale picturale ou musicale Cette aspiration la beaut et aux arts c est encore sur le terrain qu elle est connue Entour s de la laideur des rues et des cit s pauvres les oreilles toujours remplies des bruits du surpeuplement les mains ne touchant jamais un objet de prix ni des mati res de qualit le
376. s s m me si ce type de retraits est devenu plus rare Certaines formes de traitement jettent le discr dit sur celui qui en a eu besoin apr s un s jour en h pital psychiatrique une cure de d sintoxication parfois m me une hospitalisation de longue dur e il devient moins ais de trouver un emploi ou un logement Enfin dans des conditions difficiles o il faut continuel lement faire face des preuves toujours nouvelles et impr vues on a peu le loisir d tre attentif son propre bien tre Les malaises ressentis apparaissent li s aux difficult s rencontr es plut t que du ressort de la m decine Dans ces conditions il est difficile de songer se maintenir en bonne forme physique encore moins fr quenter les quipements de sports ou de loisirs la d tente et les vacances demeurent un luxe inaccessible aux personnes sans travail et sans ressources Pendant ce temps une maladie b nigne peut donner lieu de graves complications De m me que la d tresse physique peut conduire parfois des troubles psychiques Doivent tre aussi mentionn es les difficult s suivre conseils et prescriptions m dicales Le logement ne permet pas toujours d assurer au malade le calme et le confort parfois l isolement n cessaire comment suivre un r gime strict lorsque l alimentation d pend au jour le jour des rentr es d argent De plus les plus d munis ne comprennent RB CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL pa
377. s biblioth ques de rue des tudes dirig es des cours particuliers gratuits 28 F vrier 1987 mettre en contact les familles avec les interlocuteurs comp tents par exemple les permanences d accueil infor mation orientation pour favoriser l insertion sociale et professionnelle des jeunes la fin de la scolarit obligatoire A l int rieur de l cole il serait souhaitable que l quipe enseignante puisse assurer un apprentissage de la lecture sur plusieurs ann es pour les enfants qui en ont besoin valuer r guli rement la pertinence et l efficacit de son enseignement aupr s des plus d favoris s Il est par ailleurs indispensable que l enseignement sp cialis ait davantage de moyens pour r aliser sa mission de r insertion Dans ces zones il conviendrait d accro tre et de mieux utiliser les aides financi res afin d augmenter les moyens mat riels et financiers des tablissements scolaires pour leur permettre e d initier les l ves d s l cole primaire au maniement d outils d instruments et de techniques nouvelles comme l informatique e de garantir la gratuit effective des activit s scolaires d envisager l extension du b n fice de bourses d tude aux enfants des familles les plus d favoris es d s l cole primaire Par des incitations diverses il faudrait encourager les personnels travailler durablement dans ces secteurs particuli rement diff
378. s citoyens un minimum de s curit dans les domaines cruciaux des ressources du logement et des soins m dicaux Nous nous arr terons en particulier ici sur la Belgique les Pays Bas la R publique F d rale d Allemagne et le Royaume Uni Sur le plan des ressources les syst mes de retraite d allocation d invalidit et de ch mage et d allocations familiales y sont avec des variations d une conception assez semblable leurs quivalents Fran ais La grande originalit de ces 4 pays par rapport la France est de proposer leurs citoyens un revenu minimum Celui ci compl te les 98 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL prestations ventuelles per ues par un foyer jusqu un seuil fix par la loi Les b n ficiaires doivent se d clarer pr ts accepter un travail ou une formation qui pourraient leur tre propos s Sur le plan du logement une prise en charge d une partie du loyer comparable aux allocations logement fran aises existe aux Pays Bas en R F A et au Royaume Uni Dans ces 2 derniers pays les communes ont galement dans une large mesure l obligation de fournir un toit aux personnes sans logement Des possibilit s d appel existent en particulier au Royaume Uni pour faire respecter ce droit Pour les frais m dicaux le patient n a aucune somme avancer pour les consultations aux Pays Bas en R F A et au Royaume Uni et seul un ticket mod rateur est r gler pour les m dicaments Comme cons quences
379. s classe d une antenne scolaire mobile sillonnent les routes pour permettre des enfants manouches non ou mal scolaris s de se familiariser avec l cole A Nantes deux enseignantes laborent un manuel pour apprendre lire partir des r alit s de leur vie de jeunes tziganes ayant chou l cole A Alen on un coll ge est form de petits pavillons parpill s l int rieur de la ZUP les activit s scolaires sont m l es la vie du quartier A l int rieur de leur classe des enseignants s ing nient trouver des m thodes actives susceptibles de mobiliser et de d velopper les capacit s de leurs l ves souvent dans le cadre des projets d action ducative radio mettrice dans une cole du Nord expressions artistiques Toulouse dition de textes Montpellier biblioth que Argenteuil Des tablissements associent leurs l ves certaines r alisations de la vie locale A Vannes le Chatel Vosges les l ves vont voir les artisans et les fermiers au travail organisent un Son et Lumi re qui fait participer tous les villageois A Dijon les l ves d un lyc e technique sont associ s la r alisation de 50 logements d un ensemble H L M A St Etienne les tudes ont lieu dans divers lieux de la ville avec l aide d un parent d l ve l cole participe des actions dans un collectif regroupant associations de quartiers et travailleurs sociaux 1 Avant 3 ans 3 Init
380. s dans divers ateliers de fabrication L innovation appel e nouvelles qualifications consiste donc faire travailler ensemble dans une entreprise un technicien et un jeune sortant de classe pr professionnelle de niveau ou de section d ducation sp cialis e Le technicien confie progressivement ce jeune des t ches qui font partie de son travail mais qui ne n cessitent pas une comp tence de technicien A la fin de l op ration pr vue sur 2 ans on regroupe l ensemble de ces t ches pour constituer le contenu la fois d un nouveau poste de travail et d un nouveau m tier de type V Le C A P ainsi r nov aura t obtenu sur le tas Parall lement le technicien alors lib r d une partie de ses t ches pourra son tour assumer quelques unes de celles assur es jusqu alors par un ing nieur Ce dernier pourra ainsi davantage investir dans la recherche Un tel processus est encore trop neuf pour donner lieu une valuation Mais on peut noter qu en donnant statut et qualification un nouveau type d ouvrier il contribue lever le niveau de tous Il permet galement d introduire des jeunes au d part sans qualification dans des secteurs modernes de l activit conomique L ensemble des ressources humaines de l entreprise se trouve ainsi revaloris Quelles consid rations retenir en conclusion de ce chapitre Le taux lev de ch mage et particuli rement du ch mage des jeunes a
381. s dans la grande pauvret ni de sorties soudaines de celle ci Les p res et les grands p res des familles situ es aujourd hui au pied de l chelle sociale ne s en trouvaient d j pas tr s loign s eux m mes Ceux qui heureusement parviennent quitter l tat de grande pauvret demeurent pendant longtemps encore en situation vuln rable CHAPITRE VII L ACTION SUR LE TERRAIN SOURCE D UNE CONNAISSANCE DES R ALIT S V CUES I L ACTION MOYEN D UNE CONNAISSANCE ORIGINALE Il est naturel que les acteurs de terrain portant des responsabilit s directes l gard des situations de pr carit aient besoin de conna tre pour agir Ceux ci ont t conduits se servir de leur propre exp rience l utiliser comme la source d un savoir et d un savoir faire ad quats C est ainsi que l action sociale est devenue aussi moyen de connaissance en France comme dans les pays voisins L exp rience de personnes sur le terrain t moins directs de la r alit v cue ne peut elle seule que donner une connaissance des faits Selon la rigueur avec laquelle ces r alit s sont enregistr es d cod es et analys es selon le nombre et la relative repr sentativit des foyers connus la d marche peut donner lieu des hypoth ses concernant la fa on dont certaines situations sont v cues et certaines insuffisances des dispositions notamment le manque de coordination entre les intervenants Quand les observations et les hypo
382. s de l existence famille travail religion vie associative ou de simple voisinage Plus les moyens de les vivre concr tement font d faut et plus les int ress s souffrent de la distance qui se cr e entre leurs aspirations et la r alit v cue Ils sont oblig s de mettre entre parenth ses ce quoi ils croient et aspirent pour pouvoir supporter la r alit Ces observations nous renseignent la fois sur le droit de tous la culture sur les moyens culturels qu il s agirait de mettre en oeuvre dans un combat global contre la grande pauvret et la pr carit et aussi sur l accompagnement culturel et social pr voir Les plus pauvres nous rappellent aussi que l acc s aux arts fait partie int grante de la participation la vie d une collectivit Les milieux plus favoris s ne t moignent ils pas en permanence qu en stimulant le sens du beau et l acc s aux expressions culturelles les plus nobles les chances de promotion augmentent 58 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL CONCLUSION L introduction de cette premi re partie rappelait ces questions pos es par l opinion existe t il dans notre pays des personnes ou des familles dans la grande pauvret ou menac es par elle Combien sont elles Que vivent elles Au long des chapitres ont t examin s les moyens de connaissance notre disposition partir des informations qu ils peuvent fournir Celles ci ont confirm que la grande pauvret et la pr c
383. s donn es chiffr es plus pr cises particuli rement dans le domaine primordial des ressources Le d nombrement des personnes et familles sans un habitat d cent demeure tr s difficile Le recoupement de diverses approches chec scolaire enseignement sp cial illettrisme par classe d appel au service national donne une mesure des besoins de formation L ensemble de ces donn es sont indispensables pour valuer le co t de mesures destin es venir bout des pr carit s les plus graves pr venir les pr carit s qui peuvent y conduire susciter la prise en compte progressive des int ress s dans le cadre des politiques con ues pour tous Toujours afin d clairer les politiques cette premi re partie a permis de r unir des informations qualitatives sur les encha nements et cumuls de pr carit Il est apparu qu une pr carit de sant de ressources d habitat ou d emploi ne d termine pas elle seule une situation de grande pauvret pas plus que ne peut tre identifi un facteur premier qui entra nerait tous les autres L effet des pr carit s semble tr s largement d pendre du niveau socio conomique des r serves financi res du niveau culturel d instruction et de qualification professionnelle des moyens de participation syndicale et politique des personnes Plus celles ci sont situ es au bas de l chelle sociale plus une pr carit risque d en entra ner d autres Plus aussi il s
384. s en compte soit parce que les moyens de le s r sorber demeurent insuffisants ces dispositifs laissent une partie de la population sans participation conomique et sociale sans possibilit d assumer ses responsabilit s et de jouir de ses droits les plus l mentaires De fait force est de constater que dans l tat actuel des choses la partie la plus d munie de la population se trouve dans une situation de d pendance quasi totale Pour obtenir les s curit s indispensables son autonomie elle d pend de d cisions sur lesquelles elle n a pas de prise Les moyens qui lui sont effectivement octroy s ne lui suffisent pas pour sortir de cet tat Une politique de protection susceptible d enrayer la grande pauvret et d assurer comme le pr voit la Constitution le d veloppement de l individu et de la famille devrait semble t il tenir compte de ce constat En d pit des r elles difficult s conomiques auxquelles elle doit actuellement faire face la France ne peut pas admettre que des citoyens puissent tre affect s dans le libre exercice de leurs droits et devoirs Nous avons constat que cette libert est compromise quand n est pas assur un minimum raisonnable la fois de s curit d existence ressources logement sant d instruction scolaire de formation professionnelle et de chances de trouver un emploi ainsi que de moyens pratiques de mener une vie associative correspondant aux int r ts et aux projets
385. s expliquent par le souci de lier le droit prestation un minimum de cotisations et par le d sir d viter les abus En fait ces conditions aboutissent exclure du b n fice des indemnit s des travailleurs en situation de pr carit par exemple les demandeurs d emploi ayant puis leurs droits aux deux allocations avec prolongation les travailleurs n ayant pas t affili s suffisamment longtemps au cours des 12 ou 24 derniers mois pr c dant la p riode de ch mage les ch meurs dits saisonniers les travailleurs non salari s ou les demandeurs d un premier emploi b L indemnisation r sultant de l assistance dit r gime de solidarit Parmi ces exclus de l indemnisation de l assurance ch mage certains peuvent tre admis b n ficier d une allocation d assistance l allocation de solidarit sp cifique ou l allo cation d insertion vers es sous condition de ressources et r duites si n cessaire de fa on ne pas d passer un plafond de 3 933 F pour une personne seule 7 866 F pour un m nage au l janvier 1987 1 L allocation de solidarit sp cifique peut tre attribu e aux ch meurs ayant puis leurs droits aux allocations d assurance condition qu ils aient travaill comme salari pendant 5 ans au cours des 10 ann es pr c dentes D un montant sensiblement quivalent celui de l allocation de fin de droits l allocation de solidarit sp cifique est attri
386. s extr mes alors qu elles sont souvent sous repr sent es utiliser des questionnements adapt s et des enqu teurs form s une bonne communication avec les enqu t s les plus pauvres Les informations obtenues partir des recensements de la population ou des grandes enqu tes nationales caract re global par exemple sur les conditions de vie des Fran ais ne sont pas n cessairement les plus pr cises et surtout les plus exhaustives en mati re de pauvret Des informations d livr es par des enqu tes plus localis es ou plus sectorielles peuvent rev tir de ce point de vue une plus grande fiabilit et offrir des possibilit s d appr hension plus signifiantes Nos appareils de production statistique commencent d ailleurs s outiller pour percevoir des effets de persistance de la pauvret dans le temps par exemple Panels de l IN S E E en Lorraine du S E S I et des C A F avec 100 000 familles en France et les liens entre diverses pr carit s enqu te Situations d favoris es de l IN S E E Mais il faudra attendre encore plusieurs ann es pour disposer de donn es proprement statistiques traduisant des volutions B Le d nombrement des pauvres une n cessit et un risque Dans son introduction le rapport fran ais pr sent en 1980 la Commission des Communaut s europ ennes soulignait d j la difficult de d finir un nombre de pauvres Plus r cemment l Observatoire conom
387. s familles aux ressources les plus incertaines expriment mieux que d autres un besoin fondamental de l homme Un besoin auquel la collectivit ne semble m me plus penser lorsqu elle se trouve en face d un citoyen en situation de pr carit CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 57 Malgr les efforts d ploy s par l tat les partenaires sociaux le monde associatif pour l acc s la culture et aux arts les plus d favoris s en demeurent exclus Pourtant l acc s la beaut constitue une des conditions primordiales pour qu ils puissent participer la vie de la collectivit environnante En somme l action sur le terrain conduit une connaissance originale pr cieuse sur la grande pauvret et la pr carit Selon la qualit des relations nou es avec une population selon la m thode pratiqu e pour enregistrer et d coder les informations elle apporte des hypoth ses et des v rifications essentiellement sur la r alit v cue Elle touche le plus directement aux encha nements de pr carit s susceptibles d aboutir des situations de grande pauvret Mais aussi l action met les personnes concern es dans une situation o elles peuvent s exprimer autrement qu au cours d une enqu te Peuvent alors appara tre des aspirations et des forces qui repr sentent les cl s de la r ussite De cette connaissance il faut retenir quelques points essentiels Dans le domaine de la consommation nous garderons en m moire que plus l
388. s le d but de leurs difficult s actuelles est de Plus de 2 ans pour 36 1 des m nages 6mois 2ans pour 35 9 des m nages moins de 6 mois pour 22 des m nages ne sait pas 6 En toute rigueur il faudrait comparer de tels chiffres sur plusieurs ann es On y trouverait un utile indicateur de la conjoncture au bas de l chelle sociale Mais dans la mesure o 2 des m nages en question sur 5 citent le ch mage comme cause de ces difficult s il y a en quelque sorte confirmation des approches pr c dentes D autres causes de difficult s sont invoqu es dans cette enqu te tableau A Et les chercheurs ont soulign les cumuls ventuels de difficult s tableau B Tableau A Origine des difficult s es Proportion Er ombre total PE de m nages des m nages en Ch MA TEE RRE 580 38 9 Maladie accident invalidit 469 31 5 Rupture familiale 000 e0000eneeeeeeeee 342 22 9 Comportement des enfants relations 266 17 8 avec les enfants esss0000e0s Maternit naissance s000000000000e 126 8 5 D c s d un membre de la famille 81 5 4 Retraite 8 51 3 4 Autre origine pas d exemples 358 24 Plusieurs r ponses pouvaient tre donn es par un m me m nage d o un total sup rieur 100 Tableau B Les cumuls ventuels de difficult s z Nombre R partition Types de difficult s de m nages en Logement sant
389. s le m me chantillon la r partition par cat gories socio professionnelles des parents sont dans cette situation 26 1 des enfants de manoeuvres 22 3 des enfants de salari s agricoles 19 5 des enfants de non actifs 16 4 des enfants de personnels de service 14 4 des enfants d ouvriers sp cialis s 9 8 des enfants d ouvriers qualifi s 6 3 des enfants d agriculteurs exploitants 5 6 des enfants de contrema tres 5 2 des enfants d employ s 4 9 des enfants d artisans petits commer ants 1 8 des enfants de cadres moyens 1 5 des enfants d industriels commer ants 0 4 des enfants de cadres sup rieurs professions lib rales Si les redoublements multiples et la fr quentation de l enseignement sp cial concernent une tr s faible minorit des enfants de cadres sup rieurs ou de membres de professions lib rales 0 4 ils sont le lot de plus d un quart des enfants de manoeuvres 26 1 et de pr s d un quart des enfants de salari s agricoles 22 3 Ces moyennes nationales par cat gorie socio professionnelle ne rendent pas compte de l intensit de l chec scolaire au sein de certaines populations l chelle locale Dans des quartiers d favoris s il arrive que les habitants soient marqu s par un tr s faible taux de r ussite scolaire ni parents ni enfants ne comptent sur la r ussite et finissent par ne plus la croire possible
390. s moyens d investigation et de connaissance Alors que les recherches plus proprement statistiques renseignent davantage sur la nature et le co t des mesures mettre en oeuvre la recherche locale plus qualitative met plut t l accent sur leurs modalit s d application Quelles priorit s tablir quelle articulation assurer entre les diff rents types de mesures Tout cela d pend largement de la fa on dont les int ress s vivent leur situation L appr hension de ces situations v cues suppose d emprunter le regard de petits groupes locaux bien s lectionn s et significatifs 50 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL CHAPITRE VI LA GRANDE PAUVRET VUE A TRAVERS L ELABORATION DE MONOGRAPHIES DE FAMILLES 1 Le chapitre pr c dent a mis en vidence travers un certain type d enqu te localis e que des hommes et des femmes risquent de garder trace et m moire dans leur corps et dans leur esprit des v nements qui ont marqu leur existence et celle de leurs parents Leurs attitudes et leurs comportements sont fa onn s par des mani res d tre de faire et de penser qui sont l h ritage de tout un milieu et d une histoire collective Or cette r f rence historique commune qui se retrouve dans tout milieu social colore sans aucun doute la nature m me des besoins et aspirations de chacun et de chaque famille en particulier C est une chose d tre femme seule chef de famille c en est une autre en tant soi m me issue d un mil
391. s particuli res et esp rons le en partie transitoires s imposent bien entendu pour faire face la grande pauvret Notre deuxi me r serve porte sur la fin de la conclusion du projet d avis exprimant le souhait qu au terme de ces exp rimentations et de leur valuation des mesures nouvelles d ordre l gislatif ou r glementaire soient prises pour permettre un traitement global et permanent de la pauvret et de la pr carit conomique et sociale Nous souhaitons que les textes nationaux envisager plus tard puissent tre r duits au strict minimum et laissent pour leur application de larges marges d initiative et de coordination aux collectivit s locales et aux associations Compte tenu de la nature du sujet qui ne peut laisser indiff rent et de l exceptionnelle qualit du travail qui nous est soumis le groupe des entreprises publiques votera en majorit le projet d avis en d pit des quelques r serves qu il vient de formuler 28 F vrier 1987 Groupe de la F E N La F E N note que la pauvret est aujourd hui plus visible et plus insupportable Plus visible en raison de l information massive plus insupportable car les moyens conomiques techniques et scientifiques sont notre port e pour rem dier la pauvret Il y a donc quelque chose de pervers dans les structures conomiques et politiques qui permettent que se cotoient tant de richesses et de possibilit s et tant de pauvret La F E N s
392. s plus pauvres Ils se m fient peut tre plus que dans d autres milieux de petits emplois d valoris s dans la mesure o ceux ci risquent pour eux de ne pas tre transitoires 28 F vrier 1987 III DES EXP RIENCES NOVATRICES La documentation fournie par le Centre d information sur les innovations sociales C IL S pr sente un nombre consid rable d initiatives prises par des particuliers ou des organismes pour l acc s des plus d favoris s l emploi Certaines se limitent plus ou moins fournir une occupation Ne parle t on pas de structures occupationnelles D autres veulent procurer une formation sur le tas gr ce un encadrement appropri parrainage ou tutorat comme les stages d initiation la vie professionnelle S I V P les Associations de main d oeuvre et de formation A M O F D autres encore mettent l accent plus sur l insertion que sur la formation Parmi ces exp riences peuvent tre signal es des initiatives int ressantes comme celles d int grer la lutte contre l illet trisme dans le temps de travail ou de permettre des ch meurs une vie associative un soutien social et des activit s de formation Il faut encore souligner la cr ation des fonds d partementaux pour l initiative des jeunes destin s accro tre les possibilit s d insertion sociale et professionnelle des jeunes de 18 25 ans sans emploi Dans la circulaire du 25 f vrier 1985 instituant ces fonds il tait deman
393. s tenterons de tirer certaines conclusions partir des informations qu ils nous fournissent I LA DISPERSION DES PLUS BAS REVENUS exemple de la France parmi les pays europ ens Dans son rapport final consacr au programme de projets et tudes pilotes pour combattre la pauvret C O M 81 769 final du 15 d cembre 1981 la Commission des Communaut s europ ennes a notamment r uni des infor mations chiffr es sur l ampleur des in galit s du c t des faibles revenus pour les 9 tats membres de la C E E au moment de l tude r alis e en 1970 Le tableau ci apr s pr sente pour chaque pays le pourcentage de m nages dits pauvres parce que les int ress s disposent de moins de 50 du revenu net moyen du pays par unit de consommation 1 Plusieurs r serves s imposent tenant la relativit des enseignements susceptibles d tre tir s La plus importante concerne la r f rence au revenu moyen Celle ci traduit bien les in galit s Mais le seuil de pauvret situ 50 du revenu moyen d un pays ne correspond pas au m me pouvoir d achat que celui du m me seuil de 50 dans un autre pays il y a par exemple un cart entre le pouvoir d achat procur par le seuil de l Irlande et par celui des Pays Bas Cette r serve emp che de comparer des niveaux de pauvret entre les pays De plus ce seuil de 50 du revenu moyen est relativement lev et d passe du moins dans les pays les plus riches
394. s toujours ce qui est faire encore moins les explications sur les causes du mal les notions et le langage de la m decine moderne parfois compliqu s pour d autres deviennent totalement trangers en milieu de grande pauvret Enfin m me un traitement r ussi s av re parfois sans lendemain Des personnes en effet ont pu tre soign es sortir gu ries de l h pital et retrouver ensuite les m mes conditions d insalubrit par exemple qui avaient entra n la maladie IL QUELQUES INITIATIVES SIGNIFICATIVES De telles constatations n ont pas t sans interroger les responsables et les professionnels de la sant dont certains cherchent depuis toujours consid rer l ensemble de la personne qu ils soignent D autres s engagent dans des voies nouvelles d acc s la sant Parmi les initiatives que nous allons voquer un certain nombre pr sent es par le docteur Debionne lors de son audition sont situ es en Lorraine o depuis plusieurs ann es de nombreuses exp riences se stimulent les unes les autres A Initiatives pour que le paiement des actes ou des m dicaments ne soit pas un obstacle l acc s aux soins 1 viter aux personnes d avoir avancer k paiement avant d tre rembours es A Metz une association constitu e de femmes actuellement ou anciennement h berg es dans un g te familial a cr avec le soutien du Comit d partemental de promotion de la sant un fonds d ava
395. se en oeuvre les membres du groupe de l artisanat ont vot favorablement Groupe des associations Le groupe des associations approuve les orientations et les propositions du rapport et de l avis pr sent s par le p re Joseph Wresinski au nom de la section des affaires sociales 28 F vrier 1987 Le rapport insiste sur le fait que la pauvret ne peut pas tre approch e qu en termes quantitatifs mais doit tre per ue comme le r sultat d une accumulation de pr carit s d ins curit s dans plusieurs domaines de l existence domaines conomique social et culturel Il fait appara tre la grande pauvret comme l aboutissement d un processus qui s tale parfois sur plusieurs g n rations et qui s ach ve sur une situation bloqu e dont on h rite Mais ce processus peut aujourd hui se d clencher brutalement et s acc l rer rapide ment comme en t moignent les nouveaux pauvres dans une soci t qui demeure une des plus d velopp es et plus riches du monde Parmi les causes de ces encha nements le ch mage occupe une place de premier rang mais la mobilit g ographique et l volution des moeurs y ont aussi leur part Mais l approche de ces ph nom nes demeure encore tr s insuffisante Aussi tenons nous souligner toute l importance que nous accordons l effort de connaissance que l avis place en t te de ses propositions Par ailleurs ces propositions ont le double m rite d pouser les diff rentes dime
396. ses de ces carences d velopper encore davantage l change d informations et d exp riences entre tous les partenaires concern s assurer dans les formations des professions m dicales et para m dicales la transmission de connaissances utiles la promotion de la sant dans les milieux les plus pauvres Il serait souhaitable en particulier que ces responsables d partementaux aient le souci de susciter la participation de ces populations travers l action des comit s d parte mentaux de promotion de la sant par exemple en cr ant dans les quartiers un plus grand nombre de centres d information sant 2 D velopper des actions de pr vention en direction des personnes et familles en situation de grande pauvret ou de pr carit conomique et sociale Il appara t souhaitable cet gard d entreprendre p riodiquement des campagnes intensives de promotion de la sant en direction des populations les plus d munies d inciter toute personne passer un examen m dical p riodique gratuit dans la mesure o elle est emp ch e de le faire par manque de ressources et qu elle ne b n ficie d aucune autre forme d examen pr ventif Cet objectif pourrait tre atteint par le biais de contrats pass s avec les C P A M ou les C C A S qui disposent de centres d examens de sant de pr voir dans le cadre de la P M I un bilan de sant syst matique l entr e l cole maternelle
397. si obtenu sur l conomie en secours vers s 70 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 6 Lien entre Travail et Revenu garanti La r cente initiative gouvernementale relance la question du lien entre travail et revenu garanti Nous avons soulign partir de la convention d Ille et Vilaine le danger qu il y avait subordonner la survie un travail que la collectivit n est pas assur e de pouvoir fournir ainsi que le danger de subordonner cette m me survie la capacit de travailler de l individu Afin de permettre un approfondissement de cette question qui ne se limite pas aux contraintes dues la situation de l emploi il nous semble important de citer comme r f rence une tude tr s fouill e men e sous la direction du professeur G Enderle par le Laboratoire de Recherche thique Economique de l Universit de St Gall Suisse Cette tude souligne que l incitation au travail doit tre en relation avec la capacit de travailler Elle montre qu aujourd hui encore demeure l ambigu t entre l obligation de travailler en retour d un revenu et le droit de travailler qui est d tous Selon le professeur Enderle c est dans la mesure o on reconna tra au pauvre sa volont de s en sortir que pourront tre dissoci s travail et revenu minimum La question de la contrepartie la garantie d un minimum de ressources appelle quelques observations Il ne peut s agir d un travail alibi ni de cr er des activit s de na
398. sieurs mois se heurte l extr me difficult de proposer une contrepartie de travail et par cons quent d octroyer une allocation B Dispositifs et exp rimentations l chelon local 1 Principe de base Dans la plupart des exp rimentations il s agit d une allocation diff rentielle compensant la diff rence entre les ressources existantes et un certain seuil de revenu retenu comme le niveau minimum atteindre par m nage exceptionnellement par personne 2 Destinataires Dans la plupart des cas les destinataires sont en principe l ensemble des m nages de la commune dont les revenus sont inf rieurs au seuil retenu Toutefois Rennes l allocation est r serv e aux familles avec enfants St tienne aux personnes seules ayant charge d enfants Nantes et Charleville M zi res aux personnes seules et couples sans enfants Clichy aux travailleurs priv s d emploi ECONOMIQUE ET SOCIAL 69 3 Dur e Pour r pondre l objectif de garantir un revenu la dur e d attribution devrait permettre d assurer la jonction avec une autre source de revenu salari ou de substitution Dans l ensemble des dispositifs locaux cette dur e varie de 1 mois renouvelable Besan on un an Belfort avec r vision tous les 3 mois et interruption obligatoire de 3 mois au bout d un an Seule une exp rimentation limit e 14 mois Rennes cf ci apr s avait dans son principe instaur une v ritable garan
399. situations extr mes une estimation pr cise du nombre r el de familles dans la m me situation en France Ceci dit l enqu te fait appara tre trois grands types de noyaux familiaux qu elle d finit ainsi Ceux caract ris s par l inactivit du chef de famille Les femmes seules de plus de 60 ans souvent b n ficiaires d une pension de r version y sont tr s nombreuses mais on y trouve aussi les couples d inactifs o l homme est retrait handicap ou en longue maladie et o son pouse est principalement inactive non retrait e Les pensions per ues dans ce cas se r f rent le plus souvent des emplois ant rieurs peu qualifi s Pour les femmes seules c est l absence totale d activit ant rieure qui pr domine et elles b n ficient rarement d aides sociales Dans un cas comme dans l autre l absence de dipl mes est frappante les familles nombreuses allocataires de prestations familiales r pondant une configuration type l homme y est principalement ouvrier parfois employ et son conjoint inactif non retrait L encore l absence de formation ant rieure est tout fait marquante et elle concerne tout autant le mari que son pouse Les prestations familiales per ues quoiqu importantes en valeur absolue ne permettent pas ces familles d atteindre un niveau de revenu disponible par unit de consommation sup rieur aux seuils retenus 1 Le mot familles correspond
400. social est alors comme en porte faux dans ses propres structures Son action et ses moyens laissent videmment la place des adaptations diverses selon les pr carit s rencontr es La d tresse des situations guide le choix de ses strat gies Mais adapter choisir sa strat gie ne signifie pas pouvoir modifier une politique ce qu exigent justement les situations de grande pauvret De quel c t va alors se placer le travailleur social S il demeure dans le cadre des structures il va avoir tendance obliger ses clients se conformer aux r gles S il se place du c t des clients n appara tra t il pas comme une force subversive dans son institution Les travailleurs sociaux n ont pas de mission de repr sentation de leur population cliente ils sont rarement sollicit s pour donner leur avis sur la politique men e dans le domaine de l action sociale et sur la nature des programmes mis en place Tout au plus peuvent ils collaborer des d cisions sur l application quotidienne concr te En d autres 28 F vrier 1987 termes le lien entre travailleurs sociaux et citoyens desservis n est pas de l ordre de l association Si solidarit il y a elle est au libre choix de chaque travailleur social Souvent il doit alors sortir de son cadre professionnel strict pour prendre ses libert s de citoyens L inventivit des travailleurs sociaux s est montr e tr s riche cet gard En d finitive leur r le en
401. sociations familiales rurales notamment avec des familles migrantes La campagne annuelle 1986 1987 de leur F d ration nationale porte sur l Action sanitaire et sociale en milieu rural elle est anim e par le souci d atteindre des familles en situation de pr carit au moyen d actions de pr vention et d information Dans le Jura une maison familiale de vacances a t ouverte en permanence par le Mouvement A T D Quart Monde pour permettre des familles tr s d favoris es de prendre ensemble souvent pour la premi re fois de leur vie un temps fort de d tente et de repos Ces s jours peuvent leur donner l occasion de rassembler des enfants plac s de se faire de nouveaux amis de se sentir soutenues dans leurs aspirations de prendre un temps de recul de porter un nouveau regard sur leur vie de retrouver le go t d entre prendre de nouveaux projets Des associations locales jouent un r le de relais indispensables pour inciter des familles projeter un tel s jour pour le rendre et le croire possible pour entretenir ensuite avec elles des liens d amiti et soutenir leur insertion sociale En conclusion il appara t que l effort d tendre les dispositifs de protection et de pr vention en mati re de sant est manifeste Mais comme dans les domaines de la formation et du logement des m canismes engendrant l in galit et en derni re instance l exclusion se sont introduits dans le fonctionnement d
402. sonne T En somme les statistiques nationales ne donnent pas pour l instant d informations chiffr es avec exactitude sur les revenus les plus bas Elles d terminent pourtant des ordres de grandeur auxquels on pourra ventuellement se r f rer lorsqu il s agira d estimer l ampleur et le co t des mesures mettre en place pour pallier l absence de rentr es p cuniaires suffisantes dans des familles Les tudes statistiques portant sur des cat gories aident mieux comprendre la complexit que peut atteindre une situation de pr carit financi re Elles donnent une premi re image encore incompl te de la fa on dont la pr carit financi re peut recouvrir et entra ner d autres pr carit s Nous imaginons mieux les r alit s prendre en compte quand il s agira de savoir de quelles pr carit s un revenu devrait mettre l abri une famille pour lui garantir un minimum acceptable de s curit et de dignit Une telle approche donne enfin des indications sur les composantes de la grande pauvret telles que la fr quence du ch mage et l incidence du niveau de formation sur celle ci l importance de la dimension familiale Elles sont utiles pour d finir les domaines d action politique qui pourraient utilement accompagner la garantie d un revenu familial si celle ci doit faire plus que d aider les pauvres survivre 1 Cit dans Enqu te sur les secours alimentaires D l gation du Rh ne
403. sonnes qui seraient aujourd hui en France sans v ritable logement personnes sans abri en habitat de fortune h berg es par d autres en logement d clar insalubre ou menac es d expulsion Cette estimation fait suite au programme europ en d action globale concert e contre la pauvret men de 1976 1980 sur la ville de Reims par le mouvement A T D Quart Monde Ce programme a permis une collaboration de nombreuses instances celle ci s est poursuivie et permet d estimer aujourd hui un millier le nombre de personnes sans v ritable logement sur les 200 000 personnes de l agglom ration r moise soit une proportion de 0 5 Compte tenu de cette proportion observ e dans une ville moyenne il nous semble raisonnable de supposer qu au plan national pour 200 000 400 000 personnes le respect du droit au logement n est pas aujourd hui une r alit 28 F vrier 1987 CHAPITRE IV ACC S A LA FORMATION ET AU METIER Des hommes des femmes des familles survivent sans pouvoir acqu rir des savoir faire de base et a fortiori nouveaux Au fil des chapitres pr c dents de r els indices ont montr que les pr carit s manque d argent habitat de fortune insalubre ou surpeupl ch mage s encha nent au plus bas de l chelle sociale Quelles sont dans ces conditions les chances des enfants de r ussir un apprentissage initial ou de parvenir une formation professionnelle et un m tier reconnu Dans quelle m
404. sortir La pauvret n appara t plus non plus comme un ph nom ne accidentel ou simplement conjoncturel Les accidents de parcours la conjoncture d favorable conduisent des situations de pr carit plus ou moins accentu e selon l appartenance des groupes de population sp cifiques C est de leur condition socio conomique d origine que d pend le fait qu une personne ou une famille soit frapp e de pauvret ou non Celle ci existait avant le d but de la crise et si de nouveaux pauvres se joignent aux anciens tous sont victimes des m mes m canismes qui d favorisent ceux dont la condition tait plus modeste au d part Ces m canismes dans la pens e courante tiennent une certaine organisation sociale plut t qu des anomalies ou des retards auxquels on pourrait rem dier seulement par des mesures suppl mentaires Et une des principales d ficiences de l organisation sociale de nos jours semble tre l absence de droit des pauvres la parole leur r duction la d pendance au contr le l tat d objets plut t que de sujets des politiques de protection est g n ralement d nonc e les auteurs font ressortir qu tre identifi s dans leur histoire pour ce qu ils sont plut t que pour la charge qu ils repr sentent les entendre leur laisser une place dans le dialogue appara t alors comme une des cl s de la solution du probl me Les pauvres r v lent que les droits de l Homme ne se r duisent pas aux
405. sources Dans ce but elles devraient sp cialement en ce qui concerne les familles en difficult couvrir le co t de l enfant tre vers es de fa on r guli re et leur tre vraiment accessibles Or les conditions exig es privent encore d un certain nombre de prestations les familles les plus pauvres Les aides sp cifiques n atteignent parfois que certaines cat gories d entre elles notamment les familles monoparen tales 1 Laurence Bloch et Michel Glaude Une approche du co t de l enfant conomie et Statistique mai 1983 68 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL C L aide sociale L aide sociale travers ses multiples formes traduit la solidarit nationale l gard des personnes qui ne b n ficient pas ou pas assez d une protection sociale assur e par les organismes de s curit sociale Nous nous en tiendrons ici aux seules aides financi res aux familles et aux isol s en situation pr caire essentiellement les allocations mensuelles de l Aide sociale l enfance A S E et les secours d urgence en esp ces sachant qu il existe encore des secours du m me ordre sous d autres formes comme les bons alimentaires L aide m dicale sera abord e dans le chapitre sur l acc s la sant Les sommes ainsi distribu es ont sensiblement augment ces derni res ann es Selon le Rapport 1985 de la Cour des comptes les allocations mensuelles et les secours d urgence imput s au budget de l A S E sont pass s d
406. spensable de nombreux citoyens de ces pays ne semblent donc pas parvenir les pr munir totalement de la pr carit ni m me de la grande pauvret Comme en France il ressort de ces exp riences que les personnes et familles les plus d munies ne seront v ritablement l abri de la grande pauvret que lorsqu elles pourront subvenir elles m mes leur subsistance 28 F vrier 1987 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 99 CONCLUSION LIGNES DE CONDUITE G N RALES ET MESURES CONCR TES D UNE POLITIQUE POUR ENRAYER LA REPRODUCTION DE LA GRANDE PAUVRET ET PR VENIR LES PR CARIT S Au moment de formuler des propositions nous nous trouvons face un constat d une r elle gravit Tout d abord malgr leurs limites les outils de connaissance actuellement disponibles t moignent par exemple de l existence dans notre soci t d une population en situation de grande pr carit de ressources dont le nombre peut raisonnablement tre estim 2 5 millions de personnes De plus l augmentation constat e de situations de pr carit dans de nombreux domaines fait craindre que nous soyons en p riode d augmentation de la grande pauvret Le pays se montre conscient de la n cessit d agir Ainsi l tat des organisations et de tr s nombreux citoyens d ploient des efforts pour am liorer et adapter les dispositifs en vigueur Malheureusement soit parce que les situations extr mes n ont pas t suffisamment analys es et prise
407. sposer de donn es chiffr es sur la grande pauvret et la pr carit dans ces D partements d Outre mer e CONCLUSION ECONOMIQUE ET SOCIAL 15 La plupart des propositions qui viennent d tre avanc es s inscrivent dans le cadre de politiques sectorielles corres pondant aux grandes subdivisions de l action administrative Elles partent de la constatation que les instances qui mettent en application ces politiques ducation emploi logement sant etc sont les mieux plac es pour d tecter les exclusions dans leur domaine d intervention et pour y apporter de r elles solutions Les organes qui conduisent effectivement les politiques sectorielles peuvent ainsi mettre en place dans chacun des domaines de vie les plus importants des dispositifs de r sistance la grande pauvret et l exclusion Il est clair toutefois qu il s agit d enrayer la grande pauvret et la paup risation caract ris es par des cumuls de pr carit s dans plusieurs domaines Aussi les politiques mettre en oeuvre doivent ob ir une coh rence d ensemble Elles doivent porter leurs effets simultan ment et durablement dans l ensemble des domaines concern s pour aboutir effectivement un r sultat global A cet gard le Conseil conomique et social insiste particuli rement sur la n cessit d une troite collaboration entre les diff rents partenaires engag s dans la lutte contre la pauvret tat collectivit s locales asso
408. sque ceux ci disposaient de ressources extr mement basses et surtout irr guli res Voici certaines des observations marquantes A Les ressources Elles sont constitu es pour plus des deux tiers par les prestations familiales pour un cinqui me par les revenus du travail et par des allocations diverses ch mage allocation adulte handicap Une fois d duites les charges mensuelles loyer E G F le revenu disponible pour la consommation varie beaucoup d une famille l autre tout en demeurant tr s bas En moyenne 20 F par personne et par jour minimum 6 50 F maximum 40 F Encore pour bien comprendre ce que peuvent signifier de si petites sommes d argent disponible faut il tenir compte des r alit s diff rentes d un m nage l autre et des irr gularit s de versement dans un m me m nage En effet le montant des prestations familiales effectivement re u est sujet variations Soit l occasion d un trop per u donnant lieu des retenues Soit l occasion d un arri r amenant tout d un coup des sommes parfois importantes une famille que le non versement de son d avait pr alablement plong e dans la plus extr me pr carit A l origine de ces variations il y a bien souvent de la part des familles des erreurs des oublis ou un non respect des d lais dans les d clarations la C A F 1 Comment g rer son budget quand on n a pas d argent D cembre 1985 28 F vrie
409. ssant les meilleures conditions de succ s savoir des acquis dans leur milieu familial et social et des capacit s personnelles influe sur le syst me d orientation celui ci fond sur la s lectivit n incite pas les enseignants nourrir l ambition de conduire un certain r sultat les enfants en difficult pour lesquels la prise en compte de leurs manques intervient avant celle de leurs potentialit s C est ainsi qu ils sont orient s vers l enseignement sp cial sous couvert de d bilit l g re vers un soutien psycho p dagogique sous couvert d inhibitions vers un traitement m dico ducatif sous couvert de troubles du comportement Le caract re contraignant de cette orientation est souvent mal ressenti par les familles et les enfants et peut tre l origine de certains blocages face l institution scolaire Certes ils y trouvent pour s occuper d eux des personnels le plus souvent attentionn s et comp tents mais peu soutenus dans leurs projets Enseignants et l ves manquent d un objectif atteindre d tapes franchir de raccordements possibles avec la fili re g n rale d enseignement Les enfants d favoris s sont encore peu reconnus comme une population prendre en compte dans les structures scolaires L cole diff rentielle reste imaginer HI RECHERCHES ET INNOVATIONS PEDAGOGIQUES EN COURS Ces situations et d autres moins extr mes mais aussi graves de toute une partie de la je
410. ssi la Charbonni re A 42 ans apr s avoir longtemps souffert de maux d estomac de bronchites et de rhumatismes mal soign s le p re sera enfin reconnu invalide Sa minuscule pension repr sentera la premi re rentr e d argent parfaitement r guli re au foyer Pour la m re cela ne change gu re la vie Tout au long des ann es quand son mari ne trouvait plus d emploi ou ne gagnait pas assez les deux poux partaient ensemble arracher les betteraves ou rentrer le foin ou encore faire les coquillages les jonquilles le tilleul Puis Monique Hornaing a trouv des emplois de nettoyage qu elle d crit avec pr cision avec de l acide il fallait tirer le ciment la peinture sur les plinthes quatre pattes nettoyer le pav La m re r guli rement d poss d e de ses enfants avait ses raisons de s puiser ainsi Quand a ira mieux vous pourrez les reprendre qu on nous disait Je voulais bien qu ils soient plac s pour qu ils apprennent Mais quand il n y a pas de logement ni de salaire solide ils pensent les gosses on les a on les tient Moi m me que j ai d supplier pour les avoir pendant les vacances Si elle s est r sign e dans une certaine mesure aux placements c est que au moins l bas ils avaient une ducation En attendant elle fait d interminables trajets pied traversant la ville pour aller faire du nettoyage dans des entreprises Pour que a aille mieux pour q
411. suites donn es aux avertissements transmis aux familles apr s un bilan m dico scolaire La facult de m decine de Nancy a ouvert ses portes un quipe ayant particuli rement investi dans la m decine en milieu d favoris pour participer l enseignement en sant publique B Initiatives pour que les actions de pr vention sant atteignent des milieux jusqu alors peu touch s 1 Avec des enfants Une exp rience d hygi ne bucco dentaire de grande ampleur a t men e par la Mutualit fran aise Elle a concern 100 000 enfants de 6 9 ans de quatre d partements r partis sur le territoire A la suite d une information tr s importante un d pistage a t offert tous ces enfants Les aspects financiers et psychologiques ont t pris en compte Des soins gratuits chez le dentiste de leur choix taient ensuite propos s aux enfants Ces conditions exceptionnelles n ont cependant pas suffi pour entra ner la pratique des soins chez tous les enfants A Metz des infirmi res en sant scolaire ont voulu adapter l ducation sanitaire aux enfants tr s d favoris s Elles avaient constat qu ils ne tiraient aucun b n fice des s ances d ducation sanitaire prodigu es l cole les documents utilis s voquant des conditions de vie fort loign es des leurs Elles ont form un groupe avec ces enfants et ont r alis avec eux sur les th mes du sommeil puis du tabac des montages a
412. sur les nouvelles tutelles confi es aux U D A F entre le 1 janvier et le 30 juin 1985 r v le par ailleurs que deux familles en tutelle sur trois ont au moins trois enfants au foyer la m me enqu te enregistre par rapport des donn es de 1978 enqu te U N A F C N A F A C T une progression des familles mono parentales de 21 5 28 5 et une diminution du nombre de p res ayant un travail de 70 4 45 92 des familles ont un probl me de dettes Cette tutelle peut tre per ue comme une protection par la famille qui esp re viter ainsi une expulsion une saisie ou m me un retrait d enfant Pourtant une tude publi e par le Centre technique national d tudes et de recherches sur les handicaps et les inadaptations 2 rel ve que si 43 des demandes de tutelle sont faites par la famille 25 le sont en r alit sur pression de cr anciers ou de travailleurs sociaux Si de nombreuses familles en pr carit temporaire se f licitent qu une p riode de tutelle ait pu leur permettre de r gler leur situation financi re et de r partir sur de meilleures bases certaines vivent cette mesure comme une intrusion insupportable dans leur vie priv e comme un discr dit jet sur elles La libert de fait des familles d pend de l importance des autres ressources dont elles disposent certaines n ayant que les prestations familiales et des relations avec le d l gu la tutelle Celles ci peuvent aller d
413. t Les foyers tr s pauvres s abstiennent de la vie politique et m me des lections pour bien des raisons Ils connaissent mal la proc dure d inscription sur les listes lectorales et les d lais respecter Ils ne peuvent pas toujours apporter la preuve de leur domiciliation Certains croient que d avoir subi une peine de prison les prive de leur droit de vote Mais ces entraves compteraient elles vraiment si les plus pauvres se savaient concern s par la politique leurs situations effectivement prises en compte Dans cette perspective la d centralisation peut pr senter une chance mais aussi un danger ainsi que le rappelle la Fondation pour le D veloppement de la vie associative Au niveau local dans un contexte o chaque collectivit est appel e davantage de ma trise sur son destin il va de soi que les groupes marginalis s risquent d avoir plus de mal encore qu auparavant trouver leur place dans la collectivit La frange marginalis e de la population locale qui a recours largement l aide sociale lorsque les d penses d action sociale seront d volues au d partement risque d appara tre davantage comme une charge financi re et sociale ceci d autant plus que les individus et les familles concern s seront jug s incapables de s int grer la collectivit La tentation sera grande alors d exercer sur eux un contr le social accru sinon de les exclure CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 97 Dans ce c
414. t ristique de la vie l cart des plus pauvres Il est loin du bourg c est l ancienne maison de garde barri re d un passage niveau d saffect tr s d labr e trop petite pour les 13 personnes que compte le foyer Il n y a ni eau potable ni lectricit et la famille est coup e du village en hiver cause des inondations Tout un bric brac d objets accumul s autour de la maison lui donne un aspect de salet et de d sordre L aide m nag re propos e la famille s est d courag e devant l ampleur du travail et l exigu t du logement Le maire est d avis qu il faut reloger la famille Tout le monde finit par reconna tre que le rel vement de la famille d pend de l am lioration de son habitat Encore faut il lui en donner les moyens Avoir un logement plus grand telle est aussi la demande formul e par la famille en 1966 La premi re mesure prise est une mise sous tutelle il faudra attendre encore 6 ans avant que soit pos e la premi re pierre pour construire un logis attenant la maison de garde barri re Toute autre solution a t hypoth qu e par l insolvabilit du m nage mais aussi parce que personne ne tenait voir arriver cette famille dans un H L M ou dans un village La famille elle m me avait fini par ne plus souhaiter un relogement Qu elle reste isol e s tait impos comme la seule solution Au moins tre r unie tel tait l espoir de la famille Car devant le manque de ress
415. t et l avis formule de nombreuses 28 F vrier 1987 propositions dans ce sens Toutefois le groupe agricole aurait souhait qu on insist t davantage sur les populations en situation de grande pauvret c est dire ces populations qui se trouvent en marge de tous nos syst mes sociaux dans des situations de marginalisation qui tendent se p renniser Nous sommes convaincus que pour r tablir le lien entre ces populations et notre soci t il faut d velopper des moyens exceptionnels avant m me de pr tendre les faire pleinement participer aux syst mes sociaux Les discussions en section ont rappel cette r alit En effet essayer d int grer d embl e certaines personnes dans notre soci t est parfois vou l chec parce que ces personnes sont trop loign es de ses r gles et habitudes des mesures sp cifiques sont alors pr f rables Des exp riences en mati re d ducation en mati re de sant l ont montr Alors pour ces populations il faut mettre en oeuvre des solutions exceptionnelles c est dire des mesures tout fait sp cifiques qui ne se r sument pas une politique g n rale d amplification des droits sociaux Ce dernier point est fondamental aux yeux du groupe agricole Groupe de l artisanat Un des grands m rites du rapport pr paratoire au pr sent avis est d avoir abord le probl me de la grande pauvret dans sa globalit Une telle approche qui doit beaucoup la personnalit
416. t les oeuvres priv es les citoyens et les pouvoirs publics se d couragent et se d mobilisent Et p riodiquement le d calage se creuse entre un type de r ponses institu es un moment donn et les situations v cues avant d engendrer nouveau malheureusement avec un retard qui n est pas sans cons quence de nouvelles initiatives et de nouvelles mobilisations 62 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL Les p riodes de d mobilisation de d calage de retard sont en quelque sorte renforc es par la somme de confusions et d amalgames qui pr sident souvent l analyse du probl me complexe de la grande pauvret le fait par exemple dans le pass d avoir assimil les tr s pauvres des marginaux ou les indigents des truands Par ailleurs les nouvelles initiatives et les nouvelles mobilisations pour la lutte contre la pauvret sont parfois sujettes des modes passag res ou la fugacit de moments d motion collective et ne donnent pas toujours lieu des avanc es significatives pour l avenir Pour parer ces dangers de non pertinence dans la compr hension des situations de grande pauvret et dans les r ponses institutionnelles qui leur sont apport es M Michel Mollat estimait en concluant son intervention qu il importe de s appuyer sur une bonne connaissance de ceux dont on parle de leurs souffrances et de leurs aspirations C est un gage du respect et de la confiance sans lesquels il est difficile de conjuguer
417. t d assurer la survie imm diate et quotidienne quand on ne peut faire autrement il permet aussi d viter une saisie ou de r tablir l approvisionnement en eau ou en lectricit Mais ce syst me entra ne des d pendances entre les m nages il faut rembourser si l on veut pouvoir compter sur cette m me entraide une autre occasion De fait beaucoup de m nages qui ont dit avoir eu besoin de l entraide en 1984 ont ajout qu il devenait de plus en plus difficile d obtenir des pr ts au sein du quartier 1 Les travaux pisodiques par exemple aller la p che faire des jardins travailler chez un mara cher trouver des corv es dans la r cup ration le d chargement ou le d m nagement des petits boulots dans la m canique ou l habitat tapisserie peinture Il s agit de rendre service de ne pas rester inoccup de ramener quelques l gumes quelques poissons ou quelques sous Mais les occasions se font de plus en plus rares Selon l enqu te il y a dans la r gion de Caen plus de concurrence qu auparavant sur le march de l emploi informel Plus de concurrence entre travailleurs non qualifi s d une part ils viennent de plus loin en plus grand nombre chercher une derni re chance d emploi Plus de concurrence des ch meurs plus qualifi s d autre part pour tout ce qui est travail informel dans le b timent faire des jardins etc Les moments de f te quand on vient de toucher de l argent nota
418. t les moyens le savoir la culture pour en tirer le meilleur parti Les populations situ es au bas de l chelle sociale sont beaucoup moins bien desservies alors qu elles subissent des conditions de vie bien plus compromettantes pour la sant L in galit en mati re de sant selon le milieu social se traduit jusque dans l esp rance de vie 35 ans un professeur a encore en moyenne 43 ann es vivre un manoeuvre 34 1 En ce domaine il n y a pas de statistiques sp cifiques aux tr s pauvres mais sans doute leur esp rance de vie est elle plus courte encore Le Docteur Fran ois Paul Debionne lors de son audition devant la section des Affaires sociales le 4 mars 1986 a pr sent un constat r sultant de l action recherche qu il a men e dans un quartier d favoris des environs de Nancy en lien troit avec le d partement de sant publique de la facult de m decine de Nancy Le Docteur Debionne a donn une id e de l tat de sant en milieu d favoris au travers d un groupe d enfants de ce milieu partant en colonie de vacances ces enfants taient plus petits que les autres leur dentition tait dans un tat catastrophique ils taient all s plus souvent l h pital que les autres enfants Le Docteur Debionne a montr comment sont v cus ces probl mes de sant l affolement des m res de famille devant certaines manifestations de la maladie des enfants mais aussi la crainte des cons quences d un
419. t les week ends et les temps de Vacances permettre aux parents d exercer leurs responsabilit s en b n ficiant sur leur demande d un accompagnement lorsqu il s agit de pr parer activement le retour de leurs enfants plac s ou d s qu ils en ressentent le besoin sans attendre que soit rendue in vitable une mesure de placement Les parents doivent en effet pouvoir compter sur une co responsabilit de la part de la soci t dans leur t che d ducation Cela pourrait se traduire par une extension des services de l Action Educative en Milieu Ouvert A E M O rendus encore plus accessibles aux familles en difficult Par ailleurs il appara t souhaitable que les responsables locaux concern s par le d veloppement et la promotion de la vie familiale favorisent dans leur d partement la cr ation et le fonctionnement de centres de promotion familiale et de maisons familiales de vacances v ritablement accessibles toute famille en situation de grande difficult m me en dehors des p riodes de cong habituelles En ce qui concerne les D partements et territoires d Outre mer o les situations de grande pauvret et de pr carit sont particuli rement r pandues le Conseil recomnande que soient recherch es les modalit s d application des mesures propos es dans le pr sent avis Il rappelle les propositions formul es dans son avis du 24 septembre 1986 Il souligne l effort particulier qu il conviendrait de faire pour di
420. taines de ces mesures comme l ont montr des exp riences trang res L avis s attaque en effet plus aux effets de la grande pauvret qu ses causes notamment en ce qui concerne les jeunes De plus la connaissance de ce ph nom ne appara t insuffisante tant dans sa nature que dans son ampleur Le groupe aurait de surcro t souhait que le rapport soit plus pr cis sur les conditions selon lesquelles les cat gories concern es pourraient entrer dans le monde de la production C est pour ne pas entraver une exp rience souhaitable et dans l attente de ses r sultats que le groupe a d termin sa position 22 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL Groupe des entreprises publiques Une s rie de phrases fait tout de suite choc dans le projet d avis qui nous est pr sent Il nous indique en effet que deux millions et demi de personnes ne disposent pas de ressources suffisantes pour vivre et value le plancher de ressources minimum 2 000 F pour une personne et 3 000 F pour un couple 11 est galement indiqu nous citons que les propositions int ressent directement la population en grande pauvret ou menac e par elle compos e par des personnes en ge de travailler mais le plus souvent sans travail sans qualification et sans s curit de ressources minima La r v lation d une telle situation de d nuement dans une nation civilis e et pourvue d une conomie industrielle agricole et artisanale d velopp
421. telles situations existent galement de fa on plus diffuse dans le tissu urbain et dans les campagnes Elles peuvent tre plus cach es ou du moins plus difficiles comptabiliser les personnes et familles concern es n en sont pas moins expos es la marginalit l exclusion Cela d autant plus que les r seaux traditionnels d entraide sont alors moins denses Cette investigation dans une zone locale bien circonscrite permet de mieux comprendre comment des pr carit s peuvent s encha ner coexister dans un foyer et m me dans un quartier Comment elles peuvent finir par former un tout qui fa onne une mani re de penser et de vivre devenant commune non seulement aux membres d une m me famille mais l ensemble d un groupe de familles partageant des conditions tr s similaires Ce genre d enqu te permet d identifier un milieu social Les personnes et familles s y organisent en fonction d une exp rience commune comme le font toutes les familles de tous les milieux Le milieu de grande pauvret rencontr ici est la fois source d entraide de relations constructives et source d un certain enfermement Les difficult s le faible prestige des uns et des autres p sent sur l ensemble Malheureusement ces facteurs n gatifs du milieu de grande pauvret retiennent souvent davantage l attention que les facteurs positifs de soutien et d encouragement mutuels L enqu te territoriale prend une place importante dans l ensemble de
422. tes son extension car elles portent directement pr judice aux familles les plus pauvres Il s agit de la suppression du cumul d allocations au jeune enfant cf plus haut de la suppression du compl ment familial maintenu qui p nalisera les familles d favoris es de 3 enfants dont l un a 17 ans et demeure effectivement charge et de la r duction des conditions d octroi de la prime de d m nagement En 1970 avait t cr e une allocation d orphelin pour la charge d enfants dont l un des parents ou les deux parents tait d c d Elle a t tendue en 1975 tous les cas o l un des parents se retrouve seul Elle a r cemment pris le nom d allocation de soutien familial Elle est d un montant modeste 378 75 F par mois pour un enfant en 1986 505 F par mois pour un orphelin de p re et m re Depuis janvier 1986 il n est plus n cessaire que le parent restant engage lui m me une action judiciaire contre le parent d faillant Il y a l l exemple d une mesure qui la diff rence de beaucoup d autres peut singuli rement aider des parents tr s pauvres Regardons maintenant les modalit s g n rales d attribution des prestations familiales Une mauvaise ma trise de la lecture et de l criture rend plus difficile la transmission dans les d lais des n cessaires informations demand es par les Caisses d allocations fami liales d clarations de ressources changements de r sidence de situation fa
423. th ses concordent elles vont prendre la place d une connaissance contr l e par leur r p titivit m me Le fait que des travailleurs sociaux dans les quatre coins de la France pensent comprendre la m me chose va progressi vement passer pour un Savoir Toutefois si ce savoir n est pas v rifi par des moyens de connaissance scientifique il peut aussi devenir un danger Les travailleurs sociaux en France ont t les premiers le reconna tre Ce fut l d ailleurs un des motifs qui les conduit exiger une formation plus pouss e en psychologie et en sociologie en particulier Un des motifs aussi pour faire de plus en plus appel des sp cialistes en sciences humaines et sociales en m me temps le t moignage des acteurs de terrain commen ait tre valoris et consid r comme un outil de connaissance Une collaboration entre chercheurs et services sur le terrain fut instaur e C est alors que se d velopp rent la recherche action l action recherche ou encore la recherche pour l action selon les objectifs poursuivis par ce genre de collaboration Rappelons les nombreux travaux r alis s ces derni res ann es par la Caisse nationale d allocations familiales en ce domaine de la recherche action Dans une situation d action les protagonistes conduisent un dialogue n cessairement diff rent de celui qu on m ne dans une situation de simple recherche Les personnes et les familles en tat de
424. tice Directeur de la construction au minist re de l Urbanisme du lo gement et des transports D l gu du m diateur Directeur g n ral de l UNEDIC Charg de mission au Conseil national de pr vention de la d linquance Directeur de l Association des maires des grandes villes de France Pr sident du Conseil r gional d Ile de France Pr sident de l As sociation des maires de France de la mission sociale de l UN F O H LM Pr sident des H L M Emma s charg de mission la Commis sion nationale pour le logement des immigr s Charg de mission au P A C T Charg de mission la Caisse des d p ts et consignations pour les questions de pauvret du service d action sociale de la S C IC M Patrick Hanquet et M Jacques Bennetot M Galliet et Mme Gobert Mme H l ne Meunier Mme Panhuis Docteur Louis Kremp M Ladsous M Lejeune Ma tre de Saint Denis M Deschamps M Chiroutre et Mme Anne David M ric Eudeline M Quaretta M Rouquette M Maurice Pagat M Ren Bou 103 Administrateur de l Association nationale des personnels de l aide sociale l enfance Directeur d tablissement Directeur de l Action sociale la mutualit sociale agricole son Adjointe Pr sidente du Mouvement pour le d veloppement social local Permanente l Association natio nale des assistants sociaux Secr taire g n ral de l Association fran
425. tie de revenu Lorsque la dur e est tr s courte il est permis de se demander quelle est l am lioration apport e par rapport des aides du type des allocations mensuelles Plus fonda mentale est la question d une limitation dans le temps non assortie d une quelconque solution de rechange Faut il consid rer que la soci t soit fond e remettre des individus et des familles dans un d nuement extr me cause du risque de les voir se satisfaire d un revenu de survie N y a t il pas une contradiction dans le fait de vouloir favoriser une prise de responsabilit que l on sait d j tr s difficile avec un revenu de survie en supprimant ou en interrompant cette s curit minimum 4 Montant D une exp rimentation l autre on rel ve des diff rences Elles portent sur le montant du plafond retenu 700 F par personne Auxerre 70 du S M I C pour la premi re personne Besan on et N mes 70 du S M I C repr sente certes une somme non n gligeable mais elle permet difficilement d engager des d penses autres que celles assurant la vie quotidienne d penses de formation par exemple Les diff rences portent aussi sur la modulation selon le nombre de personnes de la famille la m me somme par adulte Auxerre majoration pour un couple et par enfant suppl mentaire Besan on et N mes Elles portent encore sur les autres ressources prises en compte ainsi la m me somme est garantie aux m nages N
426. tion de grande pauvret dans les Etats membres nous pouvons constater partir des informations pr sent es ci dessus l existence d in galit s sociales du c t des faibles revenus dans l ensemble des pays tudi s La France est donc loin d tre seule conna tre de telles in galit s de revenus II LES TYPES DE M NAGES DISPOSANT DES PLUS FAIBLES REVENUS Toujours avec les r serves pr c dentes concernant les seuils il n est tout de m me pas sans int r t de se faire une id e de la population situ e en dessous de ces seuils Dans ce but nous reprenons une statistique nationale constitu e r cemment par le C R E D O C partir d une enqu te de 1978 sur les familles r sidant en France l exception de la population agricole 1 Contrairement aux donn es pr c dentes cette enqu te du C R E D O C se r f re la notion de pauvret m me si elle n a pas pour but de la cerner de fa on pr cise Il ne s agit plus seulement comme pour les donn es de la Communaut d informations en termes d in galit Les seuils retenus rep rent une plus ou moins grande pauvret par r f rence au S M I C c est dire ce qu une soci t consid re comme le revenu minimum du travail 1 Pauvrete Picarit Tentatives de mesures C R E D O C F vrier 1986 R partition de la population de nombreux crit res La dimension trop restreinte de l chantillon emp che galement de tirer partir des
427. tional de pr vention de la d linquance a inscrit la lutte contre l illettrisme parmi ses priorit s Le bilan Lutte contre l illettrisme une prionte a suivre 1 signale les actions entreprises dans le cadre des actions de formation pour adultes et jeunes par l A F P A l A N P E le Greta les missions locales les T U C et dans le cadre du programme de lutte contre la pauvret L ouverture de stages de formation regroupant habituel lement des enseignants d autres partenaires galement concern s par la lutte contre l illettrisme comme cela a eu lieu Poitiers en mars 1986 est une initiative prometteuse pour l avenir Ces actions sont trop nouvelles pour qu on puisse en valuer les r sultats Elles t moignent d une volont que tous ma trisent les apprentissages de base La pr occupation actuelle dont fait l objet l chec scolaire d une partie de la jeunesse montre de la part de tous une volont de surmonter cet chec dont nul ne prend son parti ni les enseignants ni les responsables de l ducation nationale Les nombreuses exp riences tent es ont montr qu une r ussite est possible pour les enfants de milieu d favoris mais qu elle suppose des conditions Les exp riences men es mettent principalement l accent sur la relation entretenir avec les parents et leur environnement L enseignement doit conna tre ou pouvoir s ouvrir la connaissance du cadre dans lequel se d veloppe l enfant
428. tobre 1985 2 demandes de logement par jour alors que seulement 2 logements sont attribu s par semaine soit 7 fois plus de demandes que de logements offerts 18 fois plus Paris A d faut d informations statistiques nationales pr cises de telles enqu tes de client le mettent n anmoins en vidence une disproportion entre les besoins et l offre de logements Ces enqu tes sur des cas concrets laissent supposer que des milliers de familles et de personnes seules sont condamn es des conditions de pr carit extr me mena ant la limite toute vie familiale et sociale Ainsi dans le Val d Oise une famille de 5 enfants tait h berg e dans un centre d accueil d urgence ouvert dans le cadre du plan Pr carit pauvret de 1983 A la fin de l hiver ce centre ferme et la famille se retrouve la rue les enfants sont plac s et les parents logent dans leur voiture Ainsi Marseille en 1985 une famille de 2 enfants dont un handicap vivait dans une grotte depuis plusieurs ann es et allait prendre l eau dans une usine voisine Il faut rechercher aussi les difficult s d acc s au logement social dans les conditions r unir Par exemple justifier d un revenu le plus souvent hors prestations gal 3 ou 4 fois le montant du loyer justifier d un salaire atteignant au moins le S M I C et d une situation de travail stable attester par 3 voire 6 bulletins de paye parfois un contrat de travail
429. tre aid es travers les 36 fonds d aides alors en service Ces aides sont constitu es par des pr ts rembourser C est dire qu elles ne sont accord es qu aux locataires offrant terme certaines garanties de solvabilit A Paris au cours des six premiers mois de fonctionnement du fonds sur 2 500 impay s 361 dossiers seulement ont t retenus pour tre examin s par la commission de conciliation 200 locataires se sont pr sent s la commission sans qu un accord soit intervenu 126 locataires ont annonc le r glement de leurs dettes ou leur refus de solliciter un pr t 35 locataires ont accept l aide propos e mais 27 seulement l ont effectivement obtenue et ont per u au total la somme de 157 000 F soit en moyenne 5 815 F Lors d auditions pr paratoires au pr sent rapport plusieurs organismes tels que la F d ration fran aise des familles la conf rence Saint Vincent de Paul ou le service des tutelles de la Seine Saint Denis ont signal que l intervention des fonds d aides est sollicit e trop tardivement ce qui rend difficile le remboursement des dettes Le Conseil social aupr s du comit directeur de l Union nationale des f d rations d organismes d H L M U N F O H L M dans un rapport sur le logement des plus d munis mars 1985 reconna t que le droit l habitat est en France particuli rement remis en cause pour certaines cat gories de population et qu il est parfois difficil
430. trepartie des soutiens en principe possibles Au bout de la cha ne des protections qui vont en s affaiblissant se trouve le contraire de la protection l absence du droit fondamental la famille C est comme si l on assistait alors une d valorisation de la famille mesure qu elle est plus pauvre Cette d valorisation suscite encore des r actions de m fiance l encontre de ces familles des intrusions portant atteinte l intimit de leur vie priv e Nous on ne peut pas fermer notre porte chez nous peut entrer qui veut E La remise en cause du droit d avoir des enfants En abordant la question du droit d avoir des enfants nous touchons une question grave Car elle rel ve plus que toute autre de la conscience et de la libert des personnes 96 CONSEIL Les pr c dents chapitres ont montr que des s curit s minimum d existence devaient tre assur es pour qu il soit possible de faire librement des choix et des projets familiaux Or le fait de penser au nombre d enfants que l on voudrait voir na tre rel ve directement des moyens dont on peut disposer pour leur assurer un avenir Cette question trouvera ses principales r ponses dans les politiques visant assurer la s curit la formation et la participation sociale Cependant dans l tat actuel des choses certaines pratiques doivent tre d nonc es En effet il s av re que des instances m dico sociales cours de moyens devant la d tresse de
431. ts condition qu ils aient les fournitures scolaires exig es la sant condition qu une hospitalisation n entra ne pas la dissolution du foyer C Des appr ciations d interlocuteurs directs On rencontre parfois des appr ciations manant de personnes qui sont confront es la grande pauvret et tentent de l expliquer par exemple certains employeurs enseignants m decins psychologues Ces appr ciations s arr tent sur certains r flexes de fuite devant des contraintes m me si cela doit avoir pour les int ress s des cons quences n gatives quitter leur emploi apr s une observation jug e humiliante de l employeur ou d un coll gue de travail une adh sion des certitudes dont ils attendent la r alisation souvent impossible m me si cela emp che de saisir les opportunit s bien r elles croire qu enfin quelqu un va s rement s occuper de vous pour vous permettre d obtenir un avantage quelconque un manque de formation pour comprendre la logique des pens es et des jugements des autres au point qu il n est possible d en saisir que des bribes ceci rend vuln rable aux abus que l on peut faire de leur na vet accepter de faire des heures suppl mentaires non r mun r es pour rendre service l employeur une recherche prioritaire de relations individuelles qui rendent gratifiants les liens avec eux mais sans permettre de construire des relations d gal gal ou de d vel
432. ture concurrencer le secteur marchand il s agirait davantage d un effort de l int ress en vue de son insertion sociale lui permettant d accro tre son capital de formation 7 Relais L objectif est de trouver un v ritable relais au revenu minimum garanti Aussi son attribution s accompagne presque partout d un suivi par un travailleur social pour aider le demandeur obtenir les prestations auxquelles il a droit trouver une formation ou un emploi C est dans cet esprit qu on t sign es deux conventions l une d j cit e en Ille et Vilaine 2 juin 1986 l autre dans le Territoire de Belfort 4 mars 1986 Elles garantissent dans les limites soulign es un compl ment local de ressources aux m nages ayant un revenu inf rieur un certain seuil en contrepartie d un contrat personnalis d autonomie o le b n ficiaire s engage retrouver son autonomie par un travail une formation ou une t che d int r t collectif 8 valuation La plupart des actions men es sont trop r centes pour pouvoir valuer leur impact sur la situation long terme des personnes et familles en ayant b n fici Certains enseignements peuvent n anmoins tre tir s de l exp rience de Besan on parce qu elle dure depuis plus de 15 ans et pour une raison toute diff rente de celle de Rennes En effet dans le cadre de celle ci a t tudi e de fa on syst matique l influence d une garantie d un reven
433. u A D T Quart Monde ne le fut au d part pour porter plainte en raison des torts faits la famille La Chambre d accusation de Colmar a redress cette situation anormale Par ailleurs aux termes de la jurisprudence de la Cour de Cassation le domicile est le lieu o l on vit que ce soit un logement dans les normes une caravane ou un baraquement Le plus humble abri condition qu une personne ou famille y vive est inviolable Le premier chef d accusation retenu contre le maire fait ressortir que la pauvret du logis n enl ve rien la gravit du d lit de violation de domicile Il est ensuite question de destruction de biens mobiliers et immobiliers c est ici le droit la propri t et la protection des biens qui est mis en cause Encore une fois quelle que soit la pauvret des lieux et des objets qu ils contiennent il s agit pour la Cour de Metz d objets appartenant autrui qui sont donc prot ger Souvent la d finition du terme de bien provoque des abus et permet de justifier la destruction pure et simple d objets que des familles consid rent comme des biens Dans cette affaire c est en vain que le maire pr tendit dans un dernier pourvoi en cassation avoir mis le feu par salubrit au campement abandonn B Au del du proc s la vie Au del du proc s contre le maire demeurent des faits dont la famille W a t victime sans pour autant qu il en ait t question devant la Justice
434. u ils reviennent au moins aux vacances Le r veil sera dur quand les enfants reviendront au foyer pour de bon au terme de la mesure de placement Les uns apr s les autres ils rentrent sans avoir appris le moindre m tier certains sans savoir calculer l un d entre eux quasi illettr Ils avaient t plac s par les services pour ne pas devenir des voyous mais quels moyens leur a t on fournis pour ne pas tre oisifs 18 ans La m re se le demande Elle a continu travailler pour compl ter la pension de son mari Elle va continuer maintenant qu elle a enfin la charge de ses enfants alors que ni elle ni eux ne devraient plus tre dans cette situation Bient t nous trouvons les uns et les autres en m nages une des filles dans une caravane un fils dans un taudis d o il va tre expuls Des petits enfants voient le jour et c est d sormais une famille tendue dont la grand m re accueille r guli rement sous son toit les membres les plus mal log s Quand le juge d cide de retirer certains des petits enfants leurs parents il est surprenant de voir confier la grand m re la garde de trois d entre eux Voici le monde l envers La m re jug e incapable et pour certains services indigne devient grand m re officiellement reconnue comme une ducatrice de confiance Nul doute qu elle l est Durant le jour elle ne quitte plus son pavillon surpeupl C est d sormais tard le soir qu elle
435. u sur la vie quotidienne et la situation des b n ficiaires 9 L exp rience de Besan on L un des int r ts de l initiative de Besan on est d avoir montr la modicit des d penses engag es En 1985 a rappel M Schwint lors de son audition 1 717 demandes satisfaites ont co t 5 millions de francs soit 4 du budget du C C A S 0 6 du budget de la ville 28 F vrier 1987 L volution du minimum social Besan on montre galement l influence que la l gislation peut avoir sur la situation des populations Le dispositif intitul Minimum Social Garanti mais qui en fait est un minimum social d urgence a d abord t propos ceux dont la situation tait la plus alarmante l poque aux personnes g es en 1968 puis aux m res seules en 1973 avant d tre tendu l ensemble des m nages en 1974 Or avec la cr ation de l A P I en 1976 le rel vement du minimum vieillesse en 1981 ces cag gories qui sont l origine de la cr ation du Minimum Social Garanti n y sont plus candidates qu exceptionnellement une garantie de ressources leur tant assur e par ailleurs M Schwint a galement soulign les limites d une initiative partielle et isol e De fait actuellement le Minimum Social Garanti ne touche que ceux qui habitent officiellement la ville depuis plus d un an La limite la plus grave est que ce dispositif temporaire ne transforme pas la condition de ceux qui se trouvent de
436. udio visuels accessibles tous 2 Avec des jeunes A Nancy la Mission locale pour l emploi des jeunes en collaboration avec le Centre de m decine pr ventive a invit les jeunes en stages de formation b n ficier de bilans de sant gratuits Elle a cherch les informer les sensibiliser l importance de divers aspects de la sant en rapport avec leur vie et leur acc s au travail En aval des bilans de sant la Mission cherche des m decins qui pourront servir d interlocuteurs ces jeunes La possibilit est tudi e actuellement de leur offrir une adh sion une mutuelle des tarifs accessibles Un travail de formation des formateurs a t aussi entrepris afin que les stages soient une occasion de progr s dans la sant et dans la connaissance des organismes de protection sociale 28 F vrier 1987 3 Avec des femmes d un quartier Les services de la D D A S S et la Municipalit de Grigny La Grande Borne 91 installent dans une tour H L M d un quartier tr s d grad un local quip de machines laver Durant le temps de la lessive des femmes se retrouvent et parlent de leurs probl mes de sant avec une animatrice venant l p riodiquement Des rencontres sont aussi organis es avec des travailleurs sociaux des pu ricultrices des m decins Une garderie d enfants est annex e au local 4 Avec des familles Il convient de mentionner ici les initiatives prises par des As
437. ue les responsables de ces institutions sociales ont un moment donn des besoins des populations au regard de certaines normes pr alablement d finies par les lois et r glements ou par les CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 29 modes de vie en usage Elle traduit galement la capacit de ces institutions de r pondre aux besoins per us Le fait d avoir ainsi mis en oeuvre progressivement le traitement de tel probl me social particulier d avoir organis la r ponse institutionnelle tel ou tel besoin sp cifique identifi a produit historiquement une sp cialisation des services et du personnel Malheureusement il faut signaler que ce cloison nement administratif peut avoir des effets pervers Car il en r sulte parfois des multiplications de d marches pour les usagers et des difficult s de coordination entre les agents du service social Il en r sulte galement que certains besoins fondamentaux des tr s pauvres peuvent demeurer ignor s sous estim s ou sans r ponse comme par exemple leur vie associative ou culturelle A chaque institution caract re social correspondent n anmoins des types de besoins d ment r pertori s et plus ou moins nombreux auxquels des l ments de r ponse peuvent tre propos s Il est donc possible de savoir de fa on plus ou moins approximative quelles sont en France un moment donn les prises en charge r alis es par diverses institutions ou services selon leur nature selon
438. uent trois groupes en fonction de la valeur de l indicateur e non 45 de la population tudi e e peu 49 de la population tudi e e assez 6 de la population tudi e s Cette recherche est tablie partir d un questionnaire labor requ rant un temps d interview important et touchant des questions de caract re d autant plus d licat que les interview s seront plus pauvres songeons leur r serve quand il faut r v ler des situations particuli rement fragiles songeons leur difficult de faire une description chronologique coh rente de certains encha nements de leur existence 1 Les contraintes sp cifi es par le questionnaire cet gard taient divorce veuvage etc mais aussi votre foyer ne gagnait pas assez d argent motif assez flou donc laissant quelque place la subjectivit Malgr ces r serves l int r t de la d marche d Andr CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 35 Villeneuve est bien d avoir fait ressortir que faibles ressources et fragilit de vie taient li es sans pour autant tre totalement assimilables A titre d exemple pr s de la moiti 43 du groupe pr sentant l indicateur de fragilit le plus lev ne se retrouve pas dans les 25 de m nages ayant les plus faibles revenus Toutefois une telle enqu te ne nous renseigne pas sur la persistance des fragilit s pour les m mes personnes ou familles L I N S E E effectue actuellement une
439. ui de ceux qui s en sont sortis celui de personnes d autres milieux confront s la grande pauvret et celui des int ress s eux m mes A L exception d itin raires de r ussite Ces derni res ann es sont parues un certain nombre de biographies ou d autobiographies de personnes qui apr s avoir connu la pauvret parfois tr s grande de leur milieu d origine estiment en tre sorties 1 Le profil de ces itin raires de r ussite para t significatif de la mani re bien particuli re et bien concr te par laquelle des hommes et des femmes de milieu modeste ou de grande 1 Notamment In s Cagnati Le jour de cong Deno l 1973 Denise Gault Quand j tais grande gt Mercure de France 1982 Constant Malva Histoire de ma m re et de mon oncle Fernand Bassac plein chant 1980 56 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL pauvret peuvent mobiliser leurs nergies et lib rer leur dynamisme Il manifeste le r le indispensable des solidarit s locales En l occurrence des gens d un milieu plus favoris se sont impliqu s pour que r ussissent des personnes n ayant que tr s peu de moyens Ils ont cru en leurs possibilit s les ont aid es les d velopper et b tir un avenir Pour significatifs qu ils soient ces t moignages sont videmment exceptionnels d autres niveaux socio culturels les itin raires de r ussites demeurent galement excep tionnels La plupart
440. une connaissance qui n a pas pour effet d tiqueter mais qui permet au contraire de comprendre et construire progressivement des itin raires particuliers pour la r ussite de chacun Il s agit de procurer l enseignant les moyens d une adaptation n cessaire des milieux conomiquement socia lement culturellement loign s de ceux qui lui sont familiers Au del de la formation le ma tre a besoin de relations vraies avec ce milieu et ce n est pas facile Il n y a pas beaucoup de ma tres spontan ment proches des milieux r put s difficiles ceux o l cole ne prend pas Cette synth se s rie les questions pos es dans un ordre logique qui n avait pas toujours t respect auparavant Il faut d abord conna tre les enfants et les milieux cono miquement socialement culturellement loign s Ensuite on avisera des moyens et m thodes ad quats mettre en uvre en leur faveur Ainsi se trouve exprim e la volont de tous les partenaires concern s par l ducation de mettre fin la marginalisation des enfants les plus en difficult et de les conduire la r ussite Ces diverses r flexions s accompagnent d actions et d ex p rimentations De telles actions ne datent pas d aujourd hui Avant m me que la scolarit ne devienne obligatoire avaient t fond es des coles pour enfants sourds ou aveugles puis l enseignement sp cial s est d velopp d s le d but du si
441. une v ritable action ducative la distribution au compte goutte d argent ou de bons d alimentation et au r glement direct des d penses par le tuteur Pour leur part les d l gu s la tutelle consid rent que lorsque les ressources sont quasi inexistantes ils ne peuvent gu re faire mieux que la famille Ils ne repr sentent alors qu une caution vis vis des cr anciers Ce d tournement des objectifs de la tutelle a fait l objet de nombreuses d nonciations syndicat de la magistrature en 1972 Cour des comptes en 1985 et m me des services de tutelle Aussi des alternatives la tutelle ont elles t exp ri ment es Dans la plupart des services d action sociale des conseill res en conomie sociale et familiale sont la disposition des familles pour une aide ducative budg taire Le travailleur social doit d une part tout mettre en oeuvre pour apporter une s curit imm diate et d autre part aider les familles reconqu rir leur ind pendance Pour viter de prolonger la mesure de tutelle il doit instituer lui m me une forme de collaboration avec la famille et lui permettre de trouver d autres relais notamment par une participation associative B La protection de l enfance L volution r cente de la l gislation comme de la pratique administrative et judiciaire tend limiter les placements d enfants selon les recommandations des rapports Dupont Fauville en 1971 et Bianco Lamy en 19
442. unesse n ont cess d interroger les responsables et l opinion Durant les ann es 60 comme on l a vu dans le chapitre IV de la premi re partie des r flexions et des tudes ont port sur les in galit s scolaires et leur origine Aujourd hui des ouvrages et des recherches portent sur l chec scolaire 1 La profusion de recherches en ce domaine temoigne d une inqui tude qui prouve combien l chec scolaire pr occupe de nombreux professionnels pas seulement des enseignants 1 On pourrait citer entre autres L chec scolaire n est pas une fatalit C R E S A S Centre de recherche de l ducation sp cialis e et de l Adaptation sco laire 1981 Un si cle d chec scolaire P Pinell et M Zafiropoulos 1983 De l cole J L Milner Seuil 1984 Rue du Bac une nouvelle donne pour l cole Claude Pair Syros 1985 Une conf rence du Comit national de l cole sur ce th me au cours des entretiens de Bichat 1984 Au Congr s de l Association g n rale des instituteurs et institutrices de l cole maternelle A G I E M en 1983 une intervention sur les gen ses de l chec et de la r ussite scolaires 86 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL La synth se de la Consultation r flexion nationale sur l cole d j cit e permet de conna tre les pr occupations actuelles des milieux concern s par l enseignement et leurs attentes vis vis de l cole tant chez les parents que chez les enseignants et le
443. ur incombe investir plus et mieux dans les quartiers urbains et les zones rurales o la proportion des personnes sans dipl me est la plus forte ce qui correspond assez g n ralement la pr sence de milieux de grande pauvret A cet effet il conviendrait de d finir des strat gies s inspirant de l exp rience des zones d ducation prioritaire 28 F vrier 1987 Mais ces dispositions requi rent une volont politique de r affirmer le r le de promotion sociale de l cole toute enti re et particuli rement de l cole maternelle c est dire sa vocation garantir tous l acquisition des apprentissages fondamentaux d s la petite enfance Il s agit de donner une aussi grande importance l adaptation de l enseignement aux l ves qu au contenu technique de cet enseignement Aussi le minist re de l ducation nationale doit il favoriser une meilleure sensibilisation de tous les enseignants aux probl mes de la grande pauvret en d veloppant les connaissances et les exp riences qui leur sont n cessaires pour assumer ce r le social dans tous les milieux y compris les plus d favoris s IV EMPLOI FORMATION Nous avons constat au cours de ce rapport e les difficult s de conna tre avec pr cision le nombre de ch meurs les moins qualifi s la dur e de leur inactivit leurs besoins de formation et les activit s productives qui leur conviendraient e le nombre important de ceux qui sortent aujourd hui de
444. ur les caract ristiques dominantes des populations concern es II LIENS ENTRE IN GALIT S DES REVENUS ET PR CARIT S L exploitation de l Enqu te sur les situations d favori s es bas e sur un chantillon repr sentatif de toute la population fran aise I N S E E 1978 1979 associe une approche de l in galit des revenus disponibles par m nage un indicateur de pr carit que nous traduirons par fragilit pour r server au mot pr carit le sens que lui donne l introduction du rapport Dans cette enqu te Andr Villeneuve s attache ainsi mesurer une fragilit ventuelle dans diff rents domaines la fois emploi sant revenus logement isolement il ne pr tend pas cerner la grande pauvret et ne permet pas d appr cier sa persistance Les informations recoup es sont les suivantes le fait que le m nage ait moins de 2 000 F de d p ts ou placements ou qu il d clare ne pas savoir comment faire face une d pense impr vue de l ordre de son revenu mensuel le fait que le revenu serait tr s diminu si l individu tait malade deux mois le fait de n avoir personne chez qui tre h berg en cas de n cessit avoir d depuis l ge de 18 ans interrompre son activit durant plus d un an pour raison de sant avoir t contraint de se mettre travailler alors que normalement on ne l aurait pas fait 1 Les r sultats de l enqu te disting
445. urd hui Ce constat plus d un titre est accusateur Alors que c est maintenant en secondes que l on mesure l arriv e du 21e si cle il n est pas possible d admettre une seconde de plus que la pauvret s tende ou se maintienne et que s institutionnalisent des palliatifs aussi g n reux soient ils C est l radication qu il faut viser La pauvret s tend avec la r gression conomique et le ch mage est la cause principale du d veloppement de la pauvret et dans le m me temps la population concern e rajeunit C est donc bien le syst me conomique en vigueur dans notre pays qui en est la cause fondamentale Cette analyse ne nous conduit pas rejeter des mesures in galitaires qui permettent de combattre et de r duire les in galit s conomiques et sociales condition qu elles s inscrivent bien dans une d marche globale de progr s social pour tous Nous n avons cess de r clamer qu toutes recherches d tudes statistiques aussi bien quantitatives que qualitatives sur la pauvret et la pr carit soit connue et compar e la situation de ceux qui font des profits en constante augmentation sur le travail salari et les fortunes de tr s riches de ce Pays Nous consid rons que c est d abord le d veloppement industriel une vraie et efficace modernisation un travail durable stable une vraie qualification une r mun ration correcte une protection sociale de haut niveau une r ponse aux d
446. uteur met en vidence le fait d avoir voulu satisfaire des besoins mais sans conna tre suffisamment la r alit v cue les aspirations et demandes de la famille R duire une personne ou une famille ses besoins dit Jean Pierre Nicolas c est toujours risquer de l identifier ses d ficiences ce sont des alcooliques des malades mentaux des violents Si bien que l action des intervenants ext rieurs a ici abouti d truire la famille au lieu de l aider se reconstruire comme c tait son but Une histoire singuli re que celle de la famille Rouillard Sans aucun doute Est surtout particuli re la transcription de cette histoire par les divers intervenants l auteur montre ainsi une logique administrative ayant son d roulement propre Il d plore que les diff rents intervenants n aient pas su tre l coute des attentes de la famille s appuyer sur ses propres r sistances la pauvret Cette biographie est sans doute un peu caricaturale notamment l encontre des travailleurs sociaux En effet aucun acteur de terrain ne conna t de famille si pauvre soit elle qui n ait aucun agent social ou lu pour la d fendre et n entretienne aucune relation de voisinage ou de parent CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 51 N est ce pas pr cis ment dans ces relations et solidarit s que l on peut trouver le point de d part d une action non seulement familiale mais sociale Et l objectif d une monographie de famille n
447. ux personnes n entrant dans aucune des cat gories pr c demment int gr es au syst me de S curit sociale Les cotisations d un montant annuel minimum de 8 331 F au P juillet 1986 pour un adulte sont la charge de l assur qui peut en demander la prise en charge par un tiers la C A F l Aide sociale la Caisse des d p ts et consignations pour les personnes b n ficiaires du Fonds national de solidarit Cette proc dure ne garantit pas cependant l extension de l assurance maladie tous et dans tous les cas Il faut en solliciter la possibilit aupr s de la Caisse primaire d assurance maladie et obtenir chaque ann e du Centre communal d action sociale C C A S une prise en charge totale ou partielle des cotisations ventuellement en compl ment avec une participation de la C A F La Commission d aide sociale tient compte dans l valuation des ressources de l int ress des ressources des personnes soumises l obligation alimentaire son gard Seuls les ch meurs non indemnis s depuis plus d un an et les jeunes de moins de 27 ans sont exempt s de cette r gle Or certains pr f rent renoncer cette proc dure plut t que de devoir solliciter l aide de leurs proches Si la commission refuse la prise en charge et si l int ress ne peut s acquitter de ses cotisations il reste sans assurance maladie De plus l assurance personnelle ne peut tre accord e aux personnes d pendant en principe d un
448. vembre 1984 publi l occasion d un colloque international de juristes organis en 1984 au Conseil de l Europe 82 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL d une nette am lioration de leur situation Il est noter que les services sociaux soucieux du sort des enfants au foyer leur responsabilit est engag e si ceux ci sont en danger ont parfois tendance moins s int resser aux familles dont les enfants ont d j t plac s Il faut enfin voquer la mani re dont certains retraits d enfants sont effectu s En 1986 encore plusieurs retraits ont t op r s sans pr avis aux familles parfois l cole l insu des parents La confiance dans les services sanitaires et sociaux et dans l cole que les familles tr s d favoris es ont pu acqu rir ne survivrait pas si de telles pratiques m me si elles demeurent exceptionnelles devaient se pour suivre Ainsi malgr une volution positive de certains textes en la mati re des familles en grande pr carit ne parviennent pas b n ficier d aides suffisantes pour lever leurs enfants jouir de leurs droits et assumer leurs responsabilit s de parents Si les mesures contraignantes prennent le pas sur la collaboration c est parce qu il ne suffit pas d aider les parents dans leurs t ches purement ducatives mais il faut aussi assurer toute famille de v ritables s curit s d exis tence 1 En ce qui concerne l aide sociale l enfance le principe d u
449. ver le droit de faire expulser un locataire insolvable ou simplement ind sirable le juge n a pas m me le pouvoir d appr ciation des circonstances ayant entra n le retard de paiement ou l inex cution d une autre obligation locative L article 26 de la loi du 22 juin 1982 avait pr vu une loi ult rieure fixant dans le cas o le locataire se trouve priv de moyens d existence les conditions dans lesquelles le juge pourrait rejeter toute r siliation du contrat de location pour d faut de paiement du loyer ou des charges Cette future loi devait aussi d terminer les r gles d indemnisation du propri taire et les modalit s du relogement ventuel des locataires Cette perspective semble malheureusement cart e pour un proche avenir d autant que les dispositions de l article 26 ne sont pas reprises dans la loi du 23 d cembre 1986 qui a abrog la loi du 22 juin 1982 Un locataire peut toujours tre la merci de l application automatique d une clause r solutoire en revanche aucune disposition ne permet d assurer de fa on galement auto matique son relogement en cas d expulsion En fin de compte notre l gislation accepte qu une personne ou une famille d munie puisse se retrouver l galement la rue sans que cette situation ne lui conf re imm diatement le droit un relogement Certes des dispositions sont pr vues pour surseoir aux expulsions pendant la p riode hivernale Mais il n existe aucune obligation l
450. vie ou ne pas d pendre sans cesse de d cisions prises au sein de commissions d attribution d aides Assurer le revenu sur une certaine dur e appara t n cessaire pour permettre des projets long terme Ce n est pas en 3 ou 6 mois ni m me en 1 an que des familles peuvent acqu rir les moyens d une autre s curit Il faut parfois pour les adultes franchir les diff rentes tapes conduisant une qualification professionnelle Il faut pour les enfants et les jeunes pouvoir compter sur une s curit dans leur famille jusqu ce qu eux m mes aient les moyens de prendre leur ind pendance conomique Pour contribuer cela les prestations familiales ne doivent en aucun cas tre prises en compte dans le calcul du minimum verser M me d un niveau et d une dur e suffisants un revenu ne suffit pas donner les moyens d une s curit d existence pour l avenir en particulier assurer les moyens d un travail stable Il ne peut lui seul compenser les difficult s accumul es au cours d une vie Il ne peut influer sur les conditions d embauche qui tendent liminer le travailleur peu qualifi Il ne suffit pas redresser la scolarit d j compromise des enfants La garantie d une s curit de ressources est certes un l ment d une politique de lutte contre la pauvret elle doit cependant tre compl t e par des politiques en d autres domaines CHAPITRE II _LE DROIT A L HABITAT UNE S CURIT D EXISTENCE ENC
451. vraient par ailleurs tre recherch es les modalit s de mise en place d un cr dit de formation sous forme par exemple d un bon d insertion Un tel bon d livr par l instance inter partenaires permettrait au ch meur sans qualification une fois embauch ou au personnel non qualifi d une entreprise d acqu rir une comp tence sur son poste de travail L ensemble de ces dispositions pourrait b n ficier en priorit aux personnes ayant souscrit un contrat projet d insertion dans le cadre de mesures de garantie d un minimum de ressources qui seront voqu es ci apr s CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL 11 Le Conseil conomique et social souhaite que se multiplient des mesures pr ventives au sein des entreprises En cas de difficult s les situations proches de l illettrisme le maintien pendant des dizaines d ann es dans des emplois non qualifi s ob rent les possibilit s de reconversion et de r insertion Le Conseil conomique et social propose qu apr s avis des Comit s d entreprises des plans de formation adapt s soient mis en oeuvre pr ventivement dans les entreprises concern es pour aboutir des qualifications n gociables sur le march du travail Le Conseil souhaite en outre que la cr ation et le fonctionnement des entreprises interm diaires et des associa tions interm diaires soient soutenus dans la mesure o elles font la preuve de leur efficacit en mati re d insertion sociale des moins qualifi
452. vre sans comprendre comment les int ress s ont ajust leurs attitudes et leurs conduites aux conditions donn es Tout ceci constitue une connaissance qualitative assez rare Elle ne peut s acqu rir que par l laboration patiente et minutieuse de monographies de personnes et de familles Il sera tout d abord question dans ce chapitre d un exemple emprunt La pauvret intol rable biographie sociale d une famille assist e par Jean Pierre Nicolas directeur d un service d partemental de protection de l enfance dans une association de sauvegarde Er s 1984 1 Les noms patronymiques figurant dans ce chapitre ont t chang s et toute homonymie serait purement fortuite I LE D ROULEMENT PROPRE 28 F vrier 1987 DE L INTERVENTION ADMINISTRATIVE UN RISQUE DANS LA VIE D UNE FAMILLE Jean Pierre Nicolas met en parall le la biographie admi nistrative d une famille tablie partir d enqu tes sociales et de nombreux documents manant des organismes de prise en charge pendant 15 ans de 1966 1981 et l autobiographie familiale racont e par un des enfants et son pouse Bertrand et Jacqueline Rouillard Au regard de l auteur cette juxtaposition de deux types de r cits d une vie familiale montre le foss d incompr hension r ciproque entre les institutions officielles et la famille et m me le cheminement quasi autonome d un dossier administratif Le logement qu occupe la famille Rouillard est carac
453. vue de l ouverture sur le quartier les halls d immeubles d une cit H L M ont t d cor s par les enfants de l cole Tours Pour l acc s la lecture ont t constitu es des biblioth ques centres de documentation et des centres de documentation et d information des associations locales de lutte contre l illettrisme se sont cr es des actions de soutien scolaire et des aides personnalis es ont t mises en place A Chatellerault ont t organis s des stages de formation des enseignants comportant une information sur le v cu et les aspirations des milieux d favoris s Dans une communication au Congr s de l A G IE M de Lyon 1983 G Chauveau charg de recherches au C R E S A S souligne des notions nouvelles d gag es par les zones prioritaires la prise en compte des diversit s socio culturelles l accent mis sur les besoins des enfants de milieu populaire ou d favoris la collaboration avec des partenaires vari s la n cessit de faire des choix afin de privil gier certains secteurs scolaires ou sociaux L valuation men e au cours de l ann e 1985 porte entre autres sur les parcours scolaires et les acquis des l ves Par rapport aux enfants en situation de grande pauvret on peut n anmoins souligner que les zones prioritaires concernent le plus souvent des populations immigr es elles s attachent l animation g n rale d un ensemble scolaire consid r d favo
454. yer les processus de paup risation II L exp rimentation dans la continuit Dans tous les domaines qui viennent d tre voqu s le Conseil conomique et social formule des propositions tendant rem dier aux insuffisances observ es dans le fonctionnement de certains des syst mes de protection au regard des plus d favoris s Ces recommandations se fondent sur e les objectifs et les missions m mes que se sont fix s au d part nos diverses institutions par exemple la S curit sociale au travers des Ordonnances de 1945 e les effets observ s de nombreuses politiques caract re global et de celles s adressant en priorit aux plus d munis e un grand nombre d innovations publiques et priv es actuellement en cours Ainsi fond es les recommandations du pr sent avis doivent faire effectivement avancer de v ritables solutions coh rentes globales et prospectives Des initiatives existent d j et doivent tre d velopp es des r formes sont en cours et doivent tre poursuivies Compte tenu de l importance d une action conjointe et simultan e dans les diff rents domaines qui peuvent tre l origine de pr carit s conduisant ou maintenant en situation de grande pauvret le Conseil conomique et social propose dans la perspective d un plan national de lutte contre la pauvret de r aliser une exp rimentation grande chelle couvrant une dizaine de d partements pilotes dont un d partem

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